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1392. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

D’une part, le droit de tous les hommes à participer au royaume de Dieu était proclamé.

1393. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

Et plût à Dieu que je ne m’en fusse pas mêlé !

1394. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

Cuvier ne fit que commenter Platon en même temps que la Bible lorsqu’il admettait des embranchements ayant leurs types absolument distincts, des espèces irréductibles à quelque ancêtre commun, créations successives d’un Dieu modelant les êtres sur ses idées.

1395. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

.) — A propos de théodolite, notons qu’il se trouve dans les dictionnaires entre théodicée et théogoniste ; cela donne envie de le traduire par route de Dieu.

1396. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

« Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi, Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi : Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Ma fille ! 

1397. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Souhaitons seulement que nos prières en fassent sortir des païens tels que Pythagore, Socrate, et Caton, qui, pensant que l’idée de Dieu est la religion universelle, que la morale en est le dogme, et que les vertus en sont le culte, ne me paraissent, en vérité, ni damnés ni damnables. […] Dieu n’a jamais dit que tous les successeurs de saint Pierre seraient des saints, et il a permis qu’un de ses apôtres fût un traître. […] chante la rédemption de l’homme coupable, accomplie sur la terre par le fils de Dieu, revêtu de la nature humaine. […] La poésie, s’écrie-t-il, osera-t-elle porter ses regards sur un mystère que Dieu seul connaît dans toute son étendue ? […] Alaric, héros du poème de ce descendant du père Lemoine, exprime ainsi son admiration et ses sentiments à la belle Amalasonte : « Dieu !

1398. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Y en a-t-il un qui ait pensé avec angoisse et larmes au jugement de Dieu, qui ait excédé et dompté sa chair, qui se soit rempli le cœur des tristesses et des douceurs évangéliques ? […] Parades, combats, blessures, défis, amour, appel au jugement de Dieu, pénitences, on trouve tout cela dans la vie de Surrey comme dans un roman de chevalerie. […] Il habite en Dieu, il est Dieu lui-même, il est descendu ici-bas sous forme corporelle pour réparer le monde chancelant et sauver la race humaine ; autour des êtres, et au dedans des êtres, quand nos yeux percent les apparences, nous le voyons comme une lumière vivante qui pénètre et embrasse toute créature. […] Leurs héros ont des vertus humaines, non des vertus religieuses ; contre le crime, ils s’appuient sur l’honneur et l’amour du beau, non sur la piété et la crainte de Dieu. Si d’autres, de loin en loin, comme Sidney et Spenser, entrevoient ce Dieu, c’est comme une vague lumière idéale, sublime fantôme platonicien, qui ne ressemble en rien au Dieu personnel, rigide examinateur des moindres mouvements du cœur.

1399. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Dieu sait la risée. Le bruit cessé, mon pauvre père, que Dieu absolve ! […] Admirons à la fois et pleurons deux prodiges ; Un Dieu mourant pour l’homme et l’homme impénitent. […] C’est un feu que Dieu nous a confié ; nous devons le nourrir de ce que nous trouvons de plus précieux. […] Écoutons-le87 : « Je m’ennuierais beaucoup à la Cour, écrit-il à son joyeux compère l’abbé Legendre, sans une encoignure de fenêtre dans la galerie, où je me poste quelques heures, la lorgnette à la main, et Dieu sait le plaisir que j’ai de voir les allants et venants.

1400. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Vous n’avez aujourd’hui d’autre Dieu que Dieu, et, ne s’éparpillant plus en superstitions latérales, votre ferveur est devenue plus vive pour le Seul adorable… Desservant fidèle et sévère, vous ne souffrez qu’on approche de Lui qu’avec tremblement et après s’être purifié par les veilles studieuses. […] Parfois, quand je ferme les yeux, je vous vois toutes quatre agenouillées dans l’église sur vos chaises basses, — pâles et vous abritant en Dieu. […] … Si tout dans le monde a son théâtre, le bord de la mer est bien celui que Dieu créa pour l’amour heureux. […] Qu’importe l’amour d’une femme à cet esprit hautain qui s’est fait le lieutenant général de Dieu et du Roi ? […] Dieu, l’homme, sont absents de vos paysages.

