Ce Journal, destiné dans son origine à recueillir les prémices des Muses naissantes, à offrir aux yeux de la Nation les premiers germes des talens capables de flatter ses espérances, à former un mélange intéressant des traits de délicatesse, d’agrément, de force & de sensibilité qu’a produits l’imagination Françoise ; à rendre compte de ce que les Sciences & les Beaux-Arts enfantent tous les jours ; à encourager les Artistes par de justes éloges, ou à les éclairer par des critiques lumineuses : ce Journal borne à présent tout son mérite à des Logogryphes dignes du seizieme siecle, à des Contes d’une froideur qui glace l’esprit, ou d’une extravagance qui égare le sentiment & corrompt le goût ; à des analyses infidelles ou partiales, qui contredisent ouvertement les regles de la Littérature ou celles de la décence ; & à quelques nouvelles politiques rédigées avec une sécheresse qui ôte tout le piquant de la nouveauté.
Le peu d’ordre & de liaison qui y regnent, les contradictions qui y fourmillent, les saillies d’une imagination vive qui ne s’assujettit à rien, un cynisme qui brave tout & s’égaye aux dépens de tout, une licence qu’aucun objet n’arrête, & dont la Religion, la Morale & les Bienséances n’ont pu ralentir l’intrépidité, ont contribué, plus que tout le reste, à son mérite littéraire, parce qu’il est facile d’être neuf & piquant, quand on est hardi & caustique.
Ce n’est pas un petit mérite de captiver l’ame par un ressort unique.
Ses Couplets joignent au mérite de l’agrément, celui d’une critique de nos mœurs, aussi juste qu’ingénieuse.
Avec les talens les plus heureux pour écrire, il s’est attaché à un genre qui paroît infiniment au dessous de son mérite.
D’ailleurs, il n’est pas étonnant que l’éclat de sa réputation, son mérite & ses lumieres lui attirassent des relations qu’il n’eût pas recherchées, mais auxquelles il falloit répondre.
Tissot mérite le premier rang parmi les auteurs, qui ont écrit non pour les Médecins de profession, mais pour ceux qui sont éloignés d’eux, ou qui cherchent à s’en passer.
Le courage et le mérite de l’artiste en redoublent à mes yeux.
Je n’ai point attendu ces circonstances pour exprimer les sentiments de déférence et de respect que m’a toujours inspirés l’auteur ; mais je profiterai du moment favorable pour parler de lui avec l’étendue qu’il mérite, pour caractériser quelques-uns de ses travaux, et le présenter au public tel que je l’ai vu constamment et que me le peignent les hommes qui l’ont le plus cultivé et qui l’ont suivi de plus près. […] Son père, en particulier, mérite qu’on s’arrête à le ressaisir et à le considérer. […] Trois années durant, il resta dans cette position secondaire, sans que le rédacteur en chef devinât toute la portée de son mérite, et sans que lui, de son côté, il fît rien pour l’en avertir. […] Il épousa une personne simple et de mérite, pieuse et pratiquant. […] Ils enterrent tant qu’ils peuvent leur mérite, et quand, à la fin, par la force des choses, il sort de terre, ils n’y mettent aucune enseigne et jamais une lanterne, ni un bec de gaz à côté, ni le moindre transparent.
Mais pour Montaigne, malgré ses taches légères et ses souillures, c’est bien différent : lui, il mérita de trouver sa fille d’alliance, une personne de mérite, une intelligence ferme, cette demoiselle de Gournay qui se voua à lui, fut sa digne héritière littéraire, son éditeur éclairé, mais qui elle-même, d’une trop forte complexion et d’une trop verte allure, finit par prendre du poil au menton en vieillissant et par devenir comme le gendarme rébarbatif et suranné de la vieille école et de toute la vieille littérature, — un grotesque, une antique. […] Mme de Verdelin mérite d’être distinguée entre les diverses dames amies de Rousseau, en ce qu’elle n’était nullement bel esprit ni bas-bleu, ni rien qui en approche70 ; qu’avec un esprit fin elle n’avait nulle prétention à paraître ; qu’elle aimait l’écrivain célèbre pour ses talents et pour son génie sans doute, mais pour lui surtout, pour ses qualités personnelles, non pour sa réputation et sa vogue : elle n’apporta dans cette liaison aucun amour-propre ni ombre de susceptibilité, lui resta activement fidèle tant qu’il le lui permit, et elle ne cessa, elle ne renonça à la douceur de le servir que lorsqu’il n’y eut plus moyen absolument de l’aborder ni de l’obliger ; et alors même elle garda intact son sentiment d’amitié, comme un trésor, hélas ! […] « Quoique tout ce que vous m’écrivez, madame, me soit intéressant, l’article le plus important de votre dernière lettre en mérite une tout entière et fera l’unique sujet de celle-ci. […] Rendre et recevoir des soins de ses amis, voilà le seul plaisir que je me sois réservé. » — « Lorsque vous poussez les privations trop loin, lui écrivait elle encore, je prie Mlle Levasseur de vous dire que c’est manquer à l’amitié que mérite mon attachement pour vous. […] Votre amitié, madame, est éprouvée, et la mienne mérite de l’être.
