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1273. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poëte, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami durant le voyage ! […] S’il était possible d’assigner aux vrais poëtes des heures naturelles d’inspiration et de chant, comme cela existe dans l’ordre de la création pour certains oiseaux harmonieux, nous dirions, sans trop de crainte de nous tromper, que Lamartine chante au matin, au réveil, à l’aurore (et réellement la plupart de ses pièces, celles même où il célèbre la nuit, sont écloses à ces premiers moments du jour ; il ébauche d’ordinaire en une matinée, il achève dans la matinée suivante).

1274. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

C’est ce qui semble, en effet, respirer et soupirer dans une délicieuse pièce de lui que notre indiscrétion dérobe à un Album, et qui révèle tout un coin charmant et attristé de cette âme. […] Dans un temps où il y aurait encore une Anthologie française, une seule pièce pareille suffirait pour y marquer un nom.

1275. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard et les pièces qu’il produit, de ce besoin et aussi de ce talent inné de Mme de Krüdner, et combien elle s’entend de bonne heure à la mise en scène du sentiment : j’en suis presque effrayé à certains endroits, quand je songe à combien de choses cet art secret a pu se mêler insensiblement depuis, sans qu’elle-même s’en rendît peut-être bien compte. […] Eynard, serait la pièce à l’appui la plus commode dans laquelle un moraliste de l’école de Saint-Évremond et de Fontenelle trouverait à justifier son point de vue.

1276. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition.

1277. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Puis on a composé des pièces farcies, moitié françaises, moitié latines ; enfin la langue vulgaire l’a tout à fait emporté. […] Les sujets traités ont été avant tout tirés de l’histoire sainte ; de là le nom de miracles et de mystères que les pièces ont gardé ; mais à la fin du moyen âge le nom devient menteur  ; il couvre des sujets empruntés à l’histoire nationale, aux romans d’aventure, à la vie de tous les jours et même aux fables païennes.

1278. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Cette pièce est une véritable protestation, au moins, contre les violences dont les sectaires étaient l’objet ; et je ne veux rien ajouter à cette réfutation des calomnies écrites contre madame de Maintenon sur ce sujet. […] Racine et Duché composent à l’envi des pièces bibliques.

1279. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

On a dit aussi que le peuple, soulevé par un trait de la tragédie de Sisyphe, qui lui parut lancé contre un dieu, envahit la scène, et aurait mis Eschyle en pièces comme Orphée, s’il n’avait embrassé l’autel de Bacchus. […] Il y avait, dans le vestiaire du théâtre ancien, un masque aux dents serrées, aux lèvres crispées, destiné à l’acteur muet de la pièce ; Eschyle se servait souvent de ce masque-là.

1280. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Qui est-ce qui ose entrer dans une salle de spectacle, quand il ne connaît la pièce que de nom ? […] Ainsi, dans l’article si distingué sur Othello et sur l’art dramatique, il y a comme plusieurs chapitres qui sont offerts tout d’une pièce, qui ne sont pas détachés et découpés à temps.

1281. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Necker au moment de l’ouverture des États généraux ; c’est dans le ton solennel de l’Ode à Namur, et des pièces de Jean-Baptiste Rousseau : Qu’entends-je ? […] D’autres dresseront de leurs mains l’échafaud de Bailly, mais nul n’y a plus que lui coopéré à l’avance ; nul, on peut le dire, n’en a mieux préparé les pièces.

1282. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

C’est que Mirabeau (je l’ai fait remarquer dès l’abord) n’était plus seulement par son organisation un homme de cette race féodale et haute, sauvage et peu affable, dont étaient ses aïeux, ces hommes qui se vantaient d’être tout d’une pièce et sans jointure. […] Dans les pièces manuscrites que j’ai sous les yeux, et que M. 

1283. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Un des derniers poètes de l’Antiquité, Claudien, dans une pièce célèbre, a montré comment le triomphe d’un méchant et d’un scélérat peut jeter le trouble dans le cœur d’un homme de bien et le faire douter qu’il y ait des dieux. […] On doit remercier le fils du comte de Maistre de s’être décidé à publier cette correspondance de son illustre père et les diverses pièces qui y sont jointes.

1284. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Ainsi, sur cinq pièces représentées, deux grands succès, deux demi-chutes et une déroute complète, voilà sa carrière tragique. […] En maltraitant ce dernier, il n’a pas senti que dans les vers de Boileau il y avait plus de vraie poésie de style que dans tous ces vers prosaïques et soi-disant philosophiques du xviiie  siècle, quelques pièces de Voltaire exceptées.

1285. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Il caractérise les pièces de Shakespeare de ce mot : « Farces monstrueuses qu’on appelle tragédies », et complète le prononcé de l’arrêt en déclarant que Shakespeare « a perdu le théâtre anglais ». […] Il écrit à Voltaire à propos de Jules César : « Vous avez bien fait de refaire selon les principes la pièce informe de cet anglais. » Voilà où en est Shakespeare au siècle dernier.

1286. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

  L’Art social a vite dégénéré en un poncif social, c’est-à-dire socialiste, car, jusqu’à présent, les pièces socialistes ont été les seules pièces sociales.

1287. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Du même. à droite et de face, le jeune homme assis, tenant sur ses genoux la lettre déployée et donnant de l’autre main une pièce d’or à la vieille. […] Ce n’était pourtant qu’une ou deux pièces d’étoffes négligemment jettées sur le corps.

1288. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

La pièce a été représentée le 24 juin 1917, devant une salle houleuse. […] Les personnages de la pièce sont Paul Bourget, Guillaume Apollinaire, la duchesse grasse, la duchesse maigre et une bande d’admirateurs de Guillaume Apollinaire conduite par Jean Cocteau.

1289. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

« L’éloquence, dit très bien M. de Voltaire, a tant de pouvoir sur les hommes, qu’on admira Balzac de son temps, pour avoir trouvé cette petite partie de l’art ignorée et nécessaire, qui consiste dans le choix harmonieux des paroles, et même pour l’avoir souvent employée hors de sa place. » Le style de Thucydide, auquel il ne manque que l’harmonie, ressemble, selon Cicéron, au bouclier de Minerve par Phidias, qu’on aurait mis en pièces. […] Le reste de la pièce est à peu près semblable à ce début.

1290. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Max Simon rêva un jour qu’il était devant deux piles de pièces d’or, que ces piles étaient inégales et qu’il cherchait à les égaliser. […] Il était évidemment sorti de là une vague sensation d’inégalité, laquelle, faisant irruption dans le champ visuel et y rencontrant peut-être West l’hypothèse que je propose) une ou plusieurs taches jaunes, s’était exprimée visuellement par l’inégalité de deux piles de pièces d’or.

1291. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Rentré chez moi, je fis un choix de mes pièces de vers et les envoyai à Victor Hugo, ce que je n’avais osé jusqu’alors avec personne ; car je sentais bien que mes maîtres du Globe, vraiment maîtres en fait d’histoire ou de philosophie, ne l’étaient point du tout en matière d’élégie.

1292. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Antony Deschamps avait composé sur Rome et Naples plusieurs pièces de vers intitulées Italiennes, dont on vantait le ton grandiose, naturel, même un peu cru : mais ces morceaux ne sont pas encore maintenant publiés.

1293. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

de ces deux solutions si conformes mais si diversement exposées du même problème historique, l’une figure à mon esprit le spectacle de ces constructions géométriques, à la fois élégantes et hardies, qui sont nées comme de toutes pièces dans la tête de l’inventeur ; l’autre plutôt me rappelle ces mouvements gradués d’une analyse moins ambitieuse, ces transformations qu’on quitte et reprend à son gré, et auxquelles, chemin faisant, l’esprit se complaît si fort, qu’il ne se souvient du but qu’à l’instant où il l’atteint.

1294. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Vainement la plupart des féroces empereurs de Rome montrèrent-ils un goût excessif pour les jeux et pour les spectacles ; aucune pièce de théâtre digne d’un succès durable ne parut sous leur règne, aucun chant poétique ne nous est resté des honteux loisirs de la servitude.

1295. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Les Maîtres, devenus plus nombreux, plus habiles et plus avares, « affranchirent » ces esclaves un peu après les autres, ne les nourrirent plus, payèrent médiocrement chaque « service », les firent travailler aux pièces.

1296. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Ce que sera ce recueil, quelles sympathies et quelles antipathies l’inspireront, on peut en juger, si l’on en est curieux, par la pièce XL du livre que nous mettons au jour.

1297. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

La loi en est pourtant bien simple, et le premier teinturier à qui vous portez un échantillon d’étoffe nuancée, jette la pièce d’étoffe blanche dans sa chaudière, et sait l’en tirer teinte comme vous l’avez désirée.

1298. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Mais si c’est le portrait de la lingère du coin que vous ayez fait : un comptoir, des pièces de toile dépliées, une aune, à ses côtés quelques jeunes apprenties, un serin avec sa cage, voilà tout.

1299. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Malheureusement (car c’est ce mot-là que Marmont fait toujours écrire) on ne sauve pas son honneur comme un drapeau qu’il est beau de rapporter en pièces.

1300. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

En écrivant toute cette histoire, qui fut un peu la sienne, il renfonce les larmes que Diderot laisserait couler : Diderot, qui écrivit l’histoire du réfractaire Neveu de Rameau, Diderot, qui fit des sermons à un louis pièce pour manger, qui fut un réfractaire comme Vallès, et qui n’en devint pas moins bourgeois de Paris, académicien, père de famille, un gros bonhomme en robe de chambre et en serre-tête, comme un jour le sera peut-être Vallès.

1301. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

. ; surtout cette pièce de La Leçon de flûte, que je citerai tout entière pour donner une idée de ce poète qui rappelle ici André Chénier et le Poussin : J’étais resté longtemps les yeux sur un tableau Où j’avais retrouvé Théocrite et Belleau, Fraîche idylle aux bosquets de Sicile ravie Ayant bu la lumière et respiré la vie.

1302. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Ludovic Halévy ; encore un roman comme La Marquise, une pièce comme Les Maucroix, et les palmes iront d’elles-mêmes se broder sur les vestes de M.  […] Il sait démonter, avec un art d’ouvrier habile, toutes ces pièces chétives, dont le mécanisme enfantin et rouillé grince horriblement sous ses doigts impitoyables. […] voilà une pièce, et voilà un roman. […] Nous avons eu — nous l’avons encore — une pièce gaie, Les Surprises du divorce, une pièce où l’on plaisante, je crois, les belles-mères, et qui, de ce fait inouï, faillit nous ramener aux vraies traditions nationales. […] Claretie et aux pièces de M. 

1303. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

C’est, en somme, pour cette pièce unique que le four chauffe et il importe peu que toutes les autres soient anéanties, si celle-là demeure. […] C’est l’individu qui souffre et non la collectivité ; c’est lui, et non la totalité qui est la pièce importante. […] Cette pièce fait partie de la suite des cinq odes où Racine célébra Port-Royal-des-Champs : L’Etang, Les Prairies, Les Bois, Les Troupeaux, Les Jardins. […] Recueil de quelques pièces nouvelles et galantes tant en prose qu’en vers. […] Pièces ratées. — Villiers de l’Isle-Adam, le lendemain de sa mort, fut qualifié de raté par M. 

1304. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Du reste, il faut dire que le rôle d’Hamlet, ce rôle qui est toute la pièce, était joué d’une manière remarquable. […] J’en ai fini avec les pièces antiques et, jeudi prochain, je termine avec Othello la série des pièces italiennes ; puis j’aborde Hamlet. […] quelle pièce !

1305. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

J’insiste là-dessus : la phrase qui, lue isolément, semblait constater une situation établie, accomplie, et sur laquelle on s’est jusqu’ici fondé, comme sur une pièce de conviction, pour rendre l’esclave à son maître, n’indique qu’un ordre pour l’avenir, un commandement à la turque ; or, encore une fois, rien n’indique que l’aga ait été obéi. […] Cette petite pièce a couru le monde plus de dix ans avant qu’on s’avisât d’en faire aucune application. […] On nous excusera de donner in extenso ces pièces tout à fait décisives. […] « Je suis, avec toute sorte d’attachement et de respect, « Monsieur, « Votre très humble et très obéissant serviteur, « Signé : Ferriol. » Ainsi il résulte de ces pièces que lorsque M. de Ferriol revint en France dans l’été de 1711, âgé de soixante-quatre ans, il avait été déjà atteint d’ apoplexie , et assez gravement pour être réputé fou et interdit pendant quelque temps : son rappel s’ensuivit aussitôt.

1306. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Quelquefois c’est une romance plaintive qui s’échappe, ou bien quelque élégie inspirée par le sentiment, et qui me rappelle sans trop d’infériorité la belle pièce de Parny sur l’ absence . […] Il en est résulté que ceux à qui un heureux hasard n’a pas fait entendre quelqu’une de ses jolies chansons, par exemple le Guide, le Néophyte doctrinaire ; — que ceux surtout qui n’ont pas assisté aux lectures de sa pièce d’Abélard, où cette vivacité première se retrouve, associée à de hautes pensées, à de la passion profonde et à un puissant intérêt dramatique, ne le connaissent pas encore tout entier. […] On trouverait dans ce même recueil des notices de lui sur quelques-unes des pièces de Gœthe, ainsi que sur le 24 Février de Werner, sur l’Emilia Galotti de Lessing (1821-1822). — C’était le moment où il faisait pour l’édition de Cicéron, publiée par M.  […] C’est dans cette veine d’idées que M. de Rémusat, jetant un jour les yeux, à un coin de rué, sur une affiche de spectacle, vit l’annonce d’une pièce d’Héloïse et Abélard, qu’on donnait à l’Ambigu-Comique ; il se dit à l’instant : Voilà l’homme que je cherchais , et il se mit au drame d’Abélard.

1307. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Le génie d’un homme ressemble à une horloge : il a sa structure, et parmi toutes ses pièces un grand ressort. Démêlez ce ressort, montrez comment il communique le mouvement aux autres, suivez ce mouvement de pièce en pièce jusqu’à l’aiguille où il aboutit. […] Le petit Joas de Racine n’a pu naître que dans une pièce composée pour Saint-Cyr ; encore le pauvre enfant parle-t-il en fils de prince, avec des phrases nobles et apprises comme s’il récitait son catéchisme.

1308. (1925) La fin de l’art

Qu’est-ce qu’une tragédie grecque ou une pièce de Shakespeare, un portrait du Titien, une statue de Rodin, des choses qui passionnent les uns, quelques-uns, laissent tous les autres indifférents ? […] Enfin la réputation présente de Diderot est encore étayée sur des pièces de théâtre qu’on a appris à estimer et qui n’eurent de son temps aucun succès, et aussi sur ses Lettres à Mlle Volland. […] Sur cela, la troupe affiche Beverley, pièce en vers libres, de Saurin. ? […] En voici le thème, qui a été fourni par une pièce de théâtre : « Si l’on vous annonçait mais péremptoirement, que vous n’avez plus que cinq ou six ans à vivre, que feriez-vous, comment prendriez-vous la chose ? 

1309. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

C’est pourquoi il ne faut point voir dans la tentative d’André Chénier une renaissance gréco-latine ; c’est véritablement une renaissance française, conséquence des xvie et xviie  siècles, avec cette différence que le xvie  siècle avait vu la Grèce à travers l’afféterie italienne ; le xviie , à travers le faste de Louis xiv ; tandis qu’André Chénier a, dans l’âme de sa mère, respiré la Grèce tout entière ; il parle la même langue que Racine, mais trempée d’une grâce byzantine, attique même, naturelle et innée, et dans laquelle se fondent heureusement l’ingéniosité grecque et la franchise gauloise. » Certes, André Chénier n’a pas réussi partout ; plus d’une pièce de lui trahit des inexpériences sensibles ; il y a des différences d’âge entre ses poésies ; mais celles de sa dernière manière, les élégies lyriques à Fanny, à la Jeune Captive, l’ode à Charlotte Corday, les Iambes, ne laissent rien à désirer.

1310. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Et je ne craindrai pas d’en faire juge le public qui n’a pas eu sous les yeux la pièce incriminée ; car je ne considère pas comme un texte loyal et sincère le texte déchiqueté et entrecoupé, à chaque mot, de lazzis grossiers, qui lui a été présenté par cet étrange docteur.

1311. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Nous trouvons cette sorte d’amour énergiquement exprimée dans une pièce de vers inédits adressée à un jeune homme qui se plaignait d’avoir passé l’âge d’aimer : Va, si tu veux aimer, tu n’as point passé l’âge ; Si le calme te pèse, espère encore l’orage ; Ton printemps fut trop doux, attends les mois d’été ; Vienne, vienne l’ardeur de la virilité, Et, sans plus t’exhaler en pleurs imaginaires, Sous des torrents de feu, au milieu des tonnerres, Le cœur par tous les points saignant, tu sentiras, Au seuil de la beauté, sous ses pieds, dans ses bras, Tout ce qu’avait d’heureux ton indolente peine Au prix de cet excès de la souffrance humaine ; Car l’amour vrai, tardif, qui mûrit en son temps, Vois-tu, n’est pas semblable à celui de vingt ans, Que jette la jeunesse en sa première sève, Au blondi duvet, vermeil et doré comme un rêve ; C’est un amour profond, amer, désespéré, C’est le dernier, l’unique ; on dit moins, j’en mourrai ; On en meurt ; — un amour armé de jalousie, Consumant tout, honneur et gloire et poésie ; Sans douceurs et sans miel, capable de poison, Et pour toute la vie égarant la raison.

1312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Et, d’une manière générale, jusque dans ses plus belles pièces, — jusque dans Éloa, jusque dans sa Maison du Berger, — sa liberté de poète est perpétuellement entravée par je ne sais quelle hésitation ou quelle impuissance d’artiste.

1313. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Nous apercevons distinctement, en effet, ce personnage dans la pièce de l’Arétin, intitulée Lo Ipocrito 38.

1314. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

La pièce des Visionnaires est de 1637 ; le cardinal de Richelieu en avait donné l’idée.

1315. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Je dirai simplement qu’en ces derniers temps, Jean Moréas, le bon musicien ; le raffiné poète des Lassitudes, Louis Dumur, sans oublier Verlaine dans quelques pièces liturgiques de Bonheur, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Gustave Kahn et combien d’autres, ont tenté de remettre en honneur l’assonance.

1316. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Son Christ victorieux & son Amynte sont ses meilleures pièces.

1317. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Il rapelle ces cardinaux et ces papes de Jules Romain, de Raphaël et de Vandick, qu’on voit dans les premières pièces du palais-royal.

1318. (1762) Réflexions sur l’ode

Suite des Réflexions sur la poésie, et sur l’ode en particulier La pièce qui a mérité le prix, et les fragments que le public vient d’entendre de plusieurs autres, ont échappé avec honneur au naufrage d’environ soixante autres odes que l’académie a vu périr avec regret, sans pouvoir en sauver les débris.

1319. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

On les lut comme on lisait celles de madame de Sévigné, — comme on lut aussi ces autres Petites Lettres de Louis Montalte, ce pseudonyme bientôt mis en pièces par le puissant nom de Pascal, qui passa brusquement à travers !

1320. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Il y a dans une pièce de Molière un horrible pédant en us, que l’on finit par mettre en fuite en lui pendant une sonnette aux oreilles… Taine a mérité cette sonnette-là !

1321. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Hégésippe Moreau, le Villon solitaire de cette époque impie, ce truand qui est quelquefois délicat comme une jouvencelle, ne serait point compté dans l’histoire littéraire, s’il ne s’était pas affranchi de la politique et de l’imitation de Béranger, qui furent sa double balbutie, par quelques pièces, éternelles et humaines, d’un accent profond comme la misère, la convoitise et la faim !

1322. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

C’est un vrai cauchemar qu’on a les yeux ouverts : Il suffoque ; et malheur aux petites maîtresses, Qui voudraient sans éther assister à ses pièces !

1323. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

« Cette pièce admirable, écrit-il avec raison en s’y reconnaissant, présente ce que la France a voulu constamment depuis 89 et ce qu’elle voudra toujours jusqu’à ce qu’elle l’ait obtenu. » Et il ajoute : « Ceux qui accusent les Français de légèreté devraient penser qu’au bout de vingt-six ans de révolution ils se retrouvent dans les mêmes dispositions qu’ils manifestèrent à son commencement. » Mais, en supposant que les Français de 1815 aient été assez unanimes sur cette Déclaration avec la Chambre des représentants (ce que rien ne prouve) pour ne pas être accusés de légèreté, n’était-ce donc pas trop déjà, au point de vue de La Fayette, qu’après avoir été les Français de 89, ils eussent été ceux du Directoire, ceux du 18 brumaire, du couronnement et des pompes idolâtriques de l’Empire ? […] Dans un écrit intitulé Souvenirs au sortir de prison 86, La Fayette récapitule et rassemble ses propres sentiments mûris, ses jugements des hommes au moment de la délivrance, et la situation sociale tout entière : c’est une pièce historique bien ferme et de la plus réelle valeur. […] Le public est ingrat ; si belle, si soutenue qu’ait été la pièce donnée à son profit, il ne veut pas que la dernière scène soit traînante, et que l’acteur principal demeure, en se croyant encore indispensable, lorsque le gros du drame est fini. […] » il répondait en gasconnant : « Mais oui, ce n’est pas mal. » A propos de la Constitution de l’an III, on ne put tirer de lui autre chose ; et quand l’un des membres du comité, qui avait sa confiance, alla le consulter confidentiellement, pièce en main, pour obtenir un avis plus intime, Sieyès dit : « Hein ! […] Celui-ci, tout effrayé pour Sieyès, en dit un mot à l’oreille aux quelques amis républicains, et il fut convenu de ne pas donner lecture de la pièce sans le consulter.

1324. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

I et II, et comme son Temple de Cupido, ou encore son Enfer ; — 2º de Chants royaux, Ballades et Rondeaux ; — 3º d’Élégies, d’Épîtres, d’Épigrammes ; — 4º de pièces de circonstance, qui figurent dans les recueils sous les titres d’Étrennes, Épitaphes, Blasons, Cimetières et Complaintes ; — 5º de sa traduction de Cinquante Psaumes de David. […] Les premiers vers de Du Bellay ; — L’Olive et le Recueil à Mme Marguerite ; — et que de très beaux vers n’empêchent pas du Bellay d’y demeurer très au-dessous de ses premières ambitions. — Il s’en aperçoit lui-même ; et peut-être est-ce l’origine de sa mélancolie. — Sa pièce contre les Pétrarquistes. — Il trouve dans les ennuis mêmes de son existence auprès du cardinal du Bellay la matière de son chef-d’œuvre. — Originalité du recueil des Regrets. — Les Antiquités de Rome, et la poésie des ruines. […] Les chœurs ; et dans Porcie : Description des Enfers, v.  45-66 ; Description des âges de l’humanité, v. 725 et suiv. ; Les travaux d’Hercule, v. 1076-1110]. — Abondance des traductions. — Influence de Sénèque. — Tragédies grecques : Hippolyte, Antigone et La Troade ; — Comment, dans cette dernière pièce, Garnier fond ensemble l’Hercule d’Euripide, ses Troyennes, et les Troyennes de Sénèque, — — Analyse d’Hippolyte. — Effort sensible du poète vers la psychologie [Cf.  […] V. — La Satire Ménippée [1593-1594] 1º Les Sources. — Presque toutes les pièces un peu particulières, nécessaires ou utiles à l’intelligence de la Satire Ménippée, ont été réunies dans l’édition de Ratisbonne, donnée par Prosper Marchand, 3 vol. in-12, 1726, chez les héritiers de Mathias Kerner. — Joignez l’introduction de Charles Labitte à son édition de la Satire, Paris, s. d. ; — et, du même : Les Prédicateurs de la Ligue, Paris, 1841. […] 3º Les Œuvres, — Si l’on met à part quelques épigrammes, — deux Élégies ; — et quelques pièces obscènes égarées dans la collection du Cabinet satyrique ; — les œuvres de Regnier se réduisent à ses Satires, qui sont en tout au nombre de dix-neuf.

1325. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

C’était une méchante pièce d’airain. […] Il veut que cette grande activité collective soit décomposée, étudiée pièce à pièce, méthodiquement, notée, chiffrée. […] Or, cette définition convient également bien à une pièce de théâtre et à l’univers visible. […] Enfin, une nouvelle décharge de 72 pièces de canon ouvrit une brèche dans ces murailles vivantes. […] C’est, si l’on veut, une pièce géographique du genre du Crocodile de M. 

1326. (1890) Nouvelles questions de critique

Mais plutôt j’aurais quelque tendance croire que, sans pièces inédites ni documents nouveaux, leur œuvre, étant signée d’eux, serait encore ce qu’elle est, et tout ce qu’elle est. […] Dumas avait pris une histoire de la veille, « un drame de la vie réelle », pour en faire une pièce dont aucun détail n’était de son « invention », —  si l’invention consiste, comme on le pensait alors, à imaginer ce que l’on n’a point vu, — et surtout, une pièce dont il n’y avait pas une scène, qui ne fût la préparation, le commentaire, ou l’explication du fait… Nous retrouverons plus loin M.  […] J’ai voulu relire, la plume en main, quelques-unes des pièces où M.  […] La première pièce des Rayons et les Ombres, que nous avons rappelée plus haut, intitulée Fonction du poète, et l’une des dernières pièces des Contemplations, intitulée les Mages, — développement du même thème à quinze ou vingt ans de distance, — contiennent déjà de précieux aveux. […] Sous prétexte, en effet, d’écrire l’histoire du naturalisme « depuis l’antiquité jusqu’à nos jours », et avec la louable intention, je le sais bien, de mettre les pièces du procès sous les yeux du lecteur, tout ce que M. 

1327. (1886) Le roman russe pp. -351

Ce n’est plus le chef-d’œuvre construit de toutes pièces en six jours, par l’opération soudaine d’un démiurge. […] Je ne parle point au hasard ; combien de lettres de jeunes gens, d’amis connus ou inconnus, je pourrais citer comme pièces justificatives ! […] L’intrigue de la pièce est un simple quiproquo de vaudeville. […] « Tous sont contre moi, — écrit-il à un ami ; — fonctionnaires, gens de police, marchands, littérateurs ; tous déchirent ma pièce… Je l’ai prise en horreur, ma pièce ! […] Quelques-unes de ces pièces furent jouées dans le temps, aucune n’est restée au répertoire.

1328. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Joannidès a donné le nombre de représentations obtenues jusqu’à nos jours, à la Comédie-Française, par les pièces de Molière, de Corneille, de Racine. […] Ce prêtre le contraignit à jeter au feu une pièce de théâtre complètement achevée ! […] Lisez cette pièce dans la Nature et l’âme : c’est un petit chef-d’œuvre. […] Ces deux pièces ont été heureusement recueillies dans le présent volume, ainsi que les Danaïdes et l’adorable Naissance des nymphes d’Artémis. […] Un ami du poète, un négociant d’Alep, le racheta pour dix pièces d’or (ou dinars) et lui donna la main de sa fille avec une dot de cent dinars.

1329. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

On a recomposé pièce à pièce tout le paysage ; il diffère très peu de celui que décrit Horace lui-même. […] XXI Tout, dans cette solitude, était occasion de vers : un arbre qui s’écroulait à côté de lui sous un coup de vent et qui menaçait sa tête, un loup qui lui apparaissait au carrefour d’un bois, une fontaine qui lui versait la fraîcheur dans son cristal, le sommeil à l’ombre dans son murmure ; il jetait son impression fugitive dans le moule gracieux et poli de la strophe, et il n’y pensait plus ; ce n’est qu’après sa mort qu’on retrouva et qu’on recueillit le plus grand nombre de ses petites pièces.

1330. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Jamais première répétition d’une pièce attendue comme un événement sur la scène ne fut aussi briguée que la faveur d’assister à ces répétitions de la gloire devant les représentants présumés de la postérité ; les femmes y étaient en plus grand nombre que les hommes, car les femmes étaient le véritable public de M. de Chateaubriand : il avait joui du cœur, de l’imagination, de l’oreille et de la piété des femmes pendant un demi-siècle, les femmes devaient l’en récompenser dans sa vieillesse. […] Je restai debout entre les deux portes, d’où l’on voyait à la fois les deux pièces pleines de spectateurs silencieux ou bourdonnants. […] Ces applaudissements, au reste, étaient fortifiés par le grandiose de cette pièce sacrée, écrite dans la haute langue de Racine par l’écrivain du Génie du Christianisme.

1331. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

L’ouvrage, enfin imprimé, devait paraître dans quelques jours et récompenser par une légitime admiration les longues veilles de l’écrivain, quand un ordre arbitraire du ministre de la police, Savary, duc de Rovigo, fit mettre en pièces les dix mille exemplaires. […] Ce fut là qu’elle vécut pendant ces deux dernières années où la fortune de Napoléon, s’écroulant pièce à pièce aussi rapidement qu’il l’avait construite, coalisa l’Europe soulevée contre lui et vengea, par l’invasion de Paris, l’invasion de tant de capitales.

1332. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Ses pièces sont la nullité même, la niaiserie absolue.. — Quel dommage, n’est-ce pas, que le pauvre homme ait justement passé toute sa vie à écrire pour le théâtre ! […] C’était la Compréhension qui avait construit l’air d’opéra, dicté, les unes après les autres, en série, les pièces d’opéra : c’était elle encore qui avait enchaîné le génie de Haydn, le contraignant à égréner, sans cesse, une à une, les perles de son écrin. […] Pièces justificatives : les Œuvres Complètes de Wagner, 10 volumes chez E.

1333. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Vos vers sont vraiment des vers, votre pièce est bien conçue et bien conduite ; il y a des scènes susceptibles de produire de grands effets, et, avec quelques corrections que je vous indiquerai à loisir, je me charge de la réception, du rôle et du succès. […] Il n’y a pas d’amour, dit-on : c’est vrai ; mais qui peut douter que, si la pièce eût été susceptible d’un amour profane, celui qui fit parler Phèdre et Bérénice n’eût su faire parler un amour hébraïque dans la langue de Salomon ? […] Quant à la langue, ce n’est plus du français, ce n’est plus du grec, ce n’est plus du latin comme dans ces autres pièces profanes et classiques : c’est de l’hébreu transfiguré en un idiome qui ne fut jamais parlé qu’entre Jéhova, ses prophètes et son peuple, parmi les éclairs du Sinaï.

1334. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Boileau disait de la comédie, de celle du déclin de Louis XIV, et en oubliant trop Regnard assurément et peut-être Dancourt et Dufresny : « Depuis Molière, il n’y a point eu de bonnes pièces sur le Théâtre-Français. […] À propos du clinquant qu’il avait reproché au Tasse, Boileau avait été blâmé par un traducteur du Tasse et déclaré plus poète que critique : contrairement à ces sentences du nouveau siècle, Marais tient ferme et reste dans les termes de sa première admiration : « Je dis que Despréaux était grand critique, qu’il l’a montré par ses Satires qui sont des critiques en vers, et que son Art poétique est un des plus beaux ouvrages de critique que nous ayons, aussi bien que ses Réflexions sur Longin. » Le président Bouhier, dans une dissertation savante, avait parlé un peu légèrement de Despréaux et de Bayle, les deux cultes de Marais ; celui-ci, après avoir lu la pièce manuscrite que lui avait communiquée l’auteur, le supplie (et il y revient avec instance) de modifier ce qu’il a dit d’eux et d’adoucir un peu ses expressions ; et il en donne, en définitive, une touchante et haute raison, tirée de Cicéron même, cette source de toute belle pensée et de toute littérature : « Multum parcendum est caritati hominum, ne offendas eos qui diliguntur.

1335. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Le 12 juillet seulement cette pièce lui était envoyée. […] Entre les pièces officielles émanées d’en haut que nous possédons et la réalité du détail, il s’est passé plus de choses que n’en laisse à soupçonner l’histoire s c’est à la biographie, toutes les fois qu’il y a jour, de les recueillir et de les noter. — Et pour revenir à l’histoire, l’opinion résumée de Jomini sur Ney, qu’il connaissait si bien par son fort et par son faible, est à rechercher.

1336. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

À la suite de la dédicace à Richelieu se trouvent, dans l’Anacréon de Rancé, quelques petites pièces grecques anonymes à la louange de l’éditeur. […] On serait même trop disposé à le prendre peut-être en ce sens unique et à faire un Rancé tout d’une pièce, ce que n’est aucun homme, pas même lui.

1337. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Vers dix-huit ans, pour la première fois, l’idée de vers, odes, chansons et comédies, se glissa dans sa tête : il est à croire que cela lui vint à l’occasion des pièces de théâtre auxquelles il assistait. […] Outre ces deux principales affaires, Béranger en eut encore deux autres dans l’intervalle : l’une en mars 1822, à propos de la publication des pièces du premier procès, il fut acquitté ; et plus tard une légère chicane pour contrefaçon, qui n’eut pas de suite.

1338. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Pièces de théâtre, romans, histoire, voyages, philosophie et sciences, tout y passait, tout l’intéressait ; mais il goûtait les Essais de Morale de Nicole plus que le reste ; à dix ans, il avait lu Jean-Jacques, mais sans trop en rien conclure contre la religion. […] Les temps antérieurs à Moïse et les formes nombreuses de la gentilité, la révélation spéciale du législateur hébreu, la révélation sans limite de Jésus et l’Église romaine qui en est la permanente dépositaire, se déroulent tour à tour devant lui et composent les pièces principales de ce merveilleux enseignement : tout le programme de la future science catholique est là.

1339. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

En étudiant beaucoup les faits, les matériaux et les pièces du temps, M. […] Pour avoir une juste idée de Louis XIV et ne plus être tenté d’en parler à la légère, il faut avoir lu au complet le beau Recueil des pièces diplomatiques publiées par M.

1340. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Il a dit de Nicole et l’on peut dire de lui que « sa coutume de pousser les raisonnements jusqu’aux derniers recoins de la dialectique le rendoit mal propre à composer des pièces d’éloquence. » Ce désintéressement où il était pour son propre compte dans l’éloquence et la poésie le rendait d’autre part plus complet, plus fidèle dans son office de rapporteur de la république des lettres. […] Pradon, qui sont deux tragédies très-achevées ; Bossuet côte à côte avec le Comte de Gabalis, l’Iphigénie et sa préface qu’il aime presque autant que la pièce, à côté de Circé, opéra à machines.

1341. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Ou bien elle glissait, espaçant ses vers pour donner naissance à maintes strophes qui s’y enroulaient, ou bien quelques mots de vieille cantilène, au début de chaque pièce, bien que développés avec des richesses plus modernes et conduits loin de leur sens premier, ajoutaient au poème leur vert parfum agreste. […] Et elles se déploient doucement, vêtues de gaze comme d’ailes nacrées, en de vagues paysages aux grandes lignes qui sont de courbes et pensives. » Mais, sinon quant à la parure d’images devenue plus distante, M. de Régnier ne s’est pas assez renouvelé jusqu’ici : ce motif de mélancolie n’a guère changé depuis les poèmes qu’il désigne, sans doute parce qu’il apparut au tournant de la route où le voyageur pressentit enfin son but après des chevauchées trop vainement glorieuses ; au moins s’est-il dégagé avec plus d’évidente force en quelques pièces récentes où le songeur a mis le plus de lui-même et qui s’illuminent telles qu’un miroir propre à refléter peut-être un plus lointain essor.

1342. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Ils critiquent les doctrines, mais ne les prennent jamais de toute pièce. […] L’abrutissement du peuple, l’arbitraire et le caprice, les intrigues de cour et les lettres de cachet, la Bastille, la potence et les Grands Jours sont des pièces essentielles de cet édifice, de sorte que, si vous récusez les abus, récusez aussi l’édifice ; car ils entrent comme parties intégrantes dans sa construction.

1343. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Il y a, je le sais, un rire philosophique, qui ne saurait être banni sans porter atteinte à la nature humaine ; c’est le rire des Grecs, qui aimaient à pleurer et à rire sur le même sujet, à voir la comédie après la tragédie, et souvent la parodie de la pièce même à laquelle ils venaient d’assister. […] La morale est aussi absente du monde d’insectes qui s’agite dans une pièce d’eau, et pourtant quel ravissant intérêt à voir ces gyrins dorés, qui tournent au soleil, ces salamandres qui courent au fond, ces petits vers qui s’enfoncent dans la vase pour y chercher leur proie.

1344. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Plus tard il reproduira admirablement cette même pensée dans le dernier chapitre de sa Monarchie selon la Charte : il se demande ce que devenaient en France autrefois les hommes qui avaient passé la jeunesse et qui avaient atteint la saison des fruits, et, les montrant privés des nobles emplois de la vie publique, oisifs par état, vieillissant dans les garnisons, dans les antichambres, dans les salons, dans le coin d’un vieux château, n’ayant pour toute occupation que l’historiette de la ville, la séance académique, le succès de la pièce nouvelle, et, pour les grands jours, la chute d’un ministre : Tout cela, s’écriait-il, était bien peu digne d’un homme ! […] Dans une des plus remarquables pièces des Harmonies (« Novissima Verba »), ce mélodieux poète célèbre l’amour et déclare qu’il n’y a rien dans le monde que lui : Femmes, anges mortels, création divine, Seul rayon dont la vie un moment s’illumine !

1345. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Notre Bussy, dans l’abrégé de ses Mémoires qu’il adressa à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités, a cité cette pièce de Racan, mais en l’altérant notablement. […] Et là-dessus Bussy ayant écrit à son ancien général une lettre de compliment et de reconnaissance, Turenne lui avait répondu par une lettre qui, « dans sa manière courte et sèche (c’était son genre), était peut-être une des plus honnêtes qu’il ait jamais écrites ». — Je crois maintenant en avoir assez dit, mais il m’était resté comme un remords de n’avoir caractérisé qu’imparfaitement ce portrait de Turenne par Bussy, lequel portrait, d’ailleurs, est en soi l’une des pièces les plus nettes et les plus achevées de notre littérature : c’est un simple dessin sans couleur aucune, mais des plus expressifs et des plus parlants.

