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2083. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Il envoya chercher à la bibliothèque la partition de Lohengrin et, l’ouvrant à la fameuse Marche des fiançailles, exécutée la veille, il me signala gravement les fausses relations et les modulations heurtées de ce morceau.

2084. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

De sa « sentine impure », comme dit Tite-Live, sortaient et se dégorgeaient par la ville les faux témoignages, les testaments supposés, les délations calomnieuses, les assassinats, les empoisonnements.

2085. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

C’est à tort, d’ailleurs, que l’on a voulu voir une fausse renaissance du classicisme dans ces contes philosophiques et satiriques dont M. 

2086. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Lundi 27 décembre Tourguéneff disait que de tous les peuples de l’Europe, la musique à part, les Allemands étaient le peuple qui avait le sentiment le moins exact de l’art, et que la petite convention bête et fausse qui nous faisait, à nous, rejeter un livre, leur paraissait à eux, la gentillesse de la perfection apportée au vrai des choses.

2087. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il observe la question sous toutes ses faces, et détache maille par maille la trame des fausses doctrines, jusqu’à ce que la difficulté se dénoue d’elle-même.

2088. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ce qu’il détruit, sans porter la responsabilité de ce qu’il fait, c’est une série de notions et de servitudes qui n’a pas besoin de lui pour disparaître comme ce que détruit sur le plan matériel la hiérarchie bourgeoise c’est sa fausse conception de la répartition des richesses communes.

2089. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Il suppute, faux misogyne, les frôles prestiges auxquels il succombe.

2090. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

On se rappelle le passage si amusant de Tartarin sur les Alpes où Bompard fait accepter à Tartarin (et un peu aussi, par conséquent, au lecteur) l’idée d’une Suisse machinée comme les dessous de l’Opéra, exploitée par une compagnie qui y entretient cascades, glaciers et fausses crevasses.

2091. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Je m’associe de tout mon cœur à l’indignation de Giusti, je déplore comme lui l’ingratitude de la foule pour les hommes qui vouent leur vie à l’étude, à la découverte, à l’enseignement de la vérité ; je n’ai que du dédain pour les applaudissements, trop souvent stupides, prodigués aux chanteurs par les badauds de tous les pays, qui ne savent pas siffler quand leur idole chante faux ; mais je voudrais voir toutes ces pensées, je voudrais voir cette colère revêtues d’une armure poétique. […] Il y a en effet dans ces renseignements, vrais ou faux, quelque chose de puéril et d’invraisemblable qui excite plutôt le sourire que l’attention. […] Je me demande comment il s’est décidé à réimprimer des pages écrites en 1810, en 1816, en 1818, qui ne renferment pas une idée neuve, et qui nous offrent trop souvent des idées fausses. […] Autant le premier est faux et languissant, autant le second est libre dans son allure, rapide et imprévu dans ses mouvements.

2092. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

L’exégèse multipliait les points de vue vrais ou faux, s’essayait à renouveler l’interprétation de l’Ecriture, et c’était un rajeunissement des disputes théologiques à faire se relever de leurs tombeaux les illustres docteurs du moyen âge, le Séraphique et l’invincible, l’Angélique et l’Illuminé. […] Dire d’une religion qu’elle est fausse ou d’une société qu’elle est mauvaise serait une formule très inintelligente et très dangereuse, même s’il était démontré que les principes de l’une et de l’autre sont extrêmement contestables. […] On arrive ainsi à concevoir qu’un dogme quelconque, si faux soit-il, est vrai en un certain sens. […] Bref, cet enseignement de la Science est la négation totale des faux dogmes de 1789, et il faudra bien que le XXe siècle s’y conforme, mais il lui faudra, pour cela, lutter contre la démocratie et ranger définitivement cette forme inférieure des sociétés à son rang de régression mentale. […] Que dit la voix de la foule sur le cadavre du saint : « Béni soit le poignard qui a tué le faux prêtre !

