Un d’eux proposait la question et l’agitait longtemps avant que de la résoudre ; un autre proposait les difficultés ; un troisième y répondait ; un quatrième examinait les objections et les réponses ; ensuite M. l’archevêque reprenait ce qu’on avait dit, et après avoir discuté avec autant de précision que de netteté ce qu’il y avait de douteux, de certain, de faux et de vrai dans le pour et le contre, il appuyait la résolution du cas avec une surabondance de preuves toutes neuves tirées de l’Écriture, des Conciles, des Pères et de Tite-Live. […] Il s’y sentait porté de race, étant fils d’un père qui avait traduit Tacite.
Les paysans qui l’ont vu naître et grandir, et qui le retrouvent aux lieux où vivait son père, le respectent et l’aiment ; il s’arrange lui-même pour les aimer assez, surtout pour les servir et ne pas trop voir leurs laideurs et leurs défauts. […] Il est orphelin de naissance et d’enfance ; il a perdu sa mère presque en naissant, et, peu d’années après, son père ; il a grandi au milieu des vieux domestiques de la maison, et a eu pour compagnons de jeux les enfants des paysans du voisinage.
» Mais l’amour de la patrie luttait encore dans l’esprit des Vaudois contre la lumière qu’y faisaient pénétrer ces paroles et contre l’évidence désolante : « — Ce serait une lâcheté, s’écriaient-ils, de perdre courage devant Dieu, qui a si souvent délivré nos pères, et qui a sauvé de tant de périls le peuple d’Israël. […] À l’annonce de cet acte d’exécution, le courage du désespoir se ranima dans les pauvres vallées, et tous, à l’unanimité, se décidèrent à s’en remettre à la Providence et à défendre leurs toits et leurs autels, à l’exemple de leurs pères.
Il naquit à Amiens, comme on sait, le 29 août 1709 ; son père, qui remplissait d’honorables fonctions judiciaires, était tant soit peu poëte, et rimait en style convenable des épîtres ou satires à l’imitation de Boileau. […] Dans cette Chartreuse si goûtée de nos pères, et où quelques bons vers seulement nous arrivent à la nage dans un torrent de rimes, il disait : Persuadé que l’harmonie Ne verse ses heureux présents Que sur le matin de la vie, Et que sans un peu de folie On ne rime plus à trente ans… Dans une pièce adressée à ma Muse, il disait encore, toujours dans ce même sentiment de la brièveté : Moi que le Ciel fit naître moins sensible A tout éclat qu’à tout bonheur paisible, Je fuis du nom le dangereux lien ; Et quelques vers échappés à ma veine, Nés sans dessein et façonnés sans peine, Pour l’avenir ne m’engagent à rien.
Louis-Jacques-Napoléon Bertrand naquit le 20 avril 1807, à Ceva en Piémont (alors département de Montenotte), d’un père lorrain, capitaine de gendarmerie, et d’une mère italienne. […] — Comte, en qui j’espère, Soient, au nom du Père, etc.
« À l’aspect attendrissant du convolvulus, qui entoure de ses fleurs pâles quelque aune décrépit, il croit voir une jeune fille presser de ses bras d’albâtre son vieux père mourant ; l’ulex épineux, couvert de ses papillons d’or, qui présente un asile assuré aux petits des oiseaux, lui montre une puissance protectrice du faible ; dans les thyms et le calamens, qui embellissent généreusement un sol ingrat de leur verdure parfumée, il reconnaît le symbole de l’amour de la patrie. […] Pardonne à ma faiblesse, Père des miséricordes !
Né pauvre, de la plus honnête mais de la plus entière pauvreté, d’une famille où l’on mourait de père en fils à l’hôpital, il a raconté lui-même les impressions de son enfance dans ses Souvenirs, un petit poème plein d’esprit, de finesse, d’allégresse et de sensibilité. […] Jacques n’a ni père ni mère ; il n’a qu’elle au monde à aimer.
Rentré dans ses foyers à vingt-deux ans, lors de la suppression du corps des mousquetaires (1776), il se maria et vécut de la vie de ses pères. […] Pour prouver la religion des premières familles et le sacerdoce des premiers patriarches, qu’avait-il besoin de passer par des espèces d’équations et de proportions où il fait entrer ses termes favoris, cause, moyen, effet, qui répondent ici à père, mère, enfant, et tout ce qui s’ensuit ?
Son fils, avec sa veuve, demeuré en Angleterre, placé aussitôt dans un poste honorable et modeste par les amis de son père, a continué d’y habiter depuis sans interruption. […] Né aux bords du lac de Genève en 1749, d’un père pasteur protestant, il fit ses études au collège et à l’académie de Genève ; il y contracta ses premières habitudes de justesse, son tour de dialectique et de raisonnement.
Il y a pourtant d’assez belles scènes et très vraies d’observation et d’analyse quand ce jeune homme, à qui l’on a caché sa naissance, paraît pour la première fois dans la maison de sa bienfaitrice, et que celle-ci l’observe avec amour, jalousie et honte, tandis que le père, debout et respectueux, placé derrière, le regarde avec fierté. L’analyse de ces sentiments compliqués et divers qui sont aux prises au sujet de cet enfant mystérieux, ces trois situations de la mère, du fils et du père, sont démêlées avec une rare finesse et indiquées avec une sûreté de trait un peu sèche, mais curieuse et bien sentie.
Son père, obligé de s’expatrier à la suite d’un malheur causé par une imprudence généreuse, s’était établi près de Bourg-en-Bresse ; c’est là que Joseph Michaud, l’aîné des enfants, fit ses études : « Il fut, selon le témoignage de son frère, un excellent rhétoricien : son style avait l’abondance, la solennité semi-poétique, si recommandées par les professeurs aux élèves ; il composait des vers français avec facilité. » Son père mort, et sa mère n’ayant que peu de bien avec beaucoup de famille, il entra dans une maison de librairie à Lyon.
Les autres non, objectant comme preuve de basse extraction, ce qui n’en est pas une, — le métier de son père. […] Il y a telles phrases de l’auteur des Tableaux de la Révolution qu’on pourrait recueillir, et qui sont comme des pierres d’attente de l’édifice que de Maistre et Bonald s’étaient chargés de rebâtir… Il est certainement de leur famille, comme le Fils Prodigue est le fils de son père… Il n’a ni la pureté de la vie ni la rectitude absolue d’entendement de ces deux grands esprits ; mais il est bâti sur le même axe, et la force de son esprit historique le sauve toujours des chimériques sottises de la philosophie… C’est par le sens de la politique et de l’histoire qu’il rejoignait la vérité chrétienne.
Son père, homme prudent et bien instruit dans la sorcellerie, veut lui montrer l’envers de toutes ces splendeurs. Ainsi, à l’heure où les légumes dorment d’un sommeil brutal, ne soupçonnant pas qu’ils peuvent être surpris par l’œil d’un espion, le père entr’ouvre une des tentes de cette magnifique armée ; et alors la pauvre rêveuse voit cette masse de soldats rouges et verts dans leur épouvantable déshabillé, nageant et dormant dans la fange terreuse d’où elle est sortie.
La fille, en naissant, ne faisait pas peur au père, par l’idée de la fuite rapide du temps et de l’accroissement sans mesure de la dot. […] L’une veillait aux soins du berceau, et, pour consoler l’enfant, usait de ce langage qui ravit de joie les pères et les mères.
Pour couronner le tout, sa femme étant morte, il s’est fait prêtre ; il publie toutes sortes de traductions des Pères qu’il commande à des jeunes gens et auxquelles il met son nom ; le produit de cette espèce de librairie, servie par son journal, lui a été très-fructueux.
Il est de fait, en outre, que pour une certaine éducation morale, paternelle, un peu aristocratique, et qui continue doucement les traditions du foyer et de la famille, les pensionnats tenus par des Pères plus ou moins jésuites sont incomparablement plus sûrs que les colléges de l’Université : ceux-ci produisent des lycéens bien appris, éveillés, de bonnes manières, et qui deviennent très-aisément de gentils libertins.
Il se dévoua tout entier à l’instruction de ses diocésains, prêchant fréquemment dans sa cathédrale, où j’ai été étonné d’apprendre que son peuple finit par négliger de l’entendre, soit que son admirable talent eût diminué, ou que l’habitude trop répétée en eût affaibli l’impression ; soit, ce qui est plus probable, que Bossuet ayant pris celle des considérations les plus élevées, et traitant des matières au-dessus de la portée du vulgaire, ses auditeurs fussent dans le cas de lui adresser le reproche que faisait à saint Chrysostome une bonne femme d’Antioche : Père, nom t’admirons, mais nous ne te comprenons pas.
On siffle l’Avare de Molière (7 février 1823), parce qu’un fils manque de respect à son père.
.) — Dona Teresa aime don Juan, qui a tué son père, continue de l’aimer au cloître, le revoit, consent à l’enlèvement et meurt de ne pas être enlevée, comme elle serait morte de l’avoir été.
Comme ils ne sont plus du tout nos contemporains, leur fausseté ne nous gêne plus : nous ne voyons en eux que les témoins du romanesque d’une époque ; et même nous finissons par les aimer, parce qu’ils ont plu à nos pères.
Notre Père, hosanna du jardin de nos limbes.
Le matin donc, lorsque, paresseusement encore, nous rêvions d’éditions, d’éditions à la Dumas père, claquant les portes, entrait bruyamment le cousin Blamont, un ci-devant garde du corps, devenu un conservateur poivre et sel, asthmatique et rageur.
M. de Voltaire, sollicité par eux, vient d’attirer chez lui cet unique rejetton du père de notre tragédie.
Les orateurs, les historiens, les poëtes Grecs & Latins, l’écriture sainte, les pères de l’église, étoient un repertoire de passages.
Sénèque le père dit que les écrivains arides et stériles suivent facilement le fil de leurs discours ; que rien no les détourne, ne les amuse, ne les distrait en chemin, ne les embarrasse, ni les figures, ni le choix des mots, ni la manie des réflexions.
Qu’on prétende que son élève exécutait à merveille la singerie française du respect, j’y consentirai ; mais que cet élève sût mieux qu’un autre se désoler de la mort ou de l’infidélité d’une maîtresse, se jeter aux pieds d’un père irrité, je n’en crois rien.
Tout meurtre était appelé parricidium, meurtre d’un père, c’est-à-dire, d’un noble.
En général, lorsqu’on peut étudier les proches parents d’un grand personnage ou d’un homme distingué, soit ses père et mère et aïeux, soit ses frères et sœurs, soit ses enfants, on est plus à même de le bien connaître, car on connaît la souche et la race ; on peut mieux juger de ce qu’il a dû au fonds commun, à la trame commune, et de ce qu’il y a ajouté ou de ce qu’il en a développé. […] On n’a bien connu Mirabeau que lorsqu’on a vu la souche d’où il sortait, cette race originale et robuste, déjà éloquente, de père, d’oncle et d’aïeux. […] Son père, que vous connaissez peut-être de réputation, est un littérateur célèbre. » Célèbre est beaucoup dire ; tenons-nous en au respectable et à l’aimable Nivernais.
Ce qu’on peut dire de mieux en faveur « d’une nation policée394 », c’est que ses lois, coutumes et pratiques se composent « pour moitié d’abus, et pour « moitié d’usages tolérables » Mais sous ces législations positives qui toutes se contredisent entre elles et dont chacune se contredit elle-même, il est une loi naturelle sous-entendue dans les codes, appliquée dans les mœurs, écrite dans les cœurs. « Montrez-moi un pays où il soit honnête de me ravir le fruit de mon travail, de violer sa promesse, de mentir pour nuire, de calomnier, d’assassiner, d’empoisonner, d’être ingrat envers son bienfaiteur, de battre son père et sa mère quand ils vous présentent à manger. » — « Ce qui est juste ou injuste paraît tel à l’univers entier », et, dans la pire société, toujours la force se met à quelques égards au service du droit, de même que, dans la pire religion, toujours le dogme extravagant proclame en quelque façon un architecte suprême Ainsi les religions et les sociétés, dissoutes par l’examen, laissent apercevoir au fond du creuset, les unes un résidu de vérité, les autres un résidu de justice, reliquat petit, mais précieux, sorte de lingot d’or que la tradition conserve, que la raison épure, et qui, peu à peu, dégagé de ses alliages, élaboré, employé à tous les usages, doit fournir seul toute la substance de la religion et tous les fils de la société. […] » Toutes les souillures qu’il a contractées lui viennent du dehors ; c’est aux circonstances qu’il faut attribuer ses bassesses et ses vices : « Si j’étais tombé dans les mains d’un meilleur maître…, j’aurais été bon chrétien, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toutes choses. » Ainsi la société seule a tous les torts Pareillement, dans l’homme en général, la nature est bonne. « Ses premiers mouvements sont toujours droits… Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans mes écrits, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre… L’Émile en particulier n’est qu’un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent du dehors et l’altèrent insensiblement… La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable412. » Dépouillez-le, par la pensée, de ses habitudes factices, de ses besoins surajoutés, de ses préjugés faux ; écartez les systèmes, rentrez dans votre propre cœur, écoutez le sentiment intime, laissez-vous guider par la lumière de l’instinct et de la conscience ; et vous retrouverez cet Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaine fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur. […] Cf. ses admirables contes, Entretiens d’un père avec ses enfants et le Neveu de Rameau.
Tout au rebours en France. « J’y arrivai en 1774493, dit un gentilhomme anglais, sortant de la maison de mon père qui ne rentrait jamais du Parlement qu’à trois heures du matin, que je voyais occupé toute la matinée à corriger des épreuves de ses discours pour les journaux, et qui, après nous avoir embrassés à la hâte et d’un air distrait, courait à un dîner politique… En France, je trouvai les hommes de la plus haute naissance jouissant du plus beau loisir. […] C’est grâce aux femmes, à leur attendrissement, à leur zèle, à la conspiration de leurs sympathies, que M. de Lally parvient à faire réhabiliter son père. […] Riants frondeurs des modes anciennes, de l’orgueil féodal de nos pères et de leurs graves étiquettes, tout ce qui était antique nous paraissait gênant et ridicule.
Bothwell fut accusé de régicide devant les juges d’Édimbourg par le comte de Lennox, père du roi. […] La soldatesque agitait devant son cheval un drapeau sur lequel était représenté le cadavre de Darnley, couché à côté de son page dans le verger de Kirkoldfield, et le petit roi Jacques à genoux, invoquant le ciel contre sa mère et contre l’assassin de son malheureux père. […] Tous ceux de nostre maison ont tous esté persécutez par cette secte : témoin vostre bon père, avec lequel j’espère estre receue à mercy du juste Juge.
À Saint-Sulpice, nulle atténuation des dogmes de l’Écriture n’était admise ; les Pères, les conciles et les docteurs y paraissaient les sources du christianisme. […] Il en est de même des raisons des libertins que réfute le marquis, père du comte de Valmont. […] Esprit faible, prétentieux et fat, incapable de penser et de réfléchir par lui-même, d’ailleurs ignorant et sans connaissances d’aucune sorte sur aucun sujet, il oppose, à son malheureux père, des foules de difficultés contre la morale, la religion, et le christianisme en particulier, comme s’il avait le droit d’avoir une opinion sur des matières dont l’étude demande tant de lumières et consume tant d’années.
Le faux médecin Clitandre, appelé pour donner ses soins à la fille de Sganarelle, se contente de tâter le pouls à Sganarelle lui-même, après quoi il conclut sans hésitation, en se fondant sur la sympathie qui doit exister entre le père et la fille : « Votre fille est bien malade ! […] Il ne nous reste plus alors, pour compléter notre analyse, qu’à chercher ce qu’il y a de comique dans l’idée de porter un diagnostic sur l’enfant après auscultation du père ou de la mère. […] N’est-ce pas cette idée qu’on nous suggère ici en nous amenant à matérialiser, pour ainsi dire, la sympathie que nous établissons entre la fille et son père ?
Car les Lamartine ont, de père en fils, « la taille haute et mince, l’œil noir, le nez aquilin, le cou-de-pied très élevé sur la plante cambrée… » La tradition les fait sortir « d’un grand village du Mâconnais, colonie exclusivement arabe jusqu’à nos jours ». […] Le père trouva cela tout naturel : « Julia, ce fut le nom qu’un souvenir d’amour donna à notre fille. » Maria-Anna fut bonne au poète, fidèle à toutes ses fortunes, plus tendrement fidèle encore à sa chute, à ses revers et à sa pauvreté qu’à sa gloire… Mais il faut bien que j’arrive enfin aux poésies de Lamartine. […] Ainsi donc, mon enfant, voilà ce grand secret Dont tout autre qu’un père en l’écoutant rirait ; Voilà par quel honteux et ridicule piège L’Esprit trompeur poussait vos pas au sacrilège….. […] Cette première expiation de Cédar paraît assez complète : car il souffre vraiment tout ce qu’il peut souffrir dans son corps et dans son âme et comme époux, et comme père, et comme membre d’une société humaine. […] Est-ce le père ?
Ces deux sens n’en font plus qu’un pour souffrir de la même douleur, et c’est un hommage rendu par le poëte à la sainteté du rôle de père, que Triboulet, plongé dans le cynisme et l’opprobre, se purifie et se relève du moment qu’il a sa fille à défendre. […] Père de famille, il a été frappé par une de ces catastrophes terribles et sacrées, si sacrées et si terribles, qu’il nous semble, à nous, pauvres êtres prosaïques, qu’on les profane en les traduisant en hémistiches et en rimes. […] Nous adopterons, pour nos rapides critiques, une distribution plus simple et plus naturelle en divisant les Contemplations en deux parties : celle où l’auteur se borne ou semble se borner à être paysagiste, amant, père de famille et poëte ; et celle où il se pose et se répète en révolutionnaire politique, social, religieux, philosophique et littéraire. […] Comment ne s’est-il pas dit que par ces licencieuses peintures il perdait le droit des larmes ; que cet accouplement monstrueux d’un deuil de père et des roses fanées d’amours court-vêtus révolterait les lecteurs les moins scrupuleux et détruirait d’avance l’effet de ses gémissements ? […] Ce n’était plus le champ de bataille, l’enivrante odeur de la poudre, l’éclat du soleil sur les armes, la magie du drapeau, le prestige de cette croix de saint Louis, qui fut souvent, après vingt campagnes, la seule fortune de nos pères : non ; c’était quelque chose d’inconnu, d’obscurément terrible, qui avait toutes les angoisses du danger et de la mort sans en avoir les ivresses ; c’était le guichet, c’était le préau, c’était le cachot, c’était le tombereau et la guillotine au milieu des huées de la populace.
Viens, rejoignons mes fils je pourrai, je l’espère, Leur cacher mes chagrins et les torts de leur père. […] Après le noble sacrifice par lequel Georges renonce à l’héritage maternel pour payer intégralement les créanciers de son père, M. […] Il lui refuse sa fille et la donne à un riche agent de change dont le père a fait trois faillites. […] Quel regret si Abailard, en devenant époux et père, cessait d’être philosophe ! […] Oui, nous sommes, sous ce rapport, plus vieux que nos pères.
Il était pour elle, non pas un mot, non pas un symbole, non pas une abstraction, mais un être, en la compagnie duquel l’âme vivait comme nous vivons avec un père qui nous aime, qui nous connaît, qui nous comprend. […] Gustave Flaubert n’a pas une idée commune avec le docteur, son père ; pas une idée commune avec les Rouennais, au milieu desquels il a pourtant grandi, — mais combien dissemblable, et comme il les haïssait, sa conversation faisait foi ! Les compatriotes de Gustave, comme son père, étaient des créatures d’action et non pas de rêve, à qui la littérature était le plus volontiers indifférente, quelquefois hostile. […] C’est la pensée qui les supplicie comme elle supplicie leur père spirituel, et cela les grandit jusqu’à devenir le symbole non plus même de Flaubert, mais de toutes les époques où l’abus du cerveau est la grande maladie. […] L’évêque d’Orléans avait signalé à la défiance des pères de famille le philosophe coupable d’avoir écrit cette phrase hardie : « Que les faits soient physiques ou moraux, il n’importe, ils ont toujours des causes.
Les étudiants espagnols affluaient aux universités d’Italie, comme autrefois les jeunes Romains aux écoles de la Grèce vaincue par leurs pères. […] Changer souvent de mode en fait d’habit paraît une grâce, et garder la même un ridicule ; témoin les railleries qu’on faisait des gens restés fidèles, sous Louis XIV, au pourpoint qui se portait du temps du roi son père. […] Il est juste d’y reconnaître l’influence de Descartes, le père de l’art de penser, qui n’est que l’art de choisir, parmi ses pensées, celles qui ont la marque du vrai, reconnue par la raison ; mais il fut glorieux pour Boileau d’introduire dans la poésie l’esprit du Discours de la méthode. […] Mon père était un homme de bien, de la plus rare probité ; toutes ses actions ont été des fruits de vertu. […] Si j’évitais de faire le bien, pour ne pas le faire à la façon de mon père, je ferais le mal, en manquant l’occasion de faire le bien.
M. de Paulmy, ce noble amateur de livres, dont aucun homme de lettres ne doit parler qu’avec estime et respect, avait des qualités assez différentes de celles de son père : spirituel, sage, discret, insinuant, avec une nuance de douceur que le père, dans sa rudesse, appelait doucereuse.
Gacon, un chétif et déshonorant défenseur des anciens, s’était mis en effet du jeu : sous le titre d’Homère vengé, il publia en 1715 le livre le plus incohérent et le moins solide, mi-partie de vers et de prose, folâtre de ton, tout bariolé de fables et de rondeaux, le tout à l’honneur du père de la poésie et contre son moderne détracteur. […] Qu’on relise seulement à haute voix ce passage connu des Martyrs, dans la visite que Cymodocée et son père sont allés faire à la famille d’Eudore en Arcadie : Comme Lasthénès achevait de prononcer ces paroles, le soleil descendit sur les sommets du Pholoë, vers l’horizon éclatant d’Olympie ; l’astre agrandi parut un moment immobile, suspendu au-dessus de la montagne comme un large bouclier d’or… Les bois de l’Alphée et du Ladon, les neiges lointaines du Telphusse et du Lycée se couvrirent de roses ; les vents tombèrent, et les vallées de l’Arcadie demeurèrent dans un repos universel… D’où vient que l’enchantement produit par des sons amène une larme ?
Elle s’est donc mise à l’étude des Pères. […] À Paray, où elle poursuivait de préférence son travail, elle ne trouvait aucun secours ; le curé du village n’était pas capable de la diriger, ni même de l’entendre : Je lui demandais un jour ce qu’il pensait des Pères apostoliques ; il n’en pensait absolument rien, ne sachant pas même leurs noms.
Eckermann sortait de la plus humble extraction ; son père était porte-balle et habitait un village aux environs de Hambourg. Élevé dans la cabane paternelle jusqu’à l’âge de quatorze ans, allant ramasser du bois mort et faire de l’herbe pour la vache dans la mauvaise saison, ou accompagnant l’été son père dans ses tournées pédestres, le jeune Eckermann s’était d’abord essayé au dessin, pour lequel il avait des dispositions innées assez remarquables ; il n’était venu qu’ensuite à la poésie, et à une poésie toute naturelle et de circonstance.
Par une sorte de prédestination qui s’accusait même dans les noms, il avait fait ses premières études chez les Pères de la doctrine chrétienne, autrement dits Doctrinaires. […] Quoiqu’ayant été préfet de police sous l’Empire, il avait, par ses tout premiers antécédents de conseiller dans l’ancien Parlement de Paris sous Louis XVI, par la mort de son père immolé sur l’échafaud et par tous ses liens de famille ou de jeunesse, une teinte royaliste très-suffisante pour figurer sur un très-bon pied dans la Chambre nouvelle.
Elle ne se maria que plus tard, et elle épousa un honnête homme du même métier que son père, maître Aymon ou Ennemond Perrin. […] Vénus, pour le toucher et l’apitoyer, énumère et rappelle tous les grands moments où elle a dû déjà recourir à son père et où il s’est montré bon pour elle : — quand elle fut blessée par Diomède ; — quand elle voulut sauver Énée ; — quand elle perdit Adonis, etc.
L’empereur eut, à celle occasion, des paroles de sensibilité pour le roi et le père malheureux, et il autorisa Horace Vernet à les redire25. […] La mort du duc d’Orléans est une perte énorme, non seulement pour le père et pour la France, mais pour nous tous.
En voici quelques passages, quelques versets ou couplets, c’est bien le mot ; l’auteur, tout récemment alors époux et père, y chantait ses délices nouvelles et ses joies : « Si vous n’avez pas d’enfants, ayez-en d’abord ; ensuite vous lirez la première partie de ce livre. […] Profond mystère, féconde joie, réciprocité de la vie : le fils régénère le père et la mère, il les crée à son tour !
N’affectons pas trop de dédaigner, même en nous en dispensant, ce genre qui a été cher et utile à nos pères. […] Il y a plus d’une demeure, comme dit Goethe, dans la maison de mon Père.
En essayant de les continuer, d’en faire entendre de semblables, non point parce qu’il sentait de même, mais parce qu’il visait à un genre littéraire, Jean-Baptiste égarait toute spiritualité dans les échos de ses rimes sonores : Racine fils, bien débile sans doute, était plus voisin de son noble père, plus vraiment touché d’un des pâles rayons. […] La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l’ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de Lamartine le reportent à la maison d’arrêt où on le menait visiter son père.
Voyez comment il loue la vérité des personnages dans Térence : Ce n’est plus un portrait, une image semblable : C’est un amant, un fils, un père véritable. […] Il perdit son père en 1657.
Toute sorte de prédicateurs hétéroclites viennent prêcher la bonne doctrine : ce sont les Cinquante d’une grande ville du nord, et le rabbin Akib, et le révérendissime père en Dieu Alexis, archevêque de Novgorod la Grande. […] N’ayant pu avoir celui de directeur des haras dans sa province, il obtint d’être père temporel des capucins du pays de Gex.
On ne trouvait rien de trop avantageux dans ces vers à son fils : Émule généreux des aigles du Parnasse, Ton père quelquefois atteignit leur audace41 . […] Que dire de la Jeune Captive, et des beautés vengeresses de ces ïambes, qu’il envoyait à son père, de la prison de Saint-Lazare, avec son linge, écrits sur de petites bandes de papier enroulées, d’une écriture si serrée et si fine, qu’il fallait les yeux paternels pour les lire ; que dire des dernières tendresses et des dernières colères de ce cœur si passionné et si haut, sinon que le poète charmant des Élégies et des Idylles prenait l’essor d’un grand poète, au moment où le geôlier de Saint-Lazare vint le chercher pour l’échafaud !
En vain, Mlle de Gournay, une vieille fille, qui est elle-même un honorable débris du siècle précédent, essaie-t-elle de défendre ses contemporains, je veux dire les termes employés et consacrés par son père d’adoption, Montaigne. […] Je pourrais citer mille travestissements du même genre ; je n’en rappellerai qu’un Legouvé (le père), dans sa tragédie La mort de Henri IV, rencontra sur sa route le mot si connu : « Je voudrais que chaque paysan pût mettre la poule au pot le dimanche. » Une poule !
C’est justement que les anciens avaient donné à Eschyle le grand nom de « Père de la tragédie ». […] Les Pélasges avaient épaissi, sans les modeler, les phénomènes physiques qu’adoraient leurs pères sous des appellations transparentes.
Huet naquit à Caen, en 1630, d’un père déjà vieillard, qui lui communiqua peut-être de ce tempérament rassis et de cette égalité d’âme qui le distingua dans toute sa longue vie ; d’une mère jeune, spirituelle, « d’une humeur charmante, d’un entretien enjoué, d’un esprit délicat et pénétrant, qui savait remarquer finement le ridicule des choses et des personnes ». […] Huet perdit de bonne heure ce père excellent ; il perdit aussi sa mère peu de temps après, et se trouva en bas âge aux mains de parents éloignés, qui furent des tuteurs négligents.
Bettina Brentano, fille d’un père italien établi et marié à Francfort, appartenait à une famille très originale et dont tous les membres avaient un cachet de singularité et de fantaisie. […] La Correspondance, publiée depuis, a montré Goethe le conseillant, influant salutairement sur lui sans se faire valoir, le menant à bien comme eût fait un père ou un frère.
Son père, le prince de Broglie, fils aîné du maréchal, était entré jeune au service ; il avait fait la guerre d’Amérique avec zèle et gaieté, comme toute cette jeune noblesse du temps, les Lameth, les Ségur, les Lauzun ; comme eux aussi, il était en plein dans les idées du xviiie siècle. […] Il ne compte pas assez avec la légèreté française, cette légèreté que son père et tout le xviiie siècle connaissaient si bien, et que le xixe n’a pas encore tout à fait oubliée.
Son père avait passé sa vie dans les intendances, dans les ambassades, et il était, en dernier lieu, chancelier de Gaston, frère de Louis XIII. […] Choisy se trouva même lésé par ce père et privé de certain beau présent qui aurait dû lui revenir : « Je ne sus tout cela bien au juste, dit-il, qu’après être arrivé en France ; mais, quand je me vis dans mon bon pays, je fus si aise que je ne me sentis aucune rancune contre personne. » Choisy revient plus d’une fois sur cette idée qu’il est sans rancune et qu’il n’a point d’ennemis : « Si je savais quelqu’un qui me voulût du mal, j’irais tout à l’heure lui faire tant d’honnêtetés, tant d’amitiés, qu’il deviendrait mon ami en dépit de lui. » On retrouve là encore cette nature officieuse, gentille et complaisante, et qui chercherait vainement en elle la force de haïr.
Son père était de Provence ; il s’était transplanté en Normandie et s’y était marié, non sans transmettre à ses enfants quelque chose de la veine méridionale. […] Après avoir parlé de la longue suite d’aïeux que pouvait compter son héroïne : Sapho, ajoutait-elle, a encore eu l’avantage que son père et sa mère avaient tous deux beaucoup d’esprit et beaucoup de vertu ; mais elle eut le malheur de les perdre de si bonne heure, qu’elle ne put recevoir d’eux que les premières inclinations au bien, car elle n’avait que six ans lorsqu’ils moururent.
Dieu, qui n’était qu’un père dans la première version, deviendra dans la seconde un père et un juge : les pauvres, qui étaient d’abord des créanciers et des juges, ne seront plus, toute réflexion faite, que des créanciers et des médiateurs auprès de Dieu.
Traduire Dante était pour Rivarol « un bon moyen, disait-il assez avantageusement, de faire sa cour aux Rivarol d’Italie », et une façon de payer sa dette à la patrie de ses pères ; c’était indirectement faire preuve de sa noblesse d’au-delà des monts. […] Et ici, dans une diatribe d’une verve, d’une invective incroyable, Rivarol prend à partie les philosophes modernes comme les pères du désordre et de l’anarchie, les uns à leur insu, les autres le sachant et le voulant.
Le dessert a coûté cher, mais ce sont nos pères qui l’ont payé. […] Disons toute notre pensée : si Bernardin n’avait sollicité de la sorte qu’en ces années dont nous parlons, quand il en avait si absolument besoin, quand il était comme un père ou comme une mère voulant produire le fruit ignoré de son génie, l’enfant de ses entrailles, s’il n’avait pas conservé ces habitudes de plainte et de sollicitation jusque dans des temps plus heureux et fait alterner perpétuellement l’idylle et le livre de comptes, ce serait simplement touchant, ce serait respectable et sacré.
Il avait été stipulé que Voltaire userait de tout en bon usufruitier, et comme ferait un bon père de famille, ménageant les arbres qui étaient sur pied, et se modérant lui-même dans ses devis, dans ses plans d’embellissements et d’avenues. […] De votre côté, vous êtes incapable d’user de ceci autrement qu’en galant homme, comme vous feriez de votre propre bien patrimonial, en bon propriétaire et bon père de famille.
Il vous montre une mère, Constance mère d’Arthur, et quand il vous a amené à ce point d’attendrissement que vous ayez le même cœur qu’elle, il tue son enfant ; il va en horreur plus loin même que l’histoire, ce qui est difficile ; il ne se contente pas de tuer Rutland et de désespérer York ; il trempe dans le sang du fils le mouchoir dont il essuie les yeux du père. […] Soyez les Furies, on vous nommera Euménides, les Charmantes ; tuez vos frères, on vous nommera Philadelphe ; tuez votre père, on vous nommera Philopator ; soyez un grand général, on vous nommera le petit caporal.
Un moment pourtant, Adolphe Maillet eut l’espérance de se faire adopter par LE BARON DE FILOUZE Ce baron, un fidèle des Allées Neuves, perdit son père à dix-huit ans — et sa fortune au lansquenet six mois plus tard. […] Après avoir été mousse sur un navire marchand, aventurier avec de Pindray au Mexique, — et chenapan partout, le baron revint dans la ville de ses pères, misérable, déguenillé, abruti.
Pommier, dans cette vision du dernier jour et de l’Éternité, Jésus-Christ, qui, par sa double nature d’homme et de Dieu, est de plein droit l’arbitre agréable et agréé du genre humain entre son Père et nous, Jésus-Christ n’apparaît pas assez. […] Les fils, les pères, les aïeux, Se réveillant d’un profond somme, Ébahis, se frottent les yeux.
On présentait les accusés en deuil, les pères avancés en âge qui redemandaient leurs fils, les femmes et les enfants désolés. […] L’éloquence de la chaire avait des défauts presque semblables ; affectation, exagération, pointes ridicules, entassement de métaphores, mélange du profane et du sacré, citations éternelles de grec, de latin, d’hébreu, et un peu plus d’Ovide ou d’Horace que des pères ; enfin, multitude d’idées empruntées des erreurs et des préjugés du temps sur la physique, sur l’histoire naturelle, sur l’astronomie, sur l’astrologie, sur l’alchimie ; car alors on prodiguait tout, et on faisait étalage de tout ; tel était le goût des orateurs sacrés sous Henri IV et sous Louis XIII.
On voulait dire, par là, que la caserne est une maison, que le régiment est une famille, et que le chef est le père, celui qui donne à manger à ses enfants. […] Il était écrit que ce jeune homme ne mourrait pas dans son pays ni dans la maison de son père. […] Comme son père pleurait de la voir s’en aller pour toujours, elle lui rappela le sacrifice d’Abraham. […] Lévy entreprend de démontrer que Napoléon Bonaparte posséda toutes les qualités que les pères de famille avisés exigent de leurs enfants : 1º Il fut bon élève. […] Nos pères se sont entre-égorgés, nos fils s’entre-tueront… Noblesse oblige !
— J’entends quelquefois parler de l’insouciance et de la gaieté de nos pères. […] Et n’y aurait-il pas de la grossièreté à jalouser nos pères ? […] Et ce père, ne vous fait-il pas sourire ? […] « Nos pères ont été sages d’égorger les huguenots, et bien imprudents de ne pas brûler Luther. […] Disons-le tout de suite, à l’honneur de nos contemporains, ils charpentent beaucoup mieux que leurs pères.
Un petit détail où la curiosité l’attendait : — il a commencé son discours en disant monsieur et non pas mon père.
Portalis père confondu avec M. son fils, etc., etc.
Il entend au dedans de lui une voix secrète qui lui dit : « Puisque l’ombre redouble, que le froid de la nuit se fait sentir, et que tu as marché tout te jour, prends courage, c’est que tu n’es pas loin d’arriver. » Dès lors la chaîne des saintes idées se renoue ; le souvenir de Dieu redescend, de ce Dieu fait homme, dont le dernier soupir, la dernière voix fut aussi une plainte à son père, un pourquoi sans réponse.
Dieu de leurs pères !
ne récriminons pas ; vous en tchamara, nous en habit ou en haillons, nous sommes frères ; vous êtes restés dévots au Christ et à Marie, comme nos aïeux l’étaient, comme nos pères ne l’étaient déjà plus ; mais nous voulons la liberté des croyances, et les vôtres seront respectées de nous.
C’est Cléante qui fait un présent à sa maîtresse aux dépens de son père ; c’est Harpagon qui est obligé d’abandonner sa bague.
Ne dites jamais, comme les mécontents dont parle le prophète d’Israël : « Nos pères ont mangé le raisin vert, et les dents de leurs fils sont agacées. » Votre part est la bonne, et je vois mille raisons de vous porter envie, non seulement parce que vous êtes jeunes et que la jeunesse est la découverte d’une chose excellente, qui est la vie, mais parce que vous verrez ce que nous ne pourrons voir, vous saurez ce que nous cherchons avec inquiétude, vous posséderez la solution de plusieurs des problèmes politiques sur lesquels nous hésitons parce que les faits n’ont point encore parlé assez clairement.
L’œuvre du père des Mousquetaires n’est pas moins complètement enterrée, malgré ses beaux paraphes.
Le duc de Raguse aurait un fils, et son fils serait un héros, qu’il pourrait pleurer en lisant ces grandes et belles paroles en face de la tombe de son père, mais qu’à coup sûr il ne les reprocherait jamais à la sévérité de l’historien !
