/ 2261
1451. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

L’imprimeur attend. […] [Auguste Dorchain] Mon cher confrère, J’attendais depuis longtemps qu’un littérateur de talent et décourage, après une information précise et par un indéniable exposé des faits, vînt révéler au public les malpropres dessous de la littérature à l’usage du peuple. […] Je crois qu’on peut attendre beaucoup de bien du concours si généreusement ouvert par la Revue des Revues, et que les œuvres jugées les meilleures par son jury de romanciers et de philosophes seront précisément celles qui révéleront chez leurs auteurs quelques-unes des vertus que Michelet réclame de l’écrivain populaire digne de ce nom.

1452. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre À poursuivre la louve et ses fils, qui tous trois Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois, Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve. […] Aujourd’hui, la philosophie, penchée vers la science, attend son avenir de cette patiente collaboratrice et lui commet le soin de fonder les prémisses qui les conduiront ensemble aux conclusions générales. […] L’humanité ne peut attendre !

1453. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Quel secours peux-tu attendre des Éphémères ? […] Le dieu posera sur son front une main caressante : un fils nommé Epaphos — « Touché doucement » — naîtra de cette conception mystique, et ce fils sera l’ancêtre du libérateur qu’attend Prométhée. […] Parentes plus proches encore de Prométhée, païennes comme lui par la race, chrétiennes par l’esprit, les Sibylles surgissent entre les Prophètes. — La Delphica, belle comme une Muse, prédit le Sauveur par la voix de l’Apollon lyrique qui chante encore dans son sein, l’Erythrea au repos attend qu’un Génie ait rallumé sa lampe, pour voir plus clair dans ses feuillets sibyllins.

1454. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Mardi 28 janvier Aujourd’hui, Burty vient pour ce déjeuner qu’il m’a demandé, et il arrive de bonne heure, comme à un rendez-vous désiré, et depuis longtemps attendu. […] … C’est lui… il m’a parlé d’une pièce pour moi… il l’avait sur lui… je l’ai fait monter dans ma voiture… Bref, il m’a lu son premier acte en chemin… il y a bien eu à travers la lecture, quelques cahots… Tenez, le voilà qui m’attend pour me lire le second acte, en me reconduisant aux Variétés. » Et elle disparaît en pouffant de rire. […] Il faut s’enfermer avec Mirbeau et Bauër, et prendre un grog, qui dure les deux heures que nous avons à attendre le dîner.

1455. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Il semble que les grands hommes en tout mérite, et qui, selon le sentiment ordinaire, auroient dû être distribuez dans plusieurs siecles, attendissent le pontificat de Jules II pour paroître. […] Les causes morales ont-elles attendu pour favoriser la poësie et la peinture, que Le Sueur, Le Brun, Corneille, La Fontaine et Racine se produisissent ? […] Les recompenses et la consideration attendent les ouvriers habiles : nous les avons vû même prévenir quelquefois le mérite.

1456. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

L’Histoire de la chute du roi Louis-Philippe, de la République de 1848 et du rétablissement de l’Empire, était attendue depuis longtemps par l’opinion. […] Comme les plus faibles et les plus forts de cette pauvre époque superficielle et infatuée, comme nous tous enfin, à l’exception d’un seul, averti par mieux que du génie, parce qu’il était prédestiné, l’auteur de la Chute de Louis-Philippe et du rétablissement de l’Empire n’avait rien prévu, rien soupçonné des faits sur lesquels nous vivons maintenant, et a reçu, sans s’y attendre et sans même s’en douter, cette décharge de Dieu à bout portant, dans la poitrine. […] nous nous attendions à mieux qu’à une chronique, si instructive qu’elle pût être, des courts mais nombreux interrègnes du désordre, des vices originels de l’époque, de la longueur et de la variété des réactions.

1457. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

un mérite qu’on n’attendait pas de celui qui, dix ans auparavant, écrivait l’Événement. […] ces différents travaux n’ont abouti à aucun résultat certain, même un des meilleurs, et peut-être le meilleur des critiques de Shakespeare, le poète Coleridge, qui a essayé plusieurs fois, avec une patience de Pénélope qui attend Ulysse, de reconstituer cet ordre chronologique, n’a pu nous éclairer par ce côté-là ce phénomène de production qui fut Shakespeare, dont la personnalité ne se démasqua jamais de son génie et qui est resté impénétrable pour son propre compte à travers le monde de personnages qu’il fit si merveilleusement parler ! […] C’était, nous dit François Hugo, le 26 décembre 1606, le jour de la Saint-Étienne : …… On ne s’attendait guère À voir un saint dans cette affaire !

