L’inconnaissable et l’inconnu sont au sein même de nos connaissances positives. […] Il faut choisir et, en choisissant, ne pas oublier qu’une littérature de langue française, florît-elle hors de chez nous, a le devoir de ne se point émanciper outre mesure, de suivre l’usage ancien de la langue et de trouver sa liberté dans la juste connaissance de cet usage. […] Et non plus très jeune ; il approche de la soixantaine, quand nous lions connaissance avec lui. […] José-Maria de Heredia en eut le premier connaissance. […] Les six tomes de ses Épilogues, les cinq tomes de ses Promenades littéraires, les trois tomes de ses Promenades philosophiques et encore quelque dix volumes de critique ou d’essais varies composent ou entassent un magnifique trésor des connaissances les plus dignes d’occuper une tête moderne.
Tout le secret de nos progrès pratiques, depuis trois cents ans, est enfermé là1 ; nous avons dégagé et défini des couples de faits tellement liés que, le premier apparaissant, le second ne manque jamais de suivre, d’où il arrive qu’en opérant directement sur le premier, nous pouvons agir indirectement sur le second C’est de cette façon que la connaissance accrue accroît la puissance, et la conséquence manifeste est que dans les sciences morales comme dans les sciences physiques, la recherche fructueuse est celle qui, démêlant les couples, c’est-à-dire les conditions et les dépendances des choses, permet parfois à la main de l’homme de s’interposer dans le grand mécanisme pour déranger ou redresser quelque petit rouage, un rouage assez léger pour être remué par une main d’homme, mais tellement important que son déplacement ou son raccord puisse amener un changement énorme dans le jeu de la machine, et l’employer tout entière, à quelque endroit qu’elle joue, ici dans la nature, là-bas dans l’histoire, au profit de l’insecte intelligent par lequel l’économie de sa structure aura été pénétrée. […] Aussi « leur âme vagabonde voltigeait dans les prairies des Muses », et, cherchant le vrai sur tous les chemins, amassait pour la postérité la plus ample récolte de connaissances. […] L’intendant Voysin, petit roturier, étant devenu ministre, « jusqu’à Monseigneur se piqua de dire qu’il était des amis de Mme Voysin, depuis leur connaissance en Flandre. » On verra dans Saint-Simon comment Louvois, pour se maintenir, brûla le Palatinat ; comment Barbezieux, pour perdre son rival, ruina nos victoires d’Espagne. […] C’est qu’il a trouvé sa vraie place ; cet esprit qui regorgeait de sensations et d’idées était né curieux, passionné pour l’histoire, affamé d’observations, « perçant de ses regards clandestins chaque physionomie », psychologue d’instinct, « ayant si fort imprimé en lui les différentes cabales, leurs subdivisions, leurs replis, leurs divers personnages et leurs degrés, la connaissance de leurs chemins, de leur ressorts, de leurs divers intérêts, que la méditation de plusieurs jours ne lui eût pas développé et représenté toutes ces choses plus nettement que le premier aspect de tous les visages. »« Cette promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes » prouve qu’il aima l’histoire pour l’histoire. […] La connaissance et la domination de la nature ont multiplié sa richesse.
Ni sur la solidité de son savoir, ni sur l’universalité de ses connaissances. […] Saluons d’abord nos vieilles connaissances les rimes en ombre, qui intervenant pour la deuxième fois dans ce poème lui ont, ici, couronné, permis de couronner deux de ses plus beaux vers. […] Il était secrètement tourmenté de cette idée, de cette vue, de cette connaissance qu’il avait de lui-même. — Quelques lecteurs pourront s’étonner ([seconde] préface) — qu’on ait osé mettre sur la scène une histoire si récente. […] Un botaniste, un biologiste n’ose pas, ne parlera jamais (de) mathématique, de (la) certitude mathématique, de (la) connaissance mathématique, de méthode, d’exactitude mathématique, il ne parle, il ne pense jamais d’épuisement.
