/ 2392
1519. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

le roi le met sur la nomination de Fouché, et, au lieu de dire ses raisons, de montrer les inconvénients et les suites, d’indiquer les moyens de se passer ou de se débarrasser de ce choix funeste, il demande d’abord à se taire ; puis il ne parle que pour dire : La monarchie est finie. […] Aujourd’hui il n’y a plus moyen, et jamais auteur de mémoires, en se posant, n’a plus fait pour se diminuer.

1520. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Ajoutons qu’une telle entreprise, de la part d’un homme d’autant d’esprit, et la vogue qui s’ensuivit pour le genre même, nous donnent une idée peu haute de la moralité moyenne du temps et du monde où il écrivait. […] dans cette indigne histoire ou chronique scandaleuse de son temps, n’avait-il pas trouvé moyen de mettre, à côté de Mme d’Olonne et de Mme de Montglat, sa propre cousine, cette charmante Mme de Sévigné elle-même !

1521. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les journaux, tenus alors comme aujourd’hui par des médiocrités jalouses, et livrés aux prostitutions qui rapportent, ne dirent pas un mot de l’auteur du Centaure, et comme ces journaux, qui déshonorent la gloire en la faisant, sont, en définitive, les seuls moyens de publicité qu’ait le talent littéraire dans une époque qui ne lit plus, eux se taisant, le nom de Maurice de Guérin retomba naturellement dans l’oubli. […] Il l’a dit dans des vers charmants de sentiment et de cadence, qui tombent parfois çà et là, sur une rime faible, mais trouvent le moyen de n’y pas rester et de s’envoler, Qu’importe, du reste !

1522. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Quant à la Jeanne d’Arc qui se dénonce par une pédanterie outrée de moyens, je n’ose en parler. […] Et remarquez bien que ce n’est jamais par la grimace, par la minutie, par la tricherie de moyens, que M. 

1523. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

N’est-ce pas une ambition que je qualifierais à mon tour de médiocre que celle de plaire et d’être utile à une toute petite partie de l’humanité, toujours la même, la moins facile à émouvoir, et en un sens la plus négligeable, puisqu’elle trouve autour d’elle tant de moyens de jouissance et de perfectionnement ? […] disant : « L’art est un moyen d’union parmi les hommes, … une activité qui a pour but de transmettre d’homme à homme les sentiments les plus hauts de l’âme humaine. » De tout temps, de très grands artistes ont considéré de la sorte leur mission dans le monde.

1524. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Maintenant recourons à ces preuves divines dont on a parlé dans le chapitre de la Méthode ; examinons combien sont naturels et simples les moyens par lesquels la Providence a dirigé la marche de l’humanité, rapprochons-en le nombre infini des phénomènes qui se rapportent aux quatre causes dans lesquelles nous verrons partout les éléments du monde social (les religions, les mariages, les asiles et la première loi agraire), et cherchons ensuite entre tous les cas humainement possibles, si des choses si nombreuses et si variées ont pu avoir des origines plus simples et plus naturelles. […] Qu’on juge combien il est raisonnable de chercher un moyen de certitude pour la chronologie dans les généalogies héroïques de la Grèce, et dans cette suite non interrompue des quatorze rois latins !

1525. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Elle se déguisa d’abord sous la réaction, frivole en apparence, qu’afficha la classe riche et moyenne de Paris contre les mœurs et les modes de la Terreur.

1526. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

D’après ce procédé trop absolu qu’il suit de sacrifier le moyen au grand, M. 

1527. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Mais ce n’est pas pour mettre à l’aise le matérialisme bourgeois qui fait passer l’intérêt et l’argent avant tout : contre ce qu’on pourrait appeler le scribisme, contre l’immoralité décente des classes moyennes, il maintient la nécessité de fonder le mariage sur l’amour.

1528. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Isolé au milieu d’une nature où tout pour lui était mystère, effaré à chaque manifestation inattendue de forces incompréhensibles, il était incapable de voir dans la conduite de l’univers autre chose que le caprice ; il attribuait tous les phénomènes à l’action d’une multitude de petits génies fantasques et exigeants, et, pour agir sur le monde, il cherchait à se les concilier par des moyens analogues à ceux qu’on emploie pour gagner les bonnes grâces d’un ministre ou d’un député.

1529. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Le prêtre, par état, pousse toujours au sacrifice public, dont il est le ministre obligé ; il détourne de la prière privée, qui est un moyen de se passer de lui.

1530. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Ce jeune homme deviendra un bon soldat et un courtisan d’adresse moyenne.

1531. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Il y en a deux autres, dans le cours de cet Apologue, que j’ai vu citer et appliquer à un très-méchant homme, qui était destiné à avoir de grands moyens de servir et de nuire, et qui avait au moins le mérite d’être attaché à ses amis.

1532. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

On pénètre dans les uns par de longues cavernes, dont on ferme l’entrée avec des quartiers de roche ; on ne peut monter dans les autres qu’au moyen d’une corbeille suspendue.

1533. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

C’est l’âme humaine dans son action, dans son jaillissement, l’âme humaine frappant sur l’âme humaine sans autres moyens qu’elle-même ; car Shakespeare se souciait bien du décor, du costume, et de toutes ces recherches byzantines d’un art qui se fait savamment petit, depuis qu’il a cessé d’être grand !

1534. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

IV Il y aurait peut-être moyen de vivre cependant… J’ai dit plus haut que dans M. 

1535. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Deltuf a trouvé le moyen de raconter dans la langue exquise et contenue d’une femme, qui reste d’une noblesse parfaite et qui se guérit si tristement de sa folie en se moquant d’elle-même avec une si courageuse gaieté !

1536. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité.

1537. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Par exemple, si l’on voulait expliquer pourquoi la différenciation a crû dans les sociétés modernes, pourquoi les groupements partiels s’y sont multipliés et entrecroisés, il faudrait tenir compte non pas seulement de l’augmentation du nombre des hommes agglomérés, mais des fins diverses qu’ils se sont fixées, et des moyens que la nature ou l’industrie a mis à leur disposition pour réaliser ces fins.

1538. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Frotho, roi de Danemark100, ordonna que toutes les contestations se terminassent par le moyen du duel : c’était défendre qu’on les terminât par des jugements selon le droit.

1539. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Il lui racontait les moyens qu’il employait pour tenter les chrétiens. […] Ce Dufresne imagina un jour un singulier moyen, ou si l’on veut, une singulière ficelle, pour produire de l’effet sur les spectateurs. […] Tour à tour grammairien, humaniste, poëte, antiquaire, prédicateur et romancier, il possédait le caractère le plus hautain, le plus difficile, et trouvait le moyen de se brouiller avec tout le monde. […] Ce moyen parut si ingénieux et si équitable, qu’à partir de ce moment, il devint une règle toujours suivie. […] Enfin, les malheurs de l’exil finirent pour lui ; à la mort du Régent, ses liaisons à l’étranger lui fournirent les moyens d’être utile au pays ; il obtint son rappel.

1540. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Très vite, nous apercevons que c’est toute une offensive qui recommence, avec des moyens abondamment renforcés. […] Tout est faussé, lorsque les savants confondent les moyens et la fin. Le travail des savants ne doit être que moyens : et, la fin, c’est la vérité. […] Pour les réduire à l’impuissance, pour les empêcher de retarder les destinées humaines, il n’y a qu’un moyen : la guerre. […] Ses deux moyens : l’observation, la psychologie.

1541. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Alors, l’image n’est plus un ornement, mais un moyen d’expression. […] Il ne cherche pas à la rendre pathétique par d’autres moyens, par l’invention de péripéties dramatiques, par la vivacité du sentiment, par l’accent du discours. […] … Elle ne consiste pas à faire des combinaisons nouvelles au moyen d’« êtres mathématiques » existants et déjà connus. […] Ils ne conçoivent plus l’art comme un moyen d’expression, mais ils se réjouissent d’une sorte d’inutile habileté. […] Et ainsi la rapidité vertigineuse est rendue par les moyens les plus simples, les mieux conformes aux lois de l’art sculptural.

1542. (1887) Essais sur l’école romantique

Il était parti sans provisions de voyage, il n’avait pas, comme l’écrivain vulgaire, préparé d’avance ses moyens d’effet ni jalonné sa route ; insouciant, presque négligé, que sais-je ? […] Il faut voir quels soins empressés, ingénieux, il prend de la jeune fille ; comme il la porte avec précaution dans ses bras ; comme il sait l’entendre sans qu’elle parle, et lui obéir sans qu’elle commande ; comme il a peur de la blesser par la vue de ses difformités, et comme il se tourmente pour chercher les moyens de la voir sans en être vu. […] Ce n’est pas que le roman soit immoral de propos délibéré, ni qu’il veuille séduire la société par les moyens qu’on prend pour séduire une femme. […] Le drame n’a certes pas à se plaindre de toutes ces industries secondaires qui ont fait si peu pour Corneille, Racine et Shakespeare., Mais toutes ces industries sont à fin de moyens. […] Un sens moyen soulage ceux qui seraient tentés de quelque indulgence, et met à l’aise ceux qui voudraient blâmer avec restriction.

1543. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Je crois que Flaubert n’est jamais un réaliste à proprement parler, c’est-à-dire un simple observateur de la réalité moyenne. […] La littérature est aussi un art et ne doit négliger aucun moyen d’expression. […] La déportation était peut-être le seul moyen sûr dont disposât l’Europe pour se débarrasser de Napoléon. […] Frédéric Masson, est, en somme, un Anglais moyen, normalement imbu des préjugés alors dominants dans son pays. […] C’est par des moyens analogues que Dante fixa pour des siècles la langue italienne.

1544. (1886) Le roman russe pp. -351

Il n’y a peut-être qu’une règle, c’est d’éclairer par tous les moyens l’objet que l’on montre, de le faire comprendre et toucher sous toutes ses faces. […] Il prend l’homme dans les conditions communes, les caractères dans le train de chaque jour, moyens et changeants. […] Je crois bien qu’il a versé tout le contenu de son âme dans celle de Julien Sorel ; c’est une âme méchante, très inférieure à la moyenne. […] En Russie, ces classes moyennes manquaient, elles manquent encore ; rien ne pouvait combler l’espace vide, le pérélom, comme on dit là-bas. […] Le talent est dans la proportion exquise entre le réel et l’idéal ; chaque détail reste réel, dans la moyenne humaine, et l’ensemble baigne dans l’idéal.

1545. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Quant à l’argenterie, elle était en simple fer battu, car le vicomte de Ruolz n’avait pas trouvé le moyen de fixer son argenture sur le maillechort, et le bahut n’avait pas encore bahuté, comme on dit en termes d’inventeur. […] Tout moyen lui était bon, le pinceau, la plume, le crayon, le grattoir. […] Mais il n’y a pas eu moyen. […] Épris d’un idéal abstrait, il veut gouverner sans les moyens de gouvernement ; comme un ministre de l’âge d’or il ferme l’oreille aux chuchotements de la police, et ne sait pas que la vie du prince est menacée et que son propre honneur est compromis. […] Cela tient à ce que ces deux grands maîtres créent par une sorte de vision intérieure qu’ils ont le don de rendre sensible avec les moyens qu’ils possèdent, et non par l’étude immédiate du sujet.

1546. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Mais nous sommes aussi de ces gens qui, tout en déplorant la fatale éducation des anthropophages, et en reconnaissant que les cannibales sont des hommes, ont soin cependant de les tenir à distance, et ne se hasardent au milieu d’eux qu’en nombreuse compagnie et armés de moyens de défense plus efficaces que des harangues sur l’universelle fraternité du genre humain. […] Aussitôt que Modeste est amoureuse, Modeste cherche un moyen de connaître l’objet de son affection. […] c’est pour arriver à elle que le pittoresque est devenu moyen principal dans la poésie et que tous les inconvénients du genre didactique ont envahi les livres modernes. […] Il a passé tant de temps à s’user les yeux sur des perfections problématiques ; il a si bien connu les secrets de la patience et les moyens de découvrir le bien là où il doit se trouver, qu’il est possesseur de mille secrets dont les critiques n’ont pas d’ordinaire la science. […] On veut absolument avoir avec son livre en mains, le moyen de soulever tous les voiles qui nous cachent les grâces attiques, et lui n’a jamais prétendu qu’à nous donner le secret de quelques perfections perdues dans ce qu’on a appelé, bien sottement du reste, des époques de décadence.

1547. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Arcadi Pavlitch est d’une taille moyenne, sa tournure est élégante, ses traits ne manquent point d’agrément, et il a un soin tout particulier de ses mains et de ses ongles ; ses joues et ses lèvres vermeilles respirent la santé, il rit avec éclat, de bon cœur, et sait au besoin imprimer à ses yeux clairs un clignotement gracieux qui ajoute encore à la séduction de ses prévenances. […] Pas moyen d’ailleurs de le corrompre : ni l’eau-de-vie, ni l’argent n’avaient prise sur lui ; il ne se laissait séduire par rien. […] Je connaissais le moyen de lui faire passer quelques instants agréables. […] — N’y aurait-il pas moyen, pensai-je en moi-même, de le tirer d’ici ?

1548. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

— Non, ce n’est pas notre but ; sans cela, nous serions tous heureux : on ne verrait pas tant de misérables ; Dieu nous aurait donné les moyens de remplir notre but ; il n’aurait eu qu’à le vouloir. Ainsi, Kobus, il veut que les oiseaux volent, et les oiseaux ont des ailes ; il veut que les poissons nagent, et les poissons ont des nageoires ; il veut que les arbres fruitiers portent des fruits en leur saison, et ils portent des fruits : chaque être reçoit les moyens d’atteindre son but. Et puisque l’homme n’a pas de moyens pour être heureux, puisque peut-être en ce moment, sur toute la terre, il n’y a pas un seul homme heureux, ayant les moyens de rester toujours heureux, cela prouve que Dieu ne le veut pas.

1549. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

. — En considération des beaux ouvrages qu’il a donnés au théâtre, et pour lui donner moyen de les continuer, 2 000 livres. Au sieur Molière. — Par gratification, et pour lui donner moyen de continuer son application aux belles-lettres, 1 000 Au sieur Racine. — Pour lui donner une marque de l’estime que Sa Majesté fait de son mérite, 600 Croyez-vous que ces notes, écrites de la main du roi, n’aient pas été, pour les poètes dont il est ici question, un encouragement plus réel que les sommes comptées par le trésorier. […] Buloz se trouvait donc dans l’heureuse position d’un homme qui, chargé de chasser la littérature moderne du Théâtre-Français, a reçu, comme nous l’avons dit, des mains de son prédécesseur, le moyen de neutraliser l’influence de la tragédie contemporaine et du drame actuel, en faisant revivre, grâce à un talent inattendu et inespéré, la littérature des maîtres morts. […] Ce serait le seul moyen de lui rendre son libre arbitre.

1550. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Soulary possède à merveille la langue poétique de la Renaissance, et, grâce à l’emploi d’un vocabulaire très-large, mais toujours choisi, il a trouvé moyen de dire, en cette gêne du sonnet, tout ce qu’il sent, ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, tout ce qui lui passe par le cœur, l’esprit ou l’humeur, son impression de chaque jour, de chaque instant.

1551. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Sans doute, le bon sens élevé a toujours moyen de juger : même à défaut d’œuvres bien assises et harmonieuses, on pourrait se prononcer, regretter, désirer, indiquer son blâme ou son espérance.

1552. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

C’est par ce moyen que vous pourrez reconnaître si une religion et une philosophie sont une véritable religion, une véritable philosophie.

1553. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

En général, George Sand est un auteur beaucoup moins excentrique et moins extraordinaire que la badauderie d’une certaine renommée ne le voudrait faire ; ses moyens sont très souvent simples ; ce qu’il a d’extraordinaire avant tout, c’est son talent.

1554. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Les échanges furent perpétuels ; l’équilibre tendait à se rétablir par ce moyen entre les deux théâtres et entre les deux littératures.

1555. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Elle est favorisée en partie par le droit lui-même qui fournil au justiciable, par ses variations et ses contradictions, des moyens de tourner la loi, d’opposer la loi à elle-même, de passer à travers les mailles du code.

1556. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Le seul moyen de reconquérir sa liberté, c’est de faire à sa célébrité le sacrifice d’une soirée.

1557. (1890) L’avenir de la science « IX »

— À quelle époque l’humanité ou chaque race est-elle apparue sur la terre   Cette question devrait se résoudre par le balancement de deux moyens : d’une part, les données géologiques ; de l’autre, les données fournies par les chronologies antiques et surtout par les monuments.

1558. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Ils s’obstinent à ne vouloir point parler la même langue ; ils n’ont d’autre langage que le mot d’ordre à l’intérieur et le cri de guerre à l’extérieur : ce n’est pas le moyen de s’entendre.

1559. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Après avoir exposé la justice de sa cause, il crut que le plus court moyen d’achever de triompher seroit d’opposer cahiers à cahiers.

1560. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Sans croire, comme certains philosophes, que la nature partage également bien tous ses enfans, il est pourtant certain que c’est l’éducation qui met, entre un homme et un autre, l’énorme différence qui s’y trouve quelquefois : c’est d’ailleurs une opinion qu’on ne saurait trop répandre, parce qu’elle est le meilleur moyen d’encourager les réformes que l’on peut faire dans l’éducation, réformes sans lesquelles il est impossible de changer les fausses opinions et les mauvaises mœurs.

1561. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Je serais du moins content, si après m’avoir obligé à écrire des sottises, vous vouliez prendre la peine de les redresser : mais vous n’en ferez rien ; vous êtes comme Dieu, qui dit aux hommes, je veux être obéi, et qui ne s’embarrasse guère de leur en faciliter les moyens.

1562. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

III Le livre de l’abbé Huc, qui ne parle que du passé du Christianisme à la Chine, n’avait point à indiquer ces choses ; mais il les soulève fatalement dans l’esprit du lecteur, selon cette parole, vraie pour le coup, d’un esprit célèbre, qui fut trop souvent dans le faux : « Le passé est gros de l’avenir. » Nous le répétons, ce qui nous a frappé et comme accablé dans la lecture de ces deux volumes, c’est la grandeur de la vie et de la mort des missionnaires, ces héros de l’Église romaine ; c’est aussi la grandeur des moyens employés par eux pour fonder quelque chose de vaste et de solide, et cependant la petitesse des résultats qu’ils ont obtenus !

1563. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

… En histoire, les résultats importent seuls, et l’Histoire les sait et les dit sans avoir besoin de connaître les infiniment petits moyens à l’aide desquels ils ont été obtenus, en supposant qu’on pût les dire, — ce qui n’est pas.

1564. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Il savait bien, le grand ministre, qu’elle ne serait jamais, dans l’avenir comme dans le présent, autre chose qu’une moyenne d’intelligences distinguées de différent degré, avec, de temps en temps, l’aérolithe de quelque homme de génie qui lui tomberait du ciel, quand elle aurait l’esprit de le ramasser.

1565. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

On a beau se faire du xviiie  siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse qui sera au Temple tout à l’heure !

1566. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

On a beau se faire du xviiie  siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse, qui sera au Temple tout à l’heure !

1567. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Le moyen d’être impersonnel avec cela ?

1568. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

… Mais Prescott, dédaigneux de ces moyens d’effet, éparpille les traits de ses figures, au lieu de les concentrer.

1569. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Lorsqu’il n’y a plus rien à faire, rester les bras croisés est encore le meilleur moyen de préserver ses mains contre ceux qui veulent vous les prendre et qui pourraient vous les salir.

1570. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Et dire comment et par quels moyens cette traduction était possible, le dire nettement, voilà la politique sacrée comme en ferait Bossuet à cette heure et que nous attendions du P. 

1571. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Chastel condamne implicitement la grande ressource économique du catholicisme, cet ascétisme sublime qui fut une des causes du salut de l’ancien monde, et qui ne serait plus un moyen puissant contre le paupérisme de notre âge !

1572. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Elle était la fille légitime de l’Église, qui, pour le chrétien, est Dieu sur la terre, et elle fut la plus grande et la plus puissante de toutes les monarchies du monde tout le temps qu’elle eut le profond respect de sa mère… Pour Maurice de Bonald, le mal qui prit la monarchie et dont elle est absolument morte, si Dieu ne la ressuscite pas par des moyens présentement inconnus à toute prévoyance humaine, n’est pas d’hier.

1573. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

C’est que les promoteurs, pour atteindre leur but grandiose, ont proposé des moyens trop restreints et que leur œuvre en demeure comme paralysée.

1574. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Aussi lorsque Tite-Live nous dit en général que les asiles furent le moyen employé d’ordinaire par les anciens fondateurs des villes, vetus urbes condentium consilium , il nous indique la raison pour laquelle on trouve dans l’ancienne géographie tant de cités avec le nom d’Aræ.

1575. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Comme la contemplation de la nature est une des choses qui répondent le mieux à cette paix de l’âme et à ce ton moyen de la poésie, nul doute qu’elle n’eût souvent place dans les vers d’Aleman.

1576. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

La perfection d’une chose, c’est son harmonie intérieure, l’accord des moyens qui concourent à sa fin, l’union des qualités qui conviennent à son idée. […] Et quand on pense qu’il y aurait moyen d’effacer cette contradiction, de les effacer toutes, par urne phrase, une seule petite phrase ! Mais Uranie méprise ce moyen.

1577. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Lorsqu’on a écouté un beau timbre plein et frappant, par exemple une note haute et prolongée de violoncelle, une note moyenne et prolongée de clarinette ou de cor, si tout d’un coup ce son cesse, on continue pendant quelques secondes à l’entendre mentalement, et quoique, au bout de quelques secondes, son image s’affaiblisse et s’obscurcisse, on continue, pour peu que le plaisir ait été vif, à la répéter intérieurement avec une justesse singulière, sans laisser échapper presque aucune parcelle de son velouté et de son mordant. […] Le malade n’a pas eu de rechute. » Ici, au lieu de fortifier le réducteur spécial, on a supprimé l’excitateur spécial, et obtenu le même succès par un moyen opposé. […] Parfois ainsi un fil accroche un poids du second plateau à un poids du premier ; le premier ne peut plus descendre, et nous avons une illusion proprement dite ; le moyen précédent n’est plus de mise, ce serait vainement qu’on ajouterait de nouveaux poids ; il faut ôter du premier plateau le poids qui par son fil maintient de niveau les deux plateaux malgré l’inégalité de leurs charges.

1578. (1909) De la poésie scientifique

Or, nous ne savons, en dehors de l’habitude spéculative des esprits philosophiques, (mais encore quelle superstition ne se veut séparer de ce mot même), quelle idée il évoque de surnaturel et de divin encore, et de prescience et de révélation illuminante dont |e Moi humain comme avec passivité ne serait point lui-même la cause… Ainsi, c’est très souvent que l’on peut relever la méprise entre la cause et l’effet, entre le moyen et la fin24. […] Ce n’est de cette évolution qu’un Moyen  pour parvenir à plus d’harmonie et d’énergie équilibrée. […] Dans En méthode nous avons montré, par exemple, comment le principe de « lutte pour l’existence » ne doit point être pris pour Fin de l’énergie, tandis qu’il n’en est qu’un Moyen : d’où la non acceptation des conclusions de Spencer et de Nietsche.

1579. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Le voici, aussitôt, qui se met à parler de la parenté de ces images avec Giotto, avec les primitifs, à parler d’une perspective commune à ces deux arts — obtenus chez les Italiens, par des moyens plus timides, moins choquants — d’une perspective qui met en vue le centre de la composition, et permet de la peupler avec un monde, au lieu d’y placer deux ou trois têtes mangeant tout. […] Il ajoute : « Il y a bien un moyen terme, j’ai des amis excellents et très dévoués, qui veulent bien s’occuper de tout le détail, mais tous les mécontents, tous les non-satisfaits de Meurice et de Vacquerie, en réfèrent à moi, me dérangent. […] 24 octobre Hier, en dînant, le nez dans un journal — c’est pour moi le seul moyen de manger, quand je dîne seul — je suis tombé, sans que rien ne pût me le faire présager, je suis tombé sur la nouvelle de la mort de Théophile Gautier.

1580. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

II Tout l’appareil des descriptions, des personnages, de la composition, de la forme qui sont les moyen par lesquels l’auteur tend à reproduire fictivement certaines parties et certains aspects de la réalité, forment au total un spectacle dont la beauté se mesure à l’importance et à l’intensité des émotions qu’il suscite. […] Les œuvres de Tolstoï tendent à représenter une société entière ; ils en embrassent et le contenu moyen et les extrêmes de conditions, d’événements, de caractères, de scènes, d’âge ; ils la reproduisent non de haut, de loin, vaguement, par synthèses et abstractions, mais de près, par des descriptions où le lecteur se sent comme mis face à face avec la réalité, par des personnages étrangement vivants et individuels. […] De ces personnages si près d’être vertueux, les principaux sentent confusément ou nettement la nécessité de justifier devant eux-mêmes leurs actes et souffrent de l’impossibilité où est tout homme pensant de vivre justement et heureusement pour soi, quand ce soi est un phénomène éphémère d’au plus une soixantaine d’années de durée moyenne.

1581. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Dans l’ode sur la prise de Namur, on lit un couplet contre Fontenelle, qui prit sa revanche au moyen d’une épigramme contre la satyre des femmes nouvellement publiée : mais cette satisfaction fut de courte durée. […] En effet, si l’on employoit ce moyen, on verroit que la différence est à notre avantage : on s’appercevroit du progrès des arts : on en laisseroit l’invention aux anciens ; & encore ont-ils connu celle de l’imprimerie, des glaces, des pompes à feu, de la poudre, du canon, des estampes, de la physique expérimentale. […] Les dit il, répondit-elle, répliqua-t-il, reprit-elle, interrompit-elle, toutes ces liaisons parasites disparoissent par ce moyen, & l’on sauve cette monotonie.

1582. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Chacun de ses livres est un bienfait, et les défauts que nous y rencontrons sont peut-être à ses yeux les qualités les plus fortes, parce qu’ils sont des moyens, parfois volontairement naïfs, de mettre en relief les tares qu’il combat. […] Car il ne serait pas un sociologue s’il ne fournissait un moyen de transformer la société. […] … Il y a moyen d’étudier les questions les plus graves sans être ennuyeux.

1583. (1926) L’esprit contre la raison

D’ailleurs, si nul ne peut même songer à en vouloir aux beaux animaux de sang assez riche, de chair assez confusément opulente pour opposer une tête et un corps en toute spontanéité victorieux des pièges sentimentaux et des méchancetés de l’intelligence, quel moyen d’accepter les calembredaines et syllogismes truqués des anémiques, sots et pédants qui, à grand fracas, se réclament de civilisationl, parlent avec ostentation de vie morale et, en fait, se contentent d’user de principes à double fond pour composer un bonheur dont la source n’a point jailli de ce morceau d’eux-mêmes où il eût été, sinon héroïque, du moins décent qu’ils tentassent de la faire sourdre. […] Il a voulu épargner ses jambes et ses heures, mais il a usé ses jambes et ses heures à chercher le moyen de les épargner. […] Le suicide est un moyen de sélection.

1584. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

J’ai vraiment l’âme chagrine de voir un si beau faire, un moyen aussi rare, aussi prétieux, si propre à de grands effets, et réduit à rien. […] La terre sera la mieux cultivée qu’il est possible ; ses productions diversifiées, abondantes, multipliées, amèneront la plus grande richesse, et la plus grande richesse engendrera le plus grand luxe : car si l’on ne mange pas l’or, à quoi servira-t-il, si ce n’est à multiplier les jouissances, ou les moyens infinis d’être heureux, la poésie, la peinture, la sculpture, la musique, les glaces, les tapisseries, les dorures, les porcelaines et les magots ? […] Et celui qui leur suggéra les moyens de rompre les liens les plus sacrés qui les unissent par l’appât irrésistible de doubler, tripler, décupler leurs fortunes !

1585. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Audin croyait peut-être, à cette époque de sa vie, qu’être magnanime pour les protestants était un noble moyen de les accabler. […] Moyen comme un autre de développer l’abnégation dans les âmes chrétiennes ; mauvais moyen de servir une cause que nos ennemis s’entendent mieux à ruiner que nous à défendre !

1586. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Avec une moyenne de cinq romans par romancier, c’est donc trente mille volumes environ qu’il m’eût fallu dépouiller pour écrire mon livre. […] Pour nous communiquer une vision exacte des choses, il faudra qu’ils transposent dans leur style les moyens de la peinture. […] Les « classes moyennes » le dégoûtent. […] Que ce souci de l’actualité, ce soin de flatter le goût du public, ôtent de ses moyens au romancier, la chose, je pense, n’est point contestable. […] La clientèle des feuilletonistes, ce n’est même plus ce public moyen, vaguement teinté de notions littéraires, des romans de M. 

1587. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Ou bien, si vous ne voulez pas les laisser tranquilles, n’enlevez pas à ces bêtes leurs moyens de défense. […] Or, ce que nous cherchons, ce sont les moyens d’être riche « artistement ». […] Vous, monsieur, vous avez trouvé un moyen de dépenser avec noblesse les funestes revenus dont vous êtes embarrassé. […] Tous les moyens ont dû lui être bons pour cela. […] Bernhardt a perdu la faculté de comprendre et de traduire les sentiments moyens, ceux de la vie de tous les jours.

1588. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Peut-être quelques assassinats, intelligemment choisis, sont, dans les temps révolutionnaires, le seul moyen pratique de retenir la hausse dans des limites raisonnables. […] Tenez, il y a peut-être un moyen d’arranger cela. […] Pas de mairie, et pas moyen d’obtenir un permis d’inhumer. […] Il s’imagine sauver la France actuelle, avec du dilatoire, de la temporisation, de l’habileté, de la filouterie politique, de petits moyens pris sur la mesure de sa petite taille. […] L’idée de la déportation fut accueillie par sa cervelle amoureuse de voyage, comme un des moyens les plus simples pour faire des milliers de lieues sans payer, et de réaliser enfin ses rêves de pays exotiques.

1589. (1864) Le roman contemporain

Mais, puisque voilà le romancier du demi-monde en train de devenir législateur, qu’il trouve donc aussi un moyen qui dispense les héritiers impatients de souhaiter la mort de leurs pères ou de devenir parricides. […] Du moment que le tribunal a renvoyé l’auteur de l’ouvrage sans condamnation, ces poursuites sont devenues un moyen de succès. […] Le philosophe, avant de laisser la parole au poète, aurait bien dû nous indiquer le moyen d’atteindre ce triple but. […] Quand on sait que la souffrance est un décret divin, le résultat de la déchéance, et un décret de miséricorde, car c’est le moyen de la réhabilitation, on la supporte d’un cœur plus ferme, parce que la colère s’éteint dans la résignation et dans l’espérance. […] À la fin justifiant les moyens, à la souveraineté du but.

1590. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Elle arrive trop tard pour quelques-uns, trop tôt, je le reconnais, pour quelques autres ; en moyenne elle arrive à temps. […] Un bon moyen de songer à Dieu, c’est précisément de ne pas trop songer à la vie. […] L’abaissement de l’Autriche est le premier but ; mais ce premier but lui-même n’est qu’un moyen, et le but suprême est ailleurs. Dès lors tous ses moyens sont prêts. […] Il doit nous forcer à faire notre examen de conscience, cet examen qui nous est prescrit aussi bien par l’Église protestante que par l’Église catholique, et aussi bien par l’école stoïcienne que par l’Église chrétienne et que nous ne faisons jamais, si l’on ne trouve pas le moyen de nous y contraindre par de rudes et contraignants avertissements.

1591. (1923) Nouvelles études et autres figures

Mais le moyen de réhabiliter Persès ? […] Il a rapporté tout un chargement de pamphlets, et, sous le nez de la police anglaise qui le surveille, il s’est avisé d’un nouveau moyen de propagande. […] Au point de vue intellectuel, il est dans la haute moyenne : rien de plus. […] Elles lui ont seulement donné le moyen d’acquérir un sens plus complet et plus aigu de la vie moderne. […] Cette direction consommait en moyenne un directeur tous les quinze mois.

1592. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Mais « la nouvelle, dites-vous, « pouvait arriver d’un moment à l’autre au camp. » Par quel moyen ? […] Il n’y avait pas moyen de l’obliger.

1593. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Romilly, dans son Journal particulier, invoque, à cette occasion, le témoignage de Sismondi lui-même, qui lui avait certifié que, dans la seule ville de Pescia qu’il connaissait bien, le chiffre des assassinats, avant l’intervention de la France, et depuis qu’on était délivré du joug français, avait été et était redevenu, terme moyen, de un par semaine, tandis qu’il ne s’en était commis presque aucun tant que la ville avait été sous l’autorité française. […] Le goût des voyages lui avait passé ; il s’était attelé à cette longue et interminable entreprise de l’Histoire des Français, qu’il devait mener jusqu’au vingt-neuvième volume sans la finir ; il trouvait encore, à travers cela, le moyen de plaider pour une économie politique moins hâtive que celle qui a prévalu, pour une science moins avide de résultats généraux et de satisfactions théoriques et plus soucieuse des individus, plus compatissante pour les générations qui vivent et qu’on ne supprime pas en un clin d’œil.

1594. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Le Saint-Simonisme bientôt alla plus loin dans la théorie des hommes providentiels qui ont toujours raison, en qui l’origine et la fin justifient les moyens, et qui marchent sur la terre et sur les eaux en vertu du droit divin des révélateurs. […] D’après ce procédé trop absolu qu’il suit de sacrifier le moyen au grand, M.

1595. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Le moyen fige, comme l’antiquité héroïque, nous offrirait çà et là de ces heureuses surprises, depuis Alfred pénétrant en ménestrel dans le camp des Danois, jusqu’à Richard Cœur-de-Lion appuyant à la fenêtre de sa prison la harpe du trouvère. […] Ces lettres contiennent, au reste, assez d’indications indirectes pour qu’en s’y appliquant on ait le moyen peut-être d’en déterminer la source.

1596. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

En effet, si maintenant je retourne en arrière jusqu’à mon arrivée à l’auberge, je revois le vieux chêne à vingt pas de la maison, deux ou trois troncs abattus et une douzaine de polissons qui vaguent ou dorment sous la tiédeur du soleil du soir ; ainsi, en évoquant le point de jonction, c’est-à-dire le commencement de l’image, j’ai fourni à l’image le moyen de renaître tout entière. — C’est qu’à vrai dire il n’y a pas de sensation isolée et séparée ; une sensation est un état qui commence en continuant les précédents et finit en se perdant dans les suivants ; c’est par une coupure arbitraire et pour la commodité du langage que nous la mettons ainsi à part ; son commencement est la terminaison d’une autre, et sa terminaison le commencement d’une autre. […] « Le valet de chambre d’un ambassadeur espagnol, garçon de moyens ordinaires et que ses fonctions faisaient souvent assister à des conversations importantes, paraissait n’en avoir jamais rien retenu.

1597. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Il a donné à l’homme, en le créant, les instincts innés qui le forcent à vivre en société politique, parce que la société politique est le moyen de perfectionner l’individu en élargissant sa sphère par la famille, l’État, l’humanité, cette trinité de devoirs. Ce perfectionnement de l’homme par la société civile et politique s’accomplit, pour le corps, par le développement des industries matérielles, des moyens, des forces, des découvertes qui ont la vie terrestre pour fin.

1598. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Le meilleur moyen de connaître ce qu’est l’esprit français, c’est de connaître tout ce qu’il n’est pas. […] Les aspirations qui renforcent les sons ne figurent, dans le corps de ses règles, qu’à titre d’exceptions ; les atténuations ou les élisions de certaines parties de mots, qui semblent des moyens d’éluder certaines difficultés de prononciation, y sont inconnues.

1599. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Ce ne sont, toutefois que des écrivains à consulter un seul ouvrage, dans cet ordre, est à lire, parce qu’il a défendu la bonne politique du temps par des moyens et avec un art qui sont de tous les temps : c’est la Satire Ménippée. […] Peut-être même Charron est-il le seul de nos moralistes : qui, nous ayant montré les diverses faiblesses de notre nature, nous ait indiqué pour chacune les moyens d’y remédier.

