Voici d’abord le motif, un air vif et léger, exposé, durant trois mesures par la première voix. […] Ce fut un continuel contraste de passions très vives. […] Mais, pour provenir d’autres causes, ma joie n’en était pas moins vive à lire ces premiers essais de M. […] J’endurai ensuite ses premiers reproches, qui furent très vifs. […] Ma prière fut-elle assez vive pour agir à distance ?
Elles ne laissent pas de produire une vive impression sur l’esprit du jeune lord. […] Mais d’antiques châtaigniers s’élèvent encore au-dessus des haies vives qui séparent les champs et les prairies. […] Son plus vif plaisir était d’aller au théâtre applaudir, du parterre, madame Dorval, Bocage ou Frédérick. […] … Je ne sais ; mais je crains qu’il ne vive pas très longtemps. […] Et puis, il faut bien que je l’avoue : il m’inspire une vive jalousie.
Oui, il fut piqué au vif et mena campagne avec sa vigueur accoutumée. […] Je crois que, sur un pareil sujet, cet éloge est déjà assez vif, et, même, fait pour exciter un certain étonnement. […] Elle est heureuse qu’il vive. […] La leçon est ici très vive, et elle est plus neuve et originale que partout ailleurs. […] » Elle n’est ni forte ni habile, ombre douce à ce tableau vif et cru.
La réaction a été vive. […] Il nous reste à signaler la progression logique qui contribuait à rendre nos alarmes plus vives. […] Gustave Flaubert, une des personnifications les plus hardies et les plus vives du réalisme sensualiste dans le roman contemporain. […] Victor Hugo peint monseigneur Myriel comme ayant un goût très vif pour la culture des fleurs. […] Bossuet, averti à temps, demanda avec les plus vives instances un sursis à l’exécution.
Et même dans de moindres élans, dans des notes plus simples, si elles sont vives, mélodieuses et sincères, il nous arrive d’hésiter.
Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.
Marcel Schwob a un goût spécial, une prédilection pour les êtres très simples, héros ou criminels, en qui les idées se projettent sans nuances, en tons vifs et crus.
Les Sermons de cet Orateur ne sont pas toujours dépourvus de ces traits de force, de chaleur, qui ébranlent ; mais une marche paisible, également vive & insinuante, forment son véritable caractere.
Un jeune homme, arrivé de Languedoc, trouva le coup de la mort dans une critique vive que lui fit l’Etoile d’une tragédie qu’il avoit apportée de sa province, & qu’il croyoit un chef-d’œuvre.
Voilà pourquoi le même discours ébranle en des tems inégaux, un homme d’un temperament vif, et un autre homme d’un temperament lent, quoiqu’ils en viennent enfin à prendre le même interêt à la chose dont il s’agit.
Quelquefois un long cortège de Turcs, d’Arabes, d’Arméniens, de Juifs accompagnaient le mort et défilaient en chantant entre les troncs d’oliviers, puis rentraient à pas lents et silencieusement dans la ville ; plus souvent les morts étaient seuls, et quand les deux esclaves avaient creusé de quelques palmes le sable ou la terre de la colline et couché le pestiféré dans son dernier lit, ils s’asseyaient sur le tertre même qu’ils venaient d’élever, se partageaient les vêtements du mort, et allumant leurs longues pipes, ils fumaient en silence et regardaient la fumée de leurs chibouks monter en légère colonne bleue et se perdre gracieusement dans l’air limpide, vif et transparent de ces journées d’automne. […] Les parois de ce rempart de granit étaient tellement perpendiculaires, que les chevreuils mêmes de la montagne n’auraient pu y trouver un sentier, et que nos Arabes étaient obligés de se coucher le ventre contre terre et de se pencher sur l’abîme pour découvrir le fond de la vallée ; le soleil baissait, nous avions marché bien des heures, il nous en aurait fallu plusieurs encore pour retrouver notre sentier perdu et regagner Éden ; nous descendîmes de cheval, et nous confiant à un de nos guides qui connaissait, non loin de là, un escalier de roc vif, taillé jadis par les moines maronites, habitants immémoriaux de cette vallée, nous suivîmes quelque temps les bords de la corniche, et nous descendîmes enfin par ces marches glissantes, sur une plate-forme détachée du roc et qui dominait tout cet horizon. […] Mais quelle qu’ait été, quelle que puisse être encore la diversité de ces impressions jetées par la nature dans mon âme, et par mon âme dans mes vers, le fond en fut toujours un profond instinct de la divinité dans toutes choses ; une vive évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante ; une conviction ferme et inébranlable que Dieu était le dernier mot de tout ! […] Ne laisserai-je ma pensée poétique que par fragments et par ébauches, ou lui donnerai-je enfin la forme, la masse et la vie dans un tout qui la coordonne et la résume, dans une œuvre qui se tienne debout et qui vive quelques années après moi ?
