L’on commence à penser les grandes choses à la guerre, mais pour les secrets de l’exécution, il faut en revenir à de grands détails, même à des choses qui mériteraient presque être traitées de minuties… » La fin de l’année 1693 avait été signalée en France par une crise d’argent, une disette et une misère extrêmes. […] Les deux lettres de lui qu’on a lues précédemment, adressées à son frère, ne restèrent pas secrètes ; des copies circulèrent ; elles furent imprimées.
Mais c’est qu’à tout prix et à toute force il faut nourrir cette vie secrète d’amour-propre qui languit dans l’obscurité et expire faute de pâture dans le vide du parfait anéantissement. […] Il y avait entre les deux frères, alors si unis en apparence, un malentendu secret qui les séparait à leur insu et qui allait grandir et grossir de plus en plus et démesurément : ce malentendu, c’était le génie, d’écrivain et la gloire, pour lesquels l’un était fait et pas l’autre.
En lisant certains de nos romanciers en vogue, si vous voulez le fond du coffre, l’escalier secret de l’alcôve, ne perdez jamais cette dernière clef. […] L’influence de cet ordre de causes secrètes et intestines sur les idées et sur les œuvres est incalculable.
En répondant à la précédente ballade du Pélerin et en parlant aussi des autres morceaux insérés dans le Provincial, Victor Hugo lui avait écrit qu’il possédait au plus haut point les secrets de la forme et de la facture, et que notre Emile Deschamps lui-même, le maître d’alors en ces gentillesses, s’avouerait égalé. […] Sans prétendre sonder, à mon tour, le secret de cette destinée de poëte et mettre la main sur la clef fuyante de son cœur, il me semble, à voir jusqu’à la fin sa solitaire imagination se dévorer comme une lampe nocturne et la flamme sans aliment s’égarer chaque soir aux lieux déserts, — il me semble presque certain que cette jeune Fille idéale, cet Ange de poésie, celle que M. de Chateaubriand a baptisée la Sylphide, fut réellement le seul être à qui appartint jamais tout son amour ; et comme il l’a dit dans d’autres stances du même temps : C’est l’Ange envolé que je pleure, Qui m’éveillait en me baisant, Dans des songes éclos à l’heure De l’étoile et du ver-luisant.
J’en ai vu plusieurs rédactions dans les pamphlets du temps, dans les gravures secrètes, dans les estampes et dans les enluminures populaires, celles-ci les plus efficaces de toutes, car elles parlent aux yeux. […] Correspondance secrète inédite de 1777 à 1792, publiée par M. de Lescure, II, 351 (8 mai 1789).
» — Certes, j’en vois : dans Les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] Dans les yeux qui se fondent et les rates qui se gonflent, cherchons la raison, le secret et le prix de cet art étrange, qui provoque, pour quelque argent, l’excitation nerveuse qu’on lui demande.
» — Certes, j’en vois : dans les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule, est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] Dans les yeux qui se fondent et les rates qui se gonflent, cherchons la raison, le secret et le prix de cet art étrange, qui provoque, pour quelque argent, l’excitation nerveuse qu’on lui demande.
Si l’on peut me dire quel est ce signe, je n’ai plus besoin de croire sur parole messieurs les critiques ; je possède leur secret ; je puis juger sans leur aide. […] Telle œuvre est supérieure, parce qu’elle exprime et éveille beaucoup de sentiments tempérés (Gil Blas) ; telle autre, parce qu’elle peint une passion déchaînée dans toute sa violence (Manon Lescaut, le Père Goriot) ; celle-ci, parce qu’elle suscite des émotions nobles, comme la pitié pour les faibles, l’amour de la justice, la sympathie pour la vie universelle (les Misérables) ; celle-là, parce qu’elle va toucher au fond du cœur des fibres secrètes, rarement ou jamais atteintes jusque-là, parce qu’elle donne, comme on l’a dit, un nouveau frisson (les Fleurs du mal).
Ce sont des lettres confidentielles qui se sont trouvées produites tout à coup en lumière, et qui ont trahi tous les secrets et les artifices ingénieux de la sollicitude paternelle. […] Et puis, l’objet de son idéal secret et de son ambition réelle, nous le savons à présent.
