Le Temple du Silence, où il seroit à souhaiter que les trois quarts des Auteurs modernes allassent faire un peu de séjour, est un Roman où l’imagination, la philosophie, l’élégance, se disputent l’avantage de captiver & d’amuser le Lecteur.
On ne lit plus ses Tragédies, ni ses Comédies, ni ses Tragi-Comédies, ni ses Romans : on se souvient seulement que l’agrément de son esprit l’introduisit fort avant dans la familiarité du Cardinal de Richelieu.
Ses Entretiens sur les Romans, & ses autres Ouvrages littéraires, annoncent des connoissances, le talent d’écrire, sans avoir rien qui les distingue de cette foule de Productions qui se perdent dans le Public.
On a de lui des Romans moins fades & moins ennuyeux que la plupart de nos Productions en ce genre, presque toujours enfantées par l’oisiveté ou la fureur de moraliser.
Roman, tome II, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1904, p.
Section 48, des estampes et des poëmes en prose Je comparerois volontiers les estampes, où l’on retrouve tout le tableau, à l’exception du coloris, aux romans en prose, où l’on retrouve la fiction et le stile de la poësie.
On lui attribue le roman de Daphnis et Chloé. […] Le manuscrit du Mont-Cassin, qui nous a transmis ce roman grec, avait pour titre : Λέσβιαϰών λόγοι, Discours des choses de Lesbos. […] Faut-il rappeler la vogue incomparable des grands romans en France ? […] Dans tous les genres de poésie, les révolutions du goût ne sont pas moins radicales qu’au théâtre et dans le roman. Aucune gloire éteinte n’a surpassé en durée ni en étendue celle de Jean de Meung et du Roman de la Rose.
Aussi voyez-vous que Walter Scott, tout ultra qu’il est, et tenant à Édimbourg la place de M. de Marchangy à Paris, n’a garde de mettre de la politique dans ses romans ; il redouterait pour eux le sort de la Gaule poétique. […] non, messieurs, il ne vaut rien : il y aura un rôle de préfet qui ne me fera point rire du tout, quelque esprit que vous y mettiez ; voyez le roman intitulé, Monsieur le Préfet ; quoi de plus v…, mais quoi de plus triste ! […] au moyen de quelques descriptions ajoutées, transformez vos comédies en romans et imprimez à Paris. […] Le roman, qui esquive la censure, ne va-t-il pas hériter de la pauvre défunte ? […] Chez nous lisons des romans, et jouons des proverbes hardis.
Félix Pyat a été autrefois très-lié avec Janin ; il a même écrit, dit-on, dans le roman de Barnave de celui-ci, le chapitre de Séjan, de même qu’Étienne Becquet avait écrit par complaisance la préface, ce que Janin a su très-bien dire lorsqu’il a voulu se disculper ensuite de cette philippique si injurieuse à la famille d’Orléans.
. — La Possession, roman (1899).
Feutry s’est encore occupé de la Traduction de plusieurs Ouvrages Anglois, dont la plupart sont des Romans qui trouvent encore des Lecteurs.
Quelques Romans insipides, que le peuple ne voudroit pas lire à présent ; quelques Poésies, dont le Recueil seroit à peine supportable, quand on le réduiroit à quatre pages.
On peut appliquer à tout récit, roman ou histoire, long ou court, ce que Fénelon dit en excellents termes du genre historique seulement : « La principale perfection d’une histoire consiste dans l’ordre et dans l’arrangement. […] L’homme ne peut vivre sans manger ; ce qui n’empêche pas que, s’il n’y a pas une raison spéciale qui vienne du sujet, on ne fait pas dîner devant nous les héros du roman, ni les personnages de l’histoire.
Il fut encore l’Albert Savarus d’un autre roman, cet Albert Savarus qui veut acheter, par le travail et par la gloire, le bonheur qui doit venir du mariage avec une femme aimée. […] Naturellement il l’était, — et peut-être le plus romanesque de tous les héros de roman qu’il avait inventés !
