3° J’en dis autant de ce qui regarde la Fixation ou la Stabilité des genres. […] Ou encore, et comme contre-épreuve, regardez et remarquez ce qu’il attaque en la plupart de ses ennemis littéraires. […] Est-ce pour cela que, sans écrire mal, on ne peut cependant pas regarder Mme de Staël comme un grand écrivain ? […] Je ne regarde même pas si cette idée, qui est bien l’idée génératrice du livre, se retrouve dans toutes les parties de l’ouvrage. […] Et la façon dont ils ont vécu, n’y regarderons-nous pas aussi ?
A n’y pas regarder de près, nous paraissions une manière d’amis. […] Elle y lit chaque matin qu’elle n’est pas libre ; elle regarde ses mains, et elle y voit des menottes. […] Après y avoir regardé de tous leurs veux, ils vinrent à Pasteur et lui déclarèrent n’avoir pas vu ce qu’il avait annoncé. […] Si c’était jour de foire ou de marché, on regardait, en passant sur la place, les femmes de la campagne dans le costume du pays. […] Qu’as-tu à regarder ainsi à la pendule ?...
C’est là, en effet, la partie la plus originale de la conception générale de Darwin, celle qui peut être regardée comme le centre de son œuvre. […] De même quand le fonctionnement régulier ou irrégulier de l’appareil de la vision me donne une impression lumineuse, vision d’un paysage que je regarde, ou phosphène produit par une pression, mon invention n’est pas considérable. […] Je me propose d’étudier ailleurs l’évolution à un point de vue plus philosophique et plus général, je m’en tiens ici à ce qui regarde le développement de l’invention. […] Rue Laffitte. il s’arrêta devant la boutique d’un marchand de tableaux et regarda longtemps à travers les vitres une toile de lui… Il me dit : “Dehors je vois mes tableaux, chez moi je ne les vois plus. […] Ribot signalait dans son cours les analogies de l’imagination de l’inventeur avec l’instinct qu’il regarde ainsi qu’« une forme équivalente de la faculté créatrice ».
Je me suis dit : Cela nous regarde peut-être, car nous, nous sommes les Secourables. […] Le rayon des premières années de sa jeunesse, qu’il regarde déjà dans le passé, colore de tons brillants et chauds des tableaux trop vifs pour être sans danger. […] About ne se serait pas regardé à son insu dans son miroir ? […] Regardez Madame Élisabeth à Montreuil. […] Il regarda le ciel, et une larme germa lentement dans ce regard.
Regardez-la bien après avoir quitté Ophélia, cette Chloé sans art, si douce et si modeste ; regardez « ces yeux de province » qui ne respirent que gentillesse et bon cœur. […] « Charles regardait le berceau. […] L’idylle, si l’on y regarde de près, se termine par un trait de satire méprisant. […] Livre de femmes et de séminaristes, si les yeux, toutefois, se contentent de regarder sans lire. […] Allez à Alger où il fut esclave : montez à la Casbah, et de là, regardez.
A aucune époque (c’est une justice qu’il peut se rendre), il n’a regardé le renversement comme un but ; mais il l’a toujours accepté comme une chance. […] « Toujours est-il vrai de dire, ajoutait l’auteur, que, même alors, en qualité d’instrument de publicité, la presse fut regardée comme un moyen de gouvernement, et le dernier maître qui a possédé la France le reconnut lui-même à son tour. […] Comme le berger de Virgile, la liberté l’a regardée tard, mais enfin la liberté est venue et ne l’a point trouvée oisive comme lui. » Libertas, quae sera tamen respexit inertem. […] Il est de ceux qui, même s’ils avaient saisi la vérité, ne sauraient ni ne voudraient peut-être pas uniquement s’y tenir, et qui regarderaient encore derrière pour voir s’il n’y a pas autre chose de caché. […] Le maintien ou le rétablissement du gouvernement aristocratique, le retour à ce qu’ils regardaient comme l’ancien régime, était leur seul effort et leur unique doctrine.
Achille la cède, en prenant les dieux et les hommes à témoin ; puis il s’assied pour pleurer loin de ses compagnons, sur la plage de la mer blanchissante, et regarde les flots azurés. […] « Autant qu’un homme assis sur un roc élevé découvre d’espace dans l’horizon quand il regarde la mer azurée, autant les coursiers divins en franchissent d’un bond ! […] « Chaque fois, dit le poète, que ses regards tombent sur la plaine de Troie, il regarde avec effroi les feux innombrables qui brillent autour d’Ilion, il entend le son des flûtes, des chalumeaux et les tumultes des guerriers ! […] De même Achille se confond d’étonnement en voyant devant lui le majestueux Priam ; tous les assistants s’étonnent aussi, et muets se regardent les uns les autres. […] Voulez-vous des passions féroces d’orgueil, d’ambition, d’envie, découvertes comme des nids de serpents enroulés dans le nid venimeux du cœur humain : regardez Achille sous sa tente, se réjouissant en secret des revers et des meurtres de ses coalisés !
Mais si tu souffres, nous n’y pouvons rien ; et, si tu n’as pas de pain, va à l’hôpital et meurs, cela ne nous regarde plus. » Voilà ce que la société lui avait dit, et pas autre chose… Elle n’a de pain pour les pauvres qu’au Dépôt de mendicité ; des consolations et des respects, elle n’en a nulle part… Mon père avait donc travaillé, il avait souffert, et il était mort. […] Lorsque, paisible, je regarde avec pitié le triste troupeau qui se rue, à travers la fange, sur l’appât des convoitises humaines, tout à coup mon pied glisse, d’humiliants désirs se soulèvent et me rappellent la boue dont je suis fait. […] En vérité, j’ai joué un rôle de dupe, si je n’y regarde qu’avec l’œil de la raison humaine. […] Mais rien ne l’avait amenée à réfléchir sur les préjudices que l’organisation présente de la société apporte aux privilèges de l’âme, et, par un autre instinct plus parfait dans son coeur et plus connu, elle se soumit humblement à ce qu’elle regardait comme la condition nécessaire de la femme, qui lui ôte le droit de choisir et ne lui laisse que tout juste celui de refuser. […] Vous reprendrez : « Alors le mal est dans votre coeur et dans votre volonté. » Mais, voyons, est-ce que, sérieusement, vous me regardez comme un méchant ?
