La langue d’Homère et de Sophocle serait seule digne de célébrer cette royale Vénus ; l’ampleur du rythme hellénique pourrait seule mouler, sans les dégrader, ses formes parfaites. […] C’est l’Initiation qui donne à Pindare la sainteté d’un David, et qui tire de sa lyre des accords dignes de la harpe du psalmiste hébreu ; c’est elle qui agite d’un souffle surnaturel les chœurs de Sophocle. […] On affirme que cette dame a entrepris d’endoctriner, de corriger, de conseiller M. le Dauphin, et de le pousser à toutes les actions dignes de lui. » Marino Cavalli touche à peu près juste. […] C’est un digne vieillard aux traits austères, gravement assis dans sa stalle. […] Elle traîne dans des babouches éculées des pieds dignes de s’appuyer sur un socle ; elle étale cette chevelure compacte et solide par laquelle on liait autrefois les captives au char du vainqueur.
dans le démonstratif, de faire voir ce qui est digne de loüange ou de blâme ; dans le judiciaire, de persuader, d’absoudre ou de condamner, &c. […] Ce mot nefastus en ce sens ne signifioit pas malheureux ; au contraire, nefastus & nefandus furent l’attribut des jours infortunés en un autre sens, qui signifioit, jours dont on ne doit pas parler, jours dignes de l’oubli ; ille & nefasto te posuit die. […] Après cette guerre du Péloponnèse, décrite par Thucydide, vient le tems célebre d’Alexandre, prince digne d’être élevé par Aristote, qui fonde beaucoup plus de villes que les autres n’en ont détruit, & qui change le commerce de l’Univers. […] Si Plutarque a repris Hérodote de n’avoir pas assez relevé la gloire de quelques villes greques ; & l’avoir omis plusieurs faits connus dignes de mémoire, combien sont plus répréhensibles aujourd’hui ceux qui, sans avoir aucun des mérites d’Hérodote, imputent aux princes, aux nations, des actions odieuses ; sans la plus légere apparence de preuve. […] « J’ai voulu qu’on m’enlevât, emmenez-moi vîte ; Rome est digne que tout dieu s’y établisse ».
Sa tradition est la seule vraie, la seule belle, la seule digne de l’avenir. […] N’est-ce pas se prouver inférieur que d’aliéner volontairement sa personnalité, que de conserver une religion digne de peuples enfants, que de ne jamais parvenir à incarner son vouloir dans les réalités ? […] Nous n’avons de recours qu’en une totale refonte de nous-mêmes, si nous voulons continuer à vivre une existence digne de ce nom et prévenir une plus ou moins imminente élimination. […] Elle a l’avantage de contraindre le propriétaire à demeurer digne de sa propriété, à en tirer le meilleur parti possible, à sans cesse s’efforcer et progresser. […] Ces nations étaient-elles dignes de subsister autonomes ?
Je dis sérieusement que cela est très fier, très noble et très digne qu’on se passionne pour celui qui le fait. […] On pouvait craindre que ce petit nègre pointu ne fût pas digne de lui. […] Elles protègent assez peu les lettres en France pour que tout écrivain digne de ce nom ait l’occasion de désirer la justice et le droit strict de la réaliser par tous les moyens qui sont en son pouvoir. […] Donato qui a été l’artiste, le seul artiste, le fascinateur adoré d’un public bien digne de lui. […] Des amis d’une telle bonne foi sont très dignes du P.
Le succès de Chatterton, dans lequel il a été si merveilleusement aidé par une Kitty27 digne du pinceau de Westall, a conféré à M. de Vigny un rôle plus extérieur et plus actif qu’il ne semblait appelé à l’exercer sur la jeunesse poétique, lui, artiste avant tout distingué et superfin, enveloppé de mystère. […] Lacroix qui veut bien perdre une minute de ses soirées si dignes de Walter Scott33. — Adieu, mon ami, si vous n’avez pas embrassé mon Victor sur les deux joues, j’irai vous chercher querelle.
La petite Timo dura peu de temps, à ce qu’il semble, et ne lui tint guère au cœur ; elle vieillit vite, et il se vengea ou de ses rigueurs, ou plutôt de ses infidélités avec le beau Diodore, par une manière d’épode sanglante, digne d’Archiloque ou d’Horace à Canidie : il la compare pièce pour pièce à un vaisseau qui ne peut plus soutenir la mer. […] Rien aussi de plus sévèrement douloureux ; ces douze vers, qui suffisent à tant de meurtres, et qui en regorgent pour ainsi dire, étaient dignes d’être inscrits sur la statue antique, au socle du marbre.
Vinet semble moins convaincu : on fera, dit-il, ce qu’on voudra de ces passages de Mme de Sévigné, témoin de ses derniers moments : « Je crains bien pour cette fois que nous ne perdions M. de La Rochefoucauld ; sa fièvre a continué ; il reçut hier Notre-Seigneur : mais son état est une chose digne d’admiration. […] M. de la Rochefoucauld ne nous a point paru pouvoir se séparer des deux femmes qui ont tenu une si grande place dans sa vie ; en le mettant, par exception, dans ce volume tout consacré à des gloires plus douces, nous ne sommes pas pour cela de l’avis que son succès a été un succès de femmes, comme il nous revient de temps en temps qu’on le murmure autour de nous : nous entendons simplement lui faire une faveur dont il est digne et dont, certes, il ne se plaindrait pas.
Un caractère digne d’être noté honore en mille endroits ces premiers épanchements d’une vie naturelle et pure : ce sont les sentiments de croyance et de moralité, si familiers, ce semble, à toute jeunesse qu’on ne devrait point avoir à les relever, mais si rares (nous assure-t-on) chez les générations venues depuis Juillet, qu’elles sont vraiment ici un trait distinctif. […] Et quant à ceux qui sont dignes de l’aimer et qui lui feraient honneur par de vrais talents, l’orgueil trop souvent les entête du premier jour ; sauf deux ou trois grands noms qu’ils mettent en avant par forme et où ils se mirent, les voilà qui se comportent comme si tout était né avec eux et comme s’ils allaient inaugurer les âges futurs.
Sa mine farouche et son poil terne lui donnent l’air d’un misanthrope ; il est digne de tout point de représenter le hobereau morose qu’il s’ennuie et vit chez soi. […] Ainsi préparé au beau style, il écrit en homme du monde, avec la correction et l’art d’un académicien ; il présente ses bêtes au public sans descendre à leur niveau ; il reste digne, il garde en tout le ton convenable ; il orne la science ; il veut qu’elle puisse entrer dans les salons ; il l’y amène en la couvrant de décorations oratoires.
Un peu plus de poésie, une main plus sûre, et telle scène de l’Ariane serait digne de Racine. […] Nérestan lui ôte toute espérance ; cette union serait un crime digne du poignard.
Il semble que Beckmesser n’ait pas été jugé digne de ce motif. […] Le public, un public choisi, était accouru en masse : l’immense salle était littéralement remplie, et ce qui prouve que la musique de Wagner commence à être très appréciée à Anvers c’est que presque personne n’a quitté la salle avant le dernier accord de l’orchestre. — Cela prouve en même temps que l’exécution s’est trouvée tout à fait digne de cette musique grandiose qui ne souffre pas la médiocrité dans l’interprétation.
III Le hasard semblait avoir préparé pour moi une scène digne de l’apparition. […] Elle aspirait à un époux digne d’elle surtout, parce que l’amour est un dévouement.
C’est en général dans les premiers temps littéraires d’un peuple, lorsque les croyances ne sont pas attiédies, et lorsque l’invasion du roman n’a pas encore eu lieu, que paraissent les épopées vraiment dignes de ce nom. […] Cependant, philosophes, poètes, historiens, vraiment dignes de ces noms, unissez-vous de cœur et d’action, au lieu de vous diviser par de vaines théories et de discuter pour de vaines préséances ; vous tenez les trois sceptres de la pensée, ne vous en faites point des armes les uns contre les autres, mais joignez-les en faisceau, et vous serez invincibles.
… Il y reconnaîtrait peut-être un esprit de son ordre, digne aussi d’être catholique. […] Ce troisième volume des Origines de la France contemporaine, très digne du second, on a cru qu’on en diminuerait l’effet en n’en parlant pas, et on s’est tu.
Autre tradition vulgaire : les premiers rois qui furent élus, c’étaient les plus dignes. […] Elle est digne de nos méditations, cette pensée de Dion Cassius : la coutume est semblable à un roi, la loi à un tyran : ce qui doit s’entendre de la coutume raisonnable, et de la loi qui n’est point animée de l’esprit de la raison naturelle.
C’est dans cette période de sa vie, j’imagine (car je ne vois pas d’autre moment où placer convenablement cet épisode) que le digne abbé, qui avait d’ailleurs des mœurs pures, mais non pas dans le sens strict de sa profession et de son ministère, paya son tribut à la faiblesse humaine.
« Cher Monsieur, « Je lis votre article sur Cousin, d’un sentiment si digne et si élevé.
Si l’amour appelé vertueux, l’amour dans l’ordre et le mariage, lui paraissait peu favorable à son cadre de roman, s’il voulait l’amour libre et sans engagements consacrés, eh bien, c’était une conclusion encore satisfaisante et noble, encore digne d’être proposée de nos jours, non-seulement sans scandale, mais même avec fruit, au commun de la jeunesse ; du moins l’art, qui n’est pas si scrupuleux que la morale exacte, y trouvait un but idéal, une terminaison harmonieuse.
Fortoul a dû éprouver que tout n’est pas vain dans ces efforts pittoresques qu’il a dénoncés quelquefois comme arriérés, et qu’il y a un art propre, constamment digne du plus sérieux souci, dans cette reproduction précise et splendide de la nature, dans cette transparence limpide de couleur, dans ces coups de pinceau du génie, que toutes les théories du monde ne donnent pas sans doute, mais qu’elles doivent reconnaître, saluer et cultiver.
Sitôt qu’on les endossait, on devenait roide ; l’étiquette vous prenait ; vous vous retranchiez tous les mouvements prompts et abandonnés ; vous deveniez digne ; vous ne parliez plus la langue ordinaire ; vous vous réduisiez à un certain nombre de mots et de tours approuvés ; les autres étaient écartés comme familiers et roturiers ; vous deveniez un personnage de représentation ou d’antichambre, à la longue un mannequin.
« Le malheur fut que M. de Reinach se jugeât digne d’une commission considérable.
L’Académie n’a pas jugé ce chef-d’œuvre digne de ses suffrages.
Certes, il ne faut pas regretter de voir les peuples passer de l’aspiration spontanée et aveugle à la vue claire et réfléchie ; mais c’est à la condition qu’on ne donne pas pour objet à cette réflexion ce qui n’est pas digne de l’occuper.
Depuis, la publication de l’Histoire de la littérature anglaise, il ne s’est guère produit dans le domaine de cette méthode de tentatives dignes de mention.
Mais en même temps, il porte l’esprit aristocratique à un point qu’il est impossible à notre temps de comprendre ; il a pour l’industrie un mépris digne d’un grand seigneur féodal.
On ne peut trop encourager les grands seigneurs à un aussi digne emploi de leur superflu.
N’allez pas les effaroucher ; ils sont si peu préparés, ces dignes académiciens !
. | Soit qu’il élève les trônes, soit qu’il les abaisse, | soit qu’il communique sa puissance aux princes, soit qu’il la retire à lui-même et ne leur laisse que leur propre faiblesse, | il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui. | Car en leur donnant sa puissance, il leur commande d’en user comme il fait lui-même pour le bien du monde, | et il leur fait voir en la retirant que toute leur majesté est empruntée | et que pour être assis sur le trône | ils n’en sont pas moins sous sa main et sous son autorité suprême », Nous avons ici des membres de phrase presque toujours de dix-sept, dix-huit, dix-neuf ou vingt syllabes, donc presque égaux, plus égaux que dans le précédent exemple, et, puisque en même temps ils sont plus courts, obéissant à un rythme plus marqué ; la phrase est essentiellement nombreuse.
C’est l’anonyme, mais trahi à l’oreille, dans les intérêts du bas-bleu…, — le bénéfice du voile, cette invention la plus digne de la femme, qui la révèle, en la cachant.
Cette révolution chinoise ne sera donc pas le grand coup de balai final que sont parfois les Révolutions, quand les peuples déchus ne sont plus dignes de la foudre.
V Ainsi un artiste, — un peintre digne de l’histoire quand il voudra l’aborder, — voilà ce qu’est très sérieusement l’auteur de ce livre sur la main, qui, pour des gens plus graves que nous, ne serait pas sérieux.
Toute la vie de Raousset tient entre ces deux refus de se mettre à genoux, digne encadrure de son incoercible fierté !
Les sermonnaires, s’ils sont dignes de leur fonction, ne relèvent nullement de la Critique littéraire.
Quoiqu’il juge le mysticisme au point de vue de la philosophie et de la métaphysique humaine, et qu’à ce point de vue il le repousse et le condamne comme n’apportant sous le regard de la connaissance aucun système véritablement digne de ce nom, l’auteur est non moins net et non moins péremptoire, quand il le prend et quand il le juge au point de vue du catholicisme.
Hors le christianisme, y a-t-il un idéal de société, en d’autres termes, une société digne de ce nom, dans son sens absolu et métaphysique, et, s’il n’y en a pas d’autre, cette unique société est-elle soumise ou ne l’est-elle pas à la loi du progrès indéfini, comme les philosophes la comprennent ?
Elle donc était digne d’être religieuse, d’être sainte, d’être la première des carmélites du monde chrétien.
Or, cette œuvre qu’hier le poète dressait devant la postérité, comme son exegi monumentum, avec une piété sincère à sa mémoire, est-elle réellement digne, si rien de nouveau et de différent ne vient s’y ajouter, du regard qu’elle provoque et qu’elle veut captiver pour des siècles ?
Il y avait même, oubliée et digne de l’être, une vieille pièce intitulée Manon Lescaut, et on l’a remise à la scène, on l’a recampée, ô Rocambole !
Il ne faut pas oublier que, digne d’être chrétienne par son âme, en réalité elle ne l’était pas, et qu’elle se trouvait pourtant sinon la force, au moins assez d’amour pour se sacrifier à ce qu’elle ne croyait pas, et peut-être à ce qu’elle méprisait !
Quelle raison peut nous faire juger beau le costume enrubanné du courtisan d’ancien régime, et vulgaire le simple vêtement bruni par le travail du terrassier, si ce n’est la pauvreté de notre esthétique, plus digne de sauvages ou d’enfants que d’hommes raffinés ?
La prévoyance de ces maux et l’effort du législateur pour les combattre lui inspirent quelques vers dignes de cette sagesse politique dont Pindare redira les maximes.
Lucrèce, Horace, Virgile, Tacite pouvaient fournir des exemples d’une langue pittoresque digne d’être étudiée ; nos livres ne formaient que des forts en discours latin, des élèves habiles à plaquer la banalité, mais incapables de créer les images et les mots du langage artiste. […] Un digne élève de Socrate seroit le plus vertueux de ses contemporains ; un digne émule de Gaton en seroit le plus grand. […] Ce sont là des antithèses admirables, dignes de Pascal. […] On discute pour s’éclairer, on s’arrête avec la dispute, chacun s’amuse, tous s’en vont contents : et le sage même peut rapporter de ces instructions des sujets dignes d’être médités en silence. […] Croyez-moi, celui qui s’estime véritablement lui-même est peu sensible à l’injuste mépris d’autrui, et ne craint que d’en être digne… L’homme droit, dont toute la vie est sans tache, et qui ne donna jamais aucun signe de lâcheté, refusera de souiller sa main d’un homicide, et n’en sera que plus honoré.
Dans l’homme, c’est l’être social qu’on s’accorde à trouver le plus intéressant, le plus digne d’être étudié et connu ; le point de vue sociologique est devenu dominant sur toute la ligne des sciences morales. […] Ce que l’écrivain proprement dit, l’écrivain digne de ce nom, a en vue, ce n’est pas tant, comme le simple publiciste, la diffusion large et rapide, que la permanence de sa pensée. […] Mais enlève à mon égoïsme toute bassesse, toute vulgarité, afin que si je puis, par un effort suprême, faire et laisser un livre où mon âme demeure et qui reste ma vivante image, rien n’y palpite et n’y respire qui ne soit digne de la vie ! […] L’intarissable fécondité de Sophocle, vraiment digne d’être comparée à l’exubérance des Calderon et des Shakespeare, devient une réserve exquise analogue à l’art discret d’un Racine. […] Loin d’être des modèles et des objets d’amour pour le commun de l’humanité, les grands hommes, plus dignes de pitié que d’envie, sont souvent des victimes de l’hôte surnaturel qui s’établit en maître chez eux et qui leur vend la gloire au prix de leur bonheur, de leur repos et de leur âme.
Et l’autre camp n’est pas moins digne d’estime et d’admiration. […] Était-il digne de lui de faire des concessions aussi démesurées à l’hypocrite optimisme de la foule ? […] Il explique à Henriette que, s’il n’avait pas opéré ce sauvetage, il ne se serait pas cru digne de la posséder ! […] Si elle fait ainsi quelque chose de rien, jugez de ce qu’elle peut faire quand elle rencontre une chanson digne d’elle. […] Ce trait n’est-il pas digne de Piron ?
J’en connais peu qui soient plus dignes d’attention. […] Les chroniqueurs racontent que les combattants de cette lutte, maintenant oubliée, accomplirent des exploits vraiment dignes des héros d’Homère. […] Nous pouvons maintenant apprendre, par des récits dignes du sujet, l’histoire de l’art dans l’antiquité. […] Son cœur, épanoui d’espérance, défiait la force des choses de vaincre jamais la puissance invincible de son amour… L’exégèse de l’historien, élégante et sobre, vraiment digne d’un tel sujet, suivait, sans la troubler, la musique du divin poème. […] Le Métroon est un monument digne de la splendeur d’Olympie.
Jean Reynaud nous paraît un des plus dignes d’attention et d’estime ; car il exprime un penchant de l’esprit public, et mérite à ce titre d’être examiné tout au long. […] Quel est l’ami qui a inspiré ce mot charmant, digne du chapitre de Montaigne sur la Boétie ? […] Car à la cour il n’y a qu’une pensée digne d’être écoutée, celle du prince : toutes les autres ont pour devoir de la mettre en relief ; il n’y a qu’un intérêt digne qu’on s’en occupe, celui du prince ; tous les autres ont pour devoir de le servir. […] On se souvient des vers dignes de Fénelon où, son Joad recommande au nouveau roi la compassion et le soin du pauvre peuple. […] Étant sorti une quatrième fois, il aperçut un religieux mendiant dont la contenance grave et digne indiquait la sérénité intérieure, et tout de suite, sur cet exemple, il résolut de renoncer au monde.
Quel personnage réfléchi, toujours égal et digne ! […] VII Si le premier soin du Français en société est d’être aimable, celui de l’Anglais est de rester digne ; leur tempérament les porte à l’immobilité, comme le nôtre nous porte aux gestes ; et leur plaisanterie est aussi grave que la nôtre est gaie. […] Les sentiments grands et simples viennent d’eux-mêmes se lier à ces nobles images, et leur harmonie mesurée compose un spectacle unique, digne de ravir le cœur d’un honnête homme par sa gravité et par sa douceur.
Il n’y a peut-être de critique digne de ce nom que celle qui a pour objet des œuvres suffisamment éloignées de nous et dont nous sommes personnellement détachés. […] Henri, jeune avocat qui veut faire son chemin, fils du digne chef de bureau André Tasselin et neveu du banquier Jacques Tasselin, est fiancé à Mlle Ramel qui a 200.000 francs de dot. […] L’entourage de Zaza est digne d’elle.
Ce grand homme fit d’abord comme Quinault : il imita Corneille, mais il trouva quelques traits dignes du maître. […] Cette lutte dure jusqu’au dénoûment : admirable dénoûment, digne du caractère d’Andromaque. […] Par là Monime est cornélienne et digne sœur de Pauline, dont on croit entendre la noble langue, dans cette scène où Monime, plus grande que Mithridate, lui reproche les détours par lesquels il a surpris ses aveux : Vous seul, seigneur, vous seul vous m’avez arrachée A cette obéissance où j’étais attachée ; Et ce fatal amour, dont j’avais triomphé, Ce feu, que dans l’oubli je croyais étouffé, Dont la cause à jamais s’éloignait de ma vue, Vos détours l’ont surpris et m’en ont convaincue.
La conception de la vie que se font ses personnages est des plus primitives : superstitions dignes d’un sauvage, diplomaties de coquette, ou préjugés de dévote, scrupules d’étiquette propres à l’homme du monde ; le tout reposant sur des sentiments très nets et définis, précis comme des formules mathématiques, — ambition, amour, jalousie, — le tout se jouant sur le vieux fond humain le plus primitif. […] Alors un a poète pensé que l’épopée devait se transformer et s’appliquer à telle ou telle classe d’individus digne d’intérêt et de pitié, et Victor Hugo a écrit les Misérables. […] Si la vraie sociabilité des sentiments est la condition d’un naturalisme digne de ce nom, le réaliste, en voulant être d’une froideur absolue, arrive à être partial.
Une âme capable et digne de cet effort ne se demanderait même pas si le principe avec lequel elle se tient maintenant en contact est la cause transcendante de toutes choses ou si ce n’en est que la délégation terrestre. […] La Création lui apparaîtra comme une entreprise de Dieu pour créer des créateurs, pour s’adjoindre des êtres dignes de son amour. […] Une énergie créatrice qui serait amour, et qui voudrait tirer d’elle-même des êtres dignes d’être aimés, pourrait semer ainsi des mondes dont la matérialité, en tant qu ’opposée à la spiritualité divine, exprimerait simplement la distinction entre ce qui est créé et ce qui crée, entre les notes juxtaposées de la symphonie et l’émotion indivisible qui les a laissées tomber hors d’elle.
Flaubert : un Cœur simple, Hérodias, la Légende de saint Julien l’Hospitalier, sont certainement ce qu’il avait encore exécuté de moins digne de lui. […] Il ne les crée pas, à vrai dire, il les a rencontrés, et, les ayant rencontrés, il lui a paru qu’ils étaient dignes de son observation et de son pinceau. […] Daudet, parmi les jeunes romanciers contemporains, est du très petit nombre de ceux qui seraient dignes de vouloir vivre, survivre, et durer. […] Là pourtant, et nulle autre part ailleurs, est l’épreuve d’un écrivain vraiment digne de ce nom. […] Nous disons seulement que quiconque écrit, écrit d’abord pour ceux qui pensent, et qu’en thèse générale, certaines façons de penser vulgaires, — qui seraient plus exactement nommées des façons de ne pas penser, — ne sont guère plus dignes d’être notées par le romancier que certaines façons de parler ne sont dignes d’être enregistrées par le lexicographe.
Il y a aussi une vanité monstrueuse à nous apprendre, à nous petites gens, que nos petits scrupules surannés et nos préceptes de tempérance ne sont pas dignes de son attention1252. » Voilà les sentiments qu’il excitait dans toutes les classes respectables ; il s’y complaisait et faisait pis, donnant à entendre que, dans ses aventures d’Orient, il avait osé bien des choses, et ne s’indignant point quand on le confondait avec ses héros. […] Ce qui était grossier devient noble ; même dans cette aventure nocturne du sérail qui semble digne de Faublas, la poésie embellit la licence. […] Vous venez d’en avoir une, et digne d’un peintre ; est-ce qu’elle ne vaut pas celle d’un alderman ? […] Voici des vers dignes de Pope, très-beaux et très-faux : And havoc loathes so much the waste of time, She scarce had left an uncommitted crime.
N’a-t-il pas voulu se rattacher à la terre elle-même, quand il dédiait son premier volume de poèmes : « Aux paysages de l’Ile de France, ardents et limpides, pour qu’ils le protègent de leurs ombrages. » Le geste est élégant, le mouvement plein de grâce, en tout digne du sexe qui d’instinct sait trouver les attitudes et camper son personnage. […] Car, ne l’oublions pas, la sincérité est d’autant plus réelle qu’elle est plus inconsciente ; on pourrait même soutenir qu’il n’y a de vraie sincérité que celle qui est parfaitement inconsciente de sa valeur, et je note, comme tout à fait digne qu’on s’y arrête pour la méditer, à notre époque de repliement et d’examen perpétuel, cette observation de Carlyle : « Toujours la caractéristique d’une bonne réalisation est une certaine spontanéité. […] Donc ici je la vois pleinement sincère, grâce à la valeur de l’émotion directe qui commande l’inspiration et dicte l’expression — il faut insister sur ce mot : dicte — puisque le vrai poème, celui qui est digne de ce nom, doit se former dans le cerveau du poète sous la secousse directe qu’est la sensation : Car votre chair n’était qu’une fugace rose, Et si, quand vous pliiez sous l’amour exigeant, Vous sentiez tristement s’émietter vos argiles, Vous saviez bien que l’Homme est solide et changeant, Vous saviez bien qu’avec les fleurs longtemps écloses, Et les jours longtemps clairs qui sombrent dans le soir, Qu’avec l’automne vient la douleur de déchoir, Et que la Femme est brève entre toutes les choses ! […] Pourtant j’y veux joindre encore ce fragment lyrique, digne à tous égards d’André Chénier : Ô parfum de Paphos ! […] Il est des esprits myopes, irrémédiablement, pour qui nulle sincérité n’existe, en dehors de la représentation des objets immédiats : conception basse et bien digne d’une époque qui subit le joug avilissant de trente années de réalisme.
Lorsque Clotaire couronna son fils Dagobert roi d’une partie de ses États, il choisit Pépin comme le plus digne de guider sa jeunesse et son inexpérience. […] Mais, pour rapporter son entrevue avec Mirabeau, Rétif emploie des moyens plus élevés, et peut-être moins dignes de foi. […] Sa protestation reste sans effet, et il adresse aux membres du Comité une longue lettre, qui finit par des paroles aussi dignes qu’inutiles. […] Ainsi, il s’aperçoit fort bien que les badauds ont coutume de s’exalter sur des vétilles au sujet de l’art shakespearien ; mais il se refuse avec une sorte de joie mauvaise à reconnaître les choses dignes d’admiration qui s’y trouvent véritablement. […] Un véritable classicisme, digne d’être mis en parallèle avec la bonne antiquité, n’apparaît qu’en France avec Racine, par exemple.
Une énergie tout entière tendue au service d’un Idéal, telle est pour lui la définition de la seule vie humaine digne d’être vécue, et la valeur d’une civilisation se mesure au nombre d’exemplaires qu’elle est capable de produire d’un type de personnes pensant et vivant ainsi. […] Un intime sentiment de leur droit atavique les éclairait d’instinct sur la ligne à suivre pour que le pays jouât en Europe un rôle digne de son histoire, en même temps que le souci de l’intérêt national intimement lié à celui de la dynastie les incitait à gérer de leur mieux la fortune commune. […] Nous devions déjà, à cette digne fille de M. […] … Ne me réveille point, de grâce, parle bas… Cette honte, cette misère, c’est l’abaissement moral du pays, plus encore que ses malheurs matériels que l’artiste déplore, avec une mélancolie révoltée, digne de la Bible et des prophètes. […] Son image est là, et celle également de l’admirable évêque dont la parole l’a célébré avec une magnificence digne du vainqueur de Rocroy.
J’arrive maintenant à mon personnage, qui est digne de quelque chose de mieux qu’un bref éloge et un vague souvenir. […] Parmi les écrits du duc de Nivernais qui se rapportent assez bien avec cette ambition d’être gouverneur d’un prince et qui peuvent indiquer qu’il en était assez digne, on distingue au troisième volume de ses Œuvres quelques essais moraux (Sur l’état de courtisan ; Sur la manière de se conduire avec ses ennemis), toutes instructions et conseils qu’il adressait à son beau-fils, le comte de Gisors, celui qui fut tué à vingt-cinq ans à la journée de Crefeld.
Mme de Staël, qui y recevait d’ingénieux conseils, tels que celui, par exemple, d’être plus sensible au concert qu’au bruit des louanges, n’en eut pas moins, comme nous voyons, une reconnaissance qui honore son cœur, de même que ces conseils honoraient la raison digne et fine de Mlle de Meulan. […] Au mois de mars 1807, sous le coup de nouvelles douleurs domestiques, et dans un grand dérangement de santé, elle se vit forcée d’interrompre un moment son travail ; mais une lettre arrive, qui lui offre des articles qu’on tâchera de rendre dignes d’elle durant tout le temps de l’interruption.
» Nos dignes historiens de Port-Royal ont dit bien des banalités et des petitesses sur Mme de Longueville : cette qualité d’Altesse sérénissime les éblouissait. […] On peut excéder en la louant, et il est si naturel de se chercher soi-même quand on loue les autres, parce qu’il est aisé que nous nous regardions là dedans, que le meilleur est de peu louer, et d’attendre ce grand jour auquel Dieu ne rend pas seulement à chacun selon ses œuvres, mais où il louera lui-même ses saints. » Cette lettre de M. de Pontchâteau, dans sa naïveté et sa discrétion, est la plus digne oraison funèbre.
Analysons cet évangile d’un peuple qui avait Mirabeau, et courait à Marat ; les théories sont dignes des exécuteurs ; tout mensonge est gros d’un crime. […] Serait-ce une œuvre bien digne d’un Dieu que la création d’un instinct social qui n’aurait pour fin que de faire brouter en commun une race de bipèdes sur un sillon fauché en commun, afin que la mort, fauchant à son tour cette race ruminante à gerbes plus épaisses, engraissât de générations plus fécondes ces mêmes sillons ?
Un intérêt intime se mêlait alors en elle à l’anxiété publique ; quelques jours auparavant son âme était tout entière à des soins de famille, à l’union la plus digne préparée pour sa fille, à la pensée du jeune homme de si noble nom et de si grandes espérances que sa fille et elle avaient choisi, et maintenant c’était des apprêts d’une fuite nouvelle, l’attente d’un nouvel ébranlement de l’Europe, d’une ruine publique où pouvait s’abîmer tout bonheur privé, qui de toutes parts obsédaient cette âme active, que les incertitudes ordinaires de la vie suffisaient à troubler parfois jusqu’à la souffrance. […] Elle a fait home aux hommes de leur servitude ; elle a protesté contre la tyrannie ; elle a entretenu ou rallumé dans les âmes le feu presque éteint de la liberté monarchique, représentative ou républicaine ; elle a détesté à haute voix, quand tout se taisait ou applaudissait, le joug soldatesque, le pire de tous, parce qu’il est de fer, et qu’il ne se brise pas même, comme le joug populaire, par ses propres excès ; elle a donné du moins de la dignité au gémissement de l’Europe ; elle a été vaincue, mais elle n’a pas consenti à sa défaite, elle n’a pas loué l’oppression, elle n’a pas chanté l’esclavage, elle n’a pas vendu ou donné un seul mot de ses lèvres, une seule ligne de sa main à celui qui possédait l’univers pour doter ses adulateurs ou pour exiler ses incrédules ; elle a édifié et consolé l’esprit humain ; elle a relevé le diapason trop bas des âmes ; elle a trouvé dans la sienne, elle a communiqué à ceux qui étaient dignes de la lire, un certain accent antique peu entendu jusqu’à elle, dans notre littérature monarchique et efféminée, accent qui ne se définit pas avec précision, mais qui se compose de la sourde indignation de Tacite, de l’angoisse des lettres de Cicéron, du murmure anonyme du Cirque quand Antoine présente la pourpre à César, du reproche de Brutus aux dieux quand il doute de leur providence après la défaite de la cause juste, du gémissement de Caton quand il se perce de son épée pour ne pas voir l’avilissement du genre humain !
Ce n’est qu’une chronique de la Ligue et de la conquête du royaume de France par le roi de Navarre, Henri IV ; mais le sujet du poëme était national, le héros était populaire, les épisodes touchants, les vers dignes de lutter par l’élégance et l’harmonie avec les chants de Virgile, du Tasse, de Camoëns. […] Il apportait au théâtre une dernière tragédie, Irène, pièce peu digne de son génie, mais occasion de couronner dans l’auteur tant d’autres gloires.
Caro L’hommage le plus digne d’un grand poète n’est-ce pas l’obole offerte aux pauvres en son nom ? […] Paul Adam Victor Hugo, ce fut surtout le vulgarisateur d’un certain élan d’idées en honneur dans les milieux où il vivait… Il y eut dans son entourage des hommes comme Gérard de Nerval qui l’emportèrent sur lui en originalité et en intelligence… Notre-Dame de Paris, les Châtiments et tout le théâtre de Victor Hugo sont dignes de la portière.
Il a une manière d’avoir tort qui le rend digne d’avoir raison. […] Un an avant de se donner ce contentement trop peu digne de lui, la Bruyère écrivait les belles pages où il fait servir les vérités de l’astronomie à la démonstration de l’existence de Dieu.
On ne sait trop ; on y trouve des moutons bien blancs et bien peignés, dignes d’avoir pour les garder des Alcidor, des Daphnis, des Sylvie, des Amaranthe. […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton.
Ce Montrigaud est, d’ailleurs, très digne de ses confidences. […] C’est un enfantillage funèbre que cette comédie, et très peu digne de la grande rouée qui la joue.
Au lieu de rester dans son ménage La comtesse devient volage Elle fréquente de sales gigolos Dans les dancings et les tangos La pièce « Mon homme » n’est pas digne d’un homme. […] Tous sont ici représentés par de belles œuvres, dignes de durer.
Car la seule digne histoire du sang et du rêve, n’est-ce pas de l’initial Tressaillement du prime plasma qui veut sentir à l’extase de l’homme génial, de la dualité alvine et idéale qui… […] Une porte verdie de mousses et de fongosités dignes d’écrin.
Il a dit les hommes et les choses sur lesquels Philippe II s’est toujours misérablement et honteusement trompé, malgré les espionnages d’une diplomatie digne du Prince des Ténèbres et l’efforcement des plus profondes et des plus retorses combinaisons. […] Le livre de Forneron a la sienne, celle que les anciennes rhétoriques, maintenant dépassées, attribuaient jadis à l’Histoire : la beauté sévère et froide, et digne, sans rien plus.
L’auteur des Contemplations a rappelé la partie solide et artistement ciselée du poète charmant qui fut digne d’être Grec ; mais, quoique M. […] Hugo, et les vers sont dignes du système.
Et tout cela est présenté et raconté aussi avec une simplicité digne de cette jeune fille… incroyable ; car les jeunes filles faussées qui ont l’orgueil insensé d’être des hommes meurent ordinairement dans leur orgueil, quand elles ne l’humilient pas sous la croix. […] Edmond de Goncourt, digne par la distinction aristocratique de son talent de marcher sur un talon rouge, dépaysé en mauvaise compagnie avec eux comme un mousquetaire au cabaret, ne s’est pas, dans ce nouveau roman, tout à fait guéri de la maladie qu’il a contractée dernièrement dans de basses accointances littéraires.
Mais, cette remarque essentielle et inévitable une fois faite, que de droiture, d’honnêteté, de scrupule et d’ingénuité dans l’érudition et dans l’esprit du digne auteur !
A la demande qui lui fut faite d’ouvrir une salle de l’Hôtel-de-Ville pour y assembler le Gouvernement provisoire, il ne sut que consentir et donner à son monde l’ordre de tout préparer… On souffre de cette candeur excessive chez un magistrat si digne d’ailleurs de respect et si recommandable.
Une remarquable étude en vers sur Shakspeare l’avait préparée à cette excursion hardie, bien digne d’ailleurs d’un esprit aussi grave.
Quand la part qu’elles ont dans les affaires naît de leur attachement pour celui qui les dirige, quand le sentiment seul dicte leurs opinions, inspire leurs démarches, elles ne s’écartent point de la route que la nature leur a tracée : elles aiment, elles sont femmes ; mais quand elles se livrent à une active personnalité, quand elles veulent ramener à elles tous les événements, et les considèrent dans le rapport de leur propre influence, de leur intérêt individuel, alors à peine sont-elles dignes des applaudissements éphémères dont les triomphes de la vanité se composent.
II Voici la contemporaine de Jeanne d’Arc, l’excellente Christine de Pisan, si digne, si naïve, si pleine de vertu et de prud’homie, qui, raide comme un personnage de vitrail, s’applique, avec le grand sérieux des bonnes âmes du moyen âge, gauchement et gravement, à enserrer la langue balbutiante de son siècle dans la forme du style cicéronien comme dans un heaume lourd et trop large.
Il réussit à faire croire à la partie oisive et riche de la société que d’innover en fait d’usages mondains, de conventions élégantes, d’habits, de manières et d’amusements, c’est aussi rare, aussi méritoire, aussi digne de considération que d’inventer et de créer en politique, en art, en littérature.
