Elle n’est que l’esclave obéissante dont la tâche est de réveiller les désirs du maître. […] Le triste solo de la danse orientale raconte la séquestration de la femme, la jalousie du maître, l’isolement des sexes.
Sa conception d’un poème dont chaque vers n’est pas seulement intéressant par lui-même, mais concourt à une harmonie d’ensemble, il l’a réalisée dans son admirable Pèlerin passionné, fort et gracieux tour à tour comme le savent être les maîtres, plein d’une inspiration noble et naturelle. […] Charles Maurras Depuis l’apparition du Pèlerin passionné, et surtout depuis les retouches essentielles qu’il a faites à ce beau livre, Jean Moréas, mon maître et mon ami, m’est le signe vivant de la poésie nationale.
Grâce à ce sortilège, Villiers dompta les mauvaises aventures où d’autres auraient sombré, et il lui fut accordé d’écrire ces drames et ces contes, ces ironies et ces lyrismes par lesquels il demeure pour nous, amis de la première ou de la dernière heure, le maître inoubliable et absolu. […] [Nos maîtres (1895).]
Le peintre et le poëte ne nous affligent qu’autant que nous le voulons, ils ne nous font aimer leurs heros et leurs heroïnes qu’autant qu’il nous plaît, au lieu que nous ne serions pas les maîtres de la mesure de nos sentimens ; nous ne serions pas les maîtres de leur vivacité comme de leur durée, si nous avions été frappez par les objets mêmes que ces habiles artisans ont imitez.
Aubry maître paveur à Paris, n’a-t-il pas fait représenter depuis soixante ans des tragédies de sa façon ? […] Ce talent ne frappera-t-il personne, qui le menera dans une ville voisine, où, sous le maître le plus grossier, il se rendra digne de l’attention d’un plus habile, qu’il ira bien-tôt chercher de province en province ?
La plupart des lettres des littérateurs et beaux esprits du temps de Balzac sont taillées sur son patron : ainsi celles de Maynard, de M. de Plassac, du chevalier de Méré ; mais plus on se rapproche de la Cour et de Voiture, plus le badinage et une certaine familiarité recherchée s’y mêlent et tendent à corriger la solennité du premier maître. […] Aux deux côtés du bon Dieu, nous y sommes tous deux en portrait, le maître et la maîtresse (c’est-à-dire lui et sa femme). […] Quoi qu’il en soit, c’en est assez pour montrer que, dans le cabinet de Gui Patin, le grand crucifix pouvait, en toute sincérité, occuper la première place, et que le bon Dieu, comme on disait et comme il disait en langage de famille, continuait de régner en effet sur cet assemblage un peu disparate de personnages si divers et sur la conscience du maître lui-même. […] Il veut le maître, le roi, mais point de ses serviteurs ni de ses ministres. […] Rentrant de là dans son cabinet : « Je me tiens plus heureux céans, disait-il, avec mes livres (avec mes maîtres muets, dit-il encore ailleurs) et un peu de loisir, que n’est le Mazarin avec tous ses écus et ses inquiétudes. » Il ne demandait que la continuation de la santé et de ces intervalles de loisir « pour étudier, ou pour méditer la patience de Dieu sur les péchés des hommes, et considérer le tric-trac du monde ».
Il avait demandé à La Monnoye un distique latin pour servir d’inscription au portrait du maître ; La Monnoye lit deux vers dont voici le sens : « Je suis ce Bayle qui corrige les autres quand ils se trompent, et qui sais moi-même toujours plaire, même en péchant. » Peu satisfait de l’aveu trop humble, Marais le pria de refaire un autre distique plus élogieux : « Je n’ai jamais pu souffrir, écrit-il à Mme de Mérigniac, que notre commune maîtresse eût des défauts. » Quand il ne peut nier absolument ces défauts de son auteur chéri, il les atténue et les explique. […] Critiquant Basnage et son style trop peu approprié, il disait encore, revenant toujours à Bayle dont l’idée ne le quittait pas : « Je voudrais qu’on parlât sérieusement dans des ouvrages sérieux, et il faut être aussi grand maître que lui pour faire recevoir ce badinage. » Les livres pesants de Basnage, malgré la part d’estime qu’il leur accorde, lui servaient de repoussoir et le rejetaient de plus en plus vers ses premières amours, vers ce Bayle à qui il accordait toutes les sortes d’esprit : « Plus je lis cet ouvrage (l’Histoire des Juifs), moins je me trouve digne d’avoir commerce avec un homme si profond. […] Il est touchant de voir Marais si occupé jusqu’à la fin de défendre envers et contre tous la mémoire de son maître et ami. […] Le Régent furieux se défit aussitôt de son exemplaire et voulut empêcher l’entrée de l’édition ; mais il n’en fut plus le maître. […] J’ai interrogé à ce sujet notre maître en Cicéron comme en tant d’autres choses, le savant doyen de notre Sorbonne littéraire, M.
Spohn et Wagner, de pieux disciples de Heyne, ont commencé ce travail de révision et de contrôle comme sous les auspices encore et sous l’invocation du maître. […] Avis à nos jeunes maîtres ! […] Je ne vois pas que ce sens, qui est assez fin, soit mal placé dans la bouche d’un vieillard un peu troubadour et maître, à sa manière, dans la gaie science. […] Il s’était déjà réconcilié avec son frère George Grenville, et il aurait préféré qu’au lieu de le chasser du ministère, Pitt et lui, Temple, s’unissent à leur frère et beau-frère George, et que tous trois de concert fussent les maîtres de la situation. Cette combinaison était impossible, car le roi, qui voulait se débarrasser d’un maître impérieux, n’aurait pas consenti à s’en donner trois.
Les impressions pieuses et sévères qu’il avait reçues de ses premiers maîtres s’affaiblirent par degrés dans le monde nouveau où il se trouva entraîné. […] Le poëte est déjà tellement habitué au tracas de Paris, qu’il se considère à Chevreuse comme en exil ; il y date ses lettres de Babylone ; il raconte qu’il va au cabaret deux ou trois fois le jour, payant à chacun son pourboire, et qu’une dame l’a pris pour un sergent ; puis il ajoute : « Je lis des vers, je tâche d’en faire ; je lis les aventures de l’Arioste, et je ne suis pas moi-même sans aventures. » Tous ses amis de Port-Royal, sa tante, ses maîtres, le voyant ainsi en pleine voie de perdition, s’entendirent pour l’en tirer. […] Le voilà donc pendant tout l’hiver de 1661, le printemps et l’été de 1662, à Uzès ; tout en noir de la tête aux pieds ; lisant saint Thomas pour complaire au bon chanoine, et l’Arioste ou Euripide pour se consoler ; fort caressé de tous les maîtres d’école et de tous les curés des environs, à cause de son oncle, et consulté par tous les poëtes et les amoureux de province sur leurs vers, à cause de sa petite renommée parisienne et de son ode célèbre sur la Paix ; d’ailleurs sortant peu, s’ennuyant beaucoup dans une ville dont tous les habitants lui semblaient durs et intéressés comme des baillis ; se comparant à Ovide au bord du Pont-Euxin, et ne craignant rien tant que d’altérer et de corrompre dans le patois du Midi cet excellent et vrai français, cette pure fleur de froment dont on se nourrit devers la Ferté-Milon, Château-Thierry et Reims. […] Depuis quelque temps, et le premier feu de l’âge, la première ferveur de l’esprit et des sens étant dissipée, le souvenir de son enfance, de ses maîtres, de sa tante religieuse à Port-Royal, avait ressaisi le cœur de Racine ; et la comparaison involontaire qui s’établissait en lui entre sa paisible satisfaction d’autrefois et sa gloire présente, si amère et si troublée, ne pouvait que le ramener au regret d’une vie régulière. […] Madame de Maintenon le tira de son inaction vers 1688, en lui demandant une pièce pour Saint-Cyr : de là le réveil en sursaut de Racine, à l’âge de quarante-huit ans ; une nouvelle et immense carrière parcourue en deux pas : Esther pour son coup d’essai, Athalie pour son coup de maître.