1458. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Et cette sympathie se produit en particulier quand la nature nous présente des êtres aux proportions normales, tels que notre attention se divise également entre toutes les parties de la figure sans se fixer sur aucune d’elles : notre faculté de percevoir se trouvant alors bercée par cette espèce d’harmonie, rien n’arrête plus le libre essor de la sensibilité, qui n’attend jamais que la chute de l’obstacle pour être émue sympathiquement. — Il résulte de cette analyse que le sentiment du beau n’est pas un sentiment spécial, mais que tout sentiment éprouvé par nous revêtira un caractère esthétique, pourvu qu’il ait été suggéré, et non pas causé. […] Il nous semble que la force psychique, emprisonnée dans l’âme comme les vents dans l’antre d’Éole, y attende seulement une occasion de s’élancer dehors ; la volonté surveillerait cette force, et, de temps à autre, lui ouvrirait une issue, proportionnant l’écoulement à l’effet désiré. […] Surtout, il faut s’attendre à ce que les hésitations et les écarts d’appréciation soient d’autant plus marqués qu’on augmentera davantage la différence d’éclat entre les anneaux A et B, car un effort de plus en plus pénible sera requis pour évaluer le nombre des teintes intercalaires.

1459. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

D’une manière générale, l’initiative des assauts menés contre l’inégalité — justifiée ou injustifiée — est plutôt venue d’en haut, du milieu des mieux partagés, et non pas d’en bas, comme on aurait pu s’y attendre s’il n’y avait eu en présence que des intérêts de classe. […] Ajoutons que le corps agrandi attend un supplément d’âme, et que la mécanique exigerait une mystique. […] Les faits suggèrent une hypothèse bien différente ; et si on l’admet, les phénomènes signalés par la « science psychique », ou du moins certains d’entre eux, deviennent tellement vraisemblables qu’on s’étonnerait plutôt du temps qu’il a fallu attendre pour en voir entreprendre l’étude.

1460. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Comme on pouvait s’y attendre, il y prenait le parti des vierges folles ; repoussées par l’Époux, elles marchent en chantant au-devant du soleil, de la joie. […] Croce) que D’Annunzio, artiste païen et purement sensitif ou sensuel, s’est cru qualifié pour servir d’intermédiaire entre le pessimisme de l’Occident et la pitié slave, ou pour enseigner une « justice simple et virile », ou encore pour prononcer la « parole de vie » si ardemment attendue. […] En entreprenant cet examen, je ne m’attendais pas moi-même à un si beau résultat, et je n’y ajoute aucun commentaire60.

1461. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

cet argent que je me suis refusé d’une part, je l’ai dépensé de l’autre inutilement, ennuyeusement, à voyager et à attendre. […] « Il n’est pas sorti de son abattement par une violente secousse : c’est un esprit trop analytique, trop réfléchi, trop habitué à user ses impressions en les commentant, à se dédaigner lui-même en s’examinant beaucoup ; il n’a rien en lui pour être épris éperdument et pousser sa passion avec emportement et audace ; plus tard peut-être : aujourd’hui il cherche, il attend et se défie.

1462. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Tandis qu’on se flattait de la sorte tout en cheminant, le dernier sommet, qu’on n’attendait pourtant pas de sitôt, a surgi au détour d’un sentier ; l’ennemi l’occupait en armes, il fallut l’escalader, ce qu’on fit au pas de course et avant toute réflexion. […] Jouffroy a justifié ce qu’on attendait de lui ; mais pour ceux qui l’ont entendu dans l’enseignement privé, rien n’a rendu ni ne rendra le charme et l’ascendant d’alors113.

1463. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

On s’attendrait au contraire : mais ces préférences littéraires jettent une vive lueur sur les dessous des caractères. […] Le poète est à la messe ; il l’attend en faisant causer Antoine, le jardinier qu’une Épître avait illustré.

1464. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Peut-être eût-il mieux fait d’attendre l’apparition du volume, où sans doute le jugement porté sur l’homme s’expliquera mieux par le jugement porté sur l’œuvre ; mais nous concevons la généreuse impatience du neveu de l’empereur. […] Taine, non point avec mon cœur, mais avec mon imagination ; que d’ailleurs, après l’homme, l’œuvre resterait à juger, et qu’il faut donc attendre ; que, si les deux chapitres de M. 

