Tumulte harmonieux élevé des champs verts ! […] Petite de taille, d’un visage charmant, elle avait quelque chose d’angélique et de puritain, un caractère sérieux et ferme, une sensibilité pure et élevée.
Un seul genre de vie intéresse au dix-septième siècle, la vie de salon ; on n’en admet pas d’autres ; on ne peint que celle-là ; on efface, on transforme, on avilit, on déforme les êtres qui n’y peuvent entrer, l’enfant, la bête, l’homme du peuple, l’inspiré, le fou, le barbare ; on finit par ne plus voir dans l’homme que l’homme bien élevé capable de discourir et de causer, irréprochable observateur des convenances. […] Il a élevé le vol à la dignité du génie, et ses ruses sont si heureuses, qu’elles arrachent un sourire de complaisance au grave Buffon.
Sa taille était élevée, sa stature solide, sa tenue sévère. […] Louis XVI, épargné et respecté dans son inviolabilité de vaincu, se serait élevé entre les nations étrangères et la France au dehors, entre les victimes et les bourreaux au dedans, comme un témoignage de la première des vertus humaines, l’humanité.
Il me reçut en homme ravi que ses anecdotes connues pussent être élevées par un écrivain alors en vogue tel que moi à la dignité de la grande histoire. […] Ma mère, élevée dans le palais même de Saint-Cloud et dans la familiarité des enfants du prince, du même âge qu’elle, avait des occasions quotidiennes de voir le duc d’Orléans (avant que la Révolution l’eût encore entraîné et souillé dans ses excès), et de le voir entre la princesse sa femme et ses enfants, dans ces intimités caressantes qui donnent la grâce de la nature aux heureux pères d’une nombreuse famille, dans les palais comme dans les chaumières.
Faites donc de nous ce que vous voudrez ; partagez le bien et les bêtes, pourvu qu’on nous laisse la cabane et le châtaignier, dont les racines sont dessous et dont les branches tombent sur le toit, et un chevreau sur trois, et mon pauvre chien qui les garde et qui me conduit quand je monte à la messe les dimanches ; et nos deux enfants, qui sont bien à nous, puisque c’est nous qui les avons nourris et élevés, et qu’ils s’aiment bien et qu’ils nous aident comme nous les avons aidés dans leur enfance. […] — Pourvu qu’ils nous laissent les chevreaux et leur mère que j’ai élevés, et dont le lait et les fromages nous nourrissent à leur tour !
Pour moi, livré de bonne heure à des mains étrangères, je fus élevé loin du toit paternel. […] Ce n’était pas un langage élevé, ni un sentiment profond qu’on demandait de moi ; je n’étais occupé qu’à rapetisser ma vie pour la mettre au niveau de la société.
François de Moncorbier124, né en 1431, fut élevé par maître Guillaume de Villon, chapelain de Saint-Benoît-le-Bétourné, dont il prit le nom. […] Puis il s’est élevé plus haut : et sa vaste expérience concourant avec sa chrétienne persuasion l’a conduit à une grande généralisation, qui est à vrai dire toute une philosophie de l’histoire.
Agrippine n’est pas plus invraisemblable que Catherine de Médicis ou Christine de Suède, qui étaient des femmes bien élevées et de grande tenue. […] Le théâtre de Racine nous présente des hommes parfaitement élevés et diserts qui, à certaines heures, en dépit de leur politesse et de leur élégance, font des choses atroces.
Favre est un homme très droit et très simple ; son âme seule est exaltée, mais son imagination ne plane jamais qu’en dessous de sa raison. » — « Cet illustre prisonnier (le prince Louis) est, dit-on, très bon par le cœur ; il s’amuse à faire du bien pour se désennuyer des tristes barreaux qui sont élevés entre la vie et lui… » — « Hier mardi, M. […] Conçues dans la tristesse et la pauvreté, élevées parmi des angoisses quotidiennes dans une bohème indigente de comédiens errants, les deux filles de Marceline, Ondine et Inès, furent des malades extrêmement distinguées.
Le vers est né à sa propre vie ; sa longueur comme sa force rythmique ne dépendent plus que du sens grammatical qu’il contient — du sens plus élevé qu’il apporte par sa plastique et par tout ce qu’il suggère — et de son importance comme élément musical : il est désormais logiquement conçu. […] Si nous appelons Art la collection des œuvres élevées par les hommes comme des prières à la Beauté, on peut dire qu’il évolue à l’égal de tous les organismes.
Ces religions ne sont, au fond, que l’État, la famille, l’art, la morale, élevés à une haute et poétique expression. […] On ne le voit que par certains dehors imposants, on ne considère que ce qu’il a dans ses dogmes d’élevé et de moral, on n’entre pas dans les broussailles ; il y a plus, on rejette bravement ou on explique complaisamment ceux de ses dogmes qui contredisent trop ouvertement l’esprit moderne.
On se connaît peu, et le cœur est un peu à froid ; mais les conversations sont dignes et élevées ; il s’y mêle peu de banalités et de commérages. […] Une idée élevée m’a toujours soutenu dans la direction de ma vie ; si bien même, que l’héritage que Dieu devrait me rendre, d’après notre arrangement réciproque, ma foi !
Mais la littérature française des deux derniers siècles est restée fort inférieure à toutes les littératures anciennes et modernes dans trois autres genres, et fort heureusement pour les poètes du siècle actuel, ces genres sont : l’Épique, le Lyrique et l’Élégiaque, c’est-à-dire, ce qu’il y a de plus élevé dans la poésie, si ce n’est pas la poésie même. […] M. de Lamartine a jeté dans ses admirables chants élégiaques toute cette haute métaphysique sans laquelle il n’y a plus de poésie forte ; et ce que l’âme a de plus tendre et de plus douloureux s’y trouve incessamment mêlé avec ce que la pensée a de plus libre et de plus élevé.
Enfin il ne paraît pas que les Romains aient jamais soupçonné le génie allégorique de l’antiquité ; nous-mêmes, sans la Bible nous ne nous y serions jamais élevés. […] Sans doute il faut accorder d’immenses facultés à de tels hommes, il faut leur accorder même quelque chose de la prévision ; mais enfin on aura gagné d’écarter l’intervention directe de la Divinité : ce sera un bienfait de moins que nous devrons à l’Auteur de toutes choses ; et les autels élevés jadis, par exemple au Mercure égyptien, devraient encore aujourd’hui appeler tous nos hommages.
Ils donnèrent à ce qui n’était d’abord qu’une affectation, un faux pli dans les mœurs de la classe élevée, les proportions d’une monstruosité. […] Ils peuvent les inquiéter, puisqu’ils ont inquiété Balzac lui-même, et le meilleur moyen de les défendre contre une critique juste, mais élevée, n’était pas d’accuser du cant que lord Byron reprochait à l’Angleterre une société qui aurait mieux valu si elle eût été hypocrite… L’hommage à la vertu ne nous distinguait pas en 1834.
Il est vrai que, si cette caractéristique existe pour les représentations d’ordre complexe et élevé, on doit en retrouver quelque chose dans des états plus simples. […] On passera, du plan supérieur où tout était ramassé dans une seule représentation, à des plans de moins en moins élevés, de plus en plus voisins de la sensation, où la représentation simple est éparpillée en images, où les images se développent en phrases et en mots.
À la mort du second prince de Condé (1588), il exprime en ces termes les regrets du parti : Longtemps après, le parti des réformés sentit cette perte comme d’un prince pieux, de bon naturel, libéral, d’un courage élevé, imployable partisan (inflexible chef de parti), et qui eût été excellent capitaine pour les armées réglées et florissantes ; car ce qui lui manquait aux guerres civiles était qu’estimant les probités de ses gens à la sienne, il pensait les choses faites quand elles étaient commandées, et n’avait pas cette rare partie, principale au roi de Navarre, d’être présent à tout.
Victor de Laprade dans ses poèmes, d’autres à son exemple dans leur ligne également élevée, tels que M.
Joubert se distingua particulièrement à l’attaque du château de Cosseria, position des plus fortes sur le sommet le plus élevé de cette partie de l’Apennin ; il y fut blessé d’un coup de pierre, ce qui ne l’empêcha pas d’aller toujours et de poursuivre.
Mais en création poétique, en imagination élevée, en talent de conception et d’expression, qu’est-ce à dire ?
C’est une pensée qui a été suivie de beaucoup de réflexions ; voilà comme quoi on profite de tout. » Les lettres à l’abbé Nicaise, à part ces éclairs passagers, sont d’ailleurs remplies de pensées graves, élevées, fondamentales, de fréquents rappels à ce moment qui doit décider pour jamais de nos aventures .
« Son vice, comme tous les miens, dit l’auteur des Mémoires, doit aujourd’hui être mort de vieillesse. » Élevé d’abord chez sa grand-mère maternelle, qui s’appelait Marzia, soumis par elle, dans une maladie qu’il fit, à toutes les superstitions populaires et aux pratiques occultes de la magie, il y prit, sans trop y croire, un avant-goût de cette disposition à la cabale et aux enchantements, qui fut quelquefois une de ses ressources en ce siècle de Cagliostro.
Le théâtre de la France république admettra-t-il maintenant, comme le théâtre anglais, les héros peints avec leurs faiblesses, les vertus avec leurs inconséquences, les circonstances vulgaires à côté des situations les plus élevées ?
Ce sont deux excellents ouvrages de vulgarisation, au sens le plus élevé du mot, de cette vulgarisation dont seuls les esprits très savants et très intelligents sont capables.
Mais on se console en songeant que, si sa puissance interne est diminuée, sa création est bien plus personnelle, qu’il possède plus éminemment son œuvre, qu’il en est l’auteur à un titre plus élevé ; en songeant que l’état actuel n’est qu’un état pénible, difficile, plein d’efforts et de sueurs, que l’esprit humain aura dû traverser pour arriver à un état supérieur ; en songeant enfin que le progrès de l’état réfléchi amènera une autre phase, où l’esprit sera de nouveau créateur, mais librement et avec conscience.
Le haut sacerdoce de Jérusalem tenait, il est vrai, un rang fort élevé dans la nation ; mais il n’était nullement à la tête du mouvement religieux.
» Un jour, il accompagne Mme d’Épinay dans une visite qu’elle rend au précepteur de son fils, et, comme on cause de la manière dont l’enfant doit être élevé, Duclos, avec sa brusquerie habituelle, lance tout à coup ces paroles : « N’allez pas faire la bêtise de lui dire du mal des passions et des plaisirs ; j’aimerais autant qu’il fût mort que condamné à n’en pas avoir. » Rousseau va plus loin encore.
Les enfants, les jeunes animaux, les personnes privées de quelque sens, ceux qui nés aveugles ont recouvré la vue, les gens élevés dans la séquestration, comme Gaspard Hauser76 : ce sont là de nombreuses sources d’information dont malheureusement on a fait très rarement usage.
Il était d’ailleurs naturel à une jeune femme élevée dans une famille de mœurs pures et décentes, de partager le dégoût général pour les amours du roi, qui n’avaient plus l’excuse de la jeunesse.
il ennuiera : ce ne sera qu’une déclamation, il faut des peintures naïves ; il faut de la variété ; il faut du simple, d’élevé, de l’agréable.
Pourtant ses ruines occupent les imaginations élevées, sa destinée occupe les intelligences sérieuses ; et cet admirable fleuve laisse entrevoir à l’œil du poëte comme à l’œil du publiciste, sous la transparence de ses flots, le passé et l’avenir de l’Europe.
Il les appelle auprès de lui : car s’il a élevé la voix assez haut pour être entendu de toute la maison de Pharaon, lorsqu’il a dit, je suis Joseph, ses frères doivent être maintenant les seuls à entendre l’explication qu’il va ajouter à voix basse : ego sum, Joseph, frater vester, quem vendidistis in Ægyptum : c’est la délicatesse, la générosité et la simplicité poussées au plus haut degré.
On peut, d’ailleurs, confirmer par une expérience caractéristique cette définition du fait social, il suffit d’observer la manière dont sont élevés les enfants.
L’aristocratie de Saint-Pétersbourg, qui s’est faite européenne aussi pour des motifs moins élevés que ceux du czar Pierre, cette aristocratie qui n’est pas plus Russe que Catherine, qui était Allemande, qu’Alexandre et Nicolas eux-mêmes, lesquels, à travers la langue officielle de leurs ukases, apparaissent comme des princes fort distingués, mais entièrement européens de mœurs, de connaissances et de génie ; l’aristocratie de Saint-Pétersbourg n’est pas plus une société que des régiments de Cosaques ne sont un peuple.
Il a été et il a voulu être ce qui demande les facultés les plus littéraires, les plus délicates, les plus élevées, et il ne les avait pas.
Tout le monde de son livre est républicain, et de la seconde République, — ce qui ne veut pas dire étroitement de la troisième, laquelle vient de renier la seconde, le jour même où la Bourgogne, et non pas la France, a élevé une statue à Lamartine !
… Esprit léger chez une nation légère, il en était le type littéraire élevé à sa plus haute puissance.
les Femmes de Goethe ne sont pas un commentaire sur les femmes de Goethe, une classe faite, sur les beautés d’un auteur, par un de ces pédants élevés pour faire la classe dans les écoles et qui la font encore dans leurs écrits, Paul de Saint-Victor est d’une autre race que ces sortes d’esprits et de talents, et ses Femmes de Goethe sont une création.
L’Histoire de Clément XIV, cette nouvelle histoire publiée par un prêtre élevé en dignité, consulteur des saintes congrégations de l’Index et du Saint-Office, préfet coadjuteur des archives secrètes du Vatican, traduite au même moment en trois langues différentes pour qu’elle ait son triple retentissement simultané, ce livre, qui fait bruit à Rome et qui fera probablement bruit dans le monde, n’est point, à coup sûr, un de ces livres qui naissent spontanément et sans dessein dans la pensée laborieuse d’un annaliste.
Grâce à Walter Scott, grâce à notre illustre et glorieux Balzac, le roman, cette épopée des vieilles civilisations, a tellement varié et élevé ses formes au xixe siècle, que les procédés du xviiie nous paraissent effroyablement surannés et presque toujours inférieurs.
C’étaient alors Delphine, Corinne, Atala, René, Malvina, Claire d’Albe, Mathilde et beaucoup d’autres, dont on n’a point ici à discuter la valeur, mais dont — quoi qu’ils fussent — l’idéal était, du moins, aussi élevé que celui de Manon Lescaut était bas !
Je ne crois pas même qu’il soit pour lui de but plus élevé, quoique, pour moi, il y en ait un ; mais Gobineau, qui ne nous a pas donné un seul signe de christianisme dans tout ce livre des Pléiades, ne se doute pas de celui-là !
Solon, poëte si élevé et si pur, dans le petit nombre de vers conservés comme des dates principales de sa vie, était contemporain de Thespis et n’assista qu’au premier réveil poétique d’Athènes.
En tous cas, cette opinion était de celles qu’on pouvait correctement discuter entre gens bien élevés. […] Quand je perdis la vieille tante qui m’a élevé, il m’écrivit : « Faites de belles lectures ». […] Il était le plus naturellement du monde tout ce qu’il y a de plus mal élevé. […] On sait qu’on lui a élevé sur une place d’Arles une statue qui n’est peut-être pas d’une inspiration très heureuse. […] Mme Adam s’est expliquée là-dessus dans ses Souvenirs, qui sont une œuvre documentaire très élevée de ton et de sujet.
Des femmes élevées comme je viens de le dire pourront se présenter fièrement devant une assemblée d’hommes, si lettrés qu’ils soient, et leur parler avec autorité — non des femmes poètes ou philosophes de l’antiquité, — mais des droits et des devoirs de la femme de notre temps. […] Il ne s’agit pas ici d’un but élevé ou moral, de réformer les mœurs, de corriger les abus ou de châtier les vices, toutes choses auxquelles le romancier peut pourtant légitimement aspirer, je parle au point de vue strictement littéraire. […] Le mouvement a commencé par en bas, à propos de simples questions de librairie ; puis il s’est élevé jusqu’à discuter les prérogatives de la toute-puissante commission du colportage, et enfin il a atteint ces sommets où reposent dans les nuages les droits de la propriété littéraire. […] Il y a des pages entières bâties sur des riens, des riens dont tout Paris s’est préoccupé un instant, qui ressemblent, — qu’on me pardonne cette comparaison ambitieuse, — à ces grandes pyramides élevées à tant de frais pour recouvrir une petite momie qui tombe en poussière dès qu’on la rend au jour. […] Ajoutons que c’est dans les sphères les plus élevées, dans les positions qui devraient être le moins douteuses, qu’on découvre le plus cette ressemblance désastreuse avec le monde interlope et équivoque dont tout devrait les séparer.
La Bonne Vieille est d’un ordre encore plus élevé. […] Ses plus franches comédies, sauf l’abondance des développements, qui leur assigne un rang plus élevé, ne surpassent pas en gaieté le Sénateur. […] Certes, il serait difficile de débuter plus modestement, et pourtant ce début suffit à Béranger pour composer une ode émouvante, une ode dont chaque vers renferme un sentiment vrai, une pensée élevée. […] Une jeune fille ainsi élevée n’a rien de séduisant, je l’avoue ; mais nous ne devons pas oublier que Raphaël n’est pas un roman. […] Il s’était élevé lentement de la plus infime condition au rang de surveillant.
Une impatience était en elle qui l’emportait dans des régions élevées au-dessus des sages pratiques et des soucis vulgaires. » (Jeanne Avril.) […] J’ai été élevé, sur ce quai, au milieu des livres, par des humbles et des simples dont je suis seul à garder le souvenir. […] Il sortait d’une vieille petite ville bretonne où il avait été élevé avec une tendresse grave, quand il parut, presque enfant encore, dans le cercle des poètes parnassiens, chez l’éditeur Alphonse Lemerre. […] Personne avant lui n’avait élevé un si haut tas d’immondices. […] Elle était trop bien élevée pour cela.
Je me souviens que les Rayons jaunes, cette nuance non encore caractérisée du soir dans nos villes ou dans nos étages élevés de nos chambres à la campagne, me frappa comme une nouveauté des yeux, du cœur, de l’expression, et m’arracha des larmes. […] Vous avez lu peut-être, quelques années après 1830, et bien des années avant 1848, la prophétie bien imprévoyable alors de lady Stanhope, pendant une nuit d’entretien avec elle dans les solitaires roches de Djioû, où elle me dit : « Je ne sais pas au juste ce qui vous attend à votre retour en Europe, mais quelque chose de grand vous y attend ; vous y retournerez, vous y jouerez un rôle élevé mais court, vous rendrez service à vos compatriotes et à l’Europe, puis vous reviendrez chercher un asile comme moi en Syrie, au pic du Liban ou du Taurus. […] Si, à l’ouverture du volume nouveau, ces personnes pouvaient croire que j’ai voulu quitter ma première route, je leur ferai observer par avance que tel n’a pas été mon dessein ; qu’ici encore c’est presque toujours de la vie privée, c’est-à-dire, d’un incident domestique, d’une conversation, d’une promenade, d’une lecture, que je pars, et que, si je ne me tiens pas à ces détails comme par le passé, si même je ne me borne pas à en dégager les sentiments moyens de cœur et d’amour humain qu’ils recèlent, et si je passe outre, aspirant d’ordinaire à plus de sublimité dans les conclusions, je ne fais que mener à fin mon procédé sans en changer le moins du monde ; que je ne cesse pas d’agir sur le fond de la réalité la plus vulgaire, et qu’en supposant le but atteint (ce qu’on jugera), j’aurai seulement élevé cette réalité à une plus haute puissance de poésie.
Il y a je ne sais quelle répugnante promiscuité de salut dans cette adjonction : ça ressemble à la fosse commune de la prière… Derrière moi, à la chapelle, pleure la nièce de Rose, la petite qu’elle a eue un moment chez nous, et qui est maintenant une jeune fille de dix-neuf ans, élevée chez les sœurs de Saint-Laurent : pauvre petite fillette, étiolée, pâlotte, rachitique, nouée de misère, la tête trop grosse pour le corps, le torse déjeté, l’air d’une Mayeux, triste reste de toute cette famille poitrinaire attendu par la Mort, et dès maintenant touché par elle, — avec, en ses doux yeux, déjà une lueur d’outre-vie. […] Mirès apprenait à Saint-Victor que dans l’école juive, où il avait été élevé à Bordeaux, on ne donnait pas de prix de calcul, — parce que tous l’auraient mérité. […] Elle nous fait de jolies et spirituelles plaintes sur le niveau singulièrement descendu de la femme, depuis le temps que nous avons peint, sur son ennui de ne point trouver de femmes s’intéressant aux choses d’art, aux nouveautés de la littérature, ou ayant des curiosités, sinon viriles, au moins élevées ou rares.
Elle est toujours, même alors, le symptôme d’un état anormal ; mais elle est sans danger pour la raison, car elle ne suscite aucune de ces terreurs qui ont valu à l’hallucination religieuse les condamnations passionnées de Lucrèce ; elle ne trouble pas l’âme, parce que, tout en étant d’accord avec ses croyances et en confirmant ses tendances les plus élevées, elle contredit peu son expérience sensible. […] Dans les passages où Xénophon nous parle de l’oracle intérieur que s’attribuait son maître, il semble n’avoir rien ajouté à ce qu’il croyait la vérité ; mais le sérieux constant de cet esprit positif et borné permet de supposer qu’il n’a pas su distinguer dans les allusions de Socrate ce qu’il y avait de sincère et ce qu’il y avait de feint, la part du témoignage et celle de l’allégorie ; et cette distinction que Xénophon, d’ailleurs crédule et superstitieux, n’a pas su faire, Platon, idéaliste et poète, l’a volontairement dédaignée ; Platon, lui, a si bien compris l’ironie socratique qu’il l’a élevée à la hauteur d’un procédé littéraire ; il a renchéri sur Socrate ; il a greffé son ironie sur celle du maître, les mythes que lui dictait son imagination sur les mythes de l’enseignement socratique ; ce que Socrate avait, divinisé, Platon s’est gardé de le ramener à des proportions humaines ; il se serait privé par là de ressources précieuses pour la partie artistique et inspirée de ses dialogues ; tout prouve d’ailleurs qu’il professait pour la vérité historique un dédain presque absolu ; il était d’avance de l’avis d’Aristote, que « la poésie est plus philosophique que l’histoire183 » ; le fait sensible et particulier n’est pour lui qu’un fragment insignifiant du non-être ; la légende de Socrate était plus vraie, sans doute, à ses yeux, que la vie de Socrate. […] Tous les phénomènes de conscience ont leur expression intérieure, quand ils sont bien distincts, à moins que l’activité de l’âme ne soit trop grande et ne permette pas de tout exprimer : au milieu d’un discours, Socrate n’éprouvait sans doute qu’un sentiment ; mais dans la promenade solitaire, par exemple, il était naturel que le sentiment s’exprimât par une forme brève de langage analogue ou équivalente à un impératif203 ; expression d’un sentiment, cette parole devait être sur un ton assez élevé ; étant vive et subite, elle avait les caractères d’une voix étrangère, et, n’étant accompagnée d’aucun phénomène spatial, elle ne paraissait pas avoir un lieu d’origine distinct de l’âme même qui la percevait204.
Les traits sont larges et réguliers, le front élevé, mais les tempes étroites ; les pans des joues superbes encore, les orbes des yeux très brillants, mais allant aux choses plus qu’ils ne sont chargés de choses, et réfléchissant dans leur miroir seulement toutes celles qui se voient. […] Rapprochement piquant pour nous, mais accablant pour Gœthe, avant lui, immédiatement avant lui, un homme s’était élevé cyniquement contre Newton, et c’était… qui ? […] Gœthe, qui partageait les idées de Marat, reprit la tentative de Marat après l’avoir glorifiée ; seulement, écrasé sous le livre de Newton, il s’en vengea dans ces paroles étonnamment jolies et poétiques : « Le livre de Newton est un micmac de choux et de raves, — (il y a toujours un peu de choucroute dans le cerveau allemand de Gœthe), — et il causera aux gens bien élevés autant d’aversion qu’il m’en a inspiré quand je l’ai parcouru », car il ne dit pas lu.
. — Ces écrivains dont je parle, ils faisaient de nos plus grands hommes une proie ; ils faisaient de nos dieux une ironie ; ils bouleversaient toutes choses, du haut de cette tribune éclatante, élevée à leur génie. […] On saluait avec amour, avec terreur, ce Don Juan dont Thomas Corneille avait fait un mannequin pour les marchandes de modes ; on saluait du geste et du cœur ce Sganarelle, cet honnête valet d’un maître égoïste, ce brave homme un peu faible, un peu niais, grotesque, mal élevé, et cependant sublime quelquefois, à force de probité, de croyance et de bon sens. […] Nous autres de la génération nouvelle, qui avons été élevés dans une estime médiocre pour les doctrines de l’école voltairienne, nous nous regardions tout étonnés de ces violences dans le sarcasme. […] « Le jeune roi, dit Saint-Simon, élevé dans une cour brillante où la règle et la grandeur se voyaient avec distinction, et où le commerce continuel des dames, de la reine-mère et des auteurs de la cour l’avait enhardi et façonné de bonne heure, avait primé et goûté ces sortes de fêtes et d’amusements parmi une troupe de jeunes gens des deux sexes, qui tous portaient et avaient le droit de s’appeler des dames et des seigneurs, et où il ne se trouvait que bien peu, ou même point de mélange, parce qu’on ne peut appeler ainsi trois ou quatre peut-être de médiocre étoffe, qui n’y étaient admis, visiblement, que pour être la force et la parure du ballet par la grâce de leur figure et l’excellence de leur danse, avec quelques maîtres de danse pour y donner le ton. » À ce compte, Molière et Lulli, son compère, étaient lisiblement et uniquement admis, en cette illustre compagnie de jeunes gens et de jeunes dames : « Formés à la grâce, à l’adresse, à tous les exercices, au respect, à la politesse proportionnée et délicate, à la fine et honnête galanterie », parce que, sans le poète et sans le musicien, il n’y avait pas vraiment de divertissement qui fût possible. […] Le Vaudeville, quoique théâtre national, est mieux élevé et plus poli que l’Ambigu-Comique, il a imprimé, soixante fois de suite, sur son affiche élégante : Madame Dubarry, en toutes lettres, et sa politesse ne lui a pas gâté sa recette, d’un écu de six francs.
Quand parut La Jeune Fille bien élevée, on discuta longuement sur les intentions de l’auteur, que trop de méprises agacèrent. […] Et quelle chance y a-t-il que Madeleine, cette jeune fille bien élevée, et mariée, bien ou mal, à un petit architecte, intéresse les gens du bel air ? […] Tous les hommes qui ont élevé sur la terre un monument avaient foi dans leur œuvre. […] Il convient aussi de ne point déranger sans motif valable les grandes lois éternelles de la vie dont, de tout temps, l’art le plus élevé nous a fourni des symboles. […] Madeleine jeune femme (roman faisant suite à la Jeune fille bien élevée).
Lord Chesterfield écrivait, en janvier 1750, à son fils, qu’il voulait former au parfait bon ton, et dont l’étoffe était si rebelle : Lorsque vous voyez qu’un homme est universellement reconnu pour agréable, bien élevé, aimable, en un mot pour un parfait gentilhomme, tel, par exemple, que le duc de Nivernais, examinez-le, suivez-le avec soin, remarquez de quel air il s’adresse à ses supérieurs, sur quel ton il est avec ses égaux et comment il traite ses inférieurs. […] Il y a plus d’une manière de tomber d’une position élevée avec dignité, avec décence ; mais il n’en est certes pas de plus douce, de plus accorte et de plus humaine que celle-là.
Il nous confesse son secret en finissant : « Je préférerais, de toutes les campagnes, nous dit-il, celle de mon pays, non pas parce qu’elle est belle, mais parce que j’y ai été élevé…. […] Je ne fais que rappeler tant de comparaisons, familières à l’auteur et éparses en toutes ses pages, de la solitude avec une montagne élevée, de la vie avec une petite tour, de la bienveillance avec une fleur, etc., etc. ; mais la plus illustre de ces images, et qui qualifie le plus magnifiquement cette partie du talent de Bernardin, est, dans la Chaumière, la belle réponse du Paria : « Le malheur ressemble à la Montagne-Noire de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahore : tant que vous la montez, vous ne voyez devant vous que de stériles rochers ; mais quand vous Êtes au sommet, vous apercevez le ciel sur votre tête, et à vos pieds le royaume de Cachemire. » Cela est aussi merveilleusement trouvé dans l’ordre des sentences morales, que Paul et Virginie dans l’ordre des compositions pastorales et touchantes.
Il répondit : « — Le juge parle au nom de la justice, le prêtre parle au nom de la pitié, qui n’est autre chose qu’une justice plus élevée ; un coup de tonnerre ne doit pas se tromper.” […] Je ne puis comprendre que Victor Hugo, qui prononce de si énergiques protestations contre cette machine à meurtre appelée guillotine, élevée sur nos places publiques contre une seule tête coupable dont la société veut se défaire pour prémunir ses membres innocents ; je ne puis comprendre, dis-je, qu’il innocente, qu’il excuse et qu’il exalte cette machine à dix mille coups, montée par la mort et pour la mort, pour faucher, comme une moissonneuse à la vapeur, des milliers d’innocents, de vieillards, de femmes, d’enfants de quinze ans, assez vaincus pour se laisser conduire, en charrettes pleines, à travers les places et les faubourgs de Paris, leur roi en tête, à guillotiner, désarmés et sans résistance !
Quelques jours après, le 24 avril, comme elle revenait de Stirling, où elle avait été visiter son fils élevé loin d’elle, Bothwell, avec un groupe de ses amis en armes, l’attendit au pont d’Almondbridge. […] Un jeune homme du comté de Derby, nommé Babington, élevé chez le comte de Schrewsbury, où il avait connu la reine pendant qu’elle y était prisonnière, avait résolu de la servir et de la sauver.
Il est vrai qu’à la différence des autres sceptiques, s’il veut nous prendre notre raison, c’est pour nous donner sa foi, et le don est inestimable, à voir à quel degré de pureté, de grandeur morale, la foi a élevé Pascal. […] Enfant du dix-huitième siècle, je serais ingrat si je ne rapportais à ses écrivains ma part dans les biens de l’ordre moral qui ont élevé la condition humaine au dix-neuvième.
Le public apprend de temps en temps qu’un conflit s’est élevé entre les bureaux de la Guerre et ceux de la Marine, ou bien que le ministre des Travaux publies juge indispensables des dépenses que le ministre des Finances déclare impossibles. […] Il est douteux que l’humanité arrive à un état très élevé.
Il ne s’en était pas caché, bien au contraire, en convoquant ses amis du monde entier par lettre rendue publique à ces représentations modèles, comme il les qualifiait lui-même, et réservées aux seuls adeptes ; on verrait plus tard s’il y avait lieu d’admettre la masse du public à jouir « de ce qu’il y a de plus élevé et de plus profond dans l’art. » Cette Invitation à mes amis pour assister à la première représentation du Tristan, publiée en avril 1865 dans le Messager de Vienne, lettre extrêmement singulière et comme il pouvait seul en écrire une, débutait par ce cri de reconnaissance envers Louis II : « Alors que tout m’abandonnait, un noble cœur n’en battit que plus fort et plus chaudement pour l’idéal de mon art. […] Plus tard, tes journaux d’Allemagne évaluèrent à 80 000 florins la somme dépensée pour monter Lohengrin, à Munich, et à une somme encore plus élevée les frais de Tristan et Iseult, sans parler de différents cadeaux en argent et en nature « ’élevant au total de 250 000 florins.
Et, d’abord, qui ne louerait le sentiment si élevé qui a dicté aux fils du général Margueritte leurs premières pages, comme il n’a cessé d’animer tous leurs élans ? […] De rares et solides qualités littéraires ne servirent jamais qu’une inspiration constamment élevée, noble et bienfaisante.
On a élevé du bruit autour d’elle, mais on ne l’a pas pénétrée et on ne la pénétrera pas. […] Il a abaissé les choses les plus élevées au niveau de lui-même et du sol, et même de la crotte, qu’il y a toujours un peu, plus ou moins, sur le sol !
Enfin, après le ridicule des détails niais et bestiolets, il y a de plus, dans ce Quatre-vingt-treize, l’odieux du pédantisme de l’érudition la plus assommante, la plus vaine et la plus déplacée, et l’odieux aussi de ce matérialisme insupportable, le fond même de la nature, je ne dirai pas philosophique, mais poétique de Victor Hugo, qui ne lui fait pas métamorphoser en or tout ce qu’il touche, comme le roi Midas, mais en matière, — même jusqu’à la langue, qu’il encombre d’images physiques et qui sous cette main épaisse perd de sa transparence, et même encore jusqu’aux sentiments les plus purs et les plus élevés de l’âme, et, par exemple, ici, la maternité ! […] C’est de la maternité aussi grossièrement, aussi païennement entendue, que ce poète, qui fut chrétien, qui a été élevé par une mère chrétienne, qui doit avoir, puisqu’il est poète, l’instinct du beau pour vibrer aux grandes et belles choses et à la maternité chrétienne telle qu’on la trouve souvent dans l’Histoire, c’est de cette espèce de maternité physiologique, incomplète et basse, qu’il a cru pouvoir faire sortir une palpitante et idéale tragédie !
Il refuse aux amers ironiques et aux grands railleurs modernes une qualité qu’il accorde volontiers aux grands railleurs et aux mélancoliques de l’Antiquité, à Aristophane et à Lucrèce, l’élévation : « Tout écrivain parmi les modernes, s’écrie-t-il, que n’anime pas à un degré quelconque le sentiment chrétien, pourra être un déclamateur ; élevé, il ne le sera jamais. » Cet article de M. de Sacy est un de ceux où il se dessine le mieux et le plus au complet dans l’excellence de sa nature mixte, avec ses velléités, ses aspirations et ses répulsions, ses regrets ou ses désirs, son vœu d’alliance de la raison et de la foi, ses préférences païennes ou classiques, et ses adhésions chrétiennes.
des pages de talent, et du plus élevé.
Ajoutez les veillées de famille, les cérémonies sévères du culte luthérien, vous avez les seules diversions que puisse trouver le mineur du Hartz au milieu de ses travaux assidus et durs : et cependant il ne désire rien de mieux, il vit content ; il a le patriotisme local ; il a su résister dans les années difficiles à l’appât des salaires élevés et aux excitations de tout genre qui attiraient vers les travaux des chemins de fer les ouvriers du nord de l’Allemagne.
Mais la mère de Mme Tastu, à une faculté poétique naturelle et remarquablement élevée, unissait beaucoup de mérite sérieux et un caractère qui semble avoir eu de l’analogie avec celui de Mme Roland.
Aussi, en les abordant, en écoutant cette grande voix du passé par la bouche du chantre que la Muse s’est choisi, on n’a à gagner en toute sécurité qu’un je ne sais quoi de grandeur morale, une impulsion élevée de sentiments et de langage, un accès de retour vers le culte de ces pensées trop désertées qui restaurent et honorent l’humaine nature : c’est là, après tout, et la part faite aux circonstances éphémères, ce qu’il convient d’extraire des œuvres durables, et l’âme vivante qu’il y faut respirer.
Mais qui vous a dit, ô vous qui désespérez si légèrement du moyen le plus commode et le plus sûr ; qui vous a dit que ces révélations antérieures, vraies selon les époques, progressives comme le genre humain qu’elles ont élevé et transformé, ne doivent pas toutes se retrouver et aboutir en une révélation définitive, également inspirée, quoique d’un caractère différent d’inspiration, et qui, leur rendant à chacune leur vrai sens, saura absoudre et glorifier Dieu, apaiser et réjouir l’humanité ?
Les barrières imposées par des convenances respectables servent, comme je l’ai dit, aux succès mêmes de l’éloquence ; mais lorsque, par condescendance pour l’injustice ou l’égoïsme, l’on est obligé de réprimer les mouvements d’une âme élevée, lorsque ce sont non seulement les faits et leur application qu’il faut éviter, mais jusqu’aux considérations générales qui pourraient offrir à la pensée tout l’ensemble des idées vraies, toute l’énergie des sentiments honnêtes, aucun homme soumis à de telles contraintes ne peut être éloquent, et l’orateur encore estimable, qui doit parler dans de telles circonstances, choisira naturellement les phrases usées, celles sur lesquelles l’expérience des passions a été déjà faite, celles qui, reconnues inoffensives, passent à travers toutes les fureurs sans les exciter.
. — Il en est de même pour les mots trois, quatre ; cela est plus difficile pour les mots cinq, six ; la difficulté va croissant pour les nombres supérieurs, et il y a toujours un chiffre plus ou moins élevé où tout esprit s’arrête ; nous ne pouvons pas percevoir ou nous représenter distinctement ensemble au-delà d’un certain nombre de faits ou d’objets ; d’ordinaire, c’est cinq ou six, plus souvent quatre. — Pour remédier à cet inconvénient, nous négligeons le groupe qui correspond au mot ; nous ne donnons plus d’attention qu’au mot substitut ; après avoir vu ensemble quatre objets, nous les oublions pour ne plus songer qu’au mot quatre, et nous pouvons les oublier, parce que plus tard, revenant sur le mot et appuyant dessus, nous les reverrons intérieurement, sans méprise ni confusion.
Au reste, c’est l’honneur singulier, c’est l’immortel mérite des classiques, que, si élevée que soit leur œuvre au-dessus de la médiocre réalité, vous ne vous y sentirez jamais tout à fait dépaysé.
Il a été toute sa vie ce qu’il était à ses débuts : il s’est épanoui, développé, élevé ; il n’a pas changé.
Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste) A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison !
« En ce mois, dit l’Estoile, les comédiens italiens commencèrent à jouer leurs comédies dans la salle des États à Blois ; et leur permit le roi de prendre demi-teston de tous ceux qui les viendraient voir jouer. » Le demi-teston avait alors une valeur nominale de sept sous, mais il valait effectivement quinze sous, malgré les ordonnances, et c’était un prix élevé pour assister à un spectacle, puisqu’à Paris, le prix d’entrée à l’Hôtel de Bourgogne ne dépassait pas quatre ou cinq sous.
Euclide, par exemple, a élevé un échafaudage savant où ses contemporains ne pouvaient trouver de défaut.
La position qu’il s’attribuait était celle d’un être surhumain, et il voulait qu’on le regardât comme ayant avec Dieu un rapport plus élevé que celui des autres hommes.
L’idée du « royaume de Dieu » et l’Apocalypse, qui en est la complète image, sont ainsi, en un sens, l’expression la plus élevée et la plus poétique du progrès humain.
III Avant de pénétrer dans une région plus élevée de la psychologie, en allant des sensations à la pensée, il nous reste à passer en revue, d’une manière aussi complète que possible, tous les phénomènes qui sont la matière brute de l’intelligence et de la volonté.
Nous touchons à la fin de cette guerre élevée entre la politesse sociale où la société polie, et le dévergondage de la société corrompue, et les affectations de la société précieuse.
Pour me représenter M. de Lamartine et ses erreurs sans lui faire trop d’injure, je me suis demandé quelquefois ce que serait devenu un François de Sales ou un Fénelon, une de ces natures d’élite, qui n’aurait pas été élevée du tout, qui n’aurait connu aucune règle, et se serait passé tous ses caprices.
La marquise de Courcelles, née Sidonia de Lenoncourt, d’une illustre famille de Lorraine, orpheline de bonne heure, fut élevée chez une tante abbesse, dans un couvent d’Orléans, et tirée de là à l’âge de moins de quatorze ans, par ordre de Louis XIV, pour être mariée comme riche héritière à Maulévrier, un des frères de Colbert.
Lorsque viendra la seconde moitié du siècle, lorsque Jean-Jacques Rousseau aura paru, on s’enrichira de parties plus élevées, plus brillantes et toutes neuves ; on gagnera pour les nuances d’impressions et pour les peintures, mais la déclamation aussi s’introduira ; la fausse exaltation et la fausse sensibilité auront cours.
Il s’ensuit de là que non seulement il faut des caractères vertueux, mais qu’à la manière élevée et fière de Corneille, ils affermissent le cœur et donnent des leçons de courage.
En s’élevant, la belle proportion, qui fait sa personnalité, n’a pas été troublée, et, comme toujours, ici encore, autant que dans ses précédents ouvrages, l’âme est aussi élevée que le talent et l’homme égal à l’écrivain.
Son monsieur Adam et sa madame Ève sont bien du xixe siècle, mais du xixe siècle dans ce qui lui reste encore d’élevé, d’élégant, de poétique et d’amoureux… Ce n’est pas bien gros, cela… mais enfin ce que cela est a suffi pour faire faire à Ange Bénigne un livre d’une saveur exquise dans sa gaîté mélancolique et son comique nuancé et fin.
Le monument qu’il a élevé est un modèle du genre.
« Là sont les portes des chemins de la nuit et du jour, roulant entre leur linteau et leur seuil de granit : élevées dans l’éther, elles se ferment par d’immenses battants ; et la Justice laborieuse en garde les doubles clefs.
Est-ce que le théâtre de Corneille n’est pas (sans y songer, je le veux bien) une prédication morale des plus éloquentes, des plus élevées ? […] De même toutes les objections qui furent élevées contre le Cid au moment où il parut, sont assez fondées. […] N’est-il pas permis, après tout, d’en choisir de moins élevés ? […] Il se trouve que Nicomède a été élevé par Annibal, et est animé de son esprit. […] Mais, si Corneille ne lui eût frayé les voies, Racine se fût-il élevé si haut ?
