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1305. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Par quelle pente est-il arrivé à aller prendre son suprême sommeil dans la famille protestante ?‌

1306. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

» Simonide aussi donna l’exemple de cette poésie domestique qui célébrait des victoires dans les jeux publics, ou des joies et des douleurs de famille.

1307. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Celui-ci se marie, épouse une de ses amies précisément, et devient père d’une nombreuse famille. […] L’esprit de famille sur lequel s’attendrissaient nos mères, qu’elles proposaient à notre culte, avec raison d’ailleurs, comme la première garantie d’ordre social, est demeuré intact, mieux qu’intact… actif, vigilant, entre les membres de cette collectivité sans précédent. […] On ne saurait pousser plus avant que dans cette famille littéraire l’esprit de solidarité. […] L’instinct du futur chef de famille qui va fonder un foyer s’oriente vers les qualités qui lui paraissent le plus sûr gage de sa durée, assez semblable à celui du citoyen qui participe à la vie de la nation, dont il se sent un membre actif et responsable. […] Faites ce dernier effort de rapprocher, dans une vue d’ensemble, les héros qu’avec tant d’amour leur pinceau caressa : ce sont membres d’une même famille avec qui vous fîtes individuellement connaissance, et qui se trouvent maintenant à portée de votre main.

1308. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Dans ses fréquentes promenades sur ces lieux où souffle l’esprit, de la chapelle de Notre-Dame de Sion aux ruines du château de Vaudémont, berceau de la famille de Habsbourg-Lorraine, M.  […] Que pour les gens de l’Institut, des salons et de sa famille, M.  […] Il estime que le « moi » tue la famille et vide la maison. […] Il est un merveilleux poète de l’amour légitime et des joies du foyer : « Un Sully Prud’homme père de famille et campagnard », selon la définition de M.  […] Stendhal, Amiel et Dumas fils n’appartiennent point à la même famille, et aucun d’eux n’est sec.

1309. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

De plus, madame Récamier était royaliste par sa famille et républicaine par le temps où elle était en fleur, au milieu d’une société républicaine. […] Elle avait passé à Lyon, dans sa famille, les années irréprochables de sa seconde jeunesse. […] Madame Lenormant donne à ce départ et à cette absence d’autres prétextes de famille et de santé.

1310. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

De là misère, nécessité d’abandonner son enfant, retours de sa pensée vers son pays natal, où cependant elle n’avait d’autre famille que les noms du pays, les rues et les portes des maisons. […] XXII Ici vous fermez le troisième tiroir, et l’auteur en ouvre un autre à propos d’une certaine famille Thénardier dont il a besoin pour changer les décorations de son drame. C’est le tiroir épique, c’est la bataille de Waterloo : qu’a-t-elle à faire dans cette épopée de petites misères d’un forçat et de quatre filles dans le bourbier du bagne ou des mauvais lieux de Paris : à moins que ce ne soit pour exciter la pitié sur ces quatre-vingt mille malheureux soldats de vingt ans, hier heureux laboureurs, arrachés à leur famille par un conquérant, pour les pousser sur quatre lieues de carnage ?

1311. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Nous avons vu comment Molière entre malgré sa famille dans une troupe de comédiens, où l’amour le convie et le retient ; voyons comment Shakespeare échappe même à la famille et à l’amour pour aller entrer dans une troupe de comédiens aussi par la porte des plus ignobles emplois ; ni dans l’un ni dans l’autre, aucune prétention, aucun système, le besoin de vivre, de gagner son pain ; à côté du pain ils trouvent, par surcroît, la gloire. […] C’est alors que la conformité du goût et du talent nous unit plus intimement, que j’allai plus souvent m’asseoir à leur vie de famille, et qu’ils vinrent eux-mêmes habiter plus fréquemment ces deux asiles de Saint-Point et Monceaux que la suite des événements politiques me laissait encore libres pour moi et pour mes amis.

1312. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Jacques-Bénigne Bossuet est né à Dijon le 27 septembre 1627, d’une famille de magistrats provinciaux : il avait six ans quand son père fut nommé conseiller au Parlement de Metz. […] Il soutint le 25 janvier 1648 sa première thèse, devant le grand Condé, gouverneur de sa province natale, et protecteur de sa famille : puis il entre en licence en 1650 ; prêtre et docteur en 1652, il se rend à Metz, ville toute pleine de protestants et de Juifs, où les controverses sont ardentes. […] Sa théorie du pouvoir royal est ce que l’on peut attendre d’un prêtre gallican, de famille parlementaire : les rois sont absolus, mais ils doivent respecter les lois, les droits des divers corps de la nation.

1313. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

II Ce qui distingue MM. de Goncourt des autres romanciers de la même famille, c’est qu’ils sont les plus impressionnables et les plus tourmentés. […] Plus d’un écrivain d’aujourd’hui est, en outre, un époux régulier et un père de famille prévoyant, et écrit quotidiennement le même nombre de pages entre sa femme légitime et son pot-au-feu. […] Lorsque Henri Mauperin achète le nom de Villacourt, croyant la famille éteinte, Renée, cette adorable Renée qui est un si franc et si honnête garçon, ayant appris qu’il reste encore quelque part un Villacourt, lui envoie sans rien dire un numéro du Moniteur pour l’avertir qu’on lui vole son nom.

1314. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Ajoutons que les évangiles dont il s’agit semblent provenir de celle des branches de la famille chrétienne qui touchait le plus près à Jésus. […] Certains passages de Luc, où il y a comme un écho des traditions johanniques 59, prouvent du reste que ces traditions n’étaient pas pour le reste de la famille chrétienne quelque chose de tout à fait inconnu. […] Ainsi, le pardon de la femme pécheresse, la connaissance qu’a Luc de la famille de Béthanie, son type du caractère de Marthe répondant au [Greek : diêchonei] de Jean (XII, 2), le trait de la femme qui essuya les pieds de Jésus avec ses cheveux, une notion obscure des voyages de Jésus à Jérusalem, l’idée qu’il a comparu à la Passion devant trois autorités, l’opinion où est l’auteur que quelques disciples assistaient au crucifiement, la connaissance qu’il a du rôle d’Anne à côté de Caïphe, l’apparition de l’ange dans l’agonie (comp.

1315. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Les individus d’abord errants et disconnexes, se sont agrégés en familles puis celles-ci en tribus ; les tribus se sont constituées en nations, comme des fiefs réunis en provinces sont sortis les royaumes ; ceux-ci se sont assemblés en alliances qui tendent de plus en plus à englober des continents et des races. […] Avant l’institution des tribus, il n’existait guère de différences entre les hommes que celle imposée par la disparité des forces des deux sexes ; le système patriarchal et plus encore l’agrégation des familles en tribus créa la différence entre gouvernants et gouvernés ; en même temps, les occupations des gouvernés les subdivisent, d’abord en castes, puis en métiers, enfin en spécialistes. […] Après que la famille de Richard Wagner fut venue de Dresde à Leipzig57, en 1827, l’oncle et le neveu se virent beaucoup, et — c’est Richard Wagner qui nous le dit — Adolf Wagner eut sur le jeune homme une grande influence.

1316. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Personne aussi, j’en suis sûr, n’a autant joui de ses amis, famille adoptive, parenté de l’âme, public intime, qui ne sont ni si perfides, ni si indifférents que le disent les cœurs tristes, et que je n’ai jamais, au contraire, trouvés si fidèles et si consolateurs que dans l’infortune. […] en face de cette anthropophagie mutuelle qui est le crime irrémissible de toutes les races de la création, où il y a un Caïn dans toutes les familles, dites-moi si cette anthropophagie mutuelle n’est pas la fatalité de l’être, la rançon de toute heure de vie par un crime, l’exemple et le conseil du meurtre donné par la puissance créatrice à ses créatures ? […] Demandez-le au matelot qui creuse d’un bout de l’Océan à l’autre éternellement les mêmes vagues, et qui passe sa vie à orienter sans cesse la même toile et à poursuivre le même vent pour rapporter, au prix de son éternelle absence, à sa famille, une pincée d’or convertie en quelques bouchées de pain !

1317. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Tout ceci, cher Monsieur, est pour maintenir, au milieu des imitations apparentes et des influences plus ou moins directes que vous démêlez très bien, l’originalité bien native pourtant de nos anciens amis, la veine naturelle et propre à cette famille romantique française qui a et gardera sa physionomie entre toutes les autres écoles. […] Beaumarchais, en écrivant ses drames bourgeois, Eugénie et la Mère coupable continua la veine ouverte par le Père de famille et le Fils naturel, de Diderot. […] Né en Bretagne, d’une famille aristocratique, mais sans fortune, la révolution étant survenue il se décide à émigrer et alla s’enrôler dans l’armée de Condé, sans avoir cependant des convictions légitimistes bien solides. […] La poésie française était une grande dame de noble famille, parfaitement distinguée, belle parleuse, sémillante, pleine de coquetterie et de grâce, rêveuse parfois au sortir de la messe, rarement passionnée si ce n’est dans son boudoir, spirituelle toujours et n’oubliant jamais le ton conventionnel des divers milieux qu’elle traversait tour à tour. […] Son amour pour la nature comme son respect pour la vieillesse, son culte de la famille comme le charme avec lequel il parle des enfants, sont des traits tout germaniques qui le distinguent de la plupart des autres poètes français.

1318. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

L’ordre du père de famille, du chef de tribu, c’est l’ordre du ciel. » Et remarquez qu’en disant cela, il n’est pas fourbe. […] Les établissements religieux sont le refuge des enfants appartenant à des familles qui n’adoptent ni les principes de 89 ni le gouvernement impérial. […] Pour ce qui est de la liberté du père de famille, M.  […] Dans la seconde il disait aux pères de famille : « Vous ne pouvez pas choisir l’enseignement à donner à vos enfants, parce que vous êtes pères ». […] Il est évident que le soldat qui ne passe que deux ans dans l’armée n’a que deux sentiments successifs : la première année, le regret d’avoir quitté sa famille et son village ; la seconde année, l’impatience d’y rentrer.

1319. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Mais ces derniers présentent les mêmes traits intellectuels — et le plus souvent aussi somatiques — que les membres de la même famille anthropologique qui satisfont leurs instincts malsains avec le surin de l’assassin ou la cartouche du dynamiteur, au lieu de les satisfaire avec la plume et le pinceau. […] Deux amies de pension de bonne famille causent ensemble. […] Chaque Français individuellement subit des revers de fortune, perdit des membres de sa famille, et se sentit personnellement atteint dans ses conceptions les plus chères, voire même dans son honneur. Le peuple tout entier tomba dans l’état d’un homme qu’un coup écrasant de la destinée frappe soudainement dans ses biens, sa situation, sa famille, sa considération, son estime de lui-même. […] Le « circulaire » est condamné par la nature de son mal, s’il n’appartient pas à une riche famille, à être vagabond ou voleur ; il n’y a pas de place pour lui dans la société normale.

1320. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il paraît que sa famille était distinguée et même illustre. […] Cependant, Mandane étant devenue nubile, Astyage, retenu par ce songe, ne voulut la donner en mariage à aucun des Mèdes dont la maison pouvait s’allier à la sienne, mais il fit choix pour elle d’un Perse nommé Cambyse, homme d’un caractère paisible et d’une bonne famille, mais qu’il regardait néanmoins comme au-dessous même d’un Mède né dans la classe moyenne. […] Il tient à ma famille par les liens du sang ; Astyage est déjà vieux, et n’a point d’enfant mâle. […] Dans ce nombre, les Pasargades sont les plus nobles, et c’est parmi eux que se trouve la famille des Achéménides, dont les rois perses sont sortis.

1321. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Le cercle des affections de famille est borné. […] Les familles sont en guerre. […] Lavedan est fils de famille riche et souvent noble. […] On s’attendait que les fils des preux, descendants authentiques de nos grandes familles, allaient protester. […] De la famille à laquelle il appartient il a reçu par hérédité une âme religieuse.

1322. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Victor Cousin continue ses excursions actives et intéressantes à travers la famille Pascal.

1323. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Celui qui consacre sa vie au bonheur de ses amis et de sa famille ; celui qui prévenant tous les sacrifices, ignore à jamais où se serait arrêté l’amitié qu’il inspire ; celui qui n’existant que dans les autres, ne peut plus mesurer ce qu’ils feraient pour lui ; celui qui trouve, dans les jouissances qu’il donne, le prix des sentiments qu’il éprouve ; celui dont l’âme est si agissante pour la félicité des objets de sa tendresse, qu’il ne lui reste aucun de ces moments de vague, où la rêverie enfante l’inquiétude et le reproche, celui-là peut, sans crainte, s’exposer à l’amitié.

1324. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Ils sont de la famille des êtres que créeront Chateaubriand, Byron et Lamartine.

1325. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Les voici sur le pont : «… Alors André les embrassa tous du regard, cette famille qu’il avait créée, qui était sienne, dont il était le chef, et qu’il emportait avec lui, à travers les aventures, vers l’avenir.

1326. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Après cette cause de dissolution vint la guerre de la Fronde qui divisa toutes les familles de la capitale.

1327. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

C’est que les instincts naturels, — sentiment de la famille, amour de la liberté individuelle, attachement aux biens immédiats et à la vie présente, — formes de l’égoïsme élémentaire, représentants d’une réalité antérieure à la genèse des sociétés humaines et contemporaine des premiers stades de la biologie, c’est que ces instincts réagissent maintenant contre la contrainte que leur imposa la croyance.

1328. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Le magistrat de la police prit lui-même la peine de le justifier, « non seulement aux yeux de sa famille, mais encore par une lettre qu’il écrivit à M. l’abbé Bignon ; & cette lettre ayant été lue dans l’assemblée des journalistes, l’abbé Desfontaines fut rétabli d’une voix unanime ».

1329. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Michel Van Loo est vraiment un artiste : il entend la grande machine ; témoins quelques tableaux de famille où les figures sont grandes comme nature et louables par toutes les parties de la peinture.

1330. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Quant à celui-là, il a disparu d’une manière mystérieuse ; la famille du conventionnel l’a, dit-on, payé 40, 000 francs aux héritiers de David ; nous n’en disons pas davantage, de peur de calomnier des gens qu’il faut croire innocents28.

1331. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Sénèque, écrivant les Troades, pouvait-il oublier cette scène de famille, plus terrible que les fictions tragiques ?

1332. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il faut la capitale d’un grand royaume pour y établir la demeure du goût ; encore n’est-il le partage que d’un petit nombre d’honnêtes gens ; il est inconnu aux familles bourgeoises, et toute la populace en est exclue327. […] S’il en est un qui ait une famille, des mœurs, de la propreté et du bon sens, elle sourit de pitié. […] Esprit général de la critique littéraire Ainsi, une littérature, un poème, quelquefois même un morceau faisant tache, comme ce passage d’une comédie de Plaute où Sosie embouche la trompette héroïque, sont l’expression vive et fidèle d’une société ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme l’Iphigénie de Racine, lorsqu’elle exprime des sentiments nationaux, quelle que soit l’antiquité du vêtement dont elle s’affuble ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme Le Médecin de son honneur de Caldéron, lorsqu’elle exprime des passions nationales, quelque absurdes que ces passions puissent paraître au jugement faible des étrangers ; mais une œuvre d’art qui n’exprime pas un état social actuel et présent, ne plaît qu’à une élite de lettrés, comme l’Iphigénie de Goethe, ou ne plaît qu’à l’auteur et à sa famille, comme l’Alarcos de Frédéric Schlegel ; et il n’est point certain que l’Iphigénie allemande eût fait plaisir aux Grecs, ni l’Alarcos aux Espagnols, parce que l’artiste ne peut pas s’isoler, s’abstraire de la race d’où il sort, du milieu où il vit, du moment où il fait son poème, au point de devenir vraiment grec ou vraiment espagnol, quand il est moderne et allemand. […] De même le peuple en général, et les chefs des anciennes familles royales de la Grèce n’ont jamais pensé ni parlé comme les personnages d’Eschyle ; ils ont encore moins approché de la beauté de ceux de Sophocle. […] Soulié, Recherches sur Molière et sur sa famille.

1333. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

. — Un cadet de grande famille au xvie  siècle. — La jeunesse de Du Bellay ; — sa grande maladie et ses études ; — sa liaison avec Ronsard. — Il entre au service de son parent le Cardinal. — Son séjour à Rome. — Liaison avec « Faustine » ; — Ennuis et dégoûts. — Retour en France. — Publication des Regrets. — Il se brouille avec le Cardinal. […] III. — Pierre de Ronsard [La Poissonnière, 1524 ; † 1585, Paris] 1º Les Sources. — Aux ouvrages déjà cités, il convient d’ajouter ici : — Gandar, Ronsard imitateur d’Homère et de Pindare, Metz, 1854 ; — La Famille de Ronsard, par A. de Rochambeau, Paris, 1869 ; — P. de Nolhac, Le Dernier Amour de Ronsard, Paris, 1882 ; — Mellerio, Lexique de la langue de Ronsard, Paris, 1895 ; — et Pieri, Pétrarque et Ronsard, Marseille, 1895. […] 2º L’Éditeur, le Philologue et l’Écrivain. — La famille des Estienne [Cf.  […] Malvezin, Michel de Montaigne, Bordeaux, 1875 ; — Paul Bonnefon, Montaigne, l’homme et l’œuvre, Paris, 1893 ; — Paul Stapfer, Montaigne, dans la collection des Grands Écrivains, Paris, 1895, et La Famille de Montaigne, Paris, 1896 ; — Villemain, Éloge de Montaigne, 1812 ; — J. […] 2º Le Controversiste, l’Écrivain, l’Orateur. — François de Sales appartient à l’histoire de la littérature comme controversiste, écrivain « ascétique » et prédicateur. — Sa famille et son éducation. — Le collège de Clermont et l’université de Padoue.

1334. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Oreste se découvre d’abord à Pammène, vieillard attaché à la famille d’Agamemnon. […] Et, certes, j’admire l’intransigeance de la vertu de ce fils de famille. […] Ce serait une petite famille de Labdacides — par la main gauche. […] — Quand on se marie, c’est toute une famille qu’on épouse. […] Elle ne connaît ni patrie ni famille, et n’a pas d’autre intérêt au monde que son amour.

1335. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

C’est alors aussi que la Russie prend sa place dans la famille littéraire de l’Europe, avec une saveur de l’Asie que le comte de Maistre avait respirée à Moscou et qui lui a valu en France une popularité biblique. […] Sa famille, après l’avoir élevé dans les champs et dans les neiges du gouvernement de Toula, l’envoya achever son éducation à Pétersbourg et à Moscou, puis la raffiner à Berlin parmi ces Allemands distingués qui ont Goethe pour poète, Hegel pour philosophe. […] Le paysan bon, doux, soumis ; le domestique paresseux, fier, oppresseur ; le maître indolent ; sa femme et ses filles lentes et oisives, un peu vaniteuses ; les jeunes gens du voisinage venant passer leurs semestres dans les familles amies, occupés à faire l’agrément des jeunes filles, à danser, à monter à cheval, à chasser, à pêcher, à lire les livres nouveaux arrivés de Paris à Moscou, de Moscou dans leurs villages : en tout, des caractères extrêmement effacés, très doux, très tristes, plutôt féminins que sauvages. […] Sur le toit de chaume, où nichaient diverses familles d’oiseaux, s’élevait une mousse verte. […] Pour l’y ramener, Boris se mit à parler de la jeune veuve et de la famille Calimon.

1336. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

À quatorze ans, il a quitté Braïla, abandonnant sa famille, une mère qu’il aime ; mais le besoin de partir est en lui le plus fort. […] Depuis qu’il touche des mensualités chez son éditeur, il gâte sa famille ; un soir qu’il a invité ses jeunes frères à dîner, il pleut et vente si fort qu’il lui semble dangereux de les renvoyer à Saint-Maur ; il les retient à coucher dans sa chambre. […] Sainte-Beuve cherchera l’homme sous l’auteur, définira son tempérament, découvrira la famille d’esprit à laquelle il appartient. […] Emmanuel Manière pour ne pas être recherché par sa famille. […] C’était Cully, le berceau de la famille Ramuz ; c’est à quelques kilomètres de là, à Treylorrens, que Ramuz passa quelques mois de la guerre, dans une vieille maison de vignerons, aux murs épais et dont le pressoir, dans une cave énorme, était le plus bel ornement.

1337. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

. — De Versailles, la pièce passa à Villers-Cotterets, de Villers-Cotterets au Raincy, si bien que toute la famille royale en eut sa bonne part ; c’était beaucoup pour la pièce et c’était peu pour Molière. […] Orgon et le désespoir de sa famille ; enfin à la dernière scène, ce même parterre avait applaudi à outrance l’éloge du jeune roi qui lui faisait ces loisirs. […] Dans Le Bourgeois gentilhomme, Molière nous montre un marquis escroc et une comtesse qui est une franche aventurière ; il nous montre, dans Le Mariage forcé, toute une famille de gentilshommes déshonorée, depuis le père jusqu’à la fille. […] Sans Elmire, toute cette famille va se rendre à ce bandit. […] Le feuilleton devait tenir à cette gloire, elle était un peu en famille chez nous ; M. 

1338. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

En traitant des hommes connus, ma critique ne peut consentir à s’absenter de la génération nouvelle dont je suis : tout ce qui intéresse ma famille m’émeut ; c’est mon affection qui fait ma colère. […] On le croirait possédé par le démon de la gamme, hanté par des hautbois, des cors, des flûtes, des violoncelles, toute la famille des instruments. […] J’ai connu une jeune fille de haute famille et de grande beauté qui s’était affolée d’un muletier bossu, noir, le nez planté de poils, hideux. […] lui répondit le fils de famille en haussant les épaules, je suis amoureux fou d’Esther, la plus céleste créature du monde !”  […] Édouard Thierry, c’est toujours une magnifique armée que la famille des auteurs qui écrivent pour le théâtre ! 

1339. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Littré116, nous avons donc à faire connaître, s’il se peut, l’homme même, à tâcher de le suivre dans son origine, dans sa formation active, son étendue, ses digressions et ses mélanges, à dérouler ses phases diverses, ses vicissitudes d’esprit, ses richesses d’âme, et à fixer les principaux traits de sa physionomie dans cette élite de la famille humaine dont il est un des fils glorieux. […] Ce sentiment, bien modifié ensuite, et par son premier mariage dans une famille royaliste et dévote, et plus tard par ses retours sincères à la soumission religieuse et ses ménagements forcés sous la Restauration, s’est pourtant maintenu chez lui, on peut l’affirmer, dans son principe et dans son essence. […] Au retour, le savant reparaissait, et il rangeait les plantes cueillies avec leurs racines, il les replantait dans un petit jardin, observant l’ordre des familles naturelles.

1340. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

La sainteté de cet asile ne le préserva pas d’une dernière faiblesse de cœur pour une belle Milanaise qu’on dit être de l’illustre famille Beccaria. […] Les familles ont leur destinée comme les nations ; heureuses celles qui commencent ou finissent par des consanguinités même traditionnelles avec les poètes ! […] Il y revint après cette courte ambassade ; il y fut témoin des dissensions de la famille Visconti à Milan sans que ces orages troublassent sa tranquillité.

1341. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il est à présumer, par son nom féodal et par l’indépendance de sa vie, qu’il appartenait à une famille noble. […] Les héros sortent tout faits de ces nids de famille. […] C’était l’ubiquité de la parole de Dieu dans l’humble famille.

1342. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

— L’Assemblée générale de Nuremberg décida, en effet, qu’en une seule grande association seraient réunies toutes les forces isolées de la famille Wagnérienne. […] La Fondation est administrée par un comité, comprenant le représentant de la famille Wagner, le maire de Bayreuth, le président de l’Association, et quelques délégués. […] 5° 1883-1886. — Les Fêtes de Bayreuth ont été continuées, après la mort du Maître, selon le vœu de la famille, grâce à l’énergie et au dévoument de leur administrateur, M. 

1343. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Il a cru que la Démocratie française se composait de quelques nobles jeunes gens, innocents à force de jeunesse, et d’une poignée de dévoyés de l’Ordre et de la Famille, étudiants de quinzième année, réfugiés politiques, cherchant le grain de la révolte n’importe où il tombe, le tout orné d’une guirlande fanée de bas-bleus, bons à mettre aux Incurables de l’Adultère et aux Impossibles de la Maternité. […] Qui ne sait l’outrance de la pensée de l’écrivain qui a écrit le Prêtre, la Femme et la Famille ? […] Troublé comme tous les philosophes qui ont altéré ou ruiné la grande notion de la famille chrétienne, il ne sait plus que faire de la femme qu’il a tirée de la fonction sublime entre le père et l’enfant, pour la voir sur la place publique et, que sais-je ?

1344. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

L’explication de Roederer se terminait amicalement par quelques détails domestiques et de famille. […] Roederer écrivait trop souvent et avec trop de liberté pour ne pas rencontrer sans cesse sous sa plume Mme de Staël, et surtout sa famille, ses amis ; elle était plus difficile et plus exigeante pour eux que pour elle-même.

1345. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Villars paraît, et l’on n’a plus affaire aux mêmes scrupules ni à la même réserve ; c’est ici un guerrier d’une autre famille que Catinat, mais, en tant que guerrier, d’une famille meilleure et plus faite pour l’action.

1346. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

» Pendant deux années il trouva en Danemark dans la famille Brun le degré et comme la température d’affection qui lui convenait le mieux, et il eut aussi devant les yeux tout un monde nouveau qui se découvrait à son intelligence. […] Cette maison appartenait au docteur Butini, le Tronchin de la moderne Genève ; cet escalier avait été usé par les pas de dix générations de patients ; car depuis la grande émigration des familles Lucquoises, le chef des Butini était toujours un médecin, et un médecin de renom.

1347. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

La naissance de Rodrigue était honorable, et il sortait d’une ancienne famille castillane fort considérée ; un de ses ancêtres, Laïn Calvo, avait autrefois reçu de ses concitoyens une haute mission de confiance, étant l’un des deux juges que les Castillans avaient chargés, en 924, de terminer leurs différends à l’amiable. […] Dès les premiers temps de son bannissement, Rodrigue, après avoir passé quelques semaines à la Cour du comte de Barcelone, qui ne semble pas l’avoir accueilli, se rend à Saragosse, où il entre au service d’un roi maure, Moctadir, de la famille des Beni-Houd, prince ambitieux et perfide, que les scrupules de croyance ne gênaient pas ; et, à sa mort, dans les guerres qui suivirent entre ses fils, il se déclare pour l’aîné, Moutamin, qui avait obtenu Saragosse.

1348. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Ne remarquez-vous pas comme en tous sens ces affinités se dessinent, et comme il y a vraiment des familles d’esprits ? […] Je le crois aussi ; mais, monsieur le voleur, nous avez bien fait, vous ne serez pas puni pour cela, et vous auriez été couronné à Lacédémone. » Il ne tarit pas là-dessus, il est comme notre ami Sacy ; il n’en a jamais assez de la relire : « Je suis enchanté, monsieur, de la manière dont vous parlez des Lettres de Mme de Sévigné ; elles m’ont fait la même joie, et je les relis comme elle relisait les lettres de sa fille, pour faire durer le plaisir. » Sur Mme de Motteville, dont les Mémoires parurent pour la première fois en 1723, on n’a jamais mieux dit que Mathieu Marais sous l’impression toute vive d’une première lecture : « Il n’y a jamais eu ensemble tant de faits secrets, tant de caractères bien marqués, tant de portraits ressemblants et une connaissance si grande de la Cour et des familles.

1349. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Des affaires de famille, l’arrivée en Allemagne de sa femme et de son fils venant de Suisse par Vienne, occupèrent Jomini pendant tout ce mois de septembre et les premiers jours d’octobre. […] Le voyage de Jomini à Prague au-devant de sa famille ne l’empêcha point de rejoindre à temps l’empereur de Russie avant les journées de Leipsick, son rôle de donneur de conseils fut ce qu’on a vu déjà : il était une Cassandre prophétique, qui parlait pour l’acquit de sa conscience et qu’on n’écoutait qu’à demi.

1350. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

C’est en Bretagne, à Saint-Malo, au mois de juin 1782, que naquit, d’une famille d’armateurs et de négociants, Félicité-Robert de La Mennais : cette famille Robert venait d’être anoblie (sous Louis XVI, je crois) pour avoir nourri à grands frais la population dans une disette.

1351. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Par sa famille, il avait pris les traditions et le ton du xviiie  siècle ; avant d’être venu à Paris, il était Parisien. […] On a droit de noter encore à l’avantage du pays de Vaud, qu’on lui devrait l’introduction dans la littérature française d’un autre personnage bien mémorable, du dernier arbitre classique du goût, s’il était vrai, comme cela paraît en effet, que La Harpe descendait, soit légitimement, soit naturellement, de la famille vaudoise de ce nom.

1352. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

 » Ce serait trop demander pourtant au lecteur d’aujourd’hui que de me suivre en détail près de chaque poëte de cette famille, de cette coterie. […] Il faut croire que des arrangements de famille déterminèrent cette conclusion précoce.

1353. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

mais voyez Shakespeare ; voyez nos peintres qui font encore des Sainte Famille, nos sculpteurs qui font encore des Diane. […] Ni même, si on presse le sens des mots, ces relations de famille, ces affections privées, qui sont en dehors de la conversation mondaine, et n’y peuvent éclater sans indiscrétion ou scandale.

1354. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Et voici les Burgraves : « l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des Titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur ». […] Une famille au temps de Luther, 1836.

1355. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Voltaire ne voit dans le moyen âge ni la condition de la femme relevée, ni la beauté de la famille chrétienne, ni l’art admirable qui a tiré des cœurs le type de l’architecture religieuse, ni l’esprit de douceur et de charité d’où est sortie l’Imitation. […] La famille seule cultive le cœur.

1356. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il refait tous les tableaux sur le patron mélodramatique du Père de famille. […] Il lui suffit de quelques pages pour peindre le lieu de la scène, ce petit coin de terre dont le lecteur se souvient comme du pays natal, ces deux familles qui l’habitent, les douces bêtes qui complètent leur domestique.

1357. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Mucarade était le compère d’Arnolphe et de Bartholo ; Monteprade est de la famille du Ruy Gomez d’Hernani. […] En revanche, — et les exemples sont bien plus nombreux, — que de femmes bien nées, entourées de toutes les protections de la famille et de la fortune, n’aspirent qu’à descendre pour se mêler aux saturnales du monde inférieur !

1358. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

M. de Malesherbes lui répondit : Je suis très sensible, monsieur, à l’offre que vous voulez bien me faire de donner au public une espèce d’éloge d’un homme à qui je dois m’intéresser et comme mon ami et comme l’aîné de ma famille. […] Les éloges que vous me proposez de donner des gens de mérite et que le public regrette, seront pour leur mémoire et pour leur famille l’hommage du monde le plus flatteur, et il sera très agréable pour vous d’en être le dispensateur ; mais ce ne sera qu’autant que vous ne les laisserez pas avilir en les prodiguant avec trop de facilité.

1359. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

A repondue quil entendoit par attaque lorsque le mal est un (peu) plus violent et enpeche dagire A lui demandée a quelle époque il apris le médecin donc il vien de nous parllee et à quelle epoque il a quitté sommé de nous endonné des certificats A repondue que sa famille le certifira que cettoit de tout temps le medecin de la maison A lui demandé sy il montoit sa garde le dix aoust mil sept cents quatre vingt douze A repondue quil la montoit lorsque sa senté le permetoit A lui demandee sy lors du dix oust quatre vingt douze lorsquil à enttandue battre la générale sy il apris les armes pour vollaire au secours de ses concitoyent et pour sauvé la patrie A repondue que non quil étoit en core trop foible A lui demandée quelle est le motife qui lui en a empechée A répondue la faiblesse de sa santée dans ce moment A lui demandée de nous en donnée les preuves par les certificat signiée du cherugien et de la section vus qu’il n’est pas juste dans ses reponce A répondue quil na nent point A lui demandee que veux dire cemot a nous est comme17 quil nen a point A répondue quil na point de certificat cy dessus énoncés A lui représentés quil est un mauvais citoyent de navoir point concourue à la defense de sa patrie vue que les boiteux et infirme on prie les armes et se sont unie sur la place avec tout les bons citoyent pour y défendre contre les courtisans du cidevant Capet et royalliste A repondue quil navoit point assée de force de corp pour le pouvoir A lui demandee sy lord de ceste epoque ses frere et son pere sy etoit rendue avec les citoyent de leur section sur les places defansifs contre les tirand de la Republique sommé de nous dire la vérité A repondue que son pere etoit vieux et étoit employée a sa section et que son frere etoit vice-consulte en Espagne les auttres ne demeurant point a la maison il y gnoroit ou ils étoits A lui demandée ou etoit le domestique quil les servoit ou etoit il le dix oust A repondue quil lignoroit. […] Et, à ce propos, j’annoncerai que M. de Chénier a terminé un Précis historique sur la vie et les ouvrages de son oncle André, composé d’après les papiers de famille, et dans lequel il a réuni des particularités aussi exactes qu’intéressantes.

1360. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Or le bien des démocraties, quand elles sont sages et honnêtes, c’est qu’il y a un plus grand nombre d’hommes protégés dans leur honneur, dans leur conscience, dans leurs familles, dans leur travail. […] De telle sorte que la grande société nationale semble plus corrompue, plus lâche, plus infirme dans le même temps où la petite société de la famille est mieux réglée !

1361. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Mais la condamnation prononcée, au nom de l’art, contre ces écrivains et leur nombreuse famille m’a toujours semblé trop absolue. […] Hugo savait qu’il aurait pour lecteurs et il voulait émouvoir, par un portrait ressemblant, des hommes et des femmes de l’immense famille laborieuse, qui aiment sans doute, qui en souffrent, qui en meurent quelquefois, qui ont leur idylle ou leur tragédie, mais toujours rapide et à peu près muette, enserrée dans une vie de rude labeur, de soif et de faim, de poursuite et d’attente du pain quotidien.

1362. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

À défaut de si grandes choses, désirons du moins des ouvrages touchants et émouvants à bonne fin, divertissants et spirituels avec goût, puisés dans le cercle de la famille et de la société telles que, grâce à Dieu et à l’immortel génie de la France, elles existent encore ; des ouvrages sentant, pour tout dire, une habitude de bonnes mœurs et de bonne compagnie.

1363. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

  L’abbé de Pons, né en 1683, avait pour père le sieur de Pons d’Annonville, d’une noble famille de Champagne et chevalier d’honneur du présidial de Chaumont (sur Marne) ; il naquit à Marly, chez son oncle qui en était alors seigneur, et de qui le roi ne tarda pas à l’acquérir, « fit ses premières études au collège des jésuites à Chaumont, puis vint à Paris et entra au séminaire de Saint-Magloire, d’où il suivit l’école de Sorbonne : « Il était bon humaniste, nous dit-on ; il possédait les principes de la théologie ; mais surtout il était grand métaphysicien, dans le sens le plus étendu qu’on donne à présent (1738) à ce terme.

1364. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Latouche, qui a donné sa mesure comme homme d’esprit, mais qui ne l’a pas donnée pour d’autres facultés bien supérieures qu’il a et qui lui pèsent, a lu Oberman avec anxiété, en fils de la même famille, et il en a visité l’auteur dans ce modeste jardin de la Cérisaye, sous ce beau lilas dont le sage est surtout fier.

1365. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Il y avait, rappelons-le pour ne pas être injuste dans notre sévérité, il y avait, au sein de ce Versailles d’alors et de cette Cour si corrompue, un petit coin préservé, une sorte d’asile des vertus et de toutes les piétés domestiques dans la personne et dans la famille du Dauphin, père de Louis XVI.

1366. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie  siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.

1367. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Les sujets sont à tout le monde ; chaque écrivain qui veut se les approprie, sans croire voler ses devanciers, comme nos peintres peuvent faire des Sainte Famille après Raphaël, des Adoration des Mages après Rubens, comme nos sculpteurs réalisent après les Grecs les types de Diane et de Vénus.

1368. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais, comme il y a dans plusieurs de ces contes une extrême vivacité de peintures et que la Revue bleue est une honnête revue, une revue de famille, Yung me recommanda la plus grande réserve.

1369. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Par-là, elle échappe à la mesure ; ceux qui espérèrent l’amoindrir en la mesurant n’aboutirent qu’à mieux faire sentir qu’elle les dépassait… Verhaeren s’apparente à la famille des Tragiques.

