Le premier volume de M. de Tocqueville est consacré à étudier la démocratie américaine dans les institutions et dans les lois écrites ; dans la Commune, le Comté, l’État ; dans la constitution particulière des différents États, et dans la constitution fédérale qui les unit ; dans les trois branches de pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire.
À ces causes générales, qui agissent presque également dans tous les pays, se joignent diverses circonstances particulières à la monarchie française.
Les personnages de ce Tallemant des Réaux archifin de siècle correspondent à un milieu particulier, ni l’aristocratie, ni la finance juive, ni le monde artiste : c’est le clan de la bourgeoisie surmenée, la bourgeoisie très millionnaire et gagnant beaucoup d’argent.
Les recherches particulières.
Chez le vulgaire, la foi à l’action particulière de Dieu amenait une crédulité niaise et des duperies de charlatans.
L’esprit de la famille était altier, audacieux, cruel 1030 ; elle avait ce genre particulier de méchanceté dédaigneuse et sournoise qui caractérise la politique juive.
Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer.
Le mot ne transmet donc que des images abrégées et incomplètes, des images d’une nature particulière, auxquelles il convient de donner un nom distinct : ce sont des notions.
Il ne ressemble pas à tous les autres, et même il est marqué d’un caractère si particulier, — si peu ordinaire aux bas-bleus, — que le lecteur et moi, — malgré la tristesse du sujet qu’elle traite, — nous aurons peut-être de l’agrément à nous entretenir aujourd’hui de Mme Quinet.
Combinaison qui donna au genre de perfection qu’elle avait une nuance très particulière, d’un charme aux âmes, comme le lilas et le rose, composé aussi de deux couleurs, le sont aux yeux.
Tous les peuples et toutes les littératures en ont, de ces médailles fortement frappées, qui représentent soit leur originalité particulière de peuple et de littérature, soit, plus souvent, une chose beaucoup plus belle : l’unité de l’esprit humain.
La bonté de l’homme a ses plaies ; un charme particulier l’obsède.
Il écrit les faits — tous les faits — et, chose particulière !
La grâce de Collé est très particulière.
Pris autrement et comme un livre ayant ses agréments et ses mérites particuliers, il accablera la tête européenne d’un ennui profond et d’une fatigue immense.
Il serait difficile pour ne pas dire impossible, à l’analyse de prendre pour vous la montrer, dans le fond de sa main, toute cette poussière de textes broyés par l’auteur de la Défense de l’Église sur toutes les questions les plus variées et les moins liées les unes aux autres, sur les saints, saint Pierre, saint Irénée, Saint-Vincent de Lérins, saint Boniface, sur la bibliothèque d’Alexandrie, sur la croyance religieuse des seigneurs gallo-romains aux quatrième et cinquième siècles, sur l’Église celtique, sur la hiérarchie ecclésiastique, sur les rapports de la Papauté avec les églises particulières, italienne septentrionale, espagnole, gallicane, etc., etc.
Vous ne vous répondrez peut-être pas, mais vous aurez constaté le phénomène dans cette humanité qui doit mourir, mais qui, en attendant qu’elle meure, goûte un charme amer dans le spectacle de sa misère, et trouve dans la contemplation d’un vieux pauvre ou d’une vieille pauvresse la plus longue de ses rêveries… Cette fascination de la pauvreté qui agit sur nous tous, pas de doute que Benoît Labre ne l’ait ressentie ; mais si vous ajoutez à cette poésie naturelle la poésie de l’amour de Dieu, du Dieu né dans l’étable de Bethléem et qui a enseigné le renoncement aux joies matérielles de la vie, vous aurez une vie très particulière et très belle, et qui, même sans la foi chrétienne qui seule peut l’expliquer, doit couper le rire sur les lèvres superficielles et sottes des moqueurs.
Si l’on nous demandait les noms de quelques-uns de ces grands hommes, nous répondrions avec saint Jean Chrysostôme parlant de ceux qui l’ont précédé, que c’est un Évode, la bonne odeur de l’Église, disciple et imitateur des Apôtres ; que c’est un saint Ignace, qui porte Dieu lui-même dans sa personne ; un saint Denis l’Aréopagite, qui poussait son essor jusque dans le ciel ; un saint Hippolyte-le-Grand, si plein de douceur et de bienveillance ; un saint Basile-le-Grand, presque égal aux apôtres ; un saint Athanase, si riche de vertus ; un saint Grégoire-le-Thaumaturge, soldat invincible de Jésus-Christ ; un autre du même nom et du même génie, un saint Éphrem, dont le cœur semblait être le temple particulier de l’Esprit-Saint !
Or, ce que je dis là n’est pas particulier à ces hommes célèbres que Rémusat croyait nous ressusciter.
L’anecdote doit tout enguirlander, le détail particulier pointiller tout.
Personne donc, personne, dans ce Paris d’esprit, n’a reconnu le front immense et légendaire du grand Hugo au-dessus, perpendiculairement au-dessus du nez de Vacquerie, que Hugo, le sachant dévoué jusqu’à la mort, ce nez, et l’ayant toujours sous la main, a pris sans façon, en homme qui peut tout prendre pour son service particulier.
Mais ce qu’il faut aussi admirer, c’est l’aisance avec laquelle l’auteur se meut dans le détail des mœurs si particulières au clergé, et les péripéties de cette lutte acharnée qui, si elle a sa scandaleuse violence, a aussi pourtant sa grandeur.
Mais je ne connaissais pas l’étrange faculté d’être un autre que soi, sans imitation, et de monter, à force de sève et en vertu d’un tempérament particulier, jusqu’au niveau d’une grande originalité, et même au-dessus !
Tel fut Louis XIII comme prince ; dans le particulier, on vit des contrastes aussi frappants ; son caractère le forçait à élever des favoris ; son caractère le forçait à les haïr.
Les particuliers même furent exposés à sa vengeance.
J’entrevois dans le nouveau projet qui me tente une très riche matière de considérations historiques et philosophiques, particulières et générales, qui pourront intéresser quelques lecteurs et qui m’intéresseront à coup sûr, soit que j’en fasse ou non l’application à ma propre destinée. […] J’estime d’ailleurs que, même en dehors du jansénisme, le catholicisme a eu lui aussi ses belles âmes, et je crois trop peu à la solidité d’aucune forme ecclésiastique particulière pour y attacher une grande importance, pourvu que l’idéal soit adoré et que le sentiment religieux demeure. […] Purement appliquée et concrète, elle consiste en études particulières sur les œuvres et sur leurs auteurs. […] La forme particulière sous laquelle son génie se manifeste peut dépendre des circonstances extérieures ; mais, s’il est vraiment grand, il était capable « d’être toutes sortes d’hommes. […] Certains courants généraux sont si forts qu’on hésite à admettre la possibilité de courants particuliers indépendante ou contraires.
De toutes les vertus, c’étaient encore les vertus proprement chrétiennes qu’il avait en dilection toute particulière. […] Seulement, et c’était leur grande infériorité relativement aux grands romans du siècle, ils étaient extrêmement particuliers. […] Ils ne sortaient jamais du très particulier et du très individuel. […] Jamais les Goncourt n’ont donné une idée générale, ou même particulière, à qui que ce soit. […] C’est donc l’intelligence proprement dite, appliquée, seulement, à l’art particulier du roman ou du théâtre ; c’est l’intelligence du romancier ou du dramatiste.
Je voudrais, à chacune des phases de son existence, en sonder les causes générales ou particulières et en préciser les conséquences. […] Qu’offre-t-il donc, cet état, qui soit particulier ? […] Est-ce la marque d’une fatalité particulière ? […] Ce détail, que j’ai voulu rapporter, malgré son apparente frivolité, confirme bien la faveur particulière dont les démons, on l’a vu plus haut, jouissaient dans l’école romantique. […] Par là s’explique la faveur toute particulière dont il a joui parmi ses contemporains.
Semblables à des femmes très impressionnables, ils tirent des moindres généralités les applications particulières. […] Et, vraie pour ces petits faits particuliers, la thèse doit l’être aussi pour des façons de sentir et de juger plus générales, de véritables axes esthétiques. […] L’ambition de nous mener à des idées générales par une série de récits particuliers fera donc un lien, et solide, aux fantasmagories où nous sommes conviés. […] Elle monte du particulier au général, du fait à l’idée, du besoin au désir, de la jouissance au souvenir et au rêve. […] Voilà, par lui, l’attention appelée sur tout un groupement humain que notre égoïsme ignore volontiers, le groupe des aveugles, si touchant, si particulier, si riche en observations curieuses.
Il prouve que dans la transformation moderne des religions, deux sectes principales se sont élevées, surtout en Angleterre, l’une, celle des porte-guenilles, l’autre, celle des dandies. « La première est composée de personnes ayant fait vœu de pauvreté et d’obéissance, et qu’on pourrait prendre pour des adorateurs d’Hertha, la Terre ; car ils fouillent avec zèle et travaillent continuellement dans son sein, ou bien renfermés dans des oratoires particuliers, ils méditent et manipulent les substances qu’ils ont extraites de ses entrailles. […] Dans toutes les cérémonies religieuses, le fluide appelé whisky est, dit-on, chose requise, et il s’y en fait une large consommation1405. — « L’autre secte, celle des dandies, affecte une grande pureté et le séparatisme, se distinguant par un costume particulier, et autant que possible par une langue particulière, ayant pour but principal de garder une vraie tenue nazaréenne, et de se préserver des souillures du monde. » Du reste, ils professent plusieurs articles de foi dont les principaux sont : « que les pantalons doivent être très-collants aux hanches ; qu’il est permis à l’humanité, sous certaines restrictions, de porter des gilets blancs ; — que nulle licence de la mode ne peut autoriser un homme de goût délicat à adopter le luxe additionnel postérieur des Hottentots. » — « Une certaine nuance de manichéisme peut être discernée en cette secte, et aussi une ressemblance assez grande avec la superstition des moines du mont Athos, qui, à force de regarder de toute leur attention leur nombril, finissaient par y discerner la vraie Apocalypse de la nature et le ciel révélé. […] Voilà ce qu’aperçoit Carlyle ; l’homme est devant lui, ressuscité ; il perce jusque dans son intérieur, il le voit sentir, souffrir et vouloir, de la façon particulière et personnelle, absolument perdue et éteinte, dont il a senti, souffert et voulu. […] Le point important, c’est d’en avoir non pas une, mais plusieurs, d’employer chacune d’elles au moment convenable, de faire abstraction de la couleur qui lui est particulière, de savoir que derrière ces milliers de teintes mouvantes et poétiques, l’optique ne constate que des changements régis par une loi.
Venons à d’autres faits particuliers. […] Quant aux romans nés du Cid, ils ont un caractère tout particulier : vous y apercevez le reflet de la vie arabe et de la vie espagnole. […] Cela ne se saisit pas, pour ainsi dire ; cela ne se constate pas dans un acte particulier. […] La langue en serait difficilement comprise, à moins d’une étude particulière ; l’obscurité de certains usages ajoute à celle d’un style vieilli. […] Il a de ces notions particulières sur beaucoup de choses ; mais quant aux faits véritables, on ne saurait trouver plus naïf témoin.
Personne n’a mieux réussi à fondre la passion avec la galanterie française ; on ne trouve que chez lui cette mollesse, cet abandon, cette grâce, cette aisance heureuse, et cette fraîcheur de coloris qui est le caractère particulier de son style. […] Les bienfaits des chefs de l’état sont honorables pour un auteur ; ceux d’un particulier l’humilient. […] Argire en est si bien persuadé, qu’il répond modestement et en bon citoyen : … Toujours à la loi je fus prêt de me rendre, Et l’intérêt commun l’emporta dans mon cœur… Supposant que l’intérêt commun consiste dans l’exécution d’un décret que lui-même trouve injuste ; ce qui est absolument contraire à l’opinion de ces vieux radoteurs de l’antiquité, qui prétendaient qu’aucune injustice ne pouvait jamais être utile ni aux particuliers ni au public. […] Cette politesse, cette aménité, très recommandable dans un particulier, n’est qu’imprudence et folie dans un homme d’état. […] Parmi les tirades, on distingue celle sur l’esprit, par le rapport particulier qu’elle paraît avoir avec un ridicule aujourd’hui très dominant.
Chaque sensation particulière se transforme et reçoit un emplacement apparent. […] Même raisonnement à l’endroit des sensations auditives. — Maintenant, si ces deux sortes de sensations ont ce privilège singulier, c’est que, par un privilège particulier, à chaque variation dans la situation de leur cause lointaine correspond chez elles une variation précise. […] De même qu’un enfant ne démêle et ne retient qu’après beaucoup de tâtonnements l’espèce précise et le degré juste d’effort par lequel son bras jettera une pierre à dix pas et non à neuf ou à onze, de même la dame opérée ne put distinguer et fixer dans sa mémoire qu’après beaucoup d’essais incessamment corrigés la sorte particulière, le degré d’intensité, la durée précise de la sensation musculaire que son cou devait éprouver pour que l’inclinaison à droite ou à gauche, l’élévation ou l’abaissement de sa tête et, partant, de son œil, fussent de trois degrés et non pas de deux, quatre ou cinq. […] L’ouïe et les autres sens peuvent acquérir une délicatesse égale : « Le docteur Rush mentionne le cas de deux frères aveugles à Philadelphie, qui, lorsqu’ils traversaient une rue, savaient s’ils approchaient d’un poteau, par le son particulier que le sol rendait sous leurs pieds dans le voisinage du poteau.
Les dépouilles des vaincus, partagées entre les familles de l’Etat & le Trésor public, n’eurent pas plutôt formé un patrimoine aux particuliers, & assuré un fonds à la République, qu’il fallut des Loix. […] C’est pour le bonheur des sciences & des lettres, que ces Corps ont subsisté : jamais des Particuliers, dissipés par les affaires domestiques, détournés par celles du dehors, n’auroient pu se livrer à un travail si long & si pénible ; & c’est un des grands avantages qu’on ait tiré de ces laborieux & savans Solitaires, qui, du fond de leur retraite, éclairoient le monde qu’ils avoient quitté. […] Leurs hauts faits d’armes devenoient bientôt le sujet des conversations publiques & particulières, & l’objet des poëmes & des chansons que chantoient les Dames & les Demoiselles, accompagnées du son des instrumens. […] Le systême de Law qui changea, il y a quelques années, la fortune de presque tous les Citoyens, changea aussi les mœurs publiques & particulières.
Lundi 30 janvier Le général russe Annenkoff, cet ingénieur extraordinaire, qui a fait huit cents kilomètres de chemin de fer en trois mois, qui a fait le chemin de fer allant à Samarcande, disait à une personne de ma connaissance, que dans cette ancienne cité, maintenant sous la domination absolue des Juifs, qui ont monopolisé tout le commerce à leur profit, on ignore qu’il y a en Europe un homme politique du nom de Bismarck, on ignore qu’il y a un pays qui s’appelle la France, on sait seulement qu’il y a, dans la vague Europe, un particulier immensément riche, nommé Rothschild. […] Et ce qu’il y a de particulier dans ces cauchemars, c’est toute cette humanité de rêve que j’y rencontre : ces visages de vieillards, d’hommes faits, d’enfants, si sournois, si impitoyablement gouailleurs, si méchamment fermés, ces visages diplomatiques, d’un machiavélisme que montrent seulement les plus mauvaises figures de la vraie humanité, et qui vous laissent la sensation d’une intimidation, douloureusement indéfinissable, — des figures que je voudrais décrire, le matin, si le rêve ne vous laissait pas des êtres qu’il fabrique, des impressions, si effacées, si délavées. […] Et un jour, Bertrand l’avait interrogé et charmé de sa précocité, en avait fait son élève particulier. […] Le théâtre, un endroit particulier pour la fabrication des imaginations anxieuses, peureuses.
Que l’on songe à ces particuliers modestes qui, désireux de s’instruire et de se développer, recopiaient angéliquement les manuscrits empruntés à quelque libraire de la Cité. […] Il n’était de ne pas rare de rencontrer des gentilshommes disposant d’une bibliothèque nombreuse que leurs copistes particuliers augmentaient lentement. […] L’on comprendra mieux ce qu’alors coûtait à l’homme le plaisir particulier de la lecture, d’autant plus que les moindres des manuscrits réclamaient la peine persévérante de plusieurs frères pendant des semaines, de longs mois et même des années. […] Devant le désir croissant des particuliers et des étudiants, l’art du livre, longtemps confiné dans les monastères, s’est sécularisé.
S’agit-il de relâcher, pour la plus grande commodité des particuliers, les liens du gouvernement ? […] Tous les membres de la collectivité font respectivement abdication de leur « volonté particulière » Entier de la part de tous, cet abandon n’a rien d’onéreux pour chacun. […] En d’autres termes, il n’y a plus de volontés particulières. […] Tout d’abord il entend la Volonté générale négativement, comme la répression de la tendance qu’ont toutes les volontés particulières il conquérir le plus de biens, de pouvoir possible. […] Et pour n’être pas violé, aussitôt exécuté, il devra trouver sa sanction dans un mécanisme légal, capable de sarcler sans trêve les inégalités que le jeu naturel des volontés particulières tend indéfiniment il reproduire.
Il y avait des années déjà qu’il avait noté et distingué entre tous l’accent particulier à Mme Valmore.
On les fit retirer ensuite, pour les déposer dans une salle particulière avant de les conduire à l’échafaud : ils s’étaient promis de n’y pas arriver.
Deuxième contredanse L’humoriste, plein d’indifférence à l’égard des sottises individuelles127, se dresse sur la roche tarpéienne d’où sa pensée précipite l’humanité tout entière128 Devant son regard bienveillant et triste il n’y a pas de sots, mais l’homme est sot ; il n’y a pas de folies particulières, mais la folie est universelle.
L’ouvrier tailleur est aigri contre le maître tailleur qui l’empêche d’aller en journée chez les bourgeois, les garçons perruquiers contre le maître perruquier qui ne leur permet pas de coiffer en ville, le pâtissier contre le boulanger qui l’empêche de cuire les pâtés des ménagères, le villageois fileur contre les filateurs de la ville qui voudraient briser son métier, les vignerons de campagne contre le bourgeois qui, dans un rayon de sept lieues, voudrait faire arracher leurs vignes792, le village contre le village voisin dont le dégrèvement l’a grevé, le paysan haut taxé contre le paysan taxé bas, la moitié de la paroisse contre ses collecteurs, qui à son détriment ont favorisé l’autre moitié. « La nation, disait tristement Turgot793, est une société composée de différents ordres mal unis, et d’un peuple dont les membres n’ont entre eux que très peu de liens, et où, par conséquent, personne n’est occupé que de son intérêt particulier.
Je sens chez Malherbe, dans le choix des idées et des thèmes, un effort pour écarter le particulier, le subjectif : il choisit les sujets où son esprit communie avec l’esprit public, les sujets d’intérêt commun.
Maintenant, si vous cherchez, sur ce point particulier, un cas analogue à celui de Stendhal, vous serez tout surpris de rencontrer Mirabeau et Jules Vallès… Et, en dépit de son sang froid et de sa sécheresse d’écrivain, vous n’hésiterez plus à classer parmi les « violents » cet abstracteur de quintessences.
La Beauté, c’est-à-dire cette fougue, cette insolence, cette majesté si particulières à l’Océan.
Elle y prendrait des habitudes de pédantisme qui, en lui donnant une couleur particulière, la tireraient du grand milieu de l’humanité.
L’atrocité particulière du supplice de la croix était qu’on pouvait vivre trois et quatre jours dans cet horrible état sur l’escabeau de douleur 1188.
Le duc de La Rochefoucauld, âgé de quarante-huit ans en 1661, époque où madame de Longue ville commença à se retirer du monde, fréquemment attaqué de la goutte, réunissait chez lui, au moins quand la goutte l’y retenait, des personnes de son affection particulière, avec celles qui fréquentaient les maisons d’Albret et de Richelieu, et qui se partageaient entre elles et lui.
Homere & Virgile ne le cedent-ils pas souvent à Fénélon du côté de l’intérêt général, des intérêts particuliers, de la vérité des caracteres, de la beauté des sentimens, de la sublimité de la morale ?
On en glissa chez plusieurs particuliers.
Selon lui, les beautés du goût de toutes les nations doivent être conservées : mais il ne juge pas qu’il en soit de même de certaines beautés locales, que des allusions, à des usages particuliers, empêchent d’être senties partout, & rendent le plus souvent des énigmes insipides.
Ils expriment bien la même chose que les autres airs, mais c’est dans un goût particulier et conforme à ce caractere, que j’appellerois, si je l’osois, un caractere personnel.
En ce cas le talent de peindre n’est pas particulier au poète.
Cette particulière !
Il a eu une manière à lui de la démontrer qui a sa vigueur et sa beauté particulières, — sa vigueur dans l’étude et le rapprochement des faits et des textes de son livre, et sa beauté — sa beauté littéraire — dans l’accent étrange qui y respire, d’un impassible désespoir.
…) je te parle au nom de la nature, qui est la même partout, chez les civilisés comme chez les sauvages, à Constantinople comme à Paris, et que les hommes ont violée partout par des lois particulières, malheur des femmes… » Or, c’est cette nature interrogée, cette physiologie bien apprise, qui donneraient à la jeune fille de Weill, s’il avait vraiment une fille à marier, les notions nécessaires pour résister à tout, même à l’infidélité de son mari, s’il était jamais infidèle.
Et si ce n’est ni au profit général de l’histoire, ni au profit particulier de personne que cette publication est faite, est-ce au moins au profit d’une idée ?
Il s’en fait l’acteur par la pensée, ou du moins le chœur qui épousait l’action même et la vivait dans le drame antique, et cela communique à son récit un accent très particulier, qui n’est pas la particularité d’un faiseur de Mémoires qui raconterait simplement sa vie, et qui donne au sien une passion que n’a pas ordinairement l’Histoire.
Et ceci n’est point particulier à Chénier, du reste.
Mais en un tour de plume et dès les premières pages de son livre, il l’a amnistiée, légitimée, posée triomphalement comme la solution d’une question de droit et d’honneur, — après avoir dit, cependant : « qu’avant la déclaration d’indépendance, l’Amérique était aussi libre qu’après cette déclaration ; qu’il n’y avait pas, même pour motiver l’insurrection, le prétexte d’un joug insupportable à secouer ; que l’état de l’Amérique, colonie anglaise, ne lui laissait rien à désirer, rien à envier, rien à prétendre (pages 103 et 111, Ier vol.) », et, enfin, accumulé, par un procédé de logique qui lui est particulier, toutes les raisons de ne pas conclure… comme il a conclu !
Il y en a de dates et de chiffres, bonnes pour les biographes qui discutent, et celles-là nous les laisserons dans la Notice ; mais il y en a d’autres qui tiennent à l’essence même de l’esprit très particulier de la marquise et qui s’adressent à tous les biographes qui sentent.
» Lawrence a cela de particulier dans le talent qu’il ne procède pas par contrastes, cette chose facile, et qu’il se sent assez robuste pour mépriser les ressources de l’antithèse.
Mais c’est que le génie lui-même est, en philosophie, dans des conditions très particulières et très impérieuses.
La voix de l’homme est un fait ultramondain étranger au cosmos et particulier à l’homme, venant, nous le voulons bien, d’une vie antérieure, mais à la condition que cette vie antérieure sera Dieu.
On l’a si peu compris, que les uns le traitèrent comme un philosophe aberrant, et lui firent la petite leçon philosophique ; les autres comme un chrétien trébuchant dans le jansénisme, et lui firent la petite leçon religieuse, quand il eût mieux valu montrer les causes si particulières et presque organiques de ce jansénisme de Pascal.
et voilà pourquoi aussi les œuvres d’un homme aussi savant que lui attirent notre attention, malgré tout ce qu’on rencontre dans ces œuvres, de particulier, de spécial, de technique, d’effrayant pour nous.
Ce qui m’étonne dans cette vie d’hier, qui probablement sera une légende demain, ce n’est pas ce qui se trouve dans la vie des autres Saints de tous les âges et qui leur est commun à tous : les vertus, les grandeurs, les miracles, les communications directes avec Dieu, les adorations des foules prosternées ; mais c’est ce qui est particulier au Saint que fut le Curé d’Ars.
Tour de souplesse dans le talent dont la Force n’est pas toujours capable, et qu’on pouvait très bien ne pas attendre d’un homme absorbé dans l’unité de ce mysticisme qui le fait ce qu’il est de si particulier dans la littérature contemporaine ; car je n’y connais pas de talent qu’on puisse, d’accent, comparer au sien.
Les Souvenirs (une rêverie digne de la jeunesse du Dante), L’Anse des Dames, et cette Promenade dans la Lande qui commence à donner, distincte et profonde, cette note si particulière que le génie de Maurice de Guérin ne perdra plus.
Là surtout (dans Les Occidentales) pleuvent de ces petits chefs-d’œuvre particuliers au génie de M. de Banville, dont l’ironie, délicieusement comique, est toujours doublée ou triplée par le grandiose de l’expression.
C’est par le classique traditionnel de son fond et par l’accent et le tour particuliers à la race des esprits dont il descend, autant que par l’audace romantique de sa forme, aussi travaillée que celle des plus rudes ouvriers en rythme de 1830, qu’il frappa d’abord l’attention et obtint des succès divers, qui étonneraient par leur diversité si l’on ne se rendait pas compte de la double tendance qui vivait en lui.
Lawrence a cela de particulier dans le talent, qu’il ne procède pas par contrastes, cette chose facile, et qu’il se sent assez robuste pour mépriser l’es ressources de l’antithèse.
Mais la pièce marche, impossible de causer, on prend rendez-vous dans un cabinet particulier. […] Anatole France est plus qu’un fin lettré, un érudit, c’est en même temps un poète, et c’est ce qui ajoute un charme tout particulier à ses œuvres recherchées par les délicats. […] Les quelques alinéas qui vont suivre pourront donner une idée de ce qu’était ce personnage qui, à coup sûr, avait une physionomie toute particulière. […] L’estime particulière que m’a inspirée cet officier distingué, la confiance que j’ai dans son énergie et ses talents, me font attacher du prix au succès de mes sollicitations. […] » Question de disposition particulière, l’influence de monde, d’école, de journal, et, depuis quelque temps, de brasserie.
Oui, mais en ayant soin de ne leur rien faire exprimer qu’ils ne soient capables de sentir, en mêlant au tissu du langage qu’elle leur prête le plus possible de locutions campagnardes, en conservant la lenteur, le tour, l’allure particulière du parler paysan. […] Cette construction est très particulière. […] Mais, outre qu’il faut tenir compte ici d’un peu d’exagération scénique, pourquoi Brichanteau ne représenterait-il pas une variété particulière du Parisien, je veux dire le Parisien amoureux de Paris ? […] Puis, il venait à la femme avec des dispositions particulières, déterminées par son éducation cléricale et par tout son passé. […] Par cette légende, le principe immortel de la vie se personnifie avec une particulière énergie dans Bacchus ; les épreuves par où il passe deviennent une passion, un drame plein d’émotions, de crainte, de douleur, d’espérance et de joie.
Mais d’abord nos erreurs sont sans conséquence ; elles ne sont pas liées entre elles ; elles ne portent que sur des cas particuliers ; au lieu que si, d’aventure, M. […] Le travers doucement raillé par Piron est trop léger, trop inoffensif (tel, du moins, qu’il nous est présenté) et particulier à un trop petit groupe pour que l’œuvre ait une sérieuse portée. […] Il résume et représente, avec beaucoup d’exactitude, l’espèce particulière de poésie et de rêve qui plaisait à la jeunesse il y a vingt ans, à l’époque du romantisme finissant. […] Je continue à chercher dans ma mémoire, pour le noter d’abord, ce que ce concours a eu de particulier. […] Maintenant, qu’est-ce que le concours de cette année a offert de particulier et qui le distingue des autres ?
Ce n’est point en cet objet que convient l’imaginaire et le général : on y veut le réel et le particulier. […] Ne joint-elle pas à ces détails de mœurs générales ceux des mœurs particulières à l’infortune ? […] C’est là le secret d’intéresser généralement en peignant même les mœurs particulières. […] Une quantité de circonstances et d’actions particulières influe sur le résultat général, et souvent le prépare et le produit. […] Sous cet aspect, la Pharsale n’est pas faite à l’honneur particulier d’un héros, non plus que l’épopée de Milton, mais à la consécration d’un événement extraordinaire.
Je me suis volontairement renfermé dans le domaine de la littérature d’imagination ; et même dans la diversité des genres qu’elle embrasse, je n’ai traité que deux genres particuliers. […] Mais il importe d’entrer sur chacune d’elles dans un examen particulier, et de rechercher de près quelles conséquences chaque école a fait sortir de son principe. […] C’est donc là, c’est sur le terrain de la morale particulière et usuelle que nous avons à chercher maintenant la confirmation de nos premiers aperçus. […] Bornons-nous à ajouter ici à la thèse générale que nous venons d’exposer, quelques traits particuliers qui la précisent. […] Mais chez ceux de nos écrivains qui ont mis leur plume au service des passions politiques ou des utopies, socialistes, on comprend que cette tendance ait pris nécessairement un caractère particulier et acquis une tout autre portée.
Paul Desjardins s’était distingué par une ardeur particulière, une certaine fougue, un désir impatient de marcher et d’aboutir. […] Les romanciers lui ont fait du tort, d’ailleurs, les uns en disant qu’ils n’en avaient pas besoin, tout en en ayant une du reste, et des plus grosses, les autres en appelant trop complaisamment psychologie des observations très intéressantes, mais très restreintes, très particulières, et d’un faible caractère scientifique. […] C’est une façon particulière de prononcer panthéisme. […] C’est avoir de bons yeux que de voir tout cela ; mais encore est-il qu’il y a dans tous ces chapitres de saint Augustin sur la genèse une tendance, (un nisus aussi), pour établir une théorie toute particulière de la création. […] Très souvent la correction paraîtrait mauvaise à un classique et a ses raisons dans la manière particulière à Hugo d’entendre la musique du vers.
Il lui doit des égards, et des égards très nettement particuliers, qui la distinguent, relativement à lui, de toutes les autres femmes. […] Le grand homme a été séduit par quelque chose, grain d’originalité, bonne grâce particulière et inattendue. […] Il y avait deux noblesses, l’ancienne et la nouvelle ; mais ni l’une ni l’autre ne formait un ordre particulier dans l’État. […] Il n’en a été intenté que sur initiative de particuliers dont on prenait le nom et qui ne tenaient pas à ce qu’on le leur prît. […] La pauvreté des particuliers et la richesse de l’État, c’est précisément le secret des nations fortes.
Vaughan, regardaient le style du rôle de Caliban, dans la Tempête, comme tout à fait particulier à ce personnage, et comme une création de Shakespeare. […] Il résulte de là des scènes plaisantes d’un genre tout à fait particulier, et qui ne peuvent avoir lieu que dans des drames politiques de cette espèce ; et M. […] Cette pièce, qui comprend depuis la bataille de Pharsale jusqu’à celle de Philippes inclusivement, avait été représentée sur un théâtre particulier, par quelques étudiants d’Oxford ; on suppose qu’elle fut imprimée à l’occasion de la représentation et du succès de celle de Shakespeare, que la chronologie de M. […] Nous venons de citer Apémantus, égoïste cynique, et Timon, dont la vanité inspire la misanthropie comme elle inspira sa libéralité ; vient ensuite Alcibiade, jeune débauché, qui n’hésite pas à sacrifier sa patrie à ses vengeances particulières. […] Ce ne sont point des individus réels, en qui se révèlent, à propos d’un des incidents de leur vie, les traits particuliers de leur nature et l’empreinte de toute leur existence.
Quoique la théorie, que les phénomènes d’arrêt se passent dans des appareils particuliers, soit devenue à peu près classique ; dans ces derniers temps, plusieurs auteurs, en s’appuyant sur leurs expériences, ont soutenu que « les actions motrices et les actions d’arrêt ont pour siège les mêmes éléments24 ». « Toutes les fois qu’on excite un nerf, dit M. […] Certains hommes ont à cet égard un don particulier. […] Il lui faudrait, outre la cause générale, trouver les causes particulières de chaque cas. […] Quelques imbéciles ont même un talent particulier (pour les arts mécaniques, le dessin, la musique, le calcul) qui tranche d’autant plus qu’il est entouré par le vide. […] C’est que, par sa nature, l’attention plus que tout autre état intellectuel exige une grande dépense de force physique, qui doit se produire dans des conditions particulières.
J’ai déjà moi-même tant discuté ailleurs28 cette théorie de la fatalité, cette forme particulière de la philosophie de l’histoire, qu’il me répugne de m’y étendre de nouveau : qu’on me permette seulement de dire que je ne suis pas de ceux qui croient en général à un si visible et si appréciable enchaînement des choses humaines. […] Il le rédigea sur un recueil d’édits du temps de Law ; on crut qu’il avait puisé à des mémoires particuliers. […] « Il est jeune, favorisé de la fortune et de la gloire, entouré d’amis qui l’admirent, d’un public qui l’applaudit avec une complaisance toute particulière ; mais la vie ne saurait être si facile ; il faut un tourment à M.
La vieillesse et la mort devraient mettre tous les hommes au désespoir bien plus que leurs chagrins particuliers ; mais on se soumet facilement à la condition universelle, et l’on se révolte contre son propre partage, sans réfléchir, que la condition universelle se retrouve dans chaque lot, et que les différences sont plus apparentes que réelles. […] L’occupation rend de la saveur à l’existence, et les beaux-arts ont tout à la fois l’originalité des objets particuliers et la grandeur des idées universelles. […] Un événement récemment arrivé à Berlin peut donner l’idée de la singulière exaltation dont les Allemands sont susceptibles2), les motifs particuliers qui ont pu égarer deux individus quelconques sont de peu d’importance ; mais l’enthousiasme avec lequel on a parlé d’un fait pour lequel on devait tout au plus réclamer l’indulgence, mérite la plus sérieuse attention.
L’âme est alors en rapport avec les Idées, c’est-à-dire, avec les notions générales et universelles, dont elle ne voit dans le monde des sens que des cas particuliers et des ombres. […] On a souvent représenté la dialectique platonicienne comme la méthode qui, des idées particulières, s’élève de degré en degré à des notions de plus en plus générales, pour aboutir par toutes les voies à cette idée suprême et universelle du bien, « qui illumine le monde intelligible, comme le soleil éclaire le monde des sens ». […] De là vient encore que Platon interdit la dialectique à la jeunesse, et qu’il veut qu’elle couronne, et non qu’elle précède la culture des sciences particulières.
Il dit que chaque endroit avait son atmosphère particulière, mais que cependant l’état barométrique de l’Europe avait une grande uniformité. […] Est-ce que sa demeure, son costume, sa table, sont plus brillants que chez un particulier aisé ? […] Vous paraissez y avoir une chance toute particulière, et vous pourrez par la suite arriver à des résultats inappréciables. » Pendant que, devant notre table de pierre, nous avions ainsi une conversation sur ces grands et sérieux sujets, le soleil s’était approché peu à peu du sommet des collines qui s’étendaient devant nous à l’occident.
Ces lois d’harmonie sont les sauvegardes qui lui permettent — écrivain, musicien ou peintre — de choisir le thème qui lui servira de prétexte à s’exprimer lui-même dans sa réalité intime, dans sa sorte particulière de comprendre la notion divine et de choisir aussi librement ses moyens d’expression. […] D’ailleurs en choisissant le mot Poésie pour lui donner ce sens universel, je sous-entendais une distinction qu’il faut maintenant préciser entre l’art général — que nous nommons poésie, et la technique particulière de chaque expression artistique : les vers, la musique, la peinture… Désormais toutefois, je me restreindrai à l’art écrit, à celui qu’on a pu par excellence désigner du terme de poésie. […] Laffitte font toujours dans la science et dans la philosophie de nouvelles recrues. — Nous verrons tout à l’heure que ce vaste mouvement emprunte aux circonstances un sens très grave et très particulier.
