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1728. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Condillac qui dormait, lui, dans sa tombe, du sommeil non des justes, mais des ennuyés qui ont fini par s’écouter, Condillac au grêle système, le Pygmalion mystifié de cette statue qu’il ne put jamais animer, Condillac revient à la vie et à la mode de par Taine, à la mode lui-même, et cela après les travaux des Écoles écossaise, française et allemande, après Reid, Dugald-Stewart, Royer-Collard, Jouffroy, Cousin, Kant, Fichte, Schelling, Hegel.

1729. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont, nous déplorions le travail funeste que les philosophies modernes ou les idées politiques du jour pratiquaient jusque sur les airains les plus solides en fait de génie, et nous en montrions le ravage ; mais quelle ne doit pas être cette influence quand elle s’exerce sur des esprits plus délicats que forts, comme celui de M. 

1730. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

une fête établie pour la révolution des siècles, l’idée de la divinité pour qui tous les siècles ensemble ne sont qu’un moment, la faiblesse de l’homme que le temps entraîne, ses travaux qui lui survivent un instant pour tomber ensuite, les générations qui se succèdent et qui se perdent, les malheurs et les crimes qui avaient marqué dans Rome le siècle qui venait de s’écouler, les vœux pour le bonheur du siècle qui allait naître ; il semble que toutes ces idées auraient dû fournir à un poète tel qu’Horace, une hymne pleine de chaleur et d’éloquence ; mais plus un peuple est civilisé, moins ses hymnes doivent avoir et ont en effet d’enthousiasme.

1731. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

La grande idée de la science économique fut réalisée dès l’origine, savoir : qu’il faut que les pères, par leur travail et leur industrie, laissent à leurs fils un patrimoine où ils trouvent une subsistance facile, commode et sûre, quand même ils n’auraient plus aucun rapport avec les étrangers, quand même toutes les ressources de l’état social viendraient à leur manquer, quand même il n’y aurait plus de cités ; de sorte qu’en supposant les dernières calamités les familles subsistent, comme origine de nouvelles nations.

1732. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

J’en fais deux pour ma part ; et, quoique les journaux N’aient point à l’univers annoncé mes travaux, Que, n’ayant point encor des prôneurs à ses gages, Ma Minerve dans l’ombre ait tramé ces ouvrages, Je veux au romantique en devoir le débit ; Et que tous mes rivaux en crèvent de dépit.

1733. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

J’imagine donc que, pendant ces fêtes de Vénus où Pline le Naturaliste commençait à deux heures de nuit sa journée de travail, les temples, les bois sacrés des villes d’Italie, retentirent souvent de quelques strophes de l’hymne qui nous est parvenu, sans doute altéré par le temps, et moins peut-être par l’imagination de la foule que par le savoir prétentieux de quelque lettré : « Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé !

1734. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Oui, je le comprends nettement, tout le travail d’édification du Christianisme est en germe dans la pensée que je viens d’énoncer. Pourquoi l’Humanité s’est-elle rattachée, par tant de travaux et avec tant de soumission et d’amour, aux vieilles traditions du Judaïsme ? […] J’avais autrefois une richesse qui n’était pas matière ; j’avais pour richesse l’estime dont je pouvais payer les travaux des autres. […] En effet, après tant de travaux de la philosophie matérialiste, qui pourrait nier que chacun de nous n’apporte en naissant des déterminations, des penchants, des facultés diverses ? […] Quand les hommes commencent à douter de ce qu’ils ont cru, quand ils détruisent ce qu’ils avaient élevé, ce travail s’appelle philosophie.

1735. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Ce travail n’a pas perdu pour nous son importance ; mais nous ne le reproduirons point. […] Pour arriver à la forme abstraite des principes universels et nécessaires, nous n’avons pas besoin de tout ce travail. […] Une machine produit d’excellents effets, économie de temps, de travail, etc. ; elle est donc utile. […] Et quel travail plus stérile que de calquer des œuvres essentiellement inimitables par la vie dont elles sont douces, pour en tirer un simulacre médiocre ? […] De son côté l’État n’encourageait pas les arts en détail, et en petit pour ainsi dire ; il leur donnait une impulsion puissante en leur demandant des travaux considérables, en leur confiant de vastes entreprises.

1736. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

C’est le principal mérite de mes travaux au Chat Noir, et le seul dont je croie pouvoir m’enorgueillir. […] Je demande pardon pour ces affreuses expressions, mais si l’on veut bien se souvenir des récents travaux de M.  […] Vive le travail ! […] Trois ans après la franc-maçonnerie récompense le duc de Chartres en achevant, à son profit, le travail de centralisation si heureusement inauguré. […] Ce travail, dont il n’a été publié que des fragments, devait être la troisième partie d’une trilogie critique, qui aurait exclusivement regardé ces trois poètes : Edgar Poe, Baudelaire et Rollinat.

1737. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Plus tard, en 1825, il retrouva dans une malle, à Lyon, de vieux papiers oubliés où cette théorie était déjà ébauchée en entier ; ce travail ancien, qui le frappa comme une découverte, se rapportait probablement à l’époque de sa jeunesse où il avait tenté une réfutation du Contrat Social : tant il y avait eu antériorité instinctive et prédestination, pour ainsi dire, dans les idées de M. […] Enfin, monsieur, je ne saurais trop vous exhorter à continuer vos études et vos travaux. […] Ses projets de travaux s’élargirent, se fixèrent et prirent, par leur structure imposante, quelque chose de ces grandes lignes romaines des monuments et des horizons.

1738. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Plus nous louons ce travail unique sur les événements de notre temps par l’écrivain qui semble avoir été aussi providentiellement prédestiné à les écrire que Bonaparte fut prédestiné à les accomplir, plus nous devons prémunir avec sollicitude l’opinion contre les défauts de sens et contre les défauts de sensibilité qui font tache, et qui pourraient faire loi un jour dans ce magnifique fonds d’histoire ; vicier l’esprit, c’est une faute de logique ; mais endurcir le cœur, c’est pire qu’une faute chez un historien. […] C’est ce difficile travail de la persuasion jointe à la force que le vainqueur de Rivoli et de Marengo avait entrepris auprès de l’Église romaine pour la réconcilier avec la République française. […] Ce seul travail, depuis la rupture de la paix d’Amiens jusqu’à la bataille de Trafalgar, serait de lui seul un monument historique digne de rester à jamais dans les archives de l’Europe.

1739. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

J’insiste sur ce fait : ne peut-on distinguer déjà le travail de transformation qui, avec l’aide du temps, ce justicier par excellence, s’opère chez les esprits les plus rebelles ? […] Emerich Kastner en a publié la bibliographie ; comme la plupart d’entre elles ont été imprimées en des journaux ou en des revues, il est facile, maintenant, avec l’aide de cette bibliographie, de les retrouver : c’était, d’ailleurs, un indispensable travail qu’il ne fallait point reculer, sous peine de perdre avec le temps quelques-uns des renseignements que nous avons encore aujourd’hui. […] Kastner ; le savant musicologue Wagnérien publiera incessamment une série de travaux bibliographiques sur l’œuvre de Richard Wagner.

1740. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

C’est ce qu’ont fait Spencer et Taine, et ils ont accompli par là une œuvre utile, mais ils se sont fait illusion sur la portée de leur travail et sur sa véritable signification : en se croyant dans le domaine de la qualité et de la sensation, ils étaient dans celui de la quantité, du mouvement, de la force et de l’appétit, de la volonté ; ils mettaient en évidence, sous toutes les sensations, un mode commun d’action et de réaction, qui n’est pas la sensation même et n’en explique pas la qualité spécifique. […] La sensation n’est pas un reflet passif de la réalité ; elle est la réalité même en travail et sentant son propre travail.

1741. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Elles m’excitaient à reprendre patiemment au lever du jour le travail commencé. […] La liberté parlementaire, qui ennoblit l’obéissance, les industries, qui honorent et multiplient le travail, la légalité, les arts, les lettres, la religion, toutes ces puissances morales étaient leur seul moyen de gouvernement. […] Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois ; Qu’un roi n’a d’autre frein que sa volonté même ; Qu’il doit immoler tout à sa grandeur suprême ; Qu’aux larmes, au travail, le peuple est condamné, Et d’un sceptre de fer veut être gouverné ; Que, s’il n’est opprimé, tôt ou tard il opprime.

1742. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Le Moyen Âge (842-1498) [Discours] I « J’ai eu l’occasion — a dit quelque part un historien philosophe — d’étudier les institutions politiques du Moyen Âge en France, en Angleterre et en Allemagne ; et, à mesure que j’avançais dans ce travail, j’étais rempli d’étonnement en voyant la prodigieuse similitude qui se rencontre en toutes ces lois ; et j’admirais comment des peuples si différents et si peu mêlés entre eux avaient pu s’en donner de si semblables. » [Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, livre I, chap.  […] Évidemment les heures coulent plus lentement alors que de nos jours, beaucoup plus lentement, d’une allure plus paresseuse ; on vit moins vite ; et comme on n’en vit pas pour cela d’une vie plus intense ou plus intime, il en résulte que, s’il s’opère quelque sourd travail au sein de cette immobilité, rien n’en paraît d’abord à la surface. Mais le travail ne s’en opère pas moins, et c’est le moment de dire que, comme cette impersonnalité ou comme cette uniformité dont nous parlions tout à l’heure, ainsi cette immobilité n’est et ne peut être que relative.

1743. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

C’est que l’esquisse est l’ouvrage de la chaleur et du génie, et le tableau l’ouvrage du travail, de la patience, des longues études et d’une expérience consommée de l’art. […] Eh bien, ces puissans de la terre qui croyaient bâtir pour l’éternité, qui se sont fait de si superbes demeures et qui les destinaient dans leurs folles pensées à une suite ininterrompue de descendans héritiers de leurs noms, de leurs titres et de leur opulence, il ne reste de leurs travaux, de leurs énormes dépenses, de leurs grandes vues que des débris qui servent d’asyle à la partie la plus indigente, la plus malheureuse de l’espèce humaine, plus utiles en ruines qu’ils ne le furent dans leur première splendeur. Peintres de ruines, si vous conservez un fragment de bas relief, qu’il soit du plus beau travail et qu’il représente toujours quelque action intéressante d’une date fort antérieure aux temps florissans de la cité ruinée.

1744. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

La critique et l’érudition, guidés par l’esprit historique, se sont livrés depuis quelques années à un grand travail qui a son prix, et dont je me garderai bien de diminuer l’importance et l’utilité incontestable. […] Pour des travaux qui, faits avec conscience et modestie (comme nous en pourrions citer), appellent l’estime, je vois venir le moment où l’on n’aura plus assez de couronnes.

1745. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Les peuples, à défaut d’histoire précise, se font un fantôme d’un certain nom, et ils le brodent, ils l’habillent, ils l’embellissent : c’est un travail où chacun s’évertue et où l’on renchérit à l’envi l’un sur l’autre. […] En ce qui est du Cid en particulier, et quel que soit le contraste de ce qu’il est devenu dans la poésie à ce qu’il s’est montré dans l’histoire, il y a quelque raison pourtant à ce travail d’adoucissement et d’épuration dont il a été l’objet.

1746. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

L’abbé Séguin me parlait souvent de ce travail, et j’y avais une répugnance naturelle. […] On est obligé de reconnaître que les sentiments de l’homme sont exposés à l’effet d’un travail caché ; fièvre du temps qui produit la lassitude, dissipe l’illusion, mine nos passions, fane nos amours et change nos cœurs, comme elle change nos cheveux et nos années.

1747. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Études ou non, défroque plus ou moins pastorale, il aurait tort d’en trop rougir, puisque c’est pour lui un subsistant témoignage de ce que peuvent la constance, le travail et une opiniâtre confiance aux ressources de sa propre imagination. […] Il redevient chimiste : ses premiers travaux chez Lavoisier renouvellent tout leur attrait et le sollicitent à poursuivre : un officier polonais, qui passe à cette époque par Douai et qui cause avec Balthazar, provoque en lui cette subite révolution.

1748. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Mais avant ces divers travaux de littérature ou de religion qui tendent toujours sans bruit à être des actions utiles, M. […] Que si, dans tout ceci, nous avons trop souvent arraché à un talent, le plus humble de cœur, les voiles dont il aime à s’envelopper, qu’il veuille songer, pour notre excuse, que l’effet de ces paroles, que nous aurions voulu rendre plus dignes, sera peut-être de convier quelques lecteurs de plus aux fruits des travaux que l’idée de l’utilité et du bien lui inspira ; et puisse-t-il ainsi nous pardonner !

1749. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

La maladie qui lui survint l’année suivante (1687), par excès de travail, le força de se dédoubler, en quelque sorte, dans ce rôle à la fois littéraire et philosophique ; il dut interrompre ses Nouvelles de la République des Lettres. […] Il dure, sinon par telle ou telle composition particulière, du moins par l’ensemble de ses travaux.

1750. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

De considérations en considérations, et revenant sur le passé, il reprocha au Gouvernement de n’avoir pas toujours donné le bon exemple, — de ne point le donner notamment en ce qui est des travaux publics, pour lesquels on n’observe pas les jours de repos, dimanches et fêtes. […] On peut être homme du peuple, homme de travail, et s’instruire en le lisant.

1751. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Avec un scrupule admirable et une délicatesse de tact infinie, écrivains et gens du monde s’appliquent à peser chaque mot et chaque locution, pour en fixer le sens, pour en mesurer la force et la portée, pour en déterminer les affinités, l’usage et les alliances, et ce travail de précision se poursuit depuis les premiers académiciens, Vaugelas, Chapelain et Conrart, jusqu’à la fin de l’âge classique, par les Synonymes de Beauzée et de Girard, par les Remarques de Duclos, par le Commentaire de Voltaire sur Corneille, par le Lycée de Laharpe361, par l’effort, l’exemple, la pratique et l’autorité des grands et petits écrivains qui sont tous corrects. […] D’après ces caractères du style, on devine ceux de l’esprit auquel il a servi d’organe  Deux opérations principales composent le travail de l’intelligence humaine.

1752. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Je crois pourtant qu’il y a là moins les effets d’un assidu travail que l’expansion naturelle de généreux dons lyriques. […] (J’ai soin de dire apparent, car il n’est de plus belle simplicité que la simplicité conquise par le travail.) — M. 

1753. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

C’est le travail de la Pythie accouchant sur le trépied d’un monstrueux oracle. […] Mais l’Esprit se remet à souffler sur elle, le travail prophétique gonfle de nouveau sa poitrine, la seconde vue rouvre ses yeux aux horreurs du palais maudit.

1754. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Elle n’a pour but que de faciliter leur travail à ceux qui entreprendraient d’étudier la matière plus à fond. […] C’est l’histoire des travaux imposés à Hercule par Eurysthée. — Cf.

1755. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Pendant la nuit, je fais faire des rondes, et le jour je dois surveiller les travaux, de sorte que je n’ai pas un instant à moi : à peine puis-je prendre un peu de repos sur de la paille humide, dans une cagna où je n’entre qu’à genoux. […] On ne peut lire sans une admiration qui va jusqu’à la douleur, telle lettre où l’enfant laisse voir comment il vient d’être bouleversé par une première communion de village, et puis s’interrompt, étant remonté aux tranchées, pour réclamer des siens le calme et l’énergie ; — telle autre lettre de charmante gratitude, où cet enfant qui donne sa vie s’inquiète du bien-être qu’il doit aux petites sommes que lui envoient les siens et dont il craint que le modeste foyer ne souffre ; — cette lettre enfin pour la fête de son père, à qui il écrit, oublieux de son propre sacrifice : « Croyez bien que je comprends la peine que doit éprouver un père en voyant partir pour le grand inconnu de la guerre un fils de vingt ans, qu’il a élevé à force de travail, de souci, d’économie… » Et toute la suite.

1756. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

J’avoue que ce fut d’abord pour moi une torture que de chercher des embellissements à un travail tout uni, mais parfaitement conforme au sujet.

1757. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

N’oublions pas, pour nous expliquer et nous justifier cette susceptibilité ombrageuse, que les pouvoirs souverains des divers États sont assez éclairés et intéressés sur ce chapitre des grands travaux publics, pour se passer du Congrès.

1758. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Ses travaux substantiels, nourris d’idées et de faits, jetaient bien quelque confusion utile à travers les descriptions plus simples et moins approfondies de nos purs admirateurs de Schiller et de Goethe.

1759. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Tout l’accable : assidu au travail, il a manqué ce jour-là ; il a dépensé plusieurs louis, une grosse somme.

1760. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il a le sentiment de la vie, c’est-à-dire du changement : il voit les hommes s’épanouir ou se dessécher, leur personnalité se fondre et se refaire ; il note ce travail insensible du temps, qui dégrade et renouvelle les figures.

1761. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Néanmoins, j’interrogeai poliment Maupassant sur ses travaux.

1762. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

1Or ce travail suppose l’Idée.

1763. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Ce sont les mœurs du Paris des boulevards, du Paris cosmopolite, mais quand même le Paris du travail s’en mêlerait provisoirement, il aurait, pour excuse de fêter la croix de la Légion d’honneur qu’il vient de recevoir36.

1764. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Son père Joseph et sa mère Marie étaient des gens de médiocre condition, des artisans vivant de leur travail 109, dans cet état si commun en Orient, qui n’est ni l’aisance ni la misère.

1765. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Il est bien autre chose, à coup sûr ; mais il se développe, assurément aussi, par cette gymnastique intellectuelle qu’est le travail, par cet effort de volonté qu’est l’attention, par cet exercice du regard interne qu’est la réflexion.

1766. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Est-ce enfin au milieu d’une dégradation sensible & journaliere, qu’ils pourront prétendre au respect & à la gloire destinée à payer les travaux du génie & des talens ?

1767. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Mon travail, sans appui, monte sur le théâtre.

1768. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Ces chars tumultueux où s’assied l’opulence, Tous ces travaux, ce peuple à grands flots agité, Ces sons confus qu’élève une vaste cité, Des enfants de Bruno ne troublent point l’asile ; Le bruit les environne, et leur âme est tranquille.

1769. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Pour être surpris de ce que dit Aristote sur l’importance de la melopée, il faudroit n’avoir jamais vû representer des tragedies, et pour être étonné qu’il charge le poëte de la composition de la melodie, il faudroit avoir oublié ce que nous avons remarqué, et promis de prouver, comme nous le ferons ci-dessous, sçavoir, que les poëtes grecs composoient eux-mêmes la déclamation de leurs pieces, au lieu que les poëtes romains se déchargeoient de ce travail sur les artisans, qui, n’étant ni auteurs ni comediens, faisoient profession de mettre au théatre les ouvrages dramatiques.

1770. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Peut-on souffrir, ajoute Lucien, qu’Hercule couvert d’une peau de lion, et sa massuë à la main, vienne fredonner sur un théatre les vers qui contiennent le recit de ses travaux.

1771. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Si nous descendions aux détails, nous aurions à examiner ici les sources de la mendicité, les causes qui l’ont produite et consacrée en quelque sorte chez les peuples modernes, les raisons qui doivent la faire disparaître à présent : nous aurions encore à jeter un coup d’œil sur le régime de hôpitaux, sur la nécessité ou nous sommes peut-être, dans l’état actuel de la civilisation, d’introduire de grands changements dans l’administration générale des secours aux indigents ; nous aurions enfin à pénétrer dans l’intérieur de nos manufactures pour voir comment il serait possible de conserver la santé de nos ouvriers, de relever en eux l’intelligence et le sentiment moral affaiblis par un travail trop mécanique, de les rendre à l’intensité des affections de famille, de leur donner la prévoyance de l’avenir : mais ce ne serait point véritablement de mon sujet, puisque je dois m’abstenir d’appliquer mes observations à aucun objet en particulier.

1772. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Toutes les deux sont identiques de fond, de forme et de travaux.

1773. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

si, à tous les travaux inspirés par sa fervente piété d’éditeur, il en avait joint un autre, moins microscopique, et s’il nous eût donné la mesure juste de son La Bruyère.

1774. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

IV Mais, encore une fois, si cette biographie d’un homme qui a droit, sinon à la statue en pied de l’histoire au moins à la médaille de la biographie, si tout ce travail sur François Suleau est très élevé de renseignement, de vue et d’accent, et si l’écrivain qui l’a publié y a montré des aptitudes et des facilités vers l’histoire, grave ou tragique, telle qu’elle est le plus généralement conçue et réalisée par MΜ. les historiens ordinaires, je ne m’en opiniâtre pas moins à croire, ainsi que je l’ai dit au commencement de ce chapitre, que le vrai génie spécial de l’auteur Ombres et vieux murs, que son originalité la plus vive, serait, son genre d’esprit donné, la mise en scène ou en saillie de l’élément comique ou ravalant qui ne manque pas dans l’histoire, et qu’il saurait fort bien en dégager, ainsi que l’attestent les excellentes variétés historiques qu’il nous a mises sous les yeux, titres réveillants en tête : La Lanterne, Le Rhum et la Guillotine, Le Lendemain du massacre, etc., tous épisodes ou mosaïques d’anecdotes dont il faut juger par soi-même en les lisant et dont l’analyse, d’ailleurs, ne donnerait qu’une très imparfaite idée.

1775. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Avec une telle manière de sentir et de concevoir la beauté poétique, l’auteur du Couvre-feu, qui, nous devons en convenir, a, pendant ces dix dernières années, accompli un rude travail de lime sur lui-même, a eu beau se polir, se dépouiller, s’élever, — et qui s’élève se simplifie !

1776. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Seulement, qu’il nous croie ou non, les laborieux décalques de la peinture sont un travail poétique inférieur.

1777. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Ranc nous raconte dans une note que ce misérable fut condamné à vingt ans de travaux forcés, et c’est ce geôlier dont l’auteur du Roman d’une conspiration a fait la cheville ouvrière de son drame.

1778. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Dira-t-on que c’est elle qui, dès l’origine, a commandé aux hommes la division du travail, — qui, faisant surgir ici les collèges et les sodalités, là les associations scientifiques, mondaines, religieuses, industrielles, a multiplié les cercles dans lesquels chacun d’eux devait entrer — qui a poussé leurs États à élargir leurs frontières, leurs masses à s’agglomérer entre les murs des villes — qui les a incités, enfin, à croître et à multiplier !

1779. (1888) Impressions de théâtre. Première série

» Et ce n’est pas seulement Alceste qui s’est transformé, enrichi, assombri avec le temps ; le doux Philinte n’a pas échappé à ce travail d’alluvion morale. […] Il était très occupé et très apprécié, et le travail est un grand consolateur, et Mlle de Brie et Mlle du Parc n’étaient pas de médiocres consolatrices. […] Heureux ceux dont le travail n’est qu’une série de petits actes matériels, déjà connus, toujours les mêmes, et qu’ils sont sûrs de pouvoir accomplir ! […] Ceux-là, sans doute, peuvent être inquiets, et sentir leur œuvre inégale à leur rêve : mais il y a, dans leur travail, toute une partie de métier à laquelle ils sont assurés de pouvoir suffire. […] Les douze travaux du Soleil sont les douze travaux d’Hercule, et pourraient être les douze vengeances de Monte-Cristo.

1780. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Mme de Staël sut répandre sur son travail le charme immense de son esprit, et la clarté de sa vaste intelligence. […] Il avait pour le guider dans ses travaux, le frère de sa mère, le poète érudit Karl Simrock, l’interprète de la vieille épopée germanique. […] Mais tandis qu’avaient lieu de ce côté-là les travaux préparatoires dont j’ai parlé, plusieurs critiques remarquables, entre autres M.  […] Quel sera le fruit heureux et solide de tant d’épineux et sombres travaux, de tant de veilles aussi tristes que laborieuses ? […] Le peuple n’aime point qu’on lui rappelle ses misères, ses travaux, ses préoccupations journalières.

1781. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

1 Dans ce travail, tout n’est pas à rejeter. […] C’est le but de ce travail. […] C’est le chapitre à sensation de l’ouvrage, et la Revue de Paris ne s’y est pas trompée ; pour donner à ses lecteurs une idée du travail de Tolstoï, c’est ce chapitre qu’elle leur a servi. […] Il n’en fait rien, de même, du reste, qu’en tout ce travail il ne pousse jamais à fond, se contentant de développer superficiellement quelques observations plus ou moins justes. […] Ces travaux, malheureusement, sont encore loin d’être devenus classiques.

1782. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Il faut étudier l’objet qu’on se propose, chercher dans les choses et dans le rapport qu’elles ont avec la nature de nôtre esprit leurs convenances particulieres, en un mot, se faire un art et des principes qui puissent éclairer nôtre travail. […] Au fond elle n’est pas si mauvaise, humainement parlant ; elle soûtient bien des veilles, elle enfante bien des travaux, et en attendant que nous devenions plus solides dans nos motifs, il n’y faut pas regarder de si près, de peur d’y perdre ce qu’elle nous vaut tous les jours ou d’utile ou d’agréable. […] Au lieu de la naïveté du coeur, on n’y sent que le travail d’un esprit qui fait parade de sa souplesse. […] Le même amour de la gloire qui les anime à travailler, peut les détourner d’un travail qui les expose à la risée publique : car on auroit beau dire qu’on ne les attaque pas personnellement, un auteur ne distingue gueres son ouvrage de lui-même ; et peut-être seroit-il moins sensible aux ridicules qui ne regarderoient que sa personne, qu’à ceux qu’on jetteroit sur ses productions. […] Et c’est positivement ce que je veux dire : or par une saillie de philosophe qu’il faut, s’il vous plaît, me passer, je fais quelque honte à des hommes raisonnables, d’estimer plus un bruit mesuré, que des idées qui les éclairent, ou des sentimens qui les touchent ; et je dis que le soin de mesurer ce bruit qu’on appelle si mal-à-propos enthousiasme, n’est en soi qu’un travail aussi pénible que frivole.

1783. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Arsène Darmesteter et Hatzfeld est le plus précieux instrument de travail. […] L’histoire, à vrai dire, a été son étude constante, son travail dans son âge actif, son divertissement sévère dans ses derniers jours. […] Je crois que depuis l’enfance et l’ignoscence, il n’eut jamais que travail jusqu’à la mort. […] Tout en étant poète de cour, il est homme de bibliothèque, de travail littéraire minutieux, attentif et même ingrat. […] Boileau, Molière) ; de chercher, selon la saison ou l’humeur, des lieux différents pour le travail, mais toujours la solitude, cette épouse du génie.

1784. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Car le temps approche de chercher à se reconnaître parmi cette foule de travaux sans lien, et de mesurer ce que l’érudition a vraiment rendu de services à l’histoire de la littérature. […] Il nous faudrait, en premier lieu, des renseignements plus précis sur la valeur des travaux scientifiques de Pascal. […] S’il ne s’agit que d’écrire une Introduction à ses œuvres complètes, il suffit d’y résumer des travaux aujourd’hui classiques. […] La Valise trouvée nous montre Le Sage au travail. […] Tout ce que nous savons, c’est qu’à partir de 1746, ou environ, s’il ne cessa pas d’écrire, il cessa de composer des romans, et que les travaux de librairie l’absorbèrent tout entier.

1785. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Travail mental sous-jacent qui accompagne l’expérience des yeux et de l’imagination. — Ce travail consiste dans la reconnaissance sourde d’une identité latente. — L’expérience des yeux et de l’imagination n’est qu’un indice préalable et une confirmation ultérieure. — Son utilité. — Cas où cet indice et cette confirmation manquent. — Axiomes de la mécanique. — Leur découverte tardive. — L’expérience ordinaire ne les suggère pas. — Comment l’expérience savante les a découverts. — Opinion qui les considère comme des vérités d’expérience. — Plusieurs d’entre eux sont en outre des propositions analytiques. — Principe de l’inertie. — Énoncé exact de l’axiome. — La différence de lieu et d’instant est sans influence ou nulle, par hypothèse. — Limites de l’axiome ainsi entendu et démontré. — Principe du parallélogramme des vitesses et des forces. — Énoncé exact de l’axiome. — La coexistence d’un second mouvement dans le même mobile est sans influence ou nulle, par hypothèse. — Passage de l’idée de vitesse à l’idée de force. […] De cette façon, il énonce mentalement ou tout haut ses premières propositions générales et ses premières propositions abstraites. — Peu à peu, à mesure qu’il avance en âge, il apprend de nouveaux mots ; il les applique aux couples anciens de représentations que l’expérience antérieure a déjà établis en lui, et aux couples nouveaux de représentations que l’expérience incessante établit en lui tous les jours ; ainsi naissent de nouveaux couples de mots compris, c’est-à-dire d’idées. — C’est de dix-huit mois à cinq ou six ans que la majeure partie de ce travail s’accomplit ; plus tard, jusqu’à l’âge adulte, il continue, mais avec des acquisitions moindres. […] Sous le travail de l’œil externe ou interne, il y a un sourd travail mental, la reconnaissance répétée ou continue d’une circonstance qui, supposée dans la construction primitive, persiste ou reparaît toujours la même aux divers moments successifs de notre opération.

1786. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il est assez curieux, par exemple, de savoir les procédés de travail du maître. […] Le travail précipité du journalisme ne va pas à son talent. […] Elles se livrent à un travail incessant sur elles-mêmes. […] Ils ont vécu dans le recueillement et le travail. […] Un bon jeune homme studieux, grave, ne reculant pas devant le travail ennuyeux.

1787. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Cependant, je crois nécessaire d’observer que, connaissant la difficulté d’un travail de ce genre, je ne me serais peut-être point décidé à l’entreprendre si l’auteur lui-même ne m’y avait encouragé. […] Charrière s’est volontairement attirées, j’ai prié l’auteur de revoir attentivement mon travail, et il s’est prêté à ma demande avec beaucoup d’obligeance ; il a même consenti à rétablir quelques passages qu’il avait cru devoir prudemment supprimer dans l’œuvre originale et qui, par un cachet particulier de vérité, ajoutent encore à l’effet qu’elle produit dans son ensemble. […] En traversant le village, nous rencontrâmes plusieurs paysans dans des téléga vides ; leurs jambes pendaient hors de ces rustiques équipages, dont les cahots les faisaient sauter en l’air à tout moment ; ils revenaient du travail et chantaient à tue-tête. […] Redevance annuelle qui varie suivant les temps et décharge les paysans de tout travail manuel au profit du seigneur.

1788. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Les deux livres qui exposent les immenses travaux de Napoléon pour régénérer l’intérieur et réorganiser la guerre, quoique le désastre (on le sait trop bien) soit au bout, laissent une impression tout autre et bien plus consolante au cœur de tout bon Français qu’on ne l’avait d’après les derniers historiens.

1789. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Mais on conçoit pourtant, quand on voit ce travail et cette sueur pour entrer, que jamais les grands poëtes de ce temps-ci n’aient fait de sonnets.

1790. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Je ne redirai pas ici comment l’amour si profond et si vrai qu’avaient les Romains pour la campagne ne les inclinait pourtant point à l’églogue pastorale ; c’était un amour mâle et pratique, tout adonné à la culture, et dont les loisirs mêmes, si bien décrits dans les Géorgiques, se ressentaient encore des rudes travaux de chaque jour.

1791. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Dans ce dernier cas, des esprits aussi distingués serviraient beaucoup mieux la société en se dévouant à répandre la solution nouvelle, au lieu de se consumer vainement en essais, en fragments, en traductions ; et disons-le en passant, rien n’atteste mieux l’impuissance de l’éclectisme que les travaux qu’il a produits.

1792. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Il y a dans le travail de cette pensée ardente, au moment de la production, une sorte de candeur conservée ; je ne sais pas d’autre mot, et je le livre aux habiles railleurs, aux écrivains de toutes sortes, incorruptibles champions de la morale sociale.

1793. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

L’école historique ayant fait de la critique une science, tout le monde peut sans art et sans génie, faire avec du travail un bon livre, intéressant et utile, dans le système de cette école.

1794. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Je crois pourtant qu’il y a là moins les effets d’un assidu travail que l’expansion naturelle de généreux dons lyriques.

1795. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Le contrat collectif du travail supprime la liberté du travailleur isolé.

1796. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Le travail, dans ces sortes de climats, paraît inutile ; ce qu’il donne ne vaut pas ce qu’il coûte.

1797. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Il est évident par le travail de cette comédie qu’elle n’a été ni inspirée par le spectacle de la société, ni avouée par l’art.

1798. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Instruits à fond de leurs sentimens & de leurs manœuvres, nous les voyons déjà se déchaîner contre nous dans les Sociétés, ne rien épargner pour décrier notre travail, notre personne, nos mœurs : nous entendons déjà les noms de Polisson, de Méchant, de Fripon, de Scélérat, de Monstre, &c.

1799. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Si l’art faisoit l’éloquence, si le travail & la réflexion pouvoient nous en découvrir les secrets, les grands orateurs seroient-ils plus rares que les grands poëtes & les grands peintres ?

1800. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Ce qui était cause de cette inégalité dans ses ouvrages, dont quelques-uns semblent négligés en comparaison des autres, c’est qu’il était obligé d’assujettir son génie à des sujets qu’on lui prescrivait, et de travailler avec une très grande précipitation, soit par les Ordres du Roi, soit par la nécessité des affaires de la Troupe, sans que son travail le détournât de l’extrême application, et des études particulières qu’il faisait sur tous les grands rôles qu’il se donnait dans ses Pièces.

1801. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

J’appelle ici causes morales, celles qui operent en faveur des arts, sans donner réellement plus d’esprit aux artisans, et en un mot sans faire dans la nature aucun changement physique, mais qui sont seulement pour les artisans une occasion de perfectionner leur génie, parce que ces causes leur rendent le travail plus facile, et parce qu’elles les excitent par l’émulation et par les recompenses, à l’étude et à l’application.

1802. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Écœurant travail, qui dure souvent des années… Des hommes à idées et à convictions fortes, des hommes comme Donoso Cortès et Raczynski, ces nobles forçats du devoir monarchique, ont traîné pendant dix ans ce boulet creux de la diplomatie, plus cruel par son vide que par sa pesanteur, et qui fit saigner leur courage.

1803. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Ses commentaires, ses explications, ses analyses, les entrouvrements qu’il pratique dans l’œuvre toujours un peu mystérieuse du génie et qui, à la distance où nous en sommes, est plus mystérieuse dans Eschyle que dans aucun autre, toutes ces choses d’un travail puissant et réfléchi, mais prosaïques, deviennent poétiques dans l’œuvre de Saint-Victor en s’y embrasant d’un feu de peinture qui ne cesse jamais et dont l’intensité, sous sa plume, est presque plastique… Comment donner ridée de cela ?

1804. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Comme tous les sensuels de ce temps-ci, il n’a pas démesurément bu à la coupe de cette Circé de la Renaissance, qui nous grise autant par le travail enchanté de sa coupe que par le philtre qu’elle y verse.

1805. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Dans ce temps de critique pointilleuse où l’histoire, cette riche draperie, s’effiloche sous le travail des ronge-mailles qui fendent en quatre chaque fil dont elle est faite, ce sera une originalité et un contraste qui auront leur ragoût, que cette vieille et toujours jeune histoire d’Hérodote contrastant, par le respect des traditions et le sentiment des choses divines, avec nos histoires contemporaines, qui mettent Dieu sous la remise et qui sont, elles, si jeunes et cependant si vieilles déjà !

1806. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Ce n’est pas dans un chapitre d’un livre comme le nôtre, — un index des travaux philosophiques et religieux de ce temps, — qu’on peut analyser ou seulement jauger le flot de choses qui passent à travers ces sujets, tout à la fois éternels et contemporains.

1807. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

C’est le xixe  siècle qui lui a imposé ses métaphysiques, — dont pas une seule systématiquement n’est sortie de lui, mais qui son toutes entrées en lui et ont dissous sa force native, en l’empêchant de s’en servir… Je ne connais rien de plus triste que cet amollissant travail des métaphysiques sur des esprits qui, sans elles, auraient été vigoureux.

