Chose bizarre, cet homme si élevé, si sublime dans ses écrits, avait la parole difficile, embarrassée. […] Pour ces deux ouvrages, Richelieu se remua si bel et si bien, montra un tel amour, fit de telles dépenses, qu’il est difficile de ne pas admettre qu’il en est réellement l’auteur. […] Il aimait mieux devoir beaucoup à la bonté du sujet que de compromettre le succès d’une pièce en cherchant à vaincre une situation difficile. […] On assure que l’auteur de ce chef-d’œuvre fut singulièrement conduit à traiter ce sujet, un des plus difficiles qu’on puisse mettre à la scène. […] Mais il fallait, avant tout, amuser le Grand Roi, qui ne s’amusait plus de beaucoup de choses, et il fallait l’amuser saintement, ce qui était bien plus difficile encore.
Comme elle est difficile à déraciner de nos cœurs ! […] Le difficile c’est de vivre. […] Elle est d’ailleurs extrêmement difficile à atteindre, et souvent en croyant la saisir, nous n’étreignons qu’une ombre. […] qu’il est difficile de savoir ce que nous devons à notre tempérament et ce que nous devons à nos maîtres ! […] » Les femmes, les jeunes filles ne résistaient pas à la séduction de cet Ariel, de cet Obéron, comme elles l’appelaient, si difficile à saisir, plus difficile à retenir.
Mais Fabre ne s’en indigne pas moins et s’écrie : « Quand on s’y prend de cette manière et qu’on est parvenu à ce comble de philosophie, vous voyez qu’il n’est pas difficile d’être content de tout… L’indignation surmonte la pitié, l’humanité l’emporte sur le mépris. […] Or ce qui rend la question difficile et très probablement insoluble, c’est que les deux moyens ne sont pas bons pour les mêmes personnes. […] On le voit enfin sous les haillons du « pauvre » de Don Juan, et le pauvre de Don Juan est héroïque ; mais ici Molière n’a pas allumé sa lanterne et il est bien difficile de démêler s’il a présenté son pauvre pour faire admirer son héroïsme ou pour démontrer à quel point son héroïsme est stupide. […] Il est difficile d’indiquer mieux que la religion est au nombre des maximes ridicules et des lois grotesques dont se sert Arnolphe pour intimider et effrayer sa pupille. […] — Oui, c’est plus difficile à entendre tout d’abord ; mais suivez bien.
Il est plus difficile de baptiser Dumas écrivain. […] Grâce aux Stendhaliens, il devint difficile de parler de Stendhal sans un peu d’irritation. […] Dans cet intérieur d’artisans, la vie qu’on mène, pauvre et difficile, s’éclaire d’un rayon d’idéal. […] Ce que je vous demande là est ce qu’il y a de plus difficile à l’inventeur. […] C’est un chapitre sur lequel il est difficile d’insister.
L’optimisme n’avait guère chance d’être accueilli dans un temps tel que le nôtre, où la vie est devenue si difficile, où la société est si inquiète de son lendemain. […] Rien de plus difficile aujourd’hui que de savoir pour qui on écrit. […] Mais pour ceux qui se préoccupent des intérêts généraux de l’humanité, il leur est plus difficile de soutenir jusqu’au bout la gageure. […] Plus difficile et plus lente aura été d’élaboration, plus les résultats en seront magnifiques. […] L’ironie est un genre difficile.
C’était un rôle difficile à une époque où la noblesse inverse était odieuse, et où la démocratie mal comprise haïssait le gentilhomme et se vengeait de ses prétentions par une chanson de Béranger. […] Peut-on frapper trop fort sur l’indifférence si difficile à éveiller, sur la distraction si difficile à fixer ?
Ceux qu’il avait omis ou dédaigné de prendre à partie n’eurent pas de peine à reconnaître qu’ils étaient exclus d’une poétique qui faisait aux appelés des conditions si difficiles. […] Nul auditeur n’était plus appliqué aux instructions, ni moins difficile sur les défauts des ministres. […] Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les cœurs et donne, je ne sais comment, un nouvel éclat à sa majesté qu’elle tempère263. » Les éloges sont suspects, lorsqu’ils sont exprimés en termes dont le vague et la généralité trahissent le lieu commun et l’admiration de commande, ou lorsque les détails en sont si particuliers qu’on peut soupçonner le panégyriste d’avoir, dans un intérêt de flatterie, substitué, à son original trop difficile à louer, un portrait de son invention.
