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1121. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

disaient-ils, ça donne envie de pleurer au commencement, et ça fait presque rire à la fin ; c’est un air d’enfants qui ne peuvent pas tenir leur sérieux jusqu’au bout, mais dont le sourire se mêle aux larmes comme le rayon de soleil à la pluie du matin. […] J’y mêlais des soupirs et des paroles tout bas dans mon cœur, tout en jouant ; cela allait bien tant que l’air du couplet était sérieux, dévot et tendre comme mon idée ; mais à la fin du couplet, quand il fallut jouer la ritournelle, la ritournelle gaie, folle et sautillante comme les éclats de voix du pinson ivre de plaisir, au bord de son nid sur les branches, oh !

1122. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Mais la plupart des graves et sérieux bourgeois qui abordaient la tribune, les libéraux notamment, étaient des hommes de goût classique, formés à l’école du xviiie  siècle et des idéologues, nourris de Voltaire et de Montesquieu, philosophes, juristes, dialecticiens, de sensibilité médiocre ou restreinte, d’imagination froide, et plus que modérément artistes. […] A la tribune, sérieux, austère, calme, il ne connaissait que les idées.

1123. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

A dire vrai, je suis tenté de les croire à peu près sincères — non point parce qu’ils sont terriblement sérieux, solennels et pontifiants, mais parce que voilà déjà longtemps que cela dure, sans un oubli, sans une défaillance. […] Mais j’ai sur ce point des doutes plus sérieux que sur le premier.

1124. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

J’ai pris au sérieux ce qu’on m’a appris, scolastique, règles du syllogisme, théologie, hébreu ; j’ai été un bon élève ; je ne saurais être damné pour cela, IV Telles furent ces deux années de travail intérieur, que je ne peux comparer qu’à une violente encéphalite, durant laquelle toutes les autres fonctions de la vie furent suspendues en moi. […] Le Hir, qui avait confiance absolue dans l’étude, et qui savait de plus le sérieux de mes mœurs, ne me détourna pas de donner quelques années aux recherches libres dans Paris et me traça le plan des cours du Collège de France et de l’École des langues orientales que je devais suivre.

1125. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Le jeune homme sérieux, « l’espoir du siècle », comme disait son ami Stendhal, qui se moquait de tous les pédantismes, n’était pas encore né, ou il était en bien bas âge… Il écrivait dans un journal de petites dames, — La Vie parisienne, — et c’est là que le Graindorge, qui pouvait s’appeler Graindepoivre, fut publié. […] Mais en province, on mange les cœurs ; on est sérieux.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Quand on voit ces belles et sérieuses parties dans l’historien, on se demande pourquoi il n’a pas mieux réussi dans sa carrière totale et politique, pourquoi il n’a pas servi avec plus de suite ; et c’est ici qu’il faut en revenir au caractère et à l’humeur de l’homme.

1127. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Mais les principes littéraires sont chose légère, dira-t-on, et ils n’ont pas le sérieux que comportent seules les matières d’intérêt politique et social.

1128. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Toutes ses vertus et tous ses sérieux mérites, toutes ses mortifications n’ont pu émousser sa pointe d’esprit et même de légère gaieté.

1129. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Il y rend justice aux qualités réelles et apparentes de ce monarque, mais il indique avec raison un trait de caractère en lui, essentiel, invétéré et bien nuisible, contraire à la dignité des hommes comme au sérieux des choses, le besoin d’un favori, c’est-à-dire ce qui devait compromettre, même aux meilleurs moments, la politique de ce roi.

1130. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Joubert, attaqué le 13 janvier, se défend avec vigueur, se sent débordé, se replie en ordre sur le plateau de Rivoli, et avertit le général en chef que le danger sérieux est là et non pas ailleurs.

1131. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Quelle différence faites-vous pour l’édification des âmes entre le déisme de Voltaire et l’athéisme (qui vaut même bien mieux chez les gens sérieux) ?

1132. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Ces trois endroits, d’une effrayante vigueur, accusent dans l’écrivain de vingt-cinq ans75 une observation désespérément profonde ; malgré la crudité de l’exposition, les aveux y sont si réels et si sérieux que je n’y blâmerai pas le cynisme, comme en d’autres passages où l’auteur ne l’a pas évité.

1133. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Tout ce qui est dans la nature peut intéresser l’esprit ; mais il faut, au spectacle, ménager les caprices des yeux avec le plus grand scrupule ; ils peuvent détruire sans appel tout effet sérieux.

1134. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Faire profession de littérateur, c’était pour lui faire profession d’honnêteté, de vie sérieuse et digne : et autant que la poésie de ruelle et de taverne, il détestait les poètes parasites et débraillés, les mendiants et les ivrognes.

1135. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

La lutte fut d’autant plus âpre, que les passions fanatiques furent aigries, enflammées, utilisées par les intérêts et les égoïsmes : la noblesse y prit l’occasion de jouer une dernière et sérieuse partie contre la royauté envahissante, et, sous les noms de protestants ou de catholiques, abrita des rancunes et des ambitions féodales.

1136. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres entretînt le goût sérieux et l’exacte connaissance de la Grèce et de Rome.

1137. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Là est le seul danger sérieux que court la liberté scientifique dans le domaine de nos études.

1138. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

. — Histoires extraordinaires ; Nouvelles histoires extraordinaires ; Aventures d’Arthur Gordon Pym ; Eureka ; Histoires grotesques et sérieuses ; œuvres traduites d’Edgar Poe, par Charles Baudelaire (1875). — Œuvres posthumes et Correspondance, rassemblées par M. 

1139. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Ainsi le principe de relativité a été dans ces derniers temps vaillamment défendu, mais l’énergie même de la défense prouve combien l’attaque était sérieuse.

1140. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Le socialisme, repris par les Allemands avec plus de sérieux et de profondeur, continue de troubler le monde, sans arborer de solution claire.

1141. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Il se rattache à cette psychologie expérimentale qui promet des résultats sérieux.

1142. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

On peut se proposer une théorie des races comme point d’arrivée de longues études qui sont encore à faire ; on ne saurait l’assigner pour point de départ aux recherches qui nous occupent, si l’on veut aboutir à des résultats sérieux et solides.

1143. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Mais, d’un autre côté, je regarde comme une erreur tout aussi grande en principe, et plus sérieuse encore en pratique, le parti pris de s’interdire les ressources de l’analyse psychologique, et d’édifier ainsi la théorie de l’esprit sur les seules données que la physiologie peut actuellement fournir.

1144. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Dans ces sociétés animées par la conversation des femmes, tous les intérêts se placent par la parole entre toutes les frivolités ; la raison la plus solide, l’imagination la plus active y apportent leurs tributs ; les aines les plus sensibles y versent leurs effusions ; les esprits les plus affinés y apportent leurs délicatesses : là, tous les sujets se prêtent aux conditions que la conversation impose ; les matières les plus abstraites s’y présentent sous des formes sensibles et animées, les plus compliquées avec simplicité, les plus graves et les plus sérieuses avec une certaine familiarité, les plus sèches et les plus froides avec aménité et douceur, les plus épineuses avec dextérité et finesse, toutes réduites à la plus simple expression, toutes riches de substance et surtout nettes de pédanterie et de doctrine.

1145. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

La place publique parodiait au sérieux la scène ; les coulisses des boulevards s’étaient retournées, et l’on avait le paradis en plein vent.

1146. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Par leur sérieux, par leur méthode, par leur exactitude rigoureuse, par leur avenir et leurs espérances, tous deux se rapprochent de la Science. » Et M. 

1147. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Sans vouloir déclarer qu’elles furent vaines, nous devons cependant constater — toute déférence gardée vis-à-vis des esprits sérieux qui crurent devoir s’y attacher — que toutes ces discussions sans fin n’ont pas été sans contribuer pour une large part à déterminer et à propager cette indifférence que le public témoigne aujourd’hui à l’égard de la Poésie. — Eh !

1148. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Pourtant, aucune démonstration sérieuse n’a été faite jusqu’à présent.

1149. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Prétend les animer par son bourdonnement, Vif, courant, d’une seule venue, mais sourd : c’est le travail, inutile, mais c’est le travail ardent, concentré, très sérieux pour elle, de la mouche, qui est commencé.

1150. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

C’est que la besogne est rude, et il n’est pas bien commode à un critique de railler le travail, quand tous les grands écrivains l’ont pris au sérieux.

1151. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

V Ainsi un artiste, — un peintre digne de l’histoire quand il voudra l’aborder, — voilà ce qu’est très sérieusement l’auteur de ce livre sur la main, qui, pour des gens plus graves que nous, ne serait pas sérieux.

1152. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Or, justement, l’Angleterre et l’Allemagne pullulaient de revues, sérieuses et variées, véritables encyclopédies, mensuelles ou hebdomadaires, de l’esprit humain.

1153. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Bossuet et saint Charles Borromée composaient leurs sermons à genoux, mais, malgré mon respect pour le sérieux des croyances du comte de Gasparin, je ne crois point que ce fut à genoux qu’il composa ses Conférences.

1154. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

En effet, malgré les quelques mièvreries libertines de son Monsieur de Cupidon, le dessein de ce livre est sérieux, — ou, du moins, il révèle des facultés d’observation qui peuvent un jour faire la fortune intellectuelle de leur auteur.

1155. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

— autour de la pensée du romancier et presque toujours au moment où on le voudrait sérieux et sincère, — par exemple, quand il s’agit des détails de l’éducation religieuse de sa Mme Bovary, l’ouvrage n’offre à l’esprit qu’une aridité désolante, malgré le vif de sa douleur et de son style.

1156. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Cette belle place littéraire à prendre aurait pu le tenter cependant, car Gobineau est un esprit sérieux, de philosophie stoïque, et le stoïcisme est pour lui — il le dit en termes formels dans une thèse qui a de la fierté — un des plus nobles buts de la vie.

1157. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Prises au sérieux, ces imaginations-là ont créé l’épopée. […] Il faudrait, pour qu’elle le fût, que nous pussions prendre un peu les personnages au sérieux. […] Il faut écouter cela d’un esprit sérieux, consentir à un peu d’effort. […] c’est qu’ils ne sont pas modestes… Voilà des cabotins sérieux ! […] Quel sérieux !

1158. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais tout cela n’est peut-être pas bien sérieux. […] Ne croyez pas, du reste, à de grands désordres, ni même à aucune sérieuse débauche. […] Pour en être choqué, il faudrait prendre cela plus au sérieux que ne paraît faire Alexandre lui-même dans cette comédie héroïque et galante. […] Elle s’était adressée à lui dans les derniers mois de sa vie, quand elle avait voulu devenir une chrétienne sérieuse ; et c’est lui qui l’avait assistée à l’heure de la mort. […] La voilà, la grande scène historique, celle qui lui donnera l’occasion d’être mâle, sérieux, sévère, et d’égaler Corneille sur son propre terrain !

1159. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il prend son tædium vitæ au sérieux. […] Rien n’est sérieux, en général, comme un préau de maison de fous. […] Mais les gens sérieux, quand ils n’ont rien dans la tête, sont un danger. […] L’excrément Zola, par exemple, prétendit être un excrément sérieux : « Je n’ai pas d’esprit », répétait-il. […] Peter, présentant quelques objections sérieuses et pesées, fut accablé d’imprécations et d’outrages.

1160. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il partage les hommes d’aujourd’hui en deux grandes classes, les positifs et les négatifs, c’est à savoir ceux qui prennent la vie au sérieux et les autres. […] Desjardins, si ce n’est de prendre ma religion plus au sérieux qu’auparavant et de m’y attacher davantage ? […] Il s’agirait de savoir si le féminisme sérieux (car il y a un féminisme très sérieux, que les ridicules grotesques de l’autre ne réussissent pas à dissimuler), si le féminisme sérieux ne va pas directement contre le but qu’il poursuit. […] Il est digne de l’attention des gens sérieux, et il sera divertissant pour tout le monde. […] Tous les deux sont trop généraux pour être absolument sérieux.

1161. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

L’Impératrice disait : “Soyons sérieux”, et ne l’était guère ; la table seule faisait bonne contenance et ne bougeait pas. […] L’auteur de la Vie des comédiens, qui n’a jamais été ministre, est sage et sérieux, malgré l’enjouement aimable de son style. […] Cela est peu sérieux. […] Tu ris de ce qui n’est pas risible et l’on ne sait jamais si tu plaisantes ou si tu es sérieux. […] On n’a pas l’audace de penser légèrement à un sujet si sérieux.

1162. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Il a édifié une doctrine personnelle, sérieuse, décisive, et que, seul avant lui Platon, le prince des utopiques aristocraties. — Platon qui avait pressenti toutes choses, — avait pressentie. […] Ou plutôt, si je n’avais peur qu’on prît trop au sérieux ce qui n’est pour moi qu’une impression parmi cent autres, je dirais qu’il y a, dans l’œuvre de M.  […] Si l’amour sensuel n’est point le seul amour, il est du moins le plus sérieux, et il n’y en a point à qui s’applique mieux tout ce que les poètes nous ont toujours dit de l’amour. […] Mais jamais encore un critique n’a si ouvertement, si assidûment essayé d’arracher la critique à ses occupations d’autrefois, pour la revêtir d’une dignité plus sérieuse et plus haute. […] Nous la voyons plus proche, et nous la croyons plus sérieuse.

1163. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Mais Xuthus affirme qu’il est sérieux, et rapporte le mot de la Pythie. « C’est étrange ! […] Que vient faire ce personnage allégorique de « sottie » ou de moralité dans cette sérieuse et profonde et si vraie étude d’âmes ? […] Ce n’est pas, à vrai dire, que nous ayons des doutes sérieux sur la légitimité du coup de fusil de Claude. […] Nous nous amusions trop, voyez-vous ; et c’est justement pour cela, j’en suis à peu près sûr, que, dans les scènes sérieuses, dans celles où M.  […] Car elle a vingt-huit ans, la bonne et sérieuse Marthe, et elle n’a point trouvé de mari, parce qu’elle est presque pauvre.

1164. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Le ton, le sérieux, l’air de satisfaction profonde, rappellent Chateaubriand racontant son ambassade à Londres. […] C’est peut-être qu’ils étaient unis par un crime, par un crime cinq fois répété, et que cela est un lien sérieux. […] Cette fois, après le Discours sur les sciences et les arts, c’est tout à fait sérieux. […] Son éternel dessein de réforme morale paraît sérieux cette fois. […] Et Julie à son tour le récompense de sa vertu par un rendez-vous nocturne et tout à fait sérieux.

1165. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

L’étude littéraire même à l’étude morale, et l’étude morale ne serait ni sérieuse ni complète, si elle n’avait pour contre-épreuve l’étude physiologique. […] De plus, hypocondriaque, et tourmenté de la gravelle pendant toute la seconde moitié de sa vie ; enfin menacé d’une apoplexie sérieuse — dont, en effet, il mourut. […] En vérité, cela ne se réfute pas ; cela n’est pas sérieux. […] cela n’est pas sérieux. […] La tristesse du ciel ou son inclémence favorise le sérieux de la pensée : le sentiment se recueille et s’accroît dans ces prairies tranquilles ; il s’approfondit et s’élève sur ces plages où l’Océan avec sa rumeur monotone berce les rêves infinis.

1166. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Jules Bois, qui lui paraissent les deux seuls adeptes sérieux que connaisse le monde parisien. […] Vagues, incorrects, obscurs, ils ont le sérieux des augures. […] Albert Jhouney paraît être le seul occultiste joignant le sérieux scientifique à la foi. […] Le naturalisme n’est pas une « rhétorique », comme on le croit généralement, mais quelque chose d’autrement sérieux, « une méthode ». […] Mais je vous assure que c’est sérieux ; ce qu’ils font n’est pas autre chose.

1167. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Thiers prend-il au sérieux un tel homme ? […] Thiers affecte de prendre trop au sérieux Cambacérès, homme en qui le ridicule du caractère s’associait par égale portion avec la sagacité de l’esprit, excellent à un rang secondaire, dans l’ombre, mais qui n’aurait jamais existé s’il n’avait été le second d’un grand homme. […] L’intérêt sérieux et vraiment historique de la campagne ne commence qu’avec les opérations dans la plaine de l’Italie.

1168. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il s’occupait de cette idée, et déjà les vaisseaux étaient sur le chantier, quand il abandonna son projet, détourné, suivant les uns, par Bias de Priène, suivant d’autres, par Pittacus de Mitylène, qui, se trouvant à Sardes, et interrogé par Crésus sur ce que l’on disait de nouveau en Grèce, lui avait répondu en ces termes : « On y fait courir le bruit que les habitants des îles lèvent dix mille hommes de cavalerie, et ont le dessein de vous attaquer dans Sardes. » Crésus, prenant ces paroles au sérieux, s’écria : « Puissent faire les dieux que réellement ces insulaires pensent à venir attaquer avec de la cavalerie les enfants de la Lydie ! […] Ces plaintes, devenues plus sérieuses chaque jour, excitèrent la défiance des éphores, qui, lorsque le terme de la grossesse approcha, surveillèrent soigneusement la femme, et se trouvèrent présents à l’accouchement. […] Excepté qu’il est plus sérieux, Hérodote a beaucoup de rapport avec l’auteur du Siècle de Louis XIV.

1169. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il se sent vivre et il se sent mourir … Il prend l’énigme au sérieux ; il va au sphinx, il l’interroge parmi les débris de ceux qui furent dévorés. […] Elle est bonne, timide, pudique ; il est bon, sérieux, un peu inquiet. […] Veuillot, non : il ne pense point que ces institutions soient nécessaires aux âmes ni excitatrices de la bonté humaine, ni qu’elles soient même d’un secours sérieux pour l’amélioration matérielle du sort des pauvres.

1170. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Chapitre VIII : résumé Eh bien, c’est cet imperturbable sérieux, qui se retrouve partout dans la vie de Gœthe et que tout le monde a gardé avec Gœthe, même quand il hasarde des bouffonneries de cette force… d’étoiles, c’est ce sérieux qui a fait de Gœthe ce qu’il est, — c’est-à-dire une momie morale, qui n’a jamais vécu et dont on veut faire un grand homme ! […] Mais ce qui a fait encore plus de tort à la moralité qu’il avait peu qu’au génie qu’il n’avait pas, c’est le sérieux avec lequel le monde tout entier a toujours accueilli le Gœthe intégral, avec toutes les sottises de son esprit, toutes les prétentions de sa vanité, toutes les extravagances de sa fantaisie.

1171. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Mais un lecteur cultivé ne prend pas beaucoup au sérieux ni ce mérite ni ce grief. […] Mais il est des raisons plus sérieuses pour nous faire pressentir, dans les conditions naturelles du roman de la famille, italien ou français, les pentes qui le conduisent vers l’esthétique de F.  […] En marge de Villehardouin met en présence, simplement, l’âme occidentale sérieuse, simple et forte, l’âme grecque passionnée de subtilités et mère des hérésies. […] On attend Dulcinée autour de don Quichotte alors qu’on ne saurait imaginer une Dulcinée sérieuse de Robinson et de Cavor. […] Et il est certain que tout a changé autour d’elle d’une telle façon que ce qui est aujourd’hui le moins pris au sérieux chez M. 

1172. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

On les croit naïfs, ils ont l’air de n’y point toucher ; un mot glissé montre seul le sourire imperceptible : c’est l’âne, par exemple, qu’on appelle l’archiprêtre, à cause de son air sérieux et de sa soutane feutrée, et qui gravement se met à « orguenner. » Au bout de l’histoire, le fin sentiment du comique vous a pénétré sans que vous sachiez comment il est entré chez vous. […] C’est à ce moment, comme aussi en France sous Louis d’Orléans et les ducs de Bourgogne, que s’épanouit la plus élégante fleur de cette civilisation romanesque, dépourvue de bon sens, livrée à la passion, tournée vers le plaisir, immorale et brillante, et qui, comme ses voisines d’Italie et de Provence, faute de sérieux, ne put durer. […] XI Quand des hommes sont, comme ceux-ci, doués d’un naturel sérieux, munis d’un esprit décidé, et pourvus d’habitudes indépendantes, ils s’occupent de leur conscience comme de leurs affaires, et finissent par mettre la main dans l’Église comme dans l’État. […] Quels jugements ces esprits sérieux et neufs en portèrent, avec quelle promptitude ils s’élancèrent jusqu’à la vraie religion de leur race, c’est ce qu’on peut voir dans leur pétition au Parlement173 : Cent trente ans avant Luther, ils disaient que le pape n’est point établi par le Christ, que les pèlerinages et le culte des images sont voisins de l’idolâtrie, que les rites extérieurs sont sans importance, que les prêtres ne doivent point posséder de biens temporels, que la doctrine de la transsubstantiation rend le peuple idolâtre, que les prêtres n’ont point le pouvoir d’absoudre les péchés.

1173. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Mais si ce n’est une tentative vers l’assonance pure et simple, aucune réforme sérieuse n’a été inaugurée. […] Déjà, sans doute, dans sa bonne Bibliothèque de l’Arsenal, M. de Bornier repasse et fourbit ses rimes les plus classiques, ses césures les plus sérieuses, ses hémistiches les plus pondérés pour, ensuite, lancer à la fourragère là charge de ses strophes, lourds escadrons du Verbe. […] Préliminaires badins de conversation sérieuse. […] Parmi les jeunes qui donnèrent les plus sérieux espoirs pour ce que Paul Adam et René Ghil appellent le « merveilleux devenir », il faut citer en première ligne M. 

1174. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Il est ensuite reçu à l’agrégation de philosophie malgré les réticences de Jules Lachelier, figure marquante du jury, qui lui trouve « l’air d’un noceur », comme Lasserre le raconte lui-même dans Mes routes, avec étonnement, en protestant du sérieux de sa conduite. […] Des réformateurs sérieux, s’ils avaient jugé le moment venu de soustraire les intelligences françaises à une autorité de ce genre, l’auraient rendue inutile en enseignant les causes physiques et historiques d’où les pouvoirs sociaux tirent leur légitimité. […] Le discrédit, l’oubli léger des disciplines qui avaient fait la grandeur du siècle précédent, joints à la vanité française de se dénigrer soi-même, assuraient un accueil sérieux à ce que d’avisés gens de lettres venaient conter de la sagesse des Lapons et des Taïtiens. […] Aussi incapable de mal sérieux que de bien, ne sentant rien fortement, elle ne recueille de la vie que des châtiments modérés et des plaisirs sans force. […] Un certain aveuglement général de l’intelligence, joint à une surexcitation stérile de la sensibilité, fit que, sans jouer précisément la comédie, on attachât le pathétique le plus exagéré, les plus grandes images, les dires les plus exaltés, aux idées parfois les plus vides de substance, les plus dépourvues de sérieux.

1175. (1927) Des romantiques à nous

Ce qui est certain, c’est qu’elle est la base première de tout jugement esthétique sain et sérieux. […] Il disait que Cousin (trop peu connu comme propulseur du mouvement romantique dans les dernières années de la Restauration) venait « le premier après Bossuet dans la blague sérieuse ». […] Il y a quelque chose de bien sérieux dans la franchise des humiliations qu’il s’inflige avec calme en se décrivant. […] Et, déclamation pour déclamation, celle de Jean-Jacques est un modèle de sérieux en comparaison de la sienne. […] Et il me semble que ces synonymes se moquent un peu du monde, en particulier de la part d’un homme qui a su, d’autres fois, tout prendre passionnément et même fanatiquement au sérieux.

1176. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Sa physionomie de savant, sérieuse et grave derrière ses lunettes, n’avait certes rien de commun avec les deux bohémiens de génie dont ce rappel nous faisait associer les noms au sien. […] De ces séances d’hôpital, j’aimais tout : le profond sérieux des maîtres et des élèves, le sévère décor, la volonté de soulagement chez l’opérateur, la lueur d’espérance allumée dans les yeux des malades. […] De même il paraissait capable de continuer l’œuvre de ses aïeux par sa puissance de travail et la conscience avec laquelle il prenait son métier de chef au sérieux. […] Il est d’abord un homme d’action à qui le sens du danger et de la responsabilité impose le sérieux dans la réflexion. […] Salomon Reinach a fait connaître à ses confrères de l’Académie des Inscriptions, vient d’être émise par deux savants étrangers dont les sérieux travaux sont généralement appréciés, le docteur R.

1177. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Ainsi tous ont la main sur quelque rouage social, grand ou petit, principal ou accessoire, ce qui leur donne le sérieux, la prévoyance et le bon sens. […] Sans doute, on y babille ; mais, au plus fort des caquets, qu’un homme de poids avance un propos grave ou agite une question sérieuse, l’attention commence à se fixer à ce nouvel objet ; hommes, femmes, vieillards, jeunes gens, tous se prêtent à le considérer sous toutes les faces, et l’on est étonné du bon sens et de la raison qui sortent comme à l’envi de ces têtes folâtres ». — À dire vrai, dans cette fête permanente que cette brillante société se donne à elle-même, la philosophie est la pièce principale.

1178. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Canning, qu’il fallait ménager ; M. de Chateaubriand, qu’il fallait flatter et informer ; le roi, qu’il fallait intéresser ; M. de Villèle, qu’il fallait éviter de blesser, — n’eut une tâche plus complexe, et ne dut montrer sous plus de faces la loyauté d’un homme d’honneur, la dextérité d’un homme de plume, la fermeté d’un homme de résolution, l’agrément d’un homme de lettres dans le sérieux d’un diplomate ; et cet homme avait vingt-cinq ans ! […] À cela près, nous ne connaissons pas un recueil de dépêches mieux senti, mieux écrit, présentant au lecteur sérieux, dans un meilleur style, plus de lumière et plus d’agrément.

1179. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il se fit aussi apôtre dans sa famille : il convertit son père et sa sœur Gilberte (Mme Périer)340, natures pondérées, et sérieuses sans violence, qui furent jansénistes avec une fermeté paisible ; mais son autre sœur Jacqueline, une âme de même étoffe que la sienne, fière et ardente, médita dès lors de quitter le monde. […] La religion donc qui la propose, si elle n’est pas vraie encore, mérite du moins d’être prise au sérieux, et respectée.

1180. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Une seule chose est sérieuse dans la polémique de Perrault, c’est ce travers d’esprit, propre à son temps, et qui, depuis le glorieux avènement des sciences dans les temps modernes, a pris les proportions d’un travers de l’esprit humain ; je veux parler de la prétention des savants à juger des choses littéraires par les principes qui régissent les sciences. […] On croit l’entendre tantôt suppliant la marquise de consentir, quoi qu’il lui en coûte, à tourner avec la terre autour du soleil, tantôt se prêtant doctilement à ses suppositions les plus capricieuses, pour lui faire agréer la vérité qui les renverse ; sérieux, non jusqu’à effaroucher une attention féminine ; badin, sans compromettre le fonds de la science.

1181. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

L’enfant voluptueux préférait la molle Aphrodite à la sérieuse Perséphone, Cythère en roses au noir Achéron. […] Ils s’accroupissent tristement à terre, leurs traits mobiles redeviennent sérieux et pensifs, une lueur de raison éclaire la vague folie de leurs yeux.

1182. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Or, rien de plus sérieux que les affaires, dans le monde affairé et positif du dix-neuvième siècle. […] Tout cela est très vrai, très sérieux, très inévitable, mais toute conclusion exige des prémisses, et ces prémisses manquent au raisonnement de la comédie.

1183. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Quand, par exemple, Sainte-Beuve, qui les présidait, — Sainte-Beuve, l’évêque du diocèse des Athées comme il s’est appelé lui-même, — ne voulait pas présider et fuyait, la tête enveloppée dans une serviette comme Scapin, si par hasard on était treize à table, et que les convives, désolés mais sérieux, ne trouvaient rien de mieux pour le faire rester que d’envoyer chercher le petit garçon ou la petite fille du sieur Magny et par ainsi être quatorze, est-ce que cette force d’une tête d’athée ne repoussait pas tout doucement MM. de Goncourt vers le catholicisme et ne rendait pas leur petit athéisme songeur ? […] C’est une jeune fille comme il peut y en avoir dans tous les mondes, mal élevée comme on peut l’être dans tous les mondes, et dont on oublie, et qui oublie elle-même, son mauvais ton, à mesure que la vie la prend, la vie telle qu’elle est faite, sérieuse et quelquefois tragique… Il n’y a pas, à proprement parler, de bourgeois et de bourgeoisie là-dedans.

1184. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Une fois écartées ces infériorités qui intéressent le sérieux de l’existence (et elles tendent à s’éliminer elles-mêmes dans ce qu’on a appelé la lutte pour la vie), la personne peut vivre, et vivre en commun avec d’autres personnes. […] On pourrait dire que les cérémonies sont au corps social ce que le vêtement est au corps individuel : elles doivent leur gravité à ce qu’elles s’identifient pour nous avec l’objet sérieux auquel l’usage les attache, elles perdent cette gravité dès que notre imagination les en isole.

1185. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

(En s’approchant de moi, à voix basse et d’un ton sérieux.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

D’ailleurs, M. de Sacy ne s’est jamais donné comme un critique de profession, un critique complet, aspirant à tracer un tableau littéraire de son temps : il se borne à traduire avec feu et à nous livrer avec candeur une image de ses goûts intègres, de ses prédilections restées toutes sérieuses et probes.

1187. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Tout cela se traitait comme un pur badinage et sans colère, mais notre homme s’en ressentit assez pour s’en ressouvenir et ne s’y exposa plus. » Cependant les choses sérieuses avaient leur tour ou plutôt ne cessaient de se poursuivre sous le couvert de ces jeux, et les grands desseins que la mort de l’Impératrice pouvait, d’un moment à l’autre, amener au jour et faire éclore, couvaient et mûrissaient en silence.

1188. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

J’aurais peur de scandaliser toutefois en louant trop longtemps de cette sorte, et je ferai à d’autres lettres quelques objections sérieuses.

1189. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

La bohème, même la plus sérieuse et la plus honnête, — et par bohème j’entends tout ce qui est précaire, — est à cent lieues de la bureaucratie, même la plus prévenante et la plus polie.

1190. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Passy n’y a mêlé aucune intention étrangère, et n’y a vu que son sujet, — bien assez riche, il est vrai, — qu’il a traité d’une manière toute sérieuse et approfondie.

1191. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Une haute et sérieuse bienséance règne par toute l’Iliade ; il n’y a pas un grain de Rabelais dans Homère.

1192. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Remarquez bien que l’exact Berlinois n’a gardé d’en parler, tandis qu’il s’étend sur les mérites scientifiques et métaphysiques de l’abbé Prevost, et sur un livre soi-disant sérieux dont on ne sait même plus s’il a jamais été achevé.

1193. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

tous avez contre vous, ou du moins vous n’avez pas pour vous une Académie sérieuse, l’Académie des sciences morales et politiques, quoique vous y ayez infusé et fait entrer par décret une dizaine de vos amis ; mais tout cela s’est vite fondu et noyé dans l’ensemble, et l’esprit général n’est point pour vous ! 

1194. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Ces réflexions ne sont point destinées, on le croira facilement, à détourner les femmes de toute occupation sérieuse, mais du malheur de se prendre jamais elles-mêmes pour but de leurs efforts.

1195. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Ce sont des artifices indignes le plus souvent d’un esprit sérieux.

1196. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Puis — comme, pour obtenir le grossissement des faits sans lequels l’observation, partant l’explication auraient été impossibles, Taine recueillait les cas anormaux, singuliers, extrêmes, somnambulisme, hypnotisme, hallucination, aliénation mentale, — nos littérateurs ont estimé que le propre objet du roman sérieux était le moi détraqué, jamais le moi normal, et qu’il n’y avait point de psychologie sans névrose.

1197. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Cathos eût eu plaisir à entendre appeler un grain de poussière : « l’atome ailé qu’aucun pouvoir ne tue. » Elle eût approuvé cette périphrase qui signifie que l’homme, à l’automme, devient sérieux : Comme elle (la terre), son fils l’homme a pris un maintien grave ; De ses jours de folie il fait payer le tort Au devoir qui l’étreint dans son rude ressort ; et, dans la description d’une gypsie : Un amulette où l’art imite Quelque Diane au front cornu, Des deux seins fixant la limite, Veillait aux mystères du nu.

1198. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Et son bon sens, nourri d’une sérieuse connaissance des hommes, a souvent des hardiesses comme celle-ci, que je recueille sans l’avoir cherchée : « L’idéal trop élevé du mariage est une source de désordres sociaux… » Volontiers il résoudrait tous les problèmes par l’amour de la femme.

1199. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Les agréments extérieurs, l’élégance des habits, la politesse des manières, tout cela passe, non seulement aux yeux des sages, mais même aux yeux des gens du monde quand ils s’avisent d’être sérieux, pour des avantages très inférieurs à l’esprit, aux talents et à la valeur morale.

1200. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je me rappelle aussi une phrase très belle de Sainte-Beuve, qu’il est toujours flatteur de s’appliquer : « Il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries ou des alliances ; c’est le grand nombre, — et pourtant il y a la race de ceux qui, voyant ce faux et ce convenu hypocrite, n’ont pas de cesse que, sous une forme ou sous une autre, la vérité, comme ils la sentent, ne soit sortie et proférée : qu’il s’agisse de rimes ou même de choses un peu plus sérieuses, soyons de ceux-là. » 1.

1201. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Durkheim n’admettrait pas avec Guyau que l’homme, l’individu, est spontanément sociable et altruiste, qu’il est socialisé d’emblée et qu’il ne peut y avoir conflit entre l’individu et la société et résistance sérieuse et profonde de l’individu à la société.

1202. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Tout le secret de la situation intellectuelle du moment est donc dans cette fatale vérité : le travail intellectuel a été abaissé au rang des jouissances et, au jour des choses sérieuses, il est devenu insignifiant comme les jouissances elles-mêmes.

1203. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Pour nous, races profondément sérieuses, la conviction signifie la sincérité avec soi-même.

1204. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

nous conduisons l’esprit vers une région d’idées sérieuses.

1205. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Persuadé que l’inclination du roi pour elle a été le premier motif de sa nomination à la place de gouvernante d’enfants naturels qu’il avait l’intention de reconnaître et d’élever au niveau de ceux de madame de La Vallière, je le suis aussi que le choix fut déterminé par un motif plus sérieux, et qu’il fut fait dans le même esprit que celui de madame de Montausier pour la place de gouvernante des enfants de France.

1206. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Mais, dans les Lettres persanes, la plaisanterie s’attaque déjà aux choses sérieuses, et y prend une âcreté que Montesquieu ensuite regrettera.

1207. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

« Ils se demandaient non seulement ce que deviendrait cette armée si elle était battue, mais même comment elle supporterait les pertes qu’allaient causer de nouvelles marches et des combats plus sérieux. » Toutefois ces prévisions sombres, qui ont été trop éclairées par l’événement, pouvaient encore alors se perdre et se dissiper dans quelqu’une de ces solutions imprévues et glorieuses dont l’histoire des guerres est remplie.

1208. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Ce sont la de hauts et sérieux intérêts ; et, quoique l’auteur soit obligé d’entamer cette importante affaire par un simple procès commercial au Théâtre-Français, ne pouvant attaquer directement le ministère, barricadé derrière les fins de non-recevoir du conseil d’état, il espère que sa cause sera aux yeux de tous une grande cause, le jour où il se présentera à la barre du tribunal consulaire, avec la liberté à sa droite et la propriété à sa gauche.

1209. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Enfin (& cette raison étoit décisive) si la poësie, disoit-on, s’est exercée sur des sujets de frivolité & de galanterie, elle a traité aussi tous les autres & les plus sérieux.

1210. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Ces faits, qu’il est inutile de multiplier, suffisent pour établir que l’hypothèse phrénologique n’avait aucun fondement sérieux dans l’expérience, et qu’elle n’était qu’une œuvre d’imagination, ou tout au moins une conjecture prématurée.

1211. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Il en était bien plutôt le fou, — le fou du Roi, avec son esprit mi-parti de brillant et de sérieux, car les fous du Roi avaient, sous leurs joyeuses folies, quelquefois un grand bon sens et disaient juste ; et c’est ce qu’avait Jules Janin.

1212. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

On sent ce qu’ont de sérieux ces communications entre les premiers peuples, qui, à peine sortis de l’état sauvage, vivaient ignorés même de leurs voisins, et n’avaient connaissance les uns des autres qu’autant que la guerre ou le commerce leur en donnait l’occasion.Ce que nous disons de l’isolement des premiers peuples s’applique particulièrement aux Hébreux. — Lactance assure que Pythagore n’a pu être disciple d’Isaïe. — Un passage de Josèphe prouve que les Hébreux, au temps d’Homère et de Pythagore, vivaient inconnus à leurs voisins de l’intérieur des terres, et à plus forte raison aux nations éloignées dont la mer les séparait. — Ptolémée Philadelphe s’étonnant qu’aucun poète, aucun historien n’eût fait mention des lois de Moïse, le juif Démétrius lui répondit que ceux qui avaient tenté de les faire connaître aux Gentils, avaient été punis miraculeusement, tels que Théopompe qui en perdit le sens, et Théodecte qui fut privé de la vue. — Aussi Josèphe ne craint point d’avouer cette longue obscurité des Juifs, et il l’explique de la manière suivante : Nous n’habitons point les rivages ; nous n’aimons point à faire le négoce et à commercer avec les étrangers.

1213. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Puisse notre voix être entendue des générations présentes comme autrefois elle le fut de la sérieuse jeunesse de la Restauration ! […] L’amour réfléchi est bien différent ; il est sérieux, il est grand, jusque dans ses fautes, de la grandeur de la liberté. […] Son caractère propre est la simplicité, le sérieux, je ne veux pas dire le sérieux affecté, la gravité composée et fardée, la pire de toutes les impostures ; j’entends le sérieux vrai, qui part d’une conviction sincère et profonde. […] L’art suit le mouvement général : d’élégant et de gracieux qu’il était, il devient sérieux à son tour : il ne vise plus à l’originalité et aux effets extraordinaires ; il n’étincelle ni n’éblouit ; il parle surtout à l’esprit et à l’âme. […] À gauche, un autre berger écoute avec une sérieuse attention.