1808. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Et il ne s’est pas contenté de ce rude travail : il a traduit, de plus, beaucoup de pièces lyriques de poètes allemands comme Klopstock, Gœthe (encore !)

1809. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Puis, nous oublions vite, et ce travail nous plaît ; Le ciel est d’un bleu clair et flambe sur nos têtes, Et quand le vent d’été chasse un rire de fêtes, Nous avons la gaîté des fossoyeurs d’Hamlet !

1810. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Quel artiste, en effet, ayant le respect de son art et de lui-même, quand il s’agit de l’ensemble de ses travaux, ne pratique pas sur ce qu’il écrivit, à des époques distantes et dans des inspirations différentes, la retouche suprême qui affermit et qui achève, et après laquelle il n’y a plus pour l’homme que le désespoir de l’idéal ?

1811. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Cette langue elle-même qui était naguères la gloire de la poésie de l’auteur des Odes, cette langue arrachée au xvie  siècle par un travail d’imitation énergique et passionné, n’a plus dans les Odes funambulesques d’aujourd’hui que des destinations étranges.

1812. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Attaché à cette œuvre ingrate et présentement stérile qu’on appelle la Poésie, il n’a pas encore sur son nom l’éclat de renommée qui serait dû à son talent, à ses travaux et à ses efforts.

1813. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Ce sont, la plupart, d’anciennes traditions populaires, mais qui ont été déjà travaillées avant le travail auquel il les a soumises de nouveau.

1814. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

La beauté du climat, en développant leur imagination, leur donnait un caractère enthousiaste et sensible ; la liberté élevait leurs âmes ; l’égalité des citoyens leur faisait mettre un grand prix à l’opinion de tous les citoyens ; la loi, en permettant à chacun d’aspirer aux charges, et de décider des affaires de l’État, leur défendait de se mépriser eux-mêmes ; les arts vils, abandonnés à des mains esclaves, les empêchaient de se flétrir sous les travaux ; les exercices et les jeux les donnaient continuellement en spectacle les uns aux autres ; la multitude des petits États établissait des rivalités d’honneur entre les peuples ; enfin, les grands intérêts et les victoires leur donnaient ce sentiment d’élévation qui aspire à la renommée.

1815. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Ceux, qui leur succèdent, reprennent leurs travaux où ils les ont laissés.

1816. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Mais on n’y regarde pas de si près : il faut bien un emploi aux doigts oisifs, un débouché manuel à l’activité nerveuse ; la pétulance rieuse éclate au milieu du prétendu travail. […] Point de travail âpre et précoce en ce temps-là ; point de concurrence acharnée ; point de carrières indéfinies ni de perspectives infinies. […] Six audiences par semaine, et souvent deux par jour, outre ses travaux d’antiquaire, d’historien, de linguiste, de géographe, d’éditeur et d’académicien.

1817. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

« Mes travaux littéraires sont suspendus. […] « Mes travaux diplomatiques se bornent à peu de chose. […] Et moi, comme un ouvrier levé avant le jour pour gagner le salaire quotidien de ceux qu’il doit nourrir de son travail, écrasé d’angoisses et d’humiliations par la justice ou par l’injustice de ma patrie, je cherche en vain quelqu’un qui veuille mettre un prix à mes dépouilles, et j’écris ceci avec ma sueur, non pour la gloire, mais pour le pain !

1818. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Quelques grosses chaises et fauteuils de noyer, entre la table de cuisine et la cheminée, se prêtaient aux maîtres de la maison, quand ils venaient s’asseoir en commun avec les gens, soit pour prendre le repas banal dans l’écuelle de lourde faïence, soit pour leur faire la prière, soit pour causer des travaux du jour ou du lendemain. […] Style, non, car qui dit style dit travail : ici ce n’est point travail, c’est éclosion naturelle de la pensée.

1819. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Entre la science grecque et la science moderne, il y a bien une différence de degré ; mais il n’y a pas une différence de nature ; et, pour rappeler une très équitable opinion de Leibniz, Aristote n’est pas du tout inconciliable avec des successeurs dont les travaux n’eussent peut-être point été aussi heureux, si les siens ne les eussent précédés. […] Que si l’on s’étonnait qu’il ne l’ait point achevée et faite tout entière à lui seul, je rappellerais l’aveu modeste et fier par lequel il termine sa Logique : « Si, après avoir examiné nos travaux, dit le philosophe, il vous paraît que cette science, dénuée avant nous de tous antécédents, n’est pas trop inférieure aux autres sciences qu’ont accrues les labeurs de générations successives, il ne vous restera plus, à vous tous qui avez suivi ces leçons, qu’à montrer de l’indulgence pour les lacunes de cet ouvrage, et de la reconnaissance pour toutes les découvertes qui y ont été faites. » Histoire des animaux par Aristote VII M.  […] Camus, avocat au parlement de Paris, censeur royal, publia en 1773, et qui est restée jusqu’ici le chef-d’œuvre de ce genre de travail.

1820. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

De tout le reste de la soirée je n’aperçus plus mon petit architecte ; mais, dès le lendemain, son ramage m’attira de bonne heure à la fenêtre, et je le vis, quittant sa perche accoutumée, reprendre avec une nouvelle ardeur son travail de la veille. […] L’ouverture était fermée avec de la vieille paille, et le travail si proprement exécuté, qu’il ne restait plus de trace de l’ancienne porte. […] Malheureusement tout son travail fut détruit par un étranger sans pitié ; mais il ne déserta pas pour cela la place, et se remit à charrier du vieux chaume avec autant de zèle et d’activité qu’auparavant.

1821. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Voilà tout le roman, ou plutôt c’est l’histoire ; une légende du bas peuple, pour lui apprendre à détester la guerre et à aimer la justice, la paix, le travail et l’honnête contentement. […] C’était encore une fois le bon temps de la jeunesse, le temps de l’amour, le temps du travail et de la paix. […] Si des gens raisonnables me disent que j’ai bien fait d’écrire ma campagne de 1813, que cela peut éclairer la jeunesse sur les vanités de la gloire militaire, et lui montrer qu’on n’est jamais plus heureux que par la paix, la liberté et le travail ; eh bien !

1822. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

J’ai sur cette question des grands livres du dernier siècle un petit travail que je publierai quelque jour. […] Le xixe  siècle est certainement un siècle de travail et qui a produit par la diffusion de l’instruction plus de gens de talent que les époques précédentes. […] Un travail de filtrage de mise au point, s’impose, ainsi qu’on l’a fait pour les époques précédentes.

1823. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

J’en dis trop peu, il les épouvantera par ce spectacle d’un si grand travail et depuis tant de siècles commencé, où se sont consumés une si longue suite de grands hommes, pour expliquer le mal dans le monde et pour en affranchir l’homme par la vertu. […] Le fini donnera autre chose, mais ne remplacera pas la naïve beauté de ce premier travail. […] La plupart de ses portraits sont si complexes et si vastes, qu’on dirait une collection de traits mis en réserve pour quelque travail ultérieur de triage et de choix.

1824. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Par contre, nous savons positivement qu’en 1856 ce sujet l’obsédait à tel point « qu’il lui était difficile de s’en débarrasser suffisamment l’esprit, pour continuer son travail du Ring ». […] Mais ce long travail finit par engendrer de la lassitude (Work and Mission, 54). […] Il n’y a pas entre le poème et la composition une trentaine d’années de vie et de travail, ainsi que ce fut le cas pour la Goetterdaemmerung ; tout est d’un jet, et créé rapidement, à l’exclusion de toute autre pensée.

1825. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Dans ce travail les idées qui motivent toute résolution doivent ou passer inconscientes (action réflexe) ou du moins n’être point perçues trop longtemps. […] En prose, il se faisait un travail analogue ; Goncourt, Flaubert, ceux qui actuellement marchent sur leurs traces furent surtout des grammairiens et des artisans de mots. […] Il pourrait désirer plus d’entente, de coopération, de mutuels sacrifices et de recueillir une part du travail de tous en donnant à tous une part du sien.

1826. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

le génie ne s’y montre presque nulle part : elle est uniquement l’ouvrage du travail : point de feu, point de poësie. […] Le Séthos contient aussi quelques beautés, quoiqu’on y sente toujours la gêne & le travail, une certaine dureté dans le stile qui fait qu’on croit toujours entendre le bruit aigu & discordant d’une mauvaise horloge qu’on remonte. […] Elle étoit d’une assiduité opiniâtre au travail, ne sortoit pas six fois l’an de chez elle, ou du moins de son quartier.

1827. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

. — Mais les révolutions intellectuelles, au contraire, ne sont-elles pas les secousses que l’esprit humain se donne à lui-même pour enfanter dans le travail et dans la douleur ce qu’il porte en lui ? […] Tout le monde sent que l’Europe est en travail d’enfantement ; nul ne sait ce que sera le fruit : les uns disent prodige, les autres monstre. […] Mais je ne pensais pas ainsi alors, et le tombeau de marbre d’Alfieri, sculpté par Canova, et contemplé par Florence, me paraissait une apothéose suffisante pour payer toute une longue existence de travail, de vertu et de génie.

1828. (1893) Alfred de Musset

La même diversité se retrouve dans ses écrits, où il y a un peu de tout : roman, histoire, récits de voyages, travaux d’érudition. […] Une longue lettre à son ami Paul Foucher, écrite le 23 septembre suivant du château de son oncle le marquis, nous ouvre pour la première fois une échappée sur le travail intérieur qui s’accomplissait au dedans de lui. […] Musset n’avait jamais pu comprendre l’utilité de ce travail : « N’y a-t-il plus de bobèches chez les marchands ? […] » Je ne sais si le travail d’épluchage de son frère lui aurait semblé beaucoup plus utile que la fabrication des bobèches en pains à cacheter. […] Ses journées furent un tissu de néants lorsqu’il cessa de les donner au travail.

1829. (1881) Le naturalisme au théatre

Cette évolution est un travail humain et social sur lequel des volontés isolées ne peuvent rien. […] Le lecteur peut continuer aisément ce travail. […] Tout notre siècle est là, tout le travail gigantesque de notre siècle, et ce n’est pas une comparaison de M. de Lapommeraye qui arrêtera ce travail. […] Huit ans de travail croulent avec Garin. […] Il est homme de travail et de conscience.

1830. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Le temps me manque pour développer ce qu’on appelle des considérations, et je ne pourrai que vous exprimer en bien peu de mots mon approbation pour votre consciencieux travail et y joindre quelques remarques de détail sur deux ou trois points. […] Plein de feu, d’ardeur, d’une âme affectueuse et amicale, unissant à un fonds d’instruction solide les goûts les plus divers, ceux de l’art, de la curiosité et de la réalité, il semble ne vouloir faire usage de toutes ces facultés que pour en mieux servir ses amis ; il se transforme et se confond, pour ainsi dire, en eux ; et ce sont eux les premiers qui, de leur côté, sont obligés de lui rappeler qu’il y a aussi une propriété intellectuelle qu’il faut savoir s’assurer à temps par quelque travail personnel : il est naturellement si libéral et prodigue de lui-même envers les autres qu’on peut sans inconvénient lui conseiller de commencer un peu à songer à lui, de penser à se réserver une part qui lui soit propre, et, en concentrant ses études sur un point, de se faire la place qu’il mérite d’obtenir un jour.

1831. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

… « Je n’ai aucune force morale en ce moment, et j’ai l’effroi d’écrire surtout à ceux que j’aime ; car, pour ne pas mentir, c’est bien triste à raconter. » « (13 août 1853)… Enfin, nous n’accomplissons en rien notre volonté ; une force cachée nous soumet à tous les sacrifices, et cette force est irrésistible. » « … Paris, qui a dévoré toutes nos ressources et nos espérances, devient de plus en plus inhabitable pour nous, et quelque coin de la province nous paraît déjà souhaitable pour cacher nos ruines et reposer tant de travail inutile. […] Sainte-Beuve a composé un dernier article sur Mme Tastu, — et ç’a été le dernier travail qu’il ait pu achever, et dont il n’a pas vu la publication, — pour l’un des volumes de Galerie de Femmes que l’on réimprimait sur la fin de 1869 (chez MM.

1832. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

En second lieu, tant de fournisseurs, grands et petits, qui, sur tous les points du territoire, sont en compte avec l’État pour leurs travaux et fournitures, véritable armée qui s’accroît tous les jours, depuis que le gouvernement, entraîné par la centralisation, se charge seul de toutes les entreprises, et que, sollicité par l’opinion, il multiplie les entreprises utiles au public : sous Louis XV, l’État fait six mille lieues de routes, et, sous Louis XVI, en 1788, afin de parer à la famine, il achète pour quarante millions de grains. […] Tout cela est le fruit d’un travail ingénieux encore plus que de la richesse… Le moyen ordre s’est enrichi par l’industrie… Les gains du commerce ont augmenté.

1833. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais que nous importe que son travail ait été pénible ou facile ? […] point du tout : on ne lui tiendra compte d’un travail si pénible, qu’autant qu’il aura satisfait à bien d’autres lois.

1834. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Racine produit toujours ses caractères en travail, jamais dans un état purement sentimental : il semble que ce soit une nécessité dans le théâtre français, de ne rien montrer qui ne soit action. […] Étudiez Phèdre, la grande passionnée : amour, pudeur, espoir, honte, remords, jalousie, repentir, il n’y a rien, dans ce rôle si riche, qui soit donné simplement comme modification sentimentale de l’être intime ; tout est évalué comme quantité d’énergie, produisant un certain travail, pour éloigner ou approcher tour à tour le personnage d’une action irréparablement bonne ou mauvaise.

1835. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Rachilde Gog : Enamourés tous les deux des choses du divin, ces deux esprits si opposés, Villiers et Catulle Mendès, en même temps amis intimes et adversaires l’un à l’autre également redoutables, liés normalement par la parité de leur merveilleuse puissance de travail, et non moins normalement séparés par leur différente compréhension du mystère, ces deux hommes terribles pouvaient seuls, au monde des lettres, concevoir la terrible idée d’une substitution de Dieu. […] L’auteur du Rapport sur le mouvement poétique français , ayant cru devoir, au cours de son travail, se borner à de rares mentions de ses propres ouvrages, il a paru nécessaire de reproduire ici un assez grand nombre des appréciations dont son œuvre a été l’objet.

1836. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

C’était un de ces bons esprits, en très-grand nombre, qui furent comme les ouvriers chargés des taches secondaires dans le grand travail de la Renaissance, Il correspondait en grec avec le savant Budé, l’ami d’Érasme, le protecteur des lettrés auprès des rois Louis XII et François Ier, un des hommes qui ont rendu le plus de services aux lettres, sans pourtant laisser aucun écrit durable. […] De retour à Lyon, il y reprit ses travaux de philologie et de médecine, et devint médecin du grand hôpital (1535).

1837. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

C’est l’éloquence hors de son lieu, sans les grands intérêts qui l’alimentent, sans ce sérieux qui la préserve des hyperboles ou des vaines subtilités du travail à froid, dans une matière qui n’a pas de richesses naturelles. […] Quoi de moins ressemblant au portrait du prince que Machiavel a tracé d’après nature, et dont chaque détail est pris à quelque personnage connu, que ce vain idéal, mélange de souvenirs de lecture échauffés par le travail, et de digressions où Balzac tantôt fait sa cour au roi, tantôt défend sa réputation attaquée ?

1838. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Il faut partout une division du travail et une différenciation des fonctions. […] Il sait que la morale demande la différenciation des fonctions, et que chacun de nous n’a ni à faire le même travail que les autres, ni à travailler de la même manière qu’eux.

1839. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Lewes dans son exposition de la philosophie allemande, ni dans son travail sur Auguste Comte. […] Cousin est digne du respect qui s’est attaché à son nom, à part l’usage plus que suspect qu’il a fait des travaux d’élèves et d’auxiliaires, sans l’avouer. » Son activité sans relâche le conduisit de Reid à Kant, de Kant aux Alexandrins ; il édita Proclus et l’aurait mis sur le trône de la philosophie, si le public y avait consenti.

1840. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Nous ne nous proposons pas d'analyser les différens travaux de cette espece d'Hercule littéraire. […] Le fruit des travaux du Philosophe est l'instruction & le bonheur des Hommes.

1841. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Le travail actif au contraire, et qui se traduit en œuvres, nous distrait de cette comparaison perpétuelle qu’on est tenté de faire de soi à de moins dignes, plus favorisés souvent, et il remplit mieux les fins de la vie, qui sont d’être ou de se croire utile, et de ne pas se retrancher dans une abnégation pénible à soutenir et malaisément sincère. […] Heureux si je pouvais, Madame, la consacrer par de nouveaux efforts, si je pouvais justifier vos bienfaits par d’autres travaux, et trouver grâce devant Votre Majesté par le mérite de mes ouvrages plus que par le choix de leur sujet !

1842. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Son père sorti, moi qui ne comprenais pas, je lui demandai : « Mais pour qui diable fais-tu ce travail-là ? […] » Octobre Ayant ouvert un livre de Gerdy : Physiologie philosophique des sensations, je pense au beau travail qu’il y aurait pour un Michelet, au lieu de mettre sa pensée sur l’Insecte ou l’Oiseau, de prendre, comme sujet d’étude, ce petit monde inconnu : l’Enfant, et de raconter, avec des observations mitoyennes à la médecine, mais planant au-dessus, l’éveil successif de ses sensations et l’éclairage, petit à petit, de la rose intellectuelle de son cerveau.

1843. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La parole intérieure ordinaire et vulgaire, celle de la solitude rêveuse et insouciante, du travail mental, de la lecture curieuse et sans enthousiasme, de moi qui écris ces pages, de vous qui me lisez, est un état fixe, un état limite233. […] Essentiellement inétendu, le son est à la fois une portion du monde extérieur et un frère de l’âme ; phénomène mixte, hybride, intermédiaire entre les phénomènes évidemment extérieurs et les phénomènes évidemment intérieurs241, il obtient successivement de l’âme, par un double travail poursuivi dans deux sens différents, d’abord la reconnaissance de sa nature objective et comme son installation au sein du monde physique, ensuite d’être approprié à l’usage auquel son essence le destinait, c’est-à-dire introduit dans la série des faits inétendus.

1844. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

, ce peintre qui veut blanchir son modèle, met à ce travail qui semble horrible, au lieu de peine, la plus négligente candeur. […] Un sentiment inattendu s’est tout à coup éveillé dans sa vieille conscience d’historien religieux, de moraliste, d’homme d’autorité, et l’a saisi à la fin de sa tâche, l’inquiétant, pour la première fois, sur la valeur de travail de blanc forcé auquel il s’est livré depuis longtemps pour le compte du xviiie  siècle.

1845. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Voyons donc comment ce résultat est interprété par la doctrine qui fait de la pensée une fonction du cerveau, et plus généralement par ceux qui croient à un parallélisme ou à une équivalence entre le travail du cerveau et celui de la pensée. […] Si le travail du cerveau correspondait à la totalité de la conscience, s’il y avait équivalence entre le cérébral et le mental, la conscience pourrait suivre les destinées du cerveau et la mort être la fin de tout : du moins l’expérience ne dirait-elle pas le contraire, et le philosophe qui affirme la survivance serait-il réduit à appuyer sa thèse sur quelque construction métaphysique — chose généralement fragile.

1846. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Pour les littératures grecque, espagnole et allemande, j’ai déjà esquissé ce travail, mais je n’en dirai rien ici. […] La raison universelle reporte sur la terre le but de la vie qu’on avait mis dans l’au-delà ; l’humanité retrouve en elle-même sa raison d’être ; c’est une renaissance, une nouvelle délivrance ; ici encore, le principe universel et absolu ne peut se réaliser que dans la relativité des groupes de contiguïté ; en politique, c’est la royauté absolue, qui donne à la nation française sa forme solide et précise. — Ce travail étant fait, l’autorité passe du monarque au peuple ; autre étape vers la liberté ; la démocratie est à la fois un achèvement de la nationalité, par un acte de volonté et par la participation de chaque citoyen, et déjà une préparation à une unité plus grande, par la solidarité sociale, conséquence directe de la démocratie.

1847. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Bénédict, spirituel, instruit, ironique et né ennuyé comme les jeunes gens de ces dernières générations, a rapporté, à vingt-deux ans, sous le toit rural, un cœur ambitieux, mécontent, un besoin vague de passion et d’action, le dégoût de tout travail positif, des talents d’ailleurs, des idées, surtout des désirs, un sentiment très-vif et très-amer de son infériorité de condition et des ridicules de ses bons parents ; il n’épargne pas, dans son dédain, sa jolie et fraîche cousine Athénaïs qui n’aspire qu’à lui plaire.

1848. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Grâce à eux, à leurs théories et à leurs travaux, l’art, qui ne se mêla pas encore au mouvement général de la société, acquit du moins, pendant cette retraite en commun, une conscience distincte et profonde de sa personnalité ; il s’éprouva lui-même, reconnut sa valeur, et trempa son instrument.

1849. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Envoyés, en 1831, aux États-Unis avec mission d’observer le régime pénitentiaire, MM. de Tocqueville et de Beaumont s’acquittèrent avec conscience et talent de ce travail intéressant de législation criminelle ; de nombreux documents de statistique et un bon livre sur le Système pénitentiaire aux États-Unis, attestèrent au gouvernement et au public les résultats de leur observation.

1850. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Pascal, qui a fait une si profonde réflexion sur le travail de l’écrivain, et qui, là comme en toute chose, a vu plus nettement et plus loin que personne, a remarqué la peine que donne cette recherche nécessaire : « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » Et soit qu’on ait parlé, ou entendu les autres parler, n’a-t-on pas pu remarquer souvent comme il est difficile de finir ?

1851. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Son oncle Thomas, qui rédigeait le Mercure galant avec de Visé, l’associa à leur travail et à la composition de deux opéras.

1852. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Il seroit aisé de donner une idée de son travail, en se le représentant dans son Cabinet solitaire, occupé à se monter méthodiquement l'imagination, à bander avec fatigue les ressorts de son esprit, à s'essoufler jusqu'à perdre haleine pour enfanter, selon Horace, des Sesquipedalia verba, qui se perdent en fumée, quoiqu'il ait la Patrie à ses côtés, la Justice & l'Humanité devant lui, qu'il soit environné des fantômes des malheureux, agité par la pitié, que les larmes coulent de ses yeux, que les idées se précipitent en foule, & que son ame se répande au dehors *.

1853. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Un aiguillon supérieur, l’amour de la gloire, la poussait aux travaux sublimes de faction et de la pensée.

1854. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Nous ne sommes nullement enfermés d’abord dans une sorte d’unité métaphysique ; nous sommes au contraire en présence d’une multiplicité de sensations qu’il faut grouper, et le groupe appelé moi ne s’organise lui-même qu’à la suite d’un travail préalable.

1855. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Ce qu’on ne nous pardonne pas, surtout, c’est d’avoir voulu donner quelques exemples de ce travail et d’avoir essayé de décrire la morgue du mont Saint-Bernard, d’après les procédés d’imitation homérique.‌

1856. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

nous sommes heureux de la retrouver dans le livre d’Albert Blanc, qui l’avait mutilée, tronçonnée, et, pis que cela, déshonorée en un précédent travail.

1857. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

. — L’histoire, pour lui, — dit-il encore, — c’est le travail de l’intelligence examinant le monde des faits et s’y découvrant elle-même ».

1858. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Ch. de Barthélémy ne remplacera pas l’édition qui manque, et qui sortirait la gloire et les travaux de Fréron de la crypte des bibliothèques où ils gisent ensevelis, — comme dans la crypte des monastères mérovingiens, les cadavres des fils de Roi assassinés !

1859. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Je ne l’insulterai pas au point de penser qu’il croit naïvement mettre dans ses travaux une grande unité, parce qu’il donne un seul titre à plusieurs récits ; il sait bien, tout autant que nous, que ce qui fait l’ensemble de toute composition, c’est une idée.

1860. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Parmi ces travaux historiques que nous appelions un jour le bon sens du xixe  siècle, il convient de parler du livre de Théophile Lavallée sur la Maison royale de Saint-Cyr 6.

1861. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

… Les livres sur l’éducation sont prodigieusement difficiles et rares ; malgré des tentatives et des travaux assez nombreux, on peut même dire qu’il n’y en a pas.

1862. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Toutes ces limailles pouvaient très bien rester au pied de l’étau où fut poli ce travail d’un goût laborieux.

1863. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Dans le poème dont il a commencé la traduction, et qui, nous le reconnaissons, est un travail cyclopéen de philologie et de difficulté d’expression, il n’a pas su distinguer ce qui appartenait à l’esprit hindou de ce qui ne lui appartenait pas, et, cette distinction faite, combien il restait peu à Valmiki de puissance réelle, de sens des choses de l’âme, de vrai génie !

1864. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Toutes ces limailles pouvaient très bien rester au pied de l’étau où fut poli ce travail d’un goût laborieux.

1865. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

il n’est pas au bout de son travail, puisque nous n’avons aujourd’hui que la première partie d’un ouvrage qui devra montrer, dans tous les rameaux de l’enseignement, la filiation de ces erreurs.

1866. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Au lieu d’écrire simplement de Bolingbroke, de Walpole, de Junius, de Burke et de Fox, Rémusat a écrit des dissertations sur les principes constitutionnels, sur l’aristocratie, sur la religion, sur toutes ces choses, enfin, qui sont le pont aux ânes de tous les dissertateurs politiques, pont qu’un tour de roue de siècle fait crouler et sur lequel, d’ailleurs, Rémusat ne s’avance pas avec une de ces magnifiques allures qui, pour l’âne, font oublier le pont… Rien de plus médiocre que cette partie de son travail.

1867. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

C’est très complet d’énumération et de description que cette partie de son travail ; mais, le croira-t-on ?

1868. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

L’inspiration est quelque chose de si intense qu’elle n’interrompt guère son travail.

1869. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Mais ce long travail ne pouvait pas s’achever avec les seules ressources qui me venaient naturellement.

1870. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

pour la beauté, ô vierge, c’est un sort envié dans la Grèce et de mourir et d’affronter d’insurmontables travaux.

1871. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Un travail compliqué se faisait aussi dans ma tête ; sans doute, on avait tâché de me faire comprendre ce qu’était d’être riche ou pauvre, de posséder un jardin, des maisons, un chat jaune, ou de ne rien posséder du tout. […] — Enfin, conclut tante Zoé, après un travail terrible, pour leur frayer un chemin, il les fit évader… par les commodités… et ne sortit lui-même, que lorsque tous les prisonniers furent dehors. […] Mon père renonça à son cabinet de travail dans lequel nous fûmes installées, ma sœur et moi. […] Malgré la difficulté du travail et les minutieuses recherches archéologiques, qu’exigeait presque chaque page, Le Roman de la Momie paraissait en feuilleton, à mesure qu’il était écrit. […] On se reposait un moment, puis la seconde partie du travail commençait.

1872. (1890) Nouvelles questions de critique

Maspero le style du Discours sur l’histoire universelle ; ou le texte de l’Essai sur les mœurs des travaux de M.  […] Sont-ce encore là peut-être de ces travaux que dédaigneraient nos érudits ? travaux trop laborieux, d’un caractère encore trop littéraire, travaux enfin où les idées générales, et ce que Sainte-Beuve appelait l’aperçu risqueraient de prendre trop de place ? […] Remarquez, en effet, que, dans cette brève énumération, nous ne réclamons d’eux aucun travail qui ne soit strictement de la compétence qu’ils se sont eux-mêmes assignée. […] Si l’Académie française n’avance pas plus rapidement dans un travail très long, très pénible, et surtout très méticuleux, il y en a une bonne raison, très simple, mais très forte c’est qu’elle y est incompétente.

1873. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

C’est un travail considérable, très diligent, très consciencieux et d’une exactitude absolue. […] C’est la partie de son travail qui excitera certainement le plus la curiosité du lettré moderne. […] On voit tout de suite l’utilité et l’intérêt de ce long, minutieux et diligent travail. […] Il fut enchanté du règlement de l’École et de la façon dont le travail y était organisé. […] Leur gestion diffère essentiellement ; Car l’un a le travail, l’autre le traitement.

1874. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Après vous avoir longuement entretenu un soir de ses travaux, de ses projets, des Oupanichads, des Pouranas et du Chou-King, il vous apprend au moment de vous quitter, déjà debout, en vous serrant la main, — en grande confidence, — qu’il doit faire de tout cela un jour une immense composition en vers qui enrichira notre poésie, un seul et unique bouquet de toutes les fleurs à la fois de l’Orient ! […] Flourens dit en causant : « Moi, monsieur, je suis toujours sincère. » — Les mérites du savant et ses travaux subsistent : je laisse entrevoir l’homme tel qu’il m’est apparu. […] Cette remarque des honnêtes typographes, faite sans malice et à laquelle ils devaient une économie de travail, est la critique littéraire la plus sanglante du style de Planche, tout en formules pédantesques et algébriques, et du rabâchage le plus fastidieux : Nous sommes forcé de convenir ; — Il nous est impossible de ne pas déclarer ; — On ne saurait méconnaître, etc. […] Mais Cousin pense qu’il est ainsi, même pour ses travaux d’historien : « Il n’a écrit, dit-il, aucun ouvrage, il n’a fait aucun cours, dont l’idée ne lui ait été primitivement suggéré : la nymphe Égérie était M. de Broglie. » Ceci me paraît un peu violent. […] Chacun fait ainsi ce qu’il doit, et la France, en honorant le sacrifce de l’un, agréera les travaux de l’autre.

1875. (1896) Le livre des masques

Je sais de tristes eaux en qui meurent les soirs ; Des fleurs que nul n’y cueille y tombent une aune… Encore très différent en cela de Verhaeren, il est maître absolu de sa langue ; que ses poèmes soient le résultat d’un long ou d’un bref travail, ils ne portent nulle marque d’effort, et ce n’est pas sans étonnement, ni même sans admiration, que l’on suit la noble et droite chevauchée de ces belles strophes, haquenées blanches harnachées d’or qui s’enfoncent dans la gloire des soirs. […] On voit des jeunes gens, tout enflés d’une infatuation monstrueuse, avouer la volonté de faire non seulement leur œuvre, mais en même temps l’Œuvre, de produire la fleur unique après quoi l’intelligence épuisée devra s’arrêter d’être féconde et se recueillir dans le lent et obscur travail de la reconstitution des sèves. […] Les Romains disaient rhéteur et cela signifiait celui qui parle, celui qui dompte le verbe, celui qui assujettit les mots au joug de la pensée et qui sait les manier, les exciter, les aiguillonner jusqu’à leur imposer, à l’heure même de sa fantaisie, les travaux les plus rudes, les plus dangereux, les plus inédits. […] Pour qui a beaucoup voyagé parmi les livres et les idées, ce travail est assez simple et souvent facile au point qu’il vaut mieux s’en abstenir, ne pas contrister l’adroite ordonnance des originalités acquises. […] La Motte de terre explique cela avec lucidité et avec force, travail d’un écrivain tout à fait maître de ses dons naturels et qui les manie avec aisance et cet air de domination qui dompte facilement les idées.

1876. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Disciple de Voltaire et ami très particulier de Turgot, membre de l’Académie française et secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, je ne crois pas que ses travaux scientifiques témoignent de beaucoup d’originalité ni d’érudition ; et on ne l’a jamais pris pour un grand écrivain. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Les origines de Montesquieu ; — Gascon, gentilhomme et magistrat. — Il entre au parlement de Bordeaux, 1714 ; — et il y succède à un de ses oncles dans la charge de président à mortier, 1716. — Intéressante analogie de ce commencement de carrière avec les débuts de celle de Montaigne. — Premiers travaux de Montesquieu ; — leur caractère scientifique ; — ses Discours sur la Cause de l’écho, 1718 ; sur l’Usage des glandes rénales, 1718 ; — et qu’on retrouvera dans l’Esprit des lois la trace de cette culture scientifique. — Bizarrerie de ses goûts littéraires ; — son admiration pour les tragédies de Crébillon, « qui le font entrer, dit-il, dans les transports des bacchantes » ; — il publie ses Lettres persanes, 1721-1722. […] Eugène Asse, ses éditions des Lettres de Mme de Graffigny, Paris, 1879 ; et des Lettres de Mme du Châtelet, Paris, 1882]. — Variété des travaux de Voltaire : — son Alzire, 1736 ; — Le Mondain, 1736 ; — et de la netteté avec laquelle s’y trouve exprimée l’idée de progrès. — La comédie de L’Enfant prodigue, 1736 ; — Voltaire entre en correspondance avec le prince royal de Prusse, depuis Frédéric II ; — l’Essai sur la nature du feu, 1737 [Cf.  […] II. — Jean Le Rond d’Alembert [Paris, 1717 ; † 1783, Paris] Sa naissance [il était fils de Mme de Tencin, et, dit-on, du commissaire Destouches] ; — ses études au collège Mazarin ; — sa vocation pour la géométrie ; — ses premiers travaux : Sur la réfraction des corps solides, 1739 ; et Sur le calcul intégral, 1740. — Sa nomination à l’Académie des Sciences, 1741. — Son Traité de dynamique, 1743, et son Mémoire sur la cause générale des vents, 1746 [Cf. sur la valeur des travaux scientifiques de D’Alembert, J.  […] III ; — Cuvier, Rapport historique sur les progrès des sciences naturelles, Paris, 1810 ; — Flourens, Histoire des travaux et des idées de Buffon, Paris, 1844 ; et Des manuscrits de Buffon, 1859.

1877. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Cependant une vive curiosité m’appelait vers le coin obscur de l’atelier, où j’apercevais confusément de nombreux volumes, en désordre sur des rayons, épars sur une table de travail. […] Chez moi je me déshabille et, en chemise, me précipite sur mes classiques, les range, leur assigne des armoires particulières et ayant terminé ce travail me jette sur le tapis et passe une heure entre les caresses de mes deux chiens, les seuls vrais amis de l’homme, cet homme fût-il Socrate. […] J’avais oublié la musique… La musique dispose à la vie, à la gaieté, aux larmes, à l’amour, enfin, à tout ce qui agite, contente et tourmente, tandis que le dessin est un travail qui vous enlève de la terre et vous rend indifférent à tout, excepté à votre art. […] Il ne faut ni chercher ni réfléchir, les doigts exécutent un travail prescrit avec une précision mécanique. […] Dieu n’est-il pas venu en personne expliquer à son serviteur Moïse les ornements de son arche, recommandant que les chérubins qui devaient la flanquer fussent en or et d’un travail exquis.

1878. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — En quoi consistent le talent et le travail du géomètre. — Marche qu’il suit dans ses constructions. — Les composés plus complexes ont des facteurs plus simples. — Les propriétés de ces facteurs plus simples sont les intermédiaires par lesquels les composés plus complexes se relient leurs propriétés. — Le dernier intermédiaire est toujours une propriété des facteurs primitifs. — Cette propriété est la dernière raison de la loi mathématique. — Rôle des axiomes. — Ils énoncent les propriétés des facteurs ou éléments primitifs qui sont les plus généraux et les plus simples de tous. — L’analyse doit donc porter sur les éléments primitifs. — Éléments primitifs de la ligne. — Découverte d’un caractère commun à tous les éléments ou points d’une ligne. — Définition d’une ligne par le rapport constant de ses coordonnées. — La géométrie analytique. — Éléments primitifs d’une grandeur. — Le calcul infinitésimal. — Dans toute loi énoncée par une science de construction, — la dernière raison de la loi est un caractère général inclus dans les éléments de la première donnée de la loi. […] V Une fois que l’intermédiaire est démêlé et représenté dans l’esprit par une idée correspondante, il se fait en nous un travail interne qu’on nomme démonstration ; Soit une des lois indiquées plus haut : toute planète tend à se rapprocher d’une masse centrale avec laquelle elle est en rapport, le soleil. […] Or cette direction constante nous montre en quel sens il faut appliquer notre effort, et par quel travail ultérieur doit se continuer l’édifice. […] Par un travail latent, les identités et les contradictions incluses dans notre construction mentale ont fait leur effet. — D’autre part, à mesure que l’induction opère, le groupe des conditions se resserre.

