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1753. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Vous ne savez pas qu’un paysage est plat ou sublime ; qu’un paysage où l’intelligence de la lumière n’est pas supérieure est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage faible de couleur, et par conséquent sans effet, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage qui ne dit rien à mon âme, qui n’est pas dans les détails de la plus grande force, d’une vérité surprenante, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage où les animaux et les autres figures sont maltraités, est un très-mauvais tableau, si le reste poussé au plus haut degré de perfection, ne rachète ces défauts ; qu’il faut y avoir égard pour la lumière, la couleur, les objets, les ciels, au moment du jour, au temps de la saison ; qu’il faut s’entendre à peindre des ciels, à charger ces ciels de nuages tantôt épais, tantôt légers ; à couvrir l’atmosphère de brouillards, à y perdre les objets, à teindre sa masse de la lumière du soleil ; à rendre tous les incidens de la nature, toutes les scènes champêtres, à susciter un orage, à inonder une campagne, à déraciner les arbres, à montrer la chaumière, le troupeau, et le berger entraînés par les eaux ; à imaginer les scènes de commisération analogues à ce ravage ; à montrer les pertes, les périls, les secours sous des formes intéressantes et pathétiques.

1754. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

Je passe devant la maison de Michas… et tout à coup je vois quelque chose qui, partant du sol, montait si haut que mes yeux n’en pouvaient voir la fin.

1755. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Ainsi que nous le disions plus haut, la qualité suprême de cette trilogie romanesque c’est une remarquable sensibilité touchée par la vie et qui rend éloquemment son premier accord.

1756. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Derrière nous, tout le long de la route parcourue, se dressent des autels qui s’illuminèrent jadis, l’un après l’autre, comme des phares, de la flamme des sacrifices offerts à des divinités bienfaisantes, aujourd’hui déchues ; c’est plus loin, c’est plus haut, sur un autel nouveau, que la flamme nous appelle vers un dieu encore inconnu.

1757. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ce qu’il faut concéder, je crois, c’est qu’en soi l’art classique est plus pur, plus haut, plus parfait. […] Émile Faguet rend justice à son talent de poète, qui n’est pas de haute envergure, mais très réel et parfois délicieux. […] Avec lui meurt la Royauté… Le comte de Chambord avait l’âme trop belle, l’intelligence trop haute, le cœur trop généreux pour régner sur nous. […] Tout conflue vers lui… » L’image est merveilleuse ; mais observez comme ce poète de haute envolée use du mot propre et du détail familier. […] Ils crient tous très haut qu’il n’y a plus d’écoles.

1758. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il était couché dans une même chambre avec plusieurs de ses amis ; il se mit pendant la nuit à parler très haut à l’un d’eux. […] Chapelle s’échauffa, et, criant du haut de la tête pour convertir son juge, il ébranla son équité par la force de son raisonnement. […] Nous avons successivement fait et nous avons enregistré plus haut cette triple découverte. […] Ce silence parle plus haut que toutes les critiques. […] Les Romains avaient pensé que ce drame convenait mieux à cette solennité que le tableau en action de quelque haut fait de ce maître du monde.

1759. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Il annonce tout haut son incrédulité, et un procès s’entame, qui, si le temps n’eût manqué, l’eût peut-être conduit au bûcher. […] Ce point, je l’ai touché. —  Et maintenant qu’il n’y a plus d’échelon pour monter plus haut, —  pourquoi est-ce que je m’affligerais de ma chute ? […] Pour poésie, quelques sentiments peu compliqués, toujours naturels, point raffinés, intelligibles à tous ; pour éloquence, un raisonnement continu, un vocabulaire limité, les plus hautes idées ramenées à leur origine sensible, tellement que des enfants peuvent comprendre cette éloquence et sentir cette poésie, et qu’à ce titre elles sont classiques. […] » — Elle rit nerveusement et tout haut : « Pas si vite, nous n’en sommes pas encore là. […] Les rois y reviennent, du haut de leurs grandeurs fardées, comme des brouillards qui tombent.

1760. (1896) Le livre des masques

Donc, par scrupule, beaucoup se turent, — mais je vote ici, disant ; Aimant et admirant beaucoup Stéphane Mallarmé, je ne vois pas que la mort de Verlaine me soit une occasion décente d’aimer et d’admirer aujourd’hui plus haut qu’hier. […] Herold possède à un haut point le don du rythme, mais il le possède assez pour que sa poésie ait la grâce d’une chose vivante, doucement et languidement vivante. […] Musique de plain-chant grégorien, tel qu’on l’écoute en une somptueuse église flamande, avec de soudaines fugues de prière exaltée qui planent sur les lignes hautes, se jettent vers les voûtes peintes, avivent les vieux vitraux, illuminent d’amour les chemins de la Croix assombris. […] C’était le génie orné et flamboyant, prêt à construire des architectures infiniment diverses et belles, à élever très haut des ogives nouvelles et des dômes inconnus ; — mais il avait oublié son manchon d’hiver et il mourut de froid, un jour de neige. […] Il y a là un malentendu, vieux sans doute des six mille ans d’âge que La Bruyère donnait à la pensée humaine ; et, ce malentendu, basé sur un raisonnement très logique et très solide, nargue du haut de son socle tous les essais de conciliation.

