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1109. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Il commencera à chercher à reconnaître le nombre, la nature et l’intensité des émotions que cette lecture suscite, à les classer ; il se trouvera alors arrêté court par une difficulté qui ne semble encore avoir été aperçue par aucun esthéticien. […] Cette influence ne sera pas plus fatale à la critique scientifique qu’elle n’a empêché le développement de la physiologie, que la philosophie de Kant, en démontrant l’impossibilité de connaître les choses en soi, n’a arrêté l’essor de toutes les sciences naturelles.

1110. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Elle s’arrête brusquement aux néfastes journées d’octobre… Mais pour un esprit comme celui de Rivarol, pour qui sait calculer la portée des fautes et des lâchetés du pouvoir, — encouragement des populaces !  […] Rivarol avait compris cela, et voilà pourquoi il arrêta là son histoire !

1111. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Mais le mal ne s’arrête point-là, et l’on sait encore plus mal qu’on ne raisonne. […] Il se fût placé au-dessus des considérations qui l’arrêtèrent quand il fallait, en châtiant ses légats, laver l’Église aux yeux des peuples.

1112. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Je vais plus loin : si la télépathie est réelle, il est possible qu’elle opère à chaque instant et chez tout le monde, mais avec trop peu d’intensité pour se faire remarquer, ou de telle manière qu’un mécanisme cérébral arrête l’effet, pour notre plus grand bien, au moment où il va franchir le seuil de notre conscience. […] Mais lorsque, suivant de haut en bas les manifestations de l’esprit, traversant la vie et la matière vivante, elle fût arrivée, de degré en degré, à la matière inerte, la science se serait arrêtée brusquement, surprise et désorientée.

1113. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Le bien pour la plante est de végéter et fleurir ; son mal est d’être arrêtée dans sa floraison ou dans sa croissance. […] Trempez le bout de l’œuf dans l’huile, la force est vaincue, le développement s’arrête, l’organisation se renverse et vous voyez naître un monstre : l’être n’est point allé à sa fin, sa destinée n’a point correspondu à sa nature. — Il y avait dans le bœuf une force vitale et une force reproductive ; le couteau du vétérinaire et la massue du boucher en ont empêché l’effet ; les tendances existaient, la destinée ne s’est point accomplie. — Il y a en nous un besoin infini de science, de sympathie et de puissance ; la supériorité des forces voisines, l’infinité de l’univers, l’imperfection de notre société nous condamnent à des misères sans nombre, et à des contentements médiocres ; nous avons la tendance, nous n’avons pas la puissance.

1114. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

C'est de mauvais goût de rappeler qu’un jour, au bal de la cour, invité par la duchesse de Berry à s’asseoir près d’elle sur une espèce de trône, il refusa humblement : On dit qu’un jour de bal, du temps de Charles dix, Sur les degrés du trône il s’arrêta jadis.

1115. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Il fallut vite tout arrêter, détruire toute l’édition ; les philosophes, en fait de théologie, ne pensent pas à tout.

1116. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Au moment d’agir, Cinq-Mars fut arrêté ; une copie du traité, livrée au cardinal et montrée par celui-ci au roi, avait arraché l’ordre : convaincu d’avoir conspiré contre son premier ministre, Louis XIII n’avait pu mieux témoigner sa repentance qu’en livrant ses complices.

1117. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Disons néanmoins, et avec regret, que cette pitié pour les innocents n’est pas égalée par son indignation contre les bourreaux ; l’idée que ceux-ci, quels qu’ils aient pu être, ont sauvé la France de l’invasion, a trop arrêté sa plume prête à les flétrir ; il s’est trop répété que le plus énergique alors était aussi le plus digne du pouvoir ; et je souffre qu’il ait dit, en déplorant la mort des Girondins : « On ne pourrait mettre au-dessus d’eux que celui des Montagnards qui se serait décidé pour les moyens révolutionnaires par politique seule et non par l’entraînement de la haine. » Non, nul Montagnard, fût-il tel qu’on le veut, un Carnot ou tout autre pareil, ne pourrait être mis au-dessus des proscrits du 2 juin ; l’assassin n’est jamais plus noble que l’assassiné.

