Quoique ma retraite du National date à peu près de ce moment, je me gardai bien de me rapprocher de la politique dominante ni d’y tremper en rien ; je me tenais en dehors : c’est à tel point que lorsque M. de Salvandy, à quelques années de là, jugea à propos, à l’époque du mariage du duc d’Orléans, de me faire nommer, sans me consulter, pour la Légion d’honneur et de mettre mon nom au Moniteur dans la même promotion qu’Ampère et Tocqueville, je lui écrivis, en le remerciant de sa bonne grâce, que j’avais le regret de ne pouvoir accepter.
Elle a pu se croire une puissance dans le siècle, du moment qu’elle s’en est venue accomplir, vers l’an de grâce 1800, je ne sais que le mission prédestinée, dogmatisant parmi les châteaux et les palais, à la plus grande gloire d’en haut ; et maintenant que la lumière est revenue, qu’on n’a plus que faire de précurseur, et que la vie militante a fait place à la vie privée, c’est peut-être un devoir à ses yeux d’enregistrer publiquement les mérites et indulgences qui lui reviennent de cette pieuse lutte, engagée sous son patronage.
Raynouard, nous dit le biographe, touché de tant d’infortunes et des grâces naïves du petit Sicilien, lui témoigna le plus vif intérêt, se plaisant à le faire babiller dans son idiome natal, auquel l’accent de sa voix enfantine prêtait encore plus de charme. » Après un temps de repos, les voyageurs partirentpour le Bugue, petite ville du Périgord, où était né le père qui bientôt y mourut.
François Coppée Depuis la Ciguë, pure œuvre d’art qui résume toute la grâce antique, comme une statuette sortie, intacte et exquise, des fouilles d’Olympie ou de Tanagra, depuis la Ciguë jusqu’à cet émouvant et robuste drame des Fourchambault, qui naguère encore secouait tous les cœurs, Émile Augier n’a compté que d’éclatants succès.
Que de cœur, de naïveté et de grâce !
Maurice Bouchor me paraît un petit chef-d’œuvre de grâce et d’onction.
Arthur Rimbaud prend tous les tons, pince toutes les cordes de la harpe, gratte toutes celles de la guitare et caresse le rebec d’un archet agile s’il en fût… Bien des exemples de grâce exquisément perverse ou chaste à vous ravir en extase nous tentent, mais les limites normales de ce second essai déjà long nous font une loi de passer outre à tant de délicats miracles, et nous entrerons sans plus de retard dans l’empire de la Force splendide où nous convie le magicien avec son Bateau ivre.
Si nous jugions la mythologie d’après la Pharsale, ou même d’après l’Énéide, en aurions-nous la brillante idée que nous en a laissée le père des Grâces, l’inventeur de la ceinture de Vénus ?
Ce devait être un madrigal en peinture ; mais le maudit peintre, toujours peintre et jamais homme sensible, homme délicat, homme d’esprit, n’y a rien mis, ni expression, ni grâces, ni timidité, ni crainte ni pudeur ni ingénuité.
Je vous fais grâce de trois autres tableaux.
Grâce à Dieu, Chapus a maintenant assez vécu pour prendre enfin cette revanche, attestation de sa force, qu’un homme de talent finit toujours par prendre contre une société sans sympathie !
., créatures de grâce ou de conversion, d’humilité et de repentance, ces perles dont l’écorce était l’amour de Dieu, les premières que l’Évangile propose à nos imitations !
Grâces à notre découverte, Homère est assuré désormais des trois titres immortels qui lui ont été donnés, d’avoir été le fondateur de la civilisation grecque, le père de tous les autres poètes, et la source des diverses philosophies de la Grèce.
Il y montre une grâce charmante et un esprit souvent éblouissant. […] On eût pu lui faire grâce de la vie. […] La question de la grâce obtient quelques lignes à la page 363 et un paragraphe à la page 436. […] » Grâce à M. […] Jean-Paul est touché par la grâce, une
Dans les Dialogues sur le commandement, la grâce et le naturel des idées de Maurois s’accordent à la forme dialoguée. […] A l’œuvre de qui conviendrait mieux ce qu’elle dit de l’héroïne d’Esclave : « … Grâce, au joli nom qui lui seyait si bien ! […] Ne vous laissez pas tromper par la grâce narquoise du tour : ce passage correspond à un sentiment fort profond. […] Que la grâce même, la souplesse du tour n’induisent pas en illusion : nulle part de son propos Maurois ne se laisse défléchir. […] — une éclipse de la Grâce, ou même simplement de l’état de grâce, — celle que marque le : « J’ai été trop délaissé » de sa lettre à Mauriac.
Attendez, laissez passer la saison, allez vous figurer qu’ainsi, selon le vieux précepte, vous les laisserez mieux mûrir et que vous saurez les perfectionner en les retardant : erreur et oubli de la fuite rapide des heures, de ces heures qui s’appellent aussi les grâces ! […] … je t’enverrai prochainement un livre, appelle-le comme tu voudras, des prières ou un trésor, pour te rappeler matin et soir les bons souvenirs de l’amitié et de l’amour. » Que ce soit à Lotte qu’il parle ainsi et qu’il semble adresser particulièrement son livre, on le conçoit : il espère plus d’indulgence et de grâce auprès d’elle qu’auprès de Kestner. […] Grâce à Dieu, nous avons vécu et nous vivons encore ensemble heureux et contents. » Il n’est que bien modéré quand il s’échappe jusqu’à dire : « Un de mes amis m’écrivait dernièrement : Sauf le respect pour votre ami, il est dangereux d’avoir un auteur pour ami.
