Le recueil de ses lettres est un des monuments les plus curieux de la littérature des Pères.
Elle a la tête portée sur une de ses mains, et lance sur les fiancés des regards curieux, chagrins et courroucés.
Nous avons dit textuellement ceci : « Le goût est la faculté de sentir les défauts ou les beautés d’un ouvrage. » Nous serions curieux de savoir par quelle définition on pourrait remplacer la nôtre.
Vainement avons-nous fait preuve de conscience, de labeur et de recherche, en donnant les plus sérieux documents : corrections inédites de Chateaubriand avec rédactions successives, ratures et refontes manuscrites de Bossuet, variations inédites de Fénelon et ratures relevées sur deux de ses manuscrits, qui trahissent une si curieuse conception littéraire.
Il y a pourtant apparence que ces monuments si curieux ne sont point anéantis.
Ce beau et pénible travail ne pouvait servir que quelques curieux de l’Académie des inscriptions. […] L’un écrivit ses Mémoires d’outre-tombe, qui ne sont que l’écho trop âpre des passions de sa vie, un Saint-Simon personnel, chargeant la postérité de ses petites vengeances ; l’autre se contenta d’amuser les loisirs de sa vie retirée par des éruditions curieuses, par des souvenirs historiques, et par des traductions d’œuvres secondaires qui méritèrent bien de ses contemporains, mais qui ne donnèrent pas à son nom toute la célébrité que ses travaux méritent. […] « Lady Stanhope m’a avoué depuis que j’avais en effet attiré son attention ; elle ne pouvait croire, disait-elle, qu’une demande sans compliments ni emphase fût d’un voyageur uniquement indiscret ou curieux.
Il est curieux de remarquer combien Pascal, sur les sujets de morale individuelle ou générale, a l’intelligence et l’imagination obsédées par les Essais. […] Il parle comme parlera deux siècles et demi plus tard Renan, après tant de merveilleuses découvertes qui auront fait comprendre à la fois et le progrès infini, et les étroites limites de la connaissance : il est en effet curieux de voir que Renan a refait la méditation des Deux Infinis en des termes qui rappellent étrangement Pascal348. […] Garasse, Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, 1623 ; Mémoires, éd.
Le moyen âge apparut avec ses pieuses croyances, ses curieuses coutumes, sa grande architecture. […] Les espérances qu’elle a fait naître, les œuvres souvent admirables qu’elle a produites, les colères de la vieille école, l’enivrement superbe de celle qui fut nouvelle, fourniront à l’histoire littéraire un de ses plus curieux et plus intéressants chapitres. […] Il entend gronder derrière lui le roman de la veille qui, le poignard à la main, lui redemande sa place ; il entend gémir l’abonné curieux, qui, tel que le sultan des Mille et Une Nuits, ne peut dormir d’impatience en attendant le conte du lendemain.
Les curieux, on le sait, dessèchent, mais la formation d’un dogme rationaliste ne s’improvise pas ! […] l’espèce d’intérêt curieux et affamé qu’il inspire nous caractérise encore mieux que lui. […] Avec ses théories philosophiques ou économiques, il ira rejoindre dans l’oubli Campanella et tant d’autres, jusqu’à ce que le crochet de quelque curieux ou de quelque penseur original l’y rattrape pour le jeter dans la hotte de quelque système, comme dernièrement il est arrivé à Campanella.
Car, comme il n’est pas inutile de le remarquer, cette partie toute matérielle de l’art dramatique reçut de bonne heure en France le plus curieux développement. […] Je serais curieux de savoir quelles bonnes raisons ont décidé dans l’esprit des éditeurs que telle de ces variantes devait l’aire partie de l’Apologie et les autres non. […] Les curieuses Recherches sur le séjour de Molière dans l’ouest de la France, de M. […] Or c’est le point délicat, et, s’il est curieux de faire, guidé par M. […] Car enfin, cet homme si préoccupé de son temporel, et que vous eussiez jugé « si curieux du denier dix », ouvrait volontiers sa bourse, et qui voulait y puisait.