1370. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Lucien March, chef de la statistique générale de France, a constaté que le coût de la vie, qu’il avait étudié depuis 1875, suivait une courbe descendante et qu’en l’an de grâce 1900, il n’en suffit plus, à une famille de quatre personnes, que de la misérable somme de 1 029 francs — chiffre rond sans centime — pour boucler son budget annuel.

1371. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Cette habitude de respect a été remplacée, dans la famille, par la familiarité plus tendre, qui a autorisé le tutoiement réciproque entre les enfants et leurs parents.

1372. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Pajou Les bustes du feu dauphin, du dauphin son fils, du comte De Provence, du comte D’Artois . plus plats, plus ignobles, plus bêtes que je ne saurais vous le dire. ô la sote famille en sculpture !

1373. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

C’est dans ces conseils à un jeune poète que Swift pose, toujours sans rire, la nécessité des bouts rimés pour que la poésie soit florissante, et demande une banque pour la poésie, la poésie étant, dit-il, d’autant de valeur et chose aussi réelle que nos fonds, puis une corporation de poètes, et enfin l’entretien d’un poète par famille, indépendamment du fou et du chapelain, qui ordinairement ne font qu’un.

1374. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Ne comparons pas à l’imagination orientale de l’auteur de Nathan le Sage et d’Émilia Galotti, l’imagination un peu bourgeoise de l’auteur du Fils naturel et du Père de famille.

1375. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Il est bien un peu payen aussi, et de famille payenne, par-dessus le marché, ami de son temps, mais il est épris d’une chrétienne qu’il veut faire accepter par les siens.

1376. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Il y a les vérificateurs de bâtiment, qui logent à l’auberge, et les moralistes, qui logent dans les familles, au cœur même du foyer domestique et des institutions.

1377. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

La dissolution de l’ancienne famille germaine fut une des raisons de l’invasion de l’Empire par les Germains et réciproquement cette invasion fut une des raisons de cette dissolution230.

1378. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

« Et moi aussi, dit Socrate, j’ai une famille, j’ai trois fils, dont l’un est sorti de l’enfance et les deux autres ont encore besoin des secours de leur père ; je n’en ferai cependant paraître aucun pour vous attendrir, et ce n’est ni par mépris ni par orgueil, ces sentiments ne peuvent entrer dans le cœur de Socrate ; mais la gloire de ses juges, la sienne, celle de la république lui défendent de donner un tel exemple, à son âge surtout, et avec le nom qu’il porte ; car, dit-il, que ce nom soit mérité ou ne le soit pas, on est persuadé que Socrate est au-dessus des hommes ordinaires.

1379. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Il vécut là plusieurs années, s’y maria dans une opulente famille chrétienne, et fut converti par l’exemple et les prières de sa femme, impatiente de le gagner tout à fait à son culte, et de se délivrer, ainsi que lui, des richesses qu’elle lui avait apportées en dot.

1380. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

s’écria le Gascon, il n’y a rien de lâche dans la maison de La Calprenède. » Il était, du reste, d’une bonne famille. […] Je serai redoutable à toutes les familles, Aux frères pour leurs sœurs, aux pères pour leurs filles. […] Qu’il ait été d’une famille obscure, qu’il ait servi les autres, le fait positif, c’est que, comme Rousseau et bien des hommes de talent, il est l’enfant de ses œuvres. […] — Quelle bonne folie, reprend en riant la maîtresse de la maison, voilà plus d’un siècle que ce tableau est dans ma famille, et il n’y a pas dix ans que M.  […] Louis XV avait l’âge du Joas de Racine ; ce prince, comme le Joas de l’histoire juive, restait seul d’une famille nombreuse éteinte par la mort.

1381. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Richepin est revenu à sa famille. […] Il avait été aussi désigné par la famille pour tenir un des cordons du poêle. […] Sa place ne lui procure pas le pain nécessaire à la vie de sa famille. […] Édouard Petit, « Lombard était des nôtres, sa famille sera désormais des nôtres ». […] Félix Fénéon a une famille qui pleure, des amis qui se désolent de son absence.

1382. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Elle connaissait sa famille ; leurs pères avaient été liés. […] Quatre à cinq mille spectateurs, parmi lesquels la famille royale, occupaient déjà les gradins, avec cette décence noble et grave qui caractérise le public athénien. […] Tout le monde est plein de mauvaise volonté contre le ministère, contre la famille royale. […] C’est un député de l’opposition, sa famille eut quelque notoriété pendant la guerre de l’Indépendance. […] Au sujet de la famille royale il se montre sévère, mais circonspect. « Hé, hé !

1383. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Et cependant la solidarité et les sympathies d’écoles, la communauté de vues et d’art, qui relient les divers groupes et les diverses familles d’artistes, au cours d’une même génération, impliquent bien des services de ce genre. […] Sainte-Beuve, dans le passage que nous citions, signale cette extension du goût comme un des dangers de la critique, ne voit de goût bien équilibré que dans des « familles d’esprits », et familles, nations, cela signifie indifférence ou hostilité à l’égard d’autres familles ou d’autres nations. […] Voltaire, Sainte-Beuve, une certaine famille d’esprits critiques, ont, dit-on, fixé le goût en matière de littérature française classique. Une autre famille d’esprits critiques, allemands, anglais, français, ont, semble-t-il, et dans une moindre mesure, fixé le goût en matière de littérature shakespearienne et romantique. […] Elevons l’amitié à toute la plénitude de sens qu’elle contracte dans ce titre de Barrès, les Amitiés françaises, ces amitiés dans lesquelles et par lesquelles se crée une continuité de famille et de nation.

1384. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais son régiment n’existait plus, la littérature traversait de mauvais jours, et sa famille, noble et réactionnaire, était inquiétée. […] … Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l’avenir. […] Sa famille, de petite noblesse, et non historique, mais très ancienne, a toujours porté ce nom. […] Ô famille, abrégé du monde… Dieu te garde et te sanctifie. […] Il est le plus sincère, le plus profondément atteint et le moins illogique de la famille des René, des Lara et des Werther.

1385. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Comme Jéhu se préoccupait des nombreux descendants de la famille d’Achab qui se trouvaient dans Samarie, il écrivit aux principaux de la ville une lettre hypocrite et ambiguë, que les notables comprirent fort clairement. […] Il regarda les groupes sociaux, les familles, les nations, les races, comme Pasteur regarde des colonies de microbes. […] 2º Après l’association, la famille. […] Il proclame que le travail, le bon sens, la raison, la société, le mariage, la famille sont « des choses utiles, salutaires et nécessaires ». […] Brouillé avec sa famille, qu’il avait irritée en s’associant à l’œuvre de l’affranchissement des noirs, il collaborait, en 1846, à la Phalange, revue phalanstérienne dont Victor Considérant était le directeur.

1386. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

On voit dans beaucoup de familles un enfant qualifié, à tort ou à raison, de sage, de sérieux (l’Aînée de Jules Lemaître ; Sonia dans la Guerre et la Paix ; Armande). […] Si, par hasard, il se plaint, sa famille et les amis de sa famille sont scandalisés : « Comment ! […] Ce n’est pas seulement dans la vie de famille qu’il en est ainsi. […] A grands frais je convoque amis, parents, famille, J’assemble un auditoire et nombreux et galant, Et nous fermons. […] Mlle Lisbeth ne peut exprimer à personne, non pas même à Mme Marneffe (et cela aurait quelques inconvénients et quelques invraisemblances), les motifs de sa haine contre les Hulot ; nous ne pouvons pas, non plus, les connaître, comme dans le roman, par de longues conversations entre la cousine Bette et sa famille ; il faut donc que la cousine Bette nous prenne pour confidents et nous dise à nous-mêmes les longues humiliations qu’elle a subies dans cette famille et qui lui ont inspiré le désir féroce de les tous précipiter dans la ruine et dans la honte.

1387. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

C’est la famille qui est la vraie cellule sociale et non l’individu. […] Un fils de famille qui s’éprend d’une femme entretenue, plus âgée que lui, et qui se débat dans cette liaison sans issue, c’est toute la matière que Constant a exploitée. […] C’est dire qu’il constate avec une légitime fierté les titres de cette famille celtique dont il est le fils. […] On y verra non plus la mise en œuvre d’un contrat logique, mais bien le fonctionnement d’une fédération d’organismes dont la famille est la cellule. […] D’autre part, ce philosophe a subi, du moins dans son enfance et dans sa jeunesse, les influences infiniment multiples et complexes de sa famille et de ses amis, de sa ville et de sa contrée.

1388. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Et l’autopsie faite, le professeur lisait aux hommes de la famille assemblés, ses notes qui leur disaient : « Attention à tel organe !  […] Il se montre très tendre, me parle de l’affection de sa femme pour moi, qui serait tout à fait une affection comme pour un membre de sa famille, et me donne l’assurance, qu’en dépit de tout ce qui a été dit, fait, inventé, par les jaloux de notre amitié, cette affection n’a pas été entamée, une minute. […] Mercredi 19 septembre Rattier exprime aujourd’hui le regret de la perte d’une chose de famille, vraiment curieuse. […] Dans la petite pièce, le rouge des murs, est rompu par une ceinture japonaise du xviie  siècle, une ceinture, où des hirondelles volent à travers des glycines blanches ; le rouge du plafond, est rompu par un foukousa, aux armes de la famille Tokougawa, (les Mauves) d’où, sur le fond d’un gris mauve, la blancheur d’une grue se détache au-dessus d’une gerbe d’or. […] En fait d’objets chinois ou japonais, il y a encore sur les murs, deux panneaux de Coromandel, ces riches panneaux de paravents, à intailles coloriées, où des fleurs et des poissons ressortent si bien du noir glacé de la laque ; — un bas-relief composé d’un bâton de commandement, en jade, posé sur un pied de bois de fer, admirablement sculpté ; — une plaque de porcelaine ayant dû servir à la décoration d’un lit d’un grand personnage, une plaque de porcelaine de la famille verte, où les peintures de la porcelaine arrivent à la profondeur intense des colorations d’émaux, enchâssés dans le cuivre ; — une grande sébile en bois (destinée à contenir des gâteaux secs), où un quartier de lune, fait d’une plaque d’argent, brille au milieu des aiguilles du noir branchage verticillé d’un sapin.

1389. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Encore n’est-ce pas bien certain, car, sans parler des difficultés énormes que présenterait cet examen, on n’aurait observé qu’un cas isolé, celui d’une seule famille, et un cas isolé ne peut conduire à aucune conclusion générale. […] Zola que sur la famille qu’il y promène, et surtout que sur la théorie de l’hérédité. […] Pour croire à l’hérédité de la famille Rougon-Macquart, il faudrait un acte de foi pour le moins égal à celui qu’exigent les dogmes de la Trinité ou de l’Immaculée-Conception ; et, après l’avoir accompli, on serait peut être moins avancé. […] Elle existe à tous les degrés de l’échelle sociale : elle joue ou a joué un rôle dans la vie de chacun, peu de familles ont échappé à ses ravages ; elle est un danger national aussi bien qu’un danger privé. […] Les hommes mariés n’ont pas le droit d’imposer cette meilleure vie à leurs femmes et à leurs enfants, et ils doivent continuer avec leur famille la vie qu’ils condamnent.

1390. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Venu dans un siècle de pensée réfléchie, d’analyse, d’histoire, de critique, de science positive, il est de la famille des poètes primitifs. […] S’il en devait tout au moins le germe au coin de terre où il était né, à la famille où il avait été élevé, ce n’est pas lui qui eût permis qu’on l’oubliât. […] Tout jeune, il avait éprouvé quelque velléité de se faire soldat ; mais la prudence de sa famille contraria ses instincts belliqueux. […] Il se livra à un scrupuleux examen de conscience et inventaire de famille. […] De même il n’avait eu jusque-là que peu de sympathie pour les idées professées dans sa famille et qu’il jugeait par trop rétrogrades.

1391. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

La Fontaine est parent de Rabelais et leurs héros ont un air de famille. […] Enjoignons aux pères de famille de faire la diminution sur chacun d’eux aussi juste que pourra. […] 78 Il regarde les jambons de son hôte, demande leur âge, loue leur mine, « les reçoit, et de bon coeur, déjeune très bien, comme aussi sa famille, chiens, chevaux et valets, tous gens bien endentés. » Cela l’égaye et il s’humanise, il daigne causer, juger, entrer dans les questions intimes. […] Il déjeune très-bien ; ainsi fait sa famille ; Chiens, chevaux et valets, tous gens bien endentés.

1392. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Que diraient-ils devant l’Homme à la houx, une Famille de paysans, la Baratteuse, cette laide femme à mâchoire carrée, tout d’une venue, frôlée par une espèce de chat inconnu de l’histoire naturelle ? […] Zola remplit une mission ; il est le scrupuleux observateur des lois de la nature ; et, sous une forme accessible à tous, il en vulgarise la connaissance ; explique et justifie par des théories scientifiques, interprétées à sa façon, les faits incongrus dont il se fait l’historien, et ses incongruités de langage : théorie de l’hérédité pour expliquer la dégénérescence fatale d’une famille, théorie de l’influence des milieux ou conditions ambiantes pour justifier les inventaires interminables que le naturalisme appelle descriptions nécessaires théorie des rapports du physique et du moral pour légitimer les relations analytiques de l’accomplissement des fonctions inférieures de l’organisme relations indispensables, suivant l’auteur, à l’intelligence de certains actes qui semblent d’abord, au sens du lecteur, relever de la morale, tandis qu’ils ne sont que les conséquences logiques de certaines dispositions physiologiques. […] « Étant donnés une famille, un groupe dans un milieu déterminé, je vous ferai assister, dit-il, à ses transformations successives transformations qui s’accomplissent, pendant quatre générations, suivant la loi de l’hérédité, car l’hérédité a ses lois comme la pesanteur a les siennes. » Nous voici amenés au carré des distances, comme dans la chute des graves. […] D’ailleurs, pourquoi Florent, de retour dans sa famille, placé au sein même de la victuaille dont il a sa part suffisante, resterait-il maigre à perpétuité ?

1393. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

« J’arrive à votre nom, mon ami, qui n’est pas le moins glorieux de cette illustre famille. […] Hugo compare la famille des Bourbons à une étoile sans orbite, poussée par tous les vents. […] Buloz ; énumérons les chefs-d’œuvre enfouis dans la lourde et ténébreuse Revue des Deux Mondes, que cette fée à qui Dieu a donné une plume au lieu de baguette soulevait comme un ballon, illuminait comme un météore chaque fois que sa capricieuse et poétique fantaisie posait dans ce nid de hibou, un de ces cygnes au doux ramage ou au plumage éclatant qui composent sa riche et nombreuse famille. […] Ce matin, je rencontre Frédéric Soulié, l’auteur de Roméo et Juliette, de la Famille de Lusigny, du Proscrit et de Diane de Chivry, allant faire une répétition.

1394. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Cette hypothèse nous est suggérée par un fait auquel elle servirait d’explication : on sait que l’importance des voyelles n’est pas la même dans toutes les familles de langues, et que, par suite, elles n’ont pas partout la même fixité ; on sait aussi que les consonnes possèdent une fixité relative toujours supérieure à celle des voyelles. […] Et voilà pourquoi la parole intérieure a échappé à l’attention de la plupart des psychologues ; faute d’être reconnue, elle passe inaperçue ; elle est comme ces personnes actives et modestes qui, dans une famille ou dans une société, rendent mille services sans exiger de retour, dont chacun subit la bienfaisante influence et auxquelles personne ne fait attention. […] On remarquera que, dans tout le cours de cette étude, nous employons le mot extériorité et les mots de la même famille, comme externer, etc., pour désigner une tout autre idée que celle de l’étendue : externer = aliéner, déclarer non-moi ; extérieur = aliéné par le moi, étranger au moi, ou cru tel ; extériorité remplace les barbarismes non-moi-ité, atién-ité, étranger-ité ; on voit que la langue française ne nous fournissait aucune famille de mots préférable, pour énoncer cet ordre d’idées, à celle que nous avons adoptée en désespoir de cause ; les termes aliéner et étranger sont excellents, mais isolés dans la langue, et ne suffiraient pas à un exposé doctrinal suivi. — L’inconvénient des mots externer, etc., vient de leur origine ; ils ont reçu leur sens actuel de l’association même que nous essayons de dissoudre, et, bien que la philosophie les emploie surtout (dans les locutions comme perception externe) pour désigner la non-moi-ité, ils gardent encore, même chez les philosophes, quelque chose de leur sens primitif ; ce sont des métaphores, des mots à sens mixte, et, par suite, équivoques ; ils signifient, dans leur acception usuelle, le non-moi spatial, et non pas le non-moi, abstraction faite de la spatialité.

1395. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Au contact des poètes d’outre-Manche il prit conscience de lui-même, et reconnut où se trouvait sa vraie famille intellectuelle. […] Il est de leur famille. […] En voici le thème : « Dans une des plus anciennes, des plus nobles et des plus riches familles d’Angleterre, où tous ont adoré les chevaux à la passion, un enfant va naître quand son père meurt. […] L’idée générale n’est que la résultante fortuite des groupements d’images qui forment des images composites ; de même si l’on photographie tous les membres d’une même famille, on peut obtenir, en superposant les clichés obtenus, une photographie type.

1396. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

— Charles Coran est un poëte qui appartient à la famille de ceux dont je m’occupe aujourd’hui, et auxquels la nouvelle Anthologie a fait une place : c’est un poëte délicat.

1397. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Dieu sait avec quelle horreur on parlait alors de Voltaire dans les honnêtes familles d’Angleterre, de Voltaire que l’auteur oppose à Jean-Jacques, comme un homme de génie à un fou.

1398. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Le gouvernement monarchique et l’étendue des empires modernes ont détaché la plupart des hommes de l’intérêt des affaires publiques : ils se sont concentrés dans leurs familles, et le bonheur n’y a pas perdu ; mais tout excitait les anciens à suivre la carrière politique, et leur morale avait pour premier objet de les y encourager.

1399. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Le patriotisme qui règne en Angleterre, inspire une sorte d’intérêt de famille pour les questions d’une utilité générale ; on peut en entretenir les Anglais aussi longuement que de leurs affaires particulières ; et les auteurs, confiants dans cette disposition, abusent souvent de la liberté qu’elle accorde.

1400. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Calvin179 doit sans doute à sa ville natale, à sa propre famille les premiers germes de son indépendance religieuse ; il semble qu’Olivetan surtout l’ait détaché de cette église catholique, qui lui portait dès la première jeunesse ses dignités et ses revenus.

1401. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Toutes les qualités féminines légères, délicates, fragiles, souffrantes ; ce qu’on entendait par de l’aristocratie quand le mot avait un sens ; la gracilité de ces héritiers élégants et maladifs en qui s’éteignent les familles nobles ; charmant, touchant, oui, — grand, non.

1402. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Les valets rusés, dont la création appartient au théâtre antique, ont tous un air de famille.

1403. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Tandis qu’on me faisait ce récit, je commentais en moi-même la stupidité du Destin qui épargne tant d’octogénaires paralytiques, tant de ruines humaines, et qui arrache, tout à coup, un homme vigoureux à sa famille, à ses amis, à ses travaux.

1404. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Mallarmé, poète fonctionnaire, père de famille aux habitudes régulières, s’accommode parfaitement de la correction bourgeoise.

1405. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Pierre Abailard naquit en Bretagne, l’an 1079, d’une famille noble.

1406. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

… Illustre par sa famille, qui tient le premier rang en Prusse, il était né en 1788 à Posen, le chef-lieu de la grande Pologne, et, avant d’entrer dans la diplomatie prussienne, il avait fait bravement, comme officier, les campagnes de 1809 et de 1811.

1407. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Et dans les sociétés les plus complexes, les plus étoffées, les plus surchargées de civilisation, tout se passe identiquement comme dans les sociétés les plus primitives, les plus simples : la famille, par exemple, cette première des sociétés… que dis-je ?

1408. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Quoiqu’au premier abord, et en s’en tenant aux surfaces, il semble qu’il ne doit y avoir rien de commun entre ce Sardanapale de Régent, qui régnait pour souper et mourut ivre sur les genoux de la duchesse de Phalaris, et son descendant au chapeau gris économiquement brossé et aux vertus domestiques, l’air de famille est certainement entre eux, et je le retrouve dans cette lâche ambition de Macbeth sans sa femme, caractéristique des d’Orléans, et qui justifierait, pour les trois dont il est ici question, le mot ignoblement méprisant que Mirabeau disait de l’un d’eux. — Cette ambition qui voudrait, qui convoite et qui n’ose… le Régent l’avait entre ses ivresses.

1409. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Joseph de Maistre et Bonald ont péri, avec tout leur génie, à dire les mêmes choses que cet esprit de leur famille, qui prouve la même vérité qu’eux sous des formes qui lui appartiennent ; car la Vérité, qui est infinie, a trente-six mille côtés par lesquels on peut la prendre et la montrer aux hommes, et elle n’en est pas moins la Vérité, une et souveraine.

1410. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

II Mélancolique qui n’a pas perdu d’Elvire, comme M. de Lamartine, M. de Châtillon n’en est pas moins de la famille des Souffrants, « pour leur grande ou délicate manière d’être », comme dit Henri Heine, avec tant de profondeur, et qui sont les grands Élégiaques.

1411. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

J’ai ravi leur aînée aux plus grandes familles.

1412. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Je pourrais, au point de vue moral, en dire bien des choses, car, selon moi, ce sujet cache la haine profonde, mais discrète, de la famille chrétienne, telle qu’elle est organisée.

1413. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Nous avons parlé de Rabelais déjà, de Rabelais, l’aïeul de La Fontaine, et par qui toute langue se colore, mais il faut y ajouter le dernier venu de cette robuste famille rabelaisienne, l’auteur des Contes drolatiques, notre grand et moderne Balzac.

1414. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Des savants dans les langues, tels qu’Adrien Turnèbe, un des critiques les plus éclairés de son siècle, Guillaume Budé, qu’Érasme nommait le prodige de la France, et dont il eut la faiblesse ou l’orgueil d’être jaloux, qui passait pour écrire en grec à Paris comme on eût écrit à Athènes, et qui, malgré ce tort ou ce mérite, fut ambassadeur, maître des requêtes et prévôt des marchands ; Longueil, aussi éloquent en latin que les Bembe et les Sadolet, et mort à trente-deux ans, comme un voyageur tranquille qui annonce son départ à ses amis ; Robert et Henri Étienne, qui ne se bornaient pas, dans leur commerce, à trafiquer des pensées des hommes, mais qui instruisaient eux-mêmes leur siècle ; Muret exilé de France, et comblé d’honneurs en Italie ; Jules Scaliger, qui, descendu d’une famille de souverain, exerça la médecine, embrassa toutes les sciences, fut naturaliste, physicien, poète et orateur, et soutint plusieurs démêlés avec ce célèbre Cardan, tour à tour philosophe hardi et superstitieux imbécile ; Joseph Scaliger sort fils, qui fut distingué de son père, comme l’érudition l’est du génie ; et ce Ramus, condamne par arrêt du parlement, parce qu’il avait le courage et l’esprit de ne pas penser comme Aristote, et assassiné à la Saint-Barthélemi, parce qu’il était célèbre, et que ses ennemis ou ses rivaux ne l’étaient pas.

1415. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Mystérieuse, quoique populaire, elle se conservait dans le souvenir de quelques familles sacerdotales ; et plus tard elle se renouvela, en se chargeant de vers apocryphes, selon le goût et le génie du temps.

1416. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Je n’ai guère rien trouvé à ajouter depuis aux très brefs renseignements de famille que j’ai donnés alors. […] La Sauvage, qui exprime le contraste de la vie errante primitive avec la colonisation la plus civilisée, est mieux conçue et contrastée : c’est l’éloge de la famille anglaise, du confort anglais, de la religion biblique anglicane. […] J’ai caché à ma famille et à mes amis en France ma détention, j’ai crudevoir le faire… Étranger dans ces lieux, personne ne me tend une main secourable ; victime d’un cruel préjugé contre ma nation, qui confond tous les Français, je suis obligé de le combattre par les preuves de mon éducation ; j’ai beau faire, je suissouvent vaincu.

1417. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Et puis il s’est retiré de bien bonne heure ; il s’est fait dévot et homme de famille avant quarante ans. […] Règle générale : il y a un certain air de famille entre l’admiratrice et l’admiré. […] On conserve dans la famille des lettres de Mme de Verdelin adressées à ses plus jeunes parents, soit pendant la Révolution, soit sous le Consulat et sous l’Èmpire.

1418. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Né à Bordeaux, d’une famille illustre et opulente, d’abord célèbre comme avocat et comme poète, Paulin, durant un séjour de quelques années qu’il fit eu Espagne, arriva aux idées religieuses et y fut confirmé par les conseils de son épouse, Therasia, sainte personne avec laquelle il finit par vivre comme avec une sœur. […] Si cela était vrai, même à Rome et aux portes de Rome, si, au premier siècle de notre ère, l’osque ou telle autre forme de langage italiote primitif étaient encore parlés dans des districts peu éloignés de la Ville éternelle, que devait-il donc arriver en Gaule, au cœur du pays, chez des populations qui avaient un fonds d’idiomes tout à fait différents de famille et réfractaires à la fusion ? […] Nous avons beau jeu, nous autres, pour grouper les mots par ordre de famille, de racine, d’analogie ; nous ouvrons le riche Lexique de la langue des Troubadours, et quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, nous y trouvons tout ce qu’il nous faut, dans le plus bel arrangement du monde.

1419. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Ce livre est le journal intime d’un jeune homme triste, aigri par de grands malheurs de famille, par de longues méditations solitaires, qui peu à peu se sent pris d’amour, ose le dire, et se trouve aimé. […] Il améliore et régit sa paroisse, ses terres et sa famille. […] Sans être pédant, il est moral ; on peut le lire le soir en famille ; il n’est point révolté contre la société ni la vie ; il parle de Dieu et de l’âme, noblement, tendrement, sans parti pris ecclésiastique ; on n’a pas besoin de le maudire comme lord Byron ; il n’a point de paroles violentes et abruptes, de sentiments excessifs et scandaleux ; il ne pervertira personne.

1420. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Par là j’indiquerai clairement le rang que je lui donne, et qu’il doit tenir désormais dans la famille des physiciens philosophes. […] Depuis l’ami de l’homme, le chien, avec lequel nous avons passé une partie essentielle de l’espace de temps qui nous a été assigné dans la vie, et dont aucune pensée ne nous est mystère, jusqu’au chat mélancolique qui s’attache à la femme et qui meurt quand elle meurt, jusqu’à la cigogne dont le père, la mère et les petits semblent descendre du ciel pour nous donner l’idée et le modèle des trois amours de la vie de famille, jusqu’à l’innocente brebis, ce champ ambulant et fertile qui nous livre avec son lait la tiède toison qui nous abrite l’hiver, jusqu’à l’éléphant, militaire et politique, qui combat pour nous et qui se soumet aux lois volontaires de la discipline pour honorer les rois ou les chefs armés des nations, nous aurions passé en revue ce monde animé et inférieur créé pour nous aimer et nous aider ; nous aurions cherché et trouvé dans leurs instincts les plus secrets les mystères de leurs mœurs, et, disons le mot, de leurs vertus. […] Les affections mêmes de la famille, qui suffiraient à la commencer, ne suffiraient point à la maintenir.

1421. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Ta famille croissait comme un chêne de la montagne, dont la cime touffue brave la fureur des vents. […] Depuis longtemps nos deux familles sont ennemies ; mais nous, ô mon cher Salgar ! […] Tu vois fleurir les rejetons de ta famille ; mais Armin reste le dernier de sa race.

1422. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Au fond il faudrait s’éloigner. » Puis il parle de sa famille, de sa généalogie lorraine, d’un Hugo, grand brigand féodal, dont il a dessiné le château, près de Saverne, d’un autre Hugo, enterré à Trèves, qui a laissé un missel mystérieux, enfoui sous une roche appelée « la Table » près de Saarbourg, et qu’a fait enlever le roi de Prusse. […] Un graveur qui travaillait d’après un tableau de la galerie de Versailles, va demander quelque chose à Soulié, et tombe dans le déjeuner de la famille. […] Les maîtres ont l’orgueil du passé historique, qu’a acquis leur château, depuis l’entrevue de Ferrières, et la vieille Mme Rothschild nous retient longtemps dans le salon de famille, où Bismarck s’est rencontré avec Jules Favre.

1423. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Cependant qu’étoit-ce qu’une critique de quelques vers foibles, de quelques mauvaises expressions, de quelques bévues réelles, & de quelques pensées fausses, en comparaison de tant de traits qu’il décocha sur toute la famille de Perrault ? […] Il découvre une plus belle matière à traiter ; de plus grands événemens à développer ; un palais plus vaste & plus digne d’admiration ; intérêt de nation, intérêt de famille, intérêt de politique, intérêt de religion, de curiosité. […] Quelle leçon que l’exemple de Clarice, fille de condition, riche, sage, spirituelle, qui périt par l’imprudence qu’elle a de se soustraire à une famille injuste, à la vérité, mais dont la révolte n’aboutit qu’à la faire tomber entre les bras d’un scélérat.

1424. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

La France civique tout entière était debout et armée pour défendre sa civilisation, ses familles, ses propriétés, ses foyers, sa souveraineté représentative contre des poignées de démolisseurs anéantis dans leur démence. […] Chacun de ces chars portait la famille d’un des laboureurs des vastes domaines du prince Corsini. Le chef de la famille ou le plus âgé des fils marchait en avant d’un pas consulaire, tenant d’une main le mince aiguillon, et s’appuyant fièrement de l’autre main sur la corne dorée de ses bœufs.

1425. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Ma famille m’interdisait de le servir ; mes traditions paternelles m’auraient porté à la carrière des armes ; il n’y fallait plus penser. […] XXVI Aussi les œuvres de M. de Chateaubriand furent-elles un des premiers livres sur lesquels nous nous précipitâmes comme sur la proie de nos imaginations à la fin de nos études, en rentrant dans les bibliothèques de famille. […] Voilà le secret de cette élégie tragique de la Jeune Captive, qui ne ressemble en rien à cette famille d’élégies grecques que nous avons lues plus tard dans ses œuvres.

1426. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Le Dauphin mourant, environné de sa famille. […] Il ne se doute donc pas que rien n’est si difficile que d’ordonner une composition en général, et que la difficulté redouble, lorsqu’il s’agit d’une scène de mœurs, d’une scène de famille, d’une dernière scène de la vie, d’une scène pathétique et de grand pathétique. […] Et celui qui créa le premier les grands exacteurs et toute leur innombrable famille !

1427. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Étant pauvre et français, catholique et paysan il n’a pas de papiers de famille ; Ses papiers de famille, ce sont les registres des paroisses. Aucune famille discernée dans cette innombrable ascendance. […] (C’est la même maladie que de mettre ensemble la famille et la propriété. […] La grâce nous fait une famille et une race. […] N’est-il pas le fondement même de l’institution de la famille.

1428. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Plusieurs fois par an, surtout au commencement des saisons nouvelles, une nuée de petits papiers multicolores s’abat sur les familles. […] La famille enfin, et je dis : « Voilà j’ai remarqué la petite une telle, qui m’irait. » Si on me répond : Grosse fortune, belle position, je dis : Trottez. […] Nulle famille ne peut fermer si bien ses fenêtres, qu’une bouffée de cet air n’entre parfois dans la maison. […] Telle brave mère de famille, assez bégueule chez elle, se précipite à des pièces dont rougirait un suisse : vérité en deçà du « home », erreur au-delà. […] Baldi Eversale et Old Pap French, chefs de deux puissantes familles du Kentucky, ne pouvaient pas se sentir.

1429. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Seul de la famille, il n’en exerça qu’une. […] Quelle famille ! […] Au surplus, est-ce bien surtout de se retrouver là-haut en famille qu’il s’agit dans la doctrine orthodoxe ? […] Elle est d’une excellente famille, sur les confins de la haute bourgeoisie et de la noblesse. […] Les familles selon le sang n’ont pas de droits valables sur la pensée des hommes éminents dont elles portent le nom.

1430. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il écrivait, en pensant à Charlotte ; l’idée lui était venue, nous dit-il, « qu’en acquérant du renom, il rendrait la famille Ives moins repentante de l’intérêt qu’elle lui avait témoigné ». […] Elle « rappelle la Pâque des Israélites et annonce la fin des sacrifices sanglants. » Elle annonce la « réunion des hommes en une grande famille ». […] Il est d’une vieille famille de Messénie, les Lasthénès, et descendant de Philopœmen. […] Les Lasthénès s’étant jadis opposés à la conquête romaine, l’aîné de la famille est obligé de se rendre en otage à Rome… Eudore va donc à Rome, dès l’âge de seize ans. […] Qu’espérer d’un prince qui, jadis captif (à Valençay), avait sollicité la main d’une femme de la famille de son geôlier ?

1431. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Légitime, l’amour est l’élément premier de la famille, partant des vertus que la famille exige, partant de la société entière, dans ce que cette société a de réel et de solide. […] C’est ainsi que Shakespeare a dépeint avec une égale complaisance de l’imagination Desdémone et Cléopâtre, Juliette et Cressida, en leur donnant, à toutes les quatre, ce je ne sais quel air de famille, cette douceur trop séduisante du regard, cette mobilité du sourire et des larmes, cette grâce à se blottir contre la poitrine de l’homme, comme en implorant pitié… Le Moraliste, lui, reconnaît cet air de famille et s’en épouvante. […] La famille ne s’est pas dressée entre de Ryons et la société pour lui adoucir les premiers coups. […] où la famille ? […] De sa famille, de son hérédité, de ses camarades, des menus détails circonstanciés qui forment l’état civil d’un caractère, nous ne connaissons rien.

1432. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  Sa famille. —  Sa jeunesse. —  Son mariage. —  Il devient acteur. —  Son Adonis. —  Ses sonnets. —  Ses amours. —  Son humeur. —  Sa conversation. —  Ses tristesses. —  En quoi consiste le naturel producteur et sympathique. —  Sa prudence. —  Sa fortune. —  Sa retraite. […] Les personnages. —  Comment ils sont tous de la même famille. —  Les brutes et les imbéciles. —  Caliban, Ajax, Cloten, Polonius, la nourrice. —  Comment l’imagination machinale peut précéder la raison ou lui survivre. […] Les sentiments de famille ? Il était marié, il avait des enfants, une famille qu’il allait voir « une fois l’an », et c’est probablement au retour d’un de ses voyages qu’il dit les paroles qu’on vient d’entendre. —  La conscience ? […] Ces personnages sont tous de la même famille.

1433. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Les mœurs de la famille, les maladies de l’esprit, les curiosités de la rue, les scènes de campagnes, l’observation des passions, appartiennent également au réalisme, puisque le mot est à la mode. […] Courbet ; séduit par les grands maîtres flamands, espagnols, qui, à toutes les époques, ont groupé autour d’eux leur famille, leurs amis, leurs Mécènes, M.  […] En 1848, l’Après-dînée à Ornans, grand tableau d’intérieur de famille, obtint un succès réel sans trop de contestations. […] C’est l’histoire de ces familles dont le sang s’appauvrit, et qui donnent vite pour nourrice à leurs nouveau-nés la paysanne la plus joufflue qu’ils peuvent trouver. […] Progressistes par l’intelligence et par le tempérament, stationnaires et parfois même rétrogrades par position sociale ou tradition de famille.

1434. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Abufar ou la Famille arabe réussit fort, après quelque petite hésitation, et fut l’une des émotions littéraires du printemps de 1795 : au sortir de la tyrannie de Robespierre, on se plaisait à ces images de pasteurs et de chameaux du désert, à ces peintures patriarcales embellies. […] Il faut tenir compte des différences entre les deux amis : Bernardin de Saint-Pierre cassé, caduc et chargé de famille ; Ducis vert, plein de gaieté et de vivacité, ayant tout le feu d’un jeune homme de vingt ans, et affranchi par ses pertes mêmes de tous les soucis d’avenir.