Mais il faut voir comme le chevalier, c’est-à-dire Fontenelle, badine sur ce mariage clandestin qui va forcer cette sage cousine à faire la mystérieuse, à garder hypocritement sa première apparence : « Vous serez encore de l’aimable troupe des filles qui paraîtront vos pareilles, et le seront peut-être. » Elle recevra son mari en secret, comme un amant, et elle devra le traiter avec réserve et cérémonie devant le monde : « Voilà des ragoûts de vertu que je vous propose », lui écrit-il. […] Dès la première soirée, il essaie de faire entrevoir à sa marquise le secret des rouages et des contrepoids de la nature, et, pour cela, il ne voit rien de plus commode que de comparer ce grand spectacle qu’il a sous les yeux, à celui de l’Opéra.
Mais voici le trait essentiel : « Toute l’armée garda le secret de cette charmante étourderie, avec une fidélité que l’on n’eût pas osé espérer de trois ou quatre personnes. » On garda le secret à Mme Chardon parce qu’elle avait été brave, et on la traita comme un camarade qu’on ne veut pas compromettre.
Son inspiration secrète et le ressort de son énergie est là : il porte en lui deux éléments qui se combattent et qu’il maîtrise à force de droiture. […] Mallet du Pan, arrivant de France avec une mission secrète de Louis XVI, très désigné d’ailleurs à l’attention des souverains et des cabinets comme à celle des princes émigrés par sa rédaction politique du Mercure, se trouvait consulté, et sollicité de parler de divers côtés à la fois.
Nommé en 1791 député suppléant à l’Assemblée législative, Raynouard fut alors ramené à Paris par ses devoirs publics, et il avait l’œil en même temps à ce qui pouvait aider son arrière-pensée secrète de faire son chemin dans les lettres. […] On le disait parcimonieux à l’excès : le temps a révélé le secret de ses générosités envers sa famille, et plus d’un acte de bonté sobre et bien entendue.
Il nous a expliqué, avec une franchise que rien n’égale, les moyens qu’il prit pour se procurer de la considération dans le clergé et de la faveur parmi ses ouailles, non seulement à titre d’homme de parti, mais en qualité d’archevêque, et cela sans se rien retrancher de ses vices secrets et de ses faiblesses. […] Lorsque Saint-Simon, de son côté, nous peint les délices et le chatouillement qu’il éprouve à pouvoir observer les visages et les physionomies de la Cour dans les grandes circonstances qui mettent les passions et les intentions secrètes à nu, il ne s’exprime pas avec un sentiment plus vif de délectation que Retz nous rendant sa jouissance à l’idée de se saisir du rôle tant souhaité : on en pourrait conclure que l’un était dans son centre comme observateur, et l’autre comme agitateur, artistes tous deux en leur sens, et consolés après tout par leur imagination, quand il leur est donné de raconter leur plaisir passé et de le décrire.
Et d’ailleurs, si Mme de Motteville, se tenant à son rôle de femme, ne disant que ce qu’elle a appris par elle-même ou de bonne source, n’essaye pas de pénétrer les secrets du cabinet (dont elle devine pourtant très bien quelques-uns), elle nous peint au naturel l’esprit général des situations et le caractère moral des personnages : c’est ce côté durable que le temps a dégagé en elle, et qui la place désormais à un rang si distingué et si bien établi. […] Sage, secrète, régulière, d’un esprit doux et enjoué avec nuances, d’une curiosité à la fois sérieuse et amusée, d’un coup d’œil observateur qui ne cherchait pas à être perçant ni profond et qui se contentait de bien voir ce qui se faisait autour d’elle, elle passa ainsi vingt-deux années bien diverses, et dont quelques-unes furent agitées des plus violents orages.
Montesquieu accorde trop non seulement en dehors, mais en secret et dans sa propre pensée, au décorum de la nature humaine. […] Tous deux croient à un conseil souverain dans les choses humaines ; mais Bossuet met ce conseil en Dieu et dans la Providence, qui a son secret et son but : Montesquieu le met ailleurs : Ce n’est pas, dit-il, la fortune qui domine le monde ; on peut le demander aux Romains, qui eurent une suite continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent sur un certain plan, et une suite non interrompue de revers lorsqu’ils se conduisirent sur un autre.
L’estampe vous donnera bien la position des masses, la distribution des groupes, elle vous indiquera même le lieu des ombres et des lumières, à peu près le moyen de séparer les objets, mais ce moyen sera très-difficile à transporter sur la toile ; c’est le secret de l’inventeur ; il n’a imaginé son ensemble que d’après un technique qui est le sien et qui ne sera jamais bien le vôtre. […] Voilà l’avantage de l’homme retiré dans la solitude, il se parle, il s’interroge, il s’écoute et s’écoute en silence, sa sensation secrète se dévelope peu à peu, et il trouve les vraies voix qui dessillent les yeux des autres, et qui les entraînent.