Les figures moins nombreuses dans notre austère religion semblent se dessiner avec plus de grandeur, et le merveilleux qui les accompagne paraît plus élevé, plus auguste : il se lie partout à notre histoire, et nul autre ne lui est plus applicable. […] Les éminentes qualités prendront nécessairement le dessus partout, et leurs contraires les plus prononcés apparaîtront dans l’opposition directe qui mettra toute leur valeur en jeu : les qualités intermédiaires se partageront les rangs inférieurs plus ou moins élevés, en raison de leur importance réciproque : et du concours mutuel des unes et des autres, ress
Il causait peu ; car « on cause peu quand on ne parle pas de soi », et ni les timides ni les gens bien élevés ne parlent d’eux, d’où suit que La Rochefoucauld avait une bonne raison, qui était forte, et une mauvaise, qui était plus forte encore, pour ne parler guère. […] Mais les parties élevées de la littérature d’un temps sont bien plutôt le résultat de l’effort qu’elle fait pour se démêler et se développer de ce temps même, que l’effet d’une soumission servile, aussi peu artistique que possible, qu’elle garderait soigneusement à l’égard de ce qui l’entoure. […] Pour serrer les choses de plus près, le grand écrivain classique est un homme qui représente, non pas le caractère tout entier de la race à laquelle il appartient, c’est chose impossible ; non pas aussi, comme tout à l’heure, un des défauts de la nation dont il est, poussé à un degré extraordinaire ; mais une des qualités de cette nation élevée à une hauteur, amenée à une grandeur inaccoutumées. […] Répugnances à l’égard des spéculations élevées de la pensée. […] Esprit droit, ferme, solide, sans être très élevé.
Elle en ferait un, assez marqué, précisément si le fils Perraud était tout le contraire de ce qu’il est, docile, accommodant, conciliant et bien élevé. […] Son fils, le prince Jean, a été élevé à Paris et y reste encore, très lettré, très artiste, très distingué, à attendre sa destinée. […] Un certain Lazare Hendelsohn, intelligent et d’esprit élevé (c’est le bon juif de la pièce. […] Après tout, ils doivent cependant, d’abord n’être pas tous comme cela et à ce point, et ensuite être, malgré tout, un peu mieux élevés. […] Or, il ne paraît que dans deux scènes ; et de ces deux scènes, celle où il est vraiment de caractère élevé et noble est supprimée au théâtre.
Il a l’accent âpre, souvent même les phrases de Rousseau, et voudrait « être un vigoureux sauvage », sortir de la vie civilisée, de la dépendance et des humiliations qu’elle impose au misérable. « Il est dur de voir un monsieur que sa capacité aurait élevé tout juste à la dignité de tailleur à huit pence par jour, et dont le cœur ne vaut pas trois liards, recevoir les attentions et les égards qu’on refuse à l’homme de génie pauvre1149. » Il est dur de voir « un pauvre homme, usé de fatigue, tout abject, ravalé et bas, demander à un de ses frères de la terre la permission de travailler. » Il est dur « de voir ce seigneurial ver de terre repousser la pauvre supplique, sans songer qu’une femme qui pleure et des enfants sans pain se lamentent là tout à côté1150. » Quand le vent d’hiver souffle et barre la porte de ses rafales de neige, le paysan collé contre son petit feu de tourbe, pense aux grands foyers largement chauffés des nobles et des riches, « et parfois il a bien de la peine à s’empêcher de devenir aigre en voyant comment les choses sont partagées, comment les plus braves gens sont dans le besoin, pendant que des imbéciles se démènent sur leurs tas de guinées sans pouvoir en venir à bout1151. » Mais surtout le cœur « frémit et se gangrène de voir leur maudit orgueil. » — « Un homme est un homme après tout1152 », et le paysan vaut bien le seigneur. […] Par exemple Burns, Écossais et villageois, évitait en parlant toutes les locutions écossaises ou villageoises ; il était content de se montrer aussi bien élevé que les gens à la mode. […] Dès sa première enfance, il avait été élevé parmi les récits qu’il mit en scène plus tard, celui de la bataille de Culloden, celui des cruautés exercées contre les highlanders, celui des guerres et des souffrances des covenantaires. […] Ajoutons qu’il y a des dames et même de jeunes demoiselles, qu’il faut arranger la représentation de manière à ne point choquer leur morale sévère et leurs sentiments délicats, les faire pleurer décemment, ne point mettre en scène des passions trop fortes, qu’elles ne comprendraient pas ; tout au contraire choisir des héroïnes qui leur ressemblent, attendrissantes toujours, mais surtout correctes ; de jeunes gentlemen, comme Évandale, Morton, Ivanhoe, parfaitement élevés, tendres et graves, même un peu mélancoliques (c’est la dernière mode) et dignes de les conduire à l’autel.
Il ne me reste qu’à souhaiter à ces jeunes organisateurs de la Victoire, qui me semblent avoir été élevés sur les genoux de M. […] Je me refuse presque à croire que ce soit le même Le Blond qui, dans le dernier numéro de la Plume, s’est élevé à louer si noblement M. […] Rien n’est plus douloureux, plus élevé que la douleur de cet homme qui s’aperçoit qu’il a manqué sa vie, et qui ne se sent pas suffisamment de volonté pour en recommencer une nouvelle. […] Mais, si nous étudions d’un peu près les auteurs et les philosophes que les récentes générations se sont choisis et suivent encore comme des maîtres et comme des exemples, nous n’en verrons aucun qui se soit élevé à la suprême dignité d’un apôtre du cœur et qui se soit soucié de rehausser la sensibilité abolie, anémiée ou corrompue de ses concitoyens.
Il se mariera ; mais il n’épousera qu’une jeune fille qu’il pourra former, une jeune fille du voisinage, élevée tout près de chez lui. […] À la dernière étape de l’ascension musulmane, Gabriel s’efface, et le Prophète est élevé jusqu’à Dieu sur une couronne lumineuse. […] Dieu a déjà élevé ton degré de gloire parce que tes vertus sont agréables à ses yeux ; il nous unira au ciel lorsque tu auras vécu sur la terre une longue vie consacrée au service divin. […] Par lui nous nous étions élevés au-dessus de la médiocrité à laquelle sont vouées les races gauloises et latines. […] J’ai remarqué que ceux qui ont été élevés ainsi, à mesure qu’ils avancent dans la vie, parlent plus complaisamment de leurs éducateurs.
Renée, pour me faire comprendre en un mot, est une fille Benoiton ; son père, ancien militaire, marié à une femme insignifiante, l’a élevée, ou, pour mieux dire, laissé s’élever à sa guise. […] … Vous entendez, monsieur Jack, vous serez élevé avec un fils de roi — Oui, reprit gravement l’instituteur, j’ai été chargé par Sa Majesté dahomienne de l’éducation de Son Altesse royale, et je crois, sans me vanter, que je suis arrivé à en faire un homme remarquable sous tous les rapports. […] — Question de confiance, mon cher, fit Monpavon paraissant tout à coup auprès de lui… Mora est un épicurien, élevé dans les idées de chose… machin, comment donc ? […] Il était seul et s’ennuyait comme un homme bien élevé qui est venu chercher une distraction dans un milieu qui n’est pas le sien. […] Élevé par une veuve pieuse et souffrante, il ne connut jamais les jeux riants de l’enfance.
» s’écrie ici Sainte-Beuve ; et il a raison quand il ajoute encore : « C’est le bon sens politique élevé à la poésie ! […] En interdisant au poète une préoccupation puérile ou souvent maladive de lui-même, ne l’a-t-il pas rendu sans doute attentif à des intérêts d’un ordre à la fois plus général et plus élevé ? […] Une autre part du cartésianisme n’appartient pas à Descartes : on remarquera que c’en est précisément aux yeux de Bossuet la meilleure, celle que Descartes, élevé jadis par les jésuites de la Flèche, doit lui-même aux Anselme ou aux Augustin. […] » À vrai dire, toutes les difficultés que la critique de son temps, catholique, protestante, ou libertine, a élevées contre l’authenticité des livres saints, Bossuet les a connues. […] Son enthousiasme ne se déborde pas, comme celui de Diderot, et quoique né, quoique élevé dans le midi de la France, il semble qu’il ait contracté là-bas, dans ses brouillards de Meuse, quelque chose du flegme hollandais.
On l’a bien senti, car on ne s’est jamais élevé contre les naturalistes, quand ils ont parlé des merveilles du puceron, du crapaud et de l’araignée : dans le genre humain s’il se trouve des animaux analogues, pourquoi donc ne veut-on pas en entendre parler ? […] La ligne de son front était aussi élevée, aussi droite, aussi pure d’inflexions ou de dépressions ignobles que les lignes du front de Platon dans ses bustes reluisant au soleil de l’Attique. […] Je prends donc dans Byron un cri de colère personnel, violent et aigu, qu’il intitule Esquisse d’une vie privée : « Née dans le grenier, élevée dans la cuisine, elle fut promue à l’emploi de coiffer sa maîtresse. […] Le chien n’est pas du tout un abîme d’impuretés, et le chat dégringole de toute la hauteur de la colonne que Fourier lui avait élevée. […] Michelet pleure quand il lui faut manger les poules qu’il a élevées, ils tournent tous deux au légumisme.
C’est, en ce cas, une femme qui a fait sa théologie, suivi patiemment des cours de métaphysique dans quelque université saxonne, et coudoyé — en tout bien, tout honneur) — un trop grand nombre d’étudiants qui n’étaient pas tous les mieux élevés du monde. […] Sa fille Lénore, élevée à la campagne, n’a encore reçu, vers l’âge de quinze ans, qu’un commencement d’éducation irrégulière et décousue. […] Schrœter, renommée pour la sûreté autant que pour l’étendue de ses relations commerciales, et, grâce à son intelligence et à son zèle, il s’y est rapidement élevé à d’importantes fonctions. […] Poétiquement, il n’y a rien qui prête à des beautés d’un ordre plus élevé que cette antithèse absolue du bien et du mal. […] Comme son génie se fût développé, comme son intelligence l’eût élevé haut, si nos outrages n’avaient glacé de bonne heure en lui les sources de la vie, si notre légèreté insouciante ne l’avait abandonné à ses premiers pas, dans la mêlée de ce monde !
Ils nous ont représenté qu’ils n’ont pas manqué, depuis notre avènement à la couronne, de se trouver à notre lever ; que nous les avons vus toujours sur notre passage, immobiles comme des bornes, et qu’ils se sont extrêmement élevés pour regarder sur les épaules les plus hautes Notre Sérénité. […] Ce chien, en chien poli et bien élevé, épargne l’amour-propre du loup, qui, dans Phèdre, fait lui-même l’humiliante confession de sa misère. […] Alix, la ménagère, est élevée dans ces bons principes : elle a été débauchée par un voisin, et s’étonne de voir son mari en colère : « Je n’ai donné vos draps ni votre argent : le compte y est ; quel dommage ai-je pu vous faire ?
Placé, par sa position sociale, à la hauteur de tout ce qui était élevé, par sa supériorité personnelle, au niveau de ce qui était grand, il pouvait, dans la même journée, toucher la main de MM. de Martignac, de Chateaubriandg, de Béranger, de Lamartine, de Casimir Delavigne, de Hugo, de de Vigny, de Scribe et de Talma, et toutes ces mains étaient ou honorées ou joyeuses de toucher la sienne. […] « Après le fantastique succès des Mystères de Paris, cet interminable roman, si vite élevé au rang des chefs-d’œuvre et si vite tombé dans l’oubli, M. […] Vivant toujours en avant d’elle-même : soit que la magie de l’imagination la transporte sur les cimes les plus élevées de l’illusion et du bonheur, soit que les angoisses de la souffrance la plongent dans les abîmes les plus profonds, toujours vous croyez entendre sortir du fond de sa joie ou du fond de sa tristesse inassouvies, ce cri : plus loin, là-bas, là-bas.
Entre les quarante pièces de ce recueil, il n’y en a pas une qui soit inspirée par le cœur ou par la pensée, pas une qui soit poétique dans le sens le plus élevé du mot. […] Une jeune fille élevée sous les yeux de sa mère ne peut prendre pour une marque d’amour la familiarité qui réussit tout au plus auprès d’une aventurière aguerrie. […] Si Notre-Dame, en effet, n’est pas un beau livre dans le sens le plus élevé de ce mot, il ne faut pas oublier les qualités éclatantes qui distinguent cette œuvre ; il y aurait injustice à les méconnaître. […] S’il ne gouvernait pas dans le sens le plus élevé du mot, il ne s’interdisait pas la raillerie contre le maître de la France. […] Ils n’ignorent pas que les quatre derniers chapitres du premier livre de Tite-Live sont plus vivants, plus animés, plus dramatiques, dans l’acception la plus élevée du mot, que la tragédie de M.
Tout cela est d’un esprit peu étendu, trop peu élevé, d’un talent facile toujours et parfois encore gracieux. […] Tout en se tenant dans son coin (c’était son mot), il avait conscience de ce rang élevé, de ce rang premier, et en usait avec modestie, avec bienveillance pour les talents nouveaux, avec autorité toutefois.
Elle apparut dès les premières Méditations : c’était un flux égal et large de poésie élégiaque, délicate, élevée, gracieusement, nonchalamment et profondément mélancolique. […] Né en 1790 à Mâcon, élevé à Milly.
Vaugelas annonçait ainsi cette Rhétorique : « Quant aux beautés de l’élocution, la gloire d’en traiter est réservée tout entière à une personne qui médite depuis longtemps notre Rhétorique, et à qui rien ne manque pour exécuter ce grand dessein ; car on peut dire qu’il a été élevé et nourri dans Athènes et dans Rome comme dans Paris, et que tout ce qu’il y a d’excellents hommes dans ces trois fameuses villes a formé son éloquence65. » Cette Rhétorique ne parut point ; elle fut plus habile que la Pucelle. […] On la composa pour l’éducation du jeune duc de Chevreuse, élevé à Port-Royal, et ce fut le premier modèle de ces ouvrages d’éducation qui, dans les mains de Bossuet et de Fénelon, allaient devenir des chefs-d’œuvre littéraires.
On agit pour satisfaire ses désirs et l’on veut convaincre les autres, et l’on se persuade à soi-même qu’on se conforme aux lois les plus élevées de la morale. […] Il l’a isolé du reste de la nature, il l’a élevé au-dessus de tous les êtres vivants, creusant un infranchissable abîme entre lui et ses parents animaux les plus rapprochés.
L’autel sur lequel les patriarches sacrifiaient à Jéhovah, pris matériellement, n’était qu’un tas de pierres ; pris dans sa signification humanitaire, comme symbole de la simplicité de ces cultes antiques et du Dieu brut et amorphe de l’humanité primitive, ce tas de pierres valait un temple de la Grèce anthropomorphique, et était certes mille fois plus beau que nos temples d’or et de marbre, élevés et admirés par des gens qui ne croient pas en Dieu. […] Les grands hommes peuvent deviner par avance ce que tous verront bientôt ; ce sont les éclaireurs de la grande armée ; ils peuvent, dans leur marche leste et aventureuse, reconnaître avant elle les plaines riantes et les pics élevés.
« L’assemblée des maîtres, dit le vieil historien, a lieu dans l’église Sainte Catherine, après l’office de midi… » À cet effet, on ouvre près du chœur une estrade peu élevée, (ein niedriges Gerüst) sur laquelle on place une table avec un pupitre noir. […] Aussi s’est-il élevé parmi nous un bon nombre de musiciens zélés qui ont fait serment de nous instruire, et l’on peut espérer qu’au bout de quelques années, il y aura une grande révolution dans nos opinions et, une renaissance du drame musical.
— Le 4 décembre, un dîner avait eu lieu, paraît-il, chez l’architecte Charles Garnier, où l’on s’était fort élevé contre le Lohengrin, et où le peintre Boulanger avait déclaré qu’il irait siffler avec les élèves de l’école des Beaux-Arts. […] Soit : ce n’est là qu’une infime minorité, une quantité négligeable si vous voulez ; mais derrière elle est la foule, non seulement la masse d’oisifs et de pratiques, mais une foule respectable jusque dans ses injustices, en laquelle on a allumé des sentiments élevés et qui, de bonne foi, se figure faire œuvre de patriotisme en étouffant une question d’art sous ses clameurs.
L’étonnement se manifeste par les yeux ouverts, les sourcils élevés, la bouche ouverte, les mains levées. […] En vertu de la première loi, les sensations analogues s’associent : les sons graves ont une parenté avec les couleurs sombres ; les sons élevés avec les couleurs claires et avec le blanc.
De nouvelles discussions se sont élevées récemment sur ce sujet toujours actuel ; la situation respective des divers partis semble s’être précisée. […] Jusqu’à quel point enfin est-elle concevable pour la philosophie générale, qui étudie les principes les plus élevés de la connaissance et de l’existence ?
Je me trouvais, il y a quelques années, dans le salon d’un grand écrivain ; autour de lui des auteurs de livres connus, des esprits distingués et bêtement idéaux, gémissaient, sur un mode élevé, du remplacement au théâtre des mots spirituels par des gorges, du remplacement des phrases bien faites par des cuisses, et à défaut de chair toute crue, et toute nue, du remplacement d’à peu près tout par des robes de Worth. […] Avec l’évolution des genres qu’amènent les siècles, et dans laquelle est en train de passer au premier plan le roman, qu’il soit spiritualiste ou réaliste ; avec le manque prochain sur la scène française de l’irremplaçable Hugo, dont la hautaine imagination et la magnifique langue planent uniquement sur le terre-à-terre général ; avec le peu d’influence du théâtre actuel en Europe, si ce n’est dans les agences théâtrales ; avec l’endormement des auteurs en des machines usées au milieu du renouveau de toutes les branches de la littérature ; avec la diminution des facultés créatrices dans la seconde fournée de la génération dramatique contemporaine ; avec les empêchements apportés à la représentation de pièces de purs hommes de lettres ; avec de grosses subventions dont l’argent n’aide jamais un débutant ; avec l’amusante tendance du gouvernement à n’accepter de tentatives dans un ordre élevé que de gens sans talent ; avec, dans les collaborations, le doublement du poète par un auteur d’affaires ; avec le remplacement de l’ancien parterre lettré de la Comédie-Française par un public d’opéra ; avec… avec… avec des actrices qui ne sont plus guère pour la plupart que des porte-manteaux de Worth ; et encore avec des avec qui n’en finiraient pas, l’art théâtral, le grand art français du passé, l’art de Corneille, de Racine, de Molière et de Beaumarchais est destiné, dans une cinquantaine d’années tout au plus, à devenir une grossière distraction, n’ayant plus rien de commun avec l’écriture, le style, le bel esprit, quelque chose digne de prendre place entre des exercices de chiens savants et une exhibition de marionnettes à tirades.
L’homme, enfin, le boucher ou le bourreau universel, faisant de ses cités un vaste abattoir, où le sang coule avec la vie dans des égouts trop étroits, pour aller rougir ses fleuves ; l’homme, cet impitoyable consommateur de vies, saignant la colombe qui se penche apprivoisée sur son épaule, l’agneau caressant que ses enfants ont élevé pour jouer avec eux sur l’herbe, la poule qui chante sur son seuil, l’hirondelle qui aime cet hôte ingrat et qui lui confie ses petits, le bœuf qui a aidé le laboureur pendant dix ans à creuser son sillon ! […] Et moi puissé-je, au bout de l’uniforme plaine Où j’ai suivi longtemps la caravane humaine, Sans trouver dans le sable élevé sur ses pas Celui qui l’enveloppe et qu’elle ne voit pas, Puissé-je, avant le soir, las des Babels du doute, Laisser mes compagnons serpenter dans leur route, M’asseoir au puits de Job, le front dans mes deux mains, Fermer enfin l’oreille à tous verbes humains, Dans ce morne désert converser face à face Avec l’éternité, la puissance et l’espace : Trois prophètes muets, silences pleins de foi, Qui ne sont pas tes noms, Seigneur !
Ces hommes, nul ne les a remplacés ; ils sont encore les plus élevés et les plus vigoureux, malgré l’âge qui vient et les événements qui les oppriment. […] Il vous racontera les histoires imposantes des mondes planétaires, il vous décrira en phrases magnifiques le déchirement de la voie lactée ; il vous dira les aventures des étoiles disparues et les destinées des étoiles qui doivent apparaître, il vous montrera les splendeurs des végétations tropicales, il vous fera gravir les Cordillères les plus hautes, les Chimborazo les plus élevés, et vous décrira les flores singulières qui vont se dégradant et s’amoindrissant depuis le palmier jusqu’au lichen ; comme un Moïse nouveau, il ouvrira les océans devant vous et vous conduira jusque dans ces forêts de fucus crespelés où les polypiers industrieux travaillent incessamment à combler les détroits et à rapprocher les continents.
C’en serait d’ailleurs aussi la plus difficile, si nous avions cédé à la tentation de définir le risible sur quelques exemples frappants, et par conséquent grossiers : alors, à mesure que nous nous serions élevés vers les manifestations du comique les plus hautes, nous aurions vu les faits glisser entre les mailles trop larges de la définition qui voudrait les retenir. […] Pour prouver que telle est bien l’essence de la comédie, et qu’elle s’oppose par là à la tragédie, au drame, aux autres formes de l’art, il faudrait commencer par définir l’art dans ce qu’il a de plus élevé : alors, descendant peu à peu à la poésie comique, on verrait qu’elle est placée aux confins de l’art et de la vie, et qu’elle tranche, par son caractère de généralité, sur le reste des arts.
M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61.
Le carnillet moussier, riante parure des rochers élevés, et deux ou trois pieds d’une gentiane qui se plaît dans les lieux que la neige couvre longtemps et qu’elle abreuve sans cesse, fleurissaient exilés sur cette cime déserte.
Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.
Un procès s’est élevé entre M. de Blainville, grand maître des cérémonies, et M. de Sainctot, qui n’est que maître des cérémonies.
Dans la dernière année et quand la maladie déjà mortelle retenait Bossuet à Paris, il l’y venait voir, passait avec lui plusieurs heures, lui lisant l’Évangile et lui en parlant : entretiens doux et graves, élevés et purs, entre ces deux chrétiens si à l’unisson ; c’est là ce qu’on aimerait à entendre et à connaître ; mais Le Dieu ne nous donne que le titre de l’entretien.
La seconde mention a été obtenue par une pièce d’un ton moral élevé, mais où le sujet n’a point paru assez directement traîté.
On était arrivé cependant, en examinant bien les divers écrits de Vauvenargues, à n’y pas voir seulement un jeune homme plein de nobles et généreux sentiments, de pensées honorables à l’humanité, doué d’un talent d’expression singulièrement pur, et d’une sorte d’ingénuité élevée de langage, — le meilleur des bons sujets et le modèle des fils de famille ; ce premier Vauvenargues qui se dessine, en effet, dans quelques réflexions et maximes souvent citées de lui, ce premier Vauvenargues que chaque âme honnête porte en soi à l’origine avant le contact de l’expérience et la flétrissure des choses, était dépassé de beaucoup et se compliquait évidemment d’un autre en bien des points de ses ouvrages.
Le duc de Luynes, l’auteur des mémoires, s’était donc proposé un travail bien minutieux, bien peu élevé, ce semble, et sans haute portée : il ne visait qu’à être (incognito) un collecteur d’anecdotes, — pas même d’anecdotes —, de faits quelconques journaliers se passant à la Cour et sous ses yeux.
Il nous représente bien, en effet, avec toutes leurs qualités et dans leur bel enthousiasme, ces jeunes hommes enfants de Révolution, sortis de la classe moyenne éclairée, ces volontaires de 92, patriotes, républicains francs et sincères, mais instruits, bien élevés ; non moins opposés à tout regret et retour royaliste qu’à tout excès terroriste et au genre sans-culotte ; ces Girondins aux armées et qui n’eurent point à y commettre de faute.
Son plus beau moment de journaliste, et que rien ne saurait faire oublier, est celui de 1852 à 1855, pendant lequel, ses parties élevées prenant le dessus, sa fibre populaire aussi s’en mêlant, il s’associa pleinement au sentiment public, à l’âme patriotique de la France, et fit acte d’adhésion éclatante à la politique impériale dans la guerre de Crimée et pour les premières victoires.
— Notre Foucault, fils aîné de cet original, qui avait pourtant, au milieu de toutes, ses rugosités, des coins de tendresse, fut parfaitement élevé, en vue des offices publics et des bienfaits du roi.
Du haut d’une des terrasses élevées du palais, Spendius et Mâtho (mais celui-ci trop absorbé déjà pour être attentif à autre chose qu’à l’idée fixe de son amour) voient tout à coup l’aube blanchir à l’horizon, et bientôt le soleil émerger et se lever sur Carthage.
Né à Carthage, esclave de je ne sais quel sénateur, Terentius Lucanus, dont il a immortalisé le nom, il vint de bonne heure en Italie et mérita, pour son esprit, d’être élevé d’abord avec soin, puis affranchi par son maître.
« Il ne faut pas dire : « Il n’y a pas eu d’hommes d’État dans tel pays, car s’il s’y en était trouvé, ils se seraient élevés comme Cromwell, lequel a prouvé, ainsi que d’autres, qu’il n’était pas nécessaire d’être né sur le trône. » Cela n’était pas nécessaire pour lui, mais l’était pour d’autres qui, moins en état de s’élever comme lui, ou plus scrupuleux sur le choix des moyens, sont restés simples particuliers.
Si la beauté leur assure des succès, la beauté n’ayant jamais une supériorité certaine, le charme de nouveaux traits peut briser les liens les plus doux du cœur ; les avantages d’un caractère élevé, d’un esprit remarquable, attirent par leur éclat, mais détachent à la longue tout ce qui leur serait inférieur.
Les enfants élevés entre 1804 et 1814, n’ayant pas senti les misères et n’ayant éprouvé que la fascination des victoires impériales, gardèrent sous la paix des Bourbons des exaltations, qui cherchèrent à se satisfaire par les passions lyriques et les aventures romanesques des livres718.
L’érudit patient est comme le bon artisan du moyen âge qui s’appliquait à bien tailler sa pierre pour la cathédrale future sans savoir où cette pierre serait posée ni si elle serait vue des fidèles, heureux pourtant de collaborer pour son humble part au monument élevé à la gloire de Dieu.
En l’un des bouts de la salle était élevé un grand théâtre de six pieds de hauteur, de huit toises de largeur et d’autant de profondeur ; en bas était une grande nuée qui cachait toute la scène, afin que les spectateurs ne vissent rien jusqu’au temps nécessaire. » Les principaux comédiens faisant partie de la troupe qui vint à Paris en 1645, étaient Tiberio Fiurelli jouant le personnage de Scaramouche ; Domenico Locatelli jouant le personnage de Trivelin ; Brigida Blanchi, fille du directeur, première amoureuse sous le nom d’Aurelia ; Marc Romagnesi, son mari, premier amoureux sous le nom d’Oratio.
» Fils d’un père et d’une mère qui jouaient la comédie, il avait été élevé pour la profession de comédien et possédait toutes les qualités, tous les talents nécessaires à cette profession, l’adresse, la souplesse, la dextérité.
Ses vues sur la destinée future de l’univers sont-elles claires ou obscures, basses ou élevées, vieilles ou neuves, simples ou complexes ?
En effet, ce n’était pas une vaine et frivole distinction accordée à la vanité ; c’était un baptême nouveau qui, mettant en oubli un nom sous lequel elle pouvait se plaindre d’avoir souffert des humiliations, pour lui en donner un autre, annonçait le dessein de faire d’elle, ou plutôt que le roi voyait déjà en elle une autre personne sous cet autre nom et marquait l’époque d’une existence plus élevée.
Élevé par un précepteur particulier dans une maison opulente en vue de toutes les séductions de la société, il fallait que ses dispositions fussent de bonne heure bien décidées, et son amour de l’étude bien ardent, pour pouvoir lutter contre de tels attraits.
C’est seulement par le passage à un degré de conscience plus élevé que l’impulsion primitive, qui tendait à s’exercer pour s’exercer, à se décharger pour se décharger, comme fait la force accumulée, devient un désir conscient de sa direction et de son but.
Haussmann, placé le 119e sur cette liste, et dont le cerveau était au-dessous de la moyenne, n’était pas un homme vulgaire : c’était un minéralogiste très distingué, occupant un rang élevé dans la science.
On ne voit pas trop ce que les ris et les amours ont à faire dans une pièce de vers adressée à un prince de huit ans, élevé par le duc de Beauvilliers et par M. de Fénélon.
Sans omettre les réserves du goût et de la morale, aimons ce dix-neuvième siècle français dont nous sommes les enfants et qui, dans notre pays, s’est attesté par de tels monuments de prose élevée et de poésie souveraine.
D’ailleurs il y a dans les arts mécaniques les plus communs un raisonnement si juste, si compliqué, et cependant si lumineux, qu’on ne peut assez admirer la profondeur de la raison et du génie de l’homme, lorsque tant de sciences plus élevées ne servent qu’à nous démontrer l’absurdité de l’esprit humain.
Quelque carrière que vous embrassiez, proposez-vous un but élevé, et mettez à son service une constance inébranlable.
Il le croit consul, sur la foi de César Auguste, le fondateur ou le restaurateur de tous les temples, qui, dans sa visite du temple de Jupiter Férétrius, dont il releva la ruine amenée par le temps, avait lu ce nom, disait-il, sur la cuirasse de lin formant partie du trophée élevé par le vainqueur : « Je me serais cru presque sacrilège187 », s’écrie l’historien flatteur, « de ne point laisser à Cossus, en preuve de ses glorieuses dépouilles, l’attestation de César, le fondateur du temple même. » De tels souvenirs, un tel langage, suffisent à nous montrer quel prestige de grandeur et de respect public pouvait encore, dans les mœurs romaines, s’attacher au zèle affecté d’Auguste pour effacer une des traces de la violence et de l’incurie destructive reprochées à la guerre civile.
Toutefois, d’avoir été élevé par une très pieuse et très douce femme et au milieu de cette « nichée de colombes » (comme Royer-Collard appelle les sœurs de Lamartine), on pense bien qu’il lui en resta quelque chose. […] Car les Lamartine ont, de père en fils, « la taille haute et mince, l’œil noir, le nez aquilin, le cou-de-pied très élevé sur la plante cambrée… » La tradition les fait sortir « d’un grand village du Mâconnais, colonie exclusivement arabe jusqu’à nos jours ». […] Le temps s’écoule, les années se chassent, la vie s’en va : profitons de ce qui en reste ; donnons-nous un but fixe pour l’emploi de cette seconde moitié, et que ce but soit le plus élevé possible, c’est-à-dire le désir de nous rendre agréables à Dieu, hors duquel rien n’est rien. […] Bref, l’amour platonique, c’est l’amour humain, c’est l’amour sans épithète, mais considéré dans son mouvement naturel d’ascension mouvement si justement observé, après et d’après Platon, par le saint auteur de l’Imitation de Jésus-Christ : « L’amour tend toujours en haut… Il n’y a rien au ciel et sur la terre de plus doux que l’amour, rien de plus fort, de plus élevé… parce que l’amour est né de Dieu, et qu’il ne peut trouver de repos qu’en Dieu, en s’élevant au-dessus de toutes les choses créées. » (Imit. […] Et vous, soleils aux yeux de flamme, Le regard brûlant de mon âme S’est élevé plus haut que vous !
Corneille avait été élevé chez les jésuites de Rouen, d’après la manière de ce temps-là, qu’on appelle aujourd’hui gothique. […] La reine de Syrie connaît peu ses enfants, élevés loin d’elle à Memphis ; elle compte sur leur soumission, sur leur jeunesse, surtout sur leur ambition : dévorée de la soif de régner, elle juge des autres par elle-même ; elle n’imagine pas qu’on puisse être effrayé d’un crime dont un trône est le prix. […] Donnez-nous vite votre œuvre des six jours… Vos pièces seules ont du rnouvement et de l’intérêt… Je vous demande de nous faire voir, ce qui ne tient qu’à vous, qu’en fait de tragédies, nous ne sommes encore que des enfants bien élevés, et les autres peuples, de vieux enfants. […] Après avoir exalté Rome dans ses premières tragédies, Corneille prit plaisir à l’humilier dans Nicomède : son génie renversa l’idole que son génie avait élevée, et, après avoir exagéré les vertus de la république, il essaya de rendre odieuses les intrigues du sénat. […] Laodice, jeune reine d’Arménie, élevée à la cour de Prusias, partage les sentiments héroïques de Nicomède son amant.
Détail gracieux qui rappelle l’histoire de Nausicaa et d’Ulysse, qu’un Romain eût omis, que Xénophon, élevé dans l’amour des poètes, recueille avec autant de soin qu’Homère. […] Et qui plus que moi a le droit de le dire, moi élevé sur vos genoux, qui n’eus si longtemps d’autre aliment que l’antiquité adoucie par vous ; moi qui vécus de votre lait avant de boire dans Homère le sang, le lait et la vie ? […] Saint-Simon fut élevé dans ces enseignements ; ses premières opinions furent contraires aux opinions utiles et courantes ; le mécontentement était un de ses héritages ; il sortit de chez lui frondeur. […] La Fontaine, le plus heureux, fut le plus parfait ; Pascal, chrétien et philosophe, est le plus élevé ; Saint-Simon, tout livré à sa verve, est le plus puissant et le plus vrai. […] Faites-les princes dès le berceau ; voyez Mme de la Fayette ou Mme de Clèves élevées parmi les respects et les magnificences.
Achille répond avec une franchise magnanime ; ainsi l’esprit est élevé par les sentimens du héros ; Phenix, le vieux gouverneur d’Achille, reprend d’une maniére touchante et pathétique ; ainsi le coeur est ému : et enfin Ajax indigné de l’orgueil infléxible d’Achille, rompt la conférence, avec un dépit généreux qu’il laisse dans l’ame du lecteur échauffé. […] L’esprit une fois élevé ne veut rien perdre d’une impression qui flate son amour propre ; c’est ce qui arrive dans les comparaisons degradées, au lieu qu’il trouve à gagner, quand la comparaison est plus noble que l’objet principal. […] Il avoit l’esprit vaste et fécond, plus élevé que délicat, plus naturel qu’ingénieux, et plus amoureux de l’abondance que du choix. […] Sur la traduction des poëtes, il s’est élevé une nouvelle dispute.
. — D’autre part, une manière de liberté, si l’on veut, mais factice et inféconde, c’est un système de barrières élevées entre le pouvoir et le citoyen. […] Le goût du bonheur, chez un homme vulgaire, ne fait qu’un égoïste ; dans une âme élevée et naturellement expansive, il s’échauffe et s’agrandit jusqu’à être le rêve du bonheur de l’humanité. […] Les Grecs ont dû avoir une littérature moins élevée que les Romains ; les Espagnols ont dû avoir une littérature plus remarquable que celle des Italiens. — C’était pour eux une obligation morale ? […] La jeunesse élevée par Chateaubriand pour ce qui est de l’art, et par Mme de Staël pour ce qui est des idées, n’a pu que former une génération très noble, très généreuse et très distinguée. […] Ce n’est point l’expliquer que de nous dire qu’Elléanore (celle du roman) « étant dans une position équivoque, avec des sentiments élevés, cette opposition rendait son humeur fort inégale. » Inégale, soit, mais timide et craintive plutôt que « fougueuse » et déchaînée en tempête.
Vaut-il mieux, supposer que le faux Démétrius était un jeune homme élevé par les jésuites tout exprès pour ce rôle dont il s’est si bien acquitté, et dans l’espoir qu’une fois maître de la Russie il y installerait la religion catholique sur les ruines du schisme grec ? […] Ponsard pour les choses grandes et élevées. […] Quelles n’eussent pas été les magnificences et les grandeurs de cette littérature, si elle se fût tenue à ce point si élevé et si sage que lui indiquaient ces deux maîtres, et si elle eût considéré sa tâche, non pas comme une révolution à faire, mais comme une province nouvelle à conquérir et à féconder ! […] Mignet a eu à parler d’hommes diversement célèbres qui, après avoir laissé leur empreinte dans le grand sillon révolutionnaire, après avoir été tour à tour élevés, renversés, proscrits, rappelés par nos innombrables vicissitudes, étaient venus enfin abriter leur vieillesse dans cette section de l’Institut, qu’on pourrait, sans trop d’épigramme, appeler l’Hôtel des Invalides de la politique et de la morale. […] Mignet nous montre avec un accent presque respectueux, presque solennel, « M. de Talleyrand montant sur l’autel élevé dans le champ de Mars pour inaugurer en quelque sorte les destinées futures de la France ». — Hélas !
Par exemple, il prend des bourgeois d’aspect cossu, des petites femmes qui sont presque des femmes du monde, — des gens « bien élevés » par définition, — des gens qui sont invités aux soirées des ministères ; ainsi ! […] C’est beau, ce savant édifice de corruption élevé par un homme de tant de volonté, de tant d’intelligence et de tant d’argent, renversé par le cri d’un bébé. […] Ceci : Maud de Vouvres est une fille de vingt-quatre ans, élevée dans un monde très brillant et très libre. […] Il reproche à sa vieille canaille de père de l’avoir mal élevé, de l’avoir lâché dans la société comme un loup dans un bois ; puis il se fait sauter la cervelle. […] Il a recueilli, quand il n’avait encore que cinquante ans, une petite orpheline, sa nièce, l’a élevée, mariée à un brave garçon dont il a fait son associé industriel.
Ils ont été élevés loin d’elle. […] Au dix-septième siècle, sitôt qu’on se haussait à une forme d’art un peu élevée, on sermonnait et on professait. […] Marmontel, pour ces raisons, et pour quelques autres tirées de son goût personnel, sans renier la tragédie, et tout en la maintenant à un degré très élevé de l’art, fut donc partisan déclaré de la tragédie bourgeoise à une date où on l’était très peu encore. […] L’empereur fut enchanté et dit tout haut : « On voit bien que ce jeune homme a été élevé par une femme », et quelques jours après il témoigna le désir qu’on le lui présentât. […] L’Éducation est un assez vif factum contre le snobisme qui consiste à donner aux filles une instruction qui les fait aspirer à une autre sphère que celle où elles ont été élevées et qui les détourne d’épouser leur cousin, associé de la maison de commerce.
L’esprit de Johnson, plus droit et plus ferme qu’élevé, arrivait assez bien à l’intelligence des intérêts et des passions qui agitent la moyenne région de la vie, mais il ne parvenait guère à ces hauteurs où vit sans effort et sans distraction une âme vraiment stoïque. […] On voit dans Antoine un mélange de grandeur et de faiblesse ; l’inconstance et la légèreté sont ses attributs ; généreux, sensible, passionné, mais volage, il prouve qu’à l’amour extrême du plaisir, un homme de son tempérament peut joindre, quand les circonstances l’exigent, une âme élevée, capable d’embrasser les plus nobles résolutions, mais qui cède toujours aux séductions d’une femme. […] Un grand médecin, appelé Gérard de Narbonne, avait laissé une fille qui, élevée dans le palais du comte de Roussillon, avait conçu l’amour le plus tendre pour son fils unique, le jeune Bertrand. […] Léonatus, le fils légitime, qui, condamné à mort, avait été forcé de chercher du service dans une armée étrangère, apprenant les malheurs de son père, abandonne tout au moment où ses services allaient lui procurer un grade élevé, pour venir, au risque de sa vie, partager et secourir la misère du vieux roi. […] Shakspeare les a prises ordinairement dans ses personnages mêmes ; et il lui suffisait ici d’avoir à peindre un roi élevé sur le trône.
Le gentil de ceci, c’est que chez cette jeune fille, bourgeoisement élevée, il n’y eut pas le moindre effarement en cette nouvelle existence, dans la fréquentation de ce monde de mangeurs de dîners, de carotteurs de pièces de vingt francs, d’emprunteurs de pantalons. […] Jeudi 23 avril Mme Commanville me consultant l’année dernière, au sujet de la publication des lettres de Flaubert, et me demandant qui, elle devait charger d’écrire l’introduction, je lui dis qu’elle était bien bonne de chercher un biographe de son oncle, elle qui avait été élevée par lui, et dont toute la vie s’était passée, pour ainsi dire, à ses côtés. […] Derrière ces bâtiments, un grand jardin ou plutôt un parc minuscule, dont l’entrée élevée de quatre marches, et s’ouvrant au-dessus d’un parterre, entre une ligne de grands arbres, joue si bien une baie de théâtre, que Daudet, avant de tomber malade, avait eu l’intention d’y jouer une espèce de farce italienne de son invention.
Puis elle me confie, — j’en doute, — qu’elle est en train, dans ce moment, de déserter la peinture pour la cuisine, qu’elle fait des nouilles comme personne, qu’elle s’est même élevée à la confection des pâtés de foie gras, des pâtés de foie gras avec la croûte, et une croûte, s’il vous plaît, où elle peint des fleurs avec du jaune d’œuf, et des feuilles avec je ne sais plus quoi : de la pâtisserie artistique. […] Avec la séduction, qu’une femme supérieure met dans de l’éducation élevée, on ne sait pas combien grande peut être sa puissance sur une intelligence d’enfant. […] La collation des rôles commencée, Koning est, tout le temps, avec une obstination qui porte sur les nerfs, à trouver le mari, trop dur, trop mal élevé, laissant clairement voir son intention de chercher par des atténuations imbéciles, à faire de cette femme sans cœur et sans esprit, un rôle sympathique.