1600. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

A qui croit-on, par exemple, qu’il fasse allusion dans les lignes qui suivent : « Et ici, Ménandre, avant que de passer outre, admirons ensemble les moyens dont Dieu se sert pour procurer le repos du monde, et le soin qu’il a de trouver quelquefois le bien public dans le malheur des particuliers. […] Après un récit qui a pu paraître extraordinaire à l’aimable précieuse, il ajoute : « Il me vient de tomber dans l’esprit que vous imaginerez que tout cela est faux, et que ce que j’en ai dit n’était que pour trouver moyen de remplir ma lettre.

1601. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Vous avez à subir un sortilège, pour l’accomplissement duquel ce n’est trop d’aucun moyen d’enchantement impliqué par la magie musicale, afin de violenter votre raison aux prises avec un simulacre, et d’emblée on proclame : Supposez que cela a lieu véritablement et que vous y êtes ! […] Mais il se borne à imiter ses prédécesseurs en les surpassant selon ses moyens ; et bientôt un autre le laissera loin derrière lui en renversant toute la boutique des opéras à clinquant et en elevant un monument lyrique dans lequel la Poésie, la Musique, l’action et les decors seront combinés en vue d’un effet commun. » Mais c’est avec Hegel que sont les rapprochements les plus nombreux et les plus importants.

1602. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Le père du réalisme, c’est Goethe en personne ; pourquoi ne pas le dire, puisque le meilleur moyen de déconcerter nos faux réalistes, c’est de les confronter avec le grand esprit dont ils ont si mal interprété le système ? […] Il y avait pourtant un moyen de relever ces peintures africaines et de leur donner l’intérêt qui leur manque : c’était d’opposer à la barbarie orientale cette civilisation gréco-latine qui devait accueillir plus tard si naturellement la lumière de l’Évangile, et qui déjà en ces siècles sombres était le salut du genre humain.

1603. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Et d’abord, le moyen du scepticisme n’est-ce pas l’ironie, la formule la moins accessible aux épais, aux obtus, aux sots, aux niais, aux masses ? […] Sans goût littéraire, mais fureteur sagace, intelligemment curieux, le seul homme, à l’heure présente, qui dans la presse soit un chroniqueur un peu universel, un peu informé de ce qui court, de ce qui se dit, de ce qui se fait, le seul ayant des oreilles autre part que dans le café du Helder et dans le petit monde des lettres, sur la pointe du pied, à la porte entrebâillée du monde, et de tous les mondes, du monde des filles au monde de la diplomatie, écoutant, pompant, aspirant ce journal de la vie contemporaine qui n’est nulle part imprimé, à la piste de tous les moyens d’information, ayant essayé par exemple, nous dit-il, de donner des dîners où il faisait asseoir toutes les professions à sa table, espérant que chaque spécialité se confesserait à l’autre, et que toute l’histoire intime et secrète de Paris débonderait au dessert, de la bouche du banquier, du médecin, de l’homme de lettres, de l’homme de loi.

1604. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Il est arrivé à ne distinguer que difficilement les poids avec lesquels il fait de la gymnastique, à ne reconnaître qu’avec un effort, les gros des moyens, les moyens des petits.

1605. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Son christianisme est une moyenne entre les diverses églises chrétiennes ; c’est un minimum de christianisme dont il se contente pour échapper au rationalisme. […] Quand il s’agit d’opinions humaines, d’écoles philosophiques, de partis politiques, je comprends très-bien que l’on puisse prendre une moyenne entre des doctrines diverses, que l’on puisse s’entendre sur un minimum d’opinions dans une profession de foi.

1606. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

vous me criez aux oreilles, vous entrez ici comme la tempête, vous déclamez à outrance, vous me faites mal, vous me faites peur : le moyen de raconter une si honnête histoire au milieu de tout ce bruit que vous faites là ! […] Le moyen d’être jaloux de pauvres diables qui ne seraient pas enterrés en terre sainte, et qui devaient brûler inévitablement et sans rémission dans le feu éternel ?

1607. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La parole imaginaire est surtout intéressante à titre de transition, de moyen terme, entre la parole extérieure et cet élément vocal de la pensée réfléchie qui est la vraie parole intérieure ; elle nous permet de rattacher celle-ci à son premier modèle et de remonter à ses origines. […] A l’appui de cette dernière affirmation, nous citerons l’observation suivante, déjà préjugée plus haut, mais sur laquelle il est bon de revenir et d’insister : La parole intérieure calme, écho d’un écho, n’a point elle-même d’écho ; elle ne saurait être plus basse, plus évanouie que nous ne l’avons décrite ; entre l’intensité de la parole intérieure dans la rêverie la plus tranquille, dans l’ennui entrecoupé de bâillements, et le silence intérieur absolu, nous pouvons concevoir un milieu ; mais ce milieu est une pure conception mathématique de notre entendement, et notre imagination, c’est-à-dire notre souvenir, se refuse à la confirmer par les moyens qui lui sont propres.

1608. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

… Tous les moyens pour atteindre à cette fraternité sublime, — impossible, selon nous, chrétiens, en dehors des voies religieuses et surnaturelles, — Michelet nous les donne dans son Cours, et nous allons les juger. […] — des théâtres du Moyen Âge, qui exaltaient l’amour des choses saintes et resserraient l’union du peuple dans la communauté d’une même foi, et il n’a oublié qu’une seule chose : c’est que le théâtre, au Moyen Âge, avec ses Mystères et ses Légendes, n’était que la conséquence d’un état de sentiments et de mœurs qu’aujourd’hui il faudrait créer pour sauver la France et pour laquelle ni lui, Michelet, ni personne parmi ceux qui se targuent de la régénérer, n’apporte un moyen de salut nouveau, absolu, infaillible, et dont la Libre Pensée puisse dire : « Ceci est à moi, car je l’ai trouvé ! 

1609. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

En 1845, les ministres de l’Écosse, de l’Angleterre et de l’Irlande, ne se réunirent-ils pas à Liverpool pour délibérer sur les moyens d’arriver à l’union des chrétiens évangéliques de toutes les communions et de toutes les dénominations ? […] Dans un siècle aussi vieux de civilisation que le nôtre, il n’y avait qu’un moyen de retrouver la foi perdue : c’était de la refaire par la science.

1610. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Mais le goût moyen de l’époque n’était peut-être pas assez averti, L’innovation le trouva sans préparation suffisante. […] Votre œuvre a été peu nombreuse parce que vous la souhaitiez parfaite, et que vous aviez, d’ailleurs, deux moyens de faire entendre ce que vous vouliez dire, la plume et le pinceau.

1611. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Il y aurait d’abord un moyen, semble-t-il, d’en finir rapidement avec la théorie que je combats : ce serait de montrer que l’hypothèse d’une équivalence entre le cérébral et le mental est contradictoire avec elle-même quand on la prend dans toute sa rigueur, qu’elle nous demande d’adopter en même temps deux points de vue opposés et d’employer simultanément deux systèmes de notation qui s’excluent. […] Je ne vois qu’un moyen de sortir d’embarras : c’est de prendre, parmi tous les faits connus, ceux qui semblent le plus favorables à la thèse du parallélisme — les seuls, à vrai dire, où la thèse ait paru trouver un commencement de vérification —, les faits de mémoire.

1612. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Si je ne cherchais pas, dans ces conclusions, le « pourquoi » psychologique de la loi, ma méthode ne serait qu’une classification nouvelle, plus ou moins ingénieuse ; elle aiderait à mieux comprendre certains cas individuels ; mais, ne disant pas pourquoi la réalisation d’un principe est si intimement liée à la vie d’un groupe, ni comment la littérature est à la fois un effet et une cause dans l’ascension de l’humanité vers la liberté, elle ne montrerait pas assez que l’histoire littéraire est le moyen le plus sûr que nous possédions pour prendre conscience de notre passé et de notre mission. […] La littérature n’est qu’une des nombreuses expressions de la vie humaine ; expression plus claire que d’autres, plus accessible à un grand nombre, par ses moyens (la parole) et par son but (l’action sur la masse) ; partant du même fonds inconscient, obéissant aux mêmes nécessités, l’expression littéraire tend plus que d’autres à une forme intelligible, à la réflexion, à une prise de conscience.

1613. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Au sujet de la scène de chambre à coucher, j’avoue que le délire éloquent que l’auteur a su tirer de la potion d’opium bue par Valentine ne me fait point passer sur la convenance de ce moyen fantastique, devenu si à la mode : y aura-t-il donc inévitablement dans chaque roman nouveau une scène d’opium, comme il y avait autrefois un songe et une tirade : Où suis-je ?

1614. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Quand on a fait ces vingt vers, on doit comprendre qu’il est un moyen de laisser voir la pensée, sans s’épuiser à la peindre.

1615. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Le génie, la plupart du temps, n’était lui-même qu’un moyen ; il se subordonnait à des haines, à des déclamations, à une tactique philosophique reçue et imposée ; il se rabaissait à une œuvre de tous les jours, utile, mais simplement destructive.

1616. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Il a voulu montrer, par l’exemple de l’Amérique, que les lois et surtout les mœurs peuvent permettre à un peuple démocratique de rester libre, mais il est très loin de croire que nous devions suivre de près ces exemples et nous asservir à ces moyens.

1617. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge78 18 mai 1835.

1618. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

L’expérience de tous les pays, de tous les siècles vérifie avec éclat la loi : il apparaît, et que toujours les ouvrages transmis à l’immortalité ont leur unité, et que cette unité est obtenue par mille moyens et susceptible de mille formes.

1619. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

La noblesse, de plus en plus inutile, s’avilit, et devient plus odieuse quand elle n’est plus qu’un moyen pour les riches d’échapper à l’impôt.

1620. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Les peintres n’ont pas encore trouvé le moyen de vivre sans vendre de la peinture.

1621. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Parfois, on est tenté de croire que, voyant dans sa propre mort un moyen de fonder son royaume, il conçut de propos délibéré le dessein de se faire tuer 889.

1622. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Il se garda bien de s’égarer en un monde irréligieux, qui voulait tirer de lui un vain amusement ; il n’aspirait à gagner que le peuple ; il garda pour les simples des moyens bons pour eux seuls.

1623. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

… Intimement persuadés que Jésus était thaumaturge, Lazare et ses deux sœurs purent aider un de ses miracles à s’exécuter, comme tant d’hommes pieux qui, convaincus de la vérité de leur religion, ont cherché à triompher de l’obstination des hommes par des moyens dont ils voyaient bien la faiblesse.

1624. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Mais dans une monarchie ancienne dont rien ne menaçait l’existence, où les affaires publiques étaient gouvernées par un pouvoir héréditaire, où une grande fortune donnait de longs loisirs, où des études suivies étaient le plus sûr moyen d’éviter les ennuis du désœuvrement, où la culture de l’esprit pouvait seule assurer des jouissances à l’âge mûr et à la vieillesse, les études de la marquise de Rambouillet étaient éminemment raisonnables.

1625. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Elle blâmait le grand Alcandre de son indifférence ; elle lui fournissait les moyens pour le faire revenir, sachant bien qu’il est impossible de rapprocher des amants dégoûtés l’un de l’autre.

1626. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Ils savent encore que la profusion des pensees brillantes, l'intempérance des réflexions, le ton dogmatique dans la morale, le cliquetis des antitheses, l'appareil de l'érudition, ne sont rien moins que des moyens sûrs de captiver & d'intéresser, sur-tout quand la chaleur & le sentiment ne les animent point.

1627. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Mais il y auroit moyen de diminuer un peu de ce dégoût qu’excite la lecture des longs poëmes ; ce seroit de substituer aux vers alexandrins les vers décassyllabes, à cause de la variété de leurs hémistiches, produite par la liberté des enjambemens ; ce seroit d’en user au moins comme les Italiens, qui, dans leurs grands vers, ont trois sortes de repos au choix du poëte.

1628. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

II Le moyen de trouver cela bon, s’il vous plaît ?

1629. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

C’est une imagination distinguée, sans grand éclat, mais d’une jolie lueur, et dans une moyenne qu’elle ne dépasse jamais.

1630. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Ils ont cru, avec une véritable badauderie parisienne (à Paris, on a trouvé le moyen d’être à la fois très badaud et très spirituel), que la société française tenait toute, aux approches de la Révolution, ou dans le salon rouge de madame Necker, ou dans le salon bleu et argent de madame de Beauharnais.

1631. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Vraiment, c’est ne connaître ni la nature humaine ni la nature des partis, que de croire les instruire en s’apitoyant sur leur histoire et les faire renoncer, à l’aide de cet ingénieux moyen, à leurs ambitions, si folles et si pernicieuses qu’elles puissent être.

1632. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Cela peut être utile, à sa place ; mais cela est inférieur ; et, quand on exécute ce travail comme Valfrey a exécuté le sien, ce n’est plus guères qu’une relation assez plate, qui n’a pour tout relief que le pédantisme gourmé du renseignement… Sous prétexte de faire de l’histoire diplomatique, on ne fait plus alors que de l’histoire sans visage, et rien, au fond, n’est plus ennuyeux, quand rien, au contraire, ne devrait être plus intéressant, pour la curiosité et la réflexion, que l’étude des moyens ignorés jusqu’ici pour obtenir, en diplomatie, ces résultats qu’on admire et dont on se demande ce qu’ils ont coûté.

1633. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Et en effet, en les posant, il les renverse… Et, même, de telle façon, que si jamais un téméraire en critique critique avait vainement cherché un moyen de ne pas trop révolter les habitudes faites en abaissant dans l’opinion, qu’il croirait mal informée ou superficielle, cette renommée effrayante de grandeur et de fixité qu’on appelle « l’histoire de Thucydide », il n’aurait, maintenant, rien de mieux à prendre que les motifs consciencieusement cherchés et savamment déduits de l’admiration de M. 

1634. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Quelquefois, cela s’était vu, on avait employé pour atteindre ce but des moyens contraires, mais le but même n’avait pas changé.

1635. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Il ne porterait pas pour épigraphe ces mots irréfléchis, tracés par madame d’Alonville elle-même : « Destiné à vivre parmi les hommes, médite ces mots et prends-les pour devise : connaître, tolérer, aimer, servir. » Car la destinée de l’homme est d’habiter un jour le ciel conquis par ses œuvres, et non pas de passer chétivement parmi ses semblables trente-trois ans et demi, en moyenne actuelle.

1636. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Je ne voudrais pas être injuste pour lui : il n’a que le métier d’écrire correctement pratiqué, à cette heure où la moyenne du monde fait cette chose assez proprement… D’un autre côté, son érudition n’a pas assez d’embonpoint pour le venger de la maigreur de son esprit.

1637. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !

1638. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro, qui a charge de philosophie, compte et recompte, comme un horloger les ressorts brouillés ou cassés de ses montres, les inconséquences, les hiatus, les contradictions, les impossibilités de ces deux systèmes, dont l’un est basé sur le tout-un, l’autre sur l’inconscient, mais, tous les deux, sous ce pédantesque et exécrable jargon, pour arriver à la conclusion Indoue, qui est l’anéantissement du monde par des moyens différents.

1639. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Si souvent on a répondu sans la faire taire aux objections de la philosophie, si souvent on a vu la pensée se frappant elle-même avec l’arme de ses propres raisonnements, qu’on se trouve amené à reconnaître que l’histoire, la tradition, les faits dans leur simplicité auguste et dans leur sainte authenticité, sont les meilleurs moyens de traduire la vérité chrétienne et de l’introduire ou de l’affermir dans les esprits ; sur ce point les expériences se sont accumulées, mais il importe plus qu’on ne croit de le répéter.

1640. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

le moyen pour un artiste, fût-il le plus grand et le plus sorcier des artistes, de lutter victorieusement contre cela, contre cette première impression de la vie qui nous est restée vivante, flambante, idéale, et qui fait pâlir toute impression présente devant cette force du souvenir qui, elle aussi, a pour loi de se multiplier par la distance !

1641. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Je le tiens aussi pour l’auteur de ce livre, signé « Vacquerie », parce que ce livre est le plus ingénieux moyen qu’ait pu inventer une vanité aussi vaste, aussi profonde et probablement aussi blasée sur toutes les formes de l’admiration que doit l’être celle de Hugo, pour se donner la sensation dernière d’un coup d’encensoir qu’il puisse sentir encore, après en avoir tant recul II fallait, par Dieu !

1642. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

malgré cette fin d’un homme qui meurt en prenant toutes ses précautions pour qu’on s’en aperçoive et pour que la charité des gens de bien ne puisse calomnier sa mémoire en l’honorant d’une bonne action dernière, malgré l’exil volontaire dans lequel la vanité trouve moyen de s’encadrer encore, lorsque tous les autres cadres ont été brisés, enfin malgré des travaux… considérables, si vous comptez le nombre des volumes, et qui n’ont jamais (malheureusement) été interrompus, M. 

1643. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Ainsi, enlèvements, coups d’épée, pistolades, reconnaissance d’enfant perdu par le moyen d’une bague qui était la croix de ma mère au dix-septième siècle, … Surtout l’anneau royal me semble bien trouvé !

1644. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Examinons les moyens dont il se servit, et de quelle manière il déploya l’autorité royale qu’il usurpait.

1645. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Leur moyen universel de subsistance est la racine nommée pomme de terre, qu’ils cuisent avec le feu. […] Si on l’applique à l’homme, on arrive à considérer les sentiments et les pensées comme des produits naturels et nécessaires, enchaînés entre eux comme les transformations d’un animal ou d’une plante ; ce qui conduit à concevoir les religions, les philosophies, les littératures, toutes les conceptions et toutes les émotions humaines comme les suites obligées d’un état d’esprit qui les emporte en s’en allant, qui, s’il revient, les ramène, et qui, si nous pouvons le reproduire, nous donne par contre-coup le moyen de les reproduire à volonté. […] Poussez jusqu’au bout dans la vision et l’extase, vous déclarerez que ce principe est seul réel, que le reste n’est qu’apparence ; dès lors vous voilà privé de tous les moyens de le définir ; vous n’en pouvez rien affirmer, sinon qu’il est la source des choses et qu’on ne peut rien affirmer de lui ; vous le considérez comme un abîme grandiose et insondable ; vous cherchez, pour arriver à lui, une voie autre que les idées claires ; vous préconisez le sentiment, l’exaltation. […] Ces pauvres gens, boutiquiers et fermiers, croyaient de tout leur cœur à un Dieu sublime et terrible, et ce n’était pas une petite chose pour eux que la façon de l’adorer1460. « Supposez qu’il s’agisse pour vous d’un intérêt vital et infini, que votre âme tout entière, rendue muette par l’excès de son émotion, ne puisse en aucune façon l’exprimer, en sorte qu’elle préfère le silence à toute expression possible, que diriez-vous d’un homme qui s’avancerait pour l’exprimer à votre place au moyen d’une mascarade et à la façon d’un tapissier décorateur ? […] La formidable masse, livrée aux chances de l’industrie, poussée par les convoitises, précipitée par la faim, oscille entre les frêles barrières qui craquent ; nous approchons de la débâcle finale, qui sera l’anarchie ouverte, et la démocratie s’y agitera parmi les ruines, jusqu’à ce que le sentiment du divin et du devoir l’ait ralliée autour du culte de l’héroïsme, jusqu’à ce qu’elle ait fondé son gouvernement et son Église, jusqu’à ce qu’elle ait découvert le moyen d’appeler au pouvoir les plus vertueux et les plus capables1470, jusqu’à ce qu’elle leur ait remis sa conduite au lieu de leur imposer ses caprices, jusqu’à ce qu’elle ait reconnu et vénéré son Luther et son Cromwell, son prêtre et son roi1471.

1646. (1933) De mon temps…

Dénoirci de l’ébène dont il s’était enduit le visage au bal Cernuschi et ayant cessé d’être nègre, Guy de Maupassant, tel qu’il m’apparut quand je le rencontrai par la suite chez José-Maria de Heredia, était un homme de moyenne taille, râblé et trapu, d’aspect musclé et vigoureux. […] Je ne sais, mais elle était trop intelligente et trop fine pour ne pas trouver les moyens de témoigner qu’elle y ’attachait du prix. […] Poictevin fut, si l’on peut dire, une sorte d’impressionniste, procédant par touches verbales, et, parti d’un goncourtisme exaspéré, il arriva à se créer un moyen d’expression personnel, infiniment délicat et infiniment scrupuleux. […] Le russe, l’anglais, l’allemand lui étaient familiers et le français était pour lui un moyen d’expression dont il savait user avec aisance, mais sans en faire un emploi original. […]   Il est de stature moyenne et de corps épais.

1647. (1886) Le naturalisme

Tandis que Dumas pouvait gaspiller en folies des fortunes gagnées par sa plume de romancier, Balzac luttait corps à corps avec la misère, sans atteindre jamais un état de fortune moyen. […] Emma Bovary est née dans les derniers rangs de la classe moyenne ; mais, dans l’élégante pension où elle fut élevée, elle coudoya des demoiselles riches et de haute famille. […] Ceci me semble une légèreté évidente : Zola n’est pas en effet un Edgar Poe qui se serve de la science comme d’une fantasmagorie amusante ou un moyen d’exciter la curiosité du lecteur. […] Non seulement elle possède une chaire et un pupitre, mais elle dispose de moyens matériels pour la propagation de la foi. […] Elle se donne pour objet de ses observations, non pas les brillantes créatures d’exception si chères aux romantiques, mais la généralité des individus, les personnages communs et vulgaires, la classe moyenne de l’humanité.

1648. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

. — Position moyenne des sensations d’odeur et de température. — Caractère ambigu de l’odeur, du chaud et du froid qui nous semblent en partie des sensations, en partie des propriétés d’un corps. — Résumé. — Le jugement localisateur est toujours faux. — Son utilité pratique. […] En effet, cette opération n’est pour nous qu’un moyen ; nous n’y faisons pas attention ; c’est la couleur et l’objet désigné par la couleur qui seuls nous intéressent. […] Cela nous dispense d’imaginer en détail la longue sensation musculaire de vingt enjambées, la longue sensation tactile et musculaire de la main promenée sur tout le contour de la surface. — Grâce à cette vitesse des opérations optiques, nous pouvons saisir, en un temps très court et par une perception qui nous semble instantanée, un objet tout entier, une chaise, une table, un personnage, bien plus, si l’objet est éloigné, une prairie entière, tout un groupe d’arbres, un édifice, l’enfilade d’une rue. — Vous voilà à une fenêtre, vous ouvrez les yeux, et, tout d’un coup, au moyen d’un très petit mouvement des yeux et d’un imperceptible mouvement de la tête, tout le paysage vous apparaît, avec ses divers plans, terrains, verdures, ciel, nuages, avec les innombrables détails de leurs formes, de leur relief et de leurs creux. […] Partant, la naissance infaillible de la prédiction suppose la présence presque infaillible du groupe, et le cours des événements, qui, par sa régularité, a formé mon attente, trouve, dans sa régularité même, les moyens de la justifier.

1649. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Shylock est aussi cruel que ses juges, chacun selon ses moyens. […] Nous assistons, au contraire, à une manifestation particulièrement complexe de « l’esprit », au sens où ce mot ne représente pas seulement la spiritualité pure ni seulement l’intelligence comique des choses, mais une étrange inspiration énigmatique et ardente dans laquelle les deux se confondent, provoquant parfois des accès de mysticisme en un langage dépouillé, et parfois un bombardement de notes, notules, pointes, points de vue, mis en valeur et aiguisés au moyen des parures, torsions, danses et inventions de mots, les plus adroites et les plus artificieuses. […] Celle-ci répond à la volonté d’Arcos de trouver un moyen pour l’artiste de subsister sans aliéner son art. […] Fernand Vandérem en propose une critique plus nuancée que Renée Dunan : s’il salue ce roman fort, « au-dessus de la moyenne », il en dénonce l’enflure et le schématisme des personnages.

1650. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Cette réserve expresse étant faite, il faudrait rendre justice, plus qu’on ne le fait d’ordinaire, aux qualités dramatiques des mistères, miracles et moralités ; la lecture n’est pas le bon moyen d’en juger ; avec quelques modifications, plusieurs de ces pièces tiendraient fort bien sur les planches. […] Une étude psychologique et esthétique sur la nouvelle est nécessaire, pour y faire la part du drame, de la satire, de la mode et, souvent, d’une insuffisance de moyens. […] c’est un fait difficile à expliquer, mais c’est un fait ; on ne l’analyse jamais jusqu’au fond, on le sent ; et cette personnalité est l’essentiel ; les lignes et les couleurs sont les moyens de tous ; la vision est de l’individu. […] Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents.

1651. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

D’où il suit qu’une très honnête femme, qui a le malheur d’aimer deux hommes à la fois, n’a qu’un moyen de se tirer d’affaire avec honneur : c’est de mourir. […] Le mari de cette femme emploie, pour la préserver, un moyen homœopathique, qu’il est permis de trouver hardi. […] Mercier trouve que Georges est allé trop loin, qu’il aurait dû le consulter en sa qualité de futur beau-père ; qu’il y avait moyen de ménager à la fois sa conscience et sa bourse. […] Villemain, et je n’ai pas de meilleur moyen que de le citer ; mais comment me borner dans ce travail à la fois si attrayant et si difficile ? […] Henri Delaage, sur les moyens de connaître l’avenir, ou, pour mieux dire, sur le Magnétisme.

1652. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Ce n’est plus un art seulement, c’est un moyen ; elle devient une arme pour l’esprit humain, qu’elle s’était contentée jusqu’alors d’instruire et d’amuser.

1653. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul Or, ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et, parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité, qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa milus.

1654. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Le sens profond de ses boutades et de ses maussades jugements, c’est que l’intention a besoin du métier pour s’exprimer ; c’est aussi que la perfection consiste à condenser : le moyen d’être fort, c’est d’être sobre.

1655. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Ils sont moyens, par là, dirait M. 

1656. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Qu’il n’y ait plus, Messieurs, d’orateurs convaincus, cela n’implique point qu’il n’en reste pas d’ennuyeux : épargnez-moi de nommer les membres de l’Institut ou d’une célèbre revue saumon qui abusent de la plus hospitalière des duchesses pour faire entendre en sa maison leurs élucubrations touchant « les moyens de transport chez les Mormons » ou « les contributions indirectes sous les Ptolémées ».

1657. (1890) L’avenir de la science « VI »

Et n’est enfant des classes moyennes qui ne se puisse dire plus savant que moy, qui n’ay seulement pas de quoy l’examiner sur sa première leçon.

1658. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

D’autres fois, au moyen d’interversions légères de temps et de lieu, j’ai dépisté toute les identifications qu’on pourrait être tenté d’établir.

1659. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Elle enseigne l’art de gouverner des Nations différentes, les moyens de conserver la paix avec ses voisins, d’affermir un Royaume au dehors par des forces toujours prêtes, de lui donner de l’activité au dedans par des ressorts bien concertés, de l’enrichir par le commerce & l’agriculture, d’en écarter le luxe, d’en prévenir la corruption & l’indépendance par de sages loix.

1660. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Il tenta tous les moyens imaginables pour revenir dans sa patrie.

1661. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

On a, par leur moyen, traduit heureusement tant d’opuscules charmans : le président Bouhier lui-même en a rendu plusieurs du Grec & du Latin, avec tout l’agrément possible.

1662. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Finissons donc et disons à nos poëtes et à nos peintres, à nos poëtes : une seule partie de la figure ; cette partie exagérée par un module qui épuise toute la capacité de mon imagination ; un choix d’expression, un rythme, une harmonie correspondante ; et voilà le moyen de créer des êtres infinis, incommensurables, qui excéderont les limites de ma tête et qui seront à peine circonscrits dans l’enceinte de l’univers.

1663. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Jourdain, de se connaître aux belles choses , demandait à un homme de lettres le moyen de se connaître en vers : Monsieur, lui dit celui qu’il consultait, vous n’avez qu’à dire toujours qu’ils sont mauvais ; il y a cent contre un à parier que vous ne vous tromperez pas.

1664. (1757) Réflexions sur le goût

Sans combattre le préjugé par des paradoxes, il avait, ce me semble, un moyen plus court de l’attaquer ; c’était d’écrire Inès de Castro en prose ; l’extrême intérêt du sujet permettait de risquer l’innovation, et peut-être aurions-nous un genre de plus.

1665. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Son succès, — ce succès inouï, quoique explicable, puisqu’il tenait aux sentiments les plus généraux et les plus habituels à la moyenne des hommes, — son succès lui avait mis le cœur au ventre, — et elle a beaucoup de cœur, Craven, — et le ventre, — je ne dis pas la tête, — s’est mis à pondre et à couver, avec une déplorable fécondité !

1666. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Il y a la reine en pied et de face, éclairée comme elle ne l’avait jamais été jusque-là, la reine, éblouissante et suave, restituée à ce fond d’éther qu’on avait trouvé le moyen affreux de salir, et sur la lumière bleue duquel ressort bien sa pure et grande physionomie.

1667. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Je l’aurais montrée aventurière par essence, homicide et suicide, toujours le revolver en main, méprisante dans le choix des voies et moyens, des vérités et de la vie !

1668. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et pour se montrer plus journaliste encore, car si l’amusant est la visée du journaliste, l’idée commune est son véhicule et son moyen de succès, Pelletan s’est bien garde, sur Joseph de Maistre, d’un aperçu nouveau qui aurait déconcerté le public, cet ombrageux de médiocrité, et il a répétaillé encore une fois — une fois de plus — les idées sur le bourreau et sur l’Inquisition dont on fait une arme contre Joseph de Maistre, et qui traînent, comme pantoufles, à tout pied de grue qui veut les chausser !

1669. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

L’auteur de la Démocratie en Amérique et de l’Ancien Régime et la Révolution, quand on le prendra en dehors des admirations séniles ou juvéniles qu’il a inspirées et qu’on le réduira à ses proportions justes et vraies, est un écrivain de facultés moyennes et cultivées, dont il est très facile de coter la valeur.

1670. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Il n’y a point de murmure au fond de mon cœur, et si j’avais un moyen de vous causer un instant de plaisir, je serais consolé de toutes mes peines. » Voilà le langage et l’accent de ces lettres… J’en pourrais citer de plus enflammées, je me bornerai à celle-là, qui nous donne un Benjamin Constant humble à force d’amour, et qui fait précisément de sa nature une autre nature, qui est l’envers même de la sienne.

1671. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Le fantastique, qui n’est pas uniquement la sphère de la fantaisie et qu’on n’a jamais nettement défini, Hoffmann l’aborda sous la pression de Goethe, mais il l’aborda comme un être faible dont la tête tournait dans l’émotion, et qui n’avait ni la foi profonde au monde surnaturel que n’aurait pas manqué d’avoir un véritable homme de génie, ni la combinaison froide et comédienne qui produit la terreur, quitte à la déshonorer dans notre âme en montrant par quels moyens on peut la produire.

1672. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Et pas moyen d’empêcher cela, à ce qu’il paraît !

1673. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Matter, conseiller honoraire de l’Université, ancien inspecteur des bibliothèques, ait eu de ces préjugés d’école qui empêchent d’apprécier Balzac ce qu’il vaut, et se soit permis le mépris des pédants avec ce grand homme littéraire ; mais enfin Balzac a fait une œuvre transcendante d’imagination inspirée par Swedenborg, et, de plus, dans cette œuvre même, Balzac a trouvé le moyen d’introduire un magnifique morceau d’histoire et de critique, qui a fait certainement plus pour la renommée de l’immense Excentrique suédois que le livre de M. 

1674. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Et il commençait ainsi sa journée, sa moisson de cœurs repentants, bien avant l’aurore î Et ces foules qui venaient à lui, sans qu’il eût besoin d’aller à elles, se sont tellement renouvelées, pendant toute sa vie, qu’en prenant la moyenne de ses confessions on a trouvé plus d’un million d’âmes converties puisqu’il les avait confessées.

1675. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Comme l’aigle qui perce dans la profondeur du ciel pour y aller boire son coup de soleil, le génie humain monté à ce point culminant du sublime, — du sublime dont le caractère est de ne pas durer, — le génie humain peut très bien redescendre aux hauteurs moyennes et s’y maintenir avec imposance, au lieu de s’éventrer misérablement en tombant aux bornes du chemin.

1676. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Donc, pour nous résumer, œuvre médiocre, vulgairement écrite, nulle de couleur et de caractère, nulle de conviction quelconque, convenable en décence, mais sceptique, avec deux ou trois situations, que l’auteur a trouvé le moyen de gâter encore, voilà l’œuvre à propos de laquelle on a dit que M. 

1677. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Chatrian, en voulant imiter Hoffmann, ne lui a pas pris sa sobriété de détail et son moyen si fantastique de faire de l’effet avec un rien, une corde à violon qui casse ou une main qui prend un flacon derrière une fenêtre.

1678. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Mais voyez avec quelle sobriété pleine et forte Shakespeare use de ce moyen physiologique à outrance pour arriver à des effets de terreur écrasants !

1679. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Pour nous, le Tchitchikoff des Ames mortes n’est qu’un prétexte, un vieux moyen pour faire tourner sous notre regard le panorama social, religieux, politique, administratif, de la Russie tout entière.

1680. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Feydeau a trouvé le moyen de nous faire regretter Feydeau… On nous a accusé, dans le temps, d’avoir été trop sévère pour l’auteur de Fanny, de Daniel, de Catherine d’Overmeire, parce que nous ne trouvions pas que son talent fût du génie ; mais, franchement, si nous le jugions rétrospectivement à la lumière de ses nouveaux livres, nous pourrions croire qu’il en avait.

1681. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il avait horreur de la rhétorique et ne voyait dans la perfection du style que le moyen de donner à la pensée toute sa force, de la vêtir d’une manière digne d’elle. […] À mon avis, c’est l’Université… C’est une bonne chose pour apprendre que d’enseigner… Le seul moyen d’inventer, c’est de vivre sans cesse dans sa science spéciale. […] Il trouvait pourtant moyen d’utiliser ces périodes de repos obligatoire et de les faire servir au plan général d’études tracé en 1848. […] Dès 1800, Napoléon supprima les journaux, restreignit par tous les moyens le commerce de la librairie. […] Comme il est bête et ignorant, il le remet à un homme d’un nom illustre qui a fait une mauvaise action et qui le conduira aux abimes, et de plus il s’ôte lui-même ses libertés, ses garanties, le moyen de s’instruire et de s’améliorer.

1682. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

À leur exemple, il mesure les moyens de frapper l’attention, d’aider l’intelligence, d’éviter la fatigue et l’ennui. […] Le moyen de faire autrement ? […] Il a tous les moyens de dire ce qui lui plaira, et justement il n’a rien à dire. […] En tête de chaque partie vous apercevez un tableau synoptique et analytique, avec tirets, accolades, chaque division engendrant des subdivisions, chaque subdivision engendrant des sections, chaque section engendrant des sous-sections : de la maladie en général, de la mélancolie en particulier, de sa nature, de son siége, de ses espèces, de ses causes, de ses symptômes, de son pronostic ; de la cure par moyens permis, par moyens défendus, par moyens diététiques, par moyens pharmaceutiques : selon la méthode scolastique, il descend du général au particulier, et dispose chaque émotion et chaque idée dans une case numérotée. […] Alors paraîtront non les axiomes universels inutiles, mais « les axiomes moyens efficaces », véritables lois d’où l’on pourra tirer des œuvres, et qui sont des sources de puissance au même degré que des sources de lumière361.

1683. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

À ses yeux, c’est le moyen providentiel qui préparait la prédication générale et rapide de la foi chrétienne. […] Ainsi, une lettre finale, tantôt supprimée, tantôt remise, donnait un moyen facile de remplacer les désinences latines, et de varier les cas. […] Les Grecs et les Latins avaient également appliqué le verbe être d’une manière accessoire, mais en hommes qui pouvaient se passer de cette ressource, et qui trouvaient d’autres moyens dans les inflexions variées de leurs verbes. […] Et quand un poëte moderne, Gœthe, a fait de ce chant même un moyen dramatique, un instrument de terreur et de remords, qui trouble l’imagination d’une jeune femme, il a parfaitement senti ce que le son de ces finales terribles ajoute à l’émotion religieuse. […] Pour l’y forcer, les légats s’avisent même d’un étrange moyen.

