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1367. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Le nombre s’est fort accru depuis, et en février 1847 on écrivait de Padoue que le comte Léopold Ferri venait de mourir en cette ville, laissant une bibliothèque unique en son genre, exclusivement composée d’ouvrages écrits par des femmes en toutes langues et de tout pays : « Cette bibliothèque, disait-on, forme près de trente-deux mille volumes. » Dorénavant, il ne faudra plus essayer de compter. […] Il a écrit en français un petit traité intitulé Méthode pour commencer les humanités grecques et latines, qui est le résumé de son expérience et qu’il faut mettre à côté des écrits de Messieurs de Port-Royal en ce genre. […] Par malheur, en touchant si juste dans son attaque contre cette fausse veine, Mme Dacier, préoccupée des idées d’école, donnait à l’instant dans une erreur d’un autre genre ; elle croyait pouvoir offrir dans Homère la perfection et jusqu’à la symétrie du poème épique, tel que le système en avait été autrefois trouvé par Aristote et surtout tel que l’avait récemment présenté dans un traité ad hoc un savant chanoine, le père Le Bossu ; et, par là, elle allait prêter le flanc aux gens d’esprit qui, battus ou repoussés sur une des ailes de leur corps de bataille, prendront leur revanche sur l’autre aile.

1368. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Après le licenciement des gardes du roi, il se retira dans son Périgord, à sa terre de Grateloup, sorte de château dans le genre de celui de Montaigne, avec colombier et tourelle gothique49. […] Son idéal en ce genre, autant qu’on l’entrevoit à travers ses regrets, serait une sorte de gouvernement paternel et de famille, avec des influences locales et territoriales et beaucoup de décentralisation. […] C’est, ce semble, une grande patience de rouler ainsi le rocher de Sisyphe… Mon état physique et moral, dont je suis toujours plus mécontent, est une croix intérieure, près de laquelle toutes les croix extérieures ne sont rien. » Un jour qu’il est chargé d’un rapport sur les pétitions, ce qui n’est jamais très inspirateur, il s’écrie, pensant bientôt à tout autre chose et à ses difficultés dans tous les genres de travaux : « Je m’ennuie de mes propres idées ; je ne suis satisfait d’aucune de celles qui se présentent ; j’efface à mesure que j’écris.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Voltaire, dans sa liste des écrivains français du siècle de Louis XIV, lui accorde du moins ce genre de mérite : « Michel, abbé de Villeloin, composa soixante-neuf ouvrages, dont plusieurs étaient des traductions très utiles dans leur temps. » Un écrivain de ce temps-là même, Sorel, dans sa Bibliothèque française, semble mettre ce fait d’utilité hors de doute, lorsque dans une page laudative, et que Marolles n’eût pas écrite autrement si on la lui eût demandée, il disait : Entre tous les auteurs qui se sont occupés à traduire dans ce siècle-ci, on n’en saurait nommer un qui ait travaillé à plus d’ouvrages et avec une assiduité plus grande qu’a fait M. de Marolles, abbé de Villeloin. […] Il trouve des expressions significatives pour rendre l’espèce de répulsion et de frayeur qu’il avait produite : « Un silence profond de ceux qui étaient auparavant mes amis dans les lettres, et qui m’ont abandonné depuis, comme si je les avais offensés de leur avoir donné de mes livres, m’a fait assez apercevoir du sentiment public sur ce sujet26. » Je ne sais si l’on trouverait un autre exemple, un autre cas aussi caractérisé de discrédit que celui de Marolles ; c’est un phénomène à étudier dans son genre. […] Il faut l’entendre parler de cette source de curiosité aimable : « J’ai parfaitement aimé ces choses-là, dit-il, et je les aime encore… Ceux qui ont été une fois touchés de cette sorte d’affection ne la sauraient presque abandonner, tant elle a de charmes par son admirable variété. » Il avait la mémoire présente de tout ce qu’il possédait en ce genre : on pouvait lui montrer une pièce quelconque ou antique ou moderne, il disait à l’instant s’il l’avait ou non parmi les siennes, et, dans ce dernier cas, il indiquait l’endroit juste où elle était classée : « Ce serait peut-être malaisé à croire d’un nombre aussi prodigieux que l’est celui des estampes que j’ai assemblées, si je ne l’avais éprouvé plusieurs fois.

1370. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Puis on avait eu affaire aux systématiques de tout genre et de tout bord, inventant des, formules ultra-catholiques, ultra-révolutionnaires, après coup. […] Ce récit, fort imprévu de la part d’un tel homme, est simple, naturel, exempt (ce qu’on aura peine à croire) de toute déclamation, et empreint d’un cachet de vérité que j’aime avant tout dans les écrits de ce genre. […] Enfin le prieur, dom Le Noble, homme jeune encore, qui l’avait pris en amitié, eût achevé de le désabuser, s’il lui était resté des illusions sur ce genre de vie ; car il la lui dépeignait d’après ce qu’il avait sous les yeux, avec toutes les misères, les rivalités et les envies intestines qu’elle recelait, avec les imbécillités et les démences qui en étaient trop souvent le terme et le résultat.