Si l’on ajoute à ces noms celui de Domitius Afer, l’heureux et habile avocat des mauvaises causes, éloquent jusqu’à faire ombrage à Caligula (comme Lucain poète faisait ombrage à Néron), trop perdu de mœurs, trop aisément accusateur, démentant le vir probus dicendi peritus, mais qui garde auprès de la postérité le mérite d’avoir eu pour disciple Quintilien ; — Marcus Aper, célèbre à meilleur titre, l’honneur du barreau sous Vespasien, qui joue un grand rôle et le principal dans le Dialogue sur la corruption de l’éloquence, dont quelques personnes même l’ont cru auteur, tant il y plaidé bien la cause des modernes ; — le sophiste Favorinus, né à Arles, célèbre dès le règne de Trajan, en haut crédit et en faveur sous Adrien, et le maître d’Aulu-Gelle ; qui parlait disertement sur tous sujets, qui fit en plaisantant l’éloge de la fièvre quarte (il écrivait en grec), mais qui ne portait pas seulement de l’esprit, qui avait quelquefois de la raison dans les thèses paradoxales qu’il soutenait ; — Fronton, le maître de Marc-Aurèle, dont les lettres retrouvées par M. […] En résumé, Raynouard, dans son patriotisme méridional, a eu une prétention excessive, à la fois ingénieuse et bizarre, qui d’ailleurs, même lorsqu’elle est détruite, laisse subsister le mérite positif du reste de son travail, il faut payer les éclairs de génie, surtout de génie philologique, par ces singularités et ces outrances de système. […] Ampère (dont une première partie seulement a été imprimée) le mérite qui tient à la justesse des vues et des directions, à l’ingénieuse fertilité des aperçus. […] Il appartient à cette école qui, cherchant dans une exacte comparaison des langues sorties du centre de l’Asie, des langues indo-européennes, les affinités fondamentales, a eu le mérite de tirer l’étymologie du vague domaine de la divination, et de l’asseoir sur des principes certains. […] Un homme du plus grand mérite et des plus savants, qui l’est presque trop, tant il sait de choses à la fois, et que j’aurais déjà dû nommer, si je ne l’avais tenu en réserve pour ce moment, M.
III C’était ensuite Louis Bonaparte, roi volontairement descendu du trône de Hollande, homme né pour être le contraste avec le chef de sa maison, fait pour la vie privée, ambitieux de repos, de mérite littéraire, et non de puissance. […] Il avait l’extérieur d’un héros de roman, mais tempéré par la modestie, ce voile du vrai mérite. […] Mérite prodigieux qu’on n’a pas assez remarqué dans ses œuvres, le choix et l’ajustement de ses costumes sont tellement adaptés aux figures qu’on ne s’aperçoit pas si ces vestes, ces chemises, ces pourpoints, ces chausses sont coupés par un tailleur ou drapés par un statuaire. […] C’est son adieu au monde ou c’est le chef-d’œuvre qu’il veut faire acclamer par l’univers, pour que l’excès de sa gloire lui mérite l’excès du bonheur dans la possession de ce qu’il aime. […] Marcotte, « sans vous faire une prière… c’est de ne faire aucune supposition qui puisse être désavantageuse à une personne dont les qualités et les mérites appellent non seulement la considération, mais l’attachement de tous ceux qui l’approchent.
