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1187. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Sans doute la biographie ne permet pas toujours de saisir d’une atteinte aussi sûre et aussi directe les motifs qui ont dirigé la plume d’un auteur, les influences qui ont agi sur sa pensée.

1188. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin, qui en fut toujours exempt, en a saisi les effets désastreux et les ridicules ; il n’a rien épargné pour en dégoûter la jeunesse, il y a réussi.

1189. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Je voudrais parler ici de M. de Montalembert orateur, au point de vue du talent, pour le caractériser et le saisir dans les principaux traits de son éloquence.

1190. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Il les considère objectivement, sans en saisir la raison d’art cachée ; la forme à ce moment quitte l’esprit, s’isole, et désormais le poète déchu se borne à la remplir ainsi qu’une forme étrangère.

1191. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

n’est-ce pas exposer l’esprit des jeunes gens à saisir un faux rapport entre la violence que les différentes espèces d’animaux exercent les unes à l’égard des autres, et les injustices que les hommes se font mutuellement ?

1192. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Et si vous me dites qu’à faire ainsi, l’on finit par dénaturer le poète, l’on finit par ne plus chercher en lui que le musicien et par ne plus le trouver poète quand il ne fait plus de la musique ; je vous répondrai que, quand on commence à sentir cela, on doit faire taire l’orchestre comme on éteint une lampe ; qu’on doit cesser de lire tout haut et recommencer à lire tout bas et que, de même que pour saisir l’idée et s’en pénétrer on doit d’abord lire tout bas, de même, après avoir assez longtemps lu tout haut, on doit revenir à la lecture intime pour retrouver devant soi l’homme qui pense.

1193. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Cependant, il est bon de le remarquer, ce que je dis est moins une opinion que l’expression d’un sentiment de malaise assez général pour que je doive m’y associer en quelque sorte, puisque je me rends l’historien de cette époque, et que je me suis imposé la tâche d’en saisir tous les caractères.

1194. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Et celle-ci n’a pas été plus heureuse que les autres… La mobilité dans la profondeur qui est la caractéristique, géniale et humaine, de Byron, et qui pourrait, d’un seul trait, nous éclairer toute sa vie, n’a pas été saisie par la femme qui nous a donné ce Byron jugé… et qui ne l’est pas !

1195. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Quels que soient, d’ailleurs, les titres différents que M. de Coulanges donne à ses ouvrages, ils ne sont tous, si j’en saisis bien le sens et la portée, que les chapitres écrits d’un livre qui se continue, que les parties échafaudées d’un ensemble historique embrassé de haut, comme on embrasse tout un pays du sommet de ses montagnes.

1196. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Boissier a cette magie… Je me suis intéressé, moi qui le pénétrais pourtant, à toute la peine qu’une nature souple, gracieuse et veloutée comme la sienne, s’est donnée pour saisir délicatement de ses fines dents de rat érudit et pour ronger, sans faire le bruit scandaleux d’une vaste déchirure, le bas de cette aube divine du Christianisme, qui traîne dans les siècles et qui y passe, sans perdre jamais un seul fil de sa trame sacrée, au-dessus du museau de tous les rongeurs !

1197. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Malgré elle, la tentation de l’applaudissement l’y saisit, et elle y tombe promptement dans cette corruption, pire que l’esclavage sous un seul maître, et qu’on appelle la soif de cette popularité qui est l’esclavage sous plusieurs !

1198. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Caro l’y a saisi avec habileté.

1199. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Il n’y a que des âmes chrétiennes qui puissent écrire l’histoire des âmes chrétiennes ; même les âmes le plus près du Christianisme, mais qui n’ont pas été saisies vigoureusement par son esprit, s’y trompent.

1200. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

L’inspiration, qui ne consiste pas à adorer Vénus Callipyge, quand les Olympiades sont finies, et à décalquer en vers propres les Hérodiades de Léonard de Vinci, le saisira-t-elle enfin de cette main qu’elle plonge aux entrailles ?