1684. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Pour représenter les mœurs, les personnages du roman doivent être choisis dans la moyenne. […] Cela fait un total énorme de destinées moyennes, sans fortes initiatives, sans événements importants, d’une monotonie assez douce. […] Le roman de mœurs doit être avant tout représentatif, et par conséquent, chercher des personnages moyens engagés dans des événements moyens. […] Et pragmatiste, de ce pragmatisme-là, qui est un moyen et non pas une fin, la voie vers une doctrine et non pas une doctrine, il l’est resté jusqu’au bout. […] Elle n’est qu’un moyen de satisfaire la passion dont il est consumé jusqu’à la maladie : Paraître !

1685. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

En réalité, il n’y avait qu’un moyen de donner à l’œuvre une consistance irréprochable : c’était de pousser le pessimisme du commencement à ses conséquences dernières ; de conclure, n’ayant découvert nulle part la justice, que le désir que nous en avons est une maladie dont il faut guérir, et de tomber de Darwin en Hobbes. […] Le moyen de rendre à notre être sa virginité native, de lui assurer l’intégrité de sa jeunesse, c’est de vivre dans la nature, de l’aimer, de la comprendre, de communier avec elle. […] Il faut remonter, pour ainsi dire, jusqu’au point de départ de son impression, et c’est le seul moyen de la communiquer exactement aux autres. […] Mais alors, s’ils ne m’intéressent assurément pas en tant qu’ignobles et plats, ils m’intéresseront peut-être en tant que vrais et vivants ; car chacun d’eux pourra l’être en particulier, lors même que, pris ensemble, ils donneraient une idée fausse de la moyenne de l’humanité. […] Même quand il nous expose un cas très particulier, très moderne, et qui paraît être surtout psychologique, comme celui de Lazare dans la Joie de vivre, il trouve moyen d’y appliquer encore, et dans le même esprit, ses procédés de simplification.

1686. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Tout appel à la sensibilité lui semblerait un moyen de corruption et presque une façon de chantage. […] Par quels moyens ? […] Restons Athéniens, aimons la beauté, c’est encore le meilleur moyen d’être grands. […] On use pour cela d’un moyen atroce. […] D’abord il n’est plus là, celui que je m’étais fait une douce habitude de retrouver à chacun de ces concours, celui qui fut successivement Louis XI, Glocester, Marat, et qui trouvait moyen d’ajouter encore des ténèbres aux rôles les plus ténébreux.

1687. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Pour devenir un journaliste important, il faut tout simplement plaire au public ; il n’y a pas d’autre condition ni d’autre moyen. […] Il m’a semblé, par ce moyen, donner tous les gages possibles d’impartialité ; si je n’y ai pas réussi complètement, c’est que l’exécution n’a pas été à la hauteur de ma volonté. […] Tout au contraire, mon ennemi d’à présent, plus scélérat que l’autre cependant, trouvait le moyen de garder une espèce de supériorité morale, même à cette heure terrible où il sentait bien que son forfait allait se dresser devant lui. […] … mais le moyen d’atteindre la crête du mur, quel était-il ? et aussi le moyen d’assister à la fusillade, sans me montrer ?

1688. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il l’écrivit pendant la guerre de Crimée, comme s’il eût cherché, par ce moyen, à n’être point tout à fait absent des champs de bataille où ses compagnons d’armes, plus heureux que lui, faisaient le coup de feu. […] C’est aussi un moyen de fixer au passage, en de brèves esquisses, la figure des vaillants hommes qu’il a connus là-bas, et dont il aime à se rappeler la mâle vertu. […] Chaque renouvellement, total ou partiel, humilie d’un cran la valeur moyenne de nos mandataires. […] L’envie égalitaire est presque désarmée : il y a beaucoup de places pour les petites ambitions et les mérites moyens, et il n’y a presque aucune place pour les grandes ambitions, les grands mérites. […] Et avec des moyens si simples !

1689. (1911) Études pp. 9-261

C’est pourquoi elle sera poussée tout entière dans un sens ; c’est pourquoi le peintre ne lui consacrera qu’une partie de ses moyens […] Par le moyen de ce chant sans musique et de cette parole sans voix, nous sommes accordés à la mélodie de ce monde. […] La cause, les lois sont des moyens de simplification, des procédés utiles pour « se retrouver dans le dictionnaire de la nature61 ». […] Adaptées d’avance, les choses lui fournissent le moyen d’exercer telle forme du mouvement particulier qu’il fournit80. »« L’animal apporte une série toute prête de déclenchements à des touches prédéterminées. […] Que son âme vienne à changer un peu : aussitôt toute sa doctrine est oubliée ; car elle n’était qu’un moyen de mieux se faire comprendre.

1690. (1923) Paul Valéry

* * * Un esprit n’est que s’il agit, et il n’y a d’action qu’au moyen d’une technique. […] Ce « reste » ne ressemble-t-il pas plutôt à la mer, qui isole les hommes, qui paraît les séparer de l’univers, mais qui, finalement, devient pour eux une excitation au voyage et un moyen de communiquer ? […] Cette même absence, le poète la sent, et il la répare dans une certaine mesure en rendant l’objet à un mouvement, à une interaction, à un univers, en niant l’impénétrabilité qui n’est qu’un point de vue pratique, en faisant passer sur cet objet un courant d’images dont l’intensité n’est bornée que par les moyens limités de l’individu poète. […] Mais la prose de Valéry, et plus encore ses poèmes, et surtout la Jeune Parque, donnent le sentiment d’organes intérieurs comme le cerveau, dont le raccord avec notre vision ordinaire n’est pas fait, dont le mouvement est exprimé tant bien que mal par les moyens purement poétiques, et qui obligent au moins le lecteur à définir le poète, contrairement à Gautier : Un homme pour qui le monde intérieur existe. […] Masque idéal, qu’elle serre cependant sur son visage comme le moyen mystérieux de plus d’être et de vie, le triste et fier honneur de l’espace et du temps.

1691. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Naturellement aussi il répare et renouvelle ses ameublements ; en 1778, qui est une année moyenne, cela lui coûte 1 936 853 livres. […] En moyenne, ses déplacements exigent par an un demi-million et davantage162  Pour achever de concevoir ce prodigieux attirail, songez que « des artisans et marchands de tous les corps d’état sont obligés, par leur privilège, de suivre la cour » dans ses voyages, afin de la fournir sur place : « apothicaires, armuriers, arquebusiers, bonnetiers-vendeurs de bas de soie et de laine, bouchers, boulangers, brodeurs, cabaretiers, carreleurs de souliers, ceinturiers, chandeliers, chapeliers, charcutiers, chirurgiens, cordonniers, corroyeurs-baudroyeurs, cuisiniers, découpeurs-égratigneurs, doreurs et graveurs, éperonniers, épiciers-confituriers, fourbisseurs, fripiers, gantiers-parfumeurs, horlogers, libraires, lingers, marchands-vendeurs de vin en gros et en détail, menuisiers, merciers-joailliers-grossiers, orfèvres, parcheminiers, passementiers, poulaillers-rôtisseurs et poissonniers, proviseurs de foin, paille et avoine, quincailliers, selliers, tailleurs, vendeurs de pain d’épice et d’amidon, verduriers-fruitiers, verriers et violons163 ». […] Il n’y aurait qu’un moyen de dégager le monarque : ce serait de refondre la noblesse française et de la transformer, d’après le modèle prussien, en un régiment laborieux de fonctionnaires utiles.

1692. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Livie discute avec Séjan les moyens d’empoisonner son mari, en style net, sans phrases, comme s’il s’agissait d’un procès à gagner ou d’un dîner à rendre. […] La gloire et la vertu consistent dans la puissance ; les scrupules sont faits pour les âmes viles ; le propre d’un cœur haut est de tout désirer et de tout oser. « Ici, la conscience est une souillure, la fortune tient lieu de vertu, la passion de loi, la complaisance de talent, le gain de gloire, et tout le reste est vain. » Ravi de cette grandeur d’âme, Séjan s’écrie : Royale princesse ; À présent que je vois votre sagesse ; votre jugement ; votre énergie, Votre décision et votre promptitude à saisir les moyens De votre bien et de votre grandeur, je proteste Que je me sens tout enflammé et tout brûlé D’amour pour vous125. […] Tout à coup le légiste décidé que le moyen ne vaut rien, l’infidélité ayant été commise ayant le mariage. « Oh !

1693. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Remarquez les coups de grosse caisse, j’entends les grands moyens ; on appelle ainsi tout ce que dit un personnage qui veut délirer et ne délire pas ; par exemple, parler aux rocs et aux murailles, prier Abeilard absent de venir, s’imaginer qu’il est présent, apostropher la Grâce, la Vertu, « la fraîche Espérance, riante fille du ciel, et la Foi, notre immortalité anticipée1110 », entendre les morts qui lui parlent, dire aux anges de « préparer leurs bosquets de roses, leurs palmes célestes et leurs fleurs qui ne se flétrissent pas1111. » C’est ici la symphonie finale avec modulation de l’orgue céleste : je suppose qu’en l’écoutant Abeilard a crié bravo. […] Cet art, qui est le propre de l’âge classique, est celui d’exprimer les idées générales moyennes. […] Voici ces vers si beaux traduits en prose ; j’ai beau traduire exactement, de toutes ces beautés il ne reste presque rien : Connais-toi donc toi-même, et ne te hasarde pas jusqu’à scruter Dieu. —  La véritable étude de l’humanité, c’est l’homme. —  Placé dans cet isthme de sa condition moyenne, —  sage avec des obscurités, grand avec des imperfections, —  avec trop de connaissances pour tomber dans le doute du sceptique, —  avec trop de faiblesse pour monter jusqu’à l’orgueil du stoïcien, —  il est suspendu entre les deux ; ne sachant s’il doit agir ou se tenir tranquille, —  s’il doit s’estimer un Dieu ou une bête, —  s’il doit préférer son esprit ou son corps, —  ne naissant que pour mourir, ne raisonnant que pour s’égarer, —  sa raison ainsi faite qu’il demeure également dans l’ignorance, —  soit qu’il pense trop, soit qu’il pense trop peu, —  chaos de pensée et de passion, tout pêle-mêle, —  toujours par lui-même abusé ou désabusé, —  créé à moitié pour s’élever, à moitié pour tomber, —  souverain seigneur et proie de toutes choses, —  seul juge de la vérité, précipité dans l’erreur infinie, —  la gloire, le jouet et l’énigme du monde.

1694. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mais, en dehors de cette sphère plus ou moins régulière et plus ou moins morale de la diplomatie, il y a la sphère des passions, des cours, des républiques, des cabinets, des conquérants ; sphère où se meut une diplomatie plus ou moins intéressée, égoïste, ambitieuse, immorale, quelquefois perverse, qui laisse un libre jeu aux diplomates, selon que leurs caractères, leurs pensées, leurs vues, se proposent des succès plus légitimes ou plus illégitimes, par des moyens plus consciencieux ou plus coupables. […] Le traité de Fontainebleau était précisément le moyen d’allier indissolublement la France à la monarchie espagnole, sans porter atteinte au trône de la maison de Bourbon, et sans jeter entre l’Espagne et nous l’éternelle antipathie dynastique. […] Le plan de ce traité secret entre le premier ministre d’Espagne Godoy et le gouvernement français consistait à s’emparer du Portugal, devenu vassal de l’Angleterre, au moyen d’une armée combinée, moitié française, moitié espagnole ; à donner à l’Espagne, pour prix de ce concours, deux principautés souveraines formées du démembrement du Portugal : l’une pour Marie-Louise, fille du roi d’Espagne, en indemnité du royaume d’Étrurie (la Toscane), dont Napoléon voulait doter sa sœur Élisa Bonaparte ; l’autre pour Manuel Godoy lui-même, premier ministre et favori de la reine d’Espagne ; enfin on réserva Lisbonne et ses provinces limitrophes à la France, pour y instituer un trône de famille française.

1695. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Nous y cherchons les moyens, non de nous sanctifier, mais de nous pacifier ; non un cordial, mais un calmant, un népenthès ; non la rose rouge de l’amour divin, mais la fleur pâle du lotus, qui est la fleur d’oubli. […] Pour le fond, elle avait un bon coeur, du bon sens et un esprit, je ne dirai pas moyen, mais en exacte harmonie avec son milieu et sans presque rien qui le dépassât. […] Son incuriosité fut telle, ou sa pauvreté, qu’il ne trouva pas le moment — ou le moyen — d’aller, en 1889, voir l’Exposition.

1696. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Mais la nécessité me contraint : il est dangereux d’enfreindre l’ordre du Père. » — Et avec une lourde insistance qui accroît à son insu le supplice, il dénombre longuement au Titan les souffrances qu’il va endurer : — Ce seront d’abord l’isolement absolu, l’angoisse incurable ; l’insomnie sans trêve, les cris sans écho ; puis les ardeurs du soleil et les sueurs froides de la nuit qui, tour à tour, brûleront et glaceront sa chair : pour torture suprême, tout mouvement entravé, nul moyen de se retourner sur son lit sinistre ; l’immobilité dans la convulsion. — La sentence est dure, et les remontrances qu’Héphestos y mêle doivent la rendre plus odieuse encore au patient. […] Nul entre les dieux ne pourra lui enseigner un sûr moyen d’échapper à ce péril. […] Les moyens imaginés pour la conclure n’étaient sans doute que des expédients, et, pour ainsi dire, qu’un modus vivendi mythique ; mais ils avaient l’avantage de relâcher, sinon de trancher le nœud qui maintenait entre eux un conflit impie.

1697. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Renouvier, lui, transforme en a priori une simple loi générale de notre expérience, de notre « imagination », ce qui est un moyen facile, mais trompeur, d’établir l’a priori. […] Kant répond : « Il faudrait alors se borner à dire : — Voilà ce qu’enseigne l’observation générale, et non voilà ce qui doit être. » — Mais en effet, nous ne pouvons rien dire de plus que ceci : — L’observation générale de l’observation même, l’expérience générale de l’expérience nous apprend que nous avons toujours des séries de représentations qui aboutissent à des représentations de séries unilinéaires et se groupent à la fin dans une représentation de série unique, le temps ; si bien que nous ne pouvons-nous figurer autrement les faits d’expérience, n’ayant pour cela aucun moyen. […] C’est là une complication due à la réflexion de l’expérience sur l’expérience par le moyen d’organes répétiteurs et condensateurs.

1698. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

On sçait que la Motte ne se contenta pas de déprimer l’Iliade d’Homere ; il prit un moyen plus sûr d’avilir le Poëte Grec ; ce fut de le travestir en vers françois. […] Cette audace cynique fut réprimée, & l’on vit paroître la Comédie moyenne, & enfin la Comédie nouvelle, que Menandre inventa & mit en honneur. […] Ce sujet étoit fort sec, mais le Poëte doué de l’imagination la plus heureuse, trouva le moyen de répandre des fleurs sur toute la route qu’il vouloit parcourir.

1699. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Une sérieuse et charmante épître dédicatoire à Mademoiselle Clémence de Bourges, Lionnoise, prouve mieux que toutes les dissertations à quel point de vue studieux, relevé et, pour tout dire, décent, Louise envisageait ces nobles délassements des Muses : « Quant à moi, dit-elle, tant en escrivant premièrement ces jeunesses que en les revoyant depuis, je n’y cherchois autre chose qu’un honneste passe-temps et moyen de fuir oisiveté, et n’avois point intention que personne que moi les dust jamais voir. Mais depuis que quelcuns de mes amis ont trouvé moyen de les lire sans que j’en susse rien, et que (ainsi comme aisément nous croyons ceux qui nous louent) ils m’ont fait à croire que les devois mettre en lumière, je ne les ai osé esconduire, les menaçant cependant de leur faire boire la moitié de la honte qui en proviendroit.

1700. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Il établit volontiers ses comparaisons d’un ordre à l’autre : « On peut comparer, se dit-il, les âges instruits et savants, qui éclairent ceux qui viennent après, à la queue étincelante des comètes. » Il se promettait encore de « comparer les premiers hommes civilisés, qui vont civiliser leurs frères sauvages, aux éléphants privés qu’on envoie apprivoiser les farouches ; et par quels moyens ces derniers. » — Hasard charmant ! […] Au sein de cette future édition difficile, mais possible, d’André Chénier, on trouverait moyen de retoucher avec nouveauté les profils un peu évanouis de tant de poëtes antiques ; on ferait passer devant soi toutes les fines questions de la poétique française ; on les agiterait à loisir.

1701. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

On les voit ingénieux, distingués, remarquables ; mais aucun jusqu’ici qui semble devoir sortir de ligne et grandir à distance, comme certains de nos pères, auteurs du premier mouvement : aucun dont le nom menace d’absorber les autres et puisse devenir le signe représentatif, par excellence, de sa génération : soit que, dans ces partages des grandes renommées aux dépens des moyennes, il se glisse toujours trop de mensonge et d’oubli de la réalité pour que les contemporains très-rapprochés s’y prêtent ; soit qu’en effet parmi ces natures si diversement douées il n’y ait pas, à proprement parler, un génie supérieur ; soit qu’il y ait dans les circonstances et dans l’atmosphère de cette période du siècle quelque chose qui intercepte et atténue ce qui, en d’autres temps, eût été du vrai génie. […] Le génie consiste dans l’alliance proportionnée des deux moyens, avec la prédominance d’oser.

1702. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Ce qu’il y a de plus divin en nous ne s’exprime jamais, car les langues sont des moyennes, selon l’expression des géomètres, et les moyennes ne s’élèvent jamais aux excès des sensations et aux énergies ineffables du cœur humain.

1703. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

II Mais les scandales de ce gouvernement inexpérimenté, qu’on appelait le gouvernement parlementaire, me convainquirent que le pouvoir vraiment national et populaire n’était plus là ; qu’aucune des dynasties rivales tombées, retombées, retombant encore, ne pouvait le reconstituer solidement en elle ; que l’aristocratie y avait renoncé implicitement en donnant un mandat d’éloquence, une procuration d’opinion, au lieu de combattre de sa personne dans ces compétitions d’influence, de popularité et de trône ; que cette classe moyenne exclusive, intéressée, adulée, à qui ses exploitateurs recommandaient de s’adjuger à elle-même le nom et les prétentions d’une aristocratie de second étage, n’était ni assez antique, ni assez enracinée, ni assez large, ni assez populaire, pour affecter le privilège d’un gouvernement national ; qu’elle n’avait rien de permanent, de chevaleresque, de prestigieux, excepté ses industries et ses commerces, aussi mobiles que ses convoitises de monopoles financiers : jalouse en haut, jalousée en bas, menaçante et menacée de toutes parts ; que le dernier mot de la Révolution française ne pouvait être cette petite oligarchie groupée par la peur et par l’orgueil autour d’un roi d’expédient ; que cela allait crouler aux premières lueurs de l’incendie parlementaire allumé par ceux-là même qui l’avaient si mal éteint en 1830 ; qu’il fallait pourvoir d’avance aux catastrophes inévitables de ce gouvernement déjà démoli dans l’opinion des masses, en donnant à ces masses envahissantes une histoire vraie de la Révolution qu’elles auraient bientôt à reprendre en sous-œuvre, afin qu’elles ne s’égarassent pas de nouveau sans plan et sans sagesse dans les démences et dans les crimes qui avaient perdu jusqu’au nom de cette Révolution. « Il faut, dis-je à mes amis, confidents de ma pensée, il faut écrire pour ce peuple, dans une histoire impartiale, morale et pathétique à la fois, le commentaire vivant de sa première révolution, un Machiavel français, non dans l’esprit du Machiavel italien, mais dans l’esprit d’un Tacite moderne ; il faut prouver, par tous les faits de cette révolution, qu’en histoire, comme en morale, chaque crime, même heureux un jour, est suivi le lendemain d’une véritable expiation ; que les peuples, comme les individus, sont tenus de faire honnêtement les choses honnêtes ; que le but ne justifie pas les moyens, comme le prétendent les scélérats de théorie ou les fanatiques de liberté illimitée et de démagogie populacière ; que les plus justes principes périssent par l’iniquité des actes ; que la conscience ne subit pas d’interrègnes ; que la Providence est toujours là pour la venger, et que, si la Révolution de 1793 a noyé les plus belles pensées philosophiques dans le sang, c’est qu’elle est tombée des lèvres des philosophes dans les mains des tribuns, et des mains des tribuns dans les mains des Sylla et des César, lavant le sang dans le sang, et restaurant facilement la tyrannie, que les sociétés préfèrent justement aux crimes.

1704. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Que de regrets de n’avoir pas pensé plus tôt à ce moyen de salut, qui en a sauvé tant d’autres ! […] Un bon feu, des livres, une table avec encre, plume et papier, moyens et attraits.

1705. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il promit tout au Pape à condition de certaines concessions innocentes, au moyen desquelles il lui restituait ses États. […] Si la famille de l’Empereur, qui doit tant au pape Pie VII et à Votre Éminence, avait conçu le détestable projet de troubler l’Europe, et si elle en avait les moyens, la reconnaissance que nous devons tous au Saint-Siège nous arrêterait évidemment dans cette voie.

1706. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Les Ptolémées, en Égypte, développent la nature ; les Romains, en soumettant le monde occidental, préparent à Pline les moyens de le décrire. […] Par la moyenne de 11 mesures, instituées à l’aide d’un appareil prismatique, sir John Herschel trouva que la pleine Lune est 27 408 fois plus brillante que α du Centaure.

1707. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

LVII Chateaubriand jeta loyalement son seul moyen de vivre, sa pension de pair de France, à la révolution de Juillet. […] Il en avait préparé depuis longtemps le moyen secret par ses Mémoires posthumes, intitulés bizarrement Mémoires d’outre-tombe.

1708. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Au contraire il a représenté en perfection les âmes moyennes ou vulgaires, les mœurs bourgeoises ou populaires, les choses matérielles et sensibles ; et son tempérament s’est trouvé admirablement approprié aux sujets où il semble que l’art réaliste doive toujours se confiner chez nous. […] Il a pour principe que tous les hommes tendent au bonheur ; et la peinture de la vie, c’est pour lui la peinture des moyens qu’ils choisissent pour s’y diriger.

1709. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Le moyen le plus puissant et le plus efficace de développer cette éducation de l’esprit français, de l’assurer, c’était de lui faire voir, comme en un abrégé, l’antiquité elle-même se révélant dans notre langue. […] « Je ne me prends guère aux Grecs, dit-il quelque part, parce que mon jugement ne se satisfait pas d’une moyenne intelligence136. » Et ailleurs : « Je n’ai quasi d’intelligence du grec. » Et ailleurs, parlant de Platon, dont il blâme les dialogismes : « Je ne vois rien, dit-il, en la beauté de son langage137. » C’est donc par Amyot que Montaigne a connu l’auteur ancien qu’il a le plus goûté et le plus pratiqué, à savoir Plutarque.

1710. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Il défend le foyer chrétien, comme on défend sa patrie contre l’envahissement de l’étranger, par tous les moyens de destruction que permettent les lois de la guerre. […] S’il s’y trouve des paroles d’admiration passionnée pour les hommes, grands entre tous, auxquels la Providence confère la tutelle des sociétés que leurs fautes et celles de leurs gouvernements ont menées aux abîmes, toute la partie politique du livre n’est qu’un long enseignement des moyens de ne pas rendre cette tutelle nécessaire.

1711. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Peut-être avait-il des doutes sur les qualités d’éternité de ses œuvres et crût-il avoir trouvé un moyen facile d’être immortel. […] c’est qu’ayant à dire des choses fortes et profondes, fines et délicates, ils ne trouvaient pas toujours de suite le moyen d’exprimer toute cette délicatesse, toute cette force qu’ils ressentaient.

1712. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Quand j’allais à Guingamp, ville plus laïque, et où j’avais des parents dans la classe moyenne, j’éprouvais de l’ennui et de l’embarras. […] « Comme un violent cours d’eau qui, rencontrant un obstacle infranchissable, renonce à son cours direct et se détourne, la pauvre fille, n’ayant aucun moyen de dire son amour à celui qu’elle aimait, se rabattait sur des riens : obtenir un instant son attention, ne pas être pour lui la première venue, être admise, à lui rendre de petits services, pouvoir s’imaginer qu’elle lui était utile, cela lui suffisait. « Mon Dieu, qui sait ?

1713. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Elles se réservent toujours un retour possible, un moyen de raccommodement. […] Navarette transmet ces renseignements au baron qui, par ce moyen, opère à coup sur.

1714. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Ce qui prouve, du reste, la triple absence de l’aperçu, de la sensibilité et de la science réelle en Villemain, c’est qu’au meilleur moment de sa jeunesse et de sa force il n’ait cherché dans les Pères et dans l’étude de leurs écrits qu’une raison et qu’un moyen d’enseigner l’éloquence, comme si l’éloquence s’enseignait ! […] » Évidemment, si l’on comprend bien, c’est toujours là le gouvernement des classes moyennes, baptisé par Guizot et transporté dans l’instruction publique ; c’est toujours ce gouvernement des Montmorency de la bouteille à l’encre et des Bayards de la leçon d’une heure, qu’il faut reconstituer à tout prix et en vue duquel on demande plaintivement aujourd’hui, mais sans modification d’aucune sorte, le maintien de l’état de choses qui nous a régis tant d’années, sans nous conduire et sans nous diriger.

1715. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Or, si elles en avaient le caractère et l’importance, elles n’eussent point, soyez-en sûr, passé si vite et si aisément sous des pointes si rapprochées, et il aurait fallu plus de quelques lignes (la moyenne que M.  […] Ferrari a bien le droit de mépriser, d’autres moyens ne manquaient pas et qu’il ne les a pas employés.

1716. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Zola, plus fort qu’Annibal, a échappé aux douceurs de Capoue de la charcuterie en faisant, par un tour de génie, de son Icarien en rupture de ban un inspecteur à la Halle, que nous avons, par ce moyen, inspectée avec lui. […] Zola trouve le moyen de l’être.

1717. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

S’il existe un monde dont tous les éléments ou les faits échappent à tous nos moyens d’observation extérieurs, et ne tombe que sous un sens intime ; si les faits de cet ordre, supérieurs à tout ce qui se présente à titre de phénomènes, antérieurs à tout procédé artificiel de raisonnement, sont les vrais, les seuls principes de la science, et bien spécialement de celle de l’homme intellectuel et moral ; celui qui se serait livré à cette étude extérieure, qui, travaillant à constater les faits primitifs de sens intime, à les prendre à leur source, à les distinguer de tout ce qui n’est pas eux, et de tout ce mélange du dehors qui les complique et les altère, celui-là ne serait-il pas en droit de s’écrier à son tour, et peut-être avec plus de fondement que Newton : Ô psychologie, gardez-vous de la physique, gardez-vous même de la physiologie23. » Maine de Biran était trop sévère pour une école psychologique qui a donné de précieux résultats ; mais ce sera toujours l’invincible force et l’immortel honneur de l’école dont il est le père, d’avoir rappelé les observateurs de la nature humaine aux enseignements de la conscience. […] C’est ainsi qu’ont procédé les plus grands observateurs de la nature humaine, philosophes ou moralistes, analysant, décrivant et définissant les instincts, les penchants, les passions, les facultés de l’homme, au moyen des révélations du sens intime, tandis que d’autres observateurs s’attachent aux actes extérieurs, aux œuvres mêmes de ces facultés, pour découvrir les lois de leur développement.

1718. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

« Mais, s’écrieraient-ils, vous présentez la vérité sous forme bien paradoxale ; votre style, à vous-même, est trop pensé ; vous frappez à tout coup ; vous parlez Quintilien, mais en traits à la Sénèque. » Et moi je l’en louerai et je lui dirai : « Vous nous réveillez sur ces vieilles questions ; vous avez trouvé moyen de nous promener dans la terre de la patrie par des chemins imprévus.

1719. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Feydeau l’idée, la situation et le talent, j’avais fait des réserves suffisantes ; mais, me souvenant de nos propres débuts, déjà si lointains, et des accusations, au moins exagérées, dont nous-même fûmes autrefois l’objet de la part d’adversaires prévenus, je ne saurais admettre que le meilleur moyen d’encourager ou de redresser un talent qui se produit soit de lui lancer d’abord un écritoire à la tête ou de le lapider.

1720. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

On.possède, à son égard, tous les moyens d’investigation et de connaissance.

1721. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

M. de Pongerville nous l’affirme en propres termes ; il consacre sa préface à démontrer cette vérité ; et, comme M. de Pongerville a passé dix ans à traduire en vers ce poète, quatre ans à retoucher et à revoir sa traduction ; comme il s’occupe en ce moment de retraduire en prose cette traduction en vers, et qu’un volume en a déjà été publié dans la collection Panckoucke, il n’y a pas moyen de récuser un homme aussi compétent sur Lucrèce ; on ne peut que s’incliner et croire.

1722. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

par quelle combinaison toute neuve de sujets et de chants a-t-il trouvé moyen de satisfaire aux convenances morales de l’âge, des rapports privés, à l’attente du pays et à sa propre gloire ?

1723. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Tant qu’on reste en effet sur le terrain moyen des aventures humaines dans la zone mélangée des malheurs et des passions d’ici-bas, comme l’ont fait Le Sage et Fielding, on peut garder une neutralité insouciante ou moqueuse, et corriger les larmes qui voudraient naître par un trait mordant et un sourire ; mais dès qu’on gravit d’effort en effort, d’agonie en agonie, aux extrémités funèbres des plus poétiques destinées, le manque d’espérance au sommet accable, ce rien est trop, ce ciel d’airain brise le front et le brûle.

1724. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Le nouvel académicien a fait preuve de tact comme de reconnaissance dans l’hommage qu’il a trouvé moyen de rendre à la mémoire de M. 

1725. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

« Sous le poids accablant de cette infériorité humiliante, l’homme de lettres devait quelquefois aussi comparer d’un œil jaloux ces palais somptueux, ces tables splendides où on lui faisait la grâce de l’admettre, avec son modeste appartement garni et ses moyens précaires d’existence. » Les châteaux de La Brède, de Montbard, de Ferney, de Voré, des appartements garnis !

1726. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Nous examinerons dans un prochain article16 l’influence de ce dernier fait, et si, même en l’acceptant comme nécessaire, il n’y aurait pas moyen d’en corriger les mauvais résultats.

1727. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Ce n’est certes pas à dire qu’il s’agisse de ramener les appétits grossiers et rétrogrades, d’exagérer la vie nutritive au détriment de la vie méditative ; mais nos besoins physiques, selon la mesure de l’harmonie, sont réintégrés dans la plénitude de leur satisfaction légitime ; le conseil de diminuer ces besoins est remplacé par celui d’augmenter nos moyens ; le précepte d’amortir nos désirs en nous se tait devant le devoir d’étendre notre puissance au dehors.

1728. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

j’appelle girondinisme en politique vouloir imprudemment les moyens, accumuler les motifs, les émotions et les impulsions, sans vouloir la fin.

1729. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Dans les pays pauvres, et surtout dans les classes moyennes de la société, on a souvent trouvé des mœurs très pures ; mais c’est aux premières classes qu’il appartient de rendre plus remarquables les exemples qu’elles donnent.

1730. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Dieu ne peut déroger ; il s’est interdit le caprice, le changement, les petits moyens ; il est grand, il faut que son action soit toujours grande.

1731. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

On peut s’en servir comme moyen d’inspiration, mais rarement comme forme de développement.

1732. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Sans pain, sans feu, de la paille pour lit, entre une femme qui gémit, une nourrice qui veut ses gages, et un propriétaire qui réclame son loyer, voilà en quel état se présente à nous le triste Rutebeuf, qui trouve pourtant moyen de rire.

1733. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il a commencé par être un reporter plein de déférence ; puis il s’est poussé et s’est maintenu par le respect du public, entendez par le respect des opinions et des goûts présumés de la haute et moyenne bourgeoisie.

1734. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Je crois à présent que le meilleur moyen de comprendre M. 

1735. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

— Ne vois-tu pas que c’est un moyen adroit pour te faire gagner quinze mille francs ?

1736. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

C’est un moyen naïf, d’illettré, mais sûr, de nous communiquer des impressions visuelles.

1737. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

C’était l’œuvre d’hommes pénétrés d’un haut idéal de la vie présente et croyant avoir trouvé les meilleurs moyens pour le réaliser.

1738. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Plusieurs stoïciens avaient trouvé moyen d’être libres sous un tyran.

1739. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

On conçoit, d’un autre côté, que ces âmes tendres, trouvant dans leur conversion à la secte un moyen de réhabilitation facile, s’attachaient à lui avec passion.

1740. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Par notre extrême délicatesse dans l’emploi des moyens de conviction, par notre sincérité absolue et notre amour désintéressé de l’idée pure, nous avons fondé, nous tous qui avons voué notre vie à la science, un nouvel idéal de moralité.

1741. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Elle ne prétendait pas faire oublier madame de Montespan par les saillies, par les moqueries, par les imitations chargées ; mais elle faisait sentir au roi un intérêt de cœur, elle lui faisait pressentir des jouissances inconnues, elle excitait dans son âme la puissance des sympathies ; la glorieuse, l’amante de la considération s’entendait bien avec l’amant de la gloire sur la valeur de cette jouissance, sur les moyens de se l’assurer.

1742. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Et, en effet, ce misérable poursuit le succès avec une âpreté qui ne recule devant aucun moyen.

1743. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Le docteur Akakia se moque surtout de l’idée d’établir une ville latine, du beau projet de ne point payer les médecins, lorsqu’ils ne guérissent pas les malades ; de cette comète qui viendra voler notre lune, & porter ses attentats jusqu’au soleil  ; de ces observations nouvelles sur la génération ; de l’âge de maturité qui est la mort, & non l’âge viril ; de la démonstration, par algèbre, de l’existence de dieu ; du moyen de connoître & de prédire sûrement l’avenir ; du conseil de dissequer des cervaux de géans hauts de onze pieds, & d’hommes velus portant queue, afin de sonder la nature de l’intelligence humaine .

1744. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Andronicus, qui d’abord chantoit son cantique ou sa cantate, & qui exécutoit, alternativement ou en même temps, les intermédes de danses, ayant altéré sa voix, chargea un autre acteur de chanter, & dansa, par ce moyen, avec plus de liberté & de force.

1745. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Nous voulons donc aujourd’hui que la critique trouve moyen de concilier les lois éternelles du goût, sans lesquelles il n’y a plus de différence entre les bons et les mauvais ouvrages, et cette liberté des formes sans laquelle il n’y a ni création ni spontanéité dans les œuvres d’art.

1746. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Ce grand mouvement critique auquel nous assistons ne prouve certainement pas que le spiritualisme ait tort ; mais il prouve, à n’en pas douter, que nos moyens de démonstration sont insuffisants, qu’il y a des lacunes dans nos doctrines, qu’elles ne sont pas complètement appropriées aux lumières de notre temps, qu’elles laissent en dehors d’elles un trop grand nombre de faits inexpliqués, qu’elles se sont montrées trop indifférentes à l’égard des sciences physiques et naturelles, qu’elles ont trop abandonné la nature aux savants, enfin qu’elles ont trop préféré en général l’analyse à la synthèse.

1747. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Les lettres étaient en crédit, car le faux savoir même était un moyen de fortune ; Les Femmes savantes en sont la preuve.

1748. (1760) Réflexions sur la poésie

Enfin nous croyons la rime aussi indispensable à nos vers que la versification à nos tragédies : que ce soit raison ou préjugé, il n’y a qu’un moyen d’affranchir nos poètes de cet esclavage, si s’en est un ; c’est de faire des tragédies en prose, et des vers sans rimes, qui aient d’ailleurs assez de mérite pour autoriser cette licence.

