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1112. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il a cru que le mariage sanctifiait ici l’amour ; mais il me paraît, au contraire, qu’un amour de cette espèce profane l’institution du mariage et en altère profondément l’esprit. […] Il y a, du reste, dans l’espèce de philosophie nihiliste où ces constatations nous mènent, un vif plaisir de révolte, de négation. […] As-tu fini de sucrer ton couplet, espèce de ténor ? […] Il ne vous a pas échappé que les trois premiers actes sont une espèce d’exposition, — un peu longue. […] Cette badauderie s’explique sans doute par les mêmes raisons que les autres espèces de badauderie ; mais peut-être admet-elle aussi une explication particulière aux femmes.

1113. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Je conçois que la perte de Cabanis, qui aurait été dans tous les temps une juste cause d’affliction pour ses amis, vous ait été doublement sensible, dans un moment où les hommes de cette espèce semblent disparaître de la terre. […] Circonstance remarquable et dont l’espèce de contradiction n’aura pas échappé, Fauriel, qui, dans ses écrits français, était loin d’être un maître de la forme, et s’en souciait assez peu, devenait un arbitre exquis et sûr dès qu’il s’agissait de langue italienne et de style toscan. […] Il y a plus : c’est précisément ce défaut d’art ou cet emploi imparfait de l’art, c’est cette espèce de contraste ou de disproportion entre la simplicité du moyen et la plénitude de l’effet, qui font le charme principal d’une telle composition. […] L’historien tient bon avec eux ; on dirait qu’il combat pied à pied à côté de Vaifre, dans cette espèce de Vendée désespérée, qui n’a laissé dans les chroniques que de rares vestiges. […] Celui-ci, dans son premier article sur Lope, n’avait point déduit les preuves de sa conviction concernant la Dorothée ; il n’avait point dit d’après quel ensemble de circonstances et de signes distinctifs il croyait pouvoir assigner à cette pièce l’importance réelle d’une espèce de biographie.

1114. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Bientôt le soleil, la pénétrant, l’agita profondément et y produisit une espèce de tourmente. […] Mais ce qu’il est impossible de rendre, c’est ce mouvement si varié des oiseaux de toute espèce, des troupeaux qui avançaient lentement d’une haie à l’autre, de ces nombreux chevaux qui bondissaient dans les pâturages ou au bord des eaux : ce sont surtout ces bruits confus des sonnettes des troupeaux, des aboiements des chiens, du cours des eaux et du vent, bruits mêlés, adoucis par la distance et qui, joignant leur effet à celui de tous ces mouvements, exprimaient une vie si étendue, si variée et si calme. […] Boisserée, qui déduit l’architecture ogivale de l’espèce d’aspiration qu’exercèrent les hautes tours destinées aux cloches sur le reste de l’édifice, cette vue ingénieuse, mais qui n’est qu’un des éléments de la vérité, se trouve exposée plutôt que discutée par M. […] Je n’en sais pas de plus mémorable élan que l’espèce d’épilogue qui termine le huitième volume, et qui couronne le récit des victoires toutes républicaines de la première campagne d’Italie.

1115. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Cette maison était une espèce de château antique qui touchait aux murs de Paris, assez grand, et de forme triangulaire. […] Il lui commanda une œuvre de sculpture dont il décorait en ce moment la Logia de Lanzi, espèce d’amphithéâtre couvert, mais en plein air, où l’on exposait à perpétuité les œuvres immortelles des artistes toscans à l’admiration et à la gloire du peuple sur la place du Gouvernement. […] J’allai voir aussitôt mon fourneau, où le métal avait formé une espèce de pâté ; mais j’envoyai chercher du bois de chêne, qui fait un feu plus vif que les autres ; j’en remplis la fournaise, et bientôt je vis ce pâté s’amollir. […] Espèce de monnaie, comme nos centimes.

1116. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

On sait que la Macédoine, à cette époque, était une espèce de Grèce monarchique, tantôt alliée, tantôt ennemie du Péloponnèse. […] « La nature, dit-il, a fait la propriété nécessaire : donc elle a nécessairement créé l’espèce d’homme nécessaire à la culture de cette propriété. » C’est encore l’argumentation des blancs possesseurs des noirs dans nos colonies, et il a fallu une révolution pour saper ce faux raisonnement. […] Nous l’avons déjà dit : c’est la nature elle-même qui a tracé la ligne de démarcation, en créant dans une espèce identique les classes des jeunes et des vieux, les uns destinés à obéir, les autres capables de commander. […] Enfin, au milieu de ces espèces si nombreuses d’oligarchies et de démocraties, Socrate ne parle de leurs révolutions que comme si chacune d’elles était unique en son genre. » XXIX Telle est la Politique d’Aristote, le plus beau de ses traités pratiques.