1879. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il envoyait à son vieux père, à la campagne, près de Lyon, les économies de son emploi et le salaire de son travail. […] XIII Aimé Martin, après avoir relevé la fortune de cette jeune femme par l’édition des Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, dans laquelle la veuve l’aidait, composa en vers et en prose, procédé littéraire fort usité alors, des Lettres sur la mythologie, qui eurent un double succès ; se livra à des travaux importants sur l’éducation des mères de famille, source de toute lumière dans le cœur ; puis, à des éditions de nos grands écrivains, qu’il connaissait mieux que personne ; enfin, il étudia Molière, et le commenta en six volumes ; c’était la résurrection du classique, genre fort méprisé de la jeunesse de cette époque. […] Ainsi Molière, après avoir essuyé beaucoup de froideur et de dissensions domestiques, fit son possible pour se renfermer dans son travail et dans ses amis, sans se mettre en peine de la conduite de sa femme21. […] Mais ses prodigieux travaux et ses chagrins domestiques épuisaient ses forces.

1880. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je veux qu’un jour chacun de nos bons paysans continue à être bon sur une tombe, et qu’il aille se délasser de ses travaux par une délicieuse causerie avec les âmes.

1881. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Si la route de la pensée vers le perfectionnement des facultés n’était pas impérieusement tracée, il faudrait donc observer sans cesse l’opinion qui domine chaque jour, se consumer dans le calcul qui peut démontrer l’avantage actuel d’une résolution, se consumer aussi dans le regret, si cette résolution n’a point d’effets immédiatement utiles ; quel travail pourrait-on faire alors sur soi-même qui n’avilit et ne dégradât la raison ?

1882. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Tout ce qui ne commence pas, ne se développe pas, ne s’achève pas dans les limites d’une année, ne laisse qu’une impression confuse, à moins que par un travail qui veut du temps et de la patience on ne rejoigne les tronçons épars de l’événement démembré par la chronologie.

1883. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Pour les besoins d’un travail étranger, il se trouve que je viens de relire les grands romans de Tolstoï, et Tolstoï, comme Balzac, comme Stendhal vous décourage de tout nouvel essai touchant les mœurs.

1884. (1890) L’avenir de la science « VI »

Ils savent que cette forme du travail intellectuel est souvent nécessaire, toujours excusable.

1885. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

La circonstance Luc, XXIII, 27-31 est de celles où l’on sent le travail d’une imagination pieuse et attendrie.

1886. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Là, se fait sentir davantage ce genre d’éloquence qui est propre à Fénélon ; cette onction pénétrante, cette élocution persuasive, cette abondance de sentiment qui se répand de l’ame de l’Auteur, & qui passe dans la nôtre ; cette aménité de style qui flatte toujours l’oreille, & ne la fatigue jamais ; ces tournures nombreuses où se développent tous les secrets de l’harmonie périodique, & qui, pourtant, ne semblent être que les mouvemens naturels de sa phrase & les accens de sa pensée ; cette diction, toujours élégante & pure, qui s’éleve sans effort, qui se passionne sans affectation & sans recherche ; ces formes antiques qui sembleroient ne pas appartenir à notre langue, & qui l’enrichissent sans la dénaturer ; enfin cette facilité charmante, l’un des plus beaux caracteres du génie, qui produit de grandes choses sans travail, & qui s’épanche sans s’épuiser ».

1887. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Cette pièce avait pour titre, De l’Éducation d’un prince 1 : tout m’a charmé dans cet ouvrage ; pensées, sentiments, images, harmonie, facilité, noblesse, mais surtout de grandes leçons, et des vérités utiles, qui n’en ont que plus de mérite pour être mises en beaux vers, parce qu’à leur mérite propre elles en joignent deux autres, celui de la difficulté vaincue sans que l’empreinte du travail y reste, et celui d’être exprimées dans un langage sonore qui les rend plus faciles à retenir.

1888. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

… Et d’ailleurs, puisque de sœur et de fille, enterrant pieusement les siens comme Antigone — une Antigone plus grande que l’autre, puisqu’elle est chrétienne — elle a voulu passer femme de lettres, elle a voulu se ravaler à la vie du bas-bleu, au travail et à l’ambition du bas-bleu, ce n’est pas le roman qu’elle aurait dû écrire ; ce n’est pas au roman qu’elle aurait dû se brûler les doigts.

1889. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Les causes de tout cela, l’étude de ces causes, travail intéressant et d’un à-propos impérieux, ont échappé à Paulin Paris comme elles avaient échappé à ce porteur de lunettes inutiles, cet aveugle de Tallemant des Réaux.

1890. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Son travail en eût valu mieux.

1891. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

« Ce qui ressortira de tout ce travail avec une certitude historique, — écrit Segretain, — c’est que Henri n’a pas cessé un seul instant d’associer à l’idée de son couronnement (qui fut l’idée de toute sa vie) l’abjuration de ses erreurs protestantes. » Avec la nouvelle foi de sa mère, et cette grande et populaire figure de Henri de Guise, jetant sur le trône l’ombre de son éclat, Henri de Béarn, qui craignait que ses droits à la succession des Valois ne fussent ni assez puissants ni assez assurés, crut, dit spirituellement Segretain, « que le chemin de traverse de la Réforme était le seul qui pût le conduire au Louvre… et il fit ce crochet stratégique… ».

1892. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Au lieu d’écrire Faust, ce travail de Pénélope de toute sa vie, il aurait ciré des bottes, que l’opinion charmée aurait proclamé qu’il les cirait avec génie et se serait même mirée avec amour dans son cirage… Tout lui servit, les circonstances aussi bien que l’opinion.

1893. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Et le travail qu’il a fait sur le cœur, il l’a fait aussi sur la tête.

1894. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

D’ailleurs, pour pénétrer impunément dans les institutions tapageuses, les mœurs brutales, les travaux fiévreux et les entreprises gigantesques de ce peuple d’Effrénés, qui a commencé par la révolte contre la mère patrie et qui est toujours à la veille de la guerre fratricide entre ses enfants, il faudrait une force et une froideur de tête inaccessibles au vertige, et ce n’était pas le cas de ce pauvre Tocqueville, qui, entré là-dedans, en ressortit sceptique pour toute sa vie, en en pensant tout et n’en pensant rien, Montesquieu Brid’oison !

1895. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

La première condition de toute durée dans l’inspiration de l’esprit humain, c’est le renouvellement de la vie par le travail, l’étude, la lecture, la méditation, tout cet entretien de la pensée.

1896. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Par ce côté, du moins, le travail en question est exquis.

1897. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

— et ensuite parce qu’elle avait atteint l’homme qui devait le plus y échapper, — s’éteignit tout à coup, un jour, comme la flamme d’un grand incendie qui ne peut plus rien dévorer et qui tombe sur des débris fumants et noirs… Après avoir aimé Madame Récamier comme il l’avait aimée, Benjamin Constant retourna à la vie ordinaire de ces passions qui ne sont plus la passion unique, la passion despotique et torturante qui donne bien l’idée de ce que les catholiques entendent par leur possession du démon… Benjamin revint à la vie de la pensée, à ses travaux, à ses ambitions, à ses passions même ; car il en eut pour d’autres que Madame Récamier.

1898. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Il nous est impossible d’aller plus loin… À notre sens, Champfleury tire de son travail en l’honneur d’Hoffmann des conclusions entièrement contraires à la vérité de cet homme, qui a été exagéré comme tout ce qui nous est venu de l’Allemagne depuis de longues années, et qui passera, quoiqu’il soit un conteur et un fantastique, tout autant que s’il était un philosophe.

1899. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Or, ces méthodes connues déjà, reprises cent fois en sous-œuvre depuis Descartes, — le père de tous les faiseurs de philosophie solitaires, — ces méthodes retournées, changées de côté, modifiées, ici ou là, par des travaux d’insecte, mais éternellement les mêmes, c’est-à-dire, partant du moi pour aller au moi par le moi, donneront-elles enfin à la philosophie, sous la main de ces deux derniers venus, MM. 

1900. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

À cette époque, les travaux sur Pascal de MM. 

1901. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Flourens n’avait qu’une seule importance, — s’il n’était qu’un savant d’un ordre supérieur, enfermé dans la carapace d’une grande spécialité, impénétrable à tout ce qui ne serait pas savant, sinon du même niveau que lui, au moins du même courant d’études, — nous ne nous hasarderions point à vous en parler… Nous laisserions aux livres purement scientifiques ou aux Mémoires de l’Académie, dont il est le secrétaire perpétuel, à vous entretenir de ses découvertes en anatomie et de ses travaux en physiologie et en histoire naturelle.

1902. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Il n’avait pas même la troublante distraction qui pouvait prendre Newton la vierge au milieu de ses travaux mathématiques et l’arracher à l’abstraction.

1903. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

C’est de l’histoire, et de l’histoire sacrée ; car c’est la vie d’un saint, — d’un saint qui vivait hier encore, — écrite par un homme qui l’a assisté en ses travaux apostoliques, et racontée avec un détail infini.

1904. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

L’abbé Maynard vient de publier sur saint Vincent de Paul un immense travail, qui n’est pas seulement de l’hagiographie, mais de l’histoire, de l’histoire comme il en faut aux esprits de cette génération, qui ne comprend plus rien aux œuvres naïves, et dont on doit plier l’orgueil incrédule et chicanier sous la science, la critique et les faits.

1905. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Là est l’explication de tous ses travaux, qui sont énormes, il faut bien l’avouer.

1906. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Il n’arrive pas en qualité d’exception, comme un travail d’un genre à part.

1907. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Il a fait, sur cette vie, un travail délicat et habile dans sa délicatesse ; mais il n’a pas enfoncé sa plume jusqu’où il fallait la plonger… En appuyant trop sur ce naphte, il avait peur sans doute de ce qu’il pourrait en faire jaillir !

1908. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

En vérité, quand on lit quelques-uns des sonnets du recueil qu’il publie aujourd’hui, on se dit que l’Inspiré doit être bien près du Volontaire dans le nouveau poète qui vient de nous naître, et que le souffle sacré, — qu’on a ou qu’on n’a pas, mais qu’aucun travail ne donne quand il manque, — doit reposer en puissance, dans l’homme qui a écrit des vers comme ceux-ci, en attendant l’heure des œuvres vastes : Toi, Moi.

1909. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur.

1910. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

On l’a loué, et je le loue aussi, d’avoir passé sa vie dans la noble préoccupation du travail, dans le chaste recueillement de l’étude, et de n’avoir jamais demandé qu’à la littérature cette tasse de lait qui manque à tant de soifs, et qui, pour lui, Dieu merci !

1911. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur !

1912. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Dans les combats, il veut la plus grande part aux périls et aux travaux ; après le succès, il partage entre tous le fruit de ses périls et de son sang.

1913. (1897) Aspects pp. -215

… Au travail ! […] Au travail ! […] — Au travail ! Au travail ! […] Elles lui font aimer davantage le travail.

1914. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Sur la Langue. — Travail d’épuration, d’enrichissement, et d’ennoblissement. — La préciosité a épuré la langue d’une rouille pédantesque dont elle était encore embarrassée, dans Montaigne même ; — elle l’a également épurée d’une grossièreté qui la déshonorait [Cf.  […] I]. — Premiers travaux de l’Académie ; — services généraux rendus par l’Académie française ; — et dans quel sens on peut dire qu’elle a vraiment fixé la langue. […] Autres travaux de Bossuet. — Sa Defensio cleri gallicani [ouvrage posthume]. — Sa Défense de la tradition et des saints Pères contre Richard Simon. — Du respect de Bossuet pour la tradition. — Le jugement de l’envoyé de Brandebourg sur le rôle de Bossuet [Cf.  […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Le Cydias de La Bruyère, — et que La Bruyère n’a pas assez vécu pour connaître et apprécier le vrai Fontenelle. — Universalité de Fontenelle ; — il a fait des tragédies, des églogues, des opéras, des comédies ; — et des dissertations, des dialogues, des romans, des travaux qui confinent aux travaux d’histoire et de critique. — Son trait caractéristique est d’avoir été « un homme d’esprit », — dans tous les sens du mot ; — c’est-à-dire un bel esprit, un homme spirituel, et presque un grand esprit ; — et qu’il est un remarquable exemple de ce que peut et de ce que ne peut pas l’esprit. […] 2º L’Académie des sciences. — La première fondation, 1666 — et les premiers travaux [Cf. 

1915. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Il y avoit parmi les anciens des fêtes et des féries, les fêtes étoient des jours solemnels où l’on faisoit des jeux et des sacrifices avec pompe : les féries étoient seulement des jours de repos où l’on s’abstenoit du travail. (…). […] La cause pour l’efet ; par exemple : vivre de son travail, c’est-à-dire, vivre de ce qu’on gagne en travaillant. […] calus, dureté, durillon, en latin callum ; se prend souvent dans un sens métaphorique : (…), dit Cicéron : le travail fait come une espèce de calus à la douleur, c’est-à-dire, que le travail nous rend moins sensibles à la douleur. […] Il y a eu un tems où les ouvrages d’esprit tiroient leur principal mérite de la peine qu’il y avoit à les produire, et souvent la montagne étoit récompensée de n’enfanter qu’une souris, pourvu qu’elle eut été long-tems en travail. […] Ainsi ceux qui se sont doné la peine de traduire les auteurs latins en un autre latin, en afectant d’éviter les termes dont ces auteurs se sont servis, auroient pu s’épargner un travail qui gâte plus le gout qu’il n’aporte de lumière.

1916. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Certes, les frères de Goncourt ne sont, eux, des inconnus pour personne ; mais, par un étrange hasard, c’est plutôt le monde littéraire que le vrai public qui a su apprécier, je devrais, plus justement, dire : utiliser leurs importants travaux. […] La salle, les tribunes, les boiseries qui venaient d’être refaites et n’avaient point encore entendu de condamnations à mort, toutes pleines du travail suspect et des bruits douteux du bois neuf dans les ombres du soir, semblaient s’émouvoir d’une vie nocturne, paraissaient s’inquiéter si elles n’étrenneraient pas d’une tête. […] Par l’instinct du travail peut-être (qui est si grand dans son espèce), elle sentit que je devais être un paisible travailleur, et que j’étais là aussi occupé, comme elle, à tisser ma toile. […] … Si différents, nous arrivons cependant ensemble du travail nécessiteux et de la froide obscurité à ce doux banquet de lumière… Prends un cœur et fraternisons. […] Maintenant que le lecteur sait sur quel terrain le général Ambert s’est placé pour faire ses observations, je ne puis mieux donner idée de son remarquable et consciencieux travail que par des extraits de ce volume qui lui a été pour ainsi dire dicté sur les champs de bataille.

1917. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Ce travail lui avait pris trois ans et tous les deux sentaient pour cette machine, résumé lamentable d’une vie de recherches, de découvertes et d’ingénieux efforts, ils ne savaient quelle étrange affection. […] j’ai bien autre chose à penser ; la santé me revient, grâce à ce devin de Charcot, qui a trouvé et guéri mon mal ; des années de travail s’ouvrent encore devant moi et je veux écrire les livres comme je les comprends ! […] La Commune, les premiers travaux de réorganisation de l’armée ne permirent à Maurice de Frémeuse de retourner auprès de sa mère, voisine de Mme de la Pave, que plusieurs mois plus tard. […] Sa mère le décida au mariage, et choisit pour lui une personne intelligente, dévouée, et qui, par surcroît inattendu, était pieuse. « La fille qui lui naquit, dit Sainte-Beuve, et qui a été plus tard si digne de son père, une aide intelligente dans ses travaux, fut élevée, selon la foi de sa mère, chrétiennement. […] Dans le chapitre consacré aux travaux et aux idées du philosophe, je prends encore ces deux paragraphes : il s’agit du redoutable moment que Montaigne appelle le but de la vie, il s’agit de la mort.

1918. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

N’imaginez pas que j’use de finesses à dessein d’irriter votre goût pour un travail qui vous réussit : satisfait du rang de votre père, mettez à l’abri du sort la meilleure partie de vous-même. […] Non : j’en pourrais citer qui, pauvres et obscurs, ont cultivé avec succès les sciences et les arts ; ils étaient affamés et presque nus, sans se plaindre, sans discontinuer leurs travaux. […] Le militaire a sa paye, l’agriculteur ses récoltes : il n’est point de travail sans un salaire. […] Suilius jouit d’un bien modique, acquis par son travail ; il bravera l’accusateur, le péril, tout, plutôt que d’aller flétrir une gloire ancienne et légitime aux pieds de ce parvenu.  » Quel est celui qui parle ainsi ? […] Agrippa et Mécène obtinrent de mon ancêtre le repos après les travaux ; mais Auguste était dans un âge où son autorité suppléait à la variété de leurs instructions, et il ne dépouilla ni l’un ni l’autre de ce qu’ils tenaient de sa munificence.

1919. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Eu quelques jours, la comédie faisait son entrée au théâtre et réparait les pertes du jeu ; mais le travail se ressentait forcément de la rapidité du poëte et de la préoccupation du joueur. […] La scène lyrique vient d’offrir à vos yeux les ressources de l’architecture ; vous avez rendu justice au travail de l’artiste célèbre qui a eu le courage de s’écarter des routes d’une imitation servile, et qui a été assez heureux de vous plaire, en osant innover. […] Le malheureux poëte sans le vouloir, pris au piège, prétexta le travail incessant que lui donnait un grand poëme héroïque, Clovis, auquel il consacrait tous ses moments, et qui devait faire la gloire du règne de Sa Majesté Louis XIII. […] Toutefois, ayant eu le bonheur de trouver le sujet d’Esther, il se mit au travail, encouragé par Boileau qui, d’abord, avait cherché à le détourner de répondre aux vues de madame de Maintenon. […] Thomas, assez embarrassé et n’aimant pas ce genre de travail, le confia à Fontenelle, alors à Rouen et très-jeune.

1920. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

De retour en Angleterre, il retomba parmi ses livres, et admit chez lui quelques élèves auxquels il imposa comme à lui-même un travail continu, des lectures sérieuses, un régime frugal, une conduite sévère : vie de solitaire, presque d’ecclésiastique. […] IV Il vivait dans une petite maison à Londres, ou à la campagne dans le comté de Buckingham, en face d’une haute colline verte, publiait son Histoire d’Angleterre, sa Logique, un Traité de la vraie religion et de l’hérésie, méditait son grand Traité de la doctrine chrétienne ; de toutes les consolations, le travail est la plus fortifiante et la plus saine, parce qu’il soulage l’homme, non en lui apportant des douceurs, mais en lui demandant des efforts. […] Beaucoup d’hommes vivent, fardeaux inutiles de la terre ; mais un bon livre est le précieux sang vital d’un esprit supérieur, embaumé et conservé religieusement comme un trésor pour une vie au-delà de sa vie… Prenons donc garde à la persécution que nous élevons contre les vivants travaux des hommes publics ; ne répandons pas cette vie incorruptible, gardée et amassée dans les livres, puisque nous voyons que cette destruction peut être une sorte d’homicide, quelquefois un martyre, et, si elle s’étend à toute la presse, une espèce de massacre dont les ravages ne s’arrêtent pas au meurtre d’une simple vie, mais frappent la quintescence éthérée qui est le souffle de la raison même, en sorte que ce n’est point une vie qu’ils égorgent, mais une immortalité477. » Cette énergie est sublime ; l’homme vaut la cause, et jamais une plus haute éloquence n’égala une plus haute vérité. […] Un bachelier, dans son discours de réception, ne prononcerait pas mieux et plus noblement un plus grand nombre de sentences vides. « Ma belle compagne, l’heure de la nuit et toutes les créatures retirées à présent dans le sommeil nous avertissent d’aller prendre un repos pareil, puisque Dieu a établi pour les hommes le retour alternatif du repos et du travail, comme de la nuit et du jour, et que la rosée opportune du sommeil, par sa douce et assoupissante pesanteur, abaisse maintenant nos paupières. […] L’homme a son travail journalier de corps et de pensée, institué d’en haut, qui déclare sa dignité et le souci du ciel sur toutes ses voies, pendant que les autres êtres vaguent inoccupés sans que Dieu leur demande aucun compte de leurs actions507. » Très-utile et très-excellente exhortation puritaine !

1921. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Tranquillisez-vous, et livrez-vous à vos travaux littéraires ; jouissez d’être auprès du marquis d’Este, qui est un si noble et si vertueux protecteur ; en outre, comme il faut enfin laisser sur les chemins cette humeur maladive qui vous travaille, et que cela ne peut avoir lieu sans quelques remèdes de médecins, résignez-vous à vous laisser gouverner pour votre santé par les médecins et à obéir aux conseils de vos protecteurs et de vos amis, au nombre desquels sachez bien que je suis et que je serai toujours celui qui vous chérira et qui vous soignera avec le plus de tendresse ! […] « À la vue soudaine d’armes inconnues, ils se troublent et s’effrayent ; mais Herminie les salue, les rassure, découvre ses beaux yeux et sa blonde chevelure : Heureux bergers, leur dit-elle, continuez vos jeux et vos ouvrages ; ces armes ne sont point destinées à troubler vos travaux ni vos chants. […] Malheur aux poètes qui refont leurs œuvres : la poésie est de premier mouvement, ce n’est pas le travail et la réflexion qui la donnent, c’est l’inspiration ; on ne respire pas à midi le souffle matinal de l’aurore ; la jeunesse dans le poète fait partie du charme ; le génie est comme la beauté, il a son instant.

1922. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

je vous prie, si ce travail eût été fait, des mille nuances de la vie humaine, seulement à partir d’Aristophane ou seulement à partir de Théophraste, quelle histoire plus variée à la fois et plus charmante, avec un plus grand nombre d’événements, d’enseignements, de héros, de personnages ! […] — Elle a bien combattu, elle a bien travaillé, et enfin elle a cédé à la force, à la fatigue incessante de ce travail de tous les jours […] Victor Hugo, dans le premier travail de M. 

1923. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les perses étoient sous Darius ce que sont aujourd’hui les persans qui habitent le même païs qu’eux, c’est-à-dire, des ouvriers très-patiens et très-habiles quant au travail de la main, mais sans génie pour inventer, et sans talent pour imiter les plus grandes beautez de la nature. […] Le Poussin en trente années de travail assidu dans un attellier placé au milieu de Rome, ne forma point d’éleve qui se soit acquis un grand nom dans la peinture, quoique ce grand homme fût aussi capable d’enseigner son art, qu’aucun maître qui jamais l’ait professé. […] Or les voïes qu’on peut emploïer pour obliger un jeune esclave à s’appliquer au travail, sont tout autrement efficaces que celles qu’on peut emploïer pour y porter des personnes libres.

1924. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

L’historien qui est au niveau de sa tâche peut influer sur ces faits en travail et, qui sait ? […] — que cet écrivain politique d’une activité et d’un travail de plusieurs hommes à la minute, que cet improvisateur de la plume toujours à la brèche, cachât, sous cette activité extérieure, un érudit discret, laborieux, acharné, — un passionné de linguistique, — un bénédictin libre, — sans Congrégation, heureusement pour lui !  […] de l’écartèlement de ces Intérêts et de ces Ambitions terribles, voilà qu’il trouve cependant une minute pour donner à une passion désintéressée, à un travail qui lui plaît et qui lui est doux, et qui ne lui rapportera jamais rien, pas même peut-être une place à l’Institut !

1925. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Car il est possible que l’intensité d’une sensation témoigne d’un travail plus ou moins considérable accompli dans notre organisme ; mais c’est la sensation qui nous est donnée par la conscience, et non pas ce travail mécanique. C’est même à l’intensité de la sensation que nous jugeons de la plus ou moins grande quantité de travail accompli : l’intensité demeure donc bien en apparence au moins, une propriété de la sensation.

1926. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ce qui est certain, c’est que l’éducation de Louise fut fort soignée, qu’elle vécut dans les loisirs et les honnêtes passe-temps ; elle apprit la musique, le luth, les arts d’agrément, les belles-lettres, sans négliger pour cela les travaux d’aiguille, et enfin elle associait à ces goûts divers, déjà si complets chez une femme, les exercices de cheval et des inclinations passablement belliqueuses. […] Et quant à la preuve qu’on veut tirer, pour son mariage, de la description que fait certain poëte du beau jardin voisin du Rhône qu’on dit être celui de son mari, je ne vois pas pourquoi le père de Louise n’aurait pas eu aussi bien, de ce côté, un jardin tout proche des terrains qui servaient aux travaux de leur commune profession.

1927. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Mais la Toscane, ce merveilleux phénomène de la richesse, cette royauté de l’intelligence, cette monarchie du travail à l’époque où l’industrie européenne n’était pas née, devait décroître et tomber d’elle-même aussitôt que l’industrie de la laine, de la soie, de la banque, cesserait d’être le monopole, le brevet d’invention de Florence, et que les mêmes industries, mères du même commerce et sources des mêmes richesses, s’établiraient à Lyon, à Venise, à Londres, à Birmingham, à Calcutta, et que le travail européen et asiatique ne laisserait au peuple des Médicis, de Dante, de Michel-Ange, que cette primauté du génie des arts qui fait la gloire, mais qui ne fait pas la puissance militaire et politique des nations.

1928. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Cette hypothèse est le point de départ de la théorie des tourbillons qui, après plus de deux mille ans, a pris, par les travaux de Descartes, de Huyghens et de Hooke, une si grande place entre les systèmes du monde. […] XVII Une autre catégorie de philosophes, Buckle, par exemple, ont voulu voir dans la végétation luxuriante de la forêt primitive la cause qui doit empêcher la civilisation d’y prendre pied : dans une pareille région on ne parvient que par une excessive dépense de travail et d’énergie à lutter contre les milliers de germes végétaux qui disputent à l’homme la jouissance du sol.

1929. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

— Ton frère, le fiancé, dis-je au petit, est donc laboureur, et il aidait son père dans les travaux de la campagne ? […] Je frissonnai, je pâlis, je chancelai sur mes jambes, comprenant bien qu’il s’agissait de Hyeronimo ; mais, comme je marchais derrière le bargello, il ne s’aperçut pas de mon trouble et il poursuivit : CLXXX Un des hommes est un vieillard de Lucques qui n’avait qu’un fils unique, soutien et consolation de ses vieux jours ; la loi dit que quand un père est infirme ou qu’il a un membre de moins, le podestat doit exempter son fils du recrutement militaire ; les médecins disaient au podestat que ce vieillard, quoique âgé, était sain et valide, et qu’il pouvait parfaitement gagner sa vie par son travail.

1930. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Joignez que sa puissance de travail, d’attention et de mémoire est prodigieuse. […] Or, apprenez que « ses articles ne sont qu’une mosaïque ; on n’y sent aucune unité de travail. » Le prince est dupe, cette fois, d’une apparence typographique, de la multiplicité des guillemets.

1931. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Il faut, pour arriver à en faire un instrument lyrique, un travail constant, une science que l’on ne possède jamais assez. […] D’autre part, toute œuvre durable comporte une difficulté vaincue ; cette victoire souvent lente, exige la volonté de travail, la discipline, l’obstination dans l’effort, vertus qui ne sont pas, dit-on, caractéristiques des races du Midi et que, d’ailleurs, les conditions de vie trop facile, dissolvent.

1932. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Qui donc aujourd’hui prétendrait étudier le mécanisme de la sensibilité ou de la volonté humaine sans se tenir au courant des travaux de ceux qui pèsent, dissèquent, analysent les cerveaux des hommes et des bêtes ? […] On verrait, par exemple, comment les théories microbiennes d’un Pasteur, ses recherches sur les infiniment petits des corps ont pour pendant les fines études des romanciers analystes, les subtiles anatomies morales d’un Bourget coupant, comme on l’a dit, un cheveu en quatre, ses tentatives pour pousser ses délicates dissections jusqu’au plus menu détail, son talent à saisir et à rendre visibles les infiniment petits du cœur humain ; on verrait comment cette prédominance de l’esprit d’analyse se marque, dans l’érudition du temps, par des discussions acharnées sur un point ou une virgule, par une foule de travaux minutieux dont les auteurs fouillent à la loupe avec une patience infatigable quelque coin exigu du passé.

1933. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

L’heure est donc venue de résumer en quelques lignes les travaux accomplis, pendant les quatre derniers mois, par les vaillants artistes de la troupe allemande. […] L’exécution fut splendide, et les chœurs marchèrent à perfection, malgré la difficulté de les discipliner st de les soumettre à un travail orchestrai aussi compliqué que celui du Parsifal.

1934. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Est-ce qu’elle vous dérange dans votre travail ? […] » Si apaisées qu’elles soient ses mélancolies, — elles l’accompagnent plutôt qu’elles ne le poursuivent, — l’avenir inquiète Nanteuil, il a la crainte du travail pouvant manquer à sa vieillesse, d’un jour à l’autre ; voyant l’illustration de la romance, dont il vivait en grande partie, déjà abandonnée.

1935. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je ne serai que trop tôt obligé, par mon devoir, de retourner où s’agite le sort des empires, et de me faire encore des misères et des inimitiés ici-bas, pour me faire un juge indulgent et compatissant là-haut ; car, voyez-vous, chacun a son travail dans ce monde, et il faut l’accomplir à tout prix. […] l’hiver », me répondit-il, « il y a le feu dans le foyer, le bruit des sabots des enfants dans la maison, les châtaignes qu’on écorce, les pois qu’on écosse, le maïs qu’on égrène, le chanvre qu’on file : tous ces travaux n’ont pas besoin des yeux.

1936. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il a compté et supputé les révolutions italiennes, ce qui n’est pas un petit travail, et il en a trouvé sept mille (excusez du peu) seulement de l’an 1000 à Luther. […] D’aptitude spontanée et incontestable, l’auteur des Révolutions d’Italie était un homme de forte imagination et de pénétration littéraire, et il n’est pas permis d’en douter, quand on a lu son livre d’aujourd’hui, et qu’on en a comparé les meilleures pages historiques aux quelques fragments de littérature qu’il a introduits dans son travail, car l’histoire, telle que nous autres modernes la concevons, est une véritable encyclopédie.

1937. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie. […] Il débordait de cette double ardeur où s’amalgamaient une pensée rapide et ferme, une énergie active et magnifique, d’où résultait une force conquérante, une sorte d’équilibre entièrement dynamique, toujours en création, en mouvement, en progrès, en travail, en combat, en conquête.‌

1938. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Elle a le sens visuel et pittoresque remarquablement développé, et elle n’a cessé de le cultiver par l’étude et par le travail.

1939. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Il n’était pas de ceux que la critique console de l’art, qu’un travail littéraire distrait ou occupe, et qui sont capables d’étudier, même avec emportement, pour échapper à des passions qui cherchent encore leur proie et qui n’ont plus de sérieux objet.

1940. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Les Contrebandiers ne sont pas seulement, comme les Bohémiens, un délirant caprice de vie aventurière, de liberté sans frein et de migration sans but ; les Contrebandiers ne sont pas les enfants perdus et incorrigibles des races dispersées ; ce sont, comme Béranger le conçoit, les sentinelles avancées, les éclaireurs hasardeux d’une civilisation qui s’approche : Nos gouvernants, pris de vertige, Des biens du ciel triplant le taux, Font mourir le fruit sur sa tige, Du travail brisent les marteaux, Pour qu’au loin il abreuve Le sol et l’habitant, Le bon Dieu crée un fleuve ; Ils en font un étang.

1941. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Cette étude, qui nous a servi d’ailleurs à vérifier nos précédentes vues sur le roman, est inappréciable pour faire suivre à la trace et mettre à nu le travail intérieur qui s’est opéré dans l’esprit du poëte.

1942. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Molé ne trouverait à y opposer, a-t-il dit, que le « for intérieur du promeneur pensif et solitaire, auquel notre vie, notre civilisation active et compliquée fait chercher, avant tout, le calme, le silence et la fraîcheur. » Analysant avec détail le beau travail sur Lesueur et sur les révolutions de l’art, insistant sur l’accord mémorable avec lequel ces trois jeunes gens, Poussin, Champagne et Lesueur, se dégagèrent du factice des écoles et vinrent retremper l’art dans le sentiment intérieur et dans la nature, le directeur de l’Académie a fait entendre de nobles et bien justes paroles : « Constatons-le, a-t-il dit, ces trois hommes étaient de mœurs pures, d’une âme élevée ; tout en eux était d’accord.

1943. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Sa vie toujours occupée, plus encore par les devoirs du monde que par le travail des lettres, s’écoulait rapidement au milieu des plaisirs dont tous les riches et les puissants faisaient les frais.

1944. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Mais deux ou trois savants véreux, qui se croient quelque chose pour avoir débuté dans les bagages de l’armée d’Égypte ou pour avoir paperassé avec les travaux d’autrui, entravent tout éclaircissement, et donneraient gain de cause, s’ils l’osaient, au fripon sur l’honnête homme, plutôt que de reconnaître qu’ils ont été dupes, et de se rétracter.

1945. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le groupe philosophique, poétique et critique, dont les travaux et les productions forment d’habitude ce qu’on pourrait appeler le fonds de la Revue, indépendamment des portions de voyages ou de science où les faits seuls sont admis, ce groupe a une marche commune, rapprochée, sinon concertée, et constitue librement une alliance naturelle.

1946. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

J’ai dit, dès la première page, que Voltaire, Marmontel et La Harpe ne laissaient rien à désirer à cet égard ; mais je voulais montrer le rapport qui existe entre la littérature et les institutions sociales de chaque siècle et de chaque pays ; et ce travail n’avait encore été fait dans aucun livre connu.

1947. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Le contentement de l’âme, le repos de la campagne, une fortune qui suffit à l’élégant nécessaire, l’amitié, des livres, la retraite, le travail et le loisir, une vie utile, une vertu progressive et le ciel approbateur !

1948. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

La république doit donner beaucoup plus d’essor que tout autre gouvernement à ce mobile d’émulation ; elle s’enrichit des travaux multipliés qu’il inspire.

1949. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

L’œil de l’artiste exercé peut seul s’offrir à l’impression directe de la nature, sans que la préoccupation du travail à faire altère en lui la sincérité de la sensation.

1950. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

C’est un bruit doux et lent, qui va des monts aux grèves, Frisson des germes nus, et murmure des sèves, Travail de la racine entr’ouvrant le sol dur, Feuillages déployés qui tremblent dans l’azur.

1951. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

C’est un ouvrier avisé, qui sait son métier, et qui le fait comme un métier : il est difficile de ne pas voir dans son Miracle de Théophile, dans ses deux vies de Saints, dans ses Complaintes funèbres des travaux de commande, faits pour des communautés pieuses ou pour d’illustres familles.

1952. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Faites ce travail sur tous les sonnets de M. de Heredia, non seulement pour les rimes, mais pour tout l’intérieur du vers : peut-être ne démêlerez-vous pas toujours les raisons de cette harmonie secrète du sens et de la musique des phrases ; mais toujours vous la sentirez.

1953. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Quand Maxwell a commencé ses travaux, les lois de l’électro-dynamique admises jusqu’à lui rendaient compte de tous les faits connus.

1954. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

La terre fournit le substratum, le champ de la lutte et du travail ; l’homme fournit l’âme.

1955. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

A mesure que le pouvoir se sécularisait et passait en des mains incrédules, le peuple juif vivait de moins en moins pour la terre et se laissait de plus en plus absorber par le travail étrange qui s’opérait en son sein.

1956. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Aucun travail de réflexion ne réussit à produire ensuite les chefs-d’œuvre que la nature crée à ces moments-là par des génies inspirés.