Nous avons du moins la confiance que s’il apparaît parfois, dans son extrême complexité, un peu différent de celui auquel on s’était accoutumé, il n’en sera ni moins grand, ni moins attrayant, ni moins digne d’être aimé.
Souvent il déclare que le royaume de Dieu est déjà commencé, que tout homme le porte en soi et peut, s’il en est digne, en jouir, que ce royaume chacun le crée sans bruit par la vraie conversion du cœur 813.
C’était le seul théâtre que la jeune femme jugeât digne de ses triomphes.
Après avoir chanté la divinité, elle est descendue, par dégrés, aux créatures qu’elle a jugées dignes de son encens.
Leuret, si les phrénologues se fussent attachés à lier exactement telle faculté à telle circonvolution déterminée, il y aurait là quelque chose de positif et de digne d’examen ; mais non, ils font avec un crayon des départements sur des cartes.
Le christianisme ne doit pas être suspect d’amoindrir la personne humaine, puisqu’il l’a jugée digne d’être rachetée par le sang d’un Dieu.
Guizot, et il faut reconnaître qu’elle est conçue avec une vigueur et une précision dignes de cet éminent esprit.
Le premier volume de cette continuation a paru & on l’a trouvé digne de l’ingénieux Abbé Prevot.
Alors, par curiosité seulement, car je ne pouvais plus m’en fier aux journaux, j’ai voulu voir ce que les autres journalistes disaient de cet ouvrage, si célébré par leur confrère, et si peu digne de l’être.
— est digne du geste de Richelieu, quand Richelieu le prit sur l’échelon où le souple Italien était parvenu et le fit monter sur sa main souveraine.
Il faut bien le dire en finissant, réellement tout ce détail du Concile de Trente est maigre de raison et presque de haine, et ce chapitre de son livre n’est pas digne de la gravité, d’ordinaire si consciencieuse et si pénétrée, de l’historien !
Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité — ce sentiment qu’il raille sans cesse — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser Lord Byron parce que Lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle.
C’était la compassion la plus étendue, qui couvrait tout de ses belles larmes, jusqu’aux choses les plus dignes de mépris.
Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate, comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité, — ce sentiment qu’il raille sans cesse, — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser lord Byron, parce que lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle.
Elle rebrousse chemin et revient à l’autre rive… C’est une merveille que ces conversations qui font revirer de bord cette jeune âme, et cependant l’amant est digne de la séduction qu’il pratique ; car il est beau, spirituel, fort en femmes, expérimenté et épris, sincèrement amoureux, — toutes les puissances !
L’indignation que le vice donne aux âmes dignes d’éprouver ce sentiment affermit quelquefois son style, et lui communique un degré de force qu’il n’a pas toujours.
A Bembo, qui gémit sur les incursions des étrangers, Lucrèce Borgia, devenue la sage et digne duchesse de Ferrare, répond : Ingrat ! […] Ces violences sont du moins d’un ton digne de Chateaubriand et contrastent avec les privautés de M. […] Émile Faguet est ce qu’on a publié de plus pénétrant, de plus digne du sujet, depuis celui de Taine. […] » conclut Laeta, qui entonne ensuite un « cantique de la Vigne » vraiment digne de Bacchus. […] Tout le monde ne peut être philosophe, écrivain ou savant ; mais tout homme digne de ce nom doit être cultivé et n’est capable de jouer un rôle utile qu’à cette condition.
Le philosophe catholique poursuit cette enquête solennelle avec un esprit ferme et avec un cœur humble et soumis ; avec le vif désir de trouver cette raison des choses et des événements qu’il poursuit comme le sujet le plus digne d’occuper l’intelligence humaine que Dieu a créée à son image, mais en même temps avec la ferme résolution d’incliner l’impuissance de son esprit devant la toute-puissance de l’intelligence et de la justice divine, s’il ne réussit pas dans cette investigation sublime. […] « Il ne faut pas chercher la cause de l’ordre que je vous ai signifié, dans le silence que vous avez gardé à l’égard de l’empereur dans votre dernier ouvrage : ce serait une erreur ; il ne pouvait pas y trouver une place qui fût digne de lui. » Parole d’un enthousiasme irréprochable pour le maître, mais d’une convenance équivoque et d’une politesse controversable à l’égard d’une femme que son talent et ses malheurs auraient dû faire traiter avec plus de ménagements. […] Frayssinous pensa qu’il valait mieux se soumettre à cette exigence que de renoncer à un enseignement qui produisait un si grand bien, et dans des paroles d’ailleurs fort dignes, il remercia Dieu d’avoir employé, au commencement du siècle, une main puissante à relever ses autels. […] Cependant il faut convenir qu’il a fait cette année trois choses dignes d’un enfant enragé : je veux parler de sa conduite à l’égard de la Toscane, du pape et de l’Espagne. […] Mon épître d’envoi, je me la rappelle encore, digne d’une jeune tête toute républicaine, portait l’empreinte de l’orgueil blessé par le besoin de recourir à un protecteur.
En l’honneur de ce très digne homme, il invoque « Père Noë, qui plantastes la vigne, vous aussi, Loth… » S’ensuit un badinage. […] Et il y a de telles idées : ce sont peut-être les plus belles et les plus dignes de tenter un écrivain. […] Les vers sont dignes d’un si beau thème ; et j’en veux citer quelques-uns. […] Mais comment l’aimer autant que de moindres poètes, plus dignes des tendresses de l’esprit ? […] Du reste, ce jeune homme est digne de sa fortune.
C’est l’Allemagne moderne qui a élevé à Molière le monument le plus digne de lui. […] Non, il ne vous est pas permis d’être noble et digne aux premiers actes, d’être pathétique au dernier. […] Si le ridicule était une affaire de raison, c’est votre conduite qui serait digne d’être raillée. […] Ce George Dandin n’était, pour la bonne compagnie de Versailles, et même pour l’honnête bourgeoisie parisienne, qui savait se tenir à sa place, qu’un misérable sot, digne de tous les camouflets, ce que nos pères appelaient une figure à nazardes. […] Dorimène doit être, à ce qu’il me semble, une jeune veuve un peu légère, sans doute, mais honnête, mais spirituelle, qui voit la meilleure compagnie et qui est très digne d’être reçue par elle.
Exiger qu’ils perdent leur patrie, qu’ils en subissent une autre, qu’ils entrent dans les régiments prussiens, pour tirer peut-être plus tard contre des Français, voilà une injustice énorme, digne du premier Napoléon, que les Allemands maudissent comme un malfaiteur. […] Le maire sait qu’à la ville, dans un bel appartement, est un monsieur digne, en habit brodé, qui le reçoit deux ou trois fois par an, lui parle avec autorité et condescendance, et souvent lui fait des questions embarrassantes. […] Grave, digne, posé dans sa cravate, quand il faisait une visite académique ou improvisait un discours public, ses façons étaient irréprochables ; cependant, en sourdine, la serinette d’arrière-plan jouait un air comique qui tournait en ridicule l’orateur et les auditeurs. […] Non seulement ce sont là de grands sujets, et les seuls qui soient dignes d’occuper toujours l’attention des hommes, mais encore il n’y en a pas de plus dramatiques, car le vrai drame est toujours ‘celui qui se passe au dedans de nous. […] Il renonce à une femme digne de lui et il refuse d’être grand-maître de Malte, je ne dis pas sur un mot, mais sur un silence.
Mais, auparavant, elle veut s’assurer qu’Eilert est digne, en effet, d’être repris. […] S’il résiste à cette épreuve, c’est donc qu’il est vraiment « sauvé », et c’est à elle, Hedda, qu’il devra son salut définitif ; et elle le reprendra, car il sera digne d’elle. […] Peut-être, s’il avait voulu la voir un peu moins irréprochable, eût-il fait une « tragédie » plus digne de ce nom. […] Jamais on n’admettra qu’une femme, qui est restée digne en sa faute, se prête à l’horrible comédie qu’elle joue pour démasquer son amant. » Et pourquoi ne l’admettrait-on pas ? […] Est-elle digne de sympathie et, malgré sa faute, de quelque estime ?
— Chez un digne homme qui… enfin qui me présenta à de petites Delphiennes… Ion. […] L’évêque, lui, est très digne, très ferme, très imposant, très évêque de vitrail. […] Après avoir marmonné on ne sait quoi, cependant que les principaux assistants discourent devant la rampe, le digne évêque se tourne à un moment vers les fidèles et psalmodie : Benedicat vos Dominous in ӕternoum, — formule que vous chercherez en vain dans la liturgie du saint sacrifice. […] Je le juge, pour ma part, digne d’estime et de respect. […] Chambray semblera perdu ; mais, je le répète, il est digne d’être sauvé, et il porte en lui ce qui le sauvera.
La civilisation les a transformées et les a appliquées à des objets dignes d’être conquis, à un but digne d’être poursuivi. […] Sir Samuel Romilly disait des statuts criminels de l’Angleterre : “J’ai examiné les codes criminels de toutes les nations, le nôtre est le pire ; il est digne d’anthropophages.” […] Mieux qu’aucun de ses contemporains il représente donc la décadence du grand esprit poétique et chevaleresque de la génération antérieure, à laquelle il appartient par l’imagination, à laquelle il était digne d’appartenir par les meilleures qualités de sa nature. […] Voilà l’Éden que Shakespeare fit de cette terre sauvage, Éden digne d’être le berceau d’une nouvelle poésie, rachetée de la tache originelle du mauvais goût barbare. […] Je ne donne plus mes leçons dans vos spectacles forains, quelque brillants qu’ils soient ; je les donne dans la solitude et le silence à toute âme digne de les comprendre et à tout cœur digne d’en profiter.
Il est digne d’envie et de pitié. […] C’est un cavalier digne des vieux centaures de l’Elbe dont il descend. […] Je promets à ceux-là un plaisir digne d’eux s’ils lisent la Lampe d’argile, de M. […] Zola est digne d’une profonde pitié. […] Ses derniers moments, dignes de sa vie entière, offrent un spectacle d’une grandeur antique.
L’école du pittoresque pur ne se demande jamais si les beautés sont à leur place, elle trouve même cette question digne de Malherbe ou de Boileau ; il suffit que mille paillettes brillent, car la beauté pour elle est toute à la surface. […] Chose digne de remarque : la première moitié de l’œuvre, où le poète exposait pour les renier ses sentiments d’autrefois, était la meilleure ; dans la seconde on sentait l’effort, l’idée et l’expression faiblissaient un peu. […] n’est-il pas absurde de supposer qu’une poésie digne de ce nom pût avoir sa source dans des sentiments si bas et si faux ? […] Entraînement de parti, faiblesse de caractère ; mais cette rare intelligence était digne de suivre seule sa voie en gardant sa fierté. […] « Le mot de vertu, dit-il, emporte l’idée de quelque chose d’estimable à l’égard de toute la terre… La préférence de l’intérêt général au personnel est la seule définition qui soit digne de la vertu et qui doive en fixer l’idée.
Bref, on se moqua de sa conversion comme on a ri, chez nous, de celle du digne Paul Féval. […] Il voyait son frère non tel qu’il fut généralement dans ses ouvrages, mais tel qu’il était digne d’être toujours, tel qu’il fut, en réalité, à certaines minutes de sa vie littéraire. […] Le sacristain, très digne, a l’air d’un huissier de ministère. […] Tel qu’il est, le Père Vignal est, d’ailleurs, digne de respect. […] Il est tout à fait digne de l’auteur de l’Envers d’une sainte.
Pourquoi donc chercher noise aux dignes entrepreneurs de spectacles qui ont repoussé ces pièces ou qui n’ont pas su les découvrir ? […] (Or, le digne Francaleu a une fille, la jolie et indolente Lucile. […] Mais ces découvertes n’entament point l’estime où le digne Francaleu tient son jeune ami. […] Bacchus et Apollon lui font d’abord leur cour. « Prends-moi, dit Bacchus ; j’eusse été digne d’être un Titan. […] », faisant sans doute entendre par là que Mlle Syma lui paraissait digne d’une plus haute récompense.
Et le butin est très digne de considération. […] Et encore le premier roman, platonique, celui-ci, et pétrarquien, de George Sand, ses relations avec le digne et distingué Aurélien de Sèze, avocat général à Bordeaux, est suivi ici avec plus de soin et de recherches patientes que partout ailleurs. […] Il trouvait la page très digne des Mémoires, n’y faisant aucune tache au point de vue littéraire (je le crois bien !) […] De quelle manière s’en montra-t-il digne ou indigne ? […] Il est digne de l’attention des gens sérieux, et il sera divertissant pour tout le monde.
J’affaiblirai leurs nerfs pour en augmenter la susceptibilité douloureuse ; je les rendrai sensibles aux moindres souffles des vents embrasés de mon royaume, et, triomphe plus rare, ce trésor sacré des larmes qui est caché en eux, par lequel ils révèlent tout ce qu’ils ont de divin, l’humaine sympathie, la bonté, le dévouement, ce trésor qui est la rançon de leur âme, la source où elle se purifie et se rend de nouveau digne de Dieu après s’être rendue digne de moi, j’en prendrai possession. […] Tels qu’ils étaient, ils étaient originaux ou intéressants, ou dignes d’observation ; s’ils avaient été des caractères, ils auraient été insupportables. […] Oserai-je dire qu’il n’y a pas de grand homme dont la jeunesse présente plus d’exemples d’étourderie que celle de ce Goethe, si grave, si digne, que nous voyons toujours avec l’auréole que la gloire a mise à son front et sous le masque sévère des dernières années. […] Aurais-je fait le pèlerinage de Neuwied si l’on m’eût dit qu’il s’y trouvait un visage de vieille femme digne d’attirer l’attention ? […] Il veut y faire régner un désert solennel qui soit un tabernacle digne de recevoir l’idée du rien éternel.
Elle le maudit avec excès quand elle se vit perdue, l’implacable colère ne s’avoua pas qu’elle était trop tardive pour être digne. […] Nous n’étions plus dignes de la liberté. […] Parmi ceux-ci, l’un d’eux nous a paru plus particulièrement digne d’être recommandé à nos lecteurs ; il est signé par M. […] Quelle belle et simple mise en scène, et n’est-ce pas un digne pendant au Crapaud, que la mort de cette pauvre bête ? […] » disait tout bas Émile Deschamps, dont la politesse exquise était digne d’un grand seigneur de l’ancienne cour.
De sa lecture il faudrait conclure ceci, qu’il n’est guère de femmes pouvant devenir des épouses dignes de ce titre, que celles qui sont déjà initiées à l’amour. […] À ce point de vue aussi, l’Apôtre est une œuvre à lire et digne du succès. […] Mais cette fin était digne d’être la tienne Qu’étant née en prison tu sois morte en exil. […] Il y a là-dedans des mots féminins dignes de Gavarni et des réflexions dans le genre de celle que fait M. de Valtanant qui, voyant le trompé Pochon enchanté de divorcer avec sa femme, dit pour conclure : « Il a tort de se réjouir tant que ça ! […] Il a mis son lorgnon : il est très beau, très digne, Tismet…“À une autre… À l’autre…” Cela continue ; c’est un vertige, un tourbillon ; l’odeur du chloroforme, l’électricité, l’haleine des assistants, l’acide phénique, les murmures et les ordres : “Pince… Éponge… Bistouri… Sonde cannelée… Éponge… pince…” Oh !
J’ai trouvé cette vieille chanson, à qui enfin il veut faire un sort, (digne d’elle), et qui, l’ingrate, lui fiche par terre sa ballade quatrième, dans la première édition, aux mains de de Pesloüan. […] Pendant ce temps dans les Horaces il avait atteint à un faîte plus élevé encore, à plus de grandeur, mais à une grandeur temporelle, à un faîte de grandeur temporelle, à un faîte d’héroïsme : Mourir pour le pays est un si digne sort, Qu’on brigueroit enfouie une si belle mort. […] Alors il n’y a pas un mot qui ne porte : Si pourtant ce respect, si cette obéissance Paroît digne à vos yeux d’une autre récompense, (Au fond il n’y a pas un mot qui ne soit meurtrier). […] Un roi digne de vous a cru voir la journée Qui devoit éclairer notre illustre hyménée. […] Le déplorable état où je vous abandonne Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne ; Et, si l’on peut au ciel sentir quelques douleurs, J’y pleurerai pour vous l’excès de vos malheurs ; Mais si, dans ce séjour de gloire et de lumière, Ce Dieu tout juste et bon peut souffrir ma prière, S’il y daigne écouter un conjugal amour, Sur votre aveuglement il répandra le jour.
C’est sur un ton digne de la Nouvelle Héloïse qu’il parlera de la bonne grâce de la bure, de la campagne sauvage plus pittoresque que les terrains cultivés, des sentiers plus charmants que les grands chemins. […] Jusqu’à la fin de sa carrière, il passa de même, sans les sentir, à travers les tracas Auxquels se condamne la foule imbécile des hommes qui n’ont pas approfondi l’essence des choses… On pourra dire qu’une telle vie ne fut pas conséquente, qu’elle ne fut pas généreuse, les plus sévères diront qu’elle ne fut pas digne ; personne ne pourra l’appeler malheureuse. […] Écoutez-le plutôt exposer son rêve de la vie : « En somme, nous dira-t-il, il y a trois vies dignes d’être vécues (en dehors de celle du parfait bouddhiste, qui ne demande rien) ; la vie de l’homme qui domine les autres hommes par la sainteté ou par le génie politique et militaire (François d’Assise ou Napoléon) ; la vie du grand poète qui donne de la réalité des représentations plus belles que la réalité même et aussi intéressantes (Shakespeare ou Balzac) ; et la vie de l’homme qui dompte et asservit toutes les femmes qui se trouvent sur son chemin (Richelieu ou Don Juan). […] Mais il n’a plus qu’une vieillesse inféconde à consacrer à la cause qui seule, il en est convaincu désormais, aurait été digne de ses efforts, à la seule vie qui mérite d’être vécue… C’est probant, si l’on veut et, pourtant, nous ferons tous comme cet homme. […] Comme nous sommes des êtres essentiellement curieux, qui nous intéressons davantage à l’avenir qu’au présent, et comme une telle curiosité est légitime et noble, puisqu’elle fait passer le souci de la race avant celui des individus, on peut dire que cette question est une question vitale, digne de fixer nos pensées et de guider nos réflexions.
Jusqu’au moment où vous aurez peut-être cet immense bonheur de penser que vous avez contribué en quelque chose au progrès et au bien de l’humanité. » Admirable langage et, au surplus, le seul digne de la jeunesse, à qui on fait injure quand on essaie de la décharger d’un devoir ! […] Cet être que nous préférons à nous-mêmes, nous voulons lui plaire, au beau sens du terme, c’est-à-dire que nous voulons mériter son estime et nous rendre dignes de lui. […] D’ailleurs, la théorie de l’irresponsabilité ne se limite pas au crime par amour, et il y a toute une école qui prétend ne voir dans les assassins que des malades, dignes d’être soignés plutôt que d’être punis. […] Mais voici ce qui devient digne de remarque et un peu attristant. […] De là tant de déclamations sur le désordre et le génie, et de là cette conception falote de la vie de bohème comme seule digne d’un artiste.
Mais tout à côté sont des personnages choisis, le chevalier qui est allé à la croisade à Grenade et en Prusse, brave et courtois, « aussi doux qu’une demoiselle, et qui n’a jamais dit une vilaine parole213 » ; le pauvre et savant clerc d’Oxford ; le jeune squire, fils du chevalier, « un galant et amoureux, tout brodé comme une prairie pleine de fraîches fleurs blanches et rouges. » Il a chevauché déjà et servi vaillamment en Flandre et en Picardie, de façon à gagner la faveur de sa dame ; « il est frais comme le mois de mai, chante ou siffle toute la journée, sait bien se tenir à cheval et chevaucher de bonne grâce, faire des chansons et bien conter, jouter et danser aussi, bien pourtraire et écrire ; il est si chaudement amoureux, qu’aux heures de nuit il ne dort pas plus qu’un rossignol ; courtois de plus, modeste et serviable, et à table découpant devant son père214. » — Plus fine encore, et plus digne d’une main moderne est la figure de la prieure « madame Églantine », qui, à titre de nonne, de demoiselle, de grande dame, est façonnière et fait preuve d’un ton exquis. […] And sikerly she was of grete disport, And ful plesant, and amiable of port, And peined hire to contrefeten chere Of court, and ben estatelich of manere, And to ben holden digne of reverence. […] En parlant de Cressida, il dit : « Aussi vrai que notre première lettre est maintenant un A, on ne vit jamais chose digne d’être plus chèrement louée, ni sous un noir nuage d’étoile si brillante. » 219.
Ce fut sous le soleil un éclat de couleurs digne de tenter le pinceau d’un peintre. […] Il savait rendre par sa parole animée les maillots d’actrices un sujet digne de Platon. […] C’est une bien digne ombre, non pas joueuse comme celle des jeunes taillis. […] La Loire est toujours digne des vers de Ronsard. […] Votre fiancée est digne de vous.
. ; la plus grande partie de ce bric-à-brac a disparu et mérite peu de regrets ; mais les édifices que l’on rencontre successivement dans la plaine en allant de l’hospice à Burguete sont plus dignes de retenir un instant l’attention. […] Pour la première partie du voyage souterrain, il semble qu’on ait un témoignage assez digne de confiance. […] Elle a beaucoup d’autres monuments dignes d’être vus, de l’époque romaine, du haut Moyen Âge et de la Renaissance. […] Rien n’indique, en effet, que cet auteur ait été un clerc : parmi ceux qui représentent pour lui les types de la culture élégante, et qui sont les vrais servants d’Amour, et les seuls auditeurs dignes de l’oiseau, il ne mentionne les clercs qu’en passant, à côté des chevaliers ; dans les poèmes du même goût composés par des clercs, ceux-ci au contraire, sont toujours mis au premier rang. […] Comment donc ne pas s’indigner en voyant ce beau verger, où un oiseau si merveilleux faisait entendre sa douce, voix, aux mains d’un vilain, nécessairement sot, grossier, cupide, et incapable de rien comprendre à ce qui aurait pu charmer des yeux et des oreilles plus dignes ?
Harpin, le receveur des tailles, qui avale les politesses impertinentes de M. le conseiller Tibaudier, et qui dépense le plus pur de son esprit pour madame la comtesse d’Escarbagnas, qui daigne sourire à ses « petites drôleries », et dit, devant ce poètereau, qu’elle arrive de Paris, où elle a causé avec des gens illustres, de grande renommée et de grand génie, les seuls dignes d’elle, Benserade, Scarron, La Calprenède, etc. […] Je ne veux pas dire absolument qu’il y a un type et un idéal supérieur de vertu qui a tout à fait manqué aux femmes de Molière ; j’en excepte deux : Dona Elvire, qui devient tout à coup si fière et si digne ; avec quelle fermeté elle arrache de son cœur sa passion pour son indigne époux ! […] Il n’a jamais écrit de morceau plus joli, c’est le plus achevé de tous, le plus digne d’être mis, comme facilité de langage poétique, à côté des plus jolis morceaux de Regnard. […] Ils n’opposent aux coups que des raisonnements métaphysiques et alambiqués sur la poltronnerie des braves, comme fait Sosie, et sur le cœur qui …… est digne de blâme Contre les gens qui n’en ont pas. […] Il est parfaitement scélérat, et l’athéisme est une partie de sa scélératesse : l’athéisme est aussi parfaitement mêlé dans la trame de sa scélératesse que les maximes ridicules ou odieuses de dévotion le sont dans la trame de Tartuffe : son rôle d’ailleurs n’est pas en cela moins digne d’attention que celui de Tartuffe.
Les ridicules qui l’ont offusqué méritaient sans doute d’être repris comme il l’a fait, mais sa force d’observation satirique était digne d’un champ plus étendu. […] Sa carrière se poursuit, significative, retirée, toujours digne. […] Nous-même avouons ne pas lui avoir toujours attribué sa juste place : très digne sans être des plus éminentes. […] Sacha Guitry, bien peu se sont montrés par la suite, aussi effectivement que lui, dignes d’être remarqués pour eux-mêmes. […] On voudrait être digne d’y vivre — on y voudrait vivre.
Son attitude envers Richelieu est digne en même temps que sensée : il n’est ni hostile, ni servile. […] Les différents endroits où il parle de lui sont d’admirables pages d’histoire ; le marquis n’a pas parlé de son père en des termes plus expressifs et mieux caractérisés que ne le fait Saint-Simon, qui n’y a pas mis d’ailleurs les ombres trop fortes : tant il est vrai que le talent de celui-ci le porte, nonobstant l’affection, à la vérité et à une sorte de justice quand il est en face d’un mérite réel et sévère, digne des pinceaux de l’histoire.
VIII Telle fut la vie de cet homme distingué que le dix-huitième siècle prit pour un grand homme sur parole, et dont il ne lut guère que les Lettres persanes, feuille du Mercure, légère et spirituelle, mais peu digne, en somme, de la plume d’un législateur. […] » Ceci serait plus digne des Lettres persanes que de l’Esprit des lois.
Renan considère le roman comme un genre inférieur et peu digne, pour parler sa langue, des « personnes sérieuses », lorsque la science, la critique et l’histoire sont là qui offrent un meilleur emploi de nos facultés. […] Alexandre, l’artiste qui joue au Cirque « le malheureux général Mêlas » jusqu’au sergent de ville Champion, ancien gendarme des colonies ; et le paysagiste Crescent, et son excellente femme la mère aux bêtes, et tant d’autres Dans Sœur Philomène, la petite Céline ; dans Germinie Lacerteux, la monstrueuse mère Jupillon et son digne fils ; dans Madame Gervaisais, la mystique comtesse Lomanossow et le terrible père Sibilla ; dans Renée Mauperin, l’abbé Blampoix, confesseur des salons et directeur des consciences bien nées ; Henri Mauperin, le jeune homme sérieux et pratique, économiste et doctrinaire à vingt ans, « médiocre avec éclat et ténacité » (une des plus remarquables études de MM. de Goncourt, et de celles qui ont le plus de portée) ; et ce charmant Denoisel, à qui MM. de Goncourt ont évidemment prêté beaucoup d’eux-mêmes, comme à Charles et à Coriolis ; et M. et Mme Mauperin, et les Bourjot, et tout le monde enfin !
Comment ne ferais-je pas tous mes efforts pour me rendre digne de semblables bienfaits ? […] » L’interrogation des vieux parents et les réponses naïves des enfants sont dignes d’Éliacin dans notre Athalie.
Aussi retrouve-t-on dans les œuvres historiques vraiment dignes du nom de science les procédés principaux de la méthode des sciences physiques. […] Un seul personnage peut-être apparut sur la scène vers la fin de la tempête, qui a été vraiment libre et fort dans son orgueil solitaire, d’autant plus maître de lui qu’il n’a jamais été en communication avec les grands courants de la patrie ou de l’humanité : c’est Napoléon, digne par son indomptable personnalité de prendre place parmi les héros de Plutarque, si son âme eût été à la hauteur de son intelligence.
Fidèle à ces principes, suivez votre goût pour les lettres, et vous obtiendrez des gens de bien une sanction sans laquelle les plus grands talents n’ont rien qui soit digne d’être envié. » Certes, celui qui fait ainsi parler les grands esprits, et qui met dans leur bouche un sens si juste avec des paroles si complètes, est lui-même de leur postérité à bien des égards, et, si on ne le cite qu’au second rang, il ne fait pas d’injure au premier.
Les premiers paysages qu’il retrace, et qui sont les plus cités dans les cours de littérature, sont ceux de la vallée de Campan et des rives de l’Adour : Je ne peindrai point cette belle vallée qui voit naître (l’Adour), cette vallée si connue, si célébrée, si digne de l’être ; ces maisons si jolies et si propres, chacune entourée de sa prairie, accompagnée de son jardin, ombragée de sa touffe d’arbres ; les méandres de l’Adour, plus vifs qu’impétueux, impatient de ses rives, mais en respectant la verdure ; les molles inflexions du sol, ondé comme des vagues qui se balancent sous un vent doux et léger : la gaieté des troupeaux et la richesse du berger ; ces bourgs opulents formés, comme fortuitement, là où les habitations répandues dans la vallée ont redoublé de proximité… Il finit cette description riante par des présages menaçants qui font contraste, et qui furent trop réalisés l’année suivante (1788) par l’affreux débordement qui dévasta ces beaux lieux.
Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat.
Nos filles ont été trop considérées, trop caressées, trop ménagées : il faut les oublier dans leurs classes, leur faire garder le règlement de la journée… Il faut encore défaire nos filles de ce tour d’esprit railleur que je leur ai donné, et que je connais présentement très opposé à la simplicité ; c’est un raffinement de l’orgueil qui dit par ce tour de raillerie ce qu’il n’oserait dire sérieusement… Et elle ajoute par un aveu vrai et qui n’a rien d’une fausse humilité : « Que vos filles ne se croient pas mal avec moi, cela ne ferait que les affliger et les décourager ; en vérité, ce n’est point elles qui ont tort. » À partir de ce moment, on entre dans un second effort plus obscur, moins attrayant, et qui même, dans le détail un peu abstrait où nous le voyons de loin, peut sembler décidément austère ; mais Mme de Maintenon, à la bien juger, y paraît de plus en plus méritante et digne de respect et d’estime.
J’ai souvent admiré, pendant la lecture des pièces de poésie, avec quelle attention, avec quel désir de trouver le bien, sans acception de genre ni d’école, on écoutait jusqu’au bout des choses qui, à nous autres critiques de profession, eussent paru dès l’abord impossibles à admettre et dignes d’un prompt rejet.
Je signalerai seulement deux pièces dignes de mention parmi celles qui ont succombé : l’une, un dialogue extrêmement spirituel, et parfois poétique aussi, entre deux anciens camarades de collège, un poète et un banquier ; le sujet du concours y est traité un peu trop sans gêne toutefois.
Touchantes et humaines paroles, et dignes d’un Vauvenargues dans les camps !
Vous prouvez que vous êtes dignes d’aller en France jouir du repos dû à vos grands travaux.
Mais dans la première partie de ce roman, où le sermon prendra trop tôt sa revanche, que de jolis chapitres pourtant, gais et fins, bien enlevés et dignes d’un Charles de Bernard, avec le trait plus accusé !
Seconde question : Aucun morceau digne de prendre place à côté de ces pages merveilleuses et de devenir classique à son tour, est-il produit pour la première fois dans le nouveau texte ?
Renan disait, l’autre jour, de ce brave et digne baron d’Eckstein, lequel semblait se ressouvenir confusément des origines scythiques et alpestres de notre race, qu’on le puisse dire, et plus agréablement, de l’enfance ; que plus tard l’homme, le jeune homme ait toujours en lui, par un coin de son passé, une réminiscence de l’âge d’or et des premiers printemps de l’imagination humaine, dût-il ensuite devenir positif, polytechnique, encyclopédique, dût-il être élevé comme le voulait Arago, ou plutôt et mieux comme le voulait Rabelais.
Despréaux le satirique avait un frère aîné, satirique également, mais un peu plat, un peu vulgaire ; un autre frère chanoine, très gai, plein de riposte ; riche en belle humeur, mais un peu grotesque, un peu trop chargé et trop enluminé ; la nature avait combiné en Despréaux les traits de l’un et de l’autre, mais avec finesse, avec distinction, et avait aspergé le tout d’un sel digne d’Horace.
Les dernières pages dans lesquelles on voit Eckermann visitant pour une dernière fois sur son lit mortuaire la forme expirée, mais encore belle, de celui qu’il a tant aimé et vénéré, font une conclusion digne et grandiose.
Il a longtemps attendu un dessinateur digne de lui et à la hauteur de ses rêves ; car il ne s’agissait pas seulement de montrer les choses telles qu’elles étaient, mais de les faire entrevoir aussi parfois telles qu’il les voyait en idée et qu’il se les figurait dans son monde de visions.
Il entre dans l’esprit de ce ministère des prophètes, et l’on sent qu’il était digne d’en être un lui-même par le souffle de l’inspiration et par l’ardeur ; il définit en larges traits cette espèce d’école et de communauté de voyants, véritable institution monastique et cénobitique, qui maintenait à grand-peine et à grand renfort de menaces la pureté de la foi parmi les tribus fidèles.
Qu’on se rappelle de lui la scène d’arrivée du général Lasalle à Burgos et tant de conversations avec l’Empereur au sujet du roi Joseph ; mais, entre toutes, la conversation du général Lasalle au souper de Burgos est un tableau animé et vivant, digne de faire pendant et contraste aux conversations de Jean-Bon Saint-André dans la salle d’attente du dîner impérial ou sur le bateau du Rhin à Mayence.
« Je sens que mes écrits auraient pu être utiles, si je les avais fait connaître davantage ; mais faire beaucoup de pas pour le succès me paraît peu digne des arts mêmes, à plus forte raison de l’art par excellence, celui d’écrire pour le bonheur des hommes.
Rien de plus digne d’étude que cette pluralité foncière du moi ; elle va bien plus loin qu’on ne l’imagine.
Celui qui, par un motif patriotique, religieux et même moral, se permet dans les faits qu’il étudie, dans les conclusions qu’il tire, la plus petite dissimulation, l’altération la plus légère, n’est pas digne d’avoir sa place dans le grand laboratoire où la probité est un titre d’admission plus indispensable que l’habileté.
Horrible métier, bien digne de compassion !
En l’article bien digne d’attention que j’ai déjà cité12, M.
Ceux-ci voyaient alors à la tête de la musique royale un de leurs compatriotes, Jean-Baptiste Lulli, qu’on nommait Baptiste tout court, lequel était digne de lutter avec eux.
Il écrit : « Pourquoi les merveilleuses basiliques du moyen âge sont-elles déshonorées par ces Sacrés Cœurs dignes de figurer aux enseignes des marchands de chair crue et par ces Madones qui font concurrence aux dames en cire des coiffeurs ?
Les recherches relatives aux écritures cunéiformes, qui forment un des objets les plus importants des études orientales dans l’état actuel de la science, offrent un des plus curieux exemples d’études dignes d’être poursuivies avec le plus grand zèle, malgré l’incertitude des résultats auxquels elles amèneront.
Imposer la succession régulière des quatre drames de la Tétralogie est une noble pensée digne de l’esprit de Wagner ; est-il possible cependant de s’y tenir longtemps ?
Il lui prodigue l’argent, elle rend son habitation digne de le recevoir ; les amants sont réconciliés avant de se revoir.
Malgré ses outrages et ses blasphèmes, son cœur en était digne.
Mon sang coule dans les veines de mon fils, et j’espère qu’un jour il se montrera digne petit-fils de Marie-Thérèse.
Il est bien plus régulier qu’en Lorraine, et il est toujours très digne d’être honoré.
Vogt nous dit avec ce ton de mépris bien peu digne d’un savant : « La gent philosophe, qui n’a vu de singes que dans les ménageries et les jardins zoologiques, monte sur ses grands chevaux, et en appelle à l’esprit, à l’âme, à la conscience et à la raison !
C’est le charmeur aux naïvetés savantes, l’homme de Plutarque et de Longus également, Amyot, digne du regard des Muses et du sourire de Chloé ; c’est Rabelais qui relie l’Antiquité au Moyen Âge et le banquet de Xénophon ou d’Athénée aux orgies de la Mère Sotte et de la fête de l’âne, Rabelais monstrueux mais tout-puissant et qui, débordant de sagesse et de folie, paraît moins un écrivain qu’un génie et moins un génie qu’une force jaillissant du sein de la nature.
Saint Jean l’évangeliste répresenté jeune comme il l’étoit, est dépeint avec l’action d’un jeune homme : il applaudit avec le mouvement de franchise si naturel à son âge au digne choix que fait son maître, et qu’on croit appercevoir qu’il eut fait lui-même, tant la vivacité de son approbation est bien marquée par un air de visage et par un mouvement du corps très-empressé.
Tandis que Copernic, au contraire, avec une précision digne des modernes, écrivait : Traité sur les révolutions des globes célestes.
Aussi avons-nous vu de nos jours l’infortuné Louis XVI, digne héritier d’un instinct si élevé, se mettre le premier à la tête de son siècle, pour le diriger.
Cet homme, digne de porter le nom d’une femme, tant il en avait la tendresse (il s’appelait Lawrence, et, nous l’avons dit plus haut, il croyait que le nom influait sur la destinée), avait dans ses facultés ce que les Saints ont dans leurs vertus.
L’épopée n’a plus une œuvre digne d’être mentionnée ici, et le théâtre en reste à l’édification spirituelle, sans connaître cette fermentation qui donne au théâtre français, dès le xive siècle, son importance historique.