1117. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Entre les chants, les Tyroliens jouèrent différentes danses nationales, sur une espèce de cithare couchée, avec un accompagnement de flûte traversière d’un son clair. […] Courir après la gloire, vouloir la forcer, vains efforts ; on arrivera bien, si on est adroit, à se faire par toutes sortes d’artifices une espèce de nom ; mais si le joyau intérieur manque, tout est inutile, tout tombe en quelques jours. — Il en est exactement de même avec la popularité. […] « Le caractère, dit-il, c’est tout ; et cependant, de notre temps, il y a eu parmi les critiques de petits personnages qui n’étaient pas de cet avis et qui voulaient que dans une œuvre de poésie et d’art un grand caractère ne fût qu’une espèce de faible accessoire. […] Comme je vous l’ai dit récemment, je vous ai nommé dans mon testament éditeur de mes œuvres posthumes et j’ai rédigé ce matin une espèce de petit acte que vous signerez avec moi. » * * * Mercredi, 25 mai 1831.

1118. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Comme on ne s’arrête plus, une fois sur la pente, cette idée d’enseigner, en se développant, se modifie et devient bientôt celle de juger, et le professeur Shakespeare devient le juge Shakespeare, sous la plume de François Hugo, une espèce de lord justicier, de haut shérif intellectuel d’Angleterre. […] La préface de ce volume-ci a pour fond et pour thèse de refaire, avec les Deux Gentilshommes de Vérone, la biographie ignorée de Shakespeare, et François Hugo y ajoute cette autre thèse, qu’il n’a pas inventée, que Shakespeare eut dans sa vie — inconnue cependant — toutes les vertus qu’il a décrites, et que, comme il était un être transcendant et idéal par le génie, il était forcément, par le cœur et par le caractère, une autre espèce d’être transcendant et idéal. […] » Que Cuvier, dont l’idée nous porte à la tête et nous grise, ait retrouvé des espèces perdues, cela se conçoit : il allait du connu à l’inconnu, du même au même, — non au différent, — et il tenait dans deux doigts de sa main un petit os, base de ses inductions sublimes. […] Quand on regarde fixement pour le dissiper l’espèce de mirage qu’une langue étrangère jette sur une idée qui paraîtrait commune dans la langue qu’on a l’habitude de parler, on finit par voir ce qu’on ne voyait pas d’abord : c’est à quel point, en somme, les critiques de Shakespeare sont petits.

1119. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Il nous reste heureusement sur l’enfance de l’espèce et sur ses premiers développements le plus certain, le plus naïf de tous les témoignages : c’est l’enfance de l’individu. […] Les duels furent encore une espèce de jugement des dieux. […] Alors revinrent les guerres pieuses de l’antiquité (pura et pia bella) ; mêmes cérémonies pour les déclarer : on appelait hors des murs d’une ville assiégée les saints, protecteurs de l’ennemi ; et l’on cherchait à dérober leurs reliques. — Les jugements divins reparurent sous le nom de purgations canoniques ; les duels en furent une espèce, quoique non reconnue par les canons. — Les brigandages et les représailles de l’antiquité, la dureté des servitudes héroïques se renouvelèrent, surtout entre les infidèles et les chrétiens. — Les asiles du monde ancien se rouvrirent chez les évêques, chez les abbés ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs. […] Essai sur l’histoire de l’espèce humaine. — Cousin.

1120. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Je n’en finirais pas si je voulais énumérer toutes les raisons graduelles et insensibles qui ont amené l’espèce de déraison finale dont Madame est saisie toutes les fois qu’elle a à parler de Mme de Maintenon ; car il n’est pas de termes qu’elle n’emploie à son égard. […] Madame, se croyant sûre d’elle-même, protesta de son innocence : Mme de Maintenon, avec un grand sang-froid, la laissa dire jusqu’au bout, puis tira de sa poche une lettre, comme Madame en écrivait journellement, adressée à sa tante l’électrice de Hanovre, et dans laquelle il était parlé en termes outrageants du commerce du roi et de Mme de Maintenon : « On peut penser si, à cet aspect et à cette lecture, Madame pensa mourir sur l’heure. » Ce n’était là que la première partie de la scène si admirablement décrite par Saint-Simon, de cette espèce de duel entre les deux femmes.

