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1037. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Dès le début de Napoléon, j’aperçois en lui ce caractère excessif, qui a contribué en définitive à grandir sa figure dans l’imagination des hommes, mais qui, dans le présent, devait un jour ou l’autre amener la ruine. […] Qu’on se figure ce qu’eût été, dans l’Angleterre à demi conquise, la situation d’une armée française victorieuse, mais coupée de son empire par une mer et une flotte maîtresse des mers !

1038. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

J’en suis charmé pour votre sexe, et même pour le mien ; car, quoiqu’en dise votre amie, sitôt qu’il y aura des Julie et des Claire, les Saint-Preux ne manqueront pas ; avertissez-la de cela, je vous supplie, afin qu’elle se tienne sur ses gardes… Puis tout à coup il s’enflamme à l’idée de retrouver quelque part une image des deux amies inséparables qu’il a rêvées ; l’apostrophe, cette figure favorite qui est son tic littéraire, lui échappe : « Charmantes amies ! […] je n’ai qu’une de ces figures qu’on regarde à deux fois.

1039. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Toutes les scènes où elle figure sont excellentes et prises sur nature : mais la première, dans laquelle elle arrache le secret à la jeune femme et l’excite à aller plus avant, passe toutes les autres. […] La plus jolie scène, et l’une des plus honnêtes où il figure, est celle où on le voit un jour aller au collège de compagnie avec Mme d’Épinay, et où il fait subir un interrogatoire au précepteur du jeune d’Épinay, à ce pauvre et grotesque M. 

1040. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

En parcourant en bien des sens le champ du xviiie  siècle, j’ai mainte fois rencontré le grand nom et l’imposante figure de Montesquieu, et je ne m’y suis pas arrêté. […] Pourvu qu’ils y soient, cela leur suffit. » Ailleurs, parlant de ces gens dont la conversation n’est qu’un miroir où ils montrent sans cesse leur impertinente figure : « Oh !

1041. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Mme d’Épinay aimait à écrire, et, dans ses exercices de plume, elle ne tarda pas à faire de Grimm un portrait qui nous le représente à son avantage, et sous des traits dont on sent pourtant la vérité : Sa figure est agréable par un mélange de naïveté et de finesse ; sa physionomie est intéressante, sa contenance négligée et nonchalante. […] Meister parle des agréments de sa figure, de sa physionomie pleine de finesse et d’expression, et en même temps il ne nous dissimule pas ce que l’ensemble de sa personne avait d’irrégulier : Il portait, dit-il, la hanche et l’épaule un peu de travers, mais sans mauvaise grâce.

1042. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

La figure et la personne physique de M.  […] Sa figure, en un mot, n’était pas française de type38.

1043. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Il avait mieux que de l’esprit ; mais il ressemblait en cela à ces figures qui, pour paraître belles, veulent être placées à une certaine hauteur et vues en perspective ; de près, l’œil qui ne peut en saisir l’ensemble leur accorde moins d’attention qu’à une miniature. […] D’une haute taille élégante, d’une figure régulière, avec des yeux expressifs où riait la malice, avec la riposte prompte sur les lèvres, aimant franchement ceux qu’il aimait et se passant des autres, il payait de sa personne, il avait de l’esprit argent comptant et tenait sans effort son rang dans la société.

1044. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

L’honnête et drue figure de Mme François ressort sur toutes les turpitudes du Ventre de Paris. […] Zola en vient à assigner à ses principales figures les caractères de toute une classe.

1045. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Hurter était un esprit fort calme alors, très érudit, que la grande figure d’Innocent III, très calme aussi, devait naturellement attirer, et qu’il admira bonnement, dans toute la candeur d’une pensée honnête. […] Et cependant ce n’était pas un homme vulgaire, Nous l’avons dit assez pour qu’on ne nous accuse pas de dégrader à plaisir une figure majestueuse, après tout, par de certains côtés, mais dont Hurter et beaucoup d’autres ont oublié les proportions.

