C’est un des plus beaux coups du genre, puisqu’il a réussi à merveille ; mais qu’y gagna Pradon ? […] Le succès est pareil à la lumière du jour et, encore un coup, s’il ne crée pas l’œuvre, il l’achève, en déchirant le voile de ténèbre qui l’enveloppait. […] A ses coups de boutoir, le Jésuite biaise. […] Des gens arrivaient, incrédules, tout à coup apercevaient autour de sa tête le halo d’une auréole. […] Elles ont eu peur, tout d’un coup, qu’on ne leur arrache les ailes.
Les oratoriens de Paris n’étoient pas à couvert de l’orage ; on les frappoit souvent des coups les plus sensibles. […] Le livre de l’Esprit leur a porté le dernier coup. […] Ces traits, lancés par une main habile, ont porté coup malheureusement, & se font encore sentir. […] Le coup d’encensoir étoit assommant. […] Prêt à rompre hardiment avec eux, à rendre offense pour offense, il se croit tout à coup désarmé par une main céleste.
Sa fortune croît insensiblement : elle peut tomber tout d’un coup, et sa vie ne tient qu’à un fil. […] … Ce n’était pas l’intention, et cela n’est pas dans l’ordre. — J’ai bien craint, après coup, madame, que je n’eusse eu tort, lui répondis-je ; mais il était trop tard, et j’aurais mieux aimé à ne point venir ici, quelque envie que j’en eusse, que de reprendre le billet et de venir sans mon ami. […] de cette lumière que j’ai trouvée tout à coup dans mon cœur, qui semblait luire exprès pour éclairer le tien. […] Meyer a demandé un moment pour se remettre du coup ; il sort de la salle, agitant en lui la douleur, la honte, et même, faut-il le dire ? […] C’était déjà la mode de son temps d’entasser tous les mots imaginables et contradictoires pour peindre avec renchérissement les personnes et les choses ; elle ne se laissait pas payer de cette monnaie : « : J’ai toujours trouvé, disait-elle, que ces sortes de mérites et de merveilles n’existent que sur le papier, où les mots ne se battent jamais, quelque contradiction qu’il y ait entre eux. » — Je ne sais qui a dit : « Mme Sand peut faire encore bien du chemin avant d’arriver en fait d’idées sociales là où Mme de Charrière est allée droit sans phrase et du premier coup. » 233.
Tout à coup on sent une fraîcheur au visage, comme si l’esclave indienne agitait l’éventail humide aspergé d’eau de senteur au-dessus de la tête de la sultane endormie ; un frisson parcourt les cimes de l’herbe ; une poussière impalpable, enlevée par les premières palpitations de la brise sur le sable du désert, retombe en pluie sèche sur vos cheveux ; on respire l’odeur âpre de l’écume de mer exhalée de la vague qui semble se réveiller. Un coup de l’archet invisible effleure les hautes branches du cèdre ; puis tout rentre dans un silence plus absolu, comme les exécutants après un prélude. Ce silence est interrompu tout à coup par le gosier éclatant d’un bulbul, rossignol de l’Asie, qui entonne sans exorde sa mélodie aérienne dans les ténèbres sur un rameau du térébinthe. […] Un jour que l’enfant rentrait à la maison après un de ces concerts, le père, prenant son propre violon sur la table, s’amusa à donner maestralement quelques coups d’archet sur les cordes. « Comment trouves-tu ces sons de mon instrument ? […] Tout à coup la lettre du 3 juillet 1778 à l’abbé Bullinger de Salzbourg prépare la fatale nouvelle pour son pauvre père.
Le coup qui nous menaçait depuis longtemps nous a atteints ; nous n’avons plus du moins à lutter contre la cruelle incertitude ! […] C’est pour ainsi dire une impossibilité, qui tout à coup devient une réalité. […] » XIV 1830 le plongea dans une terreur philosophique ; peu de temps après, son fils mourut en voyageant en Italie : il fut sensible, mais resta inébranlable à ce coup. […] Elles semblaient ne penser à rien ; tout à coup elles se penchent l’une vers l’autre, et se donnent un baiser très affectueux ; puis elles reprennent très sérieusement leur promenade et continuent à causer, comme si rien ne s’était passé. […] Mais, dans la nuit du 19 au 20, la maladie prit tout à coup un caractère menaçant.
Plus loin, je vois que l’esprit, qui tout à l’heure était une atmosphère et une flamme, est un champ, puis un métal ; qu’il peut être creux et sonore, ou bien que sa solidité peut être plane, si bien que la pensée y produit l’effet d’un coup de marteau ; puis, qu’il ressemble à un miroir concave, ou convexe ; qu’il y fait froid, qu’il y fait chaud ; que la pudeur est un réseau, un velours, un cocon, etc., etc. […] Nulle grâce ; jamais de sourire ni d’abandon ; point d’esprit, sinon à coups de massue. […] Il s’en est remis un jour, du salut de l’humanité, à quelque capucin qui tout à coup surgira… Bref, il est comme exilé dans son grand style. […] Escroquerie, avortement, chantage, suicide avant les gendarmes, amours effrénées, de même essence que celles qui finissent dans les bouges ou sur les « fortifs » par un coup de surin : c’est de quoi se compose l’aventure du brillant Le Hinglé et de l’exquise Mme de Trémeur. […] Il se demande à quoi aura servi d’emprunter à l’ennemi son système de recrutement si l’on n’a pas su lui emprunter du même coup son âme patiente, endurante, disciplinée, encline au respect… Si l’on s’était trompé, pourtant ?
À la scène on appelle cela des coups de théâtre. […] Lui vient d’être frappé d’un coup mortel ; il est jeune, il eût voulu réparer bien des fautes ; il eût voulu longuement aimer. […] Elle est tuée d’un coup de poignard par le Corse Affiani. […] Tantôt, c’était une allusion aussi transparente que possible ; tantôt, c’était une atteinte directe et comme un coup qu’on se donnerait à soi-même. […] Du moins, en est-il qui poursuivent parallèlement une ambition artistique et qui aspirent du même coup à se voir estimés, applaudis dans leurs œuvres.