Elle soutient le sentiment religieux, elle seconde l’art véritable, la poésie digne de ce nom, la grande littérature ; elle est l’appui du droit ; elle repousse également la démagogie et la tyrannie ; elle apprend à tous les hommes à se respecter et à s’aimer. » Pour mieux prouver que la science m’est indifférente, et que je ne me soucie que de morale, je range avec moi sous le même drapeau des philosophies sans métaphysiques, des métaphysiques opposées entre elles et des religions ; il me suffit qu’en pratique elles tendent au même but, et contribuent à nourrir dans l’homme les mêmes sentiments.
Il est probable que si Louis XIV avait reçu une éducation digne de la vigueur de son caractère, il eût joint à sa passion des grandes choses le génie qui les juge, et que surtout il eût appris l’art le plus difficile des rois, celui de n’abuser ni de ses vertus ni de ses forces.
Si vous n’avez ces sentiments dans le cœur, êtes-vous digne de peindre les grands hommes ?
De là le jugement du critique ancien qui nous dit : « Des a poëtes lyriques, Horace est presque le seul digne d’être lu ; car il s’élève par moment, il est plein d’enjouement et de grâce, et, dans la variété de ses images et de ses expressions, il déploie la plus heureuse audace.
L’infraction de la justice est une injure faite au genre humain ; voilà pourquoi tout Auteur digne de ce nom, sent vivement le tort que l’on fait à son semblable ; il ne peut le tolérer. […] Ne les juge t-on pas d’une force à-peu-près égale, dignes d’être ceints du même laurier, & de continuer le même Journal pour renouveler le spectacle, à la satisfaction de l’amphithéâtre ? […] Il faut oublier ses formes mensongères & rétrécies, si l’on veut avoir un théâtre digne des regards du Philosophe & du peuple. […] La pédanterie a un enthousiasme ridicule, assurément digne d’elle Les gens de Lettres avancés en âge & non Philosophes, sont les hommes qui nourrissent les préjugés les plus bizarres & qui s’opposent le plus au progrès des Arts : dans leur prévention sorte & enracinée. […] Seigneur ; je l’ai jugé trop peu digne de foi.
Non seulement l’historien des Bourgeois de Molinchart, dont la vue ne pénètre pas au-delà de l’écorce extérieure des choses, reproduit dans toute leur sécheresse glaciale les événements de la vie réelle, il n’en voit encore qu’une partie et la moins digne d’attention. […] Weill était un des plus dignes chefs, tenait à honneur de mal écrire. […] Il est de force — je me plais à le reconnaître — à tripler en peu temps la valeur de la succession ; à moins qu’il ne préfère tirer sérieusement parti des brillantes facultés qu’il a reçues, et qui peuvent faire de lui — dès qu’il le voudra — un romancier digne de ce nom. […] ne nous suffira-t-il pas d’avoir osé regarder son soleil en face, pour lui sembler digne de ses vengeances ? […] le tableau est tout à fait digne du cadre… surtout quand il rit.
Comme artiste littéraire, Commynes est très digne d’attention. […] Il était digne d’un plus grand honneur encore. […] On s’est quelquefois un peu étonné de l’amitié très fidèle de Pantagruel, non seulement pour Frère Jean, qui en est à peu près digne, mais pour Panurge qui en vérité ne la mérite pas. […] Mais qui en fut jamais plus digne ? […] N’oublions pas ce point pour ne pas tomber dans la grossière conception de Manès, digne des Persans.
Jusqu’au moment suprême son intelligence resta claire et calme ; ce fut le corps qui fit défaut et non l’âme, qui resta jeune toujours, et comme la science du bien vivre donne la science de bien mourir, sans emphase et sans terreur, elle voyait, plus souvent que d’ordinaire, depuis quelque temps, un digne prêtre de ses amis. […] Il le parcourait en tous sens de nuit et de jour ; il n’est pas de ruelle perdue, de passage infect, de rue étroite, boueuse et noire, qui ne devînt sous sa plume une eau-forte digne de Rembrandt, pleine de ténèbres fourmillantes et mystérieuses où scintille une tremblotante étoile de lumière. […] Sa vie littéraire est digne de servir d’exemple aux vocations poétiques qui se laissent si aisément détourner par les succès faciles et les occasions de gain rapide qu’offre aujourd’hui la multiplicité des journaux. […] Ses chefs-d’œuvre sont les Métamorphoses du jour, les illustrations des Fables de la Fontaine, et, en première ligne, la Vie privée et publique des animaux ; il est là tout à fait dans le milieu naturel de son talent et digne de la vogue dont il a joui. […] Ô béni sois-tu, digne amateur qui, sous la forme d’une douzaine de vessies, représentas la Providence auprès de Marilhat et fus la cause indirecte de beaucoup de chefs-d’œuvre.
Aussi ne fallut-il rien moins que la volonté de fer et le pouvoir de Napoléon pour purger ces nouvelles étables d’Augias, et rendre le monument du Louvre à une destination digne de la nation au milieu de laquelle il a été élevé. […] Lorsque le chef-d’œuvre fut achevé, il le communiqua à Ducis en qui il mettait toute confiance, pour savoir de lui s’il jugeait les vers dignes d’être lus à David vers la fin du repas. […] La plupart d’entre eux avaient obtenu le grand prix de Rome, ou en étaient au moins jugés dignes. […] Offrons à vos yeux un tableau plus digne de vous-mêmes ; présentons l’homme à son auteur tel qu’il sortit de ses mains divines, et mettons au grand jour les avantages du gouvernement républicain. […] Les hommes les plus dignes de sa confiance, son maître, David lui-même, n’avaient aucune autorité sur lui.
Les Anglais ne sont plus dignes de leur liberté. […] Macheath, c’est le digne gendre d’un tel politique. […] Ayant choisi sa route lui-même et lui seul, il aurait honte de s’en écarter ; il repousse les tentations comme des ennemis ; il sent qu’il combat et triomphe818, qu’il fait une œuvre difficile, qu’il est digne d’admiration, qu’il est un homme. […] Mais ce qui le distinguait entre tous les autres, c’était une large intelligence compréhensive qui, exercée par des études et des compositions philosophiques868, saisissait les ensembles, et, par-delà les textes, les constitutions et les chiffres, apercevait la direction invisible des événements et l’esprit intime des choses, en couvrant de son dédain « ces prétendus hommes d’État, troupeau profane de manœuvres vulgaires, qui nient l’existence de tout ce qui n’est point grossier et matériel, et qui, bien loin d’être capables de diriger le grand mouvement d’un empire, ne sont pas dignes de tourner une roue dans la machine. » Par-dessus tant de dons, il avait une de ces imaginations fécondantes et précises qui croient que la connaissance achevée est une vue intérieure, qui ne quittent point un sujet sans l’avoir revêtu de ses couleurs et de ses formes ; et qui, traversant les statistiques et le fatras des documents arides, recomposent et reconstruisent devant les yeux du lecteur un pays lointain et une nation étrangère avec ses monuments, ses costumes, ses paysages et tout le détail mouvant des physionomies et des mœurs.
En un mot, l’homme classique était le héros que toutes les littératures primitives ont seul jugé digne de leur attention. […] L’Impératrice eût voulu montrer à ses illustres courtisans du dehors, les philosophes français, des rivaux dignes de se mesurer avec eux ; elle ne put qu’en imposer à Voltaire en lui vantant les pâles imitateurs de ses œuvres. […] Biélinsky est peut-être le seul critique digne de ce nom dans son pays. […] Guizot, disait naguère qu’à son avis Tarass Boulba est le seul poème épique vraiment digne de ce nom chez les modernes. […] » — Espérons que ce vœu sera entendu par le seul écrivain digne de ramasser la plume tombée de ces vaillantes mains.
Mais il faut que cette satisfaction soit profonde, car il fut, après sa mort, proclamé heureux et digne d’envie. […] Je ne sais s’il fut digne de pitié ou d’envie. […] Parvenu à l’âge d’homme, il manifesta sa sainteté par des travaux dignes des Macaire et des Pacôme. […] Son sensualisme fut relevé par le goût des belles formes, par le sentiment de l’art et par la quiétude philosophique ; il comprit que la mollesse est l’ennemie des vraies voluptés et des plaisirs dignes de l’homme. […] Non, il n’est pas digne du talent de M.
Mais leurs meilleurs fruits ont été ces excellents élèves devenus à leur tour des maîtres dignes de continuer leurs devanciers. […] Considérée sous ce point de vue, elle se présente au regard du philosophe comme un digne objet d’étude et de méditation. […] L’histoire proprement dite, l’histoire par excellence, l’histoire digne de ce nom [ἱστορία, de ἴσημι, ἐπίσταμω savoir], est la science du rapport des faits aux idées. […] Au lieu de cela, Constantinople a disputé, ergoté, subtilisé, et elle a succombé ; elle a eu le sort qu’elle méritait : elle n’était plus digne de l’empire, et l’empire lui a été enlevé. […] L’homme, ne se croyant pas digne de mémoire, abandonne le monde à l’action des forces de la nature, et l’histoire aux dieux, qui la remplissent seuls.
On estimait glorieux, digne des poëtes et des chevaliers, de célébrer sa maîtresse, sa dame, comme on disait alors ; on ne parlait jamais de la mère de ses enfants. […] » lui aurait demandé un député piémontais, en 1862. — « Aussi longtemps qu’il en sera digne ! […] Une autre plus digne, c’est lui-même qui parle, va mener Dante là où le plus grand des païens ne saurait être admis, au pied du trône de l’Éternel. […] Dante a dit de Caton dans le Convito que jamais créature terrestre n’avait été plus digne de servir le vrai Dieu. […] Après la guerre de Trente-Ans, où la littérature naissante et les arts avaient été ensemble submergés dans le désastre public, les souverains rendus aux loisirs de la paix, les cours où l’on voulait rappeler les plaisirs de l’esprit, ne trouvèrent point digne d’eux l’idiome que parlait le peuple.
Mais ce mal [qui survient à cette personne] doit être petit, car s’il est grand, on ne peut pas croire que celui qui l’a en soit digne, si ce n’est qu’on soit de fort mauvais naturel et qu’on lui porte beaucoup de haine. […] Michaut, professeur à la Sorbonne, vient de consacrer à la Bérénice de Racine un volume très savant, très ingénieux, très spirituel et très hardi, qui est digne de l’attention de tous les étudiants en choses de lettres. […] En somme, la pièce, que je n’ai pas vu jouer, me semble digne du théâtre. […] Elle est parfaitement digne du roman, quoique inférieure, comme il arrive presque toujours. […] Sévère, considéré ainsi, du moins par toute la dernière partie de son rôle, « serait donc une manière d’introducteur, d’approbateur par avance, un truchement moins enthousiaste et plus digne de créance, faisant transition encore plus que contraste à cette vertu qui, chez tous les autres, peut sembler extrême et quelque peu forcenée ».
Jugez de la belle occasion pour mistress Bute, respectable mère de famille, digne épouse d’un ecclésiastique, habituée à composer les sermons de son mari ! […] Plusieurs chapitres dans le Livre des Snobs 1350, par exemple celui des snobs littéraires, sont dignes de Gulliver. […] Amélia Sedley, sa favorite et l’un de ses chefs-d’œuvre, est une pauvre petite femme, pleurnicheuse, incapable de réflexion et de décision, aveugle, adoratrice exaltée d’un mari égoïste et grossier, toujours sacrifiée par sa volonté et par sa faute, dont l’amour se compose de sottise et de faiblesse, souvent injuste, habituée à voir faux, et plus digne de compassion que de respect.
Dès qu’il fut en Afrique, et sur un terrain digne de son activité, il donna sa mesure et dépassa les espérances même de ses amis. […] C’est à cet homme éminent et solide, et qui grandit jusqu’à la fin, que Saint-Arnaud s’attacha avec affection, avec zèle, et qu’il dut d’être assez mis en vue pour être reconnu ensuite, et l’occasion échéant, le plus digne de le remplacer.
Un déluge de maux couvre la terre ; une arche flotte au-dessus des eaux, comme jadis celle qui portait la famille du Juste ; mais cette arche-ci est demeurée vide, nul n’a été jugé digne d’y entrer ! […] Une dynastie restaurée lui paraissait un arbre sacré qu’on replante après qu’il a été déraciné par l’orage, et auquel il est accordé un temps pour reprendre racine ; passé ce temps, l’arbre, s’il n’a pas repris la séve et la vie, n’est qu’un morceau de bois mort digne d’être rejeté.
Mais le digne Adry, qui fait autorité comme bibliographe, a l’esprit un peu esclave de la lettre. […] Elle n’aurait pas dit la même chose de Malebranche, et, en digne amie de Huet, elle avouait à Ménage, sur la Recherche de la Vérité, qu’elle n’avait pu y rien comprendre.
L’auteur l’a rejeté depuis avec raison, comme trop juvénile et peu digne de ses œuvres complètes. […] « Je loge hôtel Berlin, rue des Frondeurs. » L’adresse, digne de la lettre, est : « Au Premier Consul, et, en son lieu, à l’un des préfets du Palais. » La date est du 25 frimaire an XII (décembre 1803) ; ce qui fait remonter la date de la Napoléone à 1801.
Cette munificence acquit à mes yeux un triple prix parce qu’elle me fut transmise par madame Récamier, femme digne de cette société avec les illustrations de Londres, de Paris et de Rome, et qui m’a légué elle-même un souvenir immortel, le beau portrait de notre ami commun le duc Matthieu de Montmorency. […] C’était un homme d’un rare mérite : il connaissait la philosophie, les mathématiques, la théologie et les belles-lettres, et j’ai rarement vu quelqu’un digne de lui être comparé.
Faut-il s’étonner si notre littérature, pour arriver à un nouvel âge d’or, digne, mais différent de ceux qu’elle a traversés au xiiie et au xviie siècle, doit passer par une sorte de mue, qui, comme tous les changements profonds subis par un être ou un groupe d’êtres, est pénible et douloureux ? […] A ceux-là, nous devons des œuvres niaises et plates, ou criardes et enluminées comme des images d’Epinal, n’ayant souci ni de style ni de vraisemblance, relevant moins de l’art que de l’industrie : chansons dont la musique aigrelette est digne des paroles ineptes ou grossièrement bouffonnes ; romans interminables déroulés durant des mois au rez-de-chaussée d’un journal, débités par tranches à des abonnés patients et promenant du bagne à la cour, du boudoir à l’hôpital, tout un monde de personnages comme on n’en voit qu’en rêve ; mélodrames naïfs et voyants, pauvres de psychologie, mais riches de coups de théâtre et de coups de fusil, rouges de sang et de feux de Bengale, fertiles en miracles de la Providence et du machiniste, étourdissant les yeux et les oreilles par l’éclat des costumes, des décors et des tirades ; littérature faite Sur commande pour un public friand de grosses émotions et de spectacles qui parlent aux sens, parce qu’il ne sait pas encore apprécier des mets plus délicats, parce qu’il n’est initié que d’hier aux jouissances esthétiques, parce qu’il n’a pas fait son apprentissage littéraire.
Les paysages sont un cadre digne du tableau. […] À ce tableau, digne du pinceau de Michel-Ange, succède un autre tableau que l’on dirait échappé, comme la création d’Ève, à la muse inspirée de Milton chantant les beautés primitives du paradis terrestre.
Ce n’est qu’après de longs siècles de grossières ébauches théâtrales pareilles à celles de Thespis en Grèce, ou de nos mystères en France, que s’élèvent des théâtres permanents dignes de la majesté du trône ou du peuple. […] Celui qu’il prononça après la mort de Corneille, son rival, ne fut pas digne de ce deuil, mené par l’émule d’Euripide devant la tombe de l’émule de Sophocle.
Et il y a même eu, dans ce Roman de Renart, une épopée du même genre antérieure à la sienne et bien plus digne de ce nom.
Dans sa biographie de Monge, il appliquera quelque part, et sans croire faire une injure, la qualification de brutale à une parole de Fontenelle qui n’est que noble et digne, comme si ce mot de brutal ne criait pas et ne jurait pas avec tout ce qui est sorti de la bouche et de la plume de ce sage discret.
Imaginez la sœur d’Hamilton, digne en tout de lui pour l’esprit, pour les grâces moqueuses, pour l’ironie fine, imperceptible, élégante, impitoyable et vengeresse : il faut retrancher tout cela, laisser aux autres les honneurs de la conversation : « Vous ne pouvez dompter votre esprit dédaigneux, moqueur et hautain, qu’en le tenant comme enchaîné par le silence… Vous ne sauriez trop rudement jeûner des plaisirs d’une conversation mondaine.
Aujourd’hui l’opinion est bouleversée ici, on ne sait que devenir ; on voyait un port en moi, on n’y voit plus aujourd’hui qu’un jouet de l’orage qui n’est bon à rien… Jamais je ne consentirai aux traitements horribles que lui font éprouver (à la nation espagnole) les gouvernements militaires ; jamais mes mains ne déchireront ses entrailles et ne démembreront ses provinces, et je mourrai digne du trône en le quittant lorsqu’il sera bien démontré que je ne puis pas y remplir les devoirs d’un roi… (Novembre 1810.)
Aujourd’hui c’est la sœur de ce poète, et en tout digne de lui par l’imagination comme par le cœur, qui, morte à son tour, vient livrer, par les soins d’amis pieux, le parfum de son âme et de ses secrets épanchements.
Bonnet essaya peu à peu de le ramener à la réalité, et il y réussit en partie ; il essaya de le convaincre que la liberté n’est pas une pure sensation, une exaltation vague ; qu’elle est une véritable science, et que le citoyen qui veut s’en rendre digne a tout autant de devoirs que de droits.
Il eut besoin de quelque apprentissage pour devenir grand orateur ; il n’en eut pas besoin pour être le théoricien politique qui présenta aussitôt la Révolution accomplie de la façon la plus monarchique et la plus digne.
Toutes les âmes dignes d’être appelées des âmes ont en elles un sentiment dominant qui peut se représenter par un poète.
Je lis, dans les Recueils divers que des témoins dignes de foi et amis du prince ont publiés de ses vertus, des détails tels que ceux-ci : « Ce grand prince ne faisait pas seulement sacrifice de son argent, mais encore de sa personne, particulièrement les jours de jeûne qu’il observait dans la dernière exactitude.
I Je passe sur la fin des Cent-Jours, sur cette triste et embrouillée période qui s’étend depuis Waterloo jusqu’à la seconde rentrée des Bourbons, honteux chassé-croisé d’intrigues, triomphe et règne de Fouché, et bien digne de demeurer marqué de son nom dans l’histoire.
On ne voit agir, en fait de divinités, que Pan et les Nymphes : on n’en nomme guère d’autres, et on voit en même temps que ces divinités suffisent aux besoins des bergers. » — « Et cependant, ajoutait Goethe, obéissant a la suggestion de son interlocuteur et continuant la pensée d’Eckermann ou plutôt la sienne propre, cependant, avec toute cette mesure, là se développe un monde tout entier : nous voyons des bergers de toute nature, des laboureurs, des jardiniers, des vendangeurs, des mariniers, des voleurs, des soldats, de nobles citadins, des grands seigneurs et des esclaves. » C’est tout ce dialogue qui manque, pour le dire en passant, dans la page de préface ajoutée à ta présente édition, où elle fait d’ailleurs une si digne et si magistrale figure.
Il ne s’arrête pas à ces subtilités ; pourvu que le vêtement soit ample et solide, qu’il soit digne de la chose vêtue, qu’il fasse honneur à celui qui le fait faire, peu lui importe d’ailleurs s’il ne remplit pas les conditions d’art que recherche le Grec !
Rousset, ce fut chez un arrière-petit-neveu du cardinal Mazarin que le petit-fils du surintendant Fouquet alla chercher une digne compagne pour son fils.
Et puis, qu’on ne l’oublie pas, plus de la moitié des académiciens de tout temps ont été des grands seigneurs, des évêques, des maréchaux de France de père en fils, de ces membres, comme disait le digne et ingénieux d’Alembert, que la Compagnie avait plutôt reçus qu’adoptés.
Il nous a donné une comédie qui est une sœur tout à fait digne des Comédiens, une comédie un peu née de l’épître, et qui continue avec honneur, en le rajeunissant par les sujets, ce genre de la Métromanie et du Méchant, toujours cher dans sa modération et son élégance à la scène française.
Nous croyons faire preuve d’un respect mieux entendu en déclarant le style de Racine, comme celui de La Fontaine et de Bossuet, digne sans doute d’une éternelle étude, mais impossible, mais inutile à imiter, et surtout d’une forme peu applicable au drame nouveau, précisément parce qu’il nous paraît si bien approprié à un genre de tragédie qui n’est plus.
L’enfant avait annoncé sa vocation précoce par de petites fables en vers français, et les dignes professeurs, émerveillés, favorisèrent cette disposition plutôt que de la combattre.
C’est une époque digne de remarque dans la littérature, que celle où l’on a découvert le secret d’exciter la curiosité par l’invention et le récit des aventures particulières.
Le digne et sincère amant de la gloire propose un beau traité au genre humain ; il lui dit : « Je consacrerai mes talents à vous servir ; ma passion dominante m’excitera sans cesse à faire jouir un plus grand nombre d’hommes des résultats heureux de mes efforts ; le pays, le peuple qui m’est inconnu aura des droits aux fruits de mes veilles ; tout ce qui pense est en relation avec moi ; et dégagé de la puissance environnante des sentiments individuels, c’est à l’étendue seule de mes bienfaits que je mesurerai mon bonheur ; pour prix de ce dévouement, je ne vous demande que de le célébrer, chargez la renommée d’acquitter votre reconnaissance.
III Mathieu de Montmorency n’avait aucune ambition qui ne fût digne de son nom, de son caractère et de sa race.
Bodin malheureusement ne nous appartient pas tout entier : il écrivit en latin cette Méthode pour l’étude de l’histoire où abondent les idées neuves et fécondes, et cet étrange Heptaplomeres inédit jusqu’à nos jours, où avec une force incroyable pour le temps il confronte toutes les religions et les renvoie dos à dos, sans raillerie impertinente, comme expressions diverses de la religion naturelle, seule raisonnable, et comme également dignes de respect et de tolérance.
Le digne homme a pu avoir un jour un léger hoquet, que la haineuse servante a exagéré, transformé en un bruit plus malséant.
3º La Littérature digne de ce nom se fait toute seule, en dehors des influences, à ses risques et périls.
Les tours de rapins y sont plus grossiers que comiques, les tirades sentimentales et amoureuses y sont d’une platitude amphigourique tout à fait digne des rez-de-chaussée de petits journaux, les rares expositions d’idées artistiques y font pleurer par leur insignifiance ; ces artistes parlent comme des coiffeurs et ne produiront jamais rien ; ils sont fainéants et même sans cœur.
Desjardins cesse d’être théorique et ennuyeux, pour devenir pratique et dangereux : « Nous travaillerons dans le sens de la démocratie libérale… Le protectionnisme et toutes les formes du socialisme d’état nous le combattrons… Une société de secours moral se formera ; ce sera le commencement d’une période militante ; ce que fera cette Société, je ne suis ni capable ni digne de l’exprimer.
La société française connaissait toutes choses ; elle commençait à jouir d’elle-même sous un gouvernement qu’elle croyait dans l’ordre de Dieu, et sous un prince digne de ce gouvernement.
Wilde, désireux de se renseigner sur le mouvement poétique français, sollicitait l’avis de Mendès qui fit l’éloge du Parnasse et déclara que de tous les poètes vivants, Armand Silvestre était le plus digne d’admiration.
je le dis en soupirant, les hommes ne sont peut-être pas dignes de toi !
Il ne manque pas d’esprits sérieux, solides et dignes d’estime, qui parce que la société vient d’échapper à un péril ou va bientôt avoir à en affronter un autre, voudraient tout rallier autour d’eux dans le combat, tout discipliner, et imposer à chaque écrivain une mission, une faction dans l’œuvre commune.
Ces questions politiques ont aujourd’hui perdu de l’intérêt actuel qui les rendait encore si vivantes il y a douze ans ; je ne fais que les indiquer en passant ; mais dans ces volumes du duc de Raguse, je voudrais citer pourtant, comme pages durables et dignes d’un moraliste social aussi judicieux que fin, l’appréciation qu’il fait de la race arabe, des Arabes du désert et des qualités essentielles qui les caractérisent : D’abord, dit-il, la patience qu’ils montrent en tout.
» — « À porter et à user jusqu’au bout leurs vieux habits, jusqu’à ce qu’ils sachent eux-mêmes s’en faire de neufs. » Franklin parlant ainsi devant le Parlement de la vieille Angleterre, était un peu comme le Paysan du Danube, un paysan très fin, à la fois et très digne d’être docteur en droit dans l’université d’Écosse, libre pourtant et à la parole fière comme un Pennsylvanien.
Après avoir relevé les principaux traits de cette constitution populaire d’Athènes et de l’esprit du peuple athénien, après avoir signalé l’influence souvent souveraine de ses grands hommes, des Thémistocle et des Périclès, Grimm (ou l’auteur, quel qu’il soit, de ce chapitre) tirait hardiment cette conclusion : Il est donc permis de dire que la démocratie la plus démocratique qu’il y ait eu peut-être au monde n’eut point de moyen plus sûr de se soutenir que de cesser souvent de l’être, et que c’est toutes les fois qu’elle fut le moins démocratique de fait qu’elle jouit aussi du sort le plus brillant, le plus véritablement digne d’envie.
Ils sont, grâces aux dieux, dignes de leur patrie ; Aucun étonnement n’a leur gloire flétrie ; Et j’ai vu leur honneur croître de la moitié Quand ils ont des deux camps refusé la pitié.
disait Virgile, qu’à toi seul appartient de donner des lois à l’univers : tels seront les seuls arts dignes de toi. » Ce que Virgile disait, du temps d’Auguste, était l’expression de la pensée même de ce peuple, qui, à toutes les époques, fondait toujours pour l’éternité, et affectait l’empire du inonde.
Supposons un livre de premier ordre aux mains d’un lecteur digne de lui.
Mettons la définition à la place du défini et nous aurons : « Nos actions voulues sont les seules que nous jugions dignes de punition ou de récompense. » Nous voici revenus à une phrase ordinaire ; il a fallu supprimer une erreur et faire trois traductions ; il en faudrait quatre ou cinq autres pour exprimer la chose exactement et en psychologue.
Cousin s’enfonce dans ces noires galeries, il songe au retour, et d’un élan, sans qu’on s’y attende, le voilà remonté dans la philosophie, dans la haute histoire, dans le grand style, dans le monde supérieur où il eût dû toujours vivre, et qui est le seul digne de sa science et de son talent.
Demeurée bien restreinte depuis quelques milliers d’années qu’il y a tant d’hommes, mais si peu qui pensent, et encore moins de génies, elle ne peut s’accroître qu’avec lenteur, mais ne demande qu’à recruter de nouveaux membres dignes d’elle. […] Devant l’immense effort déployé pour rendre le domaine digne du dieu qui l’habite, pour l’entourer d’une ville de temples et d’un peuple de statues, pour enrichir l’art plastique, qui est, selon le mot de Louis Ménard, « l’expression naturelle du culte », M. […] Il l’a fait revivre en de très belles pages, digne conclusion d’un ouvrage que goûteront tous ceux qui ont l’amour des lettres et d’abord, par conséquent, du grec. […] Sainte-Beuve, dans sa période réactionnaire, en 1850, a traité ces Mémoires de « spirituel, mais misérable libelle, et peu digne de confiance », mais il n’apporte aucune preuve. […] L’intérêt en est assez vif et la valeur assez sérieuse pour qu’on puisse le louer sans complaisance, mais on ne doit pas éviter non plus la libre discussion que Masson eût souhaitée et qui est seule digne de lui.
Et alors, à y regarder de près, son cas paraît digne d’une sympathie et d’une pitié immenses. […] Sans doute le poète nous a montré ces dignes compères pour donner du recul au monde fantastique qu’il évoquera tout à l’heure. […] Elle ne peut dire un mot ni faire un pas qui ne révèle sa vertu, qui ne la montre touchante et digne. […] Le digne homme a trouvé au fond d’un pot, sur la cheminée de son locataire, une photographie de Mme Savourette. Très digne, il demande une explication : « Hé !
Il faut, quand on veut la liberté, ne la demander qu’à soi-même : lorsqu’elle sera digne d’émancipation, la donna farà da sè . […] La place que les femmes doivent occuper parmi nous est encore vide, et elle est assez belle pour que celles-ci doivent chercher à s’en rendre dignes. […] Je trouve, par exemple, que c’est une idée nouvelle et digne d’être encouragée que celle qu’a eue le roi de payer lui-même les frais d’une cérémonie qui a été surtout faite pour son plaisir. […] Une sainte et digne femme n’a pas « un grain de poussière, pas une toile d’araignée à la vitre de sa conscience ». […] Mirès comme exemple, exemple plus éclatant, mais certes pas plus digne d’intérêt que tant d’autres qui se produisent chaque jour.
Et en vérité si la vie n’avait pas de sens et s’il fallait que je choisisse un non-sens, ce non-sens-là me semblerait le plus digne de mon choix. […] On ne peut pas dire qu’ils aient eu une morale de bandits et une conception de la vie digne de barbares ou de sauvages. […] Mais, d’abord, ils exagèrent et nous en imposent ; et ensuite c’est précisément les affaires pleines de dangers qui sont dignes que l’homme s’y attache. […] Cela, ç’a été un tour de force et un tour d’adresse incroyables, miraculeux, véritablement dignes d’admiration en même temps que de stupeur. […] Il est cependant indéniable que cette culture allemande a dupé les Européens et qu’elle n’était digne ni d’être imitée, ni de l’intérêt qu’on lui a porté et moins encore des emprunts qu’on rivalisait à lui faire.
On ne trouverait peut-être pas en France trente volumes par an dignes d’être achetés et représentant la valeur vraie de notre mouvement littéraire. […] On peut contester ce point de vue, et n’y voir qu’une boutade d’artiste ; mais c’est peut-être une forte idée, une synthèse de l’esprit humain digne des conceptions de Gœthe. […] Un tel malheur offrait des félicités et des remords dignes de son extraordinaire nature. […] Malgré tous ces malheurs, ce n’est pourtant pas lui qui est le plus digne de notre pitié : ce sont ses victimes, ces nobles femmes dont l’histoire ne se séparera plus de la sienne. […] En désirant limiter cette causerie aux questions de style et de forme, nous ne découvrirons peut-être pas beaucoup d’écrivains qui soient dignes d’une étude particulière.
Le mot ami est trop familier ; le mot courtisan n’est pas assez digne. […] Ajoutons que cette humeur orgueilleuse lui inspire parfois des actes très dignes et dont on ne saurait trop le féliciter. […] Et c’est par là qu’il est digne de fixer l’attention. […] elle découvre un beau jour que son mari n’était pas digne de sa tendresse. […] Il y a bien Strass et diamants dont le début est plein de grâce, mais dont la fin n’est pas digne du début !
Je m’étais donc résigné à rester affublé du ridicule d’avoir dit le pour et le contre sur une École, persuadé que, si quelque jour la chose paraissait digne d’être éclaircie, l’examen des pièces ne me montrerait pas en contradiction avec moi-même. […] Rarement pourtant livre plus intéressant fut plus digne d’être lu. […] Et moi-même, qui l’admire et qui l’aime, mais qui sens ma fibre poétique engourdie, ne m’arrive-t-il pas de prendre négligemment le volume, de ne me pas trouver digne de le lire, de le remettre au lendemain et de dire en soupirant : Pauvre poète, qui a le courage de faire des vers dans un temps où ce n’est plus la langue qui donne de la valeur aux idées ! […] Si le droit est incontestable, a-t-il été digne de l’exercer ? […] Si j’ai fait une faute, Jules Janin, ç’a été de ne pas prévoir ce qui précède ces deux actes, dignes produits d’une intrigue si parfaitement exemplaire.
Ponnine et Babourine, Les nôtres m’ont envoyé… telles sont ces cinq historiettes, bien dignes de l’auteur des Mémoires d’un chasseur. […] On peut rien que par ces quelques lignes juger de l’ensemble de ce livre, digne des autres écrits de M. […] Eh bien, certes, le lecteur ne se dira pas cela, car il est dans ce recueil telle ou telle nouvelle écrite par Dumas d’autrefois qui est digne du Dumas de l’Académie. […] Octave Feuillet est digne de ses devanciers : même respect de la forme, même élévation de sentiments, même mouvement dramatique. […] Il avait toujours montré dans les rapports que nous avions avec lui une politesse bienveillante et digne, mais froide et réservée.
Il avait trouvé en mademoiselle Scheffer, fille du peintre Henry Scheffer et nièce du célèbre Ary Scheffer, une compagne capable de le comprendre et digne de l’aimer. […] Il avait horreur de la rhétorique et ne voyait dans la perfection du style que le moyen de donner à la pensée toute sa force, de la vêtir d’une manière digne d’elle. […] Il parlera presque du même ton de sympathie admirative de Benvenuto Cellini, qui personnifie l’homme de la Renaissance, indifférent au bien et au mal, sensible seulement au plaisir de déployer librement son individualité et de jouir de la beauté sous toutes ses formes, et de Bunyan, le chaudronnier mystique, qui personnifie l’homme de la Réforme, indifférent à la beauté et préoccupé seulement de purifier son âme pour la rendre digne de la grâce divine. […] Son admiration pour son ami était telle qu’il le voulait parfait, et qu’il désirait être lui-même parfait pour être digne de lui. […] La discipline morale à laquelle il se plie n’est pas moins digne d’admiration que la méthode de travail qu’il s’impose et elle nous montre son caractère sous un jour singulièrement touchant.
— Pourquoi donc, ajoutait le digne homme, nous adresse-t-on toujours des choses médiocres ? […] La critique a droit à des intimités illustres, mais elle doit s’en montrer digne. […] Le monde est fait pour lui, parce qu’il en est digne. […] En tout cas, à en juger par le subterfuge qu’il y employa, le duc de Portland fut certes l’homme le plus digne au monde du bonheur conjugal. […] L’ensemble se constitue peu à peu, charmant et fastueux, digne de quelqu’un que ne satisfont pas complètement les réalités quotidiennes.
Nous ne le croyons pas ; nous croyons au contraire que certaines sensations de ce genre sont dignes d’être mises en comparaison de telle jouissance esthétique très élémentaire6. […] La beauté supérieure, quoi qu’en dise Kant, est la beauté féminine ; or, les qualités que nous trouvons les plus dignes d’admiration chez la femme sont aussi, en grande partie, celles qui sont de notre part l’objet du désir. […] Dès maintenant, entre deux œuvres d’art qui semblent également animées et vivantes, c’est à la plus belle que nous donnerons d’habitude la préférence ; nous trouvons toujours le beau plus poétique, c’est-à-dire plus digne d’être créé. […] Il y a là un nouveau problème digne d’attention, puisqu’il touche en somme à la destinée même du génie humain et à ses transformations dans l’avenir. […] C’étaient alors des combinaisons d’une ingéniosité sans égale, des problèmes d’une décourageante difficulté résolus en se jouant, des tours de force ou d’adresse dignes de ce temps où l’on faisait tenir l’Iliade entière copiée sur parchemin dans un œuf de pigeon.
Il ne lui a pas été donné de voir, presque en naissant, un public à la fois homogène et divers, grands et petits, riches et pauvres, toutes les classes de citoyens également avides et dignes de ses plus brillantes solennités. […] Là il représente le poète chantant « avec un visage de mort, tout vide de sang, les nobles faits qui sont les historiques de rois, princes et dignes empereurs. » Au milieu du théâtre, sous une tente, des hommes « d’une contenance effrayante, le visage défiguré par des masques, jouaient par signes, à la vue du peuple, ce que le poëte avait chanté en haut. » Lydgate, moine et poëte, prêt à rimer une légende ou une ballade, à composer les vers d’une mascarade ou à dresser le plan d’une pantomime religieuse, avait peut-être figuré dans quelque représentation de ce genre, et sa description nous donne, à coup sûr, l’idée de ce qui se passait de son temps. […] Peut-être en se rapprochant des classes élevées, frappé du spectacle d’une élégance relative de sentiments et de mœurs qu’il ne soupçonnait pas encore, averti soudain que sa nature lui donnait droit de participer à ces délicatesses jusque-là étrangères à ses habitudes, Shakespeare se sentit-il chargé, par sa situation, de douloureuses entraves ; peut-être s’exagéra-t-il son abaissement, par cette disposition d’une âme fière, d’autant plus accablée d’une condition inégale qu’elle se sent plus digne de l’égalité. […] Nous avons besoin d’y croire pour nous y livrer, et nous n’y croirions pas sans leur attribuer une cause digne de les exciter. […] Il faut que les progrès du goût, des lumières de la société et de l’homme, servent, non à diminuer ou à troubler nos jouissances, mais à les rendre dignes de nous-mêmes, et capables de répondre aux besoins nouveaux que nous avons contractés.