1761. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Dans les rangs secondaires, Rœderer en était probablement déjà, en 91, à ses idées in petto de pouvoir absolu éclairé, dont sa vieillesse causeuse et enhardie par l’Empire nous a fait tout haut confidence. […] Dès l’adolescence, les liaisons républicaines charment La Fayette ; ce qu’ont écrit et prêché Jean-Jacques, Mably, Raynal, il le fera ; lui, le descendant des hautes classes, il sera le premier champion, le paladin le plus avancé des intérêts et des passions nouvelles. […] Les plus vils usurpateurs, et jusqu’à Robespierre, en ont eu momentanément le renom ; mais, en se livrant à l’ambition « d’aller, comme il disait lui-même à Lally, toujours en avant, et le plus loin possible », ce qui rappelle le mot de Cromwell, Bonaparte a réuni au plus haut degré quatre facultés essentielles : calculer, préparer, hasarder et attendre. […] Sieyès, si haut placé qu’il fût dans sa propre idée et dans celle des autres, n’a pas toujours fait de la sorte. […] Daunou) qui ont le mieux connu, pratiqué et pénétré Sieyès, la page suivante, que j’apporte ici comme tribut à cette haute mémoire historique.

1762. (1927) André Gide pp. 8-126

L’immoralisme de Nietzsche consiste, bien entendu, à remplacer les morales existantes par une morale nouvelle, extrêmement haute et même assez farouche. […] Ce qui vous ennuie m’intéresse au plus haut point, et réciproquement. […] L’esprit des primaires4 se révolte contre cette maîtrise intellectuelle et trouve ces hautes régions trop ardues. […] En l’espèce, je préfère la République, parce qu’elle est le régime adapté à l’état de haute civilisation où la France me semble parvenue, et celui qui assure le mieux, ou le seul qui assure la liberté de penser. […] Chez ces idéalistes et ces contemplatifs — attachés à la plus haute ou même à la seule réalité, les idées — M. 

1763. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Tous ces romans sont des œuvres d’observation et partent d’une intention morale ; c’est que les hommes de ce temps, déchus de la haute imagination et installés dans la vie active, veulent tirer des livres une instruction solide, des documents exacts, des émotions efficaces, des admirations utiles et des motifs d’action. […] Les prédicateurs se réjouirent en voyant l’aide leur venir du côté du danger, et le docteur Sherlock, du haut de sa chaire, recommanda le livre. […] La vertu, comme toute force, se mesure aux résistances, et il n’y a qu’à la soumettre à des épreuves plus violentes pour lui donner un relief plus haut. […] Quand la tendresse et la haute raison y manquent, l’énergie native se tourne en dureté, en opiniâtreté, en tyrannie inflexible, et le cœur devient une caverne de passions malfaisantes acharnées à rugir et à se déchirer. […] Ces jolis minois fripons, ces fins corsages de guêpe, ces bras mignons plongés dans un nid de dentelles, ces nonchalantes promenades parmi des bosquets et des jets d’eau qui gazouillent, ces rêveries galantes dans un haut appartement festonné de guirlandes, tout ce monde délicat et coquet est encore charmant.

1764. (1904) Zangwill pp. 7-90

« descend pour vous de sa chaire trop haute, et, pourquoi ne pas le dire ? […] Séailles sent beaucoup plus vivement que moi combien ces expressions sont inconvénientes ; pour moi elles me paraissent tout simplement insupportables ; libertaire impénitent, j’y trouve, j’y entends toute une résonance de respect religieux ; encore avons-nous pris un exemple minimum ; et dans cet exemple minimum, il y a des expressions désastreuses, comme une chaire trop haute, et d’où l’on descend ; évidemment le journaliste veut donner au Peuple l’idée que la chaire de M.  […]   Épuiser l’indéfinité, l’infinité du détail dans la connaissance de tout le réel, c’est la haute, c’est la divine, c’est la folle ambition, et qu’on le veuille ou non c’est l’infinie faiblesse d’une méthode que je suis bien forcé de nommer de son nom scolaire la méthode discursive ; n’ayant point d’ailleurs à me présenter de sitôt devant le jury d’État constitué pour maintenir à l’agrégation de philosophie la pureté première des doctrines révolues, je puis traiter des méthodes intuitives et discursives, et les confronter, sans encourir, comme il advint récemment d’un jeune homme, les foudres universitaires ; de la certitude discursive et de la certitude intuitive ; la méthode intuitive passe en général pour surhumaine, orgueilleuse, mystérieuse, agnosticiste ; et l’on croit que la méthode discursive est humaine, modeste, claire et distincte, scientifique ; je démontrerai au contraire, un jour que nous essaierons d’éprouver plus profondément nos méthodes, qu’en histoire c’est la méthode discursive qui est surhumaine, orgueilleuse, mystérieuse, agnosticiste ; et que c’est la méthode intuitive qui est humaine, modeste, claire et distincte autant que nous le pouvons, scientifique. […] La masse travaille ; quelques-uns remplissent pour elle les hautes fonctions de la vie ; voilà l’humanité. Le résultat du travail obscur de mille paysans, serfs d’une abbaye, était une abside gothique, dans une belle vallée, ombragée de hauts peupliers, où de pieuses personnes venaient six ou huit fois par jour chanter des psaumes à l’Éternel.