1346. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Brillé par le départ de Rodolphe, elle suscite de toutes pièces une passion nouvelle pour Léon. […] À entrevoir les résultats de la science, ils croient en posséder les secrets ; à se promener dans la partie du domaine de la connaissance qui a clé aménagée pour l’intelligence vulgaire ils se croient aptes à s’engager dans ses taillis les plus inextricables et à découvrir des routes nouvelles ; à manier et à posséder tine monnaie qui procure les choses, ils croient, que cette monnaie est frappée à leur effigie et qu’ils ont eux-mêmes le pouvoir d’émettre des pièces d’or nouvelles.

1347. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Cette année, il a profité très-légitimement de l’occasion de montrer une partie assez considérable du travail de sa vie, et de nous faire, pour ainsi dire, réviser les pièces du procès. […] Charles Baudelaire rappelle ici une des plus belles pièces des Fleurs du Mal, la VIe, les Phares.

1348. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

L’un vendait des journaux et soufflait dans une corne de cuivre, l’autre poussait une de ces petites charrettes que les gens de la profession nomment des « balladeuses », et où il y avait de la mercerie, des bonnets de tulle, des pièces d’étoffe, des miroirs, des lanternes de fer-blanc, et celui-ci, pour appeler ses clients répandus dans l’immensité des blés, portait à ses lèvres, de temps en temps, la pointe d’un grand coquillage rose, qui s’évasait en forme de trompe. […] Tandis que nous écrivons, par une sorte d’instinct théâtral et de tradition, des chapitres qui gravitent tous autour d’une scène principale, un peu comme les actes d’une pièce dramatique ; tandis que nous faisons un livre très un et très serré, destiné à être lu sans arrêt, eux, ils écrivent une sorte de journal intime ; ils superposent les détails, sagement, posément, avec l’amour de l’heure présente qui ne connaît pas l’avenir, sans la même hâte vers le but, et ils songent aux misses qui parcourront vingt pages avant une course à cheval, au chasseur de renard qui revient au logis et qui a besoin d’une petite dose de lecture pour calmer la fièvre de ses veines, au commerçant de la Cité, à l’ouvrier anglais, libres avant le coucher du soleil, et qui prendront le livre et le poseront bientôt sur le coin du dressoir, heureux d’avoir trouvé l’occasion d’une larme ou d’un sourire qui n’étaient pas permis dans le travail du jour.

1349. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

La pièce suivante est de celles qui appartiennent au genre de Suétone, de Dangeau et de Burchard ; c’est un feuillet des historiens de l’Histoire Auguste, une page de Procope ou de Lampride, page précieuse, bien qu’elle soit incomplète et à moitié déchirée.

1350. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Il n’est pas jusqu’à ses disgrâces naturelles qui n’influent sur le ton de son récit, et comme le disait il y a peu de temps notre poète populaire, le portrait mis en tête du livre en devient la pièce justificative, le commentaire essentiel.

1351. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Ces articles, écrits tous à l’occasion de quelque représentation particulière, sans être des biographies ni des appréciations complètes, étincellent de vues neuves, de détails agréablement érudits, de comparaisons diverses, et prennent rang d’abord parmi les pièces et les jugements à consulter pour la connaissance littéraire de notre grand siècle.

1352. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Aristophane l’a réalisé, et il faut bien convenir que deux petites pièces telles que Le Songe d’une nuit d’été et Comme il vous plaira, de Shakespeare, sont deux chefs-d’œuvre, et deux chefs-d’œuvre essentiellement différents du Tartuffe et du Misanthrope.

1353. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais je me souviens nettement que Flaubert me parla avec enthousiasme de son jeune ami et qu’il me lut, de sa voix tonitruante, une pièce qui figura, quelques mois après, dans le premier volume de Maupassant : Des vers.

1354. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Depuis des années, Céard nous a promis ce livre, comme aussi certain roman et certaine pièce : mais l’extrême sévérité qu’il a pour son esprit fait qu’il produit peu.

1355. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Les nouveaux venus, trop fiers pour acheter à coups de bassesses et de servilisme la place qu’on leur refusait, trop pressés d’agir pour se mettre à la file et attendre que la vieillesse ou la mort leur eût ménagé des vides, résolurent de marcher au combat avec leurs propres armes, créées de toutes pièces.

1356. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Mais renfermer l’espace accordé à une pièce de théâtre en du temps, en un lieu, c’est imposer une sujétion qui se conçoit mieux dans la littérature d’une nation alignée et symétrisée par des habitudes de respect que dans celle d’un peuple moins ordonné et à qui il prendrait de fréquents accès d’anarchie.

1357. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

À côté du théâtre, il y a les livres, les livres, dont le meilleur fait moins de bruit que la plus mauvaise de toutes les pièces, car c’est encore un des caractères de ce temps contre lesquels nous voulons réagir que la gloire facile du théâtre, que cette préoccupation des spectacles qui matérialisent tous, plus ou moins, la pensée des peuples.

1358. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Esprit vraiment français de fond et de forme, sans déclamation d’aucune sorte, sans surcharge, sans pesanteur, sans pédantisme, Vitu est un voltairien, de l’autre bord, qui rendrait aux voltairiens et à Voltaire lui-même la monnaie de leur pièce en une plaisanterie qui vaudrait la leur.

1359. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

La gloire est faite de toutes pièces avec les opinions des hommes ; il entre autant d’erreurs que de vérités dans la composition de ce bronze sonore.

1360. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Saint-René Taillandier et sur toute cette littérature de pièces et de morceaux qu’il nous donne.

1361. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Loin de pouvoir intenter contre le jeune homme une action de dol, le marchand se trouve obligé à lui rembourser le prix de l’esclave vendue ; dans une autre pièce, il le prie de se contenter de la moitié de la peine qu’il a encourue comme coupable de vol non manifeste ; dans une troisième enfin, le marchand s’enfuit du pays, dans la crainte d’être convaincu d’avoir corrompu l’esclave d’autrui.

1362. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Par exemple dans la pièce intitulée À un martyr (Châtiments, t.  […] Relisez le titre  I de la pièce. […] Ici prix est réservé à la meilleure pièce qui aura été représentée dans l’année sur le théâtre de Louis XIV. Tel prix est réservé à la moins mauvaise pièce qui aura été représentée dans l’année sur le théâtre de. […] Seulement, les circonstances l’obligent à mentir un peu plus peut-être que dans la première pièce.

1363. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Depuis lors, le recueil s’est accru d’autres pièces, composées dans une situation qui, pour l’âme, n’a pas changé. […] Il avait ébauché un plan, proposé un ordre pour la diversité capricieuse et le décousu de pièces d’étendue si inégale, de sujets si différents. […] Il parlait de toutes choses sans savoir, la main dans la poche de son gilet, remuant des pièces d’or comme caution de ses paroles. […] — Quand il serait vrai, dit-il, qu’occupé, comme vous l’êtes, de haute littérature, vous n’eussiez pas de goût pour le vaudeville, ce serait la faute du genre et le tort de ma pièce. — Ce serait plutôt, repris-je, le tort de mes occupations de me cacher les agréments du genre et les qualités de vos pièces.

1364. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

De là, en partie, les pièces baudelairiennes de sa première période — Le Guignon, Le Pître Châtié, Les Fenêtres, L’Azur. […] Les pièces du Premier Parnasse, les Fenêtres. […] Ainsi la chevelure n’est-elle pas le point de départ de l’Eve Future créée par Villiers, la première pièce interchangeable de l’Andreide ? […] Torse ou tète seule que l’on prend et que l’on retourne comme une pièce rare, ainsi que lui-même, par ces vers, recueille dans ses mains et choie sous ses yeux une tête de femme, trésor. […] Les pièces insérées dans le Premier Parnasse sont construites généralement autour d’images plastiques.

1365. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

. — Encore n’avons-nous mentionné qu’implicitement l’essentiel : l’imprévisibilité des formes que la vie crée de toutes pièces, par des sauts discontinus, le long de son évolution. […] Bruyamment, dans le verre qui servirait à me rincer la bouche après l’opération (l’asepsie était inconnue en ces temps très lointains) le dentiste jetait une pièce de cinquante centimes, dont le pouvoir d’achat était alors de dix sucres d’orge. […] C’est à composer ce tableau, la pièce avec son mobilier, le journal déplié sur la table, moi debout devant elle, l’Événement imprégnant tout de sa présence, que visaient quarante-trois années d’inquiétude confuse. […] Il en est parmi eux qui sont véritablement obsédés par leur héros ; ils sont menés par lui plutôt qu’ils ne le mènent ; ils ont même de la peine à se débarrasser de lui quand ils ont achevé leur pièce ou leur roman. […] On dira que la pièce est jouée par des acteurs, qu’il y a sur la scène des hommes en chair et en os.

1366. (1929) Amiel ou la part du rêve

Tout au plus peut-il, comme de Ryons au Ve acte, en devenir le mari, mais alors la pièce est finie, il perd sa place, et Amiel garda la sienne. […] Puis il se replie, écrit une pièce de vers, console, et on se console aussi, à moins qu’on ne finisse « par la passion vulgaire et jalouse ». […] Elle a écrit une vingtaine de volumes pour les enfants, fait représenter une cinquantaine de pièces par des petits garçons et par des petites filles, même au Grand-Théâtre de Genève une traduction en vers de l’Alceste d’Euripide. D’autres pièces étaient jouées par une fille et un garçon qui n’étaient plus jeunes. […] À ce moment André Gide n’est encore qu’un pervers garnement de quatre ou cinq ans, et il s’agit d’une pièce d’anthologie du poète genevois Etienne Gide.

1367. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

. — A l’essai sur Alexandre Dumas, j’ai rattaché un compte rendu d’une de ses dernières pièces et quelques pages plus intimes, écrites au moment de sa mort. […] Il excelle à commencer une pièce par des mots d’une solennité à la fois tragique et sentimentale qu’on n’oublie plus : Que m’importe que tu sois sage ! […] Un peu de cette ironie teinte encore les plus belles pièces du recueil des Fleurs du mal, et chez beaucoup de lecteurs, même des plus fins, la peur d’être dupes d’un fanfaron de satanisme empêche la pleine admiration. […] Sous la lettre des pièces d’archives, il apercevra les extases et les défaillances, tous les profonds troubles nerveux qui remuaient ses frères de jadis. […] De même pourtant que l’imagination philosophique est la maîtresse pièce de son intelligence, de même l’émotion philosophique est la maîtresse pièce de sa sensibilité.

1368. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Charles de Pomairols, a osé intituler une suite de pièces de vers : Poésie de la propriété. […] G. — Johann-Gaspar Gœthe — sur la grille de la porte et sur la rampe de l’escalier, c’est qu’il a commandé lui-même ces pièces en fer forgé au meilleur fabricant de Francfort. […] Les sept fenêtres à petits carreaux de la façade éclairent au premier étage trois pièces de réception, étroites, et qui ne sauraient se prêter qu’à des dîners ou à des soirées d’amis. […] Qu’il était loin encore dans ces pièces de début, la Causerie au bal, le Soir de ma jeunesse, le Calme, le Rendez-vous, Ma muse, la Veillée, Rose, A Alfred de Musset ! […] Elle figure en tête d’une des plus belles pièces de Sainte-Beuve : « Nondùm amabam et amare amabam.

1369. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Longuement et orageusement les idées y ont bouillonné comme les pièces de métal entassées dans la fournaise. […] Si vous voulez absolument qu’on le punisse, nous lui ferons faire un mariage malheureux : l’enfer de l’auteur espagnol « n’en est probablement que l’allégorie. » En tout cas, marié où damné, les honnêtes gens auront à la fin de la pièce le plaisir de savoir qu’il cuit tout vif1308. […] Votre machine fonctionne sans accroc, c’est que les rouages sont huilés et en équilibre ; mais qu’on la mette dans un naufrage ou dans une bataille, que le manque ou l’afflux du sang détraque un instant les pièces maîtresses, et l’on verra hurler ou chanceler un fou ou un idiot. […] Il y rit horriblement, comme Swift ; bien mieux, il y bouffonne comme Voltaire. « On voulut manger le second comme plus gras ; —  mais il avait beaucoup de répugnance pour cette sorte de fin. —  Pourtant ce qui le sauva, ce fut un petit présent qui lui avait été fait à Cadix — par une souscription générale des dames1321. » Pièces en main1322, il y suit avec une exactitude de chirurgien tous les pas de la mort, l’assouvissement, la rage, le délire, les hurlements, l’épuisement, la stupeur ; il veut toucher et montrer la vérité extrême et prouvée, le dernier fonds grotesque et hideux de l’homme. […] De ce concert, une idée sortit, centre de la littérature, des arts et de la religion du siècle : c’est qu’il y a quelque disproportion monstrueuse entre les pièces de notre structure, et que toute la destinée humaine est viciée par ce désaccord.

1370. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Dans la suite, il s’en est tenu strictement à cette formule : ses préfaces, ses pamphlets, ses brochures, ses pièces s’accordent à poursuivre le but qu’il s’était lui-même assigné. […] Signification des pièces de M.  […] Dumas, comme il l’a fait lui-même dans une de ses pièces. […] Dumas sont méconnues, qu’on admire son talent et qu’on cherche des sous-entendus libertins dans les paroles de ses personnages, qu’on applaudit ses pièces et qu’on sourit de ses brochures. […] Taine ; il a écouté — peut-être même les a-t-il applaudies — les pièces de M. 

1371. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

À l’exception des deux poèmes qu’il contient, de quelques pièces grecques et d’un certain nombre d’études d’art, il n’est cette fois que trop personnel. […] Un souffle de cette vigueur mettrait en pièces les mirlitons nationaux si chers aux oreilles obstruées de refrains de guinguette. […] La Mort du Loup est un cri de douleur autrement fier et viril que les lamentations élégiaques acclamées par la foule contemporaine, et la Colère de Samson est une pièce sans égale dans l’œuvre du poète. […] Toutes les pièces du Maître avaient été discutées, applaudies, combattues, mais elles devaient finir par triompher de toutes les résistances.

1372. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Aucun monument véritable, aucune pièce étendue et exemplaire, n’a suivi les admirables préludes que leurs auteurs n’ont pas surpassés ; la perfection du genre n’est pas venue.

1373. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Quand on a écrit les Poèmes anciens et romanesques, la Gardienne et ce livre : Aréthuse, beau tout entier, quand on a écrit le Vase, les Roseaux de la flûte et cette pièce : La Couronne, dans les Médailles d’argile, quand on a dressé tant de beautés souples, harmonieuses et mélancoliques, on est un grand poète ; et que d’aucuns le nient ou bien le reconnaissent, cela n’importe pas.

1374. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Nulle transition ne liait ces pièces diverses ; d’ordinaire cependant une même inspiration les pénétrait et en faisait l’unité.

1375. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

En haut du netzké, un peu plus grand qu’une pièce de deux francs, se voit incisée, dans le fer, une patte d’oiseau, une patte de grue ; mais de la grue absente, volante en dehors du petit rond de métal, il n’y a que la patte — et ce qu’a représenté au milieu du tout petit disque noir le ciseleur, le savez-vous ?

1376. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Ceux-ci, ne respirant que la haine & la vengeance, employoient l’insulte & les sarcasmes, s’accabloient réciproquement de mauvais procédés, de toutes sortes de pièces satyriques en prose & en vers, en Latin & en François ; pendant que leurs chefs s’épuisoient en raisonnemens, publioient réponses sur réponses & répliques sur répliques.

1377. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Et à la fin de la pièce, quoi de plus admirable que cet autre : V.

1378. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Le prêtre est intolérant et cruel ; la hache qui mit en pièces Agag 102 n’est jamais tombée de ses mains.

1379. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Voilà donc en un instant le fruit des veilles du talent le plus rare mis en pièces ; et qui de nous osera blâmer la main honnête et barbare qui aura commis cette espèce de sacrilège ?

1380. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Il n’a pas l’éclat de celui d’Arlequin, ce qui serait scandaleux pour un homme de fonction si grave, mais il est fait aussi de toutes pièces, car qui dit professeur dit vêtu de réminiscences.

1381. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Ce romanesque manuscrit dont nous parle Debay, sans nous dire quelle en était la teneur, sans déterminer où commencent et où s’arrêtent les notions qu’il y a puisées, ne nous apprend que des faits déjà connus ou insignifiants, à l’aide desquels il est facile de composer une mosaïque de pièces de rapport, jointes ensemble par le procédé d’imagination, à présent vieilli et délaissé, de Barthélemy et de Wieland, mais dont il est impossible de tirer le détail intime qui nous illumine une figure, et nous la fait réellement comprendre en la ressuscitant devant nous.

1382. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Le caractère n’est point fait d’une seule pièce.

1383. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

, il ne l’ait pas mis en pièces et déchiqueté avec la violence d’un ennemi qui croit faire une justice en faisant un massacre… voilà ce qui constitue véritablement une originalité à Prescott, et ce qui produit presque la stupéfaction chez son lecteur.

1384. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Il n’y avait que des Frances flottantes, qui se déchiraient, qui se mettaient en pièces à chaque règne… Mais à partir de Hugues Capet, la Monarchie, la vraie Monarchie est instituée.

1385. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Toute cette morale dont ils se chamarrent n’est donc pour eux que de l’ornementation pure, pièces d’estomac, broderies de robe, inscriptions de lambris, peintures d’éventail, dessus de porte, arabesques, mais elle n’a aucune influence réelle sur leur caractère et leurs actes, et elle ne peut pas en avoir, car voici précisément où un homme, qui n’aurait pas été M. 

1386. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Lacombe avec une audace d’expression qui est une fortune, Louis XI ne crut pouvoir mieux faire pour sauver sa royauté, menacée par les grands vassaux, que de reconstituer cette organisation préservatrice quand elle s’en allait en pièces de toutes parts.

1387. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Et il ne s’est pas contenté de ce rude travail : il a traduit, de plus, beaucoup de pièces lyriques de poètes allemands comme Klopstock, Gœthe (encore !)

1388. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Il faut reconnaître qu’on est presque en droit de lui appliquer la jolie pièce des Pigeons qui ont fané, en volant bas, l’iris de leur plumage.

1389. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Dernièrement il a vanné les œuvres que nous connaissions, il y a ajouté et il a réimprimé un volume de choix qui a le mérite de l’unité dans l’inspiration et de la variété dans le détail des pièces composées.

1390. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Les faits groupés autour de cette donnée ne la rajeunissent pas, ils appartiennent à l’inventaire éternel de tous les romans et de toutes les pièces.

1391. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Métius Suffetius, roi d’Albe, fut écartelé, Romulus lui-même mis en pièces par les sénateurs.

1392. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Il commence une pièce à la manière alexandrine. […] Prenons par exemple cette pièce intitulée Regards. […] Une paix dévorante embrasait la pièce ; autour de cette lampe, l’atmosphère brûlait. […] Mais, dans le Pauvre Pécheur, il n’est plus sujet de pièces détachées. […] Tel est le sens de la pièce appelée l’Embaumeur.

1393. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Les écrivains politiques en état de frénésie ou de cécité qui se sont faits les organes de cette théorie de la liberté illimitée, et qui ont été assez malheureux pour se faire des adeptes, n’ont pas réfléchi que tout jusqu’à la plume avec laquelle ils niaient la nécessité de la loi était en eux un don, un bienfait, une garantie de la loi ; que l’homme social tout entier n’était qu’un être légal depuis les pieds jusqu’à la tête ; qu’ils n’étaient eux-mêmes les fils de leurs pères que par la loi ; qu’ils ne portaient un nom que par la loi qui leur garantissait cette dénomination de leur être, et qui interdisait aux autres de l’usurper ; qu’ils n’étaient pères de leurs fils que par la loi qui leur imposait l’amour et qui leur assurait l’autorité ; qu’ils n’étaient époux que par la loi qui changeait pour eux un attrait fugitif en une union sacrée qui doublait leur être ; qu’ils ne possédaient la place où reposait leur tête et la place foulée par leurs pieds que par la loi, distributrice gardienne et vengeresse de la propriété de toutes choses ; qu’ils n’avaient de patrie et de concitoyens que par la loi qui les faisait membres solidaires d’une famille humaine immortelle et forte comme une nation ; que chacune de ces lois innombrables qui constituaient l’homme, le père, l’époux, le fils, le frère, le citoyen, le possesseur inviolable de sa part des dons de la vie et de la société, faisaient, à leur insu, partie de leur être, et qu’en démolissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces lois, on démolissait pièce à pièce l’homme lui-même dont il ne resterait plus à la fin de ce dépouillement légal qu’un pauvre être nu, sans famille, sans toit et sans pain sur une terre banale et stérile ; que chacune de ces lois faites au profit de l’homme pour lui consacrer un droit moral ou une propriété matérielle était nécessairement limitée par un autre droit moral et matériel constitué au profit d’un autre ou de tous ; que la justice et la raison humaine ne consistaient précisément que dans l’appréciation et dans la détermination de ces limites que le salut de tous imposait à la liberté de chacun ; que la liberté illimitée ne serait que l’empiétement sans limite et sans redressement des égoïsmes et des violences du plus fort ou du plus pervers contre les droits ou les facultés du plus doux ou du plus faible ; que la société ne serait que pillage, oppression, meurtre réciproque ; qu’en un mot la liberté illimitée, cette soi-disant solution radicale des questions de gouvernement tranchait en effet la question, mais comme la mort tranche les problèmes de la vie en la supprimant d’un revers de plume ou d’un coup de poing sur leur table de sophistes. […] Trois cents pièces de vers dans tous les genres et dans tous les styles ne prêtent pas à la hardiesse d’une supposition, comme les fragments d’un historien qui est seul garant des faits qu’il raconte.

1394. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Je n’oublierai jamais qu’à Kaiserslautern, le deuxième jour de notre départ, ayant débouclé mon sac pour mettre une chemise blanche, je découvris, sous les chemises, un paquet assez rond, et que, l’ayant ouvert, j’y trouvai cinquante-quatre francs en pièces de six livres, et sur le papier ces mots de M.  […] C’étaient cinq ou six pièces qui galopaient attelées de solides chevaux, — les canonniers à droite et à gauche le sabre à la main. — Derrière venaient les caissons. Je n’avais pas plus d’espérance dans ceux-ci que dans les autres, et je regardais pourtant quand à côté d’une de ces pièces je vis s’avancer un grand maigre, roux, décoré, un maréchal des logis, et je reconnus Zimmer, mon vieux camarade de Leipzig.

1395. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il retape pour la cour une pièce de Voltaire, un opéra de Rameau ; il fait jouer de sa musique chez un fermier général, chez le magnifique M. de la Popelinière. […] La femme d’un fermier général, Mme d’Épinay, qui possédait le château de la Chevrote, mit à la disposition de Jean-Jacques un pavillon de cinq ou six pièces avec un potager et une source vive, qu’elle avait au bout de son parc. […] Non, il y manque encore une pièce considérable : Dieu.

1396. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

La table des pièces à conviction est à demi cachée par le dos des curieux et le dos des municipaux coupés de buffletteries, penchés dessus. […] Un médecin est maintenant un homme qui ne fait plus de visites, qui a son hôpital le matin, ses courses et ses consultations in extremis au galop jusqu’à deux heures, et qui, à partir de cette heure, enfermé en son cabinet, dans l’envahissement des gens sur des chaises continuellement apportées de toutes les pièces de la maison, dans le bruit incessant du timbre annonçant un nouvel arrivant et un nouveau louis, éreinté, hébété, ahuri par le tourbillonnement des maladies et des ordonnances, vous donne cinq minutes d’une consultation au petit bonheur. […] Qu’on imagine dans la nuit de la petite pièce, sur une feuille de papier — dont le rond d’une timbale de guerre du xviiie  siècle peut donner l’idée — les montagnes, les torrents, les omnibus, les chevaux, les passants, peints et touchés, comme par les plus admirables petits maîtres qu’on pourrait rêver.

1397. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Forbes, dans le curieux fascicule feuilleté par Warburton et perdu par Garrick, affirme que Shakespeare se livrait à des pratiques de magie, que la magle était dans sa famille, et que le peu qu’il y a de bon dans ses pièces lui était dicté par « un Alleur », un Esprit. […] Poëte, comédien, chanteur, cocher, épuisant la férocité pour trouver la volupté, essayant le changement de sexe, époux de l’eunuque Sporus et épouse de l’esclave Pythagore, et se promenant dans les rues de Rome entre sa femme et son mari ; ayant deux plaisirs : voir le peuple se jeter sur les pièces d’or, les diamants et les perles, et voir les lions se jeter sur le peuple ; incendiaire par curiosité et parricide par désœuvrement. […] Si l’on se souvient qu’Eschyle presque entier est submergé par la nuit montante dans la mémoire humaine, si l’on se souvient que quatre-vingt-dix de ses pièces ont disparu, que de cette centaine sublime il ne reste plus que sept drames qui sont aussi sept odes, on demeure stupéfait de ce qu’on voit de ce génie et presque épouvanté de ce qu’on ne voit pas.

1398. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

De dix-huit pièces de théâtre qu’à composé cet abbé, il n’y en a pas une qu’on lise aujourd’hui. […] Racine fit cette jolie épigramme, dans laquelle il rapporte, à cette pièce, l’époque de l’origine des sifflets du parterre. […] Mettons aussi les romans qu’elle suppose que j’ai lus, pour les deux cent fois qu’elle a lus avec plaisir quelques pièces du cinique Aristophane.

1399. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Il est d’autres pièces au contraire qui sont acquises à l’histoire, à la langue française, comme aussi à la philosophie du cœur humain. Si la postérité n’a que faire des faiblesses de quelques grands noms, elle a droit de revendiquer les documents qui la conduiront sur la trace de certaines carrières étonnantes, qui lui dévoileront les vrais éléments dont s’est formé à la longue tel caractère historique controversé. » Au nombre de ces pièces que la curiosité publique est en droit de réclamer, on peut placer sans inconvénient (et sauf quelques endroits sujets à suppression) la correspondance de Benjamin Constant avec Mme de Charrière. […] Il assista toujours par un coin moqueur au rôle sérieux qui s’essayait en lui ; le vaudeville de parodie accompagnait à demi-voix la grande pièce ; il se figurait que l’un complétait l’autre ; il avait coutume de dire, et par malheur aussi de croire qu’une vérité n’est complète que quand on y a fait entrer le contraire. […] Toutes ces pages datées de Brunswick sont autant de pièces justificatives et explicatives du début d’Adolphe. […] Pour qui connaît la vie ultérieure de Benjamin Constant, la pièce a tout son prix : « By all that is deemed honorable and sacred, by the value I set upon the esteem of my acquaintance, by the gratitude I owe to my father, by the advantages of birth, fortune and education, which distinguish a gentleman from a rogue, a gambler and a blackguard, by the rights I have to the friendship of Isabella and the share I have in it, I hereby pledge myself, never to play at any chance game, nor at any game, unless forced by a lady, from this present date to the 1st of january 1793 : which promise if I break, I confess myself a rascal, a liar, and a villain, and will tamely submit to be called so by every man that meets me.

1400. (1932) Le clavecin de Diderot

En elle, tout se fractionne, se démonte, mais ses pièces détachées collent, adhèrent à l’instrument, à la méthode qui les ont détachées les unes des autres. […] En tout et pour tout, elle était le contraire de Marius, méprisait les solides pièces de bœuf et les courses folles, mais il y avait, en compensation, un sacré mystère dans son allure de provinciale corsetée et vitrioleuse, abreuvée d’eau de mélisse et de cauchemar, nourrie de migraines et de croquignoles et surtout de la lecture spontanée, sans snobisme de Fantômas. […] Les sciences sociale et morale se contentent de démonter théoriquement un monde, sans même songer à un nouvel et meilleur assemblage des pièces détachées. […] Citation extraite d’une pièce de théâtre de l’auteur latin Térence (184-159), intitulée L’Héautontimorouménos, Flammarion, coll. « GF », 1993. […] Titre d’une pièce de Georges Feydeau de 1911, in Théâtre de Feydeau, Omnibus, 2006.

1401. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Ils se sont plaints, ils ont réclamé, on a leurs lettres ; l’auteur seul n’aurait pas tout dit : Préparé à tout ce que l’on pourrait alléguer contre Werther, a dit Goethe en ses mémoires, je ne me fâchai pas de toutes les contradictions ; mais je n’avais pas pensé qu’une souffrance insupportable me serait réservée par des âmes bienveillantes et sympathiques : car au lieu de me dire d’abord sur mon petit livre quelque chose de non désobligeant, on voulait savoir avant tout ce qu’il y avait de réel dans les faits ; ce que je ne me souciais pas du tout de dire, et je m’en expliquai hautement d’une manière très peu aimable : car pour répondre à cette question, il m’aurait fallu remettre en pièces l’opuscule auquel j’avais si longtemps pensé pour donner à ses nombreux éléments une unité poétique, et j’aurais dû en détruire la forme de telle sorte que les véritables éléments constitutifs eux-mêmes, là où ils n’auraient pas été complètement anéantis, eussent été au moins défaits et dissous. […] Il s’est donc mis à réunir toutes les lettres et les pièces qui se rapportent à cette liaison de Goethe avec ses parents et qui éclairent la composition de Werther, et il les a fait précéder d’une introduction.

1402. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Je voulais voir manœuvrer les pièces dans la forteresse qui devait rendre le salut. […] Un peintre d’attributs, qui était occupé au haut de son échelle à peindre l’enseigne d’un charcutier, voit l’accident ; il se précipite et relève Horace, qui n’est pas blessé : celui-ci, pour remerciement, veut lui mettre dans la main une pièce d’or. — « Oh !

1403. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Vaugelas, docile à l’usage jusqu’à en être esclave, faiblit étrangement en ce cas, je dois l’avouer ; il transige et capitule, et voici le biais qu’il imagine : « Je voudrais tantôt dire recouvré et tantôt recouvert : j’entends dans une œuvre de longue haleine où il y aurait lieu d’employer l’un et l’autre ; car dans une lettre ou quelque autre petite pièce, je mettrais plutôt recouvert, comme plus usité. […] Et comment écouter un écrivain qui, s’attaquant aux Remarques de Vaugelas, venait vous dire en 1651 : « J’ai desseigné (formé le dessein) d’impugner particulièrement cette pièce » ; qui appelait La Mothe-Le-Vayer, « ce pivot de l’Académie » ; qui voulait qu’on dît Madamoiselle, et non Mademoiselle, attendu que la substitution de l’E à l’A est une marque du ramollissement du langage et n’a cours en pareil cas que « dans la coquetterie des femmes et de ceux qui les cajolent ? 

1404. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Suard de toucher à ce qu’il possède à fond ; mais il ne le fait qu’avec sa discrétion accoutumée, se bornant à sa tâche de rapporteur, n’affectant point d’évoquer et de traiter pour son compte les sujets dont il laisse tout l’honneur aux pièces couronnées. […] J’ai vu, quand il s’agissait de certaine pièce de théâtre à couronner (la Gabrielle de M. 

1405. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Du temps de La Bruyère, l’esprit y conservait une grande part ; car, comme dit encore Saint-Simon de Santeul, « M. le Prince l’avoit presque toujours à Chantilly quand il y alloit ; M. le Duc le mettoit de toutes ses parties, c’étoit de toute la maison de Condé à qui l’aimoit le mieux, et des assauts continuels avec lui de pièces d’esprit en prose et en vers, et de toutes sortes d’amusements, de badinages et de plaisanteries. » La Bruyère dut tirer un fruit inappréciable, comme observateur, d’être initié de près à cette famille si remarquable alors par ce mélange d’heureux dons, d’urbanité brillante, de férocité et de débauche141. […] Ce n’est qu’un amas de pièces détachées… Rien n’est plus aisé que de faire trois ou quatre pages d’un portrait qui ne demande point d’ordre… Il n’y a pas lieu de croire qu’un pareil recueil qui choque les bonnes mœurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu’il a dans l’Académie.

1406. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Elle ouvre les doigts et laisse tomber la pièce à terre, et, le regardant d’un air sombre : « Je ne veux pas de votre argent !  […] C’était là tout ce que les passants pouvaient entrevoir ; mais en arrière du pavillon il y avait une cour étroite et au fond de la cour un logis bas de deux pièces sur caves, espèce d’en-cas destiné à dissimuler au besoin un enfant et une nourrice.

1407. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

A ceux qui reprochaient à Balzac le titre de Lettres donné à ses pièces d’éloquence, disant qu’une inscription si basse ne devait couvrir que des choses ordinaires, ses admirateurs répondaient « qu’il n’avait tenu qu’à la fortune que ce qu’on appelait Lettres n’eussent été harangues ou discours d’Etat ; mais que, dans un pays où la volonté d’un seul avait remplacé le gouvernement populaire, n’y ayant ni peuples opprimés à défendre devant un sénat, ni oppresseurs à accuser, il n’y avait pas lieu à l’éloquence politique ; que quant au barreau, les affaires y étaient tellement étouffées par la chicane, que là non plus il n’y avait pas place pour l’éloquence judiciaire : qu’il restait les chaires des prédicateurs, mais que ce n’étaient pas des hommes tels que M. de Balzac qu’on appelait aux fonctions ecclésiastiques », — allusion à Richelieu, qui l’avait critiqué et ne l’avait pas fait évêque, pas même abbé, à quoi Balzac, dit-on, s’était rabattu ; — « que dès lors il avait fallu que son éloquence s’enfermât dans ce petit espace. » C’est là, en effet, le malheur de cette éloquence. […] Il y avait d’autant plus de mérite alors à refuser l’allégeance à cet empereur des orateurs, qu’il courait déjà de main en main, au milieu d’une grande attente, des fragments de son Prince, « et probablement pas les pires pièces, dit judicieusement Goulu, puisqu’il les a proposées comme échantillons, et une montre, pour débiter mieux sa marchandise15. » C’est en 1628 que le général des feuillants faisait cette guerre à Balzac.

1408. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Le dix-septième siècle nous en offre plus d’un modèle dans telles instructions émanées d’un Colbert, dans telle pièce de chancellerie sortie de la plume d’un Lyonne, et qui sont d’utiles sujets d’étude, même pour le langage. […] Balzac et Voiture comparés à Madame de Sévigné Les lettres de Balzac et de Voiture sont des pièces d’éloquence.

1409. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

On parle, en marchant, de Meilhac et de la modernité de ses pièces, on parle des femmes de la société bourgeoise se disputant Gambetta, on parle des catastropheux de la littérature, et de la mission officielle qu’ils se donnent, d’apprendre à leurs amis, sans en être priés, que leurs livres ne valent rien, on parle des Mémoires de Philarète Chasles, dont Daudet admire la vie du style. […] * * * — Je sens maintenant la neige en moi, dans l’intérieur de mes os, douze heures d’avance, et cela dans la pièce la mieux chauffée.

1410. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Ces types-là sont une création de l’imagination humaine, au même titre que tel corps qui n’existait pas dans la nature et qui a été fabriqué de toutes pièces par la chimie humaine avec des éléments existants dont elle a seulement varié la combinaison. […] Témoin Weber qui, en écrivant le Freyschütz, croyait voir le diable se dresser devant lui, alors qu’en réalité il le créait de toutes pièces avec sa propre personnalité.

1411. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

J’ai griffe et dents, et mets en pièces qui m’attaque. […] Louis Roche, qui vient de publier une biographie de La Fontaine, a eu le bonheur de trouver la pièce authentique.

1412. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

L’article de journal, c’est le lingot tombé en menue monnaie ; c’est la pièce de dix sous littéraire. Eh bien, le monnayeur Sainte-Beuve, au trébuchet méticuleux, n’a pas eu d’autre occupation dans sa vie que d’arrondir et de timbrer ses pièces de dix sous.

1413. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Ils commencent de pratiquer la confession, les jeûnes, les retraites spirituelles ; ils croient en la présence réelle ; ils prient pour les morts, fêtent les saints, ont repris l’usage du signe de la croix, parent l’autel, prêchent en surplis, impriment des bréviaires et ont essayé d’établir des couvents ecclésiastiques7. » Voilà les conquêtes successives que la vérité a été obligée de recommencer sur cette terre évangélisée par le moine Augustin et si longtemps chère au Saint-Siège ; voilà ce qu’elle a repris, pièce par pièce, à l’erreur !

1414. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Un essai fort dramatique, le Duc Pompée, publié par la Revue des Deux Mondes, témoignait d’une aptitude remarquable ; une pièce composée depuis en vue du Théâtre-Français, l’ivresse, n’a pu s’y faire jour.

1415. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

On a remarqué avec raison que M. de Lansac était un homme tout d’une pièce, une utilité de roman, un chiffre commode et invariable.

1416. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Quant à Molière et à ses pièces, que me fait à moi l’imitation plus ou moins heureuse du bon ton de la cour et de l’impertinence des marquis ?

1417. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Il avait montré — avec une pénétration peut-être imprudente — que toutes les pièces de la tradition se tiennent, que l’on ne peut commencer à refuser soumission à l’Église sans aller jusqu’à l’incroyance absolue, que la négation, logiquement, doit gagner de dogme en dogme jusqu’à ce que rien du dogme ne subsiste, et que les seuls sociniens sont conséquents, qui sont arrivés à dépouiller la religion de tous les mystères.

1418. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Mais qu’il n’y ait pas trouvé quelque rapport avec ce qui se passait à la cour ; qu’il n’ait pas vu, pas soupçonné que la situation du marquis de Montespan eut quelque rapport avec celle d’Amphitryon, celle de Louis XIV avec celle de Jupiter, qu’il n’ait eu aucune intention en disant dans sa pièce : Un partage avec Jupiter N’a rien du tout qui déshonore, c’est ce qu’il est difficile de croire d’un homme qui était au courant de toutes les aventures galantes de la cour, et ne négligeait, que dis-je ?

1419. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

jamais Mme de Girardin, qui, dans une pièce de vers célèbre, nous fit, de son mari, le plus grand homme de France, sous la dictature de Cavaignac, n’ont eu d’enthousiasme d’un calibre comparable à celui que Mme Quinet a pour M. 

