En voyant cependant son école se continuer assez longtemps encore parallèlement aux églises chrétiennes, on est porté à croire que, malgré sa considération pour Jésus, Jean ne l’envisagea pas comme devant réaliser les promesses divines.
Seulement l’avenir continuait d’éclore Sur ces vestiges noirs qu’un pâle orient dore, Et se levait avec un air d’astre, au milieu D’un nuage où, sans voir de foudre, on sentait Dieu.
Il continua d’amuser à table.
L’éloquence continua d’être en proie à la barbarie, & n’a commencé de triompher que vers la fin du dix-septième siècle.
On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie.
On ne lui demande point son histoire, on ne le questionne point ; il demeure ou continue sa route à volonté.
Si la calomnie disparaît à la mort de l’homme obscur, la célébrité lui sert de véhicule, et la porte jusques aux siècles les plus reculés ; penchée sur l’urne du grand homme, elle continue d’en remuer, la cendre avec son poignard.
Enfui je l’ai vu, ce tableau de notre ami Greuze ; mais ce n’a pas été sans peine ; il continue d’attirer la foule.
Les peintres et les poëtes, continuera-t-on, sont du moins les plus malheureux de tous ceux dont les ouvrages demeurent à découvert sous les yeux du public.
Le bas étage des citoïens qui s’ennuïoit, parce qu’il ne s’occupoit pas à suivre la piece, demandoit quelquefois à grands cris dès le troisiéme acte des divertissemens qui fussent plus à sa portée, et il insultoit même à ceux qui vouloient faire continuer les comédiens.
Ce n’est pas dans les étreintes d’une simple préface qu’on peut rien citer de ce livre, débordant d’une beauté continue, et qu’il faut prendre, pour le juger, dans la vaste plénitude de son unité.
Forcément il sera toujours, dans le mal qu’il veut continuer, au-dessous de ce qu’il a été.
Dans cette famille illustre et sérieuse des moralistes, qui, de La Rochefoucauld et de La Bruyère, se continue par Vauvenargues et par Duclos, Mme Guizot est l’auteur le dernier venu, et non, à ce titre, apprécié encore. […] Mlle de Meulan, s’étant mise à traduire les premières pages d’un roman anglais, Emma Courtney, se laissa bientôt aller à le continuer pour son compte et à sa guise. […] Il faut sans doute qu’un poëte soit sensible, je ne sais s’il est bon qu’il soit touché. » Et elle continue, réfutant ou interprétant le vers de Boileau sur l’élégie.
Cet aveu et ce vœu obtenus, il exigea qu’elle continuât de s’occuper de ses affaires extérieurement, tant qu’il le fallait, et sans lui permettre de les appeler misérables. […] mais la princesse oubliait, continue M. de Chateaubriand, qu’elle-même avait été aimée de Henri IV, qu’emmenée à Bruxelles par son mari, elle avait voulu rejoindre le Béarnais, s’échapper la nuit par une fenêtre et faire ensuite trente ou quarante lieues à cheval ; elle était alors une pauvre misérable de dix-sept ans. » 168. […] C’est toujours le duel de la place Royale qui continue. — Faut-il le dire enfin (1852) ?
Les parties faibles de cet écrivain, comme la politique, les sciences exactes et la dialectique, en sont naturellement exclues ; tandis que la morale, la sensibilité et la magnificence des descriptions s’y continuent et s’y fortifient l’une par l’autre dans les dimensions d’un cadre étroit d’où l’instruction sort sans rêveries, le pathétique sans puérilité, et le coloris sans confusion. […] Nulle part il n’a montré aussi vivement que dans ces deux ouvrages, et dans la Chaumière surtout, qui, après Paul et Virginie, approche le plus, comme a dit Chénier, de la perfection continue, ce tour de pensée et d’imagination antique, oriental, allant naturellement à l’apologue, à la similitude, qui enferme volontiers un sens d’Ésope sous une expression de Platon, dans un parfum de Sadi. […] que son rayon de mélancolique et chaste douceur, s’il faiblit en s’éloignant, ne se perde pas encore, et qu’il continue de luire longtemps, comme la première étoile des belles soirées, au ciel plus ardent de ceux qui nous suivent !