1465. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

D’autre part la tentation de conquérir vite une somme d’argent appréciable et une notoriété qui sans cela se feraient attendre, incite certains auteurs à travailler en vue d’un prix donné et à perdre ensuite leur temps, si ce n’est leur dignité, en démarches et en intrigues. […] Non, eux, ils peuvent marcher et attendre.

1466. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Il ne faut pas s’attendre à trouver de grandes et nombreuses découvertes suggérées par des écrivains. […] On comprend ces moqueries) quand on entend, cinquante ans après Voltaire, le bon Nodier déclarer que le mot luron vient sans doute de tra deri dera, attendu qu’on dit un joyeux luron et qu’un homme joyeux fredonne volontiers un refrain.

1467. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Dans notre dernière correspondance, quelques amis ont trouvé sévère notre appréciation des artistes du théâtre de Bayreuth ; nous ne pouvons pourtant que maintenir ce que nous avons écrit, Les représentations de Bayreuth sont certes admirables, et évidemment incomparables à celles de quelque théâtre que ce soit ; mais elles ne sont pas parfaites, il faut bien s’y attendre. […] Enfin, le 29, le drame attendu de Gœtterdaemmerung, un drame dans la manière de Parsifal, c’est à dire un poème de pure musique disant l’éternel des passions humaines, sous le symbole de quelque vague conte que jouent des gens : — l’amour, Siegfried ; la séduction, Gutrune et Siegfried ; et la douleur, Brünnhilde, par lesquels ces deux premiers actes vivent l’essence de notre vie, jusqu’à la péroraison finale et héroïque, très charmante, du troisième acte.

1468. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Si les apologistes du poëme épique avoient raison, Homere eût dû tenir le premier rang dans les vûës de Platon ; mais ce philosophe ne trouva dans la poësie qu’un plaisir souvent dangereux ; et il crut que la morale y étoit tellement subordonnée à l’agrément, qu’on n’en pouvoit attendre aucune utilité pour les moeurs. […] Du caractére dont Anacréon se peint dans ses odes, on ne devoit pas attendre de lui d’autres ouvrages que ceux qu’il nous a laissés.

1469. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Je m’y devais attendre. […] tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ; Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi,         Le pâle désespoir dévore.

1470. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Au point de vue de la vérité, cette femme de trente-cinq ans, qui n’a pas le droit de mener la vie de garçon, et qui la mène, n’a pas dû attendre la première jalousie de son amant en voyant son mari, pour savoir que le bonheur qu’elle s’était fait dans le désordre avait ses ombres, et pour n’avoir pas senti le regret de l’honneur trahi lui passer quelquefois sur le front. […] Sainte-Beuve a cité comme une invention piquante et réussie, outre que ce sermon est trop long et fait trop attendre l’effet qu’il amène et que l’on soupçonne, — la déclaration de Clara à Catherine, dans l’église même, que le dominicain qui tonne là-haut contre les vices est son père, — ce sermon, plus littéraire que sacerdotal, n’est pas une invention qui appartienne en propre à M. 

1471. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Elles sont en réalité là ; elles nous attendent, alignées ; nous passons le long du front. […] Vous voulez en effet que votre plan P traverse toutes les images, postées là pour vous attendre, de tous les moments successifs de l’univers.

1472. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Un ancien ami avec qui elle se croyait brouillée et qu’elle savait blessé, mortifié et à jamais éloigné par la politique, avait passé près d’elle, près de sa voiture, n’avait point paru la reconnaître, et, l’instant d’après, en descendant, elle l’avait trouvé qui l’attendait pour lui prendre et lui serrer cordialement la main.

1473. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Mais il n’était pas homme à attendre le fruit du temps et le cours des saisons.

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Ravenel, qui s’était occupé, le premier et avant tout autre, de la copie et de la collation exacte des papiers de Neuchâtel, s’est borné à préparer un travail qui n’attendait qu’un éditeur, et que cet éditeur (le goût pour Jean-Jacques s’étant refroidi) n’est jamais venu lui arracher ; car M. 

1475. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Je les attends à l’autre monde ; c’est là seulement que je renouerai mes amitiés2. » Est-ce donc trop s’avancer que de croire qu’après tant de preuves publiques et privées, et après ce dernier témoignage, longtemps resté secret, qui vient de sortir, — cette grande lettre datée de Villeneuve-le-Roi, — le moral et le caractère de Chateaubriand sont connus, et que, quelle que soit la mesure de sévérité ou d’indulgence qu’on y veuille apporter, les points principaux sur lesquels roule le jugement sont suffisamment fixés et établis ?

1476. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

On attendait pourtant de toutes parts, on réclamait de lui quelque accent de réveil.