Par un art nouveau, que le poëte créait comme ses acteurs et son théâtre, par un secret qui n’est qu’à lui, son hymne est un drame, son accent inspiré passe à ses personnages ; et vous avez à la fois sous les yeux le délire de l’enthousiasme et l’action vraie de la scène. […] L’orgueil cependant s’est élevé contre sa louange, lui faisant obstacle sans justice, et voulant par des bouches insensées avoir parlé, et attacher ainsi quelque tare secrète aux vertus des bons.
Les glorieuses bassesses du christianisme, tel est son sujet ; il est, en parlant ainsi, dans le plus vrai sens et dans le plus vif du christianisme ; il nous en dit le secret, il nous en fait toucher du doigt la clef de voûte au moral, au sens divin.
Gaston Paris, dans la Revue critique du 6 octobre 1866 ; il s’agit de ces découvertes à la fois imprévues et trop prévues, qui viennent satisfaire si agréablement à un vœu secret du lecteur ; le jeune et savant critique disait à ce propos : « Quand des documents, de quelque nature qu’ils soient, se présentant sans garanties absolues, sont justement ceux que, dans l’état de nos connaissances, nous aurions pu fabriquer ou que nous aurions simplement attendus, ces documents sont presque toujours faux.
Quel que soit le dévouement des enfants sensibles et respectueux, les nouveaux penchants, les nouveaux devoirs qui les attirent, donnent à leurs parents une humeur secrète qu’ils éprouveront toujours, parce qu’ils ne se l’avoueront jamais.
Il y a sans doute des lois secrètes de la pensée et du langage, qui peuvent dispenser parfois un écrivain d’obéir au code de la grammaire : mais c’est la postérité qui prononce dans ce cas s’il y a abus ou beauté, et, en tout cas, ces libertés ne sont pas à l’usage de ceux qui apprennent à écrire.
Ne dites pas que la question peut être tranchée par une sorte de divination, par un secret et sûr instinct du cœur.
J’aurais dû m’apercevoir que la tristesse secrète de notre ami n’avait rien de concerté et n’avait rien de délicieux ; j’aurais dû deviner chez lui le rongement d’une idée fixe, le ravage continu d’une épouvante.
Là est le secret de notre jeunesse.
Gide souffre en son âme d’une secrète et noire maladie.
La force intérieure, secrète, première, leur échappe, et ils n’atteignent que des symboles grossiers et imparfaits.
S’il ne s’est point plongé dans les idées du jour, c’est qu’il leur a été supérieur : nous prenons sa puissance pour sa faiblesse ; son secret et le nôtre sont renfermés dans cette pensée de Pascal : « Les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent les hommes en naissant ; l’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent dans cette même ignorance d’où ils sont partis ; mais c’est une ignorance savante qui se connaît.
Ne nous parlez plus de mystères de l’âme, du charme secret de la vertu : grâces de l’enfance, amours de la jeunesse, noble amitié, élévation de pensées, charme des tombeaux et de la patrie, vos enchantements sont détruits !
Ses sources sont plus secrètes encore que celles de la beauté.
Du moins voïons-nous dans sa vie que ce qui le fit connoître d’Auguste, ce furent des secrets pour guérir les chevaux, à la faveur desquels ce grand poëte s’introduisit dans l’écurie de l’empereur.
qui est descendu plus avant dans les profondeurs de la politique ; a mieux tiré de grands résultats des plus petits événements ; a mieux fait à chaque ligne, dans l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esprit humain et de tous les siècles ; a mieux surpris la bassesse qui se cache et s’enveloppe ; a mieux démêlé tous les genres de crainte, tous les genres de courage, tous les secrets des passions, tous les motifs des discours, tous les contrastes entre les sentiments et les actions, tous les mouvements que l’âme se dissimule ; a mieux tracé le mélange bizarre des vertus et des vices, l’assemblage des qualités différentes et quelquefois contraires ; la férocité froide et sombre dans Tibère, la férocité ardente dans Caligula, la férocité imbécile dans Claude, la férocité sans frein comme sans honte dans Néron, la férocité hypocrite et timide dans Domitien, les crimes de la domination et ceux de l’esclavage, la fierté qui sert d’un côté pour commander de l’autre, la corruption tranquille et lente, et la corruption impétueuse et hardie, le caractère et l’esprit des révolutions, les vues opposées des chefs, l’instinct féroce et avide du soldat, l’instinct tumultueux et faible de la multitude, et dans Rome la stupidité d’un grand peuple à qui le vaincu, le vainqueur, sont également indifférents, et qui sans choix, sans regret, sans désir, assis aux spectacles, attend froidement qu’on lui annonce son maître ; prêt à battre des mains au hasard à celui qui viendra, et qu’il aurait foulé aux pieds si un autre eût vaincu ?