II Il y a deux sciences, continue le platonisme : l’une, qui vient par les sens, et qui est faible, étroite, fautive, subalterne comme les sens ; de ce genre sont les mathématiques elles-mêmes, qui ne définissent que des choses matérielles elles-mêmes comme les sens, espaces, étendues, nombres, etc. […] XIII « Tu diras peut-être, continue-t-il, que toutes ces institutions ne concordent pas avec le plan de notre République, etc. […] La division du peuple en professions arbitraires et infranchissables ; La suppression de la propriété, seule responsabilité de l’homme rétribué héréditairement par son travail ; La communauté des biens, c’est-à-dire de la misère ; La communauté des femmes et des enfants, qui supprime du même coup les trois amours dont se perpétue l’espèce humaine : l’amour conjugal, l’amour maternel, l’amour filial, et toutes les vertus aussi humaines que divines qui émanent de ces trois sources d’amour ; L’impudeur, aussi flagrante que l’impudicité, dans cette gymnastique des femmes de tout âge s’exerçant nues devant le peuple à des luttes dégoûtantes d’obscénité ; Le meurtre des enfants mal conformés, punissant le tort de la nature par la mort de ses victimes ; La population maintenue, au moyen d’une loi révoltante, au même nombre par l’immolation des hommes nés en dépit de la loi ; Les arts, proscrits de cette démocratie des métiers, de peur que l’esprit ne se corrompe par ses plus belles manifestations intellectuelles ; Enfin, on ne sait quel gouvernement de vieillards, écoliers jusqu’à cinquante ans dans des gymnases de sophistes, et n’arrivant au gouvernement qu’à l’âge où les passions généreuses meurent généralement dans l’homme en même temps que les passions fougueuses, c’est-à-dire un gouvernement d’eunuques sur un troupeau de brutes esclaves : Voilà, encore une fois, ce délire d’un philosophe que l’on continue à appeler le divin Platon !
La faveur dont il paraissait jouir auprès de la comtesse, et celle que lui continuait, malgré son inconstance apparente, la douce Léonora, redoublèrent contre lui la jalousie et la haine de ses ennemis, surtout du célèbre poète Guarini, son rival en poésie pastorale, auteur du Pastor Fido, œuvre égale à l’Aminta du Tasse. […] Dix-huit années s’étaient écoulées depuis ce mariage ; la jeune et belle Cornélia était devenue une grave et tendre mère de famille ; elle avait perdu son mari ; elle continuait à vivre seule et dans une médiocrité presque indigente dans sa maison à Sorrente, sans autre fortune que les orangers et les figuiers du petit domaine de ses pères. […] Donnant alors mon cheval à celui qui me l’avait loué et qui m’accompagnait, je dis au jeune homme que j’acceptais son offre, lors même que je pourrais continuer ma route.
Les jeunes étudiants résolurent de la seconder ; la maison continua de marcher, nonobstant le vieil ivrogne. […] À Paris, sitôt que j’eus montré le petit carillon qui était en moi, le monde s’y plut, et, peut-être pour mon malheur, je fus engagé à continuer. […] Ils virent bien alors que j’étais d’une autre race qu’eux et que je continuerais à marcher quand ils auraient trouvé leur point d’arrêt.
Tout fut donc rétabli comme avant la Révolution ; chaque porte tourna dans ses anciens gonds et, comme d’Olier à la Révolution rien n’avait subi de changement, le xviie siècle eut un point dans Paris où il se continua sans la moindre modification. […] Un jour, on entendit quelque bruit sur la place Saint-Sulpice : — Allons à la chapelle mourir tous ensemble, s’écria l’excellent M. ***, prompt à s’enflammer, -je n’en vois pas la nécessité, répondit M. ***, plus calme, plus prémuni contre les excès de zèle ; et l’on continua de se promener en groupe sous les porches de la cour. […] Voyant que je ne répondais rien, il me serra la main. « Ce sera un petit Gosselin », dit-il avec une nuance légère d’ironie, et il me laissa continuer ma lecture.
Tandis qu’ils se livrent au démon intérieur qui fixe à leur activité un but, une pensée d’apostolat, de solidarité ou d’enseignement, d’autres, très nombreux, continuent à n’écrire que pour faire œuvre d’art, à ne conter que pour le plaisir de conter. […] Tout comme le colossal auteur de la Comédie humaine, les plus puissamment musclés d’entre nos écrivains d’imagination ont voulu se mettre eux-mêmes tout entiers dans une œuvre de trame continue ; rassembler de nombreux personnages et poursuivre leurs destinées à travers des compositions successives, les montrer en action, et observer leurs mobiles ou le jeu de leur énergie au milieu des aventures les plus diverses. […] Elle devient infiniment douloureuse quand elle porte sur ces problèmes religieux qui ont fait de tout temps, et qui continuent de faire à travers les siècles, le fond dernier de la vie humaine.