Brunetière, Victor Hugo, fils d’un soldat, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, traîné de ville en ville dans les bagages de son père, a pu chanter indifféremment ses « Espagnes », ou plus tard la maison de la rue des Feuillantines ; il n’a pas eu de « patrie locale, et à peine un foyer domestique. » Hugo n’a vu la Nature « qu’avec les yeux du corps, en touriste ou en passant ; l’on peut, même douter s’il l’a comprise et aimée, autrement qu’en artiste. » Lamartine, au contraire, « l’a vue avec les yeux, de l’âme, l’a aimée jusqu’à s’y confondre, quelquefois même jusqu’à s’y perdre, et l’a aimée tout entière. » Lamartine est donc chez nous « le poète de la nature, le seul peut-être que nous ayons, en tout cas le plus grand, et il l’est pour n’avoir pas appris à décrire la nature, mais pour avoir commencé par la sentir. » — Ainsi Hugo, n’ayant pas été élevé dans une maison de campagne, n’a pas dû sentir la nature ! […] Pour saisir sa richesse de coloris, il faudra pouvoir sentir Chateaubriand, Flaubert ; pour comprendre la sonorité de son langage, il faudra apprécier les artistes de mots comme ce même Flaubert, Théophile Gautier, nos Parnassiens ; seulement, sous les mots, il y a très souvent des idées élevées et profondes, tandis que sous les vers ciselés des Parnassiens, il n’y a rien. […] Hugo sont peintes dans ces quelques lignes : « Elle avait dans toute sa personne la bonté et la douceur… pour travail de se laisser vivre, pour talent quelques chansons, pour science la beauté, pour esprit l’innocence, pour cœur l’ignorance… Il l’avait élevée plutôt à être fleur qu’à être femme232. » Hugo a d’ailleurs compris et admirablement exprimé une des fonctions de la femme : « Ici-bas, le joli, c’est le nécessaire.
César, grand capitaine & grand cet littérateur, d’un génie aussi élevé que d’un courage ardent, a laissé des commentaires célébres par la pureté du style, par la sagesse de la narration, par la justesse des idées. […] Jamais auteur ne s’est plus élevé au-dessus des préjugés des sectes & des préventions des partis qui divisent le Royaume. […] Guichardin, a écrit les guerres d’Italie d’un style fort élevé, fort pur & fort naturel.
On en a eu, à la fin du xviiie siècle et au commencement du nôtre, de grands et sublimes exemples ; Lagrange, Laplace, Cuvier et tant d’autres à des rangs voisins, ont excellé dans cette faculté de trouver les rapports élevés et difficiles des choses cachées, de les poursuivre profondément, de les coordonner, de les rendre. […] Élevé dans une solitude presque entière, l’étude et la lecture, qui avaient fait si longtemps mes plus chères délices, me laissaient tomber dans une apathie que je n’avais jamais ressentie, et le cri de la nature répandait dans mon âme une inquiétude vague et insupportable.
Cette vue, nous l’avons acquise par nos propres expériences, nous la devons aux prodigieuses mutations du pouvoir et de la société qui se sont opérées sous nos yeux ; et, chose singulière, une nouvelle intelligence de l’histoire semble naître en nous, à point nommé, au moment où se complète la grande série des renversements politiques, par la chute de l’empire élevé sur les ruines de la République française, qui avait jeté à terre la monarchie de Louis XVI. » En même temps que le sens historique s’aiguisait ainsi, des idées inconnues surgissaient ; des émotions nouvelles, matière littéraire s’il en fut, sollicitaient les écrivains. […] Et ce sont, d’ordinaire, d’autres hommes venus plus tard, quand le péril était passé, quand le ciel était rasséréné, qui ont été inspirés, stimulés, élevés au-dessus d’eux-mêmes par la vue lointaine de ce déchaînement gigantesque.
Mais, après celui là, il en est un autre, plus élevé, vers lequel, déjà, les autres marchent : — la compréhension de l’Œuvre de Bayreuth. — L’initiation du public à cette forme supérieure de la Rénovation Wagnérienne, est la tâche qu’a prise l’école de Richard Wagner, — j’allais dire l’église de Wagner, — l’Association Wagnérienne. […] Aussi une musique s’est élevée qui, fondée, seulement, sur le rythme, a, volontairement, renoncé à traduire l’essence des choses, pour produire l’agrément (p. 93 à 100).
Ribot assure qu’au fond Grévy doit être très content, qu’il détestait les d’Orléans, et que la dernière fois qu’il l’avait vu, il lui avait dit : « Les d’Orléans ressemblent à des gens qu’on a invités à dîner et qui font des choses pas convenables, qui se conduisent à table, comme des gens mal élevés. » Mardi 29 juin Dépêche de Daudet qui m’annonce la naissance d’une petite Edmée. […] Or un auteur qui a un idéal d’art élevé, qui s’efforce d’écrire, et de créer des types nouveaux, quand même il ne réussirait pas… c’est une raison pour tuer son œuvre.
… » Nos fabulistes épiques du Moyen Âge, dont quelques-uns sans doute allaient en récitant, comme les rapsodes, par les villages et les bourgs, n’ont jamais de ces mouvements touchants ou élevés ; mais ils entendent la fable en elle-même et la développent souvent avec une grâce, une invention et une fertilité de détail, avec un riant d’expression qui serait encore aujourd’hui d’un vif agrément s’ils ne tombaient pas tout aussitôt dans la prolixité.
Il a raconté, dans des pages publiées après sa mort, et qui n’ont été que légèrement affaiblies par l’éditeur, la crise morale qu’il subit à l’âge de vingt ans, le moment plein d’effroi, où lui, élevé dans ses montagnes et dans la foi des patriarches, il s’aperçut tout d’un coup qu’il ne croyait plus : Je n’oublierai jamais, écrivait-il, la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré.
Comme son Des Grieux, il conserve, à travers toutes les phases et les légèretés de sa première vie, un air noble et qui sent sa qualité et son monde ; c’est l’homme bien élevé qui se marque toujours sous sa plume jusque dans l’écrivain de métier et dans l’auteur trop assujetti.
., pour auteurs d’esprit et de talent ; il nous a tracé la description de cette société et de cette monarchie finissante dans des pages qui sont très fines, d’une vraie nuance, et où les aperçus élevés et les perspectives lointaines ne manquent pas.
Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté.
Enfin, il manquait surtout un Virgile, c’est-à-dire ce génie à la fois imitateur, inventif et composite, qui, venu à l’heure de la maturité d’une langue et de la domination universelle d’un peuple, fond et combine toutes choses, souvenirs, traditions et espérances, avec un art intérieur accompli, dans un sentiment présent et élevé.
Sire, et j’ose dire votre gloire, ne vous permettent pas de prolonger davantage l’ignominieuse agonie d’un frère sur le trône d’Espagne, exposé, dans un lieu si élevé, aux risées de vos ennemis et à la déconsidération de ses amis… Toute entrave qui nuirait au but que doit se proposer tout prince honnête homme me rend la place que j’occupe insoutenable.
On dit qu’il eut dans les dernières années un retour de cœur à des sentiments élevés et religieux, et l’on cite de lui des stances à Corneille, au « noble et cher Corneille », sur sa traduction en vers de L’Imitation.
que la société distinguée était généreuse, élevée, délicate !
Il écrit dans un genre après tout peu élevé, qui semble facile, et qui est médiocrement honorable.
C’est dans le premier volume que se trouvent les vues et aperçus élevés dont je parle : je recommande particulièrement une lettre sur la religion adressée à la duchesse de Broglie, qui l’avait plus d’une fois pressé sur ce point.
Il y fut élevé, et, si Pollion a dit vrai, il garda toujours quelque chose de sa province, même dans son élégante élocution.
Élevé par une mère indulgente et tendre, il apprenait tant bien que mal le latin au logis sous un précepteur ; il aimait surtout à lire d’anciens romans français et les autres livres qui se rencontraient alors dans une bibliothèque de campagne assez bien garnie.
Il avait tenté une conciliation, impossible, je le veux, mais la plus élevée, la plus faite pour complaire à de nobles cœurs, à des imaginations généreuses et religieuses.
Cet esprit perçant, élevé, reste trop absolument l’homme de la politique sacrée, d’un ordre de choses qui avait la prétention d’être établi une fois pour toutes et de ne plus avoir à se renouveler.
Une question s’est élevée, à laquelle on ne s’attendait pas.
Si l’on pouvait un moment avoir raison de la passion et du système qui s’identifient dans les intelligences élevées avec une idée exagérée de dignité et d’honneur, je ne demanderais qu’une chose aux esprits restés politiques ou destinés à le devenir : ne retombons pas dans la même faute qu’ont faite, sous la Restauration et sous le régime des dix-huit ans, les générations obstinées et excessives ; ne soyons pas, de parti pris, et au nom d’un principe, irréconciliables.
Nous, à la vive lumière de la philosophie, oublions donc aussi ces craintes chimériques du retour de l’ignorance, et marchons d’un pas ferme dans l’immense carrière désormais ouverte à l’esprit humain. » Ainsi parlait le jeune savant ; et plein d’un profond sentiment d’horreur pour le régime oppressif et ignare qu’on avait subi, pour ce retour inouï de barbarie en pleine civilisation, il montrait pourtant avec une satisfaction élevée le rôle honorable et indispensable des savants au fort de la crise et leur empressement courageux à répondre à l’appel de la patrie, tout décimés qu’ils étaient alors par l’échafaud.
Jamais éducation de prince (et en parlait ainsi, je me souviens de celle du Dauphin son père, élevé par Montausier et Bossuet) ne convoqua et ne réunit un groupe d’hommes plus distingués, plus appropriés à l’œuvre à laquelle ils se vouaient : M. de Beauvilliers, gouverneur ; — Fénelon, précepteur ; — l’abbé Fleury, sous-précepteur, conjointement avec l’abbé de Beaumont, neveu de Fénelon ; — l’abbé de Langeron, lecteur ; et le reste choisi à l’avenant.
Depuis que ces animaux ont été vus à Bethléem dans la crèche du divin Enfant, il semble qu’ils se soient rapprochés et élevés d’un degré dans l’ordre de la domesticité et de la société humaine : La vache !
Ne cherchez en effet dans cette production aucune trace d’un sentiment profond, élevé, aucune mâle et noble colère ; d’un bout à l’autre la personnalité règne, et rien que la personnalité ; on peut dire que cette plume crache la personnalité à tout propos.
Quinet, intelligence élevée, imagination féconde, mais trop complexe et qui ne s’est jamais entièrement dégagée, a écrit un livre plein et dense où il y a sans doute de belles pages, mais d’un lyrisme trop soutenu et trop tendu.
Certes, cet homme de haut talent et, jusqu’à un certain point, de génie, de noble aspect et « d’une figure avantageuse » (ainsi en parlent ceux qui l’ont vu et qui ne songeaient point à faire, comme aujourd’hui, des caricatures à tout propos) ; cet homme à l’âme ardente, élevée, d’un esprit libre, d’un caractère indépendant et fier, qui n’avait pu se plier à la vie de Turin, et qui n’hésita pas, en renonçant à son pays, à sacrifier les deux tiers de sa fortune pour se mieux dévouer à l’objet de son culte ; le poète qui, dans la Dédicace de Myrrha, s’étonnant d’avoir tant tardé à nommer publiquement celle qui l’inspire, lui disait : « Ma vie ne compte que depuis le jour qu’elle s’est enlacée à ta vie » ; un pareil homme méritait que la comtesse d’Albany, déçue et frappée dans sa destinée, crût elle-même s’honorer par un tel choix, et ne pas perdre, même aux yeux du monde, en échangeant royauté contre royauté.
Élevé près de ce dernier à Fontenay-aux-Roses, dans l’institution de M.
Il ne voit rien de plus élevé ni de plus rempli de fureur et de sublime que les vers de Duché, ce qui ne l’empêche pas d’écrire à propos de M. de Monchesnay : « Je ne connois que lui (M. de Monchesnay !)
D’une physionomie aimable, d’une taille élevée, assez blond, il avait, sauf les lunettes qu’il portait sans cesse, toute l’élégance du jeune homme.
Nombre d’actions et des plus nécessaires, toutes celles qui sont brusques, fortes et crues, sont contraires aux égards qu’un homme bien élevé doit aux autres, ou du moins aux égards qu’il se doit à lui-même Ils ne se les permettent pas ; ils ne songent pas à se les permettre, et, plus ils sont haut placés, plus ils sont bridés par leur rang.
C’était la grâce d’une femme en uniforme ; l’enharnachement du cheval, la coiffure militaire du jeune prince, sa taille souple et élevée, l’ondulation de ses cheveux fins et bouclés autour de son casque rappelaient Clorinde sous les murs de Sion.
La génération qui s’est élevée entre les souvenirs du terrible passé, et les secousses d’un présent encore troublé, ces hommes des conspirations contre Richelieu et de la guerre de Trente Ans, sont de fortes, même de rudes natures, peu disposées à s’amuser aux enfantillages de la vie sentimentale, capables et avides d’action : Richelieu, Retz sont les formes supérieures du type.
L’histoire du 41e fauteuil se fera chaque jour davantage glorieuse et d’un enseignement encore plus élevé et plus profond.
Enfin, il est des vérités métaphysiques dont les éléments ne sont ni des faits généraux ou particuliers, ni des motifs de conduite ; celles-là ne sont comprises que par les esprits à la fois élevés et rigoureux.
Il est assez difficile aujourd’hui, d’après l’état incomplet des documents, de se faire une idée très précise du caractère de Mme de Mondonville ; mais tout ce qu’on sait prouve, encore une fois, que ce dut être une personne d’une haute distinction, d’un caractère ferme, élevé, née pour le commandement, et d’une grande habileté de domination.
C’est ce point de vue tout nouveau, non pas du tout la justification complète, mais les explications et les raisons de notre état social, que Turgot aborde et expose dans des considérations critiques de l’ordre le plus élevé, et qui dépassaient de beaucoup, on ne craint pas de le dire, l’horizon de Mme de Graffigny.
Athalie et le Discours sur l’histoire universelle, tels sont les chefs-d’œuvre les plus élevés que la théorie classique rigoureuse puisse offrir à ses amis comme à ses ennemis.
Elle était élevée au-dedans comme l’enfant de la plus chaste et de la plus unie des nobles familles, avec les transes mortelles de plus et les angoisses jour et nuit.
J’ai essayé de faire entrevoir ce qu’il y eut longtemps de mâle, de généreux et d’élevé dans celle de Ducis.
On conçoit bien cette prédilection de Franklin pour le monde lettré d’Édimbourg ; il a en lui de cette philosophie à la fois pénétrante et circonspecte, subtile et pratique, de cette observation industrieuse et élevée ; comme auteur d’essais moraux, et aussi comme expérimentateur et physicien, comme expositeur si clair et si naturel de ses procédés et de ses résultats, il semble que l’Écosse soit bien sa patrie intellectuelle.
Nous le suivîmes des yeux, nous l’entendîmes mugir dans le lointain ; le ciel brilla d’une clarté plus pure ; et cette mer, dont les vagues écumantes s’étaient élevées jusqu’aux cieux, traînait à peine ses flots jusque sur le rivage.
Aussi fut-il comme repoussé avec impatience par tout ce que la France comptait d’esprits élevés, délicats ou tout simplement lettrés.
Il hait et écarte les beaux diseurs, les intelligents, les habiles, les hommes bien élevés qui pensent et sentent selon les formulaires et laissant à d’autres la peinture de l’être social, il descend à tout ce qui est resté de franc et de brut dans la lie des villes ou des caractères.
Elle distillait un arome quintessencié d’angélique et d’hysope mêlées à des herbes marines aux iodes et aux brômes alanguis par des sucres, et elle stimulait le palais avec une ardeur spiritueuse dissimulée sous une friandise toute virginale, toute novice, flattait l’odorat par une pointe de corruption enveloppée dans une caresse tout à la fois enfantine et dévote. » Il parvient à rendre par de précises correspondances sensibles certaines sensations apparemment impalpables : « Muni de rimes obtenues par des temps de verbes, quelquefois même par de longs adverbes précédés d’un monosyllabe, d’où ils tombaient comme du rebord d’une pierre, en une cascade pesante d’eau » ; ou, plus immatériellement encore : « Dans la société de chanoines généralement doctes et bien élevés, il aurait pu passer quelques soirées affables et douillettes ».
C’est dans cette doctrine précisément qu’il a été élevé et nourri, c’est celle qu’il a professée pendant toute la première période de sa carrière.
Vous auriez eu des groupes, des masses, du mouvement, de la variété, du silence, de l’intérêt, une vaste scène, votre composition n’aurait pas été décousue, maigre, petite et froide ; sans compter que ces barques mises en perspective sur le fond, et ces spectateurs élevés en amphithéâtre sur ces barques auraient ôté à votre toile une portion de cet espace en hauteur qui reste vide, espace vide et nu, qui achève par comparaison à réduire vos figures à des marmousets.
Nous ne répondrons qu’à la polémique bien élevée, ayant l’habitude de nous battre avec les mots, mais non pas avec les gros mots.
Rollinat qui jette à l’ombre les poètes actuels, je veux bien convenir de l’énorme trou que fait dans son livre et dans sa tête l’absence d’idéal religieux, de tous les idéals le plus élevé et le plus beau !
Toutes ces œuvres, pour n’être pas rimées, n’en ont pas moins une poésie charmante, si, par ce nom, l’on entend le don d’exprimer d’une manière rare des idées, ou de décrire des paysages au moyen d’images choisies ; et aussi, selon la belle expression de Diderot : tout ce qu’il y a d’élevé, de touchant dans une œuvre d’art, dans le caractère ou la beauté d’une personne ou même dans une production naturelle.
Cousin, si ce n’est dans la possession de cette raison, dans l’art de bien développer, dans la bonne composition, dans la faculté d’expliquer en style élevé et clair les vérités moyennes ?
Un esprit élevé dans ces habitudes court droit aux faits sitôt qu’on lui propose une question générale ; il en choisit un particulier et contingent ; il le garde incessamment sous ses yeux ; il sait qu’il n’a pas d’autre moyen de préciser et vérifier ses idées ; il y revient sans cesse ; il sait que ce fait est la source de tous les termes abstraits qu’il va recueillir et combiner.
Il apprit, en écoutant le langage exquis des gens de cour et des gens du monde, la différence du style enflé et du style noble, du style vague et du style élevé ; il se dépouilla d’une certaine rouille philosophique qu’il avait contractée en théologie, et comprit que, lorsqu’on faisait le portrait de personnes si élégantes et si mondaines, il ne fallait pas y apporter les habitudes philosophiques que la Sorbonne conservait dans ses argumentations d’apparat.
Vraiment, pendant que ces mal élevés vociféraient autour d’elle, Mlle Marsy m’attendrissait, jolie comme un ange, fière sous l’affront, se roidissant pour ne pas pleurer ; tout mon cœur était avec elle, et je disais tout bas à Philinte : « Eh bien ! […] J’imagine qu’aujourd’hui encore quelque patricienne élevée au Sacré-Cœur, si elle était tentée de la même façon que Phèdre, éprouverait les mêmes sentiments, aurait les mêmes troubles, les mêmes terreurs, les mêmes appels à Dieu et, dans le coin de quelque église, les mêmes effusions. […] Elle est comme la sœur-fiancée de Bajazet ; ils ont été élevés ensemble dans un coin du sérail, tels que deux colombes dans une cour de mosquée. […] Une situation comme celle de Caroline, c’est, pour une âme élevée et délicate, une espèce de Californie morale, une mine de sacrifices silencieux, de jolis sentiments voilés, contenus, et dont nous sommes d’autant plus ravis que nous croyons avoir la peine de les deviner à moitié. […] La conduite de Julie et de d’Arcy a quelque chose d’extrêmement élevé et, peu s’en faut, de sublime.
Cent fois elle s’est appliquée et elle a réussi, ce qui est prodigieux, à convertir une passion violente en amitié douce et même pure et élevée. […] Elles deviennent immenses aussitôt qu’on fait porter la comparaison sur les éléments les plus élevés de chaque race. […] On avait élevé extrêmement les droits à verser au Trésor pour anoblissement. […] J’ai été élevé dans une province toute pleine de vrais nobles et des plus antiques. […] Mais les faibles, qui ont conscience de leur devoir, qui est de ne pas exister, se suppriment eux-mêmes qui par le réchaud, qui par le revolver, qui par la précipitation d’un lieu élevé.
A un échelon plus élevé il place ceux qui ont obéissance affectueuse pour un souverain avec cette première forme de patriotisme, c’est-à-dire de désintéressement, qui s’appelle l’honneur. […] J’en atteste des milliers d’hommes élevés par eux comme moi, il n’y en aura pas un seul qui puisse me démentir… » — et enfin il écrit cette profession de foi si émue et certainement si sincère de dévouement à la Compagine, qui a été bien souvent citée : « A l’égard de l’autre libelle de Hollande qui me reproche d’être attaché aux Jésuites, je suis bien loin de lui répondre comme à l’autre : « Vous êtes un calomniateur » ; je lui dirai au contraire : « Vous dites la vérité. » J’ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnaient des peines gratuites et infatigables à former l’esprit et les mœurs de la jeunesse. […] Ce système diabolico-théocratique dure jusqu’à ce qu’il se trouve des princes assez bien élevés et qui aient assez d’esprit et de courage pour rogner les ongles aux Samuel et aux Grégoire. […] Comme les magistrats, les professeurs doivent être des politiciens stagiaires. « Cette maxime est la clef d’un grand ressort dans l’Etat. » Cette éducation, ainsi comprise et ainsi organisée, doit être intégrale, au moins pour les gentilshommes, c’est-à-dire que le plus pauvre des gentilshommes polonais doit avoir le droit de faire donner à ses fils l’éducation la plus élevée et la plus complète : « Je n’aime point ces distinctions de collèges et d’académies, qui font que la noblesse riche et la noblesse pauvre sont élevées différemment et séparément. […] Elle ne m’a point élevée dans un couvent, parce que ce n’est point dans un couvent que j’étais destinée à vivre… J’entends dire que dans ces couvents, comme dans la plupart des collèges où les jeunes gens sont élevés, on n’apprend guère que ce qu’il faut oublier pour toute sa vie ; on ensevelit dans la stupidité les premiers de nos beaux jours.
Nous sentons qu’il y a dans cette jouissance même quelque chose d’élevé ; elle n’est pas seulement délicieuse, elle est de celles que nous nous savons gré à nous-mêmes de ressentir. […] Il faut compter, parmi les causes qui contribuent le plus efficacement à déterminer la valeur esthétique de nos rêveries, le caractère plus ou moins élevé de ces sentiments. […] Il est au contraire des âmes naturellement si délicates, si élevées, qu’il n’en saurait rien sortir que de généreux ; ce sont par excellence les âmes de poètes. […] Il faut que nous puissions trouver en eux quelque chose de charmant, de délicat, de touchant, de noble, d’élevé, en un mot que nous puissions leur appliquer quelque qualificatif d’ordre esthétique. […] Elle subsistera pour son charme, pour sa noblesse, pour sa difficulté même qui la réserve à l’expression de nos sentiments les plus élevés, pour le rythme et l’harmonie qu’elle met dans toute notre âme.
Ce sont des « gentilshommes », des hommes d’État, les plus polis et les mieux élevés du monde, qui savent parler, qui ont tiré leurs idées non des livres, mais des choses, idées vivantes, et qui d’elles-mêmes entrent dans les âmes vivantes. […] Ceux-ci plus rudement élevés, plus habitués aux intempéries, plus endurcis par les exercices du corps, plus roidis contre le danger, durent et vivent ; y a-t-il un homme aujourd’hui qui pourrait supporter la tempête de passions et de visions qui a traversé Shakspeare, et finir comme lui en bourgeois sensé et renté dans son petit pays ? […] Grands seigneurs et grandes dames, ils causent en gens mal élevés, amateurs de bouffons, de parades et de combats d’ours. […] En somme, avec les alchimistes, avec Paracelse et Gilbert, avec Kepler lui-même, avec tous les hommes de son temps, gens d’imagination et élevés dans Aristote, il se représente la nature comme un composé d’énergies secrètes et vivantes, de forces inexplicables et primordiales, d’essences distinctes et indécomposables, affectées chacune, par la volonté du Créateur, à la production d’un effet distinct. […] Voyez aussi ces exercices que Castiglione prescrit à l’homme bien élevé : Peró voglio che il nostro cortegiano sia perfetto cavaliere d’ogni sella… Et perchè degli Italiani è peculiar laude il cavalcare benè alla brida, il maneggiar con raggione massimamente cavalli aspri, il corre lance, il giostare, sia in questo de meglior Italiani… Nel torneare, tener un passo, combattere una sbarra, sia buono tra il miglior francesi… Nel giocare a canne, correr torri, lanciar haste e dardi, sia tra Spagnuoli eccellente… Conveniente è ancor sapere saltare, e correre ; … ancor nobile exercitio il gioco di palla… Non di minor laude estimo il voltegiar a cavallo.
Et cette passion, encore que d’un caractère fort élevé, ne laisse pas d’être sensuelle. […] Aucun satiriste ne s’est élevé plus haut que la Comète du roi Mirambole, ou n’a frappé si juste que le Marchand de coups de bâton. […] Voilà pourquoi un cœur vraiment élevé, pour peu qu’un destin envieux s’en mêle, goûte à la fin les amères délices de la solitude. […] Mais, pour rapporter son entrevue avec Mirabeau, Rétif emploie des moyens plus élevés, et peut-être moins dignes de foi. […] Elle perdit son père toute jeune et fut élevée à Genève par les soins d’un vieux grand-oncle.
Le Directeur de l’Enseignement primaire ouvrit au poète les portes des écoles normales d’instituteurs et d’institutrices, et, à la suite du poète, entra, dans ces demeures un peu froides, un enseignement élevé et vivant, dont cette jeunesse, ardente à l’étude et au bien, fut réellement enivrée. […] Un critique consciencieux et méthodique — j’emploie ces mots dans leur sens élevé — aurait-il pu se flatter d’aborder, un jour, pour son propre compte, le problème religieux et les rapports du catholicisme avec les destinées présentes ou futures du peuple français, s’il ne s’était pas tout d’abord appliqué à étudier, à éprouver, à recueillir, comme un pécule précieux, les traditions, pleines d’éclat, de l’apologétique en France ? […] Les critiques de tradition et de combat, tels que furent autrefois un de Feletz, un Nisard ou un de Sacy, occupent un rang élevé : après Brunetière, qui dépassa ses devanciers et dont la disparition n’a fait que consacrer quelques-unes de ses vertus, M. […] Avec la même avidité qu’il a pu mettre à dévorer les contes de Crébillon fils et toute cette littérature érotique du règne de Louis XV, répudiée avec une sorte d’horreur par l’idéalisme élevé des grandes âmes romantiques, il passe brusquement, comme pour changer d’air, à la lecture de Joseph de Maistre, et manifeste une salubre joie à voir passer le flot puissant, pénétré de fraîcheur, de ce torrent d’apologétique chrétienne. […] Discours prononcé à la cérémonie d’inauguration (2 mars 1908) du monument élevé à la mémoire de Michel Jouffret, à Entraigues (Vaucluse).
Les génies élevés tels que Corneille sont sujets à ces écarts et à ces faiblesses qui nous avertissent qu’ils sont hommes ; ils manquent de cette souplesse des esprits ordinaires ; ils ne savent qu’être sublimes ; et de cette hauteur où ils étonnent l’imagination, on les voit souvent descendre à des naïvetés qui sont, pour les hommes médiocres, un sujet de consolation et de plaisanterie. […] Si Dieu seul pouvait effacer en nous ces caractères, on ne verrait pas tant d’impies renier le culte dans lequel ils ont été élevés : croirons-nous que ce soit Dieu lui-même qui ait effacé en Voltaire les premiers caractères que les jésuites de la rue Saint-Jacques avaient gravés dans son faible cœur ? […] Des Chinois nés sous un gouvernement despotique, élevés dans le plus profond respect pour les volontés d’un maître, accoutumés au dévouement le plus aveugle, à la résignation la plus absolue aux ordres de leur empereur, doivent-ils tenir ce langage insolent ? […] S’il ne faut pas chercher la grandeur dans les blasons, il faut encore moins la chercher dans les antichambres et dans les cuisines : cette grandeur de l’âme et du cœur, il y a toujours mille à parier qu’elle se trouvera dans une fille bien née, élevée au sein d’une famille honnête, plutôt que dans une servante. […] Élevé chez les jésuites, Voltaire semblait avoir conservé pour eux quelque sentiment d’estime et de reconnaissance.
Tantôt, au milieu des pensées ou des descriptions les plus élevées, il jette, une idée ou une image vulgaire. […] Seulement, à la suite de ces envolées poétiques et capricieuses, ils aimeront parfois à s’abaisser en proportion des hauteurs où ils s’étaient élevés. […] Il connut les grands sommets aux neiges presque éternelles d’où descendaient les eaux des torrents, et, à côté, les cratères élevés, aux gueules béantes, éclairant les nuits de leurs incessantes éruptions. […] Pour le poète qui nous occupe, cette civilisation fut la dernière éducatrice, la plus importante peut-être qui ait pesé sur son avenir philosophique et littéraire ; elle lui donna le sujet de plusieurs ouvrages que l’on ne compte pas parmi les moins élevés ; elle lui montra surtout la direction définitive où sa pensée, libre d’entraves, devait se développer et se mouvoir. […] Le savant chirurgien des hôpitaux de Rouen, élevé dans la contemplation des misères humaines, tout entier appliqué à leur étude et à leur soulagement, ne dissimulait pas son mépris pour tout ce qui touchait à la littérature et aux littérateurs : dans l’une, il ne voyait qu’un passe-temps ; dans les autres, que des oisifs.
Daniel la regardait ; elle l’avait élevé ; il revoyait le jour où elle était venue s’asseoir à son chevet, lorsqu’il était malade, longtemps auparavant. […] Je me faisais alors, il faut vous le dire, des femmes et de l’amour une idée extraordinairement élevée, une idée presque sainte. […] Nés presque au même moment, élevés par les mémos maîtres, ils ont parlé aux mêmes hommes et souvent traité les mêmes sujets. […] Comme cet homme, nous ne devons pas perdre de vue une seconde ce but : la reconstitution de la patrie commune et, ce qui est d’un ordre plus élevé encore, la recherche, la connaissance, la proclamation, l’application de la vérité, chacun selon nos forces et notre énergie personnelle ! […] Mais cette élégance factice résidait dans la physionomie plutôt que dans les manières ; ce dandysme n’était sur ni de son programme, ni de son tailleur, et sentait le quartier Latin. — « Il est charmant, mais pas très bien élevé !
Lucilius, né dans une condition médiocre, s’était élevé par son mérite au rang de chevalier romain, et avait obtenu la place d’intendant en Sicile. […] Heureux les enfants nés de parents élevés aux grandes places ! […] Et n’est-ce pas la raison pour laquelle, dans votre enthousiasme, vous avez élevé quelquefois le sage au-dessus des dieux, sages par leur nature, sans efforts et sans mérite ? […] « Mes concitoyens ne m’ont point élevé aux honneurs ; Idoménée, ils ont mieux fait, ils m’en ont ôté le désir… » Ce mot est d’Epicure. […] Tout ce qu’elle a de plus élevé, de plus profond, les Anciens l’avaient dit, mais sans liaison : ce n’était point le résultat de la méditation qui pose des principes, et qui en tire des conséquences ; c’étaient des élans isolés et brusques d’âmes fortes et grandes.
C’est ce qu’il constate dans ces pages de la Préface de l’Étrangère, empreintes d’un sentiment si élevé, d’une mélancolie si grave. […] Quand le gendre a été élevé dans le mépris de tout travail qui implique roture, et que le beau-père a gagné sa fortune à auner du drap, le conflit est inévitable. […] Ils ne sont pas élevés dans les mêmes conditions et pour les mêmes besognes. […] Mais elle a été élevée pour le luxe ; et donc elle se vend pour échapper à la médiocrité. […] Esprit élevé, il a cru à la nécessité de certains principes supérieurs, il a gardé la foi dans l’idéal : on en a conclu que le sens du réel avait dû lui faire défaut.
Son ton, d’une vibration habituellement élevée, ne blessait pas parce qu’il était exempt de jactance, de pose ou de morgue. […] Nous n’avons pas fini la série des inventions qui changeront la face de la terre ; nous n’avons pas élevé nos âmes autant que mous pouvons le faire ; à côté de quelques heureux, il y a beaucoup d’hommes qui souffrent et on n’a point efficacement pensé à employer, pour le bonheur de nos frères déshérités, les forces qui sont dépensées pour la guerre. […] Ici, dans cette solitude et ce silence, élevée à deux pieds du sol sur un bâtis de briques, elle inspire une mélancolie poignante. […] Les égards qu’eurent pour les représentants du mouvement intellectuel du siècle les enfants de la protectrice couronnée des encyclopédistes donnèrent une idée élevée du caractère du grand-duc et de la grande-duchesse et leur valurent l’assentiment de tous les gens éclairés. […] « Faites-vous conduire, — dit-il aux visiteurs de la Nouvelle-Calédonie, — à la ferme-école où sont élevés les fils des forçats et au couvent où sont placées leurs filles, prenez des renseignements, et vous serez contraints de reconnaître que tous se conduisent à merveille. » M.
« Celui qui s’abaisse sera élevé, dit saint Luc ; non, mais celui qui s’abaisse désire être élevé. » L’égoïsme est la seule loi de la nature humaine. […] Ce sont seulement les genres qui ont des valeurs différentes ; et comme le genre le plus élevé est celui de l’imagination la plus haute, on peut dire en ces sens que Ligeia est le meilleur de mes contes. […] Orphelin de son père, élevé par une mère qui observait le deuil dans toute sa rigueur, Marius acquit de bonne heure un profond sérieux, un ferme sentiment de sa responsabilité, en même temps qu’un vif penchant au rêve et à la spéculation. […] Élevé au Gymnase, puis à l’Université de Moscou, il y avait été accoutumé à considérer la Russie comme un monde séparé du reste du monde, un monde supérieur, et qui avait seul l’avenir pour lui. […] C’est pourquoi je veux parer de guirlandes de lys — l’autel d’argent que je t’ai élevé dans la chapelle de mon cœur, — et y faire monter, blanche et odorante, la fumée de ma dévotion.
Cela ne veut pas dire que l’on en ait fini avec la tristesse vague, la contemplation mélancolique, le désir de choses autres que celles que nous offre la réalité tangible, le mécontentement, la soif de l’âme et les autres maladies qui n’atteignent que les esprits élevés et puissants, ou tendres et délicats. […] Cependant, la figure principale qui domine ces figures secondaires, parmi lesquelles il en est tant de féminines, est une autre femme d’une culture prodigieuse et d’une intelligence élevée, philosophe, historien, talent viril, s’il en fut, — la baronne de Staël. […] Même les colonnades de marbre que Zola admire, quoiqu’elles soient d’un beau plan et d’une qualité inestimable, sont élevées à la hâte, par des mains fébriles. […] Emma Bovary est née dans les derniers rangs de la classe moyenne ; mais, dans l’élégante pension où elle fut élevée, elle coudoya des demoiselles riches et de haute famille. […] J’ai été élevée dans l’abstinence et la sainte horreur des romans romantiques.
Villiers ne fut pas seulement un ironiste acerbe et un satiriste aigu, son génie original et puissant fait aussi de lui un des esprits qui se sont élevés le plus haut dans les pures et aériennes régions de la rêverie. […] Il y a douze ans, au moment de sa mort, qu’on n’eût pas élevé à Leconte de Lisle le monument dont la vue m’a suggéré ces quelques réflexions, n’y aurait-il pas toujours droit aujourd’hui ? […] Senlis, où il fut élevé, et les doux sites du Valois eurent peut-être plus de puissance sur son esprit que ne semble le croire M. […] Le hasard qui préside aux, rencontres heureuses m’avait mis en relation, à une époque déjà lointaine, avec la comtesse de la Baume-Pluvinel, qui cachait sous ce pseudonyme discret une des natures les plus élevées, les plus dignement modestes, les plus parfaitement hautes qu’il m’ait été donné d’apprécier. […] On disait même qu’à un endroit que l’on montrait s’était élevé autrefois un kiosque et un pont chinois, mais le dessin du parc avait disparu ; il ne restait plus rien du kiosque et le pont chinois avait été remplacé par une passerelle rustique qu’il m’était expressément défendu de franchir seul, de même qu’il m’était recommandé de ne pas m’approcher sans surveillance de la rivière et du canal, ni des bassins superposés du potager, bien tentants cependant par la présence des grenouilles qui y montraient leur nez à fleur d’eau, parmi les lentilles vertes des conserves.
Il est bien rare, ajoute-t-il, que le meurtrier ne finisse pas misérablement : « Pour moi, c’est le concert de malédictions qui s’est élevé après le 2 décembre, qui a son effet aujourd’hui ! […] C’est comme un immense Clos Saint-Lazare, élevé par les descendants de 48, contre les Prussiens. […] Je suis le premier à reconnaître l’intelligente restauration de Notre-Dame-de-Paris, de la Sainte-Chapelle, et incontestablement on a élevé de belles maisons neuves… » Et sur ce que je lui dis, que le Parisien se trouve dépaysé dans ce Paris qui n’est plus parisien, il me répond : « Oui, c’est vrai, c’est un Paris anglaisé, mais qui possède, Dieu merci, pour ne pas ressembler à Londres, deux choses : la beauté comparative de son climat, et l’absence du charbon de terre. […] Pour moi, c’est l’exploitation visible de l’honnêteté sentimentale du public, et j’ajoute que parmi les gens littéraires auxquels j’ai été mêlé dans la vie, je ne connais qu’un homme tout à fait pur, dans le sens le plus élevé du mot, c’est Flaubert, — qui, on le sait, a l’habitude d’écrire des livres prétendus immoraux. […] La crapulerie de la garde nationale dépasse tout ce que l’imagination d’un homme bien élevé peut inventer.
Rebell dire : « Je veux jouir de la vie telle qu’elle m’a été donnée, selon toute sa richesse, toute sa beauté, toute sa liberté, toute son élégance ; je suis un aristocrate. » Cela ne signifie pas qu’insensible à toutes les souffrances naturelles il dédaigne le peuple (comme le bourgeois-type qui hait au-dessus de lui et méprise au-dessous) ; il l’aime au contraire, mais d’un amour trop raisonnable et trop élevé pour que le peuple en soit touché. […] En voici l’argument : « Un art n’est-il pas d’autant plus élevé qu’il exige moins de collaborations ? […] Barrès, sinon peut-être tout à fait à ses débuts, ait jamais écrit un livre, ou même une page, d’art tout à fait pur, d’un désintéressement absolu, et c’est une véritable originalité et un mérite très rare pour des écrits de circonstance (au sens élevé que Goethe donna à ce mot) qu’ils aient avec leur valeur d’idée et de propagande égoïste, une valeur littéraire égale à celle des œuvres de beauté ingénue. […] Qu’on lise, cependant, le chapitre VII : ce sont de fort belles pages et bien à leur place, quoique d’un ton plus élevé que le reste du roman ; qu’on lise, au chapitre XXI, la psychologie de l’« heure du coucher », et ce qui suit : c’est d’une finesse un peu simple, mais comme c’est observé et quelle belle ironie en action ! […] Le réalisme ne s’y étale jamais avec la brutalité démocratique où il descendit plus tard ; ils manient les anecdotes sociales avec délicatesse, comme les médecins font des plaies les plus sales ; avec pitié, avec dédain, avec joie, ― toujours avec cette supériorité aristocratique, don de ceux qui, élevés au-dessus de la basse vie, n’y inclinent que leur intelligence et n’y mettent pas les mains.
Expérience élevée qui me tentera toujours. […] Ce n’est pas d’une âme élevée que de songer à la nourriture ; mais hélas ! […] Il est vrai que l’exécution seule en ferait au besoin un chef d’œuvre, mais la pensée et la portée que lui a donnée l’artiste en font une conception d’un ordre absolument élevé. […] Ce qui est certain, c’est que les projets admis sont inférieurs au vôtre qui est d’un art très pur et très élevé. […] Celle qui a l’audace de vous écrire est une jeune fille élevée dans un milieu riche, élégant, parfois excentrique.
Tel d’entre eux qui, avec ses égaux, ne fait usage que du patois du pays, est très-mortifié et se montre parfois très-piqué, si quelqu’un d’une classe plus élevée vient à lui adresser la parole en ce même patois ; c’est en effet lui dire tacitement : Je juge à votre air et à vos manières que vous ne devez pas comprendre le langage des gens bien élevés.
Cela signifie qu’on tient à pouvoir causer librement et discuter de tout sans ménagement, tandis que dans les salons, excepté pour quelques petits barbouilleurs mal élevés, qu’on ne tolérerait pas dans tous, il est convenu qu’on évite les sujets brillants et qu’on n’attaque ou ne contredit personne. […] Pierre Dans un sens élevé, peut-être.
comment, aujourd’hui aussi, tu fus élevé sur la croix ! […] Un jour qu’il était sorti de Parme pour se dissiper à l’ordinaire, le goût de la promenade l’ayant entraîné, il passa la rivière de Lenza, qui est à trois lieues de la ville, et se trouva sur le territoire de Rheggio, dans une grande forêt qu’on nomme Silva piana quoiqu’elle soit sur une colline fort élevée, d’où l’on découvre les Alpes et toute la Gaule cisalpine.
Le plus significatif de ces augures, selon les historiens du temps, était une protubérance élevée au-dessus de la tête, signe que les phrénologistes d’aujourd’hui considèrent encore comme une prédisposition naturelle des organes de l’intelligence à la contemplation des choses célestes, à la piété et à la vertu dont la piété est le premier mobile. […] Il avait créé, élevé, nourri, enseigné les enfants ; il était naturellement le roi de sa race.