Est-il utile d’expliquer ce qu’il y a d’imagination pittoresque, de vive, de mordante, d’âcre, d’ardente inspiration dans les Tragiques, de détailler les trouvailles saisissantes de ce style forcené pour diffamer ou maudire, et pour glorifier ou bénir ? […] Ils sont les langues de la pensée, toujours promptes et adroites, les messagers parleurs du muet désir, hiéroglyphes et livres où l’on peut déchiffrer les secrets du cœur, — vifs et purs miroirs où transparaît tout ce qu’enferment les profondeurs de la poitrine275 », etc., etc. […] Mais quand il ne s’agit pas d’amour, il cause souvent, en prose ou en vers, avec un esprit net et vif, d’un style léger et piquant, dont l’allure fait penser à Voltaire : son Épître au prince de Condé revenant d’Allemagne sort du goût précieux, et réalise déjà l’urbanité de la fin du siècle ou du siècle suivant. […] Pour remplacer les coups d’épée des Cyrus et des Aronce, Scarron met à notre goût un peu trop de coups de pied ; mais son récit offre, épars çà et là, ou enveloppés de fantaisie exubérante, de sérieux éléments de comédie, des figures curieusement dessinées, la Rancune, le cabotin usé et grincheux, la Rappinière, le rieur méchant, la Garouffière, le provincial parisiennant, Ragotin, un petit bourgeois vif et hargneux, galant et fat.
Deux choses alors remplissent le moment présent : la foi sans la science de la religion, sans l’intelligence de ses rapports avec la civilisation ; la critique, qui n’a pas d’idées générales, et n’est guère que l’impression vive d’un malaise actuel. […] Lui-même était très vif sur le sentiment de l’honneur, et l’on sait qu’à vingt ans il avait connu dans toute sa force la passion qu’il peint dans Rodrigue. […] Voltaire se tire de l’explication par un trait plaisant, qui d’ailleurs a le mérite de donner une vive idée de ces inégalités du génie de Corneille. […] Mais il est une autre vérité bien plus profonde et plus attachante : c’est celle qui résulte de caractères fortement conçus, ou plutôt empruntés vifs à la nature pour la scène, dont les passions, très compliquées au milieu d’événements très simples, ont assujetti à leur empire ou employé à leur service toutes les facultés de l’homme.
Lorsqu’il renonça trop tôt (1813) à ce rôle d’informateur et de critique littéraire de l’Antiquité, emploi qu’il avait plutôt effleuré que rempli, et dans lequel aucun grand incident de polémique ni aucun grand fait d’exposition n’avaient signalé son passage, il laissa cependant des regrets et de vifs souvenirs. […] Êtes-vous exempt de fautes, vous qui leur faites de si vifs reproches ? […] La note, notula, était son fort et son triomphe ; la note courte et vive, bien amenée, bien touchée, s’arrêtant au moment où la dissertation commence.
Les premières descriptions ou les premiers aperçus que M. de Tocqueville donne à ses parents et amis n’ont rien de sensiblement pittoresque : c’est judicieux, graduel, avec une part de réflexion toujours et des commencements de considérations ; même quand il nous décrit le pays neuf, les luttes de l’homme avec les forêts, les grands lacs, il n’a pas de bien vives couleurs ; la palette proprement dite, et comme nous l’entendons aujourd’hui, est absente. […] Seward y est saisi sur le vif et photographié, comme on dit, avec ses verrues, s’il en a, et ses négligences de costume. […] Je dirai presque qu’après avoir lu ces pages sur la mort de son vieil instituteur, on, ne peut s’empêcher de penser que Tocqueville avait la sensibilité trop vive et trop tendre, le cœur trop gros pour un philosophe.