Lui-même d’ailleurs, explique très clairement les raisons qui l’ont engagé à rester en dehors du drame : « Personnellement, dit-il dans son feuilleton » du Voltaire, je regardais la scène comme une tentative grave et dangereuse. […] Au lieu de regarder M. […] Il est et restera un miroir ; chacun de nous peut aller se regarder en lui et se reconnaître. […] Une cinquantaine de têtus restèrent maîtres du champ de bataille : ils étaient seuls à regarder les portes fermées pour eux ; après le premier tableau, les marchands de billets offraient, pour vingt francs, des sorties des jours précédents. […] … Regardez !
L’intelligence, elle, regardait jusqu’en bas. […] Mais, à y regarder de près, on s’aperçoit que la conviction qu’elles visaient à implanter était loin d’être un état purement intellectuel. […] Ils n’avaient pas à regarder plus loin pour le moment. […] L’absence d’une chose étant toujours la présence d’une autre — que nous préférons ignorer parce qu’elle n’est pas celle qui nous intéresse ou celle que nous attendions — une suppression n’est jamais qu’une substitution, une opération à deux faces que l’on convient de ne regarder que par un côté : l’idée d’une abolition de tout est donc destructive d’elle-même, inconcevable ; c’est une pseudo-idée, un mirage de représentation. […] Quand nous nous trouvons devant des parties dont l’énumération se poursuit sans fin, ce peut être que le tout est simple, et que nous le regardons par le mauvais bout.
Boileau a eu raison, s’il n’a regardé comme indigne de Moliere que le sac où le vieillard est enveloppé : encore eût-il mieux fait d’en faire la critique à son ami vivant, que d’attendre qu’il fût mort pour lui en faire le reproche. […] C’est faute d’expérience qu’on a regardé comme des fables une infinité de faits que Pline rapporte, & qui se confirment de jour en jour par les observations de nos Naturalistes. […] La troisieme (mais celle-ci regarde l’action, dont nous parlerons dans la suite), c’est l’étude des monumens de l’antiquité. […] Quintilien regarde Tibulle comme le premier des poëtes élégiaques ; mais il ne parle que du style, mihi tersus atque elegans maximè videtur. […] Les unes regardent le choix du sujet, les autres la composition.
Je me suis mis dernièrement à regarder autour de moi, j’ai vu non seulement beaucoup de couleurs et des lignes qui ne sont pas plus étranges que celles d’autrefois, mais j’ai vu aussi la vie, une société, des actions, des professions, des physionomies, des milieux différents. […] Non, il lui faudrait un courage presque surhumain pour affronter les criailleries de ceux qui l’ont accompagné jusque-là et qui entraveraient sa route, il lui faudrait bien peu d’orgueil pour regarder comme rien les découvertes qu’il a pu faire, il préférera justifier le choix de sa route par des sophismes avec lesquels il se trompera lui-même et les autres. […] — Comment la critique accueille-t-elle les tentatives de ceux qu’elle regarde comme les premiers apôtres du réalisme ? […] Quand on regarde un tableau on est calme, on jouit sainement de ses facultés ; pour apprécier une œuvre produite dans l’exaltation, il faut être exalté soi-même. […] Elle loue volontiers des pastiches faits d’après les grands maîtres, parce qu’elle y trouve l’apparence de mérites qu’on l’a habituée à reconnaître : au contraire, elle s’éloigne de tout ce qui est une interprétation nouvelle et hardie de la nature ; c’est lettre close pour elle ; il faudrait qu’elle fît un effort dont elle est incapable pour sortir de la routine. » « Si je vais me promener dans la rue avec le chapeau et les habits de Claude, cent personnes qui n’y regardent point de près me regarderont avec admiration : deux ou trois vrais amis de Claude, en voyant ma prétention, hausseront les épaules. » Les gens qui faisaient des sujets du moyen-âge lui paraissaient des mystificateurs qui s’amuseraient à faire une ruine neuve.
— Oui, oui, mon ami, et d’abord je regarde le suicide comme une lâcheté. — Dites comme un crime ! […] Ce sont des phénomènes littéraires qui, si l’on y regardait bien, correspondent à des phénomènes sociaux. […] Regardez bien au fond des écrits de M. […] L’auteur lui fait commettre avant de mourir une assez vilaine action qui a été généralement regardée comme une tache inutile. […] Serait-ce qu’il le regardait comme le type suprême de la beauté chevaline ?
Dans une lettre écrite de Nîmes à Mlle Des Houlières, le 10 septembre 1702, Il disait : Votre attention, mademoiselle, sur ce qui me regarde est très obligeante.
M. de Ravignan n’arrivera pas à prouver que les jésuites soient une bonne chose en France ; mais il forcera ceux qui parlent en conscience à y regarder à deux fois et à distinguer ce qui est respectable.
et ne serait-il pas plus conforme à notre sagesse humaine, comme le ciel nous l’a faite, de dire que tout cela nuit à la Grèce et la tue, que ces puissants, qui, d’un mot pouvant la sauver, la regardent mourir, la tuent, et que nos vaisseaux, nos munitions, nos instructions et nos renégats la tuent encore davantage ?
