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1587. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Dans la liberté d’écrire qui était dès longtemps le droit commun des Anglais, et parmi les hommes d’étude et de talent dont elle faisait la force, on rêvait volontiers quelque chose au-delà de cette liberté bien acquise et peu gênée. […] Par-là Coleridge, très admiré de son temps, surtout dans son pays, poëte extraordinaire plutôt que grand poëte, assorti dans sa maladie même aux imaginations effarées par la guerre et la Terreur, a p^ du dans l’estime d’une époque plus calme ; mais il est encore un témoin éclatant du passé, l’image d’une grande puissance exercée sur les âmes, l’exemple salutaire d’un retour à la justice et à la raison, inspiré par le spectacle même des abus de la force et des iniquités de la conquête. […] Le spectacle et le désespoir d’une telle mission détruisirent bientôt les forces d’Héber.

1588. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 83-84

Encore une attaque de cette force, & la Philosophie pourra dire : Quis numen Junonis adoret ?

1589. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 406-407

Il les a classés & mis dans le jour le plus propre à en faire sentir la valeur, la force, l’énergie, & les diverses acceptions qui les distinguent.

1590. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 476-477

Les Littérateurs qui ne se laissent point aller au torrent de la mode & du Bel-esprit, y trouveront cependant des morceaux qui, du côté de la force & de l’imagination, sont infiniment supérieurs aux morceaux prétendus choisis dans nos anciens Poëtes, qui figurent dans tant de Recueils.

1591. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 515-516

On n’y trouve point, à la vérité, ces traits de force qui étonnent l’Auditeur, ces tableaux énergiques qui le frappent, ces grands mouvemens qui l’entraînent : mais il est aussi très-éloigné de cette affectation de descriptions frivoles, plus propres à amuser qu’à instruire ; de ces portraits où l’on s’occupe plus du coloris, que de la vérité ; de cette recherche d’esprit qui éteint le feu de l’action, & invite à croire qu’on n’est pas plus persuadé soi-même, qu’on ne s’inquiete de persuader les autres ; de ces pensées plus fines que solides ; de ces tours plus brillans que naturels ; de ces expressions plus mondaines qu’oratoires ; ressources indignes de la majesté de la Chaire, & plus ajustées au ton des fauteuils académiques, où le sommeil de celui qui parle, est le précurseur de celui des personnes qui écoutent.

1592. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 500-501

Petau sont plus étonnantes par leur facilité, que par la force des pensées & l’énergie des expressions ; mais elles ont fourni à l’Abbé Fraguier une observation qui contribue à sa gloire.

1593. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 76-77

Si ces Mémoires étoient cependant écrits par-tout de la même force, les meilleurs Historiens Grecs & Latins n'auroient rien qui leur fût supérieur ; mais il s'en faut bien que le style soit également soutenu dans le cours de la narration ; l'assoupissement & les inégalités s'y font sentir dans mille endroits.

1594. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 204-205

Jamais on n'attaqua plus finement & avec plus de force, des vices consacrés par le pouvoir & la grandeur, & respectés par la flatterie & la fausse Philosophie.

1595. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 250-251

Démontrer contre les Matérialistes l'immortalité de l'ame, contre les Déistes la divinité de la Religion Chrétienne, défendre contre les Incrédules toutes les vérités attaquées par leurs Sophismes, offrir en un mot de sûrs préservatifs contre tous les prestiges de l'erreur, c'est ce qu'il exécute avec une sûreté de lumieres & une force de raisonnement propre à renverser tous les vains systêmes que la plus pitoyable des crédulités fait adopter sous le nom de Philosophie.

1596. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

C’est un jeune avocat d’un tempérament robuste, aguerri par la lecture des pièces dans les procédures, et qui, bien que fortement éprouvé, avait cependant encore la force de parler. […] Le genre de leurs raisonnements est le même, la force. Or on sait quel sentiment la force excite dans les cœurs lorsqu’elle se sépare de la justice. […] La pauvre littérature éprouve le malheur qu’il y a d’être à la mode ; les gens pour qui elle n’est pas faite veulent à toute force en parler. […] Le personnage tombe à n’être plus qu’un rhéteur dont je me méfie pour peu que j’aie d’expérience de la vie, si par la poésie d’expression il cherche à ajouter à la force de ce qu’il dit.