Seulement il y avait une chose dont je fus frappé et qui m’a mille fois frappé depuis dans mes voyages : c’est un horizon très élevé, et par conséquent très lumineux, dont on jouit ordinairement sur les hauts plateaux de la terre, et qui semble baigner les cimes de la Chaux-de-Fonds d’une pluie de rayons venant d’en bas et d’en haut à la fois sur le paysage. […] C’était la plus belle et la plus pittoresque population de tout âge et de tout sexe qu’il fût possible d’imaginer pour un poète et de reproduire pour un peintre : la taille élevée, les membres dispos, les fières attitudes, les costumes sauvages des hommes ; les profils purs, les yeux d’un bleu noir, les cheveux dorés, les épingles d’argent semblables à des poignards, les corsets pourpres, les tuniques lourdes, les sandales nouées sur les jambes nues des femmes ; les groupes formés naturellement, çà et là, le long des murs, par les captifs, les épouses ou les fiancées demi libres, s’entretenant, les joues rouges de passion ou pâles de pitié, avec leurs maris ou leurs amants, à travers les gros grillages de fer des lucarnes des cachots, ouvrant sur les cours ; les hommes assis et pensifs sur la poussière, le coude sur leurs genoux, la tête dans leur main ; les jeunes filles se tressant mutuellement leurs cheveux de bronze avec quelques tiges de fleurs de leurs montagnes, apportées par leurs aïeules la veille du dimanche, les regards chargés des images de la patrie, des arrière-pensées de la vengeance, des invocations ardentes à la liberté de la montagne ; les enfants à la mamelle allaités en plein soleil de lait amer mêlé de larmes ; toute cette scène, que nous avons contemplée souvent nous-même alors, laissait dans le souvenir, dans l’œil et dans l’imagination un pittoresque de nature humaine qui ne s’efface plus.
Sa taille était droite, élevée ; elle avait une démarche d’impératrice, et son teint blanc et mat achevait cet ensemble harmonieux et frappant. […] À mon sens, votre Vision d’Hébal est ce que vous avez produit de plus élevé et de plus profond.
Il nous fit apercevoir autant de sinets pendants en bas des pages qu’il y en a ordinairement dans un livre d’église à demi couché sur le pupitre à gauche de l’autel. « Voilà vos limites, dit-il avec un sourire grave au professeur, à la comtesse Léna, à Thérésina et à moi ; vous ne les franchirez pas : mais, entre ces limites, vous pourrez vous promener à votre aise à travers les plus riants paysages, les plus merveilleuses aventures et les plus poétiques badinages qui soient jamais sortis de l’imagination d’une créature de Dieu. » Nous promîmes tous de respecter religieusement les sinets sacrés que le canonico avait certainement empruntés à un de ses vieux bréviaires, et nous prîmes séance dans les attitudes diverses du plaisir anticipé de la curiosité et du repos : le chanoine sur un grand fauteuil de chêne noir sculpté, adossé au fond de la grotte, et qu’on avait tiré autrefois de la chapelle pour préparer au bonhomme une sieste commode dans les jours de canicule ; le professeur sur une espèce de chaise de marbre formée par deux piédestaux de nymphes sculptés, dont les statues étaient depuis longtemps couchées à terre, toutes mutilées par leur chute et toutes vernies par l’écume verdâtre de l’eau courante ; la comtesse Léna à demi assise, à demi couchée sur un vieux divan de paille qu’on transportait en été du salon dans la grotte, les pieds sur le torse d’une des nymphes qui lui servait de tabouret, le coude posé sur le bras du canapé, la tête appuyée sur sa main ; sa fille Thérésina à côté d’elle, laissant incliner sa charmante joue d’enfant sur l’épaule demi-nue de sa mère ; moi couché aux pieds des deux femmes, à l’ouverture de la grotte, sur le gazon jauni par le soleil, le bras passé autour du cou de la seconde nymphe et le front élevé vers le professeur, pour que ni parole, ni physionomie, ni geste, n’échappassent à mon application. […] « Voilà que, tout auprès, elle aperçoit une belle touffe de broussailles, d’épines en fleurs et de vermeils églantiers, qui se mire comme dans un miroir dans cette eau courante, et que des chênes touffus et élevés garantissent des rayons du soleil.
La politique ne s’est guère élevée jusqu’à présent au-dessus de l’intérêt, et elle n’a presque jamais porté ses regards dans une région plus haute. […] « Nous entrons avec lui dans un tout autre monde, et, bien que nous restions encore dans une sphère très élevée, nous aurons beaucoup à descendre.
Les œuvres de l’esprit ne demeurent que par le style, et quel drame s’est élevé jusqu’au style ? […] Bons ou méchants, tous sont nés dans ce paisible manoir d’Harleville où Collin avait été élevé par une tendre aïeule, sous les yeux d’un père qui lui a suggéré l’Optimiste, et où plus tard, possesseur à son tour du toit paternel, il abritait, après le 31 mai 1792, Andrieux fugitif et menacé.
Contemplez ce que souffre un homme qui a tous les membres brisés et rompus par une suspension violente, qui, ayant les mains et les pieds percés, ne se soutient plus que sur ses blessures, et tire ses mains déchirées de tout le poids de son corps antérieurement abattu par la perte du sang ; qui, parmi cet excès de peine, ne semble élevé si haut que pour découvrir de loin un peuple infini qui se moque, qui remue la tête, qui fait un sujet de risée d’une extrémité si déplorable67 ! […] Avec quelle finesse de jugement, comparant Pascal et Bossuet, il fait des distinctions jusque dans leur gloire commune, la plus haute où se soient élevés, dans les choses de l’esprit, des hommes mortels !
L’antagonisme est donc ici évident ; mais, même chez beaucoup de races déjà plus élevées, l’animal est condamné à périr lui-même aussitôt qu’il a engendré : tels sont la plupart des insectes. […] L’indépendance possible de la sensibilité par rapport au besoin et à la douleur, déjà manifeste pour les sens les plus élevés, est plus remarquable encore pour les plaisirs intellectuels, esthétiques et moraux dont parlent Platon et Aristote.
* * * — Il faut à des hommes comme nous, une femme peu élevée, peu éduquée, qui ne soit que gaieté et esprit naturel, parce que celle-là nous réjouira et nous charmera ainsi qu’un agréable animal auquel nous pourrons nous attacher. […] le plaisir et l’excès de toute la jeunesse élégante, bien élevée, même intelligente.
Et Gautier dans ce logis inhospitalier de tous les côtés, près de cette femme s’en reculant bourgeoisement, de crainte que son cigare ne brûle sa robe, Gautier sème intarissablement les paradoxes, les propos élevés, les pensées originales, les fantaisies rares. […] Elle s’est élevée contre les grands exemples de domination de ces femmes, honorées de la fréquentation des philosophes, des hommes de lettres ; des savants, des penseurs, contre la puissance de ces fillasses n’ayant point pour excuse un art, un talent, un nom, le génie d’une Rachel, et chez qui les plus purs vont manger les truffes de la courtisane.
Et il ajoute que Judith s’est créé, qu’elle s’est faite toute seule, qu’elle a été élevée comme un petit chien qu’on laisse courir sur la table, que personne, pour ainsi dire, ne lui a appris à écrire. […] Mardi 3 avril C’est bien l’homme le plus mal élevé, et le plus furibondement comique qui soit, que ce Charles Blanc.
On voit encore à Toulouse un exemplaire de la Philoména en langue originale, c’est-à-dire, romance ou polie, telle que la parloient alors les gens bien élevés, & surtout ceux qui vivoient à la cour. […] Dans quelque estime qu’on veuille mettre leurs auteurs, soit ceux de France, d’Espagne ou d’Angleterre, ils ne seront jamais élevés par leur nation au rang des premiers écrivains.
Dans la Mésopotamie, ils bâtirent des Babylone, des Babel, des villes, des édifices refuges contre les eaux ; en Éthiopie et dans la haute Égypte, des catacombes immenses et élevées dans le flanc des rochers, propres à contenir des populations entières. […] » C’est le Prométhée de la parole, élevé au ciel tout criant et tout saignant dans les serres mêmes du vautour qui lui ronge le cœur !
« À l’heure où, près du matin, l’hirondelle commence à gazouiller ses tristes lais, peut-être en souvenir de ses premiers malheurs, heure pendant laquelle notre âme errante pleure dégagée du corps, et, plus reprise par la pensée pour ses visions, est presque élevée à sa nature divine, — je vis en songe un aigle aux ailes d’or, etc. » On retombe bientôt dans les ténèbres d’un texte obscur et incohérent, où brillent, par moments, quelques vers de diamant comme ceux-ci : « Orgueilleux chrétiens ! […] Le style, en effet, n’a été, ni avant, ni après, ni dans les vers, ni dans la prose, élevé par personne à une plus forte saillie sculpturale, à une plus éclatante couleur pittoresque, à une plus énergique concision lapidaire que dans les chants du Dante.
Bien plus, génie, vertu, sont des manifestations, et les plus élevées, de cette énergie dont il n’a été départi à chaque peuple qu’une somme limitée, en sorte que la vie collective se dépense tout autant, plus peut-être par les héros, les martyrs, les grands hommes, que par ces générations obscures d’individus sans mérite et sans gloire dont les flots déroulent à travers quelques siècles et sur un point du globe les destinées fatalement bornées d’une nation. […] Admirable dans le détail, l’ouvrage l’est peut-être plus encore par les généralités philosophiques qui marquent, en un langage élevé, le caractère divin de cette fonction universelle.
De telles idées nationales et élevées sont perpétuelles chez Mézeray.
Ici on croit entendre dans Massillon celui à qui Louis XIV avait adressé quelques-unes de ces paroles si justes, si flatteuses, si parfaites, et qui, amateur passionné du noble et bon langage, avait regretté de ne point puiser plus souvent à cette source élevée, de ne point entendre plus souvent dans son roi l’homme de France qui parlait avec le plus de propriété et de politesse.
Ce qui était le plus important à l’âge et à l’époque de Froissart, c’était précisément d’amasser ces matériaux, de les posséder et de les disposer dans toute leur étendue et dans leur richesse ; et c’est ce qu’il a fait avec un zèle, une ardeur infatigables, et avec un sentiment élevé du service qu’il rendait à ses contemporains et à la postérité en conservant ainsi la mémoire des grands événements et des nobles prouesses.
Le duc Charles n’était jamais en reste en fait de promesses de mariage, mais ici l’offre fut des plus sérieuses : On peut aisément imaginer, dit Lassay, l’effet que fît une telle proposition sur une jeune personne dont l’âme était noble et élevée ; elle regarda un honneur si surprenant avec modestie, mais elle n’en fut point éblouie au point de s’en croire indigne.
Dans le seul portrait qu’on a d’elle, elle est représentée déjà vieille, avec une coiffure montante et, je l’avoue, un peu hérissée, le voile rejeté en arrière, le front haut, les sourcils élevés et bien dessinés, la figure forte et assez pleine, le nez un peu fort, un peu gros, la bouche fermée et pensive ; elle a de la fierté dans le port et quelque épaisseur dans la taille.
Il continuait sur ce ton élevé : Oui, il faut montrer notre humilité ; faisons donc que ce soit sans lâcheté ; demeurons capables de servir le roi à son besoin et de nous servir au nôtre, et puis ployer devant lui, quand il sera temps, nos genoux tout armés, lui prêter le serment en tirant la main du gantelet, porter à ses pieds nos victoires et non pas nos étonnements.
Né et nourri au milieu des livres, élevé dans le quartier latin, il témoigna de bonne heure des dispositions excellentes que ses parents mirent à profit.
Jung a très bien saisi ce caractère du talent de Henri IV, si l’on peut ainsi parler, et ce mélange de saillie spirituelle, d’imagination rapide et de cœur. « Pour moi, écrit Henri à la reine Élisabeth (15 novembre 1597), je ne me lasserai jamais de combattre pour une si juste cause qu’est la nôtre ; je suis né et élevé dedans les travaux et périls de la guerre : là aussi se cueille la gloire, vraie pâture de toute âme vraiment royale, comme la rose dedans les épines.
Entre l’ode élevée et le genre burlesque alors en vogue, il tient sa route aisée et il continue en français la poésie véritablement légère.
L’origine était peu de chose : un grand-père, né de quelque honnête marchand, de quelque commis au greffe, avait commencé la fortune, humblement, laborieusement ; il s’était élevé degrés par degrés, en passant par tous les bas et moyens emplois, en se faisant estimer partout, en se rendant utile, nécessaire, en sachant mettre à profit les occasions ; il avait à la fin percé, il était arrivé, déjà mûr, à quelque charge honorable et y avait assez vieilli pour confirmer son bon renom : il avait eu un fils, pareil à lui, mais qui, né tout porté, avait pu appliquer dès la jeunesse les mêmes qualités à des objets en vue et en estime, à des affaires publiques et d’État.
Grace Dalrymple, née en Écosse vers 1765, la plus jeune de trois Grâces ou de trois sœurs, fille d’un père avocat en renom et d’une mère très belle, élevée dans un couvent en France jusqu’à l’âge de quinze ans, mariée inconsidérément à un homme qui aurait pu être son père, et devenue ainsi madame Elliott, secoua vite le joug, amena le divorce, devint à Londres la maîtresse du Prince-régent, de qui elle eut une fille, puis la maîtresse du duc d’Orléans, pour qui elle vint d’Angleterre en France.
A tout moment, de belles paroles, des paroles élevées, pénétrantes, en même temps que suaves, lui échappent, et l’on s’étonne que l’on puisse avoir tant de talent, tant de ressorts dans l’âme (car il n’est pas si monotone qu’on l’a dit) avec si peu de bon sens pratique.
., tous les genres de prose élevée).
Jusqu’à démonstration contraire, encore plus convaincante que celle qu’on a essayée et qu’on a presque élevée à la hauteur d’une question de parti, car les légitimistes et M.
Et lorsque le professeur s’est levé en terminant, on se lève avec lui en foule, on sort plein d’instruction, de vues neuves, de désirs d’explication, de besoins de réponse, de controverses animées et bruyantes qui se prolongent longtemps, mais en se félicitant tous que la liberté du haut enseignement, en tant qu’elle dépend de l’équité d’un auditoire, soit consacrée chez nous par un rare exemple et dans une de ses branches les plus élevées.
La scène représente d’abord le Paradis, et le livret donne à cet égard des indications précises : « Que le Paradis soit établi sur un lieu élevé, nous dit l’auteur ou l’ordonnateur du jeu dans le cas prévu où nous voudrions monter la pièce ; qu’on tende tout autour des courtines et des étoffes de soie à une hauteur telle que les personnages qui seront dans le Paradis ne puissent être vus qu’à partir et au-dessus des épaules.
On ne saurait mieux voir ni mieux dire : « Entouré de bois et élevé au sommet d’une falaise, sur le bord de la Seine, à l’endroit où elle commence à devenir la mer, ce château domine de ses tours quelques maisons de pêcheurs et une petite vallée étroite et boisée, au fond de laquelle naît un ruisseau qui la partage, et qui vient se jeter à la Seine après avoir fait tourner un moulin.
Chimiste ou astronome, ou critique polyglotte, aimant à se poser toutes les questions, il agite surtout celle qui est la principale aujourd’hui et sur laquelle l’effort des esprits élevés est le plus grand, la question des origines.
« Cette disposition particulière, tout en divisant à l’infini le sol de la Grèce, rapproche presque à chaque pas la terre de la mer, les sommets les plus élevés des golfes les plus profonds, et étage, pour ainsi dire, tous les climats les uns au-dessus des autres.
Il reste à l’historien futur à décrire ce vaste mouvement par lequel nous fûmes cernés, à le peindre en toute connaissance de cause, avec un sentiment élevé d’impartialité envers des adversaires dont quelques-uns furent héroïques et dont les autres ne furent qu’acharnés, à faire bien comprendre surtout comment le libéralisme, le patriotisme ulcéré devint un instrument aux mains d’un état-major d’oligarques, qui, après l’avoir caressé et déchaîné pour le grand combat, ne pensèrent ensuite qu’à le réfréner sans pudeur et à le museler.
Chargé d’inspecter les hommes et les approvisionnements destinés à cette expédition aventureuse, Malouet pouvait dire : « C’était un spectacle déplorable, même pour mon inexpérience, que celui de cette multitude d’insensés de toutes les classes qui comptaient tous sur une fortune rapide, et parmi lesquels, indépendamment des travailleurs paysans, on comptait des capitalistes, des jeunes gens bien élevés, des familles entières d’artisans, de bourgeois, de gentilshommes, une foule d’employés civils et militaires, enfin une troupe de comédiens, de musiciens, destinés à l’amusement de la nouvelle colonie.
Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules.
Rien de plus trompeur que cette pensée… » Esprit élevé et candide, mais ainsi prévenu par ce qu’il appelle une longue erreur, il se doit, il doit à tous, en ses assertions d’aujourd’hui, de ne pas recommencer la même simplicité de cœur, la même crédulité aux hommes, la même enfance.
Son rare bon sens, qui, dans ses éloquents écrits, se revêt si souvent et s’arme ou se voile d’éblouissants éclairs, n’a jamais paru plus élevé, plus net, mieux discernant, aux yeux de tous ceux qui ont l’honneur de l’approcher.
» elle répond par un oui simple en rougissant. « Puis elle leva les yeux, et, n’apercevant sur la physionomie de son père aucun signe de courroux, elle se jeta dans ses bras et l’embrassa comme les demoiselles bien élevées font en pareille occasion. » Toujours un peu d’ironie, on le voit, mais qui ne fait que mieux valoir les sentiments choisis et naturels.
Il avait fini évidemment par y voir surtout un cadre commode à pensées, à sentiments, à causerie ; le petit drame qui en fait le fond n’y est plus toujours l’essentiel comme auparavant ; la moralité de quatrain y vient au bout par un reste d’habitude ; mais la fable, plus libre en son cours, tourne et dérive, tantôt à l’élégie et à l’idylle, tantôt à l’épître et au conte : c’est une anecdote, une conversation, une lecture, élevées à la poésie, un mélange d’aveux charmants, de douce philosophie et de plainte rêveuse.
Ce sont les jouissances philosophiques, et non les idées douces d’une religion élevée, qu’ils proposent pour récompense des sacrifices.
Au commencement du xviiie siècle, les « honnêtes gens » qui avaient applaudi le Misanthrope et Britannicus, et qui savaient les Fables et l’Art poétique par cœur, élevés un moment au-dessus de leur propre esprit par tous ces clairs et insinuants chefs-d’œuvre, sont retournés tout doucement à leur naturel.
Dans les deux pièces se fixe le type de la comédie, gaie en ses débuts, progressivement élevée ou détournée vers quelques scènes sentimentales ou pathétiques.
Il était égalitaire, contre la cour et la noblesse ; absolument indifférent et irréligieux, sans hostilité contre les prêtres ; aristocrate, en face du peuple, moins par conviction politique que par répugnance d’homme bien élevé.
Je ne crois à rien ni à personne ; je n’aime personne ni rien ; je n’ai ni foi ni espérance… Vous direz : Ces propos manquent un peu de nouveauté ; ceci est du plus vénérable romantisme ; Loti parle ici comme Lara, Manfred et le Corsaire, plus brutalement, voilà tout Oui ; mais Pierre Loti, élevé par bonheur en dehors de la littérature, est ici byronien sans le savoir et avec une entière sincérité.
En lisant les sermons de saint Bernard, le plus grand parmi les théologiens de cette période, je l’admire moins sur cette cime élevée où il se tient, égalant quelquefois ses paroles aux paroles sacrées, que je ne m’étonne de le voir si indifférent au détail de la vie humaine, comme s’il l’ignorait, ou le trouvait au-dessous de ses extases.
Sans pose, avec des silences, elle allait d’elle-même aux régions élevées que visite la solennité. » « Un silence, ajoute Henri de Régnier, puis le geste hiératique devenait familier.
Ma conviction intime est que la religion de l’avenir sera le pur humanisme, c’est-à-dire le culte de tout ce qui est de l’homme, la vie entière sanctifiée et élevée à une valeur morale.
Ils suivent une route toute faite et le flambeau que d’un jeune effort ils allumèrent à un esprit plus élevé, ils le portent ensuite très bas, à leur hauteur et à celle des gens qui applaudissent utilement.
Mais il a laissé des Mémoires sérieux, intéressants, d’un jugement ferme, élevé, indépendant, et qui le classent au premier rang des esprits éclairés d’alors.
Fortoul, a fait tout ce qu’on pouvait attendre d’un homme dont la jeunesse a été nourrie des vives leçons de cet enseignement littéraire élevé.
Et il lui expose les belles et grandes charges où Dieu l’a appelé, où la reine leur mère l’a élevé, et où le tient le roi Charles IX leur frère ; il craint que ce roi, courageux comme il l’est, ne s’amuse point toujours à la chasse, et ne devienne ambitieux de se mettre à la tête des armées dont il lui a laissé le commandement jusqu’ici.
Dans l’Essai ou préface que Beaumarchais a fait imprimer en tête de son drame, il expose sa théorie, qui n’est autre que celle de l’imitation pure et vulgaire de la nature ; il y révèle son absence de poésie élevée et d’idéal.
Il fut élevé avec distinction et en gentilhomme ; il finissait ses exercices à l’Académie quand il perdit son père, et il se trouva maître d’une partie de sa fortune.
La correspondance de Franklin, en ces années, est d’une lecture des plus agréables et des plus douces : l’équilibre parfait, la justesse, l’absence de toute mauvaise passion et de toute colère, le bon usage qu’il apprend à tirer de ses ennemis mêmes, un sentiment affectueux qui se mêle à l’exacte appréciation des choses, et qui bannit la sécheresse, un sentiment élevé toutes les fois qu’il le faut, un certain air riant répandu sur tout cela, composent un vrai trésor de moralité et de sagesse.
Le pédant élevé à la dignité d’argousin, rien n’est hautain comme cette bassesse.
Si les classes les plus élevées perdent quelque chose de leur élégance, les plus basses perdent de leur grossièreté ; un esprit de cordialité et de familiarité, plus vulgaire, mais plus humain, remplace la politesse des anciens temps ; les mœurs deviennent plus douces et plus fraternelles.
Néanmoins, dans l’incrédulité de son siècle, avoir eu un sentiment si juste et si élevé du christianisme, n’est-ce pas le signe d’une âme largement douée pour le beau ?
Il s’agit de refaire l’âme humaine défaite, de refaire, en vue du bonheur des époux, la famille chrétienne, fondée en vue, de l’amour des enfants ; c’est l’égoïsme à deux de cette pauvre madame de Staël, élevé à sa plus haute, non !
Benedetto Croce s’est élevé avec force, à plusieurs reprises, contre la vieille école qui croit à la réalité des genres littéraires.
Un beau meurtre, dans Grégoire de Tours, laisse apercevoir les passions aveugles et soudaines des barbares ; une cérémonie sous Louis XIV indique la politesse, la hauteur, la servilité et les jalousies de grands seigneurs oisifs et bien élevés ; une institution marque le caractère national et l’état d’esprit qui la fonde.
Il est naturellement élevé et passionné.
Tantôt l’élévation des aperçus empêche le critique d’être biographe exact ; tantôt les efforts du biographe pour être précis et fidèle empêchent le critique d’être élevé. […] Il existait à Paris une réunion d’hommes instruits, de femmes remarquables par leur rang et leur esprit, dont les classes un peu élevées de la capitale se faisaient un devoir de prendre le ton et les manières, et que la province elle-même s’empressait déjà de singer. […] Elle était faite pour y obtenir de véritables succès ; mais l’affectation dans laquelle elle avait été élevée, le faux esprit qu’on lui avait inspiré dès son enfance, lui avaient ravi tout moyen de plaire aux gens que n’avait point encore gagnés cette fièvre du mauvais goût. […] Malheureusement il ne paraît pas que cette tragédie fut de nature à vaincre la ligue silencieuse : elle n’eut que trois représentations dont le produit fut peu élevé. […] J’ai voulu que l’innocence de mon choix me répondît de mon bonheur : j’ai pris ma femme pour ainsi dire dès le berceau, je l’ai élevée avec des soins qui ont fait naître des bruits dont vous avez sans doute entendu parler : je me suis mis en tête que je pourrais lui inspirer, par habitude, des sentiments que le temps ne pourrait détruire, et je n’ai rien oublié pour y parvenir.
Enfin vient la vieillesse, où la société abdique la pensée sous l’empire de laquelle elle s’est élevée et a vécu : elle se rit des rêves de son enfance, des idées de son âge mûr ; elle se rit de l’enfer et du paradis ! […] et ne seraient-ce pas les classes élevées, ces classes qui les méprisent, qui en ont horreur, qui les jugent, ne seraient-ce pas elles qui paieraient le tribut au bourreau, si la roue de la fortune avait tourné différemment ? […] Quand les hommes commencent à douter de ce qu’ils ont cru, quand ils détruisent ce qu’ils avaient élevé, ce travail s’appelle philosophie.
C’est la tête de Bacon tuméfiée, brûlante, délirante parfois… Le matérialisme du xviiie siècle, dont Diderot fut le propagateur et le produit, n’est autre, chose que l’expérimentalisme de Bacon, — je ne lui ferai pas l’honneur de dire : élevé à sa plus haute puissance, mais réduit à son impuissance la plus basse. […] Pédantesques et solennelles quand elles sont graves, ou prétentieuses dans leur légèreté quand elles veulent être légères, ces poésies renferment des hymnes à l’amitié, pour être chantées dans son temple avec des coryphées et des prêtresses, et d’autres hymnes avec strophe, antistrophe et épode, et, à côté de cette prétintaille, des vers galants et badins, exprimant ce mélange d’épicuréisme et de vertu, de volupté et de sagesse, qui fut le vice du xviiie siècle, et qui dégoûte plus les esprits élevés et les âmes fières que le cynisme des passions hardiment montrées. […] Je l’ai dit dans un des chapitres précédents, Diderot, cet apôtre retourné en athée, est resté opiniâtrément ce qu’il était et ce qu’il avait été élevé pour être : un prédicateur.
Louise Choquet fut élevée à la campagne. […] Élevée dans les mœurs et dans les arts helléniques, elle avait la grâce, le bien dire, l’élégante familiarité, l’audace ingénieuse de sa race. […] Raymond de la Tailhède a élevé, à la manière des lettrés de la Renaissance, un tombeau poétique à son ami. […] Un Français qui fut élevé en Allemagne et qui y resta homme d’esprit, Chamisso, a écrit un conte d’un sens profond. […] Julien, élevé à l’empire, devait accomplir dans son illustre règne de quelques mois ce qu’avait annoncé la vieille aveugle.
C’est là ce qui produit cette gêne, agréable cependant ; car cet effort pour saisir le sublime a beau être impuissant, il est élevé, et nous lui devons un contentement d’ordre supérieur. […] L’art doit nous ménager à côté des petitesses des mesquineries de la vie réelle, une vie idéale qui nous repose de la première, où tout serait élevé, agrandi. […] Les questions les plus élevées, qui intéressent notre vie de la manière la plus grave, n’ont pas encore reçu de solution unanime, et la plupart ont pourtant sur ces sujets des solutions auxquelles ils donnent la plus parfaite certitude. […] Elle a été souvent remaniée et s’est élevée peu à peu de l’apologie des plaisirs les moins délicats jusqu’à l’appréciation des sentiments les plus élevés et les plus désintéressés. […] Épicure, se fondant sur l’intérêt, parvenait donc à recommander une vie assez élevée.
Arlequin ne comprend point ce qu’elle veut de lui, car il est stupide, et il la rebute, car il est fort mal élevé. […] Elle est coquette, capricieuse et assez mal élevée, mais brave et franche, et bonne, au fond, cette petite fille ! […] Tout cela, paraît-il, pour sa fille, qu’elle a parfaitement élevée. […] Il a les nobles joies du poète, de l’artiste au sens le plus élevé du mot, et il a, en outre, celles du gymnaste et du danseur. […] Même l’Académie de médecine s’est élevée, au nom de la science, contre les atrocités du régime auquel étaient soumis ces doux martyrs.
On s’est plu à représenter dans les petits journaux et les polémiques du temps ces jeunes hommes, tous de bonne famille, instruits, bien élevés, fous d’art et de poésie, ceux-ci écrivains, ceux-là peintres, les uns musiciens, les autres sculpteurs ou architectes, quelques-uns critiques et occupés à un titre quelconque de choses littéraires, comme un ramassis de truands sordides. […] Ce n’est point un produit bâtard d’Ariel et de Caliban, mais un être harmonique, figure élevée et belle comme Phœbus Apollon. […] Les Infants de Lara, Glenarvon, le Cœur et la Dot, les Mères repenties, les Sceptiques, les Mémoires de Don Juan, témoignent d’une pensée élevée, forte et poétique, que trahit parfois une exécution rebelle, mais la volonté du beau et du bien est partout. […] Monpou était un compositeur littéraire et romantique ; élevé à l’école de Choron, il avait beaucoup étudié la musique des grands maîtres du seizième et du dix-septième siècle. […] Dans Robert Macaire, ce Méphistophélès du bagne, bien plus spirituel que l’autre, il a élevé le sarcasme à la trentième puissance et trouvé des inflexions de voix inouïes et des gestes d’une éloquence incroyable.
en lui apparaît et brille le cœur noble et clément, élevé au-dessus des cruautés ou des grossièretés de son siècle.
À peine il la sentit consommée en lui, qu’il résolut de la déclarer et d’en faire profession : « La jeunesse, dit-il, est sincère et impétueuse, et un éclair passager d’enthousiasme m’avait élevé au-dessus de toutes les considérations humaines. » On peut juger du scandale : un élève d’Oxford se convertir au papisme !
Deux grands hommes du siècle, Montesquieu et Buffon, ce dernier surtout, furent aussi très libertins dans leur jeunesse et depuis ; mais l’un et l’autre avaient ce que Duclos ne soupçonnait pas, un idéal : il y avait une partie élevée d’eux-mêmes qui dominait les orages des sens et qui ne s’y laissa jamais submerger.
C’est une noble idée, et qui ne saurait être tout à fait une illusion, que plus un homme est cultivé, et plus il doit être bon ; que dans une position élevée, et avec une renommée toute faite, on est plus aisément impartial et qu’on se doit à tous.
Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !
Admirablement bien élevé par un père d’apparence modeste, et qui, dans sa longue patience, recelait toutes les ambitions, dussent-elles n’éclater au complet et ne s’épanouir que dans la personne de ses enfants, Louvois, secrétaire d’État en survivance dès l’âge de quinze ans, nourri au sein des affaires, eut l’art, auprès de Louis XIV son aîné de bien peu, de se donner comme l’élève le plus disposé à profiter des leçons du maître, et qui n’aspirait qu’à le bien servir.
L’histoire de Charles-Quint tout entière, dont Robertson semblait avoir élevé le monument définitif, a été renouvelée de nos jours par la connaissance directe des sources et des papiers d’État contenus dans les archives des divers pays, régis et gouvernés par ce puissant monarque ; l’étude des diverses branches dont se compose, en si grand nombre, ce règne étendu et complexe est devenue l’objet d’une savante émulation, et en Espagne, et à Vienne, et en Belgique surtout par les exactes et si essentielles publications de M.
Ducis ne l’y laissait point trop seul ; après une visite de quelques jours, il l’emmenait ou à Versailles ou d’autres fois à Paris ; ils y allaient voir ensemble Rousseau, encore logé rue Plâtrière, et qui, « malgré ses plaintes contre le genre humain, ne laissait pas de montrer une assez bonne gaieté72. » Ducis craignait pour son ami songeur le trop de solitude et le manque de distractions ; il aurait voulu lui en procurer d’un ordre élevé pour chasser les vapeurs : « Vous n’êtes pas encore obstrué, mais vous n’avez que trop de dispositions à le devenir : Annibal ad portas.
L’abbé Legendre, qui a écrit jusqu’à quatre Éloges de M. de Harlay, sans compter ce qu’il en dit dans ses Mémoires ; qui l’a loué une première fois en français, mais un peu brièvement40, une seconde fois en français encore41 et en s’attachant à ne mettre dans ce second morceau ni faits, ni pensées, ni expressions qui fussent déjà dans le premier ; qui l’a reloué une troisième fois en latin42, puis une quatrième et dernière fois en latin encore43, mais pour le coup avec toute l’ampleur d’un juste volume, Legendre a commencé ce quatrième et suprême panégyrique qui englobe et surpasse tous les précédents par un magnifique portrait de son héros ; je le traduis ; mais on ne se douterait pas à ce début qu’il s’agit d’un archevêque, on croirait plutôt qu’il va être question d’un héros de roman : « Harlay était d’une taille élevée, juste, élégante, d’une démarche aisée, le front ouvert, le visage parfaitement beau empreint de douceur et de dignité, le teint fleuri, l’œil d’un bleu clair et vif, le nez assez fort, la bouche petite, les lèvres vermeilles, les dents très bien rangées et bien conservées jusque dans sa vieillesse, la chevelure épaisse et d’un blond hardi avant qu’il eût adopté la perruque ; agréable à tous et d’une politesse accomplie, rarement chagrin dans son particulier, mangeant peu et vite ; maître de son sommeil au point de le prendre ou de l’interrompre à volonté ; d’une santé excellente et ignorant la maladie, jusqu’au jour où un médecin maladroit, voulant faire le chirurgien, lui pratiqua mal la saignée ; depuis lors, s’il voyait couler du sang, ou si un grave souci l’occupait, il était sujet à des défaillances ou pertes de connaissance, d’abord assez courtes, mais qui, peu à peu, devinrent plus longues en avançant : c’est ce mal qui, négligé et caché pendant plus de vingt ans, mais se répétant et s’aggravant avec l’âge, causa enfin sa mort. » L’explication que l’abbé Legendre essaye de donner des défaillances du prélat par suite d’une saignée mal faite est peu rationnelle : M. de Harlay était sujet à des attaques soit nerveuses, soit d’apoplexie plus probablement, dont une l’emporta.
Rêvez, rêvez alors… » Mais voici un dernier passage qui sort du ton sentimental et tendre, et qui, ce me semble, est éloquent, élevé, poétique à la fois et philosophique, tout un jet brillant de hardiesse et de libre fantaisie.
Il lui reproche comme une erreur, non pas précisément d’avoir pensé que, pour enrichir la langue, il ne fallait rejeter aucune des locutions populaires, mais bien d’avoir voulu les introduire et les admettre dans toute espèce de style, même dans le discours élevé.
s’écriait-il, si l’on veut me perdre auprès du roi, je prendrai la poste, j’irai le trouver ; je m’assure qu’un si grand monarque, et qui a tant de belles qualités personnelles, ne m’abandonnera point ; j’irai même servir de volontaire auprès de sa personne, en cas qu’il entreprenne quelque chose ; car j’ai fortement dans la tête de mériter son estime. » — « Mais, lui répondait-on, les princes comme Votre Altesse Royale n’ont point accoutumé d’aller ainsi ; une telle démarche surprendrait fort le roi de France. » — « Non, répliquait-il, je sais bien que je n’ai rien à craindre en me jetant entre les bras du roi, qui est aussi honnête homme que grand monarque. » Et Louis XIV, touché à l’endroit chatouilleux, s’adoucissait pour le jeune prince, dont les effusions lui arrivaient par le canal de M. de La Trousse et de Louvois, tandis que son envoyé officiel, l’abbé d’Estrades, lui écrivait dans le même temps : « L’on doit cette justice à M. le duc de Savoie que c’est un prince qui a beaucoup d’esprit, qui est fort éloigné de tous les amusements ordinaires aux personnes de son âge, et que toutes ses occupations marquent des sentiments fort élevés, et beaucoup d’inclination pour la guerre et pour les affaires. » Le duc de Savoie marchait sur ses dix-huit ans.
Il s’est élevé dans ces dernières années une assez bizarre et assez vive querelle à son sujet, et cette querelle s’est produite sous une forme qui est particulière à ce temps-ci, et qui, nous paraissant très simple à nous, paraîtra peut-être ridicule plus tard et pédantesque : c’est à propos de catalogues.
Ce qui la caractérise à jamais durant ce long supplice qui date du 6 octobre, c’était le motif qui l’inspirait, la source élevée de ses sentiments, la conscience de ce qu’elle était et de ce que la nature l’avait faite, le dévouement à ses devoirs de royale épouse et de mère, un courage de chaque heure, une constance qui ne se démentit en public à aucun moment, non plus que son air de dignité et de grâce.
Catinat, enfant de Paris, élevé dans une obscure maison de la rue de Sorbonne, aimait sa ville natale, son quartier, l’approbation de ses voisins et proches ; nourri dans ces besoins et ces habitudes d’estime, il porta au milieu des camps un principe d’honnêteté, de rectitude et de scrupule que rien n’altéra jamais.
Non, ce jeune homme de dix-neuf ans, qui n’en a pas encore vingt-cinq aujourd’hui, et qui après un voyage de près de trois années et l’interruption d’une maladie des plus graves, a pu rédiger un livre de cette précision et de cette maturité, n’est pas un simple curieux intrépide, c’est un voyageur pris au sens le plus élevé du mot, qui joint à toutes les qualités physiques et morales qu’une telle vocation suppose toutes les armes et la provision de la science la plus avancée et la plus exacte.
Sans doute avant Wolf, il s’était élevé plus d’un doute sur l’origine et la forme première de l’Iliade ou de l’Odyssée, sur l’unité de composition ou d’auteur applicable à des longs poëmes venus de si loin et transmis dans l’obscurité des âges ; mais ce n’avait été que des aperçus, des mots dits en passant, des boutades de gens d’esprit sans autorité, comme l’abbé d’Aubignac, — une phrase sagace et perçante de Bentley, — une conception philosophique de Vico ; Wolf, le premier, donna à la question tout son poids, se livra, en la serrant de près, à une démonstration méthodique, et mit le siège en règle devant la place.
Voici un passage, entre cent, où la pensée n’est pas plus élevée que l’expression : « J’adresse ma lettre pour vous au comte de Noailles (le second fils du maréchal), afin que M.
— Les genres dits nobles et élevés ne leur imposent pas le moins du monde.
La Bruyère, né proche de Dourdan, n’en était pas moins très-propre à devenir un parfait Parisien ; il suffisait qu’il fût venu à Paris de bonne heure et qu’il y eût été élevé.
Reboul de Nîmes, qui, simple boulanger, s’est élevé à des accents de poésie qu’a reconnus et salués la lyre de Lamartine.
Cette autorité, le plus souvent ils la méritent ; nés et élevés pour l’exercer, ils trouvent dans la tradition, dans l’exemple et dans l’orgueil de famille des cordiaux puissants qui nourrissent en eux l’esprit public ; il y a chance pour qu’ils comprennent les devoirs dont leur prérogative les charge
On apprend ainsi qu’il faut dans une tragédie des monologues, des chœurs, des songes, des ombres, des dieux, des sentences, de vastes couplets, de brèves ripostes, un événement unique, illustre, un dénouement malheureux, un style élevé, des vers, un temps qui ne dépasse pas un jour : tout cela pêle-mêle, sans subordination ni sens intérieur.
Quand il abordait l’histoire de France, il voyait dans l’affranchissement des communes « une véritable révolution sociale, prélude de toutes celles qui ont élevé graduellement la condition du Tiers État » : remontant plus haut, il crut trouver dans l’invasion franque « la racine de quelques-uns des maux de la société moderne : il lui sembla que, malgré la distance des temps, quelque chose de la conquête des barbares pesait encore sur notre pays, et que des souffrances du présent on pouvait remonter, de degré en degré, jusqu’à l’intrusion d’une race étrangère au sein de la Gaule, et à sa domination violente sur la race indigène ».
Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en Espagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid ; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu’il a chantée.
Il s’agirait de fixer ce qu’il faut de revenu à un homme intelligent et bien élevé pour commencer à être du monde, et ce qu’il en faut à un imbécile ou à un rustaud.
Je ne vous dirai pas que « l’Académie est un salon », parce que je crois que ce mot est une bêtise, et parce qu’il ne nous importe nullement que trente-neuf messieurs très bien élevés se rassemblent de temps en temps pour causer avec politesse au bout du pont des Arts.
Loin du monde élevé, de tous les dons des cieux Il est orné dès sa naissance ; Et du méchant l’abord contagieux N’altère point son innocence.
Renverser les aigles, détruire les ouvrages d’art élevés par les Hérodes, et où les règlements mosaïques n’étaient pas toujours respectés 175, s’insurger contre les écussons votifs dressés par les procurateurs, et dont les inscriptions paraissaient entachées d’idolâtrie 176, étaient de perpétuelles tentations pour des fanatiques parvenus à ce degré d’exaltation qui ôte tout soin de la vie.
Maxime Gérard, qu’il a élevé avec une vigilance maternelle, le prend pour un protecteur et pour un ami.
Son esprit était prompt, solide, élevé ; sa forme déliée et aérienne.
On a des Œuvres de Louis XIV, où le langage est empreint de noblesse et de bon sens, vrais modèles d’un style royal élevé et modéré.
Chez les historiens modernes, qui se sont élevés à des considérations générales et toutes raisonnées, la Providence intervient seulement par endroits et, si l’on peut dire, dans les grands moments.
Jeanne présente de l’intérêt, un intérêt élevé, mais qui se complique de roman.
Esprit exact, sincère et scrupuleux, possédant l’art d’une ironie fine, il manquait du sentiment élevé de la poésie.
Il en donne une première raison : c’est que d’Aguesseau est parlementaire avec excès, avec superstition, qu’il a été élevé, comme le disait également de lui le cardinal de Fleury, dans la crainte de Dieu et des parlements.
Né le dernier jour de février 1533, nourri dès l’enfance aux langues anciennes tout en se jouant, éveillé même dès le berceau au son des instruments, il semblait avoir été élevé moins pour vivre dans une rude et violente époque, que pour le commerce et le cabinet des muses.
… Pauvre et orphelin, j’ai été nourri du pain de votre charité. » Et il ajoute cette note de peur qu’on en ignore : « L’auteur, à l’âge de neuf ans, a été nourri six mois par les sœurs de la Charité de la paroisse Saint-André-des-Arcs, et l’on sait que, jusqu’à l’âge de dix-neuf ans, il a été élevé et nourri par charité. » J’ai insisté sur ce premier point qui avait son importance, et parce que, tout examen fait, nous en pouvons déjà conclure la méchanceté et la malice des ennemis de La Harpe, sa vanité qui s’exalte aisément, et aussi son fonds de générosité et de sincérité, « un de ces fonds propres à porter le repentir », a très bien dit de lui Chateaubriand.