2093. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Rien de plus faux. […] C’est la pensée, mal comprise, égarée par un faux Idéal, par une littérature inférieure, mais la pensée tout de même qui précipite Emma Bovary dans ses coupables expériences, et tout le livre apparaît comme un violent et furieux réquisitoire contre les ravages que la disproportion des rêves imaginatifs et du sort produit dans une créature assurément vulgaire, mais encore trop fine, trop délicate pour son milieu. […] Non pas que la Science, comme l’imaginaient les faux prophètes du dix-huitième siècle, doive jamais parvenir à tout expliquer, mais, si elle ne pénètre pas l’Inconnaissable, elle le caractérise. […] C’est le début d’une mazurka de Chopin… Je chante faux… » ajouta-t-il, en voyant mon nouveau sourire. « Qu’importe, si je m’entends juste ?

2094. (1933) De mon temps…

De ce monde de fripouilles et d’imbéciles, de faiseurs et de faux visages où tout était masques et grimaces, il avait rapporté d’étonnantes histoires et il en dénonçait les manigances, les manies et les forfaits avec une conviction momentanément communicative. […] Elle évoqua les heures qu’il avait passées auprès d’elle à la Panne, dernier sol libre de la Belgique envahie, et le tragique accident où, dans la gare de Rouen, un mouvement imprudent et un faux pas malencontreux avaient précipité sous les roues du wagon celui qui n’avait pas eu le bonheur, lui, le poète des Aubes, de voir se lever sur sa patrie délivrée le jour de la Victoire et de la Liberté…   Ce fut à Bruxelles que je fis la connaissance d’Emile Verhaeren, en 1890 ou 1891.

2095. (1925) Dissociations

Telle est la supériorité de la fausse nouvelle sur la vraie, qu’elle donne des émotions sans dommage pour personne. […] Notez que l’adresse de la lettre administrative est incorrecte, que mon nom y est estropié, que cela me met dans l’impossibilité ou de justifier de mon identité, ou de faire établir une procuration valable, ‘et cela à moins d’un faux.

2096. (1896) Le livre des masques

Le poète, qui n’a pas de scrupules psychologiques, ne s’attarde pas au soin de partager les hallucinations en vraies et en fausses ; pour lui, elles sont toutes vraies, si elles sont aiguës ou fortes et il les raconte avec ingénuité, — et quand le récit est fait par M.  […] Il s’y montre le bourreau hautain des hypocrisies et des avarices, des fausses gloires et des vraies turpitudes, de l’argent et du succès, du parvenu de la Bourse et du parvenu du feuilleton.

2097. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

L’expérience nous a appris qu’il n’y a pas dans notre langue deux mots qui soient parfaitement synonymes, c’est-à-dire, qui en toute occasion puissent être substitués indifféremment l’un à l’autre : je dis en toute occasion ; car ce serait une imagination fausse et puérile, que de prétendre qu’il n’y a aucune circonstance où deux mots puissent être employés sans choix l’un à la place de l’autre ; l’expérience prouverait le contraire, ainsi que la lecture de nos meilleurs ouvrages. […] Le préjugé contraire est fondé en grande partie sur les fausses idées qu’on acquiert de l’éloquence dans nos collèges : on la fait consister à amplifier et à étendre une pensée ; on apprend aux jeunes gens à délayer leurs idées dans un déluge de périodes insipides, au lieu de leur apprendre à les resserrer sans obscurité.

2098. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il possédait une impeccable érudition, alimentée par des lectures énormes et entretenue par une mémoire que rien ne pouvait lasser : s’il eût mis moins de couleur et plus de pédantisme dans ses écrits, il est à supposer qu’on l’eût pris davantage au sérieux ; et, à l’heure actuelle, peut-être reconnaîtrait-on, sous les merveilleuses virtuosités du prosateur ou du prosodiste, certaines conceptions de la vie et du monde, qui, exactes ou fausses, étaient sûrement curieuses et méritaient qu’on s’y arrêtât. […] Du reste, que le fait soit possible ou non, qu’il soit vrai ou faux, peu importe en ce qui concerne les deux maîtres que nous examinons aujourd’hui. […] Elles mettent un peu de folie dans le monde ; elles soufflètent le billet de banque sur les deux joues ; elles sont le caprice lâché, nu, libre et vainqueur dans le monde des notaires et des épiciers de morale à faux poids201. […] Notre siècle d’ailleurs n’a rien, de ce chef, qui le distingue des siècles précédents, et personne au monde n’a tenté ni ne tentera de fonder une œuvre, qu’elle soit, sur une base notoirement impossible et fausse.