1118. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Ce qui nous fâche et nous étonne, c’est que des jeunes hommes qui semblaient pleins d’âme et d’avenir, d’une intelligence étendue et exercée, plus propre sans doute à spéculer qu’à agir, s’étant imaginé de tout temps qu’ils auraient, dans une révolution, à jouer le rôle de Girondins, se figurent probablement que l’heure est venue, et, par une étrange illusion, s’arrêtent, non pas devant des échafauds à dresser (nous n’en sommes pas là encore, et on abolira peut-être la peine de mort en attendant), mais devant les conséquences à tirer de leurs idées politiques.

1119. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

C’est au milieu du monde que souvent ses réflexions, ses résolutions l’abandonnent, que les idées générales les plus arrêtées, cèdent aux impressions particulières.

1120. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

En 1808, tous ses grands traits sont arrêtés et définitifs : départements, arrondissements, cantons et communes, rien n’a changé depuis dans ses divisions et sutures extérieures : Concordat, Code, Tribunaux, Université, Institut, Préfets, Conseil d’État, impôts, percepteurs, Cour des Comptes, administration uniforme et centralisée, ses principaux organes sont encore les mêmes ; noblesse, bourgeoisie, ouvriers, paysans, chaque classe a dès lors la situation, les intérêts, les sentiments, les traditions que nous lui voyons aujourd’hui.

1121. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

. — Alliances de mots et antithèses Je n’insisterai pas sur les autres figures, et ne m’arrêterai point à les énumérer : ce serait sans intérêt comme sans utilité.

1122. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Le défi de Rodrigue, dans son exagération insensée, n’est que la traduction dramatique de ce que Corneille écrit ailleurs d’après l’Imitation de Jésus-Christ : Rien ne pèse à l’amour, rien ne peut l’arrêter ; Il n’est point de travaux qu’il daigne supputer ; Il veut plus que sa force ; et quoi qui se présente, L’impossibilité jamais ne l’épouvante : Le zèle qui l’emporte au bien qu’il s’est promis Lui montre tout possible, et lui peint tout permis.

1123. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

La poésie provençale ne devra nous arrêter, comme toutes les littératures de langue étrangère, qu’autant qu’elle aura exercé quelque influence capable de modifier le cours de la véritable littérature française.

1124. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Il a entrevu la doctrine du transformisme : après avoir hésité, il s’était arrêté à l’hypothèse de la variabilité des espèces vivantes.

1125. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

L’exposition Bodinier Si, flânant dans la rue, lorsque rien ne vous presse, vous ne vous êtes jamais arrêté devant les vitrines où sont exposées les photographies des comédiens et des comédiennes ; si vous n’avez jamais pris un plaisir absurde, mais vif, à les reconnaître, depuis M. 

1126. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Renan…   Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.

1127. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Arrêtons-nous.

1128. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Quiconque a pu arrêter un instant sa pensée sur l’espoir de devenir riche, quiconque a considéré les besoins extérieurs autrement que comme une chaîne lourde et fatale, à laquelle il faut malheureusement se résigner, ne mérite pas le nom de philosophe.

1129. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

* *   * Je m’arrête.

1130. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Quelques beaux esprits, jaloux de tenir eux mêmes le dé dans la conversation, arrêtèrent qu’ils déconcerteroient Montmaur, quelque part qu’ils le trouvassent ; qu’aussitôt qu’il ouvriroit la bouche, ils l’obligeroient à la fermer.

1131. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

On avoit arrêté qu’on éleveroit au monarque un arc de triomphe.

1132. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

« Il ne s’arrête jamais aux dons qu’on lui fait ; mais il s’élève de tout son cœur vers celui qui les lui donne.

1133. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Si vous en exceptez le clair de lune de Vernet que beaucoup de gens ont admiré sur parole, il n’y en a peut-être pas un autre qui ait arrêté autant de monde et qu’on ait plus regardé que celui-ci.

1134. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

Ils ont voulu arrêter nos sens sur les objets destinez à toucher notre ame.

1135. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Mais sans nous arrêter plus long-temps sur l’histoire ancienne, refléchissons sur la vocation des poëtes de notre temps.

1136. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Je ne m’arrêterai pas davantage sur les autres animaux qui figurent dans les fables de ce recueil et — en tant que véritables animaux — dans les contes.