La famille Fromentin rappelle ainsi de façon curieuse celle de Flaubert, né un an plus tard qu’Eugène. […] Les peintres ont été attirés vers l’Orient par ce qu’il offrait d’original, de non vu, de curieux. […] C’est là une très belle page, mais aussi et surtout curieuse en ce qu’elle est caractéristique de la place littéraire tenue par Fromentin. […] Le peintre, s’il s’essaye à la critique, sera curieux de l’œuvre, et le littérateur curieux de l’homme. […] Le dernier mot de l’Éducation sentimentale : « C’est peut-être ce que nous avons eu de meilleur » fait un curieux contraste avec les conclusions de Dominique.
L’Homme-Fourmi est œuvre curieuse et passionnante. […] — Paul Dermée (Esprit Nouveau). — Voilà un livre curieux. […] C’est là un fait curieux, car ce remarquable esprit s’obstine dans la recherche des « novas ». […] Par-delà les Tombeaux — Gabriel Brunet (Figuière). — Comment l’individualisme qui publia dans le premier numéro d’Action une si curieuse étude sur Julien Sorel, peut-il chanter une immortalité (celle des soldats tués) qui n’a pour elle ni le sens propre de ce mot usé, ni les interprétations qu’il comporteav. […] Ce livre exhale toute l’amertume, les mille qu’éprouva un intellectuel dans ce chaos européen, et, chose curieuse, au lieu d’accuser les dirigeants, les peuples, les hommes, d’être la cause de cette immense calamité, il s’en prend à lui-même, il fouille son propre cœur, il se déchire, comme jadis les grands prophètes, et il trouve là le germe de toutes les mauvaises actions.
Ce poète nous a laissé sur la première représentation de Britannicus, à laquelle il assista, des détails extrêmement curieux et très intéressants pour l’histoire de l’esprit humain. […] Tacite raconte de lui un trait curieux et à peu près dans le même genre. […] Voici cette épigramme, devenue curieuse par sa grossièreté même et son impertinence : Gentilhomme extraordinaire, Et suppôt de Lucifer, Pour avoir fait pis qu’Esther, Comment diable as-tu pu faire ? […] On sera peut-être curieux de savoir s’il y a véritablement une tragédie de la Ligue, et à qui appartiennent les vers faussement attribués à Mathieu ? […] On a fait beaucoup de fables sur cet Ésope qui aimait tant à conter des fables ; sa vie est un roman : ce que j’y trouve de plus curieux, c’est cette manière spirituelle de faire la guerre, en usage chez les anciens rois.
Il est même curieux, à ce propos, de noter que dans le Bulletin de la librairie du temps, si je puis ainsi dire : R. […] Les curieux iront y voir, et quand ils n’y trouveraient qu’une occasion de relire l’Astrée, je ne les en plaindrais pas. […] Bertrand, dans une curieuse étude sur les Provinciales. […] Chose curieuse ! […] Rapin l’affirme dans ses curieux Mémoires.
C’est ce qu’il est curieux d’examiner. […] Petitot, la citation parallèle ; ce n’est, comme on le pense bien, qu’un très faible échantillon ; c’est aux curieux à pousser plus loin et dans le même sens une comparaison plus ample, qui ne fera que confirmer le premier aperçu : Charles, dit Duclos, était doux, facile, généreux, sincère, bon père, bon maître, digne d’être aimé et capable d’amitié.
M. de Meilhan avait encore composé dans ces années un roman en quatre volumes intitulé L’Émigré, et qui fut imprimé à Hambourg en 1797 ; je ne doute pas qu’il ne doive contenir des observations curieuses sur cette France d’outre-Rhin et cette société errante, mais je n’ai pu le trouver nulle part ni rencontrer personne qui en eût connaissance30. […] [NdA] Comme pendant et contrepartie de cette idée qu’on doit faire peu de confidences à l’âge où l’on vieillit et où l’on perd, M. de Meilhan avait dit, une autre fois, avec beaucoup de justesse : « L’homme a besoin, quand il est jeune, de se répandre ; il se plaît à faire des confidences ; il ne se connaît pas et se croit un être curieux et rare ; il n’a pas enfin la force de garder son secret, et la présomption le porte à croire qu’il inspire un intérêt sincère qui le fera écouter avec plaisir. »
Il était très bon connaisseur en telle matière, et savait à quoi l’on pouvait appliquer chacun, et aussi que chacun n’est pas toujours le même ; il a de curieuses paroles à ce sujet, et qui montrent qu’il y a un moraliste caché intérieur dans tous les chefs qui ont le don du commandement : Ce que je connais tous les jours dans la pratique des hommes, écrit-il à Chamillart, c’est que l’on ne les connaît point. […] Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable.