1477. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Dès ce moment, le père n’a plus qu’une idée, qu’un deuil fixe, opiniâtre, où luit un désir inextinguible : délivrer son Ostap, s’il se peut, ou, sinon, le revoir du moins et puis le venger ; car aux mains de tels ennemis, s’il ne s’échappe, on sait trop quels tourments l’attendent.

1478. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Serait-il vrai qu’une âme fière et indépendante, de quelque supériorité qu’elle soit douée, ne doit attendre des adversaires des idées philosophiques, qu’injustice ou silence ; injustice, lorsqu’ils peuvent l’attaquer encore ; silence, lorsqu’une gloire consacrée la place au-dessus de leurs efforts ?

1479. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Si cet état se prolongeait, l’on ne posséderait bientôt plus aucun homme distingué dans une autre carrière que celle des armes ; rien ne peut décourager l’ambition des succès militaires ; ils arrivent toujours à leur but, et commandent à l’opinion ce qu’ils attendent d’elle.

1480. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

et si l’on attendait d’avoir fini d’étudier pour écrire cette histoire, l’écrirait-on jamais ?

1481. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Puis j’ai senti sa misère, sa souffrance intime, et je l’ai plaint ; j’ai reconnu en lui des vertus d’honnête homme ; j’ai cru à sa sincérité d’artiste, dont je doutais d’abord  Enfin, ayant relu les Fleurs du mal, j’y ai pris plus de plaisir que je n’en attendais, et j’ai été contraint de reconnaître, quoi qu’en aient dit d’habiles gens, la réelle, l’irréductible originalité de cet esprit si incomplet.

1482. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

« Un mois ne s’était pas écoulé que l’impudent marcassin, abusant des bontés de son seigneur, vint galoper dans la salle à manger, au moment où l’on attendait trente convives, et brisa porcelaines et cristaux, flacons de Madère, de Champagne, de Zara, de Chypre, en escaladant la table, les bahuts et les dressoirs.

1483. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Il ramène sur l’auditoire enfiévré la douceur fleurie et tranquille du ciel d’Hellas, et tandis qu’il récite, il semble qu’on entende le bruissement des lauriers-roses au long des rives harmonieuses… Je naquis au bord d’une mer dont la couleur Passe en douceur le saphir oriental… On attendait les chansonniers de Montmartre.

1484. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Le plaisir n’est pas le bonheur sans cloute, mais il aide à l’attendre.

1485. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

C’est déjà un salutaire exemple que de voir des hommes, si comblés par la renommée, se recueillir pour donner à des œuvres qui ont eu dès longtemps leur succès, et qui n’en sont plus à attendre la faveur publique, ce degré de perfection et de fini qui n’est sensible qu’à des lecteurs attentifs, et qui ne s’apprécie que si l’on y regarde de très près.

1486. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Les passions élémentaires surgissent violentes et cyniques, comme dans la chanson du Vieux Mari, dont sa femme attend la mort pour en porter au marché la peau, et avec le prix s’acheter un mari neuf et jeune.

1487. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Il se dit d’un autre côté que, s’il était nécessaire qu’on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu’on vît la souveraineté éclater au-dessus d’eux ; il se dit qu’il fallait qu’au milieu de ces princes bandits un empereur apparût ; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l’époque, d’emprunter à l’histoire ce qu’elle enseigne, il avait également le droit d’employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise ; qu’il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l’Allemagne attend encore, le dormeur impérial de Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse.

1488. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Je ne suis certainement pas juge de l’importance que peut avoir en théologie dogmatique la croyance à l’Immaculée conception ; cependant il faut avouer que les hommes de nos jours étaient peu troublés par cette question, et qu’ils eussent volontiers attendu l’autre monde pour savoir à quoi s’en tenir à ce sujet ; mais leur conscience d’hommes et de citoyens est tous les jours déchirée par le conflit des anciennes doctrines et des nouvelles, et c’est là-dessus qu’on les laisserait libres, à ce que l’on dit.

1489. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

ce fut justement à ce moment-là de son triomphe (derniers moments du bonheur poétique, moments sacrés de cette pure joie des beaux-arts ; pour ces moments-là le dernier bandit des Abruzzes aurait de l’enthousiasme et du respect), qu’un homme caché, perdu dans la foule, attendait mademoiselle Mars, le poignard à la main.

1490. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

— J’attends M. 

1491. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

. — Attendre et espérer. — Le Divorce. — L’Idéal au village. — Le Mariage scandaleux, etc., etc.