1046. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Elle avait sous les yeux, parmi les ouvrages qui se présentaient à son examen, des études de l’Antiquité, tentées avec ingénuité et avec franchise120 ; des drames où la passion romanesque traverse l’histoire et ne craint pas de se rencontrer en présence des plus grands noms121 ; des comédies surtout, où des scènes et des caractères fort gais ont charmé le public122, et où des figures aimables, entremêlées à d’autres qui ne sont que plaisantes, lui ont procuré et lui procurent chaque jour un divertissement plein de distinction et d’élégance123.

1047. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Si on se le figure livré à lui-même, dans une époque moins remuante et moins excitée, il n’aurait rien inventé, sans doute, rien innové, il se serait tenu à orner et à célébrer.

1048. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Quand Scott, duquel M. de Vigny était évidemment préoccupé, s’amuse à faire grimacer ses figures, il ne prend guère cette liberté qu’avec des êtres fantastiques.

1049. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Qu’on se figure cinq ou six jeunes gens d’élite sous la conduite d’un maître à la fois artiste et érudit, sous une direction telle que M. 

1050. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

C’est à cette manière si naïve de voir et de peindre qu’on doit tant de figures originales, piquantes ou, pour mieux dire, effrayantes de contrastes, et jusqu’ici envisagées trop absolument d’un seul côté : Danton, Desmoulins, Chaumette, Clootz, Saint-Just, Robespierre lui-même : un roman de Walter Scott n’offre pas des personnages plus vivants.

1051. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

« Jamais, nous a-t-il très bienveillamment affirmé lui-même, bien que toujours curieux des choses de la médecine et profondément attiré par l’intensité de leur notion. » Ou bien il use des termes techniques comme d’un véritable procédé littéraire, dont voici, chez lui, le personnel mécanisme : dans sa jalousie de prodigieux orfèvre et ouvrier d’art, il horrifie par dessus tout la banalité du mot, expulse violemment de son répertoire les clichés ressassés, les figures redites, les termes éculés.

1052. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Que nos graves adversaires regardent autour d’eux : le sot de 1780 produisait des plaisanteries bêtes et sans sel ; il riait toujours ; le sot de 1823 produit des raisonnements philosophiques, vagues, rebattus, à dormir debout, il a toujours la figure allongée ; voilà une révolution notable.

1053. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Du moins il n’y a que ces documents pour nous montrer des figures vivantes, petits nobles, curés, moines et religieuses de province, avocats, échevins et bourgeois des villes, procureurs de campagne et syndics de villages, laboureurs et artisans, officiers et soldats.

1054. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre premier. Des signes en général et de la substitution » pp. 25-32

. — Un cri aigu d’un certain timbre part d’une chambre voisine, et l’on se figure un visage d’enfant qui pleure parce que sans doute il s’est fait mal. — La plupart de nos jugements ordinaires se composent de liaisons semblables.

1055. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Majestueux dans sa figure, dans ses attitudes, dans son style, il l’était aussi dans son caractère : il avait une vraie noblesse d’âme, beaucoup de bon sens, de solidité, d’honnêteté, point de vanité, aucun sentiment bas ou mesquin.

1056. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

On parle de la tolérance comme d’un devoir qui ne fait plus question ; elle est inscrite dans le catéchisme républicain ; tout le monde se figure être tolérant.

1057. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Tout s’y trouve de ce qu’il est indispensable de voir et de savoir pour prendre figure d’homme du monde et se produire, avec avantage, dans la meilleure société : l’adresse des bons faiseurs, des recettes inédites de parfums, dont l’une est empruntée à M. 

1058. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Par son genre de vie, par son opposition aux pouvoirs politiques établis, Jean rappelait en effet cette figure étrange de la vieille histoire d’Israël 571.

1059. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

C’est une détermination prise… je n’y puis rien. » Un peu touché toutefois par nos tristes figures, il ajoute : « Que Lireux vous lise et fasse son rapport, je vous ferai jouer si je puis obtenir une lecture de faveur. » Il n’est encore que quatre heures.

1060. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Si l’on descend au xixe  siècle, la figure des mots étrangers, même les plus usuels, change et se barbarise.

1061. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Point d’entassement, point de figures, point de pathos, point d’émotion empruntée, disoit-il ; ou, si l’on y a recours, c’est se rendre indigne de sa profession, c’est gâter sa propre cause & supposer les juges malhonnêtes gens.