En grâce, mon cher Delaroche, écoutez-moi ; écoutez les conseils d’un grand-père qui vous parle de ses petits-enfants par-dessus la tombe de leur mère ! […] En ce qui est de lui, revenant à juger ses dernières productions, il excède bien plutôt en sévérité qu’en indulgence : « Grâce à l’aspect boueux et plombé du Salon, mon tableau (le Siège de Rome) qui remplit lui-même pas mal de ces conditions, est sans doute celui qui attire le plus les regards ; en le considérant, il n’éborgne pas, et on le quitte sans émotion fâcheuse. […] Mais, de grâce, ne te dénature pas ; ne sacrifie jamais ta fibre première, essentielle, fondamentale, ta corde sensible, celle qui vibrait chez Voltaire quand il écrivait ses charmants vers sur le siège de Philisbourg.
était en pleine défaveur auprès de Vaugelas et n’avait point cours dans l’usage familier : « Ce mot, dit-il, ne me semble point bon, quelque signification qu’on lui donne. » Il l’eût encore admis à la rigueur dans la signification de doux, courtois, civil, et par manière de pléonasme ; mais il n’en voulait pas du tout pour dire celui qui a bonne grâce, une certaine élégance riante. […] On a eu besoin de dire : « Il y a je ne sais quoi de gracieux dans ce tableau. » Le xviiie siècle, qui était pour la grâce et pour le joli plus que pour le beau, en a largement usé ; le xviie en était fort sobre. […] » Vaugelas avait fort bien remarqué que, dès qu’on adressait à quelqu’un une semblable question, il hésitait à l’instant, se creusait la tête, entrait en doute de son propre sentiment, raisonnait et ne répondait plus avec cette parfaite aisance et naïveté qui est la grâce en même temps que l’âme de l’usage.
La bonté ingénieuse surtout, si une fois elle a été unie à la beauté souveraine, et n’a composé avec elle qu’un même parfum, est une grâce qui devient enchanteresse à son tour et qui ne périt pas. […] Si, dans le portrait de son père, M. de Chateaubriand n’a rien à envier aux Van Dyck, aux Velasquez et aux vieux maîtres espagnols ; si, dans le portrait de sa sœur enfant, il a égalé quelque jeune fille gauche et finement ingénue de Terburg, il n’est comparable en cet endroit qu’à la grâce exquise et familière de Wilkie. […] Et lui-même, si par hasard nous le rencontrons sous les ormes de son boulevard, n’a-t-il pas fleur à la main et jeunesse légère, et, si nous le saluons, toute la grâce du sourire ?
si la Panagia me l’accorde par sa grâce, et punit les voleurs, et que je revoie mon bélier au milieu de son parc, je rôtirai un agneau le jour de Pâques, jusqu’à ce qu’il tombe de la broche. […] Que de grâce et de naturel ! […] Éole, non pas le fougueux roi des vents, mais un autre Éole, roi d’une contrée de Thessalie, eut deux fils : Créthée, père d’Æson et de Pélias, puis Athamas, père de Phryxos et d’Hellé ; je vous fais grâce du reste de la descendance, qui, si j’allais plus loin, s’étendrait facilement jusqu’à Ulysse.
Jamais réalisme plus faux et plus matériel ne s’aplatit sur la nature pour en effacer la grâce. […] Vast-Ricouard même n’a pu faire mieux que Chapelain : « Les bras glissant avec grâce, le long du buste, étaient terminés par des mains dont les doigts potelés, et pourtant effilés, avaient à leurs extrémités de minuscules ongles roses, arrondis à fleur de peau. » Ces réalistes, qui n’ont pas un grain de sentiment artistique, ne se doutent pas qu’il ne suffit pas de savoir le dictionnaire et de faire le tour d’un objet, et d’en coucher par écrit, sous leur nom propre, toutes les particularités visibles. […] Il ne doit y avoir rien d’inutile dans l’ouvrage : mais chaque pièce doit être si bien tournée et ajustée, qu’une grâce libre enveloppe la nécessité, et que ce qui soutient l’édifice ait l’air d’être mis seulement pour réjouir les yeux.
Racine a été élevé dans le jansénisme, à croire que la nature est corrompue, que tout mérite, tout bien en l’homme vient de la grâce ; il a pu rompre avec ses maîtres, il n’a pu se défaire des enseignements lentement insinués, quitter le point de vue d’où ils lui avaient appris à regarder l’agitation humaine. […] Mais il est bien certain qu’il y a un parfait accord entre la conception psychologique de Racine et le dogme caractéristique du jansénisme : de là vient la facilité avec laquelle Arnauld accepta Phèdre, lorsqu’on voulut réconcilier Racine avec lui, et de là le mot fameux que la reine incestueuse est « une chrétienne à qui la grâce a manqué ». […] Voici Andromaque, veuve et mère, obligée de choisir entre la fidélité qu’elle doit à son mari, et la protection qu’elle doit à son fils, honnête femme qui se défend avec ses grâces de femme, ménageant l’amour de Pyrrhus pour lui résister sans le décourager.