1121. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’abbé Le Dieu est de la race et de l’espèce de Boswell, tel que Macaulay nous a défini ce curieux et plat espion-biographe de Johnson, sans délicatesse, sans discrétion, sans tact, sans sûreté, et avec tout cela, et à cause de tout cela, biographe incomparable. […] Nous étions quatorze à table, et le soir seize… La table fut servie magnifiquement et délicatement : plusieurs potages, de bon bœuf et de bon mouton, des entrées et ragoûts de toute sorte, un grand rôti, des perdreaux et autre gibier, en quantité et de toute façon ; un magnifique fruit, des pêches et des raisins exquis quoique en Flandre, des poires des meilleures espèces, et toutes sortes de compotesv ; de bon vin rouge, point de bière ; le linge propre, le pain très bon, une grande quantité de vaisselle d’argent bien pesante et à la mode.

1122. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Marolles, appliquant à toute espèce de sujets le nouveau talent qu’il s’était découvert, lâcha donc les rimes par milliers, et de plus il en savait exactement le chiffre : il calculait que, d’une part, l’ensemble de ses traductions en vers des poètes profanes (sans parler d’une géographie sacrée, d’une description de Paris, etc., etc.) formait un total de 133124 vers, et que, d’autre part, ses traductions poétiques des livres sacrés, des grands et des petits prophètes, etc., etc., allaient à plus de 40000 vers : « Si quelqu’un sans besoin (c’est-à-dire apparemment, sans y être forcé) en peut mettre autant en ligne de compte, je serais bien trompé », ajoutait-il ; et il nous assure qu’il s’y est agréablement diverti. […] Il trouve des expressions significatives pour rendre l’espèce de répulsion et de frayeur qu’il avait produite : « Un silence profond de ceux qui étaient auparavant mes amis dans les lettres, et qui m’ont abandonné depuis, comme si je les avais offensés de leur avoir donné de mes livres, m’a fait assez apercevoir du sentiment public sur ce sujet26. » Je ne sais si l’on trouverait un autre exemple, un autre cas aussi caractérisé de discrédit que celui de Marolles ; c’est un phénomène à étudier dans son genre.

1123. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

C’est encore à un écrivain excellent qu’on a affaire en sa personne, mais on le sent, à un écrivain d’une tout autre espèce, d’une tout autre trempe, d’une tout autre origine et famille. […] — Tout cela est bien vague, et cette espèce de Collège de France renouvelé et agrandi, ce prytanée ou sénat académique, conservateur et directeur, je ne me le figure pas avec assez de précision, surtout à côté de l’ancienne Université, pour en pouvoir rien dire.

1124. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Cette espèce de novice qui assiste aux offices de matines et qui recule d’effroi, ce chartreux manqué, et qui le fût probablement devenu en d’autres temps, nous le plaçons en regard du thermidorien intrépide et de l’artilleur improvisé de Mayence. […] Deux ou trois siècles plus tôt, il eût fait un moine de cette espèce et de cet acabit-là.

1125. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Mme de Boufflers avait fait une pièce, une espèce de tragédie ou de drame en cinq actes et en prose, qui ne fut point imprimée, mais qu’elle lisait à ses amis. […] Il craint toute espèce de dépendance, et par cette raison il a mieux aimé, étant en France, gagner sa vie en copiant de la musique, que de recevoir les bienfaits de ses meilleurs amis qui s’empressaient de réparer sa mauvaise fortune.

1126. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Les spectacles de cette espèce doivent être regardés d’en haut. » Sancho parlerait comme ce berger. […] Ces personnages ont toutes les espèces de point d’honneur, — le point d’honneur de la vengeance, — le point d’honneur de la piété filiale, — le point d’honneur amoureux.

1127. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Raynal est loin de mériter l’oubli et l’espèce de mépris où il est tombé. […] L’espèce de jeu de scène et de surprise qu’on ménagea et sur laquelle on comptait en cette circonstance ne pouvait qu’ajouter au mauvais effet.

1128. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Quand je dis que ce qui dominait chez Benjamin Constant à travers tant de diversités et de formes spécieuses, c’était l’esprit, je n’oublie pas l’espèce de sensibilité dont il fournit un si singulier exemple, et qu’il a personnifiée dans Adolphe. […] On travaille à séparer le plus qu’on peut les sciences et les lettres de tout ce qui tient à la politique et à toute espèce d’idée d’organisation sociale : je ne dis rien sur ce système ; mais on agit ensuite comme si ce but était déjà atteint, et on protége les lettres, comme si elles étaient déjà dans ce bienheureux état d’indépendance de toutes les agitations humaines.