Il fait ses études à Louis-le-Grand, chez les Jésuites, où il a pour préfet des études l’abbé d’Olivet : on pourra juger de quelle prise la Société saisit les esprits, si l’on songe que Voltaire même gardera toujours des sentiments de respect et d’amitié pour ses anciens maîtres ; et jamais il ne se défera des principes littéraires qu’ils lui ont donnés, de leur goût étroit et pur. […] Le siècle l’avertit de se donner au combat philosophique, s’il veut rester maître de l’opinion. […] Un besoin réel d’exercice intellectuel, une sincère admiration pour la belle intelligence de Voltaire animent Frédéric : mais c’est un homme pratique ; il « utilise » son illustre ami ; il fait corriger par lui son orthographe, ses solécismes, ses fautes de versification ; il a pour rien le meilleur maître de langue française qui existe. […] Il traversa l’Allemagne, on sait avec quelles aventures héroï-comiques : arrêté à Francfort, il eut de la peine à se tirer des mains d’un agent prussien qui réclamait un volume de poésies du roi son maître. […] Voltaire et ses maîtres, in-12, 1866.
Et s’il est un système d’éducation qui puisse gouverner les passions de l’homme en les lui laissant, et qui, pour la France en particulier, soit propre à préparer ses générations aux fortunes diverses que les sociétés humaines ont à traverser, certes c’est celui où, après Descartes, Pascal, Bossuet, les maîtres familiers et populaires sont Montesquieu, Voltaire et Buffon. […] Ce jugement sur Rome, Bossuet l’avait reçu de son plus cher modèle, de saint Augustin, ce maître si maître, comme il le qualifie parmi tant d’autres appellations reconnaissantes. […] Lui aussi avait son « maître si maître », le grand peintre des décadences, Tacite.
Là elle souffre, vit misérable dans la solitude, parmi les bêtes, mais toujours résignée, parce qu’elle croit avoir déplu à son seigneur et maître et avoir subi ce traitement par son ordre. […] La grande Mademoiselle, qui n’a pas encore rencontré Lauzun, craint aussi de se donner un maître sous le nom de mari, et quand elle rêve de transformer les dames et les officiers de sa cour en bergers et en bergères vivant aux champs et gardant des moutons enrubannés, elle entend que le mariage soit interdit dans cette société idéale. […] Cet antique dévouement est souvent remplacé par l’arrogance ou même par le talent de plumer le maître au profit des gens qu’il paie et nourrit. […] Il lui est arrivé d’être maître et propriétaire, d’avoir même, à ses heures, de l’honneur et de la probité. […] Entre homme de condition et homme en condition, il ne voit que la différence d’une lettre ; il ne se borne plus à copier les façons de son maître ; il prend ses habits et son nom, et ce n’est pas toujours pour le parodier, comme ce fou de Mascarille.
Gavarni ne dîne-t-il pas dans ce moment à la Poissonnerie anglaise, absolument parce que le maître du restaurant lui révèle les différents trucs avec lesquels les filous volent dans les cafés. […] En voici la pompe, la richesse, la composition solennelle, le geste accompagnant la mélopée… Oui, la tragédie respire et vit là, mieux que dans l’œuvre imprimée et morte de ses maîtres, mieux que dans les reconstitutions des critiques ; oui, là, sous ce portique ordonnancé par un Perrault, qui laisse voir sous un de ces arcs le jet d’eau d’un bassin de Latone ; là, dans ce quatuor balancé, dans cette partie carrée où la passion dramatique semble un menuet grandiose. […] * * * — Nous avons pris, ces temps-ci, un maître d’armes, un vrai maître d’armes, comme George Sand en mettrait un dans ses romans. […] Au milieu du désordre des houppes, des pots de cold-cream, des cartons à serrer les fausses nattes, dans la lumière fumeuse et sentant la mauvaise huile de deux quinquets de cuivre à globes de lampe, assise sur un tabouret de piano, recouvert de maroquin gris perle, Lia, qui a l’air d’un petit séraphin gothique de maître primitif, et dont le corps grêle est perdu dans les grands plis d’une robe de chambre brune, aux compliments qu’on lui fait sur le talent qu’elle a su déployer, aux reproches qu’on lui adresse d’avoir été trop vite, Lia, la tête soulevée au-dessus de l’affaissement de tout son corps, répète d’un air à la fois hébété et tendre : « Ah !
Cette expression trouvée et approuvée, on est maître de sa pensée, on la comprend mieux, on est en état de la juger sûrement, parce qu’on l’a rattachée à des notions bien connues dont on sait de longue date les affinités naturelles et les incompatibilités. « On ne sait justement ce qu’on voulait dire que quand on l’a dit », mais à une condition : c’est qu’on l’ait bien dit253. […] Ce que le maître aura trouvé sans parvenir à le faire entendre, sinon à un petit nombre d’adeptes, ceux-ci le diront clairement à tous ; pour achever ces grandes œuvres de la pensée qui renouvellent l’esprit humain, deux générations sont-elles donc de trop ? […] Plus une pensée est banale, plus facilement elle s’exprime ; plus elle est neuve, moins de chances elle a d’être énoncée vite et bien ; dire cela, c’est formuler une loi psychologique indiscutable ; mais dire que les penseurs le plus originaux sont des écrivains barbares, tandis que les maîtres du style sont les apôtres du sens commun, et qu’en général les qualités du style sont en raison inverse de la pénétration de la pensée, c’est formuler une loi d’éthologie ; or les lois de cet ordre ne sont jamais vraies qu’entre certaines limites et souffrent toujours un certain nombre d’exceptions ; il y a des esprits médiocres qui cherchent leurs mots et ne trouvent pas ceux qu’il faudrait ; il y a des esprits inventifs qui les trouvent promptement et chez lesquels ils se combinent heureusement du premier coup. […] Un exemple récent prouve que, même aujourd’hui et dans notre langue, si réfractaire au néologisme, la chose n’est pas impossible : par son livre sur Les maîtres d’autrefois Eugène Fromentin [Référence précise : Eugène Fromentin, Les Maîtres d’autrefois, Belgique-Hollande, Paris, 1877] a « notablement accru les ressources expressives de la langue française » (Ed.
tu me conduis vers une ennemie des dieux, la confidente des assassinats domestiques, la meurtrière d’un époux ; tu me conduis sur un sol sanglant. » Quelle puissance dramatique dans cette prophétie, non pas régulière et prévue comme celle de Joad, mais éclatant du fond de l’esclavage et du désespoir, et relevant soudain la captive au-dessus de ses maîtres ! […] Sous un tel maître, la scène tragique devait rester majestueuse et sainte. […] Mais, Ô maître souverain ! […] Ici encore, ce que je n’entends pas nommer sur le sol d’Asie, ni dans l’île dorienne de Pélops, ce qui n’est pas semé d’une main morte telle, ce germe né de lui-même, qui fait peur aux épées, et qui fleurit surtout dans cette terre, ici croît la feuille de l’olivier, nourrice de la jeunesse, cette feuille que ni jeune ni vieux général ne déracinera de sa main : car toujours la regarde l’œil de Jupiter, maître du destin, et la prunelle de Minerve. […] « Il n’y avait pas, en effet, une race d’immortels, avant que l’Amour eût tout rapproché, et que des uns mêlés avec les autres fussent nés le Ciel, l’Océan, la Terre et la race incorruptible des dieux immortels ainsi nous sommes les plus anciens de tous les êtres divins. » Ce qui suit cette étrange cosmogonie, ce qui s’y mêle d’allégories fantasques et de parodies bouffonnes, ne pourrait parfois se traduire ; mais il suffisait de retrouver ici, au début solennel de ce cantique, la majesté des hymnes grecs, dans ce hardi langage où le moqueur public d’Athènes, maître de tous les tons de la lyre, se joue des caprices de son génie et des perfections de sa langue, tour à tour sublime et bouffon, grave et licencieux, mais toujours poëte et s’égalant aux plus grands poëtes, soit qu’il les raille, soit qu’il les imite.