1062. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de distraction, de pures superfluités, où l’agréable, ce bouffon suranné, oublie innocemment son confrère l’utile, il me semble que si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie.

1063. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

L’Enfer ne l’y laisse pas tranquille, et la figure de Rome, avec tous ses charmes, lui apparaît pour le tourmenter.

1064. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Quand on nomme un saint aujourd’hui, on se figure quelque moine grossier et fanatique, livré, par imbécillité ou par caractère, à une superstition ridicule.

1065. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Il traçoit sur la terre des figures avec sa houlette, quand il se rencontra une personne qui fit attention sur les amusemens de cet enfant, et qui se chargea de lui procurer une éducation plus convenable à ses talens que celle qu’il recevoit du païsan qui le nourrissoit.

1066. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Qu’il figure dans les contes ou dans les fables, c’est toujours à son honneur, différent en cela de l’hyène, dont le rôle est beaucoup plus relevé dans les contes que dans les fables où son sort constant est celui de la dupe.

1067. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Or, il est très utile de projeter une lumière abondante sur les figures caractéristiques, parce qu’elles sont représentatives, et que, fortement éclairées, à leur tour elles illuminent pour nous soit une époque, soit une série d’êtres.‌

1068. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Sa figure creuse et sans teint avait des tons de bois.

1069. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

D’un esprit né pour spéculer ou pour rêver je pourrais admettre qu’il reste extérieur à la réalité, qu’il la déforme et qu’il la transforme, peut-être même qu’il la crée, comme nous créons les figures d’hommes et d’animaux que notre imagination découpe dans le nuage qui passe.

1070. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

M. de Marcellus venait alors d’épouser, à Paris, une femme d’une naissance éminente, d’un esprit héréditaire, d’une beauté remarquée dans son siècle, mademoiselle de Forbin, fille du comte de Forbin, directeur des musées, homme dont les agréments de figure, les succès de salon ou de cour sous deux règnes, l’esprit épigrammatique, et les talents en peinture et dans les lettres, faisaient un ornement de l’époque impériale, dépaysé dans le royalisme de la Restauration. […] Elle m’en expliqua l’usage : l’un servait à assujettir son turban, et l’autre à cacher sa figure, quand elle ne voulait pas être reconnue. […] Sa figure allongée et pâle aurait peint le sentiment, si elle n’avait voulu lui faire exprimer l’énergie et le courage.

1071. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

On croit voir des portraits de famille dans certaines figures du tableau, telles, par exemple, que la transparente sœur madame Baptistine et la vieille madame Magloire, sœur volontaire aussi plutôt que servante de la maison épiscopale ; on croit deviner que le poète, comme le peintre Rubens, mettant partout sa femme ou sa sœur dans ses tableaux, s’est souvenu de son heureuse enfance de la rue du Colombier, et a retracé le profil de sa mère ou la face réjouie de quelque bonne tante auxiliaire de sa mère, dans les figures de ces deux saintes femmes de l’Évangile, domestiques du saint évêque de Digne. […] « Une pierre était là, l’évêque s’y assit ; l’exorde fut ex abrupto . » Les poètes seuls posent ainsi les figures : ce qu’on appelle poésie n’est que la reproduction vivante et colorée de la vérité.

1072. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Mlle de Scudéry y mit plus : la description du monde précieux, hôtels, châteaux, figures et caractères ; Condé, dans Cyrus, avec la bataille de Rocroy très exactement narrée ; dans Clélie, la Fronde, et Pellisson sous le nom d’Herminus, Sarrazin sous celui d’Amilcar, et puis Mme de Sévigné, Fouquet, La Rochefoucauld, le ménage Scarron, les Jansénistes et Port-Royal. […] Pour remplacer les coups d’épée des Cyrus et des Aronce, Scarron met à notre goût un peu trop de coups de pied ; mais son récit offre, épars çà et là, ou enveloppés de fantaisie exubérante, de sérieux éléments de comédie, des figures curieusement dessinées, la Rancune, le cabotin usé et grincheux, la Rappinière, le rieur méchant, la Garouffière, le provincial parisiennant, Ragotin, un petit bourgeois vif et hargneux, galant et fat.