Il n’est, ici, pas question d’imiter Wagner ; mais de profiter de son labeur, et de tirer de ses ouvrages, des doctrines, des théories applicables, en les modifiant, au génie particulier de chaque peuple. […] Que nous importent, maintenant, les différences dans les préceptes particuliers fondés sur cette doctrine ? […] Ou bien accueillera-t-on la contradictoire idée d’un amour désintéressé (désintéressé du plaisir d’aimer) ; ou niera-t-on que l’amour commun des hommes est la réunion, seulement, de toutes nos affections particulières !
Quant à la sensation plus particulière qu’elle éprouve dans le bras qui travaille, elle reste constante pendant fort longtemps, et ne change guère que de qualité, la pesanteur devenant à un certain moment fatigue, et la fatigue douleur. […] Wundt 16 a attiré l’attention sur les liaisons toutes particulières de filets nerveux vocaux et auditifs qui s’effectuent dans le cerveau humain. […] La première aboutit à une mesure conventionnelle de la sensation ; la seconde en appelle au sens commun dans les cas particuliers où il adopte une convention analogue.
Nous avons déjà eu plus d’une fois l’occasion de le remarquer, ce qui est particulier à Lamartine consiste dans un certain tour naturel de sentiments communs à tous. […] Ampère, parlant d’après Cassien des solitaires de la Thébaïde et de leurs rapports souvent merveilleux avec les lions et les divers animaux, a suivi ingénieusement dans le christianisme jusqu’à saint François d’Assise cette tendresse particulière de quelques moines pour les bêtes de Dieu.
De là souvent un peuple qui aime à rire ne voit que diable et qu’enfer. » Il se réservait pourtant de grands et sombres tableaux à retracer : « Lorsqu’il sera question des sacrifices humains, ne pas oublier ce que partout on a appelé les jugements de Dieu, les fers rouges, l’eau bouillante, les combats particuliers. […] Mais les passions, modifiées par la constitution particulière des individus, et prenant le cours que leur indique une éducation vicieuse ou autre, produisent le crime ou la vertu, la lumière ou la nuit.
Une éducation particulière chez une noble dame russe se présenta, avec tous les avantages apparents qui peuvent dorer ces sortes de chaînes ; Farcy accepta. […] A Rome, son impression fut particulière.
Qu’il l’ait un jour blessée dans son amour-propre de femme, c’est ce que nous ne saurons jamais ; mais, dans tous les cis, cette blessure dut être assez vite cicatrisée ; Mme de Rémusat n’était certes pas assez naïve pour penser qu’elle retiendrait longtemps un homme comme lui ; et, d’un autre côté, nous savons par elle que Napoléon la traita toujours avec des égards et une estime particulière. […] Faustus et Stella sont des êtres abstraits, qui représentent tous les hommes et qui ne sauraient éprouver des jouissances particulières.
Nous disions : « Depuis que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre époque, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions entre lesquelles se divise l’Europe intellectuelle, c’est-à-dire d’une part l’Angleterre et l’Allemagne, représentant tout le Nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Byron, par la nature particulière de son génie, par l’influence immense qu’il a exercée, par la franchise avec laquelle il a accepté ce rôle de doute et d’ironie, d’enthousiasme et de spleen, d’espoir sans borne et de désolation, réservé à la poésie de notre temps, méritera peut-être de la postérité de donner son nom à cette période de l’art : en tout cas, ses contemporains ont déjà commencé à lui rendre cet hommage.
Mais si nous nous formons en comité, dans le but non plus de secourir un écrivain particulier que nous connaissons et qui a besoin d’aide, mais d’attribuer périodiquement une récompense « au plus méritant » d’entre les jeunes écrivains, sachons bien que nous aurons, du même geste et si décidés que nous soyons à bien faire, institué une prime nouvelle en faveur de la médiocrité. […] Que l’État, que les particuliers, et spécialement les amateurs se bornent à fournir de l’argent, comme moralement ils le doivent, et laissent aux écrivains, seuls intéressés, seuls équitables, seuls compétents, le soin de le répartir, sous leur responsabilité.
Mais on trouve encore chez les différents poètes un genre de beauté qui leur est spécial, et qui tient au caractère particulier de leur siècle et de leur pays. […] Sciences naturelles. — De la vie et des formes variées que présentent les êtres vivants, soit végétaux, soit animaux ; — Examen des phénomènes physiques et chimiques qui résultent de l’existence des êtres organisés. — Application de ces connaissances à l’hygiène publique et à l’éducation particulière.
J’ai dit aussi, avec trop de sévérité peut-être, les inquiétudes que m’inspiraient quelques gaucheries particulières et un métier généralement insuffisant. […] J’entends qu’ils subissent les mystérieuses lois de la prosodie non formulée, instinctive, mais ayant cependant ses règles inécrites, laquelle a été tout simplement le secret des maîtres. » — Oui, mais cette prosodie inécrite comprend plus de secrets particuliers que de secrets communs à tous les maîtres.
Tout instrument de musique, il est su depuis les travaux de Helmoltz, à ses harmoniques propres dont le groupement le distingue d’autre : d’où son timbre, qui est ainsi qu’une couleur particulière du son. […] Durant que le vers alexandrin en la mesure de qui se meuvent tels particuliers rythmes, — persiste en unité de durée, en rythme-synthèse.
En effet, il n’y a plus de subventions fournies par les particuliers. […] Pas un mot de l’arbitrage de l’honneur : le duel, que la justice absout ou condamne d’après des manières de voir particulières, est jugé sans un texte.
Mardi 10 avril Le nez de Zola est un nez très particulier, c’est un nez qui interroge, qui approuve, qui condamne, un nez qui est gai, un nez qui est triste, un nez dans lequel réside la physionomie de son maître ; un vrai nez de chien de chasse, dont les impressions, les sensations, les appétences divisent le bout, en deux petits lobes, qu’on dirait, par moments, frétillants. […] À ce propos, elle dit : « Oui, j’ai eu un teint particulier, extraordinaire : Je me rappelle qu’en Suisse, à quatorze ans, on me mettait sur la joue une feuille de rose de Bengale, et qu’il était impossible d’en voir la différence ».
Hugo, dans un domaine particulier, digne par excellence d’investigations l’âme humaine a de même abondé dans l’irréel et le vulgaire. […] Lazarus, dans sa monographie sur l’Esprit et le langage, montrent que nos mots sont abstraits et absolus Le mot « arbre » ne représente aucun arbre particulier, qui pourrait être de telle grandeur et de telle disposition, mais bien un vague ensemble de masse globulaire verte placée au haut d’un grand tronc gris-brun.
Je vous indiquerai seulement que Philémon et Baucis a probablement hanté l’imagination de Gœthe, puisque le grand poème de Faust finit presque par l’épisode de Philémon et Baucis ; il l’a traité d’une façon particulière dans laquelle je n’ai pas lieu d’entrer aujourd’hui et cela m’entraînerait trop loin ; mais il l’a traité à un point de vue à la fois philosophique et psychologique infiniment intéressant. […] Ce qu’on appelle « être toujours en scène », c’est ceci : c’est le don particulier, de la part de l’auteur, de présenter les choses de manière que nous ayons bien la sensation que nous les voyons, et non pas qu’on nous les récite.
Tour à tour courtisan et presque hiératique, chanteur de temple ou de palais, il était quelque chose d’aussi particulier, à sa manière, qu’un héraut d’armes au Moyen Âge, et, dans ces derniers temps, qu’un premier violon de chapelle, comme l’a dit Voltaire, le maître de Villemain, et qui ce jour-là n’a pas, après tout, dit si mal ; car il a fait sentir d’un tel mot ce qu’il y a de local et de particulier dans Pindare.
Il ne serait pas juste que le poète si charmant qui vient d’être enlevé disparût sans recevoir, même au milieu de ce qui a été dit et de ce qui se dira de vrai et de senti sur son talent, quelques mots particuliers d’adieu de la part d’un ancien ami, d’un témoin de ses premiers pas.
— Il avait un talent particulier pour s’attirer l’affection, même des troupes étrangères qui servaient sous lui.)
— Conçoit-on que ce passage ait donné prétexte à un rédacteur des Débats, dans un article du 1er avril 1860, de dire que j’ai invoqué ici, pour me protéger, en cet article aventureux, « mon titre de professeur dans une école supérieure et l’amitié d’un ministre de l’empereur », tandis qu’au contraire je n’alléguais en ce moment ces titres et ces circonstances particulières au professeur que pour me dédoubler et faire acte de séparation et d’indépendance en tant que critique ?
Ney attendait donc pour agir le corps de Reille, et, sur son ordre pressant, il ne vit arriver en premier lieu que Reille lui-même en personne, dont les divisions ne se mirent en mouvement pour rejoindre qu’un peu plus tard, et dont les conseils prudents, les remarques à l’égard des Anglais et du caractère particulier de leurs troupes, ne laissaient pas de lui donner à penser.
À voir même le soin particulier avec lequel il en efface toutes les indications essentielles, on pourrait croire souvent qu’amusé autour des objets de détail, il n’a pas saisi le mouvement général de la pensée ni les rapports des diverses parties entre elles.
Quant au roman, encore une fois, où il n’offrira que l’analogue de cette espèce de drame, et sera de même héroïque, trempé de misanthropie, candide ou amer, tranché sans nuances, avec les inconvénients particuliers d’un développement plus continu ; ou bien il faudra l’ajourner jusqu’à une époque plus rassise, après la pratique des hommes et l’épreuve des choses.
Cela s’est déjà passé de la sorte aux autres époques de civilisation raffinée ; et du moment que la poésie, cessant d’être la voix naïve des races errantes, l’oracle de la jeunesse des peuples, a formé un art ingénieux et difficile, dont un goût particulier, un tour délicat et senti, une inspiration mêlée d’étude, ont fait quelque chose d’entièrement distinct, il a été bien naturel et presque inévitable que les hommes voués à ce rare et précieux métier se recherchassent, voulussent s’essayer entre eux et se dédommager d’avance d’une popularité lointaine, désormais fort douteuse à obtenir, par une appréciation réciproque, attentive et complaisante.
Comme on y causait beaucoup littérature, et que Colletet avait une connaissance particulière et un amour ardent de nos vieux poëtes197, La Fontaine ne dut pas moins retirer d’instruction auprès de l’époux que d’agrément auprès de la dame.
Prenez épigrammes, non dans le sens particulier de Martial, mais dans le sens plus général de petites pièces, y compris les idylles, comme les anciens l’entendaient d’ordinaire.
Depuis un an environ que les journaux répètent de mois en mois la fastueuse annonce, chacun se demande avec défiance quels documents officiels, quels personnages instruits, Walter Scott a consultés, quelles communications particulières il a reçues.
Il y eut à cette époque unanimité parmi tous les patriotes auteurs de la révolution, pour resserrer le lien fédéral, pour être fédéralistes, ce qui, en Amérique, signifie précisément le contraire de ce qu’on entend chez nous : être fédéraliste aux États-Unis, c’est en effet se ranger pour le gouvernement central par opposition au gouvernement des États particuliers.
Hugo a-t-il raison d’inculquer au public, et le public a-t-il raison d’accepter intégralement cette espèce particulière de drame ?
Les femmes du monde, on leur doit cette justice, se sont prêtées à merveille à l’attrait et à l’embellissement de cette renaissance, elles ont multiplié l’éclat des fêtes particulières ; elles n’ont même pas absolument dédaigné ces tourbillons, moins étroits, mais plus enivrants, où la foule enhardit et protège le mystère. à la blancheur suave du cou et aux lignes voluptueuses de plus d’une pose indécise, il était aisé, jusque sous le masque, de saisir la curiosité de l’aristocratique beauté qui se confiait là, pour la première fois, à quelque guide heureux et fier : c’était une nuance nouvelle en ces sortes de lieux que de suivre ainsi un embarras charmant, dissipé à mesure.
Ce qu’il me reste à examiner maintenant, c’est le caractère particulier à l’imagination poétique des Anglais.
Vergier conte qu’il raisonne à l’infini, « qu’il parle de paix, de guerre, qu’il change en cent façons l’ordre de l’univers, que sans douter il propose mille doutes. » Voilà que ce bonhomme se trouve un spéculatif, et aussi un observateur. « Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence. » Il a l’air distrait, et voit tout, peint tout, jusqu’aux sentiments les plus secrets et les plus particuliers.
Et ces phrases de prose ne doivent-elles pas ce qu’elles ont de pénétrant et de profond aux mots abstraits, qui, n’emprisonnant point l’imagination dans une réalité particulière, lui ouvrent par là même de plus vastes horizons ?
D’autre part, rien n’est plus légitime que toutes les tentatives qui ont pour objet, par l’application des méthodes scientifiques, de lier nos idées, nos impressions particulières, et de représenter synthétiquement la marche, les accroissements, les transformations de la littérature.
Mais ces pièces ont en général ceci de commun, qu’elles sont d’actualité, nées des circonstances et d’une particulière émotion des esprits.
Chacun d’eux suppose une longue préparation, et que le poète a vécu des mois dans le pays, dans le temps, dans le milieu particulier que ces deux quatrains et ces deux tercets ressuscitent.
Si donc il n’y a plus guère de génies souverains, il y a des « cas particuliers ».
Quand j’ai lu pour la première fois les Fleurs du mal, je n’étais déjà plus un adolescent, et cependant j’en ai senti très vivement le charme particulier.
Car les vers sont une musique un peu vaine et qui combine les sons selon des lois trop inflexibles ; le théâtre impose des conventions trop étroites, nécessaires et pourtant frivoles ; le roman traite de cas trop particuliers, enregistre trop de détails éphémères et négligeables, et où ne sauraient s’attacher que des intelligences enfantines.
Toute vérité particulière peut évidemment être étendue d’une infinité de manières.
Cependant Simon Barjona se distingue, entre ses égaux, par un degré tout particulier d’importance.
Personne plus que moi n’est disposé à placer haut ce peuple unique, dont le don particulier semble avoir été de contenir dans son sein les extrêmes du bien et du mal.
Le plus souvent par la bouche de Suzanne, quelquefois par celle des autres personnages, et aussi en son propre nom, Thomas Hardy fait une critique victorieuse de ce « contrat permanent basé sur un sentiment éphémère », de cet « abominable contrat qui m’engage à sentir d’une manière particulière dans une chose dont l’essence même est la spontanéité ».
Une maison où se donnaient de petites fêtes peuplées d’intrus étranges, de particuliers bizarres, de gens à industries indevinables.
Je crois que l’on peut noter, d’après les derniers vers cités, deux rythmes particuliers dans la poésie populaire, l’un binaire, rythme de marche, l’autre ternaire, rythme de danse : Elle fait || l’hiver || elle fait || l’été Dans le pli || de sa mante.
La loi véritable, la voici : tout ouvrage de l’esprit doit naître avec la coupe particulière et les divisions spéciales que lui donne logiquement l’idée qu’il renferme.
Ce prince avoit auparavant entretenu avec lui, quinze ans entiers, un commerce de lettres ; commerce philosophique d’esprit, de goût, de vers & de prose ; commerce sans exemple entre un souverain & un particulier.
Cependant, continue-t-il, on ne doit pas regarder comme un défaut général celui de quelques particuliers.
Delasiauve présente à son tour un autre système : il distingue deux grandes classes de folies : les folies affectives et les folies intellectuelles, et il pense qu’il peut y avoir autant d’aberrations particulières qu’il y a de facultés normales.
Leur mérite particulier est d’être propres à être accommodés au théâtre : aussi depuis qu’ils ont paru, il y a eu un débordement d’opéras comiques sur le Parnasse.
De là la palette particulière, un faire, un technique propre à chaque peintre.
Et, remarquez-le bien, Messieurs, ce n’est pas le travers, la manie de quelques individus, c’est le préjugé à la mode, Qu’on me cite des pièces historiques, des mémoires particuliers qui caractérisent mieux les désordres de la régence.
Il espéra que les eaux de Barrège seraient plus efficaces que celles de Contrexeville ; mais, à défaut de santé, il y trouva plusieurs dames de la cour, qui prirent un goût particulier à sa conversation ingénieuse et piquante.
Cependant le véritable caractère d’une loi est d’être immuable, et non pas d’être transitoire ; d’être d’une application générale, et non point de ne recevoir que des applications particulières, locales et catégoriques.
Mme de Chandeneux a ceci de particulier et d’intéressant pour la Critique, qu’elle donne la mesure exacte du bas-bleu dans sa moyenne et dans sa pureté.
Coutume sublime, qui n’était pas particulière à la maison de Montesquieu, mais qui était la coutume des anciennes maisons chrétiennes d’un pays qui aimait les pauvres comme Jésus-Christ lui-même, et qui, en donnant un pauvre pour parrain à leurs enfants, croyaient leur donner Jésus-Christ Ainsi, nous apprend Louis Vian (qui nous apprend bien d’autres choses encore, dans cette biographie étincelante de mille détails neufs), fut baptisé Montaigne, le comte de Beauvais et Buffon.
Dans les chapitres de son livre, qui n’a que des chapitres et dont l’unité n’existe que dans la personnalité très particulière de l’auteur, ceux-là qui sont intitulés : La Lumière et la Foule, Les Ténèbres et la Foule, Les Sables mouvants, Les Préjugés, Les Caractères, Les Passions et les Âmes, La Charité intellectuelle, sont de ces choses qu’il est difficile dénommer, parce qu’elles n’ont pas d’analogue en littérature… Le côté que j’oserai appeler le côté divin de cette critique, échappera sans nul doute à ceux qui ont le mépris insolent et bestial du mysticisme de l’auteur.
Ces accusations, jugées absurdes aujourd’hui, donnèrent lieu à un procès qui dura des années ; car la passion a cela de particulier qu’elle se retire de sa bêtise sur son intensité, et que son ineptie ne l’empêche pas de réussir.
Nature particulière de climat, de production et de situation ; influence de ces agents physiques sur les habitants qui viennent successivement s’y fixer ; importance des révolutions intérieures qui agitèrent ces populations ; part immense qu’elles prirent aux événements qui se déroulèrent dans l’Espagne et dans les Gaules… » Et, plus loin, il ajoute encore : « Si les champs catalauniques furent, au temps d’Attila, selon la belle expression de Jornandès : l’aire où venaient se broyer les nations, les Pyrénées, au contraire, furent la retraite bienfaisante où les débris de ces mêmes nations abritèrent leurs pénates et leurs croyances… Lorsque le mouvement torrentiel des diverses races a fini de s’agiter à leur base, l’historien retrouve dans leurs vallées l’Ibère, le Gaulois et le Cantabre, avec leurs forces primitives, leurs fueros, leur farouche liberté.
Les Américains, que Bellegarrigue a des manières très particulières à lui d’adorer, ne pensent donc pas, sur ce qui fait leur force et leur gloire, comme leur audacieux et compromettant panégyriste.
Babou ne nous a pas donné de notice particulière et précise sur madame de Sévigné.
La réussite, la fortune, le million, dont il est le poète et l’apôtre, lui ont persuadé, avec cette facilité d’illusion qui est particulière aux gens heureux, qu’une comédie pouvait s’improviser, en deux temps, sous le ciel de Naples, « lorsqu’on n’avait pas de journaux à lire et qu’il faisait trop chaud pour sortir ».
Toutes deux purent suffire au besoin de Lettres de ce siècle aux grandeurs publiques, qui avait autre chose à faire que de se regarder dans l’âme, pour raconter ce qu’il y voyait, à la première personne, dans des épanchements ou des chuchotements particuliers.
Nous n’y avons rien trouvé de particulier à M.
Ceci est particulier à Brucker.
l’histoire d’un seul Pape, dans l’histoire de l’Église, a de tels rayonnements en avant et en arrière que ce n’est plus l’histoire d’un siècle ni d’un Pape, mais l’histoire de l’Église universelle et éternelle, concentrée dans la minute d’un siècle ou d’une vie d’homme, comme tout un horizon répercuté et concentré dans une facette de diamant… En intérêt, l’Histoire de la Papauté pendant le xve siècle, par l’abbé Christophe, vaut, avec d’autres événements et des personnalités différentes, son Histoire de la Papauté pendant le xive siècle, et elle a le même mérite d’unité dans la variété qui est le caractère particulier de toutes les histoires détachées de l’histoire générale de l’Église, qui a bien raison de s’appeler catholique, c’est-à-dire universelle ; car si Dieu l’ôtait de ce monde, il s’y ferait un de ces trous, comme dit Shakespeare en parlant des monarchies qui croulent, que rien — quoi qu’on y jette — ne peut plus combler !
Tels sont les mérites généraux qui apparaissent tout d’abord dans un livre où l’on en trouvera beaucoup d’autres plus particuliers et plus profonds.
Et non seulement cela l’est pour les traits généraux de sa physionomie de poète, mais cela l’est tout autant pour les détails spéciaux et particuliers de son poëme.
Il peut avoir son originalité propre et ses mérites particuliers dans le détail, l’expression des passions et le tour d’observation de son œuvre ; il peut être comme observateur et comme écrivain très différent de la manière de Balzac ; mais, de conception, il est timbré de cet homme qui a mis son cachet — sa griffe de lion — sur tous les esprits de notre temps.
C’est en effet le caractère particulier de l’esprit de cet homme plus étonnant que son œuvre, quoique son œuvre soit un monument, de toujours s’élever, de toujours s’accroître, et par cela même d’avoir plus besoin du temps que personne.
En sortant de Germaine, nous sortons d’une littérature diabétique, et dans Maître Pierre nous entrons dans quelque chose de nouveau, de particulier, de moderne, qui sera peut-être demain toute la littérature de ces derniers temps.
Gravillon est un poète qui ne se classe dans aucun genre particulier et déterminé ; mais qu’importent les genres par où il passe !
L’essence de la comédie antique et de la comédie moderne est, dans la première, la satire des vices publics, dans la seconde, la dérision des ridicules particuliers. […] Ce que le rhéteur grec institue relativement au plan, au style, aux embellissements de ces poèmes, concerne toutes les qualités qui leur sont particulières. […] À cette qualité générale de l’action épique, s’il se joint celle d’être particulière au pays du poète qui la raconte, en un mot, d’être nationale, elle en acquiert un brillant avantage qui rend son succès plus prompt et plus certain. […] Le choix en est irréprochable : l’action de la Henriade peut entrer en concurrence avec celle de la Pharsale : leur importance est pareillement universelle et particulière. […] Le même objet auquel j’attribue l’altération de l’unité dans son poème, attirera des éloges particuliers, quand je l’examinerai sous d’autres faces, et conséquemment aux règles qui suivront celle-ci.
partout, ou elle gauchit, ou elle s’égare, ou elle succombe78… » Remarquez comme il s’abstient de provoquer l’incrédule à la solution d’aucune difficulté particulière ! […] Que pouvait-il y avoir dans « le cœur » de Massillon qui lui valût de la part du sec d’Alembert et des philosophes du xviiie siècle des éloges si particuliers ? […] Il me semble qu’elles ont cela de particulier qu’on y sent une main qui vaut encore mieux que l’œuvre qu’elle a façonnée, des ouvriers manifestement supérieurs à leur matière. […] Car nous savons qu’il le lisait, et même avec une particulière attention. […] Voulez-vous des exemples plus particuliers ?
Si on se demande pourquoi cet hommage si particulier à Fléchier, on y peut voir plusieurs sortes d’à-propos et de convenances, soit relativement à l’Académie de Nîmes qui avait couronné M. […] Lui, quand il se laissait aller à sa nature, c’est-à-dire à sa culture favorite, il citait de préférence quelque beau trait, quelque beau mot, un beau vers latin, en homme de goût et d’une suprême rhétorique, jamais de ces détails plus particuliers et plus recélés qui attirent l’attention du philologue ou du géographe, du découvreur et fureteur en quoi que ce soit. […] Là il est original et exprime des opinions particulières sur Phèdre, sur Cornelius Nepos, qu’il ne craint pas de dégrader de leurs honneurs classiques usurpés. […] Il s’agit d’employés qui ont 20, 30, 40 années de services, et qui, après avoir travaillé en divers dépôts particuliers d’archives, ont été successivement réunis, avec ces dépôts, en un seul établissement.
Leroux et Reynaud, les encyclopédistes de nos jours : ils procèdent de la Révolution française et de la philosophie du xviiie siècle, assurément ; mais de combien d’autres devanciers ils procèdent également, et avec quels développements particuliers et considérables ! […] Il a cela de particulier et de singulièrement honorable d’y avoir cru toujours, avant et pendant, et même aux plus désespérés moments ; d’y avoir cru avec calme et avec une fermeté sans fougue. […] Rochambeau lui répond, et on remarque cette phrase, qui va juste à l’adresse de ce même sentiment d’honorable susceptibilité auquel nous avons vu déjà Washington répondre : « C’est toujours bien fait, mon cher marquis, de croire les Français invincibles ; mais je vais vous confier un grand secret d’après une expérience de quarante ans : Il n’y en a pas de plus aisés à battre, quand ils ont perdu la confiance en leur chef ; et ils la perdent tout de suite, quand ils ont été compromis à la suite de l’ambition particulière et personnelle. » La Fayette alors se retourne vers Washington, et sollicite de lui une certaine expédition dont il précise les bases, qui aurait de l’éclat, dit-il, des avantages probables pour le moment et un immense pour l’avenir ; qui, enfin, si elle ne réussit pas, n’entraîne pas de suites fatales. […] Je ne discuterai pas les principaux faits de la vie de La Fayette depuis 89 jusqu’à sa sortie de France en août 92 ; de telles discussions, rebattues pour les contemporains, redeviendraient plus fastidieuses à la distance où nous sommes placés ; c’est à chaque lecteur, dans une réflexion impartiale, à se former son impression particulière.
Les femmes d’esprit, quoique l’empereur les détestât, aversion qui se traduisit en exil pour madame de Staël, brillèrent d’un éclat particulier à cette époque. […] C’est un don particulier que celui de la parole rhythmée, et tel le possède sans pour cela être un grand génie, tandis qu’il est refusé souvent à des esprits supérieurs. […] L’amour comme Murger le comprend est d’une espèce particulière. […] Paul de Kock avait cet avantage d’être absolument pareil à ses lecteurs, d’en partager les idées, les opinions, les préjugés, les sentiments : mais il possédait un don particulier, celui de rire, non pas du rire attique, mais du gros rire largement épanoui et bêtement irrésistible qui fait se tenir les côtes et soulève les flancs par des hoquets convulsifs. […] Ce travail où le crayon repasse sur le trait de la plume demande un talent tout particulier.
Séparer de l’ensemble un fragment, l’encadrer et l’offrir dans son vrai particulier, voilà l’écueil du réalisme, parce que personne ne veut admettre dans son aspect spécial ce qui était perdu dans la grande teinte. […] Rattacher à ces questions-artères, des études sur les accessoires, les points particuliers : le style, l’imagination, la fantaisie, le comique, les musées, la poésie, etc. […] Dire simplement des choses simples mais particulières ne suffit peut-être pas : on est lu, mais on n’est pas écouté. […] Voici ce que dit Courbet (prospectus pour l’exposition particulière de 1855) : « Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée. […] Serres que quand le professeur en sera arrivé aux détails et à la théorie particulière.
Quant à l’ennui douloureux qui le ronge, à son découragement en face de l’avenir, alors que tout s’ouvre devant lui, il n’y a rien, là dedans, qui lui soit particulier. […] Et depuis, les véritables admirateurs de Musset ont toujours eu une tendresse particulière pour Rolla. […] Brunetière22, ce qu’il y avait de plus original, de propre et de particulier dans le romantisme, c’était une « combinaison de la liberté ou de la souveraineté de l’imagination avec l’expansion de la personnalité du poète ». […] J’ai dit tant de choses aux badauds et je leur en dirai encore tant d’autres, que j’ai bien le droit, une fois en ma vie, de faire quelques strophes pour mon usage particulier. […] Certaines de ses pièces possèdent « une grâce particulière et indéfinissable, une beauté comme celle du monde ancien, un quelque chose qui rappelle la perfection éolienne et ionienne ».
Les gens du monde ont des façons vraiment particulières de comprendre et de juger les choses qui touchent à la littérature. […] Ce que j’admire en Clemenceau, c’est qu’il ne se sert du fait particulier que pour s’élever aux plus hautes généralisations de la pensée. […] Huysmans ne va jamais au-delà de l’extériorité des choses et des êtres, qu’il colore et déforme, selon l’angle de sa très particulière mais restreinte vision. […] Ils me poursuivent sans me lâcher… pour quiconque réfléchit, il y a bien là, dans ces journaux, un état d’esprit particulier et qui n’est pas autre chose que l’esprit du meurtre. […] Nous avons un autre particulier, un homme libre, celui-là, qui ne se rattache à M.
Ne pourrait-il pas être à propos, pour que chaque lecteur ne prenne de ce long travail que ce qui lui conviendra, de donner un titre particulier à chaque article, comme je l’ai fait en rendant compte de l’ouvrage de M. […] La colère du voluptueux et de l’homme faible a sa forme d’accès, sa malignité toute particulière. […] D’ailleurs, des citations particulières ne rendraient pas assez sensible à notre gré le caractère dominant des Pensées d’Août. […] L’histoire complète résulterait peut-être de la combinaison de ces histoires particulières où, tour à tour, ce qui était circonférence devient centre, et ce qui était centre devient circonférence. […] La religion de la grâce n’est pas une religion particulière, c’est la religion même ; et les autres religions n’en diffèrent qu’en ce qu’elles ne sont pas des religions.
Est-il même un seul ouvrage de valeur qui ne contienne une conception particulière de la vie, qui n’incline le lecteur dans un sens déterminé ? […] Travers généraux, non particuliers ! […] Je trouve son traité à la fois trop particulier et trop général. […] Ses agents ouvrent les lettres des particuliers. […] Vous plaît-il maintenant de revoir à l’œuvre le talent particulier dont est doué M.
Et son œuvre, lorsqu’il a paru, a eu la bonne fortune, non seulement d’exciter l’admiration de ses confrères les peintres, mais encore de séduire le gros public, tant il était une nouveauté particulière. […] Et sa peinture faite au moyen des ongles de ses doigts était tout à fait étonnante et, quant à ce fait particulier, il fallait être témoin soi-même du travail de l’artiste, sans quoi on eût pris ses peintures à l’ongle pour des peintures faites avec des pinceaux. […] Onoyé Baïkô, un grand acteur des premières années du siècle, reconnaissant le talent tout particulier de Hokousaï pour inventer des revenants, avait l’idée de s’adresser à l’imagination du peintre pour qu’il lui dessinât un être de l’autre monde devant servir à la figuration d’une scène dans son théâtre. […] Et de cette mimique du dessin, parfois un peu caricaturale mais qui n’est pas absolument particulière à Hokousaï, mais presque générale chez tous les peintres japonais, il est une explication. […] Et, parmi ces industries, un industriel particulier, un conteur d’histoires, jouant un peu les personnages qu’il met en scène et toujours entouré d’un nombreux public de gens qui ne savent pas lire et, ainsi que dans nos feuilletons, arrêtant son récit au moment le plus intéressant et faisant revenir les gens avec la suite à demain.
Balfour, ceux qu’on a le plus admirés : mais ils me paraissent valoir surtout par l’agrément du style, par la verve sans cesse renouvelée des images, par cet air de raillerie et de détachement qui constitue le ton particulier de M. […] Qu’il s’agisse de faits particuliers, ou de lois morales, ou de mystères religieux, toute croyance est d’autant plus solide qu’elle échappe davantage à l’explication. […] Balfour, le déisme, sous la forme particulière de la doctrine chrétienne. […] Chacun a seulement vu dans son livre le point particulier qui le touchait personnellement, et ne lui a répondu que sur ce seul point. […] Et elle offre encore ce trait particulier, qu’elle est avant tout une littérature de poètes, que la poésie y occupe, ainsi qu’il convient, la première et la plus belle place.
. — Deux assaisonnements particuliers au xviiie siècle, la gravelure et la plaisanterie. […] Deux condiments particuliers entrent dans la cuisine du siècle, et, selon la main qui les emploie, fournissent à tous les mets littéraires un assaisonnement gros ou fin Dans une société épicurienne à qui l’on prêche le retour à la nature et les droits de l’instinct, les images et les idées voluptueuses s’offrent d’elles-mêmes ; c’est la boîte aux épices appétissantes et irritantes.
Et le nouveau, c’est la nouveauté extérieure, c’est la sensation nouvelle, l’apparence encore non rencontrée : ce public ne creuse pas, ne prolonge pas ses impressions par ses pensées : il ne voit pas au-delà de la forme particulière et sensible. […] L’élaboration de l’épopée s’était, faite en condensant dans la fixité d’un type héroïque diverses physionomies de personnages héroïques : dans la décomposition du genre, au contraire, chaque type se résout en plusieurs figures de fantaisie, graves ou ridicules, outrées de sublimité ou de bassesse, selon l’utilité particulière de chaque sujet.
Il me suffira de rappeler que les principaux débats engagés dans les Chambres de la Restauration ont porté sur la liberté des cultes et toutes les questions particulières qui y tenaient, sur les biens nationaux et l’indemnité des émigrés, sur la liberté de la presse, sur l’organisation du système électoral, sur les majorats, sur la guerre d’Espagne, sur toutes sortes d’applications ou d’interprétations de la Charte, et, au fond, toujours sur la question de savoir qui l’emporterait, de la Révolution, ou de l’« absolutisme ». […] « L’esprit particulier de la classe moyenne, écrit M. de Tocqueville697, devint l’esprit général du gouvernement ; il domina la politique extérieure aussi bien que les affaires du dedans : esprit actif, industrieux, souvent déshonnête, généralement rangé, téméraire quelquefois par vanité et par égoïsme, timide par tempérament, modéré en toute chose, excepté dans le goût du bien-être, et médiocre… » L’éloquence se ressentit, ainsi que le gouvernement, de cet esprit étroit et positif.
Aussi de Pure dit-il dans ce même roman, publié en 1656, que le mot de précieuse « est un mot du temps, un mot à la mode, qui a cours aujourd’hui, comme autrefois celui de prude ou de feuillantine, et qui s’applique à certaines personnes du beau sexe qui ont su se tirer du prix commun, et ont acquis une espèce et un rang tout particulier. […] Les ministres donnaient aussi des audiences particulières dans la ruelle de leur lit, mais sans y être couchés.
Nous voici parvenus à la dernière espèce de création qui caractérise le talent original de Racine, et dont Andromaque fut encore l’époque ; à celle qui lui est peut-être encore plus particulière que toutes les autres, celle au moins que ne lui disputent point ses plus aveugles détracteurs et les plus ardens enthousiastes de son rival. […] C’est là sans doute posséder la science des couleurs locales, et l’art de marquer tous les sujets d’une teinte particulière qui avertit toujours le spectateur du lieu où le transporte l’illusion dramatique.
Il y avait de petites célébrités de collèges tout à fait particulières. […] Cela est assez significatif, à moins que cet excellent lieutenant eût, pour les œuvres d’art, un amour particulier qui l’attirât à Richelieu.
Et cela, avec son personnage de Madame Bovary, qui est la femme-type du genre de corruption le plus particulier à la femme du xixe siècle, lui valut ce succès sur lequel il a toujours vécu et vit encore, mais qu’il ne recommencera plus. […] Chose particulière !
Il y avait donc autour de sa personne un groupe qui s’isolait un peu, et qui se distinguait par des traits particuliers entre les divers groupes de la jeunesse d’alors.
Après avoir marqué le caractère singulier de la bienfaisance constamment prêchée et pratiquée par l’abbé, qui n’était point celle d’un cœur sensible et tendre, mais qui procédait avec méthode au nom d’une raison sincère et convaincue : « Il avait aimé pourtant, ajoute-t-il : c’est un tribut que l’on doit payer une fois à la folie ou à la nature ; mais quoique cette folie n’eût point porté d’atteinte à sa raison universelle, sa raison particulière en avait tellement souffert, qu’il fut obligé d’aller dans sa province réparer, durant quelques années, les brèches que ses erreurs avaient faites à sa fortune. » On n’en sait pas plus long sur les fredaines de l’abbé de Saint-Pierre, et sans Rousseau on n’en aurait rien soupçonné.