1749. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

« Ce n’est point à la vie que je suis revenu, disait-il, c’est à mes amis. » Toujours plus indigné des horreurs dont il avait voulu s’affranchir par la mort, on l’entendit dire plus d’une fois : « Ce que je vois me donne à tout moment l’envie de me recommencer. » Obligé, par la perte presque totale de ses moyens d’existence et par les frais considérables de sa détention et de son traitement, à vivre de privations, il alla s’établir, avec ce qui lui restait de ses livres, dans une modeste chambre de la rue Chabanais, sans regretter pourtant le temps où il occupait un appartement au Palais-Bourbon, ou dans l’hôtel de M. de Vaudreuil.

1750. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Le philosophe ignoré qui me gourmandait n’a pu lui-même m’offrir le moyen de dégager l’inconnue ; c’est qu’en effet cela n’était pas possible : Ancillon y avait échoué.

1751. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Mais est-ce là le moyen de la faire venir ?

1752. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Elle est donc toujours un mystère… non pas un simple mystère à ténèbres dans lesquelles l’œil cherche sans voir, mais un mystère à éblouissements qui brise la lumière sous les feux luttants des contradictions… Avec un pareil peuple, qui semble échapper au jugement même, avec ce sphinx retors qui a remplacé l’énigme par le mensonge et auprès de qui tous les sphinx de l’Egypte sont des niais à la lèvre pendante, n’y a-t-il pas toujours moyen, si on ne met pas la main sur le flambeau de la vérité, de faire partir, en frottant son esprit contre tant de récits, les allumettes du paradoxe, et d’agir ainsi, fût-ce en la déconcertant, sur l’Imagination prévenue, qui s’attend à tout, excepté à l’ennui, quand on lui parle de la Chine et des Chinois ?

1753. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

C’était le bon moyen, en effet, d’apprendre ce qu’il ignorait ou d’assurer ce qu’il croyait savoir.

1754. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Elle n’entre pas dans les combinaisons de ceux qui la prennent pour un moyen d’action politique sur les hommes, ce qu’elle est parfois, mais ce à quoi elle ne pense jamais.

1755. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

on tombe rudement de haut, quand on tombe de ces maréchaux et de la fonction dont ils étaient investis par le Roi à l’intervention, sans caractère public et obscurément paternelle, de témoins choisis par les combattants qui se fient à eux ; mais, il faut bien le dire, c’est encore le meilleur moyen de moraliser le duel et d’en prévenir les conséquences désastreuses… Pour mon compte, à moi, j’aime à voir refaire la seule législation qui soit possible sur le duel au xixe  siècle, libéral et républicain, avec les miettes de la législation brisée de ce despote de Louis XIV, comme on fait une petite maison avec les débris d’un palais… Mirabeau disait un jour, à propos d’un duel qu’il avait refusé : « J’ai refusé mieux ! 

1756. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Partout, si ce n’est par le goût, il n’était point inférieur, il était médiocre, moyen, d’entre-deux, — mais non comme le voulait Pascal : il ne couvrait pas tout l’entre-deux !

1757. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Le moyen donc d’être bonhomme, en peignant un homme qui l’est si peu ?

1758. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

La sienne ne semble qu’un prétexte, un moyen, et non pas un but.

1759. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Martin tranquille, la Critique n’aurait vraiment d’autre moyen, pour l’empêcher de le planter sur la tête de la foule, que de lui prendre et de lui retourner son bonnet !

1760. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Il prend à Scott, ou plutôt à tout le monde, ce moyen usé de faire rire : la répétition de la même chose passée à l’état de tic.

1761. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

La colère peut dilater la verve et emporter à l’éloquence, mais l’esprit s’allume à d’autres sources, et il n’y a que Lamennais peut-être, Lamennais, l’encoléré sublime, qui pût trouver le moyen de mêler aux torrents d’une imprécation presque biblique comme celle qui bouillonne dans ses lettres, cette pointe d’esprit aiguë et subtile qui se plante aux articulations de toutes choses et entre en brillant comme un glaive de cristal !

1762. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Pour nous, le Tchitchikoff des Âmes mortes n’est qu’un prétexte, un vieux moyen pour faire tourner sous notre regard le panorama social, religieux, politique, administratif, de la Russie tout entière.

1763. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Cette vue exprimée et développée déjà par Donoso Cortès, et qu’il démontre, à savoir : le triomphe naturel du mal sur le bien, et le triomphe surnaturel de Dieu sur le mal, par le moyen d’une action directe, personnelle et souveraine, n’avait jamais été formulée avec cette plénitude et cette vigueur.

1764. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Le bâton avec lequel il tâtonna et sur lequel il s’appuya en anatomie, par exemple, fut Daubenton, mais par Daubenton (qu’importe le moyen !)

1765. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Saint-Bonnet a prouvé à quelle race d’esprits il appartenait, en donnant pour base à une question de réforme dans l’éducation publique cette histoire de l’affaiblissement de la raison en Europe, qui serait la plus sûre prophétie de notre prochaine décadence, si le livre où elle est annoncée ne renfermait pas les meilleurs moyens de l’éviter !

1766. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

On tenait l’obus formidable qu’il fallait empêcher, par tous les moyens, d’éclater.

1767. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Certes, c’est ici le cas ou jamais de citer le beau mot du philosophe Jacobi, qui savait, comme Pascal, ce que vaut, sur les questions premières, la philosophie réduite à elle seule : « La philosophie, comme telle seulement, disait-il, est un jeu que l’esprit humain a imaginé pour se désennuyer, mais en l’imaginant, l’esprit n’a pas fait autre chose que d’organiser son ignorance. » Et encore y a-t-il moyen de l’organiser plus ou moins solidement, cette ignorance !

1768. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Dans un siècle comme celui-ci, il n’y avait pas d’autre moyen de se faire écouter, surtout de cette jeunesse qui s’imagine savoir quelque chose, qu’en montrant que, la théologie à part, un prêtre en savait plus long qu’elle.

1769. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Il est calme, rassis, se tenant dans une région moyenne, et pourtant il ne manque ni de lumières, ni de courage, quand il s’agit de couvrir et de défendre la souveraineté pontificale, que les conciles dont il écrit l’histoire attaquèrent et voulurent abattre.

1770. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

» Or, comme dans toute théodicée il n’y a jamais qu’une démonstration, la démonstration de l’existence de Dieu, faite par autant de voies que l’esprit peut en inventer, et impliquant, quand elle est bien faite, non seulement la science de Dieu, mais la science de l’homme s’élevant à Dieu et le rencontrant à l’extrémité de tous les rayons de sa vie, il est évident que le moyen d’appréhender cette vérité première, de s’élever à Dieu, de l’approcher de nous, de nous le démontrer enfin, est toute l’originalité ou toute la vulgarité, toute la force ou toute la faiblesse du traité qui, en ce moment, nous occupe.

1771. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Nul moyen donc pour Caro d’éviter l’inévitable auteur de la Vie de Jésus.

1772. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

À tout bout de champ Quinet trouve le moyen de se citer, de nous parler de ses autres ouvrages, pressentiments justifiés par celui-ci, éclairs dont voilà le foyer.

1773. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Une pareille opinion, dont il m’est impossible de ne pas m’étonner venant de la plume qui l’exprime, aurait peut-être sa valeur si le poème d’Armelle, au lieu de s’adresser aux âmes, une à une, dans l’intimité de chacune d’elles, était une œuvre dramatique, s’adressant à un public en masse, c’est-à-dire à cette moyenne d’esprits qui ne regardent comme vraisemblables et touchants que les sentiments dont ils sont capables.

1774. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

tu n’en crois rien, J’espère que par ce moyen De toy tu seras amoureuse.

1775. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Nous le répétons, n’être pas original est un moyen sûr de réussir vite en France, où c’est presque une impertinence pour chacun que de ne pas ressembler à tout le monde.

1776. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Mais pour la majorité des esprits qui pensent, avant tout, à être littéraires quand ils écrivent, on peut dire qu’on est revenu de toute part maintenant au roman de moyenne proportion, qui n’a pas la prétention napoléonienne de brasser tout un monde de caractères et de passion comme Napoléon brassait les masses dans ses carrés de bataille ; à ce genre de roman, enfin, qui n’est que l’étude de l’individualité humaine et qui, sans avoir pour cela besoin d’être modeste, se contente d’une passion (tout un infini) à creuser, d’une situation à frapper de lumière et d’un caractère à faire vivre.

1777. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

On en trouve aussi d’un genre plus relevé, et faites pour contenter le goût le plus austère ; telles sont les idées générales répandues sur chaque science, sur leur origine, leur progrès, leur but, les moyens de les perfectionner, leur liaison et les points de communication par où elles se touchent.

1778. (1903) La pensée et le mouvant

Mais ce serait se tromper étrangement que de prendre pour un élément constitutif de la doctrine ce qui n’en fut que le moyen d’expression. […] Nous n’avons que deux moyens d’expression, le concept et l’image. […] Autant vaudrait croire que, pour parler, nous allons chercher des mots que nous cousons ensuite ensemble au moyen d’une pensée. […] Il y aurait eu pourtant un moyen très simple de trancher la difficulté : c’eût été d’interroger Achille. […] C’est qu’il voyait là un moyen commode de symboliser — peut-être même d’exprimer — sa propre pensée.

1779. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

C’est par le moyen des Lettres & des Ecrivains que les idées saines, depuis trente ans, ont parcouru avec rapidité toutes les Provinces de la France, qu’il s’y est formé d’excellens esprits dans la Magistrature. […] Les moyens pour le bonheur universel, sont déjà indiqués. […] Il seroit dangereux de ne pas laisser à l’homme un moyen de renverser les opinions erronnées qu’il a établies, dès qu’il en connoîtra le vuide & la fausseté ; & s’il a été libre de produire ses premieres idées, il doit lui être également permis de se rétracter. […] Le Législateur qui trouvera le moyen de hacher les propriétés, de diviser & subdiviser les fortunes, servira merveilleusement l’Etat & la population. […] Une loi qui parmi nous examineroit, à la mort, la vie d’un très-riche Propriétaire, par quels moyens il a amassé sa fortune, & qui rendroit aux pauvres de l’Etat ce qui paroîtroit avoir excèdé les gains légitimes, semblera chimétique, mais n’en seroit pas moins excellente.

1780. (1922) Gustave Flaubert

Quand a-t-il vu dans la littérature autre chose qu’un moyen de mettre au jour ses tristesses et ses haines et de les contempler avec une sombre satisfaction ? […] Évidemment, à un certain point de vue, que le sujet et l’exécution du roman aient été conçus par Flaubert comme un moyen de sortir de lui, comme un exercice d’objectivité et d’art pur, cela ne fait pas de doute. « Les livres que j’ambitionne le plus de faire sont justement ceux pour lesquels j’ai le moins de moyens. […] Il n’importe pas du tout qu’elles se raccordent logiquement (les raccords logiques sont en art le meilleur moyen de faire du faux). […] Bournisien reste au-dessous du curé moyen : c’est un magot. […] Et il s’essaye à desserrer, par les moyens qu’il connaît, cette fatalité.

1781. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Par cette négligence, un jeune seigneur de grande espérance, qui venait à une audience, avait malheureusement été empoisonné, bien que le roi à ce moment n’eût aucun dessein contre sa vie ; mais cet excellent prince eut la touchante bonté de remettre le fouet au pauvre page, à condition qu’il promettrait de ne plus jamais recommencer sans un ordre spécial 1013. » Toutes ces fictions de géants, de pygmées, d’îles volantes, sont des moyens de dépouiller la nature humaine des voiles dont l’habitude et l’imagination la couvrent, pour l’étaler dans sa vérité et dans sa laideur. […] C’est un triste spectacle pour ceux qui se promènent dans cette grande ville, ou voyagent dans la campagne, que de voir les rues, les routes et les portes des cabanes couvertes de mendiantes, suivies de trois, quatre ou six enfants, tous en guenilles, et importunant chaque voyageur pour avoir l’aumône… Tous les partis conviennent, je pense, que ce nombre prodigieux d’enfants est aujourd’hui dans le déplorable état de ce royaume un très-grand fardeau de plus ; c’est pourquoi celui qui pourrait découvrir un moyen honorable, aisé, peu coûteux de transformer ces enfants en membres utiles de la communauté, rendrait un si grand service au public, qu’il mériterait une statue comme sauveur de la nation. […] J’ai compté qu’en moyenne un enfant pesant douze livres à sa naissance peut en un an, s’il est passablement nourri, atteindre vingt-huit livres. […] Quelques personnes d’esprit abattu s’inquiètent en outre de ce grand nombre de pauvres gens qui sont vieux, malades ou estropiés, et l’on m’a demandé d’employer mes réflexions pour trouver un moyen de débarrasser la nation d’un fardeau aussi pénible ; mais là-dessus je n’ai pas le moindre souci, parce qu’on sait fort bien que tous les jours ils meurent et pourrissent de froid, de faim, de saleté et de vermine, aussi vite qu’on peut raisonnablement y compter.

1782. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il les dit comme ils lui viennent, sans arrangement ni style, en manière de conversation, sans songer à faire un effet ou à combiner une phrase, avec les mots de métier et les tournures vulgaires, revenant au besoin sur ses pas, répétant deux et trois fois la même chose, n’ayant pas l’air de soupçonner qu’il y a des moyens d’amuser, de toucher, d’entraîner ou de plaire, n’ayant d’autre envie que de décharger sur le papier le trop-plein des renseignements dont il s’est muni. […] C’est la grande preuve qu’on offre alors aux incrédules ; le grave Johnson lui-même tâchera de voir un revenant, et il n’y a point d’événement qui en ce temps-là soit mieux approprié aux croyances de la classe moyenne. […] Il entre dans toute sorte de rêveries ; il se demande si ce n’est pas le diable qui a laissé cette empreinte de pied, et il en raisonne. « Je considérai que le diable aurait pu trouver quantité d’autres moyens de m’effrayer1031 », si c’était là son envie. « Comme je vivais tout à l’opposé de ce côté de l’île, il n’aurait jamais été si simple que de laisser cette marque à un endroit où il y avait dix mille chances contre une que je ne la verrais pas, dans le sable surtout, où la première houle par un grand vent l’eût effacée. […] Elle le sait bien, et n’a pas d’autre moyen pour expliquer le vice que de les supposer absentes, « Sûrement, dit-elle en parlant de l’entremetteuse, cette femme est athée.

1783. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

La politique n’a donc plus qu’un principe, l’égalité, source du droit ; un but, la liberté, c’est-à-dire la liberté de chacun, le perfectionnement de chacun, la manifestation des facultés de chacun ; enfin un moyen d’arriver à ce but, la fraternité. […] L’honneur, comme le plus riche de tous les métaux, circulait dans la société, reliant les hommes entre eux et leur servant de moyen d’échange. […] Dieu, en nous faisant tous semblables, en nous donnant à tous des besoins et des facultés, non pas identiques, mais semblables, nous a donné pour principe unique du droit l’égalité, et pour moyen de réaliser cette égalité la société. […] Après la désobéissance, c’est par cette idée de la supériorité naturelle de l’homme sur la femme que le poète trouve moyen d’introduire la damnation dans la bouche de Dieu : Adam. « Cette femme m’a présenté de cet arbre, et moi j’ai mangé. » La Souveraine Puissance répliqua : « Était-elle ton égale, pour lui résigner ta dignité d’homme, ce haut rang où Dieu t’éleva au-dessus d’elle ?

1784. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Aimer Molière, c’est être également à l’abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent son sectaire, qui, sous prétexte de puritanisme, trouve moyen de pétrir et de combiner tous les fiels et d’unir dans une doctrine amère les haines, les rancunes et les jacobinismes de tous les temps. […] L’appartement de Molière était à l’entresol, et celui d’Armande Béjart au-dessus : ils communiquaient ensemble au moyen d’un escalier de bois fort roide et de deux pieds et demi de largeur. […]   J’approuve fort votre idée, mon cher Lekain, pour la statue de Molière, mais je ne suis embarrassé que des moyens. […] Je sais bien toutefois que vous attendez autre chose de moi que des soupirs et des larmes, mais le moyen de s’empêcher d’en répandre un torrent ! […] Louandre cite le Mercure de France de 1740, qui dit qu’elle faisait certaines cabrioles remarquables pour le temps, qu’on voyait ses jambes au moyen d’une jupe qui était ouverte des deux côtés, avec des bas de soie, attachés au moyen d’une petite culotte , ce qui était alors une nouveauté.

1785. (1902) Le critique mort jeune

Avec un sens artistique très puissant, tout en protestant contre la corruption de notre langue, il indique les moyens les plus naturels et les plus raisonnables de la préserver. […] Rien n’est plus varié d’ailleurs que les moyens qu’il emploie pour faire pénétrer dans l’idée de ses auteurs. […] Stanislas de Guaita, bien doué et de corps solidement construit, n’y résista pas, comme il arrive à des gens très musclés et incapables de tenir à de moyennes doses d’alcool. […] Il en a tous les dons et tous les moyens d’expression. […] Margueritte sont assurés qu’on ne peut manquer de l’atteindre par ces moyens héroïques.

1786. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Mais il en fait ici une application individualiste, par le moyen de l’atavisme. […] Ce Vintras était partisan de la justification par l’amour et recommandait donc l’amour à ses fidèles comme un moyen de salut. […] Un artiste créateur, c’est un artiste original, qui par le moyen de personnages et de fables ou par tout autre moyen, crée des idées, des sentiments, des formes, un esprit, un style. […] Mais je crois que leur moralité est d’une moyenne très supérieure à celle de leur temps. […] Pour y réussir, tous les moyens lui sont bons.

1787. (1891) Esquisses contemporaines

Il attribuait à la nature un rôle tout secondaire : il voyait en elle un moyen de confondre l’homme et de le conduire à Dieu. […] Pour sortir vainqueur de ces angoisses un seul moyen se présente : les activités morales. […] Elles choisissent, entre les extrêmes, une position moyenne qui convient mieux à leur médiocrité. […] Aristocratiques par leurs habitudes sociales et leur éducation, elles sont moyennes par nature et par naissance. […] Une infinie pitié, une ineffable compassion pour le malheur irresponsable des créatures deviennent dès lors le moyen du salut et le commencement de la régénération.

1788. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

On employa tous les moyens pour me faire céder : promesses, supplications, menaces ; rien ne put vaincre mon obstination. […] Mais le moyen n’était pas facile à trouver et je roulai longtemps ce sinistre projet sans parvenir à le réaliser. […] J’avais d’ailleurs un moyen, qui réussissait presque à coup sûr, de faire pardonner à toutes. […] Il n’y eut pas moyen de racheter le châtiment. […] Ma mère comprend qu’il n’y aura pas moyen de me faire entendre raison, et que le plus court est de céder.

1789. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Léon Hennique, dont la naïveté me navre, quelques-uns des moyens les plus utilement employables. […] Maurice Maeterlinck n’emploie aucun des moyens en usage dans le théâtre. […] C’est parce qu’il est un des meilleurs agents de la gouvernable ignorance, un des moyens les plus sûrs de retenir un peuple dans l’abrutissement éternel. […] Mais les autres, mais toutes les autres… Avec une adresse qui sait s’effacer, au moyen d’interrogations insidieuses et polies qui n’ont l’air de rien, M.  […] On a essayé de ce moyen classique contre Fénéon.

1790. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

La politesse n’exclut pas la vérité, elle lui donne le moyen de circuler plus facilement, voilà tout, et elle lui constitue, par dessus le marché, une autorité durable que la violence n’a jamais eue. […] le pauvre docteur raisonnait sans l’insuffisance des moyens que la science pouvait mettre en ses mains, et pour quelques résultats qui l’étonnèrent, il dut bien vite constater qu’il ne lui était pas donné plus qu’à d’autres de reculer d’une seconde l’heure fatale quand elle était marquée à la grande horloge. […] Un des moyens littéraires vraiment habiles de M.  […] René Bazin a parlé avec un rare tact, en ne disant que ce qu’il fallait dire, ne voulant provoquer d’émotion que par des moyens de bon aloi. […]   C’est avec un serrement de cœur qu’on lit dans ces pages tous les préparatifs faits pour combattre l’émeute, tous les moyens de résistance offerts, échouer devant la faiblesse et la trahison.

1791. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Si quelqu’un a été soi dès le début, c’est bien elle : elle a chanté comme l’oiseau chante, comme la tourterelle gémit, sans autre science que l’émotion du cœur, sans autre moyen que la note naturelle. […] C’est cet humble frère qu’il s’agissait à tout instant de relever, de réconforter, de secourir même par de rares envois d’argent ; mais, en lui servant sa minime obole, cette âme de sœur trouvait moyen de diversifier à l’infini le baume moral qu’elle répandait sur ses blessures.

1792. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Il y aurait eu moyen sans doute de tirer des cent vingt-neuf épigrammes ou petites pièces restantes de Méléagre d’autres gracieux détails et des considérations littéraires plus approfondies, plus sûres ; j’en ai dit assez du moins pour faire entrevoir l’espèce d’imagination et de sensibilité, de subtilité passionnée et de vif agrément encore, d’un poëte qui en représente pour nous beaucoup d’autres. […] xli. — Dans son Cours d’Etudes historiques (tome VI, page 98), au moment où il vient de nommer Horace et Virgile, Daunou ajoute : « Après de tels noms, je ne puis proférer ceux d’un Méléagre, d’un, etc., etc. » Je suis fâché de ce dédain pour Daunou : excellent critique dans le genre moyen, il ne sentait ni la délicatesse exquise chez Méléagre, ni la grandeur chez Napoléon.

1793. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Il ne se cache pas sur les motifs qui l’y jetèrent : « Je ne balançai point, dit-il, et je ressentis un grand plaisir de voir qu’en quelque état que la dureté de la reine et la haine du cardinal (Mazarin) eussent pu me réduire, il me restoit encore des moyens de me venger d’eux. » Mal payé de son premier dévouement, il s’était bien promis qu’on ne l’y prendrait plus. […] Le gros du monde, même des gens d’esprit, est dupe des genres : il admire à outrance, dans un genre noble et d’avance autorisé, des qualités d’art et de talent infiniment moindres que celles qu’il laissera passer inaperçues dans de moyens genres non titrés.

1794. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Sa vieille amie, la comtesse de Lémos, lui avait dit : « Prenez-y garde, l’intrigue, quand elle complique, n’est plus un moyen, c’est une difficulté de plus. » Au moment de sa retraite et de son voyage à travers les belles campagnes qu’il n’a pas aperçues depuis si longtemps, et où se promène avec une ombre de sourire son regard éteint je salue une haute pensée : « Dans tous les malheurs qui nous arrivent, il se rencontre un moment douloureux qu’on doit se hâter de franchir : c’est comme un passage obscur et difficile, une sorte de portique entre le désespoir et la résignation. […] La Révolution avait changé les conditions des diverses classes de la société, et déplacé, en quelque sorte, le centre des forces : il tendait à se fixer désormais dans les classes moyennes.

1795. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

S’il a écrit un chapitre d’histoire naturelle, c’est au moyen d’un traité de moeurs ; il ne pouvait en employer un autre, et l’on va voir qu’il n’y en a pas de meilleur. […]     Pour un milan, il s’en ira :     Ventre affamé n’a pas d’oreilles. »127 Que de portraits dans la classe moyenne !

1796. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. […] Il y a des actes humains tellement mêlés de faiblesse et de force, d’intention pure et de moyens coupables, d’erreur et de vérité, de meurtre et de martyre, qu’on ne peut les qualifier d’un seul mot, et qu’on ne sait s’il faut les appeler crime ou vertu.

1797. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

C’est dans cet esprit que le volcan de Ténériffe fut pour Humboldt la clef des grands mystères de la vie générale ; il découvrit les différents moyens que la nature emploie pour créer et pour détruire, il apprit ainsi à faire d’un fait isolé la mesure des faits généraux. […] Sa stature était de moyenne taille ; ses pieds et ses mains étaient petits et admirablement faits ; sa tête, au front haut et large, était garnie de cheveux d’un blanc d’argent ; ses yeux bleus étaient vifs, pleins d’expression et de jeunesse.

1798. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

À cette heure, où la moyenne thermométrique est comprise entre 33 et 34 degrés centigrades, la voix des mammifères et des oiseaux se tait. […] Ce transport, qui coûta 200 000 francs, fut exécuté par l’architecte Fontana, au moyen d’un mécanisme admirable, que de nos jours personne ne pourrait inventer, ni peut-être même imiter.

1799. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CV Pendant cette hésitation des bûcherons, Calamayo, l’homme noir, feignit de se laisser attendrir par les larmes de la mère et de l’enfant ; il tira un peu à l’écart Magdalena, et lui dit à voix basse quelques mots à l’oreille avec un faux air de bonté : — Peut-être, lui dit-il, y aurait-il encore un moyen de sauver le châtaignier, si vous étiez une femme d’esprit et une mère raisonnable ? […] — Bénie soit l’idée de ta mère, m’écriai-je en embrassant Hyeronimo, qui pleurait en regardant sa cousine endormie.… Allons, courage, mon pauvre garçon, lui dis-je ; le seul moyen de les revoir et de nous revoir tous dans de meilleurs jours, c’est de suivre le conseil de ta mère ; c’est l’âme de ton père qui l’inspire.

1800. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Toutes les transformations (les mœurs et du goût s’inscrivent au jour le jour dans nos chansons de geste : chaque génération y souffle son esprit moyen. […] L’épopée avait son comique, simple, primitif, comme elle, et savoureux par-là dans sa grossièreté : le succès sans doute de ces épisodes lança les trouvères dans la recherche des effets plaisants : dénués de finesse comme ils étaient, ils avilirent la matière épique par la lourde et vulgaire outrance du comique sans observation qu’ils y jetèrent à profusion : comique de foire, dont les « bonnes farces », les têtes cassées et les larges ripailles sont les principaux moyens.

1801. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

La jeune duchesse Anne, devenue notre reine, amena de Nantes, attira de tous les coins du royaume tout ce qu’elle put trouver de grands, moyens, petits et tout petits rhétoriqueurs. […] Le xve  siècle avait un moyen de le sauver : que n’a-t-il imprimé la Chanson de Roland comme le Roman de la Rose, et plutôt que les romans en prose142.

1802. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

« L’esprit particulier de la classe moyenne, écrit M. de Tocqueville697, devint l’esprit général du gouvernement ; il domina la politique extérieure aussi bien que les affaires du dedans : esprit actif, industrieux, souvent déshonnête, généralement rangé, téméraire quelquefois par vanité et par égoïsme, timide par tempérament, modéré en toute chose, excepté dans le goût du bien-être, et médiocre… » L’éloquence se ressentit, ainsi que le gouvernement, de cet esprit étroit et positif. […] Il voyait, comme par une direction providentielle, toute l’histoire européenne depuis l’invasion des barbares tendre partout, et particulièrement en France, à former, élever, éclairer, enrichir une classe moyenne : son œuvre d’historien a consisté à dessiner ce mouvement.

1803. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le cours de morale est très bien fait ; il n’en est pas de même du cours de dogme : le professeur est nouveau, ce qui joint à l’importance majeure, et personnelle pour moi, des traités de la Religion et de l’Église, m’arrangerait fort mal, si je ne trouvais auprès de ces autres messieurs le moyen d’y suppléer. […] Dans ces naufrages d’une foi dont on avait fait le centre de sa vie, on s’accroche aux moyens de sauvetage les plus invraisemblables plutôt que de laisser tout ce qu’on aime périr corps et biens.

1804. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Si l’on tient compte du nombre de mesures, de l’étendue moyenne de chaque forme musicale, du nombre de fois que cette forme se présente, on pourra voir que si l’on sectionnait tout l’opéra au moyen de coupes successives, comme au microtome, on rencontrerait ce motif au moins une fois dans une coupe de trois mesures, dix-huit centièmes d’épaisseur. […] Motif 45 (p. 40, 149, 152, 153, 154, 199). — Motif de sens peu précis, mais visant toujours l’union de Walther et d’Eva, au moyen du concours et avec l’aide ce Sachs.

1805. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je chercherais par inclination à m’en faire un ami, mais il n’y a pas moyen, tout le monde court après ; et puis je songe que dans un mois cet homme aujourd’hui si populaire sera entouré de gardes, qu’on ne l’appellera que Votre Majesté : cela m’étourdit l’imagination. […] Il n’y a pas moyen d’abréger la route, à moins que Sa Majesté Impériale ne juge à propos d’envoyer ses vaisseaux vers le nord-est pour venir ensuite porter son nom et sa gloire dans l’hémisphère austral.

1806. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Le notaire s’est mis à lire, d’une voix bredouillante, un long acte très peu clair et soulevant un tas d’objections : « Bon, me suis-je dit, il va se présenter quelque difficulté, et le payement sera rejeté à quelque calende, qu’on ne verra jamais. » Non, tout s’est pacifié, arrangé, au moyen d’un contrat de mariage qu’on a été chercher incontinent, et à ma stupéfaction, mon notaire m’a remis entre les mains soixante-quinze vrais billets de mille francs. […] Pendant la Commune, se trouvant fort désargentée, elle reprochait à son amant d’être la cause de sa misère, et celui-ci chercha, s’ingénia à trouver un moyen de gagner de l’argent.

1807. (1772) Éloge de Racine pp. -

L’académie française, qui honore les talens littéraires en les recevant dans son sein, a trouvé un moyen heureux et noble d’honorer aussi les talens d’un autre ordre, en leur décernant des éloges publics au nom de la postérité. […] Avouons que ce ne sont pas là des modèles ; avouons que Racine a donné ce modèle qui n’existait pas avant lui ; que dans Andromaque les grands crimes sont produits par les grandes passions, les intérêts clairement développés, habilement opposés l’un à l’autre sans se nuire et sans se confondre, expliqués par les personnages et jamais par le poëte ; que les moyens que l’auteur emploie ne sont jamais ni trop vils ni trop odieux ; que les ressorts sont toujours naturels sans être prévus, les événemens toujours fondés sur les caractères ; et convenons que Racine est le premier qui ait su assembler avec tant d’art les ressorts d’une intrigue tragique.

1808. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Ils peuvent les inquiéter, puisqu’ils ont inquiété Balzac lui-même, et le meilleur moyen de les défendre contre une critique juste, mais élevée, n’était pas d’accuser du cant que lord Byron reprochait à l’Angleterre une société qui aurait mieux valu si elle eût été hypocrite… L’hommage à la vertu ne nous distinguait pas en 1834. […] C’est à peine un dessinateur, et cependant c’est un artiste (on l’appellera comme on voudra) qui produit des effets merveilleux avec des moyens presque nuls.

1809. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Et c’est ainsi qu’au déclin d’une école et quand dès longtemps on a pu la croire finissante, quand de ce côté la prairie des muses semble tout entière fauchée et moissonnée, des talents inégaux, mais distingués et vaillants, trouvent encore moyen d’en tirer des regains heureux et de produire quelques pièces presque parfaites qui iraient s’ajouter à tant d’autres dans la corbeille, si un jour on s’avisait de la dresser, — dans la couronne, si l’on s’avisait de la tresser —, d’une anthologie française de ce siècle.

1810. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

M. de Tocqueville parlait bien et très bien, quoi qu’il en dise ; il lui manquait, pour être décidément un orateur, la force des organes, les moyens d’action, et aussi, selon sa juste expression, il écoutait ses idées, plus qu’il ne les versait ; il avait un geste familier par lequel il s’adressait à lui-même et à son propre front plutôt encore qu’à ses auditeurs : il regardait son idée.

1811. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Mais le moyen, mais le temps, mais l’espace ?

1812. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Gonod aurait peut-être eu moyen d’éclaircir et de fixer ces aperçus lointains.

1813. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Dufour, l’auteur de ces magnifiques cartes, épuisé avant l’âge par ce travail surhumain de tant d’années, vient de laisser tomber de sa main le compas, seul instrument du salut de sa pauvre famille, et que son seul moyen d’exister aujourd’hui est une part du prix de cet atlas qui lui coûte son infirmité précoce.

1814. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il est vrai qu’il ne définit pas le bon sens : et l’on entrevoit que pour lui, le bon sens, sans qu’on sache pourquoi, se réduit à la stricte observance des règles, comme si c’étaient des moyens nécessairement efficaces, qui produisent les chefs-d’œuvre par une vertu intrinsèque.

1815. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

De plus, l’institution des Salons donnait aux artistes un puissant moyen d’action sur la société ; et désormais, dans la formation du goût général, entrera une certaine dose de tendances et de jugements esthétiques.

1816. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Il est retourné aux moyens anciens d’expression poétique, les trouvant sans doute tout à fait suffisants et parfaitement adaptés à son but.

1817. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Il ne se demande pas alors si un beau vers est une illusion dans l’éternelle illusion et si les images qu’il forme au moyen des mots et de leurs sons rentrent dans le sein de l’éternelle Maïa avant même d’en être sortis.

1818. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Dans la réalité physique, une cause ne produit pas un effet, mais une multitude de causes distinctes contribuent à le produire, sans qu’on ait aucun moyen de discerner la part de chacune d’elles.

1819. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

C’était un homme de moyenne taille, avec un long collier de barbe noire, au complet de cheviotte bleue, qui hésita sitôt qu’il nous vit et fit mine de rebrousser chemin en chuchotant à un compagnon invisible des mots que nous n’entendions pas.

1820. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

.), ne vit d’autre moyen, pour anoblir son beau-père et l’élever jusqu’à lui, que de le faire grand-prêtre.

1821. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Sa méthode est double : elle étudie les phénomènes psychologiques, subjectivement, au moyen de la conscience, de la mémoire et du raisonnement ; objectivement, au moyen des faits, signes, opinions et actions qui les traduisent.

1822. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Là où il me paraît tout à fait à l’aise et dans le milieu qui lui est propre, sans effort, avec une bonne grâce et une mesure de ton tout à fait naturelle, c’est quand il parle de la comédie, surtout de la comédie moyenne.

1823. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Les sérénités absolues pourraient, à de certains moments, être inquiètes du manque de moyens de l’infini !

1824. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Maintenant les vibrations de l’éther arrivent jusqu’à l’œil, et par le moyen du nerf optique elles déterminent une action inconnue, à la suite de laquelle a lieu la sensation de lumière.

1825. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Ils étaient donc très-attachés à un système de garanties publiques et constitutionnelles, mais ils ajoutaient que les institutions ne sont pas tout, qu’elles ne sont que des moyens et non pas des fins, et que le principal n’est pas de savoir qui gouvernera, mais comment on gouvernera.

1826. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Ces deux scènes ne se nuisent point, et servent très-naturellement, à la manière du Poussin, à donner à toute la composition une profondeur où par ce moyen, l’on distingue trois grands plans, celui des disputants rivaux et des juges, celui des curieux que la dispute appelle, et celui de la forêt ou du paysage.

1827. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

On ne sçauroit mieux décrire notre déclamation, qui tient un milieu entre le chant musical et la prononciation unie des conversations familieres, que la décrit Capella sous le nom de son moyen.

1828. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Cette notion de l’espèce sociale a, d’ailleurs, le très grand avantage de nous fournir un moyen terme entre les deux conceptions contraires de la vie collective qui se sont, pendant longtemps, partagé les esprits ; je veux dire le nominalisme des historiens48 et le réalisme extrême des philosophes.

1829. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Nous avons pensé, en nous souvenant, à travers les Méditations du Discours de la Méthode et en contrôlant le Discours de la Méthode par les Méditations ; et nous avons fait comme le tour du problème de la connaissance, nous apercevant que notre moyen essentiel de connaître est subordonné à quelque chose que nous ne pouvons pas connaître ; nous apercevant que notre connaissance se résout en foi, soit à elle-même, soit à quelque chose d’inconnaissable.

