Ce fut le temps où il se mêla de plus près à toutes les classes et à toutes les conditions de la vie, où il apprit à se sentir vraiment du peuple, à s’y confirmer et à contracter avec lui alliance éternelle ; ce fut le temps où, dépouillant sans retour le factice et le convenu de la société, il imposa à ses besoins des limites étroites qu’ils n’ont plus franchies, trouvant moyen d’y laisser place pour les naïves jouissances.
Il resterait toujours à savoir si ce procédé attentif et curieux, employé à l’exclusion de tout autre, est dramatique dans le sens absolu du mot ; et pour notre part nous ne le croyons pas : mais il suffisait, convenons-en, à la société d’alors, qui, dans son oisiveté polie, ne réclamait pas un drame plus agité, plus orageux, plus transportant, pour parler comme madame de Sévigné, et qui s’en tenait volontiers à Bérénice, en attendant Phèdre, le chef-d’œuvre du genre.
M. de Beauvau, d’ailleurs très-facile à vivre dans l’ordre ordinaire de la société, est ce qu’on appelle susceptible dans les choses qui tiennent à sa charge.
Si la conversation l’intéresse, il n’entend plus les voix ; si elle languit, il les entend imparfaitement, quitte la société et se met à l’écart pour mieux entendre ce que disent ces perfides voix ; il revient inquiet et soucieux. » — Ces hallucinations persistèrent quelque temps après le retour de la raison.
On pourrait excuser sur les mœurs de ce siècle une circonstance qui paraît démentir la gravité du caractère de Côme de Médicis : mais lui-même dédaigna une pareille apologie, et, reconnaissant les erreurs de sa jeunesse, il voulut réparer auprès de la société l’atteinte qu’il avait portée à des règlements salutaires, en s’occupant avec intérêt de donner à son fils illégitime des principes de vertu et une existence honorable.
Est-ce qu’aux premiers sons de cet orchestre il ne vous semble pas voir toute une société se levant d’un bond et se ruant à la danse ?
Ces poètes, qui ont un don que je n’ai pas, sont après tout des gens comme moi, de ma société et de mon temps, avec qui il m’eût été possible de converser… L’âme de Hugo (et c’est tant pis pour moi) est par trop étrangère à la mienne.
Sa disparition de nos sociétés positives n’est que passagère : nos malheurs l’ont déjà fait renaître dans bien des âmes.
Elles arriveraient à la maturité peut-être, et là, se surmontant à force de travail par des motifs d’intérêt personnel plus puissants et mieux compris, elles deviendraient utilement applicables à la société, qu’elles bouleversent autrement, qu’elles ravagent et qu’elles déshonorent.
Il a enveloppé son récit dans le tableau de la société des quatre amis.
La société l’a adopté pour nous.
Boeck l’a essayé de nos jours ; mais aussi, on doit l’avouer, ils ne les entendaient pas avec la même sagacité, la même précision de sens hellénistique ; ils savaient le grec plus bonnement, plus naïvement : leur science n’avait pas autant pénétré dans la société grecque et n’en connaissait pas aussi bien tous les usages et toutes les formés ; et, d’autre part, leur goût s’alarmait de ces formes étrangères.
Ce jeune Shelley, mélancolique ennemi d’une société où il était né heureux et riche, et où il vivait libre, ce poëte sceptique qui, sur le registre des moines hospitaliers du mont Saint-Bernard inscrivait ironiquement son nom de visiteur, en y ajoutant l’épithète Ἄθεος, dans son rêve du passé et sa folle anticipation de l’avenir, faisait, sous le titre antique de Promet fiée délivré, une sorte de dithyrambe pour l’âge de raison de Thomas Payne, vaine tentative méditée par des esprits faux, dès l’abord noyée dans le sang par des furieux, stérilement reprise par des plagiaires insensés, et dont l’apparente menace ne sert qu’au pouvoir absolu, qu’elle arme d’un prétexte étayé sur la peur publique !