1957. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Dans une préface accordée à je ne sais plus quel volume de vers socialistes, il regrette que l’auteur n’ait pas chanté le patron comme l’ouvrier, n’ait pas magnifié « l’héroïsme de travail » du patron et pleuré sur les « heures d’angoisses » ; du patron.

1958. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Sous le choc du drame, un effrayant travail de désagrégation commence dans l’esprit de Suzanne.

1959. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

* * * — Le travail et les femmes, voilà ma vie !

1960. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Tout le travail préparatoire entrepris par la critique historique n’aura servi qu’à déterminer ce point de vue, à nous faire connaître les types vivants conçus par l’auteur en analogie avec sa propre vie et sa propre nature : nous verrons alors jusqu’à quel point il a réalisé ces types, ou, pour mieux dire, s’est réalisé lui-même, s’est objectivé et comme cristallisé dans son œuvre, sous les aspects multiples de son être.

1961. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Étant un jour aux Thuileries, il se vit tout d’un coup environné d’ouvriers qui avoient quitté leur travail pour le suivre, dans la crainte que ce ne fût un homme prêt de se jetter, par désespoir, dans le bassin.

1962. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Si je viens à ressentir une grande douleur morale dans le moment où je suis occupé d’un travail intellectuel, je deviens incapable de le continuer, et si je veux m’y forcer, je ne sens mes idées ni si vives, ni si faciles, ni si suivies qu’auparavant.

1963. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Quant à la seconde, il ne lui fixait aucun siège spécial, et lui-même reconnaissait que sur ce point ses travaux laissaient beaucoup à désirer63.

1964. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

La Fontaine emploie près de vingt vers à peindre les travaux de la mouche, et son sérieux est très-plaisant ; mais peut-être fallait-il être La Fontaine pour songer air moine qui dit son bréviaire.

1965. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

La perfection de l’agriculture, en Angleterre, est moins le résultat de quelques expériences scientifiques, que celui du travail patient et de l’industrie du fermier obligé de tourmenter sans cesse un sol ingrat.

1966. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Je suis loin de penser qu’il ne faille pas faire pénétrer le plus possible l’instruction dans toutes les classes de la société ; je sais tout ce qu’il y a d’inévitable et de fatal dans la force des choses, et j’ai déjà expliqué ma pensée à cet égard ; mais enfin cette diffusion des lumières trouvera toujours, et inévitablement aussi, une limite dans le besoin du travail, pour le plus grand nombre.

1967. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Ce qui me rappelle ce grand travail de M. 

1968. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Elle a lu tout cela avec frénésie ; elle s’est bourrée de tout cela, entre deux juments, dans les écuries de son père, son cabinet de travail, — comme le premier jockey venu aurait pu, sans être Cosaque, y étudier, entre les deux bêtes qu’il étrille, une théorie imprimée de l’entraînement et du pansage !

1969. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Les Pasteurs de Virgile n’y sont pas, mais les agriculteurs du Progrès, avec leurs charrues mécaniques et l’économie philanthropique de la sueur humaine sur le sillon, car le travail, c’est la liberté !

1970. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Les vestiges qui nous restent de ces sociétés, de leurs travaux publics, de leurs architectures, doivent paraître à des âmes d’architectes, d’antiquaires et d’académiciens, des civilisations colossales.

1971. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Mais ils oublient que les sociétés se jugent par leurs amusements encore plus que par leurs travaux.

1972. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Avec cette impayable légèreté française, qui ne doute de rien, et que ses études sur les Anglais ne lui ont pas désapprise, Barot ne s’est pas troublé une minute devant l’immensité du travail qu’il avait devant lui.

1973. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Or, si le travail intérieur qui éclaire les œuvres par les facultés, et les facultés par les influences, n’est pas plus possible ou n’est pas plus complet que la biographie de celui qui a fait ces œuvres et qui avait ces facultés, la Critique est estropiée comme l’Histoire, et c’est ce qui est arrivé à Guizot.

1974. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Il rame, depuis des années, sur les galères de la publicité, qui n’est pas pour lui comme pour nous, profanes écrivains, la publicité de l’amour-propre, mais celle de la charité, et certainement il n’a pas trouvé dans l’opinion des hommes une récompense en proportion de ses efforts et de ses travaux.

1975. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

N’est-ce pas lui, Macaulay, qui, dans un de ses plus beaux travaux de critique historique, en nous parlant de Machiavel11, le vieux calomnié de Florence, ce vieux bronze oxydé par les crachats de toutes les générations, lança ce mot, qui est une vue, sur les décimés de l’Histoire, sur ces grands Sacrifiés à qui la renommée fait payer les vices de leur siècle.

1976. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Nous savions bien, comme tout le monde, que c’est le pays de la matière, du travail, du négoce, de l’industrie, une forge d’enragés Cyclopes, mais nous savions aussi que dans sa limaille de fer et sa poussière de charbon il poussait de temps en temps un écrivain, un poète, un rêveur, une jeune fille qui n’était pas miss Martineau.

1977. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Ces travaux d’esclave ne sont pas faits pour ces patriciens de la Pensée et de la Forme… L’amour sévère et consciencieux du vrai n’est point une vertu païenne.

1978. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

III C’est donc tout simplement ennuyeux, ce double et ambitieux travail d’une histoire et d’un roman qu’on nous donne comme un chef-d’œuvre, et qu’un traducteur de loisir a déterré, comme l’auteur avait déterré son sujet de La Papesse Jeanne.

1979. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Sans doute, la chronique est encore une forme intéressante de l’histoire, mais Charles-Quint, comme tous les personnages qui font question dans les Annales du monde, échappe à la chronique par la profondeur de son caractère ; et quelque dévoué que l’on soit à ramasser les épingles que l’histoire laisse parfois tomber, il y a mieux pourtant que ce travail de bésicles et de flambeau par terre, quand il s’agit d’un homme qu’il faut regarder en plein visage pour le pénétrer.

1980. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Après toute une vie de voyages, d’affaires et d’études et de travaux dont j’ai signalé plus haut quelques-uns, le comte de Gobineau, qui vient de nous donner ce kaléidoscope lumineux et harmonieux de La Renaissance, lequel ne doit rien au hasard, comme les autres kaléidoscopes, de ses éblouissantes combinaisons, était capable de nous donner bien d’autres livres encore, et sans la mort, qui est venue, soyez sûr qu’il nous les aurait donnés !

1981. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Le portrait qu’il en trace n’est pas du xviiie  siècle… On n’y a jamais peint dans cette manière juste, méprisante, inflexible : « Un singulier homme, ce jeune mari, — dit-il, — ce jeune souverain, que, hors la chasse et les chiens, rien n’intéressait, n’amusait, ne fixait, et que le cardinal — (le cardinal de Fleury) — promenait vainement d’un goût à un autre, de la culture des laitues à la collection d’antiques du maréchal d’Estrées, du travail du tour aux minuties de l’étiquette et du tour à la tapisserie, sans pouvoir attacher son âme à quelque chose, sans pouvoir donner à sa pensée et à son temps un emploi… Imaginez un roi de France, l’héritier de la régence, tout glacé et tout enveloppé des ombres et des soupçons d’un Escurial, un jeune homme, à la fleur de la vie et à l’aube de son règne, ennuyé, las, dégoûté, et, au milieu de toutes les vieillesses de son cœur, traversé des peurs de l’enfer qu’avouait, par échappées, sa parole alarmée et tremblante.

1982. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

L’âme, pour des penseurs de la force de Μ. de Girardin, ne vaut pas une mécanique, et le loisir est un désordre pour ces politiques des travaux forcés.

1983. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Et Vacquerie continue à nous montrer le travail du poète : « Il fouille, il creuse, il troue, il frappe du front, il pousse du cœur, il va, il perce le globe de part en part, il crève la terre et il roule échevelé dans les étoiles ! 

1984. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

— refaire à neuf le vieux travail fait à la première heure, c’est entrer un peu trop en danse pour son compte dans un livre consacré à autrui, et mettre sa personnalité amie et vivante à la place de la personnalité morte d’un ami trépassé.

1985. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages.

1986. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Au moins, pour expliquer de cette façon le problème surnaturel de l’homme et de sa destinée, pour revenir en plein dix-neuvième siècle, — après les travaux philosophiques de Hegel et de Schelling, — à ce risible système de la métempsychose, digne tout au plus d’inspirer une chanson au marquis de Boufflers ou à Béranger qui l’a faite, fallait-il se sentir une force d’induction et de déduction irrésistibles ; fallait-il que la grandeur des facultés philosophiques sauvât la misère du point de vue que l’on ne craignait pas de relever.

1987. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Ils ont laissé la littérature de l’homme exclusivement littéraire (Donoso Cortès l’avait été un moment), et ils n’ont pris dans ses travaux que ce que le Catholicisme a animé de son inspiration toute-puissante.

1988. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Lacordaire, car de ces incorrections qui tiennent à l’absence d’attention et à la fatuité dans le travail comme celle-ci, par exemple, dont je pourrais multiplier le nombre : « les premiers disciples dispersés par la croix où ils étaient nés » (p. 160), de ces incorrections, je n’en parle pas !

1989. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Dans le titre de son travail je trouve le mot expressif d’exposition abrégée et populaire.

1990. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages.

1991. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Leur successeur, qui avait à profiter de leurs travaux, M. 

1992. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Funck Brentano, mais toutes les contradictions, les confusions, les fausses règles, les non-sens des deux sophistes anglais, y sont étalés, percés à jour, déchiquetés, pulvérisés, réduits à rien, et plus l’auteur des Sophistes contemporains accomplit et prolonge ce travail de destruction, qui, sous une autre plume que la sienne, serait ennuyeux, — non par sa faute, à lui, mais par la médiocrité même des sophistes qu’il a devant lui, — plus il rayonne d’esprit et mêle à la raison et à la profondeur une imagination charmante.

1993. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Fils de l’Université qui n’a pas oublié Stanislas, c’est un normalien et un cousiniste, et, s’il est chrétien, comme je le crois, et comme quelques-uns de ses premiers écrits14 autorisent à le croire, c’est un chrétien qui derrière sa foi a sa métaphysique, comme derrière un salon dans lequel on vit peu, on a un cabinet de travail dans lequel on se tient toujours… À un homme de cette préoccupation philosophique, de cette culture, de ce goût affiné et sûr, Dieu sait l’effet que je dois produire avec mon sens littéraire ardent et violent plutôt que réglé, et mon catholicisme brutal, qui a tout avalé des philosophies qui me grignotaient l’esprit avant que Brucker m’eût ramené à cette religion de mon intelligence et de mon âme !

1994. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Pendant que les autres, depuis Fourier jusqu’à Cabet, enflaient et crevaient leurs bulles de savon, lui, du Clésieux, réalisait au profit des masses pauvres, qu’il christianisait et auxquelles il donnait l’intérêt du travail, des choses superbes et solides, et dans l’exercice de sa charité il montrait presque des facultés de gouvernement.

1995. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

En effet, ce n’est pas l’esprit du poète qu’elle doit plaindre, mais son travail et sa volonté qu’elle peut accuser.

1996. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Dans cette succession d’événements qui osent tout, — le chimérique et l’absurde, sous prétexte de merveilleux, — on se demande vainement où finit la légende, fruit de l’imagination des poètes ou des chroniqueurs du passé, et où commence l’inspiration du poète moderne et son travail… Quel est le fait ou la combinaison, de quelque nature qu’ils soient, qui, réellement, lui appartiennent ?

1997. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

… Esprit ferme et rusé, plein d’entregent et de rétorsion, il se conduisit comme ces habiles coquettes qui quittent le monde avant que le monde ne les quitte, et il essaya de masquer, sous des travaux plus ou moins tourmentés d’art ou d’histoire, l’impuissance de l’inventeur qu’il sentait venir… II D’autant que l’inventeur, chez M. 

1998. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Eh bien, vous voilà condamné à dix ans de travaux forcés pour le moins !

1999. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Les derniers travaux de quelques médecins, qui ont enfin entrevu la nécessité d’expliquer une foule de faits historiques et miraculeux autrement que par les moyens commodes de l’école voltairienne, laquelle ne voyait partout que l’habileté dans l’imposture, n’ont pas encore débrouillé tous les arcanes psychiques.

2000. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Tout ce que peut se permettre un enfant de Dieu, c’est le “trois pour cent” sur l’État, parce que, ici, la légitimité du gain sans travail lui est affirmée et garantie par le consentement public de la communauté tout entière. […] Avec plus de facilité encore nous opérons, sur les faits et gestes antérieurs de Mme Guichard, un petit travail de compréhension bienveillante ; car celle-là, son « bon cœur » éclate à chaque ligne. […] oui, c’est un joli travail. […] Le reste de la pièce, c’est-à-dire plus de la moitié, est tout en bouts de scènes épisodiques, joints avec adresse, mais avec une adresse qui peine un peu et laisse sentir le travail de raccord et de mosaïque. […] Négociants, industriels, boursiers, médecins, artistes, — « travailleurs de la fête » (ceux qui ne font que cela) et « fêtards du travail » (ceux qui piochent le jour pour faire la fête le soir et la nuit), — se ruent au plaisir avec une furie mécanique.

2001. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Paul Desjardins a une opinion sur Bonaparte ou sur la Révolution, que les travaux de M.  […] Non, en vérité, si, pour penser, on se sert de mots, si même on ne pense qu’au moyen des mots, si le langage enfin est la condition de la pensée, je ne conçois pas comment « le travail du style » en pourrait être « la profanation ». […] Je peux en ce miroir me connaître moi-même, Juge toujours nouveau de nos travaux passés ! […] Quel travail ! […] En empruntent aux médiévistes les résultats de leurs travaux, on se gardera soigneusement d’imiter leurs méthodes, et tout le monde en profitera : eux-mêmes, leurs études, et l’enseignement secondaire.

2002. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

La prétention est d’écrire d’après les « écrits originaux » et les « documents inédits », sans autrement se soucier des travaux accumulés, — entre le dernier « original » que l’on consulte et le premier « inédit » que l’on retrouve, — par deux ou trois générations de travailleurs patients. […] Il y en a quelques-unes qui ne sont que des périphrases, et qui ne témoignent que d’une résolution formelle d’éviter le terme propre, mais de l’éviter à tout prix, — au prix même de la clarté, si c’est en effet parfois un vrai travail que d’ôter l’enveloppe pour arriver jusqu’au sens. […] l’ouvrière qui peine aux champs comme l’homme, ou celle qui s’use aux travaux quotidiens de l’industrie ? […] S’il ne s’agissait que de publier des lettres de Rousseau, nous en pourrions citer d’autres également inédites, mais il faudrait imposer au lecteur le travail, car c’en serait un, de suivre l’affaire un peu embrouillée de la publication de l’Émile. […] Je ne vous parle pas des libelles abominables qu’ils ont publiés contre moi, de leur acharnement à saisir ces malheureuses feuilles, … de leurs efforts pour me rendre odieux au gouvernement, de leur satisfaction lorsqu’ils ont pu réussir à me faire interdire mon travail, et quelquefois même à me ravir la liberté de ma personne.

2003. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

On leur crie d’un côté : cela est divin, et de l’autre on les reprend quand ils viennent à l’imiter ; ne vaudroit-il pas mieux leur donner du beau, des idées fixes et uniformes, sur lesquelles ils pussent régler également leur estime et leur travail ? […] Ne pouvons-nous pas soûtenir modestement que les hommes de siecles en siecles ont acquis de nouvelles connoissances, que les richesses amassées par nos ayeux ont été accruës par nos peres, et qu’ayant hérité de leurs lumieres et de leurs travaux, nous serions en état même avec un génie inférieur au leur, de faire mieux qu’ils n’ont fait ? […] Nous nous étions flattez que les trésors de Troye pour prix de nos travaux deviendroient nôtre proye. […] Loin de Pile, à leur voix, je cherchai les allarmes ; je vins à leurs travaux associer mes armes, cent fois, j’ai vû près d’eux le péril sans effroi ; une part de leur gloire a rejalli sur moi. […] Non, madame, le public reclame contre vôtre modestie, il vous invite, avec reconnoissance des travaux passez, à l’enrichir toûjours des dépoüilles anciennes.

2004. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

La bresche faite, entre Amour en la place, Dont le repos premièrement il chasse : Et de travail qui me donne sans cesse, Boire, manger, et dormir ne me laisse. […] Sainte-Beuve, le plus lettré de la bande, mais qui n’était encore qu’un apprenti au moment de ses premiers travaux sur la Pléiade, insiste particulièrement sur ces prétendues inventions. […] Ainsi voit-on celui qui sur la plaine Picque le bœuf ou travaille au rampart, Se resjouir et d’un vers fait sans art S’esvertuer au travail de sa peine. […] Faut-il en accuser la hâte dans le travail ? […] Un pareil travail peut être piquant, savoureux, instructif ; il n’est pas artistique.

2005. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

On y lit : Monsieur, Je reçus votre lettre et le poème latin qui l’accompagnait avec beaucoup de pudeur, ne pouvant sans rougir voir que vous le soumettez à mon jugement, lequel je ne puis exercer sans témérité sur d’autres ouvrages que sur les miens propres ; et je vous avoue que soit par cette raison, soit par le peu de loisir que me laissent mes occupations, je fus tenté de m’excuser du travail que vous exigiez de moi, et que le seul nom de M.  […] Il est difficile de s’assurer pour l’avenir de gens aussi corrompus et aussi furieux que l’étaient ceux-ci ; cependant ils paraissent apaisés ; ils ne tuent plus, ils ne brûlent plus, ils se remettent au travail… Ne cessez pas de prier le Seigneur pour nous… Ce n’est pas là tout à fait le ton de la relation des Grands Jours ; mais pour avoir le droit de parler ainsi, de même que pour exhorter dignement M. de Montausier à la mort, Fléchier n’avait eu qu’à laisser venir les années et à mûrir : il n’avait rien à rétracter du passé.

2006. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Les jours, les nuits à mes travaux N’étaient plus que de longues trêves ; Je ne voyais plus dans mes rêves Flotter ton aigle et tes drapeaux. […] Je n’aborde pas la Marie Stuart réelle, celle de l’histoire approfondie ; des travaux récents ont beaucoup fait pour l’éclairer jusque dans les plus secrets replis et pour désenchanter du personnage.

2007. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Et toutefois, que de services rendus par ce concert et cette émulation de travaux, par cette mise en œuvre incessante, par ces résurrections imprévues ! […] Cette pièce, admirable d’un bout à l’autre, prouve tout ce qu’avec du travail et une conduite meilleure de son talent il aurait pu être, et le rang qu’il pouvait tenir entre le ?

2008. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Tout le système des passions humaines, toutes les chances de la paix et de la sécurité publiques, toutes les sources du travail et de l’action dérivent de là. […] Pour expliquer chacun d’eux, il faudrait écrire un chapitre d’analyse intime, et c’est à peine si aujourd’hui ce travail est ébauché.

2009. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Si je mendiais pour moi, je serais un voleur du travail des hommes ; mais en mendiant pour vous, je ne serai qu’une des mains de Dieu qui reçoit du cœur pour rendre à la bouche. […] Qui sait, peut-être me laissera-t-on lui parler et soutenir ses fers pour le soulager dans son travail ?

2010. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Elle avait souvent l’occasion de lui parler, et toujours avec douceur, soit pour le remercier de ses attentions à l’égard du vieillard, soit pour le remercier du double travail qu’il s’imposait pour son soulagement. […] CXC J’affectai l’air indifférent à ces paroles du petit enfant ; je lui donnai cinq ou six grosses bottes de paille des prisons à tresser proprement pour le pavé des cachots, et je lui recommandai bien de ne pas se déranger de son ouvrage entre les deux portes, jusqu’au moment où il aurait fini tout son travail et où je viendrais le chercher pour étendre les nattes avec lui sur les dalles des cachots.

2011. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Ne lui demandons ni idées, ni sentiments, ni personnalité intellectuelle et morale d’aucune sorte : mais s’il s’agit de montrer un chevalier en armes, une armée en bataille, le travail sanglant d’une mêlée, ou bien une entrée de reine, l’éclat des tournois, noces et curoles, c’est notre homme. […] Ces travaux ont deux bons effets.

2012. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Mais défigurer la face vénérable de la Mère commune par des mutilations sacrilèges, déformer les traits de sa géométrie éternelle, rompre l’équilibre des éléments et des choses, faire craquer leur balance en y portant le poids exagéré du travail humain ; là commençait l’attentat, l’excès prévu par Némésis et sujet à ses châtiments. […] Ils envoyèrent consulter l’oracle de Delphes ; la Pythie répondit avec ironie : — « Ne fortifiez pas l’isthme, ne le creusez pas. — Zeus en eût fait une île, si tel avait été son dessein. » — Les Cnidiens interrompirent les travaux et laissèrent prendre leur ville par Harpage, préférant la ruine à l’impiété. — Quatre siècles plus tard, Pline l’Ancien s’étonnait encore de la témérité des mineurs dépeçant la terre pour en arracher l’or. — « Ainsi les hommes déchirent les fibres du globe, ils respirent sur les excavations pratiquées par eux-mêmes ; puis ils s’étonnent que, quelquefois, la terre s’ouvre spontanément ou tremble, comme si l’indignation ne suffisait pas pour exciter ces phénomènes dans le sein sacré de notre Mère. » Les Eaux surtout, si transparentes pour l’homme antique, sous lesquelles il entrevoyait clairement des Êtres divins, aux traits vagues, aux voix bouillonnantes, épanchant leur vie nourricière à travers le monde, inspiraient une vénération religieuse.

2013. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Mais tout cela ne sera qu’une magnificence climatique présageant la grande fin… Par ce travail d’agglomération, les groupes eux-même, avec une vitesse effroyablement croissante, se sont précipités vers leur centre général et bientôt avec une vélocité mille fois plus grande, une vélocité électrique proportionnée à leur grosseur matérielle et à la véhémence spirituelle de leur appétit pour l’unité, les majestueux survivants de la race des étoiles s’élancent enfin dans un commun embrasement. […] Que l’on reparcoure encore la galerie de personnages du conteur, ces aines bizarres constituées de manies inconnues, de maladies mentales mal classées et jointes à une lucidité disparate, passionnées et froides, malades et rigide ; que l’on ajoute à ces marques d’originalité artistique une originalité scientifique incontestable, certaines propositions d’ Eurêka , des vues sur la métrique confirmées depuis par les travaux allemands, la vision latérale de l’œil établie il y a peu, la connaissance de l’action délétère de l’oxygène ; il semblera que dans aucune cervelle humaine n’ont jailli plus de visions, de groupes d’images et d’idées intégralement factices.

2014. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

A partir de 1668, La Fontaine entrelaça le travail des Fables et le travail des Contes, de telle manière que tantôt il paraissait un recueil de Contes et tantôt un recueil de Fables, et ceci jusqu’à la fin, ce qui lui a permis d’insérer dans les Fables un certain nombre de poèmes qui sont des Contes, qui ne sont pas autre chose que des Contes.

2015. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Assigner à ces traditions leurs véritables causes qui, à travers les siècles, à travers les changements de langues et d’usages, nous sont arrivées déguisées par l’erreur, ce sera un des grands travaux de la nouvelle science. […] Au milieu de cette prétendue liberté populaire que l’imagination des historiens nous montre dans Rome, ils pressaient 30 les plébéiens, et les forçaient de les servir à la guerre à leurs propres dépens ; ils les enfonçaient, pour ainsi dire, dans un abîme d’usures ; et lorsque ces malheureux n’y pouvaient satisfaire, ils les tenaient enfermés toute leur vie dans leurs prisons particulières, afin de se payer eux-mêmes par leurs travaux et leurs sueurs ; là, ces tyrans les déchiraient à coups de verges comme les plus vils esclaves.

2016. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Les forces disponibles de la société, refaites à peine des excès et des prodiges de l’action, se portèrent à la tête ; on se jeta dans les travaux et les luttes de l’esprit.

2017. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Depuis quelques années, les grandes bibliothèques de Paris où sont conservées des copies manuscrites avaient été soigneusement explorées ; les recueils mêmes de ces copies portaient des traces visibles du passage des patients investigateurs, ou plutôt des investigatrices (car c’étaient des dames, m’assure-t-on, qui se livraient à ce travail) ; des tables, des renvois et concordances d’une écriture très nette et toute récente faisaient présager une pensée d’assemblage et d’édition.

2018. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Juge auditeur à Versailles avant la révolution de juillet 1830, il prend part aux travaux du ministère public ; il est plusieurs fois appelé à parler devant la Cour d’assises : En général, écrivait-il à son début (23 juillet 1827), il y a chez moi un besoin de primer qui tourmentera cruellement ma vie.

2019. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.

2020. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Dans ces mêmes pages (il faut être juste), Voltaire lui attribue pourtant l’honneur d’avoir fait substituer, à force d’avertissements, la taille tarifée à la taille arbitraire ; il revient encore ailleurs sur ce bienfait public dû aux travaux de l’abbé et sur le résultat qu’il obtint en cette seule matière.

2021. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Cet homme de modestie et de mérite a fait de sa vie deux parts : il livre l’une à la nécessité, au travail ; il réserve l’autre, inviolable et secrète.

2022. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

« Dans sa jeunesse, il a fait longtemps une illusion complète à ses premiers amis et disciples ; il régnait sur eux, il les poussait aux grandes choses, aux grands travaux, aux nobles pensées, voire même aux conspirations généreuses.

2023. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Il nous semble, si le souvenir ne nous abuse pas, que les Feuilles d’Automne en contenaient moins et annonçaient un travail d’élaboration que les Chants du Crépuscule ne réalisent qu’en partie ; ou peut-être ces fautes ne nous choquent-elles ici davantage que par le caractère plus élégiaque des morceaux qui les entourent et les font ressortir, et aussi par la susceptibilité d’un goût malheureusement plus difficile et plus rebuté avec l’âge.

2024. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Charles XII peut sembler un peu arrangé après coup, sans doute, dans les projets de pacification et de liberté européenne que lui suppose l’auteur ; Steven peut sembler un peu avancé, lorsqu’il fait saluer à ses hôtes, dans la personne de ses mineurs, les premiers gentilshommes de L’Europe, et cette seule et immortelle noblesse du travail qu’il a l’honneur de commander.

2025. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Chapelain, surtout, a contribué à fixer deux des traits essentiels de la physionomie du xviie  siècle littéraire ; il a converti Richelieu aux unités dramatiques ; et il a décidé du rôle de l’Académie en lui assignant le travail du Dictionnaire.

2026. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Huguenot, helléniste, gaulois et bourgeois, ami des bons contes, et passionné pour la langue française, entre ses continuels voyages et ses travaux philologiques, il trouva le temps d’écrire de mordants et spirituels traités, avec une verve et une verdeur de style fort remarquables.

2027. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Pour le style de Ducis, en voici le son : C’est un de ces mortels qui. dans l’obscurité, Par de mâles travaux domptent l’adversité.

2028. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il s’attacha aux Choiseul, et leur sacrifia ses espérances de gloire scientifique ; il a fait pourtant d’utiles travaux sur la numismatique, sur l’alphabet phénicien, etc,L’Anacharsis parut en 1788. 4 vol. in-4.

2029. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Après l’inertie que l’empire a favorisée, l’activité, le travail reprennent, mais les maîtres s’enferment dans leurs laboratoires avec quelques élèves.

2030. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Il leur faudrait chercher longtemps et beaucoup pour être simples… Baudelaire avait un esprit ainsi fait, et, là où la critique a voulu voir le travail, l’effort, l’outrance et le parti pris, il n’y avait que le libre et facile épanouissement d’une individualité.

2031. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Ce lui fut l’occasion toute naturelle de revoir ses classiques anciens, et de ces études d’homme sortit une traduction de Théocrite et d’Anacréon, dont la savoureuse littéralité fut un régal pour les délicats et mit hors de l’ombre ce nom que d’incessants travaux allaient rendre glorieux.

2032. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Lui, pour tenir sa famille en gaieté et aider au travail de la nuit, chante en s’accompagnant de la cornemuse.

2033. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Dès les premiers travaux de Becquerel et surtout quand les Curie eurent découvert le radium, on vit que tout corps radio-actif était une source inépuisable de radiation.

2034. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Morell, d’après les travaux allemands.

2035. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

La psychologie à posteriori, au contraire, tout en reconnaissant l’existence d’un élément mental dans nos idées, tout en admettant que nos notions d’étendue, solidité, temps, espace, vertu, ne sont pas des copies exactes d’impressions faites sur nos sens, mais un produit du travail de l’esprit, ne considère pas cette production comme le résultat de lois particulières et impénétrables, dont on ne peut rendre aucun compte.

2036. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Ce travail a des phases ; et chacune de ces phases, marquant un âge dans le progrès, est ouverte ou fermée par un de ces êtres qu’on appelle génies.

2037. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Plus le poète comprendra profondément le travail de la conscience et de l’imagination créatrice, plus il verra augmenter ses moyens de prise sur la nature. » Rien ne nous semble plus juste.

2038. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

. — Réunis d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. »   La Dame à la Faux de M. 

2039. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Quel rapport y a-t-il entre Hercule ayant obtenu l’apothéose par des travaux utiles aux hommes (c’est ainsi du moins qu’il faut l’envisager dans l’Apologue), quel rapport, dis-je, entre ce dieu et un aventurier faisant une action folle, dangereuse, utile aux autres, ou qui ne peut-être utile qu’à lui-même ?

2040. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

D’ailleurs cet animal que nous ne voïons jamais que couvert pauvrement et abandonné à la populace pour la servir dans les travaux les plus vils, sert ailleurs de monture aux personnes principales de la nation, et souvent il paroît couvert d’or et de broderie.

2041. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Dès les premiers temps de sa vie, nous le contraignons à manger, à boire, à dormir à des heures régulières, nous le contraignons à la propreté, au calme, à l’obéissance ; plus tard, nous le contraignons pour qu’il apprenne à tenir compte d’autrui, à respecter les usages, les convenances, nous le contraignons au travail, etc., etc.

2042. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Son ouvrage n’est qu’une incomplète série de renseignements d’historiographe ; ce n’est point un travail sagace et savant d’historien.

2043. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Or, les signes indicateurs de nos entraînements et de nos instincts, que Gall a vus dans les protubérances du crâne et Lavater dans les traits de la physionomie, je crois les avoir trouvés — non pas tous, mais ceux qui ont trait à l’intelligence, — dans les formes de la main… » Posé et annoncé dans de tels termes, le livre de d’Arpentigny est certainement acceptable, et il n’est pas nécessaire de recommencer, contre des prétentions qui n’existent pas, le travail terrible que le philosophe Hamilton fit un jour, dans l’Edinburgh-Review, contre Gail.

2044. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Un jour, un rédacteur lui envoya un travail sur les sociétés littéraires.

2045. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Le travail d’ensemble historique qu’il prépare ne peut donc pas avoir dit le dernier mot sur lequel on le jugera.

2046. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Rationalistes, sceptiques, éclectiques, et, par-dessus le marché, païennes de tendance, de portée et de volonté, — c’est-à-dire, sous des noms différents, ennemies de l’Église catholique et n’ayant de préoccupation et d’intérêt que pour les travaux qui la diminuent, — les Académies, et en particulier l’Académie française, dont il est seulement question ici à propos du livre de M. 

2047. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Non pas celui de Luther ou de Calvin ou de personne, ni même l’apostolique du comte de Gasparin, — cette pointillerie, comme aurait dit Bossuet, dans le dédain de son bon sens, cette pointillerie à examiner, travail de Pénélope toujours repris par qui a la fantaisie de le reprendre, — mais le protestantisme primitif, éternel, qui date du paradis terrestre, disait Lacordaire, et qui naquit le jour où Satan dressa contre Dieu le pourquoi de toutes les révoltes… Le chez soi du comte de Gasparin, c’est l’individualisme sans limites, c’est le plein vent de la liberté, c’est le radicalisme absolu !

2048. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Leurs missions par tout l’univers, leurs conquêtes, leurs miracles, leur enseignement, leurs travaux de savants et d’apôtres, et, on peut le dire de cet ordre si profondément unitaire et qui donna au monde un modèle de gouvernement que l’ancienne Rome n’avait pas égalé, leur génie collectif, retrempé sans cesse aux sources de l’obéissance, auraient dû les préserver, à ce qu’il semblait, des coups d’un pouvoir qu’ils n’avaient jamais pensé qu’à défendre.

2049. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

malgré des travaux si variés et auxquels personne plus que nous n’est disposé à rendre justice, peut-être Monselet n’en est-il encore qu’à la période des esprits qui ont assez de sève pour fermenter longtemps et qui cherchent la voie définitive, que la Critique, si elle est sagace, doit les aider à découvrir.

2050. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Il a cela qu’il est passionné, qu’il est éloquent, qu’il connaît la vie, qu’il l’a pénétrée et qu’il sait la faire jouer dans la moindre des facettes de ses œuvres les plus courtes ; de ces œuvres qui ressemblent souvent à des bagues et à des bijoux de femme, pour le travail dans l’exiguïté.

2051. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Aujourd’hui, pour se dégourdir de ces graves travaux qui finiraient par ankyloser Arlequin, il nous donne, à nous, superficiels, qui ne sommes pas des Renan (Dieu merci !)

2052. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Quelle raison peut nous faire juger beau le costume enrubanné du courtisan d’ancien régime, et vulgaire le simple vêtement bruni par le travail du terrassier, si ce n’est la pauvreté de notre esthétique, plus digne de sauvages ou d’enfants que d’hommes raffinés ?

2053. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Ces considérations préliminaires nous ont permis d’aborder l’objet principal de ce travail, l’analyse des idées de durée et de détermination volontaire.

2054. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

D’impitoyables créanciers ne veilleront plus sur les travaux du vendangeur, et l’habitant des champs ne passera plus un hiver triste et désolé auprès de ses greniers déserts.

2055. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Toute sa journée se passait dans les travaux ou dans l’oisiveté de sa profession ; le soir venu, vous retrouviez l’amateur à sa place accoutumée, non loin de la contrebasse qui lui prêtait son ombre hospitalière et bourdonnante. […] Il se rappelle Damas, intelligent et plein de zèle, mais sans grâce et sans goût, poussant le travail jusqu’à la grimace, et se permettant le vers à la Molé, le vers de quinze pieds. […] Que de jeunesses, perverties par la folie et le zèle du travail, en proie à l’ambition qui tue, ont dû à ce galant homme le rétablissement de leur intelligence ! […] race oisive et terrible des penseurs de profession, des écrivains par métier, des amoureux et des amoureuses condamnés aux travaux forcés de la poésie et du drame ! […] Celui-ci qui était un furieux, tout rempli d’une impatiente ardeur de vengeance, il le renvoyait, calmé, à son travail innocent de chaque jour !

2056. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

J’ai dit mon impression sur beaucoup de mes compagnons de travail, et souvent sur de plus forts que moi. […] Il est guidé dans ce travail par son expérience propre, par la connaissance qu’il a du monde. […] Dans un travail de ce genre, l’invention se réduit presque à rien. […] L’intervention de Porphyre ne sert qu’à hâter chez Rodion le travail de sa conscience, à préparer ce dénouement et à le rendre inévitable. […] Il n’est déjà pas si facile, quand on lit le roman, de distinguer nettement, chez Rodion, le travail de la peur et le travail de la conscience, et de ne point rapporter à l’une ce qui appartient à l’autre… La Russie, depuis quelques années, nous a peut-être fait dire bien des sottises.