Tocqueville lui-même qui ne voulait pas de révolution fut amené, vers la fin, à être assez vif contre le système. […] Elle jette, de plus, une vive lumière sur l’époque qui l’a précédée et sur celle qui la suit ; c’est certainement un des actes de la Révolution française qui fait le mieux juger toute la pièce, et permet le plus de dire sur l’ensemble de celle-ci tout ce qu’on peut avoir à en dire. […] — Il y a, il est vrai, dans ce volume une partie (celle qui contient les lettres d’Amérique) dans laquelle doivent se trouver des incorrections : cependant je ne sais pas si cette Correspondance elle-même, adressée à ses plus proches et écrite dans l’abandon de la plus grande intimité, ne rachète pas ces négligences de style par la naïveté incomparable de ces premières et vives impressions… » Je répondis à M.
Je vais examiner d’abord la littérature d’une manière générale dans ses rapports avec la vertu, la gloire, la liberté et le bonheur ; et s’il est impossible de ne pas reconnaître quel pouvoir elle exerce sur ces grands sentiments, premiers mobiles de l’homme, c’est avec un intérêt plus vif qu’on s’unira peut-être à moi pour suivre les progrès, et pour observer le caractère dominant des écrivains de chaque pays et de chaque siècle. […] Mais il ne faut jamais comparer l’ignorance à la dégradation ; un peuple qui a été civilisé par les lumières, s’il retombe dans l’indifférence pour le talent et la philosophie, devient incapable de toute espèce de sentiment vif ; il lui reste une sorte d’esprit de dénigrement, qui le porte, à tout hasard, à se refuser à l’admiration ; il craint de se tromper dans les louanges, et croit, comme les jeunes gens qui prétendent au bon air, qu’on se fait plus d’honneur en critiquant, même avec injustice, qu’en approuvant trop facilement. […] Dans les temps devenus fameux par des proscriptions sanguinaires, les Romains et les Français se livraient aux amusements publics avec le plus vif empressement ; tandis que dans les républiques heureuses, les affections domestiques, les occupations sérieuses, l’amour de la gloire détournent souvent l’esprit des jouissances même des beaux-arts.
La morale souvent, comme on peut aisément le comprendre, tournera en satire, et la description parfois fort vive du monde réel, des occupations et inclinations ordinaires des hommes, viendra donner une saveur toute particulière aux enseignements moraux. […] Appliquée dans les écoles de philosophie ancienne à sauver les chefs-d’œuvre de la poésie et les mythes de la vieille religion de la condamnation inévitable que la conscience morale de l’humanité, chaque jour plus éclairée, eût portée contre leur primitive grossièreté, l’allégorie fut reprise par les chrétiens, d’abord pour autoriser l’étude de la littérature païenne, puis pour justifier aux yeux des fidèles maints passages des saintes Ecritures, dont leur simple honnêteté se fût scandalisée, enfin pour exposer sous une forme plus attrayante et plus vive les vérités dogmatiques de la religion et de la morale. […] Ailleurs, veut-il se plaindre de l’indiscrétion des femmes, autre scène de comédie : dans un tableau très réaliste, un dialogue vif et fort de la femme et du mari, l’une par ruse, caresse, menace, dépit extorquant le secret qu’elle publiera, l’autre, pauvre niais !
Rapprochez, par ouï-dire, des collèges de tout style en une telle communion, l’étude, qu’à leur milieu rien de discordant, moyen-âge, Tudorien, aéré de prairies à vaches et à cerfs, avec eaux vives, propres à l’entraînement : la Grande-Bretagne s’adonne à l’élevage athlétique de ses générations. […] Voici d’avant cette excursion et de toujours, que me poursuit un avis à notre usage, éveillé au contact étranger ; certes, banal, peut-être, pour cette cause, fréquemment l’ai-je dit de vive voix, sans m’y arrêter : aussi sa teneur trop applicable. […] La transparence de pensée s’unifie, entre public et causeur, comme une glace, qui se fend, la voix tue : on me pardonnera si je collectionne, pour la lucidité, ici tels débris au coupant vif, omissions, conséquences, ou les regards inexprimés.