1371. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Entendant louer toujours la campagne romaine avec ses riches teintes, il avouait ingénument que ce genre de beauté pittoresque échappait tout à fait à ses yeux, « pour lesquels le rayon rouge n’existait pas. » Mais soit qu’il en fût autrement pour lui dans la jeunesse, soit que l’amour-propre du colon et du propriétaire aiguisât sa vue et suppléât à son organisation, il a su nous rendre parfaitement ce qu’il regardait tous les jours, et il s’y est glissé un éclair de poésie ou de sentiment de la nature qu’il n’a jamais retrouvé depuis. […] Ce genre de beauté est aussi celui des plaines toscanes, et elles le possèdent au plus haut degré : « Mais, ajoute l’agronome amateur, les collines qui s’élèvent autour d’elles unissent les grâces à l’opulence et étalent les trésors de la campagne comme un accessoire seulement des charmes de la perspective. […] Bonstetten, l’aimable, le léger, l’étourdi, l’éternellement jeune, sur lequel glissent les années et les chagrins, que la douleur n’atteint pas, « car l’imagination est le fond de son être, c’est par elle qu’il est sensible et par elle qu’il est consolé » ; Bonstetten, qui, dans un temps loge avec Sismondi sons le même toit, et qui le taquine souvent ou le désole par ses malices, par ses pétulances, par ses frasques ; à qui ridée prend subitement un jour de demander la mère de son ami en mariage ; Bonstetten qui a au moins vingt-cinq ans de plus que lui, et que Sismondi ne peut s’empêcher cependant de regarder, comme un jeune homme qui lui serait recommandé et confié ; le même « qui oublie, il est vrai, ses amis à tous les moments du jour, mais qui, aussi, ne les abandonne jamais » ; cet espiègle qui communique quelque chose de sa vivacité et de son genre d’esprit à tous ceux qui veulent le définir, Bonstetten n’est qu’un contraste : Schlegel était une antipathie.

1372. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Autrefois, quand on ouvrait un livre de ce genre, un roman nouveau, on voulait être touché, ému, intéressé : maintenant, et depuis longtemps, on veut être empoigné, c’est le mot, — violent et dur comme la chose. […] Fromentin se rattache à l’école des maîtres et des modernes classiques en ce genre : J. […] Je n’analyserai pas davantage et avec plus de détail ce roman du genre intime, et dont le charme est tout entier dans le développement et les nuances.

1373. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann pour venir nous entretenir ainsi, nous qui ne sommes pas de sa famille, et nous informer en détail de ses historiettes de société et de ses impressions de tout genre ? […] Alors, me supposant l’amie d’un homme à pendre, je suis devenue l’objet de la considération et de l’intérêt général, ce qui m’a valu des confidences de tous les genres et très nouvelles pour moi, je vous jure ; j’en ai bien fait rire notre ami. Cette histoire est la comédie du genre : celle de Magalon en est le drame… » En lisant cette lettre de Mme Sophie Gay, ne croirait-on pas lire déjà un piquant feuilleton de sa fille ?

1374. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Oberman, en effet, quand on le lit à un certain âge et dans une certaine disposition d’âme, doit provoquer un enthousiasme du genre de celui que Young, Ossian et Werther inspirèrent en leur temps. […] Aux heures propices de liberté, il s’essayait dès lors à ce roman de son cœur. « Plusieurs fois j’étais dans les bois avant que le soleil parût ; je gravissais les sommets encore dans l’ombre, je me mouillais dans la bruyère pleine de rosée ; et, quand le soleil paraissait, je regrettais la clarté incertaine qui précède l’aurore ; j’aimais les fondrières, les vallons obscurs, les bois épais ; j’aimais les collines couvertes de bruyère ; j’aimais beaucoup les grès renversés, les rocs ruineux ; j’aimais bien plus ces sables vastes et mobiles dont nul pas d’homme ne marquait l’aride surface sillonnée çà et là par la trace inquiète de la biche ou du lièvre en fuite. » Si l’on a le droit de conclure d’Oberman à M. de Sénancour, genre de conjecture que je crois fort légitime pour les livres de cette sorte, en ne s’attachant qu’au fond du personnage et à certains détails caractéristiques, il paraît que, dans une de ses courses à travers la forêt, le jeune rêveur fut conduit, à la suite d’un chien, vers une carrière abandonnée, où un ouvrier, qui avait pendant plus de trente ans taillé des pavés près de là, n’ayant ni bien ni famille, s’était retiré, pour y vivre d’eau, de pain et de liberté, loin de l’aumône et des hôpitaux. […] Le genre humain en masse est perdu sans retour ; il se rue en délire selon une pente de plus en plus croulante ; il n’y a plus de possible que des protestations isolées, des fuites individuelles au vrai : « Hommes forts, hâtez-vous, le sort vous a servis en vous faisant vivre tandis qu’il en est temps encore dans plusieurs contrées ; hâtez-vous, les jours se préparent rapidement où cette nature robuste n’existera plus, où tout sol sera façonné, où tout homme sera énervé par l’industrie humaine. » L’athéisme, le naturisme de ce Spinosa moins géométrique que l’autre, et poétiquement rêveur, nous rappelle toutefois le raisonneur enthousiaste dans sa sobriété chauve et nue, de même que cela nous rappelle, par l’effet des peintures, par l’inexprimable mélancolie qui les couvre et l’effroi désolé qui y circule, Lucrèce, Boulanger, Pascal et l’Alastor du moderne Shelley. — Shelley !

