Et peu s’en est fallu que, d’indignation, je ne lui aie cassé l’autre jour ses méchantes flèches avec son arc, car il m’a osé dire dans sa menace que, si je ne m’éloignais bien vite tandis qu’il était encore maître de lui, je n’aurais à m’en prendre des suites qu’à moi-même. » A ce discours de Vénus, les deux déesses se regardèrent en souriant, et Vénus un peu piquée repartit : « Mes maux, je le vois bien, ne servent qu’à faire rire les autres ; aussi ai-je tort de les dire à tout le monde ; ce m’est bien assez de les savoir moi-même. » Et elle se met en devoir d’exécuter le vœu des déesses. […] Après le repas qu’Éétès a fait servir aux nouveaux venus avant toute chose, d’après les lois de l’hospitalité, il y a lieu pour Jason d’expliquer au roi le sujet de son voyage. […] Tandis que la Didon de Virgile est perpétuellement à la bouche et dans le cœur de tout ce qui a du sentiment et du goût, la Médée, qui lui a servi en partie de modèle, a-t-elle si peu de droits à un même honneur ? […] Ces contrastes ne sont pas hors de propos et ils servent à mieux graver l’idée.
Nous ignorons le mode d’action des substances volatilisées qui agissent sur les nerfs olfactifs et des substances liquéfiées qui agissent sur les nerfs gustatifs ; nous admettons qu’il est chimique, mais à cela se réduit notre connaissance ; nous ne savons pas s’il est une ondulation ou tout autre mouvement ; nous n’avons pas la plus petite idée de ses éléments ; nous ne pouvons nous servir de cette idée pour former aucune induction sur les sensations correspondantes […] En général, un sens est un système d’écriture spontanée et de notation automatique, semblable à ces instruments de mesure dont on se sert en physique et en chimie. […] Nous n’avons pas ici d’événement spécial qui, comme auparavant, nous serve de guide pour démêler les sensations élémentaires. […] Et, en général, considérez tour à tour les innombrables sensations internes, agréables, pénibles ou indifférentes de la vie organique, celles qui constituent la faim, la soif et la plénitude, celles qui accompagnent la digestion, la respiration, la circulation, l’accouplement ou l’émission de la voix, celles que développent le vin, les médicaments, les diverses substances introduites dans la circulation, outre cela toutes les sensations spontanées, picotements, démangeaisons, frissons, toutes les douleurs variées et difficiles à définir qui servent de symptômes dans les maladies, toutes les sensations de tact spécial et plus délicat, comme celles qu’on rencontre à la conjonctive, sur la langue et dans l’intérieur des narines, toutes les sensations de tact général et émoussé, comme on en trouve à la surface d’une plaie d’amputation récente.
Il y avait dans toute sa parure une propreté singulière ; vous auriez dit que l’eau du ruisseau, traversant la forêt vierge et baignant les racines séculaires des chênes vieux comme le monde, lui avait servi de miroir. […] Mon père, dont j’étais le seul enfant, servait complaisamment mes goûts ; il aimait à me procurer des œufs, des fleurs, des oiseaux. […] Les outardes et les pintades qui abondaient sur ces beaux rivages, et qui venaient sans défiance voltiger autour de nous, servaient à nos repas. […] Leurs gaules sont tout bonnement des baguettes de noisetier ou de noyer ; une corde leur sert de ligne, et leurs hameçons ne paraissent pas des plus fins.
De menus détails, capables sans doute de piquer la curiosité des esprits actifs et de servir de passe-temps à ceux qui n’ont rien de mieux à faire, fort indifférents pour celui qui voit dans la vie une chose sérieuse et se préoccupe avant tout des besoins religieux et moraux de l’homme. […] La science n’est pas une dispute d’esprits oisifs sur quelques questions laissées pour servir d’aliment à leur goût pour la controverse. […] Nul ne peut servir deux maîtres, ni adorer un double idéal. […] J’ai souvent songé que ce type (haute fierté intellectuelle, jointe aux faiblesses les plus féminines) pourrait servir de sujet à un roman psychologique.