L’espèce de fatuité qu’on attribuait à l’auteur d’Adolphe, qui, disait-on, avait dans ce roman écrit sa propre histoire et peint la fatigue d’une liaison qui justifiait le mot fameux des Liaisons dangereuses : « on s’ennuie de tout, mon ange », ne tient plus devant le ton de ces lettres écrites par le plus maltraité des hommes qui aiment, — par le plus patito des patiti qui aient jamais existé ! […] Il avait aimé, disait-on, Madame de Staël, et les imbéciles avaient cru la reconnaître dans l’Ellénore du roman d’Adolphe, que, certes !
Un jour, un homme sérieux, un grand poëte, l’écrivain le plus sincèrement probe peut-être de la littérature moderne ; le frère intelligent qui, dans ses romans, dans ses poésies, dans ses drames, dans ses nouvelles, dans ses préfaces, a toujours tenu haut sa bannière, a toujours combattu pour la race sacrée des poëtes à laquelle il appartient autant que qui que ce soit, M. […] Racontant toujours les mêmes histoires, refaisant toujours le même roman, mettant toujours en scène les mêmes personnages, chantant toujours les mêmes rimes sur le même ton, ne vivant absolument que dans des idées absolument épuisées, elle a cru qu’elle ne pouvait se rajeunir que paila forme. […] Il se passe parfois de planète à planète, de fer à aimant, de mercure à mercure, de chlore à hydrogène, des romans extraordinaires qu’on dissimule pudiquement derrière des chiffres et des A + B. […] Eh bien, donnez ce livre à un poëte, à un homme familiarisé avec les ressources du langage, avec la valeur des mots, avec la science des effets, et il vous fera trois volumes plus amusants que tous les romans, plus intéressants que toutes les chroniques, plus instructifs que toutes les encyclopédies. […] J’ai connu un homme qui, plus que personne, a appartenu à cette école ; pendant ses longues années de surnumérariat et d’apprentissage, pendant qu’il écrivait je ne sais combien de romans et de poésies qui jamais ne verront le jour, pendant qu’il lisait les maîtres de tous pays, pendant qu’il voyageait et qu’il allait demander à la nature les effluves fécondants qu’elle réserve à ceux qui veulent communier avec elle, il avait cru qu’il suffisait de posséder la Forme pour avoir le droit de parler à ses contemporains.
Et j’en dis autant du roman. […] Pierre Decourcelle du roman de M. […] Son roman : Années d’aventures, est, à cet égard, un livre surprenant. […] Nous n’avons point affaire, ici, à des personnages de roman romanesque. […] L’un des deux frères est un industriel, comme les héros des drames et des romans bourgeois.
Dans un roman « frivole » on peut à la rigueur supporter Caton habillé à la française, et Brutus dameret. […] Et voici enfin l’héroïne du roman, la charmante, l’adorable Henriette. […] Mouret, cela arrive, mais c’est, nonobstant, ultra-romanesque ; et c’est le roman « naturaliste » qui se trouve ici beaucoup plus romanesque que le roman vrai. […] Margueritte d’avoir arrangé son roman de telle sorte que la jeune fille ne sût jamais rien. […] Sarcey, le français retient quelque chose de son origine, le roman rustique.
Si Tite-Live était l’inventeur de tous les faits qu’il raconte dans sa première Décade, il aurait composé un admirable roman, bien supérieur à toutes les histoires. […] Les comédies et les romans ne nous présentent que des dévergondées et des extravagantes, qui bravent l’autorité paternelle, et regardent comme le dernier des malheurs de se marier par raison, par devoir et par convenance, quoique l’expérience prouve que ce sont les mariages les plus heureux : ce qui n’empêche pas que les parents ne mènent leurs filles à la comédie, et ne leur fassent lire les romans, pour leur former le cœur et l’esprit. […] Il est vrai qu’une tragédie telle que Pompée écrase prodigieusement ces croquis aussi mesquins que réguliers, ces intrigues petites et froides, et tous ces misérables romans qu’une secte a longtemps essayé d’ériger en chefs-d’œuvre de l’art. […] La première règle du théâtre est le bon sens, et les pièces les plus irrégulières sont ces absurdes romans où tout choque la raison et la vérité, où l’on pleure, sans savoir pourquoi, sur des malheurs chimériques. […] Il y a cependant une autre tragédie de Corneille qui aurait pu, au même titre, demander la préférence ; c’est Polyeucte, pièce qui, sous le rapport de l’invention, appartient à son auteur autant que Rodogune, et même plus, s’il faut en croire Voltaire, qui prétend que Corneille a puisé cette tragédie dans un ancien roman de Rodogune : il est vrai que Voltaire n’a jamais vu cet ancien roman, et qu’il ne connaît que le nom du libraire12.