Arrivant à parler de lui-même et de l’éloquence de barreau et de tribune, l’orateur, que la froideur de l’auditoire semblait de plus en plus gagner, s’est retrouvé un moment : il caractérisait l’improvisation, il la montrait inégale, incorrecte peut-être, mais indispensable, irrésistible dans les luttes publiques, toujours sur la brèche, le glaive acéré et nu : « L’orateur, s’est-il écrié alors, n’a pas un cahier à la main, il ne lit pas, son œil ne suit pas des lignes, son geste n’y est pas enchaîné ; mais il vit, il regarde, il s’anime de l’impression universelle, etc., etc. » Et, tout en parlant ainsi, son doigt froissait le papier, son regard le dédaignait, et, l’oubliant durant quelques minutes, il s’est mis à lancer de rapides étincelles que le public lui a rendues en longs applaudissements.
Oui, j’ai aimé la vérité ; je l’ai cherchée ; je l’ai suivie où elle m’a appelé, sans regarder aux durs sacrifices qu’elle m’imposait.
Interrogez le répertoire des théâtres, les programmes d’enseignement ; regardez les morts que les vivants imitent ou combattent ; tout cela fournit des lumières sur la durée des renommées.
in-8°. de l’édition de Liége, qu’on regarde comme la meilleure.
Renan s’est résumé excellemment quand il a dit : « Spinoza, étant libre-penseur, se regarda comme obligé de vivre en saint. » Aphorisme fort judicieux !
Vous avez parfaitement raison quand vous inclinez vers l’opinion qui le regarde comme un des instigateurs de l’arrestation et du meurtre du duc d’Enghien. […] Quant à ce qui me regarde, il était de ma situation et de mon devoir de, suivre le torrent ; mais je répète qu’entre lui et moi, directement ou indirectement, aussi bien pour ce qui regarde les Nassau que pour les autres princes nombreux que je fis entrer dans la Confédération du Rhin, il ne s’est jamais agi en aucune façon de marché, de conditions ou d’offres.
Regardons le plus vivace et le mieux enraciné de ces corps, l’Assemblée du clergé. […] Même spectacle, si l’on regarde les castes et les coteries ; leur isolement fait leur égoïsme. […] Toute requête, dans laquelle les intérêts d’une province ou ceux de la nation entière sont stipulés, est regardée comme une témérité punissable si elle est signée d’un seul particulier, et comme une association illicite si elle est signée de plusieurs. » (Malesherbes, ibid.
« Il me regarda fixement, ne fit aucune réponse, et, se détachant de moi, il commença un long monologue, allant de droite et de gauche, dans le demi-cercle que nous formions, énumérant une infinité de griefs sur la conduite du Pape et de Rome pour n’avoir pas adhéré à ses volontés et s’être refusé d’entrer dans son système, griefs qui ne sont pas à rapporter ici. […] « Il se mit à me regarder plus fixement. […] Il ne pouvait s’empêcher de regarder, comme un inspiré du ciel, celui qui trouvait ces chants inaccoutumés des hommes.
Tout le monde sait, ajoute-t-il, que le célèbre Lactance, qu’on ne peut prendre à la vérité pour un mathématicien, a disserté d’une manière puérile sur la forme de la terre, et s’est raillé de ceux qui la regardaient comme un sphéroïde ; mais, lorsqu’on traite des sujets mathématiques, c’est pour les mathématiciens qu’il faut écrire. […] — Vous regarderez éternellement tourner la toupie flamboyante des mondes ; que si le doigt qui la lance et l’impulsion qui la continue disparaît, vous serez ébloui, mais non instruit. […] « S’il faut, dit-il dans ses Tableaux de la nature, regarder comme forêt vierge toute vaste étendue de bois sauvages où l’homme n’a jamais porté la hache, c’est là un phénomène commun à une foule de localités dans les zones tempérées et froides ; mais si le caractère distinctif d’une forêt vierge consiste à être impénétrable, ce caractère n’existe que dans les régions tropicales. » Telle est la définition du grand voyageur naturaliste, qui fait autorité dans la matière, celui qui, de tous les anciens explorateurs, Bonpland, Martius, Poppig et les Schombourg, c’est-à-dire avant MM.
Il est des esprits chagrins qui ne regardent jamais un tableau qu’avec le désir d’y reconnaître des fautes de dessin, qui ne prennent jamais un livre qu’avec l’espoir d’y découvrir des incorrections de style. […] Une dame, qui veut échapper au danger, S’approche du poète et regarde le titre Du manuscrit, déjà placé sur le pupitre : « — C’est une tragédie ? […] « Les femmes, dont surtout il cherche le suffrage, « En faveur du lecteur applaudiront l’ouvrage. » Aussitôt fait que dit : le jeune homme charmé De ses doigts délicats tire un gant parfumé, Caresse, d’une main plus blanche que l’ivoire, Sa blonde chevelure et sa moustache noire, Et, se levant au bruit d’un murmure flatteur, Reçoit le manuscrit sans regarder l’auteur.
Ils devaient sans doute s’opposer dans une opposition définitive pour se pouvoir enfin regarder plus librement, au-delà de la comédie politique, pour se regarder jusqu’à ce qu’ils se soient reconnus frères d’une même maison. […] Il faut donc que les artistes des théâtres français en ce qui regarde leurs rôles deviennent wagnériens.
Et voici revenus les raisonnements habituels, le rêveur regarde, réfléchit : son émotion a disparu. […] Les deux héros se regardent en face, suffoqués d’émotion, mais presque se défiant l’un l’autre. […] Du haut d’une terrasse, elle le regarde approcher ; elle lui adresse, en agitant son écharpe, mille signes enfiévrés.
