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1533. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

En ce faisant, j’ai cru accomplir un grand acte de sagesse, me préparer de grands éloges de la part de la prudence humaine, et, l’événement arrivé, il se trouve que je n’ai fait qu’une grosse sottise… Enfin me voilà à deux mille lieues de mon pays, sans ressources, sans occupation, forcé de recourir à la pitié des autres, en leur présentant pour titre à leur confiance une histoire qui ressemble à un roman très-invraisemblable ; — et, pour terminer peut-être ma peine et cette plate comédie, un duel qui m’arrive pour demain avec un mauvais sujet, reconnu tel de tout le monde, qui m’a insulté grossièrement en public, sans que je lui en eusse donné le moindre motif ; — convaincu que le duel, et surtout avec un tel être, est une absurdité, et ne pouvant m’y soustraire ; — ne sachant, si je suis blessé, où trouver mille reis pour me faire traiter, ayant ainsi en perspective la misère extrême, et peut-être la mort ou l’hôpital ; — et cependant, content et aimé des Dieux. — Je dois avouer pourtant que je ne sais comment ils (les Dieux) prendront cette dernière folie. […] Hélène, dit-il en osant poser son visage sur ses genoux, si vous me frappez, alors je croirai qu’après m’avoir puni, vous me pardonnez. » « Ghérard était beau ; une de ses joues s’appuyait sur les genoux d’Hélène, tandis que l’autre s’offrait ainsi à la peine.

1534. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Comme il redescendait le premier dans le sentier indiqué, et qu’il voyait les deux amis avoir peine à se détacher du sommet et se retourner encore, il les gourmandait de leur lenteur, en criant : « Quand on a vu, on a vu !  […] Un penseur mélancolique a dit : « Tenons-nous bien, ne mourons pas ; car, sitôt morts, notre cercueil, pour peu qu’il en vaille la peine, servira de marchepied à quelqu’un pour se faire voir et pérorer.

1535. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Les chants de la nuit remontèrent avec peine dans sa mémoire comme les impressions d’un rêve. […] Il échappa avec peine à la mort.

1536. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Moi qui étais si en peine sur lui, qui cherchais tant à tout savoir, où qu’il soit maintenant, c’est fini. […] Tout m’était riant en lui, tout me plaisait, jusqu’aux peines : mon Dieu !

1537. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

C’était bien la peine de vivre quatre-vingt-treize ans ! […] Nous avons peine à nous réconcilier avec son absence sur l’Océan et au milieu des sables de l’Afrique ; mais ces dernières scènes, où rien ne rappelle à notre esprit nos champs, nos bois et nos rivières, nous laissent moins étonnés de l’immensité des solitudes que nous traversons.

1538. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

XLII Quelle que soit, au reste, la peine que puisse éprouver M. de Lamartine de voir ses intentions si amèrement inculpées, il doit peut-être de la reconnaissance aux auteurs des différents articles où on l’accuse, puisqu’ils le mettent dans la nécessité d’expliquer sa pensée méconnue, et de désavouer hautement les sentiments aussi absurdes qu’injurieux qu’on s’est plu à lui prêter. […] Il n’est plus ; notre âme est veuve, Il nous suit dans notre épreuve, Et nous dit avec pitié : « Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié ? 

1539. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il ne put l’obtenir ; le second mariage de la duchesse de Berri avait enlevé son crédit à cette princesse ; il eut peine à négocier la réconciliation apparente d’une mère suspecte avec le grand-père de cet enfant du mystère. […] « Je veux racheter par ma vie entière les peines que je vous ai données pendant deux ans. » Cette époque est triste, malgré le pardon généreusement accordé par madame Récamier.

1540. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Cela n’allait pas sans peine parfois : Despréaux n’arriva jamais à comprendre les causes de l’invasion de la Hollande. […] Nous avons peine à nous figurer entre deux amis intimes, deux poètes surtout, ce ton de politesse cérémonieuse et froide.

1541. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Moi, je crierai mes peines, J’élèverai la voix vers Celui que je hais. […] Unissez-vous de cœur, cela est aisé, avec les trois Brahmanes dans la haine de la vie, dans le sentiment que rien ne sert à rien et que toute passion apporte plus de peine que de joie ; et pénétrez-vous de cet hymne lugubre : Une plainte est au fond de la rumeur des nuits, Lamentation large et souffrance inconnue Qui monte de la terre et roule dans la nue ; Soupir du globe errant dans l’éternel chemin, Mais effacé toujours par le soupir humain.

1542. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine suppose chez Napoléon une possibilité de se passer de sympathie, à laquelle j’ai peine à croire. […] Mais il se donne tant de peine (et pourquoi ?

1543. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Cependant, aujourd’hui, je pense qu’il faut être indulgent aux écrivains ; les écrivains ont souvent beaucoup de peine à arriver ; la concurrence des riches met les pauvres dans une infériorité affreuse. […] Ce serait perdre notre peine que de réclamer leur suppression.

1544. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Le poète parle en son nom de tout ce qui l’a touché, peines, plaisirs, espérances, regrets, impressions des grands événements et des beautés de la nature, amour, enthousiasme, tentations du doute, rêveries, désenchantements, tout ce qui a passé par l’âme de René, René, le type de la poésie personnelle, l’aîné de cette noble famille qui le continue, non par imitation, mais parce que sa mélancolie est l’état des âmes d’élite au dix-neuvième siècle. […] Il a l’imagination, par laquelle l’historien se fait le témoin de la vie des aïeux, la sensibilité par laquelle il prend sa part de leurs joies et de leurs peines, le style qui seul préserve les ouvrages d’histoire de la fortune passagère des romans.

1545. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Le plus grand chagrin de ma vie a été, en entrant dans cette nouvelle voie, de contrister ces maîtres vénérés ; mais j’ai la certitude absolue que j’avais raison, et que la peine qu’ils éprouvèrent fut la conséquence de ce qu’il y avait de respectablement borné dans leur manière d’envisager l’univers. […] La pauvre fille restait ainsi suspendue comme une âme en peine : elle n’avait pas de place ici-bas.

1546. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Mon attente a même été surpassée ; car au lieu de trois cents invités musiciens, nous en aurons à recevoir quatre cents. »   7 avril 1872 : « Dois-je comprendre, d’après vos indications, que vos peines pour notre grande entreprise sont couronnées d’un succès encourageant ? […] Ces demandes ne m’ont été adressées que par des amis de ma musique et ceux qui de toutes leurs forces travaillent à la représentation de mon œuvre … Mais je croirais préjudiciel par avance à la représentation de cette œuvre préparée d’une patience si persévérante ; il n’est plus besoin de tant de peine pour organiser une vraie représentation, si mes amis t’ont morcelée par des exécutions de concert et théâtre.

1547. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Opprimée par cette tyrannie domestique qu’elle subit depuis quarante ans, madame Guérin s’est anéantie devant son mari ; il a fait d’elle un être de somme et de peine, si bien maté qu’il ne se plaint plus. […] Emile Augier a tiré de cet arrangement nouveau deux scènes vigoureuses : d’Estrigaud, se redressant furieux lorsque sa fraude est découverte, jette à André Lagarde une provocation ; il prétend tuer, pour sa peine, celui qui vient de le ressusciter en sursaut.

1548. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Pourtant le soir qui tombe a des langueurs sereines Que la fin donne à tout, aux bonheurs comme aux peines ; Le linceul même est tiède au cœur enseveli : On a vidé ses yeux de ses dernières larmes, L’âme à son désespoir trouve de tristes charmes Et des bonheurs perdus se sauve dans l’oubli. […] J’ai relu, pour ainsi dire, ma vie tout entière sur ce livre de pierre composé de trois sépulcres : enfance, jeunesse, aubes de la pensée, années en fleurs, années en fruits, années en chaume ou en cendres, joies innocentes, piétés saintes, attachements naturels, études ardentes, égarements pardonnés d’adolescence, passions naissantes, attachements sérieux, voyages, fautes, repentirs, bonheurs ensevelis, chaînes brisées, chaînes renouées de la vie, peines, efforts, labeurs, agitations, périls, combats, victoires, élévations et écroulements de l’âge mûr sur les grandes vagues de l’océan des révolutions, pour faire avancer d’un degré de plus l’esprit humain dans sa navigation vers l’infini !

1549. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

On assure que Versailles a fort mal reçu le drame nouveau, et que la grande actrice a porté la peine du genre de l’ouvrage. […] Hugo pour obtenir une loge à sa représentation d’Hernani, et elle me fut accordée avec beaucoup de peine.

1550. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

De plus forts que lui avaient la peine (la force est faite pour cela, du reste), de porter comme l’orage de leur génie autour de leur nom et de leurs œuvres, lorsqu’il paissait une gloire agréable et tranquille, et, le croira-t-on ? […] VI C’est effectivement à propos d’une traduction de Pindare, mise au concours par l’Académie française, que Villemain s’est donné la peine d’écrire à l’avance ce commentaire encourageant pour une traduction qui manque encore.

1551. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Pauvre petit nerveux, bien élevé de ce temps, qui aime les belles choses agréables, et sa maîtresse par-dessus le marché, parce qu’elle est une de ces belles choses-là ; mais enfant toujours, et enfant gâté, révolté ou docile, apaisé ou furieux, et qui ne devient pas plus homme sous l’étreinte de la Peine, parce qu’il n’a ni une conviction, ni une idée sur laquelle il s’appuie pour lui résister ! […] Était-ce donc la peine de faire tant de bruit ?

1552. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

On trouva sur son cœur son memento : « Seigneur, mon Dieu, dès maintenant, quel qu’en soit le genre et selon qu’il vous plaira, d’un cœur tranquille et soumis, j’accepte de votre main la mort avec ses angoisses, ses peines et ses douleurs ». […] Ma seule douleur, mon seul regret sera de penser à la peine que vous fera ma mort.

1553. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

On a de la peine à imaginer une dimension nouvelle si l’on part d’un Espace à trois dimensions, puisque l’expérience ne nous en montre pas une quatrième. […] Nous qui connaissons des Espaces à plus d’une dimension, nous n’avons pas de peine à traduire géométriquement la différence entre ces deux conceptions ; car dans l’Espace à deux dimensions qui entoure pour nous la ligne A′ B′ nous n’avons qu’à élever sur elle la perpendiculaire B′ C′ égale à cT, et nous remarquons tout de suite que l’observateur réel en S′ perçoit réellement comme invariable le côté A′ B′ du triangle rectangle, tandis que l’observateur fictif en S n’aperçoit (ou plutôt ne conçoit) directement que l’autre côté B′ C′ et l’hypoténuse A′ C′ de ce triangle : la ligne A′ B′ ne serait plus alors pour lui qu’un tracé mental par lequel il complète le triangle, une expression figurée de équation .

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

La conscience qu’a Lorenzo d’avoir trop vu et trop pratiqué la vie, d’être allé trop au fond pour en jamais revenir, d’avoir introduit en lui l’hôte implacable qui sous forme d’ennui le ressaisira toujours et lui fera faire éternellement par habitude, par nécessité et sans plaisir, ce qu’il a fait d’abord par affectation et par feinte, cette affreuse situation morale est exprimée en paroles saignantes : « Pauvre enfant, tu me navres le cœur », lui dit Philippe ; et il ne sait que répéter, à toutes les explications et révélations profondes et contradictoires du jeune homme : « Tout cela m’étonne, et il y a dans tout ce que tu m’as dit des choses qui me font peine, et d’autres qui me font plaisir. » Je ne fais qu’effleurer le sujet.

1555. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

. — « En ce cas, ce n’était pas la peine de me consulter », répliqua Friant. — « Allons, Friant, ne vous fâchez pas, on prendra Dorsenne. » Friant, grièvement blessé à la bataille de la Moskowa, se trouvait encore retenu à Paris à l’ouverture de la campagne de 1813.

1556. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Tel est trop souvent le bon sens de Voltaire, et son goût en porte la peine.

1557. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Mais, quand il n’est plus, il faut bien s’arrêter, sous peine d’erreur, dans cette observation dont l’objet se dérobe, et alors on fait comme pour un procès : on rassemble toutes les preuves, toutes les dépositions, et on règle, au moins dans ses articles principaux, un jugement, un Arrêt.

1558. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Quand on veut passer une rivière rapide, on se forme en une longue file sur deux rangs, et, rapprochés de la sorte, ceux qui n’auraient pu, isolés des autres, résister à la force des eaux, la surmontent sans peine

1559. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Lors même que la critique, douée de l’enthousiasme vigilant, n’aurait d’autre effet que d’adoucir, de parer quelques-unes de ces cruelles blessures que porte au génie encore méconnu l’envie malicieuse ou la gauche pédanterie ; lorsqu’elle ne ferait qu’opposer son antidote au venin des Zoïles, ou détourner sur elle une portion de la lourde artillerie des respectables reviewers, c’en serait assez pour qu’elle n’eût pas perdu sa peine, et qu’elle eût hâté efficacement, selon son rôle auxiliaire, l’enfantement et la production de l’œuvre.

1560. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Certains airs fins et spirituels marquent sur son visage ce qu’il approuve ou ce qu’il condamne, et son silence même est intelligible… » Cette gracieuse analyse continue ainsi durant des pages, et l’on s’y laisse aller sans peine avec lui.

1561. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Aussi l’éclectisme, qui tint toujours à honneur de le proclamer et de le révérer, eut-il sans doute, en certains moments, quelque peine à lui faire accepter toutes les aventures et les conquêtes dont l’éclat devait être réversible jusque sur lui.

1562. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Qu’on se représente l’étonnement, les larmes, les gonflements de cœur de ces pauvres et simples gens, en trouvant pour la première fois une expression à leurs peines, à leurs vœux, et l’attitude fière et enflammée des plus jeunes !

1563. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Quoiqu’on ait dit que le type du Giaour et du Corsaire avait été suggéré à Byron par Trelawney lui-même, j’ai peine à croire que ces types profonds ne préexistassent pas dans l’âme du poëte, et qu’ils ne surgissent point immédiatement de l’orage de ses propres pensées.

1564. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

. — D’abord, il n’y a que des charlatans qui prétendent enseigner l’algèbre sans peine, ou arracher une dent sans douleur.

1565. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

De là vient que tant de substantifs ont de la peine à se séparer de tant d’adjectifs : de là vient que tel sujet tire presque toujours après lui tel verbe.

1566. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

La querelle des anciens et des modernes, Marivaux et Lesage, La Chaussée, Diderot et Rousseau nous font passer de Boileau à Chateaubriand, du goût classique au romantique, sans peine, sans heurt et sans lacune.

1567. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

On a peine à le croire : il n’aurait pas montré un goût si prolongé, si persistant, pour un rôle si peu lucratif.

1568. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

V Au siècle dernier, le Prêtre de Némi eût été, avec toutes les différences que vous devinez sans peine, un conte philosophique de vingt pages intitulé : Antistius, ou Toute vérité n’est pas bonne à dire.

1569. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

Il conviendrait encore, du moment où on se pose en champion de la différence humaine et de l’originalité, d’avoir des désirs vraiment neufs et intéressants, des sentiments qui vaillent la peine d’être exprimée.

1570. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Ils nous concéderaient sans doute que ces monuments valent bien la peine qu’ils nous ont coûtée.

1571. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

On entrevoit sans peine, en effet, que ce goût exagéré de pauvreté ne pouvait être bien durable.

1572. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

A peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit 845, dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées.

1573. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Cependant, je vous avoue, madame, que j’ai de la peine à le lui confier, mais il faut obéir.

1574. (1902) L’humanisme. Figaro

Je n’en sais rien, ni vous non plus ; mais je proclame que si nous quittons pour toujours, dans un dernier soupir, ceux que nous aimons ou qui nous aiment, la vie n’est qu’une plate comédie qui ne vaut pas la peine d’être jouée ni vue.

1575. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Qu’on prenne de la peine pour le salut de tous, et qu’on s’y précipite, et qu’on s’y essouffle.

1576. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Ils ne parvinrent qu’avec peine à se justifier.

1577. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Quelques écrivains ont peine à la concevoir.

1578. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Elles ne sont en effet que des signes généraux d’idées qui nous épargnent la peine d’en avoir, des étiquettes numériques d’un trésor que l’on n’a pas compté, des instruments avec lesquels on opère, et non les choses sur lesquelles on agit.

1579. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Nos ancêtres, dit Cassiodore, ont appellé musique muette celui des arts musicaux, qui montre à parler sans ouvrir la bouche, à dire tout avec les gestes, et qui enseigne même à faire entendre par certains mouvemens des mains comme par differentes attitudes du corps, ce qu’on auroit bien de la peine à faire comprendre par un discours suivi ou par une page d’écriture.

1580. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Pauvres, elle nous console de nos peines ; riches, elle nous distrait de nos ennuis.

1581. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

On lui faisait observer qu’il avait répété plusieurs fois ce mot : « Vous avez raison, répondit-il, j’aurais dû dire, pour varier, d’Étéocle et de Polynice. » Ses sarcasmes étaient autant de crimes qui étaient notés, dénoncés, et dont on se promettait dès lors de lui faire porter la peine.

1582. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

À présent nous éprouvons une bien autre peine, puisque nous voyons finir sans voir recommencer.

1583. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Malgré toutes les peines qu’il s’est données pour composer sa petite mosaïque de renseignements, pris partout à Prescott et à Brasseur, ses Études, si on en juge par les résultats qu’elles affirment, sont à continuer.

1584. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Une lorgnette vaut mieux (et ne donne pas tant de peine) pour distraire des hommes éreintés d’affaires, préoccupés de soucis d’argent, qui ont couru une partie de la journée et fumé l’autre.

1585. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Montesquieu était doublé d’un Bernis ou d’un Dorat ; c’était bien la peine d’être Montesquieu !

1586. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Assurément, le Christianisme, qui élève les mœurs de la famille à une hauteur après laquelle il n’y a plus à monter, le Christianisme, qui remplace le despotisme du père par l’intervention de la mère et des autres parents, devait avoir de mortelles peines à s’établir dans un pays où ne subsistait pas la famille au sens que ce mot rappelle à nos affections comme à nos devoirs.

1587. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Aucun historien ne s’est donné plus de peine pour dépouiller Jacques de tout ce qui peut grandir ou préserver un homme dans son esprit et dans son caractère.

1588. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Le hasard seul d’une trouvaille de bibliothèque, le bonheur de quelque carton à renseignements découvert, a pu lui faire mettre la main précisément sur ce sujet d’étude, si éloigné des préoccupations de ce temps, et travaillé, du reste, je le reconnais, avec une conscience qui devrait être du talent, pour sa peine, mais qui malheureusement ne l’est pas toujours… L’auteur de cette récente histoire du roi René l’a proprement nettoyée de tous les récits légendaires qui l’obstruaient, car la Légende s’était enroulée comme une liane autour de ce vieux chêne qu’elle avait fini par cacher.

1589. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Ce rire à tordions, de TOUTE la Grèce, me semble une calomnie de l’esprit grec, qui ne peut pas rire d’un si gros rire sous peine d’être cruellement dégénéré.

1590. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Est-ce donc bien la peine de s’appeler Gœthe pour dire cela ?

1591. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Il croyait qu’un livre trouve toujours sa place, dans un temps donné, sans qu’on prenne tant de peine pour la lui faire, et que — sans être un Moïse et la Critique une fille de Pharaon pour le ramasser — le livre, exposé sur le fleuve de la publicité, aborde toujours là où il devait aborder.

1592. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Edmond de Goncourt ne sont pas, pour lui, le ruisseau de Narcisse, et qu’il a l’esprit de se juger et la courageuse volonté de se corriger, la correction devrait aller jusqu’au retranchement absolu d’un système qu’il a tant de peine à s’arracher de la pensée.

1593. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

certainement, on savait cela avant que l’abbé Maynard se donnât tant de peine pour le prouver, et, d’un autre côté, on ne l’aurait pas su, qu’il fallait nous l’apprendre avec moins de pesanteur, de traîneries, d’épluchettes, et c’était aisé, — et il y aurait eu dans cette biographie plus de noblesse et peut-être plus de clarté !

1594. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Charrière, qui a pour Gogol les bontés d’un homme d’esprit pour la personne qu’il a pris la peine de traduire, n’hésite pas à mettre les Âmes mortes à côté de Gil Blas, et, si cela lui fait bien plaisir, nous ne dérangerons rien à cet arrangement de traducteur ; car la réputation de Gil Blas — ce livre écrit au café, entre deux parties de dominos, a dit le plus fin et le plus indulgent des connaisseurs, — n’est pas une de ces gloires solides qui aient tenu contre le temps.

1595. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Le livre et le système se composent, en effet, de deux affirmations sans preuve, qu’on peut fort bien contredire sans insolence et réfuter sans beaucoup de peine.

1596. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Et cependant on peut se demander encore qui donc s’est occupé de cette publication parmi ceux-là même dont la fonction, dans la littérature contemporaine, est d’attacher à la tête des livres qui en valent la peine, les bouffettes de la publicité ?

1597. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

qui porta toujours noblement et gaiement sa peine !

1598. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

— les sophistes grecs, tous ces gens-là qui sont morts dans leur pays mort et qu’ils ont tué, on ne peut pas leur redonner la vie parce qu’on les déterre, momies presque anonymes, tant on a de peine à lire leurs pauvres noms sur leurs bandelettes !

1599. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Ce n’était pas la peine de la suivre, puisqu’elle arriva de tous les côtés ; mais c’est l’ivresse de cette lumière qui, sans doute, le fait parler avec cette stricte précision.

1600. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Une douleur plus mâle et plus profonde a exalté les puissances du poète, et le sentiment paternel, — le plus beau sentiment de l’homme qu’avec leurs cris de bâtards contre la famille, des penseurs à la mécanique voudraient diminuer dans nos cœurs ou en arracher tout à fait, et qui résistera à leurs efforts insensés, — le sentiment paternel élève sa Muse à une hauteur et à une ampleur de ciel qu’elle n’avait pas jusqu’ici accoutumé d’atteindre et dont, sous peine d’affaiblissement, elle ne doit plus désormais descendre.

1601. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

De temps en temps, une Revue, à laquelle il faut rendre cette justice qu’elle n’a pas cessé d’être littéraire quand la littérature véritable, la littérature désintéressée n’avait pas une pierre pour reposer sa tête, L’Artiste, publiait des vers charmants à faire presque croire qu’Alfred de Musset vivait toujours… Ces vers, qui, d’ailleurs, ne jouaient ni au pastiche, ni au mystère, ces vers sincères, étaient sincèrement signés de ce nom euphonique de Saint-Maur, qui, du moins, n’écorchera pas la bouche de la gloire, si cette renchérie se donne la peine de le prononcer !

1602. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Trois dénouements dont chacun valait la peine d’être développé et approfondi par un romancier moraliste, et tout romancier doit l’être, sous peine de forfaire même à son art.

1603. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Il devint cardinal et ambassadeur, tout Babette-Bouquetière qu’il fût, pour sa peine d’avoir fleuri la Pompadour.

1604. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Nous n’avons point de panégyrique d’Antonin, qui cependant valait bien la peine d’être loué ; nous savons seulement qu’un orateur grec, nommé Gallinicus, auteur de plusieurs autres éloges, avait fait le panégyrique de ce prince ; mais rien de cet orateur ne nous est resté que son nom.

1605. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Conçue dans un moment d’intense volupté intellectuelle, lentement formés et caressés en imagination, mis au jour avec plus ou moins de peine et d’efforts, ils peuvent nous inspirer à la fois un paternel orgueil et une tendresse maternelle. […] Si les esthéticiens de la forme n’avaient à produire en exemple que des œuvres semblables, ils auraient de la peine à justifier leurs clients du banal reproche que le parti du fond leur adresse, d’être de simples amuseurs et de rabaisser l’art au jeu de la difficulté vaincue. […] Savourons un peu, il en vaut la peine, le paradoxe de Carlyle sur l’essence de toute grandeur vraie. […] On a peine à se figurer un Voltaire, un Shelley, un Carlyle réduits à la vie végétative à n’importe quelle époque. […] Quoi qu’il en soit et quelque doctrine qu’on professe, cette comédie du hasard, assez divertissante en elle-même, renferme de hautes leçons ; elle est piquante et philosophique : il vaut la peine de la contempler.

1606. (1902) La poésie nouvelle

A peine arrivé, il se présente aux insurgés, gamin de dix-sept ans, parlant fort, à grands gestes, et misérable à souhait. […] Peut-être alors trouverais-je un endroit qui me plaise à peu près… » Il sait bien que non : il est à jamais une âme en peine. […] A peine y trouve-t-on parfois des muettes au sixième ou au septième pied, des mots partagés entre les deux hémistiches. […] Il peine, il s’acharne. […] A peine de l’amour, et de l’amour pourtant.

1607. (1898) La cité antique

Assurément nous avons beaucoup de peine aujourd’hui à comprendre que l’homme pût adorer son père ou son ancêtre. […] À Sparte, la législation de Lycurgue frappait d’une peine sévère l’homme qui ne se mariait pas135. […] Tite-Live raconte que le Sénat voulant extirper de Rome les Bacchanales, décréta la peine de mort contre ceux qui y avaient pris part. […] Cette peine s’appelait ἀτιμία575. […] Les jurisconsultes romains l’appelaient une peine capitale.

1608. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Flaubert, qui composait à merveille une phrase, une page, un chapitre, avait beaucoup de peine à ordonner un volume. […] Il n’y a que les despotes qui soutiennent que la peine de mort est un attribut nécessaire de l’autorité. […] Ce mélange de frénésie apocalyptique et de délire stercoraire fournit pourtant un spectacle curieux, auquel il vaut la peine d’assister, en se bouchant le nez. […] Avouons qu’on n’y pénètre pas sans prendre un peu de peine. […] Rimbaud ne prenait même pas la peine de publier les siens.

1609. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

A peine débarqué, il court vers Washington : la majesté de la taille et du front le lui désigne comme chef autant que les qualités profondes. […] On doit plaindre l’ambition secondaire qu’il a eue, dans de telles circonstances, de régner arbitrairement sur l’Europe ; mais, pour satisfaire cette manie géographiquement gigantesque et moralement mesquine, il a fallu gaspiller un immense emploi de forces intellectuelles et physiques, il a fallu appliquer tout le génie du machiavélisme à la dégradation des idées libérales et patriotiques, à l’avilissement des partis, des opinions et des personnes ; car celles qui se dévouent à son sort n’en sont que plus exposées à cette double conséquence de son système et de son caractère ; il a fallu joindre habilement l’éclat d’une brillante administration aux sottises, aux taxes et aux vexations nécessaires à un plan de despotisme, de corruption et de conquête, se tenir toujours en garde contre l’indépendance et l’industrie, en hostilité contre les lumières, en opposition à la marche naturelle de son siècle ; il a fallu chercher dans son propre cœur à se justifier le mépris pour les hommes, et dans la bassesse des autres à s’y maintenir ; renoncer ainsi à être aimé, comme par ses variations politiques, philosophiques et religieuses, il a renoncé à être cru ; il a fallu encourir la malveillance presque universelle de tous les gens qui ont droit d’être mécontents de lui, de ceux qu’il a rendus mécontents d’eux-mêmes, de ceux qui, pour le maintien et l’honneur des bons sentiments, voient avec peine le triomphe des principes immoraux ; il a fallu enfin fonder son existence sur la continuité du succès, et, en exploitant à son profit le mouvement révolutionnaire, ôter aux ennemis de la France et se donner à lui-même tout l’odieux de ces guerres auxquelles on ne voit plus de motifs que l’établissement de sa puissance et de sa famille. […] » La Fayette n’a pas de peine à faire ressortir les contradictions de conduite en sens divers de Mounier et des anglicans, de madame Roland et des girondins ; en général, toutes les contradictions et les inconséquences des divers personnages qui n’ont pas suivi sa ligne exacte sont parfaitement démêlées par lui, et rapprochées avec une modération de ton qui n’exclut pas le piquant. […] Il ne me reste donc pour espérer qu’un je ne sais quoi dont vous n’aurez pas de peine à faire rien du tout. » Pourtant l’aimable cousine (comme il appelle sa tante) ne se tient pas pour convaincue, et, du fond de son Holstein, elle le moralise toujours.

1610. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Il part des données les plus simples, il descend à notre niveau, il se met de plain-pied avec notre esprit ; il nous épargne la peine du plus léger effort ; puis il nous emmène, et partout sur la route il nous aplanit le chemin ; nous montons peu à peu sans nous apercevoir de la pente, et à la fin, nous nous trouvons sur la hauteur, après avoir marché aussi commodément qu’en plaine. […] En voici un exemple : Macaulay réfute ceux qui ne veulent pas qu’on imprime les auteurs classiques indécents : Nous avons peine à croire, dit-il, que dans un monde aussi plein de tentations que celui-ci, un homme, qui aurait été vertueux s’il n’avait pas lu Aristophane et Juvénal, devienne vicieux parce qu’il les a lus. […] On éprouve de la peine à finir un volume de Lingard et de Robertson ; on aurait de la peine à ne pas finir un volume de Macaulay.

1611. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Je le crois sans peine. […] J’ai un peu de peine à le croire. […] Haraucourt un écrivain plus adroit eût tiré sans peine la matière de deux ou trois livres. […] Après quoi j’ai peine à saisir le fil pour passer à L’Abbé Constantin. […] On turlupine les maîtres reconnus et acceptée, et ou ne s’est pas seulement donné la peine de les comprendre.

1612. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Il était dit qu’ayant été à la peine, il ne devait pas être à l’honneur. […] Nous eûmes toutes les peines du monde à détromper les braves gens de l’hôtel et à obtenir qu’on ne nous rendît pas les honneurs royaux. […] On pourrait peut-être trouver quelques renseignements là-dessus, si la chose en valait la peine, dans un procès-verbal publié par les journaux du temps. […] C’est qu’en mes bras serrant sans peine Celle que je nommais mon bien. […] Les inventions d’un délicat esprit, les tendresses d’un cœur discret, sont-elles choses si communes qu’elles ne vaillent pas la peine d’être cherchées ?

1613. (1900) Molière pp. -283

Mais qu’elle ait été très curieusement accueillie, écoutée avec un sérieux et vif intérêt, même par ceux d’entre eux dont elle contrariait ou même heurtait, ici ou là, les sentiments instinctifs ou raisonnés à l’égard du grand poète, nous le croyons sans peine, et, d’ailleurs, le succès d’attention et d’applaudissement qu’elle obtint, nous est attesté par plus d’un contemporain et véridique témoignage. […] Enfin, ce qui pourra nous être accordé sans peine, elles réveillent, elles piquent, elles amusent, par la verve qui les anime et l’humour qui les colore. […] Molière ne termine aucune de ses pièces ; à vrai dire, il ne fait de dénouement à aucune d’elles, il ne s’en donne pas la peine. […] J’ai peine à me persuader que je puisse être véritablement sa fille, et je crois que quelque aventure un jour me viendra développer une naissance plus illustre21. […] L’industrieux Figaro, dans son ressentiment contre ceux qui ne s’étaient donné que la peine de naître, a tout détruit ; je regrette, messieurs, qu’il n’ait pas au moins sauvé du naufrage la grâce et les grandes manières d’Almaviva.

1614. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Cela m’irrite et me peine, me prive du bonheur calme que nous donnent à l’ordinaire l’art et la nature. […] Elle s’est méfiée aussitôt… Elle n’a pas approfondi, se disant que ce n’était pas la peine, que cela ne la regardait pas. […] Achevez plutôt tel de vos poèmes qui en vaut la peine, et que vous laissez à l’état de projet. […] Tout à coup, derrière un mimosa ou un néflier du Japon, une maisonnette apparaît avec ses volets verts et sa noria où peine quelque âne. […] … Entends-tu, ô fugitif accablé de peines ?

1615. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Toutes les récompenses que nous en attendons ne valent pas la peine qu’on les poursuive. […] Pour la même raison il a eu par la suite beaucoup de peine à s’en dégager, et en dépit d’une éclatante rupture il ne s’en est jamais affranchi complètement. […] C’est le moins qu’on paie son plaisir d’un peu de peine. […] Il a éprouvé quelle difficulté on a aujourd’hui à se faire entendre, et combien on a de peine à se faire prendre au sérieux. […] On ne prenait ni la peine ni le temps de discuter avec la femme coupable ; on avait un moyen simple et catégorique d’en finir avec elle : on la tuait.

1616. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Presque toutes les belles comparaisons, qui à chaque pas émaillent le poëme d’Éloa, pourraient se détourner sans effort et s’appliquer à la muse de M. de Vigny elle-même, — et la villageoise qui se mire au puits de la montagne et s’y voit couronnée d’étoiles, — et la forme ossianesque sous laquelle apparaît vaguement d’abord l’archange ténébreux, — et la vierge voltigeante qui n’ose redescendre, comme une perdrix en peine sur les blés où l’œil du chien d’arrêt flamboie, — et la nageuse surprise, fuyant à reculons dans les roseaux ; mais surtout rien ne peindrait mieux cette muse dans ce qu’elle a de joli, de coquet, comme dans ce qu’elle a de grand, que l’image du colibri étincelant et fin au milieu des lianes gigantesques ou dans les vastes savanes sous l’azur illimité. […] Pour moi, sans généraliser autant que M. de Vigny mes espérances, je me contente de dire : Jamais une société ne sera si désespérée pour la morale, si ingrate pour l’art, que cela ne vaille encore la peine d’y vivre, d’y souffrir, d’y tenter ou d’y mépriser la gloire, quand on peut rencontrer en dédommagement sur sa route des hommes d’exception comme le capitaine Renaud, des poëtes d’élite comme celui qui nous l’a retracé.

1617. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Au chant xiii de l’Odyssée, Ulysse, trop longtemps retenu à son gré chez les Phéaciens, a obtenu un vaisseau ; il doit partir le soir même, il assiste au dernier festin que lui donnent ses hôtes ; mais, impatient qu’il est de s’embarquer pour son Ithaque, il n’entend qu’avec distraction, cette fois, le chantre divin Demodocus, et il tourne souvent la tête vers le soleil comme pour le presser de se coucher : « Comme lorsque le besoin du repas se fait sentir à l’homme qui, tout le jour, a conduit à travers son champ les bœufs noirs tirant l’épaisse charrue : il voit joyeusement se coucher la lumière du soleil pressé qu’il est d’aller prendre son souper, et les genoux lui font mal en marchant ; c’est avec une pareille joie qu’Ulysse vit se coucher la lumière du soleil. » La passion de l’exilé sur le point de revoir sa patrie, comparée à celle du pauvre journalier pour son souper et son gîte à la dernière heure d’une journée laborieuse, ne se trouve point rabaissée en cela ; elle n’en paraît que plongeant plus à fond, enracinée plus avant dans la nature humaine ; mais rien n’est compris si cette circonstance naïve des genoux qui font mal en marchant est atténuée ou dissimulée ; car c’est justement cette peine qui est expressive, et qui aide à mesurer l’impatience même, la joie de ce simple cœur. […] C’est toi-même qui l’as voulu ; supportes-en la peine.