2099. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Je ne saurois lui pardonner la maniere dont il traita la feue reine de Pologne qu’il tint captive à Dresde, & toute cette fausse monnoie dont il remplit la Pologne, qu’il fit frapper au coin du pays, après en avoir retiré la bonne. […] Un prétendu médecin en courant les Villes, & disant par-tout qu’il voyageoit pour trouver des simples, gagna tout ce qu’il voulut ; & lorsqu’on lui reprocha d’avoir dupé le public, il répondit à Dieu ne plaise, j’ai parlé très-vrai… Il ne s’agit dans ce monde que de se faire valoir, les réputations usurpées n’ont pas d’autre principe qu’une fausse vanité, & sans vouloit dépouiller les médecins habiles d’un mérite qui fait leur patrimoine & leur appanage, on peut dire que la profession médicale est peut-être celle où il y a plus de personnages, que l’orgueil & la faveur ont mis en crédit. […] Mais qui vous dira qu’ils ne suivront pas l’impulsion d’un méchant homme, qui pour perdre un concurrent, fera de faux rapports…. […] Croyez-moi, le cri de reconnoissance qui s’est élevé dans tout le royaume, lorsqu’on a formé les assemblées provinciales, n’a point été le cri d’un faux enthousiasme.

2100. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il accule ses contradicteurs à ce dilemme : ou bien je suis vraiment une nouvelle incarnation de Jésus, ou bien la prendre était absurde et fausse. […] Il faut reconnaître que, si cette illusion d’amour-propre a de grands inconvénients, si elle fausse notre jugement critique, non seulement sur nous-mêmes, mais sur les autres, si elle, nous entraîne à des estimations fausses, elle a, en contre-partie, de grands avantages. « L’illusion qui accompagne l’homme au cours de la vie, dit M.  […] Salomon Reinach m’a écrit : « Permettez-moi de m’inscrire en faux contre deux de vos assertions : 1 ° la civilisation lacustre ne présente aucune trace de préoccupations religieuses ; 2° les anthropologistes expliquent les découvertes primordiales par le hasard.

2101. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Hugo sont fausses et ne reposent sur aucun témoignage. […] L’enthousiasme s’est porté avec un aveuglement obstiné sur les parties les plus fausses, les moins acceptables de la tragédie. […] Trop souvent le ton familier descend jusqu’au ton trivial et fait tache dans la période ; l’oreille est alors blessée comme si elle entendait une note fausse.

2102. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Je suis gêné non pas parce que je le crois faux dans son fond, mais parce que pour le conserver vrai, il faut à tout prix ne pas le forcer, ne pas le rendre trop complet. […] En voyant Odette lui faire ainsi le signe que c’était faux, Swann comprit que c’était peut-être vrai 45. […] Il est peut-être possible déjà d’écrire sur Marcel Proust sans tomber dans trop de sottises ; la plume admet le temps de la réflexion et si l’on se sent sur le bord d’une idée fausse ou imprécise, on peut toujours la garder suspendue, attendre que l’esprit ait achevé son travail.

2103. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Töpffer très-grand admirateur du style retrouvé de Paul-Louis Courier et partisan de quelques-unes de ses théories un peu fausses, mais si bien dites.

2104. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

« C’est sans doute la raison pour laquelle Vitruve établit entre les proportions du corps humain et les lois de l’architecture une analogie, fausse peut-être au point de vue scientifique, réelle au point de vue esthétique.

2105. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’un, l’aîné, était le comte Joseph de Maistre, esprit original, paradoxal, superbe, déclamateur, fanatique, qui a laissé une immense réputation à réviser par son parti, homme de phrases magnifiques, mais de livres tantôt équivoques, tantôt scandaleusement faux, grand écrivain, pauvre philosophe.

2106. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il a écrit des romans : Cinq-Mars (1826), où l’histoire embrouille le symbole, et où le symbole fausse l’histoire, bariolage romantique de psychologie insuffisante, de description trop littéraire, et de mélodrame brutal, Stello (1832), Servitude et grandeur militaire (1835), où se trouvent des récits poignants et sobres, dignes pendants des poèmes ; il a composé des drames : un Othello (1829), une Maréchale d’Ancre (1830) et ce Chatterton surtout (1835), si sobrement pathétique, dont je ferais volontiers le chef-d’œuvre du théâtre romantique.