1401. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Le premier, c’est le printemps de Dieu, le printemps annuel (ou à peu près). […] Si donc tu es heureux, ne le dis à personne, pas même à Dieu ! […] Croyez-vous à un Dieu personnel, à l’immortalité de l’Ame, aux peines et aux récompenses après la mort ? […] Il ne faut pas demander à un petit bonhomme comme vous, très étourdi, très en dehors et, Dieu merci ! […] ma cousine, remercions Dieu, qui nous condamna aux voies communes et ne fit point de nous des phénomènes.

1402. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Victor Hugo, en 1830, était un homme nouveau qu’on acclamait avec enthousiasme ; c’était un libérateur, c’était un envoyé de Dieu pour les gens fatigués d’admirer Racine ; ils trouvaient dans ses livres une nourriture qui les changeait de l’éternel bouilli ; c’était, sur la table, le faisan paré de toutes ses plumes ; mais, hélas ! […] Et c’est encore pourquoi « Dieu est partout et ne se montre nulle part », et pourquoi « le grain de sable le possède, et le Mont-Blanc ne le connaît pas ». […] Alors, le poète devient, à ses propres yeux, un verbe ; c’est un monde, un Dieu ; il n’a ni commencement ni fin ; il le dit, et l’on est à peu près subjugué par cette affirmation naïvement audacieuse. […] Dieu veuille que ses espérances ne soient pas trompées et qu’un nouveau Ponsard, — il y en a trois ou quatre, ses générations — ne viennent pas s’établir sur les ruines de l’ancien. […] Et c’est encore pourquoi « Dieu est partout et ne se montre nulle part », et pourquoi « le grain de sable le possède, et le Mont-Blanc ne le connaît pas ».

1403. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Il est beau, il est consolant sans doute de voir, dans les mouvements des peuples, les inspirations de l’esprit de Dieu, et, dans le sentiment qui les pousse au bien-être, la marque infaillible et divine qu’ils l’atteindront ; il serait doux de penser que les obstacles apparents contre l’affranchissement des Hellènes n’en sont que des moyens dans l’ordre de la providence ; qu’Ali-Pacha, par exemple, a servi la Grèce en détruisant les Armatolikes et en renversant les peuplades libres ; que surtout les puissances d’Europe la servent par leur politique indifférente ou ennemie ; que la Russie la sert, que l’Autriche la sert, que la France et Soliman-bey aident à son triomphe : tout cela, encore une fois, serait doux à croire.

1404. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

On l’a entendu à peine qu’on se prend à désirer (Dieu me pardonne !)

1405. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Signoret, lui, arrive et, sans se soucier des insanités qui purent contaminer la beauté des choses, il chante, les bois, les eaux, les nuages, les roses, toutes banales vérités qui ont cependant la sublimité éternelle de Dieu et qui sont les prototypes primitifs des fortes œuvres des hauts génies, depuis Virgile jusqu’au vicomte de Chateaubriand et au divin vieux maître Camille Corot.

1406. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Racine même la fait de ce genre dans notre langue, La mort est le seul Dieu que j’osois implorer.

1407. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

C’est un homme embrasé de l’amour de son Dieu qu’il vient recevoir à l’autel, malgré la défaillance de ses forces.

1408. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Dieu soit loué !

1409. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Je viens de relire la deuxième des Lettres d’un Voyageur, par George Sand, où se trouve cet hymne enthousiaste : « A Dieu ne plaise que je médise du vin ! […] … » — Toute une philosophie sociale va se mêler insensiblement à cet élan du poëte, et nous voilà bien loin de la gaieté. — M. de Laprade, à son tour, célébrant la Coupe, dans une pièce pleine de beaux vers, a dit : Des hautes voluptés nous que la soif altère, Fils de la Muse, au vin rendons un culte austère, Buvons-le chastement, comme le sang d’un Dieu. […] C’est elle qui, me tendant une main secourable sous un autre hémisphère, adoucit pour moi les périls et les horreurs d’une guerre dont l’histoire n’of Frira jamais d’exemple ; c’est elle qui me consola dans les fers où me retenait la férocité d’une caste sauvage ; c’est elle enfin qui ; m’environnant de tous les prestiges de l’illusion, me fit envisager d’un œil calme le moment où, pris les armes à la main par ces cannibales, condamné par un conseil de guerre, agenouillé devant mes juges, les yeux couverts d’un bandeau qui semblait me présager la nuit où j’allais descendre, j’attendais le coup fatal… auquel j’échappai par miracle, ou plutôt par la protection d’un Dieu qui n’a cessé de veiller sur moi pendant le cours de cette horrible guerre.

