. — De quelques idées de Marivaux ; — sur la critique ; sur l’organisation du « maréchalat » littéraire ; — sur la condition des femmes et sur l’éducation des enfants ; — sur l’inégalité des conditions humaines. — Dans quelle mesure Marivaux lui-même a pris ses idées au sérieux ? […] Eugène Asse, ses éditions des Lettres de Mme de Graffigny, Paris, 1879 ; et des Lettres de Mme du Châtelet, Paris, 1882]. — Variété des travaux de Voltaire : — son Alzire, 1736 ; — Le Mondain, 1736 ; — et de la netteté avec laquelle s’y trouve exprimée l’idée de progrès. — La comédie de L’Enfant prodigue, 1736 ; — Voltaire entre en correspondance avec le prince royal de Prusse, depuis Frédéric II ; — l’Essai sur la nature du feu, 1737 [Cf. […] De l’éducation des enfants, Paris, 1721]. — Le grand défaut de l’Émile ; — et qu’ayant formé le dessein de composer un traité d’éducation, — il est fâcheux que l’auteur ait débuté par poser ou supposer un enfant sans père ni mère ; — un enfant riche ; — un enfant sans hérédité, tempérament ni caractère ; — et d’autre part un précepteur dont toute la vie soit subordonnée à celle dudit enfant ; — ce qui fait deux suppositions également contraires à la vérité de la nature, — et de la société. — Que sous cette réserve, dont on ne saurait exagérer l’importance, — trois grandes raisons expliquent le succès de l’Émile, à savoir : — l’exaltation du sentiment moral [Cf. en particulier la Profession de foi du vicaire savoyard] ; — une ardeur de spiritualisme qu’on était heureux d’opposer au lourd matérialisme de l’Encyclopédie ; — et une confiance entière dans la possibilité du progrès moral par l’éducation. — Comparaison à cet égard de l’Émile et du livre De l’esprit ; — et de quelques idées communes à Helvétius et à Rousseau. — L’Émile est d’ailleurs le chef-d’œuvre littéraire de Rousseau ; — moins guindé que La Nouvelle Héloïse ; — plus souple, plus varié que le Contrat social ; — et toujours oratoire, mais moins déclamatoire que les Discours de 1750 et 1755. — De quelques idées secondaires de l’Émile ; — sur l’allaitement maternel ; — sur l’importance de l’éducation physique ; — sur l’utilité d’un métier manuel ; — sur ce que l’on a depuis lors appelé les « leçons de choses » ; — et qu’elles n’ont pas moins fait pour le succès du livre, — que les idées générales qui en sont l’armature, — et que les persécutions dont il allait être l’objet. […] L’enfant terrible du parti : Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau [Perthuis en Provence, 1715 ; † 1789, Argenteuil]. — Sa jeunesse tapageuse, et sa première campagne, 1734 ; — sa liaison avec Vauvenargues [Cf. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Sa famille et son éducation ; — sa jeunesse aventurière ; — ses voyages en Allemagne, — en Hollande, — en Russie. — Un enfant chéri des dames [Cf.
« Il faut demander aux oiseaux et aux enfants si les cerises sont bonnes2 », dit-il. […] Après le départ de madame de Goethe et de ses enfants, je restai seul avec Goethe. […] Dans les longs intervalles de ce travail sans fin, il se livre par délassement à son souffle lyrique ; il écrit des odes, des ballades, des poésies symboliques de forme, très élevées de sens, très mélodieuses de rythme, que les femmes et les enfants comprennent, et qui sont, comme le chœur antique, destinées à reposer à la fois et à soutenir l’attention de l’Allemagne devant ses drames. […] « De 1808 à 1810 précepteur des enfants de Schiller ; plus tard directeur du collège d’Osnabrück.
Un enfant vient de naître. […] C’est le triple don qu’ils viennent faire à l’Enfant, le triple don de la joie, de la douleur et de la divine intelligence. […] Le poète est bien cet être, ce Jésus éternellement ravi d’une vision de ciel, cet éternel enfant à qui, quelque jour, des puissances inconnues sont venues faire le triple don. […] Quoi de plus irrationnel, par exemple, que de commencer par éblouir l’âme des enfants de notions purement abstraites ?
Pour percevoir l’étendue, l’enfant et l’animal n’ont qu’à ouvrir les yeux : c’est un spectacle actuel et intense, tandis que, pour le temps, c’est un « songe effacé ». Les enfants atteignent même des idées très élevées sur la position des objets dans l’espace, sur les relations de près et loin, de dedans et de dehors, etc., « bien avant d’avoir des idées définies sur la succession et la durée des événements128 ». […] Donc, selon nous, pour avoir une théorie complète qui soit la synthèse de toutes les autres, il faut dire : — Le temps, pour l’animal et pour l’enfant, est une succession de coexistences à forme spatiale et d’intensités à forme appétitive et émotionnelle. […] Chez l’animal ou l’enfant, et dans la plupart des circonstances, les tableaux de l’espace suffisent.
Le retour du roi de Pologne Henri III et son arrivée en France, le démenti donné du premier coup aux espérances qu’on avait de lui, ne sont pas moins bien notés ; ce dernier des Valois arrive avec le dessein, qui lui a été suggéré par de sages princes et conseillers qu’il a vus au passage (en Autriche, à Venise et en Savoie), d’octroyer la paix à tous ses sujets et de rétablir l’ordre et la concorde avec traitement égal pour tous ; mais, à peine arrivé, il fait défaut, se laisse retourner par la reine sa mère, s’engage dans je ne sais quelle petite guerre et quel petit siège qu’il est obligé de lever avec mille sortes de reproches et d’injures que lui lancent du haut des murailles les femmes et les enfants : Ce honteux décampement, dit Sully, l’aversion que le roi témoigna dès lors de toutes choses généreuses et de la vraie gloire, qui ne s’acquiert que par les armes, et une inclination et disposition portée toute au repos, aux délices et plaisirs, le firent tomber en mépris qui engendra la haine, et la haine l’audace d’entreprendre contre lui, de laquelle procéda sa perdition avec infamie. […] monsieur, lui dit l’espiègle enfant, l’on nous a dit qu’il y a plus de demi-heure que vous êtes arrivé en ce logis, et vous n’êtes point encore venu voir ma sœur !
Elle devint même la cause innocente de nouveaux malheurs pour ce pays qu’elle chérissait, lorsqu’à la mort de son père et de son frère, celui-ci n’ayant pas laissé d’enfants, Louis XIV, à cause d’elle, éleva des prétentions sur le Palatinat. […] Quelques personnes me conseillaient de faire comme la Dauphine et les princesses, je répondis : « Je n’ai jamais été élevée à faire des bassesses, et je suis trop vieille pour me livrer à des jeux d’enfants. » Depuis on ne m’en a plus reparlé.
Pierre Daru naquit à Montpellier le 12 janvier 1767, le quatrième de onze enfants. […] Bérenger (celui des Soirées provençales), qui ne ressemblait pas à notre célèbre chansonnier et qui se hâtait trop de produire : « Tout ce qui sort de sa plume, il le publie ; ce sont des enfants morts qu’on n’a pas le temps d’ondoyer et qui ne feront jamais un article dans les registres du Parnasse.
Gardons-nous d’oublier que ceux qui n’ont pas réussi ont contre eux bien des apparences et des commencements équivoques qui auraient un tout autre air moyennant une autre issue : un rayon de soleil tombant à propos change bien les aspects. « Mais pour ce que les histoires, dit quelque part Rohan, ne se font que par les victorieux, nous ne voyons ordinairement d’estimes que les enfants de la fortune. » Tout cela est vrai ; et toutefois c’est bien Richelieu qui dans cette lutte a raison, et qui a la conscience de la grande cause qu’il sert, de la noble monarchie qu’il continue, et de la France incomparable qu’il achève. […] » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.
Du temps qu’elle le voyait, elle lui disait quelquefois, à propos de ses colères d’enfant à l’Académie : « Vous n’êtes que furibond, vous n’êtes pas furieux. » Voltaire aurait dit, selon Pougens, en apprenant cette conversion de Mme de Créqui : « Ah ! […] [NdA] Il n’aurait tenu qu’à lui d’avoir ces observations ; il était père, il n’avait qu’à élever ses propres enfants.
Elle n’avait jamais eu d’enfant. […] Stendhal dirait dans une de ses explications à l’italienne : Ce que c’est pourtant qued’avoir de l’âme et des entrailles, et de n’avoir ni amant, ni enfant — Elle a tout analysé, tout scruté (au moins elle le croit) ; ignorante des lois naturelles positives et des méthodes d’observation autant qu’avide et curieuse de tous les mirages de la réflexion morale et des mille explications ingénieuses à la saint Bernard et à la saint Augustin, elle est devenue une femme docteur en matière de sentiment et de spiritualité, de même qu’elle sera bientôt un docteur aussi en matière de conciles œcuméniques : « … Quand vous me dites : Avez-vous éprouvé cela ?
Collé, selon lui, « était un grand enfant qui ne se prenait nullement au sérieux (page 4) » et plus loin (p. 32), il nous le montre « possédant à un haut point la science de la vie » et connaissant à fond les hommes ; tantôt Collé est « un esprit doux et placide (p. 2) », tantôt il a « la nature mobile et inquiète (p. 4). » Collé nous est représenté comme faisant des fanfaronnades, comme suivant la mode, comme ayant un rire doux, plein de mièvrerie ! […] Il est difficile d’intéresser la postérité à des conseils assez fins de tour et de forme, mais fort vulgaires de fond, donnés à un jeune employé des finances pour lui apprendre le moyen de se faire bien venir de ses chefs : « Mon cher fils, — mon cher enfant, — faites-vous une besogne particulière et séparée de vos devoirs journaliers ; intéressez l’amour-propre de vos supérieurs (voire directeur entre autres), en les consultant sur cette besogne particulière, en les priant d’être vos guides… C’est M. de Saint Amand qu’il vous importe d’enjôler (sans fausseté, pourtant).
Je veux prévenir cela et vous conjure de croire aux avis d’une mère qui connaît le monde et qui idolâtre ses enfants et ne veut passer ses tristes jours qu’en leur étant utile. […] La comtesse d’Artois a un grand avantage, celui d’avoir des enfants ; mais c’est peut-être la seule chose qui fasse penser à elle, et ce n’est pas ma faute si je n’ai pas ce mérite.
La douce approche d’une jolie enfant a un grand charme. — Le général Dupont38 est ici depuis quelques jours. […] On aura remarqué le mot touché en passant sur sa petite nièce Pauline : « La douce approche d’une jolie enfant a un grand charme. » S’il y a eu un bon côté dans M. de Talleyrand arrivé à l’extrême vieillesse, ç’a été ce coin d’affection pure.
L’enfant s’inquiétait déjà de la jeunesse des îles heureuses, des îles faciles de la Pacifique, d’Otaïti, de Tinian. […] Deux enfants nés de son mariage, sa femme atteinte d’une lente et mortelle maladie, les difficultés politiques et sociales d’alors, l’assujettirent, autant qu’il semble, à diverses nécessités qui contrariaient ses penchants.
Elle prélude au style ; les périphrases réputées élégantes, les épithètes de dictionnaire (grelot de la folie, docile écolière de l’indolent Épicure, folâtre enfant des ris), surabondent par moments : « Tu sais, écrit-elle un jour à son amie, que j’habite les bords de la Seine, vers la pointe de cette île où se voit la statue du meilleur des rois. […] Si cette lettre désirée arrive durant un dîner de famille, on ne peut s’empêcher de l’ouvrir aussitôt, devant tous ; on oublie qu’on n’est pas seule, les larmes coulent, et les bons parents de sourire, et la grand’mère de dire le mot de toutes les pensées : « Si tu avais un mari et des enfants, cette amitié disparaîtrait bientôt, et tu oublierais Mlle Cannet. » Et la jeune fille, racontant à ravir cette scène domestique, se révolte, comme bien l’on pense, à une telle idée : « Il me surprend de voir tant de gens regarder l’amitié comme un sentiment frivole ou chimérique.
L’enfant crée de la sorte une foule d’idées ; il a du génie ; chaque mère en est sûre, et elle a raison. […] Loin que la badauderie bon enfant d’un public pas difficile ait retardé la décadence du théâtre, elle l’a plutôt précipitée : car les indulgences des acheteurs firent les négligences des marchands.
L’enfant crée de la sorte une foule d’idées ; il a du génie ; chaque mère en est sûre, et elle a raison. […] Loin que la badauderie bon enfant d’un public pas difficile ait retardé la décadence du théâtre, elle l’a plutôt précipitée : car les indulgences des acheteurs firent les négligences des marchands.
Il faut se demander quels individus ont servi d’agents de transmission entre deux peuples ; il faut rechercher quels Français ont résidé à l’étranger et quels étrangers en France ; quels ambassadeurs, commerçants, voyageurs, quels écrivains surtout ont pu importer ou exporter les denrées intellectuelles qui échappent aux douanes ; quels croisements ont été opérés par des mariages ; quels enfants ont été envoyés de part et d’autre faire ou parfaire leur éducation chez le voisin. […] Cette adoption par une famille humaine Des enfants qu’en son sein elle n’a point portés est toujours fertile en enseignements.
« L’injustice, disait-il un jour avec énergie, est une mère qui n’est jamais stérile, et qui produit des enfants dignes d’elle. » Et il citait Moreau qui, cruellement banni, en 1804, pour un tort envers le consul plus encore qu’envers la France, revient en 1813 enfant ingrat.
L’impression de cette injure dut agir sur l’esprit précoce de Barnave enfant : on n’apprécie jamais mieux une injustice, une inégalité générale, que quand on en est atteint soi-même, ou dans les siens, d’une manière directe et personnelle. […] Maubourg connaissait beaucoup Mme de Tourzel (gouvernante des Enfants de France), et on ne peut se dissimuler que Barnave avait déjà conçu des projets.
Et quand elle devenait mère, elle allaitait son enfant si elle pouvait ; elle se mettait dans tous les cas à s’occuper de son éducation, à s’en occuper non pas seulement en détail et de la bonne manière, par les soins, les baisers et les sourires maternels, mais aussi en théorie ; on raisonnait des méthodes, on en discourait à perte de vue. […] Linant, duquel il est dit à un endroit : « Ce pauvre homme est plus bête que jamais. » Tandis que Duclos envoie l’enfant faire un thème dans une chambre voisine, il prend à partie le précepteur et le met à la question de la manière la plus plaisante, et je dirais la plus sensée si elle n’était humiliante et par trop rude.
Cet homme lunatique, qui commence sa matinée du dimanche par contrarier femme et domestique en tout point, par se refuser au dîner périodique de famille sous prétexte qu’on ne l’a pas invité par écrit, qui ne sait qu’imaginer pour contredire les autres et lui-même, qui n’a pas plus tôt exprimé un caprice, qu’il le regrette ; que tout vient tenter et lutiner sans le fixer à un choix ; qui passe de l’envie du trictrac à celle de dîner tout seul, puis à l’idée de se purger, et qui finit, après avoir bien grondé, et sa lune déclinant vers le soir, par se laisser coiffer par sa belle-mère d’un bonnet de coton à longue mèche, et par se coucher docilement à jeun, comme un enfant honteux qui est puni d’avoir fait le malade ; tout ce portrait est délicieux, et si La Bruyère avait fait de son Distrait une petite comédie, c’est ainsi qu’il aurait voulu s’y prendre, qu’il aurait ménagé les scènes, en y semant les jolis mots. […] Mme de Verna, mariée à un officier du génie, aime son intérieur, son mari, son enfant, et tous deux s’amusent, tout en causant, à faire à leur petit Gabriel un château de cartes, mais un château qui ne ressemble pas à un autre, et dont son père a dressé le plan en ingénieur consommé.
Les mères tâchaient d’y introduire leurs enfants. […] Elle sembla pressentir ce que serait bientôt cet enfant, et elle lui légua par son testament 2 000 francs pour acheter des livres.
J’indique le faible du système, ce qu’on a appelé l’enfant gâté de l’érudition de M. Raynouard ; mais, tout en suivant et caressant cet enfant gâté, l’érudit laborieux et sagace déchiffrait des manuscrits, recueillait d’anciens textes, retrouvait des poésies charmantes ; il trouvait même, sans trop le dire, ou du moins en ne le disant qu’incidemment, des grammaires en vieux langage où étaient indiquées avec précision les règles de l’ancienne langue des troubadours : il s’en prévalait adroitement pour dénoncer ces règles, pour les découvrir, pour remettre l’ordre et la régularité là où, au premier coup d’œil, on aurait été tenté de ne voir que hasard et confusionb.
Né à Paris le 10 avril39 1767, fils d’un riche restaurateur qui tenait de plus un somptueux hôtel garni, et d’une mère fort belle, le septième de seize enfants, il put voir, dès son enfance, l’ancien grand monde de fort près, et il s’accoutuma à l’observer d’autant mieux qu’il était à la fois tout à côté et en dehors : il le voyait passer devant lui. […] L’analyse de ces sentiments compliqués et divers qui sont aux prises au sujet de cet enfant mystérieux, ces trois situations de la mère, du fils et du père, sont démêlées avec une rare finesse et indiquées avec une sûreté de trait un peu sèche, mais curieuse et bien sentie.
Il avait la bonhomie de croire qu’il avait négligé de faire la fortune de son nom et l’illustration de sa maison : « J’avoue, disait-il, que j’ai trop de vanité pour souhaiter que mes enfants fassent un jour une grande fortune ; ce ne serait qu’à force de raison qu’ils pourraient soutenir l’idée de moi ; ils auraient besoin de toute leur vertu pour m’avouer. » Ainsi il croyait, par exemple, que si l’un de ses enfants devenait ministre, chancelier, ou quelque chose de tel, ce serait un embarras à un personnage si considérable que d’avoir un père ou un aïeul comme lui qui n’aurait fait que des livres, Ceci même est un excès de modestie ou un reste de préjugé qu’on a peine à comprendre.
Par sa puissance à briser les associations banales et communes, qui pour les autres hommes enserrent les phénomènes dans une quantité de moules tout faits, il ressemble à l’enfant qui commence la vie et qui éprouve la stupéfaction vague de l’existence fraîche éclose. Recommencer toujours à vivre, tel serait l’idéal de l’artiste : il s’agit de retrouver, par la force de la pensée réfléchie, l’inconsciente naïveté de l’enfant.
C’est une sainte Thérèse restée dans la famille, répandant à pleins bords sur ses parents, ses enfants, ses amis, ce cœur si généreusement intraitable, qui ne veut rien sacrifier de ses affections ; mais ce n’est pas l’héroïque vierge d’Avila, avec la circoncision austère de son cœur par amour de l’Époux Unique et ses trente monastères derrière elle ! […] Quand elle est le plus protestante, dans ce livre qu’elle publie aujourd’hui, elle prend la lettre des Écritures et l’invoque et la cite avec une simplicité d’enfant, au lieu de la torturer pour y chercher l’esprit qui n’y est pas, comme tant de protestants dans leurs gloses orgueilleuses.
Nulle d’affaires, comme je l’ai dit plus haut, l’ambassade d’Espagne n’eut d’autre importance politique que des mariages entre des enfants, et sans ces stupéfiantes adorations à Dubois, qui jurent si cruellement avec le caractère connu de Saint-Simon, de cet homme qui semblait fait d’un seul morceau comme un bloc de granit volcanisé, il n’y aurait rien à y chercher… Le portrait du roi et de la reine d’Espagne, l’esquisse du grand portrait des Mémoires, ne fait point partie des dépêches de l’ambassadeur, et il est rejeté à la fin du volume. […] Louis XII, qui n’eut qu’un enfant naturel avant d’être roi, l’enterra dans la prêtrise et l’ensevelit dans un archevêché.
Quelle mélodieuse douceur, quelle tendresse et quelle innocence dans ce premier chant prêté sans doute à Béatrix enfant : « Je suis jeune fille, belle et toute nouvelle ; et je suis descendue, pour me montrer à vous, des splendeurs du lieu d’où je viens. […] L’une veillait aux soins du berceau, et, pour consoler l’enfant, usait de ce langage qui ravit de joie les pères et les mères.
Sa lettre à Villemain sur la liberté de l’enseignement commence en ces termes : « Vous n’aurez point de vacances cette année, monsieur le ministre, ni votre successeur l’année prochaine, s’il plaît à Dieu, car les catholiques ne veulent plus interrompre la guerre qu’ils livrent à l’enseignement de l’État… » Au nom d’un article de la Charte, au nom des serments d’août 1830, voici en fait ce que les catholiques, par l’organe de Veuillot, réclament : 1° Liberté pour tout citoyen d’ouvrir école ; 2° Liberté pour tout citoyen de fréquenter telle école que bon lui semblera, et d’y envoyer ses enfants ; 3° Formation d’un jury d’examen pour le baccalauréat, réunissant aux garanties nécessaires de science et de sévérité, les garanties non moins indispensables de moralité et d’impartialité, afin que devant ce jury, tout citoyen, sous le seul patronage de sa capacité et de son honneur, puisse demander le diplôme, quelle que soit l’école qu’il ait fréquentée, et quand même il n’en aurait fréquenté aucune.
là il appelle les enfants la recrue continuelle du genre humain ; il dit que Dieu nous donne (par la mort) un appartement dans son palais, en attendant la réparation de notre ancien édifice ; tantôt cette mort est un souffle languissant ; tantôt une rature qui doit tout effacer, etc., etc.
En fondant Saint-Cyr, elle réalisa un doux rêve : avec Louis XIV, Saint-Cyr eut toute sa tendresse ; lui parler de Saint-Cyr et des trois cents enfants qu’elle y élevait, c’était l’attaquer par son endroit sensible.
. — Un cri aigu d’un certain timbre part d’une chambre voisine, et l’on se figure un visage d’enfant qui pleure parce que sans doute il s’est fait mal. — La plupart de nos jugements ordinaires se composent de liaisons semblables.
Aussi est-ce la forme la plus fréquente de l’antithèse : le choc des mots fait éclater le contraste des idées : Enfant, on me disait que les voix sibyllines Promettaient l’avenir aux murs des sept collines, Qu’aux pieds de Rome, enfin, mourrait le temps dompté, Que son astre immortel n’était qu’à son aurore….
Ce sera l’histoire d’un vieux paysan qui fera le partage de ses biens à ses enfants ; ceux-ci, trouvant qu’il dure trop, le pousseront dans le feu à la dernière page.
Professeur, il enseigna, afin de conserver sa belle indépendance, l’anglais aux enfants d’un collège.
Écoutez-la parler de son pays : « La rue sent le pain de maïs chaud, l’huile de noix et les raisins mûrs… Les colporteurs vendent des mouchoirs écarlates et des bijoux de cuivre ; les vieilles femmes en marmottes étalent sous des parapluies rouges des tomates et des piments doux ; les lépreux se font traîner sur de petits chariots, et les enfants viennent les regarder dans l’ombre grouillante de vermine et de mouches.
Il y a, je le sais, dans la curiosité des degrés divers ; il y a loin de cet instinct mesquin de collection, qui diffère à peine de l’attachement de l’enfant pour ses jouets, à cette forme plus élevée, où elle devient amour de savoir, c’est-à-dire instinct légitime de la nature humaine et peut constituer une très noble existence.
Voilà pourquoi, bien que brisé de corps avant l’âge, j’ai gardé jusqu’à la vieillesse une gaieté d’enfant, comme les marins, une facilité étrange à me contenter.
Il disait que parmi les enfants des hommes il n’en, était pas né de plus grand.
Arnolphe a, pour se rassurer, l’innocence d’Agnès qui demanda un jour, Avec une innocence à nulle autre pareille, Si les enfants qu’on fait se faisaient par l’oreille.
L’homme est encore plus son enfant, que celui de nature.
On en trouverait difficilement un seul, parmi ceux qui ont été réimportés d’Angleterre, qui ne fût connu et toujours pratiqué en France par les enfants.
Le penseur reconstruit ces deux colonnes saintes ; Le respect des vieillards et l’amour des enfants.
Une tente, une table frugale, des serviteurs rustiques, voilà tout ce qui attend les enfants de Jacob chez leur père.
Une des choses les plus fortes que Rousseau ait hasardées en politique, se lit dans le Discours sur l’inégalité des conditions : « Le premier, dit-il, qui, ayant clos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, fut le vrai fondateur de la société civile. » Or, c’est presque mot pour mot l’effrayante idée que le solitaire de Port-Royal exprime avec une tout autre énergie : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c’est ma place au soleil : voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » Et voilà une de ces pensées qui font trembler pour Pascal.
que le christianisme soit maintenant obligé de se défendre devant ses enfants, comme il se défendait autrefois devant ses bourreaux, et que l’Apologétique aux Gentils soit devenue l’Apologétique aux Chrétiens !
Il donne la main à ses pères et à ses enfants ; il est planté dans le sol natal, comme le chêne qui voit au-dessous de lui ses vieilles racines s’enfoncer dans la terre, et à son sommet des boutons naissants qui aspirent vers le ciel.
Ses enfants commettent-ils une maladresse ?
« Son front large et proéminent, ses yeux mobiles, qui ressemblaient à ceux de sa mère, signalaient à tous, comme un être singulier, l’enfant que le professeur désignait comme un modèle. » Qu’on me permette de mettre sous les yeux du lecteur une esquisse que j’ai tracée, jadis, de M.
Un seigneur de la cour ayant vu le tableau de Doyen, Sainte Geneviève et les pestiférés, fait le lendemain venir le peintre dans sa petite maison chez sa maîtresse509 : « Je voudrais, lui dit-il, que vous peignissiez madame sur une escarpolette qu’un évêque mettrait en branle ; vous me placeriez, moi, de façon que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et même mieux, si vous voulez égayer davantage votre tableau. » La chanson si leste sur Marotte « court avec fureur » « au bout de quinze jours que je l’ai donnée, dit Collé, je n’ai rencontré personne qui n’en eût une copie ; et c’est le vaudeville, je veux dire l’assemblée du clergé, qui fait toute sa vogue » Plus un livre licencieux est irréligieux, plus il est goûté ; quand on ne peut l’avoir imprimé, on le copie. […] À ses yeux une religion positive n’est qu’une superstition populaire, bonne pour les enfants et les simples, non pour « les honnêtes gens » et les grandes personnes. […] On s’adresse à lui, même pour les accidents privés ; le 8 juin 1785, il envoie deux cents livres à la femme d’un laboureur breton, qui, ayant déjà deux enfants, vient d’en mettre au monde trois en une seule couche554.
La chaleur entre les deux partis étoit égale, lorsqu’on donna l’Enfant prodigue, pièce excellente & dans le goût nouveau, composée de scènes pathétiques, & de très-bonne plaisanterie, à l’exception de quelques-unes de celles qu’on met dans la bouche de Rondon & de Fierenfat. […] L’Enfant prodigue eut trente représentations. […] L’Enfant prodigue accrédita & multiplia les comédies larmoyantes.
S’ils nient tout à priori il faut malgré cette négation un peu prématurée il me semble, reconnaître qu’ils sont pleins de conviction pour ces ornements dont on fait les enfants et avec lesquels ils font joujou. […] Ce sont même quelquefois des anecdotes au sentiment fabriqué : le conseil de protéger ses ongles pendant quinze jours puis de les enfoncer avec jouissance, bave et lenteur dans la poitrine d’un poupon glapissant est d’un sadisme enfantin, d’un baudelairisme d’employé de la Compagnie des Chemins de fer ; et la scène de famille — écrite d’abord sous forme de théâtre — est visiblement façonnée : l’« enfant qui souffre » ayant été utilisé déjà, comment le présenter à nouveau sans qu’il semble un peu usé aux coudes ? […] Pierre-Olivier Walzer cite Malraux, pour évoquer ensuite d’autres sources possibles du passage, comme le tableau de Goya, Saturne dévorant ses enfants ou des passages de l’Enfer de Dante.
Au moment où venait au monde l’enfant prédestiné à être encore plus le roi du Catholicisme que le roi de toutes les Espagnes, Charles-Quint apprenait avec triomphe le sac de Rome et la Papauté scélératement humiliée, et palpitait d’une joie politiquement impie sur le berceau de cet enfant. […] On avait vu l’aristocratie elle-même, dans un délire de générosité, sacrifier ses titres de noblesse et l’héritage de ses enfants sur l’autel de la Patrie, qui l’en paya en brûlant ses châteaux et en égorgeant ses familles.
» Nous ne croyons point que jamais thèse philosophique fût plus médiocre, et voilà pourtant ce que le Caliban du socialisme éructe, ou plutôt vomit, avec des cris de montagne en mal d’enfant ; voilà pourtant la souris de cette montagne accouchée : Ridiculus mus ! […] , de respect, de reconnaissance et d’amour chrétien de la famille, quoiqu’il n’ait pas fait baptiser ses enfants. […] Mais les entrailles du père, l’instinct patriarcal de l’homme familial, qui apparaît, entre sa femme et ses enfants, au jour de la Correspondance, ont ici, heureusement, été plus forts que les systèmes du philosophe, et l’involontaire christianisme de la nature de Proudhon a entraîné sa réflexion aux mêmes conséquences que Bonald, le catholique et grand Bonald !
L’Église n’avait pas trouvé de meilleur moyen d’assujettir à la longueur de ses offices les grands enfants barbares qu’elle avait entrepris de guider vers la civilisation. […] Le 10 janvier 1650, Molière tenait un enfant sur les fonts à Narbonne. […] Nous avons l’acte de baptême d’un enfant de Mlle du Parc ; il est daté du 8 mars 1654. […] L’enfant n’était pas encore « décrassé » ; le nom bourgeois de son père ne l’importunait pas encore comme un fâcheux souvenir de roture. […] — Enfin, quand il apprend qu’on a brûlé le Dictionnaire philosophique sur le bûcher du malheureux enfant, ses terreurs éclatent sans mesure : « Mon cher frère, mon cœur est flétri.
C’est ainsi que j’ai été mathématicien, musicien, érudit, moine, enfant, mère. […] La joie des simples et des enfants montre combien cela est aisé. […] Expression naïve d’une foi qui n’a point ici-bas sa raison suffisante, que tout contredit, que rien n’ébranle et qui fait redevenir celui qui s’y attache aussi simple qu’un petit enfant ! […] Y a-t-il donc un aveuglement sur les hommes de cet âge, qu’un enfant que j’ai connu si pur en soit arrivé là en si peu de temps pour avoir seulement respiré la vapeur du siècle ? […] Savez-vous que c’est une chose effrayante de penser que Goethe est mort, que Musset est mort, et que leur œuvre peut encore mettre une arme à la main d’un enfant qui souffre ?
Écrire ainsi est un passe-temps d’enfant ou de dupe autant vaudrait puiser de l’eau dans une rivière à l’aide d’une passoire ! […] au lieu de mettre cette fois des papillotes à son style déjà mûr et de le coiffer à l’enfant, le critique des Débats a recherché la fermeté de la phrase, et, avec la sobriété des mots, il a rencontré la justesse de l’expression, et, par deux fois, un éclair d’éloquence. […] ou le rêve de ce type poétique, éclos sous le ciel sombre de la rêveuse Allemagne, attendait-il pour se réaliser l’organisation exceptionnelle de cette blonde enfant du Nord ? […] Quant à la prière, elle l’a abîmée, foulée aux pieds avec l’innocence barbare d’un enfant ; elle n’a pas seulement su en dire le thème ; elle y a introduit une foule d’horribles vocalisations, de notes basses d’un timbre hommasse, niaisement révoltantes. […] Dennery primer Molière et le Médecin des enfants en être l’esprit et le Misanthrope la lettre morte !
Les enfants, quoi qu’on dise, ne sont que les graines à l’âge ingrat du bonheur. […] Le miracle que, sans le savoir, cet enfant merveilleux, Aristophane, opère avec le rire, Shakespeare veut le faire avec les plus douces émotions du cœur. […] Songez qu’il vient de nous donner la Défense de Tartufe, où proses et vers sont entremêlés, rivalisent à confronter et affronter, à l’intérieur de ce cœur d’enfant à qui l’intelligence ne laisse point de trêve, les plus roués et séduisants témoins et le dieu le plus beau. […] Il s’agit de l’enfant adopté par Fernande Olivier, que celle-ci, ne se sentant finalement pas la capacité d’être mère, demande à Max Jacob de conduire aux Enfants trouvés.
N’est-ce pas un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme ? […] N’en voilà-t-il pas assez pour bercer cet enfant que vous appelez la vie ?
Les enfants de Renaudot, qui furent depuis des hommes de mérite et des médecins, s’étant présentés au baccalauréat devant la faculté de Paris, il leur fallut déclarer par acte de notaire et par serment qu’ils renonçaient au trafic de leur père. […] Cinq avocats y ont été ouïs, savoir celui du Gazetier, celui de ses enfants, celui qui a plaidé pour les médecins de Montpellier, qui étaient ici ses adhérents, celui qui plaidait pour notre faculté, et celui qui est intervenu en notre cause de la part du recteur de l’Université.
Enfant, né en 1704, il avait vu cette fin de Louis XIV, comme ceux qui sont nés au commencement de ce siècle, à la date correspondante, ont pu voir les dernières années de l’Empire. […] Ils ne pensent qu’à eux et ne s’inquiètent ni de votre repos ni de votre santé : voilà ce qui m’intéresse, moi, et ce qui doit intéresser tout le royaume. — Tu fais bien, mon enfant, reprit le roi en secouant la tête ; j’ai envie de faire comme toi. — Faites donc, Sire, dit-elle ; au diable toutes ces querelles de prêtres !
Il ne se trompe certainement pas lorsqu’il montre les grands, les nobles, le haut clergé, les femmes à la mode, ceux qu’on appellera aristocrates quelques mois plus tard, commencer par être les vrais démocrates, désirer un changement dans le gouvernement, y pousser à l’aveugle pour se procurer chacun plus de crédit dans sa sphère, se comporter en un mot comme des enfants qui, en maniant des armes à feu, se blessent et blessent les autres : « Ces aristocrates, dit-il, sont les véritables auteurs de la Révolution ; ils ont enflammé les esprits dans la capitale et les provinces par leur exemple et leurs discours, et n’ont pu ensuite arrêter ou ralentir le mouvement qu’ils avaient excité. » La bourgeoisie française a fait depuis, et sous nos yeux, ce que l’aristocratie avait fait alors ; ç’a été la même répétition, et selon le même esprit, à un autre étage. […] la méchante fée a doué Aladin à son berceau d’un cœur sensible, d’un génie supérieur et d’une grande franchise : ce sont là les dons maudits dont elle a chargé l’enfant ; et Salem, au contraire, a été doué par la bonne fée d’un esprit médiocre et actif, d’un caractère patient et d’une âme froide ; voilà ses trésors.