. — En 1847, il retourne de nouveau à Paris où il fait la connaissance de George Sand, de Chopin, de Lamennais et où il se lie avec Proudhon. […] Là il fait la connaissance de Karl Marx. […] Quant à ceux qu’elle ne satisfait pas, à ceux qui éprouvent l’éperdu besoin de la connaissance immédiate et totale, ils ont la ressource de se réfugier dans n’importe quelle hypothèse religieuse, à la condition pourtant, s’ils veulent sembler avoir raison, de ne bâtir leur chimère que sur les certitudes acquises. […] En somme le Journal, compendium hétéroclite des émotions et des opinions de deux êtres maladifs et passionnés, à la merci de leurs sensations immédiates, souvent bêtes comme des concierges de lettres, souvent compréhensifs et presque aussi vibrants que des poètes, le Journal est un document précieux pour la connaissance d’une habitude d’esprit qui prédomina chez plusieurs de nos aînés.
j’ai beau chercher dans son ouvrage la moindre connaissance de l’art dramatique, je suis forcé de lui avouer que je ne le crois pas appelé au théâtre ; je tremble de l’affliger : point du tout ; mon jugement ne lui cause aucune émotion ; il me présente avec confiance plusieurs numéros d’un journal auquel il fournit les articles spectacles. […] Bussi Rabutin a beau dire que la Bélise de Molière est une faible copie de cette folle, je soutiens que les Bélise n’ont pas encore disparu de la société, et que les Hespérie ne se trouveraient en pays de connaissance qu’aux Petites-Maisons. […] Thomas, dans son ouvrage Sur les Femmes, dit à notre auteur : Au lieu de détourner les femmes d’acquérir des connaissances et de s’instruire, il fallait les y encourager.
Le début se détache surtout par le sérieux du ton et par la connaissance morale.
« Et le repentir est la tardive et claire connaissance que ce qui plaît uniquement à ce monde n’est que le songe d’un moment !
… XXXVIII Quoiqu’il en soit, le 20 mars 1835, après avoir entendu dans la soirée de la veille le Requiem de Mozart, chanté, à sa prière, par deux Allemands musiciens de sa connaissance ; après avoir donné quelques coups de pinceau à son tableau et après avoir lu en silence quelques versets de sa Bible, il était monté à son atelier, où son frère, en entrant, le trouva sans vie au pied de son chevalet.
Or voici comment j’eus, par hasard, connaissance de la bonne nouvelle.
Quelquefois, dans mes moments de solitude, que je multiplie autant qu’il est possible, je jette ma tête sur le dossier de mon fauteuil, et là, seul au milieu de mes quatre murs, loin de tout ce qui m’est cher, en face d’un avenir sombre et impénétrable, je me rappelle ces temps où, dans une petite ville de ta connaissance (Chambéry), la tête appuyée sur un autre dossier, et ne voyant autour de notre cercle étroit (quelle impertinence, juste ciel !)
J’eus alors connaissance personnelle des efforts faits par les envoyés piémontais et savoyards à Paris pour obtenir de l’Europe la partie de la Savoie que 1814 nous avait laissée.
Il était naturel qu’elle m’accueillît comme un enfant de la maison, quand mes parents, pour achever mon éducation, m’envoyèrent séjourner dans le pays qu’elle habitait maintenant elle-même ; aussi me reçut-elle avec le plus gracieux accueil à la ville dès que je me fus présenté à elle, à titre d’ancienne connaissance et d’ancienne familiarité en France.
XXI Ce fut ainsi que commença notre connaissance et notre affection : il en avait pour moi, j’en avais pour lui.
L’étendue du génie d’Aristote se montre par la généralité de ses vues ; celle de ses connaissances, par la multiplicité des exemples qu’il rapporte successivement.
Je lui répondis que ses paroles m’impressionnaient vivement, et que je les jugeais dignes d’être portées à la connaissance du Pape, auquel j’allais les transmettre.
Cependant, à ma connaissance, il ne niche jamais au midi de Charleston, dans la Caroline du Sud, et par exception seulement dans les parties basses de cet État.
Erckmann et Chatrian sont très-jeunes), c’est que ces jeunes gens, dis-je, aient pu avoir, à distance, une connaissance si vraie, si précise et si complète, et pour ainsi dire l’impression photographiée et toute vivante d’un souvenir personnel de ces événements.
Ne pas se contenter de montrer l’objet, mais conduire l’enfant de la sensation brute à la notion réfléchie, à la connaissance abstraite ; l’exercer à débrouiller, analyser, interpréter ses impressions, il n’y a pas de meilleure méthode pour former de bons esprits.