1435. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Quant à nous, mon cher Delaroche, je ne vous offre pas notre secours… Depuis longtemps je déplore qu’un autre ordre de choses n’ait pu s’établir entre nous, et je vous jure que je n’éprouve aucun sentiment de jalousie pour ceux qui, plus heureux que nous, seront à même de vous donner des marques de dévouement ; tout en enviant leur sort, dites-leur que nous les bénissons, que nous les bénirons, s’ils aiment nos enfants comme les leurs… » Nous, public, qui ne nous trouvons introduit que par accident et par faveur dans ces discussions si particulières et qui, sous une forme ou sous une autre, se rencontrent dans presque toutes les familles, notre rôle n’est pas, on le pense bien, d’avoir le moindre avis sur le fond ; faisons la part de ce qu’il peut y avoir d’exagération naturelle dans l’expression d’Horace, dans cette émulation et cette rivalité de tendresse, et disons-nous que, si nous entendions Delaroche, il aurait sans doute, pour répondre, son éloquence à lui, et il en avait beaucoup. […] Le lendemain, montant sur le bateau à vapeur, il retrouve la même famille, et la jeune fille qui accourt à lui : « Ah !

1436. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Mais Du Bellay n’est point de cette famille épicurienne de poètes : il n’entend rien au lucre, et il a conscience que la Muse se mésallie à ce commerce. […] M. de Liré (comme on l’appelait alors) eut bien des difficultés et des conflits avec les membres de sa famille, notamment avec son cousin l’évêque de Paris, Eustache Du Bellay.

1437. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

En ce sens, les mémoires des grands hommes sont des titres de famille pour tous les hommes qui reconnaissent en ceux qu’ils admirent des frères seulement plus favorisés ou plus bénis, ou plus rudement éprouvés. […] Les papiers de famille dont M.

1438. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Du temps de La Bruyère, l’esprit y conservait une grande part ; car, comme dit encore Saint-Simon de Santeul, « M. le Prince l’avoit presque toujours à Chantilly quand il y alloit ; M. le Duc le mettoit de toutes ses parties, c’étoit de toute la maison de Condé à qui l’aimoit le mieux, et des assauts continuels avec lui de pièces d’esprit en prose et en vers, et de toutes sortes d’amusements, de badinages et de plaisanteries. » La Bruyère dut tirer un fruit inappréciable, comme observateur, d’être initié de près à cette famille si remarquable alors par ce mélange d’heureux dons, d’urbanité brillante, de férocité et de débauche141. […] De simples bourgeois, seulement à cause qu’ils étaient riches, ont eu l’audace d’avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles.

1439. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

A leur place j’aurais redoublé de confiance, et j’aurais dit : « C’est un homme d’honneur, et, puisqu’il a été fidèle à la première heure par un sentiment de famille et de tradition, il le sera à la dernière, quand on n’a plus d’autre famille que la patrie et le peuple. » Mais ils ont cru qu’un royaliste de cœur, à vingt ans, ne pouvait jamais être un bon citoyen à cinquante, et qu’un homme fidèle à son serment sous les Bourbons ne serait qu’un traître sous la République !

1440. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

VI « Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit ; en deux mots, sachez produire la richesse et sachez la répartir, et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale ; et vous serez dignes de vous appeler la France. […] Hugo fait un idéal, idéal féroce, ou compatissant par insouciance, qui caresse ou qui mord sans réflexion, écume légère flottant sur la mer agitée des capitales, qui n’a ni famille, ni écoles, ni profession, ni respect, et dont toute la moralité consiste dans quelques chansons obscènes ou avinées.

1441. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Combien, en effet, n’aurais-je pas été plus heureux dans la suite de mes jours agités, si j’avais cédé à ses larmes et aux miennes, repris mes vêtements de jeune pêcheur à la margellina, épousé celle que j’aimais, et continué avec elle, dans cette simple famille de camilleurs, l’existence où j’avais trouvé le bonheur ? […] Ses bassesses, ses œuvres, ses vulgarités, ses colères, ses férocités, ses supplices même, dont il avait été témoin et victime par sa famille, et par son père, et par sa mère, morte innocente en prison, en punition d’être née noble, lui avaient donné un dégoût haineux contre les mœurs de cette race, qui ne sentait alors sa grandeur qu’en faisant sentir sa terreur.

1442. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il était d’une branche cadette d’une famille ancienne de Bretagne, fils d’un cadet qui, embarqué comme mousse, s’enrichit en Amérique par d’assez rapides voies, que les Mémoires d’outre-tombe ne daignent point expliquer. […] Un peu d’argent qui lui arrive de sa famille, des travaux de librairie, des traductions le sauvent, le font vivoter, pendant qu’il compose et fait imprimer son confus et indigeste Essai sur les Révolutions : c’est alors, et pour cet ouvrage qu’il complète son instruction ; il lit les historiens de l’antiquité ; surtout il se nourrit de Rousseau, de Montesquieu, de Voltaire : il a encore l’esprit du siècle qui finit.

1443. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Parmi les auteurs de Mémoires, il faut noter les deux frères Du Bellay, famille d’excellents esprits, vivant dans les grandes affaires de la première moitié du siècle et, qui les racontent, l’un dans de simples Mémoires, à la façon des chroniqueurs ses devanciers155, l’autre dans des histoires un peu fastueusement taillées sur le patron de Tite-Live, avec une certaine ambition pédantesque qui dans ce temps-là n’était pas d’un mauvais exemple156 : le Loyal serviteur, un inconnu, peut-être un des secrétaires de Bayard dont il a raconté la vie dans une chronique pleine de grâce, de facilité et de naturel, où l’admiration, au lieu d’être banale, comme dans Froissart, est toujours sentie et justifiée ; petit ouvrage charmant, du même caractère que les écrits de Marguerite de Valois, un fruit de l’esprit français touché par le premier souffle de la Renaissance157. […] Henri Estienne, le plus illustre de cette famille, noble aussi par l’hérédité du savoir et du dévouement aux lettres, est plein de mouvement et d’enthousiasme dans ces ouvrages un peu confus, où il défend l’idiome français contre l’imitation italienne, et l’égale à la langue grecque mêlant toutes choses, la philologie et la polémique, la dissertation et les anecdotes contre les catholiques, sa passion de réformé et sa passion d’érudit.

1444. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Mais l’œuvre de Tacite n’en est que plus étonnante ; et celui-là sera toujours le premier des historiens qui a su se rendre présents, par l’imagination et la sensibilité, des événements si loin de lui, et qui nous émeut de morts arrivées il y a deux mille ans dans la famille des Césars, presque autant que Saint-Simon de ces morts qui réduisaient en quelques semaines la famille de Louis XIV à un vieillard et à un enfant.

1445. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Ma famille maternelle de Lannion, du côté de laquelle vient mon tempérament, a offert beaucoup de cas de longévité ; mais des troubles persistants me portent à croire que l’hérédité sera dérangée en ce qui me concerne. […] C’est par lui que je connus la famille Scheffer, à laquelle je dois une compagne qui s’est toujours montrée si parfaitement assortie aux conditions assez serrées de mon programme de vie, que parfois je suis tenté, en réfléchissant à tant d’heureuses coïncidences, de croire à la prédestination.

1446. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Biographie : la famille et la jeunesse de Wagner, 1763-1823, (d’après Glasenapp) ; Wagner à l’école de Leipzig, 1829, (A. […] Adolphe von Gross (1845-1931), banquier allemand et administrateur financier du festival de Bayreuth, était aussi un ami proche de la famille Wagner.

1447. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Je trouve peu intéressant de savoir si Moloch était servi par des prêtres en manteau rouge, s’il était célébré en d’horribles concerts où « grinçaient, sifflaient, tonnaient les scheminith à huit cordes, les kinnor, qui en avaient dix, et les nebal, qui en avaient douze » ; mais je sais, toujours d’après les preuves établies par nos maîtres, que le dieu d’airain, à de certains jours, se nourrissait de la chair des enfants, que les plus puissantes familles étaient obligées de lui apporter leur tribut, que le feu de ses entrailles rugissait sur la place publique, et que le monstre, agitant ses longs bras, précipitait lui-même dans le gouffre ses innocentes victimes. […] Ô poétiques figures qui avez enchanté notre jeunesse, figures si dissemblables et pourtant de même famille, vous qui aviez une âme, Elvire, Esmeralda, Kitty Bell, Marie, Rachel et Ahasvérus, Valentine et Bénédict, Frédéric et Bernerette, Amaury et Mme de Couaën, qu’êtes-vous devenues ?

1448. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

 » La plupart des maximes de Chamfort, relatives à la société, ne s’appliquent qu’au très grand monde dans lequel il vivait, à la société des grands ; et heureusement elles deviennent fausses dès que l’on considère un monde moins factice, plus voisin de la famille, et où les sentiments naturels ne sont pas abolis. C’est par rapport au très grand monde seulement que Chamfort a pu dire : « Il paraît impossible que, dans l’état actuel de la société, il y ait un seul homme qui puisse montrer le fond de son âme et les détails de son caractère, et surtout de ses faiblesses, à son meilleur ami. » C’est ce grand monde uniquement qu’il avait en vue quand il disait : « La meilleure philosophie relativement au monde est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l’indulgence du mépris. » C’est pour avoir trop vécu sur ce théâtre de lutte inégale, de ruse et de vanité, qu’il a pu dire son mot fameux : « J’ai été amené là par degrés : en vivant et en voyant les hommes, il faut que le cœur se brise ou se bronze. » J’ajouterai, pour infirmer l’autorité de certaines maximes de Chamfort et pour en dénoncer le côté faux, qu’elles viennent évidemment d’un homme qui n’a jamais eu de famille, qui n’a pas été attendri par elle ni en remontant ni en descendant, qui n’a pas eu de père et qui, à son tour, n’a pas voulu l’être.

1449. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

X… ce dernier des fils de famille sans famille, ce type d’enfant prodigue, a positivement dans le moment de l’argent à lui.

1450. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je me suis rappelé Ménilmontant, le château donné par le duc d’Orléans à une danseuse d’Opéra, devenu une propriété de famille, et habité par mon oncle et ma tante de Courmont, M. et Mme Armand Lefebvre, et ma mère entre l’amitié des deux femmes. […] Un autre jour, ce nom de Watteau qui était, pour lui, comme un nom de famille, il n’en retrouvait plus l’orthographe.

1451. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Eschyle nous a laissé deux ouvrages pareils, son Prométhée et ses trois tragédies sur la famille d’Agamemnon. […] Dans les trois tragédies qui se rapportent à la famille des Atrides, la première a pour sujet la mort d’Agamemnon ; la seconde, la punition de Clytemnestre ; la dernière, l’absolution d’Oreste par l’Aréopage.

1452. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Il est bien certain qu’une de ses raisons, une seulement, pour s’affranchir de la vie de famille, a été un besoin de liberté et d’indépendance. […] Donc, un homme qui n’a pas une sensibilité très étendue et qui n’a connu ni l’amour de la vie de famille, ni l’amour de la vie domestique, ce qui, je l’ai marqué, n’est pas tout à fait la même chose, ni l’amour des enfants, ni, j’aurais pu ajouter, le sentiment patriotique, qui est absolument inconnu à La Fontaine, malgré certaine boutade contre les Hollandais, à laquelle nous ne nous arrêterons pas.

1453. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Au milieu de ces erreurs et même de ces folies, ornées et passementées d’un talent devenu plus rare et plus souvent interrompu, il y a cependant moins d’erreur complète et compacte, moins d’erreur radicale, d’une seule pièce, que dans ce livre de l’Amour, où tout est faux, intégralement faux jusqu’à l’axe, puisqu’en vue du seul plaisir physiologique on y change la destination hiérarchique de la femme et on y bouleverse l’organisme de la famille, fait de main divine. […] Là sera le succès de Nos Fils, de ce livre sans consistance et sans valeur pour les têtes solides, qui peut-être ne l’achèveront pas… Petite berquinade, livre de parti mis sous le couvert de la famille, où il n’est parlé que de seins, de lait, de tendresses, de girons !

1454. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Et c’est ainsi que, dès les premières pages de ce roman qui voulait être hardi, ces Camors ne sont plus les Camors pur-sang d’athéisme et de perversité, pour parler comme l’indigné Feuillet, que j’aurais voulu voir à l’œuvre, et que le petit Musset bien connu des familles entre dans ces Borgia pour les fêler ! […] Philippe n’a de mauvais sujet que de vouloir vivre à Paris et de ne pas épouser sa cousine, que sa famille lui garde pour femme de toute éternité.

1455. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Une succession au trône régulièrement cimentée par des meurtres de famille, un gouvernement de sérail discipliné par la mort, à la moindre faute, au moindre revers, un trésor enrichi par les confiscations et le pillage, une armée de janissaires recrutés dans l’élite du sang chrétien pris et fanatisé dès l’enfance, puis cette autre armée de possesseurs turcs payant du service guerrier le domaine qui leur était échu, et défendant le sol comme une proie, tout cela rendait les armes ottomanes égales au moins à celles de l’Europe ; et, devant les divisions et les troubles des États chrétiens, elles semblaient supérieures. […] Pie V en avait remis le commandement à un Colonna, de cette ancienne famille romaine longtemps suspecte à la papauté.

1456. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Il fut donc populaire jusqu’à un certain point, populaire dans les châteaux, dans le clergé, au sein des familles pieuses ; sa renommée considérable tenait beaucoup à l’espèce de religion sentimentale et poétique qu’il célébrait avec génie, à l’opposition courageuse dont on lui savait gré, à la défaveur impériale qu’il avait osé encourir.

1457. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Presque toutes les liturgies relatives aux événements de la famille, au baptême, au mariage, etc., contiennent des mots ou même des portions de dialogue en langue vulgaire dont il faudrait faire le relevé.

1458. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

À peine est-il certain que cet abaissement favorisât les autorités de famille ou celle des gouvernements.

1459. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Ce sont des parts marquées d’avance, parce qu’il doit être mangé en famille.

1460. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Pourquoi toutes les passions auxquelles peuvent donner lieu les relations de famille, pourquoi le fanatisme religieux, pourquoi l’ambition politique ne seraient-ils pas à leur tour les ressorts de l’intérêt dramatique ?

1461. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

… Sans réflexion, sans calcul, poussé par sa nature et par l’esprit du temps, il s’est livré à ses séductions, dont il n’a pas vu le danger : c’est si facile, si doux, si distingué, de jouer avec les idées, de s’en caresser l’intelligence, d’en extraire l’essence, et, comme un riche répand sur ses mouchoirs un parfum dont le prix nourrirait des familles, d’en saupoudrer élégamment sa vie… Cependant, ces plaisirs s’émoussent comme toutes les ivresses : le Pharisien se fatigue à la fin des arcs-en-ciel qu’allument sur toutes choses les prismes de son esprit.

1462. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Surannées les apostrophes aux portraits de famille et aux armures d’ancêtre ; accessoires fanés et racornis les serments, bénédictions et autres balançoires mélodramatiques !

1463. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Douleur de s’isoler de la grande famille religieuse.

1464. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Il était, si on peut le dire, totalement hors de la nature : la famille, l’amitié, la patrie, n’avaient plus aucun sens pour lui.

1465. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Et, en effet, pour ce génie mystiquement politique, la souveraineté était un fait de l’ordre supranaturel et divin que les fautes, les excès, les aveuglements, les folies des familles dépositaires de cette chose — la souveraineté — ne pouvaient elles-mêmes jamais invalider, et contre laquelle tout ce qu’on faisait était, comme le dit Bossuet, nul de soi.

1466. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Ils ont tout de suite reconnu que l’auteur était de la famille.

1467. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

On sait qu’à moitié mort, il rouvrit les yeux pour demander qu’on la respectât… Fréron fut l’homme de la famille chrétienne, comme il avait été l’homme de la Société et de la Monarchie chrétiennes.

1468. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

— était si maladroit dans l’exercice des armes, qu’il fut obligé de s’interdire la chasse pour ne blesser personne, et qu’on a gardé dans sa famille, comme souvenir unique de son genre parmi ses traditions de gloire, le souvenir de la seule perdrix qu’il eut une si grande peine à tuer !

1469. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

— était si maladroit dans l’exercice des armes qu’il fut obligé de s’interdire la chasse pour ne blesser personne, et qu’on a gardé dans sa famille, comme souvenir unique de son genre parmi ses traditions de gloire, le souvenir de la seule perdrix qu’il eut une si grande peine à tuer !

1470. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Tessier, qui est peut-être, à sa manière, un chef de dynastie, — car, ou nous nous trompons beaucoup, ou il a toute une famille d’idées puissantes, à établir, — M. 

1471. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

II C’est Fontenelle, cette belle autorité religieuse et même littéraire, qui a écrit le mot fameux et qu’on cite toujours quand il est question de l’Imitation : « L’Imitation est le premier des livres humains, puisque l’Évangile n’est pas de main d’homme. » Seulement rappelons-nous que, quand il grava cette ingénieuse inscription lapidaire pour les rhétoriques des temps futurs, il s’agissait de la traduction de monsieur son oncle, le grand Corneille, et que, sans cette circonstance de famille, l’Imitation lui aurait paru moins sublime.

1472. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Charles de Rémusat, le philosophe, — qui n’était pas seulement qu’un philosophe, mais un homme politique et un vaudevilliste, ce que j’estime infiniment plus (on a publié dernièrement quelques-unes de ses chansons), — Charles de Rémusat a voulu, par égard pour lui-même sans doute, que le mot de « philosophique » se retrouvât dans le titre d’un drame qu’il avait composé moins pour le théâtre et le grand public que pour se faire plaisir à lui-même, à sa famille et à ses amis.

1473. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Eunuque spirituel, même quand il semble posséder le plus de qualités cérébrales, ayant les vaines rages de l’eunuque, le nègre appartient-il à une de ces races déchues comme il en est plusieurs dans la grande famille humaine, et que la Bible, ce livre de toute vérité, a désignées comme devant servir les autres et porter les fardeaux à leur place, ainsi qu’elle s’exprime dans son style imagé et réel ?

1474. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Or, précisément c’est ce que j’ai fait, moi, avec toute la conscience dont je suis capable, et, en fait d’aventures et d’événements créés par une imagination souveraine, voici exactement ce que j’ai trouvé : Écoutez : Le baron de Sigognac est le dernier descendant mâle de l’antique famille de ce nom, tombée du haut d’une splendeur historique dont les rayons remontaient aux croisades, dans une de ces ruines si profondes, qu’on peut les nommer une splendide pauvreté.

1475. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Quoique marié (son biographe ne nous dit pas à quel autel) quoique marié à une femme qu’il aima, prétend-on, — mais nous savons trop comment aiment les poëtes, — la famille ne créa point autour de lui d’atmosphère préservatrice.

1476. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

La Rue fut l’orateur de la cour, dans cette époque qui succéda à quarante ans de gloire, lorsque Louis XIV, malheureux et frappé dans ses sujets comme dans sa famille, ne comptait plus au-dehors que des batailles perdues, et voyait successivement dans son palais périr tous ses enfants.

1477. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

» « Tout cela, dit Athénée, qui nous a conservé ces tristes vers, était chanté par les vainqueurs de Marathon, non pas seulement en public, mais dans les familles, par ceux qui jadis avaient puni de mort le prosternement d’adoration devant le roi de Perse, et tué des myriades de barbares. » 138.

1478. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

On nous reprochera de constituer au profit des artistes et des penseurs une petite église, une caste dans la famille universelle. […] La vie de famille y maintient la droiture dans les cœurs, la simplicité et le sérieux dans les habitudes. […] Les hommes, les lieux et les choses de la Grèce ont gardé pour moi l’ardent attrait des souvenirs de famille ; il m’a toujours semblé que leur histoire était le commencement de nos traditions nationales. […] Pourquoi n’obtiendraient-ils pas leur part du salaire accordé à tous ceux qui ont donné une heure de labeur au champ du père de famille ? […] Ces familles tombèrent moralement et physiquement dans une infériorité qui les vouait à la servitude vis-à-vis de celles qui avaient mieux conservé la pureté du sang avec le dépôt de la moralité et de la science.

1479. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Dans la grande famille, si différenciée, de ceux qui travaillent au progrès des études historiques, les faiseurs de catalogues descriptifs et d’index forment une section à part. […] On s’attache à former des familles de documents, de la même manière que l’on forme des familles de manuscrits. […] Les examinateurs qui corrigent les compositions des candidats au baccalauréat ont quelquefois à s’apercevoir que les « copies » de deux candidats (placés l’un à côté de l’autre) ont un air de famille. […] INSTITUTIONS SOCIALES. — 1° Famille  : A. […] On obtient des familles de langues, de religions, de gouvernements qu’on peut essayer de classer ensuite entre elles.

1480. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Gabriel Vicaire, issu d’une vieille famille bressane, a chanté avec amour son pays d’origine. […] C’est le meilleur poète de cette rare famille. […] Il faudrait que ces livres de famille fussent plus nombreux. […] Il regarde aussi Clair Tisseur comme le meilleur poète de la famille. […] Et ils ont tous comme un air de famille : ils sont candides, innocents et simples ; et ils vivent longtemps.

1481. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Claude Fauriel, né le 21 octobre 1772, à Saint-Étienne, d’une honnête famille d’artisans qui ne paraît pas avoir manqué d’aisance, fut élevé avec soin au collége des oratoriens de Tournon. […] Il compte davantage sur l’esprit des autres et aime à les supposer de la même famille que lui. […] Les saisons ainsi se passaient pour lui entre la famille, les arbres et les vers et encore ces derniers semblaient-ils tenir la moindre place dans son attention. […] Dans le vide immense que lui causa la mort de Mme de Condorcet, il sentit le besoin de se reprendre à ce qui lui restait de liens et de souvenirs, et de se rapprocher d’une famille qui était comme celle de son adoption : il alla s’asseoir au foyer de Manzoni. […] La troisième classe du recueil comprend les chansons domestiques, celles qui célèbrent les fêtes et les solennités de la famille, le mariage, les funérailles, le retour du printemps et des hirondelles.

1482. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il naquit dans une famille où l’esprit de système, où l’orgueil et la haine avaient passé la mesure ordinaire. […] C’est par là que les grands hommes de tous les temps et de tous les lieux, deviennent, en quelque sorte, compatriotes et contemporains, ils ne forment qu’une seule famille, dont les exemples se transmettent et se renouvellent de successeurs en successeurs. […] Leurs disputes avaient en conséquence ce caractère et ces mouvements passionnés que mettent toujours dans leurs débats les membres d’une famille divisée. […] L’esprit de la religion était partout, dans l’État et dans la famille, dans le cœur et dans les discours, dans toutes les affaires sérieuses, et jusque dans les jeux domestiques. […] Qui de nous ne se sentit frappé, à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ?

1483. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Tous les mammifères descendent d’un mammifère119 « dont les membres étaient construits sur le plan général que nous retrouvons aujourd’hui dans toutes les familles de la classe ». […] Ensuite est venue la troisième, qui, née du mammifère, a élaboré l’œuvre transmise et fait les familles, à savoir le cétacé, le chéiroptère, le ruminant, le carnassier, le primate. […] Dans le premier aussi bien que dans le second, il y a des éléments et des composés, des éléments d’éléments et des composés de composés, des objets capables d’être classés, des espèces, des genres et des familles, des familles de lignes et de surfaces rangées les unes au-dessous des autres d’après le degré de leurs équations, des lois moins générales expliquées par des lois plus générales, quantité d’autres traits non moins essentiels et qui leur sont communs.

1484. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et je pense que de toutes celles que nous connaissons, il n’en est pas de plus française et où l’esprit traditionnel ait autant persisté, que dans cette délicieuse et haïssable famille dont Voltaire pourrait être l’ancêtre, et qui, par Stendhal et Renan, aurait, en Maurice Barrès, sa conclusion définitive. […] Il a vu, dans cet exode de familles innombrables hypnotisées, délaissant leur demeure et leur glèbe ancestrale, la bonne vie domestique et champêtre et la sainte quiétude de la Terre, pour l’existence tourmentée des métropoles, un fait anormal, anti-naturel. […] Il est né avec un atavisme de mélancolie et, j’en suis sûr, Hamlet, Rolla et Werther sont de sa famille, Schopenhauer fut son maître d’école et Baudelaire causa ses premières délices. […] Il y a une chaîne insensible qui unit et captive les divers membres d’une famille.

1485. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il fit donc cette admirable pièce qui commence avec grandeur, et où il montre le vaisseau de haut bord qui, dans l’orgueil du départ, se rit des flots et se joue même de la tempête ; puis, en regard, la pauvre barque comme il en avait tant vu dans le golfe de Naples, une barque de pêcheur dans laquelle habite toute une famille, et qui, jour et nuit, lui sert d’unique asile et de foyer : le père et le fils à la manœuvre, la mère et les filles aux plus humbles soins.

1486. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

A l’instant où on leur prononça l’arrêt, ils remirent au greffier des lettres, des cachets et des portraits destinés à leurs familles.

1487. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Les malheurs de notre famille lui firent prendre une autre direction, et il traversa de dures épreuves, où son courage ne se démentit pas un seul instant.

1488. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

La famille de l’un & de l’autre n’a rien de commun.

1489. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Relisant le livre, évoquant le tableau, faisant résonner à son esprit le développement sonore de la symphonie, l’analyste, considérant ces ensembles comme tels, les restaurant entiers, les reprenant et les subissant, devra en exprimer la perception vivante qui résulte du heurt de ces centres de force contre l’organisme humain charnel, touché, passionné et saisi4. » Et enfin (p. 217), « saisissant ainsi des intelligences telles quelles, les analysant avec une précision et une netteté considérables et les replaçant ensuite par une minutieuse synthèse dans leurs familles, leurs patries, leurs milieux, l’esthopsychologie, un ensemble d’études particulières de cette science, sont appelés à vérifier les plus importantes théories de ce temps sur la dépendance mutuelle des hommes, sur l’hérédité individuelle, sur l’influence de l’entourage physique et social ».

1490. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Du temps de la Trêve de Dieu et de l’établissement des communes, on comptait par feux ou familles.

1491. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Par exemple, maintenant que j’ai lu Segretain, je connais mieux Henri de Guise, cet ambitieux non par lui-même, mais par influence de famille, trop négligemment et fièrement grand pour être ambitieux, s’il n’avait pas eu des parents qui le poussaient vers le pouvoir comme les mauvais Génies de son génie, et qui, pour le faire roi, auraient été forcés de le porter à bras, lui et son cheval, jusqu’au milieu du chœur de la cathédrale de Reims !

1492. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Qui ne sait l’outrance de la pensée de l’écrivain qui a écrit Le Prêtre, la Femme et la Famille ?

1493. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

quand une femme frappe dans le cœur d’une autre, la blessure est incurable…” Elles font éclater le déshonneur dans les familles comme un coup de foudre : elles mettent aux mains des hommes les querelles et les épées qui tuent.

1494. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Et si, enfin, le pays qui a l’esclavage, le divorce, la loi de Lynch et les initiatives de la flibuste, est un pays sain, vigoureux, normal, et dans lequel le pouvoir, la famille et l’ordre ne sont pas des équivoques ?

1495. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Issu de famille aristocratique, mais n’allant pas assez loin dans ses opinions pour rompre avec les hommes de sa classe, et y allant cependant assez pour que les démocrates fussent reconnaissants, il avait tout le monde pour lui.

1496. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Les critiques à classification et à catégories, les nomenclateurs qui croient aux familles d’esprits, ont été complètement déroutés par ce grand Singulier, sceptique et dévot, géomètre et poëte, l’ordre et le désordre, qui se bat contre sa tête avec son cœur.

1497. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Cette omniprésence du saint à toutes ses œuvres, le soin infatigable qu’il y donnait, les lettres, instrumenta regni, par lesquelles il les gouvernait des distances les plus éloignées, toutes ces fortes qualités, incessamment appliquées, de direction, d’influence et d’irrésistible commandement, frappent plus encore que sa charité, et tout cela est d’une telle proportion en saint Vincent de Paul, qu’il est impossible de bien comprendre son action souveraine sur tout ce monde immense dont il ne cessa d’être, jusqu’à la mort, le père de famille et la providence, sans l’aide personnelle, directe et surnaturelle de Dieu !

1498. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Pour le lire, il faut être de sa famille, — et il n’y a plus que ses petits-enfants qui puissent en parler !

1499. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Quand la famille s’écroule, c’est une manière touchante de lui faire ses adieux !

1500. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

C’est cette loi qu’il faut dégager… Née pour faire des choses très-différentes de celles que nous avons à faire dans la vie, — je ne voudrais pas écrire ce mot d’inférieure qui fait cabrer les amours-propres, — mais posée, dans la hiérarchie sociale et dans la famille, à une autre place que nous, la femme est et doit être le plus transitoire, le plus éphémère de tous les poètes, tandis que chez l’homme, au contraire, la poésie s’exalte par la vieillesse et atteint un degré sublime.

1501. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il est, je viens de le dire, de la famille française des Rabelais, des Régnier, des Molière, des Boileau, de ces esprits les plus mâles d’entre nous, et par là il se retrouve plus classique que Barthélemy et Barbier.

1502. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Il est de la famille des écrivains qui, de toute éternité, ont mis de leur âme dans ce qu’ils écrivent, et qui ajoutent de leur âme à cette sotte et à cette brute qu’on appelle la nature, qu’on mutile (comme le journal qui a mutilé Madame André) quand on ne fait que la copier platement, cette nature… M. 

1503. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

… Serait-ce madame George Sand, par hasard, elle qui depuis si longtemps a quitté l’ombre chaste de la famille et de la maison pour entrer dans le plein jour de l’opinion publique affrontée et effrontée aussi ?

1504. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

… Serait-ce Mme George Sand, par hasard, elle qui depuis si longtemps a quitté l’ombre chaste de la famille et de la maison pour entrer dans le plein jour de l’opinion publique affrontée et effrontée aussi ?

1505. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Tout titre doit faire rayonner l’idée du livre qu’il exprime, à moins que, comme Clarisse et tant d’autres chefs-d’œuvre, qui n’ont pour titre que le nom d’un personnage, il n’introduise dans la grande famille de l’observation humaine des types qu’on invoquera toujours.

1506. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

La violation des traités les plus solennels, la bassesse des fraudes qui précèdent l’horreur des guerres, la hardiesse des calomnies qui remplissent les déclarations, l’infamie des rapines, punies par le dernier supplice dans les particuliers, et louées dans les chefs des nations, le viol, le larcin, le saccagement, les banqueroutes et la misère de mille commerçants ruinés, leurs familles errantes qui mendient vainement leur pain à la porte des publicains enrichis par ces dévastations même : voilà, dit l’orateur, une faible partie des crimes que la guerre entraîne après elle, et tous ces crimes sont commis sans remords… Des bords du Pô jusqu’à ceux du Danube, on bénit de tous côtés, au nom du même Dieu, ces drapeaux sous lesquels marchent des millions de meurtriers mercenaires ».

1507. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Au milieu de ce grand peuple accru des dépouilles de l’ancien monde et des inventions puissantes de chaque jour, parmi ces ouvriers de la onzième heure qui achèvent si vite leur tâche et reçoivent un plein salaire, dans cette nation rude et savante, nouvellement née et pleine d’expérience, enorgueillie de sa force comme de la magnifique nature subjuguée par ses arts, la poésie de l’âme, nourrie par la religion, la patrie, la famille, ne peut manquer un jour d’avoir son Orient et son Midi.

1508. (1924) Critiques et romanciers

Hugo chantait ainsi, il était père de famille, et nous le savions !  […] Il y a des animaux qui ont le goût de la famille et de la société ; il y en a qui sont des bohèmes, des parias, des révoltés. […] J’avais une famille, une maison : j’ai dû livrer la maison à de plus paysans que moi, renier ma famille pour avoir appris à la trouver vulgaire. […] Une famille d’honnêtes ouvriers à l’époque de l’autre guerre ; Cécile, en 1870, avait tout juste sept ans. […] Pareille, non : car il n’y a point deux feuilles toutes pareilles dans la forêt, ni deux âmes pareilles dans une famille ?

1509. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Avant d’être dévot, Orgon était un bon citoyen, un bon chef de famille et un bourgeois intelligent. […] Tartufe est arrêté et la famille d’Orgon sauvée, etc. […] Reinach est bien forcé de reconnaître la surprenante stupidité des œuvres dramatiques de Diderot : le Fils naturel et le Père de famille. […] Ducros analyse alors le Fils naturel et le Père de famille, puis cherche quelle a été leur influence sur le développement de l’art dramatique. […] D’abord, sans être excellents, les tableaux originaux de Manet sont infiniment meilleurs que le Fils naturel ou le Père de famille.

1510. (1923) Nouvelles études et autres figures

Le recteur, le Père Frélaut, passa une partie de sa nuit à dicter des lettres d’avis aux familles. […] Beau principe qui jette un jour bizarre sur les familles des hobereaux anglais. […] Pourquoi les plaideurs empêcheraient-ils son fils d’ajouter aux tableaux de la famille ? […] Par son père il appartient à une vieille famille de bourgeoisie terrienne. […] Il ne recevait que sa famille et, une fois par an, le clergé de la paroisse.

1511. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et, bien qu’il restreigne le nombre de ses enfants, gardant une idée très ferme, arrêtée, des antiques traditions de la famille, du devoir d’obéissance des enfants, du devoir de soumission de la femme à l’époux : c’est comme en anglais, où husband signifie à la fois « laboureur » et « mari ». […] Des baignades, des chants, des « himénés » sous les palmes, des croquis de la reine Pomaré et de sa famille ; les hommes, des géants fous et sanguinaires, les filles, de pauvres petites tuberculeuses. […] Si Stendhal n’eût pas créé Julien Sorel, Robert Greslou, parti de rien, boursier d’université comme Sorel avait été séminariste, entrant comme lui, précepteur, dans une famille aristocratique, en séduisant la fille, par un effort de volonté, de domination, comme Sorel avait séduit Mme de Rênal, fut-il jamais né ? […] Deux familles protestantes. […] La religieuse si attachée à ses devoirs, ne retrouve pas sa famille.

1512. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Le comte Jacques Leopardi naquit, le 29 juin 1798, à Recanati, dans la Marche d’Ancône ; fils aîné du comte Monaldo Leopardi et de la marquise Adélaïde Antici, des plus nobles familles du pays, il reçut une éducation soignée sous les yeux de son père. […] Les critiques italiens en distinguent de deux sortes et comme de deux familles : ceux qui datent de Frugoni, plus fastueux, plus pompeux, plus redondants et colorés, et ceux de Parini, plus sobres, plus châtiés, d’une élégance plus discrète. […] Mais aux bons, aux fervents, aux mortels généreux, Puisse en partage échoir l’une ou l’autre des deux, Amour ou Mort, seigneurs dû terrestre domaine, O les plus vrais amis de la famille humaine, Que nul pouvoir n’égale ou prochain ou lointain, Et qui dans l’univers ne cédez qu’au Destin !

1513. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Vous croiriez être devant une famille naturelle de plantes ; si la grandeur, la couleur, les accessoires, les noms diffèrent, au fond le type ne varie pas ; les étamines sont en nombre pareil, insérées de même, autour de pistils semblables, au-dessus de feuilles ordonnées sur le même plan ; qui connaît l’une connaît les autres ; il y a un organe et une structure commune qui entraîne la communauté du reste. Si vous parcourez toute la famille, vous y trouverez sans doute quelque plante marquante qui manifeste le type en pleine lumière, tandis qu’à l’entour et par degrés il va s’altérant, dégénère et finit par se perdre dans les familles environnantes.

1514. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Je suis de la race des braves : jamais mes ancêtres ne connurent la crainte. » « Calmar fut le premier de ma famille, il se jouait au milieu des tempêtes. […] Laisse-moi réveiller le roi de Morven, lui qui sourit au danger : il ressemble au radieux enfant du ciel lorsqu’il se lève et dissipe l’orage. » « Fingal venait de s’éveiller brusquement d’un songe, et s’appuyait sur le bouclier de Trenmor, bouclier fameux que ses pères levèrent jadis mille fois dans les guerres de leur famille. […] Fingal est, de toute sa famille, le seul rival digne d’Orla… Mais, roi de Morven, si je succombe, puisqu’il faut que tout guerrier périsse un jour, élève ma tombe au milieu du Lena, et que ma tombe domine toutes les autres.

1515. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Or, tandis qu’il offrait aux hommes assemblés des spectacles d’une volupté noble, mais pénétrante, toutes les religieuses et les saintes femmes de sa famille (il y en avait beaucoup), et le grand Arnauld, et le bon M.  […] Il fut un père de famille adorable. […] Précepteur du petit-fils du grand Condé, hôte d’une famille de fauves, il y échappe aux familiarités humiliantes et meurtrières (vous savez la fin de Santeuil) à force de réserve et de respect exact et froid.

