XXVII « Je t’écris aujourd’hui, voluptueux Horace, À toi qui respiras la mollesse et la grâce, Qui, facile en tes vers et gai dans tes discours, Chantas les doux loisirs, les vins et les amours, Et qui connus si bien cette sagesse aimable Que n’eut point de Quinault le rival intraitable.
La hauteur et le dédain étaient le caractère des physionomies ; l’amertume y plissait les lèvres ; il y avait trop de fiel dans les cœurs pour que ce salon fût agréable à fréquenter ; l’ironie était la figure habituelle de ses discoureurs ; la littérature n’y était qu’une arme de faction surannée ; sa forme était l’épigramme du haut en bas, le discours de tribune ou le pamphlet de dénigrement.
Mais rien n’est supérieur à la science et à la grande civilisation purement humaine, et il n’y a qu’un esprit superficiel qui puisse comparer cette grande forme de la vie complète à ces siècles factices où l’on ne pouvait avoir un noble sentiment qu’avec une réminiscence de rhétorique, où l’on faisait venir un philosophe pour s’entendre lire une Consolation quand on avait perdu un être cher et où l’on tirait de sa poche en mourant un discours préparé pour la circonstance.
Volontiers, composant ces pages, il s’est imaginé qu’il lisait un grand Discours de Fête, devant un Auditoire idéal.
L’art pour l’art, en aucun temps, n’a eu sa consécration comme dans le discours à l’Académie d’un classique, de Buffon : « La manière dont une vérité est énoncée, est plus utile à l’humanité même que cette vérité. » J’espère que c’est de l’art pour l’art cela.
I On connaît le passage du Phédon où Socrate raconte qu’Apollon lui ayant prescrit de se livrer à la poésie, il pense que, pour être vraiment poète, il fallait « faire des mythes, non pas seulement des discours, ποιείν μύθουϛ άλλ’ ού λόγουϛ. » Le vrai poète est en effet, comme on l’a dit avec raison, un créateur de mythes, c’est-à-dire qu’il représente à l’imagination des actions et des faits sous une forme sensible, et qu’il traduit ainsi en actions et en images même les idées.
Dans les transports violens de la passion, l’homme supprime les liaisons, commence une phrase sans la finir, laisse échapper un mot, pousse un cri et se tait ; cependant j’ai tout entendu ; c’est l’esquisse d’un discours.
Notre méthode de discours consistera simplement à diviser notre travail en tableaux d’histoire et portraits — tableaux de genre et paysages — sculpture — gravure et dessins, et à ranger les artistes suivant l’ordre et le grade que leur a assignés l’estime publique.
J’ai eu plusieurs ballets représentés à l’Opéra, entre autres Giselle et la Péri, où Carlotta Grisi conquit ses ailes de danseuse ; à d’autres théâtres, un vaudeville, deux pièces en vers : le Tricorne enchanté et Pierrot posthume ; à l’Odéon, des prologues et des discours d’ouverture. […] » Le cœur nous battait fort, car jamais nous n’avons abordé sans tremblement un maître de la pensée, et tous les discours que nous avions préparés en chemin nous restèrent à la gorge pour ne laisser passer qu’une phrase stupide équivalant à celle-ci : « Il fait aujourd’hui une belle température. » Balzac, qui vit notre embarras, nous eut bientôt mis à l’aise, et pendant le déjeuner le sang-froid nous revint assez pour l’examiner en détail. […] Rien n’était plus vertigineux, et au bout d’une demi-heure, on sentait, comme l’étudiant après le discours de Méphistophélès, une meule de moulin vous tourner dans la cervelle. […] Il a fait sur lord Byron, Henri Heine, Chateaubriand, Mickiewicz, Balzac, Déranger, Schiller, Shakspeare, des discours pleins d’éloquence, d’observation, d’aperçus ingénieux et fins, de rapprochements inattendus qui dénotaient une érudition profonde, une intime et parfaite connaissance du sujet ; et quel feu, quel enthousiasme, quel lyrisme effréné il y mettait ! […] De ces lèvres harmonieuses les discours s’envolèrent ailés, vibrants, ayant comme l’abeille le miel et l’aiguillon.
Un article qu’il écrivit un jour à la recommandation du libraire Paulin, au sujet d’un Discours de W.
Lesage, Gil Blas, discours du maître à danser chargé de l’éducation du fils du comte d’Olivarès.