J’en conclus que la première fois il n’avait lu ni Bossuet ni Bourdaloue, et que la seconde, s’il a pris quelque connaissance de Bourdaloue, il a persévéré à ne pas lire Bossuet.
Quand il sera touché de ce goût du vrai que le païen Cicéron regardait comme la plus noble prérogative de l’homme ; quand, averti par son instinct, il soupçonnera que la connaissance du monde où il vit est nécessaire à son bonheur, ces premiers indices qui prouvent que l’âme est adulte, même dans les plus jeunes enfants, ne hâteront pas d’une heure le moment où Rousseau se résignera enfin à lui apprendre à lire.
La politique est une science comme une autre et exige apparemment autant d’études et de connaissances qu’une autre.
D’ailleurs, avec son admirable sincérité, il a reconnu lui-même qu’il avait, par un grave oubli, fait une part trop faible à la corrélation intime des organes et à leurs variations symétriques, qui se produisent indépendamment de l’utilité, par une nécessité toute physiologique. « L’homme et tous les animaux, dit-il, présentent des organes qui, à notre connaissance, ne leur sont d’aucune utilité maintenant, pas plus qu’à une autre période antérieure de leur existence, soit sous le rapport des conditions générales de leur vie, soit sous le rapport des relations d’un sexe à l’autre.
Je savais ne l’avoir jamais vu, et il me recevait comme une connaissance.
Un peu étonné et fort désappointé, il se rend chez une connaissance de son père, un ingénieur civil, qui le fait attacher aux travaux de Roquefavour, à raison de cinquante sous par jour.
Fin d’avril À l’heure qu’il est, en littérature, le tout n’est pas de créer des personnages, que le public ne salue pas comme de vieilles connaissances, le tout n’est pas de découvrir une forme originale de style, le tout est d’inventer une lorgnette avec laquelle vous faites voir les êtres et les choses à travers des verres qui n’ont point encore servi, vous montrez des tableaux sous un angle de jour inconnu jusqu’alors, vous créez une optique nouvelle.
Toute la connaissance humaine n’est que triage.
Hugo vendait au roi et à ses ministres son talent lyrique, comme l’ingénieur et le chimiste louent aux capitalistes leurs connaissances mathématiques et chimiques, il détaillait sa marchandise intellectuelle en strophes et en odes, comme l’épicier et le mercier débitent leur cotonnade au mètre et leur huile en flacons.
Les jésuites cependant en eurent connaissance ; ils m’en firent plusieurs fois compliment depuis pendant les récréations, et, après leur dispersion, on dut retrouver cette ébauche, parmi les papiers du père Debrosse, dans les balayures des greniers du collège.
., ni Francis Jammes, dont l’exotisme est spécial et touchant, ni André Gide qui a décrit Biskra et le désert, ni Claude Farrère dont les troublantes Fumées d’opium vont révéler le nom, et dont les Civilisés sont une œuvre des plus fortes et des plus personnelles, ni Paul Claudel enfin, qui rapporta de Chine des notes qui formeront une œuvre remarquable telle que nous devons l’attendre de l’auteur de la Connaissance de l’Est 46.
La connaissance de cette rédaction est précieuse en ce qu’elle nous le révèle, à cette époque d’entière indépendance, essentiellement tel, au fond, qu’il se développera plus tard dans ses rôles publics et officiels ; avec tous ses principes, ses sentiments, ses aversions même ; journaliste louant déjà Washington124 dans le sens où, orateur, il le célébrera devant le premier Consul ; attaquant déjà madame de Staël, avant qu’on le puisse soupçonner par là de vouloir complaire à quelqu’un. […] La troisième (c’était sans doute après le voyage de Fontainebleau), l’Empereur lui dit : « Je n’en veux pas, de votre démission ; s’il y a quelque chose à faire, exposez-le-moi dans un mémoire ; j’en prendrai connaissance moi-même ; j’y répondrai. » La rentrée ouverte de Fontanes dans les bonnes grâces du chef aplanit dès lors beaucoup de choses.