Lionnette a le charme des demi-folles, un caractère brusquement sculpté, à vives arêtes et à lignes saillantes : on comprend qu’elle puisse fasciner. […] Que ne lui rapporte-t-elle, toute vive et toute chaude, la conversation qu’elle vient d’avoir. […] Des traits d’observation saisissante, pris sur le vif de l’âme féminine, se mêlent au grimoire de ses caractères ; son héroïne est de fière étrangeté et de grande allure.
M. de Chateaubriand commença sa carrière politique avec la Restauration en 1814 ; il avait quarante-cinq ans, il avait publié tous ses grands ouvrages littéraires, et il se sentait dans un certain embarras pour appliquer désormais ses hautes et vives facultés. […] Il reste à savoir si, quand on ressent si vivement le regret idéal du passé et de la jeunesse, on n’en a pas des retours, des revenez-y plus vifs qu’il ne faudrait, et qui dérangent à tout moment l’exacte prudence et l’attention qu’exigerait le maniement des grands intérêts humains. […] Les adversaires, émus d’une si vive attaque, firent remarquer « que l’auteur de ces articles ne différait en rien, dans ses opinions, de tels rédacteurs de La Minerve et du Constitutionnel », et ils avaient raison.
Ceci : Je chercherai une matière très subtile ; je subtiliserai un morceau de matière que l’on ne pourrait plus concevoir sans effort, Quintessence d’atome, extrait de la lumière, Je ne sais quoi plus vif et plus mobile encor Que le feu… Car enfin… Voyez, La Fontaine s’anime, il discute, évidemment, comme chez ses amis. […] Il a dit et vous savez dans quelle fable : Le sage dit, selon les gens : Vive le roi ! vive la ligue !
Mais il ne lui prit jamais, et il ne sut produire, à son exemple, ni ces maximes de calme et de profonde sagesse qui rayonnent d’un éclat pur, au milieu des splendeurs poétiques, ni ces mouvements d’âme, ces rapides évolutions de pensées les plus vives qu’il y ait au monde, ni cette précision singulière en contraste avec l’abondance des images, ni ce mélange, ce choc rapide du sublime et du simple, du terme magnifique et du terme familier, ni cette propriété toute-puissante qui rend présent à tout ce que le poëte a vu dans son plus rare délire. […] La splendeur du soleil, la magnificence des rois, les merveilles des arts, les palais, les fêtes, la solennité des sacrifices, la guerre avec ses terribles images et sa sanglante parure, les casques d’airain, les aigrettes flottantes plaisent également aux deux poëtes et leur reviennent d’un attrait si vif que ce qui semblerait parfois image vulgaire brille toujours nouveau sous leurs paroles de feu. […] » Puis, dans un retour aux mouvements impétueux de la vie, est-ce Pindare, est-ce Bossuet, qui, frappé du sillon d’éclair de l’aigle, que sa pensée a tant de fois suivi dans les cieux, dit d’un guerrier qu’il admire : « Comme une aigle qu’on voit toujours, soit qu’elle vole au milieu des airs, soit qu’elle se pose sur quelque rocher, porter de tous côtés ses regards perçants et tomber si sûrement sur sa proie qu’on ne peut éviter ses ongles non plus que ses yeux ; aussi vifs étoient les regards, aussi vite et impétueuse était l’attaque, aussi fortes et inévitables étaient les mains du prince de Condé. » Un seul mot vient ici littéralement de Pindare, et avant lui, d’Homère : χεῖρας ἀφύκτους.
Ce sont de vraies lettres ; elles en portent le cachet : elles sont vives et courtes pour la plupart ; on y sent l’homme pressé qui n’a qu’une demi-heure à lui et qui en profite. […] Et qu’ils sont utiles, en général, ces écrivains d’un bon sens prompt, vif, naturel, les Le Sage, les La Fontaine, les Cervantes, les Montaigne !
La première de ces pièces, le Réséda, fut présentée à l’impératrice Joséphine en 1809, et valut à la muse précoce de vifs éloges, que sa modestie sut dès lors réduire. […] Ces désabusements, avouons-le, lui sont venus surtout de l’excès des impatiences et des appels menaçants à la force ; dans la pièce de La Fayette, son vœu et sa prière s’adressent à cette trop vive jeunesse que, dans son inquiétude de mère, elle prend à tâche de modérer.