Au bout de quatre semaines, leur nombre augmenta ; elles commencèrent à parler entre elles, à lui adresser la parole, et le plus souvent de petits discours agréables.
Mais un nouveau soupir échappé de mon père me rappela ses respirations pénibles de la nuit, et je lui en demandai encore une fois la cause : il ne me répondit pas, mais moi, m’apercevant que ses yeux se remplissaient de larmes, j’en devinai trop la source, et je me hâtai de changer de discours.
Est-ce que, depuis le psaume jusqu’à la chanson, depuis l’épopée jusqu’à l’épigramme, depuis l’ode jusqu’à l’élégie, depuis la tragédie jusqu’à la comédie, depuis le discours politique jusqu’à l’entretien familier, chacun de ces artistes de la main n’a pas son parallèle dans un des grands artistes de l’esprit, auquel on le compare involontairement dès qu’on le nomme ?
La fille Mireille et les étrangers se saluent dans les termes de cette simple et modeste familiarité, politesse du cœur de ceux qui n’ont pas de temps à perdre en vains discours.
Il lui adresse aussitôt ce discours adroit et plein de douceur.
J’admire son discours de vendredi sur la Prière, qui est vraiment un cantique. » Le 18 mars.
C’est égal, avec une mine pareille on fait toujours son chemin. » Il avait à peine fini son discours, que la salle du conseil de révision s’ouvrit et que l’autre gendarme, Werner, se penchant à la porte, cria d’une voix rude : « Joseph Bertha !
Sans cesse il tenait des discours insolents.
Jouffroy a dit cela d’une façon merveilleuse dans cet admirable discours sur le scepticisme actuel, que je devrais transcrire ici tout entier, si je voulais exprimer sur ce sujet ma pensée complète : « Chacune de nos libertés nous a paru tour à tour le bien après lequel nous soupirions, et son absence la cause de tous nos maux.
Mais ce qu’on peut exiger, c’est que sous une « grande note », c’est-à-dire sous une note haute et longue, il n’y ait point un mot indifférent ou une syllabe sans importance, et que là où la phrase poétique est pleine et soulignée par des accords soutenus, elle ne mette que la partie essentielle du discours.
17 août Lu au Havre un discours intitulé : Des rapports de la politique avec les lettres, prononcé par M.
On lui demande ce que faisait Coppée, pendant le discours de Leconte de Lisle, elle répond qu’il regardait la coupole.
Bonaparte, devenu Napoléon, fut présenté comme un nouveau Cyrus au monde, dans l’exorde du discours à l’Académie française de M. de Chateaubriand.
Je ne scais ce qu’ils lui disent ; mais je suis sûr qu’elle les auroit fort embarrassés, si elle leur eût adressé le propos d’une de nos femmes à un homme qui la reconduisoit dans son équipage, et qui lui tenoit, chemin faisant, un discours dont le ton ne lui paroissoit pas proportionné à la chose.
Michelet en France, ou Thomas Carlyle en Angleterre, un faiseur de discours, un brillant souteneur de thèses sur l’histoire ; il s’enchaîne fidèlement aux événements ; il respecte le tissu des faits ; il ne se donne pas des airs d’aigle qui plane ou s’élève dans un orgueilleux caprice.
De Racine (Andromaque, le fameux discours à Pyrrhus :avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix) à Lamartine (la phrase sur le drapeau tricolore qui a fait le tour du monde et le drapeau rouge qui n’a fait que le tour du Champ-de-Marst), les leçons que reçoivent, de leurs grands ou petits maîtres, à propos de textes rimés, lycéens et étudiants, ne sont que leçons de ruses oratoires. […] Phrase extraite du « Discours prononcé à l’hôtel-de-ville de Paris le 25 février 1848 » : « Le drapeau rouge, que vous-même rapportez, n’a jamais fait que le tour du Champs-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».
Chacun d’eux ayant épuisé la somme d’arguments que lui fournissait son droit, après un bruyant échange de propos, les gestes remplacèrent le discours, et les parties commencèrent un échange de projectiles : — Si tu ne te tais pas, disait une voix d’homme, je te lance le flambeau à la figure. […] Plus le discours était long, plus l’orateur éprouvait le besoin de se dégarnir. […] ajoutait madame D… Ennuyé de ces plaintes, le directeur prit un jour les deux artistes à part : — Vous êtes tous deux, leur dit-il, des talents de premier ordre. — Vous avez les sympathies du public, et il vous est pénible souvent, si j’en crois vos discours, de voir se mêler à l’enthousiasme que vous excitez les applaudissements d’une tourbe grossière.