1830. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Nous sommes bien loin du temps où le critique se bornait à dire, ou à peu près : « Il vient de paraître tel ouvrage par un tel ; lisez-le ; j’y ai trouvé du profit et du plaisir. » Il est vrai que l’éloquence n’y trouvait pas son compte, et qu’il n’y avait guère moyen de réunir ces articles sous un titre plus ou moins modeste : « Mélanges, Causeries de tel ou tel jour de la semaine » ; mais le lecteur avait du moins un renseignement précis.

1831. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

C’est le bon moyen.

1832. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Essayez, si vous le pouvez, de faire pénétrer, par le moyen de vos codes arides, les bienfaits de la civilisation parmi les hordes barbares qui n’ont point encore vécu sous le joug et sous la protection des lois !

1833. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Depuis cette époque, l’historien-poète de Swedenborg a renoncé aux interprétations dramatiques de l’histoire, et il s’est restreint aux fonctions plus modestes de l’annaliste, qu’il a trouvé encore le moyen de nous faire paraître ambitieuses.

1834. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Mais ce qui donne la moyenne de l’esprit chinois, ce qui est essentiellement le fruit du terroir, la production du sol, ce sont les maximes générales, les proverbes, et, en d’autres termes, la littérature populaire.

1835. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

La Madelène est un biographe, c’est le soubassement de l’historien, et il a voulu nous tenir au courant de toute la vie de son héros, sachant l’intérêt qu’il inspire encore et cherchant à l’aviver par tous les moyens dont la biographie dispose.

1836. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Mais Saint-Victor s’assied devant ces figures à peine indiquées, et remplit les blancs, prononce les lignes, dessine et ombre, et colorie, et fait tourner avec l’ongle, et arrive enfin par tous les moyens à ces saillies que Goethe, s’il revenait au monde, admirerait.

1837. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Prendre un siècle comme un homme, par ses prétentions, est un mauvais moyen de le connaître, même quand il s’agit d’apprécier le mal qu’il a fait… ce qui paraît toujours facile.

1838. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Gouttes d’encre que le métier répandit, elles pourront reluire de leur sécheresse même ; mais le temps trouvera bien moyen de les couvrir de sa poussière et de les effacer.

1839. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

(cela fait trembler) la moyenne des femmes dans les sociétés sans croyances, cette espèce d’être faible sans grandes passions, sans l’étoffe des grandes vertus ou des grands vices, inclinant de hasard au bien comme au mal, selon la circonstance, et qui, positives et chimériques tout, à la fois, se perdent par la lecture des livres qu’elles lisent, par les influences et les suggestions du milieu intellectuel qu’elles se sont créé, et qui leur fait prendre en horreur l’autre milieu dans lequel elles sont obligées de vivre.

1840. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Voudriez-vous épargner cette tourbe, si vous teniez entre les mains un moyen sûr de la détruire ? 

1841. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Il trouva aussitôt un autre moyen de prendre Zakhare en faute. […] Sa taille, de grandeur moyenne, bien serrée dans l’uniforme, paraissait belle, quoique les épaules fussent un peu hautes et le cou court. […] Celui-ci ne fait aucune objection à cette clause honteuse, se réservant de l’éluder par tous les moyens possibles ; il retourne à Boisvilliers. […] et aussitôt chacun de s’armer des premières armes tombées sous sa main, de s’emparer de tous les moyens quelconques de transport, puis, sans ordre, sans commandement, de s’acheminer pêle-mêle vers la route de Versailles. […] Pour moi, lorsque les détails du service me faisaient le rencontrer par hasard, je m’empressais de m’éloigner aussitôt, ne trouvant pas d’autre moyen que cette réserve respectueuse de lui prouver ma profonde sympathie pour ses malheurs.

1842. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

C’est sans façon, on le voit, mais ce n’est pas sans finesse, il s’en faut, et je crois que l’auteur a mieux trouvé que tous nos courriéristes politiques le moyen de résumer la situation actuelle. […] Comme il est écrit que les amoureux n’inventeront jamais rien, André croit avoir découvert dans la fuite un moyen victorieux. […] Fèvre sait présenter son idée qui, bien que défendue par des moyens odieux parfois, n’en est pas moins morale par le fond ; voici ce que dit l’auteur à propos des manœuvres de cette mère dont la conduite devrait relever des tribunaux : Qui osera cependant condamner Mme Lepape ? […] Tous les grands artistes sont passés en revue, leur talent, leurs moyens analysés, enregistrés ; c’est Regnier, Frédérick Lemaître, Delaunay, Mme Dorval, Henry Monnier, Worms, Mme Ristori, Paulin Ménier, etc. […] Frémy, représentant de l’Yonne, invité du voyage. — « Et leur préfet », me dit-il sur le ton de la plaisanterie, « connaît-il un moyen plus expédient ? 

1843. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

C’est l’effet de l’antipyrine prise à haute dose…, le seul moyen que nous ayons de l’empêcher de souffrir. […] Elle dit ce qu’elle sent à ce moment-là, et c’est le moyen d’être toujours vraie. […] Avec les habitudes anglaises, l’excessive politesse semblerait peu naturelle, et l’Anglais se défend au moyen d’une froide réserve. […] Lockroy ne veut pas nous permettre la moindre illusion sur nos faiblesses, nos imprévoyances présentes, non plus que sur les moyens formidables de destruction dont peut disposer la triple et peut-être quadruple alliance. […] Avant mille ans, espérons-le, la terre aura trouvé le moyen de suppléer au charbon de terre épuisé, et jusqu’à un certain point, à la vertu diminuée.

1844. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

L’arrêt qui brisa le vieux théâtre en faveur du théâtre nouveau est à coup sûr un arrêt mémorable, et il nous semble que la comédie de Molière n’avait pas besoin d’être défendue par de pareils moyens. […] Le moyen de refuser cette consolation dernière à ces jeunes gens, à ces belles dames de seize à vingt ans, — que peut-être la peste emportera demain ? […] Le moyen de leur demander une vertu qu’elles ignorent, un désintéressement que personne ne peut leur apprendre ? […] Cette Pandore en jupon sale a pour elle deux irrésistibles moyens de séduction ; elle flatte les femmes, et elle leur fait crédit. […] On comprend à leur sang-froid, qu’elles ont dans leur coffre-fort un moyen sûr d’avoir un autre Moncade, au même prix.

1845. (1923) Au service de la déesse

il suffisait de les atténuer et, par le moyen de quelque incertitude qui n’est jamais déraisonnable, il suffisait de les rendre moins exigeantes. […] Seulement, la déportation des « filles de joie » en Louisiane a commencé en 1719, pendant l’été ; on a renoncé à ce rude et périlleux moyen de colonisation l’année suivante. […] Des Grieux, qui a tant fait que de partir avec elle, pour l’amour d’elle, veut la préserver ; il n’a qu’un moyen de se déclarer son défenseur et de la garder : c’est de se dire son mari. […] Bouvard et Pécuchet travaillent, tant bien que mal, et, si dépourvus de génie qu’on les voie, du moins sont-ils très supérieurs à la moyenne des gens qui les entourent. […] Mais, si la polissonnerie est un exécrable moyen de divertir le lecteur, il y a d’autres moyens de le divertir : et le projet de divertir le lecteur me paraît bien recommandable ; je ne crois pas qu’un romancier de chez nous et de notre temps ait mieux à faire.

1846. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je m’y déterminai gaillardemment sans le moindre scrupule ; et le seul que j’eus à vaincre fut celui de Thérèse, à qui j’eus toutes les peines du monde de faire adopter cet unique moyen de sauver son honneur( !) […] Or, il paraît bien que les hommes assemblés n’acceptent et n’approuvent que des mœurs et une morale moyennes. […] Rien, sinon conseiller à Rousseau la fuite, lui en laisser le temps et lui en procurer les moyens. […] Par quels moyens ? […] Ainsi, « le socialisme de Rousseau n’est peut-être que le moyen de son individualisme » (Brunetière).

1847. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

À moins d’un retour à la crédulité, — retour impossible — on n’entrevoit guère le moyen prochain de donner à l’humanité un catéchisme acceptable. […] Il n’y a pas beaucoup de moyens d’échapper à cette mortelle angoisse, que nous inflige une connaissance trop précise de la nature des choses. […] Les poètes, qui, après tout, ne sont peut-être pas les moins avisés des hommes, ont trouvé un sûr moyen d’être heureux, du moins pendant quelques heures. […] La méthode suivie par le penseur qui a institué cette enquête diffère singulièrement des moyens employés par la plupart des philosophes. […] L’auteur de Thaïs pourrait dire à ces adolescents impétueux : « Puisque le moyen est si simple, essayez donc d’en faire autant ! 

1848. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Sous air de comique et de ridicule, que d’heureuses vérités d’art poétique l’auteur trouve moyen d’insinuer et de débiter ! […] Malgré cette petite guerre, il paraît que Piron voyait Des Fontaines, qu’il le visitait même, et l’on raconte qu’à cette occasion il trouva moyen, en contrefaisant le bonhomme, d’amener l’abbé à écrire sous sa dictée la sanglante épigramme dirigée contre lui ; ce fut un vrai tour d’adresse ; les circonstances nous échappent : il est permis d’y suppléer. […] La lettre, qui est du mois d’août 1754, est donnée un peu différemment à la p. 11 de l’Evairement de lai Peste (les moyens de se préserver de la peste), poëme bourguignon par Aimé Piron Dijon…, 1812 ; une plaquette in-8°.

1849. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

C’est que ce livre est un des monuments écrits les plus vastes qui aient jamais été conçus et exécutés par une main d’homme ; c’est que ce livre est une histoire, c’est-à-dire une des œuvres de l’esprit dans laquelle l’ouvrier disparaît le plus dans l’œuvre devant l’immense action de l’humanité qu’il raconte ; c’est qu’un tel livre n’est plus l’auteur, mais le monde, pendant une de ses périodes d’activité de vingt-cinq ans ; c’est que ce livre est le récit de la vie d’un de ces grands acteurs armés du drame des siècles, acteurs nécessaires selon les uns, funestes selon les autres (et je suis au nombre des derniers), mais d’un de ces acteurs, dans tous les cas, qui n’a de parallèle dans l’univers qu’avec Alexandre ou César ; c’est que ce livre remue en passant toutes les questions vitales et morales, de religion, de philosophie, de superstition, de raison, de despotisme, de liberté, de monarchie, de république, de législation, de politique, de diplomatie, de guerre, de nationalité ou de conquête, qui agitent l’esprit du temps et qui agiteront l’esprit de l’avenir jusque dans les profondeurs de la conscience des peuples ; c’est que ce livre est écrit par une des intelligences non complètes (il n’y en a point de complète devant l’énigme divine posée par la Providence, qui a seule le mot des événements), mais par une de ces intelligences les plus lumineuses, les plus précises, les plus studieuses, les plus universelles, et, disons-nous le mot, en le prenant dans le sens honnête, les plus correspondantes à la moyenne des intelligences, dont un écrivain ait jamais été doué par la nature ; c’est que ce livre, enfin, est aussi remarquable par ce qu’il contient que par ce qui lui manque. […] Le général Bonaparte imagina d’employer ces divers moyens comme il suit. […] Thiers, homme d’action, déteste ces caractères, et il a raison ; ce sont quelquefois les moyens, plus souvent les obstacles des grandes choses.

1850. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Je n’accuse nullement la révolution comme tendance, je l’accuse comme moyen. […] Le premier, tout moral, c’était de démontrer historiquement au peuple, et surtout aux hommes d’État, que le crime politique, populaire, démocratique ou aristocratique, déshonorait ou perdait fatalement toutes les causes qui croyaient pouvoir se servir pour leur succès de cette arme à deux tranchants ; Que la Providence était aussi logique que la conscience ; Que les événements ne pardonnaient pas plus que Dieu l’emploi des moyens criminels, même pour les causes les plus légitimes, et qu’en commentant avec clairvoyance la Révolution française, le plus vaste et le plus confus des événements modernes, on trouverait toujours infailliblement un excès pour cause d’un revers, et un crime pour cause d’une catastrophe. En un mot, je voulais, comme le veut la Providence, que l’histoire fût un cours de morale et que l’honnêteté des moyens fût la légitimité des innovations.

1851. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

L’Allemagne du temps de Goetz de Berlichingen est si confuse, la guerre des Paysans est si peu montrée dans le drame de Gœthe et sous un angle si aigu (or c’était la grande chose à peindre, dans son épouvantable horreur, si Gœthe avait eu vraiment le génie tragique), les rapports des nobles de l’Empire et de l’Empereur sont si mal déterminés, qu’un talent d’une force moyenne — et il n’y a pas à accorder davantage si on n’est pas emporté dans la valse allemande qu’on danse en ce moment en l’honneur de Gœthe — se trouvera moins à l’aise là-dedans et moins lucide que dans Egmont. […] A Strasbourg, pourtant, où il écrivit Werther, il fut jeune et il fut amoureux ; mais les amours de Gœthe sont de niaises et lourdes amourettes, car il a trouvé le moyen de faire lourd ce mot si léger et si français d’amourettes, qui ne sont plus chez lui que les enfantillages des mariages entre petits garçons et petites filles, quand le temps des poupées et des polichinelles est passé. […] Gœthe, que nous avons cherché à voir clairement dans ses écrits tel qu’il était, ce bimbelotier d’érudition allemande, dans sa nature moyenne et sa forte mémoire, cet égoïste sec qui remonte son âme comme un horloger remonte sa montre, avec la précaution qu’il faut pour ne point la casser, redevient, dans le livre de M. 

1852. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Il y a un moyen sûr d’attirer la foule autour de soi, c’est de crier fort ; avec des naufrages, des siéges, des meurtres et des combats, on l’intéressera toujours ; montrez-lui des forbans, des aventuriers désespérés : ces figures contractées ou furieuses la tireront de sa vie régulière et monotone ; elle ira les voir comme elle va aux théâtres du boulevard et par le même instinct qui lui fait lire les romans à quatre sous. […] Nous sommes tous peuple à l’endroit des émotions, et la grande dame, comme la femme de chambre, donne d’abord ses larmes sans chicaner l’auteur sur les moyens. […] C’est depuis trente ans seulement que l’ascendant de la classe moyenne a diminué les priviléges et la corruption des grands ; mais à ce moment on pouvait leur jeter de rudes paroles à la tête. « La pudeur, disait Byron en prenant les mots de Voltaire, s’est enfuie des cœurs et s’est réfugiée sur les lèvres… Plus les mœurs sont dépravées, plus les expressions sont mesurées ; on croit regagner en langage ce que l’on a perdu en vertu… Voilà la vérité, la vérité sur la masse hypocrite et dégradée qui infeste la présente génération anglaise ; c’est la seule réponse qu’ils méritent… Le cant est le péché criant dans ce siècle menteur et double d’égoïstes déprédateurs. » Et là-dessus il écrivit son chef-d’œuvre, Don Juan 1301. […] Car enfin, il n’y a point moyen de s’en défendre, il faut bien lire, malgré qu’on en ait.

1853. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il était de taille moyenne, maigre, le visage long et pâle, avec des grands yeux aux regards honnêtes et calmes. […] Mais il n’avait pas de chance ; sa femme était toujours malade, ses enfants mouraient, et, comme tout paysan russe tombé dans la misère, il ne trouvait plus moyen de revenir sur l’eau. […] Il n’y a qu’un seul moyen de salut : c’est de creuser des fossés : est-ce facile ? […] — Toujours en avant, reprit Yégor ; c’est le moyen de passer partout. » Nous suivîmes son conseil, et nous parvînmes à la Gary, bien que les chevaux eussent eu souvent à poser le nez contre terre.

1854. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Il prétend que Dieu, c’est-à-dire l’auteur de nous et de nos alentours, est mort avant d’avoir fini son ouvrage ; qu’il avait les plus beaux et vastes projets du monde et les plus grands moyens ; qu’il avait déjà mis en œuvre plusieurs des moyens, comme on élève des échafauds pour bâtir, et qu’au milieu de son travail il est mort ; que tout à présent se trouve fait dans un but qui n’existe plus, et que nous, en particulier, nous sentons destinés à quelque chose dont nous ne nous faisons aucune idée ; nous sommes comme des montres où il n’y aurait point de cadran, et dont les rouages, doués d’intelligence, tourneraient jusqu’à ce qu’ils se fussent usés, sans savoir pourquoi et se disant toujours : Puisque je tourne, j’ai donc un but. […] C’est pour moi le seul moyen de supporter notre éloignement. » ( « Adressez A monsieur (monsieur le baron de Constant), gentilhomme à la cour de S.A.S. […] Benjamin Constant trouve moyen d’y ajouter de plus, aux marges, je l’ai dit, et aux moindres angles du papier, des post-scriptum de tous genres, sur les feuilles politiques de Mme de Charrière qu’il attend, sur la confiance presque absolue qu’elle peut avoir que les lettres ne seront pas ouvertes à la poste. […] Il fit ainsi auprès de Mme de Staël, à l’origine de leur liaison ; il tenta ce même moyen auprès de Mme Récamier (1815) ; ou plutôt ce n’était pas chez lui calcul, mais violence fébrile et nerveuse.

1855. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Je pris un supplément d’eau de Seltz et l’on me servit, avec le choix des moyens, un clysopompe et un verre à pied. […] J’appris que cette loge des lions est composée de jeunes gens riches qui ne trouvent pas de meilleur moyen de prouver leur bon goût et leur distinction, que de jeter la porte de la loge avec bruit, ou d’en renverser les sièges au moindre de leurs mouvements. […] Paul de Musset était le père de ce moyen de séduction économique. […] Je dois ajouter pourtant qu’on m’a dit toute sorte de bien de son caractère, et que pour être un écrivain ridicule, de peu de moyens et d’une pauvre imagination, ce n’est pas moins un homme estimable et fort incapable de nuire sciemment à qui que ce soit ; si non à lui-même par ses écrits. […] Dumas eût été sublime ou exécrable dans ce rôle ; c’était sans terme moyen.

1856. (1914) Une année de critique

Le moyen de fortifier les émotions, c’est de les contenir ; la sentimentalité, c’est la sensibilité des pauvres. […] Mais voilà justement l’un des moyens les plus familiers à Jules Renard et l’un des secrets de son ironie. […] Il s’agit de raccrocher le lecteur, et tous les moyens sont bons. […] Marcel Boulenger nous présente deux snobs d’aujourd’hui et leur indique le moyen d’être plus complètement ridicules encore et un peu odieux. […] Qu’il la trompe au besoin, si cette infidélité passagère demeure le seul moyen de rendre tolérable une union dont les joies sont émoussées.

1857. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Tout son devoir est de penser comme il faut. » En présence des troubles sociaux et politiques, si prochains peut-être, c’est par un redressement des pensées qu’il convient de les soigner, et la défense spirituelle apparaît ainsi comme le plus efficace des devoirs pour les soldats de l’Ordre, comme la confusion des idées le plus efficace des moyen de désordre pour les militants de l’Anarchie. […] Elle se trouve dans le chapitre des Réflexions intitulé : La décadence bourgeoise et la violence : « … Non seulement la violence prolétarienne peut assurer la Révolution future, mais encore elle semble le seul moyen dont disposent les nations européennes, abruties par l’humanitarisme, pour retrouver leur ancienne énergie. […] Toute propriété n’est qu’une conquête continue, mais par quel moyen ? […] Dans la seconde enfance commencent d’apparaître les tendances individuelles, dont la diversité impose une diversion appropriée de méthodes et de moyens d’action. […] Il en résulte que, en dépit de leurs qualités souvent remarquables, ces individus sont incapables de se conduire d’une façon raisonnable, si bien que leur existence n’est pour ainsi dire qu’une longue contradiction entre l’apparente richesse des moyens et la pauvreté des résultats. » Le plus significatif exemple peut être emprunté à la politique maritime du kaiser.

1858. (1930) Le roman français pp. 1-197

Avant ces découvertes, il n’y avait d’autre moyen efficace de s’adresser à ce public que la récitation et même la récitation appuyée sur le chant, ou du moins la mélopée. […] Il y a eu, chez nous, l’action, par des moyens différents, des jésuites et des jansénistes, de sociétés plus ou moins secrètes, telles que les Confréries du Saint-Sacrement. […] Les moyens d’action, de surveillance de l’Église, la longue patience de sa politique visant au gouvernement temporel des sociétés, lui faisaient peur. […] On peut penser qu’ils en suggéraient discrètement les moyens. […] On serait étonné si l’on prenait la peine d’imaginer qu’on est un lecteur de l’an 2000, et qu’on tâche alors de se représenter, au moyen des meilleurs ouvrages, la France de 1928.

1859. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Leur auteur a-t-il trouvé le moyen de traduire la sensibilité la plus hardiment moderne dans des vers dont la facture relève de Boileau ? […] Les individualités moyennes ne les lui donneraient pas. […] Il n’est qu’un moyen de jeter une lumière plus vive sur les énergies que le peintre des mœurs s’est proposé de définir et de caractériser. […] Parce qu’il est un jeune homme de la Restauration, encore enchanté du prestige de Napoléon, et qui, dévoré d’ambition, se rend compte que le moyen de parvenir n’est plus au bivouac. […] Il faut y entrer, s’adapter à lui et l’amener ainsi à « trouver en lui-même la vérité de ce qu’il entend, laquelle il ne savait pas qu’elle y fût, en sorte qu’il soit porté à aimer celui qui la lui fait sentir… » Le plus sûr moyen est de parler à cet homme en homme.

1860. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Enfin les sentiments de M. de La Rochefoucauld cessent positivement d’être la boussole de Mme de Longueville : elle semble accueillir sans défaveur les hommages de M. de Nemours ; elle les perd peu après par l’intrigue de Mme de Châtillon, qui les ressaisit comme son bien, et qui en même temps trouve moyen d’obtenir ceux du prince de Condé, lequel échappe de nouveau à la confiance de sa sœur. […] Il aurait toujours prétendu y suivre la même nature s’inquiétant, se raffinant pour se reprendre à mieux, et persistant sous ses transes. « L’orgueil est égal dans tous les hommes, a-t-il dit encore, et il n’y a de différence qu’aux moyens et à la manière de le mettre au jour. » Il lui eût fallu avoir en lui le rayon pour le voir en elle comme il y était.

1861. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Au milieu d’eux le secrétaire d’ambassade de Naples, Galiani, un joli nain de génie, sorte de « Platon ou de Machiavel avec la verve et les gestes d’arlequin », inépuisable en contes, admirable bouffon, parfait sceptique, « ne croyant à rien, en rien, sur rien497 », pas même à la philosophie nouvelle, défie les athées du salon, rabat leurs dithyrambes par des calembours, et, sa perruque à la main, les deux jambes croisées sur le fauteuil où il perche, leur prouve par un apologue comique qu’ils « raisonnent ou résonnent, sinon comme des cruches, du moins comme des cloches », en tout cas presque aussi mal que des théologiens. « C’était, dit un assistant, la plus piquante chose du monde ; cela valait le meilleur des spectacles et le meilleur des amusements. » Le moyen, pour des nobles qui passent leur vie à causer, de ne pas rechercher des gens qui causent si bien ! […] « C’était alors la mode ; tout le monde était économiste ; on ne s’entretenait que de philosophie, d’économie politique, surtout d’humanité, et des moyens de soulager le bon peuple ; ces deux derniers mots étaient dans toutes les bouches. » Ajoutez-y celui d’égalité ; Thomas, dans un éloge du maréchal de Saxe, disait : « Je ne puis le dissimuler, il était du sang des rois » ; et l’on admirait cette phrase. — Seuls quelques chefs de vieilles familles parlementaires ou seigneuriales conservent le vieil esprit nobiliaire et monarchique ; toute la génération nouvelle est gagnée aux nouveautés. « Pour nous, dit l’un d’eux, jeune noblesse française538, sans regret pour le passé, sans inquiétude pour l’avenir, nous marchions gaiement sur un tapis de fleurs qui nous cachait un abîme.

1862. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Ils n’ont pas les moyens de savoir si c’est le vagabondage qui veut les exploiter, ils craignent d’être trompés ; ils font l’aumône autrement, à grandes proportions, souvent par des mains indirectes. […] … Je plains Marie-Antoinette, archiduchesse et reine ; mais je plains aussi cette pauvre femme huguenote de 1685 qui, etc. » Et là-dessus l’histoire, sans doute très vraie, d’une énormité infernale commise, au nom du roi Louis XIV, par quelque abominable soldatesque, trouvant moyen de raffiner sur les supplices de religion en suppliciant la nature !

1863. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Néanmoins, il s’introduit en secret dans la ville, obtient de Méphistophélès les moyens de délivrer Marguerite, et pénètre de nuit dans son cachot, dont il a dérobé les clefs. […] Enfin, les individus ne se considérant entre eux que comme des obstacles ou des instruments, ils se haïront comme obstacles, et ne s’estimeront pas plus que comme moyens.

1864. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

On voit aussi par les termes de cette lettre qu’elle était un moyen détourné, ingénieusement trouvé par la haine d’une rivale prisonnière, pour faire à son ennemie tous les outrages qui pouvaient être le plus sensibles au cœur d’une reine et d’une femme. […] On a voulu nier sa participation directe et personnelle au meurtre de son jeune époux ; rien, excepté des lettres suspectes, ne prouve en effet qu’elle ait accompli ou permis personnellement le forfait ; mais qu’elle ait attiré la victime dans le piége, qu’elle ait donné à Bothwell le droit et l’espérance de succéder au mort sur le trône et dans son cœur ; qu’elle ait été le but, le moyen et le prix avéré du crime ; enfin, qu’elle l’ait absous en unissant sa main à la main du meurtrier, aucun doute sur tout cela n’est possible.

1865. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

« La conversation, disait encore Mlle de Scudéry, est le lien de la société de tous les hommes, le plus grand plaisir des honnêtes gens, et le moyen le plus ordinaire d’introduire non seulement la politesse dans le monde, mais encore la morale la plus pure et l’amour de la gloire et de la vertu. » Saint-Evremond la préférait à la lecture, et Varillas, un historien de profession, disait à Ménage « que de dix choses qu’il savait, il en avait appris neuf par la conversation » ; — « je pourrais à peu près dire la même chose », ajoutait Ménage, un des cerveaux pourtant les plus bourrés du temps. […] Avec quelque chose de superficiel et de frivole, ou tout au moins de moyen, la littérature prit au monde le goût d’une simplicité brillante, très cherchée et très aisée, qui imite le naturel et qui est parfois tout le contraire : il fut difficile de n’avoir pas d’esprit, et les plus grands seuls de nos écrivains y parvinrent.

1866. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

L’idée vraiment neuve de ces deux fondateurs fut de chercher à procurer l’amélioration du clergé séculier au moyen d’instituts de prêtres mêlés au monde et joignant le ministère des paroisses au soin d’élever les jeunes clercs. […] Si l’on considère l’âge des élèves, en moyenne de dix-huit à vingt-quatre ans, on peut trouver qu’une telle réserve est presque exagérée.

1867. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Il est doux, Sire, de pouvoir offrir ses travaux à un Prince capable de les apprécier ; il est plus doux encore d’ajouter, par ce moyen, les témoignages d’une admiration particuliere à ceux de l’admiration générale. […] Mais le moyen qu'un Génie si sublime ait pu descendre à des études si seches, si arides !

1868. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Les images des objets réels ne sont pour vous que des moyens : la nature vous fournit la couleur : c’est à vous de conduire la brosse. […] — Non ; le mouvement social n’étouffe point le sens littéraire : tout ce qui éveille l’intelligence d’une nation est moins pour la poésie un obstacle qu’un moyen.

1869. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Après cette histoire, d’une vérité qui ne bronche pas, il n’y a pas moyen de conserver la moindre illusion sur ceux-là qui, auréolisés par les rayons de leur Cause, nous paraissaient aussi grands qu’elle. […] Taine et Forneron, qui ne sont pas seulement des livres de vérité, mais des médications contre la folie révolutionnaire ; car s’il est un moyen de la guérir, c’est avec les effroyables douches de tout le sang qu’elle a versé !

1870. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Pour que l’exagération soit comique, il faut qu’elle n’apparaisse pas comme le but, mais comme un simple moyen dont le dessinateur se sert pour rendre manifestes à nos yeux les contorsions qu’il voit se préparer dans la nature. […] Ainsi le moyen se substitue à la fin, la forme au fond, et ce n’est plus la profession qui est faite pour le public, mais le public pour la profession.

1871. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Lorsque les Français avaient fait sauter, par le moyen de la poudre, quelques édifices publics ou une maison particulière, les Espagnols, retranchés dans la maison voisine, travaillaient aussitôt à percer les murailles pour tirer des coups de fusil aux Français.

1872. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Après tous les témoignages rassemblés par Le Dieu, il n’y a plus moyen d’en douter, le caractère ordinaire des discours de Bossuet, tels qu’il les faisait avec une grande abondance de cœur et une appropriation vive de chaque parole à son auditoire, c’était d’être touchants, d’ouvrir les cœurs de tous comme il y ouvrait le sien, de faire couler les larmes, de persuader enfin, grand but de l’orateur. « Comment faites-vous donc, monseigneur, pour vous rendre si touchant ?

1873. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Que ceux qui arrivent à conquérir et à admirer ces fortes choses à la sueur de leur front, en aient la satisfaction et l’orgueil, je ne trouve rien de mieux ; mais que des esprits médiocres et moyens se donnent les airs d’aimer et de préférer par choix ce qu’ils n’eussent jamais eu l’idée de toucher et d’effleurer en d’autres temps, voilà ce qui me fait sourire.

1874. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Il n’eut garde non plus de se vanter de ce qui venait de lui arriver, parce que nous l’assurâmes qu’à la moindre impolitesse ou matière qu’il nous donnerait à nous plaindre de lui, nous renouvellerions la même opération, voyant qu’il n’y avait que ce moyen-là pour venir à bout de lui.

1875. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Cousin, en l’appliquant aux Sermons de Bossuet (1851), et en relevant chez le premier éditeur de 1772, dom Déforis, bien des inexactitudes de texte et des licences ; il indique les moyens de les réparer.

1876. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Pour n’aller jamais que jusqu’où l’on sent, pour ne dire jamais que juste, et non pas au delà, il n’y a qu’un moyen, c’est de ne pouvoir tout dire.

1877. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Quand vous voyez un homme attaqué avec acharnement, avec furie, par toutes sortes de gens (et même d’honorables mais intéressés) et par toutes sortes de moyens, soyez bien sûr que cet homme a une valeur et qu’il y a là-dessous quelque bonne et forte qualité en jeu et qu’on ne dit pas.

1878. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Cela, pour nous, ne laisse pas de heurter et de faire disparate en plus d’un lieu ; il y aurait eu certainement moyen, sans rien altérer, de mieux fondre.

1879. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Ce serait le seul moyen de confondre et de noyer adversaires et ennemis, les irréconciliables et les méfiants, dans le flot de l’approbation universelle.

1880. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Vous produisez de nouveaux effets par les mêmes moyens, en les adaptant à des langues différentes.

1881. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Après nous avoir permis d’extraire les qualités, elle nous donne le moyen de compter et de mesurer les quantités.

1882. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

La direction de l’esprit public n’appartenait plus à la littérature, qui demandait à la critique les moyens de se mettre en harmonie avec les besoins nouveaux des intelligences.

1883. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il a trouvé moyen d’être à la fois le plus abondant et le plus distingué des chroniqueurs.

1884. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

C’est à la façon et un peu par les moyens des femmes qu’il domine.

1885. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Au lieu de cette faculté illimitée de croire, heureux don des natures jeunes, qu’il trouvait en Galilée, au lieu de ces populations bonnes et douces chez lesquelles l’objection (qui est toujours le fruit d’un peu de malveillance et d’indocilité) n’avait point d’accès, il rencontrait ici à chaque pas une incrédulité obstinée, sur laquelle les moyens d’action qui lui avaient si bien réussi dans le nord avaient peu de prise.

1886. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Celles qui tenoient encore à la terre, apprenoient d’abord à s’en détacher dans le livre intitulé le Moyen court ; mais celles qui avoient pris leur vol dans le sein de Dieu même, se baignoient dans une mer de délices célestes, & flottoient sur les ondes impétueuses des torrens.

1887. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Quant à décomposer anatomiquement les hémisphères par le moyen des circonvolutions, rien de plus difficile et de moins précis.

1888. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

L’école positiviste, par exemple, croit qu’il n’y a pas lieu de les poser, parce que nous n’avons aucun moyen de les résoudre.

1889. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve I Nous n’avons qu’un moyen de démontrer qu’un phénomène est cause d’un autre, c’est de comparer les cas où ils sont simultanément présents ou absents et de chercher si les variations qu’ils présentent dans ces différentes combinaisons de circonstances témoignent que l’un dépend de l’autre.

1890. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Mais remarquez : si à toutes leurs qualités ils avaient ajouté la faiblesse de lire les livres dont ils devaient parler, leurs décisions eussent été moins tranchantes et leurs considérations moins originales ; ils eussent été des critiques de moyen ordre ; mais leur influence sur moi eût été la même et même se serait prolongée plus longtemps ; j’aurais relu, après leurs conversations, avec un esprit nouveau.

1891. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

ce ne sont pas les observations recueillies au moyen des voyages que nous repoussons.

1892. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

  Pour parer aux tragiques surprises que pourrait amener cet opiniâtre optimisme, il n’y a qu’un moyen : se connaître.

1893. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Or, si tout mouvement est relatif et s’il n’y a pas de point de repère absolu, pas de système privilégié, l’observateur intérieur à un système n’aura évidemment aucun moyen de savoir si son système est en mouvement ou en repos.

1894. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

La longueur O″A₁ est la moyenne arithmétique entre O₁A₁ et O₁′A₁, et comme la somme de ces deux dernières longueurs est égale à équation puisque la ligne totale O₁A₁O₁′ représente le même temps que la ligne O₁B₁O₁′, on voit que O₁″A1 a pour longueur équation .

1895. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

On sait même à quel point les nécessités du théâtre ont influé sur la technique du vers, puisque le romantisme revendiqua d’abord le vers brisé comme un moyen nécessaire d’expression dramatique.

1896. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

On dira peut-être que ce sont là plutôt des vertus d’un cénobite que d’un prince ; on se trompe ; on ne pense point assez combien, dans celui qui gouverne, cette vie austère retranche de passions, de besoins, combien elle ajoute au temps, combien elle laisse au peuple, combien elle diminue les moyens de corruption et de faiblesse, combien, par l’habitude de se vaincre, elle élève l’âme.

1897. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Il paraît fait pour le pays où il y a le plus de rangs, de titres, de grandes, de moyennes ou de petites souverainetés, où la vanité humaine attache le plus de prix à toutes les représentations de la grandeur, vraies ou fausses.

1898. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

C’est alors qu’on imagina de les présenter comme une bande d’ambitieux sans vergogne, eux qui avaient négligé les plus élémentaires moyens de parvenir et qui s’étaient fait tant d’ennemis par leur fière intransigeance. […] Il emploie des moyens souterrains. […] Fort), il nous enseigne le moyen « d’ennuyer » M. de Bouhélier, qui est de jeter des oignons au tout charmant visage de Mlle Rabuteau. Si tel est vraiment le moyen « d’ennuyer » M. de Bouhélier, je crois que celui-ci peut dormir tranquille, et je n’hésite pas pour ma part à qualifier celui qui en a usé de fort grand voyou.

1899. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Victor Jacquemont fut très émerveillé de tant de magnificence ; puis il calcula ce qu’il lui en coûterait pour voyager comme le moins magnifique de ces seigneurs, mais s’apercevant que le plus modeste équipage dépasserait encore ses moyens, il résolut de solliciter du gouvernement français le mieux justifié de tous les crédits supplémentaires, et d’attendre à Calcutta l’effet de cette demande, que devaient appuyer à Paris les plus honorables amitiés. […] Runjet-Sing a 51 ans ; il est de moyenne stature et porte une longue barbe blanche. […] Jacquemont, tombé dans ce guêpier, vit bien qu’il n’y avait qu’un moyen d’en sortir, et qu’il fallait lutter non de force, mais d’impertinence avec cette canaille. […] Ils me dirent qu’ils ne connaissaient autrefois aucun autre moyen d’existence, et, d’après leur récit, cette existence était misérable.