1137. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

En principe, il a raison, et il est parfaitement entendu qu’à tout écrivain de moyen ordre, c’est-à-dire à quatre-vingt-dix-neuf sur cent, c’est-à-dire à quasi nous tous, je donnerai très exactement le même conseil. »‌ Je pourrais m’arrêter là.

1138. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Je ne m’y arrête pas.

1139. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

Ce n’est plus la réalité même, dit-elle, qu’elle recomposera, mais seulement une imitation du réel, ou plutôt une image symbolique ; l’essence des choses nous, échappe et nous échappera toujours, nous nous mouvons parmi des relations, l’absolu n’est pas de notre ressort, arrêtons-nous devant l’Inconnaissable.

1140. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Après une infinité de conjectures que ces messieurs hasardèrent, leur soupçon s’arrêta principalement sur M. le duc de Nevers, qu’ils avaient vu à la représentation ; car pour Pradon, franchement ils ne lui firent pas l’honneur de le croire capable d’une critique si maligne et si ingénieuse. Ils s’arrêtèrent donc à M. le duc de Nevers ; et dès le même jour ou le lendemain, M.  […] Arrêté en septembre 1793, hautement dénoncé par Chaumette comme un de nos tyrans féodaux, lui le plus débonnaire des derniers seigneurs et ducs de province, et dont le Nivernais a gardé la mémoire67, il fut détenu pendant près d’un an à la prison des Carmes.

1141. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Dans un autre feuilleton de mars 1809, sur le Christophe Colomb de ce même auteur aujourd’hui si arrêté, si négatif, et qui était alors en veine de susciter toutes les questions nouvelles, le critique discute encore le mélange du comique et du tragique. […] L’auteur, ému mais toujours sensé, domine ses personnages, ses situations, les arrête, les prolonge ou les croise à son gré ; on y sent même trop cette combinaison de tête et l’absence de la réalité éprouvée et plus ou moins trahie. […] Suard, l’abbé Morellet et leurs amis, qui étaient des partisans du dix-huitième siècle et non de la Révolution, qui s’arrêtaient volontiers à d’Alembert sans passer à Condorcet, et demeuraient pratiquement fidèles à leurs habitudes d’esprit et à leurs goûts fins d’autrefois, ne se trouvaient pas réellement représentés par la Décade, et se trouvaient chaque matin soulevés et indignés, autant qu’ils pouvaient l’être, par les diatribes et les palinodies du Journal des Débats ou du Mercure.

1142. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Espérons que nous en avons fini de ces usurpations, de ces conspirations sourdes et malignes, de ces menaces intestines à la loyauté, à la franchise héréditaire de notre pays et de notre race, et que, si elles étaient tentées de recommencer sous un Napoléon, elles seraient arrêtées à temps. […] Je veux arrêter ici M.  […] Or, c’est sous l’empire de cette philosophie de montre, trop docilement acceptée de l’Université, que semble avoir été conçu et motivé l’arrêté ministériel.

1143. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Le monde s’arrêterait le jour où une loi si immobile serait proclamée par les utopistes de J. […] Voilà la législation de ces philosophes de la faim : l’univers pétrifié, l’homme affamé, le principe de tout mouvement arrêté, le grand ressort de la machine humaine brisé. […] … Je m’arrête ; nous reprendrons l’Entretien sur la législation de J.

1144. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Arrivé là, toutes les réponses s’arrêtent ; mais les questions s’arrêtent aussi. […] L’humanité a toujours vécu de rêves, elle vivra de rêves, vraisemblablement tant qu’elle ne sera pas arrêtée, comme l’animal, dans quelque forme imparfaite qui ne se transformera presque plus.

1145. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Elle fut plus moliniste qu’il n’était nécessaire de l’être, et n’évita pas ces mesquines vilénies qui sont comme la conséquence des idées arrêtées de l’orthodoxe et le rachat de ses vertus. […] Gosselin croyait que les doutes sur la foi n’ont de gravité pour les jeunes gens que si l’on s’y arrête, qu’ils disparaissent quand des engagements sont pris et que la vie est arrêtée.