1073. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

J’entendais toujours mes camarades parler avec une rare estime de cette petite servante, qui était en effet un modèle de vertu et joignait à cela la figure la plus agréable et la plus douce. […] Quand je me figure une de ces lectures spirituelles où le maître répandait si abondamment son esprit, cette salle du rez-de-chaussée, avec ses bancs serrés où se pressaient deux cents figures d’enfants tenus immobiles par l’attention et le respect, et que je me demande vers quels vents du ciel se sont envolées ces deux cents âmes si fortement unies alors par l’ascendant du même homme, je trouve plus d’un déchet, plus d’un cas singulier.

1074. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Quelques filles un peu folles, volontiers dévêtues, et des croques-morts falots ; et les blanches ondulations d’une neige, et des figures enfantines, qui vaguement se jouent, en des attitudes malignes. […] Aux clameurs agitées des scènes précédentes succède le silence total de l’orchestre, et la douce et rêveuse chanson d’un pâtre assis sous une roche voisine ; le refrain de son chalumeau que le cor anglais figure très heureusement, amène une opposition bienfaisante. […] Elle chanta aussi bien les opéras français que les opéras italiens et est aujourd’hui une figure quasi mythique de la soprano.

1075. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Elle substitue la peinture d’un siècle à l’appréciation de ses œuvres, et néglige la figure pour la draperie. […] Je ne veux pas qu’on me donne l’estaminet pour le salon, qu’on se croie homme du monde par cela seul qu’on n’est pas homme d’étude ; enfin je me figure que pour avoir de l’esprit il ne suffit pas d’être ignorant. […] On aimerait à se représenter les critiques sous la figure de ces sages vieillards de Fénelon, qui président aux luttes pacifiques des athlètes, dans l’arène qu’ils ont remplie autrefois du bruit de leurs triomphes.

1076. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

il y a touché, et il l’a renversé, dans ce livre que nous annonçons, le colosse du faux Alexandre VI qui pendant si longtemps nous a caché le vrai, de cet Alexandre VI qui ne fut, comme on l’a dit, ni un Sardanapale ni un Tibère, mais auquel on a fait des vices surhumains pour cacher des vertus seulement humaines, comme on fait le masque plus grand que la figure pour mieux la cacher ! […] Son Lantenac, la plus grande figure de son livre parce qu’il ne l’a pas faite, — car Lantenac, c’est Charette, c’est Charette, avec les femmes de moins et les années de plus. — oui ! […] C’est la seule figure qui, si elle n’est pas tout à fait la vie, approche de la vie dans ce livre qu’on dirait sorti des ateliers de Birmingham.

1077. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Saint-Simon se figure le détail précis, les angles des formes, la nuance des couleurs, et il les note avec une netteté de peintre ou de géomètre ; je cite tout de suite, pour être précis et l’imiter ; il s’agit de la Vauguyon, demi-fou, qui un jour accula madame Pelot contre la cheminée, lui mit la tête en ses deux poings, et voulut la mettre en compote. […] Il est crû, trivial et pétrit ses figures en pleine boue. […] « Harlay aux écoutes tremblait à chaque ordinaire de Bretagne, et respirait jusqu’au suivant. » La phrase file comme un homme qui glisse et vole effaré sur la pointe du pied. — Plus loin le style lyrique monte à ses plus hautes figures pour égaler la force des impressions.

1078. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ils eurent des figures colossales, mais non des statues régulieres, & toute la science de leurs Peintres consistait à tracer des hyérogliphes. […] Peut-être, qu’en effet, dans mes vives peintures Je fis plus d’une fois grimacer mes figures. […] Le profond Clairaut calculait les tables de la lune, & décrivait la figure de la terre. […] Le rolle qu’elle joue dans ce Poëme est bien inférieur & bien opposé à la maniere dont elle figure dans l’histoire. […] Témoin cet autre où il figure la valeur impétueuse de Jeanne d’Arc.