1618. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Avec quelque peine, par quels degrés de déchirement douloureux le loyal jeune homme en vient, d’offense en offense, à se décider à rompre, jusqu’au duel final et vengeur auquel il est contraint ! […] Cet esprit poétique s’était embarrassé, de gaieté de cœur et jusqu’à épuisement, dans une forme artificielle, dans un labyrinthe de subtilités d’où il avait toutes les peines du monde à se tirer, et d’où il ne se tirait même pas, s’il n’avait reçu un heurt violent et un vigoureux coup de coude venu d’ailleurs.

1619. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Tous les autres sont probablement des attributifs176, et les assistants n’ont pas eu de peine à les comprendre ; celui-ci est probablement un démonstratif, et, comme ils n’avaient rien pour le traduire, il leur a fallu plusieurs semaines pour en démêler le sens. […] Jusqu’au dix-septième mois, point de mots généraux et compris comme tels. — Ils n’ont apparu que du dix-septième au vingtième mois ; toujours ils ont désigné d’abord un objet individuel et dans cet objet un caractère général ; Loulou (nom du chien, l’enfant l’a très vite appliqué aussi à d’autres chiens), Minet (appliqué tout de suite à plusieurs chats), tuture (voiture, appliqué à ses diverses petites voitures), dada (appliqué à tous les chevaux qui passent sur la route), l’eau, l’eau (appliqué également au lac et aux ruisseaux), cocotte (appliqué également aux oiseaux et aux papillons), fleurs (assez tardivement, et avec un certain embarras, une certaine peine pour reconnaître une similitude entre des couleurs et des formes si différentes).

1620. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Elle aimait tant notre fils Torquato et moi que, forcée de vivre loin de nous, sans espoir d’être jamais tranquille et heureux ensemble, son cœur était torturé de mille angoisses comme celui de Tityus, dévoré par les vautours ; elle désirait vivre avec moi, fût-ce même en enfer », ajoute-t-il. « Résignons-nous donc à ce qui finit ses peines !  […] Nous n’avons plus d’amis à Naples, nos parents y sont nos ennemis ; et, à cause de ces circonstances, chacun craint de nous tendre la main… Mon angoisse est telle, excellente dame, que le désordre de mon esprit se communique à mes paroles ; c’est à Votre Excellence à se représenter l’excès des peines qu’il m’est impossible d’exprimer ! 

1621. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

C’est chose affligeante de voir un ouvrage si ingénieux gâté à ce point par un parti pris qu’on a peine à s’expliquer. […] Enfin, Agrippine et Néron appartiennent à une civilisation que nous n’avons aucune peine à nous représenter et qui différait assez peu de la nôtre pour que Racine ait pu leur prêter le langage et les manières de son temps sans commettre un trop grave contresens.

1622. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

A peine de tant de tragédies imitées des siennes est-il resté quelques vers brillants ; encore ne faut-il pas s’y arrêter : en les regardant, on les dissipe. […] Je ne voudrais pas m’appesantir sur cette pièce qui ne doit pas porter la peine de ce que je l’ai admirée.

1623. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Il sent maintenant sa propre vie par une infinité de plaisirs imparfaits, — les plaisirs partiels et entremêlés de peine de ces êtres prodigieusement nombreux que tu nommes ses créatures, mais qui ne sont réellement que d’innombrables individualisations de lui-même… La somme générale de leurs sensations est juste le total du bonheur qui appartient de droit à l’Être divin quand il est concentré en lui-même. […] Le prisonnier de l’Inquisition, assiégé dans Puits et Pendule, par la menace des plus effroyables supplices, laissé intact sur les plaques fumantes de son cachot, passe par des peines surhumaines ; le cataleptique de l’Inhumation prématurée, qui se réveille hagard entre quatre planches, la bouche liée et les yeux obscurcis, subit une agonie mentale mortelle.

1624. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Nous sommes aujourd’hui tellement éloignés de ces dispositions premières, du moins quant à la plupart des phénomènes, que nous avons peine à nous représenter exactement la puissance et la nécessité de considérations semblables. […] On conçoit sans peine, en effet, que notre entendement, contraint à ne marcher que par degrés presque insensibles, ne pouvait passer brusquement, et sans intermédiaires, de la philosophie théologique à la philosophie positive.

1625. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Par exemple, la réaction sociale qui constitue la peine est due à l’intensité des sentiments collectifs que le crime offense ; mais, d’un autre côté, elle a pour fonction utile d’entretenir ces sentiments au même degré d’intensité, car ils ne tarderaient pas à s’énerver si les offenses qu’ils subissent n’étaient pas châtiées62. […] C’est ainsi qu’on explique couramment l’organisation domestique par les sentiments que les parents ont pour leurs enfants et les seconds pour les premiers ; l’institution du mariage, par les avantages qu’il présente pour les époux et leur descendance ; la peine, par la colère que détermine chez l’individu toute lésion grave de ses intérêts.

1626. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

… Leur valeur comme historiens, qui devaient faire avant tout l’Histoire de France et de la Révolution française, a été considérablement diminuée pour avoir dédaigné de regarder dans le fond de cette France qui avait pourtant sa vie propre, comme Paris la sienne… Pour leur peine, ils peuvent s’appliquer maintenant le mot effroyablement prophétique de Blücher : « La France mourra du cancer de Paris » ; car leurs histoires, aussi, en meurent ! […] Mais, je n’ai pas de peine à le reconnaître, il était autrement fort que le tas de niais qui se donnent maintenant ce nom-là !

1627. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Du reste, quand on a des entrailles d’auteur, on comprend très bien ce soin tabernaculaire de son ouvrage… Lorsqu’on n’accouche que tous les sept ans avec peine, on a le temps — et on le prend— de capitonner et d’orner le berceau dans lequel on va déposer son petit. […] Comme on le voit, d’ailleurs, ce n’est pas là un grand nombre d’œuvres ; mais elles lui ont autant coûté de travail et de peines que si elles avaient été plus nombreuses.

1628. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Varron a pris la peine de recueillir trente mille noms de divinités reconnues par les Grecs. […] L’âme est portée naturellement à se voir au-dehors et dans la matière ; ce n’est qu’avec beaucoup de peine, et par la réflexion, qu’elle en vient à se comprendre elle-même. — Principe universel d’étymologie ; nous voyons en effet dans toutes les langues les choses de l’âme et de l’intelligence exprimées par des métaphores qui sont tirées des corps et de leurs propriétés.

1629. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

J’espère que le bruit sera autre, mais ce n’a pas été sans peine.

1630. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

fraîches fontaines Qui, douces à mes peines, Frémissiez autrefois     Rien qu’à ma voix !

1631. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Singlin et de M. de Saint-Cyran une maxime pratique qu’elle applique sans cesse, c’est qu’il ne faut rien faire dans la précipitation, c’est que le désir, même lorsqu’il est dans le meilleur sens et vers le plus louable but, doit faire, en quelque sorte, sa quarantaine et son carême, et doit user son attrait avant de s’accomplir, si l’on veut qu’il produise tout son fruit : « Il faut faire toutes choses, dit-elle, dans une certaine maturité qui amortit l’activité de l’esprit humain, et qui attire une bénédiction de Dieu sur ces choses dont on s’est mortifié quelque temps. » C’est ce qu’on appelle en ce style mystique pratiquer la dévotion du retardement, et elle la conseille en toute occasion aux personnes qui lui font part de leurs peines et des obstacles qu’elles rencontrent dans la voie du bien.

1632. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Il est évident que cet éminent esprit n’a pas fait jusqu’alors comme le commun des martyrs qui lit les ouvrages intéressants au fur et à mesure de leur publication, et que depuis 1825 il n’a pas lu, comme tous les jeunes gens de sa génération, au hasard et à tort et à travers (c’est la bonne méthode), cette quantité de mémoires et de documents qui ont successivement paru ; sans quoi il aurait ses premières couches et son fond de tableau déjà préparé, il ne se poserait pas toutes ces questions· préliminaires, il ne dresserait pas avec tant de peine tous ses appareils comme pour une découverte.

1633. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Dans un premier recueil, la Flûte de Pan, il s’est livré à des études de poésie en quelque sorte plastique et sculpturale ; il avait demandé à la nature extérieure le sens confus de ses harmonies et de ses symboles : aujourd’hui, sous le titre de la Lyre intime 46, il aborde le monde du cœur ; il se détache, non sans peine et sans effort, du grand Pan pour en venir à un sentiment plus distinct, plus défini, qui a pour objet la personne humaine.

1634. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Au reste, quelque temps après, Rancé pris pour juge reçut la Relation manuscrite de son ami ; il la lut sans dégoût, et il lui en écrivit agréablement et assez au long, non sans y insinuer quelques conseils qui ont probablement été suivis : « J’ai lu avec plaisir, disait-il, les marques de votre estime et de votre amitié ; vous m’y faites, à la vérité, jouer un personnage que je ne mérite point, et on auroit peine à m’y reconnoître.

1635. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

L’écrivain I Il est amusant de voir combien l’esprit gaulois chez La Fontaine a eu de peine à se dégager du courant public qui l’emmenait ailleurs.

1636. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il ne vaut pas la peine de s’arrêter sur tous ces libelles, en vers ou en prose, signés de Cotin, de Coras, de Boursault, de Carel de Sainte-Garde, de Pradon, de Bonnecorse, qui s’échelonnent de 1666 à 1689 : ce ne sont que chicanes puériles, insinuations perfides, ou injures grossières.

1637. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Ayant démontré copieusement la conformité du langage français avec son cher grec, il n’eut pas de peine à se convaincre de la précellence de notre idiome sur le parler d’Italie, qui n’est que du latin : et comme il prouvait par exemples abondants la gravité, sonorité, richesse et souplesse du français, il était naturel qu’il tâchât d’en préserver la pureté des inutiles et plutôt dangereux apports de l’italianisme.

1638. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Mais il y a d’autres Gascons, de rudes hommes, fougueux et solides, qui ne lâchent jamais pied, ne sont jamais las, ne font la grimace à aucun péril, à aucune peine, et qui vont joyeusement à toutes les batailles, à toutes les besognes, ayant encore de la verve de reste à faire mousser dans les heures de relâche, et se reposant à des jeux qui seraient de la fatigue pour d’autres : il y a les Gascons de Montluc et de Henri IV.

1639. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

. — On peut remarquer encore que la discipline sociale est d’autant plus forte dans les sociétés très civilisées, que les peines sociales y sont moins brutales.

1640. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Non seulement nous distinguons sans peine la sensation présente du souvenir des sensations passées ou de la prévision des sensations futures ; mais nous savons parfaitement ce que nous voulons dire quand nous affirmons que, de deux phénomènes conscients dont nous avons conservé le souvenir, l’un a été antérieur à l’autre ; ou bien que, de deux phénomènes conscients prévus, l’un sera antérieur à l’autre.

1641. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Peine perdue d’ailleurs.

1642. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Cela ne vaudrait pas la peine, puisque l’oranger qui ne produit pas d’oranges n’est plus bon à rien.

1643. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Fier du prétendu savoir qui lui avait coûté tant de peine, le scribe juif avait pour la culture grecque le même dédain que le savant musulman a de nos jours pour la civilisation européenne, et que le vieux théologien catholique avait pour le savoir des gens du monde.

1644. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

C’est une de ces vérités banales qu’on ne prend plus la peine de démontrer.

1645. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Éclairer par un rapprochement historique une question contemporaine, sans doute cela peut être utile ; mais le Rhin, ce fleuve unique au monde, ne vaut-il pas la peine d’être vu un peu pour lui-même et en lui-même ?

1646. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Il ajouterait ici, si cela valait la peine d’être dit, que, la part faite à l’erreur possible, ce mot, sorti de sa conscience, a été la règle de sa vie.

1647. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Son propre sentiment, confirmé par celui des autres, le persuade suffisamment que tous ces raisonnemens doivent être faux, et il demeure tranquillement dans sa persuasion en attendant que quelqu’un se donne la peine d’en faire voir l’erreur méthodiquement.

1648. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Pourquoi les françois lisent-ils avec si peu de goût les traductions de l’Arioste et du Tasse, quoique la lecture du Roland furieux, et de la Jerusalem délivrée, charme avec raison tous les françois qui sçavent assez bien la langue italienne pour entendre les originaux sans peine.

1649. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

A peine il la répand qu’une commune erreur, D’eux tous, l’un contre l’autre, anime la fureur ; Ils s’entr’immolent tous au commun adversaire, Tous pensent le percer quand ils percent leur frère, Leur sang partout regorge, et Jason, au milieu, Reçoit ce sacrifice en posture d’un dieu.

1650. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Enfin, le travail d’invention, le plus pénible de tous, est presque nul ici, et l’on se procure, sans grande peine, le plaisir de voir son nom en grosses lettres au bas d’une page imprimée.

1651. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Beaumont-Vassy nous a raconté les faits politiques qui se sont produits en Russie, ou sous l’action de son cabinet en Europe, depuis trente-neuf ans7 ; mais le premier journaliste venu en sait autant sur tous ces faits vus par l’écorce que Beaumont-Yassy lui-même, et vraiment était-ce bien la peine d’intituler fastueusement son ouvrage : De l’Empire russe depuis le Congrès de Vienne, si ce livre qu’on appelle ainsi n’a pas plus de profondeur et de consistance que la Gazette de Leipzig ou le Journal de Francfort ?

1652. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Était-ce bien la peine de le chercher ailleurs ?

1653. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Et cependant on peut se demander qui donc s’est occupé de cette publication parmi ceux-là même dont la fonction, dans la littérature contemporaine, est d’attacher à la tête des livres qui en valent la peine les bouffettes de la publicité.

1654. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Dans cette histoire où se meuvent des personnages comme les Guise et comme Catherine de Médicis, le seul homme de cette famille des Valois, tombée en quenouille et terminée par cet énigmatique Henri III, l’hermaphrodite d’Agrippa d’Aubigné : Si bien qu’en le voyant, chacun était en peine S’il voyait un roi-femme ou bien un homme-reine !

1655. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Boissier a cette magie… Je me suis intéressé, moi qui le pénétrais pourtant, à toute la peine qu’une nature souple, gracieuse et veloutée comme la sienne, s’est donnée pour saisir délicatement de ses fines dents de rat érudit et pour ronger, sans faire le bruit scandaleux d’une vaste déchirure, le bas de cette aube divine du Christianisme, qui traîne dans les siècles et qui y passe, sans perdre jamais un seul fil de sa trame sacrée, au-dessus du museau de tous les rongeurs !

1656. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Seulement, nous disons qu’entre la peine du cœur et l’œuvre de l’esprit il y a d’ordinaire, pour les âmes véritablement passionnées, le travail du temps, l’apaisement nerveux, le calme revenu dans l’intelligence, tandis que pour Goethe, cette grande victime, comme l’appelle un de ses éloquents admirateurs, M. 

1657. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Mais sérieusement, et pour qui n’ignore pas la pente des choses, et où la logique pousse l’esprit encore plus qu’elle ne le mène, pour qui nous a prouvé que le mysticisme de Saint-Martin, comme tout mysticisme en dehors de la règle posée par l’Église, traîne l’esprit jusqu’au panthéisme, pour un homme expérimenté en ces matières, qui sait fort bien qu’il n’y a plus maintenant face à face, en philosophie, que le Catholicisme et le Panthéisme, et que toute idée se ramène forcément à l’un ou à l’autre de ces grands systèmes, sans pouvoir jamais en sortir, était-ce bien la peine de s’interrompre et de s’arrêter ?

1658. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Monselet a-t-il pris cette peine ?

1659. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Otez-en l’amour tel qu’il est dans les Contes d’Espagne et d’Italie, l’amour en uniforme, Alfred de Musset ; ôtez ces vieilles douleurs égoïstes dont nous avons été assez rebattus, les douleurs de l’accouchement intellectuel, le soi-disant mal que nous fait la forme quand elle se débat sous notre prise et que nous avons peine à la fixer comme notre pensée l’entrevoit et l’ambitionne ; ôtez enfin cette autre douleur d’être méconnu, de n’avoir pas sa gloire, argent comptant : c’est-à-dire, en somme, toujours le mal de l’œuvre et par l’œuvre, — de toutes les douleurs la plus orgueilleuse, la moins touchante, la moins sacrée !

1660. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Tu n’as pas besoin d’apprendre d’un autre ce qu’il en coûte de sueurs et de peines au laboureur ; tu connais la hardiesse de l’exacteur, l’adresse du commis, l’avarice du soldat.

1661. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

L’église eut beaucoup de peine à leur faire abandonner cet usage (V.

1662. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Étourdi par ce grondement continu d’une foule où tout le monde parle ensemble à haute voix, où les cris déchirés et variés de la corbeille font l’effet des instruments aigus d’un monstrueux orchestre, on a peine à rassembler ses idées et à concentrer son attention sur un point. […] ce n’est pas sans peine qu’il avait obtenu la permission de l’emmener avec lui en Calédonie ! […] Elle éveillait au cœur des Fabvier, et, par une analogie de circonstances, au cœur aussi de M. de Francœur, un apaisement doux mêlé de regrets pour la vie qui passe, les peines qui s’oublient, la mort qui vient à petits pas. […] Et ce miracle ne sera pas dû, comme on serait tenté de le croire, au groupement de tous les intérêts matériels vers une soirée qui peut compenser par le succès, c’est-à-dire par la probabilité des recettes, tant de peines et de dénuements. […] — Sire, c’est une fièvre pernicieuse, mortelle par sa nature. » Il manifesta un mouvement de peine et de surprise et partit au même instant.

1663. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Grave erreur, dont le premier châtiment est la peine de mort pour le roman, car, quoi qu’on en veuille dire, rien ne résiste à l’ennui, même les œuvres qui nous arrivent avec l’estampille de la Scandinavie. […] « — Ne vous donnez pas la peine, mon cher camarade ; j’ai de mes hommes en bas, tout près du névé, ils seront trop heureux de vous le rapporter ! […] Je crois tant de peine inutile, et la raison de cette indifférence peut, je crois, s’expliquer en quelques lignes. […] Si vous n’avez rien de mieux à faire, restez à votre poste d’observation et vous verrez bientôt quelque chose qui vous récompensera de votre peine. […] Je ne lui ai jamais causé la moindre peine et j’aimerais mieux mourir, je crois, que de lui faire verser une larme.

1664. (1929) La société des grands esprits

Pour nous, qui ne pouvons les égaler, mais qui pouvons les comprendre, ce n’est que grâce à eux qu’il vaut la peine de vivre. […] Une loi, rédigée par Eubule, interdisait, sous une peine très grave, de proposer qu’on employât pour aucun autre usage l’argent destiné aux fêtes publiques. […] Non, en principe, et Démosthène n’arriva qu’à grand peine, après s’être longtemps contenté de timides allusions, à obtenir l’abrogation de la loi d’Eubule. […] On se demande, du reste, pourquoi Pascal se donne tant de peine, puisqu’il répète sans cesse que la grâce seule peut donner la foi. […] On est pourtant un peu surpris, car ses articles ne portent pas les traces d’enfantements si laborieux ; ils sont toujours vifs, alertes, et semblent venus au jour sans aucune peine.

1665. (1927) Approximations. Deuxième série

J’aime tant la chronologie que quand on ne me la fournit pas j’essaie toujours de remonter jusqu’à elle ; à ceux qui partageraient mon goût je trouve plus simple d’épargner cette peine. […] D’où le respect, la vénération même, mais viriles, que lui portent aujourd’hui en Angleterre tous ceux qui ont peine à être justes pour les grands victoriens. […] Les écrivains qui en valent vraiment la peine, j’incline à croire que c’est toujours de la sorte que Pourtalès les lit, — à quoi ce recueil doit son charme96. […] Ainsi qu’il advient parfois dans les hommages, ce ne sont certes pas les noms les plus fameux qui prirent ici le plus de peine. […] Il n’a pas épargné sa peine ; jusqu’à la nuit il a donné le même effort, et chaque minute lui semblait emplie à en déborder de sa besogne.

1666. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il se peut très bien qu’à chercher la vie, l’extension de la vie, la vie toujours plus vivante, ce soit la peine, la souffrance, la blessure et finalement que vous rencontriez. — Soit et précisément ! […] À ne pas se donner de peine personnellement, il est vrai ; mais très probablement à s’assurer une peine générale qui est éternelle. […] Le dernier but de la science serait de créer à l’homme autant de plaisir et aussi peu de peine que possible ? […] Pour toute espèce d’hommes plus saine, la valeur de la vie ne se mesure pas à l’étalon de ces choses accessoires. — La vie ne vaut pas la peine d’être vécue » et [d’autre part], « à quoi servent les larmes ?  […] « Soyons médiocres et ne nous donnons pas la peine de devenir opprimés ».

1667. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

L’argent, il n’est pas en peine de le trouver : n’a-t-il pas les bénéfices de sa future invention ? […] Elle s’aperçoit alors que ce fou d’Eilert Lövborg vaut la peine, lui, d’être pris et dominé. […] Et l’on n’a aucune peine à y échapper par de faciles distinguo. […] Ce n’était pas la peine de prendre ces airs d’homme fort, pour redevenir si vite, sous un regard de jeune fille, un si bon jeune homme. […] Je reconnais donc sans peine, encore une fois, la vérité de la donnée.

1668. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Dans ma première réponse, je n’ai pas eu de peine à montrer que l’idée, chère à M.  […] Ce ne sont point là des peines perdues. […] Qui n’vive de la peine Du pauvre laboureur. […] Ils prenaient de la peine, et parfois enduraient de grands maux ; mais ils ne vivaient pas comme des brutes. […] Mais ne nous donnons point la peine de la haïr, car elle n’est point haïssable.

1669. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Rigal, qui ne les a pas seulement lues, mais analysées, l’une après l’autre, et beaucoup plus longuement, à notre avis du moins, qu’elles n’en valaient la peine. […] On a peine à saisir la différence que Hardy a mise ou cru mettre entre ses tragédies et ses tragi-comédies. […] Le sujet en vaudrait la peine ; et c’est un livre qui nous manque qu’une bonne histoire de la casuistique. […] Ou n’en douterait pas, si l’habitude ne s’était accréditée parmi nous de ne considérer dans Tartufe que Tartufe lui-même ; et, quand on n’y considère que Tartufe, on n’a pas de peine à démontrer qu’effectivement il est… Tartufe. […] Si cependant nous étions sincères — ou plutôt, si nous prenions seulement la peine de réfléchir, — nous nous rendrions compte que ce qui nous plaît dans Tartufe, c’est justement l’effort que Molière y a fait pour séparer la morale de la religion.

1670. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

A l’élégance près, c’est bien la même à ses yeux ; et lorsque tant d’autres, et des plus vaillants, se sont lassés à la peine et ont renoncé dans l’intervalle, il semble avoir conservé contre elle sa jeune et chevaleresque ardeur. […] Alors la chanson commence ; on l’écrit presque sans la juger, avec peine ou facilité, mais toujours avec une sorte d’émotion, une certaine accélération dans le mouvement du sang, qui, tant qu’elle dure, fait l’illusion du talent et ressemble à la verve. […] Maintenant on comprend sans peine comment, en 1836, l’auteur, se retrouvant de loisir, médita d’aborder le vrai drame et d’y développer une sérieuse pensée philosophique.

1671. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Si l’on entend par là que la nouvelle comédie est plus régulière que l’ancienne, plus correcte dans sa forme, plus polie dans ses mœurs, j’en conviendrai sans peine. […] Il nous offre ainsi l’image d’un homme qui travaille avec un sérieux énorme pour nous mesurer convenablement le rire et la gaieté, et nous comprenons, envoyant la peine qu’il se donne, ce que dit Despréaux :              Tel mot pour avoir réjoui le lecteur A coûté bien souvent des larmes à l’auteur. […] Ce n’était vraiment pas la peine de porter si haut, à propos d’Aristophane, l’absence de plan dans la comédie (t. 

1672. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Tu auras été ivre de sécurité et de joie en voyant cette république, qui se craignait elle-même, abolir courageusement la peine de mort le lendemain de son avènement imprévu, de peur d’abuser jamais des armes que tous les régimes s’étaient transmises jusque-là les uns aux autres pour immoler leurs ennemis ; tu auras frémi d’espérance en voyant cette démocratie philosophique déclarer la paix au monde étonné ; tu auras eu le délire de l’admiration en voyant quelques citoyens obéis par le peuple et pressés par d’innombrables prétoriens de la multitude de perpétuer leur dictature ; tu les auras vus, au contraire, appeler la nation entière à se lever debout dans ses comices afin de remettre plus vite cette dictature à la nation représentant cette légitimité des interrègnes ; et quand la nation, relevée par la main de ces hommes de sauvetage, aura repris son aplomb et son sang-froid, tu n’auras eu pour ces citoyens, victimes émissaires de leur dévouement, que des calomnies, des mépris, des outrages, des abandons, pour décourager les abnégations futures, et pour montrer à l’avenir qu’on ne sauve sa patrie qu’à la condition de se perdre soi-même : mauvais exemple qui ne profitera pas à la nation. […] L’humiliation, c’est la peine ; l’humilité, c’est la leçon ! […] Après avoir saccadé le trône, il se cramponnait et il se buttait d’un pied intrépide contre l’entraînement anarchique qui poussait la France à tous les excès ; il mourut à la peine, mais son cercueil arrêta son pays.

1673. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Si Catherine refuse, ce n’est pas du tout parce qu’elle est une fille raisonnable, je veux dire une fille à qui l’idée ne serait jamais venue d’aimer un duc (car, outre que, dans la réalité, l’occasion en est si rare que ce n’est pas la peine d’en parler, ces idées-là ne viennent que quand on le veut bien). […] M. et Mme Pétermann, atterrés, ont beaucoup de peine à pardonner à leur fille aînée. […] — Mais j’irai plus loin : pendant que j’y suis, je songe à ces pasteurs « esprits forts », qui ne croient que bien juste en Dieu ; et, comme tout à l’heure je conciliais mal le sacerdoce avec le ménage, voilà maintenant que j’ai peine à concevoir le sacerdoce lui-même dans une religion rationaliste (si ces mots peuvent aller ensemble) ou qui tend au rationalisme.

1674. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

La vie est une lutte avec des alternatives sans nombre, des froissements, des heurts ; la conscience de la vie a comme corollaire nécessaire la conscience de résistances vaincues ; or, comme nous ne pouvons sympathiser et entrer en société qu’avec des êtres vivants, comme nous ne nous sentons profondément émus que par la représentation de la vie individuelle ou sociale, il s’ensuit qu’une certaine mesure de peine et de dissonance entre comme élément essentiel dans l’art, par cette raison même que l’effort est un élément essentiel de la vie. […] C’est une voie beaucoup plus simple pour produire, par exemple, l’émotion de la peur, de décrire cette émotion entérines moraux que de nous représenter la sensation d’angoisse au creux de l’estomac, qui en est une conséquence très lointaine, très indirecte et que nous aurons peine à nous représenter si nous n’éprouvons pas déjà le sentiment même de la peur. […] Lorsqu’on s’est ennuyé longtemps à attendre une personne, qu’on la rencontre enfin et qu’elle vous sourit, on oublie d’un seul coup la longue heure passée dans la monotonie de l’attente ; cette heure ne semble plus former dans le passé qu’un point sombre, bientôt effacé lui-même : c’est là un simple exemple de ce qui se passe sans cesse dans la vie.Tout ce qui était gris, terne, décoloré (c’est-à-dire en somme la majeure partie de l’existence) se dissipe, tel qu’un brouillard qui nous cachait les côtés lumineux des choses, et nous voyons surgir seuls les rares instants qui font que la vie vaut la peine d’être vécue.

1675. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Toujours il avait dû se féliciter d’avoir obéi à cet avertissement, et jamais sa raison n’avait eu de peine à le trouver sage et bien fondé ; dès lors, que pouvait-il être, sinon une manifestation sensible de la suprême sagesse ? […] Mais le génie d’une langue a ses mystères ; il est souvent difficile de justifier d’une façon satisfaisante pour l’entendement telle image, que, pourtant, nous comprenons sans peine, et qui, si notre réflexion se tait, nous paraît juste, et non pas seulement gracieuse ou brillante ; il me semble que, parfois, les figures du style plaisent à l’esprit pour plus d’une raison et ne peuvent être rangées exclusivement dans aucune des catégories que distinguent les dictionnaires. […] Cette prescription a bien l’allure de la parole intérieure morale ; mais il semble résulter du texte même des Confessions (VIII, 12) qu’Augustin attribua après réflexion une origine divine à une voix bien réelle et extérieure, qu’il avait de la peine à s’expliquer comme telle et qui coïncidait étrangement avec ses préoccupations du moment : « J’entendis une voix jeune qui semblait venir d’une maison voisine et qui répéta ces mots plusieurs fois en chantant.

1676. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

De quoi est-elle faite, en haut ou en bas, qui vaille la peine qu’on l’aime ? […] Il a beaucoup aimé, surtout vers la fin, à se donner comme un homme non seulement désabusé, mais qui n’a jamais été dupe, et n’a jamais rencontré chose assez grave pour se donner la peine d’y croire. […] Un habile aurait détaché le fragment sur les railways, qui en valait la peine, et en aurait fait une pièce à part. […] A peine une ou deux pièces, très courtes, et qui semblent des poésies de salon, dans les Odes et Ballades. […] A peine (cardans ces modernes, il semble impossible que la mesure exquise ne soit pas toujours un peu dépassée,) à peine quelques traits un peu puérils (« Oh !

1677. (1908) Après le naturalisme

L’art pour l’art réclamant toute liberté et l’obtenant sans peine grâce à de grandiloquents sophismes devait, un jour, lutter contre la morale. […] Cette peine, ce travail, voilà la Littérature. […] Et c’est déjà bien assez, tant il y a de peine à découvrir la vérité et à constituer la définition de la loi. […] On en sera convaincu si l’on veut bien se donner la peine, de constater que leurs Idées ne relevaient d’aucune science exacte, et ne s’efforçaient qu’à la glorification des pouvoirs existants quand elles ne s’abaissaient pas à l’unique flagornerie des hommes qui disposaient de la puissance.

1678. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Il a combattu toute sa vie contre le monde dont il est issu, et pendant sa vie comme après sa mort, il a porté la peine des ressentiments qu’il a provoqués et des répugnances qu’il a fait naître. […] Bien, vous allez avoir pis ; voilà pour votre peine. » Cet instinct de révolte est dans la race ; il y a tout un faisceau de passions sauvages1245, nées du climat et qui le nourrissent : l’humeur noire, l’imagination violente, l’orgueil indompté, le goût du danger, le besoin de la lutte, l’exaltation intérieure qui ne s’assouvit que par la destruction, et cette folie sombre qui poussait en avant les berserkers scandinaves lorsque, dans une barque ouverte, sous un ciel fendu par la foudre, ils se livraient à la tempête dont ils avaient respiré la fureur. […] Même cette guenon et ces singes qui font bouillir la marmite de la sorcière, avec leurs cris rauques et leur imagination détraquée, valent la peine que l’art les ranime. […] S’il s’est enfoncé dans les arts magiques, ce n’est point par curiosité d’alchimiste, c’est par audace de révolté. « Dès ma jeunesse, mon âme n’a point marché avec les âmes des hommes, —  et n’a point regardé la terre avec des yeux d’homme. —  La soif de leur ambition n’était point la mienne. —  Le but de leur vie n’était pas le mien. —  Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, —  mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… —  Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, —  épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, —  être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, —  et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, —  troupeau de loups, même pour les conduire1290… —  Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, —  où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, —  pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, —  les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, —  ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, —  lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. —  C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; —  car si les créatures de l’espèce dont j’étais, —  avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, —  je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul.

1679. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Peut-être vit-il qu’il avait dépassé les bornes, car l’intention de son second poëme, le Viol de Lucrèce, était toute contraire ; mais quoiqu’il eût l’esprit déjà assez large pour embrasser à la fois, comme plus tard dans ses drames, les deux extrémités des choses ; il n’en continua pas moins à glisser sur sa pente. « Le doux abandon de l’amour » a été le grand emploi de sa vie ; il était tendre et il était poëte ; il ne faut rien de plus pour s’éprendre, être trompé, souffrir, et pour parcourir sans relâche le cercle d’illusions et de peines qui revient sur soi sans jamais finir. […] Le lecteur cherche en vain des yeux la route intermédiaire, étourdi de ces sauts prodigieux, se demandant par quel miracle le poëte au sortir de cette idée est entré dans cette autre, entrevoyant parfois entre deux images une longue échelle de transitions que nous gravissons pied à pied avec peine, et qu’il a escaladée du premier coup. […] je ne pourrai jamais — plier ma langue à cette allure. « Regardez, monsieur, mes blessures, —  je les ai gagnées au service de mon pays, lorsque — certains quidams de vos confrères hurlaient de peur, et se sauvaient — du son de nos propres tambours269. » Les tribuns n’ont pas de peine à arrêter l’élection d’un candidat qui sollicite de ce ton. […] Comme l’eau molle et agile, leur âme s’élevait et s’abaissait en un instant au niveau de l’émotion du poëte, et leurs sentiments coulaient sans peine dans le lit qu’il avait creusé. […] Il est bizarre, et trouve des sujets de peine et de gaieté là où les autres ne verraient rien de semblable. « Un bouffon !

1680. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

-C., aussi à l’aise que dans le dix-huitième, je n’ai pas de peine à deviner qu’il veut également appartenir à notre époque, et même la devancer. […] » Nous rencontrons tant de poètes débiles que nous avons peine à croire qu’il en existe de vigoureux ; quant aux pacifistes, on se les représente communément sous l’aspect de petits êtres malades de l’estomac ou des nerfs. […] On y retrouve un peu de son enfance grave, dans ce froid collège de Niort où tout lui était sujet de trouble et de peine ; il eut à subir un pion tortionnaire, et, en écrivant Champi-Tortu, il prit sur lui sa meilleure revanche. […] À lire la plupart des pièces de ces dernières années, on le croirait sans peine. […] Ce que l’on admet avec peine, c’est qu’un livre qui porte un pareil titre ne s’appuie que sur des considérations scientifiques.