Il semble que la Vénus du musicien soit la descendante de la Luxuria du poète, de la blanche Belluaire, macérée de parfums, qui écrase ses victimes sous le coup d’énervantes fleurs ; il semble que la Vénus wagnérienne attire et capte comme la plus dangereuse des déités de Prudence, celle dont cet écrivain religieux n’écrit qu’en tremblant le nom : Sodomita Libido. […] Ayant composé le Hollandais, Tannhaeuser et Lohengrin qui sont des admirables opéras, mais des opéras, il eut, tout à coup sa carrière interrompue par la Révolution de 1849. […] Puis tout à coup, vers le milieu, Wagner semble jeter son système par-dessus bord ; c’est une lumière qui surgit dans l’obscurité, une clairière qui se révèle au milieu des broussailles. […] Comettant, qui ne néglige pas une occasion de porter quelque coup à Wagner et aux wagnéristes : lire, régulièrement, les feuilletons du Siècle15. […] Citons toute la première partie, judicieuse et excellente, qui complètera les articles publiés en cette Revue sur les Maîtres Chanteurs : Chaque année, le théâtre royal de la Monnaie nous convie à quelque nouveauté d’importance, et, cette fois, deux hommes de grand goût et d’initiative qui s’apprêtent à se retirer après une période de direction vraiment brillante, ont résolu, pour leur dernier coup d’éclat, de nous faire entendre un des plus célèbres ouvrages de Wagner.
Et si on saisit du premier coup la différence du rouge et du bleu sur le fond blanc, n’est-ce pas que toutes ces sensations co-existent ? […] Tout ne change pas tout d’un coup et à la fois en nous : il y a des séries de changements plus ou moins rapides qui s’accomplissent simultanément, et dont plusieurs sont si lentes qu’elles sont relativement fixes. […] William James suppose que, semblablement, le Créateur fasse naître tout d’un coup un homme avec un cerveau contenant des processus analogues à ces processus d’images évanouissantes qui existent dans un cerveau ordinaire après une certaine expérience de la vie ; le premier stimulus réel qui agirait après la création sur le cerveau d’Adam serait donc accompagné d’un processus évanouissant additionnel : ces deux processus s’envelopperaient l’un l’autre, « et l’homme nouvellement créé aurait sans aucun doute, juste au premier instant de sa vie, le sentiment d’avoir existé déjà depuis un certain espace de temps ». — L’hypothèse est ingénieuse, la solution nous semble inexacte. […] Deux milieux peuvent donc être homogènes, chacun en son genre et dans l’ordre de ses qualités spécifiques, sans pour cela constituer un seul et même milieu. — Mais, dira-t-on, lorsqu’on fait du temps un milieu homogène où les états de conscience paraissent se dérouler, « on se le donne par là même tout d’un coup », ce qui revient à dire qu’on le soustrait à la durée. Le futur et le passé y coexistent avec le présent ; c’est donc de l’espace. — Nous répliquerons que le souvenir présent du passé et la prévision présente de l’avenir, en nous permettant de « nous donner tout d’un coup » les éléments constitutifs et successifs de la durée, ne nous élèvent pas pour cela au-dessus de la durée et surtout ne nous font nullement retomber dans l’espace.
Tout à un coup je ris et je larmoyé, Et en plaisir maint grief tourment j’endure : Mon bien s’en va, et à jamais il dure : Tout en un coup je seiche et je verdoye. […] Tout à coup et au même instant arrivent devant la porte du palais Amour et Folie. […] Mais s’il ne possède pas toujours la petite perfection du détail, il ne faut pas se figurer que la grande perfection du vrai génie poétique vient à son aide à tous coups. […] Il est, lui, un vrai grand poète, malgré ses lacunes ; et les coups d’aile parfois impatients de ses vers ne les détournent point des cimes. […] Cependant, à la fin, les Muses revinrent tout à coup former des chœurs dans les jardins du petit Trianon.
Au premier coup porté dans les reins, la victime supplia : Oh, Kees ! […] Alors, au milieu de cette exhibition après faillite, de ce bazar qu’attendaient les enchères, au sein de cette foule qui suait le désir du lucre, une rédemption s’opéra d’un coup. […] Après La Princesse Maleine, un article enthousiaste d’Octave Mirbeau le rendit tout à coup célèbre en France. […] Par jalousie, Castor tue Ménélas ; à son tour, il succombe sous les coups d’Électre. […] Ils sont ouverts à des mobiles différents et contradictoires, souples, sans caractère fixe, des anges y ont des griffes de démons, des gens vertueux, dévoués et bons révèlent tout à coup des abîmes de scélératesse.
C’est qu’on ne se battait pas que dans l’arène, pour mon plaisir et le vôtre, on s’assommait jusque dans le torril, pour l’amour désintéressé des coups. […] À la sortie, une casquette criminelle l’attend… on se partagera un mauvais coup. […] Tailhade dont la langue magnifique éclate aussi, mais si différente, et qui aristophanise et assomme à coups de pierres précieuses ? […] Je dis : par Zola, sachant très bien que c’est à Flaubert et aux Goncourt qu’il faut remonter, mais ce n’est pas d’eux ce formidable coup de tampon qui, d’un coup, a fait arriver le naturalisme aux dernières limites de sa carrière. […] — Vaincrez-vous du coup les psychologues ?