Les vieux messieurs qui croient encore que la littérature est l’expression de la société ont quelque chance de se tromper un peu, si, vers 1930, cherchant quel était l’état de l’esprit public vers 1870, ils compulsent avec diligence les œuvres de Dumas. […] Le sous-officier borné, ponctuel et têtu, adorant ses chevaux, ne buvant pas, haïssant les femmes, dont il a eu jadis à se plaindre et les considérant comme un dissolvant des armées et de la société humaine : le maréchal des logis Queiss. […] La moitié des féministes, — je dis seulement la moitié, — sont des femmes qui ont été malheureuses en ménage ou des filles qui en veulent à la société de n’avoir pas été épousées. […] Au troisième acte nous voyons Aubier et Judith dans leur ménage et dans la société qui s’est formée autour d’eux. Cette société est toute juive ou à très peu près. « Un en a amené dix, dix en ont amené cent ; nous sommes à dix mille. » Ces juifs ne sont pas flattés.
Il ne fut, à proprement parler, ni un philosophe, ni un moraliste, ni un sociologue, mais il avait des vues personnelles sur la philosophie, la morale et la société, sans pour cela créer des systèmes, écrire des traités ou préconiser des formules. […] Il existe en vertu de l’utilité mystérieuse du poète, utilité supérieure dont la société devrait admettre au moins le principe si elle n’en sait pas comprendre la légitimité secrète. […] L’un est un être d’imagination et de sensibilité, l’autre un être de haut bon sens et de raison ; il résiste aux circonstances et les maîtrise, tandis que son frère malheureux en dépend et y succombe si la société refuse à sa mystérieuse destinée le crédit qu’il réclame et l’acte de foi qu’il exige. […] Il n’attaquait point un de ces abus dont souffre sourdement une société sans se rendre un compte exact du malaise qu’elle éprouve et qu’une mise en vue subite rend tout à coup odieux à tous. […] Remarquez de plus qu’il ne s’évertue pas dans une société comme la nôtre, ouverte en principe à tous.
Il peut être en grande partie personnel, ce qui n’est pas permis au langage audible, lequel est essentiellement un instrument de société. […] Et voilà pourquoi la parole intérieure a échappé à l’attention de la plupart des psychologues ; faute d’être reconnue, elle passe inaperçue ; elle est comme ces personnes actives et modestes qui, dans une famille ou dans une société, rendent mille services sans exiger de retour, dont chacun subit la bienfaisante influence et auxquelles personne ne fait attention.
Émilia n’est point une suivante employée par le poëte comme instrument soit du nœud, soit de la découverte des perfidies qui amènent la catastrophe ; elle est la femme de Jago qu’elle n’aime point, et à qui cependant elle obéit parce qu’elle le craint, et quoiqu’elle s’en méfie ; elle a même contracté, dans la société de cet homme, quelque chose de l’immoralité de son esprit ; rien n’est pur dans ses pensées ni dans ses paroles ; cependant elle est bonne, attachée à sa maîtresse ; elle déteste le mal et la noirceur. […] Jacques a jadis joui des plaisirs de la société ; mais il est désabusé de toutes ses vanités : c’est un personnage tout à fait contemplatif ; il pense et ne fait rien, dit Hazlit. […] De toutes les pièces contestées à Shakspeare, voici celle que ses admirateurs auraient le plus facilement abandonnée ; cependant cette pièce, imparfaite dans son ensemble et souvent faible dans ses détails, nous paraît un miroir où se réfléchit le véritable langage de la cour d’Élisabeth, cet esprit pédantesque du siècle, ce goût de controverse et de logique pointilleuse qui influait sur le ton de la société des savants comme du beau monde de l’époque. […] Dans cette même pièce comme nous l’avons à présent, Page reproche à Fenton d’avoir été de la société du prince de Galles et de Poins. […] Falstaff est parvenu, il a une pension, des grades ; ses rapports avec le prince sont moins fréquents ; son esprit ne lui sert donc plus aussi fréquemment à se tirer de ces embarras qui le rendaient si comique ; et la comédie est obligée de descendre d’un étage pour le représenter dans sa propre nature, livré à ses goûts véritables et au milieu des misérables dont il fait sa société, ou des imbéciles qu’il a encore besoin de duper.