1765. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Cependant, du haut de sa tribune populaire, Mussolini4 parle aux foules de la « production » dans les mêmes termes que Lénine. […] Ils ont longtemps considéré l’art comme la plus haute des valeurs, qui devait être portée à un rang suprême, qui les plaçait eux-mêmes en dehors de la vie pratique. […] Du plus haut au plus infime écrivain, chacun a consenti jusqu’ici à laisser le marchand d’autographes, l’échotier, l’historien, le critique, vivre des miettes qui tombent de notre table ou en nourrir le public. […] Édouard Herriot59 vient de déposer sur le bureau de la Chambre un projet de loi inspiré par les plus généreux sentiments et qui intéresse au plus haut point le monde intellectuel français. […] Cette théorie n’a aucun rapport avec celle des juristes qui, on l’a vu plus haut, séparent artificiellement, dans les lettres privées, le papier du contenir intellectuel, c’est-à-dire l’objet matériel en deux morceaux, comme Salomon qui voulait couper en tronçons l’enfant revendiqué par deux mères différentes.

1766. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il était admirablement doué pour les mathématiques et avait au plus haut degré le don du calcul mental. […] Cette lecture est instructive à un très haut degré, mais elle est antivivifiante ; elle dessèche, corrode, attriste. […] Le haut du visage était admirable de noblesse et de majesté. […] La plus haute manifestation du génie de la France est à ses yeux la Révolution, qui restera dans l’avenir son « nom inexpiable, son nom éternel », et la Révolution symbolise pour lui les idées de justice et de concorde universelle. […] Paradol, dans la lettre citée plus haut, parle avec admiration de cette « brillante et savante leçon » ; — « je ne le connaissais pas encore, dit-il, si souple, si nerveux, si clair et surtout si à son aise.

1767. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

C’est en ces termes que chacun en parlait tout haut en sortant.

1768. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Ce qui est moins noble encore, c’est qu’il y a là des députés qui ont prêté à haute et intelligible voix serment de fidélité à Louis-Philippe et aux institutions de juillet.

1769. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

Le succès même de ces deux dernières tragédies, Virginie et Lucrèce, peut servir à mieux mesurer la décadence et la déchéance des hautes pensées et des espérances ambitieuses qu’on avait d’abord conçues dans cette carrière dramatique, telle qu’elle se rouvrait il y a vingt-cinq ans.

1770. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Victor Hugo Poète, dans ce siècle où la poésie est si haute, si puissante et si féconde, entre la messénienne épique et l’élégie lyrique, entre Casimir Delavigne qui est si noble et Lamartine qui est si grand, vous avez su, dans le demi-jour, découvrir un sentier qui est le vôtre et créer une élégie qui est vous-même.

1771. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Le quatrumvirat, place sous les créneaux de Louis XIV, obtint une victoire facile sur le ridicule, mais il succomba devant l’honnêteté, parce qu’elle était appuyée sur la haute société, qui joignait le bon goût à la délicatesse des mœurs.

1772. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

Son génie n’étoit nullement propre à la haute Poésie.

1773. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Comme un roc sourcilleux tombe dans la campagne, Arraché par les vents du haut d'une montagne, Ou du long cours des ans incessamment miné, Et par l'eau de l'orage enfin déraciné, Son énorme grandeur, par son poids emportée, Avec un bruit horrible en bas précipitée, Roule à bonds redoublés en son cours furieux, Et rompt comme roseaux les chênes les plus vieux ; Tel on vit, &c.

1774. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Au reste, si la Jérusalem a une fleur de poésie exquise, si l’on y respire l’âge tendre, l’amour et les déplaisirs du grand homme infortuné qui composa ce chef-d’œuvre dans sa jeunesse, on y sent aussi les défauts d’un âge qui n’était pas assez mûr pour la haute entreprise d’une Épopée.

1775. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Cette haute valeur est devenue si commune, que le moindre de nos fantassins est plus courageux que les Ajax, qui fuyaient devant Hector, qui fuyait à son tour devant Achille.

1776. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

30 « Mère, voilà ton fils ; disciple, voilà ta mère. » Le christianisme, qui a révélé notre double nature et montré les contradictions de notre être, qui a fait voir le haut et le bas de notre cœur, qui lui-même est plein de contrastes comme nous, puisqu’il nous présente un Homme-Dieu, un Enfant maître des mondes, le créateur de l’univers sortant du sein d’une créature ; le christianisme, disons-nous, vu sous ce jour des contrastes, est encore, par excellence, la religion de l’amitié.

1777. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

On a voulu la rejeter sur des causes politiques : on a dit que si l’histoire ne s’est point élevée parmi nous aussi haut que chez les anciens, c’est que son génie indépendant a toujours été enchaîné.

