Dans quel but cette aristocratie féminine ?
Conduis-moi, aujourd’hui même, au but de ma route. » On le comprend, au reste : quelque belle que soit par moment cette poésie, les tons doivent en être peu variés ; la tristesse religieuse qui en est l’âme en fait l’uniformité.
Si l’on excepte quelques plaidoyers civils, Démosthène aura été le type de l’orateur politique pur, qui n’a pris la parole que pour agir, et dont toute l’action n’a visé qu’à un but unique : la lutte contre le roi de Macédoine. […] Ce n’est pas à dire, sans doute, qu’on ne les puisse pas discuter, mais on trouve toujours chez eux un fond solide et fertile : et s’il leur arrive de se tromper, ils se trompent comme il faut, dit encore Alain à propos de Descartes, c’est-à-dire dans la bonne direction, qu’ils ont au moins entrevue, si les moyens de l’époque ne leur ont pas permis d’atteindre le but. […] D’autres, comme Henry Roujon dans une vieille chronique de la Revue bleue, ont blâmé et raillé cette existence quasi sacerdotale et monastique, cette dévotion intransigeante à un seul idéal, cette adoration exclusive des lettres pures, ce mépris superbe de tout autre but d’activité, de toute vie moyenne et normale, de tous les intérêts pratiques et de ceux qui s’y adonnent, que Flaubert appelle les « bourgeois ». […] Bergson comme une conception anthropocentrique de l’univers, attendu que le véritable anthropocentrisme est le dogme finaliste d’après lequel tout serait destiné au service de l’homme, roi de la création, tandis que le positivisme s’abstient modestement de dogmatisme, de métaphysique, d’hypothèse sur le but ou le sens de l’univers et ne l’envisage relativement à l’homme que parce qu’il croit à l’impossibilité d’atteindre l’absolu.
Sans doute, l’orgueil opposé à la vanité, c’est surtout un sentiment puissant opposé à un sentiment mesquin : l’orgueil est une exaltation, la vanité est une démangeaison ; l’orgueil est une grandeur fausse, la vanité est une petitesse ; l’orgueil ne se satisfait que des grands succès et dédaigne les médiocres jouissances, la vanité se repaît de tout et ne dédaigne rien ; l’orgueil n’atteint jamais son but, tant il le met haut ; la vanité, quoique insatiable, atteint ou manque son but tous les jours et presque à chaque heure, le mettant partout. […] Rien de plus légal, puisqu’on peut toujours exécuter une loi qui n’a pas été abrogée ; mais, d’une part, c’était montrer quelque désinvolture à l’égard du Parlement que de substituer une loi désuète à une loi qu’on lui avait présentée et dont il n’avait pas voulu, pour arriver à un but qu’on tenait à atteindre et qu’il avait suffisamment indiqué qu’il ne voulait pas qu’on poursuivît ; et en ce sens c’était un véritable coup d’État ; — d’autre part, c’était une première atteinte à la liberté d’enseignement, le principe de la liberté d’enseignement étant que tout Français a le droit d’enseigner, s’il est honnête homme, si son enseignement n’est pas immoral, si son enseignement n’est pas dirigé contre les lois. […] Voilà comment le christianisme devait asservir la pensée humaine ; et en même temps il allait l’exalter en lui donnant de son origine, puisqu’un Dieu était venu pour le sauver, en lui donnant de son but dans une autre existence, la plus haute idée. […] J’ai le droit de le dire, la précipitation avec laquelle vous l’avez opérée ne laisse aucun doute sur le but que vous poursuiviez.