Nous devons à cet Auteur un Essai sur le récit ou sur la maniere de raconter, qu’on peut regarder comme un Traité complet de la Narration, & où l’on trouve d’excellens préceptes sur l’Apologue, le Conte, le Poëme épique, la Poésie dramatique, & le Roman.
Il n’y a guere que la Satire Ménippée & le Roman de Cervantes contre la Chevalerie, qui aient encore produit un effet aussi complet.
S’il eût rejeté de fausses Anecdotes, choisi des faits plus avérés, ses morceaux d’Histoire pourroient passer pour des modeles ; mais sa Conjuration de Venise, celle des Gracques, l’Histoire de Dom Carlos, sont à présent regardées, avec raison, comme des Romans ingénieux, qui ne renferment de vrai que le nom des Personnages, & quelques faits trop ajustés au tour de sa brillante imagination.
Ségrais écrivoit assez bien en Prose, comme on peut en juger par ses Nouvelles Françoises, aussi bien que par Zaïde & la Princesse de Clèves, Romans auxquels il a eu plus de part que Madame de la Fayette.
Le petit roman de Zaïde parut sous son nom. […] Alors les romans de Delatouche tombaient à plat et la rancune envahissait l’âme de l’auteur. […] Un autre, du nom d’Archambaud, fit bâtir, dans le style roman, un édifice fort joli, qui est devenu plus tard l’Hôtel de Ville. […] Elle écrivit pour vivre, et elle traduisit les romans d’Anne Radcliffe, qui faisaient alors frémir. […] Elle voulait charger Champfleury d’écrire une préface aux Pensées de Balzac, et même de continuer ses romans restés inachevés.
Aurier, Georges-Albert (1865-1892) [Bibliographie] Le Vieux, roman (1891). — Œuvres posthumes, avec une notice de Remy de Gourmont et un portrait à l’eau-forte (1898).
. — Césaire, roman (1830). — Poésies dédiées à la jeunesse (1836). — Philosophie catholique de l’histoire (1839-1841). — Le Cloître de Villemartin, recueil de poèmes (1843). — Œuvres complètes, 4 vol. (1845).
. — Le Roman de toutes les femmes (1854). — Ballades et fantaisies (1854). — Le Sabot rouge (1860). — Le Serment d’Horace (1860). — Les Nuits d’hiver (1861).
Roman, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1910, p. 373.
Si par hasard quelqu’un se souvenait d’un roman en écoutant un opéra, l’auteur croit devoir prévenir le public que, pour faire entrer dans la perspective particulière d’une scène lyrique quelque chose du drame qui sert de base au livre intitulé Notre-Dame de Paris, il a fallu en modifier diversement tantôt l’action, tantôt les caractères.
La structure même de ses romans est un indice révélateur, car, quoi qu’on dise de la différence entre la vie et le roman, la composition de celui-ci dépend toujours de la manière de concevoir celle-là. […] Toutefois ses romans aussi offrent un singulier exemple d’incohérence et d’incertitude. […] Nous avons signalé déjà cette influence à propos des personnages de ses romans. […] Le roman d’un spahi, p. 37. […] Dans Le roman d’un spahi.