1900. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

La couche supérieure et moyenne le laisse encore indifférent, j’imagine. […] Il y avait mille autres moyens. […] S’il n’y a pas moyen de ne pas voir Yves dans son ruisseau, on le fourre à fond de cale, les fers aux pieds, pendant huit jours. […] Il faudrait nous boucher les oreilles avec de la cire ; mais le moyen d’avoir ce courage ! […] On passe encore volontiers sur l’invraisemblance des faits et la puérilité des moyens quand le poète dessine des figures vraies et intéressantes.

1901. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le roi, homme expéditif, veut qu’à l’instant même on aille enfumer renard dans sa demeure, bref, « qu’on le fasse venir. » Les moyens violents lui sont naturels ; le premier geste d’un prince est toujours l’appel aux baïonnettes. […] Il ne s’agit jamais « que de happer le malade. » Un métier, selon le mot de Molière, est un moyen de traire les hommes. […] Là est la misère des conditions moyennes.

1902. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

IV Je vais vous faire son portrait exact, la moyenne de son apparence, tel qu’il était dans son brillant uniforme de mousquetaire en 1822, tel qu’il était en 1825, enfin tel qu’il était en 1863, quelques mois avant sa mort ; toujours jeune et agréable d’esprit, sans que le temps eût presque rien changé à sa taille et à son visage, excepté quelques légères nuances imperceptibles de transition, entre les cheveux qui menaçaient de blanchir et les ondes molles et blondes de sa chevelure qu’il laissait flotter sur le collet de son habit. […] Nous eussions dû penser que, préparés à la mort par de longues méditations, ils refuseraient nos secours ; mais cette idée ne vint à aucun de nous ; dans la précipitation de nos mesures, nous fîmes encore la faute de nous trop disséminer dans la foule, ce qui nous ôta le moyen de prendre une résolution subite. […] Y a-t-il un autre moyen de toucher la société que de lui montrer la torture de ses victimes ?

1903. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils empruntent et ne rendent point, et s’ils peuvent tromper, ils en perdent rarement l’occasion ; étant sans sincérité dans le service et dans tous autres engagements ; sans bonne foi dans le commerce, où ils trompent si finement, qu’on y est toujours attrapé ; avides de bien et de vaine gloire, d’estime et de réputation, qu’ils recherchent par tous moyens. […] Ce que la poterie blanche qu’on en transporte a de particulier est qu’en été, l’eau s’y rafraîchit merveilleusement bien et fort vite par le moyen de la transpiration continuelle. […] Quand je le mettais adroitement sur ce sujet pour leur donner le moyen d’en parler, ils me répondaient: « Il y a beaucoup de richesses ; Dieu seul en sait le compte ; personne ne se voudrait donner la peine d’en lire le registre ; cela est infini. » Lorsque j’étais au trésor, on tira un rideau de devant un mur, que je vis tout couvert de sacs, rangés l’un sur l’autre, jusqu’à la voûte ; il y pouvait avoir quelque trois mille sacs, que je jugeai à leur forme être des sacs d’argent.

1904. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Esprit médiocre, rusé sans finesse, malicieux sans verve et sans gaieté, sous le couvert d’une sorte de bonhomie sentimentale, et mené en laisse parce bon sens bourgeois qui l’a toujours guidé, dans le cours d’une longue vie, avec l’infaillibilité de l’instinct ; conformant sans efforts, et en tout point, les parties successives de son œuvre à l’opinion moyenne ; dénué d’études historiques, métaphysiques, religieuses ; très hostile, de nature et de parti pris, à la grande poésie anglaise, allemande, orientale, ainsi qu’à notre propre renaissance littéraire, Béranger, on peut l’affirmer, n’a jamais pensé, rêvé, jamais entrevu l’Art dans sa pure splendeur, jamais écrit que sous l’obsession permanente des étroites exigence de sa popularité. […] S’il n’existe qu’un seul moyen de conquérir la sympathie générale, il en est plusieurs de rester ignoré de la foule. […] Il a su transmuter la substance de tout en substance poétique, ce qui est la condition expresse et première de l’art, l’unique moyen d’échapper au didactisme rimé, cette négation absolue de toute poésie ; il a forgé, soixante années durant, des vers d’or sur une enclume d’airain ; sa vie entière a été un chant multiple et sonore où toutes les passions, toutes les tendresses, toutes les sensations, toutes les colères généreuses qui ont agité, ému, traversé l’âme humaine dans le cours de ce siècle, ont trouvé une expression souveraine.

1905. (1887) George Sand

C’est quelque chose de semblable qui a dû lui arriver à elle-même en écrivant ce roman, et sans doute aussi tous ses autres romans se ressentent de cette hâte d’ouvrier ardent et malhabile, qui se complaît à la fantaisie du moment, et qui manque le but à force de s’amuser aux moyens. […] Le bonheur n’est point de la terre, et se figurer qu’on l’y trouvera est le plus sûr moyen de perdre la jouissance des biens que Dieu y a mis à notre portée. […] Sans doute, il y a des riches qui échappent plus ou moins à cette destinée, mais par des moyens qui ne sont pas de ceux que la richesse procure. […] Ça m’arrive tous les dix ou quinze ans de m’y remettre comme étude sincère et aussi désintéressée que s’il s’agissait d’un autre, puisque j’ai oublié jusqu’aux noms des personnages et que je n’ai que la mémoire du sujet sans rien des moyens d’exécution. […] Pas une idée d’abord, et puis, les idées revenues, pas moyen d’écrire un mot. » Dans un accès de désespoir, elle prit un ou deux romans d’elle.

1906. (1900) Molière pp. -283

Si vous voulez voir ce que Molière dut à la province, vous avez un moyen très simple. […] Cléante, qui recherche Angélique, s’introduit près d’elle aux lieu et place de son maître de chant, pour lui donner une leçon de chant ; c’est un moyen de lui parler à l’insu de son père, Argan, qui, comme vous le savez, voulant marier sa fille à un médecin, parce qu’il faut qu’une bonne fille épouse ce qui est utile à la santé de son père, éloigne Cléante tant qu’il peut. […] Enfin, c’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. […] Dans ce combat, quand il l’a fallu, il a usé de moyens brutaux, de brutalités terribles ; par exemple, quand il fait dire à Angélique de Sotenville, en manière d’excuse de tout ce qu’elle se permet, que son père l’a mariée malgré elle. […] Je sais bien que les fils et les filles ne se marient plus malgré eux, que la loi a prévu vingt moyens de les défendre contre la force ; mais n’arrive-t-il jamais que par un système de contrainte trop rigoureuse, on éteigne chez l’enfant qui s’éveille à l’action, jusqu’à la notion de la volonté ?

1907. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

plus gentilles et plus… pratiques, de petites ou grandes ou moyennes femmes blondes ou brunes, châtain clair ou roux ardent. […] En d’autres termes il n’a pour moyens d’existence que des prélèvements sur l’amour appointé. […] Ici l’auteur déploie la même étonnante facilité pleine d’une savoureuse maîtrise, il n’y a pas moyen d’en disconvenir dès le premier charme éprouvé pour goûter les plus littéraires vertus de ces vers infiniment plus complexes, tout en restant exquisement naturels et mieux que naturels, qu’un lecteur superficiel n’en conviendrait. […] Ils étaient peu nombreux, une douzaine à peu près, en moyenne, quelques Irlandais, de vrais diables ! […] Car je l’ai vécu au mieux de mes moyens.

1908. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Cette dame vint s’établir à Saint-Denis ; elle eut pour sa fille adoptive des soins vraiment maternels, et se conduisit toujours de manière à passer aux yeux de tous pour la véritable mère. « J’ai particulièrement connu, nous écrivait un de nos amis créoles, la personne qu’on dit être la fille de Parny : déjà d’un certain âge quand je la vis, elle a dû être fort jolie, sinon belle ; de taille moyenne, blonde avec des yeux bleus, elle passe pour avoir eu quelque ressemblance avec Éléonore, dans la mémoire, peut-être complaisante, de quelques anciens du pays. […] Je ne crois faire, dans tout ceci, aucun puritanisme exagéré, aucune concession à des doctrines et à des croyances qu’il n’est pas nécessaire d’ailleurs de partager soi-même pour avoir l’obligation de les respecter dans la conscience de ses semblables, et surtout pour devoir ne pas les y aller blesser mortellement, lascivement et par tous les moyens empoisonnés.

1909. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il n’est pas inouï de voir des États hypothéquer leurs fonds pendant la paix même, et employer pour se ruiner des moyens qu’ils appellent extraordinaires, et qui le sont si forts, que le fils de famille le plus dérangé les imagine à peine. […] Les lettrés les enseignèrent, les magistrats les prêchèrent ; et comme ils enveloppaient toutes les petites actions de la vie, lorsqu’on trouva le moyen de les faire observer exactement, la Chine fut bien gouvernée. » XXII Il est évident que ce premier volume de l’Esprit des Lois, rempli de quelques axiomes sages et vrais, et d’une nuée d’axiomes légers et inconsidérés, n’était point un livre de législation dans la pensée de Montesquieu, mais un recueil de premiers aperçus rassemblés par lui pour faire plus tard un livre.

1910. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ne parloit où y qu’il fust, si non à cause et n’y avoit nul vuide en sa parole parloit en moyen ton ne oncques pour passion ne le fist plus haut ; estoit égal à toutes gens, et bénigne en respondre ; tard à promettre, et plus encore à ire (à s’irriter) mais esmeu c’estoit un ennemy… Donnoit à temps et à poids. […] Comines aime l’adresse, ce qu’il appelle dans Louis XI sagesse, et qui n’était que l’art d’avoir l’avantage en toute affaire, par tous les moyens.

1911. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Il ne se présentait qu’un seul moyen, celui d’apprendre la langue sanscrite, langue la plus admirable en effet, mais aussi la plus difficile de toutes les langues connues, et pour l’étude de laquelle il n’avait encore été publié, à cette époque, aucun ouvrage élémentaire. […] Aussi, plusieurs années se passèrent sans que je pensasse à recourir à ce moyen ; et ce premier germe de désir, déposé dans mon esprit par Sacountala elle-même, y demeura longtemps enseveli dans la plus profonde inaction.

1912. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Vicq d’Azyr laisse trop voir sans doute ses intentions et ses moyens ; son art n’est pas de ceux qui se dérobent : chez lui pourtant ce qu’on est en droit d’appeler la rhétorique ne se sépare jamais de l’idée et de l’emploi même du talent.

1913. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Il ne manque à rien, et trouve moyen de suivre quelques-unes de ces difficultés d’étiquette même de loin, et de l’armée du Rhin, où il est allé.

1914. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

et c’est ce que plus d’un académicien a déjà provoqué), afin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. » On le voit, de tout ce que demande là M. du Camp dans son projet de réorganisation académique, une moitié est vraiment bien difficile à fixer et à saisir, l’autre moitié est tout admise et en voie de se réaliser.

1915. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Au milieu des plus formidables difficultés et dans une situation extrême, la netteté des vues, leur promptitude, leur multiplicité (chaque jour et chaque heure en demandant de nouvelles), l’à-propos et la perfection de l’exécution avec des moyens tels quels, tronqués et insuffisants ; le nerf et la vigueur dans leur dernière précision, une célérité qui suppléait au nombre ; une vigilance de tous les instants ; l’infatigable prodigalité de lui-même ; non seulement la constance, cette vertu des forts, mais l’espérance, ce rayon de la jeunesse, tout cela lui était, je ne dirai pas revenu (car tout cela appartenait de tout temps à sa nature), mais rendu au complet et à la fois, s’était renouvelé, réexcité en lui, et se couronnait d’une suprême flamme.

1916. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Je voulais seulement, sur ce terrain littéraire qui est neutre, dans ce champ d’asile largement ouvert à tous, amener les uns et les autres à être plus justes qu’on ne l’est sous le feu de la polémique ; c’est le moyen, s’il y en a un, d’humaniser et de désenvenimer la polémique elle-même.

1917. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Il m’a paru quelquefois à regretter que le livre destiné à devenir classique, une fois mis en lumière, une fois livré au public et imprimé, on ne détruisît pas tous les manuscrits, tous les moyens d’un contrôle éternel et toujours renaissant ; qu’il n’y eût pas un règlement définitif et un arrêté de compte qui permît ensuite à l’admiration toute sa sécurité et son entière plénitude.

1918. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

. — J’indique ces différentes éditions parce qu’il en faut à l’usage même des petites et des moyennes bourses.

1919. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Les Mercenaires, tout étrangers qu’ils étaient à Cartilage, renfermaient dans leurs rangs beaucoup d’Africains ; ils trouvèrent moyen d’intéresser les provinces d’Afrique à leur ressentiment.

1920. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Pas moyen d’y tenir quand, après les vœux, la jeune professe s’allonge sous ce drap mortuaire aux chants des morts, des enterrements ; mais comme la religion est aimable !

1921. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

S’il attaque l’Hérésie par tant de moyens et plus encore que n’ont jamais fait ses prédécesseurs, ce n’est pas qu’il craigne pour son trône ; tout est tranquille à ses pieds, et ses armes sont redoutées par toute la terre : mais c’est qu’il aime ses peuples, et que, se voyant élevé par la main de Dieu à une puissance que rien ne peut égaler dans l’univers, il n’en connaît point de plus bel usage que de la faire servir à guérir les plaies de l’Église. » Erreur, abus de la parole et de l’éloquence !

1922. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Cependant les divertissements de Berny avaient aussi reçu leur échec : sans parler des dettes où tant de spectacles et de violons à payer avaient jeté le prince, il n’y avait plus moyen, comme auparavant, de venir à chaque fête, dans un couplet final, célébrer invariablement le héros de Lawfeld ou de Raucoux.

1923. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Voilà donc à peu près quinze ans, terme moyen, qu’elle se développe en plein air et vit au soleil.

1924. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Une secte, quelque philosophique qu’elle soit dans son but, ne l’est jamais dans ses moyens.

1925. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il appartient à ce groupe qui finira par s’emparer du principe cartésien, de la méthode scientifique, qui les déviera pour les séparer de la religion et y trouver un moyen de la battre.

1926. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

S’il en est ainsi, il ne pouvait mieux faire que de quitter son titre : c’était le meilleur moyen pour qu’on l’en fît continuellement souvenir.

1927. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Le Dépit voudrait lui administrer une bonne dose d’antimoine, qui l’enverrait tout droit ad patres, mais les deux autres s’y opposent et décident que le moyen de procurer la guérison du malade, c’est de le distraire par une suite de divertissements et de mascarades récréatives.

1928. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Le gouverneur l’interrogea avec bonté et avec l’intention de chercher tous les moyens de le renvoyer absous.

1929. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Notre substance ne se renouvelle-t-elle pas plusieurs fois au cours d’une existence moyenne, si bien que le vieillard a dans son corps bien peu. des éléments qui composaient les membres de l’enfant ?

1930. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Si l’on ne perd point de vue que les diverses facultés ne sont aussi que des causes inconnues de phénomènes connus, qu’elles ne sont qu’un moyen commode de classer les faits et d’en parler ; si l’on ne tombe pas dans le défaut si commun d’en faire des entités substantielles, des sortes de personnages qui tantôt s’accordent, tantôt se querellent, et forment dans l’intelligence une petite république ; on ne voit point ce qu’il y aurait de répréhensible dans cette distribution en facultés, très conforme aux règles d’une saine méthode et d’une bonne classification naturelle.

1931. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

D’un autre côté, madame de Montespan, toujours soupçonnée d’avoir eu peu d’amour pour le roi, était irritée de la préférence qu’elle entrevoyait pour une autre ; un éclat lui convenait, ne fût-ce que comme moyen de reconnaître ce qu’il lui restait de pouvoir et peut-être de rajeunir l’affection du roi.

1932. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Elle « peut être considérée comme une fonction première de notre intelligence et signifie, en quelque sorte, notre effort même vers la généralisation abstraite, qui est le moyen et l’objet de tout savoir ».

1933. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle comprit qu’après de tels succès de beauté, le dernier moyen de paraître encore belle était de ne plus y prétendre.

1934. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Mais il y a ici cette différence que la poésie seule s’est chargée de la tradition d’Andromaque et d’Hécube, et qu’on n’a pas les mémoires de la cour de Priam, au lieu qu’on a ceux de la cour de Louis XVI, et qu’il n’y a pas moyen de n’en pas tenir compte.

1935. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Il relevoit cet endroit, où le panégyriste du prince lui disoit que, s’il continuoit à prendre tant de villes, il n’y auroit plus moyen de le suivre, & qu’il faudroit l’aller attendre aux bords de l’Hellespont.

1936. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Ce qui l’a rendue impopulaire en grande partie, c’est qu’on a cru qu’elle voulait se substituer à la philosophie elle-même, qu’elle était un moyen de contrarier et d’éteindre la liberté et le progrès de l’esprit humain.

1937. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Certes c’est un moyen parfois efficace d’attirer et de fixer la curiosité des contemporains.

1938. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Pourquoi tel grand homme élabore-t-il telle invention, voilà ce qu’il faudrait expliquer ; et l’un des moyens de l’expliquer est justement de définir l’action qu’a pu exercer sur lui la société qui l’entoure.

1939. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires.

1940. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Assez ami du courage et de la vertu, par imagination au moins, ami plus efficace du bon sens, du désintéressement, des désirs modérés, il représente la moyenne de l’humanité, et par là peut-être il instruit mieux qu’un précepteur plus sévère.

1941. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Elle était d’une taille moyenne et très gracieuse. […] — Il s’entend aux moyens rapides de répression, répliqua Onufre en bégayant. […] Enfin, après de longs débats : on imagina un moyen de terminer l’affaire adroitement et pacifiquement. […] Elle convenait elle-même qu’elle n’avait pas un autre moyen de se délivrer de son adorateur.

1942. (1881) Le roman expérimental

Renan a trouvé le moyen d’écrire de jolies phrases sur des recherches qui ne prêtaient guère au style lyrique. […] Même en acceptant les exagérations nécessaires de la farce, on voudrait plus de largeur et de simplicité dans les moyens. […] Des moyens nouveaux d’existence sont donnés à l’écrivain ; et tout de suite l’idée de hiérarchie s’en va, l’intelligence devient une noblesse, le travail se fait une dignité. […] Seulement, sans copier, ils ont, au lieu d’un cerveau créateur, un immense magasin empli des phrases connues, des locutions courantes, une sorte de moyenne du style usuel. […] Je pensais qu’il aurait pu avoir les cent mille francs sans employer des moyens aussi radicaux.

1943. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

La vie n’est, par elle-même, ni longue ni courte et les hommes simples qui la mesurent à sa durée moyenne disent justement que c’est avoir assez vécu que de mourir en cheveux blancs. […] Il laisserait les femmes bien tranquilles s’il n’espérait point, par leur moyen, offenser Dieu et faire pleurer les anges. […] Car il est vrai qu’avant tout il faut vivre : et la morale n’est que le moyen de vivre. […] Il composait des églogues et des élégies d’un style un peu dur, mais d’un tour ingénieux et dans lesquels il introduisait les vers des anciens chaque fois qu’il en trouvait le moyen. […] Je ne vous dirai pas comment Adar trouve dans les sciences magiques le moyen de tuer l’incube aux pieds d’Izel.

1944. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

D’ailleurs, il est mille moyens de tourner les difficultés. Si vous m’empêchez de parler franc, je vais recourir aux moyens indirects, aux allusions empoisonnées, aux détours perfides. […] D’ailleurs la simplicité des moyens est extrême si on la compare à l’importance des résultats. […] Elle tire ses moyens de Dargelle. […] Il a choisi également des intelligences moyennes et les a placées dans des conditions besogneuses, afin que la lutte fût plus nette et que l’on comprit mieux l’immense effort.

1945. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Il faut que, de nos jours, un écrivain sache où en est la littérature de son pays, sache comment elle y parvint, par quels degrés et par quels moyens. […] L’art est, pour un Flaubert, le suprême moyen de sortir de soi : car l’on ne peut tenir en soi. […] Elle lui fournit le moyen de ne pas demander à son imagination (qui est de lui, et dont il se méfie) la substance et les matériaux de son art. […] « Il est d’autres moyens, pour composer un dossier… De ces moyens, je n’ai négligé aucun et jusque dans les derniers jours, j’ai vu des pièces nouvelles s’intercaler à leur place et éclairer des parties demeurées dans l’ombre. […] Et le subtil Bouddha, je le comparerais à quelque physicien malicieux qui, au moyen d’une cloche, recueille les bulles empestées que dégage une eau vieille et croupissante.

1946. (1896) Études et portraits littéraires

Ils en font un point de repère commode, un moyen de coordination élémentaire, presque de mnémotechnie pour la facilité des premières études. […] Il est convenu qu’on doit l’accepter comme un type moyen de la moralité humaine. […] C’est la transparence continue, c’est la forme adéquate d’une pensée moyenne, toute de bon sens, jamais plate mais unie. […] « Le moyen pour elle de se dilater, c’est de commencer par se resserrer. » Et voilà encore ce que l’auteur de la Morale à Nicomaque n’avait pas entrevu. […] La vie présente vaut comme moyen ; elle fait notre éducation, elle prépare cet au-delà que la transcendance de la loi morale nous aide à deviner.

1947. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

L’emplacement et les caractères démêlés dans l’intermédiaire donnent le moyen de le trouver. — Méthode dans les sciences de construction. — Avantages qu’elles ont sur les sciences d’expérience. — L’intermédiaire est toujours inclus dans la définition de la première donnée de la loi. — On peut toujours l’en tirer par analyse. — Exemple, la démonstration des axiomes. — Autres exemples. — Théorème de l’égalité des côtés opposés du parallélogramme. — Emboîtement des intermédiaires. — En quoi consistent le talent et le travail du géomètre. — Marche qu’il suit dans ses constructions. — Les composés plus complexes ont des facteurs plus simples. — Les propriétés de ces facteurs plus simples sont les intermédiaires par lesquels les composés plus complexes se relient leurs propriétés. — Le dernier intermédiaire est toujours une propriété des facteurs primitifs. — Cette propriété est la dernière raison de la loi mathématique. — Rôle des axiomes. — Ils énoncent les propriétés des facteurs ou éléments primitifs qui sont les plus généraux et les plus simples de tous. — L’analyse doit donc porter sur les éléments primitifs. — Éléments primitifs de la ligne. — Découverte d’un caractère commun à tous les éléments ou points d’une ligne. — Définition d’une ligne par le rapport constant de ses coordonnées. — La géométrie analytique. — Éléments primitifs d’une grandeur. — Le calcul infinitésimal. — Dans toute loi énoncée par une science de construction, — la dernière raison de la loi est un caractère général inclus dans les éléments de la première donnée de la loi. […] Les deux prémisses se composent, l’une, de la première idée, la plus compréhensive de toutes, associée à la seconde, dont la compréhension est moyenne ; l’autre, de la seconde idée, dont la compréhension est moyenne, associée à la troisième, la moins compréhensive de toutes ; et enfin la conclusion se compose de la première idée associée à la troisième, c’est-à-dire de l’idée la plus compréhensive associée à l’idée la moins compréhensive.

1948. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

  Les antiques Pyrrhoniens et les philosophes de la Moyenne Académie s’imaginaient que la Sagesse était assez proche du sommeil. […] Pour des gens dont l’émotivité est fort restreinte, l’analyse est en effet un moyen méthodique très recommandable. […] Barrès d’avoir pu échapper — par des moyens factices — à l’empire du mal pessimiste.

1949. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Mercredi 28 janvier Ozy disait, en parlant de la pauvreté des moyens amoureux de deux illustres hommes, qui l’avaient aimée : « Ce sont, vous savez, des cérébraux !  […] Tout d’abord Porel me dit : « Oui, en effet, nous faisons 2 200 en moyenne… mais je suis très content, très content. » Il ajoute toutefois, au bout de quelques instants : « Seulement, si dans la semaine de Pâques, la pièce ne remonte pas, il faudra prendre un parti. » Il y a, dans le théâtre, la mauvaise humeur produite par une pièce qui ne fait pas d’argent, et tout me dit que la pièce est destinée à quitter l’affiche, après une trentaine de représentations. […] Je lui demande ce qu’il fait dans le moment, il me répond qu’il écrit un roman, et un Traité de lapPrincesse, un livre donnant à la femme le moyen de garder ses captifs, un livre qui serait un traité de machiavélisme amoureux, à l’usage de la femme.

1950. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

……………………………………………………………………………………………… Oui, Corot ne se servait jamais de vert, il obtenait ses verts au moyen du mélange des jaunes avec du bleu de Prusse, du bleu minéral… et je vais vous en donner une preuve irrécusable. […] Au Grenier, on cause aujourd’hui dynamite, on cause moyens de destruction et moyens de défense des êtres et des objets matériels, et j’apprends une chose assez ignorée, c’est que le Musée d’Anvers, ville, dont la destination est d’être bombardée, a des murs pouvant rentrer sous terre, avec les tableaux qui y sont accrochés.

1951. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

. — Pas d’ordres, liberté d’action, mais pas de moyens de faire : le choléra décimant mes troupes, et les fièvres du pays arrivant à grands pas. — Impossibilité de rester dans ce pays pestilentiel et d’y hiverner. — Nécessité de faire quelque chose ; tout le monde crie : Sébastopol ! […] Ducos, son ancien collègue) : « Mais l’illustre Ducos, qui a créé un nombre indéfini d’escadres dans tous les coins humides du globe, ne m’a pas donné malgré mes cris le plus petit moyen de débarquement. » ac.

1952. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Non seulement nous allons par ce moyen d’un de nos moments au moment adjacent ; mais, par des abréviations qui rassemblent en une image une longue série de moments, nous allons d’une période de notre vie à une autre période de notre vie. […] Je puis ainsi remonter très loin et très vite, en sautant de cime en cime, atteindre en un instant à dix, vingt années de distance. — Joignez à cela le calendrier, les chiffres, tous les moyens que nous avons et qui manquent aux enfants, aux sauvages, pour mesurer cette distance.

1953. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

La Révolution, comme nous l’avons déjà dit bien des fois, avait dépassé le but en beaucoup de choses ; la ramener en arrière, quant à ces choses seulement, et pas plus en deçà qu’au-delà du but, était une réaction légitime, salutaire, que le premier Consul avait entreprise, et qu’alors il rendait admirable par la sagesse et l’habileté des moyens qu’il y employait. […] Régulariser cette situation en France par des lois protectrices de cette inviolabilité des consciences ; ménager la transition entre le clergé de l’État violemment dépossédé et le clergé des fidèles rétribué par les fidèles au moyen d’indemnités viagères comme celles qui sont équitablement dues à toute dépossession soudaine ; établir la paix par la liberté, c’était là la pensée du siècle, le vœu de la raison, l’honneur de la religion véritable.

1954. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

On leur donnait une éducation beaucoup plus soignée qu’aux femmes libres ; les arts dans lesquels on les perfectionnait, tels que la musique, la déclamation, la danse, la poésie, étaient des moyens de séduction ; elles étaient les seules lettrées de leur sexe ; elles recevaient seules librement les hommes de tout âge dans leurs cercles ; elles y charmaient même les sages comme Périclès, Socrate, Caton, par l’agrément de leur conversation ; elles rappelaient complétement, aux mœurs près, ce qu’on a appelé de nos jours, à Londres et à Paris, les femmes de lettres, les maîtresses de maison, centre de réunions élégantes dans les capitales de l’Europe. […] XVI Ce fut à cette époque qu’Horace, qui voulait conserver sa liberté tout en augmentant ses moyens de jouissance, acheta, sans doute avec le secours de Mécène, une de ces charges de finances appelée la charge de scribe du trésor.

1955. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Comme l’a montré Darwin, dans la nature organique il ne peut se développer, en moyenne, que des organes utiles de fait à l’individu et à l’espèce. […] Tous les organes des sens sont des moyens de faire accomplir les mouvements de fuite ou de poursuite, qui eux-mêmes ont pour but dernier la fuite de la douleur et la poursuite du plaisir, c’est-à-dire l’appétition.

1956. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Mardi 19 février Pendant que, tout au bout de la table, avec son énorme ironie de pince-sans-rire, Spuller blague les beaux parleurs ouvriers, appelés à déposer devant lui, dans l’enquête ouvrière, à mes côtés, Hébrard à demi-couché de côté sur la table, avec un redressement gouailleur de la tête, jette à propos des incapacités des ministres des finances du passé : « Vous savez ce que j’ai dit un jour à X… pendant qu’il était au ministère : « Mon cher, voulez-vous que je vous indique le moyen de faire honnêtement votre fortune, comme ministre des finances ? » Sur cette phrase, interrogation du petit œil du ministre… « Eh bien, mon cher, aujourd’hui achetez de la rente, et demain donnez votre démission… » Il l’a assez mal pris mon moyen… l’imbécile… » fait le blagueur, avec un rire qui a quelque chose d’un cahot, dans une petite voiture de verre cassé.

1957. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Après tout, l’incrédulité est devenue chose assez banale ; mais ce qui est un moyen toujours ancien et toujours nouveau de succès, c’est le scandale. […] Richepin a trouvé moyen de calomnier le matérialisme et l’athéisme ; les prétendues conclusions qu’il tire de ces systèmes sont aussi burlesques au point de vue de la science qu’elles sont odieuses au point de vue moral et social.

1958. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Les Allemands et les Anglais se mettent en masse et se serrent comme s’ils étaient liés : il n’y a pas moyen de les entamer.

1959. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Combien de fois ne s’est-il pas dit dans sa jeunesse comme son chevalier Des Grieux, en rêvant aux moyens de fixer son âme et d’apaiser ses inquiétudes : « Je mènerai une vie sainte et chrétienne ; je m’occuperai de l’étude et de la religion, qui ne me permettront point de penser aux dangereux plaisirs… ! 

1960. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Eh bien, la comtesse de Grammont est une des correspondantes spirituelles de Fénelon, non pas précisément une de ses pénitentes ; pourtant il semble être celui qui contribua le plus à la ramener et à la fixer aux idées de religion, et ce ne fut que lorsque Fénelon fut retiré à Cambrai et dans l’exil que la comtesse revint à ses anciens errements de Port-Royal et à se déclarer ouvertement de ce côté : jusque-là, et tant que Fénelon avait été à sa portée, elle se contint dans une voie moyenne.

1961. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

[NdA] M. de Lamartine, disons-le une fois pour toutes, est si léger en telle matière de faits, il possède à un si haut degré le don d’inexactitude, qu’il a trouvé moyen, en énumérant les amis de Bossuet, dans son article final (Constitutionnel du 25 avril 1854) d’écrire coulamment : « Pellisson, précurseur de Boileau !

1962. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Que l’humanité soit conduite à la conquête de la terre par la colonne de nuages ou par la colonne de feu, elle marche : bénissons la Cause directrice qui assortit les moyens à l’état de nos sociétés, et que notre courte sagesse s’incline devant la Sagesse profonde qui dirige au même but ce que nous appelons l’erreur et ce que nous appelons la vérité !

1963. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

C’est ainsi que dans une peinture large et libre où on lui permettrait bien des tons, il trouve moyen d’en assembler d’impossibles à concilier et qui se heurtent. « Il a du génie, mais point de jugement », disait de lui Tallemant des Réaux, singulièrement d’accord en ceci avec Boileau.

1964. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

C’est ainsi qu’elle disait adorablement, en parlant de certaines dévotions rurales et familières auxquelles elle aimait à prendre part : Ces dévotions populaires me plaisent en ce qu'elles sont attrayantes dans leurs formes et offrent en cela de faciles moyens d’instruction.

1965. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Ayant obtenu la commission de porter à l’empereur un compliment de condoléance sur la mort de l’impératrice sa mère, il se rendit à Vienne, y fut reçu agréablement, se mit au fait des intrigues de cour et de cabinet, se hâta d’en informer le roi, et travailla dès lors, par tous moyens auprès de l’électeur de Bavière à le détacher de l’empereur, dont il s’était fait le général, et à le ramener vers la France où sa sœur était dauphine.

1966. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Qu’on lui sache gré surtout de nous fournir, par l’étendue même et le caractère circonstancié de ses récits, les moyens de le discuter, de le contrôler à notre tour, et parfois de le contredire.

1967. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Ce serait moins que jamais aujourd’hui le moyen de se débarrasser des difficultés, puisqu’elles ont surgi et qu’elles ont éclaté ; de toutes parts puisque des attaques, des négations philosophiques radicales ont eu lieu, telles que celle de Strauss en première ligne ; la meilleure manière pour se retracer l’image de la personne réelle et vivante de celui dont la venue a changé le monde est d’en revenir avec bonne foi et réflexion aux récits originaux qui nous ont conservé la suite de ses actes et de ses paroles.

1968. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

« Dans quelque condition qu’ils soient, tout le loisir dont ils disposent est employé à dévorer des livres et des journaux, à apprendre les langues. » Un domestique trouve moyen de ménager et d’excepter, en s’engageant, une parcelle de son temps, pour pouvoir faire son droit et prendre ses grades à l’Université.

1969. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Peut-être, cependant, y avait-il encore quelque voie à tenter avant les moyens extrêmes.

1970. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Rousset, sans sortir de son sujet, a trouvé moyen de le fertiliser et de le nourrir.

1971. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

A ceux qui, jeunes, débutent par l’attaquer, par la dédaigner, l’Académie, qui n’est pas une personne jeune, mais d’âge moyen, et qui ne meurt pas, peut répondre : J’attendrai.

1972. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Delavigne, en prenant son sujet plus au sérieux, a réussi également, à sa manière, dans la voie de comédie moyenne qu’il s’est choisie.

1973. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Euripide d’ailleurs ne s’était pas fait faute, on le voit, de quelques anachronismes de mœurs et de moyens.

1974. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Pour les républiques populaires, il faut distinguer deux époques tout à fait différentes, celle qui a précédé l’imprimerie, et celle qui est contemporaine du plus grand développement possible de la liberté de la presse ; celle qui a précédé l’imprimerie devait être favorable à l’ascendant d’un homme sur les autres hommes, les lumières n’étant point disséminées ; celui qui avait reçu des talents supérieurs, une raison forte, avait de grands moyens d’agir sur la multitude ; le secret des causes n’était pas connu, l’analyse n’avait pas changé en science positive la magie de tous les effets.

1975. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Des cellules, constituées par une membrane et par un ou plusieurs noyaux, sont semées dans une matière granuleuse, sorte de pulpe mollasse ou de gelée grisâtre composée de noyaux et d’innombrables fibrilles ; ces cellules se ramifient en minces prolongements qui probablement s’unissent avec les fibres nerveuses, et l’on suppose que par ce moyen elles communiquent entre elles et avec les parties blanches conductrices.

1976. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Voyons avec quels moyens et par quelle vertu.

1977. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

On ne saurait trop s’attacher à les distinguer, et les formules du Traité des Passions nous en offrent un moyen facile.

1978. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Si elle ne comprend pas tout à fait Napoléon, c’est qu’il est mal élevé, qu’il n’y a pas moyen de « causer » avec lui.

1979. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Les moyens de réussir à ce jeu, il ne serait pas impossible, je crois, de les formuler, et ce serait même un joli sujet pour un chroniqueur, qui intitulerait cela : La Rochefoucauld dévoilé ou les principales manières d’écrire des pensées sans en avoir.

1980. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Je souhaite seulement qu’elle soit très sévère… Elle combattra par tous les moyens l’immoralité ou mieux l’inertie 4… Il sera nécessaire d’avoir un séminaire, un journal, etc. » Je sais bien que tout cela est puéril, mais les mêmes choses dites autrement pourraient ne l’être pas.

1981. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Janin, en le lui donnant, a commencé par y prendre le sien propre ; il s’amuse évidemment de ce qu’il écrit : c’est le moyen le plus sûr de réussir, de rester toujours en veine et en haleine.