Mais comme ce n’est pas la centième partie du revenu d’un royaume, il faudrait que le nombre des habitants diminuât à proportion et qu’il n’en restât que la centième partie… Le peuple dépérirait tous les jours, et l’Etat deviendrait si faible qu’il n’y aurait si petite puissance qui ne fût en état de le conquérir. » Dans l’Esprit des lois il lui arrive au contraire de considérer d’abord que « l’égalité réelle » est l’essence même des démocraties et le but où elles tendent, comme à remplir leur définition même : « Dans la démocratie, l’égalité réelle est l’âme de l’Etat. » Egalité et frugalité, l’une fonction de l’autre, c’est la république même : « L’amour de la république dans une démocratie est celui de la démocratie ; l’amour de la démocratie est celui de l’égalité. […] Si l’on voit, dans une démocratie, que ce partage, qui doit maintenir les mœurs, n’y convienne pas, il faut avoir recours à d’autres moyens… » Reviendra-t-il donc au collectivisme, qui est, en effet, la seule solution socialiste qui ait le sens commun et qui n’aille pas contre le but, et qu’il a semblé approuver dans son article sur le Paraguay ?
Pour nous, font-ils, qui avons eu le courage de lire l’œuvre de Brunetto Latini, nous ne pouvons y voir qu’une triste et froide série de leçons morales, enchâssée dans une allégorie sans but et sans charme. […] Voyez ce canevas curieux : Tu ne rêvas jamais ta pensée allait droit au but comme la flèche à travers le sein même d’un ami ! […] Ainsi parla Ulysse, et le Cyclope prit la coupe et but le vin.
Cette note n’a pas d’autre but que d’indiquer le principe initial et la portée de ce tableau. […] Son but, dit ce règlement, est avant tout moral et religieux. […] C’est que ce petit jardin, comme abrité par le dôme des Invalides, se pare d’un arbre, celui-là même contre lequel est posée la stèle frappée à l’effigie de notre maître, qui fut le but favori de ses promenades méditatives, durant les dernières années de sa vie.
Cette déesse, dont les prières ont pour but de faire arriver à la rive des bienheureux, les âmes pécheresses retenues de l’autre côté du fleuve, est représentée dans une glorieuse image avec la sérénité bouddhique de son visage se détachant d’un nimbe d’or pâle, et toute volante dans sa robe d’un rose mourant éparpillée sur la nuit du fond. […] Et ce livre, où le mot tei veut dire jardin, et le mot kin éducation, nous fait connaître un traité dont le texte écrit en langage courant, usité dans les correspondances journalières, a pour but de donner une éducation morale aux enfants dans la famille, même pendant qu’ils jouent au jardin. […] Il s’est fait construire, dans ce but, une jolie maison à la campagne et il me demande d’aller lui peindre un kakémono.
Leur voyage est sans grâces, Puisqu’il est aussi prompt, sur ses lignes de fer, Que la flèche lancée à travers les espaces Qui va de l’arc au but en faisant siffler l’air.
À un but éternel il n’épargne pas le temps.
… Il dort dans la patrie de Canova, avec lequel il eut tant de ressemblance par le sentiment du beau, ce vrai but de l’art.
Ce charmant babillage de jeune fille, qui paraît oiseux peut-être ici au lecteur, a un triple but caché dans l’esprit de l’auteur, qui prépare ainsi son pathétique dans le drame.
Si vous étiez né Grec ou seulement Italien, ayant sous les yeux, dès le berceau, une nature merveilleuse et un art idéal, vous auriez atteint le but dès le point de départ, et le grand style se serait formé en vous sur le modèle éternel ; mais vous êtes né Allemand avec une âme grecque, et il vous a fallu vous refaire Grec à force de contemplation et d’intuition. » — « Je vous ai attendu longtemps, répond Goethe ; j’ai marché jusqu’ici seul dans ma voie, non compris, non encouragé !
Bonaparte, après les victoires de la première campagne, veut rapporter en France la popularité d’un citoyen pacificateur avec le prestige d’un général victorieux réunis dans sa personne ; pour atteindre ce but, il lui faut deux choses, la paix avec le pape et la paix avec l’Autriche : par la paix avec le pape, il réconcilie le sentiment catholique de la France et de l’Italie avec son propre nom, il apaise les consciences inquiètes, il se prépare un consécrateur futur de son diadème dans un pontife qui lui devra sa tiare.