1492. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Il y a bien, dans ces romans qui s’appellent pourtant : Le Mariage du trésorier, les Deux Femmes du major, les Filles du colonel, etc… des amours et des mariages, mais qui n’ont rien de caractéristiquement militaire ; — il n’y en a point qui soient marqués de ce cachet qu’en attendait de cette main de femme d’officier.

1493. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Elle est donc toujours un mystère… non pas un simple mystère à ténèbres dans lesquelles l’œil cherche sans voir, mais un mystère à éblouissements qui brise la lumière sous les feux luttants des contradictions… Avec un pareil peuple, qui semble échapper au jugement même, avec ce sphinx retors qui a remplacé l’énigme par le mensonge et auprès de qui tous les sphinx de l’Egypte sont des niais à la lèvre pendante, n’y a-t-il pas toujours moyen, si on ne met pas la main sur le flambeau de la vérité, de faire partir, en frottant son esprit contre tant de récits, les allumettes du paradoxe, et d’agir ainsi, fût-ce en la déconcertant, sur l’Imagination prévenue, qui s’attend à tout, excepté à l’ennui, quand on lui parle de la Chine et des Chinois ?

1494. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Tous, sans exception, lorsqu’ils parurent, se recommandèrent par un genre de mérite qui n’a jamais faibli en le général Daumas, et qui produisit d’autant plus de sensation qu’on était loin de s’y attendre.

1495. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Tout triomphe de la Prusse est un retard pour la démocratie allemande, forcée d’attendre que l’aristocratie périsse, alors seulement que l’orgueil qui est sa force n’aura plus sa raison d’être… » Voilà ces notes, — ces notes qui closent le livre.

1496. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Ni Aubrey, le premier historien de Shakespeare, qui écrivait cinquante ans après la mort de ce grand homme, compris par le public de son temps avec la finesse et la sûreté d’appréciation ordinaires à toutes les foules et à tous les publics ; ni Nathan Drake, qui a fait un livre énorme sur Shakespeare qu’il appelle Shakespeare et son temps (Shakespeare and His Time), un titre, je crois, de la connaissance de Guizot ; ni Guizot enfin, lequel pourtant, je m’imagine, ne doit pas être l’ennemi complet du représentatif dans l’humanité, n’ont pensé comme Emerson et, comme lui, fait également bon marché de la prodigieuse originalité du génie de Shakespeare et de la vie privée de cet homme phénoménal, — à lui seul tout un monde perdu, qui attend encore son Cuvier !

1497. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Il restera méconnu, inconnu ; connu ; et de ce que la gloire, qu’il a attendue si longtemps, ne lui vient pas, il se mettra à genoux une fois de plus, et ce sera tout !

1498. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Malgré tout ce qu’il y avait de largeur politique dans l’esprit d’Auguste, il n’avait point eu l’idée d’une institution qui permît de faire arriver à l’Empereur l’expression de ce que les provinces attendaient de son gouvernement et de sa justice.

1499. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Attendez demain !

1500. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Louis XV, dégoûté de Marie Lecsinska, aimée (si on peut prostituer ce mot sacré) comme la femelle l’est, une minute, de son mâle, et laissée là, sans que cette vertueuse Maladroite de l’amour conjugal ait eu la puissance de le retenir et de le captiver, Louis XV, — il faut bien dire le mot, — l’empêtré Louis XV, malgré sa beauté et la royauté qui s’ajoutait à cette beauté pour la rendre irrésistible, fit attendre un moment le règne des maîtresses, et c’est alors qu’on vit la France tout entière lutter presque de proxénétisme empressé avec les grands seigneurs et les valets de cour qui le poussaient à l’adultère !

1501. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Vu de trois quarts, il tourne vers une fenêtre ouverte ces yeux lumineux qui ne sont pas désespérés encore, et il a l’air d’attendre quelque chose qui ne vient pas et qui pour lui n’est jamais venu… Ce qui vint seul, ce fut Madame Geoffrin.

1502. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

S’il avait éclaté d’idéal, s’il avait porté cette marque brillante et délicate du Génie, il attendrait probablement encore, obscur et dédaigné, sa pauvre heure de gloire (Milton, hélas !

1503. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Mais cette Gloire caressante, dont les baisers sonnent, ne l’empêcha pas de remonter les escaliers grillés du pavillon plein de silence où l’attendait l’Étude pensive, l’Étude « après laquelle, disait-il, vient la gloire, si elle peut et si elle veut, et elle vient toujours ! 

1504. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

De la question philosophique, qu’il n’a pas touchée comme on eût été en droit de l’attendre d’un homme qui a conçu l’idée de son livre, il a glissé tout à coup dans l’histoire.