1375. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs. […] Mlle de Liron est blanche comme le lait ; elle a de beaux cheveux noirs et des yeux d’un bleu de mer, genre de beauté assez commun parmi les femmes du Cantal où sa mère était née. […] Ceux qui feront attention à la date de cet article (juillet 1832) remarqueront que c’est la première fois peut-être qu’il était question de ce genre et de ce mot Roman intime, dont on a tant abusé depuis.

1376. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Il est vrai, une petite phrase fut extraite d’un dialogue rapide de Molière : la plupart se plurent à inclure en elle toute la dramatique de ce poète ; puis la paresse des généralisateurs pressés y découvrit le définition universelle du genre. […] La logique nous invite à déterminer la condition de l’œuvre d’art, ensuite à distinguer le cas particulier de l’art dramatique ; en termes de l’école : à définir par le genre prochain et par la différence spécifique. […] Les excès de la décoration scénique sont autant de conquêtes du spectacle sur le théâtre : l’Ambigu, la Porte-Saint-Martin, le Gymnase sont en train d’évoluer d’un genre à l’autre.

1377. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Il est vrai, une petite phrase fut extraite d’un dialogue rapide de Molière : la plupart se plurent à inclure en elle toute la dramatique de ce poète ; puis la paresse des généralisateurs pressés y découvrit la définition universelle du genre. […] La logique nous invite à déterminer la condition de l’œuvre d’art, ensuite à distinguer le cas particulier de l’art dramatique ; en termes de l’école : à définir par le genre prochain et par la différence spécifique. […] Les excès de la décoration scénique sont autant de conquêtes du spectacle sur le théâtre : l’Ambigu, la Porte-Saint-Martin, le Gymnase sont en train d’évoluer d’un genre à l’autre.

1378. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Il y a des personnes peut-être qui s’imaginent qu’il suffit d’être riche, d’avoir un bon cuisinier, une maison confortable et située dans un bon quartier, une grande envie de voir du monde, et de l’affabilité à le recevoir, pour se former un salon : on ne parvient de la sorte qu’à ramasser du monde pêle-mêle, à remplir son salon, non à le créer ; et si l’on est très riche, très actif, très animé de ce genre d’ambition qui veut briller, et à la fois bien renseigné sur la liste des invitations à faire, déterminé à tout prix à amener à soi les rois ou reines de la saison, on peut arriver à la gloire qu’obtiennent quelques Américains chaque hiver à Paris : ils ont des raouts brillants, on y passe, on s’y précipite, et, l’hiver d’après, on ne s’en souvient plus. […] Mme Geoffrin, bien observée, me paraît avoir été, par la nature de son esprit, par la méthode de son procédé, et par son genre d’influence, le Fontenelle des femmes, un Fontenelle plus actif en bienfaisance (nous reviendrons tout à l’heure sur ce trait-là), mais un vrai Fontenelle par la prudence, par la manière de concevoir et de composer son bonheur, par cette manière de dire, à plaisir familière, épigrammatique et ironique sans amertume. […] On s’entretenait autour de son lit des moyens que les gouvernements pourraient employer pour rendre les peuples heureux, et chacun d’inventer de grandes choses : « Ajoutez-y, dit-elle, le soin de procurer des plaisirs, chose dont on ne s’occupe pas assez. » Elle mourut sur la paroisse de Saint-Roch, le 6 octobre 1777. — Le nom de Mme Geoffrin et son genre d’influence nous ont naturellement rappelé un autre nom aimable, qu’il est trop tard ici pour venir balancer avec le sien.

1379. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin, en s’élevant à ce genre de compositions nouvelles, suivait encore son naturel sans doute, mais il s’était mis à le diriger, à le perfectionner ; cet homme, qui avait lu peu de livres, avait médité en lisant à celui du cœur et de la nature, et il entrait dans la voie de l’art véritable, où un travail secret et persévérant préside à ce qui paraîtra le plus éloquemment facile et le plus heureusement trouvé. […] Son troisième volume de Poésies, qui est sur le point de paraître, me fournit maint sujet soit dans le genre de l’épître, soit dans celui du poème. […] Dans ces pièces familières du genre de l’épître et de l’idylle, je n’en sais pas qui le peigne mieux que celle qui a pour titre : Ma vigne, adressée à une dame de ses compatriotes qui habite Paris.