Recueillant tout ce qui avait été pensé, chanté ou dit de plus beau avant lui sur la terre, pour se former à lui-même dans son âme un trésor intarissable de vérités, d’exemples, d’images, d’élocution, de beauté morale et civique, il se proposait d’accroître et d’épuiser ensuite ce trésor pendant sa vie, pour la gloire de sa patrie et pour sa propre gloire, immortalité terrestre dont les hommes d’alors faisaient un des buts et un des prix de la vertu.
Huit jours après avoir publié ce volume, qui devait lui ouvrir les portes de l’Académie française, but mondain de sa vie d’étude, il n’était plus.
Si ceux qui viendront après moi jugent que cette méthode m’a conduit à mon but plus heureusement que d’autres, cette petite digression pourra, avec le temps, éclairer et fortifier quelque disciple de l’art que je professe.
Le soir, selon sa coutume, il but son chocolat, et le trouva bon.
Oui, tu as raison, je ne m’arrêterai pas, j’avancerai, j’atteindrai le but, et tu me verras un jour compté parmi les grandes intelligences de mon pays !
Cette combinaison, que l’homme envierait à l’oiseau, ne manque jamais d’atteindre son but.
Partout il nous fait voir l’espèce humaine meilleure, plus sage et plus heureuse dans sa constitution primitive ; aveugle, misérable et méchante, à mesure qu’elle s’en éloigne ; son but est de redresser l’erreur de nos jugements, pour retarder le progrès de nos vices, et de nous montrer que, là où nous cherchons la gloire et l’éclat, nous ne trouvons en effet qu’erreurs et misères.
Le but inavoué de ce procès est de ravaler et de salir une période illustre à qui l’on reproche son idéal, ses élans, sa foi, ses ambitions généreuses… Mais pour satisfaire les passions d’un moment ou les intérêts d’un parti est-il bien utile de traiter Hugo « d’abruti lyrique » et de « Tartuffe », de comparer la gloire de Renan à la vogue du chansonnier Béranger, de présenter Leconte de Lisle comme un « frigide crétin » ou de montrer Flaubert « comme une boule de jardin où apparaissent grandies toutes les sottises et les niaiseries d’une époque ».
Il lui appartenait, comme femme, de prendre la défense de son sexe, et, comme poëte, de rappeler le but moral de la poésie.
Selon lui la tragédie grecque et la tragédie française ne touchent point. « Enlever, agiter, transporter, bouleverser le spectateur », voilà le but de l’art.
Enfin, notre transcription des motifs n’a pour but que de nous permettre d’économiser la place des clefs et de rendre leur parenté quelquefois plus appréciable.
« A l’état normal, dit-il, les sentiments vont toujours à leur vrai but ; les erreurs ne viennent que de l’état maladif surajouté à la nature par la civilisation.
* * * — J’ai vu presque tous les voulant arriver au but de leur vouloir.
Lequel va le mieux au but ?
Retiré à Rome dans l’oisiveté d’une vie désormais sans but, l’infortuné prince avait cherché, dit-on, dans l’ivresse l’oubli de son héroïsme inutile, de son rang perdu et de son âge avancé.
Le spectateur de ce drame humain-divin ne sort pas ému seulement, il sort converti et transformé, le dernier but de toute œuvre d’art !
Vérité, clarté, propriété, sobriété saine, sens spirituel et juste dans une image naturelle et proportionnée au sens, harmonie des vers sans mollesse, brièveté de la phrase poétique qui ajoute à sa vigueur, trait inattendu qui frappe avant d’avoir averti, peu d’élan, mais une marche vive et sûre qui va droit au but et qui ne trébuche jamais ; en un mot toutes les qualités, non d’un grand poète, mais d’un grand manieur de la langue poétique, voilà ce qui distingua à l’instant ce jeune homme et qui donna à sa jeunesse l’autorité d’un âge avancé.
