/ 1823
1687. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

mais la princesse oubliait, continue M. de Chateaubriand, qu’elle-même avait été aimée de Henri IV, qu’emmenée à Bruxelles par son mari, elle avait voulu rejoindre le Béarnais, s’échapper la nuit par une fenêtre et faire ensuite trente ou quarante lieues à cheval ; elle était alors une pauvre misérable de dix-sept ans. » 168.

1688. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Hennin de lui épargner les voyages inutiles à Versailles ; car il les fait à pied, il s’en revient de nuit ; et quand la lune lui manque et que la pluie le prend, il s’embourbe dans les chemins, il tombe, et n’arrive que trempé et brisé !

1689. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

La nuit du 4 août 1789 semble prédite ici.

1690. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Supposez un moment par la pensée que l’Autriche se soit évanouie dans la nuit, que les Russes soient sur le Rhin, que la Prusse ait absorbé tous les membres de la confédération allemande, que l’unité de l’Allemagne fasse le pendant de l’unité italienne, et demandez-vous ce qu’il en serait de la France à son réveil !

1691. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Si Platon avait eu à lui donner un gouvernement, il aurait dû lui donner le gouvernement des circonstances, la constitution de l’à-propos, un costume aussi varié et aussi souple que l’air élastique qui l’environne, un manteau de pourpre sans forme et sans couture comme celui dont se vêtaient les Arabes, ces Français d’Asie, se pliant à toutes les saisons et à toutes les attitudes pour le jour et pour la nuit, pour la paix et pour la guerre, pour l’autorité ou pour la liberté, devant elle-même et devant l’ennemi.

1692. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs.

1693. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

L’abbé Ledieu raconte que Bossuet était quelquefois réveillé la nuit en sursaut par des réminiscences d’Homère.

1694. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Un bandit qui se livre à la justice, nuit à ses compagnons, il trahit son groupe.

1695. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Les rochers et les bois n’entendent nuit et jour Que de pauvres bergers qui se plaignent d’amour.

1696. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Le chevalier est en un instant transporté du fond de ces retraites où les cassolettes et les lampes odorantes éclairent de leurs feux colorés une nuit de plaisirs sans fin, au milieu d’une fraîche et pure matinée de printemps.

1697. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Il résulte de là que chaque fleur d’un hybride est généralement fécondée par son propre pollen ; ce qui nuit certainement à sa fécondité déjà diminuée par le fait de son origine hybride.

1698. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il entend gronder derrière lui le roman de la veille qui, le poignard à la main, lui redemande sa place ; il entend gémir l’abonné curieux, qui, tel que le sultan des Mille et Une Nuits, ne peut dormir d’impatience en attendant le conte du lendemain.

1699. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Victor Hugo s’est mis à pointiller les choses les plus vastes : la mer, les espaces, le Léviathan, les montagnes, comme le pendu de son livre, dont il fait voir, par un enragement de description mêlé à une étourderie supérieure, jusqu’aux poils de barbe, du haut de sa potence et dans la plus épouvantable nuit.

1700. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

…………………………………………………… …………………………………………………… Choisis-moi seulement quelque nom dans l’histoire, Pour qui tu veuilles place au temple de mémoire ; Quelque nom favori qu’il te plaise arracher À la nuit de la tombe, aux cendres du bûcher : Soit qu’il faille ternir ceux d’Énée ou d’Achille, Par un noble attentat sur Homère et Virgile ; Soit qu’il faille obscurcir, par un dernier effort, Ceux que j’ai, sur la scène, affranchis de la mort ; Tu me verras le même, etc. […] Lorsque La Harpe avance que la tragédie n’a jamais été plus éloquente, que cette scène d’Idamé égale celle de Clytemnestre pour la beauté du style, lorsqu’il se rend l’apologiste de ce fatras philosophique, il n’augmente pas la gloire de Voltaire, mais il nuit beaucoup à la sienne. […] Il en résulte pour les deux acteurs une gêne, un embarras qui nuit au naturel de l’action et refroidit la scène. […] Cela ne suffit pas : il faut que le mort sorte de son tombeau ; il faut qu’il parle, qu’il ordonne, qu’il menace, en plein jour, devant tout le monde, dans l’assemblée même des états-généraux de Babylone, contre l’usage immémorial de tous les revenants, qui fuient la lumière et la compagnie, et préfèrent toujours pour leurs expéditions la solitude et la nuit.