Rappelez-vous le marquis d’Auberive, ce vieux gentilhomme ironique et désenchanté, dont la foi au passé prend les allures du plus mordant scepticisme, et qui, ne pouvant empêcher la société nouvelle d’aller son train, se venge d’elle en la raillant, en enregistrant avec soin ses ridicules et ses ignominies, et en la poussant de toutes ses forces du côté où elle penche ; — Vernouillet, le Turcaret d’aujourd’hui, qui n’a plus la suffisance épaisse, la vanité béate ni la cupidité basse de son ancêtre, mais qui relève sa besogne par l’audace, la connaissance méprisante des hommes et l’espèce d’imagination qu’il y sait apporter ; qui recherche dans l’argent beaucoup moins les satisfactions immédiates et grossières de la richesse et du luxe que la puissance dont l’argent est le signe, et qui lui demande surtout ce qu’il peut donner de meilleur : le plaisir d’agir sur les hommes par la presse, par le crédit, par le faste extérieur, par l’influence politique ; — Giboyer enfin, le bohème, ancien prix d’honneur, victime et produit original des institutions nouvelles, à qui les lettres, qui ont fait son malheur, gardent pourtant une sorte de noblesse intellectuelle et tout au moins une honnêteté de franchise dans le débraillé de sa vie morale, que son ironie sauve de l’avilissement, et sa philosophie de la méchanceté : un Figaro ou un « fils de Rameau » dans une société démocratique. […] Il y circule des phrases et des répliques qui ont des figures de connaissance ; chaque situation éveille dans notre mémoire une kyrielle de situations analogues et déjà vues cent fois. […] Et c’est la plus fine connaissance de la vie et la plus navrante vérité de peinture. […] Elle a fait, pendant un voyage à Paris, la connaissance de Gerfaut, le romancier à la mode, le psychologue aimé des femmes.
J’ai gémi, je me suis lamenté à la vue de cette demeure nouvelle. » Et ne dirait-on pas qu’elle est tirée de quelque écrivain moderne cette phrase sur les tourments de notre intelligence : « Nos moyens de connaissance sont bornés et dispersés dans nos organes. […] Cette occupation mit du vague dans mon imagination ; elle se mêla aux connaissances positives que j’avais acquises et souvent je m’amusais à rêver pour mesurer ensuite mes rêveries au compas de mon raisonnement… J’ai toujours aimé l’analyse, et si je devenais sérieusement amoureux, je décomposerais mon amour pièce à pièce. » N’est-ce pas là précisément le procédé de l’école mélancolique ? […] Il confessait que les connaissances matérielles ne suffisent point à notre esprit et qu’après les avoir épuisées, il éprouvait un grand vide et se trouvait invinciblement poussé à chercher des lumières surnaturelles. » Il ne se pouvait donc empêcher de tourner un regard de regret vers le joug qu’il avait brisé. […] Mais le pilon du duc de Rovigo avait longtemps privé les lecteurs français de la connaissance de ce bel ouvrage, et il avait fallu pour nous le rendre la Charte et la liberté de la presse.
Il conte plaisamment comment Éponine, sans respect pour l’empereur, qui est à côté d’elle, se met à se promener à pas lents de long en large sur le théâtre ; et comment l’empereur, « pendant qu’elle s’essouffle pour l’attendrir…, parcourt des yeux toutes les loges, salue dans le parquet ses amis et ses connaissances, rit avec le souffleur ou quelque musicien de l’orchestre, joue avec les énormes chaînes de ses montres et fait mille antres gentillesses tout aussi convenables121 ». […] Ainsi l’art nous réforme « en nous présentant le miroir de notre conscience » ; il a pour objet « de nous conduire à la connaissance de nous-mêmes, par la révélation de toutes nos pensées même les plus secrètes, de toutes nos tendances, de nos vertus, de nos vices, de nos ridicules et par là de contribuer au développement de notre dignité, au perfectionnement de notre être140 ». […] La distinction si longtemps maintenue entre l’art et la science ne subsistant plus, la science s’étagera par des gradations mathématiquement établies, de manière à former une sorte d’échelle de la connaissance. […] Et pourtant, à ce premier moment de leur connaissance, bien des trivialités auraient dû rebuter naturellement ses délicatesses de grand seigneur, car la présence de Karataïew ne s’était trahie d’abord « que par la forte odeur de transpiration qui s’exhalait de sa personne ».