1214. (1886) Le roman russe pp. -351

Je ne croirai jamais que des hommes sérieux, soucieux de leur dignité et de l’estime publique, veuillent se réduire à l’emploi de gymnastes, d’amuseurs forains. […] Mais on ne les prend guère au sérieux ; la gaieté l’emporte, saine et robuste. […] Cette fois la fuite fut plus sérieuse ; il ne revint dans sa patrie qu’à de lointains intervalles, et enfin pour y traîner ses dernières années. […] Tchitchikof n’est pas, comme on pourrait le croire, un cousin de Robert Macaire, un vulgaire filou ; c’est un Gil Blas sérieux et sans esprit. […] À l’âge des études plus sérieuses, Ivan Serguiévitch fréquenta les écoles de Moscou et l’université de Pétersbourg.

1215. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

C’est le sujet le plus sérieux du monde. […] Gazier, que je n’ai point affaiblies, je crois, et peut-être au contraire, me paraissent singulièrement solides et sérieuses et j’avoue qu’elles m’ont fort ébranlé et qu’elles me laisseront, sans doute, très ébranlé sur cette question. […] il ne l’examine point, parce que cette question n’existe pas pour un homme sérieux. […] Elle a suivi très attentivement les essais de Champfleury, qui ont en leur temps été pris fort au sérieux ; elle leur est plutôt favorable. […] Mounet-Sully faisant Démosthène et Mme Bartet Laïs, avec un très sérieux succès d’estime.

1216. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

La fonction de critique, dans une revue d’avant-garde, devrait être plus sérieuse et plus grave. […] Je crois pourtant que son succès n’est dû qu’à une gageure ou qu’à la plaisanterie, et qu’aucun sentiment sérieux n’attire le lecteur vers ce Coppée amorphe et ce Franc-Nohain sans drôlerie, inventé par quelques symbolistes acrimonieux, dans l’intention évidente de nuire à la réussite des jeunes hommes de talent. […] Des garanties professionnelles, amenées par des concours et des soutiens sérieux, devraient être exigées du chroniqueur et du reporter comme elles le sont de l’avocat, du médecin, du professeur. […] Moréas abuse des coupes libres, d’une rythmique imprévue, savante et riche en tournures, elle se compose du Pèlerin passionné, des Étrennes de Doulce, d’Autant en emporte le Vent ; dans l’autre, le poète nous montre des soucis plus sérieux de classicisme, sa poétique est moins indépendante, ses vers plus réguliers, nous y lirons des églogues comme Ériphyle, et toute une suite de gracieuses sylves.

1217. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Tout cela ne paraît pas très sérieux. […] Et cela n’est certes pas un crime, mais cela ne marque pas un très grand sérieux, — ni, comme dit le Psaume, « un cœur profondément contrit et humilié ». […] Mais il est clair que ce n’est pas la foi d’un chrétien sérieux, celle qui tient tout l’homme, même quand il pèche ; qui est toujours présente à son esprit, qui est l’essentiel de sa vie, qui façonne à chaque instant ses sentiments et sa conduite. […] Il ne me semble pas qu’au cours de ces trois mille pages il y ait des défaillances sérieuses ni même des moments de sommeil. […] Il mêlait les idées positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les chimères, les études sérieuses et les emportements de l’imagination, la sagesse et la folie.

1218. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Quoi de plus sérieux en soi que le Misantrope ? […] Mais dans cette partie, comme dans toutes les autres, pour encourager & les auteurs & les acteurs à chercher les grands effets, & à risquer ce qui peut les produire, il faut un public sérieux, éclairé, sensible, & qui porte au théatre de Cinna un autre esprit qu’à ceux d’Arlequin & de Gille. […] Boileau n’étoit pas de cet avis ; il lui en coûta de retrancher la fable de l’huitre, qu’il avoit mise à la fin de sa premiere épître au roi, pour délasser, disoit-il, des lecteurs qu’un sublime trop sérieux peut enfin fatiguer. […] On voit des exemples de tout ; mais il en est qui ne doivent point trouver place dans un ouvrage sérieux & décent, & nous ne devons nous occuper que des journalistes estimables. […] La Mothe a pris ces passages pour de la gaïté philosophique, & il les regarde comme une source du riant : mais Lafontaine n’a pas dessein qu’on imagine qu’il s’égaye à rapprocher le grand du petit ; il veut que l’on pense, au contraire, que le sérieux qu’il met aux petites choses, les lui fait mêler & confondre de bonne-foi avec les grandes ; & il réussit en effet à produire cette illusion.

1219. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il y en a des exemples assez sérieux. […] S’il n’est pas de vie sérieuse sans une certaine routine, ne faut-il cependant que le train quotidien soit brisé de temps en temps ? […] Albalat, avec le sérieux dont il ne se départit jamais, nous apprend que les manuscrits originaux des grands écrivains sont rarement vierges de ratures. […] D’ailleurs, cela ne compte pas : la seule rature sérieuse est celle qui se voit, qui laisse des traces et des taches. […] Ceci dit, et dit pour bien montrer que la question est des plus sérieuses, j’aborde aussitôt l’examen du rapport.

1220. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Ainsi, alors même que par défaut d’expérience ou d’adresse naturelle l’écrivain manque son but, l’homme sait nous retenir, et c’est surtout la disposition d’esprit dans laquelle se trouve l’homme qui excite en nous les pensées sérieuses. […] Ces inquiétudes exagérées sur l’avenir sont entretenues chez lui par une crainte beaucoup plus sérieuse que lui donne le présent. […] Comment Sabine, à qui ces intrigues ne peuvent échapper, ne ferait-elle pas un sérieux retour sur elle-même ? […] Lui-même, plus il apprend à la connaître, vaine, fantasque, étourdie — (du moins c’est ainsi maintenant qu’il la voit), — plus il se rappelle, malgré lui, les vertus sérieuses qu’une autre eût consacrées peut-être à son bonheur. […] Ils portent dans leurs actes un sérieux qui en double le prix, ils ont la vénération d’eux-mêmes et des autres ; et trois fois heureux sont ceux qui vénèrent !

1221. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Mais en 1827 Walter Scott, l’Arioste sérieux, mais l’Arioste en prose, de l’Écosse, remplissait l’Europe entière de ses romans historiques. […] « Mais la rive gauche de la Loire se montre plus sérieuse dans ses aspects : ici c’est Chambord que l’on aperçoit de loin, et qui, avec ses dômes bleus et ses petites coupoles, ressemble à une grande ville de l’Orient ; là c’est Chanteloup, suspendant au milieu de l’air son élégante pagode. […] avec elle périrait un plaidoyer en faveur de quelques infortunés inconnus ; mais je crois trop pour craindre beaucoup. — Je crois surtout à l’avenir et au besoin universel de choses sérieuses ; maintenant que l’amusement des yeux par des surprises enfantines fait sourire tout le monde au milieu même de ses grandes aventures, c’est, ce me semble, le temps du DRAME DE LA PENSÉE.

1222. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Heureusement qu’il y a de grandes indulgences pour les légèretés des hommes sérieux. […] Le dialogue s’échange avec le terrible sérieux de gens d’affaires. […] 23 août Je rencontre ici un étudiant en droit, le type de la jeunesse libérale, républicaine, sérieuse, vieillotte, avec des appétits âpres d’avenir, et la conviction intime de tout conquérir.

1223. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

* * * — Plus on va, plus on voit que, dans ce monde, rien ne se traite sérieusement que les choses légères, et légèrement que les choses sérieuses. […] Il nous conte, du plus grand sérieux du monde, qu’il éprouve un certain ennui de finir son roman, tant il est attaché à ses personnages… Au milieu du développement de son ennui, un coup de sifflet dans la falaise : c’est Mme Feydeau qui arrive avec un pliant, toute charmante en sa fleur de beauté, et délicieusement coiffée d’une de ces coiffures du Directoire, qui ont l’air d’en faire une fille de Mme Tallien. […] La princesse devient sérieuse et paraît souffrante… Dans le salon, Sainte-Beuve, tâchant de sourire, assis au bout du canapé jonquille, arc-bouté de ses deux poings sur la soie, se laisse aller à conter les tristesses de sa jeunesse, de sa vie sans chaleur avec les gens du Globe, Cousin, Vitet : gens qui ne lui donnaient que leur esprit, leur amabilité, rien de plus, et souvent le déconcertaient par des discussions, où il était tout étonné d’entendre Cousin appeler Louis XIV « un godelureau ».

1224. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Il est donc presque impertinent de proposer à on homme de quelque valeur de faire une œuvre sérieuse pour l’Odéon, tant que la munificence des mandataires de la nation n’accordera à l’Odéon qu’une subvention de huit cent trente-trois francs trente-trois centimes par mois, somme que lui coûte la pose seule de ses affiches. […] « Monsieur, je me rappelle en effet qu’une faute d’impression vous a été signalée par moi sur l’affiche du Théâtre-Français ; c’est tout ce qu’il y a d’exact et de sérieux dans l’anecdote racontée par la Démocratie pacifique. » Cette lettre, j’en demande bien pardon à M.  […] Buloz ait pris au sérieux une lettre qui se clôt par ces paroles : « Daignez agréer, monsieur, avec toute ma reconnaissance pour vos bons procédés, l’expression de ma considération la plus distinguée. » En effet, on a des compliments affectueux pour ses inférieurs, des compliments empressés pour ses égaux, de la considération distinguée pour le commun des martyrs ; mais il n’y a que les princes et les jolies femmes que l’on prie de daigner agréer les sentiments que l’on a ou que l’on n’a pas pour eux ; vous voyez donc bien, mon cher ami, que M. 

1225. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Lorsque Me G…, le notaire du marquis de L…, eut donné lecture des soumissions déposées entre ses mains par les vingt-trois dames, plusieurs d’entre elles, effrayées par les rabais considérables contenus dans les premières soumissions, se retirèrent volontairement, et il ne resta véritablement qu’une douzaine de concurrentes sérieuses. […] — Un de nos amis, entré dans la salle, à minuit, sans avoir eu la précaution de se ganter à l’avance, — n’avait achevé de mettre ses gants qu’à trois heures. — Mais, pendant l’opération, l’un des gants était devenu noir et l’autre panaché. — Cette foule énorme a fait naître bon nombre d’incidents comiques, dont quelques-uns ont dû avoir des résultats sérieux, tels que querelles, ruptures et divorces […] Après la fin du spectacle, les deux artistes remontèrent dans leurs loges, — sérieux et inquiets. — L’ère de l’enthousiasme sincère s’était mal inaugurée. […] On a vu souvent des travaux d’hommes de lettres sérieux rester longtemps dans les cartons de la rédaction, mais la copie du Charançon n’y fait jamais long séjour. […] Au théâtre, les ouvrages sérieux ou d’apparence sérieuse attirent bien le public, mais on pourrait croire qu’il y vient plutôt par curiosité, par désœuvrement, que par goût.

1226. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Une cousine, qui a des tuyaux sérieux, affirme. […] Le papa les flatte moins, car il tient à avoir des enfants sérieux. […] J’ai plaint de vieilles reliques en les voyant devenir « une mine d’or dont l’exploitation serait un appoint sérieux à cette planche ». […] Revenez, esprit sérieux, lourd et naïf, à la noblesse d’études moins actuelles. […] Ledrain est pourtant un homme sérieux, et que la fréquentation des prophètes juifs a dû rendre difficile en poésie.

1227. (1887) George Sand

Tout est invraisemblable dans cette principauté bâtie entre ciel et terre, aux ordres de cette souveraine énigmatique et ravissante, Quintilia Cavalcanti, tour à tour folle du luxe et du plaisir, et adonnée au plus sérieux labeur de la pensée, soupçonnée des plus noirs crimes d’amour, une Marguerite de Bourgogne qui se montre dans un cadre enchanté, puis tout à coup révélée à travers les aventures les plus contraires comme une épouse admirable, vertueuse et fidèle à un époux qu’elle adore dans l’incognito de son exil errant. […] Elle fait d’autant plus ressortir l’inaltérable douceur de l’adorable Renan, avec sa tête de Charles le Sage. » On ne se figure pas George Sand avec son calme, avec son sérieux, donnant la réplique aux terribles malices de Sainte-Beuve, le chef du chœur, aux ironies de Flaubert, aux paradoxes « exubérants » de Théophile Gautier. […] Elle a besoin de protester, au nom du bon sens, du goût et du sérieux de la vie, quand la mesure a été dépassée. […] S’il ne s’est pas amassé d’avance un trésor de connaissances sérieuses, dans un ordre quelconque des idées où s’est exercée la grande curiosité humaine, histoire, sciences naturelles, droit, économie politique, philosophie, qu’importe qu’il ait l’outil ? […] Quelle que fût la valeur des siennes, elle y croyait fortement, elle les prenait fort au sérieux ; elle ne permettait pas qu’en quelque milieu que ce fût, sceptique ou gouailleur, on en plaisantât ; elle y subordonnait instinctivement la meilleure partie d’elle-même, son art.

1228. (1893) Alfred de Musset

Sa biographie de Rousseau, où il prend sa défense contre la coterie Grimm, est une œuvre patiente et sérieuse, et il avait d’autre part le goût et le talent des vers plaisants. […] Quant à son admiration, très significative, pour les vers de Voltaire, on ne la prenait sans doute pas au sérieux chez un apprenti romantique qu’on avait nourri de Shakespeare et saturé de Byron, et à qui l’on avait fait étudier son métier, non sans profit, dans Mathurin Régnier. […] Je suis vraiment un ruffian, et quand je plaisante sur mes pareils, je me sens sérieux comme la mort au milieu de ma gaieté. » Il a perdu la foi avec la vertu. […] Le nez au vent et l’œil fureteur, elle a rapporté de sa pension des théories sur le mariage et sur la manière de faire marcher les hommes, qu’elle applique avec énergie, quitte à pleurer dès que le jeune premier fait semblant de prendre ses boutades au sérieux. […] C’est ainsi qu’on aime à se représenter Musset sur la fin, sérieux, et échappant du moins par la pensée à la fange dans laquelle il roulait trop souvent son corps.

1229. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Questions graves et obscures, à la dernière desquelles tout physiologiste eût probablement répondu non, et sans hésiter, s’il eût vu à Toulon, aux heures de repos qui étaient pour Jean Valjean des heures de rêverie, assis, les bras croisés, sur la barre de quelque cabestan, le bout de sa chaîne enfoncé dans sa poche pour l’empêcher de traîner, ce galérien morne, sérieux, silencieux et pensif, paria des lois qui regardait l’homme avec colère, damné de la civilisation qui regardait le ciel avec sévérité. […] « Pour résumer en terminant ce qui peut être résumé et traduit en résultats positifs dans tout ce que nous venons d’indiquer, nous nous bornerons à constater qu’en dix-neuf ans, Jean Valjean, l’inoffensif émondeur de Faverolles, le redoutable galérien de Toulon, était devenu capable, grâce à la manière dont le bagne l’avait façonné, de deux espèces de mauvaises actions : premièrement, d’une mauvaise action rapide, irréfléchie, pleine d’étourdissement, toute d’instinct, sorte de représailles pour le mal souffert ; deuxièmement, d’une mauvaise action grave, sérieuse, débattue en conscience et méditée avec les idées fausses que peut donner un pareil malheur.

1230. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Renan considère le roman comme un genre inférieur et peu digne, pour parler sa langue, des « personnes sérieuses », lorsque la science, la critique et l’histoire sont là qui offrent un meilleur emploi de nos facultés. […] Alexandre, l’artiste qui joue au Cirque « le malheureux général Mêlas » jusqu’au sergent de ville Champion, ancien gendarme des colonies ; et le paysagiste Crescent, et son excellente femme la mère aux bêtes, et tant d’autres   Dans Sœur Philomène, la petite Céline ; dans Germinie Lacerteux, la monstrueuse mère Jupillon et son digne fils ; dans Madame Gervaisais, la mystique comtesse Lomanossow et le terrible père Sibilla ; dans Renée Mauperin, l’abbé Blampoix, confesseur des salons et directeur des consciences bien nées ; Henri Mauperin, le jeune homme sérieux et pratique, économiste et doctrinaire à vingt ans, « médiocre avec éclat et ténacité » (une des plus remarquables études de MM. de Goncourt, et de celles qui ont le plus de portée) ; et ce charmant Denoisel, à qui MM. de Goncourt ont évidemment prêté beaucoup d’eux-mêmes, comme à Charles et à Coriolis ; et M. et Mme Mauperin, et les Bourjot, et tout le monde enfin !

1231. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Personne, parmi les hauts personnages qui figuraient dans cette mêlée, n’en avait le sens et quoiqu’une sérieuse ambition d’acquérir et de s’accroître fût au fond de toutes les guerres, des habitudes plus fortes que les pensées et les volontés y font ressembler les princes à des champions qui se disputent le prix de la valeur, plutôt qu’à des hommes politiques qui songent à constituer des nations. […] Ce ne fut qu’en 1399, et à l’âge de trente-six ans, qu’elle entreprit d’écrire en prose des ouvrages sérieux.

1232. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Dans l’état actuel de l’ethnographie, il n’est aucun ensemble d’observations sérieuses, aucune loi, qui permettent de connaître l’influence que les caractères climatériques, géographiques ou pittoresques d’un lieu peuvent avoir sur ses habitants16. […] C’est par des recherches de ce genre qu’on pourra fonder véritablement une « psychologie des peuples »eb exacte et sérieuse, surtout si on complète les renseignements qu’elle pourra exiger par ceux d’une science connexe à fonder, la psychologie des grands hommes d’action, des fondateurs de religions, de morales, de lois et d’états, qui comprendra, de même que l’esthopsychologie, trois parties : l’analyse des actes des héros, la détermination de leur organisme mental spécifique et individuel, les faits sociologiques d’adhésion à ces actes et de ressemblance avec cet organisme.

1233. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

VII Bientôt les premières études de langues commencées sans maître dans la maison paternelle, puis les leçons plus sérieuses et plus disciplinées des maîtres dans les écoles, m’apprirent qu’il existait un monde de paroles, de langues diverses ; les unes qu’on appelait mortes, et qu’on ressuscitait si laborieusement pour y chercher comme une moelle éternelle, dans des os desséchés par le temps ; les autres qu’on appelait vivantes, et que j’entendais vivre en effet autour de moi. […] Moi-même, je dois l’avouer ici avec toute humilité aujourd’hui, je fus si étonné et si satisfait de la fidélité du tableau que j’avais fait de mon hameau natal, sur mes pauvres collines calcinées, que j’en conçus je ne sais quelle estime précoce et trop sérieuse pour moi-même.

1234. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Son éloquence, quoique très-solide quant au fond des pensées, est peut-être trop fleurie, trop ornée, trop délicate, & par-là moins grave, moins sérieuse, & moins naturelle que celle qui convient au Barreau. […] in-12. où le sérieux de la Jurisprudence est assaisonné du sel de la plaisanterie.

1235. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Nous ne savons pas précisément quelles sont les conditions les plus favorables à la multiplication des espèces nouvelles et dominantes ; mais nous pouvons cependant préjuger avec fondement qu’un grand nombre d’individus, en leur donnant plus de chances de variations favorables, et une sérieuse concurrence déjà soutenue heureusement contre un grand nombre d’autres formes, doivent leur être au moins d’aussi grand avantage que la faculté de se répandre dans de nouveaux territoires. […] Nous apprécierons mieux encore l’un des côtés les plus sérieux de cette difficulté, en examinant quelques-unes des faunes et des flores actuelles.

1236. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

vous nous croyez aussi par trop honnêtes femmes. » Il était plus sérieux et valait mieux que cela en mainte circonstance.

1237. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Siméon Pécontal, poète bien connu, l’un des fervents disciples de l’art sérieux, et qui, tout récemment encore, en célébrant dans des stances le génie de Chateaubriand, a rencontré un des plus beaux exordes lyriques dont puisse s’honorer l’ode française.

1238. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Au fond, malgré l’admiration extérieure et une familiarité de chaque jour, il goûtait assez peu M. de Chateaubriand, lequel, de son côté, ne le prenait pas très au sérieux et l’appelait l’hiérophante

1239. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Avec des goûts sérieux, il paraît s’être demandé de bonne heure comment il pourrait remplir de quelque occupation suivie cette existence toute d’étiquette ou de loisir, et il pensa qu’un journal dans le genre de celui de Dangeau, mais dressé et digéré avec plus de soin, pourrait avoir son utilité.

1240. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Aux premiers coups de fusil, Saint-Cyr envoie prévenir Joubert, qui a peine à quitter son illusion et veut s’assurer de la réalité de l’attaque : « Je vais à la gauche, dit-il, je compte ici sur vous. » Il n’était pas arrivé à son extrême gauche qu’il put voir aux mouvements de l’ennemi que c’était une bataille sérieuse. « Il réalisa aussitôt ce que quelques mots qui lui étaient échappés la veille devaient faire prévoir ; il dit aux aides de camp dont il était entouré : Jetons-nous parmi les tirailleurs !

1241. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

C’est ici que ma querelle sérieuse avec lui commence, et qu’avant de louer l’écrivain, l’excellent prosateur, et d’admirer le peintre vigoureux de la réalité, j’ai besoin absolument de m’expliquer sur le fond des choses, de marquer mes réserves ; car tout ce qui n’est pas croyant et convaincu à sa manière, gallicans, protestants, à plus forte raison déistes, naturistes ou panthéistes, comme on dit, tout y passe ; il les raille, il les crible d’épigrammes flétrissantes (car il a la touche flétrissante) ; il les traite même, en ses heures d’indignation, comme des espèces de malfaiteurs publics.

1242. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

La vraie et juste disposition à leur égard est un premier fonds de respect, et tout au moins beaucoup de sérieux, de circonspection, d’attention, une patiente et longue étude de la société, de la langue, un grand compte à tenir des jugements des Anciens les uns sur les autres, ce qui nous est un avertissement de ne pas aller à l’étourdie, de ne pas procéder à leur égard avec un esprit tout neuf en partant de nos idées d’aujourd’hui.

1243. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Leur mère avait tout ; on ne lui conteste pas la grâce, mais à ceux qui voudraient lui refuser le sérieux et la raison, il n’est pas mal d’avoir à montrer Mme de Grignan, c’est-à-dire la raison toute seule sur le grand pied et dans toute sa pompe.

1244. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Ceux qui admiraient son art et sa force sentaient pourtant quelques-uns de ses défauts, cette description trop continue, cette tension perpétuelle qui faisait que chaque objet venait saillir au premier plan et tirer le regard ; on aurait voulu aussi que, sans renoncer à aucune hardiesse, à aucun droit de l’artiste sincère, il purgeât son œuvre prochaine de tout soupçon d’érotisme et de combinaison trop maligne en ce genre : l’artiste a bien des droits, y compris celui même des nudités ; mais il est besoin qu’un certain sérieux, la passion, la franchise de l’intention et la force du vrai l’absolvent et l’autorisent.

1245. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Les blessures que le soldat porte sur le visage et sur la poitrine sont des étoiles qui guident les autres au ciel de l’honneur et au désir des nobles louanges3… » Cervantes garda toujours un cher souvenir de cette vie d’honneur et de misère qui est la vie du soldat, et à certain jour il l’a célébrée d’une façon toute noble et sérieuse par la bouche de son Don Quichotte.

1246. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

C’est dans une lettre datée du 5 novembre 1698 qu’on a la première nouvelle d’une maladie sérieuse dont Racine relevait à peine.

1247. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

La même année qu’il prétendait à un siège à l’Académie et qu’il ambitionnait d’appeler confrères les gens de lettres, il méconnaissait ce qu’il y a de sérieux dans les Lettres mêmes et ce qui leur confère le seul caractère sans lequel elles resteraient à jamais futiles.

1248. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Talleyrand excellait ainsi à donner le change à un soupçon sérieux par un trait amusant.

1249. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Jay, ce n’est pas dans cette vie agitée que j’entreprendrai quelque chose de sérieux.

1250. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

C’est par lui et par sa lutte sérieuse que le poëte remettait son œuvre sur le pied tragique, et prétendait corriger ce que le reste de la pièce pouvait avoir de trop amollissant : « Ce n’est point une nécessité, disait-il en répondant aux chicanes des critiques d’alors, qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie : il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Geoffroy, qui cite ce passage dans son feuilleton sur Bérénice, s’en fait une arme contre ceux qu’il appelle les voltairiens en tragédie, et qu’il représente comme altérés de sang et et de carnage dramatique.

1251. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Il ne devient pas moins évident que plus on va, et plus l’amabilité sérieuse, la distinction du fond et du ton se trouvent naturellement compatibles avec une condition moyenne ; et le nom de Mme Roland signifie tout cela.

1252. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

La tradition qui le fait amoureux de cette reine ne repose sur aucune donnée sérieuse. — Éditions : Dinaux, Trouvères, jongleurs et ménestrels du nord de la France et du midi de la Belgique, Valenciennes et Paris, 1837-63, 4 vol. in-8 ; Scheler, Trouvères belges, Bruxelles, 1879-1879, 2 vol. in-8 ; Tarbé, les Chansonniers de Champagne, Reims, 1850, in-8 ; Chansons de Thibaut IV, Reims, 1851, in-8 ; les Œuvres de Blondel de Nesles, Reims, 1862, in-8 ; Fath, Die lieder des Castellan von Coucy, Heidelberg, 1883, in-8 ; A.

1253. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

— Grosse question, attirante comme toutes les questions insolubles, et frivole peut-être sous un air de sérieux.

1254. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Saint-Simon dit de lui, dans une de ses notes sur les Mémoires de Dangeau : « Comédien plaisant, salé, mettant du sien, sur-le-champ et avec variété, ce qu’il y avait de meilleur dans ses rôles ; il était sérieux, studieux et très instruit.

1255. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Mon vieux maître de rhétorique Eugène Réaume, l’éditeur d’Agrippa d’Aubigné, disait en ses matins de découragement : « Messieurs, il serait temps qu’on organisât une classe de Lettres spéciales — comme on fait pour les jeunes gens aptes aux études scientifiques, — un cours aussi fermé et aussi sérieux que les Mathématiques spéciales. » Les décadences générales coïncident toujours avec quelques exceptions de culture intensive.

1256. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Pourtant, à travers tant de bouffonneries et d’enfantillages, un mouvement sérieux se dessine.

1257. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

. — L’Espagne a un grand avenir : une situation politique malheureuse t’écrase ; mais l’art et les sciences se relèvent ; un sérieux mouvement d’enthousiasme pour l’art de Wagner s’est manifesté ; l’auteur voit dans ce mouvement un signe de vitalité et une raison d’espérer.

1258. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

) s’apercevant que le dessous des cartes (le trop d’amitié du roi pour cette glorieuse et la jalousie de madame de Montespan) se découvre, affectent fort de rire et de tourner cela en plaisanterie. » Il eut été, en effet, de fort mauvais goût que des amies de madame de Maintenon consentissent à regarder les préférences marquées par le roi à la gouvernante comme des avances sérieuses et pressantes : c’était chose fort convenable d’affecter d’en rire comme d’une plaisanterie sans conséquence.

1259. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

C’est à ce lendemain sévère que tout artiste sérieux doit songer.

1260. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

On ne lui avait jamais donné le goût ni l’idée d’une lecture sérieuse.

1261. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Quelques curieux et quelques érudits continueront d’étudier à fond tout Pascal ; mais le résultat qui paraît aujourd’hui bon et utile pour les esprits simplement sérieux et pour les cœurs droits, le conseil que je viens leur donner d’après une lecture faite dans cette dernière édition des Pensées, c’est de ne pas prétendre trop pénétrer dans le Pascal particulier et janséniste, de se contenter de le deviner par ce côté et de l’entendre en quelques articles essentiels, mais de se tenir avec lui au spectacle de la lutte morale, de l’orage et de cette passion qu’il ressent pour le bien et pour un digne bonheur.

1262. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer, frais, vif, rose et riant, peint par Greuze, menant de front les plaisirs et le travail, ardent à l’étude, au monde, à la société, sensible aux passions, présentant l’image d’une jeunesse à la fois sérieuse et amoureuse ; nous ne pouvons que le deviner, mais littérairement il se trahit, et toujours il gardera dans son style, dans sa manière de dire, même quand il voudra peindre le siècle de Louis XIV, quelque chose de ce qui caractérise l’époque de Louis XVI.

1263. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Un auteur ; dans un ouvrage sérieux, mais que plusieurs anecdotes hasardées déparent, prétend que l’antipathie de Despréaux pour les dindons apportés en France par les jésuites, vint de ce qu’un de ces animaux avoit blessé ce poëte, encore enfant, dans une partie très-sensible, & si cruellement qu’il ne put en faire usage de sa vie.

1264. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Selon moi, l’idiot est celui dont le cerveau contiendrait le moins de phosphore ; le fou, celui dont le cerveau en contiendrait trop ; l’homme ordinaire, celui qui en aurait peu ; l’homme de génie, celui dont la cervelle en serait saturée à un degré convenable. » En Allemagne, Feurbach avait pris tellement au sérieux cette théorie du phosphore, qu’il n’hésitait pas à signaler comme une cause de l’affaiblissement des caractères en Europe l’usage exagéré de la pomme de terre, qui contient peu de phosphore.

1265. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Après tout, comme les sciences valent par elles-mêmes et non par le bruit qu’elles font, cette sorte de discrédit ne serait qu’un très-petit mal, ce serait peut-être même un bien (au point de vue de la vraie science), si beaucoup de bons esprits ne se joignaient à la foule en cette circonstance, et si des objections dignes d’un examen sérieux n’étaient mêlées à des entraînements peu éclairés.

1266. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Ce sont les narrateurs expressifs et incisifs entre tous, Montluc et Brantôme, c’est la fantaisie ailée et vagabonde de Montaigne, abeille de Platon, guêpe d’Aristophane ; c’est la sérieuse et sévère éloquence de Calvin, c’est la grâce aimable de saint François de Sales, c’est auparavant la voix de la liberté jetant ses premiers accents sur les lèvres de la Boétie, dans cette ville de Bordeaux qui redira en d’autres termes cette protestation immortelle quand elle ne représentera plus la Guyenne, mais la Gironde !

1267. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Ainsi donc le dénuement des faits et des témoignages ne sera point, en l’examinant bien, le motif d’une objection aussi sérieuse qu’on pourrait le croire.

1268. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Le sérieux de la pensée exclut de semblables jeux de l’esprit.

1269. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Écoutez plutôt le ton de mon discours : Puisse notre voix être entendue des générations présentes comme autrefois elle le fut de la sérieuse jeunesse de la Restauration.

1270. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Si vous faites exactement cela, vous serez toujours prospères, et votre grandeur s’accroîtra ; car ce Dieu exterminera vos ennemis, qui maintenant dévorent à leur aise vos campagnes. » Chose remarquable, et bien conforme à la nature sérieuse et appliquée du peuple romain : ces premiers contacts de l’imagination et de la poésie grecques ne lui venaient pas en délassement et en parure de l’esprit, mais comme un secours de politique et de guerre, un encouragement à la défense, une arme du patriotisme et de la liberté.

1271. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

D’un autre côté, sans la philosophie, les Romanciers, les Poëtes dégénereront en compasseurs de phrâses, en jolis arrangeurs de mots, égareront la pensée mâle & fiére, l’atténueront & verseront une enluminure dangereuse sur les objets sérieux qui intéressent l’homme. […] Le tyran aux sourcils élevés, le confident toujours humble & toujours supposé discret, la Princesse amoureuse & fiere, le jeune Prince malheureux & chéri, ne font que changer de place, comme à une table de jeu : ils étoient à gauche ; le Poète, par un coup étonnant de génie, les met à droite : ils avoient un casque, il leur donne un turban : ils respiroient à Rome, il les transporte en Perse ; & à l’aide des lampions & du souffleur, cette sérieuse caricature passe comme si elle n’étoit pas étrangement risible. […] Molière cesse souvent d’être Philosophe, pour mettre les rieurs de son côté ; il fait tomber alors la plaisanterie sur des choses sérieuses ; avec une saillie il rapproche des objets absolument séparés. […] Il y a des Philosophes profonds pour cette classe distinguée ; elle n’est point faite non plus pour la populace grossière & ignorante, qui, dans certains Gouvernemens, n’a point le germe de ce qui est beau & honnête ; elle est faite plutôt pour parler à la classe mitoyenne, qui a des idées de l’utile, de l’honnête, & de l’agréable ; idées confuses que le Poète Dramatique développe sous un aspect riant, qui n’exclut pas le sérieux. […] J’ai publié sur cet objet, en 1773, un livre intitulé : Du Théâtre, ou nouvel essai sur l’Art Dramatique, qui me valut alors, de la part des Journalistes, pas une raison, mais bien de grosses injures, & d’un autre côté une persécution presque sérieuse.

1272. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Une société où tous les fondements de la certitude sont ébranlés, d’où toute foi a disparu, dont chaque membre s’agite, en des efforts isolés, cherchant à mettre la main sur une croyance qui fuit toujours ; une société dont toutes les âmes sont troublées, tous les esprits malades, et qu’ont vieillis avant le temps les douloureux enseignements de l’histoire : cette société-là ne peut accepter pour ses véritables interprètes des poètes qui croient et nient tour à tour, et dont l’inspiration ne procède ni d’un doute sérieux ni d’une foi sûre d’elle-même. […] Nous descendons dans l’arène qui nous est ouverte, non pour y engager la querelle oiseuse des mots, mais pour y livrer, dans la mesure de nos forces, la bataille sérieuse des idées. […] Au contraire, quel sérieux enseignement pour moi dans le spectacle de ma propre vie et de la vie de mon semblable ! […] Laurent-Pichat, — indépendamment de tout mérite d’exécution, — nous paraît avoir une sérieuse valeur. […] Nulle part d’intrigue sérieuse, acceptable ; pas le moindre tressaillement humain ; ni préoccupation de la passion, ni souci de la vie réelle.

1273. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Richelieu, en l’envoyant au For-l’Évêque, avait rabattu ses prétentions ; il ne croyait pas probablement que les comédiens fussent les officiers de la morale et les organes de l’instruction publique : peut-être même avait-il le malheur de croire que les comédiennes, quand elles étaient jolies, étaient propres à des fonctions beaucoup moins nobles et moins sérieuses. […] C’est avec un sérieux risible que l’auteur de Mahomet dit au roi de Prusse : « Votre Majesté sait quel esprit m’animait en composant cet ouvrage ; l’amour du genre humain et l’horreur du fanatisme ont conduit ma plume. […] Il paraît que, d’après le conseil de Condorcet, les disciples de à Voltaire se sont particulièrement attaches à étudier ses fautes, car ils ont réussi à les bien imiter ; et ce sont les fautes de Voltaire qui font leurs beautés : de pareilles assertions ne méritent guère une réfutation sérieuse, et rien n’est plus comique que la gravité magistrale avec laquelle on érige en axiomes ces erreurs et ces mensonges de l’ignorance. […] Elle prend surtout un ton très imposant, quoique sans affectation, lorsque le jeune homme qui jouait auprès d’elle le rôle d’amant veut faire d’un badinage une affaire sérieuse. […] La comédie des Jeux de l’amour et du hasard n’est pas seulement, comme toutes les pièces de Marivaux, une surprise de l’amour ; elle offre un fond sérieux et moral ; elle touche un point délicat qui intéresse le bonheur de la vie, la difficulté de se connaître avant de s’épouser.

1274. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Une statistique des suicides, des mariages jeunes, des mariages vieux, des mariages sans dot, des enfants naturels, voilà qui est sérieux, non les confidences amoureuses que Stendhal a pu recevoir en Italie, fussent-elles au nombre de deux ou trois cents. […] Le peuple aime qu’on ait de la moralité, ou plutôt il n’aime pas qu’on jouisse, et ne donne pas ses voix à ceux qui s’amusent. — Elle sera triste parce que le besoin d’une morale, au moins pour se donner un air de dignité et de sérieux, s’imposera à ces Français si gais et si charmants hier encore. […] Les lettrés, et parmi eux ses amis même, ne l’ont pas pris au sérieux. […] Or le terme suprême de la métaphysique d’imagination, c’est l’idée de Dieu, et la preuve, c’est qu’il n’y a pas de Dieu preuve sérieuse, et que les déistes réfléchis et sincères reconnaissent que Dieu ne se prouve pas. […] L’autobiographie, là aussi, déborde, mais elle est faite, non avec plus de sincérité, mais avec une sincérité plus sérieuse, si sérieuse qu’elle en devient presque tragique.

1275. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Vous rappelez-vous, à ce propos, une page curieuse et significative de Beaumarchais dans cet Essai sur le genre dramatique sérieux qui sert de préface à son Eugénie ? […] Molière a pris au sérieux la vieille devise de la comédie : castigat ridendo mores 50. […] Vous en avez le sérieux, s’il s’y en mêlait peut-être au comique ; vous en ôtez les idées ; vous en ôtez encore et surtout la « thèse » ; vous en ôtez aussi l’intrigue, si vous voulez… Il vous en reste le trio classique : le « jeune éventé » ; la pupille subtile, innocente, « comme un vieux juge » ; et le tuteur jaloux, Horace, Agnès, et Arnolphe. […] Je me lève bien vite, prends mon air sérieux et complimenteur, et allant au-devant de lui, dès que le duc d’Ayen me l’a nommé, je lui parle du service qu’il a rendu au roi, et, après quelques lieux communs, je lui propose un brelan : « — C’est, lui dis-je, un jeu fort agréable : on y joue ce qu’il plaît, on le quitte quand on veut. […] Il n’est que trop facile de se placer ainsi d’abord en pleine convention, hors de la nature ou de la commune vraisemblance, de ne jouer ainsi que contre soi-même ; et, dans cette partie que l’artiste ou le poète engagent avec leur sujet, de récuser par avance le seul adversaire sérieux : je veux dire la nature et la vérité.

1276. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Ses compagnons le ramenaient bientôt à plus de tolérance : l’amabilité élevée, le charme sérieux de Mme de Staël, maintenait tout. […] L’esprit mâle et sérieux de Mme de Staël avait peine à digérer surtout cette façon moqueuse, mesquine, marotique, de tout ramener à un vers du Mondain. […] II Mme de Staël, lors de la publication du livre de la Littérature, entrait dans une disposition d’âme, dans une inspiration ouvertement et noblement ambitieuse, qu’elle conserva plus ou moins entière jusqu’en 1811 environ, époque où un grand et sérieux changement se fit en elle. […] Son défaut, à côté de sa raillerie qui d’ordinaire touchait juste, était de ne point tenir compte des parties élevées et sérieuses, ce qui lui ôte de la portée.