III Mais quand une fois ceci est dit, — et ceci est plus qu’une critique, c’est la négation absolue de l’histoire religieuse que j’avais rêvée et qui continuera de manquer sur le xvie siècle ; — ceci dit, — qui est plus qu’une critique, car c’est un regret et presque une mélancolie, — l’Histoire des ducs de Guise par Forneron, ce rationaliste du xixe siècle, qui, à cette heure de démocratie éperdue, avait pourtant la force d’être royaliste encore et qui osait se préoccuper de l’unité du pouvoir politique et mesurer la gloire des hommes à ce qu’ils ont fait pour elle, est un livre dédoublé, hélas ! […] Par exemple, il a mieux vu que personne, jusqu’ici, dans la confusion des événements, la grandeur de Catherine de Médicis, pour laquelle il a fait ce qu’Urbain Legeay — cet historien d’initiative dont le livre nous frappa tant quand il parut — a fait récemment pour Louis XI1, ce Louis XI que Catherine de Médicis a continué, mais dans des circonstances encore plus grandes et plus funestes. […] Forneron continue d’être, vis-à-vis de l’action et du gouvernement de Philippe II, l’homme moderne qui ne voit que les fautes et que les abus de ce gouvernement.
Dans ses poèmes plastiques, on surprend la réaction continue de la raison contre le sentiment lyrique, l’effort obstiné de l’artiste, contrariant et contenant sa nature. […] La satire contemporaine ne peint pas d’une autre couleur les travers, les rancunes, les passions qu’elle continue d’observer dans la Russie actuelle. […] Goethe et son Faust ont donné le plus bel exemple d’une pareille association, continuée pendant trente ans, toujours dominée par le poète. […] Les libéraux russes de 1848 continuaient la tradition des décembristes de 1825, comme les jacobins celle des girondins. […] Il semble que l’auteur lui-même continuât d’être hanté par le type puissant qu’il avait enfanté.
Flaubert a continué à tourner comme Antoine, à la dernière ligne de la Tentation, se remet en prières et comme Bouvard et Pécuchet recommencent à copier. […] Daudet, qui a toujours besoin de penser, de parler, d’agir, d’exister contre quelqu’un, s’est formé contre ces mêmes écrivains du Grenier dont sa critique continue la conversation. […] continuait le cicerone. […] L’œuvre de La Harpe a été continuée sous la Restauration par les cours éloquents de Villemain, dont on ne saurait séparer les deux autres cours non moins éloquents de Guizot et de Cousin. […] Son bloc d’humanité, son bloc français, il l’a tiré d’une Europe que nous continuons à vivre.
« Dès lors, continue M. […] Balzac l’a continuée. […] Ma loyauté me joue souvent de ces mauvais tours. ) Continuons. […] Puis M. de Goncourt continuait ses fouilles dans les tiroirs fraternels. […] C’est comme une veine de l’esprit du dix-huitième siècle qui se serait continuée jusqu’à nous.
Classique avec Flaubert, cette école a vraiment continué la tradition française ; elle a exprimé avec M. […] Duruy, Claretie, Cherbuliez, Uchard, ont continué avec beaucoup d’esprit les traditions élégantes du roman romanesque et mondain. […] La révélation de cette contrée lumineuse s’est victorieusement continuée depuis Mistral. […] La vie n’a pas de ces échappatoires toutes faites : il faut subir ses entraînements et continuer à lutter et à marcher. […] L’orgueil des années défend de trahir le secret et la tombe le continue.
La vibration humaine s’y continue en ondes magiques. […] Hugo est singulier par cette progression continue. […] Ils la continuent au livre en ses faits, ses aventures, ses péripéties et ses catastrophes. […] Ce que la famille a commencé, le collège le continue. […] C’est toujours le même vaisseau qui continue sa route, avec, à son bord, de nouveaux matelots.
Il continue Nodier, mais sans l’imiter, avec un tour d’esprit qui lui est particulier et un peu plus d’audace dans la construction grammaticale de la phrase. […] Je continue et prends mon verre : « Ainsi qu’un chiffon de pourpre lestant une bulle de savon, le médoc ensanglante le verre mousseline. […] Veuillot, au lieu de souffler maladroitement dans les pipeaux de la critique et de descendre, sans en être prié, jusqu’à doubler les Guillot du lundi, continuez à manger du Béranger, voire même du Dupin. […] On a dit, et l’ou continue à dire de Méry, qu’il était resté, malgré son extrait de naissance, un jeune poète et le poète des jeunes, et l’on a eu raison sur un point : Méry en est encore aux enfantillages de 1830, et pour lui, Racine sera toujours un polisson. […] L’accord n’était pas possible entre nous ; je jugeais Flaminio sur des impressions reçues à la représentation de l’ouvrage, et mes confrères, les feuilletonistes du lundi, continuaient à rendre compte de la préface des Vacances de Pandolphe.