1410. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Le temps n’est-il pas la logique de Dieu ? […] Mentir à la postérité, c’est mentir à Dieu ; car l’histoire est divine. […] À Dieu ne plaise !

1411. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Dieu a fait de l’espérance un des aliments de l’esprit humain ; ne le nions pas, soyons-en soutenus sur notre route afin de marcher, mais n’en soyons pas ivres de peur de tomber comme des fous dans le délire du mieux. […]Dieu ! […]Dieu !

1412. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Le ciel sembloit estre exempt de leurs mains ; Et toutefois les bons pères romains, Pour servir Dieu que mieux connoistre ils surent, Y prirent siege, et les clefs en reçurent ; Or, maintenant, leurs riches successeurs Pour estre encor plus amples possesseurs, Et leurs acquets augustes imiter, Ont pris enfer, et y vont habiter. […] Un sot en peut et un sage homme avoir ; Un ignorant et un de bon savoir, Ainsi qu’il plaist au sort les départir Et je voudrois pour heureux me sentir Qu’il plust à Dieu, d’où les vrais biens procedent, M’en octroyer de ceux que ne possedent Nuls vicieux, ny ne sont dispensés A cœurs malins, ni cerveaux insensés, Et sans lesquels d’hommes n’avons que l’ombre. […] Dans cette même pièce, Saint-Gelais fait un reproche à Dieu de ne s’être pas donné à gouverner, au lieu d’un monde de fous, un monde de sages.

1413. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Pourvu qu’on triomphe des parties basses de soi, il est presque indifférent de les sacrifier aux autres, ces idoles visibles, ou au Dieu inconnu que chacun porte à son sommet comme une lumière qui n’éclairera point la base de la torche. […] La rencontre même de Dieu est indifférente. […] Il regarde d’un peu loin les objets de ses dithyrambes, il prend volontiers le Pirée pour un homme, un singe pour un Dieu et Anatole France pour Balzac.

1414. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Ses panégyristes citent la morale et les solides instructions qui sont répanduës dans les poëtes : ils s’appuïent des odes de Pindare, et même de ces cantiques divins que les ecrivains sacrés nous ont laissés sur la grandeur et les bienfaits de Dieu. […] J’entens par le vrai, une vérité positive, comme dans ces paroles de Moyse : Dieu dit que la lumiére se fasse, et la lumiére se fit ; ou seulement une vérité de convenance et d’imitation, comme dans ce sentiment d’Ajax : grand Dieu, rens-nous le jour, et combats contre nous.

1415. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

La vaine gloire était la vertu des grands hommes à ces époques où une religion, plus magnanime et plus épurée des vanités humaines, n’avait pas encore enseigné aux hommes l’abnégation, la modestie, l’humilité, qui déplacent pour nous la gloire de la terre, et qui la reportent dans la satisfaction muette de la conscience ou dans la seule approbation de Dieu. […] On n’imposait pas à Dieu un maximum de facultés qu’il lui était défendu de dépasser quand il créait une intelligence plus universelle ou une âme plus grande que les autres. […] Le monde moderne en sera plus fort et plus beau, et plus conforme au plan de Dieu, qui n’a pas fait de l’homme un fragment, mais un ensemble. […] Dieu semble agir de même à l’égard de l’homme, cet être successif qui retrace et contient peut-être dans une seule âme les vertus des âmes de cent générations.

1416. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

C’est, par une fonction journalière de l’assistance, par une ponctualité mathématique de la charité, — désarmer Dieu quatre heures par jour. […] dis-je à Sainte-Beuve, si je meurs avant vous, Dieu me garde d’être pleuré par vous ! […] * * * 16 juin S’il revenait, l’abbé Galiani ne manquerait pas de dire devant notre temps : « Je cherche un homme qui ne fasse pas carrière et profession d’aimer ses semblables, qui ne fonde pas d’hôpitaux, qui ne s’intéresse pas aux classes pauvres, qui ne s’occupe pas de donner des cachets de bain au peuple, qui ne soit pas membre d’une société protectrice de n’importe quoi, des chevaux ou du bagne, un homme qui ne se sacrifie pas aux déshérités, un homme qui ne se dévoue pas au journalisme, à la députation, à la tirade parlée ou écrite en faveur des malheureux, des pauvres, des soufrants, des êtres marqués de misère ou d’infamie, un homme qui ne soit pas bon, un égoïste enfin : — oui, pour l’amour de Dieu, j’en demande un…, je voudrais en voir un, brutal, cynique, sincère. » * * * 18 juin Cette nuit à deux heures du matin, nous sommes dans le LONG ROCHER, traversant des clairières, où la lune danse comme si elle allait à la cour de la reine Mab, marchant comme à travers un raccourci du Chaos, éclairé par une lumière électrique d’Opéra. […] Dieu ne me semble avoir fait à la main, et avec un caprice d’artiste, que les arbres d’Orient.