1420. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Ni toute cette malheureuse et vaine littérature qu’elle avait d’abord absorbée avec une voracité d’engoulevent, dans le temps où elle avait ses trois professeurs allemands à la suite qui la chargeaient de notions inutiles ou de connaissances ridicules, comme on charge de poudre, à l’en faire crever, une pauvre pièce d’artillerie, ni le grand amour de Dieu qui l’atteignit plus tard, cette mâle passion des âmes fortifiées, ne purent lui faire perdre le sexe de ses facultés qui ne furent jamais, Dieu en soit béni !

1421. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Histoire écrite sans pénétration, sans pincement des faits pour en exprimer l’intime essence, sans clarté profonde et à l’aveuglette, par un tâtonneur qui a mis la main sur un carton et qui nous le vide, par pièces et morceaux, sur la tête !

1422. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

» Mais la vocation, mais le génie, le génie seul, — car il n’est pas comme son ennemi et son vis-à-vis dans la gloire, qui eut, lui, le génie et la volonté, la bonne part, et qui s’appelait Bonaparte, — le génie seul, qui est d’un jet sans aucune pièce de rapport, dans Nelson, et qui l’avait fait amiral au ventre de sa mère, l’emporta sur les prédictions de la force, de l’expérience et du métier !

1423. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

et qui s’appelait Bonaparte,  — le génie seul, qui est d’un jet, sans aucune pièce de rapport, dans Nelson, et qui l’avait fait amiral au ventre de sa mère, l’emporta sur les prédictions de la force, de l’expérience et du métier !

1424. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

… Abélard, qui est le héros de cette énorme pièce, ne justifie ni par une scène, ni par un mot, ni par un geste, la grandeur de caractère ou de génie que l’auteur lui accorde dans l’opinion des personnages qu’il mêle à sa vie.

1425. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Le voilà, vivant, brillant, éblouissant de toutes couleurs et de toutes pièces, plus jeune que jamais, c’est-à-dire ayant toutes les qualités de son talent, car le talent de M. 

1426. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

En dehors des poésies inspirées par Apollonie, plusieurs pièces des Fleurs du Mal, qui sont parmi les plus belles, et en particulier la première, construisent, au-dessus de son enfer, un paradis du poète. […] Presque toutes les pièces des Fleurs du Mal fourmillent de platitudes et de chevilles, et Baudelaire serait de nos grands poètes celui qui écrit le plus mal si Alfred de Vigny n’existait pas. […] Ce n’est pas un artiste : on nous dit seulement que ce qu’il écrit ce sont des romans et des pièces de théâtre, et nous nous doutons bien que cela doit donner une littérature ennuyeuse. […] On entrevoit dans le Journal intime une pleureuse diaphane qui erre entre ces fragments brisés d’un bel objet d’art, — une pièce d’or inconnue dont ils sont plusieurs à nous donner la monnaie ! […] Il nous semble, en lisant Amiel, que nous sommes tout près de la pièce d’or, que nous la voyons, mais qu’une impossibilité magique, comme celle des rêves, nous empêche de la toucher.

1427. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Je me souviens d’avoir vu représenter, — Rouvière jouant Othello, — la pièce d’Alfred de Vigny. […] Elles sont nombreuses, les pièces historiques où de telles peintures avaient été essayées ; et quant à la « pitié » qu’Alfred de Vigny se proposa d’inspirer « après tout », personne n’ignore qu’elle a été le but du théâtre tragique de tous les temps. […] Mais chaque fois qu’on ouvrait le livre où sont les comédies et les drames de Musset, chaque fois que le théâtre nous rendait l’une de ces pièces, il y avait une tristesse de désillusion. […] Scribe lui-même, mais d’une pièce dont l’auteur pourrait être soupçonné d’avoir logé un demi-jour à peine dans une rue où passa, même sans rêver à des vaudevilles, M.  […] Même dans les pièces bourgeoises, où il consentit deux ou trois fois, — car nul, ici-bas, n’est parfait, — il gardait une fierté presque espagnole ou romaine, castillan comme Victor Hugo et rouennais comme Corneille !

1428. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Jamais cet avis ne leur fut plus nécessaire ; nos livres se remplissent insensiblement d’un idiome tout à fait ridicule ; plusieurs pièces de théâtre modernes, jouées avec succès, ne seront pas entendues dans vingt années, parce qu’on s’y est trop assujetti au jargon de notre temps, qui deviendra bientôt suranné et sera remplacé par un autre. […] Ainsi, quand on cite Térence, par exemple, ou Plaute, il faut, ce me semble, avoir soin d’y joindre la pièce et la scène, afin qu’en recourant à l’endroit même, on puisse juger si on peut se servir du mot en question. […] On assure que Leibnitz composa un jour une longue pièce de vers latins, sans se permettre une seule élision ; cette puérilité était indigne d’un si grand homme et de son siècle. Cela était bon du temps de Charles-le-Chauve ou de Louis-le-Jeune, lorsqu’on faisait des vers léonins, des vers latins rimés, des pièces de vers dont tous les mots commençaient par la même lettre, et autres sottises semblables. […] L’orateur romain compare le style de Thucydide, à qui il ne manque rien que l’harmonie, au bouclier de Minerve par Phidias, qu’on aurait mis en pièces.

1429. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Ce qui me frappe avant tout, c’est la recherche de la mélodie, la hantise d’expressions revenant de pièces en pièces, avec une allure d’incantation. […] Tout de suite, une grande pièce, qui est le Cabinet de travail : aux murs des Japonaiseries, le sourire aux rondes pommettes de doux masques. […] Puis, à une seconde reprise, ils y ajoutent pièce à pièce, en pignochant, par un travail de pointillé tout à fait méritoire, les ténèbres qui constituent leur principale originalité. » (Quisait, « Gaulois », 22 Sept. 86.) […] — En montant une pièce qui est de vous. […] Que l’on se reporte à l’adorable pièce : Diane au bois, en donnant toute l’attention au personnage de Gniphon, le Satyre.

1430. (1925) Portraits et souvenirs

Parcourez les pièces qui composaient la modeste demeure où le grand Balzac s’était retiré, loin des tracas et des bruits de Paris et où ne le visitaient guère que les personnages créés par sa prodigieuse imagination, vous y verrez un assemblage déjà important de gravures, de publications, de documents concernant la Comédie humaine et un certain nombre d’objets ayant appartenu à son auteur. […] Entre les premières pièces publiées par le Parnasse contemporain et le mystérieux morceau intitulé le Coup de Dés, qui fut, je crois, la suprême tentative du poète, et celle où le mena le plus loin son génie de l’ellipse, il y a un écart considérable. […] Il savait plus encore, il savait, dans une pièce, discerner ce qu’elle était de ce qu’elle semblait être. […] Lucien Muhlfeld disait ce qu’il pensait, et si parfois il atténuait son opinion, c’était pour dire de la mauvaise pièce ou du four indéniable plus de bien et moins de mal qu’il eût été rigoureusement juste d’en dire. […] L’une des personnes présentes, qui ne connaissait pas la pièce, pria le poète de la réciter.

1431. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Timidement, pour commencer ; mais bientôt avec plus d’audace, on la voit poindre et s’essayer dans la comédie de Marivaux : — Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; Les Serments indiscrets, 1732 ; La Mère confidente, 1735 ; Les Fausses confidences, 1737, — dix autres pièces, qui non seulement vengent les femmes des dédains de Molière, mais encore qui font passer la comédie sous l’empire de leur sexe, l’y rangent, et l’y maintiendront à l’avenir. […] 2º Son théâtre, composé de 34 pièces en tout, dont les principales sont : Arlequin poli par l’amour, 1720 ; — La Surprise de l’amour, 1722 ; — La Double Inconstance, 1723 ; — Le Prince travesti, 1724 ; — La Seconde Surprise de l’amour, 1727 ; — Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; — Les Serments indiscrets, 1732 ; — L’Heureux Stratagème, 1733 ; — La Mère confidente, 1735 ; — Le Legs, 1736 ; — Les Fausses Confidences, 1737 ; — L’Épreuve, 1740 ; — et Le Préjugé vaincu, 1746. […] Et 3º de quelques pièces en prose, parmi lesquelles on cite son Discours de réception, 1748. […] XL]. — Quelques médiocres facéties : La Relation de la maladie et de la mort du Père Berthier, 1759 ; — Les Quand, 1760, réponse à un discours académique où Lefranc de Pompignan avait attaqué les philosophes ; — ses Dialogues chrétiens, 1760, — et un opuscule plus important : l’Extrait des sentiments de Jean Meslier, 1762, — achèvent de faire de lui le chef incontesté du parti philosophique. — L’Éloge de Crébillon, 1762 ; — le Commentaire sur Corneille, — et le Recueil de pièces originales concernant la mort des sieurs Calas, 1762. […] 1750-1765. — Discours sur les sciences et les arts, 1750 ; — et pièces relatives aux réfutations du Discours, 1751-1752 ; — Lettre sur la musique française, 1753 ; — Discours sur l’économie politique, 1755 ; — Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité, 1755 ; — Lettre sur les spectacles, 1758 ; — La Nouvelle Héloïse, 1760 ; — Le Contrat social, 1762 ; — l’Émile, 1762 ; — Lettre à l’archevêque de Paris, 1762 ; — Lettres de la Montagne, 1765 ; — Lettres sur la législation de la Corse, adressées à M. 

1432. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

La grande pièce réunit toutes les études et toutes les pensées, elle en est le centre et le lien. […] Nous tombâmes sur la pièce intitulée Villequier, un vrai chef-d’œuvre. […] Si quelque chose doit être sévèrement composé, c’est une pièce de vers. […] Théodore lut les dix pièces de vers dont ce livre-album se compose. […] Lorsque j’étais enfant, c’était une des pièces grecques que nous lûmes trois fois dans une année à Harrow.

1433. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

À l’entendre, Homère n’est qu’une vieille idole, que La Motte a jetée bas de son piédestal, comme Descartes a renversé l’autel d’Aristote ; les homéristes sont taillés en pièces, comme autrefois les péripatéticiens de collège, et le genre humain est sauvé.

1434. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Il faut lire encore la pièce qui suit et qui a pour titre : La Voix perdue. — Rapprochement singulier et qui est un lien entre ces natures poétiques, mystérieuses !

1435. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Il fait d’excellentes remarques sur notre tragédie classique : « C’est une fausse délicatesse qui empêche les personnages d’entrer dans les détails, ce qui fait que nous ne sommes jamais saisis de terreur, comme dans les pièces de Shakespeare.

1436. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal, destiné à soutenir ou à contenir les parties moins solides, ou lâches, d’un objet déterminé… Là-dessus on dispose la garniture, l’ouvrage d’art, c’est-à-dire les devoirs, les sentiments, etc. » Eh bien non, cette thèse est fausse.

1437. (1890) L’avenir de la science « VI »

Il n’est personne qui, à un point de vue plus ou moins élevé, n’avoue qu’il est nécessaire qu’il y ait des gens pour faire des pièces de théâtre, des romans et des feuilletons.

1438. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Quelles conséquences n’étoit-on pas en droit de tirer de ses Épigrammes infames, qu’il appeloit les Gloria patri de ses pseaumes, de la Moïsade, dont on le faisoit auteur, quoiqu’elle appartienne à un nommé Lourdet qui n’a jamais donné que cette pièce exécrable, de ses comédies sans décence, de ses contes libres, de ses petits vers scandaleux ?

1439. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

L’engouement était tel, qu’on en tirait des pièces.

1440. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Ce n’était pas assez pour elle d’être devenue un bas-bleu comme Mme Zénaïde Fleuriot, il fallait encore qu’elle fût une rosière d’académie, comme le fut Collet Attendrie au Récit d’une sœur comme une personne naturelle et comme si elle comprenait quelque chose à ce qu’il y a de plus beau en ce récit, c’est-à-dire à l’ardeur du catholicisme qu’on y respire, l’Académie, ce Sanhédrin de vieux voltairiens, de sceptiques, d’éclectiques, et dont les évêques se sauvent épouvantés depuis qu’il y entre des athées, Pavait flétrie de sa couronne, — de cette couronne dont les feuilles de laurier sont des pièces de cent sous.

1441. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Prodigieuse contradiction d’un esprit qu’on croyait vigoureux et qui semblait fait d’une seule pièce.

1442. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Avec des facultés très fortes, de l’acuité d’observation, de la profondeur dans l’accent, de l’emporter pièce dans l’empreinte, il voulut être un moraliste et n’y réussit pas, quoiqu’il ne se soit survécu à lui-même que sous ce nom, et quoique à cette heure il ne soit lu et compté que comme tel.

1443. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Mais, républicain seulement pour faire pièce à un gouvernement qui ne lui avait pas fait place, il n’eut pas la force que contenait son parti, parce qu’un tel parti est nécessairement l’excès même et qu’il en repoussait les excès.

1444. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

L’auteur des Uns et des Autres n’ayant pas dans l’esprit les muscles samsoniens qu’il faudrait pour mettre en pièces le lion, s’est fait taon contre ce lion de marbre.

1445. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Je ne sache que Lope de Vega, qui, avec ses dix-huit cents pièces de théâtre, ait plus écrit que Balzac, mais Lope de Vega est plus un nom qu’on prononce qu’une chose intégrale qui se lit, et il n’a pas fait, dans ses œuvres, vingt volumes qui puissent égaler les vingt volumes de la Comédie humaine, qui sont immortels, et qui, si le vieux monde ne tombe pas en enfance, resteront, comme l’Iliade, sous les yeux et dans les préoccupations de l’humanité.

1446. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Sainte-Beuve, qui, impatienté, l’ai mise à la fin en pièces, l’autre jour !

1447. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Flourens a le plus exhalé sa petite odeur de muguet littéraire, quand, de savant en savant, il est arrivé jusqu’à Guy Patin, cette excellente figure, ce Boileau Despréaux de la médecine, qui aurait donné très bien la monnaie de sa pièce à l’autre Boileau, le railleur de la Faculté.

1448. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Talent verveux, italien, bergamasque, Arlequin fait de pièces et de morceaux comme l’habit éclectique de ce porteur de batte, et, nous pouvons bien le dire après ce que Cousin a dit de lui-même, un peu bateleur.

1449. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

parce que le théâtre ne peut pas dire tout comme le conte), passionne son récit d’une analyse plus passionnée que le récit même dans son acharnement, et cette analyse déchire tout et met tout en pièces fibre à fibre, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus dans cet avare, dans ce vampire de l’or, qui le sucerait et l’avalerait, une seule fibre, une seule fibrille à montrer et à expliquer !

1450. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Notre mission n’est pas de chanter un hymne, mais de conjurer un fléau. » Et il ajoute : « Nous prendrons de plus l’engagement de n’appeler à notre aide que l’élite de la science, ou les autorités les plus graves, car ce premier mémoire n’est guères qu’une exposition sur pièces officielles, exposition raisonnée, il est vrai, discutée et terminée par des conclusions ; mais ces conclusions auront leur conséquence et ne sont, en définitive, que le prélude de débats et de questions bien autrement graves, réservés pour un second mémoire. » Après avoir tracé et déterminé les caractères qui doivent donner son autorité à tout témoignage et garantir l’authenticité de chaque fait, il commence l’histoire de ces phénomènes qui ne sont pas d’hier dans le monde, mais qu’une science infatuée et superficielle y croit d’hier, parce qu’elle les a nommés de noms nouveaux.

1451. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

L’esprit, qui emporte la pièce par le mordant de l’expression, marque profondément de son caractère ce livre, qu’on trouvera cruel.

1452. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

L’esprit qui emporte la pièce par le mordant de l’expression marque profondément de son caractère ce livre qu’on trouvera cruel.

1453. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Le livre qu’il publie aujourd’hui ne porte pas ce nom de L’Illustre Docteur Mathéus pour marquer un ensemble commun de récits, reliés sous une idée qui les embrasse dans un but unitaire de composition, mais tout simplement L’illustre Docteur Mathéus est la plus grosse pièce du recueil.

1454. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Il veut bien avoir son terrible, comme Anne Radcliffe, mais il ne l’a pas pour nous dire, en nous faisant toucher les pièces de son décor et l’habit de toile cirée de ses fantômes : Avez-vous été bêtes d’y être pris ?

1455. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Vous me répondez qu’une pièce essentielle d’une machine est souvent une pièce invisible. […] Mettons que c’est une pièce essentielle, un gond, un genou, une articulation de ma philosophie sociale. […] Et il faut dire que tout le poème, toute la pièce est comme une gageure. […] Cette articulation, cette insertion fait la pièce capitale du christianisme, de la sainteté. […] Que ce sont les bonnes pièces en un sens qui authentiquent les mauvaises, que ce sont les pièces vraies pour ainsi dire qui garantissent les fausses.

1456. (1897) Aspects pp. -215

Et tous les courtisans à chaque pièce nouvelle qu’ils annonçaient s’exclamaient en chœur : « Superbe ! […] Jullien considère une pièce de théâtre comme une sorte d’analyse de caractères où les événements ne seront que les résultantes logiques du heurt des personnages. […] Et il pousse cette méthode tellement loin qu’il déclare : « Une pièce bien faite doit pouvoir se mimer. » S’il en était ainsi, je crois qu’on trouverait fort peu de pièces bien faites. […] Ce souci d’exactitude minutieuse, cette préoccupation de la mécanique des pièces caractérise toute la méthode de M.  […] Et il s’écrie à propos d’une pièce versifiée : « Plus nous nous éloignons de l’alexandrin, plus nous rapprochons de la vie. » Il y a là un malentendu.

1457. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Une page de roman, une pièce de vers est un document psychologique de premier ordre. […] Avant de faire jouer une pièce, on commence par l’écrire. […] Il n’est personne qui n’ait éprouvé cette impression, ayant lu une pièce de théâtre et la voyant à la scène, d’être en un sens déçu. […] La pièce a plus de 600 vers. […] On vient de lire une pièce de vers écrite en octosyllabes ; quand on est encore accordé au rythme de ce vers, brusquement on tombe sur une pièce écrite en vers de neuf, de onze, ou de treize pieds.

1458. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Le rêve de gloire, entrevu pendant les nuits de grand’garde, quand les vieux sous-officiers racontaient les exploits de Suffren aux Indes, ou que les jeunes recrues parlaient d’Arcole et de Rivoli, s’est évanoui tristement, s’est éparpillé aux souffles du large, détruit pièce à pièce par un exil perpétuel et des labeurs ingrats. […] On lui rit au nez, et on lui jeta tant de pavés et de pièces de fonte (tout le lest du ponton) qu’elle quitta la partie. […] Je ne parlerais pas de la pièce remarquable à laquelle ont travaillé M.  […] Le livre est suivi d’un volumineux dossier de pièces justificatives, qui montre avec quel soin M.  […] Les marchands de drap continuent de vendre la même pièce de drap aux mêmes acheteurs.

1459. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

de juger l’acteur et la pièce ? […] Et quand on l’a établie, qu’en résulte-t-il enfin, si, comme tout le monde le sait, il n’y a presque pas une pièce de Molière, ou de Shakspeare même, dont le sujet leur appartienne en propre ? […] et de là, son souci de l’opinion ; de là, dans son œuvre, tant de pièces de « circonstance », — l’événement du jour transposé sur le mode lyrique ; — de là, aussi, dans sa vie, tant de défaillances et de palinodies. […] — chacune de ces petites pièces avait un sens ; elle tendait, sans en avoir l’air, à prouver quelque chose ; et, sans qu’on y prît garde, elle le prouvait. […] Que l’on prenne donc la pièce intitulée les Phares, et, du premier vers de chacune des stances, que l’on retranche le premier mot : il semblera que ce soit le désordre, l’incohérence, ou la folie mêmes.

1460. (1927) Approximations. Deuxième série

Cette pièce, « microcosme de l’œuvre de Shakespeare », laisse voir dans des juxtapositions tranchées « l’obscénité drue », la bouffonnerie comme le pathétique. […] Elle semble énumérer et compter en pièces d’or pur, ce que nous dépensons distraitement en vulgaire monnaie de pas, quand nous marchons à toute final. […] Car il faut s’y résigner : Shakespeare, quoi qu’on en ait, « tient la scène », et il la tient d’un bout à l’autre de chacune de ses pièces, aussi bien lorsqu’il s’agit de pièces secondaires dans son œuvre et qui seraient l’impérissable couronne de l’œuvre de tout autre. […] On sait que la pièce fut représentée pour la première fois en 1604, la même année que Othello. […] Les grands vents irrésistibles des odes, les impalpables brises errantes des pièces courtes, jamais dans la correspondance il n’en est même fait mention.

1461. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

De la pièce de vers, il est allé au poème, au roman et au théâtre. […] Nous verrous les enfants grandir dans ses pièces et dans ses romans. […] Cherchant sa voie après les malentendus dramatiques provoqués par ses pièces audacieuses, M.  […] Aicard, en effet, a écrit de très belles pièces. […] Notre plus belle tragédie française, Athalie, est une pièce sans amour.

1462. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Chacune de ses pièces est écrite dans un ton homogène et convenant à la seule émotion que le sujet doit produire. […] Je m’accommode mal de l’obscurité d’un moraliste ; et parmi les pièces d’Ibsen, par exemple, je ne puis décidément admirer que celles que je comprends. […] Taine a consulté toutes les pièces qui concernaient Napoléon, que M.  […] À la plus belle pièce, au plus beau roman, on préfère un beau compte rendu, pourvu toutefois qu’il soit grave, copieux, et suffisamment paré d’idées générales. […] Et avec le secours de toutes ces pièces supplémentaires, qui avaient manqué à Mme Barine, un écrivain anglais, M. 

1463. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

C’est dans la pièce de Sophie que se trouvent ces charmants vers dont se souviennent volontiers encore quelques personnes contemporaines de l’auteur : lorsqu’on les entend pour la première fois, on s’étonne de ne les point connaître, on se demande où Mme de Staël a pu les dire ; on ne s’aviserait point de chercher là cette jolie perle un peu noyée : Mais un jour vous saurez ce qu’éprouve le cœur, Quand un vrai sentiment n’en fait pas le bonheur ; Lorsque sur celte terre on se sent délaissée, Qu’on n’est d’aucun objet la première pensée ; Lorsque l’on peut souffrir, sûre que ses douleurs D’aucun mortel jamais ne font couler les pleurs. […] Le mépris des petitesses et du médiocre en tout genre la prenait à la gorge, la suffoquait ; elle vérifiait et commentait à satiété la jolie pièce de Picard. […] On jouait souvent à Coppet des tragédies, des drames, ou les pièces chevaleresques de Voltaire, Zaïre, Tancrède si préféré de Mme de Staël, ou des pièces composées exprès par elle ou par ses amis. […] Nous avons cherché à en reproduire le sentiment dans les stances suivantes, en supprimant toutefois l’histoire entière et détaillée de Rome qui fait le principal de la pièce allemande et qui est dans le style grave des Fastes ; mais le ton général du début, et tout le mouvement de la fin qui se rapporte à Mme de Staël, ont été conservés, autant du moins que nous avons pu y réussir.

1464. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Mais ce que nous appelons un ensemble de moyens employés n’est en réalité qu’une série d’obstacles tombés ; l’acte de la nature est simple, et la complexité infinie du mécanisme qu’elle paraît avoir construit pièce à pièce pour obtenir la vision n’est que l’entrecroisement sans fin des antagonismes qui se sont neutralisés les uns les autres pour laisser passer, indivisible, l’exercice de la fonction. […] Dans la première, l’obligation représente la pression que les éléments de la société exercent les uns sur les autres pour maintenir la forme du tout, pression dont l’effet est préfiguré en chacun de nous par un système d’habitudes qui vont pour ainsi dire au-devant d’elle : ce mécanisme, dont chaque pièce est une habitude mais dont l’ensemble est comparable à un instinct, a été préparé par la nature. […] Bref, pour résumer tout ce qui précède, nous dirons que la nature, déposant l’espèce humaine le long du cours de l’évolution, l’a voulue sociable, comme elle a voulu les sociétés de fourmis et d’abeilles ; mais puisque l’intelligence était là, le maintien de la vie sociale devait être confié à un mécanisme quasi intelligent : intelligent, en ce que chaque pièce pouvait en être remodelée par l’intelligence humaine, instinctif cependant en ce que l’homme ne pouvait pas, sans cesser d’être un homme, rejeter l’ensemble des pièces et ne plus accepter un mécanisme conservateur.

1465. (1923) Paul Valéry

Elle semble énumérer et compter en pièces d’or pur ce que nous dépensons distraitement en vulgaire monnaie de pas, quand nous marchons à lente fin. » La poésie, elle, peut-elle vivre et créer dans ce monde d’essences ? […] L’Album pourrait porter entier ce titre d’une de ses pièces : Narcisse parle. […] Vous avez devant vous trois pièces anatomiques, une main, un cœur et un cerveau. […] Elle repousse cette figure du monde traîné vers la répétition, la multitude, la fécondité, — l’autrui — ce que Platon nommait l’Autre, — et cette « manie humaine de faire écho » qui monnaye en le billon humain une invisible pièce d’or ! […] Si l’Enthousiasme et surtout Mazeppa restent de belles pièces, l’allégorie n’y est pour rien, mais bien les tableaux et le mouvement eux-mêmes, en dehors de toute interprétation tendancieuse.

1466. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Quand j’ai songé à étudier pièce à pièce cet homme encyclopédique, qui a laissé à lui tout seul d’Athènes un monument homogène plus complet et plus divin mille fois que cette encyclopédie de plusieurs mains inspirée en France par Voltaire, Diderot et leurs amis, travaillant sans plan à détruire plus qu’à édifier, je suis allé d’abord chercher dans sa retraite Barthélemy Saint-Hilaire. […] Le peintre ne laissera point dans son tableau un pied qui dépasserait les proportions des autres parties de la figure, ce pied fût-il beaucoup plus beau que le reste ; le charpentier de marine ne recevra pas davantage une proue, ou telle autre pièce du bâtiment, si elle est disproportionnée ; et le choriste en chef n’admettra point, dans un concert, une voix plus forte et plus belle que toutes celles qui forment le reste du chœur.

1467. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Les avenues de cerisiers, les buis séculaires, ces ifs du Nord, ce velours des murs d’enceinte, les larges parterres, les immenses jardins, les pièces d’eau dormante dans leurs bassins de roseaux et de marbre, les fontaines bouillonnantes par la gueule des dauphins moussus sous le hêtre colossal, les longs méandres de charmilles taillées en murailles arrondies en berceaux, les gradins de gazon fuyant en perspective pour conduire le regard jusqu’au cœur des bois, enfin les forêts épaisses et silencieuses qui entourent la demeure, tout donnait au château de mon oncle un caractère de mélancolique grandeur et de sauvage majesté. […] « Tout autour de l’enceinte extérieure se dressait une forte palissade de pièces serrées les unes contre les autres et taillées dans le cœur du chêne. […] combien il s’en est fallu peu que ces dogues ne vous aient déchiré en pièces et que je n’aie été couvert de honte par eux !

1468. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Voir, si l’on veut, dans les poésies de Joseph Delorme deux pièces adressées à M.  […] Nous ne croyons pas nous tromper en disant que cette dernière pièce a été également inspirée par lui. — Dans une dernière édition de Joseph Delorme (1861), on peut lire (page 299) une lettre de Jouffroy adressée à l’auteur ; il s’était en partie reconnu.

1469. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

« À Saint-Laurent, en Normandie, la cure ne vaut pas plus de 400 livres que le curé partage avec un obitier, et il y a 500 habitants, dont les trois quarts à l’aumône. » — Comme les réparations du presbytère et de l’église sont d’ordinaire à la charge d’un seigneur ou d’un bénéficier souvent éloigné, obéré ou indifférent, il arrive parfois que le prêtre ne sait ni où loger, ni où dire la messe. « J’arrivai, dit un curé de Touraine, au mois de juin 1788… Le presbytère ressemblerait à un souterrain hideux s’il n’était ouvert à tous les frimas et à tous les vents » : en bas, deux chambres carrelées sans portes ni fenêtres, hautes de quatre pieds et demi, une troisième haute de six pieds, carrelée, servant de salon, de salle, de cuisine, de buanderie, de boulangerie et d’égout pour les eaux de la cour et du jardin ; au-dessus trois pièces semblables, « le tout absolument lézardé, crevé, menaçant ruine, sans portes ni croisées qui tiennent », et, en 1790, les réparations ne sont pas encore faites […] En cas de malheur, il a sa réserve privée, sa bourse à part. « Le roi, disait Mme de Pompadour, signerait sans y songer pour un million, et donnerait avec peine cent louis sur son petit trésor. » — Louis XVI essaye pendant un temps de supprimer plusieurs rouages, d’en introduire de meilleurs, d’adoucir les frottements du reste ; mais les pièces sont trop rouillées, trop pesantes ; il ne peut les ajuster, les accorder, les maintenir en place ; sa main retombe impuissante et lassée.

1470. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Je le suivais souvent pas à pas, pendant des heures entières, pendant qu’il touchait ses quatre bœufs blancs et fauves attelés à la charrue, dans les longues pièces de terre bordées de frênes, le long des avenues du château. […] Puis il se hâta d’atteler les quatre taureaux à une charrue neuve, et il laboura tout le jour une longue pièce de terre, derrière les jardins, d’où l’on apercevait, sur la colline opposée, à travers les bois, le village d’Arcey et la fumée du toit de la maison de la Jumelle.

1471. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Balayer de la scène le moyen âge et installer à sa place un âge de justice, de logique, de vérité, de liberté, de fraternité, conçu d’une seule pièce et jeté d’un seul jet ; En religion, conserver la belle morale et la sainte piété chrétienne, en détrônant les intolérances ; En politique, supprimer les féodalités oppressives des peuples, pour les admettre aux droits de famille nationale, et leur laisser la faculté de grandir au niveau de leur droit, de leur travail, de leur activité libre ; En législation, supprimer les privilèges iniques pour inaugurer les lois communes à tous et à tous utiles ; En magistrature, remplacer l’hérédité, principe accidentel et brutal d’autorité, par la capacité, principe intelligent, moral et rationnel ; En autorité législative, remplacer la volonté d’un seul par la délibération publique des supériorités élues, représentant les lumières et les intérêts généraux du peuple tout entier ; Enfin, en pouvoir exécutif, respecter la monarchie, exception unique à la loi de capacité, pour représenter la durée éternelle d’une autorité sans rivale, sans éclipse, sans interrègne ; honorer cette majesté à perpétuité de la nation, mais la désarmer de tout arbitraire, et n’en faire que la majestueuse personnification de la perpétuité du peuple : voilà la véritable Révolution française, voilà le plan des architectes sages et éloquents des deux siècles. […] Mais l’imagination des lecteurs voit toujours le crime ou la vertu d’une seule pièce ; elle s’irrite quand on lui montre dans un monstre une parcelle de vertu, et dans un homme de bien un atome de faiblesse.

1472. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Jean Valjean est un voleur bien intentionné d’abord, puis un récidiviste bien conditionné, et bien près d’être un assassin, quand il répond à l’hospitalité confiante de l’évêque, son hôte, son sauveur et son bienfaiteur, par le vol domestique et par la forte tentation de l’égorger pendant son sommeil, et quand il met le pied sur la pièce de quarante sous du pauvre enfant son guide, en fermant le poing pour l’assommer. […] Secondement, ce même Valjean devient parfaitement digne des galères par le vol, dépourvu de toutes circonstances atténuantes, de l’argenterie de l’évêque, et parfaitement caractérisé d’une vraie perversité aggravante, par l’hésitation entre assassiner ou épargner son sauveur, et parfaitement surchargé d’une criminalité odieuse par le vol de la pièce de quarante sous, à main armée, du pauvre enfant sans force et sans armes !

1473. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

On nous bandait les yeux, et alors il était beau de voir toutes les pièces du carillon, par ordre de grandeur, de la plus grosse à la plus petite, revêtues de la belle robe de dentelle brodée qu’elles portèrent le jour de leur baptême, traverser l’air pour aller, en bourdonnant gravement, se faire bénir par le pape. […] Après qu’Orphée, ayant perdu son idéal, eût été mis en pièces par les ménades, sa lyre ne savait toujours dire que « Eurydice !

1474. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Les ouvrages que l’on nous façonne ne sont que des recueils de pièces détachées, reliées entre elles avec plus ou moins d’adresse. […] On remarquera le choix des pièces jouées en concert ainsi que leur découpage et le titre qui leur est donné.

1475. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

  Tristan et Parsifal, les deux pièces de fête de cette année, — deux mondes, mais tous deux, dans l’âme d’un seul Maître, arrivés à une plasticité idéale ! […] Schiller traduisit des pièces françaises, Gœthe, comme intendant du théâtre de Weimar, se montra incapable de susciter un développement du théâtre allemand, et finit par laisser aller les choses leur vieux train.

1476. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Ce chant aigu, excessif, dont toutes les notes ont des vibrations désespérées de coups d’aile, reparaîtra sans cesse au cours de la pièce. […] La pièce s’achève sur cet hymne de transfiguration.

1477. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Comparez, dans la société humaine, les effets du travail isolé et ceux du travail associé : jadis, comme Delbœuf l’a remarqué, la fabrication d’une montre de précision exigeait un horloger d’une extrême habileté personnelle, qui faisait presque tout à lui seul ; aujourd’hui, une fois le procédé trouvé, il n’y a plus qu’à répartir la confection des diverses pièces entre des ouvriers ordinaires et à ajuster ensuite toutes ces pièces : vous aurez une montre marquant exactement l’heure.

1478. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Cette pensée, c’est la révision pièce à pièce de toutes les institutions du moyen âge et la reconstruction de l’esprit humain sur un plan neuf et raisonné.

1479. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Aussi après lui je ne connais que de mauvaises pièces, et avant lui que quelques bonnes scènes. » (Ibid. […] « L’église, dit-il, qu’on trouve la première, afin que l’entrée en soit libre aux séculiers, semble tenir lieu de cette première salle que les Romains appelaient atrium : de là on passait dans une cour environnée de galeries couvertes, à qui l’on donnait le nom de péristyle ; c’est justement le cloître où l’on entre de l’église, et d’où l’on va ensuite dans les autres pièces, comme le chapitre, qui est l’exèdre des anciens ; le réfectoire, qui est le triclinium, et le jardin, qui est derrière tout le reste, comme il était aux maisons antiques. » Note M, page 115.

1480. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Baudelaire, dans une pièce fameuse (et d’ailleurs dans un autre sens), a marqué ce que les premières lueurs libératrices du matin mettent de tristesse autour des ouvriers de la nuit. […] Paul Guillot, soldat, etc., etc., ont l’honneur de vous faire part de la perte cruelle qu’ils viennent d’éprouver en la personne de Marie-Léon Guillot, homme de lettres, sergent au 171e d’infanterie, tombé au champ d’honneur et mort joyeusement pour son pays… (Pièce communiquée.)‌

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

À la bataille de Sediman, où Mourad Bey à la tête de ses mameluks se brisait contre les carrés français, mais où un feu de quatre pièces tiré des hauteurs emportait bien des hommes, qui une fois tombés et laissés sur le champ de bataille étaient massacrés, le général Desaix, affligé de voir ces braves périr d’une mort horrible, eut un moment l’idée de rejoindre les barques pour les y déposer ; il demanda l’avis de Friant qui lui répondit aussitôt, en lui montrant les retranchements ennemis : « Général, c’est là-haut qu’il faut aller ; la victoire ou la mort nous y attend, nous ne devons pas différer d’un moment l’attaque. » — « C’est aussi mon sentiment, répliqua le général Desaix, mais je ne puis m’empêcher d’être ému en voyant ces braves gens périr de la sorte. » — « Si je suis blessé, repartit le général Friant, qu’on me laisse sur le champ de bataille ! 

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Nisard est un livre ; il se publie de nos jours bien des volumes ; il y a peu de livres ; il y a bien des assemblages faits de pièces et de morceaux, il est très peu de constructions qui s’élèvent selon un plan tracé et sur des fondements qui leur soient propres.

1483. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Je finis sur ce chapitre, j’en ai parlé longtemps, trop longtemps, mais je ne sais par quelle fatalité il arrive que je ne peux rien vous dire en peu de mots ; c’est que j’aimerais à vous dire tout ce que je pense… » Je n’exagère pas, et chacun maintenant est juge ; mais c’est, on en conviendra, un événement biographique que la production d’une semblable pièce d’anatomie morale.

1484. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Les descriptions, les analyses de cœur, les conversations rapportées, les pièces diplomatiques citées au long, nous font plus d’une fois perdre de vue l’auditoire ; et quand le chien Rask remue la queue, ou que le sergent Thadée pousse une exclamation, on a besoin de quelques efforts pour se rappeler le lieu et les circonstances.

1485. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Un auteur de tragédie ou comédie, Chabanon, Desmahis, Colardeau, je suppose, obtenait un salon à la mode, ouvert à tout ce qu’il y avait de mieux ; c’était un sûr moyen, pour peu qu’on eût bonne mine et quelque débit, de se faire connaître ; les femmes disaient du bien de la pièce ; on en parlait à l’acteur influent, au gentilhomme de la Chambre, et le jeune auteur, ainsi poussé, arrivait s’il en était digne.

1486. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Et qu’une critique même équitable et modérée de cette triste pièce, si elle eût paru le lendemain de la représentation, eût à bon droit été jugée chétive, misérable, et digne à peine d’un Fréron ou d’un Clément !

1487. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Certaines pièces des Méditations de M. de Lamartine idéalisent assez bien les oratoires d’élite auxquels, vers 1819, ou s’initiait.

1488. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Les Fables de Gay ont de l’esprit, mais point de naturel ; et l’on ne peut jamais comparer sous aucun rapport les pièces fugitives des Anglais, leurs contes burlesques, etc., avec les écrits de Voltaire, de l’Arioste ou de La Fontaine.