1505. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Et, par parenthèse (c’est ici le lieu de le dire), nous attendons toujours, sur ce sujet, le second volume du père Olivier (des Dominicains).

1506. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

… Pourquoi faut-il qu’un écrivain d’autant de cœur que l’auteur de la Famille ne soit pas de la vraie religion des grands artistes, de cette religion de Byron-le-mauvais, mais perfectionné par la vie, quand il voulut qu’Allegra fût catholique et quand il écrivit sur son tombeau : « C’est moi qui retournerai vers elle, mais elle ne reviendra jamais vers moi. » En poésie, en moralité sensible, en cœur humain, il n’y a plus rien à attendre en dehors du catholicisme, pas plus qu’en politique, en gouvernement, en science sociale.

1507. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Or, l’Idée de Dieu de Caro ne se lève pas encore, dans la partie négative d’un ouvrage dont nous attendons la partie affirmative avec impatience.

1508. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet, mais qui attend toujours son poète épique, M. 

1509. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

… Est-il assez supérieur pour pouvoir attendre son succès, et son succès certain, dans un temps donné, — inévitable ?

1510. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

C’est un homme de très peu d’entraînement, de très peu d’échevèlement, un esprit qui se contient très bien, même quand il est le plus pathétique, comme dans la scène la plus dramatique de l’ouvrage où l’amant, déjà froissé et souffrant du passé de Louise, veut la quitter furtivement un matin, et où elle, déjà levée, l’attend derrière la porte, pâle et haletante, et lui dit sans fureur : « Tu ne partiras pas !

1511. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Vous le voyez, c’est un moraliste d’instinct et de réflexion qu’Aubryet ; mais plus encore de rétorsion… Jusqu’ici, il avait, comme la famille d’esprits dont il descend : les Chamfort et les La Bruyère, procédé surtout par des jugements, des portraits et des caractères ; mais l’invention l’a tenté, et, de moraliste devenu romancier, il nous donne cette Vengeance de Madame Maubrel, qui est un livre de détails parisiens si connus qu’il fallait sa plume pour les renouveler en les décrivant, mais qui n’est pas le cas nouveau d’âme humaine que j’attendais, et que tout romancier psychologique est tenu de mettre dans son livre, s’il se risque à faire un roman.

1512. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Or, quand on est un de ces génies assez puissants pour changer une poétique qui régnait jusque-là, que ce soit celle du roman ou de la guerre, il se passe des générations d’hommes qui appliquent cette poétique nouvelle et en vivent, spirituellement, jusqu’au jour clairsemé, et qui se fait longtemps attendre, où arrive encore un homme de génie, avec une autre poétique, qui bouleverse tout et renouvelle tout à son tour.

1513. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Il faut qu’ils attendent !

1514. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Comme les idées sont indépendantes de la chronologie et de la forme purement matérielle sous laquelle elles arrivent au public, nous n’avons pas attendu le livre et nous parlons de ce travail aujourd’hui.

1515. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Du reste, pouvait-on attendre mieux d’un roman de ce temps fait par deux jeunes gens, deux têtes trop vertes et dont le plus mauvais (nous avons le droit de dire cela à M. 

1516. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Il n’attendit donc pas.

1517. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Classé parmi ceux qui ne prennent pas les tambourinades des journaux pour la gloire, et qui attendent que de tels bruits finissent, pour introduire la célébrité qui ne finit pas, Wey est au meilleur rang des vrais et trop rares hommes de lettres contemporains qui, un jour, ont trouvé la littérature dans la rue et l’ont fait monter chez eux, l’ont essuyée des éclaboussures du ruisseau, qui n’était pas d’azur, et l’ont rendue la noble femme qu’elle doit être de la bohémienne qu’elle avait été trop longtemps.

1518. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Ce sont alors des paraphrases et des lieux communs de la morale la plus commune : on croit voir un grand homme qui fait le catéchisme à des enfants ; à la vérité il se relève, mais il faut attendre.

1519. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

S’ils n’ont rien fait, ils se persuadent que le génie les attend, et que pour être célèbres, il ne leur manque que la volonté.

1520. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Nous sommes prêts, nous nous attendons à tout. […] Et j’espère que nous ne l’attendrons pas longtemps. […] J’attendais, dans une grande sécurité d’âme, que MM.  […] Mais on ne pouvait attendre de M.  […] Ce coup d’épée, nous l’attendions : il était nécessaire, il était fatal.