1277. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Lorsque parut Salammbô, les revues de fin d’année rivalisèrent d’austérité avec les revues sérieuses. […] L’oblature de Huysmans paraît insuffisamment sérieuse à M.  […] Il n’y avait qu’un docteur ès lettres pour prendre cette plaisanterie au sérieux et pour être ensuite capable de se contredire si souvent et si brillamment. […] Le fameux sonnet des voyelles doit-il être pris au sérieux ou en plaisanterie ? […] Elle a été une cliente sérieuse pour Alde Manuce.

1278. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ces Moralistes n’étaient rien moins que sérieux. […] On allait même défendre d’en enseigner d’autre dans le siecle dernier, si l’arrêt burlesque, imaginé par Despréaux, n’eût pas empêché un arrêt plus sérieux d’éclore. […] Je sais de quoi il s’agit, interrompit le Dieu des Arts ; l’Auteur n’a rien fait sans me consulter : il a traité gaiement ce que vous traitâtes avec trop de sérieux ; mais votre sublime est souvent burlesque, & son burlesque est souvent sublime. […] Thalie, ajouta le Dieu, se permet quelquefois d’être sérieuse pour devenir plus intéressante. […] C’était des fragmens de notre opéra boufon, qui menace de devenir lui-même trop sérieux.

1279. (1881) Le roman expérimental

Mais il lui faut pour cela des hommes sérieux et non des flatteurs. […] On sent ici la misère de cette intrigue extravagante, qui devient absolument folle, dès que le poète s’avise de vouloir lui faire signifier quelque chose de sérieux. […] On ne l’a point pris au sérieux. […] N’est-ce pas là un travail plus vraiment utile, plus sérieux et plus digne que de se planter sur un rocher, une lyre au bras, et d’encourager les hommes par une fanfare sonore ? […] Les hommes sérieux le dédaignaient, l’abandonnaient aux femmes, comme une récréation frivole et compromettante.

1280. (1902) Propos littéraires. Première série

La Bruyère a dit que la France veut du sérieux dans le gouvernement. […] Quand il réussit, on le juge digne de tenir la plume de critique dramatique dans une feuille sérieuse. […] Rien de plus sérieux, rien de plus sincère que cette promesse, rien même de plus profond. […] est-ce que cela est bien sérieux ? […] Esprit très sérieux et méditatif, M. 

1281. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Ces sérieuses et intimes conférences comprennent et représentent l’âge mûr de notre vie et de notre pensée. […] N’est-elle qu’un caprice et un luxe de la pensée, ou a-t-elle son fondement dans la nature qui nous est commune à tous, et par conséquent a-t-elle un rang dans l’ensemble des connaissances humaines, et son histoire est-elle une chose sérieuse ? […] Comme la dialectique grecque est bien autrement sincère, sérieuse et profonde que celle de l’Inde, de même la méthode de Descartes est supérieure aux procédés de l’esprit antique de toute la supériorité de notre civilisation sur celle de la Grèce. […] Toute conviction sérieuse couvre une foi secrète à la pensée, à la raison, à Dieu. […] Une analyse sérieuse de la réflexion change cette induction en un fait certain.

1282. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Un roman qui, après qu’il a fait plaisir en nous faisant pleurer, nous fait longuement penser, rêver, réfléchir à des choses très sérieuses, qui sait ? […] Ce sont gens sérieux et posés. […] Gibon qui écrit : « Esprit juste et sérieux. […] Il est toujours le premier élève de la conférence pour les qualités sérieuses et fines de son esprit et pour le soin consciencieux qu’il met À tout ce qu’il fait. […] Caractère honnête et sérieux au fond, bien qu’il prétende à l’ironie, où il réussit peu.

1283. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Sa sensibilité, tempérée par la fantaisie, ne prenait pas le malheur dans un sérieux aussi continu que de loin on pourrait le croire. […] Vinet182 exprimèrent l’admiration sans réserve et bien flatteuse d’un lecteur sérieux, complétement séduit.

1284. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Boccace avait tout l’esprit et tout l’enjouement qui manquait à Pétrarque ; Pétrarque avait tout le sérieux et toute la majesté de génie qui aurait, sans lui, manqué à Boccace. […] Comme l’enjouement de l’un complétait le sérieux de l’autre !

1285. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Un philosophe sérieux devait-il, en sujet si grave, permettre à sa plume de telles facéties ? […] Il ne lui manque, en religion et en politique, qu’une chose : le sérieux, qui est la dignité des convictions ; il procède trop souvent, comme le caprice, par sauts et par bonds.

1286. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Puis il reprend la note sérieuse et tendre pour raconter la félicité des deux amants dans la solitude : « Angélique laissa cueillir à Médor la première rose d’un sentiment qui n’avait encore été respiré par personne. […] Tout cet épisode respire la sérieuse piété du Tasse et de Milton.

1287. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« Je contractai au collège de Frascati une maladie très sérieuse qui interrompit mes études pendant quelques mois, et non sans me causer un véritable préjudice. […] « Aux vacances d’automne, j’allai à Naples avec mon frère, afin de rétablir ma santé compromise par une maladie assez sérieuse que je fis au mois de septembre.

1288. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Il est impossible de ne pas soupçonner un plus sérieux motif à une telle douleur. […] Mon âme était aussi remplie de pressentiments lorsque, le jour de mes noces, j’amenai dans ces lieux ma timide compagne ; content, mais sérieux, je lui montrai de loin la borne de nos champs, la tour de l’église et l’habitation du pasteur où nous avons éprouvé tant de biens et de maux.

1289. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

L’œuvre d’art devait être, plus que sérieuse, sacrée. […] Aussi nous avons cherché, en vain, cette année, entre les kilomètres de toile peinte, quelques travaux sérieux, nous pouvant être des exemples à l’explication de la théorie Wagnérienne.

1290. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Et le moment n’est guère proche, où, dans un théâtre parisien, sera ce qui est, par exemple, dans le théâtre royal de Munich : la même troupe jouant, un soir, selon toutes les traditions, Guillaume Tell, et, le lendemain, presque parfaitement, Tristan et Isolde… Puisqu’il nous faut, aussi, Parisiens, ces œuvres, comprenons qu’un théâtre nouveau leur est nécessaire : lorsqu’un artiste, à l’enthousiasme sûr et sérieux, à la patiente et persévérante énergie, à la profonde maîtrise, aura, en ses mains, uni toutes les forces des bonnes volontés éparses, et créé le théâtre du Drame avec Musique, la Tétralogie et Tristan auront, enfin, leurs représentations à Paris, dignes. […] À cet égard, d’ailleurs, bien des critiques sérieuses leur avaient été faites depuis longtemps.

1291. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

En vérité, quand l’homme est arrivé à l’horizon sérieux de la vie par les années et par la réflexion, il ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine honte de lui-même et un certain mépris de ce qu’on appelle si improprement encore les conditions de la poésie. […] Le beau et le saint sont sérieux.

1292. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Une nation sérieuse ne fonde pas sa poésie sur une facétie. Le sérieux en tout fait partie du beau.

1293. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Jouffroy (car, avec tout mon désir de le laisser en dehors de cette critique, je ne puis tout à fait l’omettre), Jouffroy n’avait rien du comédien et était sérieux ; il a fini par mourir de ce qui a fait vivre les autres.

1294. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Ici le trouvère est sérieux et grave ; il est sincèrement religieux ; il s’adresse au début à tous les gens de bien et d’honneur, non aux traîtres ni aux jaloux ; il veut raconter comment un jour trente Anglais et trente Bretons se combattirent, cette noble bataille qui a nom des Trente.

1295. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

On apprécie, grâce à lui, la portée de l’homme dont il vous entretient ; il vous fait mesurer avec poids la force de sa trempe ; il le classe en général à son vrai rang (si ce n’est qu’un savant, non un politique) ; il discute ses titres avec une passion sérieuse et une impartialité définitive (toujours si ce n’est qu’un savant).

1296. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Et sans refuser la louange que méritent certains traits ingénieux et fins de ce portrait, je me permettrai de demander plus sérieusement : Est-il convenable, est-il bienséant de peindre ainsi Bossuet enfant, de caresser ainsi du pinceau, comme on ferait d’une danseuse grecque ou d’un bel enfant de l’aristocratie anglaise, celui qui ne cessa de grandir à l’ombre du temple, cet adolescent sérieux qui promettait le grand homme simple, tout esprit et toute parole ?

1297. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ramond était plus sérieux.

1298. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On peut lire toutes choses, surtout les choses déjà anciennes, et en tirer quelques remarques sérieuses, quelques notions au moins sur les mœurs et sur les temps qui ne sont plus.

1299. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Lorsqu’on a fermé ces deux volumes dans lesquels ont passé devant nous tant de figures sérieuses, souriantes à peine, originales et modestes, une pensée vous suit ; on se fait à soi-même une question.

1300. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Rousseau ne rit pas, ou il n’a qu’une grâce compassée quand il se risque à badiner ; il est sérieux, consciencieux à l’excès.

1301. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Je laisse de côté sa vocation politique active que j’admets en effet qu’il manque, je lui trouve deux talents de second plan, deux pis aller qui seraient de nature à satisfaire de moins difficiles : talent d’écrivain politique qui trouvera toujours moyen de dire ce qu’il pense, et qui a même intérêt à être gêné un peu ; car il y gagne le tour, et avec le tour l’agrément, ce qui cesse quand il écrit dans les journaux où il ne se gêne pas ; — talent de critique ou de discoureur littéraire des plus sérieux et des plus aimables, qui peut se jouer sur tous sujets anciens ou modernes, et s’exercer même sur des matières de religion, d’un ton de philosophe respectueux à la fois et sceptique.

1302. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Les sciences, « unies par une philosophie commune, » y sont montrées « s’avançant de front, les pas que fait chacune d’elles servant à entraîner les autres. » Plus de danger sérieux désormais pour l’ensemble des connaissances humaines ainsi liées étroitement et toutes solidaires entre elles, plus de période rétrograde possible depuis la découverte de l’imprimerie : « Lorsqu’au milieu d’une nuit obscure, perdu dans un pays sauvage, un voyageur s’avance avec peine à travers mille dangers ; s’il se trouve enfin au sommet d’une haute montagne qui domine un vaste horizon, et que le soleil, en se levant, découvre à ses yeux une contrée fertile et un chemin facile pour le reste du voyage, transporté de joie, il reprend sa route, et bannit les vaines terreurs de la nuit.

1303. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Un aperçu piquant qu’on saisit en l’air et qu’on attrape à la volée, une anecdote d’alcôve, n’est point une raison sérieuse, et il faudrait laisser à la porte de la sévère histoire toutes ces sciences conjecturales et qui sont à naître ou à peine nées encore.

1304. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas.

1305. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Taillandier oublie trop, et dont M. de Lamartine nous disait, hier encore, avec le charme qui s’attache même à ses dernières paroles : « L’amour en Italie, comme on peut le voir par la Béatrice de Dante et par la Laure de Pétrarque, est le plus avoué et en même temps le plus sérieux des sentiments de l’homme.

1306. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

La gravure qui est en tête et qui représente le poète mourant couché dans un lit à longs rideaux, entouré de ses amis vêtus encore à la mode de 1811, et lui-même, dans cette chambre à coucher d’un ameublement moderne, tenant à la main sa lyre, — une vraie lyre (barbiton) ; — la vignette du titre où une femme, une muse en costume d’Empire, apprend l’art de pincer du luth à un petit Amour à la Prudhon ; les bouts-rimés et les quatrains qui s’entremêlent dans le volume aux pièces sérieuses, tout cela retarde et montre que le nouveau goût qui va naître et qui signalera proprement l’ère de la Restauration n’en est encore qu’à de vagues et craintifs essais.

1307. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Il n’en persista pas moins dans sa résolution d’écrire désormais dans un journal modéré et libre de tout joug, où des amitiés éprouvées lui tendaient la main, et où il savait que les convictions philosophiques, qu’il venait de défendre au Sénat, trouveraient autour de lui non seulement la tolérance avec un peu d’indifférence (comme cela aurait pu lui arriver dans d’autres feuilles amies et libérales), mais aussi une sympathie sûre et de fermes soutiens, des plumes instruites et sérieuses avec lesquelles il se sentait en parfaite communion d’idées.

1308. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Comment n’a-t-il pas deviné, se dit involontairement la critique questionneuse de nos jours, que l’emploi de ce style sincèrement dramatique, qu’il venait de dérober à Molière, n’était pas limité à la comédie ; que la passion la plus sérieuse pouvait s’en servir et l’élever jusqu’à elle ?

1309. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Flaubert avait trouvé, dans sa famille même et mêlées à ses souvenirs d’enfant, de sérieuses leçons anatomiques : son père, ancien prosecteur à l’hospice de Rouen, habitait un logement enclavé dans l’Hôtel-Dieu et s’était installé un véritable laboratoire où, quotidiennement, il professait en famille.

1310. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

L’abbé de Mably, frère de Condillac, eut une influence limitée, mais sérieuse et durable : il s’était attaché aux sciences sociales et politiques ; dépassant Rousseau qu’il avait devancé, il développe hardiment des théories communistes.

1311. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Brunetière isolait, par une sérieuse analyse, l’élément solide et bienfaisant qu’enveloppaient toutes ces prétentions et toutes ces fantaisies, l’école du symbole et les fondateurs de l’avenir trouvaient leur critique autorisé en M. 

1312. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Ces incertitudes impliquent le sérieux, — bien loin de l’exclure, comme quelques-uns le disent.

1313. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Voici un fait : Je causais l’année dernière avec le directeur jeune, intelligent et lettré d’un journal hebdomadaire sérieux, suivi par la bourgeoisie « au courant ».

1314. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Ainsi le comique se glissait dans le sérieux de ses discours.

1315. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Il n’a pas été donné jusqu’ici à l’égarement d’esprit d’agir d’une façon sérieuse sur la marche de l’humanité.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Nous n’avons eu que des ébauches de grands poètes, comme Mathurin Régnier, comme Rabelais, et sans idéal aucun, sans la passion et le sérieux qui consacrent.

1317. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Il y a quelques années, un Russe de distinction, le prince Alexandre Labanoff, s’est mis à rechercher avec un zèle incomparable, dans les archives, dans les collections et les bibliothèques de l’Europe, toutes les pièces émanant de Marie Stuart, les plus importantes comme les moindres de ses lettres, pour les réunir et en faire un corps d’histoire, et à la fois un reliquaire authentique, ne doutant pas que l’intérêt, un intérêt sérieux et tendre, ne jaillît plus puissant du sein de la vérité même.

1318. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Lorsqu’aux jours de fête il lui arrivait de faire représenter des pièces pour son spectacle, elle ne choisissait pas les plus sérieuses.

1319. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Il n’y avait point de cabale ; mais Madame, parmi les personnes attachées au prince son mari, avait distingué un homme capable, un ambitieux généreux et de mérite, et elle se l’était acquis, elle avait voulu le faire servir à l’accomplissement de ses propres vues, qui devenaient plus sérieuses avec l’âge.

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Le remède à ce mal immodéré des regrets, quand on ne le trouve point dans une grande égalité d’humeur et dans le tempérament naturel, est dans le travail, dans l’occupation sérieuse et suivie, dans tout ce qui maintient la force et l’équilibre de l’esprit, et qui se communique à l’âme.

1321. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis, demandé après la pièce, eut la faiblesse de se laisser amener sur le théâtre : il prenait ces ovations au sérieux dans sa cordialité naïve.

1322. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il fait tout d’abord, en arrivant dans son monde de Philadelphie, la différence des deux sociétés et des deux cultures ; il écrivait à l’aimable miss Mary Stevenson, sa gracieuse et sérieuse élève, et dans la famille de laquelle il était logé à Londres (mars 1763) : De toutes les enviables choses que l’Angleterre possède, ce que je lui envie le plus, c’est sa société.

1323. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Fontanes, plus sérieux, et qui préludait à son rôle de critique et d’arbitre du goût, saluait Barthélemy par une épître qui commence en ces mots : D’Athène et de Paris la bonne compagnie A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs… Le succès enfin, sauf quelques protestations isolées, fut soudain et universel ; les Français savaient un gré infini à l’auteur d’avoir continuellement pensé à eux quand il peignait les Athéniens, et ils applaudissaient avec transport à une ressemblance si aimable.

1324. (1903) Zola pp. 3-31

L’horreur de la vérité apparaît à ceci qu’avec une documentation assez consciencieuse et sérieuse, jamais, non jamais, ni un homme ni une femme ne nous apparaît dans un roman de Zola tel qu’il nous fasse dire : « C’est cela, je le connais. » Jamais d’aucun de ces personnages on ne s’avisera de dire : « Il semble qu’on l’a vu et que c’est un portrait. » Mauvais critérium ?

1325. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

S’il fut de cette école, une plus large fatalité de refléter tout ce qui l’environne, d’accaparer inconsciemment toutes les tendances a fait de lui (c’est sa personnalité, si l’on veut) un candide et très sérieux incohérent : symboliste par Mallarmé, impressionniste par sa fréquentation des peintres pointillistes, scientifique, philosophique, et même teinté du socialisme puéril qui court les rues, lorsque s’avérèrent scientifiquement mes Théories de philosophie et d’art, et aussi parce qu’un de ses amis s’occupe de sciences transcendantes — en même temps qu’il est pénétré inéluctablement de son hérédité sémite compliquant encore l’hétérogénéité, Il arrive enfin, après de prolixes et diffus articles, à cette déclaration éminemment neuve que le Rythme est en tout, à cette erreur scientifique que tout est cyclique, — et pour œuvre, il donna ce livre, les Palais nomades, qui trahit ses velléités de lui donner un lien méthodique, et où ce moderniste à outrance fait à chaque page surgir des souvenirs de Palestines et des Tribus, de Babylones et d’Afriques, parmi des gestes de Mages : et, pour le développement des Rythmes, en pressant les images en chaos et les mots et les phrases sans nul effet à satiété répétés, simplement il allongeait ou raccourcissait extraordinairement l’alexandrin, dont il a sainte horreur pour n’en comprendre pas la mathématique savante.

1326. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Les papiers de Biran eurent le bonheur de rencontrer également un éditeur dévoué et passionné qui, avec des soins infinis et de sérieux sacrifices, nous a donné tout ce qui restait de lui, à savoir un Journal, confession psychologique des plus attachantes, et trois volumes d’écrits philosophiques, parmi lesquels l’œuvre la plus complète et la plus étendue de Maine de Biran : l’Essai sur les Fondements de la Psychologie.

1327. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Si je l’écoute, j’aurai l’air sérieux.

1328. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Le premier enfant est sérieux, attentif, il a les yeux baissés, attachés sur quelque chose ; il vit, il pense ; et puis il faut voir comme ses cheveux sont arrangés et torchés.

1329. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Nous ne nous plairions point aujourd’hui à voir pour la première fois de tels égarements d’une imagination vive et railleuse, qui se joue en même temps et des préjugés et des affections des peuples ; nous avons pénétré trop avant dans le sérieux de la pensée.

1330. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Ainsi l’amour, tel qu’il est peint dans une poésie chaste, l’amour tendre et sérieux est le véritable amour de la nature.

1331. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Il ne fait plus partie des ingénus de la littérature à leur début, de ces petits jeunes gens qui croient inspirer des passions sérieuses aux filles perdues comme l’est la Gloire.

1332. (1887) La banqueroute du naturalisme

Zola, lui, n’est jamais si plaisant que quand il se prend le plus au sérieux.

1333. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Si un sérieux jugement peut se fonder sur les échantillons trop peu nombreux que nous a laissés le ravage du temps, Pindare, pour la grandeur des images et la majesté, est surpassé par M. 

1334. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Les nudités de la sculpture laissent une impression grave, sérieuse et chaste. […] Il leur faut pour public des âmes vieillies, mûres, sérieuses et graves, des âmes qui connaissent les derniers résultats de la vie, car ces arts sont eux-mêmes des résultats de civilisation et de vie morale. […] Celui-là n’a d’espérance que dans un quatrième visiteur qui ne manque jamais à aucun homme, il est vrai, et qui est, lui aussi, un bel ange consolateur, au visage sérieux, doux et triste, et que l’on appelle la mort. […] Qu’est-ce donc que l’histoire de l’Espagne au xvie  siècle, sinon l’histoire d’une multitude de don Quichotte sérieux ? […] Or la gaieté de Sterne nous semble presque toujours intempestive ; il montre ses trente-deux dents alors qu’il faudrait se contenter de sourire, souvent même alors qu’il n’a aucune raison sérieuse de déployer tant de gaieté.

1335. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Aux ouvriers avaient succédé les ouvrières ; les brunisseuses, les modistes, se serrant dans leurs minces vêtements, trottant le long des boulevards extérieurs ; elles allaient par bandes de trois ou quatre, causaient vivement avec de légers rires et des regards vifs jetés autour d’elles ; de loin en loin, une, toute seule, maigre, l’air pâle et sérieux, suivait le mur de l’octroi, en évitant les coulées d’ordures. […] Trois ou quatre chaises de forme antique et recouvertes de housses décolorées attendaient les visiteurs derrière les petits tapis… Cependant ma bonne tante, calme et sérieuse comme un chef arabe, assise dans son grand fauteuil et ayant au bras son sac en soie violette, nous attendait. […] Ce qu’il fallait de recueillement, de soin, de légèreté de main, de talent naturel et d’étude sérieuse pour exécuter ces chefs-d’œuvre est vraiment prodigieux. […] Je le vois d’ici, ce cher notaire à perruque, je le vois déposer sa tabatière d’or sur le coin de la table, tâter son jabot, s’asseoir noblement, ajuster son papier, examiner sa plume, la tremper dans l’encre et, devenant tout à coup sérieux, lancer sur le papier ce premier jet élégant et hardi, prélude des plus étonnantes variations ; sa main passe et repasse, s’allonge et se replie. […] Quatre ou cinq hommes, conduits par un caporal, se jetèrent derrière lui, pénétrèrent dans la maison et en arrêtèrent le propriétaire, qui, naturellement, fit de sérieuses objections.

1336. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Mais cet amour n’est que le plaisir, auquel nous sacrifions, avec le sérieux de la vie, fortune, santé, et jusqu’à l’espoir même de la famille. […] Et par suite encore elle devait, sinon mélanger le sérieux et le plaisant, du moins adopter un genre de comique qui n’eût rien de commun avec le grotesque. […] Car le spectateur, à la fin, s’aperçoit que tout cela n’est pas assez sérieux. […] L’Évangéliste et Sapho témoignent d’un sérieux effort dans un autre sens. […] Est-il sérieux quand il avance que dans tout le répertoire de Sardou une seule pièce lui semble mériter d’être louée entièrement, et que cette pièce c’est les Prés-Saint-Gervais ?

1337. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Aujourd’hui la lutte est partout, et aussi le sérieux triste. […] Rien de plus curieux dans le genre grave que la comédie sérieuse par laquelle Cromwell demande et refuse la couronne. […] Vous voilà politique et sérieux. […] Il marche avec un visage sérieux, d’un pas lent, drapé noblement dans son amour-propre. […] On l’aperçoit à tous les âges dans le goût du tempéré et de l’agréable, dans l’aversion pour le violent et le sérieux, dans la domination de la raison et de la gaieté.

1338. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Ces théories de la perfectibilité humaine, des droits de l’homme, de la souveraineté de la raison, qui s’étaient substituées à la souveraineté de Dieu, aboutissaient aux saturnales les plus étranges, à une démence d’autant plus effrayante qu’elle était sérieuse, à la domination de la partie la plus ignorante et la plus brutale de la population, et enfin à l’avénement d’un paganisme sans vergogne et sans poésie qui, couronnant l’alliance de la corruption de l’entendement avec la corruption des mœurs, ces deux puissantes influences des temps précédents, finissait par placer, sous le nom de la déesse Raison, comme l’avait prédit bien des années auparavant le père Beauregard, du haut de la chaire de Notre-Dame réservée à cette souillure, la prostitution elle-même sur les tabernacles profanés du Dieu vivant. […] Pasquier41, non seulement la jeunesse studieuse qui abonde dans le quartier des écoles, mais celle encore qui, plus adonnée aux plaisirs du monde, semblait résister davantage à un enseignement sérieux. […] Le front de l’humanité sur lequel les joies de l’orgie du dix-huitième siècle avaient passé, était redevenu sérieux ; quarante années d’expérience lui avaient donné la maturité du malheur.

1339. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Suivez Hélène de l’Iliade à l’Odyssée, vous la verrez toujours noble, sérieuse, imposante. […] Bientôt il passe à des exercices plus sérieux : il empoisonne son frère publiquement, effrontément, au milieu d’une fête. […] Qu’il fût lâche, c’est là une calomnie gratuite, que l’histoire sérieuse n’a pas répétée. […] Il est d’une nature peu sérieuse et n’a de pensées que pour ses intérêts. […] Elle est froide et sérieuse, fort dangereuse ennemie, gardant la gravité espagnole, sans faire un pas ni une démarche qui ne soient compassés.

1340. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

» Il prend la vie au plus grand sérieux, l’accepte comme une chose sainte, il s’élève avec conviction contre « cette légèreté à laquelle on fait beaucoup d’honneur en lui donnant le nom de scepticisme, et qu’il faudrait appeler niaiserie et nullité ». […] Les premiers prêchaient après lui, avec un sérieux un peu comique, la renonciation bouddhique et l’anéantissement volontaire de l’espèce humaine ; les seconds, cédant à de vaines inquiétudes, apercevaient déjà la terre dépeuplée et ses derniers habitants attendant la mort bienfaisante dans des contemplations de fakirs. […] Un critique alerte, un feuilletonniste informé et mobile, sortit du poète des Petites Orientales ; le professeur de Grenoble devint un Parisien ; la mélancolie, le sérieux de la première jeunesse disparurent dans la joie de jouer librement avec les idées du présent et du passé. […] Est-ce que ce problème ou plutôt tous les problèmes qui résultent de ces conflits — et dont on ne pourrait nier la réalité, le sérieux même, qu’en renonçant à la réflexion — ne sont pas, pour ainsi dire, le pain quotidien de la littérature classique ? […] Mais n’est-il pas facile de comprendre qu’à un homme qui se pose ce problème avec sérieux, presque avec effroi, toute ou presque toute la littérature de notre siècle apparaisse comme quelque chose de coupable ou pour le moins d’oiseux ?

1341. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Elle tient aujourd’hui auprès du public sérieux la place laissée libre par plusieurs autres genres littéraires. […] Elle reparaît avec la Révolution qui rend du naturel aux mœurs, du sérieux aux caractères, suscite des génies dans des classes qui ne fournissaient jusqu’alors que des avocats et des officiers subalternes, crée des types admirables, tels que ceux de Mme Roland et de Danton. […] Si de nos jours nombre d’esprits sérieux n’ont pas dédaigné de donner à leur pensée la forme du récit romanesque, ils ont en cela suivi les indications de Taine. […] Par leur sérieux, par leur méthode, par leur exactitude rigoureuse, par leur avenir et leurs espérances, tous deux se rapprochent de la science. » Quelle influence Taine a-t-il eue sur le roman réaliste ? […] Sérieuse, il suffit d’une drôlerie pour mettre en déroute son attention : on cite plus d’une tragédie qu’un bon mot lancé du parterre a frappée à mort.

1342. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

 » Grande et haute pensée sans doute, à laquelle je ne ferai qu’une objection : c’est qu’elle suppose une postérité de plus en plus sérieuse et bien révérente pour le passé, et un passé de plus en plus digne du respect de l’avenir. […] il était écrit que ce ne serait là qu’un rêve, et que jamais aucun auteur, — j’entends un auteur sérieux, — de Dictionnaire ne ferait partie de l’Académie française.

1343. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Qu’a-t-il donc voulu ce poète sérieux, exemplaire, dans ce mystère rajeuni et renouvelé ? […] Cependant il n’y eut pas moyen pour lui de se méprendre plus longtemps sur l’impression générale, lorsque des amis l’eurent éclairé de toutes parts, comme on avait éclairé autrefois M. de Noyon ; mais ici il n’y avait rien eu de prémédité, comme cela avait eu lieu pour M. de Noyon, raillé et joué par l’abbé de Caumartin75 : la seule opposition sérieuse et réelle avait été dans la contradiction nécessaire et, s’il faut le dire, l’incompatibilité d’un esprit fin, net, positif, pratique, tel que celui de M. 

1344. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Le début se détache surtout par le sérieux du ton et par la connaissance morale. […] Les paroles avec lesquelles il termine rentrent dans le sérieux, et trahissent tout haut sa réflexion secrète : « A ce qu’il semble, dit-il, Amour brûle souvent d’une flamme plus ardente que Vulcain de Lipare.

1345. (1929) Dialogues critiques

Paul Les grands mots sont inutiles, mais le fond de l’affaire est très sérieux. […] Cependant, certains respectent parfois ce qui ne les amuse pas, mais qui leur paraît sérieux.

1346. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

» On croit entendre Horace devenu plus sérieux en devenant plus spiritualiste dans l’âge chrétien. […] « Elle était assise, dit-il, au milieu des dames, comme une belle rose dans un jardin entourée de fleurs plus petites et moins éclatantes qu’elle : rien de plus modeste que sa contenance ; elle avait quitté toutes ses parures, ses perles, ses guirlandes, les couleurs gaies de ses vêtements ; bien qu’elle ne fût pas triste, je ne reconnus pas son enjouement habituel ; elle était sérieuse et semblait rêver ; je ne l’entendis pas chanter, ni même causer avec ce charme qui enlevait les cœurs ; elle avait l’air d’une personne qui redoute un malheur qu’on ne discerne pas encore.

1347. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Il travailla assidûment et lentement à étudier et à placer les paysages, les flots, les écueils, les groupes secondaires de son tableau ; mais il laissa toujours en blanc la figure de l’improvisatrice, ne trouvant rien, dans son imagination éminemment vraie, naturelle, sérieuse, de cet enthousiasme de convention qu’il fallait nécessairement donner à cette figure de jeune fille du Nord, psalmodiant et pleurant des lamentations imaginaires sur les catastrophes des vieux Romains. […] La poésie lettrée ou illettrée est chose de jeunesse ; une fois aux prises avec les occupations actives et sérieuses de la vie, on ne se passionne plus pour ces fables chantées qu’on nomme les poèmes : l’âge mûr n’a pas le temps, la vieillesse n’a plus le goût de ces rêveries ; on songe à vivre, on pense à mourir.

1348. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

C’est un jeu de poupées sérieuses qu’on place à volonté les unes en face des autres, et auxquelles on fait débiter leurs rôles sans vraisemblance et sans intérêt. […] Goulden les rassure et leur dit que c’est une vaine cérémonie, mais qu’il n’y a de sérieux que l’avis du conseil de révision dont il est sûr.

1349. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Ses cheveux semblaient blanchis par l’âge ; son œil était sérieux et calme. « La plus belle des femmes, dit-il, aimable fille d’Arnim, non loin d’ici s’élève dans la mer un rocher qui porte un arbre chargé de fruits vermeils. […] Les hommes les plus sérieux de l’époque et les caractères les plus sévères partagèrent cet enthousiasme universel et se signalèrent par leur admiration pour cette nouveauté antique qui enflamma tout le monde comme un incendie général.

1350. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Elle y est même plus riche que dans les écrits en prose, parce que la satire touche à plus de choses que les récits, et qu’elle y prend toutes les nuances, depuis la colère sérieuse qui prétend corriger ce qu’elle attaque, jusqu’à cette indifférence aimable qui ne veut rien corriger, et pour qui les abus mêmes ne sont que des maux nécessaires avec lesquels il faut savoir vivre. […] Il contentait tous les goûts, soit sérieux, soit frivoles, sous une forme qui ne laissait à personne la liberté de s’y intéresser médiocrement.

1351. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

30 mai Il est bien étrange que ce soit nous, nous entourés de tout le joli du xviiie  siècle, qui nous livrions aux plus sévères, aux plus dures, aux plus répugnantes études du peuple, et que ce soit encore nous, chez qui la femme a si peu d’entrée, qui fassions de la femme moderne, la psychologie la plus sérieuse, la plus creusée. […] Juillet Le cidre une boisson qui fait rentrer en soi, qui rend sérieux, ferme et solide, qui fait la tête froide et le raisonnement sec, une boisson qui ne grise que la dialectique des intérêts.

1352. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Mercredi 5 janvier Ce soir, chez Charpentier, Daudet déclarait qu’il y avait un beau livre à faire : « Le Siècle d’Offenbach » proclamant que tout ce temps descendait de lui : de sa blague et de sa musique, qui n’étaient au fond qu’une parodie de choses et de musiques sérieuses, qu’il avait travesties. […] Berthelot, notre ministre de l’Instruction publique d’hier, en train de causer de la nouvelle poudre ne produisant pas de fumée, et qui laisse maintenant ignorer l’endroit d’où l’on reçoit en campagne un coup de canon… devient soudain sérieux et abandonne les effets de la nouvelle poudre, sur ce que Spuller lui jette, d’un bout de la table à l’autre, qu’il n’en a plus que pour une quinzaine : l’extrême gauche, regardant comme une nécessité de renverser le ministère.

1353. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Il n’y a pas vingt-cinq ans que Walter Scott, ce trouvère posthume de notre siècle, ce Boccace sérieux et épique de notre âge, composait ses cent nouvelles, puisées dans l’histoire d’Écosse, et devenait ainsi, par le roman, le prosateur épique de la Grande-Bretagne. […] Que l’avenir me démente si j’ai tort, mais que les patriotes sérieux de l’Italie ne m’accusent pas !

1354. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

La première traduction sérieuse et les premiers commentaires compétents sont la traduction et les notes explicatives du chevalier Artaud. […] Brizeux, digne de lutter corps à corps, et plusieurs autres traducteurs sérieux ont tenté l’œuvre.

1355. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Bien des gens, il est vrai, en parlent de confiance, et seraient fort embarrassés d’éclaircir les vagues idées que ce mot éveille en eux ; réjouissons-nous toutefois que, même mal ou peu compris, il soit sur toutes les lèvres : on en peut conclure qu’il exprime une tendance sérieuse de toutes les âmes. […] Cela est vraisemblable ; mais, d’une part, Aristote avait commencé ses travaux zoologiques avant l’expédition d’Alexandre, et, d’autre part, quand celui-ci dépassa l’Asie-Mineure, les rapports entre le maître et l’élève s’étaient déjà bien refroidis : raison sérieuse pour douter que la sollicitude du royal disciple ait beaucoup contribué à enrichir les collections de son précepteur d’animaux expédiés de la Haute-Asie, de l’Afrique ou de l’Inde.

1356. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Assurément la géologie ne nous révèle pas encore l’existence d’une chaîne organique aussi parfaitement graduée ; et c’est en cela peut-être que consiste la plus sérieuse objection qu’on puisse faire à ma théorie. […] Lyell, après plus mûre réflexion, a conçu des doutes sérieux sur cette question.

1357. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Mais ce qui n’était d’abord qu’une simple plaisanterie, qu’une conjecture maligne, va devenir bientôt une affaire sérieuse, un décri formel et public, le sujet de tous les entretiens : C’est un scandale qui vous survivra, s’écrie Massillon ; les histoires scandaleuses des cours ne meurent jamais avec leurs héros : des écrivains lascifs ont fait passer jusqu’à nous les satires, les dérèglements des cours qui nous ont précédés ; et il se trouvera parmi nous des auteurs licencieux qui instruiront les âges à venir des bruits publics, des événements scandaleux et des vices de la nôtre.

1358. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Il y a un côté sérieux dans ces Lettres de Madame, celui par lequel elle juge les mœurs, les personnages et le monde de la Régence.

1359. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Quoi qu’il en soit, il ne devait pas mourir de son mal, et, si sérieux qu’il nous l’ait peint dans ses vers, il était de nature à s’en vite consoler.

1360. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Un autre écueil, qui est celui d’esprits sérieux et élevés, ce serait de faire un Buffon plus penseur et plus prophète de l’avenir qu’il ne l’a été, de lui supposer dans l’idée nos systèmes, et de lui mettre sur le front un nuage.

1361. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Poujoulat, en prenant ces assertions très au sérieux et sans se permettre jamais d’en sourire, les a combattues avec avantage.

1362. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Des intérêts sérieux et respectables y étaient pourtant mêlés, et Maucroix, pendant les deux ans qu’il fut en charge (1667-1669), répondit à la confiance de ceux qui l’y avaient porté.

1363. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Cette Histoire universelle de d’Aubigné, son grand ouvrage sérieux, et qui semble indigeste à première vue, ne le paraît plus autant lorsqu’on y pénètre, et mérite plus d’une sorte de considération.

1364. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Ils venaient dans les premières années du règne de Henri IV pour rattacher à la religion de l’État et à celle du prince nombre d’esprits raisonneurs, sérieux, assez philosophiques, et surtout politiques.

1365. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

[NdA] N’est-ce pas ici, au sérieux, la leçon pratique que Molière a mise partout en action dans ses comédies ?

1366. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il le stimule et cherche à le porter aux études sérieuses, à l’application si nécessaire chez un prince qui peut être appelé à régner.

1367. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Quand il apprit cette mort trop prévue, il entra dans un deuil sombre : « Jamais je ne vis tant d’affliction, dit son lecteur M. de Catt dans des mémoires encore inédits ; volets fermés, un peu de jour éclairant sa chambre, des lectures sérieuses : Bossuet, Oraisons funèbres ; Fléchier, Mascaron ; un volume d’Young, qu’il me demanda. » Il a consacré à sa mémoire une noble page dans son Histoire de la guerre de Sept Ans.

1368. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Léon Dupuis, qui à table se prend particulièrement de conversation avec Mme Bovary, et à l’instant, dans un dialogue très bien mené, très naturel, et foncièrement ironique, l’auteur nous les montre allant au-devant l’un de l’autre par leurs côtés faux, leur goût de poésie vague, de romanesque, de romantique, tout cela servant de prétexte à la diablerie cachée ; ce n’est qu’un commencement, mais il y a de quoi déconcerter ceux qui croient à la poésie du cœur et qui ont pratiqué l’élégie sentimentale ; évidemment leurs procédés sont connus et imités et parodiés : c’est à dégoûter des dialogues d’amour pris au sérieux.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Il garde dans ses récits des habitudes de rapporteur et s’y complaît ; après avoir résumé ce que disent les uns, il oppose ce que répondent les autres. « Jamais, dit-il d’une des séances du Parlement, je n’ai ouï de délibération plus sérieuse et plus belle, y ayant quantité de raisons de part et d’autre. » Il ne nous donne son avis et ne conclut qu’à la fin, après avoir balancé les opinions contraires : ce sont là des garanties d’impartialité.