Un esprit tel que le sien eût été bien nécessaire à ce temps de contention pénible où la philosophie, redevenue religieuse, et où l’orthodoxie, redevenue platonicienne, si elles ne peuvent pas se confondre, cherchent néanmoins à s’avancer dans une concorde divine sur la double voie que la raison et le cœur cherchent vers le même but : la science est le service de Dieu.
Mais la vérité complète, la vérité dans sa variété infinie, tel est le but, plus profond que la forme, de toute histoire, et qui restera à atteindre, quand il n’y aurait plus de littérature, jusqu’au jour de la mort de l’esprit humain.
Un jour interpellé par une belle et noble dame sur la rareté de sa présence dans le monde, il minauda quelques excuses qui, ayant pour but de l’excuser aux yeux de la dame, eurent pour expression des termes peut-être un peu pédantesques, avec un air fort important par-dessus tout. […] Son but était tel, que depuis que ma tante m’a écrit cela, je ne considère plus les écrivains de France avec ma première humilité ; le dessein de cet honnête Monsieur, était de réimprimer en un petit volume toutes mes lettres à l’Indépendant, et il venait pour traiter avec moi.
Pour Paul Soudayr, par exemple, la chose écrite, prose ou vers, devait, avant tout, avoir pour but le divertissement de l’honnête homme. […] Thibaudet n’avaient, jamais, certes, eu la tentation de donner pour buts à leurs promenades dans ces domaines dont ils avaient fait leurs chasses gardées.
Donques c’estoit le but de ta malice De m’asservir sous ombre de service ? […] Et il nous faut, sans rire, faire notre but non seulement des onze passions principales, mais encore de toutes les secondaires parmi lesquelles la honte et l’envie. […] La raison me disait que mes mains étaient lasses, Mais un ordre est venu plus puissant et plus fort Que la raison ; cet ordre accompagné de grâces, Ne laissant rien de libre au cœur ni dans l’esprit, M’a fait passer le but que je m’étais prescrit.
Oui, quand Alceste est en présence de Célimène ou d’Arsinoé, il y a de l’action et qui marche à un but, et cette action ne laisse pas, quelquefois, d’être assez forte. […] Cette âme, il n’a pu la changer, bien qu’il ait lutté héroïquement dans ce but. […] De là son arrêté de pluviôse an IV (1796) qui est à rapporter comme document, et aussi parce que, peut-être sans le vouloir, l’auteur y a mis le grain de sel, à côté des lourds ingrédients administratifs : « Le Directoire exécutif, informé que le royalisme et l’aristocratie, comprimés de toutes parts, s’agitent encore et cherchent un dernier asile dans les spectacles, où ils épient avec soin et saisissent avec avidité les occasions de troubler l’ordre ou de dépraver la morale publique, premier et puissant ressort du gouvernement républicain ; considérant que le but essentiel de ces établissements publics où la curiosité, le goût des arts et d’autres motifs attirent chaque jour un rassemblement considérable de citoyens de tout sexe et de tout âge, étant de concourir par l’attrait même du plaisir à l’épuration des mœurs et à la propagation des principes républicains, ces institutions doivent être l’objet d’une sollicitude spéciale de la part du gouvernement ; arrête : le bureau central de police et les administrations municipales feront fermer les théâtres sur lesquels seraient représentées des pièces tendantes à dépraver l’esprit public et à réveiller la honteuse superstition de la royauté!