. — Le Roman du village, comédie en vers, en un acte (1853). — Paris démoli (1853). — Les Lanternes (1854). — L’Esprit des autres (1855). — Variétés historiques et littéraires (1855-1863). — L’Hôtesse de Virgile, comédie en un acte et en vers (1859). — Le Vieux neuf (1859). — Énigmes des rues de Paris (1860). — Histoire du Pont-Neuf (1862). — Corneille à la butte Saint-Roch, comédie en un acte et en vers (1862). — La Fille de Molière, comédie en un acte et en vers (1863). — L’Espagne et ses comédiens (1864). — L’Art de la reliure (1864). — Racine à Uzès, comédie en un acte et en vers (1865). — La Valise de Molière, comédie en un acte et en prose (1868). — Gutenberg, drame en cinq actes et en vers (1869). — Le Théâtre et les pauvres (1869). — Les Prussiens chez nous (1871). — Le Théâtre français au xvie et au xviie siècle (1871). — La Farce de Maître Pathelin, avec traduction en vers modernes (1872). — Histoire de la butte des Moulins (1877). — Le Mystère de Robert-le-Diable, transcrit en vers modernes (1879)
. — Bartolomea, roman (1883). — Maîtres anciens (1882). — La Peinture italienne (1885). — La Vie et l’œuvre du Titien (1886).
M. de Laplace a encore fait passer dans notre Langue plusieurs bons Romans Anglois, en les corrigeant d’une certaine prolixité, de certains détails minutieux, qui n’auroient pas été de notre goût.
Son Roman de Séthos a le malheur d'être ennuyeux ; mais on y trouve des morceaux dignes de l'Auteur du Télémaque.
Tâchons de nous débarrasser d’une préoccupation importune, afin d’apprécier convenablement ce talent très distingué, et l’agréable roman de Marguerite. […] En outre, ce livre n’est pas trop faux ; et puis le faux, dans le roman, doit-il nous trouver bien inexorables ? […] L’épisode des faux Démétrius, qui résume ces divers traits dans un cadre à part, et avec tout l’intérêt d’un roman, ne pouvait manquer d’attirer l’attention de M. […] Mérimée, que son roman dialogué n’est pas plus invraisemblable que l’histoire, et que son histoire est aussi intéressante que le roman. […] roman pour roman, il en est peu de plus intéressants que le volume de M.
On conçoit un roman qui ne serait pas lu et dormirait dans son carton. […] Ni un poème n’est nécessairement populaire, ni un roman, ni un essai. […] Tailler à même dans la vie, n’est-ce pas plutôt l’affaire du roman ? Le fait est là : le dramaturge bourgeois du siècle dernier a usurpé la place du romancier et transporté le roman au théâtre. […] — à l’éthique et à l’esthétique de ses romans.
Il a aussi, dans un de ses romans, imité le caractère de ma Mignon ; avec autant de sagacité ? […] — Ces jours-ci, depuis que je vous ai vu, m’a-t-il dit, j’ai fait des lectures nombreuses et variées, mais j’ai lu surtout un roman chinois qui m’occupe encore et qui me paraît excessivement curieux. — Un roman chinois ! […] Ces hommes pensent, agissent et sentent presque tout à fait comme nous, et l’on se sent bien vite leur égal ; seulement chez eux tout est plus clair, plus pur, plus moral ; tout est raisonnable, bourgeois, sans grande passion et sans hardis élans poétiques, ce qui fait ressembler ce roman à mon Hermann et Dorothée et aux œuvres de Richardson. […] — Mais, dis-je, ce roman chinois est-il un de leurs meilleurs ?
Le fils de l’auteur d’Athalie écrivit le poème de la Religion ; le fils de l’auteur de Notre-Dame-de-Paris et de la Préface de Cromwell faisait des romans et tirait les derniers coups de feu inutiles de cette guerre de 1830 terminée, et à laquelle son père avait pris une si éclatante et fière part. […] Elle était tirée d’un épisode du roman de Brut (1153), et elle avait été mise à la scène et jouée sous différents noms d’auteurs, je ne sais combien de fois. […] Walter Scott, l’immense conteur d’un temps où Shakespeare, s’il revenait au monde, prendrait la forme du roman, bien plus en harmonie avec toutes les exigences d’une pensée très civilisée, Walter Scott est fils de Shakespeare, et cela achève la gloire de Shakespeare. […] Les personnages seuls du drame et du roman diffèrent. […] Le drame et le roman diffèrent aussi par les détails.