2107. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Une prodigieuse imagination du faux le sauvait de l’expérience, lui gardait l’aveuglement et l’enfance de l’espérance… et ne faisait tomber sur lui que le coup inattendu des malheurs, etc.

2108. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

De là toute cette poésie de la Restauration, dont le caractère général est un retour vers le passé, une exploration du passé, un enthousiasme vrai ou faux pour le passé, sans élan, sans impulsion en avant : comme si, après la philosophie novatrice et enthousiaste du Dix-Huitième Siècle, une réaction d’immobilité et de rétrogradation fût nécessaire, afin que l’esprit humain, après avoir reconquis son passé, revu son héritage et sa vie antérieure, pût, riche d’expérience et de savoir, se lancer de nouveau, avec plus d’assurance et d’espoir, dans la voie de l’avenir.

2109. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Les preuves de la vraisemblance sont morales : c’est le contrôle même que la vraisemblance exerce sur la vérité ; c’est cette conformité des faits avec la raison, par laquelle seule nous sommes touchés des enseignements de l’histoire, et décidons invinciblement du faux et du vrai.

2110. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Beckmesser accorde son luth, qui rend des sons miraculeusement faux et bizarres et se met à croasser je ne sais quelle rapsodie saugrenue.

2111. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Mais il a donné lieu à tous les faux jugements portés par des amis, et par des ennemis également aveugles.

2112. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Si on dit que ce sont les sensations mêmes qui, par leur synergie ou leur conflit, produisent l’état de conscience particulier ou nous sommes quand nous croyons agir, faire effort, peiner, désirer, on transporte alors simplement l’activité à des représentations dont on fait des sortes de petits êtres luttant pour la vie ; c’est la fausse conception des idées-forces, où on les considère comme des éléments isolés et des sortes d’atomes.

2113. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Beaucoup de peuples slaves ne regardent pas volontiers en face et ont une mimique très fausse.

2114. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Aussi les philosophes qui, comme Lotze, ont fait appel à l’idée d’indétermination pour définir la liberté ont-ils fait fausse route : l’indéterminé, s’il existe, est indéterminé, voilà tout ce qu’on peut dire.

2115. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Quand même le romantisme ne posséderait pas à sa tête l’homme unique qui a doté l’art dramatique de la plus sonore langue poétique qui fût jamais, le romantisme aurait un théâtre ; et, ce théâtre, il le devrait à son côté faible, à son humanité tant soit peu sublunaire fabriquée de faux et de sublime, à cette humanité de convention qui s’accorde merveilleusement avec la convention du théâtre.

2116. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

La bienséance des écrivains pusillanimes ne découvre jamais ces nudités de l’âme en public, mais le cœur gonflé d’amertume soulève sur les plus mâles poitrines ces vaines bandelettes par une impudeur de sincérité plus chaste au fond que les fausses pudeurs de convention.

2117. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Chère Sacountala, je te ferai le récit de cette aventure ; mais attends que la blessure de mon cœur soit un peu fermée : cependant laisse-moi essuyer cette larme, reste de celles que t’a fait répandre ma fausse erreur ; cette larme qui dépare ta figure ravissante.

2118. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

On peut ne pas croire aux longs intervalles d’inactivité qui se sont écoulés entre nos formations consécutives ; on peut ne pas accorder toute son importance au rôle que les migrations doivent avoir joué, surtout lorsqu’on étudie séparément et exclusivement les formations de quelque grande région telle que l’Europe ; on peut enfin arguer de l’apparition soudaine de groupes entiers d’espèces nouvelles, bien que ces brusques invasions aient déjà souvent été reconnues fausses par suite de découvertes plus récentes.

2119. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

C’était plaisir de le voir à la Saint-Pierre, quand il promenait le long des prés sa large faux, à laquelle un taillis de jeunes bouleaux n’aurait pas pu résister, ou quand, pour battre le blé, il s’armait de son énorme fléau, et que, pendant de longues heures, ses bras musculeux se levaient et s’abaissaient sans relâche comme un levier. […] On se souvenait des facultés de travail du robuste muet ; on lui donna une faux, et il se mit à l’ouvrage comme par le passé, et il faucha de telle sorte que tous ses compagnons l’admiraient.