Ce voyage à la fin m’a lassé. » Il a été réduit à subir d’autres maîtres : il a préféré rentrer au bercail et servir du moins ses parents. […] Il peut arriver qu’un maître autrefois vénéré entre tous nous devienne moins cher, et nous avons parfois de bonnes raisons d’évoluer. […] On est un peu fâché de voir André Gide apporter sa pierre aux traditionalistes et néo-classiques qu’il déteste pour lapider ces maîtres du dix-neuvième siècle. […] Pour la gravelure tout au moins, Jean-Jacques a trouvé son maître. […] André Gide et sa nouvelle acrimonie contre les maîtres et les amis de sa jeunesse.
Ces acteurs italiens n’allaient-ils pas être appelés par les envieux les maîtres et les inspirateurs de Molière ? […] Mais nul n’a égalé, n’a suivi, même de loin, le maître. […] Le maître hypocrite, c’est Tartuffe. […] Loyal dans Tartuffe, le maître d’armes dans Le Bourgeois gentilhomme et Diafoirus père dans Le Malade imaginaire. […] » Brave et excellent, il écrivit L’Ombre de Molière, imprimée à la suite des œuvres du maître.
C’est de là que dérive la forme dont est maître M. […] J’emprunte cet échantillon au maître des maîtres, à celui qui regarde de haut Joséphin lui-même. […] — Voici, cher maître. […] Pardon, cher maître, et Risette, s’il vous plaît ? […] Les maîtres qu’ils revendiquent sont des Parnassiens qui ont mal tourné ».
N’osant pas se frayer une route nouvelle et s’avancer résolûment vers l’avenir, elle a repris facilement la vieille voie tracée on elle flaire les pistes des anciens, semblable à un chien qui a perdu son maître. […] Les maîtres de postes ont réclamé de solides compensations lorsqu’on commença enfin à établir des chemins de fer en France. […] Mais ils ne sont les maîtres de personne ; ils le savent bien ! […] Ils se trompent ; ils sont à un véritable littérateur ce qu’un maître d’escrime est à un vaillant capitaine. […] Délaissé par ses maîtres pour qui la littérature ne fut qu’un moyen et jamais un but, l’art littéraire a fait fausse route ; il est revenu aux vieux errements du passé.
Que faire avec un tel maître ? […] Il satisfait à ses désirs et n’obéit qu’à son caprice, il est son maître : est-il heureux ? […] Une vertu est toujours nouvelle, en effet, lorsque nous l’exerçons dans de nouvelles conditions et sous un nouveau maître, parce qu’alors nous y portons un degré de zèle que nous n’aurions pu avoir sous l’ancien maître et dans les anciennes conditions. […] Il s’insinue auprès de vous comme un ami, et un long temps s’écoule avant que vous ayez aperçu qu’en lui vous avez un maître. […] L’amour de ce maître austère vous vient, vous comprenez enfin que son dessein est de vous donner, malgré vous, le bonheur.
Le roi est entouré de tous les cadets de Gascogne qui ont jadis suivi sa fortune ; il a entre les jambes le Gascon gasconnant Antoine de Roquelaure, le compagnon de ses équipées galantes, le maréchal borgne, qui a plus grand nez que son maître. […] Il faut qu’il s’écoule un demi-siècle au moins pour qu’on en vienne à être assez maître de son propre génie pour le garder tout entier, même en présence des modèles que nous offraient les littératures plus avancées que la nôtre.
Cette lettre, en dépit de l’admiration que nous professions pour le Maître, ne modifia en rien nos idées sur la rime, non plus que notre opinion sur « l’affreux Voltaire ». […] Je cite au hasard de la mémoire : Le trou hagard que fait un boulet de canon… Ô Maître !
qu’il était étonnant d’oser trouver des conformités entre nos jours mortels et l’éternelle existence du Maître du monde ! […] Par un admirable respect pour la vieillesse, on croyait que les personnes âgées étaient d’un heureux augure dans une maison, et qu’un ancien domestique portait bonheur à son maître.
Quoi d’étonnant que nous ayons cherché à le résoudre par l’enseignement technique, par l’analyse du métier, par l’étude des maîtres et des procédés ? […] N’en suis-je pas le maître, si je n’y tiens plus, si je sens autre chose ?
Depuis quand veut-on que l’on soit sans reconnaissance pour ses maîtres ? […] Partout où le clergé fait un corps, il est maître et législateur dans sa patrie. […] C’est par là qu’elle avait dompté les nations et leurs Dieux ; car on raisonnait ainsi en ce temps ; de sorte que les Dieux romains devaient être les maîtres des autres Dieux, comme les Romains étaient les maîtres des autres hommes. […] Les Guèbres surtout, qui sont les anciens Persans, sont esclaves comme vous après avoir été longtemps vos maîtres. […] C’est que vous êtes sage et que vous êtes maître.
M. de Vigny le traita en grand maître de l’art. […] — Il n’y a ni maître ni école en poésie ; le seul maître, c’est celui qui daigne faire descendre dans l’homme l’émotion féconde, et faire sortir les idées de nos fronts, qui en sont brisés quelquefois. […] Si j’en suis le seul maître à présent, n’ai-je pas donné l’exemple du travail et de l’économie ? […] — Jusqu’ici je l’avais toujours vue partir avant son maître ; il lui fallait un frein, et cette nuit c’est l’éperon qu’il lui faut. — Ah ! […] le rude maître du corps !
Les maîtres se sont tus ou vont se taire, fatigués d’eux-mêmes, oubliés déjà, solitaires au milieu de leurs œuvres infructueuses. […] La pensée surabonde nécessairement dans l’œuvre d’un vrai poète, maître de sa langue et de son instrument. […] On sent que l’artiste n’est point le maître despotique de son instrument. […] Il serait aussi facile aux chimpanzés de donner des leçons de zend et de sanscrit à leurs petits, « Maître de l’éducation, maître du genre humain », a dit Leibnitz. […] Toutes les pièces du Maître avaient été discutées, applaudies, combattues, mais elles devaient finir par triompher de toutes les résistances.
La petite cloche du campanile, comme une voix timide qui craignait d’éveiller l’étranger maître à Rome, tintait l’Angelus du soir aux solitaires et aux pauvres femmes du quartier : cette cloche avait dans son timbre argentin quelque chose du gazouillement de l’alouette qui s’élève d’un champ moissonné devant les pas du glaneur. […] Un maître illustre, Corrado, présidait à l’éducation du prince et du gentilhomme. […] Ce jeune prince, que Torquato Tasso avait connu dans son adolescence à Rome, avait toutes les qualités de son frère, mais il y joignait de plus la constance dans ses amitiés, la modestie, la solidité et la grâce du caractère qui le faisaient adorer ; il reçut Torquato en ami plutôt qu’en maître, ne lui demandant pour tout service que d’illustrer sa cour et sa famille par l’éclat de renommée littéraire qui commençait à rayonner de son nom. […] L’une et l’autre avaient reçu dans le palais lettré de Ferrare l’éducation presque virile des maîtres, des philosophes et des poètes les plus éminents de ce siècle. […] Ce fut là qu’il encourut, on ne sait pas précisément pourquoi, la disgrâce du cardinal son maître.