1778. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

La temperature du climat des Païs-Bas et la nature du sol, y font croître les arbres plus près l’un de l’autre, plus droits, plus hauts et mieux garnis de feüilles, que les arbres de la même espece qui viennent en Grece, en Italie et même en plusieurs provinces de la France.

1779. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

De même Horace parut à l’époque de la plus haute splendeur de Rome ; et chez les Italiens ce genre de poésie n’a été connu qu’à l’époque où les mœurs se sont adoucies et amollies.

1780. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

De là sa haute civilisation. — Les principaux états européens sont de grandes monarchies.

1781. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

C’est une chose digne de remarque, que dans un siècle où des hommes d’une haute éloquence s’efforçaient de chercher des idées nouvelles sur la morale et les sciences, dans un siècle où l’on croyait avoir tout dit, un solitaire inconnu ait publié un livre où tout était nouveau. […] C’est un mélange touchant de douceur et d’énergie, et un modèle de la plus haute éloquence. […] L’air, sans cesse renouvelé par le mouvement des eaux, entretient sur les bords de cette rivière, malgré les ardeurs de l’été, une verdure et une fraîcheur qu’on trouve rarement dans cette île, sur le haut même des montagnes. […] Cet arbre n’était pas si haut que le genou de Virginie à son départ ; mais, comme il croît vite, deux ans après il avait vingt pieds de hauteur, et son tronc était entouré, dans sa partie supérieure, de plusieurs rangs de fruits mûrs. […] Vos chèvres sont devenues sauvages ; vos vergers sont détruits ; vos oiseaux sont enfuis, et on n’entend plus que les cris des éperviers qui volent en rond au haut de ce bassin de rochers.

1782. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Avec une haute intelligence il a fait comprendre la fierté de Chatterton dans sa lutte perpétuelle, opposée à la candeur juvénile de son caractère ; la profondeur de ses douleurs et de ses travaux, en contraste avec la douceur paisible de ses penchants ; son accablement, chaque fois que le rocher qu’il roule retombe sur lui pour l’écraser ; sa dernière indignation et sa résolution subite de mourir, et par-dessus tous ces traits, exprimés avec un talent souple, fort et plein d’avenir, l’élévation de sa joie lorsque enfin il a délivré son âme et la sent libre de retourner dans sa véritable patrie. […] Cette rencontre me révéla une nature d’homme qui m’était inconnue, et que le pays connaît mal et ne traite pas bien ; je la plaçai dès lors très haut dans mon estime. […] « La parole, qui trop souvent n’est qu’un mot pour l’homme de haute politique, devient un fait terrible pour l’homme d’armes ; ce que l’un dit légèrement ou avec perfidie, l’autre l’écrit sur la poussière avec son sang, et c’est pour cela qu’il est honoré de tous, par-dessus tous, et que beaucoup doivent baisser les yeux devant lui. […] La monarchie légitime pour le pays, pour lui une belle carrière militaire couronnée par une haute dignité et un grade illustre sous une maison royale de son choix, c’était l’idéal de sa vie. 1830 avait tout renversé en lui. […] J’avais vu d’assez haut les choses pour ne pas accuser légèrement les hommes.

1783. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Les hautes idées qui dirigent les penseurs sont des soleils qui agissent par leur lumière même et non pas seulement, comme les autres, par une gravitation en apparence indépendante de leur lumière. […] — Mais, objectera-t-on, le jugement consiste à saisir le rapport des termes ; or « les termes sont des images, mais le rapport n’est pas une image. » Nous avons déjà répondu plus haut que, si le rapport n’est pas une image objective (encore est-il tel dans l’intuition de l’espace et du temps), il est l’image ou représentation subjective d’un certain mode de sentir et de réagir : contraste, différence, ressemblance, etc., avec les mouvements corrélatifs de l’appétit. […] Les partisans de l’esprit pur, qui supposent que la pensée pure établit seule un lien entre les intuitions sensibles et les compare du haut de son unité, retournent en somme à l’ancienne théorie du jugement ; ils traitent les sensations, appétitions et motions consécutives comme des atomes sans lien qui auraient ensuite besoin d’être reliés par l’esprit. […] Nous faisons ainsi toujours dériver nos nécessites d’une source plus haute, mais sans pouvoir atteindre les principes absolument premiers des choses. […] L’imagination peut représenter l’idéal par des formes, par des sentiments, par des actions : de là naissent l’art, la religion, la morale même, car c’est un art en action que la moralité : les génies créateurs et inventeurs dans la morale sont ceux qui ont pu trouver et représenter dans leurs actions les formes les plus hautes de la bonté, du courage, de la force d’âme, de l’empire sur les passions, de la sagesse.