Il sent autant que personne la fragilité des choses et le néant de l’ambition ; il se dit tout ce qu’on peut dire, et il rencontre même certains accents élevés et d’éloquence : J’ai vu par là, dit-il (après l’énumération des malheurs de 1712), j’ai vu culbuter mille et mille projets, les soins et les peines de vingt années, mille fortunes mêlées à cela ; la désolation de la première famille du monde ; un deuil universel.
L’homme qui s’exprimait de la sorte était déjà un écrivain d’un ordre élevé et n’avait plus qu’à poursuivre.
Paul-Louis Courier, né à Paris sur la paroisse Saint-Eustache, le 4 janvier 1772, d’un père riche bourgeois, et qui avait eu maille à partir avec un grand seigneur, fut élevé en Touraine sous les yeux et par les soins de ce père qui le destinait à servir dans le corps du génie et qui l’appliqua en attendant aux langues anciennes.
Il était temps que je finisse le mien ; ma vue se trouble le soir, je vois les objets doubles, surtout ceux qui sont élevés ou à l’horizon ; mais ma confiance est en Celui qui a fait la lumière et l’œil. » Il est dans le coup de feu de ses tableaux ; l’enthousiasme le prend lui-même en se relisant, et il jouit le premier des beautés qu’il va introduire : « Il y a eu des moments, s’écrie-t-il, où j’ai entrevu les cieux, éprouvant, à la vérité, dans ce monde, des maux inénarrables. » Il sent qu’il a le charme ; le vieux censeur théologien qu’on lui a donné est séduit lui-même, et n’a pu s’empêcher de dire que c’était divin, délicieux : « Je sais combien il faut rabattre de ces éloges, mais ils me font plaisir.
En ma qualité d’homme bien élevé, il n’y a qu’à remercier.
Il a élevé une sucrerie près de l’Escurial, il a construit des chemins de fer dans le Maroc, posé des télégraphes dans l’Amérique méridionale.
La nature, plus l’humanité, élevées à la seconde puissance, donnent l’art.
Mais son génie ne s’est jamais élevé au-dessus des plafonds des appartements bourgeois.
Samako Niembelé m’a rapporté le fait suivant : « Il y a à Kayes un nommé Diéna Moussa qui passe pour avoir été élevé par les faro.
« Le sens esthétique étant le mode le plus élevé de la jouissance et participant du fonctionnement régulier des autres sens, pour en assurer à tous les hommes le développement complet, nous devons réclamer pour chaque individu la plénitude des jouissances matérielles.
Si élevé et même si tendu qu’il soit quelquefois, Édelestand du Méril ne craint pas d’employer l’expression moderne et même basse, et de rappliquer brutalement aux choses antiques, pour faire saillir les analogies qui existent entre le monde moderne et l’antiquité.
car ce sont les défauts des esprits élevés, qui dédaignent les idées et les formes communes et qui, pour les éviter, se jettent un peu trop loin et manquent la simplicité… Trop de zèle !
C’est parce qu’il est, dans tout ce que nous abhorrons le plus, — la haine et la négation des choses religieuses, — un esprit des plus bas, quand Stendhal garde encore, dans cette haine et dans cette négation, une âme élevée… Stendhal, qui est sorti par les années bien plus du xviiie siècle que Mérimée, Stendhal, qui avait été soldat de l’empereur Napoléon, a pour le catholicisme qu’il n’a pas étudié et qu’il ne connaît pas, mais qu’il aurait adoré s’il l’avait connu, un mépris soldatesque mêlé de voltairianisme ; mais dans ce mépris et dans cette haine, Stendhal n’a jamais été un goujat, tandis que Mérimée, sans excuse, en a été un d’expression et de pensée qui aurait répugné à la noblesse fondamentale de l’âme de Stendhal !
cette correspondance, sortant tout à coup du carton d’une chancellerie, et de laquelle il résultait que l’auteur du Pape se moquait du Pape, que le comte de Maistre, dont le nom s’est élevé jusqu’à la hauteur d’une doctrine, n’était plus de Maistre, et que la vie de ce grand honnête homme avait les contradictions et peut-être les mensonges des petites gens de ce temps-ci.
Un gouvernement qui vise l’unification sociale peut trouver son compte à élever ceux qui étaient abaissés, comme à abaisser ceux qui étaient élevés.
Après avoir dit qu’expliquer un fait, c’est le déduire d’un autre fait inexplicable, il reprend : « La science sera complète quand elle saura dériver l’ignorance de sa source la plus élevée. » Plus loin : « On ne divise pas l’homme ; on ne fait pas au scepticisme sa part.
C’est une force ou faculté, portion du tout, mise à part, élevée au-dessus de toutes les autres.
Un homme d’esprit, votre unique successeur, a passé sa vie à en distinguer vingt-cinq ou trente, à compter les trente ou quarante inclinations primitives, à démêler en nous l’instinct de monter sur les lieux élevés.
Encore, à six ans, eut-il l’occasion de regretter les troupes du roi qui logeaient des balles dans les jupes de sa grand-mère aux assemblées du Désert, puisque la Révolution guillotina son père, confisqua ses biens, et que sa mère dut l’emmener à Genève, où il fut élevé. […] Fille de pasteur, sans autre fortune que la fraîcheur de sa beauté et de sa conversation, portant avec une grâce sérieuse ce qu’on appelait un esprit élevé, reine du pays de Vaud, elle avait, comme une bergère un roi, épousé le banquier genevois. […] Guizot, élevé à Genève, et plus genevois encore que Mme de Staël, allait jouer sur la scène politique, à des risques et périls qui apparurent en 1848, le drame même des idées politiques staëliennes. […] Élevé par les Jésuites italiens, ne donne-t-il pas carrière en lui au virtuose ou au ténor de la théocratie ? […] Il y a à ce sujet un curieux dialogue de Sainte-Beuve avec Ballanche : « Comment, demandait Ballanche, M. de Lamartine est-il si populaire en même temps qu’il est si élevé ?
— mais protester, dans l’intérêt même de la littérature, contre un entraînement qui ne peut qu’achever sa décadence, étouffer tout ce qui lui reste d’aspirations honnêtes et élevées, et abaisser d’un degré encore le niveau déjà si bas de l’imagination et de l’art modernes. […] qu’il soit exclusivement composé d’âmes poétiques, élevées, éprises d’idéal ? […] Hugo s’est assis à son pupitre pour versifier sur l’amour comme un pianiste s’assied devant son clavier pour exécuter une variation brillante qu’il intitulera plus tard Échos du cœur ou Brises de l’âme, à l’usage des demoiselles trop bien élevées. […] Peindre « sa taille élevée et souple, ses cheveux abondants, soyeux, d’un blond sévère, son sein gonflé d’impression, son profil légèrement aquilin, l’énergie de sa structure, la gracieuse cambrure de son cou, sa tête et le port de sa tête rappelant trait pour trait en femme celle de l’Apollon du Belvédère en homme », est-ce donc de la critique ? […] C’est ici que le livre de M. de Tocqueville va nous offrir des leçons d’une portée aussi instructive et d’un ordre encore plus élevé.
Puis, c’est madame la vicomtesse de Noailles qui disparaît à son tour, la vraie grande dame française, raison élevée, grâce exquise, aménité parfaite, conversation pénétrante et douce, une âme charmante ; et tout récemment, pour clore cette liste funèbre, madame Sophie Gay, la plus vivace, la plus alerte, la plus éveillée à toutes les curiosités de l’esprit, de cette spirituelle phalange. […] La jeune Sophie de Lavalette fut élevée chez madame Le-prince de Beaumont, le poëte de la Belle et la Bête, du Prince charmant, du Magasin des Enfants ; madame Gay s’est sans doute souvenue de son institutrice en écrivant plus tard, pour le Musée des Familles, de délicieux contes enfantins ; elle puisait à bonne source, elle était là avec madame la duchesse de Duras, l’auteur d’Ourika, et d’autres petites filles qui sont devenues de très-grandes dames. […] Son dessin arrêté et repassé à la plume, comme font certains peintres pour ne pas perdre leurs contours, Béranger le remplissait et le colorait, laborieusement quelquefois, avec une touche ferme, nette, exacte, sans grande ardeur de ton, mais de ce gris nuancé qui est comme la palette du génie français, ennemi, en tous les arts, des emportements, des violences et des audaces. — Quoiqu’il se fût volontairement restreint (et souvent la contrainte lui coûta) à un genre qu’il a fait élevé mais que jusqu’à lui on regardait comme inférieur, il eut toujours souci, en vrai artiste, du rhythme et de la rime sans pourtant les faire prédominer comme quelques-uns l’ont fait. […] Il serait curieux de comparer la nouvelle intitulée William Wilson, où Edgar Poe décrit, avec les mystérieux grossissements de l’enfance, le vieux bâtiment du temps de la reine Élisabeth où son héros est élevé avec un compagnon non moins étrange que Louis Lambert ; mais ce n’est pas ici le lieu de faire ce rapprochement, que nous nous contentons d’indiquer. […] De là ces folles inquiétudes qui s’emparent tout à coup de certains esprits, ces besoins de s’envoler comme en sentent les oiseaux de passage élevés en captivité, ces départs soudains qui font qu’un homme quitte les jouissances d’une vie confortable, luxueuse, pour s’enfoncer dans les steppes, les, pampas, les despoblados et les sahara, à travers toutes sortes de fatigues et de périls.
Le souvenir de mes égarements répandit sur ses derniers jours une grande amertume ; elle chargea en mourant une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. […] D’ailleurs une âme élevée et un grand courage. […] Il a vu Lucile dans le même décor, à peu près, où il place la petite druidesse « … Elle me prit par la main, et me conduisit sur la pointe la plus élevée du dernier rocher druidique… Velléda tressaille, étend les bras, s’écrie : on m’attend ! […] Changer de religion, ce serait se démentir soi-même, et démentir les aïeux qui vous ont légué la religion où vous avez été élevé. […] Il ne manque jamais d’employer les anciennes formules de modestie des hommes bien élevés (ce que Chateaubriand fait d’ailleurs aussi quelquefois).
Tout cela lui marque dans l’histoire de notre théâtre une place élevée et en dehors. […] Est-ce que ce n’est pas moi qui t’ai élevée, qui ai fait de toi ce que tu es ? […] Pauline, en dépit de sa faute, était une personne bien élevée et qui avait des vertus. […] Ce fils, Réboval l’a élevé sévèrement » et en lui faisant énormément de morale. […] Elles se sont élevées toutes seules, c’est-à-dire assez mal.
L’enfant, en France, est élevé par ses parents dans la haine d’une certaine catégorie de Français ; et la première chose, presque, qu’on lui désigne, c’est un ennemi, très proche, quelqu’un, à côté de lui, qu’il faut s’habituer à détester et à injurier sans motif très précis ; mais pour montrer qu’on est le fils de son père. […] Pour ce qu’elles ont de bon, on peut les garder, chacun la sienne et, tout compte fait, je garde celle dans laquelle on m’a élevé. » Oui, un homme naissant après le xvie siècle, en France, pouvait raisonner à peu près de cette façon. […] Les Français catholiques, élevés très librement dans des maisons catholiques, n’avaient aucune raison d’être froids à l’égard d’un pays qui ne violentait ni ne contrariait leurs idées et sentiments et qui ne leur demandait que de rester Français. J’ai connu beaucoup de jeunes gens élevés dans ces maisons. […] Son alliance avec le pape l’avait élevé au trône ; elle contribuait maintenant à l’en faire descendre.
Timothée Trim n’est plus auprès d’eux qu’un gamin élevé au biberon Larousse. […] Blanca, dans le Dernier des Abencérages, voit venir Ben Hamet du haut du rivage : « Elle aperçut une longue barque dont la proue élevée, le mât penché et la voile latine annonçaient le génie des Maures. […] Daudet les délicatesses, le rire, l’émotion et les larmes ; avec les de Goncourt, elle a creusé les nuances raffinées et les sensations extrêmes ; elle s’est élevée chez Guy de Maupassant en vivifiant l’âme aussi bien que la nature ; avec M. […] Né d’un père d’humeur farouche, élevé par une mère rêveuse et délicate, René de Chateaubriand a apporté an naissant deux traits essentiels d’atavisme : une sensibilité prodigieuse et un goût d’ennui sombre que la solitude du vieux manoir développa dans l’étouffement de ses grands murs à créneaux. […] Il veut « qu’à l’énergie du dessin on ajoute le « coloris » ; qu’on « donne à chaque objet une forte lumière » et qu’on « forme de chaque suite d’idées un tableau harmonieux et mouvant, pour que le ton soit non seulement élevé, mais sublime ».
L’écoulement du temps et des choses, (craignez qu’on vous appelle avant la fin du livre, hâtez-vous d’écouter, de regarder, de vivre) l’inanité de la vie, (je n’ai que peu d’amour pour les choses qui durent ……………………………………………………… ce que j’aime surtout, c’est les choses qui meurent) la cruauté de la mort, (que c’est triste mourir, oh, que mourir est triste) l’insensibilité de la nature, (Ô nature, on a bien raison de te haïr) ces thèmes — l’essence de toute poésie élevée — circulant dans les profondeurs de l’ouvrage comme dans l’âme du poète, lui confèrent l’élévation et la solidité. […] On y retrouve tout un personnel de convention qui a traîné partout, aristocrates ruinés et charmants, bourgeoises évaporées, et la jeune fille honnête sous ses dehors légers ; une abondance de duchesses qui seule est particulière, mais qui est rachetée par une abondance de douairières de convention ; des grues bonnes filles, et le garde-chasse avec l’ancien officier sentimental, et l’enfant illégitime élevé à l’étranger, et le médecin libre-penseur, et le financier inévitablement juif : tous les pantins du répertoire. […] Il ne se donne pas pour un voyageur, mais il a l’expérience des pays étranges comme un homme bien élevé a l’habitude du monde. […] S’efforce-t-il d’accorder son ton avec celui des grandes œuvres qui composent le répertoire de cette illustre maison, on lui en sait tant de gré que l’on ose à peine remarquer qu’il n’y réussit pas toujours, et, quoique cette fameuse scène soit en principe consacrée à ce qu’il y a de plus élevé dans la littérature, on continue à le faire bénéficier de cette indulgence un peu dédaigneuse que l’on accorde à ce qui ne touche en rien l’art ni la littérature. […] Les personnages de cette scène — comme tous ceux de ce théâtre — n’existent point par eux-mêmes, mais par leur emploi, dans ce qu’il a de plus conventionnel : c’est l’aristocrate et le financier, comme c’est ailleurs la douairière, la jeune fille mal élevée, le trottin, la sociétaire, l’académicien, le cocu, l’amant de cœur, le curé de campagne et le viveur.
Mardi 17 janvier L’on parle d’une batterie prussienne élevée à la Porte Jaune, près Saint-Cloud, qui, sous peu de jours, doit rendre Auteuil intenable. […] Dans le bas de la grande rue, la trace d’un chaud combat, trace qui s’efface et disparaît dans la partie élevée, où apparaît seulement, par-ci par-là, une éraflure blanche sur un mur. […] Mardi 27 juin En nous promenant avec de Béhaine dans la forêt de Carnel, nous causons tristement des destinées de la France, de sa dissolution, de sa mort, ou tout au moins de la mort de la société dans laquelle nous avons été élevés. […] Il est curieux d’entendre son rude mépris à l’endroit des misérables pratiques de la religion, et des vieilles filles qui deviennent bigotes : on sent que la grandeur de ses devoirs l’a élevé naturellement, au-dessus des petitesses de la religiosité. […] Un joli mot de Saint-Victor à propos de l’éducation universelle : « F… pour moi, j’aime mieux un homme élevé par une ballade que par la prose de Timothée Trimm !
ils sont peut-être plus heureux que toi et moi. » On sent que Musset est en proie au malaise qui s’empare souvent des très jeunes gens lorsqu’ils s’aperçoivent, au moment de commencer à penser par eux-mêmes, qu’ils sont devenus étrangers au cercle d’idées dans lequel ils ont été élevés. […] Elles auront été poètes elles-mêmes pendant toute une soirée, et se seront ainsi élevées d’un degré sur l’échelle des créatures. […] Elle s’était forgé, vis-à-vis de Musset, plus jeune de six ans, un idéal d’affection semi-maternelle qu’elle croyait très élevé, tandis qu’il n’était que très faux. […] Musset a pensé à faire la différence entre la jeune fille élevée dans sa famille et celle qui a été élevée au couvent.
Elzéar Bayonne, Rose Esther, Kermaheuc, Cantador, sont créés devant nous, forgés, élevés, pour devenir des personnages représentatifs, des chefs de file, des étiquettes sur une série. […] Au point central de la Gaule, au Puy-de-Dôme, les chrétiens n’ont rien élevé sur le temple détruit du Mercure gaulois. […] Quand son époux revenu tue tous les prétendants, elle commençait à aimer le dernier arrivé, le seul modeste et bien élevé d’eux tous, Aristonoos. […] Beaunier et M. de Miomandre, qui, ayant songé que le plaisir, fraîcheur précaire de notre vie, pouvait à lui seul animer un roman, avaient élevé dans le feuillage un autel gracieux au petit dieu qu’ils servaient. […] Il y a dans l’homme le silence bas, l’air des vallées, qui provient de la timidité, et le silence élevé et glacial, l’air des cimes, qui provient de l’orgueil.
Les règles, les conditions particulières de la poésie et qui importantes pour elle, deviennent moindres dans l’ensemble de la Littérature, ont été élevées sur un plan plus haut que leur plan rationnel, érigées en dogmes capitaux et sacrées lois fondamentales, là où elles n’auraient dû passer que pour accessoires. […] Si aujourd’hui les obscurs ouvriers des villes et des campagnes vivent sous le régime d’une constitution plus élevée en liberté et en justice, plus harmonieuse que les formes anciennes ; s’ils intéressent en tant que classe inférieure les élites de la pensée et du gouvernement, c’est ce que ces élites se sont pénétrées des conceptions jaillies du cerveau des philosophes et des écrivains. […] Le pithecantropus érectus a dépouillé son pelage et laissé tomber sa queue ; élevé, élargi son front.
Il faut et il suffit que l’oblique prolongée au-dessous de B s’écarte assez de la première parallèle pour qu’une perpendiculaire CD élevée en un point C de l’oblique égale la distance des deux parallèles. […] En conséquence, on pourra marquer d’avance le point où l’oblique rencontre la seconde parallèle : il suffira de prendre sur la première parallèle une longueur BN égale à BD × x ; la perpendiculaire à BN élevée jusqu’à la rencontre de la seconde parallèle rencontrera cette dernière au point où l’oblique l’atteindra. […] Quand, après avoir élevé mes deux perpendiculaires sur une base, je les suis indéfiniment par l’imagination sans pouvoir admettre qu’en un point quelconque du trajet elles se rapprochent, c’est qu’involontairement et sans le savoir j’emporte avec elles la portion de base interceptée par leurs pieds, et qu’à tous les moments du parcours cette base, toujours la même dans mon esprit, se fait vaguement reconnaître à mon esprit comme toujours la même. — Mais, quoique la raison soit le véritable ouvrier de la conviction finale, l’indice que fournissent les sens est très précieux.
Ces manœuvres, aperçues d’un plateau un peu élevé, me font l’effet de rangées de petits soldats de plomb, que je verrais comme d’un ballon captif… C’est amusant par exemple, la vie, l’animation données par les manœuvres dans les villages, et les hommes et les femmes sur le pas des portes, et les enfants, les yeux ardents… Au retour, les jolis croquis pour un peintre : l’envahissement des cafés de village, les consommateurs, en l’effarement des servantes, allant eux-mêmes chercher au cellier, le vin, la bière, et l’encombrement de la rue par les voitures qui n’ont plus de place dans les écuries, par des chevaux attachés à un volet, et au milieu de la bousculade et du brouhaha, le défilé des soldats, des cavaliers couverts de poussière. […] Le compartiment de première est envahi par des Allemands, qui se montrent mal élevés, autant que des Anglais en voyage, avec une note de jovialité peut-être plus blessante. […] Et je ne pouvais détacher mes yeux du bouleau verruqueux, avec ses taches blanchâtres sur ses rugosités vineuses, du cerisier merisier, avec son enrubannement coupé de nœuds, qui ont quelque chose du dessin contourné d’une armoirie de la Belle, du fagus, du hêtre, comme tacheté, moucheté d’éclaboussures de chaux, sur son lisse si joliment grisâtre, de l’épicéa élevé, avec son écorce qu’on dirait sculptée sur toute sa surface de folioles rondes, du populus canescens, au joli ton verdâtre, qu’avaient autrefois adopté comme fond, les grisailles amoureuses du xviiie siècle.
Une fille assez mal élevée, fiancée à un cousin qui ne l’aime guère, s’éprend d’un jeune écrivain de talent ; tous deux croient s’aimer et s’aperçoivent bien vite que l’amour vrai n’est pas de la partie. […] Il y en avait une, assez belle et d’un prix élevé, mais qu’on pouvait me laisser à bien meilleur marché. […] C’est à un érudit de premier ordre, à un écrivain dont la plume fuit les aridités pédantesques, à un conteur charmant, à notre éminent confrère Auguste Vitu que les éditeurs se sont adressés pour obtenir ce livre qui est un véritable monument élevé à la gloire de Paris. […] Je m’arrête et je renvoie le lecteur à ce livre, véritable monument élevé à l’impérissable beauté que l’art a mission de représenter sur la terre. […] Comprenant l’impossibilité de diriger sur une autre candidature réactionnaire le courant de l’opinion, ce Comité, composé de royalistes bien plus que d’impérialistes, très rare, encore dans les classes élevées, soutenait résolument celle du Prince.
Tel cet autre où il affirme qu’un officier élevé par les jésuites (ce qui devait être, quarante-cinq ans plus tard, le cas de Foch) ne battra jamais un officier allemand de grade égal. […] Les magistrats de l’ordre le plus élevé, les magistrats de la forme pure et du Droit en quelque sorte métaphysique, sont aussi les plus centralisés de tous. […] Quand elle ne sent pas ce qu’elle dit, quand elle est en représentation, elle bavarde à la façon d’un perroquet, ou d’un merle élevé par un socialiste révolutionnaire. […] Ayant vécu, observé, élevé des enfants, j’affirme que l’éducation (sur laquelle repose l’instruction) est impossible, elle-même, sans la religion. […] A l’intérieur de ce monument élevé à l’Erreur, reposent le grand sexuel verbal Hugo, dans la pourpre de ses insanités lyriques et épiques, le grand fécal Zola, officiant de cet Etron Suprême, qui est le dernier mot de la mystique révolutionnaire, et l’inénarrable viscère gambettique.
Les huit chapitres qui composent Étienne Mayran sont l’humble récit de la plus humble aventure : Étienne est un garçon de quatorze ans, très intelligent, très sensitif, élevé d’une façon excentrique et à demi sauvage dans une petite ville de province. […] » C’est qu’il avait été élevé dans un pays et dans un temps où royalisme et chouannerie étaient synonymes. […] Un gentilhomme de mœurs faciles à qui le plaisir a désappris toute croyance, sans ternir en lui le culte de l’honneur, épouse une jeune fille pieuse, élevée dans la pureté d’un milieu provincial, Mlle Aliette de Courteheuse. […] Quelle preuve avons-nous qu’élevée autrement, elle eût agi autrement ? […] Si les unes sont plus élevées que les autres, toutes ont une part de réalité, à côté de leurs erreurs, en ce sens qu’elles représentent toutes des moments de notre développement.
La morale, c’est la science des mœurs, c’est l’art de vivre, ou plutôt l’art de soumettre sa vie à l’autorité de la conscience, de l’assujettir à des principes assez élevés et assez puissants pour dominer l’existence. […] Ainsi la lettre de Gargantua à son fils Pantagruel, trouve des accents graves et élevés. […] Cette valeur, qui « n’est, dans les simples soldats, qu’un métier qu’ils ont pris pour gagner leur vie200 », qu’est-elle chez les vaillants d’un ordre plus élevé ? […] Ses sentiments moraux font honneur à sa profession de christianisme ; on trouve chez lui beaucoup d’idées élevées. […] Son mérite principal, à part toutefois ses sentiments honnêtes et élevés, est plutôt un mérite d’écrivain que de philosophe.
Les Athéniens ne croyaient pas qu’on pût présenter sur leur théâtre une esclave phrygienne comme une héroïne de vertu ; cet excès de grandeur leur aurait paru trop supérieur aux sentiments d’une femme élevée dans ces pays qu’ils appelaient barbares : les reines et les princesses, alors condamnées par le droit de la guerre à porter les fers du vainqueur, ne songeaient pas même à résister aux désirs du maître que le sort leur avait donné. […] Les critiques se sont élevés contre un amant brutal, qui dit à une jeune veuve : Épouse-moi, ou ton fils est mort. […] Andromaque est chez Euripide ce qu’elle était réellement, la fille d’un petit roi de Cilicie, mariée au fils d’un petit roi de Phrygie, imbue des préjugés grossiers de son pays et de son siècle, élevée dans les principes de l’obéissance aux hommes, et n’ayant jamais lu un roman. […] Racine n’a pas agi en homme d’esprit, mais en homme de génie, lorsque sur une scène aussi romanesque que la nôtre il a montré l’amour physique dépouillé de toute la noblesse et de tous les raffinements que lui prêtent l’imagination et la chevalerie : Roxane est une véritable sultane ; elle aime, comme les esclaves de Géorgie et de Circassie, renfermées dans les sérails, et non pas comme les héroïnes des romans, ou comme les princesses bien élevées que les sens ne subjuguent jamais, et qui ne sont esclaves que de l’honneur de leur sexe. […] Dans cet heureux espoir je l’avais élevée : C’est vous que nous cherchions sur ce funeste bord ; Et votre nom, seigneur, la conduit à la mort.
Ajoutez qu’il y avait eu renforcement des éléments de conservation par suite de l’action accrue, au point de vue éducatif, de congrégations qui furent, sous le second Empire et au début de la troisième République, plus ou moins favorisées, avant d’être plus ou moins persécutées : l’enseignement religieux contribuait à maintenir les anciennes mœurs, les anciennes conceptions sur la morale sexuelle, surtout chez les femmes, élevées presque uniquement au couvent ; et ainsi, il y a trente ans encore, Le Lys dans la vallée pouvait rester, pour les Françaises, le bréviaire de leurs aspirations, de leurs remords, de leur façon d’envisager l’amour. […] C’est d’ailleurs, sur un plan que je reconnais plus élevé, ce qui fait aussi que les Annamites se pressent aux représentations des comédies de Molière, transposées dans leur langue, alors qu’ils ne songent pas à traduire celles de Henri Bataille ; au xviie siècle les conceptions qu’avaient les Français de la famille, des hiérarchies sociales étaient assez proches de celles que gardent ces Orientaux. […] Seulement, ces conceptions, il les avait transformées, il les avait élevées à la hauteur de son talent, de son génie, en remontant jusqu’aux sources les plus pures de l’hellénisme, et — ce qui l’aurait bien surpris si on le lui avait fait remarquer — en conservant parallèlement une croyance enracinée au dogme initial du christianisme, celui du péché originel. […] C’est, on pourrait le croire, la conviction qui, de plus en plus, a nourri, élevé son talent. […] Baslèvre, la meilleure œuvre d’Estaunié), une spiritualité délicate, une sorte d’ascèse épurée, sublimisée, silencieuse, sans but apparent, sinon l’imitation de la morte des vertus de la morte, qui ne l’est pas en réalité — puisqu’elle continue à vivre en lui — et sans doute ailleurs sur un autre plan de l’univers… Toute une morale, très élevée, issue de ce spiritualisme partout latent, est alors suggérée, non exprimée.
Mais j’irais trop loin en parlant ainsi ; on ne saurait trop se méfier de ces jugements absolus en telle matière, et l’Apologie renferme sur Zoroastre, Orphée et Pythagore, sur toutes ces belles âmes calomniées, ces génies des lettres, Omnes cœlieolas, omnes supera alla tenentes, des pages élevées, presque éloquentes, qui indiquent chez lui le sentiment ou du moins l’intelligence du Saint plus que je n’aurais cru. […] Il étoit de taille élevée, de corps allègre et dispos. » (Voir l’Éloge latin de Naudé, par Pierre Hallé.)
Après avoir nommé les personnes les plus considérables qui étaient de l’intimité de M. de Méré, l’abbé Nadal continue en ces termes : « C’étoit là toute sa société, si on ose y ajouter encore une personne illustre dont le nom emporte toutes les idées les plus sublimes de l’esprit, de la vertu, de la grandeur d’âme et de tant d’autres qualités qui mettent encore-au-dessous d’elle tout ce que la fortune a de plus élevé et de plus éblouissant. […] Ainsi, à travers les fatuités de cette lettre qui nous paraît si étrange de ton, il savait très-bien indiquer le côté faible de Mme de Maintenon, lui dénoncer cet oubli où on l’accusait de laisser tomber insensiblement ses relations du passé : « On s’imagine que vos anciens amis ne tiennent pas en votre bienveillance une place fort assurée. » Il l’avertit qu’on lui reprochait à la cour de n’aimer à favoriser que des gens déjà élevés et par eux-mêmes en faveur.
Il me semble au contraire, que c’est par les principes mêmes du véritable enthousiasme, c’est-à-dire, de l’amour du beau moral, qu’on peut aisément montrer, combien la résignation à la destinée est d’un ordre plus élevé que la révolte contre elle. […] — Oui, diront quelques individus malheureux, nous nous soumettons à la balance des biens et des maux, que le cours ordinaire des événements amène ; mais quand nous sommes traités en ennemis par le sort, il est juste d’échapper à ses coups. — D’abord le régulateur, qui détermine le résultat de cette balance, est tout entier en nous-mêmes : le même genre de vie, qui réduit l’un au désespoir, comblerait de joie l’homme placé dans une Sphère d’espérances moins élevée.
Pour dire un homme bien élevé et distingué, on disait alors « un cavalier accompli » ; en effet, il n’avait toute sa prestance qu’en selle et sur un cheval de race comme lui. — Autre goût de gentilhomme, qui est une suite du précédent : la chasse. […] Mme d’Oberkirch, I, 395. — Le baron et la baronne de Sotenville, dans Molière, sont des gens bien élevés, quoique provinciaux et pédants.
IV Cependant Napoléon se hâte de profiter de la stupeur d’Austerlitz pour expulser les Bourbons de Naples ; son frère Joseph est élevé au trône des Deux-Siciles. […] Quelques femmes qui, d’après leur langage et leurs vêtements, paraissaient être des personnes d’un rang élevé, reçurent autour d’un grand feu ce groupe d’officiers français que, par crainte autant que par politesse, on se serait bien gardé de mal accueillir.
L’élégance de sa taille élevée était à peine altérée par une difformité corporelle : il boitait. […] Or le royaume-uni hollando-belge, on ne le cachait pas, était un rempart élevé par l’Angleterre et la Prusse contre des invasions éventuelles de la France, champ de bataille fortifié, que les Anglais avaient le droit de surveiller et d’occuper en cas de guerre.
» Son enfance est d’un Éliacin élevé dans l’ombre du sanctuaire par de saints hommes très graves et très naïfs. […] Dans Mademoiselle Jaufre, qui est peut-être son meilleur ouvrage, il développe une sorte de corollaire du mot de saint Paul sur la « loi » qui « fait le péché », et, nous contant l’histoire d’une fille élevée selon la nature par un père à théories, il montre comment, à cette âme primitive, c’est le péché qui révèle la loi. — L’inspiration de la Confession d’un amant est plus chrétienne encore, et il s’y ajoute le tolstoïsme filtré de MM. de Vogüé et Desjardins.
Mais il est d’autres romanciers populaires, qui se proposent un but élevé, moralisateur, social et littéraire, prouvant une observation exacte de la vie. […] Mais il y en a dans tous les genres, et l’exception n’empêche pas qu’il existe dans la catégorie des feuilletonistes comme dans les plus élevées, des écrivains, sans doute modestes, des écrivains dont vous avez tout le droit de discuter les œuvres, mais qui ont la très légitime prétention de ne le céder à aucun, au point de vue de la probité littéraire et qui, s’ils n’y réussissent pas toujours, font toujours de leur mieux pour apporter leur toute petite pierre, le simple grain de mortier si vous voulez, à l’immortel édifice des Lettres Françaises.
Mais en revanche, l’histoire de Martin, devenu le type de l’Église anglicane, élevé par Harry Huff, affermi par Bess, mis en danger par les gens venus du Nord, asservi un instant par Jacques, relevé par des amis secrets de Pierre, bientôt menacé par eux et appelant contre eux des étrangers, redevenu enfin le maître et ne rêvant plus que la destruction de Jacques, compensait, par sa vigueur railleuse, le plaisir que pouvait donner aux amis de l’Église anglicane la peinture satirique des égarements de leurs adversaires. […] Le charme qui avait entraîné Stella vers son maître, agit avec autant de force sur l’esprit élevé, sur le cœur aimant de Miss Vanhomrigh.
Et à la suite de cette séance, impossible de réunir Thiers et le comte d’Arnim : Thiers boudant le comte, et le comte, qui était un homme distingué et bien élevé, ne se souciant plus de se rencontrer avec ce cacochyme pleurard. […] Samedi 3 mai Je ne connais rien de bête, comme ces reconstitutions d’un monument historique dans un lieu autre, que celui où il a été élevé jadis, et cette Tour du Temple, refaite au bas de Passy, pour la grande Exposition de l’année dernière, jette un complet désarroi dans ma cervelle d’historien de la Révolution, quand un peu somnolent, je l’aperçois à travers la buée de la vitre du fiacre qui me ramène, le soir, chez moi.
Il fallait un sentiment aussi élevé, imitateur de l’état mystique, pour avoir raison d’un sentiment aussi profond que l’égoïsme de la tribu. […] Mais il est inutile d’énumérer les objections élevées contre la démocratie et les réponses qu’on y fait.
Il s’était élevé en France une multitude d’hommes d’une éloquence forte et barbare, tels que notre fabuliste nous représente le Paysan du Danube, qui avaient bien mieux découvert que les orateurs des Assemblées nationales les voies de la persuasion et de l’entraînement, qui entraient bien plus avant dans les pensées, dans les passions, dans les préjugés, dans les intérêts imaginaires ou réels des dernières classes du peuple, qui sont les plus nombreuses.
Ce qui manque le plus à cette Épître, c’est le mouvement et la variété, ce sont les contrastes ; puisque le poète introduit ce Brutus qui ne s’en doute pas, il pouvait lui prêter des idées, des images et des tableaux frappants qui eussent tranché avec les idées morales et élevées du prisonnier.
Il n’est jamais ni fort, ni élevé ; ni fade, ni plat.
Il se plaint, en terminant, de tout le monde : « C’est ce qui s’est passé en cette seconde guerre, dit-il, où Rohan et Soubise ont eu pour contraires tous les grands de la Religion de France, soit par envie ou peu de zèle, tous les officiers du roi à cause de leur avarice, et la plupart des principaux des villes gagnés par les appâts de la Cour… Quand nous serons plus gens de bien, Dieu nous assistera plus puissamment. » Par cette paix les réformés obtenaient ce qui à leurs yeux était l’essentiel, la subsistance des nouvelles fortifications qu’ils avaient élevées dans la plupart des petites villes du Midi, c’est-à-dire la faculté de recommencer la guerre.
Vous êtes mère, madame, et philosophe, quoique dévote ; vous avez élevé un fils, il n’en fallait pas tant pour vous faire penser.
Marie-Joseph Chénier continuait de tout admirer de Voltaire, et l’épître qu’il lui adressa put devenir le programme brillant du peuple des voltairiens : mais les gens de goût et dont en même temps l’esprit s’ouvrait à des aperçus d’un ordre plus élevé, des hommes tels que M. de Fontanes, par exemple, savaient fort bien concilier ce que méritait en Voltaire l’auteur charmant, et ce qui était dû au satirique indécent, au philosophe imprudent, inexcusable.
Son mobile d’ailleurs n’est pas plus élevé en cette occasion que dans toutes les autres ; il ne songe qu’à se rendre nécessaire, à se faire un sort, comme on dit, du côté de l’abbé Bossuet, en lui prouvant qu’il est l’homme indispensable pour une édition des œuvres, et surtout pour la publication des écrits posthumes.
Sachons-lui gré pourtant ; en le harcelant à tort et à travers, il va forcer Vauvenargues à se révéler par la portion la plus fière et la plus élevée de son être, et à développer son âme tout entière.
Dutens lui représenta qu’étant né en France de parents protestants qui l’avaient élevé dans leur religion, il n’avait pu regarder ce pays comme sa patrie, puisque le gouvernement même du royaume avait pour maxime que l’on ne connaissait point de protestants en France (et c’est ce qu’un ministre des Affaires intérieures lui dit un jour à lui-même).
Les champs élevés en terrasse les uns au-dessus des autres semblent enfermés dans des corbeilles de vignes.
Élevée auprès de sa mère, l’illustre Marie-Thérèse, « dans la simplicité des princes d’Autriche et suivant l’habitude viennoise de vivre au sein d’une société restreinte et familière », elle dut s’effrayer à l’idée de passer tout à coup dans ce Versailles solennel dont on parlait tant.
Louis XIV, en annonçant au prince de Vaudemont la nomination de Catinat, disait de lui : « C’est un homme sage que son expérience et son mérite ont élevé à la place où il est, et dont vous aurez autant de sujet d’être content que vous l’avez été jusqu’à présent du comte de Tessé. ».
Je sens bien qu’il est resté fort au-dessous de ce qu’il pouvait être, mais il me paraît en même temps s’être élevé fort au-dessus de tous ses contemporains.
Ce contemporain, dont le nom n’étonnera que ceux qui n’ont lu aucun de ses trois ouvrages caractéristiques, et qu’un instinct heureux de fureteur ou quelque indication bienveillante n’a pas mis sur la voie des Rêveries, d’Oberman et des Libres Méditations ; l’éloquent et haut moraliste qui débuta en 1799 par un livre d’athéisme mélancolique, que Rousseau aurait pu écrire comme talent, que Boulanger et Condorcet auraient ratifié comme penseurs ; qui bientôt, sous le titre d’Oberman, individualisa davantage ses doutes, son aversion sauvage de la société, sa contemplation fixe, opiniâtre, passionnément sinistre de la nature, et prodigua, dans les espaces lucides de ses rêves, mille paysages naturels et domestiques, d’où s’exhale une inexprimable émotion, et que cerne alentour une philosophie glacée ; qui, après cet effort, longtemps silencieux et comme stérilisé, mûrissant à l’ombre, perdant en éclat, n’aspirant plus qu’à cette chaleur modérée qui émane sans rayons de la vérité lointaine et de l’immuable justice, s’est élevé, dans les Libres Méditations, à une sorte de théosophie morale, toute purgée de cette âcreté chagrine qu’il avait sucée avec son siècle contre le christianisme, et toute pleine, au contraire, de confiance, de prière et de douce conciliation ; fruit bon, fruit aimable d’un automne qui n’en promettait pas de si savoureux ; cet homme éminent que le chevalier de Bouflers a loué, à qui Nodier empruntait des épigraphes vers 1804 ; que M.
Boileau1 Depuis plus d’un siècle que Boileau est mort, de longues et continuelles querelles se sont élevées à son sujet.
Ils sont nés dans les tavernes ou dans les palais, dans le cabinet ou à la campagne ; ils apparaissent avec un cortège qui leur donne leur titre et leur rang, humble ou élevé, dans le discours.
Armand de Querne, c’est l’homme d’aujourd’hui, un homme qui a conçu et éprouvé tous les états d’âme analysés dans les Essais et qui résume en lui toute la distinction morale et intellectuelle où s’est élevé l’effort des deux dernières générations.
Élevé et entretenu aux frais du Trésor ou des plus riches, il offrait un spectacle gratuit au peuple entier.
Élevé et entretenu aux frais du Trésor ou des plus riches, il offrait un spectacle gratuit au peuple entier.
Nous respectons toutes les formes dont on peut revêtir une croyance élevée.
Par des transitions dont toute trace s’est perdue, il s’est élevé, de l’état de fétiche, au rang de héros et de demi-dieu : mais il habite encore une Mythologie tout aryenne.
Qui n’a rencontré, dans quelque salon, M. de Chantrin, le bellâtre frisé, brossé, peigné, poncé, bien élevé, orné de favoris soyeux dont pas un poil ne passe l’autre, et juchant, sur sa cravate blanche, une de ces têtes de cire où flânent, comme dit Stendhal, « des idées convenables et rares ».
J’ai les cheveux fort bruns et très avantageusement placés ; le front un peu élevé, et d’une forme régulière ; les sourcils noirs et bien arqués ; les yeux à fleur de tête, grands, d’un bleu foncé, la prunelle petite, et les paupières noires ; mon nez, ni gros, ni fin, ni court, ni long, n’est point aquilin, et cependant contribue à me donner la physionomie d’un aigle.
Les sentiments élevés, généreux, le patriotisme et la virilité des vues, se révèlent aussi en plus d’un endroit, et nous font apprécier la digne amie de Turgot et de Malesherbes.
Stanhope, sans être un modèle de grâce, avait tout l’air, en réalité, d’un homme bien élevé, poli et convenable.
Les juges qui la condamnèrent furent atroces, et l’évêque de Beauvais qui mena toute l’affaire joignit à l’atrocité un artifice consommé ; mais ce qui frappe surtout aujourd’hui, quand on lit la suite de ce procès, c’est la bêtise et la matérialité de ces théologiens praticiens qui n’entendent rien à cette vive inspiration de Jeanne, qui, dans toutes leurs questions, tendent toujours à rabaisser son sens élevé et naïf, et qui ne peuvent parvenir à le rendre grossier.
Prenez le Fontenelle dans le moment le plus élevé et le plus majestueux qu’il vous sera possible, prenez-le faisant l’éloge de Newton, dans ce morceau capital dont M.