1201. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Alors, encore, ce qui était facile à la Critique quand il s’agissait des combinaisons d’un roman, devient extrêmement difficile lorsqu’il faut rendre compte de cette adorable chose qu’on appelle des lettres d’amour, pour en faire apprécier intégralement la délicate et opulente beauté… Il n’y a plus là, en effet, ni plan qu’on puisse saisir, ni mise en œuvre, ni drame, ni visée d’art quelconque, mais seulement les tendresses et les transports d’une âme exceptionnelle, dépaysée par sa supériorité dans un temps de civilisation excessive, où l’amour, tel qu’il est dans ces lettres, a presque cessé d’exister.

1202. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Faute de connaître la chronologie raisonnée de l’histoire poétique, on n’a pu saisir jusqu’ici l’enchaînement de toute l’histoire du monde païen.

1203. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

L’imagination qui en est saisie ne peut se défendre de regretter tant de choses qu’elle a perdues, de la même inspiration et du même temps.

1204. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Attends-la : que plus juste et plus impitoyable, Elle vienne, à pas lents, te saisir plus coupable. […] Je feuillette La Bruyère (c’est une de mes petites bibles) : « Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur : il manque à quelques-uns jusqu’aux aliments, ils redoutent l’hiver, ils appréhendent de vivre. […]  ) — Ou bien : « Il faut des saisies de terre et des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue » (et Dieu sait si l’on pourrait allonger l’énumération !) […] Madeleine écoute ; elle est toute saisie ; sans rien dire, elle arrache sa couronne de roses et se précipite, extasiée, à la suite de Jésus. […] Quand on est pris, bien pris et touché à fond, on peut néanmoins saisir très nettement les défauts ou les infirmités de l’être chéri, et, comme on est peiné de ne le voir point parfait et qu’on s’en irrite (non contre lui), cette pitié et ce dépit redoublent encore notre tendresse.

1205. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

S’il y a de l’ordre, en effet, dans une ode de Pindare, on ne le saisit pas d’abord, et la logique, interne et cachée, n’en est sensible qu’aux initiés. […] Mais l’intention polémique, et par suite aussi l’intention doctrinale, est sinon mieux marquée, du moins plus facile à saisir dans ce second sermon. […] C’est ici que nous saisissons la preuve de sa solidarité très intime avec tout ce que le xviie  siècle a enveloppé sous le nom vague de libertinage. […] Quelques anecdotes, mais tout à fait caractéristiques, voilà ce que contiennent les Mémoires de Mme de Staal-Delaunay ; et quelques indications involontaires, mais précieuses, voilà tout ce que nous en voulons retenir ou saisir en passant. […] Si nous n’en saisissons pas d’abord les liaisons ou les correspondances, les affinités plus cachées, d’autres viendront après nous qui les apercevront grâce il nous, Ne négligeons même pas les singularités.

1206. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le modèle est saisi, désormais imposé à notre souvenir, dans la plénitude et la beauté de sa vie intellectuelle. […] Et cependant, elle venait encore le saisir mort après l’avoir tant persécuté durant sa vie. […] Héraclite pleurait en songeant à l’évanouissement, si rapide, des réalités illusoires que sa vue ne pouvait saisir ni arrêter au vol.  […] Vous saisissez, n’est-ce pas ? […] On la saisit, on la lance avec un gant d’osier, fabriqué en France par un vannier unique du village d’Ascain… Le pelotari vainqueur est acclamé en Biscaye, comme en Castille le toréador.

1207. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Parfois alors, au bas d’un journal, on tombe sur une page qui fait disparate ; au bout de trois phrases, on est surpris et saisi ; c’est l’œuvre d’un de ces écrivains qui, nés pour faire des livres, font des articles ; il y en a trois ou quatre à Paris. […] Par une rencontre encore plus rare, il a la faculté d’embrasser les ensembles, de saisir exactement les caractères généraux des époques, de sentir et d’exprimer les différences profondes des races et des siècles ; c’est sans effort et toujours qu’il voit en grand et par masses. […] Elles s’écrient et tendent les bras avec un douloureux désir vers les enchantements de l’éblouissante féerie ; Quelques-uns, à tout prix, ont voulu la saisir et se sont précipités. […] Pour les amateurs d’histoire vraie, ces sortes de croquis ont un grand prix ; car ils saisissent au vol une minute fugitive d’une vie illustre, ce qui permet à l’imagination de reconstituer le reste. […] Étranger, protestant, sans parti, sans attache et sans peur, il peut saisir la vérité, toute la vérité, et aucun document ne lui manque.