1597. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 322-323

Si ses Pieces ne sont pas toujours la peinture fidelle de nos mœurs ; si elles manquent quelquefois de cette force comique, de cette chaleur dans l’action, de cette vivacité dans le dialogue, qui caractérisent Moliere : ses plans sont du moins toujours agréables, toujours variés ; son style est aisé, correct, & souvent gracieux, comme on peut en juger par le François à Londres, le Babillard, l’Homme du Jour, & deux ou trois autres de ses Pieces qui seront toujours revues avec plaisir.

1598. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 311-312

« Plus il imprime de force à ses raisons, dit son successeur à l’Académie, plus il les expose avec modestie ; on diroit qu’en voulant faire triompher sa cause, il a peur de triompher lui-même, il se défie de son jugement au moment même où il établit la supériorité de son opinion ».

1599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 421-422

Travaille utilement pour la Postérité, Abandonne la Fable, & prends soin de l’Histoire ; Ton esprit, plein de force & brillant de clarté, Par ce beau changement augmentera sa gloire.

1600. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 463-464

On y releve avec force les erreurs, les méprises, les contradictions, les bévues, les absurdités dans lesquelles il est tombé, lorsqu’il a voulu disserter sur l’ancien Peuple de Dieu & sur les Livres sacrés.

1601. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 415-416

A force de vouloir polir notre Langue, il est aisé de s'appercevoir qu'on l'a appauvrie & énervée.

1602. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot » p. 104

Nous avons beaucoup d’artistes ; peu de bons ; pas un excellent ; ils choisissent de beaux sujets ; mais la force leur manque ; ils n’ont ni esprit, ni élévation, ni chaleur, ni imagination.

1603. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Mais il est rare qu’il y ait cette inégalité entre les arguments qui s’offrent : on choisira alors les plus efficaces et on les disposera autant que possible selon leur degré de force, de façon que les plus décisifs viennent à la fin et terminent toute contestation. […] Selon les sujets, selon la force différente de chaque catégorie de preuves, on commencera d’abord par les faits ou par la théorie : de façon que toujours la vraisemblance augmente et fasse place enfin à l’évidence.

1604. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Dans les instituts d’État, la déperdition de force est énorme. […] Mais le vrai a une grande force, quand il est libre ; le vrai dure ; le faux change sans cesse et tombe.

1605. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Elle enseigne l’art de gouverner des Nations différentes, les moyens de conserver la paix avec ses voisins, d’affermir un Royaume au dehors par des forces toujours prêtes, de lui donner de l’activité au dedans par des ressorts bien concertés, de l’enrichir par le commerce & l’agriculture, d’en écarter le luxe, d’en prévenir la corruption & l’indépendance par de sages loix. […] Tout se fait dans son Poëme par des secours divins, & tout paroît opéré par des forces humaines.

1606. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

C’est là le grand mérite de Racine, la cause du charme qu’on éprouve en le lisant ; il a fort enrichi la langue, non par des expressions nouvelles, qu’il faut toujours hasarder très sobrement, mais par l’art heureux avec lequel il sait réunir ensemble des expressions connues, pour donner à son vers ou plus de force ou plus de grâce ; par la finesse avec laquelle il sait relever une expression commune, en y joignant une expression noble ; enfin par la simplicité unie partout à la noblesse, à la facilité et à l’harmonie. […] les premiers philosophes ont été poètes ; Horace est le bréviaire des philosophes ; Molière, par sa connaissance des hommes et du cœur humain, Corneille, par la force du raisonnement, étaient ou grands philosophes, ou faits pour l’être.