Fiévée était un des esprits les plus distingués de son temps, sensé jusque dans la passion, ferme jusque dans les versatilités, romancier fin, spirituel et presque délicat, publiciste clairvoyant, habile, et presque homme d’État : il touchait par son esprit à bien des choses élevées ; il avait fait de bonne heure le tour de toutes les opinions.
Homme plein d’adresse et de finesse dans le détail et dans la pratique des mots, plein de force et de constance dans l’ensemble du labeur, Raynouard, bon grammairien et avec des éclairs du génie philologique, manquait, j’ose le dire, par l’idée philosophique élevée qui embrasse, qui lie naturellement tous les rapports d’un sujet, et que Fauriel et Guillaume de Schlegel, comme savants, entendaient bien autrement que lui.
Il manquait sans doute à Gourville un sentiment de moralité élevée et de vertu native.
Bien que les écrivains distingués (et quelques-uns d’un ordre élevé) qui ont eu à parler de M.
Mais, si vous ne voulez point adoucir la rigueur de mes travaux, cachez le travail même : faites qu’on soit instruit et que je n’enseigne pas ; que je réfléchisse, et que je paraisse sentir ; et, lorsque j’annoncerai des choses nouvelles, faites qu’on croie que je ne savais rien, et que vous m’avez tout dit… Toute cette Invocation est pleine de beauté, et le sentiment de jouissance de la raison, qui y est définie « le plus parfait, le plus noble et le plus exquis de nos sens », y est élevé jusqu’à la poésie.
Grimm eut l’esprit assez élevé et assez équitable pour ne point donner dans ce petit côté et pour ne point faire céder le jugement à la passion ou à une curiosité maligne.
Cela est si vrai que, depuis l’origine même de l’art, les écrivains, les musiciens et les peintres n’ont jamais hésité à présenter dans leurs œuvres les spectacles les plus pathétiques, à user des modulations les plus plaintives ; les genres les plus élevés dans l’estime publique sont les genres tragiques ; les plus grandes œuvres que l’art humain a produites, sont des œuvres montrant des images tristes et développant des idées lugubres qui restent grandioses, saisissantes, charmantes et ne font jamais à quelque point qu’on les pousse, de peine nocive, de vrai mal, de mal dont on veuille se défendre6.
Zola, la tâche de continuer le roman moderne devront partir de ce grand écrivain plus vaste qu’élevé, mais qui a construit, une fois pour toutes, les assises des œuvres futures.
On trouve sur le registre de Lagrange, au mois d’avril 1663, cette mention : « vers le même temps, M. de Molière reçut une pension du roi en qualité de bel esprit, et a été couché sur l’état pour la somme de mille livres. » Plus tard, quand Molière fut mort, et enterré à Saint-Joseph, « aide de la paroisse Saint-Eustache », le roi poussa la protection jusqu’à permettre que sa tombe fût « élevée d’un pied hors de terre. » § VI Shakespeare, on vient de le voir, resta longtemps sur le seuil du théâtre, dehors, dans la rue.
Nisard ne loue pas assez Bossuet, je vais dire qu’il le loue trop, et qu’il lui fait en quelque sorte une place trop élevée au-dessus de l’humanité.
Il consiste, ou plutôt il consisterait, s’il était appliqué et applicable, à recueillir tous les points de vue systématiques qui ont été proposés, à leur faire leur part et à les concilier dans un point de vue synthétique plus élevé et plus général.
Je suis tenté de donner encore un exemple pour montrer comment les plantes et les animaux les moins élevés dans l’échelle naturelle sont reliés ensemble par un réseau de relations complexes.
Il avait été élevé au séminaire de Bagnols.
Dans ces Aveux d’un poète si familiers et si nobles, si élevés et si intimes, Heine, qui nous a dit tout, parce qu’il a le don du langage avec lequel on peut tout dire, nous parle de son mariage catholique à Saint-Sulpice et des vertus chrétiennes de la femme qu’il a épousée.
De degré en degré, nous nous sommes élevés ; ici la fraternité trouve spontanément son geste parfait : le vieux rabbin présentant au soldat qui meurt le signe immortel du Christ sur la croix, c’est une image qui ne périra pas.
De tant d’objections élevées par tant de penseurs les uns contre les autres, que reste-t-il ?
Avez-vous donc été si délicatement élevé, que vous ne puissiez manger votre propre chair ? […] Anna est une enfant trouvée, qui a été recueillie et élevée par la comtesse Catherine Danicheff. […] Et, par surcroît, il est fort bien élevé, il a d’excellentes manières. […] Elle a nourri son enfant de son travail, elle l’a élevé de son mieux, elle a fait de lui un homme. […] Sforza a un assassin tout prêt : c’est un certain Danielo, un jeune franciscain fanatique, qu’il a dès longtemps élevé et nourri pour cette œuvre pie.
Bonhomet, l’Ève future, Axel, sont les trois points élevés de cette série d’œuvres, de ce laborieux travail de trente ans. […] S’il incarne un rêve plus élevé, plus près de la raison pure et de l’éternelle passion, ce sera Axel. […] Il eut été digne de mieux accueillir un effort d’art très élevé que par des quolibets. […] La place n’est pas énorme ; sa stature, quoique bien prise, n’est pas très élevée. […] Il leur a manqué quelque chose pour réaliser pleinement un idéal très élevé.
Molière, content des comédiens qu’il a formés, se rapproche de la capitale ; il passe le carnaval à Grenoble, l’été à Rouen ; de-là il fait de fréquents voyages à Paris, et, grâce à la protection du Prince de Conti, qui lui valut celle de Monsieur, il obtint la permission de s’y établir ; ce fut le 23 octobre, que sa troupe joua la tragédie de Nicomède devant la Cour, sur un théâtre élevé dans la salle des gardes du Vieux-Louvre10. […] Dans la pièce de Térence le but moral est manqué, puisque le jeune homme élevé avec douceur en abuse, non seulement pour son compte, mais pour servir les fredaines de son frère. […] Il est bien surprenant qu’aucun homme de goût ne se soit pas élevé contre la bande de papier qui cachète la boîte d’or dans laquelle cette lettre est renfermée. […] Fasse le ciel, qu’insensiblement séduit, comme Arnolphe, par les charmes naissants d’une enfant élevée sous ses yeux, il n’ait pas les mêmes raisons que lui pour s’en repentir ! […] » Il n’a pas eu la mise d’un cuistre, comme celui-ci… ; il ne s’est donné ni le ton ni la perruque noire et plate d’un pénitent, comme celui-là… ; mais d’abord souple, insinuant, observateur surtout, il ne s’est rien permis qu’avec circonspection ; j’ai même cru voir que le cafard disparaissait, pour faire place à l’homme aimable, à mesure qu’il concevait l’espérance de plaire à une femme élevée dans la bonne société : je ne lui aurais enfin désiré, dans cette scène, que plus de chaleur concentrée, et une âme remplie de la ferveur qu’il annonce par ces vers : J’aurai toujours pour vous, oh suave merveille !
Celle-ci n’a que se laisser aller pour fabriquer, avec les personnalités élémentaires qui se dessinent primitivement, des dieux de plus en plus élevés comme ceux de la fable, ou des divinités de plus en plus basses comme les simples esprits, ou même des forces qui ne retiendront de leur origine psychologique qu’une seule propriété, celle de n’être pas purement mécaniques et de céder à nos désirs, de se plier à nos volontés. […] Plus tard, quand la religion se sera élevée jusqu’à ces grands personnages que sont les dieux, elle pourra concevoir les esprits à leur image : ceux-ci seront des dieux inférieurs ; ils paraîtront alors l’avoir toujours été. […] Si élevé que soit le dieu, sa divinité n’implique aucunement l’immutabilité. […] La fonction la plus élevée est d’ailleurs celle de Varouna, qui préside à l’ordre universel.
On voit bien la pensée qui a inspiré ce système de construction : les murs se sont élevés autour du foyer pour l’isoler et le défendre, et l’on peut dire, comme disaient les Grecs, que la religion a enseigné à bâtir une maison. […] La religion ne place pas la femme à un rang aussi élevé. […] Le soleil, par exemple, fut appelé ici Héraclès (le glorieux), là Phœbos (l’éclatant), ailleurs Apollon (celui qui chasse la nuit ou le mal) ; l’un le nomma l’Être élevé (Hypérion), l’autre le secourable (Alexicacos), et, à la longue, les groupes d’hommes qui avaient donné ces noms divers à l’astre brillant ne reconnurent pas qu’ils avaient le même dieu.
Aristophane attaque ici la populace élevée aux nobles dignités ; il couvre son acteur de la pourpre, et lui dicte les propos de l’esclavage et de la grossièreté. […] Le sujet des Adelphes en est un exemple : l’auteur veut corriger le vice de deux systèmes d’éducation également dangereux : deux enfants d’un même père sont élevés chacun séparément par deux frères : Micion, plus riche que Démée, adopta son fils aîné, qu’il nourrit et fit instruire à la ville avec une extrême douceur, tandis que son second neveu demeura dans les champs, près de son père, qui le gouverna très rigoureusement. […] il condamne toutes nos expressions élevées, et prétend que nous parlions toujours terre à terre ! […] Cette imitation est évidente, et celle qui s’y joint n’est pas moins remarquable : le ridicule imprimé dans la pièce grecque porte moins sur le bourgeois que sur la secte entière des sophistes, figurée en la personne de Socrate, que le poète accusait faussement de se perdre dans les nues, et d’ôter le sens commun et la droiture au peuple par ses subtilités et ses rêveries élevées ; de même, le ridicule imprimé dans la pièce française porte moins sur le bourgeois que sur les mœurs déréglées de la cour toute entière, figurée en la personne d’un chevalier admis dans la chambre du roi, que le poète accuse d’inspirer aux petites gens la manie de singer ses grands airs et son faste, et qu’il raille de descendre aux familiarités avec la plus honnête classe du peuple pour lui offrir un modèle poli de bassesse et de friponnerie insolente. […] Tel fut sans doute le genre élevé du poète Ménandre ; nous n’oserions affirmer qu’Épicharme de Sicile ait suivi le même ; car les imitations que Plaute a faites de ses pièces, nous invitent à croire qu’il ne traita que la comédie d’intrigue.
Bon gentilhomme et bon soldat, de tête chevaleresque, d’âme élevée, après une jeunesse agitée, il s’éprend des charmes de la vie contemplative, des paresses rêveuses et spirituelles aux bords des ruisseaux tranquilles, des idylles gracieuses traversées de conversations aimables et prolongées comme tout ce qu’on voudrait qui ne finît point. […] Il prétendait que Faust était un monument élevé à l’honneur de l’École polytechnique, la glorification du polytechnicien : « Mais il ne faut que lire, me disait-il, pour s’en convaincre. […] Il était l’homme qui, même écrivant un poème sur le Tasse, songeait à lui et à sa vie propre : « La cour de Ferrare et la cour de Weimar, c’est la même chose. » Oui, tout cela, malgré l’horreur de Goethe pour les romantiques, est du romantisme, un esprit romantique, à la vérité très large et très élevé et qui n’a rien à voir avec le petit romantisme médiéval ou clair-de-lunesque. […] La haute curiosité avec une grande intelligence c’est le génie ; la curiosité moins soutenue d’intelligence va des Mémoires au reportage et du roman anecdotique aux propos de concierge, et les Goncourt ont flotté aux différents degrés, surtout aux plus élevés, de cette région-là. […] Aussi fut-il comme repoussé avec impatience par tout ce que la France comptait d’esprits élevés, délicats ou tout simplement lettrés.
De toute manière, la philosophie nous aura élevés au-dessus de la condition humaine. […] Les discussions qui se sont élevées autour d’elle remplissent l’histoire de la philosophie. […] Il va sans dire que, lorsque la réflexion aura élevé à l’état de pensée pure des représentations qui n’étaient guère que l’insertion de la conscience dans un cadre matériel, attitudes et mouvements, elle formera volontairement, directement, par imitation, des idées générales qui ne seront qu’idées. […] Certes, Claude Bernard s’est élevé bien des fois contre l’hypothèse d’un « principe vital » ; mais, partout où il le fait, il vise expressément le vitalisme superficiel des médecins et des physiologistes qui affirmaient l’existence, chez l’être vivant, d’une force capable de lutter contre les forces physiques et d’en contrarier l’action. […] Et la jonction s’opéra quand lui parurent se pénétrer réciproquement et s’animer d’une vie commune les deux génies qui représentaient à ses yeux la philosophie dans ce qu’elle a de plus profond et l’art dans ce qu’il a de plus élevé, Aristote et Léonard de Vinci.
Un jeune homme bien élevé ne pouvait songer à s’entretenir, je ne dis pas même d’amour, mais de mariage avec une jeune fille. […] J’estime cependant qu’il y eut toujours des jeunes gens mal élevés, c’est-à-dire qui aimaient à traiter ces questions dans les petits coins, heureusement pour les jeunes filles. […] Je crois que l’arrondissement est, comme le quartier, une division bien factice et qu’au surplus, il est trop vaste, d’une population trop élevée, pour intéresser vraiment le modeste électeur municipal, qui souvent en connaît mal les limites, qui souvent vit confiné dans son quartier, pour lui vrai résumé de la grande ville.
Sainte-Beuve n’avait pas eu quelque but élevé, il n’aurait pas profané le scalpel philosophique jusqu’à compter si curieusement toutes les fibres luxuriantes qui tressaillent au cœur de son héros ; il n’aurait pas épuisé la langue de son pays pour en extraire, avec tant de peine, tant d’images lascives, tant de métaphores équivoques, tant de périphrases suspectes, tant de synonymes complaisants, variétés infinies de la même espèce. […] Une nuit, sous les cimes neigeuses de Kidar-Kanta, dans une forêt élevée à dix mille pieds au-dessus du niveau de la mer, il est saisi de douleurs d’entrailles si atroces qu’il en a le délire. […] C’est le mariage moins la messe, moins l’article 214 du Code civil, moins les ennuis, moins les dégoûts, moins les perfidies, moins les faiblesses qui brouillent aujourd’hui les époux ; c’est le mariage élevé à toute la dignité de l’amour !
Un animal élevé dans la série peut se représenter en gros, disions-nous, par un système nerveux sensori-moteur posé sur des systèmes digestif, respiratoire, circulatoire, etc. […] La même tendance se retrouve à un échelon plus élevé, chez ces Protophytes qui, une fois sortis de la cellule-mère par voie de division, restent unis les uns aux autres par la substance gélatineuse qui entoure leur surface, comme aussi chez ces Protozoaires qui commencent par entremêler leurs pseudopodes et finissent par se souder entre eux. […] Comme le plus petit grain de poussière est solidaire de notre système solaire tout entier, entraîné avec lui dans ce mouvement indivisé de descente qui est la matérialité même, ainsi tous les êtres organisés, du plus humble au plus élevé, depuis les premières origines de la vie jusqu’au temps où nous sommes, et dans tous les lieux comme dans tous les temps, ne font que rendre sensible aux yeux une impulsion unique, inverse du mouvement de la matière et, en elle-même, indivisible.
Le genre d’observations qui est propre à Duclos est sensé, rapide, mais d’une nature très sobre : J’ai cru devoir donner, dit-il, une idée de l’état de la France et de la cour de Charles VII, pour faire mieux entendre ce qui regarde son successeur : on verra que Louis XI, né et élevé au milieu de ces désordres, en sentit les funestes effets.
La pauvre enfant seule a été sauvée sans qu’on pût découvrir trace de son origine ; elle a été déposée dans le pays chez un curé dont la sœur l’a élevée.
Ce génie, il le lui refuse expressément ailleurs et par de très bonnes raisons, et il se borne à lui accorder beaucoup d’esprit : Ses mérites consistent véritablement dans beaucoup d’esprit, mais nul génie (on entend par esprit la facilité à entendre et à rendre) ; la hardiesse, le courage, la tranquillité devant les grands objets, ce qu’on prend pour force d’âme et qui ne l’est que de cœur ; un goût porté au grand et à l’élevé pour soi-même.
Saint-Simon, présent à de telles paroles, et qui avec son œil de lynx lisait dans tous les plis de cet amour-propre avantageux et content de soi, content de se déployer au soleil, ne se sentait pas de colère : « Je laisse à penser, écrit-il, en une circonstance pareille, comment ce mot fut reçu venant d’un compagnon de sa sorte, élevé et comblé au point où il se trouvait. » Je doute cependant que l’éloquent duc et pair ait éclaté devant Villars, mais il rentrait chez lui outré, grinçant des dents, la tête fumante, et il couchait sur le papier toutes ses indignations contre cet homme « le plus complètement et le plus constamment heureux de tous les millions d’hommes nés sous le long règne de Louis XIV », et qui prétendait se donner comme heureux en effet sans doute, mais comme n’ayant pas atteint à toute sa fortune.
Sur un point j’ai dit qu’il avait moins raison au fond : c’est qu’avec sa théorie du plaisir, et qui ne va qu’à désennuyer l’homme, à l’amuser, il n’entre pas dans le sentiment élevé, largement conçu, patriotique et social, qui transporte, qui enivre les générations et les peuples de l’idée de gloire, sentiment qui respire comme une flamme dans l’âme d’Achille, dans celle de son chantre, qui de là passe un jour dans celle d’Alexandre, et qui va encore après trois mille ans faire battre d’émulation un cœur généreux.
Elle fut de celles-là, et à ce titre elle mérite d’être citée en exemple aux femmes auxquelles leur situation donne des loisirs et peut engendrer par là même plus de regrets : L’âge, disait-elle, — et sans transition on la retrouve ici à plus de trente ans de distance ; elle avait vécu, souffert, aimé dans l’intervalle ; elle avait élevé sa famille et marié ses enfants ; — l’âge, disait-elle donc, ne nous enlève que des choses qui nous deviennent successivement inutiles, et qui sont remplacées par d’autres qui valent souvent beaucoup mieux.
L’état extrême où Henri a trouvé et pris en main la France à la mort de son prédécesseur, la situation désespérée d’où il l’a tirée en luttant, et la situation florissante et forte où il l’a replacée, où il l’a élevée en elle-même et dans ses relations avec l’Europe, telle est l’idée du livre de M.
Non, pour être plus affranchie de ton et de manières, pour être de moins en moins initiée à ces mille et une nuances de tradition et de plus en plus élevée hors de serre, la femme décente, spirituelle et aimable n’est point perdue ; la femme intelligente a plutôt gagné et gagne chaque jour.
Genre pour genre, travers pour travers, celui de 1833 est d’un degré plus élevé.
. — Ce dialogue où le comte obstiné dans son refus se fie imprudemment en son rang élevé et en l’éminence de ses services, et où don Arias lui parle avec fermeté et menace au nom de la toute-puissance royale qui veut être obéie, était bien d’accord avec le sujet et, à la fois, avec les sentiments et la disposition des spectateurs ; plusieurs y retrouvaient ce qu’ils avaient pu observer ou éprouver par eux-mêmes.
Je crois que M. de Feuquières pourra bien jouer des siennes et faire valoir des sentiments fondés sur des raisons bonnes pour ceux qui ne voient pas les choses… » Je ne me fais pas juge entre Catinat et Feuquières, ce serait une grande impertinence ; je ne me fais point le défenseur de Feuquières, ce n’est point mon rôle, et il y aurait à ceci de l’impertinence encore et, qui plus est, de l’injustice ; mais enfin, pour voir le double côté de la question, pour l’envisager à sa juste hauteur et la dégager autant que possible des personnalités dont elle est restée masquée jusqu’à ce jour, qu’on veuille supposer un instant ceci : il y a dans l’armée de Catinat un militaire, incomplet dans la pratique, mais d’un génie élevé, qui a, dès 1690, l’instinct et le pressentiment des grandes opérations possibles sur cet admirable échiquier de la haute Italie ; ce militaire, à tout moment, conçoit ce qu’on pourrait faire et ce qu’on ne fait pas ; il blâme, il critique, il raille même, il hausse les épaules, il est ce qu’on appelle un coucheur, et ce qu’on appelait alors être incompatible : tel était Feuquières, qui à des vues supérieures joignait, il faut en convenir, une malignité particulière.
Or, en mourant, en redevenant de plus en plus un chrétien fidèle et contrit à ses dernières heures, en offrant à Dieu le sacrifice de tout, il eut pourtant un dernier regret, une tentation suprême, et cette tentation, comme il l’appelait en effet, est d’un ordre trop élevé et trop épuré, d’une qualité trop subtile, elle fait trop d’honneur et à lui et à notre littérature en particulier, pour ne pas être connue et racontée, si singulière qu’elle nous puisse paraître.
Il continue : « J’ai été élevé à la Cour d’Auguste, et j’ai passé ma première jeunesse à Varsovie.
Il dit à cet endroit de ses Mémoires : « A Boulogne, j’allai descendre hors la ville, dans la maison de campagne d’un de mes collègues, M. du Blaisel, qui me fit entrer la nuit dans sa voiture et me déposa dans une auberge, où il me recommanda. » Il s’agit bien en effet (et je n’en fais la remarque que parce qu’on a élevé une difficulté sur ce point) de M. du Blaisel du Rieu, qui avait été suppléant du duc de Villequier, député du Boulonnais aux États-généraux.
Et pourtant les âmes tendres, élevées, croyant à l’exil de la vie et à la réalité de l’invisible, n’avaient pas disparu : la religion, sous ses formes rétrécies, en abritait encore beaucoup ; la philosophie dominante en détournait quelques-unes, sans les opprimer entièrement ; mais toutes manquaient d’organe général et harmonieux, d’interprète à leurs vœux et à leurs soupirs, de poëte selon le sens animé du mot.
Quelques dissidences domestiques, élevées précédemment entre leur mère et le général, et qu’il ne nous appartient pas de pénétrer, avaient réveillé au foyer des Feuillantines les sentiments déjà anciens d’opposition à l’Empire, et la mère vendéenne, l’enfant élève de Lahorie, se trouvèrent tout naturellement royalistes quand l’heure de la première Restauration sonna.
Ces pages-là, si vraies de couleur et de sentiment, sont surtout belles par la philosophie élevée ou elles aboutissent : cela commence par l’aquarelle et finit par le rayon d’Emmaüs.
Le vaudeville fut sa première manière ; car à travers sa production incessante et ses diversions croisées sur tous les théâtres, on distingue assez nettement en lui trois manières successives : 1° le vaudeville français pur, simplement chantant et amusant ; 2° la jolie comédie semi-sentimentale du Gymnase, où il est proprement créateur de genre ; 3° la comédie française en cinq actes enfin, à laquelle il s’est élevé dès qu’il l’a fallu, qu’il est en train de modifier selon son goût, et où il n’a pas dit son dernier mot.
Ampère nous est revenu un historien littéraire de plus en plus consommé et enrichi ; dans ce genre élevé et combiné tel qu’il l’embrasse, il nous a rendu et nous rend incessamment ce que lui seul pouvait faire.
Ayant peu écrit dans sa première jeunesse, nourri d’études classiques, élevé au nid de la littérature française, M.
Élevé d’ailleurs au collège des jésuites, il y avait puisé une connaissance suffisante de l’antiquité ; mais les études du barreau, auquel on le destinait, et qui le menèrent jusqu’à sa vingt et unième année, en 1627, durent retarder le développement de ses goûts poétiques.
C’était dans les premiers temps un parti pris chez elle d’aimer, d’admirer son mari : « On ne sait d’abord, écrivait-elle, ce qu’on aime le plus en lui, ou de sa figure noble et élevée, ou de son esprit qui est toujours agréable et qui s’aide encore d’une imagination vaste et d’une extrême culture ; mais, en le connaissant davantage, on n’hésite pas : c’est ce qu’il tire de son cœur qu’on préfère ; c’est quand il s’abandonne et se livre entièrement qu’on le trouve si supérieur.
Plus elle s’était élevée haut, plus dure était la chute.
Figurez-vous donc en Boileau un bourgeois do Paris, bon vivant, habitué des cabarets à la mode, élevé dans un monde de greffiers et de procureurs.
Il dit qu’il est charmé d’avoir cette fille dans sa maison, parce qu’étant élevée comme un garçon et sachant le commerce, elle lui rendra de grands services.
Les idées qui se présentent aux gens qui sont bien élevés & qui ont un grand esprit, sont ou naïves, ou nobles, ou sublimes.
» Le sentiment du bien être prédomine dans ces situations ; bien-être misérable et servile qui détache l’individu des aspirations élevées, de tout instinct de grandeur, de tout désir d’indépendance et d’affirmation de soi.
C’est grâce à ces artifices que par un nominalisme inconscient, les savants ont élevé au-dessus des lois ce qu’ils appellent des principes.
Voici ce que disait le maître dans la notice des Hommes d’aujourd’hui qu’il lui a consacrée : « Anatole Baju, littérateur français, né à Confolens (Charente), le 8 mars 1861, fils de meunier, fut élevé au moulin de Saint-Germain-sur-Vienne.
Mais il y a en lui quelque chose qui, dès la première heure, lui fut propre ; et il s’agit de quelque chose de remarquable, ne serait-ce que son extraordinaire aptitude à subir des influences de l’ordre le plus élevé.
Dirai-je la critique et l’histoire impuissantes à comprendre les âges barbares, parce qu’elles se les figuraient à l’image des époques civilisées ; la poésie lyrique à peu près tuée en son germe, parce que toute effusion personnelle est d’un homme « mal élevé », ainsi que disait Buffon en parlant de Jean-Jacques ; enfin la vie du peuple et celle de la famille proscrites de la littérature comme choses basses et indignes de son attention ?
Les poètes ont sauté par-dessus les barrières qu’avaient élevées les critiques d’autrefois.
Cela ne sied plus : il porte une perruque, l’habit serré, le bas uni, et il est dévot. » Il le représente assistant à la célébration des saints mystères, « le dos tourné directement aux autels, les faces élevées vers leur roi que l’on voit à genoux sur une tribune, marque d’une sorte de subordination, puisqu’ils semblent adorer le prince, et le prince adorer Dieu. » Les mœurs dévotes ne seront pas moins remarquables à la ville qu’à la cour.
Halley, professeur de belles-lettres et d’éloquence ; il trouva un maître élevé et profond en philosophie dans le père Mambrun, qui le poussa d’abord à l’étude des mathématiques, d’où il eut peine ensuite à le rappeler à la philosophie même.
On croit se reconnaître dans cette nature d’élite et d’exception, si élevée, mais si isolée, et que rien ne rapproche du commun des hommes.
Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures.
On sent tout ce qu’une telle pièce a d’élevé, de poétique et de touchant ; que lui manque-t-il donc pour être un chef-d’œuvre ?
Il y reçut l’impression parisienne du moment, qui était très vive, non seulement celle de la banque et de la finance, mais celle de la bourgeoisie élevée et de tout ce qui avait le sentiment pacifique et civil.
Au contraire, les autres personnages plaisent et séduisent par une touche légère et d’une nuance bien naturelle : et Suzanne, « la charmante fille, toujours riante, verdissante29, pleine de gaieté et d’esprit, d’amour et de délices », très peu sage, quoi qu’on en dise, très peu disposée du moins à rester telle, mais qui n’en est encore qu’à la rouerie innocente et instinctive de son sexe ; de même, dans un ordre plus élevé, la comtesse, si habile déjà à son corps défendant, et si perfectionnée en femme du monde, sans avoir pourtant failli encore au devoir et à la vertu.
Cette réaction a déjà produit quelques spécimens de poètes rangés, bien élevés, qui sont sages, dont le style est toujours rentré de bonne heure, qui ne font pas d’orgie avec toutes ces folles, les idées, qu’on ne rencontre jamais au coin d’un bois, solus cum sola, avec la rêverie, cette bohémienne, qui sont incapables d’avoir des relations avec l’imagination, vagabonde dangereuse, ni avec la bacchante inspiration, ni avec la lorette fantaisie, qui de leur vie n’ont donné un baiser à cette va-nu-pieds, la muse, qui ne découchent pas, et dont leur portier, Nicolas Boileau, est content.
Est-il vrai qu’Hésiode doive être partagé entre Cumes en Eolide où il était né et Ascra en Béotie où il aurait été élevé ?
Au centre du tableau, sur le fond, dans le lointain, une fabrique de pierre, fort élevée, avec différents personnages, hommes et femmes, appuiés sur le parapet et regardant ce qui se passe sur le devant.
Cette caserne éclatante qui s’appelle Rome, a-t-elle un instant sérieux de grandeur intrinsèque et qui vraiment lui appartienne N’est-elle pas tombée, comme elle s’est élevée, — par miracle ?
Amédée Pommier a été un grand poète dans tout ce qu’il a compris de l’idée chrétienne, mais, quand cette idée qui l’a élevé au-dessus de lui-même, qui l’a emporté et qui l’a soutenu, l’a laissé à terre, il y est resté.
Que vous vous rendez compte que des phénomènes proprement sociaux, comme le fait d’être interné, avec des camarades de toute provenance, sous une discipline égale, ou le fait de traverser brusquement des milieux très différents de celui dans lequel on a été élevé, ont par eux-mêmes un certain pouvoir de modifier les idées. — Pourquoi n’admettrions-nous pas, dès lors, que la forme seule des sociétés dans lesquelles nous vivons nous prédispose à accepter l’égalitarisme ?
Chez une demi-prostituée, son héros rencontre une jeune fille, une petite sœur élevée près de la débauche sans que le contact l’en ait encore souillée. […] Fille d’un père qui a tué l’amant de sa femme, élevée sans aucune notion de la morale la plus élémentaire, trop dénuée de bon sens, pour la deviner, la pauvre Claude ne sait ni ce qu’elle veut, ni ou elle va, flottant dans la vie comme dans l’air un brin de duvet qui va à droite, à gauche, monte ou descend, attiré, repoussé par la porte qu’on ouvre ou la fenêtre qu’on ferme. […] Il s’agit en effet du livre si richement documenté, si plein de vues élevées sur l’art, que M. le comte Henri Delaborde, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, a publié l’an dernier, et qui résume l’histoire de cette Académie, depuis la fondation de l’Institut. […] Car, artiste qu’il était, Jean Rousseau, dont les lecteurs du Figaro n’ont pas oublié le nom, avait guidé sa Juliette dans ses essais de peinture, manifestations précoces d’une âme délicate et élevée. […] « Elles n’ont inventé ni l’algèbre, ni les télescopes, ni les lunettes achromatiques, ni la pompe à feu, ni le métier à bas, etc., mais elles font quelque chose de plus grand que tout cela : c’est sur leurs genoux que se forme ce qu’il y a de plus excellent dans le monde : un honnête homme et une honnête femme. » Ce qui suit n’est pas moins sensé, moins élevé et les femmes savantes n’y sont pas ménagées.
La température du globe, très uniforme, est également très élevée. […] Ayant trouvé cela, l’homme se haussait du même coup au niveau des espèces mammifères venues après lui sur le globe et capables, par conséquent19, de maintenir une température intérieure plus élevée que lui-même. […] Comme conséquence, les animaux les plus élevés, les animaux supérieurs, parmi lesquels l’homme est au premier rang, sont ceux qui ont su conserver à l’intérieur de leur corps, sous forme de sang, un milieu vital à peu près identique au milieu marin originel, milieu dans lequel la vie est née : en fait, le degré de salure de notre sang représente la salure de l’eau de la mer au moment où la vie est apparue, et, d’autre part, notre température interne représente la température moyenne du globe, au moment où notre espèce a pris naissance. […] Alors la vie animale se trouva devant cette alternative : ou accepter les conditions nouvelles du milieu, ou s’insurger contre ces conditions, lutter et maintenir intérieurement, en dépit de la température extérieure, la température élevée des origines. […] Quinton y est arrivé en prouvant qu’une espèce animale est d’autant plus récente que sa température intérieure est plus élevée.
Il y aurait une étude très intéressante à faire sur la crise de retournement que provoqua chez ce jeune Breton, élevé dans l’atmosphère cartésienne et classique de Saint-Sulpice, la rencontre avec un univers d’idées construit au rebours de ce type essentiellement gallo-romain. […] Diminuez cette intelligence, et les inventions se feront moins nombreuses, moins fécondes, et les sentiments se feront moins délicats, moins élevés, et la grossièreté des appétits se fera plus brutale, plus destructrice, et les grandes vérités qui maintiennent le pacte social s’éclipseront. […] Ils constatent que le coût de l’existence devient de plus en plus élevé. […] La guerre, un jour, les fera participer, sous la forme de cette organisation, à cette civilisation plus élevée. […] Du régionalisme De grandes discussions se sont élevées, ces temps derniers, autour du projet esquissé par un de nos hommes politiques, sur une nouvelle division de la France en régions administratives.
Durant ces périodes de préparation, les hommes les mieux doués sont comme des architectes condamnés au travail ingrat des fondations ; leur génie demeure enfoui sous terre ; pour être équitable envers eux, il faut se souvenir que le monument élevé par de plus heureux porte tout entier sur les travaux de ce génie sacrifié. […] La reconnaissance nationale ne s’y est pas trompée ; elle a donné raison à ces vers, où le poète disait fièrement : Le monument que je me suis élevé n’est pas fait de main mortelle ; — et l’herbe ne croîtra pas dans le sentier populaire qui y conduit. […] Elle les avait nourris de son lait, élevés, choyés ; et voilà qu’on lui accorde une seule minute pour les voir ! […] Certaines revendications politiques, élevées sur la tombe de l’écrivain, ont causé un gros émoi en Russie, et le deuil national a risqué d’être troublé par d’amers ressentiments. […] Pour lui, la pierre angulaire de la société est cette jeune fille de province, librement élevée dans un milieu modeste, foncièrement droite, aimante, point romanesque, moins intelligente que l’homme, plus décidée : chaque roman met en jeu une volonté féminine, guidant les irrésolutions des hommes. — Tel est, à grands traits, le monde dépeint par l’écrivain.
C’est sans doute son père qui l’a élevée ainsi. » Mais Madame est connue comme caustique et morose. […] * * * La partie doctrinale est très élevée, très réconfortante, un peu aventureuse à mon gré, mais pleine d’aperçus très larges infiniment intéressants. […] Il sera du moins plus généreux, plus élevé, plus grand, attaché à une plus grande chose. […] « Si les détenteurs du pouvoir n’avaient jamais agi que dans l’intérêt de leur bourse, jamais les classes inférieures, esclaves, serfs, plébéiens, roturiers, ne se seraient affranchies et élevées au-dessus de leur condition. […] Une petite Française qui a été transportée à Londres à 6 ans, qui a été élevée par sa montmartroise de mère dans le culte de Paris et qui, jusqu’à vingt ans, n’a rêvé que la France, est ramenée par son mariage à Paris et en est folle de bonheur.
La réalité seule remplaçant complètement l’art, ce serait la mort de tout ce qui a élevé l’esprit de l’homme, l’a fait sociable et, en lui donnant un légitime orgueil, l’a rendu capable de dévouement, d’abnégation et d’héroïsme. […] De là des exagérations de prudence, de précautions, qui ont gagné les artistes eux-mêmes et qui nous ont valu ce déluge d’œuvres tristes, réelles, découragées et décourageantes sous prétexte de vérité ; c’est contre cette tendance que je me suis sans cesse élevé, jugeant par le passé que le génie français est, avant tout, fait de lumière, de foi, d’esprit, de logique et de gaîté, et c’est en présence de ce que cette littérature, née d’un effarement, avait produit que j’ai protesté et que je protesterai toujours, réclamant à grands cris le succès pour tous ceux qui se révélaient par une pensée consolante ou par une idée généreuse. […] J’ai assisté à l’éclosion de Numa Roumestan, et je puis dire qu’en l’écrivant Daudet n’a voulu qu’opposer le Midi au Nord et faire ressortir les contrastes de caractère, de nature, qui surgissent entre un homme né sous le brûlant soleil de la Provence et une femme élevée dans les brumes du Nord. […] Revenons à la Première Maîtresse : Élevé par sa mère, veuve, le jeune Gerbier, demi-poitrinaire, est pris par une bourgeoise, qui mêle à la corruption de Messaline la férocité de Marguerite de Bourgogne.
Picaro devenu Grand d’Espagne, élevé des bas emplois de la domesticité du palais, par la faveur ou le caprice d’une femme, au premier rang de la monarchie, si Valenzuela n’a pas été l’amant de la reine Marie-Anne d’Autriche, mère de Charles II, le bruit en a couru. […] les Romains n’étaient pas des anges plus que nous ; mais quand ils avaient des fantaisies d’amour poétiques et dramatiques, ils n’y mêlaient pas leurs femmes, il y avait de belles esclaves grecques élevées pour cela ; quant à leurs femmes, ils les traitaient comme des saintes, et il en résultait qu’elles étaient en effet des saintes. […] Car, ce qu’il faut encore ajouter, c’est que, quoi que l’on soit, bon ou mauvais, vicieux et vertueux, compatissant ou féroce, intelligent ou sot, — je ne sais pas même si je ne devrais pas dire belle ou laide, — on l’est d’autant plus que l’on est né dans un milieu social plus élevé. […] D’autres races, comme la race aryenne, ne paraissent pas s’être élevées au-dessus du polythéisme, à ce point même qu’il a fallu que le christianisme, pour se les inféoder, nous donnât dans ses Saints l’équivalent populaire des anciens dieux domestiques ou municipaux de la Grèce et de Rome. […] Ou du moins, je me trompe, et on le voit trop bien : il reste une adoration mystique des énergies de la nature, et, sous le nom d’idéal, un sentiment plus vague et plus confus qu’élevé de la destinée future de l’espèce.
Poubelle, exigeant le caractère le plus élevé, légendaire pour un concours musical, mais interdisant le caractère religieux. […] L’art qui exprime des idées n’est-il pas plus élevé que l’art qui copie des formes ? […] Et je considère son dernier livre, son Jardin de Bérénice comme un pur chef-d’œuvre ; c’est très grand, très élevé, cela, et c’est plein de préoccupations très nobles. […] L’un d’eux, un jeune homme charmant, d’ailleurs, très bien élevé, Henri de Régnier, m’a dit un jour : — Mais nous tâtonnons, cher Maître ! […] Mallarmé, je l’ai dit quelquefois, c’est ce qu’on appelle en classe un auteur difficile ; mais quel esprit élevé, ingénieux et pur, et qui ne se trompe jamais !
Il aura l’air d’un apôtre élevé dans les bureaux du Times. […] C’est le principe d’après lequel j’élève mes propres enfants, et c’est là le principe d’après lequel je veux que les enfants soient élevés.
Le roi Louis-Philippe et ses frères avaient été, avant l’époque de madame de Genlis, élevés par ma grand’mère ; un de mes proches parents était son intendant des finances. […] — Votre Majesté, répondis-je avec une vraie douleur de ne pouvoir céder, m’a vivement ému, m’a convaincu de son éloquence ; elle serait aussi élevée à la tribune que sur son trône ; mais l’admiration n’est pas de la conversion, et je la supplie de trouver bon que je sorte de sa présence comme j’y suis entré, nullement hostile, mais libre de tout lien avec sa dynastie. » Il lâcha le bouton de mon habit, qu’il tenait encore, avec un mouvement saccadé de mécontentement visible sur ses traits, et je sortis triste mais résolu de sa présence.
La façade, élevée de trois étages et surmontée de mansardes, est bâtie en moellons et badigeonnée avec cette couleur jaune qui donne un caractère ignoble à presque toutes les maisons de Paris. […] Elle était pieusement élevée là par sa mère, veuve d’un commissaire des guerres.
Il le fit participer aux affaires, il l’arracha aux préjugés de son éducation, « pour lui faire voir les hommes, dit Saint-Simon, les lui faire étudier, entretenir, sans se livrer à eux, lui apprendre à parler avec force et à acquérir une autorité douce. » Il lui ôta peu à peu ces vaines délicatesses et ces doutes serviles de lui-même où l’avait élevé Fénelon, et il l’eût rendu digne de réparer les malheurs de sa vieillesse et les fautes de sa trop longue vie. […] Quel dessein plus élevé, plus religieux, que de montrer dans l’élève de Mentor, quoique si bien doué par les dieux, fils d’une telle mère et d’un tel père, si accoutumé aux grands exemples, combien le secours des dieux lui est nécessaire pour ne point manquer à sa naissance ni à ses devoirs, et quel peu de mérite nous avons dans les actions qui nous honorent le plus aux yeux des hommes ?
Enfin j’aurais voulu lui faire proclamer à nouveau — lui, qui a été le seul défenseur des tentatives révolutionnaires au théâtre, que tout ce qui est permis aux étrangers ne l’est pas à nous, de par notre critique actuelle, qui nous défend un théâtre élevé, littéraire, philosophique, original, un théâtre qui dépasse le goût et l’intelligence d’un Sarcey, un théâtre autre, que celui renfermé dans les aventures bourgeoises du ménage d’aujourd’hui. […] Il reste coucher, et le soir, il nous parle de sa famille, de son père : son père, élevé au séminaire, et destiné à être prêtre, s’engageant dans l’infanterie de marine, devenant général, gouverneur de la Guyane et de la Guadeloupe, et mourant à trente ans de vie exotique.
Cela est d’un ordre infiniment plus élevé. […] Sur le sommet de la galerie la plus élevée, Plus haut que la rosace centrale, Il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, Une grande flamme désordonnée et furieuse Dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée293 Dans la Mare au diable, lisez le portrait de la petite Marie : Elle n’a pas beaucoup de couleur, Mais elle a un petit visage frais Comme une rose des buissons !