1079. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Mais se figure-t-on l’étonnement d’un chimiste, ou d’un naturaliste qui lit ce morceau, surtout si jusqu’ici il a cru (sur parole) que la philosophie est une science ? […] Qu’on se figure donc cette France bouleversée par la Révolution, décimée par l’Empire, humiliée par l’invasion des alliés, et réussissant pour la première fois depuis de longues années à donner essor à ses sentiments et à ses pensées. […] Car un homme qui est complètement dans ce vague qu’il nous figure doit n’atteindre à rien, pas même à l’idéal de sa tristesse en la décrivant. […] On se figure donc quel dut être le scandale à l’apparition de premières productions du génie audacieux et paradoxal de Victor Hugo. […] Néanmoins il était permis aux poètes d’idéaliser cette figure historique peu connue et d’une importance secondaire.

1080. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il fallait donc faire entrer beaucoup de figures dans cet album, y faire entrer beaucoup de textes, et réduire à son quasi minimum la part et l’office de l’historien littéraire et du critique. […] Le voici (portrait de Rigaud) avec sa jolie figure déjà noble, ses traits réguliers et fins, ses yeux brillants et doux, son geste aisé, gracieux et aristocratique. […] Daudet était, comme à peu près tous les auteurs de cette fin de siècle, attiré par la grande figure de Napoléon. […] Le héros du roman étant le fils d’un Français réfugié à Londres après la Commune, est tout naturellement mêlé aux agitations socialistes et anarchistes et y fait très bonne figure. Deux ou trois figures de meneurs sont très bien tracées et en vif relief.

1081. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Elle était romanesque, elle aimait la gloire : ce qu’il y avait d’étrange et d’énigmatique dans la figure de Bonaparte contribuait encore à la séduire. […] Les Burgraves tout entiers y feraient belle figure à côté d’Éviradnus. […] Entre toutes, une figure de mots, l’antithèse, a sur son esprit un pouvoir si impérieux qu’elle semble avoir présidé à la genèse de toutes ses pièces. […] Tels sont quelques-uns des traits de la figure de Pasteur, au témoignage d’un homme qui l’a connu de tout près. […] Anatole France créait à la ressemblance de l’auteur de Sagesse et de Parallèlement les figures délicieuses de Gestas et de Choulette.

1082. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Mais ce maître d’école figure dans la conspiration comme agent et non comme acteur. […] La marquise de Vilars, dont la vertueuse résistance jette Auguste des Préaux dans la folle entreprise de Latréaumont, est à mon avis la meilleure figure du livre. […] Le contraste de ces deux figures est heureusement marqué. […] La figure même de Céluta, quoique bien posée d’abord, ne se meut pas librement au milieu des évolutions stratégiques de cette menteuse épopée. […] Si la nature est le dernier mot de l’art humain, Phidias et Raphaël sont bien au-dessous des figures de Curtius.

1083. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Lui aussi, comme Raphaël et Titien, il a son idée de l’homme, idée inépuisable de laquelle sortent par centaines les figures vivantes et les scènes de mœurs, mais combien nationales et originales ! […] C’est le rêve, le rêve étrange fourmillant de pensées profondes, la contemplation douloureuse de la destinée humaine, l’idée vague de la grande énigme, la réflexion tâtonnante qui, dans la noirceur des bois hérissés, à travers les emblèmes obscurs et les figures fantastiques, essaye de saisir la vérité et la justice. […] que je voyais de spectres et de figures horribles !  […] Qu’on se figure, si on peut, les ravages d’une pareille idée en des esprits solitaires et moroses, tels que cette race et ce climat en produisent. […] Elle seule, au défaut de l’extase, peut peindre le ciel ; car elle ne prétend pas le peindre ; en l’exprimant par une figure, elle le déclare invisible, comme un soleil ardent que nous ne pouvons contempler en face et dont nous regardons l’image dans un miroir ou dans un ruisseau.

1084. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

On y voit bien la figure des Rois, mais d’une représentation qui atteste la centième copie : elle vous invite à rire par l’envie même qu’elle a d’être fidelle. […] Celle qui s’ajuste au trait léger, est employée, & le personnage qui alloit avoir une physionomie burinée, n’offrira qu’une figure sans caractère. […] Ce pouvoir de combiner rapidement des images & des idées, à l’aide de simples figures, a vraiment quelque chose d’étonnant & d’admirable. […] Il les dédaigne, en disant que cette étude éteint son feu, & ralentit son enthousiasme ; il ne parle que de figures, de mouvemens. […] L’on vous vendra sur le Pont-Notre-Dame la figure des Empereurs, à-peu près telle qu’on la livre sur le Théâtre François.