* * * Le meilleur argument des partisans de l’enseignement « moderne » était celui-ci : « Certes, nous allons mettre au jour une France de barbares, nous allons nous dépouiller de tout ce qui, depuis des siècles, constituait notre prestige, notre charme et notre beauté dans le monde, nous n’aurons plus la grâce, ni la politesse de l’esprit, — mais quoi ! […] Grâce aux dieux ! […] La nouvelle Sorbonne ne trouverait pas plus grâce devant eux que l’ancienne ; la science leur déplaît autant que la littérature ; ils guillotinent avec le même entrain Lavoisier et André Chénier.
Le grec était la langue défendue : c’était une grâce de plus pour un esprit curieux et libre. […] Platon lui faisait aimer les belles pensées, la grâce et la variété de ces peintures de la vie, qu’il excelle à mêler aux plus hautes spéculations de l’esprit. […] Il en avait sans doute appris l’art dans les écrits des Grecs, où cette variété des pensées et des tours qui les expriment ce mélange d’expressions de tous les ordres, est une des grâces inimitables du génie grec.
Elle y ajouta tout ce que sa grâce naturelle put lui suggérer pour relever le prix de cette faveur, « Racontez-nous, disait au sortir de là un courtisan à Chamfort, toutes les choses flatteuses que la reine vous a dites. » — « Je ne pourrais jamais, répondit le poète, ni les oublier ni les répéter. » On ne s’en tint pas là à son égard, et le prince de Condé nomma aussitôt Chamfort secrétaire de ses commandements, avec 2 000 livres de pension. […] Je me suis trouvé dans la nécessité absolue ou de faire de la littérature un métier pour suppléer à ce qui me manquait du côté de la fortune, ou de solliciter des grâces, ou enfin de m’enrichir tout d’un coup par une retraite subite. […] Heureux si je pouvais, Madame, la consacrer par de nouveaux efforts, si je pouvais justifier vos bienfaits par d’autres travaux, et trouver grâce devant Votre Majesté par le mérite de mes ouvrages plus que par le choix de leur sujet !
Rechercher l’art pour lui-même, ce n’est donc pas rechercher exclusivement l’art pour sa forme ; c’est l’aimer aussi pour le fond qu’il enveloppe. « La poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout79. » La poésie est « dans les idées ; les idées viennent de l’âme. » La poésie peut s’exprimer en prose, « elle est seulement plus parfaite sous la grâce et la majesté du vers. […] De tels vers font songer à de blancs clairs de lune, à la fraîcheur des brises, au jour adouci des rayons sous les arbres ; tout est grâce, demi-teinte et nonchalance, malgré un perpétuel souci, — notons-le en passant, — de la majesté et du grand air. […] N’a-t-il pas de l’enfant l’humeur changeante, capricieuse même, la vivacité et la grâce, la légèreté joyeuse ?
D’un côté c’est Dieu qui parle, et de l’autre c’est l’homme ; mais on ne voit pas que la question est précisément de savoir si c’est Dieu qui parle, et, toute grâce surnaturelle mise à part, la croyance que c’est Dieu qui parle est fondée sur des raisons, c’est-à-dire sur des opinions, qui ont exactement le même caractère de certitude relative que les opinions philosophiques. […] Guizot renvoyer aux théologiens le débat de la grâce et du libre arbitre, de la foi et des œuvres. Encore une fois, qu’est-ce que le christianisme, si la doctrine de la grâce, la doctrine de la justification, sont des doctrines lâches et arbitraires dont on prend ce qu’on veut, et que l’on accommode suivant les temps aux exigences profanes du sens commun, abandonnant le dogme lui-même dans sa précision et dans sa rigueur au pédantisme théologique ?
Grâce à elle, le vice devint tout à la fois royal et populaire ; et voyez les conséquences ! […] Son livre, qui n’a pas de nerf, a de la grâce et du chiffon, mais plus de chiffon que de grâce.
Donne donc et la vertu et la richesse. » De ce langage plus solennel que grand, de cette gravité calme et non sans grâce, quelques traits de lumière ne semblent-ils pas se réfléchir sur l’état de langueur et la réforme abstraite du polythéisme d’alors ? […] Seulement, à sa suite marchent la grâce et la haine, la guerre et la fait mine, et les douleurs abondantes en larmes. […] Elles sont bien détournées, en effet, et, comme dit Bossuet : « Le chant de Salomon est tout délice ; partout des fleurs, des fruits, la douceur du printemps, les jardins verdoyants et arrosés, les eaux courantes, les puits, les fontaines, les parfums composés avec art, ou nés du sein de la terre ; et encore, les colombes, la mélodie des tourterelles, le miel, le lait, le vin : puis, dans les deux sexes, la dignité et la grâce ; des amours aussi pures que charmantes : et, si quelque horreur s’y mêle, les rochers, l’aspect sauvage des montagnes, l’antre des lions, c’est encore afin de plaire, et comme un contraste pour varier et rehausser l’éclat du tableau. » Le pieux évêque, en résumant ainsi le Cantique des cantiques, y supprime des libertés de langage bien plus vives, et qui cependant n’excluent pas cet idéal religieux que, dans une poésie plus moderne, l’Orient a souvent allié aux attraits du plaisir et de la passion.