On a reproché à quelques endroits de sa psychologie de tenir du roman ; nous sommes persuadé qu’un roman de lui, un vrai roman, serait un trésor de psychologie profonde. […] Un roman de M.
Trois cents romans, ont été, me dit-on, publiés le mois dernier, c’est-à-dire dans le plus mauvais mois de l’année, celui qui précède le Jour de l’an. […] Pour mon compte, si je faisais un roman, il ne me déplairait pas de toucher les 5 000 francs du Prix Goncourt ou de La Vie heureuse et je laisserais mes concurrents dire que le prix a été mal donné, ce qui serait peut-être vrai, mais qu’importe ? […] Saint-Georges de Bouhélier Il y a quelques années, Le Gil-Blas b, ayant posé à certains écrivains une question à peu près semblable à celle que vous voulez bien m’adresser, ma réponse, alors, avait été : que les prix Goncourt et autres ne pouvaient qu’aider à la démoralisation, déjà si accentuée et si grande, de nos milieux littéraires… À cette époque, j’écrivais encore des romans et je m’étais bien promis de ne jamais me présenter à aucun jury : ce que j’ai fait. […] Lorsqu’il paraîtra annuellement vingt ou trente romans « Couronnés par… », sans compter tous ceux que récompense l’Académie, les prix n’auront plus aucune importance au point de vue de la publicité, il se produira moins d’injustices et les « comités » pourront sans inconvénient s’intéresser à l’occasion au besoin plutôt qu’au talent.
Dans le roman, les imaginations passionnées de George Sand répondent, à travers deux siècles, aux tendres rêveries d’Honoré d’Urfé, et le naturalisme de Flaubert et de Zola répète la réaction réaliste de Sorel et de Scarron. […] Il a publié des romans nobles et inquiets : le Soleil des morts, curieuse mais insuffisante résurrection de Stéphane Mallarmé et de son milieu ; l’Ennemie des rêves, naïve étude féminine, éblouissement et bégaiement devant l’idole. La meilleure de ses tentatives est à coup sûr l’Orient vierge, roman épique de l’an 2000. […] Visiblement, ce « roman épique » a été écrit trop vite.
. — Madame Putiphar, roman (1839). — L’Obélisque de Louqsor, pamphlet (1843).
. — Une idylle normande, roman (1874). — Alice d’Evran (1876). — Les Légendes des bois et Chansons marines (1890). — Fleurs du soir (1893).
L’École romane se fonde.
Le Roman de Camédris est une Production ingénieuse, assaisonnée de tout ce que la connoissance du monde & celle du cœur humain peuvent offrir d’instructif & de piquant.