1208. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il est saisi par le froid au sommet de cette colline que huit ans auparavant il a gravi si allègrement, et tout enivré de beaux rêves. […] D’une seine à l’autre et surtout d’un tableau à l’autre le lien manque souvent, j’entends le lien très apparent, très précis et qu’il serait impossible au spectateur de ne pas saisir. […] Il est arrêté à temps par Queiss qui le saisit à bras-le-corps et qui, ne perdant pas la tête, dit au conseil : « Volkhardt se trouvait mal. […] (On a simplement saisi, bâillonné et garrotté le prince Jean.) […] Nous sommes très vivement saisis et assez fortement préparés à entendre de grandes choses.

1209. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Je crains que le froid ne vous ait saisie. […] Vous voyez donc bien, Viviane, que le sens historique n’est pas ici plus difficile à saisir que le sens moral. […] Comme il reste saisi d’admiration, quel enthousiasme d’artiste ! […] De la main gauche, il saisit, non sans émotion, un couteau de poche qu’il porte sur lui ; il le lance dans l’espace. […] L’amitié d’un jeune souverain, le plus libre esprit du monde et le plus charmant, offre à Wolfgang de royales occasions de s’étourdir, il les saisit.

1210. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

C’est que je voudrais qu’à tous ses mérites intrinsèques reposés et refroidis, elle joignît celui de s’appliquer à une nation, à une société, de la saisir à l’instant, à l’endroit qui l’intéresse, de prendre et de mordre sur elle, d’avoir le tact délicat, le génie de l’occasion, et de s’en servir ; en un mot, je voudrais qu’elle se sentît vivre, ne fût-ce qu’en naissant. […] Pendant toute la durée du chant, Malherbe se montre comme saisi et possédé d’une légère ivresse, jusqu’à conseiller à Henri IV la reprise des guerres et des conquêtes : Mon Roi, connais ta puissance, Elle est capable de tout, Tes desseins n’ont pas naissance Qu’on en voit déjà le bout… Il y a dans ces strophes bien de la légèreté martiale et de l’élégante hardiesse. […] qu’il y ait toujours quelques oreilles délicates pour saisir ces nuances !

1211. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Encore faut-il qu’elle porte sur d’assez vastes ensembles pour que nous y puissions saisir les justes relations que soutiennent entre elles les œuvres particulières. […] Doucement, il l’entraîne dans un pavillon écarté, la fait asseoir, veut la saisir et l’étreindre. […] Cela, pour deux raisons, je crois : l’artifice presque constant de l’exécution, et une certaine difficulté à saisir nettement l’objet même de cette « charge » furibonde.

1212. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

C’est celui-là que de Bonald a bien connu, et dont il a admirablement, ce me semble, sauf quelques réserves, saisi l’esprit, mieux peut-être que Montesquieu lui-même. […] Tels qu’ils sont, ils sont intéressants à écouter ensemble ; et à l’avènement du monde moderne, on n’entend pas sans émotion, on ne cherche pas sans intérêt à bien saisir et recueillir ces deux cris, l’un de joie et l’autre de désespoir, qui disent la même chose. […] Vive et gaie en sa jeunesse, où elle voit le bonheur devant elle et croit l’atteindre ; vive et triste dans son âge mûr, avec l’éternel élan vers le bonheur et l’éternel désenchantement de ne le point saisir. […] Mais, du premier coup, les grandes lignes ont été saisies et marquées d’un trait vigoureux. […] » Elle s’assit sur une pierre… elle se mit à genoux… Je m’aperçus qu’elle priait… « Rentrons, dit-elle, le froid m’a saisie.