Depuis que Tibérius Coruncanius eut commencé à Rome d’enseigner publiquement la science des lois, la jurisprudence jusqu’alors secrète échappa aux nobles, et leur puissance s’en trouva peu à peu affaiblie.
Cet orgue m’étouffe et me déchire, Ce chant m’écrase le cœur Dans le creux secret de mon sein. […] Herman cache son secret et sa joie dans son cœur. […] Elle avoue son penchant pour Herman et sa joie secrète quand elle l’a vu revenir près d’elle à la fontaine.
Elles se concertèrent pour obtenir d’Alphonse II, leur frère, qu’il attachât à sa personne le jeune Torquato, gloire future de leur maison, et déjà souci secret de leur cœur. […] Ce ne fut qu’alors aussi qu’on remarqua dans quelques vers de l’Aminta une sorte de pressentiment secret et prophétique de l’état mental du poète, qui semblait décrire les premiers symptômes de sa mélancolie. […] Ayant acquis la certitude qu’un de ses amis les plus intimes avait abusé de sa familiarité, dans sa maison, pour ouvrir avec de fausses clefs ses cassettes, et pour épier ses secrets d’amour et ses vers, il lui fit des reproches publics de sa félonie, en plein jour, sur la grande place du palais.
La reine s’aliénait tous les cœurs pour en posséder un seul ; et ce cœur était celui d’un histrion, d’un joueur de luth, d’un Italien, d’un Français, d’un papiste réprouvé qu’on faisait passer pour un envoyé secret du pape, chargé de séduire la reine pour enchaîner la conscience du royaume. […] L’heure de sa vengeance contre son mari sonnait déjà en secret dans son cœur. […] XVIII Le secret de cette aversion croissante était un amour plus semblable à une fatalité du cœur, le destin d’une Phèdre moderne, qu’à l’égarement d’une femme et d’une reine dans un siècle de plein jour.
Gottofrey un roman secret, quelque erreur héroïque sur l’amour. […] Il était leur directeur à tous ; cela faisait une coterie à part, une sorte d’école d’où les profanes étaient exclus et qui avait ses hauts secrets. […] C’est par la chimie à un bout, par l’astronomie à un autre, c’est surtout par la physiologie générale que nous tenons vraiment le secret de l’être, du monde, de Dieu, comme on voudra l’appeler.
Degas, nous avons vu par lui saisis, comme jadis par Hals, les artistiques secrets du mouvement et de la vie. […] … La première scène nous introduit dans cette grotte secrète, que le Hœrselberg renfermait, disait-on. […] Dans cette quiétude, des élans exaltés vibrent cependant, et l’on y discerne une extase contenue, un secret ravissement ; Ils s’arrêtent devant une statue de la Madone, et Tannhaeuser en les écoutant se jette à genoux Aussi épouvanté du prodige de miséricorde qui vient de le sauver, que stupéfait de voir son vœu audacieux si soudainement exaucé, et sa délivrance si inopinément accomplie, il répète les paroles des pèlerins : « je suis oppressé par mon péché, je succombe sous son poids, je ne veux donc plus connaître ni la paix, ni le repos, je ne choisis désormais pour moi que peines et fatigues !
Elle nous éclaire d’avance sur le caractère de l’auteur et nous révèle le vice secret de l’œuvre. […] En somme se résoudre aboutit à savoir Quelle secrète chaîne on suivra la dernière ; Toute l’indépendance expire à la lumière Puisqu’on saisit l’anneau sitôt qu’on l’a pu voir. […] Mais enfin, il s’agit d’un poème d’idée, non de sentiment pur ou de fantaisie ; encore faut-il se reconnaître dans la logique secrète de l’auteur, et j’avoue que cette logique est un labyrinthe où ma pensée se perd.
Il mêle à ses expansions lyriques des didactismes agréables, des leçons de morale antique : Tire un plaisir secret de l’amour et des larmes, De ses molles beautés Découvre sous chacun quelques-uns de ces charmes Qui font la volupté… ……………………………………………………… Sache-le, tu bâtis, sainte et spirituelle, Ta maison dans le vent, Toute blanche, elle est faite avec un bloc puissant Non de plâtre et de chaux, mais de chair et de sang Et de vie éternelle ! […] Sur sa secrète douleur, sur sa passion profonde, le poète a poussé les volets. […] Il semble avoir dérobé à chaque maître son secret pour en composer de longues laisses de vers d’une harmonieuse souplesse sans monotonie.