1489. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

. — Le coche l’emporte à Versailles ; il aperçoit un seigneur qui, au bord d’une pièce d’eau, fait une révérence et offre la main à une dame.

1490. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

On rencontre souvent des pièces entières dont la genèse s’explique ainsi.

1491. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Voyez les pièces de Jovellanos et de Moratin.

1492. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

L’aventure du Lys rouge est dramatique à la façon, non d’une pièce de Dumas ou d’un roman de Maupassant, mais d’un chapitre de Schopenhauer… Est-ce que je m’en plains ?

1493. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Si tu trouves la société actuelle trop imparfaite et indigne de ton sacrifice, sacrifie-toi du moins à une société idéale qui ne peut manquer de se réaliser un jour et que ton sacrifice aura préparée. » — Toute morale rentre dans le système d’illusionnisme social que nous avons décrit plus haut ; ou plutôt elle en est la maîtresse pièce.

1494. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Il y a longtemps que personne ne songe plus à devancer l’expérience, ou à construire le monde de toutes pièces sur quelques hypothèses hâtives.

1495. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Quanto voulut ensuite manger ; elle donna une pièce de quatre pistoles pour acheter ce qu’il fallait pour une sauce qu’elle fit elle-même et qu’elle mangea avec un appétit admirable.

1496. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Les titres qui nous ont été transmis de ses pièces (les Pleuroniennes, Actéon, Alceste, Antée, les Égyptiens, les Justes, les Conseillers, les Danaïdes et la Prise de Milet) attestent, comme des bornes miliaires, l’étonnant agrandissement du jeune art.

1497. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

L’attention du pianiste, par exemple, passe de sa tête dans son tronc, dans ses bras et dans ses doigts ; c’est une pièce d’or qui se change en menue monnaie.

1498. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

  On rencontre des pièces entières sans rime, ni assonance, ainsi la ballade qui commence ainsi : J’ai fait l’amour sept ans, Sept ans sans en rien dire, Ô beau rossignolet, J’ai fait l’amour sept ans, Sept ans sans en rien dire.

1499. (1902) L’humanisme. Figaro

Mais, bien qu’ils y revinssent toujours comme en leur citadelle inexpugnable, les parnassiens sortirent souvent de la belle tour close où ils adoraient à l’écart l’idole hiératique : témoin Leconte de Lisle, dont la poésie, si impassible qu’elle veuille être, laisse souvent deviner la pensée généreuse et entendre le cœur palpitant ; témoin Sully Prudhomme, si préoccupé de justice et de bonheur, et qui loua André Chénier d’avoir uni Le laurier du poète à la palme du juste ; et Anatole France, dont les Noces corinthiennes ont pu sembler, vingt ans après avoir été écrites, une pièce d’actualité ; et le tendre et nostalgique Dierx, et Catulle Mendès, dont la fantaisie est si moderne, et Coppée, penché sur les humbles, et Heredia enfin, le somptueux conquistador épris des époques reculées et des rivages lointains, qui un jour, se souvenant qu’il était un homme d’aujourd’hui et appartenait à un « peuple libre », consentit à dresser un beau « trophée » en plein Paris, sur le pont Alexandre.

1500. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Dans le temps de cette aventure fâcheuse, on donna au théâtre François Alzire, Zaïre, Mérope & les plus belles pièces du même auteur.

1501. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Et, remarquez-le bien, Messieurs, ce n’est pas le travers, la manie de quelques individus, c’est le préjugé à la mode, Qu’on me cite des pièces historiques, des mémoires particuliers qui caractérisent mieux les désordres de la régence.

1502. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

On ne pouvait s’y tromper par ignorance, car toutes les pièces de ce grand procès avaient été publiées, depuis peu, dans les affaires des parlements ; et plus récemment encore, dans les cahiers des États-Généraux.

1503. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

comme si l’intelligence humaine n’était pas tout d’une pièce !

1504. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

C’est là, comme on dit, le nœud de la pièce.

1505. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Lord Byron, cet enfant terrible de génie, s’était fait jacobin pour faire pièce à la société élevée de son pays dont il était mécontent ; mais il n’a pas paru à Barot un jacobin assez solide.

1506. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Verger de Saint-Thomas, qui n’est pas Louis XIV pour imposer sa législation, a ramassé en pièces l’idée de Louis XIV et l’a appliquée, comme il a pu, à une société qui n’a plus les hiérarchies sociales du temps de Louis XIV, et qui est nivelée et rongée par l’égalité et l’individualisme modernes.

1507. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Il est vrai qu’ils n’avaient pas mis leurs vingt-deux têtes dans le même bonnet, et qu’ils n’étaient, après tout, que les pierres d’une mosaïque intellectuelle, composée par un éditeur… Chacun de ces vingt-deux fragments d’un traducteur intégral avait son petit coin, son alvéole, dans la ruche, sa petite pièce sur laquelle il s’était rué et avait épuisé son petit génie, — et puisque chacun avait choisi le morceau (ode, épode, épître ou satire) qui convenait le plus à son genre d’esprit ou d’imagination, ce n’était pas peut-être, en tant qu’il faille traduire un auteur, la plus mauvaise espèce des traductions que celle qu’ils faisaient à eux tous.

1508. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Mais nous, et Guizot avec nous, qui maintenons l’originalité profonde et même incomparablement profonde de Shakespeare ; nous qui ne voulons pas qu’il soit seulement une perle dans une coquille d’huître, et qui ne nous sentons aucun respect pour cette huître où elle s’est formée ; nous qui ne croyons pas, comme Emerson, que le mérite inadéquate de Shakespeare ait été d’être à l’unisson de son temps et de son pays, car son pays et son temps n’ont pas dit un mot du succès de ses pièces et n’ont pas classé son génie, — ce qui prouve qu’ils ne le sentaient pas ; — nous disons, nous, que « le biographe de Shakespeare n’est pas Shakespeare », si on entend par là son œuvre.

1509. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

sans la moindre éructation de ces gros mots vides, dont ils bourrent leurs pièces, les avocats, et qui partent avec bruit, mais sans les dégonfler jamais !!

1510. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Il est vrai que, sous le dernier des Stuarts, cette théorie, qui saignait encore du coup de hache qui avait fait tomber la tête de Charles Ier, fut définitivement mise en pièces, mais elle n’était pas tombée du ciel comme un bouclier salien, et, pour qu’elle se fût si souverainement posée, il fallait qu’elle répondît à des sentiments publics, à des idées qui avaient cours.

1511. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Il couvrit parfois de sa parole la magnifique politique du grand homme profond qui était en train de faire une France monarchique avec les pièces et les morceaux de la féodalité.

1512. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

L’écu, le tout-puissant écu, dans ce siècle de religions diverses poussées en pleine terre de folies, doit s’établir comme la religion définitive de la Raison et du Progrès, et Bellegarrigue est le Guèbre prosterné de ce soleil nouveau : la pièce de cent sous.

1513. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Ou bien encore : « Shakespeare est un grand psychologue, et l’on apprend dans ses pièces à connaître le cœur humain (page 89). » Quelle nouveauté et quel renseignement !

1514. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

mes pièces d’or ont faites !

1515. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet fait toujours toutes choses comme quelqu’un), la personnalité de l’auteur se mêle souvent à celle du héros, je trouve ces lignes parfaitement nettes sous leur emphase : « D’autres peut-être seront loués plus que moi dans leurs pièces détachées.

1516. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Il suffit d’avoir, au berceau, étouffé des serpents, et André Chénier, dès le berceau de sa poésie lyrique, en a étouffé… Supposez que cette tête rêveuse de pasteur grec n’eût pas été tranchée par l’un des derniers coups de la guillotine de Thermidor, et qu’André Chénier, mort à trente et un an, eût échappé à l’échafaud et eût pu répandre dans des vers plus nombreux, dans des pièces de plus longue haleine, la masse d’indignation et d’horreur qui s’était entassée en lui, et qui aurait fait, en ces vers vengeurs, avalanche, la littérature n’aurait peut-être pas, en poésie, d’œuvre plus belle !

1517. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

De tous les Paris, — car il y en a plusieurs, dans ce Paris fait de mille pièces comme un habit d’Arlequin, — le plus connu, grâce aux chroniqueurs, qui sont ses historiographes, par conséquent le moins original et celui dont les observateurs et les artistes devraient le moins se préoccuper.

1518. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Son Théâtre de Clara Gazul en a plusieurs ; mais il se compose de beaucoup de pièces dont la plupart n’ont que l’étendue de ce qu’on appelle un lever de rideau.

1519. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

La collection de toutes ces pièces répand une contagion ; les cocasseries de Brueghel le Drôle donnent le vertige.

1520. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Donc, une fois dans le Walhalla, nous viderons du matin au soir de grandes cornes d’uroch, et nous nous taillerons en pièces pendant toute l’éternité ». […] M. de Balzac fait la grosse voix et annonce sa pièce avec la solennité empesée et formidable d’un montreur de marionnettes. […] Mademoiselle, quel tort vous faites à ma pièce !  […] Le peuple des environs vint avec six pièces de canon et une armée de 1000 hommes les expulser de leur asile. […] — Je n’ai point dit les cinq actes, mais seulement trois. — Bien dit : mais dans la vie ces trois sont toute la pièce.

1521. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Qu’il vente et qu’il neige, que l’ouragan se démène dans les noires forêts de sapins, ou sur la houle blafarde parmi les goëlands qui crient, que l’homme roidi et violacé par le froid trouve pour tout régal, en se claquemurant dans sa chaumière, un plat de choucroute aigre ou une pièce de bœuf salé, sous une lampe fumeuse et près d’un feu de tourbe, il n’importe ; un autre royaume s’ouvre pour le dédommager, celui du contentement intime : sa femme est fidèle et l’aime ; ses enfants, autour de son âtre, épellent la vieille Bible de famille ; il est maître chez lui, protecteur, bienfaiteur, honoré par autrui, honoré par lui-même ; et si, par hasard, il a besoin d’aide, il sait qu’au premier appel il verra ses voisins se ranger fidèlement et bravement à ses côtés. […] Laissons donc de côté les parades et les intrigues d’en haut, les scrupules et les passions de Henri VIII331, les complaisances et les adresses de Cranmer, les variations et les bassesses du Parlement, les oscillations et les lenteurs de la Réforme, commencée, puis arrêtée, puis poussée en avant, puis d’un coup violemment refoulée, enfin épandue sur toute la nation, et endiguée dans un établissement légal, établissement singulier, bâti de pièces disparates, mais solide pourtant et qui a duré. […] Quand Taylor parle de la mort, il ne fait que reprendre et achever une pensée que Shakspeare ébauchait déjà378. « Toutes les successions de la durée, tous les changements de la nature, les milliers de milliers d’accidents de ce monde, et tous les événements qui arrivent à chaque homme et à chaque créature nous prêchent notre sermon funèbre, et nous avertissent de regarder et de voir comment le Temps, ce vieux fossoyeur, jette les pelletées de terre et nous creuse la fosse où nous irons enfouir nos joies et nos peines, et déposer nos corps comme une semence qui lèvera au jour magnifique ou intolérable de l’éternité. » Car, outre cette mort finale qui nous engloutit tout entiers, il y a les morts partielles qui nous dévorent pièce à pièce. « Nous sommes morts à tous les mois que nous avons déjà vécus, et nous ne les revivrons jamais une seconde fois. » Et voilà comme nous laissons derrière nous, lambeau par lambeau, toute notre vie, d’abord notre première vie engourdie et obscure « quand nous sortons du ventre de notre mère pour sentir la chaleur du soleil. […] L’énergie stoïque, l’honnêteté foncière de la race se sont éveillées sous l’appel de l’imagination enthousiaste ; et ces caractères tout d’une pièce se lancent sans réserve du côté du renoncement et de la vertu. […] —  Et de moment en moment la flamme et la fumée sortaient en si grande abondance avec des étincelles et des bruits hideux, qu’il était forcé de relever son épée et de recourir à une autre arme appelée prière. —  Il alla ainsi longtemps ; et toujours cependant la flamme arrivait jusqu’à lui ; et il entendait aussi des voix lamentables et comme des frôlements et des froissements deçà et delà, tellement qu’il pensait parfois qu’il serait déchiré en pièces ou foulé comme la boue des rues419. » — Contre ces angoisses, ni ses bonnes œuvres, ni ses prières, ni sa justice, ni toute la justice et toutes les prières de toutes les autres créatures ne pourront le défendre.

1522. (1885) L’Art romantique

Janin, qui avait si bien loué le comédien il y a quelques années, voulut le rendre solidaire de la mauvaise humeur que lui causait la pièce. […] Émile Augier, a fait une pièce, La Ciguë, où l’on voit un jeune homme tapageur, viveur et buveur, un parfait épicurien, s’éprendre à la fin des yeux purs d’une jeune fille. […] Léon Faucher vient de blesser à mort la littérature avec son décret satanique en faveur des pièces honnêtes. […] Quand un auteur aura quelques termes de loyer à payer, il fera une pièce honnête ; s’il a beaucoup de dettes, une pièce angélique. […] Je me rappelle avoir entendu dire à un artiste farceur qui avait reçu une pièce de monnaie fausse : Je la garde pour un pauvre.

1523. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Son héros est un Julien Sorel factice, fait de quelques pièces raides. […] Un roman qui n’est pas conçu selon un ordre de composition organique, comme une pièce de théâtre, est-il nécessairement inférieur ? […] Bordeaux, qui est un ouvrier de romans très expert comme MM. de Flers et Caillavet sont des ouvriers habiles de pièces. […] Mais, à l’intérieur de ces limites, le beau domaine encore, la riche étendue, le jardin fleuri et la pièce d’eau végétante de Monet à Giverny ! […] Une pièce mal faite est une mauvaise pièce, j’entends une mauvaise pièce pour le spectateur.

1524. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Je ne prétends point anticiper en ce moment, ni préjuger quelques-unes des pièces de vers assez spirituelles et agréables qu’on a de lui ; mais il est certain qu’à sa sortie du collège, en cette mémorable année 1819 où Lamartine se révélait par ses premières Méditations, où Victor Hugo adolescent s’essayait déjà par des odes touchantes et pures, où André Chénier apparaissait comme un jeune moderne dans ses œuvres pour la première fois recueillies, Ampère, ardent, exalté, enthousiaste, ne rêvait que la palme et le laurier. […] Je vois maintenant ces pièces d’un tout autre œil qu’au temps où je les ai écrites, et il est pour moi bien intéressant de constater l’effet qu’elles produisent sur une nation étrangère et dans une époque dont les idées sont tout autres. […] Il y eut combat et lutte le jour de la première représentation du Cid d’Andalousie (ler mars 1825) ; à la seconde soirée, le 4 mars, la pièce se releva et l’on put croire à un plein succès. […] » Ce mot d’heureux augure ne se vérifia point : ue suite de petits contre-temps et je ne sais quelle intrigue de coulisses déjouèrent le succès et fixèrent la destinée de la pièce.

1525. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Ils ont aidé à introduire dans le public le goût du document rare et, en développant la clientèle des collectionneurs, ils ont certainement sauvé de la destruction bien des pièces uniques que les héritiers auraient jetées au feu. […] Si toutes les œuvres de l’Antiquité, toutes les pièces de Plaute ou de Térence, de Sophocle ou d’Euripide, de tous les auteurs dont nous ne connaissons que le nom et de tous ceux que nous ignorons avaient été intégralement conservées, si la bibliothèque d’Alexandrie n’avait pas brûlé, ne serions-nous pas noyés dans une masse de « tablettes » et de parchemins, contraints, par la quantité tellement accrue des connaissances à acquérir, à une « spécialisation » encore plus forcenée que celle d’aujourd’hui, qui, telle quelle, est déjà un des maux de notre époque ? […] Cependant sur ces pièces, aussi mensongères que des pages de Plutarque ou de Tite-Live, la légende nationale s’établit dans chaque pays, définitive et irréfutable. […] Ce n’est qu’un document dont l’utilisation, en critique et en histoire littéraires, est pleine de difficultés et de pièges de toute espèce, même lorsqu’il s’agit d’une pièce dont l’authenticité est certaine.

1526. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Ces pièces étaient suspendues aux murs ou posées sur un immense appui logé dans le renfoncement cintré où se groupaient des statues entières ombragées par des branches, des couronnes de chêne, au-dessus desquelles s’élevait une grande palme très-belle encore, quoiqu’elle fût jaunie par le temps. […] Plusieurs tableaux de peintres vivants et célèbres alors37 achevaient de décorer les différentes pièces, où tout d’ailleurs indiquait le goût de la maîtresse du logis pour les arts, et ses habitudes élégantes. […] Mais outre les visites journalières que lui faisait David à l’heure du déjeuner, on avait eu soin de mettre à la disposition du peintre toutes les pièces de l’habillement que Bonaparte portait à Marengo. […] Enfin les yeux d’un autre personnage étaient bouchés chacun par une pièce d’or, et, pour compléter cette parodie, Girodet avait peint sur les angles du cadre de ce dernier tableau des camées aussi piquants que ceux qui figuraient autour du portrait étaient louangeurs. […] L’éditeur des œuvres posthumes de Girodet s’est abstenu d’y insérer la seule pièce de vers où l’artiste ait laissé couler librement sa verve, à l’occasion des critiques qui parurent en 1806 sur la Scène de Déluge.

1527. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Le théâtre me dégoûte invinciblement et ce n’est pas cette pièce de néant, Nana-Sahib, qui m’y pousserait. […] Dumas, en tant qu’arrangeur de la pièce dont l’intuitive Sarah est assurément le vrai poète, ressemble à un croquant en visite chez une princesse très bonne qui consentirait à ne pas le faire jeter à la porte. […] » Je connais un jeune poète d’un brillant esprit et déjà célèbre, armé de toutes pièces, à ce qu’il semblait, contre d’aussi stupides séductions. […] Je vais donc donner deux pièces recueillies aux deux extrémités opposées de l’œuvre poétique et musicale de Rollinat. Ces deux pièces, très différentes de style, de mouvement et d’inspiration, mais identiques d’accent et qu’il m’a été donné de lui entendre chanter plusieurs fois — Dieu sait avec quelles trépidations intérieures ! 

1528. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal destiné à soutenir ou à contenir les parties moins solides, ou lâches, d’un objet déterminé. […] Ses pièces furent chassées honteusement du théâtre où, la veille encore, elles étaient applaudies avec enthousiasme. […] Il ne lui fallut pas un long discours — même allemand — pour supprimer ma pièce. […] Et cet article, je le lisais tout haut, tandis que mon valet de chambre allait et venait dans la pièce. […] … à… concréter ce rêve… Il s’en faut de peu, d’ailleurs… Il s’en faut de rien… Quelques raseurs à décourager… et ça y est… J’étudie, en ce moment, un projet… un vaste projet de concours hebdomadaires, où, avec l’approbation des directeurs, avec l’aide de la critique, avec l’Académie française comme jury, je couronnerais, chaque semaine, ou seulement au fur et à mesure des besoins, la meilleure pièce de théâtre… Et par la meilleure pièce… ah !

1529. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Deux pièces : Au bord de l’eau et Vénus rustique contiennent le meilleur du recueil intitulé : Des vers. […] Alexandre Dumas ; aussi bien dans l’une et dans l’autre ce qu’il y a de meilleur n’est-il pas ce que ces pièces ajoutent aux nouvelles d’où elles sont tirées. […] Et la plus neuve et la plus significative est sans doute cette pièce manquée : Mariage blanc. […] Lemaître s’est amusé, en prenant quelques pièces du théâtre d’Augier et de M.  […] On sait combien Shakespeare et Molière ont emprunté, et que Gœthe a repris de toutes pièces la légende de Faust.

1530. (1894) Critique de combat

Les bons bourgeois, qui ne lisent rien que leur journal bien pensant ; les gens du monde, qui n’aiment que les romans pimentés et les pièces à femmes, sont atteints dans leur quiétude. […] Ces ossements recueillis au hasard dans les décombres : un jeu de jonchets ou encore un jeu de patience dont les pièces se ressemblent toutes. […] Nos faiseurs de livres et de pièces imitent à leur tour nos couturiers. […] On aura si bien fouillé la Russie, la Norvège, la Suède, la Hollande, l’Allemagne, que nos directeurs de théâtre ne sauront plus où trouver des pièces étrangères à monter. […] Notre enseignement supérieur y est si bien composé de pièces et de morceaux qu’il apparaît comme une espèce de chaos.

1531. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Dans ce monde de demi-poésie et de demi-éloquence, Goethe s’imagine qu’il n’a qu’à se présenter pour prendre sa place ; et il compose quelques pièces de vers. « Se fût-il mis une pierre au cou !  […] L’auteur d’Eritis procède comme s’il instruisait un procès ; il dépouille une à une les pièces de conviction, leur donne des numéros d’ordre, les aligne à la file sans autre souci que d’entasser le plus de preuves possible devant le lecteur. […] Antoine, dès que la baronne lui a confié cette circonstance, devine sans beaucoup d’efforts qu’une pièce de cette nature n’a pu être dérobée que par Itzig. […] Il résolut sur-le-champ d’être très soumis à l’égard de la mère, de faire l’amoureux de la fille, de mal nettoyer les bottes de Bernard et de fouiller tous les jours ses habits, sous prétexte de brosse, pour voir si le propriétaire n’aurait pas oublié au fond des poches quelque pièce d’argent. […] Dès 1775, il parut à Berne, chez Walthard, une pièce de théâtre, les Malheurs de l‘amour, qui était la reproduction exacte du roman de Goethe.

1532. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Ce vertueux sauvage sauve le fils du roi sur lequel un grand-prêtre levait le poignard, puis, désignant tour à tour le grand-prêtre et lui-même, il s’écrie : « Voilà l’homme civil ; voici l’homme sauvage. » Sur ce vers, applaudissements, grand succès, tellement que la pièce est demandée à Versailles et jouée devant la cour. […] Mais voici un bien autre attrait, le plus pénétrant de tous pour un monde qui raffole de Parny ; selon le comte d’Artois dont je n’ose citer le mot, c’est l’appel aux sens, l’éveil des sens qui fait toute la verdeur et toute la saveur de la pièce.

1533. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

. — Au total, il apprend la langue faite, comme un vrai musicien apprend le contre-point, comme un vrai poète apprend la prosodie ; c’est un génie original qui s’adapte à une forme construite pièce à pièce par une succession de génies originaux ; si elle lui manquait, il la retrouverait peu à peu ou en découvrirait une autre équivalente.

1534. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

« Et c’est vous-même qui, en défaisant par abstraction et pièce à pièce l’œuvre de la vie, en dépouillant la matière des propriétés qu’elle n’a pu se donner elle-même, c’est vous-même qui faites la preuve, par analyse, de l’intervention nécessaire et progressive d’un agent de la vie.

1535. (1772) Éloge de Racine pp. -

Héraclius et Rodogune sont les pièces de Corneille où devait surtout se déployer le talent de l’intrigue. […] le cid, la seule de ses pièces où l’amour produise quelque effet, bien plus par la situation que par les détails, le cid, qui fut le premier fondement de sa réputation, il l’avait pris aux espagnols.

1536. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

En effet, une tendance ne peut concourir, même dans cette mesure restreinte, à la production d’un phénomène nouveau que si elle est nouvelle elle-même, qu’elle se soit constituée de toutes pièces ou qu’elle soit due à quelque transformation d’une tendance antérieure. […] Elle ne dérive pas d’un arrangement conventionnel que la volonté humaine a surajouté de toutes pièces au réel ; elle sort des entrailles mêmes de la réalité ; elle est le produit nécessaire de causes données.

1537. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin d’avoir remis en honneur, même au prix de quelque exagération, certaines figures trop oubliées du xviie  siècle, d’avoir produit quantité de pièces inédites, et d’avoir prêché hautement pour la révision et la collation des textes déjà altérés de nos grands auteurs.

1538. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Toutefois, si j’avais beaucoup l’occasion de vous voir, indépendamment du goût que j’aurais à causer après la pièce de ce que j’aime mieux penser comme vérité, — je m’attacherais dans votre intérêt au point de vue de la prudence qui, sans exiger de vous le sacrifice de vos opinions, doit vous conseiller beaucoup de mesure, en proportion même des applaudissements que recevez.

1539. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Et comme l’a dit, on ne saurait mieux, Théophile Gautier en parlant de ces pièces et saynètes : « … Quelque fantaisie charmante où la mélancolie cause avec la gaieté. » 75.

1540. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Elle-même n’a pas prétendu faire autre chose, et il faut convenir qu’elle aurait été dupe d’une bien étrange illusion en créant ainsi de toutes pièces ce qu’elle croyait seulement retrouver.

1541. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Il l’avait fait de commande, comme ses autres pièces religieuses ; il ne pouvait guère être pieux que sur une invitation étrangère.

1542. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Il est impossible que les unités continuent à tyranniser notre théâtre : la mise en scène, la structure des pièces, la curiosité physique des spectateurs réclament des cadres moins étroits.

1543. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Il a compris combien est fausse l’idée d’une volonté naissant pour ainsi dire armée de toutes pièces, dont le premier acte serait de commander impérieusement et d’être instantanément obéie.

1544. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Le pouvoir volontaire, simple en apparence, est une machine compliquée, faite de pièces de rapport.

1545. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Ceux qui ne sortent pas d’eux-mêmes sont tout d’une pièce… M. 

1546. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Car — et j’exagère à dessein — par définition il crée son œuvre de toutes pièces, de rien, ainsi que Dieu créa le monde ; il tire de lui-même son monde : à ce point qu’on peut dire, que « à la poésie, il est une seule condition, le poète ».

1547. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Il se trouve dans sa jolie pièce : L’Habitude : L’habitude est une étrangère Qui supplante en nous la raison, C’est une vieille ménagère Qui s’installe dans la maison, …………………………………… Cette vieille au pas monotone Endort la jeune liberté.

1548. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

C’étaient des Précieuses d’une insupportable manière d’être, que le bon sens de Molière traita, dans la pièce de leur nom, comme les porteurs de Mascarille le traitent, avec les bâtons de leur chaise.

1549. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

On leur prouva bientôt qu’ils ne l’étaient pas ; que cette bête de pièce de cent sous ne change pas de nature parce qu’elle s’associe avec de l’intelligence, et que les entrepreneurs de littérature sont encore au-dessous des entrepreneurs de maçonnerie… Nabuchodonosorisé par un succès dans lequel l’heure et tout le monde étaient plus que lui, Buloz devint très vite tout ce que nous l’avons vu depuis… Prote parvenu, il se crut le dictateur de la littérature française parce qu’il payait le talent, et quelquefois le génie, deux cents francs la feuille d’un texte dévorant, et, à ce prix-là, il put se venger de l’insupportable supériorité littéraire en portant ses mains d’ouvrier sur elle et en la corrigeant !

1550. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Les trois sommets de l’île de la Trinité, aperçus par lui et répétant à leur manière le nom projeté de cette île, qu’il devait appeler la Trinidad avant de l’avoir découverte, l’histoire de la croix plantée de sa main à la Vera-Cruz et dont le bois produisit pendant tant d’années des guérisons si extraordinaires et si désespérées, le compte inouï de tous les grands événements de la première expédition de Colomb, lesquels, tous heureux, tombèrent à point nommé le vendredi, depuis le vendredi du départ jusqu’au vendredi du retour, tous ces faits que le très commode hasard, inventé pour faire substitution et pièce « à la Providence », n’explique et n’éclaire plus, parce que le hasard est essentiellement solitaire et que des faits nombreux et continus lui ôtent son caractère de hasard, M. 

1551. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

L’idée de leur conquête a longtemps partagé le monde féodal en fils de vainqueurs et en fils de vaincus, — insolence biffée par M. de Coulanges, qui nie la conquête, pièces en main.

1552. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il y avait même, oubliée et digne de l’être, une vieille pièce intitulée Manon Lescaut, et on l’a remise à la scène, on l’a recampée, ô Rocambole !

1553. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

On avouera qu’entre un artiste doué, de tels soucis et l’architecte coutumier, qui se contente d’édifier le nombre de pièces indiquées pour le prix convenu, il y a tout l’espace qui sépare le débitant du créateur.

1554. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Le collectionneur est, ou plutôt était souvent jadis, un barbare qui n’hésitait pas, pour enrichir ses collections de pièces et de débris rares, à mutiler des monuments, à dépecer des manuscrits, à disloquer des fonds d’archives, en vue de s’en approprier des morceaux. […] Le cas s’est présenté pour les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, par exemple ; il se présente tous les jours pour ces correspondances intimes de personnages connus que l’on se hâte d’imprimer pour satisfaire la curiosité publique et dont les pièces originales sont si fragiles. […] La plupart des documents modernes portent une indication précise de leur provenance : de nos jours, les livres, les articles de journal, les pièces officielles et même les écrits privés sont, en général, datés et signés. […] Ils l’infligent aussi aux productions d’autrui, et ils arrivent à ne plus voir, dans les livres d’histoire, que les pièces justificatives et les notes — « l’appareil critique », — et, dans l’appareil critique, que les fautes, ce qu’il y faudrait corriger. […] Muni d’un cahier où il avait rédigé la série des faits à enseigner, il le lisait devant les élèves, parfois en se donnant l’air, d’improviser ; c’était « la leçon », la pièce maîtresse de l’enseignement historique.

1555. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Même quand ils assistaient aux pièces jouées, ils ne les racontaient jamais. […] Sarcey accepta cette déchéance ; et ce trait de modestie fit une petite révolution. « Je suis sûr, disait-il, que tout le monde veut que le critique raconte la pièce. […] Sarcey se rendait au théâtre avec une palpitation de curiosité ; il écoutait la pièce avec anxiété ; elle s’enfonçait en lui tout entière ; et il sortait de la salle avec enthousiasme ou avec désespoir, selon que la pièce était passable ou était médiocre. Il en résultait que cette pièce qui était un événement pour lui en devenait un pour le lecteur, et, dès ce temps reculé de L’Opinion nationale, le feuilleton de Sarcey était attendu du public presque avec autant de curiosité passionnée que la pièce de la semaine était attendue par Sarcey lui-même. […] Il y avait eu préparation, il y avait eu péripétie, il y avait eu revirement, le dénouement rappelait l’exposition : la vie de Sarcey était une pièce bien faite.

1556. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Hrotswitha composa des comédies qu’elle jouait sans doute avec ses sœurs ; et ces pièces, écrites dans un latin un peu mièvre et court, assez joli, sont bien les plus gracieuses curiosités dont puisse s’amuser aujourd’hui un esprit ouvert aux souffles, aux parfums, aux ombres du passé. […] Il va tout d’une pièce, à tout petits pas, l’œil vif sur un visage immobile, et l’on ne peut s’empêcher de songer que ce petit homme raide et tranquille, devait avoir l’air assez crâne, en 1870, dans sa vareuse de capitaine de mobiles. […] Avec quelle fierté le bouvier de Paul Arène ne dit-il pas : « La charrue est composée de trente et une pièces. […] La pièce est conservée à la Bibliothèque nationale, dans le département des manuscrits, où chacun peut la voir. […] Notre mystère, qui décidément ne ressemblerait pas à la pièce de M. 

1557. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Voici la transposition d’une sensation auditive en sensation visuelle, d’une ondulation invisible de l’air en ondulation visible et, par ce moyen terme, la transformation d’une chose inanimée en une apparence d’être animé, de témoin vivant : « … Dans l’air moite et odorant de la pièce les trois bougies flambaient… ; et, coupant seul le silence, par l’étroit escalier un souffle de musique montait ; la valse, avec ses enroulements de couleuvre, se glissait, se nouait, s’endormait sur le tapis de neige263. » La transposition de sons en images pour la vue, et en images animées, a rendu célèbres les vers d’Hugo : Le carillon, c’est l’heure inattendue et folle Que l’on croit voir, vêtue en danseuse espagnole, Apparaître soudain par le trou vif et clair Que ferait en s’ouvrant une porte de l’air… 2° Transposition du sentiment en sensation. […] C’est ainsi que Lamartine, pour se moquer des volumes de sonnets, où chaque pièce, selon l’usage, vient se condenser dans le vers final, disait qu’il était plus court de ne lire que le dernier vers de chacune : Noble et pur, un grand lys se meurt dans une coupe276. […] Le vrai rôle de la rime, selon nous, doit être de produire, là où il est nécessaire, une subite évocation d’images et d’idées, comme nous en trouvons des exemples dans cette même pièce de Sainte-Beuve : Rime, tranchant aviron,     Eperon Qui fends la vague écumante : Frein d’or, aiguillon d’acier.

1558. (1922) Gustave Flaubert

La pièce principale y était un salon à cinq fenêtres, qui devint le cabinet de travail de Flaubert. […] Flaubert a posé trois fois sur son roman cette touche de grand poète, pareille au coq de la Ronde de nuit ; avec la casquette, la pièce montée de la noce et le jouet des enfants Homais. […] Mais Flaubert, qui semble prévoir ses critiques, remarque justement que « les gens d’esprit veulent des caractères tout d’une pièce et conséquents (comme il y en a seulement dans les livres) ». […] Flaubert et Bouilhet ont écrit sous ce titre du Sexe faible une pièce sans valeur, où le sexe faible c’est l’homme. […] Il commença par retaper un vieil ours de Bouilhet, le Sexe faible, une pièce qui mérite largement son épithète, et qu’il ne parvint pas à faire représenter.

1559. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Un soir que la petite Élisa était au spectacle (au théâtre de Nantes), elle entendit la célèbre prima donna, mademoiselle Gabrielle Bousigue ; en ce temps-là, mademoiselle Bousigue jouait le rôle de madame de Sévigné dans la pièce de M.  […] Mais, si la pièce de vers mène droit au journal, en revanche le journal mène droit aux prix d’académie. […] La dame était dans sa cuisine ; c’était autrefois la pièce habitée de la maison. […] Il ne fallait pas moins de quinze grands jours pour venir à bout de cette vendange ; après quoi s’en allait chaque vendangeur, emportant pour sa peine une pièce de trente sous et son panier plein de raisins. […] Ponsard : Je suis la sibylle de Cumes… Et prends mes trois cahiers pour deux cents pièces d’or !

1560. (1908) Après le naturalisme

L’affabulation de la pièce et du roman n’est pas autre chose en soi qu’un morceau de vie possible. […] Le roman, la pièce, le poème ne seront jamais des conférences. […] Pour entrer dans un livre ou une pièce, les données de la science doivent subir une transformation, prendre la forme vivante anthropocentrique apte à réaliser de la vie immédiate. […] Le ton du roman et de la pièce n’en sera pas changé, n’en sera pas devenu, ce que l’on craint tant : discurseur.

1561. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

II Cependant l’immense talent et l’immense succès des essais littéraires de Tourgueneff lui inspiraient la pensée de développer ce talent en romans plus humains, plus vastes et plus complets d’une seule pièce. […] Lavretzky se souvint que, dans le jardin des Kalitine, le rossignol chantait aussi ; il se souvint du mouvement lent des yeux de Lise lorsqu’ils se dirigèrent vers la sombre fenêtre par laquelle les chants pénétraient dans la pièce. […] Les papiers de tenture, dans les deux pièces, avaient été changés, mais les meubles étaient les mêmes qu’autrefois ; Lavretzky reconnut le piano ; le métier à broder auprès de la fenêtre était aussi le même, et n’avait pas bougé de place ; peut-être la broderie, restée inachevée il y a huit ans, s’y trouvait-elle encore. […] Celui-ci passa ensuite au salon, et il y resta longtemps : dans cette pièce où il avait si souvent vu Lise, l’image de la jeune fille se présentait plus vivement encore à son souvenir ; il lui semblait sentir autour de lui les traces de sa présence ; sa douleur l’oppressait et l’accablait ; cette douleur n’avait rien du calme qu’inspire la mort.

1562. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

L’auteur a mis un singe devant sa pièce. […] Mais qu’un être tout à fait abject soit un héros complet, qu’une complète grandeur de l’âme s’associe à des conditions de vie qui, selon les plus évidentes lois de la nature humaine, en impliquent nécessairement la dégradation et semblent n’y pouvoir laisser de place qu’à la hantise de la pièce de vingt francs et à la terreur de la chiourme, voilà des coups de génie plus frappants encore ! […] Créations assez lourdes, tout d’une pièce, à demi abstraites, si l’on veut, que le poète édifie pierre à pierre plutôt qu’il ne les fait mouvoir. […] I Qu’un valet soit amoureux d’une reine, voilà qui n’est montrable à la scène que pour faire rire, parce que, si ce valet est assez fou pour manifester sa passion, il sera hué par l’office et, s’il n’est pas fou, le sentiment de sa passion expire dans l’idée de sa livrée, laquelle devient le principal personnage de la pièce.

1563. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Dans la Grèce ancienne, une tunique courte et sans manches pour l’homme, pour la femme une longue tunique qui descend jusqu’aux pieds et, se doublant à la hauteur des épaules, retombe jusqu’à la ceinture : voilà tout l’essentiel du costume ; ajoutez une grande pièce carrée d’étoffe dont on se drape, pour la femme un voile quand elle sort, assez ordinairement des sandales ; Socrate n’en portait qu’aux jours de festin ; très-souvent on va pieds nus et tête nue. […] Considérez leurs pièces de théâtre ; point de caractères complexes et profonds comme ceux de Shakespeare ; point d’intrigues savamment nouées et dénouées ; point de surprises. La pièce roule sur une légende héroïque qu’on leur a répétée dès leur enfance ; ils savent d’avance les événements et le dénomment. […] Les comédies de Ménandre que nous connaissons par celles de Térence sont faites pour ainsi dire avec rien ; il fallait en amalgamer deux pour faire une pièce romaine ; la plus chargée ne contient guère plus de matière qu’une seule scène de nos comédies. […] » Les spectateurs n’ont qu’à se laisser conduire par l’émotion lyrique pour retrouver les métaphores primitives qui, sans qu’ils le sachent, ont été le germe de leur religion. « Le Ciel pur, dit Aphrodite dans une pièce perdue d’Eschyle, aime à pénétrer la Terre, et l’Amour la prend pour épouse ; la pluie, qui tombe du Ciel générateur, féconde la Terre, alors elle enfante pour les mortels la pâture des bestiaux et le grain de Déméter58.