1516. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

C’est à Moor-Park, en 1696, qu’il résigna son bénéfice de Kilroot, et non pas à Kilroot même, ni en faveur d’un père de famille, âgé et pauvre, comme on l’a souvent répété. […] Je sens bien que la tâche que j’ai entreprise demanderait une meilleure plume, mais quand une maison est attaquée par des voleurs, il arrive souvent que c’est le plus faible de la famille qui court le premier fermer et soutenir la porte… Hors d’état de porter l’armure de Saül, j’aime mieux attaquer ce Philistin incirconcis47, ce Wood, avec ma pierre et ma fronde, … ce Goliath qui était, comme M.  […] La famille royale et Walpole furent impitoyablement raillés dans cette Rhapsodie sur la poésie 54, qui eut été poursuivie, si les jurisconsultes ne l’eussent jugée inattaquable.

1517. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Je ne saurais douter que ces tendances ne puissent être dominées plus ou moins complétement par la sélection naturelle : ainsi il a existé une famille de Cerfs qui n’avaient de bois que d’un côté ; si une telle particularité avait été de quelque utilité à la race, elle aurait pu devenir permanente par suite de sélections successives. […] Les valves operculaires des Cirripèdes sessiles (Balanes) sont certainement des organes de la plus haute importance, et elles diffèrent extrêmement peu, même dans les différents genres ; mais, dans les diverses espèces du genre Pyrgoma, ces valves présentent une étonnante diversité : c’est au point que les valves homologues dans les différentes espèces sont quelquefois totalement dissemblables de forme ; chez les individus de plusieurs de ces espèces, elles présentent de telles différences qu’on peut dire sans exagération que certaines variétés diffèrent plus les unes des autres, par les caractères variables de ces importants organes, que ne font dans la même famille certaines espèces de genres distincts. […] De cette première souche seraient sorties deux familles : l’une, comprenant le zèbre et le couagga, a conservé son pelage rayé ; l’autre, comprenant l’hémione, l’âne et le cheval, peut-être par réversion à de plus anciens caractères encore, a affecté un pelage de diverses nuances, mais de plus en plus uni, à travers les variations duquel les rayures de l’ancêtre zébré réapparaissent quelquefois, quand des croisements de race ou autres causes de variation leur donnent l’occasion de se manifester. » Cette supposition était donc parfaitement d’accord avec le sens que M. 

1518. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

La famille n’était plus. […] À quelque famille d’idées ou à quelque parti qu’on appartienne, si on respecte un peu en soi le sens critique, on conviendra, sans peine et sans exagération d’aucune sorte, que Granier de Cassagnac est un des premiers écrivains de ce temps. […] Quoi qu’il ait été, du reste, il a été cela, — un homme fort, — et quoi qu’il fût devenu, il l’aurait été encore… Je sais, dans mon pays, une ancienne famille de guerriers et de héros qui portent ce magnifique nom : les « Aux-Épaules », et qui le justifient.

1519. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Les Saugrain eux-mêmes étaient une famille d’anciens libraires, venus de Pau avec Henri IV, très honoré dans leur profession, ayant donné des syndics au corps. […] Magnin était Franc-Comtois, natif de Salins, et lui-même d’une ancienne et honnête famille bourgeoise du pays.

1520. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Née à Riga, aux bords de la Baltique, vers l’année où Mme de Staël naissait eu France, Mme Juliana de Krüdner, fille du baron de Wietinghoff, un des grands seigneurs du pays, et d’une famille qu’avait récemment encore illustrée le maréchal de Münnich, eut une première enfance telle qu’elle s’est plu à la peindre dans les souvenirs de sa Valérie. […] Dans ce château où elle fut, près du camp de Vertus, tout l’entourage de Mme de Krüdner, plus ou moins, prêchait à son exemple ; sa fille, son gendre prêchaient la famille du vieux gentilhomme qui les logeait ; la jeune femme de chambre elle-même prêchait le vieux domestique du château.

1521. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

— À quelques-uns, aux êtres de même famille, qui ont besoin de correspondre, eux, au-dessus de la mêlée humaine. […] Et quand un échange entre les deux classes a lieu, de telle sorte que les familles et les individus moins affinés, moins intelligents, sont transplantés de la classe supérieure dans la classe inférieure et que, d’un autre côté, les hommes les plus libres de celle-ci obtiennent l’accès de la classe supérieure, on arrive à cet état au-delà duquel on ne voit plus que la vaste mer des désirs infinis.

1522. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Il est nécessaire de l’en tirer, de la vêtir, de la parer pour l’introduire dans les salons, dans les familles, dans les écoles. […] Zola a groupé sous ce titre : Histoire naturelle, d’une famille toute une série d’œuvres dont les acteurs forment les rameaux d’un grand arbre généalogique et il a pu croire ou faire croire qu’il se fondait, pour dérouler leurs aventures, sur les lois mystérieuses de l’hérédité.

1523. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Il y a je ne sais quelle répugnante promiscuité de salut dans cette adjonction : c’est la fosse commune de la prière… Derrière moi, à la chapelle, pleure la nièce de Rose, la petite qu’elle a eue un moment chez nous, et qui est maintenant une jeune fille de dix-neuf ans, élevée chez les sœurs de Saint-Laurent : pauvre petite fillette étiolée, pâlotte, rachitique, nouée de misère, la tête trop grosse pour le corps, le torse déjeté, l’air d’une Mayeux, triste reste de toute cette famille poitrinaire attendue par la Mort et dès maintenant touchée par elle, — avec, en ses doux yeux, déjà une lueur d’outre-vie. […] Pour le livre que je rêvais, il eût peut-être été préférable d’avoir pour modèle une jeune fille du faubourg Saint-Germain, dont l’affinement et les sélections de race, les traditions de famille, les aristocratiques relations, l’air ambiant même du faubourg qu’elle habite, auraient doté mon roman d’un type à la distinction plus profondément ancrée dans les veines, à la distinction perfectionnée par plusieurs générations.

1524. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Et encore les derniers mois de sa vie, étaient empoisonnés par de noirs soucis de famille, et de terribles affaires d’argent à arranger. […] Et, dans la préoccupation de ses pensées, tout le monde boit du champagne, et Daudet, comme tout le monde, et bientôt dans une légère excitation, le voilà laissant éclater une vraie joie de gamin, d’avoir fait entendre à Paris, sa tirade sur les antiques familles princières, et d’avoir montré un Bourbon courant après un omnibus — détail qui lui avait été donné par le duc Decazes.

1525. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Il les y met sur sa langue, comme un chimiste… Et, par ce côté de l’ordure, La Faute de l’abbé Mouret est de la même famille que Le Ventre de Paris. […] Il croit qu’il peut y avoir très bien un Michel-Ange de la crotte… Son livre n’est plus « L’histoire naturelle et sociale de la famille Rougon-Macquart sous le second empire », dans laquelle l’imitateur de Balzac — vigoureux encore — se débattait sous un Réalisme de plus en plus envahissant.

1526. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Lorsque vous vous serez reposé dans le sein de votre famille le temps que vous jugerez convenable, venez à Paris ; je vous y verrai avec le plus grand plaisir.

1527. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

J’ai un regret ; c’est que depuis des années (et il y a trente ans que cela devrait être fait) le fonds de papiers et de manuscrits que possède la Bibliothèque de Neuchâtel, joint aux autres fonds particuliers, tels que celui de la famille Moultou qui se produit aujourd’hui, n’ait pas été l’objet d’un dépouillement régulier et méthodique, de manière à fournir une couple de tomes, complément indispensable de toutes les éditions de Jean-Jacques.

1528. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Han d’Islande est donc un roman idéal de la famille presque de ceux de la Table-Ronde, tels que les arrangeurs les rimaient au xiiie siècle.

1529. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

La Notice nous représente Victorin Fabre né à Jaujac, en Vivarais, en 1785, d’une honorable famille très-considérée dans le pays, et qui n’avait jamais songé à demander des titres de noblesse ni à se prévaloir de ceux que lui conférait la possession de certains fiefs.

1530. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

etc. » On le voit, pour lui La Fontaine était de cette famille un peu antérieure au pur et grand goût de Louis XIV.

1531. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Voilà vraiment de bien bonnes familles déshonorées.

1532. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Les Mémoires d’un cadet de famille, par Trelawney, ami et compagnon de Byron, sont une lecture facile, amusante, peu convaincante par endroits : on y retrouve une vie de flibustier, et des péripéties merveilleuses comme celles du Cleveland de l’abbé Prévost.

1533. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

»  On comprend mieux, après la lecture de cette nouvelle, les inimitiés profondes de religion et de nationqui séparent, depuis des siècles, certaines branches de la famille slave.

1534. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Il n’en est pas moins vrai que le génie romain, tout en professant pour elle le respect religieux qu’il eut toujours pour l’antiquité, ne tarda pas à comprendre que son mouvement était captif dans cette citadelle du droit strict ; de sorte que l’équité, modifiant peu à peu tous les rapports de la propriété, de la famille et des obligations civiles, substitua au système de la loi décemvirale des pensées plus conformes à la liberté, à l’égalité et à la bonne foi.

1535. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Il y a des longueurs dans les romans des Anglais, comme dans tous leurs écrits ; mais ces romans sont faits pour être lus par les hommes qui ont adopté le genre de vie qui y est peint, à la campagne, en famille, au milieu du loisir des occupations régulières et des affections domestiques.

1536. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Quand on pense à ces vers si gracieux, si aisés, qui lui viennent à propos de tout, qu’il aime tant, à ce doux et léger bruit dont il s’enchante et qui lui fait oublier affaires, famille, conversation, ambition, on le trouve semblable aux cigales de Phèdre.

1537. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

L’Olympe grec n’est qu’une famille grecque, la plus belle que la Grèce ait jamais mise au jour.

1538. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

C’est un ouvrier avisé, qui sait son métier, et qui le fait comme un métier : il est difficile de ne pas voir dans son Miracle de Théophile, dans ses deux vies de Saints, dans ses Complaintes funèbres des travaux de commande, faits pour des communautés pieuses ou pour d’illustres familles.

1539. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Je vous donne à deviner ce qui s’appelait, en ce temps-là, tour à tour, « une bibliothèque vivante où l’on apprend tout sans peine et sans étude ; une salle de musiciens où l’on entend les plus savants concerts ; un théâtre magnifique où tout ce qui frappe les yeux étonne l’esprit et glace la voix ; une école toute céleste où les esprits, de quelque étage qu’ils soient, peuvent, en y arrivant, s’élever à tous moments, et, par l’approche et la communication d’un corps lumineux, acquérir tous les jours des clartés nouvelles ; un parterre orné de fleurs de toutes les couleurs ; un corps qui marche à frais communs et à pas égaux vers l’immortalité ; le sanctuaire et la famille des Muses ; une si haute région d’esprit, que l’on en perd la pensée, comme, quand on est dans un air trop élevé, on perd la respiration. » C’est l’Académie française à qui s’adressaient ces louanges à la fois si énigmatiques et si outrées, dans des discours de réception où les nouveaux élus se donnaient toute cette peine pour ne pas se dire simplement reconnaissants.

1540. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Jésus aimait cet instant et se plaisait à voir sa famille spirituelle ainsi groupée autour de lui 863.

1541. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Il n’y a pas eu d’homme, Çakya-Mouni peut-être excepté, qui ait à ce point foulé aux pieds la famille, les joies de ce monde, tout soin temporel.

1542. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Qui braverait tout ensemble le pouvoir actuel que vaut à cette famille un demi-siècle d’intrigue et la rancune durable de trois aventuriers qui ont le temps devant eux ?

1543. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Les personnages de Matilde Serao appartiennent, comme d’ailleurs beaucoup de fantoches des romans actuels, à la famille qui produisit d’abord Emma Bovary, Homais, Bouvard et Pécuchet.

1544. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Va me porter cette lettre A ma mie qui est seulette… J’ai laissé tomber mon panier, Un beau monsieur l’a ramassé… Montagne et langage sont des assonances ; serpe et veste ; chèvre et mère ; souci, jalousie ; logis, famille ; mise, mille ; ville, fille ; noces, homme ; morte, folle ; gorge, rose ; œuf, pleut, etc.

1545. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Petite gazette des tribunaux Le greffier donne lecture des charges qui pèsent sur un membre distingué de la famille de Jean Hiroux.

1546. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Les comédies sont les portraits de famille d’une nation.

1547. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Ce sont eux, — puisqu’il faut interroger le tombeau de la France ancienne, comme dit Tocqueville, et le tombeau de la France, c’est son histoire, — ce sont eux qui ont créé une révolution permanente forcée en oubliant ce qu’ils étaient, en donnant l’exemple des mauvaises mœurs, en altérant dans sa pureté la notion de la famille chrétienne, — le seul fondement des sociétés modernes, quels que soient leur forme et leur nom, — en nous dévêtant de nos institutions, en brisant les corporations (l’œuvre de Saint-Louis sanctionnée par les siècles), les corporations d’états, c’est-à-dire le peuple qui travaille et qui prie, et en le jetant, bohème et affamé, à la liberté vague, au hasard et à la préoccupation du jour le jour !

1548. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Je suis sûr que les oies romaines, les sots capitolins, criaient toujours quand il passait… Horace est de la famille de La Fontaine ; mais un parent pauvre, car il n’a pas la naïveté, cette scélératesse de l’innocence, cette perle qu’on n’avait pas vue avant La Fontaine et qu’on n’a pas revue depuis !

1549. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Il ne nous indique point, avec l’étincelante netteté que doit avoir un titre, la Montmorency, héroïque ou charmante, qu’il s’en va tirer de la gloire de famille où elle est ensevelie et où, si fameuse en son temps, elle est maintenant trop oubliée !

1550. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Dans toutes les relations de sa vie, soit dans ses rapports hypocrites, intéressés ou vantards, avec sa famille, soit avec ses libraires, soit avec cette nièce de Corneille qui ne fut qu’une réclame pour lui (comme nous dirions maintenant), et qu’il ne rougit pas d’élever, elle, la nièce du vieux tragique chrétien !

1551. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Saint Louis, qui fut un Roi tout court, le Roi net, comme on disait en Espagne, le Roi père de la société, — de même que le père est le Roi de la famille, ainsi que le voulait dans sa théorie ce vieux imbécile de Bonald, — doit apparaître aux fiers cerveaux du xixe  siècle comme un Roi bon tout au plus pour un peuple enfant, digne, sinon du mépris tout à fait, au moins de l’indulgence de l’Histoire… En deux mots, voilà pour le Roi.

1552. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

C’est une veuve fidèle, soulevée d’indignation et de larmes contre l’ambition de la famille dont elle fait partie, — surtout contre celle de son frère César, qui, de ses crimes, — car il en fit, lui ! 

1553. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

III Et, en effet, on se demande si l’abbé Maynard a été autorisé par la famille à se mettre autant que Crétineau dans cette biographie de Crétineau ; car, sur ma parole !

1554. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Il se rencontre que le rêveur breton, que le théologien de La Chesnaie, tenait, par un côté de ses facultés, à la famille de Rivarol et de Voltaire.

1555. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Jésus-Christ, il est trop un homme, un particulier, un ami de la famille Lazare, un convive avec qui, ma foi, il est très agréable de souper !

1556. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Appartiendrait-il à la famille de ce Clément Brentano qui fut un poète et qui devint l’ardent secrétaire de la sœur Emerich, la sublime Extatique dont il écrivit les extases ?

1557. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Si l’Église avait fléchi sur ce point principal pour elle, les grandes fonctions ecclésiastiques seraient devenues le privilège des familles nées des hommes puissants.

1558. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Il faut avoir le courage amer de le dire : la Famille, telle que le Christianisme l’avait constituée, tombe, se détrempe et se fond dans l’égoïsme universel.

1559. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Gabriel de Chénier signe son nom, qui a l’honneur d’être noble, comme on le signe dans sa famille et comme il était écrit autrefois dans le Nobiliaire de France.

1560. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Ils appartenaient à des groupes et à des familles.

1561. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Assurément, l’auteur de la notice est trop exercé et trop compréhensif pour ne pas voir, du premier regard, ce qu’il y avait de véritablement grand dans Beyle : aussi marque-t-il bien la descendance de son génie, qu’il fait venir de La Bruyère et de Saint-Simon ; mais après ce large classement, après le rapport de famille spirituelle saisi avec la justesse d’un naturaliste de la pensée, on voudrait de Beyle, d’un si sérieux artiste, un portrait plus étudié et plus sévère.

1562. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Le combat de la vocation religieuse contre la vocation de la mère de famille qui se révèle avec tant d’énergie dans la scène, au village, où Éliane est obligée, par les combinaisons du roman, à tenir un enfant dans ses bras, — scène magnifique, d’un contenu excessivement émouvant, et que Stendhal seul aurait pu écrire s’il avait été chrétien, — le triomphe enfin de la vocation de l’épouse, le discours de la mère Saint-Joseph qui clôt le roman dans une souveraineté de raison éclairée par la foi, et surtout, surtout, la réalité de la sœur Saint-Gatien, qui représente l’être surhumain, l’ange gardien d’Éliane, et qui s’en détache si humainement et si vite quand elle lui a préféré, pour s’appuyer, le cœur d’un homme, — trait cruel que Wey n’a pas manqué, — voilà les beautés de la troisième partie de ce livre, écrit avec une sûreté de main et une maturité de touche qui n’ont fait faute à l’auteur de Christian qu’une seule fois.

1563. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

C’est par loi que la famille est prospère en beaux enfants et en belles moissons, ô déesse !

1564. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Quant à nous, comme nous l’avons dit, placé à l’Y du carrefour, nous hésitions entre les deux routes, c’est-à-dire entre la poésie et la peinture, également abominables aux familles. […] Nous l’ignorions, car nous formions une famille sans Benjamin et sans droit d’aînesse. […] À quoi bon des meubles à celui qui n’a plus de foyer, et qui va errer de rivage en rivage sur la terre étrangère, suivi du petit groupe de la famille, hélas ! […] Il a peint beaucoup aux environs d’Aumale, dont la nature lui plaisait, et c’est là qu’il est mort, quoique sa dépouille ait été ramenée à Paris pour être descendue au tombeau de famille. […] Namouna enfanta une nombreuse famille ; Frank eut beaucoup de frères, et Belcolor bien des sœurs et des cousines.

1565. (1890) Nouvelles questions de critique

Gaston Paris, n’étant pas de cette famille, d’avoir compris que le temps était venu pour lui de s’en distinguer. […] Cela pourtant est bon à savoir, parce que cela donne lieu de supposer qu’il y en a, comme l’on dit, une famille, à laquelle Montesquieu n’eut point de part. […] Il est seulement de la même race, ou de la même famille d’esprits. […] Pour ces raisons et quelques autres, il n’appartient pas à la famille des génies bienfaisants. […] Cela s’est vu dans l’histoire de la peinture religieuse, où, de nos jours mêmes, à travers six ou sept générations de peintres, c’est de Raphaël que s’inspirent la plupart de ceux qui peignent encore des saintes familles.

1566. (1881) Le roman expérimental

Le fait général observé par Balzac est le ravage que le tempérament amoureux d’un homme amène chez lui, dans sa famille et dans la société. […] dans l’étude d’une famille, d’un groupe d’êtres vivants je crois que le milieu social a également une importance capitale. […] Mais celle-ci refuse ; cet argent est le dernier morceau de pain de la famille. […] Il empoisonne en père de famille qui entend faire les choses proprement. […] Voici une dizaine d’années que je l’ai vu débarquer à Paris, un beau matin, dans un de ces coups de tête littéraire qui désolent les familles.

1567. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

La société autrefois avait au moins d’une famille la forme et l’apparence. […] Quel que fût donc le sort qui vous était échu en partage, fussiez-vous serf et le plus illettré des hommes, vous vous trouviez relié à la famille humaine, et vous aviez au moins le droit d’aimer vos maîtres. […] Mais non, dites-vous, nous lui laissons l’amour ; nous lui laissons Dieu à aimer, sa famille à aimer, son mari à aimer. […] Voyant qu’il n’y a plus de société véritable, je m’étais réfugié dans la famille.

1568. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Sir Charles Berkeley, capitaine des gardes du duc d’York, fit mieux encore ; il jura solennellement « qu’il avait couché » avec la jeune fille, et se dit prêt à l’épouser « pour l’amour du duc, quoique sachant le commerce du duc avec elle. » Puis un peu après il avoua qu’il avait menti, mais en tout bien, tout honneur, afin de sauver la famille royale de cette mésalliance. […] Regardez au fond du Tartufe ; un sale cuistre, un paillard rougeaud de sacristie qui, faufilé dans une honnête et délicate famille, veut chasser le fils, épouser la fille, suborner la femme, ruiner et emprisonner le père, y réussit presque, non par des ruses fines, mais avec des momeries de carrefour et par l’audace brutale de son tempérament de cocher : quoi de plus repoussant ? […] De là, s’attaquant à la gloire et à l’argent, il avait jeté coup sur coup à la scène les pièces les plus diverses et les plus applaudies, comédies, farce, opéra, vers sérieux ; il avait acheté, exploité un grand théâtre sans avoir un sou, improvisé les succès et les bénéfices, et mené la vie élégante parmi les plaisirs les plus vifs de la société et de la famille, au milieu de l’admiration et de l’étonnement universels. […] Rien de laissé, sauf quelques bouteilles vides oubliées, et les portraits de famille, qui, je crois, sont enchâssés dans les lambris. —  Et j’ai eu aussi le chagrin d’entendre de mauvaises histoires contre lui. —  Oh ! […] C’est qu’aujourd’hui on ne vit plus en public à la façon des ducs brodés de Louis XIV et de Charles II, mais en famille ou devant une table de travail ; le roman remplace le théâtre en même temps que la vie bourgeoise succède à la vie de cour.

1569. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

— Mais, il a sa famille, ses intérêts à Orléans. […] Il y a quelques années, nous avions dîné avec lui gaiement au mess de Fontainebleau, et des liens de famille, un peu dénoués, s’étaient renoués. […] Les paysans à nombreuse famille, ont de leurs enfants la notion diffuse, qu’un lapin peut avoir de sa portée. […] Cette nouvelle me renfonce, toute la soirée, dans le passé de la famille, dans le souvenir de notre jeunesse, écoulée ensemble. […] » Maintenant, ajouta-t-il, rien ne me gêne, on assemblerait le conseil de famille au pied du lit, que je serais plus à l’aise !

1570. (1903) Le problème de l’avenir latin

Combien de fois n’a-t-on pas entendu répéter dans les milieux où s’agitent les problèmes contemporains, ces formules : « races latines », « famille latine », « infériorité ou supériorité latine », « avenir latin » ! […] Que d’ailleurs les plus diverses familles humaines au point de vue de la race aient contribué à la formation de chacun de ces deux groupes, nous ne nous en préoccupons nullement, laissant ici de côté la question anthropologique. […] C’est à l’origine de nous-mêmes, en tant que membres de la famille latine, qu’il fut résolu par nous de remonter pour nous rendre plus capables d’envisager sous un jour de vérité l’un des problèmes capitaux du monde contemporain, le plus vital pour nous. […] Lorsqu’on affirme, par exemple, ceci : « Nous, les membres de la famille latine, que sommes-nous, sinon les fils spirituels de la Rome des Césars ? […] Or rien, — affection, bonté, intuition et prescience de mère, traditions de famille — ne peut remplacer les connaissances précises requises en un tel cas.

1571. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

La Bruyère, Saint-Simon, Michelet, sont de sa famille. […] On n’était pas fâché de montrer à cet empereur, de bonne famille sans doute, qu’on n’était pas non plus sans papiers et qu’on avait même des ancêtres assez reluisants.

1572. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Cet être, issu du mariage d’une comédienne et d’un gentillâtre que sa famille renia, ayant pour frère aîné un demi-fou et pour sœur puinée une idiote, laissé orphelin à trois ans, adopté par une famille riche et passant sa jeunesse dans ces orgueilleux états du Sud, où se recrutèrent les esclavagistes, élevé sans affection dans l’attente d’une grande fortune, dissolu, endetté, désavoué par un père adoptif, ayant mené à deux reprises pendant deux ans une vie d’aventures et de vagabondages inconnus, fut ramassé mourant de faim à Baltimore, par un vieux journaliste que ses premiers essais avaient étonné, Il vient ici une éclaircie de quelques années.

1573. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

il fallait simplement mettre sur la scène leurs cinq familles travaillant : les Dactyles trouvant le métal, les Cabires inventant la forge, les Corybantes faisant l’épée et le soc de charrue, les Curetés fabriquant le boucher, et les Telchines ciselant les bijoux. […] Aristophane appartenait, comme Diogène, à cette famille.

1574. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

On savait qu’il ne voulait pas se remarier d’un mariage authentique, par des délicatesses de famille et de dynastie ; mais on pensait que sensible encore, comme il l’avait toujours été, aux charmes d’une société de femmes, et trop pieux pour avoir une favorite, il serait heureux de trouver, dans un mariage consacré par la religion et avoué par l’usage des cours, une compagne des jours de sa maturité. […] Épilogue du IIe entretien Je prie ceux de mes honorables abonnés qui me permettent de voir en eux une famille d’amis, et qui m’adressent des lettres d’affection si nombreuses et si émues, de recevoir ici l’expression collective de ma reconnaissance.

1575. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Lorsqu’un écrivain, ou du reste un homme quelconque dont on s’occupe, est, de père et de mère, de famille paternelle et maternelle, du même pays, oui, je crois qu’il n’est pas inutile d’étudier la race dont il est, d’étudier le pays qui l’a vu naître au point de vue ethnique. […] Théophile Gautier disait : « C’est une tradition dans les bonnes familles françaises, aussi bien qu’étrangères, du reste, d’avoir la terreur d’un fils qui se destine à la littérature, et c’est une tradition de réprimer cette prétendue vocation naissante de tout le pouvoir que l’on a.

1576. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

« Si le possesseur de ces champs Vient avecque son fils (comme il viendra), dit-elle, Écoutez bien : selon ce qu’il dira, Chacun de nous décampera. » Sitôt que l’alouette eut quitté sa famille, Le possesseur du champ vient avecque son fils. […] Il faut qu’avec notre famille Nous prenions dès demain chacun une faucille : C’est là notre plus court ; et nous achèverons Notre moisson quand nous pourrons. » Dès lors que ce dessein fut su de l’alouette : « C’est ce coup qu’il est bon de partir, mes enfants ! 

1577. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Vous vous en moquez à votre aise en famille, et pour la commodité de votre discours, le jour où vous entrez à l’Académie ; mais devant l’Europe, supposez-la absente, quelle lacune !

1578. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Lanjuinais : « Vous appartenez, et je me permets de dire, nous appartenons à une famille intellectuelle et morale qui disparaît. » Je reconnais le droit de le dire à celui qui parle ainsi, comme je le reconnaissais à M. 

1579. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Elle émigra, en Italie d’abord, avec sa famille ; elle connut à Naples la jeune princesse qui fut depuis la duchesse d’Orléans, la reine Marie-Amélie, et y noua avec elle une véritable amitié de première jeunesse.

1580. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Promeneur amusé de Munich à Vienne, de Vienne à Venise, de Venise à Milan, et se reprochant les agréments mêmes du séjour, un certain charme de sociabilité qu’il rencontrait d’autant mieux chez les autres qu’il le portait avec lui, il écrivait encore : « Dans le voyage de la vie, il ne faut pas trop s’approcher aux stations de passage où l’on ne peut pas compter de retourner, parce qu’après tout, et avant tout, il faut compter sur le poste final de la famille et des vieux amis, où nous attendent le dernier banc au soleil ou à l’ombre, et nos derniers tisons. » Il a eu son dernier banc au soleil.

1581. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Charmante observation prise à la vie de famille !

1582. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Dans la même langue d’ailleurs on ne peut se choisir ses maîtres sans en approcher trop et s’y absorber ; c’est comme dans ces mariages de famille d’où il ne sort rien de vigoureux.

1583. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Guys, l’auteur d’un Voyage de Grèce, était des amis de sa famille.

1584. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Il se tua en juillet 1870 : de tout temps il avait, me dit-on, considéré le suicide comme un moyen de sortir des situations sans issue.Éditions : Du rôle de la famille dans l’éducation, 1857, in-8 ; les Anciens Partis, 1860, in-8 ; Quelques Pages d’histoire contemporaine, 4 séries. in-18, 1862-66 ; Études sur les moralistes français, 1864. in-18 ; la France nouvelle, 1868, in-18.A consulter : O.

1585. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Georges Rodenbach Il semble que Baudelaire ait prévu son propre cas quand il écrivit : « Les nations sont comme les familles : elles n’ont de grands hommes que malgré elles ».

1586. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Lui, pour tenir sa famille en gaieté et aider au travail de la nuit, chante en s’accompagnant de la cornemuse.

1587. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Ainsi, dans les Cœurs nouveaux, où un critique subjectif aurait le choix entre des thèmes si divers, un esprit susceptible de s’impersonnaliser, ou plutôt de se personnaliser en autrui, discernerait avec netteté : 1º Une peinture réaliste de famille aisée et moderne, avec château et mail-coach, peinture en mouvement juste et de ton nouveau ; 2º Une fiction idéaliste traduisant la position d’un esprit indépendant et d’un cœur de bonne volonté parmi la chose sociale en douleur.

1588. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Le contraste de son attitude avec celle de Beethoven lors d’une rencontre qu’ils firent ensemble de la famille impériale montre la différence qu’il y a entre une personnalité qui sait « plier » et une personnalité indomptée comme celle de Beethoven37.

1589. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Il y aurait cependant de l’ingratitude à déprécier les services qu’ont rendus ou que peuvent rendre ces fouilles acharnées dans les archives, dans les bibliothèques, dans les cartons des notaires et des familles.

1590. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin l’a définie mainte fois et combattue sous toutes les formes ; il l’a rencontrée et décrite particulièrement avec une expression frappante dans un jeune homme à qui saint Jean Chrysostome en son temps adressait des conseils et qui passait pour possédé du démon, dans le jeune Stagyre, premier type reconnaissable de cette famille des René et des Werther.

1591. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

C’est ce théâtre qu’il s’agit surtout aujourd’hui de ne pas abandonner, de ne pas laisser diriger non plus par plusieurs et en famille (mauvaise direction, selon moi, en ce qu’elle est trop intime, trop commode, et, comme on dit aujourd’hui, trop fraternelle), mais de faire régir bien effectivement par quelqu’un de responsable et d’intéressé à une active et courageuse gestion.

1592. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Il importe peu au public, par exemple, que toutes les fins de lettres, consacrées à des détails de famille, aient été supprimées ; il importe peu que le lieu où s’est produit un accident quelconque, une roue cassée, un incendie d’auberge, etc., ait été changé ou non.

1593. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Un fauteuil rente de dix mille sesterces est une place gracieuse et commode, les gros émoluments font les teints frais et les bonnes santés, on vit vieux dans les douces sinécures bien appointées, la haute finance abondante en profits est un lieu agréable à habiter, être bien en cour cela assoit une famille et fait une fortune ; quant à moi, je préfère à toutes ces solidités le vieux vaisseau faisant eau où s’embarque en souriant l’évêque Quodvultdeus.

1594. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Cet homme n’a vu ni le massacre des innocents par Le Brun, ni le même massacre par Rubens, ni la descente de croix d’Annibal Carrache, ni st Paul prêchant à Athènes par Le Sueur, ni je ne sais quel apôtre ou disciple se déchirant les vêtements sur la poitrine à l’aspect d’un sacrifice païen, ni la Magdeleine essuyant les pieds du sauveur de ses beaux cheveux ; ni la même sainte si voluptueusement étendue à terre dans sa caverne, par Le Corrège, ni une foule de saintes familles plus touchantes, plus belles, plus simples, plus nobles, plus intéressantes les unes que les autres, ni ma vierge du Barroche, tenant sur ses genoux l’enfant Jésus debout et tout nu.

1595. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

On fera peut-être remarquer que, généralement, là où nous l’observons aujourd’hui, il renferme une pluralité de familles particulières.

1596. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Les idées tassées en famille se reproduisent, comme les êtres ; elles ont une postérité : deux idées mises en rapport en procréent une troisième.

1597. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Ils ne peuvent rester dans leur famille ; après avoir juré cent fois qu’ils ne s’exposeront plus à la mer, il leur est impossible de s’en passer ; comme un jeune homme ne se peut arracher des bras d’une maîtresse orageuse et infidèle. » Le magnifique effet rythmique de la fin est dû au contraste entre les lignes sans rythme du commencement et le rythme imprécis et flottant, mais singulièrement séducteur, de la fin : « comme un jeune homme, | ne se peut arracher des bras, | d’une maîtresse orageuse | et infidèle ».

1598. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Quand on fit le procès à ce chef-d’œuvre, qu’on lira encore quand on saura la Russie par cœur, personne ne se dit que Custine était de cette famille de jugeurs dont madame de Staël se vantait d’être, — madame de Staël, qu’il rappelle d’ailleurs pour le style et pour sa manière habituelle et soudaine de faire partir l’étincelle de l’aperçu. « Je serais conduite à l’échafaud, — disait un jour madame de Staël, — qu’en chemin, je crois, je voudrais juger le bourreau. » Custine avait plus difficile à faire : il avait à juger ceux qui voulaient le séduire, et il a été plus fort que ses séducteurs.

1599. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

La famille dissoute (le croira-t-on ?)

1600. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Ainsi, il était né royaliste, comme ses pères, et il laissa là l’opinion de ses pères, lui, l’homme de la race et de la famille, comme si ce n’était pas le commencement d’un parricide moral, pour une âme haute, que de n’avoir plus l’opinion de son père !

1601. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

III Joachim Pecci, nous apprend son biographe, est né en 1810 à Carpineto, d’une famille noble, originaire de Sienne.

1602. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Par ce côté, il est de la famille du Diable boiteux, de Le Sage, et du Chrysal, de Johnstone.

1603. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

La préoccupation si inférieure du théâtre dont il a toujours été fêlé, à toutes les époques de sa vie, depuis l’instant de sa jeunesse où il ne voyait qu’un sujet heureux de vaudeville dans ces Intimes que Raymond Brucker et Michel Masson lui infligèrent comme un roman terrible en l’y faisant travailler avec eux, jusqu’à l’heure où, en pleine maturité, il ne craignit pas de s’amincir dans de petites pièces plus petites que tout ce qu’il avait jamais écrit, lui, le travailleur si souvent en petit cependant ; la préoccupation du théâtre lui fit maintes fois terminer en queue de poisson ses plus belles œuvres commencées en têtes de sirènes (voyez son Notaire de Chantilly, son Dragon rouge, ses Nuits du Père Lachaise, sa Famille Lambert, etc., etc.).

1604. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Horta conçoit très différemment, par exemple, une maison destinée à un célibataire et une autre destinée à une famille ; bien plus, sa conception sera également différente, suivant la profession ou la nature des individus auxquels elle s’applique : à un médecin ou à un avocat ne s’adapteront pas le même édifice qu’à un homme de lettres ou un commerçant.

1605. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Jamais ne meurent sou noble souvenir ni son nom ; mais, sous la terre qui le couvre, il est immortel celui que, dans le feu de la victoire, de la résistance, du combat pour la patrie et la famille, le terrible Mars a frappé.

1606. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Des crimes, des vices et des brutalités de quelques sauvages familles primitives. […] Ses personnages sont les premiers de leur famille. […] Le représentant actuel de cette famille a profité pour son perfectionnement intellectuel des loisirs que lui faisait le progrès des temps. […] Bülow, nous fit visiter avec une bonne grâce parfaite la partie de l’établissement où la secte élève non seulement les jeunes gens des familles de la communauté de Neuwied, mais les enfants des familles moraves étrangères que leurs parents envoient en Allemagne pour apprendre la langue du pays. […] Lui seul dans sa famille a réellement de la noblesse.

1607. (1929) La société des grands esprits

Dans sa simplicité et sa bonhomie, la famille grecque annonçait en somme la famille française, sans rien de la terrible discipline romaine, et les gynécées d’Athènes ne différaient guère de nos intérieurs bourgeois. […] Jacques Chevalier conteste l’authenticité de la rétractation du curé : traiter les jansénistes et la famille Périer de faussaires, c’est pourtant un peu fort. […] Jacques Chevalier veut se disculper d’avoir, en contestant l’authenticité de la rétractation du curé Beurrier, traité les jansénistes et la famille Périer de faussaires. […] Or, si ces lettres de Beurrier ne sont pas authentiques, il faut que la famille Périer ou les jansénistes les aient fabriquées, et soient donc des faussaires Qui le croira ? […] On peut croire que le fanatisme a poussé ces membres de la famille à noircir le grand homme dont ils rougissaient.