« Un homme d’un vrai mérite, dit-il, est presque aussi rare dans un ministère qu’un sot à la tête d’un gouvernement républicain. » Et ailleurs : « Tout concourt à priver de justice et de raison un homme élevé pour commander aux autres. » S’agit-il des gouvernements en général, quelle qu’en soit la forme ? […] « L’enfant, dit-il, ne pouvant rien faire qui soit moralement mal, rien de ce qu’il fait ne mérite châtiment. […] Il n’a pas plus de mérite à cela que l’oiseau à être innocent. […] Au temps de Rousseau, le précepteur était ce qu’il est encore aujourd’hui, un homme de mérite sans fortune, qui vit honorablement des soins qu’il donne aux enfants d’autrui. […] Aussi, malgré ce défi, je me doute que celui-là ne sera pas un juge incorruptible de ses fautes, qui, au début de sa confession, se fait un mérite de ce que d’autres ont été plus coupables que lui.
XIII Comme écrivain, selon nous, son plus grand mérite fut d’avoir été l’homme nécessaire au moment où il apparut dans notre littérature. […] Il avait de plus le mérite de ne jamais faire rougir ni la pudeur du front, ni la pudeur de l’esprit, et de conserver toujours, même dans ses débordements de verve et de fiel, cette pudicité des mots qui est la délicatesse du goût, comme la décence des actes est la délicatesse du cœur. […] Dans les temps bien heureux du monde en son enfance, Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence, Chacun vivait content et sous d’égales lois ; Le mérite y faisait la noblesse et les rois, Et, sans chercher l’appui d’une naissance illustre, Un héros de soi-même empruntait tout son lustre ; Mais enfin par le temps le mérite avili Vit l’honneur en roture et le vice ennobli, Et l’orgueil, d’un faux titre appuyant sa faiblesse, Maîtrisa les humains sous le nom de noblesse. […] La dixième, contre les femmes, est une déclamation d’écolier qui ne mérite pas d’être lue.
Franc-Nohain qui n’a pas la place qu’il mérite et qui dans une époque où l’on cherche ceux qui instruisent n’est pas compris. […] La place que mérite M. […] Ce livre, bien qu’écrit un peu lourdement, mérite de retenir l’attention. […] Il a le mérite d’une grande audace et d’une véritable originalité. […] Il a publié quatre romans délicieux où ne se trouve nulle métaphysique compacte — ce qui dénote de la modestie — et qui ont le rare mérite d’être écrits en français.
Le mérite d’Audin fut de voir cela. […] Mérite énorme ! […] Telle fut, ombragée d’humilité et fleurie d’affections d’élite, l’existence tranquille de ce juste dont Dieu seul a vu les mérites, car la vie des justes ne se raconte pas plus que celle des peuples heureux. […] Audin était d’un mérite trop sérieux et d’une science trop occupée pour aller soigner sa renommée dans des boutiques de bruit public. […] Sainte-Beuve, et par-dessus tout historien : voilà, pour nous résumer, cet Audin dont les mérites sont trop ignorés !
Mais il a eu d’autres mérites encore, plus proprement littéraires, si l’on peut ainsi dire, et qu’il semble, eux aussi, quand on parle de lui, que l’on n’apprécie point à leur véritable valeur. […] Je crois aussi qu’il n’en avait point, ou qu’il en avait peu, sur les conditions du poème épique et sur le mérite comparé des tragédies de Marmontel et des drames de La Harpe. […] Georges Pellissier que d’avoir proposé ces questions, ce ne lui est pas un mince mérite que d’en avoir éclairci quelques-unes. […] La facture, le mérite proprement technique en échappent à beaucoup de bons juges. […] C’est au surplus à leur influence que j’en ai uniquement, pour cette fois, et nullement à leurs œuvres ou à leur mérite personnel.
La question fut donc celle du mérite des statufiés. […] Il a un mérite cependant, c’est l’ennui extrême qu’il répand. […] Plusieurs de ses lettres à Mlle de La Fontaine sont datées de cette ville ; il en goûte surtout la table et la bonne compagnie, dont il loue les mérites. […] Puis on vit peu à peu qu’ils ressemblaient à tous les autres paysans et qu’ils avaient leurs mérites. […] Magne, ne conteste sans doute le mérite particulier de ces deux poètes.
Eugène Scribe tous les mérites réunis ? […] L’Académie, en admettant dans son sein des hommes d’un mérite aussi douteux que M. […] Dumas un seul homme qui s’abuse sur le mérite et la portée de ces poèmes dramatiques. […] Il n’y a, certes, aucun mérite à connaître ces détails, mais il y aurait quelque mérite à n’en pas parler quand on les ignore. […] Telles qu’elles sont, je n’en sais pas une qui mérite les honneurs de la publication.