Je me hâte d’en venir aux trois ou quatre noms qui me sont imposés par des circonstances particulières et que je me suis donné pour sujet aujourd’hui.
La manière dont Octave effeuille dans l’âme de Brigitte et dans la sienne cette fleur tout à l’heure si belle, son art cruel d’en offenser chaque tendre racine est à merveille exprimé ; mais si la façon particulière appartient à Octave, cette défaite successive de l’amour, après le triomphe enivrant, n’est-elle pas à peu près l’histoire de tous les cœurs ?
Il y a plus : ces talents eux-mêmes qui l’honorent, arrivés à une certaine élévation, subissent chacun cette espèce de vent de dispersion qui circule ; ils versent d’un côté ou d’autre ; ils manquent à la loi de leur propre développement et à leur unité particulière.
l’amour constant pour une réputation de près de vingt années, pour un homme qui, redevenu par son choix simple particulier, a traversé le pouvoir dans le voyage de la vie, comme une route qui conduisait à la retraite, à la retraite honorée par les plus nobles et les plus doux souvenirs !
Le besoin de rire est le trait national, si particulier, que les étrangers n’y entendent mot et s’en scandalisent.
Les personnages y sont généraux ; dans les circonstances particulières et personnelles, on aperçoit les diverses conditions et les passions maîtresses de la vie humaine, le roi, le noble, le pauvre, l’ambitieux, l’amoureux, l’avare, promenés à travers les grands événements, la mort, la captivité, la ruine ; nulle part on ne tombe dans la platitude du roman réaliste et bourgeois.
Cependant, quand on l’a lu, ne sent-on pas bien la raison générale et commune de tous ces jugements particuliers ?
Un goût singulier de représentation des choses sensibles, concrètes, particulières s’y insinue.
André Chénier a un rôle particulier dans l’histoire de la versification française.
Mais alors que d’autres se crurent quittes envers l’art et envers eux-mêmes quand ils eurent poussé tel quel le cri arraché à leur chair sanglante par le hasard des heures mauvaises, Leconte de Lisle se haussa toujours jusqu’à une parole d’humanité universelle et voulut que toute glose devint inutile en éliminant de ses poèmes une allusion indiscrète aux événements particuliers qui leur avaient donné naissance, et, comme il refusait fièrement d’avertir et d’apitoyer, on déclara par arrêt sommaire que ses strophes étaient dénuées de sens et indigentes d’émotion.
Il n’aurait devant lui qu’une série de cas particuliers, de faits individuels et isolés, que rien ne permettrait de relier ensemble ; la genèse et la nature d’une œuvre littéraire, sa liaison avec ce qui précède et ce qui suit ne seraient pas expliquées.
La littérature et le milieu psycho-physiologique Par milieu psycho-physiologique nous avons désigné les aptitudes qu’un homme apporte en venant au monde, les germes de qualités et de défauts qui existent en lui à sa naissance, cette combinaison particulière d’éléments qu’on appelle souvent du mot vague de tempérament.
Nous ne réfuterons pas une infinité d’autres plaintes que l’intérêt d’opinion, l’intérêt personnel, l’intérêt de société, l’intérêt de fantaisie, l’intérêt de rivalité, l’intérêt d’irréligion, & tous les intérêts particuliers ont articulées contre nos jugemens.
Pour revenir au point tout particulier d’où je me suis éloigné, cela est vrai même des comités dramatiques.
De là vient, sans doute, cette indépendance à l’égard de l’autorité, caractère particulier des temps où nous vivons.
Nul aperçu, nulle vue particulière à l’auteur n’y domine et n’y décide les conclusions de parti, qui ne s’y expriment pas, mais qui y soupirent.
Henri III, Henri IV, tous les événements du siècle qui tourne autour d’eux, n’ont pas donné une seule distraction à l’historien attaché au sujet particulier de son livre et qui l’ouvre en 1584 pour le fermer en 1598.
Ce n’est pas, comme on va le voir, une histoire bien nouvelle, quoiqu’elle soit fort triste puisqu’elle prouve, une fois de plus, le peu de durée des plus beaux sentiments de nos âmes ; et elle n’est pas non plus bien particulière à Goethe, car tout le monde, ou à peu près, a de cette cendre froide dans sa vie.
C’est pour cela qu’Alexandre Dumas, le divertisseur des gens superficiels, est déjà à moitié passé, pendant que Léon Gozlan, l’artiste solitaire apprécié seulement durant sa vie des connaisseurs, qui sont des solitaires aussi, vivra plus longtemps que ces deux gloires bouffies, qui s’aplatiront demain comme des éléphants de baudruche sur lesquels on aura marché, par la seule raison que Gozlan mit dans ses livres cette toute petite chose qu’avait Voltaire, qu’avait Beaumarchais, qu’avait le prince de Ligne, et qui nous fait trouver une volupté si particulière jusque dans une anecdote de trois lignes contée par Chamfort ou un mot lancé par Rivarol !
Il gouverna et sauva Rome, fut vertueux dans un siècle de crimes, défenseur des lois dans l’anarchie, républicain parmi des grands qui se disputaient le droit d’être oppresseurs ; il eut cette gloire, que tous les ennemis de l’État furent les siens ; il vécut dans les orages, les travaux, les succès et le malheur ; enfin, après avoir soixante ans défendu les particuliers et l’État, lutté contre les tyrans, cultivé au milieu des affaires la philosophie, l’éloquence et les lettres, il périt.
L’homme qui étudie la nature et l’observe, cherche, dans le mouvement général, ce qui leur a donné un mouvement particulier, et ne le trouve pas.
En vain il essaie d’excuser dans une dissertation particulière cette hypothèse épicurienne.
» La vérité est qu’ils sont beaucoup, mais non pas trop, car tous offrent un intérêt particulier. […] Léon Riotor a fait paraître un poème inspiré par une légende ou un lied en prose qui pourrait bien nous venir des brumes de la Hollande : non pas que ce poème manque de clarté, mais à cause du charme particulier à ces bords des mers du Nord qui semble s’en dégager. […] Ce sont des soldats d’une qualité particulière et dont l’esprit doit, comme celui des marins, recevoir je ne sais quel mystérieuse empreinte de la nature qui les entoure, les éblouit, les menace ou les berce. […] Ces trois études qui sont aussi des biographies, résument admirablement le rôle joué dans la philosophie et dans l’histoire par ces trois écrivains dont il est nécessaire, comme le dit très justement l’auteur, d’écouter la leçon particulière. […] Le procès intenté à l’éditeur de ce livre ne peut s’expliquer que par des raisons de famille d’ordre tout particulier, quand on a lu les Mémoires d’une Inconnue.
Tout indique, ou évoque, ou postule, dans l’homme, une création particulière et non l’aboutissement d’une série. […] Le manque de simplicité, le côté « dessus de pendule » que l’on remarque en Chateaubriand, ne lui est point particulier. […] Le moment où une réflexion glisse du particulier au général, ou inversement, est toujours un passage difficile. […] Il est particulier au XIXe et démontre, dans le domaine des arts plastiques, comme dans celui des idées, une forte propension à la laideur conventionnelle, considérée comme un joli et un mesuré. […] La poursuite passionnée d’un problème local, ou particulier, l’arrache à toute autre considération.
Or, on ne saurait le nier sans aveuglement, ce qui frappe d’abord dans les plus belles pages de Maturin, c’est une sorte d’exubérance fastueuse, particulière à son pays ; car l’Irlande est dans la Grande-Bretagne la même chose à peu près que la Provence pour nous. […] Ce caractère, particulier à l’imagination et à la poésie irlandaise, et qui rappelle assez bien la grandeur efféminée des poèmes persans, a reçu le surnom ironique de luxe. […] Pour ceux qui connaissent et qui apprécient le mérite particulier qui les distingue, la chose est toute simple. […] Bulwer eût cherché à Paris l’équivalent de Henry Pelham, malgré la sagacité particulière qui le distingue, il eût bientôt renoncé à son projet. […] Ces reproches, que nous croyons sérieux, s’expliquent par une disposition particulière à l’esprit de Sainte-Beuve.
Il déployait une verve extraordinaire, passant du pathétique au sarcasme, de l’enthousiasme à l’ironie, entremêlant ses considérations esthétiques de grotesques calembours, mais exerçant sur ceux qui l’écoutaient une fascination particulière. […] Son catholicisme, à vrai dire, était d’une essence particulière. […] Puis, à mesure que vous fixez la toile, vous vous sentez envahi par un trouble particulier, et, peu à peu, attaché, captivé, par la ressemblance morale de ces portraits, dont les originaux vous sont inconnus. […] Peu à peu, il le chargea de la direction de toute la besogne : distribution du travail, révision des manuscrits, recherches particulières. […] S’il se fût nourri de Feuillet, de George Sand, de Balzac, peut-être ses productions n’auraient-elles pas cette saveur particulière qui les distingue de toutes les autres.
S’ils valent quelque chose, c’est uniquement par les épisodes particuliers dont ils sont formés. […] Un critique prétendu européen n’arrivera jamais qu’à porter, sur les œuvres particulières des écrivains étrangers à son pays, des jugements sans finesse, à la fois outrés et incomplets. […] Guiches n’avait eu son dessein particulier, — qu’on démêle peut-être plus qu’on ne le voit. […] Elles sont intéressantes et particulières. […] Mais les applications particulières qu’il en a faites au théâtre, et le ton, et l’accent, tout cela lui appartient bien en propre.
A défaut de la beauté qui lui manque, on nous propose une autre raison de prendre à cette poésie du moyen âge un intérêt particulier. […] Ou plutôt, comme le monstre, ce qui est en dehors des règles a des droits tout particuliers à la sympathie, c’est-à-dire à l’estime de l’historien de la littérature. […] Et, en effet, au civil, dans les contestations qui s’élèvent entre particuliers, c’est autre chose ; mais pour d’autres raisons, c’est bien pis ! […] Mais les faits de la cause, toujours particuliers, sont toujours petits, et toujours ou presque toujours indifférents en soi. […] S’il n’en exprime en effet qu’un ou deux, les plus particuliers et les plus superficiels, son œuvre, superficielle et particulière comme eux, ne manquera-t-elle pas de compréhension, de signification, de portée historique ?
Ce temps très particulier a beaucoup inspiré Molière et il en a été un des représentants les plus exacts et il s’est infiniment complu à lui plaire. […] Ce personnage était de tradition dans la comédie italienne ; mais celui du Dépit amoureux est original ; il a son trait particulier. […] Pour qu’il fasse de pareilles fautes contre l’art, il faut que Molière ait pour les servantes une dévotion toute particulière qui aurait dû lui faire trouver grâce auprès de Jean-Jacques Rousseau. […] « L’hérétique, disait Bossuet, est celui qui a une opinion particulière », autrement dit l’hérétique est l’homme qui pense. […] Il veut goûter un genre particulier de succès, qui est le succès direct, de plein contact et impromptu.
Rigal (Le Théâtre français avant la période classique, excellent livre de solide érudition) fait remarquer que « quelques détails de costume distinguaient les rôles les plus particuliers. […] Dans la Sophonisbe de Mairet, Massinissa reconnaît un Romain à son costume, c’est-à-dire, évidemment, à quelque détail particulier de son costume. […] Seulement, il n’avait pas beaucoup de talent, de ce talent particulier qui empêche une chose bien faite de vieillir, de se rider, de se faner et qui lui met un lustre éternel. […] Il est probable qu’il vécut à Paris de leçons particulières, rimant, à ses loisirs, et glissant quelques articles dans les journaux ; du reste, ne rêvant que théâtre et de marcher sur les traces de Collin d’Harleville jusqu’à les effacer. […] ces genres très particuliers, assez contestables, mais qui ont été très goûtés, c’est la comédie dramatique et la comédie historique.
Francis Chevassu appelait à ses débuts « Mademoiselle Renan » — ne nous permet pas de la concevoir, cette logique, comme particulière à un sexe : c’est plus romantique que féminin. […] Quoi de plus simple que de faire intervenir la race comme Bossuet faisait intervenir Dieu, dans des occasions particulières qu’il serait plus fructueux et plus juste de relier à une autre chaîne ? […] Et l’on est bien frappé, surtout, par ses détails précis, particuliers, localisateurs. […] Cette forme du et de mouvement, employée déjà par Chateaubriand, a été traitée par Flaubert avec une maîtrise particulière, mais, tournée après lui en procédé, a été usée jusqu’à la corde par ses imitateurs. […] Elles constituent aujourd’hui un cas assez fréquent pour qu’il soit temps d’en faire la psychologie particulière.
C’est un petit monde en soi, où tout est régi par une constitution particulière, bien loin d’être abandonné à l’anarchie. […] Ses comédies ont bien chacune un dessein particulier ; sans quoi elles manqueraient de consistance26 et se ressembleraient toutes. […] Au genre prosaïque appartient la comédie vulgaire, celle qui est fondée sur la connaissance particulière des mœurs d’une société et sur la science générale de l’homme.
Mais souvent des particuliers même ont puni de mort des citoyens séditieux. […] Qu’y a-t-il de plus admirable que de voir un seul homme, ou du moins quelques hommes, se faire une puissance particulière d’une faculté naturelle à tous ! […] « Tant que la vie de Crassus avait été occupée dans les travaux du forum, il était distingué par les services qu’il rendait aux particuliers et par la supériorité de son génie, et non pas encore par les avantages et les honneurs attachés aux grandes places ; et l’année qui suivit son consulat, lorsque, d’un consentement universel, il allait jouir du premier crédit dans le gouvernement de l’État, la mort lui ravit tout à coup le fruit du passé et l’espérance de l’avenir !
Je jouissais de vous en mon particulier comme d’une découverte. […] « Décembre 1829. » XVI Il est aisé de voir que l’homme qui, dès ce temps-là, écrivait ainsi la prose, ne serait pas seulement un poète, mais un prosateur tout particulier. […] Le grand nombre de lettres particulières d’inconnus, que je reçois tous les jours, me font assez bien augurer pour l’avenir de cette publication… « Je suis enfin au lieu du repos ; les élections l’ont un moment troublé ; mais elles sont partout comme ici, si prononcées dans un sens hostile qu’il n’y a plus rien à faire qu’à s’envelopper de son manteau et à attendre les événements.
Un élégant jeune homme ayant un peu de raideur dans les bras, et les mouvements de corps, à la fois mécaniques et fiévreux d’une personne attaquée d’un commencement de maladie de la moelle épinière, et avec cela d’excellentes façons, une politesse exquise, une douceur de manières toute particulière. […] que de prédispositions et de motifs et de raisons elle trouvait en elle pour se dévorer et saigner en dedans : d’abord le repoussement par moments d’idées religieuses avec les terreurs d’un enfer de feu et de soufre ; puis la jalousie, cette jalousie toute particulière qui, à propos de tout et de tous, empoisonnait sa vie ; puis, puis… puis le dégoût que les hommes, au bout de quelque temps, lui témoignaient brutalement pour sa laideur, et qui la poussait de plus en plus à la boisson, l’amenait un jour à faire une fausse couche en tombant ivre-morte sur le parquet. […] Mais nous, nous trois, avec quatre ou cinq autres, nous sommes des malades… des décadents… non, plutôt des primitifs, non, encore non, mais des particuliers bizarres, indéfinis, exaltés.
Je sais bien qu’il faut les regarder sur le plan de l’art, mais il m’est difficile, pour mon plaisir particulier, de séparer entièrement l’œuvre d’art de l’objet qu’elle représente. […] C’est encore ce qu’elle resta en se faisant journaliste, courriériste parisien, et ses Lettres parisiennes en gardent un parfum particulier. […] Magne, ne conteste sans doute le mérite particulier de ces deux poètes.
Au contraire, le mécanisme démêle au sein du fait particulier un certain nombre de lois dont celui-ci constituerait, en quelque sorte, le point d’intersection ; c’est la loi qui deviendrait, dans cette hypothèse, la réalité fondamentale. — Que si, maintenant, on cherchait pourquoi les uns attribuent au fait et les autres à la loi une réalité supérieure, on trouverait, croyons-nous, que le mécanisme et le dynamisme prennent le mot simplicité dans deux sens très différents. […] Que si, au contraire, il prend ces états psychologiques avec la coloration particulière qu’ils revêtent chez une personne déterminée et qui leur vient à chacun du reflet de tous les autres, alors point n’est besoin d’associer plusieurs faits de conscience pour reconstituer la personne : elle est tout entière dans un seul d’entre eux, pourvu qu’on sache le choisir. […] Car l’action accomplie n’exprime plus alors telle idée superficielle, presque extérieure à nous, distincte et facile à exprimer : elle répond à l’ensemble de nos sentiments, de nos pensées et de nos aspirations les plus intimes, à cette conception particulière de la vie qui est l’équivalent de toute notre expérience passée, bref, à notre idée personnelle du bonheur et de l’honneur.
De ces trois conditions, si l’art néglige les deux premières, et qu’il ne se préoccupe que de rendre la vérité générale du type, il n’enfantera que des œuvres d’une beauté, si l’on veut, accomplie, mais froide, mais inanimée, « qui sera comme l’eau pure et qui n’aura pas de saveur particulière » : ainsi les Martyrs de Chateaubriand, Eudore et Cymodocée. […] Il faut au moins signaler à l’attention toute particulière du lecteur cinq ou six pages, parmi beaucoup d’autres, d’une « envolée » surprenante, comme dirait M. […] Ce n’est donc point hasard, si, pour étudier cette forme particulière du naturalisme dans le roman, nous choisissons et rapprochons ici les noms de M. […] Ramasser la réalité d’abord et la mettre au point précis de perspective qu’exige l’optique particulière de chaque art. […] Oublions chacun ici nos préférences particulières.
(Du reste, l’idée du caractère sacré des lieux hauts n’est nullement particulière aux Gaulois, comme en témoignent le Sinaï et le Thabor, Delphes et l’Acropole.) […] Sans parler de Stendhal, dont le cas est trop particulier pour entrer ici en ligne de compte, Adolphe ne soulève certes pas le même grief ; et pourtant l’action en est au moins aussi sobre et le style aussi abstrait. […] Ces dieux de l’Olympe avaient pour lui une existence réelle, mais ils n’étaient que des divinités secondaires, des formes particulières du Dieu éternel : il conciliait ainsi le monothéisme et le polythéisme. […] Louis Bertrand, qui ne nie pas la propension persécutrice d’Augustin, et s’efforce seulement de l’excuser ou de l’atténuer, discerne-t-il là dedans une douceur particulière ? […] Il a de tout temps professé pour les Turcs une sympathie particulière, et l’on pense bien qu’il n’allait pas choisir pour la lui retirer l’instant où ce peuple est abattu par le sort.
. — Rien d’étrange si les caractères généraux ont, comme les faits particuliers, des antécédents, des compagnons ou des conséquents. — La difficulté est d’isoler les caractères généraux. — Deux artifices de méthode pour tourner la difficulté. — Deux sortes de lois. […] Il n’est pas plus étrange de trouver des compagnons, des précurseurs et des successeurs à un caractère général, que d’en trouver à un individu particulier ou à un événement momentané. […] Car comment observer à part un caractère qui, étant un extrait, ne se rencontre et ne peut se rencontrer que dans un cas ou individu particulier, c’est-à-dire dans une compagnie d’autres caractères ? […] Effectuons cette abstraction, et, pour cela, supprimons l’emplacement particulier d’un fragment de la ligne, en le retirant de l’endroit où il est, de la fin par exemple, pour le transporter ailleurs, par exemple au commencement, et pour le superposer en ce point à la ligne totale.
Et dans ma pensée, je rapprochais ces deux premières, de l’avis de tout le monde exceptionnelles et particulières aux Goncourt, de la première d’Henriette Maréchal, où on aurait voulu nous déchirer mon frère et moi. […] Un dîner un peu rêveur… puis l’impression toute particulière de la descente à pied, et qui a quelque chose d’une tête qu’on piquerait dans l’infini, l’impression de la descente sur ces échelons à jour dans la nuit, avec des semblants de plongeons, çà et là, dans l’espace illimité, et où il vous semble qu’on est une fourmi, descendant le long des cordages d’un vaisseau de ligne, dont les cordages seraient de fer. […] Un type particulier, ce paysan d’une race supérieure, d’une race aristocratique, chez laquelle le travail des champs, sous le beau ciel du Midi, prend une idéalité qu’il n’a jamais eue dans le Nord. […] Il ajoute qu’il est menteur, menteur, qu’il a une très moyenne intelligence, mais une volonté enragée, avec le talent, un talent tout particulier de parler à la corde sensible des gens auxquels il s’adresse, et qu’il a très souvent la bonne fortune des mots qui enlèvent, enfin qu’il est un allumeur de foules.
la Poésie est le résultat tout particulier de sensations, d’impressions, de mouvements d’âme, c’est donc du convenu ; est-ce l’élévation des idées qui fait la Poésie ? […] La centralisation tue le génie particulier, caractéristique. […] — Atteindre au plus de Beauté expressive possible, par le moyen lyrique, subordonnant le cadre aux exigences imprévues de l’image, et rechercher assidûment la surprise de style comme dans la libre prose avec, de plus, le souci d’un rythme particulier qui doit déterminer le caractère poétique déjà établi par le ton ou pour mieux dire le diapason élevé du langage… en somme, tout poème doit inclure d’abord l’idée, puis le rythme, ensuite l’harmonie de la cadence, la musique des mots, la magie de la forme. […] Que si l’on est étonné, après telle surprise de style, si bien en rapport avec la très particulière syntaxe de Mme Krysinska, on recommence la lecture de ces vers… on ne comprendra peut-être pas davantage, mais on aura le malin plaisir d’avoir vaincu la surprise, l’étonnement, au prix d’un exercice après tout pas plus ennuyeux qu’un autre.
Fontanes sentit le coup, et dans la séance de clôture du 31 décembre 1808, c’est-à-dire quinze Jours après l’offense, au nom du Corps blessé, répondant aux orateurs du Gouvernement, et n’épargnant pas les félicitations sur les trophées du vainqueur de l’Èbre, il ajouta : « Mais les paroles dont l’Empereur accompagne l’envoi de ses trophées méritent une attention particulière : il fait participer à cet honneur les Collèges électoraux. […] Le côté particulier de la question va vite s’agrandir en même temps que se creuser sous son coup d’œil. […] Non pas toutefois qu’il fût sans rapports directs avec le pavillon Marsan même, et sans affection particulière pour les personnes ; mais il n’eût contribué qu’à modérer. […] Dans la clarté vive, mais pure, des premières Méditations, se serait doucement détachée et fondue à demi cette teinte poétique particulière qui distingue le talent de M. de Fontanes, et qui en fait quelque chose de nouveau par le sentiment en même temps que d’ancien par le ton. […] Lorsque cet ouvrage, bien fait et écrit dans une bonne direction, aura paru, personne n’aura la volonté et la patience d’en faire un autre, surtout quand, loin d’être encouragé par la police, on sera découragé par elle. — L’opinion exprimée par le ministre, et qui, si elle était suivie, abandonnerait un tel travail à l’industrie particulière et aux spéculations de quelques libraires, n’est pas bonne et ne pourrait produire que des résultats fâcheux.
Décomposer les idées, noter leurs dépendances, former leur chaîne de telle façon qu’aucun anneau ne manque et que la chaîne entière soit accrochée à quelque axiome incontestable ou à un groupe d’expériences familières prendre plaisir à forger, attacher, multiplier, éprouver tous ces chaînons sans autre motif que le désir de les sentir toujours plus nombreux et plus sûrs, voilà le don particulier de l’esprit grec. […] Le temple grec n’est pas un lieu d’assemblée, mais l’habitation particulière d’un dieu, un reliquaire pour son effigie, l’ostensoir de marbre qui enferme une statue unique. […] Si, quand on est mort, il n’y a plus de sensation, et si l’on est comme en un sommeil ou l’on n’a pas même de songes, alors mourir est un merveilleux avantage ; car, à mon avis, si quelqu’un choisissait parmi ses nuits une nuit pareille, une nuit où il a été si fort assoupi qu’il n’a pas eu un songe, et mettait en regard les autres jours et les autres nuits de sa vie pour chercher combien, parmi ces heures-là, il en a eu de meilleures et de plus douces, il n’aurait pas de peine à faire le compte, et je parle ici, non pas » seulement d’un particulier, mais du grand roi. […] Ils ont apporté avec eux un type de musique particulier, le mode dorien, le seul peut-être dont l’origine soit purement grecque47. […] C’est ce genre particulier d’émotions et de croyance qu’il faut se représenter lorsqu’on veut pénétrer un peu avant dans l’âme et dans le génie de Polyclète, d’Agoracrite ou de Phidias.
Mais Balzac avait une conception particulière du roman. […] On est alors obligé de constater que les opinions républicaines, démocratiques — parlementaires, si l’on veut — d’Alphonse Daudet ont coloré son œuvre, lui ont communiqué une tonalité, un timbre particulier ; de même que l’opinion inverse communique une tonalité, un timbre particulier aux œuvres de la génération actuelle. […] Technique inverse à celle de la plupart de nos écrivains actuels, qui appliquent à tout, indifféremment, le particulier et le général, des développements et des épithètes rares. […] C’est — comme la couleur chez les peintres — une qualité de la vision, la révélation de l’univers particulier que chacun de nous voit, et que ne voient pas les autres. […] Proust se dirige toujours du particulier au général (ici, je demanderai à M.
De là cette construction, si particulière, et qui paraît avoir déconcerté Sainte-Beuve. […] Entendez par là que ces créations demeurent comme des témoignages d’un état particulier des esprits et des cœurs, qui correspondait à des mœurs aujourd’hui profondément modifiées. […] Ses romans sont des études de sociologie nettement, systématiquement scientifiques, et ce sont des romans, avec toutes les qualités particulières de cet art de conter dont il a toujours respecté les règles. […] En comprenant le rôle particulier que cette province joue dans la synergie française. […] De quel accent il évoque le lac savoisien que Lamartine a chanté, mais sans en dégager la physionomie particulière, les aspects individuels.
Ce fut une fière nature, à l’énergie indomptable, aux passions de flamme, d’un amour-propre ardent, qui put bien s’épurer, mais non pas s’éteindre par la foi, d’une personnalité impérieuse, qui le fit intraitable à se conserver l’honneur de ses recherches scientifiques, et qui l’amena dans sa pénitence à exiger instamment de Jésus qu’il lui eût donné sur la croix une pensée, une goutte de son sang, personnellement, à lui Pascal, pour sa rédemption particulière : nature tourmentée et superbe, qu’aigrit encore et troubla la maladie, intelligence puissante, étendue en tous sens et comme en toutes dimensions, un des plus beaux et plus forts esprits d’homme qu’il y ait jamais eu. […] D’abord la casuistique semble y être enveloppée dans la condamnation des casuistes : c’est en méconnaître l’innocence, la légitimité, la nécessité ; la casuistique est l’art d’appliquer les principes de la science morale, elle est nécessaire toutes les fois qu’il s’agit de passer de la théorie à la pratique, de la loi universelle aux cas particuliers : dans tous les conflits de devoirs, et dans les situations complexes, elle seule éclaire l’homme.
Chacun des arts, peinture, musique et littérature ne saisissent qu’un mode particulier de la vie, c’est pourquoi chaque forme essaie de s’élargir aux domaines particuliers des autres arts comme la poésie étend le domaine de la littérature à celui de la musique.
Enfin, il y aurait lieu, si l’espace nous le permettait, d’examiner l’hypothèse de faits historiques réels, hypothèse de plus en plus vraisemblable, d’après les recherches récentes, et suivant laquelle des templistes d’une espèce particulière, de véritables chevaliers du Gral, auraient existé en Europe. […] Néanmoins, le seul fait d’avoir joué exactement ce que Wagner voulait est un titre incomparable de gloire pour un artiste, et les noms de Mmes Materna et Malten, de Schnorr, Gudchus, Scaria et de tant d’autres deviendront plus célèbres, par le seul fait que ceux qui les portaient ont préféré obéir à un maître, que ceux qui essayent de se donner un renom particulier, et suivant l’ignoble argot du cabotinage, de tirer à eux la couverture.
Après avoir justifié mes motifs aux yeux du Public, serai-je donc obligé de faire mon apologie vis-à-vis de chaque particulier ? […] Vous jugerez sans doute qu’il a fallu la croire bien bonne, cette Académie, pour compter assez sur son zele à épouser, à titre d’intérêt général, quelques intérêts particuliers.
un pont à son pantalon, un homme qui a un pont à son pantalon, vous concevez… sa femme, une intelligente femme au fond, est colletée jusqu’à la pomme d’Adam, avec sur la tête des couvre-chefs singuliers… elle fait faire ses robes à Maremmes, c’est tout vous dire… Ils allaient, dans le temps, aux soirées de Louis-Philippe, en omnibus, en compagnie de deux beaux-frères qui étaient des officiers de la garde nationale… vous les voyez tous les quatre, les beaux-frères avec leurs oursons, se faisant descendre devant le château, et sortant toujours des Tuileries, de façon à ne pas manquer l’omnibus de onze heures… Il a été un moment orléaniste, puis cela lui a passé, il est devenu républicain… Oui, il va à la messe, à la messe de cinq heures du matin, avec un livre de messe particulier, où il y a des prières de je ne sais plus qui… enfin c’est un janséniste… Il n’est pas bon, oh ! […] Que vous dire, il a vu Talma, et il s’est arrêté à Talma… Il se couche à huit heures… Son livre de messe particulier et Tacite, voilà tout ce qu’il lit… Vous savez qu’il a 79 ans ?
Il y a de l’anarchie de cabinet particulier, du réalisme d’hôtel meublé, de la philosophie de loge de comédienne. […] Mlle Nicolette Hennique a une vision très particulière de la mythologie, elle ne s’embarrasse guère ni des noms, ni des rites, — elle n’hésite guère devant le néologisme ou l’archaïsme et pourtant elle a su créer des poèmes étranges, agaçants d’abord, mais dont on ne saurait nier le charme.
Lorsque les Français avaient fait sauter, par le moyen de la poudre, quelques édifices publics ou une maison particulière, les Espagnols, retranchés dans la maison voisine, travaillaient aussitôt à percer les murailles pour tirer des coups de fusil aux Français.
Sully, qui aime assez peu ces deux personnages (car il aime peu de gens), et qui leur garde un fonds de rancune de royaliste contre ligueur, les soupçonne à tort et injustement en une circonstance particulière.
Si l’on y gagne de connaître un peu mieux le personnage par des détails particuliers, on y perd en ne pouvant le plus souvent exprimer ce qu’on sent avec une entière netteté et franchise.
Dans cette atmosphère imprégnée de vin et de tabac où il vivait et qu’il portait avec lui, il avait acquis (ce qui est désagréable à dire, mais ce qui était encore plus odieux à éprouver) une odeur particulière, sui generis, qui le rendait insupportable, inabordable en certaines saisons.
. — « Tôt ou tard on ne jouit que des âmes. » Le commencement de la lettre se rapporte à des affaires de l’Ordre, au choix que venait de faire le Chapitre provincial d’un successeur du Père Lacordaire et à d’autres points particuliers ; mais voici le côté aimable, et qui me rappelle, je ne sais trop comment, de jolies lettres de Pline le Jeune : « Quant à vous, mon bien cher qui montez à cheval dans la forêt de Compiègne avec l’habit religieux et qui le trouvez tout simple, je n’ai rien à vous dire.
Les vers d’un auteur qui se présente pour la première fois au public devraient être servis à plus petite dose, pour qu’on les puisse déguster et qu’on en saisisse à loisir la saveur particulière.
Chez le poëte le moins enclin à une intervention fréquente, la délicatesse même engendre des susceptibilités particulières, impossibles à prévoir, des facilités de piqûre et de douleur pour un mot, pour un oubli, pour un silence.
Dans la conversation même, il s’animait très-vite ; l’intérêt des idées qu’elle faisait naître le rendait complètement à son état naturel, et jamais son entretien n’était sans quelques-uns de ces traits amusants, inattendus, qui lui étaient particuliers.
La philosophie, c’est-à-dire, la connaissance des causes et de leurs effets, porte l’admiration des penseurs sur l’ensemble du grand ouvrage de la création ; mais chaque fait particulier reçoit une explication simple.
tant d’hommes n’admettaient aucune idée générale avant de l’avoir comparée avec leurs actions et leurs intérêts particuliers !
Il ne faut qu’ouvrir l’histoire, pour connaître la difficulté de maintenir les succès de l’ambition ; ils ont pour ennemis la majorité des intérêts particuliers, qui tous demandent un nouveau tirage, n’ayant point eu de lots dans le résultat actuel du sort.
Grâce à des séries de remplacements superposés, nous pouvons nommer et partant penser certaines propriétés abstraites particulières aux groupes, propriétés que la limitation naturelle de notre imagination et de notre mémoire semblait nous empêcher pour toujours de penser, c’est-à-dire de nommer.
Ils aimaient les gaudrioles, faisaient des mascarades, vidaient des quartauts, mangeaient des grillades, et n’avaient pas des moeurs exemplaires. « Les communautés d’arts et métiers, dit l’honnête Baugier quelque vingt ans après La Fontaine, « faisaient des emprunts dont la meilleure partie passait en buvettes,7 » et les particuliers allaient du même train.
Brunetière, n’a l’expérience directe que d’un petit nombre de faits ; mais chacun de nous, par compensation, a cette faculté de discerner, je ne dirai pas tout à fait le vrai d’avec le faux, mais le particulier d’avec le général et l’exception d’avec l’universalité. » De lointaines analogies, de secrètes affinités nous permettent de comprendre ce que nous n’avons jamais senti ; il s’agit de conclure du petit au grand.
Or le sens exquis de la vie ne va pas sans l’amour de la vie, sans la capacité de jouir des formes particulières de la vie.
Et il ne serait peut-être pas exagéré de penser que le sens de l’auteur est tout de même, un sens privilégie, auquel je puis donner une attention particulière.
Un artiste ne jouit que des formes et ne considère les hommes et les choses que sous un angle particulier ; le curieux les saisit tour à tour sous tous leurs aspects.
Vous vous rappelez les propos mélancoliques de Fantasio sur un monsieur qui passe : « … Je suis sûr que cet homme-là a dans la tête un millier d’idées qui me sont absolument étrangères ; son essence lui est particulière.
On peut même prétendre que Verlaine est le seul Français ayant dans ses vers cette intimité profonde et émouvante que l’Allemand considère comme le signe particulier du lyrisme, comme elle se retrouve, par exemple, dans les chansons populaires ou les poésies lyriques de pur sentiment de Goethe.
En France elle allait exciter l’enthousiasme de la cour et de la ville, et jouir de la faveur particulière de Marie de Médicis et de Henri IV.
Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.
Il faut tous les admettre Si chaque homme et, en tous cas, l’artiste qui par définition est un être différencié se fait une représentation particulière de l’univers, à chaque représentation personnelle doit correspondre nécessairement une traduction, c’est-à-dire un art personnel.
L’individualisme uniciste revêt d’ailleurs autant d’aspects particuliers qu’il y a de modes possibles de différenciation pour les individus. — Un homme ne peut voir le monde, un homme ne peut penser exactement comme un autre homme ; de là un individualisme intellectuel. — Un homme ne peut sentir exactement comme un autre ; de là un individualisme sentimental. — Un homme ne peut avoir exactement les mêmes raisons d’agir qu’un autre ; de là un individualisme moral. — Un homme ne peut avoir exactement la même manière de sentir la beauté qu’un autre ; de là un individualisme esthétique. — Un homme ne peut avoir exactement les mêmes intérêts qu’un autre ; de là un individualisme économique. — Un homme ne peut avoir exactement la même puissance, ni par conséquent le même droit qu’un autre ; de là un individualisme juridique ou antijuridique, comme on voudra. — Ainsi dans les différents ordres de pensée et d’activité, l’individualisme uniciste nie tout idéal collectif : idéal intellectuel, sentimental, moral, esthétique, économique, juridique, politique.