La cour où est introduit David Copperfield au début de ses études de droit, la salle triste où siègent immobiles des juges raides et chuchotants, est un lieu d’un calme languissant, et tous les traits du tableau servent à développer cette impression de somnolent repos. […] Cet art est merveilleux ; il survit aux atténuations des traductions ; il ne peut s’analyser, car il se compose autant des tournures caractéristiques et baroques dont le romancier fait se servir ses interlocuteurs que des idées qu’il leur prête, des singuliers aperçus, des digressions bizarres, des surprenantes réponses qu’il met dans leur bouche. […] Ce sont là des rouages inutiles et mauvais ; ils ne servent en rien à soulager les infortunes de la foule des misérables, dont les maux s’aigrissent encore par suite de la dureté de cœur qu’engendrent chez les riches et les puissants leur situation même, et leur avidité de richesse et de pouvoir. […] Si l’on fient exactement compte de ces définitions, on pourra en déduire presque tous les caractères de l’art de l’écrivain anglais, et l’organisation mentale qui lui sera ainsi reconnue appartenir, sera une organisation générique qui pourra servir à déterminer d’autres tempéraments analogues au sien, et qui donnera même, par réciproque, quelques lumières sur l’action de l’émotion chez l’homme.
. — Sachons-le bien, quand l’encre venait à geler dans une de ces froides bibliothèques de bénédictins, le savant religieux était obligé, pour s’en servir, de l’aller faire dégeler un moment au feu de l’infirmerie ou de la cuisine. […] Assez peu importent aux simples lecteurs ces questions ardues et insolubles, qui servent surtout à faire briller l’érudition des doctes.
Ce paysan est né observateur et moraliste : il lit à livre ouvert les physionomies et les visages : « Ce talent, dit-il, de lire dans l’esprit des gens et de débrouiller leurs sentiments secrets est un don que j’ai toujours eu, et qui m’a quelquefois bien servi. » L’auteur, en faisant faire à son personnage un chemin si rapide à la faveur de sa jolie figure, a échappé à un écueil sur lequel tout autre romancier aurait donné ; il lui a laissé de l’honnêteté et s’est arrêté à temps avant la licence. […] » Ce mot pourrait servir d’épigraphe à toutes les pièces de Marivaux.
Il avait pour principe que « la critique amère elle-même est une arme absolument inutile pour la conviction, et qui est presque toujours plus dangereuse pour celui qui s’en sert que pour ceux contre lesquels elle est dirigée ». […] Comment peut-on encore ignorer quelque part que les recherches les plus profondes, la lecture la plus assidue, ne sont que des moyens d’instruction dont l’application seule fait le mérite, et que se tourmenter pour devenir érudit, sans avoir d’autre talent et sans se proposer d’autres vues, c’est passer sa vie à aiguiser une arme dont on ne doit jamais se servir ?
Il faut se souvenir avant tout que, le 15 mai 1840, la Revue des deux mondes publia, avec une notice de George Sand qui y servait de préface, un magnifique fragment d’un poète mort l’année précédente à vingt-neuf ans, Georges-Maurice de Guérin. […] En 1833 il alla à La Chesnaye en Bretagne, où M. de Lamennaisw avait eu l’idée de fonder un établissement d’études religieuses pour servir le catholicisme ; mais l’esprit du maître commençait déjà à se diriger ailleurs, et il allait aspirer à faire des élèves tout différents.
On n’avait point jusqu’ici un recueil des lettres de Buffon ; on n’en avait que des extraits qui avaient servi de pièces à l’appui dans des biographies ingénieuses et savantes ; mais le lecteur aime, en fait de correspondance, à se former lui-même un avis ; il prend plaisir, quand il le peut, à aborder directement les hommes célèbres et à les saisir dans leur esprit de tous les jours. […] Ces démarches, honnêtes et nécessaires, loin de nuire à votre avancement, y serviront beaucoup.
Il essaye, pour y répondre, d’hypothèses diverses : l’arrangement fortuit, la nécessité du mouvement de la matière, l’infinité de combinaisons possibles dont une a réussi… Il hésitait, il commençait à se troubler : placé entre des explications incomplètes et des objections sans réplique, il allait, s’il n’y prenait garde, trop accorder à la raison, au raisonnement ; il sentait poindre l’orgueil en même temps que s’accroître les obscurités, quand tout à coup… mais laissons-le parler lui-même sa plus belle langue : Quand tout à coup un rayon de lumière vint frapper son esprit et lui dévoiler ces sublimes vérités qu’il n’appartient pas à l’homme de connaître par lui-même et que la raison humaine sert à confirmer sans servir à les découvrir.
Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps Par M. […] En présence des grandes questions de gouvernement, la parole est à la fois puissante et très insuffisante ; elle prépare et n’achève pas ; il faut s’en servir sans s’y confier. » Et pourtant il est clair aujourd’hui pour tous, que lui et ses amis s’y sont trop confiés.
Un livre d’histoire, qu’il publia quelque temps après (Revue de l’Histoire universelle), et qui semblait ne répondre qu’à une demande de librairie, lui servit à se remémorer les faits principaux du passé, dont il faut être muni dans le présent, et à rassembler sous une vue sommaire les résultats d’idées qui sont des conquêtes ; c’étaient des armes qu’il préparait. […] Je reviens, et je ne crains pas de m’avancer encore vis-à-vis d’un esprit que je goûte extrêmement ; et auprès de qui ce goût même peut me servir d’excuse.
Je le prendrai surtout par ses côtés accessoires et où il aurait pu exceller très-vite, pour peu qu’il s’y fût adonné : il y avait en lui l’étoffe d’un savant littérateur autant peut-être que d’un grand musicien ; et il le montra bien lorsque, dans ses dernières années, il eut si peu d’efforts à faire pour être aussitôt un secrétaire perpétuel tout formé, un orateur académique des plus spirituels et des plus avenants Ce n’est pas de lui, certes, qu’on aurait dit, comme d’un autre compositeur célèbre en son temps : « C’est une bête, il n’a que du génie. » Il était un beau talent servi par un habile esprit. […] On raconte qu’un noble Génois, visitant Florence, disait à un artiste célèbre de cette ville qui lui servait de guide : “Nous sommes fils de deux belles cités, et, si je n’étais Génois, je voudrais être Florentin.”
Il faut la prendre comme elle est, s’en servir telle quelle, et chercher à l’élever si on le peut. […] Napoléon meurt donc en chef d’État, en homme social, en civilisateur, non comme un philosophe qui scrute et décompose au fond de son cabinet les instincts et les mobiles de l’âme humaine : lui, il les accepte et les pratique en ce qui est de lui et de sa volonté jusqu’à la fin, même lorsqu’il n’avait plus à s’en servir chez autrui.
« Donnez à celui qui vous demande et ne rejetez point celui qui veut emprunter de vous… « Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il se soumettra à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses.
L’intercession de Racine, apparemment, servit de peu. […] Racine ne put jamais s’y décider ; il se donnait pour excuse de conscience qu’en restant sur ce terrain glissant il pouvait mieux servir à l’occasion les religieuses de Port-Royal ; mais au fond il ne pouvait se résoudre à se sevrer de ces douceurs enchanteresses : il était atteint de la même-faiblesse que Bossuet qui, lui aussi, se montra aussi longtemps qu’il put à Versailles et qui, même à la fin, et à bout de force, s’y traînait ; il était affecté de la même faiblesse encore que M. de Pomponne, le plus aimable des Arnauld, mais un Arnauld amolli, qui, tout octogénaire et tout pieux qu’il était, ne pouvait se décider à résigner le ministère et qui, apprenant la retraite chrétienne de M.
Un voyageur, qui est allé récemment aux confins de la Norwége la plus reculée, rapporte que, pour ces bons paysans, France et Napoléon ne font qu’un ; ils demandent à tout Français, quel que soit son âge, s’il a servi sous Napoléon ; s’il est vrai que les Anglais l’ont tenu prisonnier dans des souterrains et des cavernes assez pareilles à celles dont il est question dans l’Edda : s’il est vrai enfin que tous ses lieutenants eussent rang de roi. […] J’attends cette épopée en chansons, et je me fie, pour tempérer le conte et l’exagération populaire, à l’auteur du Roi d’Yvetot, à celui qui a vu le conquérant à son midi et qui ne s’est pas soucié de servir sa gloire désastreuse.
Comment n’a-t-il pas deviné, se dit involontairement la critique questionneuse de nos jours, que l’emploi de ce style sincèrement dramatique, qu’il venait de dérober à Molière, n’était pas limité à la comédie ; que la passion la plus sérieuse pouvait s’en servir et l’élever jusqu’à elle ? […] Il se sert des phrases les plus forcées et les moins naturelles.