1129. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Celles même qui ont pour but, comme dans Candide, de se moquer de l’espèce humaine, ne conviennent point sous plusieurs rapports dans un gouvernement républicain. […] Ce sont des espèces de contes de fées, un peu plus monotones que les véritables, parce que les combinaisons en sont moins variées.

1130. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

De province en province, on les suit à la trace : quatre mois plus tard, aux environs d’Étampes, quinze brigands forcent trois fermes avant la nuit, et les fermiers, menacés d’incendie, sont obligés de donner, l’un trois cents francs, l’autre cent cinquante, probablement tout l’argent qu’ils ont en coffre774. « Voleurs, galériens, mauvais sujets de toute espèce », ce sont eux qui, dans les insurrections, feront l’avant-garde, « et pousseront le paysan aux dernières violences775 ». […] « Ce sobriquet met en fureur cette espèce de milice, qui appesantit alors les coups de bourrade et qui blesse indistinctement tout ce qu’elle rencontre.

1131. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Comme disparaissent sous nos yeux telles espèces vivantes, assistons-nous pas à l’agonie d’une espèce artistique ?

1132. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Comme disparaissent sous nos yeux telles espèces vivantes, assistons-nous pas à l’agonie d’une espèce artistique ?

1133. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

De bons travaux178 ont déjà commencé à établir entre plusieurs d’entre eux cette espèce particulière de balance du commerce ; il n’y a qu’à pousser plus avant dans cette voie. […] Au milieu de cette masse énorme d’imitations, il n’en faut pas oublier une espèce particulière qui est de toute époque ; je veux parler de l’action que des écrivains contemporains et courant la même carrière exercent l’un sur l’autre.

1134. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Une marchande à la toilette de cette vile espèce doit avoir l’âge des duègnes et la laideur des sorcières. […] C’est la mue ordinaire de cette espèce-là.

1135. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

L’originalité de Jeannine, c’est justement l’espèce d’innocence passive qu’elle a conservée, au milieu du mal. […] Les roués de son espèce ne mangent guère de primeurs qu’au café Anglais.

1136. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Quelque jour, écrivait-elle à son ami, je vous conterai des choses qu’on ne trouve point dans les romans de Prévost ni dans ceux de Richardson… Quelque soirée, cet hiver, quand nous serons bien tristes, bien tournés à la réflexion, je vous donnerai le passe-temps d’entendre un récit qui vous intéresserait si vous le trouviez dans un livre, mais qui vous fera concevoir une grande horreur pour l’espèce humaine… Je devais naturellement me dévouer à haïr, j’ai mal rempli ma destinée. […] Ainsi, jusqu’à la fin, on la verra partagée dans son délire entre le besoin, le désir de mourir pour M. de Mora, et l’autre désir de vivre pour M. de Guibert : « Concevez-vous, mon ami, l’espèce de tourment auquel je suis livrée ?

1137. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il n’avait pas été long à sentir ce qui manquait à cet enfant qu’il voulait former, et dont il avait fait l’occupation et le but de sa vie : En scrutant à fond votre personne, lui disait-il, je n’ai, Dieu merci, découvert jusqu’ici aucun vice du cœur ni aucune faiblesse de la tête ; mais j’ai découvert de la paresse, de l’inattention et de l’indifférence, défauts qui ne sont pardonnables que dans les personnes âgées, qui, sur le déclin de leur vie, quand la santé et la vivacité tombent, ont une espèce de droit à cette sorte de tranquillité. […] L’abbé de Guasco, espèce de complaisant de Montesquieu, est un personnage utile pour servir d’introducteur çà et là : Entre vous et moi, écrit Chesterfield, il a plus de savoir que de génie ; mais un habile homme sait tirer parti de tout, et tout homme est bon à quelque chose.

1138. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

» Quant à toute autre espèce de sens et de sagesse, je ne les ai jamais aimés, et maintenant je vais les haïr à cause d’elle. […] On commence à se faire une idée de l’espèce de charme singulier et grondeur qu’exerçait autour d’elle le bon sens de Mme Geoffrin.