1564. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Mais, à ne voir encore qu’humainement et au seul point de vue d’observation psychologique, de telles pièces méritent tout regard (respectus). […] Depuis que ce portrait est écrit, il m’est tombé entre les mains une agréable pièce à l’appui, que je tire d’un manuscrit janséniste (Bibliothèque du Roi, supplém. franç. 1485) : caractère de madame de Longueville.

1565. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Victor Hugo, qui a, dit-on, une charmante épouse, des fils de talent, des filles de vertu dans sa famille, voulût accorder leur main aux fils ou aux filles de son héros Jean Valjean, si Jean Valjean, malgré son trésor dont le premier centime était l’argenterie de son évêque ou la pièce de quarante sous du pauvre enfant qui lui avait servi de guide, était de condition égale à la condition d’un honnête homme de génie. […] D’ailleurs, en admettant qu’un jury, sauvage appréciateur des circonstances, de l’urgence, de la pitié du misérable, l’eût condamné à cinq ans de travaux forcés pour cette bonne action d’un oncle devenu un moment fou de miséricorde pour sa famille, quand la loi de 1795 ne le condamnait qu’à un an de prison ; quand on l’aurait ensuite condamné à mort pour le vol d’une pièce de quarante sous à un enfant qui n’avait de témoin que ses larmes ; quand toutes ces pénalités romanesques seraient aussi vraies qu’elles sont heureusement fausses, y avait-il là quelque chose qui fût de nature à changer en bête féroce un pauvre homme injustement condamné, et à en faire un assassin d’occasion du seul homme de Dieu qu’il eût rencontré à son premier pas sur sa route, l’évêque de Digne ?

1566. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

» Elle était déjà retenue ou captive en effet : l’ambassadeur d’Espagne à Londres, qui était allé lui porter les condoléances de sa cour, décrit ainsi sa demeure au château de Carliste : « La pièce que la reine habite est obscure, écrit don Gusman de Silva, vers cette époque, à Philippe II ; elle n’a qu’une seule croisée garnie de barreaux de fer. Elle est précédée de trois autres pièces gardées et occupées par des arquebusiers.

1567. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

C’est le brillant de la pièce fausse égal à la splendeur du diamant, auquel la foule charmée se trompe, et que les lapidaires du style peuvent seuls discerner. […] Il apportait au théâtre une dernière tragédie, Irène, pièce peu digne de son génie, mais occasion de couronner dans l’auteur tant d’autres gloires.

1568. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Le doute de Descartes est l’état le plus actif : c’est une démolition, pièce à pièce, de tout ce qui est venu en son intelligence par l’imagination et les sens, sans l’assentiment de sa raison.

1569. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Deux des pièces exécutées par M.  […] On en fit ensuite une pièce symphonique reprenant les principaux thèmes du second acte.

1570. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Assemblage de pièces de métal pour soutenir ou contenir un ouvrage de maçonnerie, de charpente, etc. […] Une pièce tapissée de majoliques jaunes.

1571. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

On aime aujourd’hui à revenir aux sources, et l’on se pique de former son jugement sur les pièces mêmes : il y aura toujours bien peu d’esprits, je le crois, qui prendront sérieusement cette peine, mais chacun aime du moins à se dire qu’il le peut.

1572. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Cette lacune se faisait quelquefois sentir, et l’on cherchait à y pourvoir ; mais de telles doctrines, pour être tant soit peu solides et réelles, de telles affinités ne se créent pas de toutes pièces, et l’on attendait.

1573. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

. — Hallucinations de l’odorat : « Sa chambre embauma la frangipane ; il vérifia si un flacon ne traînait pas débouché, il n’y avait pas de flacon dans la pièce ; il passa dans son cabinet de travail, dans sa salle à manger, l’odeur persista. » Puis, à la suite de la symphonie olfactive, « à nouveau la frangipane dont son odorat avait perçu les éléments… assaillit ses narines excédées, ébranlant encore ses nerfs rompus… » Perversions du goût : Il a le désir d’une « immonde tartine » mâchée par un « sordide gamin ».

1574. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

On remarque, avec raison, que le goût de la première littérature (à quelques exceptions près que je motiverai en parlant des pièces de théâtre) était d’une grande pureté ; mais comment le bon goût n’existerait-il pas, dans l’abondance et dans la nouveauté de tous les objets agréables ?

1575. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

On vient de voir comment, en combinant ensemble des abstraits, nous fabriquons de toutes pièces le premier terme d’un couple dont le second est hors de notre portée, et comment, en étudiant la formule génératrice, nous découvrons les propriétés de l’objet qu’elle doit engendrer.

1576. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il n’est pas besoin de dire qu’il fut médiocre économe ; son administration se réduisit à un voyage qu’il faisait tous les ans à Château-Thierry pour vendre une pièce de terre dont il mangeait l’argent à Paris.

1577. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

l’Essai sur Tite-Live (1856), mais surtout l’Histoire de la littérature anglaise (1863) et les études sur la Philosophie de l’art (1865-1860), voilà les maîtresses pièces de la critique de Taine.

1578. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Ou bien est-ce un masque qu’il s’est composé de toutes pièces et qu’il s’est appliqué ?

1579. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Mais si la folle envie de quelques pièces d’argent fit tourner la tête au pauvre Juda, il ne semble pas qu’il eût complètement perdu le sentiment moral, puisque, voyant les conséquences de sa faute, il se repentit 1072, et, dit-on, se donna la mort.

1580. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Le 3e corps, dit M. de Fezensac, avec les renforts reçus à Smolensk, ne s’élevait pas à 6 000 combattants ; l’artillerie était réduite à six pièces de canon, la cavalerie à un seul peloton d’escorte.

1581. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Or, une société ne crée pas de toutes pièces son organisation ; elle la reçoit, en partie, toute faite de celles qui l’ont précédée.

1582. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Nous l’avons oubliée depuis trente ans, et nous la dédaignons aujourd’hui ; nous avons relevé une vieille logique, composée de pièces disparates, machine discordante dont la scolastique, Descartes et Pascal ont fourni les rouages rouillés, qu’Arnauld construisit un jour par défi, pour un enfant, et qui ne pouvait servir qu’à des esprits encore empêtrés dans la syllogistique du moyen âge5.

1583. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

La négligence de Lamartine est une demi-légende, créée par lui-même ; elle ne s’applique qu’à ses vers faibles et à sa prose ; ses belles pièces, dont nous avons quelquefois les brouillons, travaillées longuement, sont au contraire de magnifiques victoires sur sa facilité.

1584. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

C’est ainsi qu’on a vu un poète célèbre dont on représentait une pièce, mêler ses acclamations aux cris du public, oubliant également et le théâtre, et les spectateurs, et lui-même.

1585. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Le plébéien, affranchi du costume aristocratique, en cherchait un autre, empruntant une pièce aux chevaliers ou aux barbares, une autre aux paysans ou aux journalistes, sans trop s’apercevoir des disparates, prétentieux et content dans son manteau bariolé et mal cousu, jusqu’à ce qu’enfin, après beaucoup d’essais et de déchirures, il finît par se connaître lui-même et choisir le vêtement qui lui seyait. […] En somme, j’aime mieux voir l’Orient dans les Orientaux d’Orient que dans les Orientaux d’Angleterre, chez Vyasa ou Firdousi que chez Southey1202 ou Moore ; leurs poëmes ont beau être descriptifs ou historiques, ils le sont moins que les textes et les pièces justificatives qu’ils ont soin de mettre au bas. […] Comme il a la plus riche provision de costumes et le plus inépuisable talent de mise en scène, il fait manœuvrer très-agréablement tout son monde, et compose des pièces qui, à la vérité, n’ont guère qu’un mérite de mode, mais cependant pourront bien durer cent ans. […] La moitié de ses pièces sont enfantines, presque niaises1220 : des événements plats dans un style plat, nullité sur nullité, et par principe.

1586. (1925) Dissociations

Ely Star avait le défaut, ou l’agrément, d’escamoter fort adroitement les pièces de cent sous. […] Elle avait chez elle vingt mille pièces d’or de vingt francs. […] Le populaire cependant n’est pas de cet avis : « On ne se suicide pas, dit-il, quand on possède chez soi vingt mille pièces d’or, quand on peut prendre des bains d’or, coucher sur l’or et dans l’or, respirer l’or, vivre l’or. » Il eût compris le suicide avec une fortune en papier, une fortune sans attrait, sans magnétisme, mais il ne peut admettre que l’on renonce volontairement à la présence réelle de l’or, à la fascination de l’or. […] Une note m’avertit que si je me présente, il faut me munir de pièces justificatives, comme diplôme universitaire, contrat de mariage, permis de chasse, etc., mais que je puis me faire représenter par un fondé de pouvoirs justifiant d’une procuration régulière.

1587. (1896) Le livre des masques

Il dédaigne tout le connu, ou l’ignore ; sa collection n’est que de pièces rares et même uniques, mais qu’il n’a pas le souci de mettre sous clef, car elles lui appartiennent tellement qu’un larron les déroberait vainement. […] Ses pièces (je ne parle pas de Rembrandt, drame purement historique, de grand style et de vaste déploiement) : d’abord, les pages coupées, on est surpris par un décor rentoilé et des noms repeints et un jour de réalisme conventionnel, une ordonnance de choses et d’êtres usés sous l’habit neuf et le vernis frais, — mais dès la troisième ligne lue, l’auteur affirme qu’en ce triste paysage scénique il fera entendre des paroles valables et qu’un souffle progressif jusqu’à la tempête renversera la plantation. […] Aucune des pièces authentiques du Reliquaire ne semble plus récente que 1873, quoiqu’il ne soit définitivement mort que vers la fin de 1891. […] Le malheur de ces êtres, quand ils se veulent réaliser, est qu’ils le font avec des gestes si singuliers que les hommes ont peur de les approcher ; ils doivent souvent faire évoluer leur vie de relation dans le cercle bref des fraternités idéales ; — ou, quand la foule veut bien admettre de telles âmes, c’est comme curiosités et pièces de musée.

1588. (1923) Au service de la déesse

Mais, en faveur de Shakespeare, les témoignages sont meilleurs : ils lui attribuent les pièces dites de Shakespeare. […] Quelles pièces ? […] Quelle raison de supposer que, ces pièces de William Stanley, c’était le théâtre de Shakespeare ? […] Ils n’inventent pas de toutes pièces. […] Alors, il écrit, avec justesse, qu’une doctrine a été « controuvée de toutes pièces par des philosophes, sincères ou non ».

1589. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Une des choses qui ont perdu la littérature dramatique française, c’est la manie de vouloir peindre des caractères abstraits et tout d’une pièce. […] Tout porte le cachet du Nord dans cette pièce merveilleuse, depuis les passions et les superstitions des acteurs jusqu’à la décoration de la scène. […] Si vous avez des règles d’esthétique pédantesque, n’abordez pas cette pièce, elle met au défi toutes les règles. […] Quelqu’un pourrait-il se mettre à la place de l’apprenti sous prétexte que celui-ci est gauche et maladroit, et qu’avant de devenir habile dans son métier il lui faudra gâter un certain nombre de pièces ? […] Il nous a lui-même donné toutes les pièces pouvant nous permettre d’instruire le procès de son cœur.

1590. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Or, et c’est ici le point qui nous intéresse, chaque pièce inconsistante de Sardou, comme chaque pièce non moins inconsistante (dans un genre plus tarabiscoté) de Dumas fils, occupait la presse pendant deux mois, un mois avant la première, un mois après. […] Il ressemble à ces albatros de la pièce fameuse : « Lorsque pour s’amuser, les hommes d’équipage… » Le malaise extraordinaire, qu’il traîna toute sa vie, tenait à la discordance entre ses aspirations et son époque. […] Où il faut, à d’autres, une pièce entière pour émouvoir, il faut à Villon un ou deux mots. […] Le cœur du faux grand homme, à la suite de circonstances bizarres, demeurait conservé, à part de sa dépouille, dans un bocal d’alcool, comme une pièce anatomique. […] Le but de ce livre n’est point de démolir, pièce par pièce, cet échafaudage évolutionniste, à l’intérieur duquel il n’y avait que la plus vieille constatation de la philosophie grecque sur l’écoulement universel.

1591. (1924) Critiques et romanciers

» Banville est un excellent critique dramatique : il sait raconter une pièce et la juger. […] Lavedan fit jouer Catherine : la jolie pièce ! […] Caron de Beaumarchais fit des pièces de théâtre, non des pièces d’horlogerie. […] quand j’ai compris, j’étais revenu au centre de la pièce vide. Mais, y a-t-il des pièces vides ?

1592. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Une idée vient au monde tout armée, comme Minerve ; elle revêt en naissant la seule armure qui lui convienne et qui doive dans l’avenir être sa forme durable : l’une, aujourd’hui, aura un vêtement composé de mille pièces ; l’autre, demain, un vêtement simple. […] Ce sophisme chattertonien admis, quelle admirable et naturelle exposition en action de la pièce et des caractères ! […] Voilà la pièce !

1593. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — En collaboration avec Léon Frapié, une pièce : Sévérité, Théâtre Antoine, 1906. […] Œuvres. — Éveils, poésies (en collaboration avec André Magre), Toulouse, Vialelle et Perry, 1895, in-18. — Le Retour, pièce lyrique en un acte et en vers, Toulouse, Vialelle et Perry, 1896, in-18. — La Chanson des Hommes, Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — Le Tocsin, drame en trois actes (Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juillet 1900), éd. du Midi-Artistique, 1902. — Le Poème de la Jeunesse, Paris, Fasquelle, 1901, in-18. — L’Or, drame en 3 actes (Nouveau-Théâtre, rep. des Poètes), 1901, non publié. — Le Dernier Rêve, pièce en 1 acte (Odéon, 1902), Fasquelle, 1902. — L’Histoire merveilleuse de Claire d’Amour, suivie d’autres contes, E.

1594. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

La Chanson de Roland n’est pas une œuvre composée d’un seul jet à un moment donné : elle renferme en elle des éléments de date et de provenance très différentes : les uns, comme j’ai déjà essayé et comme j’essaierai encore de le montrer, remontent à l’impression directe de l’événement qu’elle célèbre ; les autres ont été introduits dans le cours des siècles par des poètes de profession, qui inventaient de toutes pièces des épisodes propres à augmenter l’intérêt du poème et à en développer l’inspiration héroïque et nationale. […] Seulement, le scribe a eu l’idée de dresser deux tables, qui ne concordent d’ailleurs pas exactement, des seize pièces environ dont aurait dû se composer une représentation complète ; la seconde de ces tables comprend la liste des personnages qui figurent dans chaque pièce ; or, pour la Passion, absente, comme on l’a vu, du recueil, après les noms habituels des bourreaux du Christ, tels que Piquausel, Talhafer, Barissaut, on lit l’un après l’autre les deux suivants : Malcus, Botadieu 114. […] Malheureusement, étant privés du texte même de la pièce provençale, nous ne savons pas au juste ce qui se passait entre Botadieu et le Seigneur116. […] Le texte du Lai de l’Oiselet Le lai de l’Oiselet nous est parvenu dans cinq manuscrits, qui sont tous conservés à la bibliothèque nationale de Paris ; ces manuscrits contiennent un grand nombre d’autres pièces. […] « — Je les sai mieus de vos assés », Fait li vilains, « de grant pièce a284.

1595. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

N’est-ce pas le cas des pièces musicales assurément curieuses qui prétendent représenter des batailles, ou des paysages, ou des scènes bibliques, ou des événements historiques ? […] C’est ce qui amena, d’autre part, les poètes à échafauder leur livret de telle sorte qu’un certain nombre de situations y fussent réunies pour permettre au musicien de distribuer dans la pièce un certain nombre de morceaux. […] Mais cela tient à une cause toute fortuite et extérieure ; c’est qu’il a fallu créer de toutes pièces le matériel technique dont elle avait besoin et que ce matériel, résultat de patientes et laborieuses recherches, n’a guère pu être constitué dans son intégralité que depuis deux siècles. […] Et cependant, pour qui sait lire et analyser un rythme, il n’y a pas moyen de se tromper ou d’errer sur le caractère et le mouvement de chaque pièce. […] De là, tout un ensemble de très importantes modifications à la forme, à l’architecture des pièces purement instrumentales.

1596. (1902) Le critique mort jeune

Emile Faguet est de rebâtir avec les données de l’auteur une pièce nouvelle, selon les règles de la dramaturgie : ses lecteurs habituels savent avec quelle merveilleuse aisance et plaisante invention il place chaque dimanche dans des situations extravagantes et logiques le mari, la femme et l’amant dont la pièce de la semaine lui a apporté l’anecdote. […] S’agit-il d’un Taine, d’un esprit solide et tout d’une pièce, l’étude de M.  […] On voit dans le bassin les pièces de monnaie qu’y jettent au départ les voyageurs pour s’assurer du retour. » Qu’il s’agisse de peindre non plus des fontaines, mais le caractère d’un homme, M. de Régnier appliquera les mêmes touches. […] On en garde un peu l’impression d’un appartement où toutes les pièces se commandent. […] J’en veux pour preuve celui d’un abbé assez moderne : « L’abbé Duteilly offrait un mélange de contradictions apparentes : en politique, partisan de la conciliation et de l’opportunité ; en morale, tout d’une pièce, rigide, intransigeant.

1597. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Cette pièce grotesque popularisa plus Machiavel à Florence et à Rome que ses écrits les plus substantiels de politique ; les peuples préfèrent souvent ce qui les dégrade à ce qui les élève : Machiavel, baladin pour gagner le pain de sa famille à San-Casciano, devint plus célèbre que Machiavel homme d’État, orateur et ambassadeur, sauvant pendant quinze ans sa patrie par des miracles de diplomatie. […] « J’ai fait huit ou dix chansons gaies de plus pour la pièce, écrit-il à Guicciardini.

1598. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

La famille de Robert a raconté le reste. » VI Nous avons eu la curiosité de lire le drame composé sur ce sujet, par Joseph Pilhes, de Tarascon, en 1784 ; ce drame est médiocre, et le nom de Montesquieu, changé en celui de Saint-Estieu, produit un effet assez ridicule ; cependant il a dû faire couler des larmes, surtout pendant la révolution où il se jouait encore, et où les pièces dans lesquelles triomphaient l’humanité et la nature, réussissaient d’autant plus que l’époque était plus terrible et plus agitée. […] J’ai vu les opéras d’Angleterre et d’Italie : ce sont les mêmes pièces et les mêmes acteurs ; mais la même musique produit des effets si différents sur les deux nations, l’une est si calme et l’autre si transportée, que cela paraît inconcevable ; ce n’est pas la même musique.

1599. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Il savait que toutes les pièces du dogme se tenaient : aussi se montrait-il intraitable contre tous ceux qui en altéraient quelque partie. […] IV, 1892) ; Lettres et pièces inédites et peu connues, recueillies par A.

1600. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

La vivacité du dialogue entre deux interlocuteurs dont l’un joue l’autre, la malice de l’homme aux scrupules et la naïveté du père, l’inattendu des incidents, un art infini poulies varier, font des cinq lettres qu’égaye cette fiction comme autant d’actes d’une petite pièce, où l’intérêt ne languit pas un moment. […] Je ne le vois pas, sans regret, quitter la scène à la fin de la dixième Provinciale, alors que Pascal, passant tout à coup de la raillerie déguisée à l’attaque ouverte, et prenant le père à partie sur la maxime qui dispense d’aimer Dieu, l’exhorte à ouvrir les yeux et à se retirer des égarements de sa Société, ajoutant ainsi à l’effet moral de cette petite pièce par le sérieux du dénoûment.

1601. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Homère serait un personnage réel et unique, qu’il serait encore absurde de dire qu’il est l’auteur de l’Iliade : une telle composition sortie de toutes pièces d’un cerveau individuel, sans antécédent traditionnel, eût été fade et impossible ; autant vaudrait supposer que c’est Matthieu, Marc, Luc et Jean qui ont inventé Jésus. « Il n’y a que la rhétorique, a dit M.  […] Tout n’est pas égal sans doute ; mais une pièce est en général ce qu’elle peut être.

1602. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Moi, qui ai toujours chéri la musique, sans inconstance et même sans infidélité, souvent aux pièces qui m’attachent le plus je me surprends à pousser de l’épaule, à dire tout bas avec humeur : « Va donc, musique ! […] On peut penser qu’il s’agit d’une pièce aujourd’hui oubliée : Das Liebesmahl Der Apostel, « repas d’amour des Apôtres », cantate pour choeur d’hommes et orchestre, scène biblique datant de 1843.

1603. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Il a aussi écrit des pièces de théâtre et deux écrits autobiographiques : Le Rêve d’une vie et Confession d’un poète (1928). […] Ses pièces de théâtre sont empreintes de wagnérisme et auront un impact certain sur l’anthroposophie de Steiner.

1604. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Je lus ces pièces, et ma crainte fut bientôt dissipée ; car si ce sont là les chefs-d’œuvre du théâtre indien, il me semble que Sacountala peut, à bon droit, mériter le titre de chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre de ce théâtre. « En effet, excepté quelques scènes de Vasantaséna, remarquables par la sensibilité et le naturel dont elles brillent, et quelques situations remplies de charme dans le drame d’Ourvasi, composition bien inférieure pour l’invention à Sacountala, quoique fille, comme elle, du même père, les autres pièces de ce recueil n’ont rien à opposer aux beautés de premier ordre qui étincellent de toutes parts dans Sacountala, et qui, par la manière dont le génie de Calidasa a su les disposer, font de cet ouvrage un ensemble accompli.

1605. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

La corvée retombait donc sur moi, et je me rendis au Louvre… La terreur de Vicq d’Azyr nous est encore mieux attestée par une pièce authentique qui est de sa main et dont je dois communication à M. 

1606. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Celui-ci suivit les diamants à la piste, s’assura des acheteurs, obtint leur déposition légale devant les magistrats de Londres, et revint en France muni des pièces qui prouvaient du moins que le cardinal n’avait été que le plus crédule et le plus volé des honnêtes gens.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Corne a recueilli des pièces, lettres autographes et documents de diverse nature, qui seraient à consulter pour une biographie complète de l’illustre guerrier. — Quant aux appréciations militaires, j’ai profité dans cette étude d’un travail bien fait et très précis intitulé : Biographie et maximes de Blaise de Montluc, par M. 

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Je comptais que nous pourrions ainsi deviser de nous tout à notre aise, avec un peu d’habileté, la maîtresse de la maison s’étant assise, au fond de la pièce, devant le piano dont elle effleurait les touches du bout des doigts.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

[NdA] M. de Louvois n’était guère en mesure, en 1662, de faire pièce à Colbert.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

» Sans prétendre juger du fond des choses dans des affaires si embrouillées, il est certain pour moi, par la manière dont il est parlé de Joubert dans le récit de Fouché, et par la comparaison des pièces produites dans cette vie même du général, que Joubert, plus ou moins en garde d’abord contre les procédés de Brune, fut bientôt retourné et gagné par Fouché.

1611. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Âme robuste, entière, non usée de père en fils par l’élégance et la politesse des salons, intelligence brusque et absolue, non assouplie par la critique, non rompue aux systèmes, d’une sensibilité profonde et d’un grand besoin de tendresse au milieu de certaines grossièretés de nature, il fut atteint et renversé en même temps, retourné tout d’une pièce ; le fier Sicambre s’agenouilla : il se fit du même coup chrétien, catholique, ultramontain.

1612. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Monmerqué, le plus instruit et le plus aimable des amateurs, le plus riche en documents, en pièces de toutes sortes, si au fait des sources et si porté à les indiquer, n’avait pas en lui l’esprit de critique et d’exacte méthode qui mène à terme et pousse à la perfection un travail de ce genre ; il fallait qu’un philologue de profession et à la fois ouvert à toutes les belles-lettres, un homme qui a fait ses preuves dans l’érudition antique la plus délicate et la plus ardue, et qui sait, à l’occasion, en sortir, apportât dans cette étude moderne les habitudes de la critique véritable et classique, pour que toutes les garanties, celles de la fidélité et du goût, se rencontrassent réunies : j’ai nommé M. 

1613. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M. 

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Guessard et de Certain qu’il n’y a rien de tel, pour honorer le miracle de la patriotique jeune fille, que le vrai tout simple, et ce qui permet d’en approcher le plus, le Journal de ses actions et les pièces mêmes de son procès.

1615. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Non pas qu’il ait rédigé ses Mémoires ou son Journal dans le moment même où il agissait et administrait : il paraît n’y avoir songé que tard et après sa retraite des intendances ; mais il a rédigé ses notes sur pièces, à mesure que, dans la révision qu’il faisait de ses papiers, chaque lettre, chaque copie ou minute lui tombait sous la main et fixait ses souvenirs.

1616. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il semblait qu’on passât d’une chambre étouffante à une pièce où il y avait de l’air et où l’on respirait.

1617. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

I. le prince Napoléon, et reposant tout entiers sur les pièces d’État et de famille les plus authentiques, dont on produit les plus importantes à l’appui du récit, à la suite de chaque livre, deviennent une des sources nouvelles et essentielles de l’histoire de ce temps.

1618. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Mais lorsque janvier met en pièces son linceul de brume, que les lambeaux s’en dispersent emportés par le vent, que le soleil perdu jaillit derrière les Alpes, c’est bataille gagnée.

1619. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Son mot n’emporte pas la pièce, comme ferait un La Rochefoucauld et à plus forte raison un Saint-Simon ; mais, cette légère draperie secouée et sous cette surface, on a la pensée du fond qui se retrouve avec tout son sel et son piquant.

1620. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

J’épuiserai enfin le petit trésor manuscrit qui a été mis à ma disposition, en indiquant quelques vers de la jeunesse de Sénancour, une romance sur le rossignol, une espèce d’épître intitulée : J’ai vu, dans la forme, sinon dans le genre de la pièce attribuée à Voltaire, et qui fut composée à vingt-six ans.

1621. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Néanmoins ils ont aussi pour système de mettre en contraste la nature vulgaire avec la nature héroïque, et ils diminuent ainsi l’effet d’un très grand nombre de leurs plus belles pièces.

1622. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Le cerveau humain est alors un théâtre où se jouent à la fois plusieurs pièces différentes, sur plusieurs plans dont un seul est en lumière.

1623. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Constant, Wallenstein, tragédie, avec Quelques réflexions sur la pièce de Schiller et le théâtre allemand, in-8. 1814.

1624. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Chénier à qui l’on doit, réparation tardive, élever une statue, Chénier, l’un des plus grands prosateurs français (comme Lamartine est un de nos plus beaux orateurs), a marqué dans ses quelques pièces de vers un sentiment autrement vif de la beauté grecque.

1625. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Notez qu’entre les pièces qui me sont le plus chères à cette heure il en est qui m’échappèrent à la première audition.

1626. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Ils lisaient fiévreusement jusqu’à une heure fort avancée die la nuit ; mais tandis que Barrès, épuisé par cette longue suite d’incantations lyriques, et cédant au poids de la fatigue, cherchait à recréer ses forces dans le sommeil, Stanislas de Guaita, « qui avait une santé magnifique et qui en abusait, allait voir les vapeurs se lever sur les collines qui entourent Nancy, et, quand il avait réveillé la nature, il venait réveiller son compagnon en lui récitant des vers de son invention ou quelque pièce fameuse rencontrée au hasard d’une lecture ».

1627. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

La poésie familière de Coppée se rattache aux pièces où Sainte-Beuve disait déjà les résignations grises et les destinées modestes.

1628. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Qu’on relise la pièce, ou plutôt qu’on se la redise par cœur un moment, et qu’on se demande si ce simple cri, ce vague et profond appel ne rend pas mieux la sincérité du sentiment que de venir nous dire : Nous visitâmes ainsi successivement ensemble toutes les anses, toutes les vagues, tous les sables du lac, toutes les cimes, toutes les croupes, toutes les gorges, toutes les vallées secrètes, toutes les grottes, toutes les cascades encaissées dans les fissures des rochers de la Savoie.

1629. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Mais j’ose conjecturer que la publication de ces pièces confidentielles, si elle a lieu un jour, ne fera que confirmer l’idée que la réflexion et une lecture attentive des mémoires peuvent donner dès à présent.

1630. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Mme de Sévigné travaillait de tout son pouvoir à le distraire : Nous tâchons d’amuser notre bon cardinal (9 mars 1672) : Corneille lui a lu une pièce qui sera jouée dans quelque temps, et qui fait souvenir des anciennes ; Molière lui lira samedi Trissotin, qui est une fort plaisante chose ; Despréaux lui donnera son Lutrin et sa Poétique : voilà tout ce qu’on peut faire pour son service.

1631. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Voltaire, le grand moqueur, dans sa jolie pièce des Systèmes, où il parodie toutes les écoles de philosophie et les amène à comparaître devant le Trône suprême, ne manque pas de mettre ce fameux argument dans la bouche de Descartes, s’adressant à Dieu : Voici mon argument, qui me semble invincible : Pour être, c’est assez que vous soyez possible.

1632. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Sans cette représentation d’identité, il serait effectivement taillé en pièces par la hache toujours retombante des résistances extérieures : il serait coupé en mille petits morceaux discontinus, comme le ver de terre dont on divise les tronçons sur le sol.

1633. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

C’est un très-bel usage en Allemagne que celui d’envoyer les pièces des procès les plus compliqués, les plus délicats, à quelque faculté de droit d’une université, en supprimant le nom des parties, et faisant ainsi juger le procès sous des noms supposés par la faculté ; c’est-à-dire par une assemblée de jurisconsultes, qui, ne connaissant aucun des intéressés, sont nécessairement exempts de tout soupçon de partialité, de tout parti, de toute passion quelconque qui se glisse quelquefois dans les jugements des hommes les plus intègres d’une manière imperceptible, et à eux-mêmes inconnue.

1634. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

La seule pièce intéressante, l’Eccerinus de Mussato, est en latin.

1635. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Racine le loua indirectement dans ses tragédies et dans quelques pièces détachées ; Molière dans ses comédies aujourd’hui peu connues, qu’il fit pour les fêtes de Versailles.

1636. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Il en est des ouvrages d’éloquence comme d’une pièce de théâtre ; si l’illusion ne gagne, le ridicule perce, et l’on rit.

1637. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Il distribua des pièces d’or à toute sa suite, en faisant promettre à chaque courtisan d’employer ce qu’il recevait en achats de marchandises d’Alexandrie.

1638. (1864) Le roman contemporain

Roger est un Amaury singulièrement dégourdi, qui a converti la marquise de Kouaën au réalisme et qui n’a pas d’intermittence de religion et de mysticisme ; il est tout d’une pièce. […] Voyez la pièce du Fils de Giboyer, qui, dans la même année où elle réussit sur la scène de la rue Richelieu, fit son tour de France au milieu des bruits contradictoires des applaudissements et des sifflets. […] Chaque grande tragédie a son chœur qui environne le héros de la pièce. […] Je sais que l’auteur, après avoir étalé en plusieurs actes le spectacle des perversités toujours heureuses, toujours triomphantes de son héros, cherche à raccommoder la conscience publique avec sa pièce, en donnant à celle-ci pour dénouement un chapitre de la Morale en action. […] Il posera tout à l’heure le pied sur une pièce d’argent qu’un petit Savoyard laisse tomber devant lui en jouant dans la plaine, où sombre et farouche, l’ancien forçat libéré médite sur le passé.

1639. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il allait au théâtre entendre les pièces de Corneille et s’y former à l’art de prononcer ; la grandeur dont Corneille a marqué ses personnages, les mâles beautés de sa langue, avertissaient le futur orateur de son propre génie. […] Ce fut un autre tort de la doctrine du pur amour d’avoir pour champion le protecteur de Pradon contre Racine, le duc de Nevers, qui avait loué les deux théâtres où se donnaient les deux Phèdres, afin de remplir la salle où se jouait la pièce de Pradon et de tenir vide celle où se jouait la Phèdre de Racine. […] En voulant n’être rempli que de la grandeur de Dieu et du Créateur, l’on néglige souvent de réfléchir sur le néant de la créature, sur sa faiblesse et son impuissance, sur le besoin qu’elle a d’être animée et soutenue par l’idée même de son bonheur, pour éviter le désespoir de sa propre destruction144. » La pièce la plus piquante du recueil, c’est une paraphrase du Pater noster qu’on prête aux quiétistes. […] Recueil de diverses pièces sur le quiétisme.

1640. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Ils ne mettaient pas leur morale en pièces de théâtre, ayant de bonnes raisons pour ne point faire de comédies. […] Il le lance dans la pièce voisine contre un vase de porcelaine qui se brise avec fracas. […] Après son départ, nous voulûmes reprendre la pièce commencée, mais nous n’y pûmes parvenir. » Certes le chevalier avait tort de n’être point gai. […] », de cette « douceur berçante qui montait des grandes pièces vertes » ? […] Qu’il est aisé de démontrer sa pensée, d’en examiner à part toutes les pièces et d’expliquer le jeu de chacune.

1641. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Mathieu, de Mézerai, de Daniel, de Boulanger, les mémoires, souvenirs et correspondances, les recueils de pièces et d’archives. […] Leur occupation n’était pas dépourvue de toute analogie avec le jeu dit des puzzles ; mais il manquait, à l’image qu’ils s’efforçaient de retrouver, maintes pièces : la règle était de n’y pas suppléer. […] En peu plus, guère, au dehors : néanmoins, des pièces importantes aux archives de Russie ou aux archives du Vatican. […] Et puis, elles s’entendent entre elles, échangent des pièces d’identité, des testimonials… C’est inextricable !  […] Nous saurons qu’il nous présente, avec impartialité, les documents, les pièces du procès et qu’il nous invite à juger là-dessus.

1642. (1876) Romanciers contemporains

La poursuite de ce qui est bizarre, rare, exceptionnel, voilà en effet le trait caractéristique qui distingue beaucoup des romans de notre temps et un grand nombre de pièces de théâtre. […] Reybaud consentait à préparer une édition définitive pour la postérité, nous nous permettrions de lui conseiller aussi de supprimer cette mention « historique » qu’il place à la suite de certains mots ou de certaines pièces. […] Nous pénétrons avec l’auteur dans ces intérieurs « où la lampe éclaire mal, où le repas vite fait a laissé dans la pièce une odeur de cuisine de pauvres ». […] L’abbé Mouret venait de descendre à la sacristie, une petite pièce froide, qui n’était séparée de la salle à manger que par un corridor. […] Renée surtout se tient tout d’une pièce, et est dans ses actes, dans chacune de ses paroles, d’une logique irréprochable.

1643. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

car, il faut bien l’avouer, miss Blanche n’a pas dédaigné d’écrire une charmante pièce de vers sur la petite servante arrachée au foyer paternel, « triste exilée sur la terre étrangère. » Hélas ! […] —  L’auteur de la pièce où vous avez joué si admirablement. —  Je ne savais pas ; le nom de l’homme au commencement du volume est Thompson. » Pen est ravi de cette simplicité adorable : « Pendennis, Pendennis ! […] Vous n’êtes plus persécuté de conseils personnels ; vous restez à votre place, tranquille, en sûreté, sans que le doigt d’un acteur, levé vers votre figure, vous avertisse, au moment intéressant, que la pièce se joue à votre intention et pour opérer votre salut.

1644. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Voyant son canton stérile et ses colons paresseux, il les enrégimente, hommes, femmes, enfants, et, par les plus mauvais temps, lui-même à leur tête, avec ses vingt-sept blessures, le col soutenu par une pièce d’argent, il les fait travailler en les payant, défricher des terres qu’il leur donne à bail pour cent ans, enclore d’énormes murs et planter d’oliviers une montagne de roches. « Nul n’eût pu, sous aucun prétexte, se dispenser de travailler qu’il ne fût malade, et en ce cas secouru, ou occupé à travailler sur son propre bien, article sur lequel mon père ne se laissait pas tromper, et nul ne l’eût osé. » Ce sont là les derniers troncs de la vieille souche, noueux, sauvages, mais capables de fournir des abris. […] Ils adoucissent, ils tempèrent les poursuites parfois trop rigoureuses des fermiers, des régisseurs, des gens d’affaires54. » — Une Anglaise qui les voit en Provence au sortir de la Révolution dit que, détestés à Aix, ils sont très aimés sur leurs terres. « Tandis que devant les premiers bourgeois ils passent la tête haute, avec un air de dédain, ils saluent les paysans avec une courtoisie et une affabilité extrêmes. » Un d’eux distribue aux femmes, enfants, vieillards de son domaine de la laine et du chanvre pour filer pendant la mauvaise saison, et, à la fin de l’année, il donne un prix de cent livres aux deux meilleures pièces de toile.

1645. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Une folle jouait incessamment à pair impair avec un personnage absent qu’elle croyait le préfet de police ; avant de jouer, elle regardait toujours les pièces de monnaie qu’elle mettait dans sa main et savait ainsi leur nombre ; partant, le préfet devinait toujours mal et ne manquait jamais de perdre ; plus tard, elle négligea son examen préalable ; alors le préfet tantôt perdait et tantôt gagnait. — Il est clair que, dans la première période, elle fabriquait elle-même, sans s’en douter, l’erreur qu’elle prêtait au préfet. […] Il faut donc une grande accumulation de forces pour lui arracher à tort quelque fragment qui lui appartient ou pour insérer en lui quelque pièce qui lui est étrangère. — En effet, ces transpositions sont rares ; on les rencontre surtout lorsqu’un changement organique, comme le sommeil ou l’hypnotisme, relâche les mailles du réseau ; lorsqu’une passion invétérée, dominatrice, fortifiée par des hallucinations psychiques ou sensorielles, finit par user un fil du tissu, lui substituer un autre fil, et, gagnant de proche en proche, mettre une toile factice à la place de la toile naturelle.