On pouvait, on peut donc supposer, que Victor Hugo commençait par tracer un plan assez rigoureux de sa pièce, par très bien voir où il allait, par marquer avec sûreté son but, son chemin et ses étapes ; et que les hors-d’œuvre, les monologues lyriques surabondants, les travestissements bizarres et les coups de surprise à la rigueur inutiles étaient, chemin faisant, et au cours du travail, des divertissements de sa fantaisie, de brusques incartades de son humeur et de soudaines disparates de son imagination. […] Un seul but : amuser ; un seul mérite : plaire. […] Vous seriez mon idole et mon impératrice, Et sans but nous irions dans la vie en rêvant, Moi, le vent de votre caprice, Et vous le caprice du vent. […] Notre Jeunesse est une comédie-mélo d’une extrême faiblesse et jusqu’à en être quelquefois ridicule, par l’inconsistance et, comme disait Chateaubriand, l’insubstance des caractères ; elle est assez mal composée aussi, étant très lente à se mettre en mouvement et à se diriger vers son but précis et semblant se chercher elle-même pendant plus de deux actes ; elle est aussi beaucoup moins spirituelle comme dialogue que la plupart des pièces de M.
Invisible et présente, la substance divine pense éternellement l’univers, qu’elle crée, sans but et sans fin. […] La vérité est que Flaubert, comme Renan, considérait que l’univers évolue vers une conscience plus claire de lui-même, que c’est sa raison d’être, qu’il ne peut prendre cette conscience de lui-même que dans la pensée humaine, éminemment représentée par les artistes et les savants, de sorte qu’il est simplement exact de dire que l’art et la science, loin de se subordonner à quelque autre fin, constituent en effet le véritable but de la vie universelle. […] Il montre que le bovarysme, c’est-à-dire la faculté de se concevoir autre qu’on n’est, constitue « l’erreur créatrice », sans laquelle l’harmonie parfaite engendrerait l’immobilité, l’inconscience et le néant, car « toute tendance allant sans obstacle vers sa fin naturelle s’y confondrait avec sa réalisation », de sorte qu’« à pousser l’hypothèse à sa limite, ce qui ne peut être évité dans le domaine de la spéculation métaphysique, toutes les choses en viendraient à s’abolir dans l’unicité du but atteint de toute éternité ». […] Mais il n’est pas une profession qu’il ne soit possible d’exercer dans cet esprit, avec un souci d’élévation intellectuelle et morale, avec une élégance d’homme libre, qui ne s’absorbe pas dans la convoitise du gain et ne le considère pas comme l’unique et dernier but de ses efforts.
Robert de Blois, qui fut un des protégés du célèbre Thibaut, comte de Champagne, déclare, au début de son poème, que son but est d’enseigner courtoisement aux dames quelle est la contenance, le maintien qu’elles doivent toujours avoir. […] Dès lors, elle se propose un but : jeter au travers de cette amitié un amour fait de haine par qui cette amitié sera bientôt ravagée et détruite… Seulement, elle se prend à ce jeu dangereux. […] On y lit notamment ceci : Il faut, comme les rameurs, marcher au but, même en lui tournant le dos.
Après ce geste convulsif, il but encore un peu de vin dans son coco, donna un coup de pied d’encouragement dans le ventre du petit mulet, et commença.
Il lui démontra une fois la portée de ses pièces en coupant en deux un colonel espagnol qu’il prit pour but à sa couleuvrine.
Ses goûts n’avaient rien de personnel, d’égoïste ; ils tendaient tous à un but pratique d’intérêt général.
Si vous prenez les périodes présentes pour autant d’objets séparés, c’est simplement parce que vous avez l’habitude de trancher le temps continu en parties de passé, présent et futur, et cela dans un but pratique ; après avoir fait cette division factice, vous êtes obligé de recourir à des hypothèses plus ou moins transcendantes pour expliquer comment ce qui est ainsi divisé peut ensuite être réuni par la conscience.
Il y a, dans les livres de Quintilien, un interlocuteur nommé Apollodore, qui disait : « Persuader, c’est s’emparer de l’esprit de celui qui vous écoute, et le conduire en triomphe au but que l’on se propose. » En triomphe !
Darwin m’a écrit que tel était le sens véritable qu’il avait voulu donner à une phrase que son obscurité m’avait fait comprendre autrement et que je donne ici textuellement : « For myself, I venture confidently to look back thousands of thousands of générations, and I see in an animal striped like a zebra, but perhaps otherwise very differently constructed, the common parent of our domestic horse, whether or not it be descended from one or more wild stocks, of the ass, the hemionus, quagga and zébra.