1139. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Il était l’aîné ; il avait une sœur d’un caractère original, d’un cœur excellent, brave fille qui ne se maria point pour mieux servir son père, « vive, agissante, gaie, décidée, prompte à s’offenser, lente à revenir, sans souci ni sur le présent ni sur l’avenir, ne s’en laissant imposer ni par les choses ni par les personnes ; libre dans ses actions, plus libre encore dans ses propos : une espèce de Diogène femelle ». […] Ces gens-là ne savent pas que les paupières ont une espèce de transparence ; ils n’ont jamais vu une mère qui vient, la nuit, voir son enfant au berceau une lampe à la main, et qui craint de l’éveiller.

1140. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Je garderais le silence sur cette œuvre de ténèbres, si je n’avais des raisons de croire que cette espèce de manuscrit dût être incessamment livré à l’impression. […] Et après avoir proposé un projet de loi assez vague et assez peu intelligible contre la diffamation et contre toute espèce d’imputation ayant un caractère personnel, M. de Talleyrand continuait : Mais, ces lois n’existant point encore, je crois devoir à la mémoire d’un homme dont je fus l’ami, de déclarer qu’il n’a point fait, qu’il était incapable de faire et qu’il aurait eu horreur d’écrire les Mémoires qu’on a osé mettre sous son nom.

1141. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Linguet s’étant fait mettre à la Bastille en 1779, Mallet entreprit de continuer ses Annales, espèce de revue politique et littéraire, et il suffit seul au fardeau. […] Je préparais les esprits à assister à une espèce d’action dramatique plutôt qu’à une séance de législateurs ; je peignais les personnages avant de les mettre aux prises ; je rendais tous leurs sentiments, mais non pas toujours avec les mêmes expressions ; de leurs cris je faisais des mots, de leurs gestes furieux des attitudes, et, lorsque je ne pouvais inspirer de l’estime, je tâchais de donner des émotions.

1142. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

En février 1793, lieutenant en premier dans une compagnie d’artillerie qui n’avait pas de capitaine, il préluda par une espèce de commandement. […] Il en rendit militaires les trains qui, auparavant, étaient abandonnés à des espèces de valets ou charretiers sans discipline et destitués du mobile de l’honneur.

1143. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

J’y vois comme une espèce de geste d’un homme vif qui est plein de son sujet, qui craint en causant d’en laisser échapper quelque chose, et qui prend le bras de celui qui l’écoute. […] Le fameux Dialogue de Sylla et d’Eucrate, qui parut quelques années après les Considérations sur les Romains (1745), ne s’en sépare guère : il fut composé pour l’espèce d’Académie des sciences morales et politiques en germe, qui s’assemblait dans un entresol de la place Vendôme, chez l’abbé Alary.

1144. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Il embrasse toutes les valeurs émouvantes, toutes les espèces de qualités par lesquelles les choses réelles, ou concevables sont susceptibles d’exercer sur nous un attrait ou une répulsion. » Or les émotions les plus douloureuses, les plus pathétiques d’un livre, même celles qui mènent les personnes sensibles jusqu’aux larmes, le spectacle d’une mort tragique, quelque lamentable infortune, l’injustice, la violence, la malveillance retentissent bien au fond de l’âme, comme le feraient à peu près des spectacles analogues réels, mais dépouillés de la plus grande partie de leur amertume, et produisant surtout une excitation diffuse de l’esprit qui est plus exaltante en somme que déprimante. […] Elles reposent sur une confusion entre l’acte d’apprécier l’intensité d’une émotion et celui de la reconnaître, d’en désigner l’espèce.

1145. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Ils sont de véritables recueils de vies humaines, ne défendent guère de thèse, ne généralisent ni ne déforment en vue de quelque effet esthétique supérieur, et à part le choix qu’ils font dans notre espèce, d’êtres particulièrement retors, compliqués et nuancés, n’ont d’autre but et d’intérêt que de donner à deviner quelqu’une de ces variables créatures aussi complètement et aussi artistement que cela se peut. […] L’obscur passé leur est l’origine des maux qui, ayant commencé peuvent cesser d’être, et quant à la mort même, elle leur apparaît comme la condition essentielle de la durée prospère de l’espèce, qui ne saurait subsister utilement que par la destruction de ses représentants momentanés, comme le corps ne vit que par l’usure de ses cellules.

1146. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Et si les hommes dégagent ainsi leur force musculaire et volitionelle, les femmes exhalent, au profit de l’espèce, la séduction de leur sensualité. […] Cet esprit, animé comme presque toutes les âmes humaines, de l’amour des conditions utiles à son espèce, arriverait naturellement à les abstraire de ses expériences, à éprouver ainsi pour la santé, la raison, la sensualité, la force, un attachement admiratif, à ressentir une sourde exaltation toutes les fois qui lui arrivera de parler d’un paysage luxuriant et estival, d’une foule fluctuant, de l’obstination volontaire de ses héros, de la volupté conquérante de ses femmes, de n’importe quel grand réceptacle de force délétère ou non, mais agissante et dynamique.