Te souviens-tu de ce Calédonien qui, il y a cinquante ans, brisa ton temple à coups de marteau pour l’emporter à Thulé ? […] J’avais reçu, avant de naître, le coup de quelque fée. […] Nous ne ferons pas de Parthénon, le marbre nous manque ; mais nous savons prendre à poignée le cœur et l’âme ; nous avons des coups de stylet qui n’appartiennent qu’à nous ; nous plongeons les mains dans les entrailles de l’homme, et, comme les sorcières de Macbeth, nous les en retirons pleines des secrets de l’infini. […] Ils restèrent sous le coup d’une idée fixe, mornes, frappés de stupéfaction ; ils avaient le delirium tremens des ivresses sanglantes.
Une insulte excite la colère, c’est-à-dire que certaines idées et sentiments d’honneur acquièrent tout d’un coup une extrême intensité ; une foule de pensées et d’images passent avec une vitesse extrême devant l’esprit, et il y a, comme disait Pascal, « précipitation de pensées » ; enfin la direction antérieure de notre volonté est brusquement modifiée et la volonté se porte tout entière à se défendre de l’insulteur. […] Celles qui avaient de la terre végétale pure finirent par être robustes et presque insensibles : un coup de baguette sur leur feuillage le faisait bien se replier, mais il se redressait presque aussitôt. […] Après le premier coup de la douleur qui abat, du moins quand elle est massive, on voit donc se produire les signes de l’effort. […] Par exemple, dans la comédie de la douleur, l’expression est presque toujours exagérée et hors de proportion avec les causes : le visage n’est point pâle, la peau conserve sa couleur normale, il n’y a pas d’harmonie dans la mimique, certaines contractions ou certains relâchements des muscles font défaut ; le pouls, tâté par le médecin, trahit le secret ; une surprise imprévue, une distraction subite fait disparaître tout d’un coup la mimique de la douleur ; enfin et surtout, l’expression est presque toujours centrifuge, elle manque presque absolument de ces formes concentriques qui accompagnent la douleur sincère : tout, comme on dit, reste en dehors.
Sa physionomie, ordinairement si ouverte et si répandue sur tous ses traits, changeait tout à coup d’expression ; elle se recueillait, comme la lueur d’une lampe quand on la couvre de la main contre le vent, pour l’empêcher de vaciller çà et là et de s’éteindre. […] L’homme rejette sa veste ; la jeune femme ne garde que sa chemise de toile épaisse et forte comme le cuir ; ils prennent la pioche dans leurs mains hâlées, et on entend résonner partout sur les collines, jusqu’au milieu du jour, les coups de la pioche de fer luisant, sur les cailloux qui l’ébrèchent. […] La littérature, dans son acception la plus vaste, apparut tout à coup à mon esprit. […] La littérature n’est pas moins indispensable au récit qu’à l’action des grandes choses ; le peuple lui-même le plus illettré, quand il est rassemblé et élevé au-dessus de son niveau habituel, comme l’Océan dans la tempête par une de ces grandes marées ou par une de ces fortes commotions qui soulèvent ses vagues, prend tout à coup quelque chose de subitement littéraire dans ses instincts ; il veut qu’on lui parle, non dans l’ignoble langage de la taverne ou de la borne, mais dans la langue la plus épurée, la plus imagée et la plus magnanime que les hommes des grands jours puissent trouver sur leurs lèvres.
Or, un beau jour qu’ayant pris un superbe poisson, j’étais occupé à le dépecer, tout à coup je trouve dans son ventre cet anneau merveilleux ; et comme, dans ma joie, je venais de l’exposer pour le vendre, vos seigneuries ont mis la main sur moi. […] Un autre chambellan leur décrit en ces termes l’abattement du prince : « Le roi n’eut pas plutôt jeté les yeux sur ce fatal anneau, que, la mémoire lui revenant tout à coup, il se rappela le mariage qu’il avait secrètement contracté avec Sacountala, s’accusa de l’avoir repoussée avec tant de cruauté et d’injustice, et, depuis ce temps, il est livré au plus amer repentir ; il a les plaisirs en horreur ; il se refuse, contre son habitude, à recevoir chaque jour les hommages de son peuple. […] Le sage Valmiki, un jour qu’il se promenait sur les bords du paisible et brillant Tamasâ, vit un oiseleur abattre d’un coup mortel un oiseau qui, à côté de sa douce compagne, faisait retentir la rive de ses accents amoureux. Affligé à ce triste spectacle, le sage exhala par des mots son indignation, et, inspiré par la déesse de l’éloquence, il exprima sa pensée dans un distique improvisé : « N’espère point, barbare, prolonger tes jours, toi dont la main a pu frapper un coup si cruel, et détruire un innocent oiseau qui a trouvé la mort quand il ne songeait qu’à l’amour. » — Mais, reprend la nymphe, qu’est-il survenu à l’infortunée Sita depuis qu’elle a été conduite dans la forêt ?
L’Abensaïd de M. l’Abbé le Blanc est un sujet intéressant, traité par un homme d’esprit, qui sçait nouer une intrigue, préparer une catastrophe, ménager des coups de théatre, tracer des caractères, mais qui ne sçait pas écrire avec cette douceur élégante, qui n’est point incompatible avec la précision & la force. […] Je passe tout d’un coup à Corneille. […] Il est impossible en effet, dit M. de Voltaire, que cet inimitable Ecrivain ait vu cette piéce sans voir tout d’un coup la prodigieuse supériorité que ce genre a sur tous les autres, & sans s’y livrer entiérement. […] On désireroit aussi que ces hardiesses d’enthousiasme que trop de correction affoiblit, ce premier coup de pinceau, qui donne la vie au tableau, se rencontrassent plus souvent chez lui.