Comme certains acteurs qui continuent, malgré leur âge, les rôles d’amoureux, il ne pouvait jouer que les jeunes premiers. […] Quand il nous avait mis à notre porte, il repartait haletant, en sueur, et nous ne sommes pas bien sûr qu’il ne continuât tout seul ses fulgurantes improvisations. […] Il avait une aptitude merveilleuse à pasticher Hugo, Balzac, de Musset, et parfois même il continuait un article commencé par nous de façon à nous tromper nous-même. […] Que de fois il nous est arrivé de prendre Jules pour Edmond, et de continuer avec l’un la conversation commencée avec l’autre ! […] On pourra singer Grandville, mais non le refaire ou le continuer.
Il en est de même de plus d’une tragédie, de plus d’une comédie qui continuent pourtant toujours de figurer au répertoire. […] En dépit de la mort du comte, Rodrigue aime toujours Chimène, et Chimène, en demandant la tête de Rodrigue, ne continue pas moins de l’aimer. […] Nous n’en rions du moins qu’en tremblant, et, tout en riant d’elles, nous continuons de les redouter. […] S’il avait continué d’écrire pour la scène, je ne doute pas qu’il lui en eût emprunté davantage. […] et pourquoi Le Sage lui-même, ayant si bien commencé, n’a-t-il pas continué ?
Puisque son fils ne lui donnait pas d’héritiers, il en donnerait à son fils : c’était son affaire de continuer la race, à défaut de ceux à qui, selon la nature, incombait ce devoir. […] « Dès qu’ils en ont assez, ils commencent à faire tapage avec les plumes, les mains, les pieds ; et pour peu que le professeur fasse la sourde oreille, ils se mettent à faire un tel vacarme qu’il lui est impossible de continuer. » Mêmes habitudes à Toulouse, à la Faculté de droit : on invective le professeur, s’il prétend continuer ; on l’applaudit, on l’acclame, s’il se résigne à cesser. […] « Il se levait ordinairement dès deux heures du matin, et il continuait ses études jusqu’à l’heure du dîner, sans autre interruption que celle de la prière et de la sainte messe et de l’office divin. […] Les laïques, les athées de l’Académie des Inscriptions continueront ces publications, sans qu’un changement de plan, de méthode ou de ton décèle la qualité nouvelle des rédacteurs. […] Il continuait cependant de représenter le duc de Parme aux gages de Vendôme et de la France.
La seule différence est qu’ils exigent une invention continue et toujours renouvelée de ce rythme. […] Il continua, chaque année, de consacrer un mois à cette religion pieuse, au souvenir de celle qui avait donné à un autre qu’à lui le meilleur d’elle-même. […] Cette involontaire et continue métempsycose offre une séduction incomparable. […] Par-delà ses ironies continues, sa réserve volontaire, sa surveillance de lui-même, nous sentons un monde d’émotions cachées qu’il ne nous dit pas. […] Autant vaudrait y planter des orangers… » Et l’implacable sophiste continua une longue heure.
La singulière douceur de cette philosophie tout horatienne demande grâce, un moment, pour la légèreté qui s’y mêle encore, et qui continuera de s’y mêler longtemps. […] Cependant il continuait de représenter la France à Rome avec grandeur, avec grâce et magnificence.
Mais, d’autre part, il veut que l’on continue de faire des ordonnances en latin, à grand appareil, ce qui est peu raisonnable et peu d’accord avec son idée de vulgarisation des choses utiles. D’un autre côté, les médecins qui sont entrés dans la voie de Guybert, dans la voie du médecin charitable et populaire (et Gui Patin semble quelquefois de ceux-là), continuent de parler comme les membres d’une corporation d’initiés.
Grondé pour avoir pris sur lui de repasser sur la rive gauche du Rhin, il tenait à faire sentir qu’il en avait été un peu découragé, et que cela nuisait à la grandeur des vues, au bien du service : « J’avoue, Sire, écrivait-il à Louis XIV, que je me suis cru obligé à plus de circonspection, bien que pénétré de toutes les bontés dont il a plu à Votre Majesté de m’honorer pour me relever le courage un peu abattu par la crainte de lui avoir déplu en repassant le Rhin. » Et avec Chamillart il s’ouvrait complaisamment dans le même sens, et il continuait d’insinuer cette leçon indirecte où nous l’avons déjà vu si habile, et où la naïveté sert de couvert à la finesse : La prudence, monsieur, est très à la mode dans les armées. […] Ce sera surtout dans sa campagne d’Allemagne de 1707, où il put se répandre en toute liberté par-delà le Rhin, qu’il appliquera en grand sa méthode de contributions et son organisation de la maraude en pays ennemi : Je tirai de très grosses sommes, nous dit-il lui-même, dont je continuai à faire l’usage que j’avais fait de toutes les autres.