1146. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On en appelloit à la physique, pour démontrer que ces deux genres ne sçauroient exister ensemble ; que l’effet propre à chacun doit être arrêté, ou du moins affoibli par l’autre ; qu’on est mal disposé à rire quand on a pleuré, & à pleurer quand on a ri ; que notre ame n’étant affectée différemment que par dégrés, doit l’être beaucoup moins à mesure qu’elle passe continuellement des larmes à la joie, & de la joie aux larmes ; que le spectateur, dans l’impossibilité de se livrer longtemps à rien de touchant ou de risible, doit rester suspendu entre deux mouvemens alternatifs & opposés. […] L’apologiste du théâtre termine sa lettre par cette réflexion : « D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, & m’appelleront casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une morale austère, & de ne la pas pratiquer : mais je vous jure, monsieur, que je ne me suis pas arrêté à la douceur, ou à la rigueur de l’opinion, mais uniquement à la vérité. » Un prêtre, un religieux, qui entreprend de laver le théâtre de son ancien opprobre, étoit capable de rassurer bien des consciences : mais le P.  […] Arrêtons-nous à un seul, dans lequel tout porte l’empreinte du génie de l’auteur.

1147. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Il y prit aussi des scrupules ; lui si prompt a juger, si violent, si libre quand il faut railler « un cuistre violet », transpercer les jésuites ou démasquer la cour de Rome, il s’arrête au seuil de l’histoire, inquiet, n’osant avancer, craignant de blesser la charité chrétienne, ayant presque envie d’imiter les deux ducs « qu’elle tient enfermés dans une bouteille », s’autorisant du Saint-Esprit qui a daigné écrire l’histoire, à peu près comme Pascal qui justifiait ses ironies par l’exemple de Dieu. […] Il ne se lassa jamais de s’arrêter devant moi chez le régent, en entrant et sortant du conseil de régence, avec une révérence extrêmement marquée, ni moi de passer droit sans le saluer jamais, et quelquefois détourner la tête avec insulte. […] Nous n’imaginons les objets que par ces précisions et ces contrastes ; il faut marquer les qualités distinctives pour rendre les gens visibles ; notre esprit est une toile unie où les choses n’apparaissent qu’en s’appropriant une forme arrêtée et un contour personnel.

1148. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Ne vous arrêtez pas en si beau chemin ; continuez. […] Arrêtons-nous ici. […] Tout d’un coup, il s’arrête : il venait d’apercevoir son maître, assis aux pieds de Diotime ; et peut-être aussi, qui sait ? […] Quelques-uns s’arrêtaient comme frappés de stupeur, et demeuraient dans un état d’immobilité presque incroyable. […] On aurait voulu à Rome arrêter l’essor de la langue italienne !

1149. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Le chevalier de Chateaubriand s’arrête, aux Açores (Santa-Cruz), aux îles de Saint-Pierre et de Miquelon. […] Quand il peut marcher, il arrête sa place dans un paquebot et débarque à Southampton le 17 mai 1793. […]Arrêtez ! […] Or, un jour, des soldats viennent pour arrêter le sachem Adario et René, dénoncés aux Français par le traître Ondouré. […] et je m’arrête, d’ailleurs, aux écrivains encore vivants.

1150. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Toute cette mythologie devrait nous refroidir, arrêter en nous l’émotion qui naissait. […] Dumas, s’étant arrêté à l’idée de faire Francillon innocente, toute l’action ne pouvait plus être qu’une enquête, c’est-à-dire une série d’interrogatoires et de récits. […] Très naturellement, ils ont tout d’abord l’idée de supprimer la cuisinière… Mais ils ne s’y arrêtent pas, car ils sont « d’honnêtes gens » […] Et, d’autres fois, Julie et d’Arcy parlent comme des héros de Diderot ou de Jean-Jacques ; « Arrêtez-vous, vous me percez le cœur… Oh ! […] L’ouriadnik, qui se trouve là, veut l’arrêter et « dresser l’acte » dès le commencement de sa confession.

1151. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Aussitôt les deux tourtereaux s’arrêtent et le dévalisent. […] Dès qu’une phrase était achevée, le conférencier s’arrêtait, avalait un verre d’eau, souriait en regardant l’auditoire. […] Sophie Dutilleul fut arrêtée, puis relâchée. […] Le 10 mars 1814, Rougeville, convaincu d’entretenir des relations avec l’armée russe, est arrêté, condamné, passé par les armes. […] Cette perspective ne l’arrête point.