En écrivant toute cette histoire, qui fut un peu la sienne, il renfonce les larmes que Diderot laisserait couler : Diderot, qui écrivit l’histoire du réfractaire Neveu de Rameau, Diderot, qui fit des sermons à un louis pièce pour manger, qui fut un réfractaire comme Vallès, et qui n’en devint pas moins bourgeois de Paris, académicien, père de famille, un gros bonhomme en robe de chambre et en serre-tête, comme un jour le sera peut-être Vallès.
Il a de la grâce comme nous en avons en France, quand nous en avons, C’est dans un verre mousseline qu’il boit la neige rose de ses glaciers maternels, dorés par l’Aurore, et si quelque chose se mêle à ces primitives et simples saveurs, c’est une goutte, une innocente goutte de vin du Rhin, une influence de ce père des choses rêveuses et naïves ; car Topffer est aussi Allemand que Français.
Fils d’un tisserand du Palatinat, son père, qui avait émigré, s’était marié dans cette douce contrée, le pays de la bonhomie vraie qu’on appelle l’Oberland badois, et c’est là, entre le Rhin et les hauteurs boisées de la Forêt Noire, que ce poète de la bonhomie — car tel est le caractère distinctif de la poésie de Hebel et son originalité supérieure — nourrit son génie de ces premières impressions qu’on devait toujours y retrouver, et qui entrent dans la pensée d’un homme profondément organisé comme le goût du thym dans le miel de l’abeille et la saveur des serpolets vierges dans la chair sauvage des chevreuils.
Gramont est un homme de race militaire, et la virilité de sa pensée donne souvent à l’accent de sa poésie quelque chose de stoïquement inconsolable, d’un effet très pénétrant et très nouveau… Sorti d’un père vendéen, ami de Talmont et de Charette, ce fiancé de l’épée, à qui l’épée a manqué, victime fière et pure de la fidélité du souvenir, nous dit dans ses Chants du Passé tous les veuvages de sa jeunesse : Je comptais retrouver cette épouse de fer Que de ma destinée une erreur a disjointe.
Sue, qui était jeune, n’était pas riche ; son père, brave médecin, usait pour lui-même de la fortune qu’il lui a laissée depuis. […] Je vous ai dit, je crois, que le père de M. […] — Vous ne ressemblez donc pas à monsieur votre père ! […] Paul de Musset était le père de ce moyen de séduction économique. […] Maintenant jugez de l’effroi de la pauvre jeune fille : le commissaire de police était son père !
Un élève de quatrième passe avec un camarade devant la prison où son père, un riche banquier, a été enfermé plusieurs fois pour banqueroute frauduleuse, détournements et autres crimes fructueux. […] On n’a pas laissé de temps à nos pères. […] Son père lui donna à sa naissance le nom du grand poète, et ce prénom expressif devint pour Rossetti une suggestion durable qu’il a ressentie, et, quoique peut-être seulement demi-consciemment, reconnue91.
Fils d’un pape espagnol, hardi comme un aventurier, intrépide comme un chevalier, politique comme un diplomate, perfide comme un brigand, il aspirait à fonder en Italie, par la puissance papale de son père, une dynastie des Borgia. […] XXIX Un roi presque enfant, dont on ne connaît encore que le nom, se tient debout sous ces coups de vent, par le seul aplomb de la volonté de son père ; il semble survivre à ce père, le plus volontaire des rois de ce siècle.
Le père de son enfant parti, — hélas ! […] Madeleine désire la racheter d’eux : faire chanter la nature, c’est le chef-d’œuvre des avares et des scélérats, c’est la question donnée aux cœurs d’une mère et d’un père. […] Et, secondement, où pouvait mourir une fille publique, née sans père ni mère, débauchée de mœurs d’abord, de misère ensuite ; où pouvait-elle mieux mourir que dans un hospice, providentiellement recueillie par la bienfaisance, et dans la couche préparée par de saintes filles sous les ailes de la religion ?
Quand on regarde dans quelles impressions s’écoula l’enfance de Lamartine, on ne trouve rien autour de lui que d’aimable, de bon, de gracieux, père, mère, sœurs ; et pour cadre Milly, les coteaux du Maçonnais. […] Le Père éternel, le Dieu consolateur, n’est pas : s’il y a un jour du jugement, ce sera le jour où Dieu viendra se justifier devant ceux qu’il a dévoués au mal par la loi de la vie. […] Il parle avec attendrissement de son père, et de lui-même.
Il est si doux, si facile, si commode de marcher sans peine sur des routes frayées, de vivre dans des idées toutes faites, de recevoir sa croyance avec l’héritage de son père, et de repousser indifféremment toute chose nouvelle dans la crainte d’avoir un effort à faire. […] Quoi, nous sommes ce peuple qui, à la fin du dernier siècle, — hier, au moment où nos pères venaient de naître, — illumine le monde entier par les éclats merveilleux de la plus sublime révolution qui se soit jamais accomplie ; nous sommes ce peuple qui, traversant l’Europe au bruit du canon, va porter à toutes les nations les germes d’une liberté encore endormie peut-être, mais que j’entends sourdre sous la terre ; nous sommes ce peuple qui se débat glorieusement à travers les neiges meurtrières et qui force, par sa défaite même, toutes les races à venir s’asseoir chez lui au grand banquet de la civilisation ; nous sommes ce peuple qui souffre d’une gestation d’avenir ; nous sommes ce peuple qui a eu tant de gloires magnifiques, tant de poignantes humiliations, et il faut donner des récompenses nationales à ceux qui chantent en français de cuisine les Grecs et les Romains ! […] X avec Mme Z surveillée par un mari jaloux qui surprend le secret de la naissance de X et le force à épouser Mlle K, afin d’être libre de torturer à son aise cette pauvre Mme Z à laquelle il doit la fortune qui lui permet de faire des folies pour la petite P dont le père, autrefois condamné aux galères, et maintenant employé dans la police, est devenu, sous un déguisement de diplomate, l’amant de la riche princesse W, etc., etc., etc.
C’est celle où l’emprunteur et l’usurier, qui ne s’étaient pas encore vus, se rencontrent face à face et se trouvent être le fils et le père. […] L’entrevue n’a pas plutôt pris fin que le père a tout oublié. […] C’est ainsi qu’un père sévère va s’associer quelquefois, par oubli, à une espièglerie de son enfant, et s’arrête aussitôt pour la corriger.
Il est bien, lui, le père de ce dilettantisme que M. […] son père n’avait qu’un œil… il était maréchal. […] Mais son père ne s’en vanta jamais. […] Alors, le tailleur vint trouver ton père, pour le prier de l’aider à obtenir son argent. […] Toutes ces faveurs me viennent de toi, Père céleste !
Avant que la fièvre du combat eût enivré nos pères, ce monde nouveau leur était apparu ; puis il s’effaça dans le sang. […] Il n’y a pas de loi divine ni sociale qui t’enchaîne à la rudesse de tes pères. […] … Au milieu de vous, je me tiens comme un père au sein de sa famille ; vous m’appartenez tous ! […] Comme il arrive toujours, elle fut combattue : Son père alla vivre à la campagne, près Paris. […] Il écrivit et montra à son père une tragédie qui fut soumise au jugement de M.
« On a quelquefois demandé, dit Horace, si la comédie était ou n’était pas un poème, parce que respiration et la force ne s’y rencontrent, ni dans les mots, ni dans les choses, et qu’à la mesure près c’est une pure conversation toute semblable aux entretiens ordinaires… Ce n’est pas assez de composer des vers en termes élégants, mais ordinaires ; si, ces vers une fois rompus, tout père peut gronder du même ton qu’un père de comédie37. » La vérité est que toutes les œuvres de la comédie nouvelle sont poétiques et prosaïques à la fois : poétiques par la forme, prosaïques par le fond38. […] Elle est fort amusante ; mais ne se termine-t-elle pas par un trait tout à fait exagéré, quand Valère, en présence de l’avare, s’adresse ainsi à sa fille : « Oui, l’argent est plus précieux que toutes les choses du monde, et vous devez rendre grâces au ciel de l’honnête homme de père qu’il vous a donné. […] On y voit un amant déguisé en valet, un fils prodigue épris de la prétendue de son père, un cocher qui est aussi cuisinier, une femme d’intrigues, un homme qui prête sur gages, un homme qui a de l’argent caché, un vieil avare amoureux et, pour couronner tout, une reconnaissance.
Il remarque que les pères ne doivent point être inflexibles et que souvent ils se repentent lorsqu’ils ont poussé leurs enfants au désespoir. […] Un franc-tenancier, par la vertu de l’élection, n’est éloigné que d’un degré du législateur, et par cette raison doit se lever pour la défense des lois qui sont jusqu’à un certain point son ouvrage917. » Ce sont là tous les sentiments anglais, composés de calcul et d’orgueil, énergiques et austères, et ce portrait s’achève par celui de l’homme marié : « Rien n’est plus agréable au cœur de l’homme que le pouvoir ou la domination, et je me trouve largement partagé à cet égard, à titre de père de famille. […] « Constance, sachant que la nouvelle de son mariage pouvait seule avoir poussé son amant à de telles extrémités, ne voulait pas recevoir de consolations ; elle s’accusait elle-même à présent d’avoir si docilement prêté l’oreille à une proposition de mariage, et regardait son nouveau prétendant comme le meurtrier de Théodose ; bref, elle se résolut à souffrir les derniers effets de la colère de son père plutôt que de se soumettre à un mariage qui lui paraissait si plein de crime et d’horreur931. » Est-ce ainsi qu’on peint l’horreur et le crime ? […] Il trouve sublimes les tirades de Dieu le père et les politesses monarchiques dont se régalent les personnages de la Trinité.
Nous avons entendu un petit garçon de treize ans appeler sa mère « vache, bonne à rien », lui dire que son père avait bien raison de lui administrer de bonnes danses en attendant qu’il soit assez fort pour en faire autant8 » Ces réflexions si judicieuses d’un homme qui a passé sa vie avec les ouvriers et qui ne prend la plume que pour proposer des remèdes à leur misère, sont-elles suffisantes à faire comprendre l’expression employée par M. […] Et cette pauvre petite Lalie, qui meurt sans une plainte sous le fouet d’un père fou d’alcool, n’en est-ce pas un aussi, et du plus pur idéal ? […] Le malheureux passe par tous les degrés d’avilissement, entraîné non seulement par un penchant naturel à l’ivrognerie, qu’il a hérité de son père, mais par de mauvais camarades qui le corrompent, par une série de petites circonstances qui agissent sur lui ; enfin, quand il est déjà tombé assez bas, Lantier achève de le traîner dans la boue. […] Ton père est revenu, il saura bien te faire rester, lui !
Au milieu de la soie claire d’un panneau, un noir Bonvin, représentant un homme attablé dans un cabaret, apparaît à la façon d’un portrait de famille, d’un ressouvenir de basse origine, du père de la fille passant la tête au milieu de sa fortune. […] Les filles de Gautier ont un charme singulier, une espèce de langueur orientale, des regards lents et profonds, voilés de l’ombre de belles paupières lourdes, une paresse et une cadence de gestes et de mouvements qu’elles tiennent de leur père, mais élégantifiées par la grâce de la femme : un charme qui n’est pas tout à fait français, mais mêlé de toutes sortes de choses françaises, de gamineries un peu masculines, de paroles garçonnières, de petites mines, de moues, de haussements d’épaules, d’ironies montrées avec les gestes parlants de l’enfance ; toutes choses qui en font des êtres tout différents des jeunes filles du monde, de jolis petits êtres personnels, d’où se dégagent franchement, et d’une manière presque transparente, les antipathies et les sympathies. […] * * * — La vie est hostile à tout ceux qui ne suivent pas le grand chemin de la vie, à tous ceux qui ne rentrent pas dans les cadres de la grosse armée régulière, à tous ceux qui ne sont ni fonctionnaires, ni bureaucrates, ni mariés, ni pères de famille. […] En passant, la basque de la redingote de l’heureux père frôle et balaye la feuille de papier, où l’on inscrit la morte.
Mais le sentiment, qui anime les pères et les frères en Saint-Simon d’Eugène Rodrigues, est à la fois plus simple et plus haut, plus calme et plus touchant ; leur langage est plus d’accord avec ce qu’il a dû désirer et espérer lui-même, avec ce qu’il doit continuer de sentir au sein de la vie nouvelle où il est déjà entré.
père, enfants, amis, amies ?
Marié deux fois, père d’un Paul et d’une Virginie, il jouit de sa gloire aussi paisiblement que son caractère quinteux le lui permet.
Ainsi, je passerai vite sur les cent vingt premières pages de Mademoiselle Jaufre 4, où nous sont contés (avec art, je le sais, et parfois avec poésie) l’idylle des amours enfantines de Louiset et de Camille dans le grand parc abandonné, puis le départ de Louiset, puis l’adolescence paresseuse, inerte, solitaire de la belle Camille chez son père le docteur Jaufre.
« De taille moyenne et assez spontanément épanoui, il porte, pas trop haut, une longue tête enfantine ; cheveux châtains s’avançant en pointe sur un front presque sacré et retombant, plats et faibles, partagés par une pure raie droite, celer deux mignonnes oreilles de jeune fille ; masque imberbe sans air glabre, d’une pâleur un peu artificielle mais jeune ; deux yeux bleu-gris partout étonnés et timides, tantôt frigides, tantôt réchauffés par les insomnies ; un nez sensuel ; une bouche ingénue, ordinairement aspirante, mais passant vite du mi-clos amoureux à l’équivoque rictus des gallinacés… Il ne s’habille que de noir et s’en va, s’en va, d’une allure traînarde et correcte, correcte et traînarde5. » Il dit encore : Mon père (un dur par timidité) Est mort avec un profil sévère ; J’avais presque pas connu ma mère, Et donc vers vingt ans je suis resté.
Que d’autres peuples, même européens, les nations slaves par exemple, les peuples germaniques eux-mêmes, bien que constitués plus tard dans les rapports si étroits avec le latinisme, cherchent ailleurs leur éducation, ils pourront s’interdire une admirable source de beauté et de vérité ; au moins ne se priveront-ils pas du commerce direct avec leurs ancêtres ; mais, pour nous, ce serait renier nos origines, ce serait rompre avec nos pères.
D’un autre côté, peut-on penser que l’accent de madame Scarron dans l’expression de son chagrin, cet accent qui alla au cœur du roi, ne sortît du cœur de la gouvernante dont la douleur n’était pas toute pour la perte de l’enfant et s’était accrue de la douleur du père ?
Le discours du père à sa fille est à la fois plein de sentiment, de douceur et de raison.
Admirer en présence des orateurs et des poètes qui ont enveloppé Athènes de séduction et Rome de grandeur, c’est se donner tout entier à ces maîtres incomparables, leur livrer ses plus fraîches et ses plus naïves émotions et témoigner à ces pères de l’intelligence autant d’amour filial que de respectueuse fidélité.
Il y a sans doute quelque différence entre la conservation d’un grand ministre et d’un petit mercier, d’un célibataire et d’un père de famille, d’un bon général d’armée et d’un mauvais poëte ; mais ni le souverain qui nous regarde comme ses enfants, ni le sentiment de l’humanité qui nous rapproche de nos semblables ne s’arrêtent à ce calcul.
Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si l’on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle ; ce scribe, qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix ; ce solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net (el rey netto), au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale ; Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore, parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.
Nous avons, sur le simple titre de l’ouvrage, ressenti une forte et involontaire sympathie pour un homme qui, par ce temps de civilisation économique, écrit un livre sur les vieux iarls scandinaves, les pères oubliés des éleveurs de la vallée d’Auge et des herbagers du Cotentin.
Sortie des flancs de l’idée chrétienne, la France se résume et se constitue dans la double unité de la famille et de l’ordre : — de la famille, que le père nourrit, domine et défend, et qu’il doit représenter tant au profit de sa propre prépondérance qu’au profit de celle de l’État ; de l’ordre, dont la magistrature dessine la circonférence, l’armée le rayonnement, et le sacerdoce le centre.
Duval-Lecamus (père).
Citoyens, sénateurs, amis, pères, époux, fidèles à tous les devoirs, au-dessus de l’intérêt, au-dessus de la crainte, opiniâtres dans le bien, et dédaignant une faveur qu’on ne pouvait gagner que par des bassesses, ils avaient étonné Rome corrompue, et rappelé Rome ancienne ; la récompense de tant de vertus fut telle qu’on devait alors s’y attendre, la mort.
Il se souvient qu’il est homme, il se souvient qu’il commande à des hommes29… « Les riches ont d’assez grands motifs pour donner des citoyens à l’État, il n’y a qu’un bon gouvernement qui puisse encourager les pauvres à devenir pères.
D’ailleurs, la naissance du christianisme dans ces climats, le renouvellement du platonisme, l’école d’Alexandrie, le choc des deux religions, le zèle ardent des païens pour attaquer, le zèle des chrétiens pour se défendre, tout dans l’Orient contribuait à entretenir la culture et le goût ; des évêques étudiaient Homère ; des saints se nourrissaient d’Aristophane ; Platon était presque aussi souvent cité qu’un Père de l’église : c’était un arsenal ennemi où le christianisme venait s’armer, et l’on combattait les fables et la mythologie des Grecs avec l’éloquence des Grecs mêmes.
C’est elle qui a fait les noces du peuple de Romulus avec les Sabines, d’où elle a tiré les Rhamnes et les Quirites, et pour postérité de Romulus, le père et la génération des Césars.
avant que ces souliers fussent vieux, avec lesquels elle avait suivi le corps de mon pauvre père. […] Vous dites qu’il est contraire à la nature qu’on trouve à débiter d’aussi beaux vers à un père qui attend avec anxiété des nouvelles de son enfant. […] Quand il perdit son père à dix-huit ans, le pauvre fils de pasteur n’ayant pas le sou, point de science et peu d’idées, pour vivre imagina d’écrire, et pour se faire lire imagina de n’avoir pas le sens commun, d’être original à tout prix, c’est-à-dire à peu de frais. […] Je lui fis comprends qu’il manquait de conduite par ses harangues dans lesquelles il mêlait le Roi avec des citations de la Sainte-Écriture et des Pères. […] Jean Poquelin n’avait jamais pardonné à un fils qui « pouvait vivre honorablement dans le monde », d’avoir quitté son nom et sa profession de tapissier pour se jeter sur le théâtre, et quand Molière voulut plus tard, avec la fortune princière qu’il avait acquise, donner quelque secours à son père dans le besoin, le vieillard rejeta ses offres, et réduisit ce fils, qu’il appelait amèrement monsieur Molière, à lui venir en aide sous le nom du physicien Rohault son ami461.
Foibles gens, dit le père, il faut que je vous montre Ce que ma force peut en semblable rencontre. […] Quel historien contemporain, quel petit-fils, quel petit-neveu du vieil homme ne reculera de saisissement devant de telles affirmations, devant de telles présomptions, devant cet admirable et tranquille orgueil, devant ces certitudes et ces limitations ; une humanité Dieu, si parfaitement emplie de sa mémoire totale qu’elle n’a plus rien à connaître désormais ; une humanité Dieu, arrêtée comme un Dieu dans la contemplation de sa totale connaissance, ayant si complètement, si parfaitement épuisé le détail du réel qu’elle est arrivée au bout, et qu’elle s’y tient ; qui au besoin, parmi les historiens du temps présent, ne désavouera les ambitions de l’aïeul et qui ne les traitera de chimères et d’imaginations feintes ; qui ne les reniera, car nous n’avons pas toujours le courage d’avouer nos aïeux, de déclarer nos origines, et de qui nous sommes nés, et d’où nous descendons ; les jeunes gens d’aujourd’hui ne reconnaissent pas toujours les grands ancêtres ; ce ne sont point les pères qui ne reconnaissent pas leurs fils, mais les fils qui ne reconnaissent pas leurs pères ; et comme nos politiciens bourgeois ne reconnaissent pas volontiers leurs grands ancêtres de la révolution française, ainsi nos modestes historiens ne reconnaissent pas toujours leurs grands ancêtres de la révolution mentale moderne, les innovateurs des méthodes historiques, les créateurs du monde intellectuel moderne ; et puis, depuis le temps des grands vieux, nous avons reçu de rudes avertissements ; pour deux raisons, l’une recouvrant l’autre, nul aujourd’hui n’avancerait que toute l’histoire du monde est sur le point d’aboutir, nul aujourd’hui, de tous les historiens, ne souscrirait aux anticipations aventurées, aux grandes ambitions pleines de Renan. […] L’abîme initial fut resté à tout jamais en repos, si le Père éternel ne l’eût fécondé. […] Mais il y en aura une. qui le franchira ; l’esprit triomphera. » Des milliers d’humanités ont peut-être sombré dans ce défilé : Théoctiste nous le dit pour nous effrayer ; mais Renan, bon père, nous le dit parce que c’est vrai, et aussi à seule fin de nous rassurer ; lui-même il se rassure ainsi ; la réalisation de son Dieu en vase clos l’épouvante lui-même ; et c’est pour cela qu’il met la réalisation du risque au passé, de l’indicatif, passé indéfini ; c’est acquis ; c’est entendu ; et la réalisation d’échapper au risque, la réalisation de Dieu, il met la réalisation de Dieu au futur, qui est le temps des prophéties ; si elle est mise au temps des prophéties, religieuses, si elle est une prophétie, peut-être bien qu’elle ne se réalisera pas, espérons qu’elle ne se réalisera pas ; il était payé pour savoir ce que valent les prophéties, particulièrement les prophéties religieuses, et comment elles se réalisent ; mettre cette affirmation au rang des prophéties, de sa part, c’était nous garantir qu’elle ne se confirmerait point ; un peut-être ajouté au parfait indéfini masquera cette garantie aux yeux du vulgaire grossier ; mais elle éclatera, toute évidente, le langage étant donné, pour le lecteur insidieux ; dans la préface même de ces dialogues redoutables et censément consolateurs, de ces rêves redoutablement consolateurs, le sage nous met en garde contre les épouvantements : « Bien assis sur ces principes, livrons-nous doucement à tous nos mauvais rêves.
26 janvier Flaubert me contait, un de ces soirs, que son grand-père maternel, un bon vieux médecin, ayant pleuré dans une auberge, en lisant un journal qui annonçait l’exécution de Louis XVI, au moment d’être envoyé au Tribunal révolutionnaire de Paris, fut sauvé par son père, alors âgé de sept ans, auquel sa grand-mère apprit un discours pathétique, qu’il récita avec le plus grand succès à la société populaire de Nogent-sur-Marne. […] * * * — À Londres, un jour d’hiver, Mélingue couché par terre, sur le tapis, devant la cheminée, racontait à Gavarni sa jeunesse, parlant religieusement de son père, un douanier de la mer, un vieux gabelou bronzé, qui, pendant une semaine passée à Paris, en plein triomphe du jeune comédien, ne laissait rien sortir de lui, jusqu’au moment où la diligence s’ébranlait dans la cour des Fontaines ; pour le ramener dans sa province, et où soudain il envoyait une volée de baisers par la portière à son fils. […] … Puis nous allons en corps, à la reprise de Don Juan de Marana, une vieille pièce de Dumas père, encore plus vieillie que vieille. […] Oui, par moments, ces deux fillettes semblent les filles de la nostalgie des pays de soleil de leur père. […] Penser que Carrier a pu faire massacrer des milliers de personnes, qui avaient des pères, des frères, des fils, des femmes, sans qu’aucun de ceux qui restaient, ait seulement essayé de le tuer.
D’ordinaire le roi régnant déteste son fils ; ce fils fait des dettes, demande au parlement d’augmenter sa pension, et se ligue avec les ennemis de son père. […] George II, qui aime sa femme, prend des maîtresses pour avoir l’air galant, se réjouit de la mort de son fils, escroque le testament de son père. […] Sa famille a entendu des bruits surnaturels ; son père a été poussé trois fois par un revenant ; lui-même voit la main de Dieu dans les plus vulgaires événements de la vie ; un jour, à Birmingham, ayant été surpris par la grêle, il découvre qu’il reçoit cet avertissement parce qu’à table il n’a point exhorté les gens qui dînaient avec lui ; quand il s’agit de prendre un parti, il tire au sort, pour se décider, parmi les textes de la Bible. […] En effet, l’honnête Reid s’alarme ; il voit la société qui se dissout, Dieu qui disparaît en fumée, la famille qui s’évapore en hypothèses : il réclame en père de famille, en bon citoyen, en homme religieux, et institue le sens commun comme souverain juge de la vérité. […] Nous estimons que si un réformateur « porte la main sur les fautes de l’État, ce doit être comme sur les blessures d’un père, avec une vénération pieuse et une sollicitude tremblante… Par votre facilité désordonnée à changer l’État aussi souvent, aussi profondément, en autant de manières qu’il y a de caprices et de modes flottantes, la continuité et la chaîne entière de la communauté seront rompues.
Il compte cependant des grands cordons dans sa famille : son père en tirait un à l’hôtel du comte de H., où sa mère était cuisinière. […] — Mais, répondit Saint-Alme, si les filles pouvaient le lire, les pères ne s’y abonneraient pas. […] chantait d’abord le père en traînant sa voix dont la dernière note était étouffée par le bruit de ses grossiers sabots sonnant sur le pavé. […] Un petit bonhomme de huit ans auquel un garçon vient d’apporter un ustensile de prévoyance demande à son père à quoi peut servir ce récipient. Son père le lui explique par une démonstration.
« La destinée de la critique, écrivait-il, est de rester telle que nos pères l’ont comprise : le grand redresseur de torts du genre humain. […] C’est une réaction très nette en faveur de l’art sobre, élégant et délicat de nos pères. […] Ce n’est pas le père, ce n’est pas le fils, c’est le grand-père, celui qui fut un soldat héroïque. […] « Il y a beau temps, écrit-il, qu’elle est de chez nous… Elle tenait nos pères par la main et aujourd’hui nous la suivons encore. » Enfin, il n’a pas lieu de se plaindre de son lot personnel. […] Il n’est pas bien sûr que la mère, réduite à pleurer son fils mort, que le père de famille sans feu et sans pain, apprécient de même le bonheur de souffrir.
C’était notre père à tous, un bon cher et vieux grand-père de qui on aimait tout et à qui on pardonnait tout ; il nous aimait lui aussi, se réchauffait à notre ardeur et collaborait à notre œuvre. […] Il était né d’une mère timorée et d’un père officier. […] Il n’est jamais ni père ni époux. […] Le père, un petit vieux, le fusil sur l’épaule, la joue gonflée par une chique, marche à côté. […] Il dit, s’adressant à son père : Tout enfant, je connaissais Roland, Berthe aux grands pieds et le bon cheval Bayard aussi bien que Barbe-Bleue ou Cendrillon.
Guido était platonicien ; c’est son père, Cavalcante dei Cavalcanti, qui professait certaines opinions peu favorables à l’existence de Dieu, et qu’on désignait alors sous le nom un peu vague d’épicurisme. […] Il accompagne son père dans la maison voisine de Folco Portinari, magnifique patricien, qui célèbre, selon la coutume florentine, par des danses et des festins, le retour du printemps. […] La tradition garde le souvenir des grâces pleines de noblesse d’Andrea Novella, qui suppléait son père dans la chaire de droit canon. […] Mon père, en partant pour la Vendée, voulant nous savoir en sûreté, nous avait envoyées attendre dans la famille maternelle la chute de l’usurpateur (c’est ainsi que les royalistes appelaient alors Bonaparte). […] Sera-t-il, comme le voudrait son père, avocat, docteur en droit ?
II « Un homme dont la femme était détestée de tous les gens de la maison voulut savoir si elle l’était aussi des esclaves de son père. […] Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils L’ont de Pierre à Simon, puis à moi, Jean, transmis Le premier occupant ! […] C’est la division que les pères jésuites enseignent dans leurs classes de rhétorique.
IV Le cardinal Consalvi naquit à Rome, le 8 juin 1755, et fut baptisé sous le nom d’Hercule ; il était l’aîné de quatre frères et d’une sœur ; son père était le marquis Consalvi, de Rome, et la marquise Carandini, de Modène, sa mère. Il aurait dû réclamer légalement le nom de Brunacci, famille plus illustre de Sienne que la famille Consalvi à Rome ; il n’en fit rien par respect pour son père, et persuadé, dit-il, que la plus précieuse noblesse est celle du cœur et des actions. Il n’avait que six ans quand il perdit son père ; sa mère alla demander asile à la maison du cardinal Carandini, son frère de prédilection ; il resta, ainsi que ses petits frères, sous la tutelle du marquis Gregorio Consalvi.
Les deux frères consacrent au couvent du mont Sainte-Agnès les faibles ressources de l’héritage de leur père et le prix de leurs travaux dans la copie des manuscrits. […] Je vous bénis, Père céleste, Père de Jésus-Christ, mon Seigneur, parce que vous avez daigné vous souvenir de moi, pauvre créature. Ô Père des miséricordes et Dieu de toute consolation !
François Ier, qu’une flatterie décidément excessive a surnommé le Père des Lettres, mais qui fut un père fort impérieux, mécontent des railleries que les auteurs de farces et de moralités n’épargnaient pas aux scandales de sa cour et aux dilapidations des favoris et favorites, rendit un édit qui interdisait sous peine de la hart toute allusion aux affaires publiques. Or, la crainte d’être pendu modère singulièrement l’envie de rire, et c’est ainsi que le Père des Lettres acheva de tuer le théâtre qui avait fleuri au moyen âge.
X Le Gral fut mis par les anges à la garde de Titurel ; Titurel, afin de le défendre, ordonna de bons chevaliers dans le domaine du Mont-Salvat ; Amfortas, fils unique de Titurel, hérita le royaume de son père devenu vieillard ; et cela était en Espagne, de l’époque où s’y heurtaient Chrétiens et Infidèles. […] Puisque l’état de péché nous est si assidu que la miséricorde, par le fait d’être, porte la preuve de sa divinité ; puisque nous sommes ceints tellement de faiblesse charnelle que fut bénie une minute d’édification dans une vie humaine ; puisque nous sommes, oh chutés, les enfants prodigues de nos trésors, et, oh rachetés, les enfants du Père ; puisque le jour de sainteté est plus éloigné de nous que de nous les étoiles invisibles de l’immensité ; puisque nous vivons, les catholiques, pour le scandale des nations, en une tacite mélancolie, laissons que nous occupent les choses vaines, et l’art ; et bénissons encore si une œuvre vaut à élever les âmes hors nos misères, dans une voie féconde de mieux. […] Qui est son père ?
De là, par la porte ouverte, j’entends les glouglous de toutes sortes de boissons, qu’avale, coup sur coup, dans sa soif inextinguible, le blessé ; j’entends la toux incessante de la femme phtisique ; j’entends la gronderie de la bonne, qui dit à un enfant : « Vous profitez de ce que votre père est malade pour ne pas travailler. » On attend le chirurgien qui ne vient pas. […] Son père était un menuisier, et il avait commencé à travailler avec lui, quand on lui fit une blouse neuve… Il alla la promener, cette blouse, au boulevard Montparnasse, où le concierge faisait signe d’entrer à ceux qui se présentaient sur la porte, et dont la figure lui plaisait. […] Prêtre distingué, flatté de ce baptême littéraire, en ce temps d’anticatholicisme, mais mettant la réserve d’un homme du monde, dans les compliments adressés au père, au parrain.
Oui, quand on jette un regard sur les États de l’Europe moderne aujourd’hui, on se demande en vain où sont les hommes qu’ont vus nos pères ou que nous avons vus nous-même dans notre jeunesse ? […] Est-il vrai que l’âge des grandes choses, des grands esprits et des grandes paroles soit passé pour nous et pour nos descendants, et que nous n’ayons plus qu’à nous résigner à la stérilité et à couvrir nos fronts, comme les prophètes de malheur, de la cendre de nos pères ? IX Nous ne sommes ni optimiste ni pessimiste de caractère, ni infatué de notre part de temps dans la petite période de siècles que notre nation et nous nous avons à vivre, ni dédaigneux de la part de temps que nos pères de toutes les dates ont eue à vivre avant nous.
Descendants des Romains, ou du moins enfants d’adoption de la race latine, cette race initiée elle-même au culte du beau par les Grecs, nous avons à embrasser, à comprendre, à ne jamais déserter l’héritage de ces maîtres et de ces pères illustres, héritage qui, depuis Homère jusqu’au dernier des classiques d’hier (s’il y a eu hier un classique71), forme le plus clair et le plus solide de notre fonds intellectuel. […] En Grèce seulement, par une fortune singulière et un reste de privilège natal, cette littérature sacrée, dans la bouche des Basile et des Chrysostome, retrouva sans effort l’abondance et l’harmonie, et comme des accents de Platon ; mais à Rome, mais en Afrique, le latin des premiers Pères fut dur, recherché, tourmenté, en même temps que la pensée neuve, excellente et souvent sublime.
Elle abandonne pour toujours le sol sur lequel, depuis raille ans peut-être, ont vécu ses pères, pour aller s’établir dans un désert où les blancs ne la laisseront pas dix ans en paix. […] Hier au soir, je l’ai prié comme un saint ; j’espère qu’il a entendu ma voix et qu’il a vu que ses bienfaits n’avaient point été tout à fait perdus… » Cette mort d’un vieillard, à laquelle il semble qu’il pouvait s’attendre, assombrit pour le jeune voyageur les spectacles auxquels il va désormais assister ; il le dit et le redit à toutes les personnes de sa famille avec des accents d’une sincérité profonde, et qui mettent à nu, à n’en pas douter, l’état contristé de son âme : « (A Mme de Grancev, 10 octobre 1831)… Bien des gens croient que nous n’avons fait qu’une perte ordinaire ; mais vous savez que c’est presque un père que nous pleurons.
Les honnêtes gens, en effet, retombent régulièrement, sans s’en apercevoir, dans la même illusion : ils blâment leurs pères ou, qui plus est, ils se blâment eux-mêmes dans le passé ; et, quinze ou vingt ans après, ils ne se doutent pas qu’ils reprennent exactement le même train de conduite sous une autre forme et avec de légères variantes. […] Ce n’est pas à une nation démocratiquement constituée comme la nôtre, et chez laquelle les vices naturels de la race ont une malheureuse coïncidence avec les vices naturels de l’état social, ce n’est pas à cette nation qu’on peut laisser prendre aisément l’habitude de sacrifier ce qu’elle croit sa grandeur à son repos, les grandes affaires aux petites ; ce n’est pas à une pareille nation qu’il est sain de laisser croire que sa place dans le monde est plus petite, qu’elle est déchue du rang où l’avaient mise ses pères, mais qu’il faut s’en consoler en faisant des chemins de fer et en faisant prospérer au sein de la paix, à quelque condition que cette paix soit obtenue, le bien-être de chaque particulier.
Il voit en lui le type de ce qu’on appelle l’homme de talent, ce qui veut dire l’homme de peu de talent, qui a la prétention d’en avoir ; et là-dessus il fait sur ce caractère de l’homme de talent quatre à cinq longues pages spirituelles, mais d’une déclamation comme j’en chercherais vainement dans Sénèque le père ; un morceau à effet, à allusions, tout en hors-d’œuvre, un développement, comme on dit dans l’école. […] n’enflez pas tant votre voix pour mêler tous ces hommes et Carrel ensemble au même moment, pour saluer l’un comme prince, pour parler de l’autre comme d’un père, et proclamer celui-là devant tous comme votre seconde conscience ; pour Dieu !
Tu n’as plus ton chasseur, ton fidèle serviteur… Et le dialogue continue sur ce ton ; Thésée s’y mêle, et la déesse réconcilie le père désolé avec son fils : « Je ne connais point, dit M e Schlegel, de scène plus touchante dans aucune tragédie ancienne ou moderne. » Au moment où elle profère les nobles et clémentes paroles, Diane, qui s’aperçoit qu’Hippolyte va trépasser, termine ainsi : « … Et toi, Hippolyte, je t’exhorte à ne point détester ton père ; c’est ta destinée qui t’a fait périr.
Quand on veut se dire que rien n’est bien nouveau sous le soleil, que chaque génération s’évertue à découvrir ou à refaire ce que ses pères ont souvent mieux vu, qu’il est presque aussi aisé en effet de découvrir de nouveau les choses que de les déterrer de dessous les monceaux croissants de livres et de souvenirs ; quand on veut réfléchir sans fatigue sur bien des suites de pensées vieillies ou qui seraient neuves encore, oh ! […] , I, 184) où il explique pourquoi il n’était pas en bonne odeur de religion. — L’illustre Joseph de Maistre, si acharné aux athées, ne s’est pas montré trop rigoureux à l’endroit de Bayle : « Bayle même, le père de l’incrédulité moderne, ne ressemble point à ses successeurs.