1380. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Examinant ses traductions en elles-mêmes, des érudits et des critiques exacts y ont relevé des fautes, des inadvertances, des infidélités de divers genres. […] Que l’on se figure, si l’on peut, le précepteur d’un fils de roi, depuis Bossuet jusqu’au digne et docte précepteur de M. le comte de Paris, s’avisant d’égayer par une publication de ce genre les travaux de son grave préceptorat. […] Or, Amyot est un Rollin plus fort, venu cent cinquante ans auparavant, qui a eu l’initiative dans son genre, qui a le premier donné l’exemple d’une grande traduction d’après le grec en français, et qui a eu le génie de la diction toutes les fois que la pensée d’un ancien lui a souri.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Gourville, en effet, de retour en France, et au terme de ses aventures, demanda au prince de Condé de lui accorder la jouissance, sa vie durant, de la capitainerie de Saint-Maur, et il y fit de la dépense en bâtiments et en jardins : ce genre de folie, remarque-t-il en s’en confessant légèrement atteint, était une des maladies qui couraient de ce temps-là. […] Mazarin, qui aime assez ce genre de caractère, et qui lui reconnaît de l’esprit et de l’industrie, l’engage à entrer dans les finances ; et c’est ici que se placent les relations de Gourville avec le surintendant Fouquet, desquelles nous avons déjà dit quelque chose. […] « Il m’a souvent passé par l’esprit, dit Gourville, que les hommes ont leurs propriétés à peu près comme les herbes61, et que leur bonheur consiste d’avoir été destinés ou de s’être destinés eux-mêmes aux choses pour lesquelles ils étaient nés. » Et, s’appliquant cette pensée à lui-même, il ajoute : « J’oserais quasi croire que j’étais né avec la propriété de me faire aimer des gens à qui j’ai eu affaire, et que c’est cela proprement qui m’a fait jouer un assez beau rôle avec tous ceux à qui j’avais besoin de plaire. » Gourville fit bien des conquêtes en ce genre, mais la plus difficile, et qui prouve le plus pour lui, fut celle de Colbert.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Necker, et il retint de son père ce fonds de principes politiques qui, recouvert par tant d’événements et de pensées de tout genre, subsista toujours en lui. […] Il y prend part de son bras ; il en jouit aussi avec l’intelligence d’un guerrier qui entre dans les calculs du chef et qui comprend avec enthousiasme ce genre d’idéal : une géométrie sublime et vaste qui ne se réalise à chaque instant que par l’héroïsme. […] Quelques-unes des manœuvres qu’il fit en présence de Wellington, les deux armées se côtoyant, s’observant durant des jours, et chacun des adversaires évitant de s’engager à moins de se sentir l’avantage, sont des modèles du genre.

1383. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud, de ceux-là dont il a accueilli l’un des premiers et favorisé la jeunesse, et que moi-même je l’ai assez de fois écouté et vu pour pouvoir ressaisir et définir avec sûreté le genre de distinction de sa personne et le grain de son esprit. […] Cette antipathie personnelle (et il en eut très peu de ce genre) est un des traits à noter en lui5. […] Michaud publia son Printemps d’un proscrit, précédé d’une préface sur le genre descriptif, et suivi de plusieurs Lettres à Delille sur la pitié (1803), l’ouvrage eut un succès d’à-propos.

1384. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il avait le génie essentiellement tourné à ce genre de considérations. […] J’ai dit qu’il aime et affectionne un genre d’images ou de comparaisons pittoresques pour éclairer sa pensée ; par exemple, voulant faire dire à Rica que le mari d’une jolie femme en France, s’il est battu chez lui, prend sa revanche sur les femmes des autres : « Ce titre de mari d’une jolie femme, qui se cache en Asie avec tant de soin, écrit-il, se porte ici sans inquiétude. […] » Montesquieu, par droiture de cœur et par direction d’intelligence, était naturellement citoyen, de cette race des Vauban, des Catinat, des Turenne, des L’Hôpital, de ceux qui veulent sincèrement le bien et l’honneur de la patrie et du genre humain : « J’ai toujours senti une joie secrète, lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun. » Les Lettres persanes l’avaient rangé, bon gré mal gré, parmi les littérateursb ; il en ressentait les avantages pour sa réputation, et les inconvénients pour sa carrière.

1385. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker, elle n’a plus de regret ; elle le voit souvent à Paris et à Saint-Ouen ; à première vue, elle le préfère à tous les encyclopédistes, économistes et autres ; elle l’étudie et cherche à se rendre compte par degrés de son originalité, de son genre et de sa mesure d’agrément : Ce M.  […] Necker semblait également leur avoir communiqué et qui se liait au précédent, c’était de respecter très fort et de proclamer très haut les droits de l’humanité, d’estimer peut-être le genre humain en masse au-dessus de sa juste valeur, et à la fois de ne point accorder toujours aux individus avec qui il était en rapport le juste degré d’estime qui pouvait leur appartenir. […] Elles s’expliquent aussi par une sorte de traînement ou de langueur dans la voix, et par un laisser-aller plus ou moins prononcé ; et, quand elles veulent montrer divers genres d’égards, elles savent tout exprimer par le mode varié de leur révérence ; mode qui s’étend par des nuances infinies, depuis l’accompagnement d’une seule épaule, qui est presque une impertinence, jusqu’à cette révérence noble et respectueuse que si peu de femmes, même de la Cour, savent bien faire.

1386. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Il est chargé de ce soin immense, la mise en marche du genre humain. […] La civilisation n’en a pas fini avec les octroyeurs de constitutions, avec les propriétaires de peuples, et avec les hallucinés légitimes et héréditaires qui s’affirment majestés par la grâce de Dieu, et se croient sur le genre humain droit de manumission. […] Tous les esclavages, tous les accablements, toutes les douleurs, toutes les infortunes, toutes les détresses, toutes les faims et toutes les soifs, ont droit au poëte ; il a un créancier, le genre humain.