La conscience de la pensée renferme toutes ces phénomènes de pensée et d’émotion qui regardent plutôt le psychologue. […] Et l’habitant de Saturne répond : « Soixante-douze, mais tous les jours nous nous lamentons d’en avoir si peu. » L’Européen a si bien appris à se contenter de cinq sens, qu’il regarde comme une absurdité, d’essayer d’en changer ou d’en augmenter le nombre. […] Il n’est pas étonnant que des concepts aussi dissemblables que ceux de mouvement et de sensation semblent irréductibles à un terme commun, puisque l’un est regardé comme le signe d’un processus dans l’objet, l’autre comme un processus dans le sujet.
Ton âme qu’autrefois on prenait pour arbitre Du droit et du devoir, Est comme une taverne où chacun à la vitre Vient regarder le soir… Que l’on note dans cette pièce le double emploi des métaphores. […] La marche de Gwynplaine dans le palais somptueux et muet de Lord Clancharlie paraît quelque chose de hagard et d’énorme ; la scène est montrueuse où Josiane, en sa lascive demi-nudité, colle ses lèvres junoniennes à la face tailladée de son hideux amant, et le regarde « fatale », avec ses yeux d’Aldébaran, rayon visuel mixte, ayant on ne sait quoi de louche et de sidéral. […] Une nuit étoilée vue aux heures où tous dorment, le ciel bas d’une soirée d’hiver, L’air sanglote et le vent râle, Et sous l’obscur firmament, La nuit sombre et la mort pâle Le regardent fixement, le bois sombre plein de souffles froids où Cosette, la nuit, va pour chercher un seau d’eau, pénètrent d’une horreur sacrée.
Feydeau soit dispensé de regarder dans le cœur de ses amants et d’y chercher ce qui s’y passe ; mais le physique du bonheur est plus aisé à décrire que ses mystères, et d’ailleurs, l’inventaire de cette félicité n’est pas très-long. […] Au fond, lorsque l’on y regarde, cette fameuse Fanny n’était pas plus que cela. […] C’est cette langue dévouée à l’ameublement, à la tapisserie, aux clous dorés, aux épingles et aux épinglettes, à tous ces brimborions pointillés qu’elle décrit avec un amour de myope qui regarde de près, et que dorénavant M.
Ainsi, nous commençons à ébranler ces deux erreurs communes des grammairiens, qui regardent le langage des prosateurs comme propre, celui des poètes comme impropre ; et qui croient que l’on parla d’abord en prose, et ensuite en vers. […] La difficulté vient d’une erreur dans laquelle ils sont tous tombés : ils ont regardé comme choses distinctes, l’origine des langues et celle des lettres, que la nature a unies. […] Ainsi Mercure Trismégiste, symbole poétique des premiers fondateurs de la civilisation égyptienne, inventa les lois et les lettres ; et c’est du nom de Mercuro, regardé aussi comme le Dieu des marchands, mercatorum, que les Italiens disent mercare pour marquer de lettres ou de signes quelconques les bestiaux et les autres objets de commerce (robe da mercantara) pour la distinction et la sûreté des propriétés.
Il regarde en ennemi celui qu’il appelle improprement son prochain et se tient toujours, avec raison, en garde contre lui, sauf quand il cède à sa paresse, à son égoïsme ou à sa vanité, qui peuvent lui imposer un instant l’apparence de la confiance. […] Derrière eux marche la foule aux horizons bornés, qui ne regarde pas voler les nuages, qui ne remonte pas l’échelle des causes, mais qui aime, qui lutte, qui soutire, qui travaille. […] Je crois bien qu’il les regardait, au fond, comme des « ganaches » et des « pervers », et qu’il se réprouvait lui-même quand il lui arrivait de penser comme eux, de tomber dans leur dangereux éclectisme, d’employer leur coupable critique. […] Je suis quelqu’un qui passe, qui regarde, qui voit, qui sent, qui réfléchit, qui espère et qui dit ou écrit ce qui le frappe dans la forme la plus claire, la plus rapide, la plus propre à ce qu’il veut dire. […] Qu’ils regardent le réel : ses surprises défient l’imagination la plus fantasque.
Les unes regardent la composition de la pièce. […] Ce minimum de composition me suffit ; et cette lanterne magique n’est pas ennuyeuse à regarder. […] Véranet arrive : « Regarde ! […] Cela ne nous regarde pas, étouffe-la. […] Ce sont les terriens qui regardent à cela !
La vie n’est qu’une casaque d’arlequin, — nous ne regardons pas comment elle va. — Allez cafarder sur le décorum, — vous qui avez des réputations à perdre. […] Représentez-vous cette figure pensive, qui, silencieusement, au bord de l’Ouse, erre et regarde. […] Représentez-vous un pareil homme en face de la vie et du monde ; il les regarde et il y prend part, en apparence comme un autre ; mais au fond qu’il est différent ! […] Quand j’aurai vidé ma tête de toutes les pensées mondaines, et que j’aurai regardé les nuages dix années durant pour m’affiner l’âme, j’aimerai cette poésie. […] Puis le grand lis dressé qui levait en l’air, — comme une Ménade, sa coupe éclairée par la lune, — jusqu’à ce que l’étoile ardente, qui est son œil, — regardât l’azur tendre du ciel à travers la rosée transparente.
La maison paternelle de ce jeune homme, maison de paysan riche, entourée d’étables pleines, de vignes, de figuiers, d’oliviers, de champs de courges et de maïs, est adossée au village, et regarde par ses fenêtres basses les grises montagnes des Alpines, où paissent ses chèvres et ses moutons. […] cria la jeune fille, et, sans retard, serre-les avec soin, car cela nous regarde ! […] Puis ils s’assirent sur le talus, l’un près de l’autre se mirent, un petit moment se regardèrent, et voici comment parla le jeune homme aux paniers : XIII « “Vous êtes-vous point fait de mal, Mireille ! […] « Et dans les plaines étoilées, précipitant ses roues ailées, le grand Char des âmes, dans les profondeurs célestes du Paradis prenait la montée brillante, avec sa charge bienheureuse ; et les montagnes sombres regardaient passer le Char volant.