L’auteur, dans sa dédicace à Flaubert, son maître et son ami, dit-il, l’appelle « un livre de colère et de pitié », et il a raison, c’est bien cela… Seulement, la colère et la pitié n’y sont pas comme elles y pourraient être. […] Il dit Flaubert son maître, et, malheureusement, il est trop son maître. […] IX Le Nabab est une étude de mœurs qui relève plus de Balzac que de Flaubert, — de Flaubert que Daudet appela un jour, par trop modestement, « son maître ». […] Qui n’aurait pas d’audace serait moins artiste… Parisien, trop Parisien peut-être, et trop jeune encore pour ne pas s’éprendre et s’enivrer de choses contemporaines, il a osé son pan de fresque après l’immense fresque du Maître des Maîtres, qui — même inachevée — fait croire à l’imagination que Balzac a peint tout, quand, interrompu par la mort, il lui restait tant à peindre encore !
Il y a plus de vingt ans3 déjà que notre maître à tous, cet illustre Balzac, qui a vengé la France du xixe siècle de n’avoir ni un Goethe ni un Walter Scott, publiait, dans on ne sait trop quel journal, ce Traité de la vie élégante. […] Je sais, et Balzac le savait aussi, ce qui sépare l’auteur des Contes drolatiques de l’énorme Modèle et du Maître dont il a essayé une fois de retrouver quelques-uns des secrets perdus. […] Ce n’est pas même l’éclat d’un coloris et le fini d’une peinture qui rappelle les plus grands maîtres sur toiles de la Renaissance, et fait de ce livre quelque chose de plastique qui se sent aux yeux comme dans la pensée. […] Il a couché sur ces reins fauves et musculeux où semblent avoir grandi trois hommes d’un mérite inégal et d’un génie différent, mais trois maîtres : Téniers, Callot, Rubens ! […] il l’appelle involontairement les trois maîtres que j’ai nommés, et qui ont comme du sang luxuriant de Rabelais dans les veines de leur génie.
S’emparant de cette poussière du jour des Cendres, il va démontrer que la pensée présente et actuelle de la mort, qu’elle tend à donner à chacun, est le meilleur remède, l’application la plus efficace et dans les crises de passion qui nous entraînent, et dans les conseils ou résolutions qu’on veut prendre, et dans le cours ordinaire des devoirs à accomplir et des exercices de la vie : Vos passions vous emportent, et souvent il vous semble que vous n’êtes pas maître de votre ambition et de votre cupidité : Memento. […] La foi avec tous ses motifs n’y ferait plus rien : dégagés que nous serions de ce souvenir de la mort, qui, comme un maître sévère, nous retient dans l’ordre, nous nous ferions un point de sagesse de vivre au gré de nos désirs, nous compterions pour réel et pour vrai tout ce que le monde a de faux et de brillant ; et notre raison, prenant parti contre nous-même, commencerait à s’accorder et à être d’intelligence avec la passion. […] Bourdaloue, en ce genre et du vivant de Bossuet, tout à côté de lui, était réputé le maître. […] Un ancien secrétaire des commandements de M. le Prince père du Grand Condé, Perrault, président de la Chambre des comptes, voulut en mourant, par reconnaissance pour son ancien maître, instituer une fondation en son honneur, et c’est en conséquence de cette fondation que Bourdaloue dut prononcer devant le Grand Condé l’oraison funèbre de son père mort depuis longtemps.
Daru lorsque sa charge fut complète et après que l’Empereur eut pris en lui toute confiance, il suffit de remarquer qu’il cumulait une triple administration : 1º l’intendance générale de la maison de l’Empereur et des domaines privés de la Couronne ; 2º l’intendance générale de ses armées qui prirent à dater de 1805 un développement de plus en plus considérable, croissant comme les projets mêmes et les plans du maître, tellement que partant de l’effectif d’Austerlitz, qui était de cent à cent vingt mille hommes, les armées en vinrent à s’élever en 1812 au chiffre de six cent mille ; 3º à cette double administration M. […] Mais cette page que j’avais l’ambition d’écrire, elle est tracée déjà, et par un homme qui était maître lui-même dans cet ordre de vues, et qui avait l’esprit d’organisation en plus d’une sphère, par Cuvier. […] Être homme de lettres, — entendons-nous bien, l’être dans le vrai sens du mot, avec amour, dignité, avec bonheur de produire, avec respect des maîtres, accueil pour la jeunesse et liaison avec les égaux ; arriver aux honneurs de sa profession, c’est-à-dire à l’Institut ; avoir un nom, une réputation ainsi fixée et établie, c’était alors une grande chose : il y avait, et parmi les auteurs et dans le public, comme un sentiment de religion littéraire. […] D’abord, vous vous êtes débarrassé en maître de la plus pénible des corvées, celle de parler de soi… Ensuite, digne ami d’Horace, vous avez décomposé l’art dramatique avec une profondeur qui m’a fait frémir pour l’intéressant Collin ; mais bientôt le peintre habile, en ne ménageant aux curieux que le jour favorable à son modèle, a glissé adroitement sur la sévérité de l’ancienne école pour ne nous peindre que le brillant de la nouvelle.
L’Université, dirigée par des chefs illustres, peuplée de maîtres habiles, ne laissait rien à désirer pour la solidité et l’éclat des études littéraires classiques ; les hautes sciences trouvaient aussi toute satisfaction en elle. […] Fortoul a présenté aux maîtres en chaque branche une idée nette du genre de services qu’on attend d’eux, et, qui plus est, comme un spécimen et un modèle de la classe même qu’ils ont à faire, avec tout ce qui doit y entrer. Des juges, d’ailleurs équitables, ont cru trouver trop de régularité et de mécanisme dans l’indication stricte des heures, des minutes consacrées à chaque portion des devoirs dans les classes ; mais il semble qu’en se représentant avec une précision si parfaite les exercices de chaque groupe successivement, le ministre ait voulu ne pas s’en tenir à une idée prise de loin et de haut, comme cela est trop ordinaire ; qu’il ait voulu communiquer aux maîtres le sentiment de l’importance qu’il met à un parfait accord entre les facultés diverses. […] Mais encore une fois, il ne s’agit plus d’avoir à opter exclusivement ni de rien sacrifier, et Quintilien, à côté de Lavoisier et des autres maîtres, garde encore sa belle et bonne part.
Il était loin de regretter ces temps de trouble et d’agitation féodale où les ambitions avaient toute carrière et où les facultés énergiques luttaient à nu : « Le repos, les plaisirs, dit-il en parlant de ces époques de ligue ou de fronde, avaient fait place au tumulte, à la méfiance, à la terreur, à tout ce que la fureur des conjurations, des cabales, peut inspirer de plus atroce. » Il se félicitait donc de vivre sous un régime qui avait mis fin à ce qui-vive perpétuel, et depuis que tout était réglé par l’autorité d’un maître : Cet état de choses (il écrivait cela aux derniers beaux jours de Louis XVI, en 1784) n’est pas favorable aux grandes pensées, mais il procure un calme sans lequel il n’y a point de bonheur. […] Sa doctrine politique était simple ; il pensait « que la monarchie française ne pouvait subsister qu’autant qu’elle aurait un maître, mais un maître qui le fût ; que tout autre régime la devait livrer à une destruction inévitable ». […] [NdA] Maurepas avait le goût des arts ; il était agréable à ceux qui les cultivaient ; dans sa retraite à Pontchartrain, il fit illusion à Montesquieu, qui écrivait après avoir passé huit jours avec lui : « Le maître de la maison a une gaieté et une fécondité qui n’a point de pareille : il voit tout, il lit tout, il rit de tout, il est content de tout, il s’occupe de tout.