1784. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Pour développer et apprécier en même temps cet avantage, il est nécessaire de remonter plus haut, et d’examiner d’abord sur quels principes, et de quelle manière on tâche de se procurer cette espèce de gloire qui est fondée sur les talents. […] Telle est l’utilité vraie ou prétendue que les gens de lettres croient retirer pour leur réputation du commerce des grands : j’entends par ce mot tous ceux qui sont parvenus, soit par leurs ancêtres, soit par eux-mêmes, à jouir dans la société d’une existence considérable ; car la puissance du prince qui dans un État aussi monarchique que le nôtre est proprement le seul grand seigneur, a confondu bien des états ; l’opulence, ce gage de l’indépendance et du crédit, se place volontiers de sa propre autorité à côté de la haute naissance, et je ne sais si on a tort de le souffrir ; il semble même que les états inférieurs qui sont privés de l’un et de l’autre de ces avantages, cherchent à les mettre sur la même ligne, pour diminuer sans doute le nombre des classes d’hommes qui sont au-dessus de la leur, et rapprocher les différentes conditions de cette égalité si naturelle vers laquelle on tend toujours même sans y penser. […] J’en appelle à ces productions avortées que leurs illustres auteurs condamnent avec tant de raison à ne point sortir de l’obscurité, et que méprisent tout bas ceux qui les connaissent, après les avoir louées tout haut ; j’en appelle surtout à la manière dont le public en pense, lorsque, par quelque malheur ou quelque maladresse de la vanité, elles osent se montrer à la lumière. […] Indépendamment des exceptions que j’ai mises plus haut à cette règle, quelques considérations particulières obligent encore de la modifier et de la restreindre. […] Ses succès et sa gloire sont un exemple bien sensible de ce que nous disions plus haut, que l’autorité des gens de lettres l’emporte à la longue : c’est à leur suffrage qu’il doit, après lui-même, la [réputation dont il jouit malgré la cabale et l’envie.

1785. (1884) La légende du Parnasse contemporain

» et les morceaux de haut goût où il suffit de s’écrier : « L’âme est immortelle » ou « Le chien est l’ami de l’homme » pour être considéré comme un penseur. […] Mais le haut du visage gardait une magnifique expression de fierté et de sérénité. […] Ceci ne veut point dire, entendez-moi bien, que j’accorde une haute valeur à mes poèmes récents ! […] Sabres au flanc, l’éventail haut, il va. […] Mais notre plus haute gloire, nous ne la tirerons pas de notre œuvre même ; nous la devrons à celui ou à ceux qui procéderont de nous.

1786. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

… — Vous pouvez parler plus haut, dit M.  […] du haut de ces monuments, quarante siècles vous contemplent !  […] Un des joueurs lut tout haut la signature de ce billet, qui sentait l’ambre. […] Il laisse échapper tout haut ses impressions par des demi-mots, des gestes qui attirent sur lui l’attention des voisins […] Il causera tout haut, émaillant sa conversation de noms propres et de mots qui ne le sont pas.

1787. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Jamais le talent de Pétrarque ne s’est élevé plus haut qu’en racontant la mort de Laure. […] L’envie, sous peine de manquer à sa nature, ne va jamais tête haute. […] À Milan, il rencontre une cantatrice, Teresa Cesarini, qui a quitté le théâtre pour épouser un Français, M. de Montaigne, réservé, comme Ernest, aux plus hautes destinées. […] Dans le vers blanc, le choix des moindres expressions est d’une haute importance. […] La préface placée en tête de l’ouvrage et datée de Paris, révèle chez l’auteur une haute opinion de lui-même.

1788. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Et il ne peut y avoir entre les deux pays que des sentiments de haute estime et d’affection qui unissent des collaborateurs. […] Ces écrivains, dont plus haut déjà nous avons tenté de fixer certaines particularités, communient dans le culte de leur terre natale. […] On n’oserait la lire à voix trop haute : sa gracilité mystérieuse oblige au recueillement. […] En apercevant la chère terre de Flandre, il trouve, pour la chanter, de ces accents vigoureux avec tendresse, par quoi se livre une âme belle et haute. […] Wilmotte donna, en 1911, une série de conférences à la Sorbonne et, l’année précédente, Dwelshauwers, à l’École des hautes études sociales.

1789. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

ne seroient point du tout déplacés dans le haut comique. […] (Gramm.) est le superlatif de haut & d’altier ; ce mot ne se dit que de l’espece humaine. […] On peut être haut dans l’occasion avec bienséance. […] L’ame haute est l’ame grande ; la hautaine est superbe. On peut avoir le coeur haut, avec beaucoup de modestie ; on n’a point l’humeur hautaine sans un peu d’insolence.

1790. (1902) La poésie nouvelle

On disait : plus le métal est dur, plus l’œuvre du ciseleur y sera définitivement gravée ; — ou bien encore, suivant la science hydraulique : plus est étroit l’orifice, et plus s’élèvera haut, vers le ciel, le jet. […] Et là encore, il semble donc se rapprocher, suivant une évolution semblable à celle que subit notre ancienne histoire littéraire, de ce Malherbe que, jadis, il réprouvait, bien qu’il déclarât en savoir déjà « priser les hauts dons ». […] Si la Dame n’était puissante et haute‌ Et pardonnante à tous, j’aurais prié en vain.‌ […] Il s’en revient de l’aventure terrible et scandaleuse où, dans le cri farouche des buccins de cuivre, l’épée haute et le gonfalon d’orgueil gonflé par le vent de victoire, il chevauchait vers « le prestige casqué des fausses Destinées ». […] S’adressant un jour « aux jeunes gens pressés », l’auteur de la Chevauchée d’Yeldis écrivait : « Savez-vous qu’on a peur de nommer trop haut celui qu’on estime, de peur que la gloire ne l’enlève, et le gâte, et l’annule ?