1387. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Un autre genre d’explication très répandu (et c’est de tous le plus contraire à l’éclectisme) consiste à supposer que parmi les systèmes il y en a un qui est vrai, et que tous les autres sont faux. […] Par exemple, j’admirerai et défendrai sans réserves la théorie des idées de Platon, les preuves de l’existence de Dieu données par Descartes, etc. ; mais si j’appliquais à ces principes le même genre de critique impitoyable que je dirige contre la sensation transformée ou l’impersonnalité de Dieu, qui me prouve que même ces grands principes resteraient encore debout ? […] Ils ne croient pas savoir ce qu’ils ignorent ; ils n’affectent pas non plus, par un autre genre d’orgueil, d’ignorer ce qu’ils savent ; ils s’instruisent à toutes les écoles, demandent des lumières à leurs adversaires autant qu’à leurs amis.

1388. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils7 « Dans le métier de la guerre comme dans le lettres, chacun a son genre » Napoléon Lundi, 28 septembre 1857. […] Depuis lors, le fils du général Friant, dans une pensée de piété domestique, a publié une Vie militaire fort exacte de son glorieux père, auprès duquel il a servi lui-même durant des années, et il nous est maintenant permis de nous faire une idée précise du genre de mérite et d’héroïsme de ce modèle des divisionnaires.

1389. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Les genres sont sentis plutôt que définis, et leurs limites plutôt indiquées comme des convenances de l’esprit humain que jetées en travers des auteurs comme des barrières. […] Tous les genres d’esprit de la correspondance brillent dans les lettres, sauf l’esprit de se faire louer, dont Vollaire donne plus volontiers la commission aux autres, et dont Cicéron se charge lui-même.

1390. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Victor Hugo nous est une occasion naturelle d’examiner le jeune et célèbre auteur sous un point de vue assez neuf, de suivre son développement et son progrès dans un genre de composition où il débuta tout d’abord, qu’il a toujours cherché à mener de front avec les autres parties de son talent, et qu’il nous promet (le catalogue du libraire en répond) de ne pas déserter pour l’avenir. […] La seconde jeunesse me semble donc une saison très-convenable à ce genre de composition, animée qu’elle est et chaude encore, se teignant de teintes plus larges et plus changeantes au soleil de l’imagination à mesure qu’il décline au couchant, nourrie de souvenirs, se développant volontiers, reposée sans être appesantie, capable de tout comprendre.

1391. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

L’Oraison funèbre de Turenne reste très-belle, un des chefs-d’œuvre du genre, mais on se lasse de la savoir par cœur ; on s’ennuie d’entendre dire que Fléchier est juste ; le voisinage de Bossuet, qui grandit chaque jour comme tout ce qui est vraiment grand, lui faisait tort d’ailleurs, et on était en train, si je ne me trompe, de devenir ingrat, ou, qui pis est, indifférent, lorsque, par bonheur, M. […] Martial a très-bien remarqué qu’il y a ainsi deux sortes d’œuvres : celles qui font grand honneur par la gravité des sujets et par la solennité des genres, celles-là on les estime, on les admire ; les autres, réputées moins sérieuses, on les lit : Illa tamen laudant omnes, mirantur, adorant.

1392. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Quant aux devoirs qu’une manifestation de ce genre impose à celui qui en est l’objet, la constance morale et la loyauté qui, chez M.  […] Scribe, pour l’acquit de ma conscience (car il le sait aussi bien que moi), que de notre temps, dans le monde, la profession d’homme à bonnes fortunes n’est pas si essentiellement distincte de celle d’avocat, médecin, agent de change, etc., qu’il le représente communément : ce sont là des classes artificielles qu’il imagine, des contrastes qui prêtent aux plaisanteries et aux couplets du genre, mais que des provinciaux seuls peuvent prendre au sérieux !

1393. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Trois ou quatre hommes tout au plus ont su se développer en restant gaulois ; ce sont ceux qui, en prenant un genre gaulois, la chanson, le pamphlet, la farce, la comédie, l’ont élargi et relevé jusqu’à le faire entrer dans la grande littérature : Rabelais, Molière, La Fontaine, Voltaire et peut-être quelquefois Béranger. […] Alfred de Musset est le seul qui, depuis La Fontaine, ait retrouvé des vers de ce genre, une douzaine de mots ordinaires, assemblés d’une façon ordinaire et qui ouvrent un monde.

1394. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Le genre humain misérable et damné, comme le peuple de France déguenillé et hâve, doit se résigner à sa condition, obéir avec amour, s’oublier dans la contemplation de la splendeur royale et du pompeux établissement où il est compris. […] Il n’y a pas de milieu entre les deux genres : il faut être grave et tout croire, ou s’égayer et douter partout.

1395. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Je me figure que le conte ou le drame philosophique serait le genre le plus usité dans cette cité idéale des esprits que M.  […] Au contraire, le conte ou le drame philosophique est le plus libre des genres, et ne vaut, d’autre part, qu’à la condition de ne rien exprimer d’insignifiant.