Il s’en sert maladroitement. […] Il pleut ; refroidissement ; mais elle tient bon et continue à servir sa maîtresse sans vouloir se soigner, si bien qu’un médecin appelé ne l’ausculte que pour constater une pleurésie en voie de guérison.
Les habitudes et les facultés qui leur servaient dans l’état ancien leur nuisent dans l’état nouveau. […] Il ne leur vient pas à l’idée d’y avoir recours ; ils ne savent ni ne veulent se servir de leurs mains, surtout pour cette besogne323.
En Bourbonnais, jadis la taille était serve et les serfs mainmortables. « Les seigneurs, qui ont encore des droits de bordelage bien établis dans l’étendue de leurs fiefs et justices, sont encore aujourd’hui en possession de succéder à leurs vassaux dans tous les cas, même au préjudice de leurs enfants, si ceux-ci n’étaient résidants avec eux et n’habitaient le même toit. » Mais en 1255, Hodes de Sully, ayant donné une charte, renonça à ce droit de taille réelle et personnelle moyennant un droit de bourgeoisie perçu encore aujourd’hui (voyez plus loin). […] On lui servait aussitôt une bonne volaille au riz et plusieurs autres mets succulents. » (Journal de Dumont d’Urville, commandant du navire sur lequel Charles X quitta la France en 1830.
Ce qui tua l’éloquence, ce lut le triomphe de la cause que ces deux hommes éloquents servaient : ce fut le triomphe de la royauté. […] C’était elle qui allait faire la France de Henri IV et de l’ancien régime, catholique mais gallicane, la royauté absolue, mais servie et contenue par le tiers état.
Et, contre leur vouloir, tous les deux servent les causes qu’ils abhorrent. […] L’ambition, pourtant, le dévorait, une ambition héroïque, née du sentiment de sa valeur et du désir de la faire servir au bien public.
Son esprit mal employé ne servit qu’à l’engager plus avant dans de fausses voies. […] faut seulement distinguer, parmi ces vérités, celles qui sont d’une pratique constante et universelle, de celles dont l’application est plus particulière à certaines sociétés ; les vérités qui nous servent d’armes offensives et défensives dans la conduite de la vie, de celles qui demeurent au fond de notre intelligence à l’état de notions spéculatives, et qui nous aident à juger les hommes et les choses.
Ses relations intimes et libres, mais d’un ordre tout moral, avec des femmes d’une conduite équivoque s’expliquent de même par la passion qui l’attachait à la gloire de son Père, et lui inspirait une sorte de jalousie pour toutes les belles créatures qui pouvaient y servir 212. […] Hillel s’en servait habituellement (Talm. de Bab., Schabbath, 31 a), et déclarait comme Jésus que c’était là l’abrégé de la Loi.
Moins de six mois après son mariage, Marie dégoûtée se consolait avec l’Italien David Riccio, homme de trente-deux ans pour lors environ, également propre aux affaires et aux plaisirs, qui la conseillait et la servait comme secrétaire, et qui avait ce talent de musicien si propre à en recouvrir et à en introduire quelque autre auprès des dames. Le faible Darnley s’étant ouvert de sa jalousie aux lords et seigneurs mécontents, ceux-ci, dans l’intérêt de leur politique, le poussèrent à la vengeance, et s’offrirent à le servir de l’épée.
Cette affaire me coûta beaucoup de peine et d’argent ; mais, bien loin d’y avoir regret, je m’en tins trop payé par le gré que Madame me témoigna. » Cette affaire lia plus particulièrement Cosnac avec Madame, et, dès ce moment, on le vit, en toute occasion, épouser ses intérêts et la servir. […] Il n’y avait point de cabale ; mais Madame, parmi les personnes attachées au prince son mari, avait distingué un homme capable, un ambitieux généreux et de mérite, et elle se l’était acquis, elle avait voulu le faire servir à l’accomplissement de ses propres vues, qui devenaient plus sérieuses avec l’âge.