Rousset nous fait si heureusement profiter, me paraît être bien plus dans le vrai quand il nous montre Louis XIV, toutes les fois qu’il dicte ou qu’il écrit, « parlant en roi passionné pour la gloire, appliqué à ses affaires, qui agit par lui-même, qui prend connaissance et qui juge sainement de tout, et qui n’est pas tellement conduit par ses ministres qu’il n’influe beaucoup dans leurs résolutions, par son attention a les examiner et sa fermeté à les soutenir. » Cette conclusion mesurée est moins piquante que l’autre, qui suppose un Louis XIV. toujours maître et souverain en idée, et en réalité toujours dupe. […] Le comte de Guiche, à la tête des cuirassiers et de la brigade de Pilloy et de plusieurs gens de qualité de la cour volontaires, se jeta dans le Rhin ; un escadron des ennemis, qui était posté dans le Tolhus, débusqua brusquement de son poste et se jeta de son côté d’assez bonne grâce dans le Rhin pour disputer le passage de ce fleuve au comte de Guiche, et fit sa décharge dans le milieu de l’eau, de laquelle Guitry, grand maître de ma garde-robe ; Nogent, maréchal de camp et maître de ma garde-robe ; Théobon et quelques autres officiers ou volontaires furent tués ; Revel, colonel des cuirassiers, et quelques autres blessés. […] mais, enfin, ce Bussy « au langage droit, pur et net », n’aurait pas été choisir précisément ce point-là pour flatter le maître, s’il n’y avait eu quelque lieu de le faire !
Non content, dans ses ouvrages, de reproduire et de décrire les objets et les scènes qui étaient à sa portée, il s’est attaché d’une égale ardeur à rechercher curieusement dans le passé les maîtres desquels il pouvait relever, et qui, en suivant la même route, avaient laissé des traces remarquables dans les divers arts ; et c’est ainsi qu’en remontant dans l’École française de peinture, après avoir traversé les brillantes séries du xviiie siècle, où la nature elle-même, la plus simple, la plus inanimée ou la plus bourgeoise, a son éclat et sa vivacité de couleur dans les toiles de Chardin, il est allé s’arrêter de préférence devant des artistes bien moins en vue et moins agréables, devant les frères Le Nain, appartenant à la première moitié du xviie siècle, qui lui ont paru chez nous les premiers peintres en date de ce qu’il appelle la réalité. […] Les frères Le Nain, nés et élevés à Laon, eurent pour premier maître un étranger et probablement un Flamand, qu’on ne nomme pas ; ils étaient trois, Antoine, Louis et Mathieu, « vivant, est-il dit, dans une parfaite union » ; ils offraient, dans l’application de leur pinceau, des différences, qui paraissent avoir été de dimension plutôt que de manière. […] Champfleury d’ailleurs, dans cette sorte de vie conjecturale des Le Nain, qu’il tire par induction de l’étude et de la comparaison prolongée de leurs œuvres, a de la chaleur, de la verve, et un accent de sympathie qui sort du cœur ; on sent que c’est bien pour ses maîtres d’adoption et presque pour ses saints qu’il prêche : « Qu’ils soient trois ou quatre frères, dit-il, les archivistes le découvriront peut-être un jour16. […] Le moment où Gardilanne arrive à Nevers, en se faisant précéder d’une lettre que Dalègre ne reçoit qu’une demi-heure auparavant, le coup de foudre de cette chute d’ami qui le consterne, son premier mouvement pour dérober en toute hâte les moindres traces de son fragile et casuel trésor, le déménagement nocturne de la faïence par le maître de la maison et sa ménagère, pendant que le voyageur est endormi, la crainte que le cliquetis chéri ne le réveille (car tout collectionneur, comme tout amant, a le sommeil léger pour ce qu’il aime), tout cela fait une scène excellente.
Que ceux qui en furent témoins disent si j’exagère : dans l’Université, la suppression des hautes écoles, le silence des hautes chaires, l’expulsion complète, méthodique, non-seulement de tous les maîtres jeunes, ardents, enthousiastes, mais même des modérés et des prudents, s’ils refusaient de donner des gages au parti dirigeant ; et ces gages étaient des actes indignes d’hommes sincères qui se respectent ; c’étaient des affectations publiques de sentiments et de convictions qu’on n’avait pas, c’était un patelinage de monarchisme et de dévotion : tous ceux qui résistaient aux insinuations qui leur étaient faites furent éliminés. […] Tous ont changé depuis et ont dû changer : l’un irrité et emporté, dans sa fièvre d’impatience, a passé d’un bond à la démocratie extrême ; l’autre, tout vertueux, sans ambition et sans colère, est arrivé par une douce pente aux honneurs mérités de l’épiscopat, vérifiant ainsi en sa personne le mot du Maître : « Heureux les doux parce qu’ils posséderont la terre ! […] D’une part, je vois chaque année des milliers de jeunes gens qui sortent d’entre des mains ecclésiastiques, élevés avec soin et pourvus d’instruction sans doute, munis d’instruments précieux pour leur carrière, mais dénués aussi, je le crains, du sentiment fondamental de patrie et de nationalité, étrangers à toutes les notions et traditions qui faisaient depuis 89 ou même auparavant la force et la vigueur de nos pères, habitués par leurs maîtres à l’indifférence pour tout régime qui n’est pas le leur et dans leur sens ; car ce parti a une maxime commode, invariable : il adopte tout ce qui le sert et tant qu’on le sert, pas au-delà. Vous vous ralentissez pour lui un jour : il vous a déjà quitté et lâché tout le premier. — D’autre part, je vois le courant du milieu, ce flot d’élèves sortant chaque année des écoles de l’Université, avec des idées toutes contraires, bien qu’eux-mêmes très-divers entre eux : idées politiques très-brouillées, très-mélangées, connaissances littéraires (si l’on excepte une élite) trop incomplètes au point de vue de l’Antiquité et trop peu consistantes, malgré tous les efforts et l’excellence des maîtres.
Vincent ; mais, de fait, il n’eut d’autre maître que lui-même ; et lorsqu’il fut décidément émancipé, lancé en pleine pratique, il n’alla pas non plus chercher dans le passé aucun grand modèle pour se mettre à genoux devant lui. […] Thiers, à cette époque de sa vie (et je ne sais s’il a persévéré dans cette théorie qui me paraît bien près d’être la vraie), pensait qu’on raisonne beaucoup trop sur l’idéal et qu’on se creuse terriblement la tête pour en demander l’expression aux œuvres des anciens maîtres. […] Quoi qu’il en soit, c’est ainsi qu’il expliquait et louait le talent d’Horace Vernet : Si copier simplement et promptement la nature, disait-il encore, est la véritable condition du génie ; si c’est bien la condition qu’ont remplie les anciens maîtres et qui les distingue de tous les autres, M. […] En dehors de l’originalité qui lui était propre et de la vérité moderne où il était maître, son pinceau rencontrait partout, et jusque dans les sujets où il était dépaysé, de ces bonheurs d’expression et de facilité qu’il portait avec lui.