1681. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il se laissa toucher sans peine par cette voix conforme aux inspirations de son cœur, et le jour qui sauva une victime innocente doit être inscrit parmi les plus beaux de l’Amérique indépendante et victorieuse. […] On est fâché que son imagination ait pris la peine de reproduire et d’embellir les fausses doctrines qui depuis vingt ans se multiplient en France et en Allemagne, au profit de l’envie, de l’ignorance et du mauvais goût. […] Tout le monde remarquera sans peine que Minerve ne vient point secourir Télémaque quand il est captif aux extrémités de l’Égypte, ou quand il combat Adraste au milieu de tous les dangers. […] La grandeur fut obligée d’être aimable, sous peine d’être méconnue. […] Ses mains mourantes se sont détachées avec peine du dernier monument qu’il élevait ; ceux qui en connaissent quelques parties avouent que le talent poétique de l’auteur, grâce aux inspirations religieuses, n’eut jamais autant d’éclat, de force et d’originalité.

1682. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

C’est souvent une peine morale, ou la joie d’un sentiment satisfait, qui mettent l’imagination en éveil et déterminent la création intellectuelle. […] C’est le plaisir causé par la systématisation des idées qui s’ébauche ou qui s’accomplit, la peine de voir fléchir ou s’écrouler de vieilles opinions, le sentiment mixte de la surprise, ou bien encore l’ennui, la peine, l’exaspération de voir le système nouveau se former trop lentement et trop imparfaitement à notre gré, le désir intellectuel étant ainsi mal satisfait. […] Les actes ordinaires de la vie s’enchaînent à peu près automatiquement, comme les idées habituelles s’associent sans peine et sans trouble. […] Lorsqu’un quatrain me donne de la peine, je récris toujours sur papier blanc tous les précédents et souvent tout ce qui est déjà fait. » Certains passages ont été ainsi écrits un nombre de fois très considérable. […] Plus le développement d’une invention quelconque l’implante dans le inonde réel, et la rend vivace, plus elle a de peine à garder son harmonie primitive, à ne pas se corrompre de quelque manière.

1683. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Pierre Lasserre, et j’y relève l’indication d’un fait qui vaut la peine d’être commenté tant il est non pas révélateur — les fidèles de la pensée sorélienne ne l’ignoraient pas, — mais chargée de tant de signification, et je crois bien que voici la première fois qu’il est signalé avec cette précision. […] Cette façon de penser était également celle de Flaubert qui déclarait, après la lecture de la Correspondance, que les idées politiques et sociales de Balzac ne valaient même pas la peine d’être discutées. « Et il était catholique, légitimiste, propriétaire !  […] « Vous savez », m’écrivait-il, « que les anciens ont quelque peine à s’habituer à une métrique, à un vocabulaire, à des sujets et à des sentiments nouveaux, bref à ce que vous appelez l’école moderne. » Quel noble et délicat scrupule chez cet aîné, pour qui la justice littéraire était, je répète le mot, une forme de la probité ! […] A peine si quelques phrases méprisantes sur un Bethmann-Hollweg, par exemple, décèlent une passion latente de l’homme d’État évincé qui voit dans ce successeur un des artisans de la ruine de son pays. […] Peine perdue.

1684. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

nous avons de la peine à suivre vos paroles : c’est dans votre intérêt même que je me permets cette interruption. […] A peine avais-je prononcé ces mots : « je vote pour l’ordre du jour », qu’un sénateur, M. 

1685. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Le consul lui-même, familiarisé avec de nouvelles mœurs, avait peine à se souvenir en ma faveur des habitudes françaises. […] Monsieur, reprit lady Stanhope, je crois que Dieu vous envoie pour me délivrer d’une véritable peine, et je me confie entièrement à vous.

1686. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

— Il n’y a qu’un seul mérite, mais mérite tout local et que les Italiens seuls peuvent apprécier : c’est la langue toscane, ou plutôt l’effort de l’auteur pour traduire avec peine et succès son piémontais en étrusque. […] On éprouve en essayant à les lire toute la peine qu’Alfieri a éprouvée en les écrivant.

1687. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

L’amélioration de notre propre cour nous révèle l’intention bienfaisante qui nous a soumis à la peine ; car les prospérités de la terre auraient même quelque chose de redoutable, si elles tombaient sur nous après que nous serions coupables de grandes fautes : on se croirait alors abandonné par la main de celui qui nous livrait au bonheur ici-bas comme à notre seul avenir. […] Madame de*** m’a bien dit : Allez-y si vous voulez, je comprends qu’un jeune homme de votre âge et qui fait des vers se prive avec peine de l’occasion de voir cette femme de génie ; mais je ne puis vous y conduire moi-même, on croirait ici et à Genève que je change de religion.

1688. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

A peine souffrons-nous qu’on nous veuille donner le goût de vertus moins sublimes, mais plus sûres. […] Des situations vraisemblables ou non, mais toujours surprenantes ; des complications, ou, selon le mot consacré, une intrigue pour amener ces situations ; des caractères à peines indiqués et qui sont subordonnés aux situations : voilà la marche du théâtre espagnol.

1689. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Dans la pensée de Descartes menant la raison en guerre contre l’autorité, il s’agit de l’autorité qui, par les lettres patentes de François Ier, condamnait Ramus pour crime de lèse-majesté contre Aristote ; qui, en 1624, bannissait de Paris, par arrêt du parlement, tous les professeurs convaincus d’irréligion aristotélique ; qui, jusqu’en 1671, menaçait de frapper de la même peine les gens suspects du même crime, et rendait nécessaire l’Arrêt burlesque de Boileau. […] Fontenelle lui-même n’a pas pris la peine de se déguiser dans ce tête-à-tête demi-savant, demi-galant, avec l’aimable ignorante.

1690. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Si une vie future, telle que l’ont comprise les chrétiens et quelques philosophes spiritualistes nous promet réellement l’éternité de ses peines et de ses joies, la vie terrestre devient tout à fait insignifiante et négligeable, sauf en tant que moyen de préparer la vie future, et de nous concilier, par tous les moyens qui lui plaisent, le juge suprême. […] Il est heureux de se trouver plus de « mérite » que celui qui arrive sans peine au premier rang.

1691. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Mais, si vous saviez à quel point le monde encourage peu la modestie, vous verriez combien la littérature aurait de la peine à s’accommoder de vos principes. […] Nous prouvons sans peine qu’il n’arrive pas de miracles au xixe  siècle, et que les récits d’événements miraculeux donnés comme ayant eu lieu de nos jours reposent sur l’imposture ou la crédulité.

1692. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Deux pays, la France et l’Allemagne, sont en présence, deux pays unis par un séculaire échange d’idées et d’efforts, un jour séparés par une guerre folle et à jamais détestable : mais la paix a été faite, les anciennes relations, si amicales, ont été retrouvées ; depuis des générations, c’était, entre les deux, une réciprocité de salutaires influences, un constant retour, au-dessus des rives du vieux Rhin, de ces choses intellectuelles et morales dont vivent les peuples ; à grand peine donc, et malgré les fanatismes un instant renouvelés, l’œuvre de mutuelle régénération est reprise ; et voilà que l’un de ces pays enfin a produit l’œuvre qui résume son âme, l’artiste absolu lui est né en qui aboutissent les qualités nationales éminentes, l’homme par excellence dont l’œuvre résume toutes les aspirations d’une race ; à son tour, ce pays offre à l’autre, à travers les frontières, ce magnifique tribut d’idéalité nouvelle : appartient-il à quelqu’un de protester ? […] Lamoureux aura bien de la peine, malgré toutes ses précautions, à ne pas laisser passer plus de neuf perturbateurs déterminés.

1693. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Le soir, encastré debout entre un meuble et la cheminée, il regrette spirituellement, une pipe aux dents, le siècle passé, et déplore sa peine à travailler, emporté perpétuellement par l’école buissonnière, et toutes les recherches de circumvallation, que lui fait faire une brochure trouvée sur les quais. […] Il dit encore, que dans le commerce, les Boissier, les Marquis, sont des maisons à part, et que tout le reste à peu près du commerce de Paris, vit toute son existence, en ayant la plus grande peine à ne pas faire faillite.

1694. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Elle se déduit sans peine des considérations qu’on vient de lire. […] Mais si l’on ne veut pas se donner la peine de les chercher, on n’a qu’à ouvrir au hasard un volume de Labiche.

1695. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

L’effet du vin, par haut et bas, fut tel qu’on en fut en peine, et ne la désenivra point, tellement qu’il fallut la ramener en cet état à Versailles. […] « Madame de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué, extrêmement petite, mais bien prise, et aurait passé par un médiocre anneau ; ni derrière, ni gorge, ni menton ; fort laide, l’air toujours en peine et étonné ; avec cela une physionomie qui éclatait d’esprit et qui tenait encore plus parole. » Il les palpe, il les retourne, il porte les mains partout, avec irrévérence, fougueux et rude.

1696. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Il était défendu de n’avoir pas soif sous une peine convenue.

1697. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Le président Jeannin, repoussé sur le point essentiel de la négociation, qui était d’assurer la couronne à un prince français, ne se refusa point à entrer dans ce qui lui fut proposé au nom du roi d’Espagne ; il y opposa seulement les difficultés puisées dans la loi salique, les peines qu’on aurait à en triompher, sembla promettre qu’on s’y emploierait, et, sans trop presser l’avenir en cet endroit, il s’attacha en attendant à obtenir les secours d’argent et de troupes, indispensables à l’entretien de la Ligue et de son chef.

1698. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

On aime aujourd’hui à revenir aux sources, et l’on se pique de former son jugement sur les pièces mêmes : il y aura toujours bien peu d’esprits, je le crois, qui prendront sérieusement cette peine, mais chacun aime du moins à se dire qu’il le peut.

1699. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

. — « Voyez-vous, ma petite, passé vingt-cinq ans, cela ne vaut plus la peine d’en parler » ; ce mot d’Horace Walpole à Mme du Deffand est la devise des élégiaques sincères et de celui-ci en particulier.

1700. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il s’était mis cependant à l’étude de l’Allemagne, et par l’Allemagne il s’était vu initié à ces sciences de formation moderne qui ont tant de peine à pénétrer chez nous et à y prendre pied, même après trente et quarante ans d’existence constatée et régulière.

1701. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Le traducteur au lieu des Furies met les Érinnyes ; ce n’est guère la peine de traduire, et, qui pis est, le reste de la phrase va contre le sens.

1702. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Et quel conseil efficace, en cette thérapeutique toute spéciale des gens de lettres44, à donner à l’artiste en sa peine, que lui dire : « Vous souffrez : notez-le. » Mais cette transformation de la douleur en production artistique n’est pas absolue : la vibration douloureuse a changé de rythme.

1703. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

On l’a vu décréter la peine de mort contre quiconque proposerait de distraire, pour le service militaire même, l’argent consacré aux fêtes publiques.

1704. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

L’idée sera vôtre alors ; elle aura pour vous une valeur réelle et propre ; quand vous l’exprimerez, elle ne sonnera pas creux, et vous en trouverez sans peine l’expression énergique et précise.

1705. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Ils n’eurent qu’à interroger leurs élèves ; et ils constatèrent que le don de réfléchir sur les impressions d’une lecture, d’aller au-delà du sens littéral pour jouir de toute la force d’une pensée ou de toute la beauté d’une forme, n’était pas un don inné chez la plupart, que, dans la lecture, comme en tout, la nature humaine fuyait la peine, et qu’il fallait exercer les enfants et les jeunes gens à user de toute leur intelligence.

1706. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Ceux mêmes qui sont nés avec quelque originalité d’esprit ont beaucoup de peine à la garder intacte.

1707. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Sainte-Beuve Son premier voyage en Espagne qui est de 1840, et qui fut, dans sa vie d’artiste, un événement, lui avait fourni des notes nouvelles, d’un ton riche et âpre, bien d’accord avec tout un côté de son talent ; il y avait saisi l’occasion de retremper, de refrapper à neuf ses images et ses symboles ; il n’était plus en peine désormais de savoir à quoi appliquer toutes les couleurs de sa palette.

1708. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Satisfaire quelques besoins, comparer avec peine deux objets, voilà où se réduisent leur desir & leur curiosité : mais l’homme de génie ouvre à peine les yeux, qu’il reçoit à la fois une idée & un sentiment.

1709. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Ami, ne te regarde pas comme une victime préparée pour le seul bonheur d’autrui : la Nature n’a pû te sauver les peines inévitables attachées à la condition humaine ; mais vois aussi toutes les qualités dont elle t’a doué avec une magnificence digne d’elle & de toi.

1710. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Une troupe pareille aurait eu probablement quelque peine à faire ses frais, si elle n’avait été à la solde du roi.

1711. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Or, dans l’Analyse d’aujourd’hui, quand on veut se donner la peine d’être rigoureux, il n’y a plus que des syllogismes ou des appels à cette intuition du nombre pur, la seule qui ne puisse nous tromper.

1712. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Comme toutes les corporations municipales jusqu’à une époque avancée de l’empire romain, elles faisaient des décrets honorifiques 392, votaient des résolutions ayant force de loi pour la communauté, prononçaient des peines corporelles dont l’exécuteur ordinaire était le hazzan 393.

1713. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Jésus ne regarda jamais la terre, ni les riches de la terre, ni le pouvoir matériel comme valant la peine qu’il s’en occupât.

1714. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Il me reste toujours assez de peine dans les cas particuliers, etc. »

1715. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

S’il résistait aux ordres du Dieu, il tomberait sous le coup de peines effroyables. — « Loxias disait que la lèpre rongerait mon corps de ses dents féroces, qu’elle dévorerait sa vigueur et blanchirait les poils de ma chair.

1716. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Je n’avais aucune peine à l’être… Mon âme, qui ne respirait que la bonté, ne pouvait pas produire autre chose.

1717. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Elle eut beaucoup de peine à souscrire à sa condamnation.

1718. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

On a bien de la peine à les reconnoître aux différentes attitudes du corps.

1719. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

De limites naturelles sur les crânes ou sur le cerveau lui-même, on ne se donne pas la peine d’en indiquer. » M. 

1720. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

C’est de là qu’il recueillit, pour la postérité et pour son temps qui ne le croyait pas et qui l’insulta pour sa peine, les paroles qui, créées ou exhalées, allaient s’évanouir, de ce poëte prodigieux qui en Emmerich ne chantait pas, mais disait ce qu’il voyait et, plus que tous les poëtes qui aient jamais souffert, souffrait sa poésie !

1721. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Il fut l’héritier des grands biens et des charges de son père : « Pour tout cela, cet heureux homme n’eut que la peine d’épouser la plus belle femme de France. » Il l’épousa en 1661.

1722. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Ces Souvenirs, Madame Lenormant s’est donné beaucoup de peine pour les raviver, mais elle n’a ni la puissance de révocation ni celle de la vie.

1723. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Celles d’Eugène Fromentin valaient-elles donc réellement la peine qu’il a prise de les publier ?

1724. (1915) La philosophie française « I »

On montrerait sans peine que leurs recherches sont à l’origine de la psycho-physiologie qui s’est développée pendant le XIXe siècle.

1725. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Il prenait pour lui toute la peine : il excusait d’avance la marche embarrassée des esprits lourds ; il leur demandait pardon de leur sottise, et se chargeait de leur faute avec toute la modestie de la science et de l’urbanité.

1726. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Si tu le cherches avec ardeur, il te sera donné d’apprendre jusqu’où peut s’élever la pensée mortelle. » Cette révélation ainsi promise n’était autre que celle d’un Dieu suprême, l’espérance de s’unir à lui et la menace des peines réservées aux méchants.

1727. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Peut-être sa sagacité même aurait-elle eu peine à bien déterminer les replis de cette sorte de caméléon, et combien plus à démêler les travers, mélangés de tant de vices, que nos révolutions ont confondus, en désordonnant les diverses classes de la société ! […] J’ai enfin commenté devant vous la saine et antique doctrine ; mais les gens trompés, qui revenaient avec peine des fausses impressions qu’on leur avait données contre moi, m’ont loué du développement de mes principes constants, comme d’une solennelle rétractation de mes anciennes erreurs. […] En ce risible conflit, rien n’est plus amusant que les peines de Lysistrate à retenir ses jeunes complices qui, bientôt lasses de leur vœu, lui échappent de tous cotés et sous mille prétextes. […] Interrogez-le sur le dogue à deux têtes, sur l’autre dogue à quatre têtes, symboles des doubles peines, des quadruples amendes ; interrogez-le sur l’androgyne pronotaire, qui se nourrit de chair d’appellations ; Gagne-Beaucoup vous dira que toutes ces figures monstrueuses sont les emblèmes du parlement. […] Il échouera s’il ne s’est rendu compte des difficultés nombreuses de bâtir sur un plan régulier une fable ridicule et morale ; et son premier succès obtenu, sans beaucoup de peine et avec peu d’art, ne lui méritera pas aux yeux des connaisseurs le nom de savant auteur comique.

1728. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Il y eut là un peu de confusion et de pêle-mêle, comme dans les moments qui précèdent un combat, et où les chefs ont quelque peine à échelonner et à discipliner leurs troupes. […] Femmes, enfants, mouchicks, boyards, popes, prélats, se jetèrent à ses pieds, et lui prouvèrent, non sans peine, que la Russie était perdue s’il n’acceptait l’empire. […] Aujourd’hui, quand on relit Lucrèce, on a peine à s’expliquer tout ce bruit. ; mais ce n’est pas une raison pour se laisser entraîner à une réaction contraire. […] voix de la terre ou des étoiles, appel furtif d’une âme en peine, plainte d’un oiseau blessé, murmure d’amour ou de tristesse, que voulait-il ? […] Raisonneuse et savante, elle ne se donne même pas la peine de raisonner sa défaite, de mettre sa science au service de sa passion.

1729. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

C’est là une chose en vérité si banale qu’il ne vaut pas la peine d’en parler. […] Tout vestige n’en est point effacé ; en se donnant la peine de chercher, on trouverait encore dans quelque province éloignée de ces bons petits coins à la Scribe. […] Renan, quoiqu’il ait peine à s’y tenir toujours avec la même sérénité. […] Ils se donnent la peine de porter rabat » ; vous avez, contre la bourgeoisie le fiel de Figaro contre la noblesse. […] Il porte seul la responsabilité de la dette immense dont il a excité le gouvernement du roi à se charger ; il portera justement la peine de la dette anéantie.

1730. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Notre peine vient de la leur, qui est juste. […] et, dans ses ardentes élégies où l’artiste ne se laisse point voir, — un vers qui paraîtrait bien fait ne témoignerait pas d’une émotion assez sincère, — il s’abandonne éperdument, pareil au plus passionné des poètes-amants qui émurent les hommes par leurs joies et par leurs peines. […] Parfait en ses manifestations récentes, il fut toujours délicat, exquis, heureux ; il a, dans la peine comme dans le délice, dans la plainte comme dans le sourire, la grâce. […] C’était à cause de la peine qu’elle faisait à d’autres. […] Mais il avait l’air d’espérer la vie, pour ne pas nous faire de peine.

1731. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Ce prêche rude et glacé ne saurait convenir à toutes les peines. […] J’ai cru parfois comprendre qu’il s’indignait pour ne point sangloter et que les peines éternelles lui paraissaient superflues en présence de l’éternité de notre peine. […] Si peine il y a, l’on est récompensé par de vraies trouvailles. […] Peine et surtout joie perdue. […] Nous avons peine à comprendre comment il se résigne à végéter dans sa prison opaque où n’entrent que le froid et la faim.

1732. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

« Ensuite il trouve moyen de nous apaiser et de tirer de nous cet aveu qui fait tant de peine » dit Madelon. — « Ah oui ! tant de peine », appuie Cathos […] Le Bidois. » A peine avais-je reçu la lettre de M.  […] Les aiglons généreux et dignes de leurs races A peine encore éclos, voleront sur nos traces ! […] des « actes de tribunal » depuis 1874 et que la Boule porte ici la peine et la responsabilité de tout ce qu’elle a enfanté ; car, si le juge du troisième acte a neuf filles, ce n’est pas par neuf qu’il faut compter les fils du troisième acte de la Boule ; c’est peut-être une autre raison que je n’aperçois pas ; comme, par exemple, d’avoir trop compté sur ce III ; mais enfin ce III ne m’a pas absolument transporté.

1733. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Léopold Baillard était, sans le savoir, une âme en peine d’hérésie ; il avait le tempérament de l’aventure : et il lui manquait seulement la doctrine. […] Tel sera le thème, de strophe en strophe revenant et, pour ainsi dire, hantant, âme en peine, la tombe. […] S’ils se dévouaient à une idée, l’idée en vaudrait peut-être la peine. […] Et elle ne doit pas — sous peine d’offenser le bonhomme Grimm — être écrite par aucun poète ; elle ne le doit pas. […] Une opinion est despotique et insupportable quand on la présente avec arrogance et quand on n’a seulement pas pris la peine de citer en sa faveur quelques faits un peu persuasifs.

1734. (1933) De mon temps…

Cette vie, Anna de Noailles l’a vécue en sa plénitude, en ses joies et en ses peines, avec le goût de vivre qui était en elle si ardent et si passionné. […] Il l’avait scrutée à fond et étudiée minutieusement en de nombreux volumes, écrits avec verve et passion, car l’historien avait peine, chez Frédéric Masson, à tenir en bride et à éteindre le pamphlétaire qui s’agitait furieusement au fond de ce fourrageur toujours prêt à faire le coup de feu et à charger sabre haut. […] Il voulait bien faire de la peine, mais il n’eût pas voulu faire du mal. […] A peine fut-elle achevée que je m’aperçus de l’avantage qu’il y a, même quand on n’improvise pas, à être un orateur.

1735. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Le zèle m’échauffait et non le ressentiment ; je parlais pour garantir et non pour récriminer : maintenant que tous les maux ont été subis, que notre nation a gémi de tant de peines, à Dieu ne plaise que je réveille le souvenir des dissensions, quand nous ne devons plus nous envisager qu’avec des yeux fraternels ! […] Il représente les Grecs, et Pyrrhus à leur tête, n’épargnant rien, et n’assouvissant qu’avec peine leur soif du sang excitée par la seule attente d’un triomphe complet. […] « Considérez que depuis si longtemps que je chante votre Tage et vos Lusitains, la fortune m’entraîne errant sans cesse accablé de nouvelles peines et de nouveau dommages, tantôt battu des mers, tantôt essuyant les périls de la guerre inhumaine, semblable à Canacée qui, se condamnant à la mort, d’une main tient toujours l’épée, et de l’autre la plume. […] En échange des loisirs que j’espérais et des lauriers qui devaient me couronner avec honneur, ils m’inventèrent des peines qu’on n’avait pas encore subies, et sous le poids desquelles ils me précipitèrent en cet état cruel. […] Naguère j’ai juré que je ne l’emploierais pas à louer en vil flatteur la puissance au lieu du mérite ; je l’ai juré sous peine d’encourir votre disgrâce.

1736. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Cet élément fluide, transparent, aérien, qui se déplace devant lui et se referme après son passage, est sa route naturelle ; il s’y soutient sans peine durant de longues heures, et de cette hauteur il voit s’azurer les vagues paysages, miroiter les eaux et pointer les édifices dans un vaporeux effacement. […] Nul n’a mieux vu que lui le décor changeant où s’agitent nos peines : « À la vérité, dit M.  […] Mérimée prodiguait sans compter, à ceux qu’il aimait, son temps, sa peine, son talent. […] Et cet équilibre instable dura jusqu’au jour où le malheureux Louis-Philippe, taquiné par Jacques Bonhomme dont il s’était un peu moqué, trahi par Joseph Prudhomme dont il avait encouragé l’orgueil et rassasié les ambitions, dut porter la peine de son péché originel. […] Il m’a guéri de toute peine, gardé de tout péril, enrichi dans la pauvreté56. » Hélas !

1737. (1910) Rousseau contre Molière

Ce n’est point là le misanthrope ; c’est un honnête homme du monde qui se fait peine de tromper celui qui le consulte. […] Oubliez-vous si tôt sa peine et ses services ? […] A peine libre, Alceste a dit : « Maintenant à l’autre fripon. […] A peine. […] Belle instruction pour la jeunesse que celle où les hommes faits ont bien de la peine à se garantir de la séduction du vice ! 

1738. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Malheureusement, sa femme une fois conquise avec tant de peine, le connétable, qui n’avait plus d’obstacle à vaincre, prit des maîtresses ; l’humeur jalouse, irritable, de Marie Mancini n’en demandait pas tant pour s’indigner. […] Ça vaut la peine de réfléchir jusqu’à demain. […] dont j’avais beaucoup de peine à me dégager respectueusement. […] Puis, en me disant : “J’ai encore loin d’ici à Carcassonne”, il partit d’un pas si ferme que j’aurais eu peine à le suivre. » Qu’on ne s’étonne pas trop de pareils actes. […] Nécessité ou forfanterie, la chose vaut la peine d’être enregistrée.

1739. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

L’humanité aime toujours à mettre en commun plaisirs et peines, à condition, encore une fois, que le plaisir même ne soit pas altéré par le partage. […] L’art, qui a pour condition essentielle la part sympathique que nous prenons aux peines ou aux plaisirs d’autrui, est une création sociale. […] On distingue la peine du plaisir comme on distingue le ton mineur du ton majeur, où les relations et les intervalles ne sont plus les mêmes. […] Ainsi, à mesure que le domaine de l’intelligence s’agrandit, des espèces nouvelles de plaisir ou de peine sont créées : le poète leur donne une forme. […] Ajoutons que le principe de la poésie — la sensibilité, avec sa joie et ses peines — semble être aussi le principe premier de toute pensée comme de tout langage.

1740. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Sa sensibilité est devenue trop vive ; ce qui ne fait qu’effleurer les autres le blesse jusqu’au sang ; les affections et les tendresses de sa vie sont écrasantes et disproportionnées ; ses enthousiasmes excessifs l’égarent ; ses sympathies sont trop vraies ; ceux qu’il plaint souffrent moins que lui, et il se meurt des peines des autres. […] « Examinons ceci ; on peut trouver que c’en est la peine. […] Je ne la prierai point d’empêcher les peines de cœur et les infortunes idéales, de faire que Werther et Saint-Preux n’aiment ni Charlotte ni Julie d’Étanges ; je ne la prierai pas d’empêcher qu’un riche désœuvré, roué et blasé, ne quitte la vie par dégoût de lui-même et des autres.

1741. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

L’eau en est fort légère et fort douce partout, et cependant on ne se donne pas la peine à Ispahan d’en aller quérir, quoique tout le monde, généralement parlant, ne boive que de l’eau pure, parce que chacun boit l’eau de son puits, qui est également douce et légère ; assurément, on n’en saurait boire nulle part de plus excellente. […] On avait peine dans le sérail à croire le rapport de ce conjuré ; toutefois, comme la chose était trop importante pour en négliger l’avis, et que la reine et les eunuques, que la conjuration regardait, croyaient à tout moment qu’on les venait mettre en pièces, le roi se laissa pousser à faire mourir le lendemain matin tout ce nombre d’assassins, sans autre forme de procès. […] » Surtout le reproche d’empoisonnement les mettait à la gêne ; car, bien que peut-être ils en fussent innocents, le soupçon en était si plausible, que cette accusation, toute fausse qu’elle était à leur égard, ne leur présentait pas une image de mort moins horrible que si elle eût été véritable, lorsque le prince qui succéderait à l’empire voudrait l’appuyer ; qu’au contraire, si l’on élisait le puîné, ils se maintiendraient sans peine dans le poste glorieux que leurs charges leur donnaient ; qu’ils auraient le loisir d’élever leurs familles et de faire des créatures ; qu’ils gouverneraient avec un pouvoir presque absolu, sous un enfant, un des plus grands empires de l’univers.

1742. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Entre deux personnages qu’unissaient, dans une prodigieuse inégalité extérieure, tant de rapports d’âge, de figure, d’esprit, quand l’accord vint à être troublé, ce fut au plus petit et au plus sensible à en porter la peine. […] Ceux qu’il avait omis ou dédaigné de prendre à partie n’eurent pas de peine à reconnaître qu’ils étaient exclus d’une poétique qui faisait aux appelés des conditions si difficiles. […] Le roi ne s’en rapporta qu’à lui-même, et il sut un égal gré à Boileau de ses louanges et des conseils qu’il avait pris si peu la peine d’y cacher.

1743. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Les plus francs, les plus coléreux, les plus pléthoriques, dans la bassesse des événements, du ciel, des fortunes de ce temps, au contact du monde, au frottement des relations, au ramollissement des accommodements, dans l’air ambiant des lâchetés, perdent le sens de la révolte, et ont de la peine à ne pas trouver beau, tout ce qui réussit. […] Et elle s’étend éloquemment sur la peine qu’elle a eue à donner le goût de l’art à l’Empereur et à l’Impératrice, à imposer la mode de la peinture et des peintres à la société, « si bien, dit-elle, qu’aujourd’hui tout le monde a son artiste… Mon avoué a son peintre : c’est Corot… Positivement ». […] * * * — La vie est une telle peine, un tel travail, une telle occupation, que des hommes comme nous doivent arriver à se dire, à l’heure de la mort : « Avons-nous vécu ? 

1744. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

13 Voilà pourquoi, souvent, nous avons quelque peine à expliquer à autrui des sentiments ou des idées avec lesquels nous sommes familiers, mais que nous sommes habitués à nous exprimer par des termes qui n’ont de sens que pour nous seuls ; nous les pensons ainsi ; mais si nous voulons les confier à un ami, il nous faut les traduire dans la langue de tous. […] Mais, sauf des cas exceptionnels, nous ne l’exprimons pas, même en parole intérieure, tant il est spontané, rapide et facile ; il ne nous prend aucun temps ; il ne nous coûte aucune peine. […] Tout au contraire, ce que je me suis dit à moi-même, la plupart du temps, ne vaut pas la peine d’être retenu.

1745. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Depuis de longues années déjà, nous suivons avec peine, chez quelques poètes, les ravages d’une sorte de maladie de nos rythmes et de notre langage, et, là encore, nous reconnaissons une influence étrangère. […] » Mme Bichon, qui est pour la vérité, affirme à la candide Ursule que si l’on se donnait un peu la peine de chercher dans son Périgord, on y trouverait des choses pareilles. […] L’Angleterre y trouve son profit, mais n’est-il pas juste qu’elle se paye de sa peine ? […] Le commandant des Anglais, un colonel Yeo, trouva que la peine était trop douce. […] Dans notre état corporel présent, nous avons peine à croire et même à concevoir la réalité de l’impalpable : dans l’état spirituel, c’est la matière qui nous paraîtra l’irréel et le non-existant.

1746. (1925) Proses datées

A peine eus-je franchi le seuil de l’hospitalière demeure et goûté l’accueil de l’homme délicieux et bon qui la remplissait de sa merveilleuse présence, je sentis que ce serait là un des beaux événements de ma vie. […] A peine si d’un pas un peu alourdi il traversait le Jardin du Luxembourg. […] A peine sera-t-il mort qu’on sera étonné de la place qu’il aura occupée. […] A peine le temps à quelque pierre de s’effriter davantage, à telle fissure de s’agrandir. […] A peine aux mains de leurs destinataires, elles s’en échappaient pour faire le tour de vos amis.

1747. (1903) Le problème de l’avenir latin

De judicieux esprits se sont, à diverses reprises, donné la peine de l’établir, et ils ont eu pleinement raison. […] Ils n’ont pas eu la peine fortifiante de s’élever d’eux-mêmes, de s’initier progressivement, d’accomplir des efforts personnels. […] Donc il vaudrait la peine de tenter une bonne fois l’aventure : ce serait là tout au moins une « belle espérance », comme s’exprime Platon au sujet de l’immortalité de l’âme. […] Serait-ce la peine d’avoir fait la Révolution et proclamé les « Droits de l’Homme » pour en revenir aux pratiques détestables du passé ? […] A peine, d’ailleurs, s’il en naît.

1748. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

En beaucoup de passages pourtant, Freud fait preuve d’une prudence tout à fait remarquable et prend même la peine d’indiquer lui-même les lacunes de sa doctrine, et les points où l’expérience ne l’a pas encore confirmée. […] C’est peine perdue que nous cherchions à l’évoquer, tous les efforts de notre intelligence sont inutiles. […] Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute œuvre importante, m’a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d’aujourd’hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine. […] C’est que la petite phrase au contraire, quelque opinion qu’elle pût avoir sur la brève durée de ces états de l’âme, y voyait quelque chose, non pas comme faisaient tous ces gens, de moins sérieux que la vie positive, mais au contraire de si supérieur à elle que seul il valait la peine d’être exprimé. […] On y trouve une peinture des dessous de l’amour, si j’ose dire, j’entends par là de tout ce que nous éprouvons réellement dans cet état mystérieux qu’un mot sert à simplifier, mais qui est fait de mille mouvements profonds et absurdes, de mille petites pensées que nous ne prenons même pas la peine de nous traduire à nous-mêmes, et qui sont comme les molécules obscures de notre sentiment.

1749. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Les classifications ont peine à se tenir, et les exceptions font brèche sur tous les points. […] Je n’ai jamais qu’à faible haleine Et d’un accent serré de peine Laissé tomber le mot Adieu ; Malade du mal de la terre, Tout bas soupirant après l’ère Où ce mot doit mourir en Dieu.

1750. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ce que je ne puis concevoir, c’est que, ne voulant pas me revoir, vous n’ayez pas même daigné me prévenir et m’épargner la peine de faire inutilement une course de trois cents lieues. […] J’ai saisi quelques-unes de mes chimères, d’autres m’ont échappé, et tout cela ne valait pas la peine que je me suis donnée.

1751. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Ainsi je suis pour vous une occasion d’apprendre à prier Dieu de nous récompenser de vos peines, et à nous remercier de l’embarras que nous vous donnons. […] Ensuite, parmi ceux qui en valent la peine, on distingue l’agile, le tranquille, le fin, le chien de garde, le chasseur, chacun selon la qualité qu’a renfermée en lui la bienfaisante nature, et il en reçoit un titre particulier ajouté au nom commun sous lequel on les a tous inscrits.

1752. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Vous êtes hostiles à ce que j’aime, et je ne sympathise ni à vos joies, ni à vos peines. […] Il faut que l’individu accepte la loi et le coupable sa peine.

1753. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

» Vouloir manger sans se donner de peine, est-ce d’un beau caprice souverain ? […] Car le monsieur est le type de l’homme jouant, pour les maîtresses de maison où il va, une passion, qu’il semble avoir toutes les peines du monde à renfoncer, à museler.