2057. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mais quand il en choisirait une autre, ce qu’il faudrait, c’est que le travail fût fait ; et j’ajoute qu’à mesure que le temps s’écoule, la difficulté de le bien faire augmente elle-même d’année en année. […] Mais il n’en est que plus curieux ou plus significatif, et ces notes à peine digérées, où nous surprenons les procédés de travail du rhéteur, ne sont que plus intéressantes ; dans leur confusion même. […] Une rhétorique tout entière est pour ainsi dire contenue dans ces phrases qui sentent le travail, sans doute, mais qui donnent aussi l’idée d’un discours plus naturel, plus libre, moins orné, mais aussi net et aussi savamment arrangé que celui qu’elles composent. […] Renan, c’est l’auteur des travaux que je vous rappelais à l’instant même qui a fait passer dans l’usage commun de la critique générale, si je puis ainsi dire, les-acquisitions réalisées par un Eugène Burnouf, l’un encore de ses maîtres, et l’un des vraiment grands esprits de ce siècle. Par là, c’est un monde nouveau qu’il nous a ouvert ; et quoique n’ayant pas fait lui-même profession de critique — au sens du moins où nous sommes convenus de restreindre le mot, — par là aussi vous pouvez mesurer la grandeur du service rendu ; et par là enfin, quoique ses travaux spéciaux nous échappent, M. 

2058. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

L’histoire politique et sociale de l’Angleterre a été plus heureuse, et les remarquables travaux qu’elle a inspirés sont trop connus pour qu’il soit nécessaire de les rappeler. […] Dans cette île enchantée, c’est-à-dire sur ce théâtre, j’ai par mes sortilèges reconquis mon duché, d’où je fus chassé par l’adversité, c’est-à-dire mon Stratford-sur-Avon, d’où je suis parti jeune et pauvre, et où je rentrerai, grâce aux travaux de mon génie, riche et célèbre. […] La précédente union avait sans doute à peine entamé chez la veuve sa puissance de parturition, et Roger Sterne avait sans doute aussi hérité de la fécondité de son grand-père, car à partir de ce mariage sa vie fut celle des pauvres officiers de toute nation que nous voyons traîner après eux une femme toujours en travail d’enfant ou en travail de nourrice. […] Un pareil travail serait presque aussi fatigant pour nous que ce vagabondage obligé le fut pour les deux époux, et nous n’avons pas comme eux, pour nous l’imposer, l’obligation du devoir. […] La vie de l’université fut à peu de chose près la répétition de celle du collège : beaucoup de lectures, un travail peu régulier, et quelque dissipation.

2059. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Sans doute il n’a qu’à acheter la complaisance des membres de la commission préposée à l’examen et à la réception des travaux. […] Si la commission refuse les travaux, il est ruiné ; si elle les accepte, son crédit se relève, il obtiendra une nouvelle concession et, avec les gains qu’il en tirera, il apportera de lui-même, comme il doit, aux travaux antérieurement livrés tousles changements qu’il faut. […] Il obtiendra sa concession, et, spontanément, il refera les premiers travaux ; il est honnête homme, vous dis-je ! […] C’est une vertueuse ouvrière qui nourrit par son travail un petit frère et une petite sœur. […] Elle a nourri son enfant de son travail, elle l’a élevé de son mieux, elle a fait de lui un homme.

2060. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Hillebrand, Vilmar et Gervinus, leurs beaux travaux sur la littérature de leur pays. […] Qui sait s’il n’a pas, lui aussi, rêvé, pour toute aventure et pour tout roman, sa maison blanche et le travail fécond entre une femme et un berceau ! […] N’y a-t-il plus dans les grandes villes pour les femmes qui vivent du travail de leurs mains des tentations sans nombre à côté de salaires insuffisants ? […] Il traitera le long travail d’une longue suite de générations comme un caprice accidentel du despotisme de Louis. […] Ils ont pour soutien trois grandes forces : la vanité, l’amour de l’or sans travail et sans épargne, l’ambition et la convoitise sous toutes leurs formes.

2061. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Demogeot enfin, le dernier et non le moins bien préparé, profitant des travaux des autres et des siens propres (car il est auteur d’un fort bon Précis sur notre histoire littéraire), vient aujourd’hui étendre, diversifier ses vues et renouveler avec esprit, avec vivacité et savoir, une matière qui n’est pas encore épuisée. […] On croirait entendre déjà don Diègue dans le Cid ; mais, dans les stances qui suivent, il va parler comme l’a pu faire le seul Malherbe : Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans les veines En vain dans les combats ont des soins diligents ; Mars est comme l’Amour : ses travaux et ses peines     Veulent de jeunes gens. […] Je profiterai, dans tout le cours de cette Étude, d’un travail intitulé : Malherbe, Recherches sur sa Vie et Critique de ses Œuvres (1852), par M. de Gournay, ancien professeur à la Faculté des lettres de Caen, mort depuis inspecteur d’académie, homme d’un savoir élaboré et d’un esprit fin.

2062. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Courir aux succès de tribune au lieu des grands résultats d’opinion, jeter quelques imprécations retentissantes au parti du gouvernement, embarrasser les ministres dans toutes les questions, se coaliser avec tous les partis de la guerre ou de l’anarchie dans la chambre ; se faire applaudir par les factions au lieu de se faire estimer par la nation propriétaire et conservatrice ; ébranler, hors de saison, un gouvernement mal assis, mais qui couvrait momentanément au moins les intérêts les plus sacrés de l’ordre et de la paix ; menacer sans cesse de faire écrouler cette tente tricolore sur la tête de ceux qui s’y étaient abrités ; jouer le rôle d’agitateur au nom des royalistes conservateurs, de tribun populaire au nom des aristocraties, de provocateur de l’Europe au nom d’un pays si intéressé à la paix ; se coaliser tour à tour avec tous les éléments de perturbation qui fermentaient dans la chambre et dans la rue ; harceler le pilote au milieu des écueils et prendre ainsi la responsabilité des naufrages aux yeux d’un pays qui voulait à tout prix être sauvé ; former des alliances avec tel ministre ambitieux, pour l’aider à donner l’assaut à tel autre ministre ; renverser en commun un ministère, sans vouloir soutenir l’autre, et recommencer le lendemain avec tous les assaillants le même jeu contre le cabinet qu’on avait inauguré la veille ; être, en un mot, un instrument de désorganisation perpétuelle, se prêtant à tous les rivaux de pouvoir pour renverser leurs concurrents et triompher subalternement sur des décombres de gouvernement ; danger pour tous, secours pour personne ; condottiere de tribune toujours prêt à l’assaut, mais infidèle à la victoire ; faire du parti légitimiste un appoint de toutes les minorités, même de la minorité démagogique dans le parlement : voilà, selon moi, la direction ou plutôt voilà l’aberration imprimée à ce parti, moelle de la France, qui réduisait les royalistes à ce triste rôle d’être à la fois haïs par la démocratie pour leur supériorité sociale, haïs par les conservateurs industriels pour leur action subversive de tout gouvernement, haïs par les prolétaires honnêtes pour leur participation à tous les désordres qui tuent le travail et tarissent la vie avec le salaire. […] Il n’a certainement pas voulu, lui, homme de lettres, flétrir aucune disgrâce, ni déshonorer la lutte du travail pour l’honneur. […] Je me porte bien, et, de plus, j’aurai terminé dans huit jours tous les travaux nécessités pour tous les ouvrages que j’ai promis à mes souscripteurs, et dont ma mort même n’interromprait pas les livraisons assurées.

2063. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

C’est ce puéril travail de découvertes sans audace et de créations à froid que Fénelon propose à l’Académie. […] L’ouvrage est plein de jugements courts et complets sur les genres, et de portraits frappants des auteurs célèbres, tels que ceux de Cicéron et de Tacite, vives esquisses d’un pinceau qui peignait à fresque et ne revenait point sur son premier travail. […] Cet homme, tombé de la toute-puissance qu’il avait exercée avec modération, exilé dans un coin de l’île de Samos, où il vit du travail de ses mains ; puis, par un retour de fortune, ramené en triomphe à Salente, où il retrouve la faveur du prince et la puissance, et ne s’en sert pas contre ses ennemis enfin se retirant dans une solitude, non pour s’y dérober à ses devoirs envers sa patrie qu’il continue à servir par ses conseils à Idoménée, mais pour échapper par l’obscurité à l’injustice et à l’envie ; cette création, que rendent vraisemblable certains exemples de la sagesse antique, reçoit de l’esprit chrétien, habilement caché sous une mise en scène grecque, une grandeur inconnue des héros comme des sages du paganisme.

2064. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Par des sentiers détournés les mots en bataillons serrés s’élancent ; ils contournent l’abîme, opèrent des conversions ; d’adroites circonvolutions les élèvent peu à peu ; de savants travaux d’approche leur permettent d’envahir sans heurt l’idée vierge ; l’artillerie des images, grâce à ses manœuvres serpentines, se déroule jusqu’au sommet et, de toutes parts à la fois, on prend possession de la forteresse. […] Au travail de condensation intérieure qu’il fait subir au résidu de sa pensée nous demeurons étrangers. […] Il suffit que chacun puisse se dire à lui-même les affirmations premières de la conscience soient empiriques, soit morales : ce n’est que par un travail ultérieur qu’on les comparera en vue de les exprimer analogiquement. — C’est ce fond du moi, proprement impensable, qui sera la source de tous les faits mystiques.

2065. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ce ne sont pas seulement les espérances audacieuses et les confiantes rêveries de sa jeunesse qui s’humilient et s’éteignent au souffle glacial des puissances élémentaires ; toute son âme se resserre et se rapetisse : il sent bien que le dernier de ses frères pourrait disparaître de la face de la terre, sans qu’une seule feuille s’agitât sur sa branche ; il sent son isolement, sa faiblesse, le hasard de son existence, et il se hâte, avec une terreur secrète, de revenir aux soucis mesquins et aux petits travaux de sa vie. […] Voilà que je revis mon enfance bruyante et tranquille, querelleuse et bonne, avec ses joies hâtives et ses rapides chagrins ; puis ma jeunesse confuse, étrange, bizarre, pleine d’amour-propre, avec toutes ses fautes et ses aspirations, son travail désordonné et son inaction agitée. […]   Quant à lui, il était obligé de la passer au travail, courbé sur de stupides paperasses. […] Heureux déjà celui qui n’a point perdu la croyance dans le bien, la persévérance dans la volonté, l’amour du travail !

2066. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La couleur poétique seule et l’empreinte de l’antiquité, l’originalité des vieilles choses, nous paraissent laisser quelque lustre à regretter dans ce beau travail ; nous avons cherché à le retrouver et à le rétablir où il nous a paru que la fidélité littérale l’avait effacé ou affaibli. […] Leurs travaux en devinrent plus grands, avant qu’ils ne parvinssent à amener la vierge aux bords du Rhin. […] Le travail des femmes n’était point petit. […] Les nobles jeunes filles étaient épuisées de leur travail.

2067. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Les images qui se détachent le plus naturellement dans la conscience ne sont pas toujours les plus faciles à représenter par des mouvements musculaires ; souvent une des images secondaires peut être imitée promptement et sans effort, tandis que l’image principale ne saurait l’être qu’au prix d’un travail assez long et assez délicat. […] Sans doute, il fut arrêté par ce fait que la représentation des visa est entourée de grandes difficultés ; le geste, si souvent employé aux époques primitives, est un procédé d’imitation très imparfait ; puis il est fugitif, nouvelle inexactitude, car les visa sont, en général, permanents ; quant à la représentation par le dessin, qui est beaucoup plus exacte, elle demande toujours un travail assez long, même quand les doigts y sont assouplis par l’exercice. […] IY, § 7] est un fait universel ; mais cette universalité n’est pas la preuve d’une absolue nécessité ; pour l’expliquer, il suffit de prouver, — ce que nous pensons avoir fait, — qu’il est à la fois naturel et commode à la pensée de partager la masse des images qui la composent en deux séries parallèles, les images les plus vives étant chargées de représenter les autres ; en se constituant ainsi, la pensée n’obéit pas à une inéluctable fatalité, de nature immanente ou transcendante, mais à un instinct juste, à une loi vaguement pressentie de bonne économie domestique : parcourant plus vite la masse toujours croissante des images qui constituent son expérience, elle ménage ses forces sans diminuer sa production ; elle produit avec le minimum de peine le maximum de travail ; c’est la même tendance qui, manifestée dans le langage extérieur, a été appelée par les linguistes modernes la loi du moindre effort. […] Les langues vraiment vivantes, qui admettent le néologisme dans leur loi constitutive, font ou supposent des esprits vivants, toujours en travail, tandis que les langues fixées, comme le français, où l’on ne peut innover que dans les alliances des mots, entretiennent chez ceux qui les parlent une certaine paresse intellectuelle289.

2068. (1914) Une année de critique

L’œuvre de l’auteur du Centaure, malgré les travaux auxquels elle a donné naissance en France ou en Angleterre, n’est pas encore publiée intégralement. […] L’esprit passe d’habitude par une période de confusion, puis un travail de dépouillement s’effectue, tantôt brusque, tantôt lent, et parfois interminable. De cette confusion ni de ce travail on ne distingue la trace dans l’œuvre de Jules Renard. […] Le cabaretier disparaît en même temps que le terrassier, le manœuvre et le passant qui vaque à des travaux sans noblesse. […] Lucien Corpechot, les travaux successifs de Le Nôtre, qui tantôt ajoute à son plan primitif et tantôt le modifie, selon les besoins de la perspective, et pour orienter l’esprit dans la bonne voie.

2069. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il y a plus ; lorsqu’Ariel avertit Prospero qu’ils approchent de la sixième heure, celle où son maître lui a promis que finiraient leurs travaux : « Je l’ai annoncé, dit Prospero, au moment où j’ai soulevé la tempête. » Ce mot paraîtrait même indiquer une intention que le poëte a voulu faire sentir. […] Shakspeare excelle à voir les sentiments humains tels qu’ils se présentent, tels qu’ils sont réellement dans la nature, sans préméditation, sans travail de l’homme sur lui-même, naïfs et impétueux, mêlés de bien et de mal, d’instincts vulgaires et d’élans sublimes, comme l’est l’âme humaine dans son état primitif et spontané. […] Peut-être n’a-t-il même pas fait l’honneur à Whestone de profiter de son travail ; car une nouvelle de Geraldi Cinthio contient à peu près tous les événements de Mesure pour mesure et Shakspeare n’avait besoin que d’une idée première pour construire sa fable et la mettre en action. […] La passion d’Orosmane est celle d’un jeune homme qui n’a jamais rien fait, jamais rien eu à faire, qui n’a encore connu ni les nécessités ni les travaux du monde réel. […] Pour s’expliquer ensuite comment Shakspeare, reprenant ainsi en sous œuvre les deux pièces dont il a fait la seconde et la troisième partie de Henri VI, n’aurait pas fait le même travail sur la première, il suffirait de penser que cette première partie était alors en possession du théâtre avec un succès assez grand pour que l’intérêt des acteurs n’y demandât aucun changement.

2070. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

L’esprit était très-éveillé aux idées nouvelles de science en 1784 ; la chimie, la physique, allaient changer de face par les travaux des Laplace et des Lavoisier. […] C’est comme d’avoir devant soi, dans son travail, quelque image souriante, quelque belle page entr’ouverte, qu’on regarde de temps en temps, et sur laquelle on se repose, sans la copier.

2071. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Imaginez-vous que depuis dix ans je ne l’avais plus quitté, que nous passions nos journées ensemble ; j’étais à côté de lui quand il travaillait, je l’exhortais à ne pas tant se fatiguer, mais c’était en vain : son ardeur pour l’étude et le travail augmentait tous les jours, et il cherchait à oublier les circonstances des temps en s’occupant continuellement. […] Si les circonstances me le permettent, je vous soumettrai mon travail avant de l’envoyer à l’imprimerie.

2072. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

LIV Le retour de Napoléon au 20 mars 1815 la surprit dans ce travail de Pénélope que quelques baïonnettes allaient déchirer. […] Elle ne lui gardait pas de haine dans sa chute ; mais elle haïssait l’autorité de ses exemples, la corruption funeste qu’ils avaient répandue, et cette doctrine de la fatalité, du mensonge et de la force qu’elle sentait et qu’elle prévoyait survivante après lui ; avec quelle admiration curieuse nous l’avions encore entendue remuer tant de questions naguère interdites et comme inconnues en France, les principes de l’ancien droit public de l’Europe, les causes populaires de la victoire actuelle des droits coalisés, le travail tardif et la solidarité pour longtemps indissoluble de la coalition, les instincts différents et pourtant compatibles des monarques héréditaires et des parvenus au trône, d’Alexandre et de Bernadotte ; enfin le génie collectif et pourtant inépuisable de l’Angleterre pouvant au besoin se passer du hasard d’un grand homme pour faire de grandes choses, et, forte d’une institution qui lui fournit toujours à temps des hommes résolus et capables, achevant, par la ténacité de lord Liverpool et de lord Castelreagh, ce qui avait consumé le génie et l’espérance de Pitt !

2073. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

littérairement et nonobstant le rude travail de forgeron qui a martelé cette poésie, cette pièce (l’une des mieux fabriquées) est d’un grotesque involontaire et d’une fausseté d’images qui montre que l’imagination dans M.  […] Hugo encore ; — pour le coup, caractérisant très bien son genre de travail, — nous avons trouvé un poète que nous n’attendions guère, un poète vivant quand nous pensions trouver un poète mort !

2074. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Plus les sens sont amortis par le courage de l’âme, plus l’âme voit sa vertu et se soutient par son travail ; mais dans la suite Dieu se réserve à lui-même d’attaquer le fond de cette âme et de lui arracher jusqu’au dernier soupir de toute vie propre… Alors elle tombe en défaillance ; elle est, comme Jésus-Christ, triste jusqu’à la mort. […] La méthode historique dont notre siècle est fier a fait merveille, et ses travaux sont dans toutes les mains.

2075. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Après avoir assisté pendant des heures à ces débats, souvent aussi éloquents que confus, sans prendre une note, mais aussi sans se dissiper en paroles, il rentrait chez lui tout plein de ce qu’il avait entendu, et il le jetait sur le papier avec feu et avec netteté dans un travail de soirée et de nuit, où sa plume, si hâtée qu’elle fût, ne rencontrait jamais un mot douteux ni une locution louche : il ne pouvait parler ni écrire d’autre langue que celle de sa famille et de sa maison, celle qu’il tenait de son illustre père, et de ses premiers maîtres, de ses premières lectures d’enfance.

2076. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Je trouve dans ces estimables travaux tout ce qu’on peut désirer de savoir sur l’abbé de Saint-Pierre, hormis un point très essentiel sur lequel on n’a peut-être pas assez insisté.

2077. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

J’ai d’ailleurs les manières honnêtes et l’humeur assez douce ; je rends volontiers service ; je hais les murmures et les détractions ; je suis porté d’inclination au travail, et je ne crois pas vous avoir déshonoré dans les petits emplois dont j’ai été chargé.

2078. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Si vous supposez un homme que la réflexion ait rendu tout à fait insensible aux événements qui l’environnent, un caractère semblable à celui d’Épictète ; son style, s’il écrit, ne sera point éloquent : mais lorsque l’esprit philosophique règne dans la classe éclairée de la société, il s’unit aux passions les plus véhémentes ; ce n’est pas le résultat du travail de chaque homme sur lui-même ; c’est une opinion établie dès l’enfance, une opinion qui, se mêlant à tous les sentiments de la nature, agrandit les idées sans refroidir les âmes.

2079. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

La pensée d’un ambitieux est constamment tendue à la recherche des symptômes d’un talent supérieur ; il éprouve tout à la fois et les peines de ce travail et son humiliation ; et pour arriver au terme de ses espérances, il doit constamment réfléchir sur les bornes de ses facultés.

2080. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Elle observe les regards, les plus légers signes de l’opinion des autres, avec l’attention d’un moraliste, et l’inquiétude d’un ambitieux, et voulant dérober à tous les yeux le tourment de son esprit, c’est à l’affectation de sa gaîté pendant le triomphe de sa rivale, à la turbulence de la conversation qu’elle veut entretenir pendant que cette rivale est applaudie, à l’empressement trop vif qu’elle lui témoigne, c’est au superflu de ses efforts enfin qu’on aperçoit son travail.

2081. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

L’originalité de la forme ou de la pensée a presque toujours besoin, pour s’achever, du recueillement d’un travail volontaire… Elle s’atténue et s’efface en se dispersant.

2082. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Ce travail dure toute la vie.

2083. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

À tous ces présents de la nature, il a joint d’heureux accidents de fortune ; de bonne heure, il a attiré sur lui l’attention des hommes et conquis une place élevée dans le mouvement des lettres et de la politique ; mais rien de parfaitement solide et de complètement initiateur n’est résulté de son action et de ses travaux.

2084. (1842) Essai sur Adolphe

Essai sur Adolphe Si Benjamin Constant n’avait pas marqué sa place au premier rang parmi les orateurs et les publicistes de la France, si ses travaux ingénieux sur le développement des religions ne le classaient pas glorieusement parmi les écrivains les plus diserts et les plus purs de notre langue ; s’il n’avait pas su donner à l’érudition allemande une forme élégante et populaire, s’il n’avait pas mis au service de la philosophie son élocution limpide et colorée, son nom serait encore sûr de ne pas périr : car il a écrit Adolphe.

2085. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Les uns sont avant tout préoccupés de la logique ; à lire leurs ouvrages, on est tenté de croire qu’ils n’ont avancé que pas à pas, avec la méthode d’un Vauban qui pousse ses travaux d’approche contre une place forte, sans rien abandonner au hasard.

2086. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

L’inexactitude et les contradictions des généalogies 682 portent à croire qu’elles furent le résultat d’un travail populaire s’opérant sur divers points, et qu’aucune d’elles ne fut sanctionnée par Jésus 683.

2087. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Et maintenant si l’on remarque que les images peintes sur la rétine sont les matériaux de la vision, qu’ils servent à nous suggérer une construction mentale qui seule constitue la vision proprement dite, « qu’il se produit dans l’esprit, à la vue d’un objet extérieur, un agrégat d’impressions passées que l’impression du moment suggère et ne constitue pas » ; on comprend qu’il importe peu que ces matériaux qui servent au travail ultérieur de l’esprit soient fournis par deux images, comme dans l’homme, ou par des milliers comme dans l’insecte.

2088. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Ce travail n’a pas été de petite difficulté.

2089. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Je pourrais lui répondre à mon tour que l’écrivain, pour se peindre, a besoin de plus de travail moral, de plus de réflexion et de préméditation que le peintre proprement dit, et que, du moment que le moral intervient, un autre ordre de délicatesse commence.

2090. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Interrogez les naturalistes : ils vous diront qu’il a fondé une branche de l’histoire naturelle ; il a débuté par un travail tout neuf sur les Aranéides ou araignées ; il a dit là-dessus le premier et le dernier mot ; ses écrits en ce genre sont classiques : il est le Latreille des araignées.

2091. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Le jeune Baratier y travailla si fort, renonçant à toute autre étude, qu’il soutint sa thèse de droit public au bout de quinze mois : mais il mourut, peu de temps après, de l’excès du travail.

2092. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Division du travail social, p. 87.

2093. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Ce n’est là qu’une très petite partie du travail de l’historien littéraire, mais cela en donne une idée suffisante.

2094. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Aujourd’hui, il a concentré des facultés plus grandes que son sujet dans un travail d’application et de miniature qui demandait beaucoup de finesse, et il nous a donné cette collection de médaillons, délicieusement réussis, qu’il appelle Les Nièces de Mazarin 16.

2095. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Nous avons insisté sur ce point dans un travail que nous intitulions Introduction à la métaphysique.

2096. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Ces idées, qui paraissent claires, ont pourtant besoin d’être éclaircies ; son premier travail est de les éclaircir.

2097. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Dès le commencement de mon travail, une objection s’est dressée : était-il possible et séant d’étudier le mouvement poétique de trente années environ, en l’isolant de tout ce qui l’avait précédé ? […] Le conte du bon vieux temps n’a souci que de s’empiffrer de victuailles et de boissons, non point acquises par travail, mais gagnées par piperie, de trousser des robes de filles, de femmes, ou de moines. […] Supprimons par la pensée, et comme il sied en ce rapide travail, les avortements, les intervalles, les audaces et les indécisions des précurseurs ; considérons le bel horizon proche… Le Romantisme se lève. […] Et, enfin, — ceci, c’était le plus énorme et le plus invraisemblable des travaux, — enfin, ô dompteur de lions et de colombes, vous avez accompli ce miracle d’unir la poésie au journal. […] Paul Déroulède n’a pas daigné travailler, ou n’a pas pu ; car le Travail, comme le Génie, est un don.

2098. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

On y tissait les étoffes, on s’en habillait ; des fossés étaient creusés, des sillons tracés, des maisons bâties ; jour par jour, hommes et animaux se levaient pour aller au travail ; nuit par nuit, ils retournaient lassés chacun dans son gîte. —  Ces vieux murs menaçants ne sont pas une conjecture, un amusement de dilettante, mais un fait sérieux ; c’est pour un but bien réel et sérieux qu’ils ont été bâtis. —  Oui, il y avait un autre monde quand ces noires ruines, blanches dans leur nouveau mortier et dans leurs ciselures fraîches, étaient des murailles et pour la première fois ont vu le soleil — il y a longtemps. —  Cette architecture, dis-tu, ces beffrois, ces charrues de terre féodale ? […] Toute religion est venue ici pour nous rappeler plus ou moins bien ce que nous savons déjà plus ou moins bien, à savoir qu’il y a une différence absolument infinie entre un homme de bien et un homme méchant, pour nous ordonner d’aimer l’un, infiniment, d’abhorrer et d’éviter l’autre infiniment, de nous efforcer infiniment d’être l’un et de n’être point l’autre1445. » — « Toute religion qui n’aboutit pas à l’action, au travail, peut s’en aller et habiter parmi les brahmanes, les antinomiens, les derviches tourneurs, partout où elle voudra ; chez moi, elle n’a pas de place1446. » Chez vous, fort bien, mais elle en trouve ailleurs. […] Pour bâtir le temple d’Éphèse, il avait fallu le travail de bien des têtes sages et de bien des bras robustes, pendant des vies entières ; et ce même temple a pu être détruit par un fou en une heure. » Voilà d’assez gros mots ; nous n’en emploierons pas de pareils. […] Ils ont fondé l’Angleterre à travers la corruption des Stuarts et l’amollissement des mœurs modernes, par l’exercice du devoir, par la pratique de la justice, par l’opiniâtreté du travail, par la revendication du droit, par la résistance à l’oppression, par la conquête de la liberté, par la répression du vice.

2099. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

En littérature, insiste Valéry, le vrai n’est même pas concevable, puisque tout travail littéraire implique l’effort et l’artifice. […] Le succès consiste alors, justement, à exciter l’intérêt et à susciter d’autres travaux. […] La montagne en travail a enfanté un monde nouveau. […] Ce n’en est pas moins un travail consciencieux et instructif. […] Moins heureux que les poètes, les pauvres journalistes sont aux travaux forcés.

2100. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Vous revendiquez la liberté du travail. […] Il n’y aurait pas de travail s’il n’y avait pas des riches et des pauvres ; tout languirait ; et non seulement la pauvreté, ce que l’on peut considérer comme un bien, mais la misère, ne tarderait pas à être générale et la dépopulation en serait la conséquence immédiate : « Paris est peut-être la ville du monde la plus sensuelle et où l’on raffine le plus sur les plaisirs ; mais c’est peut être celle où l’on mène une vie plus dure. Pour qu’un homme vive délicieusement il faut que cent autres travaillent sans relâche… Cette ardeur pour le travail, cette passion de s’enrichir passe de condition en condition, depuis les artisans jusqu’aux grands… Le même esprit gagne toute la nation ; on n’y voit que travail et industrie. […] Les richesses y portent la mollesse et la corruption : non pas, qu’une République comme celle de Sparte puisse subsister de nos jours ; mais en prenant un juste milieu entre le besoin et le superflu, le caractère national conserve quelque chose de plus mâle, de plus propre à l’application, au travail, et à tout ce qui élève l’âme. […] Il y a une partie de la nation, restreinte, à la vérité, qui ne songe pas à être percepteur et qui alimente par son travail les caisses de la perception.

2101. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Mais Saccard a affaire à forte partie, et le banquier qui l’a déjà ruiné une fois accomplit tranquillement et sûrement son travail. […] Les travaux supplémentaires les copies de rôles, ne produisent que des sommes dérisoires, et s’il a femme et enfants, on devine l’enfer qu’il s’est préparé. […] Le général Thoumas, dont nous avons à plusieurs reprises signalé le beau travail sur l’exposition rétrospective militaire du ministère de la guerre en 1889, a fait paraître chez Calmann-Lévy un très intéressant volume sur Le Maréchal Lannes. […] Père de famille intelligent, il surveille l’éducation de ses enfants et écrit les notes de leur travail et de leur conduite jour par jour. […] Ce sont les Mémoires de M. de de Moltke, dont le Figaro a donné des extraits qui sont le point de départ de ce travail plein de patriotisme inquiet.

2102. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Puis Rachmed songe que la face du mort doit être tournée vers la ville sainte de la Mecque ; il craint que tout ce travail n’ait été inutile. […] Les travaux de bibliographie, de paléographie, d’histoire littéraire, que suppose une entreprise de ce genre, ne pouvaient être confiés à des femmes. […] C’est que la Bretagne est toujours et malgré tout, en travail de poésie et de religion. […] Certes, nous avons d’excellents travaux de détail. […] « Un travail énorme de désagrégation s’e

2103. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Combien de travail sourd et de mouvements cachés ! […] Elles sont l’aboutissement d’un travail souterrain. […] À quelle heure est-on homme enfin, rien qu’un homme, comme le criait le vieux Faust, et pas une machine à travail et à mouvement ?  […] J’essayerais de montrer l’utilité de ces menus travaux, si un disciple de M.  […] Ils savent que le travail scientifique ne connaît pas d’autres joies que celle de la synthèse, et ils sont restés confinés dans leurs analyses infinitésimales.

2104. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

On peut donc admettre la loi proposée par Wundt : « Quand une partie considérable de l’organe central, par suite d’actions inhibitoires, se trouve en état de latence fonctionnelle, l’excitabilité de la partie qui fonctionne est augmentée, et cette augmentation sera d’autant plus grande que la quantité de force latente existant dans l’organe central aura été moins dépensée par un travail précédent. » On a constaté dans l’hypnose l’existence d’une certaine hypérémie cérébrale. […] À l’origine, il est probable que la conscience de l’animal était avertie de tous les incidents de sa vie végétative, non pas seulement de ceux qui se rapportent à la vie de relation : il avait le sens du corps plus développé et plus différencié ; il sentait son existence, il sentait le travail des glandes ; il percevait tous ses changements internes, en jouissait ou en souffrait. […] Nous pouvons très bien faire, sinon deux choses à la fois, du moins deux choses en alternance rapide, comme quand nous dictons une lettre tout en faisant un travail manuel.

2105. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Le travail des bureaux ne m’est point étranger : j’ai exercé pendant treize mois un emploi dans ceux de l’Intérieur, et je ne me chargeais pas des choses les plus faciles. […] « Grandissant, dans la jeunesse, au milieu des traverses et des rudes travaux, tu ne m’apparus pas encore.

2106. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Ses travaux cependant avaient altéré sa santé naturellement maladive ; il éprouvait le besoin de changer l’air épais de Rome contre l’air vital et léger d’Athènes ; il voulait surtout voir de ses yeux, avant de les décrire, les mers et les rivages d’Ilion : Campos ubi Troia fuit ! […] « Que si une chaste épouse, semblable à nos femmes sabines ou à la compagne brunie par le soleil de nos habitants de l’Apulie, partage avec nous ces travaux domestiques et soigne les enfants qu’elle a nourris, qu’elle construise de bois sec notre cher foyer pour le retour de son mari fatigué, qu’elle enferme dans le parc d’osier son joyeux troupeau pour étancher de leur lait les mamelles gonflées de ses chèvres et de ses brebis, et que, tirant du tonneau odorant un vin de l’année adouci par le miel, elle assaisonne pour la table des mets qu’elle n’a pas achetés à prix d’or ; … pour moi, ni les huîtres du lac Lucrin, ni les turbots, ni les sarges que les tempêtes chassent d’Orient vers nos rivages, ni la poule d’Afrique, ni le faisan d’Ionie ne flatteront jamais autant mon palais, en flattant ma gourmandise, que l’olive cueillie et choisie sur les plus grosses branches de mes propres arbres, que l’oseille qui aime les prés, que la mauve salutaire au corps appesanti par la maladie.

2107. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Une magnificence barbare, un luxe intempérant de décoration, caractérise l’architecture persane, tandis que la sculpture offre un mélange singulier de roideur et de finesse, de dureté et d’élégance, emblème frappant d’un peuple qui vieillit sans progresser ; la main se raffine, les procédés de travail se perfectionnent, l’esprit reste endormi dans ses langes. […] Les pieds heurtent sans cesse contre les chefs-d’œuvre du ciseau grec : on les ramasse, on les rejette, pour en ramasser un plus curieux ; on se lasse enfin de cet inutile travail ; tout n’est que chef-d’œuvre pulvérisé.

2108. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Le sentiment de la solitude s’adoucit aussi par le travail. […] Pendant la belle saison, la culture de mon jardin et de mon parterre m’occupe suffisamment ; pendant l’hiver, je fais des corbeilles et des nattes ; je travaille à me faire des habits ; je prépare chaque jour moi-même ma nourriture avec les provisions qu’on m’apporte de l’hôpital, et la prière remplit les heures que le travail me laisse.

2109. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

L’expérience, le travail corrigèrent ces défauts peu à peu. […] A Meaux seulement, il se contenta en général de quelques notes légères et rapides, et son éloquence se rapprocha de l’improvisation : le travail qui eut encore élevé son discours, l’eût écarté de la bassesse populaire que sa raison désintéressée avait élue pour idéal.

2110. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Conclusion et résumé d’un coin de la banlieue, l’été : «… Paysages sales et rayonnants, misérables et gais, populaires et vivants, où la nature passe çà et là entre la bâtisse, le travail et l’industrie, comme un brin d’herbe entre les doigts d’un homme19. » Conclusion et résumé d’une description du bois de Vincennes : «… Une promenade banale et violée, un de ces endroits d’ombre avare où le peuple va se ballader à la porte des capitales, parodies de forêts pleines de bouchons, où l’on trouve dans les taillis des côtes de melon et des pendus. […] On dirait souvent qu’ils nous livrent le travail préparatoire de leur style, non leur style même, parce que l’impression de l’artiste se fait sentir plus immédiate et plus vive dans l’ébauche intempérante que dans la page définitive, et qu’ils craignent, en châtiant et terminant l’ébauche, d’en amortir l’effet.

2111. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Panthéiste, de sentiment plutôt que d’intelligence, il voit tous les êtres s’absorber dans l’Être des êtres ; et ne comprenant rien à l’Humanité, n’ayant pas la révélation du plan providentiel qui la guide, tous les travaux des hommes lui paraissent aussi futiles que l’ouvrage des fourmis qui soulèvent des grains de sable. […] Quelques progrès qu’ait faits l’Humanité, le mystère l’enveloppe toujours ; quelque grande que soit la carrière que nous pouvons lui mesurer, il y a toujours l’infini en avant et en arrière ; quelque travail que nous puissions assigner à son activité dans une période donnée, il reste toujours le début et le but final, le commencement et la fin en Dieu, le pourquoi en Dieu.

2112. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Les systématistes pourront poursuivre leur travail comme aujourd’hui ; mais ils ne seront plus incessamment poursuivis par des doutes insolubles sur l’essence spécifique de telle ou telle forme : et je suis certain que ce ne sera pas un léger soulagement ; j’en parle par expérience. […] Quand nous ne regarderons plus un être organisé comme un sauvage regarde un navire, c’est-à-dire comme quelque chose qui surpasse notre intelligence ; quand nous considérerons chaque production de la nature comme ayant eu son histoire ; quand nous regarderons chaque organe et chaque instinct comme la résultante d’un grand nombre de combinaisons partielles dont chacune a été utile à l’individu chez lequel elle s’est produite, à peu près comme nous voyons dans toute grande invention mécanique la résultante du travail, de l’expérience, de la raison et même des erreurs de nombreux ouvriers ; je puis dire, d’après mes propres expériences, que d’un pareil point de vue l’étude de chaque être organisé et de la nature tout entière nous semblera bien autrement intéressante.