1213. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

On savait d’ailleurs qu’il devait entrer dans l’école, où l’on était disposé à le bien recevoir, et on saisit une occasion opportune pour lui prouver qu’on l’y regardait déjà comme admis. […] « Son regard était si solennel que ceux sur lesquels il tombait se sentaient saisis d’un respect religieux ; mais il était si doux qu’il avait un charme secret pour assoupir les chagrins du pauvre. […] Le vrai patriote doit saisir avec empressement tous les moyens d’éclairer ses concitoyens, et de présenter sans cesse à leurs yeux les traits sublimes d’héroïsme et de vertu. […] L’artiste eut l’idée de saisir cette occasion pour célébrer à la fois la valeur de toutes les armées françaises. […] Si dans la scène des Horaces on saisit quelques dispositions théâtrales, presque partout on sent la tendance vers retour à la simplicité.

1214. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Sans doute, l’idéal que nous venons de définir n’est pas réalisé dans tous les mots qui composent nos langues modernes ; mais ces imperfections sont à peu près annulées par leur caractère exceptionnel : la parole est intérieure ou extérieure, mais toujours actuelle, toujours donnée à notre conscience ; c’est un état, tantôt fort, tantôt faible, mais continu, sans intermittence ; dès lors, l’esprit prend fatalement l’habitude de l’envisager selon son mode le plus fréquent, et cette habitude, s’il ne réagit pas contre elle, se fortifie à chaque instant ; les rares analogies qui se rencontrent entre les mots et les idées correspondantes sont peu remarquées : il faudrait un effort pour les saisir ; l’esprit n’ayant pas l’habitude de voir des ressemblances entre les mots et les idées, c’est comme s’il avait l’habitude de n’en pas voir et de négliger celles qui se présentent de temps à autre. […] Si l’entreprise est d’ordre spéculatif, des idées purifiées et parfaitement générales sont nécessaires ; si elle est d’ordre pratique, il est souvent utile de saisir vivement les imaginations en même temps que les intelligences ; on revient alors avec profit à la métaphore286, dont les ressources sont infinies, et dont les avantages, en pareil cas, surpassent les inconvénients : la métaphore, en effet, réveille les esprits et force à penser ; elle est l’instrument favori des inventeurs quand ils veulent vulgariser sans retard des nouveautés qui leur paraissent utiles à tous287. […] V, § 2 et 3], parce qu’elles ont été souvent énoncées devant nous, sans soulever de contradiction, comme des axiomes indiscutables ; suivant passivement l’exemple de nos éducateurs, nous nous habituons à associer certains concepts, sans jamais avoir fait d’effort pour saisir la nature et la raison du lien qui les unit ; les habitudes des mots ont créé en nous des habitudes de pensée, à l’établissement desquelles notre personnalité n’a pris aucune part. […] IV, p. 49-50 : « Un homme qui cause sérieusement, s’il observe sur soi les phénomènes intellectuels, saisira toujours une image matérielle, plus ou moins lumineuse, se dressant dans son esprit simultanément avec sa pensée et éclairant celle-ci. » Ceci est une observation passionnée ; le fait n’est pas vrai de tous les hommes, et, même chez les plus imaginatifs, il est intermittent, presque exceptionnel.

1215. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

C’est ce qu’on nomme l’idéal. » Il y avait si longtemps que j’attendais une définition de l’art et de l’idéal que je me suis empressé de saisir celle-ci par les cheveux, persuadé que toute vérité positive devait pouvoir se définir positivement ; mais je suis obligé d’avouer que j’ai été singulièrement déçu. […] Plus une œuvre d’art me saisit et plus facilement mon attention extérieure s’en détache pour se mettre aussitôt à filer en moi à sa propre quenouille, avec une hâte fiévreuse. […] Doué d’un bon sens très rare, d’une sagacité merveilleuse, il saisit tout d’abord le côté vrai des choses ; de façon qu’il n’a eu qu’à se laisser aller à l’impulsion de sa propre nature pour réussir dans ce genre littéraire, auquel les classificateurs ont donné le nom de réalisme. […] Champfleury saisit un sujet, il s’y renferme pour ainsi dire comme dans une manière de microcosme. […] Si vous ne savez pas la saisir et la fixer dans vos œuvres, c’est que le côté interne des choses et des hommes vous échappe ; vous n’êtes réaliste qu’à demi ; vous calquez, vous ne peignez pas ; vous êtes un faiseur de procès-verbaux et de croquis, non un jugeur d’hommes et un penseur, vous n’êtes pas l’héritier de Balzac, vous êtes l’élève de Daguerre.