1147. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Cette guirlande de têtes de chérubins qu’elle a derrière elle et sous ses pieds forme un papillotage de ronds lumineux qui me blessent ; et puis ces anges sont des espèces de cupidons soufflés et transparens ; tant qu’il sera de convention que ces natures idéales sont de chair et d’os, il faudra les faire de chair et d’os. […] Pour moi je lui trouve la simplicité, l’espèce de rusticité, la bonhommie domestique des gens de son temps.

1148. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

VI Après ce livre insuffisant sur Rivarol où ils se sont mis quatre, comme pour une contredanse, ces pauvres biographes, paillettes d’un or dont Rivarol était le lingot, on aurait pu avoir l’idée qu’il ne fallait pas toucher aux œuvres de Rivarol laissées comme elles l’étaient dans la pénombre du passé, et que rien ne valait, pour sa mémoire, l’espèce de gloire sans œuvres et sans preuves dont il avait été brillamment et vaporeusement enveloppé. […] Partout ailleurs, il est éclatant, débordant, imagé, asiatique, comme disaient les Latins pour marquer la magnificence de ces espèces de génies ; mais, en histoire, l’asiatique redevenait romain.

1149. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

L’espèce d’insurrection épiscopale qui venait d’y lever la tête à propos de l’Enseignement trouvait sa raison d’être dans l’idée d’une réaction à laquelle on travaille en la proclamant bien haut, et la conversion de Hurter, comme l’Histoire de la Papauté, comme la Vie d’Innocent III 2, a été donnée comme une preuve de plus en faveur de ce retour vers les idées du Moyen Âge, vers ce catholicisme ultramontain accepté enfin, et après expérience, par la raison et la science du xixe  siècle. […] Pourquoi cette espèce d’appui donné à des ambitions intolérables pour qui comprend le mouvement nécessaire de la société ?

1150. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

vous procédez à une espèce d’enquête judiciaire ; vous vous mettez en rapport avec les témoins, vous les confrontez entre eux, vous vous renseignez sur eux. […] Maintenant, que l’attention à la vie vienne à faiblir un instant — je ne parle pas ici de l’attention volontaire, qui est momentanée et individuelle, mais d’une attention constante, commune à tous, imposée par la nature et qu’on pourrait appeler « l’attention de l’espèce » — alors l’esprit, dont le regard était maintenu de force en avant, se détend et par là même se retourne en arrière ; il y retrouve toute son histoire.

1151. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

La nature brisa cette création, et dans la suivante elle jeta sur la terre des quadrupèdes dont les espèces n’existent plus, animaux informes, grossièrement organisés, qui ne pouvaient vivre et se reproduire qu’avec peine, et ne semblaient que la première ébauche d’un ouvrier malhabile84. La nature brisa encore cette création, comme elle avait fait des autres, et d’essai en essai, allant du plus imparfait au plus parfait, elle arriva à cette dernière création qui mit pour la première fois l’homme sur la terre… Pourquoi le jour ne viendrait-il pas aussi où notre race sera effacée et où nos ossements déterrés ne sembleront aux espèces vivantes que des ébauches grossières d’une nature qui s’efface ?

1152. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Pour couronner le tout, sa femme étant morte, il s’est fait prêtre ; il publie toutes sortes de traductions des Pères qu’il commande à des jeunes gens et auxquelles il met son nom ; le produit de cette espèce de librairie, servie par son journal, lui a été très-fructueux.

1153. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Dans notre siècle positif, et avec nos habitudes, si excellentes d’ailleurs, de bon ordre administratif et de contrôle constitutionnel, on n’est guère disposé à rien essayer, à rien proposer qu’après des espèces de plans et de devis parfaitement rigoureux en apparence, et que la pratique ne laisse pas de déjouer souvent.

1154. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Avant de s’ajuster exactement aux différentes espèces d’idées, le langage est jeté à l’entour avec une ampleur qui lui donne l’aisance et la grâce ; mais quand le siècle d’analyse a passé sur la langue et l’a travaillée à son usage, on ne peut plus qu’admirer et regretter ce charme à jamais évanoui du grand âge littéraire ; on essayerait en vain d’y revenir à force d’art ; et la critique, qui sent tout ce qu’il a d’exquis, est dans l’impuissance de le définir sans l’altérer.

