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24. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Vers 1800, un peintre appelé Duperreux fit un tableau de la grotte de Gèdre, et ce paysage, que je ne connais pas, excita alors une assez vive opposition chez les juges de profession et les critiques, Ramond, dans ses Voyages au Mont-Perdu, publiés en 1801, prenait hautement parti pour Duperreux. […] Ramond a varié plus d’une fois cette vue générale et supérieure à laquelle il tend par nature et élévation d’esprit ; il l’a renouvelée et complétée une dernière fois au sommet du Pimené, dans les Voyages imprimés en 1801. […] Ramond, après la chute du trône au 10 Août, retourna dans ses chères montagnes des Pyrénées ; il y était à la fin de 1792, et, à peine arrivé, il courait droit au Marboré qui avait été le grand attrait de son précédent voyage. […] Son ascension entière sur le principal sommet n’eut lieu qu’en 1802, et le mémoire qu’il lut à ce sujet à l’Institut devrait être ajouté au volume de Voyages de 1801, si on réimprimait ce dernier87. […] Mais à un second voyage, un mois après, en septembre, tout s’éclaircit, tout se coordonna.

25. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Il fut célébré en France par procuration, et l’on y régla le départ de la nouvelle reine, de même qu’en Espagne on réglait point par point le départ et le voyage du roi pour aller à sa rencontre. […] Il y eut même, dès ces premiers jours et pendant le voyage ; un religieux théatin, le Père Vintimiglia, qui travailla dans le même sens, et qui avait déjà ses plans politiques en poche, avec un premier ministre (le duc d’Ossuna) à proposer. […]  » Dans l’été de 1680, un petit voyage que le roi voulut faire avec la reine à Aranjuez, avant celui de l’Escurial (par lequel il est de mauvais augure de commencer un règne, parce qu’on y rencontre les tombeaux des rois), ne put avoir lieu faute d’argent. […] Le voyage de l’Escurial, à une certaine époque de l’année, est irrévocablement réglé, infaillible et invariable comme le cours des astres et des saisons, et il n’y a pas moyen de l’éluder. […] Ils l’envoyèrent reconnaître par des médecins affidés ; ils allèrent même jusqu’à faire partir quelques mulets pour porte, des équipages par avance, et ne rompirent le voyage qu’un jour avant celui qu’on avait pris pour le départ.

26. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

La maison de Verberie, où Malouet avait misses deux filles en partant pour son long voyage, appartenait aux Chabanon. […] Son Voyage à la Guyane vient bien après le Voyage à l’Ile de France de Bernardin de Saint-Pierre (publié en 1773), et avant celui de Chateaubriand au pays des Natchez. […] Ferdinand Denis a réimprimé ce Voyage à la Guyane dans un petit volume qu’il a fait précéder d’une préface affectueuse (1853). […] Une anecdote, racontée dans le Voyage à la Guyane, soulève une petite question littéraire. […] Les voyages de Malouet, même avant d’être publiés, étaient connus ; il les racontait volontiers.

27. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il m’encourage à voyager en Orient, et désire que je n’y voyage pas seul. […] Guigniaut le plus illustre voyageur de notre siècle, M. de Humboldt, vieillard courbé et blanchi, mais qui n’a rien perdu de la vigueur de son esprit ; il voulut bien prendre intérêt à mon voyage, et me questionna sur la route que je me proposais de suivre ; mais il s’indigna presque de mes réponses : “Un homme intelligent peut-il songer au voyage d’Orient sans s’y préparer par un voyage à Venise ? […] La longueur, les frais, les fatigues du voyage ne doivent pas vous effrayer ; malade, je l’ai fait, avec ma femme, en quatorze jours.” — M.  […] C’est ce qu’il fit d’abord dans ce voyage des îles, et sa correspondance nous le dit agréablement. […] Gandar est l’homme qui, même en voyage, fait le moins l’école buissonnière ; il est déjà à l’avance le professeur fidèle à la chaire qu’il aura.

28. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

En 1842, il fit avec son pensionnat son dernier grand voyage alpestre au mont Blanc et au Grimsel. […] Dubochet se propose de publier comme un tome second des Voyages en zigzag. […] Pour la première fois il renonça à son voyage annuel avec sa jeune bande, et il allait partir pour son cher Cronay272, petit bien de famille appartenant à sa femme, où il se réjouissait de passer les vacances, quand le voile se déchira. […] Quittant avec un serrement de cœur sa chère maison de la promenade Saint-Antoine, il alla à Mornex, tiède village du Salève, se préparer à un second voyage de Vichy. […] Lorsqu’on aura publié ce dernier voyage de 1842, on aura sous les yeux la série de toutes ses courses depuis 1837.

29. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 2-3

Quoiqu’il paroisse tomber quelquefois dans les travers des Ecrivains voyageurs, qui observent mal & exagerent toujours, on trouve néanmoins des détails vrais & intéressans dans son Nouveau Voyage aux Isles de l’Amérique. […] Ce Voyage est écrit avec un ton de liberté & de franchise qui plaît, malgré la prolixité & l’incorrection du style. […] Labat a fait aussi l’Histoire de ses Voyages en Espagne & en Italie, qui sont beaucoup moins lus, depuis que tant de Voyageurs ont écrit sur ces mêmes contrées.

30. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Il recommença, peu après, la même faute dans un voyage qu’il fit à l’île de Malte, alors menacée d’un siège : il partit sans son brevet d’ingénieur-géographe, ne put s’y faire agréer sur un pied convenable, et s’en revint irrité et mécontent. […] Retiré chez le curé de Ville-d’Avray, il met en ordre ses observations et ses souvenirs de voyage ; il rédige ses mémoires sur la Hollande., la Prusse, la Saxe, la Pologne et la Russie ; son plan s’étend à mesure qu’il s’y applique. […] On a le récit de son voyage qu’il publia en 1773 : Voyage à l’île de France, à l’île de Bourbon, au cap de Bonne-Espérance, par un officier du roi. […] Il y a donc de la sobriété et un tour très net dans ce Voyage, écrit sous forme de lettres à un ami ; ce sont de vives esquisses, plutôt que des tableaux. […] Il s’occupa de rédiger son Voyage ; il vit quelques gens de lettres, Rousseau, d’Alembert ; il eut quelque temps du succès dans le monde des encyclopédistes.

31. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Volney, dans son voyage de Syrie et dans ses excursions au désert, avait été extrêmement frappé des ruines de Palmyre, qui avaient été comme découvertes trente ans auparavant, ou du moins annoncées pour la première fois à l’Europe, par des voyageurs anglais. […] Son Voyage d’Égypte et de Syrie avait rang d’un ouvrage classique, et l’auteur était consulté en toute question comme le type du voyageur par excellence. […] Pour suivre le procédé que j’ai déjà appliqué au premier Voyage de Volney, j’extrairai de son Voyage aux États-Unis une page, la plus marquante à mon gré, et qui rend bien le genre de mérite que j’ai précédemment signalé en lui, la rectitude et la perfection du dessin physique. […] D’après ce que vous me dites de votre vie si douce, de vos jours si pleins, si courts, même en hiver, de votre souci à l’idée du moindre voyage, prenez bien garde à ce que vous ferez. […] C’est l’éloge le moins commun, lorsque l’on parle d’un voyage, et c’est celui que doit chercher à mériter celui qui publie le récit des siens.

32. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

voyage du duc de bordeaux en angleterre. — craintes de l’université en face du clergé. — montalembert. — cousin sur vanini. — catholicisme et éclectisme. Le voyage du duc de Bordeaux en Angleterre est plus que jamais l’objet des conversations d’un certain monde, mais d’un monde bien resserré. […] La reine Victoria a pris ce voyage du duc de Bordeaux en pique, et l’a considéré comme un trouble-fête qui venait gêner la partie arrangée du duc et de la duchesse de Nemours. […] Au bout de quelque temps de ce voyage entre bons amis, le catholicisme se trouverait fort dépourvu et amoindri : il le sent, aussi n’accepte-t-il pas les avances, et il tire à boulets contre l’ennemi qui a beau se pavoiser de ses plus pacifiques couleurs.

33. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — Les Voyages en zigzag de Töpffer     74 XIX. — Cousin — Lettres du Père André. — Alfred de Musset. — Vers pour l’anniversaire de la mort du duc d’Orléans. — Inconvenance. — Louis-Philippe et la duchesse de Berry. — Madame Louise Colet. — Eugène Sue. — Les Mystères de Paris. […]  — Lamartine vise à l’O'Connell. — Sa liste civile. — Querelle de Dumas et de Janin arrangée. — Grave symptôme de décadence morale     97 XXVI. — Études catholiques et universitaires. — Portrait de Villemain. — Parallèle avec Guizot et Cousin. — M. de Genoude     100 XXVII. — Accident au Tréport. — Voyage de la reine d’Angleterre. — Réponse d’Edgar Quinet à l’archevêque de Paris     109 XXVIII. — Madame Sand dans son Berry. — Départ de Balzac pour la Russie. — Mort de la fille et du gendre de Victor Hugo. — Affreuse catastrophe. — Vers de Victor Hugo. — Le discours du cardinal Pacca. — Sénilité fleurie. — Notes de mon voyage à Rome     113 XXIX. — Un Catéchisme, par M. […] Arthur Ponroy. — Début des frère et sœur de mademoiselle Rachel. — L'esprit humain peu inventif. — Eve, par Léon Gozlan. — La fille d’Alexandre Soumet. — Un poëme de six mille vers     141 XXXV. — Vente des livres catholiques. — Lamennais. — Raphaël et Rébecca Félix, frère et sœur de mademoiselle Rachel. — Léon Gozlan. — Voyage de Chateaubriand à Londres. — Visite d’Eugène Sue à George Sand. — Béranger. — Quatre grandes puissances du jour. — Dupin     144 XXXVI. — Voyage du duc de Bordeaux en Angleterre. — Craintes de l’Université en face du clergé. — Montalembert. — Cousin sur Vanini. — Catholicisme et Éclectisme     147 XXXVII. — Parade et comédie légitimistes. — Chateaubriand vieux bonhomme.

34. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

J’ai connu quelques Anglais ; j’en ai vu en voyage, où ils se conduisent en « hommes libres » qui usent de tous leurs droits et où leurs façons manquent un peu de grâce et de moelleux. […] Que m’apprendrait de plus, je vous prie, un voyage ou même un séjour à Londres ou au bord des lacs d’Écosse ! […] je me suis, sans doute, figuré depuis que j’avais fait le plus adorable voyage, et je le raconte quelquefois en coupant mon récit de cris d’admiration ou de plaisir : mais, quand je rentre en moi-même et que je tâche d’être sincère, je sens très bien que, ce coin du Sahara, c’est à travers le livre de Fromentin que je le revois, non à travers mes propres souvenirs ; je sens que ce voyage n’a rien ajouté à la vision que j’apportais avec moi, et que mes yeux ont, sans le savoir, conformé la réalité à cette vision. Depuis, je ne voyage plus.

35. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

L’intérêt qui se porte à tel ou tel ordre de la connaissance humaine, voyage et se déplace, en quelque sorte, avec la société même et avec les besoins nouveaux ; mais on n’est point, pour cela, barbare. […] Mais, pour le mieux connaître, il est plus simple de le suivre dans son voyage d’Italie. […] C’est ainsi que, dans son Histoire des navigations aux terres australes (1756), il tracera le plan d’un voyage de circumnavigation qui inspirera Bougainville. […] On sent bien que je cause avec le président de Brosses, ou plutôt que je le fais causer devant nous, et que je ne prétends pas analyser son voyage. […] Dans un voyage à Paris, en 1754, il fit la connaissance de Diderot, et Buffon, son introducteur, était en tiers ce jour-là.

36. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère avait lu ce livre avec plaisir soit dans son voyage de Rome, soit au retour, et il nous en fait part. […] Dubois, était fait pour réussir lui-même dans un tel voyage. […] Ampère vécut trop sur ce seul et unique voyage en Scandinavie. […] Si vous le voyez, et qu’il vous parle de mes plans de voyage, n’en dites rien, je vous prie, à personne. […] Extrait d’une lettre d’un compagnon de voyage et témoin oculaire, M. 

37. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ramond devait être avant tout un prosateur : il le devint dès les années suivantes dans son voyage de Suisse, en se souvenant de Rousseau et de Buffon, et en présence des grands spectacles naturels. Ce voyage est de 1777. […] Son récit de voyage dans les parties supérieures du Hasly offre des passages admirables, et plus simples peut-être d’expression qu’il n’en trouvera plus tard lorsque son talent, d’ailleurs, aura acquis sa plus entière originalité. […] Il ne faudrait pas croire cependant que toutes les notes du voyage de Ramond soient de ce ton, qui deviendrait fatigant à force de sublimité ; il proportionne son langage à ses sujets ; il a ses anecdotes piquantes ; et, quand il traite une question historique ou physique, il y est tout entier. […] [NdA] Je retrouve dans ses Voyages au Mont-Perdu, publiés en 1801, un sentiment tout pareil, à l’occasion d’une chapelle de la Vierge qui se rencontre dans la partie la plus désolée de la vallée de Héas et qui y a créé un peu de civilisation et de vie.

38. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Le roi, malade d’une tumeur et qui s’est fait opérer une première fois, n’est pas entièrement guéri et projette un voyage à Barèges ; il annonce ce voyage, qui d’ailleurs ne se fera pas : Mardi 21 (mai 1686), à Versailles. — Sur les sept heures (du soir), le roi entra dans le cabinet de Mme la Dauphine et lui déclara sa résolution sur le voyage. […] On ne sait si elle sera du voyage. […] Ces vapeurs de Mme de Montespan lui viennent-elles de ce qu’elle apprend que le roi est encore malade, ou de ce qu’elle ignore encore si elle sera du voyage, grand écueil pour elle aux yeux de tous ? Dangeau est trop circonspect et trop poli pour le dire, il vous laisse le plaisir de le deviner. — Quelques jours après, les choses se dessinent ; il devient moins sûr que jamais qu’elle soit du voyage, et on lit à la date du samedi 25 mai : « Mme de Montespan, chez qui le roi était allé au sortir de la messe comme à son ordinaire, s’en alla le soir toute seule à Rambouillet ; elle n’a voulu prendre congé du roi ni de personne. » On aura d’autres nouvelles encore de Mme de Montespan, mais seulement au fur et à mesure et au jour la journée. […] [NdA] Dangeau, nommé ambassadeur en Suède, s’adressait à Chapelain pour lui demander s’il ne connaîtrait pas « quelque homme de bien et d’érudition qui pût, à des conditions honorables, lui tenir compagnie pendant son voyage de Suède, et lui servir soit par la conversation, soit par la lecture des bons livres anciens et modernes, le divertir des objets désagréables, etc. » C’est ce qu’on apprend d’une lettre (manuscrite) de Chapelain au marquis de Dangeau, datée d’avril 1671.

39. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Après n’avoir fait que passer à Londres et en Hollande, il alla à Vienne, et y résida habituellement jusque vers 1843, sauf les voyages qu’il fit dans l’intervalle. […] Il quitta Vienne le 22 avril 1834, et, dans un voyage de près de onze mois, il chercha les distractions sérieuses, un noble emploi de l’intelligence, et cette instruction que la vue des choses nouvelles et des hommes dissemblables ne cesse d’apporter jusqu’à la fin aux esprits restés jeunes et généreux. […] L’intérêt de ces sortes de voyages est surtout relatif au temps où ils s’exécutent, et les événements qui surviennent leur ôtent de cette nouveauté et de cet à-propos qui sont leur premier mérite. Cependant les Voyages du duc de Raguse, publiés en 1837, et auxquels il ajouta en 1838 un volume sur la Sicile, seront toujours relus avec plaisir et profit par tous ceux qui parcourront après lui les mêmes contrées. […] Une remarque qui ne saurait échapper à ceux qui ont lu ces Voyages, et qui en ressort sans aucune jactance, c’est à quel point le général Marmont, partout où il se présente, est accueilli avec considération, traité avec estime, et combien, par son esprit comme par ses manières, il soutient dignement à l’étranger la réputation de l’immortelle époque dont il est l’un des représentants.

40. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

On sait assez les détails de ce voyage d’apparat, dont Potemkin avait d’avance ménagé les accidents et préparé les décorations. […] Enhardi par la familiarité du voyage, par la présence de l’aide de camp favori, et surtout par les habitudes philosophiques de Catherine, M. de Ségur hasarda un conte galant, un peu léger, toutefois décent, qui avait fort bien réussi à Paris auprès du duc de Nivernais, du prince de Beauvais, et même de plusieurs dames dont la vertu s’était permis d’y sourire. […] Malgré ces petits inconvénients, auxquels une tactique spirituelle parait sans peine, ou qu’elle réparait du moins, le voyage eut beaucoup d’agréments pour M. de Ségur et ses compagnons. […] Le voyage terminé, les affaires et les intrigues diplomatiques recommencèrent.

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Madame de Maintenon n’était pas encore certaine alors de faire un second voyage à Barèges avec le duc du Maine. […] Aussitôt qu’elle vit approcher le retour du roi, elle décida que le voyage de madame de Maintenon à Barèges aurait lieu ; elle le pressa même. […] Le lendemain il pria le roi de trouver bon qu’il allait faire un petit voyage de quinze jours à Liancourt. […] Ce voyage semblait d’abord n’avoir point eu de succès, et elle s’en affligeait à Maintenon. Mais il se trouva, dit madame de Sévigné, que le duc du Maine, remis de la fatigue du voyage, se portail mieux qu’on ne pensait.

42. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

On fit bientôt une autre échappée ; ce fut un voyage d’Italie que madame de Chartres prit sur elle, sans permission du roi. Il fut bien leste, ce voyage. […] A Naples, elle ravit par les sons de sa harpe toute la cour, et surtout la reine, qui lui baisa la main ; elle y vit aussi des lazarroni tout nus, des ananas et des figues superbes ; et c’est ainsi que finit le voyage d’Italie. […] parlerai-je de sa conduite dans cette Révolution, de ses voyages de Paris à Londres et de Londres à Paris, de sa fuite avec mademoiselle d’Orléans lors de la défection de Dumouriez, de sa retraite errante en Suisse et en Allemagne ?

43. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Le portrait de Madeleine, au retour de son voyage, est admirablement conçu et présenté. […] Assistons un peu avec lui, ou plutôt avec Dominique, dont c’est le récit, à la rentrée de Madeleine au retour de son voyage : « Elle arriva vers la fin de juillet. […] Elle passait la main sur son front, sur ses yeux, relevait en arrière de ses tempes ses épais cheveux, un peu hérissés par la poussière et le vent du voyage. […] Plus en proie et plus déchiré que jamais, il se résout alors à un grand parti ; il entreprend un lointain voyage, mais d’où il revient vite et sans tenir tout ce qu’il s’était juré en partant. […] Une fois, pendant le premier voyage de Madeleine, quand elle est aux eaux, il pénètre jusque dans la chambre de la jeune fille ; mais avec quelle discrétion, remarquez-le !

44. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Il fit le voyage d’Italie. […] On regrette en cet endroit que Regnard n’ait pas fait comme pour ses autres voyages, qu’il n’ait pas donné un récit tout nu et sans ombre d’art : ce serait aujourd’hui plus intéressant pour nous. […] Regnard, désespéré, navré, s’en revient à Paris, et, pour se distraire, il entreprend ses voyages du Nord. […] Cette partie du voyage de Regnard est fort intéressante, et elle mériterait d’être réimprimée avec plus de correction. […] Je considérai l’état de ma vie présente, les voyages vagabonds, les changements de lieux, la diversité des objets et les mouvements continuels dont j’étais agité.

45. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manuel, Eugène (1823-1901) »

. — En voyage, poésie (1890). — Poésies de l’école et du foyer (1892). […] Manuel, En voyage, nous montre le talent du poète sous ses trois aspects : sentimental, populaire, patriotique, avec sa triple puissance d’élégie, de narration et de lyrisme. C’est comme une symphonie du voyage où revient, ainsi qu’un motif principal”, l’évocation de la compagne, de la Muse du foyer.

46. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Dans son testament, Duclos a pris soin de mettre cet article épigrammatique : « Je donne à l’Académie mon buste du roi en bronze, et je la prie de me donner pour successeur un homme de lettres. » Personne, du reste, n’a joui plus agréablement que lui dans ses voyages, et en toute occasion, de l’avantage social qu’il y avait alors à être le confrère des gouverneurs de provinces, des archevêques et des ambassadeurs. […] Ce qui le détermina à ce voyage, ce fut l’irritation extrême où l’avait mis l’affaire de La Chalotais, et, comme il dit, « le brigandage des auteurs et des instruments de cette persécution ». […] Un voyage en Italie était alors une entreprise fatigante ; Duclos avait soixante ans passés, mais une santé d’athlète, a-t-il soin de nous dire, en ajoutant qu’il la mit dans ce voyage à toutes sortes d’épreuves : Duclos avait l’orgueil de sa bonne santé et de son tempérament robuste, comme Voltaire avait la coquetterie d’être et de se faire malingre. […] Une circonstance assez touchante se mêle à son voyage d’Italie. […] Ses amis de Paris, connaissant sa tendresse pour elle et ne voulant pas attrister son voyage, se concertèrent avec sa famille pour la lui cacher et pour que cette mort ne fût point annoncée par la Gazette de France : mais Duclos l’apprit d’autre part et par la Gazette d’Avignon.

47. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Il y a un Auteur du même nom & de la même ville, à qui nous devons un Voyage littéraire de la Grece, en deux vol. […] Ce Voyage ne vaut pas, à beaucoup près, celui de M. de Choiseul-Gouffier, intitulé Voyage pittoresque de la Grece, qui annonce un amateur profondément versé dans la Littérature ancienne, & un Ecrivain aussi ingénieux & poli, qu’élégant & correct.

48. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Le crédit de d’Alembert lui procura un libraire pour la relation de son voyage à l’Ile-de-France. […] Bernardin, dans ses voyages, avait toujours beaucoup écrit ; il composait des mémoires pour les bureaux, il rédigeait des journaux pour lui ; arts, morale, géographie, affaires du temps, il tenait compte de tout. […] Le Voyage à l’Ile-de-France est donc déjà d’un écrivain exercé, et par endroits éloquent. […] Bien des pages de Paul et Virginie ne sont que le composé poétique et coloré de ce dont on a dans le Voyage le trait réel et nu. […] La publication du Voyage à l’Ile-de-France fut suivie, pour Bernardin, de longues tracasseries et de désagréments dont il s’exagéra sans doute l’amertume.

49. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Ces voyages, d’ailleurs, étaient essentiels à son dessein ; car il sentait déjà que, pour jouer un rôle de premier ordre, il fallait sortir de Galilée, et attaquer le judaïsme dans sa place forte, qui était Jérusalem. […] Luc (IX, 51-54) a un sentiment vague du système du quatrième évangile sur les voyages de Jésus. […] Deux pèlerinages sont clairement indiqués (Jean, II, 13, et V, 1), sans parler du dernier voyage (VII, 10), après lequel Jésus ne retourna plus en Galilée. […] Mais les circonstances données comme appartenant à ce voyage sont d’une époque plus avancée (comp. surtout Jean, II, 14 et suiv., et Matth., XXI, 12-13 ; Marc, 15-17 ; Luc, XIX, 45-46). Il y a évidemment des transpositions de date dans ces chapitres de Jean, ou plutôt il a mêlé les circonstances de divers voyages.

50. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Mais, pour la Bataille d’Isly, un autre Voyage d’Afrique lui parut nécessaire, il partit de Marseille au mois de mars 1845 et alla droit à Oran, de là à Tlemcen. […] Ce voyage de 18 jours fut plein de péripéties et d’incidents. […] On raconte qu’interpellé un Jour à la table du quartier général, et par le maréchal Saint-Arnaud, sur l’état de défense de Sébastopol que son voyage en Russie l’avait mis à même de connaître, il avait dit que cet état était formidable. […] On connaît sa Messe en Kabylie, dont il conçut l’idée dans un dernier voyage d’Afrique en 1853. […] Il faisait un voyage pédestre en France, en Auvergne, avec M. de Pontécoulant, le pair de France.

51. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Elle visita l’Angleterre et Londres avec Alfieri en 1791 : on a son Journal et ses notes de voyage, dont M.  […] Mais on remarquera, avant tout, ce voyage que la veuve du Prétendant, du feu roi soi-disant légitime, ne craignit pas de faire en Angleterre, c’est-à-dire dans le pays où il semble qu’elle dût le moins aller. […] On lit dans son Journal de voyage écrit en français ; — car c’est en français qu’écrivait volontiers Mme d’Albany ; elle n’avait même, chose singulière ! […] Je me reproche toujours de ne l’avoir pas forcé à faire un voyage : il se serait distrait par force. […] Fabre l’accompagna dans ce voyage qu’elle fit à petites journées.

52. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Le grand événement de la vie de Mme Geoffrin fut le voyage qu’elle fit en Pologne (1766), pour aller voir le roi Stanislas Poniatowski. […] On a cru qu’une petite commission diplomatique se glissa au fond de ce voyage. […] Mme Geoffrin avait bonne tête, et ce voyage ne la lui tourna point. […] Au retour de ce voyage où elle avait été comblée d’honneurs et de considération, elle redoubla de modestie habile. […] Quand on la complimentait et qu’on l’interrogeait sur ce voyage, qu’elle répondît ou qu’elle ne répondît pas, elle ne mettait d’affectation ni dans ses paroles ni même dans son silence.

53. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Ainsi, par exemple, et je choisis cette circonstance entre mille, son héros voyage ; il voyage en compagnie de M. et de madame de Couaën et de leurs enfants. […] Or, à quel prix voyage-t-on dans les Indes ? […] Cette vérité, que je ne veux qu’indiquer ici, éclate à chaque pas du voyage de Jacquemont. […] De plus, Jacquemont avait choisi pour ce voyage la saison la plus dangereuse de l’année. […] Est-ce ainsi que devait finir le voyage scientifique de Victor Jacquemont ?

54. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

. — Voyages des dieux homériques. […] Nous touchons à la dernière des machines poétiques, c’est-à-dire aux voyages des êtres surnaturels. […] Satan, arrêté sur le seuil de l’enfer, regarde dans le vaste gouffre, berceau et peut-être tombeau de la nature ; il pèse en lui-même les dangers du voyage.

55. (1922) Gustave Flaubert

Nous avons (en outre des Notes de voyage) par les lettres à Le Poittevin le journal de ce voyage. […] Être ailleurs qu’en voyage, c’était être chez lui. […] Le voyage lui permet de loger et de classer le voyage dans le même dégoût. […] Je n’aurais jamais soupçonné ce côté au voyage. […] Dur voyage et qui demande une volonté acharnée.

56. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

II Ce qu’on appelle les Œuvres dans ces deux volumes, qui ne sont de vrai qu’une Correspondance, consiste en quatre fragments de très courte haleine : les notes d’un Voyage en Sicile, une Course au lac d’Onéida, Quinze jours au Désert, et enfin quelques miettes du volume resté en portefeuille de l’Ancien Régime et la Révolution. […] Dans les autres fragments, au contraire, dans le Voyage en Sicile, la Course au lac d’Onéida, et surtout les Quinze jours au Désert, plusieurs critiques, parmi lesquels on doit ranger Sainte-Beuve, ont annoncé qu’ils avaient découvert et cueilli un Tocqueville nouveau, à l’imagination rosée, dont personne ne pouvait se douter dans le grave publiciste américain. […] Dans le Voyage en Sicile, nous n’avons qu’une rhétorique parfaitement sage, mais qui ne vaudrait guères que le milieu de la classe à l’écolier qui en ferait ainsi. […] La Course au lac d’Onéida et les Quinze jours dans le Désert sont, il est vrai, des relations plus intéressantes et plus sincères, mais elles ne sont pourtant, l’une et l’autre, que la relation d’un homme bien élevé, qui voyage et qui écrit comme tous les hommes bien élevés. […] Seulement, cet agrément qui vient des circonstances du voyage, celui qui les raconte ne le gâte point par sa manière de les raconter.

57. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

. — Voyages. — Salons. — Critique dramatique. — Romans : le Capitaine Fracasse. […] En 1840, il fit son premier voyage d’Espagne. […] Une fois mis en goût de voyage et cette nouvelle vocation reconnue et déclarée, Théophile Gautier ne chôma plus et ne résista qu’autant qu’il était retenu par sa chaîne au cou, « dans la niche qu’on lui avait faite au bas du journal », ainsi qu’il s’est lui-même représenté. […] Son voyage d’Afrique, en 1845, l’avait aguerri à toutes les fatigues. […] Ce premier Théophile Gautier, antérieur aux voyages et avant qu’il fut devenu l’homme des feuilletons, se trouve très-bien esquissé en quatre pages du Recueil intitulé Galerie de la presse, de la littérature et des beaux-arts (première série, 1838).

58. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Le goût des voyages est alors né presque partout à la fois, et une foule d’œuvres ont surgi pour satisfaire ce goût, qui était chez nos grands-pères une rareté. J’ai nommé les voyages. […] En ce temps-là toutefois, les voyages étaient lents, difficiles, périlleux. […] S’il est vrai, comme je le disais tout à l’heure, que les voyages ont vigoureusement aidé au développement de la littérature, on peut dire, en retour, que la littérature l’a bien rendu aux voyages. […] Un romancier de notre siècle a marqué fortement l’action des récits de voyages sur une imagination vive de femme qui s’ennuie.

59. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

C’est un Voyage, non plus à travers ses ennemis, mais à travers sa vie et ses livres. […] Il y voyage, en Angleterre, et pour cette raison il doit y être plus protestant, plus utilitaire et plus anglais que dans les livres espagnols ou italiens dans lesquels il a fait, selon moi, ses meilleurs voyages. […] Or, puisqu’il écrit lui-même à la tête de son livre le mot « voyage », il aurait dû se rappeler qu’un critique n’est pas un voyageur ordinaire et de ceux-là dont Sterne a donné la liste dans son Voyage sentimental. Le critique en voyage à travers les littératures emporte autre chose que Sterne lui-même, qui n’emportait, quand il partit pour la France, que trois chemises, une culotte de soie noire et la résolution de partout sentimentaliser… Le critique, lui, doit avoir un paquet d’idées faites en vertu desquelles il va juger les choses et les hommes, et il ne va pas se les faire, ces idées, en voyage.

60. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il était doué d’une curiosité intrépide, d’une persévérance infatigable, d’une sagacité infiniment perçante, le tout revêtu d’une organisation d’acier fin que ne brisèrent, ni ne faussèrent, ni n’usèrent les fatigues, les climats, les voyages, et qui dura près de cent ans, comme celle de Fontenelle, cette porcelaine fêlée dans son fauteuil ouaté, ce Fontenelle qui s’arrêtait au milieu d’une phrase quand une voiture passait, pour ne pas forcer et user sa voix ! […] Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages. Dans son Asie centrale, dans son Voyage aux régions équinoxiales, dans son Atlas géographique et physique et son Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent aux xve et xvie  siècles, dans ses Vues des Cordillières et ses Plantes équinoxiales, dans son Essai politique sur Cuba et son Tableau de la Nature, etc., même dans ses ouvrages d’observation particulièrement botanique, il ne fut jamais qu’un voyageur, parlant passionnément de ses voyages, et à ce point qu’on peut se demander ce qu’il aurait eu à nous dire s’il n’avait pas voyagé, et pensé s’il n’avait pas vu ? […] Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’Histoire, mais l’historiette à la place de tout, qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante, la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, — n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du xixe  siècle, l’arpenteur du globe qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço avec un album dans sa poche !

61. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il était doué d’une curiosité intrépide, d’une persévérance infatigable, d’une sagacité infiniment perçante, le tout revêtu d’une organisation d’acier fin, que ne brisèrent, ni ne faussèrent, ni n’usèrent les fatigues, les climats, les voyages, et qui dura près de cent ans, comme celle de Fontenelle, cette porcelaine fêlée dans son fauteuil ouaté, ce Fontenelle qui s’arrêtait au milieu d’une phrase quand une voilure passait, pour ne pas forcer et user sa voix ! […] Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages. Dans son Asie centrale, dans son Voyage aux régions équinoxiales, dans son Atlas géographique et physique, et son Examen critique de l’histoire de la géographie du Nouveau continent aux quinzième et seizième siècles, dans ses Vues des Cordillières et ses Plantes équinoxales, dans son Essai politique sur Cuba et son Tableau de la nature, etc., même dans ses ouvrages d’observation particulièrement botanique, il ne fut jamais qu’un voyageur, parlant passionnément de ses voyages, et à ce point qu’on peut se demander ce qu’il aurait eu à nous dire, s’il n’avait pas voyagé, et pensé, s’il n’avait pas vu ? […] Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’histoire, mais l’historiette à la place de tout, — qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante ; la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du dix-neuvième siècle, l’arpenteur du globe, qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur, qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse, assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço, avec un album dans sa poche !

62. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Avant l’Homère d’André Chénier, les Martyrs de Chateaubriand, l’Orphée et l’Antigone de Ballanche, quelques pages de Quinet (Voyage en Grèce et Prométhée), on en chercherait les traces et l’on n’en trouverait qu’à peine dans notre littérature classique. […] L’abbé Barthélemy, dans le Voyage d’Anacharsis (si agréable et si utile d’ailleurs), accrédita un sentiment grec un peu maniéré et très parisien, qui ne remontait pas au grand et ne rendait pas même le simple et le pur. […] Vous connaissez l’Orphée, et je n’ai point à vous en parler ; mais à Ballanche, à Quinet (dans son Voyage en Grèce), il manque un peu trop, pour correctif de leur philosophie concevant et refaisant la Grèce, quelque chose de cette qualité grecque fine, simple et subtile, négligée et élégante, railleuse et réelle, de Paul-Louis Courier, ce vrai Grec, dont la figure, la bouche surtout, fendue jusqu’aux oreilles, ressemblait un peu à celle d’un faune.

63. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Saint-Marc Girardin »

Il est intitulé : Souvenirs de voyages et d’études 3, et il justifie parfaitement son titre car il est composé d’articles que l’amour-propre d’auteur, si dur aux sacrifices, n’aura pas voulu sacrifier, et on se souvient de les avoir lus, à peu de choses près et à des époques déjà distantes, soit dans le Journal des Débats, dont l’auteur est, comme on le sait, l’un des rédacteurs ordinaires, soit dans cette Revue des Deux-Mondes, le bazar du talent… autrefois. Cet ouvrage, du reste, — notes de voyage prises en courant, — ne peut avoir l’importance d’un livre même aux yeux de son auteur, qui a, dans un talent incontestable, l’obligation d’être sévère. […] Souvenirs de voyages et d’études (Pays, 16 décembre 1832) 2.

64. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Elle est au fait du motif de son voyage. […] La gronderie du père, la câlinerie de l’enfant, sa ferme volonté de ne plus lâcher prise et d’être du voyage, tous ces riens sont retracés au vif et relevés de mille grâces. […] Marie continue de s’occuper de petit Pierre, elle le rassure dans ses terreurs, elle l’amuse, et Germain ne peut s’empêcher de remarquer : « Il n’y a personne comme toi pour parler aux enfants, et pour leur faire entendre raison. » Au milieu de cela il reparle toujours de sa première femme, de sa pauvre défunte, et maudit ce voyage entrepris pour la remplacer. […] Germain en triomphe du moins, il respecte cette pureté de la jeune fille qu’il a étonnée un moment ; il achève son voyage, et n’arrive qu’au matin chez la veuve, la lionne de village, dont il est dégoûté, même avant de l’avoir vue. Je n’ai pas à continuer ici cette analyse ; je n’ai voulu insister que sur les parties tout à fait rares et neuves de l’idylle, sur la première partie du voyage.

65. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Il vient de faire, pour sa santé, le voyage d’Ischia où il a pris les eaux, il est revenu par Florence, et rapporte, dit-on, des fruits nouveaux de son inspiration dans ces contrées déjà chantées par lui et gardiennes de ses plus beaux souvenirs43. […] On donna autrefois à Marc-Paul le sobriquet de Messer milione à cause des histoires merveilleuses et incroyables qu’il racontait de ses voyages : on pourrait donner le même surnom au Balzac d’aujourd’hui, et il ne fait que représenter en cela le rêve et la chimère de maint confrère. […] Nous voyons que M. de Lamartine se justifie dans les journaux amis d’avoir écrit un seul vers durant ce dernier voyage, et même depuis longtemps : nous avons en conséquence à lui faire réparation de l’en avoir soupçonné. […] philosophique qui l’aura occupé, car nous tenons d’une personne qui l’a rencontré dans ce voyage et qui passait au retour par nos contrées, que l’illustre écrivain, chaque matin, méditait quelque chose.

66. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

En 1770, après un voyage en Suède auprès de la reine leur sœur, le prince alla en Russie, où il était désiré et demandé par l’impératrice Catherine. […] Vous aurez le temps, en voyage, de recueillir un magasin de louanges dont vous pourrez vous servir dans l’occasion. » Six mois après (23 janvier 1774), il écrivait à son frère une lettre qui devait lui être rendue à son retour de Russie, à la frontière, et où il le félicite de s’être si bien tiré de sa mission, en des termes qui marquent de sa part de singulières méfiances. […] Le prince Henri fit un second voyage à Saint-Pétersbourg (1776), pendant lequel il contribua au mariage du grand-duc avec la princesse de Wurtemberg, petite nièce de Frédéric et la sienne. […] L’union étroite qui s’établit entre la Russie et la Prusse, et que Frédéric jugeait si essentielle aux intérêts de sa politique, date des voyages du prince Henri, et l’honneur de l’avoir cimentée lui en revient. […] Le prince Henri, de retour à Rheinsberg, après son premier voyage de France, eut l’occasion d’y recevoir un Français des plus distingués, qu’il avait déjà vu à Paris, le marquis de Bouillé.

67. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

C’est cette même Amélie de Boufflers dont Rousseau a si bien parlé dans ses Confessions, et qu’il vit pendant son séjour à Montmorency : Mme de Luxembourg, dit-il, avait amené à ce voyage (1760) sa petite-fille, Mlle de Boufflers, aujourd’hui Mme la duchesse de Lauzun. […] Elle vient de parler du duc de Choiseul : Le petit Lauzun, ajoute-t-elle, n’est point bien avec lui ; … il trouve son voyage ridicule ; il n’a pas voulu lui confier ses dépêches, et il a écrit à M. de Guerchy (l’ambassadeur) pour lui recommander d’avoir attention sur sa conduite. […] À un voyage qu’il fait dans le Palatinat, et où il est des mieux accueillis par une baronne de Dalberg, il dit plaisamment : On aime, dans les pays étrangers, à se faire honneur de ce qu’on a. […] Des aventures galantes, romanesques, des voyages, des courses de chevaux, une grande magnificence de train, lui avaient valu cette rare renommée. […] L’ambition commençait à lui venir : tout récemment, avant et pendant son voyage de Varsovie, il avait adressé des mémoires à la cour de Russie, à celle de France, relativement aux affaires de la Pologne ; il avait des plans grandioses sur ce sujet de circonstance.

68. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Il est aisé de voir que, dans ces conditions, le double voyage du premier rayon ne devrait pas avoir la même durée que le double voyage du second 2. […] Dès lors, le premier n’a eu qu’à noter sur son horloge le commencement et la fin de l’intervalle occupé par le double voyage du rayon : c’est au milieu de l’intervalle qu’il a situé le zéro de son horloge, du moment qu’il voulait que les deux zéros marquassent des instants « simultanés » et que les deux horloges fussent désormais d’accord. […] L’observateur qui est au repos absolu dans l’éther voit bien que les trajets sont inégaux, puisque, dans le premier voyage, le rayon lancé du point O doit courir après le point A qui fuit, tandis que dans le voyage de retour le rayon renvoyé du point A trouve le point O qui vient à sa rencontre. […] Or, nous savons que la durée de ce double voyage, comptée sur l’horloge en O, est toujours la même, quelle que soit la vitesse du système. Il en sera donc encore ainsi pour la durée du voyage unique, comptée par ce nouveau procédé sur deux horloges : on constatera par conséquent encore la constance de la vitesse de la lumière.

69. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il l’accompagnait dans ses voyages. […] Dans un voyage de trois mois qu’il fit en sa compagnie, il traduisit l’office de la Semaine sainte, « pour l’amour de Mlle de Nevers, dit-il, à qui sa piété en avait suggéré le désir ». Dans un autre voyage et séjour à Forges, bien des années après, on le voit conversant de toutes sortes de sujets, et notamment de l’astrologie judiciaire, dans la chambre de la princesse avec les doctes visiteurs qu’il y rencontre : « C’est ainsi, ajoute-t-il après le résumé d’un de ces entretiens où il a brillé, que nous agitions tous les jours quelque belle question pour le divertissement de celle qui nous ordonnait de parler, et qui se plaisait en cette sorte d’entretiens. » Pendant vingt ans et plus (1623-1645) l’abbé de Marolles fut ainsi l’homme de lettres familier, le latiniste ordinaire, une façon de bibliothécaire de la princesse Marie ; sa curiosité y trouvait son compte. […] Dans un voyage avec la princesse, en passant à Amiens, comme on présentait parmi les reliques le chef de saint Jean-Baptiste à baiser, il s’en approcha après elle et, sur son invitation, fit de même, tout en disant à demi-voix de cette tête du saint : « C’est la cinq ou sixième que j’ai l’honneur de baiser. » Il raconte avec complaisance en ses mémoires ce propos dont il est tout fier. […] Ses fréquents voyages, ses longs séjours à Paris et ses assiduités à l’hôtel de Nevers n’expliquent qu’en partie cette négligence.

70. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce. […] Chateaubriand, dans son premier et confus ouvrage, dans son Essai sur les révolutions, est parti, en quelque sorte, du Voyage d’Anacharsis, pour les comparaisons continuelles de l’Antiquité avec le monde moderne ; mais, dès les premiers pas qu’il fait sur les traces de son devancier, comme on sent qu’il pénètre bien au-delà ! […] Quand il a quelque passage de Sapho ou de Sophocle à traduire en vers dans son Voyage, il recourt volontiers à la muse de l’abbé Delille. […] Lorsque Barthélemy publiait son voyage, M. de Choiseul était mort depuis 1785 ; Mme de Choiseul existait et était destinée à survivre à l’ami qui la célébrait si délicatement. Le Voyage d’Anacharsis avait paru depuis quelques mois, et le succès allait aux nues : une place devint vacante à l’Académie française par la mort du grammairien Beauzée, et Barthélemy, choisi tout d’une voix pour lui succéder, fut reçu dans la séance publique de la Saint-Louis (août 1789).

71. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Ajoutons que cette place éminente, l’abbé Huc ne la devra pas uniquement aux circonstances de sa vie et à l’acquis de son voyage, mais à des qualités personnelles que la Critique ne peut oublier. […] Toutes ces inventions de ragoût pour rendre plus piquant un récit de voyage, pour augmenter l’établissement du lecteur, cette large fleur bête de la flatterie étonnée que les voyageurs aiment à cueillir à leur retour, toutes ces misères de l’esprit ou de l’amour-propre, qu’elles soient des duperies ou qu’elles soient des combinaisons, ne se rencontrent point dans cette relation colorée et nuancée comme la vie, mais pas davantage ! […] Comme ils le font tous, quand il le faut, ces admirables possesseurs d’eux-mêmes et de la lumière, il y tait ses contemplations intérieures, et la critique est d’autant plus à l’aise vis-à-vis de lui qu’il n’a voulu faire qu’un livre de voyage et d’histoire, et qu’il a traité le public français comme il avait traité le public chinois, quand il ne craignit pas de revêtir la magnificence orientale et quand ces humbles pieds, dont il est dit dans nos livres saints : « Qu’ils sont blancs et beaux, les pieds des envoyés du Seigneur !  […] Délicieuse et charmante histoire que cette histoire de la toilette chinoise du pauvre lazariste, par laquelle Huc commence son voyage ! […] En plusieurs circonstances de son voyage, il rappelle presque la belle scène des coups de cravache chez le pacha, dans l’Itinéraire de Chateaubriand.

72. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Mais pour ce voyage il faut de l’argent : nouveaux tiraillements. […] Son premier voyage n’avait été qu’une reconnaissance sur Alger, sa banlieue et Blidah. […] Il n’y avait eu qu’un roman dans sa vie comme il n’y avait qu’un voyage refait plusieurs fois. […] Au commencement de son second et plus important voyage, celui de 1847, il écrit : « J’entends, tu le comprends, tirer un double parti de ce voyage : d’abord faire mon éducation de peintre dans ce long et étroit contact avec la nature. […] Les deux livres de voyage, les Maîtres d’autrefois, sont en partie des livres de souvenir.

73. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Le général lui ordonna d’examiner dans son voyage les forces, les moyens de défense, les dispositions des Grecs, et lui confia même une lettre pour le bey de Maina. […] Mais, à son retour, il ne trouva plus Bonaparte à Milan, et c’est à Paris que ce vieillard, devenu presque aveugle dans le voyage, parvint, non sans beaucoup de peines et de démarches, à remettre au général divers mémoires qui répondaient à ses questions. […] Ce vieillard aveugle, ruiné par les frais de route qu’on ne lui remboursa pas, se réfugia en Angleterre où il publia, pour vivre, une relation de son voyage.

74. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Son érudition, ses goûts d’antiquaire, son instinct de connaisseur et d’artiste, ses souvenirs rapportés de voyage, tout était le bois sculpté, comme un autel, du lit dressé par lui à la grande Inspiration qu’il attendait, et qu’on ne vit jamais y monter ni en descendre ! […] Il y a du roman, des voyages, presque de l’histoire, de la biographie, de la critique, de la correspondance… C’est assez de sujets et d’espace pour mettre beaucoup de talent, si véritablement on en a. […] ce qui vaut le mieux en ces cinq volumes, c’est encore le Voyage d’Orient, c’est-à-dire un livre de faits et d’observation, tout simplement, et une étude assez étendue sur Rétif de la Bretonne, où le critique double le biographe. […] Tout ce qui est de regard et de récit dans ce Voyage d’Orient est à étonner de bon sens, de bonne humeur et de bon ton, toutes choses rares dans l’école romantique ; et s’il s’y rencontre des parties inférieures, ce sont les pages que l’auteur a voulu faire poétiques, comme la légende de la Reine de Saba, qu’il prétend avoir entendu raconter par un conteur de café, en Egypte, et que, pour cette raison, je ne mettrai point à sa charge.

75. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Elle fut fort avant dans les intrigues de Cour ; nommée dame du palais de la reine quelques années après le mariage du roi, on la voit, dans les Mémoires de M. de Luynes, de tous les soupers, des chasses, des voyages à Choisy, à la Muette, avec les trois sœurs favorites (de Nesle). […] Ce voyage de Mme de Luxembourg à Chanteloup fit une grosse affaire dans ce monde à la mode. […] C’était, disait-elle, sa boîte de voyage. […] Vous allez lui faire bien des questions sur le voyage de la maréchale. […] Je crois qu’en tout elle aura été assez contente de son voyage… » On distingue bien en tout ceci l’art, le jeu, l’amabilité naturelle, la considération, et aussi cette crainte qu’on avait de ne pas réussir auprès d’elle, même d’égale à égale. — D’autres visites et voyages à Chanteloup se passent encore mieux les années suivantes : « La chatte rose est tout aussi douce et aussi aimable cette année (mai 1772) que l’année passée. » Elle s’accorde avec tous.

76. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Mémoires, lettres, voyages : Mme de Rémusat, Marbot, Pasquier, Doudan, etc. […] Mémoires, lettres, voyages. […] Par-là, comme par ces Souvenirs que je rappelais, il nous conduit à des ouvrages qui sont tout juste l’opposé de ceux dont je me suis occupé au commencement de ce chapitre, aux mémoires, aux lettres, aux récits et impressions de voyages. […] Pour les récits de voyages, qui se rattachent tantôt aux Lettres et plus souvent aux Mémoires, les meilleurs sont des œuvres d’art, comme les deux livres de Fromentin sur l’Algérie, ou le Voyage aux Pyrénées de Taine, ou ces exquises Sensations d’Italie qu’a données M.  […] Pendant la publication de ces deux grands ouvrages : Questions contemporaines, 1868, in-8 ; Dialogues philosophiques, 1876, in-8 ; Nouvelles Études d’histoire religieuse, 1884, in-8 ; Mélanges d’histoire et de voyages, in-8, 1878 ; Drames philosophiques (Caliban, l’Eau de Jouvence, le Prêtre de Némi, l’Abbesse de Jouarre, 1878-1886), in-8 ; Conférences d’Angleterre, in-18, 1880 ; Souvenirs d’Enfance et de Jeunesse, in-8, 1883 ; Feuilles détachées, in-8, 1892 ; Discours et Conférences, in-8, 1887, etc. — A consulter : J.

77. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Lorsque Franklin arrivait à Paris à la fin de décembre 1776, et que son voyage, qui allait devenir un séjour de huit années et demie, faisait à l’instant le sujet de tous les commentaires, ce n’était pas la première fois qu’il voyait la France : il y était venu déjà passer quelques semaines en septembre 1767 et en juillet 1769. Dans le premier voyage qu’il avait fait à Paris et dont il a rendu compte dans une lettre enjouée, adressée à sa jeune amie miss Mary Stevenson, il ne remarque que les dehors, les routes, la politesse des gens, les coiffures, le rouge des femmes, le mélange de somptuosité et de misère dans les bâtiments. […] Franklin savait le français depuis longtemps ; il s’était mis à l’apprendre dès 1733, et lisait très bien les livres écrits en notre langue ; mais il la parlait avec difficulté, et ç’avait été un obstacle à ce qu’il connût mieux la société française dans ses voyages de 1767 et de 1769. […] Il visita Voltaire dans le dernier voyage que celui-ci fit à Paris (février 1778), et où il mourut. […] Les récentes découvertes d’Herschell semblaient l’appeler à un futur et sublime voyage de découverte céleste à travers les sphères.

78. (1929) Amiel ou la part du rêve

Son voyage nous révèle (mais le lui révèle-t-il ?) […] Racontez-nous ces voyages ! […] Amiel voyage pendant les vacances parce qu’un Genevois voyage, et qu’il faut s’instruire. […] Philine est veuve, elle est libre, elle voyage. […] On se revoit après des voyages.

79. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Au bout de sept mois, le sartyi s’en fut en voyage. […] Quand tout fut terminé, l’ancienne favorite leur dit ceci : « Maintenant, soyez-en certaines, « nous voilà perdues sans retour car « le sartyi, une fois revenu de voyage, nous « fera couper la tête. […] Le sartyi revint de voyage quelques jours après.

80. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

« Ils s’en vengent par des publications de leurs voyages, où chacun d’eux me fait figurer à sa guise, et toujours pour m’accabler de ridicule. […] Celui-ci fit en treize jours le voyage de la Mecque, et il ne rapportait que des notions vagues, quand il fut attaqué et pris dans le désert. […] « Lady Stanhope apprit avec plaisir que le voyage d’Ali-Bey avait un autre but que des découvertes astronomiques, et qu’il avait la mission de se rendre à Tombuctoo. « “L’expédition des Anglais au pôle nord, disait ce savant dans une de ses dernières lettres que j’ai lue, et mon voyage au centre de l’Afrique, doivent résoudre les deux plus grands problèmes géographiques qui nous restent sur le globe, avec la différence que, si je réussis, ma mission produira infiniment plus de résultats utiles à l’humanité que le voyage au pôle.” […] J’ai appris avec étonnement que ses voyages avaient dérangé sa fortune ; je ne lui ai jamais vu qu’un équipage très mince, et il s’est beaucoup plus occupé des femmes d’Alep que des hommes du désert.

81. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Notre voyage en est la preuve. […] oui, monsieur, dit Aglaé, nous sommes bien sûres qu’ils nous l’auront gardé, car ils ont bien pu voir, le soir à la veillée, que c’était notre manuel de voyage que nous consultions toujours devant eux. […] On a été touché partout de notre simplicité, et du motif de notre voyage à pied, et le peuple hospitalier nous a traitées en amies. […] Nous lui promîmes de lui raconter, au retour, toutes les circonstances du voyage et toute la physionomie du pays. […] Il y a quatre ans qu’il nous a préparé la petite économie dont le besoin était prévu pour notre voyage, il devait nous accompagner, une maladie l’a retenu.

82. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Quand elles eurent revêtu leurs voiles merveilleux, elles exposèrent au vrai ce que devait être le voyage dans le pays d’Etzel. […] » Elle dit: « Puisque tu ne veux pas renoncer à ce voyage, sache que là-haut, au bord des ondes, s’élève un logis. […] « Deux femmes des eaux m’ont annoncé ce matin de bonne heure que nous ne reviendrions pas de ce voyage. […] Avec un peu de bon sens, vous eussiez bien pu renoncer à ce voyage. […] non pas, seigneur Blœde, dit Dancwart, car ainsi nous pourrions bientôt nous repentir de notre voyage à cette cour.

83. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il publiait ses Nouvelles en 1613, des Comédies et intermèdes en 1615 ; il donnait en 1614 son Voyage au Parnasse, satire en vers imitée de l’italien, et qui n’a d’intérêt pour nous qu’au point de vue biographique. […] Je demandai au messager si Sa Majesté Chinoise lui avait remis quelque chose pour mes frais de voyage. […] Ma santé n’est pas assez bonne pour entreprendre un si long voyage, sans compter qu’outre que je suis malade je suis fort dépourvu d’argent, et, empereur pour empereur, et monarque pour monarque, j’ai à Naples le grand comte de Lemos qui, sans me parler de tous ces jolis petits titres de collèges et de rectorats, pourvoit à ma subsistance et me fait plus de grâces que je n’ose moi-même en demander. »10 Il annonçait, à son noble patron, en finissant, la prochaine publication d’un ouvrage auquel il était en train de mettre la dernière main, son roman de Persilès et Sigismonde, « qui doit être, disait-il, ou le plus mauvais ou le meilleur livre qui ait jamais été composé dans notre langue, j’entends de ceux de pur amusement. […] Je l’embrassai, il m’offrit ses services, puis il piqua son âne et continua son voyage, chevauchant d’un air fier et me laissant fort triste et peu disposé à profiter de l’occasion qu’il m’avait donnée d’écrire des plaisanteries. — Adieu, mes joyeux amis ; je me meurs, et je désire vous voir bientôt tous contents dans l’autre vie. »11 C’est ainsi que pour ce charmant esprit tout servait de texte à gaieté et à raillerie sans amertume. […] Depuis que je formais ce vœu, le Voyage au Parnasse a été traduit en français pour la première fois par le docteur Guardia, Si compétent à tous égards (1 vol. in-18,1864).

84. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

« Lorsque je rentrais dans mes États, je travaillais de mon mieux au bonheur de mes sujets, et je tâchais de les faire profiter de ce que j’avais appris au cours de mes voyages. […] Puis, j’aime les voyages. […] Il y a, tout proche de nous, un roi morose, que ses sujets ne voient jamais, qui ne songe qu’à faire des économies pour organiser des voyages de découvertes, et qui n’aspire qu’au renom de bon géographe.

85. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

« N’espérez pas de plaisir, dit-elle à son frère, sur le récit de ce voyage, ni sur la citadelle de Tournay. […] Elle fait le voyage à cause de lui, point du tout pour l’amour d’elle. » (Ceci peut se rapporter au voyage de Tournay de 1673, ou à celui de Barèges de 1675), « Elle rend compte à l’un et point à l’autre.

86. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Il descendit à des tons infiniment plus familiers dans une autre épître intitulée le Voyage à Brindes, écrite à peu près dans le même temps, et que les éditeurs ont insérée à tort parmi les satires. […] Ce voyage en vers familiers est surtout intéressant par la ressemblance, encore aujourd’hui parfaite, entre les mœurs des hommes du peuple des bourgades d’Italie et les mœurs de ce même peuple de nos jours. […] Cette société, réunie pour un voyage de plaisir, se composait d’Horace, de Mécène, d’Héliodore, littérateur grec de la plus haute renommée à Rome, et de quelques hommes de goût de la maison de Mécène. […] C’est la géographie badine d’un poète ; il est à croire que Mécène et ses amis avaient chargé Horace de rédiger en plaisanterie leur itinéraire pour perpétuer les accidents et les charmes du voyage ; de plus, ce voyage avait un charme tout particulier pour Horace, puisqu’il le conduisait aux lieux, toujours chers, où il avait passé son enfance, sous la tutelle d’un père chéri. […] Desjardins, a trouvé encore aujourd’hui son chemin de Rome à l’Adriatique, le voyage d’Horace à la main.

87. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Il est à noter cependant que peu après ou durant même le procès du Collier, Jefferson, le ministre américain en France, ayant à faire un voyage, apprécia assez les talents et la capacité de Ramond pour le charger de suivre en son absence les affaires de son gouvernement ; il fut même question alors pour Ramond de partir pour l’Amérique et d’y obtenir je ne sais quel poste auprès de Washington. […] Ce curieux voyage est le sujet d’un volume publié en 1789, sous le privilège, comme on disait, de l’Académie des sciences, et sous le titre d’Observations faites dans les Pyrénées, pour servir de suite à celles que l’auteur avait déjà faites sur les Alpes dix années auparavant. […] Je n’ai qu’à découper une de ces pages, qui s’intitulerait bien la Famille pastorale en marche, et il en est comme cela une centaine dans les deux ouvrages de description et de science qui recommandent avec originalité son nom (Observations sur les Pyrénées, 1789 ; et Voyages au Mont-Perdu, 1801). […] Le Voyage en Syrie et en Égypte de Volney, qui avait paru en 1787, avait eu le temps de réussir et d’être apprécié, de classer son auteur parmi les écrivains : Ramond, qui est un Volney bien autrement éloquent et ému, qui n’est pas seulement un dessinateur, qui est un coloriste et parfois un Claude Lorrain ou un Carle Dujardin des montagnes (il y a de quoi justifier ces rapprochements), ne fut apprécié que de quelques-uns. […] Jefferson fit deux voyages en ces années, l’un de sept semaines en Angleterre (mars-avril 1786), l’autre, plus long, dans le midi de la France et dans le nord de l’Italie (mars-juin 1787).

88. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Il faut attendre le temps du voyage de Barèges, et le faire si le petit duc le fait… J’ai grande envie d’aller à Maintenon, mais les maux de ces enfants me retiennent. » Les irrésolutions concernaient l’alternative de se retirer de la cour ou d’y continuer sa résidence. […] Le voyage de madame de Maintenon se faisait à petites journées, et se prolongeait encore par des séjours dans tous les lieux où le jeune prince se plaisait ; et aussi dans le Poitou, pays natal des d’Aubigné, ou elle prenait plaisir à visiter sa famille. Dans le cours de ce voyage, elle écrit, le 20 mai, du Petit-Niort, à l’abbé Gobelin, une lettre dans laquelle se trouve un passage remarquable : « J’ai dîné aujourd’hui à Pons, et je suis venue souper ici ; nous coucherons demain à Blaye. […] Madame de Montespan fut au-devant de ce joli prince avec la bonne abbesse de Fontevrault et madame de Thianges : je crois qu’un si heureux voyage réchauffera le cœur des deux amies. » 10 novembre. […] Ce voyage eut lieu tout au commencement du mois de mai.

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