Cuvillier-Fleury, qu’il n’est pas interdit aux amis d’en dire quelque chose, je désirerais à mon tour que la même liberté fût laissée, non pas aux indifférents (ceux qui ont lu ce recueil ne sauraient plus l’être pour Mme de Tracy), mais aux étrangers et aux curieux pleins de respect qui n’ont pas eu l’honneur directement de la connaître : comme esprit et comme cœur, elle s’est peinte suffisamment à eux dans ces pages. […] Revenons à Plombières ; les arbres ont part, comme les oiseaux, à l’affection et à la sympathie de la jeune voyageuse : Nous avons été dans un bois par le chemin d’Épinal, et là nous avons vu des arbres extrêmement curieux.
Chose curieuse ! […] [NdA] Les curieux qui pourront mettre la main sur un petit volume de poésies, Les Legs de Marc-Antoine le bohème (Paris, chez Masgana, 1858) sauront ce que je veux dire.
Francis Wey,, dans un spirituel Rapport adressé au Comité des travaux historiques51, a cité de ce poème des vers descriptifs fort exacts sur l’avalanche, sur sa formation et sa marche ; mais là encore ce qui domine chez Peletier, dans cet ouvrage qu’on a bien fait de réimprimer et qui est, en effet, une curiosité locale, je le demande, est-ce bien le poète, celui qui mérite qu’on l’appelle et qu’on le salue de ce nom, et n’est-ce pas plutôt le savant encore, l’observateur, le physicien et le curieux de la nature ? […] Henri Helbig, un curieux et un bibliophile, homme de goût (un vol.
Le château, de son côté, tout en se revêtant à neuf et en prenant sa forme féodale, appropriée aux besoins de la défense, reçoit à l’intérieur son arrangement et sa distribution en vue de l’agrément et même du luxe qui s’introduit peu à peu ; il se meuble de mille objets curieux, que les romans du temps nous font connaître, et dont M. […] Viollet-Le-Duc, un des plus curieux pour l’étude et l’intelligence entière du Moyen-Âge, le Dictionnaire raisonné du Mobilier français durant cette époque ; c’est le complément naturel et tout agréable de son grand Dictionnaire de l’Architecture française dans les mêmes siècles.
. — Je reviens à la biographie curieuse qui nous occupe. […] Haag, la France protestante, à l’article Jean-Bon Saint-André, je trouve cette remarque sur la Relation qu’il a donnée de sa captivité : « Elle n’est pas sans intérêt, y est-il dit ; elle renferme des détails curieux sur le caractère et les mœurs des Turcs ; mais il nous semble qu’un homme tel que Jean-Bon, qui avait traversé sans sourciller le règne de la Terreur, aurait dû être plus endurci aux contrariétés et aux privations.
Il y a un curieux passage dans les Mémoires de Mme Roland, ou du moins une curieuse note d’elle au bas d’une page : c’est un jugement sur Mirabeau.
Catinat ne s’est pas trompé ; il n’y a pas de retour de la part d’un jaloux : « Le parfait silence de M. de Rubentel, écrit-il quelques jours après, ne t’a point surpris ainsi que moi ; je suis bien sûr que ce sera très fort malgré lui s’il se trouve dans quelque endroit où tu seras. » Cherchez vite si vous êtes curieux, lisez dans Saint-Simon le portrait de ce Rubentel, ancien lieutenant colonel du régiment des gardes, ancien lieutenant général, brave homme de guerre, mais difficile à vivre, d’une humeur à faire damner les gens, d’autant plus roide et plus cassant qu’on lui fait plus d’avances, et furieux si on le néglige ; enfin un fagot d’épines. […] On a et l’on peut connaître par une conversation fort curieuse que Tessé eut deux mois après, à Turin même, avec le marquis de Saint-Thomas, toute la version piémontaise des préliminaires de cette bataille.
Ces Annexes, que le présent biographe n’a pas dédaigné de joindre à son travail d’archives, sont curieuses ; je dirai presque qu’elles sont dignes de ce temps-ci où l’on n’oublie rien et où l’on attache une importance, parfois bien disproportionnée, à de pures vétilles, pourvu qu’elles commencent à vieillir. […] Or, ce qu’était l’abbé de Voisenon et quelle était son autorité plus que conjugale en pareille matière, on le sait, et je renverrai ceux qui l’ignorent, s’ils étaient tant soit peu curieux, aux lettres de M. de Lauraguais à Mme **(Paris, 1802, page 121).