« Or, de talent plus fier que le vôtre, de passions plus ardentes que celles que vous avez nourries, de volonté plus souveraine que celle que vous avez appliquée aux recherches d’art et au travail de style, il me paraît difficile d’en découvrir ; et c’est vraiment, par excellence, une vie d’écrivain, que cette vie si droite et si pleine, que vous aviez commencée à deux, côte à côte, dans la joie de vos cœurs jumeaux, et que vous avez reprise, avec une vaillance inébranlable, dans la mélancolie de la solitude. […] Mauvaise humeur d’Hertfort, qui force Lacroix à s’excuser, sur ce qu’il est très difficile de rencontrer Balzac, affirmant que Hugo et ses amis ne correspondent avec lui, que par lettres. […] Mais tout en se déchargeant sur moi de la composition de nos livres, mon frère était resté un passionné de style, et j’ai raconté dans une lettre à Zola, écrite au lendemain de sa mort, le soin amoureux qu’il mettait à l’élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun, et qui nous avaient satisfaits tout d’abord, les retravaillant des heures, des demi-journées, avec une opiniâtreté presque colère, ici, changeant une épithète, là, faisant entrer dans une période, un rythme, plus loin, refaçonnant un tour de phrase, fatiguant, usant sa cervelle, à la poursuite de cette perfection, si difficile, parfois impossible à la langue française, dans l’ expression des sensations modernes… et après ce labeur restant de longs moments, brisé sur un canapé, silencieux, dans la fumée d’un cigare opiacé.
Il serait pourtant bien difficile de faire croire aujourd’hui que ces noms étaient alors des noms d’imbéciles ! […] J’exerce un métier rude et difficile : Lorsque l’on veut bien faire ce métier, On se voit partout traiter d’imbécile, On ne trouve plus à se marier. […] Je n’ignore pas qu’il est assez difficile de prononcer le nom de Richard Wagner sans éveiller, encore, certaines susceptibilités, sans doute légitimes ! […] Naturellement, entre ce groupe de tribuns futurs et notre groupe, à nous, purement littéraire, il était difficile qu’il s’établit une entente très profonde, et d’un commun accord, instinctif, ils avaient choisi l’un et l’autre des lieux d’action différents. […] Je dirai toute ma pensée : La vérité me semble que l’auteur de l’Après-midi d’un Faune est ce qu’on appelle au collège un « auteur difficile ».
demanda le marquis très-étonné ; — trouver l’emploi de vingt mille francs par jour sans dépenser un sou utilement, — cela me semble difficile. […] Une fois qu’il a abordé ce sujet, on ne peut plus le lui faire abandonner, ou bien alors c’est un travail aussi difficile que de faire quitter le piano à un pianiste qui s’est fait prier pour s’y mettre, et ils se font tous prier. — Roman, théâtre, critique, il a tout vu, tout lu. […] — Un prix de vingts-cinq cigares est offert à celui qui résoudra le difficile problème d’installer Nadar. — Les calculs scientifiques n’ayant pas abouti, — Nadar trouve un biais, — trois ou quatre de ses amis resteront debout dans le wagon ; — de celle manière il pourra s’allonger à son aise. — La proposition est repoussée par ces messieurs, qui accusent Nadar d’abuser des droits que donne l’amitié. […] Bien que ce concours ait été très animé, il était attristé par le jugement prononcé récemment contre le directeur du Conservatoire, arrêté dans le Strand au moment où il démontrait un coup difficile. — Il devrait être pendu le soir même. — C’est une perte. […] Laissons à d’autres le soin de chagriner le succès d’un homme qui, à son honneur et à celui du public, a su réunir dans cette difficile entreprise de faire écouter et applaudir des vers à une époque où l’on parle une langue en chiffres.
L’asservir sans lui faire violence, la plier sans la rompre est un art qui devient de plus en plus difficile. […] À les voir impuissantes en soi-même, niées chez autrui, constamment méconnues dans la vie publique, il est difficile de les respecter toujours. […] Aussi longtemps que le fantôme est éloigné, on est tenté de lui sourire ; dans les heures difficiles on va jusqu’à souhaiter sa venue : la grande poésie des choses qui finissent console de leur fin même. […] Il est difficile d’observer dans la sympathie constante une mesure et un tact plus parfaits que n’en observe M. […] D’autre part, l’orthodoxie intransigeante déversait sur ce déserteur les flots d’une colère dont il est difficile aujourd’hui de mesurer l’effervescence.