Cette tour qui est inutile, et qui, cependant, est construite comme une machine utile et n’admet aucun ornement superflu, cette tour est bien le monument symbolique du plus récent état de civilisation, le Parthénon de fer d’une société démocratique et industrielle. […] Et je songeais avec un peu d’étonnement que ce pays élyséen était pourtant celui des contes de Maupassant, le pays de Maît’Omont ou de Maît’Hauchecorne, et que, par des champs semblables à ceux-là, Emma Bovary, il y a quelque quarante ans, courait à ses rendez-vous chez Rodolphe de la Huchette… Puis, voici Étretat, entre les deux portes de sa falaise, qui donnent l’impression, même par les plus lourdes chaleurs, qu’on est rafraîchi par un courant d’air ; Étretat avec sa plage de galets, où l’eau est si limpide, d’un vert délicat et tout pénétré de lumière ; station bonne enfant, jadis chère aux « artisses » et aux hommes de lettres, et où s’avoisinent aujourd’hui, sans se mêler, deux sociétés bien tranchées : ici la bande parisienne, un peu bohème, et qui s’amuse ; là, des familles de pasteurs protestants comme s’il en pleuvait. […] La vie y est douce et élégante, et c’est, en somme, une ingénieuse combinaison des plaisirs de la société polie et de ceux de la campagne, avec plus de variété et de liberté que n’en offre la « vie de château »… Je veux maintenant vous dire une petite histoire vraie : c’est son seul mérite. […] « La grande préoccupation de cet évêque, nous dit-il en rapportant les propres expressions de Darboy, est de former un épiscopat et, par conséquent, un clergé compact, unanime et marchant d’un même pas dans le sens de son époque et de son pays, et qui surtout ne soit pas trop dépendant de la cour de Rome, parce que ç’a été la cause du schisme religieuse du seizième siècle. » Une autre fois, Darboy a osé écrire, à propos de la nomination d’un évêque : « Ceux-là doivent être préférés, toutes choses égales d’ailleurs, qui croient que la société n’a pas moins besoin d’être consolée que d’être instruite, qu’il faut la plaindre et la servir encore plus que la blâmer et la craindre… » De telles paroles scandalisent l’auteur de la brochure.
« Je viens aujourd’hui, humble écrivain, vous entretenir un instant de poésie et d’art contemporains : sujet entre tous désintéressé et pacifique comme il sied à ce moment de notre siècle un peu las des grands événements et désireux de quelque idéal, en attendant les définitifs efforts vers un avenir meilleur pour les nations et pour les sociétés. […] Notre société habituelle se composait encore de quelques autres associés : le docteur Maxwell, un aimable compagnon, quelque peu libre-penseur, un honorable tailleur, dont ma mère habitait la maison, et qui chantait au chœur de la paroisse, non sans se livrer, dès qu’il ouvrait la bouche, aux plus singulières grimaces, puis son épouse, une mignonne femme, accompagnée de deux jolis garçonnets, enfin le Révérend Mr Scratton, notre voisin éloigné (il habitait à un mille de Stickneys), primitivement vicaire du chanoine Coltman, petit homme charmant, s’exprimant à peine en français, et quelques autres qu’il serait superflu de mentionner ici. […] C’est l’histoire d’un jeune homme pris entre trois femmes : la sienne qu’il a épousée vieille, par intérêt, et qu’il finit par investir d’une sorte de reconnaissance quasi filiale qui ne va pas certes jusqu’à l’amour mais y confine ; une fille adorée jadis, presque dédaignée maintenant ; une autre fille choisie à dessein parmi les plus bas rangs de la société féminine et qui sait se faire, elle, aimer jusqu’à la frénésie. […] — tous, à travers, évidemment et naturellement, Voltaire plus ou moins et Jean-Jacques beaucoup, procédèrent du grand Vicomte, lui-même imbu, je ne puis que le répéter, de Shakespeare et de Racine, et ce, dans une presque indéfinissable et plus apte à être sentie, ressentie, j’insiste sur les deux mots de tout à l’heure et j’appuie sur l’inversion présente, — manière d’indépendance qui devait engendrer la complète liberté dont nous jouissons maintenant en fait d’art littéraire, en attendant, sans la désirer, l’anarchie qui nous menace aussi bien que tout le monde, dans ce petit « coin d’or semé d’azur » de la société, où nous vécûmes jusqu’ici, nous les écrivains, sinon bien tranquilles ni trop heureux, ni par trop unis, du moins installés !