2120. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

En un certain sens il serait faux, et dans tous les sens il serait dangereux, de dire que le devoir peut s’accomplir automatiquement. […] Reportons-nous sans cesse à ce qu’eût été l’obligation si la société humaine avait été instinctive au lieu d’être intelligente : nous n’expliquerons ainsi aucune obligation en particulier, nous donnerons même de l’obligation en général une idée qui serait fausse si l’on s’en tenait à elle ; et pourtant à cette société instinctive on devra penser, comme à un pendant de la société intelligente, si l’on ne veut pas s’engager sans fil conducteur dans la recherche des fondements de la morale.

2121. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

que je suis heureuse, s’il n’y venoit point à faux !

2122. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Vous qui vous estimiez vraie entre toutes, et que le monde flattait d’être telle, vous ne l’étiez pas ; vous ne l’étiez qu’à demi et qu’à faux : votre sagesse sans Dieu était pur bon goût ! 

2123. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Depuis des siècles, la haute noblesse s’obère par son luxe, par sa prodigalité, par son insouciance, et par ce faux point d’honneur qui consiste à regarder le soin de compter comme une occupation de comptable.

2124. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Rien ne survit du temps que ce qui n’est pas du temps, c’est-à-dire la beauté propre au genre de poésie qu’on possède : les allusions sont la fausse monnaie de la gloire, l’avenir ne la reçoit pas.

2125. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Tant qu’on ne touche qu’aux idées, on peut toucher faux : mais, une fois qu’on touche aux hommes, il faut toucher juste.

2126. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

… En vain ont-ils raisonné le mieux du monde, leurs conclusions doivent être fausses parce qu’elles sont dangereuses… C’est que c’est la morale qui juge les métaphysiques, attendu qu’une métaphysique n’est rien de plus qu’une recherche de l’origine, de la loi et de la fin des hommes. » Cf. aussi l’article : « Question de morale » (Revue des Deux Mondes du 1er septembre 1889).

2127. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Alphonse Daudet raille quelque part166 « ce style académique avec des un peu », des « pour ainsi dire », qui font à tout moment revenir la pensée sur ses pas, comme une dévote qui a oublié des péchés à confesse, un style orné d’arabesques, de paraphes, de beaux coups de plume de maître à écrire. » Et il faut avouer que la raillerie ne porte point à faux.

2128. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Chandellier : c’était le grand dérideur de Gavarni, qui nous raconte, en riant encore aux larmes, qu’un jour Mme Hercule se plaignant d’un échange qu’elle avait fait d’un gril et d’une guitare, contre une fausse queue qu’on lui avait assurée être de la couleur de ses cheveux et qui n’en était pas, au milieu de mille lazzis, Chandellier prenant la queue des deux mains et l’enjambant, se mettait à galoper frénétiquement autour de la chambre, ainsi qu’un enfant monté sur un cheval de bois.

2129. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Je ne parle pas du sublime de la fausse ivrognerie du chevalier Grosse-Roche, qui pour son rôle de vengeur, se laisse uriner sur la figure, couché, dans le ruisseau, du sublime du suicide de la mère du chevalier Communal, — de ce sublime égal, s’il n’est supérieur à tout le sublime de l’Occident, — je parle de délicates trouvailles, comme la réponse de Mlle Ronce à la déclaration du chevalier Écaille : réponse, que ne laisse pas entendre le chant des oiseaux ; et je parle encore de la figure à la fois comique et touchante du chevalier Haie-Rouge : figure, tout aussi heureusement et habilement construite, que les meilleures figures des romans d’aventures d’Alexandre Dumas père.

2130. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Cette assertion, qu’elle soit fausse ou imparfaitement vraie, me fait toutefois réfléchir, et aujourd’hui, cet éreintement impitoyable de Manette Salomon, par Wolff, que je croyais seulement littéraire, et auquel je n’avais point un moment associé le judaïsme de l’auteur, — je suis bien forcé d’y voir un peu de youtrerie.

2131. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Quand je découvre une mauvaise assonance ou une répétition dans une de mes phrases, je suis sûr que je patauge dans le faux ; à force de chercher, je trouve l’expression juste qui était la seule et qui est, en même temps, l’harmonieuse. » (Ib.

2132. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Pendant que les bergeries de cette philosophie de la transfiguration de l’homme en dieu ici-bas font couler dans les idylles les ruisseaux de lait et de miel, l’homme continue à s’abreuver de ses pleurs, à gémir et à mourir aux chants faux de ces tristes épicuriens de la vallée de misère.