s’écrie tout d’un coup Nicétas en s’interrompant, le Barbare devance mes paroles ; il est emporté plus rapide dans sa course que l’aile de l’Histoire, et aucun obstacle ne l’arrête ; car elle, elle en est encore à le montrer saccageant Thèbes, s’emparant d’Athènes, envahissant l’Eubée : mais lui, il ne marche pas, il vole, il traverse les airs laissant en arrière tout récit ; il marche vers l’Isthme, il renverse l’armée romaine qui lui barre le passage ; il pénètre dans cette ville assise sur l’Isthme même et qui était jadis l’opulente Corinthe ; il se porte à Argos, il enveloppe tout le pays de Lacédémone, il s’élance dans l’Achaïe, court de là à Méthone, et se rue sur Pylos, la patrie de Nestor : puis, arrivé aux bords de l’Alphée, il s’abreuvera, je pense, de ses ondes, et, s’y baignant, il y puisera le souvenir de la tradition antique et gracieuse ; et, dès qu’il aura su que le fleuve s’est fondu d’amour pour Aréthuse, la source de Sicile, qui désaltère les fils de l’Italie, je crains fort que, ne faisant violence au fleuve lui-même, il n’écrive sur ses eaux et ne fasse savoir par lui à ses compatriotes de là-bas les exploits dont ont souffert les Grecs. […] le combat a plus d’une chance, les choses humaines sont au hasard d’un coup de dé, et la victoire aime à changer de drapeaux : on ne dit pas qu’Alexandre lui-même ait toujours réussi en tout, ni que la fortune de César ait été de tout point infaillible.
Le roi, dès l’automne dernier, s’était dit qu’il fallait frapper un coup. […] Parti de Versailles le 18 mai 1693 pour l’armée de Flandre, Louis XIV, plus lent qu’à l’ordinaire, n’ayant rien arrêté de précis et s’étant, trouvé pendant quelques jours malade au Quesnoy, fait mine de s’avancer du côté de Liège ; puis tout d’un coup, le 9 juin, au camp de Gembloux, il déclare qu’il s’cn retourne à Versailles.
De même dans la vie et la destinée des hommes, — des grands hommes —, quand les circonstances y prêtent, il est de ces heures où ils paraissent tout d’un coup se retrouver tels qu’au début pour les qualités les plus vives, pour celles même que l’âge et la fatigue avaient nécessairement diminuées. 1814 fut pour Napoléon général une de ces merveilleuses saisons de rajeunissement. […] Dans une telle situation, là où personne autre n’entrevoyait de ressources possibles que dans le résultat des négociations engagées, Napoléon, lui, ne cherchait et ne voyait d’issue que par quelqu’un de ces grands coups comme il en avait tant de fois frappé, et comme le jeu de la guerre en offre volontiers aux grands capitaines.
Joubert, d’ailleurs, apporta dans les conséquences de ce coup d’État, contrecoup du nôtre, la modération qui était dans son caractère et qui servait utilement de correctif à la chaleur de ses opinions. […] Joubert, nommé au commandement de Paris peu avant ce petit coup d’État du 30 prairial (18 juin), y avait prêté la main et en approuvait l’esprit.
Animé d’une plus belle ardeur que jamais, heureux, comme peu d’hommes de son âge le sont, d’avoir trouvé une occasion tardive de déployer ses talents et de consacrer à son pays ses vertus guerrières, il s’apprêtait à frapper quelque coup au centre ou au revers des montagnes, qui eût fait une diversion puissante et opportune aux opérations principales que concertait en ce même temps le brave et habile Dugommier. […] Figure attachante, originale, pleine de générosité et de candeur ; vieil officier gentilhomme devenu le plus allègre et le plus jeune des généraux républicains ; uniquement voué au drapeau, à la patrie ; sans arrière-pensée, sans grand espoir ; ne sachant trop où l’on allait, mais pressé, mais avide comme tous les grands cœurs de réparer les retards de la fortune et de signaler ses derniers jours par des coups de collier valeureux et des exploits éclatants !
C’est alors qu’après un léger à-compte payé, on obtint de leurs officiers de les emmener à Sicca, à quelques journées de marche dans l’intérieur ; mais, au lieu de garder à Carthage même, comme d’ailleurs les Mercenaires le demandaient, leurs femmes, leurs enfants et leur butin, ce qui eût pu servir ensuite de garantie et d’otages, on expulsa du même coup et on leur fit emporter tout ce qui leur appartenait. […] Du haut d’une des terrasses élevées du palais, Spendius et Mâtho (mais celui-ci trop absorbé déjà pour être attentif à autre chose qu’à l’idée fixe de son amour) voient tout à coup l’aube blanchir à l’horizon, et bientôt le soleil émerger et se lever sur Carthage.
Napoléon s’y suppose en idée maître et roi durant dix ans, et il en ressuscite toutes les merveilles, étendues, agrandies, multipliées, selon les données incomparables du génie moderne ; je ne me refuserai pas à rappeler les principaux traits du tableau : « Mais à quel degré de prospérité, s’écrie tout à coup l’historien conquérant, pourrait arriver ce beau pays, s’il était assez heureux pour jouir, pendant dix ans de paix, des bienfaits de l’administration française ! […] « Voyez ces innombrables travailleurs se délassant au foyer de la famille, ou prenant part à une fête, à un banquet de corps à la face du soleil… « Tout à coup la cloche sonne, une dépêche arrive, le clairon retentit.
Alors il m’ouvrit son cœur et m’expliqua confidemment ses idées sur le mariage et la qualité de l’alliance qu’il cherchait pour sa fille, ajoutant que s’il trouvait de quoi remplir solidement ces idées, comme serait un jeune avocat de bon esprit, bien élevé, formé de bonne main, qui eût eu déjà quelque succès dans des coups d’essais et premiers plaidoyers, avec un bien raisonnable et légitimement acquis, il le préférerait sans hésiter à un plus grand établissement, quoi que lui fissent entrevoir et espérer des gens fort qualifiés et fort accrédités qui voulaient marier sa fille. […] Mais un autre abbé, l’abbé Testu, directeur de l’Académie, trouva à redire après coup à ce procédé et convoqua extraordinairement les Quarante pour se plaindre qu’on eût manqué à l’ordre établi en pareil cas, à savoir que, dans les solennités académiques, on ne lirait aucun ouvrage s’il n’était de quelqu’un de la Compagnie.