Mais des hommes vertueux, reconnaissant la dépravation de notre âge, fuient le commerce de la multitude et le tourbillon des sociétés avec autant de soin qu’ils en apporteraient à se mettre à couvert d’une tempête ; et la solitude est un port où ils se retirent. […] Il y a des fonctions infâmes, malheureusement nécessaires au bon ordre de la société : elles doivent entrer dans le plan de la police, mais non dans celui de la législation ; et la police bien entendue ne remplira pas les maisons et les rues de scélérats pour garantir les citoyens de quelques-uns. […] Lui reproche-t-on quelques-uns de ces vices qui naissent de la sordide ou folle opulence, l’avarice ou la dissipation, la dureté, le déréglement des mœurs, l’insolence, l’amour désordonné du faste, le goût des plaisirs sensuels, cette magnificence extérieure qui humilie les grands, qui confond les différents états de la société, qui élève le millionnaire au niveau des hommes décorés des premières places, et qui insulte à la misère publique ? […] Je me suis séparé de la société, et j’ai renoncé à toutes les distractions de la vie. […] Quels que soient les avantages qu’on attache au commerce des gens du monde pour un savant, un philosophe et même un homme de lettres, et bien que j’en connaisse les agréments, j’oserai croire que son talent et ses mœurs se trouveront mieux de la société de ses amis, de la solitude, de la lecture des grands auteurs, de l’examen de son propre cœur et du fréquent entretien avec soi ; et que trèsrarement il aura occasion d’entendre dans le cercle le mieux composé, quelque chose d’aussi bon que ce qu’il se dira dans la retraite.
Goethe, après quelque temps de séjour à Wetzlar, avait fait connaissance avec la famille de monsieur Buff, bailli de l’ordre allemand, et il avait été frappé tout d’abord de la beauté, de la dignité virginale, de l’esprit de sa fille Lotte, âgée de près de vingt ans, qui, sans être l’aînée de la maison, servait de mère depuis près de deux ans à ses frères et sœurs, et n’en était pas moins aimable dans la société, où elle déployait une gaieté, vive et naturelle.
Dourdain n’avait qu’un faible, et un faible bien innocent : c’était de jouer, même quand il fut barbon, les jeunes-premiers dans les théâtres de société bourgeoise où l’on montait les pièces de Scribe ; il savait par cœur tout ce répertoire, et prenait son rôle très au sérieux, ayant gardé la jeunesse du cœur.
Puisque vous avez renoncé à lui faire prendre les eaux dont la cure lui avait fait tant de bien l’année dernière, du moins courez au plus vite vers le soleil, et ne sacrifiez pas à quelques convenances de société l’existence qui vous doit le jour et dont vous devez compte à la mémoire de sa malheureuse mère.
Quoique ce soit l’homme et la société qu’il exprime surtout, le pittoresque, chez La Bruyère, s’applique déjà aux choses de la nature plus qu’il n’était ordinaire de son temps.