Le grand homme inconnu écrit ou pérore dans son coin du monde ; pendant qu’il vit on fait peu d’attention à lui ; on ne le regarde que comme une curiosité littéraire ; ses volumes s’entassent sans beaucoup de bruit les uns sur les autres ; quelques esprits éminents et cosmopolites s’aperçoivent seuls qu’il y a quelque part on ne sait quelle voix qui rend des oracles dans la solitude. […] Parmi les filles, un très petit nombre se marient, parce que la loi ne leur accorde qu’une parcelle du patrimoine de la famille ; les unes entrent dans des couvents, ces sépulcres de la jeunesse et de la beauté qui étouffent souvent les gémissements secrets de la nature ; les autres restent dans la maison, y vieillissent avec une inclination cachée dans leur cœur, contractent une physionomie de résignation et de mélancolie douce qui fait monter les larmes aux yeux quand on les regarde, puis s’accoutument à leur sort, se font les providences de la maison, reprennent leur gaieté et deviennent tantes, cette seconde maternité de la famille, plus touchante encore que l’autre, parce qu’elle est plus désintéressée et plus adoptive. […] M. de Maistre regardait le premier face à face l’écroulement du monde religieux et politique avec le sang-froid d’un esprit partial, sans doute, mais surhumain. […] Regardez tout ce que j’ai eu l’honneur de vous dire comme des pensées qui se sont élevées d’elles-mêmes dans votre cœur.
.… Je n’avais pas osé autrefois le compter parmi les poètes épiques ; je ne l’avais regardé que comme le premier des comiques ; mais en le relisant je l’ai trouvé aussi sublime que plaisant, et je lui fais très humblement réparation. […] et pour regarder cette blanche main qui se retirait sous sa manche de soie noire, après avoir écarté le contrevent. […] X Le professeur ouvrit le livre ; mais il ne regarda même pas la première page, tant il savait par cœur l’exorde chevaleresque du poème ; et, d’une voix magistrale, qui faisait résonner l’antre comme un instrument à vent, il nous récita les premières stances : Le donne, i cavalier, l’arme, gli amori Le cortesie, l’audaci imprese io canto, etc. […] Elle ne tarde pas à être réveillée par le pas d’un cheval qui s’approche, elle se lève en sursaut et sans bruit, elle regarde entre les feuilles, et elle voit un chevalier couvert de ses armes.
Le premier pas de la science de l’humanité est de distinguer deux phases dans la pensée humaine : l’âge primitif, âge de spontanéité, où les facultés, dans leur fécondité créatrice, sans se regarder elles-mêmes, par leur tension intime, atteignaient un objet qu’elles n’avaient pas visé ; et l’âge de réflexion, où l’homme se regarde et se possède lui-même, âge de combinaison et de pénibles procédés, de connaissance antithétique et controversée. […] L’école philosophique a sa patrie sous le ciel de la Grèce et de l’Inde : le temple et la science sacerdotale, s’expliquant en énigmes et en symboles, voilant la vérité sous le mystère, atteignant souvent plus haut, parce qu’elle est moins inquiète de regarder en arrière et de s’assurer de sa marche, tel est le caractère de la race religieuse et théocratique des Sémites. […] Comment saisir la physionomie et l’originalité des littératures primitives, si on ne pénètre la vie morale et intime de la nation, si on ne se place au point même de l’humanité qu’elle occupa, afin de voir et de sentir comme elle, si on ne la regarde vivre, ou plutôt si on ne vit un instant avec elle ?
Qui croirait aujourd’hui, en parcourant les châteaux dont la Renaissance a semé les bords de la Loire, en voyant ces merveilles d’élégance et de délicatesse, à la fois si sobres et si riches dans leur ornementation, qu’à certaines époques ils ont déplu au point d’être regardés comme indignes d’être conservés ? […] Ces danseuses nues qui tourbillonnent emportées par un mouvement vertigineux, qui semblent ivres de plaisir et prêtes à se pâmer, cette ronde effrénée où le marbre palpite d’une vie si intense et si voluptueuse que, lors de sa mise en place, la pudeur effarouchée de quelque pieux vandale l’inonda une nuit d’une épaisse couche d’encre, comment les regarder sans entendre aussitôt dans sa mémoire les flons-flons endiablés d’Offenbach, sans revoir par les yeux de l’esprit cette folle orgie dont la cour impériale et les rois en exil ou en vacances menaient le branle et dont témoignent encore les opérettes d’Halévy et Cie ? […] Regardez ce paysage croqué au vol136 : « 1861 ― 9 juin —. […] Donc, que l’historien d’une littérature ouvré les yeux et ne dédaigne pas de regarder de près cette face du passé !