2133. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Quel rapport de ces idées vraies ou fausses avec les ruines de Robert ?

2134. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Vouloir, par un calque minutieux et servile, prendre les images et les couleurs de Pindare ou de Sophocle afin d’en couvrir la simplicité évangélique, c’était un faux travail, un sacrilège pour le goût plus encore que pour la foi.

2135. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Que de hautes intelligences, que de fières consciences parties pour le grand voyage de la vie ont fait naufrage au sortir du port contre l’écueil du faux ménage et y ont sombré pour jamais ! […] Cette vue subite changea le cours de sa douleur : « Raisonnons » dit-il à haute voix, et involontairement il retrouva, pour les mettre au service de sa passion, toutes les habitudes de méthode contractées par son esprit : « Oui, reprit-il, raisonnons… » Il s’assit au coin de son feu dans un fauteuil, et le front appuyé sur ses mains, il assembla toutes ses idées, qui ne tardèrent pas à prendre la forme du dilemme suivant : « De deux choses l’une, ou bien cette promenade et ce mensonge s’expliquent par un petit motif innocent, visite de charité, hasard d’une rencontre, et ils ne m’en ont point parlé par une fausse crainte de me déplaire ; — ou bien cette promenade et ce mensonge signifient qu’il y a un mystère entre Hélène et Armand ; disons le mot, qu’ils s’aiment… Il n’y a pas moyen de sortir de cette alternative. […] Étant trop mal venu pour faire un pêcheur, il avait reçu de l’instruction et passait ses jours sur cette même chaise, en fausses manches noires, grattant son papier. […] Aussi bien cette façon de procéder vaut-elle mieux que les faux attendrissements avec lesquels on aborde ici les gens qui ont fait une perte de famille.

2136. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

« Malheur à ce peuple, s’il s’en remet à l’apparence de la force ou s’il se contente de demi-mesures, par suite d’une fausse appréciation des puissances adverses, s’il attend de la fortune ou du hasard ce qui ne peut être atteint que par l’effort et l’exaltation de la volonté !  […] Il est impossible qu’on lise sans impatience le quinzième volume de l’Histoire de France où les idées les plus fausses sont éloquemment promulguées afin de taquiner la Pompadour, et qu’on lise sans impatience ces journaux de 1866, où traîne la vieille amitié prussienne de Voltaire et des philosophes. […] Sa patience nous avertit d’aimer les bribes de la réalité plus que toutes les fausses images, nulles, n’étant pas mortes, étant ce qui jamais n’a existé. […] Ceux qui sont vrais aujourd’hui seront faux demain, parce que leur exactitude est en rapport, non pas avec une réalité immuable, mais avec une réalité mobile et changeante » et, cette réalité mobile et changeante, c’est nous, ce n’est que nous, il y a la science ? […] Le « cœur léger », ne l’a-t-il point expliqué sans retard, et dès que se fut manifesté le faux étonnement de l’auditoire ?

2137. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Nous en avons la preuve dans la savante conjuration de silence maintenue depuis la Révolution contre tous ceux qui se sont attaqués à ses faux dogmes et à leurs apologistes. […] Le savant viennois n’en mérite pas moins notre reconnaissance pour avoir attiré l’attention des éducateurs sur un domaine qu’une fausse pudeur a trop longtemps laissé dans l’ombre. […] Des débris de cette sorte, on en trouve partout dans cette Italie où les couches de plusieurs civilisations se superposent, mais la gloire unique de ce Campo Santo de Pise, ce sont les fresques qui se développent le long des murs et, parmi elles, ce Triomphe de la mort, attribué longtemps à Orcagna, saisissante allégorie de la destinée humaine, où l’on voit à droite des dames et des seigneurs avec leurs faucons et leurs petits chiens, en train d’écouter de la musique, tandis que la Mort, d’un geste furieux, brandit sur eux l’implacable faux.