1370. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

La Bruyère, qui avait vu les Condé, les La Rochefoucauld, les Retz, les Rancé, tous ces convertis de la Fronde, disait en son temps : « Il ne faut pas vingtannées accomplies pour voir changer les hommes d’opinion sur les choses les plus sérieuses, comme sur celles qui leur ont paru les plus sûres et les plus vraies. » C’est l’épigraphe à mettre à la vie de Lamennais.

1371. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Saint-Marc Girardin avait tiré parti de ce roman vertueux dans l’une de ses leçons en Sorbonne ; il avait déclaré admirables en effet les lettres de Palombe, et avait moralisé à ravir sur ce thème de la femme délaissée ; mais ce n’était pas à dire qu’il fallût prendre au pied de la lettre cet ingénieux paradoxe qui n’avait qu’un éclair de sérieux, et réimprimer le livre même.

1372. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

En Allemagne, on est trop occupé du but et du résultat sérieux, et, dans toute discussion, de la conclusion même ; on ignore l’art d’agir, de parler sans but et pourtant avec intérêt.

1373. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Par malheur, pour l’art sérieux, il n’en est pas ainsi ; et, si le poëme épique du moyen âge, en France, n’a pas abouti, ne s’est pas réalisé en un chef-d’œuvre, il est bien plus vrai encore de dire que le Mystère, le drame religieux et sacré, ne s’est finalement résumé et épanoui chez nous dans aucune œuvre vraiment belle et digne de mémoire.

1374. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Martial, dans une de ses épigrammes, classe les œuvres de son temps en deux catégories : les œuvres considérables, dites sérieuses, qu’on estime fort et qui attirent peu ; et les autres, celles dont on fait fi, et que chacun veut lire.

1375. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Malgré la difficulté qu’on rencontre à rien extraire d’une trame si dense, à rien tailler et découper dans une matière si bien cimentée, nous essayerons, par l’analyse de quelques chapitres, de donner idée de l’intérêt sérieux qui fait le prix de cette œuvre durable.

1376. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Nous avons beau faire et beau dire là-bas nous ne sommes pas pris au sérieux poétiquement ; le génie des races s’y oppose.

1377. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Des idées sérieuses méritent d’être traitées sérieusement.

1378. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

La famille, prise au sens le plus sérieux et le plus large, constitue pour M. 

1379. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Pour arriver à ce résultat, il n’existait qu’un moyen : c’était de briser les nœuds qui, depuis dix ans, réunissaient sous les mêmes drapeaux l’Angleterre et l’Autriche, de procéder, soit envers l’une, soit en vers l’autre, par voie de concession, et de contracter une paix sérieuse et permanente.

1380. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Au reste, notre xixe  siècle a présenté sur cette question de l’orthographe, et comme dans un miroir abrégé, le spectacle des dispositions diverses qui l’ont animé en d’autres matières plus sérieuses : il a eu des exemples d’audace et de radicalisme absolu, témoin M. 

1381. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Sir Henry Bulwer, homme d’État et étranger, moins choqué que nous de certains côtés qui ont laissé de tristes empreintes dans nos souvenirs et dans notre histoire, a jugé utile et intéressant, après étude, de dégager tout ce qu’il y avait de lumières et de bon esprit politique dans le personnage qui est resté plus généralement célèbre par ses bons mots et par ses roueries ; « L’idée que j’avais, dit-il, c’était de montrer le côté sérieux et sensé du caractère de cet homme du XVIIIe siècle, sans faire du tort à son esprit ou trop louer son honnêteté. » Il a complètement réussi à ce qu’il voulait, et son Essai, à cet égard, bien que manquant un peu de précision et ne fouillant pas assez les coins obscurs, est un service historique : il y aura profit pour tous les esprits réfléchis à le lire.

1382. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Lui est-il donc permis de se prendre d’autant plus à la légère, que le public l’a pris davantage au sérieux ?

1383. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Mais on est tenté d’oublier ces portions magnifiques quand on songe à tant d’autres récidives simplement opiniâtres, à cette absence totale de modification et de nuance dans des théories individuelles que l’épreuve publique a déjà coup sur coup jugées, à ce refus d’admettre, non point en les louant au besoin (ce qui est trop facile), mais en daignant les connaître et en y prenant un intérêt sérieux, les travaux qui s’accomplissent, les idées qui s’élaborent, les jugements qui se rassoient, et auxquels un art qui s’humanise devrait se proportionner.

1384. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

… » Mais, encore une fois, Oreste ne résiste pas, il n’y a pas lutte ; le sérieux antique va jusqu’au bout ; au lieu des nuances, on a le sublime et le sacré.

1385. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Sa profession ecclésiastique donne aux écarts de sa conduite un caractère plus sérieux, et en apparence plus significatif.

1386. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Une contradiction polie, tempérée de marques sincères d’estime, est encore un hommage : n’est-ce pas reconnaître qu’on a en face de soi une conviction sérieuse, à laquelle on sent le besoin d’opposer la sienne ?

1387. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Charcot avait nié Burcq pendant longtemps, mais à la fin de sa vie il lui rendit un sérieux hommage.

1388. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Dans un tel ordre de choses, il fallait que les patriciens se respectassent mutuellement pour en imposer au reste de la nation ; il fallait obtenir une estime de durée ; il fallait que chacun eût des qualités sérieuses et graves, qui pussent honorer ses pareils, et servir à leur existence, autant qu’à la sienne propre.

1389. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

, I, 12 : « La première vérité qui sort de cet examen sérieux de la nature est une vérité peut-être humiliante pour l’homme, c’est qu’il doit se ranger lui-même dans la classe des animaux. » 338.

1390. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Pêcheur d’Islande, c’est encore, comme Loti, comme le Spahi, comme Aziyadé, l’histoire d’un amour et d’une séparation : l’histoire du pêcheur Yann et de la bonne et sérieuse Gaud, qui s’aiment et qui se marient, de Yann qui s’en va et ne revient plus, et d’une vieille femme dont le petit-fils s’en va mourir là-bas, « de l’autre côté de la terre ».

1391. (1886) De la littérature comparée

Chaque époque — la nôtre comme les autres — produit, à côté d’une foule d’œuvres qui dépendent de la mode du moment et disparaissent avec elle, quelques œuvres d’une portée plus, sérieuse, destinées à survivre un temps plus ou moins long, dignes en tout cas d’être examinées et reconnues : les écrivains sont trop disposés à consacrer par des admirations exagérées les productions éphémères dont ils subissent l’attrait ; l’Université englobe trop souvent dans le même mépris les écrits insignifiants et les œuvres durables.

1392. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Séverine aura beau pardonner, — et le pardon est pour elle l’abjuration de son être, — le prince aura beau se repentir, — et il paraît incapable d’un sérieux retour, — toute intimité est, entre eux, à jamais détruite.

1393. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Au lieu d’une horreur sérieuse et profonde, il n’a produit par ses descriptions, comme dans un roman, qu’un genre d’impression presque nerveuse.

1394. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Portalis, accompagné de son fils, qui, dans toutes ses traverses, ne le quitta jamais, était près de passer en Italie et de se rendre à Venise, quand une lettre de Mathieu Dumas l’appela dans le Holstein, où l’attendait une hospitalité cordiale et sérieuse.

1395. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Laffitte avait pris au sérieux toutes les théories de l’opposition des quinze ans, et, en les transportant dans le gouvernement, il le rendait impossible.

1396. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

L’enfance se passe, et le premier éveil des choses sérieuses est donné à Marguerite vers le temps de la bataille de Moncontour (1569).

1397. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Le président Hénault, l’un des hommes qui connaissaient le mieux son ancienne France et son ancien Paris, disait en notant cette brusque alternative d’intérêt et d’indifférence : « C’est une drôle de chose que ce pays-ci : je crois que la fin du monde ne ferait pas une nouvelle au bout de trois jours. » Trois jours, c’est peu ; depuis que nous sommes un peuple sérieux, nous allons aisément à la quinzaine : passé cela, on rabâche, on tourne sur soi-même et on travaille dans le vide jusqu’à ce qu’un nouveau relais d’attention survienne et renvoie à cent lieues le précédent.

1398. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Le Légataire, représenté en janvier 1708, eut un succès complet, et si complet même que la critique sérieuse s’en émut.

1399. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Une de ses plus gracieuses correspondantes d’Angleterre, miss Georgiana Shipley, à qui il avait envoyé son Dialogue avec la Goutte et autres riens qu’il s’amusait à écrire et, qui plus est, à imprimer lui-même, lui rappelait les heures charmantes et sérieuses qu’elle avait autrefois passées dans sa société, et où elle avait pris goût « pour la conversation badinante et réfléchie ».

1400. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Distinguons d’abord deux choses dans le xviiie  siècle : la littérature proprement dite, et la philosophie, c’est-à-dire par là j’entends la prose sérieuse (histoire, science, politique).

1401. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Que dit à propos des novateurs le contemporain s’il est sérieux, vaste, pondéré, décoré, employé dans le régime, ou ce qui revient au même, quelque chose dans la haute opposition ?

1402. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Nous ne sommes point inhabiles au sérieux, mais notre esprit a trop de vivacité, il a trop vite fait le tour d’un objet quelconque pour qu’il ait besoin de se livrer à un long examen.

1403. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Et que signifient, dans une histoire du théâtre sérieux, ces nombreuses pièces qui ne furent jamais jouées, parce qu’elles sont injouables ?

1404. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Reconnaissons-lui du moins cette supériorité sur Kant que la probité de son réalisme a servi de type aux portions sérieuses et valables de la force allemande. […] Dans tous les ordres, la vie veut être prise au sérieux. […] Le souvenir des malheurs du pays leur donnait ce sérieux dans la préparation qui avait trop manqué à leurs aînés. […] Ce même esprit de sérieux impose au travail des astreintes sévères d’exécution. […] Un reproche plus sérieux à faire au Concours général était celui que Renan adresse, dans ses Souvenirs, aux éducateurs à la Villemain : « On eût dit que tous leurs élèves étaient destinés à être écrivains, poètes, orateurs. » Et il ajoute, reprenant une idée, qui lui fut longtemps chère, sur le danger de sacrifier le sérieux du fond au brillant de la forme : « Ils estimaient peu l’instruction sans le talent… » Le Concours général était, en effet, dans ses belles années, sous la Restauration, la monarchie de Juillet, le second Empire, un constant appel au talent plus qu’à la science, aux gentillesses de la forme plus qu’au sérieux du fond.

1405. (1885) L’Art romantique

Harnachements, scintillements, musique, regards décidés, moustaches lourdes et sérieuses, tout cela entre pêle-mêle en lui ; et dans quelques minutes, le poëme qui en résulte sera virtuellement composé. […] Les unes, graves et sérieuses, les autres, blondes et évaporées. […] Ses œuvres seront recherchées par les curieux autant que celles des Debucourt, des Moreau, des Saint-Aubin, des Carle Vernet, des Lami, des Devéria, des Gavarni, et de tous ces artistes exquis qui, pour n’avoir peint que le familier et le joli, n’en sont pas moins, à leur manière, de sérieux historiens. […] Les collections très bien faites portant un caractère de sérieux et de sincérité sont rares. […] Avouons tout de suite la raison principale, dominante : l’opéra de Wagner est un ouvrage sérieux, demandant une attention soutenue ; on conçoit tout ce que cette condition implique de chances défavorables dans un pays où l’ancienne tragédie réussissait surtout par les facilités qu’elle offrait à la distraction.

1406. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il s’y vit initié chaque jour à la plus haute et la plus fine société, agréé sur le pied d’égalité par les plus beaux noms, et comme enveloppé dans les relations les plus flatteuses : en s’y pénétrant du ton aisé de la suprême courtoisie, il y prit sa première impression ineffaçable d’amour sérieux pour Rome, pour cette patrie des âmes blessées, éprises des seules grandeurs de l’art ou de l’histoire, et vouées à toutes les religions du passé. […] Ce fut Fauriel qui coupa court à cette première ébullition poétique sans objet bien précis, et qui le mit dans sa vraie voie, la critique sérieuse et la littérature comparée. […] Tocqueville devint l’objet d’un second choix, et par sa noblesse de caractère, par le sérieux de sa vie, par la profondeur, la finesse et la tristesse élevée qu’il exprimait dans toute sa personne, par ce qu’il montrait de talent et par ce qu’il en laissait à deviner, il réalisa pour Ampère le modèle d’amitié que celui-ci ne pouvait se passer d’avoir devant les yeux.

1407. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Ces rudesses sont d’autant plus fortes, que le ton ordinaire est plus noble et plus sérieux. […] J’aime mieux traduire encore un passage, dont la solennité et la magnificence donneront quelque idée des sérieux et riches ornements qu’il jette sur son récit, sorte de végétation puissante, fleurs de pourpre éclatante, pareilles à celles qui s’épanouissent à chaque page du Paradis perdu et de Childe Harold. […] Cette solidité, cette énergie, cette profonde passion politique, ces préoccupations de morale, ces habitudes d’orateur, cette puissance limitée en philosophie, ce style un peu uniforme, sans flexibilité ni douceur, ce sérieux éternel, cette marche géométrique vers un but marqué, annoncent en lui l’esprit anglais.

1408. (1904) Zangwill pp. 7-90

Notre ami l’historien Pierre Deloire me disait, — car je n’ai pas besoin d’ajouter que je n’en ai pas aux historiens personnellement, et que les historiens sérieux sont les premiers à s’émouvoir de ces graves contrariétés, — l’historien Pierre Deloire me disait un jour au bureau des cahiers : Le bon temps des historiens est passé. — Il entendait railler ainsi, doucement, les historiens antérieurs. — Le bon temps des historiens, disait-il, c’était quand le professeur d’histoire, assis devant son bureau, refaisait à loisir toutes les opérations du monde ; il parlait de tout ; il écrivait de tout ; il était ministre, et refaisait l’administration de Colbert, qui, entre nous, n’était pas fort ; il était général ou amiral, et refaisait la bataille d’Actium ; ce Marc-Antoine, hein, quelle brute ; il refaisait les plans de campagne ; il était roi, il refaisait Versailles, Paris et Saint-Denis ; il était le roi, dans son bureau ; il était l’empereur, l’empereur premier ; il refaisait Waterloo ; ce Napoléon, quel imbécile, comme le disait récemment le général Mirbeau ; demandez les mémoires du général baron Mirbeau ; quand M.  […] Premièrement pour des raisons d’histoire même ; il est arrivé en très grand, pour l’histoire, ce qui arrive généralement des constructions navales françaises ; on n’en voit pas la fin ; quand on mit l’histoire en chantier, armé, ou, pour dire le mot, outillé des méthodes modernes, les innovateurs en firent le devis ; mais à mesure qu’on avançait, et que justement parti des temps antiques on se mouvait au-devant des temps modernes, les mécomptes se multipliaient ; ils se sont si bien multipliés qu’aujourd’hui nul n’oserait en pronostiquer la fin, ni annoncer la fin du travail ; le seul historien de la révolution française que je connaisse personnellement qui soit exactement sérieux nous dira tant que nous le voudrons que pour mener à bien la seule histoire de la révolution française il faudrait des milliers de vies de véritables historiens ; or on ne voit pas qu’il en naisse des milliers ; et nous sommes fort loin de compte. […] Rien de tel dans Taine ; Taine était un homme sérieux ; Taine n’était pas un homme qui s’amusait, et qui jouait avec ses amusements ; ce qui rend le cas de Taine particulièrement grave, et particulièrement caractéristique, et particulièrement important pour nous, et, comme on dit, éminemment représentatif, c’est que dans sa grande honnêteté universitaire il usurpe nettement les fonctions de création, et qu’il usurpe ces fonctions pour l’humanité présente avec une brutalité nette.

1409. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais Diderot et Rousseau haïssaient Dieu sans pouvoir rire, sérieux, lourds, pesamment insolents. […] Ce que je viens de dire de son imitation de la Chaussée, La Harpe l’affirmait avant moi : « Diderot — dit-il dans son Cours de littérature, avec le haussement d’épaules très perceptible de la pitié, — crut toute sa vie qu’il avilit fait une grande découverte en proposant le drame honnête, la tragédie domestique, le drame sérieux, mais, sous tant d’affiches différentes, c’était tout uniment le drame de la Chaussée, moins la versification et le mélange de comique… » Ainsi, ce n’était plus seulement du la Chaussée, c’était du la Chaussée réduit. […] Il est ridicule, malgré le sérieux de son esprit et la majesté de son emphase.

1410. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Fontanes, en tête d’une députation, alla remercier l’Impératrice : celle-ci, prenant le gage d’estime trop au sérieux, répondit qu’elle avait été très-satisfaite de voir que le premier sentiment de l’Empereur, dans son triomphe, eût été pour le Corps qui représentait la Nation. […] Aux graves modes de ma lyre Mêle des tons moins sérieux ; Phébus chante, et le Ciel admire ; Mais, si tu daignes lui sourire, Il s’attendrit et chante mieux. […] Nous saisissons sur le fait la contradiction naïve chez Fontanes : le lendemain de cette ode toute grecque, il retrouvait les tons chrétiens les plus sérieux, les mieux sentis, en déplorant avec M. de Bonald la Société sans Religion 148. […] M. de Fontanes fut atteint, le 10 mars 1821, dans la nuit du samedi au dimanche, d’une attaque de goutte à l’estomac, qu’il jugea aussitôt sérieuse.

1411. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Le peintre ne peut pas même esquisser les grisolles, les minois sensuels et délurés du xviiie  siècle ; il est tenu d’être sérieux : une peinture qu’on paye si cher doit être noble. […] Ainsi parlaient les déesses d’Homère et les vierges d’Eschyle. — Nous avons vu cette démarche sérieuse et cette calme attitude dons les Dallas et les Artémis de nos musées. […] Leur clameur a trompé les Allemands, et les trompe encore ; le bruit confus qui sort de la rue empêchait d’entendre une autre parole, celle-ci sincère et sérieuse, la voix basse, triste, universelle de l’opinion. ‒ A partir du 19 juillet, ceux-là même qui poussaient à la guerre l’acceptaient par nécessité, non par choix. […] Cependant, pour me soulager, j’écrivis à la grande-duchesse une lettre d’assez bonne encre. » Cette lettre « d’assez bonne encre » serait une pièce curieuse, et je suis sûr qu’on ne lui a plus envoyé le factotum. — Quant aux corps constitués, il n’est guère possible de les aborder avec plus de sérieux extérieur et moins de déférence intime. […] Son talent, encore un peu flottant, se fixa ; son jugement se mûrit ; son style, déjà sérieux et réfléchi, atteignit, par l’observation soutenue des plus exactes bienséances, la gravité, la dignité, l’ampleur, et, du biographe vif et libre, on vit se dégager le critique, le moraliste, l’historien que nous connaissons.

1412. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Mais vous avez su donner à votre parole un sérieux que la sienne n’eut jamais : il m’a amusé et vous m’avez instruit. […] Je ne veux point examiner ici si cet ascétisme littéraire n’a pas, au point de vue de la conception et de l’exécution des livres, de sérieux inconvénients. […] Pour sa bienvenue, le chevalier but avec les autres pages du duc tant de café et de liqueurs, « qu’il en gagna une maladie assez sérieuse ». […] On a rendu plus sérieuse l’étude des langues vivantes ; enfin, on s’est efforcé de donner un caractère pratique à l’enseignement secondaire. […] Arsène Darmesteter, qui m’aide à faire, en tisonnant, ces rêveries d’automne, que je jette décolorées sur le papier, est un livre de science dont il faudrait faire un plus utile usage, une plus sérieuse étude.

1413. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

On a retrouvé dans ce roman la probité et le sérieux qui caractérisent le talent de M.  […] Larousse manque absolument de critique et de sérieux. […] Mon second grief est un peu plus sérieux. […] Jules Lemaître ne tient pas toujours son sérieux. […] Ils considéraient cette langue comme le seul instrument digne d’exprimer une pensée sérieuse.

1414. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

N’est-il pas évident ; que dans tout ce discours Chrysalde n’est pas sérieux, que Chrysalde se divertit à échauffer la bile d’Arnolphe, que tout cela est gaillardise et raillardise, que tout cela est précisément un « sermon joyeux », comme on disait au xvie  siècle, et rien absolument autre chose ? […] Montfleury, Impromptu de l’Hôtel de Condé : Car pour le sérieux on devient négligent Et l’on veut aujourd’hui rire pour son argent ; L’on aime mieux entendre une Turlupinade Que… — Par ma foi, Marquis » notre siècle est malade. […] Dès 1603, dans la Critique de l’École des femmes, il dit son fait à la tragédie et sans douceur : « Vous croyez donc, Monsieur Lysidas, dit Dorante, que tout l’esprit et toute la beauté sont dans les poèmes sérieux, et que les pièces comiques sont des niaiseries qui ne méritent aucune louange ? […] Donc il ne proteste pas contre le propos de Lysidas, donc le propos de Lysidas est écho de jugements qui ont de l’autorité ; donc bien des personnes ont trouvé Arnolphe homme d’esprit et sérieux en beaucoup d’endroits. Or, quels sont ces endroits où il s’est montré homme d’esprit et sérieux.

1415. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Et maintenant, comme vous êtes un homme sérieux qui ne s’amuse point à telles fariboles, et comme du reste vous me demandez : « Et où est le masque de fer dans tout cela ?  […] Comme c’était bien là un retour à l’observation sérieuse et sévère de la réalité ! […] Dieu, dans sa bonté, A créé pour elle un jeune notaire, Homme sérieux, de blanc cravaté. […] L’officier sérieux, grave, intransigeant sur l’honneur et la moralité, surtout parce qu’il ne faut pas que ces croquants de pékins, ces gueux de socialistes et ces canailles de journalistes révolutionnaires prennent prétexte des fautes des officiers pour insulter l’armée ; un peu mystique avec cela ; on sent qu’il est convaincu de la doctrine théologique qui affirme la sainteté de la guerre et le droit de la force : c’est le lieutenant de Hœven. […] Et ce serait en Allemagne une pièce prise très au sérieux et en France une pièce gaie ; et elle serait applaudie des deux côtés de la frontière.

1416. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il paraît même que, dans sa métaphysique peu sérieuse, il avait été frappé des arguments que Lucrèce accumule avec beaucoup de poésie contre l’immatérialité de l’âme. […] Shakspeare, qui est le couronnement du moyen âge, qui en reproduit avec tant de force l’imagination et la barbarie, devait gagner à cette disposition nouvelle, choquer moins, plaire davantage, subjuguer d’abord les esprits par la grandeur de ses créations irrégulières, et enfin leur laisser une admiration sérieuse et durable. […] Les psaumes de David, traduits en vers rudes, mais pleins de feu, étaient le chant de guerre de la réformation, et donnaient à la poésie, qui jusque-là n’avait été qu’un passe-temps subalterne dans l’oisiveté des châteaux et de la cour, quelque chose d’enthousiaste et de sérieux. […] Quoi qu’il en soit, il semble que des motifs plus sérieux conduisaient Shakspeare dans le comté de Warwick, et que, malgré les distractions de la vie comique, il eut de bonne heure cet esprit de retour qui lui fit quitter Londres à cinquante ans, pour se retirer dans sa ville natale et dans sa famille. […] La diversité des opinions à cet égard ne saurait diminuer l’admiration curieuse qui s’attache, pour l’ami des lettres, au génie de Byron ; elle ajoute au contraire à une question de goût l’intérêt sérieux d’un problème social.

1417. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Ceux qui ne reculent pas devant des lectures sérieuses les y trouveront.

1418. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Mais cette milice fut chose sérieuse, suivie, et eut presque les conséquences d’un enrôlement volontaire.

1419. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Venons à son mérite et à ses ouvrages, et remarquons d’abord que Duclos, grâce à ses relations du grand monde, fut reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1739, avant d’avoir rien produit de sérieux et seulement sur ses promesses.

1420. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Je lisais tout cela à haute voix ; et avec ce ressouvenir des premières années où l’on eût la foi vive et entière, avec ces sentiments sérieux et rassis que l’âge nous rend ou nous donne, et aussi avec ce goût d’une littérature apaisée, qui est désormais la mienne en vieillissant, je trouvais ce discours aussi excellent de forme que de fond, beau et bon de tout point.

1421. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Un jour que Casaubon l’était allé visiter (c’était dans le temps du procès du maréchal de Biron), l’aimable roi se mit d’abord à badiner avec lui en lui disant qu’il le croyait complice de la trahison de Biron ; puis tout d’un coup prenant un visage sérieux ; « Vous voyez, lui dit-il, combien j’ai de peine, moi, afin que vous puissiez étudier en paix. » Un tel mot rachète bien des ignorances82.

1422. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Édouard Charton) il avait le droit, en le félicitant d’adresser ces sérieuses et cordiales paroles où respire la vraie morale sociale : « Vous voilà donc marié.

1423. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Il respecte tant l’ancienne Rome qu’il se complaît à la parodie même qu’on en fait, pourvu qu’elle soit sérieuse et sans rire ; il reçoit ses lettres de citoyen au nom du Sénat et du Peuple : « C’est un titre vain, dit-il ; tant y a que j’ai reçu beaucoup de plaisir de l’avoir obtenu. » Voilà un aimable philosophe qui paye ouvertement son tribut à l’illusion et à la vanité humaine.

1424. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Au lieu de finir par une plaisanterie et par une épigramme sanglante contre les femmes comme dans le Lucius grec, nous avons ici une conclusion sérieuse et même sacerdotale.

1425. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Andrieux est un homme de bon goût ; mais ses ouvrages ne conviennent plus au siècle vigoureux et sérieux au milieu duquel nous vivons.

1426. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

On voit donc que Charles-Quint, en entrant au cloître, et tout en prenant la retraite très au sérieux, ne put tenir exactement sa résolution et sa gageure : il n’eut pas même le temps de ressentir l’ennui, le vide que son brusque changement de vie n’eût pas manqué de produire en son âme ardente et active.

1427. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Le premier moment, celui qui date de la renaissance de la société française avec le Consulat, ne mérite qu’éloge, et si on se reporte aux espérances du point de départ, la comparaison avec certains des résultats obtenus est bien faite pour donner aux esprits sérieux et animés de nobles pensées sociales d’éternels regrets.

1428. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Comme toutes les organisations complètes, il eut successivement les fruits de chaque saison ; le moment de son plus grand mérite se rapporte à l’heure de sa maturité, et ça vieillesse ne fit point défaut aux pensées sérieuses.

1429. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

L’idée du scandale attaché à son nom a pu en détourner jusqu’ici, je le conçois, les esprits sérieux ; on aurait tort pourtant de trop céder à ce scrupule.

1430. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

É. de Barthélémy ne craint pas de s’exprimer ainsi : « Ce premier travail montre de sérieuses qualités et le soin que La Rochefoucauld apportait au polissement de son style : il ne témoigne pas grandement, par exemple, en faveur de la modestie du duc.

1431. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Ce qui suit va répondre plus directement à la plaisanterie de Voiture et des gens d’esprit plus malins que sérieux : « Mais quand ces Remarques ne serviraient que vingt-cinq ou trente ans, ne seraient-elles pas bien employées ?

1432. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ceux qui l’ont connu à cet âge de première jeunesse et à cette heure de transition nous le dépeignent le plus charmant jeune homme, d’une figure agréable, très-distingué de tournure, très-élevé de sentiments, tout à fait de race ; tel d’ailleurs de caractère et d’humeur qu’on le voit encore aujourd’hui dans l’intimité, avec des intermittences de gaieté et de sérieux, habituellement doux comme un enfant, naïf même, et, quand il le faut, d’une audace, d’une vaillance et d’une intrépidité rares ; ayant naturellement le goût du bien, mais subissant l’influence des divers milieux.

1433. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Le danger sérieux de cette rencontre avec Pompéa aura cela de bon, d’ailleurs, de diminuer et d’absorber en soi les deux autres dangers, ou plutôt (car la pauvre Lisette ne compte pas) le seul danger de l’intrigue avec la belle-sœur.

1434. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Un jour que Jules Sandeau revenait de son pays natal où il avait assisté à une perte cruelle, à la mort d’une sœur, Balzac le revoyant et après les premières questions sur sa famille, lui dit tout à coup comme en se ravisant : « Allons, assez de raisonnement comme cela, revenons aux choses sérieuses. » Il s’agissait de se remettre au travail et, je le crois, au Père Goriot.

1435. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Pas le moins du monde ; il ne s’agissait, comme il ne s’agit encore ici, que d’une prise sérieuse en considération, d’un renouvellement d’étude, d’une révision attentive et courageuse ; je dis courageuse : il faut du courage en effet pour se remettre sans cesse à l’œuvre et pour contrôler ses premiers jugements, pour les réformer.

1436. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Son livre n’est point un Journal suivi, ce qui serait plus intéressant à coup sûr pour le vulgaire des lecteurs ; mais il a dû procéder autrement, en raison du but plus sérieux qu’il se propose.

1437. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

. — La vérité, sur ce point historique, c’est que la pénitence du maréchal de Broglie ne fut que bien peu de chose ; on peut dire qu’elle ne compta pas et ne fut prise au sérieux ni à la Cour ni dans une partie du public : on vient d’entendre Mme de Tencin ; Barbier, dans son Journal, dit positivement : « On croit que la disgrâce n’est qu’une feinte. » De là l’erreur de Frédéric, très excusable.

1438. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Je viens de relire cette scène, cette série de scènes avec leurs nombreuses péripéties et leurs changements à vue, dans leur ampleur, leur profondeur, leur sérieux, leur comique aussi et leur grotesque.

1439. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Après tout, en parlant ainsi, c’est pour leurs goûts et leurs préférences, c’est pour leur art favori, c’est pour leur maison qu’ils plaident : « Lire les auteurs anciens, quelques centaines de volumes, en tirer des notes sur des cartes, faire un livre sur la façon dont les Romains se chaussaient, ou annoter une inscription — cela s’appelle l’érudition ; on est un savant avec cela ; on est de l’Institut, on est sérieux, on a tout : mais prenez un siècle près du nôtre, un siècle immense ; brassez une mer de documents, trente mille brochures, deux mille journaux, tirez de tout cela non une monographie, mais le tableau d’une société, vous ne serez rien qu’un aimable fureteur, un joli curieux, un gentil indiscret.

1440. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

., sont permises en des choses plus graves, sinon plus sérieuses, par exemple en épigraphie — cet âge de pierre — de l’archéologie, — et Dieu sait si l’on y abuse de la faculté de voir, par la raison qu’on ne saurait voir mieux !

1441. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Bertaut, Malherbe, Lingendes et Racan rencontrèrent « dans le genre sérieux le vrai génie de la langue française, qui, bien loin d’être en son point de maturité du temps de Ronsard, n’était même pas sortie de sa première enfance ».

1442. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Ces pièces ne sont pas d’un art nouveau : moins graves que les anciens drames liturgiques, plus sérieuses que le jeu de saint Nicolas et que les mystères, très familières et rarement comiques, elles ont un caractère à la fois populaire et dévot que leur destination explique.

1443. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Nous saisissons encore l’évolution du romantisme chez Louis Bouilhet888 : vestiges de passion orageuse, exotisme effréné dans l’orientalisme et la chinoiserie, fantaisie capricieuse des rythmes, voilà le romantisme ; mais essai de restitution érudite de la vie romaine, effort pour saisir la vie contemporaine en sa réalité pittoresque, et surtout sérieuse tentative pour traduire en poésie les hypothèses de la science, voilà les directions nouvelles vers l’art objectif et impersonnel.

1444. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Et j’en ai de plus sérieux encore sur la vraisemblance de l’aventure d’Astier-Réhu et d’Albin Page.

1445. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Les livres sérieux d’Albert Boissière sont conceptions d’une ingéniosité toute factice et alignements au cordeau.

1446. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

C’est trop de naïveté pour une personne si sérieuse.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Cependant, quand on prend la peine de l’étudier, on y retrouve les plus sérieux mérites.

1448. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Cet homme primitif a pu se recouvrir ensuite chez M. de Chateaubriand, mais il a persisté sous tous les casques et sous tous les masques ; il ne lui a jamais permis depuis de faire aucun rôle, même les rôles les plus sérieux, sans venir bien souvent à la traverse, et sans dire en soulevant la visière : « Je suis dessous, me voilà ! 

1449. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

» La réponse à une telle question pourrait être piquante à débattre ; on pourrait soutenir le pour et le contre ; on pourrait jouer agréablement là-dessus, et, si l’on devenait tout à fait éloquent et sérieux, on pourrait rendre cette réponse peu plaisante pour celui qui la provoque, et même terrible.

1450. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Voilà Montaigne en tout, et, quoi qu’il dise de sérieux, il le couronne par une grâce.

1451. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Des poètes sérieux, consciencieux, élevés, y travaillent, et, si le public n’est pas familiarisé avec leurs noms, c’est qu’en France ce n’est que par le sentiment et la passion dramatique, et aussi par un coin d’esprit qu’on y mêle, que le public peut accepter, j’ai presque dit, peut pardonner la poésie : à l’état pur, elle n’existe guère que pour les poètes entre eux.

1452. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

L’esprit de Mme des Ursins est un esprit sérieux, positif, un peu sec au fond, mais ouvert, délibéré et hardi.

1453. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ce qui frappe chez Carrel en tous temps, c’est la tenue calme, sérieuse, la dignité naturelle qui contrastait avec plus d’un milieu où il se trouva.

1454. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Villemain est rentré dans son sujet de rapporteur en disant : « Vous pardonnez, Messieurs, l’exactitude de ces souvenirs, un de ces privilèges du temps, que le talent seul des jeunes candidats ne suppléerait pas. » Il y a, à toute cette éloquence moins foudroyante qu’il ne semble, et plus épigrammatique que sérieuse, un seul malheur, c’est que les choses ne se sont point passées tout à fait ainsi, c’est que M. 

1455. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Le xviiie  siècle s’était ouvert par les Lettres persanes : il allait se continuer par des œuvres qui, même sérieuses, et dans l’ordre historique le plus régulier, n’auraient plus cet appareil érudit.

1456. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

La partie sérieuse du mérite de l’abbé Barthélemy comme antiquaire, et avant son Voyage d’Anacharsis, échappe à mon appréciation : ce qu’on peut dire en général, c’est qu’il a rendu surtout de vrais services dans la science des médailles, et qu’il a contribué à la tirer de l’état de simple curiosité pour en faire un des appuis suivis et réguliers de l’histoire.

1457. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Frédéric gronde son ami de s’être formalisé et d’avoir pris au sérieux un badinage ; il continue quelque temps encore ces plaisanteries qui, si elles ne sont pas de très bon goût, ne sont point du tout d’un mauvais cœur ; il essaye, tandis que la guerre se prolonge, de calmer les inquiétudes de son ami, d’adoucir son humeur noire et de lui insinuer de cette philosophie qui se sent déjà du voisinage de la politique : Je vous prie, mettez-vous l’esprit en repos sur l’Europe.

1458. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Et cependant, pour nous-mêmes, les couleurs et les sons ont toujours, si nous y regardons de près, une nuance tantôt sérieuse, tantôt gaie : c’est ce qui les rend propres à devenir des moyens d’émotion esthétique.

1459. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

* * * — La gravité de la vie présente a fait à l’homme une jeunesse sérieuse, réfléchie, mélancolique.

1460. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Ici l’amour en général a des droits plus sérieux au qualificatif de désir qu’à l’épithète de platonique.

1461. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Quand on les ouvrira un jour, ces œuvres, fermées aux plates et indignes préoccupations de ce temps, on s’apercevra avec étonnement de la hauteur d’un pareil socle, encore moins haut cependant pour les yeux que pour la pensée… Le livre de la Douleur que j’en détache aujourd’hui, — au moment où les folies — furieuses à froid — de Schopenhauer et de Hartmann, au lieu de rencontrer en France, dans le spirituel pays de Rabelais, le violent fouailleur, armé du fouet de toutes les Furies de la gaieté, qu’elles méritaient pour tout critique ont eu le bonheur d’y rencontrer ce vulgarisateur respectueux et d’un sérieux… de luxe, en cette occurrence, M. 

1462. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Quoiqu’il soit sérieux d’apparence, à travers ses notions nombreuses, scientifiquement très affermies, — une littérature sui generis sur les deux substances dont il s’occupe, — à travers enfin les descriptions de l’ivresse, cet abîme qu’il descend marche par marche, s’arrêtant à chaque marche pour la décrire, sous tous ses côtés, le comique sort (est-ce malgré lui ?)

1463. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

L’art lui restait encore, mais dénué de cette passion sérieuse qui est l’âme de la parole.

1464. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Cette scène d’écoliers, choisie entre mille autres, parce qu’elle était une parodie de choses beaucoup plus sérieuses qui se passaient alors à Paris et dans toute la France, donnera cependant une idée de la manière bruyante et dissipée dont on étudiait dans l’école de David, ainsi que dans toutes les autres d’ailleurs. […] Oui, mes amis, il est temps de donner un but pratique et sérieux à l’art et d’enfermer les grandes et éternelles vérités dans l’enveloppe du beau, afin qu’on les accepte avec plaisir, avec empressement même, et qu’elles germent et fructifient dans le cœur de l’homme. […] Toutefois, ce jugement parut une injustice aux yeux de l’élève, qui prit l’affaire tout à fait au sérieux. […] Cette requête n’eut cependant pas encore de suites sérieuses, car aucune loi ne fut rendue pour supprimer l’académie ; mais les membres qui la composaient étant partagés d’avis sur la question de suppression, il en résulta entre eux des inimitiés que rien ne put éteindre. […] Mais Girodet prit l’affaire au sérieux, et voulut écraser son rival.

1465. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Nous reconnûmes donc trois modes épiques sur lesquels purent se jouer toutes les diversités du génie humain ; une seule sérieuse, et deux riantes et malignes, que nous caractérisâmes par les définitions, et dont notre soin rechercha l’objet, la marche, et le but indiqué par le goût des siècles et des peuples différents. […] Enfin le troisième, noble, sérieux et sensible, en qui se développe une autre partie du naturel italien, concentre les merveilles de son art sur les vastes rapports de la religion, de la grandeur des états, et de la gloire. […] En poursuivant la recherche des rapports dont j’offre à votre méditation le résumé, je rencontre parmi les épopées sérieuses le recommandable poème de Camoëns. […] Qu’importe aux auteurs français qu’on leur dise que l’Art poétique de Boileau est étroit, et sans hautes vues, si les seuls principes qu’il renferme dirigent sur les traces d’Homère dans l’épopée sérieuse, et s’appliquent au Lutrin, dans l’épopée badine. […] Chacun sait par cœur cette suite de beaux vers pleins d’élévation et de sagesse, vers dignes de son talent et empreints de son caractère, vers que termine une indirecte imitation de ceux du Tasse, embellis encore par notre poète, qui, cette fois, ne permit pas à la mélodie et aux grâces italiennes de l’emporter sur les charmes sérieux de la langue française.