Dans tout ce que nous venons de dire de la poésie française, nous désirons être bien compris ; nous ne prétendons en rien diminuer le mérite des poëtes français dont quelques-uns sont si évidemment supérieurs, nous ne parlons que de la langue même dans laquelle ils ont écrit et des conditions qu’elle leur a fait subir.
Karr, je ne finirais pas de réitérer les mêmes regrets, toujours redoublés, il est vrai, des mêmes éloges : ce qui deviendrait d’un ennui que ce léger et facile roman ne mérite pas.
Sully Prudhomme et François Coppée, c’est qu’il n’aimait pas seulement pour leur mérite propre la rime ingénieuse, l’épithète rare et le rythme savant ; il les trouvait lui aussi, mais pour les subordonner à une pensée qui était l’objet de son principal effort.
Edmond Pilon Phocas : Voici un petit livre, qui, par l’artistique couverture qui l’enferme et le format élégant de ses feuillets, non moins que par l’ironie douce et pieuse du sujet, mérite de prendre place à côté des Histoires moroses, des Proses magiques, du Château singulier.
On vient de vous dire avec éloquence les services de l’homme d’État, les qualités de l’orateur, les rares mérites de l’écrivain.
Conclusion La cause et la loi que nous venons d’assigner aux variations du goût ont ce mérite et ce défaut d’être très générales ; l’une fait comprendre pourquoi l’évolution littéraire est incessante ; l’autre permet de tracer la trajectoire sinueuse et pourtant régulière que parcourt une littérature.
Cet Ouvrage, composé avec autant de méthode que de clarté, écrit avec autant de simplicité que de précision, est précédé d’une Préface, où l’Auteur expose ses idées sur le mérite des Anciens & des Modernes, avec une impartialité & une modestie qui donnent du poids à sa critique.
Nous l’avertirons que ce n’est pas assez de savoir coudre les lambeaux étrangers à son Ouvrage, & dont on reconnoît d’abord la friperie ; de pousser de grandes exclamations sur le mérite de Voltaire ; d’avoir été admis à compulser les Archives du Mercure ; de nous reprocher habilement d’avoir omis quantité d’Ouvrages qui étoient sous presse, & qu’il ne nous étoit pas possible de connoître.
En continuant le genre pour lequel il semble né, le Fabuliste en écartera ce qui le dépare ; & ses talens, perfectionnés par ce moyen, n’auront même plus besoin de l’indulgence, qu’ils sont en droit d’obtenir aujourd’hui par le mérite qui les annonce.
Mêmes qualités dans l’autre, avec plus de sensibilité ; mais c’est peut-être le mérite du sujet et non de l’artiste.
Cependant le fait que je viens de remarquer n’est pas douteux ; il mérite d’être expliqué : il a ses causes dans la nature même de la comédie, telle que l’a conçue et traitée Shakespeare. […] La bêtise même n’est pas toujours un mérite assuré au personnage qu’on en a d’abord affublé. […] On s’étonnera peut-être de voir ce mérite attribué à la Tempête. […] Shakespeare lui-même nous laisse peu de doute sur des torts qu’il a du moins le mérite de regretter. […] Cette invention est rarement un mérite pour le poëte tragique, car son œuvre est de démêler et de faire éclater l’homme et son âme au milieu des événements qu’il subit.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
ce qui n’est pas un mince mérite.
Nous avons d’abord cru que cette primauté étoit pour suivre l’ordre alphabétique ; mais le Compilateur assure très-positivement que c’est par ordre de mérite & de distinction : c’est parce que je crois , dit-il très-sérieusement, pouvoir assigner à cet Auteur estimable la premiere place parmi les Philosophes de nos jours, non seulement de ma Nation, mais de toutes celles de l’Europe .
Il y passe en revue la plupart des Auteurs de nos jours qui ont fait quelque sensation dans le Monde littéraire ; & si ses portraits n'ont pas toujours le mérite de la ressemblance, la touche en est du moins vigoureuse, hardie, & originale.
Les faits que ces volumes exposent ne sont pas, d’ailleurs, de ces faits déjà connus, déflorés et cités dans des publications à la portée de toutes les mains ; ce sont des faits pour la première fois recueillis, — ce qui constitue le vrai mérite de l’érudition de détail à laquelle Fleury paraît voué, — ce sont des documents saisis à la double source de la tradition écrite et de la tradition orale, la meilleure des traditions lorsque l’histoire est toute fraîche encore et qu’elle semble saigner dans toutes les mémoires.