1646. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il n’y a pas de critique plus instructive, car il n’y en a pas de plus précise ; toutes les esthétiques et toutes les poétiques mises ensemble ne valent pas la lecture d’une pièce de Shakspeare comparée ligne à ligne aux nouvelles italiennes et aux vieilles chroniques que Shakspeare avait en écrivant sous les yeux. […] Voyons seulement comment il a transformé Pilpay son modèle, et fait un poëme d’une simple matière, ce qu’il a dû changer pour accommoder le récit à la morale, combien de fois il a fallu créer de toutes pièces des caractères.

1647. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Il pria l’épagneul de faire présent d’une belle pièce d’or à cette bonne dame. Le petit chien ne fit que se secouer, la pièce tomba sur-le-champ.

1648. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Comme sa prétention est d’être faite du premier coup et tout d’une pièce, elle se met par là en dehors du progrès ; elle devient raide, cassante, inflexible, et, tandis que la philosophie est toujours contemporaine à l’humanité, la théologie à un certain jour devient arriérée. […] Il est possible que Renan fasse ici allusion à une pièce de sa première jeunesse intitulée l’Idéal, publiée dans ses œuvres posthumes.

1649. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Parmi les œuvres glorieuses de Wagner — je nomme ici la Tétralogie, Tristan et les Maîtres, les pièces symphoniques, enfin le Parsifal — m’apparaît une marche en avant, un progrès continu que je définirai ainsi : D’abord l’œuvre théâtrale, c’est-à-dire l’œuvre amalgamant tous les modes d’expression sous l’unité du drame théâtral ; l’œuvre théâtrale, une action morale symbolisée sous une action légendaire et s’exprimant par le complexe moyen de littératures, de musiques et de cette très grossière et primitive forme des arts plastiques, le trompe-l’œil des décors et de personnages animés (époque des écrits théoriques de 1849 et 1852) ; Puis une transition, l’œuvre théâtrale où prédomine largement un mode d’expression aux dépens des autres ; le drame moral plus net symbolisé par un drame légendaire atténué ; la musique accaparant toute importance, la littérature s’effaçant, les décorations se faisant inutiles ; le drame moral devenant drame de musique ; Enfin l’œuvre musicale, sous la glose des additions littéraires et décoratives ; l’œuvre de pure musique, où le texte littéraire et le spectacle n’ont plus d’autre valeur que d’être les commentaires à l’intelligence des musiques ; l’action purement morale, sous le symbole quelconque d’une fable (époque initiée au Beethoven af et accomplie à Art et Religion). […] Analoguement les décorations du Rheingold et de la Walküre sont les plus achevées qu’ait rêvées Richard Wagner ; les décorations du Parsifal seront l’adjacence de beaux tableaux, hors le drame, pour la magnificence d’un spectacle ; ici c’est la netteté de sites et ce plastiques faisant drame minutieusement ; songez quelle mise en scène grandiose et subtile, en ces deux pièces, dut rêver l’esprit du maître, et qu’il nous faudrait, pour concevoir son idée, contempler autrement qu’en les ignominies organisées par les imprésarios et les histrions de conservatoires.

1650. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

C’est qu’il y a, dans une certaine contrée, des marchands de bonnes actions qui cèdent à des coquins ce qu’ils en ont de trop pour quelques pièces d’argent qu’ils en reçoivent ; espèce de commerce fort extraordinaire. […] Il vient de l’entrée par laquelle nous sommes descendus un jour faible qui éclaire quelque pièce adjacente ; tout ce côté, à cela près, est dans la demi-teinte.

1651. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

C’est ce que l’acte ne dit pas, et ce qu’on ne peut exiger d’une pièce rédigée sous les yeux des intéressés mêmes.

1652. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Ceux qui le rencontrèrent plus tard ne retrouvaient pas en lui l’auteur qu’ils s’étaient figuré, d’après ses premières Lettres d’un style si vif et même sémillant : Bailly plus littérateur que savant, a dit le comte d’Allonville en ses Mémoires, était grand, sec, tout d’une pièce.

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Théocrite, qui a si bien peint l’abondance et la joie des récoltes dans sa pièce des Thalysies, a fait aussi Les Syracusaines, une scène piquante et gaiement moqueuse ; et Léopold Robert, au sortir des Moissonneurs, n’a pu réussir à faire son tableau du Carnaval.

1654. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

La Bruyère en fait un type de toute l’espèce : « Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité ; il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe pour se faire valoir.

1655. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

[NdA] Moi-même, dans la pièce xviiie du recueil de poésies intitulé Les Consolations, qui parut en mars 1830.

1656. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Que dire de mieux que cette page de Tallemant : M. de Montausier est un homme tout d’une pièce ; Mme de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage.

1657. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Cette pièce, adressée à l’archevêque de Tours, Victor Bouthillier, à la date d’octobre 1644, montre que Marolles avait mis du temps à songer à la réformation de l’abbaye dont il jouissait depuis quatorze ans.

1658. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Je ne parle pas des divers recueils qui ont suivi et qui, sauf quelques pièces assez rares, ne sont que les produits ingrats et de plus en plus saccadés d’une veine aride et tarie.

1659. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Regardez-y bien : tous ces Génevois de la vieille souche ont finesse, modération, une certaine tempérance, l’analyse exacte, patiente, plus de savoir que d’effet, plus de fond que d’étalage ; et quand ils se produisent, ils ont du dessin plutôt que de la couleur, le trait du poinçon plus que du pinceau ; ils excellent à observer, à décrire les mécanismes organiques, physiques, psychologiques, dans un parfait détail ; ils regardent chaque pièce à la loupe et longtemps ; ils poussent la patience jusqu’à la monotonie ; ils sont ingénieux, mais sans une grande portée.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Streckeisen-Moultou, qui nous promet de tirer de ses papiers de famille d’autres pièces intéressantes encore concernant Rousseau, a droit à nos remerciments ; qu’il me permette cependant une critique que je ne puis passer sous silence, et qui peut être utile pour l’avenir.

1661. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.

1662. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

— On obtient des Mercenaires, après ce festin, qu’ils sortent de Carthage moyennant une pièce d’or distribuée à chacun, et qu’ils aillent camper à Sicca, à quelques journées de la capitale.

1663. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Ses pièces s’expliquent par sa vie.

1664. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Sur le fond de la question, on peut voir, indépendamment des pièces et rapports publiés dans Le Moniteur, la Lettre ou Réponse de M. 

1665. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Les curieux pourraient chercher dans le Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie présentées à l’Académie française… une page du discours de M. de La Chapelle, directeur de l’Académie, répondant à M. de Valincour, qui venait y prendre séance à la place de Racine, le 27 juin 1699.

1666. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Si, par un hasard qui n’en était pas un et qui devait assez souvent se produire, quelque pièce dont ils étaient les premiers auteurs et rédacteurs sortait au jour, si quelque combinaison dont ils avaient suggéré le plan prenait corps et vie et devenait manifeste, ils se gardaient bien de dire : Elle est de moi, ou même de le penser seulement.

1667. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

D’autres fois, tout en gardant le même ton, la magicienne martelle son débit, passe certaines syllabes au laminoir de ses dents, et les mots tombent les uns sur les autres comme des pièces d’or.

1668. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Il serait fort difficile d’analyser ces petites pièces.

1669. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Une haute notion de la divinité, qu’il ne dut pas au judaïsme, et qui semble avoir été de toutes pièces la création de sa grande âme, fut en quelque sorte le principe de toute sa force.

1670. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Martial a très bien jugé ses propres épigrammes ; pourtant, s’il avait fallu faire un choix, un triage dans un si grand nombre de pièces, est-ce Martial qui en eût été le plus capable ?

1671. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

On a d’Étienne Dolet, le même qui fut brûlé vif pour crime d’hérésie, une jolie pièce de vers latins sur Rabelais, médecin et anatomiste.

1672. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Lorsqu’aux jours de fête il lui arrivait de faire représenter des pièces pour son spectacle, elle ne choisissait pas les plus sérieuses.

1673. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Vous n’êtes qu’une misérable pécheresse, qu’un vaisseau de terre qui va tomber, et qui se cassera en pièces, et de toute cette grandeur il n’en restera aucune trace. » — « Il est vrai, ô mon Dieu ! 

1674. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Il devenait même poète du coup, et rimait l’éloge de Henri IV et son propre Adieu à la Cour en deux pièces de vers qui se sont conservées.

1675. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Enfin celle qui personnifie la mère douloureuse et voilée de ces drames, la créature souillée et candide qui répand sa douleur en pitié, on sait sa physionomie, le détail de sa chambre, les pièces de son costume ; celle qui restaura la paix dans l’âme défaite du criminel et lui rendit, par quelques paroles tremblantes, la joie de posséder des frères, est une pâle petite fille à la figure menue, dont les yeux, sous des cheveux blonds de lin, sont purs.

1676. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

D’autres phrases coulent lentement comme des larmes de miel : « Cette pièce où des glaces se faisaient écho et se renvoyaient à perte de vue dans les murs des enfilades de boudoirs roses, avait été célèbre parmi les filles, qui se complaisaient à tremper leur nudité dans ce bain d’incarnat tiède qu’aromatisait l’odeur de menthe dégagée par le bois des meubles ».

1677. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les opinions humaines ne ressemblent donc point à la pièce de toile que le tisserand commence et achève : toutes se croisent, et se feutrent, pour ainsi dire.

1678. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

La scène de cette grande pièce en un volume est le château de Manteigney, appartenant au dernier descendant de la grande famille de ce nom, lequel, pour fumer sa vieille terre, comme on disait autrefois, a épousé la fille de Larreau.

1679. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Ils veulent des pièces de résistance, et comme ils ne lisent pas en général pour des raisons très littéraires, mais pour passer le temps, quand ils sont oisifs, et pour se distraire, quand ils sont occupés ; comme ce ne sont pas des questions pour eux dans un livre que la profondeur des caractères ou la beauté du langage, ils se détournent naturellement de ce qui est fin, est susceptible de dégustation, pour se retourner vers ce qui est gros et peut s’avaler comme une pâtée… Alors les nouvelles, qui sont des romans concentrés, doivent être, en raison de leur concentration même, d’un très rare et d’un très difficile succès.

1680. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Autant vaudrait s’imaginer qu’une pièce de monnaie usée, en perdant la marque précise de sa valeur, a acquis une puissance indéfinie d’achat.

1681. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Le cardinal de Retz, dom Robert des Gabets, Roberval, M. de La Clausure, l’abbé Gautier, tous les personnages d’une académie cartésienne, une foule de pièces de Leibnitz, Malebranche et Descartes, des lettres de Spinoza, quantité de morceaux sur Mme de Longueville, Mme de Sablé, Pascal, sa famille : il a fourni des mémoires et des documents sur tous les personnages illustres de ce temps.

1682. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Un savant helléniste a célébré, à ce titre, quelques pièces lyriques de Gray, plus fortement que nous ne l’oserions.

1683. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Il n’y a presque pas une de ses pièces de vers où l’on ne trouve quelque chose d’intéressant. […] D’abord sa brouille avec Molière, à qui il retira Alexandre et enleva la Du Parc, pour porter la pièce et la comédienne à l’Hôtel de Bourgogne. […] Henri de Régnier consacre une curieuse pièce de souvenirs qu’il faut nommer hypothétiques. […] Cette pièce est dédiée à Mme Lucie Delarue-Mardrus, elle aussi native d’Honfleur, qui a produit encore Albert Sorel, Alphonse Allais, le peintre Boudin. […] … Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Même jacobin, l’homme est rarement tout d’une pièce.

1684. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat et que chaque citoyen n’opine que d’après lui. » Comme la théorie des corps intermédiaires est la pièce maîtresse du système de Montesquieu, aussi ce qui précède est le fond même du système de Rousseau. […] Ils font du souverain un être fantastique et formé de pièces rapportées ; c’est comme s’ils composaient un homme de plusieurs corps, dont l’un aurait des yeux, l’autre des pieds, l’autre des bras, et rien de plus. […] On ne connaît rien de ces affaires quand on n’a lu que Voltaire, bien entendu, et c’est toujours le mot de l’avoué disant : « Je ne connais rien de la question : je n’ai entendu que les avocats. » Il faut lire les pièces des procès ou, au moins, le résumé, d’une sécheresse rassurante, qu’en a donné M.  […] Le gouvernement de l’Etat n’a jamais regardé la magistrature ; nous ne sommes ni princes, ni pairs, ni grands officiers de la couronne, ni généraux d’armée, ni ministres… » Dans cette pièce, destinée à être comme un manifeste officieux et qui fut remaniée de concert par Maupeou et par Voltaire, celui-ci sent bien que l’opinion est effrayée de perdre avec l’ancien Parlement un gardien et un défenseur des libertés publiques. […] Il y a un certain désaccord entre la platitude de la première partie de cette pièce et la fierté de la seconde.

1685. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Poète, il eût choisi la rigueur concise du sonnet ; dramaturge, la pièce en un acte. […] Mais reprenez dans Joseph Delorme les morceaux : Ma Muse, Rose, la Veillée, et dites si ces pièces, avec de très légères retouches, ne figureraient pas dans ces Fleurs du mal sans que nous puissions distinguer, ces vers et ceux de Baudelaire, les uns des autres. […] » Puis il s’est réveillé de cette illusion et il a soin de mettre cette note à son poème : « Une légère teinte d’ironie n’est-elle pas répandue dans cette pièce ?  […] … » Je reprends le journal, et je constate qu’au contraire « l’Empereur allemand s’est montré très satisfait de sa visite, qu’il a longuement et gracieusement interrogé l’hôtesse sur ses souvenirs, et il est parti en lui laissant quelques pièces d’or, et sa photographie avec sa signature… ». […] Elle se compose de cent soixante et une pièces.

1686. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Si Molière, ses comédies à la main, frappait aujourd’hui à la porte du Théâtre-Français, la pruderie moderne le repousserait comme grossier et scandaleux10 ; de son temps, les dames les plus délicates couraient à ses pièces. […] Et il développe cette preuve avec un soin, une preuve et une exactitude qui nous paraissent presque enfantines, parce qu’aujourd’hui nous sommes habitués à deviner sur un mot une foule d’idées, à juger à l’aventure, à croire à la volée, tandis que le Grec, écrivant sans formules copiées et sans phrases toutes faites, est obligé d’inventer ses opinions et ses expressions, de réfléchir sur tout ce qu’il avance, et de marcher pas à pas, pièces en mains, en homme qui découvre un nouveau pays. […] Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains, jouaient la pièce officielle et majestueuse. […] On manie son chapeau, on secoue du doigt ses dentelles, on s’appuie contre une cheminée, on regarde par la fenêtre une pièce d’eau, on calcule ses attitudes et l’on se plie en deux pour les révérences ; on se montre et on regarde ; on donne et on reçoit force embrassades ; on débite et l’on écoute cinq ou six cents compliments par jour. […] Ne vous souvient-il pas que Balzac avait inventé des théories chimiques, une réforme de l’administration, une doctrine philosophique, une explication de l’autre monde, trois cents manières défaire fortune, les ananas à quinze sous pièce, et la manière de gouverner l’État ?

1687. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Dans une salle de théâtre, les acteurs ne sont pas les seuls à jouer la pièce ; les spectateurs aussi là jouent pour ainsi dire intérieurement : leurs nerfs vibrent à l’unisson, et lorsque le principal héros épouse à la fin de la pièce quelque amante adorée, on peut dire que toute la salle ressent un peu de son bonheur. […] Il nous paraît donc impossible, pour cette raison, de considérer le désir et sa satisfaction comme essentiellement antiesthétiques ; au contraire, en projetant toute la lumière de la conscience sur leur objet, ils peuvent le transfigurer et lui créer de toutes pièces une certaine beauté. […] Molière n’eût peut-être pas joué à Pézenas ses pièces les plus raffinées comme Le Misanthrope ; mais n’était-ce pas déjà une belle chose que de voir les habitants de Pézenas écouter Molière ? […] Le célèbre monologue d’Hamlet ne fait que poser un problème insoluble pour la science ; une des belles pièces des Contemplations sur le sort de notre globe et de l’humanité a pour titre un simple point d’interrogation. […] Sully-Prudhomme, ce poète malheureusement inégal, développe lui aussi dans ses belles pièces, comme les Chaînes, une conception originale du sentiment de l’amour, et, par cela même, il y introduit une poésie nouvelle.

1688. (1940) Quatre études pp. -154

À ce point, quand la pièce semble aller d’un mouvement rapide vers sa conclusion, une véritable divagation commence. […] Le type même de la construction de leurs plus belles pièces n’est-il pas celui de la période oratoire ? […] Ainsi dans la pièce intitulée Lament of Mary, Queen of Scots : La grise alouette, gazouillant éperdument,            S’élèvera vers les cieux ; Le chardonneret, le plus gai fils de la musique,            Se joindra doucement au chœur ; Le merle à la voix forte, le linot à la voix claire,            Le mauvis doux et moelleux ; Le rouge-gorge réjouira le pensif automne            Sous sa chevelure jaunie. […] Je passe, comme la nuit, de pays en pays ; J’ai une singulière puissance de parole ; Du moment que j’ai vu son visage Je reconnais l’homme qui doit m’écouter, Je lui apprends mon histoire… Si nous avons cru devoir résumer toute cette pièce, c’est par la nécessité même de notre thèse ; nous avions à montrer la qualité spécifique d’une poésie qu’un esprit latin ne pourrait guère concevoir, et qu’il a même quelque peine à supporter. […] Denis le philosophe a voulu être un savant ; il a passé des mathématiques à la physique, et de la physique aux sciences naturelles ; il a manié des pièces d’anatomie, il a assisté aux dissections, il a étudié en médecin le mécanisme de nos organes et les fonctions de notre corps ; et au bout de ce travail, il a jugé que la matière, la seule matière, suffisait à expliquer la pensée et la vie.

1689. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Ce n’est pas une énorme maison et si on l’achetait il faudrait ajouter deux ou trois pièces. […] Je crois vraiment que l’on comprendrait et la signification de la pièce et dans quel pays cela se passe, et tout enfin, sans voir la scène et sans entendre les paroles. […] Les pièces en enfilades, enfin. […] On a mis aussi à prix les têtes des nobles, 50 roubles la pièce. […] La sublime allégorie frémit, vibre, les muscles tressaillent sous les pièces du costume collant.

1690. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

On le revêtit d’un vêtement composé de plusieurs pièces, pour signifier les diverses fonctions ou magistratures qu’il avait exercées, comme poète, comme philosophe, comme historien, comme homme d’État. […] Dans les derniers chapitres, quelquefois ce sont des pièces de vers entières des plus célèbres poètes, quelquefois des vers de toutes les mesures et de tous les styles, mais remarquables ou par les choses, ou par les pensées, ou par le choix et le brillant des expressions.

1691. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il est toujours honnête homme, sans doute, mais il n’est rien moins que l’homme d’une seule pièce qu’on a voulu nous faire de lui. […] Vous en jugerez vous-même, puisque je vous ai envoyé la pièce.

1692. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Vaincue d’un revers de nos armes, la maison de Savoie perd pièce à pièce ses États, comme elle les a reçus.

1693. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

La poésie était née avec lui : il ne tarda pas à laisser échapper sous toutes les formes les chefs-d’œuvre légers de son imagination ; des odes, des sonnets, des bergeries, des pièces de théâtre composées à la requête d’Hercule d’Este ou de son frère le cardinal Hippolyte d’Este, répandirent son nom jusqu’à Florence et à Venise. […] À l’angle extérieur d’une de ces terrasses on descendait par une voûte souterraine en cailloutage dans une grotte rustique d’où l’on voyait glisser, comme des cygnes sur une pièce d’eau, les voiles de la mer Adriatique.

1694. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Ces prétendus philosophes se moquaient l’un de l’autre, se querellaient sans cesse, comme des amis (disait mon frère en racontant cette pièce). […] Deux pièces de Figaro.

1695. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Nous n’entendons plus la voix qui variait ces tours uniformes ; nous ne voyons plus le geste qui poussait ces idées en avant, qui les rangeait comme des pièces, qui achevait les peintures ébauchées par la parole. […] Qu’il nous ait par moments jugés par prévention plutôt que sur pièces, je ne le nie pas ; mais là même il ne cesse pas d’être vrai ; et, pour le trouver vrai, il suffit qu’en méditant avec candeur sur les plus sévères de ses maximes, nous ne nous sentions pas incapables de toutes les fautes dont nous sommes innocents.

1696. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Les révolutions ont apporté des preuves et comme fourni des pièces justificatives à l’appui des vérités exprimées par Montesquieu. […] Beaucoup de gens croyant qu’il s’était tué, Bouilly avait fait tout exprès une pièce où il mourait chez lui, sa croisée ouverte, en s’écriant : « Que la nature est belle !

1697. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Mais les deux points de la pièce où la musique s’adapte étrangement au décor, sont précisément les deux changements du premier et, du troisième acte. […] Au dernier acte, des pièces d’artifice malencontreusement tirées pendant l’Incantation du feu ont nui à l’effet eu merveilleux final et les spectateurs se sont levés précipitamment.

1698. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Rien de plus stérile que de passer en revue tous les sentiments, poids et mesures en main, de les auner comme une pièce d’étoffe, de faire, par exemple, de la science et du raisonnement avec un amant ou une amante. […] Lui-même intitule Obsession la pièce qui commence par ces vers : Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ; Vous hurlez comme l’orgue ; et dans nos cœurs maudits, Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles, Répondent les échos de vos De profundis.

1699. (1926) L’esprit contre la raison

C’est elle qui engendre aujourd’hui les livres ridicules, les pièces insultantes. […] Ses comptes-rendus de Feuilles de route de Cendrars l’attestent dans La Nrf, le 1er février 1925 et Les Nouvelles Littéraires n° 137, 1er février 1925 : […]les paquebots, les océans, les villes lointaines sont devenus les pièces d’un arsenal littéraire qui, du point de vue humain, ne sembla valoir guère plus ou mieux que la mythologie dont se trouvaient saupoudrés, en d’autres siècles, tous les voyages des jeunes Anacharsis. […].

1700. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils s’attendrissent sur les peuples qui meurent, ils s’éprennent de la décrépitude de l’Islam, ils rêvent de se prosterner avec des Bédouins en guenilles dans les mosquées vermoulues qu’entretient notre budget, et ils n’ont d’yeux que pour les vendeuses d’amour qui portent en colliers nos pièces de vingt francs et qui font venir de Paris même le rouge dont elles teignent leurs pommettes. […] Si vous craignez que ce décor ne soit qu’une fantaisie brillante et légère, penchez-vous sur la balustrade de l’Orangerie et regardez les constructions qui entourent la pièce des Suisses.

1701. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel n’a pas voulu traiter encore les questions délicates d’art et d’école que cet ordre de dessins soulève : il n’a fait que les indiquer dans son avant-propos, réservant ce sujet pour une époque plus avancée de sa publication, lorsque les pièces seront rassemblées en grand nombre et qu’il en ressortira plus de lumière.

1702. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Arrivé à Chaillot, où il passait les étés depuis trente ans, Bailly s’y voit l’objet d’une ovation, ou plutôt d’une fête patriarcale et champêtre, « fête sans faste, dont la décente gaieté et les fleurs firent tous les frais », et qu’on lui donne chez lui, dans les différentes pièces de sa maison et de son jardin : Je ne dis rien de trop en disant que je fus embarrassé par cette foule presque entière, qui se pressait autour de moi avec les plus vives expressions de l’amour et de l’estime, une joie pure et douce, une paix qui annonçait l’innocence : cette fête était vraiment patriarcale ; elle m’a donné les plus délicieuses émotions, et m’a laissé le plus doux souvenir.

1703. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

D’un jardin anglais ou du verger d’Alcinoüs il avait fait une pièce de terre labourable : il fut réputé excellent.

1704. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Jung s’est attaché d’abord, et avec un esprit de critique précise et rigoureuse, à bien déterminer, dans cette quantité de dépêches et de pièces diverses, celles qui peuvent être considérées avec quelque certitude comme étant directement de la main ou de la dictée de Henri IV, et non point de la rédaction de ses secrétaires.

1705. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Dans cette extrémité, tandis que Frédéric raisonnait de sa situation en homme qui avait lu et médité le chapitre XIIe De la grandeur et de la décadence des Romains, et qu’il prétendait usurper le droit le plus ambitieux pour un mortel, celui de finir la pièce où il était acteur en ce monde à l’endroit où il le voulait, les choses subitement changèrent, et un souffle léger de la fortune vint rendre vaines ces altières réminiscences de Caton.

1706. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

— Les jeunes chansons, c’est aussi la pièce du soir, c’est le roman du jour, c’est ce qui fait l’entretien de la jeunesse à l’instant où cela paraît.

1707. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

La science, pour lui, ne venait qu’après, à l’appui de sa foi, de celle qu’il avait pour le moment, et comme pièce de démonstration.

1708. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

L’homme de lettres, s’il avait été un moment primé par l’homme de passion et de combat, se réveilla alors en lui avec toutes ses inquiétudes, et il essaya de donner un dernier témoignage de soi, de ses idées et de son talent dans une production suprême ; il y réussit en 1833 par quelques pièces fort belles du Recueil qu’il publia, et qui, moins populaire que les précédents, eut un succès poétique et littéraire.

1709. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Pendant des heures, Rigault, bien plutôt excité que contredit par les maîtres du camp, développa brillamment ses ressources et fit feu de toutes les pièces de son esprit.

1710. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content.

1711. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

. — Je n’oublierai point, parmi les personnes présentes, une habituée et une amie de la maison, Mme de Bawr, l’auteur d’une jolie pièce de théâtre et d’agréables romans.

1712. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Élie Benoît n’est pas proprement un historien ; il le reconnaît avec modestie dans se préface et décline humblement ce titre : il est un conspirateur de pièces et de témoignages, un rapporteur au nom des victimes.

1713. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

M. de Chateaubriand, à la tribune des Pairs, eut ce jour-là de nobles paroles, et, cet autre jour, il en eut de malheureuses… » Sur les violences matérielles et les horreurs qui ensanglantèrent le Midi, on est unanime ; mais là encore on essaye de n’en pas trop dire et de limiter l’indignation ; on n’emprunte que discrètement à l’effroi de la tradition populaire qui a survécu et qui subsiste encore ; on craint de paraître donner dans la légende qui grossit les faits et les transfigure : à ce travail honorable, entrepris par de bons esprits qui ont oublié d’être de grands peintres, le courant incendiaire qui traversa alors et dévora toute une partie de la France, se dissipe et s’évapore ; l’atmosphère embrasée du temps ne se traduit point au milieu de ces justes, mais froides analyses ; l’air échappe à travers les mailles du filet, et c’est encore dans les historiens d’une seule pièce, d’une seule et uniforme nuance comme Vaulabelle, dans ce récit ferme, tendu et sombre, où se dresse énergiquement passion contre passion, qu’on reçoit le plus au vif et en toute franchise l’impression et le sentiment des fureurs qui caractérisent le fanatisme royaliste à cette époque.

1714. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Enhardi par les questions qui m’ont été faites, et muni de toutes pièces, j’ai tâché aujourd’hui de mieux graver les traits et de fixer dans la mémoire de tous l’idée de ce second de Rousseau, de ce disciple unique et parfaitement naturel, dont les rapports de ressemblance avec le maître avaient déjà frappé quelques-uns des contemporains.

1715. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

La théologie, la haute et moyenne théologie, armée de toutes pièces, a donné, et elle donne encore, et elle donnera longtemps ; elle n’est pas près de se taire.

1716. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Michel Nicolas, je me suis adressé à lui-même pour avoir les moyens, à mon tour, de remonter directement aux sources ; j’ai questionné par lettres des membres de la famille de Jean-Bon qui avaient gardé des récits de tradition orale ; j’ai reçu, de Montauban, la communication de pièces originales et rares, difficiles à retrouver29.

1717. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Nous n’en pouvons parler, du reste, que d’après Lemontey qui avait lu la pièce et qui en reproduit indirectement les termes : « Ces mœurs naïves et pures, dit-il, ce mélange d’études graves et de gaieté innocente, ces devoirs pieux et domestiques, cette princesse qui, aussi simple que la fille d’Alcinoüs, ne connaît de fard que l’eau et la neige, et qui, entre sa mère et son aïeule, brode des ornements pour des autels ; tout retraçait dans la commanderie de Wissembourg l’ingénuité des temps héroïques. » L’idylle ici venait singulièrement en aide à la politique.

1718. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Avec de tels hommes, pas plus avec celui qui rendait ses oracles d’un ton chagrin, négatif et répulsif, qu’avec celui qui nous lançait à la tête ses anathèmes à l’état de singularités et de boutades, il n’y avait moyen de s’entendre ; la guerre continuait ; les passions s’entretenaient par contraste et se réchauffaient : c’était une contre-révolution de toutes pièces qu’eux et leurs amis nous proposaient, ce n’était pas une réforme véritable.

1719. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Cicéron disait que l’orateur était un soldat qui devait être armé de toutes pièces et toujours prêt à combattre.

1720. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

D’Argenson consentit à remettre le papier au roi comme une pièce anonyme qui lui serait arrivée sous pli avec un cachet inconnu.

1721. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Chénier tenait donc pour la division des genres et pour l’intégrité de leurs limites ; il trouvait dans Shakspeare de belles scènes, non pas une belle pièce.

1722. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

« Aussi quel soulagement — ajoute-t-il avec un soupir qui remercie —, lorsque je pus clore la série76, par le Docteur Pascal, pour lequel mon bon ami, le Dr Maurice de Fleury, m’a bâti de toutes pièces le rêve de haute conception médicale que je désirais y mettre !

1723. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Or, sans ce tribunal toujours existant, l’esprit des jeunes gens ne peut se former au tact délicat, à la nuance fine et juste, qui seule donne aux écrits, dans le genre léger, cette grâce de convenance et ce mérite de goût tant admiré dans quelques écrivains français, et particulièrement dans les pièces fugitives de Voltaire.

1724. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Car, si l’horloge marche, c’est par l’accord de ses diverses pièces, d’où il suit que, si l’accord cesse, l’horloge se détraquera.

1725. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Car les romantiques lui faisaient la guerre, et cette agitation une fois apaisée, on ne revient pas à lui : il était décidément dépassé, relégué dans l’histoire, comme une pièce curieuse d’archéologie, qui n’a plus d’utilité actuelle.

1726. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Il en a été du premier effet des idées générales au moyen âge, comme du premier effet des pièces d’artillerie du même temps elles ont tué les premiers qui s’en sont servis.

1727. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Retté lui fait grief, en nous expliquant la genèse d’une des pièces les plus hermétiques du maître : Jamais un coup de dés n’abolira le hasard.

1728. (1890) L’avenir de la science « V »

S’il veut un système tout d’une pièce, il sera donc réduit à nier et exclure.

1729. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Cela vaut la peine qu’on s’y arrête, pour examiner la valeur d’un tel jugement, surtout lorsque des pièces positives et neuves sont produites à l’appui.

1730. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Nous ne pouvons aujourd’hui que très peu juger de ces pièces d’éloquence qu’il a repassées et polies tant de fois avant de les publier.

1731. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Il l’avait tiré de la province et fixé à Paris ; il lui avait donné une pension à cette condition qu’il en paierait chaque terme par une pièce de vers ; et le paresseux s’en acquitta toujours.

1732. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

En même temps, par son sang-froid habile, il sut assez l’irriter pour l’amener à produire imprudemment et à lire en pleine audience les pièces décisives qui lui firent perdre sa cause.

1733. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Dans les autres pièces publiées qui concernent son administration des Cultes (par exemple, au sujet des refus, alors nombreux, de sépulture ecclésiastique), on sent partout, chez Portalis, cette délicatesse de conscience qui lui permettait de peser avec autorité dans la même balance les intérêts de l’ordre civil et les scrupules du sanctuaire.

1734. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Selon cette théorie d’un faux bon sens ennemi du grand goût, il suffirait de transporter purement et simplement toute action émouvante et attendrissante de la vie bourgeoise sur le théâtre pour avoir atteint le plus haut point de l’art : Si quelqu’un est assez barbare, assez classique (il est piquant de voir ces deux mots accolés par Beaumarchais et pris comme synonymes), pour oser soutenir la négative, il faut lui demander si ce qu’il entend par le mot drame ou pièce de théâtre n’est pas le tableau fidèle des actions des hommes.

1735. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Considérant que notre marché est aussi abondamment approvisionné que le meilleur des jardins, je me suis mis à transformer le mien, au milieu duquel est ma maison, en pièces de gazon et en allées sablées, avec des arbres et des arbustes à fleurs.

1736. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Mais moi… » Je me rappelle encore de quel air un de mes amis, voyant la Dame aux Camélias affichée, me désignait l’affiche du bout de sa canne et me disait : « C’est beau, cette pièce-là ! 

1737. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

« Cependant il y en a parmi eux qui ne cessent de se quereller pour savoir l’histoire de leur procès, et il y en a qui en inventent les pièces ; d’autres qui racontent ce qu’ils deviennent après la prison, sans le savoir.

1738. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Et que signifient, dans une histoire du théâtre sérieux, ces nombreuses pièces qui ne furent jamais jouées, parce qu’elles sont injouables ?

1739. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Trois ans après, dans la discussion la plus vive, il la cite aussi exactement que s’il venait de l’écrire, ouvre le carton à l’endroit précis, et la présente à son adversaire pour ne rien dire que pièces en main.

1740. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Elle ne prouve pas la valeur intrinsèque de l’ouvrage : livre ou pièce de théâtre, mais elle décèle un certain état d’esprit chez le lecteur et le spectateur. […] La salle où la pièce se joue, les décors, les costumes, les acteurs même, ne sont, encore ici, que des adjuvants. […] L’État serait autorisé à percevoir un droit sur toute réédition d’un volume, sur toute représentation d’une pièce de théâtre, tombés dans le domaine public. […] Le règlement veut que le batteur mette une quantité déterminée d’alliage d’or dans ses feuilles d’argent, que le patenôtrier n’enfile pas les grains d’un chapelet avant de les avoir arrondis, que le lampier fasse des chandeliers de cuivre d’une seule pièce. […] Ce même vieux volume contient un discours français de Michelet, couronné en 1816, une pièce de vers latins de Sainte-Beuve, couronnée en 1822, une autre de Nisard, en 1824.

1741. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Cette pièce, reproduite probablement dans quelque journal hostile, provoqua la lettre de Mme de Staël qu’on va lire, et qui, je crois, est la première en date de la série que nous possédons. […] Nous irons ensuite ensemble voir la pièce qui me touche le plus, le Philosophe sans le savoir, où j’ai une loge où je vous mène — loge grillée ; monsieur Camille, votre incognito sera respecté. — Dites à Gérando que je me plains de lui. […] On a remarqué que depuis cette époque les jalousies des dernières pièces de son appartement étaient constamment restées fermées. — Un seul valet de chambre pénètre dans le dernier appartement, qui est tous les jours garni de fleurs nouvelles et… » [Le reste manque.]

1742. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou, n’a pas tardé à publier, sous le titre de Documents biographiques, un excellent volume où le texte tout entier de cette vie si pleine est, en quelque sorte, établi, où toutes les pièces à l’appui sont compulsées, mises en œuvre, et les moindres curiosités littéraires soigneusement indiquées : on n’a plus guère, pour le fond, qu’à puiser là. […] Aussitôt après l’arrivée et le premier classement des pièces, Napoléon les alla visiter à l’hôtel Soubise ; il demanda tout d’abord, il prit et serra dans sa main la boîte qui renfermait la bulle de son excommunication, et un sourire indéfinissable de triomphe et d’orgueil lui échappa. […] Guérard indique encore deux autres pièces de vers insérées dans le même journal.

1743. (1927) André Gide pp. 8-126

On sait que les soties étaient au xve  siècle, des pièces burlesques jouées par les SOTS ou ENFANTS SANS SOUCI, habillés de jaune et de vert et coiffés du chapeau orné d’oreilles d’âne et de grelots. « Il se peut, dit M.  […] Si je possédais quelque première édition d’une pièce de Racine ou de Molière, je m’en séparerais également ; je préfère un livre de classe. […] Si vous voulez y échapper, faites jouer votre pièce devant vos invités personnels et imprimer votre volume hors commerce.

1744. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Ce que le roi a de mieux à faire, c’est de ne pas leur donner lieu de s’unir et de s’entendre pour traiter avec lui ; c’est de les lasser et d’avoir bon marché de chacun en détail, en les laissant se diviser et achever de se morceler de plus en plus : Tant qu’enfin étant tous mal contents les uns des autres, et désespérés de leurs impertinents desseins, il faudra que tout ce qu’il y a de Français parmi eux se vienne jeter entre vos bras par pièces et lopins, comme vous devez désirer, ne reconnaissant que votre seule royauté, ne cherchant protection, appui ni support qu’en elle, ni n’espérant d’obtenir bienfaits, dignités, charges, offices ni bénéfices que de votre seule grâce et libéralité.

1745. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Pour ces sièges « entrepris, comme on disait, à la racine des Alpes », il fait transporter, au temps voulu, pièces et munitions ; il étudie et saisit le côté faible des places, le point unique où le canon y peut mordre ; il pronostique le jour et l’heure de la prise ; il ne s’en fie qu’à ses yeux et se risque de sa personne, seul, dans des reconnaissances jusqu’au pied des bastions ennemis ; sur quoi il mérite que Henri IV lui écrive, à la fin de ce siège de Montmélian : Mon ami, autant que je loue votre zèle à mon service, autant je blâme votre inconsidération à vous jeter aux périls sans besoin.

1746. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Que toutes les pièces d’eau soient troublées par les sauts de plusieurs milliers de carpes.

1747. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Le malheur des historiens modernes, et auquel échappaient les anciens, c’est que, de nouveaux documents survenant sans cesse, le mérite de la forme et de l’art n’est plus compté comme il devrait l’être, et que les derniers venus, souvent sans être meilleurs, mais en paraissant mieux armés de toutes pièces, étouffent et écrasent leurs devanciers.