Il faut les gruger par détail et puis leur donner des coups comme à Raucoux. […] Cependant elle prend son parti, à ce que je crois, car je souffre moins aujourd’hui, malgré une grande promenade que je lui ai fait faire hier ; je vais tâcher de lui donner le dernier coup de pouce.
Hugo a qualifié le sourire triste, ineffable et calmant ; la fin en est très-belle, très-idéale, et offre un mélange de résignation contristée et qui tout d’un coup s’éclaire d’une image antique : O Nuit ! […] Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte de premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.
Fût-elle toujours stérile (ce qui n’est pas), je n’oserais m’en plaindre : car elle comble de joie ceux qui s’y livrent et elle fait du même coup le bonheur des autres par les railleries faciles auxquelles elle prête. […] Il le fait tranquillement, n’esquivant rien, n’exagérant rien, avec un désintéressement, une impartialité, une indépendance de jugement telle, que cette sorte de sacrifice ou plutôt (car il n’avait point à la sacrifier) d’oubli provisoire de la piété filiale en face de la science qui prime tout, m’a rappelé, je ne sais comment, la hauteur d’âme des vieux Romains mettant tout naturellement l’intérêt de la patrie au-dessus des affections de famille… Puis, tout à coup, après ce long, tranquille et consciencieux exposé qui n’eût point été différent s’il se fût agi d’un étranger, la voix du professeur s’altère et laisse tomber ces mots : … Moi qui vous parle, moi qui seul sais le respect et la reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien rire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit.
Elle est singulière, cette tête si connue : longue, maigre jadis, au front proéminent, aux pommettes saillantes, aux yeux enfoncés, aux lèvres serrées, au nez un peu court et comme arrêté d’un coup de ciseau qui a trop mordu : tête tourmentée et bizarre, pleine de protubérances et de méplats, surmontée d’un toupet comme on en voit flamboyer sous le lustre des cirques, et où il y a, en effet, du Méphisto et du clown, et peut-être aussi du chevalier de la triste figure. […] Avouez en outre qu’en dehors de la famille Bonaparte il n’y a plus pour la France que honte et misère ; Le Moniteur publierait, pour le jour de l’enterrement, en tête de sa partie non officielle, cette note triomphante : « Le fameux X…, qui après avoir donné, au coup d’État, sa démission de professeur de rhétorique au collège de Senlis, a été transporté à Lambessa aux frais de notre généreux gouvernement ; le fameux X…, pressé par l’évidence, a avoué, à son lit de mort, qu’il n’avait jamais été plus libre que sous ce règne, et qu’il expirait dans les bras de la Constitution, à laquelle il jurait obéissance dans ce monde et dans l’autre. » Appliqué aux derniers moments de l’honorable M.
On a suivi longtemps une voie en apparence inféconde, puis on l’a abandonnée de désespoir, quand tout à coup apparaît une lumière inattendue ; sur deux ou trois points à la fois, la découverte éclate, et ce qui, auparavant, n’avait paru qu’un fait isolé et sans portée devient, dans une combinaison nouvelle, la base de toute une théorie. […] Mais il faut qu’il en soit ainsi : car, si tout ce qui est dit et trouvé était assimilé du premier coup, ce serait comme si l’homme s’astreignait à ne prendre que du nutritif Au bout de cent ans, un génie de premier ordre est réduit à deux ou trois pages.
De l’esprit, des nudités et des crudités, du lyrisme, une grâce et une finesse par moments adorable, de la plus haute poésie à propos de botte, la débauche étalée en face de l’idéal, tout à coup des bouffées de lilas qui ramènent la fraîcheur, par-ci par-là un reste de chic (pour parler comme dans l’atelier), tout cela se mêle et compose en soi la plus étrange chose, et la plus inouïe assurément, qu’eut encore produite jusqu’alors la poésie française, cette honnête fille qui avait jadis épousé M. de Malherbe, étant elle-même déjà sur le retour. […] Son talent tout à coup s’y épura, s’y ennoblit ; à un moment la flamme sacrée parut rejeter tout alliage impur.
Sans être évêque ni prêtre, il est lui-même sûr de son fait, il sait à l’avance son but, et laisse assez voir sa certitude, ses dédains, son impatience ; il gourmande, il raille, il malmène celui qui résiste et qui n’entend pas : mais tout d’un coup la charité ou le franc naturel l’emportent ; ses airs despotiques ont cessé ; il parle en son nom et au nom de tous, et il s’associe à l’âme en peine qui n’est plus que sa vive image et la nôtre aussi. […] Il suppose tout d’un coup un dialogue où le divin agonisant prend la parole et s’adresse à son disciple, en lui disant : Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé
Le cerveau n’étant jamais tout d’un coup changé dans sa masse entière, il reste toujours dans l’état nouveau quelque chose de l’ancien. […] Ainsi on peut poser cette loi importante : le moi, le sujet, dès qu’il devient par l’idée un objet de conscience distincte, devient du même coup un motif, et tend à se réaliser par la volonté, par l’intelligence, par la sensibilité.
Telle science obtient tout à coup la faveur publique : on s’en occupe avec enthousiasme et ferveur, le public s’y met de moitié avec les savants, et sa sympathie est une sorte de collaboration ; mais bientôt il se refroidit et il se lasse : de nouveaux objets l’attirent, de nouveaux talents sollicitent son attention, et il va porter ailleurs le bruyant tribut de son admiration superficielle. […] Par exemple, s’il plaisait à un écrivain qui nous raconte l’histoire de Rome et qui analyse son gouvernement de s’arrêter tout à coup et d’introduire dans son ouvrage un traité approfondi sur les gouvernements mixtes, il cesserait d’être historien pour devenir publiciste.