Son père, d’ailleurs respectable et attentif, ne le comprit pas et le contraignit ; lui qui sera si ami de la vérité, il lui arriva, tout enfant, de mentir quelquefois à son père par crainte. […] Plus tard, Saint-Martin se ressouvenait d’avoir été proposé à ces fonctions si différentes, un jour qu’il montait sa garde, au printemps de 1794, au pied de la tour du Temple où était renfermé le royal enfant.
Ce qui fait à mes yeux une grande partie de l’intérêt des écrits de d’Argenson et ce qui doit les rendre précieux pour quiconque aime la vérité, c’est que tout y est successif et selon l’instant même ; il ne rédige pas ses mémoires après coup en résumant dans un raccourci plus ou moins heureux ses souvenirs ; il écrit chaque jour ce qu’il sait, ce qu’il sent ; il l’écrit non pas en vue d’un public prochain ou posthume, mais pour sa postérité tout au plus et ses enfants, et surtout pour lui, pour lui seul en robe de chambre et en bonnet de nuit. […] Causant vers ce temps-là (novembre 1736) avec le maréchal de Noailles qui revenait de l’armée d’Italie, et entendant ce maréchal se plaindre de n’avoir pas été aidé du côté de Versailles, à ce terrible mot M. d’Argenson s’empressait de tourner court et de parler d’autre chose, par exemple, de matières de droit public et des biens allodiaux de la Toscane ; « car les bruits sont grands aujourd’hui, disait-il, de brigues contre le premier ministre » ; et la seule idée d’en être informé l’effrayait : À propos de cet article, dit-il, je donnerai avis à mes enfants de ne se jamais fourrer dans toutes ces intrigues de cour.
Vous ne le croiriez pas, les Anglais, ces grands approfondisseurs, manquent totalement de jugement… Ici il est près de passer d’un extrême à l’autre dans l’expression, comme il arrive lorsqu’on écrit tout entier sous l’impression du moment ; mais, en continuant, il va toucher de main de maître un défaut que nous savons très bien combiner avec l’inconstance, celui d’être routiniers et dociles à l’excès pour les autorités que nous avons adoptées une fois et les admirations que nous nous sommes imposées : Pour nous frivoles, jolis, légers, nous avons tout, mais nous nous tenons à trop peu de chose ; notre inconstance est notre seul tort, elle nous emporte si bien qu’elle nous dégoûte de nous-mêmes plus que de personne, et nous lasse de nos propres idées au lieu de nous plonger dans l’admiration de nous-mêmes comme ces vaniteux Espagnols et Portugais ; nous avons une docilité d’enfants qui nous rend disciples et admirateurs des autres nations du monde. […] Par cette facilité de mœurs, semblables à de pauvres petits enfants trop corrigés et rendus timides, quoique d’un naturel excellent, nous prenons l’importance pour le mérite et la modestie pour insuffisance.
C’est une pitié de voir comme ils ont défiguré et brouillé mes notes au Neveu de Rameau : rien absolument n’est resté à sa place. » Les présents éditeurs des Entretiens ont dû procéder de même pour se conformer, disent-ils, « à l’usage de notre pays. » Ils ont fait exactement comme ces mamans prudentes et attentives qui, voyant le morceau, trop gros dans l’assiette de l’enfant, le coupent et le réduisent en minces bouchées pour que le cher petit puisse le manger plus aisément et sans risque d’indigestion. […] Un des beaux enfants d’Ottilie, la belle-fille de Gœthe, s’approcha du visiteur et le regarda avec de grands yeux.
Les effets de l’antipathie qu’on avait pour nous se firent sentir par les outrages de la soldatesque, les criailleries des femmes, les poursuites des enfants. […] Des enfants grecs nous lapidaient chez nous comme dans la rue.
Que de fois, enfant, le soir, le long des routes, je me suis surpris répétant avec des pleurs son invocation aux forêts et à leurs résonnantes clairières ! […] Cette voix chante les beautés et les dangers de la nuit, l’ivresse virginale du matin, l’oraison mélancolique des soirs ; elle devient la douce prière de l’enfant au réveil, l’invocation en chœur des orphelins, le gémissement plaintif des souvenirs en automne, quand les feuilles jonchent la terre, et qu’au penchant de la vie soi-même, on suit coup sur coup les convois des morts.
Elle n’aurait qu’à répondre pour toute explication : « Je suis esprit, et rien de ce qui tient aux choses de l’esprit ne me paraît étranger. » Villon était enfant de Paris, et né vers la place Maubert, je pense. […] Scribe aussi est un enfant de Paris, et, comme tous ceux-là, à sa manière il l’a, ce semble, bien montré.
Enfin, et pour ramasser ici les principales contradictions que notre auteur élève contre les autorités célèbres, il ne pense pas qu’on puisse rien conclure de positif des noms plus ou moins romains ou franks par rapport à la race directe des personnages, puisqu’on voit des Gaulois mariés à des Germaines avoir des enfants nommés d’un nom gallo-romain ou germain, à peu près au hasard et très-arbitrairement. […] Là, se rendaient les garçons et les filles ; ils couronnaient de fleurs les images des Nymphes, non plus par religion, mais par une sorte d’instinct machinal ; la douce mythologie, inséparable de toutes les impressions du plaisir, était encore le langage de l’amour ; les cœurs demeurèrent longtemps sous la protection de cet enfant jeune et beau, qui a des ailes, et pour cette cause prend plaisir à hauter les beautés ;… qui domine sur les éléments, les étoiles et sur ceux qui sont dieux comme lui.
Ces pauvres gens étaient reçus comme des enfants, dont les plus malheureux avaient droit aux premiers soins. […] … Je donnerais ma vie, non-seulement pour l’État, mais encore pour les enfants de notre cher prince, qui vit plus en moi encore que pendant sa vie. » XXXIX La mort de ses deux amis, le duc de Chevreuse et le duc de Beauvilliers, fit mourir la sainte ambition de Fénelon.
D’abord il n’a pas usé de moyens romanesques : on ne citerait pas un travestissement, pas un incognito, dans son théâtre, hors don Sanche qui n’est pas une tragédie, hors Hëraclius aussi : mais dans Héraclius la substitution d’enfants n’est pas un moyen de traiter le sujet, c’est l’essence même du sujet, et de cette donnée singulière le poète veut tirer moins des péripéties surprenantes que des états d’àme pathétiques ; ce qui l’intéresse, c’est le cas moral, extraordinaire sans doute, mais humain, de Phocas. […] Et elle est nécessaire pour la vraisemblance : j’admets plus aisément qu’une femme tue ses enfants, un frère sa sœur, un père sa fille, quand cette femme s’appelle Médée, ce frère Horace, ce père Agamemnon.
Si l’on veut avoir une idée de la simplification hardie par laquelle Maupassant dégage le caractère de la réalité complexe et touffue, on devra prendre de préférence Une vie : une pauvre vie de femme, vie de courtes joies et de multiples déceptions, de misères médiocres et communes qui font de profondes blessures, vie d’espérance obstinée, indéracinable, qui, trompée par un mari, trompée par un fils, se reporte avec une navrante candeur sur le petit enfant destiné peut-être à lui fournir la dernière leçon de désillusion, si la mort ne vient pas avant. […] Julien Viaud (né à Lorient en 1850) ; le Mariage de Loti (1880), d’où il prit son pseudonyme ; le Roman d’un spahi (1881) ; Mon frère Yves (1883) ; Pêcheurs d’Islande (1886) ; le Désert et Jérusalem, impr. de voyages (1895) — Édition : Calmann-Lévy, 14 vol. in-18. — À consulter : Loti, le Roman d’un enfant (1890) : R.
Ricciardo fait des réflexions sur les faiblesses des pères pour leurs enfants. […] Tebaldo lui dit qu’après bien des discours sur la prétendue intelligence existant entre Fabio et Virginia, il lui a proposé d’accommoder l’affaire et de faire épouser à Fabio une autre fille que Virginia, qui apportera six mille écus de dot ; que le père de la mariée lui fera présent de deux mille écus, sans parler d’un opulent héritage que ce père laissera plus tard à ses enfants.
C’est par là que je trouve des enseignements pour ma condition obscure, dans la peinture des conditions les plus élevées, et qu’enfant du peuple, je profite de la leçon faite aux grands. […] La Bruyère, comme Molière et Voltaire, est un enfant de Paris.
Cependant le poème de la Religion a des morceaux qui, récités par un enfant, plaisent par les beautés modestes des livres d’éducation. […] Le Racine des enfants peut servir à faire mieux goûter le Racine des hommes faits.
L’homme parfait serait celui qui serait tour à tour inflexible comme le philosophe, faible comme une femme, rude comme un paysan breton, naïf et doux comme un enfant. […] L’humanité réalise la perfection en la désirant et en l’espérant, comme la femme imprime, dit-on, à l’enfant qu’elle porte, la ressem-blance des objets qui frappent ses sens.
Si le roi avait eu un enfant avec madame de Maintenon, et que les prêtres lui eussent fait un scrupule de laisser cet enfant sans état et sa mère dans le déshonneur, on pourrait dire que la religion a décidé le roi à épouser sa concubine, surtout s’il avait été dégoûté d’elle par la possession.
Le jeune enfant fut élevé par les soins de sa mère (née de Rosen), qui se remaria à M. d’Argenson, si connu sous la Restauration par la netteté et la précision radicale de son libéralisme26. […] Le rapporteur de la loi (le marquis de Maleville) s’était avisé de dire, pour l’appuyer, qu’en empêchant le partage égal entre les enfants, cette loi allait forcer les déshérités à s’évertuer, à devenir actifs, intelligents, industrieux ; il avait cité l’exemple de l’Angleterre.
Elle m’avait eu à quarante ans passés ; et comme elle voulait absolument encore être belle, un enfant de huit à neuf ans qu’elle menait partout la faisait paraître encore jeune. […] Il a pour les langues la facilité de mémoire d’un enfant.
Les deux premiers enfants qui naquirent de cette liaison, deux garçons qui vécurent peu, furent présentés au baptême par d’anciens domestiques, de pauvres gens, parmi lesquels un vrai pauvre de paroisse. […] Mme de La Vallière, en entrant au cloître, avait deux enfants vivants.
Pendant plus de trente ans encore on lui parlera de ces sortes de projets à l’infini ; elle en parlera sans cesse elle-même, mais en enfant, sans jamais pouvoir se résoudre, et sans s’apercevoir à la fin que cette indécision éternelle devient une fable. […] Il est rare de voir un enfant si sensible à ce genre d’agrément.
quel assemblage grotesque de vieilles idées et de nouveaux projets, de petites répugnances et de désirs d’enfants, de volontés et de nolontés, d’amours et de haines avortés ! […] Le moment viendra, et bientôt, où il lui faudra essayer ce que peuvent une femme et un enfant à cheval ; c’est pour elle une méthode de famille ; mais, en attendant, il faut se mettre en mesure, et ne pas croire pouvoir, soit à l’aide du hasard, soit à l’aide des combinaisons, sortir d’une crise extraordinaire par des hommes et des moyens ordinaires.
Son père était de Provence ; il s’était transplanté en Normandie et s’y était marié, non sans transmettre à ses enfants quelque chose de la veine méridionale. […] Je ne m’arrêterai pourtant point, Madame, à vous dire quelle fut son enfance : car elle fut si peu enfant, qu’à douze ans on commença de parler d’elle comme d’une personne dont la beauté, l’esprit et le jugement étaient déjà formés et donnaient de l’admiration à tout le monde ; mais je vous dirai seulement qu’on n’a jamais remarqué en qui que ce soit des inclinations plus nobles, ni une facilité plus grande à apprendre tout ce qu’elle a voulu savoir.
Le père de Rivarol, homme instruit, dit-on, et qui même aurait eu le goût d’écrire, manquait de fortune ; il eut seize enfants, dont Rivarol était l’aîné. […] Dans un écrit anonyme, mais qu’on savait de lui, il avait critiqué le poème des Jardins, nouvellement imprimé : Il vient enfin de franchir le pas, disait Rivarol de ce poème ; il quitte un petit monde indulgent, dont il faisait les délices depuis tant d’années, pour paraître aux regards sévères du grand monde, qui va lui demander compte de ses succès : enfant gâté, qui passe des mains des femmes à celles des hommes, et pour qui on prépare une éducation plus rigoureuse, il sera traité comme tous les petits prodiges.
Sa mère, la marquise de Bonneval, avait jeté les yeux sur Mlle Judith de Biron, sa parente, l’un des vingt-six enfants du duc de Biron, très protégé du Régent, et qui, avec une telle famille, avait besoin de l’être. […] Il vivait en effet librement, comme l’eût fait un convive du Temple, raillant les sots, narguant les coteries, fréquentant peu les églises, et chansonnant volontiers les agents de chancellerie et les bureaux ; il était, en un mot, ce qu’il avait toujours été, gai, cordial, aimable, spirituel et même grivois, insolent et bon enfant.
Le jeune enfant perdit sa mère à deux ans, et fut abandonné aux mains d’une servante de campagne et d’une vieille parente, gâté par l’une, grondé par l’autre. […] On n’a pas besoin d’être un profond croyant pour cela ; « on pense à l’église de son village, a dit quelqu’un, et l’on redevient enfant, et l’on se met à genoux ».
Par sa puissance à briser les associations banales et communes, qui pour les antres hommes enserrent les phénomènes dans une quantité de moules tout faits, il ressemble à l’enfant qui commence la vie et qui éprouve la stupéfaction vague de l’existence fraîche éclose. Recommencer toujours à vivre, tel serait l’idéal de l’artiste : il s’agit de retrouver, par la force de la pensée réfléchie, l’inconsciente naïveté de l’enfant. » VI. — Ce qui est aux yeux de Guyau la règle suprême . de l’art, c’est cette qualité morale et sociale par excellence : la sincérité ; si donc il attache à la forme une très grande importance, il ne veut point qu’on sépare la forme du fond.
Ailleurs, dans une promenade aux environs de quelque vieille ville allemande, il décrit longuement tout le paysage embrumé de vapeurs grises et comme saupoudré de soleil : Là-bas coule doucement L’eau des fossés de la ville : Un enfant assis dans un bateau Siffle tout en pêchant. […] » « Oui, je suis revenu à Dieu. » et ailleurs, dans cette préface du Romancero qui est sa confession finale, comme l’enfant prodigue, après avoir gardé les pourceaux chez les Hegeltiens : « Le mal de la patrie céleste m’a saisi et m’a entraîné par monts et par vaux, à travers les sentiers les plus ardus de la dialectique.
Il vous montre une mère, Constance mère d’Arthur, et quand il vous a amené à ce point d’attendrissement que vous ayez le même cœur qu’elle, il tue son enfant ; il va en horreur plus loin même que l’histoire, ce qui est difficile ; il ne se contente pas de tuer Rutland et de désespérer York ; il trempe dans le sang du fils le mouchoir dont il essuie les yeux du père. […] pourquoi tuer cet enfant, Arthur ?
Est-ce volontairement que les enfants nés dans les États-Unis du Sud apprenaient dès le plus bas âge que l’esclavage était une institution divine, nécessaire à l’ordre de la société et au bonheur des esclaves eux-mêmes ? […] Celui qui demanderait à sa raison s’il doit aimer son père, ses enfants, sa patrie, glacerait par là même les meilleurs et les plus naturels sentiments du cœur humain ; il ne serait plus qu’un automate pensant.
On se nourrit des anciens et des habiles modernes, on les presse, on en tire le plus que l’on peut, on en renfle ses ouvrages ; et quand enfin l’on est auteur, et que l’on croit marcher tout seul, on s’élève contre eux, on les maltraite, semblable à ces enfants drus et forts d’un bon lait qu’ils ont sucé, qui battent leur nourrice. […] L’Opéra jusques à ce jour n’est pas un poème, ce sont des vers ; ni un spectacle, depuis que les machines ont disparu par le bon ménage d’ Amphion et de sa race ; c’est un concert, ou ce sont des voix soutenues par des instruments : c’est prendre le change, et cultiver un mauvais goût, que de dire, comme l’on fait, que la machine n’est qu’un amusement d’enfants, et qui ne convient qu’aux Marionnettes ; elle augmente et embellit la fiction, soutient dans les spectateurs cette douce illusion qui est tout le plaisir du théâtre, où elle jette encore le merveilleux.
Il ne faut rien de plus que la main d’un enfant idiot ou pervers pour mettre le feu à une ville, rien de plus que la pensée d’un sophiste pour mettre le feu à une société. Seulement, le sophiste et l’enfant sont-ils plus grands parce qu’on les voit à la lueur de la flamme qu’ils ont allumée ?
Nous y avons gagné un Attila presque bourgeois, asiatique d’instinct, car il met la politique au-dessus de la guerre, ce qui est aussi le caractère européen de ces derniers temps, « créant des prétextes, entamant des négociations à tout propos, les enchevêtrant les unes dans les autres comme les mailles d’un filet où son adversaire finissait toujours par se prendre », spirituel, railleur, spéculant sur ses mariages, comme la maison d’Autriche, ses mariages dont il avait peu la dignité, aimant ses enfants à la manière des patriarches de la Bible, et leur tirant paternellement le joues, comme Napoléon tirait l’oreille à ses soldats enfin un Attila très pittoresque, très inattendu et très savoureux pour ceux qui cherchent dans l’histoire de sensations neuves. […] Je crois même qu’il n’y a pas tant à admirer dans ce fait du formalisme romain, respecté comme un cérémonial séculaire par ces grands enfants violents dont on a fait un peu trop vite des grands hommes, les Odoacre et même les Théodoric !
Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique, Toujours je la connus, pensive et sérieuse, où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans : Les flambeaux pâlissaient, le bal allait finir, Et les mères disaient qu’il fallait s’en venir… où le néant de la vie se met à sonner tout à coup, dans ces deux poitrines rapprochées qui étouffent de la valse et du bonheur de se toucher, ce glas funèbre : … Ah ! […] ……………………………………………… Je lus dans leur regard, j’écoutai leur parole, ……………………………………………… Tel qu’un enfant, au pied d’une haie et d’un mur, Entendant les passants vanter un figuier mûr, Une rose, un oiseau qu’on aperçoit derrière, Se parler de bosquets, de jets d’eau, de volière, Et de cygnes nageant dans un plein réservoir, Je leur dis : « Prenez-moi dans vos bras, je veux voir !
La maternité, loin de l’attendrir, lui répugne ; l’enfant le dégoûte. […] Enfant d’abord, adolescent ensuite, il contempla dans les étroites limites de sa terre natale le spectacle habituel de la plus admirable nature qu’ait enfantée notre globe, et qui alors n’avait pas encore été déshonorée par les prétendus travaux de maladroits défricheurs. […] Au-dessus, plane cette affreuse religion de Moloch qui exige comme offrande au dieu le sacrifice d’enfants bridés vifs, ou ce culte ambigu de Tânit, la déesse servie par des courtisanes et par des prêtres émasculés. […] Presque enfant, il éprouva, pour une femme plus âgée que lui et qui a servi de modèle à madame Arnoux, un caprice platonique309 ; plus tard, vers sa vingt-cinquième année, il se lia avec une romancière médiocre qu’il avait vue dans l’atelier de Pradier et pendant quelques mois elle devint sa maîtresse : hors de là, rien. […] Je n’ai jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait un vieillard, ni un berceau sans songer à une tombe.
Le poëte, en des vers pleins de tendresse, conjure cette belle contrée, alors qu’elle pourra renaître, de ne s’adresser jamais qu’à ses enfants : Dans tes fils réunis cherche ton Roméo, et il repousse d’elle avec effroi toute intervention de l’étranger, du barbare, comme il dit, dans cette délivrance sacrée : Car ce qui n’est pas toi ni la Grèce ta mère, Ce qui ne parle pas ton langage sur terre, Et tout ce qui vit loin de ton ciel enchanteur, Tout le teste est barbare et marqué de laideur.
Né en 1785 dans l’Ardèche, il vint à Paris à l’âge de dix-neuf ans, c’est-à-dire tout au début de l’Empire ; et par ses goûts déclarés, par ses essais sérieux et variés en vers et en prose, par le caractère des doctrines, il mérita bientôt de se voir l’enfant chéri, le fils adoptif de la littérature alors régnante, de celle qui se rattachait plus étroitement aux traditions du xviiie siècle.
Ces petits enfants à genoux, qui prient Dieu pour leur aïeule, donnent des coups de pinceau à la Delille : … par degrés s’affaisse la lumière, L’ombre joyeuse danse autour du noir foyer.
Dieu même n’est plus là pour lui tendre la main comme à un enfant ; Dieu, c’est le grand tout, c’est le flux et le reflux de vie universelle, c’est l’Océan de l’être.
Depuis qu’on est deux dans la vie domestique, les communications de l’esprit et l’exercice de la morale existent toujours, au moins dans un petit cercle ; les enfants sont devenus plus chers à leurs parents par la tendresse réciproque qui forme le lien conjugal ; et toutes les affections ont pris l’empreinte de cette divine alliance de l’amour et de l’amitié, de l’estime et de l’attrait, de la confiance méritée, et de la séduction involontaire.
Puis on a prôné l’éducation agréable, qui instruit en amusant ; les enfants se laissent amuser, ils ne s’instruisent pas.
Lisons la Confession d’un Enfant du siècle, où Alfred de Musset nous fournit, sur l’état d’âme des Romantiques, de si précieux documents !
Les enfants qui se pressent, en criant : Mon papa !
Blémont cite, avec émotion, ces paroles prononcées par Swinburne à propos de l’Année terrible de Victor Hugo : « Non, maintenant, après tant de sombres jours, après tant de terreurs et tant d’angoisses, aucun ami de la France ne peut refuser à Paris la grandeur et la dignité que le premier de ses enfants a ainsi constatées au temps de ses misères.
Tant de fêtes commémoratives qui formèrent nos spectacles d’enfant, les cérémonies régionales en l’honneur des « héros morts pour la patrie », une telle activité civique n’a pas été assurément sans accentuer le caractère de nos passions et sans en purifier l’objet.
A l’âge de plus de 50 ans, dès qu’il en arrivoit à Roterdam, il s’affubloit de son manteau, couroit à ce spectacle comme un enfant, & il étoit le dernier à se retirer.
L’enfant retient avec une facilité étonnante ce qu’il est incapable de comprendre.
Si l’on a appauvri l’architecture en l’assujettissant à des mesures, à des modules, elle qui ne doit reconnaître de loi que celle de la variété infinie des convenances, n’aurait-on pas aussi appauvri la peinture, la sculpture et tous les arts enfants du dessin, en soumettant les figures à des hauteurs de têtes, les têtes à des longueurs de nez ?
Si peu d’hommes savent tirer parti de leurs talents, soit pour conserver leur bien, soit pour l’accroître, la misère est une si puissante ennemie de la probité, le renversement des fortunes est si fréquent et a de si funestes effets sur l’éducation des enfants, que j’ajouterais ici les éléments de la science économique, ou de l’art de conduire sa maison ; art dont les Grecs et les Romains faisaient si grand cas.
Qu’on se figure le vieillard, l’enfant, la femme, et le jeune homme des choeurs témoignans, ou leur joïe ou leur affliction ou leurs autres passions, par des démonstrations propres et particulieres à leur âge comme à leur sexe.
Après Barthélemy, Choiseul-Gouffier et Chateaubriand, il aborde les augustes ruines de la Grèce et leur récrépissage moderne avec l’irrévérencieuse plaisanterie d’un enfant de Paris (pour ne pas dire un autre mot), et, comme ce gros obèse intellectuel d’allemand qui sautait par la fenêtre pour se faire vif, il saute, lui, en pleine ironie, — tenant infiniment, sans doute, à nous montrer qu’il sait, quand il le faut, s’éponger de sa science et s’alléger du pédantisme de ses études et de ses fonctions !
Un peu de modestie sauverait ces gens-là ; mais, enfants gâtés, ils ont l’aisance, l’importune aisance qui touche à tout.
Chère toujours à la race sans idées et sans cœur des païens de la fantaisie, cette école, qui a trouvé sa colonne d’Hercule dans le dernier livre (Émaux et Camées) de Gautier, — le seul de ses enfants posthumes dont le vieux Ronsard se sentirait de l’orgueil, — cette école pourrait réclamer Gramont comme un des poètes de sa pléiade, mais, tout esclave qu’il en est par le plus large côté de ses œuvres, il lui échappe cependant, et, en résumé, il vaut mieux qu’elle.
Byron, plus digne que Pitt d’être nommé l’enfant colère, se vantait d’être jacobin et s’était fait carbonaro.
Taine, le pasteur Roger Holard prononçant l’éloge du défunt, a déclaré que ce n’était pas seulement pour se conformer au désir de Mme Taine et de ses enfants qu’un service funèbre était célébré, mais pour obéir à la volonté de M.
Je n’en crois rien ; celui qui pleurait enfant, en apprenant les conquêtes de son père, n’avait pas besoin d’une harangue pour renverser le trône de Darius.
La peur des coups se joignant à la gourmandise d’un enfant craintif pour une belle femme, ses yeux la supplièrent de regarder. […] Il explique l’abandon de ses enfants un jour par une insouciance criminelle de roué, une autre fois par la prévoyance d’un bon père. […] Parce que certains maîtres, en se servant trop du ressort de la crainte, rendent les enfants dissimulés, « les mensonges des enfants sont tous l’ouvrage des maîtres » Parce que c’est l’art le plus rare que de savoir mettre un principe à la portée du jeune âge, il ne faut lui inculquer aucun principe. […] Homme, si l’on veut, par l’intellect et par l’étude, il a toujours été dans la conduite un mélange d’enfant et de vieillard. […] Enfant, il sent à l’égard des siens, tout dévoués, comme il le doit.
Enfin, pour faire justice d’une théorie qui se fonde sur la permanence des caractères de la race dans ses individus, il suffit d’observer que la ressemblance morale n’existe même pas dans la famille, entre parents et enfants. […] On peut imaginer qu’en un milieu guerrier et rude comme Sparte, il vienne à naître, par une de ces variations fortuites que la théorie de la sélection est forcée d’admettre, un enfant doué de sentiments pacifiques et délicats que l’éducation ne sera pas parvenue à étouffer. […] Simon, La Mesure du développement de l’intelligence chez les jeunes enfants, 1917).
Pour peu que le génie de l’enfant s’y prête, il sort de là dans un parfait désaccord avec la société où il doit vivre, et tout disposé à mettre son Hoc erat in votis dans quelque belle élégie, quelque composition touchante, quelque comédie applaudie. […] Piron, trop à la gêne dans sa ville natale, vint à Paris vers 1719 : c’était un grand enfant, beau drille de cinq pieds huit pouces, belle mine sans élégance aucune, robuste en tout ; avec cela, myope ; ce qui lui donnait l’air singulier. […] Tout cela est fait à la française ; mais aussi longtemps que nos auteurs dramatiques ne sauront pas peindre les mœurs des personnages qu’ils mettent sur la scène, ni l’esprit des peuples et des siècles dont ils empruntent leurs sujets, je regarderai leurs pièces comme des ouvrages faits pour amuser ou épouvanter des enfants ; mais jamais je ne les croirai dignes de servir d’instruction et de leçon aux souverains et aux nations ; c’est pourtant là le véritable but de la tragédie. » Il nous est impossible aujourd’hui, — à moi du moins, — de nous former une idée nette de ces pièces, surtout des tragédies d’alors, ni d’y saisir quelque différence à la lecture ; elles me semblent à peu près toutes pareillement insipides et d’un ennui uniforme. […] » Et moi je dis : Quand on en est là, quand on voit le monde si fou, si bête, si perdu, si à l’envers ; quand, après avoir passé sa jeunesse à respecter très-médiocrement le goût et les mœurs, on se fait tout d’un coup le champion déclaré du goût et des mœurs ; quand, après avoir composé tant de farces bonnes ou mauvaises pour les boulevards, on crie contre le genre des boulevards ; quand, après avoir fait parler Arlequin et Polichinelle, on s’en prend de tout le mal à Polichinelle et à Arlequin ; quand on en est venu à regretter ses amusettes d’enfant et les ânes de Beaune, on n’a plus qu’une chose à faire, c’est de s’en aller.
Le jeune enfant grandit auprès d’elle dans une liberté aimable, dans une familiarité qui l’initiait aux réflexions de cette femme distinguée, sur laquelle il devait bientôt agir à son tour. […] Seulement il n’a pas mis le public dans sa confidence ; il a fait avec ses bonnes fortunes littéraires comme l’élégiaque conseille de faire en des rencontres plus tendres : Qui sapit, in tacito gaudeat ille sinu ; il a été discret et heureux avec mystère, ou du moins il n’a laissé courir et s’ébattre ces enfants de son plaisir que dans un petit nombre de cercles enviés qui en ont joui avec lui. […] Enfant de ce monde-là, pour avoir grandi au milieu, pour y être né, il en a tout naturellement le ton, la légèreté, la causerie sur tout sujet, le sentiment du ridicule ; mais il fait tout bas ses réserves, il a ses idées de derrière la tête (comme les appelle Pascal), et il ne les dit pas. […] Imaginez un drôle spirituel et dévoué tel qu’il s’en présente en France à chaque insurrection intellectuelle ou autre, un enfant de Paris malgré son nom alsacien, aide-de-camp prédestiné pour toutes les journées de barricades.
Enfant et adolescent, j’ai fréquenté des curés de campagne qui ne juraient que par lui, et pour qui le rédacteur en chef de l’Univers était le Judas Macchabée de notre âge. […] Les hommes qui ont eu une enfance pieuse et qui se sont lentement détachés de la foi par l’insensible travail de leur esprit avec qui conspirent, quelquefois, les exigences de leurs passions de vingt ans, ceux-là ne se convertissent guère ou, s’ils se convertissent, ce n’est pas à vingt-cinq ans, c’est généralement beaucoup plus tard, et c’est par un simple réveil de sentiments qui, au surplus, n’ont jamais été, chez eux, tout à fait spontanés, mais qu’un enseignement exprès avait déposés dans leurs cœurs d’enfants. […] Il jugeait qu’un peuple baptisé devrait restreindre leur part dans l’éducation de ses enfants, et agrandir celle des auteurs chrétiens. […] Il est étrange qu’aujourd’hui encore, et jusque dans les petits séminaires, des enfants de quinze ans aient entre les mains la septième églogue de Virgile et la deuxième.
Les pages du roi doivent être des enfants de haute noblesse. […] Il y revient dans le Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi, écrit à l’époque où de la royale famille, dépeuplée par la mort, il ne restait qu’un vieillard septuagénaire et un enfant. […] La morale n’y dépasse point l’âge et l’intelligence d’un enfant, et l’histoire y est touchée plutôt que traitée. […] Cette fiction de l’enfant Amour, que Calypso, pour se soulager de la flamme qui coulait dans son sein, donne à porter à sa suivante Eucharis, n’est qu’un ingénieux expédient pour se dérober à des peintures trop peu compatibles avec le caractère du prêtre.
C’est un art d’hallucination, très propre à plaire aux enfants, aux peuples enfants, ou même, de nos jours, aux imaginations surexcitées. […] Représentez-vous par la pensée une de ces cannes de Provence avec lesquelles on fait des pêches à la ligne ou des mirlitons pour les enfants, voilà une image qui pourra encore sembler triviale ; quittez nos jardins, allez en Grèce, et, dans le creux d’un roseau tout pareil, vous verrez les paysannes d’Olympie transporter un peu de braise d’une chaumine à l’autre. […] La rumeur du large, éteinte, ressemblait à un souffle d’enfant. » (Les Travailleurs de la mer.
A mon unique enfant je coupai le cou, rencontre tout à coup ce rythme expressif : En avant ! […] qu’il soit permis d’en baiser la poussière Au moins crédule enfant de ce siècle sans foi, Et de pleurer, ô Christ, sur cette froide terre Qui vivait de ta mort et qui mourra sans toi ! […] Flaubert (Salammbô) : Une curiosité indomptable l’entraina : et comme un enfant qui porte la main sur un fruit inconnu, tout en tremblant, du bout de son doigt, il la toucha légèrement sur le haut de la poitrine. […] Mer où la perle éclôt, terre où germe l’épi ; Nature d’où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose Ne faites effleurer, pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer !
Nous ne voulons pas qu’on nous promène par le monde, comme des enfants, pour le simple plaisir des yeux ; en peu d’années l’Europe a grandement vieilli ; sa tardive expérience cherche aujourd’hui partout une instruction sérieuse.
Sur les enfants du Nord les ténèbres farouches Versent, hélas !
qu’il me soit permis maintenant de briser ma vie malheureuse, tandis que des inquiétudes douteuses, tandis que l’espérance incertaine de l’avenir m’agitent, tandis que je t’embrasse encore, toi mon enfant, toi la seule volupté du soir de ma vie, qu’il me soit permis de mourir, de peur qu’un messager cruel ne déchire mon cœur… 30.
père, enfants, amis, amies ?
Les anciens étaient des enfants en tout : en tout, les modernes représentent la maturité de l’esprit humain.
Homère, nous n’en avons lu aucun qui ait eu pour nous un charme plus inattendu, plus naïf, plus émané de la pure nature, que le poète villageois de Maillane — Si nous étions riche, si nous étions ministre de l’instruction publique ou si nous étions seulement membre influent d’une de ces associations qui se donnent charitablement la mission de répandre ce qu’on appelle les bons livres dans les mansardes et dans les chaumières, nous ferions imprimer à six millions d’exemplaires le petit poème épique dont nous venons de donner une si brève et si imparfaite analyse et nous l’enverrions gratuitement, par une nuée de facteurs ruraux, à toutes les portes où il y a une mère de famille, un fils, un vieillard, un enfant capable d’épeler ce catéchisme de sentiment, de poésie et de vertu, que le paysan de Maillane vient de donner à la Provence, à la France et bientôt à l’Europe.
Que sont les imprécations vaines, auprès de ces deux vers de la Colère de Samson : Toujours ce compagnon dont le cœur n’est pas sûr : La femme, enfant malade et douze fois impur !
Aussi sa joie éclate à Strasbourg, où les enseignes sont en français, où le bureau de tabac a sa lanterne rouge, où il entend une jeune bonne dire en français à un enfant : « Pourquoi que tu pleures, René ?
Chez les enfants, prétend-il, la vue est développée avant le toucher.
La marquise de Rambouillet, mariée à seize ans, en 1600, était déjà mère de sept enfants en 1610.
M. de Voltaire s’est vainement efforcé de donner le même exemple : il y aura toujours loin de l’Enfant prodigue, de Nanine, & de ses autres Comédies, à celle des Plaideurs.