Son nom ne désigne qu’une qualité pure, celle de père, de jeune homme, de valet, de grondeur, de galant, et, comme un pourpoint banal, s’ajuste indifféremment à toutes les tailles à peu près pareilles en passant de la garde-robe de Molière à celle de Regnard, de Lesage, de Destouches et de Marivaux375. […] C’est par elle qu’on a pu découvrir les droits de l’homme. » Comme en mathématiques, on les a déduits d’une seule définition primordiale, et cette définition, pareille aux premières vérités mathématiques, est un fait d’expérience journalière, constaté par tous, évident de soi. — L’école subsistera à travers la Révolution, à travers l’Empire, jusque pendant la Restauration383, avec la tragédie dont elle est la sœur, avec l’esprit classique qui est leur père commun, puissance primitive et souveraine, aussi dangereuse qu’utile, aussi destructive que créatrice, aussi capable de propager l’erreur que la vérité, aussi étonnante par la rigidité de son code, par l’étroitesse de son joug, par l’uniformité de ses œuvres, que par la durée de son règne et par l’universalité de son ascendant.
Et ainsi il nous oblige à songer que ce nom patronymique d’Eyquem, de toute antiquité porté par sa race, il a été le premier à le quitter : que son père avait sans doute fait les guerres d’Italie, puisqu’il le dit, mais plus sûrement encore avait siégé à la cour des aides de Périgueux ; que cette terre de Montaigne, dont il se nomme, cette fortune, dont il jouit, avaient été gagnées par des générations de bons bourgeois, siégeant derrière leur comptoir, et qu’enfin le grand-père Eyquem avait bien pu vendre du hareng, comme disait Scaliger, parmi tant de marchandises dont il chargeait des vaisseaux. […] Il sorti du collège de Guyenne en 1546, étudia le droit, et devint conseiller à la Cour des aides de Périgueux dans le siège de son père, puis, cette cour étant supprimée en 1557, conseiller au Parlement de Bordeaux.
J’en vois une preuve entre autres dans ce jugement sur les Pères de l’Église, auxquels il reproche d’avoir censuré les lois d’Auguste sur les mariages, « sans doute, dit-il, avec un zèle louable pour les choses de l’autre vie, mais avec trop peu de connaissance des affaires de celle-ci87. » Sans parler de la science de l’homme, qui est la plus grande partie de la science des affaires, est-il donc vrai que les Pères, si profonds dans la première, aient été si inexpérimentés dans la seconde ? […] Les Pères ne gouvernaient pas seulement les esprits et les cœurs, ils avaient la charge de la chose publique.
Que les pères cessent de trembler et d’agiter l’épouvantail des magiciennes perverses. […] Comment l’amour innocent de nos pères, l’amour des bergeries en est-il parvenu à ce point tragique de n’être plus qu’une source de désespoir ?
Nos pères ont souffert, et nous héritons du fruit de leurs souffrances. […] Sans cela nos pères n’eussent point eu le courage de supporter la chaleur du jour.
Nous craignons tant de nous laisser jouer que nous suspectons partout des attrapes, et nous sommes portés à croire que, si nos pères avaient été plus fins, ils n’eussent pas été si sérieux ni si honnêtes. […] Si saint Ambroise fût resté gouverneur de Ligurie, en supposant même qu’il eût eu de l’avancement et fût devenu, comme son père, préfet des Gaules, il serait maintenant parfaitement oublié.
Quand je considère dans quel inextricable filet Dieu m’a englobé tandis que je dormais, il me vient des pensées de fatalisme, et souvent j’ai pu pécher en cela ; pourtant je n’ai jamais douté de mon Père qui est au ciel, ni de sa bonté. […] J’enviais le sort des simples qui naissent, vivent et meurent sans bruit et sans pensée, suivant bonnement le courant qui les entraîne, adorant un Dieu qu’ils appellent leur Père.
Son père est un ouvrier maçon du 17e arrondissement. […] Que le peuple refuse de parvenir, que la bourgeoisie renonce à son parvenir : la paix française est établie à jamais… Refusant de parvenir, l’homme est beaucoup plus fermement lié à la famille de son père et de sa mère : on peut dire qu’il ne la quitte pas et qu’elle soutient son esprit ou son cœur à chacun de leurs battements.
On pourrait facilement établir qu’Alexandre Dumas père, George Sand, Erckmann-Chatrian, Jules Verne, ont eu le secret de se faire entendre des masses, et comment, par le côté technique ou artistique, ils méritent d’être étudiés ; comment, d’autre part, la valeur morale est, chez eux, inférieure à la valeur littéraire, ou insuffisante, ou tout à fait absente. […] Nos pères, enseignés par le christianisme, avaient un sens plus profond de l’égalité, dont nous parlons sans cesse, mais à laquelle nous avons tant de peine à souscrire.
Le père est à la fois roi, prêtre, général et patron. […] Ainsi, à Rome, la hiérarchie primitive fondée sur la religion de la famille devait être ébranlée le jour où un fils, chargé de veiller aux intérêts de l’État, commandant le respect aux vieillards, pouvait, entouré de ses licteurs, exiger le salut même de son père.
Ces créanciers du père, introduits à plus d’une reprise auprès du fils comme personnages ridicules et presque odieux, ne méritent en rien, a-t-on observé encore, cette teinte repoussante, par cela seul qu’ils sont des créanciers.
L’abbé de Pons, né en 1683, avait pour père le sieur de Pons d’Annonville, d’une noble famille de Champagne et chevalier d’honneur du présidial de Chaumont (sur Marne) ; il naquit à Marly, chez son oncle qui en était alors seigneur, et de qui le roi ne tarda pas à l’acquérir, « fit ses premières études au collège des jésuites à Chaumont, puis vint à Paris et entra au séminaire de Saint-Magloire, d’où il suivit l’école de Sorbonne : « Il était bon humaniste, nous dit-on ; il possédait les principes de la théologie ; mais surtout il était grand métaphysicien, dans le sens le plus étendu qu’on donne à présent (1738) à ce terme.
À propos de l’ode à Chateaubriand, il désirerait avoir la traduction en vers latins qu’en a faite un jeune homme dans le temps, la lettre du père de ce jeune homme à vous, et votre réponse.
Thiers, un prince sorti de ces retraites pour remonter sur le trône de ses pères n’eût pas été moins glorieux que Gustave Wasa sorti des mines de la Dalécarlie. » Tout manqua donc, grâce à tant de fautes, grâce surtout au génie guerrier et pacificateur de Hoche.
Lerminier a voulu une fois encore montrer, comme il le dit, l’image des pères aux générations qui chaque jour s’en éloignent et n’ont pas reçu, ainsi que nous, cette tradition toute vivante.
Bossuet évite comme une dangereuse tentation du mauvais esprit l’ombre d’une idée nouvelle, et ne veut rien dire qui ne soit dans l’Écriture ou dans les Pères.
Comédies : la Dame aux Camélias (1852) ; le Demi-Monde (1855) ; la Question d’argent (1857) ; le Fils naturel (1858) ; le Père prodigue (1859) : l’A mi des Femmes (1864) ; les Idées de Mme Aubray (1867) ; la Visite de Noces (1871) ; la Princesse Georges (1871) ; la Femme de.
On eût dit que les désastres de 1870 avaient creusé un fossé profond entre les pères et les fils.
Les cas de ressemblance physique entre père et fils, oncle et neveu, grand-père et petit-fils sont des plus fréquents : de même aussi goûts et façons de sentir se transmettent d’une génération à une autre ; un ancêtre revit et agit tout à coup dans quelqu’un de ses descendants.
Les formes usitées dans le langage des inférieurs envers les supérieurs étaient autrefois les seules qui fussent permises aux enfants en parlant à leurs père et mère.
Ne comparons pas à l’imagination orientale de l’auteur de Nathan le Sage et d’Émilia Galotti, l’imagination un peu bourgeoise de l’auteur du Fils naturel et du Père de famille.
Écoutez-le, en trois strophes, faire le procès à l’expérience : Le fils n’hérite pas de celle de son père.
Pour les philosophes, nous partirons des grenouilles d’Épicure, des cigales de Hobbes, des hommes simples et stupides de Grotius, des hommes jetés dans le monde sans soin ni aide de Dieu , dont parle Pufendorf, des géants grossiers et farouches, tels que les Patagons du détroit de Magellan ; enfin des Polyphèmes d’Homère, dans lesquels Platon reconnaît les premiers pères de famille.
Après une invocation au Père et à la Trinité, le poëte dit en strophes alcaïques enlacées avec art : « Le labeur du jour est passé218, l’heure du repos revenue ; et le sommeil à son tour détend les corps « harassés.
Mais d’un fils qui écrit la biographie de son père, et qui l’écrit pour ses enfants, il ne faut attendre ni révélations involontaires, ni débat impartial. […] Que de fois j’ai envié nos pères qui s’amusaient si fort des tours de Scapin et des coups de bâton de Polichinelle ! […] La solidarité qui lie les fils au père, on ne la reconnaît, pas ! […] Plus tard son père se charge de son éducation et déclare qu’il veut en faire un homme, « et non seulement un homme, mais un Spartiate ». […] c’est bien là, transportée dans le roman, cette merveille grossière, ce sont bien là ces artifices naïfs devant lesquels s’ébahissaient nos pères et qui étonneront encore nos petits-enfants.
Former sur elles des projets de conquérant, ce serait un crime contre la société humaine et la vie divine du monde, crime aussi grand « que de tuer son père ou de brûler le Capitole », comme disait Marc-Aurèle. […] Les Grecs le savaient bien, et, dans leur façon imagée de traduire les faits qu’ils observaient, ils faisaient d’Hercule le père de tous les métis. […] Au fond d’un jardin, une maison ; dans la chambre du rez-de-chaussée la famille groupée autour de la lampe, le père, la mère, deux filles. […] Dom Balthazar, un moine de vieille famille noble, auquel le prieur songe à confier sa succession, quitta le monde, voilà dix ans, après avoir assassiné son père ; un innocent expia à sa place. […] Mais des pièces telles que Le Patrimoine, Tes Père et Mère, La Souveraine, les Étapes, Le Gouffre, Les Liens ont une beauté tragique un peu rude et une grande noblesse : van Zype est le de Curel des Belges.
Le père du libéralisme spirituel, Montaigne, peut passer pour le père de l’esprit critique. […] Ce n’était pas un hasard s’il paraissait revendiquer Bossuet avec une si sombre ardeur pour son père spirituel. […] La critique est d’abord une Muse pareille aux autres, et aussi belle, leur sœur, mais d’un père mortel et non d’un père divin, comme Clytemnestre était la sœur d’Hélène. […] Il appuie ses pensées de celles de tous les grands hommes de l’antiquité ; il les juge, il les combat, il converse avec eux, avec son lecteur, avec lui-même ; toujours original dans la manière dont il présente les objets, toujours plein d’imagination, toujours peintre, et, ce que j’aime, toujours sachant douter. » Félicitant M. de Tressan d’avoir soutenu la cause de Montaigne il ajoute : « C’est votre père que vous défendez, c’est vous-même. » Disons aujourd’hui de Voltaire, nous, critiques : « C’est notre père qu’il défend, c’est nous-mêmes. » En ces quelques lignes il a défini excellemment non seulement Montaigne, mais une partie nécessaire de la bonne critique. […] Et pourtant, cet interrègne de Montaigne qui dura plus d’un demi-siècle, ce grand sommeil de notre père, qui va de 1669 à 1724, il n’a pas été inutile à la critique, il lui a permis d’acquérir ce qui lui manquait, et, peut-être, de faire un riche mariage.
Courbet et Champfleury faisaient leur entrée, celui-ci dans la littérature, celui-là dans les arts, en qualité de pères jumeaux de la nouvelle école dont un cimetière, — le cimetière d’Ornans, — était le berceau. […] Se voyant abandonnés de leur père, et peu après des libraires adoptifs, dont la tendresse n’a qu’un temps, — ces intéressants orphelins se mirent à implorer la pitié des bonnes âmes, et tendirent leurs petites mains à la charité publique. — Mais le public est très dur de sa nature, et les péchés de jeunesse de M. […] — Comme si elle n’avait pas été engendrée de toute éternité par le mariage de la banalité, son immémoriale aïeule, et du lieu commun, son père immortel ! […] Madame Harville-Brindeau Est deux fois la fille de son père : par la figure et par le talent. […] Cette qualité est bien à elle, à elle seule, et la fée qui l’en a dotée au berceau, ce n’était pas monsieur son père.
Voilà une de ces étourderies impardonnables chez un homme que je me suis toujours figuré écrivant ses feuilletons en costume de Dieu le père et avec la plume de l’un des quatre évangélistes. […] Laissant faire à d’autres, — ses compères et ses dupes, — la toilette de son esprit, il n’a d’autre souci en apparence que de faire celle de son cœur ; mais lorsqu’il se dit lui-même le père des hommes de lettres, il a bien soin de prêter l’oreille, afin de s’entendre appeler le prince des critiques. […] Retranché dans ses mœurs de père de famille, mon compatriote frondait un jour les fantaisies royales. […] J’ai vu le moment où, dans un travail à sa louange la gloire du fils tombait asphyxiée aux côtés de celle du père, aspirant à pleins poumons, l’oxygène d’un éloge à forte dose. […] L’exclamation de cet homme, qui retrouve subitement le fil de sa mémoire : Il y avait un testament… je l’ai brûlé… n’émeut, ne touche plus personne, parce qu’au lieu de dénouer l’action dans les entrailles palpitantes du sujet, elle ne présente à l’esprit, subitement refroidi, qu’une idée abstraite, celle d’un époux, d’un père qui ne veut pas être fou, parce que, dit-il, un fou ne saurait être ni époux ni père.
22 mars 47 (de Vinet fils) : Dans le second article sur Michelet, à l’endroit où mon père dit, d’après Commines, que Louis XI fut plus malheureux que ses victimes, il faudrait renvoyer en note aux Mémoires de Commines, livre VI, chap. 12. […] Beaucoup de personnes peut-être n’ont vu dans ce morceau que des vers durement brisés ; pourquoi n’y pas voir surtout cette âme brisée par le combat, et dans le même homme le fils tendre demandant grâce au chrétien fervent pour un père illustre et infortuné ? […] ton père est mort ». — Suit un inconcevable dialogue du Christ avec l’Éternité, qui lui dit : Sur le Golgotha du ciel, recommence ta passion. […] 143 Cela fait, l’Eternité dit encore : « Au Père et au Fils j’ai creusé de ma main une fosse dans une étoile glacée qui roule sans compagne et sans lumière ». […] D’ailleurs, qui voit tout, abrège tout ; si donc notre Père céleste, qui voit tout, entreprend de nous guérir, il fera, sans doute, une Œuvre abrégée, et le premier caractère des moyens qu’il mettra en œuvre sera la simplicité.
Il serait difficile de lui découvrir un motif de satisfaction dans ces dernières semaines ; la stérilité de ce que nos pères appelaient les campagnes du Parnasse, a été effrayante. […] L’abattement profond d’un souverain pleurant sur les débris de sa ville, ou d’un amant trahi par sa maîtresse, ou bien d’un père qui embrasse sa fille morte, ce sont là des situations qui n’ont guère de rapports entre elles, et pourtant lorsque les paroles deviennent dépositaires de ces grandes douleurs, elles se refusent à tenir compte de la distance qui les sépare, et elles ne peuvent leur présenter que l’usage des mêmes mots. […] À la manière dont Octave porte sa douleur, on se demande ce qu’il ferait si son père avait été assassiné, sa sœur déshonorée, sa patrie asservie ; si le destin avait rempli sa coupe de ces peines terribles qui frappent tout ce qui vous entoure, tout ce qu’on aime, tout ce qu’on doit aimer ; à cela le livre répond, il est vrai, que son héros n’a rien à voir dans de pareils malheurs, livré tout entier comme il l’est à ce qui ne regarde que lui ; au cas où on ne serait pas content, on n’a qu’à fermer le volume, et il n’est pas juste d’exiger ce que l’auteur n’a pas annoncé l’intention de donner. […] L’Allemagne aurait un seul Néron au lieu de trois douzaines de pères de la patrie ; bref Varus victorieux eût été cause de mille transformations, toutes plus funestes les unes que les autres ; le poète reconnaissant a donc souscrit au monument d’Arminius. […] Sainte-Beuve prît subitement sa mémoire en vénération, le débarbouillât autant que faire se pouvait d’une irrespectueuse poussière, et l’offrît, nouveau fétiche, aux hommages d’un public honteux et humilié pour lui et pour ses pères de tant de grands génies si odieusement, si barbarement méconnus.
Elle prouve qu’elle a bien fait de se marier cinq fois, et elle le prouve d’un style clair, en femme expérimentée203 : « Dieu nous a dit de croître et de multiplier. » Voilà un « gentil texte », elle a « bien su le comprendre. » — « Je sais aussi que Dieu a dit que mon mari quitterait père et mère et s’attacherait à moi. […] Les rigides divisions scolastiques, l’appareil mécanique des arguments et des réponses, les ergo, les citations latines, l’autorité d’Aristote et des Pères viennent peser sur sa pensée naissante. […] Sitôt que Chaucer aborde la réflexion, à l’instant saint Thomas, Pierre le Lombard, les manuels de péchés, les traités de la définition et du syllogisme, le troupeau des anciens et des Pères descendent de leur rayon, entrent dans sa cervelle, parlent à sa place, et l’aimable voix du trouvère devient, sans qu’il s’en doute, la voix dogmatique et soporifique d’un docteur. […] Cette conception, infiniment compliquée et subtile, œuvre suprême du mysticisme oriental et de la métaphysique grecque, si disproportionnée à leur jeune intelligence, ils vont s’user à la reproduire, et, par surcroît, accabler leurs mains novices sous le poids d’un instrument logique qu’Aristote avait construit pour la théorie, non pour la pratique, et qui devait rester dans le cabinet des curiosités philosophiques sans jamais être porté dans le champ de l’action. « Si220 la divine essence a engendré le Fils ou a été engendrée par le Père. — Pourquoi les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes qu’une seule ?
Ce vieux ministre, qui vous sert de père, serait-il bien assez malheureux pour avoir mérité votre indignation. […] Ses filles furent vendues publiquement ; ses fils furent faits eunuques, et donnés en qualité d’esclaves à un seigneur qui avait autrefois servi leur père. […] Je vous tiens pour mon père ; vos fils sont mes frères, faites-moi votre héritier avec eux, je ferai en sorte qu’ils n’y perdent rien ; ou bien, si vous l’aimez mieux, faites bâtir de votre vivant quelque édifice pour la commodité et pour l’embellissement de la ville. » Abas le Grand avait des manières engageantes, qui le faisaient venir à bout de tout. […] » Les médecins allèrent donc rendre visite au premier ministre ; et, sous prétexte de lui donner avis de la mort du roi et de lui déclarer la qualité des deux derniers médicaments qu’ils lui avaient fait prendre, ils entrèrent dans des matières plus importantes: ils parlèrent de l’élection, et lui remontrèrent que lui et tous les grands du conseil avaient bien sujet de prendre garde à eux ; que le prince, quelques moments avant sa mort, s’était plaint à haute voix que ses ministres lui avaient fait donner du poison ; mais qu’il laissait un fils qui leur mangerait le cœur ; que ces paroles ni ces plaintes ne pouvaient demeurer cachées au successeur ; que si l’on donnait la couronne à l’aîné, qui était déjà dans un âge assez avancé pour se rendre indépendant, et qui d’ailleurs avait l’esprit fort fier, il ne manquerait jamais de se servir de ce prétexte pour se défaire de tous les grands et de tous les ministres, dans la pensée de se rendre absolu par ce moyen et se mettre en état de faire de nouvelles créatures, vu principalement qu’il devait se ressentir du mauvais traitement que son père lui avait fait depuis deux ans, qu’il attribuerait toujours au conseil de ses ministres.
Il y a des familles, et pas de peuples ; des pères, et pas de rois. […] On entend les cris de Clytemnestre que son propre fils égorge, et Électre crie sur le théâtre : « Frappez, ne l’épargnez pas, elle n’a pas épargné notre père. » Prométhée est attaché sur un rocher avec des clous qu’on lui enfonce dans l’estomac et dans les bras. […] Il est le père (lui, et non Racine, grand Dieu !) […] À côté de l’homme de guerre et de l’homme d’état, il restait à crayonner le théologien, le pédant, le mauvais poëte, le visionnaire, le bouffon, le père, le mari, l’homme-Protée, en un mot le Cromwell double, homo et uir.
Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !)
Son père, dans sa jeunesse, était un des plus agréables poëtes du premier Empire et des mieux promettants.
tout d’un coup le voile se déchire, et je m’aperçois que ce que je désirais sous une forme équivoque est quelque chose de naturel et de pur, c’est un regret qui s’éveille, c’est de n’avoir pas à moi, comme je l’aurais pu, une fille de quinze ans qui ferait aujourd’hui la chaste joie d’un père et qui remplirait ce cœur de voluptés permises, au lieu des continuels égarements.
Une comédie pourtant qui ne roulerait au fond que sur une certaine plaisanterie physiologique et sur une aventure matérielle, serait classée par là même ; en amusant beaucoup, elle ne passerait jamais un étage secondaire ; un conte de La Fontaine reste un conte, et Sganarelle, bien que né d’un même père, n’est en rien cousin germain du Misanthrope.
Metternich, en contraste, montre l’homme des calculs et des diplomaties qui spécula sur les héroïsmes et les victoires et les défaites, tandis que Marie-Louise, l’insouciance, la frivolité, assiste, sans les voir, à l’épopée du père, à l’élégie du fils.
Louis Riccoboni raconte que, dans sa jeunesse, il avait connu une vieille actrice nommée Lavinia qui avait trouvé dans l’héritage de son père, comédien comme elle, un assez grand nombre de ces précieux canevas revêtus de la signature de Charles Borromée. » Les Académies, si nombreuses et si influentes en Italie, s’empressaient de recevoir dans leur sein les comédiens et les comédiennes distinguées.
Mallarmé, poète fonctionnaire, père de famille aux habitudes régulières, s’accommode parfaitement de la correction bourgeoise.
Un travers de ce genre, qui ne peut exister que dans des conditions élevées, n’est d’aucune importance pour ces pères de famille que la médiocrité de fortune autorise à blâmer toute occupation qui distrait leur femme du soin de leur ménage : ajoutons qu’attaquer simplement les femmes savantes, c’eut été s’exposer à de dangereuses inimitiés.
On saura maintenant si le bavardage effréné de ce bas-bleu qu’on appelle Mme Sophie Gay, au talent de qui nos pères ont cru avec tant de bonhomie ou de galanterie, peut être encore supporté et paraître quelque chose qui ressemble à du talent quelconque !
La femme de race qui fait souvent de ces miracles, la femme dont les pères ont héroïquement agi, ne pouvait pas se prendre longtemps dans une écrivaillerie drapée et orgueilleuse.
Son père avait été le collègue diplomatique du comte Raczynski en Espagne, et en mourant Raczynski lui avait légué tous ses papiers.
Platon disait, quand il ne rêvait pas, que la parole était supérieure à l’écriture parce qu’elle avait toujours là son père pour la défendre, et il avait raison.
« Ôtez le père, — a dit suprêmement bien un moraliste religieux, — nous autres hommes, nous sommes tous des jeunes gens. » Il faut, en effet, tout le trouble de la jeunesse, pour ne pas s’apercevoir de l’immense bêtise qu’il y a au fond de ces empires qui ont des flatteurs et des poètes à des siècles de distance.
Du moins il y a une jolie anecdote dans ses Mémoires où il raconte que son père, homme de cape et d’épée, comme tous les cadets des maisons nobles, avait déchiré les manchettes d’un de ses amis qui les lui avait prêtées (adorable pauvreté des officiers français, qui ont une paire de manchettes à plusieurs !)
Hatin l’entend si bien ici, que son histoire s’ouvre au xviie siècle et à l’avènement dans la publicité de Théophraste Renaudot, qu’il appelle le père du journalisme en France ; car le journalisme naquit presque le même jour par toute l’Europe.
Enfin, c’était la solidarité du fils et du père, ce ciment social que M.
Il n’épargne pas même la popularité de Louis Blanc, cet éclectique de la science sociale, cet enfant indécis de plusieurs pères qui pourraient le réclamer.
En attendant qu’il entre de plain-pied chez eux, il écrit pour eux, et si ces vieux Jacobs avaient des entrailles il devrait être leur Benjamin… Dans son respect superstitieux pour ces vénérables, il avait publié avant son Être social un livre du Mariage, auquel les Pères conscrits de l’Académie des sciences morales et politiques avaient accordé une mention honorable et dont il s’honore.
Le damné Faust est étranglé par un père qui enterre son fils, mort pour la patrie, et dont Faust insulte et raille le cercueil.
Mais tout cela, mon père, a fatigué mon âme Sans l’user, — tout cela, amour, jeunesse et femme, La gloire du Sénat, celle des bataillons, Et le peuple en drap d’or, et le peuple en haillons, Tout cela m’a bientôt paru fortune aride ; En le voyant de près, j’en ai trouvé le vide, Et, déchirant ma robe au fer de mes talons, J’ai porté mes regards vers de plus hauts jalons !
Duranty a dû étudier discrètement, mais profondément, c’est Stendhal, ce père de tous les réalistes, qui cravacherait ses bâtards s’il revenait au monde et qu’il pût les voir, et c’est encore plus que Stendhal, M.
Feuillet de Conches, le chef du protocole au ministère des affaires étrangères, un homme très grave et très officiel, donne cette petite leçon aux puritains de la gravité et de l’étiquette de se permettre un livre émerveillant de merveilleux, comme dirait Rabelais, pour l’instant aussi son père et son compère, un livre vermillonné et émerillonné comme pas un des livres les plus colorés de ce temps.
Des savants dans les langues, tels qu’Adrien Turnèbe, un des critiques les plus éclairés de son siècle, Guillaume Budé, qu’Érasme nommait le prodige de la France, et dont il eut la faiblesse ou l’orgueil d’être jaloux, qui passait pour écrire en grec à Paris comme on eût écrit à Athènes, et qui, malgré ce tort ou ce mérite, fut ambassadeur, maître des requêtes et prévôt des marchands ; Longueil, aussi éloquent en latin que les Bembe et les Sadolet, et mort à trente-deux ans, comme un voyageur tranquille qui annonce son départ à ses amis ; Robert et Henri Étienne, qui ne se bornaient pas, dans leur commerce, à trafiquer des pensées des hommes, mais qui instruisaient eux-mêmes leur siècle ; Muret exilé de France, et comblé d’honneurs en Italie ; Jules Scaliger, qui, descendu d’une famille de souverain, exerça la médecine, embrassa toutes les sciences, fut naturaliste, physicien, poète et orateur, et soutint plusieurs démêlés avec ce célèbre Cardan, tour à tour philosophe hardi et superstitieux imbécile ; Joseph Scaliger sort fils, qui fut distingué de son père, comme l’érudition l’est du génie ; et ce Ramus, condamne par arrêt du parlement, parce qu’il avait le courage et l’esprit de ne pas penser comme Aristote, et assassiné à la Saint-Barthélemi, parce qu’il était célèbre, et que ses ennemis ou ses rivaux ne l’étaient pas.
Le signe distinctif du père de famille désignait collectivement tous ses enfants, tous ses esclaves.
Et Pindare, dans une de ses pythiques, ne manque pas de le célébrer parmi d’autres héros dont il évoque les images : « Là, dit-il, de par Apollon, vint aussi le maître de la lyre, le père des chants sacrés, le sujet de nos louanges à toujours, Orphée54. » Dès lors, le nom d’Orphée avait pris place dans la mythologie des Grecs.
C’est ainsi que je crois qu’il faut renoncer à l’idée trop chère à nos pères, trop abstraite et, en vérité, à peu près fausse, du « droit de l’homme », du « droit naturel » de l’homme, du « droit inné » de l’homme. […] Si on lui demandait : « Ou est monsieur votre père ? […] » Grand-père, grand’mère, père, oncle, cousines, cousins, marmots, serviteurs, fermiers, précepteur, abbé, professeur de musique, ouvrières à la journée, tout le monde, sans aucune exception, est amoureux d’elle. […] Zola n’a point fait d’exception pour leur maître et père. […] Comme disaient nos pères, excellemment, c’est un livre essentiel.
Il n’en fut pas de même pour nos pères. […] On peut observer que c’est peut-être ce soin du style qui a empêché ces romans de Gautier d’atteindre à la popularité des Trois Mousquetaires de Dumas père, par exemple. […] C’est comme dans la dynastie musicale des Bach : il peut arriver que l’enfant dépasse le père, et le fasse relativement oublier. […] Les auteurs de nos jours, qui se plaisent aux syncopes du jazz, à la musique divisionniste, ne peuvent écrire comme ceux qui ne voyaient rien au-dessus, pour charmer leur sensibilité, de la musique « carrée » que goûtaient nos pères. […] L’Afrique du Nord a reconnu en Louis Bertrand, le père spirituel qui l’a mis littérairement au monde, et c’était justice.
Plus fausse que tout ce que le rêve peut sonder, plus fausse que tout ce que les chansons ont chanté, — poupée sous la menace d’un père, esclave d’une langue de mégère. […] Çà et là, — elles ondoyaient ainsi que des fleurs sous l’orage, les unes rouges, d’autres pâles, — toutes la bouche ouverte, toutes les yeux vers la lumière, — quelques-unes criant qu’il y avait une armée dans le pays, — d’autres qu’il y avait des hommes jusque dans les murs ; — et d’autres qu’elles ne s’en souciaient point, jusqu’à ce que leur clameur monta, — comme celle d’une nouvelle Babel… Au-dessus d’elles se dressaient debout — les sereines Muses de marbre, la paix dans leurs grands yeux1531. » C’est que le père du prince est venu avec son armée pour le délivrer et a saisi le roi Gama comme otage. […] Comme cette culture recherchée et multiple les a rendus propres à sentir et à goûter des tendresses et des tristesses inconnues à leurs pères, des sentiments profonds, bizarres et sublimes, qui jusqu’ici semblaient étrangers à leur race !
Ce serviteur des serviteurs de Dieu imprime d’avance un respect surnaturel aux barbares ; ils fléchiront d’autant plus le genou devant lui qu’ils le trouveront pauvre et désarmé ; ils verront un Dieu dans ce vieillard bénissant tout le monde au nom d’un maître supérieur aux vicissitudes des empires ; il nommera ces barbares ses enfants, et ces barbares verront dans ce vieillard leur père ; ils se convertiront peu à peu à une foi qui leur laisse posséder le monde, qui n’a que des armées d’anges, et qui n’a d’ambition qu’au ciel ; ils lui concéderont sur la capitale de l’Italie, que ce vieillard habite, un empire des ruines ; ils y laisseront éclore lentement l’œuf du christianisme couvé par les barbares dans le nid abandonné de l’aigle romaine. […] Sa fille adorée mourut de l’exil, du climat et de sollicitude pour son père, entre ses bras. […] XL Son fils, héritier de sa bravoure, a repris sur sa tombe les projets interrompus et l’épée brisée de son père ; ses défis incessants, ses provocations habiles à une guerre italienne, ont réussi à amener l’Autriche dans le piège d’une guerre ourdie avec un art que Machiavel n’aurait pas surpassé.
M. de Falloux s’étonne que le Tiers état de 89 ait songé à venger des pères qui ne s’étaient pas trouvés offensés. Cela est vrai ; et ce qu’il y a de plus révoltant, ce qui appelait surtout la vengeance, c’est que ces pères, en effet, ne se soient pas trouvés offensés. […] En effet, comme de ce point de vue la saine croyance est le plus grand bien auquel tout le reste doit être sacrifié, le souverain fait acte de père en séparant le bon grain de l’ivraie et brûlant celle-ci.
J’ai conservé par hasard et j’ai retrouvé récemment, au fond d’une vieille malle pleine de papiers à demi rongés des rats dans le grenier de mon père, quelques vers au Rossignol de ces nuits d’été à Belley, que je ne me souvenais pas d’avoir composés ; mais l’écriture à peine formée, le papier jaune et raboteux du collège attestent bien que ces vers furent un des premiers jeux de mon imagination. […] Un des pères jésuites, professeur de belles-lettres, d’une santé délicate aussi, fut chargé par ses supérieurs de me conduire deux ou trois fois par semaine dans ces lointaines excursions à travers les montagnes du Bugey. […] IX Mais moi, l’enfant du Père, et que ce nom rassure, Je m’y sens attiré d’un invincible aimant.
dit le père doucement. […] Je m’explique par une comparaison : on a longtemps discuté pour savoir si, dans la nature, c’était le père ou la mère qui faisait l’enfant. Au temps de l’Homme aux quarante écus, la physiologie attribuait ce rôle au père. […] Mais le père, le vrai père de tous les Jeunes, c’est Verlaine, le magnifique Verlaine dont je trouve l’attitude comme homme aussi belle vraiment que comme écrivain, parce que c’est la seule, dans une époque où le poète est hors la loi : que de faire accepter toutes les douleurs avec une telle hauteur et une aussi superbe crânerie. […] Avez-vous lu cette phrase, dans l’Argent : « Jeantrou avait gardé sur le cœur les coups de pied au derrière que lui allongeait le père de la baronne !
Le père du poète, capitaine d’infanterie, était d’humeur indépendante et s’accommodait mal de l’esprit impérieux de sa femme. […] Un nid que doit avoir glacé la bise amère… Votre cœur l’a compris : ces enfants sont sans mère Plus de mère au logis ; — et le père est bien loin ! […] Le fils d’Amphiaraüs et d’Eriphyle, pour venger son père, tua brutalement Eriphyle.
Si ce monde d’Homère était proposé comme la perfection définitive, il faudrait dire que Platon proscrivait à bon droit le père des poètes et la poésie même. […] Mais s’il est bon de comprendre le gothique, il ne serait pas mauvais non plus de comprendre pourquoi nos pères ne l’ont pas compris. […] Se serait-il figuré par hasard, comme Auguste Comte, que les bons pères ne croyaient pas en Dieu ? […] Évidemment, cela ne se lit pas comme du Dumas père, ou du Pierre Benoît. […] Un fils peut désirer la mort de son père, pourvu que ce ne soit point par haine, mais seulement pour l’héritage.
Alexandre Dumas père dédiait à Victor Hugo un drame, intitulé la Conscience. […] Anatole France Nos pères avaient une quantité de bonnes choses que nous n’avons plus. […] Une odeur de graillon, relent de la cuisine prochaine, pénètre jusqu’à son cabinet, avec le fracas des vaisselles lavées par le torchon de la bonne à tout faire. 2º C’est un père mal respecté. […] Nos pères préféraient l’ingénue de romance, l’odalisque de sérail, l’épouse féconde et la nourrice plantureuse. […] Ils l’enchantaient vraiment, « ces hommes empanachés, barbus comme le Père éternel, avec leur bicorne posé sur l’oreille et leur épée battant la rondeur du mollet.
Le promoteur véritable de la littérature moderne, le père intellectuel de nos âges, est le philosophe René Descartes. […] Les critiques autorisés aiment à lui rendre justice, le nomment le père de la symphonie. […] Masson nous raconte comment Napoléon, après Vendémiaire, reçut la visite d’Eugène Beauharnais, qui, sous prétexte de lui demander l’épée de son père, venait simplement l’attirer chez Joséphine. […] Elle nous a donné, du même coup, dans son étude, deux ou trois portraits d’hommes, ceux du père, du mari, du fils de Mme Goethe : et je lui sais gré, en particulier, d’avoir parlé de ce dernier avec une si libre franchise. […] Alors le jeune pâtre regarda de nouveau dans les yeux la princesse Marysia ; et puis il lui ordonna de dire, en latin, le nom et les caractères de la maladie dont souffrait son auguste père.
, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ». […] Puis, les années s’écoulant et la mort achevant d’épurer et de consacrer les souvenirs, le quatrième de ses douze enfants à qui elle avait transmis plus particulièrement sans doute une étincelle de son imagination et de sa douce flamme, s’aperçut qu’après tout il y avait là, mêlé à de l’affection véritable, un de ces rayons immortels de l’art que le devoir permettait ou disait de dégager, que c’était un titre de noblesse domestique, même pour son père, de l’avoir emporté sur Goethe, et que de la connaissance plus intime des personnes il allait rejaillir sur les plus modestes un reflet touchant de la meilleure gloire.
J’ai vu le rire et l’ingénuité de l’enfance sur les lèvres du vieillard, la gravité et le recueillement de l’âme dans les traits de la jeunesse. » Ducis, pour certains accents religieux, grandioses et doux, est un parent de Chateaubriand, de même qu’il est un de nos pères et de nos aïeux en rêverie. […] C’est dans les rochers de la Tarantaise que mon père a reçu le jour, c’est au milieu des montagnes et sous l’abri du Mont-Blanc que reposent les cendres de mes ancêtres… Quel piédestal pour la liberté que ce Mont-Blanc !
C’étoit une meule toujours en l’air, qui faisoit fuir devant elle, et dont ses amis n’étoient jamais en sûreté, tantôt par des insultes extrêmes, tantôt par des plaisanteries cruelles en face, etc. » A l’année 1697, il raconte comment, tenant les États de Bourgogne à Dijon à la place de M. le Prince son père, M. le Duc y donna un grand exemple de l’amitié des princes et une bonne leçon à ceux qui la recherchent. […] Voir dans la Satyre Ménippée de Le Duchat les nombreux passages où il est question de ces La Bruyère, père et fils (car ils étaient deux), notamment au tome second, pages 67 et 339.