1701. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

L’artiste s’est préparé dès la veille à une matinée laborieuse ; il est plein de son sujet, tous ses rêves de la nuit l’en ont entretenu. […] Vous, philosophes et poètes, conquérants pacifiques des âmes, ouvriers des beautés éternelles, feuilletez nuit et jour les sublimes exemplaires de l’homme que vous offre le monde grec ; à vous de gouverner les intelligences par la puissance impersonnelle et divine de la vérité, de les soumettre à l’attrait purifiant du beau ; peuplez de vos chastes et sereines créations les royaumes sans bornes de l’idéal ; telle est ici-bas votre mission, telle fut l’œuvre éternellement durable de la Grèce.

1702. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il y a ensuite, dans Jean-Jacques, un pauvre enfant très déraisonnablement élevé, passant des nuits à lire des romans avec son père, nourri de d’Urfé et de La Calprenède (avec du Plutarque, il est vrai, par-dessus), abandonné par son père à l’âge de huit ans, et qui, à partir de dix ans, ne fut plus élevé du tout et devint, il le dit lui-même, à plusieurs reprises, un polisson, un larron, un parfait vaurien. […] Et maintenant écoutez : Croira-t-on que la nuit qui suivit une aussi brillante journée fut une nuit d’angoisse et de perplexité pour moi ! […] Le 8 juin, dans la nuit, au moment où Rousseau, selon sa coutume, lisait la Bible avant de s’endormir, il est averti qu’il est décrété de prise de corps. […] Wolmar, ayant vu Saint-Preux désespéré au moment de partir, lui donne de loin ces conseils délicats : « … Faites votre sœur de celle qui fut votre amante… Pensez le jour à ce que vous allez faire à Rome : vous songerez moins la nuit à ce qui s’est fait à Vevey. » Mais Saint-Preux est bientôt de retour.

1703. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Legros est un esprit vigoureux, c’est que l’accoutrement vulgaire de son sujet ne nuit pas du tout à la grandeur morale du même sujet, mais qu’au contraire la trivialité est ici comme un assaisonnement dans la charité et la tendresse. […] et je n’entends pas par ce mot les capharnaüms de la nuit, mais la vision produite par une intense méditation, ou, dans les cerveaux moins fertiles, par un excitant artificiel.

1704. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il acquit la prétention d’instruire son siècle par l’influence de ses ouvrages dramatiques, et de les faire marcher dans le même sens que tous ses autres ouvrages : Rien ne nuit tant à l’imagination que de lui donner un but ; de la soumettre à un système. […] Le président de Montesquieu n’avait point cette indépendance que recherchent tant les hommes de lettres, et qui nuit peut-être à leur talent et à leur caractère. […] Si se passionner pour une hypothèse nuit à l’observation, désespérer de former un système y nuit bien davantage encore ; puisque, par là, on perd le courage d’observer les faits, et aussi le moyen de les lier entre eux.

1705. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Mais je ne parle que de portraits et il y a bien autre chose chez lui, il y a le drame et la scène, les groupes et les entrelacements sans fin des personnages, il y a l’action ; et c’est ainsi qu’il est arrivé à ces grandes fresques historiques parmi lesquelles il est impossible de ne pas signaler les deux plus capitales, celle de la mort de Monseigneur et du bouleversement d’intérêts et d’espérances qui s’opère à vue d’œil cette nuit-là dans tout ce peuple de princes et de courtisans, et cette autre scène non moins merveilleuse du lit de justice au Parlement sous la Régence pour la dégradation des bâtards, le plus beau jour de la vie de Saint-Simon et où il savoure à longs traits sa vengeance.

1706. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Le vaisseau qui devait ramener Parny en Europe était à l’ancre : il devait partir dans la nuit.