De cette nécessité, et c’est là un des mérites dont il faut lui être reconnaissant, Moréas eut conscience un des premiers. […] Allais, le père, un homme de science et de mérite. […] Certes, il ne fut ni sans défauts ni sans ridicules, mais il eut sa valeur et son mérite personnels. […] Sur ce point, le grand, le vrai mérite de La Pouplinière fut d’avoir aidé de sa fortune et de son autorité les compositeurs de son temps et d’avoir contribué à les mettre en rapport avec le public. […] Il avait peut-être beaucoup de mérite, mais je doute que ses lettres pastorales vaillent vos lettres sur l’Italie.
Son ridicule crime cérébral mérite d’être sifflé comme la ridicule perversité sensuelle de telles névrosées, muses de ce pauvre Mendès. […] Ce dernier mérite fut celui de Georges Renard avant que la Suisse l’alourdît. […] Je n’oublie pas les lieux communs sur le mérite éducateur de la souffrance. […] Pourtant le morceau final mérite d’être signalé pour sa note douloureuse et pénétrante. […] Une fois, pourtant, la jeune fille est moins riche et doit, par de rares mérites, conquérir son fiancé.
Ils sont nombreux, ils sont puissants ; et, sans compter qu’ils tiennent alors presque tous les journaux, en attendant qu’ils remplissent les Académies reconstituées et réorganisées, ils ne manquent ni de mérite ni de talent. […] Jocelyn ; — et qu’il a d’abord ce mérite ; — qui en est bien un ; — d’être le seul « poème » de quelque étendue que nous ayons en notre langue. — Du sujet de Jocelyn ; — et de quelques objections que l’on a faites à Lamartine [Cf. sur ce point les quatre articles de Vinet et Ém. […] , p. 219-221] ; — et c’est alors, dans les vingt-cinq dernières années de sa vie, — que sa réputation et son influence égalent enfin son mérite. […] Le Fils de Giboyer]. — Enfin, et en troisième lieu, ce qui n’est plus du Balzac, — mais ce qui n’a pas été le moindre clément de son succès, — il s’est posé en « bourgeois de 1789 » ; — ennemi des vaines distinctions ; — ne respectant en tout que « le mérite personnel » ; — et anticlérical à la manière de Béranger [Cf. […] Mais son mérite proprement dramatique n’est pas beaucoup au-dessus de celui d’Eugène Scribe ; — et on a trop vanté son mérite d’écrivain ; — sa « robuste franchise » et sa « mâle correction ». — Son vers est étrangement prosaïque, excepté peut-être en quelques endroits de Philiberte ou de L’Aventurière] — et sa prose manque en général d’accent ; — si d’ailleurs elle est assez naturelle. — Ses moyens sont souvent très artificiels ; — et ses intrigues bien romanesques [Cf.
Une frise d’enfants, qui jouent avec l’armure du Dieu Mars, mérite aussi d’être mentionnée. […] D’autre part, en tant que poète, il mérite tout au plus d’être nommé en passant. […] Quant à citer des passages d’un mérite particulier, la traduction de M. […] Matthews mérite d’être lu. […] En voici toutefois un qui mérite d’être cité tout au long.
Rien peut-être que certains mérites d’exécution. […] et mérite-t-elle qu’on fasse en son honneur une si belle dépense d’enthousiasme ? […] Mais le mérite de M. […] Poussée a ce degré, la bonne volonté n’est pas seulement un mérite littéraire, elle prend une signification morale. […] Ce n’est pas un mince mérite pour les jeunes écrivains que d’y exceller.
Ses mérites, ses défauts. — Nécessité d’un point de vue politique exclusif. […] Tels sont les mérites de Vico ; ils justifient sa renommée. […] Leurs mérites et leurs défauts. […] Là est aussi la racine de ses mérites et de ses défauts. […] En général, l’ordre est un des grands mérites de Brucker.
Octave Feuillet, sauf à trouver dans une autre voie la réussite et la renommée que l’on mérite. […] Il se mêle constamment un peu d’inquiétude et de méfiance à la satisfaction que cause aux lecteurs rigides ou timorés un récit ou une scène d’une moralité irréprochable ; et il y aura toujours, à leurs yeux, quelque chose de supérieur au mérite d’écrire un bon roman ou un bon drame : c’est le mérite de n’en point écrire. […] Quel mérite, quelle vitalité n’a-t-il pas fallu pour qu’à travers tant d’obstacles la Fille d’Eschyle arrivât jusqu’à l’Académie et au public. […] Leconte de Lisle a du moins le mérite de ne pas déguiser sa pensée sous des périphrases diplomatiques. […] Ceci, bien entendu, n’ôte rien au mérite du livre de M.