C’est pourquoi, je voudrais que l’image d’une mère allaitant son enfant soit la plus haute expression de la beauté humaine... » Cet alinéa que j’extrais du livre de Fécondité en explique le but, le sens, la constante préoccupation.
Etant enfant, il passoit les journées entières à l’étude des auteurs Grecs.
Lorsque la comédie de l’Enfant prodigue parut, tout Paris fut partagé pour deviner le nom de l’auteur, qui ne se déclaroit pas.
Suis-moi, je te conduirai où une ombre vaine ne trompera point tes embrassements, où tu trouveras celui dont tu es l’image ; à toi il sera pour toujours, tu lui donneras une multitude d’enfants semblables à toi-même, et tu seras appelée la Mère du genre humain. » Que pouvais-je faire après ces paroles ?
I Henri Rochefort est un des plus beaux fils de cette Chronique que j’accusais récemment d’être un genre mortel à la littérature et au talent, et qui, comme la Révolution française, comparée par Vergniaud à Saturne, doit dévorer tous ses enfants… La Chronique ne coupera point la tête aux siens, comme la Révolution française, mais elle leur videra le cerveau.
triste figure, en effet, mais pour tous ceux qui ont gardé un peu d’idéal dans leur pensée, n’écrase-t-elle pas de sa hauteur et de son originalité la face vulgaire de Sancho, l’un des fils de cette mère Gigogne qu’on appelle la Sagesse du Monde, dont tous les enfants se ressemblent, qu’ils se nomment Sancho ou Panurge, Falstaff, Chrysale, Figaro, Pangloss, et même Méphistophélès ?
Tout autant que les individualistes, enfants trouvés ou perdus de Jean-Jacques Rousseau, auxquels il fait justement la guerre, Dupont-White n’a pas même l’air de se douter que l’État réel, dont il change les définitions aux pages viii, xiii xix, xx de sa préface, enfermé dans le cadre des mœurs, tient essentiellement dans cette double réserve de la famille et de l’ordre toujours retrouvée à la marée basse de toute révolution, et que peuvent toujours sortir de là, à la voix du législateur et du pouvoir, ramassé par le premier caporal venu, l’organisme social et la vie !
Il pleure, — oui, — mais c’est de rage, comme cet enfant gâté jusqu’au délire, qui voulait qu’on mît à sa toque deux étoiles du ciel.
Bientôt on vit les pères assembler leurs enfants au milieu des campagnes pour rendre les mêmes hommages.
À Autun, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, on cultivait l’éloquence ; souvent même les Romains les plus distingués envoyaient leurs enfants dans ces villes pour s’y instruire.
Mon vigoureux génie, enfant de la licence, S’indigne des liens qu’au langage des dieux Imposa trop longtemps un goût injurieux.
J’espère cependant être en état de partir jeudi prochain, mais je meurs de peur que le climat du Nord ne convienne pas à ce pauvre enfant. […] Il me semblait que la mort menaçait mon père, mes enfants, mes amis, et ce sont des sensations de ce genre qui doivent préparer le désordre des facultés morales. […] Vous ne seriez pas seul avec moi, puisque j’emmène mes trois enfants et leur savant instituteur130 ? […] « Mes compliments à votre enfant et à la mère, si elle le permet. » Cette sorte de crainte que Mme Camille avait de Mme de Staël et cette première glace à briser, de la part d’une jeune femme timide en présence d’une femme supérieure, ne tinrent pas, et d’autres lettres nous la laissent voir en tiers avec son mari et celle qui savait si bien se proportionner. […] et trouvez-vous que, mes enfants et moi, nous sommes faits pour planter des choux à Coppet sans rien faire de nos esprits ni de nos âmes ?
un enfant, avec son catéchisme, briserait facilement le fil de ce cercle de Popilius, bien moins vicieux qu’imbécile. […] Il a bien prouvé qu’il l’avait dans le Paradoxe du comédien, dans l’Entretien d’un père avec ses enfants et dans son Neveu de Rameau. […] Pour eux, c’est l’infécondité et c’est l’envie, — l’envie, qui trouve laids tous les enfants qu’elle n’a pas faits. […] — « philosophe », et il n’était qu’un enfant, un enfant robuste comme l’homme de Hobbes.
Le langage réunit ici sous le même nom des choses bien différentes : quoi de commun entre le remords d’un assassin et celui qu’on peut éprouver, tenace et torturant, pour avoir froissé un amour-propre ou pour avoir été injuste à l’égard d’un enfant ? […] L’indiscipline naturelle de l’enfant, la nécessité de l’éducation, en sont la preuve. […] Mais la nature a probablement voulu, en règle générale, que la femme concentrât sur l’enfant et enfermât dans des limites assez étroites le meilleur de sa sensibilité. […] Que de choses surgissent devant les yeux émerveillés d’une mère qui regarde son petit enfant ! […] Disons plutôt que la réalité est grosse de possibilités, et que la mère voit dans l’enfant non seulement ce qu’il sera, mais encore tout ce qu’il pourrait être s’il ne devait pas à chaque instant de sa vie choisir, et par conséquent exclure.
mon enfant, comme vous avez dû souffrir ! […] Dans un bosquet, s’élevait un groupe d’une femme et de trois enfants, sur un rocher, représentant la Musique. […] Ce dernier eut entre autres enfants un fils, Antoine du Bard, qui épousa, en 1662, Marie de Saumaise de Chamans. […] La première feuille, qui sert de couverture, porte ces mots : Mes Enfants. […] Les dix enfants qu’il eut de ses deux femmes ont formé plusieurs branches.
» disait-il lui-même aux critiques qui se réjouissaient de voir dans Les Déracinés un retour de l’enfant prodigue). […] Molière montre les pères et les tuteurs bafoués et dupés par leurs enfants amoureux. « Mais cela, c’est la tradition du théâtre. […] Remarquez, si vous voulez, qu’il n’avait pas d’enfants, qu’il aimait gagner et dépenser l’argent, qu’il était, comme les phtisiques en général, de complexion fort amoureuse. […] Idées, politique, morale, mystique, esthétique, ne sont que des coupes sur des romans, sur les enfants vigoureux d’un faiseur de romans. […] Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants.
La comédie proprement dite n’était qu’un jeu d’esprit dont s’amusaient, comme des enfants aux marionnettes, ceux qui devaient plus tard fournir la matière de la vraie comédie, le jour où un homme de génie la créerait en mettant le parterre lui-même sur la scène. […] Il l’a recueillie tout enfant d’une paysanne qui ne pouvait plus la nourrir, et l’a fait élever dans un petit couvent, avec la recommandation de la rendre sotte. […] Enfants du génie, ils doivent comme lui voir clairement dans leurs pensées, et ne jamais manquer de bien rendre ce qu’ils pensent à propos.
Qu’elles se débattent, l’une entre une tourbe de niais et avide de trouver une âme assonante à la sienne, elle prostitue son corps et ses cris à de bas goujas et meurt abandonnée de tous par le fier refus de l’indulgence de celui qui la fit lafemme d’un imbécile ; que l’autre, plus intimement malheureuse, froissée sans cesse par le choquant contact d’un rustre, renonçant en un pudique et sage pressentiment, à l’amour probablement chétif d’un jeune homme « de toutes les faiblesses », insultée par les filles, haïe de son enfant, et finissant en une hautaine indulgence par faire à son mari l’aumône de soins délicats, — toutes deux mesurent l’amertume de la vie, hostile aux nobles, et paient la peine de n’être pas telles que ceux qui les coudoient. […] L’enfant niais et veule qui fut Charles Bovary, se trouve par le hasard d’une période doué d’une forte existence de ‘vagabond des champs et finit par commettre des actes dits en termes héroïques ! […] Son apparition dans le salon de la rue de Choiseul, avec son « air de bonté délicate » ; puis à la campagne où Frédéric échange avec elle les premiers mots intimes, plus tard la scène d’intérieur où il la trouva instruisant ses enfants : « ses petites mains semblaient faites pour répandre des umônes puis essuyer des pleurs, et sa voix un peu sourde naturellement avait des intonations caressantes et comme des légèretés de brise » la visite qui lui est rendue dans une fabrique, et cette conversation où la beauté : s’élève au mystère et à l’auguste : « Le feu dans la cheminée ne brûlait plus, Mme Arnoux sans bouger restait les deux mains sur les bras de son fauteuil ; les pattes de son bonnet tombaient comme les bandelettes d’un sphinx ; son profil pur se découpait en pâleur au milieu de l’ombre.
XV Nous le disions il y a quelques jours : « Cette philosophie récente de la perfectibilité indéfinie de l’humanité ici-bas est donc une bulle d’air colorée aux regards de l’enfant qui l’insuffle de son haleine. […] Il faut n’avoir lu sérieusement ni une page des annales des siècles, ni une page de son propre cœur, pour se complaire à ce songe doré de vieux enfants. […] Il n’y a aucune métaphore à dire ce qu’ont dit nos pères et ce que diront nos enfants : Globe pétri de cendre et de larmes.
Mais surtout c’est ce qui explique cette absence entière de toute préoccupation d’art, qu’on a déguisée sous les noms spécieux de « spontanéité » ou de « naïveté ». « Les hommes d’alors, a-t-on dit, ne font pas à la réflexion la même part que nous ; ils ne s’observent pas ; ils vivent naïvement, comme les enfants. » [Cf. […] Mais aussi, comme les enfants, n’éprouvent-ils que des sentiments très généraux ou « typiques », dont l’expression est aussi générale qu’eux-mêmes ; et l’art est justement chose individuelle. […] Les enfants ne le sont-ils pas bien de l’existence du Petit Poucet et du Chat botté ?
Il aime à vivre en garçon en sa maison de Blancmesnil à trois lieues de Paris : Quand il a besoin de mon conseil, nous dit Gui Patin, il m’envoie un coureur gris qui me porte là en cinq quarts d’heure ; et, après y avoir bien soupé et bien causé fort avant dans la nuit, nous deux seuls (car il n’a ni femme ni enfants ni n’en veut avoir, ni valets même), je dors le reste de la nuit pour en partir le lendemain de grand matin. […] Il a marié un de ses enfants ; avec les nouveaux époux et avec sa femme, il fait ce qu’il appelle une débauche, c’est-à-dire une grande infraction à ses habitudes ; il s’est laissé entraîner à Saint-Denis où la foire se tenait alors.
Le métaphysicien Malebranche, dans sa jeunesse et avant d’avoir trouvé sa vocation, avait voulu s’appliquer à l’histoire ecclésiastique ; il commença par lire Eusèbe et d’autres chroniqueurs : « Mais les faits, dit Fontenelle, ne se liaient point dans sa tête les uns aux autres ; ils ne faisaient que s’effacer mutuellement. » Au contraire, prenez un pur historien, Tillemont : tout enfant, dès l’âge de douze ans, il ne peut se détacher de Tite-Live ; dès qu’il l’a ouvert, il ne peut se résoudre à le fermer qu’il n’en ait lu tout un livre. […] Le prince de Galles, partant de Bordeaux, s’était mis à faire une chevauchée dans le Limousin et le Berry ; ce qu’apprenant le roi Jean, il passa la Loire à la tête d’une nombreuse armée : « Si pouvez bien croire et sentir que là étoit toute la fleur de France, de chevaliers et d’écuyers, quand le roi de France et ses quatre enfants y étoient personnellement. » — Ayant passé la rivière deVienne, l’armée du roi arrivait devant Poitiers, quand les coureurs du prince de Galles donnèrent sur la queue de son armée, et le roi apprit que les ennemis qu’il cherchait en avant étaient plutôt derrière lui.
Descendants des Romains, ou du moins enfants d’adoption de la race latine, cette race initiée elle-même au culte du beau par les Grecs, nous avons à embrasser, à comprendre, à ne jamais déserter l’héritage de ces maîtres et de ces pères illustres, héritage qui, depuis Homère jusqu’au dernier des classiques d’hier (s’il y a eu hier un classique71), forme le plus clair et le plus solide de notre fonds intellectuel. […] Toutes les nations qui se sont détachées successivement du point central, du cœur de l’Asie, sont reconnues aujourd’hui pour des frères et sœurs de la même famille, et d’une famille empreinte au front d’un air de noblesse ; mais, dans cette famille nombreuse, il y a eu un front choisi entre tous, une vierge de prédilection sur laquelle la grâce incomparable a été versée, qui avait reçu, dès le berceau, le don du chant, de l’harmonie, de la mesure, de la perfection (Nausicaa, Hélène, Antigone, Électre, Iphigénie, toutes les nobles Vénus) ; et cette charmante enfant de génie, cette muse de la noble maison, si on la suppose retranchée et immolée avant l’âge, n’est-il pas vrai ?
» L’honnête homme en Boileau ne l’attirait pas moins que l’esprit judicieux et le critique : « C’est un homme » ajoutait-il, « d’une innocence des premiers temps et d’une droiture de cœur admirable, doux et facile, et qu’un enfant tromperait. […] Bayle, célibataire et sans enfants, n’avait laissé après lui qu’un neveu qui ne lui ressemblait en rien, libertin, dévot et même affilié aux Jésuites : si, par hasard, ce neveu avait eu aussi bien liaison avec des Jansénistes, c’en était fait du Bayle posthume, tous les papiers étaient perdus.
Le pauvre père n’a pu désavouer ses enfants, quoique anonymes ; ils lui tendaient leurs petits bras persans, et il leur a sacrifié l’Académie. […] Le pauvre Marais n’y entend plus rien, et ce brusque revirement l’intrigue : « On m’a assuré que le président de Montesquieu est rentré à l’Académie ; je ne sais par quelle porte… Aurait-il désavoué ses enfants ?
Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, né en 1626, neveu d’un surintendant des finances, neveu aussi de l’évêque d’Aire et de l’archevêque de Tours, cousin germain du ministre d’État Chavigny, fut tonsuré encore enfant, chargé de bénéfices et destiné à l’héritage ecclésiastique de son oncle de Tours. […] On a fort relevé le contraste de cette édition précoce avec la destinée future de l’enfant.
C’était à la campagne pendant les étés, chez un oncle qui avait une belle bibliothèque ; l’enfant s’y introduisait, enlevait les livres et les dévorait ; il ne se couchait qu’avec son volume. […] Plus enfant, m’a-t-on dit, à Saint-Malo, dans sa petite chambre haute (contraste charmant de goûts qui le peint d’avance), il avait aimé à faire de la dentelle.
Sue en a tiré un très-grand parti en donnant l’enfant lchabod pour prophète au féroce Éphraïm, et en réservant ses deux petits anges de Gabriel et de Céleste à Cavalier. […] L’ouverture du roman a vraiment de la beauté : la douceur du paysage qu’admirent les deux enfants, la ferme de Saint-Andéol, le repas de famille et l’autorité patriarcale du père de Cavalier, l’arrivée des dragons et des miquelets sous ce toit béni, les horreurs qui suivent, la mère traînée sur la claie, tout cela s’enchaîne naturellement et conduit le lecteur à l’excès d’émotion par des sentiments bien placés et par un pathétique légitime.
C’est ainsi qu’il atteignit son but et put livrer aux enfants du lendemain de la révolution une histoire claire, significative, avouable dans ses points décisifs et honorable, grandiose jusqu’en ses excès, peut-être inévitable, hélas ! […] Quant à ces neveux si vite consolés dont parle De Maistre, et que l’inexorable écrivain n’a pas craint de montrer dansant sur les tombes ; quant à ceux dont Béranger avec plus de sensibilité disait : Chers enfants, dansez, dansez, Votre âge Échappe à l’orage !
Née vers 1638, environ sept ans après Mme de La Fayette185, mariée encore enfant à M. […] Les vers allégoriques à ses enfants : Dans ces prés fleuris, etc., ne sont qu’une manière de placet à Louis XIV, désigné comme le dieu Pan, une inspiration très-positive enveloppée avec grâce.
Ces bonnes gens, vrais enfants, qui ne savaient rien et ne pensaient guère, n’aimaient rien tant que de se faire conter des histoires. […] On passe de.Mahomet à Mélusine, de l’empereur Constant au roi Richard Cœur de Lion ; à côté du merveilleux Partenopeus de Blois de Denis Pyramus, qui nous conte en son style enjolivé les amours d’un beau chevalier et d’une fée inconnue (c’est Psyché, où les rôles seraient renversés), on rencontre la très simple et dramatique histoire de la châtelaine de Vergy, qui n’est que le récit d’une très humaine passion située en pleine réalité contemporaine, ou l’aimable chante-fable d’Aucassin et Nicolette, récit, en prose coupée de laisses chantées, des amours de deux enfants qui finissent par se rejoindre et s’épouser.
Ainsi s’est fait l’Esprit des lois, « l’enfant né sans mère », comme Montesquieu l’appelle lui-même, voulant dire qu’il n’avait eu ni guide ni devancier. […] En tout cas, il en restera la plus parfaite expression, et s’il arrive jamais que les principes de la science sociale se perdent dans quelque catastrophe universelle, nos enfants pourront les rapprendre dans ce livre immortel, le legs le plus précieux que le dix-huitième siècle ait fait à la France, le plus grand service que la France ait rendu à la société moderne.
C’était le fond des cœurs ; les habiles le cachaient, les enfants perdus le laissaient voir. Un de ces enfants perdus, Lamettrie, justifiait l’athéisme, définissait le remords une faiblesse d’éducation, faisait sortir l’homme du limon de la terre comme un végétal, qualifiait le vol de vice, le vice et la vertu d’effets du sang ; donnait à la vie pour but suprême le bonheur par les sens, par l’opium, le rêve ou la folie, et pour fin le néant.
Libre, il dormira tout le jour, ou il ira comme l’enfant courir les bois. […] Enfants qui croyez tirer en arrière le char de l’humanité, ne voyez-vous pas que c’est le char qui vous traîne ?
[NdA] Autre trait de nature : il aimait les enfants ; une personne aimable et distinguée, après avoir lu cet article dans Le Constitutionnel, me fait l’honneur de m’écrire quelques-uns des souvenirs que réveille en elle cette lecture : Je me rappelle qu’un jour ce noble vieillard tenant par la main une petite fille de cinq ans, et se promenant, avec elle dans les jardins de Malesherbes, lui proposa de jouer à la cachette, et que cette petite fille croyait que son vieil ami y prenait autant de plaisir qu’elle-même. […] — C’est au sortir de ces jeux d’enfants que le généreux vieillard s’en revint exprès à Paris pour être à son poste à l’heure du danger.
Cette histoire-là, on l’enseigne, on l’impose, on la commande et on la recommande, toutes les jeunes intelligences en sont plus ou moins infiltrées, la marque leur en reste, leur pensée en souffre et ne s’en relève que difficilement, on la fait apprendre par cœur aux écoliers, et moi qui parle, enfant, j’ai été sa victime. […] L’histoire véridique, l’histoire vraie, l’histoire définitive, désormais chargée de l’éducation du royal enfant qui est le peuple, rejettera toute fiction, manquera de complaisance, classera logiquement les phénomènes, démêlera les causes profondes, étudiera philosophiquement et scientifiquement les commotions successives de l’humanité, et tiendra moins compte des grands coups de sabre que des grands coups d’idée.
La vapeur dirigée, les machines substituées aux bras, la vitesse des transports dépassant les rêves de l’imagination ; le fluide bruyant qui nous menaçait dans la foudre, devenu le docile messager de nos besoins et de nos caprices ; la lumière, rivale du pinceau, fixant sur le papier les images les plus fugitives ; toutes les forces de la nature venant l’une après l’autre, comme des géants domptés, s’asservir sous la main d’un enfant ; voilà les prodiges dont notre siècle a été et doit être le fortuné témoin. […] Nous ressemblons à un enfant qui, nourri sur les bords d’une étroite rivière, ne comprendrait pas l’océan.
Un jour cette dame, qui a sa maison de campagne dans un lieu assez rapproché, voit son fils, son petit enfant, languir, devenir malade, très souffrant, et avoir de ces caprices de malade, de ces volontés pathologiques que vous savez. Ce petit enfant veut manger le faucon de ce jeune seigneur, c’est cela qu’il veut, qu’il désire avec fureur, et il mourra s’il ne mange pas ce faucon.
« Car le cheval de Pharaon, avec ses chariots et ses cavaliers, est entré dans la mer ; et le Seigneur a ramené les flots sur leurs têtes : mais les enfants d’Israël ont traversé à pied sec, au milieu de la mer. » Cette nature de poésie, conforme à la tutelle divine dont les Hébreux se sentaient protégés, ils devaient la cultiver avec passion. […] Ce chant d’Isaïe sur la ruine du roi de Babylone, cette réponse à d’insolentes menaces, cet orgueil du roi des rois brisé de si haut, ne nous conduisent-ils pas, comme par un même souvenir, aux grands jours de la Grèce, à l’invasion de Xerxès, à l’abandon d’Athènes, à la retraite victorieuse des Athéniens sur mer, à la fuite du barbare repassant l’Hellespont, à toutes ces merveilles, enfin, qu’a partagées et qu’a chantées le tragique Eschyle, contemporain du lyrique-Pindare, et, sous une autre forme, enfant du même génie ?
Laissé près de la veuve et du jeune enfant d’Ajax, le Chœur les protège de sa plainte, tandis que l’enfant lui-même garde le corps de son père.
L’antique législateur ne craignait pas de montrer au noble enfant de Sparte l’Ilote ivre afin de le dégoûter à jamais de l’ivresse ; mais il est des images plus flatteuses et qui peuvent surprendre avant même que le temps de la réflexion et de la leçon soit venu.
Une réserve générale, qu’il nous convient avant tout de faire avec M. de Carné pour être ensuite plus à même de l’examiner dans ses conclusions et de le louer, c’est qu’il n’a évidemment été nourri à admirer et à aimer que bien peu des choses et des hommes qui pour nous, enfants de la Révolution ou de l’Empire, ont ravi notre admiration première.
En somme, le système de crédit public de Jefferson ne diffère pas de ce précepte privé, qu’il donne à l’un de ses petits-fils encore enfant : « Ne dépensez jamais votre argent avant de l’avoir dans vos mains. » Quelque médiocre valeur qu’on attribue à cette doctrine prudente d’économie domestique, appliquée au gouvernement d’un grand État, il faut reconnaître qu’elle était à la fois possible et sage pour les États-Unis d’Amérique, et qu’elle a porté ses fruits.
Girod (de l’Ain) : « C’est un homme ramassé, qui a l’air d’un Brunswickois vendant des têtes de pipes dans les foires, ou bien encore d’un ami de la maison qui apporte des croquignoles aux enfants et caresse les chiens. » Le côté pittoresque et d’émotion est celui que préfère M.
L’école historique le renie comme le plus passionné et le plus terriblement dogmatique de ses enfants.
C’est que, lorsque je me trouvais seul dans un endroit nouveau, j’étais comme un enfant nouveau-né, comme Gaspard Hauser au sortir de sa cave, ne reconnaissant plus rien, incapable de tirer de mes sensations perverties aucune indication pour me conduire. » Puis, revenant sur l’histoire de sa maladie, il ajoute : « La première sensation que j’aie éprouvée était une bouffée qui me montait à la tête.
Tantôt il ramasse toute une scène en quelques traits, par un dessin large, hardiment simplifié ; tantôt il développe d’immenses tableaux, comme ceux de la mort de Monseigneur, et du lit de justice qui dégrade les enfants légitimés de Louis XIV.
Il attaque l’argent comme viciant l’institution du mariage ; il attaque les mœurs qui dissolvent la famille en autorisant ou excusant l’inconduite de l’homme ; il attaque l’éducation qui ne prépare pas plus l’homme que la femme à son devoir domestique ; il attaque les préjugés qui, dans l’estimation des fautes, accablent l’ignorance et n’absolvent pas le repentir ; il attaque les lois qui, avec la femme, sacrifient l’enfant à l’égoïsme, au vice de l’homme.
Comment Olivier se met à aimer la jeune fille sans le savoir, et comment la comtesse s’en aperçoit et prend le parti désespéré d’en avertir son ami ; comment Bertin souffre d’aimer cette enfant — lui, un vieil homme — et comment la comtesse souffre de n’être plus aimée de ce vieil homme parce qu’elle n’est plus une jeune femme ; la lutte d’Olivier contre cette passion insensée et de la comtesse contre les premières flétrissures de l’âge ; et comment la jeune fille traverse tout ce drame (qu’elle a déchaîné) sans en soupçonner le premier mot ; et comment enfin les deux vieux amants assistent, impuissants, au supplice l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’Olivier se réfugie dans une mort à demi volontaire : voilà tout le roman.
Avec cela, quelle logique d’animal ou d’enfant terrible !
On sait que M. le président de Harlay s’était chargé de cet enfant, qu’on fit rencontrer le père et le fils quand ce dernier eut vingt-cinq ans, que La Fontaine lui trouva de l’esprit, et apprenant que c’était son fils, avait dit naïvement : ah !
Elle est si sensible au jugement qu’on porte de ses ouvrages, qu’un grand succès la rendrait folle ou la ferait mourir de plaisir ; c’est un enfant.
Je vois tel auteur, de qui, en m’appliquant, je ne comprends littéralement pas une ligne et que jeunes gens, femmes, enfants comprennent parfaitement, jusqu’à assurer que tout ce qu’il dit les étonne si peu qu’ils l’avaient pensé avant lui.
Il avait été un enfant prodige, un de ces petits phénomènes qui cessent d’être phénomènes un jour, mais qui restent petits.
— de mettre leur grain de sel sur la queue de cet aigle d’intelligence, qu’on ne comprend pas plus aisément, par un tel procédé, que les enfants ne prennent de moineaux.
Bien des choses lui manquent, nous le savons et il le sait aussi, mais il y a peut-être un critique futur dans cet enfant qui n’a pas craint de regarder le Dante au front, de voir la ride sous le laurier, l’infirmité humaine sous le rayon, et qui n’a pas eu peur de chercher la tache dans une telle splendeur de lumière.
La grande nation, l’aïeule du genre humain, malgré toutes ses chutes et son crime, exprime parfois dans quelques-uns de ses enfants les traits de sa primauté dans les annales du monde ; et Gotthold Éphraïm Lessing était une de ces créatures privilégiées.
Parti de lord Byron avec la fougue que lord Byron communique à tous ceux qui l’aiment, il a fini par aboutir, dans son ralentissement d’ardeur, à Gray et à sa mélancolie ; mais, dans ce détiédissement d’un rayon qui n’est plus que doux et qui avait été brûlant, il n’a jamais dépouillé cet air que j’appelle l’air poétique anglais, et qu’il a encore dans les cendres de son Couvre-feu quand il caresse la tête de ses deux enfants et qu’il rabat jusqu’à eux et à leur souvenir cette hautaine idée de la gloire comme nous l’avons dans la jeunesse.
C’est bien dit, c’est facile, c’est aimable, c’est négligé, et de cette négligence de grand seigneur, peu paternel, qui commet le soin de ses enfants aux autres.
Théophile Gautier était le poète de la matière, somptueux ou dégoûtant comme elle, la prenant toute dans le terrible contraste de ses phénomènes, n’ayant pas plus d’horreur que le chimiste qui ne voit, lui, que des compositions ou des décompositions de gaz où nos sens voient des choses qui les font cabrer, indiffèrent enfant de la terre, comme dit Shakespeare, à tout ce qui n’est pas le rendu plastique de l’objet matériel, quel qu’il soit.
Seuls les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée, Se déroulent au loin ; dédaigneux du sommeil, Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil !
Preuve, cette pièce de L’Enfant dans les blés que sa longueur nous empêche de pouvoir citer toute : Vois briller sa grosse joue !
Partant de ce principe, nous établissons que l’homme dans l’état bestial, n’aime que sa propre conservation ; il prend femme, il a des enfants, et il aime sa conservation en y joignant celle de sa famille ; arrivé à la vie civile, il cherche à la fois sa propre conservation et celle de la cité dont il fait partie ; lorsque les empires s’étendent sur plusieurs peuples, il cherche avec sa conservation celle des nations dont il est membre ; enfin quand les nations sont liées par les rapports des traités, du commerce, et de la guerre, il embrasse dans un même désir sa conservation et celle du genre humain.
On ne peut croire que Plaute ait voulu mettre sur le théâtre des dieux qui enseignassent le parjure au peuple ; encore bien moins peut-on le croire de Scipion l’Africain et de Lélius, qui, dit-on, aidèrent Térence à composer ses comédies ; et toutefois dans l’Andrienne, Dave fait mettre l’enfant devant la porte de Simon par les mains de Mysis, afin que si par aventure son maître l’interroge à ce sujet, il puisse en conscience nier de l’avoir mis à cette place.
Ainsi les hommes veulent jouir du plaisir brutal, au risque de perdre les enfants qui naîtront, et il en résulte la sainteté des mariages, première origine des familles.
Sa palme lyrique, la fleur inaltérable de son génie, ce sont quelques vers touchants et naïfs sur le premier martyre, celui des enfants innocents immolés par Hérode : Salvete, flores martyrum, Quos, lucis ipso in limine, Christi insecutor sustulit, Ceu turbo nascentes rosas : Vos prima Christi victima, Grex immolatorum tener, Aram ante ipsam simplices, Palma et coronis luditis.
Il veut prévenir, déjouer d’avance l’action des idées de son temps, et c’est pour cela que le gentilhomme périgourdin rapproche son enfant du peuple, qu’il le fait peuple, en un sens, en lui donnant pour parrains des personnes de basse extraction. […] Charron y joint des remarques sur les rapports de l’homme avec ses semblables selon les relations diverses de la famille, des maîtres et des serviteurs, des pères et des enfants. […] De même, la philosophie du temps de Montaigne détruisit beaucoup et établit peu ; ses sectateurs furent les enfants perdus de l’esprit d’examen. […] Ne pouvant donc le chasser, on le nie ; on le traite d’enfant supposé ; on en fait un être de raison, une chimère. […] Un bon financier ne pleure ni ses amis, ni sa femme, ni ses enfants.
Il n’est pas démontré que l’enfant qui s’est cogné à une table, et qui lui rend le coup reçu d’elle, voie en elle une personne. […] J’étais enfant, et j’avais de mauvaises dents. […] Je viens de citer un exemple où le caractère « bon enfant » de l’Accident est ce qu’il y a de plus frappant. […] Encore enfant en 1871, au lendemain de la guerre, j’avais, comme tous ceux de ma génération, considéré une nouvelle guerre comme imminente pendant les douze ou quinze années qui suivirent. […] Elle est très vivante chez les enfants.
Non seulement le public s’en détourna, le railla, mais la plupart des lettrés eux-mêmes s’en moquèrent agréablement, ne le prirent pas au sérieux, le combattirent quelquefois, — sans pourtant se rendre compte qu’ils étaient un peu les frères de ces enfants terribles. […] Pour la connaissance et l’emploi de soi-même, pour l’acquisition des vérités et leur service, l’enfant s’adresse à ceux qui l’ont précédé, à ceux qui, au moment où il veut apprendre, ont conquis la souveraine expérience — et dont le savoir obtenu existe en dehors d’eux sous les espèces de l’écriture. […] » tout simplement sans y répondre a priori, sans fermer toute espérance par les termes que nous retranchons de la formule primitive sophistiquée à l’avance ; si l’on sait en effet que la mort, qui est le non-vivre, n’émane point conséquemment de la vie, car la vie n’y tend point et n’en a pas les germes en soi, en raison de son essence et de son égoïsme ; si l’on se rend compte que notre fin n’est un accident que pour chacun de nous en particulier, la mort d’un, seul n’affectant point ceux qui restent dans leur intégralité et la vie s’étendant chaque jour renouvelée dans l’espace et le temps ; si l’on se tourne vers l’humanité et si l’on en aperçoit le progrès ; si l’on se sent porté à un plus grand progrès par le même amour et le même intérêt que le père porte à ses enfants ; si l’on croit enfin que le bonheur résulte plutôt du devoir accompli, quel qu’il soit, que des accidents de telle destinée ou de telle autre. […] Bien des pères, égarés eux-mêmes, tournent leurs enfants vers l’erreur. […] On n’apprend pas à penser aux enfants dans les écoles qu’ils fréquentent jusqu’à douze ans.
. — L’Enfant à la Balustrade, Calmann-Lévy, 1903. — Le Bel Avenir, id. […] Œuvres. — L’Enfant, poésies, 1900, Dragon à Aix, in-8º. — L’Arbre et les Vents, poèmes, 1901, F. […] de l’Association 1897. — La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie, La Plume, 1898. — La Mère et l’Enfant, La Plume, 1900, in-16. — Bubu de Montparnasse, roman, La Revue Blanche, 1901, in-16. — Le Père Perdrix, roman. […] André, in-12, 1899. — La Femme à l’Enfant, roman, Sansot et Cie, 1904, in-18. — Reflets, Réflexions, Paysages, poésies, Vanier, 1904.
Léonidas, Charles VI, les Trois Quartiers, le Tasse, le Jeune Mari, Henri III, Hernani, Othello, Brutus, Valérie, Bertrand et Raton, Chatterton et les Enfants d’Édouard. […] Balzac, Victor Hugo, Eugène Sue, George Sand et de Vigny avaient répondu à l’appel que leur avait fait la Revue naissante : poète ou romancier, chacun avait apporté sa pierre à l’édifice qui s’élevait : H. de Balzac. — L’Enfant maudit et le Message. […] L’auteur d’Eugénie Grandet, de l’Enfant maudit, et du Père Goriot, un écrivain qui n’a jamais pu rien terminer, et dont les œuvres sont des oignons mal venus, que l’argent de M. […] Arrivant aux malheureuses destinées de la maison de Bourbon, à Louis XIV châtié dans Louis XVI, le poète ajoute : Quand il a neigé sous les pères, L’avalanche est pour les enfants.
L’un est morne, — il conduit la bière d’un enfant.
. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime.
Et aussitôt après, quand l’oncle le chanoine arrive, et tout joyeux lui annonce d’heureuses nouvelles, elle s’est déjà élancée dans ses bras : « Vous les savez, mon enfant ?
Un enfant désiré de la France vient de naître ; une paix qui doit être glorieuse, pour répondre à une si noble guerre, vient couronner tous les souhaits et ouvrir une ère illimitée d’espérances.
Platon, dans sa République, propose comme un moyen d’accroître le bonheur de la race humaine, la destruction de l’amour conjugal et paternel, par la communauté des femmes et des enfants.
Que d’ouvrages entrepris pour servir utilement les hommes, pour l’éducation des enfants, pour le soulagement des malheureux, pour l’économie politique, la législation criminelle, les sciences, la morale, la métaphysique !