Montaigne, qui était de la génération suivante, nous a montré son digne père, homme de plus de zèle que de savoir, « eschauffé de cette ardeur nouvelle, de quoy le roy François premier embrassa les lettres et les mit en crédit », et l’imitant de son mieux dans sa maison, toujours ouverte aux hommes doctes, qu’il accueillait chez lui comme personnes saintes. […] Grosley a déjà très-bien remarqué que ce Larivey, sous son air champenois, fils naturel d’un des Giunti, fameux imprimeurs italiens, avait tourné et comme parodié en français le nom de son père (l’arrivé, advena).
C’est évidemment l’intérêt public qui exige ces réticences ; et nous comprenons bien, qu’on a dû, par égard pour quiconque n’est pas français, empêcher Inès de dire à son époux : Contre les étrangers ton père nous défend1, Mais si les saines doctrines politiques doivent ajouter tant d’entraves à celles qu’impose Aristote, comment désormais faire une tragédie ? […] Chimène intéresse par l’inutilité de ses efforts sublimes pour haïr l’assassin de son père ; mais Ophélie, livrée tout entière à sa passion par sa démence ; Ophélie, qui adore de toute son âme Hamlet teint du sang de Claudius, ne nous ravit pas seulement, elle nous plonge dans ses propres douleurs et dans son délire même.
Baudelaire est leur père direct, et toute l’école danse et voltige sur le rayon macabre qu’il a ajouté au ciel de l’art, suivant l’expression de Victor Hugo. […] Bourde pense que Baudelaire est le père direct de ces horribles décadents, et il a raison.
Né à Chinon en 1 483, d’un père qui y tenait une hôtellerie après avoir fait ses premières études dans l’abbaye des Bénédictins de Seuillé ou plutôt, comme il le dit, après avoir passé quelques années de sa jeunesse, comme les petits enfants du pays « à boire manger et dormir, à manger, dormir et boire, à dormir, boire et manger », il était venu faire son noviciat au couvent de Fontenay-le-Comte. […] Telle en est la richesse, que, par une illusion très-facile à expliquer, nous croyons avoir dégénéré, sous ce rapport, de ceux que Pasquier appelle les pères de notre idiome 62.
Jusqu’à cette époque on ne sait rien ne sa vie, sinon qu’ayant quitté son père, gentilhomme de Caen119, parceque celui-ci s’était fait huguenot, il vint en Provence, et s’attacha au grand prieur de Provence, Henri d’Angoulême. […] Nos pères y ont admiré, il y a plus de deux siècles, ce que nous y admirons encore aujourd’hui, l’esprit français entrant enfin dans sa virilité, et une langue poétique conforme à sa nature et à ses destinées.
On en trouverait cinq, on en trouverait six, on en trouverait davantage, mais il ne faut pas multiplier les espèces, comme disaient nos pères avec beaucoup de raison, en philosophie ; il ne faut pas non plus multiplier les classifications ; et je crois qu’il suffit, pour la clarté, de partager les fables de La Fontaine en quatre catégories. […] C’a été son premier mot, c’est ce qu’il a dit dans le prologue des premières fables, à Mgr le Dauphin : Je chante les héros dont Esope est le père ; Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère, Contient des vérités qui servent de leçons.
Propagateurs des vices dont nous sommes le produit (comme disait un jour un homme éloquent)2, nous n’en avons pas plus de repentir que nos pères, si bien qu’un écrivain, religieux pourtant, comme M. […] Ceux qui disent qu’un peu de gloire lave tout pour les races que Dieu a punies, malgré la gloire de leurs pères, demandent, sans le savoir, pour elles plus que l’échafaud de Louis XVI, c’est-à-dire leur effacement absolu de l’Histoire, dans un exil sans épée et sans repentir !
Salut, ô Père ! […] Un lettré païen du second siècle, appelé déjà à mêler tous les souvenirs par syncrétisme littéraire, dit, dans un hymne en prose à Minerve : « Pindare nous enseigne qu’assise à la main droite du père, elle reçoit ses commandements, pour les transmettre aux dieux ; car elle est au-dessus d’un ange, et c’est elle qui aux divers anges transmet les ordres divins qu’elle a recueillis de la bouche du Père149. » Avec cette littérature bigarrée de souvenirs, cette mosaïque savante que travaillait Alexandrie, il y a donc souvent à hésiter sur les vraies sources de l’imitation, et la première apparence peut tromper.
Ingres sectateur de l’antique beauté, des vers à la mémoire de ce Georges Farcy que sa mort a révélé à la France, et qui eût aimé ce livre s’il avait vécu, et qui, en le lisant, eût envié de le faire ; partout une nature élégante et gracieuse à laquelle le cœur se confie ; partout de bienveillantes images et un pur désir du beau : le doux Virgile en robe traînante et les cheveux négligés, s’appuyant sur le bras de Mécène au seuil du palais d’Octave ; un doute tolérant et chaste, la liberté clémente ; Jésus homme ou Dieu, dit le poëte, mais qui possède à jamais l’univers moral, et qui, s’il doit mourir, ne mourra que comme le père de famille, après que toute sa race, la race des fils d’Adam, sera pourvue ; — ce sont des vers comme ceux-ci, inspirés par le joli pays de Livry, que Mme de Sévigné chérissait déjà : ……….
D’abord il nous raconte que son père est vieux et faible, si faible et si vieux Qu’à peine il peut encor déraciner un chêne Pour soutenir ses pas tremblants.
Moins heureux étaient Dupin dans ses recherches sur les Conciles, et surtout Richard Simon dans ses études philologiques sur les deux Testaments et sur les Pères.
Elle a été jadis assassinée par son mari, qui était aussi l’assassin de son père : aucun souvenir n’a donc à contraindre ses sentiments.
Le lien de l’idée est le seul que ces sortes de natures reconnaissent : « Voilà ma mère et mes frères, disait-il en étendant la main vers ses disciples ; celui qui fait la volonté de mon Père, voilà mon frère et ma sœur. » Les simples gens ne l’entendaient pas ainsi, et un jour une femme, passant près de lui, s’écria, dit-on : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés !
Je lui fis comprendre qu’il manquait de conduite par ses harangues dans lesquelles il mêlait le roi avec des citations de la Sainte-Écriture et des Pères.
Que l’on conduise ainsi Poe de la table où tout enfant son père adoptif l’exhibait récitant des vers, à cette taverne de Baltimore où il goûta l’ivresse qui le couchait le lendemain dans le ruisseau ; que l’on connaisse de Flaubert la famille de grands médecins dont il était issu, le pays calme et bas dans lequel il passa sa jeunesse, la fougue de son arrivée à Paris, ses voyages, son mal, le rétrécissement progressif de son esprit, le milieu de réalistes dans lequel s’étriquait ce romantique tardif : que de même on décrive la physionomie satanique et scurrile (sic) de Hoffmann, le pli de sa lèvre, l’agilité simiesque de tout son petit corps, ses grimaces et ses mines extatiques, son horreur pour tout le formalisme de la société, ses longues séances de nuit dans les restaurants, à boire du vin, et ce mal qui le mît comme Henri Heine tout recroquevillé dans un cercueil d’enfant ; que l’on compare les débuts militaires de Stendhal et de Tolstoï à leur fin, à l’existence de vieux beau de l’un, à l’abaissement volontaire de l’autre, aux travaux manuels et à la pauvreté grossière ; que l’on complète chacune de ces physionomies, qu’on en forme des séries rationnelles, on aura dressé en pied pour une période, pour un coin du monde littéraire, pour ce domaine tout entier, les figures intégrales du groupe d’hommes qui sont les types parfaits de l’humanité pensante et sentante.
mon père y tient l’urne fatale ; Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains.
Jamais Mme de Staël, fille Necker, qui, comme on sait, vit toujours son père à la loupe, le faisant grand de ce qu’il était gros, le gros Suisse !
Son père, qui de conseiller au Parlement se fit prêtre, devint évêque de Gap.
Campaux en a fait trop le père de tout le monde, l’ab Jove·principium de tout ce qui a suivi.
— pleine de la puissance d’enthousiasme et de foi que le catholicisme avait développée dans leurs pères.
Il y a des notes, je crois, à partir de 1783 ; des lettres écrites par Fersen à son père ; il y a l’épisode de la guerre d’Amérique, qu’il fit comme officier français.
Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, — car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, — et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité.
Le service et la découverte ne sont pas là… Ils sont bien plutôt dans la publication de la correspondance, formant presque un volume entier, entre Vauvenargues et ses amis, et en première ligne le marquis de Mirabeau, père de l’orateur.
C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit retiré au prieuré de Burnham Thorpe, entre son père qu’il aima toujours et sa femme qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui, — détail piquant dans son contraste même !
C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit, retiré au prieuré de Burnham-Thorpe, entre son père, qu’il aima toujours, et sa femme, qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui — détail piquant dans son contraste même !
, ni Favart, ni Panard, — des dates dans la chanson bien plus que des illustrations, — qui sont les pères de la chanson française.
Mademoiselle de Condé se retira en Lithuanie ; mais, avec la permission de ses supérieures, elle rejoignit en Angleterre son père et son frère, après neuf années de séparation… Seulement, toujours religieuse, plus religieuse encore que fille et sœur, elle entra, là, dans un couvent de Bénédictines, qu’elle ne quitta que pour revenir en France, où elle fut nommée Supérieure de l’Ordre du Temple sous le nom de Marie-Joseph de la Miséricorde.
Le service et la découverte ne sont pas là… Ils sont bien plutôt dans la publication de la correspondance, formant presque un volume entier, entre Vauvenargues et ses amis, et en première ligne le marquis de Mirabeau, père de l’orateur.
Lui devait y être un humble soldat, — un solitaire, — un vagabond, — un pauvre, — un pauvre plus dénué et plus pauvre que saint François d’Assise lui-même, le père de la pauvreté ; car saint François a fondé un Ordre qui est sa gloire et sa richesse, tandis que Labre devait y être uniquement le pauvre, dans toute l’abjection de la pauvreté et son néant.
c’est le fils de l’occasion et d’un de ces hasards de la vie qui pouvaient n’être pas, et qui, alors, auraient supprimé le génie… Pascal, par exemple, le prodigieux Pascal, le divinateur d’Euclide, qui, sans avoir appris les mathématiques, trouva, en maniant des jetons dans le grenier de son père, les trois premiers livres de la géométrie ; Pascal, qui dans l’ordre des idées a une profondeur qui donne le vertige et qui même le lui a donné, ne serait plus, selon ces théories interprétatrices, le Pascal connu, le grand Pascal, s’il n’avait pas été janséniste !
— et son père, homme soucieux de culture intellectuelle, le fit aussi bien élever à sa façon que le père de Montaigne éleva son fils à la sienne.
Mais qui comprend vraiment le prêtre, dans notre société sentimentalo-bête, le prêtre-vierge, qui n’est ni amant, ni époux, ni père, — les seules choses que les masses comprennent et sentent, — et qui s’intéresse à son austère grandeur ?
Ici, j’ai cru, je l’avoue, un moment, que les aventures de ce soi-disant roman d’aventure allaient naître, mais je n’ai vu rien suivre de plus que ces événements assez vulgaires : quelques représentations de la troupe comique à Poitiers, l’amour furieux d’un certain duc de Vallombreuse, beau comme le jour, pour la jeune fille aimée de Sigognac avec une chasteté et un dévouement chevaleresques, le duel de Sigognac avec le duc qu’il blesse, — plus tard, l’enlèvement d’Isabelle par ce duc enragé et son contre-enlèvement par Sigognac, enfin la reconnaissance d’Isabelle par le père de ce duc de Vallombreuse à la simple vue d’une bague d’améthyste qu’il avait donnée à sa mère, et le mariage d’Isabelle et de Sigognac !
Alexandre Dumas fils peut se regarder comme le père depuis sa Dame aux Camélias.
si je dois vivre, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont couronné plus d’une fois, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs ; et si, dans ma vieillesse, je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères à qui j’ai payé la dot de leurs filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes ; ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir : s’ils ne peuvent rien pour moi, je choisis la mort ; cesse donc de me séduire, etc. » J’aime ensuite à voir la pitié de dédain avec laquelle il regarde le courtisan qui le croyait sans défense, parce qu’il n’avait autour de lui ni armes, ni soldats, ni remparts, comme si le courage n’était pas la défense la plus sûre pour un grand homme.
dispensateur suprême, ceint de sombres nuages et roi du tonnerre, délivre les hommes de leur funeste ignorance : écarte-la de leur âme, ô père !
Il arriva, tandis que « le Père était dans l’île », que quelques jeunes hommes, sans relations personnelles, d’ailleurs, avec les maîtres qu’ils élurent plus tard, s’avisèrent de croire en la poésie et en la beauté. […] Ce sera la gloire du Parnasse de s’être toujours, hors des petites églises, oublieuses de l’unique dieu, tourné vers le Père de toute la poésie moderne, qui était là, bien qu’il ne fût point-là, et qui reviendrait triomphalement. […] Vers l’année 1864, — je crois cette date exacte, — Villiers de l’Isle-Adam et moi, qui habitions à Choisy-le-Roi, chez mon père, nous reçûmes la visite d’un très jeune homme qui m’était adressé par mon ami, l’excellent Emmanuel Des Essarts. […] Il faut bien être (ils avant d’être père à son tour. […] Puis ce fut ce pauvre corps grêle, sur le lit blanc, avec des jacinthes et des roses blanches ; la mère en pleurs, le père qui ne voulait pas pleurer.
L’élément libre le ravissait ; la mer, matrice de tous les tumultes physiques et moraux de l’univers ; le feu, père de la vue et de la vie. […] Le père, la mère, deux jeunes filles et un enfant semblent heureux et tranquilles. […] La tentation était dangereuse : raconter un des pères de la tradition et ne jamais tomber dans le banal. […] Le père du roman français, amené à resserrer dans ces brefs épisodes une énergie volcanique, tira de sa concision de prodigieux effets. […] L’amitié entre en scène ; voici d’abord un capitaine retraité, Lourdelin, un philanthrope, un typhlophile qui est pour l’infirme un père adoptif.
Parce qu’il voit une lâcheté à renier ses pères qui lui disent : « Meurs de la mort que nous eussions choisie », et qu’il ne doit pas fléchir dans la volonté de ses ancêtres. On te dira martyr et saint, mais, tu le sais Que tu meurs seulement pour ne pas renier La foi du père de ton père le jardinier, Que pour ne pas fléchir il te suffit d’être homme… Dans Swanhilde cette soif d’être, cet impérialisme transcendant ne veut être dominé par rien, même pas par l’amour et s’exprime en mots sauvages. […] Cette réforme qui constitue l’essence de la poésie contemporaine, réforme pressentie par Hugo, a de puissantes analogies avec la doctrine de Kant, le père de l’idéalisme moderne. […] « Quand j’étais petit, je faisais mes devoirs chez mon père ; il rangeait sa table, approchait la lampe, mettait un gros livre sur ma chaise et m’installait bien à mon aise. […] Nos corporations se transmettent de père en fils le trésor de leur expérience et veulent que chaque objet soit ouvré « non par le travail d’un seul maître, mais par la collaboration de dix générations d’ouvriers se survivant à eux-mêmes. » Nous voici donc jaloux de notre continuité.
Alexandre Dumas père. […] lisez Alexandre Dumas père. […] Alexandre Dumas père a exercé, durant quelques années, une influence aussi considérable que néfaste. […] Alexandre Dumas père. […] Elle fournit l’occasion d’entrefilets ainsi conçus : « X…, l’éminent romancier, dont le dernier livre en est à la soixantième édition, vient de perdre son père.
Quant au jeune homme qui lui succède, non seulement il ne paraît pas disposé à rien modifier aux errements de son père, il semble, au contraire, affirmer sa volonté de les continuer et, au besoin, d’y ajouter, impérialement. […] — Mon père a beaucoup de vaches, répondit le jeune homme. […] Et mets-toi bien dans l’esprit qu’il existe, parmi nous, plus de mille criminels dont le crime est que leur père ou quelqu’un des leurs possède des vaches tachetées… ou pas tachetées, car on ne sait pas. […] … Mon austère jeunesse corrigeait ainsi la vieillesse légère de mon père, et ce que sa notoriété avait de trop frivole… J’opposais à ses héroïnes galantes les grandes figures de l’antiquité et du quarante et unième fauteuil, où l’on ne s’assied jamais. […] Il a connu dans ses bras l’agonie d’un pauvre enfant à qui il a été refusé que le grand talent de son père ne fût pas assez riche pour acheter les deux sous de lait pur nécessaire à son innocente et fragile vie !
L’un d’eux, Gaucher de Ruppes, lui jura « sur sa bonne foi et l’ordre de chevalerie » qu’un oncle de son père affirmait y avoir été, et que dans la famille on était convaincu qu’il y était retourné : Antoine pourrait sans doute lui en donner de sûres nouvelles. […] Pourquoi Jésus, « tout débonnaire », qui ne punit la haine de l’aveugle Longin qu’en lui donnant à la fois la lumière des yeux et celle de l’âme, aurait-il si sévèrement châtié un autre de ceux auxquels il priait son Père de pardonner, « parce qu’ils ne savaient ce qu’ils faisaient ». […] On sait la haine féroce que ce poète bizarre, contemporain et ennemi de Dante, nourrissait contre son père, et qu’il a exprimée dans de nombreux sonnets, qui sont assurément au nombre des productions les plus extraordinaires de la poésie. […] Le Castoiement ou Instruction d’un père à son fils, publié par Barbazan. […] Le chastoiement d’un père à son fils, traduction en vers de l’ouvrage de Pierre Alphonse, Paris, MDCCCXXIV, in-12, p. 134.
Il admet comme certaine au fond de l’univers une sorte de paternité, de bonté épandue, et s’écrierait volontiers, avec la foi absolue et naïve de l’évêque Myriel parlant à celui qui va mourir sur l’échafaud : — Entrez dans la vie, le Père est là163 ! […] Nous sommes de ceux qui croient à la misère des oraisons et à la sublimité de la prière187. » On connaît les paroles d’adoration que Victor Hugo lui-même a prononcées dans le livre consacré à sa fille : Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire ; Je vous porte, apaisé, Les débris de ce cœur tout plein de votre gloire, Que vous avez brisé. […] Nos souffrances ne sont point émoussées par ce fait qu’elles ont été les souffrances de ceux qui ont vécu avant nous ; par contre, pas une de nos joies ne sera déflorée par les joies toutes pareilles de nos pères endormis. […] Brunetière, Victor Hugo, fils d’un soldat, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, traîné de ville en ville dans les bagages de son père, a pu chanter indifféremment ses « Espagnes », ou plus tard la maison de la rue des Feuillantines ; il n’a pas eu de « patrie locale, et à peine un foyer domestique. » Hugo n’a vu la Nature « qu’avec les yeux du corps, en touriste ou en passant ; l’on peut, même douter s’il l’a comprise et aimée, autrement qu’en artiste. » Lamartine, au contraire, « l’a vue avec les yeux, de l’âme, l’a aimée jusqu’à s’y confondre, quelquefois même jusqu’à s’y perdre, et l’a aimée tout entière. » Lamartine est donc chez nous « le poète de la nature, le seul peut-être que nous ayons, en tout cas le plus grand, et il l’est pour n’avoir pas appris à décrire la nature, mais pour avoir commencé par la sentir. » — Ainsi Hugo, n’ayant pas été élevé dans une maison de campagne, n’a pas dû sentir la nature !
Ce n’est pas ce que nous concevons le mieux qui nous doit intéresser davantage, il ne faut pas chercher à nous reconnaître dans ces drames ; nous risquerions d’y reconnaître du même coup, en leur influence, le fils de Dumas père, quand ce ne serait pas le père de Dumas fils.
Il a même été accusé d’avoir renié son père, au sortir de la première représentation de la comédie du Flatteur.
Un philosophe n’est pas dispensé d’être patriote, citoyen, père ou fils, pourquoi se dispenserait-il d’être religieux ?
Ce révérend père à la manche large, qui souhaitait, dans sa lettre, que l’effet du livre de la Madame anonyme s’étendît au loin, malgré ce qu’il avait d’hétérodoxe, restera, malgré son excuse, compromis.
… — un Titan de force qui aurait arrêté de son doigt l’écroulement des fautes de ses pères, s’il avait eu seulement une médiocre volonté.
II C’est Charles Nodier, en effet, qu’Édouard Fournier a intellectuellement adopté pour son père ; mais je ne crois pas que Charles Nodier, qui était malin quoique bonhomme, le lui eût rendu et l’eût adopté à son tour.
Et cela est si vrai, ce que j’écris là, le réalisme est si bien l’œuvre de MM. de Goncourt, — aveugles comme toutes les paternités, qui ne savent pas l’enfant qu’elles font, — qu’éclairé après L’Assommoir, et fier comme ces bêtes de pères, qui sont fiers de leurs petits hiboux, Edmond de Goncourt (le survivant des deux) s’est senti jaloux de Zola, et, pour prouver qu’en fait de réalisme le dernier venu ne l’emportait pas sur le premier, il a commis La Fille Élisa.
… Fleury, disent nos pères, jouait les marquis à s’y méprendre.
Elle sort de Kant et respecte son père.
Sans Montaigne et sans un sentiment dont nous allons parler tout à l’heure, Pascal n’aurait jamais été que l’écrivain des Provinciales, ce chef-d’œuvre qui ne serait pas si grand, si les Jésuites étaient moins grands et moins haïs, les Provinciales, où le comique de cet immense Triste, qui veut plaisanter, consiste dans une ironie, répétée dix-huit fois en dix-huit lettres, et dans cet heureux emploi de la formule : mon révérend père, qui — puisqu’on parlait à un jésuite — n’était pas extrêmement difficile à trouver !
Le père est inquiet pour l’enfant.
Dieu lui avait donné le génie de la conduite des âmes, à ce pâtre qui n’avait chez son père à conduire qu’un vieux âne et trois maigres brebis.
Aux systèmes des philosophes dont il écrit la triste chronique, il oppose le sien, qui n’est pas un système, mais une vue générale et planant sur l’esprit humain… Le Dr Athanase Renard n’a point le bon sens étranglé de Reid, l’Écossais, étroit en philosophie comme en religion (le presbytérianisme), mais il a le bon sens dilaté d’un Gaulois, agrandi par l’idée catholique… La race vit et pense dans le Dr Athanase Renard, et c’est pour cela que je l’aime et que je l’estimé, moi qui crois à la race, et qu’en toute chose nous ne valons pas nos pères !
Cette omniprésence du saint à toutes ses œuvres, le soin infatigable qu’il y donnait, les lettres, instrumenta regni, par lesquelles il les gouvernait des distances les plus éloignées, toutes ces fortes qualités, incessamment appliquées, de direction, d’influence et d’irrésistible commandement, frappent plus encore que sa charité, et tout cela est d’une telle proportion en saint Vincent de Paul, qu’il est impossible de bien comprendre son action souveraine sur tout ce monde immense dont il ne cessa d’être, jusqu’à la mort, le père de famille et la providence, sans l’aide personnelle, directe et surnaturelle de Dieu !
Georges-Maurice de Guérin, qui dans le monde aimait à porter le nom du Cayla (l’antique château de ses pères), fut un poète, ou, pour parler plus correctement, un écrivain d’imagination, qui mourut très jeune, en 1839, dans une obscurité contre laquelle, du reste, il ne s’est jamais révolté.
Car, lions et gazelles, j’aime mieux cela pour désigner et différencier les divers poètes et les diverses poésies, que l’appellation pédantesque et traditionnelle : poètes majeurs, poètes mineurs, poetæ majores, poetæ minores, employée par la Critique de nos pères.
Heredia est aussi un Conquistador comme ses pères.
Nos pères, avec leur bon sens profond, appelaient hommes de lettres ces femmes-là, autrefois !
Telle n’était pas la coutume de nos pères, qui mettaient le cœur à gauche et les Introductions à leur place.
M. de Banville a l’emphase comme son père, Hugo, mais il sait l’égayer.
Les deux tronçons, restés sur la terre, de celle qui n’était plus, s’étreignirent en vain davantage ; le père et la fille cherchèrent à se consoler l’un l’autre.
Le violent, l’intempérant, l’extravagant (pour les bourgeois), l’indécent Richepin, l’impie Richepin, ce Capanée qui fourbit actuellement et damasquine ses Blasphèmes, se resserre tout à coup, se ramasse, se froidit, se simplifie, se métamorphose, et produit un roman d’analyse impartiale et patiente, — patiente… à impatienter le journal dans lequel il l’avait publié d’abord en feuilleton, et qui, lui, l’a raccourci, haché et châtré, ne voulant pas en perdre tout, puisqu’il l’avait payé à l’avance, et disant comme ce grand poète, qui n’est pas le Père prodigue, à son fils qui n’avait plus faim : « Mange donc cette côtelette encore, puisqu’elle est payée. » Le public, moins despotisé, n’a mangé qu’une partie de la côtelette de M.
C’est toujours la morale de tous ses livres, à elle, et de ceux de son père, qui dit « toi et moi » comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu !
C’est toujours la morale de tous ses livres à elle et de ceux de son père, qui dit « toi et moi », comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu !
Cette grande Inconnue à nos pères a versé, en ces derniers temps, tant de notions dans la connaissance humaine, qu’elle est certainement une formidable acquisition et un magnifique enrichissement pour toutes les facultés de l’esprit ; et l’imagination, comme les autres, a le droit, et je dirais presque le devoir, de se servir de ces notions qui tantôt ont leur certitude et tantôt leur mystère pour arriver à des effets de pathétique absolument nouveaux.
Elle passa longtemps pour avoir su régner, comme son père avait su combattre.
« Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile ; les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite et non aux blessures qu’ils ont reçues ; les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort, etc. » Cependant, malgré l’éloquence générale et les beautés de cette oraison funèbre, peut-être n’y trouve-t-on point encore assez le grand homme que l’on cherche ; peut-être que les figures et l’appareil même de l’éloquence le cachent un peu, au lieu de le montrer ; car il en est quelquefois de ces sortes de discours comme des cérémonies d’éclat, ou un grand homme est éclipsé par la pompe même dont on l’environne.
Il peint de la manière la plus touchante la douleur des pères, des fils, des épouses et des mères ; mais en même temps il s’élève avec indignation contre la frivolité barbare de ces Sybarites, qui, incapables d’être émus par tout ce qui attendrit les âmes nobles et sensibles, avides de la misérable gloire que donne un bon mot, ingrats avec légèreté, au milieu des festins et des fêtes, prodiguent une raillerie insultante à ceux qui ont combattu et sont morts pour eux.
Voulez-vous avoir une idée des effusions auxquelles donne lieu le retour d’une amie dans la maison de Mme de Wolmar (car Julie a obéi à son père et a épousé un barbon). […] Est-ce donc joli, ce vieux qui abuse de l’amitié d’un père pour contraindre une femme ? […] Une occasion exceptionnelle permet à Poil de Carotte de « s’expliquer » avec son père ; mais s’ils la laissent échapper, ils ne la retrouveront pas. […] Le père, assez vague, de ce futur enfant, l’a abandonnée, comme le père de Diane la fille avait abandonné Diane la mère (ce n’est pas ma faute s’il y a des répétitions dans le résumé de cette histoire de famille). […] Nos pères ont imaginé l’amour peintre ou l’amour médecin.
Son père, riche imprimeur, était sur le point d’expier sur l’échafaud ses opinions royalistes ; il fut sauvé par ses ouvriers, qui vinrent en masse le réclamer à la barre, en affirmant que le citoyen Ballanche avait toujours été leur père. […] Bossuet reste pour nous un Père de l’ancienne Église, nous l’admirons dans le mystérieux édifice des temps écoulés. […] Les premiers docteurs de l’Église n’ont-ils pas reconnu le Verbe, fils du Père, dans le Λόγος de Platon ? […] et qui oserait refuser le nom de poète à Chateaubriand, le père et le maître de toute la poésie nouvelle ? […] Ce personnage, dont le nom est encore populaire parmi nous comme celui du père de la fable, c’est Ésope.
Elevé durement par une mère qui paraît avoir été assez niaise, et un père qui semble avoir été féroce, il n’aima point ses parents, ce qui est un trait essentiel pour bien comprendre son caractère. […] Le père de la tribu raconte les maux que l’on faisait subir aux chrétiens A la lueur du feu on voyait ses gestes expressifs, sa barbe noire, ses dents blanches, les diverses formes qu’il donnait à son vêtement dans l’action de son récit. […] C’est en quoi Dumas père avait raison quand il disait : « Lamartine a élevé l’histoire à la dignité du roman. » Le roman à son tour fit l’histoire, ou contribua à la faire. […] ……………………………………… Lorsqu’elle me disait : « Mon père ! […] Je conviens à genoux que vous seul, père auguste, Possédez l’infini, le réel, !
Et j’imagine que c’est dans son dernier chapitre — par l’accent, peut-être le sommet de son œuvre jusqu’ici — que l’auteur a dû trouver sa propre récompense : parce qu’il a su vaquer si bien — avec cette patience chez lui nouvelle — aux relations réciproques de ce père et de ce fils qui « sont parents par Maria Crossdc », toutes possibilités épuisées, si Dieu n’intervient pas, de l’un comme de l’autre le sort est à jamais fixé : le père repris par sa famille, redevenu un de ces « cadavresdd » — mais cette fois volontaire — contre lesquels adolescent Raymond s’insurgeait ; et Raymond, lui, sachant à n’en plus douter « qu’il porte en lui une passion forcenée, héritée de son père — passion toute puissante, capable d’enfanter jusqu’à la mort d’autres mondes vivants, d’autres Maria Cross dont il deviendra tour à tour le satellite misérablede ». […] À quoi l’on aurait pu lui répondre que, comme dans la maison du Père, dans la maison du roman il est beaucoup de demeures et qu’Aimée n’avait rien à envier à personne. […] Il faut que tu les aimes tous les trois, elle, mon père et ma mère ; car ils ont désiré mon bonheur avec un soin, un dévouement, une passion de tous les jours ; et si je n’ai pas su les récompenser en me laissant combler des dons que leur amour imaginait, si je leur ai résisté, si j’ai déconcerté leur espoir, j’ai besoin que, par-dessus moi, ils obtiennent justice. […] Mon père jetait mes paquets dans la voiture et me poussait sur le marchepied. […] De Trinity il écrivait à son père : « La seule chose que je ne pourrai me pardonner, c’est de vous revenir avec une âme encore troublefh ».
Le père du futur vengeur, magistrat considéré, après des charges actives noblement remplies, était devenu président au sénat de Savoie182 ; son grand-père maternel, le sénateur de Motz, gentilhomme du Bugey, qui n’avait eu que des filles, s’attacha à ce petit-fils, et toute la sollicitude des deux familles se réunit complaisamment sur la tête du jeune aîné, qui devait porter si haut leur espérance183. […] Dans cette espèce d’épithalame adressé au père et au roi au moment du mariage de son fils Charles-Emmanuel avec Clotilde de France et pour fêter leur voyage en Savoie, le jeune substitut épanche en prose poétique sa fidélité exaltée envers son souverain. […] On trouve, assure-t-on, chez les casuistes de tous les ordres et de toutes les robes, bien de ces subtilités et de ces saletés que Pascal a dénoncées particulièrement chez les Révérends Pères ; on trouverait, je le crois, dans les greffes des anciens Parlements, beaucoup de ces horreurs qu’on est convenu d’imputer surtout à l’Inquisition ; mais qu’importe ? […] » « … Je me suis occupé sans cesse de vous, je puis vous l’assurer, dès que j’ai eu connaissance de l’incommodité de M. votre père. […] C’est de lui surtout qu’il serait exact de dire ce qu’il a dit lui-même de tout écrivain, d’après Platon, que la parole écrite ne représente pas toute la parole vive et vraie de l’homme, car son père n’est plus là pour la défendre.
Pope s’y emploie tout entier ; il est de loisir ; son père lui a laissé une assez belle fortune, il a gagné une grosse somme à traduire l’Iliade et l’Odyssée ; il a huit cents livres sterling de rente. […] Pope veut se venger de ses ennemis littéraires, et chante la Sottise, auguste déesse de la littérature, « fille du Chaos et de la Nuit éternelle, lourde comme son père, grave comme sa mère », reine des auteurs affamés, et qui choisit Théobald pour son fils et pour son favori. […] Figurez-vous un père malheureux qui célèbre « le silence et l’obscurité, ces deux sœurs solennelles, ces deux jumelles filles de l’antique Nuit » ; un prêtre qui « fait sa cour à la sœur du jour, la déesse aux doux yeux », se déclare « le rival d’Endymion1133 » et quelques pages plus loin apostrophe le ciel et la terre à propos de la résurrection de Jésus-Christ.
précisément le contraire de cette pensée, c’est-à-dire l’invasion de l’Espagne, l’expulsion de sa vieille dynastie, l’usurpation purement vaniteuse d’une dynastie napoléonienne sur le trône de Charles-Quint et de Louis XIV ; la trahison de Bayonne, où toute une dynastie est prise au piège prémédité d’une fausse conciliation entre le père et le fils ; enfin une guerre de conquête dynastique qui coûte à la France un million de ses meilleurs soldats, à l’Espagne des flots de sang, et à notre alliance un empire. […] Cette fille de l’Autriche, sur le trône de France, défiant son père de la détrôner, et s’offrant comme un gage de paix entre Napoléon et l’Europe, lui paraissait un dernier expédient de négociation qu’il fallait garder pour le jour suprême. […] Mais l’impératrice n’était déjà plus en sa puissance : elle ne s’était pas jetée à propos entre les armées de son père et le détrônement de son fils ; elle était, à demi captive, entraînée aux extrémités de la France par les frères de Napoléon, sans armée, sans gouvernement, sans liberté et déjà sans couronne.
Il passait pour en être le père et le rigide défenseur. […] Telle est l’opinion de Barthélemy Saint-Hilaire, le philosophe traducteur du père des philosophes. […] « Mais quand ces douloureux événements arrivent entre des personnes qui s’aiment, et que, par exemple, un frère tue ou doive tuer son frère, un fils son père, une mère son fils, un fils sa mère, ou qu’il se commet d’autres malheurs de ce genre, voilà les situations qu’il faut rechercher. » Suivent des exemples célèbres et choisis dans la tragédie grecque.
Le rire de Paul Féval, ce bon rire exilé maintenant de la littérature française et que je retrouve à tant de places dans Le Chevalier de Kéramour, y éclate comme un écho purifié des immenses éclaffements de notre père et mère Rabelais (comme le nommait Chateaubriand, ce qui, pour un Triste, n’était pas trop mal !). […] C’est ce style à l’Alexandre Dumas, qui menait quatre feuilletons de front dans quatre journaux différents ; ce style rompu… mais non claudicant, sautillant plutôt, avec des vivacités d’écureuil, qui fut mis à la mode par Dumas père dans la littérature, et dans la politique par Émile de Girardin, et que je voudrais voir remplacé chez Féval, dans sa maturité, par un style plus ample, à attaches fortes, avec des articulations léonines… Ah ! […] Ce n’en est pas une, puisqu’on n’a pas marché, que le récit, qui commence le roman à venir et finit le volume actuel, de cette mort d’un père pénétrant des premières impressions chrétiennes l’âme d’un enfant qui les retrouvera un jour dans son âme et qui redeviendra chrétien.
Plus de père aujourd’hui ! […] Piscatori père, qui l’a connu avant la Révolution, m’a raconté qu’un jour, particulièrement, il l’avait entendu causer avec feu et se développer sur Rabelais.
Fils de royaliste, royaliste moi-même de naissance, de tradition, d’éducation, pendant mes jeunes années, si Robespierre n’était pas mort, mon père n’aurait pas vécu, et toute ma famille aurait été victime de son système de rénovation de la France par l’extermination. […] C’est un crime sans père !
Quand, dans le moyen âge de Rome papale, la belle et infortunée Cinci devint complice de la mort d’un tyran féodal, féroce et incestueux, qui était son père, et quand la juste inflexibilité du pape refusa la grâce d’une coupable, grâce que toute l’Italie demandait à cause de la fatalité, de l’innocence et de la beauté de la victime, un peintre illustre saisit son pinceau et retraça, pendant qu’elle marchait à l’échafaud, la figure angélique et la pâleur livide de la Cinci ; ce portrait rendit à la condamnée une vie immortelle. […] Seulement la confiscation des biens de l’émigré, droit qui punit les enfants et la famille de la faute d’un père, dont ils sont innocents et pour lequel ils sont frappés dans leur existence, est un faux principe en équité comme en politique.
Encore, la dépossession de la Vallée-aux-Loups ne dépouillait Chateaubriand que de ses espérances ; mais les tombeaux de ses pères et les souvenirs de son enfance n’étaient pas là, et il n’en avait pas sacrifié le prix au salut d’un pays ingrat ! […] Ses premiers exils en Amérique, son émigration, ses misères, même en Angleterre, avaient été subis sous l’influence des sentiments chrétiens ; les grands spectacles de la solitude, du ciel, de la mer, des forêts, des fleuves, des cascades, qui l’avaient frappé dans son voyage, étaient empreints de cette couleur ; il les avait reflétés dans Atala et dans René, ses premières ébauches ; il avait pensé, il avait rêvé en chrétien ; sa haine même, si naturelle, contre les persécutions et les martyres des croyances de sa jeunesse leur avait donné quelque chose de tendre comme les souvenirs de la demeure paternelle, de sacré comme le foyer de ses pères ; tout son cœur et toute son imagination étaient restés ainsi de la religion du Christ.