Comme elles aperçoivent en dedans un monde supérieur plus grand, plus beau, plus varié ; comme elles ont peuplé leur conscience des souvenirs d’une vie imaginaire ; comme elles comparent incessamment le spectacle de leurs journées au spectacle de leurs rêveries, le dédain et l’impertinence ne sont chez elles qu’une forme particulière de la douleur.
J’ai les yeux assez grands ; je ne les ai ni bleus ni bruns ; mais, entre ces deux couleurs, ils en ont une agréable et particulière ; je ne les ouvre jamais tout entiers, et quoique, dans cette manière de les tenir un peu fermés, il n’y ait aucune affectation, il est pourtant vrai que ce m’est un charme qui me rend le regard le plus doux et le plus tendre du monde.
Mais le récit de M. de Fezensac, en devenant un peu moins particulier, ne perd pas pour cela en intérêt.
Il est bon que la leçon de dignité et de sagesse soit donnée par le particulier au gouvernement, par celui qui est persécuté à celui qui persécute.
Il y aurait maintenant à examiner quelles sont les conditions particulières de structure indiquées comme caractéristiques du développement intellectuel.
Ce qu’il y a de particulier et de surprenant en cette matière, c’est que la poésie corrige la crainte par la crainte, et la pitié par la pitié ; chose d’autant plus agréable que le cœur humain aime ses sentiments et ses faiblesses.
Nous ne sommes pas aussi riches sur l’Espagne que sur l’Italie ; mais au défaut d’un bon ouvrage particulier sur ce pays, on peut lire le Voyage de France, d’Espagne, de Portugal & d’Italie, par Mr.
C’est qu’ils étaient placés dans des lieux écartés, et que l’horreur d’une forêt environnante, se joignant au sombre des idées superstitieuses, remuait l’âme d’une sensation particulière.
Ce fut pis, parce que les enfants, incapables d’avoir assez lu Montaigne et Molière et de les avoir assez lus en critiques pour avoir des idées personnelles, des idées bien à eux sur le tour d’esprit particulier de Molière et de Montaigne, ne mettaient dans leurs devoirs que des lambeaux, quelquefois un peu démarqués, de Sainte-Beuve, de Brunetière, de Lintilhac.
Pour ceux donc qui lurent la traduction que M. l’abbé Cazalès en donna, il y a quelques années, et qui en furent émus, cette émotion de la première lecture sera certainement ravivée dans toute sa profondeur à la seconde ; mais les récits nouveaux qu’on nous donné, quoique très curieux souvent, très beaux toujours et partout marqués du caractère particulier et distinctif de ce que j’ai osé appeler le talent de la sainte Mystique, n’ajouteront rien à cette émotion ravivée et à la connaissance qu’on avait déjà de ce talent, qui, ne le fût-il pas d’une autre manière, par l’intensité seule de sa touche, serait encore surnaturel !
Nous avons voulu nous expliquer cette puissance d’un esprit si particulier, souillé par une détestable philosophie au plus profond de sa source, qui n’a ni la naïveté dans le sentiment, ni l’élévation souveraine, car pour être élevé il faut croire à Dieu et au Ciel, ni aucune de ces qualités qui rendent les grands esprits irrésistibles.
Nous avons voulu nous expliquer cette puissance d’un esprit si particulier, souillé par une détestable philosophie au plus profond de sa source, qui n’a ni la naïveté dans le sentiment, ni l’élévation souveraine (car, pour être élevé, il faut croire à Dieu et au ciel), ni aucune de ces qualités qui rendent les grands esprits irrésistibles.
Il faut lui supposer une conformation particulière de son être intime, pour qu’il puisse concilier le sentiment de sa faiblesse et celle de sa supériorité, la conscience de sa médiocrité et celle de sa prospérité.
Une thèse sur le symbolisme À ce fait qu’une thèse sur le symbolisme a été soutenue en Sorbonne, il serait naïf d’attribuer une importance particulière, et d’y voir une revanche, ou un signe des temps.
Cet éloge, où un particulier loue un prince avec lequel il a quelque temps vécu dans l’obscurité, pouvait être précieux ; le souvenir des études de leur jeunesse et cette heureuse époque où l’âme, encore neuve et presque sans passions, commence à s’ouvrir au plaisir de sentir et de connaître, devait répandre un intérêt doux sur cet ouvrage ; mais nous ne l’avons plus, et nous n’en pouvons juger ; nous savons seulement qu’il était écrit en grec.
Dira-t-on que les Romains ont reçu de Dieu un privilège particulier ?
Elle a sa figure propre, elle a son esprit particulier, qu’il est difficile de reconnaître. […] Mais elle est à part ; ses mœurs lui sont particulières et n’ont rien de commun avec les mœurs plus simples et plus stables de cette multitude humaine vouée à la tâche auguste et rude de gagner le pain de chaque jour. […] Ces dernières nous offrent cet intérêt particulier, qu’elles semblent avoir voulu exprimer l’inexprimable, dire l’ineffable, ce qui est précisément l’idéal de la poésie symbolique, le but de l’art nouveau et futur, à ce que j’ai pu comprendre en lisant M. […] Et je songeai : peut-être que la vie telle que nous la voyons et telle que nous la concevons ici-bas, la vie organique, celle des bêtes et des hommes, n’est qu’un accident tout à fait particulier à ce petit monde insignifiant que nous appelons la terre. […] Que Théodore de Banville ait inventé le comique particulier du rythme et de la rime, on l’a nié, et sans doute avec raison.
Elle est, par suite, très nerveuse, très capricieuse ; toutes ses résolutions particulières sont d’une extrême soudaineté ; sa volonté agit par « à-coups ». […] Mais je me souviens très bien que j’avais senti une grâce toute particulière dans les Petits Oiseaux ; que même, en les lisant, j’avais eu une légère et agréable surprise. […] On apporte alors, dans le boudoir de Valentine, une table toute servie et chargée du souper traditionnel des cabinets particuliers. […] Jean Jullien l’a écartée avec un scrupule tout particulier. […] Elle fait servir le dîner dans le cabinet de travail de son mari ; un dîner de cabinet particulier : bisque, écrevisses, champagne.
Dans le second, elle s’appuie sur une doctrine particulière et devient purement métaphysique. […] Elvire n’a rien de particulier, rien qui la marque ni la fasse vieillir, rien enfin de madame Charles. […] La règle première de ce régime est de se garder de ce que l’Église appelle les amitiés particulières. […] Il se garda des amitiés particulières. […] Renan éprouve une satisfaction particulière à édifier les dames.
Mais cette enquête a été circonscrite à un ordre particulier de recherches. […] Bien plus, est-il possible d’inférer des lois particulières les lois générales du développement de toutes les créations humaines ? […] Il résolut d’étudier à fond des cas particuliers de croissance littéraire, artistique ou politique. […] Mais il ne suffit pas de considérer isolément ces cas rares et particuliers. […] Mais il y apporte son humeur particulière et un langage qui n’appartient qu’à lui.
» (1836) Il écrit à quelqu’un, par forme de compliment sur quelque ouvrage : « Je n’ai jamais rien lu ni écrit de si délicieux. » XVIII La forme particulière de l’orgueil chez M. de Lamennaiss est celle-ci : Quand il lui vient pour la première fois une idée (papauté, souveraineté du peuple, etc.), à l’instant, il s’y attache comme au résultat le plus important, le plus fécond, et croit que le monde irait se perdant, s’il ne la communiquait immédiatement au monde. […] XXVI Le disciple est une espèce particulière en son genre. […] C’est souvent au moyen d’injustices particulières qu’elle va à son but, c’est sur des débris qu’elle se fonde. […] — « C’est le Boissy de l’Académie », disait l’autre jour M. de Noailles, en sortant d’une de ces séances particulières où Vigny, s’opiniâtrant sur une question incidente, sur une vétille, avait scié son monde.
qu’y a-t-il de particulier dans la structure et l’état de leur esprit ? Il faut bien que cet état soit particulier, puisque tout d’un coup et pendant soixante ans le drame pousse ici avec une merveilleuse abondance, et qu’au bout de ce temps il s’arrête sans que jamais aucun effort puisse le ranimer. Il faut bien que cette structure soit particulière, puisque entre tous les théâtres de l’antiquité et des temps modernes celui-ci se détache avec une forme distincte, et présente un style, une action, des personnages, une idée de la vie qu’on ne rencontre en aucun siècle et en aucun pays. Ce trait particulier est la libre et complète expansion de la nature.
Les Horaces et les Curiaces ne sont que des particuliers, de simples citoyens de deux petites villes ; mais la fortune de deux états est attachée à ces particuliers. […] Un roi, un simple particulier, un commerçant, un laboureur, ne doivent point parler du même ton ; mais ce n’est pas assez. […] La langue du musicien a, sur celle du poète, l’avantage qu’une langue universelle a sur un idiome particulier ; celui-ci ne parle que la langue de toutes les nations et de tous les siècles.
Quelquefois sa parole s’émeut et s’échauffe, mais c’est encore, si je puis dire, d’une chaleur tout intellectuelle Ce qui communique alors à son discours une vibration particulière, c’est le plaisir que donne à l’orateur quelque vérité fortement saisie et démontrée qu’il se sait gré d’avoir découverte et de nous rendre subitement évidente. […] Son premier contact avec les livres s’est opéré dans de certaines conditions, qui, si elles sont très particulières, peuvent en expliquer l’effet, et que, par suite, il peut être intéressant de connaître. […] Il ne veut pas savoir si la spéculation où l’engage son ami est parfaitement honnête : c’est qu’il n’est pas curieux ; c’est aussi que les responsabilités s’atténuent en se divisant ; c’est enfin qu’il y a, dans les affaires, une morale particulière qui n’est pas celle des stoïciens. […] C’est que, à peine l’acte par lequel il affirmait sa morale particulière était-il accompli, la morale universelle s’est vengée. […] Chez Marivaux, les nuances particulières de chaque état d’âme, puis les transitions d’un état d’âme à un autre sont marquées avec une minutie incroyable et comme par des étapes innombrables et extraordinairement rapprochées.
Ce qui frappe surtout dans Sapho, c’est l’observation de tous les instants, c’est le récit de mille faits qui sont rapportés avec un charme particulier, dans une langue irréprochable. […] sous la coupole ; un zut à faire évanouir la bonne Mme Aubernon, et je me serais sauvé sur le quai avec mon habit vert, quitte à être arrêté par un sergent de ville et reconduit au Jardin d’Acclimatation comme un kakatoës d’une espèce particulière ! […] Zola est non seulement un des meilleurs livres que ce maître ait écrits au point de vue du roman, mais qu’on y trouvera cette chaleur particulière que laisse tout ce qui a été peint d’après nature, senti et vécu, et que ne refroidissent ni les écoles nouvelles ni le temps écoulé. […] Elle mettait à vendre ses fleurs tant de sérieux, d’à-propos et de séduction naturelle, qu’il paraissait à chacun qu’en obtenant d’elle une fleur, il obtenait une faveur particulière. […] Les succès de Jules Verne, sans cesse renouvelés, ont cela de particulier qu’ils ne l’ont pas attaché à telle ou telle forme de roman.
Si l’on a une façon particulière d’entendre la critique des livres et de regarder le spectacle des choses, ce n’est point par des préfaces qu’on la révèle au public. […] En attendant cette consultation générale, voici le diagnostic particulier d’un mal qui est le principe de presque toutes nos tares, l’intarissable source de nos purulences, et qu’il appelle le mal artistique et littéraire. […] Zola fut toujours très vive, avait au contraire pour Guy de Maupassant qu’il appelait familièrement « un taureau triste », une particulière prédilection. […] M. de Vogüé consent à la politique, parce que sans doute il a une façon particulière de comprendre le rôle de la littérature. […] La religion sera éternelle, à condition qu’on ne s’attache pas trop aveuglément aux formes passagères et particulières de l’esprit religieux.
L’erreur particulière faict premièrement l’erreur publicque ; et, à son tour aprez, l’erreur publicque faict l’erreur particulière. […] Il est des hommes que le vice révolte trop fortement peutêtre, ils ne s’y feront jamais : toute leur vie ils éprouveront une profonde indignation à l’aspect de l’injustice ; les malheurs publics ou particuliers leur feront verser des larmes ; ils s’affligeront douloureusement sur la vertu qui souffre ; ils seront délicieusement attendris sur la vertu récompensée. […] Et pourquoi ce particulier aurait-il été incapable de bien administrer la cité ? […] « Vous n’êtes point un simple particulier, vous êtes un homme public ; vous ne vous appartenez point à vous seul. […] Ce clergé si respectable n’aurait pu en user ainsi sans violer les lois de la justice, sans détruire les principes de la bonne police, et sans donner à des haines particulières une influence incompatible avec la charité chrétienne et avec toute vertu sincère et charitable… » Cependant le fait est vrai.
Ces règles générales seront mieux éclaircies par des preuves puisées dans des exemples particuliers. » Particulariser la description par le choix des circonstances, c’est créer l’individualité même de cette description ; et Blair a raison d’ajouter que cette démonstration ne peut se faire que par des exemples. […] Il y a seulement des tempêtes, des ouragans, des levers de soleil, des nuits, des aurores déterminés et particuliers, qu’il faut présenter comme tels. […] Il s’agit de trouver des combinaisons de mots qui évoquent chez le lecteur l’objet lui-même tel que l’artiste l’a perçu avec ses sens à lui, avec son tempérament particulier. […] Il faut des personnages généraux, mais avec des détails particuliers. […] L’un instruit quelques particuliers, combat les sophistes, et meurt pour la vérité ; l’autre défend l’Etat, la liberté, les lois contre les conquérants du monde, et quitte enfin la terre, quand il n’y avoit plus de patrie à servir.
Ce que la poterie blanche qu’on en transporte a de particulier est qu’en été, l’eau s’y rafraîchit merveilleusement bien et fort vite par le moyen de la transpiration continuelle. […] Ils avaient sacrifié à un Moscovite, qui paraissait n’être qu’un simple marchand et n’avoir d’autres intérêts en Perse que ceux de son petit commerce particulier, les envoyés des compagnies de France et d’Angleterre, et cela sur des vues de politique que l’on a remarquées ; ils sacrifièrent par un semblable égard, le rang du Moscovite à l’envoyé des Lesqui, qui sont leurs tributaires, des montagnards à demi sauvages. […] Il y en a qu’on prend dans la garde-robe particulière du roi, et entre les habits qu’il a mis.
Un public particulier, et que je n’ai guère vu que là. […] 6 mai Penser qu’il n’y a jamais eu un paysagiste — et personne ne l’a remarqué — un paysagiste depuis le Poussin et Claude Lorrain jusqu’à ce triste Benouville, qui ait eu l’idée de rendre les deux plus frappants, les deux plus visibles caractères de cette campagne romaine ; la spécialité du bleu du ciel et le vert-de-gris particulier de la verdure du chêne-liège et de l’olivier. […] J’ai remarqué chez la princesse un goût de toilette, particulier : le goût du ton ; ses robes sont toujours des robes de coloriste.
La Science et la Religion Le 27 novembre de l’année qui vient de finir, j’ai eu l’honneur d’être reçu par Sa Sainteté le Pape Léon XIII en audience particulière. […] Incapable de nous fournir un commencement de réponse aux seules questions qui nous intéressent, ni la science en général, ni les sciences particulières, — physiques ou naturelles, philologiques ou historiques, — ne peuvent plus revendiquer, comme elles l’ont fait, depuis cent ans, le gouvernement de la vie présente. […] L’histoire générale et la pathologie mentale montrent que les peuples et les particuliers qui ont adopté les mystères et l’inspiration divine comme guides fondamentaux ne tardent pas à être précipités dans une ruine morale, intellectuelle et matérielle, irréparable. » On serait curieux, en vérité, de savoir qui sont ces « peuples » dont parle ici le savant chimiste !
C’était la première fois que j’essayais de m’expliquer avec moi-même, sur cet état particulier, où il me semblait être dédoublée. […] Je le connaissais fort peu, et une fois rendue à moi-même, je l’examinais avec beaucoup de curiosité, afin de découvrir ce qu’il avait de particulier, qui le rendait si admirable. […] D’autres religieuses s’étaient jointes au groupe et on visitait la cour des élèves, enfermée entre des constructions banales ; puis on pénétra dans le jardin particulier des sœurs. […] Tromper son mari ne me représentait rien de particulier, mais j’étais surprise au dernier point, d’apprendre que cette chose inconnue rendait les enfants malades. […] Décidément, la danse nous passionnait, nous chassions de race, et ma mère parlait déjà de nous faire donner des leçons particulières.
Il ne faut quelquefois qu’un homme accrédité pour entraîner tout un peuple ; peut-être que sur Homere Licurgue seul donna le ton à toute la Grece ; mais quand une fois l’opinion publique s’est formée d’après le jugement de quelques particuliers ; les particuliers à leur tour se laissent entraîner au public ; tout tentez qu’ils seroient d’abord de démentir l’opinion vulgaire, ils aiment mieux s’y accommoder, que de s’exposer aux contradictions ; ils font davantage ; ils tournent leur esprit à la justifier ; et ils ajoûtent au sentiment aveugle de la multitude, des raisons séduisantes qui affermissent le préjugé ; le grand nombre de ceux qui admirent Homere sans l’avoir lû, force un homme qui l’éxamine à parler comme eux. […] Entend-on par nature, tout ce qui existe, tous les objets, tous les caracteres particuliers des hommes, et leur diverse maniere de penser : si on l’entendoit ainsi, et que toute poësie fût bonne dès qu’elle imite un objet réel, on seroit autorisé par-là à peindre les objets les plus rebutans, les caracteres les plus froids et les plus bizarres. […] Je demande encore ce qu’on entend par le mot d’imitation ; est-ce une ressemblance entiere et scrupuleuse de l’objet particulier qu’on peint ? […] Il faut encore remarquer qu’il y a dans un ouvrage le dessein général, et le dessein particulier de chaque partie. Il faut donc juger de l’imitation générale par le dessein général, et des imitations particulieres, par les desseins particuliers.
A vrai dire, la philosophie de Bossuet, comme de tout ecclésiastique qui n’est pas en désaccord avec lui-même, c’est sa théologie : et la théologie de Bossuet, c’est la théologie catholique, sauf les deux ou trois opinions particulières au gallicanisme. […] La morale de Bourdaloue est très précise, très particulière, non pas seulement dans les préceptes, mais dans les observations aussi et les analyses : il présente au pêcheur toutes les nuances, toutes les formes, il lui donne toutes les sources et causes, tous les effets et dépendances de son péché : il ne lui laisse rien ignorer de ce qu’il est, afin de faire éclater devant sa conscience combien il est éloigné d’être ce qu’il doit être.
La grandeur des événements et des hommes, et la délicatesse relative des mœurs, lui ont imprimé un caractère particulier. […] Mais le mérite particulier de Froissart, le trait auquel s’est reconnu l’esprit français, c’est d’avoir peint des couleurs les plus vraies, ou plutôt des seules couleurs qui y convinssent, une époque caractéristique de la société française.
Toute cette guerre de citations, toute cette théologie, si claire à l’époque de la condamnation d’Arnauld, parce qu’on s’y intéressait, si obscure aujourd’hui, parce qu’on y est indifférent ; ces triomphes remportés sur l’odieux de quelques propositions particulières dont on rend responsable tout un corps ; quoi de plus étranger à nos idées, et qui puisse nous moins toucher ? […] Il n’est aucun de ces tours qui ne lui soit fourni par l’expérience de nos côtés faibles : l’un va à l’orgueil, l’autre au fonds d’honnêteté qui persiste dans les plus corrompus, ou au fonds de corruption qui sommeille chez les plus honnêtes gens ; tel autre à l’humeur particulière de l’homme ; aucun n’est de pur caprice.
Nous ne nous faisons pas d’illusions ; si l’on peut espérer qu’un jour les autres ouvrages de Richard Wagner deviendront populaires en France, il ne faut pas, à l’égard de celui-ci, former le même rêve ; l’Anneau du Niebelung est une composition d’un ordre particulier ; la légende interprétée ou, pour mieux dire, renouvelée par Richard Wagner est tellement imprégnée de l’esprit de la race à qui elle s’adresse, que, certainement, transportée devant d’autres spectateurs, elle perdrait la plus grande partie de son intérêt. […] On remarquera la place particulière de Parsifal à la fin de l’article.
Paris avait une certaine sensibilité particulière qu’on ne trouvait que chez lui, une façon de voir les choses, de concevoir la vie, de juger qui était sa marque ; il avait un ton plus délicat et plus vif qu’ailleurs, une élégance plus fine. […] Une masse de spectateurs, dans cet état particulier, est essentiellement malléable, si on a soin de ne pas la heurter de front brusquement.
Ceux-ci ne nous parlent que des Poëtes qui ont écrit dans un certain genre, ou qui n’ont paru que dans un pays particulier. […] Racine avoit un talent particulier pour ce genre, mais nous n’avons qu’une très-petite partie des Epigrammes, que son génie naturellement satyrique avoit produites.
Toutes les causes qu’il traite ont des singularités, & le talent particulier de l’auteur est de les présenter encore de la maniere la plus piquante. […] “Les réfléxions philosophiques, dit M. d’Alembert, sont l’ame & la substance de ce genre d’écrits ; tantôt on les entremêlera au récit avec art & briéveté ; tantôt elles seront rassemblées & développées dans des morceaux particuliers, où elles formeront comme des masses de lumiere qui serviront à éclairer le reste.
A voir alors comment tout s’enchaîne dans toute histoire particulière et dans l’histoire universelle, combien peu pèsent les forces morales des individus et des peuples eux-mêmes dans la balance des destinées humaines, combien l’influence des idées, des volontés, des vertus individuelles est faible sur la direction des masses et des foules livrées à leurs instincts, à leurs imaginations, à leurs passions aveugles ; comment ces passions elles-mêmes tiennent au sang, au sol, à la température, on se demande où est le rôle de la volonté, de l’intelligence, dans ce mouvement qui entraîne tout vers un dénouement le plus souvent contraire aux desseins des sages ou aux efforts des héros ; et l’on conclut, au nom de la science, à une philosophie de l’histoire qui ne compte plus ni avec la liberté ni avec la conscience des hommes. […] Fidèles à cette méthode, Montesquieu et Vico ont cherché les lois et les véritables causes des faits politiques, soit dans l’histoire particulière de tel peuple, soit dans l’histoire générale de l’humanité, sans se préoccuper des idées de perfectibilité et de progrès.
Le moment où les croisés s’abandonnent, où la cupidité particulière les gagne, où la soif du butin l’emporte chez la plupart, et où les honorables chefs ne peuvent les contenir, même par les plus rigoureux exemples, est signalé avec douleur par Villehardouin : Les convoiteux, dit-il, commencèrent à retenir les choses, et Notre-Seigneur commença à les en moins aimer qu’il n’avait fait.
On hésite toujours à se mettre en avant quand l’opinion de la foule ne nous a pas frayé le chemin : il faut même, pour cela, une espèce particulière de courage, ce que j’appelle le courage du jugement.
L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté.
Assez d’autres chercheront dans le journal de Dangeau tel ou tel fait particulier ; très peu de monde aura la patience de le lire d’un bout à l’autre comme on lit un livre.
Je voudrais, en vérité, qu’un des amis particuliers de M. du Camp, Théophile Gautier, par exemple, fût un jour et dans quelque temps de l’Académie, pour lui apprendre comment les choses se passent dans cette abominable maison qu’il se figure comme une caverne et un repaire de Burgraves.
Bossuet eut pour ami particulier durant toute sa vie, pour auxiliaire affectionné et constant dans toutes les questions de doctrine, de foi, de morale et de discipline de l’Église, un homme bien digne en tout de cette relation étroite et de cette intimité : l’abbé Fleury fut ce premier lieutenant modeste, ce véritable second de Bossuet et comme son abbé de Langeron.
Des mentions toutes particulières ont été accordées encore à deux pièces diversement remarquables : M.
Ce qu’il y a de particulier dans le cas présenté par M.
Destitué lui-même par le Directoire peu après le rappel de Brune, et remplacé par Rivaud qui lui apportait l’ordre de sortir de l’Italie : Je n’en tins aucun compte, dit-il, persuadé que le Directoire n’avait pas le droit de m’empêcher de vivre en simple particulier à Milan.
Les derniers écrits de M. de Laprade sont donc empreints d’une certaine hostilité générale contre le développement de la société moderne ; il y perce même desaccents d’un aigreur particulière encore plus marquée.
Biot n’était pas moins opposé, dans l’histoire particulière des savants, à ce qui les fait trop connaître par les côtés singuliers et intimes de leur nature.
La haine nationale est une haine particulière.
Plus tard, d’ans l’admirable sermon pour le jour de sainte Madeleine, prêché par Massillon, ce maître des cœurs, il y aura quelques traits, quelques intentions qui, de loin, rappelleront ce même motif : c’est quand la pécheresse qui chez Massillon est aussi une femme de qualité, après avoir entendu Jésus une première fois, déjà touchée et à demi pénitente, se dit en elle-même : « Ses regards tendres et divins m’ont mille fois démêlée dans la foule… Il a eu sur moi des attentions particulières ; il n’a, ce me semble, parlé que pour moi seule… » Et la voilà déjà à demi gagnée ; sa coquetterie même sert à sa conversion.
La situation particulière est construite tout exprès, et sur une base bien fragile.
Tout cela revient à dire que la disposition particulière des esprits et le moment précis de culture littéraire qui favorisaient et réclamaient les traductions en vers sont passés et ont fait place à une autre manière de voir, à un autre âge ; et ici, comme dans des ordres d’idées bien plus considérables et bien autrement importants, il n’est que vrai d’appliquer ce mot d’un ancien sage que je trouve heureusement cité, à savoir qu’on ne retourne jamais au même point et que le cours universel du monde ressemble à « un fleuve immense où il n’est pas donné à l’homme d’entrer deux fois. » Les choses allant de la sorte, on doit savoir d’autant plus de gré aux esprits non pas attardés, mais foncièrement religieux à l’art ou obstinément délicats, qui n’ont pas perdu la pensée, même devant un public si refroidi, de lutter de couleur, de relief et de sentiment avec de désespérants modèles.
Tous les intérêts particuliers se trouvant blessés au vif en même temps que le sentiment national, la France ne compta plus dès lors un seul partisan sincère en Allemagne, et il ne lui resta que ceux dont des avantages individuels achetaient la complaisance, ou dont l’esprit était subjugué par la crainte.
Mais les relations particulières se suivirent.
Je crains qu’on ne m’accuse d’avoir parlé trop souvent, dans le cours de cet ouvrage, du suicide comme d’un acte digne de louanges ; je ne l’ai point examiné sous le rapport toujours respectable des principes religieux, mais politiquement, je crois que les républiques ne peuvent se passer du sentiment qui portait les Anciens à se donner la mort ; et dans les situations particulières, les âmes passionnées qui s’abandonnent à leur nature, ont besoin d’envisager cette ressource pour ne pas se dépraver dans le malheur, et plus encore, peut-être, au milieu des efforts qu’elles tentent pour l’éviter.
Il y a cependant quelques nuances générales qui, sans application, particulières la révolution de France, distinguent l’esprit de parti de ceux qui défendent les anciens préjugés, d’avec l’esprit de parti de ceux qui veulent établir de nouveaux principes.
Entre ces émotions particulières de l’individu et ces conditions essentielles de l’humanité, qui, réunies, forment l’objet du lyrisme romantique, restent l’intelligence avec la réflexion et les facultés discursives, et les vérités universelles d’ordre rationnel : deux choses que le romantisme laisse de côté.
Ce travail est un de ceux qui nous montrent le mieux comment l’examen d’une question très particulière peut servir à l’éclaircissement de questions essentielles et très générales, et quel rapport il peut y avoir entre l’effort obscur d’un vieil archiviste acharné sur quelque manuscrit poudreux et l’œuvre glorieuse d’un Mommsen ou d’un Renan.
Aujourd’hui quelle est au juste l’action particulière de ce poète ?
R. de Gourmont, qui a une forme générale et commune en a une particulière en chaque homme.
Mats il serait dangereux de copier les styles particuliers de Wagner, de lui emprunter des recettes musicales, et tout au moins superflu de lui prendre ses sujets, comme si l’Allemagne était seule à avoir des épopées et des légendes.
Mandé auprès d’elle en 1778, lors du duel du comte d’Artois et du duc de Bourbon, M. de Besenval est introduit par Campan (secrétaire du cabinet) dans une chambre particulière qu’il ne connaissait pas, « simplement, mais commodément meublée. — Je fus étonné, ajoute-t-il en passant, non pas que la reine eût désiré tant de facilités, mais qu’elle eût osé se les procurer. » Cette simple phrase, jetée en courant, est pleine d’insinuations, et les ennemis n’ont pas manqué de la relever.
Retz l’avait gagnée par son faible en se prenant d’une affection particulière pour Mme de Grignan.
Si grand, qu’il l’est peut-être trop ; si grand, qu’il mériterait l’honneur d’un Apologue particulier.
Parmi ces titres d’excellence que je viens revendiquer pour notre pays, saluons d’abord ce merveilleux instrument dont le génie français dispose selon l’aptitude particulière de chacun de ses grands ouvriers, saluons notre langue maternelle.
En cette matière, plus qu’en aucune autre, chaque lecteur a, pour ainsi dire, sa mesure particulière, et, si l’on veut, ses préjugés, auxquels il exige qu’un traducteur se conforme.
Quelques points du débat particulier qui nous occupe, nous paraissent toutefois assez clairs.
Mais si la cristallisation amoureuse et la cristallisation artistique sont deux espèces d’un même genre, chacune de ces espèces tend à réaliser sur son plan des virtualités de ce genre particulières et qui s’excluent.
Mais pour bien juger ce prince, il ne faut consulter ni les éloges même qui, adressés par des sujets à des rois, sont de même valeur que les compliments de société, entre les particuliers ; ni les cris des protestants, à qui peut-être il n’avait vendu que trop cher le droit de le haïr ; ni les papiers des Anglais, qui le redoutèrent trop pour consentir à l’estimer ; il faut consulter l’histoire et les faits.
. — Pour M. de la Mothe-Tintry, il recrutait des gens de journée avec une grâce particulière : « Il avait voulu obliger un paysan d’aller faucher son pré, et l’avait menacé, s’il refusait, de le maltraiter. » Le paysan, homme malappris, refusa. […] Sortant de l’histoire particulière qu’il raconte, il embrasse l’histoire universelle qu’il ne raconte pas. […] Preuve singulière de l’extrême indépendance de chaque particulier et de la faiblesse du point d’honneur. […] Mais un signe particulier de pénétration et de curiosité est qu’ils suivent sans se lasser les plus longues discussions sur les matières les plus abstraites, et se divertissent à des questions toutes viriles. […] Ce n’était pas assez, pour maintenir le gouvernement libre, de circonstances politiques particulières ; il fallait encore des dispositions morales particulières.
Guizot doit son respect pour les résultats généraux des événements et son dédain pour les faits particuliers. […] Sa passion pour les idées générales ne réussit pas à dissimuler son dédain pour les faits particuliers, sans lesquels il n’y a pas d’idée générale vraiment légitime. […] Ce qu’il dit d’Hamlet mérite une attention particulière. […] Le duc de Buckingham ne devait pas être esquissé en quelques lignes, mais dessiné avec un soin particulier. […] Ce tableau, sans doute, méritait d’être tracé avec un soin particulier, et je ne songe pas à reprocher à M.
La première chose qui frappe à la lecture du tome des poètes, c’est la sympathie de l’auteur pour les « inspirés », et partant un dédain superbe des travailleurs, fait tout simple, d’ailleurs, et particulier aux critiques d’un certain âge, témoins enthousiastes des prouesses de l’inspiration, et tout ébahis en présence des œuvres de la nouvelle école, qui a, comme on sait, ce ridicule de penser que les beaux vers ne se font pas tous seuls et que les rimes pauvres n’entraînent pas fatalement la richesse des images ni même celle des idées. […] Passons maintenant en revue quelques jugements particuliers dans ce procès intenté aux poètes par M. […] Entre autres choses si intéressantes, dont il était prodigue envers ceux qu’il estimait dignes de pareilles confidences, j’en veux faire connaître, sur un point particulier, d’absolument inédites et par moi recueillies dans le salon de Paul Meurice devant le magnifique buste en marbre de Victor Hugo-Dante par David d’Angers. […] Et il avait une manière si calme de raconter, un peu dans sa barbe sans cesse caressée, que cette manière en devenait d’un drôle tout particulier.
La pièce fut jouée avec un applaudissement général, et j’en fus si satisfait en mon particulier, que je vis dès lors l’effet qu’elle allait produire. […] À partir de ce succès, si le nom de Molière continuait à ne se trouver sous la plume d’aucun gazetier, il était dans toutes les bouches, et sa troupe, qui précédemment n’avait été appelée qu’une seule fois « en visite », comme on disait alors, c’est-à-dire à aller jouer la comédie dans une fête particulière, se vit, à dater de ce moment, conviée par les plus grands seigneurs et les plus riches financiers. […] Boileau, à cette époque, n’avait encore rien publié, mais il avait composé trois de ses satires, en avait fait des lectures nombreuses, et l’on trouve la preuve dans les écrits du temps, dans les Dissertations de l’abbé D’Aubignac, dans les lettres particulières de Racine, que le suffrage de « monsieur Despréaux » faisait dès lors autorité. […] « À entendre Molière, disait un d’eux, il semble qu’il ait un bref particulier du pape pour jouer des pièces ridicules, et que M. le légat ne soit venu en France que pour leur donner son approbation. » Ceux qui avaient assez d’impudence pour attaquer de tels protecteurs pouvaient bien aussi ne pas rougir de révoquer en doute le talent du protégé. […] Beaucoup de personnes n’avaient ni entendu de lectures particulières ni assisté à l’unique représentation de la pièce : c’était pour elles une bonne fortune que la publication d’une analyse aussi détaillée du chef-d’œuvre dont une défense doublement cruelle les privait à la scène et à la lecture.
Cela lui permettait, en effet, de ne plus considérer que son héros, de ne tenir compte que de ses dispositions d’esprit particulières, et non point des nôtres. […] Le charme particulier de l’art japonais vient, en grande partie, de ce qu’il y a forcément de grâce dans l’imprévu de son absurdité. […] Il me semble que c’est une pièce originale, ou, si vous aimez mieux, très particulière. […] Coquelin cadet eut l’idée et le goût d’un comique particulier, très différent de celui où triomphait le naturel abondant et sain de son frère. […] Mais, comme elle est, après tout, bonne épouse, elle se sert de Simpson pour faire donner à du Mesnil une recette particulière.
Dumas de l’avoir ressentie avec une intensité particulière, et de l’avoir exprimée avec une sincérité, une candeur, une émotion, un emportement qui ne furent point égalés. […] Mais, au reste, il me serait difficile de vous faire sentir le mérite particulier de la comédie de M. […] D’où une œuvre très particulière, simple au fond, assez complexe et contrastée dans la forme. […] Comme les Tartufe et les Alphonse, il est ensemble très général et très particulier. […] C’est « le traître », sans signe particulier, sinon qu’il est bon musulman.
De là ce rire de scandale, c’est-à-dire ce rire si particulier — entendez-le : « Oh ! […] Il était même dans une position très particulière, eu égard au temps. […] c’est particulier ! […] Il accepta son affection avec cette reconnaissance très particulière qui sent elle-même qu’elle doit se tourner un jour en ingratitude. […] Ils ont ceci de particulier, qu’ils n’ont aucunement subi l’influence du romantisme.