. ; ces notes vraies, tendres, profondes, nées du cœur et toutes chantantes, nous paraissent, aujourd’hui encore, autrement enviables que bien des mérites lentement acquis.
Ce n’est pas exagérer son mérite, que de dire qu’il étoit un des Ecrivains les plus polis & les plus éclairés du siecle dernier.
Chacun des trois volumes des précédentes éditions représentait la manière de l’auteur à trois moments, et pour ainsi dire à trois âges différents ; car, sa méthode consistant à amender son esprit plutôt qu’à retravailler ses livres, et, comme il l’a dit ailleurs, à corriger un ouvrage dans un autre ouvrage, on conçoit que chacun des écrits qu’il publie peut, et c’est là sans doute leur seul mérite, offrir une physionomie particulière à ceux qui ont du goût pour certaines études de langue et de style, et qui aiment à relever, dans les œuvres d’un écrivain, les dates de sa pensée.
On voit ici la conception du grand dans son principe : le reste n’en est qu’une ombre, comme l’intelligence créée n’est qu’une faible émanation de l’intelligence créatrice ; comme la fiction, quand elle est belle, n’est encore que l’ombre de la vérité, et tire tout son mérite d’un fond de ressemblance. » 66.
L’Orgueil, ce vice des hommes, est descendu jusque dans le cœur de la femme, qui s’est mise debout pour montrer qu’elle nous atteignait et nous ne l’avons pas rassise à sa place, comme un enfant révolté qui mérite le fouet !
Mais à part ce mérite, partagé par tant de savants d’alors, de déterreurs d’une société finie et de langues mortes, quoi donc pourrait recommander, à l’attention et même à la curiosité, l’existence imperceptiblement domestique ou publique d’hommes perdus dans des études effrayantes sur des vocables latins ou grecs, et dont les travaux, utiles comme le mortier et les pierres qui ont servi à bâtir un monument, ne sont pas plus regardés que ce mortier et ces pierres, quand le monument est debout ?
pour des raisons qui ne sont pas le mérite du livre ; mais il est douteux, pourtant, qu’avec le sens droit et les besoins logiques de ce pays, un ouvrage écrit avec le manque de suite de ces Cent dernières années pût même se soutenir.
C’est à cette occasion que Mme de Staël, toujours empressée et en frais de bon cœur pour le mérite naissant, écrivait à cet académicien : « J’ai lu avec un plaisir infini plusieurs morceaux de vos Mélanges, et je n’ai pas besoin de vous dire à quelle distance je trouvais ceux signés P. de tous les autres. […] Dès les premiers feuilletons du Publiciste, à la date de floréal an X, sous le titre de Pensées détachées, s’en trouvent quelques-unes du cachet le plus net, du tour le mieux creusé, — très-fines à la fois et très-étendues, très-piquantes et très-générales ; par exemple : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue ; et un mot de sensibilité, lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé : c’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » Et cette autre : « La gloire est le superflu de l’honneur ; et, comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent. […] Vous savez avec quelle joie je m’y suis soumise, et dans quelle espérance ; vous m’avez peut-être vue même les envisager avec quelque fierté, en prenant une résolution dont ces inconvénients faisaient le seul mérite. […] Que dire encore, quand on n’a pas eu l’honneur de la connaître personnellement, de cette femme d’intelligence, de sagacité, de mérite profond et de vertu, qui, entre les femmes du temps, n’a eu que Mme de Staël supérieure à elle, supérieure, non par la pensée, mais seulement par quelques dons ?
Mme d’Albany avait cinquante et un ans lorsque Alfieri mourut, Fabre n’en avait que trente-sept ; la jeunesse de Fabre, jointe à un mérite qu’on ne peut nier, fut peut-être ce qui captiva le plus l’amante si longtemps soumise du misanthrope Alfieri. […] — Il n’y a qu’un seul mérite, mais mérite tout local et que les Italiens seuls peuvent apprécier : c’est la langue toscane, ou plutôt l’effort de l’auteur pour traduire avec peine et succès son piémontais en étrusque. […] Vous le verrez, madame, il est pur de flatterie, et, dans un temps de honte et de bassesse, c’est un mérite bien rare. — Nous allons donc bientôt voir ceux où l’âme antique de votre ami s’exprime avec toute sa fierté, toute son énergie.