1791. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort. […] Il les dirigeait, lui, si discrètement, et de si haut, que, ne se sentant pas asservies, elles ne se croyaient pas dirigées : il se contentait d’offrir, de sa raison à leur raison, des principes généraux de conduite. […] Quand les heureux, les grands, les habiles l’écoutent, il prêche sur l’ambition, sur l’impénitence finale, sur l’honneur du monde, sur la justice : il expose la haute philosophie de la religion ou discute les objections raffinées des esprits forts. […] (cf. plus haut). — A consulter : Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 

1792. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

C’était en même temps la plus haute qu’ils pussent prendre. […] Le parlement n’avait pu voir, sans jalousie, l’institution d’une sorte de juridiction nouvelle sur les plus hautes productions de l’esprit. […] Cette amitié, il s’en fait honneur devant tous ; il en fatigue les jésuites qui le viennent visiter à Auteuil ; les échos de son jardin retentissent de tout ce qu’il dit, non seulement du génie d’Arnauld, de l’étendue de ses connaissances, deux points sur lesquels les jésuites sont d’accord avec lui, mais d’autres qualités qui leur font jeter les hauts cris, la droiture de son esprit, la candeur de son âme, la pureté de ses intentions. […] Il dit de saint Charles Borromée : « Dieu l’autorisa… par son illustre naissance parmi les honnêtes gens du monde, par sa dignité de cardinal parmi les ecclésiastiques et les princes, par ses grandes richesses parmi les pauvres, par sa haute piété parmi les bons, par ses humiliations parmi les pécheurs… » Et plus loin : « Il lui donna une force d’esprit extraordinaire pour entreprendre de graves choses ; une constance immobile pour les exécuter et les achever ; une charité ardente et généreuse pour marcher sans crainte parmi la peste, parmi les torrents ; une vigueur de corps infatigable pour visiter incessamment son diocèse ; une humilité de pénitent public pour confondre l’impénitence publique ; enfin, toutes les qualités divines et héroïques nécessaires à un évêque pour réformer les désordres de l’Église, et pour abolir cet abus si déplorable des confessions imparfaites, des absolutions précipitées, des satisfactions vaines, et des communions sacrilèges. » 70.

1793. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Lorsque d’Alembert fut reçu à l’Académie française en 1754, son élection fut très combattue et traversée de beaucoup d’obstacles, « et même il passe pour constant, rapporte La Harpe, qu’il y avait un nombre de boules noires plus que suffisant pour l’exclure, si Duclos, qui ne perdait pas la tête et qui était en tout hardi et décidé, n’eût pris sur lui de les brouiller dans le scrutin, en disant très haut qu’il y avait autant de boules blanches qu’il en fallait ». […] Duclos, dans le monde, se déclarait tout haut incompatible avec les fourbes et les méchants.

1794. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Pierre Jeannin, l’une des gloires de la Bourgogne, né à Autun, en 1540, d’un père tanneur qualifié citoyen et échevin de la ville, et qui, bien que sans lettres, était réputé homme de très grande vertu et de très grand sens, offre par son exemple une preuve de plus qu’avec du mérite, et tout en étant du tiers état, on s’élevait et on parvenait très haut dans l’ancienne monarchie ; même avant la Ligue, il était dans une belle voie d’honneur et de considération dans sa province. […] Dès son entrée au barreau, il fut reconnu de tous, dit Saumaise, « facile aux affaires, subtil aux conseils, fertile aux raisons, haut à parler et profond à écrire ».

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Montluc, qui nous a conservé ses paroles, sentit là ce premier et poignant aiguillon de la louange qui, parti de haut, fait faire ensuite l’impossible aux gens de cœur. […] François Ier, qui était à Avignon, avait plusieurs fois exprimé tout haut le désir qu’on détruisît lesdits moulins, et y attachait de l’importance ; mais chacun rebutait à l’exécution pour un danger si réel à la fois et bien peu chevaleresque.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

L’une de ces pièces s’adresse à un mort ou à une morte chérie : À un esprit qui s’en est allé Du haut des brillantes étoiles, ou du sein de l’air invisible, ou de quelque monde que n’atteint point l’humaine pensée, Esprit ! […] Ton esprit, nourri parmi ces collines et ces ombrages, a-t-il toujours respecté ses premiers et ses plus hauts songes ?

1797. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Eh bien même à travers cette guerre immense et laborieuse, les années 1691, 1692, 1693, sont encore fort belles, et continuent de donner une bien haute idée de Louis XIV. […] Il lui dit tout haut, dès qu’il l’aperçoit : « Je suis très content de vous et de toute la marine ; nous avons été battus, mais vous avez acquis de la gloire et pour vous et pour la nation.