Je suis trop poëte moi-même (quoique je le sois bien peu) pour prétendre dire aucun mal de ce qui n’est qu’une conséquence, après tout, d’une sensibilité plus prompte et plus vive, d’une ambition plus vaste et plus noble que celle que nourrissent d’ordinaire les autres hommes ; mais, encore une fois, on ne se figure pas, même quand on a pu considérer les ambitions et les vanités politiques, ce que sont de près les littéraires. […] Tous les critiques distingués en leur temps, je parle des critiques praticiens qui, comme des médecins vraiment hippocratiques, ont combattu les maladies du jour et les contagions régnantes, La Harpe, le docteur Johnson, ont été doués de ce sens juste et vif que la nature sans doute accorde, mais qu’on développe aussi, et que plus d’un esprit bien fait peut, jusqu’à un certain point, perfectionner en soi.
Nous dirons un mot des élégies de Le Brun, parce que c’est pour nous une occasion de parler d’André Chénier, dont le nom est sur nos lèvres depuis le commencement de cet article, et auquel nous aspirons, comme à une source vive et fraîche dans la brûlante aridité du désert. […] Un goût vif des plaisirs les unissait encore.
Ces Prevost avaient la parole vive comme l’imagination, mais avec eux beaucoup de choses se passaient en paroles262. […] Lui-même il a dit avec un mélange de satisfaction et d’humilité qui n’est pas sans grâce : « On se peint, dit-on, dans ses écrits ; cette réflexion serait peut-être trop flatteuse pour moi. » Il a raison ; et pourtant cette règle de juger de l’auteur par ses écrits n’est point injuste, surtout par rapport à lui et à ceux qui, comme lui, joignent une âme tendre et une imagination vive à un caractère faible ; car si notre vie bien souvent laisse trop voir ce que nous sommes devenus, nos écrits nous montrent tels du moins que nous aurions voulu être.
On me dit, à propos de ces élèves, qu’ils ne voulaient jamais aller en vacances, tant il les attachait et les captivait par cette éducation vive, libre, naturelle, pourtant solide, sans mollesse ni gâterie. […] Que si, par un bienfait de Dieu, cette infirmité de vue n’est que passagère, alors, belles montagnes, fraîches vallées, bois ombreux, alors, rempli d’enchantement et de gratitude, jusqu’aux confins de l’arrière-vieillesse il ira vous redemander cet annuel tribut de vive et sûre jouissance que, depuis tantôt vingt ans268, vous n’avez pas cessé une seule fois de lui payer !
« Depuis son extrême jeunesse, il avait été torturé par d’inexplicables répulsions, par des frémissements qui lui glaçaient l’échine, lui contractaient les dents ; par exemple quand il voyait du linge mouillé qu’une bonne était en train de tordre. » D’intelligence précoce et vive, il « s’abreuvait » déjà de solitude. […] Une très vive impression causée par la contemplation de plantes exotiques et monstrueuses fait éclater la crise.
Les siècles en ce genre sont héritiers des siècles ; les générations partent du point où se sont arrêtées les générations précédentes, et les penseurs philosophes forment à travers les temps une chaîne d’idées que n’interrompt point la mort ; il n’en est pas de même de la poésie, elle peut atteindre du premier jet à un certain genre de beautés qui ne seront point surpassées, et tandis que dans les sciences progressives le dernier pas est le plus étonnant de tous, la puissance de l’imagination est d’autant plus vive que l’exercice de cette puissance est plus nouveau. […] C’est la satiété qui fait recourir à la bizarrerie ; c’est le besoin de variété qui rend souvent l’esprit recherché ; mais les Grecs, au milieu de tant d’images et de sensations vives, s’abandonnaient à peindre celles qui leur causaient le plus de plaisir.
Ceux qui ont besoin de vous, sont si ingénieusement aimables, leur dévouement est si varié, leurs louanges prennent si facilement un caractère d’indépendance, leur émotion est si vive, qu’en assurant qu’ils aiment, c’est eux-mêmes qu’ils trompent autant que vous. […] Le public a gagné contre lui, car les avantages qu’il possédait sont rendus à l’espoir de tous, et le triomphe de ses rivaux est la seule sensation vive que produise sa retraite.