Je ne suis point de ceux-là ; et, tout en reconnaissant qu’il est bon de ralentir la marche quand il le faut, de la suspendre même, quand les circonstances le commandent, je pense aussi qu’il ne faut jamais changer de but ni se diriger autre part que là où est le vrai progrès de la société moderne, là où est l’avenir plus ou moins prochain, l’avenir inévitable auquel il ne faut jamais dire : Jamais.
Il s’était introduit sous les auspices très peu bourboniens du moderne Mécène dans la société très intime des sœurs de Bonaparte, et surtout d’Élisa Baciocchi.
« Ne pensez pas, écrivait Politien à un de ses amis, qu’aucun des savants qui composent notre société, même ceux qui ont consacré leur vie tout entière à l’étude, puisse prétendre à quelque supériorité sur Laurent de Médicis, dans tout ce qui tient à la subtilité de la discussion et à la solidité du jugement, ou dans l’art d’exprimer ses pensées avec autant de facilité que d’élégance.
Les oreilles de nos jeunes camarades doivent entendre des propos encore plus modernes… Si nous poursuivons maintenant notre enquête auprès du grand public, de cette fraction de la société que l’on a pompeusement dénommée « l’élite », le mal est encore plus profond.
Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice.
Tous s’étudiaient à emprunter à l’antiquité ce qui y est plus particulièrement le fruit des mœurs des formes de la société civile et politique, des religions, du sol, tout ce qui la fait différer essentiellement des temps modernes, et en particulier de la France.
Comte, au lieu de suivre les lignes infiniment flexueuses de la marche des sociétés humaines, leurs embranchements, leurs caprices apparents, au lieu de calculer la résultante définitive de cette immense oscillation, aspire du premier coup à une simplicité que les lois de l’humanité présentent bien moins encore que les lois du monde physique.
Chronique et divers : 1877-1886 (Hans von Wolzogen) ; appel pour l’Association Wagnérienne : liste des sociétés Wagnériennes ; bibliographie ; liste des représentations, concerts, lettres, communications.
Voltaire, [Marie-François Arouet de] de l’Académie Françoise, & de presque toutes les Sociétés Littéraires de l’Europe, né à Paris en 1694, mort dans la même Ville en 1778.
On parle, en marchant, de Meilhac et de la modernité de ses pièces, on parle des femmes de la société bourgeoise se disputant Gambetta, on parle des catastropheux de la littérature, et de la mission officielle qu’ils se donnent, d’apprendre à leurs amis, sans en être priés, que leurs livres ne valent rien, on parle des Mémoires de Philarète Chasles, dont Daudet admire la vie du style.
La seconde, spéciale à l’homme, a deux stades : elle consiste d’abord à faire du son, état fort, l’instrument de la vie psychique collective, le lien de la société humaine, — ensuite à recueillir et à développer, au moyen de l’attention, l’écho de la parole, et à l’élever au rôle de compagnon, d’associé, d’élément inséparable de la succession psychique ; celle-ci devient alors la succession d’un couple de faits parallèles, la pensée n’allant plus désormais sans son expression constante, la succession des sons intérieurs.
Seulement, par exception, par grande exception à l’usage sur le flot coulant de cette pensée en détrempe surnagent, çà et là, de ces énormités comme les bons sophistes des sociétés en décadence en lâchent quelquefois au nez des peuples blasés, et ennuyés auxquels ils ont affaire, pour les tirer de leur engourdissement… L’auteur des Dialogues philosophiques d’ordinaire, le courage de la sottise et la bravoure de la folie impudente.
Si, de plus, il sait bien voir, s’il ne croit pas, de parti pris, la société uniquement composée de femmes infidèles, de maris à plaindre, de fats, d’escrocs et d’égoïstes, je demande s’il n’aurait pas quelque chance de rencontrer des exemples de haute et pure vaillance, de dévouement sans espoir, de richesse très simple ou de pauvreté très fière, dans un monde où certaines vertus sont d’une trempe plus fine ?