Quand les chemins sont par trop battus, les curieux ont hâte d’en sortir. […] Mais, ici, l’instituteur et promoteur poétique est plus voisin de l’inspiration puisée aux sources : Boileau serre de plus près la règle, curieux et jaloux de l’exprimer avec élégance.
Littérairement, d’ailleurs, nous nous sommes dit qu’écrire ces détails sur un homme bien jeune encore, sur un poëte de vingt-neuf ans, à peine au tiers de la carrière qu’il promet de fournir, ce n’était, pour cela, ni trop tôt ni trop de soins ; que ces détails précieux qui marquent l’aurore d’une belle vie se perdent souvent dans l’éclat et la grandeur qui succèdent ; que les contemporains les savent vaguement ou négligent de s’en enquérir, parce qu’ils ont sous les yeux l’homme vivant qui leur suffit ; que lui-même, avec l’âge et les distractions d’alentour, il revient moins volontiers sur un passé relativement obscur, sur des souvenirs trop émouvants qu’il craint de réveiller, sur des riens trop intimes dont il aime à garder le mystère ; et qu’ainsi, faute de s’y être pris à temps, cette réalité originelle du poëte, cette formation première et continue, dont la postérité est si curieuse, s’évanouit dans une sorte de vague conjecture, ou se brise au hasard en quelques anecdotes altérées. […] On aurait pu compter ce soir-là tout le bataillon sacré, tout le chœur choisi : de peur de froisser personne en mentionnant, en qualifiant ou en omettant, j’aime mieux renvoyer pour les noms le lecteur curieux aux collections de la Muse.
Chaque époque a sa folie et son ridicule ; en littérature nous avons déjà assisté (et trop aidé peut-être) à bien des manies ; le démon de l’élégie, du désespoir, a eu son temps ; l’art pur a eu son culte, sa mysticité ; mais voici que le masque change ; l’industrie pénètre dans le rêve et le fait à son image, tout en se faisant fantastique comme lui ; le démon de la propriété littéraire monte les têtes, et paraît constituer chez quelques-uns une vraie maladie pindarique, une danse de saint Guy curieuse à décrire. […] M. de Balzac a rassemblé, dernièrement, beaucoup de ces vilenies dans un roman qui a pour titre Un Grand Homme de Province, mais en les enveloppant de son fantastique ordinaire : comme dernier trait qu’il a omis, toutes ces révélations curieuses ne l’ont pas brouillé avec les gens en question, dès que leurs intérêts sont redevenus communs.
N’y allait-il d’abord que dans ce but d’information curieuse ? […] Au sortir de Grégoire de Tours, avec le rhéteur et rimeur Fortunat, il garde tout son piquant, et sait être neuf dans ce curieux portrait, même après Augustin Thierry.
Magnin ait songé à sauver ce qui, intéressant et toujours agréable aujourd’hui, sera piquant et curieux pour l’avenir. […] Cette indifférence philosophique que Descartes réclamait comme première condition à la recherche de la vérité, il la réalise dans la pratique de la littérature ; et comme en même temps il a l’humeur vive et curieuse, la plume facile et prompte, une telle disposition neutre l’a conduit très-loin.
Le Clerc a fait comme ces curieux anatomistes qui retrouvent dans une classe d’animaux ou dans l’embryon la trace, jusque-là imperceptible, de ce qui plus tard dominera. […] Cette faculté humaine, curieuse, bavarde, médisante, ironique, n’a pas dû cesser dès avant Martial jusqu’à Pasquin.
Le Paris politique, alors en pleine bigarrure, offrait un curieux spectacle ; il en ressentit d’abord l’intérêt. […] De plus, dans le cas présent, un mobile particulier l’animait : né au sein de la Suisse romande, pour laquelle ses aïeux combattaient en chevaliers, il s’est senti sollicité à en rechercher le rôle dans ces guerres et à s’y intéresser en patriote non moins qu’en curieux.
Dès sa première satire, pièce assez médiocre, il trouve la rime pleine, riche, curieuse même. […] Habitués que nous sommes à mettre la poésie dans la passion et l’enthousiasme, nous avons peine à nous figurer un poète qui, froidement, regarde la nature, sans l’animer, et la copie, sans l’altérer, curieux seulement de l’aspect des choses, et s’efforçant de fixer dans une image adéquate la sensation physique qu’il en a reçue.