1396. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

D’ailleurs Heredia se trompe sur la place qu’il mérite dans le petit genre artificiel. […] Il a réussi surtout dans le premier genre, si l’on veut bien y comprendre à la fois les inquiétudes du cœur et celles de l’esprit ; les « vaines tendresses » pour ce qui passe et pour la vérité éternelle.

1397. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Faites respirer le genre humain. […] Ils ont affaire à la virilité du genre humain.

1398. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Ils aiment mieux croire qu’on a mal pris le sens du passage que de supposer les Romains capables de se plaire à un spectacle bisarre, puérile & du genre de Brioché. […] Ils conviennent qu’on débite au barreau d’une manière propre au genre d’affaires qu’on y traite ; mais ils remarquent en même temps que les avocats, à force de vouloir être simples & modérés, deviennent souvent froids, pesans & monotones, & qu’ils prononcent un discours comme s’ils le lisoient.

1399. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Consultons l’une des plus grandes autorités de notre époque dans ce genre de recherches, Esquirol ; il nous apprendra : 1° qu’il faut bien distinguer la folie de toutes les affections nerveuses qui la compliquent et qui la masquent (paralysie, convulsions, épilepsie) ; — 2° que les lésions organiques de l’encéphale et de ses enveloppes ne sont en général observées que dans les cas de complication ; — 3° que toutes les lésions observées chez les aliénés se retrouvent souvent dans les cadavres d’individus qui n’avaient point perdu l’usage de la raison ; — 4° que dans un grand nombre de cas, le cerveau des aliénés ne présente aucune altération appréciable, quoique la folie ait duré un grand nombre d’années. […] On a pourtant fait des expériences de ce genre : telles sont celles du docteur Moreau (de Tours) sur le haschisch ; mais, outre qu’elles ne peuvent pas se renouveler sans danger, elles ne donnent guère de résultats appréciables sur l’état physiologique du cerveau pendent l’ivresse.

1400. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Outre le mérite de l’exécution, qui dans son genre est aussi parfaite que celle du chêne et du roseau, cette fable a l’avantage d’un fond beaucoup plus riche et plus étendu ; et les applications morales en sont bien autrement importantes. […] Le genre dans lequel La Fontaine a écrit, est celui qui se prêtait le plus à cette variété de mesure, de rimes et de vers ; mais il faut convenir qu’il a été merveilleusement aidé par son génie, par la finesse de son goût, et par la délicatesse de son oreille.

1401. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Rien n’est si commun dans toutes les langues que le nom de l’espece donné au genre et le nom du genre attribué à l’espece en stile ordinaire.

1402. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Les deux ouvrages imprimés eurent, devant le public, le même sort qu’à l’académie de Marseille : on en porte encore aujourd’hui le même jugement ; et celui de Chamfort est resté comme un des morceaux les plus précieux que le genre de l’éloge nous ait fournis. […] Admis à l’Académie française, à la place de Sainte-Palaye, il prononça un discours de réception, qui est resté un des morceaux les plus remarquables de ce genre.

1403. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Supposez encore un petit succès du même genre et on peut parier qu’il n’y aura plus ni Monsieur ni Madame Haller, mais une Madame dont on commence à cancaner le nom dans cette loge de portier qu’on appelle Paris, quoiqu’elle soit toujours jusqu’ici Gustave Haller, en littérature. […] Franchement, avec sa dédicace à George Sand, c’est à une vertu de ce genre que je m’attendais dans le roman de Mme Haller ; mais la vertu de son livre est d’une invention moins philosophique et moins compliquée.

1404. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Tous, sans exception, lorsqu’ils parurent, se recommandèrent par un genre de mérite qui n’a jamais faibli en le général Daumas, et qui produisit d’autant plus de sensation qu’on était loin de s’y attendre. […] Plus tard, seulement, c’est-à-dire deux ans après, on put juger, quand parut la Grande Kabylie 20, d’un genre de talent qu’on n’avait fait encore que soupçonner et qu’entrevoir ; car ce talent donna largement sa mesure et sa couleur dans ce vivant morceau d’histoire.

1405. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Il déplore avec raison, et il regrette comme la grande infirmité de l’Empire, les crimes et les folies des successeurs d’Auguste ; mais il ne se doute même pas que l’explication de ces crimes insensés est encore plus dans la politique de l’époque que dans la moralité du genre humain. […] Or, précisément, ce qui caractérisait son genre de pouvoir, c’était l’absence de tout contrôle.

1406. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Que si, au contraire, l’oubli a eu raison de s’étendre sur les plateaux pyrénéens, si ces peuplades intermédiaires — Catalans, Aragonais, Navarrais, Béarnais et Basques, — ne sont placées aux frontières de France et d’Espagne que pour appointer des forces respectives et jeter dans la balance des intérêts de ces deux pays le poids de leurs atomes orageux ; si, enfin, toute cette paille d’hommes hachés par les événements et par la guerre n’est là — comme on pourrait le croire — que pour faire fumier aux grandes nations qui résument l’Europe, et par l’Europe le genre humain, à quoi bon remuer, avec un tel détail, ce monde de faits sans signification vive et profonde, et sous lesquels le lecteur périt accablé ? […] … Quand on l’aura lu, sera-t-elle bien et dûment convaincue, cette ingrate Histoire, d’avoir oublié dans ses annales des pages qui étaient nécessaires à l’intelligence du passé et à la grandeur du genre humain ?