Rien de plus terrible que le piège infernal de ce meurtrier Sentinelli priant et suppliant Monaldeschi, son rival, par tous les motifs d’une ancienne amitié : enfants de la même patrie, esclaves des mêmes ambitions.
Pour lui, le sens des belles formes n’a pas dû être, comme chez d’autres, développé par l’étude, la comparaison, la « mesure » de toutes choses qui se fait en nous vers l’adolescence ; il a compris sans doute l’eurythmie aux premiers mots qu’il ouï prononcer, au paysage dont s’éblouit son regard d’enfant.
Près de l’enfant, vivant, mourant, Flambeau incarne l’épopée impériale ; il est l’héroïsme populaire qui ne s’éteint pas, il est terrible, il est joyeux, il est charmant.
Les enfants naturels, adultérins, incestueux, sont frappés d’une tare juridique.
Les scandales du Panama ne l’ont ému juste assez que pour lui inspirer cette réflexion profondément judicieuse : Si tes enfants sont corrompus, Ô France, il ne faut plus en faire !
Tout cela n’empêchait pas Renan de demeurer indifférent et de déclarer : « Les Décadents et les Symbolistes sont des enfants qui se sucent le pouce.
Pénétration la plus intime des secrets de la psychologie spontanée, haute habitude de la psychologie et des sciences philosophiques, étude expérimentale de l’enfant et du premier exercice de sa raison, étude expérimentale du sauvage, par conséquent connaissance étendue des voyages, et autant que possible avoir voyagé soi-même chez les peuples primitifs, qui menacent chaque jour de disparaître, au moins avec leur spontanéité native ; connaissance de toutes les littératures primitives, génie comparé des peuples, littérature comparée, goût délicat et scientifique, finesse et spontanéité ; nature enfantine et sérieuse, capable de s’enthousiasmer du spontané et de le reproduire en soi au sein même du réfléchi.
Il agitera, sans hésitation, les questions les plus délicates, et, comme le petit enfant thébain, il osera secouer la peau du lion.
Il tâcha dans ses premières années de s’établir à Paris avec plusieurs enfants de famille, qui par son exemple, s’engagèrent comme lui dans le parti de la Comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre ; mais ce dessein ayant manqué de succès (ce qui arrive à beaucoup de nouveautés) il fut obligé de courir par les Provinces du Royaume, où il commença de s’acquérir une fort grande réputation.
S’il eût été le pacificateur des troubles populaires, le conciliateur des pères avec les enfants, des époux et des parents entre eux, le consolateur de l’affligé, le défenseur de l’opprimé, l’avocat du pauvre, quelque absurdes qu’aient été les dogmes d’une classe de citoyens aussi utiles, qui d’entre nous aurait osé les attaquer ?
Donner à causer (on causait alors), lire ses romans à ses intimes, recevoir dans sa loge à l’Opéra les littérateurs qui, à Paris, sont toujours un peu femmes et qui aiment à se montrer à leur public ; un soir exhiber dans son salon le jeune Victor Hugo, l’enfant du génie, qui a commencé (ce qui n’est ni très poétique, ni très sauvage) par des succès de société, comme M.
Pourquoi la Chine, la Chine abîmée de vices et de vieillesse, la Chine corrompue et d’une corruption auprès de laquelle toutes les dépravations de l’Europe sont des innocences, la Chine, indifférente à toute doctrine religieuse, quoiqu’elle ait joué avec les nôtres comme un enfant curieux et pervers, ne serait-elle pas une de ces nations ?
Dans ce siècle, dont la langue ressemble à une charmille taillée de Versailles, je ne connais qu’un homme qui aurait pu traduire Hérodote, s’il l’avait voulu : c’est le traducteur d’Anacréon qui, d’un coup de sa baguette gauloise, a transfiguré, à ravir les Grecs s’ils avaient pu l’entendre, L’Amour mouillé, ce chef-d’œuvre, en ce double chef-d’œuvre : J’étais couché mollement, Et, contre mon ordinaire, Je dormais tranquillement, Quand un enfant s’en vint faire À ma porte quelque bruit : Il pleuvait fort cette nuit, etc., etc.
Des courtisanes comme Laïs la Corinthienne, une âme grecque plus légère que la huile de savon appendue au chalumeau d’un enfant, ou comme Ninon, la grande égoïste française dont le cœur fut une plaisanterie éternelle, n’ont point de ces replis où dort l’ensorcellement des âmes, et de ces ineffables manèges qui prennent les cœurs et ne les rendent plus.
Lisez son chapitre sur les enfants, les petits bas bleus et jambes écossaises, sur le règne du bambin, comme il dit.
Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.
S’il aima son pays, ce fut bien plus avec la tendresse d’un enfant inquiet qu’avec la vigueur d’un grand caractère.
Ils ne tuèrent sous eux aucun système, et ils passèrent leur temps et leur jeunesse à faire sur la pensée et les systèmes des autres le petit travail critique que fait sur lui-même le pauvre enfant de Murillo dont je veux leur épargner le nom !
qu’est-ce que Hobbes, l’enfant robuste de son système ?
L’imagination nous le fait entendre : « Plantez, Sire, les racines de vos enfants dans le cœur de tous les foyers domestiques.
S’il aima son pays, ce fut bien plus avec la tendresse d’un enfant inquiet qu’avec la vigueur d’un grand caractère.
Il n’épargne pas même la popularité de Louis Blanc, cet éclectique de la science sociale, cet enfant indécis de plusieurs pères qui pourraient le réclamer.
Et c’est même à propos de cette éducation qu’il a osé ce rapprochement, qui fait dresser les cheveux sur la tête, entre le cordonnier Simon et son influence dépravatrice et meurtrière sur le malheureux enfant de Louis XVI, et l’évêque d’Hermopolis, qui aurait été, à sa manière, le cordonnier Simon sur l’esprit du duc de Bordeaux.
Mais nous sommes tellement enfants qu’il y a toujours bénéfice pour Gérard de Nerval à raconter ses premiers temps.
Eh bien, c’est cette même voix qui circule et qu’on entend dans les poésies de Bouchor, de ce poète athée qui pleure son dieu, comme Hécube pleurait ses enfants perdus, et que son athéisme rend tour à tour morne ou effaré… Seulement, le tableau effrayant de Jean-Paul ne dure que l’instant d’une page, zigzag de feu terrible qui tombe dans le gouffre sans fond du néant et nous éclaire ce trou vide !
Milton, aveugle et pauvre comme Corneille, moins heureux par ses filles, qui furent mauvaises, paraît-il, comme nous venons de le dire au chapitre précédent, que Corneille par ses enfants, vécut la dernière partie de sa vie entre l’orgue dont il jouait et la Bible qu’on lui lisait.
Les démocraties sont bienveillantes pour les fils, les monarchies veulent que les pères soient occupés par l’amour de leurs enfants ; aussi les progrès de l’humanité ayant aboli le droit barbare des premiers pères de familles sur la personne de leurs fils, les Empereurs voulurent abolir aussi le droit qu’ils conservaient sur leurs acquêts, et introduisirent d’abord le peculium castrense, pour inviter les fils de famille au service militaire ; puis ils en étendirent les avantages au peculium quasi castrense, pour les inviter à entrer dans le service du palais ; enfin pour contenter les fils qui n’étaient ni soldats ni lettrés, ils introduisirent le peculium adventitium.
Elle commence vive et pure, ainsi que l’enfant qui fait quelques pas rapides et joint les mains. […] « Demandez et on vous donnera… Car quiconque demande reçoit. » C’est la voix de l’enfant qui n’est jamais repoussé. […] Elle s’éveille, elle sourit, elle est comme un enfant qui parle avec tous les mots. […] dans quel mois brûlant, quel svelte enfant grimpé dans l’arbre, tendra-t-il vers ma main, pour ma soif, une lourde grappe cueillie231 ? […] Elle est indécise et un peu languissante comme un enfant qui change d’âge.
Paul J’ai eu les confidences d’un de mes amis intimes, qui, tout enfant, perdit aussi son père. […] Pierre On se dispute parfois, en famille, mais à moins d’être l’enfant prodigue qui finit d’ailleurs par s’en repentir, on aime mieux cela que de servir chez les autres. […] Haegy, Vauthrin, etc… ce qu’ils nomment leurs libertés, on opprime un certain nombre d’autres désannexés qui ne veulent pas de l’école confessionnelle pour leurs enfants.
L’enfant a cru et bientôt cesse de croire que sa balle saute et se sauve, que sa boule court sur lui et veut lui faire du mal. […] Les peuples enfants, en qui cette aptitude est intacte, la suivent bien plus loin que nous. […] L’enfant apprend les mots table, bâton, viande, pierre, arbre, et les autres ; peu à peu, ils équivalent pour lui au groupe d’images animales qui faisait d’abord toute sa perception.
Elle voulut bien passer pour Béatrice, qui n’avait que dix ans quand Dante l’entrevit, pour Léonore, qui était douairière quand Tasse lui récita ses strophes épiques, et pour Laure, qui eut douze enfants en attendant le chaste Pétrarque. […] J’étais de bonne foi comme un enfant à qui on a dit tout bas : « Admire cet immense génie, encore peu connu ou pas connu du tout dans ce monde des lettrés que tu viens de feuilleter pendant tes études ; c’est un grand homme tout entier, c’est un Italien du temps de Machiavel, c’est un Romain du temps de Tacite ! […] Sa veuve se remaria encore après lui, elle eut ainsi des enfants de plusieurs lits.
Je vis aussi un des beaux enfants d’Ottilie, qui s’approcha sans défiance de moi et me regarda avec de grands yeux. […] Les deux enfants, Walter et Wolfgang, sont les petits-fils de Goethe. […] Je fis quelques pas en arrière, et me tins près du cabinet dans lequel, il y a plus de trente ans, j’avais passé bien des heures, tantôt de plaisir, tantôt d’ennui… L’Empereur se leva, vint vers moi, et, par une sorte de manœuvre, me sépara des autres personnes au milieu desquelles je me trouvais ; leur tournant le dos, et me parlant à demi-voix, il me demanda si j’étais marié, si j’avais des enfants, et me fit toutes les questions habituelles sur ma situation personnelle.
Il faudra que l’ensemble du poème se lie intimement au caractère spécial de la musique, qu’on sente que l’un « est enfant de l’autre » ; et le style devra être moulé sur celui de l’original. […] M. 60 (p. 61. 91), que nous notons pour mémoire, est le motif sur lequel les enfants traversent la scène. […] Cette dernière annonce à l’enfant la mort de son père et de sa mère.
tu seras funeste aux enfants de la femme, — soit au temps de la semaille, soit à celui de la moisson ! […] Les Trézéniens ne se contentèrent pas d’ouvrir aux émigrants leurs foyers ; par une loi touchante comme une gâterie maternelle, ils permirent à leurs enfants de cueillir des fruits dans tous les vergers. […] Une voix planait sur cette multitude invisible, et Démarate reconnut à ses cris mystiques celle d’Iacchos, l’agitateur des Mystères, l’enfant de Zeus et de Perséphone.
Pourtant il a dû faire son profit de traités tels que celui de la Génération, de la Nature de d’enfant, de la Stérilité chez la femme. […] « Mais, ajoute le philosophe, il y a aussi quelques hommes qui, après la puberté, donnent un peu de lait si l’on presse leurs mamelles et qui même en donnent en quantité quand un enfant les tette. » Ce simple rapprochement rend déjà le prodige moins merveilleux. […] Par exemple, ses opinions sur la semence et la génération, sur la manière dont se forme l’enfant dans le sein de sa mère, et si vous l’entendiez assurer que l’âne, non-seulement ne rit pas, mais qu’il ne peut ni charpenter ni ramer !
Ses entretiens remplis de citations bibliques, son style imité des prophètes, son nom et le nom de ses enfants, tirés de l’Écriture, témoignaient que sa pensée habitait le monde terrible des prophètes et des exterminateurs. […] Des amendes et des punitions corporelles interdisaient même aux enfants « les jeux, les danses, les sonneries de cloches, les réjouissances, les régalades, les luttes, la chasse », tous les exercices et tous les amusements qui pouvaient profaner le dimanche. […] Au besoin, elle lui chantait pouille. « Le roi a déclaré qu’il n’était pas le père de l’enfant dont elle est grosse en ce moment ; mais elle lui a dit : « Le diable m’emporte ! vous le reconnaîtrez. » Là-dessus, il reconnaissait l’enfant, et prenait pour se consoler deux actrices. […] Elle rit des sermons de Mirabell, son prétendant. « N’ayez donc pas cette figure tragique, inflexiblement sage, comme Salomon dans une vieille tapisserie, quand on va couper l’enfant… Ha !
Conseiller vigilant, il aperçoit le danger, il le signale à son ami, à celui qu’il chérit comme son enfant ; mais il est indulgent pour les fautes qu’il a prévues. […] Il est impossible d’imaginer une condition plus misérable que celle de cet enfant, rivé à la honte d’une courtisane comme un forçat à la chaîne du bagne. […] Sa gourmandise et sa paresse entêtée, qui se comprendraient chez un enfant de douze ans, deviennent monstrueuses chez un homme qui touche à la virilité. […] Les Enfants d’Édouard. […] Agnès, menacée dans son amour, car elle aimait le roi avec passion, écrivit à Innocent III une lettre suppliante : elle était mariée depuis cinq ans et avait deux enfants de Philippe.
On aime à rapprocher de ce passage où il fait revivre le bon Janot son père, celui, le seul je crois, où il fait une allusion rapide à ses enfants. […] Entretenez vos familles, travaillez chacun en sa vocation, instruisez vos enfants et vivez comme vous enseigne le bon apôtre saint Paul. […] Au fond Montaigne désire qu’à l’enfant on n’apprenne rien du tout. […] Il fit de bonnes études générales en compagnie des enfants de la famille de Monmor, protectrice de la sienne. […] Il avait perdu en 1549 sa femme après une union de dix ans, n’en ayant eu qu’un enfant qui ne vécut pas.
Ce sont les deux traits essentiels de l’enfant de caste, bien né pour en faire partie. […] Vous êtes l’enfant qui déplante et replante son arbrisseau tous les matins pour mesurer ses racines. […] L’un se marie, l’autre bâtit, sans penser le moins du monde qu’il ne verra point ses enfants et qu’il ne logera jamais chez lui. […] Une cause : l’homme ; — un moyen : la femme ; — un effet : les enfants. […] Les inventeurs du beau ne lui paraissent guère autre chose que des enfants aimables.
L’égoïsme, gonflé de vanité, bon enfant, assez humble pour quêter l’admiration et se payer même d’aussi pauvre chose que de la fausse monnaie des compliments, est sympathique, parce qu’il est humain. […] amour d’enfant, tu nous ferais mourir ! […] répondent tous les enfants qui ont fait leurs classes. — Ce n’est pas vrai. […] Les esprits les plus délicats, les plus beaux messieurs et les plus belles dames du faubourg Saint-Germain se mêlaient aux enfants du faubourg Saint-Antoine. […] C’est ainsi que, chez les enfants, non seulement nous pardonnons, mais nous goûtons vivement des choses qui deviennent intolérables avec l’âge.
Vous voyez qu’on nous parle beaucoup contrefaçon à Paris, mais notez bien que nous sommes deux enfants de Bruxelles, mon ami l’auteur, etc., et moi. […] Il est marié et a de petits enfants. […] Ernest Desprez, l’auteur d’un Enfant et des Femmes vengées. Ce nom de Desprez est un pseudonyme qui cache le nom d’Éléonore de Vaulabelle, sous lequel cet écrivain fait du journalisme pour les enfants. […] Il est marié depuis 1827, et a quatre enfants.
On laissait aux enfants et aux écoliers cette pieuse parole que le poëte a mise à la bouche du héros, compagnon d’Hector : Disce, puer, virtutem ex me verumque laborem, Fortunam ex aliis……. […] Hugo juge que, comme tous les hommes de sa trempe et de sa nature, il était prédestiné, et qu’un tel enfant ne pouvait manquer d’être un grand homme.
Elle se porte du premier pas à l’avant-garde, elle le sait et le dit : « En nous faisant naître à l’époque de la liberté naissante, le sort nous a placés comme les enfants perdus de l’armée qui doit combattre pour elle et triompher ; c’est à nous de bien faire notre tâche et de préparer ainsi le bonheur des générations suivantes. » Tant qu’elle demeure dans cette vue philosophique générale de la situation, son attitude magnanime répond au vrai ; le temps n’a fait que consacrer ses paroles. […] Près de mourir, elle a pu s’écrier, sans fiction aucune, dans son hymne d’adieu : « Adieu, mon enfant, mon époux, ma bonne, mes amis ; adieu, soleil dont les rayons brillants portaient la sérénité dans mon âme comme ils la rappelaient dans les cieux ; adieu, campagnes solitaires dont le spectacle m’a si souvent émue, et vous, rustiques habitants de Thézée, qui bénissiez ma présence, dont j’essuyais les sueurs, adoucissais la misère et soignais les maladies, adieu !
« Ce Vaï, qui revient à la fin de chaque couplet, comme un sanglot, est-il un mot grec ou étranger, une interjection improvisée, un dérivé du grec ancien ovaï, ou bien une construction du verbe grec moderne βαγἱζειν, vagir comme les enfants ? […] « J’avais compté les voiles du golfe de Nicomédie, se dirigeant vers les ports de Stamboul, et venant raser les écueils des îles des Princes pour y chercher quelque brise de terre favorable à la navigation, lorsque je rencontrai un enfant qui revenait de l’école du monastère, portant sous son bras son panier de provisions, et ses livres de l’autre.
LXIV Chateaubriand crut, comme un enfant, que le poëme épique pouvait renaître et conquérir un renom impérissable à son auteur, pourvu qu’il eût un grand talent ; il oublia du même coup le fond qui était la foi, et la forme qui était le vers, forme idéale et parfaite du langage humain. […] Ne lui cherchez ni père ni mère, il est le fils du désert, l’enfant trouvé dans les forêts.
Des neufs enfants nés avant lui, un frère et quatre sœurs survivraient, lorsque la vie lui fut infligée. […] L’enfant rêveur qui dressait avec Lucile des itinéraires prodigieux661 a parcouru le Canada et la Louisiane : l’artiste rêveur dont la fantaisie promenait René à travers l’Italie et la Grèce a visité Sparte, Athènes, Jérusalem, Carthage, Grenade ; et les feuillets de ses carnets de voyage sont épars dans tous ses livres.
Né à Chinon en 1 483, d’un père qui y tenait une hôtellerie après avoir fait ses premières études dans l’abbaye des Bénédictins de Seuillé ou plutôt, comme il le dit, après avoir passé quelques années de sa jeunesse, comme les petits enfants du pays « à boire manger et dormir, à manger, dormir et boire, à dormir, boire et manger », il était venu faire son noviciat au couvent de Fontenay-le-Comte. […] Je répugne à croire que tout ce que Rabelais a donné durant sa vie aux devoirs de sa profession religieuse ait été de pure comédie, et que le bon curé de Meudon, qui, dans sa vieillesse bienfaisante, dit-on, et honorée, apprenait le plain-chant aux enfants de sa paroisse et la lecture aux pauvres gens, n’ait été qu’un incrédule enseignant une superstition.
Les douceurs qu’elle dit à sa fille sont comme les petits mots caressants qu’on dit aux enfants ; l’imagination les suggère peut-être, mais le cœur est dessous. […] Mais l’œuvre de Tacite n’en est que plus étonnante ; et celui-là sera toujours le premier des historiens qui a su se rendre présents, par l’imagination et la sensibilité, des événements si loin de lui, et qui nous émeut de morts arrivées il y a deux mille ans dans la famille des Césars, presque autant que Saint-Simon de ces morts qui réduisaient en quelques semaines la famille de Louis XIV à un vieillard et à un enfant.
Dans l’éducation vive, l’enfant fait pour lui le travail qu’on lui épargne par ces moyens artificiels, ce qui est d’un grand avantage pour l’originalité. […] Que ne feront pas nos enfants quand tout sera réglé et perfectionné ?
L’adultère de la femme eut du même fait des conséquences d’une extraordinaire gravité : par la substitution possible d’un étranger à l’enfant légitime, les ancêtres se voyaient en effet privés des bénéfices du culte qu’ils ne pouvaient recevoir que de leurs descendants. […] En Grèce, Solon permit de tester à celui-là seul qui n’avait pas d’enfant.
La vieillesse et l’enfance ont les mêmes effets ; car le vieillard et l’enfant sont plus accessibles aux causes de destruction. […] La santé du vieillard n’est pas celle de l’adulte, de même que celle-ci n’est pas celle de l’enfant ; et il en est de même des sociétés35.
Quand les sociétés n’ont plus la flamme qui crée les grandes œuvres et l’intérêt palpitant qui s’y attache longtemps avec une passion, qui est au génie ce qu’un cœur tendre est à un grand cœur, l’amour de l’archéologie, ce touche-à-tout des vieillards redevenus enfants, s’empare de ces esprits qui baissent, et on joue aux bagatelles de l’histoire, aux curiosités, aux minuties. […] Marie de Hautefort, la quatrième enfant du marquis Charles de Hautefort, maréchal de camp des armées du roi et gentilhomme de sa chambre, était entrée de bonne heure dans la maison d’Anne d’Autriche.
La certitude de cet événement, lointain encore, qui s’annonçait, il y a quarante ans, par des coups obscurs, comme la vie de l’enfant s’annonce dans le sein de la mère, enivrait de joie la pensée divinement avertie du grand apologiste de la papauté. […] Homme de conscience plus que de passion impétueuse ou tenace, il devait sa gloire au mérite de sa pensée ; mais il s’effrayait de cette gloire allumée par son talent, comme un enfant s’épouvanterait de l’incendie projeté par le flambeau qu’il porte dans ses mains confiantes.
A certains jours de l’année & à la naissance de leurs enfants, ils avoient grande attention de dresser une table dans une chambre écartée & de la couvrir de mets & de bouteilles, avec trois couverts & de petits présents, afin d’engager les Meres (c’est ainsi qu’ils appelloient ces Puissances subalternes) à les honorer de leur visite & à leur être favorables. […] L’enfant de tout âge croira ne tenir qu’un hochet, & ce hochet deviendra pour lui un instrument utile.
Si les Français pouvaient donner à leurs femmes toutes les vertus des Anglaises, leurs mœurs retirées, leur goût pour la solitude, ils feraient très bien de préférer de telles qualités à tous les dons d’un esprit éclatant ; mais ce qu’ils pourraient obtenir de leurs femmes, ce serait de ne rien lire, de ne rien savoir, de n’avoir jamais dans la conversation ni une idée intéressante, ni une expression heureuse, ni un langage relevé ; loin que cette bienheureuse ignorance les fixât dans leur intérieur, leurs enfants leur deviendraient moins chers lorsqu’elles seraient hors d’état de diriger leur éducation.
J’aime à trouver, quand je vais me délasser au théâtre, une imagination folle qui me fasse rire comme un enfant.
Comme elle fêtera l’enfant dont Dieu dispose !
Par légèreté et paresse intellectuelle, on a plus tôt fait d’expliquer que vérifier ; et l’on interprète des prodiges qui n’existent pas : témoin la charmante anecdote de la dent d’or, qu’un enfant en Silésie avait, disait-on, en la bouche.
Ferdinand Brunetière Lisez le Petit Épicier lui-même, Un fils, En province, l’Enfant de la balle, les Boucles d’oreilles.
Douleur d’entendre les femmes et les enfants nous dire : « Vous êtes damné !
Son royaume à lui était dans le cercle d’enfants qu’une pareille jeunesse d’imagination et un même avant-goût du ciel avaient groupés et retenaient autour de lui.
Vous croyez que la vertu se tient lieu de digne et de suffisante récompense, mais qu’elle accepte la gloire sans l’exiger ; que la gloire n’est pas tant une dette dont s’acquitte le public, qu’un aveu de ce qu’il doit, et tout ensemble une protestation qu’il est solvable. » Plusieurs trouveront les conversations rappelées par Balzac d’une gravité qui va jusqu’au ridicule ; les sujets qu’elles traitaient seraient ridicules, sans doute, dans la société d’une bourgeoise de petite fortune qui aurait à soigner elle-même son ménage et ses enfants.
On eût dit que les enfants prodigues de la mère patrie avaient réclamé, en l’abandonnant, son génie héréditaire, comme leur patrimoine.
Lui ôter le rythme et l’harmonie, c’est lire et épeler une à une, comme épèle un enfant, les notes de la symphonie héroïque. » Voilà, du coup, toute la poésie ancienne supprimée.
Le système de Platon a prévalu dans le monde, et il devait y prévaloir ; mais soyons persuadés que, sans le petit nombre de pythagoriciens qui sont restés fidèles à la doctrine des épreuves et des ménagements ; qui savent que le pain des forts ne peut pas être distribué à tous ; que tous ne peuvent pas être nourris de la moelle du lion ; que le lait doit être donné à l’enfant jusqu’à ce qu’il puisse manger les fruits de la terre ou la chair des animaux ; soyons persuadés, dis-je, que sans le petit nombre de pythagoriciens fidèles, les vérités seraient encore plus-gaspillées qu’elles ne le sont, et déshonorées par plus de discussions intempestives : heureusement il en est resté en réserve.
Tendant à l’émancipation universelle de leurs personnes ; de libre conduite comme de libre pensée, hardis comme des enfants qui jouent à l’homme, ils ont, ces aimables bas-bleus, en général, l’esprit fortement célibataire et les mœurs légèrement mormones.
C’est encore une manière de perdre un enfant que de n’en pas avoir, et il avait fallu se résigner à ne voir jamais, dans sa vie, de berceau sur lequel on puisse sourire, ce qui équivaut pour une âme de femme à une tombe sur laquelle on doit, hélas !
L’expiation du crime des pères par le malheur des enfants.
À partir de la Révolution française, de cette révolution qui, en faisant souvent mine de mourir, mais ne mourant jamais, nous a légué, pour nous consoler de sa perte momentanée, le parlementarisme, ce joli enfant de sa façon, qui nous ramènera toujours, dans un temps donné, à sa mère, si nous sommes assez aveugles pour nous fier à ce charmant petit, Thureau-Dangin a compté sur ses doigts le nombre de fois que la pierre de ce Sisyphe infortuné, qui a tant essayé de la mettre en équilibre, lui est retombée sur les pieds, mais il n’a jamais pensé que ce fût la faute de l’équilibriste ou de la pierre.
Nous avons bien senti quelques coups de talon de cet enfant enfermé dans les entrailles du siècle, mais ç’a été tout… Naîtra-t-il ?
C’était la seule manière qu’il y eût de relever le poète de la dégradation que lui a fait subir le jugement sommaire de la Postérité, qui n’a vu, elle, sous son tabard usé par la misère, que le maillotin, le mauvais garçon, l’enfant terrible d’un Paris terrible, et qui s’en est trop détournée.
Ce génie qui lui fit tout deviner bien plutôt qu’apprendre, dès qu’il fut allé à la mer et dès les plus bas grades, resplendissait tellement en lui que tous disaient : « Il y a dans ce petit officier le premier marin de l’Angleterre », comme aussi, en cet homme tout spontané, cette absence inouïe de volonté plongea souvent l’âme dans des découragements d’une faiblesse presque corporelle et le jeta dans des bouderies d’enfant aux premières injustices de son pays.
Il fait voir les progrès successifs de cette Constitution, nécessaires comme la croissance l’est à la vie de l’enfant.
Abailard a longtemps été l’enfant gâté, le Benjamin philosophique du xixe siècle.
Jeune, presque enfant, elle disait du catéchisme ce qu’elle dit plus tard de saint Paul : « Comprenez-vous, vous !
Ce génie, qui lui fît tout deviner bien plutôt qu’apprendre, dès qu’il fut allé à la mer et dès les plus bas grades, resplendissait tellement en lui que tous disaient : « Il y a dans ce petit officier le premier marin de l’Angleterre », comme aussi, en cet homme tout spontané, cette absence inouïe de volonté plongea souvent l’âme dans des découragements d’une faiblesse presque corporelle et le jeta dans des bouderies d’enfant aux premières injustices de son pays.
Elle avait, à elle seule, la grâce bonne enfant du délicieux prince de Ligne, l’image opulente de Rivarol et la morsure de Chamfort.
Arriver au point juste en toutes choses, diminuer l’hyperbole, diminuer le quelque chose d’énorme que Diderot nous donnait pour la définition de la poésie, et qui n’est la poésie que pour des enfants ou pour Diderot tombé en enfance sous la pression de son matérialisme grossier ; voir clair, — expression charmante pour dire la seule chose utile et digne de l’esprit humain, tout cela n’est, certes !
Abailard21 [Le Pays, 1er octobre 1853] Abailard est toujours l’enfant gâté, le Benjamin philosophique du dix-neuvième siècle.
La Science probablement trempe la tête dans un Styx, comme le corps d’Achille, afin de faire à ses enfants un sentiment moral invulnérable, et (le croiront-ils, ceux-là qui ne sont pas médecins ?)
Et cet enfant était la perle qui devait rouler sur le fumier du siècle, sans que le fumier s’en aperçut ; et celui de ce temps-ci ne s’en apercevrait pas davantage, si l’Église, de sa main maternelle, ne l’eût pas ramassée, cette perle, et ne l’eût mise à sa couronne.
Elle a, dans les doctrines d’application et d’exécution de ce socialisme, le dernier enfant de ses entrailles, introduit avec une satanique profondeur de dessein une fausse figure historique du Sauveur des hommes, croyant sans doute qu’il resterait assez d’irrésistibles séductions dans la tête divine — défigurée par elle — pour fasciner les âmes et les entraîner à ses fins.
Et, de résultat, il n’a pas non plus, cet enfant, la beauté de l’impuissance de Gœthe !
Joseph Autran est le contraire d’Alfred de Musset, de cet incorrect aussi, mais de cet incorrect facile et charmant, qui joue et pleure avec la Muse, comme un souverain d’enfant gâté qu’elle adore M.
Frisottaient, mignottaient, aguignaient, sont des mots enfants, qui s’en sont allés où vont les charmes de l’enfance, ces charmes inouïs que jamais on ne retrouve plus, dans les femmes les plus accomplies et les plus belles, comme ils furent, deux jours, en ces petites filles inachevées qui, moins elles sont dans la vie, nous paraissent plus près du ciel !
Les détails de ce temps de jeunesse, qui va de la vie presque pastorale de l’enfant à la vie militaire du jeune homme, sont de l’intérêt le plus contrasté et le plus attachant.
À côté des pédants de la Critique, il y a les pédants de la Politique, — une race nouvelle, — il y a les caporaux de la Démocratie, qui donnent, depuis quelque temps, le mot d’ordre contre la Poésie, qui lui refusent le droit d’exister, à cette sublime fille de la tête humaine, et qui la traitent comme une amusette de peuple enfant, comme un polichinelle cassé.
Janin est intellectuellement un de ces enfants qui ne seraient pas venus au monde, s’ils n’avaient eu un vigoureux aîné qui leur a fait large la voie par laquelle ils sortirent de l’obscur giron maternel.
Ainsi, enlèvements, coups d’épée, pistolades, reconnaissance d’enfant perdu par le moyen d’une bague qui était la croix de ma mère au dix-septième siècle, … Surtout l’anneau royal me semble bien trouvé !
Laure devint mère onze fois, et neuf de ses enfants lui survécurent. […] La comparaison ne fait pas honneur à notre temps ; mais elle n’a rien de mensonger, et le poète reproche justement à l’Italie son ingratitude pour ses plus glorieux enfants. […] Lauzun et madame de Montespan, coalisés contre mademoiselle de La Vallière, inventent des pièges dignes d’un enfant. […] Remy exaspéré retrouve la force qu’il avait perdue et emmène son enfant. […] comment songerait-il à distraire, comme un esprit frivole, la mère de son enfant ?
Sue ; car s’il en était ainsi, Louis de Rohan et Van den Enden passeraient nécessairement pour deux enfants. […] Guizot satisfont-elles à cette condition d’immutabilité sans laquelle il n’y a qu’une ambition artificielle, nominale, digne tout au plus de l’estime des enfants ? […] Quels que soient les changements imposés au génie grec par la France et l’Italie, au génie anglais par l’Allemagne, nous avons la certitude de juger les enfants en jugeant le père. […] Il n’y a pas une des tragédies de ce maître illustre dont l’action ne soit intelligible pour un enfant de douze ans ; mais dans aucun de ses ouvrages la simplicité des ressorts ne ralentit le mouvement. […] Elle fait du poète son enfant gâté.
De tout temps le destin l’avait marquée du signe sacré, cette enfant, dans les veines de qui coulait le double sang latin et grec. […] Tant qu’elle vécut, ce fut chez elle qu’il « descendit », et sa présence rue de Berri était bienvenue de la princesse qui aimait beaucoup ce neveu et le traitait un peu en enfant gâté. […] A ce souvenir, un sourire malicieux éclaira le visage pâli du neveu préféré à qui la Princesse « passait », avec une indulgence amusée, ses bons tours de vieil enfant gâté et parfois ses écarts d’enfant terrible. […] Le plus jeune, mon aîné de quelques années, s’était toujours montré envers moi plein de gentillesse, et ce souvenir faisait que ma présence rappelait à ses parents l’enfant prématurément et tragiquement disparu.
Les critiques, la prenant pour un enfant du Romantisme, la censurèrent avec amertume. […] Les femmes l’idolâtrèrent ; les mères allaitèrent leurs enfants pour lui obéir ; les Julies et les Emiles pullulèrent. […] Proscrire un livre parce que tourtes les jeunes filles ne peuvent en nourrir leur intelligence, c’est comme si nous jetions par la fenêtre un morceau de viande, sous prétexte que les enfants qu’on allaite ne la mangent pas. […] Pour tant que l’on loue Foë, en lui donnant le titre pompeux d’Homère de l’individualisme, Robinson n’est une œuvre incomparable que pour les enfants de dix à quinze ans. […] Il est des patios de Fernan qu’il nous semble voir, qui nous réjouissent les yeux avec leurs fleurs, et les oreilles avec le bruit de l’eau, les pioussements des poules et l’innocent bavardage des enfants.
Rigault s’est donné un plus ample sujet, la querelle des anciens et des modernes, qui occupa tant les esprits dans la seconde moitié du xviie siècle et au commencement du xviiie , et qui sous des formes diverses s’est renouvelée depuis ; querelle aussi vieille que le monde, depuis que le monde n’est plus un enfant, et qui durera aussi longtemps que lui, tant qu’il ne se croira pas tout à fait un vieillard.
Les enfants de la Révolution ont renouvelé et rallumé avec ardeur, avec orgueil, ce culte filial et cet amour.