Le seul vrai ridicule, celui qui naît du contraste avec l’essence des choses, s’attache à leurs efforts : lorsqu’elles s’opposent aux projets, à l’ambition des hommes, elles excitent le vif ressentiment qu’inspire un obstacle inattendu ; si elles se mêlent des intrigues politiques dans leur jeunesse, la modestie doit en souffrir ; si elles sont vieilles, le dégoût qu’elles causent comme femmes, nuit à leur prétention comme homme. […] Elle observe les regards, les plus légers signes de l’opinion des autres, avec l’attention d’un moraliste, et l’inquiétude d’un ambitieux, et voulant dérober à tous les yeux le tourment de son esprit, c’est à l’affectation de sa gaîté pendant le triomphe de sa rivale, à la turbulence de la conversation qu’elle veut entretenir pendant que cette rivale est applaudie, à l’empressement trop vif qu’elle lui témoigne, c’est au superflu de ses efforts enfin qu’on aperçoit son travail.
Comme contre-épreuve de cette série d’observations, on regarde non plus l’œuvre, mais l’auteur, et l’on voit que chez tous les grands artistes, dans ce qu’on appelle inspiration ou génie, se rencontre toujours une impression originale fournie par un caractère de l’objet, « la vive sensation spontanée qui groupe autour de soi le cortège des idées accessoires, les remanie, les façonne, les métamorphose, et s’en sert pour se manifester ». […] Qui aurait soutenu naguère que les Grecs appliquaient des couleurs vives sur certaines parties de leurs statues et de leurs temples, on eût ri de son absurde croyance : on lui eût répondu qu’évidemment ce badigeonnage était indigne du sentiment esthétique de ce peuple d’artistes, qu’ils ne pouvaient pas gâter ainsi la pure blancheur du marbre, si simplement belle : cela était évident alors, et pourtant c’était faux ; et les faits sont venus depuis témoigner en faveur de la polychromie.
… Puis c’est, à l’arrière-plan, Mme des Houlières, besoigneuse, « ayant eu des malheurs », intrigante, cherchant à placer ses deux filles, suspecte d’un peu de libertinage d’esprit, avec je ne sais quoi déjà du bas-bleu et de la déclassée… Voici, en revanche, deux perles fines, deux fleurs de malice et de grâce : Mme de Caylus, si vive, si espiègle et si bonne, et la charmante Mme de Staal-Delaunay, qui fait penser, par son changement de fortune et par la souplesse spirituelle dont elle s’y prête, à la Marianne de Marivaux Une révérence, en passant, à la sérieuse et raisonneuse marquise de Lambert, et nous sommes en plein xviiie siècle, parmi les aimables savantes et les jolies philosophes. […] Et voici, je crois, une question qui se rattache à celle-là et qui, si elle peut être résolue, doit l’être de la même façon : pourquoi, à considérer l’ensemble de notre littérature, les femmes sont-elles restées sensiblement en deçà des hommes dans l’art de colorer le style ou de le ciseler et d’évoquer par des mots des sensations vives et des images précises ?
Son livre est empreint d’une volupté très précise et très vive, mais d’une volupté d’un caractère religieux et même dévot. […] Michelet fait remarquer, que, dans ces moments où « l’amour et la pitié coulent en douces larmes », les sens se renouvellent et, « souvent plus vif qu’au jeune âge, revient l’aiguillon du désir. » Ainsi la nature récompense les vieux époux d’être bons, et la sensibilité et la bienfaisance engendrent la volupté.
Sans doute il eût été facile à une imagination plus active et plus exercée d’encadrer le sujet de ce roman dans une fable plus savante et plus vive, de multiplier les incidents, de nouer plus étroitement la tragédie. […] « Permettez seulement que je lui sois présente à chaque heure du jour ; permettez qu’il ne souhaite rien au-delà de mon amour, et qu’il ne regarde pas en arrière ; faites qu’il vive tout en moi, comme je vis toute en lui. » Mais un jour la mesure du sacrifice était comblée : elle a douté de la reconnaissance qu’elle avait méritée ; l’inquiétude a rongé le fruit de son amour.
Il est remarquable, du reste, que sa famille lui fit une assez vive opposition, et refusa nettement de croire a sa mission 380. […] Les querelles de préséance y étaient vives.