Il nous est presque aussi difficile de comprendre les vieilles croyances de ces hommes qu’il l’eût été à eux d’imaginer les nôtres. […] Le droit romain permettait aisément de dissoudre le mariage parcoemptio ou parusus ; mais la dissolution du mariage religieux était fort difficile. […] Le dieu de la famille veut avoir une demeure fixe ; matériellement, il est difficile de transporter la pierre sur laquelle il brille ; religieusement, cela est plus difficile encore et n’est permis à l’homme que si la dure nécessité le presse, si un ennemi le chasse ou si la terre ne peut pas le nourrir. […] Ainsi l’homme des anciens âges fut dispensé de résoudre de trop difficiles problèmes. […] Le testament n’était pas absolument inconnu, mais il était fort difficile.
» Voilà comment, en cas difficile, un homme garde ses traitements et sa simarre. […] Entre ces poëtes, au premier rang, est Edmund Waller, qui vécut et écrivit ainsi jusqu’à quatre-vingt-deux ans : homme d’esprit et à la mode, bien élevé, familier dès l’abord avec les grands, ayant du tact et de la prévoyance, prompt aux reparties, difficile à décontenancer, du reste personnel, de sensibilité médiocre, ayant changé plusieurs fois de parti, et portant fort bien le souvenir de ses volte-faces ; bref, le véritable modèle du mondain et du courtisan. […] Quoi de plus difficile, étant laid, que de faire oublier à une jeune fille qu’on est laid ? Il y a quelque chose de plus difficile, c’est de faire oublier à un créancier qu’on lui doit de l’argent. Il y a quelque chose de plus difficile encore, c’est de se faire prêter de l’argent par un créancier qui vient demander de l’argent.
L’expérience de la difficile technique du théâtre apparaissait dans ses premiers essais comme l’un de ses dons les plus rares. […] Non seulement à cause de cette forme très stricte qu’il a adoptée, qui fait ressouvenir de celle de certaines odes — elles imposaient aussi ce style dense et compliqué, qui rend difficiles ces deux auteurs — mais encore à cause de tant d’allusions qui ne sont pas toujours immédiates, comme aussi d’un sentiment de la nature à la fois direct et raffiné. […] Il devrait faire sentir ce qu’il faut à la fois de ténacité et d’indolence pour demeurer artiste dans notre société, de caprice et de détermination logique pour l’être avec originalité et ce qui serait peut-être le plus difficile à saisir et à faire comprendre, ce serait cet étrange alliage de dédain négligent et de constance passionnée pour leur propre activité qui nuance d’un ton si particulier nombre des physionomies de notre temps. […] En outre on discerne en lui cet ensemble de qualités assez difficiles à énumérer qui font dire d’un homme qu’il est spirituel. […] La preuve au contraire qu’un ouvrage est de moindre qualité, c’est quand on trouve, en le dégarnissant de ses développements, une ligne à l’arabesque difficile et contournée.
Faguet d’écrire rien de pareil à « Volupté » ou à « l’Âge difficile ». […] Genre éminemment difficile ! […] Il est difficile d’être un philosophe digne de considération quand, à l’impuissance à penser, à l’ignorance, à l’absurdité, on ajoute encore, sur un sujet important, un « dogmatisme imbécile ». […] Bientôt on le vit, avec quelque surprise et certains non sans satisfaction, s’appliquer à de plus difficiles entreprises. […] Henry Bordeaux réussissait un livre difficile et imprévu.
J’ai constaté pour tous ces curares de diverses provenances des effets toxiques tout à fait semblables, sauf peut-être des nuances dans l’intensité du poison qu’il serait difficile de bien caractériser. […] Je forme, je le sais, une entreprise très difficile, peut-être même téméraire, à cause de l’état actuel encore si peu avancé de la science des phénomènes de la vie. […] La seule différence est que dans les phénomènes vitaux le déterminisme est beaucoup plus difficile à atteindre, parce que les conditions sont infiniment plus complexes et plus délicates et qu’elles sont en outre combinées les unes avec les autres. […] Quand on est en face de phénomènes dont il faut déterminer les conditions d’existence ou les causes prochaines, les procédés du raisonnement doivent varier à l’infini, suivant la nature des phénomènes dans les diverses sciences et selon les cas plus ou moins difficiles et plus ou moins complexes auxquels on les applique. […] Il n’y a aucune différence scientifique dans tous les phénomènes de la nature, si ce n’est la complexité ou la délicatesse des conditions de leur manifestation qui les rendent plus ou moins difficiles à distinguer et à préciser.