1607. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

C’est ce que firent MM. de Goncourt, entassant ces cent années dans l’étroitesse d’un volume qui les étreignait, — les pressant dans un fourmillement éblouissant, enlevant à la force du poignet cette surcharge des livres d’une époque qui a immensément écrit, et la lançant d’un train si rapide qu’on pourrait regarder les deux auteurs de La Femme au xviiie  siècle comme les deux plus brillants postillons de l’Histoire, et qui l’aient jamais menée avec la vigueur de ce train-là ! […] … Ne sent-on pas, sous la phrase froidie par la volonté de rester dans le calme de l’historien, palpiter, contenus, l’horreur, le mépris, la colère qui donnent au talent une force que le talent n’a jamais seul ?

1608. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Un badinage de cette force, introduit, sans rire, dans l’histoire, mériterait d’être relevé comme une impudence digne de John Falstaff, si Pelletan, maladroit au pamphlet, n’en ayant ni le génie, ni la mesure qui le rend dangereux, ne s’enfilait lui-même sur cette plaisanterie effrontée ! […] Comme on le voit, ce n’est pas là d’une très grande force de composition.

1609. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

»), Champfleury a décliné cette fonction de juge après discussion, qui demandait de l’ascendant et de la force. […] Mais donnez aux enfants un ouvrage fade et faux comme Numa Pompilius, ils ne l’oublieront pas plus que Perrault ou tout autre livre piquant et vrai ; car la force des premières impressions de la mémoire ne prouve rien de plus que la fraîcheur de cette faculté.

1610. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Il a de la force, de la volonté, de la réflexion, et même dans des proportions assez viriles, tandis que M.  […] Taine, qui n’a pas l’esprit de son état, veut, lui, à toute force, le faire oublier.

1611. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Dans un pays et dans un temps où, depuis deux siècles, nul grand système n’a eu la force de se produire, et où ce qui reste de mouvement philosophique ne s’exprime plus que par de chétives monographies ou par des histoires de la Philosophie qui sont des signes de mort, car ces histoires sont les cimetières des philosophies et on n’enterre pas les vivants, les grandes polémiques ne peuvent plus exister. […] Avec cet arc trop courbé d’une définition, qui se casse toujours là où on la ploie avec le plus de force pour en faire le cercle qui doit tout renfermer, le Dr Athanase Renard, le physiologiste, a été la victime d’une psychologie qui l’a trahi, et c’est la psychologie de Descartes.

1612. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Destiné à l’enseignement de la philosophie, vivant dès sa jeunesse dans l’accointance des philosophes et dans la préoccupation de leurs études et de leurs influences, il crut, parce qu’il entendait et sentait vivement leurs écrits, que lui aussi aurait le pouvoir d’éjaculer, comme eux, quelque système avec lequel la pensée humaine aurait à se colleter plus tard ; mais, pendant toute sa vie, il put apprendre à ses dépens que la faculté de jouer plus ou moins habilement avec des idées qui ne vous appartiennent pas n’est pas du tout la vraie fécondité philosophique, qui n’a, elle, que deux manières de produire : — par sa propre force, si l’on appartient à la grande race androgyne des génies originaux, — ou en s’accouplant à des systèmes qui ont assez de vie pour en donner à la pensée qui n’en a pas, si l’on n’appartient pas à cette robuste race des génies originaux et solitaires. […] Car l’auteur qui l’a revu et qui le prend à sa charge devant le public y a mis certainement toute sa force de tête, qu’il soit une vérité ou un mensonge, et si c’est un mensonge il en aura, certes !

1613. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Certainement, il n’y a pas partout de la poésie, en ces Réveils, mais enfin il y en a assez pour faire mesurer ce qu’il y en aurait si l’auteur s’était abandonné à sa nature, et n’avait pas versé dans des idées et des doctrines qui rongent et diminuent les poètes, mais qui ne sont pas de force à complètement les supprimer ! […] Eh bien, j’avais compris cette force paisible, Cette douceur profonde, immense, inaccessible !

1614. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Je sais bien cependant qu’on a dit, et c’est même un axiome qui a force de bon sens et force de loi, que la vie privée doit être murée.