2138. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

C’est là précisément un point de départ qui est physiologiquement faux. […] Je pratique alors une incision au-dessous du rebord des fausses côtes, à droite de l’appendice xiphoïde. […] On s’est fait pendant longtemps une très fausse idée de ce qu’est un organe sécréteur. […] Tous ces exemples sont une preuve à l’appui de la recommandation que je vous ai déjà faite, et que je ne saurais trop répéter à cause de son importance : à savoir que, pour ne pas s’exposer à des erreurs ou à de fausses interprétations, il faut toujours, dans des recherches de ce genre, faire marcher de concert la chimie avec la physiologie, et tâcher surtout d’instituer les recherches chimiques d’après des études physiologiques bien faites. […] Pour constater ce fait, nous avons opéré de la manière suivante sur les chiens : On fait une grande incision oblique dans le flanc droit, immédiatement au-devant de la masse des muscles sacro-lombaires, et remontant aussi haut que possible dans l’angle de la dernière fausse côte.

2139. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Lucien Perey vient de publier sous ce titre : Une princesse romaine au xviie  siècle ; cette princesse n’est autre que Marie Mancini Colonna qui laissa, outre des rectifications de Mémoires faux publiés sous son nom, une correspondance qui, jointe aux pièces diplomatiques inédites du temps, nous raconte, presque jour par jour, une existence plus fertile en événements que le roman le mieux imaginé. […] J’ajouterai que jamais, au grand jamais, moi qui ai connu des bureaucrates, je n’ai vu le fonctionnaire le plus zélé passer des heures, au clair de la lune, devant la fenêtre de la pièce où son rond de cuir, soulagé, ne pense plus à lui ; tandis que nous, amoureux, nous sommes prêts à attendre des nuits entières qu’un bout de rideau se soulève, tout en sachant bien que nous sommes oubliés… sinon trompés. » Et, pour finir, ce croquis de toréador : « Le caballero Fépipi Sanchez était un de ces faux toréadors dont nous sommes infectés. […] Mais apprenez donc que l’amour passionnel n’est qu’une verrue, une chose anormale, la marque d’un mauvais fonctionnement du cerveau, du sang, qui vous fausse les objets et vous fait croire et voir ce qui n’existe pas ! […] Ceux qui, pour créer un style nouveau, tout en protestant contre le classique, c’est-à-dire le grec, le romain, la renaissance, croient devoir remonter aux sources du moyen âge, font également fausse route.

2140. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

N’admirez-vous pas comme cet homme qui, dans le même temps, jugeait déjà si à faux de sa propre situation, et dont la vue allait se troubler de plus en plus sur tout ce qui le concernait lui-même, voyait et disait juste sur le cas d’autrui ?

2141. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Et doucement il me dit, en montrant les dents, d’un regard souriant, et le rire jouait sur sa lèvre. » Au sujet de cette peau qui sent encore la présure, et que je n’ai pas voulu dérober par fausse bienséance, on remarquera que ce sont là des circonstances qui plaisaient aux anciens, bien loin de leur répugner ; ils les recherchaient plutôt volontiers.

2142. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Une fillette de six ans est serrée dans un corps de baleine ; son vaste panier soutient une robe couverte de guirlandes ; elle porte sur la tête un savant échafaudage de faux cheveux, de coussins et de nœuds, rattaché par des épingles, couronné par des plumes, et tellement haut que souvent « le menton est à mi-chemin des pieds » ; parfois on lui met du rouge.

2143. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

voilà le tableau que Léopold substitue à l’instant sur la toile aux figures fausses et fardées de Corinne !

2144. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Tout s’assoupit dans cette situation aussi fausse pour la papauté que pour la France jusqu’au congrès de Paris de 1856.

2145. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Excepté la prétention de l’orgueil dans cet homme, tout était faux.

2146. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Je ne savais pas, j’étais inexpérimenté ; l’illusion, ce mirage des belles âmes, me possédait ; maintenant le temps a fait son œuvre, et il ne me reste de ces saintes erreurs que celle qu’il faut nourrir toujours, bien qu’elle m’ait souvent trompé : l’amour du mieux pour l’humanité. » III M. de Las-Cases à Sainte-Hélène, auprès de Napoléon, le capitaine Medwin, auprès de lord Byron en Italie et en Angleterre, furent chacun un de ces échos providentiels que le hasard ou la volonté place à côté de ces grands hommes pour répercuter à l’avenir leurs confidences fausses ou vraies, intéressées ou désintéressées, selon qu’ils voulaient parler à leur chevet ou parler, comme on dit, par la fenêtre.

2147. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

tu n’as pas crié que c’était faux !

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