. — Quelques heureux préludes de grâce et d’harmonie. […] » Le même tour d’imagination, la même ferveur mystique anime d’autres chants de Luis de Léon, et en fait le poëte illuminé par la grâce divine, comme on l’a été de nos jours par la mélancolie et la satiété du cœur. […] Cependant, comme on l’a remarqué finement de nos jours, ce faux grand poëte, ce malheureux parodiste de Pindare et même de Callimaque, était capable de naïveté, de grâce et de douceur dans les petits sujets, et à son insu peut-être.
Il entendait montrer que nous ne pouvons rien, dans l’ordre du salut, sans la grâce de Dieu. […] Et ainsi, tandis qu’il pensait nous démontrer la nécessité de la grâce, Racine n’est arrivé qu’à nous démontrer la fatalité terrible et délicieuse de la passion. […] Elle eut, dit-on, au plus haut point la grâce et l’esprit ; elle eut le génie de la chanson. […] De grâce ! […] Cela ne signifie rien, mais cela peut avoir encore sa grâce quand le chansonn
Grâce à cette pitié divine, l’homme est donc visité par des forces qui lui sont inconnues et qui agissent en lui sans son concours. […] Doré sait les saisir au passage et les fixer avec autant de mollesse et de grâce qu’il met de vigueur à reproduire ses traits sévères. […] Grâce à cette contradiction, l’action lui est interdite, et il devra rester forcément oisif. […] Grâce à lui, nous pouvons nous oublier et nous distraire de nous-mêmes dans la contemplation des douleurs d’autrui et de la vie universelle. […] Jamais tyran italien n’a fait mourir ses ennemis avec plus de grâce et en les couvrant de plus de fleurs.
Dans une autre lettre, il ne cache pas à l’évêque de Castorie qu’il a tout fait pour empêcher la publication du Traité de la nature et de la grâce. […] Grâces leur soient rendues de leurs attaques ! […] Ne le craignons pas davantage ; et si tel d’entre eux a été, comme Athanase, le théologien de la Trinité, ou tel autre, comme Augustin, le théologien de la Grâce, disons que — dans cette longue histoire du développement du dogme catholique — Bossuet a été celui de la Providence. […] Non, en vérité, conclut Bayle, quelque religion que nous professions des lèvres, nous ne pouvons rien sans la grâce ; — et le développement de sa sixième preuve est achevé. […] Si nous n’en saisissons pas d’abord les liaisons ou les correspondances, les affinités plus cachées, d’autres viendront après nous qui les apercevront grâce il nous, Ne négligeons même pas les singularités.
— Allez à la grâce de Dieu ! […] quelle grâce dans ses mouvements ! […] Grâce à ce petit monsieur, ajouta-t-il en indiquant du doigt Onufre Ilitch, j’ai fatigué mes chevaux à courir à travers la ville que Dieu maudisse ! […] — Oui, et cela grâce encore à ce coquin d’Onufre. […] Je saurai apprécier comme je dois le faire la grâce imméritée que le sort m’a accordée en me donnant une femme comme Viéra.
Comme orateur à la Chambre des pairs, il a de l’élégance, du bien dire et une sorte de grâce altière.
Je me figurais bien la jeune femme artiste, non moins chose légère que l’abbé Delille, d’une joyeuse abondance de talent, active à tout peindre, les personnes, les cascades, l’arc-en-ciel de Tivoli, ses grâces au pinceau, au pastel, la draperie mythologique qu’elle savait jeter sur chaque objet ; j’assistais à l’inspiration mondaine et riante de l’art d’alors, et les Souvenirs me commenaient quelques-uns de ces portraits durables qu’on aime à revoir.
Les auteurs n’ayant aucun motif pour rien ménager, rien voiler, rien sous-entendre, la grâce et la finesse devaient nécessairement manquer à leur gaieté.
Telle est de ce poème (l’églogue) et la force et la grâce.
Ces insectes, volant en essaim d’étincelles, Cachaient leur aiguillon sous l’éclair de leurs ailes ; À leur bourdonnement ou souriait plutôt : La grâce comme une huile en guérissait le mot !
Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.
Les « petits Français » seraient remplacés en France par des petits Anglais, par des petits Allemands ; ainsi chaque peuple, oubliant sa langue maternelle, irait patoiser chez son voisin : système excellent, grâce auquel les Européens, sachant toutes langues, n’en sauraient parfaitement aucune.