1707. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Vers le sommet, les inventions du bien-être sont si multipliées, qu’on en est gêné ; il y a trop de journaux et de revues sur votre table de nuit, trop d’espèces de tapis, de cuvettes, d’allumettes, de serviettes dans votre cabinet de toilette : leur raffinement est infini : vous songerez, en fourrant vos pieds dans les pantoufles, qu’il a fallu vingt générations d’inventeurs pour porter la semelle et la doublure jusqu’à ce degré de perfection.

1708. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Aux broussailles et aux forêts qui hérissaient le front de la planète comme une chevelure sauvage, succède une douce et ondoyante chevelure de moissons et de prairies ; les fleuves obéissent à la voix et reçoivent de nouveaux lits ; les torrents vagabonds dans la plaine se resserrent entre des rivages escarpés comme une digue de rochers ; de nouvelles lignes d’eau se dessinent, et sillonnent la terre de leurs bassins et de leurs canaux ; les montagnes s’aplanissent ; les rochers, frappés par la verge des sondeurs, laissent jaillir des fontaines ; et l’homme, devenu créateur de lumière, éclaire dans la nuit la face de sa planète, qui, parée de ses lanternes, se promène silencieuse parmi les ténèbres de l’espace.

1709. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Le devoir de servir ma famille et mes amis contrarie mon devoir d’être juste envers tous ; mon devoir de respecter l’autorité nuit nécessairement au devoir de rechercher et de dire la vérité.

1710. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

De là, tant de petits traits de précision qui semblent comme des scolies d’un annotateur : « Il était six heures » ; « il était nuit » ; « cet homme s’appelait Malchus » ; « ils avaient allumé un réchaud, car il faisait froid » ; « cette tunique était sans couture. » De là, enfin, le désordre de la rédaction, l’irrégularité de la marche, le décousu des premiers chapitres ; autant de traits inexplicables dans la supposition où notre évangile ne serait qu’une thèse de théologie sans valeur historique, et qui, au contraire, se comprennent parfaitement, si l’on y voit, conformément à la tradition, des souvenirs de vieillard, tantôt d’une prodigieuse fraîcheur, tantôt ayant subi d’étranges altérations.

1711. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Le fou qui croit voir le soleil la nuit a une sensation-signe, tout comme celui qui voit réellement le soleil ; seulement, sa sensation signifie et représente directement une perturbation cérébrale, au lieu de représenter directement un fonctionnement normal du cerveau et indirectement la présence actuelle du soleil.

1712. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

L’idée de liberté implique nécessairement, outre l’élément d’activité, un élément d’intelligence ; elle implique une causalité d’ordre intellectuel ; là où cesse l’intelligence, c’est l’abîme, c’est la nuit, l’insondable et l’innommable, c’est x.

1713. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Aussi, la description d’une scène familière (on peut prendre pour exemple le tableau de l’agitation d’une gare à la tombée de la nuit, par M. 

1714. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Michelet de la nuit du 4 août.

1715. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Tallemant des Réaux, qui en recueillait toutes les anecdotes, parle d’un petit abbé qu’on y fit prêchotter fort tard dans la nuit. […] Aux endroits les plus impénétrables il semble prendre la lyre de David, et il chante comme enivré par cette nuit profonde, où il est si doux pour le chrétien d’abîmer l’orgueil de son entendement.

1716. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Cette pédanterie dans la couleur et le dessin nuit toujours aux œuvres de ces messieurs, quelque recommandables qu’elles soient d’ailleurs. […] Pourquoi la sculpture est ennuyeuse L’origine de la sculpture se perd dans la nuit des temps ; c’est donc un art de Caraïbes.

1717. (1881) Le roman expérimental

Quand ils ont tiré les rideaux de l’idéal, quand ils ont soufflé la chandelle du vrai, ils sont certains qu’on ne les voit plus et ils égayent la nuit qu’ils ont faite des ordures les plus sales. […] Il est certain que la fortune des journaux a fait sortir de leurs comptoirs et de leurs ateliers une bande de jeunes gens qui auraient dû toute leur vie vendre du drap ou fabriquer de la chandelle ; ils ne sont pas nés écrivains, ils font le métier de journaliste comme ils en feraient un autre, et cela ne nuit à personne. […] Battez-vous, mangez des pommes de terre ou des truffes, cassez des pierres dans la journée et écrivez des chefs-d’œuvre la nuit. […] L’œuvre est dans l’homme ; Balzac poursuivi par ses créanciers, entassant les projets extraordinaires, passant des nuits pour payer ses billets, le crâne toujours fumant, aboutit à la Comédie humaine. […] Rien n’est adorable comme son idylle avec Auguste, une idylle des boulevards extérieurs qui dîne au cabaret, s’en va, dans la nuit vague des longues avenues, se donne des baisers d’adieu derrière les palissades de quelque maison en construction.