1152. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

La date s’arrête. […] Aussi il arrêta. […] Mais il faut arrêter ces notes. […] — Quand donc lui-même il arrêta l’entreprise, ce n’était jamais qu’une série qu’il arrêtait. […] Aussi vous ne les arrêterez pas.

1153. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il faut donc arrêter le caractère pittoresque de la décoration, son plus ou moins de relief et de profondeur, etc. […] Mais il s’agit ici de l’effet représentatif absolu, et à ce titre elle mérite de nous arrêter. […] C’est à peine si la première proposition mérite que nous nous y arrêtions. […] C’est donc ici la règle qui nous importe, et ce sont uniquement les principes qui doivent nous arrêter. […] On se demande, non sans inquiétude, où s’arrêtera la mise en scène ?

1154. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Suivez-le maintenant à la foire ; arrêtez-vous, avec ce groupe d’enfants, au théâtre des marionnettes. […] Nous regrettons vivement, qu’après s’être arrêté si longtemps sur Richardson, il ait passé si vite sur Goldsmith. […] Là où il sent une passion vraie, il s’arrête. […] Un Français n’écrit, pour ainsi dire, que devant son miroir, en se contemplant lui-même, avec le dessein bien arrêté d’être applaudi. […] Je m’arrête sur ce trait ; il n’est peut-être pas le moins curieux dans l’histoire de Werther.

1155. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Branly cherche à arrêter cette main capricieuse et qui devient indiscrète. […] Il suffit de coller à chacun de ses genoux les deux extrémités d’un long cheveu, qui arrêtera la canne prête à choir. […] Si c’est un herbivore, l’amour ne s’arrête pas à la peau ; les moutons, qui aimeraient à être caressés, eux aussi, en savent quelque chose. […] Comme son mari, elle était très belle, si belle qu’on s’arrêtait, frappé d’admiration, pour la contempler. […] L’un se jette à l’eau, à la tête d’un cheval, arrête le bras, etc. ; l’autre regarde comment cela va se passer.

1156. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Rappelez-vous ces « départs » de phrases musicales :     Arrêtons-nous sur la colline… Puis :     Repassons nos jours, si tu l’oses… Puis :     Hélas ! […] La période lamartinienne, plus vaste encore ou, pour mieux dire, plus allongée, presque sans coupes ni enjambements, par conséquent uniforme dans son cours  avec sa profusion de participes présents, et ses si et ses quand éternellement reproduits  et qui, se terminant presque toujours sur une énumération, ne s’arrête que lorsque l’imagination du poète a épuisé les objets énumérables, est une vague immense, aux plis symétriques et souples, qui monte, se gonfle et expire, « où le ciel est bercé », et qui nous berce. […] Ils se plaignent, si je ne me trompe, que, chez la plupart de nos poètes et même chez quelques-uns des plus grands, la poésie ressemble plus à un beau discours qu’à un chant ; ils se plaignent qu’elle soit plus éloquente que suggestive, qu’elle ait des reliefs trop nets et des contours trop arrêtés, et qu’enfin nos vers français aient un peu trop constamment le genre de beauté des vers latins, de ces vers trop sonores, au rythme trop marqué et trop énergique et qu’un Virgile seul a pu amollir quelquefois, rythme qui commande presque la précision dans les mots et dans les images et qui exclut la demi-teinte, la pénombre et l’ondoiement. […] Déjà, dans la Prière (Premières Méditations), les traits dont se compose la description de la campagne à l’heure du couchant évoquent d’eux-mêmes la vision d’un temple, et la nature prie avant même que le poète se soit mis à prier  Dans le Passé (Nouvelles Méditations), vous vous rappelez le premier vers :     Arrêtons-nous sur la colline. […] Écoutez ce Cri de l’âme :     Quand le souffle divin qui flotte sur le monde S’arrête sur mon âme ouverte au moindre vent, Et la fait tout à coup frissonner, comme une onde Où le cygne s’abat dans un cercle mouvant ; Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme Où luisent ces trésors du riche firmament, Ces perles de la nuit que son souffle ranime, Des sentiers du Seigneur innombrable ornement ; Quand d’un ciel de printemps l’aurore qui ruisselle Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur, Que chaque atome d’air roule son étincelle Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur ; Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule, ou bourdonne, Que d’immortalité tout semble se nourrir, Et que l’homme, ébloui de cet air qui rayonne, Croit qu’un jour si vivant ne pourra plus mourir ; Que je roule en mon sein mille pensers sublimes, Et que mon faible esprit, ne pouvant les porter, S’arrête en frissonnant sur les derniers abîmes, Et, faute d’un appui, va s’y précipiter…     Quand je sens qu’un soupir de mon âme oppressée Pourrait créer un monde en son brûlant essor, Que ma vie userait le temps, que ma pensée, Et remplissant le ciel, déborderait encor : Jéhovah !