1521. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Lamartine faisant ses comptes, on s’attend à ce que ce soit piquant. […] Nous pouvions espérer beaucoup et attendre beaucoup encore de cet esprit souverainement lucide et de cette méthode rigoureuse qui triplait les forces de cet esprit. […] Il faudra attendre quelque trentaine d’années sans doute pour lui en trouver un. […] Vous ne vous êtes guère avisés en lisant du Maupassant de vous demander s’il approuvait ses personnages, jusqu’à quel point il les honorait ou méprisait, s’il leur donnait l’absolution ou s’il la leur faisait attendre. […] Attendez !

1522. (1903) La pensée et le mouvant

Là, une surprise nous attendait. […] Quand on veut préparer un verre d’eau sucrée, avons-nous dit, force est bien d’attendre que le sucre fonde. Cette nécessité d’attendre est le fait significatif. […] Mais l’univers matériel, dans son ensemble, fait attendre notre conscience ; il attend lui-même. […] Il a été le premier à la voir, disons-nous, mais elle l’attendait, comme l’Amérique attendait Christophe Colomb.

1523. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Et dans l’édition qu’il nous promet, que nous attendons depuis si longtemps, des Œuvres de Pascal, nous ne jurerons pas, mais nous aimons à croire que c’est ainsi que M.  […] J’avais ôté mon justaucorps, j’allais achever de me mettre en chemise, et Mlle votre fille n’attendait que le moment de m’embrasser et de se jeter à corps perdu sur moi. […] Marivaux s’y attendait bien. […] Ils y reconnaissaient quelque chose de ce qu’ils attendaient. […] Il est vrai que si Marianne y est traitée plus que sévèrement, Manon Lescaut, en revanche, y est louée moins modestement qu’on ne l’eût attendu de son auteur.

1524. (1876) Romanciers contemporains

Hayon, Terran, Torrès, elle attend encore son historien définitif. […] S’appuyant contre un bordage, il contemple l’horrible spectacle, voit impassible les fureurs de l’incendie et attend. […] Le grand peintre de la vie humaine pouvait attendre sans se préoccuper des changements d’attitude des hommes de son temps. […] Lorsque plus tard le même Frantz attend à la gare de Lyon Sidonie, qui doit fuir avec lui, et que les heures s’écoulent sans que Sidonie vienne, il est logique que l’attention de Frantz, comme l’attention de toute personne qui attend vainement, se porte tour à tour sur tout ce qui peut tromper son impatience. […] Depuis le matin, le portail attendait ouvert à deux battants ; les bergeries étaient pleines de paille fraîche.

1525. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Dans les conversations, on blâme les Auteurs, pour se donner un ton de dignité & de décence : mais on court à la feuille satyrique, qui est dans l’antichambre ; on y cherche bien vîte l’endroit où l’on suppose que l’Epigramme qu’on attend est burinée. […] Quand un bon livre paroît, & que les hommes de bon-sens attendent de l’avoir lu & médité pour le juger, les sots crient d’abord, crient longtems & barbouillent du papier. […] Son cœur n’attend pas l’examen pour bondir de joie, la regle pour pleurer d’attendrissement, le goût pour admirer. […] N’attends pas d’eux un laurier puéril & disputé, dont tu dois peu au fond te soucier. […] C’est à vous de pénétrer cette masse inactive d’hommes qui attendent des idées, & de jeter au milieu d’elle le levain de la pensée.

1526. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Charlemagne les chassa, attendu l’indécence de leurs mœurs & de leurs jeux. […] J’attendais avec impatience que Corneille prît la parole. […] Peignez, animez tout : la nature asservie N’attend, pour obéir, que la voix du Génie. […] Les Astronomes s’arrogerent le droit de parler les premiers, attendu la dignité de leurs opérations. […] Le succès d’Aline fait attendre de nouveaux efforts de son Auteur.

1527. (1922) Gustave Flaubert

Flaubert s’attendait à des rugissements d’enthousiasme et à se voir au moins porté en triomphe autour de Croisset par ses deux amis fanatisés. […] Le décor bourgeois qui lui fait pendant est, comme on peut s’y attendre, traité plus âprement et plus sarcastiquement ; on n’y trouve pas de Dussardier. […] C’est bien sous cet aspect que le Grec alexandrin, l’Asiatique ou le Romain pouvaient attendre l’envoyé ou le fils de Dieu. […] L’écolier distrait à qui on demande ce qu’il fait en classe répond qu’il attend qu’on sorte. Faguet disait que dans Salammbô on attend les Romains.