1466. (1923) Au service de la déesse

M. de Planhol l’a traitée avec un sérieux et une gravité remarquables. […] Le triomphe du néo-darwinisme et l’invasion néo-darwinienne seront, dans l’histoire de la pensée contemporaine, l’une des aventures les plus regrettables et qui auront fait le plus grand tort à la recherche sérieuse et attentive de la vérité. […] Badinage, autrefois ; et maintenant : « Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse… » sérieuse ! […] « Il serait vraiment injurieux pour nous, la jeune et sérieuse… » il y tient ! […] D’ailleurs, la polissonnerie n’est pas indispensable : et ces Goncourt ont la dialectique facile en n’opposant à leurs romans « sérieux, graves », médicaux, scientifiques et terriblement dénués de frivolité, que la polissonnerie.

1467. (1902) Le critique mort jeune

Remy de Gourmont, ou la sagesse du sceptique Les jeunes écoles littéraires dont, il y a dix ans à peine, nul critique établi et raisonnable ne parlait qu’avec un accent dédaigneux et léger, ont pris depuis une sérieuse revanche. […] Sachant ce que peut la nature humaine, ils se sont efforcés de plier sur elle les règles de la religion et de ne pas lui rendre la vertu inaccessible : « Ni dupes, ni hypocrites, ils ne consentent pas à prêcher une morale inapplicable ; ils aiment mieux être utiles que d’acquérir par le facile moyen de l’écriture une réputation de stoïcisme et d’intégrité. » M. de Gourmont ajoute avec un égal sérieux, à un autre endroit : « Si c’est Escobar qui défend la liberté de la vie, nous ne rirons plus d’Escobar. » Les jansénistes s’enfermaient dans une inflexible et barbare austérité, décourageant le pécheur par la terrible théorie de la grâce et le jetant dans le dégoût d’agir et même de tenter le bien. […] Il se souvient alors des avertissements de son maître, qu’il avait considérés avec sérieux sans les accepter ; il se souvient en même temps, lui sur qui la méthode de Taine avait eu une profonde influence, d’un mot fameux de ce philosophe, et que M.  […] Mais il faut constater sans retard qu’un trait commun les réunit : c’est un constant, un effroyable sérieux. […] L’implacable raison sociale représentée par Geneviève ne lui permet de se délasser l’esprit qu’après le règlement de toutes les affaires sérieuses.

1468. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Cependant, ces longs chapelets de faits qui s’égrènent, brisent moins l’effort de l’attention que le mélange, ou tout au moins le rapprochement constant du sérieux et du grotesque. […] Ce que donnent ces procédés Le grotesque ne tarda pas à étouffer le naïf, le gracieux, le sérieux, le sublime. […] Car la douleur est bien voisine de la joie : elle n’en est séparée que par cet état d’âme réfléchi et sérieux du philosophe de Rembrandt qui songe, heureux si ses méditations ne le conduisent pas à la mélancolie et même à la vraie tristesse. […] Ainsi naissait la comédie sérieuse, un peu calomniée par ceux qui l’appelèrent la comédie larmoyante. […] « Le Père de famille est entre le genre sérieux du Fils naturel et la comédie.

1469. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Quant à la partie matérielle des idées de Fourier, malgré leur exagération et malgré les imaginations enfantines dont il les enveloppe, remarquez bien que c’est la plus sérieuse. […] Moins éclatant, mais beaucoup plus convaincu que Chateaubriand, pour ne pas dire plus sérieux, il a certainement séduit beaucoup moins d’imaginations, et sollicité beaucoup plus d’âmes. […] Il ne fut pas pris fort au sérieux ; mais il fut aimé. […] Il est suggestif cependant, comme on dit aujourd’hui, et incline le lecteur aux méditations sérieuses. […] Le jeune Quinet est sérieux, réservé, un peu timide et ambitieux de grandeurs morales, « Ses sentiments sont ; sérieux et pénétrants. » Il déteste la petite vie de salon des villes de province, c’est-à-dire jeux niais, riens de conversations et commérages.

1470. (1881) Le naturalisme au théatre

Cela s’emboîte, le public retrouve l’idée toute faite, on s’entend à demi mots, rien de plus commode ; car on est dispensé d’une étude sérieuse des réalités, on échappe à toutes recherches et à toutes façons de voir originales. […] C’était là les gens sérieux. […] Les Anglais, à la scène, ne tolèrent plus la moindre étude humaine un peu sérieuse. […] Si, comme on le raconte, vous cherchiez un prétexte pour quitter la Comédie-Française, que n’en avez-vous donc trouvé un plus sérieux, car celui-là, en vérité, me gâte toute l’histoire. […] Ne dirait-on pas qu’il me faudrait inventer une nouvelle religion pour être pris au sérieux !

1471. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

À trois on est orateur, on est sérieux, on est sentencieux, on est éloquent, on est prudent, (tous les vices). […] Tous les deux et l’un vers l’autre ils sont mutuellement complices de ceci : qu’ils savent l’incomparable dignité de la pensée, qu’envers et contre tout le reste du monde, envers et contre tous les barbares ils savent que rien n’est aussi grave et aussi sérieux que la pensée. […] Tous les deux classiques, (comment peut-on ne pas être classique), ils savent que rien n’est aussi grave et aussi sérieux que le comique, et que rien n’est aussi parallèle et aussi apparenté au tragique. […] Celui qui est chrétien notamment a pris au sérieux tout ce qu’il y avait dans le catéchisme. […] Les désordres, les débauches, les troubles, les faiblesses n’ont jamais été des candidats sérieux à la régulation.

1472. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

. — Vous n’êtes pas sérieux. […] Celui qui rit en répondant ou en questionnant donne un gage, et l’on cherche mutuellement à se faire perdre le sérieux. […] Mais ne sent-on pas, jusque dans cet abandon volontaire, quelque chose de sérieux et d’un peu farouche, le labeur d’un psychologue, le sourcil grave d’un observateur dont la constatation placide implique, même dans les circonstances les plus scabreuses, un blâme hautain ? […] C’est l’histoire d’un mauvais ménage, mais dégagée de tous les incidents grotesques, par lesquels les dramaturges farceurs réussissent à nous égayer avec ce qu’il y a au monde de plus sérieux et de plus tragique. […] Elle lui dit, d’un air sérieux et candide : « Tous nos garçons, toutes nos fillettes, dans le Tennessee, se servent de cet ouvrage.

1473. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Les accusations dont ses partisans, sous le nom de disciples de saint Augustin, furent chargés, étoient plus sérieuses. […] Mais c’est trop insister sur des rodomontades : passons à la querelle sérieuse des ministres Génevois avec M. d’Alembert. […] La scène fut autrement sérieuse que celle d’un de nos poëtes avec un commissaire. […] Au lieu des sujets libres & plaisans qu’il avoit coutume de traiter, il en choisit de sérieux. […] Le stile de l’un est sérieux & magnifique ; celui de l’autre est simple & badin.

1474. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Nous nous sommes souvenu, en plus d’un endroit, des Contes philosophiques et de Candide ; mais Leopardi ne s’en souvenait pas ; il est plus sérieux que Voltaire, alors même qu’il plaisante, et puis il va jusqu’au bout. […] Mais assurément (je ne puis m’empêcher encore d’ajouter ceci) la plus criante incohérence, dans le cas présent, c’est d’avoir fait intervenir de but en blanc le plus noble, le plus sobre, le plus austère des poëtes, pour appuyer une théorie où il est surtout question de Lisette et de Margot, et où, pour tout idéal d’art sérieux, l’enfant d’Épicure et d’Ovide s’écrie : Vive d’un doigt coquet le livre déchiré Qu’arrose dans le bain le robinet doré !

1475. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Scaliger et Cardan, les deux plus grands personnages modernes selon Naudé, les deux seuls qu’on pût opposer aux plus signalés des anciens, avaient poussé le plagiat de l’antiquité jusqu’à parler d’une façon presque sérieuse de leurs démons familiers, et jusqu’à se donner l’air d’y croire. […] La conclusion du Mascurat est spirituelle et va au-devant des objections d’invraisemblance. — Saint-Ange : « Tu me dis de si belles choses, que, si elles étoient imprimées, on ne s’imagineroit jamais qu’elles vinssent du cabaret ni qu’elles eussent été dites par deux libraires ou imprimeurs… » Et Mascurat répond en citant des exemples de l’antiquité : « … Au contraire, je vois dans Plutarque et Athénée que les plus doctes de ce temps-là tenoient des propos aussi sérieux entre la poire et le fromage et ayant le verre à la main, comme nous l’avons maintenant, que tous les Académistes de Cicéron en ses plus délicieuses vignes, in Tusculano, in Cumano, in Arpinati. » Il continue, selon son usage, d’épuiser tous les exemples de dialogues anciens qui se tiennent, tantôt au milieu des rues, comme le Gorgias, tantôt dans une maison du Pirée, comme la République, ou bien encore sous le portique du temple de Jupiter ou aux bords de l’Ilissus.

1476. (1813) Réflexions sur le suicide

Un événement récemment arrivé à Berlin peut donner l’idée de la singulière exaltation dont les Allemands sont susceptibles2), les motifs particuliers qui ont pu égarer deux individus quelconques sont de peu d’importance ; mais l’enthousiasme avec lequel on a parlé d’un fait pour lequel on devait tout au plus réclamer l’indulgence, mérite la plus sérieuse attention. […] Asham, vous le savez, est sérieux et calme, il s’appuie sur la vieillesse pour supporter les maux de l’existence ; en effet la vieillesse d’un penseur n’est pas débile, l’expérience et la foi le fortifient, et quand l’espace qui reste est si court, un dernier effort suffit pour le parcourir ; ce terme est encore plus rapproché pour moi que pour un vieillard, mais les douleurs rassemblées sur mes derniers jours seront amères.

1477. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

—  Pourquoi ces comédies sont sérieuses et militantes. —  Comment elles peignent les passions de la Renaissance. —  Ses comédies bouffonnes. —  La Femme silencieuse. […] Ce jeu d’enfants, ces gestes, ces éclats de voix, cette petite querelle amusante ôtent au public son sérieux, et le préparent aux bizarreries qu’il va voir.

1478. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Les hommes sérieux et les familles honorables qui s’en éloignent pourront revenir à cette tribune et à cette chaire, si l’on y trouve des pensées et des sentiments dignes de graves réflexions. » II Un autre amour était caché sous cet amour de Chatterton pour Kitty Bell… Mme Dorval était l’idéal de M. de Vigny et du public. […] C’est une Religion mâle, sans symbole et sans images, sans dogme et sans cérémonie, dont les lois ne sont écrites nulle part ; — et comment se fait-il que tous les hommes aient le sentiment de sa sérieuse puissance ?

1479. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Et en acceptant même sur son compte les quelques anecdotes assez suspectes que les anciens biographes ou grammairiens nous ont transmises, et qui intéressent ses mœurs, on y trouverait encore ce qui répond bien à l’idée qu’on a de lui et ce qui le distingue à cet égard de son ami Horace, de la retenue jusque dans la vivacité du désir, quelque chose de sérieux, de profond et de discret dans la tendresse. « C’est ce sérieux, ce tour de réflexion noble et tendre, ce principe d’élévation dans la douceur et jusque dans les faiblesses, qui est le fond de la nature de Virgile, et qu’on ne doit jamais perdre de vue à son sujet. » XVI La reconnaissance pour Auguste, à qui il doit la restitution de son petit bien aux bords du Mincio, s’exprime bientôt après en vers magnifiques dans le commencement du livre III de son second ouvrage, les Géorgiques.

1480. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Le vif intérêt que j’y pris finit par augmenter mon attente jusque l’impatience ; dans une heure de bonne humeur, j’ébauchai moi même le plan d’une pièce telle que je devais à peu près en désirer une, et ; en peu de jours, je la poussai si loin, — comme une interruption gaie à des travaux sérieux, — que je pus la remettre à un jeune musicien, qui alors habitait chez moi, pour qu’il essayât d’en faire la musique. […] Combien plus hautes et sérieuses, et utiles, les recommandations morales, dans le moins coûteux de nos Manuels Civiques !

1481. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Je crains qu’il n’ait pris trop au sérieux les affirmations de certains artistes, tels que Domenico Morelli et Gabriele D’Annunzio. […] La plupart semblent croire que, depuis Eschyle jusqu’à Ponsard, la tragédie soit une forme immuable et douée de certaines vertus (ou défauts) intrinsèques ; pour les uns elle est la forme suprême, la seule bonne, du théâtre sérieux ; pour les autres, elle est la prison où les talents s’étiolent.

1482. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Et en présence d’un amour sérieux qu’elle a fait naître, comment se comportera notre Marianne ? […] Rien de mieux vu ; les hommes de ce genre ont très souvent beaucoup de succès, des succès sérieux et durables. […] Il aime à croire, et il prend les idées au sérieux ; il est convaincu, et il est pratique. […] Il n’a pas le positivisme sérieux et réfléchi qui s’arrête au seuil du mystère, mais précisément parce qu’il y est arrivé. […] Le conservatisme sérieux et fécond n’est pas la peur de l’avenir ; c’est le respect du passé.

1483. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il est des lecteurs simples et à l’âme droite qui, touchés à première vue de ces paysages et de ces tableaux innocents et les ayant pris au sérieux, ont regretté que l’impression en fût ainsi détruite vers la fin et comme tournée en raillerie : ils voudraient retrancher les quatre derniers vers.

1484. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Louis XIV et Mme de Maintenon croyaient à l’efficacité des prières, surtout à Saint-Cyr : « Faites-vous des saintes, répétait sans cesse la fondatrice à ses filles durant les guerres calamiteuses, faites-vous des saintes pour nous obtenir la paix. » Et vers la fin, quand un rayon de victoire fut revenu, mêlant quelque enjouement dans le sérieux de son espérance : « Il serait bien honteux à notre supérieure, écrivait-elle, de ne pas faire lever le siège de Landrecies à force de prières : c’est aux grandes âmes à faire les grandes choses. » Dans les dernières années de Louis XIV, Mme de Maintenon n’était heureuse que quand elle venait à Saint-Cyr « pour se cacher et pour se consoler ».

1485. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

M. de Girac, dans sa dissertation, assez élégante, ce me semble, mais composée sans prétention et s’adressant peu au public, disait donc, non sans s’excuser d’avoir à donner son avis en matière de grâces, lui homme de campagne et vivant au milieu des bois, que des trois genres de lettres où s’était exercé Voiture, l’un sérieux et grave, l’autre enjoué et badin, et le troisième amoureux, il n’avait bien réussi ni dans le premier ni dans le dernier, et n’avait atteint à une véritable perfection que dans le second genre, celui de l’ingénieuse familiarité et de l’enjouement ; mais cette perfection qui lui était propre, il n’hésitait pas à la lui reconnaître.

1486. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

. — Il eût désiré parfois plus de résistance et de rencontrer une sérieuse action de guerre, afin de pouvoir rétablir dans ses troupes un peu de discipline ; car lui-même ne parvenait plus à être obéi.

1487. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

. — « Je hais le jeu comme la fièvre, et le commerce des femmes comme je n’ose pas dire ; celles qui pourraient me toucher, ne voudraient seulement pas jeter un regard sur moi. » Vauvenargues avait toujours pris l’amour au sérieux : « Pour moi, je n’ai jamais été amoureux, que je ne crusse l’être pour toute ma vie ; et, si je le redevenais, j’aurais encore la même persuasion. » C’est pour cela qu’il recommençait rarement.

1488. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Mais un jour, un ordre précis arrive de Ruel où était le cardinal, à tous ceux qui font partie de l’Académie, d’avoir à opter dans trois jours ou d’y donner leurs soins et leurs assistances régulières, lorsqu’ils seront à Paris et qu’ils ne seront point malades, ou de faire place à beaucoup de personnes de considération qui demandent à y entrer : Et cet ordre sérieux, et témoigné par Mme la duchesse d’Aiguillon qui y était présente, a eu un tel effet, nous dit Chapelain, que notre homme (Voiture) s’est résolu de contraindre son libertinage et de venir plutôt à l’Assemblée en enrageant que de la négliger comme il l’avait fait, de peur d’attirer sur lui l’indignation de celui qui peut toutes choses.

1489. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Rathery qui, depuis bien des années, s’est appliqué à la littérature sérieuse et historique, et qui a fait preuve, dans maint travail critique, d’un rare esprit d’exactitude et de finesse, rend en ce moment un véritable service en publiant, au nom de la Société de l’histoire de France, les journaux et mémoires du marquis d’Argenson.

1490. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Dans les derniers temps, ses amis, en étant assez de l’avis que j’exprime, ont essayé de lui accorder davantage ; on a dit qu’il avait fait des progrès en sérieux, en solide, en fermeté.

1491. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

… » Dutens, enfin, qui seul ne serait peut-être pas une autorité suffisante en matière de grâce et de goût, mais qui en est une en fait de sérieux, nous dit : « De toutes les femmes de la Cour les plus distinguées par l’esprit et les agréments, Mme la comtesse de Boufflers était certainement la plus remarquable : aucune n’avait plus d’amis et n’avait eu moins d’ennemis, parce qu’elle unissait à tous les dons de la nature et à la culture de l’esprit une simplicité aimable, des grâces charmantes, une bonté et une sensibilité qui la portaient à s’oublier sans cesse, pour ne s’occuper que des biens ou des maux de tous ceux qui l’entouraient.

1492. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Les premiers volumes furent accueillis dans toute l’Europe avec un succès assez vif ; l’apparition de chaque tome nouveau était attendue, désirée des lecteurs libéraux et sérieux de tous les pays.

1493. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Je ne sais, mais cette journée-là fut longue, sérieuse, et nous la passâmes presque tous à dormir sous la tente.

1494. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

M. de Tessé enfin, bon observateur, était, à cette date, du même avis : on ne doit rien entreprendre de sérieux contre eux.

1495. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Stapfer, Franck Carré, Sautelet, Bastide, faisaient partie, et qui, durant le silence public de l’éloquent professeur, se nourrissait de sérieuses discussions familières, en vit naître de très-passionnées au sujet d’Oberman, qui était tombé entre les mains de l’un des jeunes métaphysiciens : M.

1496. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

On a eu au théâtre Mlle Rachel, qui nous a rendu toute une veine dramatique de chefs-d’œuvre, lesquels avaient naguère semblé moins actuels, moins nouveaux ; on a eu hier une tragédie qui a attiré la foule, et qui, par des qualités diverses et sérieuses, a mérité de faire bruit.

1497. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Il aime Cécile, mais pas en homme fait ni avec de sérieux desseins ; aussi la tendre mère songe-t-elle à guérir sa fille, et cette courageuse fille elle-même va au-devant de la guérison.

1498. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

La littérature des pays libres a été, comme je l’ai dit, rarement célèbre en bonnes comédies, la facilité de réussir par des allusions aux circonstances du moment, et le sérieux des grands intérêts politiques, ont également nui tour à tour, chez divers peuples, à l’art de la comédie.

1499. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

L’opposition de ce monde au nôtre sautait aux yeux : de là à choisir un Oriental pour critique de nos travers et de nos préjugés, il n’y avait qu’un pas ; et Du Fresny donna, en 1707, les Amusements sérieux et comiques d’un Siamois.

1500. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

D’Artannes la morigène, la reconquiert, la ramène au sérieux, lui fait épouser (ô candeur !)

1501. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

C’était un professeur excellent, grave, sans gestes, un peu lent, fait pour la toge, et qui attachait autant par son sérieux même que par le don qu’il avait de voir et de peindre ; profondément respectueux de sa tâche, et qui n’ignorait point, — je cite ses expressions, — que « l’esprit de l’enfant est un livre où le maître écrit des paroles dont plusieurs ne s’effaceront pas. » Cependant on commençait à le connaître.

1502. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Comment distinguer, parmi ces hardies envolées au sein du mystère qui nous enveloppe, celles dont la valeur esthétique est la plus sérieuse ?

1503. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle.

1504. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

» Si je suis sérieuse, parce qu’on ne peut être fort gaie au milieu de beaucoup de gens qu’on ne connaît pas : « C’est donc là cette fille qui a tant d’esprit ?

1505. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais, dès cette première lettre, il prend ses précautions et se peint déjà avec ses variations bizarres : « J’espère, madame, malgré le début de votre lettre, que vous n’êtes point auteur, que vous n’eûtes jamais intention de l’être, et que ce n’est point un combat d’esprit auquel vous me provoquez, genre d’escrime pour lequel j’ai autant d’aversion que d’incapacité. » Il entre alors très au sérieux dans ce jeu prolongé des Claire, des Julie et des Saint-Preux ; il ne fait pas semblant, comme ce serait de bon goût à un écrivain bien appris, de traiter légèrement les personnages de son invention ; il continue de leur porter respect, et d’en parler dans le tête-à-tête comme s’ils étaient de vrais modèles : À l’éditeur d’une Julie, vous en annoncez une autre, une réellement existante, dont vous êtes la Claire.

1506. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quicherat, est celle d’un enfant sérieux et religieux, doué au plus haut degré de cette intelligence à part qui ne se rencontre que chez les hommes supérieurs des sociétés primitives.

1507. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Elle vient, le matin même, d’épouser M. de Gerfaut, un honnête homme, un homme sérieux, raisonnable, qui a plus lu que vécu, âgé de quarante ans, qui l’aime, mais sans empressement, sans fureur.

1508. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Avant le terme convenu, elle s’exécuta sur le tout, se piquant d’être, en cela, plus exacte même que Marc-Aurèle, empereur et philosophe, mais qui ne payait point d’avance ses créanciers : Cela hausse un peu le courage, répondait-elle à Saint-Évremond ; et, quand vous y aurez bien pensé, vous verrez qu’il ne faut pas railler avec un banquier sans reproche… Je vous ai mandé que mes agréments étaient changés en qualités solides et sérieuses, et vous savez qu’il n’est pas permis de badiner avec un personnage.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Il est élevé, moins par le mouvement et le jet, que par la continuité même dans un ordre toujours sérieux et soutenu.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

On nous le peint encore dans les années paisibles de son épiscopat, aimant la musique, faisant volontiers sa partie dans son intérieur avec ses chanoines et ses chantres avant ses repas : « Il se plaisait même à jouer des instruments, et souvent, avant le dîner, il touchait d’un clavecin, pour se mettre à table l’esprit plus dégagé après ses études sérieuses. » Ce goût du bon évêque alla jusqu’à entraîner des abus, et il s’introduisit dans sa cathédrale des nouveautés de chant qui scandalisèrent les classiques, les amateurs zélés de l’ancien plain-chant grégorien.

1511. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Un esprit sérieux et solide comme le sien, aidé d’un cœur chaud et ardent, ne pouvait rester indifférent au mouvement de 89 : il en embrassa les espérances, n’en répudia que les excès, et en conserva toujours les principes essentiels qu’il se plaisait depuis à confondre, dans son érudition un peu particulière, avec l’héritage des vieilles libertés municipales léguées par les Romains.

1512. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

On sent trop jusque dans son talent cette parodie sérieuse et guindée de Pindare ou d’Anacréon.

1513. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Les épreuves plus sérieuses arrivèrent.

1514. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Loin de considérer ce mémorable traité, et les maximes d’État qu’il renferme, comme des émanations de l’âme austère et sérieuse et du génie le plus recueilli du cardinal, ceux mêmes qui le lui attribuaient y voyaient plutôt de la défaillance, et le grand Frédéric, si digne de l’apprécier, écrivait, par complaisance pour Voltaire : L’esprit le plus profond s’éclipse : Richelieu fit son Testament, Et Newton son Apocalypse.

1515. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

En homme prévoyant, il résolut, tout en cultivant l’amitié, de s’amasser des occupations pour les années toutes sérieuses et sévères ; il voulait se rendre le témoignage de n’être plus un être oisif et inutile au milieu de la société.

1516. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Voltaire, qui n’a fait qu’assister à la naissance de ce style et qui s’en est raillé, ne l’a pas vu dans son développement et dans tout son beau ; il était venu à temps, dans sa jeunesse, pour corriger le goût public du précieux de Fontenelle : il a fait défaut, un siècle après, pour percer à jour cette forme de bel esprit plus sérieuse, et pour faire opposition, par son exemple, à des Fontenelle bien autrement prépondérants.

1517. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Ce sont des ironies qui gardent leur sérieux, quelquefois tragique.

1518. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

C’est le vieux bourgeois de Paris, non le bourgeois badaud comme l’Étoile, notant jour par jour ce qui se passe dans la rue ; non le bourgeois railleur et frondeur comme Gui Patin, qui se dédommage dans les lettres familières du décorum des fonctions officielles ; non le bourgeois pédant et esprit fort comme Naudé, qui fait le politique parce qu’il a été le secrétaire d’un cardinal italien ; non le bourgeois naïf et licencieux, comme la Fontaine, qui flâne en rêvant ; — c’est le bourgeois parlementaire, né près du palais de justice, ayant jeté aux orties le froc de la basoche, mais ayant conservé le goût des mœurs solides et des sérieuses pensées, le bourgeois demi-janséniste, quoique dévoué au roi, aimant Paris, peu sensible à la campagne, détestant les mauvais poètes et les fausses élégances des ruelles et des salons, peu mondain, indifférent aux femmes, et par cela même un peu gauche, un peu lourd, mais franc du collier.

1519. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Un ouvrage si bien digéré, & dont toutes les parties tiennent par un fil presque imperceptible, suppose la méditation la plus profonde, la parfaite connoissance des vraies beautés de l’Eloquence, & l’attention la plus sérieuse aux principes & aux conséquences qui en résultent.

1520. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Sainte-Beuve, Houssaye, Malitourne, Curnier, un critique plus sérieux, et qui allait plus à fond, fit voir on Rivarol plus que le causeur.

1521. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il ne s’est pas rappelé les paroles si étrangement sérieuses de Vico : « Les esprits vigoureux ne rient point, parce qu’ils considèrent fortement une chose et ne s’en laissent point détourner.

1522. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Chaque jour, il note : « Je crois faire de sérieux progrès intérieurs.

1523. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Le génie de cette race est passionné et réfléchi ; les hommes concentrés y abondent ; mélancoliques, ardents, sérieux, religieux, solitaires, ils pensent naturellement à Dieu, au devoir, au bonheur, à la vie future, et leurs orages sont intérieurs.

1524. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Lavedan est à la fois sérieux et bien amusant. […] Donc, le petit souverain qui s’ennuie à sa Cour, parce qu’il a horreur de l’autorité et qu’il possède, sans s’en douter, un sérieux fond de révolutionnaire, prend un jour le parti de voyager incognito pour se distraire. […] » L’aménité de ses manières n’en diminuait pas la gravité, pas plus que l’enjouement naturel de son esprit n’en voilait le sérieux. […] La dame. — C’est très sérieux. […] Xanrof ; il faut être Parisien achevé pour comprendre tout ce qu’il y a de gai sous son aspect sérieux, de délicat sous son réalisme voulu et d’observation dans ses croquis instantanés.

1525. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Nourrisson sur Pascal, physicien et philosophe, est du moins plus sérieux, mais à peine plus neuf. […] Et quand il ajoutait, à quelques lignes de distance : « Une philosophie sérieuse est naturellement pessimiste ; le pessimisme est l’une des doctrines, ou l’une des bases de la doctrine de Pascal », les théoriciens du pessimisme contemporain, s’ils étaient déjà nés, étaient du moins bien obscurs. […] En tout cas, voilà l’école où s’est formé le Marivaux sérieux, le Marivaux du Spectateur français et du Cabinet du philosophe, le Marivaux « moraliste » et le Marivaux « socialiste » ; — puisque l’on a laissé échapper ce gros mot. […] Aussi différents que possible, l’un, M. de Climal, homme du monde, « assez bien fait, d’un visage doux et sérieux, où l’on voyait un air de mortification qui empêchait qu’on ne remarquât tout son embonpoint » ; l’autre, M. de Sercour, gentilhomme de campagne, « infirme, presque toujours malade, asthmatique, à la mine maigre, pâle, sérieuse et austère », ce que Marivaux a démêlé supérieurement en eux, et admirablement rendu, c’est cette habitude de se composer qui finit insensiblement par faire de l’hypocrite lui-même sa première dupe et sa plus sûre victime. […] Quand je voulais avoir un air fripon, j’avais un maintien et une parure qui faisaient mon affaire ; le lendemain, on me trouvait avec des grâces tendres ; ensuite j’étais une beauté modeste, sérieuse, nonchalante.

1526. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Dans cette tendance à penser par mythes et par images, à prendre les fables au sérieux, à faire entrer l’imaginaire dans le réel au point de ne plus bien les distinguer l’un de l’autre, il ne faut pas voir un retour à nos lointaines origines. […] Il n’y a là rien de comparable au jeu, si ce n’est l’illusion consciente et à demi-volontaire, le faire-semblant, le parti pris de se laisser prendre à des événements fictifs comme s’ils étaient réels, le sérieux affecté qui se retrouve dans toute activité de jeu ; et cette analogie même ne prouve nullement que la rêverie est une sorte de jeu, mais seulement que dans nos jeux, c’est-à-dire dans le développement libre et joyeux que nous donnons à notre activité pour le seul plaisir d’agir, nous faisons toujours entrer une part d’illusion volontaire et de rêverie. […] Ce serait en effet méconnaître étrangement l’état d’esprit des poètes primitifs, que de supposer qu’ils prenaient tout à fait au sérieux et dans un sens réaliste les conceptions de l’antique mythologie. […] En fait les plus grands musiciens, dans des œuvres très sérieuses, l’ont pratiquée. […] Pour le vrai poète, la poésie n’est pas un jeu, mais une chose sérieuse ; il ne craint pas de lui confier ses sentiments les plus chers.

1527. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Examiner cette grosse querelle entre Wallons et Flamands dépasse notre sujet : les éléments religieux et politiques y jouent un rôle trop sérieux, trop essentiel, pour qu’elle trouve asile dans une étude littéraire. […] Sans doute aurait-il, même sans Les Flaireurs, composé ses drames… D’ailleurs entre cette pièce et L’Intruse 140 si l’idée inspiratrice, celle de la mort, reste identique, de sérieuses différences d’exécution s’observent. […] Ni Le Vertige, ni Les Petits Papiers ne permettaient toutefois d’espérer une œuvre bien sérieuse d’un auteur trop inquiet d’effets ingénieux et du faux clinquant de la forme. […] Henri Liebrecht, avec lequel nous eûmes l’occasion déjà de nous rencontrer, publia une importante Histoire de la Littérature belge d’expression française, des origines à nos jours, travail sérieux, documenté, complet, d’une information sûre, clairement édifié, harmonieusement compris. […] Un maître de l’Université de Bruxelles, Léon Vanderkindere, tenta dans Le Siècle des Artevelde (1879) de rattacher l’histoire de la Belgique à l’histoire générale et s’astreignit à l’analyser suivant une méthode sérieuse.

1528. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Aujourd’hui que le danger est passé, il est commode de le croire moins sérieux qu’il n’a été. […] Ils adoraient les ouvrages des anciens, ne refusaient point à ceux des modernes les louanges qui leur sont dues, parlaient des leurs avec modestie, et se donnaient des avis sincères, lorsque quelqu’un d’eux tombait dans la maladie du siècle, et faisait un livre, ce qui arrivait rarement. » Ces quatre amis ne sont autres que Molière, qui y est désigné sous le nom de Gélaste (γελαστός, plaisant) ; Boileau (Ariste) qui était sérieux sans être incommode ; Racine (Acante), et La Fontaine (Polyphile), dont « on pouvait dire qu’il aimait toutes choses131. » Racine et La Fontaine s’étaient liés les premiers. […] Il faut qu’on sente, à un certain air de sérieux et de grandeur, que l’homme qui les a conçues a en besoin de quelque langage plus grand que l’humain.

1529. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Il faut une véritable puissance pour dégager la poésie sensible contenue dans ces longs vêtements uniformes, dans ces coiffures rigides et dans ces attitudes modestes et sérieuses comme la vie des personnes de religion. […] Religion, histoire, fantaisie (suite) L’esprit français épigrammatique, combiné avec un élément de pédanterie, destiné à relever d’un peu de sérieux sa légèreté naturelle, devait engendrer une école que Théophile Gautier, dans sa bénignité, appelle poliment l’école néo-grecque, et que je nommerai, si vous le voulez bien, l’école des pointus. […] Ainsi d’un côté le bric-à-brac (élément sérieux), de l’autre la transposition des vulgarités de la vie dans le régime antique (élément de surprise et de succès), suppléeront désormais à toutes les conditions requises pour la bonne peinture.

1530. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Dans ce plaidoyer qui était plus comique que sérieux, plus macaronique que français, et « qui appartenait mieux à un Hôtel de Bourgogne qu’à un barreau », Gui Patin, tout en réitérant ses sarcasmes et ses moqueries, en tournant et retournant son adversaire, et en faisant rire la galerie, déclara pourtant, à ce qu’assure Renaudot, qu’il avait entendu parler d’un autre que de lui19.

1531. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

N’oublions pas que le prince de Ligne lui-même se croyait frustré dans ses légitimes espérances ; il aurait voulu commander un jour en chef, succéder aux Lacy et aux Laudon, s’illustrer dans une carrière sérieuse ; comme M. de Meilhan, il revenait en idée sur le passé et le considérait avec un sentiment caché de désappointement et d’amertume.

1532. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’abbé de Pons est un des premiers écrivains qui s’annoncent comme pouvant être plus sérieux et de plus longue haleine que l’écrivain de gazette et de journal, n’allant pas tout à fait jusqu’au livre, mais très propre à cette littérature d’entre-deux et de recueil périodique.

1533. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Toutes ces bonnes et justes méthodes d’éducation que je vois appliquées et adressées au sexe et dont des femmes agréablement sérieuses, les Pauline de Meulan, les Tastu ont dès longtemps donné les préceptes et la pratique, se rapportent à la méthode vivante et personnelle de Mme Roland.

1534. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Deschanel inaugura à Bruxelles et poursuivit dans les principales villes de la Belgique de libres conférences où les femmes étaient admises, et dans lesquelles il traitait des sujets de littérature sérieuse ou aimable.

1535. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Tepin a vu sa découverte partout accueillie, tant il y a complaisance, mollesse, absence de critique chez des esprits même qui passent pour sérieux.

1536. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

« Le maréchal Soult demandait au roi d’Espagne de manœuvrer avec ses forces réunies devant lord Wellington, de manière à le tenir en échec, mais sans hasarder une action sérieuse, jusqu’à ce que l’armée du maréchal fût en mesure d’attaquer l’armée anglaise par son flanc gauche et ses derrières, sur la rive droite du Tage, et de lui couper toute retraite.

1537. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Malouet, c’est un homme qu’il faut avoir connu. » Je me contenterai de dire la même chose, et je répéterai à la jeunesse sérieuse : « Allez voir M. 

1538. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Mais comment reprocher à des hommes de vingt-cinq ans qui, en présence d’une littérature contemporaine futile, fade, puérile, triviale ou sophistiquée, viennent de se plonger dans ces belles lectures de l’Antiquité dont l’art de l’imprimerie ressuscitait les textes désormais tout grands ouverts et accessibles, comment leur reprocher d’en être tout remplis, d’en vouloir communiquer l’émotion généreuse, d’en vouloir verser la sève et comme transfuser le sang dans une langue moderne qui, certes, à cette date (je ne parle ni de Rabelais ni de sa prose), laissait si fort à désirer pour les vers et pour toute élocution sérieuse, élevée ?

1539. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Ajoutez que, dans des considérations générales prises de si haut, l’auteur est nécessairement forcé de courir, et que c’est là, pour le lecteur, une préparation plutôt pénible aux discussions intéressantes, mais sérieuses, qui vont le réclamer tout entier.

1540. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

» J’ose avouer que, pour un grand nombre, le résultat de mon plus sérieux examen, c’est que ces hommes-là, en d’autres temps, n’auraient pas écrit du tout.

1541. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Ce livre partage les esprits : la cabale l’admire, le reste du monde le trouve peu sérieux et peu digne d’un prêtre. » Il fut convenu à la cour qu’on ne prononcerait pas le titre devant le roi : il le crut oublié, parce qu’il l’oubliait lui-même.

1542. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Rien ne livrera plus sans doute la poésie narrative aux inventions déréglées, aux romanesques absurdités, que l’existence d’œuvres historiques de plus en plus répandues et nombreuses : elle en perdit ce qui pouvait lui rester encore de sérieux et de gravité, et fut rejetée tout à fait vers la fantaisie folle, comme si elle était déchargée de tout autre soin que d’amuser.

1543. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Les études sérieuses sont éparses surtout dans Monsieur de Camors (1867), Histoire d’une Parisienne (1881), la Morte (1886), les Amours de Philippe (1887), et quelques traits dans Honneur d’artiste (1890). — Edition : Romans, Calmann Lévy, 14 vol. in-18 ; Théâtre, 5 vol. in— 18.

1544. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Molière a refroidi ces élans : son œuvre révèle sans doute un art plus sérieux.

1545. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Boccace semble plus sérieux, et plus persuadé de la vérité de ce qu’il raconte.

1546. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Dans la préface de la première édition (1688)99, il apprécie ainsi les deux ouvrages de ses devanciers : « L’un (les Pensées), par l’engagement de son auteur, fait servir la métaphysique à la religion, fait connaître l’âme, ses passions, ses vices, traite les grands et les sérieux motifs pour conduire à la vertu et veut rendre l’homme chrétien.

1547. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Quand il disait plaisamment « qu’on marche bien plus à son aise dans une carrière où l’on a pour rivaux Chapelain, Lamotte ou Saint-Didier, que dans celle où il faut tâcher d’égaler Racine et Corneille », la médiocrité du goût public lui donnait de sérieux motifs de sécurité.