Comme dans des circonstances pareilles et avec des intérêts semblables, les hommes voient à peu près les mêmes choses, je ne doute pas que plusieurs gens de lettres n’aient fait les mêmes observations que moi ; tant pis même pour ceux à qui elles seront nouvelles : mais la plupart d’entre eux ne peuvent faire part aux autres de ces observations, parce qu’ils sont en quelque sorte établis dans le pays où je n’ai fait que passer, et qu’il faut être de retour chez soi pour parler à son aise des nations qu’on a parcourues ; je souhaite que mes réflexions puissent être de quelque secours à ceux qui me suivront dans la même carrière ; et quand je ne me proposerais pas un but si raisonnable, je serais du moins semblable à la plupart des voyageurs, assez rassasiés de leurs courses pour n’avoir nulle envie de les recommencer, mais en même temps assez pleins de ce qu’ils ont vu pour vouloir en entretenir les autres.
Dans son Histoire des causes de la Révolution, Cassagnac avait eu pour but principal de montrer la petitesse de cœur et d’esprit des prétendus grands hommes révolutionnaires sans nulle exception, de faire toucher du doigt le manque de solidité] réelle de tous ces épouvantails de coton (ainsi que le disait le vieux Mirabeau de son fils), qui s’imbibèrent du sang de la France comme des éponges, et jamais dessein ne fut mieux rempli.
Nous savons, durant tout le flirt entre Jacquine et Saintis, que Jacquine ne poursuit d’autre but que de démasquer Saintis et sauver Mme Sauvigny. […] Les trois femmes n’ont désormais qu’un espoir, qu’un but dans la vie, qu’un point lumineux dans l’avenir. […] Avec quelques-uns Denyse est bonne en vue d’un but, et sa bonté est un moyen ; avec tous elle est bonne par instinct naturel et besoin inné, et sa bonté est tout simplement du besoin de plaire. […] Là est le but ; le reste n’est que moyen. […] Ma définition se rétrécit donc, ou je la rétrécis, comme je le dois, et je dis : l’art n’exprimera que des sentiments — il ne les exprimera pas tous — il n’exprimera que les meilleurs — « l’art est une activité ayant pour but de transmettre d’homme à homme les sentiments les plus hauts et les meilleurs de l’âme humaine ».
Le but de l’activité propre d’un homme est de nettoyer sa personnalité, de la laver de toutes les souillures qu’y déposa l’éducation, de la dégager de toutes les empreintes qu’y laissèrent nos admirations adolescentes. […] Le « dépouillement » dont parle M. de Gourmont, et qui va de Novembre à Bouvard, ne dépasse-t-il point, d’ailleurs, le but ? […] Et ne confondons pas avec ces exigences élevées certains buts volontairement chimériques.
Mais tout sert ici-bas à quelque chose de consolant ; tout marche impitoyablement vers un but moral et défini. […] M. de Maupassant lui-même, qui a autant de modestie qu’il possède de talent, doit commencer à trouver que la réclame dépasse parfois le but, et qu’elle est souvent gênante. […] Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent un tout autre but, tendant à déduire, des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois historiques ou organiques les idées qu’elle exprime et les émotions qu’elle suscite.
La plupart des héros et surtout des héroïnes de son théâtre tragique sont de la même famille que ce surprenant Alidor de la Place Royale quittant sa maîtresse qu’il aime, sans but, sans raison, pour le plaisir d’éprouver sa propre volonté et de se sentir fort. […] » et d’Arcy : « Votre grande intelligence, saisissant à la fois les pôles opposés des choses, a toujours séparé l’esprit de la lettre, l’institution de son but idéal, la convention de ce qui la justifie. » C’est une sorte de transposition philosophique du langage de la passion. […] Car « le bien est le but de ce monde, et l’amour est l’expression intense du bien ». […] On a l’impression que cet être si borné, si infime, possède la vérité éternelle, connaît seul le sens et le but de l’univers.