1608. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Mon mérite, enfin, n’est pas grand d’avoir suivi la bonne voie où tout m’engageait : ma famille, mon éducation, ma religion. […] Le solide pain de ménage, destiné à la nourriture des familles, est honnête et louable ; mais comme il n’est pas très appétissant, il moisit quelquefois sur les rayons du boulanger. […] Entre des frères, entre des cousins, l’étranger par le sang découvre un air de famille dont les personnes apparentées ont si peu conscience que cette découverte leur cause souvent de la surprise. […] C’est là aussi que dorment et qu’on peut réveiller, pour une lecture en famille, le soir, les comédies de Picart et les proverbes de Carmontelle. […] Et puis, mes chères, mes savoureuses causeries sur la Famille et les Amis de Montaigne !

1609. (1898) Essai sur Goethe

Autour de l’arbre au tronc superbe, poussent des arbustes d’autre famille, qui ne sortent pas de ses racines, ou qui les contrarient, qui vont peut-être les empêcher de s’étendre, leur voler la sève de leur sol. […] Relisez ce petit morceau : le service rendu conté d’un ton badin, le sermon laïc qui vient ensuite, la distinction subtile, adroitement établie, et demandez-vous lequel des deux héros de l’aventure tira profit de l’autre : fut-ce le fils de famille qui prêta son argent, ou le parvenu, mûr par l’esprit sinon par l’âge, qui se prêta complaisamment, quoiqu’il fût malade et triste, au commerce d’un étudiant plus jeune et assez présomptueux ? […] Il arrive à Ehrenbreitstein, où il trouve un accueil empressé dans la famille de La Roche : des personnes qui n’engendrent point la mélancolie, et, en ce moment même, hébergent Merck, leur ami commun. […] Un seigneur mécontent de soi et de tout le monde, hasardant tous les jours sa vie avec peu de santé pour la soutenir, son frère encore plus fluet, une mère chagrine, une épouse mécontente, tous ensemble de bonnes gens, et rien qui s’accorde dans cette malheureuse famille. » Le tableau n’est pas aimable : qu’il soit exact ou poussé au noir, il montre du moins que Goethe avait bien complètement conquis la petite résidence de Charles-Auguste, dont il allait peu à peu faire la sienne. […] La famille d’Este était une des plus tragiques parmi les tragiques familles régnantes d’Italie : une horrible hérédité de meurtres, d’empoisonnements, de passions monstrueuses, de haines et de férocités consanguines pesait sur Alphonse II et ses sœurs, que divisaient des rivalités moins sanguinaires que celles d’autrefois, mais pourtant violentes aussi.

1610. (1927) Approximations. Deuxième série

Quant à Marinette, en quelques coups d’œil et quelques baisers elle s’est imaginée un Remy qui, tout particulier qu’il soit, garde néanmoins un suffisant air de famille avec le Remy réel : réel, j’allais dire véritable. […] Ces portraits de femmes de Degas possèdent un charme, je dirais volontiers dans la fermeté une douceur à peu près unique en son œuvre : l’admirable Groupe de famille du Luxembourg forme la transition avec les portraits d’hommes. […] — s’est concentré autour des souvenirs à la fois chéris et douloureux de leur vie de famille, autour aussi peut-être des quelques aventures par où ils risquèrent d’en saper l’édifice ; puis au dernier moment convention ou timidité les arrête, et pourtant on sent en eux l’étoffe de ces cent cinquante pages qui seules pourraient les soulager et du même coup sans doute nous instruire. Sous l’Ancien Régime l’usage voulait que chaque chef de famille tînt un livre de raison. Schlumberger nous a donné ce qui vaut bien mieux encore : le livre de sentiments d’une famille ; on aimerait à en posséder beaucoup de semblables.

1611. (1923) Au service de la déesse

Lefranc souhaite d’affirmer que la famille de Derby « fut mêlée, et de près, aux productions sorties de la plume de Shakespeare », ou attribuées à « l’homme de Stratford ». […] Avril de La Varenne quitte Angers et la France pour éviter les chagrins que lui ferait peut-être sa famille : il emmène la « scandaleuse » qui l’a séduit. […] Âgé de dix ans, le petit Chevrier vous déduisait tout le système de M. de Jussieu, les acotylédones, les monocotylédones, les dicotylédones ; et chacun de ces groupes se divise en quinze classes, les classes en plusieurs familles et la huitième classe en dix-huit familles. […] Entre la vie abjecte des apaches et la vie pastorale que mène un père de famille dans un village des Pyrénées, il y a un grand espace où la littérature est à son aise. […] À défaut de lui, regardez son cousin Mathieu, son vieil oncle Joseph, son neveu Robert, toute la famille, sa bonne amie, et ce garçon qui lui ressemble un peu, quoiqu’il n’ait pas son nez aquilin, sa bouche grande et sa petite barbe ?

1612. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’est une belle famille. […] Elle est de la famille. […] De plus, elle a des sentiments religieux très forts ; elle est même l’instrument de sa famille dévote, dans le dessein de soustraire au docteur ces fameuses rognures de journaux qui sont destinées à révolutionner le monde. […] Cette nuit historique, dans tous les sens du mot, où tu m’as résumé toute l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ! […] Cette scène de famille est très fréquente ; mais elle n’a pas d’ordinaire les mêmes effets.

1613. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

L’éducation de la famille se bornait à quelques leçons d’une morale sévère, que l’on inculquait aux enfants — au dauphin de France lui-même — à force de coups d’étrivières. […] Ayant rompu depuis plusieurs années toutes relations avec sa famille, ne se connaissant aucun protecteur en France ni nulle part, il ne lui restait en effet que sa plume pour toute ressource. […] Il était donné à ma famille d’aimer comme les autres hommes adorent, c’est-à-dire sans borne et sans mesure. […] Il n’importe que le citoyen de Genève, comme on l’a dit, fût né de famille bourgeoise : les aventures de sa triste jeunesse l’avaient assez tôt déclassé. […] Ne l’a-t-on pas trop exclusivement étudié, comme nous faisons les hommes de lettres, en nous étendant longuement sur leur origine, sur leur famille, sur leur éducation, — pour d’ailleurs n’en pas tenir compte ?

1614. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

On peut dire qu’il a eu deux familles. […] Puis ce que j’appellerai sa famille de travail, ses collaborateurs de la rue Auber. […] Elle s’était fait pour ses vacances parisiennes une famille d’esprit. […] Aussi le croient-ils unique et singulier, faute de pouvoir le réunir à sa grande famille spirituelle. […] Comme sa famille était originaire de Mésie, il aimait à dire qu’il était un sauvage, un vrai paysan de l’Ister.

1615. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Disons encore, si l’on veut, que, jusqu’à la représentation, il en est d’elle comme d’un enfant qui aurait vécu dans l’isolement de la famille, et dont on pourrait bien dire quels sont les traits les plus généraux de son caractère, mais non pas prédire ce qu’ils deviendront au contact de la vie. […] La comparaison ne peut sans doute blesser personne… Qu’importe, en effet, qu’il y ait eu des casuistes de toutes les robes et de toutes les couleurs ; qu’il y en ait eu de « déchaussés » et « d’encapuchonnés » ; qu’on en put découvrir au besoin jusque parmi les jansénistes, si nul ordre ou nulle famille religieuse n’en a compté de plus nombreux, de plus accommodants, et de plus justement fameux que la Société de Jésus ? […] De même, enfin, il admet bien que tout le monde « est fait comme notre famille » — c’est un mot d’Arlequin qu’il cite volontiers, — mais cependant il n’écrit son Essai sur les mœurs que pour essayer de débarrasser l’humanité des fléaux qui retardent seuls son progrès : la guerre et la religion. […] Il est probable également que si le Misanthrope était intitulé : le Mariage fait et défait, nous n’y verrions pas ce que nous y voyons, ce que nous avons au moins le droit d’y vouloir voir, non plus que dans Tartufe — qui devait d’abord s’appeler l’Imposteur, — si Molière l’avait intitulé, par exemple ; Une famille au temps de Louis XIV. […] Il est de la famille ; et sans essayer ici de faire un parallèle, il est sans doute celui de tous qui a le plus agi, quand ce ne serait que par le moyen de ce que la forme dramatique a de supériorité sur les autres pour propager les idées dont elle se fait l’interprète.

1616. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Elle y trouve rassemblées dans le palais d’Hector ses nombreuses femmes, et sa présence redouble leurs sanglots ; toutes ces femmes du palais pleurent sur Hector, bien qu’il soit encore vivant. » À cet admirable tableau de famille du héros sans jactance, qui sacrifie modestement son amour d’époux, sa tendresse de père, sa vie de soldat à sa patrie, Homère oppose à l’instant le contraste scandaleux de la femme adultère et du lâche guerrier qui étale avec ostentation aux yeux le courage qui lui manque au cœur. […] J’ai beaucoup souffert pour toi, beaucoup supporté, pensant en moi-même que, si les dieux ne m’avaient pas accordé de famille, je t’adopterais pour mon fils, ô illustre Achille ! […] Le vingt-troisième est le chant de la barbarie après celui du pathétique et de la famille.

1617. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

La famille, l’épouse, les frères, les sœurs du premier Consul sont peints avec plus de négligence de pinceau et avec des couleurs de convention qui ne gravent aucune de ces physionomies dans le regard. […] MM. de Talleyrand et Fouché, croyant se rendre plus forts en pénétrant dans la famille du premier Consul, s’y introduisaient en flattant chaque côté comme il aimait à être flatté. […] Cette manière de pénétrer dans sa famille, d’en exciter les agitations en s’y mêlant, déplaisait singulièrement au premier Consul ; il le témoignait souvent, et, quand il avait quelque communication à faire aux siens, il en chargeait son collègue Cambacérès, qui, avec sa prudence accoutumée, entendait tout, ne disait rien que ce qu’on lui ordonnait de dire, et s’acquittait de ce genre de commission avec autant de ménagement que d’exactitude. » XXIII Deux chefs-d’œuvre de narration, l’un diplomatique, l’autre militaire, les négociations de Lunéville et la victoire de Hohenlinden par Moreau, enfin le traité de Lunéville, remplissent le septième livre, tour à tour d’un conseil de cabinet et d’un champ de bataille.

1618. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

S’il parvenait à les surmonter, et si, au sortir de là, comme on le lui faisait entendre, un patronage honorable et bienveillant l’introduisait dans le monde, sa destinée était sauve désormais ; des habitudes nouvelles commençaient pour lui et l’enchaînaient dans un cercle que son imagination était impuissante à franchir ; une vie toute de devoir et d’activité, en le saisissant à chaque point du temps, en l’étreignant de mille liens à la fois, étouffait en son âme jusqu’aux velléités de rêveries oisives ; l’âge arrivait d’ailleurs pour l’en guérir, et peut-être un jour, parvenu à une vieillesse pleine d’honneur, entouré d’une postérité nombreuse et de la considération universelle, peut-être il se serait rappelé avec charme ces mêmes années si sombres ; et, les renvoyant dans sa mémoire à travers un nuage d’oubli, les retrouvant humbles, obscures et vides d’événements, il en aurait parlé à sa jeune famille attentive, comme des années les plus heureuses de sa vie. […] Là commença de propos délibéré, et se poursuivit sans relâche, son lent et profond suicide ; rien que des défaillances et des frénésies, d’où s’échappaient de temps à autre des cris ou des soupirs ; plus d’études suivies et sérieuses ; parfois, seulement, de ces lectures vives et courtes qui fondent l’âme ou la brûlent ; tous les romans de la famille de Werther et de Delphine ; le Peintre de Saltzbourg, Adolphe, René, Édouard, Adèle, Thérèse, Aubert et Valérie ; Sénancour, Lamartine et Ballanche ; Ossian, Cowper, etc. […] Quoique votre enthousiasme momentané pour la révolution de 1830 eût dépassé un peu mon humeur contre cette usurpation de famille, je vous aimai ainsi : tout sied à la supériorité, même la déchéance extérieure ; l’homme négligé relève le costume.

1619. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Nous lisons dans le Petit National (21 janvier) : « On est venu nous raconter que l’auteur, préoccupé d’une haute question de morale, a voulu montrer la décadence fatale d’une famille d’ouvriers, dans le milieu empesté de nos faubourgs. La chose est aimable pour nos faubourgs et équivaut à dire : la décadence d’une famille d’ouvriers dans le milieu empesté des ouvriers. » L’accusation est grave. […] Les malheurs d’une famille du peuple atteinte de cette contagion, cela n’est pas poétique, cela manque d’idéal.

1620. (1881) Le naturalisme au théatre

Dans les familles riches, on a une gouvernante anglaise ou allemande qui est chargée de parler sa langue aux enfants, pour que ceux-ci l’apprennent sans même s’en apercevoir. […] Regardez autour de vous, le cas est bien fréquent, personne ne refusera la main à un honnête garçon qui compte dans sa famille un brasseur d’affaires équivoques ou quelque personnage de moralité douteuse. […] » Je ne parle pas des pères qui ont des démêlés avec la justice, mais de cette masse considérable de chefs de famille dont la fortune garde une étrange odeur de trafics inavouables-. […] Ce sont des contes du chanoine Schmidt, démesurément grossis et destinés à être lus en famille. […] Puis, en voilà assez avec la petite Deu et sa famille ; la mère a parlé au cimetière, c’est du cabotinage.

1621. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il est de leur famille. […] Il était de famille populaire, pauvre, mais robuste et de forte sève. […] Surtout ils ont à un très haut point les vertus de famille. […] Il était né à Noyon, le 10 juillet 1509, d’une famille de bourgeoisie aisée. […] Il fit de bonnes études générales en compagnie des enfants de la famille de Monmor, protectrice de la sienne.

1622. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Richard fait décapiter trente des plus nobles, ordonne à son cuisinier de faire bouillir les têtes, et d’en servir une à chaque ambassadeur, avec un écriteau portant le nom et la famille du mort. […] Il y avait des familles saxonnes à la fin du douzième siècle qui, par un vœu perpétuel, s’étaient engagées à porter la barbe longue, de père en fils, en mémoire des coutumes nationales et de la vieille patrie. […] Il y a sous Édouard III des barons qui chevauchent avec de grandes escortes d’hommes d’armes et d’archers, « occupant les manoirs, enlevant les dames et les demoiselles, mutilant, tuant, rançonnant les gens jusque dans leurs maisons, comme si c’était en pays ennemi, et quelquefois venant devant les juges aux sessions, en telle façon, et en si grande force que les juges sont effrayés et n’osent faire justice151. » Lisez les lettres de la famille Paston, sous Henri VI et Édouard IV, et vous verrez comment la guerre privée est à chaque porte, comme il faut se munir d’hommes et d’armes, être debout pour défendre son bien, compter sur soi, sur sa vigueur et son courage. […] Nos rois, ont livré avec eux huit batailles, et se tenaient dans leurs rangs qui formaient l’infanterie de nos armées, tandis que les rois de France se tenaient au milieu de leur cavalerie ; le prince montrait ainsi des deux parts où était la principale force. » De pareils hommes, dit Fortescue, peuvent faire un vrai jury, et aussi voter, résister, s’associer, accomplir toutes les actions par lesquelles subsiste un gouvernement libre ; car ils sont nombreux dans chaque canton ; ils ne sont point « abrutis », comme les paysans craintifs de France ; ils ont leur honneur et celui de leur famille à conserver », ils sont bien approvisionnés d’armes, ils se souviennent qu’ils ont gagné des batailles en France160.

1623. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il n’y trouva plus que le cadavre de Macdowald au milieu de ceux de sa famille ; et la barbarie de ce temps fut révoltée de ce qu’insensible à ce tragique spectacle, Macbeth fit couper la tête de Macdowald pour l’envoyer au roi, et attacher le reste du corps à un gibet. […] Elle voulait bien rejeter le crime sur les deux chambellans ; mais ce n’est pas elle qui songe à les tuer ; ce n’est pas elle qui prépare le meurtre de Banquo, le massacre de la famille de Macduff. […] Roméo l’alla trouver, et le frère, songeant au crédit qu’il acquerrait, non seulement auprès du capitaine perpétuel, mais dans toute la ville, s’il parvenait à réconcilier les deux familles, se prêta aux désirs des deux jeunes gens. […] Le personnage comique de la pièce est un peu usé sur le théâtre depuis que nous y avons tant de fanfarons de la même famille ; mais Parolles et ses aventures ont passé en proverbe en Angleterre. […] Pour concilier la version de Hollinshed avec la sienne, Rowley a fait de Limoges le nom de famille du duc d’Autriche, qu’il nomme ainsi, Limoges, duc d’Autriche.

1624. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Elle épuise les familles par des testamens extorqués, gagne la jeunesse sous prétexte de piété, médite des séditions & des révoltes dans le royaume. […] L’université prit Antoine Arnauld pour le sien ; ce même Arnauld, moins fameux encore par ses talens supérieurs, que par ceux de tous ses enfans, & par la haine héréditaire de toute sa famille contre les jésuites. […] Il gagna, par leur moyen, tous les Arnauld & tous les le Maître ; deux familles très-nombreuses &, de tout temps, ennemies des jésuites. […] Plus d’une famille, tombée dans l’indigence, retrouva ce qu’elle avoit donné. […] L’abbé de Pomponne étoit le dernier de cette famille(*).

1625. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Sa famille subsiste encore : elle est distinguée des autres, en mémoire de ce législateur ; distinction unique dans un pays où l’on n’admet de noblesse que celle des services actuels. […] Le prélat y gémit sur la conduite scandaleuse du père Joseph, supérieur de la mission, devenu l’effroi des familles. […] La famille du Tasse avoir été long-temps une des plus puissantes d’Italie ; mais il ne vit rien de toute cette grandeur. […] Ces quatre lettres étoient du père de sainte Marthe, sçavant comme tous ceux de sa famille l’ont été pendant plus de cent ans. […] Il y a même fait exécuter le portrait du roi & ceux de quelques personnes de la famille royale ; mais ils ont été mal rendus.

1626. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Elle fut saluée reine d’Écosse, le lendemain, dans un splendide concours des lords écossais et des seigneurs français de sa famille ou de sa suite. […] Le poëte Byron, qui descendait de lui par les femmes, a peint avec des couleurs de famille son ancêtre dans son poëme sombre et romanesque du Pirate.

1627. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Cependant les critiques devraient considérer que, puisque eux-mêmes ils n’ont pas trouvé dans les histoires générales les détails de la vie des familles du moyen âge, c’est qu’il faut sans doute les aller chercher ailleurs. […] Tous les génies sont frères et forment, à travers les espaces et les siècles, une famille rayonnante et sacrée.

1628. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

C’est dans le boueux étalage de ces études d’argot que fulgure l’apyre joyau étiqueté « En famille ». […] Plante de la famille des pavots.

1629. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Les Frères Zemganno sont de la famille de tous les romans qu’il a déjà publiés. […] … La Faustin de M. de Goncourt est une suite de notations sur la vie, au théâtre et hors du théâtre, des comédiennes ; c’est des prospects variés sur leurs habitudes de famille et de camaraderie, sur leurs manières de travailler et d’être oisives, sur leurs amours, leurs caprices, leurs perversions, leurs nervosités, tout leur artificiel mis à la place de leurs sentiments vrais, et c’est colligé et collectionné ici comme un inventaire, — un de ces inventaires du xviiie  siècle auxquels M. de Goncourt nous a accoutumés dans ses études historiques.

1630. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Il était à cet âge dont parle Cicéron, et où l’orateur romain a dit que son éloquence elle-même se sentait blanchir (« quum ipsa oratio jam nostra canesceret ») ; il avait hâte d’en employer toute la maturité et la douceur pour la famille chrétienne qui lui avait été donnée.

1631. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps.

1632. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Sans entrer dans d’incroyables détails qu’il est mieux d’ensevelir, s’il se peut, comme des infirmités de famille, et en ne touchant qu’à celles que la querelle du moment dénonce, il suffira de faire remarquer que, dans une Revue où le poëte existe, il tend naturellement à dominer, et les conditions au prix desquelles il met sa collaboration ou sa seule présence (qu’il le médite ou non) sont ou deviennent aisément celles d’un dictateur.

1633. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Une femme qui se croit remarquable par la prudence et la mesure de son esprit, et qui n’ayant jamais eu deux idées dans la tête, veut passer pour avoir rejeté tout ce qu’elle n’a jamais compris, une telle femme sort un peu de sa stérilité accoutumée, pour trouver mille ridicules à celle dont l’esprit anime et varie la conversation : et les mères de famille, pensant, avec quelque raison, que les succès mêmes du véritable esprit ne sont pas conformes à la destination des femmes, voient attaquer avec plaisir celles qui en ont obtenu.

1634. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

La complication des composés va croissant ; elle est indéfinie ; tous ensemble, ils forment un royaume à part d’objets qui ne sont pas réels, mais qui sont distribuables, comme les objets réels, en familles, genres, espèces, et dont nous découvrons les propriétés en considérant à côté d’eux les propriétés des formules qui sont leurs substituts.

1635. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Ajoutez encore un point, la bonté ; celui-ci a beau être épicurien, impropre aux devoirs de la société et de la famille, prompt au plaisir, inattentif aux conséquences ; il n’est jamais égoïste ni dur.

1636. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Brunetière, les lieux communs s’y dépouillent de ce qu’ils ont de banal, et ne conservent de tout ce que l’on confond sous le nom de banalité que l’universalité seule, pour en ressortir originaux et vrais d’une vérité toute nouvelle. » Mais, dira-t-on, notre expérience est bien petite, et notre prétention ne serait-elle pas ridicule de vouloir réformer les pensées des grands hommes sur les petits événements de la famille et du collège, avec des souvenirs enfantins ?

1637. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

» Et Greuze peignait en effet des drames édifiants et ennuyeux comme le Père de famille.

1638. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Elles sont construites selon un plan déterminé dont l’auteur ne s’écarte pas ; la rime, si difficile qu’elle peut se présenter, ne l’entraîne jamais hors de la voie qu’il s’est tracée, car il la force à obéir et elle obéit, venant, à point nommé, compléter sa pensée, selon la forme voulue et le rythme choisi… Dans ses poésies, aussi bien dans celles de la jeunesse que dans celles de l’âge mur, Gautier a une qualité rare, si rare, que je ne la rencontre, à l’état permanent, que chez lui : je veux parler de la correction grammaticale… De tous ceux qui sont entrés dans la famille dont Goethe, Schiller, Chateaubriand, Byron ont été les ancêtres, dont Victor Hugo a été le père, ceux-là seuls ont été supérieurs qui ont fait bande à part… J’ai déjà cité Théophile Gautier et Alfred de Musset, qui eurent à peine le temps d’être des disciples qu’ils étaient déjà des maîtres.

1639. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Cette âme pure et forte n’a pas appris à d’autres le secret de ses chants ; mais elle ne cesse pas du moins d’être écoutée dans la région qu’elle préférait elle-même, où elle habitait avec persévérance, au foyer de familles, où s’entretiendront toujours les affections simples, et où se rallieront à jamais les sentiments universels.

1640. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Ces déclarations si formel les préoccupèrent la famille chrétienne pendant près de soixante-dix ans.

1641. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Il avait faim et il avait soif, et c’était pour sa famille un devoir sacré de le nourrir par des repas funèbres et de l’abreuver par des libations.

1642. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Voilà donc notre Hamilton confondu avec les autres de sa famille, et, pour toute distinction dans le signalement, on leur accorde à tous un bon coin de singularité.

1643. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Il déprave le roi, il le corrompt, il l’abrutit ; il le pousse à la tyrannie, à l’ignorance, au vice ; il le lâche à travers toutes les familles des gentilshommes, lui montrant sans cesse du doigt la femme a séduire, la sœur à enlever, la fille a déshonorer.

1644. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Familles sinistres.

1645. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Non, le besoin de la prière nous prouve une Providence paternelle, accessible, vivante, intervenant dans la vie de l’homme comme le père dans la famille.

1646. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Emmerich, décloîtrée par les événements qui ruinèrent son couvent, dans les premières années de ce siècle, était retombée aux mains d’une famille à l’esprit étroit, peureux et abaissé ; et, par le fait, elle était plus durement cloîtrée entre les deux rideaux de son lit de douleur, qu’entre les murs d’un monastère.

1647. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Au contraire, proclamez bien haut que si l’on continue à croire vos adversaires, Dieu, la vérité, la morale publique sont en danger ; aussitôt l’auditoire dressera les oreilles ; les propriétaires s’inquiéteront pour leur bien, et les fonctionnaires pour leur place ; on regardera les philosophes dénoncés avec défiance ; par provision on ôtera leur livre des mains des enfants ; le père de famille ne laissera plus manier à son fils un poison probable.

1648. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce sont de grandes familles dépossédées, ou des gens qui ont la prétention d’en être, et qui ont gardé les armes de leur maison.

1649. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

C’est qu’Hermès ne fut point un sage, un philosophe divinisé après sa mort, mais le caractère idéal des premiers hommes de l’Égypte, qui sans autre sagesse que celle de l’instinct naturel, y formèrent d’abord des familles, puis des tribus, et fondèrent enfin une grande nation18.

1650. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

C’est Mme Lina Beck-Bernard, une amie de la famille Vinet, qui eut avec Sainte-Beuve l’entretien dont il s’agit et dont il me paraît que M.  […] Je serais moins sévère pour des néologismes qui ne font que compléter une famille de mots, ou qui vont, dans le tombeau de la langue latine, chercher des frères vivants. […] On doit trouver singulier que nous n’ayons, spécialement, rien dit de la famille Arnauld. […] On ne peut nier qu’une grande partie de ce que cette histoire a de saisissant et de dramatique ne se rattache à cette famille et à ses attenances. […] Il perce, pour arriver à Dieu, la foule des nations qui le maudissent, et sa famille, qui le reconnaît et le bénit.

1651. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

La société est fondée sur la famille, qui repose elle-même sur la foi des contrats domestiques. […] À quarante-huit ans, elle pouvait se féliciter d’une liaison qui avait rendu sa vie charmante, sans rien coûter à son honneur de bourgeoise et de mère de famille. […] Maintenant la famille bourgeoise a cessé d’être l’excellente éducatrice qui jadis formait dès l’enfance des hommes capables de tous les emplois et de toutes les charges. […] Ils élevaient leurs filles comme des soldats, pour le service de Dieu ou de la famille. […] Ils n’ont point de famille, ils écrivent en latin et disputent subtilement.

1652. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

C’est quelque chose, et c’est même beaucoup, si nos jugements nous jugent nous-mêmes, et que bien parler de quelques hommes extraordinaires, ce soit, pour ainsi dire, se mettre un peu de leur famille. Ni Cousin ni Sainte-Beuve n’étaient de la famille de Pascal. […] Un autre nous décrit le régime intérieur de l’École polytechnique ou de l’École des mines : je suppose donc qu’il en sort, et quelques pères de famille le liront sans doute avec curiosité. […] Mais l’amour allemand ou anglais, s’il tend sans doute aux mêmes fins que l’amour français, il en diffère pourtant de tout ce que la race, la religion, la constitution de la famille, la manière de vivre, que sais-je encore ? […] Est-ce au « maître » qu’il a prétendu nous intéresser, au père de famille, volontaire et absolu ?

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— Barbier est l’aristocrate poétique le plus raffiné ; il n’aurait dû faire que des pianto et des sonnets artistiques, et il s’est trouvé poussé à cette débauche de La Curée trop rude pour lui, comme un fils de famille qu’on habille en fort un mardi de carnaval et qu’on pousse à la sublime ribotte. […] Berlin l’aîné, pour y voir Victor Hugo qui y passait l’automne avec sa famille. […] La famille Duveyrier habitait alors ce qu’on appellait le petit château ; Talma passait devant, quand il revenait de Paris. […] — Lorsqu’il arrivait à de Vigny de parler de la grande fortune de sa famille ruinée par la Révolution, sa mère l’interrompait en lui disant : « Mais, Alfred, tu oublies qu’avant la Révolution nous n’avions rien. » — De Vigny a demandé à l’empereur à Compiègne, devant témoins, d’être le professeur qui apprendrait à lire au prince impérial, alors tout enfant.

1654. (1896) Le livre des masques

Étudiant un écrivain, on aime (c’est une manie que Sainte-Beuve nous légua) à connaître sa famille spirituelle, à dénombrer ses ancêtres, à établir de savantes filiations, à noter, tout au moins, des souvenirs de longues lectures, des traces d’influence et le signe de la main mise un instant sur l’épaule. […] Certains morceaux, plus estompés et plus amples, sont des merveilles d’art ; ainsi Une Famille d’Arbres. […] « Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu, et les petits, ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s’écarter. […] « Je sens qu’ils doivent être ma vraie famille.

1655. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

On voit par là que peu de familles peuvent fournir de bons sujets de tragédie : la raison de cela est que les premiers poètes, en cherchant des sujets, ne les ont pas tirés de leur art, mais les ont empruntés de la fortune, dont ils ont suivi les caprices dans leurs imitations. Voilà pourquoi les poètes modernes sont forcés d’avoir souvent recours à ces mêmes familles, dans lesquelles la fortune a permis que tous ces grands malheurs soient arrivés. […] Verra-t-on à l’autel votre heureuse famille ? […] Il semble même que rien n’était plus rare que de si beaux sujets, puisqu’ils ne les puisaient ordinairement que dans une ou deux familles de leurs rois.

1656. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Ou cette autre : Dans ces bals qu’en hiver les mères de famille Donnent à des bourgeois pour marier leur fille, En faisant circuler assez souvent, pas trop, Les petits fours avec les verres de sirop, Presque toujours la plus jolie et la mieux mise, Celle qui plaît et montre une grâce permise Est sans dot — voulez-vous en tenir le pari ? […] Et tout y est, même, à la suite d’un songe (toutes ces femmes-là croient aux songes), la conversion soudaine et absolue de la vieille pécheresse qui n’a plus rien à attendre des hommes… Et voici, en regard, une tête correcte de haut fonctionnaire : Michel Le Tellier, esprit lucide, appliqué, adroit et souple, ayant l’art de faire croire au roi que c’est le roi qui fait tout ; intègre, mais établissant richement toute sa famille jusqu’aux petits-cousins ; froid, figé, impassible, mais pleurant de joie à son lit de mort parce que Dieu lui a laissé le temps de signer la révocation de l’édit de Nantes… Enfin voici venir le héros violent à la tête d’aigle, le grand Condé. […] Alors la route sembla charrier du sang ; les femmes, les hommes continuaient à galoper, saignant comme des bouchers en pleine tuerie… Pourtant il fallait bien que le drame se concentrât dans quelques individus : le poète nous a donc montré, du côté des ouvriers la famille Maheu et son « logeur » Etienne, du côté de la Compagnie la famille Hennebeau, et dans les deux camps une quarantaine de figures secondaires ; mais toujours, autour de ces figures, la multitude grouille et gronde. […] Zola sont toujours très généraux, peuvent être compris de tout le monde, n’ont rien de spécial, d’exceptionnel, de « curieux » : c’est l’histoire d’une famille d’ouvriers qui sombre dans l’ivrognerie, d’une fille galante qui affole et ruine les hommes, d’une fille sage qui finit par épouser son patron, d’une grève de mineurs, etc., et tous ces récits ensemble ont au moins la prétention de former l’histoire typique d’une seule famille. […] Caravan, commis principal au ministère de la marine ; Morin, mercier (Une partie de campagne, En famille, etc.).

1657. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il y a, dans certaines familles, des séries de représailles et de meurtres, et ces meurtres, le crime initial étant donné, paraissent légitimes. […] Henri Chantavoine s’en est tiré à miracle, à la fois en excellent père de famille et en artiste subtil, avec la plus souple prudence et la dextérité la plus hardie. […] si j’étais père de famille… je le serai peut-être un jour, on ne sait pas ce qui peut arriver… eh bien ! […] N’est-ce pas ainsi, d’ailleurs, que grandissent et montent les familles ; et qu’un paysan ou un manouvrier se trouve avoir pour petit-fils un maréchal de France ou un comte du pape ? […] Cela fait, elle prend notre foulard vert en drap de dame, c’est un foulard qui sert pour toute la famille, elle s’en enveloppe la tête et se couche sur le lit des enfants, le visage tourné du côté du mur.

1658. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Pourquoi ne pas acclimater parmi nous des dispositions esthétiques capables d’inspirer des récits comme la Famille Tulliver, cette histoire inimitable et divine ? […] On a écrit des livres sur sa famille, des monographies sur ses sœurs. […] Autant le grand écrivain a laissé percer les détails lorsqu’il s’est abrité derrière l’irresponsabilité d’une fiction littéraire, autant, dans ses Mémoires, à se montre scrupuleux de ne pas soulever ce mystère de famille. […] Parlerai-je de la Famille Tulliver ou le Moulin sur la Floss, de George Billot, ce roman surhumain si observé, si prosaïque, si exact ! […] George Eliot, qui est le dernier mot de la pureté humaine, n’a-t-elle pas traduit avec une incroyable exactitude la psychologie de l’enfant dans la Famille Tullivier  ?

1659. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Chaque homme a des devoirs à remplir dans sa famille et dans la société ; le philosophe apprend à chacun quels sont ces devoirs. […] pourquoi votre femme porte-t-elle à ses oreilles la fortune d’une famille opulente ? […] … Puisse la cruauté du destin s’épuiser sur moi seul, victime expiatrice pour toute ma famille ! […] Après avoir soutenu le bon goût par tes préceptes et par tes écrits, tu t’es illustré par des actions éclatantes ; on t’a vu prendre courageusement la défense de l’innocence opprimée ; tu as restitué l’honneur à une famille flétrie par des magistrats imprudents ; tu as jeté les fondements d’une ville318 à tes dépens ; les dieux ont prolongé ta vie, sans infirmités, jusqu’à l’extrême vieillesse ; tu n’as pas connu l’infortune ; si l’indigence approcha de toi, ce ne fut que pour implorer et recevoir tes secours ; toute une nation t’a rendu des hommages que ses souverains ont rarement obtenus d’elle ; tu as reçu les honneurs du triomphe dans ta patrie, la capitale la plus éclairée de l’univers : quel est celui d’entre nous qui ne donnât sa vie pour un jour comme le tien ? […] Réelle ou chimérique, qu’importerait à celui qui vivrait isolé, qui ne fréquenterait guère que dans sa famille ou chez quelques amis dont il s’appliquerait depuis trente ans à cultiver l’estime, en profitant de leur exemple et de leurs conseils, et pour qui la grande ville serait circonscrite dans un espace assez étroit à la vérité, mais où il verrait circuler ceux d’entre ses concitoyens, ou d’entre les étrangers, illustres par leur naissance, leurs dignités, l’étendue et la variété de leurs connaissances ?

1660. (1774) Correspondance générale

M. le duc de Broglie empruntait à ses archives de famille un intéressant remerciement du philosophe à Mme Necker. […] Il n’y a que Brizard, qui faisait le père de famille, et Mme Préville, qui faisait Cécile, qui s’en soient bien tirés. […] Il n’y a presque pas une journée pure pour le père d’une si nombreuse famille. […] Je connais particulièrement le père, la mère, les frères, les sœurs, toute cette malheureuse famille et toute leur petite fortune. […] — Si Votre Majesté le permet. « Mais au lieu de vous en retourner, que ne faites-vous venir toute votre famille ?

1661. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

. — Dieu merci, j’ai assez vécu ; j’ai connu de braves gens dans ma vie, et… — Tu devrais au moins, — lui dis-je en l’interrompant, — écrire à ta famille. […] Il possédait vingt-deux roubles et demi qui, ainsi que tous ses effets, seront envoyés par mes soins aux personnes de sa famille qui ont droit à cet héritage. Votre ami est mort en pleine connaissance ; je vous dirai même qu’il est mort avec une sorte d’indifférence, sans donner le moindre signe d’attendrissement, même lorsque moi et toute ma famille nous lui fîmes nos adieux.