Mais n’y a-t-il pas une contradiction intime entre ces étapes individuelles et les étapes de la société ?
Le Sage avoit très bien connu & le génie de sa langue & les différents caracteres qui circulent dans la société.
Lors même qu’elles ne s’élèvent qu’au milieu des naufrages de la société, elles sont le phare qui l’éclairé.
Ces qualités manquent totalement à l’Histoire universelle, composée par une société d’Anglois. […] Il s’est appliqué sur-tout à remarquer les commencemens de certains usages, les principes de nos libertés, les vraies sources & les divers fondemens de notre droit public ; l’origine des grandes dignités ; l’institution des Parlemens ; l’établissement des Universités ; la fondation des Ordres Religieux ou Militaires ; enfin tout ce que les arts & les sciences nous fournissent de découvertes utiles à la société.
. — Enfin, l’Introduction d’un ouvrage postérieur, la Démonstration philosophique du principe constitutif de la société, contient une défense du système contre Damiron. — Entre 1802 et 1818, Bonald paraît avoir étendu ses lectures : dans les Recherches, il cite comme autorités les nominalistes, Hobbes, un mot de Leibnitz, mal compris, Bossuet (Traité de la connaiss. de Dieu), Haller, Cabanis, Dugald-Stewart. — Si le style de Bonald est précis, parfois même fort et brillant, l’enchaînement des phrases est chez lui très défectueux, le développement marche au hasard ; nulle part il n’a donné de sa doctrine un exposé méthodique et lucide. […] Les aveugles-nés seraient des anges, de purs esprits. — Quant aux sourds-muets, leur langage, une fois établi, vaut le nôtre et exprime les mêmes idées ; il est seulement moins commode : car il n’est pas perçu dans toutes les positions du corps, le travail manuel l’interrompt, l’obscurité le supprime ; puis les sourds-muets forment une petite société dans la grande, à peu près comme les Juifs au moyen âge et les bohémiens aujourd’hui.
Quant à l’ouvrage considérable entrepris par Victorin Fabre et qui traite de la société politique et civile, il n’est pas, nous a-t-on dit, aussi inachevé que nous l’avions craint, et pourra même quelque jour être publié.
Les gardes nationales, les fédérés, les sociétés populaires, les enfants, les femmes, toute cette partie des populations qui vit des émotions de la rue et qui court à tous les spectacles publics, volaient à la rencontre des Marseillais.
Le droit public moderne reconnaît parfaitement le droit à tout peuple de faire des révolutions chez lui et d’y changer, selon ses volontés libres, la forme de son gouvernement intérieur : c’est ce qu’on appelle liberté, souveraineté du peuple, gouvernement de soi-même ; mais aucun droit public, ni antique ni moderne, ne reconnaît à un peuple constitué dans ses limites par les traités, par les congrès, par les conventions avec les autres États de l’Europe, le droit d’envahir, sans être en guerre, d’autres États voisins, de les ravir à leur souveraineté propre, théocratique, monarchique ou républicaine, et de se les annexer sans le consentement du souverain, du peuple, de l’Europe entière, rassemblée en congrès pour veiller à la constitution générale des sociétés.
Mais il n’y en a qu’un depuis qu’on écrit les annales des peuples, et, en considérant la prodigieuse rencontre de facultés diverses que la nature et la société doivent faire concorder dans un même homme pour faire un Tacite, il n’est pas probable qu’il y en ait deux.
Le soir, quand le Pape était couché et que les heures de loisir avaient sonné pour lui, sa voiture le ramenait régulièrement, de dix à onze heures, chez la duchesse environnée alors d’une étroite société d’artistes ou d’hommes politiques étrangers, composée de cinq ou six personnes agréables au cardinal.