Ces hommes de la Chambre de 1815 arrivèrent ou revinrent impraticables parce qu’ils étaient violents, parce qu’ils avaient accumulé en silence mille aigreurs et mille rancunes, parce qu’ils étaient restés, dix années durant, à l’état de pistolets chargés : quand on vint à vouloir s’en servir de nouveau, ils éclatèrent dans la main qui les employait. […] si vous saviez avec quel zèle je l’ai servi !
En attendant qu’il fût connu, et que ses élégies, confiées à l’amour ou à l’amitié, dussent se répandre après sa mort par la bouche des admirateurs, on avait, à la fin du xviiie siècle, un goût croissant et plus ou moins bien entendu pour l’antique : c’est ce goût et presque cette mode que le Voyage du jeune Anacharsis est venu servir et accélérer. […] On servit un gâteau fait avec du miel et du raisin de Corinthe ; on but du vin de Chypre ; et l’on essaya même, je crois, du brouet de Lacédémone.
Le public aime les ouvrages où un certain talent sert de passeport à la pornographie et excuse de la savourer. […] Richepin : « La pornographie cesse où le talent commence », dangereuse parce qu’elle n’est pas tout à fait fausse et parce qu’elle est enveloppée d’une jolie formule, sert de couverture à beaucoup de plaisirs secrets et peu avouables.
Elles se concevaient ainsi autres qu’elles n’étaient, mais cette conception, au lieu de les ruiner, les servait, parce qu’elle ne venait en concurrence avec aucune institution contraire, durcie et sanctionnée par la durée. […] De même, ainsi qu’on l’a déjà noté, la civilisation romaine a servi de corset utile à celles de ces masses humaines qui se fixèrent dans le sud de l’Europe : agissant d’une façon plus directe que l’idéal chrétien, elle a été pour elles un puissant moyen d’organiser le droit de propriété, hase et moyen à son tour de toute civilisation supérieure.
Tu déclares, en te jouant, d’un air guillery, que tu t’es fait journaliste uniquement pour servir tes petites rancunes et frapper à tour de bras sur les gens qui ne t’apportent qu’une admiration contenue ! […] À quoi servirait-il d’être cousins, si l’on ne pouvait, de temps en temps, se dire la vérité sur son propre compte, quitte à la défigurer quand il s’agit des autres ?
Un auteur dramatique ne doit se servir de son style à lui et ne s’en sert, en effet, s’il a tout son art, que quand il parle en son nom et je veux dire quand il fait parler le personnage qui le représente ou le personnage qui lui est particulièrement sympathique.
M. de Bonald l’a défini beaucoup mieux une intelligence servie par des organes. […] Le feu, accordé à l’homme pour s’en servir comme d’un instrument, a été aussi regardé par eux comme l’emblème du don de la parole.
Voilà ce que nous dirons à Gustave Droz, qui, lui, ne se sert que de poudres délicieuses à respirer. […] Gustave Droz, l’auteur d’Autour d’une source, a vu dans les derniers faits miraculeux qui ont réjoui les cœurs catholiques et que des plumes catholiques ont attestés, un prétexte, non pas à discussion, mais à roman, et il a fait le sien, d’un point de vue humain qui pourrait très bien être… Il a supposé que l’ardente Spéculation moderne, qui met ses mains avides sur tout, pouvait se servir d’un miracle, ou plutôt du mirage d’un miracle, pour faire ses affaires impudemment, malhonnêtement, abominablement, et il a construit un récit dans ce sens qui pourrait être vrai, qui ne l’est pas encore dans l’histoire de nos mœurs, mais qui pourrait l’être, et en construisant ce récit — rendons-lui cette justice !
La vengeance de Babou, dont la large justice se permet même d’être vaste, n’est pas le plat que Machiavel voulait qu’on servît froid. […] Ainsi, dans sa lettre sur Théodore de Banville, après lui avoir servi de toutes sortes d’éloges, ne finit-il pas par lui dire que lui, Banville, en ses Poésies funambulesques, a fait de l’Apollon du Belvédère un Polichinelle, et, pour qu’on n’en ignore !
Ce sera d’abord, si vous le voulez, le don de la vie communiqué à ces êtres d’idéal, la vérité de leur physionomie morale ou physique, leur fidélité à eux-mêmes d’un bout à l’autre de l’œuvre, la diversité des langages dont ils se servent, et qui correspondent à des différences ou à des nuances de caractère, la vraisemblance de l’intrigue, la proportion des épisodes, l’agencement des parties, autrement dit la composition de l’œuvre. […] Je ne me sers pas de l’expression : paysage ; elle serait trop étroite.