Dans les lectures d’histoire qu’on lui fait faire, il lui semble qu’il n’y a pas de roi préférable à Louis XII ; l’écho des victoires l’atteint peu ; et cependant elle a aussi la marque de son temps, et lorsqu’il vient là pendant quelques jours un beau monsieur de Paris, très riche, très gai, très galant pour elle, et qui cause politique avec Mme de Coigny, qui apporte les dernières nouvelles et les commente avec cet esprit de dénigrement propre aux salons, elle n’est pas séduite, elle aperçoit d’abord ce qui manque à l’élégant monsieur, en fait de chevaleresque, et celle dont le cœur est destiné à des cœurs braves, finit par ce trait en le dépeignant : « Et puis il n’a été à aucune bataille, et c’est vraiment ridicule30. » Mme de Coigny aime les longues lectures régulières et qui se continuent, qui occupent et reposent : on lit donc Rulhière, Histoire de l’anarchie de Pologne, toutes les Révolutions de Vertot, La Guerre de Trente Ans de Schiller, Le Siècle de Louis XIV ; toutes ces lectures ne sont pas également intéressantes. […] Quant à moi, lors même que j’en aurais le pouvoir, j’aimerais mieux continuer de marcher vers la fin que de revenir en arrière.
Quelques femmes françaises nous regardaient à travers leurs croisées entr’ouvertes et pleuraient… » Arrivé à Constantinople, les illusions du prisonnier continuent : il persiste à se croire en pays civilisé ou du moins non entièrement barbare ; une captivité politique ne l’effrayait pas : « Quelque fâcheux qu’il fût pour moi de me voir prisonnier, je regardais d’abord comme très-consolant d’être réuni à d’autres Français dont la société pouvait me procurer quelques douceurs. […] Je me félicite de pouvoir conserver avec vous à un autre titre des relations que votre zèle et vos lumières me rendent précieuses, et je ne doute point que lorsque je vais mettre sous les yeux des Consuls le compte rendu de votre gestion jusqu’au 1er vendémiaire prochain, je ne doute point qu’ils ne m’autorisent à confirmer ce témoignage de confiance et d’estime. » Tel fut le point de départ des nouveaux services que Jean-Bon était appelé à rendre et des approbations qu’il allait continuer de mériter dans un exercice de plus de dix années.
Il put continuer d’être cher à ses amis et leur tenir de fort beaux propos, leur prodiguer de généreux sentiments, et gémir plus haut que personne en se promenant avec eux le soir dans les allées du Luxembourg97 ; mais l’homme public ne comptait plus, il s’était brisé du même coup et devant ses contemporains et devant la postérité. […] Vous ne lui laisserez pas ignorer que je suis mécontent de voir qu’après avoir coopéré à la ruine de l’ancienne monarchie, il continue, à son âge, par inconduite et folie d’esprit, à se mêler encore d’intrigues qui ne peuvent avoir aucun résultat, et qui montrent seulement que les hommes sont incorrigibles.
C’est ton âme qui continue et qui suit sa pente d’aimer immortellement. » « (Le 27 décembre. 1855)… Je t’aime d’avoir souffert tout ce que je souffre, et d’être restée si tendre. […] Cette basse continue du maître éteindrait mon goût de chanter.
En me remettant à la lecture de Du Bellay et en reprenant de lui ce premier écrit par lequel il a ouvert, pour ainsi dire, l’ère de la Renaissance française, je me suis senti saisi d’un regret, et j’ai comme embrassé d’un seul regard la période tout entière, le stade littéraire où il entrait en courant, le flambeau à la main, stade glorieux, et qui, coupé, continué, accidenté et finalement développé pendant près de deux siècles et s’y déroulant avec bien de la variété et de la grandeur, n’a été véritablement clos et fermé que de nos jours. […] Quel dommage qu’il n’ait pas rejailli quelque chose de ce sentiment patriotique dans l’effort courageux du xvie siècle ; que la tradition de la vieille France et de la France de la Renaissance ne se soit point unie et continuée par ce glorieux chaînon ou par quelque autre pareil !
En essayant de les continuer, d’en faire entendre de semblables, non point parce qu’il sentait de même, mais parce qu’il visait à un genre littéraire, Jean-Baptiste égarait toute spiritualité dans les échos de ses rimes sonores : Racine fils, bien débile sans doute, était plus voisin de son noble père, plus vraiment touché d’un des pâles rayons. […] Lamartine, lui, était poëte encore plus qu’amant : sa blessure d’amour une fois fermée, sa source vive de poésie a continué de jaillir par plus d’endroits de sa poitrine, et plus abondante.