Après un discours en quatre points il a enlevé le consentement de la mère ; reste celui de M. […] Rien n’était resté là des discours, des condoléances officielles. […] Je passe les récits de quelques convives et je trouve le discours du reconnaisseur d’enfants : Je reconnais tous ceux qui le veulent, pourvu, bien entendu, continua avec une adorable impertinence le vieux gentilhomme, pourvu qu’ils puissent faire honneur à leur père. […] On y tient les discours les plus incendiaires, et on crie impunément : « Vive la République !
Si bien que le remède était pire que le mal et que le magistrat, protecteur du dialogue, en était à regretter, d’avoir remplacé le discours par la chanson. […] « La vérité du théâtre consiste en ceci : la conformité des actions, des discours, de la voix, du mouvement, du geste, de la figure, avec un modèle idéal imaginé par le poète, et souvent exagéré par le comédien. » C’est pourquoi il ne faut pas s’attendre à reconnaître à la ville, l’homme que l’on a vu agir sur un théâtre. « Ah ! […] Il fit mieux, il le remit en place, et retrouvant cet ornement de sa parole, il reprit le fil de son discours à la Tragaldabas. […] Au reste, on lit, quelques pages plus bas, un autre vers de Molière : Mon cousin, ce discours sent le libertinage.
Quels discours elles tiennent, ces immortelles ! […] — Les dénouements heureux. — Pourquoi le Misanthrope n’a pas de dénouement. — Mariage d’Alceste avec Éliante. — La nouvelle à la main et les discours de l’ancienne tragédie. […] Les mots et les dissertations de l’école Dumas fils sont-ils beaucoup plus dramatiques que les discours de l’ancienne tragédie ? […] Je vous salue cordialement. » ———— Signe certain de servitude chez un peuple quand on voit, dans les discours et les écrits politiques, ce mot « l’Autorité » mis sans cesse où il faudrait : « la Loi ».
Les genres nobles sont ceux qu’ont illustré les anciens : la tragédie, l’épopée, l’histoire envisagée d’une certaine manière, avec « portraits » et discours… C’est peut-être même parce que les portraits existent dans les historiens antiques et dans Plutarque, qu’on en fit tant au cours du xvie et du xviie siècle, et que nos historiens académiques en font encore. […] » France alors cède… Il cède, en grossissant, enrichissant l’œuvre par des conversations, des discours, non pas en inventant de nouveaux épisodes. […] La guerre finie, triomphe, apothéose, Légion d’honneur, fêtes, discours — et, dans une de ces fêtes, au lycée de jeunes filles, devant ces enfants qui sont élevées autrement qu’elle ne fut, qui ne souffriront pas sans doute tout ce dont elle a tant souffert, elle fond en larmes… Il y a dans l’histoire de la guerre une femme qui fit, dans une ville de France, tout ce qu’a fait la Bonifas — dans la dernière partie du roman, non dans la première… Telle est la rigueur de la nouvelle technique littéraire qu’un critique, et non des moindres, a écrit, lors de la publication du roman qu’il était remarquable dans sa première partie, indifférent dans la seconde.
Les discours et les dialogues ne sont point traités avec le même bonheur, car ils ont une tendance maladroite à tourner en mauvais vers blancs. Voici par exemple un discours, imprimé par M. […] Image offrit des rafraîchissements à son auditoire après avoir terminé son discours, et il fut extrêmement intéressant d’entendre les différentes opinions exprimées par la Grande École de critique des Five o’clock, qui était largement représentée.
Et d’après ses discours, je me répondis : C’est le droit de chasser. » Il me semble qu’on commence à la connaître ; voilà son esprit qui se dessine, mais son cœur… Elle le mit à la raison autant qu’elle put, et, impétueux qu’elle le sentait, travailla de bien bonne heure à le contenir.
-C. dans ses discours remonte plutôt aux principes des actions qu’à l’application détaillée de la loi : mais ne suffit-il pas que l’esprit général de l’Évangile tende à consacrer la résignation ?
Ce fut M. de Talleyrand que Mirabeau chargea de lire, après sa mort, son discours posthume à l’Assemblée : c’était le désigner pour son successeur.
« Pendant qu’il parle, Herminie attentive recueille un discours dont la douceur l’enchante ; la sagesse du vieillard pénètre son cœur et calme l’orage de ses sens.