1662. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Les pauvres, au même titre que les riches, sont de par le droit naturel des citoyens, c’est-à-dire du nombre des parties vivantes dont se compose, par l’intermédiaire des familles, le corps entier de la nation, pour ne pas dire qu’en toutes les cités ils sont le grand nombre… Comme donc il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens, et d’en négliger l’autre, il devient évident que l’autorité publique doit prendre les mesures voulues pour sauvegarder le salut et les intérêts de la classe ouvrière… Pour ce qui est des intérêts physiques et corporels, l’autorité publique doit tout d’abord les sauvegarder, en arrachant les malheureux ouvriers aux mains de ccs spéculateurs qui, ne faisant point de différence entre un homme et une machine, abusent sans mesure de leurs personnes pour satisfaire d’insatiables cupidités. […] En dépit de l’envie, il avait donc tous les titres qu’il faut pour être la parure du banquet que l’on célébrera ce soir, à Saint-Mandé, dans le « Salon des familles », ad majorent scientiæ gloriam  ; et je comprends qu’on le lui ait offert ! […] « Il n’y a pas de père de famille protestant qui n’ait accordé des indulgences chez lui, qui n’ait pardonné à un enfant punissable par l’intercession d’un autre enfant, — c’est de Maistre qui souligne, — dont il a lieu d’être content.

1663. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Je faillis prendre en grippe ce jeune homme qui devait être un fils de famille, un richard ! […] Cela me réconcilia tout à fait avec lui. — Il vivait, ni bien ni mal, dans sa famille, d’une petite place qu’il avait au ministère de la guerre. […] Par l’indulgence de ma famille réconciliée enfin avec les rimes, je devins tout à coup le richard que j’avais cru deviner en Francis Coppée. […] Nous dînions l’un chez l’autre, lui dans ma famille, moi dans la sienne. […] Je consolais la mère, j’encourageais la sœur, et, après le repas de famille, nous retournions rue de Douai, Coppée et moi, pour lire, pour travailler encore jusqu’au matin.

1664. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

On voit des hyménoptères, de la famille des guêpes, se livrer, selon leurs espèces et avec les mêmes organes, les uns à la chasse, les autres à la récolte du miel, les autres au creusement du bois ou de la terre dure. […] Ecoutons-le : « Les divisions systématiques, classes, ordres, familles, genres et espèces, ainsi que leurs dénominations, sont une œuvre purement artificielle de l’homme. […] Uniquement préoccupé d’avancement et d’affaires de famille, il n’a réellement rien vu. […] Or, il appartenait à une famille de névropathes, de mystiques exaltés et lui-même, sur ses dernières années, n’échappa point aux pires exagérations de la dévotion la plus extravagante. […] Il portait la croix et toute sa famille, tous ses gens, femme, garçon, fidèles, domestiques, le suivaient le long des escaliers et de chambre en chambre, en chantant des litanies et des cantiques.

1665. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Les hommes illustres, vivants ou morts, appartiennent aux langues de la critique ; c’est leur vraie famille, surtout quand on les enterre, et l’autre famille n’a rien à y prétendre. […] Peu m’importe, au fond, que le seul cabaretier spirituel de Paris soit issu d’une très ancienne famille grisonne, transplantée depuis deux siècles dans la patrie de M.  […] Comme Napoléon le disait un jour, en parlant de lui-même, il est le Rodolphe de sa famille. […] Nous ne garderons qu’un très petit nombre de chameaux pour trimballer les bagages de la famille Vingtras, qui représente toute la société humaine. […] Jules Vallès, par exemple, qui déshonore à la fois sa mère et son père pour montrer avec quelle énergie désintéressée il prétend honorer la famille.

1666. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Picard fut rendu à sa famille, à ses amis et à son cher Palais car la grande ambition de cet « ambitieux » c’est surtout d’être un bon jurisconsulte. […] Pour la raison que je viens de dire, d’abord et puis parce que je suis d’origine wallone ; ma famille paternelle était de vieille souche ardennaise belge ; mon nom du reste, ainsi, par parenthèse, que celui de mon cher vieux camarade François Coppée, est assez fréquent ici. […] La congrégation était composée d’Irlandais, d’étrangers, et de deux ou trois vieilles familles anglaises. […] Quant à Vermersch qu’on accusait d’être « un chef », j’atteste qu’il était très pauvre, le plus pauvre peut-être de toute la proscription de Mai, et que sa veuve, au témoignage de son beau-père, qui me l’écrit, voyage, pour vivre, « avec une famille riche ». […] C’est avec une sorte de fièvre qu’il se livra à Elles corps et âme, et biens, pourrais-je ajouter, — car sa famille, semblable en cela aux trois quarts des familles, tenta d’abord de s’opposer à cette vocation, terrible en vérité, on finit toujours par plus ou moins le reconnaître, puis finalement rompit avec lui sans esprit de réconciliation.

1667. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Rustique et guerrière, la famille de Romulus n’avait pas ces abandons, ces nonchalances et ces élégances de la Sicile, de la Calabre ou de l’Attique. […] « Que tu sois riche ou né de la race antique d’Inachus, ou pauvre et issu d’une famille obscure qui supporte le poids du jour, tu mourras victime dévouée au dieu qui ne pardonne pas.

1668. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Le poète parle avec effusion, avec amour des enfants : ils sont le pivot de sa conception sentimentale de la famille. […] Le baron Chamborand de Périssat, Lamartine inconnu, notes, lettres, documents inédits, souvenirs de famille, Plon, 1891.

1669. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

L’esprit chrétien habitait d’ailleurs dans sa famille, et l’esprit chrétien, c’est le plus pénétrant et le plus profond des moralistes. […] Pascal le père en écrivit de vifs reproches à ce jésuite, et c’est dans cette lettre qu’il lui dit, en père du futur auteur des Provinciales : « Vous vous êtes exposé à ce qu’un jeune homme provoqué sans sujet se portât à repousser vos invectives en termes capables de vous causer un éternel repentir 48. » Pour les Pascal, comme pour les Arnauld, la guerre avec les jésuites était une affaire de famille.

1670. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Carvalho et Danbé en Allemagne ; ils voulaient, disait-on, aller prendre à Vienne et à Munich (les traditions d’exécution musicale et de mise en scène du Lohengrin, et s’entendre pour les représentations de l’Opéra-Comique avec la famille et les représentants de Wagner. […] Les notes suivantes relatives à Mme Adam se rapportent en même temps à la famille de Wagner ; la belle-mère de Wagner, la comtesse d’Agoult, née de Flavigny, avait eu pour gouvernante, étant enfant, une dame Lambert ; plus tard, installée à Paris, la comtesse d’Agoult prit chez elle, comme demoiselle de compagnie, la fille de son ancienne gouvernante, Mlle Juliette Lambert ; c’est en cette même demoiselle Juliette Lambert qui épouse m.

1671. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Deux d’entr’eux, au nom de tous, protégent la mémoire du mort & essuyent les larmes de la famille. […] Le projet étoit bon, mais il manque de goût dans l’exécution ; & il est fâcheux que le laborieux auteur n’ait point épargné à ses lecteurs des causes qui n’ont rien d’intéressant, l’ennui des répétitions, des vastes analyses, des réfléxions galantes & morales, & des digressions sur sa famille & sur lui-même.

1672. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Ses amis de Paris, connaissant sa tendresse pour elle et ne voulant pas attrister son voyage, se concertèrent avec sa famille pour la lui cacher et pour que cette mort ne fût point annoncée par la Gazette de France : mais Duclos l’apprit d’autre part et par la Gazette d’Avignon.

1673. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Si vous ne me promettez pas, lui dis-je en la conduisant, de me recevoir demain chez vous à onze heures, je pars à l’instant, j’abandonne mon pays, ma famille et mon père, je romps tous mes liens, j’abjure tous mes devoirs, et je vais, n’importe où, finir au plus tôt une vie que vous vous plaisez à empoisonner. — Adolphe !

1674. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Mme Récamier, en définitive, n’avait rien à cacher ; et dans ce qu’on nous donne aujourd’hui au nom de la famille, nous possédons véritablement ce qui était l’habitude aimée et préférée, la manière d’être constante et suivie, l’extérieur et l’intérieur de cette femme aimable et célèbre.

1675. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

M. de Tocqueville posait un peu pour l’observation méthodique, profonde et raisonnée… » Il ne posait pas, c’était l’attitude naturelle de son esprit, de toute sa personne ; mais il faisait un peu cet effet aux militaires, à ceux qui ont l’esprit prompt, l’observation facile et nette, et même brusque : ce sont des familles d’esprits différentes et même opposées ; il n’y a rien d’étonnant que quelque antipathie se prononce.

1676. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Frappé dans ses joies de famille, dans ses affections profondes, il a gémi ; il n’a pas seulement prié, il a chanté : écoutez ce chant imprévu qui révèle dans cette âme de lutte et de combat des sources vives de tendresse : Je ne suis plus celui qui, charmé d’être au monde, En ses âpres chemins avançait sans les voir ; Mon cœur n’est plus ce cœur surabondant d’espoir, D’où la vie en chansons jaillissait comme une onde.

1677. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve  siècle ; — oh !

1678. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

I. le prince Napoléon, et reposant tout entiers sur les pièces d’État et de famille les plus authentiques, dont on produit les plus importantes à l’appui du récit, à la suite de chaque livre, deviennent une des sources nouvelles et essentielles de l’histoire de ce temps.

1679. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

. — On verra plus loin le compte rendu de ce volume consacré à mettre en lumière une noble et touchante figure, de la famille des Hippolyte de Seytres et des Vauvenargues.

1680. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

La tranquille et nombreuse famille qui l’habite s’occupe uniquement d’élever des abeilles et d’entretenir les filets avec lesquels elle fournit de poissons l’auberge du village et une autre qui est à demi-lieue de là sur une route très-fréquentée.

1681. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Le danger de cette passion, la crainte de mettre le trouble dans la famille royale, les noms de beau-frère et de belle-sœur mirent un frein à leurs désirs ; mais il resta toujours dans leurs cœurs une inclination secrète, toujours chère à l’un et à l’autre.

1682. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Comme Florian, comme Legouvé, comme Millevoye, comme bien des talents de cet ordre et de cette famille, Léonard ne put franchir cet âge critique pour l’homme sensible, pour le poëte aimable, et qui a besoin de la jeunesse.

1683. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Ravenel)254 elle ne se nommait pas ainsi : son père s’appelait Cordier  ; mais, ayant été obligé de s’expatrier pour quelque cause qu’on ne dit pas, il laissa en France sa femme jeune et belle qui reprit son nom de famille ( Delaunay ), et la fille, à son tour, prit le nom de sa mère qui lui est resté.

1684. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

On a poétisé la vie de ce bourgeois de province, sensuel et flâneur, qui n’eut ni volonté, ni sens moral, ni énergie pour aucun devoir, qui ne sut faire ni sa charge de maître des eaux et forêts, ni sa fonction de chef de famille.

1685. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

À l’époque où les Italiens offraient au public ces attrayants spectacles, une jeune troupe d’enfants de famille, la plupart Parisiens de naissance, s’étant associés pour jouer la comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre, donnèrent, d’abord au Jeu de paume des Métayers, proche la tour de Nesle, puis au Jeu de paume de la Croix-Noire, sur le quai des Ormes, au port Saint-Paul, des représentations beaucoup moins fastueuses.

1686. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Et personne mieux que Leconte de Lisle ne fut « le bon poète », comme le définissait, je crois, Racine : « un bon père de famille qui fait de beaux vers ».

1687. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Il y a ici moins qu’une identité ; de là des comparaisons trompeuses qui ont donné lieu à de fausses conclusions, comme l’assimilation de la société à la famille, ce qui tendrait à faire du souverain un tuteur ou un despote.

1688. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Dans une famille de vielle richesse bourgeoise, et de hautes charges militaires, sous la galante et faible tutelle d’un grand-père épris, l’éveil d’âme d’une petite fille, sa vie de dignitaire minuscule dans l’hôtel du ministère de la guerre ; la naissance de son imagination par la musique, les lectures sentimentales, et cette précoce surexcitation que causent dans une cervelle à peine formée les exercices religieux préparatoires à la première communion  l’esquisse de ses passionnettes et de ses amourettes  puis le développement de la jeune fille fixé en ces moments capitaux : la puberté, le premier bal, la révélation des mystères sexuels  enfin l’étude, en cette élégante, de tout le raffinement de la toilette, des parfums du corps et des façons mondaines  son affolement de ne pas se marier, le léger hystérisme de sa chasteté, l’anémie, une lugubre lettre de faire part  en ces phases se résume le récent roman de M. de Goncourt, le dernier si l’auteur maintient, pour notre regret, un engagement de sa préface.

1689. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Par exemple, le Poussin a bien pu dans son tableau de la mort de Germanicus exprimer toutes les especes d’affliction dont sa famille et ses amis furent penetrez, quand il mourut empoisonné entre leurs bras ; mais il ne lui étoit pas possible de nous rendre compte des derniers sentimens de ce prince si propres à nous attendrir.

1690. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Le père de famille est revenu au milieu des siens ; il est revenu, envoyé par la Providence, pour consacrer nos droits, pour nous remettre en pleine possession de tant de belles prérogatives que nous étions menacés de perdre, à cause du mauvais usage que nous en avions fait ; dès lors nous avons pu jouir sans trouble d’une émancipation de fait, qui est devenue, par cette haute investiture, une émancipation légale.

1691. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Son premier principe est d’édifier les honnêtes gens, et de convenir aux pères de famille.

1692. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Qu’ainsi, dans l’ordre politique, l’orateur se pénètre des grands rapports du prince avec les sujets, et des sujets avec le prince ; qu’il sente avec énergie et les biens et les maux des nations ; que, dans l’ordre moral, il s’enflamme sur les liens généraux de bienfaisance qui doivent unir tous les hommes, sur les devoirs sacrés des familles, sur les noms de fils, d’époux et de père ; que dans ce qui a rapport aux talents, il admire les découvertes des grands hommes, la marche du génie, ces grandes idées qui ont changé sur la terre la face du commerce, ou celle de la philosophie, de la législation et des arts, et qui ont fait sortir l’esprit humain des sillons que l’habitude et la paresse traçaient depuis vingt siècles.

1693. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Cicéron, studieux amateur de l’ancienne poésie de Rome, parle des hymnes, des éloges en vers chantés aux repas funèbres et conservés dans le pieux souvenir des familles, à la suite des obsèques de quelques grands citoyens.

1694. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

En vain les Grecs en ont donné l’éxemple ; leurs Tragédies, remarquables par le naturel qui y règne, sont absolument vuides d’action ; elles ne tiennent qu’à deux ou trois familles ; roulent sur les mêmes intérets ; ont le même but, retentissent perpétuellement du dogme de la fatalité, & sont plutôt l’ébauche de l’Art, que l’Art aggrandi & perfectionné. […] Le goût françois est si exquis, si exact, si pur, si sage, si observateur des règles, si ennemi de l’audace & de la témérité qui égare la Jeunesse, qu’il ne pouvoit pas manquer de leur imprimer à toutes un air de famille ; c’est ainsi que dans une Communauté bien règlée, toutes les jeunes Nones uniformement vétues, & ne différant entr’elles que par un peu plus ou moins de hauteur, paroissent à l’œil satisfait un cercle de sœurs. […] Si les Grecs ont obéi aux unités de tems & de lieu, c’est que leurs Fables étoient extrêmement simples, & que, renfermés ordinairement dans deux ou trois familles, il ne s’agissoit guères que d’évènemens domestiques. […] Les sujets émanés de l’Histoire Romaine, de l’Histoire d’Angleterre, de l’Histoire de France, n’ont aucun rapport avec la famille d’Atrée : Cromwel & Guise ont une toute autre physionomie qu’Agamemnon, & qu’Hippolyte ; & ces nouveaux personnages exigent une autre forme dramatique que celle des Grecs. […] Dans le Philosophe marié, il a peint sa famille ; il a mieux réussi.

1695. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

» Ce plaît-il dans lequel l’écrivain s’embarrasse à plaisir et se contredit lui-même, est un de ces éclairs de génie de la même famille que le qu’il mourût du vieil Horace et le Moi de Médée, avec un rajeunissement complet de la forme. […] Esprit fin, — conteur charmant, — racontant les choses gaies, comme pas un ne sait les dire aujourd’hui, dans la presse grande et petite ; — gouailleur et cependant d’une profonde et toute spirituelle bienveillance ; — mais, comme je le lui reprochais, l’autre jour, dans le compte rendu d’Eva, appartenant trop à la famille des Darthenay ; — de plus, dans les occasions solennelles, se livrant, avec trop de tenue et de gravité, à des phrases de M.  […] Retranché dans ses mœurs de père de famille, mon compatriote frondait un jour les fantaisies royales. […] Celui-ci s’est passé en famille, et n’a pas eu de retentissement au-delà du monde des coulisses et d’un petit cercle d’écrivains. […] À propos d’une oraison funèbre Lorsque la justice a frappé un coupable, elle abandonne le corps du supplicié à la famille, qui obtient, de la tolérance de la loi satisfaite, le droit de le pleurer et de l’ensevelir en silence.

1696. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Achille Devéria surtout s’est fait remarquer au Salon de 1846 par un tableau, le Repos de la sainte famille, qui non seulement conserve toute la grâce particulière à ces charmants et fraternels génies, mais encore rappelle les sérieuses qualités des anciennes écoles ; — des écoles secondaires peut-être, qui ne l’emportent précisément ni par le dessin ni par la couleur, mais que l’ordonnance et la belle tradition placent néanmoins bien au-dessus des dévergondages propres aux époques de transition. […] Grâce à la nature, nos femmes n’ont pas tant d’esprit et ne sont pas si précieuses ; mais elle sont bien autrement romantiques. — Regardez la nature, monsieur ; ce n’est pas avec de l’esprit et des crayons minutieusement apointés qu’on fait de la peinture ; car quelques-uns vous rangent, je ne sais trop pourquoi, dans la noble famille des peintres. […] Mais, en dehors de ce cercle de famille, il est une vaste population de médiocrités, singes de races diverses et croisées, nation flottante de métis qui passent chaque jour d’un pays dans un autre, emportent de chacun les usages qui leur conviennent, et cherchent à se faire un caractère par un système d’emprunts contradictoires. […] Entre autres exemples de charité bien entendue, ils y verront que ce grand philosophe, à propos d’un peintre qu’on lui avait recommandé, parce qu’il avait du monde à nourrir, dit qu’il faut abolir les tableaux ou la famille.

1697. (1902) La poésie nouvelle

  Arthur Rimbaud naquit, en 1854, à Charleville, étroite petite cité, et dans une famille de stricte bourgeoisie, rigide, entichée de principes, honorable d’ailleurs et considérée, mais au moment où le désordre s’y mettait. […] Rimbaud, sous escorte de police, est reconduit à la gare du Nord et, par les soins du professeur, renvoyé dans sa famille.‌ […] Il n’y réussit que trop : il est bientôt, à force de n’avoir pas de domicile, arrêté pour vagabondage et reconduit à sa famille par la gendarmerie.‌ […] Et celui-ci, de son côté, débile et ombrageux, se vit relancer par sa famille, sa mère, sa belle-mère, sa femme. […] Il rejoignit sa famille, installée dans une ferme auprès d’Attigny.‌

1698. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Un des amis de ma famille, auquel j’étais allé rendre mes devoirs dans sa terre, disait à son fils : « Que signifient vos sollicitations éternelles et vos plaintes amères contre M. le ministre de la guerre ? […] Étienne et tous les censeurs de la police impériale n’auraient-ils pas frémi à la vue du jeune paysan illustré par son épée, dans les campagnes de la révolution, fait comte de Stettin par Sa Majesté l’Empereur, et s’écriant lorsque sa fille veut épouser un peintre : « Jamais, non jamais l’on ne s’est mésallié dans la famille des Stettin » ? […] La haute société, que le luxe de l’hiver exile à la campagne dès le mois de mai, a un immense besoin de romans ; il faudrait que vous fussiez bien ennuyeux pour l’être davantage qu’une soirée de famille à la campagne, un jour de pluie26.

1699. (1920) Action, n° 2, mars 1920

La Tempête pourrait être un second Roi Lear, à l’échelle de l’espèce plutôt que de la famille ; Cymbeline, on ne sait quoi plus noir qu’Iphigénie et Thyeste ensemble, le père tuant ses fils, la calomnie immolant dans Imogène sa plus pure victime, la plus douce innocence. […]   La famille du gérant, séant à son couvert, Pour finir le souper, attaque le gruyère, Une femme belle danse et pleure, triste Ophélie. […] Né dans une famille juive d’un père alsacien et d’une mère lorraine, il fait ses études à Metz, en langue allemande, puis à Strasbourg.

1700. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Pour ceux dont le fléau de la Terreur avait ravagé la famille et contristé l’enfance ; sur qui Fructidor avait passé comme un dernier nuage sombre ; qui s’étaient émus aux récits de Sinnamari et avaient salué avec espérance le rétablissement du culte et des lois ; pour ceux qui avaient épousé le Consulat, mais non pas l’Empire, et que cette dictature militaire comprimait comme un poids de plus en plus étouffant, pour ceux-là 1814 fut une joie bien légitime, une délivrance. […] Un déluge de maux couvre la terre ; une arche flotte au-dessus des eaux, comme jadis celle qui portait la famille du Juste ; mais cette arche-ci est demeurée vide, nul n’a été jugé digne d’y entrer ! 

1701. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Je remarquerai encore qu’à la réflexion cette particularité de famille n’est pas inutile pour nous rassurer sur l’âge de Médée, que les malintentionnés pourraient soupçonner d’être un peu vieille fille, à lui voir des neveux si grands ; mais ces neveux, on le sait à présent, ce sont par l’âge comme des frères. […] Jason essaye de la satisfaire et commence à lui parler de sa patrie ; puis, touché par degrés et gagné à la tendresse, il s’interrompt en s’écriant : « Mais pourquoi te raconter toutes ces choses que le vent emportera, et ma patrie, et notre famille, et la très-illustre Ariane, fille de Minos, nom brillant qui fut celui de cette vierge aimable sur laquelle tu m’interroges ?

1702. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Dans la nuit du 16 au 17 mars 1680, deux ans jour pour jour après la publication de la Princesse de Clèves, M. de La Rochefoucauld mourut : « J’ai la tête si pleine de ce malheur et de l’extrême affliction de notre pauvre amie, écrit Mme de Sévigné, qu’il faut que je vous en parle… M. de Marsillac est dans une affliction qui ne peut se représenter ; cependant, ma fille, il retrouvera le roi et la cour ; toute sa famille se retrouvera à sa place ; mais où Mme de La Fayette retrouvera-t-elle un tel ami, une telle société, une pareille douceur, un agrément, une confiance, une considération pour elle et pour son fils ? […] Je n’ai pas quitté cette pauvre amie tous ces jours-ci ; elle n’alloit point faire la presse parmi cette famille, en sorte qu’elle avoit besoin qu’on eût pitié d’elle.

1703. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

De même, s’ils venaient à découvrir un rocher d’un grain moins dur que les autres, et en dehors de la cabane, et dedans contre les murailles, les noms d’Angélique et de Médor, enlacés l’un dans l’autre par différents dessins, se lisaient en lettres intarissables. » Enfin ils s’éloignent à regret, après un long séjour, de la cabane ; Angélique, pour récompenser le pasteur et sa famille, leur laisse un bijou sans prix qu’elle a reçu de Roland. […] Le berger et sa famille lui racontent innocemment le séjour d’Angélique et de Médor dans leur cabane, leur union, leur félicité, leur départ pour les Indes ; ils lui montrent avec orgueil le bracelet précieux qu’Angélique leur a laissé en mémoire de son séjour ici.

1704. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Nos familles bourgeoises, qui ne se possèdent que depuis une ou deux générations, sont déjà fatiguées. […] Voir l’admirable peinture de la réaction dévote du commencement du XVIIe siècle, dans Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, chap. 1, et en général tout ce livre, peinture si vive et si originale des faits les plus délicats et les plus indescriptibles.

1705. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Homais rapporte à sa famille, sa gloriole de père infatué, le bonnet grec, la politique, les joies solitaires en un métier d’agrément, sont complaisamment décrits. […] Que l’on joigne à cette médiocrité des lieux et des gens, le mince intérêt des aventures, un adultère diminué de tout l’ennui de la province, la vie campagnarde de deux vieux employés, l’existence sociale de quelques familles moyennes à Paris, que traverse le désœuvrement d’un jeune homme nul, on reconnaîtra dans les romans de Flaubert, tous les traits essentiels de l’esthétique réaliste.

1706. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

En second lieu, nous croyons que Dieu a donné cet instinct de perfectionnement indéfini à l’homme comme une impulsion au dévouement méritoire que nous devons tous à notre race, à notre famille humaine, à nos frères en bien et en mal, à notre patrie, à l’humanité : s’intéresser au sort commun de sa race, travailler avec désintéressement au sort futur de cette race que l’on ne verra pas, c’est le dévouement, c’est le concours méritoire, c’est le sacrifice de la partie au tout, de l’être à l’espèce, du citoyen à la patrie, de l’homme au genre humain ; c’est le devoir, c’est la vertu, c’est le sacrifice, c’est la beauté morale. […] Or, pour que l’homme de bien se portât de lui-même à ce devoir difficile, il fallait qu’il eût en lui une secrète conviction de l’utilité de ce dévouement à sa famille terrestre ; il fallait qu’il crût vaguement à la possibilité de servir, d’améliorer, de perfectionner le sort commun.

1707. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Et, en effet, Edgar Poe appartient à la famille de ces esprits chez qui les sensations, les manières de voir et presque la manière de souffrir, tout, enfin, est marqué au coin de cette originalité effrayante qui ne vient ni de la hauteur, ni de la profondeur, ni de l’expression inattendue du génie, mais qui semble venir plutôt d’une différence spécifique dans la nature même de la pensée. […] Quoique marié (son biographe ne nous dit pas à quel autel), quoique marié à une femme qu’il aima, prétend-on, — mais nous savons trop comment aiment les poètes, — la famille ne créa point autour de lui d’atmosphère préservatrice.

1708. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

» Quoi qu’il en soit, cette mélopée religieuse et populaire, qui remplaçait pour les affiliés du christianisme tant d’autres plaisirs de l’imagination, tant d’autres attraits des yeux et du cœur, dut avoir une grande puissance dans l’Église et dans la famille. […] Issu d’une noble et riche famille, dans la belle colonie grecque de Cyrène, il a senti de bonne heure l’orgueil de sa race, la tradition patriotique des sentiments de ses ancêtres ; et, entre les missions difficiles que lui confiaient ses concitoyens à la cour des empereurs chrétiens, et les heureux loisirs qu’il goûtait dans ses vastes domaines de Libye, il a cultivé les lettres avant tout ; il les a cultivées d’abord, sans autre foi que la science même, sans autre pratique religieuse qu’un reste de polythéisme spiritualisé par la raison.

1709. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

— Geoffroy de Villehardouin naquit en Champagne ; sans doute dans le château de son nom, à sept lieues de Troyes, entre Arcis et Bar-sur-Aube, d’une famille ancienne et distinguée à la cour des seigneurs et comtes du pays.

1710. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

À cette modification de famille et d’orgueil, il s’en joignait en ce temps-là une autre pour Mme de Grammont, une mortification plus intime et plus secrète, qui tenait à la personne et à la beauté.

1711. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté.

1712. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Bossuet, né à Dijon le 27 septembre 1627, d’une bonne et ancienne famille bourgeoise de magistrats et de parlementaires, y fut élevé au milieu des livres et dans la bibliothèque domestique.

1713. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Il régnait dans la famille un esprit d’exactitude, de cérémonial et de purisme.

1714. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Lors même que, dans le sujet et la fable de Francus, il y aurait eu matière à une composition nationale, il manquait donc la famille des Jules et un Auguste demandant à Virgile L’Énéide au lendemain de son triomphe et de la célébration des jeux de Troie, et comme un magnifique couronnement de la paix du monde.

1715. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il semble qu’une veine légèrement romanesque et théâtrale circulât dans la famille.

1716. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Pour moi, ce dernier mot d’un esprit, même quand je serais parvenu à réunir et à épuiser sur son compte toutes les informations biographiques de race et de famille, d’éducation et de développement, à saisir l’individu dans ses moments décisifs et ses crises de formation intellectuelle, à le suivre dans toutes ses variations jusqu’au bout de sa carrière, à posséder et à lire tous ses ouvrages, — ce dernier mot, je le chercherais encore, je le laisserais à deviner plutôt que de me décider à l’écrire ; je ne le risquerais qu’à la dernière extrémité.

1717. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Streckeisen-Moultou, qui nous promet de tirer de ses papiers de famille d’autres pièces intéressantes encore concernant Rousseau, a droit à nos remerciments ; qu’il me permette cependant une critique que je ne puis passer sous silence, et qui peut être utile pour l’avenir.

1718. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Un remarquable mémoire, du Rôle de la Famille dans l’Éducation (1857), couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, termine cette suite de noviciats et d’épreuves sans fatigue, que récompensait chaque fois le succès.

1719. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot dans sa famille, très aimable, et l’y installe ; celui-ci couche dans un bon lit pour la première fois depuis des mois.

1720. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Calemard de Lafayette était, il y a une quinzaine d’années, un jeune littérateur de Paris ; il s’occupait de poésie et de critique ; il était du groupe de l’Artiste et en train de se faire un nom, tout en se livrant à ses goûts préférés, lorsque, vers ce temps, des circonstances de famille et de fortune l’enlevèrent à la vie parisienne : il avait le bonheur et l’embarras d’être propriétaire foncier ; il se retira dans ses terres aux environs du Puy, dans la Haute-Loire, et se mit à les exploiter lui-même ; il prit goût à l’agriculture, à l’amélioration du sol et des colons ; l’amour de la poésie l’y suivit, et il combina ces deux amours, celui des champs et celui des vers : il en est résulté le poème dont j’ai à parler et qui a paru il y a quelques mois.

1721. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Goethe y voit encore et surtout le paysage, la beauté des lignes environnantes, les contours : j’y vois pourtant d’autres choses moins belles ; j’ai Gnathon qui me dégoûte ; j’ai surtout ces parents qui remplissent le quatrième livre tout entier, ces parents honorables, réputés honnêtes gens dans leur cité, qui ont cependant exposé leurs enfants de gaîté de cœur, les uns parce qu’ils en avaient déjà assez (ils en conviennent) et qu’ils estimaient leur famille assez nombreuse, un autre parce que, disait-il, il était alors sans fortune ; ils les ont exposés, celui-ci comptant sur un passant plus humain que lui, les autres n’y comptant même pas ; ces infanticides qui, s’ils ne sont plus à la carthaginoise et sanglants, sont anodins et à la grecque, m’indignent, m’affligent du moins, m’avertissent que j’ai affaire, malgré toutes les Nymphes et toutes les Grâces, à un niveau de civilisation inférieure et dure.

1722. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

disait un des vieux soldats de l’insurrection ; elle est comme une famille dont les membres sont dispersés. » Les Grecs ne se considèrent pas comme définitivement constitués.

1723. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Il ne se réveillait, vers la fin, que par éclairs et lorsqu’on lui parlait du passé et des malheurs de sa famille.

1724. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Mais, si l’on veut être initié tout à fait au cénacle même qu’anime et qu’inspire cette fièvre félibrique, et prendre part au festival ou fête de famille de tous ces néo-trouvères venus de tous les points du Midi, il faut absolument voir le recueil des Parpaioun Blu, de M. 

1725. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Tout se ressentait, chez les anciens, même dans les relations de famille, de l’odieuse institution de l’esclavage.

1726. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

À consulter : A. de Rochambeau, la Famille de Ronsard, Paris, 1868 ; P. de Nolhac.

1727. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Aux fantaisies historiques d’Hotman sur la royauté élective et la souveraineté des Etats, il opposa la théorie de la monarchie française, héréditaire, absolue, responsable envers Dieu du bonheur public ; avec une nette vue de l’état réel des choses, il vit dans l’Etat la famille agrandie, et dans l’absolutisme royal l’image amplifiée de la puissance paternelle.

1728. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Le comique même de Meilhac et Halévy lui paraît cruel ; et, au contraire, quoiqu’il ne se méprenne assurément pas sur la valeur des œuvres, il a d’amples indulgences pour Nana Sahib, pour Formosa, pour la Famille d’Arbelles, pour les comédies de M. 

1729. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Et la Bohème en famille, ce bizarre intérieur du sculpteur Simaise, la mère dans un hamac, quatre grandes filles remplissant l’atelier de leur tapage, de leurs chiffons, une fête perpétuelle… « Plus ils vont, plus ils sont joyeux.

1730. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel… Aussi ne se joue-t-il pas à la ligne directe, et il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir ; il y a là des droits trop forts et trop inviolables : on ne les traverse pas sans faire de l’éclat, et il l’appréhende… Il en veut à la ligne collatérale : on l’attaque plus impunément ; il est la terreur des cousins et des cousines, du neveu et de la nièce, le flatteur et l’ami déclaré de tous les oncles qui ont fait fortune… Etc., etc… » Oh !

1731. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Le livre de Murger a enraciné dans toute la classe bourgeoise l’idée tenace que l’artiste est sale, vêtu de feutres mous, de pantalons à carreaux, de cravates à la Colin, qu’il ne paie jamais un fournisseur, qu’il est mal élevé, même s’il est de bonne famille, et qu’en somme c’est un individu taré, d’une tare spéciale, curieuse : celle d’avoir au moins un détail baroque dans sa tenue et un détraquement cérébral partiel.

1732. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Les étudiants, les fils de famille, les aristocrates, les souverains sont socialistes.

1733. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Montaigne a été une espèce de classique anticipé, de la famille d’Horace, mais qui se livrait en enfant perdu, et faute de dignes alentours, à toutes les fantaisies libertines de sa plume et de son humeur.

1734. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

En épousant ce jeune homme, son vassal, mais du nom de Stuart et de sa propre famille (29 juillet 1565), Marie échappait aux diverses combinaisons politiques dans lesquelles on essayait de l’attirer pour un second mariage, et elle eût peut-être fait en cela une chose raisonnable, si elle n’eût pas fait avant tout un acte de caprice et de passion.

1735. (1903) Zola pp. 3-31

Avec un peu de Taine mal compris et peut-être de Claude Bernard mal lu, et peut-être avec le souvenir d’une boutade de Sainte-Beuve : « Je fais l’histoire naturelle des esprits », il se dit que l’homme était le produit de sa race et un peu de son milieu, et il se dit qu’il serait intéressant de faire l’histoire d’une famille de 1840 à 1870.

1736. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Féré (La famille névropathique) répète plus catégoriquement.

1737. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Dans l’état actuel de la science, nous ne savons véritablement pas ce que sont même les principales institutions sociales, comme l’État ou la famille, le droit de propriété ou le contrat, la peine et la responsabilité ; nous ignorons presque complètement les causes dont elles dépendent, les fonctions qu’elles remplissent, les lois de leur évolution ; c’est à peine si, sur certains points, nous commençons à entrevoir quelques lueurs.

1738. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

On sait assez qu’Orgon, — et c’est une des grandes beautés de l’ouvrage — a deux caractères, selon, pour ainsi dire, qu’il est tourné du côté de Tartuffe ou tourné du côté de sa famille, autoritaire dans sa maison, docile au dernier degré devant « le pauvre homme ».

1739. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

C’est évidemment un poète de la famille du Dante, qui a mal tourné en tombant dans le monde moderne.

1740. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

L’homme qui se la versa et qui nous la verse est de la sensation, et peut-être de la famille, de l’épicurien intellectuel qui disait : « Je sacrifierais toute une hécatombe d’imbéciles pour sauver un rhume de cerveau à un homme d’esprit ! 

1741. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

De ces idées les unes ont été engendrées par la thèse du parallélisme elle-même ; d’autres au contraire, antérieures à elle, ont poussé à l’union illégitime d’où nous l’avons vue naître ; d’autres enfin, sans relations de famille avec elle, ont pris modèle sur elle à force de vivre à ses côtés.

1742. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Si l’on est charmé, à juste titre, par des vers comme ceux-ci : La fille de Minos et de Pasiphaé, ou L’effigie aux yeux clos de quelque grand destin ; on ne peut qu’être désagréablement affecté par le vers suivant : Ô père de famille, ô poète, je t’aime !

1743. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Notre patrie c’est notre famille agrandie. D’instinct, Stendhal est récalcitrant à la France, comme il l’a été à sa famille, et il serait désolé que l’on pût le soupçonner d’avoir subi l’influence du sol, d’avoir pris l’air de la maison. […] Il fut homme de famille, mari d’une femme pauvre, adorant ses filles, reclus et confiné, tout pénétré d’un profond sentiment domestique, d’une moralité absolue et, pour tout dire d’un mot que je n’emploie presque jamais, vertueux. […] Il a dit à plusieurs reprises : « Je fais une histoire naturelle des esprits. » Entendez par là qu’après avoir rassemblé les traits caractéristiques d’un personnage, il s’essayait à indiquer à quelle famille d’esprits ce personnage lui paraissait appartenir. […] Le Tasse est de la famille de Virgile, et Horace et Arioste sont de la même famille.