Littérairement, d’ailleurs, nous nous sommes dit qu’écrire ces détails sur un homme bien jeune encore, sur un poëte de vingt-neuf ans, à peine au tiers de la carrière qu’il promet de fournir, ce n’était, pour cela, ni trop tôt ni trop de soins ; que ces détails précieux qui marquent l’aurore d’une belle vie se perdent souvent dans l’éclat et la grandeur qui succèdent ; que les contemporains les savent vaguement ou négligent de s’en enquérir, parce qu’ils ont sous les yeux l’homme vivant qui leur suffit ; que lui-même, avec l’âge et les distractions d’alentour, il revient moins volontiers sur un passé relativement obscur, sur des souvenirs trop émouvants qu’il craint de réveiller, sur des riens trop intimes dont il aime à garder le mystère ; et qu’ainsi, faute de s’y être pris à temps, cette réalité originelle du poëte, cette formation première et continue, dont la postérité est si curieuse, s’évanouit dans une sorte de vague conjecture, ou se brise au hasard en quelques anecdotes altérées. […] On continua de se voir isolément et de s’aimer à distance.
Le Clerc, en rétablissant l’authenticité de cette histoire en général, ne nous dit pas en détail ce qu’il continue d’en croire. […] On y gagne, quand on juge le moyen âge, de le faire dans un esprit plus détaché de toutes les analogies contemporaines ; mais on y perd aussi quelque chose en notions continues.
Si la tragédie morale semble souvent continuer un roman ou s’y superposer, et si son action semble parfois, soit au début, soit dans le cours des pièces, recevoir l’impulsion du dehors, c’est qu’il peint des volontés, comme nous le verrons, et que ces volontés, sûres et constantes, ne changeraient point d’état ou de posture, ne livreraient point de combat, si des accidents de fortune ne leur suscitaient des ennemis dans le moi ou hors du moi. […] Saint-Genest (1646) et Venceslas (1647) sont deux belles choses : Saint-Genest 328, avec son mélange de scènes familières et de scènes pathétiques, peinture du monde du théâtre et de l’héroïsme chrétien, a des parties qui continuent dignement Polyeucte.
On nous a habitués à considérer l’École Parnassienne — disons plus familièrement le Parnasse — de même que nous dirons tout à l’heure le Symbolisme au lieu de l’École Symboliste — comme une réaction contre le Romantisme ou du moins contre ses excès, c’est-à-dire contre les mauvais poètes qui n’en continuaient que les défauts. […] C’est toujours le même vaisseau qui continue sa route, avec, à son bord, de nouveaux matelots.
» ― En dépit de ces oppositions, les écrivains ont continué et continueront avec raison à dire leur mot sur des problèmes qui nous concernent tous comme citoyens et comme hommes et à croire que le talent ne perd rien à servir la cause de la civilisation ; et selon leurs opinions, leurs tempéraments, le milieu où ils vivent, retenant ou poussant en avant la société dont ils font partie, ils ne cesseront d’entrecroiser d’une façon étroite l’histoire de la littérature et celle du droit.
Mais aussi, au lendemain de ces deux défaites, deux grandes restaurations catholiques ; l’une qui commence avec la création de la Compagnie de Jésus et la réunion du Concile de Trente, qui se continue avec le retour à la discipline austère parmi les Oratoriens et les solitaires de Port Royal, qui aboutit à la fougueuse intolérance de Bossuet, aux dragonnades et à la révocation de l’Édit de Nantes ; l’autre qui commence avec les théories ultramontaines d’un Bonald et d’un Joseph de Maistre, qui continue avec la brillante apologie du catholicisme par Chateaubriand, avec le Concordat, avec les tirades éloquentes de Lamennais contre l’indifférence religieuse, qui aboutit à la tentative manquée de Charles X pour raffermir à la fois le trône et l’autel et pour ramener la société française de quelques siècles en arrière.
Cependant sous cette immobilité voulue, sous ce règne paisible de l’ordre et de la discipline, contre lesquels Molière et La Fontaine sont à peu près les seuls à regimber parfois, le mouvement de la vie continue quand même ; la monarchie de droit divin est à son apogée ; mais l’apogée est toujours voisin du déclin ; l’Eglise catholique, son alliée, a infligé une cruelle défaite à ses adversaires ; mais toutes deux, par l’excès même de leur tyrannie, provoquent le réveil de l’esprit de liberté ; en matière littéraire aussi, quoique le joug y soit moins lourd à porter, l’époque suivante verra déjà des essais, tout au moins des velléités d’émancipation. […] Fontenelle continue, en le transformant, le genre précieux et galant prolongé par Benserade.