1548. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Confinés dans leur bureau, relégués dans leur domaine spécial à l’écart de la vie réelle, privés des joies saines d’une activité extérieure, et portant des fruits visibles, ils s’étiolent, perdent toute sûreté d’instincts, et souvent dégénèrent : c’est dans leurs rangs que se recrute l’armée sans cesse plus nombreuse des décadents — mécontents ou résignés, pessimistes ou dilettantes — qui constituent un danger des plus sérieux pour l’avenir de notre vieille Europe87. » Ainsi la désintégration des individualités, la dissociation en elles de l’intelligence et de l’instinct, de la pensée et de l’action, de la théorie et de la pratique ne font que s’accentuer sous l’influence de notre mécanisme social.

1549. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Ce n’est pas que des influences sérieuses ne l’aient dominé, et que la trace n’en apparaisse avec évidence.

1550. (1890) L’avenir de la science « II »

(Lucrèce a là-dessus de sérieux arguments, liv. 

1551. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Sa conduite exemplaire, sa bonne tenue, sa modestie, son caractère enjoué et sérieux à la fois la firent chérir. » Elle arriva à une position qu’elle envisagea comme de l’aisance.

1552. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

. — Notez que, depuis plusieurs années déjà, tous les sérieux artistes réclamaient l’exécution de cette œuvre originale, sans qu’aucun de nos pontifes eût l’air de les entendre.

1553. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Il va jouer dans le drame un rôle plus sérieux que ne comporte sa mine.

1554. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Je sais bien, en effet, que l’idée de Claude est de rendre la guerre impossible par l’exagération de ses moyens meurtriers : mais cette prétention n’est pas sérieuse ; on dut en dire autant quand on fondit, au quatorzième siècle, la première bombarde.

1555. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet, de dix-sept ans plus jeune que Ménage, était aussi plus sérieux, plus étendu d’esprit et d’horizon, et plus vraiment galant homme, c’est-à-dire sans rien de pédant.

1556. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Il a en aversion les bureaux d’esprit, tels que l’était en son temps le salon de la marquise de Lambert, et, sans parler de sa surdité qui le gêne, il a ses raisons pour cela : On n’y regarde la meilleure comédie ou le roman le plus ingénieux et le plus égayé, remarque-t-il (non sans un petit retour sur lui-même), que comme une faible production qui ne mérite aucune louange ; au lieu que le moindre ouvrage sérieux, une ode, une églogue, un sonnet, y passe pour le plus grand effort de l’esprit humain.

1557. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Arrivé à la célébrité dès l’âge de trente ans, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, bientôt membre de l’Académie française, honoré par toute l’Europe, aucun savant, aucun homme de lettres n’eut certes moins que lui à se plaindre de l’ancienne société, et il en était, avant 89, l’un des plus sérieux ornements.

1558. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

S’il embrassait la passion dans sa fureur et dans son plaisir, il en-acceptait aussi toutes les sérieuses conséquences.

1559. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Une des pièces sérieuses qui me semblent le plus propres à démontrer ses qualités et ses défauts est celle qui a pour titre : Un quart d’heure de dévotion.

1560. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Pour toutes ces parties que je ne puis qu’indiquer en passant à cause de la gravité des sujets, l’abbé Maury mérite la plus sérieuse estime, une estime qui lui sera accordée, je ne crains pas de l’affirmer, par quiconque, voulant étudier nos grands orateurs de la chaire, aura l’occasion de vérifier ses jugements si sains, si substantiels et si solides.

1561. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Sans doute il importe que l’écrivain politique sérieux, et celui surtout qui médite une carrière d’action plus haute, se conserve dans son intégrité de bon renom et se fasse respecter.

1562. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Pour rendre à ces nouveaux venus le respect des lettres et des nobles études, on ne saurait les présenter trop sérieuses, trop essentielles à la nature humaine et à son développement, trop liées avec tout ce qui est utile dans l’histoire, dans la politique, trop conformes à la vraie connaissance morale et à l’expérience.

1563. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Il écrit pourtant, à d’Alembert : « Ne vous rétractez jamais, et ne paraissez pas céder à ces misérables en renonçant à l’Encyclopédie. » D’Alembert, en effet, est dégoûté, et l’entreprise commence à rencontrer à Paris une opposition sérieuse.

1564. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

« Nous sentons s’enrichir notre cœur quand y pénètrent les souffrances ou les joies naïves, sérieuses pourtant, d’une humanité jusqu’alors inconnue, mais que nous reconnaissons avoir autant de droit que nous-mêmes, après tout, à tenir sa place dans cette, sorte de conscience impersonnelle des peuples qui est la littérature. » Enfin la sociabilité humaine doit s’étendre à la nature entière ; de là cette part croissante que prend dans l’art moderne la description de la nature.

1565. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

C’est du reste un champ possible pour l’érudition comparée et la critique sérieuse.

1566. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Claude Bernard ; le métaphysicien y rencontrera également matière à de sérieuses réflexions.

1567. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Si c’étoit un éloge sérieux, il étoit flâteur.

1568. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

L’homme de lettres, — j’excepte Dumas fils et Philibert Audebrand, — gagne, en général, assez pour mal vivre quatre mois sur six à Paris ; comment voulez-vous, à moins de chercher une ressource sérieuse dans l’extermination des œils-de-perdrix, qu’il prélève, sur les deux mois qui lui restent à ne pas vivre du tout à Paris, de quoi vivre seulement un peu à Luchon, — Luchon, où les hôtelleries n’ont qu’un but : réduire le voyageur à la mendicité ?

1569. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Ce n’est, ni dans un sermon, ni en vers, qu’il faut entreprendre de prouver aux incrédules la vérité du christianisme ; le recueillement du cabinet et l’austérité de la prose n’ont rien de trop pour une matière si sérieuse.

1570. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Sans le triple rideau de l’écriture, de l’imprimerie, de l’anonyme, Voltaire, sans doute, eût été chaste et sérieux comme les poètes antiques, comme les premiers philosophes, comme Homère, et comme Pythagore.

1571. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Il a pris au sérieux des paroles légères.

1572. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, qui est bien au-dessus de toutes les hermines, même de celles que la Bretagne porte dans ses armes, et qui ne souffre pas sans des angoisses mortelles la tache de la moindre plaisanterie sur la pureté de son sérieux, M. 

1573. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique, Toujours je la connus, pensive et sérieuse, où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans : Les flambeaux pâlissaient, le bal allait finir, Et les mères disaient qu’il fallait s’en venir… où le néant de la vie se met à sonner tout à coup, dans ces deux poitrines rapprochées qui étouffent de la valse et du bonheur de se toucher, ce glas funèbre :                                      … Ah !

1574. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Cette « sociologie sérieuse » a pour elle de flatter plusieurs de nos goûts, tant intellectuels que sentimentaux.

1575. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ceci nous conduisoit tout naturellement à des réflexions sérieuses, lorsqu’une femme de ma connoissance venant à passer, & me donnant un coup d’éventail, me dit : y pensez-vous ? […] Nous l’agaçâmes d’une maniere honnête, & ce ne fut pas sans étonnement qu’elle nous apprit, que son prétendu sérieux lui coûtoit infiniment, mais que n’ayant point assez de fortune pour suivre la mode & le torrent des frivolités, elle avoit pris ce rôle dont il falloit s’acquitter ; elle ajouta qu’il n’y avoit presque pas de femme qui traversant le Jardin des Tuileries, ne sentît un desir de devenir coquette, qu’un je ne sais quoi regnoit dans ce lieu, de maniere à tourner les esprits, & à déranger les têtes, que des dévotes mêmes lui avoient avoué qu’elles tenoient leur cœur à deux mains, quand elles filoient le long de ces arcades, où l’on rencontre autant de pieges que de colifichets. […] On me fit appercevoir que je revenois toujours au sérieux, & qu’il falloit garder de pareilles conversations pour le Luxembourg qui devient plus triste que jamais, ou pour le Jardin du Roi, qui malgré l’air d’élégance qu’on veut lui donner, se ressent de la pédanterie des savans. […] Celui d’arracher un enfant de famille à un arrêt rigoureux qui le flétriroit & qui déshonoreroit sa famille ; celui de punir un étourdi qui a besoin d’une pareille correction pour rentrer en lui-même, & pour faire de sérieuses réflexions. […] Il prit ma réflexion au sérieux, & il partit de-là pour me faire sentir au doigt & à l’œil, que l’agriculture depuis trente ans, a fait les plus grands progrès, & que par la maniere dont elle procede aujourd’hui, il y a des récoltes bien plus abondantes, & beaucoup moins de risques à courir.

1576. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Je suis pour qu’on parle sérieusement des choses qui resteront toujours sérieuses ; mais la mesure dans laquelle M.  […] Soyons sérieux ; M.  […] L’amour qu’on a pour un vieillard, je dis même quand on l’a, très fort, très sérieux, puissant et durable, a le regard constamment tourné vers le passé. […] Aucun naturaliste sérieux ne me démentira. […] Le jour où la discussion a été le plus sérieuse et approfondie, me paraît être le 18 septembre 1793.

1577. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il y a longtemps déjà, un écrivain anglais fort sérieux appelait l’attention des ménagères de la Grande-Bretagne sur la cherté toujours croissante du chiffon, et leur démontrait la nécessité de n’en point laisser perdre. […] La critique, qui, d’après une théorie surannée, est censée diriger le goût public, est le plus souvent réduite à constater ses aberrations, et à ceux qui l’accusent d’occuper ses lecteurs d’œuvres indignes d’une attention sérieuse, elle pourrait souvent répondre comme ce démagogue auquel on reprochait je ne sais quelle folle équipée, et qui s’écriait, en désignant la foule turbulente et indisciplinée de ses partisans : « Que voulez-vous ? […] On a ajouté que, même en admettant un pareil procès, l’accusé mort ne pouvant comparaître devant le jury, sa défense serait incomplète, et que le nouveau débat ne pourrait produire ni une condamnation sérieuse, ni une véritable réhabilitation. […] Mais voilà que des esprits scrupuleux dans le public ont soulevé une objection grave, — car on aurait tort de supposer qu’il n’y a que les académiciens qui prennent l’Académie au sérieux. […] » Dans des réunions plus sérieuses où l’on juge d’un point de vue plus temporel, on disait autre chose, tout en employant les mêmes mots.

1578. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Homais, qui est la raison même en ces matières, ne manque pas de dire, à propos d’un jeune homme de province qui va faire son droit à Paris : « Il ne fera pas de sottises ; c’est un jeune homme sérieux. […] L’homme s’avise que l’exemple est d’une grande force et même est la seule force morale un peu sérieuse. […] Et, tout au fond, vous le savez bien. « Je ne veux pas de la liberté des autres ; je veux être libéral moi-même. » Naïveté ou hypocrisie, c’est un joli mot de comédie, que personne ne prendra un instant au sérieux. […] Le député ne peut même mettre en coupe réglée que cela d’une façon sérieuse et lucrative. […] Waldeck-Rousseau, peut-être pour que le président du conseil ne fût pas, le cas échéant, un concurrent sérieux à la présidence de la République ; M. 

1579. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Pour séduire Molière, il se mit à lui réciter avec beaucoup d’art plusieurs morceaux sérieux et comiques. […] Je divertis le prince par les spectacles que je lui donne ; je le rebuterai par un travail sérieux et mal conduit. […] L’aveuglement de l’amour lui laissa croire que, mari de quarante ans, sérieux, passionné et jaloux, il saurait captiver et fixer une femme de dix-sept ans, vive, légère et coquette. […] Naturellement sérieux et rêveur, ces peines domestiques le jetèrent dans la mélancolie. […] Ils discutèrent alors divers points de morale très sombres, et se livrèrent aux réflexions les plus plaisamment sérieuses.

1580. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

« La cabale admire cet ouvrage, écrit-il à son neveu ; le reste du monde le trouve peu sérieux et peu digne d’un prêtre. » Oui, si ce prêtre eût failli dans la foi ou dans la conduite ; mais un tel livre rehaussait la vertu du chrétien resté pur dans ce penchant presque païen pour le paganisme ; et ce qui n’eût été qu’une inconvenance dans un caractère et avec des talents médiocres, était d’un grand exemple dans un prêtre vertueux et dans un homme de génie. […] C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.

1581. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Enfin, aucune critique sérieuse n’accusera M.  […] Une enquête sérieuse, polie, des principes clairs, des définitions exactes m’eussent étonné davantage.

1582. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Du reste elle ne poussait pas ses amants à la prodigalité de choses bêtes, comme des bijoux, des diamants, elle était pour les choses sérieuses. […] C’est curieux cette tête, à l’ovale ramassé, aux yeux retroussés, aux grosses lèvres, et qui a quelque chose de féminin qu’il doit à sa coiffure ; et à deux mèches de cheveux, lui faisant des espèces d’accroche-cœurs aux tempes : tête tantôt égayée de vrais rires d’enfant, tantôt s’enfermant dans un sérieux, mauvais, perfide.

1583. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Souvent, pour démêler la part de sérieux que renfermaient ses discours, il fallait à la fois une grande expérience et une grande perspicacité : pour renseigner exactement la postérité sur le problème qui nous occupe, il eût fallu qu’un de ses disciples s’y intéressât en naturaliste, et, malheureusement pour nous, Socrate n’a pas eu pour disciple un Aristote. […] Dans les passages où Xénophon nous parle de l’oracle intérieur que s’attribuait son maître, il semble n’avoir rien ajouté à ce qu’il croyait la vérité ; mais le sérieux constant de cet esprit positif et borné permet de supposer qu’il n’a pas su distinguer dans les allusions de Socrate ce qu’il y avait de sincère et ce qu’il y avait de feint, la part du témoignage et celle de l’allégorie ; et cette distinction que Xénophon, d’ailleurs crédule et superstitieux, n’a pas su faire, Platon, idéaliste et poète, l’a volontairement dédaignée ; Platon, lui, a si bien compris l’ironie socratique qu’il l’a élevée à la hauteur d’un procédé littéraire ; il a renchéri sur Socrate ; il a greffé son ironie sur celle du maître, les mythes que lui dictait son imagination sur les mythes de l’enseignement socratique ; ce que Socrate avait, divinisé, Platon s’est gardé de le ramener à des proportions humaines ; il se serait privé par là de ressources précieuses pour la partie artistique et inspirée de ses dialogues ; tout prouve d’ailleurs qu’il professait pour la vérité historique un dédain presque absolu ; il était d’avance de l’avis d’Aristote, que « la poésie est plus philosophique que l’histoire183 » ; le fait sensible et particulier n’est pour lui qu’un fragment insignifiant du non-être ; la légende de Socrate était plus vraie, sans doute, à ses yeux, que la vie de Socrate.

1584. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Puis, se rapprochant, dominant de sa taille fière cet abaissement craintif : — Écoute, Christian… Et cette familiarité extraordinaire dans sa bouche donnait à ses paroles quelque chose de sérieux, de solennel… Écoute… tu m’as fait bien souffrir depuis que je suis la femme… Je n’ai rien dit qu’une fois, la première, tu te rappelles… Après, quand j’ai vu que tu ne m’aimais plus, j’ai laissé faire. […] Le livre est le débat de ces deux natures : mari léger, femme sérieuse ; Numa trafiquant des mots, sans s’inquiéter de leur valeur, de leur accord avec sa pensée, pourvu qu’ils brillent et qu’ils sonnent ; Rosalie très droite au contraire, ayant en tête quelque chose de la rigidité de son père, M.  […] Malgré les réserves, assurément très pénibles, que sa conscience m’imposait, — j’étais aussi amoureux et aussi heureux qu’on peut l’être en ce monde : j’avais la joie profonde de rendre à cette chère créature tout son bonheur arriéré et de n’y avoir mêlé aucun remords sérieux, car le peu qu’elle me donnait, elle l’eût donné à un frère, et cependant ce peu était pour moi une suprême volupté. […] Bettina a perdu un de ses petits sabots… Ce n’étaient pas des sabots sérieux, c’étaient de mignons petits sabots pour le beau temps.

1585. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Elle désire un compte rendu sérieux dans le Journal d’économie publique, mais pour le Journal de Paris elle désire plus et demande tout naïvement à être louée ; elle en a besoin pour ce qui est de sa situation en France : Dans le Journal de Paris il m’importerait extrêmement qu’on saisît cette occasion pour dire une sorte de bien de moi.

1586. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il n’était déjà plus jeune, il avait quarante-deux ans (1694) lorsqu’il s’éprit plus au sérieux d’une jeune personne jolie, spirituelle et très capricieuse, fille naturelle de M. le Prince et légitimée par lui.

1587. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Le propre de la société moderne est de comprendre et de maintenir le plus possible le sérieux et l’égalité dans toutes les choses honorables et bonnes.

1588. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

En 1847, aux approches de la révolution, Tocqueville avait conçu des craintes sérieuses en voyant la hardiesse et l’espèce de concert des différents systèmes socialistes ; nous l’apprenons par un fragment intitulé : De la classe moyenne et du peuple, qui devait servir de manifeste au petit groupe d’opposants dont il était le chef.

1589. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Thiers, eut de grandes et sérieuses velléités dans la question d’Orient.

1590. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Comme poëte, comme artiste, comme écrivain, on a souvent rabaissé sa qualité de sentiment, sa manière de faire ; il a eu peine à se pousser, à se classer plus haut que la vogue, et malgré son talent redoublé, malgré ses merveilleuses délicatesses d’observation, à monter dans l’estime de plusieurs jusqu’à un certain rang sérieux.

1591. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Des révolutions sérieuses rompirent cette filiation, qui n’était vraie que par un point à l’origine.

1592. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

L’original fût-il une forme unique en son genre que jamais la nature ne réalisera une seconde fois, l’imitation, à force de sérieuse conviction et de fidélité, en fait un type.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

La littérature de langue française ne pouvait rester indéfiniment sevrée de réflexion sérieuse et de pensée philosophique, indéfiniment livrée aux hasards de la sensation et aux caprices de la fantaisie.

1594. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il convient de faire une place au roi354, qui dans ses Mémoires et dans ses Lettres, se montre à son avantage, avec son sens droit et ferme, son application soutenue aux affaires, sa science délicate du commandement : une intelligence solide et moyenne, sans hauteur philosophique, sans puissance poétique, beaucoup de sérieux, de dignité, de simplicité, une exquise mesure de ton et une exacte justesse de langage, voilà les qualités par lesquelles Louis XIV a pesé sur la littérature, et salutairement pesé.

1595. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Celle-ci se fait alors toujours aimer, quoique malheureuse, et celui-là se fait toujours haïr, bien que triomphant. » Le public, au moins dans le drame et dans la comédie sérieuse, entend que le bien ou le mal domine clairement dans la composition d’un caractère (et, à vrai dire, il goûte peu les caractères trop complexes).

1596. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

C’est comme les charges, qui sont au Louvre, du rapin Michel-Ange… » Je répondrai alors qu’il est singulièrement malaisé de distinguer Hugo parodiste de Hugo sérieux, celui qui s’amuse de celui qui ne s’amuse pas ; et que, souvent, quand il ne s’amuse pas, il nous amuse trop ; et quand il s’amuse, il ne nous amuse pas assez… Le culte de mon ami pour Hugo le rend tout à fait injuste à l’endroit des honnêtes gens à qui le grand poète à légué sa malle.

1597. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Alors causer comme entre gens, pour qui le charme fut de se réunir, notre dessein, me séduirait ; pardon d’un retard à m’y complaire : j’accuse l’ombre sérieuse qui fond, des nuits de votre ville où règne la désuétude de tout excepté de penser, vers cette salle particulièrement sonore au rêve.

1598. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Elle se meut avec harmonie, grave un peu, et aussi un peu froide ; ses attitudes concordent avec sa voix et sa démarche est réginale autant qu’aisée ; juvénile malgré son front sérieux, elle a maintes souplesses comme est léger son pas, mais s’en défend presque en surprise : son eurythmie répugne au cri soudain de la douleur ou de l’allégresse et sous les ingénieuses broderies de sa vêture, telle qu’elle se montre, on la voudrait souvent de gestes plus variés.

1599. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Montesquieu le savait pour l’avoir voulu lui-même, et cette inquiétude sur la fortune de l’Esprit des lois était peut-être méritée, pour avoir trop songé à rendre les Lettres persanes sérieuses et les Considérations amusantes.

1600. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Voltaire n’a pas senti ce qu’il y avait de sérieux et de respectable dans des débats où des chrétiens, aussi sincères qu’éloquents, se disputaient l’honneur d’être les plus fidèles dépositaires d’une croyance qui donne aux hommes une règle des mœurs, et leur promet l’immortalité.

1601. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Dans les derniers, l’ingénieux va se raffinant de plus en plus, et l’écrivain ne paraît guère viser qu’au succès du joli académique, par toutes ces petites fleurs de langage que fait applaudir à un auditoire de cérémonie, venu pour le plus sérieux des divertissements, un orateur qui s’évertue à prouver qu’il a de l’esprit.

1602. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Ces calomnies & beaucoup d’autres* non moins absurdes, ne méritent pas une réfutation sérieuse.

1603. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

La nature ne lui avait point accordé les élégances ni les grâces de la jeunesse, non plus que l’envie de les acquérir ou d’y suppléer : c’était du temps de gagné pour les choses sérieuses.

1604. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

André Chénier, dans sa vue plus limitée et tout appliquée aux choses présentes, va dénoncer quelques-uns des plus sérieux dangers, sans les prévoir peut-être aussi grands qu’ils le sont, et sans désespérer encore de l’ensemble.

1605. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il développe sur ces motifs le thème de sa personnalité d’emprunt, et la gravité du masque le dispensant de tout discours, en même temps qu’elle atteste le sérieux de ses convictions, confère à son silence des significations secrètes et à sa mimique une valeur augurale.

1606. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Elle explique le sérieux avec lequel les amants s’appliquent à satisfaire leur désir, elle justifie leur mépris de tous les autres intérêts et le sacrifiée qu’ils en font.

1607. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Un matin, Orsini l’invite à déjeuner, il refuse, lui disant, en forme de plaisanterie, qu’il est un mangeur sérieux, aimant un morceau de bœuf, et que les Italiens se nourrissent de polenta et de macaroni.

1608. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Il n’y a là-dessus de sérieux que quinze à seize cents francs… le reste est dû à des amis comme vous !

1609. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Et cependant M. de Tocqueville est certainement un des amis les plus sérieux, les plus éclairés, les plus sincères que la démocratie ait eus de notre temps.

1610. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

C’est d’abord parce que je réserve ses fables pour la fin, mais une raison un peu plus sérieuse, un peu plus didactique, du domaine du professeur, c’est que La Fontaine a commencé par des contes.

1611. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Edward Carpenter, profondément pénétré de ce naturisme et de ce réalisme dont débordent Walt Whitman et Thoreau, a formulé ses théories nouvelles dans une séries d’essais et de brochures qui ont eu le plus sérieux retentissement-M. 

1612. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Si donc, lecteur qui parcourez ces pages par une étude de spéculation et de goût, vous ne voulez jamais oublier le côté sérieux des arts, ce qui touche à l’énergie de l’âme, à la passion du devoir et du sacrifice, à la liberté morale, même pour bien juger les grâces et la puissance du lyrisme hellénique, vous aimerez à réfléchir sur une beauté plus sévère : vous contemplerez cette originalité plus étrangère, plus lointaine pour nous, et cependant incorporée dans notre culte religieux et partout présente, que nous apporte la poésie des prophètes hébreux, de ces prophètes nommés par le Christ à côté de la loi, dont ils étaient, en effet, l’interprétation éclatante et figurée.

1613. (1864) Le roman contemporain

Le Roman de la Rose résista deux siècles, ce qui est une fortune longue, il est vrai, pour un roman et même pour un ouvrage plus sérieux. […] Eh bien, non, parce que jamais nous n’avions eu plus sérieux motifs de persister dans la rigueur ; jamais amnistie complète n’avait paru moins méritée et plus hors de saison. […] Scribe a placé dans une de ses comédies un type excellent de cette espèce de gens et l’a personnifiée dans ce bourgeois qui, après avoir tourné autour d’un homme à bonnes fortunes que ses aventures ont jeté dans les situations les plus désagréables et les plus critiques, lui dit du ton le plus sérieux en lui ôtant son chapeau : « Vous me faites l’effet de Napoléon !  […] Mais l’honnête trivialité de ce dénouement ne fait que mettre plus en saillie, par le contraste, l’étrangeté cynique qui précède ; on se demande si cette fin est bien sérieuse, et si Montjoie ne se moque pas des autres personnages, à moins que ce ne soit l’auteur qui se moque des spectateurs. […] Victor Hugo nous introduit dans cette partie de plaisir où figurent Tholomyès et trois autres étudiants en droit qui font leurs adieux ce jour-là aux folies de la jeunesse, et entrent dans la vie sérieuse et positive.

1614. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

De Maistre n’est pas fâché de nous faire sentir qu’avec tout son fond sérieux, il se moque un peu de nous, méprise un peu notre simplicité. […] Cette idée, — je n’ai aucune velléité de parodie, et ne crois ni trahir ni travestir un penseur sérieux et vénérable, — cette idée, c’est un chiffre, cette idée c’est le nombre trois. […] On dit, et l’argument est sérieux : la pensée pure s’élabore en effet dans quelques cerveaux d’élite, mais elle descend, un peu plus compacte, sous une forme plus vulgaire, à travers les intelligences intermédiaires, jusqu’au peuple proprement dit, qui en fait sa substance morale. — Mais cette pensée, ainsi altérée de proche en proche, n’arrive-t-elle point à son dernier terme tellement différente de soi qu’elle n’en est plus que le contraire ? […] Mais comme elle sent bien le caractère sérieux du christianisme, sa grande tristesse, qui est le signe, sinon de sa vérité, du moins de sa profondeur, n’y ayant pour l’homme ni sentiment ni idée profonds qui ne soient tristes ! […] Cette audace à tout remettre en question, comme si l’on était à l’origine du monde, ce goût des systèmes généraux et des théories universelles, ce grand travail ab integro, cette table rase et par dessus l’explication de l’univers ; cette recherche d’un nouveau fondement, morale, sentiment, idée pure, sur lequel on va reconstruire, de toutes pièces, l’humanité, et plus encore ; c’était la témérité séduisante, « subtile, engageante et hardie « de ces recommencements que les hommes prennent toujours pour des renaissances, et pour des naissances même ; c’était, non point l’esprit, mais la démarche, l’élan, le transport de fierté naïve des philosophes du xviiie  siècle ; c’était le xviiie  siècle, mais le xviie  siècle allemand, plus sérieux, plus méditatif, plus contemplatif, et plus sentimental, et plus rêveur, et plus moral, celui qui, par tout ce qui était en lui, s’accommodait mieux à la nature de Mme de Staël, celui qu’elle devait avoir confusément rêvé à travers l’autre.

1615. (1922) Gustave Flaubert

Fermentation d’hôpital, plaisanterie de carabin qui, prise au sérieux et exploitée méthodiquement, mise en actions par Zola, aboutira au « cochon triste » du naturalisme. […] Dans ses dernières années, Flaubert écrira encore à sa nièce : « À force de patauger dans les choses soi-disant sérieuses, on arrive au crime. […] Elles ont suffi pour détourner de lui le visage sérieux du xviie  siècle. […] Mais, lisant à la même époque Schopenhauer, il ne trouve que cela à en penser : « Dire qu’il suffit de mal écrire pour avoir la réputation d’un homme sérieux !  […] Cela n’est nullement ironique, comme vous le supposez, mais, au contraire, très sérieux et très triste.

1616. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Je croyais assister à un drame pathétique et vrai, ce drame étant traité par le poète avec le plus grand sérieux, « comme si c’était arrivé » ; et tout à coup un mot me rappelle que c’est un conte à dormir debout. […] Mais on sent toujours, sous ses indulgences, la solidité de la raison, le fond sérieux de bonne doctrine. […] C’est la moins satisfaisante des formes littéraires pour des esprits un peu méditatifs et sérieux. […] Au lieu qu’ici le mari légitime est pour l’utile, et le mari illégitime (si je puis m’exprimer ainsi) pour l’agréable, on pourrait renverser cet ordre et concevoir une petite femme qui aurait un mari frivole, brillant, romanesque, pas pratique, un mari pour la bagatelle ou, si vous voulez, pour l’imagination et pour le cœur, — et un amant raisonnable, pondéré, sérieux, beaucoup plus sérieux que le mari : un amant de raison… Mais est-ce que cela ne s’est jamais vu ? […] J’aurais aimé, par exemple, que toutes ces petites manœuvres hypocrites finissent par amener quelque malheur vrai ou du moins quelque désagrément sérieux que notre homme n’aurait point prévu et qui le dégoûterait d’Azaïs.

1617. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Et tout ce côté de la vie du poète est noble, intrépide, de sérieux exemple. […] Mais il y a une enquête sérieuse sur cette partie sensible de notre être qui est bien la moins explorée, et dont les brusques effusions et les chauds effluves troublent si souvent notre vie mentale. […] Le propagateur du culte du moi nous donne, sans ambages, le résultat du lent et sérieux travail qu’il a opéré sur lui-même. […] De quelque côté que l’on se tourne, ce sont visages sérieux devant un mur sombre bordé de tombeaux. […] Cela c’est le côté grave, le sous-sol sérieux.

1618. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Guizot, et il lui a fallu un séjour prolongé à Paris pour comprendre qu’on pût se désintéresser des problèmes de la vie sérieuse. […] Ce n’est par une œuvre sérieuse, c’est une farce, l’œuvre d’un demiurge jovial. […] Comment et pourquoi son œuvre est-elle empreinte de ce charme de dilettantisme, délicieux à respirer, mais si contraire, semble-t-il, à cette fermeté de résolution sérieuse qui ennoblit ses lettres intimes ? […] Provincial, — entendez par là que la vive et légère façon de prendre en plaisanterie les choses sérieuses, de railler ses propres exaltations, de mettre, si vous voulez, une mesure et comme une perspective dans ses amours et dans ses haines, lui manqua toujours. […] Pareillement, il a pu, grâce au sérieux et à la solidité de ses habitudes provinciales, apercevoir et montrer dans l’Education sentimentale le néant de ce tumulte parisien où la plupart croient vivre quand ils ne font qu’aller, venir et s’évertuer.

1619. (1901) Figures et caractères

Vie très honnête et sérieuse, paysanne et forestière, assiettes de faïence peinte, beau linge dans les armoires, grand feu à l’âtre quand vint l’automne, longues causeries familiales, contes à la veillée. […] Le nez parfait, un beau front, et surtout des yeux admirables animaient sa physionomie sérieuse, mobile et charmante. […] Une race d’hommes l’habite, sérieuse et forte, hardie et énergique. […] Ce ne fut naturellement pas ce qu’il y avait de sérieux dans les premières tentatives décadentes qui attira l’attention publique. […] L’auteur les a prises au sérieux et, pour en avoir inventé quelques-unes, les a adoptées toutes.

1620. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Le style qui ressemblera le plus à celui de Nicole, « un style grave, sérieux, scrupuleux », ce sera le style du père Bourdaloue. […] « Aucun livre de dévotion, a-t-on dit, n’eut plus de suites », ne fut plus lu, plus discuté, même par les femmes, et ainsi ne contribua davantage, sans enlever aux précieuses la direction de l’opinion littéraire, à les détourner elles-mêmes des questions simplement agréables vers des questions plus sérieuses. […] Il en arrive, et il le faut dire, que si l’on a jadis écrit ou parlé un français plus noble, plus grave, plus sérieux, on n’en a jamais parlé de plus « joli » qu’entre 1685 et 1715 ou à peu près, ni de plus transparent, qui fût un calque plus fidèle de l’idée, ni qui fût aussi plus concret. […] Huet, Sur l’origine des Romans.] — Qu’elle a d’autre part habitué l’esprit français à traiter trop légèrement les choses sérieuses ; — et, en le réduisant à l’observation du beau monde, elle l’a détourné d’une observation plus large et plus sincère de la réalité. […] L’Artiste. — Un mot de Mme de La Sablière sur le Fablier. — Pour la raison même qu’il n’a jamais pris la vie au sérieux, et qu’il a vécu comme en marge d’elle, la vie n’a donc été qu’un spectacle pour lui. — En quoi cette disposition d’esprit est éminemment « artiste » [Cf. 

1621. (1802) Études sur Molière pp. -355

« Il n’était, dit-elle, ni gras ni maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement, avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait, lui rendaient la physionomie extrêmement mobile. » Tout cela pouvait faire de Molière un acteur aussi cher à Melpomène qu’à Thalie, mais un hoquet ou tic de gorge, qu’il avait contracté en voulant corriger la volubilité de sa langue, le rendit toujours insupportable dans le genre sérieux : il sauvait ce désagrément dans la comédie, par la vérité avec laquelle il exprimait un sentiment, et par l’art qu’il mettait jusque dans les moindres détails de son jeu. […] Consolons-nous pour lui de cette double disgrâce ; bientôt et l’auteur et l’acteur, abandonnant le genre sérieux, sauront nous peindre la jalousie sous toutes les formes, et toujours avec succès. […] Rien que ce que Molière nous a fait voir ; un juge occupé des choses les plus frivoles, quand on l’entretient des affaires les plus sérieuses. […] Il avait en même temps la dignité, le sérieux et l’air d’ironie nécessaires pour représenter un grand personnage, pour en imposer à un sot, et pour rappeler sans cesse au public qu’il était témoin d’une mystification.

1622. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

L’air sérieux et grave est le premier devoir du monarque. […] D’ailleurs et foncièrement, la race n’est point religieuse, c’est-à-dire sérieuse et sujette aux alarmes de conscience, mais sceptique, railleuse, prompte à ramener les privilégiés à son niveau, à chercher l’homme sous le dignitaire, à croire que, pour tous comme pour elle, le grand objet de la vie est l’amusement ou le plaisir.

1623. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

En un mot, il n’y a rien de romanesque dans ces pages ; ce sont des études sérieuses et impartiales qui nous initient fidèlement aux habitudes et au caractère du peuple. […] Cette vérité fera la popularité sérieuse de Tourgueneff.

1624. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Sur six cent soixante-neuf cas de « télépathie spontanée et involontaire », quatre cents sont des cas de mort, en ce sens qu’il s’agissait d’un mal sérieux qui, en peu d’heures ou en peu de jours, s’est, terminé par la mort. […] Ces personnalités, ces rôles pris au sérieux et vécus sont des groupes divers d’idées-forces rangées sous une idée dominante, groupes dont la synthèse est mal opérée par le cerveau.

1625. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

On lui donne d’abord deux heures de plaisir sérieux, puis une heure de plaisir folâtre ; avec l’heure d’entr’actes que nous ne comptons pas dans le plaisir, en tout quatre heures. […] Il ferait passer à chaque instant l’auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère.

1626. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il y a lieu de faire une réserve plus sérieuse encore, quand il s’agit de ces autres documents qui sont les Mémoires. […] Il s’agit pour lui de « réaliser sur la France du dix-neuvième siècle ce livre que nous regrettons tous que Rome, Athènes, Tyr, Memphis, l’Inde ne nous aient pas laissé sur leurs civilisations… » Pensant de la sorte, avec quelle tension sérieuse de toutes ses facultés il aborde des sujets où il distingue, où il nous force à distinguer le jeu des toutes-puissantes forces supérieures, dont nos destinées individuelles ne sont qu’un accident ! […] Bellessort termine son étude par une citation où le grand critique répond à un injurieux pamphlétaire en affirmant, en ces termes, sa foi littéraire : « Ayez de la conscience et du sérieux en tout… Maintenez votre indépendance et votre humble dignité… Si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux.. » Ne vous croyez jamais arrivé. […] Le même motif lui fit prendre très au sérieux ses candidatures successives à l’Académie des Sciences, à l’Académie de médecine, à l’Académie française. […] Le sentiment du sérieux de son art lui a fait mépriser les jeux stériles de l’esprit et les vanités dégradantes de la vogue.

1627. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mais les fières révoltes, les endiablés soulèvements, les forts blasphèmes à l’endroit des religions de toutes sortes, la crâne affiche d’indépendance littéraire et artistique, le hautain révolutionnarisme prêché en ces pages ; puis, quelle recherche de l′érudition, quelle curiosité de la science, et dans quelle littérature légère de débutant trouverez-vous ce ferraillement des hautes conversations, cette prestidigitation des paradoxes, cette verve qui, plus tard, tout à fait maîtresse d’elle-même, enlèvera les morceaux de bravoure de Charles Demailly et de Manette Salomon, et encore ce remuement des problèmes qui agitent les bouquins les plus sérieux, et, tout le long du volume, cet effort et cette aspiration vers les sommets de la pensée26 ? […] * * * J’imagine une sorte de défilé des nouvellistes, où nous verrions Monselet132, qui a gardé dans la vieillesse ses grâces aimables ; Aurélien Scholl, l’esprit fait homme ; Théodore de Banville, magnifique et abondant ; Paul Arène, baigné de soleil ; Maupassant, qui tient la vie dans une anecdote ; Armand Sylvestre, dont les larges gauloiseries éclatent tout d’un coup en couplets lyriques ; François Coppée, le poète des Contes en prose ; Catulle Mendès, le raffiné des Îles d’amour et du Nouveau Décaméron ; Quatrelles, l’humour, la verve, le diable-au-corps ; Maizeroy, confesseur né des Parisiennes, le moins discret et le plus coquet des confesseurs ; Arsène Houssaye, d’un charme alangui et doux ; Pierre Véron, un gamin de Paris promenant au hasard des jours sa belle humeur gouailleuse ; Augustin Filon, le pur lettré des Nouveaux contes ; Edmond Lepelletier, dont les Morts heureuses enferment de petites merveilles ; Ginisty, qui, avant de devenir le scrupuleux annotateur qu’on connaît, a écrit ce joli livre : Quand l’amour va, tout va ; Hugues le Roux, passé maître-chroniqueur et maître-romancier, maître-nouvelliste par surcroît ; Talmeyr, d’une pénétration si aiguë ; Montet, qui émeut ; Leroy, qui fait rire aux larmes ; Armand Dayot133, en qui le bon conteur s’allie au bon critique ; Destrem134, un Parisien de Paris, et c’est dire beaucoup ; Henry Carnoy, l’exquis élégiaque des Contes bleus ; Chavette, le Monnier des concierges ; Théo-Critt, le Chavette des casernes ; Dubut de Laforest, agrégé des hôpitaux, docteur en tératologie ; Paul Alexis, de Médan ; Jules Moinaux, du Palais ; Deschaumes, qui préluda par Les Monstres roses à cette belle et sérieuse étude : Le Grand Patriote ; Horace Berlin, trop oublié et dont les Croquis de province méritaient mieux ; Eugène Mouton, dont il n’y a qu’à citer L’Invalide à la tête de bois ; Harry Allis, observateur amer et souvent profond des misères de l’âme ; Champsaur135, qui est pour l’entrain et le vice de la lignée de Rivarol ; Eugène Guyon, l’élégant auteur des Soirées de la baronne ; Siébecker, plein de souffle ; Coquelin cadet, que les hypocondres élurent pour médecin ; Etincelle, qui prêche délicieusement le beau monde, dans sa chaire de la rue Drouot ; Auguste Germain, d’un « modernisme » à faire peur ; Pothey, qui est le roi de la charge ; Albert Cim, malicieux et fin ; Mme Mairet, d’une tenue de style toute parfaite dans les nouvelles de son Jean Méronde et de Paysanne ; Tiercelin, dont la muse s’ébat sans voiles au courant d’Amourettes ; Charles Buet, le très distingué polygraphe136 ; Méténier, qui pourrait bien avoir découvert nos bas-fonds sociaux ; Rachilde, une petite demoiselle alerte et polissonne, toute en nerfs et détraquée à ravir : Barracand, que couva la Revue bleue ; Rameau, le Robert-Houdin des Fantasmagories ; Adrien Marx, « fusil et plume » ; Alphonse Allais, l’ironiste en chef du Chat noir ; qui encore et quel biais prendre pour énumérer tous les dignes figurants de cette Courtille littéraire137 ? […] Il serait le premier à sourire ; il se prend si peu au sérieux qu’il sourit à chaque instant de lui-même. […] Son Étienne Moret doit être mis à part : c’est une étude très sérieuse, attristée souvent, de la vie universitaire.