1718. (1898) La cité antique

Si l’on cessait d’offrir aux morts le repas funèbre, aussitôtles morts sortaient de leurs tombeaux ; ombres errantes, on les entendait gémir dans la nuit silencieuse. […] C’était une obligation sacrée pour le maître de chaque maison d’entretenir le feu jour et nuit. […] Le brahmane a son foyer qu’il doit entretenir jour et nuit ; chaque matin et chaque soir il lui donne pour aliment le bois ; mais, comme chez les Grecs, ce ne peut être que le bois de certains arbres indiqués par la religion. […] Toute armée grecque ou romaine portait avec elle un foyer sur lequel on entretenait nuit et jour le feu sacré477. […] Pendant la nuit qui précédait ce jour, il veillait, en plein air, les yeux fixés au ciel, observant les signes que les dieux envoyaient, en même temps qu’il prononçait mentalement le nom de quelques candidats à la magistrature.

1719. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

De même qu’un Charles Morice qui tour à tour se souvient de Lamartine et de Musset, et dans tel « Soir de Lune » va de Coppée Et ça ne manque pas d’un grand air romantique à Mallarmé : chantant lui aussi la course ravisseuse des « Faunes » à qui n’échappe la déesse « craintive » : Ils la prennent, riant de leur rire hardi, Et dans la nuit des Bois ils l’emportent captive. […] Au crépuscule le lent dîner, puis la nuit et les paroles rares et douces. […] J’avais cependant vagué par le couloir resserré, aux murs comme gluants de nuits humides. […] René Ghil dans la Poésie. » Leur vouloir suprême : « Augmenter la Science du cœur et de l’imagination de l’Homme, comme l’Expérimentation augmente la somme des connaissances, et la Philosophie synthétise les idées. » A la partie Aristophanesque de ce plan aussi organisé que vaste appartint le poème A Winter Night’s Dream (Le Songe d’une nuit d’hiver), que nous dirons également Shakespearien par le lyrisme  paru aux éditions de la « Plume » en 1890, réédité par Savine l’année suivante.

1720. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche la crut voir deux jours de suite, au matin, entrer dans sa chambre et lui demander comment il avait passé la nuit : tant était prédominante en son organisation la puissance intérieure, tant elle était indépendante du moment, du lieu, de la réalité actuelle !

1721. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

. — Elle m’ouvrit la porte en bonnet de nuit et me parla un moment tête à tête dans la cuisine ; j’entrai ensuite chez madame Carron, on parla de Richelieu.

1722. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Je passe des jours entiers avec lui et quelquefois une partie des nuits, car je l’engage le plus souvent que je puis à souper.

1723. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

La fin du seizième siècle avait vu naître, de la double imitation des anciens et des Italiens modernes, un essai de comédie où des traits de mœurs véritables et des indications de caractères sont perdus parmi des scènes de nuit, des travestissements, des reconnaissances, dans un dialogue assaisonné d’obscénités.

1724. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Après la fuite, la cour arrive à Saint-Germain la nuit ; les grands seigneurs couchent dans la paille ou dans leur carrosse ; on dirait un campement de Bohémiens.

1725. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Qu’on embrasse les vérités nouvelles, qui, observées à l’aide d’un nouvel instrument, sont sorties de la nuit et entrées pour toujours dans notre champ visuel comme les étoiles que l’astronome découvre en se servant d’un télescope perfectionné  !

1726. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Puis la Nuit s’approche, lui fait signe, La journée de Beethoven est achevée.