Voltaire a rempli à lui seul cette époque de la philosophie, où il faut accoutumer les hommes comme les enfants à jouer avec ce qu’ils redoutent.
Fischart cite jusqu’à 586 jeux d’enfants et de société, que j’ai comptés en me pressant et en m’ennuyant beaucoup.
Ce consolateur de Du Périer n’a pas fait un vers sur ses propres enfants, qu’il pleurait.
Et si, quelque bonne volonté qu’on apporte à cette lecture, les trois quarts de ces notes sont décidément dénuées d’intérêt, il ne faut pas oublier qu’il n’était qu’un enfant quand il commença à les écrire.
Et n’est enfant des classes moyennes qui ne se puisse dire plus savant que moy, qui n’ay seulement pas de quoy l’examiner sur sa première leçon.
La candeur d’une enfant qui ignore sa beauté et qui voit Dieu clair comme le jour est la grande révélation de l’idéal, de même que l’inconsciente coquetterie de la fleur est la preuve que la nature se pare en vue d’un époux.
Orpheline depuis l’âge de 5 ans, élevée par un oncle respectable, instruite par Ménage, mariée à 18 ans, veuve à 26, retirée pendant deux années qu’elle emploie à l’éducation de ses enfants et à l’arrangement de leur fortune, sachant le latin, l’espagnol, l’italien et la littérature, ses premiers pus dans la société se tournent vers l’hôtel de Rambouillet ; la marquise, âgée, isolée par le mariage de sa fille, désolée de la mort de son mari et de celle d’un fils de 31 ans arrivées à un an de distance, fut la première personne dont madame de Sévigné, belle, brillante de jeunesse, d’esprit et de savoir, rechercha la société et ambitionna la confiance.
Mais il leur arrive aussi, pauvres fils de soldat, d’écrire des énormités telles : « Comme aux tirs de foires autrefois, sur le mail, avec un plaisir d’enfant, fouetté d’un âpre vertige, il charge, épaule, tire.
Cela donna lieu à cette fameuse chanson, dans le goût de celles du pont-neuf dont le sujet fut mis en estampe, & laquelle fit tant de peine à Rousseau : Or, écoutez, petits & grands, L’histoire d’un ingrat enfant, Fils d’un cordonnier, honnête homme, Et vous allez entendre comme Le diable, pour punition, Le prit en sa possession.
Le plaisir d’écrire, c’était de vivre avec une pensée, de la mûrir, de la vêtir, de la faire forte et belle … Autrefois, on faisait un livre comme on élève un enfant, avec diligence, avec patience 28. » Quoi qu’on dise, Louis Veuillot n’eût donc pas désapprouvé une méthode comme la nôtre, qui enseigne, comme il en exprimait le désir, à méditer, à corriger, à produire avec labeur, avec diligence, avec patience.
… Pour ma part, je n’ai pas très bien vu ce que l’information pure et simple a gagné au livre de Fournier ; je n’ai pas vu quelles modifications importantes en sont résultées dans l’ordre des connaissances, ordinaires ou vulgaires, — et, excepté le divertissement qui vient de toute nouveauté pour la masse des esprits ennuyés et superficiels, heureux et surpris de trouver un passe-temps dans des études qui devraient toujours rester sévères, excepté le divertissement des enfants et des femmes qui a fait son succès, je ne vois rien en l’Esprit dans l’histoire qui le recommande aux esprits seulement curieux.
Il semblait donc vraiment que le xviiie siècle, en nous jetant dans le monde, nous eût imprimé sur la tête — tant il nous avait inclinés vers lui — ce terrible coup de pouce du chirurgien qui gauchit le cerveau de l’enfant et décide de sa triste destinée !
Malgré des instincts charmants et bons, malgré une délicieuse limpidité de conscience, l’auteur de la Paix de Dieu est un enfant du xixe siècle.
Il va donc initier devant nous sa jeune enfant à la connaissance de l’homme et de la femme, — ces deux problèmes qui ont fait blanchir bien des poignées de cheveux aux moralistes quand ils ont voulu à eux seuls les résoudre, — et, père inquiet, faire balustrade à la petite pour qu’elle puisse sans danger se pencher sur ces deux abîmes !
Assurément, il travailla trop pour qu’on puisse l’appeler le lazzarone de la célébrité ; mais l’opinion, dont il fut imperturbablement l’enfant gâté, mit ses rayons sur lui comme le soleil met les siens sur les gueux, et elle ne les lui retira jamais.
D’ailleurs, pour pénétrer impunément dans les institutions tapageuses, les mœurs brutales, les travaux fiévreux et les entreprises gigantesques de ce peuple d’Effrénés, qui a commencé par la révolte contre la mère patrie et qui est toujours à la veille de la guerre fratricide entre ses enfants, il faudrait une force et une froideur de tête inaccessibles au vertige, et ce n’était pas le cas de ce pauvre Tocqueville, qui, entré là-dedans, en ressortit sceptique pour toute sa vie, en en pensant tout et n’en pensant rien, Montesquieu Brid’oison !
Il l’était encore par un puritanisme et un pédantisme que ne connaissent point ces bons et fiers enfants que l’on appelle des soldats.
Pelletan se livre contre elle à des cris d’enfant affolé de peur par les commérages de ses bonnes.
Si cette femme d’aperçu, et qui savait si nettement styler sa pensée, avait cru jamais que juger les hommes c’était donner le sacre de la confiance à ces grands enfants qui se permettent la fatuité ou se prendre pour eux de compassion intellectuelle, nous n’aurions jamais retrouvé ce volume de lettres, savoureux et sain, où la rigueur de la raison et la brusquerie de la vérité se mêlent délicieusement la svelte légèreté du tour et au charme calmant d’une religieuse tristesse.
La Bible, — cette éducation de l’Angleterre, ce livre grand et terrible où le Dieu jaloux frappe Satan, l’autre jaloux, — la Bible a empreint pour jamais l’imagination anglaise de sa grandeur et de sa terribilité, et c’est elle que je vois rayonner de son feu sombre et âpre aussi bien dans Richardson, qui a fait Lovelace, que dans Milton, qui a fait Satan ; aussi bien dans ce nouvel écrivain qui ajoute dans Livingstone une grande figure à ces grandes figures aimées et hantées par l’imagination de son pays, que dans ce Byron dont il est l’enfant intellectuel.
» Et il fallait qu’elle fût grande, en effet, cette âme, pour être plus forte que l’esprit dont elle était accompagnée : car, cet esprit, elle l’a vaincu, elle l’a emporté hors de la science et hors du monde, comme un lion emporte un enfant !
Le père est inquiet pour l’enfant.
Sous une forme ou sous une autre, il eût transmis à ses enfants le mal qui l’a perdu, et ce Roi des Juifs, ainsi qu’il arrive d’ordinaire aux princes, aurait pu engendrer des idiots. » C’est complet, n’est-ce pas ?
Il fonde des congrégations, ouvre des missions pour la France et pour l’étranger, bâtit des hôpitaux et des refuges pour toutes les douleurs et pour tous les abandons, ramasse les enfants dans son manteau, qu’il use à force d’en porter dans ses plis.
Tony Forster et Grandet aiment aussi leur enfant, et souillent noblement du sentiment paternel l’immonde pureté de leur amour de l’or.
Depuis le sort des enfants morts sans le baptême, et le dogme : Hors de l’Église, pas de salut !
Les Études de Bernardin avaient été le vase vivant dans lequel il avait commencé de boire le lait des tendresses humaines pour la Nature… Mais, comme l’enfant grandi, qui a essuyé sa ronde bouche rose du lait maternel et qui n’a plus là que son propre souffle à lui, sa virginale haleine, Guérin ne fut plus que Guérin, et il ne resta pas dans les flots de sa chevelure ambroisienne, livrée à tous les vents de ses paysages, une seule des fleurs tombées de ce lilas de Bernardin sous lequel il s’était une minute assis.
… Né dans les premières années du siècle, quand le canon de Wagram fêtait le baptême de ceux-là qui pouvaient avoir l’espérance de mourir un jour en héros, et qui, l’Empire tombé, ne surent que faire de la vie, Alfred de Musset se jeta aux coupes et aux femmes de l’orgie comme il se serait jeté sur une épée si on lui en eût offert une, et il a peint cette situation dans les premières pages qui ouvrent les Confessions d’un enfant du siècle, avec une mélancolie si guerrière !
C’eût été beau D’emporter un effroi de ces choses sacrées, Comme un enfant, suivant des routes égarées, Qui passe devant un tombeau.
Évidemment, de destinée révélée par la physiologie, l’auteur des Destinées semblait fait pour porter la mitre ou la barrette comme Fénelon et le cardinal de Polignac, natures analogues à la sienne, si la Révolution n’avait pas renversé sens dessus dessous toutes les existences, comme la main d’un enfant secoue et mêle, dans leur sac, tous les numéros d’un loto.
C’est un enfant qui a toujours besoin de sa bonne, qui pleure et toujours demande pardon à sa bonne, et sa bonne, c’est madame André.
Le Maurice Berthaud, ce type honteux de l’enfant gâté et de l’artiste, a-t-il au moins l’originalité d’une seule turpitude à laquelle n’aient pas pensé ceux qui lèchent et pourlèchent, depuis des années, soit dans le roman, soit au théâtre, ce type accusateur du dix-neuvième siècle ?
La Bible, — cette éducation de l’Angleterre, ce livre grand et terrible où le Dieu jaloux frappe Satan, l’autre jaloux, — la Bible a empreint pour jamais l’imagination anglaise de sa grandeur et de sa terribilité, et c’est elle que je vois rayonner de son feu sombre et âpre aussi bien dans Richardson, qui a fait Lovelace, que dans Milton qui a fait Satan, aussi bien dans ce nouvel écrivain d’aujourd’hui qui vient d’ajouter dans Livingstone une grande figure à ces grandes figures aimées et hantées par l’imagination de son pays, que dans ce Byron dont il est l’enfant intellectuel.
Feydeau est l’enfant gâté d’un début heureux.
Que ces deux enfants du génie de la France soient bénis !
et comment la simplicité d’un enfant timide couvrait-elle cette profondeur et cette force de génie ?
Ce ne fut pas la seule, sans doute, mais celle-là me parut touchante d’avoir été coloriée, peut-être au chevet du berceau où dormait un enfant illustre. […] L’antique Iliade, dont ces enfants déchiffraient le texte guerrier, recommençait avec d’autres héros et d’autres dieux. […] Il n’était ni de l’espèce des « enfants sublimes » à la Hugo, le front chargé de pensées, l’œil grave et méditatif, ni de l’espèce, non plus, des « enfants terribles » à la Musset, hardis, débraillés et désabusés. […] Il trouve que ses dix enfants lui coûtent cher. […] L’enfant rebelle s’endurcit.
Le jeu est plus nécessaire aux enfants qu’à l’âge mûr ; dès maintenant il y a un certain nombre d’hommes positifs pour lesquels l’art est un véritable enfantillage : l’humanité future ne leur ressemblera-t-elle pas ? […] Les jeux des enfants, celui de la poupée et celui de la guerre, sont la comédie des occupations humaines. […] Elle peut avoir, comme l’enfant, la grâce de la joie, elle n’a pas encore celle de la tendresse. […] Je me rappelle encore l’émotion pénétrante que j’éprouvai, tout enfant, en respirant pour la première fois un lis. […] Hugo ; n’est-ce pas un peu comme si l’on mettait en parallèle un enfant qui joue à la balle et un hercule qui jongle avec des poids de quatre-vingts kilogrammes ?
L’idée maîtresse subsistait, jusqu’au bout sans doute, mais elle se développait de manière à être très sensiblement changée, comme un enfant qui devient homme. […] Si au lieu des enfants, c’était Médée qui apportait ces présents ! […] Songez donc que j’ai à tuer mes enfants et que je dois être touchante en les tuant ! […] La mise en scène du meurtre de Creuse rend impossible le meurtre des enfants : elle le déshonore ! […] Rachel, dans Médée, devait être touchante même dans le meurtre de ses enfants, elle jugeait ne plus pouvoir l’être si la première scène était conservée.
Car la passion d’un homme n’est pas celle d’un enfant et je n’ai pas de temps à perdre. […] Rangeons-nous en rond comme font les enfants Quand ils comptent pour savoir lequel sera pris. […] Ce livre, naïvement dédié aux « enfants perdus de Bohème » à ses « bons amis les ratés », est du reste des plus médiocres. […] Il se plaît à nous conter ici le voyage en Espagne de l’enfant Hugo qui accompagne le trésor de la guerre : l’enfant Hugo gardé par une armée traversant le village d’Hernani ! […] Saint Georges de Bouhélier dont la plus réussie, est sans conteste la dernière, le Carnaval des Enfants, joué au Théâtre des Arts, des pièces populaires de M.
Enfants et femmes à genoux y buvaient jusqu’à mourir. […] Que les courtisans se filoutent entre eux ; nous du moins, messieurs, nous avons gardé assez d’honneur pour nous maintenir purs parmi les corruptions du monde809. » Au reste, il est galant, il a une demi-douzaine de femmes, une douzaine d’enfants, il fréquente les mauvais lieux, il est aimable avec les beautés qu’il y rencontre, il a de l’aisance, il salue bien et à la ronde ; il tourné à chacune son compliment : « Mademoiselle Slammekin, toujours votre abandon et cet air négligé du grand monde ! […] Filch, un pilier de prison, dit qu’ayant remplacé « le faiseur d’enfants, devenu invalide, il a amassé quelque argent à procurer aux dames de l’endroit des grossesses pour leur faire avoir un sursis814. » Une verve atroce, aigrie d’ironie poignante, coule à travers l’œuvre comme un de ces ruisseaux de Londres dont Swift et Gay ont décrit les puanteurs corrosives ; à cent ans de distance, elle déshonore encore le monde qui s’est éclaboussé et miré dans son bourbier. […] Appeler dans une alliance civilisée le sauvage féroce et inhumain des forêts, — lancer contre nos établissements, parmi nos parentés, nos anciennes amitiés, le cannibale impitoyable qui a soif du sang des hommes, des femmes et des enfants, — désoler leur pays, vider leurs demeures, extirper leur race et leur nom par ces horribles chiens d’enfer de la guerre sauvage ! […] Au lieu des courtisanes de Lély, on voit à côté d’eux des dames honnêtes, parfois sévères et actives, de bonnes mères entourées de leurs petits enfants qui les baisent et s’embrassent ; la morale est venue, et avec elle le sentiment du home et de la famille, la décence du costume, l’air pensif, la tenue correcte des héroïnes de miss Burney.
Il n’en raisonne pas subtilement ; il la sent, il en est ému comme les enfants. […] De même, quand le mystère passe la portée de son esprit, ou que ses adversaires signalent dans les livres saints quelques contradictions qui ne peuvent être expliquées par des expressions humaines, au lieu de s’opiniâtrer, comme dans une dispute d’école, au lieu de s’enivrer de la difficulté et de subtiliser, il s’arrête court, il avoue son ignorance avec la simplicité d’un enfant, et se contente de croire, parce que la parole de Dieu a eu tout d’abord toute sa perfection. […] Il ne croit pas s’abaisser quand il prépare des enfants à la première communion, ou qu’il rassure, au fond d’un cloître, de pauvres filles agitées par des scrupules de conscience, ou qu’il pénètre dans les misères de notre foyer domestique. […] Tandis que d’autres écrivains de la chaire, par des traits trop timides ou des couleurs trop sombres, ont l’air de n’oser nous les montrer, ou de vouloir nous en faire des peurs d’enfant, Bossuet ne craint pas de se servir contre nos passions de l’intérêt même que nous prenons à les voir représentées au vrai. […] Quelle variété pourtant, et quel intérêt de lecture, même pour un esprit indifférent, pour peu qu’il ne le soit pas au spectacle d’un homme de génie qui courbe sa tête au niveau de celle d’un petit enfant, sous la plus sublime loi morale qui fut jamais !
Le romantisme est fils du Nord, et le Nord est coloriste ; les rêves et les féeries sont enfants de la brume. […] Allez voir à Saint-Louis au Marais cette Pietà, où la majestueuse reine des douleurs tient sur ses genoux le corps de son enfant mort, les deux bras étendus horizontalement dans un accès de désespoir, une attaque de nerfs maternelle. […] L’Ecole turque, néanmoins, ressemble à ses bons tableaux ; ce sont bien là ces beaux enfants que nous connaissons, et cette atmosphère lumineuse et poussiéreuse d’une chambre où le soleil veut entrer tout entier. […] Eh bien, il se peut que le tableau représente un ver à soie femelle ou une chenille écrasée par un enfant. […] Dans l’autre, ce respect qui fait ôter leurs chapeaux aux enfants, et vous saisit l’âme, comme la poussière des tombes et des caveaux saisit la gorge, est l’effet, non point du vernis jaune et de la crasse des temps, mais de l’unité, de l’unité profonde.
J’ai, comme lui, beaucoup d’amour pour mes enfants, qui sont les ouvrages que je produis ; c’est pourquoi le modèle que je vous montrerai, Monseigneur, sera de mon invention. […] Benvenuto a voulu vous montrer un de ses enfants, mais non vous le donner comme nous, qui nous vous proposions des choses faisables, et lui, des choses qui ne se font pas.” […] Cette servante, appelée Piera, devint sa femme, et il en eut plusieurs enfants.
C’est, dans les Églogues, le doux exilé Mélibée et, quoi que j’en aie dit, le radieux berceau de l’enfant rédempteur, et la terre agitée d’une divine espérance. […] Hamon priaient pour l’enfant égaré. […] Il a écrit le Lys et l’Enfant des armures et ciselé d’irréprochables petites « légendes des siècles ».
Une femme, autrefois choisie, apaisera son besoin sexuel, et lui donnera, encore, la nichée bénie des enfants, moëlle de sa moëlle, et vie de sa vie. […] Alberich Mon amante, sois ô féminin enfant. […] Alberich Fourbe enfant !
Dès l’abord, dans la dispute qui s’engage entre Amour et Folie au seuil de l’Olympe, chacun voulant arriver avant l’autre au festin des Dieux, Folie, insultée par Amour qu’elle a coudoyé, et après lui avoir arraché les yeux de colère, s’écrie éloquemment : « Tu as offensé la Royne des hommes, celle qui leur gouverne le cerveau, cœur et esprit ; à l’ombre de laquelle tous se retirent une fois en leur vie, et y demeurent les uns plus, les autres moins, selon leur mérite. » Les plaintes d’Amour et son recours à sa mère après le fatal accident, surtout le petit dialogue familier entre Cupidon et Jupiter, dans lequel l’enfant aveugle fait la leçon au roi des Dieux, sont semés de traits justes et délicats, d’observations senties, qui décèlent un maître dans la science du cœur. […] Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton !
Mercier cite un ouvrier, nommé Quatre-main, ayant quatre petits enfants, logé au sixième, où il avait arrangé une cheminée en manière d’alcôve pour se coucher lui et sa famille […] Le même intendant écrit, en 1784, année de famine679 : « On a vu avec effroi, dans les campagnes, le collecteur disputer à des chefs de famille le prix de la vente des meubles qu’ils destinaient à arrêter le cri du besoin de leurs enfants. » — C’est que, si les collecteurs ne saisissent pas, ils seraient saisis eux-mêmes.
Si, au contraire, on est vaincu, démoralisation générale, mesures de terreur pour arracher l’or et le sang dévorés par la guerre universelle, résistance du peuple à livrer son or et ses enfants, accusations de trahison, spoliations, emprisonnements, échafauds, fin de la terreur par l’horreur du monde, ajournement à un autre siècle de la liberté. […] Le grand Frédéric de Prusse, l’impératrice Catherine II de Russie, l’Angleterre, implacable quoique caressante, lui parurent avec raison bien autrement hostiles à la grandeur de la France que l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, veuve héroïque, à demi dépouillée de ses États, et défendant, par la main de ses fidèles Hongrois, son trône et l’héritage de ses enfants contre le démembrement de l’Allemagne.
Un enfant de trois ans, qui sait balbutier le nom de l’Infini et de l’Éternel, en sait un million de fois plus. […] océan sans rivage et sans fond, qui, dans ton flux et reflux éternel, laisse écouler, sans jamais t’épuiser, ces myriades de mondes grands ou petits les uns vis-à-vis des autres, mais qui, par rapport à toi, sont tous également grands, — depuis le soleil qui arpente d’un pas l’incommensurable étendue, jusqu’aux animalcules impalpables dont l’univers est composé, qu’on ne distingue qu’au télescope, et dont les corps organisés et couchés par la mort dans leur sépulcre commun ne formeraient pas l’ongle du doigt d’un enfant avec deux cent millions de leurs cadavres en poussière !
Combien l’Allemagne a-t-elle vu de ses enfants participer du puissant délire d’Hoffmannb et de la folie de Werner ! […] La raison en est simple : la France seule s’était faite initiatrice ; l’Allemagne, au contraire, prétendait à l’immobilité, à la conservation, à la durée ; elle ne permettait à l’idéalisme naissant que d’agiter le cœur et la tête de ses enfants sans leur laisser croire à l’effet des idées, à l’activité possible, à la réalisation de l’idéal.
Dans un poëme allégorique que Bertaut fit à l’occasion de sa mort, la France, étant allée se plaindre à Jupiter du malheur de Pavie, le dieu, qui dînait chez Thétis, sous un roc, près de Toulon, la console par ces mots : Cependant, pour montrer qu’ici-bas je n’envoie Nulle pure douleur ni nulle pure joie, Sache que ce mesme an qui maintenant escrit D’un encre si sanglant son nom en ton esprit, Ce mesme an qui te semble à bon droit deplorable, Te sera quelque jour doucement mémorable, D’autant que dans le sein du terroir vendosmois Avant que par le ciel se soient tournés sept mois, Un enfant te naistra, dont la plume latine Egalera ta gloire la gloire divine. […] Il voulait qu’on fît de verve, verver, vervement ; de pays, payser ; d’eau, eauer ; de feu, fouer, fouement ; et « mille autres tels vocables, dit-il, qui ne voyent encore la lumiere, faulte d’un hardy et bienheureux entrepreneur98. » Sa théorie, du provignement des vieux mots est ingénieuse « Tu ne desdaigneras dit-il, les vieux mots françois, d’autant que je les estime tousjours en vigueur, quoy qu’on die, jusqu’à ce qu’ils ayent fait renaistre en leur place, comme une vieille souche, un rejeton et lors tu te serviras du rejeton et a non de la souche, laquelle fait aller toute substance à son petit enfant, pour le faire croistre et finablement establir en son lieu99. » On sait jusqu’où il imita la hardiesse de la langue grecque dans la formation des mots composés.
Ainsi en usent les hommes de génie avec des langues qui ne sont pas encore formées ; ils imitent les gens du peuple, toujours enfants même au sein des langues perfectionnées, lesquels, ayant plus d’idées que de mots pour les rendre, courent aux équivalents, aux comparaisons, aux figures, s’aidant de tout pour parler comme ils sentent, et se faisant dans la chaleur du moment une langue incorrecte mais vive expressive et colorée. […] Plutarque me soubsrit tousjours d’une fresche nouveauté : l’aymer c’est m’aymer, car, il a esté longtemps l’instituteur de mon bas aage : ma bonne mère, à laquelle-je doibs tout, et qui avoit une affection si grande de veiller à mes bons deportemens et ne vouloit pas (ce disoit-elle) voir en son filz un illustre ignorant, me mist. ce livre entre les mains encores que je ne feusse à peine plus un enfant de mamelle.
Chœur de la coupole, par 12 chanteuses, 15 chanteurs, 45 enfants. […] Elle voit sautiller, dans les allées, quelques frêles enfants très gracieux.
Ils lavent leurs enfants aux ruisseaux les plus froids ; La mère au tronc d’un arbre avecque son carquois Attache la nouvelle et tendre créature ; Va sans art apprêter un mets non acheté. […] Tout ce qui naît de doux en l’amoureux empire, Quand d’une égale ardeur l’un pour l’autre on soupire, Et que, de la contrainte ayant banni les lois, On se peut assurer au silence des bois, Jours devenus moments, moments filés de soie, Agréables soupirs, pleurs enfants de la joie, Vœux, serments et regards, transports, ravissements, Mélange dont se fait le bonheur des amants, Tout par ce couple heureux fut lors mis en usage.
Elle se transporte donc invariablement à l’extrémité d’un intervalle déjà parcouru ; elle ne s’occupe que du résultat une fois obtenu : si elle peut se représenter d’un seul coup tous les résultats acquis à tous les moments, et de manière à savoir quel résultat correspond à tel moment, elle a remporté le même succès que l’enfant devenu capable de lire instantanément un mot au lieu de l’épeler lettre par lettre. […] Si nous avons pu remplacer la succession par une juxtaposition, le temps réel par un temps spatialisé, le devenant par le devenu, c’est parce que nous conservons en nous le devenir, la durée réelle : quand l’enfant lit actuellement le mot tout d’un coup, il l’épèle virtuellement lettre par lettre.
Cette histoire, où l’on ne sent pas seulement la fidèle observation des lieux, mais où perce aussi une vérité de fond et de récit, cette histoire commencée et finie au son du merveilleux carillon de Bruges, et où se déroule toute la vie d’enfance et de jeunesse de Catherine, de cette pauvre enfant « si cruellement meurtrie et de si bonne heure », intéressera.
Quand Rome s’écroulait sous le fer des tyrans, Que, sortis de son sein, de rebelles enfants Par une guerre impie ensanglantaient leur mère, Et vainqueurs ou vaincus accroissaient sa misère, Un poète parut qui, d’une austère voix, Chantant de l’univers le principe et les loix, Et leur chaîne à jamais bienfaisante, éternelle, Faisait du triumvir rougir la loi cruelle ; De leurs prêtres du moins détrompait les humains ; C’était assez d’un maître aux malheureux Romains ; Et pour les rassurer (?)
« Et l’on vit les enfants du peuple lever le bras contre le peuple, égorger leurs frères, enchaîner leurs pères, et oublier jusqu’aux entrailles qui les avaient portés.
Nau aux petits enfants ; il avoit eu le soin de régler la police, et il avoit eu l’industrie de manger beaucoup de perdrix à très-bon marché.
Bientôt la Révolution commença, et, « quelque étonnant que cela puisse paraître, nous dit le biographe, Victorin était déjà en état d’en comprendre les vastes scènes. » On avouera qu’en effet c’était une précocité assez étonnante chez un enfant qui n’avait que quatre ou cinq ans.
C’était, il est vrai, un vieux poëte unique en son genre, et par mille endroits ne ressemblant à nul autre, ni à maître Vincent, ni à maître Clément, ni à maître François ; un vieux poëte, adorateur de Platon, fou de Machiavel, entêté de Boccace, qui chérissait Homère et l’Arioste, oubliait de dîner pour Tite-Live, goûtait Térence en profitant de Tabarin, qu’une ode de Malherbe transportait presque à l’égal de Peau d’Ane, et dont l’admiration vive et mobile, comme celle d’un enfant, embrassait toutes les beautés, s’ouvrait à toutes les impressions, en recevait indifféremment du nord ou du midi, et trouvait place même pour le prophète Baruch, quand Baruch il y avait199.
Pour nous, enfants du vieux monde, trop habitués à ramasser les testaments sacrés des grands républicains, nos pères, par lambeaux, au pied des guillotines, dans les recoins des geôles où l’appel se faisait chaque matin, dans les fentes des cavernes où on les traquait, c’est un nouveau et rafraîchissant spectacle d’entrer, par-delà l’Atlantique, dans ces spacieuses résidences rurales, Mount-Vernon, Monticello, ces fermes d’immense culture, peuplées de fabriques, retraites animées d’un Washington, d’un Jefferson, d’un John Adams, d’un de ces vieillards qui ont travaillé et veillé, cinquante ans durant, à la même œuvre.
La vertu du père et la beauté de la mère s’aperçoivent déjà dans les enfants : leur faible raison grandit à chaque moment ; elle réclame bientôt le secours des soins assidus.
On y apprivoiserait sans peine nos intelligences, inaccoutumées à s’y diriger : d’autant qu’on aurait là pour les plus jeunes élèves de nos lycées une inépuisable et inestimable matière de lectures faciles, attrayantes, sollicitant de mille côtés l’attention des enfants, et tout juste à leur mesure.
Une mère dont l’enfant est malade lui offre de l’argent : « Garde tes offrandes… Oses-tu croire que la divinité dérange l’ordre de la nature pour des cadeaux comme ceux que tu peux lui faire ?
Je crois certainement que c’est Dieu qui a eu pitié de cette vertueuse enfant et de mon âme qui allait à la perdition.
Cet animal, enfant gâté de la maison, d’une figure très avenante, oubliant tous les bienfaits de son ami, de son protecteur, entra dans le parterre, déracina jonquilles et tulipes, dont il dévora les oignons.
Il y a, dans Autour d’une tiare, où parmi les péripéties les plus grandioses et les plus douloureuses d’un étonnant pontificat, naît, sourd doucement, enfin clame l’amour de deux enfants, il y a des silhouettes sombres de moines fanatiques et meurtris, des aventuriers sataniques et des cardinaux de tapisserie ; mais la figure préférée, je suis sûr, c’est ce bon évêque Joachim, évêque sans évêché, puisqu’on l’a chassé, pour cause de pauvreté, de son diocèse d’Assise, et qui est devenu l’hôte du pape et le familier du Latran.
Le tendre et clairvoyant Virgile semble répondre, comme par un écho secret, au second Isaïe ; la naissance d’un enfant le jette dans des rêves de palingénésie universelle 96.
Pierre était marié et avait des enfants ; sa belle-mère demeurait chez lui 421.
Deux au moins, Pierre et Philippe 822, étaient mariés et avaient des enfants.
— un enfant s’était égaré, doux, pas malin et harmonieux.
Ce vieillard à la tête où il y a du cabotin et du conventionnel, porte un col large, rabattu à l’enfant, une cravate chamois à bouquets roses et verts, et une chaîne de montre s’échappe de son gilet pour se perdre dans la poche extérieure d’une redingote vert bouteille, pendant qu’une de ses mains ornée d’une bague en turquoise, pose sur un manteau plié sur ses genoux, un manteau raisin de Corinthe.
— le contraire de ce qu’il avait annoncé, résumait alors avec une ingénuité d’enfant terrible l’idéal parnassien en ce vers agressif : Est-elle en marbre, ou non, la Vénus de Milo ?
Comme dans toute œuvre, si sombre qu’elle soit, il faut un rayon de lumière, c’est-à-dire un rayon d’amour, il pensa encore que ce n’était point assez de crayonner le contraste des pères et des enfants, la lutte des burgraves et de l’empereur, la rencontre de la fatalité et de la Providence ; qu’il fallait peindre aussi et surtout deux cœurs qui s’aiment ; et qu’un couple chaste et dévoué, pur et touchant, placé au centre de l’œuvre, et rayonnant à travers le drame entier, devrait être l’âme de toute cette action.
Il y a sans doute de la sublimité dans une tête de Jupiter ; il a fallu du génie pour trouver le caractère d’une Euménide, telle que les Anciens nous l’ont laissée ; mais qu’est-ce que ces figures isolées en comparaison de ces scènes où il s’agit de montrer l’aliénation d’esprit ou la fermeté religieuse, l’atrocité de l’intolérance, un autel fumant d’encens devant une idole ; un prêtre aiguisant froidement ses couteaux, un préteur faisant déchirer de sang-froid son semblable à coups de fouet, un fou s’offrant avec joie à tous les tourments qu’on lui montre et défiant ses bourreaux ; un peuple effrayé, des enfants qui détournent la vue et se renversent sur le sein de leurs mères, des licteurs écartant la foule, en un mot, tous les accidents de ces sortes de spectacles ?
Enfants, on nous berce avec elle ; vieillards, nous lui devons encore quelques illusions, et elle nous conduit gaiement au terme de la vie.
Comment voudrions-nous imposer à nos enfants un joug que nous n’aurions pas voulu recevoir de nos pères ?
« Ce phénomène a dû se manifester chez les peuples neufs, tout comme chez les autres peuples ; c’est un phénomène analogue à celui que l’on peut supposer dans les enfants et dans les sourds-muets.
Mme la Mise de Blocqueville16 I D’habitude, je ne vais pas volontiers, de ma propre impulsion, aux livres des femmes… Je suis si profondément convaincu de l’impossibilité absolue où elles sont de toucher à un grand nombre de sujets, qu’il faut, de deux choses l’une, pour que ma critique s’en occupe : qu’elles aient, à tort ou à raison, leur place, comme les pauvres enfants de Pascal, au soleil de la littérature, ou l’un de ces mérites qui tranchent tout et classent haut… Mme la marquise de Blocqueville, l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins, est-elle dans cette alternative ?
Elle y filtre et s’y étend, comme une eau morne — silencieusement — en attendant qu’elle y bouillonne… Le dernier roman qu’elle ait publié s’appelle : Une faiblesse de Minerve, et certes, ce n’est pas elle qui est Minerve, Mme Claire de Chandeneux ; car Minerve, c’était la Sagesse, et pour cette raison, la Mythologie ne lui a jamais fait faire d’enfants ; mais si elle n’est pas Minerve, elle est sans faiblesse.
« L’homme, dit-il, est le souverain ; la femme, le ministre ; l’enfant, le sujet » ; ce qui fait une hiérarchie devant Dieu, et non pas une égalité.
Il n’avait pas cette fraîche haleine de créateur qui, comme celle d’un enfant, pousse une bulle de savon dans le bleu des airs et l’y fait planer immortelle !
De là, l’inaptitude à élever les enfants pour cette pauvre chose qu’on appelle encore la femme !
Le duc de Bourgogne, c’était alors Philippe le Bon, comme dit l’histoire avec une profonde duperie ou une ironie plus profonde (on ne sait pas lequel des deux), et il usa, cet excellent duc, de sa victoire, avec la cruauté insolente et rapace d’un Bon de son espèce… Élargi un moment, au prix de ses deux enfants laissés comme otages, mais se souvenant, dit son historien, qu’il était le petit-fils du roi Jean, et revenu bientôt se remettre dans les dures mains de son vainqueur, René d’Anjou, au moment même où la France se réconciliait avec la Bourgogne et allait jeter à la porte l’Anglais, fut abandonné tout à coup par Charles VII, pour lequel il avait combattu.
Le divorce, que Bellegarrigue, dans son style mécanique, appelle un mariage à soupape, pour l’opposer au mariage en cul-de-sac, ainsi qu’il nomme ignoblement la sainte indissolubilité du mariage contracté, en vue des enfants, pour l’éternité, devant Dieu.