1407. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Il a, lui, au pied levé, des idées, des aperçus, de ces rapports, soudainement saisis, qui sont l’esprit même, et, pour les exprimer, un style qui se joue du convenu, de la phrase classique, du poncif des Écoles Normales chères à sa maison… En cherchant bien, pour déterminer le genre de Blaze de Bury, quelle est la note juste ? […] Il a la bonté grande de se généraliser au profit du genre humain.

1408. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Henri Martin, qui vit le moment bon, se dévoua à ce genre historique, — l’histoire pour les gens qui ne la savent pas et qui ne la sauront jamais très bien ; et il fit alors cette teinture qu’il a extrêmement travaillée, destinée à tremper le commun des esprits dans des notions d’histoire, suffisantes et convenables. […] Douillet, une publication du même genre, l’Académie, c’est plus qu’une puissance, c’est une infaillibilité !

1409. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Ailleurs encore, il pose l’unité du genre humain, mais il nie la seule tradition qui l’explique. […] Mais je crois — ajoute-t-il, page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi, utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu.

1410. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Ailleurs encore il pose l’unité du genre humain, mais il nie la seule tradition qui l’explique. […] Mais je crois, — ajoute-t-il page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu.

1411. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Une fois demandé, il jaillit, comme tout jaillissait dans Brucker, cet homme-source, qui avait en lui tous les agissements et tous les bouillonnements de l’esprit humain… Mélange de tous les genres de livres dans un seul livre, tout à la fois roman et histoire, critique d’idées et de systèmes, invention de caractères et de personnages pour rendre plus vivantes et plus entraînantes ses théories ; dramatique, poétique, descriptif, mettant des tableaux de mœurs dans des paysages, naturel et intime, et, au milieu de tout cela, débordant de questions, d’explanations, d’argumentations, de démonstrations et de conversations qui roulent dans une verve de style semblable à un battement précipité d’artères, ce livre est peut-être un chaos de puissant ces trop alchimiquement entassées, mais c’est un chaos auquel il faut appliquer cet éternel mot de génie qu’on peut appliquer pour tout à Brucker, — à cet ébaucheur rapide et sublime ! […] — tant que ce beau débris de l’histoire du genre humain tout entier ne sera pas rasé de l’âme humaine, de sa conscience et de sa mémoire, et que chez nous il y aura encore autre chose que des bâtards et des institutions qui veulent bâtardiser la France, la Société de tous les temps et de l’Histoire ne sera pas vaincue et l’aveugle et forcené génie de la Révolution n’aura pas dit son dernier mot !!

1412. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

On pouvait laisser dans son néant la vie privée de ces hommes, qui n’ont plus le droit d’occuper d’eux le genre humain. […] Voilà le talent, le genre de talent de M. 

1413. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

L’auteur, qui a de l’âme, du reste, à défier tous les railleurs de la terre, n’a pas craint de revenir à un genre vieilli et condamné par une critique superficielle. […] … D’ailleurs, Dargaud savait que malgré les abus de la vanité qui se plaint ou qui se raconte, le genre vieilli était éternel.

1414. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Tableau de genre, à ce qu’il semblait, qui monte jusqu’à la fresque et prend des proportions assez vastes pour pouvoir peut-être vous étonner ! […] Dans la littérature contemporaine, nous ne connaissons rien de plus habilement et de plus finement tracé que ce caractère d’Espérit, ce génie de village venu en pleine terre et qui n’est pas seulement le génie de l’industrie, moins étonnant et tout de suite compris parmi ces populations actives et âprement utilitaires, mais le génie, l’inutile et contemplatif génie de l’art, cette divine paresse, que, de tous les genres de génie qu’il a donnés aux hommes, Dieu a fait certainement le plus beau !

1415. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Gravillon est un poète qui ne se classe dans aucun genre particulier et déterminé ; mais qu’importent les genres par où il passe !

1416. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Je ne comprends rien à l’appréciation que fait Voltaire de Mélicerte : « Cet ouvrage est dans un genre qui n’est pas celui de Molière… » Mélicerte est une comédie antique dans le même genre qu’Amphitryon et par conséquent n’est pas du tout en dehors du genre de Molière, qui du reste a plusieurs genres. […] Ce genre de comédie est à la fois la comédie de caractère et la comédie sociale. […] Mais ce genre d’apologie a toujours ceci contre lui qu’il est un peu trop facile. […] Orgon doit être du même genre à cet égard. […] Il veut goûter un genre particulier de succès, qui est le succès direct, de plein contact et impromptu.

1417. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIII » pp. 291-293

Villemain, qui malheureusement n’avait pas toujours une volonté égale à ses lumières ; mais ce que nous n’avons jamais contesté ni méconnu, c’est qu’il est le plus grand littérateur proprement dit du temps ; c’est que s’il fallait chercher une définition précise de ce que c’est que talent, il ne faudrait pas le demander à un autre que lui ; c’est que, enfin, comme professeur en ces belles années 1826-1830, il a donné à la jeunesse et au public lettré les plus nobles fêtes de l’intelligence qui, dans ce genre de critique et d’histoire littéraire, aient jamais honoré une époque et un pays.