1628. (1932) Les idées politiques de la France

Aujourd’hui la France est presque le seul pays du monde où le Vatican ne rencontre pas de difficulté sérieuse, le seul où les assemblées des évêques aient pu être supprimées : l’indulgence de la monarchie romaine envers la démocratie d’État va de pair avec une singulière rigueur envers la démocratie ou simplement l’aristocratie d’Église. […] Et avec elle des précisions sur l’idéal radical : l’ancienne jeunesse de la Cocarde vit alors que c’était sérieux. […] Les trois fois, ce Vendéen, ce bleu de Vendée, a figuré la Révolution française elle-même, non la Révolution jouée, comme elle l’était en 1848, par Ledru-Rollin ou Lamartine (voyez dans les Souvenirs l’admirable diagnostic de Tocqueville), mais la Révolution sérieuse, retrouvée, directe. […] Prenant au mot le Barrès des Déracinés et le Bourget de l’Étape, posant les problèmes et comme eux et contre eux, elle entend substituer à l’hérédisme et au familiarisme de ces traditionalistes le principe du droit de l’enfant, de l’individualisme puéril (je ne dis pas un puéril individualisme, je le prends très au sérieux), et au privilège familial du rang et de la fortune acquise le privilège personnel de l’aptitude à apprendre, de la facilité scolaire, de l’intelligence discursive, et des succès aux examens, tels que les a connus M. 

1629. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Mais si la biographie de Vicens Garcia perd ainsi beaucoup au point de vue dramatique, la sévérité même à laquelle elle se trouve réduite, lui assure une bonne part d’attention chez les esprits sérieux. […] La fantaisie faisant vivre ce dernier, l’incarnant en un homme ou en deux, produit un réquisitoire plus ironique et plus mordant que sérieux contre « les gens du Midi, cette race ardente, tumultueuse, toute en détentes et en bouffées de vent, téméraire, envahissante, qui vient de la province à Paris, s’empare de la grande ville par son audace, ses passions, son éloquence, la variété et la vivacité infatigable et sympathique de ses attitudes. » Si les Latins ont pour la seconde fois conquis la Gaule, la Gaule s’est furieusement vengée et apothéosée dans Numa Roumestan. […] Dès lors, ce public imbécile qui a besoin qu’on lui mette les points sur les i, qui siffle les Corbeaux et se révolte aux premières de la Glu, ce public, collet monté quand il faut être large de vues, libertin quand il faut être décent, voyant qu’il s’agissait d’une œuvre sérieuse, d’une œuvre où l’amour souriait à peine, ce public, — et il s’est trouvé des critiques pour se faire son écho, — a regretté cette sévérité de facture, a déclaré fatigante la lecture de l’Évangéliste qu’il lira à cent mille exemplaires, pour se déjuger et se contredire une fois de plus. […] Sa maîtresse est rude, mais elle lui plaît. — Il lutte avec elle, et l’empoigne, et l’étreint dans ses bras, — si fort, de Taube au crépuscule, que puis, au soir, il est las. — La nuit, quand il rentre, il s’abat dans un coin, mange sans lèvres délier, bourre-bourre, pensif et sérieux, et n’a jamais loisir — de vous tenir propos qui vous fasse plaisir. — Le repas achevé, si puis il vous ouvre la bouche, — il ne parle que de son blé, de ses foins, de ses vignes, ou cause à ses valets du travail du lendemain — et du temps qu’il fera. […] Il avait entrepris pas mal d’œuvres sérieuses et pouvait réciter de splendides prologues de poèmes, de magnifiques strophes épiques ou mystiques, qui rivalisaient avec les œuvres des plus grands poètes de l’Espagne au siècle d’or ; mais il n’avait jamais produit plus que des fragments, et ses relations avec les puissants de la presse étaient inutilisées par une de ces paresses méridionales que rien ne saurait vaincre, par un esprit rebelle à toute discipline, à toute méthode, et dont il gaspillait toutes les étincelantes improvisations.

1630. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il a pris trop au sérieux des prétentions dont en vingt endroits il plaisante lui-même ; qui semblent avoir été sans portée, puisqu’elles ont été sans grandes conséquences ; et, avec sa grande connaissance de l’histoire contemporaine, avec l’intérêt passionné qu’il prend aux choses de la politique, il s’est trop complaisamment étendu sur les discours ou sur les votes du pair de France et du membre des Assemblées de la seconde république. […] Vous avez, je le crois sincèrement, beaucoup de loyauté et même de bonté… Vous seriez un bon mari… à votre compte… mais pas au nôtre… Je vous le prédis, vous seriez, comme tant d’autres, malheureux, jaloux à bon droit, trompé peut-être, parce qu’il vous manque, comme aux autres, l’intelligence sérieuse, élevée, morale… et, laissez-moi vous le dire, la pensée religieuse de ce que vous faites, de l’acte où vous vous engagez ; parce que vous formez trop légèrement ces liens que vous voulez si solides, et qui ne tiennent à rien quand ils ne tiennent pas au ciel ; parce que vous manquez de foi, comprenez-moi bien : de foi en vous-mêmes, en nous, et en Dieu. » On le voit, je pense, assez clairement, c’est ici toute l’Histoire de Sibylle : seulement, tandis que les Suzanne et les Hélène des Scènes et Proverbes semblent badiner encore, — puisqu’enfin elles cèdent, et que leurs discours n’ont pas la vertu de les persuader elles-mêmes, — ce qu’elles disent presque en riant, Sibylle de Férias, elle, l’a pris au sérieux. […] En abordant ces hautes questions et en les traitant avec le sérieux qu’elles exigent, l’auteur de la Morte n’a donc dépassé ou excédé ni les limites de son art, ni le droit ou le devoir qu’on a, dans des temps troublés, d’affirmer sa façon de penser. […] Ce n’est pas qu’il n’y eût dans ses premiers vers, et surtout dans ses Essais de psychologie contemporaine, un fond de sérieux, ou de gravité même ; et quoiqu’il admirât ou qu’il aimât passionnément Stendhal et Baudelaire, il savait déjà qu’il y a un juge au moins de la valeur ou de la qualité morale de nos actions, qui est le mal qu’elles font aux autres. […] « On n’a jamais constaté, répète-t-il, qu’un être supérieur intervienne dans le mécanisme de l’univers. » Quant aux croyances à la spiritualité de l’âme ou à l’immortalité, ses déclarations ne sont pas moins formelles, et « bien loin d’être un produit de réflexion raffinée, elles ne sont au fond qu’un reste de conceptions enfantines d’hommes incapables d’opérer dans leurs idées une analyse sérieuse ».

1631. (1927) Approximations. Deuxième série

Une indifférence de cet ordre porte parfois en art le beau nom de retenue, et je sais peu d’œuvres qui le méritent au même titre que certains portraits de Degas. « Un style grave, sérieux, scrupuleux va fort loinv ». […] Davantage cependant l’attire le roman, et dans le roman la qualité que nous avons essayé d’analyser comporte de sérieux inconvénients. […] Il était impossible de ne pas voir que Jaloux avait cherché ici quelque chose de vraiment nouveau (et en ce sens, écrivant avant La Fin d’un beau jour Albert Thibaudet avait bien raison de dire qu’Au-dessus de la ville ec était l’œuvre la plus sérieuse de son auteur100), mais il n’était pas moins impossible de nier que le livre n’était pas réussi. […] Cette exigence, ce sont les qualités mêmes de Jaloux qui me l’inspirent : qu’il en prenne son parti : il est condamné au sérieux, et je ne saurais pour ma part lui souhaiter plus enviable destin. […] L’événement a dû combler son attente ; car ceux-là mêmes qui déclinèrent le firent en alléguant « que leur connaissance de Proust n’était pas suffisante pour qu’ils osassent s’attaquer à pareil thème », — donnant par là une preuve et de leur modestie et de leur sens de l’importance du sujet dont tels commentateurs français pourraient à la rigueur s’inspirer ; et parmi les articles qui composent ce livre, s’ils sont bien entendu de valeur inégale, il n’en est aucun qu’on ne sente avoir été précédé d’une lecture sérieuse.

1632. (1923) Nouvelles études et autres figures

Ces exercices trop poussés ont le défaut de favoriser, au détriment de qualités plus sérieuses, un certain tour d’esprit superficiel et brillant. […] Si c’est vrai, j’ai peine à croire qu’elle y mit autant de sérieux que Shelley ; ou peut-être recula-t-elle devant le monstre qui lui ôta tout désir de continuer une collaboration aussi effrayante. […] J’aime ce sérieux enfantillage qui causa des inquiétudes au Home Office. […] Mais ils étaient trop mal informés pour créer un mouvement sérieux, et trop circonspects (tous nantis de places et d’honneurs) pour braver les sourcils froncés du maître. […] Il vécut là sérieux, sévère, moins sévère que sa femme qui était rigoureusement janséniste, Elle lisait encore M. 

1633. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

A ses yeux, le théâtre qui ne démontre pas ce que l’écrivain croit être la vérité n’est qu’un jeu de patience, indigne d’occuper un artiste sérieux. […] Il est trop convaincu du sérieux de la vie pour s’amuser, comme a fait Stendhal, à décrire les cristallisations de ces rêves, d’une manière détachée et simplement curieuse. […] Conflit mystérieux parce qu’il n’est point régi par des lois, conflit farouche parce que la nature s’y montre avec son sérieux tragique ! […] En tout cas, c’est la marque d’une âme profondément sérieuse et sincère, d’apercevoir ce problème et d’essayer, dans la mesure d’une action personnelle, de le résoudre. […] C’était en 1873, deux années après la cruelle guerre II disait, s’adressant au Français de la bourgeoisie riche et de la noblesse, et parlant de la vie morale dans ce qui la constitue par essence : « Dieu, la patrie, le travail, le mariage, l’amour, la femme, l’enfant, — tout cela est sérieux, très sérieux, et se dresse devant toi.

1634. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Et je dois dire qu’il répond à demi aux avances qui lui sont faites ; il commence à considérer que les artistes peuvent être des gens sérieux, il ne leur refuse plus son estime et trouve assez agréable, ayant déjà la fortune, de prendre pour gendre un garçon de mérite qui lui apportera un parfum de gloire. […] Le malicieux Paul Verlaine ne se serait-il pas donné le plaisir de duper ses lecteurs, en leur présentant, avec le plus grand sérieux, des fantaisies chatnoiresques et tintamarresques ? […] Il a raison d’y compter… Avant d’accepter René pour gendre, la mère de Louise lui demande un entretien sérieux. […] L’herbe est mouillée et morte ; au pied de la falaise Un tumulte d’oiseaux, mauves, courlis, plongeons, Fourmille et se querelle au milieu des ajoncs ; Le nuage et le flot font de grands plis farouches ; Et l’on entend, dans l’air plein d’invisibles bouches, Le sourd chuchotement du ciel mystérieux ; L’écueil se tait, témoin tragique et sérieux, Qui le jour est montagne et la nuit est fantôme, Et qui, tandis qu’au loin fuit la barque, humble atome, Regarde vaguement de ses yeux de granit Les constellations qui rôdent au zénith. […] Le pépé, sérieux, fait tsst !

1635. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Si seulement j’étais mort une heure avant cette fortune, —  j’aurais vécu une vie heureuse ; dorénavant — il n’y a plus rien de sérieux dans la condition mortelle. —  Tout n’est que bagatelle : honneur et renom, le reste est mort. —  Le vin de la vie est tiré. […] Lorsqu’on entre dans les comédies de Shakspeare, et même dans ses demi-drames298, il semble qu’on le voie sur le seuil, à la façon de l’acteur chargé du prologue, pour empêcher le public de se méprendre et pour lui dire : « Ne prenez pas trop au sérieux ce que vous allez écouter ; je me joue. […] C’est d’abord d’être une folie ; le manque de sérieux repose.

1636. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

C’est une sérieuse garantie de mystère pour la vie émotionnelle que de ne tenir sous sa main nul moyen d’expression… Quelle tentation en revanche, si l’on sait imprimer un rythme à sa pensée, de prétendre y plier chaque mouvement de la sensibilité ! […] C’est pour elles la part sérieuse, j’allais dire tragique, de la vie, puisque leur destinée en dépend et qu’il n’y a rien de plus sérieux pour l’être que d’accomplir sa destinée.

1637. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Si j’avais à conseiller à une jeune personne sérieuse, à une lectrice douée de patience, un livre d’histoire de France qui ne faussât en rien les idées, et où aucun système artificiel ne masquât les faits, ce serait encore Sismondi que je conseillerais de préférence à tout autre.

1638. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ce ne devait pas être là encore la passion sérieuse, véritable, longtemps retardée, qui saisit enfin l’âme puissante de Mme Roland, et à laquelle elle fait allusion en deux endroits de ses Mémoires, lorsqu’elle parle des bonnes raisons qui, vers le 31 mai, la poussaient au départ pour la campagne, et lorsque, saluant l’empire de la philosophie qui succédait chez elle au sentiment religieux, elle ajoute que ces sauvegardes ininterrompues semblaient devoir la préserver à jamais de l’orage des passions, dont pourtant, avec la vigueur d’un athlète, elle sauve à peine l’âge mûr !

1639. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

La faculté philosophique du siècle avait donc besoin, pour s’individualiser en un génie, d’une tête à conception plus patiente et plus sérieuse que Voltaire, d’un cerveau moins étroit et moins effilé que Condillac ; il lui fallait plus d’abondance, de source vive et d’élévation solide que dans Buffon, plus d’ampleur et de décision fervente que chez d’Alembert, une sympathie enthousiaste pour les sciences, l’industrie et les arts, que Rousseau n’avait pas.

1640. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

On lit dans les Mémoires de Trévoux (mars et avril 1701), à propos des Sentiments critiques sur les Caractères de M. de La Bruyère (1701) : « Depuis que les Caractères de M. de La Bruyère ont été donnés « au public, outre les traductions en diverses langues et les dix « éditions qu’on en a faites en douze ans, il a paru plus de trente « volumes à peu près dans ce style : Ouvrage dans le goût des Caractères ; « Théophraste moderne, ou nouveaux Caractères des Mœurs ; « Suite des Caractères de Théophraste ut des Mœurs de ce siècle ; les « différents Caractères des Femmes du siècle ; Caractères tirés de l’Écriture « sainte, et appliqués aux Mœurs du siècle ; Caractères naturels « des hommes, en forme de dialogue ; Portraits sérieux et critiques ; « Caractères des Vertus et des Vices.

1641. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Pareillement quand je songe à une personne que je connais, ma mémoire oscille entre vingt expressions différentes ; le sourire, le sérieux, le chagrin, le visage penché d’un côté ou d’un autre ; ces différentes expressions se font obstacle ; mon souvenir est bien plus net lorsque je n’en ai vu qu’une pendant une minute, lorsque, par exemple, j’ai regardé une photographie ou un tableau.

1642. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je compris tout de suite que c’était un peu biblique et que la parodie dans la forme lui ôtait du sérieux dans le fond.

1643. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

. — Il entame une argumentation sérieuse ; je cède à la force des vérités qu’il me présente. — Il s’adresse aux passions ; les larmes inondent mon visage. — Il tonne avec l’accent de la colère ; je frémis, je tremble ; je voudrais être loin de ce lieu terrible. » « Valori nous a laissé, sur les sujets particuliers qui occupaient l’attention de Laurent et de ses amis dans leurs entrevues au couvent de San-Gallo, des détails qu’il tenait de la bouche de Mariano lui-même.

1644. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

On le voit par la place considérable qu’on y donne à l’amour de la patrie, comme séparée et distincte des autres patries ; et par là je n’entends pas cette passion sérieuse, vitale, qui fait la force des nations, comme l’esprit de famille fait celle des individus.

1645. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Lors à toi (à Ronsard) revenant, et croyant que la peine De t’oser imiter ne seroit pas si vaine Je te pris pour patron mais je pus moins encor Avec mes vers de cuivre égaler les tiens d’or…117 En effet, les œuvres de jeunesse de Bertaut sont imitées de Desportes ; celles de son âge mûr le sont de la partie sérieuse et savante des poésies de Ronsard.

1646. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Par le récit, par la narration si malaisée, comme il dit, par la description qui ne l’est guère moins, par les réflexions enjouées ou sérieuses qu’il y mêle, par ses retours sur lui-même, par cette façon de parler de soi au profit des autres, ces deux contes valent ses meilleures fables : et qui vaut plus au monde que ses fables ?

1647. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

L’œuvre d’art devait être, plus que sérieuse, sacrée.

1648. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

. — Au milieu des nouvelles contradictoires qui se succèdent chaque jour, nous renonçons à tenir nos lecteurs au courant de la question des représentations de Lohengrin à l’Opéra-Comique ; jusqu’au jour où sera prise une décision absolument officielle, aucune présomption sérieuse ne peut être donnée… le plus probable est que Lohengrin ne sera pas représenté.

1649. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Ils ont ces voix allemandes un peu dures, quelques-uns excessivement, comme Siehr, d’autres moins, comme Winkelmann ; mais c’est pour de telles voix qu’écrivait Wagner ; et tous ils sont excellents musiciens, très sérieux, très consciencieux ; et tous, des acteurs plus ou moins gauches.

1650. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Il fallait, pour accomplir ce travail, être l’habile et sérieux artiste et l’absolu wagnériste qu’est M. de Egusquiza.

1651. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Ils conviennent que parmi les Ouvrages de M. de Voltaire, il y en a quelques-uns d’excellens ; mais ils soutiennent [on commence à les croire, & on les croira de plus en plus] qu’il y en a beaucoup de médiocres & un grand nombre de mauvais : que le talent de saisir les rapports éloignés des idées, de les faire contraster, semble lui être particulier ; mais qu'il y met trop d'affectation, & que les productions de l'art sont sujettes à périr : qu'il n'a que l'éloquence qui consiste dans l'arrangement des mots, dans leur propriété, & non celle qui tire sa force des pensées & des sentimens, qui est la véritable : qu'il n'a aucun systême suivi, & n'a écrit que selon les circonstances, & presque jamais d'après lui-même : que le plus grand nombre de ses Ouvrages ne sont faits que pour son Siecle, & que par conséquent la Postérité n'en admettra que très-peu : que si la gloire du génie n'appartient qu'à ceux qui ont porté un genre à sa perfection, il est déjà décidé qu'il ne l'obtiendra jamais, parce qu'il ressemble à ce fameux Athlete, dont parle Xénophon, habile dans tous les exercices, & inférieur à chacun de ceux qui n'excelloient que dans un seul : que son esprit est étendu, mais peu solide ; sa lecture très-variée, mais peu réfléchie ; son imagination brillante, mais plus propre à peindre qu'à créer : qu'il a trop souvent traité sur le même ton le Sacré & le Profane, la Fable & l'Histoire, le Sérieux & le Burlesque, le Morale & le Polémique ; ce qui prouve la stérilité de sa maniere, & plus encore le défaut de ce jugement qui sait proportionner les couleurs au sujet : qu'il néglige trop dans ses Vers, ainsi que dans sa Prose, l'analogie des idées & le fil imperceptible qui doit les unir : que ses grands Vers tomdent un à un, ou deux à deux, & qu'il n'est pas difficile d'en composer de brillans & de sonores, quand on les fait isolés : enfin, que la révolution qu'il a tentée d'opérer dans les Lettres, dans les idées & dans les mœurs, n'aura jamais son entier accomplissement, parce que les Littérateurs qu'il égare, & les Disciples qu'il abuse, en les amusant, peuvent bien ressembler à Charles VII, à qui Lahire disoit, On ne peut perdre plus gaiement un Royaume ; mais qu'il s'en trouvera parmi eux, qui, comme ce Prince, ouvriront les yeux, chasseront l'Usurpateur, & rétabliront l'ordre.

1652. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

À n’en juger que par deux œuvres qu’un succès bruyant plutôt que sérieux désigne à l’attention de la critique, entre le réalisme de Goethe et le nôtre, il y a plus qu’un contraste, il y a un abîme.

1653. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On me le peint encore, dans cette même demi-teinte à la fois fidèle et adoucie, arrivant tard à la littérature sérieuse, ne s’y naturalisant qu’avec effort ; s’en distrayant souvent ; s’essayant de bonne heure à des sujets de poésie plus ou moins imités de l’anglais, de l’allemand, à de petites pièces remarquables de ton et de coloris, mais où l’expression trahissait la pensée, et qu’il a corrigées et retravaillées depuis, sans les rendre plus parfaites et plus faciles ; « nature exquise pour l’intelligence, avec des moyens de manifestation insuffisants ; point d’amour-propre en tête-à-tête, humble aux observations dans le cabinet, douloureux et hargneux devant le public ; généreux de mœurs et désintéressé, mais faisant mille tours à ses amis et à lui-même. » D’un cœur ardent, passionné, d’un tempérament vif et amoureux, il avait un grand souci de sa personne et de tout ce qui mène à plaire.

1654. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Mis en contact avec l’expérience, il fut prompt à se désabuser ; il avait, je l’ai dit, le sens juste, « des aperçus utiles et lumineux dans les crises les plus sérieuses » ; il en fit preuve aux moments les plus décisifs de la Révolution, là où il y avait place au conseil33.

1655. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

» Et dans le dîner qu’il nous donne au Moulin-Rouge, apparaît, au fond de ses pensées et de ses paroles, comme une charge pesante, une responsabilité sérieuse, presque une tristesse effrayée de tant d’or inespéré.

1656. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Ces encriers sont monumentaux, sérieux, graves, recueillis, carrés, opulents, imposants.

1657. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Pour notre part, nous ne saurions admettre une doctrine, qui nous semble enlever à l’art tout son sérieux.

1658. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Son ouvrage est fort superficiel ; il y mêle trop d’histoire profane, & cherche trop souvent ces traits vifs & agréables qui sont déplacés dans un ouvrage sérieux.

1659. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Pour être tout à fait sérieux, il y a plusieurs formes de moralité, il y a plusieurs manières d’entendre la moralité, et, par conséquent, il y a plusieurs morales.

1660. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Je dis ici que La Fontaine (il ne faut pas le prendre tout à fait au sérieux), mais je dis que La Fontaine a pris la fable comme un poème où les animaux donnent des leçons aux hommes et des leçons qui ne laissent pas d’être raisonnables.

1661. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Une telle bouffonnerie est sérieuse chez M. 

1662. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Parmi les sensations sérieuses que nous fait éprouver ce volume sorti de la tombe de Michelet, la meilleure, pour nous, est la sensation de l’ennemi qui s’enfile lui-même sur le glaive de la Vérité.

1663. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Son œuvre et son rôle valent cependant la peine d’un regard sérieux et d’un clair jugement, car ils sont synonymes de force et de vie.

1664. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Peut-être en existe-t-il de sérieuses, mais ce ne sont pas celles-là.

1665. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

D’abord il se prend lui-même effroyablement au sérieux ; il n’admet pas le moindre mot pour rire, et c’est pour de bon qu’il pontifie.

1666. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Ce n’est rien moins, en effet, que la conspiration de deux principes opposés qui est nécessaire pour abattre le plus sérieux obstacle à l’expansion de l’égalitarisme : l’idée de classe, d’espèce, de caste.

1667. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

La méthode positiviste a cru trouver ces causes, et toute biographie « sérieuse » se plaît à énumérer les ancêtres du grand homme, à dépouiller leur linge et leur casier judiciaire, à décrire le paysage de la province d’origine et les rues de la ville natale, à silhouetter les premiers maîtres et à ressusciter la première maîtresse ; tout cela est fort bien, très joli en théorie ; mais on aurait beau résumer l’histoire du monde à propos d’un individu, que tous ces faits ne seraient jamais que des explications post rem, plausibles en général quoique souvent contradictoires.

1668. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Un Auteur distingué* a su entremêler à des écrits solides & sérieux quelques productions d’un genre léger & agréable.

1669. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ainsi que les compositions en prose ont leurs analogues en poésie, j’ai dit que les genres sérieux et touchants avaient leurs contrastes dans les genres satiriques et badins. […] Elle attacha les esprits les plus frivoles au charme des pensées sérieuses, et força les plus graves à dépouiller le langage scientifique de sa technicité, préjudiciable aux grâces du discours. […] Elle satirise les choses sérieuses et les graves ouvrages, en les tournant de leur sens inverse. […] Le troisième, plus sérieux, accroît sa sévérité naturelle par la lecture des historiens de Rome, et donne, en majestueux modèle à la monarchie sous laquelle il vécut, le spectacle politique de l’empire le plus savamment gouverné qui régna jamais dans l’univers. […] Des commentateurs plus sérieux ont donné au même texte une autre interprétation : ils présument qu’Aristote, ne parlant point du but moral de l’art, mais de l’art en soi, fait entendre que les passions tragiques doivent être purgées de l’excès qui les empêche de plaire.

1670. (1903) Propos de théâtre. Première série

Mais encore elles sont très sérieuses, très méditées, font méditer et douter, et donc sont utiles ; et elles contiennent, on le sent, une part encore de vérité, et donc sont originales. […] Il conçut Polyeucte comme un drame sérieux et édifiant, comme une illustre matière surtout à étaler dans tout son jour ce que l’âme humaine, enchantée et charmée d’une passion divine, peut faire éclater de force, d’énergie morale, d’obstination au bien, de résistance invincible, de grandeur simple dans le sacrifice. […] N’en faisons pas du tout un philosophe. — Et, donc, brillant, aimable, sentimental, ardent, avec un fond de sérieux qui perce de temps en temps et qui indique le jeune homme capable de devenir homme mûr, voilà le Sévère qu’il nous faut et il n’est point mal du tout rendu par le rutilant, élégant et déjà sérieux Albert Lambert. […] Dans Les Femmes savantes, Trissotin est personnage sérieux ; il n’est grotesque que sans le vouloir ; et ce sont, non plus des « pecques provinciales », mais des bourgeoises riches du quartier du Marais qui l’accueillent et lui font fête. […] Et c’est-à-dire qu’elle va comme la vie, où les fautes commises se présentent d’abord avec leur aspect comique, puis avec leur air sérieux, puis avec leur caractère tragique, quand elles ont développé toutes leurs conséquences.

1671. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Et ces légendes populaires n’étaient pas absolument rejetées des esprits sérieux. […] Je me rappelle (c’était en 1818, au moment que s’ouvrait à Paris un club de femmes) que le moraliste Émerson, nous voyant rire, et moi tout le premier, de ces dames orateurs, me demandait, avec son sérieux du Massachusetts, ce qu’il y avait donc là de si risible ? […] Il n’est pas jusqu’à Marcel qui ne parût en humeur sérieuse. […] Cependant, sa nature sérieuse ne saurait se laisser distraire longtemps à ce jeu avec les noirs fantômes.

1672. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

» Après avoir lu ce livre qui, bien que sérieux, est empreint du charme d’une grande sérénité d’âme, je ne puis m’empêcher de sourire en en regardant les feuillets. […] « Il s’avance lentement, revêtu de l’uniforme des lanciers de la brigade ; son visage est sérieux et empreint d’une certaine tristesse ; il s’arrête devant des officiers, des soldats, leur adressant quelques mots bienveillants, faisant « chaque fois en s’éloignant le signe de la croix pour les placer ainsi sous la sainte garde de Dieu. » À ce beau tableau vont succéder de grandes et d’horribles journées ; on vient de se battre contre les Turcs ; la victoire a coûté cher ; la moitié de la Garde est restée sur le champ de bataille ; dans un coin du tableau, un soldat, tout couvert de sang, déroule froidement son manteau et le secoue avant de s’en couvrir pour en faire tomber les balles. […] Hugo ne peuvent contenir sa gloire et son ventre… Il fait dans son assiette de fabuleux mélanges de côtelettes, de haricots à l’huile, de bœuf à la sauce tomate, qu’il avale indistinctement, très vite et très longtemps. » Mais Gautier, lui, qui était poète, ne s’en tint heureusement pas là : … Et voici l’inoubliable image, saisie au plus frais moment de jeunesse et d’épanouissement, que le disciple extasié emporta de cette première vision : d’abord « un front vraiment monumental qui couronnait comme un fronton de marbre blanc son visage d’une placidité sérieuse ». […] Une grâce aisée, une modestie naturelle cachait le sérieux de son esprit ; une tendresse presque féminine servait de voile à la fermeté de son caractère. […] » Deux jeunes gens sérieux restèrent seuls auprès de lui.

1673. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Le nouveau Christ est remonté au ciel, comme l’autre, mais il a laissé des apôtres autour desquels se groupent, assez nombreux, les membres d’une religion nouvelle, très sérieuse et très active, que l’on appelle le « Monodisme  ». […] Faire la psychologie de Jésus d’après ces fables pieuses, c’est se mettre au rang des plus crédules ; il serait tout aussi sérieux d’entreprendre la psychologie de Jupiter d’après les métamorphoses d’Ovide. […] S’il était plus connu, si ses écrits, très disséminés, étaient réunis en un volume maniable, Guillaume Monod ferait encore des conversions parmi les chrétiens sérieux. […] On peut recevoir ou se faire soi-même une assez sérieuse blessure sans la ressentir sur le moment ; la souffrance ne vient qu’au moment où l’on voit son sang, peut-être parce que l’idée de sang et l’idée de souffrance sont intimement liées dans notre esprit. […] Cornetz s’occupe surtout du joueur d’échecs, mais ses observations, comme il le dit lui-même dans sa préface, sont valables pour tous les jeux qui ne sont point de purs jeux de hasard, et même pour les luttes, les assauts d’escrime et on pourrait ajouter, pour les batailles militaires, et les plus sérieuses.

1674. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Elle était elle-même d’une beauté candide et pure, comme le rêve d’un philosophe sur le berceau d’un enfant ; la mélancolie de sa bouche et la fraîcheur de ses joues imprimaient les grâces de l’innocence sur le sérieux de ses pensées. […] Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux, Son devoir aussitôt est de baisser les yeux, Et de n’oser jamais le regarder en face, Que quand d’un doux regard il lui veut faire grâce.

1675. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ce goût pour la poësie est naturel aux François : on a même remarqué que le moindre évènement, sérieux ou comique, étoit toujours le sujet d’une Chanson ; & c’est de-là qu’est né le Vaudeville. […] Variétés sérieuses & amusantes, nouvelle Edition, 1769, Tom. 1, pag. 371, où M.

1676. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

. — Si, j’y mettrais un enfant, moi, mais pas le moutard spirituel, pas l’enfant sentimentalement ventriloque du théâtre, j’y mettrais un bébé comme Mémé, un enfant de deux à trois ans, qui y jetterait le gazouillis d’un petit être de grâce, dans le sérieux des paroles. […] Puis la conversation devient sérieuse, et l’on s’entretient de la force vitale du mal, des atomes crochus qui font que le poitrinaire recherche la poitrinaire, le fou, la folle, comme pour le réengendrer, en le doublant ce mal, — ce mal qui pourrait peut-être mourir, s’il restait isolé.

1677. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

» Rosny disait aujourd’hui, au Grenier, que d’après un travail assez sérieux, l’assassinat en moyenne ne rapportait guère que quinze francs, et que les scélérats anglais qui sont des gens pratiques, avaient absolument abandonné l’assassinat, pour le vol. […] Demande à Daudet de m’avoir une consultation de Potain, et de venir un peu causer affaires sérieuses.

1678. (1914) Une année de critique

Marcel Boulenger se mêle souvent d’affaires sérieuses, d’apparences d’affaires sérieuses : par exemple, il a écrit sur l’orthographe, cette apparence du style. Mais ces affaires sérieuses, il les traite d’une façon qui lui est particulière, et que je vais essayer d’indiquer. […] Il est sérieux comme un prêtre, et même comme un mauvais prêtre, un mauvais prêtre n’ayant guère l’aimable humeur des bons.

1679. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Souvent dans le stile sérieux on dit nous au lieu de je, et de même, il est écrit dans les prophètes, c’est-à-dire, dans un des livres de quelqu’un des prophètes. […] Ceux qui dans des ouvrages sérieux tombent par simplicité dans le même inconvénient que les feseurs de chansons, ne sont guère moins répréhensibles, et se rendent plus ridicules. […] Il n’y a rien de si prophane dont on ne puisse tirer des moralités, ni rien de si sérieux qu’on ne puisse tourner en burlesque. […] L’idée de cet original et l’aplication qu’on en fait à un sujet d’un ordre moins sérieux, forment dans l’imagination un contraste qui la surprend, et c’est en cela que consiste la plaisanterie de la parodie.

1680. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

— J’ai désobéi à mon évêque… — Votre évêque, indulgent à des manies qui ne portent, en définitive, nulle atteinte sérieuse à votre caractère sacerdotal, vous pardonne… Toutefois, je mets une condition à ce pardon que je vous accorde entier : c’est qu’à l’avenir vous édifierez votre paroisse, non seulement par la pratique de vertus auxquelles je me plais à rendre justice, — je me souviens encore de l’abbé Cyprien Coupiac, un des bons sujets de mon grand séminaire, — mais aussi par une correction, une hauteur de tenue dignes du saint ministère que vous exercez… Vous me comprenez, n’est-ce pas ? […] C’est pour moi un des grands attraits de son livre que cette certitude de sincérité ; chaque mot peut y être pris au sérieux, car chacun d’eux reflète une vérité. […] Vasili qui, avec ce beau livre : La Sainte Russie, paru chez Firmin-Didot, nous servira de guide ; un guide sérieux prenant l’histoire depuis les Varègues jusqu’à nos jours, nous montrant d’abord la Russie à vol d’oiseau, puis la Cour, l’armée, la marine, les grandes institutions d’État, la noblesse, le clergé, la bourgeoisie, le peuple, Saint-Pétersbourg et ses environs, Moscou, le Caucase ; nous conduisant par toutes les voies de communication dans les profondeurs des provinces les plus reculées ; nous faisant admirer, par plus de 200 gravures et chromolithographies, les monuments, les villes, les rues, les grandes cérémonies, les scènes populaires, les costumes si variés d’une immense armée, les portraits de la famille impériale, des grands personnages, nous expliquant, par des cartes politiques et ethnographiques, la Russie tout entière. […] Je m’accuse d’un tort sérieux, mais au regard des miens et de moi-même : c’est d’avoir eu trop de foi dans la solidité des assises du régime impérial, et, par suite un trop médiocre souci de nos intérêts d’avenir. […] … — « En effet », observa mon compère ; « mais il a du bon. » — « Tenez », continuai-je, en affectant de restreindre la conversation entre nous deux, comme aussi d’être de moins en moins sérieux, « je rêvais dernièrement que j’assistais à la représentation d’un intéressant spectacle. — Premier acte : le gouvernement prescrivait à ses préfets de dresser une liste discrète, mais bien comprise, des hommes dangereux de leurs départements respectifs : fauteurs habituels de désordre ; correspondants et agents principaux des comités-directeurs de Paris, et de les expédier rapidement, le jour dit, vers des ports d’où quelques vaisseaux, mis sous vapeur d’avance, devait les transporter à Nouka-Hiva, pour y fonder une République modèle, démocratique, sociale, et le reste, selon leur cœur. — Deuxième acte : le gouvernement, après entier accomplissement du premier, annonçait à l’Assemblée législative la grande mesure de salut public dont il venait de prendre l’initiative courageuse.

1681. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Ce prix est d’autant plus grand, lorsque cette souplesse s’associe à un sérieux extrême dans le fond intime de la pensée. […] L’extrême sincérité de la notation et l’extrême sérieux de la réflexion lui sont également nécessaires. […] Cet Allemand, a, lui aussi, quelque-unes des qualités qui nous étaient chères dans sa race, avant l’inexpiable année et le crime de l’annexion : le sérieux et la naïveté dans la force, une simplicité de jeune barbare qui s’émerveille, une droiture de cœur qui donne une poésie à la gaucherie. […] On hésite à prendre trop au sérieux un carnaval intellectuel, dont un Rodolphe Salis fut le facétieux chef d’orchestre. […] Quand on les étudie dans leur ordre, on constate chez vous un effort ininterrompu pour dégager, sous l’ironie exaspérée de votre première manière, le fond sérieux qui se devinait déjà, derrière les paradoxes de votre : Ailleurs !

1682. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Sainte-Beuve, avait défini ainsi lui-même ce qu’il avait voulu faire en écrivant un volume d’Essai sur Talleyrand : « L’idée que j’avais, dit sir Henry Bulwer, c’était de montrer le côté sérieux et sensé du caractère de cet homme du xviiie  siècle, sans faire du tort à son esprit ou trop louer son honnêteté. » Je passe sans transition, et pour finir et ne pas prolonger trop le poids d’une responsabilité qui pèse en ce moment sur l’éditeur seul dans le choix de ces citations authentiques, mais délicates, à un incident qui survint au Temps pendant la publication et dans l’intervalle d’un article à l’autre, et qui avait tout l’air d’une menace J’ai besoin de citer encore la lettre suivante de M. 

1683. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Un rude sacrifice s’est accompli en lui ; il a fait pour le bien, il a pris sa science au sérieux et a voulu que rien de téméraire et de hasardé n’y restât.