Il est bien difficile que dans ce qu’on ne voit pas soi-même il ne se mêle un peu de crédulitéai, quand elle est dans le sens de nos inclinations et aussi de notre talent à exprimer les choses. […] Il est bien difficile que dans ce qu’on ne voit point soi-même il ne se mêle un peu de crédulité aj.
Il y eut bien des années intermédiaires ; ces années-là sont difficiles à passer. […] Garat, au nom de l’Institut, devait répondre à Parny, et l’on se demandait comment le philosophe se tirerait de l’endroit difficile.
Homme excellent, aimable, aimant, dont le nom ne laisse pas une seule amertume sur les lèvres quand on en parle, j’ai eu le bonheur d’être en correspondance diplomatique avec lui pendant un an dans des circonstances très difficiles, et je n’ai eu qu’à m’éclairer de ses lumières et à me féliciter de sa confiance. […] Il est difficile d’expliquer autrement certaines excuses à double sens de M. de Chateaubriand dans ses lettres subséquentes.
XVII Hugo, dans une œuvre d’un style égyptien mais souvent taillé en blocs comme les pyramides, a analysé Shakespeare ; il est difficile de mesurer et plus difficile de porter ces blocs ; ils sont jetés avec profusion et souvent sans symétrie et sans choix les uns sur les autres, mais il y en a beaucoup qui révèlent la pensée et la force d’un cyclope du style.
Il est trop difficile d’y croire. […] Il était vraiment difficile de parer de plus de fleurs la victime désignée au sacrifice.
Cependant, comme une expérience doit toujours pouvoir se répéter, que l’on doit être capable de refaire ce que l’on a fait une fois, et que dans l’ordre du miracle il ne peut être question de facile ou de difficile, le thaumaturge serait invité a reproduire son acte merveilleux dans d’autres circonstances, sur d’autres cadavres, dans un autre milieu. […] Un tel redressement est beaucoup plus difficile pour l’Évangile, la vie publique de Jésus ayant été plus courte et moins chargée d’événements que la vie du fondateur de l’islam.
C’est la question à la fois la plus difficile et la plus importante. […] Or, c’est ce qu’il est difficile de nier.
Une réflexion puissante vient-elle à jaillir de la profondeur de la contemplation ou de la force de la situation ; le poète a-t-il à réduire en sentences énergiques une morale élevée ; se livre-t-il à une imagination aussi exubérante que le ciel, le sol et le climat de l’Inde ; s’élance-t-il jusqu’à la plus grande hauteur de l’expression poétique pour rendre la délicatesse de la passion, le charme de la sensibilité, le pathétique de la pensée, la fureur de la colère, l’extase de l’amour ; en un mot, tout ce que l’âme humaine a d’émotions terribles et profondes : alors la prose de l’écrivain devient de plus en plus cadencée, et, par des modulations qui suivent les ondulations et les transports de la passion, elle s’élève peu à peu jusqu’à une diversité infinie de rythmes, tantôt simples, tantôt compliqués, brefs ou majestueux, lents ou rapides, harmonieux ou véhéments ; et cette diversité même rend souvent le théâtre indien tout aussi difficile à étudier que celui d’Eschyle et de Sophocle, également riche, également fécond en jouissances et en difficultés que les langues modernes ne connaissent pas. […] Qu’il est difficile de connaître le cœur de l’homme !
Prestwich, dans ses remarquables mémoires sur les dépôts Éocènes de France et d’Angleterre, a pu établir un étroit parallélisme entre les étages successifs des terrains des deux contrées ; mais, lorsqu’il compare certains terrains anglais avec les dépôts correspondants de France, bien qu’il trouve entre eux un curieux accord dans le nombre des espèces de chaque même genre, cependant les espèces elles-mêmes diffèrent d’une manière très difficile à expliquer, si l’on prend en considération la proximité des deux régions. […] Cette observation ne s’applique évidemment qu’à ces groupes qui ont éprouvé de grands changements dans le cours des âges géologiques ; et il serait difficile de prouver que cette proposition est de vérité générale ; car, çà et là, on trouve un animal vivant, tel que le Lépidosirène, qui par ses affinités se rattache à des groupes extrêmement tranchés.