C’est l’époque même, ce sont les mœurs, les tendances des esprits, la marche de toutes les connaissances humaines, qui transforment l’art dramatique, comme les autres arts. […] Devant les gravures, les textes de toutes sortes exhumés par les chercheurs, devant cette connaissance de plus en plus élargie et familière des âges morts, il devenait naturel que le public exigeât une résurrection exacte des époques mises en scène. […] Dans la science, le naturalisme, c’est le retour à l’expérience et à l’analyse, c’est la création de la chimie et de la physique, ce sont les méthodes exactes qui, depuis la fin du siècle dernier, ont renouvelé toutes nos connaissances ; dans l’histoire, c’est l’étude raisonnée des faits et des hommes, la recherche des sources, la résurrection des sociétés et de leurs milieux ; dans la critique, c’est l’analyse du tempérament de l’écrivain, la reconstruction de l’époque où il a vécu, la vie remplaçant la rhétorique ; dans les lettres, dans le roman surtout, c’est la continuelle compilation des documents humains, c’est l’humanité vue et peinte, résumée en des créations réelles et éternelles.
Et c’est ainsi qu’il fit la connaissance de Molière et de Mlle du Parc. […] Nous faisons superficiellement (car les personnages passent comme des flots sur cette mer de détresse, et Hugo compare les flots à des bouches, et les bouches, ici, sont pleines de faim) ; nous faisons, dis-je, la connaissance du père Baumert, un vieux pauvre tordu comme un cep, et de sa vieille femme impotente ; et nous entrevoyons, derrière les fils tendus du métier à tisser, ses pâles filles, Emma et Bertha, pareilles à des araignées faméliques… et je ne compte pas la marmaille. […] Je pensais que, une lueur de connaissance se réveillant dans l’esprit de la folle, elle allait peut-être étrangler de ses vieilles mains sèches son petit-fils renégat… Mais point : elle se contente, n’étant plus surveillée, d’éteindre, en riant d’un rire imbécile et terrible, le flambeau accroché près du poêle. […] Nous y faisons connaissance de la bonne petite Marie et de son fiancé, le bon petit Silvestre, qui doit bientôt partir pour son service, et de la vieille Maon, fille, femme, sœur, mère et grand’mère de marins, et de la belle Gaud, la fille la plus riche de Paimpol, une « demoiselle » qui a vécu quelques années à Paris bien qu’elle continue à porter la coiffe bretonne, et enfin du grand Yann, le beau géant timide, farouche, un peu brutal, pour qui la demoiselle Gaud sent déjà quelque tendresse de cœur.
Quoiqu’en République, il faut être poli même avec les dieux ; pour nous qui avons vu si bien chanter le Christ et Jéhovah par le grand poète, le grand romancier de Notre-Dame de Paris, nous trouvons que ces fictions ont du bon, ne serait-ce qu’au point de vue de l’art, et qu’il y a de sa part un peu d’ingratitude à leur préférer le néant et le doute, deux bien vilaines connaissances pour les petits comme pour les grands esprits. […] Nous estimons que la connaissance des choses est fort utile, mais nous déclarons aussi qu’il est des instants où l’ignorance n’est pas sans douceur ; tout le monde n’est pas né trappiste, et quand on jouit de la vie, il est très désagréable, à notre sens, de s’entendre dire : « Frère, il faut mourir ! […] Ceux de nous qui espèrent vivre dans l’avenir n’ont donc pas seulement à intéresser le public collectif ; ils ont aussi à gagner le public individuel, le lecteur solitaire, qui ne se laisse pas influencer par son voisin, qui ne cause pas avec sa voisine, qui vous regarde en face, qui vous demande à huis clos les vérités éternelles qu’il sent sûrement ou vaguement en lui, et dont il veut trouver en vous la connaissance et l’expression. […] Comme cet homme, nous ne devons pas perdre de vue une seconde ce but : la reconstitution de la patrie commune et, ce qui est d’un ordre plus élevé encore, la recherche, la connaissance, la proclamation, l’application de la vérité, chacun selon nos forces et notre énergie personnelle !
Elle part du « péché originel », ce virus héréditaire dont notre entendement est vicié et qui nous rend inhabiles à la connaissance de la vérité. […] « … Si quelqu’un entreprenait de sortir de cette sphère étroite qui borne les connaissances des hommes, une infinité d’insectes, qui s’élevaient aussitôt, formaient un nuage pour l’obscurcir ; ceux mêmes qui l’estimaient en secret se révoltaient en public, et ne pouvaient lui pardonner l’affront qu’il leur faisait de ne pas leur ressembler. » (Montesquieu.) […] Cependant, l’idée moderne d’égalité s’interrogerait, prendrait connaissance d’elle-même, se préparerait, deviendrait apte enfin à s’emparer du pays pour le renouveler. […] On accuse les Réalistes de supprimer la poésie, ils font tout le contraire : ils l’universalisent, si l’on peut dire, ils proclament que tous les sujets dépendent et relèvent d’elle, montrant ainsi la parfaite connaissance de ce que doit être l’Art dans les sociétés démocratiques.