Sismondi commençait, en ce temps, à connaître Mme de Staël, et, s’ouvrant à elle de son amour, il lui dit, en réponse aux offres de service qu’elle lui faisait, que déjà elle lui en rendait un très-grand auquel elle n’avait pas songé, par son roman de Delphine ; qu’il le ferait lire à sa mère, et que le livre plaiderait en sa faveur. Mais il fut très-surpris d’entendre Mme de Staël en personne lui tenir un tout autre langage que l’auteur du roman. Elle lui dit : « Qu’elle avait écrit, il est vrai, qu’il fallait se roidir contre l’opinion publique, mais non pas contre celle de ses parents ; que, d’après ce qu’on lui avait raconté, la demoiselle qu’il recherchait n’ajouterait par sa famille aucun lustre à la sienne, mais au contraire qu’elle ne lui apporterait aucune fortune et le mettrait dans la dépendance ; qu’elle regardait bien toutes ces distinctions de famille à Genève comme très-ridicules et de fort peu de poids ; mais que cependant elles en acquéraient davantage lorsque l’alliance que l’on contractait pouvait ouvrir ou fermer la porte de la meilleure compagnie et faire tourner la balance ; qu’il devait considérer la nature de son attachement et la personne qu’il aimait ; que si elle était telle qu’il crût réellement impossible de la remplacer, pour l’esprit et le caractère, par une autre qui lui fût égale, alors cette considération pouvait devenir la plus puissante de toutes ; mais, que s’il n’avait pas ce sentiment, il fallait peser toutes les autres convenances. » « J’ai répondu, poursuit Sismondi, que je jugeais en amant et que je ne pouvais éviter de voir cet accord parfait. — Elle a répliqué qu’un homme d’esprit, de quelque passion qu’il fût animé, conservait encore un sens interne qui jugeait sa conduite ; que toutes les fois qu’elle avait aimé, elle avait senti en elle deux êtres dont l’un se moquait de l’autre. — J’ai ri, mais j’ai senti que cela était vrai… » C’est là de la bonne foi, et c’est cette entière bonne foi, cette disposition naïve, italienne ou allemande comme on voudra l’appeler, mais à coup sûr peu française, qui, jointe à un grand sens et aux meilleurs sentiments, est faite pour charmer dans le Journal et dans la correspondance de Sismondi. — Et comment finit le roman d’amour ?
Aux heures propices de liberté, il s’essayait dès lors à ce roman de son cœur. « Plusieurs fois j’étais dans les bois avant que le soleil parût ; je gravissais les sommets encore dans l’ombre, je me mouillais dans la bruyère pleine de rosée ; et, quand le soleil paraissait, je regrettais la clarté incertaine qui précède l’aurore ; j’aimais les fondrières, les vallons obscurs, les bois épais ; j’aimais les collines couvertes de bruyère ; j’aimais beaucoup les grès renversés, les rocs ruineux ; j’aimais bien plus ces sables vastes et mobiles dont nul pas d’homme ne marquait l’aride surface sillonnée çà et là par la trace inquiète de la biche ou du lièvre en fuite. » Si l’on a le droit de conclure d’Oberman à M. de Sénancour, genre de conjecture que je crois fort légitime pour les livres de cette sorte, en ne s’attachant qu’au fond du personnage et à certains détails caractéristiques, il paraît que, dans une de ses courses à travers la forêt, le jeune rêveur fut conduit, à la suite d’un chien, vers une carrière abandonnée, où un ouvrier, qui avait pendant plus de trente ans taillé des pavés près de là, n’ayant ni bien ni famille, s’était retiré, pour y vivre d’eau, de pain et de liberté, loin de l’aumône et des hôpitaux. […] Charles Nodier a débuté par des romans passionnés et déchirants, lambeaux arrachés d’un cœur tout vulnérable ; mais, à la différence d’Oberman, l’auteur du Peintre de Saltzbourgne s’est pas replié obstinément dans la vie intérieure. […] Il n’y a pas de roman ni de nœud dans ce livre ; Oberman voyage dans le Valais, vient à Fontainebleau, retourne en Suisse, et, durant ces courses errantes et ces divers séjours, il écrit les sentiments et les réflexions de son âme à un ami.
Ces lettres finissent donc comme un roman, par le mariage ; et, à les bien prendre, elles sont un roman en effet, celui de la première jeunesse, et de l’amitié de deux jeunes filles, de deux pensionnaires qui font leur entrée dans la vie. […] Indépendamment du petit roman que j’ai tâché d’y faire saillir et d’en extraire, on trouvera avec plaisir dans ces volumes bien des anecdotes et des traits qui peignent le siècle.