En donnant ainsi satisfaction aux premiers désirs du temps, en faisant tourner ces premiers coups de la réforme au profit des intérêts matériels, Henri VIII avait ôté à beaucoup d’esprits le besoin de s’enquérir plus avant des dogmes purement théologiques du catholicisme, qui ne les choquait plus par le spectacle de ses abus les plus décriés. […] Qui ne se représente l’écolier de treize ou quatorze ans, la tête remplie de ses premières connaissances littéraires, l’esprit frappé peut-être de quelque représentation théâtrale, élevant, dans un transport poétique, l’animal qui va tomber sous ses coups à la dignité de victime, ou peut-être à celle de tyran ? […] L’apercevant pour la première fois dans la catastrophe de Roméo et Juliette, il avait senti tout à coup la volonté glacée de terreur à l’aspect de cette vaste disproportion entre les efforts de l’homme et l’inflexibilité du destin, l’immensité de nos désirs et la nullité de nos moyens. […] Mais il veut l’accomplir avec certitude ; il veut être assuré que le coup sera légitime et qu’il ne le manquera pas. […] S’il faut en général que le fond de la tragédie soit pris dans l’histoire des grands et des puissants, c’est que les impressions fortes dont elle veut nous saisir ne peuvent guère nous être communiquées que par des caractères forts, incapables de succomber sous les coups d’une destinée ordinaire.
Vous dites quelque part, en marquant le réveil spirituel qui se fait le matin après les nuits mal passées, que, lorsque l’aube blanche et vermeille, se montrant tout à coup, apparaît en compagnie de l’Idéal rongeur, à ce moment, par une sorte d’expiation vengeresse, Dans la brute assoupie un ange se réveille !
De son côté, il n’avait cessé de m’exhorter directement ou indirectement à me fixer, à croire… Mais, je le demande, que pouvais-je faire lorsque, tout d’un coup, je le vis passer du blanc au noir ou au rouge, et dans sa pétulance sauter par-dessus ma tête, m’enjamber comme au jeu du cheval fondu pour aller tomber tout d’un bond du catholicisme dans l’extrême démagogie ?
Tout ce qui suit, d’une énergie croissante, a sa vérité funèbre ; le dialogue du ver et de la trépassée, l’apparition de Raphaël dont le masque se ranime et profère contre le siècle des cris d’anathème et de désespoir, ces scènes fantastiques s’admettent dans la situation et dans le monde où l’auteur nous transporte ; on résiste d’abord à l’horreur, mais bientôt on y cède, tant les coups sont redoublés et souvent puissants.
Bien que le don de poésie soit de sa nature une chose essentiellement imprévue, et que ce souffle, comme celui de Dieu, aille où il lui plaît, on ne peut s’empêcher d’être surpris chaque fois qu’on voit ce talent se déceler tout d’un coup, et sortir de terre avec fraîcheur dans de certaines circonstances qui semblaient faites plutôt pour l’étouffer ; s’il n’y a pas lieu toujours de crier au miracle, ce n’est jamais le cas non plus de faire les inattentifs et les dédaigneux.
Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ; Pour étouffer ses cris ardents, Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, De fureur tu brisas ses dents. ’ Elle se releva : mais un jour de bataille, Ne pouvant plus mordre ses freins, Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille, Et du coup te cassa les reins.
Tout le long de la tragédie, l’idée est portée par le rythme comme selon une danse où les coups de sabots font des poses douloureuses.
Leconte de Lisle Le génie de Béranger est à coup sur la plus complète des illusions innombrables de ce temps-ci, et celle à laquelle il tient le plus ; aussi ne sera-ce pas un des moindres étonnements de l’avenir, si toutefois l’avenir se préoccupe de questions littéraires, que ce curieux enthousiasme attendri qu’excitent ces odes-chansons qui ne sont ni des odes ni des chansons.
Paul Léautaud Son livre de débuts, Légendes d’âmes et de sang, qui révélait un poète ne procédant d’aucun maître, et dont la préface, où il donnait les grandes lignes de l’œuvre qu’il méditait, laissait pressentir les théories de musique verbale que le Traité du verbe devait répandre avec éclat, d’un coup attira sur lui l’attention.
Six mois à peine se sont écoulés depuis que Stanislas Guyard remplaçait, dans la chaire d’arabe, au Collège de France, le regretté Defrémery, et voilà que le coup le plus imprévu nous l’enlève, au milieu d’une féconde activité !
Mademoiselle de Gournai, qui étoit violente, se persuada tout de bon que c’étoit un homme envoyé pour la jouer ; &, défaisant sa pantoufle, elle le chargea à grands coups de mule, & l’obligea de se sauver. » Ménage ajoute que Boisrobert racontoit cette scène à quiconque vouloit l’entendre, & qu’il en plaisantoit même en présence de Racan.
Il l’aveugle, il la précipite, il la confond par elle-même : elle s’enveloppe, elle s’embarrasse dans ses propres subtilités, et ses précautions lui sont un piège… C’est lui (Dieu) qui prépare ces effets dans les causes les plus éloignées, et qui frappe ces grands coups dont le contrecoup porte si loin… Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse, quand il lui plaît, le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres, tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens, que de longues prospérités. » Que l’éloquence de l’antiquité est peu de chose auprès de cette éloquence chrétienne !
Mais si l’un de ces trois corps est l’astre qui nous éclaire pendant le jour, l’autre, l’astre qui nous luit pendant la nuit, et le troisième, le globe que nous habitons, tout à coup la vérité devient grande et belle.
Les coups leur furent portez par des hommes qui les reconnoissoient, et qui en vouloient à eux.
On reprend, en la fortifiant des découvertes des sciences naturelles, la thèse spiritualiste et religieuse du Moyen Âge, qui, en face de la science de Dieu, dressait, avec sa logique catholique, la science du diable, quand la philosophie moderne a nié l’une et l’autre du même coup.