La figure de l’archevêque, M. de Harlay, est de celles qui peuvent tenter une plume amie des nuances ou des contrastes ; même après les beaux portraits qu’ont laissés de lui des maîtres de la fin du xviie siècle (Saint-Simon d’Aguesseau), il reste bien à dire. […] L’abbé Legendre, qui a écrit jusqu’à quatre Éloges de M. de Harlay, sans compter ce qu’il en dit dans ses Mémoires ; qui l’a loué une première fois en français, mais un peu brièvement40, une seconde fois en français encore41 et en s’attachant à ne mettre dans ce second morceau ni faits, ni pensées, ni expressions qui fussent déjà dans le premier ; qui l’a reloué une troisième fois en latin42, puis une quatrième et dernière fois en latin encore43, mais pour le coup avec toute l’ampleur d’un juste volume, Legendre a commencé ce quatrième et suprême panégyrique qui englobe et surpasse tous les précédents par un magnifique portrait de son héros ; je le traduis ; mais on ne se douterait pas à ce début qu’il s’agit d’un archevêque, on croirait plutôt qu’il va être question d’un héros de roman : « Harlay était d’une taille élevée, juste, élégante, d’une démarche aisée, le front ouvert, le visage parfaitement beau empreint de douceur et de dignité, le teint fleuri, l’œil d’un bleu clair et vif, le nez assez fort, la bouche petite, les lèvres vermeilles, les dents très bien rangées et bien conservées jusque dans sa vieillesse, la chevelure épaisse et d’un blond hardi avant qu’il eût adopté la perruque ; agréable à tous et d’une politesse accomplie, rarement chagrin dans son particulier, mangeant peu et vite ; maître de son sommeil au point de le prendre ou de l’interrompre à volonté ; d’une santé excellente et ignorant la maladie, jusqu’au jour où un médecin maladroit, voulant faire le chirurgien, lui pratiqua mal la saignée ; depuis lors, s’il voyait couler du sang, ou si un grave souci l’occupait, il était sujet à des défaillances ou pertes de connaissance, d’abord assez courtes, mais qui, peu à peu, devinrent plus longues en avançant : c’est ce mal qui, négligé et caché pendant plus de vingt ans, mais se répétant et s’aggravant avec l’âge, causa enfin sa mort. » L’explication que l’abbé Legendre essaye de donner des défaillances du prélat par suite d’une saignée mal faite est peu rationnelle : M. de Harlay était sujet à des attaques soit nerveuses, soit d’apoplexie plus probablement, dont une l’emporta. […] Harlay, pénétré de reconnaissance, lui promit ce jour-là de n’avoir rien tant à cœur désormais que d’obéir en tout à un si grand roi et à un maître si clément, et il tint sa promesse. […] Il le crut si bien qu’il s’appliqua à l’étude de la politique proprement dite sous un maître, M.
Mais Moncrif comprit que son maître allait se fourvoyer ; qu’il se ruinerait en frais de représentation et débuterait dans la carrière des armes par un ridicule, abbé tout ensemble et généralissime pour son coup d’essai. […] Msr le comte de Clermont, au château de Saint-Paul, un détachement d’un capitaine et de 50 maîtres, pour lui servir de garde et d’escorte ; ce prince est hors d’état d’être transporté, et je lui dois tous les respects dus à un prince du sang du roi mon maître. Les règles militaires me prescrivent cependant, avant toutes choses, de ne m’arrêter sur rien qui puisse nuire au service ; ainsi je laisse ce prince à son camp de Saint-Paul avec une garde de 50 maîtres, espérant que Votre Excellence voudra bien obtenir un même nombre de troupes pour sa sauvegarde ; elle trouvera ci-joint le passeport nécessaire pour cette troupe ; et les officiers généraux de l’armée que j’ai l’honneur de commander sont instruits de la confiance avec laquelle je fais cette demande à Votre Excellence.
Sans doute, en considérant avec détail les maîtres, on aurait pu trouver plus d’une fois que l’imitateur n’avait pas tout rendu, qu’il était resté au-dessous ou pour la concision ou pour une certaine simplicité qui ne se refait pas ; c’est l’inconvénient de tous ceux qui imitent, et Horace, mis en regard des Grecs, aurait à répondre sur ces points non moins que Chénier ; mais tout à côté on aurait retrouvé chez celui-ci les avantages, là où il ne traduit plus à proprement parler, et où seulement il s’inspire ; on aurait rendu surtout justice en pleine connaissance de cause à cet esprit vivant qui respirait en lui, à ce souffle qu’on a pu dire maternel, à cette fleur de gâteau sacré et de miel dont son style est comme pétri, et dont on suivrait presque à la trace, dont on nommerait par leur nom les diverses saveurs originelles ; car, à de certains endroits aussi, ne l’oublions pas, l’aimable butin nous a été livré avant la fusion complète et l’entier achèvement. […] Il essaye de décomposer et d’expliquer la fortune d’André Chénier par toutes les raisons les plus étrangères au talent même et au charme de ses vers ; il côtoie complaisamment les suppositions les plus gratuites en finissant par les rejeter sans doute, mais avec un regret mal dissimulé de ne les pouvoir adopter : « On se demanda, écrit-il (lorsque ces Poésies parurent), si on n’admirait pas sous la garantie d’une muse posthume l’effort d’un esprit moderne ; si, sous la main d’un éditeur célèbre et poëte lui-même, telle épître ou telle élégie n’avait pas pu s’envoler d’un champ dans un autre, et sans qu’il lui fût bientôt permis de revenir à la voix de son premier maître. […] Dévot adorateur de ces maîtres antiques, Je veux m’envelopper de leurs saintes reliques ; Dans leur triomphe admis, je veux le partager, Ou bien de ma défense eux-mêmes les charger. […] il me semblait reconnaître un écho du maître aimable.
Écoutons Tacite, c’est ainsi qu’il commence son premier livre : XI « J’entreprends une œuvre riche en vicissitudes, atroce en batailles, déchirée en séditions, sinistre même dans la paix : « Quatre empereurs tranchés successivement par le glaive, trois guerres civiles, plusieurs guerres extérieures, quelques autres tout à la fois civiles et étrangères ; « Nos armes, prospères en Orient, malheureuses en Occident ; l’Illyrie troublée, les Gaules mobiles, la Grande-Bretagne conquise et perdue presque au même moment ; les races suèves et sarmates se ruant contre nous ; les Daces illustrés par des défaites et par des victoires alternatives ; l’Italie elle-même affligée de calamités nouvelles ou renouvelées des calamités déjà éprouvées par elle dans la série des siècles précédents ; des villes englouties ou secouées par les tremblements de terre sur les confins de la fertile Campanie ; Rome dévastée par les flammes ; nos plus anciens temples consumés ; le Capitole lui-même incendié par la main de ses concitoyens ; nos saintes cérémonies profanées ; des adultères souillant nos plus grandes familles ; les îles de la mer pleines d’exilés ; ses écueils ensanglantés de meurtres ; des atrocités plus sanguinaires encore dans le sein de nos villes ; noblesse, dignités, acceptées ou refusées, imputées à crime ; le supplice devenu le prix inévitable de toute vertu ; l’émulation entre les délateurs, non-seulement pour le prix, mais pour l’horreur de leurs forfaits ; ceux-ci revêtus comme dépouilles des consulats et des sacerdoces, ceux-là de l’administration et de la puissance de l’État dans les provinces, afin qu’elles supportassent tout de leur violence et de leur rapacité ; les esclaves corrompus contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons, et ceux à qui il manquait des ennemis pour les perdre, perdus par la trahison de leurs amis. » XII « Toutefois le siècle n’est pas assez tari de toute vertu pour ne pas fournir encore de grands exemples : « Des mères accompagnant leurs fils poursuivis, dans leur fuite ; des femmes s’exilant volontairement avec leurs maris ; des proches courageux ; des gendres dévoués ; la fidélité des serviteurs résistant même aux tortures ; des hommes illustres bravant les dernières extrémités de l’infortune ; l’indigence elle-même héroïquement supportée ; des sorties volontaires de la vie comparables aux morts les plus louées de nos ancêtres. […] « L’âge même de Galba était un texte de dérision et d’impopularité pour ceux qui étaient accoutumés à la jeunesse de Néron, et qui, suivant le préjugé du vulgaire, ne jugeaient de leur maître qu’à la beauté et à la grâce du corps. […] « Si l’immense corps de l’État pouvait subsister et se pondérer seul et sans modérateur, j’étais digne peut-être de recommencer les temps et les institutions de la république ; mais nous en sommes à cette nécessité, que déjà mon âge avancé ne peut plus rien promettre au peuple romain qu’un bon successeur, et ta jeunesse rien autre qu’un bon maître à l’empire. « Sous Tibère, sous Caïus, sous Claude, nous fûmes comme le patrimoine d’une seule famille ; aujourd’hui, à la place de la liberté, nous aurons du moins l’élection de nos maîtres.