— C’est vrai, son père est dans les affaires, mais dans les mauvaises affaires… » etc., etc. […] André Maurel Je suis partisan de tous les moyens ingénieux qui fournissent aux écrivains le loisir nécessaire au travail : rentes sur l’État, héritage d’oncle, larcin furtif dans la bourse d’un père avaricieux ou prix littéraire ; tout est égal.
Bourget, se font gloire l’un et l’autre d’être ses disciples, fils ennemis d’un même père ! […] Lord Salisbury lit Dumas père, Bismarck lisait Ponson du Terrail, Napoléon III Bulwer-Lytton.
Sauf l’Indépendance qui reflétait l’opinion de Féti père, tous les organes de la presse bruxelloise se montrèrent pleinement élogieux, manifestèrent la plus vive admiration, souhaitant de juger prochainement les œuvres de Wagner au théâtre. […] Edmond Evenepoel (1846-1931), musicologue, haut fonctionnaire belge, grand wagnérien, était le père du peintre Henri Evenepoel.
du sang de mon père, encor toute trempée ! […] ô mon père !
Ce n’est point là une œuvre qui n’a de père que celui qui l’a faite, qui a jailli, un beau matin, d’une originalité isolée. […] Déjà Victor Hugo, le père de bâtards qui devraient, quand il les regarde, lui faire honte de sa paternité, nous avait donné le prêtre amoureux, Claude Frollo ; mais, tout en le traînant dans la fange enflammée de sa passion pour une coureuse de places publiques, il lui avait gardé sur son énorme front chauve un rayon d’intelligence qui, du moins, tout coupable qu’il apparaissait, faisait reculer le mépris.
Le véritable père de la nouvelle école psychologique, c’est Hume. […] S’il existe un monde dont tous les éléments ou les faits échappent à tous nos moyens d’observation extérieurs, et ne tombe que sous un sens intime ; si les faits de cet ordre, supérieurs à tout ce qui se présente à titre de phénomènes, antérieurs à tout procédé artificiel de raisonnement, sont les vrais, les seuls principes de la science, et bien spécialement de celle de l’homme intellectuel et moral ; celui qui se serait livré à cette étude extérieure, qui, travaillant à constater les faits primitifs de sens intime, à les prendre à leur source, à les distinguer de tout ce qui n’est pas eux, et de tout ce mélange du dehors qui les complique et les altère, celui-là ne serait-il pas en droit de s’écrier à son tour, et peut-être avec plus de fondement que Newton : Ô psychologie, gardez-vous de la physique, gardez-vous même de la physiologie23. » Maine de Biran était trop sévère pour une école psychologique qui a donné de précieux résultats ; mais ce sera toujours l’invincible force et l’immortel honneur de l’école dont il est le père, d’avoir rappelé les observateurs de la nature humaine aux enseignements de la conscience.
Socrate, père de toutes les sectes philosophiques, introduisit la dialectique par l’induction, et Aristote la compléta avec le syllogisme, qui ne peut prouver qu’au moyen d’une idée générale. […] Les Grecs prirent d’abord ce mot dans le même sens, comme le prouvent les noms patronymiques, les noms des pères, dont les poètes, et surtout Homère, font un usage si fréquent.
Le caractère des personnages principaux est fortement tracé, éclairé en plein tout d’abord, et soutenu jusqu’au bout ; le comte de Goyck, et surtout son vieux père impénitent et goutteux, sont d’une vérité à faire peur.
Quand Béranger dit que « le pouvoir est une cloche qui empêche ceux qui la mettent en branle d’entendre aucun son ; » et ailleurs « qu’il est des instants, pour une nation, où la meilleure musique est celle du tambour qui bat la charge ; » et encore, lorsqu’il compare les prétendus faiseurs de la révolution de Juillet à ces « greffiers de mairie qui se croiraient les pères des enfants dont ils n’ont que dressé l’acte de naissance ; » cela me paraît étonnamment rentrer dans le goût des locutions familières à Franklin.
comme pour se rassurer dans les ténèbres et se fortifier contre lui-même ; vainement il montre de loin à son amie, dans le ciel sombre, la double étoile de l’Âme immortelle et de l’Éternité de Dieu ; vainement il fait agenouiller sa petite fille aînée devant le Père des hommes, et lui joint ses petites mains pour prier, et lui pose sur sa lèvre d’enfant le psaume enflammé du prophète : ni la Prière pour Tous si sublime, ni l’Aumône si chrétienne, ne peuvent couvrir l’amère réalité ; le poëte ne croit plus.
L’héroïne, en effet, est captive ; elle est comtesse ; elle est enfermée dans une tour avec son vieux père, prisonnier d’État.
De Montesquieu, de Buffon, de Saint-Lambert, de Vauvenargues, de Tressan, Helvétius, Hénault, de Chastellux, de Boufflers, de Condorcet, de Mirabeau père et fils, etc., etc., en briguant la livrée de gens de lettres ?
Duval ; maintenant en voici les effets désastreux : Comme les jeunes rédacteurs d’un journal scientifique et littéraire emploient beaucoup de talent et d’esprit à prouver que tous les ouvrages français n’ont pas le sens commun et à proposer pour modèles les étrangers, qui n’ont pas d’autre théâtre que le nôtre, il s’en est suivi : 1° que, de nos jours, tout vise à l’originalité, au bizarre ; que la vraisemblance et la raison sont bannies ; et que, à force de chercher la vérité, on arrive au trivial pour tomber bientôt dans l’absurde ; 2° que les jeunes gens, égarés par les prédicateurs des nouvelles doctrines, ne sachant plus quelle est la meilleure route, de celle qu’ont suivie nos pères ou de celle qu’on leur indique, se bornent, en attendant la solution du problème, à faire des tiers de vaudevilles, ou à mettre de petits articles dans les journaux littéraires ; et que notamment l’un d’entre eux, à force d’esprit et de savoir-faire, en est venu (ô scandale !)
Pour nous, enfants du vieux monde, trop habitués à ramasser les testaments sacrés des grands républicains, nos pères, par lambeaux, au pied des guillotines, dans les recoins des geôles où l’appel se faisait chaque matin, dans les fentes des cavernes où on les traquait, c’est un nouveau et rafraîchissant spectacle d’entrer, par-delà l’Atlantique, dans ces spacieuses résidences rurales, Mount-Vernon, Monticello, ces fermes d’immense culture, peuplées de fabriques, retraites animées d’un Washington, d’un Jefferson, d’un John Adams, d’un de ces vieillards qui ont travaillé et veillé, cinquante ans durant, à la même œuvre.
Mais ce livre, c’est le temps qui le fera ; et la postérité ne partagera pas plus la petite fureur qu’excitent aujourd’hui les idées philosophiques, que les atroces sentiments que la terreur avait développés : Les fils sont plus grands que leurs pères, Et leurs cœurs n’en sont pas jaloux.
La vertu du père et la beauté de la mère s’aperçoivent déjà dans les enfants : leur faible raison grandit à chaque moment ; elle réclame bientôt le secours des soins assidus.
Jayme dit le Fort, puis son aïeul, puis son père.
Arrive une députation des Aquicoles : il s’agit de donner une nouvelle constitution à leur cité. « Toutes les victimes nécessaires pour obtenir l’assistance des dieux, nous les fournirons Consultez l’esprit des pères, répond Antistius ; pratiquez la justice et respectez les droits des hommes Hé !
L’élément agressif et destructif dans l’amour a inspiré nombre de poètes, de romanciers et d’auteurs dramatiques (Mérimée dans Carmen et La Vénus d’Isle, Strindberg dans Père et dans Mademoiselle Julie).
Dans ces petites sociétés, ce qui a été plus tard persécution, tyrannie, était légitime et tirait aussi peu à conséquence que le fait chez nous de souhaiter la fête au père de famille et de lui adresser des voeux au premier jour de l’an.
Il ne vivait que de son Père et de la mission divine qu’il avait la conviction de remplir.
» l’autre, un séducteur par la force des poignets de tout le féminin qui lui tombait sous la main… Et mon ami ajoutait qu’il serait sûr d’avoir à lui tout seul l’héritage de son oncle, le coucheur dans les lits vides, s’il voulait prendre une maîtresse, et le choisir comme confident et comme intermédiaire pour carotter de l’argent à son père et à sa mère au sujet de l’entretien de ladite maîtresse.
Tous les grands poètes de tous les temps, en même temps que des artistes, étaient des hommes, c’est-à-dire des pères, des fils, des amants, des citoyens, des philosophes ou des croyants.
quelles bonnes choses, disait Pascal en achevant la lecture d’un père jésuite, quelles bonnes choses il y a là dedans pour nous !
L’abbé crut qu’il seroit, à son tour, cité par le père du théâtre françois.
« C’est une erreur, dit-il, de nos pères, d’avoir imaginé la déclamation théâtrale, telle qu’on la voit en France.
Les photographes ont pris les plus merveilleux points de vue de l’univers, les paysages les plus pittoresques et les plus grandioses ont posé pour eux ; — il semble que la peinture soit vaincue et qu’elle n’ait plus qu’à s’exiler dans quelque bourgade encore barbare, en compagnie de l’antique diligence de nos pères.
Il faut le dire, Messieurs, nous avons un peu négligé ce précieux héritage de la gaieté de nos pères.
Mais dans ses romans, elle se raconte elle-même : elle est sa Corinne ou sa Delphine, l’une après l’autre ; mais en histoire et en politique, elle n’a guère que l’opinion des hommes qu’elle aime, ou son père, ou Benjamin Constant, ou Narbonne, ou tout autre, et elle dit même quelque part que la femme, dont elle juge d’ailleurs très bien la destinée, ne doit pas avoir d’autre opinion que celle-là !
Comme tous les aigus, il était sec, et il semble le père de toute une race d’esprits secs comme lui : Goethe, cette âme de plâtre, Charles de Brosse, l’épicurien latin, Stendhal, qui avait au moins du feu dans sa sécheresse, et Mérimée qui n’avait rien, en descendent.
Il a bien senti qu’il n’y pouvait y avoir d’organisation efficace et forte sans l’esprit de suite, sans le lien qui unit, dans leurs tendances et leurs aspirations, la génération qui vit à celle qui l’a précédée et à celle qui va la suivre, et que, là où le père de famille ne laisse point à son fils d’exemple à imiter et de nom à grandir, l’organisation politique, à proprement parler, n’existe pas.
Marguerite d’Anjou, l’héroïne de la guerre des Roses, — de la Rose pâle et de la Rose sanglante, — cette détrônée destinée à devenir un type de Shakespeare, fut la parricide involontaire et innocente de la gloire de son père.
D’un autre côté, par cela même que Jobez, comme, du reste, tous les économistes de père en fils, déplace la question sociale et la met dans un accroissement de richesse au lieu de la mettre dans un accroissement de moralité, toutes les questions qui suivent celle-là et qui auraient dû trouver place dans ce livre n’y sont pas même abordées.
Ce n’est pas avec de tel sang qu’on rajeunira ses vieilles veines Des penseurs malappris, confondant la vitalité morale d’un peuple avec la nouveauté de ses institutions politiques, nous parlent sans cesse de la jeunesse des Américains, comme s’ils n’étaient pas aussi vieux que nous, — comme si la décrépitude européenne ils ne l’avaient pas emportée, ces fils de vieillards, en quittant le sol de leurs pères !
Après Cléopâtre, la folie esthétique et presque sensuelle de l’auteur, il y a Livie, la femme d’Auguste, la Catherine de Médicis romaine, et Julie, la fille d’Auguste, cette duchesse de Berry d’un père plus cruel, plus implacable que le Régent.
Et Bayle lui-même, le fameux Bayle, le père de la critique dissolvante, affirma que d’hésiter devant la fausseté de la légende de la Papesse Jeanne serait d’un pyrrhonisme monstrueux !
Qu’il se regarde, s’il veut, et se reconnaisse dans les traits de son père, moulés par ce féroce leveur de masque qui n’a rien négligé pour que la hideuse ressemblance fût complète !
Évidemment, un homme qui aurait eu une notion plus mâle de la famille n’aurait pas songé à publier ces lettres, qui ne sont pas adressées à son père, et il se serait souvenu davantage qu’il était Sabran, et non Boufflers… Mais ce ne sont pas là nos affaires… Le livre a paru, et c’est une chose charmante !
De tous les ennemis de la religion de nos pères, de tous ceux qui disent que le catholicisme est une doctrine dépassée par l’esprit humain et qui a fait son temps (comme les conscrits) dans l’histoire, cet excellent M.
Avec son seul livre de l’Essai, le marquis de Valdegamas s’est placé entre le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, qu’on pourrait presque appeler les Pères laïques de l’Église romaine.
Très jeune à l’âge où les autres jeunes gens se dissipent, à l’âge des coups d’épée (il en donna un), il se fait rendre compte judiciairement par son père de la gestion de sa fortune, en proie aux plus affreuses dilapidations, rachète la terre de Buffon que ce bourreau d’argent avait vendue, et le garde tendrement chez lui, ce bourreau qui se remarie, et dont il garde également et élève les enfants !
Son père, de race patricienne, dit M.
Vous n’avez pas de père !
C’est dans la conception du personnage de Chambornay, le père adoptif de Christian.
Le plus célèbre d’entre eux fut Hérode Atticus ; il descendait de Miltiade, avait eu un de ses ancêtres consul à Rome, fut lui-même consul, devint le maître de Marc-Aurèle, et posséda des richesses immenses ; mais il préférait à tous ces titres la gloire de parler sur-le-champ d’une manière éloquente : il reçut des leçons d’un fameux orateur de Smyrne, et pour premier essai prononça sur-le-champ l’éloge de son père.
Son père, chirurgien estimé, sorti de l’Agenois, était venu prendre femme dans le Boulonnais et s’y établir. […] Son père s’opposait à ce qu’il fît son droit. […] Lorsqu’on examina sérieusement si celui que la dévotion de son père a fait moine est tenu à ne point quitter ce genre de vie, l’ignorance et la superstition avaient effacé toute idée d’ordre et de justice102. » Quoi qu’il en soit de cette sorte d’allusion personnelle, où il ne faut voir peut-être qu’un trait de hardiesse philosophique sans autre intention, M. […] Oui, nous la conserverons, la République, s’écriait-il en finissant, nous la conserverons pour qu’elle soit le temple de ta mémoire, l’asile de ton vertueux père, et la gloire de tous les guerriers qui l’ont défendue comme toi.
François Mauriac dans la Vie de Jean Racine : « Enfin pour notre malheur il [Racine] laissa deux fils qui détruisirent pieusement tout ce qui risquait d’altérer l’image édifiante de leur père qu’ils souhaitaient de léguer aux siècles futurs…. […] Mais depuis que ce fils est mort dans la gloire, le père ne parle pas autrement de lui, qu’en murmurant d’une voix éplorée : « Ce pauvre Pierre, ou, Mon petit Pierre adoré » ; il s’est recomposé un personnage nouveau pour être à même de supporter cette renommée inattendue, qui rejaillit, malgré tout, jusque sur les ascendants. […] De même que le père chasse de son domicile, en le maudissant, l’enfant dont il juge l’inconduite irrémédiable, de même il excommunie du foyer l’image de tel ancêtre, peut-être grand par ses œuvres, mais qu’il renie pour sa réputation d’immoralité. […] Le fils de Jean Racine, je l’ai dit32, détruit tout ce qui risque d’altérer l’image édifiante de son père.
Mercredi 1er février Ce soir, chez la princesse, une tablée d’hommes de lettres, parmi lesquels est Dumas père. […] Alors, ramenant ses jupes contre elle, de peur d’effleurer la petite table, traverse la chambre, une grande jeune fille qui s’en va dans le fond écouter, et passe la soirée à envoyer à son père le sourire de sa figure amoureusement renversée, toutes les fois qu’il a couru des dangers ou s’est battu avec des punaises. […] Le père, en suisse d’église avec une vieille hallebarde, dans une veste Louis XV, fleur de pêcher, et sur le ventre un gilet de soie à astragales jaunes comme les gilets des tableaux de Largillière. […] * * * — En revenant du château de Villebon avec les Marcille… Comme ce temps d’Henri IV semble le fils d’un père prodigue !
La naissance et l’éducation d’André Chénier s’accordent merveilleusement avec les œuvres qu’il nous a laissées ; sa mère était grecque, d’une beauté remarquable, et d’un esprit ingénieux ; son père était consul de France à Constantinople. […] Après avoir vainement essayé d’intéresser en sa faveur son père et le lieutenant général de police, il se décide à la sauver par la violence, au péril de sa vie. […] L’époux et le père ont-ils été plus heureux ? […] Dans les lettres de Maurice à son père, elle a surpris le secret de son désespoir ; le père mort, elle accourt et lui dit : « Je n’ai rien, j’ai compté sur vous. » Il y a dans ces paroles toute la régénération de Maurice. […] Cependant, avant de faire son tour de France, il va revoir le château de ses pères ; il va dire adieu aux ombrages qui l’ont vu grandir, aux allées paisibles où il a rencontré Madeleine pour la première fois.
» le père d’intervenir disant : « Comment voulez-vous donc qu’il vous réponde ? […] À l’âge où l’on se décidait, sérieusement, pour les Lettres ou pour les Sciences, son goût pour le grec et le latin l’emporta sur son amour héréditaire de l’épaulette, car son rêve était d’être officier comme son père. […] Un luxe de bon goût, plutôt emprunté à l’art religieux de Munich, de bonne musique, et des Pères, toute érudition, toute piété, toute tolérance aussi. […] Granier de Cassagnac (le père de l’impétueux ex-député bonapartiste) se rendit célèbre, avant de devenir l’important personnage que chacun sait, en osant imprimer cette monstruosité : Racine est un polisson ! […] Car nous étions Parisiens d’abord, mais principalement lui lillois, moi par ma mère arrageois si, par mon père, ardennais des Forêts.
Auguste des Préaux et son père, la marquise de Vilars et son mari, sont dessinés avec bonheur, et remplissent, à mon avis, les meilleurs chapitres du livre. Mais à quoi bon peindre minutieusement la tendresse austère du père pour son fils, la tendresse respectueuse de la marquise pour son mari ? […] Nazelles, en effet, s’est mis en pension dans l’école de Van den Enden pour faire plus librement la cour à Clara, qui supplée son père dans ses leçons. […] Après avoir caché l’âme de Socrate dans le corps d’un valet, il a jeté l’amour maternel dans le cœur d’une femme adultère, incestueuse, qui partage son lit entre son père et ses frères. […] Quels que soient les changements imposés au génie grec par la France et l’Italie, au génie anglais par l’Allemagne, nous avons la certitude de juger les enfants en jugeant le père.
Il s’extasiait sur les vieux rondeaux du père de maître Clément. […] Elle connaissait sa famille ; leurs pères avaient été liés. […] Il y eut aussi un Père blanc tout barbu et dégagé comme un zouave. […] « Ô père, appliquons-nous à suivre l’usage et la nécessité », répondait la belle Antigone. […] — Mon père, — dit-il, — vous guérissez toutes les maladies, guérissez-moi.
Par exemple (Lettre IVe) : « Béni soyez-vous, mon père, qui justifiez ainsi les gens ! […] Le Prince déguisé, de Scudéry, où elle brilla devant Richelieu, lui valut la grâce de son père. […] Ce Génie, en effet, sera comme leur père, leur tuteur, leur guide, leur accoucheur, leur Socrate, et il les soutiendra de sa force et de son amour dans les labeurs de l’enfantement, qu’ils redoutent — mais qu’ils ne connaîtront jamais. […] Un paysan vint de soixante lieues, à cheval, lui demander « s’il n’y avait pas une somme d’argent de cachée dans la maison de son père, qui venait de mourir ». […] Tant que les hommes désireront être les pères de leurs enfants, ils approuveront tous les moyens que l’expérience a suggérés pour préserver la virginité des filles.
De nouvelles habitudes se forment, d’après l’ordre nouveau qui s’établit, et les fils retrouvent quelquefois une époque tranquille après avoir vu finir les malheurs de leurs pères. […] Mais n’était-il pas juste qu’un père tel que Rousseau méconnût l’enfance ? […] Un fils est né auprès de son père, et il s’y tient ; voilà la société et la cause de la société. » Rousseau, laissant de côté ces considérations, voulut montrer les principes en vertu desquels les hommes étaient réunis, le but qu’ils se proposaient par cette réunion, et les meilleurs moyens de parvenir à ce but, indépendamment des cas particuliers. […] Voudrait-on affirmer qu’un roi pourrait user de moyens violents et militaires, lorsque, depuis cent ans, ni lui, ni ses pères ne sont plus soldat ? […] Heureux de l’état présent de la France, ils ne songent pas qu’il a été acheté au prix des souffrances de leurs pères.
Le soleil c’est notre père. […] Écrivons en bon français, instruisons-nous chez les pères de la langue, rien de mieux. […] » demanda le Père. […] Du seuil de l’étable, le Père leur montra le poing. […] Enfin il invoquait son père au lieu de s’invoquer lui-même.
Cet admirable chef de parti, cet orateur intègre et aussi ce père de famille diligent et cet époux modèle, Michel Teissier, n’est qu’un pauvre homme amoureux d’une jeune fille… Fais-en ta maîtresse ! […] Celui qui parle est un ami et un père plutôt qu’un mari. […] Cercueillet est le fils stupide d’un père illustre. […] je vais crier, petit père. […] Il est père de quatorze enfants ; ils l’ont abandonné, tous les quatorze, et il ne les a pas maudits.
Celle-ci, sans oser se l’avouer, aime le fils du maître et du bienfaiteur de son père. […] Certes ce sera un spectacle touchant si nous ne voyons en lui qu’un père, en tout semblable à nous, se lamentant sur la perle d’un fils bien-aimé. […] Loin des yeux des soldats, il est redevenu père, et s’abandonne aux mouvements généreux de son âme. […] Nous-même, nous nous apercevons que notre esprit est moins homogène que celui de nos pères et qu’il est en proie à l’esprit d’analyse. Nous goûtons donc un art que nos pères n’auraient pas apprécié, et, en dépit de son infériorité, nous éprouvons des charmes secrets à pénétrer dans les replis des êtres et des choses.
Et tant que la nuit dure, ma couche odieuse en ces tristes palais sait déjà tout ce que j’exhale de lamentations sur mon malheureux père, lui que le meurtrier Mars n’a point laissé en chemin dans la terre barbare, car c’est ma mère à moi, c’est son compagnon de lit Ægisthe, qui, comme un bûcheron qui fend le chêne, lui ont fendu la tête d’une hache sanglante. » Quand je dis que Sophocle a ennobli le trait d’Homère, je ne parle pas exactement ; il a moins songé à cela sans doute qu’à rendre à sa manière le même acte impie. […] Déjà les buveurs entonnent Évohé en l’honneur du Père des raisins, la tête ceinte des corymbes en fleur du lierre.
L’honnête homme heureux, le père de famille rattaché à la vie par des liens prudents et sacrés, pour ne pas les trouver odieuses, a besoin de ne les accepter qu’en les interprétant. […] Une mère qui allaite, une aïeule qu’on vénère, un noble père attendri, des cœurs dévoués et droits, non alambiqués par l’analyse, les fronts hauts des jeunes hommes, les fronts candides et rougissants des jeunes filles, ces rappels directs à une nature franche, généreuse et saine, recomposent une heure vivifiante, et toute subtilité de raisonnement a disparu.
. — Pareillement encore, pour entendre un Pourana indien, commencez par vous figurer le père de famille qui, « ayant vu un fils sur les genoux de son fils », se retire selon la loi, dans la solitude, avec une hache et un vase, sous un bananier au bord d’un ruisseau, cesse de parler, multiplie ses jeûnes, se tient nu entre quatre feux, et sous le cinquième feu, c’est-à-dire le terrible soleil dévorateur et rénovateur incessant de toutes les choses vivantes ; qui, tour à tour, et pendant des semaines entières, maintient son imagination fixée sur le pied de Brahma, puis sur le genou, puis sur la cuisse, puis sur le nombril, et ainsi de suite jusqu’à ce que, sous l’effort de cette méditation intense, les hallucinations paraissent, jusqu’à ce que toutes les formes de l’être, brouillées et transformées l’une dans l’autre, oscillent à travers cette tête emportée par le vertige, jusqu’à ce que l’homme immobile, reprenant sa respiration, les yeux fixes, voie l’univers s’évanouir comme une fumée au-dessus de l’Être universel et vide, dans lequel il aspire à s’abîmer. […] Et qu’est-ce qui fait la famille sinon le sentiment d’obéissance par lequel une femme et des enfants agissent sous la direction d’un père et d’un mari ?
« Mon père et ma mère m’ont abandonné, mais Jéhovah me recueille ! […] C’étaient les mêmes notes que David avait entendues sur les mêmes collines en gardant les brebis d’Isaïe, son père.
Charles V n’eut guère que ce goût de commun avec son père et son frère. […] Je ne sais comment il lui arriva de se marier : et il eut deux enfants : c’est, en vers au moins, le mari le plus grognon, le père le plus maussade qu’on puisse voir.
Il habitait chez son père adoptif, où il trouvait une honnête et point trop grave société de gens d’église et, gens de loi. […] Née à Venise vers 1363, fille de Thomas Pisani, astrologue de Charles V, elle fut amenée en France par son père en 1368.
Dans les Revenants, Mme Alving, dont la vie a été jusque-là une vie de foi et d’immolation chrétienne, bouleversée par l’atroce injustice de la destinée d’un fils condamné à la maladie et à la folie par les vices de son père, secoue subitement le joug de ses anciennes croyances et, du premier coup, va si loin dans cette indépendance retrouvée que, à un moment, elle n’hésite pas à pousser dans les bras du malade une servante qu’elle sait être sa sœur naturelle. […] Car, non seulement l’Éducation sentimentale est l’histoire de deux jeunes gens, très particuliers comme individus et très généraux comme types, puisqu’ils représentent, l’un, le jeune homme romantique, et l’autre, le jeune homme positiviste, et cela juste à l’heure où la période du positivisme va succéder chez nous à celle du romantisme ; et non seulement cette histoire se combine avec une étude des idées et des mœurs dans les dernières années du règne de Louis-Philippe : l’Éducation sentimentale est quelque chose de plus : l’histoire pittoresque et morale, sociale et politique, de la Révolution de 1848 ; elle nous dit, et avec profondeur, les barricades et les clubs, la rue et les salons, et elle nous montre cette chose extraordinaire : la confrontation effarée des bourgeois avec la Révolution, cette Révolution que leurs pères ont faite soixante ans auparavant, mais qu’ils croient terminée, puisqu’elle les a enrichis, qu’ils s’indignent de voir recommencer ou plutôt qu’ils ne reconnaissent plus quand c’est eux à leur tour qu’elle menace, et qu’ils renient alors avec épouvante et colère.
« Et, de plus en plus, les mères et les pères économes te redoutent pour leurs fils ; et les jeunes femmes tremblent que ton odeur ne détourne leurs maris. » (Notez que ma traduction est médiocre et que la grâce des strophes saphiques en est forcément absente.) […] Et c’est pourquoi, parmi la banalité ou la hâte forcée des panégyriques que cette mort a suscités, il y a eu — chose rare en telle circonstance — de la tendresse, une émotion non jouée, des larmes ou, comme le disaient les Grecs, pères lointains d’Alphonse Daudet, « un désir de larmes ».
Puis tous les dogmes se prouvent par l’Écriture, par les conciles, par les Pères, par les théologiens. […] Comment concilier tout cela avec l’empire d’un père ?
Le premier qui, de la combinaison de tous ces arts réunis, fit sortir de grands effets et des beautés pathétiques, mérita d’être appelé le père de la tragédie. […] Bon père et bon mari, le commerce et les caresses des grands ne le dégoûtèrent jamais des douceurs de la société domestique toujours chères à une ame bien née.
Mais, comme leurs pères, ils trouvèrent vigilants et debout les hommes qui, au jour de sa nouveauté fascinatrice, avaient empêché le Protestantisme de gagner l’Europe tout entière à sa cause. […] Ils savaient ce qu’ils avaient accompli, ce qui restait à accomplir… La Philosophie, plus hideuse que son père, le Protestantisme, tenait le monde sous elle.
Nous en descendons tous de père en Fils. […] Le penseur chrétien qu’il allait être, l’auteur du Curé de village et du Médecin de campagne, apprit plus tard que les enfants nus ne sont pas innocents quand ils portent la faute de leurs pères.
Ne maudissons pas ceux à qui nous devons les commencements de l’égalité devant la loi, la première ébauche de l’ordre moderne qui nous a affranchis, nous et nos pères, et le tiers-état tout entier, de cette quantité de petits tyrans qui couvraient le sol, grands seigneurs ou hobereaux.
Nous n’en sommes pas moins sensible, qu’on veuille nous croire, à tout ce qui s’y trouve à profusion d’images riches, de traits inattendus et heureusement pittoresques, d’observations naturelles et domestiques de promeneur et de père, soit que le poëte nous indique du doigt dans la plaine le sentier qui se noue au village, la vallée toute fumante de vapeurs au soleil comme un beau vase où brûlent des parfums, soit qu’il se montre lui-même éveillé avec ses soins et ses doutes rongeurs, dès avant l’aube, Même avant les oiseaux, même avant les enfants !
En ce qui est particulièrement de l’Iliade, sur laquelle a porté le fort du débat, il est bien à supposer qu’après la guerre de Troie il dut se répandre par la Grèce et par l’Ionie un grand nombre de chanteurs qui allaient, comme Phémius, comme Démodocus, célébrant devant les fils les exploits des pères.
L’égarement d’Hamlet est causé par la découverte d’un grand crime : la pureté de son âme ne lui avait pas permis de le soupçonner ; mais ses organes s’altèrent en apprenant qu’une atroce perfidie a été commise, que son père en a été la victime, et que sa mère a récompensé le coupable en s’unissant à lui.
J’oserai dire que mon père est le premier, et jusqu’à présent le plus parfait modèle de l’art d’écrire, pour les hommes publics, de ce talent d’en appeler à l’opinion, de s’aider de son secours pour soutenir le gouvernement, de ranimer dans le cœur des hommes les principes de la morale, puissance dont les magistrats doivent se regarder comme les représentai, puissance qui leur donne seule le droit de demander à la nation des sacrifices.
Le printanier soleil, dieu d’argent des beaux rythmes Père des anémones, des jacinthes et des lis, Inspirateur des odes et donneur des cadences.
On y lisait ce souci de rectitude et de correction qui désolait Alexandre Dumas père chez son fils et qui lui faisait dire : « Tu as trop d’ordre, tu ne seras jamais qu’un bourgeois !
Le culte qu’il avait conçu pour son Père, n’avait rien à faire avec des scènes de boucherie.
Tel est le cas du père qui, ignorant l’infidélité de sa femme, aime le fils d’un autre, comme s’il était son fils.
Mais la mort du père de M. de Montalembert, survenant sur ces entrefaites, investit tout à coup le jeune homme des prérogatives de la pairie, et le procès fut évoqué devant la Haute Cour.
ô Père !
À la conception nouvelle de l’univers et de la vie que s’est faite l’homme d’aujourd’hui, les paraboles d’antan ne correspondent plus Nous ne pouvons plus nous intéresser naïvement aux légendes qui ont charmé nos pères.
III), et que je transcris comme expression d’une doctrine non contestée alors : « Selon les règles qui nous sont prescrites par les lois qui sont descendues du ciel, et dont l’Olympe est le père ; car ce n’est pas la race mortelle qui les a engendrées : aussi n’est-il pas en son pouvoir de les ensevelir dans l’oubli.
Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux.
Mme de Staël, qui, même sans amour, aurait mieux parlé de Byron que Mme Guiccioli, n’arracha jamais entièrement son génie au bas-bleuisme quelle tenait de la race pédante (les Necker, père et mère) à laquelle elle appartenait… Mais le cœur de Mme Guiccioli était moins vaillant que le génie de Mme de Staël… C’était un genre de cœur qui ressemblait à son genre d’esprit.
que les ombres chinoises de leurs pères.
Il arrive à peu près à la moitié du recueil qui porte son nom et après quatre longues Conférences sur les Apôtres, — les Pères apostoliques, — et le règne de Constantin.
Celui qui va le jour, celle qui va la nuit, La mère du silence et le père du bruit !
Nous appelons beauté ce que nos pères, aux yeux desquels l’Univers insoupçonné n’existait pas, appelaient monde, c’est-à-dire un grain de sable perdu dans l’immensité.
C’est ainsi que les premiers poètes théologiens inventèrent la première fable divine, la plus sublime de toutes celles qu’on imagina ; c’est ce Jupiter roi et père des hommes et des dieux, dont la main lance la foudre ; image si populaire, si capable d’émouvoir les esprits, et d’exercer sur eux une influence morale, que les inventeurs eux-mêmes crurent à sa réalité, la redoutèrent et l’honorèrent avec des rites affreux.
C’est miracle que, depuis plus de quarante ans qu’il déchirait ainsi, sans que nulle considération d’âge, de sexe ou de vertu ait pu museler sa malice, nul père, nul mari, ne se fût rencontré qui, lui coupant la gorge, eût à jamais clos sa gueule de maudit chien enragé. […] Déjà la chapelle du prieuré, seule église du hameau, rassemblait les villageois revenus de leurs travaux ; Élodie est sous la voûte sacrée ; et ses ardentes prières demandent à l’Être Suprême la conservation de son père adoptif. […] Il fait son morceau de rhétorique et décrit cette désolation comme eût pu le faire un élève de seconde : Ici on pleure sa mort ; là on bénit sa mémoire ; l’un a vu ses récoltes sauvées par lui ; l’autre a gardé l’héritage de ses pères, etc. […] C’est le père de la prose française et du style d’idées. […] Rousseau est le père de la littérature romantique.
Ôtez-la ; et vous verrez les parents forger un mot qui signifiera anathème contre la jeune fille qui apportera un enfant sans père enregistré. […] Philibert Audebrand a eu un père et une mère excellents, mais je le tiens quitte de me le dire, et je lui sais gré de ne me le dire point, lui millième. […] C’est sans doute son père qui l’a élevée ainsi. » Mais Madame est connue comme caustique et morose. […] — Pour échappera la tutelle de sa grand-tante, à qui son père, mort tout récemment, l’a léguée et qu’elle ne peut souffrir. […] … N’avez-vous jamais manqué à l’honneur que vous devez à vos pères et à vos mères ?
Le Père de famille est-il plus naturel, après tout, que Tancrède ? […] Son Fils naturel fut son Aspar ; son Père de famille est son Saint Paulin ; et la médiocrité des œuvres entraîna la doctrine dans leur chute. […] Non, les théories de Diderot n’ont point fait fortune ; on n’a point imité son Fils naturel et son Père de famille, comme on a fait les tragédies de Voltaire ou les romans de Rousseau. […] L’Itinéraire de Paris à Jérusalem, au commencement de ce siècle, a été encore une autre révélation pour nos pères. […] Mais il faut connaître aussi leur famille, leurs ascendants ou leurs descendants, le père et la mère de Molière, Jean Poquelin, bourgeois de Paris, et Marie Cressé, sa femme ; ou les fils de Racine, si peut-être leur père, ayant gardé tout le génie pour lui, ne leur a légué de lui-même que les moins précieuses parcelles.
Depuis la Restauration, M. de Rémusat père était préfet, le fils lui-même semblait destiné alors à une carrière au sein de l’ordre établi209. […] Cependant, à la fin de 1821, M. de Rémusat avait perdu sa mère ; un des premiers actes du ministère Villèle fut de destituer son père : le jeune homme se trouva tout à fait libre. […] L’antiquité, la sagesse de leurs pères, étaient pour eux la règle infaillible.
Une maternité si complète éclate dans cette ravissante figure qu’on ne sait pas où est le père et qu’on ne s’en inquiète pas. […] Mais elle se disait qu’un avenir prospère Avait changé soudain par la mort de son père ; Qu’elle était fille aînée, et que c’était raison De prendre part active aux soins de la maison. […] Son paisible bonheur de respect se tempère ; Son époux déjà mûr serait pour elle un père ; Elle n’a pas connu l’oubli du premier mois, Et la lune de miel qui ne luit qu’une fois.
Trois ou quatre de ces choix ne vous paraissent-ils pas singuliers : Parmentier, Dumas père, La Fayette, Denis Papin ? […] C’est l’histoire d’une famille, mais surtout d’un père et d’une fille qui sont sans doute les êtres les plus haïssables que l’on peut avoir connus dans un livre. Le père pousse sa fille à se faire épouser par un jeune homme riche, puis voyant qu’il ne survient pas d’héritier, imagine de le procréer lui-même, et, à la grande joie du jeune monstre, devient son amant et la rend mère.