On a dit que du plus mauvais livre on peut tirer quelque chose de bon et que par conséquent un livre est toujours un ami et un bienfaiteur, et l’on a pu citer en l’appliquant aux livres, cette ligne de Montaigne : « Il sondera la portée d’un chacun : un bouvier, un maçon, un passant, il faut tout mettre en besogne et emprunter chacun selon sa marchandise ; car tout sert en ménage ; la sottise même et faiblesse d’autrui lui sera instruction : à contrôler les grâces et façons d’un chacun il s’engendrera envie des bonnes et mépris des mauvaises. » Ce n’est pas tout à fait vrai, ou je n’en suis pas tout à fait sûr.
. — Logique et clarté naturelle, sobriété, grâce et délicatesse, finesse et moquerie. — L’ordre et l’agrément. — Quel genre de beauté et quelle sorte d’idées les Français ont apportés dans le monde. […] Les chroniqueurs, Villehardouin, Joinville, Froissart, inventeurs de la prose, ont une aisance et une clarté dont nul n’approche et, par-dessus tout, un agrément, une grâce qu’ils ne cherchent point. La grâce est ici chose nationale, et vient de cette délicatesse native qui a horreur des disparates : point de chocs violents, leur instinct y répugne ; ils les évitent dans les œuvres de goût comme dans les œuvres de raisonnement ; ils veulent que les sentiments comme les idées se lient et ne se choquent pas. […] Ailleurs la grâce ne manque pas, la douceur non plus. […] Il prend la ville, et aussitôt les ambassadeurs de Saladin viennent lui demander grâce pour les prisonniers.
Aussi se prêta-t-il de la meilleure grâce du monde à une conversation que lui-même, en sa haute probité d’art, voulut longue ; il nous reste un regret, celui de ne pouvoir donner telle qu’il l’essaima cette conversation du puriste par excellence de notre époque. […] Oh l’amour toqué, retoqué Grâce à la culotte inféconde ! […] Donnons à ce vers, d’armature solide, plus d’abandon, de rêve, de grâce, de musique, de fluidité. […] — Tous les passades écrits en italique, mis dans la bouche du Comte, nous furent donnés, avec la meilleure grâce du monde, par M. de Montesquiou. […] As-tu joui de cette grâce sans seconde ?
Ce style est vraiment devenu pour nous le type même du style inexpressif, mais je persiste à croire qu’il a eu sa fraîcheur et sa grâce et que le goût d’un moment fut légitimement séduit. […] Cette force nouvelle où le converti s’appuie et dont il ignore l’origine, c’est ce que la théologie appelle la grâce ; la grâce est le résultat d’un labeur subconscient : la grâce est subconsciente. […] Il imite avec fureur, avec grâce, avec tendresse, avec ironie, avec bêtise ; il imite avec conscience ; il est chinois en même temps que romain. […] Les jeux surveillés par des maîtres taquins n’en restent pas moins des jeux, quoique moins amusants ; les religions réformées n’en restent pas moins des religions, mais dépouillées de toutes leurs grâces puériles. […] Si Dieu accorde la grâce demandée, l’homme est tenu, sous peine de voir sa prière inexaucée à l’avenir, de se conformer aux règles établies par les prêtres ; mais il y a un accommodement.
Ne méconnaissons pas les grâces d’une certaine frivolité. […] Grâce tranquille. […] … Si l’on peut ainsi parler, c’est un coup de la grâce. Mais, la grâce de l’histoire, comme la grâce de la foi, il faut qu’on la prépare ; ou, plutôt, il faut qu’on se prépare à elle. […] Or, est-il rien de plus exactement sublime que l’œuvre de la grâce ?
Grâce à ces expériences répétées et diversifiées, lorsqu’une sensation de picotement ou toute autre s’éveille dans mon corps, même en un point pour lequel l’atlas visuel me manque, elle ressuscite sa compagne inséparable, l’image d’une sensation musculaire spéciale, sensation d’une durée précise, plus longue que telle autre semblable, moins longue que telle autre semblable, différente de telle autre aussi longue. […] Grâce à lui, nous avons à notre disposition de nouvelles séries comparables entre elles et dont les éléments se succèdent en nous avec une vélocité prodigieuse. […] Cela nous dispense d’imaginer en détail la longue sensation musculaire de vingt enjambées, la longue sensation tactile et musculaire de la main promenée sur tout le contour de la surface. — Grâce à cette vitesse des opérations optiques, nous pouvons saisir, en un temps très court et par une perception qui nous semble instantanée, un objet tout entier, une chaise, une table, un personnage, bien plus, si l’objet est éloigné, une prairie entière, tout un groupe d’arbres, un édifice, l’enfilade d’une rue. — Vous voilà à une fenêtre, vous ouvrez les yeux, et, tout d’un coup, au moyen d’un très petit mouvement des yeux et d’un imperceptible mouvement de la tête, tout le paysage vous apparaît, avec ses divers plans, terrains, verdures, ciel, nuages, avec les innombrables détails de leurs formes, de leur relief et de leurs creux. […] Grâce à l’image associée des sensations musculaires qui conduiraient le toucher explorateur jusqu’au livre et tout le long du livre, la sensation de couleur, qui est nôtre, cesse de nous sembler nôtre et nous paraît une tache étendue située à trois pieds de notre œil. — Grâce à l’image associée des sensations de contact et de résistance qu’éprouverait alors le toucher explorateur, la tache nous semble une étendue solide. — Grâce à l’image associée des sensations qu’éprouverait en tout temps tout être semblable à nous, qui recommencerait la même expérience, il nous semble qu’il y a à cet endroit un quelque chose permanent, indépendant, capable de provoquer des sensations, et que nous appelons matière. — Ainsi naît le simulacre interne, composé d’une sensation aliénée et située à faux, d’images associées, et, en outre, chez l’homme réfléchi, d’une interprétation et d’un nom qui isolent et posent à part un caractère permanent inclus dans le groupe. — Ce simulacre change à chaque instant avec les sensations qui lui servent de support.