Car pour le talent, au milieu des veines de mauvais goût et des abus de toute sorte, comme il s’en trouve d’ailleurs dans presque tous les écrits de M. de Chateaubriand, on y sent à bien des pages le trait du maître, la griffe du vieux lion, des élévations soudaines à côté de bizarres puérilités, et des passages d’une grâce, d’une suavité magique, où se reconnaissent la touche et l’accent de l’enchanteur. […] « Si j’étais encore maître de ces Mémoires, écrit-il dans la préface, ou je les garderais en manuscrit, ou j’en retarderais l’apparition de cinquante années. » En se mettant, en effet, dans l’obligation de laisser publier, le lendemain de sa mort, des Mémoires où tant d’hommes vivants sont jugés, et le sont en général sans aucune indulgence, tandis qu’il se donne toujours à lui-même le beau rôle, M. de Chateaubriand s’est exposé à des représailles sévères. […] Voici encore un jugement qui n’est pas de moi, mais que je dérobe à l’un des maîtres d’aujourd’hui : Je lis les Mémoires d’outre-tombe, et je m’impatiente de tant de grandes poses et de draperies. […] Et pourtant, malgré l’affectation générale du style, qui répond à celle du caractère, malgré une recherche de fausse simplicité, malgré l’abus du néologisme, malgré tout ce qui me déplaît dans cette œuvre, je retrouve à chaque instant des beautés de forme grandes, simples, fraîches, de certaines pages qui sont du plus grand maître de ce siècle, et qu’aucun de nous, freluquets formés à son école, ne pourrions jamais écrire en faisant de notre mieux.
La Femme de trente ans, La Femme abandonnée, La Grenadière, furent les premières troupes d’élite qu’il introduisit dans la place, et il fut maître aussitôt de la citadelle. […] Mais je ne puis accepter, sous le couvert de la physiologie, l’abus continuel de cette qualité, ce style si souvent chatouilleux et dissolvant, énervé, rosé, et veiné de toutes les teintes, ce style d’une corruption délicieuse, tout asiatique comme disaient nos maîtres, plus brisé par places et plus amolli que le corps d’un mime antique. […] Sans prétendre le détourner en rien de sa voie féconde, j’aurais voulu qu’il eut présents à l’esprit quelques axiomes que je crois essentiels en tout art, en toute littérature : La netteté est le vernis des maîtres. […] En un mot, cette sûreté de maître qu’elle porte dans l’expression et la description, elle ne l’a pas également dans la réalisation de ses caractères.
Comment ce qui semblait manquer aux beaux jours de la république, à l’époque où elle avait produit de si grands hommes, lui fut-il donné sous le joug d’un maître habile mais sans grandeur, indigne par ses premiers crimes des éloges qu’à mérités la modération prudente de ses dernières années ? […] « Telle, dans le verger à mille couleurs d’un maître opulent, paraît la fleur d’hyacinthe. […] Catulle s’inquiète peu de l’ordre à mettre dans cette richesse, et du soin qui en lierait les diverses parties : il jette des vers admirables de description ou de passion, comme autant de couleurs dérobées aux maîtres de l’art hellénique. […] Seulement, il nous reste à chercher ce que deviendra cette poésie, lorsqu’à l’horreur des guerres civiles et de l’anarchie succéderont la modération habile d’un maître et la monotone sécurité d’un long esclavage.
On ne cesse d’opposer à toute réforme de l’orthographe le vers d’Horace sur l’usage, maître absolu et seul régulateur légitime du langage : « Quem penes arbitrium est… » Cela est vrai des mots mêmes qui sont mis en circulation plus que de la manière de les écrire. […] Le vieux parti de Louis XIV, battu partout ailleurs, prit sa revanche là où il était encore maître. […] Le second fut de détruire finement, doucement et lentement dans l’esprit du maître, tous ceux qui entraient en quelque faveur.
Disciple sérieux d’un des plus gracieux poëtes de notre ancienne jeunesse, d’Émile Deschamps, et, comme lui, rompu à l’art, maître achevé du rhythme, M. […] Il y aurait plaisir à examiner et à suivre son nouveau système dans les applications ingénieuses qu’a imaginées son talent, à lui demander s’il n’y apporte pas encore un peu trop de construction savante, s’il ne garde pas un peu trop d’art, de son premier art sculptural, s’il donne assez de jeu au molle atque facetum, à cette charmante familiarité de la vie ; il y aurait à introduire des comparaisons avec les poëmes de la vie intime que possèdent nos voisins les Anglais, maîtres en ce genre. […] Campaux, un poëte aussi, un disciple de Villon, disciple sérieux, ennoblissant, qui relève en l’imitant le vieil écolier de Paris tout étonné d’être un maître, et que l’Académie, j’espère, va se charger de distinguer48 ?
que d’esprits émancipés qui allaient au-delà du maître, qui le compromettaient aux yeux du Clergé et des puissances, qui formaient ce que j’appelle l’aile gauche de sa doctrine et qui la débordaient de toutes parts : Jules Simon, Vacherot, vous en savez quelque chose ! […] Il y avait fait vite de grands progrès et avait même dépassé le maître. […] Quand je suis entré dans le monde littéraire (1824), j’avais pour maîtres quelques-uns de ces premiers amis de Cousin ; c’est par eux que j’ai d’abord appris à le juger, et je dois dire qu’ils étaient déjà à demi détrompés, mais seulement à demi ; et quels beaux restes d’admiration et de respect ils lui vouaient encore !
Voyez tout ce Péloponnèse italien livré par votre imprévoyance à son petit roi, votre favori du jour, maître absolu demain d’un empire presque égal au vôtre, incapable de protéger cette péninsule, ces îles, ces ports, ces mers contre les Germains ou contre les Anglais, mais assez puissant pour subir l’alliance obligée de vos ennemis naturels. […] La confédération, c’est l’affranchissement de l’Italie sans danger et avec honneur pour la France ; la monarchie du Piémont, c’est pour l’Italie changer de maître, et c’est pour la France changer de voisins et de frontières ; c’est-à-dire qu’une Italie nouvelle, devenue monarchique, est mise à la disposition de l’Angleterre ; une France nouvelle commence. […] Mais si l’on considère de l’humanité son âme, son intelligence, sa moralité, sa destinée évidemment supérieure à cette vie et à cette mort entre lesquelles elle s’agite, sa connaissance de Dieu, l’hommage qu’elle rend à ce maître suprême de ses destinées individuelles ou collectives, la transition entre le fini et l’infini dont elle paraît être le nœud par sa double nature de corps et de pensée, sa conscience, faculté involontaire, révélation, non de la vérité, mais de la justice, son instinct évidemment religieux, son inquiétude sacrée qui lui fait chercher son Dieu, avant tout créature sacerdotale, chargée spécialement par l’Auteur des êtres de lui rapporter en holocauste les prémices de ce globe, la dîme de l’intelligence, la gerbe de l’autel, l’encens des choses créées, la foi, l’amour, l’hymne des créations muettes, la parole qui révèle, le cri qui implore, l’obéissance qui anéantit le néant devant l’Être unique, le chant intérieur qui célèbre l’enthousiasme, qui soulève comme une aile divine l’humanité alourdie par le poids de la matière, et qui la précipite dans le foyer de sa spiritualité pour y déposer son principe de mort et pour y revêtir d’échelons en échelons sa vraie vie, son immortalité dans son union à son principe immortel !
Il a conté sa rude vie, avec quelque précaution aux endroits scabreux, très avisé dans son apparente brusquerie, et bien maître de sa langue pour ne rien dire à, son désavantage : du côté de l’ambition et de l’intrigue, il s’est fait un peu plus candide que de raison. […] Il fit la guerre civile comme il avait fait les guerres d’Italie, avec le même dévouement sans réserve et sans scrupules au roi son maître. […] P. de la Ramée, né en 1515 dans un village du Vernandois, soutint avec succès, en 1530, pour être maître ès arts, sa fameuse thèse contre Aristote ; mais, ayant redoublé ses attaques dans deux livres latins, il fut condamné en 1543.