1727. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Si nous étions sensibles à toutes choses d’une sensibilité distincte, notre être serait d’une impressionnabilité trop grande pour pouvoir conserver son capital d’énergie : nous serions usés, brûlés, consumés en un instant ; il a donc été inévitable, d’un côté, que notre sensibilité s’émoussât et, de l’autre, qu’elle s’aiguisât : de là des ombres et des lumières dans le tableau de la conscience ; de là des lacunes, des trous, des vides apparents entre nos diverses sensations distinctes, comme il y a un vide apparent entre les étoiles brillant dans la nuit.

1728. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ils ne sont, selon nous, que des bardes paysans récitant en patois rimés des lègendes populaires, mêlant le merveilleux des Mille et une nuits arabes aux exploits fabuleux de Roland et aux galanteries maniérées des poètes de la basse Italie, précurseurs de l’Arioste ; c’était une littérature ambulante, gagne-cœurs des troubadours dans les châteaux, et gagne-pain des trouvères dans les veillées des chaumières.

1729. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Ce sont les lettres et les monuments qui marquent les intervalles des siècles qui se projetteraient les uns sur les autres, et ne formeraient qu’une nuit épaisse à travers laquelle l’avenir n’apercevrait plus que des fantômes exagérés, sans les écrits des savants qui distinguent les années par le récit des actions qui s’y sont faites.

1730. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Êtres inouïs dont on aime jusqu’aux ténèbres, et dont la pensée, obscure toujours, s’étoile par moments comme le noir de la nuit !

1731. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ce qui constitue l’adultère, ce n’est pas l’heure qu’elle accorde à son amant, c’est la nuit qu’elle va passer ensuite dans les bras de son mari94. » Celui qui parle ainsi, c’est Jacques, c’est le philosophe, le personnage moral du livre, le mari vertueux et trahi ! […] À ces œuvres principales, il faudrait ajouter ces innombrables pièces auxquelles on a donné le nom commun de Théâtre du Boulevard, où l’extravagance le dispute souvent à l’horreur, et dont les scènes hideuses attiraient chaque soir une foule avide et palpitante : Trente ans ou la vie d’un joueur, Richard d’Arlington, Térésa, Dix ans de la vie d’une femme, Victorine, La Cure et l’Archevêché, La Tour de Nesle, La Nonne sanglante, La Vénitienne, Ango, Les Sept Infants de Lara, La Dame de Saint-Tropez, Les Nuits de la Seine 161… Combien d’autres dont la trace est restée dans les mémoires comme le souvenir d’un cauchemar, tristes débauches du talent, honteuses orgies de l’art dégradé, dont on pourrait dire ce que disait Tertullien des spectacles romains : « Tragediæ scelerum et libidinum actrices, cruentæ et lascivæ. » (De spect.) […] Il s’en alla de nuit, et saisit quelques-uns de ses frères pendant qu’ils dormaient, et les chargea de chaînes… « Et d’autres, voyant cela, en firent autant, et il n’y eut plus de frères : il y eut des maîtres et des esclaves…. […] Tu n’as plus la mine équivoque, tu portes des gants ; tu n’es plus d’une bande, mais d’une raison sociale ; tu n’exerces plus la nuit, dans la solitude, mais en plein jour, en pleine ville ; tu ne cries plus : la bourse ou la vie !

1732. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

La Leçon d’anatomie ou la Ronde de nuit ne sont qu’une réunion de portraits ; et tant d’autres portraits analogues, dispersés dans les musées d’Europe ou dans les collections particulières, si nous les avions là, sous les yeux, dans leur suite, vous savez qu’ils composeraient l’histoire même de la Hollande. […] Voici comme il parle : « L’eau est très bonne, à la vérité, et l’or qui « brille comme le feu durant la nuit, éclate merveilleusement parmi les richesses qui rendent l’homme superbe. […] Voilà un galimatias que vous venez de faire pour vous divertir ; je ne donne pas si aisément dans le panneau. — Je ne me moque point, lui dit le président, et c’est votre faute si vous n’êtes pas charmée de tant de belles choses. — Il est vrai, reprit la présidente, que de l’eau bien claire, de l’or bien luisant, et le soleil en plein midi sont de fort belles choses ; mais parce que l’eau est très bonne, et que l’or brille comme le feu pendant la nuit, est-ce une raison de contempler ou de ne pas contempler un autre astre que le soleil pendant le jour ? […] On se trouvait tout d’un coup reporté à ces temps où des cénobites, après avoir médité dans les bois de leurs monastères, se venaient prosterner à l’autel, et chanter les louanges du Seigneur dans le calme et le silence de la nuit. […] Ou aurions-nous enfin le Lac, aurions-nous la Tristesse d’Olympio, aurions-nous les Nuits si Lamartine, si Hugo, si Musset n’avaient aimé ?