1216. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Quoi, ce faible écho, si faible que mon oreille a peine à le saisir, c’est donc tout ce qui reste des grands bruits d’autrefois ? […] » Il explique, aussi bien que l’expliquerait Marivaux lui-même, comment dans la comédie l’honnêteté nuptiale n’est qu’un leurre, « car la passion ne saisit que son propre objet ; le mariage, loin d’empêcher tout autre amour, le provoque au contraire » ; et c’est justement à cet amour profane que se rattache l’intérêt des plus honnêtes comédies. […] Orfila met sous le nez de la justice comme un parfum digne de la déesse ; — mais un malheureux qui a perdu ses cheveux à la suite d’une fièvre cérébrale, qui a encore à la bouche le goût d’affreuses drogues pour lesquelles le pharmacien menace de faire saisir son mobilier ; celui-là, soyez-en sûr, il lui est impossible de s’amuser beaucoup à la représentation du Malade imaginaire. […] La mort, qui ne veut pas être violentée, l’avait saisi dès le second acte ; quand M.  […] Je sais bien que le lecteur est frivole et qu’il aime, avant tout, la nouveauté facile à saisir ; il veut qu’on lui parle, en courant, des chansons de la veille et des comédiens du lendemain ; il a des amours d’un instant qu’il faut satisfaire, des passions subites qu’il faudrait flatter ; il crie : Au miracle !

1217. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Encore faut-il qu’elle porte sur d’assez vastes ensembles pour que nous y puissions saisir les justes relations que soutiennent entre elles les œuvres particulières. […] Il le définit, en effet, « ce tact de l’âme, cette faculté innée ou acquise de saisir et de préférer le beau, espèce d’instinct qui juge les règles et qui n’en a point ». […] Il s’agit simplement de saisir, dans son mouvement et sur ses figures complexes, une réalité psychologique et littéraire complexe, et qui, peu susceptible de précision dans son exercice, l’est encore moins dans sa définition. […] Ces différences tranchées d’un demi-siècle à un autre impliquent des différences insensibles d’une année à l’autre, délicates et difficiles à saisir : on voit qu’un enfant a grandi, mais on ne le voit pas grandir. […] Or saisir vraiment le génie de Taine, tout aussi bien que le génie de n’importe quel artiste ou de n’importe quel penseur, ce ne serait pas faire comme faisait Taine, l’enfermer dans un quadrillé d’idées, le déduire d’une idée ou le construire sur une idée.

1218. (1896) Études et portraits littéraires

La critique des contemporains offrit à d’Aurevilly le prétexte, saisi maintes fois, de signifier d’encore plus impertinente façon son fait à « l’état populaire ». […] Ajoutons que l’esprit est un piège à nous tendu, une mise à l’épreuve de notre aptitude à saisir une imposture déliée, à démêler les fils d’une courte et vive intrigue, tandis que le comique est une erreur inconsciente, méprise grossière, bévue qui s’étale naïvement. […] On se plaît à y saisir le tempérament du peintre, son geste spontané, point amorti ni amendé par la tenue du talent qui s’astreint à la composition. […] Ils ont saisi, je le veux, pris sur le fait par la vivisection le jeu de la vie. […] On saisit les inconscients symptômes de l’humeur, les préparatifs de la riposte.

1219. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Dryden était un véritable poète, mais pour une raison ou une autre, il n’a point réussi à saisir le vrai esprit virgilien. […] Il ne saisit point l’étrange et subtile douceur de Virgile et ne garde que de faibles traces de sa mélodie exquise. […] Saisis le puissant poisson de Mana. […] Je ne saisis pas très bien alors le sens réel des paroles de M.  […] Pater saisit souvent la couleur et l’accent de tout artiste, de toute œuvre d’art dont il traite.