L’adoration des astres caractérise le degré le plus élevé de cette première phase théologique, qui, au début, diffère à peine de l’état mental où s’arrêtent les animaux supérieurs. […] Comme tous les termes vulgaires ainsi élevés graduellement à la dignité philosophique, le mot positif offre, dans nos langues occidentales, plusieurs acceptions distinctes, même en écartant le sens grossier qui d’abord s’y attache chez les esprits mal cultivés. […] Ces grandes garanties logiques sont d’ailleurs ensuite pleinement confirmées et développées par l’appréciation scientifique proprement dite, qui, envers les phénomènes sociaux ainsi que pour tous les autres, représente toujours notre ordre artificiel comme devant surtout consister en un simple prolongement judicieux, d’abord spontané, puis systématique, de l’ordre naturel résulté, en chaque cas, de l’ensemble des lois réelles, dont l’action effective est ordinairement modifiable, par notre sage intervention, entre des limites déterminées, d’autant plus écartées que les phénomènes sont plus élevés.
Il est court, commode, « à la main », handy, éloigne précisément l’idée abaissante de décadence, sonne littéraire sans pédanterie, enfin fait balle et fera trou, je vous le dis encore une fois… » Le membre de phrase souligné dans ce passage détermine bien, je crois, ce que nous entendons, vous et moi, en Décadisme, qui est proprement une littérature éclatant par un temps de décadence, non pour marcher dans les pas de son époque, mais bien tout « à rebours », pour s’insurger contre, réagir par le délicat, l’élevé, le raffiné si l’on veut, de ses tendances, contre les platitudes et les turpitudes, littéraires et autres, ambiantes, — cela sans nul exclusivisme et en toute confraternité avouable. […] Chacun sait que, pensionné sous la Restauration, le poète, après quelques velléités d’opposition plus littéraire et dramaturgique6 que politique, avait été élevé à la pairie par ce Louis-Philippe de qui il trace d’ailleurs un portrait si flatté dans Les Misérables. […] Jamais Victor Hugo ne s’était élevé à cette sérénité dans l’auguste, jamais il n’avait aussi splendidement et souverainement affirmé les doctrines d’amour, d’union et de fraternité, sans lesquelles les idées de liberté restent fatalement incomplètes et dérisoires.
Pour toi, je suis la force de la terre, l’un des deux témoins qui rendront compte de toi le jour où les volontaires seront élevés au-dessus des fainéants. […] Lui aussi rendra compte de toi le jour où les volontaires seront élevés au-dessus des fainéants. […] Si nous nous servons de ceux qui possèdent ces qualités, mais qui ne les emploient qu’à la satisfaction exclusive de leurs instincts animaux, c’est seulement pour perpétuer, dans l’humanité, le goût de la lutte entre ces volontaires inférieurs et nos élus définitifs : ceux qui usent de leurs facultés pour le développement de leur pensée, en un mot, pour tendre à un idéal de plus en plus élevé. […] Combattre pour cet idéal, — générateur lui-même d’un idéal encore plus élevé, — dégrossir les blocs qui serviront de base aux monuments où l’humanité, consciente de sa force, s’abritera, progressera, s’adorera, renverser les obstacles qui entravent cette marche ascendante, telle est la tâche qu’il te faut poursuivre.
Nous avons devant nous un homme qui a le sentiment de l’ordre et de la hiérarchie, qui prend la vie par son côté grave et triste : nous ne nous étonnerons pas s’il a le ton et l’allure austères, s’il aime les pensées élevées et les matières qui prêtent à la méditation ; nous comprendrons même qu’il pousse le sérieux jusqu’à la sévérité, la piété pour le passé jusqu’au mépris du présent. […] Il se plaint qu’en attendant, s’il faut choisir entre deux hommes ayant mêmes droits à une place, on préfère, non plus le mieux né, comme autrefois, mais le plus mal élevé. […] Il place encore très haut la méditation religieuse (façon Lamartine), qui lui semble même trop noble et trop élevée pour des Français. […] S’il parle des humbles et des simples parmi lesquels il a été élevé (et il parle souvent d’eux}, il vous apprendra que son âme est pleine de « leurs reliques » et qu’elle en est encore « sanctifiée ». […] D’autres écrivains, dont le nom seul fait grincer les dents aux fanatiques de la tradition, se trouvent élevés sans s’y attendre à la dignité de disciples des classiques.
Cette figure a donc deux significations superposées ; elle représente une chose qui en représente une autre ; sa vertu suggestive est ainsi élevée à la deuxième puissance. […] Laissons donc de côté les objections, et voyons l’art idéaliste au travail, transformant les objets réels pour les amener à un degré plus élevé de perfection et de beauté. […] Plus la moyenne des types que nous observons journellement sera élevée, plus vaudra cet idéal. […] On leur a donné la tâche de représenter ces hommes qui par leur puissance ou leur sainteté semblent s’être élevés au-dessus de l’homme. […] Il s’est assigné un but plus élevé que la recherche, de la pure jouissance esthétique.
Lampriscos appelle quatre écoliers (de bons sujets, sans doute, élevés au grade de moniteurs) ; il leur donne l’ordre de charger Kottalos sur leurs épaules, et déchire le dos de l’enfant à coups de nerf de bœuf. […] À quoi en était réduit Corneille à soixante-treize ans (il faut dire qu’il avait élevé quatre fils et deux filles), une lettre souvent citée d’un bourgeois rouennais nous l’apprend : « J’ai vu hier M. […] Le Cid a un neveu, le très jeune Rodrigue, que sa mère mourante a voué à l’Eglise et qui a été élevé dans un couvent. […] Valentine est une fille mal élevée, qui souffre de sa position fausse et qui a un très bon cœur. […] Les artistes jolies, bien élevées, qui avaient consenti à se charger des rôles des petites lazaristes, y apportaient tant d’intelligence et de bonne volonté qu’elles donnaient l’impression de personnes qui n’imitent point, mais qui retrouvent.
— « Moréas », dit B…, « est, en prenant le mot dans son sens généreux et élevé, un être tout à fait naïf et, pour cette raison même, il lui manque absolument le sens des situations, le tact des hommes et des choses. […] Aujourd’hui, la culture est parvenue à un point assez élevé pour nous permettre de comprendre la marche entière du développement de l’art. […] — « Et les circonstances au milieu desquelles vous avez été élevé ? […] Élevé dans un milieu rustique, au centre de la France, au Morvan, il s’est senti perdu parmi ses semblables ; au fond peut-être ses sensations n’ont pas été différentes de celles du Cadet de Richepin, quand il se trouvait déplacé au milieu de son entourage. […] Personne, si ce n’est des gens mal élevés, n’oserait railler aujourd’hui la piété dans la conversation ordinaire.
Quoi de surprenant, si des hommes élevés comme lui, comme lui engagés dans la lutte pour l’existence avec de romanesques aspirations, se sont retrouvés dans ses livres ? […] Ayant perdu très jeune son père, le notaire, il fut élevé par son grand-père, modeste praticien de campagne dont les malades étaient surtout des paludéens. […] Vous ne vous étonnerez donc pas, si je vous applique votre propre méthode et si je commence, en vous souhaitant la bienvenue dans notre Compagnie, par rappeler quelques détails biographiques, d’un ordre plus familier que ne semblerait le comporter l’analyse d’une pensée aussi élevée, aussi abstraite que la vôtre. […] Fils d’un Révérend, qui fut l’ami d’Emerson et adepte de Swedenborg, frère d’Henry James, le grand romancier, William James est élevé à Londres, à Paris, à Boulogne-sur-Mer, à Genève. […] Quand je les ai connus, élevé comme j’avais été dans l’orthodoxie scientifique, je n’ai pas compris ces gens. » — « Et aujourd’hui ?
Dès qu’on parle de Catinat, il y a à prendre garde : si le xviiie siècle, en le célébrant et en cherchant à préconiser en lui un de ses précurseurs, une des victimes du grand roi, a raisonné un peu à l’aveugle de ses talents militaires et les a exaltés académiquement, il ne faut pas tomber dans l’excès contraire ni trancher au détriment d’un homme qui eut ses jours brillants, dont l’expérience et la science étaient grandes, et dont le caractère moral soutenu, élevé, est devenu l’un des beaux exemplaires de la nature humaine.
Lorsque, vainqueur et conquérant de Valence, il a fait hommage de sa terre au roi Alphonse comme à son seigneur et a obtenu de lui de laisser venir Chimène et ses deux filles qu’il n’a pas revues depuis cet adieu déchirant, le Cid va à leur rencontre ; il les reçoit avec honneur dans cette belle ville qu’il se flatte de leur avoir gagnée en héritage, et il les fait monter sur un endroit élevé pour qu’elles puissent embrasser du regard leur conquête ; mais un ennemi nouveau se présente ; le roi de Maroc vient de delà la mer, pour assiéger le conquérant à son tour.
Newton est de main de maître. » C’était moins le mathématicien que le philosophe qui était supérieur chez Fontenelle, et de l’ordre le plus élevé.
On pourra trouver que, plus indulgent en apparence pour beaucoup d’autres écrivains d’un mérite moindre, j’ai bien tenu ici à marquer mes réserves, quand il s’agissait d’apprécier un esprit d’un ordre aussi élevé.
Tout est surnaturel dans ce que nous voyons, et les maux comme les remèdes dérivent immédiatement d’un ordre supérieur de causes, aussi élevé qu’impénétrable à la vue de l’homme, dont la sagesse ne fut jamais mieux convaincue de folie. » N’allez pas, à un homme qui prophétise de la sorte, venir parler avec quelque estime de la politique pratique qu’essayèrent en ces années, — qu’essayeront bientôt des ministres patriotiques et sages, les Richelieu, les De Serre, les Decazes, les Gouvion Saint-Cyr, les Dessolle ; allons donc !
Dès les premières discussions qui s’étaient élevées devant Alexandre, Jomini avait représenté à l’empereur qu’isolé et sans fonctions il lui était fort difficile de juger des affaires et de donner un conseil ; on décida donc de l’attacher officiellement à l’état-major de Schwartzenberg, en lui donnant Toll, général russe, pour adjoint ; mais la volonté du puissant autocrate ne parvint jamais à l’accréditer comme il aurait fallu.
Élevé au collège de Clermont, à Paris, chez les jésuites, il fit sa rhétorique sous le Père Canaye, qu’il a immortalisé depuis.
Un biographe élégant, l’abbé de Marsollier, nous l’a peint avec une sorte de complaisance : « Il étoit à la fleur de l’âge, n’ayant qu’environ vingt-cinq ans ; sa taille étoit au-dessus de la médiocre, bien prise et bien proportionnée ; sa physionomie étoit heureuse et spirituelle ; il avoit le front élevé, le nez grand et bien tiré sans être aquilin ; ses yeux étoient pleins de feu, sa bouche et tout le reste du visage avoient tous les agréments qu’on peut souhaiter dans un homme.
Quoi qu’il en soit, dans la préface d’Arthur, et auparavant dans celle de Latréaumont, l’auteur semble près de s’amender ; il ne croit plus au mal absolu ni à son triomphe inévitable sur le bien ; du point de vue plus élevé d’où il juge, « les illusions du vice lui paraissent, dit-il, aussi exorbitantes à leur tour que lui paraissaient jadis celles de la vertu. » L’auteur arrive évidemment à sa maturité d’éclectisme et de scepticisme.
La poésie alors, qui faisait partie de la littérature, se distinguait tellement de la vie que rien ne ramenait de l’une à l’autre, que l’idée même ne venait pas de les joindre, et qu’une fois consacré aux soins domestiques, aux sentiments de père, aux devoirs de paroissien, on avait élevé une muraille infranchissable entre les Muses et soi.
Heureux ceux qui, comme lui, ont eu un jour, une semaine, un mois dans leur vie, où à la fois leur cœur s’est trouvé plus abondant, leur timbre plus pur, leur regard doué de plus de transparence et de clarté, leur génie plus familier et plus présent ; où un fruit rapide leur est né et a mûri sous cette harmonieuse conjonction de tous les astres intérieurs ; où, en un mot, par une œuvre de dimension quelconque, mais complète, ils se sont élevés d’un jet à l’idéal d’eux-mêmes !
Les médecins qui entouraient le lit, à la vue de ces rougeurs qui étaient déjà des boutons élevés sur la peau, se regardèrent entre eux avec un accord et un étonnement qui fut l’aveu de leur ignorance.
Dans une paroisse de Normandie643, en 1789, « la plupart sont bâties sur quatre fourches » ; souvent ce sont des étables ou des granges où l’on a élevé une cheminée avec quatre gaules et de la boue ».
Parmi ses grandes qualités éclataient une libéralité et une magnificence dont la gloire l’avait presque élevé jusqu’aux dieux, et cependant il n’avait rien fait par zèle pour sa renommée et pour son nom, mais par le seul amour du bien et de la vertu.
Rien ne reste, et l’humanité, le monde disparaîtraient bientôt, si les espèces ne demeuraient : dans cette grande querelle des universaux qui a si longtemps partagé les scolastiques, Jean de Meung, avec Alain de Lille, est réaliste, mais d’un réalisme à la fois très élevé et très sensé.
Enfin, la personne même de Victor Hugo avait-elle une séduction, et sa vie a-t-elle eu une noblesse et une grandeur à quoi rien ne résiste et qui, s’ajoutant à son génie, lui assurent sans conteste la place la plus élevée dans l’admiration de ses contemporains ?
Enfin, trois de nos correspondants, avec plus ou moins d’énergie, se sont élevés contre le critique professionnel, contre le critique exclusivement critique.
Il y a dans les œuvres de M. de Régnier, comme en sa vie elle-même, beaucoup de cet ancien précepte si complètement oublié aujourd’hui : qu’un homme bien élevé évite de se mettre en scène.
Il reste de tout cela, comme impressions dernières, l’idée de ce que chacun doit à l’État et de ce que l’État doit à tous, le patriotisme, le goût du grand, qui est l’utile sous sa forme la plus élevée, l’admiration pour les grands hommes, avec une justice particulière pour ceux qui ont le génie du gouvernement, et qui sont chargés de la triple tâche de conserver, de faire marcher et de perfectionner la machine.
S’il y a en lui des parties d’un grand esprit, c’est pour la géométrie, où, de l’avis des bons juges, il a excellé, où il se serait élevé plus haut s’il eût donné à la science tout le temps qu’il a perdu dans les lettres, pour n’être pas même parmi les premiers du second rang.
Tout ce que j’y ai trouvé est pur, élevé, moral, beau et touchant.
Si l’on considère les débauches élégantes de la cour et du grand monde, le goût de persiflage qui règne dans les salons à la mode, la grivoiserie qui gâte alors tant d’écrits et des plus sérieux, on est tenté de lui assigner un rang peu élevé sur l’échelle de la moralité.
Elle a été élevée avec un jeune homme, appelé Gérard, qui était le fils de sa gouvernante.
Pourtant, quand on suit Sophie dans ses lettres manuscrites, on croit apercevoir qu’elle n’était guère au moral que ce que Mirabeau l’avait faite ; il l’avait élevée, il l’avait exaltée : lui s’éloignant, elle baisse, elle se rapetisse, elle tombe dans les misères et les mesquineries de ses alentours.
Lorsque après le 10 août, André Chénier, souffrant et retiré de la polémique, voulut aller à Versailles pour s’y reposer et y refaire sa santé, ce fut Marie-Joseph même qui lui loua cette petite maison où il a écrit ses dernières odes si élevées et si touchantes8.
Sous cette première allégorie que Flaubert au moyen de ses deux bonshommes a mise en scène avec une force comique incomparable, on trouve, a-t-on dit, un autre symbole plus élevé et d’un pessimisme en apparence plus définitif.
Mais l’illusion contraire vient de ce que l’on confond constamment le fait de prendre conscienced’un acte, d’une intention, d’un effort, ou d’un désir de s’efforcer, le pouvoir spectaculaire de constater que cet acte, cette intention, cet effort, ce désir se sont élevés de l’inconnu physiologique, — avec le pouvoirde susciter cet acte, cette intention, cet effort, ce désir.
Sans doute c’est là un des effets et une des tendances de la démocratie, c’est surtout un de ses écueils ; mais la démocratie a une racine plus noble et plus pure, elle ne vient pas seulement du désir de partager les biens de la terre : elle vient du désir plus élevé de faire respecter sa personne et ses droits ; l’amour de l’égalité dans ce qu’il a de meilleur n’est autre chose que le respect de soi-même et la défense de sa dignité.
Mais Molière dont nous parlions tout à l’heure, et qu’on ne saurait trop citer ici, est plein de gallicismes ; aucun auteur n’est si riche en tours de phrases propres la langue française ; il est même, pour le dire en passant, beaucoup plus correct dans sa diction qu’on ne pense communément : d’après cette idée, un étranger qui écrirait en français, croirait, bien faire que d’emprunter beaucoup de phrases de Molière et se ferait moquer de lui ; faute d’avoir appris à distinguer dans les gallicismes, ceux qui sont admis dans le genre le plus noble, ceux qui sont permis dans le genre moins élevé, mais sérieux, et ceux qui ne sont propres qu’au genre familier.
Le monde s’élève et s’avance sans vous ou plutôt en dépit de votre effort que submerge la moindre vague de vie, de votre effort qui s’écroule, comme le château de sable élevé par l’enfant, au moindre assaut de la mer montante.
Aime-t-il la gloire, lorsque, pour une injure particulière, il accuse les dieux et les hommes, se plaint à Jupiter de son rang élevé, rappelle ses soldats de l’armée alliée, et que, ne rougissant point de se réjouir avec Patrocle de l’affreux carnage que fait Hector de ses compatriotes, il forme le souhait impie que tous les Troyens et tous les Grecs périssent dans cette guerre, et que Patrocle et lui survivent seuls à leur ruine ?
Il veut la louer surtout d’avoir élevé dans la divine Delphes le dôme admirable du temple d’Apollon Pythien.
Un dilettante, au sens élevé, en a besoin absolument pour continuer ses enquêtes et ses expériences. […] Gabriel d’Annunzio admire si justement les Mémoires, pouvait s’accorder les mêmes libertés que ses plus effrénés contemporains ; une grande part de ses journées n’en était pas moins absorbée par un patient labeur et des soucis de l’ordre le plus élevé. […] Mais l’impératif catégorique lui-même n’est pas si invulnérable, et Victor Brochard a montré que les Grecs construisaient sans lui des morales fort rationnelles et même fort élevées. […] Du ton de l’anthologie grecque Mme de Noailles s’est élevée sans effort à celui de la grande poésie.
En un clin d’œil, une bourrasque s’était élevée, et le vent emportait dans la Seine les brochures et les cartes étalées sur les parapets. […] — À Samos. — Qui t’a élevé ce tombeau ? […] Elle fut élevé comme on élevait alors les filles, sans pédantisme, sobrement, avec mesure. […] Elle était parfaitement mal élevée. […] C’est l’histoire d’une enfant trouvée, élevée à l’ombre d’une cathédrale par des chasubliers qui vivent avec une pieuse modestie dans une vieille maison héréditaire adossée à l’église.
C’est qu’il considérait la science comme une série de formules, comme une satisfaction de curiosité, non pas comme une occupation élevée et noble, destinée, aussi bien que la vertu, à nous rapprocher de Dieu. […] De chaque côté du pylône monumental par où l’on entrait dans le Saint des Saints, Hiram-Abi le fondeur avait élevé deux colonnes de métal. […] Les personnes qui appartiennent aux classes élevées n’ont plus la foi, ou agissent, dans la plupart des cas, comme si elles l’avaient entièrement perdue. […] Élevés dans la foi, nos pères ont douté de tout. Élevés dans le doute, nous voulons croire à n’importe quoi.
Max Leclerc, l’enfant est élevé avec une salutaire rudesse par des parents qui sont encore assez jeunes pour ne point se résigner à l’inertie ou à la médiocrité. […] Élevés dans l’ironie, pouvons-nous espérer de finir dans l’enthousiasme ? […] Une fois, entre autres, ce lettré de France, élevé par de savantes cultures pour l’état de mandarin, eut une impression inoubliable, et qu’il a rendue avec une singulière vivacité. […] Même lorsqu’ils enseignent, au Collège de France et à la Sorbonne, leur ton n’est pas celui d’un docteur en chaire, mais simplement d’un homme bien élevé qui expose, avec une élégante précision, ce qu’il sait très bien. […] Entre le temple de Zeus et celui de Héra, les Achéens de Pise ont élevé un temple à Pélops, le héros de leur race.
Lui-même, peut-être un peu bourgeois dans les premières scènes, s’est élevé à la majesté du malheur et au lyrisme de la démence poétique, de la démence visionnaire, à partir de la « scène de la bruyère » et surtout au dénouement. […] Trône au fond, élevé sur cinq marches, divans, ou ce que vous voudrez d’analogue, à droite ou à gauche, massifs de fleurs et d’arbustes, etc. […] « Prenez toutes les lettres d’amour du monde, dit un personnage de Meilhac et Halévy, vous n’y trouverez pas autre chose. » Aricie, pressée de répondre, répond en effet, en jeune personne bien élevée : Partez, prince, et suivez vos généreux desseins, Rendez de mon pouvoir Athènes tributaire. […] Voilà comment une personne élevée au couvent de l’Acropole dit : « Je vous aime ! […] On le voit donc très nettement : le théâtre romantique, c’est le théâtre du boulevard élevé un peu en dignité et traité soit en vers, soit en prose ornée et poétique, et rien n’est plus erroné que cette opinion qu’il y a eu une révolution dramatique en 1829 ou l’invention de quoi que ce soit en 1829.
Mais quelquefois, enfin, dans la rapidité de sa chute, se retenant « comme à des branches » à ce que la nature et l’humanité ont de « plus élevé » et de « moins impur », c’est alors qu’il écrivait ses chefs-d’œuvre. […] On n’est pas non plus un grand poète pour s’être élevé si haut, une fois en sa vie, que l’on n’a plus pu se retrouver ni se recommencer soi-même. […] Sully Prudhomme s’est élevé assez haut pour que la critique la plus subjective, — cela veut dire la plus personnelle, — n’ait qu’à le suivre, le commenter, et l’interpréter. […] Dans ce monde où la mort vient de lui donner accès, une femme l’attendait, entre laquelle et lui les préjugés des hommes avaient jadis élevé leur barrière. […] Il y a donc lieu de poser des « principes », d’édifier des « théories » ; et, en littérature comme ailleurs, si quelqu’une de ces « théories » est plus large ou plus élevée que d’autres ; si quelques-uns de ces « principes » sont plus conformes à l’objet même de l’art, cela suffit pour qu’on les préfère, pour qu’on les enseigne, et pour qu’on essaie de les appliquer.
Il a des pages émues sur le droit des pauvres aux jouissances élevées de la vie, sur la triste condition où le travail de l’atelier réduit les femmes et les enfants du peuple. […] Vous saviez, par tout ce qu’on vous avait dit, le mérite éminent de l’homme que vous veniez voir ; mais vous fûtes quand même étonné du savoir profond et varié, de la conversation nourrie, piquante et toujours élevée de ce juriste, qui pouvait parler littérature avec un homme de lettres, science avec un savant, qui avait tout lu, tout étudié, qui connaissait comme vous les choses de France et qui discutait avec vous les avantages comparés du referendum et du droit d’initiative populaire. […] Certes Marc Amanieux est bien loin d’être un inconnu, il est justement estimé d’une élite ; ses vers sont bien frappés ; son inspiration est ample et élevée, et malgré tout, je le dis avec tristesse, quand les noms de tel chroniqueur de pacotille ou de tel romancier médiocre voltigent sur les lèvres du grand public, il n’a pas, lui, une réputation égale à son talent. […] Elle est le réservoir élevé, d’où filtrent goutte à goutte les idées nouvelles, en attendant qu’elles débordent et coulent en cascade sur la foule environnante. […] L’assurance est une belle chose ; mais il est décidément trop commode de passer sous silence ceux qui se sont élevés contre ces interprétations hâtives et intéressées de la doctrine darwinienne.
Puis, au retour du mari, qui trouve son enfant tout élevé, la femme-renard disparaît, mais le père et le fils vont à sa recherche, et la femme-renard leur apparaît dans une de ces visions, semblables aux visions de Rembrandt, en un coin d’eau-forte à peine mordue, et apprend à l’enfant l’homme qui a assassiné sa mère — et que l’enfant tue. […] Pont courbe en bois sur piliers très élevés, forme nécessitée par la fonte des neiges au printemps. […] Un pont aux compartiments zigzaguant sur un vaste marais, de la forme de ces châssis mobiles sur lesquels les enfants font avancer des soldats, un pont élevé pour aller voir dessus la floraison des iris du marais. […] Un tombeau lui a été élevé, par sa fille Shiraï Tati dans le jardin du Temple Seikiôji d’Asakousa, à côté de la pierre tombale de son père, Kawamoura Itiroyémon. […] À demi abritée par un paravent, une femme en train de se coiffer, les deux mains élevées au-dessus de sa tête, et soulevant par derrière sa natte à l’aide d’une grosse épingle à cheveux.
On n’a point élevé de marbres sur leurs humbles tertres ni gravé d’inscriptions à leurs vertus ; mais leur mémoire est restée ineffaçable dans le cœur de ceux qu’ils ont obligés. […] La voix du peuple, qui se tait sur les monuments élevés à la gloire des rois, a donné à quelques parties de cette île des noms qui éterniseront la perte de Virginie.
La perfection des qualités de l’esprit, c’est le goût, comme la perfection des qualités de la personne, dans un rang si élevé et au sein même de la majesté, c’est le naturel. […] Je ne sais en quel pays ni en quelle histoire on trouverait un second exemple d’un flatteur de roi, touché de scrupules si élevés et si délicats.
Il s’infiltre partout, car de même que les plus vulgaires ont mainte fois leurs accès de sublime, les plus élevés payent fréquemment tribut au trivial et au ridicule. […] Que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche ; passant d’une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque ; tour à tour positif et poétique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large et vrai ; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d’alexandrin ; plus ami de l’enjambement qui l’allonge que de l’inversion qui l’embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre ; inépuisable dans la variété de ses tours, insaisissable dans ses secrets d’élégance et de facture ; prenant, comme Protée, mille formes sans changer de type et de caractère, fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue ; se cachant toujours derrière le personnage ; s’occupant avant tout d’être à sa place, et lorsqu’il lui adviendrait d’être beau, n’étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir ; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin ; pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires, des plus bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites, sans jamais sortir des limites d’une scène parlée ; en un mot, tel que le ferait l’homme qu’une fée aurait doué de l’âme de Corneille et de la tête de Molière.
C’était un premier degré à des fonctions littéraires plus lucratives et plus élevées, un prétexte à traitement. […] Un autre patronage, moins élevé et plus dangereux pour Béranger, fut celui de cette réunion bachique de chansonniers dont nous avons parlé en commençant, le Caveau.
De même que chaque poème monte peu à peu vers l’éclat de la joie, de même, à travers l’œuvre entier de Claudel, la joie, comme une parole de plus en plus distincte et solitaire, s’est élevée. […] L’âme, devant les choses, soudain se reproche de ne pas sentir assez d’admiration, elle se ressaisit, elle tâche de partir de plus haut en elle-même, elle veut au plaisir qu’elle attend une préparation plus élevée, plus exquise. […] Je les vois, rangés sur une seule ligne, regardant tous vers moi ; pourtant, chacun s’est d’abord élevé au cœur du précédent. […] Fiévreusement, et au hasard, et non sans se moquer de lui-même, Gide s’était élevé contre l’étroite contrainte de nos actes quotidiens ; il aperçoit maintenant de sa révolte téméraire et mal assurée la raison simple et sensible : les actes et les attachements sont mauvais, car ils nous détournent de notre propre vie, qui est notre seul vrai bonheur ; pour être heureux il suffit d’être et de savoir qu’on est : Volupté ! […] Mais Gide maintient toutes ses idées à la fois élevées ; il ne consent pas à leur inertie ; il ne permet à aucune de triompher des autres en s’étalant sur elles : avec vigilance il répartit entre toutes une soigneuse flamme, il alimente sans cesse leur combat.
J’ai beau faire : la théorie des lapsus et la théorie des rêves m’apparaissent comme une sorte de double portique qui a été construit après coup par Freud devant le monument qu’il avait élevé. […] Au contraire : la Psychanalyse n’a jamais oublié qu’il existe des tendances non sexuelles, elle a élevé son édifice sur le principe de la séparation nette et tranchée entre tendances sexuelles et tendances se rapportant au moi, et elle a affirmé, sans attendre les objections, que les névroses sont des produits non de la sexualité, mais du conflit entre le moi et la sexualité 8. […] Et ailleurs : Au tournant d’un chemin j’éprouvai tout à coup ce plaisir spécial qui ne ressemblait à aucun autre, à apercevoir les deux clochers de Martinville, sur lesquels donnait le soleil couchant et que le mouvement de notre voiture et les lacets du chemin avaient l’air de faire changer de place, puis celui de Vieuxvicq qui, séparé d’eux par une colline et une vallée, et situé sur un plateau plus élevé dans le lointain, semblait pourtant tout voisin d’eux. […] De ce poste élevé elle participait avec entrain à la conversation des fidèles et s’égayait de leurs « fumisteries », mais depuis l’accident qui était arrivé à sa mâchoire, elle avait renoncé à prendre la peine de pouffer effectivement et se livrait à la place à une mimique conventionnelle qui signifiait sans fatigue ni risques pour elle, qu’elle riait aux larmes.
Elle ne s’est point élevée contre Mr Perrault, quand il a entrepris de faire voir la supériorité de nos écrivains sur les auteurs de Rome et d’Athenes. […] Le poëte épique soûtient que le poëme est le chef-d’oeuvre de l’esprit humain : le tragique et le comique en disent autant de la tragedie et de la comedie : le lyrique accoûtumé à se loüer par son droit d’enthousiasme, croit encore que son genre est plus difficile et plus élevé ; et il mettra de son autorité, les Pindares et les Horaces, c’est-à-dire lui-même sous d’autres noms, au dessus des Sophocles et des Terences. […] Vous Agamemnon, quoique le plus puissant, n’enlevez point à Achille la fille que les grecs lui ont donnée, et vous fils de Pelée, ne vous attaquez point au roi ; car de tous les rois qui ont porté le sceptre, et que Jupiter a élevé à cette gloire, il n’y en a jamais eu de plus grand que lui. […] Atride dans son coeur frémit de cette audace ; quand l’éloquent Nestor qui les voit s’animer, vénérable orateur, tâche de les calmer : lui, qui depuis les jours que la Parque lui file, a vû naître trois fois un nouveau peuple à Pile, et qui roi du troisiéme élevé sous ses yeux, commande à des sujets dont il vit les ayeux.
Il est d’ailleurs curieux de voir ce que pensait de Tartuffe un des esprits les plus élevés du xviie siècle : « Je viens de lire le Tartuffe, écrivait Saint-Évremond, c’est le chef-d’œuvre de Molière. […] Et ce n’est plus seulement le bon sens qui raille ou s’indigne, il y a là une grandeur véritable, je ne sais quoi de plus profond, un sentiment plus élevé, une conception plus humaine et plus haute. […] Au reste, et encore un coup, Molière est le représentant le plus élevé de l’esprit français, avec ses étroitesses, mais ses honnêtetés, avec sa haine du précieux, du boursouflé, de l’obscur, et sa soif de clarté, son avidité de lumière. […] Hollandaise abandonnée par ses parents, élevée par une blanchisseuse, mariée à Beauval, applaudie à Paris, morte à soixante-treize ans, après avoir eu vingt-quatre enfants.
Il faut bien le dire, le niveau moral, si peu élevé durant tout le siècle, s’était encore abaissé à ce point que la conduite de Térésa, achetant la vie au prix de son honneur, ne provoqua chez personne ces haines vigoureuses Que doit donner le vice aux âmes vertueuses. […] Tête respirant la franchise, œil brillant d’intelligence, regard profond et bienveillant révélant un cœur d’or, voilà l’homme que la moitié de la France acclame, quand il lance aux foules sa parole toujours généreuse et élevée. […] Il y a dans ce recueil d’un goût exquis : La Mort du Moissonneur, Le Tambour d’Arcole, La Princesse Clémence, poèmes d’un souffle élevé, d’une inspiration franche et neuve, puis des chansons enthousiastes, un Hymne au Soleil, aussi brûlant que lui ; Le Bâtiment, mâle et fière poésie ; La Tour de Barbantane, brillante légende ; La Coupe ; La Comtesse, réponse a la Dama del rat penat de Balaguer, plus belle peut-être que la pièce catalane, mais il faudrait encore citer, et citer toujours. […] L’un est philosophe aux pensers nobles et élevés, il a écrit des méditations où l’on ne sait ce qu’il faut admirer le plus de la mâle sévérité du sujet, ou de la correction avec laquelle il est traité. […] Né d’une famille d’ouvriers, élevé au poste qu’il savait occuper si dignement par son seul mérite, il avait conservé une modestie, une bienveillance, un instinct de serviabilité qui frappaient à première vue.
Sans doute il n’a point créé le genre funambulesque et ne l’a même pas renouvelé tout seul ; mais il l’a cultivé avec prédilection et bonheur ; il l’a enrichi, amplifié, élevé, autant qu’il se pouvait, jusqu’au grand art ; il en a fait sa chose et son bien et, s’il va à la postérité, comme je l’espère, c’est de ce tremplin que son bond partira. […] Il y a des longueurs, ou plutôt des lenteurs, une manière par trop flottante et berçante dans Angélus 18, cette histoire d’un enfant élevé au bord de la mer par un vieux prêtre et un vieux soldat, et qui meurt de n’avoir point de mère, de trop rêver et de ne pas jouer, d’être aimé trop et d’être mal aimé, d’être trop baisé et d’être baisé par des lèvres trop froides. […] Élevés autrement que Mélissandre, notre néo-hellénisme est plutôt chose acquise que fruit de nature. […] Mais d’abord cette sympathie peut s’exprimer de bien des façons : il y a un mépris de l’humanité qui n’est point exclusif d’une sorte de pitié et qui, d’autre part, implique justement un idéal très élevé de générosité, de désintéressement, de bonté. […] Je ne vois pas comment et par où l’observation du « milieu intérieur » est d’un ordre plus élevé que l’étude des effets du dehors sur ce milieu.
J’avais eu le bonheur d’être élevé à l’Oratoire par un des amis de ce philosophe, et je l’ai beaucoup vu dans ma première jeunesse. […] Son étude de Pope et son projet d’un poème sur la Nature le conduisirent aisément à son Essai didactique sur l’Astronomie : M. de Fontanes n’a rien écrit de plus élevé. […] » Ainsi au poète mélancolique, délicat, pur, élevé, noble, mais un peu désabusé, parlait l’ardent poète avec grandeur.
Jour et nuit, matin et soir, — chez moi, dehors, seul, en compagnie, — veillant ou dormant, mon seul soin a été — de la marier, et maintenant que j’ai trouvé — un gentilhomme de race princière — de belles façons, jeune, noblement élevé, — fait comme un cœur pourrait le souhaiter…, — voir une misérable folle larmoyante, — une poupée pleurnicheuse, à cette offre de sa fortune, — répondre : « Je ne veux pas me marier ! […] Vous voyez les charretiers par gaieté et vivacité s’asséner des taloches ; telle est à peu près la conversation des seigneurs et des dames qui veulent plaisanter, par exemple celle de Béatrice et de Bénédict228, personnes fort bien élevées pour le temps, ayant une grande renommée d’esprit et de politesse, et dont les jolies répliques font la joie des assistants. « Ces escarmouches d’esprit » consistent à se dire en termes clairs : Vous êtes un poltron, un glouton, un imbécile, un bouffon, un libertin, une brute ! […] Il est aussi escroc que Panurge, qui avait soixante-trois manières d’attraper de l’argent, « dont la plus honnête était par larcin furtivement fait. » Et ce qui est pis, il est vieux, chevalier, homme de cour et bien élevé.
Ses prétentions ne sont pas fort élevées au sujet de ses ouvrages ; il vend ses volumes chacun 500 francs ; c’est pour rien. […] L’éditeur, enchanté, tourmenta la grande dame pour obtenir de sa plume habile un second ouvrage, pour lequel il traita moyennant un prix fort élevé. […] J’ai bien senti quelques grands hommes descendre du piédestal que mon opinion leur avait bâti ; j’ai bien vu quelques personnages que j’avais peine à accoler aux figures que je m’étais créées par tels noms, ou par telles œuvres ; mais je dois dire aussi, qu’à les connaître, quelques hommes se sont élevés dans mon estime, et que le résultat de mes enquêtes m’a causé autant de véritables plaisirs que de déceptions.
Élevée sur les genoux d’un père qui poursuivait ses rimes à travers les mille occupations de la vie mondaine, n’hésitant pas à parfaire, six mois durant, la magnificence d’un sonnet, elle eut ses jeunes ans bercés au son de la musique des phrases, et cette musique-là, tout comme l’autre, dépose en notre oreille des rythmes qui ne s’effacent jamais. […] Voici un jeune homme élevé par une mère ultra-janséniste, suivant les principes de la plus sévère discipline morale, celle qui voit dans l’œuvre de chair l’irréparable souillure, la cause d’éternelle damnation […] » Son fils Augustin a atteint l’âge viril sans perdre sa fleur d’innocence, élevé par les soins du janséniste Forgerus, mais sans soupçonner — car l’occasion ne s’en est point offerte — les sources vives de tendresse qui se dissimulent en lui.
Du premier bond, le génie humain s’appliquant à la représentation du sublime et du beau, s’est élevé à une telle hauteur, qu’il lui a été depuis impossible de se surpasser. […] Et c’est pour avoir méconnu cette destination de l’art, pour l’avoir réduit à n’être que l’expression d’une idéalité chimérique, que la Grèce, élevée par la fiction, perdra l’intelligence des choses et le sceptre des idées…. […] Si le réalisme aborde les sujets élevés et élégants, sa puissance sera prodigieuse et il dépassera de beaucoup le scepticisme byronien, parce qu’il s’appuie sur une base solide, le vrai.
Il faudrait, il est vrai, que ce poisson se fût élevé jusqu’à la distinction du réel et du possible, et qu’il se souciât d’aller au-devant de l’erreur de ses congénères, lesquels considèrent sans doute comme seules possibles les conditions d’humidité où ils vivent effectivement. […] Les anciens n’avaient élevé de pareilles barrières ni entre la qualité et la quantité, ni entre l’âme et le corps. […] La synthèse a laquelle on s’était élevé devenait ainsi capable de tout embrasser.
Il y a gagné, sans cesser d’être le poète distingué et élevé que l’on connaît, de devenir un littérateur proprement dit, un critique expert en bien des matières, et non confiné à celles de poésie.
Il avait publié précédemment, en 1638, des Considérations sur l’Éloquence française de ce temps, dans lesquelles il avait pris les devants et s’était élevé contre les raffineurs du langage.
Elle aime à associer les noms de l’amitié aux émotions publiques qui envahissent son âme et la transportent : « C’est ajouter, » dit-elle en un style plein de nombre et dont le tour accompli rappelle le parler de Mme de Wolmar, « c’est ajouter au grand intérêt d’une superbe histoire l’intérêt touchant d’un sentiment particulier ; c’est réunir au patriotisme qui généralise, élève les affections, le charme de l’amitié qui les embellit toutes et les perfectionne encore. » Les lettres du 24 et du 26 janvier 91 à Bancal, alors à Londres, par lesquelles elle essaie de le consoler de la mort d’un père, méritent une place à côté des plus élevées et des plus éloquentes effusions d’une philosophie forte, mais sensible.
Mais cela n’est pas digne du talent si élevé de l’auteur.
L’orgueil l’a élevé au-dessus de la niaise rancune des émigrés.
Car le plaisir qui est à la fois le plus intense, le plus élevé et le plus pur, ce plaisir-là ne se trouve que dans la contemplation du Beau.
Nos écrits sont comme des arrhes que nous donnons au public de notre aptitude aux carrières élevées.
Le recueil de La Fontaine est un théâtre où nous voyons représentés en raccourci tous les genres de drame, depuis les plus élevés, la comédie et la tragédie, jusqu’au plus simple, le vaudeville.
Davidsohn, avec sa moustache noire, son gilet blanc et sa politesse correcte et raide d’Allemand bien élevé, je revois les acteurs et les décors, et je retrouve l’enthousiasme, l’enthousiasme qui se communiquait de place en place et que j’éprouvais, moi, pauvre diable d’étudiant égaré dans cette élite, plus fort, plus entraînant que je ne l’ai jamais éprouvé depuis.
L’intérêt ne réside plus seulement dans la partie la plus élevée ou dans la plus basse ; à chacune est dévolu, autant que possible, un rôle d’égale importance.
En 1864, Wagner dit : « l’œuvre de l’art le plus élevé doit se mettre à la place de la vie réelle, elle doit dissoudre cette Réalité dans une illusion, grâce à laquelle ce soit la Réalité elle-même qui ne nous apparaisse plus que comme une illusion … La nullité du monde !
Il suffit de dire aux Français que c’est de l’alexandrin élevé à la troisième puissance.
« Certes, s’il avait considéré réellement la pensée comme une sécrétion, l’erreur eût été monstrueuse et les clameurs élevées contre lui auraient été justifiables. » Mais la vérité c’est qu’il n’a eu, comme beaucoup de biologistes et psychologistes, que des idées obscures sur la fonction231.
Stahl-Hetzel de quelques politesses qu’il a mêlées à sa critique, s’il ne l’avait pris tout à côté sur un ton beaucoup plus élevé qu’il ne convenait au cas particulier et, j’ajouterai, à son rôle, et s’il n’avait dénaturé mes intentions au gré de son esprit de parti ou de son intérêt d’avocat, lesquels ici se confondent.
J’en conclus que Sieyès, en effet, avait été beaucoup calomnié, que son sentiment moral élevé en avait souffert, que sa délicatesse orgueilleuse s’était révoltée, et qu’il en était résulté dans la partie la plus sensible de son être une maladie du genre de celle dont Rousseau et d’autres grands esprits solitaires se sont vus atteints36.