Descartes croyait à l’identité des esprits : nous avons découvert, nous, la variété des intelligences ; la connaissance des littératures étrangères nous a menés à cette découverte. […] C’est ainsi que procédaient, pour la plupart, les réalistes et, mieux encore, les naturalistes, gens qui volontiers réduisaient au témoignage de nos sens notre connaissance du monde. […] Je ne puis analyser tous les chapitres de ce volume, où Louis Pergaud résume, de la plus jolie manière, sa connaissance de tous les animaux du village et de la forêt. […] Et, comme on a vu l’auteur des maîtres considérer que l’œuvre d’art et l’âme de l’artiste sont toutes proches et ressemblantes, c’est la connaissance de l’âme ainsi que l’interprétation de l’œuvre que M.
Bajazet n’est pas la meilleure tragédie de Racine ; mais c’est une tragédie du premier ordre, qui laisse bien loin derrière elle tous les phosphores dramatiques qu’on a prétendu nous faire admirer depuis : on fera l’intervalle plus ou moins grand, suivant qu’on aura plus de finesse dans le goût, et plus de connaissance de l’art.
Croyait-il de bonne foi que le public, dix ans avant la révolution, eût plus de goût, plus de sensibilité, plus de connaissance des véritables beautés tragiques, que du temps de Corneille, de Racine, de Crébillon et de Voltaire ? […] On m’accuse quelquefois d’injustice envers la philosophie ; personne n’estime plus que moi la vraie philosophie, qui n’est autre chose que la saine morale et la connaissance du cœur humain : je me plains au contraire de ne point trouver de philosophie dans les écrits des philosophes, point de raison dans leurs raisonnements ; je m’afflige et m’indigne de n’y voir que leurs passions ; leurs diatribes ne sont que petitesse, intrigue, mauvaise foi ; je suis surtout révolté de leur pitoyable logique : les jansénistes de Port-Royal étaient des raisonneurs d’une tout autre force. […] Le grand Léon X eût été bien plus grand, s’il eût donné plus d’attention à l’Église latine qu’au théâtre grec : ce grand Léon X, qui fit renaître le théâtre athénien en Italie, vit périr la religion romaine dans le Nord : pendant qu’il se divertissait à Rome à voir des comédies, on le dépouillait en Allemagne d’une partie de ses états ; et Luther faisait jouer dans l’empire des scènes fort tragiques pour le saint siège : ainsi, le grand roi de Bourges, Charles VII, charmait ses loisirs par des bals et des fêtes, tandis que l’Anglais s’emparait des provinces de France : j’imagine que ses flatteurs vantaient aussi son goût pour les arts ; mais un brave chevalier osa lui dire : « On ne peut pas plus gaîment perdre un royaume. » Léon X, beaucoup trop prôné, fut un homme aimable, un protecteur des lettres, mais un fort mauvais pape ; il nuisit beaucoup à l’Église par son luxe et ses goûts frivoles : il était jeune et sans expérience : il ne faut sur la chaire de saint Pierre qu’un vieillard sans passions, blanchi dans les affaires et dans la connaissance des hommes, qui ne connaisse d’autre plaisir que son devoir. […] Ce qu’on prend pour esprit dans le siècle où nous sommes, N’est, ou je me trompe fort, Qu’une frivole effervescence, Qu’un accès, une fièvre, un délire, un transport Que l’on nomme autrement, faute de connaissance. […] Je ne vis dans la pièce qu’un amant qui subjugue, en dépit des convenances, le cœur d’une femme sensible : c’est ordinairement le premier objet de l’ambition des jeunes gens nés sans ambition, et qui n’ont encore aucune connaissance du monde.