Les théories blasphématoires de Brotteaux effarent le digne barnabite, qui ne craint pas lui-même de reprocher vertement à l’ancien traitant son ignorance des vérités élémentaires de la théologie. […] Il conte délicieusement d’idylliques amours avec une ondine ou une baigneuse digne du rang de déité aquatique. […] Paul Claudel y a résidé comme consul de France) ; les Cinq grandes odes chantent surtout l’amour de Dieu avec un lyrisme digne des hymnes et des psaumes, mais la première, adressée aux muses, contient des vues intéressantes sur la poésie : « Ô mon âme, il ne faut concerter aucun plan ! […] Dévoré d’un besoin d’activité, Floris voudrait rentrer en Russie, servir avec un grade digne de son rang dans l’armée de son cousin le tsar. […] Écrire ne fut vraiment pour lui qu’une manifestation occasionnelle de son activité ; il ne se subordonna jamais à la littérature comme au seul objet digne d’absorber toutes ses facultés.
La fille qui lui naquit et qui est aujourd’hui si digne de son père, une aide intelligente dans ses travaux, fut élevée de même selon la foi de sa mère, chrétiennement. […] » Grande et haute pensée sans doute, à laquelle je ne ferai qu’une objection : c’est qu’elle suppose une postérité de plus en plus sérieuse et bien révérente pour le passé, et un passé de plus en plus digne du respect de l’avenir.
Benjamin est de ce nombre ; il ne fera jamais rien qui soit digne de son esprit… » J’ai voulu vous lire tout le passage, qui est piquant. […] Guizot alors ministre et qui le connaissait si bien, de débiter de vive voix ou de lire par cahiers ce qu’il hésitait à considérer comme définitivement écrit et comme digne d’être imprimé en corps d’ouvrage.
On peut dire qu’elle ne devint véritablement digne du nom d’art que quand le christianisme, parvenu lui-même à son âge de virilité, de puissance morale et de conquête universelle, régna à Rome sur l’univers. […] Paturle, digne possesseur de ce reliquaire du génie (M.
Les lettres de Robert à cette époque sont pleines d’inspirations mystiques vers cette autre vie où l’on sera réuni à ce qui est digne d’être aimé dans ce bas monde. […] Ce groupe, qui fait contraster la mort et l’enfance, est digne, par l’expression des figures et par la naïveté des poses, de Corrége, ce poète des enfants.
Un homme, digne par son caractère du nom de Washington vénitien, Manin, la gouverna pendant cette tempête par la seule autorité morale d’une âme plus grande que sa destinée. […] Il n’y a de coalition digne et sûre que celle qui laisse leur nom, leur nationalité et leur nature aux coalisés : la république vénitienne, s’enrôlant sous la monarchie ambitieuse de Turin, se perd en s’abdiquant ; les abnégations, qui font la vertu des individus, font la dégradation des peuples.
Balzac était digne de se comprendre ainsi lui-même et de se mesurer tout entier devant Dieu et devant sa sœur en 1820 ; il avait tout en lui : grandeur de génie et grandeur morale, immense aristocratie de talent, immense variété d’aptitudes, universalité de sentiment de soi-même, exquise délicatesse d’impressions, bonté de femme, vertu mâle dans l’imagination, rêves d’un dieu toujours prêts à décevoir l’homme…… tout enfin, excepté la proportion de l’idéal au réel ! […] La proportion et l’harmonie sont les signes de la vraie supériorité ; Goethe, Chateaubriand, Hugo, Balzac, devenaient sous le ciseau de David des éléphants humains dignes de l’Inde ; la finesse et la délicatesse des lignes disparaissaient sous cette exagération colossale.
Elle était digne de Bossuet, et j’admire qu’avec une science si profonde des cœurs, quand il pouvait les ouvrir, pour ainsi parler, et les étaler tout vifs sur la chaire, il aime mieux poursuivre et harceler son auditoire d’austères explications du dogme, et songe plutôt à lui faire peur de ne pas croire qu’à l’intéresser par l’imagination à bien agir. […] Voici, par exemple, un homme qui professe, entre autres maximes, « qu’on ne gagne point les hommes sans les tromper ; que l’honneur est la chimère des fous, qu’il y a peu de sciences certaines ; que l’homme du monde le plus digne d’envie est celui qui a le plus d’empire sur l’esprit d’autrui ; que l’homme le plus heureux et le plus libre est celui qui a le moins de préjugés et de devoirs. » Quel est au juste ce personnage ?
Ernst, qu’il faille négliger les souvenirs personnels de ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le maître ; mais nous ne les acceptons que quand, comme ici, ils viennent d’un témoin digne de foi et qu’ils sont datés. […] Juillets, Schuré, etc., de poursuivre un but caché : ils veulent se moquer de ce digne penseur, Schopenhauer.
Un vœu pour finir : que, cette Revue morte, qui exigea certes un travail dévoué, — notre but à tous Wagnériens soit d’apprendre à admirer bien, et à être dignes de notre admiration. […] Et j’avoue que si j’étais en état de dépenser, j’aimerais mieux encore contribuer à une histoire de Wagner, au monument seul digne du maître, infiniment important à l’intelligence de son œuvre, j’aimerais mieux y mettre ma largesse qu’à préparer l’avènement à Paris d’un théâtre wagnérien, la chose du monde la plus excellente pour obscurcir, fausser, obstruer à jamais la compréhension de l’œuvre wagnériennebp Teodor de Wyzewa 93.
Tout, en ce spectacle de la mort, a été digne, simple, décent, chose rare ! […] Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9.
Dans le roman où se dessine cette héroïne d’une si chaude vie, on peut suivre le même travail minutieux de représentation par un grand nombre d’incidents sur tous les personnages de premier plan ; toute une période de leur vie nous est donnée en d’innombrables instants pour Wronsky l’homme moderne du bel air, élégant, un peu lourd d’esprit ; mais noble, constant, délicat, digne d’être aimé, et se haussant parfois à de grandes idées humaines étrangères à sa caste, comme pour Lévine plus fruste, plus simple et plus profond et dépeint de ses occupations de gentilhomme campagnard à ses angoissantes préoccupations sur le but et le sens de la vie. […] Les maisons, les champs, les rues, les jours, les nuits, le train même de la vie, de l’histoire, de la société sont là ; on y trouve des hommes dignes d’amitié ou de haine, des femmes à aimer, des êtres à qui sourire et d’autres qui déplaisent ; les personnages ont le visage familier et humain, il y a des familles cordiales, de cérémonieux salons, des gens du peuple et des soldats ; les discussions s’engagent sur les éternels problèmes et l’on peut ensuite échanger les plus vains propos ; les êtres y aspirent, s’émeuvent et pensent avec l’infinie variété de nos semblables.
Autre rapport, non moins digne d’attention, entre Jean et Daniel. […] Eschyle, espèce de génie hors de tour, digne de marquer un commencement ou une fin dans l’humanité, n’a pas l’air d’être à sa date dans la série, et, comme nous l’avons dit, semble un aîné d’Homère.
Suivant ce plan, Turnus ne seroit point un prince jeune, aimable & digne d’obtenir la main de l’objet qu’il adore, mais il en seroit l’oppresseur ; il auroit profité de la foiblesse de la reine Amate & du vieux roi Latinus, pour envahir leurs états : & le prince Troyen seroit le libérateur de Lavinie & de son père ; au lieu que, chez Virgile, Turnus défend Lavinie, & l’on ne voit, dans Énée, qu’un étranger fugitif, courant les mers, & devenu le fléau des peuples & des rois de l’Italie, & d’une jeune princesse, de sorte qu’on est tenté de prendre le parti de Turnus contre Énée. […] Il découvre une plus belle matière à traiter ; de plus grands événemens à développer ; un palais plus vaste & plus digne d’admiration ; intérêt de nation, intérêt de famille, intérêt de politique, intérêt de religion, de curiosité.
Dans la grande aventure qu’est toute lutte de l’esprit pour l’esprit, l’être, s’il veut devenir digne de la liberté, son égide, doit avant tout renoncer au secours facile des apparences et n’accepter rien de ce qui est astuces, gestes composés, charme. […] Avenues insensibles d’une cité creusée au centre même de la terre, son ciel ignorant du chaud et du froid, l’ombre de ses arcades, de ses cheminées, en nous donnant le mépris des apparences, des phénomènes, déjà, nous rendaient plus dignes du rêve absolu où un Kant put sentir son esprit s’amplifier en plein vertige nouménalcc.
Mézeray disait donc à Richelieu dans cette dédicace toute légitime et qui n’a point été publiée : Monseigneur, Étant si heureux que de vivre sous l’empire du plus grand des rois et sous l’administration de Votre Éminence, j’ai pensé que c’était une louable témérité de tenter quelque chose de grand et d’entreprendre un ouvrage digne de la gloire que vous avez acquise à la France.
Une telle ambition est honorable : il y avait plusieurs manières possibles d’être vaincu par Bonaparte, et on en imagine qui pouvaient encore être dignes d’envie.
. — Je regrette également pour elle qu’elle ait écrit, bien avant la Régence, certaine lettre à l’électrice de Hanovre, et je me passerais très bien aussi de la réponse de cette dernière : ce sont tout simplement des grossièretés dignes du mardi gras.
Marcotte, son digne et incomparable ami de tous les temps, il lui exprimait, d’une manière un peu voilée, mais avec insistance, les regrets de l’homme du Nord, de l’homme plus intérieur et spiritualiste qui se sent jusqu’à un certain point exilé dans ce pays de la lumière et des sensations heureuses.
Ce premier volume, tout scientifique, contient les divers mémoires sur la Formule barométrique et les Nivellements : il attend et il appelle les volumes suivants, d’un intérêt plus général pour les divers ordres de lecteurs, et dont le digne fils de M.
Enfin le meilleur éloge qu’on puisse faire de cette réfutation trop peu connue, c’est que, pour le ton comme pour le fond, elle eût été digne d’être estimée par Charron lui-même46.
Il s’agissait du prochain mariage du roi avec une princesse de Florence, et comme Henri IV le lui annonçait, le digne président répondit par une comparaison érudite avec la lance d’Achille, disant que cette maison réparerait ainsi les blessures qu’elle-même avait faites à la France par la personne de Catherine de Médicis.
[NdA] Je ne discute point la question de savoir si ces Réflexions diverses sont certainement de La Rochefoucauld ; il me suffit qu’elles lui soient attribuées, qu’elles soient dignes de lui, et qu’elles expriment le meilleur goût et tout l’esprit de son monde.
Arnauld plus que personne au monde, qu’il portait toujours sur lui, comme une relique, une lettre que cet incomparable docteur lui avait autrefois fait l’honneur de lui écrire » ; et la réponse allait non aux mains du digne curé de Saint-Jacques qui ne savait mot de ce manège, mais droit au collège Louis-le-Grand, où c’était la gaieté des récréations.
Ils avaient fait ce quon appelait sous l’Empire de bonnes études ; ils étaient gens du monde, quelques-uns militaires, pressés d’ailleurs de produire, et dignes de se perfectionner par l’étude sans en avoir les loisirs ni les instruments ; mais ils avaient une certain flamme au cœur et une ardeur d’idéal qui ne s’est pas encore éteinte chez tous, et qui fait l’honneur de ces générations rapides dont les individus isolés se survivent ; il y avait eu je ne sais quel astre ou quel météore qui les avait touchés en naissant.
La première que vous m’avez envoyée était admirable et digne d’un grand ouvrier ; celle que j’ai faite dessus n’était pas non plus de mauvaise main ; mais cette dernière que vous venez de lirer, ultima linea rerum est, elle est au-delà de toutes choses, et pour moi je n’oserais plus jamais faire un trait après cela.
Quoi qu’il en soit, ce poète de Toulouse, qui végéta toute sa vie dans les fonctions de président au présidial d’Aurillac, est un digne représentant des poètes disgraciés par la fortune, et dont le mérite n’a pu triompher d’une mauvaise étoile ; il a droit de se citer lui-même en exemple au malheureux Acanthe, et, pour mieux le consoler encore, il lui retrace les malheurs de leur père commun et de leur maître, Apollon.
Rohan, qui y admire l’arsenal et qui en dénombre l’artillerie (370 pièces de fonte), ajoute : « Ils n’ont point de canon de batterie : leur raison tient fort du roturier ; car, à ce qu’ils disent, ils ne veulent attaquer personne, mais seulement se défendre. » Venise le saisit vivement par son originalité d’aspect, son arsenal, sa belle police, ses palais, ses tableaux même et ses bizarres magnificences : Pour le faire court, dit-il, si je voulais remarquer tout ce qui en est digne, je craindrais que le papier me manquât : contente-toi donc, ma mémoire, de te ressouvenir qu’ayant vu Venise, tu as vu un des cabinets de merveilles du monde, duquel je suis parti aussi ravi et content tout ensemble de l’avoir vue, que triste d’y avoir demeuré si peu, méritant non trois ou quatre semaines, mais un siècle, pour la considérer à l’égal de ce qu’elle mérite.
; on observerait les proportions et le ton, les convenances ; on ne commencerait point par donner tête baissée dans l’inédit, avant d’avoir lu ce qui est imprimé depuis deux siècles, ce qui hier encore était en lumière et faisait l’agrément de toutes les mémoires ornées ; on ne débuterait pas avec le xviie siècle par des découvertes : mais si l’on en faisait, on les exprimerait d’une façon plus simple, mieux assortie aux objets, plus digne de ce xviie siècle lui-même ; on ne jurerait pas avec lui en venant parler de lui ; on ne parlerait pas un langage à faire dresser les cheveux sur la tête à ce monde poli qu’on met en avant à tout propos ; on ne s’attaquerait pas enfin, de but en blanc, à ces gens de Versailles comme si l’on arrivait de Poissy ou de Pontoise.
Mais voici une jolie page datée de Paris même et qui en est digne : Une nouvelle pièce a-t-elle paru, l’on va chez Mme Geoffrin, Mme Necker ou Mlle de Lespinasse ; on retient ce qu’en ont dit Diderot, d’Alembert, Marmontel, Thomas ; on fait des visites ce même soir, on voit au moins soixante personnes, à qui l’on répète la même chose.
La plupart des premières et des plus anciennes, qui remontent jusqu’à 1818, sont écrites à de bonnes et pieuses demoiselles, Mlle de Lucinière, Mlle de Tremereuc, que Lamennais avait connues aux Feuillantines, dans une espèce de petit couvent dirigé par le respectable abbé Carron : il avait inspiré à ces dignes personnes une vive amitié, qu’il leur garda de son côté très-fidèlement, au milieu de toutes ses traverses et de ses vicissitudes.
Il semblait donc, étant le dernier à opiner, devoir lever le partage et décider entre les concurrents ; chacun tâchait par ses regards de l’attirer dans son parti, lorsque, prenant la parole, il dit :« Je n’ai pas oublié, Messieurs, qu’un des principaux statuts de cet illustre Corps est de n’y admettre que ceux qu’on en estime les plus dignes : vous ne trouverez donc pas étrange, Messieurs, si je donne mon suffrage à M.
Les quelques lettres du jeune homme à ce père dissipé et fat sont respectueuses et dignes.
Elle était une digne accompagnatrice dès sa jeunesse, elle eût été une rivale des Mirabeau, des Vergniaud, des Camille Jordan, et mieux même que d’un Constant.
De même, au point de vue de l’esprit humain, le digne successeur de Racine, c’est Voltaire qui adorait Racine et le proclamait poète naturel et divin, une merveille de goût, en ayant, lui, bien autre chose encore que du goût.
Goethe, qu’on n’accusera pas d’étroitesse et qui comprenait tout, ce critique universel au goût le plus large et le plus hospitalier, reculait toutefois devant les tableaux odieux et hideux trop prolongés ; il voulait que l’art tournât en définitive au beau, au digne, à l’agréable.
Ducis n’a pas assez de paroles bonnes et charmantes pour le rassurer et le garantir contre les faiblesses de sa raison : « Pensez que Thomas et moi, nous vous plaignons et vous aimons, et qu’en ne vous interdisant pas le bonheur, vous ranimerez le cœur flétri de votre digne épouse.
Entre les croyants et les incrédules proprement dits, il y a une masse flottante considérable, indécise, qui n’ira jamais ni aux uns ni aux autres, et qui, livrée aux soins positifs de la vie, vouée aux idées moyennes, aux intérêts secondaires, aux sentiments naturels et honnêtement dirigés, à tout ce qui est du bon sens, est capable et digne d’instruction, et en est curieuse à certain degré.
Les deux derniers volumes sont dignes des premiers, et l’auteur dans sa méthode originale et sûre, qui consiste à ne marcher qu’avec des pièces d’État, et, en grande partie, des pièces toute neuves, n’a point faibli un seul instant.
La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné.
Sa façon d’entendre la tolérance me paraît surtout supérieure et digne d’être méditée.
Par tous ces soins, le militaire acquit dans ce pays un degré (le perfection où il n’était jamais parvenu sous les empereurs de la maison d’Autriche, et une femme exécuta des desseins dignes d’un grand homme.
C’est ici que nous faisons appel à son digne fils.
Nommé commissaire général de la marine et membre du Comité de législation pour les colonies, son avis était fort demandé sur toutes les questions de sa compétence ; et quand un homme à projets, un aventurier utopiste, le baron de Bessner (un digne contemporain de Mesmer), proposa un établissement chimérique à la Guyane et en présenta à l’avance les plans réalisés et dessinés aux yeux sur le papier, on voulut bien consulter tout particulièrement Malouet ; on se décida même à l’envoyer sur les lieux, sauf ensuite à faire tout le contraire de ce qu’il aurait dit et observé.
Qu’elle consente à se relâcher un peu de l’absolu de la forme et de la rigueur affirmative, à s’interdire envers les adversaires une chaleur de réfutation trop facile, et qui déplace toujours les questions ; qu’elle permette autour d’elle à bien des faits de détail de courir plus librement sous le contrôle naturel d’un empirisme éclairé, et elle aura permis qu’on s’appuie souvent avec avantage sur elle sans s’y ranger nécessairement ; elle aura fourni un contingent utile à une œuvre pratique d’intelligence et d’indépendance qu’elle est digne d’apprécier ; car chez elle aussi, si je ne me trompe, et derrière ces grands développements de croyances, la maturité personnelle et l’expérience secrète sont dès longtemps venues142.
Et comme si l’aspect de l’hypocrisie libertine avait rendu Regnier à de plus chastes délicatesses d’amour, il nous y parle, en vers dignes de Chénier, de … la belle en qui j’ai la pensée D’un doux imaginer si doucement blessée, Qu’aymants et bien aymés, en nos doux passe-temps, Nous rendons en amour jaloux les plus contents.
Colbert ; ainsi tout le monde s’y rangea. » Le premier académicien qu’on reçut après lui et qu’on reçut en public (janvier 1673) fut Fléchier, digne d’une telle inauguration.
Ramassons leurs débris, lisons ceux de leurs livres qui ont subsisté et que les voyageurs nous rapportent, les cinq Kings des Chinois, les Védas des Hindous, le Zend-Avesta des anciens Perses, et nous y trouverons des religions, des morales, des philosophies, des institutions aussi dignes d’attention que les nôtres.
Lesage et son « Gil Blas » Lesage499 vécut pauvre, obscur et digne.
Et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi. » Le fond est ce qu’il faut qu’il soit : des idées nettes, simples, immédiatement accessibles, des sentiments communs, réels, immédiatement évocables ; l’honneur, la gloire, l’intérêt ; de vigoureux résumés des succès et des résultats obtenus, de rapides indications des résultats et des succès à poursuivre, des communications parfois qui semblent associer l’armée à la pensée du général et la flattent du sentiment d’être traitée en instrument intelligent : toutes les paroles qui peuvent toucher les ressorts de l’énergie morale, sont là, et sont seules là.
Certes, j’aime les romans de Loti pour bien d’autres raisons ; mais je les aime aussi pour cette idée dont ils sont tout imprégnés, que l’âme d’un pêcheur ou d’une paysanne bretonne a mille chances d’être plus intéressante, plus digne d’être regardée de près que celle d’un chef de division, d’un négociant ou d’un homme politique.
Il est le seul qui, depuis Lamartine et Hugo, ait composé des odes dignes de ce nom et qui n’ait pas perdu haleine avant la fin ; et en même temps ce rhétoricien a su écrire de merveilleuses chansons assonancées et qui ressemblent, à force d’art, à des chansons populaires.
Après le spectacle de l’homme de Descartes, se connaissant par sa pensée et ne pouvant connaître sa pensée sans connaître Dieu, le plus beau sans doute est celui que nous donne Buffon, quand il fait apparaître devant nos yeux la terre, d’abord masse incandescente, détachée du soleil et emportée vers la route où elle doit éternellement rouler, puis, par le déluge des vapeurs condensées qui tombent sur sa surface attiédie, devenant une mer sans rivages, d’où sort par ses pointes de granit la roche intérieure qui forme le noyau du globe ; les continents s’emparant des espaces abandonnés par la mer ; les volcans vomissant les masses vitres-cibles ; les grands animaux qui viennent peupler les régions du Nord, les premières refroidies et desséchées ; le déchirement du globe en deux vastes continents, dont l’un sera le monde ancien et l’autre le nouveau ; enfin, l’homme prenant possession de la terre pacifiée et rendue digne de recevoir son nouvel hôte.
Nous ne pouvons connaître tous les faits et il faut choisir ceux qui sont dignes d’être connus.
Il s’ensuit des séances troublantes, que rapporte l’anglais Wallace, en témoin digne de foi.
Il savait rendre, par sa parole animée, les maillots d’actrice un sujet digne de Platon.
Un maintien sérieux, grave, digne, solennel, nous force à la contrainte ; ainsi dès qu’on peut le quitter, on se sent comme délivré.
Chaque époque — la nôtre comme les autres — produit, à côté d’une foule d’œuvres qui dépendent de la mode du moment et disparaissent avec elle, quelques œuvres d’une portée plus, sérieuse, destinées à survivre un temps plus ou moins long, dignes en tout cas d’être examinées et reconnues : les écrivains sont trop disposés à consacrer par des admirations exagérées les productions éphémères dont ils subissent l’attrait ; l’Université englobe trop souvent dans le même mépris les écrits insignifiants et les œuvres durables.
Madame de Sévigné, capable d’écrire et qui a écrit des phrases dignes de Racine par leur tendresse et leur pathétique, était assurément aussi capable que La Harpe d’apprécier les beaux traits de cet admirable poêle.
» Et chez le fils de l’immortel mort depuis peu et oublié depuis longtemps, il salue le « digne héritier d’une grande dynastie littéraire ».
L’idée positive et la conclusion pratique de M. de Laborde est celle-ci : Que le palais Mazarin est en lui-même un monument historique très digne d’être conservé, que la Bibliothèque y est bien placée, mieux qu’elle ne le serait ailleurs, et qu’il faut l’y laisser, sauf à réparer, à améliorer l’édifice au-dedans, et à le restaurer, à l’orner au-dehors, pour qu’il n’attriste pas le brillant quartier qui le possède.
Les gens de lettres, ceux qui sont vraiment dignes de leur nom et de leur qualité, ont été de tout temps sensibles à certains procédés, à certains actes de prévenance et de délicatesse, à certaines choses faites à temps et d’une manière qui honore.
On ne tarde pas, quand on s’est familiarisé avec lui, à reconnaître quelques-unes de ces paroles, la plupart dignes d’être retenues.
Il est revenu plus d’une fois, dans des pages dignes d’un vrai politique et d’un historien, sur ce que c’est que l’heure de l’entraînement dans une nation, et sur le parti qu’on en peut tirer pour de grandes choses : Il y a de profonds politiques, dit-il avec raillerie (26 septembre 1831), qui ne croient pas qu’on puisse faire autre chose que du désordre par l’entraînement, et qui prétendent que c’est la ressource de l’incapacité… Il y a aussi, dans l’opposition, des hommes qui ont lu l’histoire, et qui se sont persuadé qu’en politique comme en guerre, ce qui distingue le génie de la capacité vulgaire, c’est de saisir l’entraînement et de s’en servir.
Mais il y a dans cet exemple un courage digne de respect.
Comme tous les Valois, digne petite-fille de François Ier, elle était savante.
Le jeune séminariste, mis en présence du monument inconnu, ne put que répondre : « Attendons. » Ces deux jeunes gens, compatriotes et dès lors adversaires, ne se sont jamais revus depuis ; mais l’abbé Gerbet et Jouffroy, en se combattant l’un l’autre plume en main, n’ont cessé de le faire dans les termes de la controverse la plus digne, et Jouffroy, dont le cœur, sous cette parole absolue, était si bon, ne parlait, s’il m’en souvient, de l’abbé Gerbet qu’avec les sentiments d’une affectueuse estime.
Regnard, quand il eut produit quelques-uns de ses meilleurs ouvrages en vers, eut la bonne grâce de dédier sa pièce des Ménechmes à Boileau, en se professant son disciple et en lui disant : Le bon sens est toujours à son aise en tes vers ; et Boileau, à quelqu’un qui, pour lui faire la cour, traitait devant lui Regnard de poète médiocre, eut la justice de répondre : « Il n’est pas médiocrement gai. » « Qui ne se plaît pas à Regnard n’est pas digne d’admirer Molière », a dit excellemment Voltaire.
Tout ce qu’il dit à ce sujet dans ses lettres (et il y revient à plusieurs reprises) est de pur bon sens, d’un ton plus digne encore que moqueur, et sans fausse modestie.
Mérimée, à l’égard de Cicéron, cet éloignement que l’historien de César est digne de surmonter43.
et a répondu à Mlle*** en le raccrochant au mur déjà en deuil et tout triste : « Chère camarade, « Je suis une folle, et presque une impie d’avoir cru mon petit tableau digne de votre hôtel.
En même temps, on ne trouvait pas assez d’expressions pour l’exalter, ou plutôt on ne trouvait d’images dignes de lui que dans la religion.
La conséquence de cette tyrannie obscure exercée sur la pensée est une sorte de servilisme nouveau et de courtisanerie démocratique digne d’être étudiée. » Cette servitude d’un nouveau genre peut se comprendre aisément.
Que de choses belles, bonnes, excellentes, dignes d’admiration, qui ne nous apprennent pas nos devoirs : la science par exemple et les beaux-arts !
Ils disent alors qu’ils ont les premiers approuvé cet ouvrage et que le public est de leur avis. » Un certain manque de courage à donner son avis est donc une cause que le bon ouvrage n’ait pas tout de suite le succès qu’il mérite, il est très vrai ; mais je dis que la timidité du lecteur est cause aussi qu’un ouvrage n’est pas autant lu qu’il en serait digne.
Et Chasles se rajeunissait, s’arrangeait, s’adonisait, se peignait, comme Roqueplan, un beau sarcastique de son temps, que sa nièce, digne d’un tel oncle, par piété pour ses élégances défuntes, qu’elle aurait voulues immortelles !
de ressembler à Grammont, l’adorable Grammont, raconté par l’étonnant Hamilton, digne par l’esprit d’être son beau-frère.
Quelques-uns, de nos jours, pensaient y élever « soit un musée, soit un groupe scolaire, soit même un observatoire, d’où l’on découvrirait, sinon Dieu lui-même, au moins les étoiles dont il a semé l’espace67. » Je ne rêve aucune de ces destinations, si honorables fussent-elles, pour la fière colline : j’y rêve quelque chose de plus grand, de plus digne d’elle.
Voici qu’on vient de déterrer le plus grand psychologue du siècle, Henri Beyle, qui avait manqué la popularité, parce qu’il avait fui le ton sublime ; et plusieurs personnes déjà préfèrent ses petites phrases précises, dignes d’un code et d’une algèbre, aux métaphores de Victor Hugo et au galimatias de Balzac.
Quelles paroles retrouver qui soient dignes de sa grandeur sereine ? […] Les amis du mort, comprenant, font le possible pour alléger cette infortune digne de tous les respects et de toutes les pitiés. […] Il n’est pas possible que l’appel fait en faveur de la femme du plus digne des hommes, qui était en même temps le plus beau des talents, reste sans réponse. […] Il n’est pas possible qu’un être élu, en qui a brûlé une des plus belles flammes de la pensée de ce temps, soit plus maltraité de la charité publique, que le dernier des comédiens, qui, devenu vieux, n’a qu’à tendre la main pour qu’on la remplisse d’or ; il n’est pas possible que nous ne trouvions pas le moyen d’émouvoir cette charité qui a fait tant de miracles, souvent mal à propos, en faveur d’une infortune sacrée, digne celle-là de tous les respects et de toutes les pitiés. […] Très fier, très digne, ne se plaignant jamais, soutenu par des espoirs sans cesse reculés, il s’était réfugié à Charenton, dans un pauvre quatrième étage, ne voyant presque personne.
J’ai entendu un philosophe digne de ce nom, en ce sens qu’il n’avait jamais écrit un mot de philosophie, expliquer comme quoi le mot progrès ne devait pas être confondu avec le mot amélioration, et il ajoutait comme preuve à l’appui : « Les maladies, les épidémies, elles aussi, font des progrès, et ce n’en est pas plus gai ! […] Ricard ; j’aimerais mieux : « Cerveau fêlé », car l’héroïne du livre n’est autre chose qu’une déséquilibrée, hébétée par le chic mondain, les niaiseries de la haute vie, et plus digne de pitié que d’amour. […] Elle demeurait là, pleurant, sans un effort de volonté, sans un remords et sans un projet, dans la contemplation du sort digne de pitié qui était le sien, et de l’ironie de ces séparations. […] Je ne serais nullement étonné, d’ailleurs, qu’au point de vue de l’intérêt qu’il peut avoir pour le grand public, dont vous connaissez parfaitement les goûts, ce travail, qui nous reporte à tant d’années en arrière, ne vous parût pas aussi digne d’attention que l’ont jugé quelques érudits, curieux du passé. […] Lire et relire mes volumes, sans y être forcé, lorsque tant de critiques en ont rendu compte évidemment avant d’en avoir coupé les pages, c’est un procédé bien digne de toute ma sympathie !
Poincaré), et les calculs seuls sont dignes d’arrêter le savant. […] Si l’on ne s’accordait pas une force supérieure à sa force réelle, on n’oserait jamais entreprendre l’impossible : or il n’y a peut-être que l’impossible qui soit digne d’être entrepris. […] Même quand on est devenu digne d’être soi-même un guide, on ne s’aventure jamais seul dans la montagne, à moins que d’être fou. […] Il faut les prendre pour ce qu’ils sont, pour le résultat du labeur patient d’excellents savants parfaitement dignes de foi. […] Qui ne revoit pas la lumière avec bonheur n’en est plus digne et la nature va peut-être le démontrer par un coup des plus affirmatifs.
Il faut enfin que la passion de bien prouver se joigne à l’art de bien prouver, que l’orateur annonce sa preuve, qu’il la rappelle, qu’il la présente sous toutes ses faces, qu’il veuille pénétrer dans les esprits, qu’il les poursuive avec insistance dans toutes leurs fuites, mais en même temps qu’il traite ses auditeurs en hommes dignes de comprendre et d’appliquer les vérités générales, et que son discours ait la vivacité, la noblesse, la politesse et l’ardeur qui conviennent à de tels sujets et à de tels esprits. […] » Ailleurs rien de plus fort, de plus digne d’une académie des inscriptions que le raisonnement par lequel il convainc un badinage de Pope982 d’être un pamphlet insidieux contre la religion et l’État. […] Que les sages et dignes commissaires inspecteurs lui donnent un régiment de dragons et l’envoient en Flandre avec les autres. — En voici un second qui prend gravement les dimensions de son chenil, homme à visions prophétiques et à vue intérieure, qui marche solennellement toujours du même pas, parle beaucoup de la dureté des temps, des taxes et de la prostituée de Babylone, barre le volet de sa cellule exactement à huit heures, et rêve du feu.
On vit alors un objet digne d’une éternelle pitié: une jeune demoiselle parut dans la galerie de la poupe du Saint-Géran, tendant les bras vers celui qui faisait tant d’efforts pour la joindre. […] vous m’avez sauvé la vie ; mais je l’aurais donnée de bon cœur pour cette digne demoiselle qui n’a jamais voulu se déshabiller comme moi. » Domingue et moi, nous retirâmes des flots le malheureux Paul sans connaissance, rendant le sang par la bouche et par les oreilles. […] En rentrant chez lui, il ajouta cette jolie scène à sa pastorale ; et ceci est un trait caractéristique de ce génie observateur: il ne savait décrire que ce qu’il avait vu ; mais quelle riante imagination ne fallait-il pas pour voir dans les jeux de deux enfants du faubourg Saint-Marceau un tableau digne du pinceau de l’Albane !
Sauf la visite de Napoléon, il ne s’est rien présenté dans sa vie qui fût digne de lui. […] Il lui a paru très digne et d’une belle élégance morale de finir son année professionnelle, de souiller un peu au haut de la côte, d’aller respirer, encore une fois, l’air natal, et de mourir pendant les vacances. […] Les écrivains, très honorables d’ailleurs, du Petit Journal, sont donc, pour l’historien, les expressions précieuses, les plus précieuses, de l’état intellectuel de la France moderne, et, si la théorie est juste, ils sont les vrais auteurs français du xixe siècle dignes d’être étudiés. […] Suffit que j’aie dit que sa nouvelle œuvre est en tous points très digne encore de l’auteur des admirables Lettres de femmes. […] Leterrier, des philosophes dignes de comprendre M.
Aucun savant digne de son nom n’observe pour observer ni n’expérimente en quelque sorte à vide ; et le poète même ou le romancier n’ont pas besoin d’une imagination plus inventive et plus souple que le physicien ou que le naturaliste. […] et l’homme qui l’a exercée n’est-il pas digne qu’on le compte, aussi lui, parmi les « précurseurs » ou les « initiateurs » de la littérature moderne ? […] Mais une seconde raison, c’est qu’aussitôt qu’on les ouvre, on est émerveillé de voir combien la vie, dans sa complexité, plus intéressante que nous-mêmes, est plus digne que nous de notre attention et de l’effort de notre art. […] et la littérature contemporaine, prise dans son ensemble, — si peut-être elle ne mérite pas ce que l’on a parfois dirigé d’accusations contre elle, — est-elle digne des espérances que nous voyons depuis dix ou douze ans que l’on essaie de fonder sur elle ? […] Ce n’est pas précisément la vie qu’ils ne trouvent pas bonne, et je doute que ce soit l’angoisse métaphysique qui les torture ; mais, comme ils ne voient pas d’autre occupation qui soit digne d’eux que de faire du roman ou du drame, leur inindulgence est sans mesure pour ceux de leurs semblables qui construisent des locomotives ou qui cultivent des betteraves.
Il a dit certains mots comme le fameux : « Est-ce qu’il est digne de nous, votre garçon ? […] Il m’a semblé lire du d’Aubigné moins la rouille du temps, qui, du reste, comme vous savez, est pour l’amateur une beauté déplus ; mais précisément, ces vers-ci me paraissent dignes d’acquérir cette rouille-là. […] Alors le surhomme vraiment digne de ce nom verra chaque matin se lever l’aurore et à ce spectacle sentira son cœur plein d’une joyeuse méchanceté. […] Grand a été très digne d’estime dans le personnage de Jean Raidzell.
Le jeune métaphysicien construit, avec une audace singulière, un système entier de la connaissance ; mais, en même temps, il demeure absolument, indestructiblement, le digne rejeton de cette longue suite d’hommes d’industrie et d’hommes de loi. […] L’enseignement primaire doit être le commencement, ou, si l’on veut, l’amorce de l’enseignement secondaire, amorce lui-même du supérieur, en sorte qu’au moyen des gratuités et des bourses, le rejeton du paysan et de l’ouvrier puisse passer de l’un à l’autre s’il en est digne. » Une conception semblable entraîne par voie de conséquence la création d’un corps enseignant, formé ad hoc. […] C’est un saint digne de prendre place dans la Légende dorée à coté du poverello d’Assive. […] Et le tableau s’achève sur cette touche digne de Turner : La quille où s’épaissit une verdâtre écume Et la pointe du mât qui se perd dans la brume. […] Il avait rêvé l’action et il feuilletonnait encore à soixante-seize ans ; — une grande vie d’élégance, et il habitait une pauvre demeure ; — une renommée digne de son génie, et, comme il s’en plaignait dans une lettre que j’ai, là sous les yeux, les articles sur lui ne parlaient guère que de sa personne physique : « Ces sornettes insultantes sont bien dignes », écrivait-il, « des maroufles de ce temps-ci !
L’armée s’en trouve bien, et, si le gentilhomme a paru s’abaisser un moment à des soins peu dignes, il se relève aux yeux de tous par l’emploi et le résultat.