Les symbolistes écrivent dans un état particulier des sens ; et il faut, pour communier avec eux, se trouver dans une disposition analogue. […] Du moins était-ce un pessimiste d’une espèce particulière ; c’était un pessimiste plein d’enthousiasme pour une partie des choses humaines et naturelles. […] Le régime qui leur est commun détermine en eux certaines anomalies particulières par lesquelles ils se distinguent à la longue des hommes qui vivent librement. […] Enfin, ce qui donne un prix particulier à ce grand ouvrage, c’est, à mon sens, la bibliographie sommaire qui est placé au bas de chaque article. […] Renan se distingue par un sentiment particulier de défiance résignée.
Mais il faut remarquer que tous les particuliers qui composent les sociétés ne veulent pas qu’on les regarde comme la dernière partie du corps duquel ils sont. […] Et c’est ce que nous exprimerons en disant : point de roman sans une valeur historique ou « documentaire », précise et déterminée, particulière et locale, d’une part ; mais, d’autre part, point de roman non plus, sans une valeur ou une signification psychologique générale et durable. […] Comte n’était pas philologue ; et il écrivait mal ; mais la « philologie » de Renan ressemblait plus qu’il ne le croyait à la « sociologie » du fondateur du positivisme ; et la différence entre eux n’était pas même dans les méthodes, mais dans l’appropriation particulière de la même méthode générale à des objets aussi divers que le peuvent être l’étude des fonctions du foie, par exemple, et celle de la composition du Bhagavata Pourana. […] Ce n’est pas davantage que nous prenions notre opinion particulière et personnelle pour la règle arbitraire des autres. […] Il a dû à d’autres raisons ; — différentes quoique connexes ; — de survivre lui-même au romantisme ; — et par exemple à son goût du « petit fait » ou du fait précis et « documentaire » ; — à sa tendance à transformer en lois de l’esprit ou de la nature des anecdotes particulières ; — à sa manière d’écrire, anonyme ou impersonnelle, mais surtout « analytique » ; — et d’ailleurs à la valeur de quelques-unes de ses observations. — Si cependant la valeur même « documentaire », — et surtout la valeur littéraire de La Chartreuse de Parme, 1839, — sont aussi considérables qu’on l’a quelquefois prétendu ?
Molière est du siècle où il a vécu, par la peinture de certains travers particuliers et dans l’emploi des costumes, mais il est plutôt encore de tous les temps, il est l’homme de la nature humaine. […] Leur génie (je parle même des plus vastes) est marqué à un coin particulier qui tient du moment où ils sont venus, et qui eût été probablement bien autre en d’autres temps. […] Taschereau, plusieurs rapprochements ingénieux des principales circonstances domestiques avec les endroits des pièces qui peuvent y correspondre. « Molière, disait La Grange, son camarade et le premier éditeur de ses œuvres complètes, Molière faisoit d’admirables applications dans ses comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde, puisqu’il s’y est joué le premier, en plusieurs endroits, sur les affaires de sa famille, et qui regardoient ce qui se passoit dans son domestique ; c’est ce que ses plus particuliers amis ont remarqué bien des fois. » Ainsi, au troisième acte du Bourgeois Gentilhomme, Molière a donné un portrait ressemblant de sa femme ; ainsi, dans la scène première de l’Impromptu de Versailles, il place un trait piquant sur la date de son mariage ; ainsi, dans la cinquième scène du second acte de l’Avare, il se raille lui-même sur sa fluxion et sa toux ; ainsi encore, dans l’Avare, il accommode au rôle de La Flèche la marche boiteuse de Béjart aîné, comme il avait attribué au Jodelet des Précieuses la pâleur de visage du comédien Brécourt.
Mercredi 6 avril C’est particulier, comme les mots qui ne sont pas de la langue courante, les mots un peu énigmatiques pour les cervelles sans éducation : les gens du peuple les aiment, les affectionnent, les recherchent ; et l’amusant, c’est que ces mots, toujours dans leur bouche, sont défigurés, dénaturés, risibles. […] Ruysdael et Hobbema ont fait la nature, sans l’animation particulière de sa vie végétale, et de plus Hobbema a un feuillé, qui ressemble au feuillé des paysages en cheveux. […] Eh bien, chez les jeunes, au moins chez ceux que nous connaissons, je ne vois aucun procédé de travail particulier, personnel. » Jeudi 21 juillet Dans le rêve, chez les figures hostiles, le côté sournois, astucieusement méchant, le jésuitisme des physionomies, c’est extraordinaire ; non, ce n’est plus la pleine lumière des haines du jour, ça en est, pour ainsi dire, les ténèbres et la grisaille.
Cette idée fixe d’avancement ne lui est point particulière, elle est celle de tout militaire qui n’est pas encore arrivé au sommet de la hiérarchie. […] Ne lui demandez pas une ligne de politique suivie : sa solution, à lui, est celle de l’instinct, celle de son impulsion de cœur et de son intérêt particulier de soldat : « Je vois toujours l’avenir sombre ; avec la guerre, j’aurais eu quelque espoir ; j’aurais bravé tout, fait face à tout : j’ai foi en moi ; mais la paix nous étrangle.
Je dînais à sa table, et j’y vis tout d’abord ses amis particuliers, l’académicien Picard entre autres. […] Sainte-Beuve a attaché ce souvenir particulier, en tête du premier volume : « 1820.
Mais si l’on regrette fréquemment que cette application à des conjonctures trop spéciales préoccupe l’auteur, s’il se détourne à tout moment pour s’inquiéter des opinions trop particulières d’alors, s’il se retranche une foule de précieux développements, de peur que l’ouvrage ne soit hors de proportion avec le but, le caractère général l’emporte suffisamment, et la doctrine philosophique y obtient une belle part. […] Dans l’Essai sur les Institutions et dans les écrits qui suivirent, dans le Vieillard et le Jeune Homme, publié en 181910, dans l’Homme sans nom, publié en 1820, dans l’Élégie, les formes, les locutions du style monarchique et bourbonien abondent ; mais elle ont toujours un sens particulier à l’auteur.
La nature est avide et reçoit plus volontiers qu’elle ne donne ; elle aime les choses en propre et pour son usage particulier : la grâce, au contraire, est charitable et communique ce qu’elle a, ne veut rien en propre, se contente de peu, et juge qu’il est plus heureux de donner que de recevoir. […] Aucun homme n’échappe à la loi générale ou particulière ; l’argile se brise, mais ne fléchit pas.
Des circonstances particulières m’offraient un asile et des ressources de fortune dans la patrie de mes parents, la Suisse ; j’étais à cet égard moins à plaindre qu’un autre, et néanmoins j’ai cruellement souffert. […] Bonaparte a dit une fois : « Si l’on me donnait à choisir entre faire moi-même une belle action ou induire mon adversaire à commettre une bassesse, je n’hésiterais pas à préférer l’avilissement de mon ennemi. » Voilà toute l’explication du soin particulier qu’il a mis à déchirer ma vie.
Quant aux propositions particulières, chacun les arrange à sa guise, et c’est le moins essentiel. […] Observez d’abord que les esprits superficiels, qui en appellent sans cesse au bon sens, désignent par ce nom la forme très particulière et très bornée de coutumes et d’habitudes où le hasard les a fait naître.
Quand la littérature n’est pas ainsi émasculée par la volonté de fer d’un maître absolu, elle prend, du moins, sous un régime de compression, des caractères particuliers. […] L’influence de Paris mériterait à elle seule une étude particulière, et elle explique plusieurs des différences qui existent, au point de vue littéraire, entre le moyen âge et les temps modernes.
Un seul grand écrivain du xviiie siècle échappera à cette ignorance, et cela seul suffirait à colorer son talent d’une teinte particulière. […] Outre cette action, qui se fait sentir à l’ensemble du mouvement littéraire, ils ont encore d’autres effets particuliers, qui sont, comme il arrive d’ordinaire, mélangés de bien et de mal.
Dimanche 13 juillet J’ai des idées particulières sur le choléra. […] Comme les Rothschild ont épuisé tous les genres de chasse, et qu’il n’y a plus de bête sur la terre, qui les intéresse à chasser, on promène, le matin, une peau de cerf dans le bois, et avec des chiens au nez tout particulier, on chasse, tout l’après-midi, cette odeur de bête absente, dans une sorte de poursuite d’une ombre.
Sans doute, pour rendre probables et acceptables les explications qu’il nous donne, l’auteur du Scarabée d’or montre un talent très particulier ; il déploie une force d’intelligence qui briserait tous les casse-têtes chinois, et on perd l’haleine à le suivre dans ses inductions audacieuses ; mais le fantastique a disparu, et on ne voit plus à la place du rêveur qu’une nature robuste, ingénieuse, acharnée, qui lutte contre la difficulté et qui veut la vaincre. […] Edgar Poe est un poète pathologique qui peut exprimer des phénomènes très particuliers à l’organisation humaine, mais les sentiments qui sont la substance invisible, le mérite de l’homme ou son crime, son bonheur ou son infortune, et qui vibrent dans l’humanité depuis Priam aux pieds d’Achille jusqu’à la dernière des mères qui sanglote et qui veille auprès d’un berceau, depuis l’amour criminel de Phèdre jusqu’au pieux amour de Pauline, ne vibrent pas dans son génie.
Bientôt après, la passion du cardinal de Richelieu pour les spectacles mit le goût de la comédie à la mode ; et il y avait plus de sociétés particulières qui représentaient alors, que nous n’en voyons aujourd’hui. […] Il y a ajouté réellement quelques beautés de dialogue particulières à sa nation, et sa pièce a eu près de trente représentations, succès très rare à Londres, où les pièces qui ont le plus de cours, ne sont jouées tout au plus que quinze fois.
Un chapitre particulier y traite du Roman de Renart, une des plus curieuses et des plus spirituelles productions du génie satirique du Moyen Âge.
Il était atteint de ce mal particulier que nous avons vu à certains amours-propres pointilleux de notre temps82 et qu’on a appelé le rhumatisme littéraire : « Je n’ai vu de mes jours à cet égard, nous dit Collé, personne d’aussi chatouilleux que lui ; il fallait le louer et caresser continuellement comme une jolie femme. » Les portraits de Marivaux nous le représentent avec la physionomie fine, spirituelle, bienveillante, mais inquiète et travaillée.
Chaque difficulté était reportée aux États-Généraux ou au jugement particulier des provinces, et devenait matière à discussion publique.
Encore une fois, Horace n’a rien à faire de particulier avec Bossuet, et il n’y a pas lieu de le mettre en cause à son sujet.
Il n’y a que les ouvrages de Michel-Ange qui se distinguent d’une manière particulière ; mais son génie était si supérieur qu’il a presque inventé la représentation d’une force, d’un caractère et d’une énergie qu’il n’a pu trouver dans la nature qu’avec de grandes difficultés et une observation continuelle.
Dante chercha à lui donner des accents nouveaux, plus énergiques, plus en rapport avec la précision du latin, à l’élever au-dessus des patois et des idiomes particuliers en en faisant une sorte de langue composite qui fût universelle par toute l’Italie ; et en même temps il la chargea d’exprimer des vérités, des raisonnements ou spéculations si abstruses et si hardies qu’il obligea les savants eux-mêmes à respecter ce nouvel écrivain aussi érudit et aussi scientifique que pas un d’eux.
C’est de vive voix et dans le plus particulier détail qu’il faudrait faire sentir ces choses ; mais indiquons du moins en quelques mots le sens de la critique, telle qu’on peut l’appliquer à ces pièces légères : Oh !
Il ne paraît pas avoir donné une attention particulière à Guérin ni l’avoir deviné.
Il est frappé avant tout de ce qui est singulier, et l’un des souvenirs les plus mémorables qu’il ait gardés du collège est celui du professeur de philosophie Crassot, à la chevelure et à la barbe incultes, vêtu comme un cynique : « Il avait, ajoute Marolles, une chose bien particulière et que je n’ai vue qu’en lui seul, qui était de plier et de redresser ses oreilles quand il voulait, sans y toucher. » De tout temps Marolles aimera à niaiser, à enregistrer tout ce qui s’offre, tout ce qui passe à sa portée, raretés ou balivernes, le philosophe Crassot ou la chanteuse des rues Margot la musette, — le baptême des six Topinamboux, ou une réception des chevaliers du Saint-Esprit.
Mais ce qu’il eut de particulier et de vraiment original entre tant de personnages ses contemporains, qui eurent également une longue vie et qui furent ainsi que lui à cheval sur deux siècles, ce fut d’être plus jeune dans la seconde moitié de sa vie que dans la première.
Tout cela est noté, et peint, et surtout senti : ce jeune enfant du Midi puise dans je ne sais quelle tristesse originelle un instinct particulier pour comprendre et aimer du premier jour cette nature du Nord, voisine des tempêtes : Le 8 (mars). — Jour de neige.
La chaleur était à peine tombée avec le soleil ; les oiseaux, déjà retirés et non encore endormis, annonçaient, par un ramage languissant et voluptueux, le plaisir qu’ils goûtaient à respirer un air plus frais ; une rosée abondante et salutaire ranimait déjà la verdure… Ici une de ces descriptions naturelles dont il a le premier dans notre littérature donné le parfait exemple, mais où il a été depuis surpassé par ses grands disciples, par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, par George Sand, tous bien autrement particuliers, nuancés et neufs, et qui ne se contentent pas de peindre la nature en traits généraux devenus trop aisément communsy ; — et il continue : À ce concours d’objets agréables, le philosophe, touché comme l’est toujours en pareil cas une âme sensible où règne la tranquille innocence, livre son cœur et ses sens à leurs douces impressions : pour les goûter plus à loisir, il se couche sur l’herbe, et appuyant sa tête sur sa main, il promène délicieusement ses regards sur tout ce qui les flatte.
Prevost-Paradol de grandes consolations au milieu de l’échec particulier de ses idées politiques ; il aurait parlé, s’il avait été député ; il aurait écrit ; il aurait… fait précisément, dans des conditions un peu différentes, ce qu’il fait aujourd’hui.
Je conçois qu’un historien n’entre aucunement dans ces détails beaucoup trop particuliers ; mais, en jugeant un prince qui est mort si jeune et qui n’a laissé que des espérances, il n’est que juste cependant que le souvenir d’une telle enfance et de l’effort heureux qui y triompha ait son écho et son retentissement rapide jusque dans les pages de l’histoire.
si l’on est d’un art particulier, tout en restant le confrère et l’ami des artistes, savoir s’élever cependant peu à peu jusqu’à devenir un juge ; si l’on a commencé, au contraire, par être un théoricien pur, un critique, un esthéticien, comme ils disent là-bas, de l’autre côté du Rhin, et si l’on n’est l’homme d’aucun art en particulier, arriver pourtant à comprendre tous les arts dont on est devenu l’organe, non-seulement dans leur lien et leur ensemble, mais de près, un à un, les toucher, les manier jusque dans leurs procédés et leurs moyens, les pratiquer même, en amateur du moins, tellement qu’on semble ensuite par l’intelligence et la sympathie un vrai confrère ; en un mot, conquérir l’autorité sur ses égaux, si l’on a commencé par être confrère et camarade ; ou bien justifier cette autorité, si l’on vient de loin, en montrant bientôt dans le juge un connaisseur initié et familier ; — tout en restant l’homme de la tradition et des grands principes posés dans les œuvres premières des maîtres immortels, tenir compte des changements de mœurs et d’habitudes sociales qui influent profondément sur les formes de l’art lui-même ; unir l’élévation et la souplesse ; avoir en soi la haute mesure et le type toujours présent du grand et du beau, sans prétendre l’immobiliser ; graduer la bienveillance dans l’éloge ; ne pas surfaire, ne jamais laisser indécise la portée vraie et la juste limite des talents ; ne pas seulement écouter et suivre son Académie, la devancer quelquefois (ceci est plus délicat, mais les artistes arrivés aux honneurs académiques et au sommet de leurs vœux, tout occupés qu’ils sont d’ailleurs, et penchés tout le long du jour sur leur toile ou autour de leur marbre, ont besoin parfois d’être avertis) ; être donc l’un des premiers à sentir venir l’air du dehors ; deviner l’innovation féconde, celle qui sera demain le fait avoué et’reconnu ; ne pas chercher à lui complaire avant le temps et avant l’épreuve, mais se bien garder, du haut du pupitre, de lui lancer annuellement l’anathème ; ne pas adorer l’antique jusqu’à repousser le moderne ; admettre ce dernier dans toutes ses variétés, si elles ont leur raison d’être et leur motif légitime ; se tenir dans un rapport continuel avec le vivant, qui monte, s’agite et se renouvelle sans cesse en regard des augustes, mais un peu froides images ; et sans faire fléchir le haut style ni abaisser les colonnes du temple, savoir reconnaître, goûter, nommer au besoin en public tout ce qui est dans le vestibule ou sur les degrés, les genres même et les hommes que l’Académie n’adoptera peut-être jamais pour siens, mais qu’elle n’a pas le droit d’ignorer et qu’elle peut même encourager utilement ou surveiller au dehors ; enfin, si l’on part invariablement des grands dieux, de Phidias et d’Apelle et de Beethoven, ne jamais s’arrêter et s’enchaîner à ce qui y ressemble le moins, qui est le faux noble et le convenu, et savoir atteindre, s’il le faut, sans croire descendre, jusqu’aux genres et aux talents les plus légers et les plus contemporains, pourvu qu’ils soient vrais et qu’un souffle sincère les anime.
Une circonstance particulière, celle de la chaînette qui se brise, est venue introduire une combinaison de plus, un calcul et un artifice qui sent son Vulcain.
C’est une étude également répartie sur chaque âge, enfance, adolescence, jeunesse, plutôt que la peinture d’une situation particulière et d’une crise passionnée.
Les Grecs, dans leur architecture, comptaient avec la lumière, la transparence de l’air, avec les sites environnants ; ils apportaient une étude toute particulière dans l’arrangement des angles de leurs édifices, se détachant en silhouette sur le ciel ou sur le fond bleuâtre des montagnes.
Au début, après quelques réflexions générales sur l’utilité de l’histoire, sur ce « qu’il est honteux non-seulement à un prince, mais à tout honnête homme, d’ignorer le genre humain » et les changements mémorables du monde dans le passé, Bossuet établit qu’indépendamment des histoires particulières, celle des Hébreux, la Grecque et la Romaine, l’histoire de France, il n’y a rien de plus nécessaire, pour ne pas confondre ces histoires et en bien saisir les rapports, que de se représenter distinctement, mais en raccourci, toute la suite des siècles.
Pardonnez tout ce détail, monsieur, à un ami qui s’étend volontiers sur tout ce qui regarde un tel ami, dont ces restes vivants lui sont précieux. » Tel est notre tribut particulier d’informations, notre complément scrupuleux, minutieux, mais qui n’est certes pas sans prix sur les cinq derniers mois de la vie de Racine.
Jomini eut de bonne heure cela de particulier d’être organisé pour concevoir et deviner les plans militaires de Napoléon ; on aurait dit que, par une sorte d’harmonie préétablie, sa montre avait été réglée sur celle du grand capitaine, dont il devait être le meilleur commentateur, le critique le plus perspicace et dont il semble, en vérité, qu’il aurait pu être le chef d’état-major accompli ; mais, pour un tel office, j’oublie qu’il joignait à ses qualités un défaut incompatible et incurable : c’était d’avoir en toute occurrence son avis, à lui, et de raisonner.
Molé, qui avait retrouvé toutes les relations naturelles de sa famille, y joignit des amitiés littéraires illustres et toutes particulières.
Il y a loin de là à la Neige, qui est le même sujet traité par M. de Vigny dans un tout autre style, dans un goût rare et, je crois, plus durable, mais qui a aussi sa teinte particulière de 1824, c’est-à-dire le précieux.
Cette ignorance authentique et splendide n’est à vrai dire plus possible en notre époque vulgarisatrice, surtout en ces dernières années de plus particulière attention médicale.
Les vassaux n’ont sur les communaux qu’un droit d’usage. « La presque totalité des fonds sur lesquels ils usent du droit de pâturage appartiennent en propriété aux seigneurs, fors ce droit d’usage dont ils sont grevés ; encore n’est-il accordé qu’à quelques particuliers. » 26° Droits sur les fiefs mouvants de la baronnie de Blet.
Car, les deux événements étant irréductibles entre eux par nature, ils forment deux mondes à part, isolés ; nous excluons par hypothèse tout événement plus général dont ils seraient des formes distinctes et des cas particuliers ; nous déclarons d’avance que leur nature ne fournit rien qui puisse fonder leur dépendance réciproque ; nous sommes donc obligés, pour expliquer cette dépendance, de chercher au-delà de leur nature, partant au-delà de toute la nature, puisqu’ils font à eux deux toute la nature, par conséquent enfin dans le surnaturel ; ainsi nous devrons appeler à notre aide un miracle, l’intervention d’un être supérieur.
Et là, ce sont bien des chefs-d’œuvre, les premiers du lyrisme moderne, qui s’épand en toutes formes, et, négligeant les factices distinctions de genres que seule la spécialisation rigoureuse des mètres maintenait chez les anciens, met la même essence, la même source d’émotions et de beauté dans l’ode et dans le sonnet, dans l’hymne et dans l’élégie : ces chefs-d’œuvre se constituent par l’ample universalité des thèmes, et par l’intime personnalité des sentiments : c’est de l’amour, de la mort, de la nature que parle le poète, mais il note l’impression, le frisson particulier que ces notions générales lui donnent, la forme et la couleur par lesquelles se détermine en lui leur éternelle identité.
« On peut avoir de la dévotion pour son prince, pour son pays, pour sa ville, et même pour un homme particulier, lorsqu’on l’estime beaucoup plus que soi » ; mais « son principal objet est sans doute la souveraine divinité, à laquelle on ne saurait manquer d’être dévot lorsqu’on la connaît comme il faut294 ».
Les Suisses, en contact avec la France, avec l’Italie, avec l’Allemagne, qui les conduit à l’Angleterre, semblent avoir des facilités et des aptitudes particulières pour comprendre les formes d’esprit de ces quatre nations : ils ont l’intelligence naturellement cosmopolite.
Il semble qu’ils aient cru à l’esprit corporatif des artistes nécessitant une tenue particulière, un uniforme.
Le théâtre italien de l’Hôtel de Bourgogne montre un goût tout particulier pour la peinture des coutumes locales : il donne des pièces sur les Promenades de Paris58, sur les Bains de la Porte Saint-Bernard59.
Toujours est-il qu’il avait les muses en particulière révérence.
Si Dieu, en effet, est un être déterminé hors de nous, la personne qui croit avoir des rapports particuliers avec Dieu est un « visionnaire », et comme les sciences physiques et physiologiques nous ont montré que toute vision surnaturelle est une illusion, le déiste un peu conséquent se trouve dans l’impossibilité de comprendre les grandes croyances du passé.
Cette suppression entrait d’ailleurs dans les plans de Louis XIV, lequel, exposant ses maximes d’État pour l’instruction particulière de son fils, a écrit : « Je m’appliquai à détruire le Jansénisme et à dissiper les Communautés où se formait cet esprit de nouveauté, bien intentionnées peut-être, mais qui ignoraient ou voulaient ignorer les dangereuses suites qu’il pourrait avoir. » La destruction de l’institut de l’Enfance, plus ou moins retardée, n’était qu’une des applications et des conséquences de cette politique fixe de Louis XIV.
Ce dernier jugement de Voltaire restera celui de tous les gens de sens et de goût, de ceux qui n’ont point d’ailleurs pour Rabelais une vocation décidée et une prédilection particulière.
Ne concevez donc point de moi aucune sinistre opinion, puisque vous-même êtes cause de cela : car je ne le ferais jamais contre lui pour ma vengeance particulière.
Si quelqu’un entre alors pour une affaire particulière, quelque subalterne surtout, on le retient, on amène la conversation sur la chute récente, sur l’ingratitude des hommes, sur l’état général des affaires publiques qui se gâte et devient tout à fait affligeant : on s’épanche, on cherche de l’écho.
J’aime à traverser des abîmes, à franchir des précipices… Je ne sais à quel degré de talent je pourrai m’élever dans mes ouvrages ; mais, si la nature m’a donné une façon particulière de la voir et de la sentir, je tâcherai de la manifester franchement, sans autre poétique que celle de la nature, avec une douceur d’enfant ou une violence de tourbillon.
Je me soucie bien que l’artiste ait disposé ses figures pour les effets les plus piquants de lumière, si l’ensemble ne s’adresse point à mon âme, si ses personnages y sont comme des particuliers qui s’ignorent, dans une promenade publique, ou comme les animaux au pied des montagnes du paysagiste.
Chacun trouve quelque chose qui pique son goût particulier dans des tableaux où le peintre a répresenté un point d’histoire dans toute sa verité, c’est-à-dire sans en alterer la vrai-semblance historique.
Lisez le livre de Vacquerie, Monsieur ; et, quand vous l’aurez bien lu et bien médité, — au lieu de retaper et de ravauder les ineptes balourdises et les redites vieillies dont on a voulu écraser le Romantisme, détachez soigneusement et textuellement les principes émis dans Profils et grimaces, reproduisez-les entre guillemets, rangez-les chacun dans un casier particulier ; puis vous les discuterez corps à corps, un à un ; ce sera plus neuf — et plus loyal.
Ne faire qu’un étant deux, à distance, dans la vie d’un siècle, par le fait unique d’organisations étonnamment semblables et d’un accord parfait dans les impressions véritablement extraordinaire, constitue l’originalité collective et particulière à la fois de ces deux Ménechmes de génie, Edgar Poe et Charles Baudelaire.
Il subsiste là dans sa vérité particulière, comme si l’autre vérité y était aussi, à côté.
Et entre ces extrêmes, quel plaisir de surprendre l’art particulier d’un Théophile Gautier, d’un Balzac, d’un Flaubert, d’un Alphonse Daudet !
De là à s’intéresser à ce que les habiles appellent le jeu des institutions, à être touchés de cette « beauté particulière » que les artistes de la politique admirent dans les gouvernements de la parole, de là à prendre parti dans ces tournois où des orateurs se disputent à qui prouvera le premier qu’il s’entend mieux à parler qu’à gouverner, il y a loin. […] Là était son génie particulier, là était son cœur. […] C’était son génie particulier. […] Il l’était sans doute aussi par une aptitude particulière et précoce aux choses de l’archéologie, puisque le savant archéologue Millin l’avait fait attacher au cabinet des Médailles. […] Il m’avait séduit par son air de droiture, par sa gravité douce, par l’accent particulier que prennent les paroles dans la bouche d’un homme de bien.
Dans le troisiéme, j’entre encore dans des détails particuliers. […] Ainsi, sans m’assujetir scrupuleusement à la marche didactique, j’ai tâché d’en retenir l’avantage essentiel, qui est de passer du général au particulier, et d’ajoûter aux idées la force et la grace de l’enchaînement. […] Une adresse dont naîtroit la diversité seroit de combiner l’amour avec d’autres passions et d’autres interêts, avec différents caracteres nationaux ou particuliers, de maniere que selon les cas il en resultât dans les personages des mouvemens et des déterminations singulieres qui ne fussent pas l’effet seul de l’amour, mais de plusieurs autres causes réunies avec lui ; de maniere enfin qu’on ne vît pas des amans en général, mais tels et tels hommes amoureux. […] Le defaut de Thomas Corneille est de tourner ainsi en maximes les sentimens particuliers de ses acteurs, ou plûtôt c’étoit le défaut de son tems. […] D’un côté il tire de lui-même les principes et les exemples qui doivent le guider ; et c’est par son propre secours qu’il pourroit réüssir à le vaincre dans un sujet particulier.
Cette allégorie perpétuelle ajoutait un charme particulier à cette peinture de la vie polie. […] Si tout chapitre d’histoire particulière doit commencer par l’histoire universelle, toute biographie particulière doit commencer par celle d’Adam ; le premier homme explique tous les hommes. […] Ce qu’il devrait éviter avec une sollicitude particulière, et ce qu’il poursuit avec une ténacité malheureuse, c’est le drame. […] Mais il n’en reste pas moins vrai que l’école du sensualisme et du réalisme a eu un épanouissement particulier dans les douze ans qui viennent de s’écouler. […] Il substitue le point d’honneur à l’honneur, la bravade à la bravoure ; il a un décalogue particulier à son usage.
Leur caractère, à le prendre dans tout son registre et à en observer les nuances, va de la simple mouche du coche qui ne peut voir passer un incident devant elle sans s’y introduire et à qui mille fois les gens ont dit : « Et, pour Dieu, mêlez-vous, Monsieur, de vos affaires », jusqu’à l’homme qui se fait l’homme de sa cité, qui s’applique de tout son cœur à tous les intérêts de ses compatriotes, qui gère et administre la fortune de sa ville natale avec diligence et avec succès et dont les finances particulières sont dans le plus mauvais état du monde ; jusqu’à l’homme qui travaille avec ardeur à trente ou quarante œuvres philanthropiques et dont la maison est en désarroi ; jusqu’à l’homme enfin qui se dévoue à toutes les grandes causes sur toutes les surfaces de la planète et finit par mourir pour l’une d’elles, après avoir complètement négligé l’éducation de ses enfants. […] Mais il aune autre raison, particulière et personnelle : c’est que le Misanthrope, s’il est contre Alceste, est une attaque directe à Rousseau, une attaque anticipée et prophétique, comme il arrive souvent aux grands poètes d’en faire, Gœthe disait : « Guillaume Schlegel n’aime pas Molière. […] Pour ce qui est de ce point particulier que le fils de l’Avare est donné comme personnage sympathique par l’auteur, j’ai déjà répondu à ce grief à propos d’une autre pièce. […] Argan n’étant ni honnête ni malhonnête, étant nul, et du reste n’étant dupé que par lui-même, ce qui par parenthèse en fait un personnage tout à fait particulier dans la comédie de Molière, mais ce qui le dérobe au système ordinaire de critique de Rousseau. […] Cette peinture du vrai, du moment que vous la permettez au sermonnaire, pouvez-vous la refuser à un particulier ?
En réalité, les œuvres qui ont le mieux traversé les siècles avant de s’établir dans l’éternité sont merveilleusement particulières : l’Énéide est un poème de circonstance ; la Divine Comédie a besoin d’un perpétuel commentaire. […] Nous lisons ces poèmes, qui ont survécu parce qu’ils étaient vivants : et il n’est de vie que particulière. […] Mais de tels accidents ne sont pas du tout particuliers à une compagnie intelligente. […] Il expliquait la guerre et il n’a pas fait de la stratégie son étude particulière. […] Les circonstances ne lui sont pas du tout particulières.
Et ça faisait un certain bruit propre, très particulier, un bruit que l’on n’oublie plus une fois qu’on l’a entendu une fois. […] Les femmes connaissent très bien ce phénomène, cet état particulier. […] Il faudrait que par une exception, par un miracle, un païen, faisant exception, restant païen tout de même, rompant son office mais ne le rompant que sur ce point particulier, sur un point unique, sur ce point, eût l’idée invraisemblable de considérer, lui païen, restant païen, de contempler le mystère de l’incarnation. […] Cette sorte de ton tout particulier. […] D’où cette race dans la grâce même, comme cette jeune race charnelle et temporelle dans l’éternel même, cette race à part de saints, si différente, si plus près de nous que tant d’autres races de saints ; cette race de grâce, cette race de sainteté si particulière, si chevalière, si généreuse, si libérale, si française.
Chuquet doit de précieuses indications à la famille Susini, qui reçut des marques particulières de la bienveillance impériale. […] » Le 26 décembre 1792, le chevalier de La Ferrandière, commandant d’Ajaccio, adressait au ministre de la Guerre un rapport où l’on peut noter ce détail : « Des esprits exaltés par des lettres particulières, par des papiers publics, mettent la fermentation dans l’île… Une douzaine de particuliers illuminèrent leurs fenêtres, et on lisait : Vive la nation ! […] On remarque, en effet, que les Corses, à peine libérés d’un long esclavage, ont montré une prédilection particulière pour l’exercice de l’autorité. […] Elle a deviné, avec ce flair particulier qu’ont les demoiselles à marier, le projet qui se trame et qui fait chuchoter, autour d’elle, l’aréopage des tantes. […] Mais… je suis prête à sacrifier mon bonheur particulier au bien de l’État, persuadée que l’on ne trouve la vraie félicité que dans l’accomplissement de ses devoirs, même au préjudice de ses inclinations.
Contre cette tendance, qui n’est pas particulière à tel ou tel pays, et qui semble fâcheusement résulter des conditions générales de la vie moderne, M. […] Nous aimons donner à nos compositions un commencement, un milieu et une fin, attribuant à chaque partie son rôle particulier, un exorde, une démonstration, une conclusion. […] Il est vrai que le poète, quand il s’exprime ainsi, pense surtout au théâtre, et à l’optique particulière qui est nécessaire à ses effets. […] Vivants, ils ont conscience d’être les modes d’une substance qui représente le seul bien, la seule vérité, le seul Être ; et ils demandent à perdre cette modalité particulière pour redevenir la substance divine : L’âme aimante s’élance hors du monde créé, et se crée dans l’infini un monde tout entier pour elle et fort différent de ce gouffre obscur et rempli de terreur. […] Avant que notre soleil s’éteigne, elle peut être elle-même totalement embrasée, et former un tourbillon particulier et séparé, enlever au soleil quelques-unes de ses planètes, en dérober même à quelques autres tourbillons voisins.
Où serait la raison qu’un particulier ose en sacrifier tant d’autres à soi seul, et que la société ne pût par sa ruine racheter le repos public ! […] Et l’esprit classique avait cru que ce sont les mœurs qui font les lois, ou en d’autres termes que le bien public se compose de l’accord des bonnes volontés particulières, mais l’esprit encyclopédique a répandu cette idée dans le monde que « si les lois sont bonnes, les mœurs seront bonnes, si les lois sont mauvaises, les mœurs seront mauvaises ». […] Disciple de Voltaire et ami très particulier de Turgot, membre de l’Académie française et secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, je ne crois pas que ses travaux scientifiques témoignent de beaucoup d’originalité ni d’érudition ; et on ne l’a jamais pris pour un grand écrivain. […] 2º Le Poète ; — et que son unique mérite est de représenter un moment très particulier de l’art d’écrire en vers ; — la publication de Ver-Vert en 1734 ayant été presque un événement littéraire ; — et Le Méchant, qui date de 1747, étant certainement la meilleure comédie en vers que nous ait léguée le xviiie siècle ; — sans en excepter la Métromanie, elle-même, d’Alexis Piron. — Elle ne manque même pas d’une certaine force de satire ; — et de quelque valeur « documentaire » ; — si le type du « méchant » forme la transition entre les petits-maîtres de Marivaux [Cf. […] Tous ces ouvrages, d’un caractère assez général, doivent d’ailleurs être complétés, contrôlés et reliés au moyen des recherches plus particulières de M.
Je parle de celle qui est assujettie à certaines regles & à un rithme particulier. […] Chacun, en son particulier, l’appliquait à ses rivaux, & ne soupçonnait pas qu’il pût lui-même y être intéressé. […] Le Sage, en son particulier, avait cette double prétention. […] Ces deux genres ont chacun leur agrément particulier. […] Peu de Musiciens ont vu leurs airs aussi généralement chantés dans le public & le particulier, que le sont aujourd’hui ceux de cet Auteur.
Car ce qu’il lui faut, c’est un bonheur d’espèce particulière, fin, léger, rapide, incessamment renouvelé et varié, où son intelligence, son amour-propre, toutes ses vives et sympathiques facultés trouvent leur pâture ; et cette qualité de bonheur, il n’y a que le monde et la conversation pour la fournir. […] Rien même n’est si commun à Paris entre particuliers. » (Barbier, IV, 496.)
« Dès les premiers jours, notre ministre me présenta dans plusieurs maisons ; et, soit à cause des spectacles publics, soit pour le nombre des fêtes particulières et la variété des amusements, le carnaval me parut plus brillant et plus agréable qu’aucun de ceux que j’eusse encore vus à Turin. […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps ; le roi mon père en avait une prédilection toute particulière.