C’en serait d’ailleurs aussi la plus difficile, si nous avions cédé à la tentation de définir le risible sur quelques exemples frappants, et par conséquent grossiers : alors, à mesure que nous nous serions élevés vers les manifestations du comique les plus hautes, nous aurions vu les faits glisser entre les mailles trop larges de la définition qui voudrait les retenir. […] Il est difficile de dire à quel moment précis le souci de devenir modeste se sépare de la crainte de devenir ridicule.
On sait les tâtonnements, les incertitudes, les contradictions de l’histoire et même de l’économie politique dans cette partie la plus haute, mais aussi la plus difficile de leur œuvre. […] Il est encore difficile, dans l’état actuel de la science, de constater la supériorité ou l’infériorité du cerveau par un signe précis et constant.
On pense bien que ce n’est point le cas de trop discuter le droit ; il serait difficile assurément de le démêler à travers tant d’intérêts, de cupidités compliquées et de violences.
Les nouvelles levées d’hommes sont de plus en plus difficiles, et d’odieux recruteurs y emploient la violence à l’insu du roi.
et c’est ce que plus d’un académicien a déjà provoqué), afin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. » On le voit, de tout ce que demande là M. du Camp dans son projet de réorganisation académique, une moitié est vraiment bien difficile à fixer et à saisir, l’autre moitié est tout admise et en voie de se réaliser.
Ainsi il est d’avis de tenter M. d’Oraison de deux manières : ou du côté de son fils, s’il persiste à le vouloir faire entrer dans le Régiment du roi : Vauvenargues, toute difficile qu’est la chose, s’en chargerait et en ferait son affaire ; — ou du côté d’une de ses filles : il s’engagerait bien à en épouser une dans deux ans, s’il n’était en mesure alors de le rembourser ; il payerait de sa personne, moyennant toutefois certaine condition de dot.
Mais que surviennent des circonstances délicates et difficiles qui mettent tout l’homme à l’épreuve, comme on s’aperçoit que le caractère de M. de Montmorency gagne à ce point d’appui intérieur !
Sans doute on aurait des jours difficiles ; il faudrait quelquefois se battre un contre trois, même un contre quatre ; mais on l’avait fait dans sa jeunesse, il fallait bien savoir le faire dans son âge mur.
J’ai entrepris une tâche plus difficile qu’il ne semble et qui est peut-être prématurée ; j’essaye d’appliquer l’étude critique littéraire, le goût de la littérature pure et simple, cette curiosité libre et heureuse, bienveillante et innocente, à quelque chose et à quelqu’un qui n’est pas de cette nature-là, à un combattant énergique, ardent, tour à tour blessant et blessé, qui est encore tout palpitant, tout saignant et outrageux, étendu sur l’arène.
La littérature, la production littéraire, n’est point pour moi distincte ou du moins séparable du reste de l’homme et de l’organisation ; je puis goûter une œuvre, mais il m’est difficile de la juger indépendamment de la connaissance de l’homme même ; et je dirais volontiers : tel arbre, tel fruit.
Je crois avoir défini la tâche qu’il s’est proposée, dans tout ce qu’elle a de complexe et d’horriblement difficile.
Hugo venait de donner les Burgraves dont le succès avait été lourd et difficile à décider.
Il n’épargne ni le roi Jérôme qui, durant son passage à Varsovie, s’était renfermé dans son rôle de général en chef d’un des corps de la grande armée, et s’était abstenu soigneusement, avec une intention marquée, de tout ce qui aurait pu blesser le roi de Saxe, souverain du pays, ou gêner l’ambassadeur extraordinaire de l’Empereur, — il n’épargne ni le maréchal Davout, ce grand militaire et qui eut en face de l’ennemi, dans les moments les plus difficiles, de si belles inspirations couronnées par la victoire, ni Vandamme, alors persécuté, ni le duc de Bassano, dépouillé de tous ses pouvoirs et honneurs, ni personne…, ni M.
Il eût été, en effet, bien difficile à Bossuet de poursuivre sa tâche pour les âges suivants ; la critique et l’érudition historique n’avaient pas assez aplani les voies.