Jeudi arrive, continue Morellet. […] Je sais à présent quelles sont les personnes qui m’ont le plus intéressé à Paris ; dans les premières années je ne les distinguais pas. » Le jour où il perd Mme d’Épinay, ce jour-là seulement son âme se brise, sa vie parisienne est close ; le Galiani parisien meurt avec elle, le Galiani napolitain continue de végéter.
Et il continue de tout voir en beau et de démontrer à son ami de France comme quoi les journées passent comme des instants, et qu’il est à bord le plus heureux des hommes : « Le bréviaire, les conférences, l’Écriture sainte, le portugais, le siamois, la sphère, un peu d’échecs, bonne chère sur le tout, et de la gaieté : faites mieux si vous le pouvez. » Nous commençons, n’est-ce pas ? […] Je vous promets pourtant bien sérieusement de vous entretenir presque toujours du roi, ce sera ma basse continue ; et si, de temps en temps, vous me trouvez à quelque coin, passez par-dessus moi.
Au moment où le mariage est décidé, on le voit surtout occupé à stipuler qu’il ne quittera pas le roi un seul instant, qu’il continuera de faire, comme auparavant, tous les devoirs de sa charge, le dernier au coucher et le premier au lever. […] Les modernes éditeurs (Petitot, Michaud) avaient négligé de consulter ce manuscrit, et l’on continuait de réimprimer les anciennes éditions où le texte avait été retouché, et où il y avait des inexactitudes de noms propres et quelques omissions.
Nous continuons de noter en elle ces signes précurseurs qui marquent la transition à un âge nouveau. […] Mais cette supériorité, continue-t-elle, ne doit pas se mesurer sur le rang seul, car il y a des grandeurs réelles et personnelles, et des grandeurs d’institution.
Il continuait de mener tambour battant les idées comme il avait fait autrefois ses adversaires. […] Bossuet encore était aisé, ce semble, à saisir et à manifester, à cause des éclairs qui signalent sa marche ; mais Bourdaloue, plus égal et plus modéré, nul ne l’a plus admirablement compris et défini que l’abbé Maury, dans la beauté et la fécondité incomparable de ses desseins et de ses plans, qui lui semblent des conceptions uniques, dans cet art, dans cet empire de gouvernement du discours, où il est sans rival, « dans cette puissance de dialectique, cette marche didactique et ferme, cette force toujours croissante, cette logique exacte et serrée, cette éloquence continue du raisonnement, dans cette sûreté enfin et cette opulence de doctrine ».
Il commença ses études à Périgueux, les continua à Paris au collège de Navarre, fut reçu bachelier en Sorbonne ; mais, trop jeune pour passer outre dans ses degrés, il songea à faire le voyage de Rome. […] Cette façon de voir ressort à chaque ligne naturellement, naïvement, et avec une crudité que rien ne tempère : Il (le prince de Conti) continua à me traiter assez obligeamment, dit Cosnac ; mais, dans un temps de guerre, je me voyais un domestique fort inutile.
En Russie, lorsqu’un jour l’impératrice Catherine sembla lui sourire, il ne souriait, lui, qu’à ce projet chéri de fonder une colonie aux bords du lac Aral, une colonie cosmopolite à l’usage de tous les étrangers pauvres et vertueux ; plus tard, il continuera en idée de vouloir transplanter quelque chose du même rêve aux rivages de Madagascar, puis en Corse, et plus tard encore vers les vagues espaces de l’ouest de l’Amérique, au nord de la Californie. […] Hennin continue :) Je n’ai pas pris les ordres de M. le comte de Vergennes sur votre seconde lettre.
Et c’est toujours en homme lésé et dupé, en homme généreux et désintéressé, ne visant qu’au bien d’autrui et ne marchandant pas d’ailleurs son plaisir, que Voltaire fait des siennes dans cette terre de Tourney, et qu’il se passe tous ses dégâts et toutes ses lésines : Je mets mon plaisir à rendre fertile un pays qui ne l’était guère, et je croirai, en mourant, n’avoir point de reproches à me faire de l’emploi de ma fortune… Je continue très certainement à faire le bien de la terre en agrandissant les prés aux dépens de quelques arbres… J’ai tout lieu de me flatter que vous ne me troublerez pas dans les services que je vous rends, à vous et votre famille. […] Je désire, en vérité, de très bon cœur, que votre jouissance soit longue, et que vous puissiez continuer encore trente ans à illustrer votre siècle : car, malgré vos faiblesses, vous resterez toujours un très grand homme… dans vos écrits.