16 janvier Rien ne m’agace comme les gens qui viennent vous supplier de leur faire voir des choses d’art, qu’ils touchent avec des mains irrespectueuses, qu’ils regardent avec des yeux ennuyés. […] Un moment, elle regarde de mon côté, sans me voir, et je retrouve la vie ardente de son œil, mêlée à cette ironie diabolique, indéfinissable chez cette femme honnête. […] Vous avez vu des vieillards à la vue fatiguée, qui, pour regarder, soulèvent avec effort leurs lourdes paupières, eh bien, Théo, pour parler, a besoin d’un effort physique semblable de tout le bas du visage, et tout ce qui sort maintenant de lui, semble être arraché, par de la volonté douloureuse, à l’engourdissement d’un état comateux. […] Autrefois ça m’aurait été égal, je me serais dit : je m’arrangerai pour être dans un autre compartiment, puis à la rigueur si je n’avais pu éviter mon monsieur désagréable, je me serais soulagé en l’engueulant, maintenant ce n’est plus cela, rien que l’appréhension de la chose, ça me donne un battement de cœur… Tenez, entrons dans un café, je vais écrire à mon domestique, que je reviens demain. » Et là, devant la paille d’un Soyer : « Non, je ne suis plus susceptible de supporter un embêtement quelconque… Les notaires de Rouen me regardent comme un toqué… vous concevez, pour les affaires de partage, je leur disais : Qu’ils prennent tout ce qu’ils veulent ; mais qu’on ne me parle de rien, j’aime mieux être volé qu’être agacé, et c’est comme cela pour tout, pour les éditeurs… L’action, maintenant, j’ai pour l’action une paresse qui n’a pas de nom, il n’y a absolument que l’action du travail qui me reste. » La lettre écrite et cachetée, il s’écrie : « Je suis heureux comme un homme qui a fait une couillonnade !
dans une époque où tout se fait matière et se pétrifie à force de regarder la pierre, le fer, le tissu, et de se désintéresser des idées ? […] Dante, Pétrarque, Machiavel, les Pazzi, les Médicis, les Politien, les Michel-Ange, et mille autres dont les noms surgissaient dans ma mémoire, me paraissaient regarder aux fenêtres de ces palais sombres dont les rues sont bordées et obscurcies. […] J’en avais les yeux las et l’esprit saturé ; j’avais tant vu que je ne regardais plus rien. […] J’étais transi ; je ne pouvais parler, à peine regarder.
Est-il digne de vous, Seigneur, de regarder ce je ne sais quoi qu’on appelle un homme, et de vous mesurer avec lui dans un jugement entre lui et vous ? […] « Nous regardes-tu comme des brutes ? […] « Lève les yeux au ciel et regarde, et vois que les firmaments sont au-dessus de ta portée. […] Il n’y a point de mérite dans l’intelligence seule ; il n’y a qu’un don : elle n’est pas libre de voir ou de ne pas voir, elle est pour ainsi dire fatale ; elle est un miroir, elle réfléchit forcément la création que Dieu lui présente à regarder.
Tous deux se connurent beaucoup et s’estimèrent ; ils avaient sans s’en douter le même travers, et ils le notaient réciproquement chacun chez l’autre : l’une était à cheval sur son rang de princesse, et sur le qui-vive, de peur qu’on ne lui rendît pas assez ; l’autre était intraitable, on le sait, et comme fanatique sur le chapitre des ducs et pairs : En France et en Angleterre, dit Madame, les ducs et les lords ont un orgueil tellement excessif qu’ils croient être au-dessus de tout ; si on les laissait faire, ils se regarderaient comme supérieurs aux princes du sang, et la plupart d’entre eux ne sont pas même véritablement nobles. […] De temps en temps, Madame regardait jouer, quelquefois même elle conseillait en écrivant ; d’autres fois elle entretenait ceux qui lui faisaient la cour.
Le duc Charles n’était jamais en reste en fait de promesses de mariage, mais ici l’offre fut des plus sérieuses : On peut aisément imaginer, dit Lassay, l’effet que fît une telle proposition sur une jeune personne dont l’âme était noble et élevée ; elle regarda un honneur si surprenant avec modestie, mais elle n’en fut point éblouie au point de s’en croire indigne. […] Il la perdit après peu d’années de mariage, et tomba dans un abattement et un désespoir qu’il crut éternel ; on lui doit cette justice qu’il fit tout son effort pour conserver et consacrer cette disposition d’âme, et il eût volontiers écrit alors à M. de Tréville, ou à tel autre de ses amis avancé dans la pénitence, cette belle parole qui résume toute la piété d’un deuil vertueux : « Priez Dieu d’accroître mon courage et de me laisser ma douleur. » On a dans plusieurs lettres de lui, et dans des réflexions écrites en ce temps-là, l’expression très naturelle et très vive de ses sentiments ; il s’écriait : Dieu a rompu la seule chaîne qui m’attachait au monde ; je n’ai plus rien à y faire qu’à mourir ; je regarde la mort comme un moment heureux… Que je me trouve jeune !
Elle la regarde apparemment comme un tribunal tyrannique qui ne laisse pas la liberté des jugements en matière d’ouvrages d’esprit ; elle croit que l’admiration religieuse des anciens en est une loi fondamentale, et qu’en y entrant on lui prête serment de fidélité à cet égard. […] Méconnaissant dans Homère, ou plutôt n’estimant point cette langue si abondante et si riche, qui est comme voisine de l’invention et encore toute vivante de la sensation même, il préférait nettement la nôtre : « J’oserai le dire à l’avantage de notre langue, je la regarde comme un tamis merveilleux qui laisse passer tout ce que les anciens ont de bon, et qui arrête tout ce qu’ils ont de mauvais. » Enfin, s’emparant d’un mot de Caton l’Ancien pour le compléter et le perfectionner à notre usage, il concluait en ces termes : Caton le Censeur connaissait parfaitement l’esprit général des Grecs, et combien ils donnaient au son des mots, lorsqu’il disait que la parole sortait aux Grecs des lèvres, et aux Romains du cœur ; à quoi j’ajouterais, pour achever le parallèle, qu’aux vrais modernes elle sort du fond de l’esprit et de la raison.