Le savant, à proprement parler, et tant qu’il habite dans sa sphère, est difficile à entraîner ; il se prête peu à un certain mode d’exaltation : il sait trop bien que le plus grand développement de l’humanité se passe dans un pli du vaste sein de la nature et n’en sort pas : cela ne laisse pas de calmer et d’apaiser.
Mais à mesure que, dans ce bataillon des poëtes qui ne sont, ne peuvent ou ne veulent être que cela, on s’élève et on arrive à l’élite, à la vraie distinction, à l’état-major, il est bien difficile qu’on rencontre toujours d’obstinés et purs poëtes.
Il était difficile, il pouvait sembler téméraire, après André Chénier, d’aborder dans un même cadre le mendiant sublime ; car, chez mademoiselle Bertin comme chez André, c’est tout simplement l’antique légende, l’Aveugle harmonieux, errant, arrivant dans quelque ville ou bourgade, et payant l’hospitalité par des chants.
De loin il est difficile d’apercevoir dans Bérénice cette sorte d’architecture tragique qui fait que telle scène se dessine hautement et se détache au regard.
Il n’est pas difficile de supposer que, l’identité des mots aidant, l’amour chrétien, aspiration éperdue vers le Dieu infini et parfait, désir affiné et subtilisé parle sentiment du néant de l’âme amoureuse devant l’incompréhensible objet de l’amour, ce sentiment de tendresse mystique a fourni le type de la dévotion galante de l’amant à sa dame.
De l’Italie, et de l’antiquité, même de l’antiquité grecque qu’il eut le rare talent de percevoir à travers les insuffisantes traductions, il a tiré son goût délicat, et ce sens de la forme, ce besoin d’une perfection difficile, qui ont réglé l’emploi de ses facultés poétiques : c’est par là qu’il est devenu un artiste, et qu’il a travaillé sa matière en œuvre d’art.
A cette question difficile, on peut répondre, en regardant le trait apparent et commun des œuvres romantiques : le romantisme est une littérature où domine le lyrisme.
Le contraire serait trop malaisé, exigerait une trop difficile surveillance de soi, un dédoublement trop laborieux.
Elle est déjà très difficile à cause de l’organisation de la vente en librairie, qui est une chose tristement fantaisiste ; mais par bonheur le public a accompli de son côté une évolution salutaire.
Ceux-ci viennent du Parnasse plus directement que ceux-là ; ils restent liés à lui par des habitudes difficiles à rompre et, sans qu’ils s’en doute je crois, négligent à ce point de vue les conquêtes nouvelles pour continuer la réaction d’hier contre les derniers Romantiques.
En un mot, c’est ici où cet incomparable Scaramouche, qui a été l’ornement du théâtre et le modèle des plus illustres comédiens de son temps qui avaient appris de lui cet art si difficile et si nécessaire aux personnes de leur caractère, de remuer les passions, et de les savoir bien peindre sur le visage (c’est une allusion à Molière) ; c’est ici, dis-je, où il faisait pâmer de rire pendant un gros quart d’heure dans une scène d’épouvante où il ne proférait pas un seul mot.
Bain, qui a peu de goût, comme on peut le voir, pour les expéditions métaphysiques, déclare qu’il n’abordera point le problème de la nature de la connaissance, difficile en lui-même et obscurci par des discussions séculaires.
Pour moi qui, en qualité de critique, suis de ce lendemain plus que je ne veux, je me demande, après avoir lu Raphaël non pas s’il y a assez de beautés pour nous toucher çà et là et pour ravir les jeunes cœurs avides et qui dévorent tout ; mais je me demande si les esprits devenus avec l’âge plus délicats et plus difficiles, ceux qui portent en eux le sentiment de la perfection, ou qui seulement ont le besoin du naturel jusque dans l’idéal, ne sont pas arrêtés à tout moment et ne trouvent pas, à cette lecture, plus de souffrance de goût que de jouissance de cœur et d’émotion véritable.
Au reste, lorsqu’il s’agit de ces particularités intimes et secrètes sur lesquelles il est si aisé d’avoir maint propos et si difficile d’acquérir une certitude, je crois qu’il est bon de rappeler le mot si sensé que disait un jour Mme de Lassay (fille naturelle d’un Condé) à son mari qu’elle entendait discuter à fond et trancher sur la vertu de Mme de Maintenon : elle le regarda avec étonnement et lui dit, d’un sang-froid admirable : « Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de ces choses-là ?
Il est difficile d’admettre que celui qui les écrivait fût le moins du monde touché d’une pensée religieuse.