4º Enfin un volume que je ne mentionne que pour ne pas être incomplet, un roman historique intitulé : La Cour de Marie de Médicis, mémoires d’un cadet de Gascogne (1830). […] L’idée lui était venue d’écrire un roman, Le Gil Blas révolutionnaire ; mais il n’avait rien de cette imagination qui crée les personnages ou qui anime les détails. […] Ce roman, d’ailleurs, est froid ; le soi-disant Gascon manque tout à fait de verve gasconne ; c’est partout l’auteur qui parle, on le sent, et non son cadet.
pour nous parler de l’idéal ailleurs que dans un roman), la religion pose par sa base sur le sol mouvant des choses humaines et participe à ce qu’elles ont d’instable et de défectueux » ; et plus bas : « Éternellement sacrées dans leur esprit, les religions ne peuvent l’être également dans leurs formes… » Selon M. […] À ses yeux brouillés qui décomposent les choses en les regardant, le mythe, qui est le roman individuel, l’emporte sur l’histoire, qui est le mythe général. […] Seulement, si nous devons mépriser l’histoire, combien plus devons-nous mépriser les romans et les conjectures à l’aide desquelles on veut remplacer scientifiquement des traditions avérées qui accableraient, s’il ne fallait pas savoir où prendre un homme pour l’accabler.
Il semble que, dans cette portion du livre, l’auteur se soit proposé le problème d’expliquer les grands effets par les petites causes, les insurrections populaires par la toute-puissance d’une caisse occulte, les révolutions législatives par les couteaux des dames de la Halle, les entraînements de parti par des calculs de peur ou de vanité, les épouvantables convulsions de 93 par l’ascendant malin des trois ogres, Danton, Marat et Robespierre, qui jouent à peu près ici le rôle des nains mystérieux de ses romans. […] Toutes celles qu’il a recueillies dans son commerce avec les classiques grecs et latins, avec les voyageurs et les poëtes du jour, avec les oiseleurs, les chasseurs au renard, les pâtres et les braconniers de ses romans, il les entasse pêle-mêle dans cette production de détresse, à peu près comme au moment du naufrage on jette à l’eau bagages et trésors : Médée, Minerve, Prospero, Robin-Hood, des magiciens, des meutes, des lévriers, des corbeaux, des tigres, l’énorme serpent Anaconda, l'Oύτις 9 d’Homère, le Lope d’Aguirre, le Thalaba de Southey, et cela en présence de pareils événements et de pareils hommes !
Les romans de Walter Scott. Qu’est-ce que les romans de Walter Scott ?
L’idée de la liberté anglaise devient un lieu commun de l’opinion publique ; le type de l’Anglais franc, indépendant, original jusqu’à l’excentricité, devient un type banal du théâtre et du roman. […] Traduit en 1776. — N. de Bonneville, Choix de petits romans imités de l’Allemand, 1780. in-12 ; Mme de Montolieu.
Son éditeur nous dit très sérieusement : « Nous ne possédons qu’une vingtaine de feuilles volantes qui se rattachent aux conceptions des romans et des nouvelles que Baudelaire porta vingt ans dans sa tête sans en confier rien au papier. » Les chef-d’œuvre qu’on prémédite vingt ans sans en écrire une lignée, je connais cela. Hélas l’œuvre posthume de Baudelaire se réduit presque à des titres de nouvelles et de romans, tels que : Le Marquis invisible, la Maîtresse de l’idiot, la Négresse aux yeux bleus, la Maîtresse Vierge, les Monstres, l’Autel de la volonté, le Portrait fatal… Evidemment ces titres lui semblaient très singuliers et très beaux.
Voici, groupés au parterre, suivant la loi des sympathies, les parnassiens, les brutalistes, les instrumentistes, les mages, les kabbalistes, les humoristes, les décadistes, les symbolistes, les futurs romans et ceux qui s’intituleront demain les naturistes. […] … L’écol’ romane est bien ici, Mais jamais elle ne donne. » Deschamps, qui n’a cessé de crier depuis l’ouverture de la séance : « Silence, Dubus !
Toutefois, ces romans quelconques, ces nouvelles d’une douceur fade, ces chroniques d’un socialisme naïf et incertain, ont une incontestable utilité : quand les vers de M. […] Il convient d’admirer son habileté et de s’intéresser à sa carrière littéraire comme au plus adroitement composé des romans picaresques.