Une remarque qui est à faire, c’est que tout en s’opiniâtrant ainsi à ses admirations du xvie siècle jusqu’à faire tort à ses contemporains et jusqu’à résister à leur mérite, Gui Patin n’était pas de pied en cap un savant de cette vieille trempe : il n’était qu’un homme très instruit. […] Vous savez bien le mérite de ces deux hommes nés divins. […] Néanmoins je vous dirai que mes larmes n’ont pas été à cause de lui tout seul, quelque homme de mérite qu’il soit, mais pour le malheur commun de tout le monde qui perd beaucoup à sa mort.
Là, on trouve non seulement la suite méthodique et l’analyse raisonnée des opérations de Villars, mais ses lettres au roi, aux ministres, les ordres ou les réponses qu’il reçoit, enfin tous les éléments pour former un jugement solide sur son caractère et son mérite de général. […] Car Villars, quel que soit le rang qu’on lui assigne en ordre de mérite, est un général en chef : ce n’est pas un lieutenant ni un second. « En lui, commander, a-t-on dit, était comme son état naturel. […] Mais celui qui ne comprendra pas la pesanteur d’un tel emploi ne mérite pas d’en être chargé.
A le prendre cependant partout où je puis l’atteindre, je crois pouvoir indiquer sans trop de tâtonnements son genre de mérite, ses qualités et tout à la fois ses faiblesses, — son faible du moins, — ses gentillesses d’esprit, sa supériorité, là où elle existe, et aussi ce que lui-même appelait sa médiocrité. […] vous le pourriez, vous le devriez. » — Réponse Arguor immerito : tenuis mihi campus aratur, (C’est Ovide qui dit cela dans les Tristes : — Je ne mérite pas le reproche : mon affaire est de cultiver un mince domaine.) […] Le fort de son mérite, c’est comme philologue.
51 Il en avait revu les épreuves, et il était plus à même que personne d’en apprécier et d’en marquer tous les mérites. […] Tu mérites la génisse, toi, et lui aussi : et quiconque également saura se méfier des douceurs de l’amour, ou en éprouvera l’amertume. » C’est le dernier vers qui n’a point satisfait les interprètes. […] Ce qui, dans le passage de Virgile, appartient à l’imitation directe est bien simple, et je dirai qu’il n’y avait pas grande difficulté et grand mérite à cela, s’il s’y était borné.
Si Napoléon en personne, et toutes les fois qu’il avait été en contact direct avec Jomini, s’était montré assez bienveillant pour un officier de ce mérite, il l’avait laissé froisser et écraser par ses alentours, par ses séides ; et un souverain, surtout quand il est absolu, répond jusqu’à un certain point des injustices et des injures qu’on inflige en son nom à des âmes délicates, et par conséquent sensibles à l’outrage. […] En résumé, la sortie de l’Empereur contre Jomini, et qui n’est qu’une représaille des plus excusables dans les vingt-quatre heures (il ne pouvait guère en dire moins), ne prouve absolument rien et n’a pas plus de portée à titre de jugement véritable que tant de paroles courroucées de Napoléon contre les hommes de mérite tels que Malouet et autres, qui se sont vus soudainement maltraités, — exécutés, ou peu s’en faut, — mais qui ne gardent pas moins toute leur valeur devant une postérité indifférente et attentive. […] Le temps lui permit de développer tous ses mérites et de se montrer de plus en plus sous son vrai jour.
Giraud les énumère tous ou presque tous : par cette biographie insigne qu’il a consacrée à Ninon, il mérite d’être compté lui-même dans le nombre et de prendre rang sur la liste, le dernier et le plus désintéressé, un ami posthume, un pur ami de l’esprit. — Et à propos de Ninon, je rappellerai qu’on a, depuis peu seulement, déterminé au juste son âge, car c’était une question : on la faisait aller jusqu’à quatre-vingt-dix ans. […] On a trouvé, en effet, dans les papiers du président Bouhier, très-curieux, comme on sait, d’anecdotes de tout genre, le récit suivant, qui est peu connu : « La mort de la duchesse Mazarin est si singulière, qu’elle mérite bien qu’on en conserve la mémoire. […] Elle n’a jamais eu d’affaires qu’avec des gens considérables ou par leur naissance ou par leur mérite.