Selon les promesses qui n’ont été faites, avec la plus chaleureuse sympathie de la part des premiers artistes de nos premiers orchestres et de chanteurs choisis dans les plus éminentes sociétés de chant, je puis en invitant les protecteurs de mon entreprise à assister à cette avant-fête, leur promettre une importante solennité artistique.
Dans les premières sociétés d’hyménoptères, toutes les femelles devaient être à la fois pondeuses, nourrices et ouvrières ; les reines ont construit jadis des cellules comme les autres, et elles renferment en germe tous les talents qu’elles transmettent à leurs larves157.
On découvre sans peine que la société moderne lui est redevable de ses principales améliorations.
Courtisan de l’envie, il la sert, la caresse, Va dans les derniers rangs en flatter la bassesse, Jusques aux fondements de la société Il a porté la faux de son égalité ; Il sema, fit germer, chez un peuple volage, Cet esprit novateur, le monstre de notre âge, Qui couvrira l’Europe et de sang et de deuil.
Avec une arrière-pensée certaine, c’est que sa femme ferait lire ses lettres à la petite société de Château-Thierry, à son Académie où elle était une sorte de présidente, à sa petite académie de Château-Thierry avec une arrière-pensée probable, probable seulement, celle, précisément, de donner un jour ces lettres au public.
. — Les verbes qui sont des genres à l’égard de tous les autres, tels que : sum, qui indique l’existence, verbe auquel se rapportent toutes les essences, c’est-à-dire tous les objets de la métaphysique ; sto, eo, qui expriment le repos et le mouvement, auxquels se rapportent toutes les choses physiques ; do, dico, facio, auxquels se rapportent toutes les choses d’action, relatives soit à la morale, soit aux intérêts de la famille ou de la société, ces verbes, dis-je, sont tous des monosyllabes à l’impératif, es, sta, i, da, dic, fac ; et c’est par l’impératif qu’ils ont dû commencer.
Je n’ai lien à faire avec la société ni avec sa morale de camisole de force, faite pour tout le monde. » La « camisole de force », ici, c’est l’obligation de la fidélité dans le mariage. […] Dumas nous dit, par la bouche de Daniel, des choses curieuses, peut-être inquiétantes ; et son grand mérite, c’est de les avoir dites il y a plus de vingt ans : « … Nous avons été forcés, nous autres Israélites, de nous glisser dans les interstices des nations, d’où nous avons pénétré dans les intérêts des gouvernements, des sociétés, des individus. […] Il reproche à sa vieille canaille de père de l’avoir mal élevé, de l’avoir lâché dans la société comme un loup dans un bois ; puis il se fait sauter la cervelle. […] De même, l’insurrection des domestiques, — passablement invraisemblable en son lieu et dans les conditions où l’on nous la montre, et qui ne sert d’ailleurs à rien qu’à donner au philosophe Lanspessade une impression de « fin de société », — rappelait à certains, m’a-t-on dit, une anecdote fort connue.
Quelqu’un « jouait les Homais » dans une société, débitait avec tout l’air de la conviction des articles de la Lanterne. […] Voici son texte : … Tout près de lui plaçons cet humoriste, Dont la hargneuse déraison Dans la société vient verser son poison. […] Le sentiment est l’autre moitié de nous-mêmes, et en somme c’est lui qui, bon ou mauvais, l’emporte presque toujours dans la vie, dans la société, dans l’histoire » (Exemples.)
Ce respect, qui est accordé aux oublieuses même et aux perfides, évoque la poésie du temps on les poètes amoureux divinisaient les femmes et ainsi ornaient précieusement la littérature et la société. […] Tout l’aspect d’un pays ou d’une société révèle un même état d’esprit, le même génie et la même folie peut-être. […] Mais, libertins ou révolutionnaires, c’est tout un, même si les révolutionnaires sont chastes et si les libertins ne souhaitent pas de démolir la société : mécontents les uns et les antres et qui, au malaise de leur esprit, cherchent une diversion, les uns dans la fureur politique, les autres dans la fureur amoureuse. […] Il a examiné le cœur des hommes et des foules, le cœur des sociétés humaines : et il a vu que, là, — selon la précaution des savants, — tout se passait comme si les idées chrétiennes de la faute originelle, de la réversibilité des peines et de la Providence étaient, non seulement des dogmes, des faits.