1085. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Il y a là cinq cents longues figures, tristes, roides1347, et au premier coup d’œil il est clair qu’elles n’y sont point pour s’amuser. […] D’autres figures, moins grossies, ne sont point cependant plus naturelles. […] Pour Rebecca, comme nous l’avons dit, elle avait pris la sage résolution de ne point céder à une sentimentalité inutile. « Je suis affreuse à voir », dit-elle en s’examinant dans la glace. « Quelle figure vous donne cette toilette rose !  […] Vous n’êtes plus persécuté de conseils personnels ; vous restez à votre place, tranquille, en sûreté, sans que le doigt d’un acteur, levé vers votre figure, vous avertisse, au moment intéressant, que la pièce se joue à votre intention et pour opérer votre salut. […] Nos témérités modernes, nos images prodiguées, nos figures heurtées, notre usage de gesticuler, notre volonté de faire effet, toutes nos mauvaises habitudes littéraires ont disparu.

1086. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Parmi la multiplicité des élans, et la complexité des tendances qui préoccupèrent la génération précédente, certaines figures apparaissent cependant et émergent violentes, complètes et très nettes. […] Seule, la figure du Christ fournit l’adorable expression du sacrifice. […] Et, si dans maintes odes et épopées, figure le laurier rose, ce ne fut pas pour l’éclat de son feuillage, ni pour la frimousse en flamme de sa fleur, mais comme une pure et exacte métaphore de la gloire. […] Et enfin les dominant de sa statue, voici la Mort, atroce et grandiose figure qui semble résumer l’horreur entière de cette contrée pestilentielle, la Mort qui apparaît. […] La nature intervient dans ses poèmes pour faire allusion à soi-même, et s’il évoque la figure du Fossoyeur ou du Porcher, personnages de la vie banale, ce ne sera nullement comme symboles d’éternité, mais il agrémentera leur langage de ses convictions, et vous vous apercevrez, promptement, que le poète s’est allégorisé en la stature ou la fonction de ces hommes frustes.

1087. (1914) Une année de critique

On fait figure de sot dans le monde, mais on se sait homme d’esprit, et par cette conviction intime, l’on se console de ne le point paraître. […] Il cherche des précédents, car il ne sied point de faire figure d’énergumène. « Quel rôle jouer pour paraître le plus à mon avantage ?  […] Pour qu’elles puissent s’avancer et prendre leur rang dans la théorie des grandes figures littéraires, il manque à celles-ci je ne sais quelle mystérieuse impulsion. […] Combien de fois la figure d’un mystique pareil à Évariste n’apparaît-elle pas, sous des noms divers, à travers l’œuvre de M.  […] Marcel Boulenger apparaît comme une des figures les plus aimables de la littérature contemporaine.

1088. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

J’ai recours à des comparaisons, ne trouvant pas de manière droite pour caractériser cette espèce de dépravation de l’art, où il y a moins d’art que d’artifice, moins de choses que de figures, et où l’esprit, faute d’avoir à s’employer au service de la raison et de la vérité, en arrive à jouer avec ses qualités comme avec ses défauts, et à s’amuser de soi-même. […] « Faire une composition toute de figures, disait-il, est chose aussi ridicule et aussi absurde que si une femme se fardait non seulement le visage, mais le nez et les oreilles. […] Je quitte donc la prose et la simple nature, Pour composer des vers où règne la figure. […] Je ne me figure pas aisément Boileau méditant d’autres vérités, ni se servant d’une autre langue, tant il y est dans son naturel. […] De figures sans nombre égayez votre ouvrage.

1089. (1925) Dissociations

Il est vraiment heureux que nous ayons inventé l’art du vêtement, car nous ferions tout nus triste figure parmi la nature aux formes et aux couleurs harmonieuses. […] Encore est-il que dans le moment où l’on aperçoit un revolver braqué sur soi, on est excusable et de fermer les yeux et de se cacher la figure sous son bras. […] On ne se représente pas Voltaire avec la moustache de Richelieu, ni Ronsard avec la figure rasée. […] Mais je me figure mieux une cave remplie d’or qu’une machine à faire de l’or. […] Mais confiez donc cette idée aux constructeurs : Ils riront, toute le monde rira et tout le monde continuera à se casser la figure.