1733. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Les images seront toujours puisées à la dominante opposition de la vie et de la mort, du soleil et de la nuit, — comparaison de David avec le soleil couchant. […] Comme une lampe d’or dans la nuit d’un tombeau. […] Un grand danger le saisissait-il en pleine nuit, en plein sommeil, pas un cri de surprise, pas une seconde d’effarement !

1734. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Les romains prirent ensuite cet usage des grecs, il ne fut introduit chez les romains qu’après la premiére guerre punique : ce fut vers ces tems-là que par une autre extension l’on dona le nom d’heures aux douze parties du jour, et aux douze parties de la nuit ; celles-ci étoient divisées en quatre veilles, dont chacune comprenoit trois heures. […] Les trois déesses infernales, filles de l’Erèbe et de la nuit, qui, selon la fable, filent la trame de nos jours, étoient apelées les parques ; (…). […] Pour dire qu’ils marchoient tout seuls dans les ténèbres d’une nuit sombre.

1735. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Il mourut d’apoplexie dans la nuit du  1er au 2 mai 1813.

1736. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il ne faut pas confondre l’impression causée par le silence des nuits étoilées au milieu desquelles le rossignol chante, avec celle qui est produite par le chant du rossignol lui-même.

1737. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Quoi qu’il en soit, le comte de Maistre inventa dans sa féconde imagination, une belle nuit, un plan de restauration, ici ou là, de la cour de Sardaigne.

1738. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Il sort de son palais au milieu de la nuit avec les conjurés, pour attaquer à la fois le palais des Doria hors la ville, et pour s’emparer des galères dans le port : Gianettino Doria, accourant au port pour défendre les galères, est tué à la porte de la ville.

1739. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Quand le Joueur, rentré le matin après une nuit passée au jeu, à demi égaré par ses pertes, parcourt la scène à pas précipités, si le valet qui le poursuit de sa robe de chambre déployée est un acteur habile, toute la salle rira de bon cœur.

1740. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il passe dix heures de la nuit devant son bureau, pendant les hivers les plus rudes, alors que les marins sont glacés à en mourir. » D’autres l’avaient remarqué avant Hume.

1741. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Ceci ne nuit pas, bien entendu, à l’originalité de ce produit divin.

1742. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Ce sont des vers à deux, trois, quatre, cinq, six pieds… En voici quelques spécimens, pour montrer l’allure générale : Ma maison, c’est la loi de l’hospitalité, Pour la nuit te tienne abrité ; Mais demain, retiens la menace, Demain, sans merci ni grâce, De nos morts je veux venger le trépas. (33)44 Est-ce donc un crime si grand D’écouter la voix de son âme ?

1743. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Dans le silence de la nuit un son lointain s’élève, il va crescendo, et en même temps s’accroît votre plaisir à l’entendre.

1744. (1909) De la poésie scientifique

Avant de dire quelle sanction humaine ressort de ces principes, nous remarquerons en passant qu’ils peuvent mettre un terme à la vieille et longue querelle occidentale entre le Matérialisme et le Spiritualisme, avatar de l’antique antagonisme du Mal et du Bien, de la Nuit et de la Lumière, double direction de l’esprit humain partie de l’Inde depuis la méditation de Vyasa, et l’emprise générale de Kapila qui tient la pensée évolutionniste moderne   En notre pensée les deux termes s’unissent et l’antinomie se résout : car le spiritualisme, c’est-à-dire pour moi, le plus de conscience prise du Tout, sort perpétuellement de la Matière évoluante.

1745. (1903) La renaissance classique pp. -

Était-ce beau, cette lutte héroïque du penseur pour la conquête de la vérité absolue ; et comme elle nous semblait auguste, cette petite chambre du quartier Latin, où, sous les rayons de la lampe austère, dans le silence de la nuit, au milieu de la grande ville muette qui dormait ignorante de telles angoisses, se déroulait cette grande tragédie du Doute moderne !