1684. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Mais là, les tendres caresses de son fils, qui l’avait reçue avec tant d’empressement et qui l’avait fait asseoir au-dessus de lui-même dans la salle du festin, avaient dissipé de son cœur toute inquiétude : car, par d’intarissables discours, tantôt empreints d’une familiarité puérile, tantôt mêlés de ces retours de gravité qui semblent associer les choses sérieuses aux badinages, Néron prolongea le festin.

1685. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Encore une fois, mon livre est plein de défauts ; mais, malgré ces défauts, c’est de tous les livres historiques publiés en Europe depuis Jean-Jacques Rousseau, dans la fièvre d’engouement qui saisit l’Europe à l’apparition de la Nouvelle Héloïse, c’est celui de tous les livres sérieux qui a été le plus vite et le plus persévéramment dévoré par la curiosité publique depuis son apparition ; c’est celui qu’on a accusé bien à tort d’avoir assez ébranlé les esprits en France et en Europe pour avoir fait une révolution en France et huit ou dix révolutions en Europe.

1686. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Les jeunes hommes sérieux tels que Louis de Ronchaud n’ont point de ces irrévérences ; pour eux, ce qui est beau est dieu ; ils ne profanent ni une pierre ni un homme, de peur d’y profaner une divinité cachée dans l’art ou dans l’artiste.

1687. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Le sérieux, et par conséquent le religieux, manque à son génie.

1688. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

La Légende des Nornes déploie leur théogonie bizarre et grandiose : la naissance d’Ymer et des géants, qui sont les puissances mauvaises ; la naissance des dieux bienfaisants, des Ases, qui domptent Ymer et de son corps forment l’univers ; le rouge déluge que fait son sang ; l’apparition du premier couple humain ; Loki, le dernier-né d’Ymer, et le Serpent, et le Loup Fenris et tous les dieux du Mal vaincus par les Ases bienheureux ; la venue du jeune dieu Balder ; puis la suprême révolte de Loki, du Serpent, de Fenris et des Nains, et la fin misérable du monde  La pensée de l’au-delà hantait ces hommes du Nord dans l’intervalle des tueries : ils étaient tout prêts pour le christianisme et devaient le prendre terriblement au sérieux.

1689. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

On lui reproche de manquer de critique, de s’appuyer sur des documents arbitrairement choisis et sans valeur sérieuse. « Il nous cite toujours, dit-on, les Mémoires de Bourrienne, qui sont en grande partie apocryphes, et ceux de Mme de Rémusat, qui sont d’une ennemie, d’une femme qui avait contre l’empereur des griefs personnels  et des griefs féminins.

1690. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais ce n’est pas là le sentiment de l’Humanité collective ; ce n’est pas un attachement sérieux et raisonné aux destinées de l’Humanité, une sollicitude inquiète et active en même temps pour tous les hommes en général : c’est de la sensibilité, ce n’est pas de la charité.

1691. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

L’État devrait réserver des emplois toujours vacants : tout écrivain notoirement estimé devrait les obtenir sur sa seule demande pour un jeune au sujet duquel il apporterait les éléments d’une enquête discrète et sérieuse.

1692. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Virgile, qu’il entendait assez bien pour en traduire médiocrement quelques églogues, ne lui donna pas l’idée d’une poésie plus sérieuse et plus élevée, et il ne quitta pas les traces d’Ovide dans l’élégie plus spirituelle que passionnée, et celles de Martial dans l’épigramme.

1693. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Il fut touché de ce sérieux des doctrines chrétiennes, si fort exagéré par le calvinisme et il prit plaisir à étudier l’homme au point de vue du christianisme, c’est-à-dire dans les contradictions et les misères de sa nature.

1694. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Faire connaître Wagner au public français sérieux, cela vaut-il les stalles brisées et les lustres avariés à l’Opéra-Comique, le jour de la première ?

1695. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Rien ne peut mieux réussir à en préserver le Public, que quelque Ouvrage qui en fasse sentir le ridicule : et pour cela il n’y a autre chose à faire que de lui présenter, dans un Extrait fidèle, toutes ces phrases vuides et alambiquées, dont les nouveaux Scudéris de notre temps ont farci leurs ouvrages, même les plus sérieux. » On n’est pas très surpris en lisant ce dictionnaire d’y trouver voués à la réprobation des honnêtes gens des mots tels que : Agreste, amplitude, arbitraire, assouplir, avenant ; « aviser, pour dire découvrir de loin, est un mot bas et de la lie du peuple » ; broderie, coûteux, coutumier, découdre défricher, sont tenus pour des termes incompatibles avec la littérature, et on rejette encore : détresse, émaillé, enhardir, équipée, germe, geste, etc.

1696. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Il descendoit souvent des sujets les plus sublimes aux moins sérieux ; et il se sçavoit sans doute aussi bon gré de la grace qu’il donnoit aux uns, que de la force qu’il donnoit aux autres.

1697. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

J’ai relu, pour ainsi dire, ma vie tout entière sur ce livre de pierre composé de trois sépulcres : enfance, jeunesse, aubes de la pensée, années en fleurs, années en fruits, années en chaume ou en cendres, joies innocentes, piétés saintes, attachements naturels, études ardentes, égarements pardonnés d’adolescence, passions naissantes, attachements sérieux, voyages, fautes, repentirs, bonheurs ensevelis, chaînes brisées, chaînes renouées de la vie, peines, efforts, labeurs, agitations, périls, combats, victoires, élévations et écroulements de l’âge mûr sur les grandes vagues de l’océan des révolutions, pour faire avancer d’un degré de plus l’esprit humain dans sa navigation vers l’infini !

1698. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Parmi les modernes, ce nom et ce rôle sont inconnus ; mais à l’épilogue des anciens, ils ont substitué l’usage des petites pièces ou comédies, qu’on fait succéder aux pièces sérieuses, afin, dit-on, de calmer les passions et de dissiper les idées tristes que la tragédie aurait pu exciter.

1699. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

De ce point de vue, la sociologie a sur la psychologie un sérieux avantage qui n’a pas été aperçu jusqu’ici et qui doit en hâter le développement.

1700. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Janin devant le sérieux et le pathétique d’un pareil livre ?

1701. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie.

1702. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Les Anglo-Saxons, experts à parer et à fleurir les choses sérieuses, savent associer la science avec la joie. […] Il comptait bien ne pas entrer sans défense dans la sérieuse aventure de la vie. […] Beaucoup de sérieux et de calme. […] C’est pour vous la seule manière de rendre possible une paix sérieuse entre vous et la nation russe. […] Ces deux savants n’ont pas cru commettre un anachronisme en présentant à leurs contemporains un ouvrage aussi sérieux.

1703. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Reprenons maintenant la Comédie humaine, avec cette clef que l’auteur nous a tendue, et en acceptant, comme aussi sérieuse qu’elle est sincère, sa déclaration de principes. […] Deux caractères paraissent avoir couru d’un bout à l’autre de cette sérieuse lignée bourgeoise : le goût des idées générales et le sens des affaires. […] Barrès, qu’ils lui aient rendu cet hommage, et c’est son meilleur éloge qu’il l’ait mérité, non seulement par ce don de la phrase frémissante et passionnée, mais par un développement de sa pensée de plus en plus sérieux et sincère. […] Tout, dans cette demeure où il naquit, dénonce l’établissement sérieux et définitif d’une famille de la classe moyenne qui s’installe avec réflexion et pour de longues années. […] L’écrivain s’est mépris sur la valeur comparative des doctrines que l’évêque et le révolutionnaire représentent, mais il a vu l’importance du rôle que joue la doctrine dans les heures sérieuses de la vie.

1704. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Ce n’est pas lui qui, à la façon de Raphaël, commencerait par les faire nues ; la main la plus licencieuse n’oserait pas déranger un seul des plis roides de leurs robes ; leur enfant sur les bras, elles ne songent qu’à lui et ne songeront jamais au-delà ; non-seulement elles sont innocentes, mais encore elles sont vertueuses ; la sage mère de famille allemande, enfermée pour toujours par sa volonté et par sa nature dans les devoirs et les contentements domestiques, respire tout entière dans la sincérité foncière, dans le sérieux, dans l’inattaquable loyauté de leurs attitudes et de leurs regards. […] Si la forte et âpre acclamation de l’Arabe qui éclate comme une trompette à l’aspect du soleil levant et de la nudité des solitudes348, si les secousses intérieures, les courtes visions du paysage lumineux et grandiose, si le coloris sémitique manque, du moins le sérieux et la simplicité ont subsisté, et le Dieu hébraïque transporté dans la conscience moderne n’est pas moins souverain dans cette étroite enceinte que dans les sables et dans les montagnes d’où il est sorti. […] Mais laissez passer la fougue juvénile, prenez l’homme aux grands moments, dans la prison, dans le danger, ou même seulement quand l’âge vient, quand il arrive à juger la vie ; prenez-le surtout à la campagne, sur son domaine écarté, dans l’église du village dont il est le patron, ou bien seul le soir, à sa table, écoutant la prière que son chapelain récite, et n’ayant d’autres livres que quelque gros in-folio de drames graissé par les doigts de ses pages, son Prayer Book et sa Bible ; vous comprendrez alors comment la religion nouvelle trouve prise sur ces esprits imaginatifs et sérieux.

1705. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Elle s’avançait seule ; son port était noble, son air doux et sérieux, sa démarche facile ; tout en elle éloignait la crainte, inspirait le respect. […] Cela eut un succès vaste, long, sérieux.

1706. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Je déclare très volontiers, somme toute, que les histoires de « tiers » ne seraient qu’une aimable plaisanterie si elles n’étaient pas malheureusement un empêchement sérieux à la diffusion de la pensée, si elles ne servaient pas à considérer les artistes après leur mort, et seulement après ce moment-là d’ailleurs, comme des êtres dangereux, dont il faut se préserver de toutes les façons possibles. […] A vrai dire, ces procédés mécaniques et rapides ne semblent guère convenir à l’élaboration d’une œuvre sérieuse : il y faut du recueillement, une sage lenteur, et aussi de la solitude, qui exclut aussi la dictée, bien qu’un Sainte-Beuve ait dû s’y résoudre, ayant la crampe des écrivains.

1707. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Faut-il croire, comme on l’a dit, que plus tard, devenu grave et sérieux, Belleau jugea frivole son premier enthousiasme ? […] Je dois ajouter que c’est apparemment sur un mode à moitié sérieux. […] La critique modérée disait encore au moment de la mort de Lemercier, que son Agamemnon était la dernière des belles tragédies dans le goût antique, et que Pinto avait mêlé, le premier, les sérieuses réalités de l’histoire à un excellent comique.

1708. (1925) Proses datées

A certains jours, ils éprouvent le besoin, pour se délasser du sérieux de leurs travaux, de lâcher la bride à leur fantaisie et, de laisser libre cours aux inventions les plus saugrenues. […] Nous causâmes ainsi assez longtemps ; puis, tout à coup, Allais prit un air détaché et sérieux et il me dit : — Tout cela, c’est très bien, mais, en somme, à Honfleur, vous n’étiez pas des clients de la pharmacie. […] Ce fut, il semble bien, le premier conflit sérieux entre le soldat et le poète, conflit rendu plus aigu, de la part de l’un, par une certaine rudesse de manière, de la part de l’autre, par une antipathie et une rancune secrètes. […] Aucun des trois ne reçut un sérieux commencement d’exécution et il en fut de même des nombreux projets de nouvelles et de contes qui le hantèrent.

1709. (1900) Molière pp. -283

Mais qu’elle ait été très curieusement accueillie, écoutée avec un sérieux et vif intérêt, même par ceux d’entre eux dont elle contrariait ou même heurtait, ici ou là, les sentiments instinctifs ou raisonnés à l’égard du grand poète, nous le croyons sans peine, et, d’ailleurs, le succès d’attention et d’applaudissement qu’elle obtint, nous est attesté par plus d’un contemporain et véridique témoignage. […] il n’a garde de contester ses excellents principes, sa droiture, sa vive intelligence, le sérieux de ses sentiments, sa sincérité : mais le charme, demande-t-il, le charme, le trouve-t-on vraiment chez cette fille qui, d’un esprit si positif, oppose aux conceptions métaphysiques de l’amour caressées par sa sœur Armande les félicités matérielles du mariage, et tient tête aux obstinées prétentions et obsessions de Trissotin avec une si accablante supériorité de bon sens, de raison malicieuse et d’ironie ? […] Weiss, dont le souvenir se perd ou s’est effacé, celui qui se révélait avec tant d’imprévu et de charme dans la causerie sérieuse comme dans les propos familiers ; un J. […] Il n’a jamais vu Charlotte et Mathurine ; en dix minutes, en une demi-journée, si vous voulez, il leur fait accepter à toutes deux comme sérieuses ses promesses de mariage ; il les leur fait accepter, toutes deux étant présentes ; et toutes deux le croient ; chacune croit que c’est elle qu’il va épouser ; et tout cela est si bien agencé, si naturel, que le spectateur ne voit à cet égard, de part et d’autre, aucune invraisemblance.

1710. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Mais pour rester bon juge de la valeur de cette œuvre distinguée, pour ne rien méconnaître des mérites sérieux qu’on y salua si vivement à sa naissance, pour garder tout respect enfin à une pure impression de notre jeunesse, il y a à revenir aux circonstances mêmes où la pièce s’est produite, voilà plus de vingt ans, et au point de départ qui avait précédé.

1711. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Le commérage relevé à la dignité d’entretien, tantôt léger, tantôt sérieux, passa en loi.

1712. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Deux ouvrages d’éducation, écrits à vingt ans de distance, le livre que le chevalier de la Tour Landry adressait à ses filles (1372) et le Ménagier de Paris, qu’un bourgeois déjà mûr dédiait à sa jeune femme (1302) nous font mesurer la différence des deux classes, la frivolité, l’ignorance, l’amoindrissement du sens moral chez l’excellent et bien intentionné seigneur : chez le bourgeois, le sérieux de l’esprit, la dignité des mœurs, la réflexion déjà mûre, la culture déjà développée, enfin la gravité tendre des affections domestiques, l’élargissement de l’âme au-delà de l’égoïsme personnel et familial par la justice et la pitié.

1713. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Il devint maître en l’art d’escroquer, par subtil ou effronté larcin, poisson, vin, viande, pain, tripes, de quoi faire une « franche repue » ; c’étaient jeux innocents par où il préludait à de plus sérieux exploits.

1714. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Ce qui fait tort à Racine, c’est que son nom et son œuvre sont intimement liés au nom et au règne de Louis XIV et que beaucoup détestent aujourd’hui le Roi-Soleil, encore que ç’ait été un homme fort original, un roi sérieux et convaincu, et qui porta une sorte d’héroïsme dans l’exercice de ses fonctions et surtout dans la dure parade qui prit une bonne moitié de sa vie.

1715. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Cette terreur mitigée, cette terreur qui se défie d’elle-même, qui désire ménager les bienséances, n’est pas un moyen dramatique sérieux.

1716. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

C’est ainsi que les vases et les bas-reliefs nous les montrent ; sveltes sans maigreur, l’œil pensif et l’allure agile, sérieuses encore, mais non plus farouches, pareilles à des chasseresses au repos.

1717. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Tout ceci est très sérieux.

1718. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

L’inconnu qui est dans l’homme et l’inconnu qui est dans les choses se confrontent ; et il se trouve qu’en se rencontrant, ces deux augures, la Nature et le Destin, ne gardent pas leur sérieux.

1719. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Il est bien remarquable, en effet, que les questions les plus radicalement inaccessibles à nos moyens, la nature intime des êtres, l’origine et la fin de tous les phénomènes, soient précisément celles que notre intelligence se propose par-dessus tout dans cet état primitif, tous les problèmes vraiment solubles étant presque envisagés comme indignes de méditations sérieuses.

1720. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Cependant il y a des exceptions78 et on s’exposerait à de sérieuses erreurs si l’on jugeait toujours de la concentration morale d’une société d’après le degré de concentration matérielle qu’elle présente.

1721. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Les gouvernements applaudissent ; car toute concession est grosse d’une autre encore plus mortelle, Choiseul tombe, mais qu’importe à la sérieuse Espagne, à ce Charles III, inflexible et muet, pour les vues duquel Choiseul, éventé comme la présomption, s’était si vainement agité !

1722. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Et il a raison, car dans ce roman, trop court quand on l’a lu, tient une des plus sérieuses et des plus profitables leçons que l’homme puisse recevoir. […] Elle mettait à vendre ses fleurs tant de sérieux, d’à-propos et de séduction naturelle, qu’il paraissait à chacun qu’en obtenant d’elle une fleur, il obtenait une faveur particulière. […] Les soixante-dix ans sont venus, ils ont fini à leur tour, ils sont déjà loin, les délais se raccourcissent de moment en moment, et désormais je ne compte plus comme à moi que le jour que je tiens. » Je n’ai pas la prétention de faire une étude approfondie du livre aussi sérieux qu’attractif de M. 

1723. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

et de faire de son royaume l’asile de la Compagnie, à quoi, du reste, Frédéric répond par des raisons sérieuses qui sont inattaquables et que Voltaire ne réfute pas. […] C’étaient la seule limite sérieuse, parce qu’elle était permanente, de l’autorité royale. […] » — Il y a pourtant dans la boutade de Montesquieu un sens très sérieux, qu’il n’a eu que le tort, fréquent chez lui, de ne pas démêler pour les yeux du lecteur inattentif. […] L’histoire du Parlement de Paris est un ouvrage d’érudition très sérieuse ; mais, comme esprit, c’est un pur pamphlet, comme le Siècle de Louis XIV est un pur panégyrique. […] La moralité réelle et la vraie liberté s’y trouvent profondément intéressées… Toute tendance sérieuse à réaliser cette utopie rétrograde [le retour au régime antique] ne pourrait aboutir qu’à l’intolérable domination de médiocrités également incapables dans les deux genres  » (Système de politique positive ; discours préliminaire, seconde partie.

1724. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Quelle que soit la destinée de mes travaux, cet exemple, je l’espère, ne sera pas perdu… » Il admoneste les mélancolies : « L’étude sérieuse et calme n’est-elle pas là ? […] Elle ne paraît plus sérieuse ; et le penseur allemand qui préconise le rôle civilisateur de l’Allemagne et ne compte pour rien, dans le passé, l’activité civilisatrice de la France, vous a l’air d’un plaisantin boche. […] Au surplus, cette gaieté-là ne contredit pas à l’austérité de la trilogie : cette bonne humeur et cette humeur sérieuse ont la même origine dans une exquise pureté de l’âme, et font un agréable mélange, assez Vaudois, il me semble. […] Quelques semaines plus tard, elle sait pourquoi : elle aime un autre jeune homme, un ami d’enfance, un garçon chimérique au point qu’il fait de la peinture et qu’il refuse toute profession sérieuse. […] Il eût écrasé de son mépris et il eût chassé un ministère qui se fût déclaré satisfait sans avoir obtenu du roi Guillaume un engagement sérieux.

1725. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Rousseau qui rendront à ses contemporains le goût, tout chrétien, des larmes, — par le respect des grandes inventions scientifiques, et Newton et Laplace étonneront les esprits de leur faire prendre goût aux plus hautes spéculations, redevenir sérieux, fût-ce par mode, et discuter les lois de la pesanteur au dessert d’un petit souper, — par la grande convulsion de la Révolution et de la Terreur qui rendra le goût de l’héroïsme avec le sentiment du peu qu’est la vie à ces cœurs redevenus sensibles, à ces esprits redevenus sérieux. […] Puisque l’homme est incapable de grandeur et de vertu, que du moins il vive tranquille : qu’il ait l’intérêt pour loi, mais qu’il ne le dise pas ; qu’il ruse avec la grandeur dont il connaît le néant, avec le malheur, c’est-à-dire avec la nature ; qu’il sache jouir des petits bonheurs et, fort seulement de sa triste expérience, qu’il passe, avec un sourire revenu de tout mais qui se moque de tout, au bord des choses sérieuses : — et le xviiie  siècle est né. […] Le monde prit une attitude sérieuse bien avant d’avoir des sentiments sérieux : peut-être s’hypnotisa-t-il dans cette attitude et le geste évoqua le sentiment. […] Il sait que l’Art se fonde désormais sur une métaphysique profonde et il assiste, en témoin qui admire et comprend, qui connaît ces belles souffrances, à cette bataille définitive de l’Homme et de la Nature : « Ce n’est plus un duel courtois, c’est un combat sérieux qu’il doit soutenir contre l’Isis éternelle ; il ne veut plus seulement soulever ses voiles, il veut les déchirer, les anéantir à jamais et, privé de ses Dieux évanouis, posséder du moins l’immuable Nature, car il sent que ces Dieux renaîtront d’elle et de nouveau peupleront les solitudes du vaste azur et les jardins mystérieux où fleurissent les étoiles. » Voilà le Poëte dont on a dit et qui a laissé dire qu’il ne pense pas, — cela parce que, artiste parfait, il ne touche de ses vers sa pensée que par les sons et les couleurs du Symbole qui la concrète.

1726. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

On peut être sérieux sans être ennuyeux ; l’érudition, ce me semble, ne doit exclure ni l’art ni l’esprit. […] Benjamin Constant ne l’eût certes pas admise, lui qui écrivait à Fauriel, à propos de cet ouvrage : « Dans les plus beaux passages, il y a un mélange de mauvais goût, qui annonce l’absence de la sensibilité comme de la bonne foi » En effet les arguments sont ramassés de ci de là ; quelques-uns pitoyables et ridicules ; on sent partout non seulement le peu de solidité de la démonstration, mais encore le manque de sérieux et de respect ; si bien que la cour de Rome elle-même, après avoir, dans le premier moment, complimenté l’auteur pour son intention, finit par désavouer le livre et le mettre à l’index. […] Et c’est l’auteur qui le fait oublier, parce qu’il pense trop à lui-même, n’étant pas assez désintéressé, tenant plus à son style qu’à son idée, et beaucoup plus désireux d’étonner que de convaincre ; tandis que l’écrivain sérieux, vraiment homme, tient par-dessus tout à persuader, et ne songe qu’à communiquer le sentiment dont il est plein : alors la puissance de la conviction lui donnant l’éloquence, même sans qu’il y songe, la gloire lui vient par surcroît, et d’autant plus grande ! […] Guizot, dans cette remarque, du reste approbative, a, si je l’ose dire, la main un peu lourde. « Corneille, dit-il, ne se croyait point obligé d’être brave. » Cela semblerait indiquer qu’on suppose qu’il eût été incapable de se battre en duel, même pour un motif sérieux. […] non, Corneille, avec tout le sérieux et tout le prosternement possible, essaye de se faire pardonner son chef-d’œuvre : il feint d’en rapporter tout le mérite à son maître en Apollon, et les fautes à lui-même, humble disciple.

1727. (1883) Le roman naturaliste

Il eût alors parlé de Rousseau tout autrement qu’il ne l’a fait et signalé, par exemple, dans la Nouvelle Héloïse, quelque chose d’absolument nouveau : le premier roman moderne où l’amour ait été traité comme chose sérieuse, et comme affaire importante de la vie. […] Zola), remuant à son tour cette même question d’argent, en a parlé plus fortement que Théophile Gautier ; l’a prise encore plus au sérieux, presque au tragique. […] Cependant elle n’avait pas le caractère grondeur que l’on supposerait être une condition nécessaire de telles habitudes, et son naturel, très doux, très patient, la portait à rechercher les choses les plus sérieuses et les plus tristes de la vie pour en nourrir son esprit. […] C’est feu Wafflard, l’auteur du Voyage à Dieppe, qui n’aurait pas osé se permettre une semblable phrase ; ou, s’il l’avait commise, ç’aurait été qu’il voulait rire ; et M. de Goncourt, de quoi je le plains de tout mon cœur, est sérieux, et très sérieux.

1728. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Puis, je ne sais par quel chemin, sa parole va à ses livres, et il déclare qu’il n’y a qu’une chose qui blesse son amour-propre, c’est que dans son Tartarin, on n’a vu qu’une fantaisie comique, et qu’on n’a pas reconnu que c’était une sérieuse personnification du Midi, une figure de don Quichotte plus épais. […] Rico est de tous les paysagistes de la terre, le paysagiste spirituel, et dans ces terrasses toutes fleuries descendant à l’eau, avec derrière elles les pins parasols et les cyprès, et dans les lointains violacés, où les maisons des villes du Midi font des taches blanches parmi les jardins à la chaude verdure, Rico se montre le seul artiste qui sache être un féerique décorateur, dans de la vraie et sérieuse peinture.

1729. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

L’organisation d’un gouvernement libre représente mieux, selon nous, les rapports que soutiennent les signes avec les choses signifiées : le monde de nos pensées peut être comparé à un peuple qui se gouverne lui-même ; en théorie, en droit, en fait même à certain point de vue et dans certaines circonstances, tous les citoyens possèdent une part égale de souveraineté ; mais la raison qui leur est commune et le juste sentiment de l’intérêt bien entendu leur ont fait de bonne heure comprendre l’utilité d’une organisation hiérarchique ; ils ont donc détaché parmi eux un certain nombre d’hommes auxquels est exclusivement confiée l’administration des affaires publiques ; ces mandataires délégués dans l’intérêt de tous par l’autorité véritable sont seuls en évidence ; ils semblent incarner en eux la souveraineté populaire ; la louange et le blâme s’attachent exclusivement à leurs personnes ; ils n’ont pourtant, à parler rigoureusement, qu’un semblant de pouvoir ; leur démission collective ne saurait entraîner la mort du corps social, mais seulement une crise politique passagère, sans danger sérieux pour une société dont les forces vives sont restées intactes. […] Une objection sérieuse peut nous être faite ici.

1730. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Un grand sérieux de l’intelligence le sauve. […] L’absence d’œuvres importantes ne nous permet point d’étayer encore une affirmation sérieuse, mais des essais d’un grand intérêt doivent retenir l’attention. […] D’une critique sérieuse du passé, Alfred Fabre-Luce exigeait ainsi des suggestions favorables à l’avenir.

1731. (1925) Portraits et souvenirs

Il est précieux, ce catalogue que je feuilletais chez une amie à qui il appartient, car le subtil dessinateur Paul Helleu n’y a pas seulement représenté, en un portait fidèle et vivant, le visage si expressivement inquiet et beau d’Edmond de Goncourt, mais il a illustré les marges du volume de nombreux croquis pris durant la vente : profils attentifs ou sérieux de belles acheteuses, silhouettes d’amateurs ou de marchands, attitudes et gestes saisis sur le vif et qui rendent au naturel le mouvement d’une tête ou d’une main. […] Il joignait à la clairvoyance et à la sûreté de goût beaucoup d’indulgence, de malice et d’ironie, car il entendait bien garder le droit d’être sérieux : sans dogmatisme et bienveillant sans adulation. […] Avec un sérieux parfait, il accomplit ses devoirs de biographe, il est impartial et renseigné.

1732. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Voilà donc tous les sages de ces derniers temps, et le grave philosophe de Kœnigsberg lui-même, qui ont pris quelques saillies de l’imagination brillante de Voltaire pour les vérités les plus profondes, et qui nous répètent de l’air le plus sérieux, et avec la morgue la plus doctorale : Ô le lion temps que ce siècle de fer ! […] Mais un livre est une affaire sérieuse : il reste à jamais pour accuser ou défendre son auteur ; ce n’est plus à la fantaisie, c’est à la raison qu’il faut obéir, et ce qu’on peut dire avec grâce ne peut toujours s’écrire avec succès. […] L’esprit de la religion était partout, dans l’État et dans la famille, dans le cœur et dans les discours, dans toutes les affaires sérieuses, et jusque dans les jeux domestiques.

1733. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Racine & Boileau, tous deux de ses amis, pour rendre ridicule à ses yeux la requête de l’université, imaginèrent cet arrêt brulesque qu’ils dressèrent conjointement, & dans lequel Aristote se plaint de ce que, « depuis quelques années, une inconnue, nommée la Raison, auroit entrepris d’entrer, par la force, dans les écoles de la dite université ; &, pour cet effet, à l’aide de certains quidams factieux prenant le surnom de Gassendistes, Cartésiens, Mallebranchistes, & Pourchotistes gens sans aveu, se seroit mise en état d’en expulser le dit Aristote, ancien & paisible possesseur desdites écoles, contre lequel elle & ses consorts auroient déjà publié plusieurs livres, traités, dissertations, & raisonnemens diffamatoires ; voulant assujettir ledit Aristote à subir devant elle l’examen de la doctrine, ce qui seroit directement opposé aux loix, & coutumes de ladite université, où ledit Aristote auroit toujours été reconnu pour juge sans appel, & non comptable de ses opinions. » L’arrêt fut mis avec quelques expéditions que le premier président avoit à signer ; mais il s’apperçut de la plaisanterie : « A d’autres, dit-il en riant, & jettant le papier au nez de la personne qui le lui avoit présenté : voilà un tour de Despréaux. » Ce tour comique, à ce qu’avoua depuis ce magistrat, sauva un arrêt fort sérieux qu’eut pû donner le parlement. […] Il transcrit le jugement qu’en portèrent à sa paternité les quatres sçavans reviseurs ; l’indignation dont ils furent saisis en voyant une chronologie toute extraordinaire, celle de Porphyre & de Marsham substituée à la véritable ; en voyant le texte de l’écriture sainte rendu très-infidellement, un double sens littéral admis dans les prophéties qui regardent le Christ, un stile de contes de Fées employé dans les choses les plus sérieuses & les plus sublimes. […] Aussi les aspirans au prix d’éloquence ne crurent pas que la question fut sérieuse, & choisirent tous l’affirmative, à l’exception de M. […] Quelque sérieux qu’on eut gardé jusques-là, on ne put s’empêcher de rire.

1734. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Le premier président de Lamoignon ne faisait sans doute que rire, quand, à force d’être pompéien, il applaudissait, dans son beau jardin de Bâville, Guy Patin s’écriant : « Si j’eusse été au sénat quand on y tua Jules César, je lui aurais donné le vingt-quatrième coup de poignard. » Mais M. de Malesherbes (ce qui était plus sérieux) disait à propos de ses anciennes liaisons rompues avec les philosophes : « Si je tenais en mon pouvoir M. de Condorcet, je ne me ferais aucun scrupule de l’assassiner. » Mauvaises manières de dire en ces nobles bouches, qui prouvent la part de l’infirmité humaine et du vieux levain toujours aisé à soulever ; pas autre chose.

1735. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Il ne s’agit plus de plaisanter, de polissonner ; le sérieux est continu ; on s’indigne, et la voix puissante qui s’élève perce au-delà des salons jusqu’à la foule souffrante et grossière, à qui nul ne s’est encore adressé, dont les ressentiments sourds rencontrent pour la première fois un interprète, et dont les instincts destructeurs vont bientôt s’ébranler à l’appel de son héraut. — Rousseau est du peuple et il n’est pas du monde.

1736. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Passons sur ces sorcelleries déplacées dans le sérieux d’un tel drame.

1737. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Cela ne soulèverait pas une minute de discussion entre hommes sérieux.

1738. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

D’un côté, une tendre admiration mêlée de pitié pour le génie d’un grand poète, qui était en même temps le plus beau et le plus héroïque des jeunes courtisans de la maison d’Este ; une reconnaissance chevaleresque et poétique de l’autre côté pour une femme accomplie, que son rang et sa piété élevaient au-dessus des soupçons : voilà les seuls rapports que l’histoire sérieuse puisse constater entre Léonora et le Tasse.

1739. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

L’amour, qui débordait de son cœur comme de son esprit, avait trouvé tard, semblable à un repentir des jours perdus, son aliment dans un homme épris lui-même d’une sérieuse passion pour elle.

1740. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Du Chatelard, sans cesse admis dans la familiarité la plus intime de sa maîtresse, avait fini par confondre le badinage et le sérieux, et par se persuader que la reine ne désirait qu’un prétexte pour tout accorder à son audace.

1741. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Élisabeth, après de longues et sérieuses hésitations devant son conseil, nomma enfin trente-six juges pour aller entendre Marie Stuart et pour faire leur rapport au conseil.

1742. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

De tous les recueils lyriques de Victor Hugo, les Feuilles d’automne sont probablement le seul qui restera, car c’est le seul où se révèlent des pensées sérieuses.

1743. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Aucun esprit sérieux n’a songé à dissimuler la singulière inégalité du génie de Corneille.

1744. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Quand au lieu de regarder une idée en l’air, tout à coup elle est prise au sérieux, c’est cela qui est, et qui fait, une révolution.

1745. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Alors aussi il y a un réveil agricole qui met en mouvement les esprits sérieux.

1746. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Avant toutes choses, Wagner voit que l’obstacle à toute expression mimique sérieuse est l’espace trop grand qui se trouve entre l’acteur et le spectateur.

1747. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

D’ailleurs, si mon admiration est restée aussi enthousiaste pour les premières œuvres de Wagner, je dois avouer qui, tout en m’inclinant devant les pages sublimes de la Tétralogie, je fais à l’égard de cette dernière conception d’assez sérieuses réserves.

1748. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Un succès, même incomplet, cherché et obtenu à cette hauteur, honore un talent, mesure un courage et provoque, avec la plus sérieuse sympathie, un examen approfondi.

1749. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Ses strophes sont des frises de vases où jouent des bergers tendres et tristes, vivants et rêveurs, rieurs et sérieux.

1750. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Mais comme la Pensée, la sérieuse et noble Pensée, se détourne tranquillement de tout cela !

1751. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ce n’était pas, ce ne pouvait pas être le rire, et si, par une hypothèse que je n’accorde pas, cette douloureuse et cruelle hideur avait pu produire l’irrésistible rire, ce n’est pas du rire que peut naître jamais l’amour ni même le désir, et Josiane, sérieuse comme la passion et comme le vice, n’aurait jamais aimé Gwynplaine.

1752. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Geoffroy, qui croyait avoir réduit au silence tous ses antagonistes, et qui n’avait pas eu de peine à battre quelques vieux champions de La Harpe (car il excellait dans la polémique), Geoffroy prit la chose au sérieux et releva le gant qu’on lui jetait dans sa propre maison (c’est ainsi qu’il appelait le Journal de l’Empire). […] En attendant des exploits plus sérieux, il commence par déclarer la guerre aux femmes, et délibère avec son valet Cliton sur les meilleurs moyens d’attaquer cette espèce d’ennemis. […] III 26 novembre 1809 On m’a souvent accusé d’injustice et de partialité lorsque j’ai soutenu qu’il avait existé une conjuration très sérieuse, formée par les principaux disciples et partisans de Voltaire, pour détrôner Corneille et Racine, et mettre leur maître au-dessus de ces deux princes de la tragédie.

1753. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il dit très bien de lui-même : « J’étais né sérieux et tendre. » Il était né capable de tous les sentiments qui absorbent l’âme dans une contemplation muette, intime et délicieuse. […] Il a eu sa récompense dulcis dulcem : il a été infiniment aimé des adolescents sérieux et des femmes distinguées. […] Il ne se relève (toujours les poèmes philosophiques mis à part) que quand ses souvenirs de soldat et son grand goût pour la poésie de la vie militaire reviennent le soutenir (Le Cor — La frégate la Sérieuse) ; ce qui se ramène encore à dire qu’il lui est très difficile de sortir de lui.

1754. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Renan, qui a plaidé, sur ce point, le pour et le contre avec une égale vigueur, a clos définitivement le débat en ces termes : « On peut dire qu’il y a des recherches inutiles, en ce sens qu’elles absorbent un temps qui serait mieux employé à des sujets plus sérieux… Bien qu’il ne soit pas nécessaire que l’ouvrier ait la connaissance parfaite de l’œuvre qu’il exécute, il serait pourtant à souhaiter que ceux qui se livrent aux travaux spéciaux eussent l’idée de l’ensemble qui, seul, donne du prix à leurs recherches.

1755. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

L’homme qui rencontrait, dans son premier ouvrage sérieux, des formules comme celle-ci : « La langue française est la seule qui ait une probité attachée à son génie », n’était pas né pour s’accouder à une table de souper et faire pétiller sa pensée comme le vin de Champagne de son verre, — juste le temps de vider cette flûte de mousse alcoolique et parfumée. — Mais l’aiguillon de la déchéance nobiliaire et de la pauvreté piquait ce cœur, sublime et enfantin tout ensemble, à la place malade de l’amour-propre, et la gloriole du prestige mondain devint, pour lui, l’instrument nécessaire d’une fortune à rétablir. […] Certes, avec toutes ses infériorités de race et d’élégance, la société de nos jours possède en plus que celle-là un sentiment du sérieux de l’existence, et parmi ceux qui font métier de causer, on n’en trouverait pas un peut-être qui n’ait connu par lui-même combien il est dur de vivre parfois et combien amer. […] C’est le bienfait des grands malheurs qu’ils laissent derrière eux, dans l’âme qu’ils ont éprouvée, pour peu qu’elle soit d’une trempe distinguée, un goût du sérieux et une entente de la profondeur. […] C’est de la brume chantée, ce choral, avec tout ce qu’il contient de profond et d’enveloppé ; de sérieux et de réfléchi, l’existence dans cette brume froide, sans le gai soleil, sans l’allure voluptueusement vive que le sang de nos veines prend sous le ciel provençal… Où je veux en venir ? […] N’y a-t-il pas quelque naïveté en effet, et une étonnante inconséquence, à prétendre respecter son pays d’une part, lorsque, de l’autre, on ne respecte rien de ce qui fait la vigueur d’un pays : la chasteté des hommes, la grande et entière simplicité du cœur, le profond sérieux de la vie morale ?

1756. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

L’âme, dans cette race, est à la fois primitive et sérieuse. […] Considérez donc l’espèce ici, c’est-à-dire la race ; car les sœurs de l’Ophélia et de la Virginia de Shakspeare, de la Claire et de la Marguerite de Gœthe, de la Belvidera d’Otway, de la Paméla de Richardson, font une race à part, molles et blondes, avec des yeux bleus, d’une blancheur de lis, rougissantes, d’une délicatesse craintive, d’une douceur sérieuse, faites pour se subordonner, se plier et s’attacher.

1757. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

» Voilà, pour cette sorte d’hommes, la pensée maîtresse qui les rend sérieux, méditatifs et ordinairement tristes1217. […] Il y a un sérieux imposant, une austère beauté dans cette réflexion si sincère ; le respect vient, on s’arrête et on est touché.

/ 1899