1748. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Mais en même temps qu’on se rendra mieux compte de la circonstance et du tour d’esprit naturel qui l’ont fait naître, il s’y joindra un regret : c’est qu’il soit arrivé à cette jolie pièce d’esprit un malheur qui arrive à toute chose nouvelle qui réussit, elle est devenue le point de départ d’une mode et d’un genre.

1749. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Les Affaires étrangères conservent les pièces relatives à cette mission de M. de Besenval, et qui témoignent de ses services74.

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Mais l’homme dur et rigide, l’homme tout d’une pièce, plein de maximes sévères, enivré de sa vertu, esclave des vieilles idées qu’il n’a point approfondies, ennemi de la liberté, je le fuis et je le déteste… Un homme haut et ardent, inflexible dans le malheur, facile dans le commerce, extrême dans ses passions, humain par-dessus toutes choses, avec une liberté sans bornes dans l’esprit et dans le cœur, me plaît par-dessus tout ; j’y joins, par réflexion, un esprit souple et flexible, et la force de se vaincre quand cela est nécessaire : car il ne dépend pas de nous d’être paisible et modéré, de n’être pas violent, de n’être pas extrême, mais il faut tâcher d’être bon, d’adoucir son caractère, de calmer ses passions, de posséder son âme, d’écarter les haines injustes, d’attendrir son humeur autant que cela est en nous, et, quand on ne le peut pas, de sauver du moins son esprit du désordre de son cœur, d’affranchir ses jugements de la tyrannie des passions, d’être libre dans ses idées, lors même qu’on est esclave dans sa conduite.

1751. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !

1752. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Scribe, quand il faisait une coupure dans ses pièces de théâtre, et pour s’y encourager, disait : « Tout ce qu’on coupe, il n’y a pas de danger qu’on le siffle. » Mais on ne l’applaudit pas non plus.

1753. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Elle eut l’idée de composer pour les enfants un recueil qui se serait appelé les Enfantines ; quelques-unes de ces pièces se sont conservées ; il en est une fort jolie, intitulée : L’Ange Joujou.

1754. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il est curieux, en le lisant, de voir à quel point la pensée de s’enquérir du fond, l’idée de critique et d’examen est loin de son esprit ; il ne se pose pas un seul instant cette question philosophique et morale de la vérité, de la certitude, la question de Pascal ; Louis Legendre est un rhétoricien ecclésiastique ; il veut faire son chemin par son talent, et il le fera : « Quand je vins à Paris, dit-il, j’avais beaucoup de pièces faites, néanmoins j’étais résolu non seulement d’y retoucher, mais de les refaire entièrement quand j’aurais entendu ceux des prédicateurs qui avaient le plus de réputation.

1755. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Durant quinze nuits de veille et d’insomnie, il raconte toute sa vie de vingt ans, déjà si pleine, son enfance, la distribution des prix où tous ses rivaux sont heureux et environnés de caresses, où, lui, il n’a point de mère à embrasser ; la confidence du proviseur, l’acte de naissance produit, avec son déguisement, l’inscription de rente qui l’accompagne, le tout déchiré et mis en pièces par le jeune homme indigné ; la solitude d’un jeune cœur, le besoin d’aimer, le besoin d’une famille, la plainte de la nature, l’amer abandon de celui dont il a été dit : « Cui non risere parentes.

1756. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Et puis toutes les grandes dames de ce temps, les plus honnêtes et les plus vertueuses, avaient dans leur bibliothèque ces livres en vogue, ces romans à la mode qui nous paraissent aujourd’hui scandaleux et qui alors ne produisaient pas cet effet. » — De son côté, le bibliophile Paul Lacroix, qui a publié le catalogue des livres du Petit-Trianon, et qui a mis en tête une préface sous forme de lettre adressée à Jules Janin, ne dit pas autre chose : « Car pour être reine, on n’en est pas moins femme, et les femmes, avant la Révolution, ne lisaient guère que des romans, des poésies et des pièces de théâtre. » Si tout le monde est à peu près d’accord, on se demande pourquoi donc tout ce bruit et cette querelle.

1757. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Au reste l’intérêt de ces volumes est tout entier dans les pièces.

1758. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

les pièces originales sont là, telles quelles ; elles parlent, ou elles se taisent ; elles font loi.

1759. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Ils ont commencé par l’excès, par l’abus ; ils ont abondé dans leur sens, ils ont beaucoup hasardé : mais bientôt ils ont tant vu et compulsé de pièces de ce xviiie  siècle qu’ils chérissent et où ils ont placé leurs origines, ils ont tant recherché et comparé de tableaux, d’estampes et d’images, tant recueilli de détails, tant colligé d’anecdotes, tant dépouillé de journaux, de correspondances, en finissant par les gros livres et par les ouvrages de poids, qu’ils sont devenus à leur tour des habiles, des peintres et témoins fidèles, des experts de première qualité dans la connaissance de cet âge si voisin de nous et si compliqué, si raffiné.

1760. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

L’Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, par M. de Montalembert, provoque bien naturellement ces considérations : c’est une légende exacte de sainteté, une pièce d’onction et d’art du moyen âge, écrite en toute science et bonne foi par un homme de nos jours.

1761. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Je ne suis rien ; un si petit intervalle n’est pas capable de me distinguer du néant ; on ne m’a envoyé que pour faire nombre, encore n’avait-on que faire de moi, et la pièce n’en aurait pas moins été jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre.

1762. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il était du petit nombre de ces oisifs parisiens qui retiennent des spectacles multiples auxquels les convie la mode, de ce long et ininterrompu défilé de tableaux, de statues, de morceaux de musique, de pièces de théâtre, de cérémonies et de fêtes, des couleurs, des sons, voire des idées, qu’ils cataloguent, au fur et à mesure, dans leur mémoire et dont l’ensemble constitue pour eux une mine féconde, inépuisable d’impressions et de souvenirs, lesquels, habilement mis en œuvre et adaptés aux exigences du moment, leur fournissent toujours à propos le thème inutilement cherché par tant d’autres… III Il y a apparence, après tout cela, que vous ne rencontrerez ici ni les grandes passions, ni les héroïsmes, ni les crimes, ni le romanesque tour à tour délicieux et tragique des romans de M. 

1763. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Guiraud ne se seraient laissés prendre aux pièces fabriquées par l’astucieux bossu.

1764. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

On s’étonnait un jour que Geoffroy pût revenir à diverses reprises et faire tant d’articles sur la même pièce de théâtre.

1765. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Je lus hier Othello, je viens de lire Henri VI ; je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces, elles m’ont ressuscitée. » Elle aussi, à sa manière, elle a sa vue du fond comme Shakespeare, et sa lettre lxive est ce que j’appelle chez elle son monologue d’Hamlet.

1766. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Elle y rencontra, dans la société de la marquise de Boufflers, un homme de trente ans, fin, agréable, spirituel, bien que d’un esprit assez sec et aride, connu seulement alors par une Épître à Chloé, assez jolie pièce dans le genre sensuel ; c’était M. de Saint-Lambert.

1767. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

tout le reste m’enchante ; vous êtes l’homme que je n’osais espérer. » Ces choses qui affligeaient la philosophie de Voltaire sont la Méditation sur la foi et la Prière qui la suit, deux pièces qui avaient sans doute quelques années de date et que Vauvenargues crut devoir insérer néanmoins dans sa première édition.

1768. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

J’estime en vous le plus beau génie que les siècles aient porté ; j’admire vos vers, j’aime votre prose, surtout ces petites pièces détachées de vos Mélanges de littérature.

1769. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Ces lettres sont véritablement une pièce des plus essentielles à joindre aux mémoires du temps.

1770. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Lorsque Boileau eut fait son amère satire contre Les Femmes, Perrault, mieux avisé, se constitua leur vengeur et publia une pièce de vers avec préface, intitulée L’Apologie des femmes (1694).

1771. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

La publication des pièces officielles et des dépêches des ambassadeurs de France, pendant la durée de l’influence de Mme des Ursins à Madrid (si cette publication se fait un jour), pourra seule achever de déterminer avec précision toute l’importance et la qualité de son action politique ; nous en savons déjà assez pour porter sur elle une appréciation morale ; et quant à son mérite littéraire, nous osons dire qu’il ne manque à ce qu’on a de Mme des Ursins que des éditeurs moins négligents pour qu’elle devienne un de nos classiques épistolaires.

1772. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Des personnes, qui ont vu ces pièces, en ont emporté une impression qui est un peu autre, m’assure-t-on, que celle des lecteurs de la brochure ; les simples lecteurs, en effet, qui n’entendent qu’une des parties, ont peine à ne pas donner raison à Courier.

1773. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Ce public d’académie, qui se composait alors, comme aujourd’hui, du beau monde, et qui sentait son faubourg Saint-Germain, avait bien mieux aimé applaudir, dans la première partie de la séance, un passage du discours de Raynouard où, parlant de je ne sais quel poète tragique puni de mort à Rome pour avoir mis dans une pièce d’Atrée des allusions politiques, l’orateur avait ajouté brièvement : « Tibère régnait !

1774. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Passy, il me paraît impossible que cette pièce, qui est de 1662, c’est-à-dire postérieure aux premières Satires que Boileau avait déjà composées à cette date, lui appartienne réellement ; elle est d’un faire tout différent du sien, plate et de la plus mauvaise école.

1775. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Ayant succédé à M. de Boze lorsque ce dernier mourut, il n’eut pas de pensée plus chère que d’enrichir le Cabinet du roi, confié à ses soins, de pièces nouvelles et rares, et il fut heureux lorsqu’en 1755, M. de Choiseul (alors M. de Stainville), nommé ambassadeur à Rome, lui offrit de l’emmener en Italie, de le loger chez lui à Rome et de lui faciliter tout le voyage.

1776. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ceux qui ont pu se permettre quelque vaine et froide raillerie sur la liaison du saint évêque et de cette forte et vertueuse femme, n’avaient pas lu, j’aime à le croire, cette pièce qui est la 121e des Lettres de Mme de Chantal35.

1777. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

[NdA] Les Poésies de François Ier, jointes à d’autres pièces de vers de sa sœur et de sa mère, ont été publiées en 1847 par M. 

1778. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

L’impératrice de Russie meurt, et le nouvel empereur se déclare pour lui ; cela fait péripétie dans la situation : « Je me reviens, dit-il, comme un mauvais auteur qui, ayant fait une tragédie embrouillée, a recours à un dieu de machine pour trouver un dénouement… ; — trop heureux, après sept actes, de trouver la fin d’une mauvaise pièce dont j’ai été acteur malgré moi. » Une place pas la gloire plus haut ; il ne monte pas au Capitole plus fièrement que cela : — « Je soupire bien après la paix, mon cher Milord ; ballotté par la fortune, vieux et décrépit comme je le suis, il n’y a plus qu’à cultiver mon jardin. » — Jean-Jacques Rousseau, sur ces entrefaites, poursuivi en France pour l’Émile, s’était réfugié dans la principauté de Neuchâtel.

1779. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Je me rappelais une fois, où par hasard à la campagne, chez elle, on m’avait improvisé, par terre, un lit dans une chambre, et qu’elle eut besoin, lorsque j’étais couché, de traverser cette pièce, sa toilette de nuit déjà faite.

1780. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Or une idole n’est très souvent qu’une masse de pierres ou une pièce de bois qui, par elle-même, est dénuée de toute espèce de valeur.

1781. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Ont-ils fait une pièce dont l’action dure seulement une semaine, et dont les personnages franchissent au moins, d’une scène à l’autre, l’étroit passage qui sépare la France de l’Angleterre ou l’Europe de l’Afrique ?

1782. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

vraiment ce n’est pas très nouveau ; il ne valait pas la peine de faire tant de bruit. » En effet, Chérubin n’est qu’une pièce à moralité bourgeoise où la vertu triomphe et qui n’a pas même le mérite d’être conforme à la vérité.

1783. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

C’est un déroulement semé d’antithèses, comme celui d’une pièce de velours semée de paillettes qui auraient chacune un feu différent.

1784. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Mais c’est précisément sur la question traitée par Joseph de Maistre en ces quelques pages qu’on pourra juger de l’esprit absolu de cet absolutiste tout d’une pièce, que nous maintenons, nous, malgré sa renommée, l’esprit le plus large, le plus prudent, le plus flexible, et, quand il s’agit de manier les choses et les hommes, le plus doux, — ce n’est pas assez dire !

1785. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Sans doute il est assez rare que ces images aient été inventées de toutes pièces. […] D’une seule ligne de contour le dessinateur a découpé deux silhouettes identiques, engagées l’une dans l’autre comme les pièces d’un jeu de patience. […] Il est impossible de créer de toutes pièces des types vivants et originaux. […] On sait ce qu’il en coûte d’efforts, de tâtonnements, de combinaisons de toute sorte pour arrêter le scénario d’une pièce ou le plan d’un roman. […] Il lui est impossible de rien créer de toutes pièces.

1786. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Chénier n’a peut-être pas une pièce, pas un tableau, pas une scène qu’il n’ait pris aux anciens. […] Les principales pièces de Shakespeare avaient déjà été traitées avant lui. […] J’avais voulu mettre dans ce recueil (son volume) un extrait des plus beaux endroits que j’ai tâché d’imiter ; mais j’ai trouvé que cet extrait tiendrait presque autant de place que la tragédie28. » Et dans la préface de Phèdre : « Quoique j’aie suivi une route un peu différente d’Euripide, pour la conduite de l’action, je n’ai pas laissé d’enrichir ma pièce de tout ce qui m’a paru le plus éclatant dans la sienne. » L’assimilation par imitation est la base de tous les procédés littéraires. […] Chacune de ces pièces est imitée d’un auteur. […] Dans une pièce de ses Nouvelles Méditations intitulée Préludes, Lamartine nous a donné plusieurs descriptions générales où il a mis bien du talent.

1787. (1896) Études et portraits littéraires

Seulement le déterministe a cru découvrir dans un vice démesuré la pièce maîtresse qu’il cherchait, et il a tout fait tourner autour de ce pivot monstrueux. […] Ailleurs il parle des comptes rendus retentissants de livres ou de pièces « qui sonnent la trompe et la tromperie ». […] Il joint des pièces, il rive des ferrures. […] Tout est de style dans cette pièce. […] Son Prospero estime la vertu une « pièce d’un aloi douteux ».

1788. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Les dames surtout savaient vite à quoi s’en tenir, et quand on avait tout dit, tout expliqué, elles demandaient quelque chose encore ; ce quelque chose, dit Méré, « consiste en je ne sais quoi de noble qui relève toutes les bonnes qualités, et qui ne vient que du cœur et de l’esprit ; le reste n’en est que la suite et l’équipage. » Le chevalier recommande beaucoup cet entretien des dames ; c’est là seulement que l’esprit se fait et que l’honnête homme s’achève ; car, comme il le remarque très-bien, les hommes sont tout d’une pièce tant qu’ils restent entre eus. […] Quelques narrations, parmi lesquelles se détache le conte de cette Matrone tant célébrée, sont des pièces accomplies, et les vers que l’auteur s’est passé la fantaisie d’insérer à travers sa prose, à la différence de ce qu’offrent en français ces sortes de mélanges, ont une solidité et un brillant qui en font de vraies perles enchâssées.

1789. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Jamais aucune pièce de théâtre ne fut mieux jouée, je crois, que ne l’a été celle-ci, et le mérite en est grand ; car, derrière le drame écrit, il y a comme un second drame que l’écriture n’atteint pas, et que n’expriment pas les paroles. […] Geffroy, a accepté et hardiment abordé les difficultés sans nombre d’un rôle qui, à lui seul, est la pièce entière.

1790. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Il se dit: « Tous ces guerriers doivent perdre la vie. » Quand ils eurent déchargé la barque et emporté tout ce que les vaillants hommes des trois Rois y avaient mis, Hagene la brisa en pièces qu’il jeta dans les flots. […] « Non, douce fille de Roi, je ne désire point cet honneur, que vous portiez au logis mon bouclier et les autres pièces de mon armure.

1791. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Car l’absolu ne saurait se décomposer et s’acquérir pièce à pièce, et ce quelque chose de sentant et de pensant dans la durée que je suis, ce quelque chose de successif, de composé, dont les diverses parties ne sont reliées que par les mystérieux phénomènes de la mémoire, n’est point en état de concevoir par soi-même l’absolu de la vérité.

1792. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« Une analyse conduite d’une manière vraiment systématique, doit commencer par les phénomènes les plus complexes de la série à analyser ; elle doit chercher à les résoudre dans les phénomènes les plus voisins sous le rapport de la complexité ; elle doit procéder de la même manière à l’égard des phénomènes moins complexes ainsi découverts ; et, par des décompositions successives, elle doit descendre pas à pas jusqu’aux phénomènes les plus simples et les plus généraux, pour atteindre finalement le plus simple et le plus général. » Nous allons défaire pièce à pièce l’édifice de l’intelligence humaine, en commençant par le faîte.

1793. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Un second corridor noir s’offrait à vous ; vous le suiviez ; un jour de reflet vous indiquait au fond du corridor la lumière répercutée d’une pièce éclairée par le soleil. […] Cette pièce était vaste et nue ; elle n’avait pour tout ameublement que deux larges fenêtres sans rideaux, une cheminée antique sans feu, un paravent qui cachait un lit de camp de servante, quelques chaises de paille et une centaine de volumes de hasard, amoncelés sous la poussière sur des rayons de sapin.

1794. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Mais il serait à souhaiter du moins qu’ils fussent simples spectateurs dans cette société forcée, et spectateurs assez attentifs pour n’avoir pas besoin de retourner trop souvent à une comédie qui n’est pas toujours bonne à revoir ; qu’ils assistassent à la pièce comme le parterre qui juge les acteurs, et que les acteurs n’osent insulter : qu’en un mot ils y fussent à peu près dans le même esprit qu’Apollonius de Thyane allait autrefois à Rome du temps de Néron, pour voir de près, disait-il, quel animal c’était qu’un tyran. Il est à désirer encore que ceux de nos écrivains qui entreprennent, soit dans une pièce de théâtre, soit dans un autre ouvrage, la peinture de leur siècle, ne se bornent pas à en emprunter le jargon.

1795. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Ceux qui l’ont connu, et qu’il savait fasciner par l’extraordinaire d’une éloquence à laquelle rien ne ressemblait, l’admirèrent souvent comme un homme fait de toutes pièces, et de prodigieuses pièces.

1796. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Le premier, qui est achevé d’imprimer47, contient les comédies historiques, déjà connues, et quelques pièces qui ne le sont pas, des comédies normandes et de campagne qui montrent une finesse d’observation jointe à une veine de gaieté franche.

1797. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Puis il lui montre en perspective une maison charmante à la porte de Lausanne et donnant sur la descente d’Ouchy, onze pièces tant grandes que petites tournées au levant et au midi, une terrasse, une treille, le fameux berceau ou l’allée couverte d’acacias, tous les accidents d’un terrain agréablement diversifié à l’œil, les richesses d’un jardin anglais et d’un verger, surtout la vue du lac et des monts de Savoie en face.

1798. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

[NdA] L’abbé Fraguier, dans une pièce de vers latins adressée à Mme Dacier, lui parle en termes touchants de cette fille qu’elle pleurait : Quelle consolation, hélas !

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Le prince embellissait ses jardins, y créait des accidents heureux, y fondait des monuments commémoratifs avec des inscriptions longuement méditées pour les guerriers qui lui étaient chers ; il dessinait, peignait quelquefois, s’amusait à faire des vers, à écrire des pièces de théâtre qu’on jouait devant lui, ou inspirait les motifs de leurs opéras les plus applaudis aux compositeurs de sa petite cour.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Percheron, dans cette Notice où il ne procède que pièces et actes notariés en main, ruine ainsi complètement la construction et déchire le canevas des prétendus mémoires à tous les points fixes où le fabricateur s’était efforcé de les rattacher.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Le grand cabinet d’audience, orné de tableaux superbes, tous de piété ou de la cour de Rome et de France, sur des tapisseries de damas violet sans or, est la dernière pièce de ce superbe appartement, destinée aux audiences publiques : des bureaux, des fauteuils, des paravents se voient à l’entour dans un grand ordre, et rien ne manque de ce qui est nécessaire à la propreté et à la magnificence ; et il y avait aussi fort bon feu.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Il lui rend, comme on dit, la monnaie de sa pièce, et le réfute gaiement par une série et comme un feu roulant de questions ad hominem : Je reçois, mon cher Vauvenargues, votre lettre du 22 du mois passé (septembre 1739) ; permettez à mon amitié de vous dire ce que je vous crois nécessaire : Que faites-vous à Verdun ?

1803. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Caillot d’un extrait du procès-verbal de la séance du 3 octobre 1793 (vieux style), constatant que notre Comité ne connaissait aucuns suspects ; — au bas duquel on a certifié « que les deux citoyennes Boufflers, en particulier, n’avaient donné aucune preuve d’incivisme ; qu’au contraire elles avaient manifesté la plus parfaite soumission aux lois. » Une autre pièce, également à décharge, présentait d’une manière avantageuse leur conduite depuis leur rentrée, et nous prouve toute la bienveillance qu’elles inspiraient : « An II, 5 germinal (25 mars 1794). — Extrait d’un tableau d’observations (en conciance) envoyé ledit jour par le Comité de surveillance d’Auteuil au Directoire du district de Franciade (Saint-Denis).

1804. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Je voudrais trouver, à la suite d’une Vie de Mme d’Albany, tout ce qu’on a recueilli ou ce qu’on pourrait réunir de ses lettres : ce son là les pièces justificatives d’une biographie.

1805. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Lorsque Constant s’avise un matin de se marier pour faire pièce à son orageuse amie, et en se flattant lui-même de trouver le repos dans le contraste, Sismondi en tire sujet à cette réflexion fort sage et digne d’un parfait moraliste (22 janvier 1810) : « Il est vrai que M. 

1806. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Un jour à Bagneux, maison de campagne de Mme Davillier, après une longue discussion sur l’opéra de Fernand Cortez, sur lequel on avait pris plaisir à le chicaner : « Vous avez beau dire, s’écria Jouy en ne plaisantant qu’à demi, il y a dans cette pièce un acte excellent que vous n’êtes pas assez forts pour découvrir. » Béranger, qui avait retenu le mot, se lève au milieu de la nuit, appelle deux des interlocuteurs qui étaient ses voisins, et ils s’en vont frapper à la porte de la chambre de Jouy qui s’éveille en sursaut.

1807. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Les pièces toutefois subsistent, et l’histoire a ses jugements inflexibles.

1808. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Les péripéties émouvantes et rapides se succédèrent comme dans une pièce de théâtre.

1809. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Il aurait pu se dispenser aussi de personnalités qui déparent son bel ouvrage, et mieux choisir les pièces justificatives qu’il a données.

1810. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Tout cela constitue bien une espèce d’originalité ; e pure… On dirait de la plupart de ses jolies petites pièces ou saynètes que c’est traduit on ne sait d’où, mais cela fait l’effet d’être traduit. » 68.

1811. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction.

1812. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Avril 1829 Comme correctif à cet article critique, on demande la permission d’insérer ici la pièce de vers suivante, qui est postérieure de près de quinze ans.

1813. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Sainte-Beuve mêle avec beaucoup de grâce les deux méthodes, apprécie quelquefois, mais plus souvent décrit, juge encore les œuvres d’après la tradition, du goût classique, mais élargit cette tradition, s’applique plus volontiers, se promenant à travers toute la littérature, à faire des portraits et des biographies morales, et fournit je ne sais combien de pièces, éparses, mais exquises, à ce qu’il appelait si bien l’histoire naturelle des esprits.

1814. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Enfin, le troisième système, qui était alors celui du plus grand nombre, consistait à conserver tout à la fois le trône et celui qui l’occupait, et « à renouveler toutes les autres parties en les prenant pour ainsi dire en sous-œuvre, et en les plaçant à l’abri de cette pièce principale ».

1815. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Tout grand poète, tout grand romancier a son cortège d’admirateurs, et surtout de femmes, qui l’exaltent, qui l’entourent, qui le chérissent, qui se sacrifieraient de grand cœur à lui, et (je leur en demande bien pardon) qui, si on les laissait faire, l’auraient, sans le vouloir, bientôt mis en pièces comme Orphée.

1816. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Ils ne semblent que frivoles au premier abord ; ils ont un côté sérieux, bien plus durable, et l’histoire les enregistre au nombre des pièces à charge dans le grand procès du xviiie  siècle.

1817. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

J’ai voulu relire la pièce la plus grave qu’on a écrite contre Amyot, et que je ne trouve pas du tout à mépriser : c’est le Discours de la traduction, par M. de Méziriac, qui fut lu à l’Académie française à la fin de l’année 1635, et dont Amyot fait tous les frais.

1818. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Devenu trop étranger à la langue française par suite de sa longue absence pour se charger lui-même du travail de rédaction qui devait joindre, lier et expliquer les pièces nombreuses à mettre en œuvre, M. 

1819. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Il poussait très loin cette doctrine d’accommodement avec les penchants, et on l’a entendu dire : « Quand on a un vice, il faut savoir le porter. » Avant d’être ce que nous l’avons connu, c’est-à-dire une espèce d’amateur en politique, assis à l’orchestre, jugeant la pièce, et consulté même souvent par les auteurs ou acteurs, avant de s’être établi dans son habitude d’observer le monde « comme s’il ne remuait que pour son instruction », M. 

1820. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

La paix conclue, il est le premier à en porter la nouvelle à Paris ; il devance les courriers et fait pièce au gentilhomme que dépêchait M. de Vendôme.

1821. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Me fiant peu à sa docilité, je me déterminai à m’y rendre moi-même, et, après avoir jeté un dernier coup d’œil du haut de l’Arapiles sur l’ensemble des mouvements de l’armée ennemie, je venais de replier ma lunette et me mettais en marche pour joindre mon cheval, quand un seul coup de canon, tiré de l’armée anglaise, de la batterie de deux pièces que l’ennemi avait placée sur l’autre Arapiles (le plateau d’en face), me fracassa le bras et me fit deux larges et profondes blessures aux côtes et aux reins, et me mit ainsi hors de combat.

1822. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, dans la teneur morale de sa vie, doit sembler plus d’accord avec ses doctrines religieuses que ne le fut avec les siennes le brillant et fragile auteur de tant d’écrits passionnés : mais l’idée du Génie du christianisme (je le prouverai un jour par une pièce décisive que j’ai été assez heureux pour rencontrer) fut sincère à l’origine et réellement conçue dans les larmes d’une pénitence ardente, bien que trop tôt distraite et dissipée.

1823. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

La pensée crée de toutes pièces la notion d’absolu en niant ses propres conditions, et en supposant que quelque chose est encore possible ou réel en dehors de ces conditions, en dehors même de toute condition et de toute relation.

1824. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Les sentiments qui résultent d’une comédie de Shakespeare ou de son Hamlet ne diffèrent pas énormément sauf de ton, de timbre, de force ; et, en tout cas, leur différence n’est en aucun l’apport avec la différence des deux pièces.

1825. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Il affectionne les taudis enfumés des paysans, à peine percés de fenêtres, avec près du poêle quelque malade geignant ; les intérieurs ternes où l’ombre de quelque humble infortune semble accroître le froid des pièces ; les petites maisons louches de la banlieue, repaires de filous et de recéleurs ; ces châteaux désolés et sales où la vie s’écoule si morne, jour après jour, entre les boues du dehors, et le confort assoupissant des vieilles salles.

1826. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Si, pendant vingt années, on n’abattait pas une seule pièce de gibier en Angleterre, mais que d’autre part la vermine ne fût pas détruite, selon toute probabilité le gibier serait plus rare qu’aujourd’hui ; et cependant ces animaux sont annuellement tués par centaines de mille.

1827. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

C’est un trait de nature que Saurin a bien saisi dans sa pièce du joueur, et je lui en fais compliment.

1828. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

« Dieu, dit intrépidement Mme de Gasparin, veut l’homme armé de toutes pièces.

1829. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Jusque-là, pour moi aussi, Rivarol, le grand conversationniste Rivarol, était bien au-dessus du Rivarol des livres ; et c’était là sa vraie gloire, bien autrement méritée, bien autrement triomphante et poétique que la gloire positive qu’on discute pièces et livres en main… Il avait celle-là qui ne laisse rien après elle pour qu’on puisse la juger.

1830. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Les pièces qui composent le livre de Henri Heine ne sont pas absolument inédites.

1831. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Parmi les canzoni éparses, les complaintes douloureuses et fières dont il sema sa route, il y a surtout une pièce doublement lyrique par la fiction et par le langage.

1832. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Les pièces fausses se sont glissées dans cette « glyptothèque » où tout était rare et de premier choix. […] Pour la refaire, il la brûle, et sur les ruines de ses quartiers incendiés il se bâtit la Maison d’Or, un palais qui envahit trois des Sept Collines, qui a des lacs pour pièces d’eau, des plaines et des forêts pour jardins, dont les souterrains mêmes sont couverts de fresques, dont les salles lambrissées d’ivoire tournent avec un mouvement de sphères et répandent des pluies de parfums par leurs voûtes changeantes comme le ciel. […] C’est comme quand un comédien est congédié du théâtre par le même préteur qui l’y avait engagé. — Mais je n’ai pas joué les cinq actes, je n’en ai joué que trois. — Tu dis bien, mais c’est que dans la vie les trois actes suffisent pour faire la pièce entière. […] « La pièce est finie, allons souper !  […] Tel ce Chevalier, bardé et empanaché comme un destrier de bataille, que la Mort dépouille pièce à pièce de sa lourde armure. — Tel encore ce Capitan qui tire contre elle sa lourde épée à deux mains ; à quoi le spectre moqueur riposte en dégainant un ossement.

1833. (1903) La pensée et le mouvant

Allons droit à lui, regardons-le sans concept interposé : nous le trouvons simple et tout d’une pièce. […] Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. […] Vu du dedans, un absolu est donc chose simple ; mais envisagé du dehors, c’est-à-dire relativement à autre chose, il devient, par rapport à ces signes qui l’expriment, la pièce d’or dont on n’aura jamais fini de rendre la monnaie. […] Si les lettres étaient des parties du poème, je pourrais tâcher de le reconstituer avec elles en essayant des divers arrangements possibles, comme fait l’enfant avec les pièces d’un jeu de patience. […] Au théâtre, chacun ne dit que ce qu’il faut dire et ne fait que ce qu’il faut faire ; il y a des scènes bien découpées ; la pièce a un commencement, un milieu, une fin ; et tout est disposé le plus parcimonieusement du monde en vue d’un dénouement qui sera heureux ou tragique.

1834. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

C’est un des grands avantages de notre siècle que ce nombre d’hommes instruits qui passent des épines des mathématiques aux fleurs de la poésie, et qui jugent également bien d’un livre de métaphysique et d’une pièce de théâtre. […] Même lorsque le public applaudit au théâtre une belle pièce, nous hésitons à dire que le public a du goût. Il nous semble que le mot ne doive s’appliquer qu’aux amateurs éclairés qui ont vu beaucoup de pièces, qui sont capables de les comparer, de suivre des unes aux autres un certain mouvement. […] On sait quel emploi Taine a fait de la faculté maîtresse, qui fut elle-même la pièce maîtresse de sa critique. […] Les parodies de ses pièces rendaient Racine malade, et Corneille se fâcha tout rouge parce que Racine avait parodié dans les Plaideurs deux vers du Cid.

1835. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Quelques-uns de ses grands morceaux lyriques comme la Pitié, le Pauvre, le Retour des Bergers, les Soldats, les Prêtres ou la Grande Plainte — qui semble inspirée de certaines prosopopées socialistes de Zola — toutes ces pièces sont destinées au plus grand retentissement. […] Allez, allez, petits symbolistes, vous pouvez continuer à sécréter du venin, à intriguer dans vos parlotes, à organiser des cabales, à jeter, pour ennuyer M. de Bouhélier, des oignons au visage de Mlle Rabuteau, vous pouvez, à la représentation de nos pièces, venir pousser des cris d’animaux. […] Le Blond sur le compte de certains « petits Symbolistes » qui, paraît-il, abreuvent ces pauvres grands Naturistes d’outrages et de calomnies, sécrètent à leur égard du venin, poussent à la représentation de leurs pièces des cris d’animaux — de taupe et de fouine sans doute — et qui, pour comble de grossièreté, jettent ces fameux oignons au visage de Mlle Rabuteau que les mêmes Symbolistes avaient pourtant si souvent applaudie à l’Odéon.

1836. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Je ne dis pas qu’ils pensent très distinctement ce que je leur fais penser ; mais tout cela est dans leur tête, et je ne fais que débrouiller le chaos de leurs idées : j’expose en détail ce qu’ils sentent en gros, et voilà, pour ainsi dire, la monnaie de la pièce.

1837. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Ces pièces sont également entre vos mains, et vous avez toutes les dépêches, tous les mémoires de la main de mon père et toutes les lettres originales.

1838. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Ce sont ses mémoires à bâtons rompus, ses confessions : Je ne me suis laissé aller, dit-il, à composer de pièces et d’idées détachées ce recueil historique, moral et philosophique, que pour ne pas perdre les petits traits épars de mon existence ; ils n’auraient pas mérité la peine d’en faire un ouvrage en règle, et je ne donne à ce petit travail que des minutes très rares et très passagères, croyant devoir mon temps à des occupations plus importantes.

1839. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Saint-Martin répondit par une Lettre qui est une pièce importante, et qui aurait pu porter pour épigraphe cette pensée de lui : J’ai vu la marche des docteurs philosophiques sur la terre, j’ai vu que, par leurs incommensurables divagations lorsqu’ils discutaient, ils éloignaient tellement la vérité, qu’ils ne se doutaient seulement plus de sa présence ; et, après l’avoir ainsi chassée, ils la condamnaient par défaut.

1840. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

M. de Lévis, à défaut d’autres, nous l’a très-bien montrée avec sa cornette et ses coiffes, tenant à la main sa longue canne, dont la pomme faisait boîte et renfermait des pièces de monnaie, qu’elle distribuait aux malheureux tout en se promenant.

1841. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

J’ai présents à la mémoire en ce moment nombre de ces mots salés et d’une belle amertume, et qui ne demandent qu’à sortir ; il n’est pas temps encore de les donner ; presque tous ses amis politiques y passent ; il ne se gênait avec personne : d’un tour, d’un trait, sans y viser, il emportait la pièce.

1842. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il revint donc à moi, me fit passer dans une pièce voisine, et me demanda si j’avais du temps à perdre. « J’ai là, ajouta-t-il, une toile toute tendue et toute prête à servir ; j’y veux peindre votre portrait que vous conserverez en souvenir de cette journée.

1843. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

La seule différence qui existe entre ces deux corps est que les pièces de la garde sont attelées avec des chevaux, et la ligne avec des mulets… Le matériel est à la Gribeauval… En voyant ces évolutions si lestes qui semblaient raser la terre, il me semblait lire Habacuc et ses prophéties.

1844. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Ce faux romain pris de toutes pièces et alourdi lui paraît, ou peu s’en faut, une barbarie masquée.

1845. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Si on lit les pièces et relations dans le Recueil de Grimoard, on est frappé du résultat peu décisif de trois attaques meurtrières : on ne délogea l’ennemi qu’à la quatrième.

1846. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

La pièce capitale de son apologie, la Correspondance avec le baron de Monnier, publiée en 1819, et de laquelle j’ai extrait tant de passages intéressants, m’a, je l’avoue, fort préoccupé, et il y a quinze jours encore j’inclinais à supposer que le correspondant du général pouvait bien avoir été (moyennant une légère faute typographique) le baron Mounier, le spirituel causeur, celui qui est mort pair de France, qui avait été secrétaire du cabinet de Napoléon, et qui me paraissait remplir plusieurs des conditions du correspondant confidentiel.

1847. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

En rencontrant à l’improviste ces agréables pièces ou ces beaux passages, ils eurent un sentiment et comme un souffle de fraîcheur, d’aurore et de renaissance.

1848. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Mais le pont de bateaux ne se fait pas toujours ; les matériaux manquent ou se perdent ; il ne se trouve plus que des jalons, et de place en place, après l’orage, des massifs de pièces interrompues et pendantes.

1849. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il traduisait aussi dès lors la plupart des pièces dramatiques de Schiller, dans la compagnie de M. de Chamisso.

1850. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mais les traditions du tendre nstituteur s’étaient transmises ; elle vit jouer ses pièces sacrées, elle y eut son rôle peut-être ; elle dut néanmoins peu réussir à ces jeux, comme si elle se réservait pour les affections sérieuses.

1851. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Après avoir, de là, redoublé et professé même quelque temps aux Doctrinaires de Toulouse, il vint jeune et libre à Paris, y connut presque d’abord Fontanes dès les années 1779, 1780 ; une pièce de vers qu’il avait lue, un article de journal qu’il avait écrit, amenèrent entre eux la première rencontre qui fut aussitôt l’intimité : il avait alors vingt-cinq ans, à peu près trois ans de plus que son ami.

1852. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Voltaire ramasse un faisceau de pièces originales, d’où l’innocence de la victime ressort (1762) ; il reçoit chez lui les restes de la malheureuse famille ; il fait reviser le jugement ; pendant trois ans c’est sa principale affaire, et il finit par arracher la réhabilitation de Galas.

1853. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Les pièces de son échiquier sont des groupes d’hommes faits de chair, d’os et de nerfs, et d’une âme agissante et sentante.

1854. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

C’est ainsi également que, hors d’état de choisir, mais forcé de choisir, on jette en l’air une pièce de monnaie pour tirer à pile ou face.

1855. (1890) L’avenir de la science « II »

Il y avait des institutions faites tout d’une pièce, dont on ne discutait pas l’origine, des dogmes que l’on acceptait sans critique : le monde était une grande machine organisée de si longue main et avec si peu de réflexion, qu’on croyait que la machine venait d’être montée par Dieu même.

1856. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Dans sa belle pièce du Crépuscule.