1754. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Les ténors meurent à la peine ; un final d’opéra ressemble maintenant à des rumeurs de bataille. […] Il est si doux, si facile, si commode de marcher sans peine sur des routes frayées, de vivre dans des idées toutes faites, de recevoir sa croyance avec l’héritage de son père, et de repousser indifféremment toute chose nouvelle dans la crainte d’avoir un effort à faire.

1755. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Nous n’aurons pas de peine à les déduire. […] Nous n’aurons donc pas de peine, maintenant, à comprendre l’effet.

1756. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il n’est pas seulement un honnête homme et un sage — on l’est avec des passions, quand on les dompte — il est un homme qui ne peut pas comprendre ou qui comprend avec une peine extrême et un étonnement profond qu’on ne soit pas un sage. […] — Et par conséquent cela ne vaut guère la peine d’être rapporté. — Pardon, mais fermez les yeux, et, un instant, regardant dans le passé, retracez-vous à vous-même votre propre vie. […] Il y a dans sa complexion plusieurs hommes, qui ne font pas société très étroite, et dans son esprit plusieurs systèmes, qui se rencontrent quelquefois, mais qu’il ne s’est pas donné la peine, ou qu’il n’a pas eu le souci, de lier. […] Si vous croyez que cela vaille la peine…. » Il ne veut rien entendre. […] — Mais si l’âme n’est pas immortelle, il n’y a ni peine ni récompense par-delà le tombeau ?

1757. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Mais, à travers ces peines stériles et ces paroles perdues en tous sens, le président se donna la satisfaction de faire un acte patriotique en passant à Marseille, au moment de s’embarquer pour l’Espagne (mars 1591).

1758. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile.

1759. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Mais en même temps et en attendant que cette épopée encore à naître fut venue, Ramond, vers 1807, savait fort bien déterminer le caractère littéraire d’un siècle qui était le sien et qui a aussi sa force et son originalité : On le dépréciera tant qu’on voudra ce siècle, disait-il, mais il faut le suivre ; et, après tout, il a bien aussi ses titres de gloire : il présentera moins souvent peut-être l’application des bonnes études à des ouvrages de pure imagination, mais on verra plus souvent des travaux importants, enrichis du mérite littéraire… Nos plus savants hommes marchent au rang de nos meilleurs écrivains, et si le caractère de ce siècle tant calomnié est d’avoir consacré plus particulièrement aux sciences d’observation la force et l’agrément que l’expression de la pensée reçoit d’un bon style, on conviendra sans peine qu’une alliance aussi heureuse de l’agréable et de l’utile nous assure une place assez distinguée dans les fastes de la bonne littérature.

1760. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Ce mot de talent couvre d’ailleurs trop de choses bien diverses, des qualités et des défauts qu’on ne se donne plus la peine de discerner.

1761. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Quoi qu’il en soit, Fleury paie aujourd’hui la peine de n’avoir pas de relief dans la forme, et de n’avoir pas mis dans un jour frappant ses pensées.

1762. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Gilbert a rassemblé à ce propos différents passages de ses maximes et de ses caractères, qui se rapportent évidemment à cette situation personnelle ; on le soupçonnait auparavant, on en est sûr désormais : et par exemple dans ce portrait de Clazomène qui est tout lui : « Quand la fortune a paru se lasser de le poursuivre, quand l’espérance trop lente commençait à flatter sa peine, la mort s’est offerte à sa vue ; elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache. » L’amitié si tendre, si familière, que nous voyons établie entre Vauvenargues et Saint-Vincens nous permet de nous figurer en la personne de ce dernier un de ces amis dont La Fontaine avait vu des exemples autre part encore qu’au Monomotapa : Qu’un ami véritable est une douce chose !

1763. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort.

1764. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Il met le monde des idées pures d’une part et celui des formes sensibles de l’autre ; il condescend à ce dernier avec peine.

1765. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Il est enfant du peuple, fils d’honnêtes gens, de gens de peine et de travail.

1766. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

S’agit-il d’étudier un homme supérieur ou simplement distingué par ses productions, un écrivain, dont on a lu les ouvrages et qui vaille la peine d’un examen approfondi ?

1767. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

C’est là le plus grand malheur qui puisse arriver au talent ; mais cependant la littérature dans son ensemble y gagnera… » Le bon Eckermann avait quelque peine pourtant à se figurer comment ce qui nuisait à chaque talent, considéré en particulier, pouvait servir à la littérature en général, et il demandait des explications.

1768. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

C’est déjà le vers connu : Tous les autres plaisirs ne valent pas ses peines.

1769. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Si on ne lit pas tout, presque tout, dans cette quantité de productions qui ont chacune leur qualité, si l’on a manqué le moment où elles passent pour la première fois sous nos yeux, on est en peine ensuite pour rétablir le point de vue ; un mouvement si compliqué, si divers, si fécond, et dans un genre indéfini qui menace de devenir la forme universelle, demande à être suivi jour par jour ; faute de quoi l’on ne sait plus exactement les rapports, les proportions des talents entre eux, la mesure d’originalité ou d’imitation, le degré de mérite des œuvres, ce qu’elles promettent au juste et ce que l’auteur peut tenir.

1770. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Mais Pamphile, le fils même, celui dont le père est si en peine, —  Pamphile ?

1771. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

mais Eugénie surtout l’a séduit, l’a enlevé, pauvre savant solitaire, comme ces nobles figures idéales, ces apparitions de vierges et de saintes qui se révélaient dans une vision manifeste à leurs fervents serviteurs ; il l’a aimée, il l’a adorée, il a poursuivi avec une passion obstinée et persévérante les moindres vestiges, les moindres reliques qu’elle avait laissées d’elle : il les a arrachées aux jaloux, aux indifférents, aux timides ; il a copié et recopié de sa main religieusement, comme si c’étaient d’antiques manuscrits, ces pages rapides, décousues, envolées au hasard, parfois illisibles, et qui n’étaient pas faites pour l’impression, il les a rendues nettes et claires pour tous : le jour l’a souvent surpris près de sa lampe, appliqué qu’il était à cette tâche de dévouement et de tendresse pour une personne qu’il n’a jamais vue ; et si l’on oublie aujourd’hui son nom, si quand on couronne publiquement sa sainte44, il n’est pas même remercié ni mentionné, il ne s’en étonne pas, il ne s’en plaint pas, car il est de ceux qui croient à l’invisible, et il sait que les meilleurs de cet âge de foi dont il a pénétré les grandeurs mystiques et les ravissements n’ont pas légué leur nom et ont enterré leur peine : heureux d’espérer habiter un jour dans la gloire immense et d’être un des innombrables yeux de cet aigle mystique dont Dante a parlé !

1772. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

c’est le refrain de romance qu’il emprunte au vieux Bertaut et qu’il approprie à sa peine.

1773. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

L’esprit de parti est la seule passion qui se fasse une vertu de la destruction de toutes les vertus, une gloire de toutes les actions qu’on chercherait à cacher, si l’intérêt personnel les faisait commettre ; et jamais l’homme n’a pu être jeté dans un état aussi redoutable, que lorsqu’un sentiment qu’il croit honnête, lui commande des crimes ; s’il est capable d’amitié, il est plus fier de la sacrifier ; s’il est sensible, il s’enorgueillit de dompter sa peine : enfin, la pitié, ce sentiment céleste, qui fait de la douleur un lien entre les hommes ; la pitié, cette vertu d’instinct, qui conserve l’espèce humaine, en préservant les individus de leurs propres fureurs, l’esprit de parti a trouvé le seul moyen de l’anéantir dans l’âme, en portant l’intérêt sur les nations entières, sur les races futures, pour le détacher des individus ; l’esprit de parti efface les traits de sympathie pour y substituer des rapports d’opinion, et présente enfin les malheurs actuels comme le moyen, comme la garantie d’un avenir immortel, d’un bonheur politique au-dessus de tous les sacrifices qu’on peut exiger pour l’obtenir.

1774. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Et ici, il avait de la peine à faire rentrer Lamartine dans le cadre où il enfermait la poésie contemporaine.

1775. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Essayez de ne considérer que l’écrivain : la définition de son tour d’esprit tiendra en quelques lignes, et qui ne vaudront presque pas la peine d’être écrites.

1776. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

La belle répond qu’en attendant il voulait l’embrasser et qu’elle avait toutes les peines du monde à se défendre.

1777. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Jusqu’à ce qu’on ait dépouillé toute laideur, jusqu’à ce qu’on ait transformé ce monde en vastes et insipides Champs-Élysées, il faudra bien lire ses dégoûts et sa peine dans le lamentable Baudelaire.

1778. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

La loi mosaïque, dans sa forme moderne, il est vrai, mais acceptée, prononçait la peine de mort contre toute tentative pour changer le culte établi.

1779. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cette impuissance à jouir de tout ce qui se prolonge sans se modifier s’explique sans peine.

1780. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Il y a en nous des changements qui sont faibles ou même nuls, sous le rapport du plaisir ou de la peine, mais qui sont importants comme transitions, c’est-à-dire comme différences.

1781. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

« Elle a suffi à une littérature qui compte à peu près huit cents ans ; elle a donné le seizième, le dix-septième, le dix-huitième, le dix-neuvième siècle qui, après avoir fourni (on ne peut parler que des morts) des poètes comme Alfred de Musset et Lamartine, des prosateurs comme Chateaubriand, Madame de Staël, George Sand, n’est ni achevé ni épuisé ; elle vaut la peine qu’on ne laisse point périr, faute de les comprendre, les chefs-d’œuvre qu’elle a produits.

1782. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Que de lecteurs, et surtout de lectrices, jugent, d’après la seule couverture et les quelques mots quelle porte, un ouvrage qui coûta des années de peine à son auteur !

1783. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

J’ai peine à comprendre comment, avec le sentiment progressif qui travaille les esprits, on reste cependant attaché aux méthodes stationnaires.

1784. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

La critique, sous peine d’être elle-même ridicule, ne peut aller plus loin… On n’analyse point ce qui n’est pas… Au moins, dans les Derniers Abbés, si la classe des abbés n’est pas plus là que celle des marquis dans les Derniers Marquis, il y a une haine et une envie personnelle contre quelqu’un ; mais, chose comique, tristement grotesque comme un tic !

1785. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Aujourd’hui que le positivisme a desséché nos âmes, que le sentiment et l’intuition ne sont que des « phrases », on a peine à comprendre cette action immense d’un rêveur.

1786. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Nos plaisirs, comme nos peines, sont composés ; l’idée principale en attire à elle une foule d’autres qui s’y mêlent, et en augmentent l’impression.

1787. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

 » L’adulateur moderne qui renouvelait ce souvenir pour l’inexorable cardinal, ajoutait : « Aux paroles de ces hommes obscurs, proférées sans contrainte et sans flatterie, César fut si touché que, par comparaison, il comptait pour peu les plus honorifiques décrets du sénat, les noms inscrits des nations subjuguées, les trophées qu’on lui élevait et ses propres triomphes. » On le croira sans peine : le pouvoir d’Octave était fondé sur la réalité de la dictature et l’apparence de la démocratie.

1788. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

C’est un abruti, d’un abrutissement, j’en conviens, qu’on a peine à se représenter, nécessaire cependant pour que la mécanique du Contrat social n’ait il redouter de lui aucun soubresaut naturel ou volontaire. […] Ces plaintes ne vengeraient qu’à moitié une âme brouillée avec elle-même, si à la noirceur du réel elle n’opposait un « monde idéal » (c’est le mot de Rousseau), Eden du passé ou de l’avenir, synthèse indéterminée de toutes les jouissances, sans mélange de labeur ni de peines. […] A peine triomphe-t-il, le voilà désenchanté, aride, mais bourrelé. […] était-ce la peine, pour y revenir, de tant avilir les tribuns et les rois et d’appuyer de tant d’arguments les instincts de destruction ? […] A peine pourvu, il se rend impossible et sincèrement ne parle que de partir.

1789. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Il raconta, avec un ton de juge, « comment ce roi persécuteur de la religion, oppresseur des lois, après une longue tyrannie, avait été vaincu les armes à la main par son peuple ; puis mené en prison, et, comme il n’offrait ni par ses actions ni par ses paroles aucune raison pour faire mieux espérer de sa conduite, condamné par le souverain conseil du royaume à la peine capitale ; enfin, frappé de la hache devant les portes mêmes de son palais… Jamais monarque assis sur le plus haut trône fit-il briller une majesté plus grande que celle dont éclata le peuple anglais, lorsque, secouant la superstition antique, il prit ce roi ou plutôt cet ennemi, qui, seul de tous les mortels, revendiquait pour lui, de droit divin, l’impunité, l’enlaça dans ses propres lois, l’accabla d’un jugement, et, le trouvant coupable, ne craignit point de le livrer au supplice auquel il eût livré les autres ?  […] Si dans cet acte, le plus consommé de son zèle et de sa maturité, nul âge, nulle diligence, nulle preuve antérieure de capacité ne peut l’exempter de soupçon et de défiance, à moins qu’il ne porte toutes ses recherches méditées, toutes ses veilles prolongées, toute sa dépense d’huile et de labeur sous la vue hâtive d’un censeur sans loisir, peut-être de beaucoup plus jeune que lui, peut-être de beaucoup son inférieur en jugement, peut-être n’ayant jamais connu la peine d’écrire un livre, —  en sorte que, s’il n’est pas repoussé ou négligé, il doive paraître à l’impression comme un novice sous son précepteur, avec la main de son censeur sur le dos de son titre, comme preuve et caution qu’il n’est pas un idiot ou un corrupteur, —  ce ne peut être qu’un déshonneur et une dégradation pour l’auteur, pour le livre, pour les priviléges et la dignité de la science464. » Ouvrez donc toutes les portes ; que le jour se fasse, que chacun pense et jette sa pensée à la lumière ! […] Là, voyant les commodités qu’elle recevait du corps, son visible et sensuel collègue, et trouvant ses ailes brisées et pendantes, elle s’affranchit de la peine de monter dorénavant au haut de l’air, oublia son vol céleste, et laissa l’inerte et languissante carcasse se traîner sur la vieille route dans le rebutant métier d’une mécanique conformité472. » Si l’on ne découvrait pas ici des traces de brutalité théologique, on croirait lire un imitateur de Phèdre, et sous la colère fanatique on reconnaît les images de Platon. […] Était-ce la peine de quitter la terre pour retrouver là-haut la charronnerie, la maçonnerie, l’artillerie, le manuel administratif, l’art de saluer et l’almanach royal ?

1790. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Il faut étudier tout cela en détail, sous peine d’être infidèle à la méthode expérimentale. […] Il me semble qu’un tel résultat vaut bien la peine d’être recherché. […] Aussi personne ne fait attention à eux ; car l’humanité n’a pas le temps et ne se donne pas la peine de s’occuper des individus qui ne sont que des individus. […] Éviter les sensations qui peuvent donner de la peine, rechercher celles qui peuvent donner du plaisir ; voilà la morale tout entière dans son principe le plus général. […] Or, quand on est arrivé à un système qui fait mépriser tous les autres, on n’est pas fort tenté d’entreprendre avec des peines infinies l’histoire d’un passé qui ne contient guère que des chimères.

1791. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

) & me quidem hoec conditio nunc non poenitet : il est évident que hoec conditio est le sujet de poenitet, & que me en est le régime objectif ; & l’on pourroit rendre littéralement ces mots me hoec conditio non poenitet, par ceux-ci : cette condition ne me peine point, ne me fait aucune peine ; c’est le sens littéral de ce verbe dans toutes les circonstances. Cet exemple nous indique le moyen de ramener tous les autres à l’analogie commune, en suppléant le sujet sousentendu de chaque verbe : poenitet me facti veut dire conscientia facti poenitet me, le sentiment intérieur de mon action me peine. […] car sans peine aux rimeurs hazardeux, L’usage encor, je crois, laisse le choix des deux. […] C’est connoître bien peu le prix du tems, que d’en perdre la moindre portion à composer ou à deviner des choses si misérables ; & j’ai peine à pardonner au P. […] « Je sais bien, dit M. du Marsais, Meth. pour apprendre la langue latine, pag. 14, que cette traduction littérale fait d’abord de la peine à ceux qui n’en connoissent point le motif ; ils ne voyent pas que le but que l’on se propose dans cette maniere de traduire, n’est que de montrer comment on parloit latin ; ce qui ne peut se faire qu’en expliquant chaque mot latin par le mot françois qui lui répond.

1792. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

C’est ici le résultat d’une réflexion profonde et le signe d’une doctrine qu’il vaut la peine d’examiner dans quelques-unes de ses causes essentielles. […] A peine quelques lignes sur Pie IX et le prince Napoléon attestent-elles que ces deux saisissantes figures ont quelques instants fait saillie dans le champ de vision de cet observateur, pourtant très attentif, mais non pas à tel ou tel accident humain. […] On sait qu’il est mort à la peine, et que l’apoplexie, en le frappant, lui fit seule tomber la plume de la main. […] Quoiqu’on ait beaucoup disserté depuis quelques années sur cet homme, trop méconnu de son vivant et trop exalté peut-être depuis sa mort, le personnage vaut la peine qu’on ne perde aucune occasion d’étudier son tempérament et sa méthode. […] A peine au sortir des livres, il fit la guerre.

1793. (1876) Romanciers contemporains

Les grands et purs génies sont devenus sans peine maîtres de notre pensée, parce qu’ils étaient maîtres de la leur. […] Il est entré dans un genre ouvert, et il ressemble à ces fils de famille qui n’ont que la peine de recueillir un héritage. […] About ne nous pardonnerait pas, nous découvririons sans peine entre ces deux esprits inégaux plusieurs signes de parenté. […] C’est au contraire le comble de l’art et le suprême résultat du travail, que de faire lire sans fatigue ce qui semble avoir été écrit sans peine. […] Chavette, que toutes les classes de la société sont sans peine représentées dans ce tissu d’horreurs.

1794. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et même à son lit de mort, dans ses adjurations à sa fille, la mère de la princesse n’invoque ni les commandements de Dieu, ni les peines de l’Enfer, ni Dieu seulement. […] J’ai peine à condamner tout à fait sans appel, le roman mondain, pieux — d’une fausse piété parfois, mais pas toujours : ceux de M.  […] Le véritable inconvénient, au point de vue littéraire, de cette frénésie, est un excès de lyrisme à des moments qui, aux yeux du sexe fort, ne paraissent pas toujours en valoir la peine. […] C’est qu’il met tout sur le même plan, et qu’alors, si le souvenir, volontaire ou involontaire, ne vaut pas la peine qu’il se donne pour l’évoquer, ce style-là, si neuf parfois et qui nous fait entrer vraiment dans un nouvel univers, barbote dans le charabia. […] Ce qui me peine, en le lisant, c’est de voir des critiques justifiées exprimées avec excès, mêlées à des contre-vérités manifestes.

1795. (1911) Études pp. 9-261

Elle était prête à tout ressentir ; non pas avec dilettantisme, mais comme une pauvre âme véritable faite pour la peine et la besogne. […] — À le considérer d’un œil critique on peut trouver le dessin souvent trop large ; la forme qu’il comprend ne saurait qu’avec peine le toucher partout à la fois. […] Il n’importe ; notre peine est inévitable. […] La voix monotone pleure sa peine ; elle dit l’histoire, anxieuse et nue. […] Ici nul aliment à leur peine ; un grand calme sur leur pensée245.

1796. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Elle vaut la peine d’être répétée, tant elle est caractéristique de l’hypnotisme balzacien. […] J’emprunte et je revêts sa diction. » C’était pratiquer la méthode enseignée par Gœthe qui déclarait : « Quand on ne parle pas des choses et des gens avec une partialité pleine d’amour, ce que l’on en dit ne vaut pas la peine d’être dit. » Cette partialité, Sainte-Beuve la recherchait, comme on voit, d’instinct. […] Homais d’arriver d’emblée et avec si peu de peine au dernier mot de la philosophie ». […] Relisez la Belle Morte : Seule ma peine, Hélas ! […] Mais, qu’il soit triste ou qu’il soit gai, toujours le poète est assiégé, de visions qui lui représentent et les horizons de la terre bressane, et la silhouette de ses demeures, les costumes de ses habitants, leurs travaux, leurs gestes de peine ou de détente.

1797. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Est-ce ce fameux Solitaire, où un des plus farouches guerriers de l’histoire, après avoir été tué dans une bataille, se donne la peine de ressusciter pour courir après une petite fille de quinze ans, et faire des phrases d’amour ? […] Pour comprendre Swift, il faut un commentaire pénible, et personne ne se donne la peine de lire ce commentaire. […] Monsieur, Dès qu’on parle de tragédie nationale en prose à ces hommes, pleins d’idées positives et d’un respect sans bornes pour les bonnes recettes, qui sont à la tête de l’administration des théâtres, l’on ne voit point chez eux, comme chez les auteurs qui écrivent en vers, une haine mal déguisée et se cachant avec peine sous la bénignité du sourire académique.

1798. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Janvier, lui, ce jeune acteur d’un si grand talent, gagne cent francs par mois, dans une compagnie d’assurances, et comme on le pousse à quitter sa compagnie, et qu’on lui prédit qu’il lui sera impossible de ne pas faire sa carrière du théâtre, il s’y refuse doucement, disant qu’il ne veut pas faire trop de peine à son père, qui peut très bien ne connaître rien aux choses d’art, mais qui l’aime beaucoup, et qu’il veut le laisser tranquillement évoluer, persuadé, qu’un jour, il le laissera jouer, mais alors sans trop de répugnance. […] Celui qui le ramènera recevra 2 talents de cuivre, et 3 000 drachmes ; celui qui indiquera seulement le lieu de sa retraite, si c’est dans un lieu sacré, 1 talent et 2 000 drachmes, si c’est chez un homme solvable et passible de la peine, 3 talents et 5 000 drachmes. […] Je lui fais raconter son horrible vie, cette vie, où il existe encore des peines corporelles d’un code du temps des galères, comme la double boucle.

1799. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

« Quelle terreur pour la pensée, le recommencement perpétuel… toute cette peine pour rien ! […] Peu de terre, nul soin, nulle culture… Avec quelque peine qu’on prendrait, l’ortie serait utile ; on la néglige, elle devient nuisible. […] Et qui donne à regret à cette race humaine Un peu de pain pour tant de labeur et de peine ; Des cités durs, éclos sur ces sillons ingrats ; la charité, la paix, la foi, sœurs vénérables L’orgueil chez les puissants et chez les misérables : La haine au cœur de tous Frappant sur les meilleurs des coups mystérieux Sur tous les hauts sommets, les brumes répandues, Deux vierges, la justice et la pudeur, vendues ; Toutes les passions engendrant tous les maux ; Là le désert torride, ici les froids polaires Des océans émus de subites colères Pleins de mâts frissonnants qui sombrent dans la nuit ; Des continents couverts de fumée et de bruit.

1800. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

On apperçoit, sans peine, que son style étoit naturellement amer. […] Cet écrivain n’étoit pas assez instruit, & ne vouloit pas se donner la peine de s’instruire. […] A peine notre langue fut débrouillée que des personnes de la Cour se chargerent d’écrire.

1801. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Étant donné cet élément clérical, on a peine à comprendre comment les clercs, qui nous ont conservé Saint-Alexis, ne nous auraient pas conservé au moins deux ou trois de ces anciens et nombreux poèmes admis par hypothèse, où les preux mettaient leur épée au service de l’Église et couronnaient leur vie héroïque par un édifiant moniage. […] En littérature, Lesage est l’introduction toute naturelle à cette troisième période ; ses romans (Le Diable boiteux, 1707 ; Gil Blas, 1715-1735) sont de la comédie en puissance ; on a remarqué souvent que Gil Blas c’est déjà Figaro ; puis il y a Turcaret (1709) qui est « le chef-d’œuvre du réalisme dramatique…, avec une verve âpre et triste, en sorte que l’on a peine à rire » (Lanson), et le Théâtre de la Foire, peu connu, sans valeur littéraire, mais dont les historiens savent l’importance. — Et c’est à travers tout le xviiie  siècle un succès grandissant du théâtre, une profusion d’auteurs, dont aucun n’atteint au chef-d’œuvre, mais qui tous valent plus que les contemporains de Molière et de Racine. […] Le fait s’explique sans trop de peine pour quiconque admet les idées qui précèdent.

1802. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — La tache étant exiguë, nous sommes tentés de ne point faire attention à sa longueur ni à sa largeur, qui sont réelles ; par cette omission, nous en faisons involontairement abstraction, et nous n’avons pas de peine à traiter la tache comme un point. — Le tracé étant fort effilé, nous sommes disposés à ne point nous inquiéter de sa largeur, qui est réelle ; par cette omission, nous la retranchons, et, sans efforts, nous en venons à considérer le trait comme une ligne. — Le tableau et le papier étant tout à fait plats et unis pour notre œil et notre main, nous n’éprouvons aucune sensation qui nous avertisse de leur épaisseur ; par cette omission, nous la supprimons, et nous sommes tout portés à regarder le tableau et le papier comme de vraies surfaces. — De cette façon, le tableau, le trait étroit, la petite tache de craie deviennent des substituts commodes. […] Sur cette indication de l’expérience, nous n’avons pas de peine à concevoir un mobile absolument homogène, analogue à un pur solide géométrique, partant divisible en deux moitiés composées chacune du même nombre de particules toutes exactement semblables.

1803. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Horace est plus Gaulois que Romain ; mais cette prédilection des Français pour Horace, comme pour l’ingénieux corrupteur de la morale et de l’âme qu’ils appellent le bon La Fontaine, m’a toujours fait une certaine peine au cœur. […] Il avait entièrement oublié Brutus, Caton, Cicéron : la liberté orageuse ne valait pas, selon lui, la peine qu’on la pleurât ; d’ailleurs les hommes pouvaient bien trahir la cause trahie par les dieux.

1804. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Lors de la fameuse année 1811, dont la récolte coûta des peines inouïes, après vingt ans de service, Grandet résolut de donner sa vieille montre à Nanon, seul présent qu’elle reçut jamais de lui. […] « Aussitôt Nanon donna le bras à sa maîtresse ; autant en fit Eugénie, et ce ne fut pas sans des peines infinies qu’elles purent la monter chez elle, car elle tombait en défaillance de marche en marche.

1805. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Je surmontai avec peine la crainte que me causait mon entrée dans un salon où je n’étais pas vu avec trop de plaisir et non sans motif, car les proches du Pape avaient désiré et sollicité l’auditorat de Rote pour Mgr Serlupi, leur parent. […] Il éprouva quelque peine en apprenant que je n’avais pas réussi dans mon projet, mais il n’en fut point étonné.

1806. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Je me promis de ne rien négliger de ce que ma bourse, mon temps et mes peines pourraient accomplir. […] À l’aspect de ces côtes blanchissantes, en face de cette ville opulente dont le patronage pouvait me payer de tant de peines, dont l’indifférence pouvait aussi me laisser languir dans l’indigence et l’oubli, je ne pus m’empêcher de ressentir une terreur et une anxiété profondes.

1807. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

L’individualisme aristocratique réclame une originalité plus haute, une originalité qui vaille la peine d’être poursuivie, une originalité qui ne soit plus simplement négative, qui ne consiste plus simplement à supprimer la culture, comme le fait Stirner, mais à mettre sa marque personnelle sur cette culture, à la résumer, à la dépasser, à y ajouter, à apporter du nouveau au monde, à se privilégier dans la pensée. […] Si l’intuition pouvait se communiquer, la communication en vaudrait la peine ; mais en définitive, nous ne pouvons sortir de notre peau ; il faut que nous restions enfermés chacun dans notre crâne, sans pouvoir nous venir en aide les uns aux autres. » (Monde comme volonté, t. 

1808. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Je trouve, moi, que les religions valent la peine qu’on en parle et qu’il y a dans leur étude autant de philosophie que dans quelques chapitres de sèche et insipide philosophie morale. […] Je le crois sans peine.

1809. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Avant tout, l’appétit sent sa propre intensité, sa propre force interne, son énergie d’action, tantôt accrue, tantôt diminuée, et c’est ce sentiment qui est l’origine du plaisir et de la peine, de l’activité librement déployée ou de l’effort contre un obstacle. […] Il y a là un mode particulier de transition que nous saisissons immédiatement et qui produit en nous-mêmes une transition d’un genre particulier, très différente soit de la simple transition dans le temps, soit de la transition d’un degré d’intensité à un autre degré, soit de la transition du plaisir à la peine, etc.

1810. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il a peine à porter la petite boîte de parfumerie, où il cherche l’eau de Cologne et la pommade qu’il veut me vendre. […] les religions de l’avenir auront de la peine à créer de tels dévouements.

1811. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style. […] Si cet homme est Bossuet, c’est-à-dire s’il réunit dans sa personne la conviction qui assure l’attitude, la pureté de vie qui préconise le Verbe, le zèle qui dévore, l’autorité qui impose, la renommée qui prédispose, le pontificat qui consacre, la vieillesse qui est la sainteté du visage, le génie qui est la divinité de la parole, l’idée réfléchie qui est la conquête de l’intelligence, l’explosion soudaine qui est l’assaut de l’esprit, la poésie qui est le resplendissement de la vérité, la gravité de la voix qui est le timbre des pensées, les cheveux blancs, la pâleur émue, le regard lointain, la bouche cordiale, les gestes enfin qui sont les attitudes visibles de l’âme ; si cet homme sort lentement de son recueillement ainsi que d’un sanctuaire intérieur ; s’il se laisse soulever peu à peu par l’inspiration, comme l’aigle d’abord pesant, dont les premiers battements d’ailes ont peine à embrasser assez d’air pour élever son vol ; s’il prend enfin son souffle et son essor, s’il ne sent plus la chaire sous ses pieds, s’il respire à plein souffle l’esprit divin, et s’il épanche intarissablement de cette hauteur démesurée l’inspiration ou ce qu’on appelle la parole de Dieu à son auditoire, cet homme n’est plus un homme, c’est une voix.

1812. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Sans cette alternative de la peine et du plaisir dans notre existence, l’homme succomberait comme le trappiste à l’obsession et à la fixité d’une seule pensée, toujours en haut, jamais en bas ; la démence ou la mort puniraient bientôt le contresens aux lois intermittentes de notre nature. […] Les poètes de cette école sont des favoris de talent ; ils se sont seulement donné, comme on dit, la peine de naître.

1813. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

On connaît des faits nombreux montrant qu’une race peut être modifiée par des croisements accidentels, si l’on prend soin de choisir soigneusement les descendants croisés qui présentent le caractère désiré ; mais qu’on puisse obtenir une race presque intermédiaire entre deux autres très différentes, j’ai quelque peine à le croire. […] Si la méthode de sélection consistait seulement à séparer quelque variété bien distincte pour la faire se reproduire, le principe serait d’une telle évidence qu’il ne vaudrait pas la peine de le discuter ; mais son importance consiste surtout dans le grand effet produit par l’accumulation dans une direction déterminée, et pendant un grand nombre de générations successives, de différences absolument inappréciables pour des yeux non exercés, différences que j’ai moi-même tenté en vain d’apercevoir.

1814. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Au milieu des énormités qu’il prend tant de peine à arranger pour l’illusion, il a des sourires qui lui traversent la physionomie comme des éclairs de bon sens et de mépris, mais l’industrialisme américain force le don Juan intellectuel à souper, et il obéit, — comme l’autre, — tout en raillant son Commandeur. […] VII Était-ce donc la peine d’avoir tant de facultés en puissance ?

1815. (1739) Vie de Molière

Quelque peine qu’il y eût prise, les plus grands efforts d’un homme d’esprit ne remplacent jamais le génie. […] On ne songeait pas que si une tragédie est belle et intéressante, les entractes de musique doivent en devenir froids ; et que si les intermèdes sont brillants, l’oreille a peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation.

1816. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Ce sont là de ces traits un peu trop appuyés, qui font rire aux dépens des gouvernements les gens mêmes qui sont le plus en peine quand les gouvernements viennent à leur manquer.

1817. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

L’astronome Méchain, qui, après avoir observé, de concert avec Delambre, l’arc terrestre compris entre Dunkerque et Barcelone, s’était chargé de la prolongation de la méridienne en Espagne et qui voulait la pousser jusqu’aux îles Baléares, venait de mourir à la peine et laissait un grand travail interrompu : M. 

1818. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Je l’ai connu chez le président de Ménières, et sa modestie, comme son embarras, étaient tels qu’on aurait eu peine à lire dans sa physionomie et sa conversation le nom de l’auteur des très spirituelles Lettres sur l’Atlantide, adressées par lui à M. de Voltaire.

1819. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Ils n’ont pas eu de peine à montrer que Saint-Simon exagère, en les résumant, les défauts du personnage ; nos jeunes auteurs vont trop loin toutefois quand ils font de Saint-Simon un ennemi de Dangeau : on n’est pas ennemi de ceux dont on voit les ridicules, et le seul tort de Saint-Simon est de trop voir et d’être doué par la nature d’un organe qui est comme un verre grossissant, et d’une parole de feu irrésistible : de là tant de portraits ressemblants, outrés, vrais à les bien entendre, et en tout cas ineffaçables.

1820. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Un des plus beaux sonnets de Ronsard, et qui le caractérisent le mieux dans son feu d’étude, dans sa lièvre de poésie et de travail, c’est celui qui commence par ces vers empressés, impétueux : Je veux lire en trois jours L’Iliade d’Homère, Et pour ce, Coridon, ferme bien l’huis sur moi… Il y ordonne à ce laquais, Corydon, de tenir sa porte exactement close et de ne le déranger pour rien au monde, sous peine d’éprouver à l’instant sa colère.

1821. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.

1822. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Les imaginations et les âmes, une fois atteintes du Rousseau, eurent peine à s’en débarrasser ensuite, et à rejeter cet élément fiévreux tant de leur cœur que de leur parole.

1823. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

J’ai peine à croire pourtant que le roi ne le trouvât point à ses levers aussi souvent qu’il le fallait ; il était de ceux qui se multiplient.

1824. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Ce n’était pas la peine d’introduire Mme Cornuel, cette personne de tant de sel et de mordant, pour lui faire professer un code d’amour honnête et débiter une sorte de sermon en trois points.

1825. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Fauriel, si on l’eût abandonné à lui-même et à ses goûts, eût été trop tenté de faire comme Guillaume Favre ; il aurait travaillé, creusé à l’infini ; il aurait eu peine à se contenter jamais, à se résoudre à rien donner comme achevé.

1826. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Maine de Biran si singulièrement présenté, si bouffonnement même, et par ses propres phrases, on voudrait que le jeune adversaire eût moins chargé le profil, qu’il y eût mis plus de ménagements et d’égards, et qu’il eût tenu compte au chercheur en peine, des difficultés, de l’effort, du fond de l’idée : on en tient bien compte aux philosophes allemands ; pourquoi pas aux nôtres ?