Mais c’est un ami délicieux… un père adorable, d’une tendresse, d’une inquiétude, d’une anxiété, d’une indulgence ! […] Ils sont tenus d’éclairer le roi, comme les fils avertissent le père. […] Et, de même, dans la famille, le père est le pouvoir, mais non pouvoir absolu. […] Incapables d’avoir une pensée sans avoir le mot qui l’exprime, nous recevons nos idées des mots que nos pères nous transmettent. […] Que les fils vaillent mieux que les pères, ce n’est pas seulement un fait, ce leur est un devoir.
Son père, viveur et brutal, avait enlevé la femme de lord Carmarthen, ruiné et maltraité miss Gordon, sa seconde femme, et, après avoir vécu comme un fou et comme un malhonnête homme, était allé, emportant le dernier argent de sa famille, mourir sur le continent. […] Voilà comme ils fouissent leur sillon dans leur misère inerte, — pourrissant de père en fils et d’âge en âge, — fiers de leur nature foulée. […] Trois autres et leur père ont péri en combattant ou ont été brûlés pour leur foi. […] Il est renégat et vient avec des musulmans assiéger des chrétiens, d’anciens amis, Minotti, le père de la jeune fille qu’il aime.
Celui dont les ancêtres ont été mêlés à de grandes luttes n’est pas libre de mener une vie paisible et vulgaire ; les descendants de ceux que ses pères ont tués viennent sans cesse le réveiller dans sa bourgeoise félicité et lui porter l’épée au front. […] Tous les Pères de la vie spirituelle sont d’accord sur ce point : la pénitence ne consiste pas à mener une vie dure, à jeûner, à se mortifier. […] Je voudrais que, dans les élections primaires, l’homme marié votât pour sa femme (en d’autres termes, que sa voix comptât pour deux ), que le père votât pour ses enfants mineurs ; je concevrais même la mère, la sœur confiant leur pouvoir à un fils, à un frère majeurs. […] Il y aurait trop d’inconvénients à ce qu’elle pût choisir la personne à laquelle elle donnerait sa procuration politique ; mais la femme qui a son mari, son père, ou bien un frère, un fils majeurs a des procureurs naturels, dont elle doit pouvoir, si j’ose le dire, doubler la personnalité le jour du scrutin.
Ce roman-là, tout le monde le connaît et le cinéma même l’a rendu populaire : la tyrannie d’un père trop obstiné ; la première sortie de la jeune fille, et son ravissement de revoir les arbres et le ciel ; le mariage furtif ; le départ pour l’Italie. […] Il répond à tous les messages de l’immense nature ; il entend ses mélodies ailées ; il vit avec la terre, avec la lumière, avec l’éther, père de toutes choses. […] C’est vous qui, en portant les deux sexes à se rapprocher, présidez à la conservation des espèces ; c’est vous qui, par des nœuds secrets, attachez les Pères et les Mères à leurs Enfants, et les Enfants à leurs Pères et à leurs Mères ; c’est vous qui excitez l’industrie des animaux, et celle de l’homme même ; c’est vous, en un mot, qui êtes l’âme du monde sentant. […] C’est vous qui causez les tempêtes qui submergent les âmes ; c’est vous qui détruisez les individus en voulant conserver les espèces ; c’est vous qui armez les Pères contre leurs Enfants, et les Enfants contre leurs Pères ; c’est vous qui changez l’industrie en rapine, en férocité, en brigandage ; c’est vous, en un mot, qui bouleversez le monde sentant. » On verra, au Chap.
Mme de Vandeul, Mémoires sur la vie de son père]. […] ]. — Son mariage, 1743 ; — et comment il achève de le brouiller avec son père. — Ses premières traductions : l’Histoire de la Grèce de T. […] Rocquain, L’Esprit révolutionnaire, etc.] ; — leurs imprudences [Cf. l’article Encyclopédie] ; — et leurs aveux. — Le pamphlet de l’avocat Moreau : Mémoires pour servir à l’histoire des Cacouacs, 1757 ; — et l’article Genève. — Réclamation des pasteurs de Genève, indignés d’être loués de leur tendance au « socinianisme ». — Intervention de Voltaire et de Rousseau dans la querelle ; — Rousseau écrit sa Lettre sur les spectacles, 1758. — Découragement de D’Alembert. — Diderot publie son Père de famille, et Helvétius son livre de l’Esprit, 1758. — Mandement de l’archevêque de Paris. — Le Parlement évoque à lui l’affaire ; — on lie le sort de l’Encyclopédie à celui du livre d’Helvétius. — Réquisitoire du procureur général ; — condamnation de l’Encyclopédie ; — et révocation définitive du « privilège », mars 1759. — Rétractation piteuse d’Helvétius ; — retraite de D’Alembert ; — et défection de Rousseau. […] 1º Belles-Lettres [Roman, Théâtre, Critique et Histoire]. — Les Bijoux indiscrets, 1748 ; — Le Fils naturel, 1757 ; — Le Père de famille, précédé d’un Discours sur la poésie dramatique, 1758 ; — Essai sur la vie de Sénèque… et sur les règnes de Claude et de Néron, 1778 ; — La Religieuse, 1796 ; — Jacques le Fataliste, 1796 ; — Ceci n’est pas un conte, 1798 ; — Le Neveu de Rameau, 1823 ; — Paradoxe sur le comédien, 1830. […] Musset-Pathay [père de Paul et d’Alfred de Musset], Histoire de la vie et des ouvrages de Jean-Jacques Rousseau, Paris, 1821 ; — G.
La fille, peinant à la terre, grisée d’été, « faisait le mal », comme une bête ; le père et le séducteur se la disputaient âprement. […] Bonnet père, d’un lyrisme caricatural, l’explication avec le boucher, le grand conflit de père à fils, tout cela attendu, prévu, nécessaire, nous sembla plus que de la « comédie moderne » au sens accoutumé du mot ; une sincérité, un mouvement nouveau emportait l’action devenue presque poétique. […] Mais Phocas ne peut pas échapper à sa destinée, à la destinée que lui a faite son vieux père ; il n’a pas la force de vivre pour soi. […] Marc et Marcellin sont liés au poteau ; leur mère, leurs sœurs, leur vieux père les supplient d’abjurer le Christ. […] Mais en dépit d’une misérable vieillesse, de Crébillon père à Delille, sa position acquise resta, par la force de l’habitude, inexpugnable.
Tantôt, au sein de l’institut, au seuil de l’Académie française, si un savant modeste, profond, exercé, un honnête homme modèle, déjà membre d’une autre classe de l’Institut, se présente, c’est un pétulant adversaire, un prélat zélé et plus que zélé (je voudrais rendre ma pensée en évitant toute qualification blessante), qui le dénonce aux pères de famille, qui le dénonce aux confrères eux-mêmes déjà prêts à l’élire, et par des considérations tout à fait extra-académiques qui ne laissent pas d’avoir action sur les timides et tes tièdes, l’écarte, l’exclut et l’empêche d’arriver. […] Si on outre-passe certaines conclusions qui lui conviennent, on est dénoncé aux pères de famille ; on est couvert de boue dès qu’on lui déplaît et qu’on ne lui obéit pas.
Devions-nous au roi de Piémont le droit impuni d’aller, à la tête d’une armée royale, poursuivre, assièger, bombarder dans son dernier asile, à Gaëte, un jeune roi à qui sa jeunesse, innocente du despotisme de son père, n’avait pas même permis de commettre des fautes qui motivent l’animadversion d’un ennemi ou le jugement d’un peuple ? […] XXIII Ainsi encore, qu’un jeune roi de Naples, à peine échappé à la tutelle ombrageuse de son père, élevé, dans la solitude royale de Caserte, à cultiver un jardin royal pour toute instruction politique, monte, encore enfant, sur le trône et s’y tienne à tâtons pendant un orage ; qu’ensuite il jette une constitution hasardée à ses peuples pour apaiser l’insurrection de Sicile, comme on jette un à un ses vêtements royaux derrière soi pour retarder la poursuite de la révolution pendant qu’elle les ramasse ; Qu’il décompose lui-même son armée par les conseils de ministres incapables ou perfides ; Que ses oncles même abandonnent ce malheureux neveu pour aller se joindre à ses ennemis ; Qu’il sorte de sa capitale pour en écarter les bombes et les obus des Piémontais ; qu’il reprenne courage dans l’honneur et dans le désespoir ; qu’il s’abrite avec ses derniers défenseurs, avec sa mère, ses frères, ses jeunes sœurs, dans une ville de guerre pour tomber au moins avec la majesté, le courage du soldat, sur le dernier morceau de rocher de sa patrie ; et que le Piémont, étranger à cette question entre les Napolitains et leur jeune roi, avec lequel le patriotisme et la liberté les réconciliaient, entre, sans querelles, sans déclaration de guerre, avec ses armées dans le royaume, et vienne, auxiliaire de l’expulsion, écraser de ses boulets les casemates de Gaëte devenues le dernier palais d’un dernier Bourbon : quel droit peut alléguer contre son parent innocent le roi de Piémont, pour s’emparer du trône démoli par ses canons ?
Mais c’est surtout par sa méthode que le père de la philosophie moderne tient une si grande place dans l’histoire de notre littérature. […] Le marquis de Sévigné y soutenait contre tout venant celui que sa sœur, madame de Grignan, appelait son père.
La morale d’un médecin peut contredire celle de l’homme politique, la morale du père de famille n’est pas toujours d’accord avec celle du citoyen. […] Elle veut trop nous revêtir des costumes moraux qu’ont portés nos pères, et que, même en loques, elle conserve et vénère encore.
Mon père, mon grand-père paternel, mes oncles, n’étaient rien moins que cléricaux. […] J’aurais été en prêtre ce que j’ai été en père de famille, très aimé de mes ouailles, aussi peu gênant que possible dans l’exercice de mon autorité.
Selon la généalogie habituellement adoptée par les poètes et leurs commentateurs, le père — ou l’aïeul — de Titurel se serait nommé Périllus ; Titurel aurait vécu très vieux, après avoir eu un fils, Frimutelle, le premier roi indigne ; le fils de Frimutelle, Amfortas ou Anfortas, renouvelant le même péché, est guéri par son neveu Perceval ou Parsifal. […] En voici la substance : Au pays de Brabant était une femme très belle, qui avait hérité du royaume de son père.
Toi leur père et le mien, brise sur eux tes cieux. Toi qui naquis du temps, père tu fus le nombre !
C’est encore un fait remarquable que les hybrides obtenus par un croisement réciproque, bien que provenant de deux mêmes espèces, chacune d’elles ayant alternativement fourni le père et la mère, diffèrent généralement un peu en fécondité et quelquefois même considérablement. […] Cette dernière loi est prouvée avec toute évidence par les résultats si différents des croisements réciproques entre deux espèces ; car, selon que l’une ou l’autre fournit le père ou la mère, il y a en général quelque différence, et parfois la plus grande différence possible, dans la facilité qu’on trouve à effectuer le croisement.
Perrichon, au moment de monter en wagon, s’assure qu’il n’oublie aucun de ses colis. « Quatre, cinq, six, ma femme sept, ma fille huit et moi neuf. » Il y a une autre pièce où un père vante la science de sa fille en ces termes : « Elle vous dira sans broncher tous les rois de France qui ont eu lieu. » Ce qui ont eu lieu, sans précisément convertir les rois en simples choses, les assimile à des événements impersonnels. […] L’expression « avoir lieu » est de celles qui ont dû reparaître bien des fois dans les leçons récitées par la fille devant son père ; elle nous fait penser à une récitation.
Quand le Christ dit dans sa Passion : « Mon Père, que votre volonté soit faite et non la mienne », ce n’est pas la volonté de l’âme qu’il oppose à celle de Dieu, c’est la volonté ou plutôt l’invincible instinct de la nature qui gémit et réclame. […] C’est donc avec une parfaite vérité que le plus mystique des Évangiles a pu dire : « Je suis un avec mon Père ».
Et cependant il reste toujours très-singulier et très-peu explicable que de ce Soltikoff « beau comme le jour » soit sorti Paul Ier, cet autre grotesque, d’une ressemblance si frappante avec Pierre III, espèce de Lapon camus, rabougri, maniaque, violent, puéril, une sorte de caporal prussien qui semble taillé et calqué sur le modèle de son père putatif et officiel.
Il sortait d’une famille de marins ; par son père, il appartient à la race bretonne pure, à cette race triste, douce, inflexible, dont il a si bien parlé dans son Étude sur Lamennais.
Le Play était en visite chez les Bachkirs voisins des Kirghiz, au-delà de la frontière nord-est de l’Europe, aux premiers confins de la Sibérie, et depuis quelques jours il observait tous les détails de ce régime à demi nomade, cette manière de vivre très voisine de la primitive et par laquelle ont dû passer autrefois ceux qui furent peut-être nos ancêtres et nos pères.
« Comme pour achever l’œuvre des âges, les des Esseintes marièrent pendant deux siècles leurs enfants entre eux, usant leur reste de vigueur dans les unions consanguines. » Père mort, il y a treize ans — des Esseintes atteignait alors sa dix-septième année — « d’une maladie vague ».
Télémaque, en partant pour chercher Ulysse, dit, que s’il apprend la mort de son père, son premier soin, en revenant, sera de lui élever un tombeau, et de faire prendre à sa mère un second mari .
Tout jeune, il avait reçu de son père un message d’où dépendait le gain d’un procès ; il sort, rencontre des amis, va avec eux à la comédie, et ne se souvient que le lendemain du message et du procès.
On y joindra quelques homélies des Pères grecs, et la Cité de Dieu de saint Augustin avec ses admirables Confessions.
Si je ne me trompe, nous retrouverons quelque chose de cette honnête candeur chez Madeleine de Scudéry, la vierge sage, d’âme héroïque et d’esprit prolixe Voici Marguerite d’Angoulême, très savante, très entortillée, toute fumeuse de la Renaissance, souriante, gaie et bonne à travers tout cela, avec son grand nez sympathique, le nez de son frère François Ier Puis, c’est l’autre Marguerite, Marguerite de Valois, point pédante celle-là, dégagée, galante avec une entière sécurité morale, que rien n’étonne, qui raconte si tranquillement la Saint-Barthélémy ; la première femme de son siècle qui écrive avec simplicité ; une inconsciente, un aimable monstre, comme nous dirions, aujourd’hui que nous aimons les mots plus gros que les choses Je mets ensemble les enamourées, les femmes brûlantes, les Saphos, chacune exhalant sa peine dans la langue de son temps : Louise Labé mettant de l’érudition dans ses sanglots ; Mlle de Lespinasse mêlant aux siens de la sensibilité et de la vertu, Desbordes-Valmore des clairs de lune et des saules-pleureurs… Mlle de Gournay est une antique demoiselle pleine de science, de verdeur et de virilité, une vieille amazone impétueuse que Montaigne, son père adoptif, dut aimer pour sa candeur, une respectable fille qui a l’air d’un bon gendarme quand, dans son style suranné, elle défend contre Malherbe ses « illustres vieux ».
Son bon sens peut quelquefois paraître hardi : le bon sens, quand on l’applique résolument à certaines questions, est le père des paradoxes ; mais, en réalité, il y a chez ce disciple d’Aristippe une rare fermeté de raison, même une défiance presque trop grande de ce qui n’est pas raisonnable.
un père et une mère se souffletant tour à tour le visage avec le cœur mort de leur enfant » (A un dîner d’athées) Le duc de Sierra-Leone, ayant soupçonné don Esteban d’être l’amant de la duchesse, le fait étrangler par ses nègres, puis lui arrache le cœur et le donne à manger à ses chiens.
. — Son père disait aussi : « Mon fils est une girouette qui tourne lors même qu’il ne fait pas de vent ».
Flaminio Scala avait alors dans sa troupe quatre rôles de vieillards ou de pères nobles, comme nous dirions aujourd’hui : le Pantalon ou le Magnifico, tenu par un acteur nommé Giulio Pasquati ; Cassandro da Siena, joué on ne sait par qui ; Zanobio, le vieux bourgeois de Piombino, représenté par Girolamo Salembeni de Florence ; enfin le docteur, il dottore Gratiano Forbisone, dont Lodovico de Bologne portait la robe.
Dissimulant son dessein, elle feignit de vouloir faire un voyage à Machéro, sur les terres de son père, et s’y fit conduire par les officiers d’Antipas 325.
Et ces ingrats Nazaréens, qui penserait à eux, si, au risque de compromettre l’avenir de leur bourgade, un des leurs n’eût reconnu son Père et ne se fût proclamé fils de Dieu ?
Orpheline de bonne heure, elle ne sentit point la tendresse filiale ; elle ne parle jamais de sa mère ; une ou deux fois il lui arrive même de badiner du souvenir de son père ; elle ne l’avait point connu.
Retiré dans son diocèse, il y vêcut occupé de la composition de différens ouvrages ; faisant les délices de quelques amis intimes & tendres ; consulté des grands, & particulièrement du duc d’Orléans, depuis régent ; toujours regretté vivement, mais inutilement, par le duc de Bourgogne ; adoré des curés, des soldats, des pauvres de son diocèse, qui tous l’appelloient leur père ; ayant enfin trouvé, ce semble, le bonheur véritable, &, malgré cela, parlant sans cesse de la cour & la regrettant.
Non, le besoin de la prière nous prouve une Providence paternelle, accessible, vivante, intervenant dans la vie de l’homme comme le père dans la famille.
Relevez les deux coins de la bouche en même temps, et tenez les yeux bien ouverts ; vous aurez une physionomie cynique, et vous craindrez pour votre fille si vous êtes père.
Hélène, qui intéresse au moins par ses défauts, — parce qu’elle est une femme très bien observée de ce temps anémique et épuisé, qui n’a plus de passion réelle, qui voudrait en avoir ou s’en donner et qui ne peut, et qui n’a pas même la rage de son impuissance, — Hélène est, en somme, un type qu’on ne peut admirer que parce qu’il est ici admirablement exprimé ; mais, tel qu’il est cependant, il nous prend plus fort, à cause de sa réalité, que le type de l’Orpheline, de cette impeccable Madelaine, qu’on pourrait appeler la mécanique du devoir continu, remontée par son père pour sonner le dévouement et les services à rendre à toute heure de jour et de nuit.
Au contraire, proclamez bien haut que si l’on continue à croire vos adversaires, Dieu, la vérité, la morale publique sont en danger ; aussitôt l’auditoire dressera les oreilles ; les propriétaires s’inquiéteront pour leur bien, et les fonctionnaires pour leur place ; on regardera les philosophes dénoncés avec défiance ; par provision on ôtera leur livre des mains des enfants ; le père de famille ne laissera plus manier à son fils un poison probable.
tandis qu’avec la nation tu pleures un ami et un père, permets à ma muse de verser sur la tombe de Talbot des vers sortis de mon cœur et dictés par la vérité.
« Mais viens de ce côté, si jamais tu écoutas ma voix dominée par l’amour, et si, quittant la maison de ton père, tu descendis avec ton char attelé, alors que de beaux cygnes te portaient d’un vol léger, agitant à coups pressés, autour du point noir de la terre, leurs ailes dans le milieu des airs.
. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. » Ce sont là des maximes belles dans tous les temps ; une part d’enthousiasme s’y mêle.
Mais le peuple lui-même, quand de père en fils il vénère quelque chose, possède l’essence de l’aristocratie. […] Il explique l’abandon de ses enfants un jour par une insouciance criminelle de roué, une autre fois par la prévoyance d’un bon père. […] Pourquoi la vanité d’un père barbare cache-t-elle ainsi la lumière sous le boisseau ? […] Ce qui le distingue de son père, c’est qu’il a plus d’esprit, qu’il a gardé de l’héréditaire discipline la sécheresse et l’impuissance sans la règle, qu’il plaisante avec sa misère. […] Ainsi pour sa fille il aime mieux être un héros romanesque qu’un père.
« Naître sans fortune est le plus grand des maux » ; et encore : « Mon père resta seul avec peu de fortune : malheur dont rien ne tire quand on est honnête homme ! […] Un autre nous décrit le régime intérieur de l’École polytechnique ou de l’École des mines : je suppose donc qu’il en sort, et quelques pères de famille le liront sans doute avec curiosité. […] pour quels enfants trouvés, qui n’auraient jamais eu de père ? […] Un chevalier français épouse une Vénitienne dont on vient, au lendemain du sac de Brescia, de décapiter le père. […] Est-ce au « maître » qu’il a prétendu nous intéresser, au père de famille, volontaire et absolu ?
Cela tient à ce fait que les aînés méconnaissent toujours leurs cadets, que les pères se méprennent souvent sur les goûts des fils, qu’ils ne les voient pas distinctement et les jugent à contresens. […] Mais sur un brancard, porté par ses parents, Son pauvre père tête nue et priant, Et ses frères qui disaient : « Ainsi soit-il ! […] Je me bornerai à citer ici l’Hymne à la Vie, qui est parmi les plus purs et les plus radieux de ce livre : Salut, Père des bois, des eaux et des charrues, Vers qui va la chanson des justes et des purs. […] un père intellectuel qu’ils menaient à la gloire, ce n’était qu’un ami qu’ils ensevelissaient dans l’oubli.
Il avait épousé la fille d’un ami de mon grand-père et le frère de Mme Amé avait été le camarade de mon père. […] Monseigneur, quand je pense que je n’entendrai plus votre illustre père me dire : « Ce Masson, quel bâton merdeux ! […] On savait peu de chose de lui, rien même, sinon que son père, le docteur Wyzewski, était directeur d’une maison d’aliénés à Clermont-sur-Oise. […] C’était un Forain rasé de près, relevant d’un geste de sa main fine la longue mèche de cheveux plats qui, du front lui descendait sur l’œil, un Forain marié et père d’un charmant et turbulent petit garçon qui s’appelait Jean Loup, un Forain qui avait conservé sa terrible verve de faiseur de mots cruels et de légendes définitives, un Forain converti, chauvin, qui, durant les années de guerre, devait revêtir l’uniforme et faire bravement son devoir de bon Français.
Il aime encore ; mais aujourd’hui il appelle la bien-aimée « mon enfant » et lui promet « l’indulgence d’un père » (ce qui est triste). […] Et son père, officier en retraite, pas riche, Dans un coin fait son whist à quatre sous la fiche. […] Surtout nous aimons vivre avec les Grecs et nous nous plaisons à dire qu’ils sont nos vrais pères intellectuels et que nous leur ressemblons. […] Il est donc inévitable que ces choses fassent rire, voulût-on faire le renchéri et le délicat, et il y avait bien quelque philosophie dans les faciles gaîtés de nos pères. […] Ce qui nous plaît n’est donc plus tout à fait ce qui plaisait à nos pères, et tout d’abord le conte, chez M. de Maupassant, est devenu réaliste.
Celui qui devint son père eût sans doute succédé à l’un ou à l’autre sans la Révolution qui le poussa à Paris et fit de lui un imprimeur. […] Un père énergique et malheureux, une mère tendre et maladive, un enfant intelligent, fier, probe, ardent au travail et à l’étude, de corps chétif et d’âme fiévreuse, d’une sensibilité délicate. […] Une jeune fille arabe lui a été confiée par son père mourant. […] Pour en mieux marquer la différence, il met en parallèle le père et le fils et fait du mérite de l’un un repoussoir pour la bassesse de l’autre. […] Cet ouvrage, basé sur quelque 3000 fiches constituées au cours de voyages sur les côtes italiennes et françaises, lui vaut d’être souvent considéré comme le père de l’archéologie navale.
Taine, comme des pères intellectuels et les fécondateurs de la patrie. […] Le père du grand écrivain, M. […] De son père, certes, il avait le front et les yeux, quelque chose de haut et de solide dans la carrure de la tête.
Je ne sais de comparable aux changements qu’opéra l’avénement de Louis XIV, que ce que nos pères ont vu du général Bonaparte, quand il nous rendait, dans la même année, la victoire sur les champs de bataille, à l’intérieur l’ordre, la religion, un bon état de finances, une administration, une société civile. […] Lui-même entrait à peine dans l’âge mûr, après une jeunesse qu’il avait traversée sans l’épuiser253, tout échauffé des méditations de sa solitude dans le commerce des Pères, le cœur ému de ses victoires sur ses propres passions, dont il se faisait encore un objet d’épouvante, pour en mieux triompher. […] Il parut en faire l’aveu à Massillon, lorsqu’après la prédication du premier avent, en 1699, il lui dit ces belles paroles, le jugement le plus flatteur qu’on ait fait de Massillon : « Mon père, j’ai entendu plusieurs grands orateurs dans ma chapelle, et j’en ai été fort content ; pour vous, toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été très mécontent de moi-même. » La parole de Massillon ne fut pas moins hardie que celle de ses prédécesseurs.
Il est le père de la chimie synthétique, comme Lavoisier fut le père de la chimie analytique. […] Pour eux, si les enfants ont une mère visible et certaine, le père est invisible et immatériel : c’est un des petits dieux ancestraux, un des innombrables esprits qui peuplent l’air, la terre et l’eau. […] Mais les Australiens ne manifestent aucun étonnement : ils sont tous des homme-dieu, ils ont tous pour père des esprits. […] A Paris, le chat n’a pas un maître et une maîtresse, il a un père et une mère. […] J’aime aussi les chapitres où il est parlé des relations de Tybert avec « son père et sa mère », mais il y avait là moins de choses nouvelles à dire.
La nature, en effet, qui consolait nos pères, ne nous console plus. […] Je pourrais me jeter à genoux à cette heure où je souffre et dire : “Notre Père qui êtes aux cieux…” » Notre Père ! […] Lui qui n’avait connu ni son père ni sa mère, cette seule phrase de la sublime oraison lui causait une émotion inexprimable… » Enfin dans son dernier ouvrage, M. […] Assauts pour assauts, ceux que nous soutenons valent ceux de nos pères ; seulement ils demeurent ignorés et la gloire nous manque des anciens combattants. […] Seul il a connu le Père avec lequel il est dans un rapport unique.
Fille du peuple par sa mère, fille de l’aristocratie par son père, elle devait, dit-elle, la plupart de ses instincts à la singularité de sa position, à sa naissance à cheval, comme elle le disait, sur deux classes, à son amour pour sa mère, contrarié et brisé par des préjugés qui l’ont fait souffrir ayant qu’elle pût les comprendre, à son affection non raisonnée pour son père, esprit frondeur et romanesque, qui, dans un intervalle de sa vie militaire, ne sachant que faire de sa jeunesse, de sa passion, de son idéal, se donne tout entier à un amour exclusif et disproportionné qui le met en lutte, dans sa propre famille, contre les principes d’aristocratie, contre le monde du passé ; enfin à une éducation qui fut tour à tour philosophique et religieuse, et à tous les contrastes que sa propre vie lui a présentés dès l’âge le plus tendre. […] « Je dis le mot tout net parce que toute ma vie, dans l’enfance, au couvent, dans l’intimité de la famille, on me l’a dit de même, et qu’il faut bien que ce soit vrai. » Ces crises de rêverie prenaient quelquefois une durée et une intensité extrêmes, comme il arriva dans les jours qui suivirent la mort de son père (elle avait alors quatre ans). […] Cardonnet le père qui ne trempe pas dans l’idée nouvelle ; mais aussi on a bien soin, comme si cela ne s’entendait pas de soi-même, d’en faire le type de l’industriel sans cœur, dont la froide brutalité fait mourir sa femme, et qui broie les idées comme les hommes sous la meule de son usine. […] Butler, grâce à Dieu, n’a rien de commun avec les pères barbares qui remplissent les romans et les drames des éclats de leur colère. […] André, après la mort de Geneviève, se promène malade au bras de Joseph Marteau, le long des traînes, lentement, les yeux baissés, comme s’il craignait encore de rencontrer le regard de son père.
Comment oserait-on soutenir que quatre à cinq siècles de vie romaine en Gaule ont pu ne pas marquer d’une empreinte ineffaçable ce qui devait être plus tard la France, remplir, façonner l’être moral de nos pères ? […] Il nous suffira de noter au passage quelques traits importants de la vie spirituelle de nos pères. […] Nous expions maintenant pour nos pères qui ne surent pas préserver leur ingénuité morale. […] Celles-ci, par exemple : la terre tourne, la graine germe, la plante croît, l’animal vit et meurt, le soleil brille et chauffe, la pierre est un solide, l’eau est un liquide, l’air est un gaz, le père procrée l’enfant, etc., etc. […] L’avorton décèle la maladie du père.
Diderot, Voltaire, Rousseau avaient tracé la voie à nos pères avec, à son entrée, ces mots au sens divin : Justice, Liberté. […] Là, Germinal aime à se recueillir au murmure solennel de nos pères les chênes. […] « Ô père, lui dis-je, une fois de plus, je suis venu vous rendre visite afin que vous me rappeliez vos luttes et votre victoire. […] D’abord, les singes ne sont pas nos pères, mais bien, au dire de Darwin, nos cousins issus de germains. […] L’ouvrier marié et père de famille ne trouvera plus de travail.
Le cottage est propre ; il y a là des habitudes d’ordre ; les assiettes à dessins bleuâtres, régulièrement rangées, font un bon effet au-dessus du buffet brillant ; les carreaux rouges ont été balayés, il n’y a pas de vitres cassées, ni salies ; point de portes disjointes, de volets dépendus, de mares stagnantes, de fumiers épars, comme chez nos villageois ; le petit jardin est purgé de toutes les mauvaises herbes ; souvent des rosiers, des chèvrefeuilles encadrent la porte, et, le dimanche, on voit le père, la mère assis près d’une table bien essuyée, avec du thé et du beurre, jouir de leur home, et de l’ordre qu’ils y ont mis. […] Il y en a dans la famille, où le père1329 peut déshériter ses enfants et garde avec eux, jusque dans les plus minces circonstances de la vie domestique, un degré d’autorité et de dignité que nous ne connaissons pas : tel fils malade, absent depuis longtemps, n’ose pas venir voir son père à la campagne sans lui demander d’abord permission ; une servante, à qui je remettais ma carte, refusait de la porter : « Oh !
Il répondit encore clairement aux questions faites à voix basse par les membres de la famille réunis avec sollicitude autour de son lit, et surtout de sa chère nièce l’épouse du ministre de Bülow et de son neveu le général de Hedemann, enfin de son fidèle serviteur Seiffert… Alors il se tut et ferma les yeux, sans souffrance, le 6 mai, à deux heures et demie de l’après-midi, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, sept mois et quelques jours. » III « Tout Berlin ressentit, à la nouvelle de cette mort, la même émotion que si l’on avait perdu le père le plus chéri. […] La description de ces espaces, la physique du monde, ne peut commencer que par les corps célestes, par le tracé graphique de l’univers, je dirais presque par une véritable carte du monde, telle que, d’une main hardie, Herschel le père a osé la figurer.
Sans doute les misérables êtres qui bégayèrent d’abord des sons inarticulés sur le sol malheureux de l’Afrique ou de l’Océanie ressemblèrent peu à ces naïfs et gracieux enfants qui servirent de pères à la race religieuse et théocratique des Sémites, et aux vigoureux ancêtres de la race philosophique et rationaliste des peuples indo-germaniques. […] Et, quand l’homme apparut sur ce sol encore créateur, sans être allaité par une femme, ni caressé par une mère, sans les leçons d’un père, sans aïeux ni patrie, songe-t-on aux faits étonnants qui durent se passer au premier réveil de son intelligence, à la vue de cette nature féconde, dont il commençait à se séparer ?
elle ne l’est pas, mais son père a juré de l’accorder en mariage à celui qui méritera les suffrages des maîtres chanteurs. […] Voici qu’Eva rentre au bras de son père ; mais n’ayez crainte, elle ressortira.
Le père de l’enfant, Gamuret, a été tué dans un combat, et Douloureuse (c’est le nom français dont Herzêleide est la traduction libre) ne veut pas que son fils unique ait le même sort. […] Herbert Spencer (1820-1903) est un philosophe anglais connu pour ses théories sur l’évolutionnisme social et souvent présenté comme l’un des pères de la sociologie.
Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa. […] Sifflé un vieux paquet de ficelles dont le portrait de mon père, les gants de ma fille, le domino de madame, le mari qui manque le train, sont les bouts les moins roussis et les moins usés !
As-tu justifié la bénédiction de ton père étendue sur toi, et le regard plein de confiance de ta mère ?
Heureux qui peut encore cultiver les Lettres comme du temps de nos pères, dans la retraite ou dans un demi-loisir, faisant aux affaires, aux inévitables ennuis leur part, et se réservant l’autre ; s’écriant avec le poète : Ô campagne, quand te reverrai-je !
Elle se compose principalement de deux sources : la correspondance avec Mirabeau, le père du grand tribun, et la correspondance avec Saint-Vincens.
Chauvelin, il disait : « Il s’ennuyait de ce que je vivais trop longtemps ; c’est un défaut dont je n’ai pas envie de me corriger si tôt. » Rencontrant dans un de ses salons, au milieu de trente personnes, M. de Bissy, dont on lui avait apparemment rapporté quelque propos, il va droit à lui, et le regardant en face : « Monsieur, vous voyez que je me porte bien ; cependant je ne mets point de rouge pour me donner un bon visage. » M. de Puységur, qui avait quatre-vingt-quatre ans77, demandait depuis longtemps d’être chevalier de l’Ordre, et il pressait là-dessus le cardinal, qui lui répondit tout naturellement : « Monsieur, il faut un peu attendre. » L’archevêque de Paris, M. de Vintimille, fort âgé, mais un peu moins que le cardinal, sollicitait un régiment pour son neveu, et faisait remarquer au cardinal qu’il importait de l’obtenir promptement, d’autant plus que, quand lui, oncle, ne serait plus là, ce serait pour le jeune homme un grand appui de moins : « Soyez tranquille, répondait le cardinal, je m’engage à lui servir de père et de protecteur. » Sur quoi M. de Vintimille, malgré toute sa politesse, ne put s’empêcher d’éclater : « Pour moi, monseigneur, je sens bien que je suis mortel, mais je me recommande à Votre Immortalité. » Jamais on n’a mieux compris qu’en lisant les présents mémoires cette lente et coriace ténacité, ce doux et câlin acharnement au pouvoir qui caractérise l’ancien précepteur de Louis XV.
J’ai souvent pensé que le mieux pour le critique qui voudrait se réserver le plus de largeur de vues, ce serait de n’avoir aucune faculté d’artiste, de peur de porter ensuite dans ses divers jugements la secrète prédilection d’un père et d’un auteur intéressé.
Le temps n’a pas marché ; c’est hier, c’est tout à l’heure : J’étais là, près du lit de mon père expirant, J’allais d’un ami mort vers un ami mourant… ; Et vous, trésors de Dieu, trésors qu’au moins je pleure, Biens que j’eus un instant et dont j’ai su le prix, Doux enfant, chaste épouse, ô gerbe moissonnée !
Et n’est-ce pas ainsi, de nos jours, que certaines filles de poètes, morts il y a des années déjà, m’ont aidé à mieux comprendre et à mieux me représenter le poète leur père ?
Salammbô, cette sœur ou demi-sœur d’Hannibal, — une sœur de père, — est une vierge qui vit dans les pratiques sacrées.
Son père était mort, sa famille des plus pauvres, et appauvrie encore par l’effort qu’elle avait dû faire pour sa délivrance.
Son idéal au fond, son rêve de bonheur, si elle était libre, si elle n’avait pas son père qu’elle ne peut quitter, ce serait la vie religieuse, celle du cloître ; son vœu secret d’âme recluse lui échappe toutes les fois qu’elle a occasion d’assister à quelque cérémonie de couvent : « Je n’aime rien tant que ces figures voilées, ces âmes toutes mystiques, toutes pétries de dévotion et d’amour de Dieu… Ces robes noires ont quelque chose d’aimanté qui vous attire. » Les plaisirs célestes, les joies mystiques la ravissent quand elle peut en goûter sa part, surtout à Noël, « la plus douce fête de l’année. » Les idées de vocation reviennent la tenter toutes les fois qu’elle va à Albi, au couvent du Bon-Sauveur, ou qu’elle assiste aux offices dans cette belle cathédrale : « Quel bonheur si cela devait durer toujours, si, une fois entrée dans une église, on pouvait n’en plus sortir !
Ravenel)254 elle ne se nommait pas ainsi : son père s’appelait Cordier ; mais, ayant été obligé de s’expatrier pour quelque cause qu’on ne dit pas, il laissa en France sa femme jeune et belle qui reprit son nom de famille ( Delaunay ), et la fille, à son tour, prit le nom de sa mère qui lui est resté.
Le personnage que nous jouons, par nécessité ou par goût, ce que nous livrons de nous-mêmes au public, c’est rarement nous tout entiers, et, comme dit Balzac, « nous mourons tous inconnus. » Tel qui, dans son journal, sème l’outrage et la révolte ; tel qui, moitié par tempérament, moitié sous la pression des circonstances, a fait de la démagogie sa carrière, est l’homme le plus doux, le meilleur ami, le père de famille le plus tendre et plus dévoué.