1155. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir.

1156. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Boutaric, j’ai pu dépouiller une multitude de documents manuscrits, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers généraux, magistrats, employés et particuliers, de toute espèce et de tout degré pendant les trente dernières années de l’Ancien Régime, les Rapports et Mémoires sur les diverses parties de la maison du roi, les procès-verbaux et cahiers des États généraux en cent soixante-seize volumes, la correspondance des commandants militaires en 1789 et 1790, les lettres, mémoires et statistiques détaillées contenus dans les cent cartons du Comité ecclésiastique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de département et de municipalité avec les ministres de 1790 à 1799, les rapports des conseillers d’État en mission à la fin de 1801, la correspondance des préfets sous le Consulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1825, quantité d’autres pièces si instructives et si inconnues, qu’en vérité l’histoire de la Révolution semble encore inédite.

1157. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

De plus en plus il paraît compatir aux objets de ses peintures, et de plus en plus il semble se plaire à nous décrire des passions et des sentiments de telle espèce, que, de les comprendre et de les aimer comme il le fait, cela seul prouverait qu’il a dépassé  sans trop savoir d’ailleurs où il va, — ce naturalisme rudimentaire par où il avait débuté si tranquillement.

1158. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Stéphane Mallarmé ait jamais eu l’ambition de régenter les lettres ; ce poète est si peu le chef théorique, autocrate et partial des « phalanges symbolistes », qu’il professe à la fois une espèce de culte outré pour les vers fantômes de Théodore de Banville, pour les magniloquences crispées de M. 

1159. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

À l’âge où les ouvriers s’empoisonnent avec de mauvais feuilletons et des livres obscènes, il lisait l’Anthropogénie de Hæckel, l’Origine des espèces, les Maximes d’Épictète, le Livre de la Voie et de la Vertu de Lao-Tseu.

1160. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

L’arbitraire, & l’arbitraire établi sur les débris des notions de tous les devoirs, répand dans les Esprits l’incertitude, la défiance, la langueur, une espece de mort morale, présage des plus funestes révolutions.

1161. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Alors, nos regards curieux En verront naître une espece imparfaite, Qui du cheval n’aura point la beauté, Ni du taureau la force & la fierté ; De tous les deux sa nature est extraite, Mais impuissante à se régénérer.

1162. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Son œuvre, prise dans sa synthèse, ressemblerait à la terre ; des productions de toute sorte, une seule idée première pour toutes les conceptions, des fleurs de toute espèce, une même sève pour toutes les racines.

1163. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Cet auteur avoit la réputation de surpasser les sçavans, ses confrères, beaucoup moins en Grec & en Latin, quoiqu’il possédât supérieurement ces langues, qu’en grossièretés, en ridicule amour-propre, en prétentions de toutes les espèces, en esprit d’envie & de tracasserie, en penchant pour la calomnie, la satyre & les libèles.

1164. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Le fond de la cause la plus claire disparoissoit sous cet entassement ridicule de compilations de toute espèce*.

1165. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Consacrés par les siècles, ces poèmes ont reçu du temps une espèce de sainteté qui justifie le parallèle et écarte toute idée de profanation.

1166. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

« L’orgueilleux, dit-il, a le verbe haut et le silence boudeur ; il est dissolu dans la joie, furieux dans la tristesse, déshonnête au dedans, honnête au dehors ; il est roide dans sa démarche, aigre dans ses réponses, toujours fort pour attaquer, toujours faible pour se défendre ; il cède de mauvaise grâce, il importune pour obtenir ; il ne fait pas ce qu’il peut et ce qu’il doit faire ; mais il est prêt à faire ce qu’il ne doit pas et ce qu’il ne peut pas192. » N’oublions pas cette espèce de phénomène du treizième siècle, le livre de l’Imitation de Jésus-Christ.

1167. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

La nature a fait un partage inégal de ses biens entre ses enfans, mais elle n’a voulu deshériter personne, et l’homme entierement dépourvû de toute espece de talent, est aussi rare qu’un génie universel.

1168. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Virgile étoit une espece de maquignon.

1169. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Bossuet avait un style de génie, dont les qualités créatrices éclatent à chaque ligne et font oublier toute espèce de défauts.

1170. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

Philippe II, Henri VIII et Louis XI, n’auraient jamais dû voir Tacite dans une bibliothèque sans une espèce d’effroi. » Si de la partie morale nous passions à celle du génie, quel homme a dessiné plus fortement les caractères ?