1744. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Comme nous refusions de les écouter, ils nous dirent qu’on jetterait nos cadavres à la voirie et que nos familles seraient chassées de la ville et tenues pour immondes. […] Le tourbillon de leurs querelles montait jusqu’ici, troublait mon repos, — pourtant bien gagné, — chagrinait mon fils, effarouchait le Saint-Esprit dont tous se prétendaient, d’ailleurs, inspirés… Ce qui m’a la plus offusqué, c’est leur rage de s’immiscer dans mes secrets de famille : la question de savoir si mon fils m’était consubstantiel ou non a soulevé des orages. […] Mais si. — Tenez : je connais une famille composée de huit personnes. […] Cette famille achète quotidiennement douze livres de pain… et ce n’est guère. […] En jeûnant environ trente-six heures par semaine, cette famille se tire à peu près d’affaire.

1745. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Mais Théocrite appartient encore à la grande famille ; il en est par son originalité, par son éclat, par la douceur et la largeur de ses pinceaux. […] Ce même sentiment qui est celui de la puissance et du triomphe définitif du talent, je le retrouve chez quelques modernes qui sont de la grande famille aussi.

1746. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

» Alfieri n’en poursuivait pas moins ses diatribes et ses amours, et se mettait en règle avec l’avenir par ses tragédies mort-nées, en règle avec les rois en leur enlevant plus que leur trône, leur famille ! […] Ainsi avaient été arrêtés sous le titre d’otages une foule de jeunes gens des plus nobles familles.

1747. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Cacault répondit à tout cela que c’était moins le nom de l’ambassadeur que ses fonctions et son rang qui, par-dessus toute chose, pouvaient toucher cet orgueil ; que si ces deux cardinaux avaient des titres de famille plus vieux et plus beaux que les miens, ils n’étaient pourtant pas secrétaires d’État ainsi que moi ; que, quant à ce qui m’était personnel et relatif à mes tribulations passées et à mon inimitié contre la France, ce n’étaient que des inepties qui fondraient comme la neige dès que j’aurais été vu et apprécié. […] Enfin, pour ne pas trop m’étendre sur ce sujet, il était par malheur devenu l’intime ami d’une famille dont le mari, par soif du lucre, et la femme, par vanité, étaient mes plus cruels ennemis.

1748. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Le seul air de famille qui leur soit demeuré, c’est qu’ils semblent être les mêmes personnages se moquant, dans leur âge mûr, de ce qu’ils ont aimé dans leur jeunesse. […] Guillaume de Lorris, plus sage et plus discret que son continuateur, semble être de la noble famille des Racine et des Boileau, où la raison, loin d’être licencieuse, aurait plutôt peur d’être trop familière.

1749. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

J’en vois d’autres encore, dans cette douce famille d’esprits conservateurs, qui seraient plus comptés si nos richesses littéraires, presque trop grandes pour le peu de temps que nous avons à donner aux lectures solides, ne nous forçaient de négliger le bon pour le meilleur et de faire des choix même dans l’excellent. […] Est-ce par ménagement pour quelque membre encore vivant de la famille du cardinal ?

1750. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

C’est fermé… Et ce soir, nous sommes heureux de dîner en famille, dans un cénacle de cabotins, et de recevoir les vœux de bonne année d’un traître du boulevard ! […] Lefebvre… Cette sœur donnait de féroces détails sur l’ensevelissement à Paris, où se montrent tous les cynismes et toutes les avarices de la richesse, racontant qu’elle avait vu, de ses yeux, ensevelir un fils de grande famille, dans un vieux costume de pierrot.

1751. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Musset est de sa famille ; d’autres venus plus tard se sont nourris de la moelle de son ironie ; M. de Banville a égayé ses Odes funambulesques par d’étincelants paillons qui luttent de flamboiements avec les fusées d’Atta-Troll et du Conte d’hiver. […] Ces romans de Dickens sont devenus des livres de famille.

1752. (1894) Textes critiques

Mentionnons pourtant deux de ces visions encore inconnues : l’une parce qu’elle n’est point terminée (qui rejoindra un de ces jours la Sainte Cécile chez Le Barc : une famille de Bretons, des figures plus grandes qu’à l’ordinaire) ; l’autre sur une lettre à M. de Gourmont, voici deux ans, un bien vrai Filiger10 : je découpe deux morceaux au hasard de l’encadrement, car on sait que Filiger, œuvres assez reconnaissables, les aime signer en plus sur la bordure (j’ai gardé sa ponctuation rythmée de lied) : « La petite vierge en tête de ma lettre a été faite à votre intention, voilà quelques jours déjà… Vous voyez que je n’ai pas attendu de recevoir de vos nouvelles pour penser à vous ? […] Et dans les autres scènes il n’y a pas Don Juan : un philosophe tente vers le jurement un mendiant, un fils de famille berne un créancier, un seigneur et son valet s’inquiètent des éclairages d’une statue, tout cela est fort peu sexuel.

1753. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Né comme lui et peu de temps après lui dans le même quartier de Paris et presque dans les mêmes conditions de famille, voici comment il en parle à près de quatre-vingts ans, dans un de ses plus gracieux accès de verve : Boileau, correct auteur de solides écrits, Zoïle de Quinault et flatteur de Louis, Mais oracle du goût dans cet art difficile Où s’égayait Horace, où travaillait Virgile, Dans la cour du Palais je naquis ton voisin ; De ton siècle éclatant mes yeux virent la fin : Siècle de grands talents bien plus que de lumière. […] Quinzième enfant d’un père greffier du parlement, privé de bonne heure des soins et de l’affection de sa mère, opéré de la pierre à douze ans, nourri dans les collèges, ce dur et froid noviciat des enfants sevrés de leurs familles, jeté ensuite contre son gré dans des études de théologie et de jurisprudence dont les arguties lui répugnèrent, possesseur d’une petite fortune suffisant à la modestie de ses désirs après la mort d’un père laborieux ; sans ambition, sans intrigue, sans chaleur dans l’âme, mais non sans amitié ; amateur de tout ce qu’on appelle vertu par probité naturelle d’esprit et par ce penchant honnête qui est le bon goût de l’âme, il prit contre son siècle la plume de Caton le Censeur, et il écrivit des satires pour réformer le mauvais goût, comme, dans une autre fortune, il aurait pris la hache des licteurs pour réformer les mauvaises mœurs de sa patrie.

1754. (1884) Articles. Revue des deux mondes

L’organe de l’intelligence s’atrophie graduellement, et si les mariages ne se contractent qu’entre des familles imbues de la haine de la lumière, il se transmet, rapetissé, de génération en génération. […] Là les mâles s’accouplent avec les femelles d’espèces différentes (μή όμόφυλα) et ces familles nouvelles font souche si la taille des deux individus n’est pas trop différente et la durée de la gestation trop inégale entre les deux espèces. » Il n’est pas suffisamment incrédule à l’égard de la tradition qui fait descendre les chiens de l’Inde d’une chienne et d’un tigre.

1755. (1926) L’esprit contre la raison

Ainsi, par exemple, a-t-on parlé d’acte gratuit à propos de l’affaire Loeb et Léopold : l’assassinat d’un jeune garçon par deux étudiants d’excellente famille de Chicagov. […] Le fait divers défraya la chronique en 1924 : l’assassinat du fils d’une riche famille de Chicago Bobby Franck, 14 ans, par deux jeunes gens eux-mêmes fils de milliardaires, étudiants brillants, Nathaniel Leopold, fasciné par Nietzsche, et Richard Loeb.

1756. (1903) La renaissance classique pp. -

Une foule de pensées et d’images, de sensations et de sentiments, de vagues réminiscences ataviques et de beaux souvenirs de famille ou de patrie l’agitaient et le travaillaient obscurément. […] Sa conception toute patriarcale de la famille et de l’État, ses instincts autoritaires, son goût pour la pompe et les magnificences décoratives de l’histoire annoncent le chef de clan et, comme il aimait à s’en flatter, le haut baron féodal.

1757. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Aubenas a dit un mot à ce sujet, page 505 de l’Histoire de Mme de Sévigné et de sa famille (1842).

1758. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle assiste en honnête femme au débordement du temps, à celui de sa famille, et elle exprime le dégoût profond qui lui en vient.

1759. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

On a conjecturé d’après un passage de ses Poésies que son père, qui s’appelait Thomas, était peintre d’armoiries : en ce cas, l’enfant put épeler de bonne heure tous ces blasons de famille qu’il devait, à sa manière, si bien illustrer un jour.

1760. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Venu au monde la même année que Buffon (1707), d’une famille de paysans et de ministres ou vicaires de campagne, il prit goût aux plantes tout en se jouant dans le jardin du presbytère paternel ; son père occupait ses loisirs à cette culture, et l’on raconte que la mère de Linné, pendant sa grossesse, ne cessait de suivre avec intérêt les travaux de son mari.

1761. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Ginguené surtout, qui était Breton comme Chateaubriand ; qui avait fort connu sa sœur Mme de Farcy et toute sa famille ; qui savait des particularités intimes sur les premières erreurs du poète, sur les fautes dont s’était affligée sa mère, et qui s’en était entretenu avec lui depuis même son retour d’Angleterre ; Ginguené, honnête homme, mais roide et peu traitable, devenait un adversaire dangereux.

1762. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Le siècle dans lequel tous deux vivaient eut le mérite de faire cette distinction, et d’apprécier chacun sans les opposer l’un à l’autre : et aujourd’hui ceux qui triomphent de cette opposition et qui écrasent si aisément Bourdaloue avec Bossuet, l’homme de talent avec l’homme de génie, parce qu’ils croient se sentir eux-mêmes de la famille des génies, oublient trop que cette éloquence chrétienne était faite pour édifier et pour nourrir encore plus que pour plaire ou pour subjuguer.

1763. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Il a été plus de quatre ans à s’en consoler, et il n’y a eu qu’une nouvelle amour qui l’ait pu guérir… La preuve n’est pas la plus forte qu’on puisse alléguer en fait de fidélité, mais il faut prendre ces natures naïves et de la famille de La Fontaine comme elles sont.

1764. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Santeul, né en 1630, était un enfant de Paris, d’une ancienne famille bourgeoise : son père était un riche marchand de fer de la rue Saint-Denis.

1765. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

[1re éd.] une mèche de cheveux blancs qui était comme un signe de famille.

1766. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Bonstetten déjeunait un jour chez eux en famille ; il n’y avait que M. et Mme Necker, et leur fille non encore mariée et dans sa première jeunesse.

1767. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Je ne crois pas qu’il soit possible de ressentir un malheur de famille plus vivement que je ne ressentis la mort du roi.

1768. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Le point de vue des familles n’est pas nécessairement celui du monde littéraire et philosophique ; il serait plutôt tout l’opposé.

1769. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Il avait été auparavant, et sans doute après quelque revers de famille, dans une condition moins heureuse, et l’un de ses contemporains nous l’a montré dans une chambre voisine du ciel et « séparée en deux par une légère tapisserie que le vent soulevait », — une pauvre chambre d’étudiant.

1770. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

convaincu peut-être et converti, et cela dans une Compagnie dont l’égalité est le principe et dont la parole est l’âme ; — oui, être menacé de ne plus sortir d’une même nuance et bientôt d’une même famille, être destiné, si l’on vit encore vingt ans, à voir se vérifier ce mot de M. 

1771. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

J’entrai par l’appartement de la camarera-mayor, qui me vint recevoir avec toutes sortes d’honnêtetés ; elle me conduisit par de petits passages dans une galerie où je croyais ne trouver que la reine ; mais je fus bien étonnée quand je me vis avec toute la famille royale.

1772. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Craufurd, s’est cru autorisé à citer ou à analyser (tome XIX, page 466, de son Histoire) comme étant effectivement de Mme de Staël, et en lui en faisant honneur ; elle est, au contraire, désavouée par l’auteur de Coppet et Weimar ou, pour mieux dire, par la famille de Mme de Staël, comme indigne d’elle et comme n’ayant pu absolument sortir ni de son cœur ni de sa plume.

1773. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan sa méthode, et, sans louer ni blâmer, sans exprimer de préférence, sans prétendre conclure (me souvenant que la marque d’un esprit fin est peut-être « de ne pas conclure »), j’établis ainsi la famille d’esprits dont il est et à laquelle il appartient, en regard de celle qu’il repousse, dont il se sépare, ou qu’il ne rejoint que pour lui apporter un complément et un correctif bien nécessaire.

1774. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Ce qu’il était permis de dire aux anciens Grecs ne nous semble plus, à nous, convenable, et ce qui plaisait aux énergiques contemporains de Shakspeare, l’Anglais de 1820 ne peut plus le tolérer, à tel point que dans ces derniers temps on a senti le besoin d’un « Shakspeare des familles. » Nous connaissons, sans sortir de chez nous, de ces pruderies et de ces arrangements-là, mais bien vite nous en rions ; — nous en souffrons aussi.

1775. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

… Quoi qu’il en soit de nos désirs et, de nos regrets, la nécessité à laquelle Carthage est supposée réduite, après toutes sortes de gradations et de vicissitudes, exalte le fanatisme de la populace ; le Sénat cède, il est décidé qu’on immolera des enfants, et un, entre autres, pris dans une grande famille.

1776. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Si je suis homme d’industrie ou de commerce, que j’habite une rue du centre, que j’aie une famille, des enfants qui aient besoin d’air et de soleil, je puis, sous le plus beau gouvernement de discussion et de discours pour ou contre, n’avoir pas la liberté de leur procurer un jardin, une promenade salubre à portée de chez moi ; j’ai au contraire cette liberté, si j’habite en 1863 près de la Tour-Saint-Jacques où l’on a créé pour les habitants du quartier un commode et riant jardin déjà plein d’ombrage.

1777. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Le lendemain, ayant gagné le fossoyeur, elle trouva moyen d’approcher des restes tout sanglants ; elle coupa à chaque tête une mèche de cheveux qu’elle marqua et noua dans son mouchoir pour les remettre aux familles.

1778. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Renan, qui publie cette Vie de Jésus, laquelle est à bien des égards une version et interprétation de l’Évangile, telle que le Vicaire savoyard l’eût conçue et désirée en ce temps-ci, vit tranquille, prend les bains de mer en Bretagne avec sa famille, et voit son livre se débiter, se lire, se discuter dans tous les sens.

1779. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Par Agathias (Hist.V) nous savons que Paul, « issu de parents haut placés et riche fils de « famille, s’était de bonne heure livré à l’étude et à l’éloquence, et par « son mérite personnel avait accru la renommée qui s’attachait à « son origine. » — Par Paul (Anthologie), nous savons qu’Agathias était légiste ; par Michel Scholasticus (ibid), qu’il cultivait l’éloquence comme son ami.

1780. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Les dynasties hostiles, il les renversera et leur substituera des princes de sa propre famille ; il en fera une masse compacte et comme indivisible qui doublera ses ressources.

1781. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

D’après le témoignage d’un abbé-comte de l’ancien régime, cousin de M. de Talleyrand et qui avait été de ses camarades et collègues à Saint-Sulpice, à Reims et ailleurs, il paraîtrait qu’il était pied bot et qu’il y avait toujours eu un pied bot dans la famille.

1782. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Les doctrines religieuses, morales et politiques, les lois et les institutions qu’elles avaient consacrées, formaient comme un vaste édifice, demeure commune de la grande famille européenne.

1783. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Ce banquet est destiné précisément à fêter la vieille race, la tribu, la famille, la langue distincte, le contraire, en un mot, des dîners de l’ancienne Revue encyclopédique sous M.

1784. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

C’est alors, vers l’an de Rome 617, qu’un jeune homme d’une famille plébéienne, mais illustre, un élève formé de la main des philosophes grecs, Tibérius Sempronius Gracchus, « dont le caractère bon et humain n’avait pu être corrompu par l’orgueil exclusif de sa nation, » comme il traversait l’Étrurie pour aller servir en qualité de questeur dans l’armée qui s’assemblait contre Numance, fut frappé de l’aspect désolé de ce pays, célèbre autrefois par sa richesse ; il s’en demanda les causes, il songea aux grands remèdes : de là plus tard ses tentatives de tribun et sa catastrophe.

1785. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Notre poète, cédant à des considérations de fortune et de famille, s’était laissé attacher à l’ambassade de Londres, et il passa dans cette ville l’hiver de 1782.

1786. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Les femmes avaient plus d’existence chez les Romains que chez les Grecs ; mais c’était dans leurs familles qu’elles obtenaient de l’ascendant : elles n’en avaient point acquis encore dans les rapports de la société.

1787. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

I La famille des noms, comme on sait, se divise en deux branches, celle des noms propres et celle des noms communs, et on les distingue très justement en disant que les premiers, comme César, Tuileries, Cromwell, ne conviennent qu’à un seul objet, tandis que les seconds, comme arbre, triangle, couleur, conviennent à un groupe indéfini d’objets.

1788. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

quel paysan « vrai » est plus « comme dans la vie » que « le vieil bonhomme Grandgousier, qui après souper se chauffe à un beau clair et grand feu, et, attendant griller des châtaignes, écrit au foyer avec un bâton brûlé d’un bout, dont on écharbotte le feu, faisant à sa femme et famille de beaux contes du temps jadis » ?

1789. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

La Révolution le trouble, le dépasse, le ruine, le persécute : on le trouve chargé d’un achat de fusils en Hollande, puis emprisonné à l’Abbaye ; il est à la fois agent du comité de Salut publie et traité comme émigré ; sa famille est arrêtée, ses biens confisqués.

1790. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Parmi les gens du monde, Mme de Rémusat, avec quelque diffusion et sans grande force de pensée, en a écrit de charmantes, qui sont d’un esprit éclairé, agile, fin connaisseur du monde : mais les plus originales, je crois, sont celles de ce Doudan947 qui vécut précepteur, puis ami, dans la famille de Broglie.

1791. (1890) L’avenir de la science « V »

J’ai souvent fait réflexion qu’un Européen habile, sachant l’arabe, présentant une légende par laquelle il se rattacherait de façon ou d’autre à une branche de la famille du Prophète et prêchant avec cela les doctrines d’égalité ou de fraternité, si susceptibles d’être bien comprises par les Arabes, pourrait, avec huit ou dix mille hommes, faire la conquête de l’Orient musulman et y exciter un mouvement comparable à celui de l’islamisme.

1792. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Il n’est pas vrai que tous nos actes se réduisent à l’amour de nous-mêmes, « car la sympathie est un fait de la nature humaine dont l’influence se fait sentir loin, et qui constamment modifie et contrarie les impulsions purement égoïstes. » Et de même, l’utilité n’explique pas tous nos actes, puisqu’il n’est point rare de voir un homme refuser d’embrasser une profession lucrative, qui lui paraîtrait déshonorer les traditions d’orgueil de sa famille et choisir plutôt une vie de privations et de misère.

1793. (1886) De la littérature comparée

. — À mesure qu’il avance dans sa carrière d’écrivain, Sainte-Beuve tend à rapprocher davantage la critique de l’histoire : ses études, dont le recueil constitue un document si précieux pour l’histoire des lettres modernes, s’écartent de plus en plus du point de vue essentiellement esthétique de ses devanciers et de ses contemporains ; ses appréciations s’entourent de notes sur les ascendants de l’auteur, qu’il examine, sur sa famille, sa ville, sa province, sa race ; puis sur son enfance, sur l’éducation qu’il a reçue, sur les influences qu’il a subies ; puis il recherche quelles ont pu être ses opinions sur les matières les plus importantes : quelles étaient ses croyances religieuses ?

1794. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Au printemps, quelques ouvriers viennent de très loin, et quelques-uns avec leur famille.

1795. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Pariset, pauvre, inconnu, protégé par Riouffe, qui lui procura une place de précepteur dans une maison riche, fut si reconnaissant de ces marques d’affection, qu’il épousa la mère de Mme Riouffe, ne voulant plus avoir d’autre famille que celle de son ami.

1796. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Dès 1745, l’abbé d’Estrées avait prouvé, sur cette question de généalogie, que la famille des Anfrie, seigneurs de Chaulieu, était d’épée avant d’être de robe (circonstance réputée honorable), et qu’elle servait sur un bon pied du temps de Charles VII.

1797. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Mais il serait par trop bourgeois à nous d’aller demander au grand roi un genre de sollicitude qui serait celle d’un père de famille ordinaire.

1798. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Mais tout est disproportionné : le second volume contient des biographies sans fin de tous les membres de la famille royale, à commencer par Louis XVIII, et à finir par le duc d’Enghien.

1799. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Car nous sommes tous de la même famille ; nous avons tous les mêmes misères, auxquelles se mêle un rayon de grandeur : ce rayon-là, qui souvent ne brille qu’un moment et à travers mille nuages, La Rochefoucauld, ne l’apercevant pas en lui, quoiqu’il y fût sans doute mais bien caché, ne l’a pas reconnu dans les autres, ni dans Condé, ni dans Bossuet, ni dans M. 

1800. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Pendant les dangers de l’invasion, en 1814-1815, il se retira quelque temps dans la montagne, chez un curé parent ou ami de sa famille, et y resta à étudier.

1801. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Et à ce propos je ne puis m’empêcher de remarquer à part moi, en souriant, combien M. de Sacy est, en tout, de la famille d’esprits la plus opposée à celle de M. 

1802. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Chacun de nous est un petit monde où le monde entier se voit en raccourci et est véritablement comme en germe, et le proverbe italien cité par Pascal est très exact : « Le monde entier est fait comme notre famille » et même comme nous.

1803. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il s’agit de refaire l’âme humaine défaite, de refaire, en vue du bonheur des époux, la famille chrétienne, fondée en vue, de l’amour des enfants ; c’est l’égoïsme à deux de cette pauvre madame de Staël, élevé à sa plus haute, non !

1804. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Ce poème, cette ode des temps primitifs c’est la Genèse… Peu à peu cependant la famille devient tribu, la tribu devient nation… L’instinct social succède à l’instinct nomade… Les nations se gênent et se froissent ; de là les chocs d’empires, la guerre… La poésie reflète ces grands événements ; des idées elle passe aux choses.

1805. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Rien de tout cela n’était plus à propos, maintenant que l’enseignement descendu d’en haut, officiel et public, devait convenir aux pères de famille et au clergé.

1806. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Art, littérature, philosophie, religion, famille, société, gouvernement, tout établissement ou événement extérieur nécessite et dévoile un ensemble d’habitudes et d’événements intérieurs.

1807. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Guillaume Monod avait une très nombreuse famille. […] Sa famille le recueillit et le maria. […] Là où il n’y a ni familles à ménager, ni propriétés à conserver et à transmettre, à quoi bon le mariage légal, coûteux et compliqué ? […] 1906 Le totémisme Le mot totem est dérivé de la langue des Indiens Chippeway où otem est la forme possessive de ote, famille, tribu : Kit otem, ta famille. […] Un totem est une classe d’animaux ou de plantes à laquelle un clan, une famille se regarde comme liée par un ancêtre commun.

1808. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il a subi la pauvreté et le mépris dès l’âge où l’esprit s’ouvre, à l’âge où le cœur est fier955, à peine soutenu par les maigres aumônes de sa famille, sombre et sans espérance, sentant sa force et les dangers de sa force956. […] À trente et un ans, espérant une place du roi Guillaume III, il édita les œuvres de son patron, les dédia au souverain, lui remit un placet, n’eut rien, et retomba au poste de secrétaire chez lord Berkeley, cette fois chapelain de la famille, avec tous les dégoûts dont ce rôle de valet ecclésiastique rassasiait alors un homme de cœur […] Un enfant ferait deux plats dans un repas d’amis ; quand la famille dîne seule, le train de devant ou de derrière ferait un plat très-raisonnable ; assaisonné avec un peu de poivre ou de sel, il serait très-bon, bouilli, le quatrième jour, particulièrement en hiver.

1809. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

II Son talent y a aidé ; car ses opinions sont de la même famille que son talent. […] Ces beaux et solides esprits forment une famille naturelle, et les uns comme les autres ont pour trait principal l’habitude et le talent de passer des idées particulières aux idées générales, avec ordre et avec suite, comme on monte un escalier en posant le pied tour à tour sur chaque degré. […] Les officiers passaient une grande partie de leur temps avec lui et avec sa famille.

1810. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

C’est aussi le moment où Henri IV, en ayant fini de ses guerres, s’adonne en bon père de famille, en grand et habile monarque, au raffermissement et à la prospérité de l’État dans tous les ordres.

1811. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

L’office de sénéchal ou de grand maître de la maison des comtes de Champagne était héréditaire dans sa famille, et il en fut pourvu à la mort de son père.

1812. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils.

1813. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Un des gentilshommes les plus instruits et des plus beaux esprits de ce temps-là, M. de Tréville, issu d’une noble famille du Languedoc, élevé avec Louis XIV, cornette de la première compagnie des mousquetaires, était de la société intime de Madame Henriette ; il fut si frappé de sa mort soudaine qu’il quitta le monde le lendemain et prit le parti de la dévotion.

1814. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

On me fait remarquer qu’à cet égard il est un peu de la famille de Pline l’Ancien, lequel, surchargé pareillement d’affaires, d’offices administratifs et de commandements, trouvait du temps encore pour toutes les branches de littérature et de connaissances.

1815. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Issu d’une illustre famille, et en qui l’orgueil héréditaire surpassait encore les titres, il avait poussé plus loin qu’aucun autre de ses membres cette infatuation de la naissance, mais il ne s’y était pas endormi, et avait voulu que l’évêque en lui et le saint égalât le gentilhomme, j’allais dire le prince.

1816. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Je ne crois pas devoir demander grâce pour avoir osé conserver le grand chien de l’audience, qu’on a eu soin par décorum d’effacer dans l’imprimé, comme s’il n’y en avait pas un souvent aux pieds du maître dans les antiques portraits de famille.

1817. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Le baron de Besenval (prononcez Bessval ou Beusval pour faire comme l’ancienne société et avoir l’air familier avec le nom) naquit vers 1721 à Soleure, ou du moins d’une famille patricienne de Soleure, qui servait déjà la France.

1818. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Ils sont tyrannisés, ou du moins distraits longtemps par leurs familles, si ce n’est par leurs besoins.

1819. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Si l’on peut espérer d’en venir un jour à classer les talents par familles et sous de certains noms génériques qui répondent à des qualités principales, combien, pour cela, ne faut-il pas auparavant en observer avec patience et sans esprit de système, en reconnaître au complet, un à un, exemplaire par exemplaire, en recueillir d’analogues et en décrire !

1820. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Et Goethe que l’on peut citer à côté de Boileau, Goethe le grand et judicieux critique, a observé excellemment que « lorsqu’une famille s’est fait remarquer durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit en lui les qualités et les défauts de tous ses ancêtres : il en est de même, ajoute-t-il, des peuples célèbres qui, la plupart, ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la Nature les avait destinés à en offrir le modèle. » Et il cite en exemple Voltaire, le plus Français des hommes, celui que la Nature semble avoir chargé de représenter la France à l’univers.

1821. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

La Correspondance, dont nous devons communication à la confiance de sa famille, va nous montrer Horace Vernet le plus consciencieux des artistes, étudiant sans cesse et voulant voir de près tout ce qu’il avait à rendre, ne s’épargnant pour cela aucun voyage, aucune fatigue ; esclave de son art ; sachant supporter, après le tumulte de la vogue et les caresses de la popularité, les injures de la critique et, ce qui est plus difficile, les premiers signes de la froideur publique et de l’isolement ; donnant aux siens, plus jeunes que lui, des conseils d’un bon sens droit et mâle.

1822. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Ayant eu accès dans les papiers de famille conservés au château de la Roche-Guyon, il nous donne en toute hâte aujourd’hui le résultat de ses recherches, quelques pensées ou Maximes inédites ou presque inédites (une vingtaine tout au plus), quelques chapitres de Réflexions morales.

1823. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

. ; dans les séries achevées ou commencées des Mères de famille, du Chemin de Toulon, des Contemporains illustres, etc.

1824. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

S’ouvrant au comte de Tessé en juin 1696, au moment où il consentait (car c’était son tour alors de consentir) à ratifier sa paix particulière, il disait : « Au moins, Monsieur le comte, suppliez le roi de me donner un ambassadeur qui nous laisse en repos avec nos moutons, nos femmes, nos mères, nos maîtresses et nos domestiques ; le charbonnier doit être le patron dans sa cassine ; et depuis le jour que j’ai eu l’usage de raison, jusqu’au jour que j’ai eu le malheur d’entrer dans cette malheureuse guerre, il ne s’est quasi pas passé une semaine que l’on n’ait exigé de moi, soit par rapport à ma conduite ou à ma famille, dix choses où, lorsque je n’en ai accordé que neuf, l’on m’a menacé.

1825. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Je le demande à tous ceux qui ont le sentiment et le culte de la famille : Mme Roland avoue qu’elle aima à la fin un autre homme que son mari, qu’elle l’aima en tout bien, tout honneur, mais enfin qu’elle l’aima d’amour et de passion ; elle confesse que son mari, à qui elle crut en devoir faire l’aveu, en souffrit, comme c’était bien naturel et en ressentit de la jalousie.

1826. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Necker avait dit à sa famille réunie : « On m’a fait rappeler Necker, je ne le voulais pas ; mais on ne sera pas longtemps à s’en repentir.

1827. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

il y a de la santé dans tout cela : l’une saine, drue et vivace, l’autre d’une famille qui s’éteint et qui a en soi ses germes mortels.

1828. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Et ces hommes ne nous sont point étrangers : nous les avons connus ou nous devons les connaître un jour, ils sont de notre immense famille humaine ; ils appartiennent à notre humanité.

1829. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Il sera consulté encore ; il siège au Conseil, il correspondra toujours avec le maître, il prendra une part essentielle aux Affaires étrangères et aura une ambassade de confiance et de famille en Espagne ; mais d’autres désormais prétendront à l’intime faveur et à l’exercice du pouvoir : la roue a tourné77.

1830. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Il vient de poser la généalogie des La Feuillade et de nommer divers membres de la famille : « Celui-ci, dit-il du maréchal, se poussa à la guerre, et fut fort aidé à la Cour par son frère, l’archevêque d’Embrun, qui y était en considération, et qui lui céda ses droits d’aînesse.

1831. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Il ne perdait pas au change : il afferma l’abbaye de Saint-Germain pour 180,000 livres, « sans compter les prés réservés, et tout ce que les fermiers lui fournissaient de paille et avoine pour ses chevaux. » Avec cela, le Journal de Lhuynes nous apprend que certain jour il prétendit, ainsi que les princes du sang, ne pas devoir payer ses ports de lettres ; mais Louis XV, qui était assez ferme avec les personnes de sa famille, lui dit qu’il avait tort et qu’il devait les payer comme les autres.

1832. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Élisabeth l’éprouva au xiiie  siècle, tout comme au xviie la mère Angélique, quand elle révolta le monde et sa famille par la réforme de son abbaye.

1833. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Un chacun les doit estimer, Ainsi qu’un ange tutélaire ; La vertu, c’est de les aimer, L’innocence est de leur complaire… ; soit que, voulant consoler un fils affligé de la mort d’un père, il lui dise tout crûment : Un homme de bon sens se moque des malheurs, Il plaint également sa servante et sa fille ; Job ne versa jamais une goutte de pleurs Pour toute sa famille.

1834. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

On a un charmant portrait de Mme de Sévigné jeune par l’abbé Arnauld ; il faut qu’elle ait eu bien de l’éclat et de la couleur pour en communiquer un moment au style de ce digne abbé, qui ne paraît pas avoir eu, comme écrivain, tout le talent de la famille : « Ce fut en ce voyage, dit-il en ses Mémoires (à l’année 1657), que M. de Sévigné me fit faire connoissance avec l’illustre marquise de Sévigné, sa nièce… Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de M. son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poëtes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatoit d’agrément dans la mère et dans les enfants ! 

1835. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

C’est pourquoi il s’est élevé, superbe en sa hauteur, beau en sa verdure, étendu en ses branches, fertile en ses rejetons ; les oiseaux faisaient leurs nids sur ses branches ; les familles de ses domestiques, les peuples se mettaient à couvert sous son ombre. » Ailleurs Bossuet compare l’homme à un édifice ruiné, et ajoute : « Il est tombé en ruine par sa volonté dépravée », ce qui ne peut se dire d’un édifice et déplaît à Condillac.

1836. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Biographie : Jules Michelet (1798-1874 . fils d’un imprimeur ruiné par le Consulat et l’Empire, répétiteur dans une pension en 1817, professeur au collège Sainte-Barbe en 1822, maître de conférences à l’Ecole normale en 1827. supplée Guizot à la Sorbonne (1833-1836), puis est désigné pour la chaire de morale et d’histoire du Collège de France (1838).Éditions : Principes de la philosophie de l’histoire ; Précis d’histoire moderne, 1828 ; Histoire romaine, 1831 ; les Mémoires de Luther, 1835. 2 vol. in-8 ; Du Prêtre, de la Femme et de la Famille, 1844. in-8 ; le Peuple, 1816. in-8 ; le Procès des Templiers, 1841-52, 2 vol. in-4 ; l’Oiseau, 1850, in-12 ; l’Insecte, 1857, in-18 ; l’Amour, 1858, in-18 ; la Femme, 1859, in-18 ; la Mer, 1861, in-18 ; la Sorcière, 1832, in-18 ; la Bible de l’humanité, 1861. in-18 ; la Montagne, 1868, in-18 ; Histoire de France (Moyen Age, 1833-13, 6 vol. in-8 ; Révolution, 1847-53. 7 vol. in-8 ; Renaissance et Temps modernes, 1855-67, 11 vol. in-8), 1878-80, Marpon, 28 vol. in-12 ; 1885 et suiv., Lemerre, 28 vol. pet. in-12. — Œuvres posthumes : Histoire du xixe siècle, 3 vol., 1876 ; Ma Jeunesse (pub. p.

1837. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Ce qu’il y a de meilleur en lui, c’est sa capacité des joies de la famille, son affection de père ou grand-père.

1838. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

cet homme dont le premier roman a été précisément couronné par l’Académie, cet écrivain de vie si bourgeoise et qui est notoirement un si bon père de famille   Tsigane, oui.

1839. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Des séries entières de psaumes étaient consacrées à chanter le bonheur de cheminer ainsi en famille 197, durant plusieurs jours, au printemps, à travers les collines et les vallées, tous ayant en perspective les splendeurs de Jérusalem, les terreurs des parvis sacrés, la joie pour des frères de demeurer ensemble 198.

1840. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Tous les deux sont des politiques qui ont commencé par être écrivains ; ils ont passé par la littérature, ils y reviennent au besoin, ils l’honorent par leurs œuvres ; mais ils n’appartiennent pas à la famille des littérateurs proprement dits, à cette race qui a ses qualités et ses défauts à part.

1841. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Or, pour se concilier cette classe composée des plus anciennes familles de Perse, les princes de nouvelle formation ne trouvèrent rien de mieux que de réchauffer et de favoriser le culte des vieilles traditions historiques et nationales, les souvenirs des dynasties antérieures et des héros.

1842. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Né en Périgord, sorti d’une famille noble, après d’excellentes études à Sainte-Barbe, où il enseigna même, pendant quelques années, la philosophie et la théologie, il avait traversé la Révolution avec dignité, avec constance, subissant toutes les persécutions qui honoraient les victimes.

1843. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Née d’une famille noble de Bourgogne, Mlle de Chamrond avait reçu une éducation très irrégulière, très incomplète, et ce fut son esprit seul qui en fit tous les frais.

1844. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce M. de Bernières, issu, si je ne me trompe, d’une famille très liée avec Port-Royal, était homme de bien, d’un bon esprit, et vivait en parfait accord avec l’archevêque de Cambrai.

1845. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Le bon sens et le génie sont de la même famille : l’esprit n’est qu’un collatéral.

1846. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il a dîné, en passant dans les États de Brunswick, à la table de la famille ducale, et on l’a qualifié de marquis : il s’est soumis au titre après une légère réclamation.

1847. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Recueil de particularités inédites ou peu connues sur l’auteur des Essais, son livre et ses autres écrits, sur sa famille, ses amis, ses admirateurs, ses contempteurs.