2113. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Ce qu’ils voient et reproduisent surtout, c’est le jeu des acteurs en scène, sans s’inquiéter ni même se douter du travail qui s’opère par la force des choses ou la force des idées. […] La nature y joue aussi son rôle par l’influence extérieure des climats et des situations géographiques, et aussi par le travail interne des causes ethnographiques et économiques, double action qui concourt, avec les causes politiques et morales, à former les instincts, les tempéraments, les mœurs, les aptitudes des races et des nations.

2114. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

C’est ainsi que, dans son Essai sur la voirie et les ponts et chaussées, il n’est pas absolument contre la corvée, contre le travail de réparation des chemins par les communautés : il croit seulement qu’il serait bon de régulariser ce service imposé au peuple des campagnes, établissant en principe que l’État a le droit de l’exiger comme tous les genres de services pour la grande cause de l’utilité publique.

2115. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

de faire l’encyclopédie moderne (mais c’est à l’Institut en corps qu’il faudrait demander un tel travail !)

2116. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.

2117. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Vous prouvez que vous êtes dignes d’aller en France jouir du repos dû à vos grands travaux.

2118. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Cependant l’Académie des Sciences prétendait avoir une découverte digne de la récompense proposée, dans les travaux de M. 

2119. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Encore une belle figure, un grand portrait militaire de plus, que nous possédons, et cette fois non de profil et à demi, mais en pied et tout entier, grâce au travail de M. 

2120. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Et ainsi, lorsque la prédication de Jésus commençait, lorsque après l’avoir vu, au retour du désert et de sa tentation triomphante, quitter de nouveau sa mère, Marie triste et résignée, on le suivait le long de la mer de Galilée allant recruter des pêcheurs pour disciples ; lorsque dans des scènes très plates et d’un langage délayé, mais assez naïves, on assistait à ces conversations, puis à ces conversions de pêcheurs, de gens de métier, chacun ayant sa physionomie et gardant assez bien son caractère ; lorsque le cortège des Douze se complétait ainsi à vue d’œil, avec sa variété, — parmi eux un seul noble, Barthélemy « en habit de prince », les autres dans leurs habits mécaniques ou de travail, saint Thomas en habit de charpentier, ayant jeté seulement ses outils, et Matthieu le publicain, à son tour, assis d’abord devant sa table, avec ses sacs d’argent rangés dessus, et cependant offrant dans sa maison un repas à Jésus qui l’accepte, — il y avait certainement, à cette suite de scènes familières, un intérêt que l’on conçoit encore très-bien aujourd’hui, et qui consistait dans l’extrême détail, dans le naturel minutieux du développement, dans l’imitation et la copie de la vie.

2121. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il ne faut rien s’exagérer pourtant, et lorsque du détail d’une civilisation on ne sait guère que ce qu’en apprennent les fouilles, et que ces fouilles ont rendu aussi peu qu’elles l’ont fait jusqu’ici sur le sol de Carthage, on se trouve bien en peine, malgré les travaux des Beulé et des Falbe, pour tout remettre sur pied et pour tout restituer.

2122. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Bignan, qui, voué de bonne heure au culte d’Homère, s’adonna toute sa vie à une traduction en vers de l’œuvre homérique et ne cessa de l’améliorer, homme instruit, versificateur élégant, n’eut jamais le prix de son travail : il était né quinze ans trop tard.

2123. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Mais que de travaux souterrains, que de conduits obscurs, que de terres remuées, que de métaux extraits, élaborés et fondus, que de métiers malsains, pour arriver à faire jouir les étrangers, les bourgeois et les promeneurs, vous et moi, de ces résultats agréables et commodes !

2124. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Dans cette Épître, il y avait un couplet ou une tirade entière à la louange de M. de Louvois, « mais d’une louange si bien tournée, dit un contemporain, qu’elle était encore plus à la gloire du Roi qu’à celle de son ministre. » Voici cette strophe, toute prosaïque d’ailleurs ; je la donne pour ce qu’elle vaut : Avec tant de secret, d’activité, d’adresse, Un si grand dessein s’est conduit, Que la Nymphe qui vole et qui parle sans cesse N’en a pu répandre le bruit : Utile et glorieux ouvrage De ce ministre habile, infatigable et sage, Que le plus grand des rois de sa main a formé, Que ni difficulté ni travail ne rebute, Et qui, soit qu’il conseille ou soit qu’il exécute, De l’esprit de Louis est toujours animé Il fallait être bien avisé pour voir là dedans rien qui pût effaroucher Louis XIV.

2125. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Il ne réussit pas, dans son travail de ministre à portefeuille, à récréer Louis XVIII, à lui alléger la fatigue de la signature, et il lui parle trop au long des affaires : « Le roi ne voyait guère en moi, dit-il, qu’un ouvrier robuste qui avait fait son apprentissage sous un méchant maître. » On lui retire le ministère de l’intérieur pour le mettre à la direction générale de la police, à laquelle il est assez peu propre.

2126. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Quoi qu’il en soit, la part considérable que M. de Talleyrand avait prise non seulement aux actes du clergé, ou concernant le clergé, mais encore aux importantes questions de finance et aux travaux du comité de Constitution, l’esprit de décision et de vigueur dont il avait fait preuve, non moins que le tour habile et mesuré de sa parole, le désignèrent au choix de l’Assemblée pour être son organe dans le manifeste ou compte rendu de sa conduite, qu’elle jugea à propos d’adresser à la nation en février 1790.

2127. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Il faut qu’un long travail éclaire notre esprit, Pour deviner l’orage en un ciel qui sourit !

2128. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Je distinguerai dans les ouvrages de tout grand auteur ceux qu’il a faits selon son goût propre et son faible, et ceux dans lesquels le travail et l’effort l’ont porté à un idéal supérieur.

2129. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Des têtes fortes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain, comme seuls dignes de l’estime des hommes.

2130. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Par négation, en supprimant les règles qui régissaient le travail littéraire.

2131. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Si l’on défalque de la critique actuelle les nombreux rédacteurs de ces jugements bâclés dont nous parlions, et qui remplissent avec une aimable inconscience cette rubrique qu’ils échangeraient aussi bien contre une autre, on se trouve en présence d’un petit nombre de personnes qui comprennent au moins la responsabilité qu’elles encourent en accordant vingt ou trente lignes à un livre qui a coûté des mois de travail.

2132. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Optimiste et viril, il a choisi les aspects d’une terre toute chaude de clarté, et l’a peuplée de silhouettes mobiles qui s’activent à quelque travail.

2133. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

. — Aussi bien la différenciation sociale réclamée par la division du travail n’implique-t-elle chez les individus qu’une diversité toute extérieure, fonctionnelle en quelque sorte et qui n’entrave en rien les similitudes profondes (similitudes intellectuelles et morales) que M. 

2134. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Dans ses meilleurs projets pour le bien du pays, notamment en tout ce qui tenait aux travaux publics, il avait rencontré la Loi comme un obstacle infranchissable.

2135. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Là encore il faut retourner l’œuvre de mille manières pour la considérer sous toutes ses faces ; et, pour résumer le travail qu’il sied d’accomplir, disons que l’analyse doit porter sur la nature, la variété, la complexité, la vraisemblance, l’intensité des aspirations ou des visions idéales de l’œuvre qu’on étudie.

2136. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Il serait prématuré de viser à construire un système complet que l’avenir pourrait renverser ; il est sage de s’en tenir à quelques résultats généraux, mais certains, dont les travaux des historiens et des philosophes accroîtront peu à peu le nombre et la précision.

2137. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Les matériaux de ce travail étant épars dans son ouvrage, j’essayerai de l’indiquer en quelques mois.

2138. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Aux premières pages du moins mauvais de ses livres, — Dix années de philosophie, études critiques sur les principaux travaux publiés de 1891 à 1900, — M. 

2139. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Mais je ne veux pas quitter son livre (toute philosophie à part) sans le louer encore d’un travail historiquement si impartial, si sérieusement intéressant, et qui fait pénétrer si bien dans une des plus belles et des plus paisibles intelligences du Moyen Âge.

2140. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

En agissant, elle rencontre aussi des obstacles qui ont pour résultat, avec l’effort et le travail, le commencement de la peine.

2141. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

N’est-ce pas lui qui est la cause de tous nos malheurs passés, de dix ans de travaux devant Troye, de dix autres années de souffrances et d’alarmes sur les mers ?

2142. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Sainte-Beuve a le premier révélé la poésie du seizième siècle ; mais ses études ont été bien accrues et bien complétées par les travaux spéciaux de MM. 

2143. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

réunissons-nous du moins dans la noble et touchante confraternité du malheur ; car elles nous ont été aussi enlevées à leur tour, ces dépouilles opimes du monde, ces brillants trophées de la gloire que nous avions achetés par tant de travaux, par tant de sang et tant de larmes.

2144. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Pourquoi la science, la sensualité, la lutte, le travail, la volonté, l’action, le désir, la raison, affaires humaines, puisque la terre est maudite, la vie de l’homme un perpétuel péché ? 

2145. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

« Le travail vient ensuite accroître la vigueur native.

2146. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

La mort était l’unique horizon de ces hommes voués aux idées, aux travaux posthumes. […] La mythologie attribuait à la sœur d’Apollon la délivrance des femmes en travail et le patronage des enfants. […] L’Espagne renonce au travail considéré comme œuvre servile ; son idéal est la vie oisive du seigneur et du prêtre. […] Même dépopulation, même stérilité, même paresse, même mépris de l’industrie, même réprobation du travail. […] De tous les exercices du travail, il ne cultive que la parodie.

2147. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

La nature l’avoit doué de l’esprit universel, et le travail l’avoit mis en possession de toutes les connoissances ; son discernement répondoit à l’étenduë de ses lumieres ; juste apprétiateur des choses, il a toujours donné le bon pour bon, et le mauvais pour mauvais : aussi varié que fécond, il n’a jamais rassasié ses lecteurs, et il sçait répandre un air de nouveauté jusques sur ses répétitions. […] Diroit-on que c’étoit pour s’épargner la peine d’un nouveau travail ? […] Comme ils appréhendent de passer pour téméraires, par le choix d’un travail au-dessus de leurs forces, je dois craindre de passer pour bizarre et pour ridicule, en choisissant un ouvrage que je parois n’estimer pas assez. […] Et n’étoit-il pas ridicule à Vulcain de faire en cette occasion un travail si difficile à appercevoir et à déchiffrer.

2148. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Je suis à ma table de travail, très absorbé. […] — n’admet pas que l’Art soit autre chose qu’une manifestation de la sensibilité et un travail de l’intelligence au service de la morale. […] Elle put le lui faire proposer même quand il était en plein travail de Britannicus. […] Où voit-on que Madame ait dirigé le travail de Racine ? […] C’est l’habitude de la division du travail.

2149. (1896) Études et portraits littéraires

Combien il recommande aux jeunes gens qui ont du souffle d’abandonner aux asthmatiques ces travaux qui se peuvent accomplir « entre deux toux » ! […] Enfin il raconte la vieillesse, l’usure spéciale des gens de mer, épuisement de la bête surmenée, tarissement de la vie dépensée sous tous les climats, aux travaux de force, aux nuits de quart, à toutes les aventures des escales. […] Parfois on croit feuilleter de ces cartons d’études qui sont pour les peintres comme des travaux d’approche. […] Berryer rêvait à ses heures, ou il badinait, à moins qu’il ne dépensât en plaisir la surabondance de sa sève (on sait quelle place ruineuse les passions devaient prendre un jour dans sa vie), mais il se remettait vite au travail, allant par « grands coups », expédiant la besogne de quatre. […] Il croyait entendre expirer à la porte les bruits de la nature en travail.

2150. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Si les travaux des uns & des autres sont aussi dangereux que le chant des syrènes, que l’affreuse potion de Circé, il faut tout anéantir, bibliothèques, universités, académies, chefs-d’œuvre anciens & modernes : c’est le parti qu’il faut prendre, & le plutôt sera le mieux quoiqu’en dise M. […] Il leur reproche de se mêler de trop d’affaires ; de rechercher des sépultures & des testamens, s’attirant par là l’indignation des curés ; de faire élever à grands frais des bâtimens magnifiques ; d’être à la fois contemplatifs & intrigans ; de se rendre importuns, odieux même à leurs hôtes ; d’oser demander l’aumône avec cet air d’empire & ces instances réitérées, « qui font craindre aux passans la rencontre des cordeliers, comme celle des voleurs. » L’abbé Fleuri remarque fort sensément, « que le plus mauvais effet de cette apologie des religieux mendians, est de leur avoir rendu le travail des mains odieux, & fait croire que la mendicité est plus honorable » ; c’est ainsi qu’ils ont pris le change. […] On connoît le genre de travail de ces sçavans religieux. […] A force de mettre sous la presse des volumes d’injures contre les bollandistes, & de ne se donner aucun repos ni jour ni nuit, François de Bonne-Espérance succomba, l’an 1677, à l’excès du travail, & fut remplacé par d’autres qui enchérirent sur ses emportemens. […] Pour avoir quelque idée de leur genre de vie, il faut se les représenter levés chaque jour à quatre heures du matin, récitant l’office au chœur, mangeant en commun, jeunant la plus grande partie de l’année, couchés sur la paille, & couverts d’un cilice, partageant leur temps entre l’étude, la prière & le travail des mains, observateurs rigides de beaucoup de pratiques de dévotion.

2151. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Préface Un jour, et il y a de cela cinq ou six mois, l’Académie Française continuait la marche lente et presque insensible qui la mène doucement et sans encombre vers la fin du travail monotone de la continuation de son dictionnaire ; tout dormait, excepté le Secrétaire Perpétuel et le rapporteur Auger, lorsqu’un hasard heureux fit appeler le mot Romantique. […] « Si un Romantique était ici présenté, je ne fais aucun doute, messieurs, qu’il ne se permît, dans quelque misérable pamphlet, de rendre un compte ridicule de nos travaux si importants pour la gloire nationale. […] Je vous remercie mille fois, monsieur, de l’aimable envoi que vous m’avez fait ; je relirai vos jolis volumes aussitôt que la loi des rentes et les travaux de la session me le permettront.

2152. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Comme une femme, ouvrière laborieuse, qui vit du travail pénible de ses mains, répand tout autour d’un tison ardent des broussailles sèches afin de s’apprêter de nuit une lumière dans sa chambre, car elle s’éveille de très-bonne heure, et ce feu, s’allumant tout grand d’un si petit tison, consume à la fois toutes les broussailles : tel, ramassé sous le cœur de la jeune fille, brûlait en secret le funeste Amour : elle laissait ses joues délicates tourner tantôt à la pâleur et tantôt à la rougeur, au hasard de ses pensées. » Nous voilà dans l’invasion rapide de la passion, dont ce chant tout entier va offrir les alternatives et le développement. On aura remarqué cette comparaison naïvement touchante de la femme qui vit du travail de ses mains ; elle est tout à fait dans le goût d’Homère et des véritables Anciens.

2153. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Instituée pour gouverner, une aristocratie se détache du sol lorsqu’elle ne gouverne plus, et elle a cessé de gouverner depuis que, par un empiètement croissant et continu, presque toute la justice, toute l’administration, toute la police, chaque détail du gouvernement local ou général, toute initiative, collaboration ou contrôle en matière d’impôts, d’élections, de routes, de travaux et de charités, a passé dans les mains de l’intendant et du subdélégué, sous la direction suprême du contrôleur général et du Conseil du roi74. […] Jamais conducteurs d’hommes n’ont tellement désappris l’art de conduire les hommes, art qui consiste à marcher sur la même route, mais en tête, et à guider leur travail en y prenant part  Notre Anglais, témoin oculaire et compétent, écrit encore : « Un grand seigneur eût-il des millions de revenu, vous êtes sûr de trouver ses terres en friches.

2154. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Nouvelle preuve du travail sourd qui se passe au plus profond de notre être, hors des prises de notre conscience, et nouvel exemple des combinaisons latentes, compliquées, innombrables dont nous n’apercevons que les totaux ou les effets. […] Nous constatons que l’antécédent spécial et immédiat qui met en action les nerfs olfactifs et gustatifs est un système de déplacements moléculaires ; nous concevons que ce système de déplacements se traduit en eux par un système correspondant d’actions nerveuses, et se traduit en nous par un système correspondant de sensations élémentaires de saveur et d’odeur ; nous définissons jusqu’à un certain point ces sensations élémentaires inconnues en disant qu’elles correspondent aux mouvements moléculaires du travail chimique, comme les sensations élémentaires connues de l’ouïe ou de la vue correspondent aux ondes de l’ondulation aérienne et éthérée. — Rien de pareil pour le toucher ; nous n’avons aucun moyen de déterminer ou de conjecturer le rhythme d’action que les nerfs tactiles reçoivent et transmettent aux centres nerveux.

2155. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

III Supposons ce travail achevé et l’enfant arrivé au seul de l’âge adulte.  […] L’écart que l’on remarque entre eux et les faits peut disparaître et disparaît en effet de deux façons. — Il vient de disparaître par une abstraction, c’est-à-dire par l’omission mentale de certains éléments des faits ; de cette façon, les faits réduits se sont ajustés aux cadres. — Il pourra disparaître aussi par un travail inverse, c’est-à-dire par l’introduction dans les cadres des éléments que la construction préalable y avait omis ; à la considération des directions primitives ou principales, on ajoutera alors celle des directions perturbatrices, soit ultérieures, soit accessoires, et, de cette façon, les cadres complétés s’ajusteront aux faits.

2156. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Je puis attacher ta fortune à la mienne si tu aimes le travail, autrement tout est perdu. […] Jamais je n’oublierai l’impression qu’il faisait sur ses neveux et sur moi quand, dans l’ombre du crépuscule, après des journées d’été passées dans le silence de son cabinet de travail, il se promenait, entouré de ses charmantes filles, sous les platanes de la vallée de Servolex, qui l’avaient vu petit enfant et qui le revoyaient grand vieillard, revenu du Caucase aux Alpes pour se reposer et mourir.

2157. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

L’histoire, la réflexion, le travail solitaire du génie, peuvent révéler au poète les caractères et les mœurs de la tragédie ; mais pour la comédie, qui doit être l’image de la société, ni la force du génie, ni les études du cabinet ne suppléent l’observation. […] Il est beau de ne faire rire que l’esprit ; mais encore faut-il qu’il ne lui en coûte aucun travail, et qu’on ne lui donne pas trop de ces vérités dans lesquelles il ne peut pas enfoncer sans s’attrister.

2158. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

En un mot, la vie est une fonction essentiellement extensive et motrice ; l’appétit est en travail dans un organisme étendu, toujours recevant et restituant du mouvement. […] — Les sensations et les phénomènes, dit Kant, sont divers et variables ; l’espace est uniforme et invariable. — L’espace abstraitement conçu, dernier produit du travail mental sur les sensations, oui ; mais c’est là un pur concept que nous ne commençons pas par avoir et qui contient des éléments tout intellectuels, parce qu’il exprime de purs possibles.

2159. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dans ses descriptions, dans ses personnages, dans ses scènes, l’effort à imiter la nature, à imaginer vrai, à se rappeler de précises observations, est évident ; il est contenu par certaines incapacités natives, par des préjugés acquis, mais le romancier anglais n’en possède pas moins une marque qui le distingue nettement de tous les artistes idéalistes, dans ses préférences pour ces laideurs, ces vulgarités, ces irrégularités du réel, que ceux-ci s’empressent d’effacer, par le travail de sélection qui les caractérise. […] Si les caractères ont quelque peu varié de l’état sauvage au nôtre, c’est surtout grâce aux mobiles que les religions dédaignent : l’orgueil, l’amour de la vie, l’amour des jouissances, l’amour sensuel même, l’intérêt, l’égoïsme individuel, l’égoïsme patriotique ; et dans ce lent travail de formation de lui-même, auquel l’ont si peu aidé ses prêtres, l’homme, en paraissant et en croyant les écouter, ne s’est défait que de ce qui lui nuisait, et n’a recherché qu’une somme supérieure de bonheur, se pliant mieux à la vie naturelle et sociale et suivant ces commandements véritables, que personne ne lui formulait, mais que les climats, la chasse, la guerre, ses sens, toute sa chair, lui ont impérieusement imposés.

2160. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Si la mer est peuplée de barques de pêcheurs comme un village flottant, on songe à la joie des chaumières qui attendent le soir le fruit du travail du jour, on voit sur la côte s’allumer une à une les lampes des phares, étoiles terrestres des matelots […] Les missionnaires jésuites du siècle de Louis XIV furent ceux qui l’explorèrent, et qui nous en rapportèrent fidèlement alors les merveilles dans des travaux qui ne seront jamais surpassés.

2161. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Créer est un mot impropre ; il n’est donné à personne de créer l’idiome d’une nation : c’est le travail et la gloire de tous ; mais il est vrai de dire que c’est le moment où les grands poètes et les grands écrivains façonnent la langue, lui donnent le pli, la forme, la flexibilité, la sonorité, la couleur, et l’approprient aux usages intellectuels auxquels cette langue est prédestinée par cette providence qui assigne leur mission aux peuples. […] « Il est juste », écrivait-il à cette époque, « que l’auteur laborieux tire de son travail une rémunération légitime. » Le roi ajouta à cette aisance des gratifications annuelles s’élevant de 500 jusqu’à 1 000  louis pendant huit ans et plus, une charge de gentilhomme ordinaire de sa chambre avec une nouvelle pension de 4 000 livres, et enfin la charge à la fois politique et littéraire d’historiographe de son règne et de ses campagnes, avec Boileau, son collègue et son ami.

2162. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en donne de nombreux exemples dans son grand travail sur ce sujet. […] Youatt, plus familier que nul autre avec les travaux des agriculteurs, et lui-même excellent juge en fait d’animaux, admet que le principe de sélection donne à l’éleveur non seulement le pouvoir de modifier le caractère de son troupeau, mais de le transformer entièrement.

2163. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Aujourd’hui, grâce aux travaux successifs des estimables éditeurs et au progrès qu’on a fait dans la connaissance des formes de notre vieil idiome, Villehardouin est immédiatement accessible pour tout homme instruit.

2164. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Ce bonhomme et ce prud’homme, comme on l’appelait, était mis à tout, était consulté sur tout ; il figure au premier rang par ses discours et ses travaux ou exposés dans la tenue des États généraux de 1614.

2165. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Livet de son zèle à faire connaître les vieux poètesn, l’encourager à poursuivre ces travaux d’une intéressante érudition domestique, et d’autre part apprécier moi-même.

2166. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Jean-Jacques Rousseau se levant avait tout d’un coup parlé une langue éloquente, ferme et franche, pleine de sève, mais où s’accusait aussi la roideur et le travail de l’ouvrier, et que le solennel et le déclamatoire gâtaient par endroits.

2167. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Ces Mémoires, quoique la première partie, assure-t-on, jusqu’à la fin de l’année 1700, soit du maréchal même, ne peuvent être considérés en effet que comme rédigés après coup sur ses lettres, bulletins et dépêches ; mais Anquetil, qui a été l’arrangeur, et qu’on doit suivre à partir de 1700, a très bien fait ce travail, qui gagne en avançant plutôt qu’il ne perd, et qui est d’un intérêt continu.

2168. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il s’offrit, un jour, pour travailler à dresser un inventaire général de tous les titres de la maison de Nevers, comptant par là faire sa cour à la princesse Marie, et aussi découvrir toutes sortes de belles choses ignorées : « Je m’appliquai à cet ouvrage quatre ou cinq mois durant avec tant d’assiduité que j’en vins à bout, ayant sans mentir dicté les extraits et marqué de ma main plus de dix-neuf mille titres rédigés en six gros volumes, avec les tables d’une invention toute nouvelle : ce que j’aurais de la peine à croire d’un autre si je n’en avais moi-même fait l’expérience et si je ne voyais encore entre mes mains les marques d’un labeur si prodigieux, pour la seule satisfaction de ma curiosité, quoiqu’il a bien pu servir à des choses plus importantes. » C’est à Nevers qu’il était allé faire ce rude et, pour lui, délicieux travail : il y avait fait venir quelques personnes de son choix pour l’aider, entre autres le prieur d’une de ses abbayes.

2169. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Rousseau est aussi dans son genre un grand épistolaire ; mais quel travail, quelle lenteur de lime, que de soin !

2170. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Que de gens la portent dans la vie même, en se disant : Ce n’est plus la peine d’entreprendre telle étude, tel travail, parce que je suis trop vieux pour l’achever.

2171. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ce livre dégage et illumine un sens que nous avons tous, mais voilé, vague et privé presque de toute activité, le sens qui recueille les beautés physiques et les livre à l’âme. » Et il insiste sur ce second travail de réflexion qui spiritualise, qui fond et harmonise dans un ensemble et sous un même sentiment les traits réels une fois recueillis.

2172. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Mesnard l’a retrouvé dans les manuscrits de la Bibliothèque Impériale sous ce titre un peu fastueux : Projets de Gouvernement résolus par Mgr le Duc de Bourgogne, Dauphin, après y avoir bien mûrement pensé ; et il n’a pas eu de peine à mettre à ce travail anonyme le nom d’un rédacteur éclatant.

2173. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

« David était sorti de l’atelier ; Charles Moreau et Mme de Noailles s’étaient remis au travail, mais Étienne resta assis auprès du poêle, essayant vainement de composer un seul et même homme de l’ancien ami de Robespierre et du nouveau protecteur des émigrés.

2174. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

A un certain endroit de l’lliade, parlant de la blessure d’Agamemnon au bras ou à la main, et des douleurs aiguës qu’elle lui causait, Homère compare ces douleurs à celles qu’éprouverait une femme en travail d’enfant ; sur quoi Plutarque se récrie d’admiration : « Les femmes disent que ce n’est point Homère qui a écrit ces vers, mais la femme Homère, après avoir accouché ou pendant qu’elle accouchait encore » ; tant la douleur lancinante de l’enfantement y est bien rendue !

2175. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Je dois avertir que notre prédilection française pour Florus, qui date de Tanneguy Le Fèvre, de Mme Dacier, et qui se marque jusqu’à l’excès chez Montesquieu, est fort contrariée et rabattue par le travail récent de l’érudition allemande.

2176. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Rien ne laboure profondément le cœur de l’homme comme le malheur, et rien n’est vivace comme les sentiments qui y croissent après ce rude travail.

2177. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Ô fleur qui n’es pas fugitive, Qui nais tard et vis longuement, Quand des beaux jours la fleur hâtive A l’existence d’un moment, Tu nous dis que l’œuvre légère De la jeunesse est passagère, Et que, dans son travail parfait, L’œuvre lente de notre automne Vit. — Loin que le temps s’en étonne, Il respecte ce qu’il a fait.

2178. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il lui faut matière à construction et à travail pour elle-même.

2179. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet dont nous parlerons tout à l’heure, appartient comme lui à cette génération infatigable et généreuse, pure, avide d’espérance, insatiable de beaux désirs, de laquelle lui-même il a dit en un endroit : Toute une nation puissante qui s’éprend Pour le bien, pour le bon, pour le beau, pour le grand ; Et toute une jeunesse ardente et sérieuse, Qui pâlit de travail, et, les larmes aux yeux, Cherchant son avenir, au plus profond des cieux Suit l’étoile mystérieuse.

2180. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Un travail sans relâche, une prière continuelle, point d’ambition que pour les emplois les plus vils et les plus humiliants, aucune impatience dans les sœurs, nulle bizarrerie dans les mères, l’obéissance toujours prompte et le commandement toujours raisonnable. » Et vers le même temps il écrivait à son fils : « M. de Rost m’a appris que la Champmeslé étoit à l’extrémité, de quoi il me paroît très-affligé ; mais ce qui est le plus affligeant, c’est de quoi il ne se soucie guère apparemment, je veux dire l’obstination avec laquelle cette pauvre malheureuse refuse de renoncer à la comédie, ayant déclaré, à ce qu’on m’a dit, qu’elle trouvoit très-glorieux pour elle de mourir comédienne.

2181. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

En nous tous, pour peu que nous soyons poëtes, et si nous ne le sommes pourtant pas décidément, il existe ou il a existé une certaine fleur de sentiments, de désirs, une certaine rêverie première, qui bientôt s’en va dans les travaux prosaïques, et qui expire dans l’occupation de la vie.

2182. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Biographie : Jean Chapelain (1595-1674), fils d’un notaire, se fit connaître d’abord par la Préface de l’Adone, puis par des Odes, et par son poème épique de la Pucelle, dont les 12 premiers chants parurent en 1656, au bout de vingt ans de travail.

2183. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

La Rochefoucauld a déjà fait ce petit travail ; mais on peut le recommencer ; et il y a mille façons de répéter les mêmes choses en d’autres termes.

2184. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Observez-les à une représentation : à voir ces prétendus dieux s’abaisser au rang de bas farceurs, à les voir conduisant à l’agonie sinistre une malheureuse que son amant forçait, malade, à le chercher sous la neige, à six heures du matin, dans les cabarets de barrière, ils éprouvent une telle satisfaction d’eux-mêmes, de leur budget bien réglé, de leurs femmes bien vêtues et de leurs enfants bien casés par « l’ordre, l’économie et le travail utile », qu’ils s’attendrissent.

2185. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Or, 1º il y a de par le monde, spécialement à Paris, quelques milliers d’intelligences cultivées auxquelles on a appris le goût du travail, de la charité, de la fraternité ; on leur a confié des anecdotes slaves émouvantes, et ils ont entendu ce vers de Voltaire : « J’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage. » Voilà l’éducation de cette élite.

2186. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

La coutume juive exigeait que l’homme voué aux travaux intellectuels apprît un état.

2187. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Cette doctrine qui porte, en Angleterre, le nom générique de « Psychologie de l’Association » (Association-Psychology), dans James Mill n’en est encore qu’à son début ; mais appuyée sur les travaux antérieurs de Hume et de Hartley, elle se présente déjà chez lui sous une forme nette et arrêtée, comme on en va juger.

2188. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Sous ce titre, un écrivain peu connu encore, et que je crois jeune d’après la nature de quelques-unes de ses idées, vient de publier un petit travail assez agréable sur Rabelais, qu’il range dans une espèce de galerie de Légendes françaises.

2189. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Un des commissaires chargés de visiter la jeune princesse au Temple l’a représentée dans son attitude digne, souffrante et appauvrie ; tricotant, assise près de la fenêtre et loin du feu (car elle ne voyait pas assez clair pour son travail près de la cheminée), les mains enflées par le froid et pleines d’engelures (car on ne lui donnait pas assez de bois pour la chauffer à cette distance).

2190. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Dès sa jeunesse, au milieu de ses travaux dramatiques, il avait un livre secret dans lequel il écrivait tout son examen de conscience, ses sujets de confession et de scrupule devant Dieu ; ce registre avait pour titre : Ma grande affaire, c’est-à-dire l’affaire du salut.

2191. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On ne saurait s’étonner qu’il ait mis trente ans de sa vie à ce travail curieux et d’un détail infini, à cette fabrique industrieuse, où la verve ne le soutenait pas.

2192. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

On sait le prix qu’il attachait à ses travaux de naturaliste, de physicien ou de chimiste : dans l’un des entretiens avec Eckermann, il déclare qu’il donnerait tout son œuvre pour sa seule théorie des couleurs qui, depuis, a été reconnue fausse.

2193. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Les travaux de M. 

2194. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Je dois cependant rappeler deux travaux publiés dans la Revue des Deux Mondes : celui de M. 

2195. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Un honnête spectacle est la plus belle éducation qu’on puisse donner à la jeunesse, le plus noble délassement du travail, la meilleure instruction pour tous les ordres de citoyens ; c’est presque la seule manière d’assembler les hommes sociables.

2196. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

C’est le génie qui fait la belle esquisse, et le génie ne se donne pas ; c’est le temps, la patience et le travail qui donnent le beau faire, et le faire peut s’acquérir.

2197. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Mais, malgré les grands progrès qui ont été faits en ce sens, on verra par la suite de ce travail qu’il reste encore de nombreuses survivances du postulat anthropocentrique qui, ici comme ailleurs, barre la route à la science.

2198. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

La parcelle d’univers où nous vivons et que nous n’avons pas faite influe sur nous, et aussi l’entourage immédiat que nous nous sommes donné : notre maison, les objets dont elle est ornée, les ombres habituelles de ses murailles et les clartés de ses fenêtres, le bruit encore avec lequel la vie nous berce, bruit de la rue et de la place, murmure des eaux, murmure du vent, voix d’enfants, voix de femmes, voix chères dont les mots ne parviennent pas toujours à l’oreille, dont l’accent va toujours au cœur, bourdonnement du travail dans l’atelier voisin, silence même de la nuit, où passe l’accord de mille bruits apaisés et confus.

2199. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Quarante ans de gloire ont épuisé les éloges et les attaques ; quarante ans de travail ont offert aux yeux son esprit sous toutes les faces.

2200. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Mais, comme tous ceux qui connaissent toutes les ressources de leur métier, il trouva dans ce surcroît de travail l’occasion de mieux exercer et mesurer sa force. […] Édouard Grenier, assis, dès le matin, à sa table de travail, accumulant pour apaiser les exigences de ses créanciers, les feuillets de ce Cours familier de littérature, où il a enfoui d’admirables pages, trop oubliées. […] Les hommes éminents de l’Université servent l’État et le public à prix réduits moyennant un traitement alimentaire, un grade plus haut dans la Légion d’honneur, parfois un siège à l’Institut, un renom universitaire ou européen, sans autre récompense que le plaisir de travailler d’après leur conscience intime et l’approbation des vingt ou trente personnes compétentes qui, en France ou à l’étranger, sont capables d’apprécier leur travail à sa valeur. […] Voici : Dans le triste cabinet de travail où M.  […] Ses déplacements, ses percées brutales, ses alluvions bousculent, en quelques heures, le travail de dix ans.

2201. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

L’étude est là aussi avec ses ressources sévères, et le travail, précepteur indulgent qui nous réprimande avec douceur malgré son aspect austère. […] Le choix habile du sujet y suffit, ou encore la perfection du travail. […] En lui, nous contemplons toutes les facultés particulières aux hommes des classes moyennes portées à leur plus haut point de développement, la prudence, la modération, l’impartialité, l’esprit de justice, le sens pratique, la foi au travail. […] Un pareil travail, s’il était accompli par un esprit attentif et pénétrant, ne serait inutile, je le crois, ni au moraliste, ni au médecin, ni à l’historien futur des mœurs contemporaines. […] Que la vérité reste entre les mains jalouses des dieux, qui rient de nos efforts pour l’atteindre, je ne les divertirai pas plus longtemps de mes souffrances et de mes travaux : je n’ai jamais eu aucun goût pour les rôles ridicules.

2202. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Mais, avant de se livrer à ces travaux champêtres, il avait guerroyé à côté de Napoléon. […] Félix Bouvier, auteur d’un travail très minutieux et très complet sur Bonaparte en Italie. […] Si une pluie d’été n’eût pas détrempé le sol, mouillé les seigles et attardé les soldats ; des deux côtés, en de vulgaires travaux d’astiquage, l’action eût commencé plus tôt. […] C’est aussi un immense atelier qui vibre et bourdonne comme une ruche en perpétuel travail. […] Chevrillon, si je regarde un Anglais génial, un Shakespeare, un Byron, je risque de réduire mon travail à l’étude d’un cas isolé, tandis que ce médiocre Smith est légion en Angleterre.