Rousseau faisait des constitutions pour les peuples et des plans d’éducation pour les pères de famille, les particuliers sollicitaient de lui des règles de conduite pour leur profession. […] C’est à la fois un fait qui lui est particulier et un trait de l’esprit d’utopie.
Toute formule est partielle, parce qu’elle n’est moulée que sur quelques cas particuliers. […] De simples incommodités, qui obligent certains religionnaires à avoir des bouchers particuliers, se pourvoyant de bêtes d’après certaines règles ; pure affaire d’abattoir et de cuisine.
Une première édition particulière de ce poème écrit en 1852 parut en janvier 1853, la première édition pour la vente en 1863, et cette dernière contenait des changements de détails assez intéressants ; mais la chose que je tiens à constater et à fixer, c’est que ce poème de 1852 est dans toute sa conception et presque dans chaque détail d’exécution identique à celui de la partition, et qu’il n’y a donc lieu de distinguer que deux rédactions, celle de 1848 et celle de 1852. […] Voici, par exemple, quelques détails intéressants, mais qui viendront à l’appui de ce que j’avance. — Déjà en 1848, plusieurs mélodies qui aujourd’hui sont une partie importante de la charpente symphonique du Ring existaient. — Le thème principal de la Chevauchée des Walküres, par exemple, et la mélodie que le jeune Siegfried joue sur son cor sont de cette époque (Tappert), quoique les drames dans lesquels ils apparaissent maintenant pour la première fois et dans lesquels ils acquièrent leur caractère particulier et leur signification poétique n’existassent point à ce moment. — Des lettres de 1849 et 18 50 nous montrent Wagner impatient de se mettre à la partition de sa Mort de Siegfried, dont, dit-il, « la musique lui démange les doigts ». — De suite après avoir écrit son Jeune Siegfried, en 1851, il se mit à la musique, et nul doute que de nombreuses parties du premier acte et du second de notre Siegfried sont, pour la déclamation et pour le dessin mélodique général ; de cette année.
Au-dessous du Christ, là-bas au fond, le président, à la voix d’un vieux père noble édenté, dans le silence d’émotion de la salle, ânonne une lettre d’amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés, avec une malignité de vieux juge, une sorte de bégayement sinistre, particulier aux gens de justice. […] …………………………………………………………………………………………… Ce soir nous nous traînons péniblement à Saint-Gratien, où le salon de la princesse a le contrecoup des inquiétudes politiques du moment… Le docteur Philips se met à parler de certaines maladies toutes modernes, de maladies nerveuses comme celles qui naissent de certains travaux mécaniques, des mêmes mouvements répétés, de seconde en seconde, pendant sept heures, ainsi que dans la machine à coudre, puis d’une maladie particulière de la moelle épinière, produite chez les chauffeurs, par le tremblement perpétuel de la machine, enfin des nécroses venant à la mâchoire inférieure des jeunes filles, fabriquant des allumettes.
Théo me dit, ce soir, avec le ton doucement splénétique qui est un charme tout particulier chez lui : « Ricord croit que c’est la valvule mitrale du cœur qui ne va pas : ou elle se relâche ou elle se resserre. […] Enfin presque invisiblement descend sur lui, l’enveloppe, et touche à ses attitudes, à ses gestes, à son dire, sans qu’on puisse bien la définir par des mots, la triste humilité particulière à l’enfance des vieillards.
Geffroy m’amène Raffaëlli, qui a demandé à voir mes dessins, et l’on cause critique d’art, quand soudain Raffaëlli s’écrie : « Par exemple, en fait de jugement d’une peinture, ce que vous avez dit à Geffroy à propos de mon exposition de la rue de Sèze, de l’année dernière, ça m’a renversé, bouleversé, fait croire que vous étiez un vrai voyant en tableaux. » Voici l’histoire : L’année dernière à un dîner chez les Daudet, qui fut un peu une chamaillade avec Zola, depuis le commencement jusqu’à la fin, la bataille avait commencé à propos d’une discussion sur Raffaëlli, que je louais, et j’ajoutais devant Geffroy qui se trouvait là : « Il y a chez Raffaëlli, dans ces dernières années, une blondeur, un attendrissement tout particulier, il a dû se passer quelque chose dans sa vie. […] C’est particulier comme les étrangers, ainsi que les provinciaux, sont intimidés par ce don tout parisien, et comme ils sont volontiers pris d’antipathie pour les gens, dont la parole recèle pour eux, de secrètes et mystérieuses moqueries, dont ils n’ont pas la clef.
Ils pourront bien mériter quelque louange particulière, ils pourront bien se surpasser l’un l’autre, aplanir le chemin peu à peu, y apporter de plus en plus de nouvelles clartés : mais certes il y aura toujours dans leurs ouvrages beaucoup plus à désirer qu’à admirer, plus de choses obscures que d’éclaircies, et moins de vérités que de conjectures.
Les discours de Massillon ont cela de particulier, au point de vue littéraire, qu’ils ne furent jamais imprimés de son vivant ; le seul de ses discours qu’il publia lui-même, et pour lequel il se vit critiqué, fut son Oraison funèbre du prince de Conti en 1709.
Et nous aussi, nous voyons le libre concert et l’union de l’Église et de l’État ; et, à ce point de vue plus particulier du Génie du christianisme qui nous occupe, n’est-ce donc rien comme signe charmant de douce influence regagnée et socialement établie, que cette image de la Vierge envoyée hier par l’Empereur à nos flottes, et qui y est reçue avec reconnaissance en protectrice et en patronne ?
Le lendemain même de cette fête rurale, craignant d’après un avis reçu de Versailles d’avoir à soutenir une lutte au sujet de la présidence de l’Assemblée avec les présidents ou doyens particuliers des deux autres ordres, et résolu de ne rien céder des droits du tiers état, c’est-à-dire de la nation qui, en définitive, les absorbait tous, il cherche quelqu’un à consulter pour se fortifier dans ses résolutions : et tous les députés étant dispersés, il ne voit rien de mieux que d’aller faire part de ses honnêtes pensées au duc d’Orléans, qui était alors au Roule : J’avoue ici avec simplicité mon ignorance.
On ne peut pas cependant leur ôter une belle dose d’imagination et d’idées particulières.
Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière.
Bergeret, secrétaire du cabinet, à célébrer Louis XIV, ses guerres, ses conquêtes, le triomphe de sa diplomatie impérieuse : Heureux, disait en terminant Racine (et cette péroraison n’est pas la plus délicate partie de son discours), heureux ceux qui, comme vous, Monsieur, ont l’honneur d’approcher de près ce grand prince, et qui, après l’avoir contemplé, avec le reste du monde, dans ces importantes occasions où il fait le destin de toute la terre, peuvent encore le contempler dans son particulier, et l’étudier dans les moindres actions de sa vie, non moins grand, non moins héros, non moins admirable, que plein d’équité, plein d’humanité, toujours tranquille, toujours maître de lui, sans inégalité, sans faiblesse, et enfin le plus sage et le plus parfait de tous les hommes !
Ce témoignage moins connu que d’autres a cela de particulier qu’il porte précisément sur le charme de la manière de Montaigne, en ce qu’elle a de plus opposé à la méthode de Charron : « Dans mon innocente et fortunée solitude, écrivait Jean de Muller (1784-1785), je travaille dix ou onze heures par jour à mon livre (sa grande histoire helvétique) ; vient ensuite une heure donnée à la correspondance, le reste à la société ; ma société du matin, c’est Moïse ou Paul, celle du soir Cicéron, Métastase et Montaigne ; parfois, quand l’horizon se trouble, vient un certain ami bien cher qui ne me quitte guère, nommé Horace ; il me dit : « Deme supercilio nubem… » Et à son frère, dans une lettre du 4 décembre 1788 : « Je te conseille de composer souvent ; cela est indispensable à un esprit comme le tien ; écris tes pensées sur les choses, les livres, les hommes ; qu’il sorte de là une collection à la Montaigne.
C’est à cette destination particulière, et peut-être aussi au tour d’esprit de l’auteur, qu’il faut attribuer certaines formes, certaines divisions plus méthodiques et, pour tout dire, plus scolastiques qu’on ne voudrait en telle matière ; mais il y a une véritable étude, une étude approfondie du sujet, beaucoup de vues justes, fines, pénétrantes, des remarques ingénieuses et solides.
Ce qu’il avait surtout, et bien mieux que l’étude première et la discipline, c’était la source, le jet, l’esprit vif, ouvert, primesautier et perfectible, un tour particulier d’imagination, et c’est ce qui lui assure son originalité à côté des plus grands princes et capitaines qui ont bien parlé ou bien écrit.
En redevenant ainsi poète mâconnais, il ne se doutait pas qu’il travaillait peut-être plus sûrement pour sa mémoire que s’il fût resté poète à Versailles, comme perdu et noyé parmi tous ces demi-dieux et ces naïades ; car en étant d’un lieu et d’une cité particulière, et en y laissant sa tradition, il a trouvé, après plus d’un siècle, des investigateurs curieux et presque des fidèles pour en recueillir le souvenir, et il a eu cet honneur que M. de Lamartine, tout jeune, entendant réciter de ses vers marotiques a fait un dizain à sa louange et un peu à son imitation.
Il n’avait pas attendu d’être si proche voisin de Coppet pour devenir un ami particulier des Necker et pour connaître familièrement Mme de Staël.
Ce qu’elle nous dit du duc d’Orléans, à ce moment et dans toute la suite, s’accorde bien, au reste, avec le jugement que les meilleurs esprits ont porté de ce déplorable prince ; Ainsi, il résulte du récit de Mme Elliott que ce soir du 12 juillet, en arrivant à Monceaux, le duc était encore très indécis ; que, deux ou trois heures après, Mme Elliott, qui était sortie à pied avec le prince Louis d’Arenberg pour juger par elle-même de la physionomie des rues de Paris et de ce qui s’y disait, revint à Monceaux, et, dans un entretien particulier qui dura jusqu’à deux heures du matin, conjura à genoux le duc de se rendre immédiatement à Versailles et de ne pas quitter le roi, afin de bien marquer par toute sa conduite qu’on abusait de son nom.
Une circonstance particulière le remit dans sa voie et influa sur son choix prochain.
Quoi qu’il en soit, chaque ami qui a déchiffré sa série de petits papiers a eu droit à une dédicace d’une partie des œuvres : ce qui fait qu’en avançant dans le second volume, rempli des écrits de Mme Swetchine, on rencontre de temps en temps des dédicaces particulières à des amis intimes (du fait de l’éditeur et non de l’auteur) : on croirait marcher de petite chapelle en petite chapelle ; dans ces moindres arrangements, on sent le goût de l’église et du reposoir.
Il est vrai que ce genre de sujet offre des difficultés particulières, qu’il est plein d’épines en même temps que de fleurs, et qu’il demande, à le traiter comme il faut, bien des délicatesses.
Il faut distinguer deux temps très-différents, deux époques, dans les jugements de Gœthe sur nous et dans l’attention si particulière qu’il prêta à la France : il ne s’en occupa guère que dans la première moitié et, ensuite, tout à la fin de sa carrière.
Un bien-être de plus, un mieux-être que la science, la civilisation, une bonne police, un gouvernement attentif et philanthropique, procurent au grand nombre des gens de travail et aux particuliers, est une liberté de plus, et qui, pour ne pas être écrite sur une Charte ou sur un papier, n’en est pas moins pratique, positive et de réelle jouissance.
On voyait en première ligne, en tête de ces partisans des rigueurs salutaires, un Bonald, à l’air respectable et doux, métaphysicien inflexible et qui prenait volontiers son point d’appui, non pas dans l’ancienne monarchie trop voisine encore à son gré, mais par-delà jusque dans la politique sacrée et dans la législation de Moïse : oracle du parti, tout ce qu’il proférait était chose sacro-sainte, et quiconque l’avait une fois contredit était rejeté à l’instant, répudié à jamais par les purs ; — un La Bourdonnaie, l’homme d’action et d’exécution, caractère absolu, dominateur, un peu le rival de Bonald en influence, mais non moins dur, et qui avec du talent, un tour d’indépendance, avec le goût et jusqu’à un certain point la pratique des principes parlementaires, a eu le malheur d’attacher à son nom l’inséparable souvenir de mesures acerbes et de classifications cruelles ; — un Salaberry, non moins ardent, et plus encore, s’il se pouvait ; pamphlétaire de plume comme de parole, d’un blanc écarlate ; — un Duplessis-Grenedan, celui même qui se faisait le champion de la potence et de la pendaison, atroce de langage dans ses motions de député, équitable ailleurs, par une de ces contradictions qui ne sont pas rares, et même assez éclairé, dit-on, comme magistrat sur son siège de justice ; — M. de Bouville, qui eut cela de particulier, entre tous, de se montrer le plus inconsolable de l’évasion de M. de Lavalette ; qui alla de sa personne en vérifier toutes les circonstances sur les lieux mêmes, et qui, au retour, dans sa fièvre de soupçon, cherchait de l’œil des complices en face de lui jusque sur le banc des ministres ; — et pour changer de gamme, tout à côté des précédents, cet onctueux et larmoyant Marcellus, toujours en deuil du trône et de l’autel, d’un ridicule ineffable, dont quelque chose a rejailli jusqu’à la fin sur son estimable fils ; — et un Piet, avocat pitoyable, qui, proposant anodinement la peine de mort pour remplacer celle de la déportation, disait, dans sa naïveté, qu’entre les deux la différence, après tout, se réduisait à bien peu de chose ; ce qui mettait l’Assemblée en belle humeur et n’empêchait pas le triste sire de devenir bientôt, par son salon commode, le centre et l’hôte avoué de tous les bien pensants ; — et un Laborie que j’ai bien connu, toujours en quête, en chuchotage, en petits billets illisibles, courtier de tout le monde, trottant de Talleyrand ou de Beugnot à Daunou, mêlé et tripotant dans les journaux, pas méchant, serviable même, mais trop l’agent d’un parti pour ne pas être inquiétant et parfois nuisible.
L’aimable reine Caroline, épouse du roi Jérôme, écrivant pour son usage particulier un Journal, y a noté à la date du 30 mai 1811 : « Nous avons passé notre soirée à Nassau, campagne qui appartenait autrefois à M. de Stein, ministre d’État en Prusse, mais qui a été séquestrée depuis la dernière guerre avec l’Autriche, à cause des libelles qu’il avait écrits contre plusieurs princes de la Confédération du Rhin.
J’ai eu, en mon particulier, une conversion à faire, qui est le Noailles.
Malouet nous ouvre un jour assez particulier sur cet homme de lettres aujourd’hui oublié, qui ne fut point dans les premiers rangs ni même dans les seconds au xviiie siècle, mais dont la physionomie vue de près offre un intérêt attachant.
Il accorde tant à l’humanité en général et à je ne sais quelle apothéose de l’espèce ; dans le particulier, il a l’air de croire si aisément à l’esprit horatien de ses amis, qu’il pourrait croire par là-dessus à l’immortalité des beaux vers.
Ils ont, en un sens, passé toutes les espérances et aussi laissé derrière eux toutes les craintes ; tous les hasards d’idées déchaînées dans les hautes régions ont soufflé en eux à pleines voiles, et les ont fait vibrer sur toutes les cordes selon leur mode particulier de véhémence ou d’harmonie.
Étienne devait à son bonheur même d’avoir des envieux et des ennemis : le bruit se répandit que la pièce des Deux Gendres n’était pas de lui, ou du moins qu’il avait eu pour la composer des secours tout particuliers, une ancienne comédie en vers.
Les maux particuliers s’évanouiront dans la sensation fondamentale d’être et d’agir ; et du respect des formes de la vie hors de soi comme en soi découlera la douceur à l’égard des hommes et des choses, indulgente sociabilité ou résignation stoïque.
Dalembert, Turgot, Condillac, Condorcet, Suard, le duc de la Rochefoucauld, étaient ses amis particuliers et assidus.
Il n’y a pas eu lieu pour nous de consacrer une étude particulière aux œuvres oratoires du xviiie siècle.
Richepin croit mieux peindre en n’employant que des mots aussi familiers et particuliers que possible.
Une vérité supérieure se dégage peu à peu de ce travail et plane sur toutes les vérités particulières, noble conquête de l’espèce humaine désormais réhabilitée dans toutes ses races : c’est l’unité de l’homme.
On peut, si l’on analyse et compare avec soin les ouvrages des hommes qui sortent alors de la province régnante, relever nombre de locutions, de faits locaux, d’usages particuliers, d’images familières, qui représentent l’apport de cette province à la civilisation nationale.
Ce qu’il y a de particulier à ce genre d’enseignement indirect, c’est d’être une lecture et non une leçon ; c’est que le maître ne paraisse point, qu’il n’y ait point de maître à proprement parler, mais un guide qui devance à peine et fasse avec vous les mêmes pas.
On ne saurait donc s’étonner si ces lettres écrites de Pologne ne renferment rien de beaucoup plus intéressant : il se peut que d’autres où il en disait plus aient été écrites en chiffre, et nous n’avons peut-être ici que les moins particulières.
Bien qu’il eût quelque chose de Buckingham, il ne paraît pas qu’il ait entretenu aucune liaison particulière avec la reine avant l’année 1643.
Il fut bien l’homme et le roi que nous annonçaient sa nature d’alors et cette éducation si particulière pour un prince.
Grâce à lui, ce qu’il appelle les trois phases de la vie politique de Mirabeau depuis 89 jusqu’à sa mort, les circonstances particulières et les vicissitudes de ses relations avec la Cour, sont aussi éclaircies désormais qu’il est permis de l’espérer22, et, quelque jugement qu’on porte sur le caractère de l’homme, le génie de Mirabeau en ressort plus grand, il est piquant de voir cet esprit juste, droit et pur de M.
Rien qu’à l’accent, il est évident qu’avec ce fonds d’humeur républicaine et cette conscience d’homme libre qui se retrouve à nu dès qu’on le presse trop au vif, Mallet du Pan en prend son parti ; il est à bout à la vue de tant de fautes, de sottises, et d’une partie d’échecs si mal jouée : « C’est un bonheur insigne, s’écrie-t-il ; de n’être rien qu’indépendant dans des conjonctures si désespérées, au milieu d’hommes qui ruineraient, par leur façon de faire, les conjonctures les plus favorables. » On voit à présent, sans qu’il y ait doute, quelle franche et particulière nature d’avocat consultant et de conseiller royaliste c’était que Mallet du Pan, ce paysan du Danube de l’émigration.
Il eut cela de particulier entre tant d’autres hommes éminents qui concoururent vers ce temps à la même œuvre, c’est qu’il était resté pur, qu’il avait traversé la Révolution sans aucune tache (et parmi ses plus recommandables et ses plus savants collègues, quelques-uns, égarés autrefois ou faibles, avaient leur tache de sang).
Mais on peut croire que Chateaubriand eût moins loué Carrel écrivain, si celui-ci eût eu dans le talent quelque chose de cet éclat particulier qui, de loin, signalait aux yeux l’épée de Roland dès qu’elle apparaissait dans la mêlée.
Cette beauté était moins encore dans les traits particuliers du visage que dans l’ensemble et la grâce de toute la personne, dans le mélange de séduction et de majesté.
Au lieu de chercher la preuve du christianisme dans tel ou tel texte particulier des Écritures, ou dans une argumentation personnelle qui s’adresse à la raison de chacun, M. de Lamennais soutenait qu’il faut la chercher avant tout dans la tradition universelle et dans le témoignage historique des peuples : et pour cela il croyait voir, même avant la venue de Jésus-Christ et l’établissement du christianisme, une sorte de témoignage confus, mais concordant et réel, à travers les traditions des anciens peuples et jusque dans les pressentiments des principaux sages.
Étienne, qui avait déjà donné trois éditions de sa pièce sans préface et sans un mot d’avertissement, avait-il eu, pour la composer, quelque secours particulier dont il ne s’était pas vanté ?
Il est très vrai que, quand on est auteur et bon auteur, on doit nécessairement et sans vanité n’être satisfait que de ce que l’on fait soi-même, puisqu’on à une façon de penser toute particulière qui ne peut guère s’accommoder que d’elle-même.
Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ?
Cette fois oseront-ils se presser devant ce portrait au sexe douteux, devant cette face faisandée, pourrie, exténuée de vice solitaire, devant ce cadavre avant la lettre dont la tristesse est marquée de l’hébétement particulier aux sectateurs trop fougueux d’Onan ?
Il n’aimait pas les exemples particuliers, les cas précis, les petits faits distincts.
Pour la première fois, la science des méthodes et des vues d’ensemble demeurait nulle, laissant les sciences particulières marcher à leur gré et toutes seules, rattachée tout entière à la morale, commentaire du Vicaire savoyard, demandant à la religion place à côté d’elle, et réduite à lui offrir respectueusement un secours suspect94.
Les avocats commencerent par les mettre en vogue, & les particuliers prennent la même allure. […] La réponse est plaisante, & voilà comme dans Paris un particulier a droit jusque dans les jardins du roi même, d’y faire tout ce qui lui plaît. […] J’ai centuplé, me dit-il avec complaisance, mes revenus ; de petit particulier que j’étois, je suis devenu un personnage important, ayant maintenant nombre de colons & de troupeaux. […] Pour moi, lui dis-je, dans mon petit particulier, je l’ai autant blâmé, qu’admiré. […] Alors toute une assemblée devient la dupe d’un simple particulier, qui n’a souvent d’autre mérite que celui d’avoir fait l’énergumene.
Une bienveillance toute particulière, une confiance dont je me sens honoré108 me remet entre les mains une suite de lettres de cette femme illustre qui ont échappé au double désastre d’une ruine et d’un incendie. […] Sa parole est ardente, et comme aux jours de fructidor, quand une accusation injuste, quand une mesure illégitime vient froisser sa conscience, quand un appel à l’iniquité s’élève, quand la Constitution, la Charte, lui paraît en péril, il est des premiers à protester avec émotion : il s’enflamme, et son éloquence a cela de particulier entre toutes, qu’elle exhale le cri des entrailles. […] Ce qui ne veut pas dire, comme l’a cru un de ses biographes, qu’il entra au séminaire ; il était comme élève dans le pensionnat particulier qu’y tenaient les sulpiciens de Lyon.
Duval, instruit du départ prochain de M. de Saint-Pierre, fit tous ses efforts pour changer sa résolution ; mais, ne pouvant y réussir, il lui ouvrit généreusement sa bourse ; et le même jeune homme qui venait de refuser les dons d’un maréchal d’empire, parce qu’il ne pouvait voir en lui qu’un protecteur étranger, consentit à emprunter dix roubles (50 fr.) d’un simple particulier dans lequel son cœur voyait un ami. […] Leur histoire est touchante ; mais dans cette île, située sur la route des Indes, quel Européen peut s’intéresser au sort de quelques particuliers obscurs ? […] L’une et l’autre furent contentes de leur lot ; mais elles me prièrent de ne pas séparer leur demeure, « afin, me dirent-elles, que nous puissions toujours nous voir, nous parler et nous entr’aider. » Il fallait cependant à chacune d’elles une retraite particulière.
Il faut pour s’y appuyer des dispositions innées toutes particulières. […] Je ne sais si je me trompe, et si, n’ayant pas le tableau sous les yeux, je ne prête pas au peintre des idées qu’il n’a pas eues ; mais il me semble que la nature particulière de la femme et sa condition particulière sur la terre pendant la loi du Christianisme sont exprimées là avec un art sublime.
Dans un vitrine placée au milieu d’une fenêtre, il nous fait voir sa collection particulière, une réunion de cires des xvie , xviie et xviiie siècles, petits médaillons momifiés, petites figures cadavériques, effrayantes à la façon de petits morts et de petites mortes. […] Après des compliments, il nous demande pourquoi nous n’avons pas parlé des vertus provinciales, de la vie sociale de la province, de cette vie si particulière, si tranchée, si caractéristique, et qu’on trouvait surtout dans les villes de parlement comme Dijon, de cette vie aujourd’hui complètement morte… « Oui, reprend-il, la province ne se fait plus envoyer les livres de Paris, on ne lit plus ; quand il vient des voisins chez moi à la campagne, je leur donne des livres, personne ne les ouvre… » Puis il nous parle de l’article de Sainte-Beuve sur notre livre, et nous dit qu’à cette place où nous sommes, Sainte-Beuve venait souvent causer avec lui en 1848, lui avouant que c’était dans le but de l’étudier, et lui demandait comment il faisait pour parler, et prenait des notes, en se frottant joyeusement les mains : « Je lui ai connu bien des phases d’existence. […] Alors, il nous esquisse, comme en des devis de poète, le logis à l’italienne du xvie siècle, et les immenses escaliers au milieu du palais ; puis les grands plain-pieds amenés par la disparition des escaliers, et introduits à l’hôtel Rambouillet ; puis le Louis XIV incommode et sauvage ; puis ces merveilles d’appartements des fermiers généraux, à propos desquels il se demande si c’est l’argent de ces financiers, ou le goût particulier des ouvriers d’alors, qui les ont fait naître… puis enfin notre appartement moderne, même le plus riche… sérieux, démeublé, désert.
— Princesse, interrompt Sainte-Beuve, vous ne savez pas cela, demandez à ces messieurs de Goncourt, il y avait au xviiie siècle des sociétés particulières qui fournissaient ces femmes-là, des sociétés du moment. […] Il me semble que j’entre dans un monde de diplomatie particulière, où la parole est donnée à l’acteur pour déguiser l’envie qu’il a d’un rôle, la crainte qu’il a de le voir aller à un autre. […] C’est un autre particulier que les autres.
Dans l’intérêt de la société des hommes, et par conséquent, dans son intérêt même, personnel et particulier, que chacun de nous abdique donc un peu de cet égoïsme qui lui est d’ailleurs si naturel ! […] Qu’il est fort de son ignorance ; — et, à cette occasion, d’une forme de vanité particulière aux « autodidactes ». — La dédicace des Discours admirables au seigneur de Pons. — L’œuvre de Palissy est le témoignage de l’état d’esprit d’un « povre artisan » de son temps. — C’est ce qui en fait la singularité, l’originalité et le naturel. — Talent du conteur [Les Ammonites de Marennes, éd. […] V. — La Satire Ménippée [1593-1594] 1º Les Sources. — Presque toutes les pièces un peu particulières, nécessaires ou utiles à l’intelligence de la Satire Ménippée, ont été réunies dans l’édition de Ratisbonne, donnée par Prosper Marchand, 3 vol. in-12, 1726, chez les héritiers de Mathias Kerner. — Joignez l’introduction de Charles Labitte à son édition de la Satire, Paris, s. d. ; — et, du même : Les Prédicateurs de la Ligue, Paris, 1841.
De là sa logique particulière. […] Mais alors il faudra que la poésie substitue à ces intentions particulières qui sont ternes, prosaïques et lourdes, la subtilité et la souplesse d’une harmonie générale entre la nature et l’homme, le jeu ondoyant des analogies spontanées, voilées. […] On s’est efforcé de donner à la poésie sa valeur d’art particulière, indépendante de toute autre forme d’expression. […] De là l’état de grève du poète, non seulement contre le « siècle », mais de façon très particulière contre ce temps, où de partout disparaissent, chassés, écrasés, cette conscience du mystère intérieur, ce respect du mystère extérieur qui sont le poumon vital et l’air respirable de la poésie. […] Elle s’amplifiera dans la logique particulière à ce mode de vie intérieure, la logique de l’analogie.
C’est un morceau composé, comme vous savez, dans un mètre particulier qu’on a appÉlé saphique. […] Pourquoi voulez-vous donc que je me déclare, contre un homme si bien appuyé, et que ce que nous en avons dit, en notre particulier devienne public ? […] Dans sa dédicace au très-chrétien Roy de France et de Pologne Henry III, le poète dit qu’il a écrit des pierres précieuses « tantost les déguisant sous une feinte métamorphose, tantost les faisant parler, et quelquefois les animant de passions amoureuses et autres affections secrètes, sans toutefois oublier leur force, ny leur propriété particulière ». […] Dans un discours, en guise de préface, Remy Belleau explique qu’il a voulu suivre l’opinion des anciens auteurs sur les vertus et les propriétés particulières des pierres précieuses. […] Ami particulier de Ronsard, il était lié avec les principaux adeptes de la Pléiade.
L… pousse un juron formidable, suivi d’un appel olympien, dont le retentissement sonore se prolonge de salle en salle, pénètre dans les cabinets particuliers, et arrache la dame de comptoir aux mystérieuses combinaisons d’addition par erreur. […] M…, qui s’était présenté à l’appartement particulier, laisse une carte au valet de chambre, et pour indiquer qu’il est venu lui-même, il fait une croix avec un crayon au lieu de la corner. […] — Ma foi, répondit-il, mettez que je suis un Velche, ou que Mademoiselle *** n’était pas en train ce soir ; mais son esprit et ses mots m’ont paru ressembler au fameux briquet et aux allumettes d’Arnal, dans la pièce des Cabinets particuliers. […] Seulement il lui permettra de l’accompagner partout, à la condition que, moralement, celui-ci aura le soin de rester quelques pas derrière lui. — Il ne se fâchera pas si le caudataire l’aborde quand il sera en compagnie ; il commencera à lui donner son avis pour avoir une façon nouvelle de faire connaître le sien. — Il le brutalisera même en public, et le caudataire recueillera alors l’avantage d’entendre dire à côté de lui— quel est donc ce particulier que *** bourre comme ça ? […] Le cabinet particulier existe peu dans les tavernes anglaises.
Je laisse à d’autres le soin d’étudier le même problème au point de vue particulier de leurs patries respectives ; et précisément, au moment même où ce livre paraît, le sénateur Vitelleschi expose à ses compatriotes italiens des idées parallèles à celles qu’on trouvera ici. […] Par là s’expriment notre génie natif, notre énergie de race, notre endurance particulière. […] Mais là où l’on erre prodigieusement, c’est lorsqu’on tire les conséquences de cette primauté particulière. […] Quels que soient d’ailleurs les arguments qui puissent alimenter les polémiques autour de ce problème particulier, il est un fait qui demeure à l’abri de toute contestation : la situation des peuples latins dans le monde a fortement décliné. […] C’est sur cette incapacité qu’il faut se fonder pour apprécier leur valeur dans l’ensemble des nations rivales, toute appréciation de leurs vertus ou de leurs qualités particulières étant laissée de côté.
Sans doute il est visible, son amour de l’humanité, parmi l’énormité voulue de la grotesquerie ; jamais on n’y découvre une douceur particulière, une délicate émotion de cœur. […] Ce n’est point que le discours tragique ou comique ne puisse être une poésie en effet, mais ce doit être une poésie particulière, et qui, autant que ses sœurs lyrique, épique, capable de beauté, use, pour atteindre à l’idéal commun, de moyens qui ne sont pas les leurs et qui lui appartiennent en propre. […] C’est, je m’imagine, en se plaçant à ce point de vue qu’il faut considérer le très particulier génie de Charles Baudelaire. […] Mais, grâce à une clairvoyance particulière, — une clairvoyance d’illuminé, — il démêlait, dans les choses communes, ce que n’y voient point les âmes communes ; il emportait la réalité dans sa pensée pour l’y sublimiser. […] Et je ne puis me défendre d’une admiration, d’une tendresse toutes particulières pour l’adorable et discret poète Jacques Madeleine, plus adorable d’être si discret.
Au moment où la guerre civile s’organise et où les huguenots devenus puissants, enhardis par la première faveur de Catherine de Médicis et par les édits de L’Hôpital, agitent un grand dessein de confédération par toute la France, Mézeray énumère les diverses opinions produites dans leurs conseils, dont quelques-unes n’allaient à rien moins qu’à transférer la couronne de la tête du roi sur celle du prince de Condé, et à remettre le royaume en plusieurs souverainetés particulières comme du temps de Hugues Capet ; puis il ajoute, en doutant que l’amiral de Coligny y ait jamais pu consentir : Pour l’Amiral et le prince de Portian (Antoine de Croÿ) : comme c’étaient deux âmes libres et qui se piquaient du bien public, ils témoignaient avoir envie de rétablir l’ancienne liberté française, en faisant en sorte que cette monarchie, fût gouvernée par le conseil de plusieurs des plus prudents personnages, et que l’autorité du monarque fût restreinte à certains termes, etc.
Il a de ces notions particulières sur beaucoup de choses ; mais, quant aux faits véritables, on ne saurait trouver plus naïf témoin.
Que Duclos ait profité des mœurs qu’il observait de près, des histoires qui se racontaient autour de lui, qu’il ait été en ce sens le secrétaire du monde et du cercle particulier où il vivait, cela est possible et même certain ; mais on n’en peut rien conclure contre sa paternité réelle : il eût été à souhaiter seulement que, secrétaire aussi léger et aussi délicat que l’avait été Hamilton en son temps, il eût rencontré comme lui, pour lui fournir matière, des chevaliers de Grammont.
Car dans ce rappel mainte fois répété : Memento, homo…, l’orateur tout à coup se retourne plus particulièrement vers quelques-uns de ceux qui l’écoutent, l’ambitieux, l’avare et l’homme de fortune, le grand seigneur, la femme mondaine, et il leur dit, à chacun, après une description particulière de leur mal et en leur étalant une poussière de mort, semblable à la leur, à ce qu’elle sera un jour : Venez et voyez !
L’Huillier était un autre lui-même, s’attacha à donner à son fils la meilleure éducation ; Chapelle étudia au collège des jésuites de la rue Saint-Jacques, où il rencontra Bernier et Molière, et il introduisit auprès de Gassendi ces deux condisciples : tous trois profitèrent diversement des leçons particulières du philosophe, mais ils en restèrent marqués.
Arrivant à l’éloge de Louis le Grand, l’orateur ne se contient plus : « Vous le voyez, messieurs, et je le sens encore plus, je tremble de peur et je suis transporté de joie… » C’est ici que Tertullien revenait encore assez singulièrement : Il y a deux personnes dans un même homme, lorsque la Providence l’élève aux premières places : la personne particulière et la personne publique.
Voltaire, disons-le, dans les dernières années de sa vie, nous apparaît, par cette suite même de lettres, comme s’étant occupé activement du bien public dans sa petite contrée de Gex, et de tous les intérêts particuliers qui, de loin, faisaient appel à son patronage ; il plaide sans cesse auprès des ministres et des sous-ministres pour ses colons et pour tout ce qui peut assurer leur existence ou améliorer leur bien-être, et aussi pour les autres clients plus éloignés qui se donnaient à lui.
» Ici nous retrouvons quelques-unes des idées particulières et, si l’on veut, des préventions de Vauvenargues, un reste de gentilhomme, ou plutôt un commencement de grand homme ambitieux, qui aimerait mieux franchement être Richelieu que Raphaël, avoir des poètes pour le célébrer que d’être lui-même un poète ; qui aimerait mieux être Achille qu’Homère : « Quant aux livres d’agrément, ose-t-il dire, ils ne devraient point sortir d’une plume un peu orgueilleuse, quelque génie qu’ils demandent ou qu’ils prouvent. » Il ne permet tout au plus la poésie à un homme de condition et de ce qu’il appelle vertu, que « parce que ce génie suppose nécessairement une imagination très vive, ou, en d’autres termes, une extrême fécondité, qui met l’âme et la vie dans l’expression, et qui donne à nos paroles cette éloquence naturelle qui est peut-être le seul talent utile à tous les états, à toutes les affaires, et presque à tous les plaisirs ; le seul talent qui soit senti de tous les hommes en général, quoique avec différents degrés ; le talent, par conséquent, qu’on doit le plus cultiver, pour, plaire et pour réussir. » Ainsi la poésie, il ne l’avoue et ne la pardonne qu’à titre de cousine germaine de l’éloquence, et qu’autant qu’elle le ramène encore à une de ces grandes arènes qui lui plaisent, à l’antique Agora ou au Forum, ou à un congrès de Munster, en un mot à une action directe sur les hommes.
Mais un sentiment tardif et profond, si imprévu et qui tranche sifort avec tout ce qu’on savait du chantre de Lisette, lui fait trop d’honneur pour que, si quelque témoignage, particulier en existe dans ses papiers ou dans ses lettres, on ne le produise pas un jour.