1417. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Entre les deux Hôtel-Dieu qui vous enserrent le cœur, serré que vous êtes entre ce long parallélisme de la souffrance humaine, on se prend à penser à ce Dieu de bonté, qu’on dit là, au-dessus. […] * * * — L’homme a l’habitude de parler, comme à des personnes, aux bêtes et à Dieu. […] … » Et il s’anime : « Tenez, Rousseau… Eh bien, il avait déjà trouvé un procédé exagéré… Est venu après lui Bernardin de Saint-Pierre, qui l’a poussé plus loin… Chateaubriand, Dieu sait… Hugo !  […] » * * * — Nous, torturés de malaises continus, douloureux, presque mortels au travail et à la production spirituelle, nous ferions volontiers ce pacte avec Dieu : ne nous laisser qu’un cerveau pour créer, nos yeux pour voir, et une main avec une plume au bout, et prendre tout le reste de nos sens et les misères de nos corps, pour que nous ne jouissions plus en ce monde que de l’étude de l’humanité et de l’amour de notre art.

1418. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Il était, nous dit Huet qui l’avait beaucoup connu, et qui même s’était senti dévotement enflammé par lui pendant une semaine sainte, il était d’un naturel hardi et ardent ; nulle considération ne l’arrêtait lorsqu’il s’agissait des intérêts de Dieu et de la charité. […] Il sait y faire entrer les circonstances qui parlent et qui animent un récit : « Quand il allait par les champs, dit-il de Louis XII, les bonnes gens accouraient de plusieurs journées pour le voir, lui jonchant les chemins de fleurs et de feuillages, et, comme si c’eût été un Dieu visible, essayaient de faire toucher leurs mouchoirs à sa monture pour les garder comme de précieuses reliques. » J’essaie, en ramassant tous ces exemples, de donner l’idée et le sentiment du genre de mérite et de charme que je trouve au style ou plutôt à la langue et à la touche éparse de Mézeray ; il me reste à insister sur ses parties sérieuses d’historien, et aussi à traiter des originalités ou bizarreries de l’homme.

1419. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Selon lui, et contrairement à Montesquieu, c’est la terreur seule qui fait la république : « Dieu veuille qu’elle ait de la vertu pendant six mois, elle sera détruite. » Il estime de bonne heure que le résultat le plus net de la Révolution de France et de ce qui s’y est passé en 93, sera de fortifier partout le principe monarchique ; ce régime de 93 aura fait l’effet de l’Ilote ivre et aura dégoûté de l’imitation : On verra plutôt, dit-il, des républiques devenir des royaumes que des royaumes devenir républiques. On pleurera le meilleur des hommes dans Louis XVI, la plus belle et la plus parfaite des reines, des milliers de victimes, on servira Dieu mieux qu’auparavant, et on respectera plus son souverain.

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Qui agit par ce ressort, agit selon Dieu… » Charron ici, comme en quelques autres endroits, se trouve en contradiction avec son premier scepticisme fondamental, et moyennant cette lumière naturelle qui luit en chacun et qu’il semble reconnaître, il est plus voisin des platoniciens qu’il ne croit. […] Il accorde beaucoup à la piété, à la véritable, qu’il distingue soigneusement et en traits vigoureux d’avec la superstition ; puis il ajoute un avis nécessaire, dit-il, à celui qui prétend à la sagesse, qui est, d’une part, de ne point séparer la piété de la vraie prud’homie, et d’autre part, et encore moins, de ne les confondre et mêler ensemble : « Ce sont deux choses bien distinctes et qui ont leurs ressorts divers, que la piété et la probité, la religion et la prud’homie, la dévotion et la conscience : je les veux toutes deux jointes en celui que j’instruis ici… mais non pas confuses. » Le père Buffier, d’ailleurs très équitable envers Charron, a relevé ce passage en disant : « Une probité sans religion serait une probité sans rapport à la divinité et indépendante de la loi de Dieu.