Il cherche à plaire avant tout, et fait servir ensuite sa faveur personnelle aux intérêts de sa mission.
Il est impossible, faute de documents sérieux (car on n’a que ses proclamations, qui sont insignifiantes), de dire si Boulanger fut un ambitieux de haute intelligence et capable de grands desseins, ou s’il ne fut qu’un aventurier vulgaire, servi un moment par des circonstances exceptionnelles, et, finalement, inégal à sa fortune. » J’espère que l’on sentira plus de pitié que de raillerie dans ces faciles horoscopes.
Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable.
Je ne nie pas, à coup sûr, que l’histoire bien faite d’une littérature ne puisse servir à tirer de l’ombre des faits sociaux de haute valeur ou encore à éclaircir certains mystères de la mentalité humaine.
Conséquences du règne de François Ier , formant le 3e volume des Mémoires pour servir à l’Histoire de Louis XII et François Ier .
Vous parlez des Ecrivains Grecs que vous n’entendez pas ; vous employez le mot barbare de Basiloi, qui n’est point grec, au lieu de Basileis ; vous vous servez du mot de despote, sans en savoir la signification ; vous avez souvent le mot de demiourgos à la bouche, & vous ignorez ce qu’il veut dire ; vous prenez le nom de Dynastie pour celui d’une Province ou Contrée ; vous appelez les Prêtres Egyptiens des bouteilles ; car c’est ce que signifie le mot choas que vous leur appliquez ; vous faites passer à Hercule le détroit de Calpé & d’Abila dans son gobelet, au lieu de dire qu’il le passa dans un navire, appelé Scyphus : enfin vous êtes véhémentement soupçonné, par plusieurs de vos citations, de ne pas entendre ce dont vous voulez parler.
Au reste, il est essentiel d'avertir que les Philosophes se sont empressés assez légérement de réclamer Saint-Evremont comme un Membre de leur Secte, & qu'ils se sont servis de son nom pour publier, soixante ans après sa mort, un Libelle infame contre le Christianisme, intitulé Analyse de la Religion ; Libelle aussi atroce, que peu conforme à sa maniere d'écrire.
Après avoir rompu ainsi avec les seuls hommes qui pouvaient me servir, et, par conséquent, avec mes premiers projets, je restai longtemps indécis et découragé.
Loin d’être, comme le croit l’école de Spencer, un simple « jeu de nos facultés « représentative », l’art est la prise au sérieux de nos facultés sympathiques et actives, et il ne se sert de la « représentation », encore une fois, que pour assurer l’exercice plus facile et plus intense de ces facultés qui sont le fond même de la vie individuelle et sociale.
Il écrivoit de Ferrare, lieu de son exil, à François premier, aux dames de France, à toutes les personnes en état de le servir, afin de les intéresser en sa faveur.
……………………………………………… Contemple donc Héli, le chef du tabernacle, Que Dieu fit de son peuple et le juge et l’oracle : Son zèle à sa patrie eût pu servir d’appui, S’il n’eût produit deux fils trop peu dignes de lui.
Ils ne font pas servir le talent de la fiction pour nous peindre la situation d’un homme qui souffre avec constance la perte d’un fils unique.
Ils me forcent à me tenir devant leur case pour leur servir de gardien et il m’est impossible de me relever ».
Chez un ancien peuple, il y avait une loi qui ordonnait de graver sur un monument public, toutes les grandes actions que faisait le prince ; on élevait une colonne dans le temple, on la montrait au prince le premier jour de son règne, et on lui disait : « Voici le marbre où l’on doit graver le bien que tu feras ; voilà le burin dont on doit se servir ; que la postérité vienne lire ici ton bonheur et le nôtre. » D’abord on n’y grava rien que de vrai ; un prince eut le malheur de ne faire aucun bien à ses peuples, il mourut sans qu’un seul caractère fût tracé.
III Enfin pour apprécier l’importance du troisième principe de la civilisation, qu’on imagine un état dans lequel les cadavres humains resteraient sur la terre sans sépulture, pour servir de pâture aux chiens et aux oiseaux de proie.
Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère 1.