1615. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Je sais bien cependant qu’on a dit, et c’est même un axiome qui a force de bon sens et force de loi, que la vie privée doit être murée ; seulement, quand c’est elle, la vie privée, qui abat le mur et passe par la brèche ; quand c’est elle, elle que le législateur voulait préserver et défendre, qui déborde dans la vie publique, et fastueusement ou méchamment s’y étale, je ne vois plus ce qu’on lui doit, si ce n’est peut-être le châtiment de l’y suivre et de la montrer.

1616. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Son fils tombé au champ d’honneur, il prêcha un sermon admirable de foi et de force d’âme. […] Le vieillard presque aveugle ne voyait pas ceux à qui il venait parler de « nos deuils » :‌ « Vous savez tous vraisemblablement qu’au commencement de la semaine qui vient de s’écouler, j’ai perdu un fils mort pour la patrie, comme tant d’autres, dans la force de l’âge, alors qu’il avait toutes sortes de raisons d’aimer la vie et qu’il la faisait aimer aux autres.

1617. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Il s’y plaint de cette éducation lâche, qui affaiblit à la fois l’un et l’autre ; détruit le ressort de l’âme, en énervant la volonté ; détruit les moyens des grandes actions, en énervant les forces ; prépare la crainte avant le danger, et la faiblesse dans le malheur. Tel est un autre endroit sur l’utilité de mettre de bonne heure un jeune prince en action ; de familiariser et ses yeux et son âme avec les périls, les combats, les peuples et les armées ; de lui faire connaître par lui-même, dans son empire, la situation des lieux, l’étendue des pays, la puissance des nations, la population des villes, le caractère des peuples, leur force, leur pauvreté, leur richesse.

1618. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

D’ailleurs, l’oppression, le malheur, les guerres renaissantes, les haines si actives entre des voisins jaloux, haines d’autant plus vives, qu’ils avaient moins de forces pour se nuire, mettaient partout des barrières, et empêchaient la communication. […] Elle eut la fermeté d’un moment, qui conçoit et fait de grands sacrifices, et n’eut pas cette fermeté plus rare qui soutient l’âme par sa propre force, quand elle n’est plus animée par les regards et par l’effort même que demande tout ce qui est difficile.

1619. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Je ne connais pas la force de son bouclier, etc., etc. » Le duc de Laval avait tort de suspecter la trempe de mon bouclier ; les séductions furent plus fortes pendant quinze ans qu’il ne pouvait le prévoir, mais mon cœur resta irréprochable envers la dynastie que j’avais servie et envers l’enfant que j’avais célébré comme le dernier espoir de la monarchie et de la liberté. […] Bernadotte, un des soupirants de la jeune femme, obtint de Bonaparte, à force d’intercessions, la liberté du père de son amie, mais la destitution fut maintenue. […] « Après le premier étourdissement que ne pouvait manquer de lui causer la nouvelle qu’elle recevait, Juliette, rassemblant ses forces et envisageant ses nouveaux devoirs, chercha à rendre un peu de courage à M.  […] Joachim et la reine montèrent en voiture, parcoururent la ville et furent accueillis par d’enthousiastes acclamations ; le soir, au Grand-Théâtre, ils se montrèrent dans leur loge, accompagnés de l’ambassadeur extraordinaire d’Autriche, négociateur du traité, et du commandant des forces anglaises, et ne recueillirent pas de moins ardentes marques de sympathie. […] Villemain, la lumière, la force et la grâce des entretiens ; Benjamin Constant, Machiavel des salons, incapable de crime comme de vertu ; M. de Tocqueville, jeune esprit mûr avant l’âge, que toutes les situations ont trouvé égal à ses devoirs, et qui vient d’emporter en mourant l’immortalité modeste de l’estime publique ; M. 