La vertu ou vraie prud’homie, que Charron veut édifier là-dessus, est à son tour « libre et franche, mâle et généreuse, riante et joyeuse, égale, uniforme et constante, marchant d’un pas ferme, fier et hautain, allant toujours son train, sans regarder de côté ni derrière, sans s’arrêter et altérer son pas et ses allures pour le vent, le temps, les occasions ». […] Quant au fond, il recommande tout ce que son maître a également recommandé, de ne point laisser les valets ni servantes embabouiner cette tendre jeunesse de sots contes ni de fadaises ; de ne pas croire que l’esprit des enfants ne se puisse appliquer aux bonnes choses aussi aisément qu’aux inutiles et vaines : « Il ne faut pas plus d’esprit à entendre les beaux exemples de Valère Maxime et toute l’histoire grecque et romaine, qui est la plus belle science et leçon du monde, qu’à entendre Amadis de Gaule… Il ne se faut pas délier de la portée et suffisance de l’esprit, mais il le faut savoir bien conduire et manier. » Il s’élève contre la coutume, alors presque universelle, de battre et fouetter les enfants ; c’est le moyen de leur rendre l’esprit bas et servile, car alors « s’ils font ce que l’on requiert d’eux, c’est parce qu’on les regarde, c’est par crainte et non gaiement et noblement, et ainsi non honnêtement. » Dans l’instruction proprement dite, il veut qu’en tout on vise bien plutôt au jugement et au développement du bon sens naturel qu’à l’art et à la science acquise ou à la mémoire ; c’est à cette occasion qu’il établit tous les caractères qui séparent la raison et la sagesse d’avec la fausse science.
» s’écrient les plus comédiens d’entre eux d’un air d’inspirés et en parodiant le sacerdoce, et ils n’ont pas la sagesse d’ajouter : Regardez autour de vous et à vos pieds. […] Car tel homme est disgracié de visage, mais un dieu répare sa figure en le couronnant d’éloquence, et le monde trouve un charme à le regarder ; et lui, sûr de lui-même, il parle avec une pudeur toute de miel, et il brille parmi la foule assemblée, et jorsqu’il passe à travers la ville, chacun le contemple comme un dieu.
Mais vous m’apprîtes qu’il n’y avait rien en votre personne ni à l’entour que vous ne connussiez avec une clarté merveilleuse, et que voyant à deux pas de vous la prison et la mort, et tant d’autres accidents qui vous menaçaient, et, d’autre côté, les honneurs, la gloire et les plus hautes récompenses, vous regardiez tout cela sans agitation et voyiez des raisons de ne pas trop envier les unes et de ne point craindre les autres. […] Mais si l’on doit regarder les États comme immortels, y considérer les commodités à venir comme présentes, comptons combien cet homme, que l’on a dit qui a ruiné la France, lui a épargné de millions par la seule prise de La Rochelle, laquelle d’ici à deux mille ans, dans toutes les minorités des rois, dans tous les mécontentements des grands et toutes les occasions de révoltes, n’eut pas manqué de se rebeller et nous eût obligés à une éternelle dépense.
Fiez-vous à ma parole d’honneur, et ne regardez point la prière que je vous fais comme l’effet d’une vaine curiosité : j’ai quelque intérêt à être instruit… Et le 20 octobre 1757 : Il m’a paru que Mme la margrave avait une estime particulière pour un homme respectable (il est bon de savoir d’avance qu’il s’agit toujours du cardinal de Tencin) que vous voyez souvent. […] mais la moindre chose qui vous regarde me pénètre le cœur et alarme trop vivement ma tendresse.
Chez lui, les choses ou les figures les plus faites pour être regardées sont un peu éteintes ou nivelées par le trop de saillie des objets environnants. […] » elle le regarde avec un ineffable mépris.
Mais tout d’un coup une autre pensée lui vient, et voici en quels termes elle s’en ouvre à la maréchale de Noailles, en essayant de l’y intéresser et de la tenter (27 décembre 1700) : La grande affaire dont je veux vous parler, madame, regarde le mariage du roi d’Espagne, et une vue pour moi en cas qu’il se fasse avec Mme la princesse de Savoie. […] J’ai cru devoir prévenir les Espagnols en ma faveur, ou au moins savoir leur sentiment sur une chose qui les regarde principalement.
Le roi la regarde manger, et trouve qu’elle mange beaucoup. […] Nous regardons présentement, la reine et moi, tant que nous voulons, par une fenêtre qui n’a de vue que sur un grand jardin d’un couvent de religieuses qu’on appelle l’Incarnation, et qui est attaché au palais.
Bertin de Vaux, à table, silencieux observateur, et qui nous regardait courir et nous répandre en discours, comme de jeunes chevaux lâchés. […] À peine si quelques esprits réfléchis songeaient à s’étonner du changement complet de décoration et de rôles. « Tout arrive en France », avait dit un jour La Rochefoucauld à Mazarin ; et Henri IV disait : « En France, on s’accoutume à tout. » On eut, dès ce temps de la Fronde, à y bien regarder, des échantillons de tous les genres de personnages qu’on a vus se produire depuis dans des révolutions plus grandioses et plus sérieuses : Retz, un Mirabeau-Talleyrand ; — un duc d’Orléans spirituel et lâche.
Il vient de parler des diverses hymnes et proses célèbres de la liturgie, le Dies iræ, le Vexilla, le Stabal, et il en a défini l’impression profonde avec largeur et vérité : « Je sais que beaucoup, dit-il, qui n’ont peut-être jamais mis le pied dans une église pour prier, qui n’ont jamais ressenti dans leur cœur la pieuse ferveur de la foi, riront de mon enthousiasme et de mon admiration ; mais je dois leur dire que depuis sept ans j’ai manqué peu de représentations au Théâtre-Italien, que j’ai suivi assidûment les concerts du Conservatoire, que Beethoven m’a donné la fièvre de plaisir, que Rossini m’a remué jusqu’au fond de l’âme, que Mme Malibran et Mlle Sontag ont été pour moi de bienfaisantes divinités ; que pendant près de deux ans je n’ai eu d’autre religion, d’autre espérance, d’autre bonheur, d’autre joie que la musique ; que, par conséquent, ils ne peuvent me regarder comme un trappiste qui ne connaît que ténèbres et matines ; mais il faut qu’ils sachent aussi que celui qui leur parle, et qui aujourd’hui est bien loin de la foi chrétienne, a été pendant cinq ans catholique fervent, qu’il s’est nourri de l’Évangile, de l’Imitation ; qu’élevé dans un séminaire, il y a entendu des chœurs de deux cents jeunes gens faire résonner sous une voûte retentissantel’In exitu. […] Regardons aussi en bas.
Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger. […] Le fait même des édits qu’il allègue et qu’il impute à Louis XI (car Louis IX que porte le texte ne peut être qu’une faute d’impression) n’est nullement justifié ni prouvé ; mais, dans sa pétulance et son tranchant, l’érudition rubichonienne n’y regarde pas de si près.
La nature, en livrant à l’historien ce personnage nouveau de sa plus haute invention et en qui elle s’est visiblement complu, en le remettant, pour ainsi dire, entre ses mains pour le raconter et le peindre, semble lui dire comme Horace au poëte : « Regardez-y bien ! […] C’est ainsi qu’à Dresde, en mai 1812, tous les souverains venus pour saluer humblement Napoléon, à son départ pour la campagne de Russie, eurent des conférences secrètes afin de s’entendre sur le parti à tirer de nos revers possibles en cette aventure lointaine ; et même, sans conférence et sans parole, il leur suffisait, pour s’entendre, de se regarder dans le blanc des yeux, tant ils étaient unanimes dans leur intime révolte et dans une haine commune !
Le marquis Des Issarts, nouvellement ambassadeur de France auprès d’Auguste III, eut ordre d’y regarder de plus près et de faire un nouveau portrait juste et naturel de la jeune prétendante ; chaque rapport concluait à son avantage. […] Elle doit le regarder comme son asile, son père, et lui tout dire, bien ou mal, comme cela viendra, et ne lui rien déguiser.
M. de Choiseul, en fait de colonies, pouvait voir très loin dans l’avenir ; il regardait très peu dans le présent. […] Mais Talleyrand au pouvoir n’y regardait pas de si près ; il avait à gagner ses éperons ; il était depuis quelques semaines seulement à la tête du ministère des affaires étrangères, où il avait remplacé Charles Delacroix, père de l’illustre Eugène.
L’on a dit que, dans la révolution de France, des spéculateurs barbares avaient pris pour bases de leurs sanglantes lois, des calculs mathématiques, dans lesquels ils avaient froidement sacrifié la vie de plusieurs milliers d’individus, à ce qu’ils regardaient comme le bonheur du plus grand nombre. […] Souvent même on l’a regardée comme un accessoire qu’on pouvait modifier ou sacrifier à son gré.
Or, à y regarder d’un peu près, on croit reconnaître que c’est l’« exotisme » des objets auxquels elle s’est d’abord appliquée qui a aiguisé à ce point sa sensibilité, et que ce sont certains sentiments engendrés par cet exotisme qui l’ont ramené à la belle simplicité des idylles ou des tragédies familières. […] Certes, j’aime les romans de Loti pour bien d’autres raisons ; mais je les aime aussi pour cette idée dont ils sont tout imprégnés, que l’âme d’un pêcheur ou d’une paysanne bretonne a mille chances d’être plus intéressante, plus digne d’être regardée de près que celle d’un chef de division, d’un négociant ou d’un homme politique.
Une nourrice mercenaire s’en charge, qui l’emporte au fond d’un village perdu, heureux si on le regarde partir, sans invoquer, tout bas, la chance qu’il n’en revienne jamais. […] Pierre Laffitte délibère : « Il faut s’habituer à regarder la croyance en Dieu comme incompatible avec toute fonction publique. » On proclame dans les réunions publiques : « Aucune entité ne doit trouver grâce devant la froide critique — aucune — même pas la Patrie !
Droz nous le dira d’un mot : « La véritable aristocratie respecte et maintient les lois ; la noblesse se regardait comme au-dessus des lois. » L’esprit de la noblesse de robe est finement distingué de celui de la noblesse d’épée et de la noblesse de cour : « Les magistrats regardaient les militaires comme des machines obéissantes ; ils se jugeaient plus indépendants, plus instruits, plus désintéressés que les gens de cour ; et ils avaient en morgue ce que ceux-ci avaient en vanité. » Toutes les nuances d’inégalité qui composaient l’Ancien Régime, et qui causaient des froissements si sensibles à l’amour-propre, à mesure que l’ambition s’éveillait dans tous les rangs, sont fidèlement analysées par l’historien ; et il n’est pas moins attentif à indiquer les causes de rapprochement entre les classes, les signes précurseurs de l’avènement prochain du tiers état.
Forcé de passer condamnation sur cet article, j’avoue avec douleur que rien ne peut me laver du juste reproche que vous me faites d’être le fils de mon père… Mais je m’arrête ; car je le sens derrière moi qui regarde ce que j’écris, et rit en m’embrassant. […] Ce grand citoyen, dans le ravissement de voir enfin ses maîtres honorer le plus utile établissement de leur présence, après neuf ans d’une attente vaine et douloureuse, m’embrassa les yeux pleins de larmes, en disant tout haut : Cela suffit, cela suffit, mon enfant ; je vous aimais bien ; désormais, je vous regarderai comme mon fils : oui, je remplirai l’engagement que je viens de prendre, ou la mort m’en ôtera les moyens.
Regardez d’abord ce squelette : s’il est bien conservé, malgré tous ses siècles, c’est probablement parce que la niche, où il a été mis, est creusée dans un terrain qui n’est pas sec. […] Regardez enfin dans cette autre niche : là, il n’y a décidément plus rien que de la pure poussière, dont la couleur même est un peu douteuse, à raison d’une légère teinte de rousseur.