1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Maxime du Camp (il est juste de s’en souvenir en jugeant le poète) est avant tout un voyageur, un voyageur consciencieux, infatigable, qui voit tout des lieux lointains qu’il visite, et qui de cette Haute Égypte, de cette Nubie presque inaccessible, rapporte non seulement des images brillantes, propres à orner des pages de récits, mais les empreintes positives des lieux et des monuments obtenues à l’aide des procédés modernes courageusement appliqués sous le soleil. […] Quand les hommes forts de notre race ont paru dans la foule, quand Victor Hugo, Lamartine, Auguste Barbier, Alfred de Vigny, Balzac, ont parlé, il s’est fait tout à coup un grand silence autour d’eux ; on a recueilli religieusement chacune de leurs paroles, on a battu des mains, et, d’un seul élan, on les a placés si haut que nul encore de nos jours n’a pu les atteindre.

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Sous ses airs de naïveté et de bonhomie, ne le jugez pas trop modeste : il avait une haute idée de sa supériorité ; il ne pardonna jamais à l’Académie française de l’avoir fait attendre. […] M. de Laval, depuis ambassadeur à Rome, à Vienne, à Londres, se montra partout au niveau, sinon au-dessus de ces hautes fonctions.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Et n’a-t-il pas mérité que le plus auguste et le plus glorieux des patriotes, celui qui a reporté plus haut qu’il n’avait été placé depuis quarante-cinq ans le drapeau de la France, le désignât du nom auquel on le reconnaît d’abord, en l’appelant un historien national ? […] Et s’il est arrivé que, lui sorti de la scène politique, la France n’ait point dépéri ; que cet être collectif, cet être idéal et redoutable qu’on appelait la coalition, et qui est demeuré pendant tant d’années un grand spectre dans l’imagination des gouvernants, ait été conjuré enfin par un enchanteur habile et puissant ; que la France soit redevenue elle-même tout entière sur les champs de bataille anciens et nouveaux et dans les conseils de l’Europe ; si, à cette heure même où nous écrivons, une province, une de ses pertes, est recouvrée par elle et lui est acquise, moins à titre d’accroissement que de compensation bien due, et aussi comme un gage manifeste de sa pleine et haute liberté d’action, on est sûr qu’en cela du moins le cœur de l’historien du Consulat et de l’Empire se réjouit ; que si une tristesse passe sur son front, c’est celle d’une noble envie et de n’avoir pu, à son heure, contribuer pour sa part à quelque résultat de cet ordre, selon son vœu de tous les temps ; mais la joie généreuse du citoyen et du bon Français l’emporte.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

L’homme, il faut le savoir, peut s’élever très haut par la culture, par l’effet continu et sans cesse agissant de la civilisation ; mais, en fait, le point de départ, dans quelque doctrine qu’on se place, et que l’on se reporte au dogme mystérieux de la Chute, ou que l’on se tienne à l’observation naturelle directe, le point de départ a été très bas et infime. […] Biot, Je prends très haut, comme on voit, mon point d’opposition.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

J’ai été porté plus haut contre mon gré. […] Je me risquerai donc, à propos de cette singulière modestie de Joubert, à rappeler la pensée d’un moraliste de l’école de La Rochefoucauld : Une modestie obstinée et permanente est un signe d’incapacité pour les premiers rôles, car c’est déjà une partie bien essentielle de la capacité que de porter hardiment et tête haute le poids de la responsabilité ; mais de plus cette modestie est d’ordinaire l’indice naturel et le symptôme de quelque défaut, de quelque manque secret ; non pas que l’homme modeste ne puisse faire de grandes choses à un moment donné, mais les faire constamment, mais recommencer toujours, mais être dans cet état supérieur et permanent, il ne le peut, il le sent, et de là sa modestie qui est une précaution à l’avance et une sorte de prenez-y-garde.

1803. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Les lettres de réconfort et d’encouragement que lui adressent coup sur coup les directeurs Barras, Merlin et La Réveillère, sont un témoignage à la fois de la haute confiance qu’il inspirait, et des peines morales sous lesquelles il se disait accablé. […] Sieyès, qui avait au plus haut degré le sentiment des situations, qui avait compris et proclamé le premier la Révolution commençante, et qui était le premier encore à deviner et à désigner la solution par où elle allait finir, gagnait chaque jour en influence.

1804. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Fervel est très juste et d’une haute appréciation morale. […]  » Arrivé à l’armée des Pyrénées, il parlait sans cesse de son commandant d’artillerie de Toulon, et imprimait de lui la plus haute idée dans l’esprit des généraux et officiers qui, depuis, passèrent de l’armée d’Espagne à celle d’Italie ; « de Perpignan, il lui envoyait des courriers à Nice lorsqu’il remportait des succès.