1421. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

[NdA] Saint Paul, parlant le langage de la grâce, a dit, pour marquer cette diversité des conditions et des vocations : « Chacun tient de Dieu son don propre, l’un d’une façon, l’autre d’une autre. » (Première épître aux Corinthiens, chap.  […] Tout cela me charmait, c’était ce qu’un Dieu m’avait mis dans le cœur : car chaque homme prend diversement plaisir à des œuvres diverses. » (Odyssée, XIV, 228.) — Ce que Virgile a traduit moins gravement par ces mots : « Trahit sua quemque voluptas. » — Et Homère a dit encore par la bouche du même Ulysse parlant à un jeune et beau Phéacien, qui l’avait offensé par ses paroles : « Ainsi donc les dieux ne donnent pas toutes les grâces à tous les hommes, ni la beauté, ni les qualités de l’esprit, ni l’éloquence.

1422. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit.

1423. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Mais bientôt, quand Dieu a pris en pitié et en gré les époux et qu’on apprend qu’Anne est enceinte, ces mêmes bergers expriment leur joie et se promettent de grandes réjouissances : Melchi, l’un des bergers. […] Mais un second sermon, qui commençait effectivement la pièce, est une prédication de saint Jean-Baptiste sur ce texte d’Isaïe : « Parate viam domini… Préparez la voie du Seigneur… » Ce sermon, grâce à Dieu, a moins de 300 vers dans sa première partie.

1424. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

M. de Lamartine finit éloquemment sa préface par un appel à Dieu, comme Scipion entraînait les Romains au Capitole ; il suppose le divin Juge mettant au dernier jour dans la balance, d’une part les rimes du poëte, et de l’autre ses actions sociales : on devine ce qui l’emporte. Mais il est toujours très-périlleux de faire parler Dieu ; on pourrait aussi bien, et sans plus de témérité, supposer qu’il vous demandera compte du talent spécial qu’il vous aura confié ; s’il y a diversité de dons parmi les hommes, il peut y avoir diversité de ministères, et cela semble surtout plausible, quand le signe est aussi glorieux et aussi évident que dans le cas de M. de Lamartine. 

1425. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Madame de La Sablière elle-même, qui reprenait La Fontaine, n’avait pas été toujours exempte de passions humaines et de faiblesses selon le monde ; mais lorsque l’infidélité du marquis de La Fare lui eut laissé le cœur libre et vide, elle sentit que nul autre que Dieu ne pouvait désormais le remplir, et elle consacra ses dernières années aux pratiques les plus actives de la charité chrétienne. […] Que La Fontaine n’a-t-il connu le Dieu des bonnes gens ?

1426. (1886) De la littérature comparée

Deux siècles auparavant, quand Brunetto Latini osait dire que « toutes les choses étaient faites pour l’homme et que l’homme était fait pour lui-même », un prudent contemporain se hâtait d’ajouter « et pour aimer et servir Dieu et avoir la joie perdurable ». Maintenant, dans l’œuvre que je viens de citer : « Dieu a créé l’homme afin qu’il connaisse les lois qui régissent l’univers qu’il en aime la beauté, qu’il en admire la grandeur ».

1427. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Rousseau, elle le sera encore après son ouvrage ; il tend moins à former l’homme qu’à détruire le chrétien et le sage. » Les points sur lesquels il prend Rousseau en faute et en contradiction sont peu nombreux, et pourraient être mieux choisis ; il en est un pourtant qu’il a bien justement touché, c’est quand Rousseau, tout en proclamant Dieu, dans son déisme assez stérile, déclare qu’il le bénit de ses dons, mais qu’il ne le prie pas : Car « que lui demanderais-je ? […] Rousseau ignore-t-il que ce n’est pas le pouvoir de bien faire que nous demandons à Dieu, mais l’heureuse facilité de faire le bien ? 