1171. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Racine fut bien au-dessus de Pradon, il ne laissait pas de le regarder comme une espèce de concurrent, surtout quand il sut que Pradon composait en même temps que lui la tragédie de Phèdre par émulation, et qu’il avait doublé celle de M.  […] Les torts du duc de Nevers, qui furent très réels et impardonnables en raison de certaines menaces, eurent une espèce d’excuse pourtant et de motif par le tort premier de Racine, qui imputa à ce duc un sonnet qu’il n’avait point fait, et qui s’en vengea par un autre sonnet personnellement injurieux au duc et à sa sœur Hortense. […] Il est prouvé par l’expérience que ces gens-ci ne font rien par reconnaissance et par inclination, et il est même peut-être vrai de dire qu’ils ne le doivent pas ; car, leur intérêt étant de faire le moins qu’ils peuvent, puisqu’ils ne font rien qu’à leur détriment, leur système doit être de ne faire jamais que le plus pressé : or, ce qui presse le plus, c’est la crainte ; et en effet, c’est là le vrai mobile de tous les ressorts de cette cour-ci : or la hauteur, quand elle n’est pas trop excessive, inspire une espèce de crainte, au lieu que trop de politesse et d’égards courent risque d’être pris ici pour de la timidité et de la faiblesse.

1172. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Ceux qui se font de cette terre des espèces de limbes grises et froides, qui n’y voient que redoutable crépuscule et qu’exil, ceux-là peuvent y passer et en sortir sans même s’apercevoir, comme Philoctète au moment du départ, que les fontaines étaient douces dans cette Lemnos si longtemps amère. […] Après des études fort distraites et fort traversées, qu’entrecoupa un voyage à la Martinique avec un de ses oncles, Bernardin, qui avait poussé assez loin les mathématiques, devint une espèce d’ingénieur sans brevet fort régulier ; et c’est en cette qualité un peu douteuse qu’il fit la campagne de Hesse en 1760, qu’il s’en fut à Malte, et de là successivement en Russie et à l’Ile-de-France. […] Son livre, et en général tous ses ouvrages depuis les Études jusqu’aux Harmonies, sont en ce sens une espèce de compromis entre l’ancien spiritualisme chrétien et l’observation irrécusable, je dirai aussi, le culte croissant de la nature : dans ses croyances à l’immortalité, il essaye, par exemple, de donner au ciel chrétien une réalité naturelle en faisant aller les âmes dans les planètes ou dans le soleil.

1173. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Voilà une espèce de brute, comme nous dit l’écrivain dans le commencement de son histoire, qui a une bonne pensée dans sa vie : celle de trouver à tout risque un morceau de pain pour sa belle-sœur et ses sept petits enfants. […] que c’est bien commencer son livre, Monsieur, que de le commencer par ce qu’il y a de plus doux, de plus saint dans l’espèce humaine : la religion ! […] Examinez bien ce qu’on appelle un budget de l’État ; voyez où vont les sommes perçues : presque toutes en salaires de l’État aux ouvriers et aux salariés de toutes espèces, et parmi ces salariés les gros traitements ou les gros salaires sont, aux petits traitements ou aux petits salaires, ce que un est à mille !

1174. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Un clocher gris aussi formait une espèce de pyramide au milieu d’un groupe de maisonnettes et d’écuries. […] Elles furent toutes vivement touchées en apprenant que nous venions à pied de plus loin que Dijon pour faire une espèce de pèlerinage à ce petit coin de Milly, et pour y voir seulement l’ombre de leurs anciens maîtres. […] Il y avait toute espèce de légumes du jardin, des pigeons du colombier qui nous faisaient de la peine à manger parce que c’étaient peut-être les enfants de ceux que les sœurs de M. 

1175. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Dans les époques où il est dans toute sa vigueur, ce ne sont que marchands voyageant d’un bout de la terre à l’autre, sillonnant les mers, échangeant des produits de toute espèce avec les nations étrangères, semant des colonies françaises sur toute la surface du globe. […] A leur défaut, des financiers, qui ont eu l’esprit de s’enrichir, savent dépenser un bien trop souvent mal acquis en Mécènes généreux, tel ce fastueux et malheureux Fouquet dont le nom doit à la courageuse reconnaissance de ses protégés une espèce de persistante auréole. […] Il leur arrive de devenir des espèces de bravi à gages, comme ces tristes hères qui, pendant la Fronde, aboient tantôt pour, tantôt contre Mazarin, suivant le parti où ses caprices entraînent leur bailleur de fonds.

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