Avec elle, dîne sa fille mariée à un Ephrussi, une jeune mariée qui a toutes les grâces, toutes les gentillesses, toutes les fraîcheurs d’une fillette, dans une robe de lampas rose, aux immenses fleurs, rappelant la richesse des étoffes peintes dans les anciens tableaux. […] Indignation de l’austère marchande de vin, qui lui déclarait qu’il déshonorait sa maison, et qu’il n’y rentrerait jamais, et à la suite de cette déclaration, une série de scènes drolatiques, et de lâchetés spirituelles de Bartet, pour rentrer en grâce, et remanger du pot-au-feu de Dinochau. […] Dimanche 13 mai Comme je m’extasie devant Hayashi, sur la grâce voluptueuse, qu’Outamaro, mon artiste de prédilection, a mise dans ses longues femmes, et qu’à propos d’une planche des Douze Heures, de cette impression, où d’une robe pâle, paraissant tissée de toiles d’araignée bleues, jaillit une petite épaule nue de femme, à la maigreur excitante, et que je lui dis qu’on sent chez l’artiste, un amoureux du corps de la femme, il me révèle qu’il est mort d’épuisement. […] Moi. — Si, j’y mettrais un enfant, moi, mais pas le moutard spirituel, pas l’enfant sentimentalement ventriloque du théâtre, j’y mettrais un bébé comme Mémé, un enfant de deux à trois ans, qui y jetterait le gazouillis d’un petit être de grâce, dans le sérieux des paroles. […] À mon grand regret, je suis forcé de quitter le théâtre, au moment où l’on va représenter le tableau des sept petites filles, que Porel a eu la chance de réunir, et me voilà à la mairie, pour le mariage de Georgette Charpentier, toute charmante dans une de ces toilettes esthetic de la Grande-Bretagne, qui va à sa beauté ophélique, à sa grâce névrosée.
Les sociétés nombreuses ont leur prix ; il faut même savoir s’y prêter de bonne grâce ; mais, quand on a satisfait à tous les devoirs imposés par l’usage, je trouve fort bon que les hommes s’assemblent quelquefois pour raisonner, même à table. […] La loi de grâce lui aurait appris, comme la philosophie véritable, que la guerre était, non pas nécessaire et divine, comme il le dit, mais vertueuse et obligatoire quand la perversité humaine fait à l’homme constitué en nation un devoir de défendre sa vie, sa famille, sa nation contre ce meurtre en masse. […] En vain les plus sublimes beautés de l’architecture semblaient demander grâce pour ces étonnantes constructions ; en vain leur solidité lassait les bras des destructeurs ; pour détruire les temples d’Apamée et d’Alexandrie il fallut appeler les moyens que la guerre employait dans les sièges. […] La Vierge immaculée, la plus excellente de toutes les créatures dans l’ordre de la grâce et de la sainteté, discernée entre tous les saints, comme le soleil entre tous les astres ; la première de la nature humaine qui prononça le nom de salut ; celle qui connut dans ce monde la félicité des anges et les ravissements du ciel sur la route du tombeau ; celle dont l’Éternel bénit les entrailles en soufflant son esprit en elle et lui donnant un fils qui est le miracle de l’univers ; celle à qui il fut donné d’enfanter son Créateur ; qui ne voit que Dieu au-dessus d’elle et que tous les siècles proclameront heureuse ; la divine Marie monte sur l’autel de Vénus pandémique.
Ce tourbillon de beauté, de grâce, de bonté, de familiarité charmante dans lequel j’avais vécu quelques semaines à la villa, m’enlevait sans résistance de ma part, sans effort de la part de Léna, comme une feuille de ses jardins enlevée sous ses pas par le vent de mer. […] « Elle ne consent pas à le laisser repartir tant qu’il n’est pas rétabli en parfaite santé, tant la tendre pitié qu’elle a éprouvée à son premier aspect, étendu sur la terre, puis, après le premier étonnement, tant sa beauté, sa grâce, ses manières, lui mordent le cœur d’une lime invisible : elle sent cette lime lui ronger peu à peu le cœur, qui se consume enfin tout entier d’une flamme amoureuse. […] On passe de là, avec une surprise que les mœurs seules du temps expliquent, à un chant rempli tout entier par l’histoire du petit chien qui sème les perles, conte de fées dont les détails égalent Boccace en grâce et le surpassent en poésie. […] Mais partout ailleurs c’est une fine et délicate plaisanterie, qui s’allie partout à la grâce et souvent à la plus exquise sensibilité !