Ce n’est pas tout encore : du milieu des choses prosaïques et basses de l’existence, il reste alors à dégager ce qu’elles enferment de beauté secrète. […] elle ne sert pas seulement à marquer le rapport secret de l’être humain et de son milieu, mais elle l’unit, ou mieux encore, elle le réunit à ce milieu même. […] Ajouterai-je qu’il doit répondre à quelque secrète exigence du genre romanesque, et qu’il n’a rien, quand on l’examine, de si révolutionnaire ? […] et pouvons-nous y signaler quelques secrets du métier, c’est-à-dire quelque chose qui se définisse et qui se formule ? […] tant enfin les moindres reprises du dialogue y sont conformes au secret du caractère et au travail latent de la pensée !
On ne se contente pas d’admirer silencieusement ces vieux textes, à part soi, dans le secret de la bibliothèque ; on crie son enthousiasme à tous les échos qu’on rencontre. […] Là fut le crime de nos trouvères, et là le secret du dédain on plus exactement de l’indifférence dans laquelle ils tombèrent. […] Croit-on qu’il soit bien utile encore de forcer le secret du ménage de Molière et de relever le nom des amants d’Armande Béjart ? […] Je ne sais pas s’il a fondu, ni comment, en un type unique et cohérent les traits que dans chacun d’eux aura pu démêler la sûreté de son regard, la toute-puissance de sa pénétration ; c’est le secret de son génie. […] Bien plus : il avait reçu les intimes confidences de la dame, et bien avant la cour même il avait eu le secret des amours de Louis XV.
Elles gardent jalousement leurs secrets. […] Mais il garde jalousement son secret. […] Il refoule son secret. […] Au bonheur, espérait l’élève de Stendhal ; au mariage, croyait la jeune fille qui avait appris des Anglaises le secret des audaces virginales. […] Qui peut sonder les secrets replis d’une âme d’homme de lettres ?
Commynes, avec son pourquoi, n’a jamais cherché que le tempérament intime, la complexion secrète du peuple qu’il s’agissait de vaincre, de gagner, de balancer, ou simplement de connaître. […] Seule l’ardeur secrète du néophyte peut faire sortir ainsi un homme de son caractère naturel, et de temps en temps le ramener brusquement à des sentiments de piété inattendus. […] Mais le véritable secret de Rabelais n’est pas encore là, le secret de son succès, de sa gloire, de l’immense, dirai-je influence, de l’immense retentissement de son œuvre à travers les esprits tant français qu’étrangers, les plus différents du reste. Le secret de Rabelais c’est qu’il sait conter ; c’est qu’il est un grand conteur. […] Clarté, netteté, précision, force secrète, infiniment sensible à la longue, de l’expression juste, telles sont les vertus solides et durables de sa plume diligente et attentive.
Demandez encore aux savants, de combien d’expériences manquées dans le secret de leurs laboratoires, une grande découverte est habituellement faite ? […] SYLLAR Enquérir leur secret tient trop du téméraire, C’est aux Rois à le dire, et à nous à le faire. […] Ce sentiment est dans le cœur de tous les hommes ; il sert de base à ce principe certain de l’art qu’il n’y a ni moralité ni intérêt dramatique au théâtre, sans un secret rapport du sujet dramatique à nous. […] Il a raison, lorsqu’il dit qu’il n’y a « ni moralité ni intérêt dramatique au théâtre, sans un secret rapport du sujet dramatique à nous ». […] Les Grecs et lui ont seuls possédé le grand secret de l’art de Melpomène.
Le secret religieux et national sera bien gardé. […] Ils ont peut-être trop admiré et tout le secret de l’affaire est peut-être là. […] Elle releva comme surannés, et elle avait déjà raison, les clefs, serrures à secret, portes secrètes, souterrains, caveaux, etc. ; mais reconnut, ce qui ne nous apparaît pas beaucoup aujourd’hui, qu’il y avait de l’intérêt de curiosité. […] Police secrète. […] — Ce n’est guère tolérable dans Angelo ; ce ne le serait que dans le Secret de Polichinelle.
Un mariage secret et contre les loix de l’état, qui empêche un prince d’obéir à un pere qu’il aime et dont il est aimé ; et qui l’engageant dans une revolte, pour sauver son épouse, entraîne la perte de l’un et de l’autre, malgré le pardon qu’on leur accorde. […] Ils n’ont point de secret pour le spectateur ; et ils ne sont autre chose que l’assemblage des discours qu’on leur fait tenir. […] C’est le secret d’Hersilie surpris et comme arraché par sa confidente. […] Fiers de leurs ressources, ils dédaignent les précautions ; mais je leur conseillerois encore de se servir de mon secret. […] Il n’auroit pû faire ce détail, en parlant à la reine, trop impatiente du secret qui la regarde, pour s’occuper des affaires particulieres d’un berger.