1620. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Force nous est bien pourtant d’en esquisser le plan, sous peine de négliger ce qu’il y a d’essentiel, selon nous, dans le théâtre comique. […] Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles, comme en un champ clos où notre force se mesure utilement avec d’autres forces ; et fascinés par l’action, attirés par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu’elle s’est choisi, nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes. […] De sorte qu’on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l’œuvre quand l’idéalisme est dans l’âme, et que c’est à force d’idéalité seulement qu’on reprend contact avec la réalité. […] Sous cette double influence a dû se former pour le genre humain une couche superficielle de sentiments et d’idées qui tendent à l’immutabilité, qui voudraient du moins être communs à tous les hommes, et qui recouvrent, quand ils n’ont pas la force de l’étouffer, le feu intérieur des passions individuelles.

1621. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Toute la force de la vigne a tourné en vrilles. […] C’est dans la vie pour l’œuvre et dans l’œuvre pour le détail, dans le corps de l’œuvre pour le détail de l’œuvre que l’ordre prend sa force et son origine, son point de force et son point d’origine. […] — La force de grâce de Corneille au contraire est telle qu’elle envahit l’événement même. […] Et tant de force et tant de beauté vient de ce que c’est partout dedans, de ce que ce n’est dit nulle part. […] Nous avons autour de nous des dévouements tels que ces dévouements iraient, n’hésiteraient pas, jusqu’à nous empêcher, par la force, de faire des sottises.

1622. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il ne travaillait que par force. […] Il leur chantait des chansons et les émerveillait par ses tours de force. […] Aurai-je seulement la force d’aller de l’avant ? […] Car telle est la force de l’art, que ceux mêmes qui le dédaignent ne peuvent agir sur nous que par lui. […] Et vraiment je suis étonné de ce qu’il y a de vie, de santé, et de force dans cette littérature ignorée.

1623. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Si les Japonais ignorent le poncif (et encore ils doivent avoir le leur), c’est donc signe de faiblesse plutôt que de force. […] Qu’on me laisse donc pour un jour, — un jour d’été, — être aussi sensible à la grâce qu’à l’abondance, à la couleur, à la « nervosité » ou à la force. […] Luigi, qu’on apporte expirant, a pourtant la force d’abjurer avant de mourir. […] Dumas nous affirme qu’il fallait de toute force que Fondette fût supprimé et non Birac. […] Et toutefois leur pièce est, malgré eux et par la force des choses, un drame patriotique.

1624. (1881) Le naturalisme au théatre

Nous avons pour nous la force de l’éternelle moralité du vrai. […] Elle est l’unique force. […] Oui, la tradition a cette force. […] Madame Sarah Bernhardt exécuta un tour de force en n’y étant pas ridicule. […] On sait aujourd’hui les forces vives qui lui ont répondu.

1625. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 74-75

S’il n’a pas en partage la force & la solidité, il a du moins cette légéreté, cet agrément, qui le distinguent des Moralistes ennuyeux, sans le placer parmi les grands Moralistes.

1626. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » pp. 427-428

Par-là, ses Traductions, quoique purement écrites, manquent souvent d’élégance, de force, & de chaleur.

1627. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Belle » p. 127

Il n’a pas dans sa tête le premier trait de la figure de l’archange, ni son mouvement, ni le caractère angélique, ni l’indignation fondue avec la noblesse, ni la grâce, ni l’élégance et la force.

1628. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Fragonard » p. 280

Fragonard Tableau ovale représentant des groupes d’enfans dans le ciel. c’est une belle et grande omelette d’enfans ; il y en a par centaines, tous entrelacés les uns dans les autres, têtes, cuisses, jambes, corps, bras, avec un art tout particulier ; mais cela est sans force, sans couleur, sans profondeur, sans distinction de plans.

1629. (1818) Essai sur les institutions sociales « Avertissement de la première édition imprimée en 1818 » pp. 15-16

Le retard qu’il a éprouvé ne peut donc lui avoir été nuisible sous ce rapport ; peut-être est-il vrai de dire plutôt qu’il lui a été favorable, car plusieurs des choses qu’il contient nous paraissent avoir reçu quelque lumière et quelque force de toutes les discussions qui viennent d’avoir lieu sur les théories sociales.