1827. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Que de gens la portent dans la vie même, en se disant : Ce n’est plus la peine d’entreprendre telle étude, tel travail, parce que je suis trop vieux pour l’achever.

1828. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il avait aimé, il avait pleuré et chanté ses peines pendant une saison passée dans son beau Midi, la dernière avant son départ pour La Chênaie.

1829. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

M. de Maistre n’a rien de l’émigré en cela ; il voit l’ennemi en plein, dans toute sa grandeur : « Jamais, écrit-il en 1813, Napoléon n’a été plus grand militaire que dans la manière dont il s’est tiré de la catastrophe de 1812. » Mais ce qui le préoccupe le plus, c’est le tour et la trempe de l’esprit français : il revient à diverses reprises sur ce qu’il a dit tout à l’heure et qu’il a peine à s’expliquer.

1830. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Les sciences, « unies par une philosophie commune, » y sont montrées « s’avançant de front, les pas que fait chacune d’elles servant à entraîner les autres. » Plus de danger sérieux désormais pour l’ensemble des connaissances humaines ainsi liées étroitement et toutes solidaires entre elles, plus de période rétrograde possible depuis la découverte de l’imprimerie : « Lorsqu’au milieu d’une nuit obscure, perdu dans un pays sauvage, un voyageur s’avance avec peine à travers mille dangers ; s’il se trouve enfin au sommet d’une haute montagne qui domine un vaste horizon, et que le soleil, en se levant, découvre à ses yeux une contrée fertile et un chemin facile pour le reste du voyage, transporté de joie, il reprend sa route, et bannit les vaines terreurs de la nuit.

1831. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

» Un provincial, au contraire (je suis étonné d’avoir à employer ce mot avec M. de Pontmartin, et j’espérais même que ni le mot ni la chose n’existaient presque plus), est prompt à s’ébahir ou à se scandaliser ; il se pique ou se mortifie aisément ; il se bourre de trop de choses en trop peu de temps, et a peine ensuite à les digérer.

1832. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Leonora, belle, éblouissante, avide de sensations, ardente dans ses fantaisies, froide de cœur, n’a pas de peine à enlever le jeune et fragile artiste : ce n’est rien de lui avoir jeté son bouquet sur la scène, et son mouchoir par mé-garde avec le bouquet, comme dans un vrai délire d’enthousiasme, il faut voir comme ensuite, dans la visite qu’il lui fait, elle le pique au jeu, lui bat froid, le mortifie, lui tient la dragée haute, le tourne et le retourne à plaisir, comme elle fait tout, en un mot, pour le chauffer, l’enflammer ; elle lui met au cœur un de ces amours furieux, dévorants, à la Musset, qui vous tuent sur place, ou qui vous laissent, pour le restant de vos jours, n’en valant guère mieux.

1833. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Il est croyant (puisque j’ai touché ce mot) d’une façon bien remarquable, et que j’ose dire singulière chez un aussi grand esprit et chez un génie de cet ordre ; il l’est, ce me semble, sans avoir eu aucune peine pour cela, sans avoir jamais, à aucun temps, admis ni connu le doute.

1834. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Lefebvre, pour l’arrêter dès le premier effort qu’il tenta en ce sens (17 mars 1808) : « Les circonstances doivent vous rendre extrêmement circonspect dans vos démarches, et Sa Majesté ne peut approuver toute la peine que vous vous donnez pour nouer une négociation : n’en prenez aucune.

1835. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

… Il rappelle ses premiers bonheurs dans une vie patriarcale et pure, les peines cruelles de l’exil, tout ce que l’exilé au retour ne retrouvera plus : Qui me ramènera vers les bords fortunés Où sont morts mes aïeux, où mes frères sont nés ?

1836. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Cette tentative, qui n’est point la seule de son espèce et qui se rattache à tout un mouvement provincial en faveur des anciens idiomes ou patois, vaut pourtant la peine qu’on la remarque, et peut prêter à quelques réflexions.

1837. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il est vrai qu’ayant moins de cordes à l’âme, il avait à cela moins de peine et moins de mérite.

1838. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

70 La triste bataille de Crefeld (23 juin), où les troupes firent si bien leur devoir, mais où elles furent si mal commandées, est exposée de point en point ; et, quoique le hasard de la guerre soit aveugle, on a quelque peine à ne pas mettre sur le compte du général en chef et de ses conseillers ou, comme on disait ironiquement, de M. l’abbé et de ses novices, cette mort du comte de Gisors qui n’était plus alors colonel de Champagne, mais qui venait d’être promu au commandement des carabiniers.

1839. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Edmond Biré, qui a fait tout un volume pour réfuter les cinq ou six pages de Victor Hugo, et qui les considère comme outrageuses à la Restauration, objet pour lui d’un culte rétrospectif, n’a pas eu de peine à montrer qu’en 1817 Loyson ne passait nullement pour un génie, et que le vers satirique qu’on lui lança ne fut décoché qu’un peu plus tard.

1840. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Cela d’ailleurs n’en vaut pas la peine, et l’injustice se consacrera.

1841. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Il y avait alors, dit une personne qui a subi cette éducation298, une manière de marcher, de s’asseoir, de saluer, de ramasser son gant, de tenir sa fourchette, de présenter un objet, enfin une mimique complète qu’on devait enseigner aux enfants de très bonne heure, afin qu’elle leur devînt par l’habitude une seconde nature, et cette convention était un article de si haute importance dans la vie des hommes et des femmes de l’ancien beau monde que les acteurs ont peine aujourd’hui, malgré toutes leurs études, à nous en donner une idée ». — Non seulement le dehors, mais encore le dedans était factice ; il y avait une façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de mourir.

1842. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

« Je désirai savoir quelle est la chose à laquelle, dans son nouvel état, elle avait eu le plus de peine à s’accoutumer  « Vous ne le devineriez jamais, a-t-elle répondu en souriant ; c’est de descendre seule un petit escalier.

1843. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Mais, à mesure que nous avançons dans le livre, ils le sont moins, et, de chapitre en chapitre, il s’y glisse quelques caractères nouveaux qu’on a peine à ramener aux premiers.

1844. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

M. de Montmorency seul se montra impassible et crut devoir, par charité chrétienne, déguiser sa peine en feignant de ne pas sentir l’amertume que lui inspirait la conduite de M. de Chateaubriand.

1845. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Car la Ménippée eut tout l’honneur de l’œuvre dont les hommes que j’ai énumérés avaient eu toute la peine.

1846. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Mais il est comme la conscience de son siècle : j’aperçois chez lui nettement ce qu’il faudrait beaucoup de peine et de temps pour analyser dans la société et dans la littérature du temps ; il révèle certains dessous, qui expliquent les caractères apparents.

1847. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mais elle aura peine à en prendre son parti ; aucune de ses expériences ne vaincra son optimisme sentimental.

1848. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

On turlupine les maîtres reconnus et acceptés, et on ne s’est pas seulement donné la peine de les comprendre.

1849. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Il nous semble étrange, certes, de voir à la fin du xixe  siècle une telle mascarade affirmer impudemment sur les tréteaux la prétention de représenter la vie d’artiste ; il nous peine de voir ces rires cinglant le ridicule suspect de fantoches qui n’ont aucun droit à incarner un si noble rôle, et nous pensons avec amertume et colère à la superbe pauvreté de d’Aurevilly, de Baudelaire, de Villiers de l’Isle-Adam, de Henry Becque, de Verlaine, à cette sainte pauvreté héroïque compromise par un médiocre sentimental, par un malencontreux phraseur.

1850. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il s’était trompé de vocation ; son honneur en a porté la peine.

1851. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

L’esprit plié depuis longtemps aux belles-lettres s’y livre sans peine et sans effort, comme on parle facilement une langue qu’on a longtemps apprise, et comme la main du musicien se promène sans fatigue sur un clavecin.

1852. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Cette affaire me coûta beaucoup de peine et d’argent ; mais, bien loin d’y avoir regret, je m’en tins trop payé par le gré que Madame me témoigna. » Cette affaire lia plus particulièrement Cosnac avec Madame, et, dès ce moment, on le vit, en toute occasion, épouser ses intérêts et la servir.

1853. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Il y a un moment où les plus vertes vieillesses ont peine à ne pas tourner à l’attendrissement.

1854. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Cet emprunt à un modèle étranger ne contrarie en lui aucune disposition déjà prise, ne brise rien qui déjà existe, ou vaille la peine d’être conservé, ne se heurte à rien qui, par le fait d’avoir duré, ait acquis des droits à vivre et à persévérer dans sa forme propre.

1855. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Plus tard, au Luxembourg, comme il passe en revue avec André, ses souvenirs d’école, qu’ils évoquent avec horreur, il finit par affirmer que tous ses camarades sont nécessairement ruinés et en peine d’argent.

1856. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Reid avait dit : « Que l’on nous cite une seule découverte dans la nature qui ait été faite par cette méthode. » Dugald Stewart n’a pas de peine à répondre à ce défi : il cite le système de Copernic, et même celui de Newton, qui ne fut d’abord qu’une hypothèse jusqu’au moment où le calcul lui permit d’en faire une théorie rigoureuse et démontrée.

1857. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Si l’on est bien rempli de son sujet, si on l’a médité longtemps, on n’aura pas de peine, dit Horace, à l’arranger et à le traiter ensuite avec la clarté et la noblesse convenables.

1858. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Si j’avais eu à composer un tableau pour une chambre criminelle, espèce d’inquisition d’où le crime intrépide, subtil, hardi s’échappe quelquefois par les formes, qui immolent d’autres fois l’innocence timide, effrayée, alarmée ; au lieu d’inviter des hommes, devenus cruels par habitude, à redoubler de férocité par le spectacle hideux des monstres qu’ils ont à détruire, j’aurais feuilleté l’histoire ; au défaut de l’histoire, j’aurais creusé mon imagination jusqu’à ce que j’en eusse tiré quelques traits capables de les inviter à la commisération, à la méfiance, à faire sentir la faiblesse de l’homme, l’atrocité des peines capitales et le prix de la vie.

1859. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Il va sans doute venir un moment où nul ne pourra se distinguer entre tous : voyez déjà comme toutes les réputations qui croissent encore au milieu de nous ont peine à se traîner du jour au lendemain.

1860. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Et que les Païens innocents 27 aient été écrits avant ou après l’Introduction aux Lettres du président de Brosses, ils disent éloquemment que si c’est après la tête et la poitrine de l’auteur se sont ouvertes et que, dans ces lèvres pincées, a éclos le naturel et bon sourire ; et si c’est avant l’Introduction que ces nouvelles ont été composées, elles disent non moins éloquemment encore que l’auteur a porté la peine de ses doctrines, — car, pour une minute, elles ont desséché et défiguré son talent.

1861. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Pour avoir cette ambition noble et pour la croire possible, il suffit de se rappeler que, au-delà du début de la vie, il y a une égalité au moins parmi les hommes : qu’ils ont tous souffert, qu’ils ont tous crié, et que, si variées que soient les peines et les plaintes, tout se résume dans le même besoin d’une infinie justice.

1862. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Alors, comme nos actions dérivent de nos représentations (aussi bien passées que présentes), il faut sous peine d’admettre une dérogation à la causalité mécanique, supposer que le cerveau d’où part l’action contenait l’équivalent de la perception, du souvenir et de la pensée elle-même.

1863. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Or, cette aptitude, tout le monde ne l’a pas… Et dans ce cas-là, sous peine d’un piteux échec, il est inutile de chercher à l’acquérir.

1864. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Vous voyez quelles peines il faut prendre, quelle prudence, quel tact, quelles recherches de tout genre, quel soin minutieux, quels efforts de raisonnement il faut employer pour constater les faits les plus minces.

1865. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

« À tant d’airs et de cantilènes il faut une basse et une médiane : allez, vous les trouverez sans peine, grâce aux rénettes de l’étang. […] Converti presque sans peine, d’Angle devenu ange, selon le mot d’un pape, le Saxon est un théologien et un érudit merveilleux. […] dont les origines valent la peine d’être étudiées, — et le portraicturer en pied sous sa maladive figure de poète et d’homme ? […] FANETTE Moi, au fond de mes veines, — je sens l’amour croître, et croître de mes peines ; m’aimes-tu ainsi, jeune homme ? […] il en résultera sans doute de nouveaux, desquels l’écrivain de Santander ne doit point porter la peine, — nous aurons soin d’indiquer, en terminant, ceux-là seuls dont la responsabilité lui incombe.

1866. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

IV, § 4) que ce n’était pas la peine de se délivrer d’un frénétique pour servir sous un imbécile ; et il ordonne au centurion Lupus de mettre à mort Cœsonia, femme de Caïus. […] Le duel, qui n’est qu’un atroce assassinat, a-t-il, aux yeux de nos moralistes les plus sévères, cet abominable caractère dans une contrée où, pour un geste, pour un mot, des idées bizarres d’honneur commandent, sous peine d’ignominie, d’égorger ou d’être égorgé ? […] J’ai de la peine à croire que Néron se soit aussi franchement avoué avare et cruel, à moins qu’il ne convînt adroitement d’un vice qu’on ne lui connaissait pas, pour pallier celui qu’on lui reprochait, la cruauté. […] Sûr de sa disgrâce, il persista à demander sa retraite, l’obtint avec peine, et changea tout à coup son genre de vie (Id. ibid. […] « Racine, qui avait un tact si fin, un sentiment si exquis du beau moral, regardait Sénèque comme un charlatan. » Ce jugement valait bien la peine d’être appuyé d’une citation.

1867. (1901) Figures et caractères

Chacun y raconte sa mélancolie et ses peines de vivre. […] Je retrouve dans la Folle Journée et la Précaution inutile comme un peu de Beaucoup de bruit pour rien et de Peines d’amour perdues. […] Son caractère intraitable augmente ses peines et ses souffrances. […] Prenons-le donc tel que les Romantiques le léguèrent aux Parnassiens qui prirent une noble peine à l’affermir et à le régler, pensaient-ils, définitivement. […] Dans son roman L’Inconstante (1903), Marie de Régnier (sous son nom de plume : Gérard d’Houville) raconte de façon à peine déguisée ses relations avec Pierre Louÿs (alias Valentin de Vérovre) et sa passade avec Tinan (alias Michel de Nergy).

1868. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Sans doute il ignore l’excès de cette préférence, mais il en sait assez pour regretter un jour d’avoir sacrifié le plus divin sentiment qu’on puisse inspirer, aux méprisables intérêts du grand monde72. » M. de Vigny ne se maria qu’en quittant le service : il n’épousa pas sa riche parente, mais une Anglaise qu’il avait rencontrée dans le midi et dont le père, grand original, assure-t-on, avait parfois quelque peine à se rappeler le nom du poète son gendre. […] D’après cette persuasion, j’ai cru pouvoir vous confier ma peine : peut-être vous touchera-t-elle, et je craindrais de vous offenser en en doutant.

1869. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

A peine si on peut en saisir quelque indice, quelque vestige imprévu qui se glisse dans des productions et des monuments d’un autre ordre, et qui est ainsi arrivé par hasard jusqu’à nous. […] Le nombre de jeunes gens qui ont été ainsi doués par la fée Guignon est considérable ; ils ont de tout, invention, esprit, travail, mais ils ne savent pas circonscrire leurs forces ; ils veulent faire entrer l’univers entier dans chacun de ses parties, et meurent à la peine.

1870. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

. —  Prie pour mon âme, toi aussi, sir Lancelot, —  car tu es un chevalier sans égal1539. » Rien de plus ; elle finit sur ce dernier mot, plein d’un regret si triste et d’une admiration si tendre : on aurait peine à trouver quelque chose de plus simple et de plus délicat. […] La troisième fois enfin il la lance : « La grande épée jeta des éclairs sous la splendeur de la lune, —  et fit dans l’air une arche de clarté, —  comme le rayonnement d’aube boréale — qui jaillit lorsque les îles mouvantes de l’hiver s’entrechoquent — la nuit, parmi les bruits de la mer du Nord. —  Mais avant que l’épée eût touché la surface, —  un bras s’éleva, vêtu de velours blanc, mystique, merveilleux, —  et la saisit par la poignée, et la brandit trois fois ; —  puis s’enfonça avec elle dans la mer1541. » Alors Arthur, se soulevant douloureusement et respirant avec peine, ordonne à sire Bedivere de le charger sur ses épaules et de le porter jusqu’au rivage. « Hâte-toi, hâte-toi, car je crains qu’il ne soit trop tard, et je crois que je vais mourir. » Ils arrivent ainsi, le long des cavernes glacées et des roches retentissantes, jusqu’au bord du lac où « s’étalent les longues gloires de la lune d’hiver. » — « Là s’était arrêtée une barque sombre, —  noire comme une écharpe funèbre de la proue à la poupe ; —  tout le pont était couvert de formes majestueuses, —  avec des robes noires et des capuchons noirs, comme en songe ; auprès d’elles, —  trois reines avec des couronnes d’or ; de leurs lèvres partit — un cri qui monta en frémissant jusqu’aux étoiles palpitantes. —  Et comme si ce n’était qu’une voix, il y eut un grand éclat de lamentations, pareil à un vent qui crie — toute la nuit dans une terre déserte, où personne ne vient — et n’est venu depuis le commencement du monde1542.

1871. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

« Les coercitions matérielles, dit-il dans la suite de cet entretien, les prisons, les supplices, les peines de toute espèce, les intimidations par les châtiments sont de bien faibles liens pour retenir dans le devoir les hommes que l’on ne conduit pas par la raison, la conscience, la convenance ; mais si on les forme, par l’éducation, la liberté mesurée, l’exemple, l’exercice, à la connaissance et à la pratique de la raison, de la conscience, de la convenance, si l’intelligence et l’amour de ces trois principes se développent dans leur cœur par la force naturelle que le Ciel (Dieu) a donnée à ces trois principes qui font l’homme social, tout changera de face et s’améliorera dans l’empire. […] » Un de ses disciples chéris étant venu le visiter peu de jours après dans sa maison, Confucius, déjà malade de sa maladie mortelle, s’avança avec peine jusqu’au seuil de sa demeure pour accueillir son disciple.

1872. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Empare-toi de mon cœur, douce peine du désir d’amour qui vis altéré de la rosée de l’espérance ! […] La pauvre enfant m’a causé bien des peines ; pourtant je ne regretterais pas de les reprendre pour elle : la pauvre enfant m’était si chère !

1873. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ici tout est grand, mais je suis seul ; et, à mesure que mes enfants se forment, je sens plus vivement la peine d’en être séparé. […] Si je suis appelé, j’ai peine à croire que le voyage ne produira pas quelque chose de bon, plus ou moins. » Savary montre, dans cette entrevue, la rudesse, mais le bon sens d’un soldat.

1874. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

C’est, avec Venise, la seule république italienne qui ait le droit de s’indigner contre ces traités de 1815, traités qui rendent le trône aux princes de la maison de Savoie, et qui, au nom de la légitimité des rois et des peuples, confisquent au profit de cette maison de Savoie une république illustre qu’ils n’ont pas même la peine de conquérir ! […] On donne Gênes à la maison de Savoie, qu’on lui épargne la peine de conquérir, et avec Gênes un port, des citadelles, une marine, une population d’aventureux marins qui vont sous ses lois rivaliser avec Toulon et avec Marseille.

1875. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« Disons hardiment que c’était là une belle et douce nature, un esprit bienveillant, un vrai courage, habile à supporter la mauvaise fortune, un laborieux, rude à la peine et fécond à ses risques et périls. […] Il savait où il allait ; les hommes n’avaient voulu comprendre ni son âme immense, ni sa poésie ; il les quittait sans peine pour la patrie des méconnus.

1876. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Abel Hermant (Extrait d’un article du Temps) Quand la politique se mêle de dicter des sentences, elle admet aussi peu de tempéraments que le célèbre législateur Dracon, qui avait décrété la peine de mort indistinctement pour tous les délits… Victor Hugo est bête, … et le dix-neuvième siècle est stupide… Ces façons de juger sont odieuses à quiconque ne sait respirer qu’à l’air libre… A. […] Frantz-Jourdain Supprimer ou même ravaler le xixe  siècle me semble suprêmement comique, car il est et restera comme un des plus prodigieux de l’Humanité, et notre xxe  siècle, du train dont il va, aura une certaine peine à l’égaler.

1877. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

L’exactitude en pareille matière, à moins que l’auteur n’ait pris la peine de commenter ses intentions, est chimère pure. […] Beaumarchais déjà lançait l’aphorisme fameux : « Ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante. » Scribe, le librettiste ordinaire de Meyerbeer, a commis des vers qui sont des péchés impardonnables contre la poésie et même contre la langue française.

1878. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Par une pente naturelle, la volonté réagit de la même manière devant les mêmes objets douloureux ou agréables : elle se déploie selon une loi ; elle suit la ligne de la moindre résistance, qui n’est autre que celle de la moindre peine. […] Un changement pénible se produit chez ranimai, par exemple la douleur d’un choc ; ce changement entraîne à sa suite une réaction pour écarter la peine.

1879. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

chez le premier, une fonction heureuse de la main et de l’œil, en regard du supplice du cerveau du second ; et chez l’un le travail qui est une jouissance et chez l’autre une peine. […] La pauvre mère, en pleurs, raconte sa peine à ses voisins, qui emportés par un généreux mouvement, font la somme en une heure.

1880. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Il existe chez certains déséquilibrés ce qu’on pourrait appeler une sorte de constitution douloureuse, de peine irraisonnée, prête à se traduire sous toutes les formes possibles du raisonnement et du sentiment, à se généraliser même en théorie pessimiste. […] Le plus fataliste des fatalistes, Spinoza, n’aurait pas eu de peine à démontrer que la « pourriture » est un état de la force et de la substance moins compliqué et moins unifié tout à la fois que la santé de la jeunesse, conséquemment moins beau.

1881. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Dans ce vaste drame, la vie même est jouée ; les spectateurs sont de la pièce ; ils ne sortent pas d’eux-mêmes, mais, pris à la magie de cet art, s’abandonnent à la belle et facile occasion de poursuivre leur existence quotidienne dans le fictif, dans un lieu sans peines, sans dégradants soucis de soi-même, mais baigné d’une atmosphère de rêve et de brume immense, complexe, obscur, fragmentaire, vaste, noire, et si immédiatement connu d’une vue si proche, que le lecteur s’y perd et s’y trouve comme un passant dans le large miroir des eaux profondes ou stagnent le ciel, le site et lui-même qui reconnaît son ombre dans la leur. […] C’est au début la scène légère des agitations, des amourettes et des jeux de la nursery, puis cet incident étourdissant, le soir où Natacha hésitant entre ses prétendants, court se blottir dans le lit de sa mère au coucher et lui raconte joyeusement ses peines ; où encore la vie de mascarades, de veillées, de folles courses en traîneau, de chasses et d’innocentes intrigues tout l’hiver à Otradnoé ; la sympathie, le plaisant et réconfortant intérêt pour la joie de ces bonnes gens, seront profonds et bienfaisants.

1882. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

On trouve la peine trop faible pour ses prétendus crimes ; un second jugement populaire le condamne à mourir par le feu ! […] Il jugeait les peuples et les chefs des peuples ; il était à la place de celui qui un jour cessera d’être patient, puisant à son gré au trésor des récompenses et des peines.

1883. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Jusqu’à preuve authentique du contraire, nous aurons peine à admettre que les idées dilatent, si lentement que ce soit, un cerveau, comme le gaz un ballon. […] Ce n’est donc pas peine perdue que de parcourir ce noble édifice, à peine entamé par vingt-deux siècles ; toute obscurité d’ailleurs est écartée par l’érudition exacte et sûre du guide qui s’offre à nous.

1884. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

» C’est le même sentiment qui, au début du règne misérable et antipatriotique de Charles VI, lui fera dire : « Comme j’étais près d’entrer dans ce long et pénible règne, deux choses ont pensé m’en détourner : l’horreur que j’ai de repasser sur tant de massacres, de ruines et de désolations, et la peine incroyable qu’il y a à démêler tant d’affaires si embrouillées, etc. » Ces parties ingénues et naturelles plaisent chez Mézeray, en attendant qu’on en vienne avec lui aux parties étudiées et fortes.

1885. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Il n’est point de parfait bonheur sur la terre, parce que ce n’est pas ici le temps des consolations, mais le temps des peines : l’élévation a ses assujettissements et ses inquiétudes ; l’obscurité, ses humiliations et ses mépris ; le monde, ses soucis et ses caprices ; la retraite, ses tristesses et ses ennuis ; le mariage, ses antipathies et ses fureurs ; l’amitié, ses pertes ou ses perfidies ; la piété elle-même, ses répugnances et ses dégoûts : enfin, par une destinée inévitable aux enfants d’Adam, chacun trouve ses propres voies semées de ronces et d’épines.

1886. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Mes discours, mes rapports, mes correspondances ne me coûtaient aucune peine à écrire.

1887. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Revenu après cet orage à ses loisirs de Reims, Maucroix, comme le pigeon voyageur rentré au nid, se promit bien de s’y tenir coi et ne plus quitter ses amis ni ses compères : Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.

1888. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Un peu après que Mme la Dauphine fut arrivée, le roi lui dit, en lui montrant un grand coffre de la Chine, qu’il était demeuré là quelques nippes de la dernière loterie qu’il avait faite, et qu’il la priait de se donner la peine de l’ouvrir.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Ce simple fait prouve combien est dénuée de fondement cette opinion si répandue, que la chevalerie de cette époque dédaignait les armes à feu ; et c’est avec peine que nous avons vu, dans le cours d’histoire militaire de M. 

1890. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Sa sagacité n’a pas de quoi nous étonner : l’œil que rien ne trouble n’a pas de peine à voir clair.

1891. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Un Du Guet qui aurait été, par impossible, le confesseur ou le directeur des deux amants, un Talleyrand qui se serait vu, durant des années, leur ami intime, — l’un et l’autre, Talleyrand et Du Guet, mettant en commun leur expérience et les confidences reçues, seraient, j’imagine, fort en peine de prononcer.

1892. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

En cela le duc de Rohan payait encore la peine de son passé : il avait beau s’être conduit dans les dernières années avec tout l’éclat et toute la loyauté possible, il n’avait pas la conscience nette ni la mémoire libre ; il supposait aux autres des desseins que ces soupçons de sa part leur auraient suggérés peut-être, et il ne revoyait de loin la France qu’avec une sombre perspective de procès, de Bastille et d’échafaud.

1893. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Il y a, dans une lettre du 18 décembre 1712, une phrase impossible, que l’on a peine à croire d’elle ; il s’agit des plans et dessins pour les jardins du Retiro : « Elles (Leurs Majestés catholiques) seront bien aises, auparavant que de les faire mettre à exécution, que M. le duc d’Antin les fasse voir au roi dont elles ont une grande opinion du goût » ; au lieu de : du goût duquel elles ont une grande opinion.

1894. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ce ne sont pas seulement les pages et laquais, ce n’est pas seulement le menu peuple, qui est ingrat envers le cardinal, c’est le roi qui, en mourant dévotement, lui paye cette dette de reconnaissance pour toute la grandeur qu’il avait donnée à son règne ; et en effet qu’aurait-il été, ce roi, sans le cardinal qui, pendant vingt ans, ne lui avait jamais fait faire les choses que par contrainte : « De sorte que pendant sa maladie il disait que les peines et contraintes que le cardinal avait faites sur son esprit l’avaient réduit en l’état où il était. » Louis XIII mort, la rage du bon peuple est au comble ; neveux et nièces du cardinal, les marquis de Brezé et de Pont-de-Courlay et la duchesse d’Aiguillon, sont obligés de se retirer d’appréhension et de se jeter dans le Havre.

1895. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

En qualifiant ceux qui en faisaient partie, elle a grand peine à tenir compte des degrés et des nuances.

1896. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

A peine en possession du petit écrit, je l’avais parcouru, et je n’en avais pas apprécié toute la valeur, toute la vitalité.

1897. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

subis la peine.

1898. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Le prince Joseph, qui avait longtemps conservé des relations affectueuses avec ses anciens amis du temps du Consulat, lui dont Mme de Staël écrivait en 1808, en lui pardonnant sa royauté : « Le pauvre Joseph est un véritable conscrit parmi les rois, tant sa situation lui fait de peine ! 

1899. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Pour leur peine, tout en arrivant, ils sont battus ; frottés, torchonnés de la belle manière et passés au feu par Astaroth et Belzébuth et tous les diables ameutés.

1900. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Le roi l’en loue ; puis on en vient au premier détail du plan proposé pour, faciliter les conversions : « Je lui montrai, dit Foucault, la carte que j’avais fait faire du Béarn, avec la situation des villes et des bourgs où il y avait des temples ; je lui fis voir qu’il y en avait, un trop grand nombre et qu’ils étaient trop proches les uns des autres, qu’il suffirait d’en laisser cinq, et j’affectai de ne laisser subsister que les temples, justement au nombre de cinq, dans lesquels les ministres étaient tombés dans des contraventions qui emportaient la peine de la démolition du temple, dont la connaissance était renvoyée au Parlement, en sorte que, par ce moyen, il ne devait plus rester de temples en Béarn.

1901. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

A peine si j’en crois moi-même à mes paroles, Tant nous sommes frivoles, Oublieux et légers !

1902. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Il faut parler, il faut juger, même quand les choses n’en valent guère la peine ; il faut s’étendre et motiver, et savoir intéresser encore, tout en louant et en blâmant.

1903. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

A peine les grains de poussière d’un tourbillon qu’abat le même vent qui l’a soulevé.

1904. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il nous faut des maîtres plus sensibles qu’instruits, plus raisonnables que savants, qui dans un lieu vaste et commode, hors des villes, hors de l’infection de l’air qu’on y respire et de la dépravation des mœurs qui s’introduit par tous les pores, soient les égaux, les amis, les compagnons de leurs élèves ; que toute la peine, que tout le travail de l’instruction soit pour le maître, et que les enfants ne se doutent même pas qu’ils sont à l’école ; que dans des conversations familières, en présence de la nature et sous cette voûte sacrée dont le brillant éclat excite l’étonnement et l’admiration, leur âme s’ouvre aux sentiments les plus purs ; qu’ils ne fassent pas un seul pas qui ne soit une leçon ; que le jour, la nuit, aux heures qui seront jugées les plus convenables, des courses plus ou moins longues dans les bois, sur les montagnes, sur les bords des rivières, des ruisseaux ou de la mer, leur fournissent l’occasion et les moyens de recevoir des instructions aussi variées que la nature elle-même, et qu’on s’attache moins à classer les idées dans leur tête qu’à les y faire arriver sans mélange d’erreur ou de confusion. » Vous voyez d’ici le tableau idéal et enchanteur de toutes ces écoles primaires et rurales de la République française, où chaque enfant serait traité comme Montaigne, Rabelais ou Jean-Jacques ont rêvé de former et de cultiver leur unique élève.

1905. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Pour sa peine, vous l’appelez sceptique : ne croyez pas l’humilier.

1906. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Ce prince resta d’abord indifférent et même étranger à toutes ces démarches ; il regrettait profondément sa défunte épouse et ne se soumettait qu’à regret et même avec répugnance à la raison d’État qui l’obligeait à la remplacer si promptement ; il avait peine à se faire au mot d’ordre de la situation : La dauphine est morte !

1907. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Dans les conclusions du présent livre sur le vrai christianisme qui doit désormais régir le monde, je remarque avec peine la même intrépidité de prédiction que quand l’auteur des Réflexions sur l’État de l’Église (1808) s’écriait en terminant : « Non, ce n’est pas à l’Église à craindre… Les siècles s’évanouiront, le temps lui-même passera, mais l’Église ne passera jamais.

1908. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Oreste, il est vrai, a moins de peine à se décider qu’Orso, et arrive tout enflammé, ne respirant que meurtre.

1909. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Sa paresse lui grossissait la peine, et il aimait à s’en plaindre par manie.

1910. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Et pour la Faute de l’abbé Mouret, quelles recherches parmi les mystiques Espagnols, quel emploi quotidien du Cérémonial des paroisses de campagne, quelle étude de la messe dans des ouvrages en latin, que j’avais eu toutes les peines du monde à me procurer !

1911. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Si des faveurs de l’opinion nous passons au maintien du pouvoir légal, nous verrons que l’autorité est en elle-même un poids que les gouvernés ont peine à supporter ; les esprits qui ne sont pas créés pour la servitude, éprouvent d’abord une sorte de prévention contre la puissance.

1912. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Selon que l’autorité est aux mains de tous, ou de plusieurs, ou d’un seul, selon que le prince admet ou n’admet pas au-dessus de lui des lois fixes et au-dessous de lui des pouvoirs intermédiaires, tout diffère ou tend à différer dans un sens prévu et d’une quantité constante, l’esprit public, l’éducation, la forme des jugements, la nature et le degré des peines, la condition des femmes, l’institution militaire, la nature et la grandeur de l’impôt.

1913. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

À grand peine, dans son indignation, Rabelais s’empêche-t-il d’« occire » le « vieux tousseux » de précepteur.

1914. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

On a peine à imaginer la bizarrerie extravagante des aventures que les romans picaresques des Espagnols nous offrent, la grossièreté répugnante des mœurs, l’âcre goût de terroir de la satire et de la plaisanterie.

1915. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Ceux qu’il amuse seulement, sont ceux qui ne l’ont pas compris, ou qui n’ont pas voulu s’en donner la peine : car il n’y a qu’une incurable frivolité ou un violent parti pris qui puisse s’y méprendre.

1916. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Les défauts, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas le style, ces traits saillants qu’on veut mettre partout, ces mots « qui nous éblouissent un moment pour nous laisser ensuite dans les ténèbres, ces pensées fines, déliées, sans consistance, qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité » ; la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; les phrases arrangées, les mots détournés de leurs acceptions, les traits irréguliers, les figures discordantes ; — d’où tout cela vient-il, sinon de ce qu’on écrit hors de soi, à côté de soi, et qu’il y a un auteur au lieu d’un homme ?

1917. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Ils ne sont pas au bout de leurs peines.

1918. (1886) De la littérature comparée

toujours, distinguer entre celles qui valent la peine d’être arrêtées et serties et celles qu’il faut laisser passer comme un vol d’oiseaux passagers ; l’Université les repousse toutes, tant elle craint de prendre des bulles de savon pour des étoiles.

1919. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

« Racine », disait-elle, « aura peine à faire jamais quelque chose d’aussi agréable (quoique la lecture fasse regretter quelques approbations excessives).

1920. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Il perdit sa peine et ses avis à tâcher de le modérer et à vouloir lui insinuer sa jeune prudence.