On devinait, en l’écoutant, bien des secrètes harmonies. […] Bellessort — qu’il avait exploré « les passages secrets sous la gaieté des Suédois » : voilà ce que le voyageur, pendant un long séjour dans les pays du Nord, a découvert, a lu, a traduit pour s’en pénétrer. […] Le jeune maître gardait peut-être le secret espoir de devenir, un jour, le critique qualifié pour écrire cette large étude, mais, en attendant, c’est un recueil de notes qu’il avait la modestie, assez audacieuse, de présenter à ses lecteurs. […] Giraud, lorsqu’il s’agit de tel de ceux qu’il aime, je ne dis pas une couleur de partialité, mais un reflet d’involontaire et secrète faveur. […] Ce document est un cahier de poésies composées et transcrites par Paul Verlaine, pendant la période la plus secrète de son existence, au fond de ces cachots rébarbatifs de la Belgique d’où il sortit, le cœur redevenu chrétien, et avec un talent renouvelé ou accompli par le plus admirable effort vers la sincérité et la simplicité parfaites.
Il n’a pu y tenir, au dernier moment, il a laissé échapper son secret chéri. — Un malade de Bicêtre, qui avait eu autrefois la folie d’être riche à millions, semblait guéri après des années ; le médecin, la plume à la main pour signer son exeat, expliquait aux assistants et au directeur de la maison comme quoi ce malade était guéri : celui-ci, du sourire le plus gracieux, attendant que le docteur eût fini, se tourna vers lui et lui glissa tout bas à l’oreille que, pour le récompenser, il avait, aussitôt sorti, un million à son service. — C’est le poète. […] il a des renseignements secrets, il en a par la femme de chambre, par le cocher, par l’apothicaire. […] Ils ne pardonnent pas à La Rochefoucauld d’avoir fait voir qu’il y a un escalier secret de communication. […] CXCVII On ne saurait se le dissimuler, les absurdités d’un temps deviennent l’objet sérieux des études d’un autre temps ; et comme on ne veut pas avoir l’air de s’appliquer gravement à des absurdités, on suppose à celles-ci des raisons secrètes et des lois profondes qui n’y furent jamais. […] La conversation de Victor Hugo m’ouvrit des jours sur l’art et me révéla jaussi les secrets du métier, le doigté, si je puis dire, de la nouvelle méthode.
Le prince de Ligne s’arrête avec complaisance sur cette idée secrète et chère de M. de Meilhan, que celui-ci a manqué sa fortune et sa destinée et qu’il aurait dû être ministre à la place de Necker ou de Calonne : Avec l’air de mépriser tous les détails, les regardant au-dessous de vous, il n’y en avait pas un de votre intendance de Valenciennes qui vous échappât, et vous racontez très plaisamment ce que c’est que de travailler légèrement, quand M. de Calonne écrivait sur le coin de la tablette d’une cheminée sur ce que vous aviez été vingt-quatre heures à penser. […] [NdA] Comme pendant et contrepartie de cette idée qu’on doit faire peu de confidences à l’âge où l’on vieillit et où l’on perd, M. de Meilhan avait dit, une autre fois, avec beaucoup de justesse : « L’homme a besoin, quand il est jeune, de se répandre ; il se plaît à faire des confidences ; il ne se connaît pas et se croit un être curieux et rare ; il n’a pas enfin la force de garder son secret, et la présomption le porte à croire qu’il inspire un intérêt sincère qui le fera écouter avec plaisir. »
Je l’ai fait néanmoins avec plaisir, parce que le mobile secret et le terme de cette Révolution se lient avec mes idées et me comblent d’avance d’une satisfaction inconnue à ceux mêmes qui se montrent les plus ardents. […] Il voit dans la Révolution française une sorte de Jugement dernier qui doit hâter cette sorte de restauration religieuse et de théocratie libérale, qu’il appelle, qu’il ne définit pas, mais qui sera le triomphe plus ou moins complet de sa doctrine secrète.