1428. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Cousin n’avait voulu que rétablir, contrairement aux résultats du xviiie  siècle, une philosophie où l’on prouvât, par diverses sortes de raisonnements plus ou moins rigoureux, l’existence de Dieu, la spiritualité de l’âme, son immortalité, la liberté morale de l’homme dans une certaine mesure, il y aurait eu peu à redire ; car une telle philosophie est la seule qui se puisse décemment enseigner, et elle a été généralement d’ailleurs la philosophie des Socrate, des Platon, des Descartes, des Bossuet, des Fénelon, des d’Aguesseau. […] Mais il y a tel instant où, du fond de cette vanité, de cet égoïsme, de cette petitesse, de ces misères, de cette boue dont nous sommes faits, sort tout à coup un je ne sais quoi, un cri du cœur, un mouvement instinctif et irréfléchi, quelquefois même une résolution, qui ne se rapporte pas à nous, mais à un autre, mais à une idée, à notre père et à notre mère, à notre ami, à la patrie, à Dieu, à l’humanité malheureuse, et cela seul trahit en nous quelque chose de désintéressé, un reste ou un commencement de grandeur, qui, bien cultivé, peut se répandre dans l’âme et dans la vie tout entière, soutenir ou réparer nos défaillances, et protester du moins contre les vices qui nous entraînent et contre les fautes qui nous échappent.

1429. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

En me disant avec onction de recourir à Dieu, seul dispensateur des biens et des maux, il me faisait sentir plus vivement le peu de justice et de secours que je devais désormais espérer des hommes. […] Un des plus célèbres morceaux est au début du quatrième Mémoire, quand, par une prosopopée hardie, l’auteur, l’orateur se suppose dans un colloque avec Dieu, « avec l’Être bienfaisant qui veille à tout », comme on disait alors.

1430. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Ce Diaz-là, mes amis, a bien voyagé ; mais, Dieu merci, il est revenu au bercail. […] » Gavarni nous dit aujourd’hui : « Chaque jour la science mange du Dieu… N’a-t-on déjà pas mis la foudre du vieux Jupiter en bouteille de Leyde ?

1431. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Dans l’Inutile Beauté un homme du monde nous confie la conception qu’il se fait de Dieu : « Sais-tu comment je conçois Dieu ? […] Il a une foi sincère en Dieu, dans le Dieu d’Israël, Dieu des armées, qui frappe, qui punit et qui se venge. […] Dieu et la religion ne sont bientôt plus pour lui que des termes obligés de phraséologie royale. […] Je l’ai entendu prêcher à la Trinité un sermon sur la fidélité de la parole de Dieu. […] Mais si toute vérité vient de Dieu, comment l’Église suspecterait-elle aucune sorte de vérité ?

1432. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Vous les lancez du haut du Sinaï avec la conviction du prophète qui vient de voir Dieu face à face. […] Il faut payer pour entendre la parole de Dieu. […] Même quand sa foi est profonde et son zèle pur, l’homme de Dieu subit la futilité de son auditoire. […] Un sermon n’est plus pour lui qu’un morceau d’éloquence, et la parole de Dieu un genre littéraire. […] Si Dieu veut que je guérisse, que ferai-je de ma liberté ?

1433. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

C’est là aussi que j’ai lu souvent de ses lettres comme je viens de lire la vôtre, seule devant Dieu. […] À deux cents lieues de Paris, dans un désert, il est une âme qui demande à Dieu le salut d’une âme. […] Dieu sait comment vous les entendrez !  […] Au moins, lui, il a son culte, son église et son Dieu. » Et c’est une force. […] Et il ne faut pas croire qu’il soit si facile de se donner ce culte, cette église et ce Dieu-là.

1434. (1902) La poésie nouvelle

En effet, l’hiatus est fréquent :‌ Pour lui il n’est mai ni printemps… Dieu oublia et diffame eut… Les muettes sont parfois élidées devant une consonne :‌ Ainsi en la bailli’ de celle… Parfois, au contraire, il compte pour deux syllabes la désinence du participe féminin en ée devant une consonne. […] Dans la construction de la phrase aussi, il imite la vieille syntaxe, élide volontiers le pronom sujet, renverse l’ordre des mots et, par exemple, place l’attribut ou le régime avant le verbe, ainsi qu’on le faisait aux époques où le français était encore tout proche ou bien affectait de se rapprocher de ses origines latines : (« Cieux marins étaient les yeux de la Dame », « Pieux cloître est mon cœur », « Par telle langueur et faiblesse, — Dieu oublia et diffame eut — David qui haïssait mollesse ».) […] Mais le tenace et vieux passeur garda tout de même, pour Dieu sait quand, ‌ le roseau vert entre les dents.‌

1435. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

pour le coup, Duclos, vous nous croyez par trop honnêtes femmes. » Que si l’on appliquait cela à la manière d’écrire, et si quelque docteur relâché venait à poser en principe que plus on a d’esprit et moins on est tenu à ces misères de l’orthographe, que ce sont choses à laisser à des plumes bourgeoises et que la marque de la supériorité consiste à ne pas se priver de ces licences d’autrefois, un exemple comme celui de Mme de Bregy suffirait, certes, à dégoûter les moins susceptibles, à effrayer les moins timides, et il n’est personne qui ne s’écriât : « Dieu nous garde d’être jamais beaux esprits à ce point ! 