1921. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Faut-il les assujettir tous à la peine sans distinguer les plus jeunes des plus âgés ?

1922. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Ce spectacle me causait une émotion profonde : en voyant les hommes encore bons sur un sol bouleversé et teint de sang, j’ai souvent eu peine à retenir mes larmes.

1923. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Son ami, le célèbre traducteur Perrot d’Ablancourt, avec qui il menait jeunesse, le servit fort en cette intrigue, et il l’aidait à écarter, sans trop de peine, le mari plus incommode que jaloux.

1924. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Le règne des tribuns avait cessé ; mais celui du législateur ne s’enfantait qu’avec peine.

1925. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Un chevalier bel esprit y fait solennellement appel au bon sens du siècle à venir et à la postérité ; le comédien répond humblement : « Quelque succès qu’ait notre pièce, nous n’espérons pas, monsieur, qu’elle passe aux siècles futurs ; il nous suffit qu’elle plaise présentement à quantité de gens d’esprit, et que la peine de nos acteurs ne soit pas infructueuse. » Et encore, à toutes les minauderies et aux scrupules grimaciers d’une comtesse très équivoque, M. 

1926. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Lorsque, sur la fin de sa vie, il apprit les premiers événements de juillet 89, il en conçut autant de méfiance et de doute que d’espérance ; les premiers meurtres, certaines circonstances dont la Révolution était accompagnée dès l’origine, lui semblaient fâcheuses, affligeantes : « Je crains que la voix de la philosophie n’ait de la peine à se faire entendre au milieu de ce tumulte. » — « Purifier sans détruire », était une de ses maximes, et il voyait bien tout d’abord qu’on ne la suivait pas.

1927. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

On n’aurait même pas de peine à découvrir chez lui un certain goût sensuel que l’on pourrait dire innocent et primitif, contemporain des patriarches, mais qui l’empêche de se perdre dans le raffiné des sentiments.

1928. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Quant aux bizarreries réelles des hommes supérieurs, il faut d’abord s’assurer si elles sont spontanées et naturelles, ou si elles ne sont pas reflet d’une sorte de charlatanisme très-ordinaire chez les grands hommes : « Girodet, dit-on, se levait au milieu de la nuit, faisait allumer des lustres dans son atelier, plaçait sur sa tête un énorme chapeau couvert de bougies, et dans ce costume il peignait des heures entières. » J’ai peine à croire que ce soit là autre chose qu’une plaisanterie : en tout cas, c’est une bizarrerie tellement arrangée et si peu naturelle que je n’y puis voir qu’une mystification du bourgeois.

1929. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Son goût littéraire n’a pas eu de peine à s’affranchir des banales admirations qui se retranchaient sous la protection d’une fausse tradition.

1930. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

La Bruyère a très bien indiqué pourquoi l’on a honte de pleurer au théâtre, tandis que l’on n’a point honte d’y rire : « Est-ce une peine que l’on sent à laisser voir que l’on est tendre, et à marquer quelque faiblesse surtout en un sujet faux et dont il semble que l’on soit là dupe ? 

1931. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

puisqu’il y est déposé, je voudrais dire mon mot aussi sur cet homme oublié, sur ce journaliste qui n’aura qu’une gloire de journal pour sa peine de n’avoir été que cela.

1932. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Lorsqu’il parle, il bégaye d’abord et répète plusieurs fois les mêmes mots ; ses phrases sont embarrassées ; il ne regarde pas son interlocuteur en face ; il ressemble à ces oiseaux aux grandes ailes qui ont peine à prendre leur vol. 

1933. (1900) La culture des idées

Albalat cite fort à propos les paroles de Buffon : que rien ne dégrade plus un écrivain que la peine qu’il se donne « pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse. […] L’œuvre d’art tient des discours qui s’adressent au sens esthétique et à lui seul ; ce qu’elle peut dire par surcroît de perceptible pour nos autres facultés ne vaut pas la peine d’être écouté. […] Pourtant il est rare que les livres aveuglément clairs vaillent la peine d’être relus ; la clarté, c’est ce qui fait le prestige des littératures classiques et c’est ce qui les rend si clairement ennuyeuses. […] Mais les Germains appliquaient, en matière d’adultère, la peine de mort, et ils avaient occasion de l’appliquer. […] Mais vous n’êtes pas en peine ; vous êtes riche comme tous vos jeunes camarades.

1934. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Sans doute on aurait peine à lui trouver ce je ne sais quoi d’entreprenant et d’insinuant qui est le facile apanage, dit-on, des enfants issus de la Guyenne ; lui, il se borna à la douce malice du sage, à la finesse demi-souriante. […] A peine remis de la secousse politique, Daunou se dédommageait, et cherchait à se consoler par de bons travaux académiques et littéraires. […] L’apparence de ce Cours est des plus sérieuses en effet, mais on est bien payé de sa peine si l’on y pénètre.

1935. (1902) Propos littéraires. Première série

Elles croient facilement aux exceptions, parce qu’elles les aiment, et, vous autres, vous avez peine à y croire, parce que vous ne pouvez pas les souffrir. […] Car à le revoir ainsi, elle se sentait remplie d’une indicible peine, d’une angoisse pour lui qui la consumait. […] Les stalactites sont groupées par ordre et par famille, « comme si les génies de la grotte avaient pris la peine de les classer ». […] On connaît la carrière littéraire de la femme très intelligente et très observatrice sans en faire son métier, qui, ayant une première fois signé « Gyp » un article du journal, ne s’est pas donné la peine de changer de nom littéraire et a fini par signer « Gyp » mute une bibliothèque. […] Il trouva un mot bien joli pour les caractériser d’ensemble : « Ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante ; et ce qui ne vaut pas la peine d’être regardé, on le peint. » Il montre très nettement par des exemples bien analysés la tare secrète de cet art et les limites qu’il est dédaigneux de dépasser parce qu’il est impuissant à les atteindre : « Entre le tableau de M. 

1936. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

J’ai vraiment peine à croire, mon cher Monsieur, que toutes ces manies de chien, de mulâtre écarlate, de chambre noire, de vêtements de velours, de mise à mort, de médailles, etc., ne soient pas de pure affectation. […] Les trois lignes que je viens d’écrire sont peut-être les plus franches et les plus sévères qu’il ait eues à subir, et si j’étais autre chose qu’une espèce de feuilletonistef marron g, qui donnera sa démission avec la signature du dernier de ces articles, j’aurais tout à redouter pour mon œuvre présente, si elle en valait la peine, ou pour celle que je ferai un jour, si je deviens propre à en concevoir une. […] Je ne prenais seulement pas la peine de lui dire quel temps il faisait à Paris ; c’est très blâmable, et j’en conviens ; mais là ne se borne pas mon ingratitude envers elle ; ma paresse pour tout ce qui n’est pas flâner et vous écrire (autre flânerie de la plume au lieu de celle de l’individu) est si grande, que j’ai laissé sans réponse une lettre où il s’agissait cependant de ma gloire, en vérité. […] J’ai bien senti quelques grands hommes descendre du piédestal que mon opinion leur avait bâti ; j’ai bien vu quelques personnages que j’avais peine à accoler aux figures que je m’étais créées par tels noms, ou par telles œuvres ; mais je dois dire aussi, qu’à les connaître, quelques hommes se sont élevés dans mon estime, et que le résultat de mes enquêtes m’a causé autant de véritables plaisirs que de déceptions.

1937. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

C’était l’œuvre d’un inconnu, d’un jeune homme qui n’était même pas de Paris, et qui avait eu toutes les peines du monde à trouver un éditeur. […] Ils causent, et leur conversation effleure tous les sujets, sans peine, sans effort, et surtout sans raison. […] De ma peine il semblait souffrir, Mais il ne poussa qu’un soupir, Et s’évanouit comme un rêve. […] Notre ancienne littérature classique est tout à fait aristocratique, et si les gens ne sont seulement pas princes, on trouve que ce n’est pas la peine de s’en occuper.

1938. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

cher… cela ne vaut pas la peine… et puis cela pourrait fatiguer ces messieurs. […] — C’était bien la peine que je passe les plus belles nuits de mes jours à vous broder une bourse pour votre fête, pour que vous exposiez votre pauvre amie qui vous a tout sacrifié, comme Marguerite Gauthier, à recevoir la visite boueuse des huissiers qui veulent me saisir comme si j’étais négociante. — Sans ma portière, qui m’a prêté huit cents francs pour donner à M.  […] La fièvre d’agio a tellement gagné les Parisiens, que, si la fin du monde— dont il a été aussi question— était un fait annoncé officiellement, ils ne verraient dans ce grand dénouement de l’humanité qu’un prétexte à la baisse, — et avant de se repentir et de songer à leur salut, ils commenceraient par courir chez les agents de change pour les prier de vendre, et les trompettes des archanges auraient peine à dominer la voix des coulissiers annonçant le dernier cours aux fidèles du lucre rassemblés dans la cathédrale de leur dieu. […] On a toutes les peines du monde à les mettre à la porte. […] Aussi n’est-ce point la peine de le désigner, même par son initiale : cela serait aussi inutile que d’allumer le gaz pour montrer le soleil.

1939. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il n’est pas un siècle, depuis le onzième, où la pensée française n’ait été ranimée par un nouveau ferment ; sa force fut de supporter sans peine tant de bouillonnements successifs et de se montrer, après chaque crise, plus fraîche et plus vive. […] Quand on a, avec beaucoup de peine, établi des catégories, il faut bien souvent se résigner à n’avoir rien à enfermer dans l’enclos : les jolies bêtes s’échappent et vont jouer dans la forêt voisine. […] L’image neuve et, par conséquent hardie passe pour du mauvais goût ; l’écrivain sensoriel, le Chardin ou le Watteau de l’écriture, doit s’atténuer, se noyer, sous peine d’être traité de barbare. […] On nous fera donc difficilement croire que nous devons dire : « La peine que j’ai pris ; — la femme que j’ai aimé. » Sans doute l’histoire de la langue française et l’analyse des formes permettent de prouver que cet accord n’a pas toujours régné. Dans « j’ai pris la peine » et dans « la peine que j’ai pris — prise » j’ai pris est une forme verbale composée mais qui peut être traitée comme une forme simple.

1940. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Les castes impures souillent les castes pures à des distances diverses pour chacune d’elles et qui semblent varier, on a pris la peine d’en faire le calcul, de vingt à soixante pas. […] Cela n’en vaut peut-être pas la peine. […] Il y a aussi des choses dont la vue nous laisse insensible : celles qui ne sont ni belles ni laides, ni utiles, ni nuisibles, ni bonnes ni mauvaises, tout ce qui ne vaut pas la peine d’être qualifié, tout ce qui est neutre pour nos sens ou pour notre imagination. Si alors on nous demande de témoigner sur l’existence de ces objets, sur la réalité de ces faits qui ne nous causent ni peine ni plaisir et que, pour cela, nous avons négligé de conserver dans notre mémoire, nous serons très embarrassés. […] Alors cela valait la peine d’être l’ami des bêtes ; nos dressages sont plus modestes.

1941. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Qu’on prenne surtout bien la peine de l’étudier ou, tout au moins, de le lire. […] « Ensuite il trouve moyen de nous apaiser et de tirer de nous cet aveu qui fait tant de peine, dit Madelon. — Ah ! […] tant de peine », appuie Cathos. […] Les rois ont peine à concevoir les malheurs de la vie commune comme un exemple effrayant pour eux. […] C’est Lekain lui-même qui se donne la peine de nous l’apprendre et en détail.

1942. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Dans ce cas, nous inventons après coup pour eux des motifs qui satisfont notre besoin psychique de claire causalité, et nous nous persuadons sans peine que maintenant nous les avons réellement expliqués. […] C’est une peine absolument perdue que de vouloir donner à un individu, par le mot, de nouvelles aperceptions et notions et élargir le cercle de sa connaissance lucide. […] Les tableaux de ceux-ci les touchaient et les émouvaient ; ce qui les distinguait avant tout des tableaux d’autres peintres qui les laissaient indifférents, c’était leur raideur pleine de gaucherie ; ils virent donc tout simplement dans cette raideur pleine de gaucherie la source de leur émotion, et imitèrent avec beaucoup de peine et de conscience le mauvais dessin des « primitifs ». […] Peine d’enfer pour la fille du roi ». […] Morris se persuade qu’il est un trouvère du xiiie ou du xive  siècle ; il se donne la peine d’envisager les choses et de les exprimer dans la langue dont il se serait servi s’il avait été réellement un contemporain de Chaucer.

1943. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

À la prise de Cahors, qui fut tant disputée (1580), et qui ne dura pas moins de trois jours et trois nuits à mener à fin après qu’on eut pénétré dans la ville, le pillage fut en raison de la peine ; on ne s’y épargna pas : « Et en votre particulier, disent les secrétaires de Rosny, vous gagnâtes par le plus grand bonheur du monde une petite boîte de fer que nous croyons que vous avez encore, que vous baillâtes lors à l’un de nous quatre à porter, et l’ayant ouverte, trouvâtes quatre mille écus en or dedans. » À une première tentative de Henri IV sur Paris (1589), Rosny donne, avec MM. d’Aumont et de Châtillon, du côté du faubourg Saint-Germain, « où, ayant enclos entre deux troupes, dans une rue près la foire de Saint-Germain, plusieurs Parisiens, il en fut tué quatre cents en un monceau en moins de deux cents pas d’espace.

1944. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Mais il avait promis plus qu’il n’était capable de tenir : il ne fit qu’adoucir et affaiblir ces passages, et il subit pour sa peine une diminution de pension, qui le porta à écrire d’autres lettres suppliantes.

1945. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Selon Gibbon, les Géorgiques de Virgile ont eu un grand à-propos sous Auguste, un but politique et patriotique mêlé à leur charme : il s’agissait d’apprivoiser aux travaux de la paix et d’attacher à la culture des champs des soldats vétérans devenus possesseurs de terres, et qui, avec leurs habitudes de licence, avaient quelque peine à s’y enchaîner : « Qu’y avait-il de plus assorti à la douce politique d’Auguste, que d’employer les chants harmonieux de son ami (son ami est une expression un peu jeune et un peu tendre) pour les réconcilier à leur nouvel état ?

1946. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Aimable sénéchal de Champagne, que de peines et d’efforts il a fallu, que d’académiciens des Inscriptions faisant la chaîne et mis les uns au bout des autres, pour arriver à sauver de toute corruption et de toute injure, et pour nous rendre au naturel et dans sa simplicité, ce que vous dictiez si gaiement en cheveux blancs dans le joli langage ou ramage de votre jeunesse, et en vous promenant d’un pied encore ferme dans la grande salle du château de Joinville85 !

1947. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Le premier mot, qui est emphatique, promet plus qu’il ne tient : « J’ai vécu, je voudrais être utile à ceux qui ont à vivre. » L’auteur, après quelques généralités assez vagues, s’attache, dans son examen des mœurs, à celles de notre nation, et particulièrement à celles de la société de Paris : « C’est dans Paris qu’il faut considérer le Français parce qu’il y est plus Français qu’ailleurs. » Il va parler de ce qu’il sait le mieux et de ce qui lui donnera le moins de peine.

1948. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

« C’est dans les plus beaux fruits, dit saint Augustin, que les vers se forment, et c’est aux plus excellentes vertus que l’orgueil a coutume de s’attacher. » Bourdaloue partait de là pour montrer que, si la sévérité évangélique est le fruit le plus exquis et le plus divin que le christianisme ait produit dans le monde, « c’est aussi, il le faut confesser, le plus exposé à cette corruption de l’amour-propre, à cette tentation délicate de la propre estime, qui fait qu’après s’être préservé de tout le reste, on a tant de peine à se préserver de soi-même ».

1949. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Enfin il se donne bien de la peine pour s’expliquer une chose très simple ; il n’était pas de ceux à qui l’image arrive dans la pensée, ou chez qui l’émotion lyrique, éloquente, éclate et jaillit par places dans un développement naturel et harmonieux.

1950. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Dans un des voyages qu’elle fit de Cirey en Lorraine, elle n’eut pas de peine à le distinguer dans ce joli et gracieux monde, et elle écrivait de Commercy à d’Argental, qui était alors à Plombières (30 juillet 1748) : Je ne puis me refuser de vous envoyer des vers d’un homme de notre société (Saint-Lambert) que vous connaissez déjà par l’Épître à Chloé ; je suis persuadée qu’ils vous plairont.

1951. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Voici un passage entre dix autres : J’ai toujours peine à concevoir, écrit-il au père de Benjamin Constant (janvier 1776), comment une nation si agréable peut être en même temps si féroce, comment elle peut passer si aisément de l’opéra à la Saint-Barthélemy ; être tantôt composée de singes qui dansent, et tantôt d’ours qui hurlent ; être à la fois si ingénieuse et si imbécile, tantôt si courageuse et tantôt si poltronne.

1952. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Sur le Régent toutefois, sur son immoralité en tant que gouvernant, et sur quelques points de fait, Mirabeau, qui sait mieux son monde et la corruption présente que ne la pouvait deviner le solitaire bienveillant, le réfute et le bat sans peine : « Il (le Régent) a introduit ce monstrueux oubli des bienséances qui sera, je crois, l’époque de la décadence de cet État ; car l’on ne revient jamais aux mœurs, quand une fois on les a perdues.

1953. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

J’allais oublier son grave enfantillage d’ambitionner d’être citoyen romain ; il y parvint, non sans peine.

1954. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Les premiers rêves, les premières ardeurs, les premières peines (car elle en eut) de cette noble fille se dérobent à nous : il y a des choses qu’elle ne dit jamais qu’à Dieu ou à son confesseur.

1955. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Autre question que j’ai peine à comprendre qu’on agite avec le désir d’y répondre négativement.

1956. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Liautard qui était jusqu’au cou dans toute cette manigance, ou plutôt on se figure sans peine « combien il fallut de soins et de minutieuses attentions pour dépouiller le roi de ses propres idées, pour refaire en quelque sorte son cerveau, sa mémoire, son cœur, toutes ses facultés, toutes ses affections. » Ce qu’il y a de plus certain, c’est que Louis XVIII, ainsi travaillé, faiblit à vue d’œil et baissa.

1957. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Delaroche, si ingénieux, si fin, toujours inquiet du mieux, a beaucoup tenté, beaucoup embrassé, et s’est, en partie, consumé à la peine.

1958. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Quant aux vices du brillant prélat, il n’y aurait pas à les dissimuler, ce serait peine inutile : en regrettant de les trouver dans un homme de son rang et de sa condition à l’état d’affiche et de scandale, il n’y aurait pas non plus à les exagérer, et la leçon morale qui sortirait d’elle-même de ce désaccord criant parlerait assez haut.

1959. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

A peine dissipées, elles renaissent d’elles-mêmes.

1960. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Je n’ai point donné de ces batailles générales qui mettent le royaume en peine ; mais j’espère, avec l’aide de Dieu, que le roi retirera de grands avantages de celle-ci. » Et, en effet, si l’idée originale de Denain n’est pas de Villars, il se l’appropria tout à fait par la manière brillante et rapide dont il sut profiter de ce premier succès ; à la façon soudaine dont il en tira les conséquences, on aurait pu l’en croire le seul auteur et le père, et l’on peut dire que, par l’usage qu’il en fit, il éleva ce coup de main heureux à la hauteur d’une grande victoire.

1961. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Ce sentiment se prononce surtout lorsque Sigognac, honteux d’être à charge à ses tristes compagnons sans leur rendre aucun service, et les voyant en peine et tout désemparés depuis la perte du pauvre Matamore, s’offre à le remplacer lui-même, à mettre de côté sa véritable épée, et, sous le nom grotesque de Capitaine Fracasse, qui sera désormais le sien, à faire son rôle sur les tréteaux, en attendant fortune meilleure : un regard d’Isabelle l’en récompense.

1962. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

A peine peut-on espérer atteindre aux limites de l’esprit : quel homme prétendrait les reculer ?

1963. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

On commence à le savoir assez bien à partir du XVIIIe siècle, qui ne s’est pas fait faute de révélations de tout genre ; mais on voudrait pourtant que des plumes légères aient plus souvent pris la peine de nous le dire et de fixer, à des moments et pour des sociétés distinctes, ce qui ne se ressemblait pas si uniformément qu’on le suppose.

1964. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

A peine publié en Espagne, on eut le livre à Paris, et il fut vivement goûté.

1965. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Collins est confondu avec une dizaine d’autres : il valait la peine d’être distingué.

1966. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Un fils ne m’eût pas appartenu ; elle sera toujours auprès de moi, elle m’aidera à vivre, me consolera dans mes peines, et nous serons heureuses à deux.

1967. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il a les intentions tout à fait bonnes pour le service du roi ; mais comme ses manières ne sont pas tout à fait polies, Sa Majesté vous recommande de bien vivre avec lui et de ne pas relever de petites choses dont un homme moins sage que vous aurait peine à s’accommoder. » Catinat devait se concerter avec M. de Quincy pour tout ce qui pourrait incommoder Mons, et pour empêcher qu’il n’y entrât rien ; il dut démolir des moulins à eau qui étaient dans les dehors et qui servaient à alimenter la place de farines.

1968. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Pourtant le sentiment individuel, bien que très en peine et comme chassé de poste en poste, résista ; il y eut de vives protestations en sens contraire et en faveur d’une certaine unité préexistante.

1969. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

S’il plaint quelqu’un, c’est le peuple, qui est tout, disait-il comme Sieyès, et que cependant on ne compte pour rien… » Je me fais une tout autre idée du ligueur, malgré certaines théories modernes, et j’ai peine à me figurer le rapport qu’il peut y avoir entre ces curés fanatiques de la Cité ou des Halles et l’abbé Sieyès.

1970. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Le discours simple et naïf où se déroule son tendre ennui, finit en ces mots : « On dit qu’on aime mieux quand on est dans la peine ; et quand on est aveugle, donc ! 

1971. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Certaines personnes ont cru voir dans cette opinion hautement proclamée une concession, une rétractation presque ; ces personnes-là ne se sont pas donné la peine de bien comprendre ma vraie pensée, et ce qui suit y suppléera. — Voir l’Appendice, à la fin du volume.)

1972. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

On pardonne pour être pardonné ; on pardonne parce qu’on se reconnaît digne de souffrir, c’est le pardon de l’humilité ; on pardonne pour obéir au précepte de rendre le bien pour le mal : mais aucun de ces pardons ne comprend l’excuse des peines qu’on nous a faites.

1973. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Il avait peine à y croire.

1974. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

On a dressé des peines contre ceux qui commettent les crimes, on devrait en formuler de pires contre ceux qui les excusent et qui les glorifient.

1975. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Mais ces données serviront à mettre en lumière des sentiments de l’âme humaine, des effets de mécanique et de chimie morales, qu’on aurait beaucoup plus de peine à observer dans les conditions fortuites et communes de la vie.

1976. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Sa philosophie est plus parfaite que celle de l’artiste qui écrit — et qui trahit par là quelque ingénuité, car il se figure apparemment qu’il vaut la peine d’écrire et que la gloire littéraire est quelque chose.

1977. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Bien des pratiques sociales, bien des usages conventionnels impliquent un mensonge sous-entendu auquel il faut déférer, sous peine d’encourir les sanctions du groupe.

1978. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Les anciens écrits hébreux ne renferment aucune trace de rémunérations ou de peines futures.

1979. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

On a quelque peine à distinguer en quoi ce « nouveau » du lycée Hippolyte Taine reste inférieur à ses condisciples les plus brillants : le gentil petit Barrès Maurice et le laborieux Adam Paul.

1980. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Muni de cette arme dont il fait reluire la poignée, il s’embusque au coin du salon… A peine l’a-t-il montrée, que Charrier, qui vise à la pairie, revient à lui.

1981. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Le sujet vaut la peine qu’on y revienne : dernièrement, à l’occasion de l’ouvrage de M. 

1982. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Seulement, sans se donner trop de peine, il remportait tous les prix à la fin de l’année ; il avait sa tragédie sur le chantier, comme tout bon rhétoricien ; il jouait des scènes d’Iphigénie avec un de ses camarades, aujourd’hui professeur de droit à Dijon, tous deux (l’Achille et l’Agamemnon) habillés en fantassins de ligne, et y allant bon jeu, bon argent.

1983. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Ces deux bessons, dont l’un, venu une heure avant l’autre, s’appela Sylvain ou Sylvinet, et l’autre Landry, étaient pareils de tout point, et, tant qu’ils furent enfants, on eut peine à les distinguer l’un de l’autre.

1984. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

On a peine, dans bien des cas, à saisir le fil très léger qui unit l’idée présente à la réminiscence, au souvenir que l’auteur évoque.

1985. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

On doit être fort en peine de ceux qui la regrettent avec une si juste douleur.

1986. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

On nous a assuré que, quand il voulait plaire, il avait pour cela, et jusqu’à la fin, des séductions, des grâces, une jeunesse d’imagination, une fleur de langage, un sourire qui étaient irrésistibles, et nous le croyons sans peine.

1987. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Et il continue, avec ce sentiment de bonhomie, d’observation et de vérité naïve, à développer un tableau où tout est parfait, où tout enchante, et où il n’y a que le nom de Maman appliqué à Mme de Warens qui froisse moralement et qui fasse peine.

1988. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

En ses plus sombres moments, il reconnaît « qu’il y a peut-être autant de vérités parmi les hommes que d’erreurs, autant de bonnes qualités que de mauvaises, autant de plaisirs que de peines : mais nous n’accusons que nos maux ».

1989. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Ses répréhensions mêmes, assure-t-on, et on n’a pas de peine à se le figurer, avaient plutôt l’air d’une effusion que d’une réprimande.

1990. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Cet aveu nous donne la clef principale de la conduite de Mme de Maintenon pour l’ensemble des premières années : active, obligeante, insinuante sans bassesse, entrant avec une extrême sensibilité dans les peines et les embarras de ses amis et leur venant en aide, non point par amitié pure, non point par sensibilité véritable, ni par principe de tendresse et de dévouement, mais parce que, tenant plus que tout à leur jugement et à leur appréciation, elle entrait nécessairement dans tous les moyens de s’y avancer et de s’y placer au plus haut degré : la voilà bien comme je me la figure.

1991. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il en indiquait les défauts, il en montrait les beautés toutefois, et remarquait que Voltaire, qui s’était essayé sur un sujet à peu près semblable dans Zulime était loin d’avoir réussi à égaler Racine : « C’est donc une terrible entreprise, concluait-il, que de refaire une pièce de Racine, même quand Racine n’a pas très bien fait. » Que La Harpe, lié comme il était à Voltaire par les liens d’une reconnaissance presque filiale ; à qui Voltaire écrivait : « Mes entrailles paternelles s’émeuvent de tendresse à chacun de vos succès » ; que La Harpe eût pu choisir un autre moment et une autre circonstance pour parler de Voltaire dans cette trêve de silence qui s’observait depuis sa mort, on le conçoit aisément : mais, quand on a lu le judicieux et innocent article dans le Mercure même, on a peine toutefois à comprendre la colère et l’indignation factices qu’il excita au sein de la coterie voltairienne.

1992. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

En tenant dans mes mains ces volumes de forme et d’inspirations différentes, mais auxquels un vœu égal a présidé, et dont pourtant un si petit nombre surnage, même un seul instant, j’éprouve un sentiment douloureux de voir tant de peines, tant de soins et de temps perdus autour de chaque œuvre si couvée et si caressée, et qui est déjà tombée du sein paternel dans un monde d’indifférence.

1993. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Je retourne la médaille, et j’attends des consolations qui adoucissent fort mes peines.

1994. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins le lui reproche ; elle a des peines infinies à obtenir d’elle de donner accès une fois ou deux aux personnages éminents qui passent à la cour de France et qu’elle lui recommande.

1995. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Dans une discussion du Conseil à laquelle il est admis, il a peine à entendre Danton, qui pourtant parlait assez fort et assez haut : M. 

1996. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Des personnes, qui ont vu ces pièces, en ont emporté une impression qui est un peu autre, m’assure-t-on, que celle des lecteurs de la brochure ; les simples lecteurs, en effet, qui n’entendent qu’une des parties, ont peine à ne pas donner raison à Courier.

1997. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Que si, par malheur, ils rencontrent quelquefois la vérité en leurs jugements, l’audace et l’appétit de continuer s’accroît tellement en eux, que l’on a peine de les en détourner.

1998. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Il le voudrait voir, ses cinq classes assemblées, discuter idéalement toutes les questions repoussées par la Chambre… ainsi la peine de mort.

1999. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

[Alphonse Daudet] La mort d’Émile Augier me cause une vive peine, et je me déclare incapable d’une parole vraiment digne de lui.

2000. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

On la reconnoissoit sans peine pour la figure principale du tableau.

2001. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

On comprend sans peine que la valeur soit, dans une certaine mesure, indépendante de la nature des choses, si elle dépend de causes qui sont extérieures à ces dernières.

2002. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Eux qui sont doués du pouvoir de procurer aux hommes tant de choses par une simple manifestation de leur volonté ne doivent pas se donner beaucoup de peine pour faire produire la terre.

2003. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

VIII Le livre, en effet, cette histoire, est manifestement un livre de femme, malgré toutes les peines que l’auteur se donne.

2004. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Mais quand il n’y en a plus, quand le temps les a émiettées et dispersées à tous les vents, est-ce bien la peine de se faire le peseur de toutes ces poussières et, une à une, de les ramasser ?

2005. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Assurément cette question valait bien la peine que Saint-Simon se la posât ; il n’y songe même pas.

2006. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Ce n’était donc pas la peine de nous le donner !

2007. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Ils n’ont pas pris la peine d’observer, ils ont suivi la coutume qui était de rire de la province pour le plaisir du Parisien.

2008. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

On vit un jour un cheval plein de feu, d’orgueil et de courage, le cœur aussi grand que la force, généreux, capable de durer et de s’user à la peine.

2009. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Lucrèce, sous une inspiration moins heureuse, rompt tout à coup le charme commencé de ses vers par cette singulière explication qu’il donne de l’ivresse de ses convives : « Comme si, dit-il173, dans la mort, la plus grande peine pour eux devait être une soif ardente qui les brûle et les dévore, ou quelque autre besoin qui les obsède. » O grand poëte, qu’êtes-vous devenu ?

2010. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

« Ils ont gravi la rude montée des cieux à travers le péril, le labeur et la peine.

2011. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Elle décida l’envoi de deux de ses membres aux funérailles du philosophe, en déclarant « qu’elle rendait cet hommage, non au philosophe partisan de l’école mystique dont nous portons la peine aujourd’hui, mais à l’homme politique qui, le lendemain des journées de Juin, a pris courageusement la défense des vaincus ». […] Elle distingua, successivement, deux ou trois jeunes gens amis de son frère et eut vive peine de n’être pas très vivement distinguée par eux. […] Je vous assure que cela en vaut la peine. […] Vous n’avez pas voulu faire de peine à votre femme. […] Cela est si vrai que des nobles parfaitement nobles ne se donnaient pas la peine, tant ils la considéraient peu comme signe de noblesse, tant ils la méprisaient, de séparer la particule.

2012. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Maintenant, il passait les journées dans une somnolence de vieil homme, et il éprouvait tant de peine à se remettre debout, il tirait tellement sur ses pattes molles, que souvent quelqu’un de la maison, pris de pitié, l’aidait, le soutenait une minute, afin qu’il pût marcher ensuite. […] » s’écria-t-il, en soulevant avec peine le drapeau. […] Ce n’était pas la peine de lui casser la tête pour qu’il revînt entre lui et elle, entêté dans sa jalousie. […] Elle me reconnut sans trop de peine. […] Bientôt des liens nouveaux se formèrent d’eux-mêmes entre nous, et ces liens ne seront que trop solides : c’est la communauté des fatigues et des peines qui les forme.

2013. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Il sent le besoin d’agir et il n’aime pas à se donner beaucoup de peine pour trouver un motif d’agir, c’est-à-dire une idée. […] En conséquence, le Français renvoie la métaphysique au même lieu d’exil où il avait relégué la religion, et dit de celle-là comme de celle-ci : « Tout cela n’est pas clair et donne beaucoup de peine à comprendre » ; ce qui est très vrai. […] Donc il y aura une religion d’État, une espèce de minimum de croyances, que le citoyen devra avoir, sous peine d’être chassé de l’État, sous peine, aussi, d’être mis à mort si, après avoir déclaré qu’il a ces croyances, il se conduit comme s’il ne les avait pas. […] A peine une centaine de candidats — et qui ne furent pas tous élus — avaient mis la séparation de l’Église et de l’État dans leurs professions de foi. […] En tout cas, elle est destinée à porter toujours ou très longtemps la marque, le poids et la peine de son origine.

2014. (1899) Arabesques pp. 1-223

S’irriter, s’indigner ou simplement émettre une critique, ce serait imiter ma chienne absurde qui aboie aux talons des passants en sueur, comme pour leur reprocher de ne pas faire la sieste à l’ombre, puis qui revient s’étendre devant ma porte, en haletant, la langue pendante, fière, croirait-on, de la peine inutile qu’elle vient de se donner… Ô poètes, ô chers fous dont je partage infiniment la folie, je me garderai bien d’imiter ma chienne. […] Non sans peine, du reste, et à travers beaucoup de souffrances, car il se rendait compte de la complexité de l’âme contemporaine en général et de la sienne en particulier. […] Acceptant les hommes tels qu’ils sont, elle se propose seulement d’équilibrer en eux les instincts égoïstes et les instincts sociables, de façon que chacun confonde son propre intérêt avec l’intérêt commun, de façon que la peine d’un seul soit ressentie par tous et aussi sa joie. […] D’où vient alors qu’on s’ingénie à méconnaître l’expérience en accordant à quelques-uns ou à beaucoup le pouvoir de promulguer des décrets auxquels tous devront obéir, sous peine d’être tenus pour rebelles et subversifs ? […] Et il ne purge même pas sa peine.