Grâce à cette erreur populaire, j’arrivai à Naples sans obstacle, la nuit du jour où les Calabrais, l’armée insurrectionnelle et le général Pepe, qui avait pris le rôle de Lafayette napolitain dans le pays et dans l’armée, entraient dans cette capitale. […] Je trouvai dans la famille de ma femme un accueil plein de noblesse et de grâce, qui n’a pas cessé jusqu’à ce jour de me faire deux patries et deux centres d’affection. […] Le prince avait été séduit par la jeunesse, la beauté et les grâces intellectuelles de sa compagne ; il l’avait aimée, mais il n’avait pu conserver son estime, encore moins son amour. […] XXXI La comtesse d’Albany m’accueillit avec une gracieuse bonté dans ce cercle étroit des nationaux et des étrangers qui venaient honorer, dans sa personne, moins la reine d’un empire évanoui que la souveraine légitime de la grâce et de l’esprit dans la conversation.
Constitué comme une symphonie d’un allegro, d’un andante et d’un presto, le paragraphe type de Flaubert est construit d’une série de courtes phrases statiques, d’allure contenue, où les syllabes accentuées égalent les muettes ; d’une phrase plus longue qui, grâce d’habitude à une énumération, devient compréhensible et chantante, se traîne un peu en des temps faibles plus nombreux ; enfin retentit la période terminale dans laquelle, une image grandiose est proférée en termes sonores que rythment fortement des accents serrés. […] Et jusqu’aux merveilleuses et poignantes entrevues de Frédéric et de Mme Arnoux, à cette idylle d’Auteuil, où, vêtue d’une robe brune et lâche, elle promenait sa grâce douce sous des feuillages rougeoyants qui sont notées en faits indispensables et dépourvues de toute phraséologie inutile. […] Et combien est nouvelle celle qui se livre avec une grâce presque mûre à son aimé, et comme on la sent, à travers ses cris de jeune maîtresse, la femme de maison, être déjà responsable et dénué d’enfantillages. […] Chacun de ses doigts était pour lui plus qu’une chose, presqu’une personne… Il l’appelait Marie, adorant ce nom là fait exprès, disait-il, pour être soupiré dans l’extase et qui semblait contenir des nuages d’encens, des penchées de roses. » D’aussi, belles pages marquent encore la sensualité contenue de ces deux êtres mûrs pour l’amour, et exacerbant leurs nerfs malades ; la promesse de son corps accordée et ce sacrifice empêché par la maladie de son fils tandis que dehors l’émeute se déchaîne puis la séparation des deux amants, jusqu’à cette scène effroyablement aigüe où Frédéric, se trouvant un soir chez elle pâle et en larmes, est emmené par sa maîtresse, tandis que les rires délirants de Mme Arnoux sonnent dans l’escalier, et en trouent l’ombre ; la ruine de cette femme, cette chose intime et presque obscène, la vente de ses effets : enfin cette suprême et dure entrevue, où éclairée tout à coup par la lampe, elle montre à son amant vieilli, et travaillé de concupiscences, la froideur pure sur ses doux yeux noirs, de ses cheveux désormais blancs, dont, déroulés, elle taille une mèche, « brutalement à la racine »… Par ce type de femme de la grâce la plus haute, Flaubert se compensait de toutes les brutes que son souci de la vérité le forçait à peindre.
Il faut attendre ; et, en attendant, toutes leurs Chansons, où il y a de réelles qualités sinon d’art, au moins de grâce, d’élégance et de mièvrerie, continuent toutes ou presque toutes de se ressembler. […] Sans doute, il y a Villon, François Villon, « né de Paris emprès Pontoise », vrai gibier de potence, mais vrai poète aussi, grand poète même, oserait-on dire ; et quelques-unes de ses Ballades ne sont assurément pas pour démentir ce que ce nom de poète, quand il est mérité, signifie de grâce et de force de style, de sincérité d’émotion, d’originalité de sentiment et d’idées. […] Grand Testament, 305-329 et 1728-1778] ; — infiniment de grâce et de délicatesse, quand il l’a voulu [Cf. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Le favori du Téméraire et le conseiller de Louis XI. — Ses nombreuses missions et son rôle politique. — Sa disgrâce, 1486. — Il reparaît à la cour, 1492. — Sa retraite, 1498. — Ses tentatives pour rentrer en grâce auprès de Louis XII ; — Ses dernières années, 1505-1510 ; — Et sa mort.
Mignet, qui a décrit en termes heureux le talent de l’homme, avait voulu traiter du philosophe un peu à fond et sans précautions fausses, il aurait insisté sur ces pages dont l’accent pénètre et doit trouver grâce auprès de tous. […] Son élégance, à force d’être grave, a quelquefois ses pesanteurs : il n’a jamais rien eu à faire avec les grâces négligées.