1805. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Cependant je ne veux pas nier que Arndt, Kœrner et Rückert ont eu quelque action. » Ici le bon Eckermann eut une distraction, et sans trop y penser, mettant le doigt sur un point délicat, il dit à Gœthe : « On vous a reproché de ne pas avoir aussi pris les armes à cette époque, ou du moins de n’avoir pas agi comme poëte. » Gœthe, touché à un endroit sensible, tressaillit un peu, et, tout ému, il trouva, pour répondre, de bien belles et hautes paroles : « Laissons cela, mon bon ! […] Eckermann, homme d’un talent personnel qui, seul et de lui-même, ne pouvait atteindre bien haut, s’est choisi la bonne part.

1806. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve  siècle ; — oh ! […] Jésus Ce sera haut pendu en croix.

1807. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Et le père, de jour en jour, d’admirer davantage son fils, et de s’en faire une plus haute idée. […] Le père enchanté s’empresse d’accepter ; parole est donnée ; on prend jour pour les noces. — « Mais alors, demande le bon Sosie, dont la curiosité est éveillée au plus haut degré, qu’est-ce qui empêche donc que ce ne soient de vraies noces ? 

1808. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Le comte de Clermont avait eu, en effet, d’abord cette noble pensée ; mais, à peine nommé et la chose éclatant aux applaudissements du public, il eut aussitôt à combattre les objections de ses entours, de ses hauts parents les autres princes. […] Ce sont là des signes qui parlent plus haut que tous les raisonnements.

1809. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Si ces eaux de l’Ellé et du Scorf n’ont pas plus de courant en été, descendez dans ce lit embaumé d’herbes hautes à forte senteur : il y a le genêt à fleurs d’or. […] Jacques est une belle idée : un pauvre homme du peuple, un maçon qu’on a vu le matin quitter sa femme et son enfant, tombe, ou plutôt se précipite du haut d’un toit, victime d’un dévouement héroïque.

1810. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Qu’opposer à des femmes dont les unes ont porté jusque dans le cloître des âmes plus hautes que celles des héroïnes de Corneille, et dont les autres, après toutes les vicissitudes et les tempêtes humaines, ont eu l’heur insigne d’être célébrées et proclamées par Bossuet ? […] Elles sont d’une expérience consommée, d’une haute sagesse, et charmantes encore jusque dans le suprême désabusement.

1811. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Il faut s’en tenir aux principes universels de la haute littérature, et n’écrire que sur les sujets où il suffit de la nature et de la raison pour se guider. […] On ne doit pas se mettre au niveau du plus grand nombre, mais tendre au plus haut terme de perfection possible : le jugement du public est toujours, à la fin, celui des hommes les plus distingués de la nation.

1812. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Toute science aboutit à des vues d’ensemble, hasardeuses, si l’on veut, mais que pourtant on aurait tort de se refuser, car elles sont le couronnement du reste, et c’est pour monter à ce haut belvédère que, de génération en génération, on a bâti. […] Si la première n’était pas remplie, la plus haute loi mécanique serait fausse.

1813. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

On s’est demandé souvent par quel effort de génie il avait su porter si haut un genre si mince : c’est tout simplement qu’il l’a ajuste à sa taille. […] Bussy et Mme de Sévigné423 nous ont laissé des témoignages décisifs du succès du bonhomme : et qui peut mieux représenter qu’eux le goût de la haute société du xvie  siècle ?

1814. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Richer en a donné une description dans le quatrième tome du Mercure français (1615) : « Elle est, dit-il, de dix-huit toises de longueur sur huit de largeur ; au haut de laquelle il y a encore un demi-rond de sept toises de profondeur sur huit toises et demie de large, le tout en voûte semée de fleurs de lys. […] Il faut convenir aussi que cet excellent acteur possédait à un si haut degré de perfection ce merveilleux talent, qu’il touchait plus de cœurs par les seules simplicités d’une pure nature que n’en touchent d’ordinaire les orateurs les plus habiles par les charmes de la rhétorique la plus persuasive.

1815. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Un philosophe explicateur dirait : un fait divers est un moment d’infini et d’éternité, fonction de toute réalité dans l’infini spatial et temporel, fonction de toute pensée dans l’échelle illimitée des compréhensions ; notre conception d’un fait divers est un échelon entre une infinité d’autres conceptions, symbolisations psychologiques (dont on peut imaginer la hiérarchie) supérieure ou inférieure d’un même concret ; le rêve est l’effort vers les traductions symboliques les plus hautes. […] Comme nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du Mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut.

1816. (1890) L’avenir de la science « XII »

C’est le caractère et la gloire de la science moderne d’arriver aux plus hauts résultats par la plus scrupuleuse expérimentation et d’atteindre les lois les plus élevées de la nature, la main posée sur ses appareils. […] Si les plus hautes vérités peuvent sortir de l’alambic et du creuset, pourquoi ne pourraient-elles résulter également de l’étude des restes poudreux du passé ?

1817. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Rousseau, quand il trace le dessin d’un verger selon ses rêves, a soin de border les limites de cet Elysée d’une rangée de grands arbres, afin que la vue ne s’égare pas sur les hautes montagnes environnantes : il emprisonne le regard dans le fouillis frais et vert où se complaît sa rêverie. […] On sait assez que le théâtre devint pour Voltaire une [tribune publique du haut de laquelle il attaquait ses adversaires et prêchait des idées neuves.

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