Telle fut la vigueur de l’attaque, que les quatre coups portèrent à la fois, et que les deux adversaires tombèrent au même moment frappés chacun de deux blessures mortelles. […] Pourquoi Shakespeare, pressé par les circonstances, n’aurait-il pas fait d’une pierre deux coups, comme on dit vulgairement ? […] Tout à coup, on vient lui demander un divertissement poétique pour un mariage ou toute autre solennité. […] Il en est ainsi de l’histoire de Roméo et de Juliette ; ce n’est pas tant le coup qui les frappe qui importe que la manière dont il est frappé. […] La femme peut débuter dans la vie de la passion par ce sentiment orageux, mais le jeune homme qui n’a pas encore essuyé le feu de l’amour est à l’abri de tels coups de foudre.
Il a du coup dit lui-même en quoi consiste précisément la nouveauté de la Science. […] A coups de chiffres et de textes, il dresse un bilan dont le détail paraît bien indiscutable. […] Et, du même coup, les chances d’inégalité pour le point de départ dans la prochaine génération sont augmentées. […] Ce « moi », dont je me propose l’enrichissement, n’a pas surgi tout d’un coup hors de l’espace et du temps. […] En racontant une aventure terrible sur un ton de manie ou de cauchemar, on détruit du coup les objections qui pourraient surgir contre elle.
Le moyen cependant d’égaler les anciens, et de les surpasser, à plus forte raison, si d’un coup de leur art, presque dans tous les genres, ils ont atteint la perfection ? […] L’éducation de la famille se bornait à quelques leçons d’une morale sévère, que l’on inculquait aux enfants — au dauphin de France lui-même — à force de coups d’étrivières. […] Ni les uns ni les autres n’atteignent tout d’un coup toute leur perfection. […] Le chirurgien s’arrêta, il était trop tard ; le coup porté était mortel. […] C’étaient là de ses moindres coups.
Dans cette élévation, il se détermina tout à coup à quitter Rome et les affaires. […] Son esprit inquiet et ardent, qui avait dévoré l’ennui d’une si longue inaction, reparut tout à coup avec une nouvelle vigueur. […] quel coup devait-il porter ? […] Frappé de ce coup inattendu, Séjan demeurait immobile, paraissant ne pas entendre l’ordre réitéré du consul. […] Évitant les théories ingénieuses inventées après coup, remontons au fait.
Oreste, de son côté, traite d’une manière très peu galante Hélène et Hermione ; il traîne par les cheveux la mère, lui penche le cou, et se prépare à lui trancher la tête, lorsque, par l’effet d’un pouvoir divin, elle disparaît tout à coup à ses yeux. […] Quel était leur étonnement, de voir celui qui ne leur paraissait qu’un Albane ou qu’un Corrège, s’élever tout à coup à la fierté et à la sublime énergie de Michel-Ange, sans rien perdre de son coloris et de l’élégance de ses contours ! […] Acomat force le sérail par un coup hardi, que la mort de Bajazet rend inutile ; il s’embarque avec ses amis et ses richesses ; et Atalide, restée seule en proie au désespoir, se donne le coup mortel. […] Cherchez dans toutes les tragédies de Voltaire un coup de théâtre aussi frappant. […] Les vers que l’on prétend avoir été imités par Racine se trouvent dans cette tragédie du Triomphe de la Ligue, non pas tout à fait tels que Voltaire les a cités : il semble que ce poète ne pouvait pas transcrire de mauvais vers sans leur donner un petit coup de lime en passant.
Ne m’étais-je pas cru sûr, un instant, de tenir enfin ce coup de tam-tam ? […] Il est resté sous le coup des prohibitions d’imprimer que la censure du terrible Calvin a fait peser sur toutes ses œuvres. […] Le 15 juin 1892, un peintre paysagiste, nommé Alcide Lorron, âgé de trente-huit ans, se tira un coup de revolver au cœur dans son domicile, 19, rue Monsieur. […] « Personne presque, dit encore La Bruyère, ne s’avise de lui-même du mérite d’un autre », et voilà, pour le coup, une pensée amère et forte, extrêmement profonde dans sa simplicité. […] Ils ont eu le mérite ou la chance de couronner par un coup d’éclat de longues et anciennes tentatives.
Dans un vol de freux, les croassements éclatent en mille voix, puis s’éteignent peu à peu, puis tout à coup s’étendent sympathiquement. […] Marie, après les effusions les plus tendres et qui lui sont douces, tout d’un coup est ailleurs, bien loin, bien haut peut-être, et semble chercher quelque chose. […] Jules Sandeau, Musset, Michel de Bourges, reçoivent de rudes coups dans ces deux volumes ! […] Le mur a reçu d’assez rudes coups. […] Tuer, ce n’est pas seulement causer la mort d’un homme sur le coup ; c’est aussi la causer après une semaine, après une année, plus tard encore.
On rédigera les journaux à coups de dépêches venues des quatre parties du monde. […] Le temps était horrible ; mon hamac craquait et blutait aux coups du flot. […] Zola a été dépassé d’un coup, et l’on a presque oublié Balzac. […] Le coup qu’elle a reçu ébranle définitivement sa raison. […] C’est toujours de l’observation après coup et de l’analyse évoquée.
Victor Hugo, portèrent le premier coup de hache dans cette gloire si jeune encore, et pourtant si populaire. […] Son récit posé : tout à coup ! — s’écria-t-il — (et à ces mots le piano fit résonner ses plus retentissants accords, comme pour annoncer la venue d’un personnage surnaturel) — tout à coup, on frappa rudement à la porte ! […] Les coups retentirent dans l’âme des assistants comme ceux qui effrayent tant, lorsqu’on lit l’histoire de Venise. […] Romieu endormi, cela afin de le préserver des coups de pieds des passants et des chevaux et voitures.