Au xviie siècle donc, il y eut la grande et originale école de paysagistes qui rendirent tour à tour la beauté italienne dans ses splendeurs et son élégante majesté, et la nature rustique du Nord dans ses tranquilles verdures, ses rangées d’arbres le long d’un canal, ses chaumines à l’entrée d’un bois, en un mot dans la variété de ses grâces paisibles, agrestes et touchantes. […] Quant à la peinture proprement dite et par le pinceau, ce ne fut que sur la fin du xviiie siècle que de La Rive et, après lui, Töpffer le père, commencèrent à rendre le paysage suisse, savoyard, de la zone inférieure dans sa grâce et sa poésie familière ; « les masures de Savoie avec leur toiture délabrée et leur portail caduc ; les places de village où jouent les canards autour des flaques ; les fontaines de hameau où une fille hâlée mène les vaches boire ; les bouts de pré où paît solitaire, sous la garde d’un enfant en guenilles, un taureau redoutable » ; puis les marchés, les foires, les hôtelleries ; les attelages poudreux avec le chien noir qui court devant ; les rencontres de curés, de noces, de marchands forains ; les manants de l’endroit avinés et rieurs, « amusants de rusticité ».
Seulement ce n’étaient là que des aspirations d’une âme ardente et, par ce côté, plus germanique que française ; il manquait à cette muse novice et trop contrainte la première condition d’une poésie faite pour charmer, la grâce de ces heureux mortels qui sont nés avec un talisman dans leur berceau et avec la flûte d’ivoire sur les lèvres. […] Ses manières sont négligées, mais une sorte de grâce, qui réside moins dans l’arrangement des formes que dans leur simplicité et dans l’à-propos du geste, les rend tout à fait séduisantes.
Il lui faisait d’ailleurs la grâce d’y reconnaître, sans doute sur parole, « une foule de beautés de style et d’expressions qui devaient être vivement senties par les compatriotes du poète, et même quelques morceaux assez généralement beaux pour être admirés par toutes les nations. » On en était là au commencement de ce siècle. […] Dante fier, sombre, bizarre et dédaigneux dans cette partie de son poème, apparaît différent à mesure qu’on avance ; son côté tendre, affectueux et touché, ses trésors de mélodie et de tendresse, les nombreuses comparaisons d’abeilles, de colombes et d’oiseaux, qui lui échappent si souvent et qui s’envolent sous ses pas, toutes ces grâces plus fraîches à sentir dans un génie grandiose et sévère, appartiennent aux deux dernières parties de son poème et s’y développent par degrés.
Bernardin de Saint-Pierre, par une grâce du ciel, avait déjà reconnu de loin la grande plage antique, et, sans y aborder, il l’avait saluée à l’horizon. […] Mais d’ailleurs il ne réussit pas, et il manque tout à fait de grâce et d’élégance.
Si je ne savais combien il aime Raphaël, je ne verrais pas trop ce que vient faire Raphaël en cet endroit : Voulait-il peindre une Vierge, ce beau génie, dit-il, cherchait dans les trésors de son imagination les traits les plus purs qu’il eût rencontrés, les épurait encore, y ajoutait sa grâce propre, qu’il puisait dans son âme, et créait l’une de ces têtes ravissantes qu’on n’oublie plus quand on les a vues. […] Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.
Les rares jeunes femmes à qui il fut donné d’éclore et de fleurir dans ce cercle des Maintenon et des Coulanges en étaient imbues sans effort ; celles-là eurent le regard de la grâce en naissant. […] Mme de Créqui, à l’en croire, avait toujours été laide ; elle faisait bon marché de son passé et de ses grâces de jeunesse : Mais, nous dit l’auteur de la notice déjà citée, M.
Ils parlaient bien, ils raillaient avec grâce, avec tour, ils jouaient d’un trait bien appuyé, bien acéré, et tout d’un coup, sans qu’on sache pourquoi, un petit délire soi-disant poétique les prend, ils s’arment d’un violon de village et font, pendant une minute ou deux, un crin-crin qui écorche les oreilles. […] Jamais il n’y en eut un qui eût plus besoin de sacrifier aux Grâces.
On a les dix premiers livres, dans lesquels Tite-Live a dû accepter (et il en demande presque grâce) les fables et les on-dit de la légende, et couvrir de son talent les premiers âges si secs de l’histoire. […] Si l’impression qui en reste est celle de la force, la qualité qui jusqu’ici lui a le plus manqué est la douceur, la grâce : un des derniers articles qu’il a écrits, et qui a pour sujet ou pour prétexte La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette, montre pourtant qu’il sait toucher, quand il le veut, les cordes délicates et qu’il a en lui bien des tons.
La princesse Marie était loin pourtant d’avoir l’esprit de sa sœur cadette Anne de Gonzague, mais elle en avait bien assez pour éblouir Marolles ; elle avait surtout de la grâce, de l’indulgence, et un charme qui opéra sensiblement sur cet excellent et galant homme plus encore peut-être qu’il ne l’a dit et qu’il ne se l’est avoué à lui-même. […] Je fais grâce du détail et des devises.
Voltaire est le premier, et il demeure incomparable : vif, naturel, facile, toujours prêt, donnant au moindre compliment un tour aisé, une grâce légère, exprimant au besoin des pensées sérieuses, mais les déridant bientôt, et toujours attentif à plaire, à faire rire l’esprit. […] Fixez de grâce mon âme incertaine qui vole au-devant de votre volonté.