1982. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

La littérature française est bien riche, si on la suit dans ces genres un peu secondaires (journaux, correspondances, mémoires), qui tiennent à la société et au train même de la vie ; c’est le moyen, en y revenant souvent, de la pénétrer et de la traverser en bien des sens.

1983. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Elle aurait considéré comme une profanation et comme un sacrilège l’idée de faire de son malheur et de celui des siens, de sa vertu et de l’intérêt respectueux qu’elle inspirait, un moyen de politique, de succès et d’attrait, même pour ce qu’elle croyait la bonne cause.

1984. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Le roi même, à mon retour, m’a témoigné beaucoup de bonté ; mais pour Monsieur, rien n’est égal à son acharnement pour trouver moyen de se plaindre.

1985. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

C’est cette génération, accoutumée au pouvoir durant dix-huit ans, pleine encore de force, de capacité, d’intelligence, se ramifiant dans les classes élevées et dans les moyennes, qui, frappée à son tour, est malade en ce moment du genre d’irritation que je signale.

1986. (1903) Zola pp. 3-31

Je ne crois pas que Zola ait jamais employé un seul de ces moyens d’observation.

1987. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Je ne sais où tu vas les prendre ; mais il n’y a pas moyen de s’y arrêter, quand on fait quelque cas de sa santé.

1988. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

On croit avoir vu cent prêtres qui ressemblaient à celui-là ; c’est une des plus fortes preuves de la sotise des règles de convention, et du moyen d’intéresser en se renfermant presque dans les bornes rigoureuses de la nature subsistante, choisie avec un peu de jugement.

1989. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Pour qu’on puisse les utiliser, il faut que l’étude des faits sociaux ait été déjà poussée assez loin et, par suite, qu’on ait découvert quelque autre moyen préalable de les reconnaître là où ils sont.

1990. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Quand Baudelaire et Poe sont à bout d’inspiration et d’expression diaboliques, ils s’appliquent des espèces de traitements atroces, et ils remuent, à l’aide des moyens les plus grossièrement meurtriers, leur punch infernal, pour que la flamme bleuâtre ne s’en éteigne pas.

1991. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Et dès lors, pour me renfermer dans le sujet que j’ai entrepris de traiter, il me semble que le romancier aura pleinement satisfait à la morale, s’il remplit deux conditions, dont l’une concerne le but et l’autre les moyens.

1992. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Toutes ces œuvres, pour n’être pas rimées, n’en ont pas moins une poésie charmante, si, par ce nom, l’on entend le don d’exprimer d’une manière rare des idées, ou de décrire des paysages au moyen d’images choisies ; et aussi, selon la belle expression de Diderot : tout ce qu’il y a d’élevé, de touchant dans une œuvre d’art, dans le caractère ou la beauté d’une personne ou même dans une production naturelle.

1993. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

L’étrangeté de la pensée et l’irrégularité du vers ont été jugées d’ordinaire le seul moyen de ressembler à Pindare.

1994. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

… Je n’ai jamais songé… Mais le moyen de résister à ce regard clair, croisant le sien ? […] Ce sont surtout des vers d’amour que ces Délassements ; beaucoup, notez-le, ne s’élèvent pas au-dessus de la moyenne. […] Le vers blanc, tel que l’entend Tridon, n’existe point, au contraire, dans notre littérature : la seule analogie que je lui connaisse serait le vers sans rime, — enrichi d’allitérations, d’assonnances, qu’emploie le poète anglais Swinburne, moyen puissant d’harmonie et d’expression dont M.  […] Si le paradoxe est quelquefois de bon ton, la calomnie est un délit, en histoire, et les meilleures causes sont ternies par de semblables moyens employés pour les défendre. […] Le moyen est parfait s’il me mène à mes fins.

1995. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Comme il le dit avec une drôlerie qu’il ne paraît pas soupçonner : « Quels moyens avais-je d’exécuter cette prodigieuse entreprise ? […] « On me maria, dit-il, afin de me procurer le moyen de m’aller faire tuer pour une cause que je n’aimais pas. » Il épouse une orpheline, mademoiselle Céleste Buisson de la Vigne, « blanche, délicate, mince et fort jolie », qu’il avait aperçue trois ou quatre fois, et dont « on estimait la fortune de cinq à six cent mille francs ». […] Ces forcenés seuls pouvaient en imaginer les moyens et, ce qui est encore plus incroyable, parvenir en partie à les exécuter : moyens exécrables sans doute, mais, il faut l’avouer, d’une conception gigantesque. […] Mais, le soir, Atala vient visiter le prisonnier à la dérobée ; elle trouve moyen d’éloigner le guerrier qui le garde ; elle lui détache ses liens, et ils vont ensemble se promener dans la forêt. […] Chacun de mes jours est supportable, mais leur ensemble m’accable… Si le temps est sombre, je le trouve triste, et s’il est beau, je le trouve inutile… Je cherche dans chaque chose le caractère bizarre et double qui la rend un moyen de mes misères, et ce comique d’opposition qui fait de la terre humaine une scène contradictoire où toutes choses sont importantes au sein de la vanité de toutes choses… Simplicité de l’espérance, qu’êtes-vous devenue ?

1996. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Quel moyen employer pour retenir le petit duc ? […] Il avait trouvé le moyen de se réjouir du matin au soir. […] C’était une série de courbes qui montrait le développement moyen de la poitrine obtenu par vingt étudiantes, après cinq mois de gymnase et de rivière. […] M. le baron de Grancey, qui trouve le moyen d’être à la fois amusant, réactionnaire et pessimiste, rédige, aux étapes de ses raids, des articles que M.  […] Quand elle se réconciliera avec l’esprit religieux, ce sera par d’autres voies et par d’autres moyens.

1997. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

La médisance et le scandale ne sont pas cependant des moyens de succès infaillibles, On se lasse de tout, même de la malice et de l’esprit. […] Un jour, il nous annonça qu’il avait enfin trouvé le moyen de s’intéresser à ce discours […] Les engueulades de Moréas faisaient la joie des consommateurs et prenaient de telles proportions, qu’il n’y avait vraiment plus moyen de se fâcher. […] Il faut réagir, et le moyen de se moquer d’eux est de se moquer de ce qu’ils savent et de ce que nous savons. » Mazel est un désintéressé et un libéral. […] Voilà le poète fort ennuyé, car il n’aime point les observations des gérants, et qui demande à l’illustre chroniqueur, son vis-à-vis, un élégant moyen de réparer le désastre.

1998. (1774) Correspondance générale

Je dirai que, puisque l’idée de ce fétiche est sujette à varier comme toutes les autres chimères, le seul moyen d’ôter aux diverses opinions leur danger effroyable c’est de les tolérer toutes sans aucune exception, et de les décrier les unes par les autres, en les rapprochant les unes des autres. […] votre conscience s’est chargée d’un pesant fardeau ; et il n’y a qu’un moyen de s’en soulager, c’est de rendre incessamment à M.  […] Ledit chancelier prend en main la cause du représentant de la cour ; et comme il ne voit pas d’autre moyen de soustraire son protégé à la rigueur des lois que de renverser le parlement de la capitale, il soumet audit parlement un édit qu’il est sûr que celui-ci repoussera. […] Le peuple sait qu’il faut que le blé soit à bon marché, parce qu’il gagne peu, et qu’il a grand’faim ; mais il ignore et il ignorera toujours les moyens difficiles de concilier les vicissitudes des récoltes avec son besoin qui ne varie point. […] Elle est tombée tout à coup dans la misère, et la ferme résolution de n’en sortir que par des moyens dont elle n’ait pas à rougir la déterminera à tout.

1999. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

En un mot, Boileau suppléait par une quantité de moyens savants, et depuis assez inaperçus, au rare emploi qu’il faisait et qu’on faisait en son temps, de la métaphore et de l’image. […] Pour rester poétique, la prose montant comme elle fit au siècle de Jean-Jacques et de Buffon, il fallait changer de ton et hausser d’un degré les moyens du vers.

2000. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Les sages qu’il avait appelés auprès de sa personne pour l’aider de leurs conseils lui persuadèrent que, de tous les moyens qu’il pouvait employer pour venir à bout de ce qu’il se proposait, le plus efficace serait de restaurer parmi les hommes l’antique doctrine des livres sacrés, trésor de civilisation recouvré par le philosophe. […] Le moyen, avec cela, qu’elle ne soit pas tranquille sur la sagesse et la protection de l’empereur !

2001. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Le moyen de se débarrasser de la peur quand on se trouve entre deux situations également propres à l’exciter ! Ma mère, dont l’affabilité et la bonne humeur ne se démentaient jamais, et qui aurait voulu voir tout le monde dans les mêmes dispositions d’esprit, eut recours à un moyen plus aimable et qui lui réussit à merveille : celui d’entre nous qui n’avait pas eu peur la nuit recevait, le matin, une ample distribution de friandises.

2002. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Ils concertent ensemble les moyens de la faire dignement représenter sur la scène de Weimar. […] Chacun se hâte, prend la fuite, cherche un moyen de salut.

2003. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

La foi révélée n’est pas comme la foi raisonnée ; elle n’a ni plus ni moins, ni hésitation, ni tolérance, ni doute ; elle est conquérante comme l’ambition du ciel, elle est absolue comme la volonté de Dieu sur les choses et sur les âmes ; tous les moyens lui sont bons comme à Dieu, parce qu’elle se sent ou se croit divine, et que la Divinité, étant le bien suprême, ne peut faire le mal même en employant des moyens violents ; elle veut et elle croit avoir droit de vouloir soumettre tout ce qu’elle ne peut convaincre.

2004. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

On écrit très fort au nonce par cet ordinaire, pour régler avec la cour où vous êtes les moyens de votre départ sûr et tranquille : il faut vous en rapporter à eux. […] N’ayez pas peur que, sans un miracle évident, je n’aurais jamais le courage de vous le conseiller ; mais comme il est probable que le bon Dieu a permis ce qui vient d’arriver, pour vous émouvoir à la pratique d’une vie édifiante par laquelle la pureté de vos intentions et la justice de votre cause seront justifiées aux yeux de tout le monde, il peut se faire aussi que le Seigneur ait voulu, par le même moyen, opérer la conversion de mon frère.

2005. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Les serviteurs de la maison le connaissaient trop bien pour ne pas l’aider par tous les moyens en leur pouvoir, et chaque matin il s’en revenait à son camp avec d’amples provisions. […] Vers le commencement de juin, j’imaginai de fermer l’entrée avec un bouchon de paille que je pouvais retirer à mon gré au moyen d’une corde.

2006. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Sans l’égoïste recherche de ses sources obscures ou de ses fins incertaines, ou de tous ses moyens possibles, la littérature se desséchait, se stérilisait ; il a fallu qu’elle parût un peu folle pour pouvoir durer. […] » se ramène pour moi à celle-ci : Y a-t-il au xixe  siècle quelques individualités supérieures qui ont réussi à s’exprimer par le moyen de la littérature ?

2007. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Les surprises, ce moyen qui paraît infini, sont toujours attendues. […] Dans son curieux livre des Fais et bonnes Mœurs du sage roy Charles, elle en donne une belle définition « Celle-là est poësie dont la fin est vérité, et le prûcez (moyen) doctrine revestue en paroles d’ornements delitables, et par propres couleurs. » Une femme qui avait, au commencement du quinzième siècle, une si noble et si juste idée de la poésie, était compétente pour critiquer le Roman de la Rose : Chrisrtine, d’ailleurs, rendit hommage au talent de Jean de Meung, bien parlant disait-elle, et moult grand clerc soubtil.

2008. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Ne lui défendez pas d’avoir des vices ; c’est le moyen de lui en donner. […] C’est après avoir violé le principe qui maintient et perpétue les sociétés humaines, qu’il jetait sur le papier les fondements d’une société chimérique, avec la jouissance pour but et la vertu pour moyen.

2009. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

La science employant ces vils moyens pour parvenir, la science représentée par deux grossiers natifs du pays de la simplesse, voulant arriver par la légèreté et la grâce de la corruption de France. […] Tout le dîner se passe à chercher le moyen de faire raconter par M. de Pongerville, ses deux uniques histoires : son entrevue avec Louis XVIII et son entrevue avec Millevoye, — de manière à lui gagner sa voix pour Gautier.

2010. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Je n’ai jamais rencontré un être, homme ou femme, qui ait si bien lu qu’elle, un lecteur qui connaisse aussi à fond les moyens d’optique et de coloration, la syntaxe, les tours, les ficelles de tous les militants de l’heure présente. […] Cluny : une salle de spectacle qui, en plein Paris, trouve le moyen de ressembler à une salle de province, comme peut-être, par exemple, la salle de Sarreguemines.

2011. (1894) Textes critiques

L’acteur devra substituer à sa tête, au moyen d’un masque l’enfermant, l’effigie du personnage, laquelle n’aura pas, comme à l’antique, caractère de pleurs ou de rire (ce qui n’est pas un caractère), mais caractère du personnage : l’Avare, l’Hésitant, l’Avide entassant les crimes… ‌ Et si le caractère éternel du personnage est inclus au masque, il y a un moyen simple, parallèle au kaléidoscope et surtout au gyroscope, de mettre en lumière, un à un ou plusieurs ensemble, les moments, accidentels. ‌

2012. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Mais d’un côté nous avons soulevé en route un problème métaphysique que nous ne pouvons nous décider à laisser en suspens, et d’autre part nos recherches, (quoique surtout psychologiques, nous ont laissé entrevoir À diverses reprises, sinon un moyen de résoudre le problème, au moins un côté par où l’aborder. […] Parce que les solides, étant les corps sur lesquels nous avons le plus manifestement prise, sont ceux qui nous intéressent le plus dans nos rapports avec le monde extérieur, et parce que le contact est le seul moyen dont nous paraissions disposer pour faire agir notre corps sur les autres corps.

2013. (1903) La renaissance classique pp. -

On demeure stupéfait d’un tel malentendu et l’on s’étonne plus encore quand on songe que ces mêmes gens qui s’extasiaient avec l’illustre philosophe sur la vigueur exubérante et sur la belle unité de la littérature anglaise — manifestation incomparable de la puissance d’une race — s’évertuaient par tous les moyens à tuer chez leurs compatriotes ce qui subsistait encore de la race et de la tradition françaises. […] car, pour le chrétien, la souffrance n’est qu’un moyen de sanctification, et elle n’est d’aucun prix si elle ne tend pas au salut.

2014. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Et se faisant gausseur à son tour, il propose pour dernier moyen de faire publier par tout le royaume « que tous les pères, mères ou tuteurs qui auraient de belles filles de haute taille, de dix-sept à vingt-cinq ans, eussent à les amener à Paris, afin que sur icelles le roi élût pour femme celle qui plus lui agréerait ».

2015. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

D’Alembert, qui lui est d’ailleurs tout favorable, dit que l’envie usa de ce moyen pour détourner Louis XIV de l’élever à l’épiscopat.

2016. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Sans sortir des observations générales, quoi de plus juste et de plus sensé que cette réflexion de Madame, écrite peu de mois avant sa mort (16 avril 1722) : Les jeunes gens, à l’époque où nous sommes, n’ont que deux objets en vue, la débauche et l’intérêt ; la préoccupation qu’ils ont toujours de se procurer de l’argent, n’importe par quel moyen, les rend pensifs et désagréables : pour être aimable, il faut avoir l’esprit débarrassé de soucis, et il faut avoir la volonté de se livrer à l’amusement dans d’honnêtes compagnies ; mais ce sont des choses dont on est bien éloigné aujourd’hui.

2017. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Je dirai seulement de quel moyen la Providence s’est servie pour me rappeler à mes devoirs.

2018. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Ce serait un moyen de se venger de son rival en pareil cas que de lui faire de mauvais vers ; Maucroix n’y songea pas, il fit de son mieux et comme pour lui : seulement il exhala ensuite son dépit contre ce rival dans une épigramme.

2019. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière.

2020. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Il est bon de se proposer quelques points de vue, et de se tracer quelques perspectives déterminées, dans ce Journal de Dangeau qui offre au premier aspect l’apparence d’une foule mouvante et confuse : c’est le moyen de s’y reconnaître et d’y prendre de l’intérêt.

2021. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Il lui parle du jeune Grammont, qui est près de lui à ce siège, avec intérêt et désir de flatter le cœur d’une mère : « Je mène tous les jours votre fils aux coups et le fais tenir fort sujet auprès de moi ; je crois que j’y aurai de l’honneur. » Les expressions de tendresse, mon cœur, mon âme, s’emploient toujours sous sa plume par habitude, mais on sent que la passion dès longtemps est morte ; et enfin le moment arrive où, après quelques vives distractions qui n’avaient été que passagères, Henri n’a plus le moyen ni même l’envie de dissimuler : l’astre de Gabrielle a lui, et son règne commence (1591).

2022. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Toutefois il ne perdait (occasion) à m’en faire instance, jusques à ce que j’eus le moyen de m’en défaire par une demande que je lui fis : s’il ne désirait pas être tenu et reconnu roi de France, et l’être aussi ?

2023. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Aujourd’hui, l’opinion moyenne sur Ronsard et sa tentative est assez fixée pour qu’il ait été possible à M. 

2024. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Pendant ce temps-là, on agissait également auprès du maréchal de Richelieu, alors général de l’armée française en Saxe, et, sans rien obtenir quant à l’ensemble des affaires, on parvenait personnellement, par des moyens indirects, à le ralentir.

2025. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Elle avait trouvé moyen de sortir de Paris dans la nuit du 10 au 11 août, en escaladant le mur d’enceinte à un endroit qu’on lui avait indiqué et où il y avait une brèche.

2026. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Tout ce qui est moyen et mitigé, il le rejette d’ennui et de dégoût ; il vomit les tièdes.

2027. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

En fait de toiles de moyenne dimension, on n’a avec lui que l’embarras du choix.

2028. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable et par-delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l’Edgar Poe, où l’on récite des sonnets exquis, ou l’on s’enivre avec le haschich pour en raisonner après, où l’on prend de l’opium et mille drogues abominables dans des tasses d’une porcelaine achevée.

2029. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

La poésie française prise dans sa moyenne ne dépérit pas.

2030. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il y aurait pourtant moyen, tout noué et empêché qu’il est par nature et par éducation, de s’intéresser au fils du grand Racine, poète lui-même, versificateur élégant, modeste et pieux, ayant le culte d’un père illustre ; et si l’on en savait un peu moins sur son compte, si on le repoussait un peu dans le vague, on pourrait composer de cette figure secondaire une esquisse assez attrayante.

2031. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Il a même combattu, comme des esprits prévenus et préoccupés de trouver partout le ridicule et le grotesque, ceux qui ont ri plus qu’il ne fallait d’une fête des Fous, d’une fête de l’Âne, célébrées à l’époque de la Circoncision, et, qui, tout en se moquant, ont commis, à ce qu’il paraît, quelques bévues singulières ; et il a montré dans tous les cas que ces plaisanteries n’atteignaient pas le haut moyen âge66.

2032. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

En ce qui est du texte seul, s’il semblait qu’il eût suffi de le rétablir couramment dans sa pureté sans avoir à en dire ses raisons, on se tromperait fort, et ce ne serait pas le moyen de convaincre que d’en agir de la sorte.

2033. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

En même temps qu’il vaque à l’achèvement de ses Mémoires, à son apologie politique et à la défense de la cause moyenne et restreinte qu’il a si éloquemment soutenue, il revient sur les points essentiels de son dogme en religion, en morale, et les voyant ébranlés par des attaques nouvelles, multipliées, audacieuses ou masquées, ouvertes ou sourdes, il y remet la main pour en raffermir l’idée et la certitude dans les esprits.

2034. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Marc-Aurèle n’avait à offrir que la patience, la résignation, la conscience du devoir accompli, la satisfaction interne sobre et austère, les palliatifs de la sagesse, les moyens humains : il n’a parlé, il ne parle encore qu’à quelques-uns.

2035. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Il y a des temps décisifs dans la vie des individus, où leur constitution physique ou morale subit de graves changements et se fonde comme derechef, où l’on refait bail, pour ainsi dire, sur un certain pied et à de certaines conditions avec ses idées, avec ses moyens ; il y a, enfin, des années critiques, climatériques, comme disaient les anciens médecins, palingénésiques, comme disent de modernes philosophes.

2036. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Sincère, éloquente, sublime poésie, d’un tour singulier, où la vertu trouve moyen de s’accommoder avec l’oisiveté, où les Phyllis se placent à côté de l’Être suprême, et qui fait naître un sourire dans une larme ?

2037. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Que l’on compare le Discours de Bossuet sur l’Histoire universelle, et l’Essai de Voltaire sur les mœurs, on verra tout de suite combien ces fondements sont nouveaux et profonds  Du premier coup, la critique a trouvé son principe : considérant que les lois de la nature sont universelles et immuables, elle en conclut que, dans le monde moral, comme dans le monde physique, rien n’y déroge, et que nulle intervention arbitraire et étrangère ne vient déranger le cours régulier des choses, ce qui donne un moyen sûr de discerner le mythe de la vérité339.

2038. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Ce don se réduit à fort peu de chose chez les hommes des temps primitifs et de l’âge moyen des civilisations.

2039. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Et trop souvent aussi, comme partout et comme toujours, ce qui n’est qu’un moyen veut se faire prendre pour une fin.

2040. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Mais si les symbolistes restaient farouchement individualistes et divisés sur les moyens d’expression, ils se trouvaient unis par une même idée fixe, un même sentiment immuable : la haine de la littérature commerciale, le culte de la poésie pure et la fureur de s’y consacrer.

2041. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Une nymphe disait au roi qui représentait le soleil : Je doute qu’on le prenne avec vous sur le ton          De Daphné ni de Phaëton, Lui trop ambitieux, elle trop inhumaine…          Le moyen de s’imaginer Qu’une femme vous fuie et qu’un homme vous mène.

2042. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

par quels moyens et par quels recours ?

2043. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Il chercha comment il pourrait le dérober à ce danger ; bientôt ce moyen se présenta à sa pensée ou plutôt à son cœur.

2044. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Une lettre du chevalier de Bouillon à Chaulieu (1711), dans laquelle le chevalier raconte en quel déplorable état bachique il a trouvé La Fare qu’il allait visiter, compléterait le tableau : « Si vous l’aimez, écrit le chevalier à Chaulieu, vous reviendrez incessamment voir s’il n’y a pas moyen d’y mettre quelque ordre.

2045. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Le reste est matière d’étude, de curiosité solitaire, de projet lointain pour les années de la retraite et du repos, pour ces années qu’on ajourne toujours et qui ne viendront jamais ; mais dans le courant habituel, dans le torrent des intérêts et des idées, quand on n’a qu’un quart d’heure à donner çà et là aux lettres proprement dites, on n’a pas le temps, en vérité, de venir prêter l’oreille à un ancien, pas plus que, dans une foule où tout nous pousse, il n’y a moyen de s’arrêter à converser avec un vieillard qui s’exprime avec majesté et lenteur.

2046. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Il y a même quelque chose de plus grave, et que je ne vois aucune raison de dissimuler : selon Duclos, cette enfant si séduisante, et si chère au roi, n’en trahissait pas moins l’État en instruisant son père, le duc de Savoie, redevenu alors notre ennemi, de tous les projets militaires qu’elle trouvait moyen de lire : et avec sa familiarité folâtre, avec ses entrées à toute heure et partout, elle était à la source pour cela.

2047. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Je n’ai le droit d’exprimer aucun jugement personnel sur un prince que la versatilité française est en train d’exalter et d’amplifier pour le moment, après l’avoir précipité ; seulement je sais qu’un jour, pendant cinq courtes minutes, trois académiciens étaient admis en sa présence, et qu’il trouva moyen de leur dire la date de la fondation de l’Académie de la Crusca, ce qu’aucun des trois ne savait ; et il n’était pas fâché de le dire.

2048. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

C’est le reproche qui lui fut fait dans le temps même pour cet écrit de 1796 : Il est naturel aux infortunés, disait-on, de croire que celui qui développe si bien les causes de leur misère connaît aussi les moyens de les soulager : au contraire, son livre éloigne l’espérance, il n’assigne aucun terme à la Révolution, et on se trouve plus malheureux après l’avoir lu qu’auparavant.

2049. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Je leur ai déclaré aussi que je ne voulais plus de surintendant, mais travailler moi-même aux finances avec des personnes fidèles qui agiront sous moi, connaissant que c’était le vrai moyen de me mettre dans l’abondance et de soulager mon peuple.

2050. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Scepticisme absolu ou miracle, il n’y a plus d’autre moyen d’en sortir.

2051. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Il avait été longtemps comme Nicole auprès d’Arnauld, c’est-à-dire un modérateur ; il avait tant qu’il avait pu adouci bien des aspérités, sauvé bien des chocs ; il ne se lassa que quand il n’y eut plus moyen de persister, et il revint alors à être tout à fait lui.

2052. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Il doit loger tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et chacun d’eux le rebute ; le voilà dans la rue avec son valet, ne sachant où donner de la tête, ne voulant plus d’une hospitalité qui est au prix de tant d’avanies, quand un ami sensé lui indique le bon moyen de se faire soigner et respecter : c’est de s’en venir chez lui, de s’y faire apporter, au su et vu de tous, un coffre-fort bien lourd, et d’y compter ses écus d’une façon bien sonnante.

2053. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

On discourut sur cette agréable folie3 ; il n’y avait pas moyen de ne pas rire de la léthargie du bonhomme Géronte, mais on se rejeta sur les mœurs qu’on trouvait trop peu nobles (je le crois bien), sur les tours pendables de Lisette et de Crispin, sur la taille de M. 

2054. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Un critique spirituel l’a très bien défini « le parrain des société futures » ; mais je ne sais comment ce même critique a pu trouver, moyen de rapprocher le nom de M. de Talleyrand de celui de Franklin ; ces deux noms jurent de se voir rapprochés et associés.

2055. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Dans sa première manière pourtant, à la fin du premier livre, dans Le Chêne et le Roseau, il a atteint la perfection de la fable proprement dite ; il a trouvé moyen d’y introduire de la grandeur, de la haute poésie, sans excéder d’un seul point le cadre ; il est maître déjà.

2056. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Le lecteur qui lit en critique se prive à la vérité de plaisirs médiocres ou moyens ; mais c’est la rançon ; et, par compensation de cette perte, il se prépare des plaisirs exquis quand il découvrira l’œuvre exquise.

2057. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

La noblesse n’avait donc point à stipuler pour la masse de la nation, puisque toutes les classes avaient des moyens pour s’élever dans les hiérarchies sociales, et pour parvenir à l’émancipation.

2058. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Pour les autres, c’est-à-dire pour ces gens d’imagination moyenne qui est l’imagination publique, il ne faut ni de trop grands titres, ni de trop grands sujets.

2059. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Je comprends que l’audace juvénile de ces artistes, la nouveauté de leurs moyens d’exécution, leur sincère ardeur, la nouveauté et l’élévation des sujets auxquels ils s’attachèrent, la fraîcheur du coloris de quelques-uns d’entre eux vis-à-vis du morne poncif académique, aient pu faire illusion et donner l’espoir d’une vigoureuse renaissance.

2060. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Et comme depuis le commencement du siècle, l’Église est soumise en une certaine mesure à l’État, nous tenterons par tous les moyens de reconquérir l’ancienne et totale toute-puissance. » Tel est le calcul dans son édifiante simplicité.

2061. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Il ne suffit pas d’exprimer en style correct des idées nobles et profondes pour faire œuvre d’art ; l’art n’est le plus souvent que secondaire pour les moralistes ; il est pour eux un moyen et non un but ; c’est une différence essentielle, qui devrait assigner aux moralistes une place particulière dans l’architecture d’une histoire littéraire.

2062. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

J’exposerai simplement comment on doit les chercher ; il s’agit du moyen de découvrir, non de la découverte ; j’ose parler de la voie, et non du but.

2063. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Le serpent marche à l’aide de ses côtes et de ses vertèbres, le mammifère au moyen d’une patte ou d’un membre à colonne, le ver par le jeu de ses téguments, l’insecte avec des pattes d’une nature distincte.

2064. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Du moins, l’abus de moyens verbaux procède-t-il chez les romantiques d’une exaltation vraiment ressentie. […] Mais il trouve moyen de fondre cette particularité anglaise avec le caractère tout français des sites qu’il traverse. […] Sparte et ses environs fournissent à Barrès la matière d’une série de peintures, où il trouve le moyen de concilier la fougue et la netteté. […] Vous voudriez qu’il y trouvât un sûr remède contre d’injustes attaques ; le moyen ? […] Un peu plus loin, dans un petit bois de chênes-verts, il y avait moyen de suspendre un hamac et de faire la sieste en rêvant.

2065. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Goethe se l’était figuré, d’après ce qu’il avait lu, un homme jeune encore, mais inclinant vers l’âge moyen : quelle ne fut pas sa surprise en voyant entrer un tout jeune homme dans la vivacité et la fleur du premier épanouissement ! […] Malgré tout, Mme Récamier avait triomphé de difficultés plus grandes, et elle sut si bien, à la longue, adoucir et mater Ampère sur cet article délicat de Chateaubriand, qu’à partir d’un certain jour le jeune écrivain se fit une loi de ne plus rien publier, ne fût-ce qu’un simple morceau, sans trouver moyen d’y glisser au moins une fois le glorieux nom qui, dans le principe, l’avait si fort offusqué. […] La révolution de février 1848 apporta une secousse dans ses habitudes scientifiques, car dans son universalité de goûts il faisait entrer aussi pour quelque chose l’enthousiasme politique, et il trouva moyen d’avoir de l’enthousiasme en ce moment-là.

2066. (1927) André Gide pp. 8-126

Ce qu’il peint est plus beau que nous ne l’aurions senti par nos seuls moyens, mais non pas sans doute supérieur à ce qui est. […] Il y a deux grandes catégories de romanciers : les romanciers-nés, dont la grande affaire est de raconter une histoire, laquelle peut être significative par surcroît, mais peut aussi ne vouloir rien dire, et n’amuser que par le jeu des péripéties ; puis ceux qui se proposent avant tout de dire quelque chose et se servent du récit comme d’un moyen d’expression. […] Nous n’avons, quant aux faits, aucun moyen ni aucune envie de contrôler ses dires, et nous ne pouvons que le croire sur parole.

2067. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

donnant en particulier ce conseil remarquable : « Si vous voulez connaître la comédie anglaise, il n’y a d’autre moyen pour cela que d’aller à Londres, d’y rester trois ans, d’apprendre bien l’anglais et de voir la comédie tous les jours ; la bonne comédie est la peinture parlante des ridicules d’une nation ; et, si vous ne connaissez pas la nation à fond, vous ne pouvez guère juger de la peinture371 » ? […] Ils ne dorment pas contents, si, dans leur page écrite le matin, ils n’ont pas trouvé moyen de faire grincer encore une fois à nos oreilles leur abasourdissante comparaison de l’homme avec la dent d’un engrenage. […] Quant à moi, si j’avais à écrire, à parler du bon Jean-Paul ou d’un quelconque de ses compatriotes, si je me mettais seulement à lire ses pareils ou lui pour mon propre plaisir, je commencerais par oublier quelques-uns des goûts de ma patrie, notre amour pour les idées générales nettes, moyennes, accessibles, pour les lieux communs de morale mondaine, les sentences fines et brèves, l’unité, la rapidité, la précision, la mesure, la délicatesse et la logique ; j’oublierais notre aversion pour le vague et pour toute fantaisie qui n’est point réductible à une idée claire ; je me ferais allemand ; je m’échaufferais, je m’élèverais par enthousiasme à la hauteur de ces imaginations poétiques et philosophiques tout ensemble, qui jettent à la raison vulgaire de superbes défis, et je mesurerais l’altitude de leurs pensées et de leurs œuvres d’après leur degré de mystère et de vénérable obscurité.

2068. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Puis on parle pédérastie, et d’un certain pédéraste se faisant 1 800 francs dans la saison des bals masqués, pédéraste qui a trouvé le moyen de se faire de la fausse gorge avec du mou de veau qu’il fait bouillir, et taille en forme de téton. […] Car le salaire des femmes… Voilà une chose à laquelle jamais les gens, comme Thiers, ne penseront… Il faut renouveler l’État par là… Ce sont des questions… Veyne. — C’est-à-dire que s’il y avait une Convention… Saint-Victor. — Non, il n’y a pas moyen de vivre pour une femme. […] Ce sont toujours les moyens d’argumentation et la manière de défense que j’ai vu employer à Sainte-Beuve.

2069. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Toujours deux ou trois au moins : c’est le moyen d’être tranquille, et de ne pas trembler sur la perte de l’un d’eux. […] Il cause, il blague aimablement, comme si nous soupions depuis des années ensemble, me parle de tout comme un homme revenu de tout, affirme qu’il faut à Paris mille francs d’argent de poche par jour, émet le paradoxe que le plus intelligent moyen de se loger est de louer une boutique, soutient que tout ce qu’il y a de bon dans une pièce est justement ce qui la fait tomber, déclare qu’il a donné des mots à des pièces de ses amis qui n’étaient pas plus mauvais que d’autres, — et qu’on les a toujours sifflés. […] Elle est le moyen de transporter le lecteur dans un certain milieu favorable à l’émotion morale qui doit jaillir de ces choses et de ces lieux.

2070. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

— Je viens de faire un acte de vandalisme, lui dit l’intendant des armées ; j’ai été voir s’il y avait moyen d’arranger en écuries les orangeries et les serres. […] Le saint-père avait des moyens sûrs de se défaire de ses ennemis. […] Brown-Sequart cherche les moyens de vaincre la vieillesse. […] Puis le chanteur, pour être en possession de tous ses moyens, a besoin de s’humecter largement la gorge, et si vous avez l’imprudence d’outrepasser la dose, sa langue s’empâte, ses idées s’embrouillent. […] Par ce moyen, il évitait tout péril et servait le prochain sans crainte de nuire à soi-même.

2071. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Mais pour connaître la généalogie, même des poètes, nous avons d’autres moyens de renseignements que leur témoignage, et cela s’appelle les registres des mairies ou ceux des paroisses. […] Mais, faites-y bien attention, en soi-même, la rhétorique n’est autre chose qu’un ensemble de moyens, pour développer tout le contenu d’une idée, ou encore, pour donner à une idée toute sa valeur. […] Il s’avise pour cela d’un moyen auquel vous n’auriez peut-être pas songé. […] Pour prédire à coup sûr, vous savez qu’il n’y a qu’un moyen, c’est de prédire après coup.

2072. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Or, dans l’action, c’est le résultat qui nous intéresse ; les moyens importent peu pourvu que le but soit atteint. […] Quand les images successives ne diffèrent pas trop les unes des autres, nous les considérons toutes comme l’accroissement et la diminution d’une seule image moyenne, ou comme la déformation de cette image dans des sens différents. Et c’est à cette moyenne que nous pensons quand nous parlons de l’essence d’une chose, ou de la chose même. […] Car eidos est la vue stable prise sur l’instabilité des choses : la qualité qui est un moment du devenir, la forme qui est un moment de l’évolution, l’essence qui est la forme moyenne au-dessus et au-dessous de laquelle les autres formes s’échelonnent comme des altérations de celle-là, enfin le dessein inspirateur de l’acte s’accomplissant, lequel n’est point autre chose, disions-nous, que le dessin anticipé de l’action accomplie.

2073. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Ce sont des poèmes intimes dont les héros flottent, entre la réalité et l’idéal, dans une région moyenne, où il est délicieux de se promener. […] Le moyen de professer la religion du drapeau en contant l’histoire d’un cavalier qui déserte pour suivre une fille et puis qui vole la montre d’un camarade ? […] « Cela ne convenait pas à un père de famille. » Le jeu ne fut plus pour lui qu’un moyen de tromper son monde. […] Il n’existe aucun moyen de vivre sans nuire. […] L’avis eût été bon s’il y avait eu des moyens de fuir.