Plusieurs chapitres des Considérations, tels que celui « Sur le ridicule, la singularité et l’affectation », ne sont que des articles développés de définition et de synonymie morale, dignes d’être loués par Beauzée.
Voici en son entier une petite lettre railleuse, et digne, par le tour, d’un Pline le Jeune : Au révérend John Newton Olney, 16 avril 1780.
C’est l’heure aussi où j’ai à me recueillir pour me rendre digne, à mon tour, d’entretenir le feu sacré sur ces hauteurs religieuses de l’Antiquité.
Saint-Marc Girardin, qui a répondu à son appel par une lettre ou préface très vive, très spirituelle, parfaitement judicieuse, un peu indulgente, mais tout à fait digne, par son tour preste et dégagé, d’ouvrir cette lecture des lettres de Voltaire.
Mais son monument est sublime, digne du ciel qu’il a pour voûte, et du soleil qu’il a pour flambeau.
Et il lui cite l’exemple de Voltaire ; ne croyez pas que ce soit comme une preuve éclatante et rare de la gloire littéraire ; il le lui cite pour lui montrer le néant de cette gloire contestée et troublée des grands écrivains : « Je songe quelquefois à Voltaire, dont le goût est si vif, si brillant, si étendu, et que je vois méprisé tous les jours par des hommes qui ne sont pas dignes de lire, je ne dis pas sa Henriade, mais les préfaces de ses tragédies. » Racine, Molière, « qui sont pourtant des hommes excellents », n’ont pas été plus heureux pendant leur vie ; ils n’ont pas joui plus paisiblement de la renommée due à leurs œuvres : « Et croyez-vous que la plupart des gens de lettres n’en eussent pas cherché une autre, si leur condition l’eût permis ?
Il a exprimé en mainte occasion cette sensation diffuse, errante ; il y avait des jours où, dans son amour du calme, il enviait « la vie forte et muette qui règne sous l’écorce des chênes » ; il rêvait à je ne sais quelle métamorphose en arbre ; mais cette destinée de vieillard, cette fin digne de Philémon et de Baucis, et bonne tout au plus pour la sagesse d’un Laprade, jurait avec la sève ardente, impétueuse, d’un jeune cœur.
Il lui donne en retour toutes les preuves de dévouement dont il est capable, et celle qu’un ministre digne du pouvoir doit le plus désirer, la vérité en toute chose.
Je pourrais insister sur d’autres parties de ce Mémoire si digne de son auteur ; j’aimerais à y remarquer une justice rendue en passant à ce modeste et utile officier, Martinet, tué au siège de Doesbourg, à qui Louis XIV accorde, au moment où il le perd, un tribut d’estime et de regret ; je pourrais relever aussi un certain air de satisfaction et de gloire répandu sur l’ensemble et qui couronne la récapitulation, l’espèce d’examen de conscience par où le roi termine le récit de cette magnifique année 1672.
Quelque conteur de belle imagination y aura passé, y aura soufflé la vie et la couleur, aura rejoint les divers anneaux du récit, mais un conteur amusé et amusant, un vrai Milésien encore, soucieux avant tout de plaire, un digne habitant de cette cité qui avait pour devise : « Défense à personne céans d’être sage et sobre : sinon, qu’on le bannisse !
Les différences de cette fin si digne, si caractérisée, mais si spéciale, si exclusive et si ensevelie, du grand empereur du xvie siècle, les contrastes qu’elle offre avec les destinées de cet autre empereur exposé plus encore que relégué à Sainte-Hélène, y achevant de vivre et s’y dévorant dans les loisirs forcés d’une retraite où les mortifications, certes, ne manquaient pas, mais qui s’éclaire des rayons d’une civilisation supérieure et des lumières d’un génie universel, sont assez sensibles sans que j’y insiste.
Un homme de beaucoup d’esprit, dont les idées valaient mieux que les faits et gestes, et qui eut l’honneur de recevoir, depuis, les confidences de Napoléon sur ces matières ecclésiastiques, l’abbé de Pradt, a traité ce sujet dans un livre fort remarquable et digne d’être relu85.
Enfin, lui mort, le choix royal se porta sur le plus beau, le plus éloquent, le plus avenant et le plus habile des prélats du royaume, Harlay de Champvallon, et en sa personne Louis XIV put croire d’abord avoir donné à la capitale le pasteur le plus digne et le plus fait pour concilier le respect et l’affection, en même temps que lui-même il avait mis certainement la main sur son ministre ecclésiastique le plus souple et le plus capable de le servir.
Les fruits de la virilité et de la maturité furent dignes d’une telle enfance.
Elle commence comme toute femme digne de ce nom, comme toute amante, par un transport, par un premier mouvement : « Je te retrouve enfin, mon maître 1 mon Pompée !
Encore une fois, revenons au vrai, et à ce vrai littéraire qui n’oublie jamais l’humanité, et qui implique une sorte de sympathie pour tout ce qui en est digne ; si nous sommes justes pour l’ex-chaudronnier Bunyan qui, dans ses visions fanatiques, a fait preuve de force et d’imagination, n’écrasons point d’autre part cette gentille et spirituelle créature, cette quintessence d’âme, cette goutte de vif esprit dans du coton, Pope.
Confinée au cercle domestique et n’ayant pas mené, comme l’illustre vagabond de Genève, une vie errante et souvent pédestre, elle ne pouvait qu’entrevoir, sans les sonder, les misères profondes : elle était digne de les sentir.
Il nous la montre « aimable dans ses reparties, ingénieuse dans le détail de ses réponses et de ses propos ; ayant le cœur droit, excellent », très aimée, populaire même ; digne fille d’un vertueux père « qui avait répandu en elle toute la bonté et la candeur d’un monarque honnête homme ; ennemie de la dépense, souffrant des tourments réels et des supplices quand elle apprenait quelque calamité publique » ; une vraie mère des Français ; adoptant et admirant tout des grandeurs de la nation ; ne se considérant d’ailleurs que comme la première sujette de son époux : « Véridique avec le cardinal Fleury, hardie même auprès de lui plutôt que fausse, elle sortait, mais rarement, de cet état d’indifférence où elle s’était mise, et lui reprochait avec esprit et doucement les petites tracasseries qu’il lui faisait auprès du roi ; elle souriait un peu malignement, le déconcertait quelquefois et prenait alors le ton de reine de France ; elle lui disait que c’était à lui qu’elle était redevable d’une telle parole du roi.
Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu.
La situation des femmes, chez les Touareg, est digne de toute attention ; elle n’est pas du tout celle des femmes arabes musulmanes et dénote des origines toutes différentes ou même contraires.
Je ne crois pas, somme toute, que Louis XIV tout le premier ait à se plaindre de Saint-Simon : les portraits qu’il fait de lui en vingt endroits sont tous nobles, dignes, et surtout vivants, intéressants.
MM. de Goncourt, qui sont des hommes de nuances, ont manqué là une nuance qu’ils étaient dignes de saisir.
Le prince de Clermont avait eu cette permission du pape Clément XII, qui avait jugé que l’état ecclésiastique devait être subordonné à celui de la guerre dans l’arrière-petit-fils du grand Condé. » Ce petit-fils eut là, en ces années, quelques éclairs, dignes de la gloire de son aïeul : par son intrépidité personnelle, il fit en toute rencontre honneur à son nom.
Considérée sous ce point de vue, sa retraite du ministère après la paix de Tilsitt fut très honorable. » Ce n’est donc point un ennemi qui écrit, et c’est ce même témoin, si digne de foi, qui nous apprend que précédemment, en 1806, dans les négociations qui amenèrent la paix de Posen, et d’où résulta l’abaissement de la Saxe, un million de francs (une bagatelle) avait été mis à la disposition du plénipotentiaire saxon, le comte de Bose, pour M. de Talleyrand, et un demi-million pour un autre agent diplomatique français, M.
Si cette corde digne et sensible ne retentit jamais trop longtemps chez lui, elle revient assez à propos toujours pour relever une verve plaisante, spirituelle, volontiers folâtre, et pour indiquer l’homme, l’honnête homme dans le poëte.
Gautier en parlant de Théophile, c’est d’un véritable grand poëte que nous allons parler. » — Et à propos de Saint-Amant : « C’est, à coup sûr, un très-grand et très-original poëte, digne d’être Cité entre les meilleurs dont la France puisse s’honorer. » Voilà des paroles positives.
Heureux celui qui, puisant en lui-même ou autour de lui, et grâce à l’idéal ou grâce au souvenir, enfantera un être digne de la compagnie de ceux que j’ai nommés, ajoutera un frère ou une sœur inattendue à cette famille encore moins admirée que chérie ; il ne mourra pas tout entier !
Cette supercherie n’échappa point à la sagacité des juges ; mais, à cause de la coutume et de l’opinion reçue, ils consentirent à les laisser subsister, marquant toutefois d’un obel ceux qu’ils n’approuvaient pas, comme étant étrangers au poète et indignes de lui ; ils témoignèrent par ce signe que ces mêmes vers n’étaient point dignes d’Homère. » II Cicéron et les critiques romains de son époque ont admis cette opinion sur ce chef-d’œuvre de l’art grec et sur ce chef-d’œuvre des langues écrites.
Car si cette dévotion de l’amour et cette exaltation de l’honneur sont réellement espagnoles, elles ne le sont pas pourtant exclusivement ; et c’est vraiment en tout pays qu’on peut voir deux volontés, éprises d’amour, éprises aussi d’honneur, subordonner l’amour à l’honneur par respect pour cet amour même, et se rendre dignes du bonheur en le refusant.
Son style militaire offre un digne pendant aux styles les plus parfaits de l’Antiquité en ce genre, à Xénophon et à César.
C’est ainsi qu’il vieillissait dans sa retraite de Passy, solitaire, au milieu de ses livres, ne causant guère avec les vivants que plume en main, critique intègre, instruit, digne d’estime, même quand il s’est trompé.
à un endroit, par exemple, où il vient de parler admirablement de la Grèce et de Fénelon, il dira : « Si Napoléon en avait fini avec les rois, il n’en avait pas fini avec moi. » Tout au sortir d’un mot digne de Sophocle, on a tiré phrase à la Cyrano.
… Avoir à me plaindre de lui est une sorte de supplice que je ne connaissais pas… Tout ce que j’ai éprouvé depuis un mois détacherait peut-être toute autre que moi ; mais, s’il peut me rendre malheureuse, il ne peut diminuer ma sensibilité… Son cœur a bien à réparer avec moi, s’il est encore digne du mien.
En entrant en charge, Montaigne a bien soin de prévenir Messieurs de Bordeaux pour qu’ils ne s’attendent pas à trouver en lui plus qu’il n’y a en effet ; il s’expose à eux sans apprêt : « Je me déchiffrai fidèlement et consciencieusement, dit-il, tout tel que je me sens être ; sans mémoire, sans vigilance, sans expérience et sans vigueur ; sans haine aussi, sans ambition, sans avarice et sans violence. » Il serait bien fâché, tout en prenant en main les affaires de la ville, de les prendre si à cœur qu’il l’a vu faire autrefois à son digne père, lequel y perdit à la fin sa tranquillité et sa santé.
En lui conseillant cette noble revanche du sort, Rulhière montrait qu’il était digne d’en embrasser l’idée élevée et de la comprendre.
Mme de Coulanges, en apprenant cette nouvelle, et tout en estimant Mme des Ursins très digne de son emploi, trouvait qu’à cet âge il n’y avait plus rien à imaginer d’agréable dans la vie : c’est qu’elle n’était que femme, et ne concevait de son sexe que les passions aimables et tendres.
Dans ce roman gracieux, où il n’entre rien que de choisi et où elle a semé de fines observations de société et de cœur, Mme Gay s’est montrée une digne émule des Riccoboni et des Souza10.
Bernardin passe à une longue homélie en l’honneur de la philosophie, très digne d’être prêchée dans un temple de théophilanthropes.
Sinon pour la raison, il était digne de lui pour l’esprit.
À quatre heures le gouvernement trouve que les coquins politiques sont indignes d’un pardon quelconque, à onze heures du soir ces coquins, sont dignes de toutes les miséricordes.
Mme Stern n’est en réalité qu’une volontaire, toujours en révolte contre son organisme féminin, et la volonté n’a jamais mieux démontré qu’elle n’est pas le talent et qu’elle peut être l’impuissance… Savante, dit-on, du moins de pose savante ; allemande d’éducation intellectuelle ; hégélienne peut-être et, dans tous les cas, très digne de l’être, elle a trouvé que ce n’était pas encore assez de savoir l’allemand et elle s’est mise à apprendre le hollandais pour faire le livre que voici.
Au premier abord et à distance, cela paraît immense, et on sent que si cela l’était on trouverait dans l’écrivain qui va écrire une telle histoire un talent digne du sujet.
Pour être plus digne de lui, il veut qu’Henriette devienne une Bélise, et cette nature de Trissotin, qui n’a cessé d’exister, tant qu’il vécut, en Mérimée, malgré ses airs d’homme du monde en cérémonie et de dandy dégoûté, est encore la meilleure raison pour qu’il n’ait jamais été capable de ce bel oubli de tout, excepté d’une seule chose, qu’on appelle l’amour !
De ton, d’ailleurs, de calme, de pénétration, de hauteur de pensée, ce livre, qu’on voudrait plus gros, est digne de la plume qui a écrit le livre du Pape et les Soirées de Saint-Pétersbourg.
Peintre à froid d’horreurs à froid, mais peintre très habile, qui, dans ses Fleurs du mal, se fait poétiquement un Héliogabale artificiel, comme, dans ses Paradis artificiels, il se fait le Satan qui tente et épouvante et qui se moque après avoir tenté et épouvanté, Baudelaire, qui est de son temps, a trouvé gentil et drolatique de nous raconter une Histoire extraordinaire, digne de Poe et oubliée par lui, et de nous la raconter de manière à nous donner envie de prendre de l’opium, tout en nous disant de n’en rien faire, sous peine de destruction de soi, de déshonneur moral et d’indignité.
III Je veux pourtant vous dire ce qu’il est, ce talent qui aurait dû monter jusqu’au génie pour être digne du sujet qu’il n’a pas craint d’aborder.
Mais la nouveauté de tels romans, je le répète, serait due à d’autres causes plus profondes, et d’abord à cette constatation que la vie humaine est partout digne du même intérêt, capable de provoquer les mêmes émotions, les mêmes colères, les mêmes admirations.
Et leur effort n’est pas vain : elles disent des choses dignes de mémoire.
Ce que Voltaire n’a pas pu faire, d’autres s’y essayent à leur tour, mais avec moins de succès ou de bonheur encore, Marmontel, Laharpe, Ducis ; et — phénomène bien digne d’attention, qu’il nous faudra regarder de très près — la tragédie périt pour avoir en quelque manière laissé rentrer dans sa définition tout ce que l’on en avait exclu pour la conduire elle-même à sa perfection. […] Désormais, comme on le faisait cent ans auparavant, on va pouvoir traiter les grands intérêts de l’humanité avec des mots dignes de leur importance, et avec une chaleur digne de la noblesse de la cause. […] Un pédant est un homme plein de lui-même, qui, avec un médiocre savoir, décide hardiment de toutes choses ; qui se vante sans cesse d’avoir l’ait de nouvelles découvertes ; qui traite de haut en bas Aristote, Épicure, Hippocrate, Pline ; qui blâme tous .les auteurs anciens ; qui publie que Jason et Barthole étaient deux ignorants ; qui trouve à la vérité quelques endroits passables dans Virgile, mais qui y trouve aussi beaucoup d’endroits dignes d’être siffles ; qui croit à peine Terence digne du nom de joli ; qui, au milieu de tout cela, se pique surtout de politesse ; qui tient que la plupart des anciens n’ont ni ordre ni économie dans leurs discours ; en un mot, qui compte pour rien de heurter sur cela le sentiment de tous les hommes. […] Or, sans établir ici de comparaisons qui exigeraient des développements et des restrictions, le beau dans Shakespeare est tout aussi classique (si classique signifie digne d’être étudié) que le beau dans Racine, et le faux dans Voltaire est tout aussi romantique (si romantique veut dire mauvais) que le faux dans Calderon. […] Et, en effet, remarquons-le bien, s’il s’était laissé faire sur ce point ; s’il avait consenti qu’en étudiant Molière ou Racine on oubliât ce qui fait qu’ils sont Racine et non Pradon, Molière et non pas Poisson ou Montfleury ; s’il avait souffert qu’en les expliquant on les rapportât tout entiers à d’autres causes qu’eux-mêmes, il aurait trop évidemment et trop scandaleusement renié ce qui me semble avoir fait, sous les variations de ses jugements, l’unité et la continuité de sa méthode : je veux dire la recherche de ce qu’il y a dans tout artiste ou tout écrivain digne de ce nom de différent de tous les autres, et d’unique en son genre.
Sous la grande harmonie de la lumière il n’y a rien que de beau et digne d’être contemplé. […] Ces pauvres gens qui n’arrivent à rien et sont toujours en agitation, ces Sosies les uns des autres, tous coulés dans un même moule d’esprit difforme, et qui pourraient signer tous leurs articles d’une seule et unique signature : les Confrères de la vulgarité, sont dignes d’inspirer une profonde compassion. […] tu souffres ces prosateurs, tu es bien digne d’être livré à eux et à la crinoline pour l’éternité ! […] Du reste je n’aime pas les livres sans préface, ils ont l’air insolents et dédaigneux ; l’homme qui au contraire fait une préface me paraît poli et plein d’égards ; il trouve que le lecteur est digne de quelques confidences et il lui dit ses tendances, son état intérieur, ses espérances, ses innovations, de manière à se faire valoir le plus possible, et cela a de bon qu’en rapprochant de ces professions de foi les œuvres qui doivent les justifier, on voit je ne sais combien de mensonges, d’illusions, de maladresses et de ridicules dans ces esprits de littérateurs. […] Champfleury, affirme que des lèvres plus dignes se sont assisesà la gamelle des journaux.
Vraiment, nous ne nous figurons pas un écrivain digne de ce nom qui consente à se prostituer pour les espèces monétaires. […] D’abord par l’évocation du moyen âge, il réhabilite le peuple que le classicisme n’avait pas jugé digne de ses préoccupations et qu’il bannissait, sinon pour le ridiculiser de la scène et du roman. […] Ainsi peut naître, doit naître, une poésie digne de notre front élargi, plus près des sources humaines et sociales et dont nous nous enivrerons autant que les peuples primitifs de leur épisme miraculeux.
Nous crûmes un moment que notre rêve allait se réaliser, c’est-à-dire l’union politique et intellectuelle de l’Allemagne, de l’Angleterre et de la France, constituant à elles trois une force directrice de l’humanité et de la civilisation, faisant digne à la Russie, ou plutôt la dirigeant dans sa, voie et l’élevant. […] Rappelez-vous ce qui a tué toutes les sociétés coopératives d’ouvriers : l’incapacité de constituer dans de telles sociétés une direction sérieuse, la jalousie contre ceux que la société avait revêtus d’un mandat quelconque, la prétention de les subordonner toujours à leurs mandants, le refus obstiné de leur faire une position digne. […] Les deux degrés corrigeraient ce que le suffrage universel a nécessairement de superficiel ; la réunion des électeurs au second degré constituerait un public politique digne de candidats sérieux.
Respectueux de la pensée, en elle-même, comme étant incomparablement digne et d’un prix incomparable. […] Il a fort bien vu que de tout le monde antique le stoïcisme était seul digne. […] Et lui-même c’est bien le moins qu’il soit digne de l’autre. […] C’est bien le moins que chacun des deux termes de la comparaison soit digne de l’autre. […] Elle n’en est pas digne.
Ils retrouvent leurs pareils jusque dans les figures de marbre et de bronze qui peuplent les allées et les bassins, jusque dans la contenance digne d’un Apollon, dans l’air théâtral d’un Jupiter, dans l’aisance mondaine et dans la nonchalance voulue d’une Diane ou d’une Vénus. […] Lui aussi, il a joué un rôle ; tous ses pas et tous ses gestes ont été réglés d’avance ; il a dû compasser sa physionomie et sa voix, ne jamais quitter l’air digne et affable, distribuer avec réserve ses regards et ses signes de tête, ne rien dire ou ne parler que de chasse, éteindre sa propre pensée s’il en a une.
C’est une superstition hébétée du peuple, digne des aruspices de Rome au temps des augures. […] XXVI Voici ces actes, exprimés en paroles dignes de leur grandeur : Les honneurs de la sépulture rendus à l’infortuné souverain pontife Pie VI, mort dans la captivité en France, et resté jusque-là sans sépulture royale ou pontificale à Valence : « Il est de la dignité de la nation française et conforme à son caractère de donner des marques de considération à un homme qui occupa un des premiers rangs sur la terre, des honneurs funèbres et un monument conforme au caractère du prince enseveli sans décrets. » Des envoyés dans toutes les cours où ils peuvent être reçus avec dignité sont nommés pour saisir et renouer les fils rompus des relations internationales : le général Bournonville à Berlin, M.
« Zelter est un bon et digne homme, dit-il, mais il lui arrive parfois de ne pas me comprendre et de donner à mes paroles une fausse interprétation. […] — Voilà qui est tout à fait digne de vous, répondit Goethe.
Parole admirable, digne de Sainte-Beuve ou de Renan, et qui semble la propre devise du dilettantisme, ou même de la philosophie. […] Au fond, le digne Chat resta gaulois et classique.
Car don Juan, la figure peut-être, parmi ces visions fantomales de la poésie, qui reste la plus séduisante, don Juan n’est digne du poème qu’à la condition d’être le fils de Faust. […] Ils font, à l’ordinaire, moins de bruit que leurs pratiques confrères. — Je parle dans une des villes qui aient fait le plus pour la science pure et vraie et qui compte, à cette heure encore, le plus de savants dignes de ce nom.
Il peut venir au monde, si le monde s’en veut rendre digne, par la compassion à tout être vivant, par la tempérance, et par la charité, sur qui doit se fonder le socialisme, raisonnable et chrétien. […] C’est aussi un fait digne de remarque, que l’exécution, loin de péricliter, comme il arrive d’ordinaire, n’a pas cessé de s’améliorer depuis le premier soir.
La nature restreinte et professionnelle de ces auditoires, et la nature même de la langue qu’il leur fait parler quelquefois pour en être compris, s’opposent fatalement à l’universalité d’intérêt, à la dignité d’images, à l’élévation de sentiments et à la poésie de langage, qui sont le caractère des poètes lyriques universels ; l’artisan, le laboureur, le soldat, sont de grandes et dignes catégories dans la nation, mais elles ne sont pas la nation tout entière. […] Si Béranger avait eu à émouvoir l’âme aventureuse et voluptueuse du peuple qui gémit, de souvenirs et de tristesse, au bord des quais de Venise, il aurait écrit des stances d’Arioste et du Tasse, en vers dignes d’être soupirés sous ce beau ciel, et il les aurait jetés, comme réminiscence classique, dans la mémoire des gondoliers.
Ce n’est pas ce groupe digne de Polyclès, noyé dans la lumière et les morbidesses du Corrège, et dont le monde, tant que le sentiment de l’idéal vivra en lui, retiendra dans sa mémoire charmée les trois immortelles attitudes, les trois inoubliables gestes : — le baiser donné par Roméo à Juliette et rendu par Juliette à Roméo avec la fougue naïve de l’amour vrai et l’intrépidité de l’innocence ; — l’adieu au balcon dans l’air auroral, empli des joyeux cris de l’alouette qui ne sont plus les chants du rossignol ; — et enfin l’entrelacement, sur le marbre du même mausolée, de ces deux êtres si vivants, devenus par la mort deux pâles statues ! […] parce que c’est peut-être vrai, et que dans tous les cas c’est une idée profonde et justifiée, à ce qu’il semble, par la conception que nous avons du génie sympathique de Shakespeare, que de prétendre et de poser qu’un pareil homme, rencontrant Jeanne d’Arc dans l’Histoire, ne puisse avoir pour cette fille, unique en sa grandeur, qu’un sentiment digne de ce génie, unique dans la sienne, qui vibrait si magnifiquement à chaque coup de toute chose grande et belle, et dont la vaste personnalité, embrassant toutes les personnalités humaines, comme jamais esprit ne les avait jusque-là embrassées, a paru si extraordinaire qu’on n’a rien trouvé de mieux à en dire que de l’appeler de l’impersonnalité.
Paul Féval, qui, par le talent et le succès, a eu sa manière d’être Roi, Paul Féval, dont la conversion a fait éclat en ces derniers temps, a mis son cœur ici, — et je vous jure que c’est une boîte d’or, digne d’être offerte à Dieu, sur son autel ! […] et il trouva digne de lui de courir cette aventure suprême.
En vain la nature les environnait de merveilles ; plus les phénomènes étaient réguliers, et par conséquent dignes d’admiration, plus l’habitude les leur rendait indifférents. […] Les nobles se dévouent au salut de la patrie, auquel tiennent tous les privilèges de leur ordre ; les plébéiens, par des exploits signalés, cherchent à se montrer dignes de partager les privilèges des nobles.
Aujourd’hui le fils du comte Roederer a pensé que le plus digne hommage à rendre à la mémoire de son père était de recueillir ses œuvres, en les présentant sous la même forme d’une demi-publicité qui leur laissât un caractère d’amitié et de famille.
Il regrette surtout l’âge d’or de l’Italie, celui des Laurent le Magnifique et des Léon X, les jeunes et beaux cardinaux de dix-sept ans, et le catholicisme d’avant Luther, si splendide, si à l’aise chez soi, si favorable à l’épanouissement des beaux-arts ; il a le culte du beau et l’adoration de cette contrée où, à la vue de tout ce qui en est digne, on prononce avec un accent qui ne s’entend point ailleurs : « O Dio !
Charles a tort ; il lit le grec, et ne se met point à la place de ceux qui ne le savent pas ; il était digne de sentir ce mérite utile d’une femme docte et simple.
Ces jolis tableaux achevés, et qui trouveraient chez Delille plus d’un pendant bien spirituel aussi, quoique d’une exécution moins sûre, ne sont pas ce que j’aime le mieux chez Cowper, et je le préfère lorsque ayant achevé l’énumération de tout ce qui s’agite de nouvelles publiques et privées entassées pêle-mêle dans le sac du facteur, il ajoute : « Maintenant attisez le feu et fermez bien les volets ; laissez tomber les rideaux, roulez et approchez le sopha ; et tandis que l’urne bouillonnante et sifflante fait monter sa colonne de vapeur, et que les coupes qui réjouissent, mais n’enivrent pas, sont là préparées pour chacun, donnons ainsi la bienvenue et l’accueil au soir paisible qui descend. » Dans l’emploi de la soirée qu’il va suivre en ses plus menus détails et dont il fait luire chaque instant à nos yeux, il se souvient d’Horace : « Ô soirées et soupers dignes des dieux !
Telles étaient donc les relations très convenables et et très dignes de ces deux célèbres auteurs de lettres, du vieux Balzac, comme celui-ci aimait à s’appeler depuis longtemps, et du brillant Voiture, lorsque celui-ci mourut et laissa le dernier mot à dire à son devancier.
Mais la vraie oraison funèbre, la page immortelle (autant qu’une page humaine peut l’être), c’est cette lettre qu’on vient de lire, écrite dans l’effusion de la douleur par un roi qui ne veut être qu’un homme, un homme affligé, et avec des expressions non cherchées et naïves, dignes par leur tendresse de la jeune et aimable figure qui a disparu.
Tout s’ajoute donc, et même une sorte de modestie, pour rendre plus respectable et plus digne de mémoire le sentiment qui dicta ces royales et patriotiques paroles.
Le style de Frédéric, avec ses incorrections et ses longueurs, est plus simple, plus digne et d’une langue plus saine..
Avec une fortune modique, Marolles sut amasser deux fois des recueils dignes des cabinets royaux.
Ce héros, messieurs, eut alors la bonté de me dire la pensée qu’il avait de vous rendre arbitres de la capacité, du mérite et des récompenses de tous ces illustres professeurs qu’il appelait, et de vous faire directeurs de ce riche et pompeux prytanée des belles-lettres, dans lequel, par un sentiment digne de l’immortalité, dont il était si amoureux, il voulait placer l’Académie française le plus honorablement du monde, et donner un honnête et doux repos à toutes les personnes de ce genre, qui l’auraient mérité par leurs travaux.
Voulant étudier l’ancien régime et y pénétrer jusqu’au cœur pendant les deux siècles qui ont précédé la Révolution française, un homme éminent et regrettable à tant de titres, M. de Tocqueville disait : « Pour y parvenir, je n’ai pas seulement relu les livres célèbres que le xviiie siècle a produits ; j’ai voulu étudier beaucoup d’ouvrages moins connus et moins dignes de l’être, mais qui, composés avec peu d’art, trahissent encore mieux peut-être les vrais instincts du temps. » Le Journal de d’Argenson est un de ces ouvrages que devait rechercher M. de Tocqueville ; l’art y est aussi absent qu’on peut le désirer, l’instinct y respire.
Décrire un appartement de femmes ou peindre les cérémonies du culte arabe, est, à mon avis, plus grave qu’une fraude : c’est commettre, sous le rapport de l’art, une erreur de point de vue. » C’est ingénieux, c’est délicat ; j’oserais dire que c’est digne d’un Vauvenargues ou d’un Racine.
Toute cette cérémonie et les soins donnés à la tombe nouvelle ont été suggérés, inspirés et surveillés par l’esprit et le cœur d’une princesse bien digne de posséder le domaine historique de Saint-Gratien, et qui, aimant de prédilection sans doute les grandeurs et les beautés de l’art et tout ce qui fait le charme de la vie, met encore au-dessus le patriotisme, l’esprit de vérité, la droiture et les honnêtes gens.
Toutes les qualités de Malouet, son calme, sa fermeté, sa ténacité même dans le bon droit, le fond de chaleur et d’énergie qui couvait sous son air digne, et qui se démasquait dans les occasions, s’y montrèrent à leur avantage.
D’un autre côté, un désir constant, qui semble résister à tous les obstacles et triompher des répugnances naturelles les plus vives, n’offre-t-il pas un caractère de vocation digne au moins d’être examiné ?
Mais ce fut lui surtout, lui fidèle ou infidèle, digne ou indigne, qu’elle aima sans cesse, qu’elle suivit, qu’elle évita : Rouen, Bordeaux, Lyon, vous pûtes montrer à la trace sa fuite saignante ; elle ne voulut pas guérir.
Pour nous, critique, chargé d’enregistrer à temps ces choses nouvelles, nous tâcherons de n’y jamais manquer, et nous gardant, s’il se peut, de la précipitation enthousiaste qui prophétise inconsidérément des splendeurs par trop nébuleuses, nous ne serons pas des derniers à signaler les vraies apparitions dignes du regard.
Par moments il lui venait bien quelques petits scrupules de tout ce manège compliqué, dans lequel il pouvait sembler jouer un rôle si peu digne et de son esprit et même de son cœur ; un jour donc, il écrivit à madame de Charrière une lettre dont je n’ai gardé que l’extrait suivant, l’original est aux mains de M.Gaullieur : « Ce 26 fructidor (probablement 1795).
Mais, cette fois, le concert de si dignes efforts n’a pas suffisamment protégé Boileau contre ces idées nouvelles, d’abord obscures et décriées, mais croissant et grandissant sous les clameurs.
Dans l’état actuel de la science, on peut trouver regrettable que des intelligences distinguées consacrent leurs travaux à des objets en apparence si peu dignes de les occuper.
L’homme sort de ses mains à l’état de statue vivante, semblable aux dieux qu’il adorera, digne de les figurer dans leurs temples.
Mieux vaut lire un homme que dix livres : « Le monde est un pays que jamais personne n’a connu au moyen des descriptions ; chacun de nous doit le parcourir en personne, pour y être initié. » Voici quelques préceptes ou remarques, qui sont dignes de ces maîtres de la morale humaine : La connaissance la plus essentielle de toutes, je veux dire la connaissance du monde, ne s’acquiert jamais sans une grande attention, et je connais bon nombre de personnes âgées qui, après avoir été fort répandues, ne sont encore que des enfants dans la connaissance du monde.
Un jour qu’elle vit le bon abbé de Saint-Pierre s’installer chez elle pour toute une soirée d’hiver, elle eut un moment d’effroi, et, s’inspirant de la situation désespérée, elle fit si bien qu’elle tira parti du digne abbé, et le rendit amusant.
Mais si c’est un jugement impartial, désintéressé et historique, que M. de Noailles a prétendu porter, comme cela était si digne de son esprit, je me permets de croire qu’il n’a pas rendu à Saint-Simon l’éclatante justice que ce grand observateur et peintre mérite à tant d’égards, et particulièrement pour la bonne foi, pour la probité, pour l’amour de la vérité qui se fait jour jusque dans ses erreurs et ses haines, et pour un certain courage d’honnête homme dont on ne voit pas que, jusqu’en ses excès, il ait manqué jamais.
De bons esprits, qui étaient dignes de voir les choses avec justesse, se laissèrent entraîner, à la suite de 1815, à des opinions passionnées.
On sent que la vanité, la fatuité est encore le fond de cette âme qui, par moments, semblait digne d’une direction meilleure.
À un point de vue différent, et pour peu qu’on veuille apprécier l’importance des questions soulevées et encore agitées autour du grand nom de Buffon, il convient de mettre dans la balance l’étude essentielle que lui a consacrée Geoffroy Saint-Hilaire (Fragments biographiques) et ce qu’a dit aussi son fils et digne héritier, M.
« C’est un lambeau que je veux laisser tomber en marchant mon chemin, dit-elle de quelqu’un de ces épisodes de rencontre ; il trouvera sa place avec les autres de même nature : et, comme il ne sera pas traité avec plus d’ordre et de suite, il n’aura pas aussi plus de prix ni de valeur. » Le bon esprit de Mme de Motteville, qui l’a portée à ne consulter sur ces choses éloignées que de bons témoins et qui faisait que les plus dignes de foi aimaient à s’en ouvrir avec elle, donne à ces parties accessoires et à ces hors-d’œuvre plus d’intérêt qu’elle n’ose en prétendre.
Un des meilleurs témoins de ce temps-là, Mme Du Deffand, dont M. et Mme Necker firent la connaissance. en 1773, nous les a peints, la femme et le mari, et surtout le dernier, d’une façon vraie et qui ne laisse rien à désirer au point de vue de la société : « Ils ont voulu me connaître, dit-elle, parce qu’on m’a donné auprès d’eux la réputation d’un bel esprit qui n’aime point les beaux esprits ; cela leur paraît une rareté digne de curiosité. » Elle se reproche d’abord d’avoir cédé à leur désir, puis bientôt, quand elle a connu M.
L’art du romancier russe dépeint des créatures plus contrastées et plus troublantes qu’une femme simplement hypocrite, et quant aux pauvres hères entraînés hors de la voie droite par les perspectives infinies de félicité qu’ouvre quelque amour naissant, il sait combien ils sont infortunés et dignes de pitié.
, que ces grands interprètes nous donnent un vrai Corneille, un vrai Racine dans toute leur noblesse et leur simplicité, que cette poésie si profonde et si délicate, si mâle et si savante, trouve une expression digne d’elle ; et, malgré nos préjugés, malgré les corruptions de notre goût, malgré quelques défauts inséparables du génie humain, nous nous reconnaîtrons dans le Cid, dans Chimène, dans Polyeucte ou dans Andromaque, dans Auguste et dans Agrippine ; nous y reconnaîtrons nos passions ou nos vertus embellies et agrandies, et nous applaudirons encore à cette image idéale de nous-mêmes, comme si ces immortelles créations étaient nées d’hier.
Cette préface au reste, est un morceau digne d’être lu, si l’on en excepte le fade panégyrique de Louis XIV.
Le lion n’est pas toujours pour eux le roi des animaux et l’éléphant leur paraît plus souvent digne de ce titre d’honneur.
Protestante encore, comme, à plus d’un accord, son livre le révèle, mais catholique d’âme, catholique d’essence, faite pour venir à nous un Jour, et si elle n’y vient pas, digne d’être de nous éternellement regrettée, elle a comme perdu sa personnalité de femme dans la profondeur de sa foi religieuse, et elle y a trouvé plus qu’elle ne pouvait y laisser, car l’ombre de Dieu sur notre pensée, vaut mieux que notre pensée, fût-elle du génie.
Celui qui nous l’annonce était digne, par sa joie, de nous l’annoncer.