Et cependant ce pays a produit des esprits qui, à un certain tour d’idées particulier, ont uni une certaine manière ]d’expression, et qui offrent un mélange, à eux, de fermeté, de finesse et de prudence, un mérite solide et fin, un peu en dedans, peu tourné à l’éclat, bien qu’avec du trait, et dont Mme Necker, dans les manuscrits qu’on a publiés d’elle, ne donnerait qu’un échantillon insuffisant. […] A partir de ce moment, chacune de ses paroles compte, et elles ont pourtant si peu retenti chez nous, qu’on nous pardonnera d’y insister selon leur mérite. […] Mais tous ces mérites se retrouvent condensés, assemblés et agrandis dans la Revue des principaux Prosateurs et Poëtes français, morceau très-plein et très-achevé, véritable chef-d’œuvre littéraire de M.
Un tel peuple est alors dans une disposition presque toujours insouciante ; le froid de l’âge semble atteindre la nation tout entière ; on en sait assez pour n’être pas étonné ; on n’a pas acquis assez de connaissances pour démêler avec certitude ce qui mérite l’estime ; beaucoup d’illusions sont détruites sans qu’aucune vérité soit établie ; on est retombé dans l’enfance par la vieillesse, dans l’incertitude par le raisonnement ; l’intérêt mutuel n’existe plus : on est dans cet état que le Dante appelait l’enfer des tièdes. […] Ailleurs, de certaines barrières factices empêchent la confusion totale des diverses éducations ; mais lorsque le pouvoir ne repose que sur la supposition du mérite personnel, quel intérêt ne doit-on pas mettre à conserver à ce mérite tous ses caractères extérieurs !
Il souffre de voir son mérite sans emploi : il y a en lui un ambitieux honnête, qui s’irrite d’être contraint de faire à son honneur le sacrifice de son ambition. Voilà la plaie incurable de La Bruyère, la source secrète de son chagrin, de sa misanthropie, de ses colères contre les grands qui ne préviennent pas le talent, contre la société qui ne fait pas de place au mérite personnel. […] Un chapitre d’introduction, où l’auteur explique sa doctrine littéraire ; puis neuf chapitres de description des diverses classes de la société : le mérite personnel, d’abord, parce qu’il n’a pas de place marquée dans la hiérarchie ; puis le monde proprement dit, étudié dans ses principaux éléments et occupations, les femmes avec le cœur et la conversation ; les classes maintenant, gens de finance, bourgeois et robins, courtisans et grands ; enfin l’État, les ministres et le roi.
Les 23 volumes de pièces de théâtre qui s’y ajoutent, ont vieilli aussi : c’est pourtant par eux que Dumas mérite une place dans la littérature. […] Dès qu’il est individuel, il perd les raisons de mourir, et sa plainte dépasse son mérite ou sa misère : tant qu’il reste une abstraction philosophique, il n’est pas vivant, et qu’importe alors qu’il meure ? […] Il se donne parfois le mérite de la vigueur par des brutalités gratuites ou forcées806.
Sarcey fait encore bonne contenance et mérite quand même d’être écouté. […] Et c’est un mérite qui est devenu rare en ce temps de pédants qui ont l’air d’en dire plus qu’ils n’en savent et de nerveux qui affectent, au contraire, d’avoir plus de « sensations » qu’ils n’en peuvent traduire. […] (Je ne dis point tout cela, on le pense bien, pour diminuer le mérite du romancier.
Et ainsi c’est de la maladie de l’antithèse qu’est venu à Victor Hugo ce qu’il peut y avoir de philosophie dans son œuvre ; et si, d’aventure, il mérite çà et là ce nom de « penseur » auquel son ingénuité tenait tant, c’est à sa manie d’opposer entre eux les mots qu’il le doit. […] Mais peut-être est-ce le penseur et l’inventeur d’idées qui, chez Hugo, mérite un culte de « latrie » officielle ? […] Il souffrit pour le droit ; et si l’exil eut pour lui les compensations qu’il n’eut pas pour un grand nombre de pauvres diables, il serait cependant injuste de méconnaître le mérite et la beauté de son sacrifice.
Il avait loué Fouquet, … Dont Thémis fut le guide ; Du vrai mérite appui ferme et solide, Tant regretté, tant pleuré des neufs sœurs, Le grand Fouquet…89 Par contre, le persécuteur de Fouquet, le roi, n’était pas ménagé. […] La vérité y a l’air d’une saillie heureuse, et l’erreur n’y mérite pas toujours qu’on la réfute. […] Quand nous louons les gens, nous aimons qu’ils y fassent quelque défense ; cela nous y entête, et nous redoublons, plus jaloux de les convaincre de notre bon goût que de les persuader de leur mérite.