Et personne mieux que Leconte de Lisle ne fut « le bon poète », comme le définissait, je crois, Racine : « un bon père de famille qui fait de beaux vers ».
Son père est le soleil.
Selon nos idées modernes, il n’y a nulle transmission de démérite moral du père au fils ; chacun ne doit compte à la justice humaine et à la justice divine que de ce qu’il a fait.
Ce dessous de carte est que, malgré les apparences d’amitié qui, aux yeux du public, unissent mesdames de Montespan et de Maintenon, elles se détestent depuis près de deux ans ; « que la première est révoltée de l’orgueil de la seconde, qui veut bien être au père, point à la mère » ; et qui a bien d’autres torts.
Né en 1623 d’une famille pleine d’intelligence et de vertu, élevé librement par un père qui était lui-même un homme supérieur, il avait reçu des dons admirables, un génie spécial pour les calculs et pour les concepts mathématiques, et une sensibilité morale exquise qui le rendait passionné pour le bien et contre le mal, avide de bonheur, mais d’un bonheur noble et infini.
Au lieu de nous rendre ce récit dans les termes mêmes plus qu’à demi légers, plus qu’à demi narquois, et avec le sel de l’original, il a voulu le traduire dans sa propre langue, il y a mêlé une élégance trompeuse ; il parle en un endroit de la désolation que la volonté d’un père « porta dans le cœur de la malheureuse Henriette (Mlle de Joyeuse) » ; enfin, il attendrit un peu trop le récit de Tallemant et y répand ce que j’appelle une teinte du style de Louis XVI, ce qui est le plus loin du ton de cette régence de Mazarin.
Que des facteurs tout physiques, comme certaines dispositions de races, héritées de père en fils, ou des facteurs tout physiques, comme certaines idées d’individus de génie, transmises d’âme en âme, suffisent à rendre compte du fait que nous avons établi, et la sociologie n’a plus rien à faire avec le succès de l’égalitarisme. — Et certes, nous n’avons pas prétendu qu’elle dût nous en donner une explication, intégrale ; par conséquent, nous n’avons pas, pour présenter une explication sociologique du mouvement égalitaire, à exclure d’autres explications qui peuvent concourir avec elle.
Son premier principe est d’édifier les honnêtes gens, et de convenir aux pères de famille.
Qu’ainsi, dans l’ordre politique, l’orateur se pénètre des grands rapports du prince avec les sujets, et des sujets avec le prince ; qu’il sente avec énergie et les biens et les maux des nations ; que, dans l’ordre moral, il s’enflamme sur les liens généraux de bienfaisance qui doivent unir tous les hommes, sur les devoirs sacrés des familles, sur les noms de fils, d’époux et de père ; que dans ce qui a rapport aux talents, il admire les découvertes des grands hommes, la marche du génie, ces grandes idées qui ont changé sur la terre la face du commerce, ou celle de la philosophie, de la législation et des arts, et qui ont fait sortir l’esprit humain des sillons que l’habitude et la paresse traçaient depuis vingt siècles.
L’Ecrivain est payé en critiques injurieuses, ou en éloges stériles : il n’a d’autre propriété sur son Livre que de s’en avouer le père, & dans certaines circonstances il est obligé de taire jusqu’à l’aveu cher & précieux de cette paternité. […] C’est par cette pitoyable règle des vingt-quatre heures que dans un espace si court de tems, il nous offre trois combats singuliers & une bataille, avec plusieurs autres incidens, & qu’il ôse encore nous laisser entrevoir le futur mariage de Chimène avec Rodrigue teint du sang du père de sa maitresse. […] C’est sa tendresse, la force du sentiment qui l’anime, quand il prodigue ses conseils au jeune téméraire qui fait pâlir tout l’éclat du Palais & qui fixe toute notre attention sur la douleur d’un père, qui gémit, en apprenant le danger que va courir le tendre objet de ses inquiétudes. […] Rien ne me fait plus de plaisir que de voir l’héritier d’un millionnaire dépenser en peu d’années les biens immenses que son père avare & dur avoit amassés ; car si le fils étoit avare comme le père, à la troisième génération le descendant posséderoit dix fois la fortune de son bisayeul, & vingt-hommes de cette espèce engloberoient toutes les richesses d’un Pays.
Tous les auteurs comiques qui naîtront — ils seront rares — devront au père de la comédie leur ton, leur style, leur métier. […] Nous possédons des mélodrames adroits de Dumas père ; c’est tout : le maître qu’on attend ne viendra pas. […] Le Vieux-Colombier est notre père à tous. […] Ce public très mêlé, — toute une paroisse — composé d’enfants et de femmes, d’artisans et de bourgeois, de primaires et d’intellectuels, dont l’opinion peut différer sur tout le reste, il n’en a qu’une sur la foi : la même conception du monde, naturel et surnaturel, de l’homme et de ses devoirs, de l’âme et de son destin, du dogme, des préceptes, de la réalité du Dieu fait homme, du Père et de l’Esprit.
C’est, je crois, Racine qui a commencé à rimer faiblement, en ce sens, par exemple, qu’il se sert souvent d’adjectifs au bout de deux vers, redoutables, épouvantables, qu’il y emploie des mots presque congénères, père, mère, chose que Malherbe eût évitée, qu’il n’a presque jamais la consonne d’appui. […] Le succès en est assuré : Mlle Théophile Gautier, Mme Catulle Mendès, vient d’affirmer là un pseudonyme, Judith Walter, qui rayonnera certainement, bien distinct, entre le nom de son père et celui de son mari, L’Étendard, mai 1867. […] Allons, allons, messieurs les grondeurs pour rire, avouez qu’au fond vous êtes contents de nous, les jeunes, que nous ne dégénérons pas trop de nos pères de 1830 et que véritablement nous sommes les petits de ces grands lions-là ! […] Jamais, pour ne rester que dans un seul ordre d’idées, Saint-Vallier, Ruy Gomez, le vieux Job, ni tel père noble d’avant les Châtiments n’eussent oublié leur dignité, la dignité qu’il faut garder jalousement, après tout, dans la langue des dieux et des lettrés, jusqu’à proférer ces geintes mises de façon si malencontreuse dans la bouche de fer, dans ce que Flaubert eût appelé « le gueuloir » d’un chevalier, d’un prince du xiiie siècle : « M’avoir assassiné ce petit être là !
Il en est bien l’inventeur, le père. […] La réputation de cet homme, qu’on ne lit pas depuis soixante ans, indique bien l’influence secrète et sourde qu’il a exercée sur nos pères. […] Ouranos tue son père Acmon ; Saturne son père Ouranos ; Jupiter mutile son père Saturne ; Jupiter sera tué par son fils Bacchus ; Evandre tue son père. […] Il n’y a de vraie propriété que la propriété qui se transmet de père en fils ; une chose n’est à vous que si vous la pouvez donner ; de ce que vous possédez sans l’avoir hérité et sans pouvoir le transmettre, vous n’avez que l’usufruit. […] L’influence maternelle fut très grande sur lui, celle de son père absolument nulle.
Le petit provincial n’apprend pas grand-chose en dehors de ce que lui disent ses professeurs, le critique autorisé du journal de Paris qu’affectionnent son père ou son petit café, et le critique du journal local, habituellement moins lumineux qu’un phare. […] Ce jeune homme venait voir Mallarmé par piété filiale ; il réparait le crime de son père, un de l’Angle Beaumanoir, préfet, qui, au vu des vers de Mallarmé, alors professeur dans un district écarté, avait obtenu qu’on imposât une mutation au poète, à son gré, malencontreux et affichant. […] Nous étions compatriotes, étant tous deux nés à Metz, lui par accident ; car son père était capitaine du génie qui avait alors comme garnisons Arras, Metz et Montpellier, en sorte que Paul Verlaine eut pu naître félibre ; son vrai pays était l’Ardenne. […] En effet, le comte est mort ; sa postérité avorte et bientôt le château est assiégé ; des soldats qui reviennent d’une sortie rapportent la tête d’Edam, son père. […] Le sang de son père, l’empereur sarrasin Desramé, et de ses aïeux bouillonne en lui ; mais s’il veut, comme ceux de sa lignée, porter les armes, en tant que chrétien c’est contre eux qu’il veut lutter et il demande à Guillaume d’aller se battre contre les infidèles.
Julien Le Roi, son père. […] Ses principales connaissances sont chez les pères jésuites de la maison professe et du collège (de Clermont). […] Mais cette première ardeur s’était refroidie promptement, et, laissant là les bons pères, il était entré au service. […] L’histoire est d’une jeune Irlandaise, appelée Mlle Fidert, laquelle, « ayant eu le malheur de tuer son père après lui avoir vu tuer son amant », est elle-même en grand danger d’être tuée par son propre frère. […] Je sentis que mon heure était venue et qu’il fallait suivre la trace de mon père.
Elle avait perdu son père à quinze ans. […] On voit, par une lettre de Mme de Maintenon à la même, d’avril 1679, qu’elle ne pouvait souffrir les Marsillac, père et fils. — Toutes ces lettres adressées à madame de Saint-Géran sont devenues très-suspectes depuis les derniers travaux critiques sur l’édition de La Beaumelle.
Le vieux Timée, de Locres, ne disait-il pas déjà, sûrement d’après son maître Pythagore, que nos vices viennent bien moins de nous-mêmes que de nos pères et des éléments qui nous constituent ? […] Tant qu’il leur restera du sang, elles viendront l’offrir, et bientôt une rare jeunesse se fera raconter ces guerres désolatrices produites par les crimes de ses pères. » Et il conclut ce magnifique dithyrambe philosophique par ces mots les plus fatalistes qu’aucune plume ait osé écrire : La guerre est donc divine, puisque c’est une loi du monde.
[Kant et sa philosophie] Kant est le père de la philosophie allemande : il est l’auteur ou plutôt l’instrument de la plus grande révolution philosophique qui ait eu lieu dans l’Europe moderne depuis Descartes. […] Socrate n’a été ni Platon ni Aristote, mais le père de l’un et de l’autre.
Lorsqu’une déviation de structure réapparaît souvent, et qu’on la voit à la fois chez le père et chez l’enfant, on ne peut savoir si elle n’est pas due à ce que les mêmes causes ont agi sur l’un comme sur l’autre ; mais lorsque parmi des individus apparemment exposés aux mêmes conditions, quelque déviation très rare, causée par un concours extraordinaire de circonstances, apparaît chez un seul individu, parmi des millions qui n’en sont point affectés, et qu’ensuite elle réapparaît chez l’enfant, le seul calcul des probabilités nous force presque à attribuer sa réapparition à l’hérédité. […] Quatrièmement, les Pigeons ont été l’objet des soins les plus vigilants de la part d’un grand nombre d’amateurs ; ils sont domestiqués depuis des milliers d’années en différentes parties du monde : la mention la plus ancienne qu’on en trouve dans l’histoire, remonte à la cinquième dynastie égyptienne, environ trois mille ans avant notre père, d’après le professeur Lepsius ; mais je tiens de M.
Dubufe a un fils qui n’a pas voulu marcher sur les traces de son père, et qui s’est fourvoyé dans la peinture sérieuse. […] Duval Lecamus père « … Sait d’une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. » Duval Lecamus (Jules) a été imprudent d’aborder un sujet traité déjà par M.
Ce n’était plus le jeune enthousiaste de l’École normale, rompant douloureusement avec le Dieu de ses pères et se mettant en marche vers la découverte d’un dogme nouveau ; ce n’était plus le superbe initiateur des premiers temps du Globe, altier et plein d’ambitieuses promesses, et qui croyait tenir la nouvelle vérité : c’est l’homme qui a connu le néant des espérances, qui a reçu la leçon des choses et les injures de la vie.
François Arago, né le 26 février 1786 dans la commune d’Estagel en Roussillon, d’une famille où le type méridional est expressivement marqué, suivit dans ses premières années le collège de la ville de Perpignan, où son père avait la place de trésorier de la monnaie.
Félix Vicq d’Azyr, né en avril 1748 à Valognes en Normandie, d’un père médecin, commença ses études dans sa ville natale et vint les achever à Caen, où il fut condisciple en philosophie de Laplace, le grand géomètre.
Sylvain Bailly descendait d’une famille d’artistes et de peintres, originaire du Berry, et où l’on était de père en fils garde des tableaux du roi, au Louvre ; lui-même il eut ce titre, qui se joignait à ceux de membre de trois académies.
Sur le char même, à côté du père de famille, un jeune homme se dispose à déployer les toiles, et une belle jeune femme, tenant sur son sein un enfant à la mamelle, s’élève dominant la scène comme une apparition majestueuse qui préside aux moissons.
Mlle de Mauconseil, fille unique, riche, très jolie, et passablement enfant gâté, épousa le prince d’Hénin, fils d’une Beauvau, sœur du père de ma grand-mère ; ce fut l’origine de leur liaison.
Homme d’esprit à la mode de nos pères, curieux comme on ne l’est pas, à l’affût de tout ce qui se dit et se fait à l’entour, informé dans le dernier détail de tous les incidents et de tous les commérages de société, il en tient registre, non pas tant registre de noirceurs que de drôleries et de gaietés ; il écrit ce qu’il sait par plaisir de l’écrire, avec le sel de sa langue qui est une bonne langue, et en y joignant son jugement, qui est naturel et fin.
Charles Duveyrier, qui lui-même la tenait de son père.
Ses enfants le lui rendaient entre eux en l’appelant familièrement le père.
Viguier, l’helléniste délicat de l’École normale ; et c’était chez le père de ce dernier, je le crois bien, que le dîner avait lieu.
Elle reste dans l’ignorance obstinée des lettres jusqu’à ce qu’un jour, ayant vu des signes gravés sur la tombe de ses père et mère, et ayant voulu savoir le sens de ces épitaphes sans pouvoir obtenir de réponse satisfaisante, elle se met à profiter incontinent des leçons du curé, qui, dès ce moment, ne reconnaît plus son élève.
Grenier est un esprit essentiellement moderne ; il l’a assez prouvé dans une brochure curieuse intitulée : Idées nouvelles sur Homère (1861), dans laquelle il s’exprime en pleine liberté sur ce père de toute poésie, et en sens contraire de l’opinion commune.
Le biographe se plaît singulièrement à relever la conduite de cette fille naturelle, reconnue et légitimée par son père, et à mettre son dévouement, fort respectable assurément, mais fort explicable, en opposition avec l’éloignement et la séparation de l’épouse.
Évariste-Felix-Cyprien Boulay-Paty, fils de Pierre-Sébastien Boulay-Paty, jurisconsulte, était né le 19 octobre 1804, à Donges (Loire-Inférieure), où son père avait une propriété.
Il y ajouta quelques mots sur la tempête qui s’était élevée contre la maison et qui avait obligé des personnes qui s’y étaient retirées à s’en séparer ; que, pour le défunt, les ronces et les épines avaient étouffé pendant un temps ces précieuses semences que son cœur y avait reçues ; mais que, comme on avait lieu d’avoir une humble créance qu’il était une de ces heureuses plantes que le Père céleste a plantées lui-même pour ne souffrir jamais qu’elles fassent entièrement déracinées 108, elle avait repris vigueur et avait porté son fruit en son temps.
Son père y était syndic.
Le droit de vie et de mort souvent accordé à l’autorité paternelle, les communs exemples du crime de l’exposition des enfants, le pouvoir des époux assimilé, sous beaucoup de rapports, à celui des pères, toutes les lois civiles enfin avaient quelque analogie avec le code abominable qui livrait l’homme à l’homme, et créait entre les humains deux classes, dont l’une ne se croyait aucun devoir envers l’autre.
C’est de mon père enfin, c’est de l’homme de ce temps qui a recueilli le plus de gloire, et qui en retrouvera le plus dans la justice impartiale des siècles, que je craignais surtout d’approcher, en décrivant toutes les périodes du cours éclatant de la gloire ; mais ce n’est pas à l’homme qui a montré, pour le premier objet de ses affections, une sensibilité aussi rare que son génie ; ce n’est pas à lui que peut convenir aucun des traits dont j’ai composé ce tableau ; et si je m’aidais des souvenirs que je lui dois, ce serait pour montrer combien l’amour de la vertu peut apporter de changement dans la nature, et les malheurs de la passion de la gloire.
La terre de Blet, possédée pendant plusieurs siècles par la maison de Sully, passa par mariage de l’héritière, en 1363, à la maison de Saint-Quentin, où elle fut transmise en ligne directe jusqu’en 1748, date de la mort d’Alexandre II de Saint-Quentin, comte de Blet, gouverneur de Berg-op-Zoom, père de trois filles d’où sont nés les héritiers actuels Ces héritiers sont le comte de Simiane, le chevalier de Simiane, et les mineurs de Bercy, chacun pour un tiers, qui est de 97 667 livres sur la terre de Blet, et de 20 408 livres sur la terre des Brosses.
Et si dit, par l’âme son père Que bêtes à lui ne se père (compare) De noblesse ni de beauté : Car au monde n’a pas auté (pareil).
Michel de l’Hôpital, né en Auvergne vers 1505, fut emmené en Italie par son père qui suivit le connétable de Bourbon, étudia à Padoue ; et, revenu en France, devint conseiller au Parlement, président du conseil de la duchesse de Berri, président de la Chambre des comptes, enfin chancelier de France en 1500.
Lucas-Montigoy, Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, écrits par lui-même, par son père, par son oncle et par son fils adoptif, Paris, 1834, 8 vol. in-8.
Une tendresse respectable pour son père a faussé sa vue des hommes et des choses : M.
» Elle dit ironiquement qu’il est « bien fait de sa personne. » Elle dit à Marianne qu’il faut qu’une fille obéisse à son père, voulût-il lui donner un singe pour époux.
Les pères conscrits réunis sous la coupole n’essaiment plus guère d’idées originales, neuves, audacieuses, pénétrantes, si tant est qu’ils en aient jamais énormément répandues.
Il est permis à l’un de ceux qui se tiennent debout à regarder, de leur répondre : Non, le monde n’est pas en train d’aller plus mal depuis hier seulement ; s’il dégénère, c’est de votre temps et du temps de vos pères que cela a commencé, non pas du jour où vous n’y avez plus la haute main.
Les hostilités s’allument, le sang a coulé ; il perd sa dernière étincelle d’affection pour l’antique patrie de ses pères : on ne voit plus dans tous ses actes et toutes ses pensées que l’homme et le citoyen du continent nouveau, de cet empire jeune, émancipé, immense, dont il est l’un des premiers à signer l’acte d’indépendance et à présager les grandeurs, sans plus vouloir regarder en arrière, ni reculer jamais.
Je crois être sûr que la postérité sera étonnée du succès qu’il eut, autant, peut-être beaucoup plus qu’elle le sera de celui de Dumas père.
C’est avec son chapeau, sa jupe et son ombrelle de fille, qu’elle assiste à l’agonie de son père, dans une chambre dont l’horrible misère est banale et ouverte à la curiosité des passants.
ô juges, je vous demande, ce père que vous accusez de la mort de son fils, croyait-il un dieu, n’en croyait-il point ?
Certes, il ne peut trouver mauvais que vous l’appeliez le père du « bon style » et que vous invitiez la jeunesse littéraire à venir faire ses dévotions sur sa tombe.
voilà justement de nos religieuses, Lorsqu’un père combat leurs flammes amoureuses.
Si l’on est charmé, à juste titre, par des vers comme ceux-ci : La fille de Minos et de Pasiphaé, ou L’effigie aux yeux clos de quelque grand destin ; on ne peut qu’être désagréablement affecté par le vers suivant : Ô père de famille, ô poète, je t’aime !
Cousin écrivain Nous voici arrivés devant les deux écrivains considérables, qui, à juste titre, sont appelés chez nous sinon les pères, du moins les représentants de la philosophie contemporaine, M.
Vous, tours de Jules César, opprobre durable de Londres, nourries de meurtres hideux, à l’heure de minuit, respectez la vertu fidèle de sa compagne, la renommée de son père ; épargnez la tête sainte d’un usurpateur clément.
Pour complaire à son vieil époux, il lui avait fallu se confiner dans son « île », où les soins de la cuisine et du ménage remplaçaient désormais le mouvement affairé, les causeries, les fréquentations habituelles du magasin de son père. […] Déchirements enflammés de la nue, Cèdres déracinés, torrents, souffles hurleurs, Ô lamentations de mon père ! […] Abraham, l’ancêtre fictif de ces peuples, a été réellement le père religieux de tous les peuples. » Les deux volumes parus de l’Histoire du peuple d’Israël ne sont que le développement et la démonstration de cette idée. […] Né à Londres, pendant les Cent-Jours, d’un père français et d’une mère anglaise, observerai-je là-dessus qu’il y avait, dans son talent comme dans sa personne, quelque chose d’éminemment britannique ? […] Gens de goût avant tout, les bons pères eux-mêmes ne parlent jamais sans quelque coupable complaisance de ce petit polisson d’Arouet.
Les beaux temps de Dumas père et de Ponson du Terrail ont reparu. […] Là est pour nous la portée et la valeur de son œuvre et ce qui donne à cette étude son prétexte et son actualité : Chateaubriand est le précurseur et, on peut le dire, le père de l’école réaliste contemporaine. […] Chateaubriand est donc le père de Flaubert et par suite le vrai père de l’école contemporaine fondée par l’auteur de Madame Bovary. […] Il croit au rapide épuisement et à la prochaine disparition de son école, où il fait entrer Charles de Bernard, Soulié, Dumas père, Eugène Sue ! […] Cette femme qui succombe un jour, une minute, aux bras d’un homme et qui retourne affolée au domicile conjugal où l’attendent le père et l’enfant, ce n’est pas Frou-Frou, — un abîme les sépare.
Les opinions chrétiennes se soumettent aux théologiens, qui se soumettent aux Pères. […] La seconde est l’amélioration des ameublements, qui est grande, quoique non encore générale ; car, disent-ils, nos pères (oui, et nous-mêmes aussi), nous avons couché bien souvent dans des grabats de paille, sur de grosses nattes, avec un drap seulement, avec des couvertures faites de poils grossiers ou de lambeaux recousus, et une bonne bûche ronde sous notre tête pour traversin ou oreiller. […] Il était général de la cavalerie et avait sauvé l’armée anglaise à Gravelines ; peu de temps après, blessé mortellement et mourant de soif, comme il se faisait apporter de l’eau, il vit à côté de lui un soldat encore plus blessé qui regardait cette eau avec angoisse : « Donnez-la à cet homme, dit-il, il en a plus besoin que moi. » Joignez à cela la véhémence et l’impétuosité du moyen âge, une main prête à l’action et posée incessamment sur la garde de l’épée ou du poignard. « Monsieur Molineux, écrivait-il au secrétaire de son père, si j’apprends jamais que vous ayez lu une de mes lettres sans mon consentement ou sans l’ordre de mon père, je vous planterai ma dague dans le corps, et comptez-y, car je parle sérieusement. » C’est le même homme qui déclarait aux adversaires de son oncle qu’ils « mentaient par la gorge », et, pour soutenir son dire, leur assignait un rendez-vous à trois mois en n’importe quel endroit de l’Europe. […] La princesse, Dowsabell est descendue au matin dans le jardin de son père ; elle cueille des chèvrefeuilles, des primevères, des violettes, des marguerites. […] J’aurais plaisir à y revoir tout au long et tout au naturel la boutique de mon père, bon gentilhomme qui vendait du drap à ses amis pour les obliger, la cuisine de ma servante Nicole, les gentillesses de Brusquet, le petit chien de mon voisin M.
Ses deux parents moururent très tôt, l’un après l’autre, le père le premier, miné par la phtisie et emporté quatre ans après la naissance du fils, la mère un peu plus tard : elle expira, comme devait expirer à son tour Hégésippe Moreau, dans les draps d’un lit d’hôpital. […] Ce qu’il doit à son père et à sa mère — car il en est du plus connu comme du plus obscur — c’est son tempérament et son intelligence. […] Mariée jeune au comte de Beaumont, très jeune aussi, et « le plus mauvais sujet de Paris », séparée de lui aussitôt, en attendant l’évasion lointaine du divorce, elle conduit, pendant les deux années qui précèdent la Révolution, « le train magnifique » de la maison de son père, un des ministres de Louis XVI. […] Après l’assassinat de son père, après l’exécution de sa mère et de son frère, échappée comme par miracle au même sort, elle se retrouve, vivante encore — si c’était vivre — dans une masure de village, cachée, protégée et servie par d’anciens domestiques de son père, chez de pauvres gens qui l’ont recueillie. […] Qu’on relise Monsieur Prudhomme avec cette arrière-pensée que le sonnet, intitulé ainsi, pourrait être une simple charge, Il est grave, il est maire et père de famille, et qu’on daigne seulement noter l’allure des tercets : Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a Plus en horreur que son éternel coryza, Et le printemps en fleurs brille sur ses pantoufles.
J’avais dit à mon père votre projet, et il se faisait plaisir de vous recevoir. […] Je m’occupe de mon père, de l’éducation de mes enfants, et de mon roman (Delphine) qui vous intéressera, je l’espère. […] Elles ont pour guide dans cette tournée un jeune étranger, Norfrank, à qui leur père les a confiées. […] Son petit poëme d’Urania était commencé en 1807 ; il méditait un peu vaguement quelque projet de long poëme, tel que la Fondation de Venise, par exemple ; mais surtout il vivait avec abondance et sans arrière-pensée de la vie morale, de la vie du cœur ; il perdait son père en 1807, il se mariait en 1808 : il s’occupait d’agriculture et d’embellir sa résidence de Brusuglio, près de Milan ; il revenait voir en France ses bons amis de la Maisonnette, et donnait Fauriel pour parrain au premier-né de ses enfants, à sa fille Juliette-Claudine, comme on l’avait nommée. […] Adonné à la famille comme un Racine qui se serait retiré un peu trop tôt, converti, vers 1810, aux idées religieuses et à la pratique chrétienne, père, époux, ami, il se livrait de bonne foi aux sentiments humains régularisés, aux habitudes naturelles et pures ; il y plongeait comme en pleine terre.
Ménalcas, qui n’est ni si libre ni si noble que son ami, répond qu’il ne déposera pas un agneau, parce qu’il a un père et une mère difficiles qui comptent tout le troupeau chaque soir. […] Et les héros de Troie, et Ulysse lui-même qui a tant erré parmi les hommes, et le bon porcher Eumée, et le bouvier Philœtius, et le sensible Laërte aux entrailles de père, en dirait-on mot aujourd’hui si les chants du vieillard d’Ionie n’étaient venus à leur secours ?
Armand Bertin avec le cercueil de son père ! » Cette éloquente image rappelait l’amitié du père et la fausse situation du fils.
En marchant à travers des ajoncs, des genêts ou des genévriers, vous êtes attiré vers quelque hallier d’où vous avez entendu s’élever un son doux, assez semblable à la syllabe chit plusieurs fois répétée ; le père et la mère troglodyte voltigent autour des jeunes rameaux ; et bientôt vous voyez un petit qui, d’une aile faible encore, mais en toute hâte, rentre sous le buisson, en poussant un cri étouffé. […] Le cœur de l’époux et du père défaillit sous cette dure calamité.
C’est le temps où Marivaux est, sinon le père, du moins le parrain du marivaudage. […] Les robes longues et amples, vêtements cossus et bourgeois, reparaissent dans l’entourage du roi ; et en même temps la raison, le bon sens pratique et terre à terre dominent, même dans les poèmes ; on écrit des chroniques rimées ou bien une allégorie ingénieuse qui est un traité de politique à l’usage des paysans et qui présente le gouvernement royal comme l’administration d’un bon père de famille144.
« Père adoré » (274)55, etc., etc.. […] Cette dernière annonce à l’enfant la mort de son père et de sa mère.
J’avais à la main la lettre d’introduction qui m’avait été donnée par un gentilhomme notre voisin, ami de mon père. […] Apprenant par mon père qu’on m’envoyait voyager en Italie, il m’avait offert des lettres amicales pour ces deux dames, ses amies, dont l’une vivait à Florence et l’autre à Naples.
Demolder nous fait presque regretter que nos pères aient fait la Révolution puisqu’ils ont détruit tant de croyances légères et de mœurs précieuses, comme ils ont tué nos amis Jasmin et Martine… Il faut lire le Jardinier de la Pompadour, on revit toute l’ancienne élégance et tout le charme du passé. […] Nicolas et on dirait qu’il a voulu refaire à l’envers La Vie de mon Père.
Mézeray est d’humeur libre et non servile, d’humeur même républicaine, à prendre le mot dans l’antique acception de nos pères ; il n’a qu’à se laisser aller pour être caustique et satirique.
Je sais bien que la distance des temps peut l’avoir corrompue ; mais j’ai montré des traductions à des Grecs du faubourg de Péra, de l’Archipel, et à des femmes jolies et instruites des boyards à Iassy, sachant bien le français, parlant le grec vulgaire en conversation, mais entendant le littéraire de père en fils : ils m’ont tous assuré que c’était tout autre chose, et qu’il était plaisant de voir en France des querelles sur les anciens, qui, surtout en poésie, n’y sont pas entendus.
Louis XIV, qui avait des mots si justes quoique trop rares, disait à Massillon un jour, au sortir d’un de ses sermons : « Mon père, j’ai entendu plusieurs grands orateurs, j’en ai été fort content ; pour vous, toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été très mécontent de moi-même. » On a cité des exemples de conversions soudaines opérées par l’éloquence de Massillon.
On a conjecturé d’après un passage de ses Poésies que son père, qui s’appelait Thomas, était peintre d’armoiries : en ce cas, l’enfant put épeler de bonne heure tous ces blasons de famille qu’il devait, à sa manière, si bien illustrer un jour.
Honneur donc à l’honnête homme, au doyen vertueux de ces Communes, l’un de nos pères !
Navez ces paroles tout empreintes d’affection amicale et d’esprit de famille : Il est vrai que tu as tout pour te trouver heureux d’être au monde : tu te trouves dans ta patrie, honoré et considéré pour ton talent brillant ; estimé, aimé par toutes les personnes qui te connaissent ; regardé par la Fortune de son œil le plus favorable ; heureux époux, heureux père.
La guerre s’ouvre avec vigueur ; le fils du roi, Monseigneur, est mis à la tête de l’armée du Rhin : « Le roi et Monseigneur se sont fort attendris en se séparant (25 septembre 1688). » Louis XIV dit à son fils une belle parole : « En vous envoyant commander mon armée, je vous donne des occasions de faire connaître votre mérite ; allez le montrer à toute l’Europe, afin que quand je viendrai à mourir, on ne s’aperçoive pas que le roi soit mort. » Monseigneur se conduit bien et vaillamment ; il a un éclair d’ardeur : cela même lui donne une étincelle d’esprit ; il écrit à son père devant Philisbourg : « Nous sommes fort bien, Vauban et moi, parce que je fais tout ce qu’il veut. » — « Mais Vauban pourtant, ajoute Dangeau qui s’anime et s’aiguillonne à son tour, n’est pas si content de Monseigneur, qui va trop à la tranchée et y demeure trop longtemps. » On prend Philisbourg, on prend Manheim et Frankendal : après quoi Monseigneur revient.
Pierre Charron (ou le Charron) dont l’ouvrage le plus connu, le livre De la sagesse, ne parut qu’en 1601, naquit en plein xvie siècle, en 1541, à Paris, d’un père libraire, qui n’eut pas moins de vingt-cinq enfants.
Il était fils d’un minisire de Marans, qui est encore vivant ; il est de la religion de son père, (et) qui médite antre chose.
Henri n’était pas inconstant, en effet, par débauche d’imagination ni par caprice raffiné ; il l’était tout simplement à la gauloise, par promptitude des sens et selon l’occasion ; mais il avait besoin à travers tout d’une fidélité et d’une habitude au logis, d’être père et d’en jouir, de s’ébattre autour d’un berceau ou sur un tapis avec des enfants.
Santeul, né en 1630, était un enfant de Paris, d’une ancienne famille bourgeoise : son père était un riche marchand de fer de la rue Saint-Denis.
Du moment que la nouvelle reine d’Espagne est une princesse de Savoie, il est indispensable d’avoir pour soi le père, le duc de Savoie, de qui même la proposition, ce semble, doit venir : il ne s’agit que de la lui souffler, et, pour cela, voici la machine que Mme des Ursins arrange et construit (janvier 1701) : Il est certain que le succès de tout cela dépend de M. le duc de Savoie ; vous m’en avez assez écrit pour le comprendre, et, outre cela, la chose se dit elle-même.
Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père : mais, à l’entrée, il y a un passage où deux ne sauraient marcher de front, et où l’on cesse un moment de se voir : c’est là tout. » A Mme de Senfft encore, au moment où il agitait de publier les Paroles d’un Croyant (19 février 1834) : « Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez (Florence) : j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse : abandonnez-vous à ce qu’a de si doux cette saison de renaissance ; faites-vous fleur avec les fleurs.
Exemple : l’abbé Lacordaire parlant d’un bref adressé par Grégoire XVI aux évêques polonais, dans lequel le pontife s’était montré un peu faible de ton et d’expression envers le czar, avait cherché à excuser le père des fidèles en le comparant à Priam, qui vient réclamer le corps d’Hector, et qui, dans l’excès de son malheur, va jusqu’à baiser la main qui a tué son fils : « Quelle magnifique application, s’écrie Mroe.
Puis je prierai Dieu avec larmes, puis j’invoquerai le néant… « Si tu me dis que tu m’aimeras comme un père, tu me feras horreur ; si tu prétends m’aimer comme une amante, je ne te croirai pas.
Elle a été donnée par M. le baron Rœderer, dans le tome VIII, page 659, des Œuvres qu’il a recueillies et fait imprimer pour les distribuer, du comte Rœderer, son père ; je l’ai citée moi-même au tome I, page 72, de Chateaubriand et son Groupe littéraire.
Vallot a très bien remarqué tout d’abord que l’apparence de force et de vigueur de Louis XIV en sa jeunesse tenait à ce que la bonté du tempérament héroïque de sa mère avait rectifié et corrigé en partie les mauvaises impressions qu’avait dû laisser dans l’enfant le tempérament affaibli d’un père valétudinaire ; mais cette force et cette vigueur n’étaient qu’à la condition d’éviter les excès et d’observer bien des précautions pour se soutenir.
L’Avare surtout, dans lequel le vice détruit toute la piété qui unit le père et le fils, a une grandeur extraordinaire et est, à un haut degré, tragique.
L’auteur a voulu ici nous montrer un Hamilcar tout le contraire d’un Abraham, un père révolté, un cœur de lion grondant et rugissant de tendresse.
Il y a, Jésus l’a dit, plus d’une demeure dans la maison de mon père.
Le système auquel M. de Girardin a donné une netteté ingénieuse d’expression et une précision voisine de l’algèbre, et qu’il porte sur quelques points tels que le mariage 68 au-delà de ce qu’on avait exprimé encore, n’est pas nouveau d’ailleurs dans son principe ni dans la plupart de ses développements ; et lui-même reconnaît des pères et des maîtres dans les publicistes de l’école économiste ou économique, promoteurs d’un gouvernement réduit et à bon marché, Dupont de Nemours, Daunou, Tracy… et surtout Turgot.
Qui dit Dieu créateur, en effet, dit père, et par conséquent un Dieu qu’on prie.
Association de pères de famille, agriculteurs et guerriers, qui couvre peu à peu les sept collines, ayant au-dessous d’elle des clients nombreux, la cité est d’abord un patriciat jaloux qui retient d’une manière incommunicable, non-seulement le gouvernement, mais le culte, le droit civique, et comme la famille même et la propriété. » On sait toutes les crises par où l’on dut passer avant de forcer une à une les barrières : patriciat hautain et féroce, révoltes populaires, sécessions à main armée et droits conquis, puissance des tribuns ; puis, en dehors de Rome, le travail des peuples latins et italiens, leur révolte aussi, la guerre sociale, et les alliés vaincus faisant irruption pourtant dans la cité et gagnant en définitive leur cause.
Il lui appartient, disions-nous, d’achever, de corroborer l’œuvre de son père, à l’aide des documents nouveaux qui se sont produits depuis et qui se publient chaque jour.
le xixe siècle, à en juger du moins par la tête de la société et de la littérature, est bien peu le fils de son père le xviiie .
Mais Talleyrand au pouvoir n’y regardait pas de si près ; il avait à gagner ses éperons ; il était depuis quelques semaines seulement à la tête du ministère des affaires étrangères, où il avait remplacé Charles Delacroix, père de l’illustre Eugène.
Il ne tarda pas à en sortir ; et son père, en le mariant, lui transmit sa charge de maître des eaux et forêts.
Tonsuré de bonne heure, élevé dans le jeu de paume et le tripot de son père qui aimait la table et le plaisir, Regnier dut au célèbre abbé de Tiron, son oncle, les premiers préceptes de versification, et, dès qu’il fut en âge, quelques bénéfices qui ne l’enrichirent pas.
Mon frère Yves, c’est l’histoire d’un matelot qui s’enivre à chaque descente à terre, et qui se marie, et qui devient père, et qui peut-être se corrigera ; et c’est l’histoire de l’étrange et touchante amitié de ce matelot et de Pierre Loti.