Les dents du serpent que Cadmus enfonce dans la terre expriment poétiquement les instruments de bois durci dont on se servit pour le labourage avant l’usage du fer (comme dente tenaci pour une ancre, dans Virgile).
Au tercet suivant le poète nous sert le « pain des anges », peut-être mieux en situation. […] Un valet qui sert les vices de son maître pèche s’il veut favoriser le mal, non, s’il n’a en vue que le gain. […] Parce que « le pyrrhonisme sert à la religion » parce qu’il « rabattra cette vanité ». […] Le prestige qu’il tirait de ses amitiés royales servait son œuvre et sa doctrine. […] Lui, si fervent adorateur du beau, n’était-il pas heureux de servir son dieu ?
A son repas, il se fait servir un pâté de venaison. […] L’Odéon, brûlé en 1799, reconstruit sur ses anciennes fondations par décision du Premier Consul, servit à la troupe de M. […] Elle ne vaut guère mieux quoiqu’elle servît de modèle à beaucoup de copies. […] Penses-tu que tu sois l’amant seul qui me serve ? […] Mille propos joyeux servirent de fond à la pièce future, pour laquelle un conseiller au Parlement, de Brilhac, apprit à Racine les termes de la chicane.
Pensez aux festins qu’introduisait alors le comte de Carlisle, où l’on servait d’abord une table remplie de mets recherchés aussi haut qu’un homme pouvait atteindre, pour la jeter aussitôt et la remplacer par une autre table pareille. […] Le modèle idéal vers lequel tous les efforts se tournent, auquel toutes les pensées se suspendent, et qui soulève cette civilisation tout entière, c’est l’homme fort et heureux, muni de toutes les puissances qui peuvent accomplir ses désirs, et disposé à s’en servir pour la recherche de son bonheur. […] La pastorale invraisemblable sert d’intermède, comme dans Shakspeare ou dans Lope, à la tragédie invraisemblable. […] Son recueil de pièces amoureuses ne lui sert qu’à faire preuve de science, à montrer qu’il a lu ses auteurs, qu’il connaît la géographie, qu’il est versé dans l’anatomie, qu’il a une teinture de médecine et d’astronomie, qu’il sait trouver des rapprochements et des allusions capables de casser la tête du lecteur. […] And when this carcass here to earth shall be refar’d, I do bequeath my wearied ghost to serve her afterward.
Je me sers du mot impression ; jugement serait trop absolu. […] Ce que je n’ai pas eu la force de ne pas dire, en ce qui touche les personnes, faute de cette impartialité supérieure, restera donc dans cette édition, pour servir de documents d’histoire littéraire. […] Mais j’aime trop mes croyances pour croire que je me suis servi d’elles comme d’une gymnastique d’esprit, dans un but même noble, quand il est vrai que c’est en devenant plus sérieux, plus désintéressé, plus modeste, que je me suis élevé jusqu’à elles. […] C’est que le talent d’un écrivain ne se mesure pas au bruit qu’il a fait, mais aux services qu’il a rendus, à l’idée qu’il a créée ou servie. […] Dans une belle pièce écrite en 1830, et qui servait de préface au recueil des Feuilles d’automne, M.
Dans les temps modernes, si la poésie proprement dite a fait défaut à ce genre de tradition, le roman n’a pas cessé ; sous une forme ou sous une autre, certaines douces figures ont gardé le privilège de servir d’entretien aux générations et aux jeunesses successives. […] Du moins les souvenirs de la petite fille lui retraçaient un palais où elle était élevée, et une foule de gens empressés à la servir. […] C’est un mouvement naturel chez les hommes de se prévaloir de la faiblesse des autres : je ne saurais me servir de cette sorte d’art ; je ne connais que celui de rendre la vie si douce à ce que j’aime, qu’il ne trouve rien de préférable ; je veux le retenir à moi par la seule douceur de vivre avec moi. […] Voltaire parle avec sa vivacité ordinaire des calomniateurs et des délateurs qu’il faut pourchasser, et il ajoute en courant : « Le chevalier d’Aydie vient de mourir en revenant de la chasse : on mourra volontiers après avoir tiré sur les bêtes puantes. » C’est ainsi que la mort toute fraîche d’un ami, ou, si c’est trop dire, d’une connaissance si anciennement appréciée, de celui qu’on avait comparé une fois à Couci, ne vient là que pour servir de trait à la petite passion du moment. […] Non, messieurs, cela est impossible, et voici mes raisons : Mme de Ferriol servait de mère à Mlle Aïssé ; elle avait mêlé son éducation à celle de ses enfants.