1630. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre IX. De l’astronomie poétique » pp. 233-234

La force indéfinie de l’esprit humain se développant de plus en plus, et la contemplation du ciel, nécessaire pour prendre les augures, obligeant les peuples à l’observer sans cesse, le ciel s’éleva dans l’opinion des hommes, et avec lui s’élevèrent les dieux et les héros.

1631. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Les hommes n’ont pas tant de muscles que Michel-Ange leur en met pour donner l’idée de la force. […] Méry avait une force d’intuition qui lui permettait de supposer avec une merveilleuse exactitude la flore et la faune d’un pays qu’il n’avait jamais vu. […] Cependant nous sentions qu’il y avait en lui une sorte de force comique qui manquait aux autres. […] Puis l’on se quitta en se serrant la main avec cette force qu’inspire l’idée qu’on se rencontre pour la dernière fois peut-être. Et maintenant il faut parler du littérateur, et nous n’en avons guère la force.

1632. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aurier, Georges-Albert (1865-1892) »

Il ne fut jamais un chercheur de pierres précieuses ; il sertissait celles qu’il avait sous la main, plus soucieux de leur mise en valeur que de leur rareté ; mais, pêcheur de perles, il le fut aussi trop peu, et, trop confiant en sa force improvisatrice, il laissa, même en des morceaux jugés par lui définitifs, échapper des à peu près et des erreurs.

1633. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 102-104

Le jeune Poëte répondit : Oui ; mais c’est une maison de force.

1634. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

De l’élévation dans les sentimens, de la force dans les pensées, de l’harmonie quelquefois imitative dans l’expression, une coupe de vers originale, pleine d’aisance & de variété, étoient d’heureux présages pour le succès de sa Muse naissante.

1635. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

A ce ridicule près, qui n’en est plus un aujourd’hui, à force d’être commun, Mademoiselle de Gournay n’étoit pas sans mérite.

1636. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 174-175

Ses Madrigaux sont si délicats, si naïfs, l'expression en est si aisée, si naturelle, qu'ils ont garanti son nom de l'oubli, & nous l'ont transmis avec éloge : tant il est vrai qu'il vaut beaucoup mieux ne s'attacher qu'à un seul genre, fût-il d'une classe inférieure, & y exceller, que de traiter un objet au dessus de ses forces, ou d'en traiter plusieurs avec des talens & des succès médiocres.

1637. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 316-318

A force de voir des Auteurs, elle voulut le devenir à son tour.

1638. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Amédée Vanloo » p. 218

Le temps a enlevé la couleur ; mais la force de la composition et des caractères, le génie de l’artiste est resté.

1639. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Vien » p. 173

coq-faisan doré de la Chine . il s’en manque bien que ce coq soit de la force de la poule.

1640. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Régler la force magnétique. […] La légende napoléonienne et l’effroi d’une république sans force et sans union servaient l’Empire en dépit de ses agissements sans pudeur. […] Sylvestre cédait à la force. […] On avait placé dans une salle un buffet très bien garni, où les danseurs pouvaient reprendre des forces. […] Alors que de plans, que d’entreprises qui ne font reculer ni son esprit, ni les forces de son corps !

1641. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « II » pp. 9-11

— Il vient de paraître des Mémoires du maréchal de La Force du temps de la Ligue, de Henri IV et de Louis XIII, qui contiennent, dit-on, beaucoup de choses inédites, lettres de Henri IV et autres ; enfin c’est un supplément utile aux Mémoires de ce temps.

1642. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 407-409

Une imagination brillante, noble, vive ; un esprit lumineux & plein de sagacité ; un pinceau aussi délicat que nerveux, ou, pour mieux dire, la force du burin réunie à la mollesse du pinceau, sont les bienfaits précieux qu’elle lui a prodigués, & dont il a fait un si noble usage.

1643. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 89-91

Sans avoir la force & la solidité de Bourdaloue, le P.

1644. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

La force et l’originalité avec lesquelles il a peint des mœurs barbares, prouvent qu’il partageait les passions de ses héros.