Pourquoi M. de Lescure, très digne par son érudition, par la hardiesse et la sûreté de son goût et surtout par son enthousiasme pour Rivarol, de nous le donner intégral, a-t-il imité, — avec des qualités nouvelles, je le reconnais, — mais a-t-il imité cependant les éditeurs par fragments qui l’ont précédé, au lieu de nous enrichir d’une Édition complète des Œuvres de Rivarol qui va manquer encore, — qui peut-être manquera toujours ?
siffler dans la clef forée et rouillée de Voltaire, avec des lèvres lumineuses, plus dignes que celles d’Alain Chartier de recevoir le baiser des reines !
Dieu, « qui voit dans la nuit une fourmi noire sur une table noire », y voit le resplendissement des Saints dans les ténèbres de leurs vies les plus cachées ; mais le monde imbécile et distrait ne voit rien, si on ne lui montre pas tout… Voilà pourquoi il faut lui montrer les Saints dans des histoires dignes de leurs vies et de leurs âmes.
Il ne la tient pas toujours de ses aïeux ; il l’acquiert alors par un acte de volonté, et sa nationalité est sur lui comme une qualité dont il se préoccupe de prouver qu’il est digne.
Chose curieuse et vraiment digne d’attention que l’introduction de cet élément insaisissable du beau jusque dans les œuvres destinées à représenter à l’homme sa propre laideur morale et physique !
Vous savez qu’on a constaté qu’une grande révolution vint détruire cette création, comme si elle n’eût pas été digne de la main qui l’avait formée.
Pourquoi les merveilleuses basiliques du Moyen-Âge sont-elles déshonorées par ces sacrés-cœurs dignes de figurer aux enseignes des marchands de chair crue et par ces madones qui font concurrence aux « dames en cire » des coiffeurs ? […] La Bruyère a inventé l’observation, il a eu le pressentiment des vérités de détail, l’idée d’examiner cette humanité vivre et, tel quel, ce drame journalier lui a semblé digne d’être perpétué. […] Mais comme tout Homme digne d’être Homme, c’est Dieu qu’il cherche. […] Ils ont reforgé et retrempé le noble Vers, ils l’ont rendu digne de servir à de vraies œuvres, apte à subir de dernières et nécessaires modifications. — N’est-ce pas un spectacle significatif, celui que nous donne l’Art du xixe siècle au lendemain du Romantisme ? […] Cet « en dehors du monde », c’est-à-dire « hors de l’espace et du temps », évoque le théâtre parfait où s’ébattra la Fiction enfin digne de son nom, celle qui sera vraiment feinte par l’homme et qui ne lui rappellera rien d’ici.
Je ne mérite point cette faveur ; mais si j’en étais digne de quelque manière ce serait pour avoir donné beaucoup au sentiment et rien à l’esprit de système. […] Bladé, que Cazaux s’est tu sur bien des choses et qu’il est mort sans me juger digne de noter la moitié de ce qu’il savait. » M. […] — Très beau, en effet, répondit-elle, et digne de la fille de tant de rois ! […] Ses campagnes de Germanie sont dignes d’un Trajan. […] Il jeûnait et priait pour être digne d’avoir commerce avec les dieux, et, en effet, il eut des visions qu’Ammien Marcellin a rapportées.
« N’y épargnez rien, grande reine, employez-y tout l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et vos lambris : tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes : épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison, pour l’embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune. » Cet et d’antithèse paraît d’ailleurs aussi propre à La Bruyère que le et plastique de (7) et (9) à Flaubert. […] Massis comme principal bénéfice deux fiches toutes subjectives, l’une et l’autre intéressantes et dignes d’être classées, celle-ci sur M. […] Cette crise a existé, est digne d’étude et de respect, mais on lui a donné à tort une place prépondérante, presque exclusive. […] Halévy note : « Nos jeunes écrivains philosophes sont bien dignes d’attention. […] L’observatoire privilégié d’où cette fulguration nous apparaît dans sa splendeur et sa puissance les plus dignes de Dieu (rappelez-vous la métaphore bergsonienne des jets de vapeur), c’est évidemment celui de la littérature et de l’art.
. — Il cherche dans le monde des interlocuteurs dignes de lui. […] Toute notion qu’elle présente est une grandeur absolue, de même que toutes les décisions qu’elle arrête ; et tel est aussi l’idéaliste digne de ce nom, dans son savoir et dans ses actes. […] Il est tout à fait sans loi, c’est-à-dire il n’est rien, et ne sert non plus à rien ; précisément parce que la fantasquerie est une débauche non de la nature, mais de la liberté, et émane ainsi d’une disposition en soi digne de respect qui est perfectible dans l’infini ; elle conduit infailliblement à une chute infinie dans un gouffre sans fond, et ne peut prendre fin que dans une complète destruction. » M. […] Un penseur et un observateur se détachent de loin en loin dans la chaîne des esprits comme le Mont-Blanc dans les Alpes, ceux-là seulement sont dignes d’estime ; mais un Winckelmanny commet d’incalculables ravages dans les têtes d’artistes, par son admiration idiote pour un torse mutilé. […] Il est cependant digne de quartier, parce qu’il est enthousiaste, comme ces hommes dont parle Diderot, qui, fanatiques d’une idée singulière, « vont dans les maisons et dans les rues, non la lance, mais le syllogisme en arrêt, sommant et ceux qui passent et ceux qui sont arrêtés de convenir de leur absurdité ou de la supériorité des charmes de Dulcinée sur toutes les créatures du monde ».
Il ne lui suffit pas qu’une sensation soit rare pour qu’elle lui semble digne d’être étudiée. […] Elle est foncièrement honnête, elle est courageuse et laborieuse, elle voudrait vivre misérable et digne d’estime. […] Mais plus il la méprise, plus il se sent lui-même devenir digne de mépris. « Sur la pente où ils roulaient il n’y avait rien au bas qu’abîme fangeux et ténèbres louches. […] Il est tout à fait digne de fixer l’attention. […] Cela est digne de remarque.
On n’a plus le droit de cacher son opinion ; on a sa foi, on a ses doutes, on a son idéal, sur lequel on sera jugé plus encore que sur son talent ; on a par-dessus tout, si l’on est digne d’écrire, la sainte passion de la vérité et de la justice ; quoi qu’il advienne, on veut lui rendre témoignage. […] Les qualités de l’homme complètent chez Ballanche le génie de l’écrivain dans un type rare et digne autant d’être aimé que d’être admiré. […] Roi par la naissance et non par l’usurpation, imposant sa suprématie à la Grèce par le génie et par la clémence ; son ambition, c’est de terminer la vieille querelle de la Grèce et de l’Asie commencée sous les murs de Troie, de livrer l’Orient au génie des poètes, des artistes et des philosophes, qui déborde des étroites limites de la péninsule hellénique ; et, comme si sa mort devait témoigner, comme sa vie, que l’esprit de conquête aurait été, une fois et dans l’âme d’un héros grec, pur de tout égoïsme de personne ou de race, il expire en léguant l’empire du monde, non pas à ses plus proches, non pas aux plus forts, mais au plus digne. […] Si l’on nous demande dans lesquels l’humanité nous a paru plus belle, plus noble, plus digne d’amour, nous ne saurions hésiter.
Mais Polyeucte à son tour, — l’un des chefs-d’œuvre à la fois de l’esprit et du génie de Corneille, — si Corneille m’animait de son enthousiasme, et qu’il me soulevât, qu’il me portât, pour ainsi dire, sur les ailes de son sujet, s’il m’aidait à trouver des mots dignes de lui, quel thème, plus ample encore et plus beau que celui d’Horace ! […] I Est-il donc vrai, Messieurs, comme on le dit encore tous les jours, que, si le Cid est la première tragédie vraiment digne de ce nom qui ait illustré la scène française, le Menteur en soit, lui, la première comédie ? […] La suite est digne qu’on l’admire. […] Apprends, ma confidente, apprends à me connaître… ou encore : S’il était quelque voie, infâme ou légitime Que m’enseignât la gloire ou que m’ouvrit le crime… et encore : Je sais bien que le sang qu’à vos mains je demande N’est pas le digne effet d’une valeur bien grande… On ne se dit pas de ces sortes de choses à soi-même ; on ne les dit pas surtout aux autres. […] Elle écrit à son ami Saci, le traducteur de Pline, et, quelques mots de latin s’étant glissés sous sa plume, elle s’en excuse dans les termes suivants : « Il me semble qu’avec vous, cher Saci, en me mêlant de citer, je franchis les bornes de la pudeur… et que je vous fais part de mes débauches secrètes. » Je ne saurais dire si Marivaux a fréquenté chez Mme de Lambert, mais nul n’en eût été plus digne ; et ce que nous savons avec certitude, c’est que tous les amis littéraires de la précieuse marquise furent aussi les siens.
Ce genre d’humour qui présente un personnage à la fois comme comique et comme digne d’affection, comme homme dont on se moque et que l’on aime, comme homme dont on rit et à qui l’on sourit est proprement anglais et se rencontre très souvent dans les auteurs anglais du xviiie et du xixe siècle. […] Dans le Au lecteur que Molière a écrit au sujet de cette petite pièce il y a un mot bien digne de considération : « … On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre », Cela intimide ; car ces personnes sont rares. […] Je ne comprends pas Voltaire disant à propos de Monsieur de Pourceaugnac — à propos de toute autre pièce de Molière je comprendrais fort bien qu’il le dît — « Il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie ; un homme supérieur, quand il badine, ne peut s’empêcher de badiner avec esprit. » Il m’est impossible de voir dans Monsieur de Pourceaugnac ni scènes dignes de la haute comédie, ni badinage spirituel, ni même badinage et c’est baladinage qu’il faudrait dire. […] — Myrtil, si digne d’envie, Me chérit plus que le jour, Et moi je perdrais la vie- Pour lui montrer mon amour. […] Pourquoi voulez-vous, dis-je, en prenant une femme, Qu’on soit digne, à son choix, de louange ou de blâme, Et qu’on s’aille former un monstre plein d’effroi De l’affront que nous fait son manquement de foi ?
Pourtant, je ne cesserai pas de rappeler à nos plus dignes écrivains que l’objet de l’art est, premièrement, de nous divertir et de nous enchanter. […] Il ajoutait : « Je n’aime pas, autour de l’art, des choses étrangères. » (Quel homme, et digne d’étonner aujourd’hui maints littérateurs !) […] C’est un beau cycle, et digne d’entrer dans la « matière de France ». […] Le romancier — le digne romancier — ne le contente pas avec une basse obligeance. […] Se mêler d’une révolution, ce n’est pas digne d’un dandy !
Or, il crut remarquer que l’épouse chérie de Louis XII, Anne de Bretagne, avait fondé une école de politesse et de perfection pour le sexe : C’était, avait dit Brantôme, la plus digne et honorable reine qui eût été depuis la reine Blanche, mère du roi saint Louis… Sa cour était une fort belle école pour les dames, car elle les faisait bien nourrir et sagement, et toutes à son modèle se faisaient et se façonnaient très sages et vertueuses.
Que l’observateur ne se laisse point éblouir, même par le génie ; qu’il cherche, tout en l’admirant, à en mesurer la hauteur et ne ferme pas les yeux sur ses défauts, il ne se peut rien de plus légitime et de plus digne d’un esprit indépendant et juste : mais qu’on ne voie entre les génies proprement dits et la médiocrité qui les entoure que du plus ou du moins sans démarcation aucune, sans un degré décisif à franchir, je ne saurais appeler cela que myopie et petite vue qui étudie le genre humain comme une mousse et qui n’entend rien aux esprits d’aigle.
Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.
C’est un catéchisme moral digne d’Aristippe.
Voici les principaux endroits de ces pages énergiques peu connues, digne prélude de celles de la Ménippée ; je n’ai fait qu’y couper des longueurs et en resserrer quelques phrases : Il y aurait lieu de décrire tout au long quel est le roi qui nous commande.
Que si l’on tient à savoir au juste les paroles dites par l’empereur Nicolas à Horace Vernet au sujet de la mort du duc d’Orléans, je les donnerai en propres termes, d’après une note digne de foi que j’ai sous les yeux, et qui a été écrite sous la dictée d’Horace lui-même.
Gachard, ce savant et modeste archiviste de Bruxelles, qui s’est borné longtemps à publier des pièces capitales, fondement de l’histoire, et qui n’a lui-même abordé qu’assez tard ces fonctions et ce ministère d’historien dont il est si digne.
Et, en cet instant, une troupe de joyeux requins suivaient dans le sillage et pensaient entre eux : — « Rien n’est beau comme une galère qui va sombrer en mer toute pleine de passagers. » Et dites après cela, philosophes, que « le beau est la forme du bon. » Cet apologue est digne de Stendhal. — Voulez-vous quelque chose de plus gai ?
Est-il amoureux, par exemple, souffre-t-il : au lieu de se plaindre, de gémir, de se répandre en larmes et en sanglots, de presser et de tordre son cœur au su et vu de tous, ce qui lui paraît peu digne, — car il ne sied pas, selon lui, que le poète geigne en public, — il se contient, il a recours à quelque image comme à un voile, il met à son sentiment nu une enveloppe transparente et figurée ; il dira : LE POT DE FLEURS Parfois un enfant trouve une petite graine, Et tout d’abord, charmé de ses vives couleurs, Pour la planter, il prend un pot de porcelaine Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs.
S’étant essayé avec succès dans la plupart des genres, excepté le tendre, il nous sera comme un abrégé vivant de l’Anthologie, dans sa partie du moins la plus honorable et la plus digne.
C’est bien de la part du Christ que je te le demande, car il est impossible qu’il ne trouve pas tout ceci digne de lui, tant c’est triste !
Dans le Combat des Montagnes (1817), où se trouve ce personnage de Calicot, qui fit émeute, je distingue encore le mouvant panorama de Paris en rimes dignes de Panard : Paris est comme autrefois, Et chaque semaine Amène, etc., etc.
Étienne Pasquier écrivait à Ronsard en 1555, six ans seulement après que Du Bellay, dans l’Illustration de la Langue, avait sonné la charge et prêché la croisade : « En bonne foi, on ne vit jamais en la France telle foison de poëtes… Je crains qu’à la longue le peuple ne s’en lasse ; mais c’est un vice qui nous est propre, que, soudain que voyons quelque chose succéder heureusement à quelqu’un, chacun veut être de sa partie sous une même promesse et imagination qu’il conçoit en soi de même succès. » Pasquier veut bien croire que tous ces nouveaux écrivasseurs donneront tant plus de lustre aux écrits de Ronsard, « lesquels, pour vous dire en ami, continue-t-il, je trouve très-beaux lorsque avez seulement voulu contenter votre esprit ; mais quand, par une servitude à demi courtisane, êtes sorti de vous-même pour étudier au contentement, tantôt des grands, tantôt de la populace, je ne les trouve de tel alloi. » En sachant gré au poëte de l’avoir nommé en ami dans ses écrits, il ajoutait : « Mais, en vous remerciant, je souhaiterais que ne fissiez si bon marché de votre plume à haut louer quelques-uns que nous savons notoirement n’en être dignes ; car ce fesant vous faites tort aux gens d’honneur.
Ce n’est pas au nom de la gloire et de la renommée qu’il convient de s’adresser aux critiques, à ceux qui, vraiment dignes de ce nom, voient les choses littéraires avec sang-froid, étendue, et par tous les sens.
La Vendée enfin avait trouvé pour sa digne époque un historien.
Si vous comprenez le poëte à ce moment critique, si vous dénouez ce nœud auquel tout en lui se liera désormais, si vous trouvez, pour ainsi dire, la clef de cet anneau mystérieux, moitié de fer, moitié de diamant, qui rattache sa seconde existence, radieuse, éblouissante et solennelle, à son existence première, obscure, refoulée, solitaire, et dont plus d’une fois il voudrait dévorer la mémoire, alors on peut dire de vous que vous possédez à fond et que vous savez votre poëte ; vous avez franchi avec lui les régions ténébreuses, comme Dante avec Virgile ; vous êtes dignes de l’accompagner sans fatigue et comme de plain-pied à travers ses autres merveilles.
Ce livre partage les esprits : la cabale l’admire, le reste du monde le trouve peu sérieux et peu digne d’un prêtre. » Il fut convenu à la cour qu’on ne prononcerait pas le titre devant le roi : il le crut oublié, parce qu’il l’oubliait lui-même.
On rit de la dupe, à moins qu’elle ne soit bien digne d’être fripon.
Et de là, les âmes des deux amants s’unissent plus étroitement quand leurs actes s’opposent le plus ; grandis par l’effort, ils sont plus dignes d’amour, ils en obtiennent plus, à mesure qu’ils y cèdent moins.
Ce fut même une preuve glorieuse de l’excellence de l’esprit catholique, de sa conformité avec l’esprit français, que ce généreux effort du clergé pour redevenir digne de sa croyance, et ce triomphe qu’il remporta sur sa paresse et sur ses vices.
Le public, si digne alors des auteurs, et qui pouvait aider les plus illustres à se connaître, sentit que ces trop rares portraits donneraient seuls à La Bruyère une place à côté de La Rochefoucauld et de Pascal, et il lui en commanda de nouveaux.
Après ces deux années d’une douce vie passée en compagnie de deux amis dignes de lui, c’est-à-dire en compagnie plus intime avec lui-même, il revint à Paris, la tête débordant de poèmes, de plans, d’esquisses, où sont mêlées la science, la politique, la Bible, l’Amérique ; ambitieux de tout sentir et de tout rendre, de faire de la poésie l’organe inspiré de toutes les idées modernes, l’écho du passé et du présent, la voix prophétique de l’avenir.
France avait su ou voulu brider sa pensée, et ne lui demander qu’un moindre effort, ou plus d’audace réfléchie que de dilettantisme, sans doute n’eussions-nous eu aujourd’hui qu’à nous empresser de voir en lui, à côté de l’écrivain de race, un intellectuel sincère et digne d’estime.
Ce monde de la basoche, comme on l’appelait jadis, a sa vie littéraire propre : plaidoyers des avocats, réquisitoires des procureurs, mercuriales des présidents autrefois et des officiers du ministère public aujourd’hui, n’ont pas seulement leur mérite professionnel et leur utilité du moment ; ces discours visent parfois à la beauté ; ils peuvent y atteindre et beaucoup d’entre eux sont dignes de figurer dans le livre d’or de l’éloquence.
Quand je vois encore Racine transformer un Hippolyte ou un Bajazet en petit-maître ou en amoureux élégiaque, digne de figurer dans les galeries de Versailles, je retrouve le monde là où j’aimerais mieux ne pas le rencontrer.
Mais encore une fois, le tableau d’une époque peut être présenté de mille façons diverses et je me reprocherais la seule apparence de vouloir enfermer en un plan uniforme la libre inspiration de l’artiste que doit être l’historien digne de ce nom.
Elle le dut à la réunion des mérites dont la société des femmes d’élite était l’assemblage, à l’émulation d’esprit, de raison, de bienséance qui régnaient entre elles, au désir de se conserver dignes les unes des autres.
On conçoit qu’il était digne d’être à la fois le Molière, le Descartes et le Pythagore du royaume de Lilliput.
. — Et pour résumer, non pas mon jugement (ce serait prématuré), mais tout mon vœu sur lui, je dirai : Il a en ce moment la vogue, il a ce que tant d’autres, et des plus dignes, ont vainement attendu toute leur vie, l’attention et le regard du public ; il a le cri du moment, comme dit le poète ; il chante pendant des heures, et on l’écoute, on l’applaudit ; il a de l’action.
Les trois principaux personnages en jeu sont la reine, Mirabeau et le comte de La Marck lui-même, ce dernier bien digne d’être associé aux deux autres par son jugement excellent, sa finesse et sa fermeté d’observation, sa connaissance des hommes et des choses, par son dévouement au malheur d’une reine et à l’amitié d’un grand homme, et qui justifie pleinement aujourd’hui aux yeux de la postérité ce qu’il écrivait un jour à Mirabeau : « Dieu ne m’a mis sur la terre que pour aimer et surveiller votre gloire. » Rien, en effet, de plus honorable pour la réputation politique de Mirabeau que le contenu de ces diverses notes et l’esprit général qui les anime.
Et on se met d’examiner ce que doit être une conversation pour être agréable et digne d’une compagnie d’honnêtes gens ; et, pour cela, elle ne doit être ni trop limitée aux sujets de famille et domestiques, ni tournée aux sujets purement futiles et de toilette, comme il arrive si souvent aux femmes entre elles : « N’êtes-vous pas contrainte d’avouer, remarque un des interlocuteurs de Mlle de Scudéry, que qui écrirait tout ce que disent quinze ou vingt femmes ensemble, ferait le plus mauvais livre du monde ?
Quand vous avez la bonté de dire avec le digne ami : Quels souvenirs !
Ailleurs, dans un petit Traité de la vieillesse, elle parlera de la dévotion, non pas comme d’un faible, mais comme d’un soutien à mesure qu’on avance en âge : « C’est un sentiment décent et le seul nécessaire… La dévotion est un sentiment décent dans les femmes, et convenable à tous les sexes. » Cette manière d’envisager la religion est irréprochable au point de vue social et moral ; mais le vrai chrétien demande davantage, et je conçois que le digne M. de La Rivière n’ait pas été entièrement satisfait, à cet égard, des dispositions de son amie.
Sa conduite à l’époque de la Révolution, et dans les circonstances difficiles où tant d’autres de ses confrères (et La Harpe tout le premier) se couvrirent de ridicule et de honte, fut digne, prudente, généreuse même.
Guizot, me dit un témoin digne de foi, louer avec chaleur la manière dont Carrel s’était acquitté de sa tâche et les rapports qu’il avait reçus de lui à cette occasion. » Au retour de sa mission, Carrel apprit qu’il était nommé préfet du Cantal : il refusa à l’instant (29 août).
Necker, de donner une mission particulière en Corse à un membre des Communes qui en était digne par ses talents ; cet arrangement se fit pendant le cours d’une maladie qui me retint chez moi : j’en témoignai mes regrets aux ministres, et je professai les mêmes sentiments en présence de Sa Majesté le premier jour de mon retour au Conseil.
Il y donne de curieux renseignements sur la colonie française de Gallipolis et sur une autre dite du Poste-Vincennes : la différence de caractère du colon américain et du colon français y est tracée d’une manière frappante et sévère, et dans deux portraits caractéristiques qui seraient dignes d’Aristote.
Si peu que vaille notre tentative, elle est digne de la clémence du public.
Les arts vraiment dignes de ce nom procèdent d’une manière toute différente : pour eux, la sensation pure et simple n’est pas le but ; elle est un moyen de mettre l’être sentant en communication et en société avec une vie plus ou moins semblable à la sienne ; elle est donc essentiellement représentative de la vie, et de la vie collective.
Aussi, si Heine se connut mieux en s’analysant davantage, il se connut ironiquement, se détesta, se méprisa, se vilipenda, et comme l’on ne sait de l’humanité que soi-même, il advint que son âme fut partagée entre la tristesse et le mépris, qu’il se conçut, même dans les œuvres où s’idéalisant, il s’érigeait en pur exemplaire humain, tantôt comme un malheureux digne de pitié et de justice, tantôt comme un misérable qu’il fallait bafouer et maltraiter.
Le sublime ne peint que la vérité, mais en un sujet noble, il la peint tout entière, dans sa cause et dans son effet ; il est l’expression, ou l’image la plus digne de cette vérité.
Le nouveau, c’est dans la culture de notre tradition que nous le trouverons, si nous sommes dignes de le trouver, mais dans une culture intelligente, active, féconde.
Ce tableau fait rire ; c’est en grand une assemblée de médecins et d’apothicaires, dignes du théâtre lorsqu’on y joue le médecin malgré lui.
D’autres hommes, moins coupables que Châteaubriand, il est vrai, sont traités dans cette histoire avec une indulgence qui n’est pas la forte miséricorde du pardon, comme on la rencontre parfois sous une plume chrétienne… L’auteur de l’Histoire de la Littérature sous la Restauration n’a fait d’exception à la règle de la mansuétude que le tempérament de son esprit ou les circonstances lui ont imposées que pour deux hommes, assez dignes, du reste, de cette exception redoutable, Paul-Louis Courier, le pamphlétaire, et Béranger, le chansonnier.
Ce sont les bien dignes représentants d’une civilisation féroce et efféminée, que ces bourreaux affables (il y tient !)
Mais la conception de l’enfer chrétien dispensait un homme d’avoir du génie, et, d’ailleurs, voir où dort une immense poésie rend un homme digne de l’éveiller.
Harmoniser la vie intérieure et la vie extérieure, pénétrer les rapports de l’ensemble et du « soi », tel doit être notre devoir, si nous voulons parvenir à un état vraiment digne d’être vécu.
Les bienheureux vainqueurs de ce terrible mal n’en sont que plus dignes de notre intérêt et de nos éloges, tout au moins de notre attention.
Plus de la moitié de ces longues pages est un style parfois de bas-relief et digne de la grande imagerie de pierre qu’il glorifie ; mais la partie moderne, de vie et de dialogue, ne surgit que faiblement, demeurée en grisaille. […] Cet aphorisme est tout au plus digne d’un commerçant modeste. Songez, mon ami, que vous allez entrer dans la haute industrie et prenez une devise plus relevée et plus digne de la corporation qui va s’ouvrir à vous ; je vous conseille celle-ci, qui, divisée en deux parties, embrasse également le présent et l’avenir : « Il faut vivre riche. […] Au-dessous du quarantième mille, un roman n’a qu’une fort médiocre valeur littéraire — naturellement proportionnelle au chiffre inscrit ; — à quinze, on peut lire un volume de vers ; à dix, un traité de métaphysique ; un pamphlet littéraire qui ne dépasse pas vingt-cinq est à peine digne d’être feuilleté. […] Avant lui, la charité n’était qu’un rachat de personnelles fautes ; elle gardait son caractère égoïste et digne de prodigalité ; elle était vraiment, le plus souvent, un don sans conditions, sans but que d’être un don ; elle était un sacrifice ; elle avait la grâce et la pureté de l’oubli : elle ne suivait pas son argent des yeux.
Est-ce que tous les jours les garçons les plus dignes, les plus loyaux, n’épousent pas des femmes plus riches qu’eux, sans perdre pour cela la moindre parcelle de leur honnêteté ? […] Ce sont nos auteurs contemporains les plus applaudis et les plus dignes de l’être qui dissertent de la sorte à l’infini sur les façons délicates d’avoir de l’honneur. […] Questionnez dix provinciaux, huit vous parleront de l’Opéra avec passion, tandis qu’ils montreront une admiration digne pour la Comédie-Française. […] Pouvoir être Mécène et consentir à devenir Virgile, voilà qui dénote une noble activité d’esprit, un souci des amusements les plus dignes et les plus élevés. […] Rien de plus digne, d’ailleurs.
Le grand art du xviiie siècle est une manière de mandarinat très lettré, très circonspect, très digne, et très impuissant. […] Enfin, très pénétré des grandes leçons de ces trois artistes, très digne d’eux, en même temps profondément original, comprenant la nature, comprenant l’art antique, capable d’attendrir et de troubler, et aussi croyant que la littérature et l’art devaient redevenir français et chrétiens, apportant une poétique nouvelle, et, ce qui vaut mieux, une imagination à renouveler presque toutes les formes de l’art littéraire, un grand poète apparaît vers 1800, ferme le xviiie siècle, quoique en retenant quelque chose, et annonce et presque apporte avec lui tout le dix-neuvième3. […] Des inconnus, dont tout ce que Bayle écrit sur eux ne sert qu’à démontrer qu’ils étaient dignes de l’être et de rester tels, s’étalent comme insolemment sur de nombreuses pages énormes. […] En l’un ou en l’autre, il eût été plus goûté, et même il fût devenu plus digne de l’être. […] Quand il nous dit qu’un peuple est capable de la liberté, c’est qu’il le voit dans l’organisation sociale, rêvée par lui, qui est la plus propre à maintenir un peuple dans l’état libre ; quand il trace le cadre d’une constitution libre, c’est qu’il croit qu’il suffit presque de l’offrir à un peuple pour que demain il en soit digne. « Donnez aux hommes, semble-t-il dire, les procédés pratiques pour n’être ni tyrannisés ni tyrans, ils ne seront ni l’un ni l’autre ; car ils en ont en eux les moyens. » C’est dans ces derniers mots qu’est l’optimisme, peut-être aventureux.
Ce ne sont que dix études sur les écrivains de cette période qui ont paru à l’auteur les plus dignes d’un examen attentif. […] Il fut le chef incontesté du Gouvernement provisoire, parla à l’Europe, comme ministre des affaires étrangères, un langage très élevé et très sage, vraiment digne de la France, improvisa au balcon de l’Hôtel-de-Ville, devant l’émeute et les fusils braqués sur lui, des discours admirables, calma pour un temps les passions populaires, abolit l’esclavage, établit le suffrage universel, et procéda aux élections de l’Assemblée constituante. […] Le sujet même voulait qu’il nous fît le tableau d’un monde abominable, digne du déluge. […] C’est là, pour la première fois en France, que Dieu, que nos poètes ont tant fait parler, se définit et s’explique d’une manière digne de lui. […] Il sculptera d’un seul vers : « Un pâtre sur sa flûte abaissant sa paupière » ; ou, dans un couplet digne d’émouvoir mânes de Callimaque et ombre de Philétas, Europe enlevée par Zeus : Un ouvrier d’Egine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la plainte.
Le digne Chiron lui enseignait, pour la consoler de Thésée, que le corps n’a pas d’importance et n’est rien sans l’âme. […] Il n’en résulte pas que le digne et janséniste Boileau modifiât ses jugements selon les circonstances et les gens à qui il parlait. […] C’est un préjugé bien digne de notre époque intuitionniste et belphégorienne que d’exiger des apothéoses sans nuances et de considérer toute réserve, toute discussion, comme un « éreintement ». […] Il contentait pleinement l’ardeur à tout connaître, à tout comprendre, à sentir et admirer tout ce qui en est digne. […] La littérature digne de ce nom, à la fois art et science, est le plus haut aliment spirituel et l’œuvre la plus divine qu’accomplisse l’humanité.
De la culture véritable Pourtalès possède en effet l’attribut qui trompe le moins : ce refus de juger un homme autrement que sur l’ensemble de son œuvre et en y incorporant tous les aveux qui lui échappent, tous les témoignages dignes de foi qui nous ont été transmis à son sujet. […] La retenue n’a peut-être tout son prix que dans ses abandons, — que hante alors une profondeur. « Ce que Mary lui reprochait surtout, c’était sa complète indifférence à ce que tous les autres hommes jugent désirable et digne d’efforts. […] Je suis assez grand pour faire mes affaires tout seul… Je suis un homme digne et éclairé, parfaitement pur de toute illusion… Peut-être le monde tel que je le conçois, est-il plus triste, moins réconfortant. […] Heureux qui serait digne de l’entreprendre ! […] Nous le possédons aujourd’hui — savant, complexe, d’une analyse partout traversée de tendresse ; c’est dire que nous le tenons de dignes mains.
Son noble front (considérablement agrandi, à cet effet, par nos photographes), était bien digne, de ces lauriers. […] Il méditera sans cesse des plans gigantesques, une œuvre enfin digne de lui, atteignant tous sujets ; mais il échouera à réaliser jamais aucune de ses promesses. […] Et pourtant, il souhaitera cette affaire digne de lui, traitée supérieurement : il s’épuisera en d’incessantes corrections, jamais satisfait, d’autant plus dégoûté de sa tâche qu’il percevra mieux la différence entre la chose écrite et la vision rêvée. […] Mais je crois bien que le hasard, en le condamnant à vivre parmi nous la dure vie du journaliste, lui a constitué la seule royauté qui fût digne de lui. […] Ma digne éducatrice méritait bien — n’est-ce pas ?
Rousseau a déjà relevé cette ambiguïté morale du Misanthrope, qui fait que les choses les plus dignes de respect y semblent tournées en ridicule. […] Celui qui a attaché son nom le premier à cette tentative vraiment digne de l’intrépidité de sa logique, est mon maître dans l’art de critiquer.
Cette illustration des grâces d’un siècle était devenue un digne débris de votre culte ; c’est là du moins que je vous retrouvai, c’est-à-dire avec Ballanche, les deux Deschamps, Vigny, madame Émile de Girardin, Brifaut, chez madame Récamier, régnant par l’attrait universel sur l’universalité des talents. […] « En ce temps-ci, où par bonheur on est las de l’impiété systématique, et où le génie d’un maître célèbre22 a réconcilié la philosophie avec les plus nobles facultés de la nature humaine, il se rencontre dans les rangs distingués de la société une certaine classe d’esprits sérieux, moraux, rationnels ; vaquant aux études, aux idées, aux discussions ; dignes de tout comprendre, peu passionnés, et capables seulement d’un enthousiasme d’intelligence qui témoigne de leur amour ardent pour la vérité.
Il est catholique et tout ce qui n’est pas catholique lui semble digne de mépris. […] Sa fortune était basée sur un calembour digne du marquis de Bièvre, qui n’en fit guère de meilleur.
De Miranda et de Bouhélier — je m’étonne que leur jacobinisme exaspéré ne soit point allé jusqu’à châtrer leur nom ou pseudonyme de ces nobiliaires particules — et aux autres, ce qui les intéresse chez Hugo, c’est d’user de son renom pour leur propre gloire d’introduire « le socialisme » où il n’a que faire, dans l’art, plate imitation du Zola de Fécondité ; digne au plus de l’humble poésie de M. […] J’ignore si Mallarmé a ou n’a pas imprimé dans son œuvre la marque d’un siècle dont il se soucia peu, — mais je le désigne comme ayant laissé une œuvre hautaine, harmonieuse, gonflée de pures pensées — digne de gloire et d’immortalité.
A propos de la réimpression faite à Londres du Poëme des Jardins, on engageait le Virgile français à rompre enfin un exil désormais volontaire, à revoir au plus vite cette France digne de lui : on lui citait l’exemple de Voltaire qui, réfugié en son temps à Londres, n’avait point prolongé à plaisir une pénible absence. […] s’écrie Fontanes, quelle femme, digne d’inspirer ses chansons, s’est jamais exprimée de cette manière sur le peintre de l’amour et du plaisir ? […] Cet homme est le même qui veut continuer l’Année littéraire de Fréron ; il en est digne. » On voit que c’est à Geoffroy que Ginguené imputait, peut-être à tort, l’article des Débats.
Son enthousiasme religieux effraya celle qui vous remplaçait auprès de votre fils (une belle-sœur de Mme de Costa) ; elle pria l’anachorète exalté de diriger ailleurs ses pensées et de ne former aucun vœu dans son cœur, de peur que son désir ne fût une prière : beau mouvement de tendresse, et bien digne d’un cœur parent de celui d’Eugène ! […] Qu’on lise, au livre II De Augmentis Scientiarum, le chapitre IV, dans lequel, distinguant les différentes espèces d’histoire civile, 1° l’ecclésiastique ou sacrée, 2° la civile proprement dite, 3° la littéraire, il s’attache à dessiner le cadre de celle-ci, comme entièrement absente. « Et pourtant, dit-il avec cet éclat ingénieux qui lui est propre, l’histoire du monde dénuée de cette partie essentielle, c’est la statue de Polyphème à qui on aurait arraché son œil. » Tout le plan qu’il trace dans cette page est admirable d’ordre et de soins, de conseils de détail, et n’a pas cessé d’être le programme de tout historien, de tout biographe littéraire digne de ce nom. […] Un grand nombre des lettres qu’il écrivait, par le sérieux des questions et le développement qu’il y donne, seraient dignes de l’impression.
La description du combat d’Achille contre le Xante, quoi qu’un peu bizarre, celle des jeux célébrés aux funerailles de Patrocle, quoique mal placée comme elle est à la fin du poëme, quelques autres peintures, de celles mêmes que je n’ai pû imiter, parce qu’elles sont enchassées dans des épisodes inutiles, sont dignes, à tout prendre, de toute la réputation d’Homere ; mais il ne peint pas toujours si heureusement ; et je crois que sur cette partie, comme sur toutes les autres, il pourroit égarer souvent ses imitateurs. […] Ce n’est pas ainsi, à mon sens, que les poëtes doivent peindre ; ils doivent écarter tout l’indifférent, et ne présenter que des choses dignes de curiosité et d’attention. […] Homere a semé l’iliade de ces contre tems ; je n’en citerai qu’un exemple sur lequel on ne doit pas craindre de juger trop légerement d’Homere ; car, pour peu qu’on le trouve digne de censure en celui-ci, on peut s’assurer qu’il l’est bien davantage en d’autres.