Chaque famille ayant un ancêtre distinct, c’est aux seuls descendants de cet ancêtre qu’il incomba d’apporter au mort le repas funèbre, d’entretenir la flamme du foyer, qui, enfermé dans l’intérieur de la maison, à l’abri des regards de l’étranger, avait été sans doute, aux premiers temps élevé, au-dessus de la première tombe familiale.
Il fallait que l’humain fût frappé dans ces choses de grâce et d’élégance, que je croyais intangibles par la maladie, dans ces dons d’homme comme il faut, d’homme bien né, d’homme bien élevé !
Même dans la science, si on trouve la vérité « en y pensant toujours », on n’y pense toujours que parce qu’on l’aime. « Mon succès comme homme de science, dit Darwin, à quelque degré qu’il se soit élevé, a été déterminé, autant que je puis en juger, par des qualités et conditions mentales complexes et diverses.
Elle est la plus jolie du monde, elle est naïve, elle est bien née et bien élevée.
Il nous a dénombré en Virgile une foule de qualités d’un ordre élevé, mais littérairement secondaires : l’amour de la campagne et le talent spécial de décrire les choses de la nature, l’érudition, même celle des livres, cette triste poussière dont l’abeille romaine sut faire un miel d’or, le patriotisme tempéré par un esprit déjà moderne d’humanité universelle, etc., s’attachant avec raison à ces nuances qu’on ne pouvait pas oublier, mais n’allant pas plus loin que ces détails, extérieurs au génie, qui le parent, mais qui ne le constituent pas.
Le salon bleu de l’hôtel de Rambouillet fut élevé contre le corps de garde, monument contre monument.
Ce dernier avait dit : « Je me propose d’établir que la science des phénomènes de la vie ne peut avoir d’autres bases que la science des phénomènes des corps bruts, et qu’il n’y a, sous ce rapport, aucune différence entre les principes des sciences biologiques et ceux des sciences physico-chimiques… Dans l’expérimentation sur les corps bruts, il n’y a à tenir compte que d’un seul milieu, c’est le milieu cosmique extérieur ; tandis que, chez les êtres vivants élevés, il y a au moins deux milieux à considérer : le milieu extérieur ou extra-organique, et le milieu intérieur ou intra-organique.
Jules Lemaître, qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long aux pieds de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus 54] haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant. » On ne saurait mieux dire.
Enfant perdu de Paris, élevé par charité dans une famille d’ouvriers, il est, à quatorze ans, entré comme apprenti dans une maison d’horlogerie.
Le Bon 130, les différences de volume du crâne existant entre individus de même race sont d’autant plus grandes que la race est plus élevée dans l’échelle de la civilisation.
Dans un ordre plus élevé, il y a des artistes chez les diplomates, chez les savants, chez les penseurs.
J’ai vu qu’il pouvoit résulter de cette position des tableaux intéressants, même pour ceux que le sort a placés dans une sphere plus élevée.
Cette adulation même prend un accent élevé, pour décrire la puissance réelle du roi d’Égypte : « Il règne sur une vaste contrée154, sur une vaste mer, sur de nombreux continents.
Sortis des cultes phalliques et orgiastiques de l’Asie, ils s’étaient dégagés de leur servitude : de monstres, ils s’étaient faits hommes ; de la difformité du fétiche, ils s’étaient élevés à la beauté du Génie. […] L’ostentation du deuil sempiternel qu’elle portait de son vieux mari, le sénéchal de Brézé, avait tout d’abord élevé haut sa conquête. […] que tous ces moments étoient tristes pour une jeune princesse élevée dans la plus belle cour et la plus polie de l’univers ! […] La Camarera-mayor avait prêché le roi pendant le voyage, elle l’avait effrayé en lui montrant la reine « jeune, vivo, d’un esprit brillant, élevée dans les manières libres de la cour de France », et prête à briser le cérémonial, si dès les premiers jours elle n’en sentait pas la rigueur. […] Élevée avec le jeune roi, elle attira ses premiers regards ; mais ce vague amour n’eut pas le temps de se dessiner : il passa comme un nuage et ne voila que des jeux d’enfants.
Tout ce que l’on peut dire, c’est que l’œuvre de Corneille, avec toutes ses imperfections de détail, est plus variée que l’œuvre de Racine, d’un effet plus sûr et plus soudain à ta scène, que l’inspiration surtout en est plus haute, plus généreuse, plus élevée au-dessus de l’ordre commun et des conditions ordinaires de la vie ; mais qu’il en coûte de l’avouer au sortir d’une lecture de Racine ! […] L’un et l’autre, ils ont été le plus grand nom de leur temps et la voix la plus écoutée ; l’un et l’autre, ils ont parlé comme personne cette langue lumineuse du bon sens, également éloignée de la singularité anglaise et de la profondeur germanique ; l’un et l’autre, ils se sont moins souciés de l’art que de l’action, de charmer que de persuader ou de convaincre, et de gagner des esprits à leur cause ; l’un et l’autre enfin, partout où de leur temps quelque controverse s’est émue, quelque conflit élevé, quelque grande bataille engagée, comme si le sort du combat n’eût dépendu que de leur présence, ils sont venus, et ils ont vaincu. […] Et n’est-ce pas précisément, puisqu’aussi bien il s’agit de la littérature de l’époque impériale, ce que Royer-Collard appelait avec force « dériver l’ignorance de sa source la plus élevée » ? […] Cependant, à mesure que l’on étudiait avec plus d’attention et de liberté scientifique le caractère de l’événement, à mesure qu’on en pénétrait mieux le sens et qu’on en regardait plus froidement les suites qui continuaient à se dérouler, on le ramenait à ses vraies proportions, on le rattachait à ses véritables origines, on y reconnaissait la conséquence nécessaire de toute notre histoire nationale, et jusque dans les géants de la Convention on retrouvait des Français de tous les temps, qui n’avaient plus de gigantesque et de surhumain que le piédestal sur lequel nous les avions élevés.
« J’aurais été étonné, dit Eudore, de trouver dans une espèce de sauvage une connaissance approfondie des lettres grecques et de l’histoire de son pays, si je n’avais su que Velléda descendait de la famille de l’Archidruide, et qu’elle avait été élevée par un sénani, pour être attachée à l’ordre savant des prêtres gaulois. […] Barrès (ce sont les hasards de la guerre), mais qui répond à des exigences élevées de l’esprit catholique. Et ne confondons pas avec ces exigences élevées certains buts volontairement chimériques. […] Les réclamations ne se sont guère élevées que contre les applications de cette méthode aux œuvres de poésie, — et singulièrement de poésie moderne, dont les professeurs passent d’ailleurs pour mauvais juges. […] Notons qu’il n’y a pas eu une littérature Dada, mais un mouvement Dada, que le poisson soluble d’André Breton est un mouvement qui se meut, s’emporte, se dévore lui-même, comme les chopes à Genève, dont les faux-cols sont si élevés qu’en laissant reposer la bière on les voit se boire toutes seules.
., mais non des formes compliquées, un homme, une maison, un arbre ; elle peut bien, dans l’oreille, déterminer des bourdonnements, des sons élevés ou bas, mais non pas des mots formés ou des mélodies. » — La distinction se marque mieux encore dans les hallucinations qui suivent l’usage du microscope ; j’en donne le détail d’après une lettre que m’écrit un des plus illustres micrographes, M. […] Ainsi, dans le même tronc nerveux, de la racine postérieure à la racine antérieure, la communication se fait par quatre voies, et le circuit par lequel l’impression sensitive se convertit en impulsion motrice est d’autant plus long qu’il passe par un centre hiérarchique plus élevé. — Tantôt, de la racine postérieure, le courant va directement à la racine antérieure, comme on l’a vu dans le tronçon de grenouille dont la patte irritée se déplace pour fuir la cause d’irritation. — Tantôt, de la racine postérieure, le courant remonte jusqu’à la moelle allongée et en redescend jusque dans la racine antérieure ; c’est le cas du lapin décapité ou du rat à qui l’on a coupé les pédoncules cérébraux au-dessus de la protubérance. — Tantôt, de la racine postérieure, il remonte dans la moelle allongée, puis dans les ganglions de la base, pour redescendre dans la moelle allongée, puis dans la racine antérieure ; c’est le cas pour les animaux à qui l’on a enlevé les hémisphères. — Tantôt enfin, de la racine postérieure, il remonte dans la moelle allongée, puis dans les ganglions de la base, puis dans l’écorce cérébrale, pour descendre de là dans les ganglions de la base, puis dans la moelle allongée, puis dans la racine antérieure, en compagnie d’autres courants qu’une de ses branches collatérales ascendantes a déterminés dans le cervelet et qui redescendent en même temps que lui pour aboutir à d’autres racines postérieures ; c’est le cas des animaux intacts et sains.
Ainsi née et élevée, sa corruption est naturelle. […] Entre tous ces romans altérés paraîtra un roman véritable, élevé, touchant, simple, original, l’histoire de Henry Esmond.
Croient-ils donc avoir atteint à un pathétique bien élevé ; pour avoir accumulé une infinité de traits ténus, et avoir figuré de beaux mouvements d’âme, ils n’ont pas créé de héros vivants. […] Nous ne nous sentons ni élevés, ni amoindris.
Il roule encore dans son esprit le roman d’une jeune fille, élevée au Sacré-Cœur, un Sacré-Cœur de province, un roman documenté par les conversations de sa mère et de sa sœur, et dont le premier chapitre lui aurait été inspiré par la morphinomane, assassinée ces jours-ci. […] Il y retrouve comme garde de marais, un garçon qui a été élevé avec lui, un garçon resté simple paysan, et marié à une femme de sa condition, mais d’une nature délicate, distinguée.
Malot, si nous ne pénétrons pas dans un monde où les sentiments soient beaucoup plus élevés, nous n’avons pas du moins à redouter de semblables intempérances. […] On y vit pour la première fois aussi les malheurs domestiques d’un Saint-Preux ou d’une Julie d’Étange, élevés par l’ampleur du développement et l’éloquence de l’accent jusqu’à la dignité des infortunes tragiques de la race d’Atrée et de Thyeste. […] Elle est sotte, mal élevée, prétentieuse ; ni tête, ni cœur ; fausse, avide, par instants même froidement et bêtement cruelle : mais, comme ses sens, exaspérés par la privation de ce qu’elle n’a jamais connu, sont devenus fins et subtils ! […] Cet idéal, assurément, n’est ni très noble ni très élevé. […] Ce qui n’est au moins douteux pour personne, c’est leur étrange inhabileté toutes les fois qu’ils veulent traduire quelque chose de plus profond ou de plus élevé que la sensation.
Dante, prenant la main de Virgile, inaugura entre l’art moderne et l’art ancien une alliance que consacrèrent Raphaël et Racine, l’un initié par son père à la tradition des peintres ombriens, puis mis par les Florentins en possession de la forme antique ; l’autre élevé par les austères chrétiens de Port-Royal et par eux cependant nourri aux lettres grecques. […] Tant que l’observation psychologique s’applique à ce double objet, c’est une méthode élevée et féconde qui, quelle que soit l’exactitude des procédés qu’elle emploie, sauvegarde l’idéalisme par le spiritualisme. […] Mais nous aimons mieux nous laisser introduire par Marivaux et par Chardin dans un meilleur monde, celui de la bourgeoisie élevée, d’esprit sage et de goûts distingués. […] Ils lui font redescendre un à un tous les degrés qui l’avaient élevé jusqu’à la plus haute abstraction et ils le ramènent ainsi à la réalité concrète. […] Tolstoï a aussi son cocher philosophe : il est d’une vérité naïve qui fait plaisir : « Yéfime, le cocher de la comtesse, le seul en qui elle eût confiance, perché sur son siège élevé, ne daignait même pas se retourner pour voir ce qui se passait. » Et cependant, le cas était grave : car il s’agissait pour les Rostow de quitter au plus vite Moscou en emportant le plus précieux de leur avoir ; mais « dans sa vieille expérience, il savait fort bien qu’on ne lui dirait pas de sitôt encore : “En route à la garde de Dieu !”
La fille qui leur était née en 1793, Caroline, ayant perdu très jeune son père et sa mère, fut élevée d’abord dans un pensionnat de Honfleur, puis à Rouen, chez le docteur Laumonier, médecin de l’hôpital. […] Flaubert est né et a été élevé dans un hôpital, et sa vie, son génie, son œuvre en ont été constamment marqués. […] Dans le second, même histoire, mais on se donne, et l’amour terrestre est moins élevé en ce qu’il est plus précis. […] L’Éducation réalise le roman de la génération élevée sous Louis-Philippe et qui a vingt-cinq ans en 1848. […] Le roman de Flaubert demandait un degré de culture plus élevé que celui qui suffisait pour Madame Bovary, une familiarité avec les maîtres comme La Bruyère et Le Sage, dont il s’était inspiré.
En 1880, toute une génération de jeunes hommes, élevés en un pays prospère, enrichis des idées neuves qui, depuis la guerre franco-allemande, circulaient à travers la Belgique et les excitaient, se trouvent prêts au combat. […] Dans un récent volume, Le Parfum des Buis « avec six autres histoires pour exalter la radieuse misère de vivre », son talent s’affirme encore plus séduisant, surtout plus élevé, plus édifiant ; et l’on déplore de ne point citer entièrement des récits comme La Bablutte, Le Réveillon de M. […] Gustave van Zype s’exprime en une langue pure et élevée ; il n’abandonne rien au hasard. […] Parmi les critiques catholiques, citons Firmin van den Bosch dont les Essais de critique catholique et les Impressions de littérature contemporaine font estimer la netteté de jugement, les poètes Victor Kinon, qui nous présente (Portraits d’auteurs) de fortes études, souvent partiales, mais d’un caractère élevé, concernant certains écrivains septentrionaux, français, belges, et Georges Ramaekers, auteur de plaquettes intéressantes sur Verhaeren, Demolder, Virrès.
Hors un petit nombre de figures semblables, reservées pour le stile élevé, les autres se trouvent tous les jours dans le stile le plus simple, et dans le langage le plus comun. […] Le besoin d’une certaine mesure dans les vers a souvent obligé les anciens poètes d’avoir recours à ces façons de parler, et il faut convenir qu’elles ont quelquefois de la grace : aussi les a-t-on élevées à la dignité d’expressions figurées ; et en ceci les anciens l’emportent bien sur les modernes à qui on ne fera de long-tems le même honeur. […] Si les explications des passages de l’ancien testament regardent l’eglise et les mystères de notre religion par analogie ou ressemblance, c’est le sens allégorique ; ainsi le sacrifice de l’agneau pascal, le serpent d’airain élevé dans le désert, étoient autant de figures du sacrifice de la croix. […] Les abstractions sont une faculté particulière de notre esprit, qui doit nous faire reconoitre combien nous somes élevés au dessus des êtres purement corporels.
Il était tout naturel qu’une bureaucratie, quelle qu’elle fût, fût prévenue contre la philosophie, contre la pensée qui s’est élevée le plus diamétralement, ainsi que nous venons de le voir, qui l’est contrariée le plus diamétralement à l’habitude, au vieillissement, à la momification, à la bureaucratie, à la mort. […] Mieux vaut celui qui est bien lui dans l’ordre le plus bas que celui qui n’est pas lui dans un ordre censément plus élevé. […] Ils mesurent la hauteur dont ils ont abaissé le monde et non point la hauteur dont ils se sont élevés. […] Aujourd’hui, pensait-on, est un mauvais garçon ; et un garçon mal élevé. […] D’un homme mal élevé.
« Dominé par l’honneur et l’intérêt du prince, par l’amour de la liberté fondée sur l’ordre et sur les droits de tous, un ministre des affaires étrangères, quand il sait l’être, se trouve ainsi placé dans la plus belle situation à laquelle un esprit élevé puisse prétendre… » L’idéal est magnifique, et à la façon dont il en parlait, on était tenté de croire qu’il l’avait autrefois rempli de tout point dans la pratique.
Elle fut élevée d’abord au sein d’une campagne pittoresque et sauvage : ce charmant petit lac où le vent jetait quelquefois les pommes de pins de la forêt, et où elle conduisait, en se jouant, une barque légère, ces sorbiers, amis des oiseaux, ces pyramides de sapins tout peuplés d’écureuils qui se miraient dans les ondes, ces plaintes des joncs, ces rayons de lune sur les bouleaux pâlissants, tel fut le fond de tableau à jamais cher, où se déclara son innocente et déjà passionnée rêverie.
Si, dans sa conduite ordinaire, les motifs personnels ne l’emportaient pas sur les motifs publics, il serait un saint comme Louis IX, un stoïcien comme Marc-Aurèle, et il est un seigneur, un homme du monde semblable aux gens de sa cour, encore plus mal élevé, plus mal entouré, plus sollicité, plus tenté et plus aveuglé.
Son front était étroit, peu élevé, comme celui que les sculpteurs de Chypre ou de Milo donnent à leurs statues de femmes, parce que la Grèce et l’antiquité savaient bien que la vraie beauté de la femme n’est pas dans l’intelligence de la physionomie, mais dans la tendresse de l’expression du visage ; des cheveux d’un blond doré poussaient très bas sur ce front et l’encadraient dans les boucles à peine ondées de ces cheveux.
L’Italie redevient ainsi le champ de bataille inévitable et perpétuel de la France, de l’Autriche et de l’Angleterre ; l’annexion universelle n’est qu’un drapeau de guerre avec l’Angleterre, élevé par la main de la maison de Savoie tantôt pour, tantôt contre ces trois grandes puissances et contre l’Europe, drapeau que chacune de ces puissances viendra abattre à son tour dans une main monarchique très militaire, mais trop récente, trop faible, trop étroite pour en couvrir l’Italie.
Jamais je ne pardonnerai à mon pays de m’avoir forcé, par sa dureté de cœur, à vendre, en pleurant sur sa crinière, mon dernier cheval de selle, nourri, élevé, dressé par ma main, pour payer de quelques pièces d’or, or à mes yeux sacrilége, une dette que j’aurais préféré payer de quelques onces de mon sang !
Elle fut retrouvée par moi ; elle consentit à déchirer en ma faveur le voile de veuve et le linceul de ses jeunes souvenirs ; elle m’envoya son fils d’un second lit, jeune homme d’un nom sans tache, d’un rang élevé, d’un cœur filial, d’une conversation aussi discrète qu’instructive.
« Demander à un roi de détruire l’empire d’une religion qui le sacre, de dépouiller de ses richesses un clergé qui les possède au même titre divin auquel lui-même possède le royaume, d’abaisser une aristocratie qui est le degré élevé de son trône, de bouleverser des hiérarchies sociales dont il est le couronnement, de saper des lois dont il est la plus haute, ce serait demander aux voûtes d’un édifice d’en saper le fondement.
Elle va plus vite dans le ciel que ma plume sur ce papier, mais je puis la suivre des yeux ; merveilleuse faculté de voir, si élevée, si étendue, si jouissante !
Sa taille, naturellement élevée, mais légèrement inclinée par la modestie, cette convenance de son âge, était mince et élégante ; ses yeux sincères, son front délicat, sa bouche accentuée d’une grâce sévère.
Souvenez-vous des hautes et vastes collines, du vieux manoir à tourelles démantelées, jetant son ombre aux pieds des forêts sur les prés de la pente, du ruisseau qui coulait à voix basse sous la rangée de saules, dans le vallon auprès du château, des troupeaux de moutons sous la conduite du vieux berger qui montaient après que l’humidité malsaine était évaporée sur la colline élevée ; souvenez-vous des attelages luisants de bœufs qui descendaient pour labourer la glèbe dans les terres qui dominaient les prairies fumantes du paysage.
Il avait été élevé par une mère et par des sœurs chrétiennes ; tout ce qu’il y avait de tendre dans son âme était chrétien.
Jacques Chaumié paraît juste : les meilleurs poètes de langue française ont été, pour la plupart, élevés dans des pays de langue d’oïl.
Les sentiments élevés, les hautes vertus que la poésie, l’éloquence et l’histoire se plaisent à mettre sous nos yeux, ne peuvent pas être pour nous un vain spectacle.
Non seulement on lui donne ainsi le rayonnement auquel elle a droit, mais on fait davantage ; en augmentant le nombre de ceux qui la connaissent, on éveille parmi eux des vocations dormantes, on incite les générations nouvelles au labeur ardu d’accroître la somme de nos connaissances ; on fait germer une moisson plus abondante de savants, parce que la sélection des génies à venir s’opère sur un milieu plus large et de niveau moyen plus élevé.
Le poète, délivré des préjugés représentés par la Nuit, la Volupté et la Mort, s’est élevé jusqu’à l’Idée.
C’est un monument, élevé au serin chéri, par une grande dame du temps, et où le pauvre oiseau, dont le squelette se voit dans le soubassement, est admirablement modelé en terre cuite, et représenté mort, les pattes raidies.
Dans ce pauvre homme je venais de reconnaître un des plus vieux coquetiers de ces montagnes, qui louait à notre mère des ânesses au printemps pour donner leur lait à ses pauvres femmes malades, qui lui servait de guide, d’écuyer pour promener ses enfants avec elle sur ces solitudes élevées, où elle voyait la nature de plus haut, et où elle adorait Dieu de plus près.
Corneille lui-même ne s’est pas trop élevé au-dessus de ces usages dans l’exposition de Rodogune, où, par un acteur désintéressé, il fait faire à un autre qui ne l’est pas moins, toute l’histoire nécessaire à l’intelligence de la tragédie ; et l’histoire est si longue qu’il a fallu la couper en deux scènes, ou l’interrompre, pour laisser parler les deux princes qui arrivent : et on la reprend dès qu’ils sont sortis.
Partout ailleurs, c’est un homme qui parle à des hommes : ici, c’est un être d’une autre espèce : élevé entre le ciel et la terre, c’est un médiateur que Dieu place entre la créature et lui.
Cependant au milieu de cette confusion de genres, de ces actions heurtées et sans suite, de ces personnages grotesques, rodomonts et ampoulés, de ce cliquetis de pensées hardies et tout à la fois neuves, élevées et communes, il est impossible de ne pas reconnaître dans vos productions dramatiques une imagination vive, une verve surabondante, une manière pittoresque d’exprimer une belle pensée, quelques scènes savamment creusées, et enfin, si vous voulez rétrograder vers le simple bon sens, l’espoir d’un talent vif et original.
Les idées que les ignorants qui lisent reçoivent de la plume des ignorants qui écrivent, les idées qui présentement filtrent partout et grimpent comme l’eau du déluge jusque dans les esprits qui semblent pourtant assez élevés pour leur échapper, sont ici affirmées une fois de plus, et Victor Hugo leur donne, pour les faire monter plus haut, le coup de piston d’un talent qui passe pour un génie.
C’est à la troisième attaque de la tranchée de Lubeck que Joseph Hudault trouva la mort, dans les conditions que précise sa citation à l’ordre de l’armée : Officier très distingué, animé de sentiments très élevés et d’un patriotisme ardent, a été blessé au bras le 28 septembre 1915, en tête de sa section, qu’il conduisait sur le terrain pour la placer face à son objectif d’attaque ; a refusé de se faire soigner pour ne pas manquer l’assaut qui devait suivre ce mouvement ; est glorieusement tombé au cours de cet assaut.
Admète, qui est, tout compte fait, un homme fort bien élevé, dissimule la mort de sa femme pour ne point éloigner l’étranger de son toit. […] Elle se croit élevée au-dessus des lois divines et humaines par la précellence et la distinction de sa nature. « Des devoirs ? […] Il a l’incroyable audace de nous conter par quelles inquiétudes de conscience un adolescent bien né et bien élevé peut passer, même aujourd’hui, avant de perdre son innocence. […] Un immuable et sempiternel quatuor, que vous retrouverez également dans la Sérénade, dans la Prose, dans Tante Léontine et dans l’Honneur : le bourgeois père de famille, assez brave homme, mais faible jusqu’à la lâcheté ; sa femme, impérieuse, acariâtre, insupportable, capable de tout pour l’argent ou pour la « considération » ; sa fille, une petite grue mal élevée et sans cœur, aux sens précoces ; le jeune homme à marier, dur, cynique, sans illusions ni préjugés, un « petit féroce » de Daudet. […] Même il serait curieux que, après la faute de Cécile, elle crût encore, par habitude, à son ignorance (une enfant si bien élevée !
Et enfin, si l’influence de l’éducation et du « milieu » est, comme je le crois, beaucoup moins douteuse que celle du sang, Lucienne, fort bien élevée par son père et son oncle, me paraît beaucoup moins en péril que telle jeune fille issue de justes noces dans le monde bourgeois qui s’amuse. […] Hélène dit des choses vraies : élevée entre un père anticlérical et une mère traditionnaliste, mais non « pratiquante », il n’est pas étonnant qu’elle ne croie à rien du tout ; et elle ajoute que son cas est celui de beaucoup de jeunes femmes et de jeunes filles de sa génération. […] Il considère d’ailleurs qu’en ce temps de république, le seul refuge décent, pour les gens propres, c’est « la carrière » ; qu’un homme de sa race ne peut vivre que là où il y a des cours ; que le seul moyen d’y vivre, c’est d’y représenter cette fâcheuse République, et qu’ainsi la diplomatie est la forme la plus récente de l’« émigration. » Il explique cela à sa fiancée, petite provinciale de grande famille ; et il lui fait entendre, par la même occasion, que d’avoir des sensations vives ou des sentiments tendres, et surtout de les laisser paraître, cela est on ne plus « mal élevé. » Il est, lui, bien élevé ; il est spirituel avec un remarquable fond de sottise ; correct, glacial, empesé, verni ; il est à gifler : il est parfait. […] La belle-mère lui dit : « Je sais que vous êtes malheureuse ; eh bien, sacrifiez-vous, c’est le lot de la femme ; moi qui vous parle, j’ai été abandonnée par mon mari, j’ai connu la misère, j’ai élevé mes enfants comme j’ai pu. […] Un trait nous montre que tous ses sentiments, et même sa piété d’enfant nerveux élevé par les prêtres, se ramènent à l’orgueil.
J’ai été élevé par des professeurs qui tous adoraient Shakespeare, les uns pour l’avoir lu, les autres pour avoir entendu parler de lui avantageusement. […] C’est toujours l’histoire de ce primaire, devenu secondaire, puis devenu supérieur : « J’ai été élevé dans le culte de Voltaire et je l’ai prêché. […] J’ai donc été élevé par des professeurs très dévots de Shakespeare. […] James Sully est d’esprit si large et si élevé et — cent fois — il rend d’une façon si éclatante justice et hommage à Molière, qu’il est très probable que ce n’est pas le sentiment que je viens de dire qui a eu beaucoup d’influence sur lui. […] D’abord c’est une sorte d’intrigue et même de gaminerie qui n’est pas du tout dans le caractère d’Henriette d’Angleterre, si généreuse, si élevée de caractère et si pleine de tact.
Le Sage J’ai ouï dire que les Espagnols, s’ils ont de tout temps reconnu dans Cervantès un de leurs plus élégants prosateurs, n’avaient pas moins attendu que le jugement de l’Europe entière l’eût élevé au haut rang qu’il occupe, non loin de Molière et de Shakespeare, pour s’apercevoir qu’en effet il en était digne, et l’y placer eux-mêmes. […] Quiconque reprendra Gil Blas avec cette attention que l’agrément même de la lecture nous empêche ordinairement d’y donner, reconnaîtra, je crois, que les mots les plus heureux que l’on y rencontre sont compris sous cet exemple, et rentrent tous, ou presque tous, sous la définition qu’on en pourrait donner : « Le juge écouta la plaignante et, l’ayant attentivement considérée, jugea que l’incontinent muletier était indigne de pardon » ; ou encore : « J’avais été trop bien élevée pour me laisser tomber dans le libertinage. […] Ce billet que je viens de vous donner, je le regrette ; peu s’en faut que je ne vous le redemande ; je voudrais le ravoir ; mais ne m’écoutez point, et, si vous le lisez, comme vous en êtes la maîtresse, puisque je ne vous cache rien, ne me dites jamais ce qu’il contient, je ne m’en doute que trop ; et je ne sais ce que je deviendrais si j’en étais mieux instruite. » Si j’ai cité toute la page, c’est qu’il importait de marquer le point le plus élevé que l’éloquence de la passion ait atteint dans l’œuvre entière de Marivaux. […] Car, si des Grieux n’est plus la passion toute pure, la passion libérée de tous les liens qui la brident, la passion élevée par sa propre puissance au-dessus de tout ce que la morale, et l’honneur, et les lois ont inventé pour la contenir, il n’est plus qu’un gredin de bas étage, indigne de tout intérêt, de toute sympathie, de toute pitié même ; et qui ne voit que c’est comme si je disais en deux mots qu’il n’est plus des Grieux ? […] Ôtez les prêtres et laissez dire ; avec cela, pour « la canaille », dont la pente autrement serait trop forte vers l’improbité, un Dieu « rémunérateur et vengeur » ; c’est toute la philosophie sociale de Voltaire, et son idéal ne s’est jamais élevé plus haut.
Heureusement pour ceux-ci, Balzac, dans son ambition de parcourir jusqu’à ses extrêmes confins le vaste champ qu’il avait découvert, a posé plus de jalons et accumulé plus de matériaux qu’il n’a élevé de monuments. […] Dans le Demi-Monde, le jeune dramaturge s’est élevé encore plus haut, s’il est possible. […] Quant à assister spéculativement à cette vaste débâcle pour essayer de la chanter ou de la peindre, c’était chose impossible pour le penseur : il n’y avait pas de promontoire assez élevé d’où on pût la regarder passer ; de l’un à l’autre bout, le littoral social était submergé.
Où il y va de presque toute la religion, et de ce que la morale a de plus élevé, ce ne seraient pas — si on les y trouvait — quelques citations infidèles ou tronquées dont on pourrait s’armer contre lui. […] Fils d’un père épris lui-même de science et de philosophie, élevé dans un milieu social dont la composition ne différait guère de celle du milieu où Descartes avait jadis vécu, lié d’amitié avec les correspondants, les émules, ou les disciples de Descartes, les Le Pailleur, les Carcavi, les Roberval et les Fermat, avec quelques-uns aussi de ces libertins qui avaient fait fête au Discours de la méthode, et plus jeune enfin que Descartes d’une trentaine d’années, Pascal, pour toutes ces raisons, a naturellement commencé par être cartésien. […] Élevée Dans un petit couvent, loin de toute pratique, Agnès n’a rien pour elle que d’être la jeunesse, l’amour, et la nature. — Même il semble qu’il y ait en elle un fond d’insensibilité, pour ne pas dire de perversité naïve, dont je me défierais, si j’étais que d’Horace ! […] Molière, dit le docte Baillet dans ses Jugements des savants, est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde ait suscités à l’Église, et il est d’autant plus redoutable qu’il fait encore après sa mort le même ravage dans le cœur de ses lecteurs qu’il avait fait de son vivant dans celui de ses spectateurs… La galanterie n’est pas la seule science qu’on apprend à l’école de Molière, on y apprend aussi les maximes les plus ordinaires du libertinage contre les véritables sentiments de la religion, quoi qu’en veuillent dire les ennemis de la bigoterie, et nous pouvons assurer que son Tartufe est une des moins dangereuses pour nous mener à l’irréligion — c’est Baillet qui souligne — dont les semences sont répandues d’une manière si fine et si cachée dans la plupart de ses autres pièces, qu’on peut assurer qu’il est infiniment plus difficile de s’en défendre que de celle où il joue pêle-mêle bigots et dévots, le masque levé. » Lorsque ces lignes parurent, en 1686, douze ou treize ans après la mort de Molière, je ne sache pas qu’aucune voix se soit élevée pour protester contre le jugement de Baillet. […] Bien né, bien élevé, de bonne compagnie et de bon ton — sinon toujours de bon goût, — jusque dans la licence et le libertinage, Montesquieu est un homme du monde, qui a un état et une condition.
Si l’on regrette au premier abord qu’il ne se permette aucune conjecture rapide, aucune considération soudaine, générale et trop élevée, on s’aperçoit bientôt que, dans son habitude et presque son affectation de terre-à-terre, il trouve moyen de laisser percer ce qu’il sent, de marquer ses réserves, d’insinuer ses malices couvertes, de faire parler même son silence : il atteint véritablement à la perfection en ce genre exact et très-tempéré. […] « Par des mesures que je n’avais aucunement provoquées, et en allouant à des ecclésiastiques italiens des traitements considérables, on avait élevé à 155,000 fr. les dépenses des Archives.
Mais aujourd’hui, là même où, en dehors des cadres réguliers et du train régnant de la société, il y a incontestablement système philosophique élevé, et à la fois chaleur de cœur, de conviction, il n’y a plus suite directe et immédiate des idées de la Révolution française. […] Jamais cette femme, si indulgente pour les haines de parti, n’a laissé passer, lorsqu’elle était sous l’échafaud, une réflexion contre moi sans la repousser, jamais une occasion de manifester mes principes sans s’en honorer et dire qu’elle les tenait de moi ; elle s’était préparée à parler dans le même sens au tribunal, et nous avons tous vu combien cette femme si élevée, si courageuse dans les grandes circonstances, était bonne, simple, facile dans le commerce de la vie, trop facile même et trop bonne, si la vénération qu’inspirait sa vertu n’avait pas composé de tout cela une manière d’être tout à fait à part.
Ce Lafcadio, élevé dans le luxe et le désordre, maintenant orphelin et pauvre, forme le contraste le plus complet avec Julius et Anthime, lesquels au contraire étaient à peu près de la même qualité morale, bien qu’ils eussent commencé par suivre des voies bien différentes, l’un à droite, l’autre à l’extrême gauche (et voilà qui prouve l’impartialité de M. […] Celle-ci est pure et innocente, assurément, mais comme toute jeune fille bien née et bien élevée, et sa cécité n’y est pour rien.
« On imagine donc (sans doute hors de notre planète) la possibilité d’êtres auprès desquels l’homme serait presque aussi peu de chose qu’est l’animal relativement à l’homme ; une époque où la science remplacerait les animaux existants par des mécanismes plus élevés, comme nous voyons que la chimie a remplacé des séries entières de corps de la nature par des séries bien plus parfaites. […] Dans cette pyramide du bien, élevée par les efforts successifs des êtres, chaque pierre compte.
Est-ce lui qui est cause de cette sorte de main-mise du mercantilisme sur toutes les formes de la vie moderne, de cette poussée formidable de l’argent, qui rompt les barrages élevés par la paresse, l’orgueil et les préjugés ? […] Il ne manquait pas d’ailleurs de le raconter à ses amis, pour protester avec eux contre ces propositions scandaleuses, qui atteignaient, il est vrai, chaque année, des prix toujours plus élevés.
On ne se défroque pas de cela, mais le côté universitaire est sauvé par une grande simplicité, une remarquable douceur de rapports, une attention d’homme bien élevé et se donnant poliment aux autres. […] C’étaient des chiens très vigilants, élevés pour la garde des châteaux et des fermes.
Quand j’ai écrit mon livre, j’étais à peu près seul de mon opinion, et, bien que ma manière de voir ait trouvé un degré de sympathie auquel je ne m’attendais nullement, on compte encore en Angleterre vingt philosophes à priori et spiritualistes contre chaque partisan de la doctrine de l’Expérience. » Cette remarque est fort juste ; moi-même j’avais pu la faire, ayant été élevé dans la philosophie écossaise et parmi les livres de Reid. […] « Notre science, dit votre Royer-Collard, consiste à puiser l’ignorance à sa source la plus élevée. » Pouvons-nous au moins affirmer que ces données irréductibles ne le sont qu’en apparence et au regard de notre esprit ?
On trouve sous la plume de Fustel de Coulanges ces lignes suggestives : « On est saisi de tristesse en pensant que ce sont ces délicats et ces raffinés qui vont se trouver en présence des barbares… Tandis que les classes inférieures manquaient d’énergie à cause de leur dépendance même, la classe élevée en manquait tout autant malgré sa supériorité. […] Les fondateurs de « l’unité du territoire en Gaule » et de « l’unité de la dynastie qui y régnait », c’est à dire les procréateurs de la nation française — née, pour ainsi parler, de l’engrossement de la Gallo-Romanie par le Franc — sont élevés sur les genoux de l’Eglise et bercés par elle jusqu’à l’énervement et l’impuissance, à tel point que la postérité de Clovis s’achève dans le coma. […] Il faudrait que, dès sa naissance, l’enfant fût corporellement élevé suivant des méthodes entièrement nouvelles, à substituer aux pratiques empiriques des mères, imbues d’erreurs et d’ignorance traditionnelle touchant le premier développement de l’être humain. […] Les enfants sortis de ces unions seraient élevés en commun par l’Etat suivant les méthodes les plus strictes et les plus perfectionnées.
Zola tire ses conclusions, les déduisant par une sorte de mécanique : né ainsi, élevé de cette façon, soumis à de telles influences, il agira de telle manière. […] Bourget ne doit rien à Shakespeare ; son œuvre n’est pas une imitation : c’est une création dans le sens le plus large et le plus élevé du mot. […] L’école décadente lui pardonnera cette distribution de prix finale et lui sera reconnaissante, comme nous d’ailleurs qui n’avons là aucun intérêt personnel, d’avoir formulé ce qu’il y a, en somme, de noble dans ses aspirations et d’élevé dans son dogme supra-spiritualiste et ultra-idéaliste. […] Il semble se ranger depuis quelque temps ; mais c’est qu’une jeune orpheline pauvre, élevée à l’ile Bourbon, reçoit l’hospitalité dans la maison en attendant une place. […] Il s’est élevé d’un bond dans les hautes régions où plane l’âme de Bernard.
Le roman historique se vide donc de tous les éléments qui avaient élevé le genre en dignité pour retomber à l’état où on l’avait vu lors de ses plus modestes origines, entre les mains de La Calprenède lui-même, l’auteur gascon. […] S’il en devait tout au moins le germe au coin de terre où il était né, à la famille où il avait été élevé, ce n’est pas lui qui eût permis qu’on l’oubliât. […] « Les parents de Pasteur avaient une façon élevée de juger la vie, de l’apprécier avec ce goût de perfection morale qui seul donne à l’existence, si humble qu’elle soit, sa dignité et sa grandeur. » Voilà l’héritage intellectuel dont Pasteur portait en lui le dépôt, le milieu moral où son caractère s’était formé. […] Il n’a pas davantage bataillé dans les rangs de la jeunesse catholique et royaliste de son temps : son catholicisme fut longtemps aussi tiède que peut l’être celui d’un jeune homme élevé dans un milieu bien-pensant et à qui pèse l’austérité de son entourage ; en politique, il faillit être républicain. […] Qu’un petit bourgeois, soigneusement élevé et pourvu d’un emploi modeste, soit conduit par sa paresse, par son ivrognerie, par toute sorte de vices à la prison et à l’hôpital… j’avoue pour ma part ne pas voir ce qu’il y a dans une telle destinée de hardi et de rare, de pittoresque et de poétique.
Même il n’a gardé nulle tendresse de cœur pour la religion où il a été élevé. […] Entre gens bien élevés, ce n’est que politesse, ce n’est que déférence et ce ne sont que respects. […] Ce qu’on soumet ici à l’examen et à l’analyse, c’est la possibilité elle-même de l’abnégation dans un cas déterminé, et les chances qu’il y a de faire prédominer la partie élevée de l’être sur les sensations basses. […] Il serait temps aussi d’en finir avec cette fameuse « théorie de l’obscurité » que la nouvelle école a élevée en effet à la hauteur d’un dogme. […] Il a élevé la littérature à la dignité d’un sport.
Il y a dans cette pièce de ce génie poétique qui est si peu ordinaire, grande quantité de sentiments élevés, et de vers noblement tournés.
Mais de tels vœux et de telles plaintes, qui supposent si aisément l’infidélité de l’amante, sont trop ordinaires à tous les élégiaques antiques ; ce qui nous peut indiquer que l’amour de Méléagre pour Héliodora s’est élevé à quelque chose de plus particulier et de plus senti dans l’ordre du cœur, ce sont des accents comme ceux-ci ; il est à table avec ses amis, les coupes circulent, la joie déborde ; lui, il regrette celle qui, la veille, était à ses côtés : « Verse, et dis encore, encore, encore, A Héliodora !
tout n’est pas avantage dans ce courant continuel et extérieur plus élevé et plus soutenu.
Comme une source sortie d’un lieu élevé épanche ses nappes selon les hauteurs et d’étage en étage jusqu’à ce qu’enfin elle soit arrivée à la plus basse assise du sol, ainsi la disposition d’esprit ou d’âme introduite dans un peuple par la race, le moment ou le milieu se répand avec des proportions différentes et par des descentes régulières sur les divers ordres de faits qui composent sa civilisation3.
Les poésies de Michel-Ange, élevées par le pur amour au diapason mystique et platonique de la femme qui épure son âme en l’embrasant, ont dans leurs vers quelque chose de viril, de fruste et d’ébauché qui rappelle le coup de ciseau magistral mais inachevé du buste de Brutus.
Roland essayant de briser son épée, battant sa coulpe, tendant son gant à Dieu son Seigneur, et rendant enfin son âme aux mains de saint Gabriel : toute cette partie est d’un pathétique naturel, élevé, sobre, vraiment puissant.
Tous ces mots n’ont pas été consacrés par l’usage : nos érudits, dès lors, comme plus tard au xvie siècle, les jetaient dans la langue avec une facilité un peu téméraire, effrayés et comme étourdis qu’ils étaient de la disproportion qu’ils apercevaient entre la pensée antique, si riche, si complexe, si élevée, et notre pauvre vulgaire, bornée jusque-là aux usages de la vie physique et des intérêts matériels.
François-Pierre-Guillaume Guizot, né à Nîmes en 1787, protestant, élevé à Genève, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne en 1812, suivit Louis XVIII à Gand ; conseiller d’État sous la Restauration, il reprit son cours en 1821 après la chute du ministère Decazes ; ce cours fut suspendu de 1822 à 1828.