1418. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

La poésie en est grande et simple tout à la fois ; elle caractérise merveilleusement, selon nous, le génie de l’auteur, qui-appartient au romantisme par le fond et au genre classique par la forme.

1419. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Il en auroit fait disparoître ce qu’il y a de défectueux, & l’eût rendu, à peu de frais, un des meilleurs que nous ayons en ce genre, comme il est un des plus curieux par les anecdotes qui y sont rassemblées.

1420. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277

M. l’Abbé Bergier vient de publier un Ouvrage dans le même genre, mais plus étendu & beaucoup plus intéressant encore que la Certitude des Preuves du Christianisme : c’est un Traité historique & dogmatique de la vraie Religion, où l’on trouve tout ce qui est capable de raffermir la Foi des Fideles, & tout ce qui peut contribuer à faire triompher le Christianisme des attaques multipliées du mensonge & de l’incrédulité.

1421. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 344-346

Il est facile de concevoir, par ces Pieces, qu’il eût pu se distinguer dans plus d’un genre, si son état lui eût permis de donner carriere à tous ses talens.

1422. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 400-402

Avant de s’attacher au même genre, il eût fallu être doué, comme lui, de ce coup d’œil perçant, qui pénétroit dans les plus profonds replis du cœur, de cette vigoureuse subtilité qui en saisissoit les mouvemens dans leur source, de cette énergie supérieure qui les a si profondément tracés, de ce génie enfin qui ne sauroit être que le résultat de la force des idées, & de la chaleur du sentiment.

1423. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 397-399

Gibert, sur tous les autres du même genre, ne connoissoient donc pas ce Traité estimable, ni tant d’autres Productions, telles que la Rhétorique du P.

1424. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » pp. 430-432

Les Vies des bienheureux Louis de Gonsague, Stanislas Kostka, & celle du Pere Cotton, seront toujours des Modeles à proposer à quiconque voudra s’exercer dans ce genre de Biographie.

1425. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 180-182

Ses Romans, bien différens de cette foule de Productions bizarres, prodiguées avec tant de fécondité, parce qu’il est aisé d’être fécond en ce genre, sont des chef-d’œuvres d’instruction & d’amusement.

1426. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 260-261

Ce Roman, écrit dans le style & selon les mœurs des Siecles de franchise & de naïveté, est un chef-d'œuvre dans son genre.

1427. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

Ce n’est que tout à l’heure, au moment où, selon l’usage des auteurs de terminer par où le lecteur commence, il allait élaborer une longue préface, qui fût comme le bouclier de son œuvre, et contînt, avec l’exposé des principes moraux et littéraires sur lesquels repose sa conception, un précis plus ou moins rapide des divers événements historiques qu’elle embrasse, et un tableau plus ou moins complet du pays qu’elle parcourt ; ce n’est que tout à l’heure, disons-nous, qu’il s’est aperçu de sa méprise, qu’il a reconnu toute l’insignifiance et toute la frivolité du genre à propos duquel il avait si gravement noirci tant de papier, et qu’il a senti combien il s’était, pour ainsi dire, mystifié lui-même, en se persuadant que ce roman pourrait bien, jusqu’à un certain point, être une production littéraire, et que ces quatre volumes formaient un livre.

1428. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

Ce livre a obtenu le seul genre de succès que l’auteur puisse ambitionner en ce moment de crise et de révolution littéraire : vive opposition d’un côté, et peut-être quelque adhésion, quelque sympathie de l’autre.

1429. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

« Je lis toujours mon roman : il y a une Ulrique qui, dans son genre, est presque aussi intéressante que Caliste ; vous savez que c’est beaucoup dire : le style est très-énergique, mais il y a une profusion de figures à l’allemande qui font de la peine quelquefois. […] Mme de Charrière fut peut-être la première à lui faire entendre, même en l’étouffant, ce genre de reproche et de plainte, à lui faire comprendre cette souffrance qui tient à l’inégalité d’un nœud. […] Il avait conçu quelques préventions contre sa personne, contre son genre d’esprit, et obéissait en cela aux suggestions de Mme de Charrière, qui était alors en froid avec l’ambassadrice, comme elle l’appelait185. […] Il a le triste honneur d’offrir le type le plus accompli de ce genre de nature contradictoire, à la fois sincère et mensongère, éloquente et aride, chaleureuse et terne, romanesque et antipoétique, insaisissable vraiment : telle qu’elle est, on n’en saurait citer aucune de plus distinguée et de plus rare. […] Il se trompe de genre pour atmosphère, comme le font, au reste, beaucoup de Français eux-même.

1430. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Cela même est l’essence de ce genre de roman. […] Les volumes qui ont suivi avec un succès croissant : Petites Fêtes, Nocturnes, le Nouveau jeu, Leur Cœur, appartiennent au même genre. — Il y a un « genre Vie parisienne ». […] On connaît assez ce genre pimpant. […] Néanmoins on peut se servir de ce genre avec originalité. […] L’ironie est un genre difficile.

1431. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brizeux, Auguste (1803-1858) »

Depuis, combien de poètes ont essayé de dire leur pays ; mais la plupart n’ont fait que de la poésie rustique monotone, et nul n’égale l’art de Brizeux, qui en inventa le genre.

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