Quant à moi, qui ne suis pas moins accusé qu’eux, et qui, peut-être, suis encore plus coupable, je vous supplie et vous conjure, Monseigneur, si vous avez quelque bonté pour moi, d’écouter tout ce que l’on vous dira contre, et d’approfondir, afin d’en découvrir la vérité ; et si je suis trouvé coupable, comme j’ai l’honneur de vous approcher de plus près que les autres, et que vous m’honorez d’une confidence plus particulière, j’en mérite une bien plus sévère punition.
Le pays n’est que prairies assez basses, fermées de watergans, c’est-à-dire fossés, ou de haies vives, et chaque particulier a sa barrière pour entrer dans son héritage ; ce terrain était, par conséquent, fort favorable à l’infanterie.
Bref, Apulée avec ses inconvénients nous est un témoin de bien des choses particulières, qui sans lui seraient restées ignorées et inconnues ; c’est un témoin indiscret et un peu bavard tant mieux !
À la longue et à force d’habiter l’Italie, il perdit un peu l’air de France et le fil des idées du temps ; à force de craindre la pédanterie, il en contracta une d’une espèce particulière : c’était de vouloir être plus vif que nature et de professer le naturel en des termes qui semblaient un peu cherchés.
Elle semble heureusement née pour habiter la campagne, tant son être« s’harmonise avec les fleurs, les oiseaux, les bois, l’air, le ciel, tout ce qui vit dehors, grandes ou gracieuses œuvres de Dieu. » Elle aussi, comme Bernardin de Saint-Pierre, elle a le sens des symboles naturels ; la vie sous toutes ses formes lui parle ; elle est femme à voir des mondes dans un fraisier : « Mon ami, je suis ce fraisier en rapport avec la terre, avec l’air, avec le ciel, avec les oiseaux, avec tant de choses visibles et invisibles que je n’aurais jamais fini si je me mettais à me décrire, sans compter ce qui vit aux replis du cœur, comme ces insectes qui logent dans l’épaisseur d’une feuille. » Toutes les saisons de l’année, toutes les heures de la journée ont pour elle leur charme particulier et leur langage.
On trouvera à la fin du volume, dans l’Appendice, quelques détails plus particuliers sur mes anciens rapports avec l’abbé Lacordaire.
La description des préparatifs est très-sentie, et l’événement qui a tant marqué depuis dans la vie de M. de Girardin y donne un sens particulier et comme prophétique : « Le mystère qu’il faut mettre à tous les apprêts d’un duel, ces apprêts mêmes, ont quelque chose d’horrible ; les soins, les précautions qu’il faut prendre, le secret qu’il faut garder, tout cela ressemble aux préparatifs d’un crime.
Le sujet traité par M. d’Alton-Shée n’est autre que celui du séducteur marié, ou plutôt de l’homme à bonnes fortunes et du libertin marié (car le mot de séducteur a une acception un peu plus particulière) ; un tel sujet, sous un de ses aspects ou sous un autre, n’a pu manquer de venir plus d’une fois à la pensée des auteurs dramatiques, et l’on pourait dresser, en effet, une assez longue liste de pièces dont les titres sont plus ou moins dans ce sens.
Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?
Le président Hénault la suivait alors dans son cabinet : « C’est ici un autre climat, nous dit-il ; ce n’est plus la reine, c’est une particulière.
S’ils demandent des détachements, il doit les fournir sans autres ordres, sauf à lui d’en rendre compte au général ; mais pas un ne lui en demandera s’il possède sa confiance78… » Cette définition que nous donne Catinat, me fait revenir encore sur le mot du duc de la Feuillade à son sujet, et elle achève pour moi de l’éclairer d’une manière plus particulière.
L’Iliade, au contraire, composée de scènes, d’exploits particuliers, de combats et de duels entre les principaux héros, offre « un splendide tableau de la guerre de Troie en général », et répond parfaitement à ce titre plus étendu sous lequel le poëme est devenu immortel.
Il faut donc se bien garder d’abjurer le talent qu’on a acquis, le sens particulier qu’on a aiguisé, l’instrument subtil et sûr dont la main sait tous les secrets, mais aviser seulement à l’appliquer là où il porte à propos et où il atteint son effet.
Si Jasmin avait vécu au temps des troubadours, s’il avait écrit en cette littérature perfectionnée dont il vient, après Goudouli, Dastros et Daubace, et, à ce qu’il paraît, plus qu’aucun d’eux, embellir encore aujourd’hui les débris, il aurait cultivé la romance sans doute, et quelques heureux essais de lui en font foi ; mais il aurait, j’imagine, préféré le sirvente, et, en présence des tendres chevaliers, des nobles dames, des Raymond de Toulouse et des comtesses de Die, il aurait introduit quelque récit railleur d’un genre plus particulier aux trouvères du Nord, quelque novelle peu mystique et assez contraire au vieux poëme de la vie de sainte Fides d’Agen.
Chacun fut obligé d’exposer son travail particulier en présence de tous.
Malgré cette insuffisance, il lui reste d’avoir été le premier qui ait su chercher et lire dans les faits le caractère particulier d’une époque, mettant ainsi l’histoire d’un seul coup dans sa véritable voie.
De chaque phénomène, il fixe la particulière beauté ; et ainsi le poète des religions se double d’un peintre de paysages et d’animaux.
Quelqu’un me dit : « Cette gaieté des moines échappés dans les jardins des couvents entre deux exercices religieux est quelque chose de très particulier.
D’abord il n’y a pas une seule ingénue, et peut-être, en effet, ne peut-il pas y en avoir dans ce monde particulier.
Etant doué de façon si particulière, il est nécessairement étroit et intransigeant (quoiqu’il lui soit arrivé, je le sais, de faire effort pour élargir ses sympathies).
Son style est, dit-on, si fantastique, si subtil, si extraordinaire, que même en Allemagne on a senti le besoin d’un guide pour l’intelligence de ses ouvrages, et qu’un dictionnaire particulier à l’usage de ses lecteurs se publie en ce moment.
À la difficulté particulière des sujets, s’ajoute celle qui naît de la subtilité de l’auteur.
Ferdousi y joint une douceur particulière, une disposition de clémence et de compassion qui sent le voisinage de l’Inde.
Mme Du Deffand eut cela de particulier du moins, entre les esprits forts de son siècle, de n’y point mettre de bravade, de sentir que la philosophie qu’on affiche cesse d’être de la philosophie, et elle se contenta de rester en parfaite sincérité avec elle-même.
Le maître-autel seul restait en vue : on déroba et on condamna toutes les petites chapelles particulières.
Né en 1799, il avait quinze ans à la chute de l’Empire ; il a donc connu et senti l’époque impériale avec cette clairvoyance et cette pénétration de coup d’œil particulière à l’enfance, et que la réflexion achèvera ensuite, mais dont rien n’égalera la jeune lucidité.
Certes, si quelque chose était capable en France de contrebalancer l’impétuosité et l’impatience particulière à la nation, à la noblesse comme au peuple même, de créer à temps ce respect de la loi qui est comme un sens public qui nous manque et qui est aboli en nous, c’était ce corps intègre, tenant un milieu magistral, ce corps de politiques encore croyants, bons chrétiens et catholiques sans être ultramontains, royalistes loyaux et fervents sans être courtisans ni serviles.
Ce caractère de brièveté et de concision heureuse est particulier à Mme de Maintenon, et il ne lui est commun qu’avec Mme de La Fayette.
Dès ce temps-là, il n’était pas très rare de trouver de libres et hardis causeurs qui, parlant de La Harpe à propos de son Éloge de Racine, disaient : « L’Éloge de M. de La Harpe manque d’idées et de vues… Un coup d’œil neuf et profond porté sur la tragédie et sur l’art dramatique, voilà part où il fallait honorer la cendre du grand Racine14. » De telles vues, de telles questions, qui allaient jusqu’à Sophocle et à Shakespeare, pouvaient être particulières alors à quelques esprits ; elles eussent excédé la portée d’un auditoire à cette date et encore durant les trente ou trente-cinq années suivantes.
Vers la fin, engagé dans le parti libéral, il a fait quelques politesses à ce qu’on appelait les jeunes talents ; mais, en réalité, il n’a jamais prisé les plus remarquables des littérateurs et des poètes de ce siècle, ni Chateaubriand, ni Lamartine, qu’il raille tous deux volontiers à la rencontre ; il leur était antipathique ; c’était un pur Grec, et qui n’admettait pas tous les dialectes, un Attique ou un Toscan, au sens particulier du mot : « Notre siècle manque non pas de lecteurs, mais d’auteurs ; ce qui se peut dire de tous les autres arts. » C’était le fond de sa pensée.
Il en jugeait pourtant très nettement dans les faits particuliers ; il remarque quelque part « que la plupart des hommes n’obéissent qu’à la crainte ».
En avril 1763, pour la séance publique d’après Pâques, il eut à lire une dissertation sur la langue copte : Nous le savions d’avance, dit Gibbon, et chacun blâmait ce choix d’un sujet épineux qui ne paraissait fait que pour les assemblées particulières.
Dès le matin, la compagnie se rassemblera dans la chambre de Mme Oisille pour assister à sa leçon morale, et de là ira entendre la messe ; puis on dînera à dix heures ; après quoi, s’étant retiré chacun en sa chambre pour ses affaires particulières, on se réunira sur le pré à midi : Et s’il vous plaît que tous les jours, depuis midi jusques à quatre heures, nous allions dedans ce beau pré, le long de la rivière du Gave, où les arbres sont si feuillés que le soleil ne saurait percer l’ombre ni échauffer la fraîcheur ; là, assis, à nos aises, dira chacun quelque histoire qu’il aura vue ou bien ouï dire à quelque homme digne de foi.
On voit encore au palais Farnese un morceau de peinture antique, trouvé dans la vigne de l’empereur Adrien à Tivoli, et un reste de plafonds dans le jardin d’un particulier auprès de S.
Il y a toujours du monde à côté, disait Balzac, en parlant des cabinets particuliers.
Mais il en est un second, sur lequel j’insisterai avec plus de précision encore parce qu’il est l’honneur de cet esprit gonflé, éclatant, plein de sève, et notre espérance à nous tous de le voir aboutir un jour, cet esprit à plusieurs puissances, et ce point, c’est l’idée générale, vers laquelle il remonte toujours de la critique la plus particulière.
Chacun en effet, depuis saint Cyprien jusqu’à Malebranche, a tiré la flèche de sa raison particulière, de son argument à soi, pris dans le carquois du genre d’esprit qu’on avait, et l’a planté à sa façon plus ou moins avant dans cette vaste cible où il semblait qu’il n’y eût pas maintenant de place pour une flèche de plus.
Napoléon était un exemple sublime de la vérité politique que le comte de Maistre promulguait, et qui le conduisait à cette autre, particulière à la Russie : « L’esclavage est en Russie parce qu’il y est nécessaire, et que l’Empereur ne peut régner sans l’esclavage. » Et jusque-là, voilà, à ce qu’il semble, le Joseph de Maistre de sa réputation, le tyran d’abstraction et d’idée, qui sacre de ses axiomes la tyrannie politique.
C’est le Témoignage éternellement vivant, indiscutable, incompatible et péremptoire, qui ne souffre pas qu’on l’invalide de la grosseur d’un atome, de la grosseur d’un rien, si un rien pouvait être quelque chose se gardant contre ses Saints eux-mêmes ; car l’Église a condamné, sur des points d’interprétation particulière, ceux qu’elle aimait le plus et qui l’ont le mieux servie.
Mais ce n’est pas tout ; l’auteur si particulier des Fleurs du mal, ce poète froid, souple, gracieux et terrible à la manière des serpents, avait développé ses tendances… serpentines dans une accointance et une intimité de toute sa vie intellectuelle avec un bien autre… boa que lui, avec un génie plein de combinaison, d’ironie solennelle, de froideur profonde.
Rien n’est si aisé, d’abord, que de constater l’amour-propre particulier du Parisien.
« J’ai fait connaissance hier, écrit de Vienne lady Montague, avec le fameux poëte Rousseau, qui vit sous la protection particulière du prince Eugène et subsiste de ses libéralités.
Les vertus de la primitive Église ont été souvent célébrées dans une intention de dénigrement à peine déguisé contre les âges postérieurs ; il n’a pas tenu à la critique historique de faire croire que l’Église avait joui, à certaines époques, d’une vigueur et d’une pureté tout exceptionnelles pour accomplir un dessein particulier de la Providence dans l’histoire de l’humanité ; mais que, cette tâche une fois épuisée, elle avait subi la loi commune de la corruption et de la décadence. […] Évidemment et sans cesser de tenir compte de cet éternel mélange de bien et de mal qui est la vie de l’histoire et l’histoire de la vie, il y a là, à ce moment où nous retrouvons Charles IV et ses contemporains, esquissés avec tant de vérité et de relief par M. d’Haussonville, une marque distinctive, un trait particulier qui peut servir à expliquer ces contrastes, ces alternatives de grandeur et de bassesse, d’héroïsme et de défaillance, à éclairer même d’une lueur consolante ces côtés mesquins et fâcheux de l’humaine nature. […] Enfin, ayant à retracer tour à tour, dans ses diverses Éludes, des événements qui se touchent, des personnages qui se coudoient, des scènes d’un même drame, pris, quitté et repris sous des noms différents, il a su ne jamais se répéter et donner à chacune de ces esquisses sa physionomie particulière : plus poétique et plus chevaleresque avec madame de Longueville ; plus recueilli et plus délicat avec madame de Sablé ; plus historique et plus vif avec madame de Chevreuse ; plus grandiose et plus austère avec madame de Hautefort. […] On se rappelle, en le lisant, ce qu’il dit lui-même, dans son Avant-propos, sur cette nouvelle manière d’écrire l’histoire, non plus par des à peu près, des récits convenus, des abstractions et des conjectures, non plus par ces causes générales, éloignées, toutes en dehors, dont on s’est contenté trop longtemps, mais « par ces causes particulières, immédiates, vivantes, qui résident dans le cœur des hommes, dans leurs sentiments, leurs idées, leurs vertus et leurs vices ». […] Les grands et glorieux résultats, obtenus par des moyens violents et sanguinaires, ont cela de particulier que les contemporains, frappés surtout des violences et du sang répandu, leur rendent rarement justice, et que la postérité, n’étant plus blessée ni émue de ce qui a coûté tant de larmes, pardonne aux moyens en faveur du but.
Mme de Staël, avec sa veine particulière de romantisme, n’était pour eux que très accessoire. […] Voici comment il résume son jugement sur Shakespeare : « Shakespeare joue ensemble, et au même moment, la tragédie dans le palais, la comédie à la porte ; il ne peint pas une classe particulière d’individus ; il mêle, comme dans le monde réel, le roi et l’esclave, le patricien et le plébéien, le guerrier et le laboureur, l’homme illustre et l’homme ignoré ; il ne distingue pas les genres ; il ne sépare pas le noble de l’ignoble, le sérieux du bouffon, le triste du gai, le rire des larmes, la joie de la douleur, le bien du mal. […] Il s’agissait entre autres de son éloge du bourreau : « Le bourreau est fait comme nous extérieurement, dit Joseph de Maistre, il naît comme nous ; mais c’est un être extraordinaire ; et pour qu’il existe dans la famille humaine, il faut un décret particulier un fiat lux de la puissance créatrice. […] Chateaubriand lui-même s’appliqua plus tard dans le Génie du Christianisme à corriger ses compatriotes de cet état insupportable des esprits, et à combattre le travers particulier des jeunes gens du siècle, le travers qui mène directement au suicide. […] Schlegel y démontrait, avec cette érudition profonde et sincère particulière à sa nation, que le classicisme français avait méconnu son propre idéal, que la simplicité grandiose des Grecs avait subi chez les littérateurs du xviie siècle un travestissement qui la rendait méconnaissable ; qu’en un mot, pour avoir mêlé les éléments de deux civilisations différentes, les poètes du siècle de Louis XIV avaient créé un genre faux, qui n’était ni grec, ni français et qui n’avait sa raison d’être dans aucun principe.
C’est ainsi qu’il a, si je puis dire, idéalisé et ennobli par une marque particulière l’exécution brutale et rhétoricienne des de Goncourt. […] Cet artistisme, auquel il a ajouté un son d’âme plus particulier encore, Loti l’a présenté dans une œuvre où il a rompu les traditions du roman, dédaigné la composition, déplacé l’intérêt, abandonné l’intrigue. […] Cette tendresse, cette connaissance particulière de l’enfant, nous la constaterons partout dans l’œuvre de M. […] Le mariage n’est peut-être que la limitation particulière d’une tentation générale, puisque, s’il borne la possession, il n’éteint pas le désir. […] En désirant limiter cette causerie aux questions de style et de forme, nous ne découvrirons peut-être pas beaucoup d’écrivains qui soient dignes d’une étude particulière.
une nécessité qui ne lui déplaît pas beaucoup et qui même paraît lui sourire assez bien, quand il écrit, dans La Guerre d’aujourd’hui : « Le sang est un suc tout particulier. […] bien, il ne méprise pas les diplomates : il leur trouve « un talent tout particulier pour choisir dans les accords internationaux des formules qui permettent des interprétations diverses ». […] Ses occupations étant d’un genre assez particulier, l’on pourrait craindre qu’il ne fût très enfoncé dans sa compétence ; et les spécialistes ont parfois manqué de loisir : M. […] André Chénier, d’ailleurs, avait sa façon de ponctuer, très particulière, et qui marque vivement la coupe de ses vers, en indique la scansion, le rythme. […] Son lecteur n’est-il pas un adversaire, et non pas un ennemi particulier, mais l’un des innombrables ennemis que lui vaut sa légende ?
Mais je n’en distingue point l’empreinte sur le Greco, ni plus généralement sur le caractère particulier de ce catholicisme dont il a été l’émouvant et fidèle interprète12. […] Un trait particulier à Pierre Loti, c’est que ses éminentes facultés visuelles et plastiques ne le distraient pas un instant de son incurable tristesse. […] Il faut croire, si l’on peut ainsi dire, que la nuance particulière de sainteté représentée éminemment par saint François d’Assise, s’accorde avec nos goûts actuels. […] Elle a remarqué la tendresse particulière du comte Hans-Ulric et de la princesse Christiane, qui ont la même mère, les mêmes goûts artistiques et ne se quittent pas. […] En fait, son cas paraîtrait banal, s’il n’avait été homme de lettres, et travaillant dans un genre très particulier.
Quoi qu’il en soit de ce projet particulier, M. […] Bourget, je n’ai pas voulu dépasser, dans une question si vaste, le cercle d’un exemple particulier. […] Il est probable que les analystes romands doivent une part de leur don à la culture française, et que la mise en contact de cette culture avec des conditions de vie locale soustraites en partie à l’influence française, riches de sève indépendante et originale, lui a fourni ses traits particuliers. […] Robert de Traz, qui connaît son pays et qui donna l’an dernier dans son roman de La Puritaine et l’Amour un curieux et fin morceau de psychologie genevoise, marque avec justesse ces traits particuliers. […] Estaunié particulière et originale.
Le besoin de rire est le trait national, si particulier que les étrangers n’y entendent mot et s’en scandalisent. […] Lorsque l’archevêque Becket vint en France, il fit son entrée dans la ville avec deux cents chevaliers, quantité de barons et de nobles, et une armée de serviteurs, tous richement armés et équipés ; lui-même s’était muni de vingt-quatre costumes ; deux cent cinquante enfants marchaient d’abord, chantant des chansons nationales ; puis les chiens, puis les chariots, puis douze chevaux de charge, montés chacun par un singe et un homme ; puis les écuyers avec les écus et les chevaux de guerre ; puis d’autres écuyers, les fauconniers, les officiers de la maison, les chevaliers, les prêtres ; enfin, l’archevêque lui-même avec ses amis particuliers. […] Solidarité et lutte : voilà les deux effets de ce grand établissement réglementé qui forme et maintient en corps, d’un côté l’aristocratie conquérante, de l’autre la nation conquise ; de même qu’à Rome l’importation systématique des vaincus dans la plèbe, et l’organisation forcée des patriciens en face de la plèbe, enrégimenta les particuliers en deux ordres dont l’opposition et l’union formèrent l’État.
Fat et gâté par la fortune, le baron poète a trop d’intérêts sérieux en tête pour songer à répondre à Modeste ; il laisse ce soin à son ami et serviteur, Ernest de la Brière, brave et honnête garçon que les fonctions de secrétaire particulier d’un ministre ont conduit à obtenir le poste de référendaire à la Cour des Comptes, et qui, pour s’élever plus haut, s’est réduit à la dure profession d’ami intime du poète Canalis. […] Ses diamants sont des verroteries peut-être ; mais il les dispose avec un art tout particulier, et quoi qu’on en dise, il sait parfaitement leur faire rendre de l’éclat. […] Sainte-Beuve est d’une nature bien particulière, et on peut dire qu’il a inventé une espèce nouvelle de critique.
C’est que c’était déjà le déclin de la période romanesque du dix-septième siècle, de celle qui est marquée, dans la littérature et ailleurs, par le triomphe de l’héroïsme orgueilleux et des conceptions particulières et extravagantes du devoir : période que devait clore définitivement l’avènement personnel du jeune roi Louis XIV. […] Oui, je sais, Georges Dandin, entre toutes les comédies de Molière, a une réputation particulière d’amertume. […] La pièce traduite de l’allemand que le Théâtre-Libre nous a donnée l’autre jour est d’une constitution particulière. […] Les traits particuliers s’effacent et s’oublient à mesure qu’ils nous sont présentés ; et c’est ici qu’on peut dire que les arbres empêchent de voir la forêt. […] Ils ont vu en moi une sorte d’outlaw, qui a sa morale particulière.
Mais, d’autre part, le janséniste, si humble devant Dieu, nourrit, et peut-être à son insu, un secret orgueil, comme un homme qui ne ressemble pas aux autres, qui ne veut pas leur ressembler, et qui a des « opinions particulières ». […] Mais celle d’Homère est beaucoup plus achevée, et entre plus dans le particulier. » Il est enchanté d’entendre Nausicaa appeler Alcinoüs « son papa » (πάππα φίλε) « quoiqu’elle soit grande fille ». […] Encore un individu très particulier, ce Desmarets ; encore un bon original. […] Dans sa lettre sur Alexandre, Saint-Évremond écrivait que « le climat change les hommes comme les animaux et les productions, influe sur la raison comme sur les usages, et qu’une morale, une sagesse particulière à la région y semble régler et conduire d’autres esprits dans un autre monde ». […] Ce sentiment fait de l’oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre un chef-d’œuvre très particulier.
L’Ermitage, pour qui il voulait bien manifester une sympathie particulière, honore hautement en lui le grand poète chrétien et français dont la mort, hélas ! […] Et jamais on ne vit plus d’harmonie préétablie entre un critique d’art et l’art particulier dont il s’est fait le défenseur enthousiaste. […] C’est du Pétrone allégé, pétillant et agressif comme le champagne des cabinets particuliers. […] Voyez Molière et son Avare, son Tartuffe d… Oui, mais Molière n’a pas prétendu représenter la forme particulière qu’a prise l’avarice ou l’hypocrisie à un moment très précis de l’évolution sociale. […] Fatigué d’expériences passionnelles, écœuré par les garçonnières et par les cabinets particuliers, il s’est laissé aller à un « mariage de lassitude » avec sa petite dinde, fille d’un avoué.
Il ne sait guère, il est vrai, il ne peut savoir de quelles façons particulières les Carthaginois tourmentèrent les mercenaires, et les mercenaires, les Carthaginois, la barbarie locale lui échappe, mais qu’importe ? […] Chacun s’établit de son côté et se bâtit une maison, modeste sans doute, mais dans son goût particulier et qui n’était pas du moins une réduction servile des Allambrahs romantiques. […] Nos écrivains, pour la plupart, n’ont guère que leur nom de personnel, le signe particulier manque sur ces physionomies effacées et banales, et tel volume, écrit par Jacques, pourrait fort bien et sans nulle invraisemblance, je vous le jure, être revendiqué par Edmond ou Gustave. […] Mais ce qu’il a de particulier, de caractéristique, c’est l’enthousiasme qui le saisit devant la Nature : de là, un mouvement, un emportement de style qu’on ne trouve guère chez les descriptifs. […] Elles seront l’objet, dit M. de Sacy au courant de sa préface, de travaux particuliers et subséquents.
De plus le mètre particulier, dont M. […] Quant à citer des passages d’un mérite particulier, la traduction de M. […] Naturellement on ne peut que louer vivement une telle aspiration, mais ces résurrections sont toujours exposées au danger de n’être que des reproductions artificielles, et l’on peut se demander si le caractère particulier de l’ornementation irlandaise se prêterait assez docilement à l’interprétation de l’esprit moderne. […] Pour conclure, on ne peut s’empêcher de remarquer le délicat instinct qui a conduit à donner son tour particulier au bref épilogue qui termine ce charmant volume. […] Un intérêt particulier s’attache naturellement à l’œuvre de M.
Lorsqu’on embrasse d’un coup d’œil la vaste région littéraire qui s’étend en Angleterre depuis la restauration des Stuarts jusqu’à la révolution française, on s’aperçoit que toutes les productions, indépendamment du caractère anglais, y portent l’empreinte classique, et que cette empreinte, particulière à ce territoire, ne se rencontre ni dans celui qui précède ni dans celui qui suit. […] Il est si petit, qu’il faut l’exhausser sur une chaise particulière ; il est si chauve, que lorsqu’il n’y a pas de réception il couvre sa tête d’un bonnet de velours ; il est si vétilleux et si exigeant, que les laquais évitent de faire ses commissions, et que le lord a été obligé d’en renvoyer plusieurs qui refusaient de le servir.
Un présent diplomatique, signe d’attention particulier, est offert au prince de la Paix, qui tient à Madrid le cœur et la politique de cette branche de la maison de Bourbon. […] Cette foule rappelait les jours de 1814, où, dans un congrès intime entre l’empereur de Russie, le roi de Prusse, les ministres de toute l’Europe et le souverain diplomate, ce même palais d’un particulier avait vu disposer du sort de l’Europe, et la paix sortir de la guerre dans cette même capitale dont la guerre était tant de fois sortie pour le malheur de tous et pour la gloire d’un seul !
Peut-être faut-il encore ajouter à cela des accidents particuliers. Nos défauts moraux ou physiques influent beaucoup sur notre humeur, et sont souvent la cause du tour particulier que prend notre caractère.
Je cite le même auteur78 : « Louis XIV, avant de prendre une décision aussi importante que celle de la révocation de l’édit de Nantes, avait tenu un conseil de conscience particulier, lequel dissipa ses hésitations. […] L’opinion de Henri Martin (Histoire de France, tome XIV) est intéressante à connaître à ce sujet : « Louis avait longtemps conservé quelques scrupules sur la violation des engagements pris par son aïeul Henri IV ; mais ses derniers doutes avaient été dissipés, depuis quelques mois, par un conseil de conscience particulier, composé de deux théologiens et de deux jurisconsultes, qui avaient décidé qu’il pouvait et devait révoquer l’Édit de Nantes.
Il y a pourtant entre la pièce d’Horace et celle de Racan des différences de ton et de sentiment qui laissent à cette dernière son caractère tout à fait particulier et son charme propre.
Cela dit et ces éclaircissements donnés sur la communion particulière dans laquelle Madame avait été d’abord élevée, je demande à maintenir le nom et la trace de Luther dans les endroits où je le cite : il est certain que la princesse semble tenir de lui pour un reste de franche liberté, de large interprétation et d’indépendance, plutôt que de l’esprit rigoureux de Calvin.
Nulle part, et dans les Satires ou les Épîtres pas plus que dans les Odes, il ne serre d’assez près les images, et ne fait saillir en un vers tout à fait exact ce détail particulier qui seul égaye à la fois et réalise la poésie.
… Ce chant, pour justifier son titre, traite des fleurs, des travaux du jardinage : « Qui aime un jardin aime aussi une serre. » Il y a des préceptes tout particuliers sur l’art d’élever les courges ; le poète y parle d’après sa propre expérience, et comme quelqu’un qui a mis la main à la bêche et à la terre.
Ici le pédantisme s’étalait trop à nu ; ce n’étaient que phrases latines, italiennes, commentaires sur des points particuliers, tout l’arrière-fond et les arrière-coins de l’érudition.
Cette lettre du prince Henri est suivie de six lettres philosophiques de Frédéric où, sans le combattre directement, il dit à côté, et du ton particulier, mordant et original qui lui est propre, bien des choses faites pour provoquer les réponses du prince.
Il y a un côté par où M. de Mirabeau tomba dans la secte et fut un dévot au docteur Quesnay ; mais, en laissant ce côté particulier et ce coin de paradoxe économique, que d’idées fines et justes dans ses écrits, que de vues justifiées par l’expérience et que ne désavouerait pas le bon sens politique, soit qu’on le prenne dans son mémoire de début sur L’Utilité des États provinciaux (1750), soit dans maint chapitre de L’Ami des hommes (1756), soit dans la Théorie de l’impôt (1760) qui le fit mettre cinq jours au donjon de Vincennes, par un simulacre de châtiment et une concession faite aux puissances financières du temps !
Il avait pour ami particulier le plus sage et le plus doux des catholiques restés fidèles à Lamennais, Joseph d’Ortigue.
Le roi, avons-nous dit, est très bien pour elle ; quoiqu’il parle très peu en général, il l’encourage cependant et lui adresse quelquefois la parole plus que d’habitude : il lui arrive même alors de dire des mots « aussi agréables qu’elle en ait jamais entendu. » Mais, malgré tout, on ne voit le roi que très peu, « au moment où il sort, — un éclair. » Il vit dans son particulier et tout à ce que nous savons.
Ce rapport est des plus simples, et le vainqueur y paraît surtout occupé de rendre justice à tous ; après qu’il a nommé tout le monde, il craint encore d’avoir oublié quelqu’un : « Je puis manquer dans cette Relation, disait-il, à rendre les bons offices que plusieurs particuliers, et même des troupes, méritent dans cette occasion où tout le monde s’est bien employé ; je dois à leur bonne volonté et à leur secours la gloire qui peut retomber sur moi de ce combat. » Il faut lire d’autres relations que la sienne pour apprendre que Catinat, voyant que la lutte s’opiniâtrait, se mit à la tête de troupes fraîches tirées de la brigade Du Plessis-Bellière, les mena à la charge, et décida la victoire.
Il a quelques bons portraits, notamment celui de M. de Salvandy, son ami particulier, dont il retrace avec vérité la physionomie animée, ardente, et les belles qualités au service desquelles étaient, pour ainsi dire, attelés de légers ridicules qui avançaient leur homme plutôt qu’ils ne le retardaient.
Deux incidents particuliers mirent Malouet en scène et méritent d’être rappelés : l’un, dans la séance du 21 novembre 1789, où il se vit dénoncé pour une lettre de lui écrite au comte d’Estaing, et qu’on avait interceptée.
annonçait à Mme Valmore qu’il venait d’autoriser le directeur à résilier son engagement pour l’année 1819-1820 ; on y sent la considération qu’elle inspirait partout autour d’elle : « Mille grâces, Madame, de votre charmant cadeau ; ce que je connaissais de vos ouvrages m’en rend la collection infiniment précieuse ; leur cachet particulier est la peinture de douces et modestes vertus, d’une exquise sensibilité et des sentiments les plus nobles, les plus purs, en un mot de ces sentiments que votre jeu reproduit avec tant de vérité et de naturel sur la scène.
Les poésies de Mme Desbordes-Valmore, qui, nées ainsi du cœur, n’ont aucun souci d’art ni d’imitation convenue, réfléchissent pourtant, surtout à leur source, la teinte particulière de l’époque où elles ont commencé, et rappellent un certain ensemble d’inspirations environnantes.
Jusque-là, cette poésie, en ce qu’elle avait de particulier, et j’oserai dire d’essentiel, semblait décidément subalterne, inférieure à la prose, incapable dans ses vieilles entraves d’atteindre à tout un ordre d’idées modernes et d’inspirations, qui s’élargissait de jour en jour.
L’observation fine de Gresset venait de prendre sur le fait un travers, un vice particulier à ce moment de société auquel il assistait ; son talent redevenu net, vif, élégant, et à la fois enhardi, avait mis l’odieux objet dans une entière lumière ; sa conscience d’honnête homme l’avait flétri.
Aux hommes vraiment politiques, à ceux qui auraient gardé quelque chose du grand art de conduire et de gouverner les autres, il serait par trop simple et peut-être injuste de demander l’exacte moralité du particulier : ils ont la leur aussi, réglée sur la grandeur et l’utilité de l’ensemble ; mais à tous ceux qui prétendent encore à ce titre d’hommes politiques, ne fussent-ils toute leur vie que des hommes d’opposition, on a droit de demander du sérieux, et c’est là le côté faible, qui saute aux yeux d’abord, dans la considération du rôle de Benjamin Constant : une trop grande moitié y parodiait l’autre.
), M. de Boze a dit très-judicieusement : « Nous croyons qu’il est inutile de vouloir donner au public une idée plus particulière des Satires de M.
Et cependant, avec toutes ses rigueurs, la loi n’atteint pas son objet. « Nos villes, dit le parlement de Bretagne763, sont tellement peuplées de mendiants, qu’il semble que tous les projets formés pour bannir la mendicité n’ont fait que l’accroître. » — « Les grands chemins, écrit l’intendant, sont infestés de vagabonds dangereux, de gens sans aveu et de véritables mendiants que la maréchaussée n’arrête pas, soit par négligence, soit parce que son ministère n’est point provoqué par des sollicitations particulières. » Qu’en ferait-on, si elle les arrêtait ?
La littérature sacrée et les littératures grecque et latine, furent sous un précepteur particulier les premiers aliments de son imagination.
Une œuvre littéraire est donc essentiellement expressive de la vie et elle est plus ou moins belle, selon qu’elle exprime, par des moyens plus ou moins appropriés à ses fins générales ou particulières, une vie plus ou moins intense, complexe, originale et élevée.
Quant au voyage même, il résulte des détails les plus circonstanciés et les plus précis, qu’il n’y eut point et ne put y avoir à aucun moment, entre Barnave et la reine, aucun entretien bien particulier.
Montaigne parle bien d’une maladie pareille qu’il avait, mais il en parle à ses lecteurs, c’est-à-dire à tout le monde ; tandis qu’ici Rousseau en parle dans une lettre particulière à de jeunes femmes à qui il écrit pour la première fois : c’est là un renchérissement et un embellissement.
Mais, vers la fin, Mme Du Deffand, qui se levait tard et n’était jamais debout avant six heures du soir, s’aperçut que sa jeune compagne recevait en son particulier chez elle, une bonne heure auparavant, la plupart de ses habitués, et qu’elle prenait ainsi pour elle seule la primeur des conversations.
Aussi presque tous ceux qui lui sont favorables (et tous le sont plus ou moins dans le procès de réhabilitation) s’attachent-ils à croire et à faire croire qu’elle ne s’est jamais donnée que comme destinée à un rôle très particulier, par exemple à faire lever le siège d’Orléans et à conduire le roi à Reims, rien de plus.
Il vivait d’une manière particulière, un peu bizarre.
C’était multiplier les ridicules et s’en donner tout le plaisir que de les assembler autour de soi, de les mettre en jeu et aux prises sous ce point de vue particulier.
Nommé en 1739 intendant du Jardin du roi, et associé de l’Académie des sciences en cette même année, Buffon n’était encore connu que par l’une des traductions dont j’ai parlé et par quelques mémoires sur des sujets assez particuliers.
Il a du poète mieux que le masque : sa physionomie est frappante, particulière et caractérisée.
Par le détail, par ce qu’il y a de plus particulier.
Avec cela il a soin de nous avertir que cette application au bien général se faisait sans dommage pour ses intérêts particuliers ; il ne croit nullement que la première condition pour bien faire les affaires du public soit de commencer par mal faire les siennes propres.