Vous verrez le reste dans son livre, notamment avec quelle excellence d’arguments il redresse, touchant Aristophane, les théories de l’allemand Schlegel, qui fut bien le plus sot des hommes à idées générales ; et comment les comédies d’Aristophane ne sont bien, au fond, que des pamphlets, d’une composition secrètement assez serrée, et qui courent à un but déterminé malgré les écarts apparents ; mais, au reste, pamphlets de poète, tout débordants d’imagination, féconds en hyperboles et en métaphores réalisées et développées, c’est-à-dire en symboles… Oui, l’aristocrate à tête étroite, l’ennemi de Périclès, de Phidias, de Socrate et d’Euripide, est un poète considérable et, très souvent, un délicieux écrivain. […] Mais croire que l’univers a un but, qui est de devenir de plus en plus conscient ; croire au progrès indéfini par la science ; affirmer — ou espérer avec ténacité (ce qui dans ces matières est tout un) — qu’une œuvre mystérieuse et bonne s’accomplit dans l’univers, que le juste et le bien seront un jour pleinement réalisés et, en attendant, y conformer notre vie, n’est-ce donc rien ? […] Le lui dire en face, agir directement sur elle, il ne le saurait sans inconvenance, et d’ailleurs il irait ainsi contre son but. […] Le froufrou des jupes trop richement chiffonnées autour de l’austère robe blanche ; l’excitation affairée et sans but, — mais non sans raison secrète, la coquetterie très particulière des belles dévotes fascinée par ce froc et, en contraste, l’attitude glaciale et un peu dédaigneuse du prédicateur trop aimé et trop beau, — tout cela est indiqué avec justesse et assez pittoresquement mis en scène Et la survenue de la jolie veuve qui veut à toute force se confesser et en qui nous n’avons pas trop de peine à reconnaître la comtesse de Véran, — sans escompter l’effet des surprises qui nous attendent, nous en laisse entrevoir assez pour nous faire dire : « Tiens !
Diderot, et c’est par là surtout qu’il se distingue de ses prédécesseurs, exige que le but même et le but unique du drame nouveau soit de montrer les devoirs des conditions, leurs avantages, leurs inconvénients et leurs dangers. » Ce doit être là la base de « l’intrigue et de la morale de nos pièces. » Il veut que le caractère, d’où l’on tirait jusqu’alors toute l’intrigue, soit remplacé par la condition. « Jusqu’à présent, dans la comédie, le caractère a été l’objet principal, et la condition ou la profession n’a été que l’accessoire ; il faut que la profession devienne aujourd’hui l’objet principal et que le caractère ne soit que l’accessoire. » — Certes nous ne nierons point que le pli de la profession ou de la condition ne puisse ajouter à la réalité d’un personnage dramatique (et je crois qu’on s’en était avisé avant Diderot), ni qu’il ne se puisse livrer des combats intéressants entre le devoir humain et le devoir professionnel. […] Antoine nous affirme qu’ils ne feront pas toutes les liaisons, et que, par exemple, ils ne prononceront pas (comme à la Comédie-Française) : « vers-z-un but ». […] Le même, sur le roi Fernand : Grand qui poursuit son but d’un esprit inflexible, Pareil au trait que rien n’arrête, hors la cible !