Pour le sermon du capucin, je lui ai envoyé les Discours d’Abraham de Santa-Clara, et il en a extrait son sermon avec beaucoup d’adresse.
Ils parlent le langage wagnérien comme les lauréats du concours général parlent le langage latin, qui ont abouté, en leurs discours, les phrases copiées de leurs cahiers d’expressions.
Ce qu’il me disait de ce père, bien que cela fut un peu confus dans ses discours, est la preuve que le poète avait reçu par ses soins et par ceux de son grand-père une éducation très au-dessus de la profession à laquelle il se dit prédestiné dans ses chansons.
D’ailleurs, quand dans mes discours j’ai rappelé le souvenir d’Ulysse, ce jeune prince a répandu des larmes amères, et de son manteau de pourpre il s’est caché le visage !
Je sais que la plupart des grands se récrieront contre un tel reproche ; mais qu’ils interrogent leur conscience, qu’ils nous laissent même examiner leurs discours, et nous demeurerons convaincus que le nom d’homme de lettres est regardé par eux comme un titre subalterne qui ne peut être le partage que d’un État inférieur ; comme si l’art d’instruire et d’éclairer les hommes n’était pas, après l’art si rare de bien gouverner, le plus noble apanage de la condition humaine.
Brunetière, Discours à Besançon, Le Temps, 19 février 1898.
Les événements et les discours semblent naître et s’ordonner en lui sans son concours. […] Voyez ses discours.
Les feuilletonistes du grand format, même ceux qui ont le moins épargné Mlle Rebecca de son vivant, ont paraphrasé à l’envi, cette semaine, le discours prononcé par M. […] Il s’accrocha au bras de Villemessant, et, lui tenant, avec une volubilité fiévreuse, des discours grotesques à fendre le cœur, il fit des efforts inouïs et persistants pour nous entraîner vers la Halle.
Car s’il se représentait la possibilité de dessiner un discours sur une feuille de papier, il tiendrait le principe d’une écriture alphabétique ou plus généralement phonétique ; il serait arrivé, du premier coup, au point qui n’a pu être atteint chez les civilisés que par les efforts longtemps accumulés d’un grand nombre d’hommes supérieurs. […] Elle peut même n’avoir été découpée dans l’ensemble de la réalité que pour la commodité du discours et ne pas constituer effectivement une chose, se prêtant à une étude indépendante.
Il y aurait, selon moi, et je pense que je ne suis pas seul de mon avis, un jeu muet fort important, et qui consisterait à prêter l’oreille aux discours qui se débitent, à témoigner par l’expression du visage, et au besoin par la mobilité des attitudes, de l’indignation contenue qui agite Alceste. […] Depuis plus d’un an nous attendions le discours de réception de M. […] Scribe, par un redoublement d’énergie, a trouvé le temps d’écrire son discours de réception entre une cavatine et un trio. […] Le discours de M. […] Il a donc bien fait, selon nous, d’écrire son discours de réception du même style que ses comédies ; une seule chose nous afflige, c’est que les solécismes de M.
Marianne, en sanglotant, s’écriera : « Vous savez que je sors d’entre les mains d’une fille vertueuse qui ne m’a pas élevée pour entendre de pareils discours ; et je ne sais pas comment un homme comme vous est capable de me les tenir, sous prétexte que je suis pauvre. » Quitte à n’être pas un homme comme lui, le vieux libertin ne craint pas d’insister. […] Jules Lemaître a exposée dans ce discours ; et, — reconnaissons-la, — c’est la doctrine même de notre littérature classique. […] Enfants d’Esculape et industrieux guérisseurs, les philologues : ils ont inventé une thérapeutique pour les poèmes malades et les discours égrotants. […] Nous lui prêtons une causerie nette, rapide, un peu ornée comme le style de ses romans ; il préfère certainement les petits faits aux longs propos : si le discours de l’interlocuteur s’embrouille, lui se tait.
Or, le sujet choisi, — car en Espagne, on expédie vite l’éloge du défunt, et tous les discours de réception ont le cadre de celui de Buffon, — le sujet choisi par Menendez, c’était la Poésie mystique espagnole. […] Oser toucher aux Autheman, flageller le fanatisme qui brûla Servet renaissant sous une forme, nouvelle en plein xixe siècle, dénoncer les empoisonnements de l’esprit par les livres d’une piété malsaine, par les discours qui tuent le corps après avoir tué les affections dans l’âme, par le poison même qui dévore le cerveau, le tétanise, affole, anéantit !