Il demande à la tragédie la vérité, l’intérêt, la passion ; je n’insisterai pas sur l’idée qu’il nous donne d’une tragédie psychologique et pathétique, composée par un artiste curieux et scrupuleux : c’est inutile ; cette tragédie dont Boileau nous développe la formule abstraite, nous la retrouverons tout à l’heure, vivante, dans Racine. […] C’est une chose curieuse que cet art du xviie siècle qu’on accuse de n’avoir connu que la froide raison, est celui qui fait le plus une loi d’adapter la nature à l’esprit, et qui pose nettement le plaisir comme sa fin suprême, comme la condition nécessaire et presque suffisante de la perfection.
La Bibliothèque impériale possède une curieuse estampe représentant « le vray portrait de M. de Molière en habit de Sganarelle44 », estampe signée Simonin et qui, selon toute apparence, a été dessinée de visu. […] Mais pour les contemporains, la distance qui le séparait des autres ne paraissait pas aussi grande qu’elle nous le paraît, à nous ; témoin ce curieux tableau que possède le Théâtre-Français et qui porte pour inscription, écrite en lettres d’or : Farceurs Français et Italiens, depuis soixante ans.
Je fus assez heureux pour que le nom de mon cher ami Mallarmé, déjà si honorablement connu d’un tout petit choix d’élus parmi l’élite des raffinés et des curieux compétents, retentît cette fois un peu plus fort et allât taquiner l’oreille de la Presse. […] Déchaînés aussi, mais liturgiques, sur les dômes et par les vals, que le tympanon et la saquebute ; que les cymbales clair-sonnantes et les harpes funéraires ; que le psaltérion décacorde ; que la viole d’amour et les orgues de douleur ; que les flûtes onaniaques des ithyphalliques adônies ; que les trompettes écarlates, les buccins de pourpre et de sinople, les tubas ; que les clairons vermeils ; que les hautbois agrigentins ; que le tambour des Mimallonnes où s’effare l’Evohé ; que le cri des Thyades et le rugissement des panthères ; que la fureur des Béhémoth et le souffle du Léviathan ; que l’onagre et l’étalon gorgé de chair humaine ; que la licorne et l’unicorne ; que l’hircocerf et le caprimulge ; que le guivre et l’alérion ; que l’âne priapique aux dons joyeux, vocifèrent la louange de ce poète bien venu… » Ce faire-part de naissance continuait longtemps sur ce ton et le Timbalier ne manquait pas d’ajouter : « Par un jeu coutumier à la professionnelle modestie, l’Auteur, exposa naguère, sous des noms aimés, ses poèmes, aveuglants joyaux, curieux de savoir, peut-être, ce que la vitre du pseudonyme interposée entre son œuvre et lui absorbait de rayons.
Comme elle a été tour à tour tranchée par la loi en deux sens opposés, elle permet de constater d’une façon très précise la curieuse dépendance qui relie certaines modifications littéraires et certaines modifications législatives. […] Autre changement non moins curieux !
Chose plus curieuse encore, et qui montre à quel point la source des sentiments religieux est alors tarie ! […] Il découle de là de curieuses conséquences littéraires.
Lohengrin choisi, la moins curieuse des œuvres de Wagner… admettons encore. […] Cette séance, si vraiment curieuse et d’un si réel intérêt wagnérien, a obtenu le succès le plus sincère.
Huet et Ménage étaient deux curieux en quête de toute érudition et de toute belle littérature. […] [NdA] On cite quelquefois une phrase de Huet comme ayant un air de prophétie ; elle est dans son Histoire du commerce et de la navigation des anciens, qu’il écrivait sous le ministère de Colbert ; il parle des Russes, qu’on appelait encore Moscovites : « Que s’il s’élevait parmi eux quelque jour, dit-il, un prince avisé qui, reconnaissant les défauts de cette basse et barbare politique de son État, prît soin d’y remédier en façonnant l’esprit féroce et les mœurs âpres et insociables des Moscovites, et qu’il se servît, aussi utilement qu’il le pourrait faire, de la multitude infinie de sujets qui sont dans la vaste étendue de cette Domination qui approche des frontières de la Chine, et dont il pourrait former des armées nombreuses ; et des richesses qu’il pourrait amasser par le commerce, cette nation deviendrait formidable à tous ses voisins. » Je ne donne pas la phrase comme bien faite, mais elle est curieuse et prouve que Huet, avec un tour très latin en français, est capable, plus qu’on ne croirait, d’un sens très moderne.