Nous nous servirons, pour faire comprendre cette perfection des vers homériques, de la traduction d’un de nos savants amis, M. […] Voyez et écoutez cette scène conjugale entre Hector, son épouse et son enfant, scène qui a servi et qui servira éternellement de texte à toutes les poésies de l’épopée, du drame, de la peinture et de la sculpture. […] « Ils sont servis par la captive Hécamède, à la belle chevelure. D’abord elle place devant eux une table éclatante, polie avec soin, et dont les pieds sont teints de couleur d’azur ; puis elle sert dans un plat d’airain l’oignon qui irrite la soif, le miel fraîchement écoulé de la ruche et les pains pétris de la farine du froment sacré.
On a été plus loin, on a déclaré qu’on ne pouvait pas commencer une phrase par un monosyllabe : ces deux pauvres petites lettres ne pouvant servir de fondation à une grande phrase, à une période. […] Hier, c’étaient des auvergnats, des ferrailleurs, des Vidalenc en un mot, aujourd’hui ce sont des messieurs, habillés par nos illustres tailleurs, achetant et lisant des livres, et ayant des femmes aussi distinguées que les femmes les plus distinguées : — des messieurs, s’il vous plaît, donnant des dîners, servis par des domestiques en cravate blanche. […] En les donnant, le prince s’est excusé du mauvais état de ses armes, disant que ses amis s’en servaient, à Paris, pour couper les bouchons de Champagne. […] Enfin, un jour, à propos de je ne sais quoi de patricoté sans sa participation, le maréchal furieux se rendit chez le Roi. « J’étais averti, dit Thiers, et ma voiture suivit de près la voiture du maréchal… Dans les affaires, voyez-vous, Gambetta, il faut toujours avoir une figure de bonne humeur… Retenez cela, Gambetta, ça vous servira… La porte du Roi était fermée pour tout le monde. […] Et là-dessus il déclare que s’il n’avait pas pour habitude de ne rien prendre aux autres, jamais il n’a été plus tenté par l’appropriation d’une histoire, et le désir de lui donner une forme d’art que par un épisode, dont Dumas ne s’est pas servi.
À quoi donc servaient-elles ? […] Mais la pipe servait sûrement aux anciens à fumer différentes herbes, telles que la menthe, la sauge et surtout la lavande. […] La momie servait aussi à fabriquer pour les peintres un beau noir qui, paraît-il, n’aurait pas été remplacé, ce qui n’a plus d’importance, toute la peinture étant désormais couleur jus d’herbe et sirop de groseille. […] Légitime, mais qui tient tout de même du phénomème, surtout pour ceux qui, voulant juger les choses par eux-mêmes, sont venus trop tard et auxquels il n’a pu servir son champagne que fort éventé. […] Elles les soutiennent, elles les font valoir, leur servent de transition avec la nature.
Aussi la poésie peut-elle très bien se servir de termes de comparaison non pas concrets, mais abstraits. […] On se sert ainsi de la science pour arriver au sentiment raffiné. […] Et science sans conscience n’est que ruine de l’ame, Il te convient servir, aimer, et craindre Dieu, Et en luy mettre toutes tes pensées et tout ton espoir ; Et, par foy formée de charité, Estre luy adjoinct, En sorte que jamais n’en sois désemparé par peché. […] Les romantiques venaient à leur heure, ils conquéraient la liberté de la forme, ils forgeaient l’outil dont le siècle devait se servir. […] La fusion de la langue dite poétique et de la langue de la prose, qu’ont poursuivie et accomplie le romantisme comme le naturalisme, n’a pas pour objet d’introduire dans les idées le vague poétique qui plaisait tant au siècle dernier, mais bien de rendre avec fidélité toutes les idées et tous les sentiments dans ce qu’ils ont de plus particulier et de plus nuancé ; on cherche le mot qui peut évoquer le plus immédiatement l’idée et on s’en sert sans scrupule, on pense poétiquement et c’est pour cela que la poésie a pénétré la prose.