1848. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Dans un genre plus uni et plus simple, j’aime aussi à noter une comédie en vers, Les Familles (1851), de M. 

1849. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il sent autant que personne la fragilité des choses et le néant de l’ambition ; il se dit tout ce qu’on peut dire, et il rencontre même certains accents élevés et d’éloquence : J’ai vu par là, dit-il (après l’énumération des malheurs de 1712), j’ai vu culbuter mille et mille projets, les soins et les peines de vingt années, mille fortunes mêlées à cela ; la désolation de la première famille du monde ; un deuil universel.

1850. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Armand Carrel, né à Rouen, le 8 mai 1800, d’une famille de marchands, apporta en naissant l’instinct militaire et je ne sais quoi du gentilhomme.

1851. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Né à Dijon le 7 février 1709, d’une ancienne et noble famille originaire de Savoie, et qui n’avait pris la robe qu’après avoir porté l’épée, le jeune de Brosses fit des études brillantes en sa ville natale, qui avait alors toutes ses ressources au complet, et qui sentait de tout point sa capitale.

1852. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Jordan, que sa famille avait engagé malgré son inclination dans le ministère et dans la profession théologique, avait un bon esprit, de la sagesse, du jugement : au loin, cela faisait l’effet d’être du goût.

1853. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Nous avons dit que les idées sont des espèces et que la lutte des idées est une lutte d’espèces ; en voilà une preuve nouvelle : l’humanité porte dans sa tête les embranchements, les ordres, les classes, les familles, les genres des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire et des Jussieu.

1854. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Corneille, à soixante-cinq ans, se fait aimer (tradition dans la famille Escoubleau) de la toute jeune marquise de Contades en lui promettant la postérité :  Chez cette race nouvelle, Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit.

1855. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Il faut entendre les cris d’une famille honnête, lorsqu’un enfant entraîné par son goût se met à dessiner ou à faire des vers.

1856. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

lequel offre au vagabond une chaise à la table de famille ?

1857. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Ces chefs-d’œuvre, composés dans chacune des villes savantes, des huit ou dix Athènes de l’Allemagne, par le Sophocle du lieu, et joués, pour ainsi dire, en famille, devant le Périclès du Margraviat ou de la Principauté, obtinrent un succès prodigieux ; et nos bons voisins purent croire qu’ils avaient enfin un théâtre national.

1858. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Le sens pratique des relations de droit commun entre les personnalités de l’ordre et de la famille fait défaut à cette moraliste qui veut juger la société.

1859. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Ce n’est pas dans un temps où la hiérarchie de la famille fondée par le christianisme a été si profondément ébranlée, en attendant qu’on la bouleverse tout à fait, qu’on peut apprécier Mme de Maintenon, la plus grande des femmes impersonnelles, car elle se compta toujours pour rien.

1860. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Par un de ces hasards comme il y en a dans la vie, il avait été mêlé à cette famille de Montijo dans laquelle l’Empereur avait choisi si romanesquement une Impératrice, et, petite fille alors obscure, il lui avait (détail qu’il nous donne dans ses Lettres à Panizzi) quelquefois fait manger des gâteaux chez le pâtissier.

1861. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Renan n’est point de la famille de ces Esprits de feu.

1862. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

qu’à applaudir à cette faveur d’une tombe dans la patrie, faite à un poète qui fut national et qui était assez pauvre pour rester exilé, après sa vie, à la place où il était mort… Avec la grâce franche, qui décore le don même qu’elle fait, le Ministre de l’instruction publique, qui est le Ministre des Lettres, a regretté de ne pas avoir à offrir à la famille de Brizeux une somme plus forte que celle qu’il a déposée sur son cercueil.

1863. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Richepin a des parentés naturelles avec ces Maîtres, noblesse oblige, et il est temps d’introduire dans la famille d’esprits dont il fait partie une individualité nouvelle.

1864. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Ils retrouveront leurs familles, dans leurs villages, après la paix, ou, s’ils tombent, dans le ciel.

1865. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il y a des hommes et des femmes, en grand nombre, qui trouvent que le bonheur n’a pas de patrie nécessaire, que la joie et le souci d’une fortune à faire ou à augmenter, d’une famille à élever, d’une âme à ennoblir, d’une place à tenir dans l’amitié de quelques-uns et dans l’estime de tous, suffisent amplement à remplir les heures et à les rendre brèves.

1866. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

« Il est vrai172, tu ne te verras plus accueilli d’une Il famille joyeuse et d’une excellente épouse : ils n’accourront plus, ces chers enfants, se disputer tes baisers et remplir ton cœur d’un charme secret : tu ne pourras plus, par ton courage, prêter force à toi-même et aux tiens.

1867. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Il y continua les mêmes accents sous un ciel plus favorable et dans l’ardeur d’un apostolat plus impérieux : mais en même temps il y fut poëte de la nature et de la vie privée ; il y fut poëte inspiré par les lieux comme par les souvenirs, mêlant ses joies de famille à ses épreuves de missionnaire, son amour humain à ses espérances célestes.

1868. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Elle se révoltera, un jour qu’elle l’aura surpris à décrocher les portraits de famille, en vue de remplacer par des cadres découpés les cadres anciens. […] Il ne découpe plus le bois ni le métal : et toute la famille, autour de lui, se félicite de ce changement, de la quiétude que répand la tardive sérénité de Truffaut. […] Son père insiste : pourquoi refuserait-elle ce parti excellent et la filiale satisfaction de sauver sa famille ? […] Elle a médité : elle a vu que son mariage avec Christophe Ongrand, qu’elle ne hait point, convenait à sa famille, convenait à l’église et convenait à elle-même. […] Il y a dans leur sang le sang de cette famille qui fut tout affolée par les hérésies ; et, il y a dans leur souvenir, dans leur incessante hantise, les convulsionnaires du charnier Saint-Médard.

1869. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Enquête sociale chez l’un, histoire naturelle des familles chez l’autre, le titre variait ; chez l’un et chez l’autre, c’était, sans plus, le même positivisme de tête et la même crudité d’exécution. […] J’ai quelque scrupule à écrire son nom de famille. […] Ceux-là aussi oublièrent que Gaud était de famille, et quelques-uns s’enhardirent à lui demander sa main. […] Et comme ils baragouinent tous breton, qu’ils se marient chez eux, et qu’il n’y a dans le village que trois familles, les Caous, les Floury, et les Maël, vous voyez d’ici la belle crasse d’ignorance qu’ils ont sur l’entendement… — Et Lome ? […] Malot prendrait toute une page : Zyte, Micheline, Les Millions honteux, Ghislaine, Le Sang bleu, Le Lieutenant Bonnet, Une belle-mère, Clotilde Martory, Sans famille, Madame Obernin, etc.), pour la langue, qui est chez M. 

1870. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il est le disciple insuffisant de tous les maîtres écrivains, il se croit de la famille de Bossuet parce qu’il allonge des périodes, et il ne remarque point que son style boursouflé, surchargé d’ornements vains, maniéré15 et pour tout dire décadent, ressemble au grand style classique à peu près comme à Versailles ou à Trianon, une contrefaçon exotique ou tudesque. […] Le lieutenant Le Gallic, Lazarine et sa famille, Hugues Courtin sont présentés si habilement (ce mot revient souvent, mais qu’y faire ?) […] Pris un beau jour de la fantaisie de restaurer des liens de famille dont il s’est peu soucié jusqu’alors, il arrive chez ce fils, le trouve fiancé à une jeune fille dont il s’éprend lui-même et qu’il séduit au point de l’épouser. […] Toulet nous offre le divertissement exquis, plus encore que par l’air de famille que nous y retrouvons, nous charment par ces traits qui les en font différer. […] C’est dans cette famille d’auteurs et non dans la première qu’il conviendrait de placer M. 

1871. (1899) Arabesques pp. 1-223

On se diluait en famille ; on se félicitait de cette bonne fange molle où croupir à l’abri du vulgaire semblait exquis ; on s’admirait tout en suçant des fleurs de nénuphar… J’ai jeté quelques pavés dans cette mare aux grenouilles. […] Désormais unie, accrue du frère, jadis égaré chez les Papimanes, toute la famille, — le savant, les forgerons, le professeur, l’artiste, — travaille à préparer la société dont Guillaume définit un jour l’idéal : « L’individu délivré, évoluant, s’épanouissant, sans contrainte aucune, pour son bien et pour le bien de tous. […] Alors seulement la loi d’amour agirait, on verrait la solidarité humaine qui est, entre les hommes, la forme vivante de l’attraction universelle, prendre toute sa puissance, les rapprocher, les unir en une famille, étroite » (p. 220). […] On convoque les électeurs ; on les étourdit d’une grêle de vocables dénués de sens précis ; on leur promet la lune pour après-demain sans faute ; on accuse le concurrent de coucher avec sa mère, avec le curé ou avec le vénérable de la Loge ; on ouvre un compte au Souverain chez le mastroquet ; on sème, à bon escient, les pièces de quarante sous. — Le jour du vote arrive, et l’électeur dépose, à peu près au hasard, dans un pot suspect, le bout de papier par lequel il s’imagine exprimer sa volonté… Après quoi l’Élu tire sa révérence et se met, tout de suite, à la besogne, à savoir : détourner du budget le plus d’écus possible afin de les distribuer, sous forme de places ou de subventions, aux membres de son comité, à leurs clients et à leur honorable famille. […] L’ouvrier marié et père de famille ne trouvera plus de travail.

1872. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Mignet, insistant sur le même rapprochement historique, écrivait le 12 février : « Elle (la nation anglaise) fit donc une simple modification de personnes en 1688, pour compléter une révolution de principes opérée en 1640, et elle plaça sur un trône tout fait une famille qui avait la foi nouvelle. L’Angleterre fut si peu révolutionnaire à cette époque, que, respectant autant qu’il se pouvait le droit antique, elle choisit la famille la plus proche parente du prince déchu. » Tout ceci visait de près à la prophétie.

1873. (1813) Réflexions sur le suicide

Il était dans un donjon, derrière ces grilles qui ne laissent pénétrer qu’une lueur brisée par des barreaux funèbres : et non loin de cet horrible séjour une campagne délicieuse, sur les bords verdoyants de la Tamise, lui offrait la réunion de tous les plaisirs que les affections de famille et les études philosophiques peuvent donner. […] Dans sa lettre à sa famille elle s’occupe des plus minutieux détails du ménage afin de montrer de l’insouciance pour l’acte qu’elle va commettre, de l’insouciance, grand Dieu, en disposant de soi sans votre ordre !

1874. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

— « Ce que je vous ai toujours recommandé, Criton ; rien de plus ; ayez soin de vous ; ainsi, vous me rendrez service à moi, à ma famille, à vous-même, alors même que vous ne me promettriez rien présentement ; au lieu que si vous vous négligez vous-même, et si vous ne voulez pas suivre, comme à la trace, ce que nous venons de dire, ce que nous avons dit il y a longtemps, me fissiez-vous aujourd’hui les promesses les plus vives, tout cela ne servira pas à grand-chose. […] Considérons à quelles choses elle s’attache, quel commerce elle recherche, comme étant par sa nature de la même famille que ce qui est divin, immortel, impérissable.

1875. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Si nous en croyons l’honorable Jérôme Paturot, qui tâta de cet exercice, quand il s’en fut à la recherche d’une position sociale, il leur tenait à peu près ce langage, dès qu’il pensait découvrir en eux des signes de vocation et des promesses de savoir-faire : « Thèse générale, pour réussir : il faut être apte à cuisiner une sorte de feuilleton de ménage, qui tienne dans la famille sa place quotidienne et son rôle économique, ni plus ni moins que le pot-au-feu. […] Ces guides, de petit format, peu coûteux, devraient être répandus avec profusion, chaque famille devant avoir le sien.

1876. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

L’interruption des Fêtes en 1885, l’interdiction, si fermement maintenue par la famille du Maître, de toute représentation de Parsifal hors Bayreuth, la première apparition de Tristan dans ce théâtre spécial, tout cela va attirer dans la petite ville franconienne une affluence inusitée. […] Leur esprit gardait un calme noble et sage : ils ignoraient l’amour sentimental (la famille même) les fièvres mortelles des chagrins, et la maladie et la misère qui causent l’émotion.

1877. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Toutes les divinités des eaux douces venaient se fondre, comme des affluents, dans l’immense famille des Océanides. […] Les personnages de ces peintures formidables semblent pourtant de sa famille, et visités par le même Esprit.

1878. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Le cardinal de Fleury, ami de sa famille, le fit venir, et lui déclara que, s’il continuait de la sorte, il n’avait rien à attendre tant que lui, cardinal de Fleury, vivrait.

1879. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Rosny s’attache dans un temps et pendant une trêve à Monsieur, duc d’Alençon ou d’Anjou, et l’accompagne en Flandre où lui-même il retrouve des alliances, des branches parentes de la famille de Béthune restées catholiques : il semble alors que si ce prince, duc d’Alençon, avait valu un peu mieux, il aurait pu s’affectionner Rosny et le débaucher peut-être du roi de Navarre.

1880. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

On débarque à Hyères, et chacun s’en va revoir son châtel et sa famille qui sont bien en souffrance depuis six longues années.

1881. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

À sa sortie du collège et de retour à Montpellier dans sa famille, il forma avec quelques jeunes gens diversement connus depuis, Fabre (de l’Hérault), Nougarède, etc., une espèce de petite académie qui se réunissait deux fois par semaine, et où l’on traitait des questions de littérature et de philosophie.

1882. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Il eut pour condisciples et pour amis de collège quantité de fils de famille qui devinrent depuis des personnages, et avec qui il resta lié.

1883. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Louis XIV, en le recevant à Marly dans le courant de mars, au plus fort de tous ses deuils de famille, lui avait dit ces paroles qu’il faut savoir gré au maréchal de nous avoir textuellement conservées : Vous voyez mon état, monsieur le maréchal.

1884. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

L’anecdote s’était conservée dans la famille, mais Jean Rou, qui la tenait de tradition, n’avait jamais eu occasion de voir la petite gravure très vantée, dont très peu d’épreuves avaient été tirées dans le temps.

1885. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Voici le passage dans lequel il parle du mariage de Mlle Soymonof (c’était le nom de famille de Mme Swetchine), âgée pour lors de dix-sept ans, et du choix que son père fit pour elle du général Swetchine, protecteur encore plus qu’époux : « C’était un homme d’une taille élevée et d’un aspect imposant, d’un caractère ferme, droit, d’un esprit calme et plein d’aménité.

1886. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Après d’excellentes études littéraires, sa famille le dirigeait vers la magistrature ; il était avocat, et presque déjà docteur en droit, si je ne me trompe, quand le génie de la couleur l’a séduit.

1887. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

— Consentiriez-vous à quitter votre patrie, si nous obtenions du duc qu’il vous laissât disposer de vos biens et sortir de ses États avec vos familles ? 

1888. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

La famille de Jomini, alarmée des conséquences d’un refus, le suppliait d’obéir.

1889. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Puisqu’on connaît le portrait de Mlle de Liron, puisque j’ai osé citer un passage de Mlle Aïssé malade, qui, en donnant une incomplète idée de sa personne, laisse trop peu entrevoir combien elle fut vive et gracieuse, cette aimable Circassienne achetée comme esclave, venue à quatre ans en France, que convoita le Régent, et que le chevalier d’Aydie posséda ; puisque j’en suis aux traits physiques des beautés que Mlle de Liron rappelle et à l’air de famille qui les distingue, je n’aurai garde d’oublier la Cécile des Lettres de Lausanne, cette jeune fille si vraie, si franche, si sensée elle-même, élevée par une si tendre mère, et dont l’histoire inachevée ne dit rien, sinon qu’elle fut sincèrement éprise d’un petit lord voyageur, bon jeune homme, mais trop enfant pour l’apprécier, et qu’elle triompha probablement de cette passion inégale par sa fermeté d’âme.

1890. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

On rappelle les exploits de Mandrin en 1754756, sa troupe de cent cinquante hommes qui apporte des ballots de contrebande et ne rançonne que les commis, ses quatre expéditions qui durent sept mois à travers la Franche-Comté, le Lyonnais, le Bourbonnais, l’Auvergne et la Bourgogne, les vingt-sept villes où il entre sans résistance, délivre les détenus et vend ses marchandises ; il fallut, pour le vaincre, former un camp devant Valence et envoyer 2 000 hommes ; on ne le prit que par trahison, et encore aujourd’hui des familles du pays s’honorent de sa parenté, disant qu’il fut un libérateur  Nul symptôme plus grave : quand le peuple préfère les ennemis de la loi aux défenseurs de la loi, la société se décompose et les vers s’y mettent  Ajoutez à ceux-ci les vrais brigands, assassins et voleurs. « En 1782, la justice prévôtale de Montargis instruit le procès de Hulin et de plus de 200 de ses complices qui, depuis dix ans, par des entreprises combinées, désolaient une partie du royaume757. » — Mercier compte en France « une armée de plus de 10 000 brigands et vagabonds », contre lesquels la maréchaussée, composée de 3 756 hommes, est toujours en marche. « Tous les jours on se plaint, dit l’assemblée provinciale de la Haute-Guyenne, qu’il n’y ait aucune police dans la campagne. » Le seigneur absent n’y veille pas ; ses juges et officiers de justice se gardent bien d’instrumenter gratuitement contre un criminel insolvable, et « ses terres deviennent l’asile de tous les scélérats du canton758 »  Ainsi chaque abus enfante un danger, la négligence mal placée comme la rigueur excessive, la féodalité relâchée comme la monarchie trop tendue.

1891. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il est de la famille de Molière et de Regnard, par la franchise de son vers, par la couleur, la plénitude, la largeur qu’il sait lui donner.

1892. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il croyait que le travail, la domination sur soi, la sincérité, la justice, le dévouement à la famille, à la patrie, à l’humanité, sont des devoirs dont la base est assez éprouvée pour que nous y donnions notre vie sans crainte de nous tromper trop grossièrement et pour que nos scepticismes et nos ironies ne soient plus qu’exercices de luxe et d’agrément passager.

1893. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Les jeunes revues insèrent périodiquement d’édifiantes attestations, où des docteurs empiriques certifient l’excellent usage du théâtre symboliste, du théâtre naturaliste, du théâtre des familles.

1894. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Les jeunes revues insèrent périodiquement d’édifiantes attestations, où des docteurs empiriques certifient l’excellent usage du théâtre symboliste, du théâtre naturaliste, du théâtre des familles.

1895. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Ainsi, je suis persuadé que les naturalistes tireraient de grandes lumières, pour le problème si philosophique de la classification et de la réalité des espèces, de l’étude de la méthode des linguistes et des caractères naturels qui leur servent à former les familles et les groupes, d’après la dégradation insensible des procédés grammaticaux.

1896. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Devenu père de famille, il eut un scrupule touchant.

1897. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Mais, même dans le civil, le gigantesque se retrouve bientôt à la fondation de l’Empire ; je le vois surgir dans cet échafaudage improvisé d’un trône à la Charlemagne, dans cette machine exagérée et ruineuse d’un Empire de toutes parts flanqué de royautés de famille.

1898. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mariée à un homme peu digne, et de qui elle finit par se séparer sur le conseil et du consentement de sa famille, elle n’abusa point de son malheur pour se croire le droit de se consoler.

1899. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

La famille n’avait qu’une crainte : c’était que cette jeune personne ne profitât de sa position nouvelle et des protecteurs qu’elle y trouverait, pour revendiquer le nom d’Albon et sa part d’héritage.

1900. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Voltaire choisit ce moment pour lui écrire comme à une puissance ; il la priait d’intéresser le roi de Pologne à la famille Sirven.

1901. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Voulant expliquer, par exemple, pourquoi le connétable de Luynes, pour le moins aussi digne d’être haï et méprisé que le maréchal d’Ancre, n’a pas encouru la même impopularité dans sa mémoire, il dira énergiquement : « C’est qu’il mourut au sein de sa grandeur, qui se continuait dans une famille riche et puissante ; et il faut toujours au vulgaire l’autorité d’un revers pour lui faire mépriser tout à fait les enfants de la fortune : il ne comprend guère que les dénouements. » Mais le plus souvent sa malice se recouvre, et plus d’un lecteur qui parcourrait le livre avec bonhomie pourrait la laisser échapper.

1902. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Né pauvre, de la plus honnête mais de la plus entière pauvreté, d’une famille où l’on mourait de père en fils à l’hôpital, il a raconté lui-même les impressions de son enfance dans ses Souvenirs, un petit poème plein d’esprit, de finesse, d’allégresse et de sensibilité.

1903. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Quand il se décida à se transporter à Paris avec sa famille, vers 1783 ou 1784, Mallet avait près de trente-cinq ans ; il était mûr, et il arrivait sur le grand théâtre avec toutes les qualités et dans les dispositions les plus propres pour le bien juger.

1904. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

On le disait parcimonieux à l’excès : le temps a révélé le secret de ses générosités envers sa famille, et plus d’un acte de bonté sobre et bien entendue.

1905. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Sa famille appartenait au petit commerce de Paris et se composait d’honnêtes marchands.

1906. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Sur ces entrefaites, Mme d’Épinay eut une affaire de famille désagréable : sa probité fut mise hautement en doute par ses proches ; la pauvre femme, qui avait été chargée par une belle-sœur mourante de détruire des lettres compromettantes, était accusée d’avoir brûlé un papier d’affaires important ; ce papier se retrouva depuis.

1907. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, dans le sens général où je le présente ici, et à égale distance des louanges exagérées de sa famille et des injures de ses adversaires, on peut consulter les Souvenirs de Dumont, de Genève, les Mélanges de Meister, de Zürich, et le Mémorial de l’Américain Gouverneur Morris.

1908. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

C’est une sainte Thérèse restée dans la famille, répandant à pleins bords sur ses parents, ses enfants, ses amis, ce cœur si généreusement intraitable, qui ne veut rien sacrifier de ses affections ; mais ce n’est pas l’héroïque vierge d’Avila, avec la circoncision austère de son cœur par amour de l’Époux Unique et ses trente monastères derrière elle !

1909. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Il était de grande race, de l’illustre famille romaine des Conti ; parmi ses plus proches parents il comptait trois cardinaux, et son oncle maternel fut Pape.

1910. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Et quand on songe que de tels supplices sont mêlés, dans cette Correspondance, à d’ignobles questions d’argent, à des possibilités ou à des perspectives de misère pour la femme qu’il aime, quand il ne sera plus, à des débats honteux d’affaires et de famille, toute cette prose abjecte jetée à travers la poésie de ces nobles et grandioses souffrances, le cœur se soulève, il semble que toute cette Correspondance soit, par toutes ces basses horreurs, profanée !

1911. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Bunsen et Max Muller, qui ont inventé une famille TOURANIENNE à l’aide de laquelle ils cherchent, de l’aveu de M. 

1912. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

L’homme moderne ne borne plus ses relations aux seuls membres de sa famille, de sa tribu ou de son groupe, il les étend aux limites de son cœur et de sa pensée, par-delà les espaces naguère ennemis ; et la profonde parole du personnage de Térence devient celle de nous tous, pour qui rien d’humain n’est étranger.

1913. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Pour ma part, quand je repasse dans ma mémoire les résultats de l’admirable enquête poursuivie inlassablement par vous pendant plus de trente ans, quand je pense aux précautions que vous avez prises pour éviter l’erreur, quand je vois comment, dans la plupart des cas que vous avez retenus, le récit de l’hallucination avait été fait à une ou plusieurs personnes, souvent même noté par écrit, avant que l’hallucination eût été reconnue véridique, quand je tiens compte du nombre énorme des faits et surtout de leur ressemblance entre eux, de leur air de famille, de la concordance de tant de témoignages indépendants les uns des autres, tous analysés, contrôlés, soumis à la critique — je suis porté à croire à la télépathie de même que je crois, par exemple, à la défaite de l’Invincible Armada.

1914. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il était marié et jouissait, en homme solitaire, des affections de la famille.

1915. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

La palme théâtrale disputée dans les Dionysiaques et dans les Panathénées semblait une distinction toute athénienne, privilège de pays et presque de famille.

1916. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Quoi qu’il en soit, Corneille, un peu après, prétexta des affaires de famille qui le rappelaient à Rouen. […] La pièce, en effet, s’ouvre par un projet de mariage, comme dans une simple comédie : Rodrigue aime Chimène, Chimène aime Rodrigue ; ils sont sur le point d’être unis, lorsque cette querelle imprévue survenant entre les deux pères rompt tout à coup les projets de bonheur des deux fiancés et des deux familles. […] Julie est de la maison et de la famille ; elle ne doit avoir et n’a en effet que des sentiments d’affection pour tous ceux qui la composent : on ne saurait donc invoquer cette raison que les mauvaises nouvelles trouvent toujours de prompts messagers ; il n’y a aucune malice dans son fait.

1917. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Nous disons il y a cent feux dans ce vilage, c’est-à-dire, cent familles. […] Dans chaque famille, monsieur, veut dire le maitre de la maison. […] On fait allusion au dauphin lorsque dans les familles des particuliers on apèle dauphin le fils ainé de la maison, ou celui qui est le plus aimé : on dit que c’est le dauphin par antonomase, par allusion, par métaphore, ou par ironie. […] zizanie n’est point en usage au propre, mais il se dit par métaphore pour discorde, mésintelligence, division : semer la zizanie dans une famille. […] Le changement d’état par lequel un citoyen romain perdoit la liberté, ou aloit en éxil, ou changeoit de famille, s’apeloit (…), diminution de tête : c’est encore une expression métaphorique qui peut aussi être raportée à la synecdoque.

1918. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Ce fut un double mariage, qui, en créant des liens de parenté entre les deux familles régnantes, acheva de mêler les deux nations85. […] Un procès de famille lui suggéra l’idée de l’autre. […] Eût-il été plus beau, pour ne rien devoir à personne, d’omettre des vérités propres au sujet, du même ordre, et, pour ainsi dire, de la même famille ?

1919. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Né à Paris sur la paroisse de Saint-Gervais, le 4 février 1688, d’un père financier et dans l’aisance, d’une famille originaire de Normandie qui avait tenu au parlement de la province, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux reçut une bonne éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il fit de fortes études ; il n’apprit nullement le grec et sut le latin assez légèrement, ce semble ; son éducation, plutôt mondaine que classique, et particulièrement son tour d’esprit neuf, observateur, et qui prenait la société comme le meilleur des livres, le disposaient naturellement à être du parti dont avait été feu Perrault, et dont, après lui, Fontenelle et La Motte devenaient les chefs, le parti des modernes contre les anciens.

1920. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Lorsque je vis le fils jeter de l’eau bénite sur le cercueil, je fus frappé jusqu’au vif du tableau de cette chaîne de bénédictions tantôt douces, tantôt déchirantes, qui lie toute la famille humaine et qui la liera jusqu’à la fin des choses.

1921. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Voilà le proie blême que se propose Villon, et c’est le même que travaillent à résoudre les enfants de famille du xixe  siècle….

1922. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Un jour, par exemple, le Dauphin, fils de Louis XV, qui était un peu persiffleur, la sachant très à cheval sur les hauts faits des Montmorency depuis qu’elle avait épousé un membre de la famille, lui dit pour la plaisanter : « Savez-vous, Madame, tous les exploits des Montmorency ? 

1923. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Une femme devant qui l’on parlait d’âge lit cette remarque : « Il n’y a qu’un âge pour les femmes, c’est quand elles ne sont plus aimées. » Louise Labé, elle, aurait dit : « Il n’y a qu’un âge fatal pour les femmes, c’est quand elles n’aiment plus. » Elle était de cette famille de poètes dont l’un, et qui était hier encore un d’entre nous, l’Enfant du siècle, s’écriait : « Le bonheur !

1924. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Et pourtant il est heureux pour Sophocle et Euripide, et pour l’honneur entier de leurs tragédies, que la légende ait régné dans l’antiquité sans partage, et nous ne pouvons savoir toute la gravité de l’échec qu’auraient subi leurs héros si l’on avait retrouvé au temps d’Aristote la correspondance d’Oreste et si l’on avait publié les papiers de Simancas de la famille d’Agamemnon.

1925. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Dès ses premières années et au sein d’une éducation de famille calme et honnête, sous l’aile d’une bonne mère, il est arrivé à la corruption d’esprit la plus profonde, à la satiété et à la nausée avant le plaisir.

1926. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Vinet, lisait le Cid en famille ; arrivé à cet endroit où Rodrigue exhale sa plainte, il sortit du salon et monta dans sa chambre : comme il ne descendait pas, on alla voir et on le trouva récitant tout haut ces Stances mélodieuses et fondant en larmes.

1927. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Pendant tout ce temps, on ne le voit demander que deux congés, le premier en septembre 1802, et une seconde fois en août 1807 pour revoir sa ville natale et sa famille, et pour vaquer à ses affaires domestiques en souffrance34.

1928. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

On a une famille, on s’est marié par amour, la femme sous un pseudonyme écrira aussi.

1929. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Il régnait alors dans les colléges, et à Sainte-Barbe en particulier, un esprit de famille et de camaraderie cordiale qui ne s’est pas perpétué partout.

1930. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Le Clerc a exprimé une vue historique très-séduisante et très-ingénieuse ; c’est que, sous Vespasien, il y eut un renouvellement d’études, et, pour tout dire, une véritable rénovation des travaux historiques : « Cet empereur, renonçant le premier aux traditions patriciennes de la famille des Césars qui venait de finir dans Néron, lorsqu’il reconstruisit le Capitole incendié par les soldats de Vitellius ou par les siens, ne craignit point d’en faire un musée historique où se dévoileraient, aux yeux de tous, les mystères de l’antiquité romaine…..

1931. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Mais même lorsqu’il y a quelque affectation chez lui (et il n’en est pas exempt), il n’a que celle qui ne déplaît pas parce qu’elle est sincère, que lui-même définit comme tenant plus aux mots, tandis que la prétention, au contraire, tient à la vanité de l’écrivain : « Par l’une l’auteur semble dire seulement au lecteur : Je veux être clair, ou je veux être exact, et alors il ne déplaît pas ; mais quelquefois il semble dire aussi : Je veux briller, et alors on le siffle. » Marié depuis juin 93, retiré de temps en temps à Villeneuve-sur-Yonne, il y conviait son ami et la famille de son ami ; il voudrait avoir à leur offrir, dit-il, une cabane au pied d’un arbre, et il ne trouve de disponible qu’une chaumière au pied d’un mur.

1932. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

J’ai pour garant de mon récit un témoin oculaire, très-spirituel, appartenant à la famille chez qui Mme de Krüdner avait logé pendant le peu d’heures qu’elle passa en ces lieux.

1933. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

La famille y est constituée aussi fortement que chez nous : tous ces barons sont mariés canoniquement ; Ysengrin a pour femme Hersent, Renart Ermeline ; Madame Fière la lionne figure aux côtés de Noble le lion, roi, comme il est juste, de la féodalité animale.

1934. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Voltaire ramasse un faisceau de pièces originales, d’où l’innocence de la victime ressort (1762) ; il reçoit chez lui les restes de la malheureuse famille ; il fait reviser le jugement ; pendant trois ans c’est sa principale affaire, et il finit par arracher la réhabilitation de Galas.

1935. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

ces jolis monstres dans le « Musset des familles »   Je vous assure qu’ils y sont.

1936. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Henriquel Dupont, une gravure adoucie et affadie qui lui arrondit les joues, qui lui donne un menton, qui lui façonne une bouche aimable, qui l’enjolive et l’éteint, qui le passe tout entier à la pierre ponce et qui, finalement, le fait ressembler à Mlle Bartet : bref, un portrait flatté, souriant, convenable, à l’usage de la famille.

1937. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

De celles de ces farces qui ne nous sont point parvenues, plus d’une, sans doute, avait son point de départ dans la comédie de l’art : ainsi, ce Docteur amoureux, dont Boileau regrettait la perte, était certainement de la grande famille des pédants dont la savante Bologne fut la cité natale.

1938. (1890) L’avenir de la science « II »

Le vrai, c’est que la nature humaine ne consiste qu’en instincts et en principes très généraux, lesquels consacrent non tel état social de préférence à tel autre, mais seulement certaines conditions de l’état social, la famille, la propriété individuelle par exemple.

1939. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

bienvenu soit celui qui ne demande qu’à augmenter la famille des fils de la lumière !

1940. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Dirai-je la critique et l’histoire impuissantes à comprendre les âges barbares, parce qu’elles se les figuraient à l’image des époques civilisées ; la poésie lyrique à peu près tuée en son germe, parce que toute effusion personnelle est d’un homme « mal élevé », ainsi que disait Buffon en parlant de Jean-Jacques ; enfin la vie du peuple et celle de la famille proscrites de la littérature comme choses basses et indignes de son attention ?

1941. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

C’est ainsi un Dieu officiel qui a établi toutes les puissances par lesquelles la terre est gouvernée ; c’est par lui que les rois règnent dans leurs royaumes et les pères dans leurs familles, si bien que se révolter contre l’autorité royale ou paternelle équivaut à se révolter contre lui.

1942. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Quand vient à mourir un prince, une princesse, un homme de haut parage, on tapisse une église de tentures superbes ; on dresse au milieu de la nef un catafalque qui cache l’autel ; on expose des tableaux qui racontent les hauts faits du personnage et de sa famille ; on construit des estrades où s’entassent marquises, duchesses et grands seigneurs ; on fait en un mot de la cérémonie funéraire une pompe théâtrale capable d’effacer les plus belles décorations des ballets royaux.

1943. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Le Musée des familles du 1er juin : id.

1944. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Mademoiselle Catherine de Birague est une jeune fille, noble comme une infante, à qui sa famille n’a légué qu’un écusson dédoré.

1945. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mais cette influence serait plus aisée à retrouver en d’autres membres de leur descendance, et la forme d’esprit de Mme Necker, adoucie, assouplie après la première génération, a dû entrer pour beaucoup dans le tour d’idées si élevé et dans le fonds moral, toujours éminent, d’une famille illustre31.

1946. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Elle ne transmettra point ces traditions qui sont l’honneur des familles, ni ces bienséances qui défendent les mœurs publiques, ni ces usages qui sont le lien de la société ; elle marche vers un terme inconnu, entraînant avec elle nos souvenirs, nos bienséances, nos mœurs, nos usages ; et les vieillards ont gémi de se trouver plus étrangers, à mesure que leurs enfants se multipliaient sur la terre.

1947. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Adressons nos remerciements en second lieu à M. le comte Jules de Cosnac, de l’illustre famille du prélat, et qui, en préparant l’édition du manuscrit qu’il possédait, en y adjoignant dans une introduction étendue tous les éclaircissements et toutes les notices désirables sur l’auteur, n’a reculé en rien devant certaines parties de ces Mémoires qu’une plume moins vouée à la vérité aurait pu rayer discrètement et vouloir dérober à la connaissance du public.

1948. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Guyau n’absorbait point la morale entière dans la sociologie, car il considérait que le principe « de la vie la plus intensive et la plus extensive », c’est-à-dire de la moralité, est immanent à l’individu, mais il n’en admettait pas moins que l’individu est lui-même une société de cellules vivantes et peut-être de consciences rudimentaires ; d’où il suit que la vie individuelle, étant déjà sociale par la synergie qu’elle réalise entre nos puissances, n’a besoin que de suivre son propre élan, de se dégager des entraves extérieures et des besoins les plus physiques, pour devenir une coopération à la vie plus large de la famille, de la patrie, de l’humanité et même du monde.

1949. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

I — La transmission des émotions et leur caractère de sociabilité La transmission des vibrations nerveuses et des états mentaux corrélatifs est constante entre tous les êtres vivants, mais surtout entre ceux qui sont groupés en sociétés ou en familles, et qui forment ainsi un organisme particulier.

1950. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Ces esprits suprêmes, une fois la vie achevée et l’œuvre faite, vont dans la mort rejoindre le groupe mystérieux, et sont probablement en famille dans l’infini.

1951. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Le plus fougueux des ultramontains consentirait-il à remettre entre les mains du seul juge infaillible non-seulement sa conscience et sa pensée, mais encore ses intérêts et ceux de sa famille ?

1952. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Une Famille noble.

1953. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

— Aigle de l’université de Paris, je vais vous le dire : il s’agit de donner au souverain des sujets zélés et fidèles, à l’empire des citoyens utiles ; à la société des particuliers instruits, honnêtes et même aimables ; à la famille de bons époux et de bons pères ; à la république des lettres quelques hommes de grand goût, et à la religion des ministres édifiants, éclairés et paisibles.

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