C’est seulement par une telle systématisation que la sagesse théorique rendra véritablement à la sagesse pratique un digne équivalent, en généralité et en consistance, de l’office fondamental qu’elle en a reçu, en réalité et en efficacité, pendant sa lente initiation graduelle car, les notions positives obtenues dans les deux derniers siècles sont, à vrai dire, bien plus précieuses comme matériaux ultérieurs d’une nouvelle, philosophie générale que par leur valeur directe et spéciale, la plupart d’entre elles n’ayant pu encore acquérir leur caractère définitif, ni scientifique, ni même logique. […] Une telle transformation, qui déjà tend à prévaloir en France, devra naturellement se développer partout de plus en plus, vu la nécessité croissante où se trouvent maintenant placés nos gouvernements occidentaux, de maintenir à grands frais l’ordre matériel au milieu du désordre intellectuel et moral, nécessité qui doit peu à peu absorber essentiellement leurs efforts journaliers, en les conduisant à renoncer implicitement à toute sérieuse présidence de la réorganisation spirituelle, ainsi livrée désormais à la libre activité des philosophes qui se montreraient dignes de la diriger. […] Cette transaction systématique n’est nullement particulière aux jésuites, quoiqu’elle constitue le fond essentiel de leur tactique ; l’esprit protestant lui a aussi imprimé, à sa manière, une consécration encore plus intime, plus étendue, et surtout plus dogmatique les métaphysiciens proprement dits l’adoptent tout autant que les théologiens eux-mêmes ; le plus grand d’entre eux, quoique sa haute moralité fût vraiment digne de son éminente intelligence, a été entraîné à la sanctionner essentiellement, en établissant, d’une part, que les opinions théologiques quelconques ne comportent aucune véritable démonstration, et, d’une autre part, que la nécessité sociale oblige à maintenir indéfiniment leur empire.
Le Socrate d’Eupalinos estime que de tous les Socrates abandonnés par lui sur sa route et devenus Idées, le plus digne de regrets c’est l’architecte qu’il aurait pu être : « Si donc l’univers est à l’effet de quelque acte, cet acte résultant lui-même d’un Être, et d’un besoin, d’une pensée, d’une science qui appartiennent à cet Être, c’est par un acte seulement que tu peux rejoindre le grand dessein, et te proposer l’imitation de ce qui a fait toutes choses. […] Seul lui paraît digne du poème l’émoi poétique ou métaphysique. […] Hâte-toi de choisir un jour digne d’éclore, Parmi tant d’autres feux tes immortels trésors !
Lisez encore ce digne et ample prélude à une étude sur Lamartine, poète religieux : De tous temps et même dans les âges les plus troublés, les moins assujettis à une discipline et à une croyance, il y a eu des âmes tendres, pénétrées, ferventes, ravies d’infinis désirs et ramenées par un naturel essor aux régions absolues du Vrai, de la Beauté et de l’Amour. […] « L’impossibilité d’atteindre aux êtres réels me jeta dans le pays des chimères ; et, ne voyant rien d’existant qui fût digne de mon délire, je le nourris dans un monde idéal, que mon imagination créatrice eut bientôt peuplé d’êtres selon mon cœur… Dans mes continuelles extases, je m’enivrais à torrents des plus délicieux sentiments qui soient jamais entrés dans un cœur d’homme. » Chose étrange, ou plutôt trop compréhensible, que le chimérique et dangereux idéal de l’amour romantique soit sorti des rêveries de ce poète quelque peu empêché parmi les réalités de l’amour naturel ! […] L’attitude progressive, qui est tout opposée à celle-là, et qui voit dans cette accumulation de matière, non un obstacle invincible à l’exercice efficace de la pensée, mais un excitant pour elle à tirer de soi de nouvelles ressources, à perfectionner son activité et son art, afin de se rendre peu à peu ces masses maniables et de les dominer avec une aisance digne de l’ancien esprit hellénique. […] Mais s’il arrivait qu’ils retombassent en Mendelssohn, rien n’était plus digne d’indulgence.
Elle pourrait sembler fausse à quelques-uns, à ceux qui redoutent par-dessus tout une lacune ou une apparence de contradiction dans l’échafaudage de leurs raisonnements, et qui tiennent le dogmatisme tranchant pour le seul témoignage digne de la vérité. […] « Chose étrange et bien digne d’attention, le Nouveau Testament ne se donne nulle part pour inspirer. […] Dans cet isolement, Scherer sut rester très digne. […] Il est infiniment digne de la grandeur et de la bonté suprêmes, qu’en consentant aux luttes et aux efforts impliqués nécessairement par une imperfection perfectible, Dieu ait ouvert à l’homme les voies d’une progression continue dans la spiritualité. […] En sortant du christianisme expérimental, nous sommes sortis du christianisme historique, et, chose digne d’être remarquée, nous abandonnons l’un parce qu’au préalable nous avions abandonné l’autre.
Elle descendait les quelques marches de son seuil et s’avançait, d’un air digne, les mains posées l’une sur l’autre à la hauteur de son estomac. […] Ma conduite fut déclarée héroïque et digne de louanges. […] Peut-être était-ce simplement un oubli ; l’on n’avait pas trouvé le temps ; ou bien pour choisir des parrains et des marraines dignes de cette haute mission, ne s’était-on pas pressé. […] Ainsi transformée, je fus jugée digne d’être présentée à la supérieure du couvent. […] Quand le temps fut venu, ma mère décida qu’il fallait m’arranger une coiffure digne de passer à la postérité.
Il demeura sous-diacre, parce qu’il ne se sentait pas digne d’être prêtre. […] Racine est, dès lors, très répandu dans le monde des théâtres ; il connaît des comédiens et des comédiennes ; et c’est, je pense, vers ce temps-là, que l’élève de ces messieurs, si sage encore à Uzès, cesse décidément d’être le digne neveu de la mère Agnès de Sainte-Thècle. […] Et sans doute, mort en plein triomphe, à trente-trois ans, d’une série d’orgies dignes d’Hercule, il ne réussit pas tout à fait dans son énorme et magnanime entreprise. […] Il n’aime que pour orner son âme, et nous le voyons tout le temps préférer à la possession de sa maîtresse ce qui le rend digne de cette possession. […] Et alors, à y regarder de près, son cas paraît digne d’une sympathie et d’une pitié immenses.
Cette attitude élève, agrandit ses idées, détruit en lui des inclinations basses qui nourrissent et concentrent l’amour-propre, et de ce concours naît une certaine force de courage, une fierté de caractère qui ne laisse prise au fond de son âme qu’à des sentiments dignes de l’occuper. […] Il convient qu’Alceste est plus digne d’amour que lui et il se retire devant lui dans le cas où, dégagé de Célimène, il reviendrait à Eliante. […] Vous vous rappelez le mot de Labiche, mot digne de Molière. […] Je ferai remarquer cependant que le sieur George Dandin ne laisse pas d’être coupable et digne de quelque punition. […] Orgon vise à être un saint et aboutit à être un crétin ; le ridicule est dans l’erreur qu’il comme dans la poursuite d’un idéal parfaitement digne de respect.
Il sera donc naturel· de nous demander quel est le tableau qu’a tracé de l’aristocratie de son temps un témoin si digne de foi. […] Louis Gandrax dans Sibylle, et le docteur Tallevaut, dans la Morte, sont dignes de toute estime. […] Depuis cette terrible nuit, elle ne pense plus à Frantz, elle ne se sent plus digne d’aimer et d’être aimée. […] Mais peu d’esprits en sont dignes. […] Celui-ci avait commencé par de charmantes pièces qui étaient d’un poète : il promettait de se montrer un digne petit-fils de Pigault-Lebrun ; il annonçait un second Regnard.
Grande œuvre pourtant que Rouge et Noir, très digne d’avoir passé à peu près inaperçue en sa nouveauté, comme presque toutes les grandes œuvres, et d’avoir sollicité l’attention de la postérité, comme toutes les œuvres, même maladroites, qui reposent sur un grand fond de vérité universelle. […] Ce livre, qui fit beaucoup penser et qui est très digne de sa réputation, n’a que le défaut d’être trop touffu et trop compréhensif. […] Et cependant mon père était un brave homme, ma mère une digne femme, mes aïeux d’honnêtes paysans ; moi, je n’ai jamais trompé un enfant, fait tort à une jeune fille, manqué à un vieillard, ni calomnié un adversaire. […] Il vient de dire, tout à fait dans la manière de Montaigne et en un style digne du maître : « La vie humaine réduite à elle-même serait trop simple et trop nue ; il a fallu que la pensée civilisée se mît en quatre pour en déguiser et pour en décorer le fond. […] Une preuve que Sainte-Beuve l’a bien, ou est aussi près que possible de l’avoir, c’est qu’il le définit à merveille et d’une façon digne de Montaigne : « Il va partout le long des rues, s’informant, accostant ; la curiosité l’allèche, et il ne s’épargne pas les régals qui se présentent.
Dans le journal rouge 56 faites une analyse si vous m’en trouvez digne ; mais, s’il se peut, le lendemain du jour où vous recevrez cette lettre, louez-moi tout bonnement dans le journal qui a une véritable dictature sur l’opinion publique57 ; louez le livre de manière à empêcher de persécuter l’auteur.
Prenez quelque cours de littérature, si vous trouvez quelque homme qui en soit digne.
Je vous montrerai à maintenir en paix la Castille et les autres royaumes pareillement : donnez-moi pour mari Rodrigue, celui qui a tué mon père. » Dans cette pensée de Chimène, il n’y a qu’une idée bien digne de ces temps de force et de violence.
J’accepte, monsieur, cette nomination, qui me vaut une élection dans les formes, et comme la plus grande joie que j’aurais serait d’être d’un corps dont vous êtes, j’en suis dès que vous m’avez nommé, et cet in petto me plaît plus que la chose même… Vos lettres ne manqueront pas de faire du bruit ; mon nom sera mêlé avec le vôtre ; on dira que vous m’avez jugé digne d’être un jour académicien : n’en est-ce pas plus cent fois que je ne mérite ?
Dans les dispositions morales où était La Mennais quand il aborda l’abbé Carron116, on s’explique comment ce digne prêtre prit tant d’influence sur lui pendant ces années et véritablement le gouverna.
., les adressa, en les accompagnant d’une lettre fort digne, à un personnage éminent d’alors.
Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ?
Elle est un digne contemporain de M. de La Rochefoucauld ; on s’aperçoit qu’elle savait le fond des choses de la vie, qu’elle avait un esprit très-ami du vrai, du positif même ; on ne s’en serait pas douté, à lui en voir souvent si peu dans l’expression.
Il m’est arrivé plus d’une lois, messieurs, en assistant à certaines de vos discussions, de former un regret et un vœu : ce vœu, ce serait de voir plus souvent dans cette enceinte un prince si remarquable par les dons de l’intelligence, si riche de connaissances qu’il accroît de jour en jour, d’un esprit vraiment démocratique, doué d’éloquence, d’une capacité multiple et prompte que tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher admirent, et qui, pour tout dire d’un mot, est digne de sa race.
Si nous assistions en foule aux premières représentations d’une tragédie digne de Racine ; si nous lisions Rousseau, si nous écoutions Cicéron se faisant entendre pour la première fois au milieu de nous, l’intérêt de la surprise et de la curiosité fixerait l’attention sur des vérités délaissées ; et le talent commandant en maître à tous les esprits, rendrait à la morale un peu de ce qu’il a reçu d’elle ; il rétablirait le culte auquel il doit son inspiration.
L’admiration, la faveur, l’importance appartiennent, non à ceux qui en sont dignes, mais à ceux qui s’adressent à lui. « En 1789, disait l’abbé Maury, l’Académie française était seule considérée en France et donnait réellement un état.
L’ouvrage fut publié d’abord en 1770. « La Révolution, dit un des personnages, s’est opérée sans effort, par l’héroïsme d’un grand homme, d’un roi philosophe digne du pouvoir, parce qu’il le dédaignait, etc. » (
Il n’y a de digne d’attention que le type universel et fixe de l’humanité.
D’une certaine vieille, que Guillaume de Lorris avait à peine présentée, Jean de Meung, détaillant avec énergie le caractère du personnage, a fait la digne aïeule des Célestine et des Macette, une figure hideusement pittoresque.
Il le reprit, et l’étendit pour le rendre plus digne de l’Académie.
— Il gémit sur les émeutes de Lyon Il exhorte le jeune Michel Ney à être digne du nom qu’il porte.
L’occasion est offerte d’acheter, à prix modique, une situation tout à fait digne d’éloges.
Il eût été digne de Montesquieu d’en avoir l’idée et de tracer un idéal de l’autorité qui fût à jamais une lumière pour les gouvernants, une garantie pour les sujets, un obstacle insurmontable pour quiconque ne peut pas commander et ne veut pas obéir.
Écris avec ton sang et tu apprendras que le sang est esprit. » Il ajoute : « Le génie créateur est l’homme tragique, le poète hermétique qui délivre au monde le livre vivant, le message qui lui a été confié à sa naissance et qui a été imprimé dans tout son être. » Les chefs de file du mouvement symboliste, Baudelaire, Verlaine, Laforgue, Samain, comme d’ailleurs tous les poètes dignes de ce nom, n’ont jamais fait autre chose.
Il joue l’homme de qualité avec tant de perfection qu’il en impose même à cette fine mouche de Lisette, qui hésite entre le témoignage de ses yeux et celui de sa mémoire et n’ose reconnaître une ancienne connaissance dans ce personnage si digne et si sérieux99.
Un poème héroï-comique nous présente, par exemple, un vaillant chevalier qui part en guerre, affublé d’une armure rouillée, armé d’une gaule à abattre les noix, monté sur une vieille jument, vénérable aïeule de Rossinante ; il est le digne fils d’un père qui n’avait pas son égal pour transpercer les limaces et les papillons ; il a pour adversaire une vieille femme et il est battu.
Monteprade, au contraire, est un digne et sérieux vieillard.
Plus tard il reproduira admirablement cette même pensée dans le dernier chapitre de sa Monarchie selon la Charte : il se demande ce que devenaient en France autrefois les hommes qui avaient passé la jeunesse et qui avaient atteint la saison des fruits, et, les montrant privés des nobles emplois de la vie publique, oisifs par état, vieillissant dans les garnisons, dans les antichambres, dans les salons, dans le coin d’un vieux château, n’ayant pour toute occupation que l’historiette de la ville, la séance académique, le succès de la pièce nouvelle, et, pour les grands jours, la chute d’un ministre : Tout cela, s’écriait-il, était bien peu digne d’un homme !
d’autres mystères réclament le penseur et sont plus dignes d’absorber son attention.
Ne serait-on pas, au contraire, porté à juger a priori, indépendamment de ses actes propres, de la valeur d’un individu par la place qui lui paraît marquée d’avance dans toutes les sociétés, et à le tenir, avant toute expérience, comme digne de respect ou de dédain, suivant la hauteur de ce rang toujours le même ?
Mais les strophes mesquines et dures, que Lamotte adaptait à la lyre thébaine, en faisaient crier les cordes ; et, au lieu de le louer intrépidement, avec Voltaire, de faire de belles odes, on aurait dû lui dire avec le jeune officier, plus digne que lui de traduire Pindare et d’animer d’une grâce nouvelle les noms mythologiques : Quoi !
. — Il dit bien, dans une note écrite après 1768 : « Elle est, il est vrai, plus bornée et plus facile à tromper que je ne l’avais cru » ; mais il ajoute aussitôt : « Mais pour son caractère, pur, excellent, sans malice, il est digne de toute mon estime et l’aura tant que je vivrai. » — Il s’occupe beaucoup d’elle. […] Le contraire serait plus digne d’un sage. […] C’est en plein air, c’est sous le ciel qu’il faut vous rassembler et vous livrer au doux sentiment de votre bonheur… Que vos plaisirs ne soient pas efféminés ni mercenaires ; que rien de ce qui sent la contrainte et l’intérêt ne les empoisonne ; qu’ils soient libres et généreux comme vous ; que le soleil éclaire vos innocents spectacles : vous en formerez un vous-même le plus digne qu’il puisse éclairer. […] Il (l’heureux époux) vous croit digne d’avoir été aimé d’elle, et il vous offre sa maison. […] Enfin, à l’endroit où le plus honnête des hommes s’étend avec plus de plaisir sur l’attachement de la plus digne des femmes, le jeune voyageur, hors de lui, serre une main du mari qu’il a saisie, et de l’autre prend aussi la main de la femme, sur laquelle il se penche avec transport en l’arrosant de ses pleurs… (Tableau à la Diderot et à la Greuze.
Il en arracha le roi violemment, et, lui mettant la couronne sur la tête, le ramena devant les thanes. » Alors Elgita envoya des hommes pour arracher les yeux de l’abbé, puis, sur une révolte, se sauva avec le roi, « en se cachant par les chemins ; mais les gens du Nord, l’ayant saisie, « lui coupèrent les muscles des jarrets, puis lui firent subir la mort dont elle était digne. » Barbarie sur barbarie : « À Bristol, au temps de la conquête29, la coutume était d’acheter des hommes et des femmes dans toutes les parties de l’Angleterre et de les exporter en Irlande pour les vendre avec profit. […] Il récrit le texte pour l’approprier à leur intelligence ; les jolis vers de Boëce, un peu prétentieux, travaillés, élégants, peuplés de souvenirs classiques, d’un style raffiné et serré, digne de Sénèque, se changent en une prose naïve, longue, traînante, et pourtant hachée, semblable à un conte de fées qu’une nourrice fait à un enfant, expliquant tout, recommençant et brisant les phrases, tournant dix fois autour d’un détail, tant il faut descendre pour se mettre au niveau de cet esprit tout neuf, qui n’a jamais pensé et ne sait rien70.
C’est aux Maupassant, aux Paul Alexis, aux Huysmans que j’en veux, à ces commensaux que Zola daigna recevoir à Médan, et qui n’étaient pas dignes d’en passer le porche. […] Quant à Musset, son théâtre, seul digne de sa mémoire, laisse le peuple indifférent, — tandis que ses mauvais vers feront pâmer longtemps les demi-vierges sentimentales, toujours plus rares, et les petits « don Juan » qui n’ont pas lu Tinan !
Des raisons plus dignes du roi et du poète expliquent la bienveillance constante du premier pour le second. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures.
Corneille, ajoute-t-il, tesmoigne bien en ses Responses qu’il est aussi loing de la modération que du mérite de cet excellent avthevr. » Le jeune homme si justement et si doucement censuré ose résister ; alors Scudéry revient à la charge ; il appelle à son secours l’Académie Éminente : « Prononcez, ô mes Ivges, un arrest digne de vous, et qui face sçavoir à toute l’Europe que le Cid n’est point le chef-d’œuure du plus grand homme de Frâce, mais ouy bien la moins iudicieuse pièce de M. […] Beaumarchais était digne de hasarder le premier pas vers ce but de l’art moderne, auquel il est impossible de faire, avec deux heures, germer ce profond, cet invincible intérêt qui résulte d’une action vaste, vraie et multiforme.
Mais je sortis en même temps charmé d’avoir rencontré enfin un ennemi digne d’être combattu, un esprit brave et résolu dans une légion d’hommes de parti médiocres. […] Justesse d’idée, finesse de tact, sûreté de jugement, élévation de point de vue, largesse d’horizon, dignité de but, moralité de moyen, sang-froid dans le trouble, amour du peuple, dédain de la popularité, horreur de l’anarchie, haine des démagogues, pitié des utopistes, constance et modération dans le caractère, tout se réunissait en lui pour rendre cet homme rare digne et capable du rôle de conseiller confidentiel de la liberté.
Nous ne ferons donc pas de grands frais de raisonnements pour prouver qu’il est digne de l’Académie. […] Au résumé, l’opinion publique présente à l’Académie un candidat digne de son attention, un écrivain de son bord sur les points principaux de la littérature, un poète qui a un nombreux auditoire et une grande renommée.
Une autre ne lui paraissait digne d’être entreprise. « Si au moins il appartenait à ma destinée de ramener à des mœurs primordiales une contrée circonscrite et isolée ! […] Si Dieu, pense-t-il (nous avons vu ce qu’est ce « Dieu »), seul digne d’être désiré, se dérobe éternellement, s’il faut se jeter dans le non-sens de la vie, de l’action, au moins, pense-t-il, qu’on s’y jette avec frénésie et de façon à l’épuiser totalement. […] Offerte à mes regards dans un moment où mon cœur avait besoin d’amour, ma vanité de succès, Elléonore me parut une conquête digne de moi. […] Que la digne sœur d’un adolescent de trop de rêve et de flamme soit exposée par ce charme périlleux répandu sur sa jeunesse à porter plus tard le deuil de l’amour, c’est la noble et triste histoire de Lucile de Chateaubriand. […] Ce laquais qui en remontrerait à Gil Blas et à Scapin, ce n’est plus Scapin ni Gil Blas il est à l’autre pôle moral de l’humanité l’emphase dilate sa personnalité jusqu’aux proportions d’une entité indéfinie, émouvante, digne de servir de sujet aux plus beaux attributs et de thème aux plus grands mots.
Naples lui paraît peuplé de « lazzaronis et de polichinelles, tous voleurs, f… coquins dignes des Espagnols et de la potence ». […] L’homme seul lui paraît digne d’intérêt, et, quand il dresse un paysage autour de l’homme, il le fait d’une façon qui rappelle celle des peintres primitifs, les espaces à peine entrevus, les squelettes d’arbre dont l’ombre grêle ne cache jamais rien du visage… N’est-il pas plaisant de constater cette indifférence pour le monde matériel chez un écrivain auquel on a attaché l’étiquette de réaliste ? […] … Un jeune homme comme toi doit avoir rencontré une personne digne de lui. […] « — … Sentiments, repris-je, qui te rendraient digne de la médaille civique, surtout aujourd’hui où la guida d’amore est le registre du cens. […] Si je voulais passer en revue tous les romanciers véristes dignes d’attention, j’aurais encore quelques noms à citer : M.
J’en trouve une preuve, chez Flaubert lui-même, dans une page digne de Chateaubriand, où sont racontées les imaginations d’Emma Bovary et qui commence : « Au galop de quatre chevaux ; elle était emportée depuis huit jours, dans un pays nouveau, d’où ils ne reviendraient plus. […] Une seule fois, nature aux mille visages, tu as su trouver un acteur digne d’un pareil rôle », il donne une forme ironique à un point de vue qui s’accorde bien avec sa philosophie générale. […] Il citait encore : Si vous alliez, madame, au vrai pays de gloire ; Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire… Belle digne d’orner les antiques manoirs. […] La leçon de Barrès7 Un des plus dignes hommages que les amis d’un grand écrivain mort puissent lui rendre, n’est pas de dire ce qu’ils ont su de son développement et de dégager ainsi la leçon que son œuvre porte en elle ? […] V Un de nos amis communs, à Barrès et à moi, le toujours regretté Léon de Montesquiou, l’auteur du Réalisme de Bonald, tombé au champ d’honneur à Souain, en Champagne, le 25 septembre 1915, avait jeté dans une de ses lettres cette noble phrase qui figure aujourd’hui sur son image mortuaire : « Je veux me perfectionner, m’épurer, me grandir. » J’aime à associer son souvenir à celui du rare écrivain qu’il admirait, en rappelant cette ligne, bien simple, mais qui résume le programme d’une vie vraiment digne d’être vécue.
Le Roi-Empereur, arrivé à Reims, fut logé par l’archevêque dans la plus belle pièce de l’Archevêché, que le Roi ne trouva d’abord pas digne de sa grandeur. […] J’entends, aujourd’hui, ce juste adoptant la criminelle formule de Bismarck : La force prime le droit ; je l’entends déclarer que les nations et les individus qui ne peuvent pas défendre leurs propriétés, ne sont pas dignes de les conserver. […] » Jeudi 18 mai Les grands événements tragiques donnent le courage à la femme, à la femme qui en manque le plus, et dans le dramatique, son dévouement s’exalte à un point digne de l’admiration. […] Et sa lettre finit par une phrase, dans laquelle il dit qu’il trouverait digne de l’Académie, de continuer l’Empereur, c’est-à-dire de continuer les pensions aux étrangers.
Qu’il était instruit que l’Académie française l’avait fort approuvé ; qu’elle l’avait trouvé digne de celui qui l’avait conçu, plus digne encore de ceux qui se proposaient de l’exécuter. […] « Je ne vis jamais, ajoute Dassoucy, tant de bonté, tant de franchise ni tant d’honnêteté que parmi ces gens-là, bien dignes de représenter réellement dans le monde les personnages des Princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre. » Dassoucy changera de note, plus tard, mais ici l’aveu est bon à retenir, et nous montre déjà Molière tel que nous le retrouverons à Paris, compatissant, excellent, noble de cœur et de tenue, et partageant sans compter avec l’errant recueilli en chemin. […] Tantôt ce digne personnage Faisait voir dedans son visage Les traits d’un homme généreux, Tantôt d’un niais, tantôt d’un gueux ; Tantôt avec une grimace Il se défigurait la face, Et souvent rendait son museau Plus laid que le groin d’un pourceau.
Quelles sont les plus belles choses et les plus dignes d’être rajeunies et « illustrées » ? […] Et puis, s’il n’est pas arrivé à une vue des choses beaucoup plus consolante que l’auteur de Rolla, au moins est-ce par des voies très différentes ; sa mélancolie est d’une autre nature, moins vague et moins lâche, plus consciente de ses causes, plus digne d’un homme. […] Ils servent de digne préface au poème du Zénith. […] Bon dans les cités primitives, avant l’écriture, quand les hommes s’amusaient de cette musique du langage et que par elle ils gardaient dans leur mémoire les choses dignes d’être retenues. […] Au lieu des dignes marchands et hommes de loi pareils de sort et de figure, voici M.
. — J’ai vu encore d’autres fleurs, mais pas une — qui ne t’eût pris sa couleur ou son parfum201. » Mièvreries passionnées, affectations délicieuses, dignes de Heine et des contemporains de Dante, qui trahissent de longs rêves exaltés, toujours ramenés sur un objet unique. […] Si enfin Shakspeare rencontre un caractère héroïque, digne de Corneille, romain, celui de la mère de Coriolan, il expliquera par la passion ce que Corneille eût expliqué par l’héroïsme. […] digne bouffon !
Voilà le vrai du livre et son cachet immortel ; le reste, désespoir final, coup de pistolet et suicide, y a été ajouté par lui après coup pour le roman et pour la circonstance : c’est ce qui ressemble le moins à Goethe, et qui se rapporte à l’aventure de ce pauvre Jérusalem, le côté faux, commun, exalté, digne d’un amoureux d’Ossian, non plus d’un lecteur d’Homère3.
La Terreur et le règne sanglant de Robespierre lui arrachèrent bientôt d’autres cris non moins dignes de son cœur et de sa muse : « Que me parles-tu, Vallier, écrivait-il à un ami, de m’occuper à faire des tragédies ?
Pons a publié à la librairie Garnier un Dictionnaire de la Langue française, fort bien digéré et digne d’estime.
Son cas était vraiment digne d’intérêt.
On est tenté de s’écrier comme l’auteur des Mémoires, dans une mélancolie cuisante : « Allons-nous-en avant d’avoir vu fuir nos amis et ces années que le poëte trouvait seules dignes de la vie : vita dignior ætas.
Roland a fini, comme Valazé, comme Condorcet : est-ce donc de ce seul mot rapetissant qu’il convenait de payer sa digne mémoire ?
Rousseau, ni chimères, ni violences, ni tyrannies, ni multitudes, ni satellites, ni armées, ni bourreaux qui puissent faire prévaloir la société purement matérialiste sur la société spiritualiste, où le commandement est divin, où l’abstention est vertu ; ce contrat social est, disons-nous, indépendamment de ce qu’il est plus vrai, mille fois plus digne du légitime orgueil, du saint orgueil de la race humaine : car il croit fermement (et il a raison de croire) que le contrat social qui commence sur la terre par des individus isolés, sans défense contre les éléments, par des hordes, par des tribus, par des républiques, par des empires, par des révolutions qui brisent ou qui restaurent des nations, n’est ni toute la fin, ni toute la destinée probable de la civilisation divine, ni toute la pensée du Créateur, ni tout le plan infini de Dieu dans sa création de l’homme en société.
Les deux vers de l’Art poétique seraient donc moins offensants pour Molière, et plus dignes de l’exactitude de Boileau si on lisait : Dans ce sac ridicule où Scapin l’enveloppe Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope.
Mais trouver les paroles dignes du sujet !
Mais l’étude de ces origines est un digne sujet pour nous ; car c’est là que nous reconnaissons, dans toute leur naïveté, les caractères que tire l’esprit français du sol même de la France, des mœurs locales, des diverses circonstances de la formation, de notre pays en corps de nation ; c’est là que nous entrevoyons la forme particulière que va recevoir l’esprit humain représenté par l’esprit français.
Pantagruel et Panurge n’ont-ils pas un digne compagnon, par exemple, dans frère Jean des Entomeures ?
S’il ne réussit pas à se fixer, c’est la marque même de sa distinction que d’y travailler ; car qui ose dire qu’il n’existe ni vrai ni bien et que s’il existe, n’y ayant rien de plus digne d’être recherché, le poursuivre ne soit la tâche des esprits les plus généreux et les plus excellents ?
Parmi les plus fiers et les plus dignes, qui n’a jamais eu la moindre faiblesse ?
— « J’ai ouï des enfants geindre après la mère, lors qu’ils dissipaient le doux lait : mais point ne m’a retenti une digne plainte, convenante au plus auguste Héros. » … Brünnhilde est seule au milieu de la salle.
Si l’harmonie est une science fermée, c’est-à-dire une science où les règles, posées une fois pour toutes, ont la valeur d’axiomes et ne sauraient être transgressées, Wagner doit être regardé comme un pitoyable harmoniste ; si, au contraire, elle a le droit d’étendre son domaine, et, sans gâter pour cela le plaisir exigé par l’oreille, de s’enrichir de conquêtes nouvelles, Wagner offre en ses travaux une matière digne d’intérêt.
Adolphe Grossan, aujourd’hui l’exécuteur testamentaire de Wagner, après avoir par son concours assidu permis au maître de mettre en pratique à Bayreuth l’œuvre qu’il avait connue, a su, depuis au moment où chacun désespérait de les voir renouvelées, continuer les Fêtes et les garder dignes absolument de leur glorieux fondateur.
Seguin, le Wotan de Bruxelles, car cet excellent artiste s’est montré digne d’un éloge sans restriction aucune.
Cousin est digne du respect qui s’est attaché à son nom, à part l’usage plus que suspect qu’il a fait des travaux d’élèves et d’auxiliaires, sans l’avouer. » Son activité sans relâche le conduisit de Reid à Kant, de Kant aux Alexandrins ; il édita Proclus et l’aurait mis sur le trône de la philosophie, si le public y avait consenti.
Le travail actif au contraire, et qui se traduit en œuvres, nous distrait de cette comparaison perpétuelle qu’on est tenté de faire de soi à de moins dignes, plus favorisés souvent, et il remplit mieux les fins de la vie, qui sont d’être ou de se croire utile, et de ne pas se retrancher dans une abnégation pénible à soutenir et malaisément sincère.
Selon lui, il faut acquiescer à la souffrance comme à une distinction ; Vigny insiste sur un sentiment raffiné que les grands cœurs seuls connaissent, « sentiment fier, inflexible, instinct d’une incomparable beauté, qui n’a trouvé que dans les temps modernes un nom digne de lui ; cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de l’Honneur. » Une autre idée chère à Vigny, et d’inspiration pessimiste, c’est que le génie, qui semble un don de Dieu, est une condamnation au malheur et à la solitude ; lisez Moïse et les épisodes de Stello.
Or le choix de l’unité phénoménale est livré à l’arbitraire de mon esprit ; si je dis, avec la psychologie classique, qu’il n’y a pas d’imagination sans mémoire, c’est que j’ai introduit dans mon analyse l’idée toute métaphysique du phénomène-atome, élément indivisible des phénomènes divisibles ; mais je puis tout aussi bien convenir avec moi-même qu’un fait digne de ce nom dure au moins deux heures ; cette convention admise, la mémoire subsiste comme faculté, comme principe matériel de certains faits dont la forme est toujours originale et nouvelle ; mais il n’y a plus de faits de mémoire, il n’y a plus de souvenirs, à proprement parler ; se souvenir est nécessaire, car l’invention n’est pas une création ex nihilo ; mais un souvenir est impossible, car je ne puis me répéter deux heures durant sans glisser quelque élément nouveau dans la reproduction de mon passé ; la mémoire se déduit, elle ne s’observe plus.
On peut être amoral et on peut être un homme digne d’estime comme aussi de sympathie, sans avoir proprement une conscience, parce qu’on est bien né, parce que l’on est né avec des passions qui sont bonnes, avec la passion de charité, avec la passion de philanthropie, avec la passion de rendre service, avec la passion d’être aimable, d’être honnêtement et agréablement aimable.
D’un autre côté, après avoir peint tant d’esprits dont les proportions ne font du peintre qui les reproduit qu’un faiseur de pastels ou de miniatures, quelle que soit d’ailleurs la supériorité de son art, l’auteur des Portraits littéraires était digne de nous dérouler quelque grande toile où le génie épique de Virgile se fût dressé dans toute sa stature et eût respiré de vie dans sa tranquille immortalité.
« Si le beau éternel est ennuyeux », comme l’a dit franchement, toute honte bue, l’auteur de Madame de Pompadour, et s’il n’y a que la fantaisie qui soit digne de plaire, le licou de la théorie conduira bientôt l’historien à l’histoire de… fantaisie, et il y est allé !
Une lettre, digne des premières plumes théologiques de tous les temps et de tous les pays, avait été écrite par lui à l’évêque de Londres, et cette lettre était un manifeste en faveur des doctrines et des interprétations de l’éloquent auteur de l’Idéal.
Mais, après les avoir données, ces raisons, voilà que le Camors se met à pleurer, à mordre de désespoir les barreaux d’une chaise, et à sentir toutes sortes de remords, qu’un Camors, s’il ôtait digne de son nom, de l’éducation de son père, de sa propre volonté intelligente, ne devrait pas seulement connaître.
S’il est l’ange terrible qui chasse de l’Éden ceux dont la présence le souillait, il est aussi le bon saint Pierre qui ouvre la porte du paradis à ceux qui sont dignes d’y pénétrer.
Il donne beaucoup aussi à des rois courageux, beaucoup aux villes, beaucoup à de braves compagnons de guerre ; et, dans les lices sacrées que protège Bacchus, il n’est pas venu d’homme habile à moduler des airs, que ce roi ne lui ait donné un digne loyer de son art.
— ont amené à nous révéler le seul art vrai, le seul art véritablement grand et digne de notre admiration, cela passe, en vérité, la mesure de ce que l’on croyait possible à l’infatuation d’un philosophe. […] Mais à cela s’épuise sa force : le reste ne vaut rien… Wagner n’est digne d’admiration, n’est aimable que dans l’invention de ce qu’il y a de plus menu : la conception des détails. […] Je donnerais cent mille mark pour avoir autant de tenue que ce Nietzsche : toujours distingué, toujours digne. […] Nous devions devenir étrangers l’un pour l’autre : notre loi supérieure le voulait ainsi ; c’est pourquoi nous devons devenir l’un par l’autre plus dignes de respect ! […] Si ceux-ci n’aboutissent pas tous, leur labeur n’en est pas moins digne de respect et il portera, malgré tout, ses fruits.
Sganarelle, chétif comme son grand-père Panurge, a pourtant laissé quelque postérité digne de tous deux, dans laquelle il convient de rappeler Pangloss et de ne pas oublier Gringoire7. […] Tous les grands dramatiques, quelques-uns même fabuleux en cela, ont montré cette fertilité primitive de génie, une fécondité digne des patriarches.
On sait que ce pied-plat, digne qu’on le confonde, Par de sales emplois s’est poussé dans le monde, Et que par eux son sort, de splendeur revêtu, Fait gronder le mérite et rougir la vertu ; Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne Son misérable honneur ne voit pour lui personne : Nommez-le fourbe, infâme, et scélérat maudit, Tout le monde en convient, et nul n’y contredit. […] La pièce finit par l’indignation du Misanthrope, qui propose sa main à Éliante ; Éliante la refuse, et il sort de la scène en prononçant ces quatre vers, dignes de son caractère : Trahi de toutes parts, accablé d’injustices, Je vais sortir du gouffre où triomphent les vices, Et chercher sur la terre un endroit écarté Où d’être homme de bien on ait la liberté.
Il a pris un moment une autre carrière que la littérature, mais cette carrière ne lui allait pas, et il est revenu à la littérature, mais il n’a voulu collaborer avec Rosny, que lorsqu’il s’en est trouvé digne. […] Il affirmait que Baudelaire était un sublimé de Musset, mais faisant mal les vers, n’ayant pas l’outil du poète ; il ajoutait qu’en prose, il était un prosateur difficile, laborieux, sans ampleur, sans flots, que l’auteur impeccable n’avait pas la plus petite chose de l’auteur impeccable, — mais ce qu’il possédait, ce Baudelaire, au plus haut degré, et ce qui le faisait digne de la place qu’il occupait : c’était la richesse des idées.