2203. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Vainement d’ailleurs… Parfois, quand je suis las de mon travail souterrain, je fais un trou au mur de la cave où je me suis enseveli ; je me redresse ; je regarde du côté de l’aurore. […] Quand ce travail de composition est achevé, je le laisse dormir pendant quelques jours ou même pendant quelques semaines. […] Le présent, ballotté entre les croyances héritées de vos pères et les notions de bien-être et de beauté que lui fournit la science, le présent dominé par les médiocres, le présent en travail d’un avenir radieux semble parfois se retourner avec regret vers les évolutions périmées. […] Je me suis baissé ; je l’ai frictionné ; je lui ai demandé comment il se trouvait là… « Il y a trois jours que je n’ai pas mangé, a-t-il balbutié, j’ai faim, j’ai si faim, — pas de travail. » Et, sans pouvoir en dire plus long, il est mort entre mes bras… Un de plus qui va errer dans les Limbes en criant justice. […] Au travail !

2204. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

C’est bien Alfred de Vigny dans un salon, à vingt-cinq ans ; le poète s’adresse en idée aux belles danseuses : Dansez, et couronnez de fleurs vos fronts d’albâtre Liez au blanc muguet l’hyacinthe bleuâtre, Et que vos pas moelleux, délices de l’amant, Sur le chêne poli glissent légèrement ; Dansez, car dès demain vos mères exigeantes A vos jeunes travaux vous diront négligentes ; L’aiguille détestée aura fui de vos doigts, Ou, de la mélodie interrompant les lois, Sur l’instrument mobile, harmonieux ivoire, Vos mains auront perdu la touche blanche et noire ; Demain, sous l’humble habit du jour laborieux, Un livre, sans plaisir, fatiguera vos yeux… Que ceux qui tiennent à étudier les nuances poétiques et les progressions fugitives du goût relisent tout le morceau ; ils y verront, dans le plus gracieux exemple, cette poésie choisie, élégante, mais de transition, qui cherchait à s’insinuer dans la vie, dans les sentiments et les mœurs du jour, en évitant toutefois le mot propre : poésie des Soumet, des Pichald, des Guiraud, de ceux qui louvoyaient encore. […] On n’a qu’à lire, si l’on en doutait, la préface qu’il mit au drame de Chatterton, et qui a pour titre : Dernière nuit de travail. — Du 29 au 30 juin 1834.

2205. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il n’est point de lecteur, au reste, qui n’ait lieu d’être amplement satisfait d’un travail si plein, si net, et où l’on est à tout moment dans le vif. […] J’avais déjà fait mon premier travail, lorsque, averti d’une publication si curieuse en soi et qui l’était pour moi en particulier, j’ai lu la totalité de ces lettres.

2206. (1929) Dialogues critiques

Pierre Quelle infamie que cet impôt sur le revenu, qui frappe durement le travail, et le plus sacré de tous ! […] Paul Dieu sait s’il y en a eu, un peu partout, excepté sur la Côte d’Azur, où il y avait des moustiques… Et peut-on connaître le sujet de votre grand travail ?

2207. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Je regardais de temps en temps la figure imaginaire et je me mettais à peindre ; je suspendais mon travail pour examiner la pose, absolument comme si l’original eût été devant moi. […] « On sait que les personnes qui se servent habituellement du microscope voient quelquefois reparaître spontanément, plusieurs heures après qu’elles ont quitté leur travail, un objet qu’elles ont examiné très longtemps. » M. 

2208. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

. —  Selon la longueur des jours qui lui sont accordés, —  la fleur s’épanouit à sa place, —  s’épanouit et se flétrit et tombe, et n’a point de travail, —  solidement enracinée dans le sol fertile. […] Ils exagèrent leur travail et leur dépense, leurs besoins et leurs efforts.

2209. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

IV Un de ces hommes d’élite littéraire, mais trop modestes, qui font pendant toute une vie d’études le travail pour ainsi dire souterrain de la pensée de leur siècle, hommes de silence qui ne demandent rien au bruit, tout au mérite, M.  […] Ce tableau repose les yeux par le contraste de la douce ignorance du peuple, qui ne souffre que du travail, avec les philosophes, qui souffrent de la pensée.

2210. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

La tragédie ainsi développée, lorsqu’il ne reste plus au poète d’autre souci que de la versifier à son aise, et de distinguer le plomb de l’or, l’inquiétude que communique à l’esprit le travail des vers et cette passion de l’éloquence, si difficile à satisfaire, ne sauraient nuire en rien au transport et à l’enthousiasme qu’il faut aveuglément suivre dès que l’on veut concevoir et créer une œuvre terrible et passionnée. […] Un matin, Mme Orlandini vint déjeuner chez la comtesse et lui proposa, en sortant de table, d’aller faire une visite au couvent des Dames-Blanches (le Bianchette), pour y admirer certains travaux d’aiguille, véritables merveilles d’élégance.

2211. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

C’est un chaos sans doute, mais un chaos en travail la poésie antérieure n’était qu’un sommeil. […] C’est parce qu’on en sent le premier travail dans le Roman de la Rose, que ce poëme méritera toujours d’ouvrir l’histoire de notre poésie, dont il présente le premier les véritables caractères.

2212. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

On comprendra que pour un chef-d’œuvre tel que l’Iphigénie en Aulide de Gluck, il se soit fait envoyer de Paris la partition dans son édition originale, et que, rejetant les travaux de ses devanciers et même de Spontini, il ait établi une version allemande qui produisit sur le public l’impression d’une œuvre nouvelle (V, 149, etc.). […] Le travail du traducteur est donc tout différent de nos jours.

2213. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

L’Asie, en travail d’extermination, accouchait quatre années après d’une monstrueuse armée qu’on eût dit sortie des vomitoires de Babel. […] Des travaux gigantesques frayaient les voies de ce monde en marche.

2214. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

La connaissance est, ou purement logique, quand elle se ramène à un travail abstrait de la pensée sur elle-même ; ou scientifique, quand elle est un travail de la pensée sur les phénomènes réels ; ou philosophique et métaphysique, quand elle est une spéculation de la pensée sur le fond dernier des réalités.

2215. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Dans le roman où se dessine cette héroïne d’une si chaude vie, on peut suivre le même travail minutieux de représentation par un grand nombre d’incidents sur tous les personnages de premier plan ; toute une période de leur vie nous est donnée en d’innombrables instants pour Wronsky l’homme moderne du bel air, élégant, un peu lourd d’esprit ; mais noble, constant, délicat, digne d’être aimé, et se haussant parfois à de grandes idées humaines étrangères à sa caste, comme pour Lévine plus fruste, plus simple et plus profond et dépeint de ses occupations de gentilhomme campagnard à ses angoissantes préoccupations sur le but et le sens de la vie. […] Comme Lévine, il a rencontré sur sa route un pauvre d’esprit dont les paroles ont retenti dans son cœur, comme une voix intérieure, et ce Slave dont l’âme violentée et repoussée par les durs dogmes de la science occidentale, demandait au monde plus de bonté qu’il n’en contient, cet aristocrate, cet homme de fortune, ce grand écrivain s’est retiré à la campagne, écrit des contes pour les moujiks, s’adonne à des travaux manuels, fait des souliers et raccommode des poêles, donne son bien en aumône, prêche la vie populaire, le refus du serment, le pardon des injures, l’union avec une seule femme, interdit le divorce, le service militaire, la violence, la résistance aux méchants, les injures et menace de fonder une nouvelle secte de gens scrupuleux et troublés dont il sera le patriarche, devenu aujourd’hui un grand vieillard de soixante ans, les cheveux longs rejetés en arrière du front creusé de profondes rides, au-dessus des yeux plus caves, mais fermes, inébranlablement fermes, les joues creuses autour du large nez et ployant sur de massives pommettes, la bouche droite, saillante et close, au milieu d’une longue barbe blanche tombant sur de larges épaules, l’air vénérable et sûr, de la certitude de ceux qui ont cru à jamais ; l’air noble et d’une joie austère, de la joie de ceux qui sont affermis dans leur foi.

2216. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Dieu s’est réservé le pouvoir de créer ; mais il a communiqué aux grands hommes ce second trait de sa toute-puissance, de mettre l’unité dans le nombre et l’harmonie dans la confusion. » XXIX Je ne peux quitter ce beau travail d’un esprit aussi philosophique que tolérant sans déplorer la mort précoce qui brisa la plume dans la main de ce jeune disciple du Dante. […] Je sais que j’ai une femme jeune et bien aimée, une charmante enfant, d’excellents frères, une seconde mère, beaucoup d’amis, une carrière honorable, des travaux conduits précisément au point où ils pouvaient servir de fondement à un ouvrage longtemps rêvé.

2217. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

» Nous nous servons, pour la traduction de cette élégie tragique, du travail de M. Artaud, retouché et modifié par notre propre travail.

2218. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Fais cependant, ô Vénus, que les fureurs de la guerre cessent sur les terres, sur les mers, sur l’univers entier ; car c’est toi seule qui peux donner la paix aux mortels ; car c’est sur ton sein que le terrible dieu des batailles vient respirer de ses travaux ; c’est dans tes bras qu’il se rejette et qu’il est retenu par la blessure d’un trait éternel. […] C’est dans ce siècle et sous ce règne que la nation épuisée ne forme aucune grande entreprise, aucuns grands travaux, rien qui soutienne les esprits et élève les âmes.

2219. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

L’imagination du rêveur, isolée du monde externe, reproduit sur de simples images et parodie à sa manière le travail qui se poursuit sans cesse, sur des idées, dans les régions plus profondes de la vie intellectuelle. […] Notre travail était entièrement terminé quand nous avons lu dans la Critique philosophique (années 1883 et 1884) une bien remarquable réfutation, par M. 

2220. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

L’auteur a ingénieusement construit cette notice avec les paroles mêmes, autant que possible, avec les expressions et les mots du prince : dans ce travail M. de Reiffenberg, à qui l’on a pu reprocher quelquefois des légèretés et des rapidités comme érudit, s’est montré de la plus agréable et de la plus française littérature.

2221. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Voici le début de son 4e livre par lequel il se remettait, après quelque interruption, au travail.

2222. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Dans les lettres qu’il écrit au fils du duc de Chevreuse, au duc de Chaulnes, qui s’appelait d’abord le vidame d’Amiens, Fénelon retrouve à dire une partie des mêmes choses ; car il paraît que le fils tenait de son père ce goût de travail renfermé, d’études à l’infini et d’occupations dans le cabinet.

2223. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Poujoulat : l’auteur l’aurait désiré peut-être, et certes il le méritait pour son utile et consciencieux travail.

2224. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Léon Feugère a également rencontré d’Aubigné dans ses consciencieux travaux sur les prosateurs du xvie  siècle, et s’est arrêté devant lui avec complaisance.

2225. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

. — Le roi veut que dans tout son royaume on fasse fondre et porter à la Monnaie toute l’argenterie qui servait dans les chambres, comme miroirs, chenets, girandoles, et toutes sortes de vases ; et pour en donner l’exemple, il fait fondre toute sa belle argenterie, malgré la richesse du travail, fait fondre même les filigranes ; les toilettes de toutes les dames seront fondues aussi, sans en excepter celle de Mme la Dauphine.

2226. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

C’est un travail des plus estimables, qui mérite l’attention et les conseils de la critique, et dont elle peut elle-même profiter.

2227. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

, non seulement un homme de grand savoir (ce qu’il était), mais d’un savoir bien digéré et élaboré (ce qu’il n’était guère), d’une critique saine et sûre et scrupuleuse (ce qu’il était encore moins) ; on en a fait même un homme de goût (il était précisément le contraire), et presque un écrivain léger et élégant ; et ce que je n’admire pas moins, c’est qu’à ce prompt travail de métamorphose ont tous concouru à l’envi, par indifférence, par entraînement, par complaisance, par égard pour une veuve éplorée et attentive, pour un fils qui avait sa carrière à faire, ceux-là précisément qui savaient le mieux comme quoi tout cela n’était pas. — Je n’ai aucune raison aujourd’hui pour ne pas mettre le nom ; Pancirole, c’est M. 

2228. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Et de plus, quelque chose de l’âme de ceux qu’il expose, et dont il nous exprime les œuvres et la vie, semble le soutenir jusque dans ce travail assez ingrat d’annotateur.

2229. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Ubicini, qui s’est fait connaître avec distinction dans les dernières années par des études et des travaux d’un ordre différent, avait de longue main fréquenté Voiture et noué une étroite connaissance avec lui ; il avait préparé les matériaux de l’édition qu’il vient de donner, et il l’a fait précéder d’une notice vive, spirituelle, dans laquelle il juge son auteur avec goût, sans l’exagérer et sans en être ébloui, et d’un ton tout à fait aisé.

2230. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Saint-Évremont, en regrettant que M. de Rohan n’ait pas pénétré plus avant dans les desseins de César, et mieux expliqué les ressorts de sa conduite, avoue pourtant « qu’il a égalé la pénétration de Machiavel dans les remarques qu’il a faites sur la clémence de César, aux guerres civiles. « On voit, dit-il, que sa propre expérience en ces sortes de guerres lui a fourni beaucoup de lumières pour ces judicieuses observations. » Rohan, dans ce travail sur les guerres des Gaules et sur l’ancienne milice, paraît un homme fort instruit ; il n’y a plus trace de ces premières inadvertances qu’on a tant relevées dans son premier voyage de 1600, lorsqu’il y faisait Cicéron auteur des Pandectes, comme il aurait dit des Tusculanes.

2231. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Un peu d’application et d’étude suffit pourtant bientôt pour dissiper ou pour réduire la plupart de ces fausses vues et de ces objections exagérées à distance : à le considérer de près, dans ses actes et dans ses Œuvres, on reconnaît qu’avec ses défauts et ses taches Frédéric est de la race des plus grands hommes, héroïque par le caractère, par la volonté, supérieur au sort, infatigable de travail, donnant à chaque chose sa proportion, ferme, pratique, sensé, ardent jusqu’à sa dernière heure, et sachant entremêler à son soin jaloux pour les intérêts de l’État un véritable et très sincère esprit de philosophie, des intervalles charmants de conversation, de culture grave et d’humanité ornée.

2232. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

ce pauvre Charles qui l’aime, et que par moments elle voudrait tâcher d’aimer, n’a pas l’esprit de la comprendre, de la deviner ; s’il était ambitieux du moins, s’il se souciait d’être distingué dans son art, de s’élever par l’étude, par le travail, de rendre son nom honoré, considéré ; mais rien : il n’a ni ambition, ni curiosité, aucun des mobiles qui font qu’on sort de son cercle, qu’on marche en avant, et qu’une femme est fière devant tous du nom qu’elle porte.

2233. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Et cependant, toi, l’ami et l’élève éclairé des sciences ; toi, mon ami, tu cherches avec plus d’ardeur à te faire confondre dans la foule des grands d’un petit État, qu’à obtenir par tes travaux l’estime et l’amitié des véritables grands de la terre !

2234. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Tout en se livrant à son travail, ils’attend, dit-il, à de nouvelles calomnies, à de nouvelles persécutions ; il en a besoin ; il a, si je puis dire, la sensation intellectuelle ardente.

2235. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Un certain oncle Bouvet, personnage un peu solennel, le lui prédisait dès 1804, en lui rappelant l’exemple des hommes de talent qui s’étaient formés d’eux-mêmes : « La mesure de votre gloire sera celle des difficultés que vous aurez vaincues ; j’aime à me le persuader et vous attends impatiemment au but. » Un second point qui me frappe dans ce commencement de la Correspondance et qui a été contesté cependant, c’est la gaîté, une gaîté entremêlée de réflexion, de travail, de méditation même ; mais je maintiens la gaîté.

2236. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Ceux même qui, tout en lui accordant beaucoup, mesuraient leur suffrage, ne furent pas des derniers à sentir quelle perte c’était pour la littérature que celle de ce talent jeune, déjà maître en bien des parties, et qui, sur le reste, était en travail, en effort constant et en progrès.

2237. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Le travail de la cabale continuait, et la camarera-mayor avait, depuis Burgos, imprimé de plus en plus dans l’esprit du roi cette idée que « la reine étant une personne jeune et vive, élevée dans les manières libres de France, entièrement opposées à la sévérité d’Espagne », il convenait de redoubler les formalités et de bien établir au début les barrières.

2238. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Qu’était-ce donc que cette tyrannie de vertiges, sous laquelle vécut Louis XIV et dont il se plaignait à de certains intervalles, qu’on croyait à jamais dissipée, puis qui reparaissait tout à coup, et particulièrement sous l’influence du travail et de la contention d’esprit, ou des contrariétés et des chagrins, quand arriva l’heure des chagrins et des mécomptes ?

2239. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Jean-Jacques Rousseau, qu’on cite toujours comme exemple de faiseur d’utopies politiques, ne s’est pas trompé lorsqu’il a tant de fois décrit, appelé de ses vœux et deviné à l’avance cette classe moyenne de plus en plus élargie, vivant dans le travail et dans l’aisance, dans des rapports de famille heureux et simples, dans des idées saines, non superstitieuses, non subversives, ce monde qui fait penser à celui de Julie de Wolmar et de ses aimables amies, et dont les riantes demeures partout répandues, dont les maisons « aux contrevents verts » peuplent les alentours de notre grande ville et nos provinces.

2240. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Rousset dans une page excellente, il y a, pour les productions de la terre, des procédés artificiels qui peuvent hâter ou même suppléer le travail de la nature.

2241. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

N’ayant jamais été mis en demeure d’en triompher parle travail, il s’y était totalement livré.

2242. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Guizot se prononce décisivement en faveur de celles-ci : « Pour moi, dit-il, arrivé au terme d’une longue vie pleine de travail, de réflexions et d’épreuves, d’épreuves dans la pensée comme dans l’action, je demeure convaincu que les dogmes chrétiens sont les légitimes et efficaces solutions des problèmes religieux naturels que l’homme porte en lui-même, et auxquels il ne saurait échapper. » L’auteur, ou plutôt le penseur chrétien, ne s’arrête point, dans les Méditations qu’il nous offre aujourd’hui, à ce qui divise entre eux les chrétiens des diverses communions ; il ne s’attache en ce moment qu’aux dogmes fondamentaux dont la suite exacte et l’enchaînement satisfait aux doutes qui agitent l’âme humaine, dès qu’elle se recueille et s’interroge à la manière de Pascal.

2243. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

En histoire, nous avons eu un travail analogue à faire pour en venir à une large et juste idée de Napoléon.

2244. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Toute femme m’agrée… Ennemi déclaré de ce qu’il appelle l’honneur, c’est-à-dire de la délicatesse, préférant comme d’Aubigné l’estre au parestre, il se contente d’un amour facile et de peu de défense : Aymer en trop haut lieu une dame hautaine, C’est aymer en souci le travail et la peine, C’est nourrir son amour de respect et de soin.

2245. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Elle marque le degré de considération auquel chaque individu s’est élevé ; et ; sous ce rapport, elle dispense le prix, objet des travaux de toute la vie.

2246. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Marie-Antoinette, dans son cher Trianon, en robe de linon, en fichu de bergère, vaque aux travaux de sa laiterie, de sa bergerie.

2247. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Le vol, la cupidité, l’ambition et tous les vices qui en dérivent y sont inconnus, puisque la terre y nourrit les hommes sans travail et que la concurrence pour la vie ne s’y conçoit même pas.

2248. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

En France, les expériences du colonel de Rochas, les travaux d’Édouard Schuré, de Flammarion…, achèvent d’orienter les recherches vers les manifestations de l’Au-delà et de porter des coups redoublés à la doctrine du matérialisme officiel.

2249. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Baudelaire nous confie qu’il ne s’asseyait jamais à sa table de travail sans angoisse et Mallarmé voit, comme lui, dans la page blanche « un ennemi redoutable à terrasser ».

2250. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Rien ne se ressemble plus que le syncrétisme et la synthèse ; rien n’est plus divers : car la synthèse conserve virtuellement dans son sein tout le travail analytique ; elle le suppose et s’y appuie.

2251. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

L’homme contribue à l’opérer par son travail, et de la sorte il modifie lui-même les conditions où ses descendants vont se développer.

2252. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

L’Académie des inscriptions a reconnu ce mérite solide et modeste en décernant à Mlle Dupont la première médaille dans la série des travaux concernant les antiquités de la France.

2253. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Indépendamment de la Société de médecine, n’oublions pas qu’on avait encore, sous l’Ancien Régime, l’Académie de chirurgie, plus anciennement fondée (1733) et très illustre par les noms et les travaux de ses membres.

2254. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Le Roux de Lincy qui est chargé de ce travail, et à qui l’on devra cette édition vraiment première et originale.

2255. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Ne négligeant aucun genre d’instruction, je tâchais de me mettre au fait des travaux champêtres et de ceux du jardinage ; j’allais voir faire le cidre ; j’allais aussi visiter tous les ouvriers du village lorsqu’ils travaillaient, le menuisier, le tisserand, le vannier, etc.

2256. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Mais, dans ce portrait du Napoléon de 1812, M. de Lamartine s’est trop abandonné à son nouveau style de prose, dans lequel il entre plus de Balzac que de Tacite, je parle de Balzac le romancier : L’Empire l’avait vieilli avant le temps, dit l’historien : l’ambition satisfaite, l’orgueil assouvi, les délices des palais, la table exquise, la couche molle, les épouses jeunes, les maîtresses complaisantes, les longues veilles, les insomnies partagées entre le travail et les fêtes, l’habitude du cheval qui épaissit le corps (tout ceci joue le Tacite), avaient alourdi ses membres et amolli ses sens.

2257. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

M. de Hardenberg, ministre de Prusse, ayant persisté à le consulter, tandis qu’il participait dans le même temps aux négociations de la paix de Bâle à laquelle Mallet était directement opposé, ce dernier le prit fort mal ; il interrompit un travail devenu dérisoire dans cette nouvelle conjoncture : « Dans cet état de choses, écrivait-il à M. de Hardenberg, toute lettre de ma part devenait un acte d’importunité, une indécence et un contresens. » Ayant été mêlé en 1794 dans un projet de conciliation qu’offraient aux princes émigrés les constitutionnels de la nuance de MM. de Lameth, et ne s’y étant prêté qu’avec une extrême réserve, Mallet du Pan apprit qu’on en jasait pourtant dans l’armée de Condé, et il reçut de l’envoyé anglais en Suisse, M. 

2258. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie.

2259. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Aujourd’hui, s’ils ont cessé d’être professeurs titulaires, eux qui depuis longtemps n’étaient qu’honoraires en effet, ces trois hommes célèbres sont loin d’avoir renoncé aux lettres et aux travaux de l’esprit, et c’est ici, sous cette forme nouvelle, que j’aime à leur rendre hommage et à signaler tout ce qu’ils produisent, tout ce qu’on peut attendre d’eux encore.

2260. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Il est probable qu’épuisé par le travail et les veilles, il usa le reste de sa vie dans ses efforts pour montrer un front serein à sa cour.

2261. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Si le pain est cher, c’est la faute du pouvoir ; c’est sa faute si les fleuves débordent, si la grêle détruit les moissons, si l’ouvrier n’a pas de travail, si la terre enfin n’est pas un paradis.

2262. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Dès les premiers jours, forts de la vérité de l’instinct lyrique, nous avons dit que les travaux de laboratoire donneraient raison à nos théories, et l’on ne peut que savoir gré à Robert de Souza de son application à en essayer la laborieuse confirmation.

2263. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Le poète est donc quelquefois mêlé d’un critique dont l’office est d’abord de démêler ce que veut le poète et de l’avertir de ce qu’il veut — « ce que tu veux obscurément, le voici clairement ; tu veux ceci » — dont l’office est ensuite de surveiller le travail de l’artiste et de l’avertir qu’il ne fait pas ce qu’il veut et ce qu’il a voulu.

2264. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

La formidable agitation de toute notre humanité en travail ne lui apparaît que comme un cauchemar en pleines ténèbres.

2265. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

. — Il sera procédé aux mesures prescrites par les titres ii et suivants de la loi du 3 mai 1841 aussitôt après la promulgation de la présente loi. » Après cette consécration définitive de « l’exvoto de la France », le terrain fut acheté, le plan choisi au concours, et les travaux commencèrent.

2266. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Cousin avait examiné devant lui l’origine des idées et quelques points de psychologie : c’en fut assez ; sorti de l’école, il se mit au travail, « dévoré de l’ardeur de la science, de la foi en lui-même », jetant les livres, trouvant la psychologie à mesure qu’il l’enseignait.

2267. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Quoi qu’il en soit, et quoi qu’il arrive, aujourd’hui tout homme un peu versé dans l’histoire prévoit l’effet de son travail.

2268. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Sans appartenir à l’ordre des travaux purement scientifiques de Gaston Paris, réservés pour un autre recueil, ces deux essais diffèrent des précédents en ceci que la discussion y tient plus de place, et que les références y sont indiquées au bas des pages. […] On voudrait quelle répondit aussi complètement que possible aux habitudes de sévérité pour ses propres ouvrages par lesquelles l’auteur s’était attiré le respect ; et d’autre part ce respect même leur interdit de toucher ou de laisser toucher, si légèrement que ce soit, au travail qu’il a laissé. […] Charles aura, non pas construit, mais restauré la voie romaine, et les termes dont se sert notre auteur font croire qu’il avait rappelé ce travail dans une inscription gravée sur la croix. […] L’entrée est tellement obstruée qu’il faudrait d’assez longs travaux pour la dégager. […] Dans une note de cette publication, il cite les travaux antérieurs, entre lesquels les excellentes études de M. 

2269. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Un jour, Delany, son biographe, l’ayant trouvé qui causait avec l’archevêque King, vit l’archevêque en larmes, et Swift qui s’enfuyait le visage bouleversé. « Vous venez de voir, dit le prélat, le plus malheureux homme de la terre ; mais sur la cause de son malheur, vous ne devez jamais faire une question. » Esther Johnson mourut ; quelles furent les angoisses de Swift, de quels spectres il fut poursuivi, dans quelles horreurs le souvenir de deux femmes minées lentement et tuées par sa faute le plongea et l’enchaîna, rien que sa fin peut le dire. « Il est temps pour moi d’en finir avec le monde… ; mais je mourrai ici dans la rage comme un rat empoisonné dans son trou965… » L’excès du travail et des émotions l’avait rendu malade dès sa jeunesse : il avait des vertiges ; il n’entendait plus. […] J’entreprends donc ce travail de meilleur cœur, étant sûr de ne point le mettre en colère et de ne blesser en aucune façon sa réputation : comble de bonheur et de sécurité qui appartient à Son Excellence, et que nul philosophe avant lui n’a pu atteindre. —  Thomas, comte de Wharton, lord-lieutenant d’Irlande, par la force étonnante de sa constitution, a depuis quelques années dépassé l’âge critique, sans que la vieillesse ait laissé de traces visibles sur son corps ou sur son esprit, quoiqu’il se soit prostitué toute la vie aux vices qui ordinairement usent l’un et l’autre. […] Et quant aux jeunes journaliers, leur état donne des espérances pareilles : ils ne peuvent trouver d’ouvrage, et par conséquent languissent par défaut de nourriture, tellement que si en quelques occasions on les loue par hasard comme manœuvres, ils n’ont pas la force d’achever leur travail.

2270. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

L’objet des mathématiques n’est pas la satisfaction d’une curiosité oisive, mais l’invention de machines propres à alléger le travail de l’homme, à augmenter sa puissance à dompter la nature, à rendre la vie plus sûre, plus commode et plus heureuse. […] L’objet de toute recherche et de toute étude est de diminuer la douleur, d’augmenter le bien-être, d’améliorer la condition de l’homme ; les lois théoriques ne valent que par leurs usages pratiques ; les travaux du laboratoire et du cabinet ne reçoivent leur sanction et leur prix que par l’emploi qu’en font les ateliers et les usines ; l’arbre de la science ne doit s’estimer que par ses fruits. […] Il avait engagé Parr à suspendre les travaux qu’il poursuivait dans la sombre et profonde mine d’où il avait tiré un si vaste trésor d’érudition, trésor trop souvent enseveli dans la terre, trop souvent étalé avec ostentation, sans jugement et sans goût, mais cependant précieux, massif et splendide.

2271. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

On peut dire que tout le travail qui est fait dans les éditions critiques successives d’un même ouvrage, par le collationnement du texte avec le manuscrit, quand celui-ci se retrouve, ou simplement par la comparaison des différentes « leçons » des principales éditions, que tout cet immense appareil savant de contrôle a pour but essentiel de résister à la déformation systématique que les familles, les amis, les éditeurs font subir aux œuvres des grands écrivains. […] Hommes publics, ils travaillent pour le domaine public, et c’est par une sorte de tolérance inexplicable que (notez-le bien, pendant une très courte période historique), on les laisse profiter de leur vivant du fruit de ce travail. […] Il a pour but : 1° De favoriser par des allocations, des récompenses, des bourses de voyage, des acquisitions d’ouvrages ou par tous autres moyens, les travaux des écrivains, des savants et des artistes.

2272. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et le travail de différenciation ne va plus s’interrompre. […] Mais tout de même que la santé du corps, que l’on croit être un don de la nature, n’est à vrai dire que le résultat d’une hygiène, et, par conséquent, d’un « travail » approprié, il ne suffit pas non plus d’abandonner le corps social à lui-même pour qu’il trouve son point d’équilibre, et il faut que chacun de nous travaille de sa personne à le rétablir constamment. […] Les chœurs ; et dans Porcie : Description des Enfers, v.  45-66 ; Description des âges de l’humanité, v. 725 et suiv. ; Les travaux d’Hercule, v. 1076-1110]. — Abondance des traductions. — Influence de Sénèque. — Tragédies grecques : Hippolyte, Antigone et La Troade ; — Comment, dans cette dernière pièce, Garnier fond ensemble l’Hercule d’Euripide, ses Troyennes, et les Troyennes de Sénèque, — — Analyse d’Hippolyte. — Effort sensible du poète vers la psychologie [Cf. 

2273. (1902) Propos littéraires. Première série

Il faut faire les travaux d’approche… — Alors, aller voir ces messieurs, les membres de la Congrégation de l’Index, les cardinaux ? […] Elle n’est pas un organisme inférieur, puisqu’on lui découvre une spécialisation des organes, des appareils compliqués de nutrition, circulation, mouvement, bref une merveilleuse division du travail physiologique. […] La société antique était un fort bel animal, bien constitué, avec spécialisation des organes et division du travail physiologique. […] L’animal est encore supérieur. — La tendance moderne est de ramener l’animal social à un degré très inférieur, en supprimant la spécialisation des organes, en supprimant la division du travail physiologique. […] « Il travaille, et par la division nécessaire du travail les produits de son activité profitent à d’autres, comme les produits du travail d’autrui sont indispensables à la satisfaction de ses besoins. » — Solidarité.

2274. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

En tout cas, il a goûté la misère et senti, non en imagination, mais de sa personne, les pointes aiguës de l’anxiété, de l’humiliation, du dégoût, du travail forcé, du discrédit public, du despotisme populaire. […] » C’est que ni la gloire, ni même le travail ou l’invention, ne suffisent à ces âmes véhémentes ; l’amour seul peut les combler, parce qu’avec leurs sens et leur cœur il contente aussi leur cerveau, et que toutes les puissances de l’homme, l’imagination comme le reste, trouvent en lui leur concentration et leur emploi. « L’amour est mon péché204 », disait-il, comme Musset et comme Heine, et dans les Sonnets on démêle encore les traces d’autres passions aussi abandonnées, une surtout qui semble pour une grande dame. […] Un homme n’arrive qu’à l’aisance par le travail qu’il fait lui-même ; s’il parvient à la richesse, c’est par le travail qu’il fait faire aux autres.

2275. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Dans son œuvre, rien qui sente l’effort volontaire le travail ; sa poésie est spontanée, jaillissante. […] Un poète, c’est un monsieur qui est dans son cabinet de travail, qui met du noir sur du blanc, qui écrit des lignes et qui fait des ratures. […] Dans un siècle d’histoire, de critique, d’informations précises, nous avons assisté au même travail de création légendaire qui s’était formée jadis autour des noms de Charlemagne et de Roland. […] Le père d’Alfred de Musset s’était occupé de travaux littéraires sur l’époque de la fin du xviiie  siècle, et dans les conversations, à chaque instant, Musset avait entendu parler des gens, des hommes, des choses du xviiie  siècle.

2276. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Dans la société nouvelle, nous apporterons, nous le peuple, l’amour de la justice et du droit, le travail, les vertus civiques. […] je ne sais, et il faudrait beaucoup d’attention et de travail pour le démêler. […] Et si, en le lisant, nous savons entrer dans l’artifice délicat de son travail, nous pouvons participer de son innocence. […] Alors, j’ai mis des cordes neuves, et j’ai voulu célébrer les travaux d’Héraclès ; ma lyre chantait toujours la même chanson. […] Mais d’aller au théâtre, c’est tout un travail.

2277. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il n’y a ni pauvreté, ni travaux, ni respect humain qui le dispensent de nourrir ses enfants et de les élever lui-même. […] Il machine, avec la complicité du jardinier, tout un petit drame pour apprendre à Émile que le travail est le fondement de la propriété […] Il est paresseux, qu’il reste sans travail : l’ennui de soi-même l’y ramènera. […] L’utilité de l’éducation, sinon son objet même, c’est précisément de dispenser l’enfant de refaire tout le travail des pères : et voilà que Rousseau prétend l’obliger à refaire lui-même ce travail. […] Si l’éducation d’un seul petit bonhomme veut cette abnégation totale et ce travail herculéen de dix années, l’abbé M… n’a qu’à y renoncer.

2278. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

On juge si le travail auquel s’est livré M.  […] *** Il m’arrive de Belgique (et extrait de l’excellente Revue de Belgique) un très intéressant travail sur le rôle de Trissotin dans les Femmes savantes. Ce travail, extrêmement bien fait, est de M.  […] On oublie que si l’âme d’Alceste est secouée à ce moment d’une façon plus violente, elle n’a cessé, auparavant, d’être une âme en travail qui cherche ses pentes et sa destination, et, après bien des flottements, tantôt avançant et tantôt reculant, mais toujours agitée, violente et bouillante, finit par se jeter au gouffre qui, depuis longtemps, l’attendait. […] Voilà qui est pour ravir l’auteur du Travail du style enseigné par les corrections des grands écrivains.

2279. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Mézeray, qui venait de publier ce travail considérable, et de qui la réputation était faite, passe pour avoir été un Frondeur des plus actifs.

2280. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Combien de fois ces jours derniers, en lisant cette suite de pensées et d’excursions du prince de Ligne sur les jardins, en comparant l’édition de 1781 avec celle de 1795 des Œuvres complètes, et y voyant des différences sans nombre et sans motif explicable, j’ai souhaité que, pour ce travail comme pour le reste de ces Œuvres, un homme d’attention et de goût (non pas un éditeur empressé et indifférent) pût faire un choix diligent et curieux qui ferait valoir tant d’heureux passages !

2281. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Un de ses amis, dans une préface ou avis au lecteur, le loue emphatiquement de ce travail d’ordonnance et de prétendue élégance, et estime qu’il n’a pas moins de mérite que le premier compositeur, par la raison « que ce n’est moindre louange de bien polir un diamant ou autre pierre fine, que de la trouver toute brute ».

2282. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Ce dernier, dans sa conclusion, a dit avec un bon sens élevé qui l’honore : Enfin je ne puis lire les ouvrages de ce grand homme sans me dire à moi-même (en y désirant quelquefois, j’oserai l’avouer avec respect, plus d’élan à sa sensibilité, plus d’ardeur à son génie, plus de ce feu sacré qui embrasait l’âme de Bossuet, surtout plus d’éclat et de souplesse à son imagination) : Voilà donc, si l’on ajoute ce beau idéal, jusqu’où le génie de la chaire peut s’élever quand il est fécondé et soutenu par un travail immense !