Je veux bien que la connaissance profonde des littératures anciennes, que le culte qu’on leur vouait, aient eu une influence sur sa direction et sur son apparence… Je ne nie pas qu’un Racine, qu’un La Fontaine, qu’un La Bruyère se soient fait gloire d’imiter les Grecs… Mais quand je me reporte à ceux qu’ils imitaient, ou qu’ils prétendaient imiter, je trouve un primitif, Esope, le plus frelaté des classiques, Euripide, un alexandrin, Théophraste. […] Une connaissance approfondie des littératures grecque et latine, la pratique courante de la prose et du vers français, fort commune en son temps et même dans sa famille milonaise : autant de moyens hérités ou acquis dont il use alors aisément. […] Mais pour peu que tu sois un érudit, un lettré, ayant connaissance des mots de la langue ou de leur sens exact, ce titre ne sera pas pour te déplaire.
Montrer le cœur humain, créer, en Angleterre, des caractères individuels, en France, des types généraux, est devenu pour le poète la grande chose, et si l’on a quelquefois exagéré dans Corneille et dans Racine cette connaissance de l’homme et ce talent pour le peindre, il faut avoir l’impertinente suffisance ou le coup d’œil superficiel de certains petits critiques allemands, pour ne pas reconnaître en ce genre une rare supériorité chez Molière.
Ils étaient vraiment gentils, et la connaissance se fit comme ça.
quelles étaient ses connaissances ?
Swift souffrait, en outre, de sa dépendance, et d’autant plus vivement que son ambition s’éveillait avec son esprit, et que sa nouvelle connaissance du monde lui donnait le désir d’y briller.
« Nos pères, disait La Bruyère, nous ont transmis, avec la connaissance de leurs personnes, celle de leurs habits, de leur coiffure, de leurs armes offensives et défensives et des autres vêtements qu’ils ont aimés pendant leur vie.
La typographie est le vestibule de la littérature ; elle suppose dans la classe très lettrée qui l’exerce une instruction assez universelle, car elle suppose la connaissance minutieuse de la langue, et la langue est la clef de tout savoir.
Qu’ils assistent aux drames plus ou moins déclamatoires des grands ou petits poètes de la scène ; qu’ils applaudissent aux féroces ambitions des héros de cour ou de rue dans les cours et dans les cités ; qu’ils savourent bien la connaissance du cœur humain étalé devant eux, en horreur, en admiration ou en ridicule, par les Eschyle, les Corneille, les Racine, les Shakespeare, les Aristophane, les Térence ou les Molière, ces sublimes choristes des hommes rassemblés, c’est là leur lot à eux ; mais quant à Homère, et surtout à l’Homère de l’Odyssée, qu’ils y renoncent !
Et parmi les critiques plus ou moins profonds, plus ou moins ingénieux, mais certainement mieux inspirés que François-Victor Hugo, les uns ont cherché à rétablir l’ordre chronologique dans les œuvres de Shakespeare, comme d’autres ont cherché à préciser les connaissances, l’éducation la religion de Shakespeare.
Avant d’être devenu chrétien, il a fait des livres, comme nous tous ; il en a fait des las, témoignant de facultés et de connaissances encyclopédiques qui s’emmêlaient et s’enchevelaient, mais pour n’aboutir qu’à des œuvres puissamment manquées.
Ils ont raison ; mais il faut comprendre que la science pour eux se borne à la connaissance de l’Écriture sainte et des Pères.
Et plus nos connaissances s’accroissent, plus nous apercevons l’extensif derrière l’intensif et la quantité derrière la qualité, plus aussi nous tendons à mettre le premier terme dans le second, et à traiter nos sensations comme des grandeurs.
Pour mon compte, je souhaiterais à beaucoup de plumes indigènes de ma connaissance, d’écrire le français que parle cet Italien. […] M. de Fiennes, en gardant le silence sur la quasi-révolution du Siècle, obéit à des considérations personnelles et respectables que je n’ai pas le droit de sonder ; mais comme les bruits qu’il déclare controuvés sont du domaine de la discussion, il me permettra, sans aucun doute, d’en dire ce qui est venu à ma connaissance.