Mais, en même temps, M. de Broglie est un des esprits les plus originaux de notre époque, un des esprits les plus curieux, les plus compliqués dans leur formation et dans leur mode de pensée. […] Prudhomme (le nom est assez singulier pour un Espagnol), qui est à la fois lieutenant de roi et médecin ; de plus, philosophe avancé et très curieux de lire une histoire de la révolution des colonies anglaises et quelques volumes de l’abbé Raynal.
Il est curieux qu’une folle branche issue de cette souche antique et vénérable soit venue ainsi aboutir à l’abbé de Choisy. […] On s’explique déjà quel est ce genre d’esprit vif, badin, curieux, étourdi, plein de grâce, et se faisant beaucoup pardonner quand on rapproche une fois et qu’on le connaît.
Il n’y entrait que par désœuvrement d’abord, pour regarder et admirer comme d’autres curieux les merveilles d’architecture élégante et fine qu’offre cette jolie église : Et la rougeur au front je l’avouerai moi-même… Dans le temple au hasard j’aventurais mes pas, Et j’effleurais l’autel et je ne priais pas. […] Dès l’abord le poète nous montre le curieux, l’amateur artiste, qui entre à Saint-Étienne regardant et admirant les sculptures et les tableaux : Époussetant de l’œil chaque peinture usée.
Plus tard, en retouchant cet Éloge à cet endroit et en quelques autres, il est curieux de voir comment l’auteur s’y prendra pour corriger dans le détail ces parties faibles et à demi mondaines. […] Mais j’aime mieux indiquer une conversation très curieuse que le comte Joseph de Maistre eut avec le cardinal Maury à Venise en 1799, et dont il a noté quelques points comme singuliers.
Le sixième livre de ses Mémoires, qui nous fait parcourir en détail les différents cercles du xviiie siècle et qui nous en montre un à un tous les principaux personnages, est historiquement des plus curieux à consulter pour l’histoire des mœurs et de la société française. […] Il est curieux d’observer, dans les Mémoires de Marmontel, l’impression que produisent les approches de la Révolution.
Mais, vivant jusqu’à la fin en Turquie, et sablant le tokay sur le Bosphore, il persista dans son système d’indifférence et dans le découragement dont il s’était fait une philosophie : « Qu’a-t-on à faire, répondait-il aux curieux, du récit de mes sottises ? […] » Casanova, cet homme d’esprit libertin dont on a d’abondants et curieux Mémoires, alla faire visite à Bonneval à Constantinople, dans le quartier de Péra, avec une lettre d’introduction que lui avait donnée le cardinal Acquaviva : Dès que je lui eus fait tenir ma lettre, je fus introduit dans un appartement au rez-de-chaussée, meublé à la française, où je vis un gros seigneur âgé, vêtu à la française, qui, dès que je parus, se leva, vint au-devant de moi d’un air riant, en me demandant ce qu’il pouvait faire à Constantinople pour le recommandé d’un cardinal de l’Église romaine.
Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants. […] Il ressentit profondément cet affront, qui lui venait dans le plein de son triomphe ; il se tint quelque temps chez lui dans la retraite, ne répondant que peu aux questions, aux lettres des curieux et admirateurs.
Parmi les études qu’il conseille non pas dans son Traité, mais dans les lettres qu’il écrivait à ceux qui le consultaient, Rollin, si timide à tant d’égards, n’excluait pourtant ni la physique, ni les arts, ni l’agriculture : Je désire fort, par exemple, disait-il, qu’on apprenne aux enfants mille choses curieuses pour la nature et pour les arts, ce qui regarde les métaux, les minéraux, les plantes, les arbres, les fourmis, les abeilles, etc. […] Mais on s’informe des livres où elles se trouvent… Il y a beaucoup de remarques curieuses dans les mémoires de l’Académie des sciences.
Ces deux époques de sa vie sont séparées par une espèce de crise et de maladie morale qui est curieuse à observer et qui donne la clef de sa nature. […] Les curieux devront remettre ces lettres à leur place dans la Correspondance publiée en 1826.