On peut juger nettement par ce passage à quel point Pascal négligeait et même rejetait avec dédain les demi-preuves ; et pourtant il se montrait ici plus difficile que l’Écriture elle-même, qui dit dans un psaume célèbre : Cœli enarrant gloriam Dei : Les cieux instruisent la terre À révérer leur Auteur, etc.
Conduit par son réalisme à l’étude d’une basse prostituée, d’ailleurs rétive et passionnée, il n’a fait depuis que des créatures fantasques et charmantes, des clowns bohémiens, une actrice, une jeune fille jolie, coquette et gâtée, des êtres changeants comme un ciel de printemps, extrêmes, ondoyants, d’une nature atrocement difficile à décrire et à montrer.
S’ils ont mis dans leurs sermons plus de naturel & de simplicité qu’on n’en trouve dans les nôtres, c’est que, le siècle où ils vivoient étant moins difficile que celui-ci sur l’article des bienséances, ils ont eu moins de ménagemens à garder dans la peinture des vices mêmes qu’ils reprennent.
Sans doute les changements sont beaucoup plus rapides, plus éclatants, plus nombreux, et il est bien plus difficile de les ramener à des lois.
S’il y a vraiment un art moderne, — ce dont il paraît difficile de douter, à M.
Déjà il lui est difficile de montrer entre telle forme anatomique et le mouvement égalitaire, une relation constante ; a fortiori d’expliquer comment l’un peut produire l’autre.
Avec la constitution du royaume d’Italie (février 1861) et surtout avec la prise de Rome, commence une période nouvelle, de travail positif quoique fort difficile et souvent encore désordonné.
L’effet de cette éloquence, on ne peut se le dissimuler, est donc plus difficile, et le succès plus incertain.
Mais cette fois l’éloge était plus difficile, et demandait plus de choix et d’art.
On citait de lui des fables, à la manière de Phèdre, où il eût été difficile de reconnaître une main moderne119. […] N’est-ce pas plutôt un chant, et comme un hymne de triomphe qu’il entonne, avec la plénitude des prophètes, en l’honneur de cette religion qui a résisté dix-sept siècles à toutes les vicissitudes humaines, à la persécution, aux hérésies, à ses propres succès ; le seul empire qui se soit affermi par ses divisions, le seul qui se soit fortifié par ses défaites, et, chose plus difficile, par ses victoires ? […] A mesure que les entretiens, en serrant de plus près les choses, prirent le caractère de conférences, il devint de plus en plus difficile de se mettre d’accord. […] Il faut à Bossuet « des expériences solennelles et authentiques, celles des prophètes, des apôtres et des saints Pères qui les ont suivis, et non pas des expériences particulières qu’il est difficile ni d’attribuer ni de contester à personne par des principes certains. » C’est ainsi que, dans cette matière, si au-dessus du sens commun, il reste, comme en toute autre, attaché au sens commun, discernant ce que ces subtilités cachaient de réel, et s’arrêtant toujours à la limite de l’intelligible.
Par exemple, pour ne point sortir d’Homere, quand il me peint Achille occupé à préparer lui-même le repas qu’il veut donner aux ambassadeurs d’Agamemnon ; quand il me le représente dans les fonctions d’un cuisinier, je suis blessé du desagrément de l’image, sans sçavoir gré d’ailleurs au poëte d’une imitation aisée, qui ne consiste que dans la propriété des termes ; au lieu que le tableau d’Achille en cet état, tout ridicule qu’il seroit pour le choix, pourroit néanmoins être admirable, par la vérité du dessein et des couleurs, où il est si difficile et si rare que les peintres atteignent. […] Il seroit difficile de trouver rien de plus élégant, de plus précis, ni de plus sensé. […] Les auteurs ne leur auroient pas donné cette étendue, s’ils avoient fait attention à deux choses : l’une, que les vers françois veulent être extrêmement soignés, qu’ils ne souffrent rien de forcé ni de languissant ; que tout difficiles qu’ils sont, le lecteur ne tient compte de la difficulté de les bien faire, qu’autant qu’elle est surmontée ; et que par conséquent, il est téméraire de se mettre hors d’état de suffire à cette élégance exacte et continue que les vers exigent, en se surchargeant d’une matiere trop vaste. […] Et n’étoit-il pas ridicule à Vulcain de faire en cette occasion un travail si difficile à appercevoir et à déchiffrer.