1220. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Qu’on se figure en effet dans ses rapports avec le monde une sensibilité très-fine, très-exquise, qui pénètre vite les motifs cachés, les racines mauvaises des actions, qui saisit la pensée sous l’accent, la fausseté à travers le sourire, qui subodore en quelque sorte les défauts des autres mieux qu’eux-mêmes, et s’en incommode promptement57. […] Le succès en fut prompt et immense ; l’influence croissante de Rousseau et des idées de sensibilité et de religion naturelle avait préparé les esprits à saisir avidement de telles perspectives.

1221. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

C’est une prose concassée en fragments égaux, âpres, durs, secs, dont la brièveté, fruit de la réflexion, est le seul caractère, et qui exclut presque tout développement des sentiments et du drame ; sorte d’algèbre en vers blancs, qu’un géomètre littéraire écrirait, non pour faire sentir, mais pour faire comprendre en peu de signes sa pensée ; le contraire de l’éloquence, qui ne vous entraîne qu’en s’épanchant, et du drame, qui ne vous saisit, comme la nature, que par ses développements. […] X Mme de Staël voyait, pendant ce temps, son bel ouvrage sur l’Allemagne saisi et mis au pilon par la police.

1222. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

La figure de Voltaire, séduisante de physionomie, son esprit plus séduisant encore que sa figure, les vers qu’illustrait l’amour, l’extrême jeunesse des deux amants les entraînèrent à des projets d’enlèvement surveillés par la mère ; elle saisit la correspondance, elle ébruita la prétendue séduction, elle demanda avec éclat une vengeance à l’ambassadeur de France, elle imprima les lettres, elle donna à cette aventure innocente encore la célébrité d’un scandale intéressé. […] Frédéric saisit l’instant du dégoût, l’appela à sa cour.

1223. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

L’école du libre et facile naturel se transforma en une école ennemie du naturel, guindée, raffinée, laborieuse dans la conception, négligente seulement dans l’exécution : on saisit le passage dans l’œuvre de Théophile270, en qui l’on peut saluer le dernier des lyriques et le premier des précieux ; il donne une main à Bertaut et l’autre à Voiture. […] Paul Scarron (1610-1660), fils d’un conseiller au Parlement, fut saisi à vingt-sept ans d’un rhumatisme déformant, qui ne lui enleva rien de sa gaieté.

1224. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Quoi de plus semblable d’ailleurs à la vie que cette maturité de l’événement, qui fait que, dès les premières scènes, le spectateur connaît tous ceux qui doivent y figurer, et qu’avant d’avoir pu penser qu’il y a là un habile homme dont la fable ingénieuse va le transporter du réel dans l’imaginaire, il est saisi dès le lever de la toile de ces images frappantes de la vie, et prend parti dans la lutte qui va s’engager ? […] Et comme je comprends l’enthousiasme dont furent saisis nos pères, il y a un peu plus de deux siècles, quand ils virent cette aimable et pathétique image de la vie, et qu’ils entendirent cette voix des passions parlant le langage de tous les temps et de tous les pays !

1225. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Au lieu de peindre avec une précision impossible à obtenir des sons, les motifs intérieurs qu’il supposait agir dans l’âme de ses héros, il a tout simplement rendu leurs mouvements extérieurs et l’amoureux transport qui les saisit. […] Qu’elle vous saisisse au début, on la suivra jusqu’au bout ; sinon elle restera lettre close.

1226. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Le plus léger coup-d'œil suffit pour faire saisir ma distinction. […] Vous aimez, Sire, les Lettres ; vous les aimez, non seulement en Prince, mais en Littérateur éclairé, capable de saisir avec justesse les beautés de l’Art, &, ce qui est bien supérieur, en Sage qui en fait sentir les abus & les détester.

1227. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Si le fonds de l’observation lui manque, elle en saisit, çà et là, des nuances et des échappées. […] Adolphe, premier comique du théâtre français de Berlin, un pauvre diable de bénéficiaire qui vient offrir une loge à madame la Comtesse ; et madame la Comtesse de saisir au bond cette occasion de s’encanailler un peu plus encore.