Il feuillettera les journaux, et descendra à ces feuilles éphémères et volantes, jouets du vent, trésors du curieux, tout étonnées d’être pour la première fois feuilletées par l’étude : brochures, sottisiers, pamphlets, gazetins, factums. […] J’avais espéré découvrir dans les Papiers de Bélanger, acquis par le Musée de la Ville de Paris, à la vente Dubrunfaut, quelques nouvelles copies de lettres d’Adanson, de Noverre, de Beaumarchais, etc., donnant des détails circonstanciés sur la chanteuse ; mais, sauf quatre lignes d’une lettre de « l’ami Moyreau », je n’ai rien trouvé que les éléments d’une curieuse biographie de Bélanger, et des réflexions, des projets, des mémoires de l’amant de Sophie sur le goût, sur l’établissement d’échaudoirs, sur le prix du cuivre, sur les enterrements des condamnés révolutionnaires.
… Ne dites à personne qui je suis… » ……………………………………………………………………… Depuis, le petit vieux et moi nous avons passé bien des soirées ensemble ; et je vous redirai peut-être un jour les révélations curieuses qu’il me faisait, quand nous allions, le jeudi, entendre la musique sur les Allées Neuves. […] Disons-le pourtant : il existe aussi un vieux Capitole, un Capitule authentiquement vieux, hérissé de fort curieuses sculptures ; mais il est caché derrière le neuf comme un beau fauteuil en chêne fouillé sous une housse de calicot blanc !
Elle a donc eu lieu cette séance tant attendue, tant désirée, et qui devait être la plus curieuse de toutes les fêtes que l’Académie française a offertes jusqu’ici à son brillant public : car c’est proprement un bal de beaux esprits qu’une séance de réception.
C’est une faculté naturelle à tous les hommes, à laquelle les indifférents n’échappent pas plus que les curieux, d’aspirer en tout sujet à connaître les causes, et de s’y complaire lorsqu’elles sont saisies.
Homme d’une époque tardive et raffinée où s’amalgamaient en une civilisation hybride et Rome et la Grèce et l’Orient, moraliste plus attentif au fonds humain qu’à la particularité historique, et, quand il cherche la variation et la singularité, plus curieux de l’individu que des sociétés, Plutarque offrait déjà les temps anciens dans l’image la plus capable de ressembler aux temps modernes.
Nous trouvons le témoignage curieux de cet embarras dans la Préface que Pierre Robert Olivetan mit à sa traduction de la Bible (1533) : « Aujourd’hui pour la plupart le François est mêlé de latin et souvent de mots corrompus : dont maintenant nous est difficile les restituer et trouver.
La Henriade irait rejoindre Alaric et la Pucelle, si Voltaire n’avait entouré son poème, truqué et fardé, de notes qui sont souvent de curieuses dissertations littéraires et historiques, si le nom de l’auteur aussi ne constituait pas seul un intérêt sensible à l’ouvrage.
Si on fait brutalement la théorie de l’aberration on arrive à un résultat bien curieux.
Chose curieuse, l’émotion sentimentale fut, ce m’a semblé, tout aussi forte, et de plus je m’aperçus d’un mérite incroyable de composition, d’un art, assurément tout instinctif, des préparations des dispositions prises en vue d’amener un effet final, ou en vue d’éclairer d’avance certaines particularités de caractère par où s’expliquent les incidents et les péripéties ; je m’aperçus, en un mot, que le roman, s’il n’était pas aussi bien écrit que je l’eusse désiré, était aussi bien construit qu’une nouvelle de Maupassant.
À la suite de tous ces noms de guerriers ou de princes rassemblés des trois parties du monde, c’est un spectacle curieux de retrouver les noms du Dante, de Pétrarque, de Boccace, de l’Arioste, du cardinal Bibiéna, auteur de la comédie de la Calandre, jouée au Vatican sous Léon X, et du célèbre Machiavel ; sans compter cette foule innombrable de savants, presque tous Grecs ou Italiens, qui dénués, il est vrai, de ce mérite rare du génie, contribuèrent, cependant, par leurs travaux, au rétablissement des lettres, en faisant revivre les langues qui ne s’étaient conservées que chez les chrétiens de Constantinople, et la philosophie ancienne qui, depuis la chute de l’empire, n’avait été cultivée que par les musulmans arabes.