Elle a la cruauté curieuse et despotique de l’enfant qui arrache les ailes à un hanneton, et qui, si le hanneton blessé s’éloigne et s’enfuit sur ses pattes, l’arrête et veut qu’il reste là !
C’est évidemment de l’admiration de Shakespeare qu’il est parti pour arriver à une théorie historique dont le puissant génie de Shakespeare, agissant tout uniment comme les mères qui font de beaux enfants, ne se doutait pas ; et cette théorie, il l’a détaillée, il l’a caressée dans une introduction qui n’est pas, certes !
Martin — Abailard, tout grand qu’il est, est bien petit par le cœur auprès de la sublime enfant qu’il enchaîne à sa destinée… L’importance du personnage d’Héloïse, c’est qu’elle ne change pas intérieurement, qu’elle ne subit pas la mort mystique du cloître, c’est qu’elle ne se repent jamais (tiens !
Il a rappelé que l’Ordre teutonique fondé pour combattre les Musulmans et déviant de son institution en faisant, au nom de Dieu, une guerre atroce aux Slaves, aux Danois, aux Lithuaniens, aux Poméraniens, un cri sacerdotal indigné sortit de la poitrine d’un évêque et monta vers Innocent III, qui s’opposa aux esclavages et réclama la liberté des enfants de Dieu.
Sans amitié, sans préférence, sans chaleur, sans passion, indifférent à tout, et ne faisant acte de pouvoir, et d’un pouvoir jaloux, que dans la liste des invités de ses soupers, Louis XV apparaissait, dans le fond des petits appartements de Versailles, comme un grand et maussade et triste enfant, avec quelque chose dans l’esprit de sec, de méchant, de sarcastique, qui était comme la vengeance des malaises de son humeur… Un sentiment de vide, de solitude, un grand embarras de la volonté et de la liberté, joint à des besoins physiques impérieux et dont l’emportementrappelait les premiers Bourbons, c’est là Louis XV à vingt ans, c’est là le souverain en lequel existait une vague aspiration au plaisir et le désir et l’attente inquiète de la domination d’une femme passionnée, ou intelligente, ou amusante… Il appelait, sans se l’avouer à lui-même une liaison qui l’enlevât à la persistance de ses tristesses, à la paresse de ses caprices, qui réveillât ou étourdît sa vie en lui apportant les violences de la passion ou le tapage de la gaieté.
Est-ce que, dans la vie des hommes faits, on a besoin de parler de leurs petites maladies d’enfants ?
C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes dans la petite main d’un enfant !
« Le duc de Nivernois qui n’avait pas — (dit-il ailleurs) — plus de vitalité qu’un enfant gâté malade… » S’il trouvait les femmes plus sensées, c’est qu’il les jugeait — et peut-être un peu trop — à travers Madame Du Deffand, qui avait certainement plus de raison et de piquant en son petit doigt de vieille fée que tous les encyclopédistes dans leurs abominables caboches !
Lacordaire ne l’éteint pas, il est vrai, ce nimbe du surnaturel et du divin autour de la tête pâle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais il le voile, pour qu’on aperçoive mieux combien cette tête est humainement belle et pour que ceux qui sourient du nimbe soient touchés au moins de la beauté du plus beau et du plus doux des enfants des hommes !
, mais c’était la déification de l’humanité par la femme ; et le culte de cette religion fut l’adoration de la femme, qui, dans un temps qu’on ne précisait pas, devait faire des enfants toute seule… Je me contenterai de ce léger détail pour donner une idée de cet Illuminé ténébreux et à tendresse pleurnicheuse, malgré ses mathématiques, à qui quelques vieilles femmes et quelques très jeunes gens firent une rente, mais dont le dévouement ne put le tirer du fond de son puits, où il resta ; — seul rapport qu’il eût jamais, le pauvre homme !
C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes, dans la petite main d’un enfant !
L’abbé Gratry, que la force intellectuelle du prêtre préserverait de cette philosophie d’inanité quand son ferme esprit ne l’en préserverait pas naturellement, l’abbé Gratry, qui a éprouvé en lisant Hegel quelque chose de la sublime angoisse des beaux enfants du Songe de Jean-Paul, quand la voix du jugement leur crie : « Il n’y a pas de Christ !
Du Clésieux, dans son poème, est resté jusqu’à la dernière page et jusqu’à son dernier vers dans la beauté du sentiment chrétien le plus pur, et cette beauté s’ajoute à celle de l’émotion humaine qui fait palpiter tout son poème, comme un cœur vivant… IV Rien de plus simple que ce roman en vers qui pourrait bien être une histoire, et cette simplicité est si grande que la donnée du poème peut se raconter en deux mots… Le héros du livre, qui n’est pas nommé dans le poème, l’amant d’Armelle, est un Childe Harold de ce temps où toute âme un peu haute est plus ou moins Childe Harold, et n’a pas besoin d’aller au fond de toutes les coupes que nous tend le monde pour s’en détourner et revenir à la solitude, — et pour s’essuyer, comme un enfant à la robe de sa mère, de ses souillures et de ses dégoûts, à la Nature.
, Les Heures fatales, A un nuage passant sur le Marboré, Pandore, Fleur de tombe, à Venise, Le Livre inconnu et la plupart des pièces que le poète adresse à ses enfants.
Croira-t-on qu’à propos de cette interminable légende de Merlin, bonne pour faire dormir forcément les enfants trop éveillés, quand ils ne sont pas sages, on a parlé d’un Essai d’histoire idéale, qui doit féconder et transfigurer le champ épuisé de l’histoire réelle ?
Goethe, qui n’a pas beaucoup de grands mots à sa charge, en a un superbe, quand il dit qu’on ne sait pas plus comment les poètes s’y prennent pour faire de beaux vers qu’on ne sait comment les femmes s’y prennent pour faire de beaux enfants… Et il a raison, pour cette fois !
Il l’a écrite pour ses enfants et à la troisième personne, et la prose de ce poète, qui a coulé la sienne dans ce moule à balles du vers, du vers qui concentre si fort la pensée, prouve une fois de plus que c’est avec des poètes qu’on fait les plus grands prosateurs !
Il n’était point dédaigneux de la gloire, mais il était bon enfant avec elle, qui devait le prendre au lit, comme l’homme de la fortune, dans La Fontaine, si elle le prenait un jour.
Mais, enfin, j’en acceptais l’incompréhensibilité, tant j’étais bon enfant d’espérance !
Avocat, sans causes, au Parlement, et père de quatre enfants, eu proie à ces tortionnantes délices paternelles qu’on savoure quand on n’a pas le sou, doué d’une intelligence plus apte à s’assimiler qu’à produire, il suivit le conseil de son protecteur, l’abbé de Lyonne, d’étudier la langue espagnole pour traduire des livres espagnols, et il se trempa dans l’Espagne des livres, au lieu de se tremper dans l’Espagne de la réalité.
Comme moralité, « Balzac est un enfant du xviiie siècle. » C’est tout à la fois « un matérialiste » et « un sceptique. » C’est par matérialisme, le croirait-on !
Raymond Brucker vint à la Foi catholique comme l’enfant vient à l’existence, la tête la première.
C’est chose curieuse à remarquer que cet esprit qui vient après le grand mouvement satirique et démolisseur du dix-huitième siècle, et auquel Voltaire aurait su gré, pour l’idée seulement (car le pauvre grand homme ne s’y connaissait guère quant au reste), de toutes ces caricatures monacales, — moines bâillants, moines goinfrants, têtes carrées d’assassins se préparant à matines, têtes rusées, hypocrites, fines et méchantes comme des profils d’oiseaux de proie ; — il est curieux, dis-je, que ce haïsseur de moines ait tant rêvé sorcières, sabbat, diableries, enfants qu’on fait cuire à la broche, que sais-je ?
Ce sont alors des paraphrases et des lieux communs de la morale la plus commune : on croit voir un grand homme qui fait le catéchisme à des enfants ; à la vérité il se relève, mais il faut attendre.
C’est par loi que la famille est prospère en beaux enfants et en belles moissons, ô déesse !
De même que les enfants, auxquels on les compare, s’il leur vient à l’esprit une sottise ou une énormité, nos vieux conteurs n’hésitent pas à la dire ou plutôt à la lâcher telle quelle : n’est-ce pas admirable ? […] On a pour eux ce genre d’admiration que l’on a pour les enfants terribles, qui ne paraissent jamais si spirituels que quand ils manquent de tact. […] C’est la question que l’on se fait, quand on la voit à peu près uniquement occupée de ses distributions de prix, et, entre temps, d’un Dictionnaire historique de la langue française, qui, depuis trente ans bientôt qu’il a commencé de paraître, n’a pas encore atteint la lettre B. « Mais pourquoi ne veux-tu pas dire A, demandait-on à cet enfant, puisque tu le peux et que tu le sais ? […] On a dit de Rousseau, — la phrase est trop jolie pour ne pas la citer, — qu’il « réunissait en lui la sensibilité d’une femme, l’imagination d’un Oriental, la sensualité d’un enfant, l’impétuosité d’un sauvage, l’amour-propre d’un artiste, la vigueur d’un athlète et la faiblesse d’un amoureux ». […] — Alors, dans le fond des provinces les femmes des vétérinaires, au lieu d’élever leurs enfants et de surveiller leur cuisinière, se plaignirent d’être incomprises.
La main de l’enfant s’essaie naturellement à construire. […] Exerçons donc l’enfant au travail manuel, et n’abandonnons pas cet enseignement à un manœuvre. […] Car l’enfant est chercheur et inventeur, toujours à l’affût de la nouveauté, impatient de la règle, enfin plus près de la nature que l’homme fait. […] C’est dire que l’enfant devra d’abord la réinventer, ou, en d’autres termes, s’approprier jusqu’à un certain point l’inspiration de l’auteur. […] L’enfant avait un an à peine quand les événements de 1814 forcèrent sa famille à quitter Namur.
Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants. […] Le bonhomme avait prévu tout cela ; il en avait prévu bien d’autres ; il avait, croyons-le, nommément prévu Taine ; il savait qu’un faisceau est plus et autre que la somme arithmétique des dards ; il savait que l’homme est plus et autre que la somme arithmétique des sections, qu’un livre est plus et autre que la somme arithmétique des chapitres ; séparer les éléments du faisceau, c’est le meilleur, c’est le seul moyen de le rompre ; mais dans l’histoire il ne s’agit pas de rompre la réalité, de briser son auteur, de fracturer son texte ; il faut les rendre, les entendre, les interpréter, les représenter ; on me permettra de citer sur une édition non savante : Un vieillard près d’aller où la mort l’appeloit, Mes chers enfants, dit-il, (à ses fils il parloit), Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble. […] Car vraiment si l’historien est si parfaitement, si complètement, si totalement renseigné sur les conditions mêmes qui forment et qui fabriquent le génie, et premièrement si nous accordons que ce soient des conditions extérieures saisissables, connaissables, connues, qui forment tout le génie, et non seulement le génie, mais à plus forte raison le talent, et les peuples, et les cultures, et les humanités, si vraiment on ne peut rien leur cacher, à ces historiens, qui ne voit qu’ils ont découvert, obtenu, qu’ils tiennent le secret du génie même, et de tout le reste, que dès lors ils peuvent en régler la production, la fabrication, qu’en définitive donc ils peuvent produire, fabriquer, ou tout au moins que sous leur gouvernement on peut produire, fabriquer le génie même, et tout le reste ; car dans l’ordre des sciences concrètes qui ne sont pas les sciences de l’histoire, dans les sciences physiques, chimiques, naturelles, connaître exactement, entièrement les conditions antérieures et extérieures, ambiantes, qui déterminent les phénomènes, c’est littéralement avoir en mains la production même des phénomènes ; pareillement en histoire, si nous connaissons exactement, entièrement les conditions physiques, chimiques, naturelles, sociales qui déterminent les peuples, les cultures, les talents, les génies, toutes les créations humaines, et les humanités mêmes, et si vraiment d’abord ces conditions extérieures, antérieures et ambiantes, déterminent rigoureusement les conditions humaines, et les créations humaines, si de telles causes déterminent rigoureusement de tels effets par une liaison causale rigoureusement déterminante, nous tenons vraiment le secret du génie même, du talent, des peuples et des cultures, le secret de toute humanité ; on me pardonnera de parler enfin un langage théologique ; la fréquentation de Renan, sinon de Taine, m’y conduit ; Renan, plus averti, plus philosophe, plus artiste, plus homme du monde, — et par conséquent plus respectueux de la divinité, — plus hellénique et ainsi plus averti que les dieux sont jaloux de leurs attributions, Renan plus renseigné n’avait guère usurpé que sur les attributions du Dieu tout connaissant ; Taine, plus rentré, plus têtu, plus docte, plus enfoncé, plus enfant aussi, étant plus professeur, surtout plus entier, usurpe aujourd’hui sur la création même ; il entreprend sur Dieu créateur. […] Si quelqu’un pouvait en être attristé, il faudrait lui dire comme le bon curé qui fit trop pleurer ses paroissiens en leur prêchant la Passion : « Mes enfants, ne pleurez pas tant que cela : il y a bien longtemps que c’est arrivé, et puis ce n’est peut-être pas bien vrai. » « La bonne humeur est ainsi le correctif de toute philosophie. »… La réalisation de son Dieu n’arrivera que dans bien longtemps ; et il n’est peut-être pas bien vrai qu’elle doive jamais arriver.
C’est ainsi qu’il dira, par le même jeu de mots que Racine : « Cependant il est certain que pendant qu’il (un mari) faisait brûler ce chaume, sa femme brûlait d’amour avec son galant. » Pour marquer la fécondité des femmes de Clermont, et le grand nombre d’enfants qu’ont la plupart d’entre elles, il dira que la petite vérole, qui est la contagion des enfants, « s’étant répandue, s’est enfin lassée dans la ville, et après en avoir emporté plus de mille, s’est retirée de dépit qu’elle a eu qu’il n’y parût pas ».
Les jeunes Émile et Alfred s’étaient connus de bonne heure, avec quelque inégalité d’âge, l’un tout jeune homme, l’autre enfant ; ils se retrouvèrent après un intervalle, en 1814 ou 1815, dans un bal : quelques mots rapides, communicatifs, les remirent vite au fait de leurs goûts, de leurs rêves et de leurs essais durant l’absence, et le lendemain ils eurent rendez-vous, dans la matinée, pour se confier leurs vers. […] Nisard a dit récemment, en parlant d’Érasme : « Dans ce temps-là on ne connaissait pas le poëte, cet être tombé du ciel et qui meurt sans enfants, et pour qui le monde contemporain n’est qu’un piédestal d’où il s’élance, et où il vient replier de temps en temps ses ailes fatiguées. » Or c’est précisément ce poëte, contesté par l’homme de lettres et par le mondain, que M. de Vigny a voulu, non pas justifier dans des actes de frénésie28, mais plaindre, expliquer et venger aussi d’une oppression que peut-être la défense exagère.
Mme de Sévigné écrivait à sa fille (7 octobre 1676) : « Quant à M. de La Rochefoucauld, il alloit, comme un enfant, revoir Verteuil et les lieux où il a chassé avec tant de plaisir ; je ne dis pas où il a été amoureux, car je ne crois pas que ce qui s’appelle amoureux, il l’ait jamais été. » Lui-même, au rapport de Segrais, disait qu’il n’avait trouvé de l’amour que dans les romans. […] Il avait fait son entrée dans le monde vers 1666, à peu près l’année des Maximes : le livre chagriné et la jeune espérance, ces deux enfants de la Fronde !
entourez-vous de bonne heure de vos enfants. […] La pauvre enfant n’a que le temps de prévenir le voisin aimable et tendre qu’elle n’a jamais vu.
Avec lui nous sommes bien loin de Froissart, si éclatant et si frivole, même de Joinville, si naïf et si enfant. […] Elle épousa un Picard, Étienne Castel, qui la laissa veuve de bonne heure avec plusieurs enfants.
Remarquez que Joad est ou se croit profondément désintéressé, qu’il s’imagine travailler pour Dieu et agir sous son inspiration, que, si j’entends bien la magnifique scène de la prophétie, il sacrifie à ce Dieu la vie de son propre enfant et que la vision du meurtre de Zacharie ne l’empêche point de faire ce qu’il croit être son devoir dans le présent Les fanatiques sont gens fort curieux, surtout dans un drame, où l’on n’a rien à craindre de leur manie. […] Pyrrhus est un sauvage, un brûleur de villes, un tueur de vieillards, de jeunes filles et d’enfants.
Il faudrait faire doucement circuler les dames qui désirent voir onduler leur chapeau aéroplane au-dessus d’une estrade… et flanquer en pénitence les jeunes enfants qui jouent… sur le plateau. […] Je connais des enfants qui ont pris le goût du meurtre au guignol du Luxembourg.
Nous plaignons madame du Barry, tordant ses beaux bras nus sur la charrette du supplice, et criant à Samson, de sa voix d’enfant : « Monsieur le bourreau, ne me faites pas de mal ! […] Maximilien de Ternon, jeune premier de la diplomatie galante, dandy fat et bon enfant, gentleman jusqu’au bout des ongles, un papillon en cravate blanche.
Est-ce qu’il n’y a pas des auteurs pour enfants et même des auteurs pour dames ? […] Cette qualité est frappante dès le second morceau, intitulé Bénédiction, où l’auteur présente l’action fécondante du malheur sur la vie du Poète : il naît, et sa mère se désole d’avoir porté ce fruit sauvage, cet enfant si peu semblable aux autres et dont la destinée lui échappe ; il grandit, et sa femme le prend en dérision et en haine ; elle l’insulte, le trompe et le ruine ; mais le Poète, à travers ces misères, continue de marcher vers son idéal, et la pièce se termine par un cantique doux et grave comme un final d’Haydn : Vers le Ciel où son œil voit un trône splendide, Le Poëte serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux : « — Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés, Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
Sitôt que ces enfants étaient en âge, il leur faisait apprendre à tous un métier de leur goût, n’excluant que les professions oiseuses, futiles, ou sujettes à la mode, telles, par exemple, que celle de perruquier, qui n’est jamais nécessaire, et qui peut devenir inutile d’un jour à l’autre, tant que la nature ne se rebutera pas de nous donner des cheveux. » On reconnaît bien là notre consciencieux abbé qui faisait tout tourner à l’utile, même ses habitudes ancillaires, et qui peuplait de ses bâtards les divers corps de métiers.
Je ne ferai que passer aussi devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix31 ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour vous.
A partir de ce temps, Bettine soigna, peigna, lava si exactement et si longuement chaque matin le petit Casanova dans sa chambre, qu’il faillit en résulter mille accidents ; cette fille malicieuse et ce précoce enfant s’en tirèrent, l’une avec duplicité et coquetterie consommée, l’autre avec une fermeté rare et une sorte de vertu qu’il ne devait pas garder longtemps.
Ouvrez un mystère, celui de Théophile, celui de la fille du roi de Hongrie ; quand on veut la brûler avec son enfant, elle dit deux petits vers « sur cette douce rosée qui est un si pur innocent », et puis c’est tout.
qu’il n’y avait que la France appartenant du même droit à tous ses enfants ?
Vers quinze ans, il quitte le triste château où son noble père vit avec ses sept enfants d’un revenu de 800 à 1 000 livres.
Loiret découvrit Larroumet et le révéla à lui-même : l’enfant sentit sa vocation littéraire, et tourna ses ambitions vers l’École Normale.
Mais il est des heures où les Harmonies, les Contemplations et les Nuits ne nous satisfont plus, où l’on est infâme au point de trouver que Lamartine fait gnangnan, que Hugo fait boum-boum et que les cris et les apostrophes de Musset sont d’un enfant.
Ses enfants continueront son œuvre, rencontreront sans doute des papillons plus éducables et tenteront à leur tour de leur apprendre à vivre.
» Un jour, il accompagne Mme d’Épinay dans une visite qu’elle rend au précepteur de son fils, et, comme on cause de la manière dont l’enfant doit être élevé, Duclos, avec sa brusquerie habituelle, lance tout à coup ces paroles : « N’allez pas faire la bêtise de lui dire du mal des passions et des plaisirs ; j’aimerais autant qu’il fût mort que condamné à n’en pas avoir. » Rousseau va plus loin encore.
Les enfants, les jeunes animaux, les personnes privées de quelque sens, ceux qui nés aveugles ont recouvré la vue, les gens élevés dans la séquestration, comme Gaspard Hauser76 : ce sont là de nombreuses sources d’information dont malheureusement on a fait très rarement usage.
De nombreuses observations étendues aux adultes, aux enfants, aux aliénés, aux diverses races humaines, il conclut que les modes d’expression sont les mêmes partout et qu’ils peuvent s’expliquer par trois principes fondamentaux : la loi d’association ou d’habitude ; le principe de l’antithèse ; l’action directe du système nerveux indépendamment de la volonté, — On peut se demander si Darwin a résolu la question capitale et dernière : pourquoi telle émotion agit sur tel muscle ou tel groupe de muscles plutôt que sur tel autre ; si les trois principes par lui posés sont réellement irréductibles ; si le troisième n’est pas en réalité le fondement des deux autres : l’ouvrage n’en a pas moins une grande valeur psychologique par tes résultats et par la méthode.
V, pag. 282, cite en note une réponse du roi au reproche la tyrannie que lui faisait le prince de Condé : « Je n’ai fait en ma vie acte de tyrannie que quand je vous ai fait reconnaître pour ce que vous n’étiez point. » Ces paroles se rapportent à la cassation ordonnée par le roi, d’un arrêt qui déclarait enfant adultérin le prince de Condé.
L’effort des hommes pour se conformer au précepte, s’il échoua sous sa forme absolue, réussit du moins à contenir la volupté dans les limites de la monogamie, resserrant les mailles de la famille, ce milieu le plus propre, dans une société organisée, à faire éclore, à faire vivre et à développer l’enfant.
Il nous apprend « que toutes choses ne sont pas dans le monde comme elles devraient l’être. » Il nous assure que lorsque le peuple aura le suffrage universel, « les enfants ne demanderont plus à leurs pères le pain qui leur manque et que le vieillard rassasié de jours se réjouira dans le pressentiment intime et mystérieux d’un nouveau printemps et d’une nature nouvelle. » Les seules idées qui aient un peu de corps dans ces écrits sont celles qu’il emprunte à l’école socialiste, école plus riche en penseurs que l’école démocratique, et qui précisément à cette époque commençait à s’allier à elle.
S’il dit : « si l’on croit que c’est par amour pour elle que l’on aime une femme, on est bien trompé », il ne dit point : « si une mère croit que c’est par amour pour lui qu’elle aime son enfant, elle se trompe ».
Les rois étaient enfants de Jupiter, et la volonté des rois était l’expression de la volonté même de Dieu.
Elles touchèrent au bas-bleuisme, mais leurs bas restèrent toujours de soie, blanche ou rose… D’un autre côté, qu’une femme comme Mlle de Sévigné écrivît, si elle le pouvait, de charmants commérages à sa fille, ou comme Mme d’Aulnoy, des contes délicieux pour des enfants, ce n’étaient pas là non plus des Bas-bleus encore.
ce n’est pas nous qui jetterons la pierre au seul gouvernement qui convienne à la Russie actuelle, nous savons trop ce qu’il doit entrer nécessairement de despotisme dans l’éducation des peuples enfants ; nous voulons seulement constater, dans notre limite de critique littéraire, pourquoi il n’y a pas d’histoire en Russie.
Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories.
Le comte de Gasparin, qui brise superbement les religions constituées, comme les Iconoclastes, ces enfants dans le protestantisme, brisaient les images ; le comte de Gasparin, ce protestant devenu si homme, l’est tellement devenu qu’il veut échapper aux conditions de la réalité humaine, que Jésus-Christ lui-même n’a pas changées, en apparaissant parmi nous.
Tant de mains que l’on croyait puissantes s’étaient blessées, comme des mains d’enfant, à pousser ce cerceau dans le vide, que nous nous demandions s’il fallait accuser la faiblesse maladroite des hommes ou la difficulté radicale du problème.
Elle a dit, dans leur pure beauté, les faits, qui furent, pour Madame Louise de France, l’accomplissement de ses devoirs, et que le tordeur de textes au compte de la Revue des Deux Mondes, ce travailleur en difformités, a hideusement déformés, — comme un de ces sinistres bateleurs qui font avec de beaux enfants des monstres, et qui vivent de ces monstruosités !
Il est à sa singulière héroïne ce qu’elle-même est à son enfant.
— finissent délicieusement par des mariages d’amour, comme dans les Contes de fées, et ils poussent le bonheur jusqu’à n’avoir pas beaucoup d’enfants, car Jean-Théodore, qui a abdiqué par amour, n’en a qu’un.
» Oui, pour Gérard d’Houville, et c’est elle que l’on se représente aujourd’hui le plus volontiers tapie au pied de ces passants ombreux, tels les enfants qui, de leur vif éclat, animent le premier plan des grandes toiles de Véronèse. […] Nul n’en a mieux conscience que Blaise lui-même : lorsque sa tante Céline s’écrie : « Hélas, malheureux enfant, tu aventures ce que tu possèdes de plus précieux » il répartit : « Ah ! […] » Point culminant dans la mémoire de Blaise parce que c’est celui où il a respiré à pleins poumons ; « ce qui est sûr, devait-il avouer plus tard, c’est qu’il m’était impossible de considérer un seul instant l’idée du retourfg », et en fin de compte c’est la mort d’un de ses enfants qui le ramène définitivement au foyer. […] Esprit de la même famille que Strachey, non moins désabusé, non moins amène ; où cependant, par rapport à Strachey, la silhouette un peu uniforme de la sagesse tient parfois lieu du modelé composite de l’expérience ; plus porté par contre à l’enjouement, et où la constatation a pour coquetterie je ne sais quelle ingénuité, comme d’un Chérubin averti ouvrant encore sur le spectacle la fraîcheur de ses yeux d’enfant. […] Et voici comment il dénonce, masqué sous « toutes les apparences de l’humilitéjg », l’orgueil du déiste ou de l’athée, voici le langage qu’il leur prête, puis le commentaire qu’il en donne : « Je ne suis pas un enfant.
Et quand Swift faisant sa proposition modeste pour empêcher que les enfants des pauvres en Irlande ne soient une charge à leurs parents ou à leurs pays, et pour les rendre utiles au public, développe les avantages qu’il y aurait à manger les petits Irlandais, l’ironie qu’il étale est si peu comique qu’elle est plus tragique que la tragédie, et son rire est si peu gai qu’il est beaucoup plus amer que les pleurs. […] « Pour ce qui est des enfants par l’oreille, dit-il, ils ne sont plaisants que par réflexion à Arnolphe, et l’auteur n’a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une chose qui caractérise l’homme75. » En ce cas, Molière est parfois comique sans le savoir et sans le vouloir. […] Dans Le Misanthrope, c’est Philinte qui prêche Alceste, et dans le Tartuffe, c’est Cléante qui prêche tout le monde : les dévots et les libertins, les hypocrites et les dupes, Orgon qui chérit Tartuffe plus que frères, enfants, mère, femme et lui-même, Tartuffe qui fait chasser Damis de la maison, et Damis qui veut lui couper les deux oreilles.
Nous le voyons du reste clairement dans nos propres enfants : nul ne peut savoir s’ils seront grands ou petits, et quels seront précisément leurs traits. […] Néanmoins, l’effet d’une cause qui agit ainsi dans le jeune âge et parfois à une époque antérieure à la formation de l’embryon, peut ne se produire que tard dans la vie : c’est de cette manière qu’une maladie héréditaire, qui apparaît seulement dans la vieillesse, est communiquée à l’enfant par l’élément reproducteur d’un de ses parents. […] Je suis loin pourtant de vouloir affirmer qu’il en soit toujours ainsi ; et je pourrais citer des cas nombreux de variations, le mot étant pris en un sens très large, qui sont survenues plus tôt chez l’enfant que chez le parent qui les lui avait léguées.
Il ne reconnaissait plus sa femme et ses enfants il pouvait dire cependant, en les apercevant, que c’était une femme, que c’étaient des enfants. […] Mais l’enfant saurait alors répéter tous les mots que son oreille distingue ; et nous-mêmes, nous n’aurions qu’à comprendre une langue étrangère pour la prononcer avec l’accent juste.
Ces hommes d’État, si sûrs de leur fait, se sont trouvés des enfants. […] On ne se discipline pas soi-même ; des enfants mis ensemble sans maître ne s’élèvent pas ; ils jouent et perdent leur temps. […] J’avoue que je préférerais un système plus représentatif encore, et où la femme, l’enfant fussent comptés. Je voudrais que, dans les élections primaires, l’homme marié votât pour sa femme (en d’autres termes, que sa voix comptât pour deux ), que le père votât pour ses enfants mineurs ; je concevrais même la mère, la sœur confiant leur pouvoir à un fils, à un frère majeurs.
Ainsi, certaines superstitions familiales vouent les enfants au bleu et au blanc. Ces enfants qui n’ont droit, en fait de couleurs, qu’à celles de la Vierge Marie, peuvent, sans abus de confiance métaphorique, signifier tout ce qu’il entre de restrictif dans l’idée de vocation, puisqu’elle est non la chance d’aller à quelque point de nouvelles vues, par un chemin modeste, mais l’interdiction de regarder hors de ce chemin, qui, d’ailleurs, se termine toujours en cul-de-sac. […] Voici les faits : Enfant, comme je l’ai dit, on avait tout fait pour me dégoûter des animaux. […] Elle ouvre son giron, elle ne demande qu’à être la maman Kangourou de tous les enfants prodigues. […] Pouvait-on signifier plus clairement que les parents aiment à scier, raboter, varloper le malheur de leurs enfants.
Elle n’est que l’opinion d’un poète dont les écrits philosophiques ont assez peu d’importance à leurs yeux, et que madame de Staël caractérise en ces mots : Il n’a fait dans la philosophie qui accoutumer les hommes à jouer comme les enfants avec ce qu’ils redoutent. […] Les mères, fermant leurs cabanes, arrivent avec leurs enfants, et les jeunes filles laissent leurs fuseaux, leurs brebis, et les fontaines, pour se rendre à la pompe rustique. […] Il voyait la femme et les enfants pleurer d’une joie inconnue ; bientôt, subjugué par un attrait irrésistible, il tombait au pied de la croix, et mêlait des torrents de larmes aux eaux régénératrices qui coulaient sur sa tête. […] Une tente, une table frugale, des serviteurs rustiques, c’est tout ce que retrouvent les enfants de Jacob chez leur père. […] Témoins les deux jeunes enfants Zélandais, qui découvrirent en jouant le télescope.
On rapporte qu’à celle de Rome, pendant que les religieux récitoient dévotement les litanies, un d’eux apperçut la sainte vierge sur l’autel avec l’enfant Jésus, lui disant plusieurs fois : Mon fils exaucez-les. […] Celui-là disoit mystérieusement que frère Jean des Vallées, par grace spéciale de saint François, sentoit, de quatorze lieues loin, l’odeur de la venue du frère Juniperus, dont le grand amusement consistoit à jouer, avec un enfant, à la bascule ou hausse qui baisse. […] Notre capuce est rond, disoient-ils, il est fait à la manière d’un beguin de petit enfant. […] Les dominicains en font saint Thomas le père : mais, que ce soit ou ne soit pas un enfant supposé, la discussion est inutile. […] Si cependant le saint siège veut y faire des changemens, je suis enfant d’obéissance, de l’église Romaine dans laquelle j’ai vécu jusqu’à la mort : telle est ma dernière volonté ».
Pour donner une idée juste de la poësie de Buchanan, il suffiroit de rapporter cette description où il peint la manière dont saint François éteignit les feux de l’amour, & l’histoire de cette fille qui, déguisée en cordelier, allant de Toulouse à Bordeaux, sur la Garonne, accoucha dans le bateau, & fut trahie par les cris de l’enfant. Les uns étoient fort étonnés, & croyoient à peine ce qu’ils avoient entendu ; les autres rioient beaucoup ; d’autres étoient d’avis qu’on jettât, dans l’eau, le moine, la mère & l’enfant, & qu’on appaisât la colère céleste. […] Il comparoit l’académie à une femme en travail d’enfant, & ajoutoit que, pour être si longtemps à accoucher, elle n’enfanteroit pas un meilleur ouvrage : Après que le soleil du midi jusqu’à l’ourse, Cinquante fois aura fourni sa course, Le cruel ciseau d’Atropos Retranchera les jours d’une illustre princesse, Grosse de phrases & de mots ; Et, malgré sa longue promesse De faire naître un enfant Dieu donné, Qui mettroit aux François l’éloquence à la bouche, On la verra mourir dans sa première couche, Et n’accoucher que d’un enfant mort né. […] L’évêque de Montauban, dont il est diocésain, révoque l’exeat qu’il lui a donné, pleure sur cet enfant de perdition, & lui ordonne le séminaire. […] L’abbé, redevenu enfant chéri de cette église, voulut encore être rétabli dans tous ses droits de bachelier.
Qui ne le sait, que les drames d’Hugo, de Musset, de Damas lui-même, que les romans, le Stella de Vigny, l’Indiana, la Valentine, la Lélia de George Sand, la Confession d’un enfant du siècle, qui sont ce qu’il y a de plus « romantique » en français, sont aussi ce qu’il y a de plus « personnel » ? […] Musset achevait d’user dans la débauche une vie dont l’erreur avait été de vouloir se conformer au caractère de sa poésie : l’enfant terrible du parti en était devenu la plus lamentable victime ! […] Le Fils du pape, L’Enfant de bonne maison, Les Révérends Pères, et Le Vieux Caporal] ; — et plus perfides ; — en même temps que plus adroits. — On ne flatte pas plus habilement des passions, — qu’il ne semble pas que Béranger partageât lui-même ; — et on ne fait pas plus ingénieusement servir une philosophie plus plate [Cf. […] XIII, 1857 ; — Alfred de Musset : ses Nuits ; et sa Confession d’un enfant du siècle, 1835 ; — George Sand, Elle et Lui, Paris, 1859 ; — Paul de Musset, Lui et Elle, Paris, 1860 ; et Biographie d’Alfred de Musset, Paris, 1877 ; — Mme O. […] Dumas fils’]. — L’imagination, le style, et toute intention d’art y font également défaut ; — et on n’y est frappé de rien tant que de l’ignorance prodigieuse de l’auteur ; — si ce n’est de sa suffisance ; — qui sont deux legs de son « grand enfant » et de son « bon garçon de père » [Cf.