1090. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Alors il ouvre de nouveau la cellule chaste et solitaire où pose, éclairée par une douce lumière, l’angélique figure de Mme de Couaën. […] Sainte-Beuve trace le portrait du marquis de Couaën : « Noble figure, déjà labourée, un front sourcilleux, une bouche bienveillante, mais gardienne des projets de l’âme, le nez aquilin d’une élégante finesse ; quelques minces rides vers la naissance des tempes, de ces rides que ne gravent ni la fatigue des marches ni le poids du soleil, mais qu’on sent nées du dedans, à leurs racines attendries et à leur vive transparence. […] Il n’avait jamais vu de Français, et parut faire infiniment d’attention à la burlesque figure qui résultait de mes cinq pieds huit pouces, sans beaucoup d’épaisseur, de mes grands cheveux, de mes lunettes et de mon ajustement oriental par-dessus mes habits noirs. […] Ce sont des êtres faussés, des énigmes sans mot, des figures comme on en voit dans les rêves d’une digestion pénible ou dans des élucubrations bachiques après souper. […] Ce livre est une fantasmagorie brillante, la merveilleuse fantaisie d’une imagination fertile en expédients ; mais c’est l’histoire creuse et stérile d’une abstraction ; il n’y a pas la de ces passions vraies, comme l’auteur d’Indiana excellait à les peindre autrefois, point de ces tableaux d’une vérité frappante, point de ces caractères d’un naturel exquis, point de ces figures si naïves et si franches qui ont assuré un succès si durable à ses premiers ouvrages.

1091. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il faut le voir dans cette comparaison à laquelle il se complaît et qui jette un jour distinct sur deux figures qu’on est porté à confondre. […] Il s’y montre lui-même par contrecoup mieux que partout ailleurs, et il plaide indirectement pour ses propres qualités et un peu aussi pour ses défauts ; continuant donc son monologue et ce parallèle secret entre son frère et lui : Qui prendra, dit-il, pour des affaires sérieuses son choix à la figure, aux airs importants, au discours spirituel, et au bon air dans la dépense et dans le maintien, fera toujours une mauvaise affaire ; ce n’est là que la superficie, et même la perfection de cette superficie a dû nécessairement prendre sur le fond, et être faite à ses dépens.

1092. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Castellane n’a rien oublié de tout cela ; elle se rappelle parfaitement ma mère et sa belle figure pâle, notre salon vert, et mille détails qui m’ont confondue de la part d’une personne qui a tant vécu dans le grand monde et tant vu de choses. […] C’est à la comtesse Aimée de Coigny seule, à sa gracieuse figure, à son caractère facile et insouciant, que peuvent s’appliquer les traits particuliers sous lesquels André Chénier nous a peint si délicatement sa riante compagne d’infortune.

1093. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Après une nuit passée, en dépit de la cloche du couvre-feu, dans quelque taverne du voisinage, la tête encore lourde de l’orgie de la veille, ne lui était-il jamais arrivé sur le seuil de se sentir renaître au souffle matinal qui lui arrivait, tout frais, à la figure, de ces champs de blé, de ces vergers et de ces pampres échelonnés le long de la pente qui regardait Gentilly, Fontenay et Meudon ! […] cet écolier que je me figure, qui a respiré la bonne âme de Villon et non la mauvaise, et pour qui le poète, même complètement connu plus tard, était demeuré une passion, il revit de nos jours, il est devenu maître et de la meilleure école, et c’est lui qui a été, cette fois, le commentateur, l’apologiste (là où c’était possible), l’interprète indulgent et intelligent de Villon par-devant la Faculté, et aussi devant le public.

1094. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Peu d’instants après, Gœthe prévenu arrive « en redingote bleue et en souliers. » — « Noble figure ! […] Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi.