Ce fut un superbe pamphlétaire, dont l’absolu désintéressement, l’humilité profonde, mirent à l’aise le tempérament ; écrivain puissant, nourri des grands maîtres, au commerce desquels il a développé son originalité, ayant une rare intelligence littéraire, il a écrit des pages qui vivront, par la vivacité mordante de l’esprit ou par l’éclat violent de la passion. […] Un procès politique fit connaître Gambetta848 tout à la fin de l’empire ; c’était un fougueux méridional, à la parole éclatante et large, très avisé, très intelligent, très maître de sa volonté, capable de voir plus haut que les intérêts et les haines de parti : un véritable homme d’État. […] Après l’inertie que l’empire a favorisée, l’activité, le travail reprennent, mais les maîtres s’enferment dans leurs laboratoires avec quelques élèves.
Premièrement où est le sens commun d’avoir accolé ces deux oiseaux-là, l’un destiné pour la cuisine du maître, l’autre pour la porte de son garde-chasse ? […] Quand on a le courage de faire le sacrifice de ces épisodes intéressans, on est vraiment un grand maître, un homme d’un jugement profond ; on s’attache à la scène générale qui en devient tout autrement énergique, naturelle, grande, imposante et forte. […] La tête et la poitrine de la peinture sont comme d’un ancien maître.
On traduit ordinairement en françois le mot d’ herus par celui de maître, quoique le mot françois n’ait pas le sens précis du mot latin, qui signifie proprement le maître par rapport à son esclave. […] Dès qu’on ne retrouve plus dans une traduction les mots choisis par l’auteur, ni l’arrangement où il les avoit placez pour plaire à l’oreille et pour émouvoir le coeur, on peut dire que juger d’un poëme en general sur sa version, c’est vouloir juger du tableau d’un grand maître, vanté principalement pour son coloris, sur une estampe où le trait de son dessein seroit encore corrompu.
Un autre, fendant la terre couverte d’arbres, est asservi pour l’année au maître des charrues recourbées ; un autre, avec l’art de Minerve et de l’inventif Vulcain, de ses deux mains durcies au travail, gagne sa vie ; un autre, instruit par les dons des muses olympiennes, sait la juste mesure de l’aimable sagesse. […] Entouré d’amis qui lui conseillaient de prendre le pouvoir, il avait refusé en disant : « C’est un beau pays que la royauté ; mais ce pays n’a pas d’issue. » Et plus tard, amusant son repos avec ce charme de la poésie dont il avait appuyé ses lois, il répétait : « Si j’ai épargné ma patrie, et n’ai pas voulu m’en rendre maître, ni m’élever par la force, en déshonorant la gloire que j’avais obtenue d’ailleurs, je n’ai honte ni repentir de cette modération : au contraire, c’est le côté par où j’ai surpassé les autres hommes. » Le législateur d’Athènes, celui dont les lois, dans quelques maximes éparses, offrent encore de mémorables leçons, résista jusqu’à la fin à la lente usurpation de Pisistrate, dénonça ses menées populaires, protesta contre sa garde, et, enhardi par la vieillesse, vécut libre, même sous un maître qu’il avait pressenti et bravé.
— Mais, cher maître ! […] Paul Hervieu n’était pas encore tout à fait maître de son talent. […] Le monde a toujours les maîtres qu’il mérite. […] Paul Hervieu sera, quand il voudra, un maître. […] Ils ne conspuent jamais leurs bons maîtres.
Pourtant, comme la diversité des esprits jusque dans les mêmes genres est infinie, comme la bonne foi et la sincérité en chacun est le grand secret pour tirer de sa nature tout ce qu’elle renferme, il y a moyen toujours, en ne disant que ce qu’on a senti, en n’écrivant que ce qu’on a observé, d’ajouter quelque chose peut-être à ce que les maîtres lumineux et perçants de la vie humaine ont déjà embrassé, ou du moins de faire en sorte que le lecteur soit ramené sur les mêmes chemins et vers les mêmes vues sans fatigue et sans ennui. […] Il y a ici (à Verteuil en Angoumois) des disciples de M. de Balzac qui en ont eu le vent, et qui ne veulent plus faire autre chose. » Du temps de La Bruyère et dans le courant de sa vogue, il se déclara une véritable épidémie d’imitation : ce n’étaient que caractères et descriptions de mœurs à l’instar du maître.
Comme dans ces pays d’Orient où une armée de serviteurs assiège le maître, l’un ôtant son manteau, l’autre ayant soin des bottes, un troisième allumant la pipe, et où celui qui présente la pipe ne cirerait pas les bottes pour tous les trésors du monde, nous sommes habitués, par une abstraction maladroite, à isoler nos facultés et à les prendre pour autant de serviteurs qui font chacun leur besogne sans se prêter jamais appui. […] Alors on fait appel à sa mémoire ; on répète ce qu’on a entendu dire à ses maîtres, lu dans les manuels, plus tard ce qu’on a entendu dire dans le monde, lu dans la revue ou le journal.
Je sais seulement qu’aucun homme n’est plus inconnu que lui, et je sais aussi qu’il a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la glapissante lyre — ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés, parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un et comme ils n’en ont écrit aucun jusqu’ici. […] Poe, le Poe de la Maison Usher, est à coup sûr son maître familier ; aussi Villiers et aussi les primitifs et les mystiques.
L’âne répond à son maître poursuivi par des voleurs et qui veut remmener, Eh ! […] Sauvez-vous et laissez-moi paître, Notre ennemi, c’est notre maître.
La scène du déjeûné, les questions du seigneur, l’embarras de la jeune fille, l’étonnement respectueux du paysan affligé, tout cela est peint de main de maître. […] L’homme aux cent yeux… Cette courte périphrase exprime tout, et le discours du maître est excellent….
Le respect et l’attention que la cour d’un roi de Perse témoigne pour son maître, doivent être exprimez par des demonstrations qui ne conviennent pas à l’attention de la suite d’un consul romain pour son magistrat. […] On voit au maître autel de la petite église de saint étienne de Genes un tableau de Jules Romain qui répresente le martyre de ce saint.
Un homme parvenu dans un certain jeu au point d’habileté dont il est capable n’avance plus, et les leçons des meilleurs maîtres, ni la pratique même du jeu, continuée durant des années entieres ne peuvent plus le perfectionner davantage. […] l’imitation du parler suit incontinent… etc. les leçons d’un maître de musique habile développent nos organes, et nous apprennent à chanter méthodiquement ; mais ces leçons ne peuvent changer que très-peu de choses dans le son et dans l’étenduë de notre voix naturelle, quoiqu’elles la fassent paroître plus douce et tant soit peu plus étenduë.
Maître, mon pauvre maître, chassez ces visions, reconnaissez votre fidèle…
La méthode du critique est tout entière dans cette recommandation du maître : « Quand vous voulez assassiner un homme, commencez par lui ôter votre chapeau. » Il est rare que M. […] Le maître a fait des élèves mais si ses procédés ont été vulgarisés depuis, on ne les a pas surpassés encore, que je sache. […] Achard s’est donné deux maîtres : Janin et Dumas, deux improvisateurs, et c’est une question d’économie de temps qui a décidé de ses sympathies. […] Verdi n’est plus un Italien pour nous, car ce maître recherche de préférence la déclamation du style français, le coloris instrumental et les combinaisons harmoniques du genre allemand. […] Il le sert, comme il fait toute chose, à outrance, et les cuivres que le maître fait mugir dans ses finales, le serviteur en compose les fanfares de ses retentissants feuilletons.
Comme me voilà méconnu par un maître que je goûte fort ! […] Michaut, maître de conférences à la Sorbonne, consacre tout un volume à M. […] Alors, tu jouirais d’être le maître, ô bel amant. […] Il n’existe plus que des maîtres, et chacun veut être original. […] Mauriac, de défendre le maître qu’il aimait.