Ce droit des boulets et des bombes sur la tête des rois, des femmes, des enfants, des jeunes princesses d’une maison royale avec laquelle on n’est pas en guerre, est-il devenu le droit des rois contre les rois de la même famille ? […] XXIII Ainsi encore, qu’un jeune roi de Naples, à peine échappé à la tutelle ombrageuse de son père, élevé, dans la solitude royale de Caserte, à cultiver un jardin royal pour toute instruction politique, monte, encore enfant, sur le trône et s’y tienne à tâtons pendant un orage ; qu’ensuite il jette une constitution hasardée à ses peuples pour apaiser l’insurrection de Sicile, comme on jette un à un ses vêtements royaux derrière soi pour retarder la poursuite de la révolution pendant qu’elle les ramasse ; Qu’il décompose lui-même son armée par les conseils de ministres incapables ou perfides ; Que ses oncles même abandonnent ce malheureux neveu pour aller se joindre à ses ennemis ; Qu’il sorte de sa capitale pour en écarter les bombes et les obus des Piémontais ; qu’il reprenne courage dans l’honneur et dans le désespoir ; qu’il s’abrite avec ses derniers défenseurs, avec sa mère, ses frères, ses jeunes sœurs, dans une ville de guerre pour tomber au moins avec la majesté, le courage du soldat, sur le dernier morceau de rocher de sa patrie ; et que le Piémont, étranger à cette question entre les Napolitains et leur jeune roi, avec lequel le patriotisme et la liberté les réconciliaient, entre, sans querelles, sans déclaration de guerre, avec ses armées dans le royaume, et vienne, auxiliaire de l’expulsion, écraser de ses boulets les casemates de Gaëte devenues le dernier palais d’un dernier Bourbon : quel droit peut alléguer contre son parent innocent le roi de Piémont, pour s’emparer du trône démoli par ses canons ?
Né comme par miracle hors de son siècle, il appartenait tout entier à des temps qui ne sont plus, et il avait été donné à l’Italie comme un monument de ce qu’avaient été ses enfants, comme un gage de ce qu’ils pouvaient être encore. […] Mme de Staël a auprès d’elle tous ses enfants, mais l’aîné est sur le point de partir pour l’Amérique ; il va reconnaître les terres qu’ils y possèdent et prendre des arrangements pour le voyage de sa mère elle-même, car celle-ci veut dans une année chercher la paix et la liberté au-delà de l’Atlantique.
D’une génération à celle qui la suit, si certains grands principes subsistent, une foule d’applications, d’habitudes particulières, d’appréciations, changent au point de séparer parfois assez profondément les parents et les enfants. […] Et l’on ne peut dire encore où aboutira cette transformation qui part de la famille de la cité antique et semble actuellement se diriger vers l’amour libre et la socialisation de l’enfant.
Non mes enfants, il faut, en outre, être des romanciers profonds. […] Quand j’étais enfant, dans les provinces du Centre, toutes les fois qu’il y avait dans les jeux à mesurer une distance sur le terrain, par exemple pour les « prisonniers » aux « barres », on se gardait bien de mesurer par enjambées, parce qu’on pensait que même involontairement des enjambées pouvaient être inégales.
L’enfant s’approcha et balbutia en rougissant : « Citoyen, voulez-vous me permettre de vous servir la messe Chut ! […] Pinault et du portier Hanique, les « bons enfants » (c’était ainsi que nous nous appelions avec une modestie d’assez bon goût) recevant la direction plane, simple, droite, et tout bonnement chrétienne de M.
En ce moment une troupe de jeunes enfants traverse le devant de la scène d’un pas plus rapide, puis une autre ; il y a deux rythmes de marche en présence. […] Ses gestes sont lourds et gauches : il a l’air étonné comme un innocent (c’est le mot populaire qui peut le mieux rendre l’expression allemande : thor) ; il pleure, rit, brusquement ; les émotions le trouvent sans force, et le récit de la mort de sa mère le fait souffrir comme une blessure ; il bondit pour étrangler Kundry, puis tombe inanimé : c’est bien là le sauvage, le grand enfant.
Eyton, qui avait élevé deux hybrides provenant des mêmes parents, mais de différentes pontes ; et de ses deux oiseaux, il réussit à élever non moins de huit hybrides d’une seule couvée, qui se trouvaient être ainsi les petits enfants de deux espèces pures. […] En somme, je suis entièrement d’accord avec le docteur Prosper Lucas, qui, après avoir classé une masse énorme de faits concernant les généalogies des animaux, est arrivé à conclure que les lois de la ressemblance de l’enfant à ses parents sont absolument les mêmes, quel que soit le degré de ressemblance des parents entre eux, c’est-à-dire que l’union ait lieu entre deux individus de la même variété, entre deux variétés différentes, ou enfin entre deux espèces distinctes.
Catherine, connaissant l’humeur et l’étourderie, le mélange de faiblesse et de violence du grand-duc, et voyant éclater les premiers symptômes graves de sa désaffection à l’occasion de sa seconde grossesse, où elle accoucha d’une fille (décembre 1758), s’était à l’avance posé tous les cas, toutes les chances, et elle les énumérait ainsi : ou bien, 1°, s’attacher à lui, lier sa fortune à la sienne, quelle qu’elle fût ; ou bien, 2°, rester exposée à toute heure à ce qu’il lui plairait de disposer pour ou contre elle ; ou enfin, 3°, prendre une route indépendante de tout événement ; mais laissons-la s’exprimer elle-même : « Pour parler plus clair, il s’agissait de périr avec lui ou par lui, ou bien aussi de me sauver moi-même, mes enfants et peut-être l’État, du naufrage dont toutes les facultés morales et physiques de ce prince faisaient prévoir le danger.
Il a remarqué aussi que, pour l’agriculture, ce qui a été considéré politiquement comme une des conquêtes de 1789, l’extrême division des propriétés, due à la loi des successions et au partage égal entre les enfants, a eu en certaines contrées des effets funestes pour la meilleure exploitation des terres, et peut-être pour la condition des petits propriétaires eux-mêmes.
Accompagnée de ses deux enfants, la généreuse épouse va de commune en commune soulever la pitié et la justice publiques pour un homme aimé et honoré de tout le pays.
L’esprit humain se comporte-t-il donc comme ces enfants qui, dès qu’ils ont un beau jouet, n’ont de cesse qu’ils ne l’aient démonté et mis en pièces ?
En fait de mythologie, rien n’égale chez Le Brun la strophe suivante, tirée de l’ode sur le triomphe de nos Paysages, et que Charles Nodier aime à citer avec sourire : La colline qui vers le pôle Borne nos fertiles marais, Occupe les enfants d’Éole A broyer les dons de Cérès.
Mais dans le cas où l’humanité ne serait pas encore tout à fait adulte et où elle n’aurait pas entièrement accompli, selon l’idée de Lessing, son éducation sous la main de Dieu, la psychologie actuelle ne serait pas elle-même définitive ni concluante, pas plus que celle de l’enfant ou de l’adolescent, par rapport à la condition de l’homme fait.
« Comme pour achever l’œuvre des âges, les des Esseintes marièrent pendant deux siècles leurs enfants entre eux, usant leur reste de vigueur dans les unions consanguines. » Père mort, il y a treize ans — des Esseintes atteignait alors sa dix-septième année — « d’une maladie vague ».
La peine se multiplie par la peine, et le but s’éloigne par l’action même du désir ; et dans ce tableau qui semblerait ne devoir rappeler que l’histoire d’un enfant, se trouvent les douleurs d’un homme, les mouvements qui conduisent au désespoir et font haïr la vie ; tant les intérêts s’accroissent par l’intensité de l’attention qu’on y attache ; tant la sensation qu’on éprouve, naît du caractère qui la reçoit bien plus que de l’objet qui la donne.
Il n’est permis qu’aux enfants de prendre le bois de Boulogne pour une forêt vierge et d’y ressentir les émotions des trappeurs de Cooper et de Gustave Aymard.
« Le portrait qu’il trace du Français, de corps chétif, sans vigueur musculaire, incapable d’avoir des enfants, ignorant l’orthographe (t la géographie, hors d’état d’apprendre une langue étrangère, libre penseur sans avoir jamais pensé, ne songeant qu’à être décoré d’un ordre quelconque et à émarger au budget, dépaysé quand il a dépassé le boulevard des Italiens, hostile au gouvernement et acceptant servilement tous les régimes, incapable de comprendre ni les mathématiques, ni le jeu d’échecs, ni la comptabilité ; ce portrait, dis-je, est une vraie caricature.
Ils n’eurent qu’à interroger leurs élèves ; et ils constatèrent que le don de réfléchir sur les impressions d’une lecture, d’aller au-delà du sens littéral pour jouir de toute la force d’une pensée ou de toute la beauté d’une forme, n’était pas un don inné chez la plupart, que, dans la lecture, comme en tout, la nature humaine fuyait la peine, et qu’il fallait exercer les enfants et les jeunes gens à user de toute leur intelligence.
Catherine de Médicis en avait introduit l’usage à la cour de France et inspiré le goût à ses enfants.
J’ai bataillé souvent moi-même sur ce sujet avec un ami chroniqueur d’art : il est circonspect avec son plaisir comme ces enfants peureux de casser leurs joujoux en en cherchant les rouages : mais il suffit de notions de mécanique pour les démonter sans danger.
Les joies paisibles de la famille, les caresses naïves des enfants, les flatteries enivrées recueillies par les jeunes filles florissantes, et rapportées fidèlement au cœur de l’orgueilleuse mère, rien de tout cela ne m’appartiendra plus : la foule ignorante comptera mes regrets par ses désirs, et je triompherai de sa méprise.
Ainsi l’expression « petits enfants » au vocatif (Jean, XIII, 33) est très-fréquente dans la première épître de Jean.
Un homme de ses amis (l’abbé Arnauld), qui avait aussi peu d’imagination que possible, en a trouvé pour la peindre, lorsqu’il nous dit : Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de monsieur son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poètes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatait d’agrément dans la mère et dans les enfants !
Le maréchal de Richelieu, cet enfant gâté du xviiie siècle et de Voltaire, ce dernier type d’éternel courtisan qui relaya le comte de Grammont, désira aussi avoir son historien.
Langeais, poursuivi par sa femme, au parlement de Paris, pour cause d’impuissance ; & par une fille, au parlement de Rennes, pour lui avoir fait un enfant.
L’organe de l’amour des enfants ou philogéniture, placé par Gall à l’extrémité postérieure des hémisphères cérébraux, formait, suivant lui une saillie très-frappante chez les femmes et chez les femelles des animaux.
Son adresse consiste à inventer des situations délicates où le père se trouve en compromis avec ses enfants, l’amant avec la personne aimée, l’intérêt avec l’amitié, l’honneur avec l’amour.
C’est ainsi que l’enfant reçoit de ses parents des facultés et des prédispositions qui n’entrent en jeu que tardivement dans sa vie.
Cependant, et l’Académie, et lui, ont joué à la bascule, comme les enfants, sans pouvoir convenir d’un équilibre qui leur aurait sauvé, à l’un et à l’autre, tant de mauvaises démarches dont le public se divertit. » 9 Ces deux témoignages, rapprochés de la dernière phrase de la lettre de Bussy, et de l’approbation de Bossuet10, sont la meilleure caution de Furetière et sa véritable oraison funèbre.
C’était une enfant de la pâle et sainte misère et de la rose Patience, comme dit si profondément Shakespeare, qui se connaissait en Anges, mais qui, lui, ne les avait pas vus !
On pourrait citer celle de Cateau-la-Borgnesse (page 178), et la plaisanterie un peu forte de l’accouchement supposé de Marie-Anne Mancini, à qui, jeune fille, le cardinal Mazarin voulut persuader qu’elle avait fait un enfant (page 372).
Or, cet être inouï n’était pas une femme préservée par l’amour ardent d’un mari ou par ces tendresses des enfants qui suffisent aux mères : ce n’était ni une mère, ni même une épouse, quoiqu’elle fût mariée, mais une mariée dont les circonstances les plus exceptionnelles avaient fait une Édith mondaine, une Édith dont la sainteté n’expliquait pas, comme pour l’autre, la virginale pureté.
Ou mieux, pensons à ce jouet d’enfant formé de tiges articulées le long desquelles sont disposés des soldats de bois.
Mais les injures violentes, les noms de débauché nocturne, de ventru, de pied-bot, qu’il jeta plus tard au sage Pittacus, furent sans puissance, comme ses armes : « Répète un chant romain, nous dit Horace, ô lyre modulée d’abord par le citoyen de Lesbos, qui, forcené pour la guerre, savait pourtant, soit au milieu des armes, soit quand son navire battu des flots reprenait le rivage, chanter Bacchus et les Muses, Vénus et l’enfant qui la suit toujours62. » Puis ailleurs, lorsque, échappé à un danger de mort, Horace, qui a cru voir de près l’Élysée, y place le belliqueux Alcée, comme Virgile osait y mettre Caton : « De combien peu, dit-il, nous avons failli voir l’empire de la sombre Proserpine, et le tribunal d’Éaque, et les demeures réservées des âmes pieuses, et Sapho sur la lyre éolienne se plaignant des jeunes filles ses compatriotes, et toi aussi, Alcée, redisant plus haut sur ton luth d’or les maux de la tempête, les maux de l’exil, les maux de la guerre !
Il est malaisé d’ailleurs de découvrir si le premier homme levé du sol fut Alcomène, chez les Béotiens, au-dessus des eaux du Céphise, ou si ce furent les Curètes d’Ida, race divine, ou les Corybantes de Phrygie, que le soleil vit alors éclore les premiers, enfantés par la tige des arbres, ou si l’Arcadie donna naissance à Pélasge, plus ancien que la Lune, ou Éleusis à son premier habitant Diaulos, ou si Lemnos, féconde en beaux enfants, mit au monde le Cabire des mystères ineffables, ou si Pallène fit naître Alcione de Phlégra, l’aîné des superbes géants.
Est-ce une prédisposition lointaine qui s’éveillait chez l’homme, après avoir balbutié chez l’enfant ? […] Nous tous, écrivains de la seconde moitié du siècle, nous sommes donc, comme stylistes, les enfants des romantiques. […] Les enfants qui naissent aujourd’hui seront, ils ne doivent pas l’oublier, les hommes du vingtième siècle. […] Comme l’enfant qui va à l’école, il consentit à se faire humble, à épeler la nature, avant de la lire couramment. […] Jeoffrin s’est débarrassé des deux enfants qui le gênaient, et il hérite des cent mille francs.
Non, certes, ils ne lui ont pas manqué ; cependant il est bien étrange qu’on accuse la philosophie moderne de se perdre déjà dans un dédale de systèmes ; c’est vraiment bien de la sévérité envers cet enfant. […] Et il ne paraît pas que le christianisme croie l’explication de l’essence divine interdite à l’intelligence humaine, puisqu’il la fait enseigner au plus humble d’esprit, et qu’il en fait la première des vérités qu’il inculque à ses enfants. […] répondait-il, je ne me remplacerais pas moi-même ; je suis l’enfant des circonstances. » Le même homme sentait bien que la puissance qui l’animait ne lui appartenait point, et qu’elle lui avait été prêtée pour un temps marqué. […] Il a très bien vu les rapports intimes qui rattachent l’homme à la nature, mais il a trop regardé l’homme comme l’enfant et l’écolier passif de la nature. […] Des deux côtés sont des personnes dont l’âge est infiniment respectable, et qui n’étant pas les enfants de cette époque sont parfaitement reçues à ne pas comprendre le dix-neuvième siècle et sa mission.
Il a été enfant, il a été homme ; nous assistons maintenant à son imposante vieillesse. […] C’est qu’il y a plus d’un rapport entre le commencement et la fin ; le coucher du soleil a quelques traits de son lever ; le vieillard redevient enfant. […] L’auteur s’est laissé entraîner au plaisir d’enfant de faire mouvoir les touches de ce grand clavecin.
Déjà l’enfant aspire à franchir les montagnes et les mers qui circonscrivent son étroite demeure ; et puis, se repliant sur lui-même comme la plante, il soupire après le retour. […] Le plaisir naïf que fait éprouver la forme articulée de certains continents ou des mers intérieures sur les cartes géographiques, l’espoir de contempler ces belles constellations australes que n’offre jamais à nos yeux la voûte de notre ciel, les images des palmiers de la Palestine ou des cèdres du Liban que renferment les livres saints, peuvent faire germer au fond d’une âme d’enfant l’amour des expéditions lointaines.
Il avait aussi rencontré lord Chesterfield, écrivain élégant, mais d’une morale un peu relâchée, même dans les conseils qu’il donne à son fils, enfant naturel qu’il promenait à travers le monde. […] Comme, malgré les expositions d’enfants, le peuple augmente toujours à la Chine, il faut un travail infatigable pour faire produire aux terres de quoi le nourrir.
Pourquoi cet homme qui tout enfant jouait avec des problèmes de mathématiques, qui composait des traités à seize ans, qui plus tard dans des problèmes de physique montrait la même profondeur précoce et la même force d’invention ; pourquoi, pouvant être Leibnitz et Newton, Pascal, après quelques hésitations et sauf quelques retours passagers40, quitta-t-il la science pour la morale, et finit-il par s’abîmer dans la foi ? […] Lorsque ces messieurs le pressaient d’écrire pour sa défense, et lui disaient : Est-ce que vous vous laisserez condamner comme un enfant, sans rien dire ?
que celles-là fassent des enfants et les élèvent et ne pensent qu’à eux ; car les Allemandes en font beaucoup, les Françaises n’en font pas assez — et c’est là le gros danger pour l’avenir de la Patrie. […] Les notes suivantes relatives à Mme Adam se rapportent en même temps à la famille de Wagner ; la belle-mère de Wagner, la comtesse d’Agoult, née de Flavigny, avait eu pour gouvernante, étant enfant, une dame Lambert ; plus tard, installée à Paris, la comtesse d’Agoult prit chez elle, comme demoiselle de compagnie, la fille de son ancienne gouvernante, Mlle Juliette Lambert ; c’est en cette même demoiselle Juliette Lambert qui épouse m.
Mais que penserait-on d’un statisticien qui, au lieu de nous dire que, dans un certain pays, chaque mariage donne en moyenne quatre enfants, et que les trois cinquièmes de la population savent lire et écrire se bornerait à nous révéler que les mariages produisent quelques enfants et que les gens qui lisent sont nombreux.
S’il offre quelquefois du bas & du trivial, si quelques-uns de ses rôles sont insipides ou maussadement plaisans comme la Baronne de Croupillac dans l’Enfant Prodigue ; enfin, si parmi d’excellentes plaisanteries, il y en a plusieurs de fausses, il faut excuser ces défauts dans un homme qui a plus cultivé l’art de Sophocle, que celui d’Aristophane. […] C’étoit l’enfant gâté de la nature ; & ce qu’il y a de singulier, c’est qu’il s’ignoroit lui-même, & qu’il étoit sublime sans le savoir.
quand ils virent la riche et belle flotte, qui avait si peu perdu pour attendre, surgir à toutes voiles et passer bientôt tout près d’eux, « ils en eurent si grande honte, dit Villehardouin, qu’ils n’osèrent se montrer » ; et le comte de Flandre ayant envoyé une barque pour les reconnaître, un des soldats non chevaliers, qui était parmi les transfuges, se laissa couler dedans, et cria de là à ceux qu’il abandonnait : « Je vous tiens quittes de tout ce que je laisse à bord, mais je m’en veux aller avec ceux-là qui m’ont tout l’air de devoir conquérir du pays. » Ce soldat, qui s’échappait d’avec les fugitifs pour s’en revenir avec les conquérants, fut reçu à merveille, on le peut croire ; on l’accueillit comme l’enfant prodigue87, et cet épisode anima la traversée.
Sa mère, dit-on, avait souvent rêvé pendant sa grossesse qu’elle mettait au monde un enfant revêtu d’une robe rouge et entouré d’une foule de gens qui le lui enlevaient.
Celui dont elles ont jugé la sensibilité et les connaissances proportionnées à leur tempérament et à leur caractère ; celui auquel elles ont révélé les secrets d’une constitution faible et délicate ; celui qu’elles ont en même temps chargé de la conservation de leurs enfants, et des mains duquel elles les ont reçus, est devenu pour ainsi dire nécessaire à leur existence ; le perdre est un malheur qu’elles ressentent vivement : que l’on juge d’après cette réflexion des regrets que la mort de M.
Après les vaches venaient les juments, leurs poulains étourdis, les jeunes mulets, plus malins mais plus prudents ; et enfin le patriarche et sa femme, à cheval ; les jeunes enfants en croupe, le nourrisson dans les bras de sa mère, couvert d’un pli de son grand voile d’écarlate ; la fille occupée à filer sur sa monture ; le petit garçon, à pied, coiffé du chaudron ; l’adolescent armé en chasseur ; et celui des fils que la confiance de la famille avait plus particulièrement préposé au soin du bétail, distingué par le sac à sel, orné d’une grande croix rouge.
On aime, vieux, ce qu’on aimait enfant ; on y revient et l’on s’y reprend d’une plus vive étreinte39.
Il aime Mme Récamier purement, platoniquement ; il tremble pour elle de la voir mêlée sans garantie à tant de mondanités, à tant d’orages, de la voir, comme une imprudente enfant, se jouer en riant sur l’écume des flots.
Y eut-il jamais, dans la vie d’un peuple militaire et libre, un plus admirable moment et pour ce peuple lui-même et pour les jeunes guerriers dont il était fier, que l’heure où, après une pareille campagne unique par le génie et toute patriotique d’inspiration, toute défensive encore jusque dans ses conquêtes, après n’avoir battu tant de fois l’étranger au dehors et ne l’avoir relancé si loin que pour ne pas l’avoir chez soi au dedans, les enfants de cette triomphante armée d’Italie revinrent dans leurs foyers, simples, modestes, décorés du seul éclat des victoires ?
Ses soldats avaient fini par le croire invulnérable ; il les traitait un peu en enfants gâtés et leur passait tout ; c’était son seul faible.
Biot, visiblement ému, le saisit par le bras et lui dit : « Mon cher enfant, j’ai tant aimé les sciences dans ma vie que cela me fait battre le cœur. » C’est en vertu de l’observation de M.
C’est alors qu’après un léger à-compte payé, on obtint de leurs officiers de les emmener à Sicca, à quelques journées de marche dans l’intérieur ; mais, au lieu de garder à Carthage même, comme d’ailleurs les Mercenaires le demandaient, leurs femmes, leurs enfants et leur butin, ce qui eût pu servir ensuite de garantie et d’otages, on expulsa du même coup et on leur fit emporter tout ce qui leur appartenait.
Le maître y met de la préparation, un air de solennité mystérieuse : « Ce n’est pas de ton savoir-faire ordinaire que j’ai besoin dans l’affaire présente, mais d’autres qualités que j’ai remarquées en toi, ta fidélité et ta discrétion. » — « J’écoute. » — Et ici le maître rappelle à l’affranchi ses bienfaits : il l’a acheté tout enfant, il l’a toujours traité avec douceur et clémence : le voyant servir d’un cœur si honnête, il lui a donné ce qu’il y a déplus cher, il l’a affranchi.
Tous ces miracles tiennent plus de la bonté que de la puissance, et ne surprennent pas tant les spectateurs qu’ils les touchent dans le fond du cœur. » Quant à la doctrine, il la montre également humaine, appropriée, et tempérant la hauteur par la condescendance : « C’est du lait pour les enfants et tout ensemble du pain pour les forts.
Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.
Il retomba cette fois, il fit Bérénice sans Boileau, comme il s’était caché, enfant, de ses maîtres pour lire le roman d’Héliodore.
où la mère peut se voir enlever l’enfant sur lequel reposait tout son avenir !
Il y a un moment de jouissance dans toutes les passions tumultueuses, c’est le délire qui agite l’existence, et donne au moral l’espèce de plaisir que les enfants éprouvent dans les jeux qui les enivrent de mouvement et de fatigue : l’esprit de parti peut très bien suppléer à l’usage des liqueurs fortes ; et si le petit nombre se dérobe à la vie par l’élévation de la pensée, la foule lui échappe par tous les genres d’ivresse ; mais quand l’égarement a cessé, l’homme qui se réveille de l’esprit de parti, est le plus infortuné des êtres.
Verhaeren, illuminer le mouvement nécessaire et décisif : Il marcha vers elle et lui prit la main, Viril et franc, Elle fléchit le front comme une enfant, Et soudain beau de toute sa jeunesse Et de sa volonté et de son bel amour, Sans un détour, Il la prit sans un cri et sans un geste Et sans un mot, Bondit debout dans ses étriers Et cabra son cheval vers un galop.
Pantalon, gouverneur de la ville où l’action se passe, a une fille nommée Aurelia ; le Docteur, juge de la même ville, a un fils nommé Ottavio ; les deux vieillards ont projeté d’unir leurs enfants, Aurelia en est au désespoir ; elle fait avertir Valerio qu’elle aime et promet de fuir avec lui.
mon enfant, ta voix dans le bois de Boulogne… Je ne veux pas ouvrir ses livres, parce que je voudrais tout lire, et tout citer, et qu’on ne songe au dire ici qu’un adieu.
Ceux-ci, au dire des chrétiens, l’auraient pleinement acceptée, en s’écriant : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants 1151 !
Notre substance ne se renouvelle-t-elle pas plusieurs fois au cours d’une existence moyenne, si bien que le vieillard a dans son corps bien peu. des éléments qui composaient les membres de l’enfant ?
On peut dire que l’enfant sent tout ce qui entre dans ses yeux ou ses oreilles, qu’il en a conscience ; mais pour faire de tous ces éléments une connaissance, il faut un choix, une classification, une spécialisation.
Raphaël n’a entendu d’abord que sa voix : Elle résonnait, dit-il, entre les dents à demi fermées, comme ces petites lyres de métal que les enfants des îles de l’Archipel font résonner sur leurs lèvres, le soir, au bord de la mer.
Il venait presque tous les jours, à une certaine heure, s’asseoir dans la boutique d’un libraire nommé Michallet, où il feuilletait les nouveautés et s’amusait avec une fort gentille enfant, fille du libraire, et qu’il avait prise en amitié.
L’enfant s’affirme ainsi dès qu’il se conçoit, et il s’affirme en pensée comme en acte.
Un auteur ; dans un ouvrage sérieux, mais que plusieurs anecdotes hasardées déparent, prétend que l’antipathie de Despréaux pour les dindons apportés en France par les jésuites, vint de ce qu’un de ces animaux avoit blessé ce poëte, encore enfant, dans une partie très-sensible, & si cruellement qu’il ne put en faire usage de sa vie.
Pourquoi mettre dans l’esprit d’un enfant que son grand-père, et peut-être son père, sont impitoyables.
Sans omettre les réserves du goût et de la morale, aimons ce dix-neuvième siècle français dont nous sommes les enfants et qui, dans notre pays, s’est attesté par de tels monuments de prose élevée et de poésie souveraine.
Elle parle de sa mère et du château de sa mère comme le mulet de la Fable parlerait de sa mère, la jument, et de la splendeur de son écurie… La classe à laquelle elle tient par son père, puisque nous n’en sommes pas encore à l’application des idées de M. de Girardin, qui veut que la mère fasse la possession d’état des enfants, cette classe ennemie des Marquis, l’a timbrée de ses opinions, et ses opinions se sont naturellement exaltées des révoltes d’un amour-propre toujours sur le qui-vive, quand il n’était pas furibond.
» et qui aurait si bien prié cette autre mère que l’Église nous fait adorer avec un enfant dans ses bras !
Louis Forest écrivit autrefois, sur ce thème, un voleur d’enfants, amusant.)
Ce fut l’heure, peut-être, où la devineresse Intérieure s’use et se désintéresse : Elle n’est plus la même… Une profonde enfant Des degrés inconnus vainement se défend, Et redemande au loin ses mains abandonnées. […] J’y trouve un tel trésor d’impuissance et d’orgueil Que nulle vierge enfant échappée au satyre, Nulle ! […] Il faut que le lecteur croie le poète, comme l’enfant par l’aigle ou l’homme par le cheval, emporté par un mouvement dont il n’est pas maître, par une âme étrangère qui l’« exerce ». […] L’enfant qui vient est une foule innombrable, que la vie réduit assez tôt à un seul individu, celui qui se manifeste et qui meurt.
Une sage-femme est une femme qui est appellée pour assister les femmes qui sont en travail d’enfant. […] Ce n’est que quand les noms masculins commencent par une consonne ou une voyelle aspirée, que l’on se sert de au au lieu de à le ; car si le nom masculin commence par une voyelle, alors on ne fait point de contraction, la préposition à & l’article le demeurent chacun dans leur entier : ainsi quoiqu’on dise le coeur, au coeur, on dit l’esprit, à l’esprit, le pere, au pere ; & on dit l’enfant, à l’enfant ; on dit le plomb, au plomb ; & on dit l’or, à l’or, l’argent, à l’argent ; car quand le substantif commence par une voyelle, l’e muet de le s’élide avec cette voyelle, ainsi la raison qui a donné lieu à la contraction au, ne subsiste plus ; & d’ailleurs, il se feroit un bâillement desagréable si l’on disoit au esprit, au argent, au enfant, &c. […] de medio potare die, Horace, dès midi ; de tenero ungui, Horace, dès l’enfance ; de industriâ, Teren. de dessein prémédité ; filius de summo loco, Plaut. un enfant de bonne maison ; de meo, de tuo, Plaut. de mon bien, à mes dépens ; j’ai acheté une maison de Crassus, domum emi de Crasso ; Cic. fam. liv. […] Ce marque un individu déterminé, qu’il présente à l’imagination, ce livre, cet homme, cette femme, cet enfant, &c. […] Cependant quand on veut appeller un homme ou une femme du peuple qui passe, on dit communément, l’homme, la femme ; écoûtez, la belle fille, la belle enfant, &c. je crois qu’alors il y a ellipse ; écoûtez, vous qui êtes la belle fille, &c.
« Aux enfants d’Ilion ne livrez point la guerre. […] « Son haut panache effraie un enfant qu’il caresse ; « C’est son fils qu’une épouse a remis dans ses bras. […] Je vous laisse à penser si le vulgaire eût adoré cette proposition abstraite, comme la triple image du Tout-Puissant assis au plus haut des cieux, de son fils à sa droite, ou sous la figure de l’enfant ou de l’agneau ; et enfin, de l’esprit de charité qui vole en ramier lumineux ? […] Ni la terrible Médée, ni l’affreuse Canidie dévoratrice des enfants, ni les Furies, n’ont rien de comparable à son atrocité. […] Le lâche Polymnestor avait égorgé l’enfant que le vieux Priam lui avait confié, dans l’espoir que ce meurtre lui serait payé par les Grecs victorieux.
Dans le premier cas, chaque excitation d’une partie restée sensible provoquait un cri bref, unique pour une seule excitation, toujours le même, comparable à ces sons qu’émettent les jouets d’enfants lorsqu’on les presse en un certain point, dépourvu en un mot de toute espèce de signification. […] Plus de trente paires de muscles doivent agir dans un certain ordre pour que l’enfant puisse téter, et l’on a vu qu’un nouveau-né dont Boyer avait brisé et vidé le crâne, non seulement criait, mais tétait le doigt introduit entre ses lèvres. […] Cas analogue d’un enfant de quatre ans et demi dont une balle avait traversé les deux tempes, et qui vécut encore vingt-six jours, jouissant de tout l’ensemble de ses facultés intellectuelles, mémoire entière, jugement sain, caractère semblable à celui qu’il avait avant l’accident.
. — Tel est l’atlas tactile et musculaire, le premier de tous ; les mouvements instinctifs et désordonnés de l’enfant nouveau-né, ses tâtonnements, l’expérience incessante qu’il fait de son toucher et de ses muscles commencent tout de suite à le construire ; l’atlas visuel est dérivé et ne se forme qu’après. […] De même qu’un enfant ne démêle et ne retient qu’après beaucoup de tâtonnements l’espèce précise et le degré juste d’effort par lequel son bras jettera une pierre à dix pas et non à neuf ou à onze, de même la dame opérée ne put distinguer et fixer dans sa mémoire qu’après beaucoup d’essais incessamment corrigés la sorte particulière, le degré d’intensité, la durée précise de la sensation musculaire que son cou devait éprouver pour que l’inclinaison à droite ou à gauche, l’élévation ou l’abaissement de sa tête et, partant, de son œil, fussent de trois degrés et non pas de deux, quatre ou cinq. […] Il est fort curieux d’observer à cet égard les très jeunes enfants.
Il instituait jusqu’à la communauté des femmes, et jusqu’au meurtre légal et obligatoire des enfants ; sacrilèges contre le cœur humain, dérisions contre la nature, débauches de sophismes, que nous avons vus se renouveler de nos jours par des platoniciens de socialisme à rebours de la nature. […] « Il me tarde, dit le vieux Romain, de partir pour cette assemblée céleste, pour ce divin conseil des âmes, d’aller rejoindre tous les grands hommes dont je vous parlais, et au milieu d’eux mon enfant chéri. » Qu’est-ce que la vieillesse, quand l’âme se voit à l’aurore d’un jour éternel ?
Puisque l’état de péché nous est si assidu que la miséricorde, par le fait d’être, porte la preuve de sa divinité ; puisque nous sommes ceints tellement de faiblesse charnelle que fut bénie une minute d’édification dans une vie humaine ; puisque nous sommes, oh chutés, les enfants prodigues de nos trésors, et, oh rachetés, les enfants du Père ; puisque le jour de sainteté est plus éloigné de nous que de nous les étoiles invisibles de l’immensité ; puisque nous vivons, les catholiques, pour le scandale des nations, en une tacite mélancolie, laissons que nous occupent les choses vaines, et l’art ; et bénissons encore si une œuvre vaut à élever les âmes hors nos misères, dans une voie féconde de mieux.
L’enfant naît avec des oreilles ; un son se produit, et il entend. […] Si un enfant naît et reste dans une chambre qui a gardé une forte odeur de musc, cette odeur constante, non séparée du reste, ne pourra pas être séparée par sa conscience.
Ici scène dramatique qui rappelle plus au sérieux le moment où l’intimé, dans Les Plaideurs de Racine, produit la famille du chien Citron : ……………………… Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins !
Il est sensible qu’ils s’adressent à des imaginations un peu neuves et comme d’enfants, et qu’ils en tiennent eux-mêmes.
Quant à la peinture proprement dite et par le pinceau, ce ne fut que sur la fin du xviiie siècle que de La Rive et, après lui, Töpffer le père, commencèrent à rendre le paysage suisse, savoyard, de la zone inférieure dans sa grâce et sa poésie familière ; « les masures de Savoie avec leur toiture délabrée et leur portail caduc ; les places de village où jouent les canards autour des flaques ; les fontaines de hameau où une fille hâlée mène les vaches boire ; les bouts de pré où paît solitaire, sous la garde d’un enfant en guenilles, un taureau redoutable » ; puis les marchés, les foires, les hôtelleries ; les attelages poudreux avec le chien noir qui court devant ; les rencontres de curés, de noces, de marchands forains ; les manants de l’endroit avinés et rieurs, « amusants de rusticité ».