1095. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Les Anciens aimaient à se figurer, en les unissant et les accouplant dos à dos, les types et figures représentant les genres les plus contraires : ainsi ils assemblaient dans un même marbre, en les opposant nuque à nuque comme les deux faces de Janus, la figure d’un Aristophane et celle d’un Sophocle : si ce n’était une profanation, à cause du sang qui tache le front de Danton, je me figurerais ainsi, ne fut-ce qu’un instant, Danton et Royer Collard enchaînés, et leurs deux faces tournées vers des fins toutes contraires, — deux antagonistes éternels !

1096. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Qu’on se figure, dans ce cadre auguste et approprié, une de ces solennités telles qu’on les célébrait au Moyen-Âge les grands jours de fêtes saintes, un de ces drames liturgiques comme il s’en représentait alors dans les églises, avec musique et personnages, le clergé faisant les rôles, — les trois Mages à la crèche, les trois Maries au saint Tombeau, ou la scène des disciples d’Emmaüs au lendemain de la résurrection du Sauveur. […] Fais-moi là un tour plus ample ; à présent découvre-moi un peu la joue, baisse le pli qui touche aux yeux ; tire en bas, tire en haut ; rabaisse un peu au milieu du front ; tire un peu de là en arrière, j’en aurai une figure plus large.

1097. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Il rendit bon témoignage de sa taille et prôna fort sa figure, ses grâces. […] Il paraît, par tout ce que l’on en dit, qu’elle est assez grande pour son âge, qu’elle a d’assez belles dents et une belle taille, un vilain nez, et, quoiqu’elle ne soit point belle, qu’elle a en tout une figure qui plaît. » On lui fit quitter son costume polonais à Strasbourg.

1098. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

En même temps que l’esprit grave, mélancolique, de Vauvenargues, retardé par le scepticisme, s’éteint avant d’avoir pu s’appliquer à la philosophie religieuse où il aspire, des natures sensibles, délicates, fragiles et repentantes, comme mademoiselle Aïssé, l’abbé Prévost, Gresset, se font entrevoir et se trahissent par de vagues plaintes ; mais une voix expressive manque à leurs émotions ; leur monde intérieur ne se figure ni ne se module en aucun endroit. […] Nous nous garderons de soulever le plus léger coin du voile étincelant et sacré dont brille de loin aux yeux cette mystérieuse figure.

1099. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Les paradoxes éloquents, la verve étincelante et les magnifiques anathèmes de son glorieux aîné ont provoqué autour de cette haute figure une foule d’admirateurs ou de contradicteurs, une espèce d’émeute passionnée, émerveillée ou révoltée, une quantité de regards enfin, dont a profité tout à côté, sans le savoir, la douce étoile modeste qui les reposait des rayons caniculaires de l’astre parfois offensant. […] nous faisions, ma rose et moi, une fort triste figure… Au moment où la parure commence, l’amant n’est plus qu’un mari, et le bal seul devient l’amant. » Dans ce charmant chapitre, je relèverai une des taches si rares du gracieux opuscule : redoublant sa dernière pensée, l’auteur ajoute que, si l’on vous voit au bal ce soir-là avec plaisir, c’est parce que vous faites partie du bal même, et que vous êtes par conséquent une fraction de la nouvelle conquête : vous êtes une décimale d’amant.

1100. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Oui, j’avais cru sentir dans des songes confus S’évanouir mon âme et défaillir ma vie ; La cruelle douleur, par degrés assoupie, Paraissait s’éloigner de mes sens suspendus, Et de ma pénible agonie Les tourments jusqu’à moi déjà n’arrivaient plus Que comme dans la nuit parvient à notre oreille Le murmure mourant de quelques sons lointains, Ou comme ces fantômes vains Qu’un mélange indécis de sommeil et de veille Figure vaguement à nos yeux incertains. […] L’Immortel incliné vers la douce figure, etc., etc.

1101. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Je me figure (car j’ai besoin d’une explication) que, pendant ces années de laborieuse absence où l’auteur préparait son important travail, il nous aura crus plus atteints que nous ne l’étions en effet de cette fièvre du symbolisme historique. […] L’auteur va plus loin : il fait descendre sur cette race mérovingienne et sur son droit inné une sorte de mysticisme demi-asiatique, demi-scandinave, et il en personnifie le résultat idéal dans la figure de Brunehaut.

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