Richelieu n’est pas un philosophe ; ce haut esprit, qui est surtout un bon esprit armé d’un grand caractère, paie tribut aux idées et aux préjugés de son temps ; il parle en maint endroit comme croyant aux présages, aux horoscopes et aux sortilèges ; il est superstitieux : mais aussi il est sincèrement religieux, il croit au don de Dieu qui s’étend sur certains hommes destinés à être des instruments publics de salut : si les fautes commises envers les personnes publiques lui paraissent d’un tout autre ordre que celles commises contre des particuliers, les fautes de ces personnes publiques elles-mêmes lui semblent aussi plus graves et de plus de poids, eu égard à la responsabilité et à l’étendue des conséquences.
Suivaient des compliments et signalements particuliers pour Voltaire, pour Montesquieu, etc. ; mais le trait certes le plus délicat et le plus français était celui qu’on vient de lire : « Et encore que ce siècle fût passé, je fis semblant de ne m’en pas apercevoir.
Le concret, sans lequel l’art en somme ne peut exister, est aussi le particulier.
J’aurai plus loin l’occasion de montrer que le Lobelia fulgens exotique n’étant jamais visité par des insectes en certaine partie de l’Angleterre, il résulte de sa structure particulière qu’il ne peut jamais produire de graines.
J’oubliais de dire que la partie la plus enfoncée montre l’intérieur d’une ville et quelques édifices particuliers.
Mais pour l’admirer comme il convient, il faut en comprendre la très profonde et très particulière beauté.
Renan, qui l’a continuée avec acharnement dans ses Études d’histoire religieuse, dans son Histoire comparée des langues sémitiques, dans ses Essais de critique et de morale ; et quoique dans ce premier livre, plus peut-être que dans les suivants, ce jeune serpent de la sagesse ait eu les précautions d’un vieux et les préoccupations de sa spécialité, cependant il est aisé de voir que la chimère philologique, le passage de la pensée au langage ou du langage à la pensée, les épluchettes des premières syllabes que l’homme-enfant ait jetées dans ses premiers cris, ne sont, en définitive, que des prétextes ou des manières particulières d’arriver à la question vraiment importante, la question du fond et du tout, qui est de biffer insolemment Moïse et de se passer désormais parfaitement de Dieu !
Molière fut dans ce genre la meilleure expression française ; mais comme le fond de notre caractère est un éloignement de toute chose extrême, comme un des diagnostics particuliers de toute passion française, de toute science, de tout art français est de fuir l’excessif, l’absolu et le profond, il y a conséquemment ici peu de comique féroce ; de même notre grotesque s’élève rarement à l’absolu.
Il s’agit dans notre conception, d’une solidarité qui intéresse non seulement tel intérêt particulier, ou telle fonction de l’organisme national, mais cet organisme lui-même dans sa totalité et dans son individualité propre.
. — À un point de vue plus particulier les divulgateurs surtout des Exégèses sont coupables. […] Je constate seulement l’envahissement du métier dans l’Art, monstrueux phénomène qui, pour n’être pas d’aujourd’hui, a du moins aujourd’hui ceci de particulier qu’il ne s’avoue même plus, qu’il se déclare, s’affirme, s’affiche, légalement, naturellement ! […] À quelques-uns cette joie viendra d’une intuition du génie en face de la Nature : ils laisseront chanter dans leur œuvre la loi somptueuse et simple des formes et des sentiments éternels, de la ligne et de la physionomie ; à d’autres toutes les ressources de toutes les connaissances humaines — qui sont comme autant de mains agiles destinées à appréhender les Vérités dans leurs retraites — seront nécessaires, et ceux-ci, plus particuliers servants de l’Évangile des Correspondances et de la Loi de l’Analogie, donneront, selon les forces de leur esprit et la bonne foi de leur cœur, en de vastes synthèses, une explication mélodieuse et lumineuse des Mystères glorifiés dans la Réalité des Fictions. […] Une question plus particulière indique la solution du problème : qu’est-ce qui parut nouveau à la génération de 1820 ? […] L’écrivain a tous les droits pourvu que sa langue particulière soit soumise au génie général de la langue et au génie aussi des langues mortes qui l’ont faite74.
J’en indiquerai seulement une qui est d’une nature toute particulière ; c’est que, tandis qu’il trouve ma critique fâcheuse, je trouve la sienne excellente. […] Les marionnettes répondent exactement à l’idée que je me fais du théâtre, et je confesse que cette idée est particulière. […] Je n’avais aucune opinion particulière sur ces statues-là ; je voyais vaguement que c’étaient des hommes qui tenaient par la bride des chevaux de pierre. […] Et le bien-être du paysan n’était pas particulier à la Normandie. […] Je citerai le morceau, non point dans son entier, mais en supprimant quelques formes trop particulières à la langue de M.
Nisard : « Des malheurs publics, nous ne sentons guère que ce qui atteint nos fortunes particulières. » Il faut ajouter, pour être juste, qu’il ne consultait pas en cela son intérêt seul. […] Je ne reçois jamais un volume de vers sans éprouver une émotion toute particulière. […] Le gros mot et le mot gras n’ont pas pour lui un attrait particulier, le détail répugnant un charme spécial. […] Peut-être est-il entraîné par le désir de systématiser, de faire entrer dans un même cadre ou une même formule des esprits très divers, dont, tout le premier d’ailleurs, il constate les caractères particuliers. […] Et voilà comment cette peinture d’une passion, d’un caractère particulier, ne sera pas, elle non plus, banale.
On verra, aux extraits que nous en donnons plus bas, l’intérêt tout particulier qui ressort de certaines lettres avec lesquelles chacun essaiera de reconstituer un drame dont on ne peut connaître que quelques scènes. […] Lavedan, malgré ses qualités de romancier, est un homme de théâtre, comme il l’a, d’ailleurs, plus que suffisamment prouvé : de là, ce don particulier de pouvoir résumer en quelques mots tout un caractère. […] Le 8 mai, le grand-duc ne put patienter davantage et alla en simple particulier à Versailles pour y assister à la procession des chevaliers du Saint-Esprit. […] Chaque âzoua a sa chapelle particulière. […] Criminopolis « Les criminels sont, pour la plupart, des déments d’une espèce particulière que nous devons mettre dans l’impossibilité de nuire, mais dont nous avons le devoir étroit de tenter la guérison. » Tel est le sentiment de M.
Cette tendance intérieure de la littérature à se rendre plutôt l’interprète des « idées communes » ou générales que des opinions particulières, et qu’on a déjà vue poindre chez quelques écrivains de l’âge précédent, ce sont nos précieuses qui l’ont développée, fortifiée et consolidée. […] Mais je ne crois pas que l’on puisse se tromper davantage ; et sans parler de la « perfection du style de Descartes », dont je dirais volontiers, selon le mot célèbre, qu’elle ressemble « à l’eau pure, qui n’a point de saveur particulière », l’influence de Descartes, on le verra plus loin, ne s’est exercée ni dans le sens que l’on dit, ni surtout dans le temps précis où on la place. […] Aucune de ces éditions ne reproduit la précédente, et il n’y en a pas une que l’on ne doive consulter pour des raisons particulières : théologiques, critiques, littéraires ou paléographiques. […] Les éditions particulières des Contes ou des Fables sont trop nombreuses pour qu’il nous soit possible d’en énumérer ici même les principales, et nous nous bornerons à signaler, pour la beauté de l’illustration, l’édition de 1735-1759, 4 vol. in-fº, pour les Fables, avec les figures d’Oudry ; — et l’édition des Contes dite des Fermiers Généraux, Amsterdam [Paris], 1 vol. in-8º, 1762, avec les figures d’Eisen. […] Du génie particulier de Quinault pour l’opéra ; — pompeux éloge que Voltaire en a fait ; — et que, de Quinault et de Lully, c’est bien le premier qui cent cinquante ans durant a passé pour « le grand homme ». — Libertinage aimable de l’imagination de Quinault ; — fluidité de son style ; — et, à ce propos, de l’abondance dans ses vers des comparaisons tirées de la nature « liquide » ; — sa constante préoccupation de plaire ; — et, pour plaire, de ne jamais approfondir la passion. — Des « lieux communs de morale lubrique » dans les opéras de Quinault.
Et ainsi, au cours des âges suivants, tous les romans où sont affirmés la fatalité et le droit de la passion, tous les romans de mésalliances sociales ou morales, tous ceux où l’amour triomphe, souvent contre la raison, des préjugés ou des convenances de classes, et ceux où le vice parle le langage de la vertu, et ceux où abondent les courtisanes touchantes, et ceux où les personnages se font une morale particulière, supérieure à la morale commune, prennent le sentiment pour la conscience et commettent des actions douteuses avec des discours et des gestes avantageux, tous ces romans où règne ce que j’appellerai « l’illusion sur la moralité des actes », les Indiana, les Lélia, les Jacques et leurs innombrables petits… on peut dire que, directement ou non, — et sans que peut-être ce soit « la faute à Rousseau », — ils découlent de la Nouvelle Héloïse, mère gigogne des sophismes romantiques et des rêves orgueilleux. […] Car tous ces emplois se tiennent. — Lui-même avait dit dans l’Émile (et l’on y peut voir une amorce au Contrat social) : Comment faire pour que l’homme, dans l’état civil, reste aussi libre que possible, ne subisse pas des volontés particulières et arbitraires, ne subisse que des volontés générales ? Il faut substituer la loi à l’homme ; armer les volontés générales d’une force réelle, supérieure à l’action de toute volonté particulière. […] … A l’instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d’association produit un corps moral et collectif, composé d’autant de membres que l’assemblée a de voix ; lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie, sa volonté… Cet être collectif est appelé État quand il est passif, souverain quand il est actif… A l’égard des associés, ils prennent collectivement le nom de peuple, et s’appellent en particulier citoyens, comme participant à l’autorité souveraine, et sujets, comme soumis aux lois de l’État. […] Si mon avis particulier l’eût emporté, j’aurais fait autre chose que ce que j’aurais voulu ; c’est alors que je n’aurais pas été libre (IV, 2).
Elles apprenaient à serrer le linge, à balayer les chambres, à servir à table, à faire la cuisine : Mademoiselle de Vogüé y avait un talent particulier ; elles apprenaient à préparer les tisanes et à allumer les lampes. […] Robe de laine de ce blanc particulier, seyant et gracieux ; un fichu de dentelle autour du cou. […] Pour nous apparaître, il faut que la vie se manifeste dans des conditions très particulières de température. […] Boissy d’Anglas, ami de la famille, nous apprend « qu’elle avait conservé quelque chose des mœurs et des habitudes particulières au pays où elle était née, et qu’elle l’avait transmis à son fils ». […] Mais, si le malheur voulait, je suis prête à sacrifier mon bonheur particulier au bien de l’État, persuadée que l’on ne trouve la vraie félicité que dans l’accomplissement de ses devoirs, même au préjudice de ses inclinations.
En tête de chaque partie vous apercevez un tableau synoptique et analytique, avec tirets, accolades, chaque division engendrant des subdivisions, chaque subdivision engendrant des sections, chaque section engendrant des sous-sections : de la maladie en général, de la mélancolie en particulier, de sa nature, de son siége, de ses espèces, de ses causes, de ses symptômes, de son pronostic ; de la cure par moyens permis, par moyens défendus, par moyens diététiques, par moyens pharmaceutiques : selon la méthode scolastique, il descend du général au particulier, et dispose chaque émotion et chaque idée dans une case numérotée. […] À ses yeux, chaque science particulière, comme la science tout entière, doit être un outil. […] Sans doute il a fallu pour l’atteindre du bon sens et aussi du génie ; mais ni le bon sens ni le génie n’ont manqué aux hommes ; il y en a eu plus d’un qui, remarquant comme Bacon le progrès des industries particulières, a pu, comme lui, concevoir l’industrie universelle, et, de certaines améliorations limitées, conclure l’amélioration sans limites. […] Il faut, comme dans les industries, observer, essayer, tâtonner, vérifier, tenir son esprit fixé « sur des choses sensibles et particulières », n’avancer que pas à pas vers les règles générales, « ne point anticiper » sur l’expérience, mais la suivre, ne point supposer la nature, mais « l’interpréter. » Il faut, pour chaque effet général, comme la chaleur, la blancheur, la dureté, la liquidité, chercher une condition générale, en telle façon qu’en produisant la condition on puisse produire l’effet. […] Il voit dans chaque qualité, la pesanteur, la ductilité, la dureté, une essence distincte qui a sa cause particulière, de telle façon que lorsqu’on connaîtra la cause de chaque qualité de l’or, on pourra mettre toutes ces causes ensemble et faire de l’or.
Mais ici, c’est une limite d’un genre particulier. […] Vous nous faites voir un aspect particulier de notre pensée, comme le genevois Rousseau est indispensable à l’intégralité de la pensée française. […] Puisque la Fatalité tragique couve dans les régions les plus intimes, les plus inconscientes de notre âme, nous devons nous orienter, pour lui résister, vers la vie profonde et la beauté intérieure : Il faut que tout homme trouve pour lui-même une possibilité particulière de vie supérieure dans l’humble et inévitable réalité quotidienne. […] Ce dernier ouvrage dont le chapitre I traite de « la naissance du drame liturgique » se termine par une étude sur « l’esthétique des symbolistes » en passant par François Villon, Joachim du Bellay, Jean-Jacques Rousseau, Eugène Fromentin, tous envisagés sous un jour spécial et nouveau, avec une tendance très accentuée à juger de haut, à tirer, le plus souvent possible, une loi générale d’un groupement de faits particuliers. […] Rendons un hommage particulier à l’habile et ingénieuse activité de Maurice Wilmotte : il prête son concours à tant de réunions utiles pour notre cause !
De là une déformation de la conscience, une manière de quiétisme très particulier. […] Mais que fait tout cela contre mon intérêt particulier ? […] Le Mystère, trop longtemps méconnu, retrouvait des fidèles, et, sur les bas-côtés du temple, l’Indéterminé, l’Inachevé, et d’autres divinités accessoires, recevaient leur tribut de dévotions particulières. […] Anatole France a voué une affection particulière : — Compagnon, dirait-il, aujourd’hui seulement je t’ai compris. […] Mais ces affaires sérieuses, il les traite d’une façon qui lui est particulière, et que je vais essayer d’indiquer.
Chacun devint touriste et archéologue ; l’esprit humain, sortant de ses sentiments particuliers pour entrer dans tous les sentiments éprouvés, et à la fin dans tous les sentiments possibles, trouva son modèle dans le grand Gœthe, qui, par son Tasse, son Iphigénie, son Divan, son second Faust, devenu concitoyen de toutes les nations et contemporain de tous les âges, semblait vivre à volonté dans tous les points de la durée et de l’espace, et donnait une idée de l’esprit universel. […] Cependant par-delà cette inclination, qui aujourd’hui est européenne, ils ont un besoin particulier, qui chez eux est national et remonte au siècle précédent : ils veulent que le roman contribue comme le reste à leur grande œuvre, l’amélioration de l’homme et de la société. […] Ai-je besoin de dire que chez Schiller, Heine, Beethoven, Hugo, Lamartine et Musset, le poëte, à travers sa personne particulière, fait toujours parler l’homme universel ?
Comme un rêve est placé dans une atmosphère qui lui est propre, de même une conception, devenue composition, a besoin de se mouvoir dans un milieu coloré qui lui soit particulier. Il y a évidemment un ton particulier attribué à une partie quelconque du tableau qui devient clef et qui gouverne les autres. […] Je suis convaincu que ce tableau a un charme tout particulier pour les esprits délicats ; je jurerais presque qu’il a dû plaire plus que d’autres, peut-être, aux tempéraments nerveux et poétiques, à M.
Sans trop pousser l’application et sans voir d’allusion trop particulière, il m’est évident que La Boétie jugeait que Montaigne à cet âge y était un peu trop enclin, et il le conviait de toutes ses forces à la chasteté domestique et aux mœurs graves qui sont le fondement de la sagesse.
[NdA] Il avait dit aux femmes de son temps bien des impertinences en effet et aussi des vérités ; il les avait montrées plus faciles à séduire par l’éclat et la vanité, que par le sentiment ou même les sens ; il avait dit par exemple : Louez, admirez, soyez étonné, en extase, ne craignez pas d’outrer les flatteries, l’enthousiasme auprès des femmes ; faites croire, si vous pouvez, à celle que vous voulez séduire qu’elle est une substance particulière plus près de l’ange que de la femme : vous serez cru ; que dis-je ?
Qu’elle ne craigne jamais que mon intérêt particulier ait la moindre part à mes actions : j’ose dire que je suis né véritable et vertueux. » Villars ici se pavoise trop ; il donne évidemment à ce mot de vertu l’acception toute personnelle qui sied à Villars : mais il n’est que dans le vrai lorsqu’après la victoire d’Hochstett, réclamant son congé du roi et se plaignant de n’être plus écouté, souffrant de tant de fautes, et de celles qu’on fait sous ses yeux et de celles qu’on va faire, il lui échappe ce mot qui trouverait si souvent son emploi : « Heureux, Sire, heureux les indolents !
Un Vauvenargues sortirait très bien de cette école particulière.
C’est à la comtesse Aimée de Coigny seule, à sa gracieuse figure, à son caractère facile et insouciant, que peuvent s’appliquer les traits particuliers sous lesquels André Chénier nous a peint si délicatement sa riante compagne d’infortune.
Tout homme qui a assisté à de grandes choses est apte à faire des mémoires, mais à une condition, c’est qu’il ne les fasse que sur ce qu’il a vu, vu de ses propres yeux, observé de particulier et de précis, laissant à d’autres plus ambitieux ou mieux doués la prétention ou la gloire des tableaux, des histoires et descriptions générales.
Il était préoccupé de l’idée de la mort : il avait de bonnes raisons pour cela, des raisons très particulières, sans compter que le Moyen Âge tout entier en avait l’imagination frappée.
Un sujet particulier prend un caractère général et poétique, précisément parce qu’il est traité par un poëte.
N’était le témoignage si particulier d’Olivier de Magny, on pourrait mépriser les propos du dehors et les bruits de la rue sur son compte, et dire qu’elle réservait désormais ses ardeurs pour ses seules poésies.
Ses relations anciennes avec la famille d’Orléans, ses obligations particulières et connues envers le prince auquel le tzar se montrait personnellement si contraire, ne rendaient pas son rôle plus aisé ; de plus diplomates que lui se seraient trouvés embarrassés en sa place : il s’en tira à merveille, avec droiture, loyauté et bon sens.
Dans toutes ces lettres une pensée revient et se marque en termes exprès : c’est que ce n’est pas pour une offense ni pour une faute particulière, ni dans un but de châtiment, de correction et d’amendement, que le prince est enfermé, et qu’il ne l’est point, par conséquent, pour un temps limité : « Cette affaire a un autre principe et d’autres racines. » Ce principe, c’est la raison d’État qui frappe un héritier reconnu pour incapable, inepte et indigne, pour incurable, et qui l’interdit à jamais, si elle ne le retranche.
Il ajoutait même que, s’il s’était engagé dans une telle entreprise dont d’autres que lui auraient pu mieux s’acquitter pour la partie littéraire, c’était uniquement en raison de la connaissance particulière qu’il avait de ces matières d’art, à la différence des orateurs « qui font souvent, disait-il, de grandes incongruités quand ils en parlent, et presque toujours à proportion de leur éloquence et de leur grande habileté en autre chose. » La publication de Perrault, si conforme à l’esprit moderne, ne fit pas tomber d’un seul coup et comme par enchantement les barrières ; elle ne faisait que montrer la voie : si le divorce avait cessé, la séparation durait encore.
J’étais en train de m’éloigner, de me détacher du tronc romantique au moment où il s’y greffait et où il y entrait pour en ressortir avec son épanouissement particulier.
Il a cependant très bien marqué encore en quoi notre Renaissance, — ce qu’on appelle de ce nom dans l’architecture, — est une Renaissance bien particulière, ayant son goût propre et sa saveur à elle, entée de longue main sur l’art gothique, et non pas purement transplantée et copiée de l’Italie.
Elle essaye de décrire « le charme d’une prison » où l’on est délivré de tout soin importun, de toute distraction fâcheuse, « où l’on ne doit compte qu’à son propre cœur de l’emploi de tous les moments. » Elle trouve, pour exprimer ce sentiment particulier de quiétude, des paroles qui eussent fait honneur aux anciens sages : « Rendu à soi-même, à la vérité, sans avoir d’obstacles à vaincre, de combats à soutenir, on peut, sans blesser les droits ou les affections de qui que ce soit, abandonner son âme à sa propre rectitude, retrouver son indépendance morale au sein d’une apparente captivité, et l’exercer avec une plénitude que les rapports sociaux altèrent presque toujours. » Elle se plaît à revenir sur cette idée, si chère à sa passion, qu’elle est présentement dispensée de toute lutte, à l’endroit qui lui est le plus sensible, et qu’elle peut s’abandonner sans scrupule et sans danger à une effusion innocente.
De professeur universitaire devenu professeur libre, il s’est trouvé avoir un talent et un goût tout particuliers pour ce genre d’enseignement rapide et de propagande.
Aussi n’est-ce pas l’affaire de tous les hommes ; mais c’est un malheur pour les gens à talent et à génie de ne pouvoir persuader la vérité aux ministres, aux généraux, aux princes même ; car partout on suit la routine, et c’est un défaut pour un homme de passer pour un inventeur, qu’il faut qu’un particulier cache avec soin s’il est sage, parce que l’on s’aliène les esprits ; et il n’est permis qu’à un souverain d’être créateur d’un nouveau système. » Et c’est bien là une des raisons pour lesquelles il aurait tant aimé à être un souverain.
Elle continue de plaire de plus en plus ; M. le dauphin l’aime un peu trop ; il a des bouderies et des colères même dont elle sait très bien profiter, et elle passe pour une personne habile, parmi les femmes : ce qui est un cours de philosophie qui leur est particulier et dont nous ne faisons que nous douter.
L’aide de camp, arrivé après mille traverses, n’y resta qu’un jour, et l’Empereur le renvoya à Ney le 18 avec le colonel Jomini, chargé d’une mission particulière et verbale pour le maréchal.
Les autres points discutés dans les lettres du colonel sont plus particuliers et intéressent surtout les rapports de Jomini avec la Suisse.
Après s’être laissé emporter un peu loin à ses prédictions et à son enthousiasme, Du Bellay revient à de plus humbles et plus particuliers conseils ; il se rabat à des soins de diction, et, sur ces points précis où il parle en toute connaissance de cause, on ne saurait trop l’écouter.
D’autres sont plus amants que poètes : un amour particulier les inspire, les arrache de terre, les élève à la poésie ; cet amour mort en eux, il convient qu’ils s’ensevelissent aussi et qu’ils se taisent.
Ce concours eut cela de particulier que MM.
Et sur les formes particulières des styles, sur Cicéron qu’on croit circonspect et presque timide, et qui, par l’expression, est le plus téméraire peut-être des écrivains, sur son éloquence claire, mais qui sort à gros bouillons et cascades quand il le faut ; sur Platon, qui se perd dans le vide, mais tellement qu’on voit le jeu de ses ailes, qu’on en entend le bruit ; sur Platon encore et Xénophon, et les autres écrivains de l’école de Socrate, qui ont, dans la phrase, les circuits et les évolutions du vol des oiseaux, qui bâtissent véritablement des labyrinthes, mais des labyrinthes en l’air, M.
Mais le dévouement de Fénelon ne se borna pas à des actes particuliers ; il put s’élever au noble rôle d’assistance publique.
Car la poésie est évidemment beaucoup plus large ; elle a pour matière tout le monde réel, y compris ses laideurs et ses discordances ; elle fait résider la beauté moins dans les objets (spectacles de l’univers physique, êtres vivants, sentiments et passions) que dans une vision particulière de ces objets et dans leur expression.
Les rapports qu’il saisit et qu’il exprime, à la différence de ceux que perçoit le génie et dont l’homme en général est l’objet, ne sont-ils pas plus propres à un pays particulier, à une certaine forme de société, à des mœurs locales ?
Les théorèmes de l’Analysis Situs ont donc ceci de particulier qu’ils resteraient vrais si les figures étaient copiées par un dessinateur malhabile qui altérerait grossièrement toutes les proportions et remplacerait les droites par des lignes plus ou moins sinueuses.
Un sentiment particulier, comme il en existe presque toujours chez les grands fondateurs, entraîna sa conviction et fixa son choix.
On peut employer deux méthodes de démonstration : partir des faits particuliers, en accumuler un grand nombre et voir à quelle vérité générale ils aboutissent ; ou bien supposer établie cette vérité, la prendre elle-même pour point de départ et voir si elle conduit, par voie de conséquences, à des faits prévus qui la confirment.
Il convient surtout d’analyser la couleur particulière à chacun des divers centres de réunion qui se sont, tour à tour ou simultanément, formés ou désagrégés.
Lamoureux et moi un fait particulier que je raconterai.
Philiberte, c’est le féminin et comme qui dirait la particulière d’un nom tapageur, traîné par le vaudeville et le roman de bas étage dans les estaminets des deux mondes.
Ce n’est pas un homme de génie, ni d’un grand talent, ni qui ait en lui rien de bien particulier : c’est un esprit sain et fin, facile, actif, essentiellement éducable, ayant en lui toutes les aptitudes.
Il fit les délices des sociétés qui se l’arrachaient ; ses amis particuliers, surtout Grimm et Diderot, appréciaient hautement la nouveauté et l’étendue de ses vues, de ses lumières : Ce petit être, né au pied du mont Vésuve, écrivait Grimm, est un vrai phénomène.
La nation sera purgée, et les étrangers, les mauvais citoyens, tous ceux qui préfèrent leur intérêt particulier au bien général, en seront exterminés… Camille ajoute, il est vrai, aussitôt après : « Mais détournons nos regards de ces horreurs. » Il les en détourne néanmoins si peu, que, dans une note de sa brochure, il s’arrête avec complaisance sur l’exécution sommaire des malheureux de Launay, Flesselles, Foulon et Berthier : « Quelle leçon pour leurs pareils, s’écrie-t-il, que l’intendant de Paris rencontrant au bout d’un manche à balai la tête de son beau-père ; et, une heure après, que sa tête à lui-même, ou plutôt les lambeaux de sa tête, au bout d’une pique !
Elle nous a rendu à merveille le talent de bien dire, qui était particulier à la duchesse du Maine, et qui tout d’abord attira son attention : Je la lui donnais tout entière et sans effort, a dit Mlle de Launay ; car personne n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle.
Nulle passion depuis qu’il avait quitté le vin ; fidèle dans la surintendance, où avant lui on prenait sans compter et sans rendre compte ; riche par les seuls bienfaits du roi, qu’il ne dissipait pas, prévoyant assez, et le disant à ses amis particuliers, la prodigalité de son fils aîné… Esprit solide, mais pesant, né principalement pour les calculs, il débrouilla tous les embarras que les surintendants et les trésoriers de l’épargne avaient mis exprès dans les affaires pour y pêcher en eau trouble… Il faut lire le reste dans l’original.
Cet orateur inné qui était en lui, et qui s’agita de bonne heure sous l’écrivain, sentait bien que, pour arriver à cette action vaste et souveraine, pour embrasser les masses et les foules d’un tour familier et puissant, il fallait quitter cette langue que j’appellerai patrimoniale et domestique, cette manière de s’exprimer toute particulière qui était ta griffe et parfois le chiffre de sa maison ; il lui fallait quitter une bonne fois le style de famille et descendre de sa montagne.
Cependant à quoi pensez-vous que je puisse vous être bon, tant que vous réserverez mon talent et mon action pour les cas particuliers où vous vous trouverez embarrassé, et qu’aussitôt sauvé ou non sauvé de cet embarras, perdant de vue ses conséquences et la nécessité d’une marche systématique dont tous les détails soient en rapport avec un but déterminé, vous me laisserez sous la remise pour ne me provoquer de nouveau que dans une crise ?
Et puis Nicole finit tout par Dieu et par la considération de la fin suprême, tandis que Mlle de Scudéry finit toujours par les louanges et l’apothéose du roi ; elle y met une adresse et une industrie particulière que Bayle a remarquée et qui ne laisse pas de déplaire un peu.
Il faut que M. de La Harpe ait un secret particulier pour se faire plus d’ennemis qu’un autre. » En tête de sa seconde tragédie, Timoléon, lorsqu’il l’imprima, La Harpe se crut obligé de mettre une justification expresse sur les couplets de collège qui lui étaient imputés à crime, et il ajouta quelques réflexions sensées qui nous peignent très bien le moment où il parut : La mode dominante, disait-il, est aujourd’hui d’avoir de l’esprit… Tandis qu’un petit nombre d’écrivains illustres honore et éclaire la nation, un bien plus grand nombre d’écrivains obscurs, possédés de la manie d’être littérateurs, sans titres et sans études, ont fait une espèce de ligue pour se venger du public qui les oublie, et des véritables gens de lettres qui ne les connaissent pas.
Au Parlement, la formalité d’entérinement des lettres de grâce fut remplie le 5 février 1717 ; Bonneval y fut traité avec une distinction particulière : au lieu d’une sellette, comme c’était l’usage, le premier président lui fit donner un carreau de velours en raison de sa blessure74.
Le rôle de Cosnac dans cette petite cour et ses relations avec Madame sont trop honorables et trop particulières pour être ainsi étranglées ; je me réserve d’y revenir en m’arrêtant sur ce gracieux et séduisant personnage de Madame, dont il nous fait connaître les pensées et nombre de lettres intimes.
À peine entré en possession, Voltaire commence, sous tous les prétextes, à recourir au Président et à le harceler : il est curieux de voir, dans cette suite de lettres, comme les intérêts de l’humanité et du genre humain interviennent et sont toujours invoqués à côté des intérêts particuliers les plus minces.
C’est un phénomène analogue aux lois astronomiques qui créent au sein d’un grand système un système particulier, un centre nouveau de gravitation.
Une partie des lieds de Heine, et de quelques autres poètes, ne sont pas que l’expression d’une humeur particulière, que de l’écriture morte, lue silencieusement et solitairement par une élite.
Louis Lumet (Petite République), dont la bienveillance n’exclut point la perspicacité et qui sait se libérer du sectarisme particulier aux journaux politiques.
La seconde beauté dont les mots sont susceptibles comme signes de nos idées, c’est un rapport particulier avec l’idée qu’ils signifient.
La diction n’a proprement de rapport qu’aux qualités grammaticales du discours, la correction et la clarté : le style au contraire renferme les qualités de l’élocution plus particulières, plus difficiles et plus rares, qui marquent le génie ou le talent de celui qui écrit ou qui parle ; telles sont la propriété des termes, la noblesse, l’harmonie et la facilité.
C’est quelque chose de bien plus rare et de bien plus particulier.
Avec les procédés particuliers au bourgeoisisme, on arrive à des résultats singuliers qui n’ont pas l’honneur de s’élever jusqu’au paradoxe, mais qui sont tout simplement des dégradations.
Nous n’avions pas à remplacer les jugements de l’auteur sur les hommes et sur les choses par nos jugements particuliers.
Ce lyrisme, auquel le poète s’est assoupli par la volonté, l’exercice et surtout le compagnonnage littéraire, est le plus grand ennemi de sa nature sincère, de cette poésie qui est la sienne, toute d’observation triste ou cruelle, qui se déchire le cœur dans un coin, et de ce petit coin sombre avec son noir chagrin, comme Alceste, allonge sur le monde extérieur un regard qui, comme celui de certains peintres malades de la bile ou du foie, teint, d’une nuance particulière et soucieuse, les objets sur lesquels il va lentement et longuement se fixer.
Ce n’est pas seulement une force de style acquise ou spontanée, un faire particulier dont le poète est doué, c’est quelque chose de plus étonnant et de plus profond.
Le caractère particulier de son comique est une grande finesse d’observation, qui va quelquefois jusqu’à la ténuité.
J’ai examiné ailleurs99 la question des rapports de la sexualité et de l’individu : aussi me contenterai-je d’ajouter ici quelques remarques particulières.
C’est que je traite de la question du rêve et que je suis à l’Institut psychologique ; mon entourage et mon occupation, ce que je perçois et ce que je suis appelé à faire orientent dans une direction particulière l’activité de ma mémoire.
Il y a aussi des beautés relatives qui n’en sont pas moins réelles pour être appropriées à certaines circonstances locales, pour être dans un rapport particulier avec les mœurs, les institutions, les penchants et les émotions habituelles d’un peuple.
Les nouveaux chants qui surgissaient sans cesse ne faisaient pas oublier les anciens quand ceux-ci, par quelque circonstance particulière, méritaient de survivre : une génération les transmettait à l’autre, en les renouvelant pour le langage, en les modifiant et les amplifiant avec plus ou moins de bonheur. […] Il faut admettre, en effet, que deux légendes presque pareilles, comprenant également des traits forts particuliers, comme la métamorphose des habitants de la montagne en serpents et le voyage à Rome du pécheur repentant, s’étaient formées indépendamment en Allemagne et en Italie, et qu’elles se sont fusionnées dans l’histoire racontée à La Sale par les gens de Montemonaco ; la légende allemande aurait donné au pape un rôle odieux parce que Urbain IV était l’ennemi des Staufen, tandis que la légende italienne, représentée par Guerino il Meschino, aurait attribué au pape un rôle bienveillant et fait absoudre par lui le héros de l’aventure. […] Un curieux passage d’une chanson de geste nous a seul conservé une légende fort semblable où Marcus, qui n’est plus le soldat blessé par Pierre, mais le lépreux guéri par le Seigneur, frappe le Christ, et est l’objet d’une malédiction particulière, à l’aide de laquelle on expliquait bizarrement l’incurabilité de la lèpre : Dius, tu garis Marcus, ki tous fu enleprés : Mesiaus fu de viaire et de bouche et de nés, Li premiers hons en terre ki en fu encombrés. […] On put regarder cette destinée soit comme une récompense, soit comme un châtiment, et de là vient qu’on l’attribua soit au disciple bien-aimé, à qui elle semblait d’ailleurs clairement prédite, soit au contraire à un homme coupable d’une offense particulière envers le Christ. […] Goethe avait voulu faire un Ahasvérus, et il avait conçu le sujet avec une originalité profonde, en donnant au cordonnier de Jérusalem un caractère très particulier, mélange de bon sens, d’étroitesse d’esprit et d’ironie, qui lui aurait permis d’avoir une attitude personnelle en face de l’humanité qui s’écoule devant lui.
Rien ne le prouve mieux que la magnificence des « offrandes » et des « trésors » que les villes grecques, des tyrans d’Asie ou même de simples particuliers faisaient construire dans l’enceinte sacrée et dont l’objet essentiel était de conquérir la bienveillance d’Apollon. […] On s’étonne seulement que l’erreur de Jean-Jacques cause à Charles Morice une déception particulière, attendu que de tous ces grands écrivains, l’auteur de l’Héloïse n’était sans doute pas le moindre, mais celui de tous qui avait le goût le moins sûr. […] Tandis que la prose française est depuis bien des siècles une forme d’art merveilleusement riche, souple et susceptible de perfections variées, en Angleterre la poésie se réservait presque exclusivement la beauté proprement littéraire et la prose se contentait en général de dire ce qu’elle avait à dire, sans souci particulier de l’élégance ou de l’éclat du style. […] Sous prétexte que chaque art a ses moyens particuliers, sa beauté propre, qu’il doit cultiver d’abord et avant tout, ce qui est incontestable et s’oppose utilement, par exemple, à la peinture philosophique ou littéraire, Pater veut que cette beauté propre et ces moyens particuliers constituent le tout de la création artistique et que la forme et la matière se confondent radicalement. […] On attendait avec une curiosité particulière la correspondance avec lady Melbourne, dans l’espoir qu’elle éclaircirait définitivement le fameux problème des amours incestueuses de Byron et de sa sœur Augusta Leigh.