1157. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Certes, il ne s’agit plus pour eux de retourner à cette religiosité factice qui, en se combinant avec une rêverie énervante, aboutit à une sorte d’onanisme intellectuel et arrête la virilité du génie. […] Une fois en veine de facéties, un compositeur ne s’arrête plus. […] sur la pente où les voilà engagés, on s’arrête malaisément, et le jour où ils voudront déposer leur masque, peut-être s’apercevront-ils que ce masque adhère si étroitement, qu’il est tout simplement devenu la peau du visage. […] Machinalement je m’arrête, je prends la brochure, et je me mets à la parcourir d’un œil distrait. […] Ici l’on m’arrête, et l’on me fait observer que l’exemple est des plus mal choisis, la beauté étant, de l’aveu de tous, chose assez commune dans le monde des comédiennes.

1158. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — L’explication s’arrête quand nous arrivons à des facteurs primitifs que nous ne pouvons ni observer ni conjecturer. — Limites actuelles de la physiologie, de la physique et de la chimie. — Par-delà les facteurs connus, les facteurs inconnus plus simples peuvent avoir des propriétés différentes ou les mêmes. — Selon que l’une ou l’autre de ces hypothèses est vraie, l’explication a des limites ou n’en a pas. […] Si enfin on cherche quelle est la dernière raison de la loi, le dernier intermédiaire, le dernier parce que, après lequel toute question s’arrête parce que la suprême explication est fournie et que la démonstration est complète, on trouve qu’il est un caractère inclus dans la définition des facteurs ou éléments primitifs, dont la première donnée n’est que l’ensemble et le total. […] C’est pourquoi, lorsque, dans cette décomposition progressive, nous arrivons à des composés dont notre conscience, nos sens et nos instruments ne peuvent démêler les éléments plus simples, l’explication s’arrête et se réduit à des conjectures. […] Voilà pourquoi, à une certaine limite, notre explication s’arrête, et, quoique, de siècle en siècle, nous la poussions plus avant, il est possible qu’elle vienne toujours s’arrêter devant une limite.

1159. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Cela a été si souvent remarqué que je ne m’y arrête pas. […] L’épopée de cette période n’a pas de quoi nous arrêter. […] Ce xviie  siècle, si riche en œuvres et en hommes, nous montre mieux que toute autre époque l’action combinée de trois forces souvent contraires : l’esprit général de la période (qui est épique), la tradition savante (qui enseigne le culte de la tragédie, de l’épopée, et qui donne les règles précises de ces « formes »), l’individualité (qui tend à la liberté) ; de là les résultats les plus variés, dans les œuvres de valeur relative comme dans celles de valeur absolue ; par exemple : le moule rigide étouffant l’esprit (épopée) ; la forme nouvelle et vivante (roman) ; la forme vidée (lyrisme) ; la forme en conflit avec le contenu (tragédie romanesque), mais galvanisée par le génie héroïque (Corneille) ; l’art suprême, original, s’harmonisant avec la tradition savante, méconnu du public (Racine) ; ou se créant une forme personnelle (La Fontaine) ; l’individualité du précurseur, arrêtée à mi-chemin, révélant un monde en fait, et un autre en puissance (Molière). […] On voit dans l’histoire les idées directrices de l’humanité se succéder l’une à l’autre, par action et par réaction ; chacune d’elles, d’abord vague et mélangée d’éléments hétérogènes, dégage peu à peu son principe essentiel, à travers mille difficultés et retards, atteint la plénitude de son action, puis, de vivante qu’elle était, elle se cristallise, et c’est la décadence que nul ne saurait empêcher, de même que nul n’aurait pu arrêter la marche ascendante. […] Rien ne l’arrêtera. — Un danger le menace ; en supprimant les « tyrans », il en crée un autre : la masse ; l’égalité de tous mène au nivellement, à l’écrasement des grandes individualités ; aujourd’hui ; mais demain ?