Il y inspire un tendre intérêt à une jeune dame qui, après bien des troubles et des luttes secrètes de cœur, devient veuve fort à propos, et qui n’aurait plus qu’à l’épouser si lui-même, forcé par l’honneur de se rendre à l’armée de Condé, il n’était fait prisonnier les armes à la main et condamné à périr sur l’échafaud ; il ne s’y dérobe qu’en se donnant la mort et en se frappant d’un coup de stylet, exactement comme Valazé. […] Il n’est personne à qui l’on doive confier des secrets dont la publication peut compromettre la vie et le bonheur : il faut donc séparer d’avance dans sa pensée tout ce qui doit être l’objet d’un profond silence avec le plus intime ami, et s’abandonner à lui pour tout le reste.
Pour Villon, ç’a été une manière de distribuer bien des malices et des épigrammes à ses ennemis, de bonnes paroles à ses amis et quelques-uns des objets qui lui avaient appartenu, dont ils avaient la signification et le secret, et qui à eux seuls, si on saisissait bien son intention, raconteraient toute sa vie : mais là encore l’épigramme, la contrevérité et la farce, on l’entrevoit, se glissent à chaque ligne, et ce qu’il lègue repose bien souvent sur les brouillards de la Seine. […] Campaux qui a veillé et pâli sur cette œuvre gothique bizarre, et qui a pu y saisir un secret et un art de composition qui n’y paraît pas d’abord ; il va même jusqu’à y remarquer trois inspirations bien distinctes et comme trois époques.
MM. de Goncourt sont deux frères jeunes encore, qui ont débuté dans les lettres il y a une douzaine d’années ; qui se sont dès le premier jour jetés en pleine eau pour être plus sûrs d’apprendre à nager ; qui y ont très-bien réussi ; qui ne se sont jamais séparés, qui ont étudié, écrit, vécu ensemble ; qui ont mis tout en commun, y compris leur amour-propre d’auteur ; que cette union si étroite et qui leur semble si facile distingue et honore ; qui ont fait chaque jour de mieux en mieux ; qui, adonnés aux arts, aux curiosités, aux collections tant de livres que d’estampes, ont acquis du xviiie siècle en particulier une connaissance intime, approfondie, secrète, aussi délicate et bien sentie que détaillée. […] Que tout ceci demeure entre nous ; car vous savez que je crains les tracasseries autant que vous. » On s’écrit des lettres pour être montrées, et l’on s’en écrit d’autres où l’on met sa pensée secrète.
On le lira mieux dans le volume ; c’est comme un groupe de marbre à ne pas détacher et à ne contempler que dans le secret du sanctuaire. […] Lorsque le rossignol, dans la saison brûlante De l’amour et des fleurs, sur la branche tremblante Se pose pour chanter son mal cher et secret, Rien n’arrête l’essor de sa plainte infinie, Et de son gosier frêle un long jet d’harmonie S’élance et se répand au sein de sa forêt.
Quelques instants après, il s’approcha tout à coup de moi, et me dit à l’oreille : « Il faut que nous fassions un échange, moi aussi je sais improviser. » Comme j’étais naturellement très-curieux de savoir ce qu’il entendait par là, il me répondit : « C’est mon secret. » Mais c’est un véritable enfant, et il ne sut pas garder son secret un quart d’heure.
Et pour charmer encor ce nocturne voyage, Dont la lune des bois gardera le secret, Les jeunes baliveaux agitaient leur feuillage Où la serpe d’argent brillait. […] Beaux diseurs de secrets, vous perdiez un mystère Échappé de Paris pour ce cher entretien : Les paroles allaient tomber dans la fougère, Et le salon ne saura rien.
Je ne répondrais donc point que Jean-Bon soit allé, par exemple, jusqu’à se demander, au milieu de ces détentions atroces et immondes qu’il nous décrit et qui le révoltent, si la Convention dont il était solidaire avait bien eu le droit elle-même d’infliger, — je ne dis plus à Louis XVI, ni à la reine, — mais à leur malheureux fils, mourant au Temple, une telle peine à mauvaise fin et de lui faire subir une détention également horrible, la plus pourrissante et la plus dégradante de toutes… Je m’arrête, nous sommes ici au seuil le plus secret des consciences. […] Mais ce voile est trop léger pour que, moralement, on puisse se méprendre sur ses dispositions secrètes.
Mme Pucelle, la mère du célèbre abbé de ce nom, méritait-elle donc qu’on lui appliquât le mot de La Fontaine : Rien ne pèse tant qu’un secret : Le porter loin est difficile aux dames. […] M. de Tessé, obéissant à ses instincts et donnant cours à ses talents, s’était arrangé pour entrer en relations secrètes avec le duc de Savoie, et Catinat, informé de ce double rôle qu’autorisait la Cour, n’en avait conçu nulle jalousie ; il croyait peu à la réussite de cette intrigue et s’occupait surtout de son métier.