Méla, à qui l’expérience de ces temps avait appris quel était le but de cette affaire, et quelle en serait la fin, la termina par le moyen le plus court et le plus usité : ce fut de se faire couper les veines. […] De Démétrius : « La nature semble ne l’avoir fait que pour prouver que ce grand homme était incorruptible, et notre siècle incorrigible ; héros dont la sagesse est accomplie, quoiqu’il n’en convienne pas ; dont la constance est inébranlable dans ses projets ; et dont l’éloquence, sans apprêt, sans recherche d’expressions, répond à la raideur de ses préceptes, et marche fièrement vers son but, n’ayant pour guide qu’une impétuosité naturelle. […] Sénèque, par la harangue qu’il composera dans cette circonstance et plusieurs autres, justifiera bien les sages institutions qu’il donne à son prince, en même temps qu’il montrera sa supériorité dans l’art oratoire ; mais il manquera son but. […] On le lui présenta : il le but, mais sans effet ; ses membres étaient froids, et son corps fermé à l’activité du venin.
Tout cela est fait à la française ; mais aussi longtemps que nos auteurs dramatiques ne sauront pas peindre les mœurs des personnages qu’ils mettent sur la scène, ni l’esprit des peuples et des siècles dont ils empruntent leurs sujets, je regarderai leurs pièces comme des ouvrages faits pour amuser ou épouvanter des enfants ; mais jamais je ne les croirai dignes de servir d’instruction et de leçon aux souverains et aux nations ; c’est pourtant là le véritable but de la tragédie. » Il nous est impossible aujourd’hui, — à moi du moins, — de nous former une idée nette de ces pièces, surtout des tragédies d’alors, ni d’y saisir quelque différence à la lecture ; elles me semblent à peu près toutes pareillement insipides et d’un ennui uniforme.
M. de Ferriol acheta assez cher (1, 500 livres) la petite Circassienne ; il était coutumier d’acheter de belles esclaves, et ce n’était guère dans un but désintéressé61.
Homère, dans cette sagesse précoce et accomplie qu’il attribue au héros d’Ilion, a eu évidemment pour but de montrer qu’Hector était né aussi propre à gouverner un jour sa patrie qu’à combattre pour elle ; à faire ressortir davantage la sauvage et capricieuse férocité d’Achille par opposition à toutes les vertus du fils de Priam ; enfin à redoubler le pathétique de la mort prochaine d’Hector par l’admiration et par le regret de tant de vertus fauchées dans leur fleur.
Dans ce moment, l’hôte de Crésus, celui que Crésus avait purifié, Adraste lance sa javeline, manque le but, et, au lieu de frapper l’animal, atteint le fils de Crésus, qui, blessé mortellement par une pointe de fer, accomplit en mourant le funeste présage du songe.
L’article premier de vos nouveaux statuts, fruit d’une expérience généreuse, définit ainsi votre objet : « La Société des Visiteurs a pour but de venir en aide à des familles qui, se trouvant dans l’impossibilité momentanée de subvenir à leurs besoins, sont reconnues susceptibles d’échapper, grâce à un appui temporaire, à la misère définitive ».
Dans les palais, comme au plus modeste foyer, cette ambition est la même : gouverner sans but, mais gouverner sans contradiction.
Il y aurait ce moyen, mais qui semble tout à fait hors de la portée de l’Université : changer sa méthode d’enseignement et ne plus se donner pour but, dans les lycées, la formation uniforme de lettrés, de professeurs, d’écrivains.
Mais tel n’est pas votre but.
Au cours d’expériences récentes, entreprises d’ailleurs dans un tout autre but 10, les sujets déclaraient précisément éprouver une impression de ce genre.
Chateaubriand n’avait pas d’autre but quand, jeune officier, il écrivait pour l’Almanach des Muses. […] Il demeure celui dont Mirabeau disait : « Cet homme ira loin car il croit tout ce qu’il dit. » La conviction profonde, enracinée par la méditation solitaire et par la haine de l’adversaire ; une volonté infatigable de faire passer, par la force d’une logique continue, claire et véhémente, ce qu’il croit dans toutes les oreilles qui l’écoutent ; et le but qui, à mesure que l’orateur va plus loin s’éloigne d’aussi loin, puisqu’il n’est rien d’autre que le règne de la vertu. : tout cela donne à Robespierre ce qu’il reste seul à avoir possédé entièrement, un temps, sous la Révolution : l’autorité.