Il serait oiseux de s’appesantir sur les services, vraiment éminents, qu’une telle découverte est appelé à rendre à la société et au Progrès. […] Et par la pensée qui généralise ou spécifie, qui développe ou résume, qui choisit et coordonne, l’œuvre de la nature ou de la société, transformée, devient l’œuvre d’un homme. […] Cela ne vous suffit pas que la société, — trop souvent, hélas ! […] Quelle place pourront-ils occuper dans une société qui n’aura plus souci que de la réalité ?
Mais nous sommes des êtres réels, des hommes réels, assaillis de soucis, battus des vents, battus d’épreuves, rongés de soucis, acheminés à coups de lanières dans cette garce de société moderne. […] Les tenaces aïeux, paysans, vignerons, les vieux hommes de Vennecy et de Saint-Jean-de-Braye, et de Chécy et de Bou et de Mardié, les patients aïeux qui sur les arbres et les buissons de la forêt d’Orléans et sur les sables de la Loire conquirent tant d’arpents de bonne vigne n’ont pas été longs, les vieux, ils n’ont pas tardé ; ils n’en ont pas eu pour longtemps à reconquérir sur le monde bourgeois, sur la société bourgeoise, leur petit-fils indigne, buveur d’eau, en bouteilles. […] La vieille distinction des genres avait du bon dans la société. […] Plus nos tempéraments et nos sociétés sont différentes, plus nous avons de distances de base, plus nous nous sommes l’un à l’autre, plus nous nous sommes mutuellement des témoins précieux ; uniques, je crois irremplaçables ; mutuellement irréversibles, si ces deux mots peuvent aller ensemble. […] Si différents de caractère, si pareils de cœur, je veux l’espérer, je veux le croire, j’en suis sûr, d’un caractère, d’un tempérament, d’une société si différentes ; je veux le croire, d’un même cœur ; plus nous sommes différents, plus dans cette même armée, dans cette seule armée nous sommes indispensables l’un à l’autre.
Le 4 août suivant, la ville de Douai accomplissait un devoir douloureux envers son cher poëte, et la population douaisienne remplissait l’église Notre-Dame, toute voisine de la maison de naissance de la défunte, pour assister à la messe solennelle qui était célébrée en sa mémoire avec le concours des diverses sociétés musicales du pays.
Je lui ai raconté alors le hasard qui fit rencontrer la belle Fior d’Aliza par le sbire en société de son ami Nicolas del Calamayo : la demande, le refus, l’entêtement du sbire, l’obstination de la jeune fille, puis la dépossession, pièce à pièce, par les soins du procureur Nicolas del Calamayo, au moyen d’actes présentés par lui à la justice, actes revendiquant pour des parents, au nom d’anciens parents inconnus dont le sbire avait acheté les titres, tout le petit héritage de vos pères et de vos enfants.
Il est assis comme l’éternité : d’une main, il tient les lois, symbole de la société ; de l’autre il tient sa barbe touffue, symbole de la force ; cette barbe descend en ondes si épaisses, si prodigues et si harmonieusement tressées sur sa poitrine, qu’on croit voir découler dans la multitude des tresses, des ondes, des poils qui les composent, la multitude innombrable des générations du peuple de Dieu.
C’était une société à souhait pour son âme frôleuse de confesseur laïque.
J’admire la Harpe de juger du même style doctrinal les pièces romanesques de Voltaire et les tragédies de Corneille et de Racine, et d’appliquer la même critique à d’aimables jeux de société et à des œuvres de marbre et d’airain !
Comment voulez-vous qu’une société résiste à de tels excès ?