1228. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Ceux-ci sont les corsaires de la littérature : ils ne cherchent qu’à saisir les défauts & les ridicules d’un auteur, pour en faire trophée, pour les tourner à l’amusement du public & à leur profit particulier. […] Il faut les mitiger par la restriction : Car un auteur n’a pas de peine à croire Qu’il a saisi le point de la perfection.

1229. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Cette étude, purement littéraire, qui devait être suivie d’une étude morale sur le livre de Proudhon, était à peine terminée quand le Moniteur vint nous apprendre que le livre était saisi. Cette saisie nous dispensa de la seconde partie de notre tâche, inutile d’ailleurs maintenant.

1230. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Toutes ces métamorphoses, — produit d’une imagination ambitieuse et impuissante qui ne saisit que des rapports vulgaires et qui est bien au-dessous du terrible des Contes de Perrault, — devaient au moins se relever et vivre par l’expression : mais lisez ces vers inouïs et pensez aux beautés correctes, spirituelles et lumineuses d’Ovide ! […] Hugo, comme en Hegel il avait eu son philosophe, quoiqu’il y ait quelque chose de bien tonitruant dans la voix du poète, l’Antiquité, pourtant, qu’il a chantée, est une antiquité de seconde main saisie à travers la Renaissance ; une suite de tableaux splendides, mais incorrects aussi et versés (ce qui devient de plus en plus le faire poétique moderne) de toiles connues dans des vers !

1231. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

L’art du caricaturiste est de saisir ce mouvement parfois imperceptible, et de le rendre visible à tous les yeux en l’agrandissant. […] C’est plutôt que le geste saisi paraît plus franchement machinal quand on peut le rattacher à une opération simple, comme s’il était mécanique par destination.

1232. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Le comte de Grammont a saisi un homme qui fuyait, condamné à une amende de 12,000 écus, et il en a tiré 50,000 livres. […] Élevés dans l’égalité, jamais nous ne comprendrons ces effrayantes distances, le tremblement de cœur, la vénération, l’humilité profonde qui saisissait un homme devant son supérieur, la rage obstinée avec laquelle il s’accrochait à l’intrigue, à la faveur, au mensonge, à l’adulation et jusqu’à l’infamie pour se guinder d’un degré au-dessus de son état.

1233. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Ils aiment une personne de rencontre, mais ils cherchent toujours plus loin, au-delà ; ils veulent sentir fort, ils veulent saisir l’impossible, embrasser l’infini.

1234. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Elle avait, à la minute, des réponses et des solutions pour toutes les difficultés : « Le grand-duc, depuis longtemps, an’appelait, nous dit-elle, madame la Ressource, et, quelque fâché ou boudeur qu’il fût contre moi, s’il se trouvait en détresse sur quelque point que ce fût, il venait courir à toutes jambes, comme il en avait l’habitude, chez moi, pour attraper mon avis, et dès qu’il l’avait saisi, il se sauvait derechef à toutes jambes. » Un jour, poursuivi par son secrétaire, qui le relança jusque dans la chambre de la grande-duchesse, elle sut, en moins d’un quart d’heure, avec cinq ou six petits oui ou non, finir des affaires qui traînaient depuis des mois.

1235. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

L’important, avec Bossuet, est de bien saisir la forme particulière à son esprit, à cette intelligence si vaste d’ailleurs et si complète pour l’ordonnance et pour l’expression ; je voudrais me la représenter mieux que par des aperçus, et la réfléchir dans son plein.

1236. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Les vers d’un auteur qui se présente pour la première fois au public devraient être servis à plus petite dose, pour qu’on les puisse déguster et qu’on en saisisse à loisir la saveur particulière.

1237. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Tout cela est plein de combinaison, plein d’un art ingénieux sans doute ; mais on a quelque peine à saisir l’idée, à la dégager de l’entourage qui l’enchâsse.

1238. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

. — Pour nous ç’a été du moins un prétexte que nous avons saisi, de nous arrêter une fois et de nous incliner devant cette grande figure d’Homère, et c’est tout ce que nous voulions.