2015. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Cette affiche étale sous les yeux de tous, la peine de mort, les travaux forcés, la détention, la réclusion, tout le barbare code pénal qui sert aux démocrates à fonder la liberté. […] Toute la causerie est sur la cherté de la vie, et l’orateur du groupe conte qu’il a eu un père qui tournait la meule : « Il ne gagnait que cinquante sous par jour, dit-il, et cependant il a pu nourrir trois enfants, tandis que moi qui gagnais cinq francs sous l’Empire, j’ai eu toutes les peines à en nourrir deux. » La hausse des salaires ne correspondant pas au surenchérissement de la vie ; voilà au fond le grand et le juste grief de l’ouvrier contre la société actuelle… Ici je me rappelle que mon frère et moi, avons écrit quelque part que la disproportion entre le salaire et la cherté de la vie tuerait l’Empire… Et l’ouvrier ajoute : « Qu’est-ce que ça me fait à moi, qu’il y ait des monuments, des opéras, des cafés-concerts, où je n’ai jamais mis le pied, parce que je n’avais pas d’argent. » Et il se réjouit de ce qu’il n’y aura plus, dorénavant, de gens riches à Paris, persuadé qu’il est, que la réunion des gens riches, en un endroit, y fait monter la vie. […] Ce soir, pour la première fois, on commence à avoir peine à se frayer un chemin entre la badauderie des hommes et la prostitution des femmes. […] ça n’a pas toujours été comme ça, il y a eu un mauvais moment, un moment bizarre pendant lequel, c’est singulier, j’avais les mâchoires si serrées par tout ce qui s’était passé en moi, que vraiment j’avais parfois comme de la peine à parler. » Alors, elle s’étend sur les petites misères de la vie de là-bas, me parlant du froid de l’hiver, pendant lequel elle avait pris le parti de se coucher, et de laisser sa porte ouverte, conversant avec ses amis, du fond d’un lit bien chaud. […] Autrefois, la nuit eût eu de la peine à me chasser de chez lui ; aujourd’hui, après avoir regardé deux ou trois de ces brochures, j’ai dit au libraire que j’avais des courses à faire, que je reviendrais un autre jour.

2016. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

A peine. […] Il en est par son manque de sens critique, par son aptitude admirable à ne voir qu’un côté des choses, ou, s’il en voit deux, ce qui lui arrive, à se ramener sans peine à n’en regarder qu’un. […] Du moins ce chrétien ne laisse pas d’avoir quelque peine à se figurer le pur rien. […] Dernière sortie d’Ellénore ; après-midi d’hiver ; soleil triste sur la campagne grise : Elle prit mon bras, nous marchâmes longtemps sans rien dire ; elle avançait avec peine et se penchait sur moi presque tout entière. « Arrêtons-nous un instant […] — Il s’ensuit que le roman psychologique ne peut, ne doit être que très rare, sous peine d’être une composition artificielle, en un genre qui ne comporte pas l’artifice.

2017. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Sans nous attarder aux brillantes tentatives du xviie et du xviiie  siècle, et tout en donnant cette opinion de Voltaire qui veut que « les vers soient tellement faits que le lecteur ne s’aperçoive pas qu’on a été occupé de la rime », rappelons que Fabre d’Olivet, au commencement de ce siècle, s’éleva contre les ennemis de la rime, déclarant que « tout le mal que l’on dit d’elle n’est vrai qu’entre les mains d’un homme sans génie ou qui plaint sa peine », ce qui n’empêchera pas Mistral de nous donner une merveilleuse épopée et quelques poètes contemporains de mener bataille contre la rime. […] Si, par vers mesurés, on entend ici le vers blanc syllabique, la tentative ne sera ni neuve ni intéressante s’il s’agit d’une restauration du vers métrique, latin, avec dactyles et spondées, le « grand félibre », comme vous dites, aura sans doute pris beaucoup de peine pour un résultat nul. […] Si Monsieur veut bien se donner la peine d’entrer ?

2018. (1864) Le roman contemporain

La chanson de Félix Pyat, célébrant l’épicier et la rose indivis, n’est pas plus nouvelle, et j’ai bien de la peine à croire que toute cette bande joyeuse fût tout à fait à jeun. […] Le roman, toujours par monts et par vaux, s’agite sans beaucoup avancer ; Pénélope tient sa tapisserie d’une main si distraite, qu’elle laisse échapper à chaque instant des mailles qu’elle a peine à ressaisir ; on devine que le fil va se rompre avant que l’ouvrage arrive au dénouement. […] Peines perdues ! […] Mais ni la loi ni la société ne peuvent empêcher qu’il se trouve un officier du parquet assez inepte pour requérir les galères contre un homme que la misère extrême de sa famille a poussé à dérober un pain ; des jurés assez inhumains pour déclarer cet homme coupable, et une cour assez dénuée de sens et d’équité pour prononcer cette effroyable peine contre le crime de la faim. […] La scène entre l’évêque et le forçat libéré, qui pénètre sans peine dans le palais, dont la porte reste ouverte nuit et jour, est belle, quoique en plusieurs endroits entachée de cette exagération à laquelle M. 

2019. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Comme il s’arrêtait alors pour faire reposer son pauvre petit mulet, qui me faisait peine à voir, je m’arrêtai aussi et je tâchai d’exprimer l’eau qui remplissait mes bottes à l’écuyère, comme deux réservoirs où j’aurais eu les jambes trempées. […] Je n’eus que la peine de me baisser, je pus voir, par le grand panneau, dans la petite chambre, et je regardai.

2020. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

un soldat sans pitié possédera ces cultures si soignées où j’ai mis mes peines ! […] L’Envie enchaînée et domptée par la crainte des peines vengeresses achèvera la glorieuse peinture.

2021. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Toutes les séductions de la vertu, tous les délices de la vertu et du vice, tous les charmes de la nuit et du jour, puis toutes les pudeurs de la femme, toutes les hontes de la séduction consommée, et menée pas à pas de la félicité pure à la corruption inévitable, au crime, au supplice, au repentir, à la peine, aux chastes joies de l’expiation, sont les acteurs de ce lamentable drame. […] Ses dernières poésies sont sans frein, sans mesure, et ses attaques contre le roi, contre le gouvernement, contre l’esprit pacifique des citoyens, le rendent parfaitement digne de sa peine.

2022. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il accueillit Swift avec bonté, le fit son secrétaire, et n’eut pas de peine à reconnaître sous cette éducation incomplète une vive et forte intelligence. […] Décidés à suivre, à tout hasard, les modes du monde, ils s’accordèrent unanimement à enfermer le testament de leur père dans une cassette solide, achetée en Grèce ou en Italie, et à ne plus se donner la peine de le consulter, mais à en appeler à son autorité toutes les fois qu’ils le jugeraient à propos… » Nous ne suivrons pas Swift dans l’histoire du frère lettré, qui se fit appeler Mgr Pierre, de son ascendant croissant sur les deux autres Jacques et Martin, de ses inventions ingénieuses, et de la despotique infatuation qui amène une rupture définitive entre lui et ses deux frères.

2023. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Mais toute impression est une émotion, déjà ; c’est le plaisir ou la peine provoqués en nous. — Ou bien s’agit-il d’une illusion purement acoustique et physiologique comme celle, dit M.  […] Nous serions vraiment en peine de signaler aux lecteurs de la Revue Wagnérienne un chapitre particulier du livre de M. 

2024. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

ô peine ! ô peine !

2025. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Que la confusion entre les deux points de vue soit naturelle et même inévitable, on s’en convaincra sans peine en lisant certaines pages d’Einstein lui-même. […] Et il n’a pas de peine à se le démontrer, car du moment qu’il représente toutes choses selon les règles de perspective qu’il a adoptées, ce qui est cohérent dans la réalité continue à l’être dans la représentation.

2026. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

On a quelque peine à se faire au style de Bernis dans cette correspondance toute politique ; plus tard, en écrivant de Rome, il aura bien des familiarités encore ; mais la politesse du langage sera continuelle chez lui, et la décence de la pourpre romaine s’étendra graduellement sur les sujets qu’il aura à traiter.

2027. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

[NdA] J’ai peine à m’expliquer comment Étienne Dumont de Genève, en ses Souvenirs, parlant de Roederer qu’il rencontrait dans le groupe des Girondins, a pu dire de lui : « Roederer, homme d’esprit, mais fort ignorant, avait un fonds de légèreté dans le caractère qui lui donnait un rôle subalterne, quoique par sa capacité il l’emportât sur presque tous. » Quand on a eu sous les yeux les extraits en masse des lectures de Roederer dès sa première jeunesse, et quand on a vu l’ensemble de ses travaux sous la Constituante, on ne saurait admettre que cette ignorance dont parle Dumont, et dont les plus instruits eux-mêmes ne sont pas exempts sur les points étrangers à leurs études, ait porté le moins du monde sur la science politique et économique qui était l’essentiel ici.

2028. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

La grande affaire et la seule qu’on doive avoir, c’est de vivre heureux ; et si nous pouvions réussir à le devenir sans établir une caisse de juifrerie, ce serait autant de peine épargnée.

2029. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Vauvenargues l’avait félicité de son mariage tant qu’il le crut fait ; il le félicita plus franchement lorsqu’il le vit rompu : J’aime, lui disait-il, votre amour pour la liberté : elle est mon idole, et j’ai peine à concevoir que l’on soit heureux sans elle.

2030. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Ce n’est pas sans peine et sans effort que cette publication est arrivée au jour et a triomphé de bien des obstacles qui auraient pu l’arrêter.

2031. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Ce fut une grâce… » Elle disait encore, en parlant de cet entier abandon de son être au sein de Dieu : « Ces sentiments, chère amie, sont de très ancienne date : le premier germe en a été conçu dans un temps où l’air était encore embaumé, les objets à l’entour resplendissants de beauté et de fraîcheur, et où mon cœur, quoique troublé par des peines, sentait encore parfois son existence avec enivrement. » Pour le philosophe et l’observateur, qui ne donne dans le surnaturel qu’à son corps défendant, il n’y a pas tant à s’étonner de cette subtilisation, de cette sublimation (pour parler comme en chimie) de tous les sentiments.

2032. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Ce récit, fort imprévu de la part d’un tel homme, est simple, naturel, exempt (ce qu’on aura peine à croire) de toute déclamation, et empreint d’un cachet de vérité que j’aime avant tout dans les écrits de ce genre.

2033. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

La comtesse de Boufflers, si connue de tous les lecteurs familiers de Rousseau, a perdu depuis que celui-ci est moins en faveur ; elle est allée insensiblement où sont allées toutes ces admiratrices et ces patronnesses de Jean-Jacques, où sont allées toutes ces dames du temps jadis, chantées et plaintes par Villon ; son nom ne réveille, chez la plupart, qu’un vague écho, et ceux même qui sont le plus au fait, par un reste de tradition, de ces choses du xviiie  siècle, quand on leur parle de la comtesse de Boufflers, sont sujets à la confondre avec d’autres du même nom : on a quelque peine à les remettre exactement sur la voie.

2034. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

J’irai y souper lundi. » Mais ce qui honore Mme de Boufflers plus que tout, en cette circonstance douloureuse, ce fut la lettre qu’elle reçut d’Angleterre, de son ami Hume, qui, tout mourant qu’il était, prenait part à sa peine et lui adressait des adieux d’une simplicité sublime ; en voici la traduction : « Édimbourg, 20 août 1776.

2035. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il avait eu une grande part à la Paix de l’Église ; il savait ce qu’elle avait coûté de peines et de travaux… L’archevêque étouffait d’abord, autant qu’il le pouvait, toutes les semences de discordes, persuadé, comme tous ceux qui sont propres au gouvernement, que jamais une affaire n’est plus aisée à terminer que dans le moment de sa naissance, et qu’il est incomparablement plus aisé de prévenir les maux que de les guérir.

2036. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

On a quelques témoignages directs de sa vie, à elle, par des lettres qu’elle écrivait en ces années, et dont MM. de Goncourt ont donné des extraits96 : « C’est un grand plaisir, disait-elle (décembre 1802), que de passer son temps à parcourir les différentes idées et opinions de ceux qui ont pris la peine de les mettre sur le papier.

2037. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Passe pour l’ambition d’un Alcibiade, d’un Alexandre, d’un Achille, cela en vaut la peine ; mais pour ces honneurs municipaux et ces dignités de quartier dont tout le bruit se mène d’un carrefour à l’autre, il n’y a pas de quoi s’en entêter.

2038. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il avait gardé sa tenue de chasse, et rien ne l’eût distingué des hommes de peine, si chacun d’eux ne l’eût appelé Monsieur notre maître.

2039. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

La nuit est descendue : don Diègue, en peine de Rodrigue, erre par les rues dans l’ombre ; un hasard heureux fait qu’à la fin il le rencontre.

2040. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

J’eus de la peine à contenir toute ma satisfaction, car j’étais si prévenu contre lui, qu’il me restait l’inquiétude d’un piège, d’une ruse dont il fallait me défendre.

2041. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il n’aimait pas à prendre de peine.

2042. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Quand on ne connaissait Dante que par son vieux masque chagrin, on avait peine à y reconnaître, ce maître du sourire.

2043. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Était-ce donc la peine, en débutant, de venir intenter un procès en forme contre un travail par lequel, M.Gaullieur certainement, et moi peut-être après lui (puisqu’on veut m’y mêler), nous pouvions croire avoir bien mérité de l’histoire littéraire contemporaine et des futurs biographes de Benjamin Constant en particulier ?

2044. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Le petit peuple est toujours sur le point de lui faire la guerre, parce qu’il n’en a jamais été ménagé. » À la vérité, « une escouade du guet dissipe souvent sans peine des pelotons de cinq à six cents hommes qui paraissent d’abord fort échauffés, mais qui se fondent en un clin-d’œil dès que les soldats ont distribué quelques bourrades et gantelé deux ou trois mutins. » — Néanmoins, « si l’on abandonnait le peuple de Paris à son premier transport, s’il ne sentait plus derrière lui le guet à pied et à cheval, le commissaire et l’exempt, il ne mettrait aucune mesure dans son désordre.

2045. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Encore, si l’unité formelle de l’ensemble est malaisée à saisir, on y découvre sans peine une unité générale d’impression, l’unité parfaite du style, avec une certaine atmosphère morale qui ne cesse de prêter sa couleur à toute l’œuvre.

2046. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Sans être d’accord sur leur valeur relative, on en reconnaît un certain nombre qui valent la peine d’être interrogés.

2047. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Shakespeare, avant d’être déifié par Victor Hugo, dut attendre deux cents ans pour se trouver en harmonie avec l’état d’esprit de la société française ; il eut peine encore sous la Restauration à conquérir ses lettres de naturalisation ; en 1822, il fut dénoncé par un patriote du parterre comme « aide de camp de Wellington » et ses drames furent taxés de « monstruosités dégoûtantes ».

2048. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

C’est dans la Théogonie qu’il est raconté ; mais sa place serait plutôt dans les Travaux et les Jours, ce poème de sueur et de peine, dont chaque vers semble creuser un sillon.

2049. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

A peine tend-elle, d’un mouvement sec, son front poudré de riz au tendre baiser du vieillard.

2050. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

La Virginité est une vierge ; on a peine à se la figurer sérieusement avec des moustaches.

2051. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Sur sa mère (Après la mort de son frère)   Elle s’était levée malade ; nous descendîmes tous pour déjeuner ; après quelques moments, elle vint aussi, mais elle ne voulut rien prendre ; cela faisait de la peine à tout le monde.

2052. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Cela dit, et se croyant en mesure de prendre tout son plaisir sans trop de péché, il se lance dans sa voie, et définit admirablement l’histoire telle qu’il la conçoit, dans toute son étendue, ses embranchements, ses dépendances, et avec la moralité finale qu’on en peut tirer, si après tout un véritable esprit religieux s’y mêle ; car, de cette multitude de gens qui en sont les acteurs, remarque-t-il, « s’ils eussent pu lire dans l’avenir le succès de leurs peines, de leurs sueurs, de leurs soins et de leurs intrigues, tous, à une douzaine près tout au plus, se seraient arrêtés tout court dès l’entrée de leur vie, et auraient abandonné leurs vues et leurs plus chères prétentions », reconnaissant qu’il n’y a ici-bas rien que néant et que vanité.

2053. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Quant à sa carrière, on ne lui laissa pas le temps d’y songer : « On me fit entrer à douze ans, dit-il, dans le régiment des Gardes (françaises), dont le roi me promit la survivance, et je sus, à cet âge, que j’étais destiné à une fortune immense et à la plus belle place du royaume, sans être obligé de me donner la peine d’être un bon sujet. » A quatorze ans, il commença sa carrière de Richelieu et de don Juan.

2054. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

C’est ainsi qu’un autre jour, dans un discours à la Chambre des pairs, il dira, en parlant de la peine de mort, que punir un coupable du dernier supplice, c’est le renvoyer devant son juge naturel .

2055. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Ses fautes, qu’un Méziriac relève si aigrement, d’autres érudits plus cléments et d’un goût meilleur les corrigeront sans grande peine.

2056. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Il mourut d’épuisement à l’œuvre et à la peine, le 10 mai 1800, dans sa cinquante et unième année, pauvre et pur, hautement estimé et considéré de tous ceux qui l’avaient connu.

2057. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il est même à croire, comme il nous l’a très bien expliqué, que, dans un temps paisible, sa réputation d’archevêque aurait eu beaucoup plus à souffrir, car il aurait eu peine à dissimuler longtemps ses vices et ses désordres, au lieu qu’ils se perdaient dans la confusion inévitable d’une guerre civile.

2058. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Elle rejoignit plus tard la reine et la quitta encore quelquefois, car cette personne distinguée n’était pas, elle nous le dit humblement, une amazone ni une héroïne ; elle avait peine à se mettre au-dessus des terreurs ou même des incommodités de son sexe.

2059. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il n’est pas obligé de comprendre la chevalerie par exemple, et il ne se donne non plus aucune peine pour cela.

2060. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Un métier de tapisserie, qu’on peut avancer ou reculer sans peine, est habituellement devant elle, et ses bras posés sur une tenture toujours commencée, afin qu’on n’y aperçoive aucun motif, elle passe et repasse une aiguille avec une noble nonchalance.

2061. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

… Le Chêne n’a pas de peine à leur répondre.

2062. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Ce qui fait que la science de la vie morale et du caractère aura peine à sortir de l’état d’enfance dans lequel elle se trouve, c’est qu’elle est réduite, pour toute méthode, à l’observation au lieu de l’expérimentation.

2063. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Il y a bien là, si l’on veut, quelque chose de vrai, et cela peut s’appliquer à quelque jeune téméraire sorti des bancs de l’école ; mais j’avoue que j’ai bien de la peine à expliquer par des motifs aussi pauvres les profondes pensées d’un Spinoza ou d’un Kant.

2064. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Était-ce bien la peine, en vérité ?

2065. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

il est à la peine, ce vaillant, nous n’allons pas lui chicaner son droit de prendre son réconfort où il le trouve ; admirons plutôt qu’il se crée de la volupté, là où tant d’autres gémiraient.

2066. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Ce qui compte et ce qui demeure, c’est ce qu’on a apporté de vérité positive . l’affirmation vraie se substitue à l’idée fausse en vertu de sa force intrinsèque et se trouve être, sans qu’on ait pris la peine de réfuter personne, la meilleure des réfutations.

2067. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Le choix parfait de ses strophes, la justesse de son oreille, le maniement infaillible des accents, le dosage méthodique des syllabes présentées avec leur valeur orale, donnent à la strophe sa plus complète émotion : Hors le rire du vent dans les hêtres Et la chute des faînes En la rouille des feuilles, Hors, peut-être, Le cor lointain qui pleure sa peine, Le silence est tel sur le porche et le seuil Qu’on entend par le portail, ouvert Vers la forêt sainte et qui se recueille, La prière basse des nonnes blanches Pour la vigile du dimanche. […] Les Goethéens diront : « Qu’importent nos petites peines de conscience devant la vie universelle, l’admirable machine que rien ne peut détourner de son mouvement et de son cours45. » Cette attitude stoïcienne a créé une éthique et une méthode positive puissantes. […] Jadis l’esprit pouvait voguer à son gré, mais seul, vers de beaux horizons ; le corps avait toute la peine. […] III Si l’on veut bien démêler les conditions les plus favorables au développement du lyrisme, on se convaincra sans peine de l’hostilité du milieu social contemporain à l’éclosion de toute poésie. […] Ces émotions, d’une nature toute spéciale, ne se confondent nullement avec les plaisirs et les souffrances des sens non plus qu’avec les joies et les peines suscitées positivement chez une personne sensible par des objets réels et bien connus.

2068. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Quand il vit que la majorité des suffrages ne venait point spontanément à lui, il renonça sans peine et sans regret à les briguer2. […] Son optimisme n’était point la satisfaction béate de l’homme frivole, mais l’optimisme volontaire de l’homme d’action qui pense que, pour agir, il faut croire que la vie vaut la peine d’être vécue et que l’activité est une joie. […] Il n’était pas au bout de ses peines. […] On a souvent critiqué cette théorie, si séduisante pourtant ; mais, s’il est beaucoup d’hommes de génie à qui elle s’applique avec peine, elle s’applique à merveille à Taine lui-même. […] Je ne l’ai jamais entendu parler de personne avec amertume, et je ne crois pas qu’il ait jamais volontairement fait de la peine à quelqu’un.

2069. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ne vaut-il pas la peine de noter en passant que toutes les « régences » de notre histoire en ont vu ou en verront surgir de semblables : régence de Catherine, régence de Marie de Médicis, régence d’Anne d’Autriche, et régence de Philippe d’Orléans ? […] … Je ne puis sans horreur et sans peine, Voir le Tibre à grands flots se mêler dans la Seine, Et traîner dans Paris ses mêmes, ses farceurs, Sa langue, ses poisons, ses crimes, et ses mœurs. […] Ils ont peine surtout à concevoir que « le plus français de nos poètes » soit en même temps le plus « inspiré des anciens » ; et qu’un recueil de Fables, dont il n’y en a pas une qui ne soit empruntée de quelque source étrangère, ne soit cependant qu’une perpétuelle création. […] » Et, en effet, la question valait la peine d’être posée. […] On range aussi dans cette classe le Traité du libre arbitre, publié par l’évêque de Troyes en 1731, mais nous avons peine à croire qu’il ait été composé pour l’éducation du Dauphin.

2070. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Encore qu’il eût par devers lui l’exemple applaudi de son grand frère, — du Menteur et de la Suite du Menteur, — Thomas ne s’était pas donné la peine seulement de « dénationaliser » son emprunt. […] En effet, la satire sociale, vous l’allez voir, a été l’intermédiaire par le moyen duquel la comédie de caractères s’est dégagée de la comédie de mœurs ; — et ceci vaut la peine que nous nous y arrêtions. […] Aurons-nous beaucoup de peine à nous figurer l’indignation de Racine, quand il entendait de semblables couplets79 ? […] LE POÈTE Cette facilité ne fait rien à la chose : Je ne plains ni peine ni temps Pour réussir quand je compose, Et voici comment je m’y prends.

2071. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Bon pour nous de n’être compris que par ceux qui sont un peu des nôtres, et qui mettent à nous lire un peu de la peine que nous mettons à écrire pour eux. […] Il avait commencé par être « romantique » (je mets ce mot pour abréger, et, du reste, il est presque juste) dans ces admirables, ou du moins étonnantes Larmes de saint Pierre qu’il avait imitées de l’italien ; c’est là qu’il y avait des vers comme ceux-ci qui feraient honneur non seulement à Desportes, mais à Ronsard, et, du reste, à n’importe qui : À peine la parole avait quitté sa bouche, Qu’un regret aussi prompt en son âme le touche ; Et, mesurant sa faute à la peine d’autrui, Voulant faire beaucoup, il ne peut davantage Que soupirer tout bas, et se mettre au visage Sur le feu de sa honte une cendre d’ennui. […] La peine que vous exprimez, je l’ai souvent, oh ! […] Il prenait d’abord les auteurs illustres, et qui étaient illustres tout simplement parce qu’ils avaient eu du génie ; il les étudiait de très près, et puis, après coup, il reconstituait, d’après eux, l’esprit de leur temps, et avait peu de peine à montrer, enfin, que de cet esprit ils étaient les représentants, les signes, les expressions et les résultats et les effets merveilleusement exacts. […] là non plus, je n’ai pas la peine de choisir.

2072. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

S’il n’eût été maigre jusqu’au point d’avoir l’air maladif et de faire de la peine, on eût remarqué des traits remplis de finesse. […] On jouissait sans efforts et sans peine de la nature. […] Mais quand Paul Verlaine dit que ce n’est pas le bonheur, on n’a pas de peine à l’en croire. […] Il était très malheureux, et les lettres qu’il écrivait à son ami Richard Lesclide (qui vient de mourir) montrent sa peine et son courage. […] Il se consolait de ses peines en bouquinant sur les quais.

2073. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Cependant nous avons de la peine à croire qu’ils fussent absolument mauvais, et nous regrettons la perte d’un drame en vers de Nerval, la Dame de Carouge, auquel nous avions largement collaboré et qui contenait au moins une donnée originale. […] Les natures les plus philosophiques ont de la peine à se faire à ce silence souvent injuste : Displicuit nasus tuus (Ton nez a déplu) est une raison qui se donne aussi bien aux poètes qu’aux femmes dont on est las. […] Personne n’était plus séduisant que lui lorsqu’il voulait s’en donner la peine. […] Ils vont si vite que Faust a de la peine à se tenir. […] Quoiqu’on ne les voie plus, elles sont présentes, et l’on a peine à s’imaginer qu’elles subissent le sort commun.

2074. (1914) Une année de critique

Être dévalisé, passe encore, mais l’être au nom des droits sacrés de l’individu, c’est un raffinement auquel nous aurons de la peine à nous habituer. […] Monsieur Bois n’eut pas de peine à convaincre les lettrés, aussi bien que les juges, de l’imposture de son rival. […] Anatole France n’en a cure et je ne m’en soucierais pas plus que lui, si tout justement la lecture de quelques-uns de ses livres ne pouvait induire en cette erreur qu’il y a des questions à résoudre, et qui valent la peine d’être résolues. […] On y reconnaîtra sans peine certain couturier qui… Mais quelle rage possède donc ces écrivains de railler si cruellement un monde où il ne leur déplaît pas de fréquenter ? […] On dirait qu’il s’est recréé volontairement une nature, et sans doute y eut-il moins de peine qu’un autre, ayant gardé d’une longue formation terrienne, catholique et française, le bienfait d’une raison nette et saine ; mais ne nous a-t-il pas appris à considérer en toute chose le primat de la sensibilité ?

2075. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Si une exécution très-nette est nécessaire, c’est pour que le langage du rêve soit très-nettement traduit ; qu’elle soit très-rapide, c’est pour que rien ne se perde de l’impression extraordinaire qui accompagnait la conception ; que l’attention de l’artiste se porte même sur la propreté matérielle des outils, cela se conçoit sans peine, toutes les précautions devant être prises pour rendre l’exécution agile et décisive. […] Quelles tristes réflexions ne fis-je point sur les peines de l’exil, qui étaient aussi les miennes, et sur l’inutilité des talents pour le bonheur ! […] Et le rêveur qui passe, attristé et charmé, contemplant cette grande figure aux membres robustes, mais alanguis par une peine secrète, dit : Voilà ma sœur !

2076. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Elle va à ce qui demande le moins de peine. […] Nous avons de la peine à nous en apercevoir, parce que les modifications de l’humanité retardent d’ordinaire sur les transformations de son outillage. […] Cette opération, dont nous montrerons l’illégitimité et le danger dans l’ordre spéculatif (elle conduit à des impasses et crée artificiellement des problèmes philosophiques insolubles), se justifie sans peine quand on se reporte à sa destination.

2077. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

On s’en convaincra sans peine en comparant entre elles des doctrines qui paraissent n’avoir aucun point de contact entre elles, aucune commune mesure, celles d’un Fichte et d’un Spencer par exemple, — deux noms que le hasard vient de nous faire rapprocher l’un de l’autre. […] C’est pour la même raison qu’il a cru la matière entièrement développée en parties absolument extérieures les unes aux autres : de là des antinomies, dont on verrait sans peine que la thèse et l’antithèse supposent la coïncidence parfaite de la matière avec l’espace géométrique, mais qui s’évanouissent dès qu’on cesse d’étendre à la matière ce qui est vrai de l’espace pur. […] Que le jeu pur et simple des forces physiques et chimiques puisse faire cette merveille, nous avons peine à le croire.

2078. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Bernis répond avec une pensée et, pour ainsi dire, avec une voix d’une douceur enchanteresse : Vous êtes en peine de mon âme, dans le vide de l’oisiveté à laquelle je suis condamné à l’avenir.

2079. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

On aurait peine à se figurer le désordre et la confusion où était l’enseignement de la jeunesse en 1800 : toutes les méthodes faciles, toutes les fantaisies philosophiques et philanthropiques s’étaient donné carrière sous le Directoire ; il s’agissait de remettre la règle et un peu de sévérité dans cette licence et cette bigarrure.

2080. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Ses œuvres d’ailleurs n’étaient point tellement rares qu’on ne pût les trouver en les cherchant, et la peine qu’on prend en ce cas est déjà du plaisir.

2081. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Elle fait effet, elle règne à la manière des puissants du siècle, et même plus qu’eux : Ils n’agissent que sur les esprits, et j’ai le cœur et les sens de plus dans mon domaine… Suis-je une dupe, dites-le-moi, de jouir à la manière des héros et des ministres, d’avoir sans peine ce qui leur coûte des années de travail, ce qui leur fait passer tant de mauvaises nuits dans la crainte d’en être privés ?

2082. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Ce sont ses mémoires à bâtons rompus, ses confessions : Je ne me suis laissé aller, dit-il, à composer de pièces et d’idées détachées ce recueil historique, moral et philosophique, que pour ne pas perdre les petits traits épars de mon existence ; ils n’auraient pas mérité la peine d’en faire un ouvrage en règle, et je ne donne à ce petit travail que des minutes très rares et très passagères, croyant devoir mon temps à des occupations plus importantes.

2083. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

— Qu’il y ait en tout ceci une pointe exagérée de polémique et d’insulte à l’égard de Condillac, on le voit sans peine, mais elle était de bonne guerre et de généreuse audace en plein camp ennemi.

2084. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

En cela ils cherchent leur plaisir et fuient la peine.

2085. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

En vertu du don de joyeux avènement, leur peine était remise à tous les prisonniers d’une ville où le roi entrait après son sacre, et par le seul fait de la présence de Louis XI à Meung dans ces circonstances, Villon obtenait sa grâce et se trouvait libre6.

2086. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Cependant, à deux pas de là, dans une nuance d’abord assez peu comprise du parti de l’Opposition, en dehors du libéralisme proprement dit, grandissait chaque jour une figure hautaine, altière, dédaigneuse et grave, un étrange et imposant personnage, s’appuyant à des convictions, presque à des dogmes en politique, et qui, sans se donner aucune peine pour cela, allait gagnant dans le pays en autorité et en prépondérance, — Royer-Collard.

2087. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Gœthe a donc décidé sans peine Eckermann à demeurer avec lui à Weimar pour l’hiver, — un hiver qui sera suivi de plusieurs autres.

2088. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

A peine debout et convalescent, un de ses premiers soins fut de se peser, « afin d’accomplir le vœu qu’il avait fait, au plus fort de sa maladie, d’offrir en cas de guérison quatre fois son poids en or et sept fois son poids en argent à plusieurs maisons religieuses. » La vue du prince qui leur était rendu fit éclater parmi les grands et parmi le peuple une allégresse universelle.

2089. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Vivre ainsi errant, ce n’est pas vivre ; mais les Muses m’ont chéri, et en échange de mes peines, j’ai une douceur.

2090. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Ce qui est vrai, c’est que Maurice ne se donnait pas la peine d’avoir de l’esprit dans le sens des courtisans français : il se sentait mal à l’aise, tant qu’il ne fut pas dans les hauts emplois où il pût déployer son génie naturel et oser librement : cela perce dans toute sa correspondance avec son père et avec son frère, avant qu’il se fût donné tout entier à connaître à son pays d’adoption.

2091. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

» Et qui a connu Mme Valmore en ces longues années d’épreuves, qui l’a visitée dans ces humbles et étroits logements où elle avait tant de peine à rassembler ses débris, qui l’y a vue polie, aisée, accueillante, hospitalière même, donnant à tout un air de propreté et d’art, cachant ses pleurs sous une grâce naturelle et y mêlant des éclairs de gaieté, brave et vaillante nature entre les plus délicates et les plus sensitives, qui l’a vue ainsi et qui lira ce qui précède se prendra encore plus à l’admirer et à l’aimer.

2092. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Si je ne commençais (et les lecteurs sans doute eux-mêmes) à sentir vivement le besoin de finir et de conclure, je n’aurais pas de peine à montrer que les deux tiers de ce Traité sont à la portée de tous les lecteurs, même les moins guerriers et les plus civils ; qu’ils sont à lire et à consulter pour la quantité de résultats historiques et de faits curieux qu’ils renferment.

2093. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Ce que c’était qu’être classique au sens où l’avait conçu Du Bellay, et comme on l’a été en France jusqu’au temps de notre jeunesse, nous le savons tous, nous qui y avons passé et qui en avons été témoins ; mais nos neveux, je le crains, ne le sauront plus bien et auront peine à se le figurer dans la juste mesure.

2094. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

En même temps que la matière et le fond ont augmenté chez Lamartine, le style et le nombre ont suivi sans peine et se sont tenus au niveau.

2095. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

qu’il y ait eu des regrets de notre part, hommes de poésie discrète et d’intimité, à voir le plus entouré de nos amis nous échapper dans le bruit et la poussière des théâtres, on le concevra sans peine : notre poésie aime le choix, et toute amitié est jalouse.

2096. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Pour tout dénoûment, pour tout expédient dramatique dont quelque auteur était en peine : « Allez le trouver, disait-il ; il n’y a que lui pour vous tirer de là. » Pour résumer d’un mot ma pensée sur tous deux, le Molière de Picard était tout simplement Molière ; le Molière de M.

2097. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Seul, tu restes muet, et le vent qui s’exhale De la cime des ifs A peine de ton sein tire par intervalle Quelques sons fugitifs.

2098. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Est-ce exagération d’un système absolu dont un homme d’esprit a peine lui-même à se défendre ?

2099. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

» Mme de Noyon, que frappait une nouvelle perspective, entrait dans cet avis avec une facilité et une satisfaction qui ne semblait en peine d’aucune conséquence ; et Mme de Pontivy elle-même, dans la franchise de son âme, ouvrait la bouche pour dire : « Eh bien !

2100. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

La dictée s’achevait et le secrétaire finissait d’écrire, lorsque tout d’un coup il aperçut le vieillard de soixante-dix-huit ans qui s’était levé du canapé où il reposait et qui s’approchait de lui en tâtonnant : « Mon ami, je vous ai fait tout à l’heure de la peine, pardonnez-moi. » Ce furent ses paroles.

2101. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Ces affaires lui ont révélé les vices de la procédure judiciaire, l’abus absurde et féroce de la question550 : elles le mènent à réclamer la réforme de l’administration de la justice, et il écrit (1766) Je commentaire du livre des Délits et des peines que l’Italien Beccaria avait publié.