Cette vive proclamation : « Le temps est proche 785 ! […] La première fois qu’on annonça à l’humanité que sa planète allait finir, comme l’enfant qui accueille la mort avec un sourire, elle éprouva le plus vif accès de joie qu’elle eût jamais ressenti.
En tout cas, ce n’était pas d’un tel parti que pouvait venir une réaction bien vive contre Jésus. […] La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal.
Aussi est-ce parmi ces derniers que l’émotion paraît avoir été la plus vive. […] La conscience morale de l’homme du peuple est vive et juste, mais instable et inconséquente.
Toutefois, le secret de madame de Maintenon ne réside pas uniquement dans son mérite et dans ses charmes ; il faut aussi reconnaître en elle deux autres principes de conduite qui mirent en valeur tous ses avantages : ce furent deux passions que madame de Maintenon ressentit au plus haut point ; savoir : Un amour vif pour Louis XIV, et un grand respect pour elle-même. […] On peut, je crois, regarder la première entrevue du roi et de madame Scarron comme l’époque de la naissance d’un vif désir de se plaire réciproquement, désir qui n’a cessé de faire des progrès jusqu’à la certitude du succès, tout en traversant les nombreuses intrigues de galanterie, même d’amours, dont le roi fut occupé dix années.
Au moment où l’on s’impatiente et où l’on désespère, tout à coup le talent reparaît vif, facile, plein de fraîcheur, et l’on se sent reprendre avec lui. […] L’épisode de Graziella a des parties supérieurement traitées et dans lesquelles on reconnaît un pittoresque vrai, sans trop de mélange du faux descriptif, un sentiment vif de la nature et de la condition humaine.
En parlant d’elle, on a à parler de la grâce elle-même, non pas d’une grâce douce et molle, entendons-nous bien, mais d’une grâce vive, abondante, pleine de sens et de sel, et qui n’a pas du tout les pâles couleurs. […] Quelques mots de Tallemant caractérisent bien cette charmante et puissante nature de femme, telle qu’elle se déclarait toute jeune dans l’abondance de la vie ; après avoir dit qu’il la trouve une des plus aimables et des plus honnêtes femmes de Paris, « elle chante, ajoute-t-il, elle danse, et a l’esprit fort vif et agréable ; elle est brusque et ne peut se tenir de dire ce qu’elle croit joli, quoique assez souvent ce soient des choses un peu gaillardes… » Voilà le mot qu’il ne faut pas perdre de vue avec elle, tout en le recouvrant ensuite de toute la politesse et de toutes les délicatesses qu’on voudra.
Machiavel, dont le Traité du Prince peut passer pour un pamphlet contre la corruption des mœurs de son temps, et dont les comédies sont à coup sûr des satires du genre le plus vif, après avoir subi deux fois l’exil et la torture, meurt victime d’une méprise, pour s’être trompé sur la dose du médicament destiné à le soulager. […] Le roman de Furetière, peinture aussi exacte que vive des habitudes et des travers de toute une classe de la société, est un tableau ; c’est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française.
Nous prendrons ainsi sur le vif la genèse de la pluralité des Temps dans la théorie de la Relativité. […] Nous prendrons ainsi sur le vif l’entrelacement de l’Espace et du Temps dans la théorie de la Relativité.
Il a pu croire aux idées plus qu’à la matière et ramener le doute par sa foi trop vive à l’abstraction. […] Dans son explication des forces vives de la nature, dans son double principe d’affinité et d’antipathie, de réunion et de séparation, d’où il fait sortir l’harmonie et la durée de l’univers, il paraît avoir affecté de combattre ceux qu’on appelait dès lors les athées, et qui réduisaient tout à la matière.
Dès 1827, il commença de se lier avec les écrivains et poètes de l’école nouvelle, vers laquelle l’attirait une vive inclination.
il nous sert toute vive sa plus jolie pièce, ce baiser tout enflammé : Qui a leu comme Vénus, etc., qu’on ne pourrait citer ici, dans une Revue2, mais qu’on aime fort à trouver dans un livre sous le couvert de l’érudition.
Théophile Gautier Après les journées de Juillet, Auguste Barbier fit siffler le fouet de ses Ïambes et produisit une vive impression par le lyrisme de la satire, la violence du ton et l’emportement du rythme.