C’est ainsi que Marivaux écrivant des comédies, faisait encore des romans, et que Lesage écrivant des romans, faisait encore des comédies ; car, ce n’est pas seulement la facilité de combiner des scènes et de développer une intrigue qui constitue l’auteur comique, c’est l’art de saisir les caractères, d’observer les mœurs, et d’en présenter un tableau dramatique et fidèle.
Elle a fait plusieurs espèces de livres, soit des romans, comme Delphine et Corinne, soit des livres d’histoire et de politique, comme les Considérations sur la Révolution française, soit de philosophie morale, comme l’Influence des passions, soit de critique littéraire, mêlée de philosophie et de métaphysique, comme l’Allemagne ; et dans tous ces divers ouvrages, on trouve une écrivain d’un prodigieux talent. Mais dans ses romans, elle se raconte elle-même : elle est sa Corinne ou sa Delphine, l’une après l’autre ; mais en histoire et en politique, elle n’a guère que l’opinion des hommes qu’elle aime, ou son père, ou Benjamin Constant, ou Narbonne, ou tout autre, et elle dit même quelque part que la femme, dont elle juge d’ailleurs très bien la destinée, ne doit pas avoir d’autre opinion que celle-là !
Le nom de Joubert s’en alla encore où s’en étaient allées les feuilles de saule dans le roman de René. […] Mais supposez le Christianisme venu dans son temps, il eût renoncé, comme Joubert, à ce roman de l’esprit humain.
On a fait des romans sur Shakespeare. […] Et encore cela ne l’est-il qu’à moitié, puisque déjà, à travers les romans et les légendes, il y a un récit, interrompu ou confus, mais qui est pour l’histoire la voie qu’il faut suivre ou qu’il faut rétablir, à force de sagacité.
Il vaut bien, pour le moins, Octave Feuillet ; mais il ne coule pas l’esprit qu’il a dans le moule banal du roman et du drame. […] jusqu’au visionnaire, dans son histoire, et le dandy qui s’ajoute en lui au dilettante s’en est bien moqué, du reste, quand il a écrit, avec son élégant sang-froid, que l’Histoire se construisait et se faisait comme un roman.
Jusque-là, tout est bien… Mais, au moment où l’on fait si virilement sa confession d’un système, il ne faut pas faire profession d’un autre et ajouter : « Je me suis efforcé, en cette nouvelle édition, d’introduire, dans la résurrection de mes personnages, la réalité cruelle que moi et mon frère nous avions introduite dans le roman, m’appliquant à les dépouiller de cette couleur épique que l’Histoire leur donne, même dans les époques les plus décadentes… » Assurément, si l’Histoire donne de la couleur épique à des événements ou à des personnages qui n’en ont pas ou qui ont peut-être tout le contraire, l’Histoire a tort. […] II Il ne s’agit pas, d’ailleurs, aujourd’hui, dans ce chapitre, des romans de MM. de Goncourt, mais d’une de leurs biographies ; car ces historiens, qui ont bien le droit de s’appeler « les historiens du xviiie siècle », n’ont écrit l’histoire qu’à coups de biographies, et, pour ma part, j’aime cette manière individuelle de l’écrire.
Cette correspondance inédite appartient, nous dit M. de Mouy, aux archives de la famille Poniatowski, et va nous éclairer par-dedans ce singulier Roi, entré dans l’Histoire par la porte du roman et dont le règne ne fut qu’un roman assez triste, qui pourrait s’appeler : « le Règne impossible ».
Mais une histoire sans texte pourrait fort bien être un roman. Et quand on est sorti de la Genèse, le roman continue ou du moins une histoire que rien n’affermit ni ne prouve ; qui, lorsqu’elle n’est pas entièrement fausse, quand les faits et les textes ne la démentent pas, n’a pour elle que des inductions et des analogies, assez peut-être pour, donner le doute, pas assez pour donner la foi !