1160. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Ce qui frappe dans l’évolution de ce penseur, c’est qu’elle ne peut plus s’arrêter. […] Au plus fort de la passion ils s’arrêtent pour réfléchir, se demander si réellement ils aiment, s’ils ont choisi la meilleure voie. […] On ne réfléchit pas assez qu’il est une race d’hommes, vraiment passionnés, dont une honte sécrète arrête les épanchements. […] Une épithète trop riche peut arrêter l’émotion, et le cœur se desserre si l’on sent l’artifice. […] Il faut d’abord aller d’un bout à l’autre, malgré les étonnements et les heurts, pour revenir et s’arrêter à chaque pas.

1161. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Nous devons nous arrêter ici. […] Je voudrais bien avoir le loisir de m’arrêter ici, pour les observer longuement, les cataloguer, les classer. […] On voudrait s’arrêter partout, pour se réjouir ou pour s’indigner. […] Arrêtez-vous particulièrement au bref récit qui est intitulé la Sœur aux scrupules. […] Il est allé là-bas avec l’intention bien arrêtée de remplir des carnets.

1162. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Pourquoi vous arrêter en si bon chemin ? […] Et la poésie physiologique s’arrêtera-t-elle à cette agonie de l’honneur ? […] Arrêtons-nous ici ; ces trois portraits feront juger des autres. […] Il sait prévoir, s’arrêter, reculer, attendre ; bien plus, il sait quitter le pouvoir. […] Beuve s’arrête, épargne ce qui reste et renvoie à Charlemagne le corps de Lothaire.

1163. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

C’est à quoi il ne manque pas ; Bernis a le mérite de rester lui-même dans cette correspondance ; il sait entendre la raillerie, et il sait aussi l’arrêter discrètement au moment où elle passerait le jeu. […] La Garde s’ouvre dans les cérémonies ; le barigel (lieutenant de police), ses officiers, les sbires s’arrêtent à son nom et lâchent plutôt prise que d’aller se compromettre sous sa juridiction.

1164. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Je m’arrête à ces mots : « Le brave Huniade Corvin, surnommé la terreur des Turcs, avait été le défenseur de la Hongrie, dont Ladislas n’avait été que le roi. » Courage ! […] Duclos raconte et emprunte tout ce détail ; il fait dire au prince en sanglotant : « J’étais cadet, j’avais autant de dispositions que mes aînés ; on a eu peur de moi ; on ne m’a appris qu’à chasser ; on n’a cherché qu’à m’abrutir… » Ici j’arrête Duclos : il fallait mieux copier et laisser le mot abêtir, qui n’a pas tout à fait le sens d’abrutir.

1165. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Taschereau, à qui j’en dois communication, se compose d’une suite de pensées et de souvenirs tracés par Saint-Martin dans les dernières années, et ne s’arrête que peu avant sa mort. […] L’amitié plus terrestre et plus positive de son père et de sa sœur arrêtait les élans naïfs de Saint-Martin ; il se sentait comprimé en leur présence et n’osait s’ouvrir à eux de sa vocation et de ses pensées.

1166. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

MM. de Goncourt n’ont pas poussé si loin leur étude, et, en effet, c’est à 89 que s’arrêtait naturellement leur sujet ; c’est la femme de l’ancien régime qu’ils ont tenu à nous montrer, à la fois dans son unité et dans toutes ses variétés sociales. […] Quand Mme de Boufflers chantait plus tard ce couplet, elle s’arrêtait au dernier vers et disait : J’ai oublié le reste.