1436. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

La fascination des sombres harmonies Des forêts et des flots, de la foudre et des vents, Qui faisait déborder en notes infinies Mon sein tumultueux, plein aussi d’ouragans ; Cet éblouissement ne me verra plus, folle, Révéler mon angoisse au monde indifférent, Qui nous raille ou nous rit d’un rire bénévole : Rien à l’homme jamais, tout à Dieu qui comprend !

1437. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Voici ce passage : « Je dirai mon sentiment sur la Trappe avec beaucoup de franchise, comme un homme qui n’a d’autre vue que celle que Dieu soit glorifié dans la plus sainte maison qui soit dans l’Église, et dans la vie du plus parfait directeur des âmes dans la vie monastique qu’on ait connu depuis saint Bernard.

1438. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

Au reste, je fusse toujours demeuré dans la promesse que je vous avois faite de mépriser les médisances qu’il vous avoit faites de moi, si trois ou quatre mois après je n’eusse reçu nouvel avis de Paris et de la part de M. de La Motte 254 que je vous nomme confidemment, et depuis encore par la bouche du Père Le Duc, minime, qu’il continuoit tous les jours à vomir son venin contre moi ; après quoi je vous avoue que la patience m’est échappée, mais non pas néanmoins que j’aie encore rien écrit contre ledit Père, sinon en général à ceux que je croyois le pouvoir remettre en bon chemin ; ce qui néanmoins n’a servi de rien jusqu’à cette heure, à cause de son orgueil insupportable : et Dieu veuille que vous ne soyez pas le quatrième de ses bienfaiteurs qui éprouviez son étrange ingratitude !

1439. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Dieu nous garde de calomnier la mémoire d’un sauveur de la patrie !

1440. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Dont la couleur au visage lui monte, D’avoir failli, honteux, Dieu sait combien !

1441. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Et, par conséquent, il dépend de vous de devenir, aux yeux de Dieu et même des hommes, des créatures d’une qualité pour le moins égale à celle d’un grand savant, d’un grand capitaine ou d’un grand artiste.

1442. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Tu pars, âme chrétienne, on m’a dit résignée, Parce que tu savais que ton Dieu préparait Une fête enfin claire à ton cœur sans secret, Une amour toute flamme à ton amour ignée.

1443. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Son Systême des idées, par lequel il prétend établir qn’on voit tout en Dieu, fut surtout en butte à des attaques & à des railleries.

1444. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

Cette voix haute et puissante du peuple qui ressemble à celle de Dieu, veut désormais que la poésie ait la même devise que la politique : tolérance et liberté.

1445. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Attachez Dieu au gibet, vous avez la croix.

1446. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Tu passeras de nouveau la bague à ton doigt et, le lendemain matin, tu verras que tu possèdes déjà ce que tu auras demandé à Dieu. » Le Maure rentre dans son village.

1447. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

qu’il demande à Dieu quelque Laprade encore » — si on peut trouver deux Laprades dans la littérature contemporaine, — ou quelque sous Laprade, — qui fasse entendre la voix d’un courroux attardé !

1448. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Ce grand écrivain prétendait conserver Dieu dans le langage philosophique, parce que sa suppression déconcerterait l’humanité.

1449. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

au grand Dieu ! au vrai Dieu ! […] La tendresse de ce Dieu mère, qu’on ne sait comment nommer, éclatait, débordait pour lui. […] Remettez l’argent dans vos poches, Dieu vous sauve gratis. […] Simon le mage se disait Dieu le père, et promenait avec lui une femme, symbole de la pensée rachetée.