Gambetta était encore étudiant, mais déjà la table d’hôte se transformait pour lui en une tribune du bout de laquelle il tonitruait entre chaque plat ; pas de conversations, des discours, rien que des discours ! […] Rien, le Néant… Déjà, il y a bien longtemps, le jour de sa réception, les discours finis, les malices échangées, il a eu cette impression de vide et d’espoir mystifié ; dans le fiacre qui le ramenait chez lui pour quitter l’habit vert, il se disait : « Comment ! […] Narrer, enseigner, même décrire, cela va et encore qu’à chacun suffirait peut-être, pour échanger toute pensée humaine, de prendre ou de mettre dans la main d’autrui en silence une pièce de monnaie, l’emploi élémentaire du discours dessert l’universel reportage dont, la Littérature exceptée, participe tout, entre les genres d’écrits contemporains.
La solidarité est une vertu particulièrement moderne dont on fait beaucoup d’état dans les discours officiels comme aussi dans les discours populaires. […] Seulement rien n’indique qu’ils en soient très fiers et qu’ils en fassent la matière de discours publics. […] Avec des intentions de ce genre, Kant était le véritable fils de son siècle… Lui aussi avait été mordu par cette tarentule morale qu’était Rousseau, lui aussi sentait peser sur son âme ce fanatisme moral dont un autre disciple de Rousseau se croyait et se proclamait l’exécuteur, je veux dire Robespierre qui voulait (discours du 7 juin 1794) fonder sur la terre l’empire de la sagesse, de la justice et de la vertu. » Cette lignée est continuée de nos jours par les véritables héritiers de la Révolution française, et les seuls logiques, les socialistes de toutes nuances, « la race la plus honnête et la plus stupide qui soit au monde », qui veulent simplement, et avec combien de raison si l’on accepte le principe révolutionnaire, que l’égalité soit réelle, qu’il n’y ait d’aucune façon, ni par richesse, ni par titres, ni par honneurs, ni par instruction plus complète, ni par culture plus forte, d’espèce supérieure ; qui veulent supprimer toute exception ; qui veulent que le règne de l’égalité, de la justice et de la concorde soit fondé sur la terre, « règne qui serait, en tous les cas imaginables, celui de la médiocrité et quelque chose comme l’empire de la Chine ».
Recevant un jour à Paris la visite de son frère l’apothicaire, qui venait le remercier de lui avoir fait un discours pour complimenter le prince de Condé aux États de Bourgogne, notre Piron s’exprimait ainsi : « Cela m’a valu sa visite ; je ne l’avais pas vu depuis près de quarante ans.
Et lorsqu’enfin il faudra montrer la beauté de ces devoirs, la grandeur de cette amitié conjugale, la profondeur du sentiment qu’ont creusé dix années de confiance, de soins et de dévouement réciproques, vous trouverez dans votre sensibilité, si longtemps contenue, des discours aussi pathétiques que les plus fortes paroles de l’amour1342.
Thiers est, dans tous ses écrits, dans tous ses discours, dans toute sa politique, un révolutionnaire nominal et un monarchiste très décidé.
— Ainsi parlait Milton ; et ma voix plus sévère, Par degrés élevant son accent jusqu’au sien, Après lui murmurait : « Oui, la France est ma mère, Et le poète est citoyen. » « Tout ce discours de Milton révèle assez quelle fièvre patriotique fermentait au cœur de Joseph, et combien les souffrances du pays ajoutèrent aux siennes propres, tant que la cause publique fut en danger.
Chez une maîtresse de maison, cette façon d’agir atteste un manque d’éducation ou son mépris pour celui qu’elle met ainsi comme à la porte du discours ; mais ce fut embarras chez la comtesse.
Et je vois, par une fente de la porte de notre loge, dans le corridor, une femme de la dernière élégance, assise sur une marche d’un escalier, et qui écoutera sur cette marche les deux discours.
(Littérature et philosophie mêlées discours prononcé aux funérailles de Balzac, vol.
La phrase d’un discours est faite pour qu’on n’en pèse pas tous les mots dans la rapidité du débit, pour que les idées essentielles soient seules mises en relief par des mots saillants.
Que deviennent ces diverses parties du discours dont le rôle est justement d’établir entre les images des rapports et des nuances de tout genre ?