À dix-sept ans, son père, qui continuait apparemment à se soucier assez peu de lui, le fit émanciper, lui rendit compte du bien de sa mère qui était de onze cents livres de rente, et le laissa ensuite se diriger à son gré. […] Croirait-on qu’après s’être arrêté très au long sur les ruines de Balbek et de Palmyre, il continue en ces termes : « À deux journées au sud de Nâblous, en marchant par des montagnes qui, à chaque pas, deviennent plus rocailleuses et plus arides, l’on arrive à une ville qui, comme tant d’autres que nous avons parcourues, présente un grand exemple de la vicissitude des choses humaines. » Cette ville qui est, selon lui, comme tant d’autres, c’est Jérusalem.
Il était sénateur pendant le Consulat, et il continua de l’être avec l’Empire ; une démission qu’il avait envoyée ne fut point acceptée, et il s’accommoda très bien de garder son siège bientôt doté, blasonné et anobli. […] À quelqu’un qui, vivant à la campagne, regrettait la ville, Volney racontait une anecdote de Diderot, qui avait au château de Meudon une jolie chambre où il n’allait jamais, et qui répondait un jour à Delille en refusant de la lui céder : « Mon cher abbé, écoutez-moi ; nous avons tous une chimère que nous plaçons loin de nous ; si nous y mettons la main, elle se loge ailleurs ; je ne vais point à Meudon, mais je me dis chaque jour : J’irai demain ; si je ne l’avais plus, je serais malheureux. » — Vous, Monsieur, qui vivez à la campagne, continue Volney, vous avez placé votre chimère à la ville ; mais que l’exemple de Diderot vous serve.
Job continue de nettoyer sa plaie avec son tesson et d’essuyer son tesson à son fumier, et Dante passe son chemin. […] La dynastie du bon sens, inaugurée dans Panurge, continuée dans Sancho Pança, tourne à mal et avorte dans Falstaff.
Il ne transformera en aucune façon la « manière » de cet auteur pour peu qu’elle soit personnelle, et l’auteur continuera à entretenir avec soin ses qualités et surtout ses défauts qui constituent sa « marque »18. […] Il est regrettable qu’il ne continue point à écrire d’autres pages rapides, intelligentes, brillantes, simples comme celles des Notes sur la Russie, des Bonshommes de Paris et de la Poésie Nouvelle.
Si Le Prince n’y prend garde, s’il continue à se négliger sur le dessin, la couleur et les détails, comme il ne tentera jamais aucun de ces sujets qui attachent par l’action, les expressions et les caractères, il ne sera plus rien, mais rien du tout ; et le mal est plus avancé qu’il ne croit. […] Je continue mon chemin, je quitte à regret le musicien, parce que j’aime la musique, et que celui-ci a un air d’enthousiasme qui attache.
Chacun a sa manière de voir, de penser, de sentir ; je ne priserai la mienne que quand elle se trouvera conforme à la vôtre, et cela bien dit une fois, je continue mon chemin sans me soucier du reste, après avoir murmuré tout bas à l’oreille de l’ami Loutherbourg : votre femme est jolie ; on le lui disait avant qu’elle vous appartînt, qu’on continue à le lui dire depuis qu’elle est à vous, à la bonne heure, si cela vous convient autant qu’à elle ; mais faites en sorte qu’on puisse oublier sans conséquence sur son lit ou le vôtre, son chapeau, son épée ou sa canne à pomme d’or.
Disons-le hautement : le notaire Barsac et l’agent de change Duflot continuent de paître, — comme de simples brebis de madame Deshoulières, — les bords de la Seine fleuris de contrats et de coupons de rente ; ou, s’ils prennent les eaux quelque part, c’est au lac d’Enghien. […] Je continuai d’opérer ma descente du Superbagnères avec d’amères réflexions, surexcitées par des tiraillements d’estomac : le bon montagnard m’avait vendu du lait tourné !
Thierry, la transformation de cet homme, à propos duquel la légende continuera toujours de battre la petite chronique. […] Chrétien moderne du xixe siècle, il continue de rapetisser et de racornir les plus merveilleuses traditions.
Si tout s’y continue, rien ne peut s’y recommencer. […] Le livre que nous attendions est donc manqué et nous continuerons de l’attendre.
Sainte-Beuve n’eût pas écrit des vers pareils, et presque tout un volume, car ils embarrassent terriblement l’admiration qu’il a souvent excitée en moi et que je voudrais lui continuer toujours. […] Sainte-Beuve, romantique de la première heure, aurait dû, s’il avait continué d’aller vaillamment dans le sens de sa jeunesse, monter au plus haut dans l’outrance de ses facultés et de sa manière.