1746. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Les paysans ne sont pas libidineux pour deux raisons : d’abord ils n’ont pas le temps, ensuite cela les fatiguerait… nous le savons bien… Le pape Alexandre VI, simplement pour avoir passé une nuit au spectacle des filles de la banlieue de Rome accouplées aux porte-faix, ne put dire sa messe le lendemain ; Zola, lui, nous montre des paysans, levés à l’aurore, travaillant comme des chevaux, et, malgré cela, s’adonnant à une fornication perpétuelle. […] Clozel, Henri Gorbel, dont les essais sont remarquables en notre Revue, les Écrits pour l’Art ; Edmond Gros, en train d’un poème sur les Champs et le Paysan ; Gaston et Jules Gouturat, les poètes du Songe d’une nuit d’hiver, et dont l’œuvre de vie sera une vaste épopée moderne, sociologique ; Léon Dequillebecq, Paul Souclion, Jean Philibert qui ont des romans et des poèmes à l’étude ; Pierre Devoluy, le poète de Flumen, un superbe poème évolutif, qui travaille à un second, sur la mission naturelle et sociale de la femme dans les âges et dans l’avenir ; Auguste Gaud, qui vient de publier Caboche de Fer, nouvelle, et dont Gueule rouge, roman sociologique, va paraître. […] La nuit était venue, une grande place d’ombre s’étendait devant nous ; pas une âme ne passait. […] Il fait nuit presque noire. […] Chaque fois que son vers est beau, incontestablement beau, il est bien rimé, et tous ses mauvais vers sont « rimés comme des cochons » : Un pas retentissant fait tressaillir la nuit… C’est toi, maigre Rolla ?

1747. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Je vais fermer les yeux, boucher mes oreilles, éteindre une à une les sensations qui m’arrivent du monde extérieur : voilà qui est fait, toutes mes perceptions s’évanouissent, l’univers matériel s’abîme pour moi dans le silence et dans la nuit. […] J’atténuerai de plus en plus les sensations que mon corps m’envoie : les voici tout près de s’éteindre ; elles s’éteignent, elles disparaissent dans la nuit où se sont déjà perdues toutes choses.

1748. (1903) Le problème de l’avenir latin

Et c’est alors le désastre légendaire dont Auguste hurla de désespoir pendant des nuits. […] C’est aux mains de ceux-là qu’est le pouvoir créateur, ce sont eux qui, inconsciemment, comme le jour succède à la nuit, enfantent, labourent et progressent. […] Du maniement quotidien des idées, de la pratique des choses de l’esprit nuit un scepticisme qui permet d’envisager de haut, avec supériorité et détachement, le monde et la vie.

1749. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Oui, le silence de la nuit invite à la rêverie, la contemplation du ciel étoilé réveille dans nos cœurs les plus chers souvenirs, et si la femme que nous avons chérie tendrement, que nous avons préférée au monde entier, dont le sourire nous égayait, dont les larmes nous attristaient, a quitté la terre, le regret se change en prière, la piété prend la forme de la crédulité la plus enfantine, et nous cherchons dans le ciel, parmi les étoiles, celle que nous avons aimée, et qui est tout entière dans notre mémoire. […] Une nuit, il avait mal dormi ; tranchons le mot, il avait passé une nuit blanche ; il se lève au point du jour, il se met à sa table, il commence la pièce qui s’appelle Novissima Verba, ou Mon âme est triste jusqu’à la mort. […] Six cents vers en seize heures, six cents vers écrits à jeun, après une nuit blanche, cela répond à tout.

1750. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Voyez, dans tout homme qui vous nuit un autre vous-même. […] La nuit, j’adorerais les rayons de la lune, Au malin, le soleil, la lumière commune, L’œil du monde ; et si Dieu au chef porte des yeux, Les rayons du soleil sont ses yeux radieux Qui donnent vie à tous, nous conservent et gardent, Et les faits des humains en ce monde regardent. […] Il sommeillait trois heures par nuit. […] Elle s’enfonce dans la nuit. […] La nuit était froide.

/ 1823