1857. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

bâties de pièces incongrues, arrachées aux démolitions de la grande ville ; ce qui n’empêche pas qu’au milieu de ces tristes cabarets de barrière, de ces maisons qu’on dirait abandonnées ou hantées par le mal, éclatent tout à coup, par endroits, un champ de verdure qui vous sourit, de fraîches cultures que n’atteint pas la vulgarité environnante ?

1858. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Il prédit que Renée n’aura pas quatre représentations, et, malgré tout, la pièce va jusqu’à la vingt-huitième ; il vaticine le succès de Mademoiselle de Bressier : huit jours après, cette jeune personne cesse de vivre.

1859. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Quand on vient de lire le traité de Huet sur la Faiblesse de l’esprit humain, il semble qu’on n’ait qu’à tourner le feuillet pour lire la pièce de Voltaire sur les Systèmes, ou son admirable lettre à M. 

1860. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Pour Manzoni, par exemple, qu’il ne connaissait nullement, quand Le Comte de Carmagnola lui tomba entre les mains, le voilà qui s’éprend, qui s’enfonce dans l’étude de cette pièce, y découvrant mille intentions, mille beautés, et un jour, dans son recueil périodique (Sur l’art et l’Antiquité), où il déversait le trop-plein de ses pensées, il annonce Manzoni à l’Europe.

1861. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

L’abbé Gédoyn le sentit si bien (et c’est son honneur), qu’ayant achevé son mémoire par une sorte de compliment pour les académiciens devant qui il le lisait, il se hâta d’y ajouter un post-scriptum, et d’indiquer du doigt Mme de Caylus comme exemple plus concluant, et comme pièce à l’appui.

1862. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Marié, mais séparé de sa femme, qui n’était pas exempte de quelque extravagance, il avait emmené avec lui une petite personne appelée Manette, qui joue un certain rôle dans sa vie intime : c’est cette personne à qui il conseillait, comme elle ne savait pas lire, de ne jamais l’apprendre ; la pièce de vers très connue qu’il lui adressa se terminait ainsi : Ayez toujours pour moi du goût comme un bon fruit,        Et de l’esprit comme une rose.

1863. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Une indisposition de Le Kain arrêta la pièce avant la seconde représentation ; on rit beaucoup d’apprendre que cette indisposition était une entorse que Le Kain s’était donnée justement dans la rue de la Harpe.

1864. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Pourtant lorsqu’il pénètre dans l’île, lorsqu’il arrive vers l’une de ces habitations perdues au plus profond des bois et dans les escarpements des mornes, et qu’il y trouve l’image imprévue de l’abondance, de la paix et de la famille, il est touché, et il trouve, à le dire, de bien gracieuses couleurs : Je ne vis dans toute la maison qu’une seule pièce : au milieu, la cuisine ; à une extrémité, les magasins et les logements des domestiques ; à l’autre bout, le lit conjugal, couvert d’une toile, sur laquelle une poule couvait ses œufs ; sous le lit, des canards ; des pigeons sous la feuillée, et trois gros chiens à la porte.

1865. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

En définitive, même dans une machine brûle, toutes les parties ont un rôle à remplir dans l’ensemble, et se correspondent en quelque sorte sympathiquement : cependant on peut analyser cette machine, isoler l’action de chacune de ces pièces distinctes, sauf à les replacer ensuite toutes dans leur action totale.

1866. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Si le plan général est au-dessus des ressources du moment, attendre d’un avenir plus favorable son entière et parfaite exécution, mais ne rien abandonner au caprice de l’avenir ; en user avec une maison d’éducation publique comme en use un architecte intelligent avec un propriétaire borné dans ses moyens ; si celui-ci n’a point de quoi fournir subitement aux frais de tout l’édifice, l’autre creuse des fondements, pose les premières pierres, élève une aile, et cette aile est celle qu’il fallait d’abord élever ; et lorsqu’il est forcé de suspendre son travail, il laissé à la partie construite des pierres d’attente qui se remarquent, et entre les mains du propriétaire un plan général auquel, à la reprise du bâtiment, on se conformera sous peine de ne retirer de la dépense qu’on a faite et de celle qu’on fera qu’un amas confus de pièces belles ou laides, mais contradictoires entre elles et ne formant qu’un mauvais ensemble.

1867. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Michelet, qui [en est une, refuse jusqu’à des cils et des sourcils à Napoléon, et soutient qu’on l’a embelli sur les pièces de cent sous.

1868. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Je n’ai plus les pièces sous les yeux, il se pourrait que l’une de ces dernières fût de Traviès.

1869. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

L’une des pièces de ce recueil surtout, me servit à préciser la singulière doctrine qui enseigne à l’individu la voie du bonheur par la destruction successive, patiente et méthodique des multiples liens qui l’unissent à ses semblables et au monde, au bénéfice d’une culture intensive et exclusive du « moi ».

1870. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Il manque à leurs idées sociales une maîtresse pièce de l’égalitarisme tel que nous l’avons défini : et c’est le sentiment de la valeur propre à l’individu, le respect du for intérieur, le culte de la liberté personnelle. — Or, l’étroitesse même de leur cercle d’action n’est-elle pas une des raisons pour lesquelles le trait essentiel des républiques d’aujourd’hui fait défaut à la république d’autrefois ?

1871. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Elle put influer sur l’éloquence, comme elle influa sur nos pièces de théâtre et nos romans.

1872. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Là ne se bornent pas les emprunts de cette muse étrangère que notre poésie nouvelle était allée chercher sous ces palmiers indigènes et dans les nuits étincelantes du tropique : d’autres vers de Lamartine et de Victor Hugo, une pièce même de Parny, tout innocente il est vrai, se trouvent mêlés aux inspirations de dona Gomez.

1873. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Lessing avait composé des pièces fort ridicules, et il se flattait de refaire les tragédies de Corneille mieux que lui. […] Ces récits sont touchants et gracieux ; Shakespeare y puisa l’ensemble de la pièce et plus d’un détail. […] les commis-voyageurs trouvaient les pièces de M.  […] Mais comme je suis ravi de suivre Stendhal dans ce café de Gênes « horriblement obscur, composé de deux petites pièces sales et d’une cour pavée en marbre », où il a bu de si mauvais lait, et puis une excellente aqua rossa « avec cinq ou six cerises au fond du verre ». […] Mais ils ne sont point bons à manger… Bout de ruelle : À une fenêtre pendent des morceaux de toile, des pièces, comme me dit une gentille enfant.

1874. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Ce ne sont point des tableaux très riches et abondants des mœurs humaines que le théâtre peut nous présenter, c’est l’analyse très nette, très diligente et bien conduite, d’une ou deux passions dans chaque pièce, et c’en est assez ; c’est l’évolution, bien suivie en ces phases successives, d’un ou de deux sentiments, qu’on saura présenter et opposer d’une manière dramatique. […] ; point de traitants, d’agioteurs, de femmes d’intrigue, de chevaliers d’industrie, de « chevaliers à la mode », de valets flibustiers, de parvenus, de femmes galantes, de dévotes, de directeurs ; — et point non plus de comédies de caractère : point de pièce qui s’intitule le distrait, l’inconstant, le maniaque, le disputeur, le décisionnaire, le grondeur, le grave, le triste, le gai, le sombre, le morne, l’acariâtre, le tranquille, l’amateur de prunes, et qui nous offre le divertissement de dix lignes de La Bruyère en cinq actes ! […] Ses chefs-d’œuvre sont de petites pièces qui sont des drames en raccourci.

1875. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Et c’est le charme persuasif de ce volume ; c’en est peut-être l’enseignement… Pointeur de la première pièce à la première batterie, Archambaut ne parle guère. […] Puis il revint à sa pièce et il se pencha vers son niveau. […] Prenons garde : et, en condamnant tout d’une pièce le ministère que l’Allemagne avait dupé, ne soyons pas dupes de l’effronterie allemande, célèbre désormais. […] Pour cela, qu’on n’hésite pas à publier les documents, les pièces du procès. Émile Ollivier suit son précepte : ses volumes sont riches de documents et de pièces ; il avoue même qu’il a souvent sacrifié l’agrément littéraire de ses narrations à l’intègre souci de publier « les textes » authentiques.

1876. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

A vrai dire, le dramatique est là où se trouve l’émotion, et la grande supériorité du roman sur la pièce de théâtre, c’est que toute émotion est de son domaine. […] D’ailleurs, le personnage extraordinaire et tout d’une pièce n’est souvent, comme nous l’avons montré déjà, qu’un artifice, un aveu d’impuissance à tout embrasser et à tout comprendre de la part de l’écrivain.

1877. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Pourquoi le cerveau est-il enfermé dans une boîte composée d’un si grand nombre de pièces osseuses d’une forme si extraordinaire ? Ainsi que l’a remarqué Owen, l’avantage qui résulte de la dislocation des diverses pièces du crâne dans l’acte de la parturition des mammifères, n’explique en aucune façon la même construction dans le crâne des oiseaux.

1878. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Si j’en excepte quelques pièces de La Légende des Siècles, je ne peux relire Hugo pour, seulement, jouir de la Beauté. […] Mon choix personnel, dicté par mon plaisir et mes goûts, irait surtout à Baudelaire, souvent à Lamartine ou à Vigny ; mon vote est pour Victor Hugo. — Je lui en veux de son gongorisme, de sa brutalité quelquefois maladroite ; je me permets ds penser sa politique au-dessous de la sottise la plus consommée, et je déplore chez lui certains de ces côtés communs que Taine a seuls voulu envisager à l’exclusion des autres ; mais des poèmes comme Booz endormi, les Chevaliers Errants et le Satyre, comme l’Hymne à Pégase dans les Chansons des Rues et des Bois , comme l’Élégie funèbre de Gautier, de telles pièces — choisies entre mille — contiennent un souffle, une vision, une force poétiques dont aucun auteur du xixe  siècle n’a doté les lettres françaises. — Hugo — le père Hugo — est un arbre immense, et les autres poètes sont autour de lui comme des fleurs.

1879. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Ou plutôt elle en était déjà munie, car la nature, encore une fois, ne fait pas les êtres de pièces et de morceaux : ce qui est multiple dans sa manifestation peut être simple dans sa genèse. […] Ses pièces étant soumises, une à une, aux plus dures épreuves, certaines étant rejetées et remplacées par d’autres, elle aurait le sentiment d’un manque çà et là, et d’une douleur partout.

1880. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Il n’y eut qu’un cri en Savoie contre cette manipulation ecclésiastique ; mais vos électeurs eurent beau protester, on ne les écouta pas, et le jour qu’ils s’assemblèrent pour l’élection de ce drôle d’évêque qui nous a tant fait rire avant de nous faire pleurer, un des représentants du peuple dit expressément que, si les électeurs raisonnaient, on ferait conduire deux pièces de canon à la porte de la cathédrale  : voilà comment on fut libre. […] Logé avec sa femme et ses deux enfants dans une seule pièce du rez-de-chaussée à l’hôtel du résident d’Autriche, qui n’avait pu lui faire accepter davantage, il s’y livrait encore à l’étude, à la méditation, et le soir, quand son hôte (le comte de Kevenhüller), le cardinal Maury et d’autres personnages distingués, venaient s’y asseoir auprès de lui, il les étonnait par l’étendue de son coup d’œil et sa vigueur d’espérance : « Tout ceci, disait-il, n’est qu’un mouvement de la vague ; demain peut-être elle nous portera trop haut, et c’est alors qu’il sera difficile de gouverner. » Après diverses fluctuations résultant des événements, M. de Maistre fut mandé en Sardaigne par son souverain et nommé régent de la Grande-Chancellerie de ce royaume ainsi réduit. […] Et ce style a l’avantage d’être tout d’une pièce, portant en soi ses défauts, sans rien de plaqué comme chez d’autres talents qu’à bon droit encore on admire.

1881. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Il faut, pour faire bien comprendre les conclusions de ce chapitre, que je remonte un peu haut dans l’histoire de ce temps-ci, et que je remette sous les yeux du public quelques pièces du procès déjà citées par les critiques et les historiens précédents, mais nécessaires pour l’ensemble de la démonstration. […] Un beau dîner contient des pièces de résistance et des hors-d’œuvre. […] Ils transformeraient volontiers les tombeaux de Saint-Denis en boîtes à cigares ou à cachemires, et tous les bronzes florentins en pièces de deux sous.

1882. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Elskamp la sent et l’exprime : Dans un beau château, la Vierge, Jésus et l’âne font des parties de campagne à l’entour des pièces d’eau, dans un beau château. […] Mazel considère ses premiers drames comme des études plutôt que comme des pièces de théâtre ; il ne les avait que peu destinés au plaisir des foules ; il les composa en manière d’exercices pour coordonner les divers éléments d’un talent scénique. […] C’est surtout dans la première pièce du volume, l’Hiver, qu’il faut chercher la pittoresque expression de ce mépris du Pauvre pour tous les professionnels de la politique ou de la bienfaisance, pour les sereines pleureuses, entretenues par la misère qui les écoute et les paie, rentées par les larmes des crève-la-faim, pour tous les hypocrites dont le fructueux métier est de « plaind’ les Pauvr’s » en faisant la noce. […] Il y a aussi l’hystérie du débris de cimetière et de la pièce anatomique.

1883. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Et c’est précisément ici que finit la pièce moderne. […] Voilà le vrai, l’inimitable bohème, l’homme qui ne connaît rien au-dessus de sa chère bouteille, et qui seul parmi tous sait écrire des vers d’ivrogne, ivres ; c’est un des très rares gens que je lis ; quand un numéro du Courrier français paraît, je cherche d’abord la pièce de Ponchon. […] L’intrigue de la pièce repose sur la jalousie de la femme d’un général à la cour de Constantinople pour l’impératrice régnante, qu’elle croit amoureuse de son mari. […] Il semble étrange, et pourtant de son temps il a eu cours comme une simple pièce de monnaie. […] Il peut secouer un peu brusquement la vie et tout ce qui louche à l’existence ; mais il ne la mettra pas en pièces : il ne la déchirera pas : il ne l’oserait jamais.

1884. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Aujourd’hui elle édite ou réimprime chaque année plus de deux millions de volumes ou de pièces de théâtre. […] On y trouve des pièces plus originales pour le tour et pour l’image, dont, à vrai dire, je ne pourrai pas citer beaucoup de vers sans glose, commentaire et lexique. […] Pour ma part, je me récuse, n’ayant point les pièces sous les yeux. […] On y rencontre, ce qui ne se trouve point dans la Marmite de Plaute et ce qui est le sujet même de la pièce de Molière, le risible amour d’un thésauriseur barbon. […] Il ne serait pas permis, même dans ces notes nécrologiques, d’oublier que M. de Banville a donné au théâtre des pièces qui ont été applaudies.

1885. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

On a reconstitué de toutes pièces des essences végétales, des corps gras, des alcools. […] Berthelot, de toutes pièces au moyen des éléments empruntés au règne minéral.

1886. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Un exemple, précieux pour nos théories, de cette union de tous les arts dans un seul et au sein de la religion, union qui caractérise leur état primitif, nous est donné par une civilisation unique dans l’histoire, qui est morte tout d’une pièce sans avoir été entamée dans son essence, sans avoir jamais franchi le degré où la plaçait l’ordre de sa naissance dans l’âge des sociétés humaines. […] Mais quoique l’imagination se produise essentiellement dans un acte indivisible et spontané, qu’elle naisse tout armée comme la Minerve immortelle, il faut, pour nous rendre compte de sa nature, diviser son action en mouvement particulier, en époques successives ; il faut la dépouiller de cette panoplie qu’elle ne quitte jamais et l’examiner pièce à pièce. […] La pensée mère, la raison d’être de cette société, la grandeur intellectuelle du monde païen, c’est le génie de la Grèce ; c’est ce Verbe humain précurseur du Verbe de Dieu, cette beauté, splendeur du vrai, qui naquit dans Athènes armée de toutes pièces comme la Minerve immortelle. […] L’homme primitif était un être synthétique et tout d’une pièce ; il n’y avait pas moyen de parler en lui séparément à l’intelligence, à l’imagination ou au cœur ; il fallait, pour agir sur lui, s’adresser à son être tout entier, le saisir par toutes ses facultés à la fois. […] Ses œuvres d’art et de poésie sont la représentation de certains faits, de certains êtres qui sans doute ne sont point copiés tout d’une pièce de la réalité, mais qui, même dans les conceptions les plus originales, sont composées de traits empruntés au monde réel.

1887. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Le jeune homme composa l’Adresse dans une pièce à part, où on l’avait mis comme pour s’exercer

1888. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Chaulieu, dans une pièce badine, nous le représente à Saint-Maur ayant l’air assez ennuyé, se frottant la tête et comme regrettant les coups de mousquet qui se donnent sans lui.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Heureusement, à partir de ce moment décisif où Villars va commander en chef, nous avons les moyens les plus sûrs de contrôle, les pièces mêmes et instruments d’une histoire militaire complète, dans les Mémoires relatifs à la guerre de la succession, dressés au xviiie  siècle par le lieutenant-général de Vault et publiés de nos jours avec grand soin par M. le général Pelet9.

1890. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Tout ce qui me le rappelle de près ou de loin me cause une émotion que je ne suis pas le maître de modérer. » De telles lettres publiées deviennent des pièces biographiques ineffaçables ; une page comme celle du 25 juin représente la pierre angulaire de toute une vie.

1891. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Faugère a puisé pour les pièces explicatives lui vient de Clermont, et d’un digne janséniste, M.

1892. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Mais si la postérité s’en tient, dans l’essor de son coup d’œil, à cette brève compréhension d’un homme, à ce relevé rapide d’une œuvre, il y a, jusque dans son sein, des curiosités plus scrupuleuses et plus patientes qui éprouvent le besoin d’insister davantage, de revenir à la connaissance des portions disparues, et de retrouver épars dans l’ensemble, plus mélangés sans doute mais aussi plus étalés, la plupart des mérites dont la pièce principale se compose.

1893. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Chaque année, quelques pièces blanches allaient rejoindre son petit tas d’écus enterré au coin le plus secret de sa cave ; certainement, le paysan de Rousseau, qui cachait son vin et son pain dans un silo, avait une cachette plus mystérieuse encore ; un peu d’argent dans un bas de laine ou dans un pot échappe mieux que le reste à l’inquisition des commis.

1894. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Si vous introduisez la patte détachée et écorchée d’un jeune rat sous la peau du flanc d’un autre rat, elle s’y greffe, s’y nourrit, s’y accroît, acquiert toutes ses pièces, toutes ses soudures, toute sa structure ordinaire, comme si elle fût demeurée chez son ancien propriétaire.

1895. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Car la plupart des auteurs sont devenus des commerçants, et ils se ligueront demain avec les fabricants de pièces de théâtre pour écarter ce préjudice matériel que peut leur causer la fantaisie de ces juges sans mandat que sont les critiques littéraires.

1896. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Jamais on n’est plus décisif que quand on connaît moins les pièces du procès.

1897. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Les pièces les plus importantes, les principaux dossiers manuscrits relatifs à cette partie de sa vie et de sa conduite, sont sous mes yeux, et j’en pourrai traiter, non pas avec plus de justesse et d’équité (car la plupart des biographes en ont très bien parlé en général), mais avec plus de précision qu’on ne l’avait fait jusqu’ici.

1898. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il y mêle des considérations politiques qui sont toutes dans le sens de l’ordre et de la défense sociale : mais, même quand il serait plus sobre de ce genre de discussions, le seul tableau des faits, la suite même des textes, les pièces à l’appui qu’il produit avec étendue, fournissent une base de jugement irréfragable, et tout lecteur, en se laissant conduire par le biographe, peut statuer à son tour en connaissance de cause et en sûreté de conscience.

1899. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Qu’un homme ait « taillé en pièces » les hommes, qu’il les ait « passés au fil de l’épée », qu’il leur ait « fait mordre la poussière », horribles locutions devenues hideusement banales, cherchez dans l’histoire le nom de cette homme, quel qu’il soit, vous l’y trouverez.

1900. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Le Temps impersonnel et universel, s’il existe, a beau se prolonger sans fin du passé à l’avenir : il est tout d’une pièce ; les parties que nous y distinguons sont simplement celles d’un espace qui en dessine la trace et qui en devient à nos yeux l’équivalent ; nous divisons le déroulé, mais non pas le déroulement.

1901. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

La moindre picoterie le faisait se retourner tout d’une pièce, sec et menaçant. […] C’était une pièce de vers à copier en triple expédition. […] Cette pièce est datée du 10 octobre 1635, l’année d’avant le siège de Corbie. […] Henry Fouquier, parce qu’ils ont rendu compte eux-mêmes, dans le Journal des Débats et dans le Figaro, des pièces qu’ils font représenter sur les théâtres de Paris. […] Au premier étage, il y a deux pièces : un vestiaire, et, tout contre, un petit endroit, soigneusement dissimulé, comme si un dernier vestige de respect humain restait au cœur des « pionnières ».

1902. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Chaucer vous promène parmi les armures, les palais, les temples, et s’arrête devant chaque belle pièce : ici180 « l’oratoire et la chapelle de Vénus », « et la figure de Vénus elle-même » glorieuse à voir — nue et flottant sur la large mer — depuis le nombril jusqu’au bas toute couverte — de vagues vertes aussi brillantes que le verre,  — ayant dans sa main droite une citole — et sur sa tête gracieuse à voir — une guirlande de roses fraîches, à la douce odeur — pendant qu’au-dessus de sa tête voltigent ses colombes  » ;  — 181 là-bas le temple de Mars, dans une forêt — où n’habite ni homme ni bête,  — avec de vieux arbres noueux, rugueux, stériles,  — aux souches pointues, et hideux à voir,  — à travers lesquels couraient un bruissement et un frémissement,  — comme si la tempête allait briser chaque branche. —  Puis le temple lui-même sous un escarpement — tout entier bâti d’acier bruni et dont l’entrée — était longue, étroite, affreuse à regarder », — tandis que du dehors « venait un souffle si furieux — qu’il soulevait toutes les portes. « Nulle lumière, sauf celle du nord ; chaque pilier en fer luisant et gros comme une tonne ; la porte en diamant indestructible et barrée de fer solide en long et en travers : partout sur les murs les images du meurtre, et dans le sanctuaire « la statue de Mars sur un chariot, armé, l’air furieux et sombre, avec un loup debout devant lui à ses pieds, qui, les yeux rouges, mangeait la chair d’un homme. » Ne sont-ce point là des contrastes bien faits pour réveiller l’attention ? […] Ou bien donnez-nous de votre jambon, si vous en avez, une pièce de votre couverture, bonne dame, notre chère sœur (tenez, j’écris ici votre nom), du lard, du bœuf, ou tout ce que vous trouverez. » Il promet de prier pour tous ceux qu’il inscrit et qui lui donnent ; à peine sorti, il efface les noms.

1903. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Mais comment ne remarquerions-nous pas l’adresse singulière avec laquelle l’auteur sait fondre à propos, dans son livre, des morceaux de Virgile et de Plutarque, de manière qu’ils ne forment qu’une seule pièce avec sa pensée ? […] Ma morale est toute d’une pièce: je ne saurais ni contrefaire l’athée à l’Institut, ni le bigot dans un village.

1904. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Maintenant, il ne s’agit plus d’un genre spécial, mais du genre littéraire tout entier ; son diapason est la licence romans, pièces de théâtre, poésies, chroniques l’adoptent comme un accordeur de pianos se soumet au la officiel. […] Sans plus de gêne, il nous décrit ces pièces d’artillerie d’un nouveau genre braquées devant une chandelle que l’un des concurrents doit éteindre par la vigueur du souffle souterrain.

1905. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Pendant un assez grand nombre d’années, à chaque mot prononcé, l’idée ou l’image nous revenait avec la sensation qui lui était propre, mais à la longue nous en avons usé avec les mots, comme avec les pièces de monnaie : nous ne regardons plus à l’empreinte, à la légende, au cordon, pour en connaître la valeur ; nous les donnons et nous les recevons à la forme et au poids : ainsi des mots, vous dis-je ; nous avons laissé là de côté l’idée ou l’image, pour nous en tenir au son et à la sensation. […] De là vient la rapidité de la conversation où tout s’expédie par formules, comme à l’académie ou comme à la halle où l’on n’attache les yeux sur une pièce que quand on en suspecte la valeur, cas rares de choses inouïes, non vues, rarement apperçues, rapports subtils d’idées, images singulières et neuves.

1906. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

D’où vient donc alors cette idée d’un monde extérieur construit artificiellement, pièce à pièce, avec des sensations inextensives dont on ne comprend ni comment elles arriveraient à former une surface étendue, ni comment elles se projetteraient ensuite en dehors de notre corps ?

1907. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Ils renonceront, nous l’avons vu, au terme abstrait en faveur de l’image ; ils choisiront dans les mots ceux qui ont, en soi-même et en dehors du sens, une beauté et une valeur propres25, par quoi ils seront amenés, ou à les détourner de leur vrai sens, ou à les associer, en vue de l’effet, à des mots d’un autre ordre, ou à créer de toutes pièces des vocables nouveaux. […] Si romanesque n’est pas, comme dans la langue courante, synonyme absolu de faux, et si le romanesque ne sert qu’à l’agencement du drame et dans la juste mesure, va pour le romanesque dans le roman, puisque aussi bien la vie ne présente guère de drame complet ou tout d’une pièce et qu’il faut choisir entre le drame à commencement, milieu et fin, et la « tranche de vie » quelconque des naturalistes. […] On sent que le réalisme russe, que Tolstoï a passé là et sa saignante humanité. — Rapprochez l’admirable pièce de Théodore de Banville : Le Prussien mort (Idylles prussiennes). […] Voir la pièce du même nom.

1908. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Verdurin disait au peintre : « Je crois que ça chauffe. » Et la présence d’Odette ajoutait en effet pour Swann à cette maison ce dont n’était pourvue aucune de celles où il était reçu : une sorte d’appareil sensitif, de réseau nerveux qui se ramifiait dans toutes les pièces et apportait des excitations constantes à son cœur. […] L’air y était saturé de la fine fleur d’un silence si nourricier, si succulent, que je m’y avançais qu’avec une sorte de gourmandise, surtout par ces premiers matins encore froids de la semaine de Pâques où je le goûtais mieux parce que je venais seulement d’arriver à Combray : avant que j’entrasse souhaiter le bonjour à ma tante on me faisait attendre un instant dans la première pièce, où le soleil, d’hiver encore, était venu se mettre au chaud devant le feu, déjà allumé entre les deux briques et qui badigeonnait toute la chambre d’une odeur de suie, en faisant comme un de ces grands « devants de four » de campagne, ou de ces manteaux de cheminée de châteaux, sous lesquels on souhaite que se déclarent dehors la pluie, la neige, même quelque catastrophe diluvienne, pour ajouter au confort de la réclusion la poésie de l’hivernage ; je faisais quelques pas du prie-Dieu aux fauteuils en velours frappé, toujours revêtus d’un appui-tête au crochet ; et le feu cuisant comme une pâte les appétissantes odeurs dont l’air de la chambre était tout grumeleux et qu’avait déjà fait travailler et « lever » la fraîcheur humide et ensoleillée du matin, il les feuilletait, les dorait, les godait, les boursouflait, en faisant un invisible et palpable gâteau provincial, un immense « chausson » où, à peine goûtés les arômes plus croustillants, plus fins, plus réputés, mais plus secs aussi du placard, de la commode, du papier à ramages, je revenais toujours avec une convoitise inavouée m’engluer dans l’odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée du couvre-lit à fleurs 77. […] Verdurin disait au peintre : « Je crois que ça chauffe. » Et la présence d’Odette ajoutait en effet pour Swann à cette maison ce dont n’était pourvue aucune de celles où il était reçu : une sorte d’appareil sensitif, de réseau nerveux qui se ramifiait dans toutes les pièces et apportait des excitations constantes à son cœur. […] Je vais prendre d’abord un passage pittoresque, un passage comique, mais dont vous ne manquerez pas d’apercevoir la valeur d’humanité, où vous distinguerez cette sorte de lumière explicative de notre nature qui illumine par exemple les pièces de Molière : Mme Verdurin était assise sur un haut siège suédois en sapin ciré, qu’un violoniste de ce pays lui avait donné et qu’elle conservait, quoiqu’il rappelât la forme d’un escabeau et jurât avec les beaux meubles anciens qu’elle avait, mais elle tenait à garder en évidence les cadeaux que les fidèles avaient l’habitude de lui faire de temps en temps, afin que les donateurs eussent le plaisir de les reconnaître quand ils venaient.

1909. (1932) Les idées politiques de la France

La séparation telle que la concevaient les radicaux était la séparation de l’État d’avec les membres et le chef de l’Église : donc la suppression de l’ambassade auprès du Vatican en formait une pièce essentielle. […] Cette clef devint une pièce maîtresse dans ce trousseau de fer d’une maison bien tenue que les Bonaparte aimèrent exhiber à leur ceinture. […] Son programme réformiste est fait de pièces et de morceaux quêtés, se confond avec celui des démocrates populaires en une sorte de droite socialiste. […] On leur doit deux pièces maîtresses de notre culture du xxe  siècle : à Barrès sa construction de la continuité lorraine, à Maurras sa construction de la continuité monarchique.

1910. (1902) La poésie nouvelle

Et, dans un très pénétrant et curieux essai sur Baudelaire, il fait cette réflexion : « Baudelaire dit son beau corps nu — une fois — dans une pièce où ce coin de photo est noyé, étouffé dans le reste, — mais c’est bien rare à lui34 !  […] Il y a, dans le Pèlerin passionné, bon nombre de pièces écrites en vers réguliers, d’un mètre déterminé, dont les rimes, parfaitement correctes, alternent suivant l’usage fixé. […] De l’ancienne langue, Moréas recherche même parfois les singularités ; c’est ainsi que, suivant la mode archaïque des pléonasmes avec le relatif, il écrit : « Et toi, son cou, qui pour la fête tu te pares… »‌ Toutes les pièces du Pèlerin passionné ne sont pas également archaïques de forme ; certaines semblent toutes modernes, d’autres sont incompréhensibles si l’on n’a pas étudié l’ancien français :‌ Ô qui, sur le double mont, D’un miel attique la coupe Levez, dont la voix semond Les buccins à riche houppe, ‌ Nymphes, gracieuse troupe, A l’ignorant mal-appris ‌ Qui clos tenez vos pourpris, etc… L’archaïsme, d’ailleurs, n’est pas seulement dans la forme, il est aussi dans l’idée, et l’on a souvent l’impression que Moréas s’est fait une âme contemporaine de la langue qu’il affectionne.

1911. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Que d’emprunts finissant par se confondre tellement avec nos tendances naturelles, qu’il nous est aussi difficile de discerner les uns des autres qu’il le serait au négociant de distinguer entre elles les pièces d’argent qu’il a puisées dans deux sacs différents ! […] Il eut le temps d’exprimer dans une pièce de vers latins les émotions profondes qu’elle lui avait fait éprouver160. […] Corneille y fait lecture d’une de ses pièces « qui fait ressouvenir de sa défunte veine175 ». […] Mais ce n’est pas tout que d’être mortifiant, il faut être utile ; il faut conduire à un résultat ; et La Rochefoucauld ne pouvait le faire qu’en encadrant ses observations dans une idée générale, dont elles n’auraient été que les pièces justificatives, les faits à l’appui. […] Il en résulte aussi que sa méthode n’a pas été toujours celle du véritable artiste, chez qui une individualité ne naît pas du rapprochement de plusieurs pièces de rapport.

1912. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Hochet ou sa veuve est encore de ce monde, il serait facile de constater l’authenticité de cette pièce. […] Il ne dit point du tout que Hochet ait fabriqué cette pièce. […] La chose a besoin d’être dite, vu qu’on croit encore que c’est Vinet qui a dit ou suggéré à Sainte-Beuve qu’il avait trop admiré une pièce fausse. […] Et cependant la fin de sa note ne peut signifier autre chose sinon que Vinet, en la faisant disparaître de sa Chrestomathie, avait su, lui aussi, que c’était une fausse pièce, c’est-à-dire que Vinet avait su dès 1840 ce que Sainte-Beuve n’aurait appris que quinze ou vingt ans après ; ce qui est parfaitement invraisemblable. […] Dès la première lecture on goûtera certaines pièces.

1913. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Dornis le donne avec pièces à l’appui. […] Utile à savoir pour comprendre certains passages très remarquables de ses dernières pièces. […] Par exemple, dans la pièce intitulée À un martyr (Châtiments, I, 8), il y avait la strophe suivante après celle qui commence par : « Ils vendent l’arche auguste… ». […] Dans les Châtiments, dans la pièce intitulée L’Obéissance passive, on lit au manuscrit cette strophe, originale et assez puissante : La bravoure, ajoutant à l’homme une coudée, Était alors partout. […] Relisez le I de la pièce.

1914. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Ce qui n’est pas au moins douteux, c’est qu’en renvoyant aux « crocheteurs du Port au Foin », s’il y mettait moins de passion et d’injurieuse violence, il disait aux poètes la même chose que Victor Hugo dans une pièce fameuse de ses Contemplations ; et ce qu’il est curieux de constater, c’est que, de nos jours, dans son Petit Traité de Poésie française, M.  […] … Et que dirai-je de l’observation du temps où se passent et peuvent se passer les actions représentées, si ce n’est que j’ai vu une pièce dont le premier acte se passait en Europe, le second en Asie, tandis que le troisième se terminait en Afrique ? […] Car, celle-ci n’admettant qu’une durée de vingt-quatre heures, et demandant un lieu toujours le même, je vois qu’il vous a bourré quarante-cinq jours tout au moins d’aventures amoureuses… Enfin, je ne comprends pas que l’on puisse appeler comédie une pièce dans laquelle figurent des ducs et des comtes, vu que, dans cette catégorie de spectacles, il n’y a tout au plus d’admissible que le bourgeois, le patricien, et la dame des classes moyennes. […] Voici maintenant qui va déjà plus loin, et qui signifie que la qualité de notre plaisir dépend de sa conformité à de certaines règles : Comme il est impossible de plaire à qui que ce soit par le désordre et par la confusion, s’il se trouve que les pièces irrégulières contentent quelquefois, ce n’est que pour ce qu’elles ont quelque chose de régulier… Que si au contraire quelques pièces régulières donnent peu de satisfaction, il ne faut pas croire que ce soit la faute des règles, mais bien celle des auteurs dont le stérile génie n’a pu fournir à l’art une matière qui fût assez riche. […] Remarquez-le bien : Chateaubriand lui-même, pour achever sa pensée, quelques pages plus loin, a beau s’efforcer de montrer que les vertus chrétiennes sont entrées, comme à l’insu de Voltaire ou de Racine, dans la composition des caractères qu’ils croyaient créer de toutes pièces, comme celui de Zaïre, ou emprunter et Euripide, comme celui d’Iphigénie ; l’art classique, nous l’avons vu, est païen dans son fonds.

1915. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Si la liberté du théâtre existait, nous ne verrions pas un Rouvrière obligé de jouer Hamlet devant des paysans, dans une grange, faisant sourire l’ombre du vieux Shakespeare, qui se croirait, au dix-neuvième siècle, à Londres, représentant ses pièces dans un bouge de la Cité. […] Si le panégyriste était obligé d’analyser pièce à pièce ce drame complet et humain, s’il était obligé de nous dire quelle est, en somme, la pensée qui y est contenue, peut-être serait-il un peu gêné dans le transport de son enthousiasme.

1916. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Ils redeviennent des hommes, le héros de la tragédie ne leur est plus rien, et l’on ne juge plus la pièce que sous le rapport de l’art.

1917. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

On lui accorde de reste les fantaisies humoristes, les boutades d’une saillie incomparable, les chaudes esquisses, les riches prêts à fonds perdu dans les ouvrages et sous le nom de ses amis, le don des romans, des lettres, des causeries, des contes, les petits-papiers, comme il les appelait, c’est-à-dire les petits chefs-d’œuvre, le morceau sur les femmes, la Religieuse, madame de La Pommeraie, mademoiselle La Chaux, madame de La Carlière, les héritiers du curé de Thivet ; — ce que nous tenons ici à lui maintenir, c’est son titre social, sa pièce monumentale, l’Encyclopédie !

1918. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Il en est de même d’un air qu’on ne chante plus, d’une pièce de vers qu’on ne récite plus, d’un pays qu’on a quitté depuis longtemps.

1919. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

« Émerveillé d’entendre retentir si mélodieusement la langue antique dans une bouche enfantine, je déposai quelques petites pièces de monnaie dans le panier vide ; et l’écolier, après avoir porté une main à ses lèvres et à son front, s’éloigna en me disant : Que vos années soient nombreuses !

1920. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il faut dire d’abord, pour expliquer l’empressement que tant de personnages, si au-dessus de moi par l’âge, le rang, la naissance, l’illustration, mettaient à me connaître, que, grâce au comte de Virieu, mon camarade des gardes du corps, et à quelques pièces de vers rapportées de Milly et récitées par mes amis dans les sociétés de Paris, je jouissais déjà d’une sorte de renommée à demi-voix dans le monde.

1921. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Les deux prêtres réfugiés dans le couvent des bénédictins furent découverts et mis en pièces.

1922. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

La méditation de René voyageant, et la pièce de l’Homme, adressée à Byron.

1923. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Dolet en fit le sujet d’une petite pièce de vers latins, dans laquelle un pendu se félicite d’être disséqué par le célèbre médecin Rabelais.

1924. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Le moraliste y oubliait si souvent le théologien que le fameux jésuite Garasse y dénonça des hérésies ce qui lui attira ce portrait du pédant dans la préface de cette édition : « Le pédant, dit Charron, est non-seulement dissemblable et contraire au sage, mais roguement et fièrement il lui résiste en face, et, comme armé de toutes pièces, il s’esleve contre lui et l’attaque, parlant par resolution et magistralement. » Montaigne eût mieux asséné le coup.

1925. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Nous mîmes en commun tout ce que nous savions ; il en résulta une petite chaudière où cuisaient ensemble des pièces assez disparates, mais où le bouillonnement était fort intense.

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