Vous aurez peut-être d’autres fruits, mais vous n’aurez plus les mêmes, et si ce sont ceux d’autrefois que vous voulez après coup cueillir, ils n’auront jamais plus pour vous ni pour d’autres leur duvet, leur saveur et leur parfum. […] Voilà le vrai du livre et son cachet immortel ; le reste, désespoir final, coup de pistolet et suicide, y a été ajouté par lui après coup pour le roman et pour la circonstance : c’est ce qui ressemble le moins à Goethe, et qui se rapporte à l’aventure de ce pauvre Jérusalem, le côté faux, commun, exalté, digne d’un amoureux d’Ossian, non plus d’un lecteur d’Homère3. […] Goethe revient en un autre endroit sur cette promesse mystérieuse qu’il n’a pas exécutée, d’inventer je ne sais quoi, je ne sais quel nouveau roman ou poème, qui, par un coup de son art, placerait les deux époux au-dessus de toutes les allusions et de tous les soupçons : « J’en ai la puissance, dit-il avec l’orgueil de celui qui est dans le secret des dieux et qui tient le sceptre de l’apothéose, mais ce n’est pas encore le temps. » — S’il ne réussit point tout à fait à entraîner avec lui Kestner dans cette marche en triomphe vers l’idéal, celui-ci, du moins, n’était pas indigne de sentir ce qu’il y avait d’élevé dans de telles paroles, et il répondait à ceux qui le questionnaient sur cet étrange et assez dangereux ami : « Vous ne vous imaginez pas comment il est.
Mais dans tous les milieux analogues par les temps de révolution depuis la Convention jusqu’au Parlement d’Amérique, où naguère encore on échangeait des coups de canne et des coups de revolver, lesquelles cannes et lesquels revolvers étaient apportés (comme mes poignards) dans la manche des paletots. […] Vous avez raison, cher maître, j’ai donné le coup de pouce, j’ai forcé l’histoire, et comme vous le dites très-bien, fai voulu faire un siège.
Je ne marquerai ici que ce qui est dit de Coëffeteau, le maître et l’oracle irréfragable selon Vaugelas : le révérend personnage, y attrape son coup de lance et son horion dans la mêlée. […] D’abord il semble que la matière, non-seulement n’est pas fort importante, mais qu’elle est tout à fait inutile et indigne d’un homme de votre âge, de votre condition, et, ce qui est plus considérable, de votre vertu et de votre esprit… » Et Godeau, faisant l’agréable, continue sur ce ton pendant une douzaine de pages, comme s’il avait pris à tâche de résumer toutes les objections des La Mothe-Le-Vayer et autres, et de rassembler tout ce qu’on avait pu adresser de critiques justes ou injustes à Vaugelas sur le peu de raison et de philosophie de sa méthode, sur le peu de solidité et de gravité de son livre ; puis, tout à la fin de la douzième ou treizième page, tournant court tout à coup et comme pirouettant sur le talon, il ajoute : « Mais, Monsieur, c’est assez me jouer et parler contre mes sentiments. […] On le comprend maintenant de reste, et, toutes choses bien pesées et examinées, il ne doit plus, ce me semble, rester un doute dans l’esprit de personne : Vaugelas avait sa raison de venir et d’être ; il eut sa fonction spéciale, et il s’en acquitta fidèlement, sans jamais s’en détourner un seul jour ; il reçut le souffle à son moment, il fut effleuré et touché, lui aussi, bien que simple grammairien, d’un coup d’aile de ce Génie de la France qui déjà préludait à son essor, et qui allait se déployer de plus en plus dans un siècle d’immortel renom ; il eut l’honneur de pressentir cette prochaine époque et d’y croire.
Encore un coup, l’honneur de Du Bellay est de susciter de pareils rapprochements et de les supporter sans trop avoir à s’en repentir : « Ce n’est pas toujours en troupes que ces oiseaux visitent nos demeures, disait le grand peintre de notre âge ; quelquefois deux beaux étrangers, aussi blancs que la neige, arrivent avec les frimas : ils descendent, au milieu des bruyères, dans un lieu découvert, et dont on ne peut approcher sans être aperçu ; après quelques heures de repos ils remontent sur les nuages. […] Et il ne s’attaque pas seulement à la personne des cardinaux neveux ou favoris, il va jusqu’à prendre à partie ces pontifes qu’il a vus de ses yeux, Jules III, Paul IV : ce dernier se faisant tout d’un coup guerrier in extremis, et qu’il oppose à Charles-Quint, à ce César dégoûté, subitement ambitieux du cloître : l’un et l’autre, dans ce revirement tardif, transposant les rôles et les parodiant pour ainsi dire, faisant comme échange entre eux d’humeur et d’inconstance : Je ne sais qui des deux est le moins abusé, Mais je pense, Morel, qu’il est fort malaise Que l’un soit bon guerrier, ni l’autre bon ermite. […] Or Dieu a voulu que je portasse ma part de cette perte commune, m’ayant la fortune, par le triste et inopiné accident de cette douloureuse mort, retranché tout à un coup, comme à beaucoup d’autres, le fil de toutes mes espérances.
Il y avait dans la maison d’à côté trois vieilles filles nobles qui venaient chaque après-midi faire la partie de quadrille, averties de l’heure précise par un double coup de pincettes que mademoiselle de Boisteilleul frappait sur la plaque de la cheminée. […] frères moins glorieux sans doute, plus infirmes, moins honorés des grands coups du sort. […] » et l’on n’entend plus rien bruire, jusqu’à ce que, le coup de dix heures arrêtant brusquement sa marche, il se retire dans son donjon.
Ce n’était plus l’heure des coups d’essai. Presque tous ceux qui avaient porté les grands coups vivaient. […] du premier coup, sa place qui ne le cède à aucune autre est gagnée.