Il est dès lors naturel d’en prendre ceux-ci pour le signe ou d’expression symbolique et de glorifier les uns par l’intermédiaire des autres ; c’est ainsi que des cérémonies organisées pour le centenaire de la naissance de Descartes ou de la publication du Discours de la Méthode, pour le centenaire de la naissance d’Auguste Comte ou de la première édition du Cours de philosophie positive pour le centenaire de la naissance de Marx ou du Manifeste communiste de Marx et Engels, pourraient respectivement s’entendre en l’honneur de la philosophie moderne, du positivisme et du socialisme, bien que ces mouvements aient préexisté à ces personnalités puissantes comme à ces œuvres et qu’ils les débordent beaucoup, nul ne saurait dire de combien au juste. […] * * * Excusez, lecteur, la pesante gravité de ce discours qui me travestit moi-même, car je ne suis curieux de confesser personne, et que j’adresse en pensée, comme on l’aura sans doute compris, non à une clientèle de voleurs et d’assassins, tout au moins de voleurs à main armée ou par effraction, mais à une clientèle d’honnêtes gens.
Vienne un Cervantès qui écrive, sous forme de roman, une histoire pleine d’esprit et de vérité, protestation de l’esprit patriotique contre le faux idéalisme et les discours enchevêtres que nous adressent des héros nés en d’autres pays, sur l’heure, son œuvre deviendra populaire. […] Et notez que si je nomme Cervantès, pour louer la perfection des discours des héros de Valera, je n’oublierai pas d’ajouter que le génie réaliste de Cervantès le poussa à faire que Sancho, par exemple, parla fort mal et commit des fautes, et que Don Quichotte corrigea ses dires.
La séance du conseil de Castille n’est qu’une bouffonnerie digne tout au plus des tréteaux de boulevard ; mais l’apostrophe de Ruy Blas aux conseillers épouvantés est calquée habilement sur le discours de Saint-Vallier aux courtisans du Louvre, dans le Roi s’amuse. Quoique le discours de Saint-Vallier soit très supérieur à l’apostrophe de Ruy Blas, nous devons tenir compte à M.
Godeau, dans un discours prononcé au lendemain de la mort de Malherbe, dit textuellement, et c’est un bon morceau d’histoire littéraire : « Les noms de Ronsard et de Du Bellay ne doivent jamais être prononcés sans imprimer dans l’esprit de ceux qui les écoutent une secrète révérence ; mais la passion qu’ils avaient pour les anciens était, cause qu’ils pillaient leurs pensées plus qu’ils ne les choisissaient, et que mesurant la suffisance de l’érudition des autres par celle qu’ils avaient acquise, ils employaient leurs épithètes sans se donner la peine de les déguiser pour les adoucir et leurs fables sans les expliquer agréablement, et considérer d’assez près la nature des matières auxquelles ils les faisaient servir… Malherbe connut le goût du siècle pour lequel il écrivait. » Conservateur, réformiste, avec le sens de l’opportunité, bref un conservateur-progressiste-opportuniste (on dirait une affiche électorale), voilà ce que fut le très avisé, très équilibré et très entêté aussi, M. de Malherbe. […] J’ajoute que le diminutif est si nécessaire, que, depuis qu’il est plus ou moins proscrit, on est bien forcé de multiplier dans le discours le mot « petit » qui n’est pas joli du tout, qui est niais, qui est bête, qui est lourd, qui est absolument désagréable. […] D’un « gouverneur », d’un « custos », d’un directeur de conscience et d’un directeur d’esprit, d’un homme à qui l’on dit : « Voici deux jeunes filles, qui n’ont pas été élevées, parce que leur mère a de fortes tendances à n’être pas le Niagara, qui n’a qu’une seule chute, comme dit Augier, et parce que leur père est un imbécile ; et vous aurez pour mission de leur servir de père, de mère et de frère, etc., exclusivement, car il ne faudrait pas poursuivre l’énumération que fait Andromaque des qualités d’Hector, mais enfin d’être pour elles deux l’âme directrice qui manque un peu dans la maison. » Vous figurez-vous la situation d’un homme à qui un père, que j’ai suffisamment qualifié tout à l’heure, tient ce discours inusité ? […] C’est le contraire qui peut être intéressant : Agnès subjuguée par l’ascendant du génie d’Arnolphe, voilà qui est plus rare ; et tout mon livre c’est précisément Clotilde convertie, Clotilde, par l’amour de Pascal, ramenée de la dévotion et de la vertu bourgeoise à l’incroyance, à la libre pensée, au matérialisme et même, de temps en temps, au cynisme dans les discours.