Ses murs sont garnis de vieilleries, dont quelques-unes sont assez curieuses ; des vases chinois, des têtes de mort, des fleurets, des pipes garnissent tous les coins. […] Exact ou non, conforme à une époque ou capharnaüm de plusieurs, l’aspect de ce large salon n’en est pas moins curieux. […] Vous avec certainement lu, ces temps derniers, dans les journaux de Paris qui vous parviennent, une autre lettre très curieuse encore, et que le directeur du théâtre de la Porte Saint-Martin écrivait au même M. […] Méry (où j’accompagnais mon ami, l’auteur de l’acte de vaudeville déjà cité, qui portait une lettre au poète) une collection très curieuse et de fort bon goût, bien certainement ; c’est la réunion complète de tous les costumes originaux de la Suisse, de l’Italie et de la Turquie. […] Maintenant que je vous remercie, mon cher Monsieur, d’avoir bien voulu me prêter votre retentissante tribune, pour raconter à mes compatriotes une des études les plus curieuses pour moi, de ce voyage à Paris, à travers ces gens de lettres.
Par eux seuls l’Exposition universelle répond vraiment à son nom et le bazar du Champ-de-Mars est devenu le rendez-vous des curieux et des intéressés de toute la terre. […] Son auditoire bienveillant ne lui demande rien sinon d’être attendrissant, terrible, curieux ou joyeux. […] À la suite de Racine, Voltaire historien, curieux des mœurs et du costume, s’était naturellement porté dans cette voie ; de Belloy l’avait fait à son tour, soulevant les acclamations du patriotisme monarchique, Laharpe avec moins de bonheur, Chénier dans un esprit tout à fait révolutionnaire. […] Il assistait en curieux à ces succès que nous faisions de tous nos cœurs et de toute notre fougue de collégiens émancipés par 1830 ; mais il s’accoutumait à laisser se décider sans lui la fortune des œuvres dramatiques. […] Et cependant les grands succès, les curieuses entreprises de la comédie moderne étaient ailleurs.
N’est-ce pas le cas des pièces musicales assurément curieuses qui prétendent représenter des batailles, ou des paysages, ou des scènes bibliques, ou des événements historiques ? […] Il est curieux d’observer que cette thèse, développée par Nietzsche à propos de la tragédie grecque, trouve sa confirmation pratique dans le surprenant phénomène que nous montre Wagner. […] Il est vraiment curieux que Nietzche ne se soit pas aperçu que la démonstration vivante de sa subtile et profonde analyse du tragique, c’était justement Wagner. […] Sa sensibilité surexcitée lui fait quelquefois découvrir de curieux et suggestifs parallélismes. […] Voir à ce sujet le curieux récit publié en 1893 par le Guide Musical.
Bossuet ne s’est pas amusé aux descriptions curieuses des mœurs et des passions. […] Chose curieuse, ce que ce prêtre a le moins vu, c’est la force et l’influence de la religion dans la société antique ; mais personne, avant Fustel de Coulanges, ne le verra davantage. […] Recueil choisi des harangues, remonstrances, panégyriques, plaidoyers, et autres actions publiques les plus curieuses de ce temps, Paris, G. de Luynes, in-4, 1651.
Les recueils édifiants faits par les bénédictins et les jésuites, même le naïf et curieux écrit d’Albert Legrand, dominicain de Morlaix, n’en présentent qu’une faible partie. […] Ma mère, gaie, ouverte, curieuse, aimait plutôt la Révolution qu’elle ne la haïssait. […] Il est curieux, du reste, que, sans contenter les uns, je n’aie pas trompé les autres.
. — Les théories ont parfois de curieuses vicissitudes : un pasteur écossais, Malthus, invente une prétendue loi de population et aussitôt des sociétés de bourgeois honnêtes et modérés se fondent pour propager dans le peuple anglais l’art de ne pas procréer des enfants ; elles échouent ; en France, on assourdit le public de déclamations morales contre le malthusianisme et on le pratique au point d’inquiéter les statisticiens. […] Ce pamphlet, qui n’est pas aussi drolatique que le comporterait son titre, contient un curieux exposé de la division du travail. […] Dans une étude sur la langue française avant et après la Révolution, parue dans l’Ère nouvelle, j’en ai donné de nombreux et curieux échantillons : j’y renvoie le lecteur.