Le volume est trop dans toutes les mains pour que nous y insistions davantage ; mais ce n’est pas un mal qu’il n’y ait besoin que d’une indication rapide au courant de la plume, et que le livre ait obtenu le plus vif succès.
C’est pour nous, au contraire, une vive joie de pouvoir admirer, dans un aîné, une aussi ferme conscience d’artiste qui ne défaut point aux pins périlleuses tentatives.
Cette diversité de caractère, ces bizarreries se mêlent à de vives qualités, à une verve intarissable, à de nombreuses saillies.
Quand Malherbe traite des sujets agréables, il déploie une richesse d’ornemens qui embellit la matiere la plus stérile, un coloris vif & tendre qui anime jusqu’aux moindres détails.
On reconnut Homère à son talent de rendre la nature avec une noble simplicité ; à sa poësie vive, pleine de force, d’harmonie & d’images ; à son érudition agréable, lorsqu’il décrit l’art de la guerre, les mœurs & les coutumes des peuples différens, les loix & la religion des Grecs, le caractère & le génie de leurs chefs, la situation des villes & des pays.
Les professeurs furent brûlés vifs, et ce ne fut qu’au péril de leurs jours que des chrétiens parvinrent à sauver la peau de dragon, de cent vingt pieds de longueur, où les œuvres d’Homère étaient écrites en lettres d’or.
Si le trait de l’épigramme n’est pas vif, si le sujet n’en est pas tel qu’on l’écoutât avec plaisir, quand même il seroit raconté en prose, l’épigramme, quoique bien versifiée et rimée richement, ne sera retenuë de personne.
C’était pour lui une vive joie que de rencontrer un maire lettré ou un curé intelligent. […] On cria : « Vive Chateaubriand ! […] Une discussion s’élevait, amicale, mais vive ; Delacroix, très passionné, très âpre à la dispute, était immodéré dans ses ripostes. […] La cour et les corridors d’une caserne ne sont pas encombrés toute la nuit de rondes, de patrouilles, de factionnaires hurlant des qui vive ! […] Pierre Nozière prend parti d’une façon vive et d’une humeur décidée.
Je viens de me replonger, après vingt ans, dans ces Cahiers d’André Walter : je les ai peut-être un peu moins admirés, mais j’y ai pris encore un vif intérêt. […] Un vif intérêt s’attache à tout ce qu’a produit cet écrivain subtil, souvent un peu quintessencié, mais toujours original. […] Lafcadio a l’esprit vif, mais peu cultivé ; il nous a expressément avisé qu’il n’aimait point la lecture. […] Il les énonce dans une brève préface, en tête du catalogue dressé par Edouard Champion. « Le goût de la propriété n’a, chez moi, jamais été bien vif, dit André Gide. […] De vives passions littéraires, poussées jusqu’au déni de justice et à la rupture des relations personnelles, sont peut-être indispensables aux poètes et aux romanciers, pour l’originalité de leur œuvre.
» Le caporal, sans attendre l’ordre, lui appliqua son propre revolver sur la tête en lui disant : « Crie vive l’armée ! — Rigault cria : — Vive la Commune ! […] En un instant l’hostilité avait fait place à un vif et universel intérêt. […] On y tient les discours les plus incendiaires, et on crie impunément : « Vive la République ! […] Quoi qu’il en soit, elle quitta les ambages, les précautions avec une vive décision, comme dans une démarche hardie et un peu risquée.
Il avait de petits yeux très vifs et qui vous dévisageaient sans pitié. […] Les problèmes qu’il étudie ont le plus vif intérêt. […] Mais tout ce qu’il a vu de fausseté par le monde lui a donné le goût très vif et la passion de la vérité. […] Il ne consent pas l’autre sacrifice ; mais il renonce aux plus vifs attraits de son art. […] Il écrit bien, d’un style tout uni, à peu près sans faute, mais sans vive originalité.
On pouvait craindre qu’en se renfermant dans ce sujet qui se rattachait à des vogues fugitives et déjà si anciennes, si parfaitement évanouies, il ne rencontrât point des sources d’intérêt bien vives et bien actuelles.
Son premier volume de l’Histoire des jésuites a, dit-on, un vif intérêt.
» Vicomte Charles de Launay. » Ceci devenait vif, comme l’on voit, et peut du moins donner idée de la curiosité publique.