1645. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Force-t-elle la jeune fille à chercher le jeune homme dans la palestre, à l’introduire furtivement sous le toit paternel ? […] « La tentation était grande, mais elle n’était pas au-dessus des forces d’Aben-Hamet. […] , tuer la moitié de ses soldats par des marches au-dessus des forces humaines. […] Sa grandeur n’est venue que des forces immenses que nous lui remîmes entre les mains lors de son élévation. […] En toutes choses, il ne vit que leur force de l’émouvoir, c’est-à-dire lui-même.

1646. (1930) Le roman français pp. 1-197

» Bouvard et Pécuchet sont héroïques à force d’ineptie, nul, dans la réalité, n’est aussi stupide. […] Et Homais l’est pareillement, à force d’être Homais et rien d’autre. […] Puis c’est le fantastique, scientifique toujours : La Force mystérieuse. […] Un écrivain vaut par la force et la forme — et l’originalité autant que possible — avec laquelle il s’exprime. […] Mais elle sait que sa force de caractère n’égale pas la ferveur de ses aspirations.

1647. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il rentra dans la plénitude, sinon de ses forces, au moins de son intelligence. […] leurs forces sont éteintes, ils ne connaissent point l’adresse, il ne leur reste que la rage : ils se déchirent. […] « Il allait mourir ; mais soudain il rappelle toutes ses forces autour de son cœur : étouffant la douleur qui le presse, il se hâte de rendre à son amante une vie immortelle pour celle qu’il lui a ôtée. […] « À cet aspect, les forces que Tancrède avait recueillies le quittent et l’abandonnent : il se remet tout entier sous la main de la douleur qui serre son cœur et le glace. […] Le Tasse se trompait ; on ne sent dans la Jérusalem conquise ni moins de force ni moins de style que dans la Jérusalem délivrée, mais on y sent moins de charme ; la fleur du génie est flétrie, le parfum s’est envolé avec elle ; c’est le parfum qui avait enivré le siècle, c’est encore le parfum que la postérité a voulu respirer.

1648. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Il avait les quatre conditions nécessaires pour donner à l’Europe ce chef-d’œuvre si longtemps inconnu : la philosophie pratique, la passion de son modèle, la connaissance du grec et la vertu antique, cette condition supérieure qui force l’homme de ressembler à ce qu’il admire. […] Nous aimons à nous figurer qu’à des époques aussi reculées et dans des pays aussi barbares, la politique n’était qu’un vague instinct de la société humaine, sans morale, sans règle, sans définition, sans dénomination, sans tendance, agitant confusément l’humanité au gré de la force et de la ruse, tel, par exemple, que Machiavel dans le Prince l’entendait deux mille ans après. […] « Reconnaissons donc que tous les individus dont nous venons de parler ont leur part de vertu morale, mais que la sagesse de l’homme n’est pas celle de la femme, que son courage, son équité, ne sont pas les mêmes, comme le pensait Socrate, et que la force de l’un est toute de commandement, celle de l’autre, toute de soumission. […] Même objection encore contre la souveraineté de la multitude, fondée sur la supériorité de sa force relativement à la minorité ; car, si un individu par hasard ou quelques individus, moins nombreux toutefois que la majorité, sont plus forts qu’elle, la souveraineté leur appartiendra de préférence plutôt qu’à la foule. […] Toutes trois admettent d’ailleurs la suprématie de la majorité, puisque, dans les unes comme dans les autres, la décision prononcée par le plus grand nombre des membres du corps politique a toujours force de loi.