» — « Mais, dis-je, il est effectivement assez difficile d’ôter à Cavendish une gloire que, depuis plus de cinquante ans, les savants de tous les pays s’accordent à lui reconnaître. » — « Allons, répondit-il, je vois que vous êtes un aristocrate, et que Cavendish le lord aura raison devant vous contre Watt le mécanicien. » — « Ne serait-ce point, ajoutai-je à mon tour en riant, que, devant un démocrate comme vous, le grand seigneur doit nécessairement céder à l’enfant du peuple ?
Il fut le premier de sa maison, laquelle, s’il eût eu des enfants semblables à lui, il eût été glorieux à la France qu’elle n’eût jamais fini.
Ce ne fut certes point un des passages les moins applaudis : Vicq d’Azyr semblait proposer aux peintres de l’école sentimentale et aux amateurs de l’Arcadie helvétique un tableau du genre de celui qui représente deux Canadiens au tombeau de leur enfant.
Sur le char même, à côté du père de famille, un jeune homme se dispose à déployer les toiles, et une belle jeune femme, tenant sur son sein un enfant à la mamelle, s’élève dominant la scène comme une apparition majestueuse qui préside aux moissons.
C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ?
Ayant chanté ses premières amours d’enfant dans des poésies délicates et subtiles, il se dit que ce n’était point assez et qu’il fallait élever à la beauté et à la reine de son cœur un monument dont il fût à jamais parlé : La Divine Comédie naquit dans sa pensée, et il mit des années à la construire, à la creuser, à l’exhausser dans tous les sens, à y faire entrer tout ce qui pouvait la vivifier ou l’orner aux yeux de ses contemporains, afin de faire plus visible et plus brillant le trône d’où il voulait présenter Béatrix au monde.
Je joue avec les enfants, je cause avec ma femme, je leur fais des lectures, je leur lis des romans… Je veux, ajoutait-il s’adressant toujours à Rœderer, que vous voyiez la lettre qu’il m’a écrite.
Mlle de Mauconseil, fille unique, riche, très jolie, et passablement enfant gâté, épousa le prince d’Hénin, fils d’une Beauvau, sœur du père de ma grand-mère ; ce fut l’origine de leur liaison.
Il avait été, dès sa jeunesse, professeur de l’Université, sans avoir été élève et enfant de l’Université ; né et venu d’ailleurs, il n’avait pas de prédilection exclusive.
» Déjà bien las et bien épuisé de santé, et revenant du Tréport où il avait passé d’assez bonnes semaines : « Allons, disait-il à un ami, je me sens mieux, je suis content ; il faut décidément que je prenne un congé sérieux de deux ou trois mois ; je reviendrai en ce petit lieu, j’y apporterai un opéra que je finirai : il faut que je fasse cela avant ma mort. » Et sur ce qu’une de ses chères enfants présente se récriait sur ce mot : « Aimes-tu mieux, reprit-il, que je dise que je le ferai après ma mort ?
mais il y a eu au contraire préméditation, s’il en fut jamais, et ruse ; vous n’êtes pas un enfant, ni nous non plus ; nous savons ces finesses : l’histoire est ancienne ; c’est celle de tous les satiriques, c’est celle de Bussy-Rabutin pour ce fameux Portrait de Madame de Sévigné.
Lorsqu’il se vit le restaurateur en titre de Notre-Dame, il aurait même pu retrouver, après coup, un signe et comme un présage de sa destinée d’artiste, dans une impression d’enfance qu’il a quelque part racontée : « Il m’est resté, dit-il, le souvenir d’une émotion d’enfant très vive et encore fraîche aujourd’hui dans mon esprit, bien que le fait en question ait dû me frapper à un âge dont on ne garde que des souvenirs très vagues.
Il y en a à la fois pour les enfants, il y en a pour les hommes.
Sur la branche un petit oiseau dit alors, par son chant : « Ne troublez pas l’eau, ô jeune fille, de cette façon, avec vos deux petits pieds ; Car je ne pourrai plus y voir mon image, ni davantage les étoiles du ciel : écoutez la prière d’un petit oiseau, ne troublez pas l’eau, la belle enfant !
Il y a dans l’âge de l’homme et de l’enfant un certain moment de transition qu’on appelle l’âge bête.
L’enfant fut mis en pension à Orbe, puis à douze ans à Aarau, dans la Suisse allemande.
Il y a des organes développés chez l’enfant qui ne laissent plus qu’une trace légère, curieuse à discerner, mais stérile, dans l’organisation de l’homme.
Cette première fois le jeune enfant l’obtint ; il vit son père tiré vivant du sein du massacre et ramené à l’hôtel Molé aux applaudissements du même peuple mobile qui, la veille, l’aurait insulté, et qui le lendemain le verra mourir.
C’est la ruse des enfants envers leurs pédagogues ; ils leur obéissent à condition qu’il leur soit permis de s’en moquer.
Pareillement, les yeux fermés et sans être prévenu, vous voyez un flamboiement, en même temps vous entendez un son, et enfin vous avez dans le bras la sensation d’un coup de bâton ; essayez l’expérience sur un ignorant ou sur un enfant ; il croira qu’on l’a frappé, que quelqu’un a sifflé, qu’une vive lumière est entrée dans la chambre ; et cependant les trois faits différents n’en sont qu’un seul, le passage d’un courant électrique. — Il a fallu faire l’acoustique pour montrer que l’événement qui éveille en nous, par nos nerfs tactiles, les sensations de vibration et de chatouillement, est le même qui, par nos nerfs acoustiques, éveille en nous les sensations de son.
Si l’on donne 6 syllabes aux petits vers et 12 aux grands, on a l’ode III, 17 de Ronsard : c’est la forme de la pièce de Victor Hugo : Lorsque l’enfant paraît… 198.
L’Italie nous a donné son d’Annunzio : l’Intrus, l’Enfant de volupté, le Triomphe de la mort (1893-95).
Un peu plus de cinquante ans avant les Maximes de La Rochefoucauld, on apprenait dans les écoles les Quatrains du sieur de Pibrac, et il est vraisemblable que La Rochefoucauld les avait balbutiés enfant.
Il faut laisser nos instincts rire et s’ébattre au soleil comme une troupe d’enfants rieurs.
Jamais l’enfant ne met en doute ce qu’on lui affirme, tant que quelque force positive n’a pas développé en lui le côté sceptique. »
Dante se maria en 1291, et eut plusieurs enfants ; mais il ne trouva pas le bonheur avec sa femme et fut contraint de l’abandonner.
Mme de Mondonville, libre et riche, sans enfants, pensa à se créer un petit empire et à être la Sémiramis d’un monde choisi où elle régnerait.
Un soir, à Cirey, Mme du Châtelet lui ayant demandé par manière d’acquit si elle avait eu des enfants, Mme de Graffigny fut induite à entamer son histoire ; elle la conta si bien, si naturellement, que toute la compagnie fut émue, et chacun le témoignait à sa manière.
Montaigne a été une espèce de classique anticipé, de la famille d’Horace, mais qui se livrait en enfant perdu, et faute de dignes alentours, à toutes les fantaisies libertines de sa plume et de son humeur.
Après s’être remémoré le cours de notre histoire poétique, l’on arrive à cette conclusion fatale que de sensation, d’instinct et de sentiment ; fut la poésie, au gré omnipotent de l’heure de plaisir ou de douleur de poètes, enfants nuement géniaux : produisant, d’une certaine somme de notations passionnelles, des recueils de poèmes, au hasard, sans lien, sous un titre sans signification.
Un enfant voit osciller une lampe ou tomber une pomme : c’est un jeu pour ses sens et pour son imagination ; pour un Galilée, pour un Newton, ces deux phénomènes ne sont que les signes des lois générales et universelles.
Auguste, Maxime et Cinna forment un groupe ; le roi, Don Diègue et Chimène forment un groupe ; le vieil Horace intervenant (II, 7) entre Horace, Curiace, Sabine et Camille pour dire : « Qu’est ceci, mes enfants, écoutez tous vos flammes » forme un groupe et d’une très grande beauté.
Je m’imagine même que de ne pas faire souffrir est d’une assez mince considération pour l’auteur de ces Lettres, pour cette gaîté de pinson qui rit et qui pince, pour l’esprit léger qui a lancé tant de choses légères, pesantes seulement aux amours-propres au nez desquels il les a soufflées, en cette sarbacane d’enfant terrible qui, dans ses mains d’artiste, est la flûte même de l’ironie !
« Il semble que la naissance de cet enfant porta bonheur à ses parents. » « Condé se couvrit de gloire. » Mlle de Bourbon « portait en elle toutes les semences d’un avenir orageux. » — « Arborer l’étendard de la révolte31. » Est-ce là cet écrivain si ferme, dont le style sain sauvait les faiblesses ?
Le travail des pères serait perdu pour les enfants : il n’y aurait plus de famille humaine : il y aurait solution de continuité entre les générations et les siècles.
C’est ainsi que, dans quelques pâles récits du Bas-Empire romain, il nous est montré avec effroi parmi les hordes des Huns leurs poëtes, dont la voix ne pouvait retentir entre les chariots du camp qu’on ne vit aussitôt les hommes courir aux armes, et les enfants verser des pleurs d’impatience et de rage.
On peut d’abord le prendre comme un simple roman d’aventures fantastiques et plaisantes, pour s’en divertir comme les enfants d’un Gulliver expurgé. […] Et (comme vous sçavez que es singesses semblent leurs petits singes plus beaux que chose du monde), Antiphysie louoit et s’efforçoit prouver que la forme de ses enfants plus celle estoit et advenante que des enfants de Physis… Ainsi tiroit tous les folz et insensés en sa sentence et estoit en admiration à toutes gens escervelés et desguarniz de jugement et sens commun. […] Comme maire, il affronta un péril plus terrible encore, en réprimant les infractions des jésuites à un contrat qui les chargeait de recueillir et de soigner les enfants trouvés. […] Cette évasion, qui semble un caprice d’enfant mutiné, correspond à une incompatibilité d’humeur entre la théocratie genevoise de cette époque et les aspirations de Jean-Jacques à la libre joie de vivre. […] » Lucifer répond : « Non, pas encore, ce n’en sera un quelque jour que pour vos enfants. » Et Adah s’écrie : « Quel est donc ce péché qui n’en est pas un en lui-même ?
« Je ne sais, disait autrefois la mère des Machabées à ses enfants, comment vous avez paru dans mon sein ; ce n’est pas moi qui vous ai donné l’âme, l’esprit et la vie que vous y avez reçus. […] à la mémoire de mon père MICHEL-FRANÇOIS LITTRÉ… « Malgré les occupations les plus diverses d’une vie traversée, il ne cessa de se livrer à l’étude des lettres et des sciences, et il forma ses enfants sur son modèle.
Nous nous souvenons de quelque chose de semblable à cette amitié vigilante et habile pour un vieillard jadis aimé, quand Saint-Évremond, qui avait suivi à Londres la belle duchesse de Mazarin (Hortense Mancini), trouvait à quatre-vingt-dix ans auprès d’elle un visage d’ange, une humeur d’enfant, des soins de sœur, des attentions de fille, et qu’il passait sous les beaux regards d’Hortense de la vie à la mort avec les illusions de l’amour et les réalités de l’amitié. […] On pouvait lui appliquer ce vers de Machiavel dans l’épitaphe de Pierre Soderini, homme simple et bon comme Ballanche : Va dans les limbes des petits enfants !
Sa mère, Herzeleide (souffrance du cœur), le berçait en pleurant : « Ihm weckt’am Morgen — der heisse Thau der Mutter Thraenen (la chaude rosée des larmes de sa mère le réveillait au matin). » Il l’a quittée et elle est morte de douleur : « Ihm brach das Leid das Herz, und — Herzeleide starb. » Sur le territoire du Gral, par caprice d’enfant, il tue un cygne et trouble ainsi la tranquillité sacrée de la nature, qui est comme un asile salutaire pour l’homme souffrant. « (Il volait (le cygne), dit Gurnemauz, au-dessus du lac, qu’il consacrait pour le bain salutaire.) » C’est à ce moment que la nouvelle de la mort de sa mère, lui est annoncée brusquement, et avec elle, apparaît pour la première fois chez lui la douleur, et, comme la première fois qu’elle atteint l’homme, elle lui semble une blessure physique. […] Tristan, qui « apprit plus de livres que jamais enfant ne fit » (Gottfried), et Parsifal, le « reine Thor » ou, comme disent les auteurs français, le Nicelot .
Après le portrait équestre de Louis XIII paraît la gravure d’Anne d’Autriche en pied sur son trône avec ses deux enfants.
Daru, ouvrit une nouvelle route vers les Indes orientales ; Christophe Colomb découvrit un nouveau continent : Gênes avait été écrasée par Venise, il était réservé à un de ses enfants de la venger.
L’aimable et spirituel abbé Fraguier, le même qui, à l’apparition du premier manifeste de La Motte, avait fait en latin ce vœu public aux Muses de lire chaque jour de l’année 1714, avec son ami Rémond, mille vers d’Homère pour détourner loin de soi la contagion du sacrilège ; l’abbé Fraguier, dans une élégie également latine sur la mort de Mme Dacier, nous la représente arrivant aux champs Élysées et reçue par sa fille d’abord, cette jeune enfant qui court à elle les cheveux épars et en pleurant ; puis l’Ombre d’Homère, pareille à Jupiter apaisé, sort d’un bosquet voisin et la salue comme celle à qui il doit d’avoir vaincu et de régner encore (« Quod vici regnoque tuum est… »).
Quand son enfant fut né et aux moments où il poussait des cris, il suffisait pour l’apaiser, dit-on, que sa mère lui mît entre ses petites mains une fleur, et elle ne s’en étonnait pas.
Qu’une grave maladie le prenne, comme cela lui arriva à Paris, où il se trouvait au printemps de 1682 en qualité de membre de l’Assemblée du clergé, et voilà tout aussitôt cet homme de société, de gaieté et, jusqu’à un certain point, de plaisir, le voilà tout changé ; il a des regrets, il se repent, il se réconcilie : Je commence à sortir, écrit-il au chanoine Favart, si souvent confident de ses légèretés et de ses jeux ; j’ai été aujourd’hui à la messe, c’est la troisième que j’ai entendue depuis ma maladie mortelle : car, mon enfant, j’ai été mort sûrement ; on ne peut aller plus loin sans toucher au but.
Voyageant en Suisse dans le canton de Zurich, il avait remarqué que, dans la plupart des maisons, une piété domestique patriarcale tenait à conserver les images des pères, les portraits de ceux que la famille avait perdus et qui étaient représentés sur leur lit de mort, les yeux fermés, tels qu’ils étaient lorsqu’on les avait vus pour la dernière fois après le dernier soupir : Ces tristes images, ajoutait-il, qui paraîtraient si hideuses à un Français qui ménage son cœur comme un enfant gâté, et qui fuit avec soin tout ce qui pourrait l’émouvoir fortement, sont ici un objet consolant pour des hommes qui savent aimer et ne craignent rien de l’amour, pas même ses peines.
N’approchez jamais de saint Vincent de Paul ravissant dans les bras de la charité l’enfant que sa mère abandonne, ou prenant pour lui la chaîne et la rame de l’esclave ; ne le tirez point par son manteau, comme pour lui dire : « Je t’y prends à faire ton bonheur du salut d’autrui, au prix de ta gêne et de ton propre sacrifice, ô égoïste sublime !
Il est jeune quand il conçoit son dessein : pourtant il a déjà vécu, voyagé ; il a fait légèrement ses premières études et les a manquées ; il est devenu page, et encore enfant il a couru le monde ; il est allé en Angleterre, en Écosse, en Hollande, en Allemagne, en Piémont.
Vous et vos enfants en porterez la peine plus que moi.
La maréchale de Noailles, en effet, n’avait pas moins de onze filles sur vingt et un enfants ; il y avait de quoi l’allécher que de lui montrer de grands partis, et sous air de railler on venait de glisser une sorte de promesse. — C’est dans ces termes habiles et modestes que Mme des Ursins présente d’abord son idée, sa vue.
Il me parut très impressionné de cette mort, et il avait fait, me dit-il, tout ce qui était en son pouvoir pour l’empêcher… Il resta quelque temps avec moi ; il était triste et dit que les révolutions devaient être très bonnes et très utiles pour nos enfants, car elles étaient vraiment terribles pour ceux qui en étaient témoins et qui les subissaient.
La fille du libraire était une gentille enfant qu’il avait prise en amitié.
Par exemple, dans une lettre à M. de Montalembert, au moment de la crise de déchirement avec M. de Lamennais : « Je le crois, disait-elle, le grand homme eut fléchi devant un enfant tendre et pieux, car il me semble bien que c’est à la seule tendresse que peut céder M. de Lamennais, et, comme Clorinde, si son bras est fort, son cœur est faible.
Il était seul de la branché espagnole de la Maison d’Autriche, et tout son royaume avait intérêt qu’il fût en état d’avoir des enfants.
Vallot a très bien remarqué tout d’abord que l’apparence de force et de vigueur de Louis XIV en sa jeunesse tenait à ce que la bonté du tempérament héroïque de sa mère avait rectifié et corrigé en partie les mauvaises impressions qu’avait dû laisser dans l’enfant le tempérament affaibli d’un père valétudinaire ; mais cette force et cette vigueur n’étaient qu’à la condition d’éviter les excès et d’observer bien des précautions pour se soutenir.
Il n’est pas gêné d’outre-passer les ordres de la Cour ou même de les supprimer, pour peu qu’ils puissent ralentir sa marche : « M. de Torcy m’a envoyé, au mois de juillet, un arrêt du Conseil portant rétablissement d’un ministre pour baptiser les enfants de la Religion prétendue réformée, mais je n’ai pas jugé à propos de l’exécuter. » À quoi bon songer à baptiser des nouveau-nés, quand on est en train, de supprimer d’emblée tout le peuple dissident, d’abolir la secte tout entière ?
Sera-t-il donc vrai qu’en France l’exemple des pères est toujours perdu pour les enfants, et que l’expérience ne se transmet pas d’une génération à l’autre ?
Il ne se contentait pas de hanter, d’habiter même par moments ces palais et antiquités moresques qui étaient Sa première et souveraine passion, il voyait aussi la société, allait à la tertulia presque chaque soir et se mêlait familièrement aux belles jeunes filles et aux enfants rieuses.
On se moqua de l’Espagnol dont la bonne foi recevait un pied de nez, et Coulanges en faisait une chanson : L’Espagnol est tout étonne Quand on parle de guerre ; Louis est un enfant gaté, On lui laisse tout faire.
La liberté dans le Mariage par l’égalité des enfants devant la mère, 1 vol. in-18, 1854 ; — et pour l’ensemble du système, voir l’article Souveraineté dans le Dictionnaire général de la Politique, publié sous la direction de M.
Une femme célèbre, déterminée à lutter avec le vainqueur d’Italie, l’interpella au milieu d’un grand cercle, lui demandant quelle était, à ses yeux, la première femme du monde, morte ou vivante : « Celle qui a fait le plus d’enfants », lui répondit-il en souriant. » C’est là le lieu de ce fameux mot en réponse à Mme de Staël, et qui a tant couru : elle voyait également pour la première fois le général Bonaparte, elle essayait d’emblée sur lui la fascination de son éloquence.
Mais, dès 1684, nous avons de lui un admirable Discours en vers, qu’il lut le jour de sa réception à l’Académie française, et dans lequel, s’adressant à sa bienfaitrice, il lui expose avec candeur l’état de son âme : Des solides plaisirs je n’ai suivi que l’ombre, J’ai toujours abusé du plus cher de nos biens : Les pensers amusants, les vagues entretiens, Vains enfants du loisir, délices chimériques, Les romans et le jeu, peste des républiques, Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits, Ridicule fureur qui se moque des lois, Cent autres passions des sages condamnées, Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années.
Comme son ïambe vengeur nous montrera d’un vers à l’autre les enfants, les vierges aux belles couleurs qui venaient de parer et de baiser l’agneau, le mangeant s’il est tendre, et passera des fleurs et des rubans de la fête aux crocs sanglants du charnier populaire !
Reçu à l’Académie française en novembre 1811, à l’âge de trente-trois ans ; dans l’intime faveur des ministres Bassano et Rovigo ; rédacteur en chef officiel du Journal de l’Empire, remplissant la scène française et celle de l’Opéra-Comique par la variété de ses succès, connu d’ailleurs encore par les joyeux soupers du Caveau et par des habitudes légèrement épicuriennes, on se demandait quel était l’avenir de ce jeune homme brillant, au front reposé, au teint vermeil ; s’il n’était (comme quelques-uns le disaient) que le plus fécond et le plus facile des paresseux, un enfant de Favart ; s’il ne faisait que préluder à des œuvres dramatiques plus mûres, et où il s’arrêterait dans ces routes diverses qu’il semblait parcourir sans effort.
Nous avons à faire l’histoire naturelle de l’âme, et nous la ferons comme toutes les autres, en écartant les préjugés, en ne tenant compte que des faits, en prenant pour guide l’analogie, en commençant par les origines, en suivant pas à pas le développement qui, d’un enfant, d’un sauvage, d’un homme inculte et primitif, fait l’homme raisonnable et cultivé.
Se détachant du même groupe d’érudits, collaborateurs tous les deux d’Olivetan dans la traduction de la Bible, Calvin s’en alla écrire le livre de la Réforme française, et Despériers quatre petits dialogues. obscurs et railleurs, où l’on entrevoyait ces choses graves : que la foi consiste à affirmer ce qu’on ne sait pas, et que nul ne sait ; que les théologiens ressemblent à des enfants « sinon quand ils viennent à se battre » ; que Luther ni Bucer ne changeront le train du monde, et qu’après comme avant eux, mêmes misères seront, et mêmes abus ; que toute la puissance de Dieu est dans le livre, entendez que le livre, c’est-à-dire l’homme, a fait Dieu ; que les petits oiseaux montrent aux nonnes les leçons de Nature : que toutes les Eglises et tous les dogmes ne sont qu’imposture et charlatanisme ; que les réformateurs sont en crédit par la nouveauté ; que leur œuvre, quoi qu’ils en aient, rendra chacun juge de sa foi.
Contre la foi, nulle critique ne vaut : mais dès qu’on ne croit pas « comme un petit enfant », inutile de se monter la tête, inutile de se griser d’esthétique, de s’inventer des raisons de croire : de l’affirmation déterministe sort la dissolution des religions.
Mais les mieux doués eux-mêmes ressemblent à des enfants auxquels il échappe de dire au hasard des choses au-dessus de leur âge.
« Si les enfants, dit-il, avaient les bras hors du maillot, l’exercice prématuré du toucher leur donnerait plus d’esprit. » L’usage de laisser aux nouveau-nés les bras libres est devenu général ; en avons-nous plus de gens d’esprit ?
Mais ses yeux montraient la pureté des yeux des tout petits enfants, pureté de lointaines transparences, et sa voix, avec un peu de fait exprès dans la fluidité de l’accentuation, caressait.
Par suite, respect de l’autorité protectrice, distinction « du tien et du mien », union des sexes, soins de la mère pour l’enfant.
Mes chers romans, dit-elle quelque part ; et comme elle aimait ses enfants !
On a là d’avance, dans Commynes, la critique de ce mot de Louis XIV : « L’État, c’est moi », et de cet autre mot d’un courtisan à Louis XV enfant : « Tout cela est à vous ».
Tout en broyant ses cosmétiques, l’enfant lisait et réfléchissait ; un jour, un Molière lui tomba entre les mains.
Ils avaient commencé, enfants, par être des héros à la guerre, et ils furent de tout temps des débauchés plus que voluptueux.
De la grande ère de 89 il garda toujours, en l’épurant de plus en plus à la flamme du sanctuaire intérieur, la passion active du bien, la soif du bonheur des hommes, de l’émancipation et de l’amélioration de ses semblables : il était et il resta en ce sens-là l’un des enfants de cette grande génération, et ce souffle qui, en se répandant alors sur les âmes, y rencontra tant de mélange et y enfanta les tempêtes, ne cessa de l’animer doucement, également, avec élévation et persévérance, jusqu’à ce que, dans les dernières années, il ne fût plus distinct en lui du zèle tout chrétien.
Cette pauvre humanité est un rude enfant, et qui coûte terriblement à élever !
Au mois de mai 1679 seulement, on permit à sa femme et à ses enfants d’aller visiter le prisonnier dont la santé était altérée ; il y avait dix-sept ans qu’ils étaient séparés.
À ceux qui l’avaient connu dans l’intimité, et autrement que par son rôle public, il a laissé le souvenir d’un homme parfaitement bon, facile même dans l’ordinaire de la vie, ayant des négligences et des insouciances de soldat ou d’artiste, et parfois des accès de gaieté d’enfant.
Ce grand citoyen, dans le ravissement de voir enfin ses maîtres honorer le plus utile établissement de leur présence, après neuf ans d’une attente vaine et douloureuse, m’embrassa les yeux pleins de larmes, en disant tout haut : Cela suffit, cela suffit, mon enfant ; je vous aimais bien ; désormais, je vous regarderai comme mon fils : oui, je remplirai l’engagement que je viens de prendre, ou la mort m’en ôtera les moyens.
Pourtant il lui en restera le sentiment vif de l’amour, de ses charmes et de ses tendresses, et, jusqu’en ses plus grandes gaietés, il aura de ces vers tout riants de fraîcheur : La jeunesse toujours eut des droits sur les belles ; L’Amour est un enfant qui badine avec elles… Regnard n’a que vingt-six ans.
Les compagnons de ma jeunesse, à la vérité, s’en sont allés presque tous, mais je trouve une agréable société parmi leurs enfants et leurs petits-enfants.
À droite de l’allée, tout en entrant, la porte d’une petite boutique ayant sur la rue une devanture grillagée de fer de la largeur d’une fenêtre, et voilée par un rideau du jaune sale d’un drap d’enfant qui pisse au lit.
C’est ainsi qu’on avait vu les parlements, ces vieilles citadelles de l’honneur bourgeois s’abaisser jusqu’à légitimer les enfants adultérins du roi, tant il est vrai que sans une certaine vertu civique la vertu domestique elle-même vient à succomber.
La plupart des parents n’aiment pas beaucoup le goût de la lecture chez leurs enfants.
Le génie antisocial, le fils de la terre, doit être étouffé par le génie de la civilisation, par l’enfant des dieux.
Moins impétueux et moins facile dans le travail, Sainte-Beuve, ce lécheur qui quelquefois se débarbouillait en se léchant, et que ses secrétaires — les sages-femmes de sa pensée — accouchaient d’enfants malingres à mettre dans des bocaux d’esprit-de-vin, n’avait pas la fécondité spontanée, le jaillissement, l’improvisation bien portante et robuste de Chasles, qui lui était très nettement supérieur, hormis en un seul point : il n’avait pas fait et il n’aurait pas fait Joseph Delorme.
Personne ne voudrait la comparer, comme les anciennes, à un fleuve qui arrose et renverse ; point de bruit, point de mouvement, point d’effet ; c’est une baignoire bien propre, bien reposée et bien tiède, où les pères, par précaution de santé, mettent leurs enfants.
Bien des enfants d’hommes distingués, les fils des Royer-Collard, des Halle, des Beugnot, des Sacy, étaient dans cette institution, qui n’en valait pas mieux pour cela. […] Mohl, le savant orientaliste et mieux que cela, mieux qu’un savant, un sage : esprit clair, loyal, étendu, esprit allemand passé au filtre anglais, sans un trouble, sans un nuage, miroir ouvert et limpide, moralité franche et pure ; de bonne heure revenu de tout avec un grain d’ironie sans amertume, front chauve et rire d’enfant, intelligence à la Goethe, sinon qu’elle est exempte de toute couleur et qu’elle est soigneusement dépouillée du sens esthétique comme d’un mensonge. […] Cuvier et retraçant le fin profil de la jeune fille, a écrit : « … C’était Clémentine, l’unique enfant de Cuvier, une créature angélique dans laquelle l’illustre académicien se plaisait à retrouver quelques-uns des dons les plus rares de sa grande intelligence.
. — Un enfant de l’amour ; — sa jeunesse et son éducation ; — médiocrité de son œuvre. — Que là où il est le mieux inspiré, dans son Ravissement d’Europe ou dans son Hymne à Vénus, Baïf est à Ronsard ce que Primatice ou le Rosso sont à leurs maîtres. — Étendue de son œuvre ; — et qu’elle représente éminemment ce qu’il y avait d’artificiel dans le mouvement de la Pléiade. — Sa réforme de l’orthographe ; — ses innovations métriques ; — ses tentatives de lier ensemble la musique et la poésie ; — son Académie. […] VIII]. — Il est nommé précepteur des enfants de France, 1554 ; — Grand aumônier, 1561 ; — et évêque d’Auxerre, 1570. […] Moralistes français] sur les citations de Montaigne et l’impossibilité de les détacher du contexte. — Mais il a oublié que l’édition de 1595 contenait plus de « six cents » additions au texte de 1588 ; — et, d’une manière générale, que le caractère des Essais se définit précisément par leur composition successive. — L’idée n’en doit pas remonter au-delà de 1572 [Cf. livre I, chap. xx]. — L’édition de 1580 ; — et pourquoi de bous juges y voient le portrait le plus ressemblant de Montaigne ; — elle contient moins de citations et, par suite, l’apparence en est moins pédantesque ; — les raisonnements, étant interrompus par moins de digressions, y sont plus faciles à suivre ; — et l’allure en a quelque chose de plus vif. — Comparaison du chapitre de l’Institution des enfants dans la première et la seconde éditions. — Comment le texte de Montaigne s’enrichit, et souvent s’encombre de la diversité de ses lectures ; — que Montaigne retranche rarement, qu’il corrige toujours ; — et qu’il ajoute beaucoup. — Comparaison de l’Apologie de Raymond de Sebonde dans les éditions de 1580 et de 1588 ; — Absence entière de plan et de composition. — Les scrupules du styliste. — Dans quelle mesure il convient d’adopter les additions de l’édition de 1595.
De la jeunesse, une figure décente, une fortune aisée, assez d’esprit pour ne pas dire des bêtises sans le savoir, assez de conduite pour ne pas faire des sottises, comme moi, en sachant bien qu’on en fait, une naissance et une éducation qui n’avilisse pas ses enfants, et qui ne me fasse pas épouser toute une famille de Cazenove, ou gens tels qu’eux1, c’est tout ce que je demande. […] En les acceptant, ce sera me prouver qu’il n’est pas mécontent de mes procédés ; en les refusant, ce serait me traiter comme un enfant ou pis. […] Une jeune enfant, qui se trouvait présente à certaines de ses visites, disait quelquefois lorsqu’il sortait : « Oh ! […] Aimez-moi toujours et faites-m’en donner l’assurance. » — On se demande involontairement, après avoir lu une telle lettre, s’il est bien possible qu’elle soit d’un enfant de douze ans.
Un autre endroit est celui qu’il a eu le bon goût de citer d’après son premier précepteur, John Kirkby, et où nous voyons ce digne et indigent vicaire de village se promenant au bord de la mer, « tantôt regardant l’étendue des flots, tantôt admirant la variété de belles coquilles éparses sur le rivage, et en ramassant toujours quelques-unes des plus rares pour en amuser au retour ses pauvres petits enfants ».
Ne retranchez pas aux enfants le pain qui les doit sustenter, et sans lequel ils périront.
Donc, vous aurez nourri l’enfant. » Ces longues lettres que M.
Cowper voit dans cette disposition et dans ce vœu universel un cri de la conscience qui, longtemps méconnue, mais non abolie, rappelle toute créature humaine à son origine et à sa fin, et l’avertit de sortir du tourbillon des villes, de cette atmosphère qui débilite et qui enflamme, pour revenir là où il y a des traces encore visibles, des vestiges parlants d’un précédent bonheur, et « où les montagnes, les rivières, les forêts, les champs et les bois, tout rend présent à la pensée le pouvoir et l’amour de Celui qui les a faits. » Et dans une description minutieuse et vivement distincte, où il entre un peu trop d’anatomie, mais aussi de jolis traits de pinceau, il donne idée de la manière d’interpréter et d’épeler la création, et il montre qu’ainsi étudié, compris et consacré, tout ce qui existe, loin d’être un jeu d’enfant ou un aliment de passion, ne doit plus se considérer que comme une suite d’échelons par où l’âme s’élève et arrive à voir clairement « que la terre est faite pour l’homme, et l’homme lui-même pour Dieu. » Tout cela est grave et solennel sans doute, il faut s’y accoutumer avec le poète : Cowper, c’est à bien des égards le Milton de la vie privée.
Il en fut pour son zèle : seulement, au lieu d’en plaisanter et de se moquer de lui-même en le racontant, comme font les gens bien appris, il ajoute, en y revenant avec un certain sérieux et avec persistance : « Mais je sus que cela avait été bien lu au roi, qui, quoique tout enfant, aima à entendre dire qu’il avait opéré ce miracle », De retour à Paris après quatre ou cinq années d’intendance, il siégea au Conseil d’État, et peu à peu s’y fit distinguer par le garde des sceaux Chauvelin et par le cardinal de Fleury.
Dans son enfance, beau, grave, sérieux et prudent, il n’avait pas autant de vivacité que d’autres enfants élevés auprès de lui et qui se croyaient plus d’esprit que lui (M. de Guiche, le chevalier de Rohan, Tréville, etc.).
Enfant du XVIIIe siècle et païen à sa manière, — païen vertueux et innocent, — les scrupules néo-chrétiens, qui de notre temps ont prise sur tant d’âmes jeunes ou vieilles, lui sont restés inconnus et étrangers.
C’est un bien qui appartient à votre femme, à vos enfants, à moi, à tous ceux qui vous aiment.
Certains corps religieux ont eu, de tout temps, l’art d’élever et de captiver les jeunes esprits : ils ne négligent rien pour cela, ni les méthodes nouvelles, ni les études variées, ni même l’agrément et les grâces : tout est bon pour prendre les enfants du siècle.
« Taisez-vous, mon enfant, lui dit-il en lui montrant le corps de Turenne étendu mort, voilà ce qu’il faut pleurer éternellement, voilà ce qui est irréparable. » Et lui-même il se mit à s’affliger et à pleurer.
» — « L’homme. » Gavarni se plaît à faire assister son Vireloque et à le faire applaudir aux jeux cruels des enfants, aux traits précoces de la méchanceté humaine.