Artiste, philosophe, nourri par une forte culture scientifique, passionné de la vie, doué d’un sens critique très sûr et d’un enthousiasme très généreux, ayant passé son existence dans la compagnie spirituelle des plus grands penseurs de ce temps, comme Stuart Mill, dont il fut le traducteur, et Spencer, dont il est, je crois, l’ami ; instruit par de longs voyages où l’observation personnalise, en les développant, les connaissances thésaurisées, nul mieux que Clemenceau n’était préparé à devenir l’écrivain de La Mêlée sociale. […] Jules Huret est un admirable interviewer, et j’entends que cet éloge ne soit pas un mince éloge, car il suppose l’existence de qualités intellectuelles de premier ordre, et la connaissance très profonde des sujets sur lesquels, avec une bonhomie terrible, l’enquêteur va poser des questions aux gens. […] J’ai fait la connaissance d’un de ces nègres dahoméens, grands, minces, beaux et souples qui excitent si fort la curiosité des blancs au Trocadéro.
On excitait la curiosité par le titre des chapitres : « Chapitre III : Où notre héros va subir une grande épreuve… Chapitre IV : Où l’on fait une mauvaise rencontre… Chapitre V : Où le lecteur fait la connaissance d’un personnage inattendu…, etc. » Balzac a toujours éprouvé le besoin d’être en tiers avec ses héros. […] « Socrate, dit un critique de bon sens, tenait ce langage après que l’étude, la méditation, l’exercice, la connaissance de l’homme et des hommes, et tout ce que la culture peut ajouter à un beau naturel, avaient fait de lui, non seulement le plus subtil des dialecticiens, mais le plus éloquent des sages. […] Pendant que l’un des esprits disait cela, l’autre pleurait tellement, que, de pitié, je perdis connaissance, comme si je mourais, et je tombai comme tombe un corps mort. » Le principe de la littéralité a des ennemis.
Il était merveilleusement propre à ce genre de travail ; il avait l’érudition, les connaissances variées, la vivacité d’esprit, la souplesse et la docilité de mémoire, qui sont les armes naturelles et nécessaires d’un journaliste ; mais il fut bientôt en guerre avec le docteur Hill et avec Smolletto, tous deux engagés dans des entreprises périodiques du même genre. […] Mais, comme une admiration solide et durable ne repose que sur la connaissance partiale et incomplète des ouvrages de l’artiste, il importe de rechercher le caractère général et la valeur poétique de ces ouvrages. […] On ne pouvait pas sérieusement identifier, pendant dix minutes, l’intérêt progressif et gradué, l’entrelacement habile des épisodes, l’entremêlement volontaire des obstacles, le rapide et naturel éclaircissement des problèmes accumulés à plaisir, habitude familière de Fielding, ni la connaissance pratique des hommes et des professions diverses, la reproduction toute flamande des détails de la vie usuelle, qui place Smollett entre Lesage et Teniersab, avec la simplicité, l’innocence et la candeur de Mackenzie. […] La connaissance des choses humaines y est plus complète et plus à nu, mais poursuivie et systématisée d’après les mêmes principes.
J’en dois la connaissance à M.
L’électricité de son génie, l’ubiquité de son attention, le poids écrasant de son apostrophe, l’universalité de ses connaissances, le coup mortel de ses reparties et jusqu’au tocsin de sa sonnette impatiente de désordre comme son esprit, commandaient l’ordre aux tumultes et le silence aux vociférations ; c’était le quos ego de Virgile incarné dans ce Cicéron de fauteuil.
Lepître avait eu des relations avec mon père à l’époque où des royalistes dévoués essayèrent d’enlever au Temple la reine Marie-Antoinette ; ils avaient renouvelé connaissance ; M.
Il y en avait de deux sortes : les anciens, dont on imitait les plans ; le théâtre espagnol, plus présent, rendu populaire par la connaissance et l’usage presque général de la langue espagnole, et par la mode, qui donnait crédit à tout ce qui venait d’Espagne.
Assurément il y aura toujours des choses que les vers sauront mieux rendre, mais il demeure incontestable que la prose, dont l’unique mesure est la pensée même et l’émotion, répond bien à la complexité croissante des connaissances et des idées.
La connaissance de ces rapports mutuels entre des formes en apparence différentes constitue la Morphologie.
L’idée du drame, c’est-à-dire la connaissance exacte de ce qui se passe en nous, suppose un juste équilibre entre l’affirmation et la négation du moi.
La question est de savoir comment la connaissance d’une langue, qui n’est que souvenir, peut modifier la matérialité d’une perception présente, et faire actuellement entendre aux uns ce que d’autres, dans les mêmes conditions physiques, n’entendent pas.