Il y a encore des initiés et des profanes ; il y a les secrets de l’atelier ou du Conservatoire, et en voyant, en écoutant l’œuvre dont il ne comprend pas la formation et dont il n’a pas à son usage la langue ou les instruments, le public subit un premier émerveillement qui se confond souvent avec l’admiration et qui aide dans tous les cas à l’estime. […] On lui a opposé, d’une part, qu’il disait des choses trop évidentes et qui étaient tout accordées, et de l’autre, qu’il en demandait d’impossibles, en croyant pouvoir saisir et dérober le secret du génie, et en voulant suppléer au sens indéfinissable du goût.
Mais, même en tenant compte de la fantaisie qui évidemment y a eu très grande part et qui s’y donne toute carrière, le comte Vitzthum croit avoir trouvé le sens et le but de l’ouvrage : selon lui, lorsqu’il le composa, Maurice, qui avait l’œil sur le Nord et qui était dans le secret de certains projets menaçants, songeait surtout à une guerre éventuelle en Pologne et à la manière de l’y conduire : Mes Rêveries seraient donc moins un traité théorique qu’un mémoire ad hoc pour un but spécial déterminé, un ensemble de notes et d’instructions adressées au roi Auguste, son père, et qui reviendraient à cette conclusion : « Si vous voulez faire la conquête de la Pologne, voici comment il faut organiser votre armée : donnez-moi carte blanche et quarante-cinq mille hommes, en deux campagnes, sans livrer une seule bataille, je vous rendrai maître de la république ; cela ne vous coûtera pas un sou. » — Ce point de vue ingénieux et nouveau, qui donnerait une clef à une production un peu bizarre, me paraît exagéré et ne saurait guère s’appliquer qu’à deux ou trois chapitres du livre : l’exemple de la Pologne et les plans de guerre qui s’y rapportent ne viennent à l’auteur que chemin faisant. […] Il dénonce le complet changement de système et de balance qui va se faire en Europe : « Ceux qui seront les plus habiles en profiteront. » Il supplie le roi son frère de ne rien précipiter en matière d’alliances, de ne pas se lier les mains : il est mis, par le maréchal de Belle-Isle, dans le secret des expéditions qui vont se tenter au cœur de l’Allemagne ; il doit servir dans cette armée même, mais sous condition, car s’il arrivait que le roi son frère prit des engagements contre la France, il ne serait « ni décent ni honnête » qu’il fût à la guerre de ce côté.
Le roi, habitué à la voir, avait pris insensiblement confiance en elle, et il aimait à l’entretenir en secret. […] La mission secrète dont s’était doublée à Dresde la mission ostensible du duc de Richelieu, et qui consistait à prendre la Saxe pour médiatrice entre la France et l’Autriche, n’ayant point abouti ni même acheminé à une entente, la guerre continua de plus belle en Flandre, et le maréchal de Saxe dut se remettre résolument à la besogne dès le printemps de 1747.
Cela vaut bien l’horrible fièvre gagnée à la campagne pour aller entendre cette lecture et porter l’acte qui lie l’Odéon à l’avenir de cet ouvrage… Garde cela dans un pli de ton cœur… Garde inviolable mon secret et celui de la pauvre Thisbé… Surtout que toi seule saches l’influence de notre tendresse pour Mme Dorval. […] On serait trop tenté vraiment, à voir le détail d’une telle vie, et quel mal infini eut de tout temps à se soutenir et à subsister cette famille d’élite et d’honneur, ce groupe rare d’êtres distingués et charmants, comptant des amitiés et, ce semble, des protections sans nombre, chéris et estimés de tous, on serait tenté de s’en prendre à notre civilisation si vantée, à notre société même, à rougir pour elle ; et surtout si l’on y joint par la pensée le cortège naturel de Mme Valmore, cette quantité prodigieuse de femmes dans la même situation et « ne sachant où poser leur existence », courageuses, intelligentes et sans pain, « toutes ces chères infortunées » qui, par instinct et comme par un avertissement secret, accouraient à elle, qu’elle ne savait comment secourir, et avec qui elle était toujours prête à partager le peu qui ne lui suffisait pas à elle-même !
Mais, là comme ailleurs, il faut savoir lire : or, Jomini excellait à lire sur une carte, et, par une sorte de don de nature, il avait aussi le secret de la manière de lire de Napoléon. […] Un aide de camp dépêché par Berthier à Bernadotte se laissa prendre avec ses papiers par les Cosaques38, et le secret fut révélé ; car l’idée d’écrire les ordres en chiffres ne vint que plus tard.