1450. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

C’est ce qu’il faut voir à travers les mots religieux de péché, de Satan, et les apostrophes à un Dieu ; Baudelaire n’a rien d’un croyant, il était au contraire plein d’amour, et l’amour dut se taire devant les voix indifférentes ou mauvaises des choses. […] Thiers, aussi le Dieu perpétuel d’Hugo, le Dieu bon, calme et large, Dieu sourd et contemplateur, des califes qui viennent de la Légende des Siècles, des cheiks qui ont voisiné avec les Orientales, des Suzon émigrées de la Chanson des rues et des bois… Ah ! […] Ce sont des pensers de Dieu discontinués en êtres distincts par l’effectualité de la toute-puissance. […] C’est la foi, la foi philosophique que Villiers admet comme constat de la vie, avec ses troubles et ses lacunes, et comme solide bâton d’appui, il offre la foi en Dieu, sous les auspices du christianisme. […] L’église se vide de gens pressés, qui viennent de se confesser, et ont hâte d’aller restaurer leur cœur allégé ; le curé, aussi, craint que son déjeuner ne brûle ; mauvaise disposition pour convoquer une âme vers Dieu !

1451. (1898) La cité antique

C’est vraiment le Dieu de la nature humaine. […] Car pour nous la religion n’est pas là ; notre dieu est le Dieu de l’univers et nous le trouvons partout. […] Il faut l’aimer comme on aime une religion, luiobéir comme on obéit à Dieu. […] Il faut l’aimer, comme Abraham aimait son Dieu, jusqu’à lui sacrifier son fils. […] Il faut bien songer que, peur les anciens, Dieu n’était pas partout.

1452. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

C’est peut-être la seule fois que l’auteur s’est rapproché du style à la mode, et Dieu me préserve de le lui passer !  […] semblable au mortel que sa force abandonne, Dieu, qui ne cesse point d’agir et d’enfanter, Eût dit : « Voici la borne où je dois m’arrêter !  […] Aux portes du Chaos Dieu s’avance et t’appelle ! […] M. l’Impératrice n’a point dit cela : elle connaît trop bien nos Constitutions, elle sait trop bien que le premier représentant de la Nation, c’est l’Empereur ; car tout pouvoir vient de Dieu et de la Nation. […] pour Dieu !

1453. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Un Dieu infini et unique, l’Absolu, en un mot, ne se représente pas : rien de ce qui est au ciel, sur la terre ou dans la mer ne saurait le figurer, dit l’Hébreu Moïse. Au point de vue de l’art, l’unité de Dieu est la destruction du beau et de l’idéal, c’est l’athéisme. […] Aussi, entre elle et vous, soyez-en bien persuadé, monsieur Courbet, il n’y aura jamais rien de commun, grâce à Dieu. […] Plût à Dieu que, de son côté, il reconnût avec la même franchise les erreurs de son client ! […] Où sont les êtres si déshérités de Dieu et si disgraciés de la nature qui n’aient, à de certains moments, leur éclair de poésie et leur reflet de beauté.

1454. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Dieu, comme dit le pauvre François Villon, que n’ai-je eu un tel maître « au temps de ma jeunesse folle » ! […] Un artiste n’imite pas un peintre en faisant de ses tableaux des gravures ou des dessins. « Dieu dont l’arc est d’argent » n’était pas une imitation ; cela ne s’était jamais lu en français. […] Ils voulaient prouver la bonté de leur cause ou gagner des fidèles à leur foi particulière ou encore, tout bonnement, travailler à la gloire de Dieu. […] Racine, dont le style est si rarement plastique, garde pour ses maîtresses d’abord, pour Dieu ensuite, presque toute sa sensibilité. […] Fénelon regarda le monde et fixa Dieu éperdument.

1455. (1900) Molière pp. -283

C’est que l’amour du salut, qui est la source de tant de bons sentiments et de tant de belles actions, quand il se confond avec le pur amour de Dieu, devient dans certaines âmes bassement dévotes, quoi ? […] Il est faux que, comme le dit le prince de Conti, il n’y ait que Sganarelle qui prenne la cause de Dieu dans Dom Juan ; il y a bien d’autres personnes qui prennent la cause de Dieu : il y a Dona Elvire ; il y a Dom Louis Tenorio, le propre père de Dom Juan, et le Pauvre, dans la fameuse scène. […] Il peut alors, comme sous le souffle du Dieu mystérieux qui court dans les foules, écrire, par exemple, La Curée et L’Idole et atteindre aux plus hauts sommets, pour retomber immédiatement dans son isolement, son froid et sa stérilité. […] Il y a des vocations spéciales pour les femmes, comme pour les hommes ; à Dieu ne plaise qu’il faille les en exclure. […] CÉSAR À Dieu ne plaise ; mais je voudrais seulement vous rendre plus modestes.

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