2074. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Par quels moyens l’atteindre ? […] Il conseille d’en revenir aux vieux moyens, à l’exil et à la confiscation. […] Il n’y avait pas moyen d’avancer ou de reculer. […] Si l’on diffère d’avis, c’est sur les moyens et non pas sur le but. […] Aucun moyen de deviner par la science l’origine ni le but de rien.

2075. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

L’esprit est le premier des moyens : il sert à tout et ne supplée presque à rien.

2076. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Cette qualité moyenne de l’expression, si bien appropriée au genre, est presque aujourd’hui un inconvénient à la lecture : elle contribue à en amortir l’effet.

2077. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Au sortir de cette lecture, j’ai besoin de relire quelque roman tout simple et tout uni, d’une bonne et large nature humaine, où les tantes ne soient pas éprises de leurs neveux, où les coadjuteurs ne soient pas aussi libertins et aussi hypocrites que Retz pouvait l’être dans sa jeunesse, et beaucoup moins spirituels ; où l’empoisonnement, la tromperie, les lettres anonymes, toutes les noirceurs, ne soient pas les moyens ordinaires et acceptés comme indifférents ; où, sous prétexte d’être simple et de fuir l’effet, on ne me jette pas dans des complications incroyables et dans mille dédales plus effrayants et plus tortueux que ceux de l’antique Crète.

2078. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Suivre par la pensée leurs masses diverses dans tous ces mouvements compliqués que leur imprime le génie du chef ; calculer à chaque moment leur nombre sur chaque point ; distribuer avec précision le matériel dont on dispose, apprécier celui que peut fournir le pays ; tenir compte des distances, de l’état des routes, y proportionner ses moyens de transport, pour qu’à jour nommé chaque corps, la plus petite troupe, reçoive exactement ce qui lui est nécessaire : voilà une faible idée des devoirs de l’administrateur militaire.

2079. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Chapelle et son camarade de voyage, âgés l’un et l’autre de trente à trente-deux ans, se mettent en route pour faire un tour dans le Midi, et dans le compte rendu léger de leur voyage qu’ils envoient à leurs amis de Paris, ils trouvent moyen de faire avec un naturel parfait une charmante satire littéraire : de là le grand succès et cette vivacité de faveur qu’on ne s’expliquerait pas autrement aujourd’hui.

2080. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Je l’ai reconnue aussitôt, c’était la voix de Louise, silver-sweet sounding (la douce voix d’argent). » De tels songes, qui rappellent ceux de Dante adolescent et de la Vita nuova, ne se passaient que dans la partie élevée de l’esprit, et il y avait moyen d’en guérir.

2081. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Une expédition sur mer n’était pas non plus un moyen sûr de l’atteindre et de la frapper : c’était l’attaquer par son côté fort.

2082. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Lui, plus vaillant qu’Horace, il va semant ses pierres et graviers sur les routes, et il trouve moyen encore d’être gai par là-dessus et content.

2083. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

la plupart de ses jugements littéraires d’alors, courus et touchés à peine, sont restés charmants : — et sur Xavier de Maistre et son frère, si différents, mais semblables en un point, et en général sur les écrivains de Savoie, fins, sagaces et jamais lourds, et desquels on peut dire que « la finesse italienne a passé par là » ; — et sur Mme de Souza, le romancier aux aimables nuances, qui excelle à cent pages d’amour délicat, mais chez qui « cette délicatesse est compensée par l’absence de tout trait fort et profond : le premier volume de ses romans amuse beaucoup, le quatrième lasse toujours » ; — et sur Mme de Staël, contre laquelle il lance des paroles d’un pronostic, effrayant ; et sur Mme de Genlis, qui a trouvé moyen, avec infiniment d’esprit, de faire entrer l’ennui dans ses livres, car l’hypocrisie de salon les glace ; et sur M. de Jouy, à qui il accorde un peu trop en faveur de son Sylla et de ses vers tragiques dignes de la prose ; et sur Andrieux, dont on essaya un moment de faire l’arbitre du goût ; il écrivait de ce dernier en janvier 1823 : « M. 

2084. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Qui n’entend jamais rien, écoute le bruit, quel qu’il soit. » Elle ne sait pas la musique, et elle le regrette : il lui semble qu’elle aurait un moyen plus puissant et plus efficace que tout autre pour s’exprimer, pour s’épancher.

2085. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide !

2086. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il se destinait à la prédication pour laquelle il se sentait du goût et des moyens, et il fit ses provisions de doctrine en conséquence.

2087. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Aimer Molière, c’est être également à l’abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent son sectaire, qui, sous prétexte de puritanisme, trouve moyen de pétrir et de combiner tous les fiels, et d’unir dans une doctrine amère les haines, les rancunes et les jacobinismes de tous les temps.

2088. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Je vous supplie de me mander si vous jugez qu’en faisant le siège de Landrecies, ils puissent toujours conserver leur communication à Douai par Marchiennes, pour en tirer leurs convois et munitions de guerre, ce qui est fort éloigné de Landrecies ; et il est néanmoins bien difficile qu’ils les puissent faire venir d’ailleurs… S’il était possible dans ce grand éloignement d’attaquer leurs lignes de Denain pour couper la communication> ce moyen paraîtrait le plus assuré et le moins hasardeux pour les obliger à lever le siège ; et vous feriez bien d’en écrire vous-même à M. le maréchal de Villars et de lui en envoyer un projet, lui marquant le nombre de troupes dont vous auriez besoin, de quelle manière et en quel temps il devrait les faire marcher, etc., etc.

2089. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Thiers, Stendhal, — Jal, expression de l’opinion moyenne, — avaient pu se rencontrer souvent et causer avec des artistes, mais ils ne l’étaient pas eux-mêmes.

2090. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

La nuit est venue ; le comte Herman est dans son appartement ; il paraît calme, content de lui ; il a assez bien mené sa triple intrigue : il se flatte d’avoir louvoyé assez habilement tout le soir entre Emma et Pompéa, sans trop se trahir ; la Lisette, au moyen d’un signe convenu, vient de lui faire tenir une réponse favorable pour le rendez-vous de minuit ; enfin il a donné un rendez-vous à Pompéa pour ce soir même, tout à l’heure, dans son appartement, et il l’attend de pied ferme.

2091. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

J’admire comme, dans la bouche du plus grand fou de la terre, Cervantes a trouvé le moyen de se faire connaître l’homme le plus entendu et le plus grand connaisseur qu’on se puisse imaginer… Quevedo paraît un auteur fort ingénieux ; mais je l’estime plus d’avoir voulu brûler tous ses livres quand il lisait Don Quichotte, que de les avoir su faire. » Racine et Boileau lisaient Don Quichotte pour se divertir ; ils en parlent dans leurs lettres comme d’un sujet qui leur est familier et qui est entré dans la conversation des honnêtes gens.

2092. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine dans la personne et dans le talent de Pope ; car nul n’apprécie mieux que lui Addison, le premier type de l’urbanité anglaise, en tant qu’il y a urbanité : il juge excellemment Addison et son genre moyen, discret, moral, bienséant, ce Quod decet que le premier il enseigna à ses compatriotes ; il rend toute justice aux divers personnages si bien esquissés dans son Spectateur, et qui sont si anglais toujours de physionomie.

2093. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

On prendra idée de ce pays de famine lorsqu’on saura qu’ils ont trouvé moyen de faire un aliment de la graine de coloquinte.

2094. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Joseph Bertrand voulant écrire pour le public, c’est-à-dire pour la moyenne des gens instruits, a éludé ce genre de difficulté autant que possible : il eût pu trancher davantage et mettre plus en relief et en vedette les résultats scientifiques, sauf au lecteur à ne prendre que ce qu’il en pourrait saisir ; il a mieux aimé accuser moins à nu les côtés sévères pour fondre plus couramment le ton de l’ensemble.

2095. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

» Avant que la critique allemande ait protesté contre de pareilles plaisanteries mises sur le compte d’un des souverains qui ont eu le plus à cœur leur métier de roi, il y avait longtemps que la critique française, dans une vue de simple bon sens, avait dit : « Nous ignorons si Frédéric était capable de se servir des moyens indiqués ici ; mais nous croyons pouvoir affirmer que, s’il avait assez d’immoralité pour employer des médecins et des serruriers politiques, il avait en même temps trop d’adresse pour l’avouer à qui que ce soit, même à son successeur75. » Il y avait peut-être à introduire Frédéric dans cette Étude où Louis XV tient le premier rôle, mais c’aurait dû être alors pour opposer les deux esprits, la mollesse et la force, l’abandon et l’infatigable vigilance, le laisser aller de tout, après quelque velléité d’action passagère, et l’héroïque et constant labeur, tant civil que guerrier, qui occupa toutes les heures d’une longue vie.

2096. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Je voudrais trouver le moyen de tout concilier ; je voudrais remercier encore une fois M. 

2097. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il n’y a plus moyen d’ajouter un trait, de pousser à la perfection, à l’art, de composer sa Princesse de Clèves à souhait.

2098. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Avec une situation fondamentale qui est la nôtre, situation qu’on déguise, qu’on dépayse légèrement dans les accessoires, il y a moyen de s’intéresser à peindre comme pour des mémoires confidentiels et d’intéresser à notre émotion les autres.

2099. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

« Mais de grâce, Monsieur, ne soyez pas inexorable à ce fauteuil qui vous tend les bras il y a un quart d’heure, contentez un peu l’envie qu’il a de vous embrasser. » La véritable métaphore présente à la fois deux objets à l’imagination, l’un qui est dans le sens propre du mot, l’autre qui par le moyen du premier s’éveille dans la pensée.

2100. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Ce qui semble rester, c’est un peu plus de largeur dans la conception du genre, et le droit de pousser l’impression jusqu’au sentiment et au pathétique ; ici encore on pourrait dire que Voltaire a exprimé la moyenne du goût de son temps.

2101. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Voilà pourquoi les dépositaires de l’esprit de la nation, durant ce long période, semblent écrire sous l’action d’une fièvre intense, qui les met sans cesse au-dessus et au-dessous de la raison, rarement dans sa moyenne voie.

2102. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Gide reproche à un article d’Octave Mirbeau quelque tout petit détail d’une vérité nuancée insuffisamment, quelque toute petite inexactitude, qui est surtout un moyen de grossissement et d’accélération de la pensée.

2103. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

On ne pouvait obtenir un plus grand effet par un plus simple moyen.

2104. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

C’est Bourdaloue pourtant qui, par les justes proportions, par la beauté de l’ordonnance et l’exactitude des développements, représente la perfection moyenne et complète de ce genre grave à son plus beau moment.

2105. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Au milieu du désarroi où l’on est, elle trouve moyen de tenir l’enfant chaudement et de lui faire un lit, d’allumer du feu avec des branches sèches, et d’opposer encore la bonne humeur au guignon.

2106. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Voilà un grand scandale, je l’avoue ; mais quel moyen de me corriger ?

2107. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Gessner, le duc de Penthièvre et Voltaire, le nom de Florian trouvait moyen d’associer toutes ces nuances.

2108. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle finit par l’épouser sans qu’Alfred en souffre trop ; et la morale du roman, cette fois excellente, c’est que, « de tous les moyens d’arriver au bonheur, le plus sûr (pour une jeune fille qui sort du couvent) est celui que choisit la prévoyante tendresse d’un père ».

2109. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

On peut juger de ce que peut être la dignité de l’homme mise en musique ; mais les contemporains s’en accommodaient fort, et Beaumarchais essayait par tous les moyens de ressaisir la popularité qui lui échappait.

2110. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

C’est surtout un prétexte, un moyen ingénieux d’amener au bout du vers l’abbé de Pure ou Quinault.

2111. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Et le moyen de voir sans que les coins de la bouche ne se relèvent (pourquoi ne pas dire tout simplement sans rire ?)

2112. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

La rigueur est très dangereuse où personne n’est content ; la mollesse, où il n’y a point de satisfaction, l’est aussi ; mais le seul moyen de subsister est de marier la rigueur avec une juste satisfaction de ceux qu’on gouverne, qui aboutit à punition des mauvais et récompense des bons.

2113. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

» Et il remarche, jetant des phrases comme celle-ci : « Enfin nous sommes dans un monde tout nouveau, où toutes les conditions de l’existence sont changées, sans qu’on ait l’air de s’en apercevoir… Autrefois un ouvrier chaudronnier gagnait 6 francs par jour… Il pouvait mettre 3 francs de côté… Donc au bout de cinq ans, il avait 5 000 francs et pouvait se faire chaudronnier… Aujourd’hui il faut 800 000 francs pour établir un chaudron… donc il n’y a plus moyen pour le peuple de sortir du peuple… et le peuple ne veut pas rester peuple… Savez-vous avec quelle somme s’est fondée, sous Louis-Philippe, la plus grande fabrique de produits chimiques… Chabrol vous l’apprend… avec 60 000 francs… Allez maintenant chez Salleron, il vous demandera 15 000 francs pour une cheminée… un fourneau sans luxe, c’est une affaire de 50 000 francs… Et tout comme cela… une confiserie se fonde avec un capital de 1 200 000 francs… une épicerie, vous connaissez la maison Potin ? 

2114. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Ce n’est pas au xixe  siècle, quand les penseurs à faire mourir de rire de ce siècle fameux cherchent le moyen impossible de se passer de la main de l’homme dans le gouvernement des peuples, qu’on peut apprécier Louis XIV, le plus grand des rois personnels, un de ces rois qui, à force d’expédients et de génie, dispensent les peuples d’institution, quand il n’y en a plus qui se tiennent debout et qu’on puisse rajuster.

2115. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Dernièrement encore, un homme de génie dont les connaisseurs se sont fait longtemps entre eux la confidence, et dont le nom a mis trente ans à se placer dans toutes les bouches où le voici à présent, Joseph de Maistre, au commencement du siècle, trouva le moyen de faire un livre superbe intitulé : Du Pape, après cet autre livre superbe du cardinal Bellarmin intitulé : Du Souverain Pontife (De Summo Pontifice).

2116. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Mais je vais à l’âme du pauvre homme moyen.

2117. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Ce qu’il y a du moins de commun à l’un et à l’autre, c’est ce principe que, quels que doivent être les meilleurs moyens de sauvegarder sa liberté, l’individu a sa valeur et ses droits propres, qu’il est respectable en soi, responsable de ses actes ; c’est en un mot l’individualisme, En ce sens, nous avons nous-même reconnu que l’idée de liberté est proche parente de l’idée d’égalité, puisque celle-ci nous a paru supposer le sentiment que les hommes, en tant qu’individus, ont une valeur ; nous avons fait entrer l’individualisme dans la définition de l’égalitarisme. — Force nous est donc de nous demander, non pas seulement si l’unification des sociétés est favorable à une politique de réglementation à outrance, mais si elle est essentiellement hostile à l’expansion du principe individualiste lui-même.

2118. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Dans la cour du moyen collège, enfant plus triste que tous les autres, j’étais seul un jour à l’écart. […] C’est son émoi qu’il éternise par le moyen de l’art. […] Mais, depuis mon arrivée à Ouchy, ma journée est gâtée par un malaise de ratage, de maldonne, de faux départ, un malaise qu’on pourrait encore dissiper, en se dépêchant beaucoup, par exemple, et je ne sais par quel moyen. […] … Car la science a l’analyse pour moyen et la synthèse pour objet. […] Laissons sa niaiserie : en tout cas, il a tort de ne considérer la littérature que comme un bon moyen d’apostolat.

2119. (1898) Essai sur Goethe

Vous ne les admirez point pour cela, tant s’en faut ; mais vous ne vous indignez pas non plus contre eux : vous les considérez comme de moyens exemplaires d’une ordinaire humanité, qui exercent sans noblesse, bien qu’avec correction, leur métier d’hommes […] Pour le lecteur, il représente la moyenne humaine, en laquelle les plus nobles qualités s’aplatissent. […] Il ne te suffit pas qu’il soit déjà difficile de surmonter moralement certaines impressions, tu accrois encore la force hypocondriaque et angoissante des idées noires par des moyens physiques dont tu as pu déjà éprouver la nocuité et que, par amour pour moi, tu avais délaissés pendant un certain temps. […] En tous cas, on ne saurait méconnaître qu’il tira le meilleur parti possible des faibles moyens dont il disposait ; car, si Charles-Auguste avait à la fois, comme un poète l’en félicitait, l’âme d’un Auguste et celle d’un Mécène, il n’en avait point le budget. […] En vain des envieux et des médiocres essaient-ils de troubler cette union qui, comme toutes les belles choses humaines, déconcerte et froisse la vulgarité moyenne.

2120. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Le Gaga, paru chez Dentu, est un roman d’observation dure ; un sénateur gâteux et sadique, un ami immonde, une femme qui pousse le dévouement jusqu’à s’exagérer par des actes insensés empruntés aux filles, les moyens de retenir son mari dans son alcôve, voilà en deux mots le personnel du roman. […] Je n’aurai pas la cruauté de lui dire comment le grand maître, comment Balzac a traité le même sujet et a trouvé moyen d’être encore aujourd’hui le plus jeune des jeunes. […] Il regardait autour de lui, cherchant l’idéal, le progrès, les moyens de se dévouer ; il voyait la triste Russie, bien froide, bien immobile, bien dure, tout ulcérée de maux anciens. […] J’insisterai particulièrement sur la sobriété des moyens, qui sont, pour ainsi dire un parti pris chez M.  […] Sabine, qui, élevée par son oncle, « sait bien » que la vie n’est qu’un accident, pendant la durée duquel on doit se procurer par tous les moyens l’accomplissement de ses désirs, empoisonne peu à peu la femme de Bernard ; celle-ci, sans rien révéler, se laisse mourir, croyant son mari complice du crime.

2121. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il n’y a pas moyen de soûtenir aucun caractere avec un dieu aussi capricieux que ce Jupiter. […] Le moyen de convenir qu’il ne soit pas mieux de dire qu’un messager s’acquitta fidellement de sa commission, que de répéter mot pour mot le discours qu’on l’a chargé de faire, et que le lecteur sçait déja ! […] Je sçai trop qu’elles ne peuvent rien contre une admiration invétérée ; qu’il n’y a pas moyen de convaincre un homme qu’une chose est froide, quand il a résolu de la trouver vive ; que même, plus il a d’esprit, mieux il élude les preuves délicates qu’on lui oppose ; et qu’enfin l’erreur est plus féconde en sophismes, que la vérité en bons raisonnemens. […] Il n’y a pas moyen d’éviter un inconvénient, sans tomber dans un autre ; il faut opter, mais se souvenir toûjours, s’il m’est permis de badiner, que la raison même a tort dès qu’elle ennuye. […] Le laissoient-ils dans la simplicité des tems héroïques ; ils prêtoient aux Desmarets des armes contre eux-mêmes : il n’y avoit pas moyen d’être Racine ou Despreaux, et Homere en même-temps.

2122. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Sire, on vous conseille de monter sur mer, comme s’il n’y avoit point d’autre moyen de conserver votre royaume que de le quitter ? […] Enfin, Sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer : il s’agit d’un royaume, il faut l’emporter ou y perdre la vie ; & quand même il n’y auroit point d’autre sûreté pour votre sacrée personne que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pié ferme, que de vous sauver par ce moyen. […] Hautain est toûjours pris en mauvaise part ; c’est l’orgueil qui s’annonce par un extérieur arrogant : c’est le plus sûr moyen de se faire haïr, & le défaut dont on doit le plus soigneusement corriger les enfans. […] Ce qu’on a peut-être écrit de mieux sur le moyen d’être heureux, est le livre de Séneque, de vita beata ; mais ce livre n’a rendu heureux ni son auteur, ni ses lecteurs. […] Pour connoître avec certitude quelque chose de l’histoire ancienne, il n’y a qu’un seul moyen, c’est de voir s’il reste quelques monumens incontestables ; nous n’en avons que trois par écrit : le premier est le recueil des observations astronomiques faites pendant dix-neuf cens ans de suite à Babylone, envoyées par Alexandre en Grece, & employées dans l’almageste de Ptolomée.

2123. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Vous savez bien qu’elle n’est pas accoutumée aux nuits solitaires731. » Voilà justement le bon moyen de rendre Antoine jaloux, et le ramener furieux à Cléopatre. […] J’ai rarement répondu aux pamphlets diffamatoires, ayant dans les mains les moyens de confondre mes ennemis, et, quoique naturellement vindicatif, j’ai souffert en silence et maintenu mon âme dans la paix762. » Insulté par Collier comme corrupteur des mœurs, il souffrit cette réprimande brutale et confessa noblement les fautes de sa jeunesse : « M.  […] Burns disait que dans son village il était arrivé, au moyen du raisonnement et des livres, à se figurer à peu près exactement tout ce qu’il avait vu plus tard dans les salons, tout, sauf une femme du grand monde.

2124. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Le meilleur moyen de se préserver contre les déceptions, c’est de fermer son cœur à toute ambition généreuse et élevée. […] Il n’y a pas d’autres moyens de faire une bonne édition. […] Le moyen de résister à des grâces si fortes ? […] Ils perdaient l’appétit et languissaient, se croyant perpétuellement sous le coup du mauvais sort… Il est un moyen encore plus infaillible. […] C’est de cette masse, molle et morte, qu’est faite la moyenne des classes aisées, dans notre pays.

2125. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Quant à moi, je leur dis ce qu’il y avait à dire, qu’avec un pareil clavecin il n’y avait pas moyen de se faire honneur, et qu’il me serait fort agréable de jouer un autre jour sur un meilleur instrument. […] Il n’y a pas moyen d’aller à pied ; tout est trop loin, et il y a trop de boue ; car Paris est une ville horriblement boueuse, et pour aller en voiture on a l’honneur de jeter quatre ou cinq livres par jour sur le pavé, et encore pour rien, car les gens se contentent de vous donner des compliments et pas autre chose.

2126. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Parmi les ornements de ce vase, il y avait un couvercle subtilement travaillé, qui, par le moyen d’un ressort, se tenait debout sur son ouverture. […] Que l’on juge, d’après cela, des moyens que prend la fortune lorsqu’elle veut perdre un homme !

2127. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Cherchez plutôt le moyen de nous faire arriver à l’autre bord, de façon que nous amenions avec nous nos chevaux et nos bagages. […] Maintenant indique-nous un moyen pour traverser le fleuve, ô la plus sage des femmes ! 

2128. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je vous ai aussi ordonné, dans mon testament, de vivre ensemble dans la même maison, en frères et en amis, seul moyen de prospérer. » Qui ignore l’immortel récit des aventures de ces trois frères ; comment devenus amoureux de la duchesse d’Argent9, de madame de Grands-Titres et de la comtesse d’Orgueil, ils se virent obligés de suivre les modes et se trouvèrent déchirés entre les humiliations du monde et l’immuable testament de leur père. […] « Après y avoir beaucoup pensé, dit Swift, un des frères, se trouvant plus lettré que les autres, dit qu’il avait trouvé un moyen.

2129. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Aujourd’hui comme autrefois, nous ne manquons pas de ces gens à qui la fortune tient lieu de politesse et de mérite, qui n’ont pas deux pouces de profondeur, à qui la faveur arrive par accident ; seulement ces fortunes subites qui sont le déshonneur de la Fortune elle-même, arrivent, aujourd’hui, par d’autres moyens que les moyens d’autrefois, elles se produisent, dans des lieux différents, avec des caractères tout nouveaux.

2130. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Mais Dieu, qui a, quand il le veut, tous les moyens de nous atteindre, Dieu, qui donne à sa Grâce divine toutes les formes humaines qu’il lui plaît, donna pour Féval à sa Grâce le visage d’un ami et d’un homme fait par l’esprit pour tout renverser comme la foudre, et qui se contenta de lui planter et de lui enfoncer doucement dans le cœur, pendant des années dont je ne sais pas le nombre, les racines de cette conversion que voilà maintenant fleurie et épanouie sur sa tombe ! […] Paul Féval, qui a trouvé le moyen, tout en écrivant son histoire, de faire un pamphlet contre les pamphlets, est, en gaîté comme en pathétique, un passé maître.

2131. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Après la mort d’un de ses fils, il trouva pourtant le moyen d’aller à Rome pour se distraire et se consoler, de s’y attacher à M. de Noailles, l’ambassadeur, et d’y rester environ deux ans ; mais il fallut revenir et reprendre la vie de province avec les ennuis du métier.

2132. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Le père du jeune Rosny l’appela un jour qu’il avait onze ans dans la chambre de la haute tour, et là, en présence du seul La Durandière, son précepteur, il lui dit : Maximilian, puisque la coutume ne me permet pas de vous faire le principal héritier de mes biens, je veux en récompense essayer de vous enrichir de vertus, et par le moyen d’icelles, comme l’on m’a prédit, j’espère que vous serez un jour quelque chose.

2133. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

» — Gibbon était devenu si gros et si pesant qu’il n’y eut d’autre moyen pour Mme de Crousaz que de sonner un domestique et de lui dire : « Relevez monsieur. » S’il n’était pas fait pour ces grandes passions, Gibbon l’était essentiellement pour le commerce de l’amitié, et il en éprouvait tous les sentiments.

2134. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Elle aidait à peigner et à habiller les petites, passait deux ou trois mois de suite à une classe, y faisait observer l’ordre de la journée, leur parlait en général et en particulier, reprenait l’une, encourageait l’autre, donnait à d’autres les moyens de se corriger.

2135. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Au lieu d’apporter des gages et des garanties de paix, elle se trouvait ainsi avoir procuré des prétextes et des moyens de guerre.

2136. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Autrement, et livré à lui-même, il suivait sa vocation tout unie, plus douce, je le crois, droite, honorable, moyenne, avec considération sans doute, mais sans rien de grand ni d’immortel.

2137. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

J’ai lu les lettres que lui adressait Chapelain, avec qui il était en correspondance ; il est question dans presque toutes du désir bien plutôt que des moyens qu’on aurait de le tirer de cette position inférieure, où il avait rencontré encore des envieux et des rivaux : Ne serons-nous jamais assez heureux, lui écrivait en mai 1665 Chapelain, ce premier commis des grâces de Colbert, pour faire rendre justice à votre mérite, et faut-il qu’il languisse toujours dans des emplois sans doute fort honnêtes, mais sans doute aussi fort au-dessous de lui ?

2138. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Le défaut, c’était le besoin d’action à tout prix, le besoin de bruit et de renommée qui ne se passait ni des intrigues ni des manèges, et qui jouait avec les moyens scabreux : de là toute une suite d’indiscrétions, de déguisements, de rétractations, de désaveux, de mensonges.

2139. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Un jour de Pâques, à l’église, comme il allait se mettre à genoux pour communier, M. de Tende se présenta tout à coup devant lui en lui disant : « Monsieur, vous êtes en colère contre moi, et je crois que vous avez raison ; mais voici un temps de miséricorde, et je vous demande pardon. » — « De la manière dont vous le prenez, repartit Marolles, il n’y a pas moyen de vous refuser.

2140. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Deux cardinaux, par ce moyen, honorèrent de leur présence mon élection.

2141. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

La ligne de conduite que je vous recommande exige du courage, mais je crains que rien autre chose ne soit capable de prévenir les conséquences que j’appréhende si justement : c’est, en un mot, après avoir employé tous les doux moyens pour prévenir une rupture, que vous en veniez à diminuer graduellement votre intimité avec le prince, que vous soyez moins assidue dans vos visites, que vous fassiez de moins fréquents et de plus courts voyages dans ses résidences de campagne, et que vous vous rangiez vous-même à une vie de société privée et indépendante à Paris.

2142. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Tranquillisez-moi sur cet article : vous en avez un moyen, que mon amitié pour vous mérite et exige que vous employiez : c’est de me promettre de ne pas vous réduire vous-même à des extrémités dont la seule pensée m’effraye, et de vous adresser à moi avant que vos propres ressources soient tout à fait épuisées.

2143. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

leur dit-il, vous ne vous étudiez dans vos discours qu’à trouver des moyens d’accuser les autres, et vous vous jetez sur un homme accablé… Contentez-vous de voir l’état où je suis réduit, et mettez le doigt sur votre bouche.

2144. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Villars au contraire, qu’on lui donne pour lieutenant, a des idées en nombre et suggère toutes sortes de moyens.

2145. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

C’est une bonne moyenne.

2146. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

On dit qu’il ouvrit les conférences de Londres en ces termes : « Messieurs, je viens m’entretenir avec vous des moyens de conserver la paix à l’Europe… » Il y réussit, et remporta ce jour-là sa plus signalée victoire diplomatique.

2147. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Les moyens mis à sa disposition étaient insuffisants ; il avait des inquiétudes sur l’arrivage des subsistances, et peu de confiance dans l’activité du gouvernement lituanien ; il le disait dans ses rapports, il s’en plaignait.

2148. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

L’auteur d’Oberman s’est de bonne heure fermé et fixé ; immobile devant l’ensemble des choses, les embrassant dans leur étendue sans jamais les entamer par leurs détails, incapable de s’ingénier, de s’orienter dans la cohue, exigeant avant tout, et pour user de ses moyens, qu’on l’isole et qu’on le pose, nature essentiellement méditative, il a surtout visé au juste et au vrai ; renonçant au point de vue habituel, il a dépouillé l’astre, pour le mieux observer, de ses rayons et de sa splendeur ; il s’est consacré avec une rigueur presque ascétique à la recherche du solide et du permanent.

2149. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Alibert, qui soignait ma santé devenue fort frêle, me conseilla d’écrire, comme un moyen de guérison, n’en connaissant pas d’autre. — J’ai essayé sans avoir rien lu ni rien appris, ce qui me causait une fatigue pénible pour trouver des mots à mes pensées. — Voilà sans doute la cause de l’embarras et de l’obscurité qu’on me reproche, mais que je ne pourrais pas corriger moi-même.

2150. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Quand nous causons, tous les moyens nous sont bons pour mettre en lumière notre idée principale : nous rompons brusquement l’équilibre de la phrase, nous élevons la voix tout d’un coup ; à tout prix nous mettons en relief le mot important et La Fontaine fait comme nous.

2151. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : « Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines : au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. » Ô mes compagnons d’infortune !

2152. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Le but légitimait à ses yeux et sanctifiait même les moyens.

2153. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il a cru rédiger la Poétique de la Pléiade : mais, sans y songer, il a adouci, abaissé, réduit les prétentions et les doctrines de l’École : il en a laissé tomber les parties les plus choquantes, et il les tourne naturellement du côté du sens commun et de la vérité moyenne.

2154. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il n’y a qu’un moyen de simplifier et d’éclaircir : c’est de dissoudre l’unité factice, de l’ouvrage, de refaire en sens inverse le travail de Montesquieu, et de prendre l’une après l’autre les diverses tendances, et les périodes successives de son activité intellectuelle, selon qu’elles affleurent ou s’étalent dans l’Esprit des Lois.

2155. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

(Il faut, bien entendu, que cet homme soit intéressant et supérieur à la moyenne des esprits. ) — C’est par là d’abord que les romans de M. 

2156. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

III Un des moyens de connaître M. 

2157. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

L’allégorie est, en son résultat, plus voisine de l’expression directe ; l’union intime des formes à leur contenu n’est plus chez elle indissoluble et parfaite, car elles n’apparaissent plus comme le moyen d’expression nécessaire et unique.

2158. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle.

2159. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Tous les moyens sont bons pour la conquérir, car l’argent après lequel ils courent, ce n’est ni le prix d’une charge, ni le fonds d’une industrie, ni rapport d’une spéculation ; c’est une toison d’or, une pomme d’Hespéride, quelque chose de joyeux et de fabuleux.

2160. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Dans un art qui laisse aussi peu de traces, il est difficile, quand on juge à distance, de faire autre chose que de rapporter les témoignages des contemporains, et l’on n’a presque aucun moyen de les contrôler.

2161. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Son livre se place entre celui de Duclos : Les Confessions du Comte de ***, et le livre de Laclos : Les Liaisons dangereuses ; mais il est plus dans le milieu du siècle que l’un et que l’autre, et il nous en offre un tableau plus naturel, plus complet, et qui en exprime mieux, si je puis dire, la corruption moyenne.

2162. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Car le meilleur moyen de goûter avec calme les plaisirs du dehors, c’est de ne jamais être poursuivi par la crainte de rentrer ».

2163. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Si rien ne nous mène au secret du cœur, il faut gagner au moins leur esprit par des louanges ; car, au défaut des amants à qui tout cède, celui-là plaît le mieux qui leur donne le moyen de se plaire davantage.

2164. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

La plus délicieuse et la plus jolie des Boufflers et le plus brillant des Biron, Lauzun trouva moyen de faire de cela une union mal assortie.

2165. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Je ne sais si le talent poétique de Le Brun eût jamais été susceptible de se développer et de grandir en des régions plus heureuses ; mais à coup sûr, par une telle habitude de sentiments et de pensées, il s’en était interdit les moyens ; il avait tari en lui les sources jaillissantes et fécondes.

2166. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

[1re éd.] les gens habiles et consommés, et persuadé au fond que je n’avais point été mis et conservé sur le trône avec une aussi grande passion de bien faire sans en devoir trouver les moyens.

2167. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Ceci devait mourir dans le même lieu qui l’a fait naître ; mais ceux qui vivent dans une société ont des devoirs à remplir ; nous devons compte à la nôtre de nos moindres amusements. » Il semble même qu’en terminant ce mémoire, Montesquieu s’attache trop à diminuer le mérite de l’observateur, lequel a souvent besoin de toute sa subtilité d’esprit et de son invention ingénieuse pour amener le fait sous son regard : Il ne faut pas avoir beaucoup d’esprit, disait Montesquieu, pour avoir vu le Panthéon, le Colisée, des Pyramides ; il n’en faut pas davantage pour voir un ciron dans le microscope ou une étoile par le moyen des grandes lunettes ; et c’est en cela que la physique est si admirable : grands génies, esprits étroits, gens médiocres, tout y joue son personnage.

2168. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

J’ai dit le défaut radical que je crois à la politique de Montesquieu : il met la moyenne de l’humanité, considérée dans ses données naturelles, un peu plus haut qu’elle n’est.

2169. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Elle trouva moyen de régner quarante-quatre ans sans voir que Shakespeare était là.

2170. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Par quel moyen les mettre d’accord ?

2171. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Et remarquez que c’est aussi avec les larmes que l’homme lave les peines de l’homme, que c’est avec le rire qu’il adoucit quelquefois son cœur et l’attire ; car les phénomènes engendrés par la chute deviendront les moyens du rachat.

2172. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Le sentiment public, je ne veux pas dire uniquement celui de la classe illettrée, mais également celui de la classe moyenne et même cultivée de chaque nation, semble plus ou moins partager le sentiment du monde antique à l’égard de tout ce qui vit en dehors de ses frontières, et volontiers confondre encore deux termes de plus en plus divergents.

2173. (1929) Amiel ou la part du rêve

Ses classes finies, comme il avait hérité de quelque argent, il eut les moyens de voyager en Italie, en France, et enfin d’étudier librement cinq années dans les Universités allemandes. […] Monnier aux Débats dans un flot d’articles faciles, Scherer dans ses trois mille cinq cents articles du Temps, Cherbuliez dans ses pages guère moins nombreuses de la Revue des Deux Mondes, où il avait parfois, sous deux noms, deux articles par livraison, fournissent de pensée et d’art les classes moyennes françaises entre 1860 et 1880. […] On remplirait tous les puits de la terre avec les larmes qu’elle a fait verser en secret ; on peuplerait une planète avec les êtres dont elle a fait le malheur, et on doublerait la moyenne de la vie humaine avec les années de ceux dont la famille a abrégé les jours ! […] Ce que nous appelons la force d’une tête, la sagacité de l’invention, la lucidité de la pensée, cela ne saurait sans contradiction demeurer virtuel et intérieur, cela ne se pose qu’en s’explicitant, qu’en s’avouant, cela n’est qu’en se connaissant, ne se connaît qu’en se reconnaissant, j’entends en étant reconnu d’autrui par le moyen d’un organisme, d’un corps.

/ 2392