1239. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

À la suite d’excès de tous genres « la nuque devenait déjà sensible et la main remuait, droite encore lorsqu’elle saisissait un objet lourd, capricante et penchée quand elle tenait quelque chose de léger, tel qu’un petit verre ».

1240. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Cette qualité abstraite est la cause de toute la série ; elle la force à être infinie ; c’est elle seule que nous apercevons ; quand nous disons que nous concevons la série comme infinie, cela signifie seulement que nous démêlons cette propriété de régénération inépuisable : nous ne saisissons que la loi génératrice ; nous n’embrassons pas tous les termes engendrés. — Mais pour nous l’effet est le même ; car, appliquant la loi, nous pouvons définir n’importe quel terme de la série, mesurer exactement le surcroît d’approximation qu’il apporte au quotient, chiffrer rigoureusement le degré d’inexactitude que la division renferme encore, si ou l’arrête là.

1241. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Par l’explication, on s’habitue à se mettre dans une certaine attitude d’esprit, dans un certain état d’activité en face des textes ; on acquiert l’art de les interroger rapidement, de les presser, d’en voir et résoudre les difficultés, d’en saisir et d’en suivre les suggestions, de leur faire rendre tout ce qu’il nous est possible de leur arracher de leur contenu.

1242. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

La duchesse, qui est innocente, se fait fille publique pour se venger. « Je veux mourir, dit-elle à l’un de ses clients d’une nuit, où meurent les filles comme moi… Avec ma vie ignominieuse de tous les soirs, il arrivera bien qu’un jour la putréfaction de la débauche saisira et rongera enfin la prostituée et qu’elle ira tomber par morceaux et s’éteindre dans quelque honteux hôpital.

1243. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Le Créateur des Russies jaloux de transporter les Arts dans le sol ingrat de sa Patrie, va les chercher à travers les dangers, & les travaux ; il saisit la hache du matelot pour porter plus dignement le poids du Sceptre, & dans l’étendue de l’Europe rien n’échappe à ses avides regards.

1244. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Si le monde tel qu’il est en lui-même nous échappe et si nous n’en saisissons que d’illogiques et incompréhensibles apparences, l’artiste ne peut ambitionner de donner de la réalité qu’une expression symbolique et il choisit forcément les symboles appropriés à sa propre sensibilité44.

1245. (1842) Essai sur Adolphe

Adolphe est comme une savante symphonie qu’il faut entendre plusieurs fois, et religieusement, avant de saisir et d’embrasser l’inspiration de l’artiste.

1246. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

En trois répliques, la femme est saisie, meurtrie, dévorée par la fureur qui s’abat sur elle.

1247. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

A ce moment, Sternay, saisi peut-être d’un remords sincère, lui demande de lui permettre de l’appeler son fils, quoiqu’il ne veuille pas le nommer son père. — « Oui, mon oncle », répond sèchement Jacques Vignot, et la toile tombe sur cette méchante épigramme.

1248. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Je crois saisir dans ce portrait-là comme un reflet d’Hamilton en personne ; mais c’est surtout quand il nous peint sa sœur, la belle Mlle d’Hamilton qui épousa Grammont, c’est dans cette page heureuse entre tant d’autres qu’il lui échappe des traits que je lui renvoie à lui-même, et que j’applique non pas à sa muse (ce sont des noms solennels qui ne lui vont pas), mais à sa grâce d’écrivain : Elle avait, dit-il, le front ouvert, blanc et uni, les cheveux bien plantés, et dociles pour cet arrangement naturel qui coûte tant à trouver.

1249. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Dans la première partie du récit, qui va jusqu’à la bataille de la Moskova, et qui n’est qu’une sorte d’introduction, M. de Fezensac, alors chef d’escadron et aide de camp du maréchal Berthier, se borne à bien saisir les faits d’un coup d’œil rapide et précis, selon que le lui permet sa position au centre.

1250. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

D’autres ont cru puérilement que la poësie avoit été le premier langage de l’homme, qu’il avoit rendu par elle les mouvemens rapides de son ame, ces transports de reconnoissance dont il dut être saisi à la vue du spectacle de l’univers.

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