1167. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

En arrivant à Tolède, la nouvelle reine fut reçue par don Carlos, et, à la vue de ce jeune prince déjà malade de la fièvre et tout exténué, cette jeune femme fut saisie d’un mouvement de compassion et de tendre pitié qui se peignit sur son visage et dans son regard : don Carlos le sentit, fut touché de son accueil, et « dès ce moment il conçut pour elle des sentiments de respect et de déférence qui ne se démentirent jamais depuis. » C’est à cette limite qu’il convient de s’arrêter, et rien de ce que les romanciers et poètes ont imaginé d’un sentiment mutuel entre la reine et son beau-fils n’a le moindre fondement ni même le moindre prétexte historique. […] Mais, à sa vue, don Carlos entra dans une soudaine colère, lui fit une scène des plus violentes, et finit par tirer son poignard en criant : « Vous n’irez pas en Flandre, ou je vous tue. » Il fallut tout l’effort du duc pour l’arrêter à deux reprises et lui retenir les mains, jusqu’à ce qu’on accourût au bruit.

1168. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Tout ce qui a passé et défilé sous nos yeux depuis trente-cinq ans en fait de mœurs, de costumes, de formes galantes, de figures élégantes, de plaisirs, de folies et de repentirs, tous les masques et les dessous démasqués, les carnavals et leur lendemain, les théâtres et leurs coulisses, les amours et leurs revers, toutes les malices d’enfants petits ou grands, les diableries féminines et parisiennes, comme on les a vues et comme on les regrette, toujours renaissantes et renouvelées, et toujours semblables, il a tout dit, tout montré, et d’une façon si légère, si piquante, si parlante, que ceux même qui ne sont d’aucun métier ni d’aucun art, qui n’ont que la curiosité du passant, rien que pour s’être arrêtés à regarder aux vitres, ou sur le marbre d’une table de café, quelques-unes de ces milliers d’images qu’il laissait s’envoler chaque jour, en ont emporté en eux le trait et retenu à jamais la spirituelle et mordante légende. […] Je ne m’arrête pas à Gavarni auteur, inventeur de modes et de costumes ; je le devrais pourtant, car il a le goût, le génie, l’invention en ce genre.

1169. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Bonnes gens, je vous arrête, vous êtes devancés ; la critique est faite, elle l’est de main de maître : et par qui ? […] On cherchait du Faublas, et l’on se trouve à chaque instant arrêté et retardé par des espèces de chants et de mélodies qui viennent à la traverse, et qui sont comme un écho de certains dialogues de Platon.

1170. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Viollet-Le-Duc, en étudiant de près la construction des édifices de cette époque, qu’il eut plus d’une fois à rebâtir à son tour, a très bien vu et démontré qu’il n’y avait pas à chercher si loin une explication dont la clef est dans la nature même des choses ; que cet art gothique s’était formé graduellement et avait été, pour ainsi dire, commandé par la nécessité, du moment qu’on ne s’arrêtait pas et que le progrès continuait. […] Hausse encore ; assez, arrête : c’est au mieux, c’est parfait.

1171. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

» et d’autres jours où la sagesse lui aurait soufflé à l’oreille : « Arrête-toi. » Les petites choses, comme signe, ne sont pas à dédaigner : un grand acte d’indépendance qu’il fit vers la fin de cette année 1747 ! […] Je leur donnerai des chasses dans les toiles, la comédie et le bal tout le jour, et pour cet effet j’ai arrêté la troupe des comédiens qui est des voyages de la Cour à Compiègne, à qui je ferai manger force biches et sangliers.

1172. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Lord Wellington, retrouvant peu de temps après Franceschi prisonnier, lui rendait justice en ces propres termes : « Monsieur le général, dans cette retraite, j’ai été plus content de vous que de mon général de cavalerie ; vous n’aviez que 600 chevaux, lui en avait 1,500, il avait du canon, et je le soutenais avec une division d’infanterie ; mais vos manœuvres ont été si habiles, vos mouvements si prompts, vos charges exécutées avec tant d’assurance, que moi-même je vous ai toujours soupçonné d’avoir de l’infanterie derrière vous et de me tendre un piège, ce qui m’a fait constamment agir avec mes masses. » Ici tout s’arrête. […] Le chef, soit qu’il reconnût Franceschi qui lui avait plus d’une fois donné la chasse dans cette même contrée, soit qu’il le flairât et le devinât, fit un geste et arrêta les poignards, les sabres qui menaçaient, il fit relever les tromblons et les fusils : La paz, la paz !

1173. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Je m’arrêterai là selon toute apparence. […] Comme toujours on s’arrêta à un terme moyen ; on n’abandonna pas le système des forteresses extérieures, mais on adopta en outre celui des forteresses intérieures sur des points habilement déterminés.

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