2283. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

s’écriait-il aussitôt ; son air charmant et majestueux se répand sur toutes ses actions ; sa maison royale emprunte quelques rayons de sa gloire ; son âge est mûr et parfait ; le travail infatigable lui est devenu naturel… Son amour extrême pour nous sacrifie toutes ses veilles à notre repos, et s’il abrège et méprise le temps du sommeil, c’est parce qu’il le passe sans nous… Ne vous étonnez pas, messieurs, du zèle de ce discours : chaque mot est un trait de flamme… Cela paraissait ridicule, dit de ce ton, même alors, — surtout alors62.

2284. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Au risque de démentir ses propres conseils de tout à l’heure, il dira à Mirabeau : Il n’est pas facile de changer son cœur, mais il est encore plus difficile de détourner le cours rapide et puissant des choses humaines ; c’est donc principalement sur nous que nous devons travailler, et la véritable grandeur se trouve dans ce travail.

2285. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Champfleury, scrupuleusement composé, est un complément indispensable aux travaux de MM. 

2286. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il est possible que Filleau de Saint-Martin, qui était en relation avec ces messieurs, les ait consultés sur quelques parties de son travail.

2287. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Un jour que Jules Sandeau revenait de son pays natal où il avait assisté à une perte cruelle, à la mort d’une sœur, Balzac le revoyant et après les premières questions sur sa famille, lui dit tout à coup comme en se ravisant : « Allons, assez de raisonnement comme cela, revenons aux choses sérieuses. » Il s’agissait de se remettre au travail et, je le crois, au Père Goriot.

2288. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

En sortant de mon lit, je m’occupe de mon enfant et de mon mari ; je fais lire l’un, je donne à déjeuner à tous deux, puis je les laisse ensemble au Cabinet, ou seulement la petite avec la bonne quand le papa est absent, et je vais examiner les affaires de ménage, de la cave au grenier ; les fruits, le vin, le linge et autres détails fournissent chaque jour à quelque sollicitude ; s’il me reste du temps avant le dîner (et notez qu’on dîne à midi, et qu’il faut être alors un peu débarbouillée, parce qu’on est exposé à avoir du monde que la maman aime à inviter), je le passe au cabinet, aux travaux que j’ai toujours partagés avec mon bon ami.

2289. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Sa modeste parure n’ôtait rien à ses grâces, et quoique ses travaux fussent d’un homme, elle ornait son mérite de tous les charmes extérieurs de son sexe.

2290. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Les dames de la bande, des protestantes bien entendu, se sont hasardées après quelque hésitation à sonner à la porte du couvent ; elles se présentent comme pour faire des emplettes (on sait que les religieuses occupent leurs loisirs à mille petits travaux et à des objets de dévotion qui se vendent au profit de la communauté ou au profit des pauvres) : on fait monter les dames au premier étage.

2291. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Il discute, contrôle, chemine pas à pas, oppose témoignage à témoignage ; il construit autour de l’œuvre dont il fait le siège une suite d’excellents et solides chapitres comme autant de forts avancés qui la brident et qui l’entament ; il ne cesse, dans tout ce travail, de faire acte de bon et judicieux esprit, qui ne se laisse éblouir à aucun instant et qui ne s’écarte jamais des méthodes sévères.

2292. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

On peut même dire que pour un grand nombre d’esprits, et de bons esprits, la question d’authenticité ou de non-authenticité qui a été soulevée pour une partie de ces lettres n’est plus douteuse et qu’elle a été tranchée par les derniers travaux venus d’Allemagne, ainsi que par les critiques français qui s’en sont faits chez nous les introducteurs et dont quelques-uns y ont ajouté.

2293. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Ils sont bien des hommes de la fin du xviiie  siècle en cela ; mais ils sont tout à fait des artistes du xixe   par les touches successives du tableau et les nuances à l’infini : « Se trouver, en hiver, dans un endroit ami, entre des murs familiers, au milieu de choses habituées au toucher distrait de vos doigts, sur un fauteuil fait à votre corps, dans la lumière voilée de la lampe, près de la chaleur apaisée d’une cheminée qui a brûlé tout le jour, et causer là à l’heure où l’esprit échappe au travail et se sauve de la journée ; causer avec des personnes sympathiques, avec des hommes, des femmes souriant à ce que vous dites ; se livrer et se détendre ; écouter et répondre ; donner son attention aux autres ou la leur prendre ; les confesser ou se raconter ; toucher à tout ce qu’atteint la parole ; s’amuser du jour, juger le journal, remuer le passé comme si l’on tisonnait l’histoire ; faire jaillir, au frottement de la contradiction adoucie d’un : Mon cher, l’étincelle, la flamme, ou le rire des mots ; laisser gaminer un paradoxe, jouer sa raison, courir sa cervelle ; regarder se mêler ou se séparer, sous la discussion, le courant des natures et des tempéraments ; voir ses paroles passer sur l’expression des visages, et surprendre le nez en l’air d’une faiseuse de tapisserie ; sentir son pouls s’élever comme sous une petite fièvre et l’animation légère d’un bien-être capiteux ; s’échapper de soi, s’abandonner, se répandre dans ce qu’on a de spirituel, de convaincu, de tendre, de caressant ou d’indigné ; jouir de cette communication électrique qui fait passer votre idée dans les idées qui vous écoutent ; jouir des sympathies qui paraissent s’enlacer à vos paroles et pressent vos pensées comme avec la chaleur d’une poignée de main : s’épanouir dans cette expansion de tous et devant cette ouverture du fond de chacun ; goûter ce plaisir enivrant de la fusion et de la mêlée des âmes, dans la communion des esprits : la conversation, — c’est un des meilleurs bonheurs de la vie, le seul peut-être qui la fasse tout à fait oublier, qui suspende le temps et les heures de la nuit avec son charme pur et passionnant.

2294. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin peut se permettre, avec sa qualité, avec sa profession, bien des libertés et des familiarités railleuses ; il peut ne s’épargner aucun des bons mots qui naissent du sujet ; il dira que le peigne et la plume vont très-bien ensemble, et que tous deux font un travail de tête ; il dira à ses confrères poëtes qu’il les défie, et qu’il est bien sûr, après tout, de leur faire la barbe d’une façon ou d’une autre ; il ajoutera qu’il n’est pas moins sûr de ne jamais perdre son papier, et que, si ses vers sont mauvais,… eh bien, il en fait des papillotes.

2295. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Il est en ce genre d’étude biographique un travail de recherche préalable qu’on exige aujourd’hui de l’écrivain.

2296. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

M. de Saint-Surin, dans ses estimables travaux sur Mme de Sévigné, n’a perdu aucune occasion de l’opposer à Mme de Staël et de lui donner l’avantage sur cette femme célèbre.

2297. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Mais, vers le même temps, il se faisait en elle, tout au dedans, un grand travail de soumission religieuse et de piété ; elle n’avait jamais été ce qu’on appelle dévote dans le courant de la vie ; elle arrivait aux sources élevées par réflexion, par refoulement solitaire, en vertu de toutes les puissances douloureuses qui l’oppressaient.

2298. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Son mal réel l’obligeant à garder le repos, on ne se tenait plus dans la pièce du devant ; une personne qu’Hervé avait indiquée, une ancienne femme de charge, capable et sûre, y passait le jour, à des conditions modiques, et, tout en suivant son travail d’aiguille, répondait aux venants.

2299. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Il se fait ainsi en nous un travail souterrain, infini, dont les produits seuls nous sont connus, et ne nous sont connus qu’en gros.

2300. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Elle ne se doutait pas que Fior d’Aliza portait dans son sein un gage d’amour et d’agonie, mais l’amour est plus fort que la mort, écrit le livre qui est là sur la fenêtre, dit-elle en montrant l’Imitation de Jésus-Christ ; elle savait seulement par l’évêque et par les moines que Fior d’Aliza avait été mariée et qu’elle ne consentirait jamais à laisser son mari se consumer seul dans la honte et dans la peine à Livourne, sans aller lui porter les consolations que la loi italienne autorise les femmes à porter à leur mari captif à la grille de leur cabanon ou dans les rigueurs de leurs chaînes, au milieu de leurs rudes travaux.

2301. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Alors on ne disait pas : « Mon père labourait son champ ; un soldat est venu lui saisir ses bœufs », on disait noblement :                    Mon père, au pied des monts Qui bordent Unterwald et que nous habitons, Ouvrait avec le soc son antique héritage ; Un soldat se présente avide de pillage, Et d’un bras forcené saisit les animaux Qui servaient à pas lents ses rustiques travaux.

2302. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Surtout, lorsqu’il eut perdu en 1843 sa fille et son gendre, nouveau-mariés, qui se noyèrent à Villequier, il dit son désespoir, ses souvenirs douloureux, ses appels au Dieu juste, au Dieu bon en qui il crut toujours, dans un livre des Contemplations 871, où la perfection du travail artistique n’enlève rien à la sincérité poignante du sentiment.

2303. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Dans ce frénétisme de vivats, de bravos, la fillette volte, bondit, dissimule si harmonieusement le travail musculaire de tout son corps que sa danse paraîtrait facile, la distraction d’une libellule, sans les quelques pointes de sueur sur la chair gracile et pleine du décolletage et le sourire en coin des lèvres, aiguisé, volontaire, presque méchant, où se trahit l’effort, la fatigue du ravissant petit animal. » Je vous prie de méditer sur cette page.

2304. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Ses pages sont des tapisseries hâtives où l’on sent, non coordonné, le travail de mille mains fortuites.

2305. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Cela peut courir, s’éparpiller, se répandre ; mais il se fait, dans le milieu où elles tombent, je ne sais quel travail de balayage naturel qui rejette incessamment à la voirie ces chiffons malsains.

2306. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

C’est le lecteur qui, à la réflexion, fait ce travail aujourd’hui.

2307. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

La paix qui venait de se signer lui imposait de nouveaux devoirs : Ce qui finit vos travaux, écrivait-il à Destouches, commence les miens ; la paix qui vous rend la liberté me l’ôte ; j’ai à visiter sept cent soixante et quatre villages.

2308. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

En tout, même dans ces jeux de l’esprit, Frédéric finit toujours par donner le dernier mot à l’action, à l’utilité sociale et à celle de la patrie : c’est un génie qui s’amuse en attendant mieux, qui continuera de s’amuser et de s’égayer dans les intervalles des plus rudes travaux, mais qui aspirera en tout temps, à force de fermeté, à se réaliser en grandeur pratique et utile.

2309. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

C’est son œuvre à elle, son travail propre et chéri, presque maternel : « Rien ne m’est plus cher que mes enfants de Saint-Cyr ; j’en aime tout, jusqu’à leur poussière. » C’est toujours une si belle chose qu’une fondation destinée à élever dans des principes réguliers et purs la jeunesse pauvre, qu’on hésite à y apporter de la critique, même la plus respectueuse.

2310. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

L’édition en fut confiée à Daunou, qui s’en acquitta avec le soin et le scrupule qu’il mettait à tous ses travaux et à tous ses devoirs.

2311. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il justifiait ce joli mot de l’abbé de Boismont, son confrère à l’Académie : « Nous aimons tous infiniment M. de La Harpe notre confrère, mais on souffre en vérité de le voir arriver toujours l’oreille déchirée. » L’abbé Maury écrirait cette année même (9 décembre 1778), dans une lettre à Dureau de La Malle, la page suivante sur La Harpe ; elle en dit plus que toutes nos réflexions ; il est impossible de peindre d’une manière plus expressive le décri qui le poursuivait en ce moment, et l’injustice publique soulevée par de pures imprudences, mais dont il faillit demeurer victime : Il n’est pas vrai, écrit l’abbé Maury, qu’on ait ôté à La Harpe le Mercure ; il n’est plus chargé de la rédaction de ce journal, et on a réduit ses honoraires à mille écus, en bornant son travail à un article de littérature et à la partie des spectacles.

2312. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Colbert entrait dans son cabinet, on le voyait se mettre au travail avec un air content et en se frottant les mains de joie, mais que depuis il ne se mettait guère sur son siège pour travailler qu’avec un air chagrin et même en soupirant.

2313. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

La poésie, cultivée ainsi en secret et pour elle seule, dans les courts intervalles d’un travail pénible et d’une profession souvent ingrate, tourne au profit de la morale intérieure et devient une délicatesse de l’âme et une vertu.

2314. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Autrefois, j’écrivais pour alimenter le plaisir ; et maintenant, après cinquante ans de travaux, j’écris pour disputer mon pain à ceux qui l’ont volé à ma famille.

2315. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Je ne veux pas finir sans rendre hommage encore une fois au travail de M. 

2316. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Sa première entreprise fut couronnée d’un plein succès ; pendant un travail de plusieurs années, il reconquit les bailliages rebelles, reconstitua les débris de l’Église qu’il était appelé à régir, et rendit à l’humble Savoie sa vieille unité.

2317. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Et en ce qui est d’elle, voyant cela, il lui semblait que le travail des grandes journées d’Espagne lui était plus supportable que le repos de France, « où la fantaisie, dit-elle, me tourmente plus que la peine ».

2318. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Quand, par l’effet de l’association et de l’hérédité, le travail de comparaison et de classification qu’enveloppe la perception est devenu inhérent au mécanisme des organes, alors les plaisirs élémentaires disparaissent entièrement du champ de l’observation : il n’en reste que les lignes et silhouettes, comme dans un dessin délicat.

2319. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Albert Mockel, dans ses Propos de littérature, travail qui est, dès qu’il touche aux généralités, remarquable.

2320. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

J’en ai entendu, moi qui vous parle, un de ces hommes, le dos appuyé contre la cheminée de l’artiste, le condamner impudemment, lui et tous ses semblables, au travail et à l’indigence ; et croire par la plus malhonnête compassion réparer les propros les plus malhonnêtes, en promettant l’aumône aux enfants de l’artiste qui l’écoutoit.

2321. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Les personnes les moins attentives remarquent, en voïant la statuë dont je parle, que cet esclave qui se courbe et qui se montre dans la posture convenable pour aiguiser le fer qu’il tient, afin de paroître uniquement occupé de ce travail, est néanmoins distrait, et qu’il donne son attention, non pas à ce qu’il semble faire, mais à ce qu’il entend.

2322. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Que les roïaumes et les republiques, dira-t-on, se mettent dans la necessité de ruiner, ou leurs sujets qui leur auront prêté, ou le peuple qui soutient ces états par un travail qu’il ne sçauroit plus continuer dès qu’il est réduit dans l’indigence.

2323. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Les ouokolo (ou nyama) bambara sont plutôt farceurs que réellement malfaisants ; en général, ils semblent avoir un faible pour les tomates et ne les demandent pas au travail de la terre mais à leurs talents de filous.

2324. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Ils s’achetaient mutuellement des bourses, des bijoux, des robes de chambre, et c’est ainsi qu’ils ont passé, ces grands cœurs fidèles, trente ans de leur vie, condamnés, l’un par l’autre, aux travaux forcés de la commission !

2325. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Cessez de décourager le travail et l’espérance, et choisissez une hypothèse consolante pour le genre humain. » Nous courons rue Saint-Jacques ; nous grimpons les escaliers du Collège de France.

2326. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Le peuple, courbé sous ses travaux, prononce souvent le nom de Henri IV, et attache à ce nom des idées qui l’intéressent.

2327. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

si Molière était resté Poquelin, fils du père Poquelin, s’il eût pris la succession de son père, s’il fût devenu un bon et honnête tapissier, marié à une excellente femme, et nourrissant de son travail une nombreuse famille, il eût, il est vrai, donné l’exemple de toutes les vertus domestiques, mais il n’eût pas écrit Le Misanthrope, ni le Tartuffe, et ce serait dommage, car nous y aurions perdu, outre un assez joli nombre de chefs-d’œuvre, la jolie page de M.  […] Louis Veuillot, parlant de Molière et de sa vie privée, n’a le droit d’ignorer ni les travaux de M.  […] Ce nombre inaccoutumé de vers, traînant dans la prose du maître, avait accrédité cette opinion, qui, une fois émise, avait été acceptée sans contrôle, que Molière avait d’abord songé à écrire Le Sicilien en vers, que, pressé par le temps, il s’était réduit à la prose pour aller plus vite, et c’est ce qui expliquait comment il subsistait dans sa seconde version quelques vestiges épars du premier travail.

2328. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

—  Ce travail infini eût lassé l’art du graveur : — beau héros de bataille d’abord, et, comme un pygmée que le vent emporte, —  lancé dans la guerre par une inquiétude prématurée ; —  général sans barbe, rebelle avant d’être homme, —  tant sa haine contre son prince commença jeune ! […] Avance tous les jours plus loin dans la sottise et l’impudence ; d’autres t’enseigneront le succès ; apprends de moi le travail infécond, les accouchements avortés778. […] Longtemps ce travail fut considéré comme sa première gloire ; de même à Rome, sous Cicéron, dans la disette originelle de la poésie nationale, les traducteurs des pièces grecques étaient aussi loués que les inventeurs.

2329. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Tout ce qu’on peut lui proposer est inférieur à sa conception et à son travail secret. […] C’est faire comme un mercenaire qui ramasserait des cailloux d’un côté de la route pour les placer de l’autre côté, c’est le travail des Danaïdes ! […] Mæterlinck vient de traduire Ruysbrœck ; d’autres travaux préparatoires vont émerger… Nous en avons tellement assez de vivre sans espoir au « Pays du Mufle » ! […] Voilà son intérêt ; il ne consiste pas dans la réalité de ce qu’il nous raconte, mais dans le travail de mensonge qu’il apporte dans ses analyses. […] Cette exclamation, lancée joyeusement par une jolie voix de femme à travers des éclats de rire, m’accueillit quand j’entrai dans le cabinet de travail de M. de Hérédia.

2330. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

C’est ainsi qu’une quatrième idée, celle du Progrès à l’infini, s’ajoute aux précédentes, les prolonge, et les continue, d’autant plus naturellement que Descartes n’a jamais séparé l’idée de la science de celle de ses applications, la physiologie de la médecine, et la « méchanique » de l’utilité dont elle pouvait être « pour la diminution ou le soulagement des travaux des hommes ». […] De même il sait bien que les lettres, comme les arts, ont eu leurs époques dans l’histoire de l’humanité, que le génie ne dépend ni des temps ni des lieux, que jamais poètes n’ont surpassé Sophocle ou Euripide, ni jamais peintres ceux de Florence ou de Rome ; mais il se rend bien compte aussi du bénéfice héréditaire que chaque génération retire du travail de celles qui l’ont précédée, et que de siècle en siècle, d’une manière générale, l’esprit humain a grandi, s’est accru, s’est assoupli, a passé comme un homme de la faiblesse de l’enfance à la vigueur de la maturité. […] Et puis, bourgeois eux-mêmes, ils étaient cependant déjà trop gentilshommes pour tous ces tapissiers, lingers, plumassiers ou gagne-deniers : le jansénisme au xviie  siècle a toujours été un peu aristocratique… On me permettra d’ailleurs, sur cette question de l’éducation première de Molière — non seulement bourgeoise, mais laïque, — de renvoyer, comme aussi sur le point de savoir ce qu’il tira des leçons de Gassendi, aux travaux récents, si consciencieux et si savants, de MM.  […] Mais ce que l’on voit peut-être encore mieux, c’est ce qu’il eût dû sacrifier de ses lectures et de ses observations, et qu’en le lui demandant on ne lui eût demandé rien de moins que de changer sa méthode de travail ou de transformer sa nature même d’esprit.

2331. (1813) Réflexions sur le suicide

Je ne m’arrêterai point aux consolations communes qu’on peut tirer de l’espoir d’un changement dans les circonstances : il est des genres de peines qui ne sont pas susceptibles de cette sorte de soulagement ; mais je crois qu’on peut hardiment prononcer qu’un travail fort et suivi a soulagé la plupart de ceux qui s’y sont livrés. […] Les facultés nous dévorent comme le vautour de Prométhée, quand elles n’ont point d’action au dehors de nous, et le travail exerce et dirige ces facultés : enfin quand on a de l’imagination, et la plupart de ceux qui souffrent en ont beaucoup, on peut trouver des plaisirs toujours renouvelés dans l’étude des chefs-d’œuvre de l’esprit humain, soit qu’on en jouisse comme amateur, ou comme artiste.

2332. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

. —  Sa fortune indépendante et son travail assidu. […] Cette forme régnante de pensée s’impose à tous les écrivains, depuis Waller jusqu’à Johnson, depuis Hobbes et Temple jusqu’à Robertson et Hume ; il y a un art auquel ils aspirent tous ; le travail de cent cinquante années, pratique et théorie, inventions et imitations, exemples et critique, s’emploie à l’atteindre.

2333. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

» IV Il existe en Écosse une Académie ou Société, sous le titre de Highland Society, dont les travaux ont pour objet tout ce qui regarde les antiquités, l’histoire et la littérature écossaises. […] La commission s’est livrée avec la plus grande activité à ce travail, et elle en a publié le résultat à Edimbourg en 1805, dans un rapport rédigé par M. 

2334. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

De tout cela, mélancolie foncière, pessimisme absolu, travail effréné, activité fébrile qui semble avoir peur du repos et vouloir tromper la vie, refus de sourire, retranchement ascétique de tout épicuréisme intellectuel, je conclus naturellement à une excessive sensibilité, et d’autant plus violente qu’elle est publiquement plus comprimée  à une extrême capacité de désir et de souffrance… Et cela est très singulier, à cause de la forme qui n’est pas précisément, ici, celle d’un Musset ou d’un Byron. […] Il a vulgarisé, mis à la portée de l’oie une partie du travail secret qui s’accomplissait dans les demi-ténèbres des Revues jeunes.

2335. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Sa réputation, cette réputation qui n’est pas seulement la popularité du feuilleton, est-elle en proportion avec ses efforts et ses travaux ? […] Les travaux de Balzac épouvantent.

2336. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Mais nous reviendrons sur ce point dans le courant de notre travail. […] Langevin, à ses travaux et à son enseignement, tous ceux qui s’intéressent à la théorie de la Relativité.

2337. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Telle elle avait été, toute sa vie, dans les maisons où elle avait vécu sur le pied d’amitié, y mettant l’ordre, la propreté, la décence, répandant l’esprit de travail autour d’elle, et en même temps faisant honneur tout aussitôt à l’esprit de politesse et de société.

2338. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Ce dernier, au milieu de ses folâtreries, ne laissait pas sans doute de se préparer à la carrière de travaux positifs où ses talents rencontrèrent bientôt leur utile et illustre emploi.

2339. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Le prince Henri, bien moins fait pour le travail, offre plutôt l’image du spectateur délicat et de l’amateur.

2340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Mignet, à qui il a dû l’idée et en partie les éléments de son travail, s’est inscrit en faux contre le mot de Napoléon en l’honneur de Villars, et s’est appliqué à montrer que du moment que la paix se faisait avec l’Angleterre, il n’y avait plus de danger réel pour la France.

2341. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Je commence à m’apercevoir que la plupart ne savent que ce que les autres ont pensé ; qu’ils ne sentent point, qu’ils n’ont point d’âme ; qu’ils ne jugent qu’en reflétant le goût du siècle, ou les autorités, car ils ne percent point la profondeur des choses ; ils n’ont point de principes à eux, ou s’ils en ont, c’est encore pis ; ils opposent à des préjugés commodes des connaissances fausses, des connaissances ennuyeuses ou des connaissances inutiles, et un esprit éteint par le travail ; et, sur cela, je me figure que ce n’est pas leur génie qui les a tournés vers les sciences, mais leur incapacité pour les affaires, les dégoûts qu’ils ont eus dans le monde, la jalousie, l’ambition, l’éducation, le hasard.

2342. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Je me dégoûtai bientôt de ce travail, non que je ne trouvasse partout des fautes ; mais je ne me trouvais pas la même humeur.

2343. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Rathery qui, depuis bien des années, s’est appliqué à la littérature sérieuse et historique, et qui a fait preuve, dans maint travail critique, d’un rare esprit d’exactitude et de finesse, rend en ce moment un véritable service en publiant, au nom de la Société de l’histoire de France, les journaux et mémoires du marquis d’Argenson.

2344. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Mortimer-Ternaux51, qui n’est que le commencement d’un grand travail ; une Histoire des Girondins, par M. 

2345. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Jal prépare, à l’aide de tous ces éléments, un grand travail biographique et historique qui est fort attendu et désiré. — Je dirai bientôt quelles obligations particulières j’ai à un autre investigateur curieux et érudit, M. 

2346. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

La description de ce bal improvisé, et du pressoir voisin où le travail s’achève, m’ont rappelé la belle idylle de Théocrite qui a pour titre Les Thalysies, la fête de la récolte.

2347. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

La critique contemporaine tout entière a applaudi à ses efforts, à ses travaux.

2348. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Feuillet tenait à ne pas avoir lu, — à ne pas paraître avoir lu, — ce premier article avant d’avoir publié lui-même son Introduction : or, dans cette Introduction, il me semble, au contraire, qu’il y a trace et indice très-probable qu’il m’a lu, comme il était naturel d’ailleurs qu’il le fît tout en terminant son travail et en corrigeant ses épreuves.

2349. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

On ne désire dans ce livre ni plus de travail, ni plus de recherches, ni plus de mouvement, ni plus d’intérêt : on y voudrait seulement un peu plus de critique à l’égard des adversaires.

2350. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

. — Je crois que M. le maréchal Randon avait en effet donné son agrément à ce travail.

2351. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

La plus bruyante fut à elle seule la voix de l’abbé Raynal, qui, de même que votre ami, a choisi ce lieu comme asile de liberté et de travail historique.

2352. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

C’est la douleur constante et son aiguillon, le travail aussi, l’avertissement de poètes plus mâles et à la grande aile, les exemples dont elle profita en émule et en sœur, un art caché qu’elle trouva moyen de mêler de plus en plus à ses pleurs et à sa voix, qui opérèrent cette transformation sensible vers 1834 environ, et qui l’amenèrent sinon à la perfection de l’œuvre, toujours s’échappant et fuyant par quelque côté, du moins au développement et à l’entier essor des facultés aimantes et brûlantes dont son âme était le foyer.

2353. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

L’année 1811 fut pour Jomini une année d’étude et de travail : il avait à poursuivre sa Relation critique des Campagnes des Français depuis 1792.

2354. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je n’ai pas dessein de faire beaucoup de choses aussi futiles, et je vais entreprendre, à l’heure qu’il est, un travail plus soigné.

2355. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Depuis ce temps, il n’est pas de soins ni de mouvements qu’il ne se soit donnés pour retrouver les moindres débris du portefeuille de Gresset, pour en déchiffrer les plus informes brouillons, pour en restituer les plus exigus fragments, pour conférer les diverses éditions et présenter les variantes comme on fait pour les grands classiques ; les académies du lieu, les sociétés littéraires des cantons circonvoisins, ont retenti maintes fois du prélude de ces estimables travaux, poursuivis avec un zèle pour ainsi dire acharné ; et aujourd’hui, maître de son sujet, en ayant épuisé toutes les veines, le laborieux biographe ramasse ses résultats en deux volumes, qui contiennent tout sur Gresset, et même un peu plus que tout, puisqu’on y rencontre certaines petites injures contre les ex-romantiques, contre cette abominable postérité de Jodelle et de Du Bartas, et aussi contre le virus des âmes gangrenées de George Sand et consorts.

2356. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Dans toute cette partie finale et déjà bien grave de la Correspondance, au milieu des vicissitudes domestiques et des malheurs qui assiégent l’existence de celle qui n’est déjà plus une jeune fille, il ressort pourtant une qualité qu’on ne saurait assez louer ; un je ne sais quoi de sain, de probe et de vaillant, émane de ces pages ; agir, avant tout, agir : « Il est très-vrai, aime-t-elle à le répéter, que le principe du bien réside uniquement dans cette activité précieuse qui nous arrache au néant et nous rend propres à tout. » De cet amour du travail qu’elle pratique, découlent pour elle estime, vertu, bonheur, toutes choses dans lesquelles elle a su vivre, et qui ne lui ont pas fait faute même à l’heure de mourir.

2357. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Le travail de l’esprit se fait toujours apercevoir, avec quelque habileté qu’il soit ménagé ; et l’on n’est plus entraîné par ce talent, pour ainsi dire involontaire, qui reçoit une émotion au lieu de la chercher, qui s’abandonne à ses impressions au lieu de choisir ses moyens d’effet.

2358. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Six jours plus tard, au-delà du Puy, et malgré son passe-port, la garde bourgeoise vient à onze heures du soir le saisir au lit ; on lui déclare « qu’il est sûrement de la conspiration tramée par la reine, le comte d’Artois et le comte d’Entragues, grand propriétaire du pays ; qu’ils l’ont envoyé comme arpenteur pour mesurer les champs, afin de doubler les taxes »  Ici nous saisissons sur le fait le travail involontaire et redoutable de l’imagination populaire : sur un indice, sur un mot, elle construit en l’air ses châteaux ou ses cachots fantastiques, et sa vision lui semble aussi solide que la réalité.

2359. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

    Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants Parcourant, sans cesser, ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans les plaines, Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux :     Que cette suite de travaux Pour récompense avait de tous tant que nous sommes.

2360. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

A peine si le psychologue entend ce que signifie ou crime, ou mépris, ou indignation… Même il se complaît à la description des états dangereux de l’âme qui révoltent le moraliste ; il se délecte à comprendre les actions scélérates, si ces actions révèlent une nature énergique et si le travail profond qu’elles manifestent lui paraît singulier.

2361. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Effrayant symbole des forces perdues, des travaux stériles, de l’effort acharné poursuivant un but illusoire.

2362. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Madame Aubray lui impose de ne plus revoir son ancien amant, de ne vivre désormais que du travail.

2363. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Ces lettres d’amour adressées à M. de Guibert furent publiées par la veuve même de M. de Guibert, assistée dans ce travail par Barère, le Barère de la Terreur, ni plus ni moins, qui aimait fort la littérature, comme on sait, et surtout celle de sentiment.

2364. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

C’est surtout en l’étudiant de près qu’on se convainc qu’une grande influence sociale a toujours sa raison, et que, sous ces fortunes célèbres qui se résument de loin en un simple nom qu’on répète, il y a eu bien du travail, de l’étude et du talent ; dans le cas présent de Mme Geoffrin, il faut ajouter, bien du bon sens.

2365. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

La Société de l’histoire de France, qui n’a pas interrompu ses travaux au milieu des circonstances difficiles que nous avons eu à traverser, vient de voir terminer une de ses publications les plus importantes et les plus nationales, qu’elle avait depuis longtemps confiée au zèle de M. 

2366. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Bazin, les Mémoires d’un cadet de Gascogne ou la cour de Marie de Médicis, indique qu’à cette époque de 1830 il s’occupait déjà de son grand travail historique ; il en détachait par avance quelques hors-d’œuvre, quelques tableaux en marqueterie comme on les aimait alors.

2367. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Il a eu toutes les joies de la fertilité sans les travaux pénibles de l’achèvement.

2368. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Dans de très belles pages sur le caractère, les artifices et les talents du cardinal Mazarin, elle le représente, pendant un séjour qu’il fait à Paris (mai 1647), s’enfermant pour le travail et faisant attendre les plus grands du royaume dans son antichambre, sans qu’ils puissent pénétrer jusqu’à lui.

2369. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Mais il y a loin de ces travaux d’embellissement, qui l’engagèrent plus qu’il n’aurait voulu d’abord, au laborieux tableau tracé par La Bruyère ; et j’aime à penser que, si l’observateur moraliste avait songé à Gourville, ç’aurait été plutôt pour peindre ce personnage naturel et original, par les côtés vraiment singuliers et caractéristiques qui en font un individu-modèle dans son espèce.

2370. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

J’ai imaginé aussi (car c’est mon plaisir d’opposer ces noms à la fois voisins et contraires), j’ai plus d’une fois, dans le courant de ce travail, imaginé à Paul-Louis Courier un interlocuteur et un contradicteur plus savant et non moins fait pour lui tenir tête, dans la personne de l’illustre et respectable Quatremère de Quincy, cette haute intelligence qui possédait si bien le génie de l’Antiquité, mais qui résistait absolument aux révolutions modernes.

2371. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud commençait de publier son travail ; l’honneur en appartient à M. 

2372. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Mme d’Épinay, malade de la poitrine, et qui a besoin des avis du docteur Tronchin, s’est rendue à Genève ; Grimm, retenu auprès de Diderot par un travail pressé, tarde un peu à la rejoindre ; en attendant, elle voit Voltaire alors aux Délices : Vous avez donc dîné chez Voltaire ?

2373. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Entreprendre la guérison des plaies sociales, amender les codes, dénoncer la loi au droit, prononcer ces hideux mots, bagne, argousin, galérien, fille publique, contrôler les registres d’inscription de la police, rétrécir les dispensaires, sonder le salaire et le chômage, goûter le pain noir du pauvre, chercher du travail à l’ouvrière, confronter aux oisifs du lorgnon les paresseux du haillon, jeter bas la cloison de l’ignorance, faire ouvrir des écoles, montrer à lire aux petits enfants, attaquer la honte, l’infamie, la faute, le vice, le crime, l’inconscience, prêcher la multiplication des abécédaires, proclamer l’égalité du soleil, améliorer la nutrition des intelligences et des cœurs, donner à boire et à manger, réclamer des solutions pour les problèmes et des souliers pour les pieds nus, ce n’est pas l’affaire de l’azur.

2374. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard, « le plus bel éloge des travaux de Louis XIV ».

2375. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Ils n’équivalent pas certainement à des bœufs pour le travail, mais ils l’emportent sur des bœufs pour le ruminement oisif dans le pâturage plus ou moins gras de leurs archives !

2376. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Le mot œuvres sous-entend l’idée de combinaison, d’effort, de patience, de durée dans le travail, et Rivarol, c’est tout le contraire.

2377. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Car tel est le caractère de ce travail, difficile à nommer d’un mot qui en précise l’idée, de ces esquisses en deux coups de pinceau, qui entrent plus vite dans l’esprit que des figures finies longtemps caressées et qui s’y fixent comme des dards.

2378. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Nous voulions seulement, en retrouvant ces formules terme par terme, en définissant les perceptions d’observateurs placés dans l’un ou l’autre système, préparer l’analyse et la démonstration qui font l’objet du présent travail.

2379. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Lui qui avait dit, sans doute dans une meilleure espérance : « Ô Thèbes, ô ma mère, il n’est pas de travail que je n’abandonne pour te célébrer ! 

2380. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Mais la brusque succession des empires, les avènements de peuples nouveaux, tout ce travail de l’Europe depuis la chute de Rome, sont présents au poëte chrétien et grandissent pour lui le symbole païen qu’il emploie.

2381. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

C’est ainsi qu’un commerçant qui vit en parfaite communion de cœur avec sa femme la tient au courant de ses travaux et de ses projets et lui dit le soir, sur le traversin : « J’ai une affaire en train… Ah ! […] C’est une large esquisse où se retrouve partout la marque du maître, et où la hâte même du travail a amené certaines particularités de composition, qu’il vaut la peine de noter au passage. […] Sa grandeur, sa sérénité, son éternité leur fait sentir la vanité de leurs efforts et de leurs travaux éphémères. […] Mais elle punissait aussi, comme des empiètements sur le domaine divin, certains travaux, certaines inventions des hommes, celles qui tendent à modifier la face de la Terre, qui triomphent trop insolemment des forces naturelles et qui semblent violer le mystère des choses. […] Reste le cas où les preuves accumulées contre vous ne seraient pas de la dernière évidence : vous pourriez alors, par des chicanes mesquines et à force d’embêter les juges, obtenir quinze ou vingt années de centrale au lieu des travaux forcés à perpétuité et de la déportation à Nouméa.

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