Mendès logeait alors chez son père à Choisy-le-Roi.
Si vous élevez autel contre autel, on vous dira : « Nous aimons mieux les anciens ; ce n’est pas que nous y croyions davantage, mais enfin nos pères ont ainsi adoré. » On nous chargerait de l’éducation religieuse du peuple, que nous devrions commencer par son éducation dite profane, lui apprendre l’histoire, les sciences, les langues.
Suzanne n’aime pas Guillaume ; elle veut son père.
Notez que, tout à l’heure, il était un mari modèle et qu’il berçait son nouveau-né dans ses bras, avec des tendresses de père nourricier.
Reçue à six ans chanoinesse au chapitre noble d’Alix près de Lyon, on l’appelait Mme la comtesse de Lancy, du nom de la ville de Bourbon-Lancy dont son père était seigneur.
Après l’avoir peint dans son costume ordinaire, avec ses bottes de velours, son habit de drap bleu, et avoir décrit ainsi sa tête : « Sa chevelure, artistement relevée et contournée par le fer des coiffeurs sur les tempes, se renfermait derrière la nuque dans un ruban de soie noire flottant sur son collet » (ce qui, sans périphrase, veut dire qu’il avait une queue) ; après avoir ajouté, en parlant toujours de sa tête : « Elle était poudrée à blanc à la mode de nos pères, et cachait ainsi la blancheur de l’âge sous la neige artificielle de la toilette », le peintre en vient au caractère de la personne et au visage : On eût dit que le temps, l’exil, les fatigues, les infirmités, l’obésité lourde de sa nature, ne s’étaient attachés aux pieds et au tronc que pour faire mieux ressortir l’éternelle et vigoureuse jeunesse du visage.
Il avait cinquante ans et davantage ; je n’en avais que dix-neuf ; mais la disproportion de nos âges ne me faisait point de peur ; bien loin de cela, je le cherchais comme on cherche une maîtresse, et les moments que je passais auprès de lui ne me duraient guère plus qu’ils ne me durent auprès de vous (c’est à une dame que Patru adresse ce récit) ; il m’aimait comme un père aime son fils.
Nicolas Fouquet, né à Paris en 1615, était fils d’un père breton, riche armateur, et que Richelieu avait fait entrer dans le Conseil de la marine et du commerce.
Mais il y a tel instant où, du fond de cette vanité, de cet égoïsme, de cette petitesse, de ces misères, de cette boue dont nous sommes faits, sort tout à coup un je ne sais quoi, un cri du cœur, un mouvement instinctif et irréfléchi, quelquefois même une résolution, qui ne se rapporte pas à nous, mais à un autre, mais à une idée, à notre père et à notre mère, à notre ami, à la patrie, à Dieu, à l’humanité malheureuse, et cela seul trahit en nous quelque chose de désintéressé, un reste ou un commencement de grandeur, qui, bien cultivé, peut se répandre dans l’âme et dans la vie tout entière, soutenir ou réparer nos défaillances, et protester du moins contre les vices qui nous entraînent et contre les fautes qui nous échappent.
Démétrius, l’autre fils d’Ivan, beaucoup plus jeune que Fédor, et tout enfant à la mort de son père, annonçait, dit-on, des dispositions ardentes et cruelles : mais il vécut peu.
Je demande maintenant si, en prenant au hasard 7 personnes d’un esprit ordinaire, on n’en trouverait pas parmi elles au moins une dont le père ou la mère, ou le grand-père, ou la grand-mère, ou les enfants, ou les frères, ou les cousins germains, auraient été affectés de l’une des innombrables affections que l’auteur prétend liées au génie par une racine commune.
Nous ne devons pas tendre à nous rendre semblables à nos pères, mais nous efforcer d’atteindre l’espèce de grandeur qui nous est propre. » Un de ses amis les plus intimes, M. de Corcelles, avait paru comprendre son livre dans un sens trop défavorable à la démocratie.
Ce sont les fils qui vengent des pères.
De leur temps déjà, les anciens, ces ignorants d’infini, appelaient l’océan Père des choses !
Leurs opinions sont des sentiments, leurs croyances sont des passions, leur foi est leur vie ; et quand le raisonnement intérieur leur défend de croire, c’est comme s’il leur commandait d’abjurer leur père et leur pays.
. — Portez-la dans les affections privées : la famille, transformée en institution politique et despotique, fondée, non sur les sentiments naturels, mais sur une communauté d’obéissance et de rites, n’est plus que la chose et la propriété du père, sorte de province léguée chaque fois par une loi en présence de l’État, employée à fournir des soldats au public. — Portez-la dans la région : la région, fondée par l’esprit positif et pratique, dépourvue de philosophie et de poésie, prend pour dieux de sèches abstractions, des fléaux vénérés par crainte, des dieux étrangers importés par intérêt, la patrie adorée par orgueil ; pour culte une terreur sourde et superstitieuse, des cérémonies minutieuses, prosaïques et sanglantes ; pour prêtres des corps organisés de laïques, simples administrateurs, nommés dans l’intérêt de l’État et soumis aux pouvoirs civils. — Portez-la dans l’art : l’art, méprisé, composé d’importations ou de dépouilles, réduit à l’utile, ne produit rien par lui-même que des œuvres politiques et pratiques, documents d’administration, pamphlets, maximes de conduite ; aidé plus tard par la culture étrangère, il n’aboutit qu’à l’éloquence, arme de forum, à la satire, arme de morale, à l’histoire, recueil oratoire de souvenirs politiques ; il ne se développe que par l’imitation, et quand le génie de Rome périt sous un esprit nouveau. — Portez-la dans la science : la science, privée de l’esprit scientifique et philosophique, réduite à des imitations, à des traductions, à des applications, n’est populaire que par la morale, corps de règles pratiques, étudiées pour un but pratique, avec les Grecs pour guides ; et sa seule invention originale est la jurisprudence, compilation de lois, qui reste un manuel de juges, tant que la philosophie grecque n’est pas venue l’organiser et le rapprocher du droit naturel.
Un de mes amis me disait un jour qu’étant fort petit, il assistait à la toilette de son père, et qu’alors il contemplait, avec une stupeur mêlée de délices, les muscles des bras, les dégradations de couleurs de la peau nuancée de rose et de jaune, et le réseau bleuâtre des veines. […] Pour moi, je n’en connais qu’un : c’est un supplice qui marque profondément et pour l’éternité ; car, comme le dit la chanson de nos pères, ces pères vigoureux qui savaient rire dans toutes les circonstances, même les plus définitives : Le ridicule est plus tranchant Que le fer de la guillotine. […] Je vous ai été envoyé par le Graal ; mon père, Parcival, porte sa couronne ; moi, son chevalier, j’ai nom Lohengrin. » Le cygne reparaît sur la rive pour remmener le chevalier vers sa miraculeuse patrie. […] Sous l’amant, on sent un père et un protecteur. […] Comment le père un a-t-il pu engendrer la dualité et s’est-il enfin métamorphosé en une population innombrable de nombres ?
Dix siècles ont été nécessaires pour épuiser le mouvement imprimé à l’esprit humain par Socrate ; c’est la gloire de ce grand homme d’avoir donné son nom, non pas à tel ou à tel moment, mais à la totalité de cet immense mouvement, et d’avoir ôté, quant à la forme, aussi bien le père des derniers philosophes grecs que de ceux qui sortaient immédiatement de ses mains. […] Comme la philosophie orientale a pour fondement les Védas, et comme la philosophie grecque est sortie des mystères, de même la philosophie du moyen âge est fondée sur la Bible et les Pères et sur les décisions souveraines de l’Église ; et encore, comme l’unité du moyen âge est dans la domination de l’Église, ainsi l’unité de la scolastique vient de sa dépendance avouée de cette grande et sainte autorité. […] Le grand-père d’un de vos pères aurait pu voir celui qui a créé la philosophie moderne. […] Socrate l’interroge encore sur un autre culte, celui de Jupiter, et sur cette légende que Jupiter, pour punir quelque mauvaise action de son père Saturne, l’avait mutilé : d’où l’interlocuteur de Socrate, blâmant une action de son propre père, concluait pieusement que, pour imiter Jupiter, il ne peut mieux faire que d’accuser lui-même son père en justice et de demander sa mort. […] Il est le père de l’histoire de la philosophie, comme Descartes est celui de la philosophie moderne.
Que l’on prenne le discours préliminaire des « Vies des Saints Pères des déserts », d’Arnaud d’Andilly ; on y verra tous les artifices de la rhétorique pieuse : « La sainte et bienheureuse retraite où il a plu à Dieu de m’appeler par son infinie miséricorde — les délices saintes — les grands prodiges — les plus fidèles serviteurs — les âmes si pieuses — ces belles vies — les plus célèbres auteurs — ferventes prières — puissantes exhortations » — et pendant de longues pages mornes chaque substantif malingre est attaché à son tuteur par un brin d’osier pourri ! […] Le mot latin patrem est devenu en français pédre, puis pére, père, puis per, mot réduit à ses éléments indispensables, mot invariable, et, dont le pluriel ne peut être, sans faute grave contre la langue, indiqué par la parole. […] S’il n’y en a pas et si l’e final anglais est une illusion, que l’on nous dise au moins en quoi diffère la prononciation des consonnes ultimes dans pure et pure, more et pore, bore et bore, corne et homme, dare et père. […] Il y a un tout qui est un adverbe C’est celui que Molière emploie dans ce tour elliptique : « Nos pères, tout grossiers … » Ce n’est pas une circulaire ministérielle qui le supprimera. […] (Seigneur, que longue demourée J’ai attendue en la maison de ton père.)
Dans le juste hommage rendu publiquement par lui-même à son père, il nous suffira de dire que M. […] Telle est l’affaire de Madeleine de Poissy, religieuse carmélite, enlevée par l’apothicaire de l’Hôtel-Dieu de Beaumont, devenue sa femme, et attaquant le testament par lequel Jacques de Poissy, son père, l’avait déshéritée. […] Sommes-nous d’ailleurs plus sensibles que ne l’étaient nos pères ? […] Atrides et Labdacides, leurs infortunes, trop lointaines, et d’ailleurs inauthentiques, avaient lassé la pitié de nos pères ; on demandait des sujets plus « humains », des personnages dont la condition fût plus approchée de la nôtre ; on voulait enfin des sentiments tirés de la nature, et au besoin de la rue des Deux-Boules, — selon le mot de Voltaire, qui s’en indignait fort, — et non plus des Vies de Plutarque ou de Cornélius Népos. […] ou le « père » Ingres, comme on l’appelait, peignant Enterrement d’Ornans, les Casseurs de pierres, les Demoiselles de la Seine ?
Le compte entier ne s’y trouvant point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni les risées du roi lorsque tout cela fut su. » Pour couronner le récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande, ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de bonne prise.
C’est une idée heureuse que celle de ce jeune Fabrice, enthousiaste de la gloire, qui, à la nouvelle du débarquement de Napoléon en 1815, se sauve de chez son père avec l’agrément de sa mère et de sa tante pour aller combattre en France sons les aigles reparues.
Par exemple, vous pourrez bien vous en dire le père nourricier.
Un jour, la fille du poète Roucher, écrivant à son père alors sous les verrous, relevait avec une sagacité remarquable et un sentiment de préférence filiale bien permis les défauts de la traduction de Delille au début des Géorgiques : « Mais d’un autre côté, répondait à sa fille l’honnête Roucher, tu ne me parais pas rendre toute la justice qui est due à sa grâce, à son harmonie, à ce je ne sais quoi qui plaît, même dans sa manière française, aux amateurs impartiaux de l’Antiquité. » On voit que je tiens à accorder à Delille tout ce qui se peut raisonnablement.
— À cette heure où, entrant dans une veine de composition nouvelle, il prenait véritablement possession de tout son talent, et où, comme il le disait d’un mot, le rejeton était devenu un arbre (« fit surculus arbos »), Cowper rappelait, avec l’orgueil d’un auteur ayant conscience de son originalité, qu’il y avait treize ans qu’il n’avait point lu de poète anglais, et vingt ans qu’il n’en avait lu qu’un seul, et que, par là, il était naturellement à l’abri de cette pente à l’imitation que son goût vif et franc avait en horreur plus que toute chose : « L’imitation, même des meilleurs modèles, est mon aversion, disait-il ; c’est quelque chose de servile et de mécanique, un vrai tour de passe-passe qui a permis à tant de gens d’usurper le titre d’auteur, lesquels n’auraient point écrit du tout s’ils n’avaient composé sur le patron de quelque véritable original. » C’est ainsi qu’en se créant tout à fait à lui-même un style selon ses pensées et une forme en accord avec le fond, ce solitaire sensible et maladif, ingénieux et pénétrant, a été l’un des pères du réveil de la poésie anglaise.
Peu à peu cependant, à mesure que la mode des perruques et celle des coiffures élégantes prévalut, les gens comme il faut perdirent l’habitude de mettre leur chapeau pour ne point déranger l’édifice artificiel ou la poudre de leur chevelure ; les parapluies commencèrent à faire l’office du chapeau ; cependant on a continué de considérer celui-ci comme une part si essentielle de la toilette, qu’un homme du monde n’est point censé habillé sans en avoir un ou quelque chose d’approchant, qu’il porte sous le bras ; si bien qu’il y a quantité de gens polis dans toutes les cours et les capitales d’Europe qui n’ont jamais, eux ni leurs pères, porté un chapeau autrement que sous le bras, quoique l’utilité d’une telle mode ne soit aucunement évidente, et que ce soit même très gênant.
Ce ne sont à Ferney que requêtes sur requêtes, de toute forme et de toute espèce : tantôt Lally-Tollendal plaidant pour réhabiliter la mémoire de son père, tantôt une directrice de théâtre à Lyon à laquelle on retire son privilège ; aujourd’hui d’Étallonde songeant à faire reviser son procès, demain les main-mortables de Saint-Claude à affranchir de la glèbe monacale et à rendre sujets du roi.
J’ai dit que le plus jeune frère de Mirabeau servait dans le régiment du roi ; Vauvenargues était quelquefois prié de le surveiller, de lui donner des conseils : « Ayez soin du petit », lui écrivait le fougueux aîné devenu père de famille.
Tous ces menus détails de la vie intime, dont l’enchaînement constitue la journée, sont pour moi autant de nuances d’un charme continu qui va se développant d’un bout de journée à l’autre : — le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée, car la formule avec laquelle on s’aborde est à peu près la même, et d’ailleurs la séparation de la nuit imite assez bien les séparations plus longues, comme elles étant pleine de dangers et d’incertitude ; — le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; — la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature, car à mon avis, après avoir adoré Dieu directement dans la prière du matin, il est bon d’aller plier un genou devant cette puissance mystérieuse qu’il a livrée aux adorations secrètes de quelques hommes ; — notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage ; en un mot, vrai sanctuaire de travail ; — le dîner qui s’annonce non par le son de la cloche qui sent trop le collège ou la grande maison, mais par une voix douce qui nous appelle d’en bas ; la gaieté, les vives plaisanteries, les conversations brisées en mille pièces qui flottent sans cesse sur la table durant ce repas : le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises après ce signe de croix qui porte au ciel nos actions de grâces ; les douces choses qui se disent à la chaleur, du feu qui bruit tandis que nous causons ; — et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère portant son enfant dans ses bras, le père de cet enfant et un étranger, ces deux-ci un bâton à la main ; les petites lèvres de la petite fille qui parle en même temps que les flots, quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de la douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en voyant la mère et l’enfant qui se sourient ou l’enfant qui pleure et la mère qui lâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix, et l’océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons dans le taillis pour nous allumer au retour un feu vif et prompt ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature par un contact immédiat et me rappelle l’ardeur de M.
Pelouze (le père du chimiste), vous la connaissez : je ne suis resté indifférent à rien de ce qui a intéressé mon pays et l’humanité.
Il paraît, au contraire, si l’on en croit l’écho qui nous arrive, un peu grossi peut-être à distance, que notre abbé réunissait toutes les qualités de l’orateur, — presque toutes, — l’accent, le charme de la voix, le geste, l’action souvent animée et toujours appropriée, la mémoire, les grâces de la diction, le trésor des saintes Écritures et des Pères : que de choses !
Je n’ai point donné de ces batailles générales qui mettent le royaume en peine ; mais j’espère, avec l’aide de Dieu, que le roi retirera de grands avantages de celle-ci. » Et, en effet, si l’idée originale de Denain n’est pas de Villars, il se l’appropria tout à fait par la manière brillante et rapide dont il sut profiter de ce premier succès ; à la façon soudaine dont il en tira les conséquences, on aurait pu l’en croire le seul auteur et le père, et l’on peut dire que, par l’usage qu’il en fit, il éleva ce coup de main heureux à la hauteur d’une grande victoire.
Leys, à qui il était si aisé, pour sa manière archaïque, de dénier l’originalité en le déclarant un disciple pur et simple d’Albert Durer, Théophile Gautier s’y prend avec plus de ménagement ; il a toute une théorie pour le cas particulier, et il entre dans les explications les plus appropriées comme les plus favorables : « S’il est permis, dit-il, de ressembler à quelqu’un, c’est sans doute à son père, et M.
Sur quoi Bussy-Rabutin lui répondait assez agréablement : « En amour il n’est pas vrai, mon Révérend Père, qu’on ne tutoie jamais sa maîtresse ; mais vous n’êtes pas obligé de savoir cela. » Ici c’est la femme qui aime, qui tutoie son ami, et elle n’est pas sa maîtresse.
Louvois lui écrivait à Tournai, ou il commandait alors, le 22 juillet 1681 : « Monsieur, le service du roi désirant que vous fassiez incessamment un voyage pareil à celui du commencement de l’année passée79, je vous en donne avis, afin que, prétextant quelque affaire de famille, vous mandiez à vos amis en Flandre que M. votre père vous a obtenu votre congé pour deux mois, et qu’en effet vous partiez pour vous rendre entre ci et douze ou quinze jours, sous mystère, à Fontainebleau, où je vous entretiendrai et vous remettrai les ordres du roi de ce que vous aurez à faire.
Elle décrit agréablement, d’ailleurs, ce qu’elle a vu du paysage, des fêtes, des coutumes locales ; elle a là-dessus des pages accomplies : « Dimanche, dit-elle dans une lettre à son père (2 août 1846), nous avions un temps admirable.
Le duc d’Ayen, célèbre au xviiie siècle par ses bons mots, par sa satire légère et sa « perfidie revêtue de grâce », n’avait hérité que d’une partie de l’esprit de son père, qui avait plus d’étendue et qui se portait sur plus d’objets.
Je suis accoutumé à me contenir sur les choses que je désire, et qui n’ont pas été possibles jusqu’à présent, ou du moins qu’on n’a pas crues telles, et je saurai encore me contenir sur celle-ci, quoique je puisse vous assurer que j’ai un désir extrême de pouvoir connaître par moi-même un métier que mes pères ont si bien pratiqué, et qui jusqu’à présent ne m’a pas réussi par la voie d’autrui, ainsi qu’il y avait lieu de s’en flatter.
Fournier cherche à ce fait des raisons et des enchaînements qui bien probablement ne s’y trouvaient pas : « En mettant son fils à l’Oratoire, le père de La Bruyère n’aurait fait que suivre l’exemple du fameux Senault, collègue de son père dans le gouvernement de la Ligue, dont le fils était supérieur de la Congrégation, à l’époque même où La Bruyère s’y serait trouvé comme novice.
Le tient-il de son père ?
n’y a-t-il pas là un trésor, ce trésor même de la fable de La Fontaine, que recommandait le père mourant à ses fils ?
Car toutes ces discordes domestiques et ces guerres civiles littéraires n’empêchent pas, Messieurs, et tout devant moi le prouve, que les vrais lettrés, j’entends par là ceux qui aiment les lettres pour elles-mêmes, ne soient, toute rébellion cessante, d’une même cité, d’une même famille, et que le bien acquis et par les pères et par les neveux ne compose finalement le trésor de tous.
La Comtesse de Fargy se compose de deux parties entremêlées, la partie d’observation, d’obstacle et d’expérience, menée par Mme de Nançay et par son vieil ami M. d’Entrague, et l’histoire sentimentale du marquis de Fargy et de son père.
Jamais ils ne perdent complètement la tête Dans le Roman d’un fataliste, Blanche de Servières a été léguée par son père à Marc de Bréan, qu’elle n’aime pas.
Il est mauvais père.
Bergeret père, pour être un bon Audomarois, admet comme tout le monde l’existence de Putois.
Il retournait alors dans sa chère Galilée, et retrouvait son Père céleste, au milieu des vertes collines et des claires fontaines, parmi les troupes d’enfants et de femmes qui, l’âme joyeuse et le cantique des anges dans le cœur, attendaient le salut d’Israël.
[Saint-Georges de Bouhélier] Saint-Georges de Bouhélier, jeune réclamiste habile, mais écrivain inférieur même à son père, le pauvre Lepelletier de l’Écho de Paris, est, comme vous savez sans doute — il s’est fait faire tant de publicité — le chef de « l’école naturiste ». « Naturisme » peut sembler aux malveillants une imitation de « naturalisme ».
Le père, j’allais dire l’amant, de Mme de Vieumesnil, de Mme de Beauséant, gardera sa place sur la tablette du boudoir la plus secrète et la plus choisie.
Bien que jeune lui-même, il inspirait de la vénération, et plusieurs de ses compagnons d’armes le traitaient comme ils eussent fait un père.
Tant que vécut son père, ce désir purement littéraire de Frédéric prévalut sur ses autres pensées et l’engagea à des démarches, à des avances où le futur roi s’oubliait un peu.
C’est Ovide qui lui est tombé sous la main, et qu’il a lu en deux ou trois endroits ; et il interprète l’oracle gaiement, concluant de l’un de ces passages qu’il ne faut suivre, en matière de vertu et de maniement de fortune, ni la secte trop dissolue des épicuriens, ni celle, trop rigide et trop nue, des stoïques ou des cyniques, mais se rapporter tant qu’on peut, ici-bas, à la maxime du sage mondain Aristote, qui est de jouir de la vertu en affluence de biens : « Voilà comment, petit père, ajoute-t-il en parlant de lui-même, j’ai commencé à dorloter mon enfant. » Les Lettres de Pasquier, qu’il commença lui-même de publier en dix livres (1586), et qui ont été complétées après lui jusqu’au nombre de vingt-deux livres, sont d’une lecture très instructive, plus attachante à mesure qu’on s’y enfonce, et qui nous le rend tout entier avec son monde et son époque.
Trouvant de la résistance à son rappel dans l’esprit de son petit-fils et de la jeune reine, il leur écrivit en père et en roi : Vous me demandez mes conseils, disait-il à Philippe V (20 août 1704), je vous écris ce que je pense ; mais les meilleurs deviennent inutiles, lorsqu’on attend à les demander et à les suivre que le mal soit arrivé… Vous avez donné jusqu’à présent votre confiance à des gens incapables ou intéressés… (Et parlant du rappel d’Orry et d’un autre agent :) Il semble cependant que l’intérêt de ces particuliers vous occupe tout entier, et, dans le temps que vous ne le devriez être que de grandes vues, vous le rabaissez aux cabales de la princesse des Ursins, dont on ne cesse de me fatiguer.
Son père, conseiller au parlement de Bourgogne, était un grand lecteur des anciens et très occupé de géographie et d’histoire ; sa mère, femme forte, était petite-fille du grand jurisconsulte Fevret, et faite aussi pour transmettre à son fils le zèle des nobles et solides traditions.
Enfin elle peut être utile à ce frère qu’elle considère « comme celui seul que Dieu lui a laissé en ce monde, père, frère et mari ».
Demandez à un père, dont le fils donne dans l’un ou l’autre de ces travers : que fait votre fils ?
Taine), pas plus que Balzac, père de ces ravissantes créations : Madame de Mortsauf, Eugénie Grandet, Ursule Mirouët, etc., Henry Murger n’est un réaliste.
Ainsi, il y a quelques années, un père blanc s’étant noyé avant d’arriver à Ségou, on l’a retrouvé avec le nombril et la cloison du nez entièrement rongés ; ce sont les morceaux de prédilection de la faro.
C’est le mot de l’Italien qui avait tué son père et qui disait : « J’ai fait un malheur » transporté dans l’ordre moral où nous ne voulons plus voir que des malheurs et non des fautes, tant nous fluons de pitié !
Zola, avait écrit en toutes lettres les mots que le bégueulisme de nos pères indiquait autrefois par des points… Écrivain plus nerveux que coloré, et qui, maigre, maigrit et se dessécha de plus en plus, il ne retrouva jamais le peu de vermillon qu’il avait mis sur les pommettes brunes du masque de Clara Gazul.
Né d’un père très riche, il débuta par le coup de tonnerre de son article sur Milton dans la Revue d’Édimbourg, qui ouvrit toutes les portes à son ambition éveillée.
C’est la thèse qu’ont posée et soutenue partout les Pères, les théologiens et les écrivains catholiques qui ont eu à parler de l’Église depuis son établissement, — c’est la notion même de l’Église, se renversant, dans la tête humaine, si elle ne s’appuie à cette idée nécessaire d’infaillibilité.
Le talent tourne sur lui-même au lieu de s’élever au-dessus de lui-même, et c’est ce que je voudrais empêcher· Je voudrais que la Critique sauvât le talent en péril d’un jeune homme qui me semble fait pour aller aux astres, comme disaient magnifiquement nos pères, mais à la condition de purifier ses ailes de l’imitation, cette glu qu’il prend peut-être pour une gomme d’or.
Nous avons maintenant des châteaux où l’on « vacance », des villas au bord de la mer, des rendez-vous de chasse qu’on habite en passant, mais nous n’avons plus, dans son logis qui demeure, ce tout petit bourgeois rural ou ce grand paysan que nos pères ont connu.
Il allait les combattre sur le dos de Condillac leur père.
du nuage il fait tomber une goutte sur l’Océan, comme des reins du Père, il apporte une goutte. […] Un midi du cœur de l’Été par Charles Harpur, « le père grisonnant de la poésie australienne », est joli et gracieux. […] Le plus grand est le dieu du ciel, Ukks, qui est « le père des Brises », « le Pâtre des agneaux-nuages ». […] Elle répond, en ce langage simple que nous a fait aimer Fenimore Cooper : — Je suis La-Ki-Wa ; je suis la fille unique de mon père, le Grand Pin, chef des Dildoos. […] Le capital est le père de la concurrence, et la concurrence c’est le gaspillage, aussi bien que la destruction de l’énergie.
Tous les matins à sept heures, en hiver comme en été, le duc de Fronsac, par ordre de son père, se trouvait au bas du petit escalier qui conduit à la chapelle, uniquement pour donner la main à Mme de Maintenon qui partait pour Saint-Cyr169. « Pardonnez-moi, Madame, lui écrivait le duc de Richelieu, l’extrême liberté que je prends d’oser vous envoyer la lettre que j’écris au roi, par où je le prie à genoux qu’il me permette de lui aller faire de Ruel quelquefois ma cour ; car j’aime autant mourir que d’être deux mois sans le voir. […] La chartreuse du Val-Saint-Pierre est un somptueux palais au milieu d’un immense domaine, et le père procureur Dom Effinger passe ses journées à recevoir les hôtes211.
Le récit des embûches dressées en Espagne au malheureux roi Charles IV et à ses fils, l’astuce avec laquelle Napoléon attire cette cour à Bayonne et où il détrône le père par le fils, le fils par le père, est d’une implacable sévérité.
Cependant il y a une mesure pour tout, et comme, dans mon Gœtz, l’enfant, à force d’être savant, ne connaît plus son père, il y a dans la science des gens qui, perdus dans leur savoir et dans leurs hypothèses, ne savent plus ni voir ni entendre. […] Qu’en dites-vous, cher père ?
Flosshilde Gardez l’Or ; le Père a averti de semblable ennemi. […] Flosshilde Le Père l’a dit, et il nous a mandé qu’avisées nous gardions le clair trésor, pour qu’aucun fourbe au flot ne l’enlève : donc, taisez vous, ô jasante troupe.
J’en ai, de tout temps, retenu ces vers qui ne sont pas les seuls qu’on pourrait citer : Dieu, père universel, veille sur chaque espèce ; Il soumet l’univers aux lois de sa sagesse ; De l’homme elle s’étend jusqu’au vil moucheron : Il fallait tout un Dieu pour créer un ciron !
Aussitôt qu’il fut délivré de la milice, Gibbon obtint de son père de voyager pendant quelques années ; il vit Paris une première fois (janvier 1763), revit la Suisse et Lausanne, et consacra une année entière à visiter l’Italie.
Son frère, Napoléon de Buonaparte, officier d’artillerie, voyant qu’après le 10 Août les décrets de l’Assemblée législative semblaient annoncer ou plutôt confirmer la ruine de cette maison, se rendit à Saint-Cyr dans la matinée du 1er septembre 1792, et fit tant, par ses démarches actives auprès du maire de la commune, puis auprès des administrateurs de Versailles, qu’il obtint le jour même d’emmener sa sœur, dont il était comme le père et le tuteur, afin de la reconduire en Corse dans sa famille. — Il ne devait plus revenir à Saint-Cyr, converti par lui en Prytanée français, que le 28 juin 1805, déjà empereur et maître de la France, regardant d’égal à égal Louis XIV.
Les grands dangers ne sont pas finis : une révolution de palais éclate chez les Sarrasins ; les mamelouks tuent le nouveau Soudan qui avait succédé à son père.
Il avait perdu sa mère à sept ans, et son père vivait assez isolé de ses enfants.
Richelieu n’était qu’un vainqueur, il n’avait pas en lui l’étoffe d’un père.
Lorsqu’il vit en 1725, au château de Bouron, près de Fontainebleau, le roi Stanislas, père de la jeune reine, Villars reçut de ce prince toutes sortes de témoignages flatteurs ; on parla de Charles XII et de l’estime particulière qu’il avait pour le maréchal : Je me souviens avec des regrets qui me sont toujours sensibles, dit Stanislas à Villars, de l’année 1707, lorsque vous le pressiez de marcher à Nuremberg avec son armée qui était en Saxe, dans le temps que celle de France n’était qu’à vingt lieues de cette ville.
Selon cette chronique dont il se porte garant, les deux personnes qui passaient pour être filles de l’intendant et fidèle domestique de Marolles auraient tenu de plus près à ce dernier ; les gens soi-disant bien informés prétendaient qu’il était le vrai père.
Dans cette capitale de la Lorraine, Marie-Antoinette ne manque pas d’aller visiter les sépultures de sa famille, et elle se rappelle à ce sujet un vers d’Esther qu’elle récitait avec ses sœurs : J’irai pleurer au tombeau de mes pères.
Il est le chef, presque le père et le patron de toute une famille militaire.
Lord Byron, dans cette lettre, rectifie les idées fausses que les biographes français donnaient de ses parents, et il se montre, en homme vraiment délicat, plus attentif à ce qui intéresse la mémoire de son père qu’à sa réputation propre.
Le futur Louis XVIIl est même raillé dans ces lettres de la reine sur un article ou il eut toute sa vie plus de prétention et de fatuité que de réalité ; on avait dit que Madame était grosse et que Monsieur allait être père.
L’éditeur des présents Mémoires, M. le baron Malouet, a cru cependant devoir faire une note intitulée : Mirabeau, Malouet et Thiers, pour établir et venger la véracité de son père, contestée trop à la légère par l’historien.
On y loue le livre, on y loue l’auteur, on y loue les aïeux, et il a fallu tout le savoir-faire et dire de son père pour avoir échappé à quelque éloge
— Parle, aimes-tu ton père ?
N’ai-je pas cité le passage d’Adolphe où il nous peint le caractère de son père, si contraire à toute confiance et ne permettant aucune ouverture à l’affection ?
On se lance jusque dans des phrases qui semblent d’abord des niaiseries ; on parle « d’un chat qui fait la chattemitte », et « d’un saint homme de chat. » On imagine des épithètes héroïques à la façon d’Homère : « le chat grippefromage, triste oiseau le hibou, Rongemaille le rat, le milan porte-sonnette. » On change en dieux, à la façon des peuples primitifs, des conjonctions et des adjectifs. « Que-si que-non frère de la Discorde, avecque Tien-et-Mien son père. » On invente comme le peuple ces expressions hardies, étranges, qui faisaient dire à l’abbé d’Olivet qu’on fabrique plus de tropes en un jour à la halle qu’en un an à l’Académie.
Sais-je ce que je ferais si d’aventure je découvrais qu’au temps où j’étais enfant un fort galant homme a fait tuer mon père étant donné que le meurtier, aimé de ma mère et follement épris d’elle, l’a épousée et rendue parfaitement heureuse, et qu’il va du reste mourir sous peu d’une maladie de foie ?
Alphonse Daudet, qui avait, quand il voulait, une vision si originale des gens et des choses, les a vues parfois à travers les lunettes de Dickens ; Alexandre Dumas père a dans le vaste fleuve de son imagination débordante absorbé quelques petits ruisseaux ; André Chénier, qui fut un vrai poète, fut aussi par endroits un arrangeur industrieux de centons antiques.
Son père, chapelier de son état, transplanta, en 1702, sa famille à Paris, et vint loger dans le faubourg Saint-Germain, non loin de la Comédie.
Elle se nommait Marie-Anne Merlet de Franqueville ; son père était dans la finance.
Reconnaissons toutefois qu’un homme qui put être à ce point aimé de Mlle de Lespinasse, et qui, ensuite, eut le premier l’honneur d’occuper Mme de Staël, devait avoir de ces qualités vives, animées, qui tiennent à la personne, qui donnent le change sur les œuvres tant que leur père est là présent.
L’impératrice de Russie, Catherine, avait adressé un jour cette question à Mme Geoffrin, qui lui répondit par une lettre qu’il faudrait joindre à tout ce qu’a dit Montaigne sur l’éducation : J’ai perdu, disait-elle, mon père et ma mère au berceau.
Quoi qu’il en soit de ce coin réservé, son père, riche avoué de la rue Vivienne, soigna son éducation ; l’enfant fut mis en pension chez M.
Pourtant il ressemblait beaucoup à sa mère, cette propre sœur des Corneille ; il disait, avec cette indifférence qui lui était particulière en toute chose, et que la pudeur filiale elle-même n’atteignait pas : « Mon père était une bête, mais ma mère avait de l’esprit ; elle était quiétiste ; c’était une petite femme douce qui me disait souvent : Mon fils, vous serez damné ; mais cela ne lui faisait point de peine. » — Pour maintenir quelque rapport de ressemblance entre Fontenelle et son oncle illustre, une seule remarque est essentielle, et je la livre à ceux qui aiment à réfléchir sur ces liens délicats.
Mlle Anne de Lenclos (car Ninon n’est qu’un diminutif galant), née à Paris, le 15 mai 1616, d’un père gentilhomme, grand duelliste, cabaleur, esprit fort, musicien et homme de plaisir, et d’une mère exacte et sévère, se trouva orpheline à quinze ans, et très disposée à jouir de sa liberté avec une hardiesse assaisonnée d’esprit et tempérée de goût, qui allait rappeler l’existence des courtisanes de la Grèce.
Son père, M.
« Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ».
Son père, Pierre Bertaut, était gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi.
Il avait la bonhomie de croire qu’il avait négligé de faire la fortune de son nom et l’illustration de sa maison : « J’avoue, disait-il, que j’ai trop de vanité pour souhaiter que mes enfants fassent un jour une grande fortune ; ce ne serait qu’à force de raison qu’ils pourraient soutenir l’idée de moi ; ils auraient besoin de toute leur vertu pour m’avouer. » Ainsi il croyait, par exemple, que si l’un de ses enfants devenait ministre, chancelier, ou quelque chose de tel, ce serait un embarras à un personnage si considérable que d’avoir un père ou un aïeul comme lui qui n’aurait fait que des livres, Ceci même est un excès de modestie ou un reste de préjugé qu’on a peine à comprendre.
Né à Ratisbonne, en décembre 1723, d’un père qui occupait un rang respectable dans les Églises luthériennes, il fit ses études à l’université de Leipzig ; il y eut pour professeur le célèbre critique Ernesti et profita de ses leçons approfondies sur Cicéron et sur les classiques.
Cet homme distingué était né à Genève, le 30 septembre 1732, d’un père professeur de droit public qui, né à Custrin en Prusse, était venu s’établir dans la ville de Calvin, et qui tirait lui-même son origine d’une famille irlandaise.
Son illustre fille, Mme de Staël, s’est chargée depuis d’imprimer aux pensées politiques de son père un cachet de précision et d’à-propos, et de leur prêter une expression d’éclat, en composant ses Considérations sur la Révolution française, qui eurent un si grand succès dans la haute société en 1818, et qui présentèrent une théorie spécieuse à la politique de la Restauration.
Dans cette pièce, en effet, les deux amants d’abord ne mouraient pas : Blanche, malgré sa désobéissance à son père, Montcassin, malgré son infraction à la loi de l’État, trouvaient grâce devant des inquisiteurs généreux ; il y avait assaut et rivalité de grandeur d’âme, et la pièce finissait bien.