2102. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

La répression de la sensibilité, l’étude sévère de l’objet, ne coûtaient aucune peine à Guy de Maupassant912 : aussi est-ce chez lui, après Flaubert, qu’il faut chercher la plus pure expression du naturalisme.

2103. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Peine perdue : Turlupin était inflexible.

2104. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Nous hésitions, l’âme en peine, ne sachant quelle figure investir du rayonnement de l’Absolu, lorsque l’un de nous découvrit à propos le néphélibate Mitrophane Crapoussin « dont le chant de cygne perspicace, affamé du non-être, sur l’étang des Luxures, lamentait le lotus aboli ».

2105. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Prenons-le donc tel que les Romantiques le léguèrent aux Parnassiens qui prirent une noble peine à l’affermir et à le régler, pensaient-ils, définitivement.

2106. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Je me suis retirée, et me voici seule à gémir sur mes peines et à m’en consoler avec vous. » Quelques jours après (le 19 avril), on voit dans une nouvelle lettre à madame de Saint-Géran, que madame de Maintenon a d’autres consolations que celle de gémir de sa condition dans le sein de son amie.

2107. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

A peine sorti de la gueule du sphinx africain, il n’aspire qu’à s’y replonger.

2108. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

A peine est-il au fond de la chambre, qu’elle saute sur le coffre-fort et y saisit les papiers de Claude.

2109. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Le sujet étant un peu délicat, je ne m’appesantirai pas sur cette obscurité qui a pu entrer à demi dans l’intention de l’auteur, mais qui, j’en réponds, ne se développe qu’avec peine à l’esprit de plus d’un lecteur.

2110. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Quand une chose ou un homme lui déplaisait, ou ne valait pas la peine qu’il s’y arrêtât plus longtemps, il se détournait et portait son regard ailleurs dans ce vaste univers où il n’avait qu’à choisir ; non pas indifférent, mais non pas attaché ; curieux avec insistance, avec sollicitude, mais sans se prendre au fond ; bienveillant comme on se figure que le serait un dieu ; véritablement olympien : ce mot-là, de l’autre côté du Rhin, ne fait pas sourire.

2111. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Quand on voit dans les ouvrages de Cicéron et ailleurs, particulièrement dans Quintilien, a remarqué un grand esprit (Bolingbroke), les soins, les peines, l’application continuelle, qui allaient à former les grands hommes de l’Antiquité, on s’étonne qu’il n’y en ait pas eu plus ; et quand on réfléchit sur l’éducation de la jeunesse de nos jours, on s’étonne qu’il s’élève un seul homme capable d’être utile à la patrie.

2112. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Il faut l’entendre lui-même quand il chante : il commence avec une sorte de peine, avec une voix enrouée, un peu cassée, bientôt entraînante pourtant.

2113. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Cousin y a réussi sans peine, mais comme on n’avait pas eu l’idée ni la patience de le vérifier à ce degré avant lui, on s’assure que Mlle de Scudéry qui faisait flèche de tout bois, avait reçu de l’hôtel de Condé des documents que, moyennant un déguisement léger, elle introduisit au long dans son livre ; la bataille de Rocroi, celle de Lens, le siège de Dunkerque sous le nom de siège de Cumes, y sont décrits avec toutes leurs particularités ; elle imprima ses notes et pièces toutes vives : cela flattait les Condés, et cela lui épargnait à elle-même des frais d’invention, cela faisait de la copie pour l’imprimeur, sorte de considération qu’il ne faut jamais oublier quand on parle de Mlle de Scudéry.

2114. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Une de ses grandes maximes était que « l’univers est rempli de peines et de supplices très justes, dont les exécuteurs sont très coupables ».

2115. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Un jour pourtant (elle venait d’avoir trente-cinq ans), elle laisse échapper comme une plainte légère : J’ai bien de la peine, écrit-elle à une amie, à m’habituer à tous changements ; l’âge, qui vient si lentement en apparence, m’a surprise précisément par cette marche sans bruit ; je crois être dans un monde nouveau, et je ne sais si l’instant de ma jeunesse fut un songe, ou si c’est à présent que le rêve commence.

2116. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il n’y trouvait aucune peine, aucune fatigue de pensée, et sa paresse s’accommodait de ce genre de succès, qui n’était pour lui qu’un exercice de sybarite délicat et qu’une jouissance.

2117. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

. — Vous me forcerez peut-être à prendre le café (c’est du moka, sans doute) : au moins qu’il soit servi bien chaud… Les malheureux, s’ils savaient combien je partage leurs peines !

2118. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Les voitures arrivaient à la file ; le comte d’Artois s’était mis en route déjà pour venir de Versailles à Paris, quand le duc de Villequier fit signifier aux comédiens qu’ils eussent à s’abstenir de jouer la pièce, sous peine « d’encourir l’indignation de Sa Majesté ».

2119. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Il paya pourtant la peine d’avoir hésité un moment entre la grande route royale et les chemins de traverse.

2120. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

A peine. « Expression tirée de l’Énéide, affirme un guide-âne populaire, et qui sert à faire entendre que la vue d’une grande infortune excite la pitié : les choses elles-mêmes arrachent des larmes.

2121. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Lorsque le philosophe prend d’un côté un morceau de marbre, et de l’autre une grande pensée, un grand sentiment, un acte de vertu, il n’a pas de peine à démontrer que ces phénomènes répugnent à la nature du marbre ; mais, lorsque d’intermédiaire en intermédiaire il s’est élevé du minéral au végétal, du végétal à l’animal, de l’animal à l’homme, lorsqu’il passe du travail chimique au travail vital, de là au travail psychologique, — lorsque enfin il vient à remarquer que de la vie consciente à la vie inconsciente, et réciproquement, il y a un va-et-vient perpétuel et un passage insensible et continu, il ne peut s’empêcher de demander en quoi consiste ce moyen terme entre l’âme pensante et la matière brute, qui lie l’une à l’autre, et qui, sans pouvoir se séparer de la seconde, est ici-bas la condition indispensable de la première.

2122. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

IV, chap. 15] Le Dante a répandu quelques beaux traits dans son Purgatoire ; mais son imagination, si féconde dans les tourments de l’Enfer, n’a plus la même abondance quand il faut peindre des peines mêlées de quelques joies.

2123. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Mais comment se fait-il que les esprits les plus communs sentent ces élans du génie et conçoivent subitement ce que j’ai tant de peine à rendre ?

2124. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Et de ce nombre, je serais fort en peine de détacher un seul homme de lettres.

2125. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Il s’est strictement renfermé dans le jugement dernier, le dénombrement des crimes qui mènent à l’enfer et la description des peines qu’on y souffre.

2126. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

De là l’emphase et les grands mots, et les citations des anciens, et la magnificence du style portée dans des affaires pour lesquelles, sous peine d’être ridicule, il fallait le style du monde le plus simple.

2127. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Tout ce qui n’aura pas valu la peine d’être réimprimé, c’est-à-dire tout moins quelques épaves heureuses, aura disparu, et d’autant plus vite que la substance matérielle des œuvres est devenue plus précaire. […] Sans doute il fallait sauver l’œuvre de Molière ; elle en valait la peine. […] Si de grands poètes (comme les femmes, les grands poètes n’ont ni goût ni dégoût) n’avaient pris la peine de repenser les histoires d’Oreste, de Thyeste, de Polynice, nous les jugerions telles que le délire d’une société en enfance ou en abjection. […] Puisqu’il s’agit de la liberté charnelle, prenons la lettre neuvième42 : « Mais (dit le Jésuite) ce qui nous a donné le plus de peine a été de régler les conversations entre les hommes et les femmes : car nos pères sont plus réservés sur ce qui regarde la chasteté. […] A toute peine son salaire, dit-il avec simplicité ; et il ajoute : au péché de cette fille qui se prostitue et au tien, mâle misérable qui profites de sa pauvreté, pourquoi veux-tu encore ajouter la filouterie ?

2128. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Ce ne fut pourtant pas sans quelque peine qu’il parvint à façonner la cour et la France, suivant ses désirs. […] Qu’il ait eu le projet de plaire à son siècle, d’exercer sur lui de l’influence, de se venger de ses ennemis, de former un parti qui pût le louer et le défendre, nous le croyons sans peine. […] Rien ne sent la peine dans ses discours ; ils ont quelque chose de grave et d’élevé à la fois ; ils sont dignes sans être ambitieux. […] Quel cercle vicieux d’où l’espoir du bien aurait peine à sortir ! […] La postérité aura peine à croire que Paul et Virginie ait été composé à la fin du dix-huitième siècle.

2129. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Est-ce la peine d’avoir secoué ce joug pour le reprendre de la main de ceux qui prétendent, si fièrement du reste, rompre avec le passé ? […] Un peu de christianisme, un peu de liberté de pensée, et un peu de démocratie, un peu de progrès, un peu de haine et un peu de vénération pour le moyen âge, un peu d’horreur et un peu de respect pour la Révolution, c’était de quoi était faite la pensée de beaucoup d’hommes de cette époque, et c’est de quoi était faite la sienne ; il n’y joignait qu’un grand effort pour se retrouver dans tout cela, peine dont les autres s’affranchissaient. […] Il y a beaucoup moins d’âmes qu’on ne croit dans le monde ; les historiens à penchants mystiques en mettent plus qu’il n’y en a ; ils arrivent à représenter l’humanité elle-même tout entière comme une grande âme en peine qui cherche son chemin et se cherche elle-même. […] Elle le plongeait dans une atmosphère où les hommes ont peine à vivre, toute pleine d’aspirations sans but, d’espérances sans corps, d’êtres imaginaires qui ne sont plus possibles dans le milieu actuel. » Le jeune Quinet était rêveur avec de dangereuses délices, de bonne heure concentré et silencieux, semblant choisir pour camarade favori ce jeune homme dont il parle à sa mère, qui, pendant trois heures de promenades, ne lui adresse pas une parole. […] Mauvaise tournure d’esprit cependant, qui a été à différents degrés la nôtre pendant cinquante ans environ, et dont nous avons beaucoup de peine à nous affranchir.

2130. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Et je conclus, comme le mont Momotombo : ce n’est pas la peine de changer, — ni même de prendre un supplément. » Et ainsi, peu à peu, et même très vite, ne seront de la religion de M.  […] L’immense majorité des poètes italiens nous raconte mélodieusement ses peines de cœur. […] Ça vaut bien la peine ! […] J’expie, de mes larmes présentes, j’expierai, des douleurs qui m’attendent, la peine dont je vous afflige.

2131. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Dumas l’affirme à peu près dans la préface de l’Etrangère : « Donnez-vous la peine d’étudier attentivement Corneille, Molière et Racine, vous reconnaîtrez bien vite que leurs premières pièces, au point de vue du métier, sont aussi bien construites que les dernières, quelquefois mieux. […] Il produit le culte de ce que ce même Schopenhauer appelle ironiquement la Dame. — La Dame — c’est-à-dire l’être supérieur et charmant, principe de sécurité inébranlable, objet de foi profonde, source d’énergie dans l’effort et de consolation dans la peine, de qui toute noblesse émane et toute douceur, et que les lèvres puissent nommer sans blasphème de ce beau nom d’ange ! […] Il s’y mêle aussi le sentiment que cette vie d’ici-bas, réduite à elle-même, ne vaut pas la peine d’être vécue. […] Ce n’est pas que cette seconde forme d’art ne possède pas sa magnificence, quand ce cœur vaut la peine d’être montré.

2132. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Une édition correcte n’en était pas moins un dernier hommage que méritait et qu’attendait encore cette mémoire charmante, si peu en peine de la postérité, et n’aspirant qu’à un petit nombre de cœurs. […] Il se passionne pour les vertus qui se trouvent en ses amis ; il s’échauffe en parlant de ce qu’il leur doit, mais il se sépare d’eux sans peine, et l’on serait tenté de croire que personne n’est absolument nécessaire à son bonheur.

2133. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

« Il confesse son indécision ; il avoue qu’il se laisse aller à un serrement de cœur et aux noirceurs causées par les contradictions et les peines de l’incertitude ; que quelquefois, paresse on négligence, d’autres, mauvaise honte ou respect humain, ou timidité, l’empêchent de prendre des partis et de trancher net dans des choses importantes. » Ailleurs il représente ainsi son intérieur : « Je ne vois en moi que haut et bas, chutes et rechutes, relâchements, omissions et paresses dans mes devoirs les plus essentiels, immortifications, délicatesse, orgueil, hauteur, mépris du genre humain, attachement aux créatures, à la terre, à la vie, sans avoir cet amour du Créateur au-dessus de tout, ni du prochain comme de moi-même. » Il s’avoue renfermé, donnant trop de temps à la prière, écrivant beaucoup. […] Avec cette austérité, il avait conservé de son éducation une précision et un littéral qui se répandaient sur tout, et qui gênaient lui et tout le monde avec lui, parmi lequel il était toujours comme un homme en peine et pressé de le quitter.

2134. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

À chaque pas qu’ils font, toutes sortes de grandes et de petites choses tombent sur eux, comme les peines afflictives d’une grande loi de conservation de la société. […] 13 juillet La peine, le supplice, la torture de la vie littéraire : c’est l’enfantement.

2135. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Si je dis un cheval noir, pendant que je prononce le mot cheval, vous vous êtes déjà figuré un cheval, et, comme la plupart des chevaux sont bais bruns, il est probable que vous vous serez représenté un cheval bai brun ; or, pas du tout, l’adjectif vous apprend qu’il est noir ; vous voilà donc obligé de corriger votre représentation, et vous avez ainsi dépensé de la peine inutile entre le mot cheval et le mot noir ! […] Le beau a ses conditions mathématiques et dynamiques, et la principale de ces conditions est la parfaite adaptation de la force dépensée par l’auteur au résultat obtenu : une bonne machine est celle qui a le moins de heurts ou de frottements ; il y a longtemps qu’on a dit que la nature agit par les voies les plus simples, selon la loi de « la moindre action », qui devient, chez les êtres vivants et sentants, la loi de la moindre peine.

2136. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je serais bien en peine de vous le dire. […] Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte.

2137. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Méthode de bonheur qu’il n’a pas eu beaucoup de peine à s’appliquer, — lui, le Pangloss, car il est Pangloss, que les circonstances ont dorloté depuis sa naissance jusqu’à sa mort, — mais qu’il appliquait à ses amis et connaissances. […] Il n’avait pas eu beaucoup de peine à trouver cette beurrière de tartines dans les femmes qu’il voyait à cette époque, pas plus que celle-là qui emporte partout son tricot dans Wilhelm Meister et qu’on peut appeler le « Tricot perpétuel ».

2138. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

« Je l’entendis, ce curé d’Embremenil, le 16 février 1793, lorsqu’il se donna tant de peine dans la cathédrale de Chambéry pour nous prouver que l’Église constitutionnelle était catholique. […] En quoi la nation française est coupable ; en quoi les Ordres immolés ont mérité de l’être ; comment il y a solidarité au sein du même Ordre, comment la peine du coupable est réversible jusque sur l’innocent, et le mérite de celui-ci reversible à son tour sur la tête de l’autre ; quelle mystérieuse vertu fut de tout temps attachée au sacrifice et à l’effusion du sang humain sur la terre ; quelle effrayante dépense il s’en est fait depuis l’origine jusqu’aux derniers temps, à ce point que « le genre humain peut être considéré comme un arbre qu’une main invisible taille sans relâche, et qui va toujours en gagnant sous la faux divine » :  — telles sont les hautes questions, tels les dogmes redoutables que remue en passant l’esprit religieux de l’auteur ; et à la façon dont il les soulève, nul, après l’avoir lu, même parmi les incrédules, ne sera tenté de railler. […] Malgré tout ce qu’on me dit, je suis fort en peine, non pas tant pour cette blessure de Troyes que pour tout ce qui a suivi ; car il fait chaud dans cette France.

2139. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

« Le Dante et Virgile, conduits par Caron, traversent le fleuve infernal et fendent avec peine la foule qui se presse autour de la barque pour y pénétrer. […] Le seul reproche, en effet, qu’on lui pouvait faire, était de trop s’occuper de l’exécution matérielle des objets ; ses maisons étaient en vrai plâtre, en vrai bois, ses murs en vrai mortier de chaux ; et devant ces chefs-d’œuvre l’esprit était souvent attristé par l’idée douloureuse du temps et de la peine consacrés à les faire. […] C’est peine et plaisir à la fois que de contempler les efforts qu’il fait pour choisir et accoupler ses tons.

2140. (1886) Le naturalisme

Brutus écrivait des poulets parfumés à Lucrèce, et Horatius Coclès, épris de Clélie, contait à l’écho ses peines amoureuses. […] Balzac, certes, ne prit jamais la peine de recopier. […] Grâce à une certaine chaleur dans le style, avec des inflexions grammaticales très tendres, très pénétrantes, qui vont à l’âme, nous savons, quoique l’auteur n’ait pas pris la peine de nous en avertir, qu’il éprouve de l’affection pour tel ou tel personnage. […] A peine la fille de clergyman prend-elle la plume qu’elle se trouve à la hauteur de son père et peut alors, plaisir ineffable !

2141. (1891) Esquisses contemporaines

Le devoir tenait une grande place dans sa vie, peut-être même se faisait-il trop de petits devoirs et poussait-il trop loin l’application du précepte d’après lequel tout ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait. […] Nous n’aurons pas de peine à découvrir, au cours de ces analyses, les traces d’une dualité toute pareille à celle que nous avons rencontrée jusqu’ici : faire et penser, agir et contempler sont les deux pôles entre lesquels Amiel indécis balance constamment. […] Il allia sans peine les tendresses émues de l’Évangile à l’implacable dialectique des successeurs de Calvin. […] Le dualisme de conscience, que l’auteur avait nié dans l’homme, il doit maintenant, sous peine d’inconséquence, le nier dans l’histoire du monde.

2142. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Ainsi, les Décadents préconisent l’emploi de mots rares, précieux, qu’on va extraire à grand peine dans des vocabulaires de mots disparus de la circulation. […] Ce qu’il ne comprend qu’avec peine lui semble une sorte de poisson d’avril perpétuel, une farce à froid. […] Sarcey qu’une légère inexactitude ; mais le détail a quelque importance, car c’est ce bagage qui donna à Scudo assez de confiance en lui-même pour, rendre quelques arrêts qui valent la peine d’être conservés. […] Schumann se donne une peine infinie pour paraître original et profond. […] De pareilles farces coûteraient bien cher au farceur, et l’amusement, ce semble, ne vaudrait pas la peine.

2143. (1903) Propos de théâtre. Première série

Gide avait pris la plume pour traduire Sophocle, ce n’eût guère été la peine. […] Mes idées, dans la solitude, et comme rien, même la douleur, ne les dérange, ont pris un cours subtil que parfois je ne retrouve qu’avec peine. […] Weiss et à Stendhal, il oppose la Correspondance de Grimm où nous lisons : « On rit à Tartuffe depuis le commencement jusqu’à la fin. » En vérité, j’ai un peu peine à me figurer un public riant à Tartuffe depuis le commencement jusqu’à la fin. […] Mais il a le cœur si bien placé et si haut placé que ce qui domine tout en lui, c’est la douleur de la peine qu’il va faire à Bérénice. […] Si je restais, je serais tout entier avec la peine de Bérénice.

2144. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il ne prend pas même la peine de la détromper.

2145. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Esclave des gens qui sont en faveur, tyran de ceux qui dépendent de lui, il tremble devant les premiers et persécute sans cesse les autres… Souvent il est agité par une espèce de fureur qui tient fort de la folie : ce ne sont quasi jamais les choses qui en valent la peine, mais les plus petites, qui lui causent cette fureur : cela dépend de la situation où se trouve son esprit ; et cela vient aussi de ce qu’il n’est point louché de ce qui est véritablement mal ; si bien qu’il ne regarde jamais les choses, mais simplement les personnes qui les ont faites ; et, si c’est quelqu’un qui lui déplaise, il grossit des bagatelles et en fait une affaire importante : cependant il est si faible et si léger que tout cela s’évanouit, et il ressemble assez aux enfants qui font des huiles de savon.

2146. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

On est fier de simples trouvailles curieuses (quand elles le sont), qui n’exigent aucune méditation, aucun effort d’esprit, mais seulement la peine d’aller et de ramasser.

2147. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Les Indiens s’avancèrent d’un air morne vers le rivage : on fit d’abord passer les chevaux, dont plusieurs, peu accoutumés aux formes de la vie civilisée, prirent peur et s’élancèrent dans le Mississipi, d’où on ne put les retirer qu’avec peine : puis vinrent les hommes, qui, suivant la coutume ordinaire, ne portaient rien que leurs armes ; puis les femmes, portant leurs enfants attachés sur leur dos ou entortillés dans les couvertures qui les couvraient ; elles étaient, en outre, surchargées de fardeaux qui contenaient toute leur richesse.

2148. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Tout cela est vrai, mais il n’est pas moins vrai que la beauté du vers célébré chez Virgile est empruntée d’Homère, qu’elle est empruntée et pour la pensée et pour la forme, mais empruntée d’une certaine manière qui n’est pas directe, qui n’est pas vulgaire, que Virgile seul a su introduire, et dont il vaut la peine de remettre ici sous les yeux une entière explication.

2149. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Qu’on raisonne là-dessus tant qu’on voudra, qu’on s’alambique l’esprit pour me prouver qu’il n’en est rien ou qu’il ne tient qu’à moi qu’il en soit autrement, il n’est pas fort difficile de croire qu’on ne réussira pas sans peine à me persuader un fait personnel contre l’évidence de ce que je sens.

2150. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Quant aux philosophes qui s’inquiétaient des théories nouvelles, M. de La Mennais ne réussit qu’avec peine à conduire leur orgueil cartésien au delà de son second volume ; ils se prêtèrent difficilement à rien entendre davantage : cette infaillible certitude, appuyée au témoignage universel, leur semblait une énormité trop inouïe.

2151. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Comme poëte, comme artiste, comme écrivain, on a souvent rabaissé sa qualité de sentiment, sa manière de faire ; il a eu peine à se pousser, à se classer plus haut que la vogue, et malgré son talent redoublé, malgré ses merveilleuses délicatesses d’observation, à monter dans l’estime de plusieurs jusqu’à un certain rang sérieux.

2152. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Enjouement, moquerie, savoir, mouvement animé et un peu affecté, je le crois sans peine, c’étaient, à ce qu’il semble, les traits de la belle compagnie d’alors.

2153. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

C’est bien, et cela vaut la peine d’être pratiqué.

2154. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

J’avoue (et j’en demande pardon à la philosophie de l’histoire) que tout cela fait bien rêver ; on arrive, après cette lecture, à croire sans trop de peine, et presque comme si l’on avait été ministre dans le bon temps, que tous les grands politiques ont été plus ou moins de grands dissimulateurs, pour ne pas dire un autre mot.

2155. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

C’est ailleurs, dans un autre lieu qu’ici, devant des auditeurs ou des lecteurs plus désintéressés et plus attentifs, que j’ai essayé et que j’essayerai encore d’expliquer comme il convient quelques-unes de ses violences et de ses extrémités de parole : penseur ardent et opiniâtre, dialecticien puissant, satirique vigoureux et souvent éloquent, qui ne marchandait pas les vérités, même aux siens, rude honnête homme mort à la peine.

2156. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Jamais architectes, obligés de n’employer pour bâtir que les pavés de la grande route publique, n’ont si bien connu chacune de leurs pierres, ses dimensions, sa coupe, sa résistance, ses attaches possibles, sa place convenable  Cela fait, il s’agit de construire avec le moins de peine et le plus de solidité qu’il se pourra, et la grammaire se réforme en même temps et dans le même sens que le dictionnaire.

2157. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

On priera les paysans de ne plus brûler les châteaux, parce que cela fait de la peine à leur bon roi.

2158. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Ces Captives du roi des morts deviennent de pauvres ouvrières qu’un patron avare exploite : Toujours tisserons draps de soie, Jamais n’en serons mieux vêtues : Toujours serons pauvres et nues, Et toujours aurons faim et soif… Nous avons du pain à grand peine, Peu le matin et le soir moins… Mais notre travail enrichit Celui pour qui nous travaillons !

2159. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le fondement du plaisir ; que procurent ces pièces, c’est qu’elles évoquent pour l’auditeur l’image des choses familières : elles utilisent la vie réelle en jouissances d’art, et portent vilains ou bourgeois à la contemplation désintéressée du monde vulgaire où leur existence de désirs et de peines est enclose.

2160. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Cela vaudrait certes la peine d’être réuni en un corps, condensé, ordonné et complété ; car M. 

2161. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Marianne, ne vous comparez pas à moi, je ne suis qu’un malheureux pécheur fort en peine de son salut ; vous, vous êtes une sainte, et, je vous le dis en vérité, un jour vous verrez Dieu ») ; le voyage des Aires à Lignières, par la montagne, derrière la voiture de déménagement, un humble exode et qui a pourtant je ne sais quoi parmi sa simplicité, d’auguste et de biblique ; le déjeuner du bon ermite Adon Laborie au presbytère ; le pèlerinage de Saint-Fulcran ; la joie et l’orgueil du bon vieux prêtre quand son doyen lui permet de dire la messe dans la chapelle miraculeuse…, tout cela est délicieux, d’une franche poésie, familière et pénétrante.

2162. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Il y a dans son œuvre trop d’attitudes, trop de sentiments, trop de façons de voir le monde et l’histoire que j’ai peine à comprendre et qui même répugnent à mes plus chères habitudes d’esprit.

2163. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Cette élite qui rompt, par zèle, avec les carrières convenues, encourt souvent la peine et l’hésitation : de qui, mieux ou plus fièrement, accepter l’aide, que d’aïeux par l’intelligence, dont elle tient sa vocation ?

2164. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

On ne fera pas d’œuvres, ce sera une belle peine de moins, et l’on sera bien plus à l’aise pour pratiquer impunément le système D.

2165. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Pendant toute sa carrière, il subit la peine de cette première polissonnerie d’écolier.

2166. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

.** le fin mot des choses, que le problème ne sera pas plus près de sa solution qu’il ne l’était auparavant, que tout cela est aussi insignifiant que quand on se demandait à Rome si ce serait Didius Julien ou Flavius Suplicianus qui l’emporterait à l’enchère, et que les sept cent cinquante personnes intelligentes qui sont là attentives autour de cette arène, saisissant avidement toutes les péripéties du combat, perdent leur temps et leur peine.

2167. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Mme de La Tour-Franqueville, témoin peu suspect, écrivait à Jean-Jacques Rousseau (6 mai) : Le temps a été si affreux ici tout le mois passé, que Mme de Pompadour en a dû avoir moins de peine à quitter la vie.

2168. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Un jour que Mme de Monnier était venue dîner au château de Joux, chez M. de Saint-Mauris, Mirabeau vit pour la première fois cette jeune dame qui n’avait pas de peine à être la première de Pontarlier par la beauté et les manières comme par la condition.

2169. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Il est si habitué à gagner son pain à la sueur de son front, que son bon sens comprendra sans peine, malgré le cri de ses passions, que chacun doit se suffire, et que la fortune publique n’est faite que pour le bien public, et non pour les besoins et les appétits des particuliers.

2170. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Le traducteur avoue cependant qu’il a fait quelques changemens ; & j’aurois de la peine à l’en blâmer.

2171. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Le talent de nos écrivains porte la peine de ce défaut de moralité.

2172. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Tout le monde conçoit sans peine que, si les hommes chargés d’exprimer le beau se conformaient aux règles des professeurs-jurés, le beau lui-même disparaîtrait de la terre, puisque tous les types, toutes les idées, toutes les sensations se confondraient dans une vaste unité, monotone et impersonnelle, immense comme l’ennui et le néant.

2173. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

C’est peut-être pour n’avoir pas analysé d’abord notre représentation du temps qui coule, notre sentiment de la durée réelle, qu’on a eu tant de peine à déterminer la signification philosophique des théories d’Einstein, je veux dire leur rapport à la réalité.

2174. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Elle sommeille, durant l’activité du corps ; mais souvent, aux hommes endormis, elle révèle en songe le partage de joies ou de peines qui les attend14. » Et ailleurs il avait chanté, avec plus de ferveur encore, sans doute dans le sanctuaire d’un temple : « Au-dessous de la voûte céleste, à l’entour de la terre, volent les âmes des impies dans de cruelles douleurs, sous l’étreinte de maux qu’on ne peut fuir.

2175. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

A peine est-elle intelligible à la plupart, tant sont profonds les préjugés dérivés du dix-huitième siècle et renouvelés, sous une autre forme, vers le milieu du siècle dernier, sur l’antinomie de la Science et de la Tradition. […] Il en a tiré des conséquences, par exemple sa célèbre « opinion sur la peine due au sacrilège », dont la dure logique lui est encore reprochée. […] Alors je cherche dans le désordre, non pas la mort de mon corps et de mon esprit, mais l’usure et l’apaisement de mes nerfs trop tendus… »‌ III Les voyez-vous maintenant, cette sœur cadette de Gœthe et ce petit-cousin de lord Byron, enfermés en tête à tête dans l’exil de la morte Venise, et avez-vous beaucoup de peine à vous imaginer comment ils ont dû en quelques semaines s’exaspérer l’un l’autre par chacune de leurs phrases, chacune de leurs pensées, chacun de leurs gestes ? […] A peine si un paysage s’esquisse, de-ci, de-là, dans leurs vers. […] C’est son amour, avec ses joies, ses peines, ses espérances, ses regrets qu’il incarne dans ces symboles, et, tout d’un coup, l’autre moitié de cette âme étrange, « âme malade reniant Dieu et reniant les anges, âme maudite et damnée », apparaît à son tour.

2176. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

C’est que quand ses sensations sont si nombreuses je me prends à douter de son émotion ; et si je ne le crois pas ému, j’aurai peine à l’être moi-même. […] Il a peine à lui pardonner tel ou tel acte qui lui paraît une espèce de trahison. […] Voilà pourquoi il fallait ajouter à l’analyse psychologique une intrigue, une action, car enfin il n’y en a pas, ou si peu que ce n’est pas la peine de dire. […] À l’expiration de la peine, on n’en veut pas à Yves et on l’estime toujours comme un brave qu’on a vu à l’œuvre à l’heure du danger. […] Oui, c’est le Code qui s’assied sur la sellette entre les gendarmes étonnés ; et il entend demander contre lui le maximum de la peine.

2177. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah ! […] Et Kobus de son côté pensa : « Cette petite est fière, elle croit que je la traite comme une servante, et cela lui fait de la peine. » C’est pourquoi, remettant le goulden dans sa poche, il dit : « Écoute, Sûzel, je t’achèterai moi-même quelque chose, cela vaudra mieux.

2178. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Les plus subtiles variations de la pensée humaine, sont — toujours — déterminées par des causes profondes que l’on peut, sans peine, retrouver dans les entrailles ténébreuses des races. […] On comprendra, sans peine, qu’ils ne pouvaient se contenter de l’esthétique en cours.

2179. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

A peine arrivée, elle tomba sur un fauteuil, dans la léthargie la plus profonde. […] Pierre Janet, qui était avec elle, eut de la peine à la maintenir190.

2180. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

C’est juste au moment, où je viens d’obtenir, avec une certaine peine, qu’une rue de Nancy, devant s’appeler : Rue Edmond de Goncourt s’appelle Rue des Goncourt. […] Il lui était venu une paresse un peu dédaigneuse à chercher, à retrouver, à inventer — tout en imaginant un détail plus distingué que moi, quand il voulait s’en donner la peine.

2181. (1896) Études et portraits littéraires

Il suit les conceptions lentes qui s’élaborent dans les cerveaux frustes, les discussions sans fin, pleines de recommencements, les luttes après et patientes dont l’objet est un lopin de terre ou un peu de monnaie, de « cette monnaie entrée dans la maison, franc par franc, sou par sou, de cette monnaie, histoire sonnante de tant de peines, de soucis, de fatigues, de travaux, si douce au cœur, aux yeux, aux doigts du paysan ». […] Depuis que Jules Vallès l’a tirée de la fange bourgeoise, qu’il a « pris la peine de façonner et de pétrir son âme à l’image de la sienne » ; qu’il a fait « de l’espèce de poupée qu’elle était alors, une créature simple et sincère », depuis qu’il lui a donné « un cœur de citoyenne et un cerveau de citoyen », de ce jour, elle est peuple. […] Toute chair qui souffre, le sang, de quelque artère qu’il coule, animale ou humaine, le taureau harponné de banderilles et le cheval aveuglé qu’il éventre, tout supplice, toute angoisse, toute peine a son hymne douloureux. […] « Il tend aussi à détruire ce que dans l’homme il exalte : la sensibilité qu’il rend suraiguë, qu’il affine à l’excès, qu’il fausse, en sorte que le plaisir devient peine et la peine plaisir ; l’intelligence, qu’il dissout par l’habitude de l’analyse à outrance, qu’il abîme dans les objets de son inerte contemplation. » Car c’est l’inertie même que cette vie de volupté égoïste, l’inertie et la stérilité.

2182. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

» Et je déclamais, et mes pauvres infirmières eurent toutes les peines du monde à me recoucher. […] Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous ………………………… Une catastrophe sérieuse interrompit ces peines et ces plaisirs factices. […] Après avoir ordonné le silence, ce qui fut obtenu, non sans peine, par un jeune homme d’environ seize ans, un élève destiné à devenir maître à son tour, Mr Andrews lut à haute voix les prières. […] Lors de l’écrasement de celle-ci je fus légèrement compromis et dus, par prudence, me retirer à Bruxelles, puis à Londres où je retrouvai Vermersch à qui son Père Duchesne — un chef-d’œuvre à mon sens, en dehors d’idées politiques non miennes, absolument non miennes — avait valu la peine capitale, alors si libéralement décernée un peu à tort et à travers par de braves militaires exaspérés d’avoir été vaincus par l’Allemand.

2183. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Pour se donner la peine d’inventer, on pourrait vraiment inventer mieux. […] Quand il est en peine d’un sujet, lisait où le trouver. […] Et je trouve que cela vaut au moins la peine qu’on s’y intéresse. […] Pour ne pas lui infliger au Figaro littéraire, dont il est le secrétaire de rédaction très sollicité, une aggravation de peine sous forme d’interview, j’ai dû le relancer loin de Paris et de sa banlieue, dans le coin de campagne et de province où il habite, ne passant à Paris chaque jour que les trois ou quatre heures qu’il doit à son journal. […] — Ce que vous venez me demander, me dit le maître, est très délicat… Je connais beaucoup de ces jeunes gens, et je ne voudrais pas leur faire de la peine.

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