D’abord, selon Hugo, le matérialisme se fond nécessairement en un conceptualisme, qui lui-même se change en idéalisme. « La négation de l’infini mène droit au nihilisme » : tout devient alors « une conception de l’esprit »… « Seulement, tout ce que le nihilisme a nié, il l’admet en bloc, rien qu’en prononçant ce mot : Esprit133. » Si l’esprit est la réalité fondamentale, l’idéal qui fait la vie même de l’esprit doit être plus vrai que le réel : il doit être la seule existence digne de ce nom. […] Les œuvres inédites de Victor Hugo contiennent des pages dignes de Montesquieu sur les effets sociaux du luxe et sur le peuple : « Le luxe est un besoin des grands Etats et des grandes civilisations ; cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie… Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d’enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire ; il se dit qu’il souffre et que voilà des gens qui jouissent ; il se demande pourquoi tout cela n’est pas à lui, il examine toutes ces choses, non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie.
En pareil temps, dans cet élan universel et dans ce subit épanouissement, les hommes s’intéressent à eux-mêmes, trouvent leur vie belle, digne d’être représentée et mise en scène tout entière ; ils jouent avec elle, ils jouissent en la voyant, ils en aiment les hauts, les bas, ils en font un objet d’art. […] « Si mon faible corps manque ou défaille, — ma volonté est qu’elle garde toujours mon cœur. — Et quand ce corps sera rendu à la terré, je lui lègue mon ombre lassée pour la servir encore272… » Amour infini et pur comme celui de Pétrarque, elle en est digne ; au milieu de tous ces vers étudiés ou imités, un admirable portrait se détache, le plus simple et le plus vrai qu’on puisse imaginer, œuvre du cœur cette fois et non de la mémoire, qui, à travers la madone chevaleresque, fait apparaître l’épouse anglaise, et par-delà la galanterie féodale montre le bonheur domestique. Surrey seul, inquiet, entend en lui-même la voix ferme d’un bon ami, d’un conseiller sincère, l’Espoir qui lui parle avec assurance, lui jurant qu’elle est273 « la plus digne et la plus loyale, la plus douce et la plus soumise de cœur qu’un homme puisse trouver sur la terre. » Si l’amour et la foi étaient partis, on pourrait les retrouver en elle. […] Auprès de la beauté, il a des adorations dignes de Dante et de Plotin.
Qu’ils le voulussent ou non, l’impression la plus légère remuait instantanément les fibres les plus profondes de leur être, et continuellement ébranlé par les émotions de toutes sortes, tristes ou joyeuses, qu’il recevait du dehors, leur cerveau devenait incapable de s’astreindre à un travail suivi ; modifié au hasard de la vie de chaque jour, il enfantait parfois, entre deux secousses, un très court morceau : sans souci des transitions, le chapitre s’ajoutait aux précédents chapitres ; il était plus ou moins digne d’intérêt, selon la valeur du phénomène qui l’avait inspiré ; presque toujours on aurait pu le supprimer sans nuire au développement et à l’équilibre général de l’œuvre. […] MM. de Goncourt prennent un aspect infiniment plus curieux et plus digne d’être observé. […] Il va de soi qu’en nous attardant à des constatations de cette espèce, notre but n’est aucunement de rabaisser l’un des plus puissants créateurs de la littérature contemporaine, et que nous ne tenons pas davantage à fournir une étude complète sur chacune de ses diverses natures psychologiques, sans omettre les plus ignorées et les plus dignes de l’être.
— J’ai désobéi à mon évêque… — Votre évêque, indulgent à des manies qui ne portent, en définitive, nulle atteinte sérieuse à votre caractère sacerdotal, vous pardonne… Toutefois, je mets une condition à ce pardon que je vous accorde entier : c’est qu’à l’avenir vous édifierez votre paroisse, non seulement par la pratique de vertus auxquelles je me plais à rendre justice, — je me souviens encore de l’abbé Cyprien Coupiac, un des bons sujets de mon grand séminaire, — mais aussi par une correction, une hauteur de tenue dignes du saint ministère que vous exercez… Vous me comprenez, n’est-ce pas ? […] Malgré ces qualités, je préfère de beaucoup à Amy Robsart la seconde pièce, qui quoique incomplète, les Jumeaux, renferme des parties dignes de figurer à côté des plus beaux morceaux du maître. […] Continuant le drame, je trouve ces beaux morceaux, dignes de Ruy Blas, dans un monologue de Mazarin : Il lève la tête vers le portrait du cardinal de Richelieu. […] J’ai lu avec avidité et un peu de surprise, je le répète, ces quelques lettres remplies non seulement de la bonté, de la noblesse de sentiments que j’y attendais, mais de ces appréciations, de ces hautes vues, de cette suprême sagesse qui révèlent à coup sur les hommes dignes de conduire un peuple. […] Je suis descendu à cheval jusqu’au moulin du Rummel, j’y ai mis pied à terre pour voir la belle cascade digne du plus beau site de la Suisse ; de là je suis remonté avec les pieds et les mains par les restes de ce magnifique escalier romain taillé dans le roc depuis le torrent jusqu’à la casba ; puis je suis redescendu sous la première grande arcade, et, en me mouillant les pieds, je suis parvenu à la seconde, qui est admirable.
Je me plais à croire que ton esprit est vaste et digne de l’admiration de la pauvre ignorante que je suis, mais peut-être m’abusé-je. […] En un mot, vous étiez digne de moi et ainsi qu’on dit dans le commerce, vous preniez la suite de mes affaires. […] On s’est justement plaint de la passion qui entrait le plus souvent dans ces récits écrits par un seul qui ne juge que par ses deux yeux et par son seul bon sens ; les récits faits par tout le monde sont-ils beaucoup plus dignes de foi ? […] Cependant nulle créature digne d’admirer ces merveilles et de les célébrer n’est encore là.
Un hasard qui lui fît mener l’existence de ses songes, des passions dignes de Lara, du Giaour et du Corsaire, une activité dominatrice, une royauté d’élégance. […] En définitive, il n’est pas de roman digne de ce nom, dont ne se dégage une idée, une hypothèse explicative des faits observés. […] Et c’est sans doute pour avoir dégagé en vous cette foi en la vérité, que le noble historien auquel vous succédez aujourd’hui et dont vous venez de tracer un portrait digne de lui, vous goûtait particulièrement. […] Aussi le premier caractère de ces Souvenirs est-il une aristocratie de ton véritablement inimitable : entendez par là un tour de plume qui a disparu avec le dix-huitième siècle, une façon de conter l’anecdote, tout ensemble précise et détachée, familière et digne, qui rappelle une causerie très différente de celle de nos jours.
Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie.
Aussi bien, parmi les petits cultivateurs, il est le plus digne de pitié ; au témoignage d’Arthur Young, vigneron et misérable sont alors deux termes équivalents.
Le nom justement respecté de l’honnête homme qui inventa cette sublimité diplomatique est sur mes lèvres ; mais je ne le nommerai pas, par considération pour sa probité politique digne de meilleures inspirations.
Ses paroles, admirablement reproduites par Tacite, sont dignes de Sénèque, son ancien maître : V « Exposer à la mort tant de courage et tant de fidélité, dit-il à ses troupes qui lui demandent encore le combat, est un sacrifice bien au-dessus du prix de ma propre vie.
Avec tous ces charmes, une âme altérée d’attachement, un cœur facile à émouvoir, mais ne demandant qu’à se fixer ; un sourire pensif et intelligent qui n’avait rien de banal ; des intimités, des préférences, parce qu’elle se sentait digne d’amitiés.
Cet oncle, M. de Lamartine de Monceau, était, par son esprit, par son érudition attique et par ses opinions libérales, quoique royaliste, très digne de correspondre avec ces correspondants de Voltaire ; c’est à lui que je dois, non ma poésie, mais ma prose.
. — Avant de retourner au Cayla rejoindre son père, elle va passer quelques semaines en Nivernais chez une charmante amie digne d’elle, jeune, belle, lettrée, Mme de Maistre.
Des paysages de Léopold Robert, des moissonneurs, des vendangeurs, des bœufs accouplés ruminant à l’ombre, pendant que les enfants chassaient les mouches de leurs flancs avec des rameaux de myrte ; des muletiers ramenant aux villages lointains leurs femmes qui allaitaient leurs enfants, assises dans un des paniers ; de jeunes filles dignes de servir de type à Raphaël, s’il eût voulu diviniser la vie et l’amour, au lieu de diviniser le mystère et la virginité ; des fiancés, précédés des pifferari (joueurs de cornemuse), allant à l’église pour faire bénir leur félicité ; des moines, le rosaire à la main, bourdonnant leurs psaumes comme l’abeille bourdonne en rentrant à la ruche avec son butin ; des frères quêteurs, le visage coloré de soleil et de santé, le dos plié sous le fardeau de pain, de fruits, d’œufs, de fiasques d’huile et de vin, qu’ils rapportaient au couvent ; des ermites assis sur leurs nattes au seuil de leur ermitage ou de leur grotte de rocher au soleil, et souriant aux jeunes femmes et aux enfants qui leur demandaient de les bénir, voilà les spectacles de cette nature ; il n’y avait là rien pour la tristesse et la mort.
Ces poèmes sont dignes du siècle de l’histoire.
Aucune de ces pièces n’est digne de ce poëte futur, qu’appelait le vœu de Du Bellay ; aucune ne réalise les prescriptions du manifeste.
En tout cas, la Sorbonne était digne de recruter pour Notre-Dame, et si on lui en donne la louange, c’est un honneur que ne refuserait pas la philosophie la plus jalouse de rester distincte de la religion.
L’intelligence du xixe siècle n’a rien montré de si inintelligent, de si peu digne d’elle que cette admiration irraisonnée, aveugle, folle pour certains écrivains, si ce n’est la haine, l’indifférence ou le mépris qu’elle a témoigné au génie véritable.
Ainsi, soit l’examen direct des effets produits par la science sur l’esprit, soit le souvenir des tentatives avortées d’un passé lointain ou voisin, tout semble démontrer que la science réduit sans cesse le domaine et menace même l’existence de sa rivale, et il n’est pas étonnant que certains savants, dignes pendants des littérateurs qui proclament la faillite de la science, aient gaillardement prononcé l’oraison funèbre de la poésie.
« La musique de Bellini, c’est-à-dire le chant de Bellini, a eu ces temps-ci un si grand retentissement et a suscité un tel enthousiasme que ce fait seul serait digne d’être examiné.
Si l’âme qui vit dans cette musique est l’âme ce l’harmonieuse fraternité des peuples, c’est qu’elle est l’âme de l’homme idéal, — de l’homme absolument naturel, franc, vrai, fort et grand, et qui à la fois dans la plus parfaite manifestation de son être est beau, digne et plein d’amour, parce qu’il est artiste et parce que l’exprimer est l’objet même de toute harmonie.
Dieu sait que je n’ai pas ainsi compris l’affaire ; cela eût été fait pour confondre le public allemand … Le plus désagréable pour moi était que, même avant que personne ne m’eut accusé réception de ma communication, tout était déjà parvenu à la connaissance de votre digne Presse.
Elle est, inconnue comme il convient et réservée à la joie des rares qui sont dignes de la beauté originale, le plus admirable des écrivains féminins d’aujourd’hui.
On ne sait de même que longtemps après les révolutions si les hommes qui y ont été jetés sont dignes d’excuse ou de blâme.
Et la métaphysique cessant ainsi d’être un « système fermé », c’est alors qu’elle deviendra vraiment digne de son nom, et de son rôle, qui est de nous conduire par les voies normales de l’intelligence humaine du connu à l’inconnu et de l’inconnu à l’inconnaissable.
Tout au moins, si, parfois, la nécessité l’oblige à y recourir, qu’il le fasse en ayant conscience de leur peu de valeur, afin de ne pas les appeler à jouer dans la doctrine un rôle dont elles ne sont pas dignes.
Je finis par le Florentin, qui a une véritable valeur et une très grande valeur. « Le Florentin a déclaré Voltaire, est tout à fait digne d’être une petite comédie de Molière. » C’est exactement mon avis, et je trouve même que si le Florentin était de Molière, ce serait une des meilleures petites comédies de Molière.
Pour mon compte, je ne connais pas de difficulté plus grande que celle-là, et qui soit par conséquent plus digne d’occuper l’esprit d’un scoliaste érudit, sagace et fécond, comme Villemain a passé pour l’être — environ quarante ans.
« un digne bourgeois, vivant sagement dans son coin ».
C’est ainsi remaniés qu’ils sont dignes d’un consul, et vous savez que je veux dire par là dignes de moi. » Rien donc n’est plus artistique que l’imitation, et vous verrez, si vous rassemblez un peu vos souvenirs littéraires, que les « naturels » et les réalistes, j’entends sans mélange, ont toujours été gens qui n’avaient que très peu d’études littéraires, ou point du tout, doués du reste de génie naturel ; et ce n’est point parce qu’ils n’avaient point d’études littéraires qu’ils furent réalistes, mais parce qu’ils avaient le goût et la tournure d’esprit réaliste qu’ils eurent peu de penchant aux études littéraires. […] Peut-être, au risque d’être humanistes à l’ancienne manière, au risque même d’être un peu alexandrins à l’ancienne mode, faudrait-il ne pas négliger complètement ces origines, d’où, directement ou indirectement, et dignes d’elles comme indignes, et plus ou moins, nous venons tous. […] Comte ne sait pas répondre sur ce point par le joli mot de la duchesse de Bourgogne : « Cela vient, Sire, de ce que quand c’est les hommes qui règnent, ce sont les femmes qui gouvernent, et que quand c’est une femme qui règne, celui qui gouverne est toujours un homme. » Il répond autre chose, plus digne, peut-être, d’un philosophe. […] Triste mort et, en définitive, assez sotte, S’éprendre à quarante ans d’une jeune fille de vingt, l’affoler ; — refuser, par un scrupule très honorable, de l’enlever quand elle s’y offre ; — puis, après, ne vouloir rien entendre ni aux résistances de la famille ni aux froideurs et refus catégoriques de la jeune fille elle-même, chez qui la girouette a tourné ; s’obstiner, se buter, s’aheurter, obséder insupportablement père, mère, fille, fiancé en une lutte tragico-burlesque ; et enfin recevoir une balle, en duel, du fiancé follement insulté : ce n’est pas très digne d’un homme supérieur et révèle un état nerveux qui me semble bien avoir été une diminution. […] Il est, en effet, presque strictement vrai, que, si l’éloquence de la chaire est, à le bien prendre, ou du moins c’est notre avis, la partie qui reste la plus belle de toute notre littérature classique en prose ; que, si l’éloquence judiciaire a eu chez nous, avec les L’Hospital, les Pasquier et les Patru, des représentants singulièrement glorieux et dignes de l’être ; l’éloquence politique, sauf quelques harangues des États généraux de 1614, sauf, aussi, quelques discours, plus écrits que parlés, de L’Hospital encore et de Pasquier, ne date chez nous que d’un peu plus d’un siècle et est véritablement un genre tout récent, dont l’évolution n’en est encore, en somme, qu’à ses commencements, et dont les destinées générales ne peuvent être encore que soupçonnées.
Ajoutez enfin que, chez l’historien digne de ce nom, tout le travail préparatoire aboutit à une évocation des créatures qui ont vécu, et que cette évocation se subordonne nécessairement à la sensibilité de l’évocateur. […] Une seule fois, Nature aux mille visages, tu as su trouver un acteur digne d’un pareil rôle… » ? […] Et dans le journal du voyage en Bretagne, cette invocation n’est-elle pas bien digne d’un Antony ou d’un d’Albert : « Ah ! […] C’est le trait le moins connu de son caractère, celui qu’il dissimule de son mieux ; mais certaines phrases profondément, intimement sentimentales, de son traité sur l’Amour, comme celle-ci, digne de Byron : « Ave Maria, en Italie, heure de la tendresse, des plaisirs de l’âme et de la mélancolie, heure des plaisirs qui ne tiennent au sens que par les souvenirs » ; ou cette autre, si caressante : « Sans les nuances, avoir une femme qu’on aime ne serait pas un bonheur, et même serait impossible… » ; — mais la création de Mme de Rénal dans Rouge et Noir, et de Clélia Conti dans la Chartreuse, ces figures presque célestes de dévouement passionné ; — mais surtout quelques billets mystérieux de la Correspondance, irréfutables indices pour qui sait lire, trahissent chez ce moqueur et ce libertin le songe le plus romanesque du bonheur.
On peut se proposer de dire quel fut cet homme, quelle espèce d’homme, triste ou gaie, basse ou noble, digne de haine ou d’admiration. […] Vigny, lui, a essayé, s’est proposé de traduire en images colorées et mouvantes, vraiment « poétiques », des idées « philosophiques » rigoureusement définies, et dignes de ce nom. […] ce qui est tellement éloigné de notre intention qu’au contraire, du milieu des railleries faciles que provoquent leurs Écrits d’art ou leurs Entretiens littéraires, nous voudrions justement dégager ce que nous y trouvons, quant à nous, de beaucoup plus digne d’être encouragé que moqué ? […] Elle est féconde si, de ces douze ou quinze, il y en a cinq ou six qui soient dignes qu’on en parle, car, à ce compte, nommez-en donc cent vingt, depuis vingt ans, dont les titres survivent ! […] Pour répondre aux exigences qui sont celles de tout enseignement secondaire, pour retenir quelque chose des vertus éducatrices que nous persistons à croire qui sont celles du latin, pour être vraiment digne enfin, tout en devenant purement français, de garder le nom de classique, quel doit donc être cet enseignement ?
Hier, femme du monde et poussée au théâtre par des succès de salon ; aujourd’hui s’improvisant comédienne et posant sur la scène un pied encore mal assuré, madame Lauters a failli rester aux mains de deux critiques, également compétents, dignes de foi tous les deux, et dont l’un s’efforçait de la hisser au Capitole, tandis que l’autre la poussait malhonnêtement par derrière pour la précipiter de la roche Tarpéienne. Voici donc un nouveau chapitre de l’Histoire des variations de la critique qui m’a paru digne d’être consigné : Opinion de Léon Gatayes sur Mme Lauters « L’ombre de Weber aurait tressailli aux chants mélancoliques et tendres, aux purs et radieux accents d’Anna. […] « Toutes ces grandes passions, dit-il, ont pour accompagnement obstiné un motif de polka plus digne du jardin Mabille que de l’Opéra.
Ou plutôt il se forma un groupe de cinq amis, qu’Amiel appelle les habitués du Cénacle, et composé, avec Amiel et Scherer, de Heim, son ami d’enfance et de toujours, d’Ernest Naville, le philosophe dont les hasards de la politique lui avaient donné la chaire, ce dont Naville ne lui gardait pas rancune, d’autant moins qu’Amiel lui succédait sans le remplacer, et du digne pasteur Elle Lecoultre. […] Genève, sous sa figure la plus sèche, la plus positive, la plus digne de figurer dans la Guerre civile du voisin de Ferney. « Je crois bien qu’en venant je me proposais de faire du 27 autre chose que je ne l’ai fait. […] On est surpris de posséder cette puissance dont on n’est pas digne, mais on veut du moins l’exercer avec recueillement. » Ce bien qu’il fait, c’est ce détachement religieux, cette « désappropriation » philosophique que Seriosa reconnaît chez lui et apprend avec lui.
Ce sera elle qui tiendra les comptes de la maison et distribuera les charités de son mari ; elle aidera la femme de charge à faire les confitures, les conserves, les friandises, le linge fin ; elle surveillera le déjeuner et le dîner, surtout quand il y aura des convives ; elle sait découper ; elle attendra son mari, qui peut-être voudra bien lui accorder quelquefois une heure ou deux de sa conversation, « et sera indulgent pour les effusions maladroites de sa reconnaissance. » En son absence, elle lira « afin de polir son esprit pour se rendre plus digne de sa compagnie et de son entretien », et priera Dieu, afin d’être plus exacte à remplir envers lui son devoir. […] J’ai pris le deuil pour elle, quoiqu’à l’étranger ; distinction que j’ai toujours accordée aux dignes créatures qui sont mortes en couches de moi1055. » Il faut dire qu’en ce pays, les viveurs de ce temps jettent la chair humaine à la voirie.
« Décomposez, dit Mill, une proposition abstraite ; par exemple : Une personne généreuse est digne d’honneur1476. — Le mot généreux désigne certains états habituels d’esprit et certaines particularités habituelles de conduite, c’est-à-dire des manières d’être intérieures et des faits extérieurs sensibles. […] Le mot digne indique que nous approuvons l’action d’honorer.
Les vieux manuscrits, les documents inédits ayant un caractère historique ou littéraire sont aussi dignes de protection que les objets d’art… Mais — au moins depuis la loi du 31 décembre 1913 ne sont-ils pas protégés ? […] Ils s’y complaisent visiblement, par respect du verbe dont ils veulent que l’image écrite soit digne de sa beauté, un peu aussi, sans doute, parce qu’ils pensent que leur personnalité s’exprime dans leur graphie, comme disent M.
« Décomposez, dit Mill, une proposition abstraite ; par exemple : Une personne généreuse est digne d’honneur5. — Le mot généreux désigne certains états habituels d’esprit et certaines particularités habituelles de conduite, c’est-à-dire des manières d’être intérieures et des faits extérieurs sensibles. […] Le mot digne indique que nous approuvons l’action d’honorer.
L’école de Ronsard plaçait Maurice Scève à côté de Jean le Maire de Belges, c’est-à-dire parmi les précurseurs dignes d’être honorés, et Joachim du Bellay ne manquait pas de lui adresser le sonnet flatteur que voici : Gentil esprit, ornement de la France, Qui d’Apollon sainctement inspiré, T’es le premier du peuple retiré Loin du chemin tracé par l’ignorance, Scève divin, dont l’heureuse naissance N’a moins encor son Rosne décoré Que du Thouscan le fleuve est honoré Du tronc qui prend à son bord accroissance : Reçoy le vœu qu’un dévot Angevin, Enamouré de ton esprit divin, Laissant la France1, à ta grandeur dédie : Ainsi toujours le Rosne impétueux, Ainsi la Saône au sein non fluctueux Sonne toujours et Scève et sa Délie. […] Quant à la composition, mêlée de prose et de vers, que Belleau a laissée sous le titre : La Bergerie, Colletet ne trouvait que l’Arcadie du fameux Sannazar digne de lui être comparée en ce genre. […] Certes, ses lèvres animaient alors des roseaux dignes du dieu : Quand le fleuve coulant est bridé de la glace, Et que le champ demeure orphelin de sa grâce, Et les bois d’alentour sont des vents abattus, Qui fait aller joyeux par les champs devestus, Et qui désaigrit plus du voyageur la peine Que le bon vin qu’il porte en sa bouteille pleine ? […] JOCASTE Aucun pour le feu roi n’a montré plus de zèle, Et quand par des voleurs il fut assassiné, Ce digne favori l’avait accompagné.
Sa voix harmonieusement grave eût été digne de dire les beaux vers du Toast funèbre, mais le train nous emporta silencieux dans une même pensée. […] Certains livres de Lorrain, ne fût-ce que son étonnant M. de Bougrelon me semblent assurés d’une durée certaine, et en combien d’autres ne trouverait-on des pages dignes de survivre. […] En vain dressa-t-il les Autels privilégiés ; en vain égrena-t-il les Perles rouges, Robert de Montesquiou, malgré un talent parfois original, demeura ce que l’on peut appeler un « poète hétéroclite », c’est-à-dire un de ces poètes dont l’œuvre, intéressante, certes, est plus digne de curiosité que d’admiration, et fait dans la littérature fonction de bibelot. […] Là, « Mecaenas », comme se plaisait à le nommer Voltaire, trouvait un cadre digne de lui.
Le monde, étant devenu romantique, voulut un Homère romantique, un Homère digne de collaborer au Parnasse, Leconte de Lisle s’en chargea ; quand il lui fallut un Christ romanesque, un Christ devant qui on pût déclamer le Saule et les Nuits, Renan fut tout prêt. […] Ce livre, qui est une des têtes de chapitre de la littérature française, est devenu très ennuyeux, beaucoup plus ennuyeux que Télémaque ; comme on n’a pu l’imiter que dans son fond et que sa forme est restée inerte, il est surtout très vieux ; Télémaque a toujours l’air d’avoir été écrit la semaine dernière par un digne professeur en retraite, nourri des bons auteurs et des saines philosophies. […] Voilà un e muet qui n’existe ni réellement, ni de tradition, et qui se renforce au point de n’être plus du tout muet et de se prononcer en, avec une énergie digne du douzième siècle. […] Un bon maçon qui maçonne avec courage est une créature estimable et digne.
Guyot, qui me paraît digne d’attention, porte sur les lois dites ouvrières. […] Il n’est pas digne de l’esprit si ouvert de M. […] Ailleurs, quand le digne abbé développe cette thèse que l’amour et la faim sont les deux pôles de la vie humaine, je songe à certain chapitre où il est prouvé que Messer Gaster, vulgairement nommé l’estomac, est le maître du monde et l’inventeur de tous les métiers. […] Le portrait ne sera pas flatté ; cela ne serait pas digne de lui, et d’ailleurs à quoi bon ? […] I On n’est pas digne du titre d’historien (et le critique qui s’occupe du passé doit être avant tout un historien), lorsqu’en présence d’une époque où deux partis se sont heurtés on ne sait pas assez se dégager de ses sympathies pour voir et faire voir ce que chacun des deux avait de bon et de mauvais.
Cette politesse, qui ne serait que convenance chez tout autre, n’est-elle pas presque digne d’admiration chez M. […] Elle lui réserve encore sans doute d’autres modèles dignes de son pinceau. […] Là encore des camarades et pas d’amis, car il reste volontiers à l’écart, ne trouvant pas d’âmes dignes de la sienne. […] Pour n’être pas Mme Caverlet de par la loi, cette femme si austère, si dévouée à ceux qui l’entourent, cette sainte en est-elle moins digne de tous les respects ? […] C’est alors que Claude apparaît, saisit le fusil, tue sa femme, et dit philosophiquement au bon jeune homme : « Et maintenant allons, travaillons. » Admirable parole, digne de ce grand cœur !
II — De l’âme — La science de l’homme est bien digne d’être enfin émancipée et constituée en science à part, c’est-à-dire qu’elle doit se composer uniquement des choses qui sont communes à l’âme et au corps (40). […] Il n’y a plus qu’une philosophie digne de ce nom ; la philosophie scientifique. […] On ne voit pas ce que ce travail peut avoir de digne ou d’indigne : il est une nécessité ou physiologique, ou sociale, et rien de plus. […] Le travail, par suite des conditions sociales, étant presque universellement nécessaire, l’homme, par orgueil, a qualifié de digne par excellence cette nécessité cruelle, le travail forcé. […] Albalat, pour qui regratter les syllabes constitue presque tout le génie, manifeste pour Stendhal une douce pitié. « Il n’y a peut-être pas dans son œuvre, nous dit-il, une page qui soit tout à fait digne d’être imprimée. » Pour qu’il y en ait au moins une, M.
Chacun de leurs livres contient plus de pensées réelles que tous les livres réunis de tous les philosophes allemands… Et Schopenhauer serait digne de leur tenir compagnie, si son sens naturel de la réalité n’était caché sous la peau d’emprunt de sa métaphysique. » Voilà de quels éléments s’est formé le cerveau de Nietzsche. […] Je me rappelle notamment une petite pièce où le vieillard parlait de sa mort prochaine, en des termes dignes tout ensemble d’un poète et d’un sage. […] « L’erreur des systèmes naturalistes, fondés sur la science et la raison, a été d’admettre a priori et comme une vérité manifeste, que les croyances scientifiques et rationnelles étaient non seulement différentes de nos autres croyances, mais leur étaient encore supérieures ; qu’elles seules étaient dignes d’être prises en considération, au détriment, par exemple, de nos croyances esthétiques et morales ; que les lois scientifiques étaient les seules vraies, les méthodes scientifiques les seules efficaces. » Il s’agit donc de créer un système capable de donner satisfaction à tous nos besoins et à toutes nos croyances. […] Fruin est le digne émule des Freeman et des Sybel, de ces chercheurs infatigables qui se piquent avant tout d’être exacts, et de nous montrer les faits de l’histoire tels qu’ils ont été. […] Et ce rêve est chez lui naturel et légitime, le seul rêve qui soit digne d’un prince.
Ce fils parfait, digne en tout d’une telle mère, et qui ne lui a donné que des consolations, est devenu l’un des plus utiles et des plus méritants employés du ministère de l’instruction publique.
Il manque très-peu à cette nouvelle pour être digne de se glisser entre telle agréable production de Mme Riccoboni et telle autre de Mme de Souza : il y manque un certain duvet de jeunesse, même d’ancienne jeunesse, c’est-à-dire tout simplement peut-être d’être sortie à temps du tiroir, d’avoir su éclore en sa saison et d’avoir essuyé un air de soleil.
Les principaux mots qu’elle prononce aujourd’hui sont papa, maman, tété (nourrice), oua-oua (chien), koko (poule, coq), dada (cheval, voiture), mia (minet, chat), kaka, et tem : les deux premiers ont été papa et tem, ce dernier mot très curieux et digne de toute l’attention de l’observateur.
Cette seconde idée, à son tour, dépend d’une troisième plus générale encore, celle de la perfection morale, telle qu’elle se rencontre dans le Dieu parfait, juge impeccable, rigoureux surveillant des âmes, devant qui toute âme est pécheresse, digne de supplice, incapable de vertu et de salut, sinon par la crise de conscience qu’il provoque et la rénovation du cœur qu’il produit.
Elle ajoutait : « Cependant, si votre projet est de paraître à l’autel le jour de ma profession, daignez m’y servir de père ; ce rôle est le seul digne de votre courage, le seul qui convienne à notre amitié et à mon repos. » « Cette froide fermeté, qu’on opposait à l’ardeur de mon amitié me jeta dans de violents transports.
Louis XI lui rend bien plus qu’il n’a perdu ; grandes pensions, grands domaines, grand mariage, dépouilles des disgraciés, titres honorables, faveur déclarée, et ce qu’un esprit de sa trempe estime singulièrement, un maître digne du serviteur, et l’emploi de ses rares facultés tel qu’il le pouvait rêver.
Lui, le digne comédien, en imaginait de bonnes pour se rendre intéressant.
Non ; car, le soir même de l’apparition de la Vierge, par une imagination digne de Victor Hugo, il entend converser entre eux les pics pyrénéens.
Voilà un superbe système de vie, tout idéal, tout divin, et vraiment digne de la liberté des enfants de Dieu.
Voici comment il s’exprime : « Quand la renommée des précieuses fut l’objet de tous les entretiens d’Athènes (de Paris), les nouvelles précieuses voyant que chacune d’elles inventait de jour en jour des mots nouveaux et des phrases extraordinaires, voulurent aussi faire quelque chose digne de les mettre en estime parmi leurs semblables ; enfin, s’étant trouvées ensemble avec Claristène (M.
Une race odieuse, souillée de sang, n’est plus digne des arrêts de Zeus.
Cependant, à ma première visite j’avais avisé, à la section de la Chine, un objet que je trouvais un des plus beaux du Champ de Mars, un de ces objets à la richesse barbare et précieuse, digne d’une galerie d’Apollon exotique.
Dans une littérature où le roman à plusieurs tomes et le poème volumineux sont la règle, il est digne de remarque que Poe n’a écrit qu’une seule œuvre formant un livre, que la longueur moyenne de ses contes est quatorze pages, et la longueur extrême de ses pièces cent vers.
Ces détails sont dignes, en effet, de l’écrivain qui nous a donné tant de pages d’une originalité si primesautière et si ravissante.
Ce qui reste du jeune Anacharsis de l’abbé Barthélemy, et ce qui fait présager le jeune Gaulois à Rome, du digne professeur Dézobry ! […] Que Blanca prononce ; qu’elle dise ce qu’il faut que je fasse pour être plus digne de son amour ! […] Ainsi, Blanca juge que ce qu’Aben-Hamet doit faire « pour être plus digne de son amour », c’est de rester musulman. […] Comment tracera-t-on des pages dignes de l’avenir, s’il faut s’interdire, en écrivant, tout sentiment magnanime, toute pensée forte et grande ? […] « Le roi, se défendant dans son château, causera un enthousiasme universel… S’il doit mourir, qu’il meure digne de son rang ; que le dernier exploit de Napoléon soit l’égorgement d’un vieillard.
Ce n’est point qu’en écrivant ceci je demande l’indulgence ; les écrivains de talent qui se sont plus ou moins groupés, qui ont accepté plus ou moins définitivement cette étiquette le trouveraient singulier, et je n’ai nullement la pensée de la solliciter pour moi-même, car si j’espère faire mieux, sans espérer me rendre digne de tout mon rêve, je sais que le labeur de la première partie de ma vie n’a pas été inutile et je me connais des œuvres viables puisqu’elles engendrèrent. […] Roger Marx avait acquis le concours de Carrière pour un buste de Verlaine qui eut été digne du beau portrait qu’il a peint. […] En cela il se ralliait au grand mouvement poétique où passèrent Poe et Baudelaire, dont le but fut de resserrer les attributs de la poésie, de ne lui permettre de chanter que des instants vraiment dignes d’un style d’apparat. […] Il eut été digne de mieux accueillir un effort d’art très élevé que par des quolibets. […] Rimbaud jugeait alors les poèmes en eux-mêmes dignes de mieux que le panier.
Que chacun donc « exulte d’être soi » et développe en son cœur ce qui rend l’existence plus profonde, plus grave, plus digne d’être voulue. […] Chaque arbre, chaque feuille, chaque herbe des prés prend une nouvelle raison de susciter nos transports ; tout devient digne d’être magnifié. […] Il est donc vraiment juste et digne et salutaire D’honorer le chef et les flancs, Les membres douloureux, les os, les pieds sanglants Qui servaient l’âme sur la terre. […] Mais si, dans les divers ordres de manifestations intellectuelles, nous retrouvons toujours la même tendance directrice, en revanche le divorce est complet entre la mentalité commune et les mœurs de l’époque, — chose étrange et bien digne d’intéresser un jour un historien de la littérature doublé d’un psychologue.
Toutes les traditions sont traversées d’une déchirure, et demain ne semble pas vouloir se rattacher à aujourd’hui ; ce qui existe chancelle et s’écroule, et on le laisse s’affaler parce qu’on en est las et que l’on ne croit pas sa conservation digne d’un effort. […] Le dégénéré qu’effraye l’action, dépourvu de volonté, qui ne soupçonne pas que son incapacité d’agir est une conséquence de ses tares cérébrales héréditaires, se fait accroire que c’est par libre détermination qu’il méprise l’action et se complaît dans l’inactivité ; et pour se justifier à ses propres yeux, il se construit une philosophie de renonciation, d’éloignement du monde et de mépris des hommes, prétend qu’il s’est convaincu de l’excellence du quiétisme, se qualifie avec orgueil de bouddhiste et célèbre, en tournures poétiquement éloquentes, le nirvana comme le plus haut et le plus digne idéal de l’esprit humain. […] Les grands extatiques, une sainte Thérèse, un Mahomet, un Ignace de Loyola, sont absolument dignes de foi, quand ils assurent que les voluptés qui accompagnent leurs extases ne sont comparables à rien de terrestre et sont presque au-dessus des forces d’un mortel. […] C’était là l’idéal artistique qu’ils pressentaient : la forme, indifférente ; la pensée, tout ; d’autant plus maladroite l’exécution, d’autant plus profond l’effet ; la ferveur religieuse, seul sujet digne d’une œuvre d’art. […] Tous étaient d’une ignorance profonde, et comme ils n’étaient pas capables, par faiblesse de volonté, par impossibilité d’attention, d’apprendre quelque chose systématiquement, ils se persuadèrent, d’après une loi psychologique bien connue, qu’ils méprisaient tout savoir positif et ne tenaient comme dignes de l’homme que la rêverie et la divination, « l’intuition ».
Une autre fois, dit Froissart, les chevaliers qui se joignirent à l’armée portaient un emplâtre sur un de leurs yeux, ayant fait vœu de ne point le quitter jusqu’à ce qu’ils eussent fait des exploits dignes de leurs maîtresses. […] Telle est la classe obscure encore, mais chaque siècle plus riche et plus puissante, qui, fondée par l’aristocratie saxonne rabaissée et soutenue par le caractère saxon conservé, a fini, sous la conduite de la petite noblesse normande et sous le patronage de la grande noblesse normande, par établir et asseoir une constitution libre et une nation digne de la liberté.