1649. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Il n’y a pas, dans les Alpes, deux sommets absolument semblables, et tous pourtant sont le résultat d’une même force agissant dans des conditions diverses. […] Reprendre un point de départ identique, se plagier soi-même, et faire une œuvre toute nouvelle par une modification des caractères, voilà le tour de force qui, à lui seul, révèle le pur artiste. […] Quand le sujet s’y prête, et quand le poète est pourvu du lyrisme nécessaire, les chœurs apportent une sorte de détente psychologique, une émotion nouvelle, et contribuent à la beauté architecturale de l’ensemble ; mais on ne saurait en faire une obligation ; leur emploi judicieux sera même restreint par la force des choses. […] En effet, le spectateur est plein de bonnes intentions ; il ne demande qu’à oublier les médiocrités de la journée et à collaborer avec l’auteur ; il apporte en lui une force précieuse, à laquelle je faisais allusion tout à l’heure : l’imagination, par sympathie. Laissez cette force agir, créer, s’emballer mime, et votre œuvre d’art aura atteint le maximum d’effet.

1650. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

votre estomac est de force vraiment à digérer des pierres, et votre esprit ne s’en porte que mieux. […] Je vise toujours, — et je crois que c’est un principe essentiel en fait de critique contemporaine, — à juger les écrivains d’après leur force initiale et en les débarrassant de ce qu’ils ont de surajouté ou d’acquis. […] Cela fait et ce terme de son ambition atteint102, il ne se hâta plus ; il aima mieux amasser, augmenter sans cesse la riche matière des volumes suivants que de se presser de les réunir ; il s’y oublia un peu, et plus tard, quand il songea à lier sa gerbe, il n’en eut ni le temps ni la force ; il était trop las. […] Je ne le plaindrai point d’avoir tant dépensé pour si peu, je l’envierai plutôt : il a joui de lui-même pendant de longues heures, il a pratiqué le précepte du sage : Cache ta vie ; il a fait d’une toute petite santé un long et ingénieux usage ; il a souri dans la solitude à d’innocentes pensées et s’est égaré à loisir dans les sentiers qu’il préférait ; enfin, lettré par vocation et qui n’était que cela, il a réalisé, selon ses forces et dans sa mesure, un rêve pacifique et doux103.

1651. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

. — Pour tous les recouvrements qui leur sont commis, ils sont responsables sur leurs biens, sur leurs meubles, sur leurs personnes, et, jusqu’à Turgot, chacun est solidaire des autres ; jugez de leur peine et de leurs risques ; en 1785673, dans une seule élection de Champagne, quatre-vingt-quinze sont mis en prison, et chaque année il y en a deux cent mille en chemin. « Le collecteur, dit l’assemblée provinciale du Berry674, passe ordinairement pendant deux ans la moitié de sa journée à courir de porte en porte chez les contribuables en retard. » Cet emploi, écrit Turgot675, cause le désespoir et presque toujours la ruine de ceux qu’on en charge ; on réduit ainsi successivement à la misère toutes les familles aisées d’un village. » En effet, il n’y a point de collecteur qui ne marche par force et ne reçoive chaque année676 « huit ou dix commandements ». […] À force d’amis et de protection, il ne leur en a coûté que 48 livres. » — Défense de puiser de l’eau de la mer et des sources salées, à peine de 20 et 40 livres d’amende  Défense de mener les bestiaux dans les marais et autres lieux où il y a du sel, ou de les faire boire aux eaux de la mer, à peine de confiscation et de 300 livres d’amende. — Défense de mettre aucun sel dans le ventre des maquereaux au retour de la pêche, ni entre leurs lits superposés. […] Nous vous le demandons, sire, avec tous vos autres sujets, qui sont aussi las que nous… Nous vous demanderions encore bien d’autres choses, mais vous ne pouvez pas tout faire à la fois. » — Les impôts et les privilèges, voilà, dans les cahiers vraiment populaires, les deux ennemis contre lesquels les plaintes ne tarissent pas728. « Nous sommes écrasés par les demandes de subsides…, nos impositions sont au-delà de nos forces… Nous ne nous sentons pas la force d’en supporter davantage…, nous périssons terrassés par les sacrifices qu’on exige de nous… Le travail est assujetti à un taux et la vie oisive en est exempte… Le plus désastreux des abus est la féodalité, et les maux qu’elle cause surpassent de beaucoup la foudre et la grêle… Impossible de subsister, si l’on continue à enlever les trois quarts des moissons par champart, terrage, etc.

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