1528. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Vous dites qu’il est contraire à la nature qu’on trouve à débiter d’aussi beaux vers à un père qui attend avec anxiété des nouvelles de son enfant. […] Voilà notre avant-garde à bien faire animée ; Là, les archers de Créon, noire roi ;              Et voici le corps d’armée, Qui d’abord… Attendez, le corps d’armée a peur ; J’entends quelque bruit, ce me semble377. […] « Je n’ai rien vu, dit-il, mais les hommes comme moi n’attendent pas de voir ; il suffit qu’ils imaginent, qu’ils soupçonnent, qu’ils aient une crainte, une idée. » Un jour, il rencontre, sans l’avoir cherchée, une preuve positive, le poignard du prince dans la chambre de sa femme. […] Lysidas aurait pu citer encore en France La Bruyère disant dans son Discours sur Théophraste : « Que si quelques-uns se refroidissent pour cet ouvrage moral par les choses qu’ils y voient, qui sont du temps auquel il a été écrit, et qui ne sont point selon leurs mœurs, que peuvent-ils faire de plus utile et de plus agréable pour eux que de se défaire de cette prévention pour leurs coutumes et leurs manières, qui, sans autre discussion, non seulement les leur fait trouver les meilleures de toutes, mais leur fait presque décider que tout ce qui n’y est pas conforme est méprisable, et qui les prive, dans la lecture des livres des anciens, du plaisir et de l’instruction qu’ils en doivent attendre ? 

1529. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Je dis que je n’y pouvais rien, car j’attendais toujours des avances en proportion de la qualité des gens, et plus de la part d’un duc que de la part d’un autre homme947. » Il triomphait dans son arrogance, et disait avec une joie contenue et pleine de vengeance : « On passe là une demi-heure assez agréable948. » Il allait jusqu’à la brutalité et la tyrannie ; il écrivait à la duchesse de Queensbury : « Je suis bien aise que vous sachiez votre devoir ; car c’est une règle connue et établie depuis plus de vingt ans en Angleterre, que les premières avances m’ont constamment été faites par toutes les dames qui aspiraient à me connaître, et plus grande était leur qualité, plus grandes étaient leurs avances949. » Le glorieux général Webb, avec sa béquille et sa canne, montait en boitant ses deux étages pour le féliciter et l’inviter ; Swift acceptait, puis, une heure après, se désengageait, aimant mieux dîner ailleurs. […] La renommée d’esprit ou de grand savoir tient lieu d’un ruban bleu ou d’un carrosse à six bêtes. » Mais ce pouvoir et ce rang, il se les croyait dus ; il ne demandait pas, il attendait. « Je ne solliciterai jamais pour moi-même, quoique je le fasse souvent pour les autres. » Il voulait l’empire, et agissait comme s’il l’avait eu. […] Avec la même grâce et le même style, il tempêtera contre son cocher en pleine rue, dans le royaume dont il est gouverneur, et tout cela sans conséquence, parce que la chose est dans son naturel et que tout le monde s’y attend. […] Madam, your husband will attend The funeral of so good a friend ?

1530. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Parmi les hasards de la toute-puissante nature, dans ce grand roulis incertain, un Français, un homme élevé comme nous, se croiserait les bras d’un air morne, en stoïcien, ou attendrait en épicurien le retour de la gaieté physique. […] Ce sera elle qui tiendra les comptes de la maison et distribuera les charités de son mari ; elle aidera la femme de charge à faire les confitures, les conserves, les friandises, le linge fin ; elle surveillera le déjeuner et le dîner, surtout quand il y aura des convives ; elle sait découper ; elle attendra son mari, qui peut-être voudra bien lui accorder quelquefois une heure ou deux de sa conversation, « et sera indulgent pour les effusions maladroites de sa reconnaissance. » En son absence, elle lira « afin de polir son esprit pour se rendre plus digne de sa compagnie et de son entretien », et priera Dieu, afin d’être plus exacte à remplir envers lui son devoir. […] Par exemple il écrit à sa fiancée : « Et maintenant, ô la plus aimable et la plus chère des femmes, permettez-moi d’attendre de vous l’honneur d’un mot qui me dira combien de jours de cet ennuyeux mois vous aurez la bonté de réduire. […] Aussi, pour lire Sterne, faut-il attendre les jours de caprice, de spleen et de pluie, où, à force d’agacement nerveux, on est dégoûté de la raison.

1531. (1904) Zangwill pp. 7-90

On m’a dit que vous possédez même un biais pour rendre concevable l’immortalité des individus. » Nous ne pouvons pas laisser, même pour aujourd’hui, cette immortalité des individus ; car ce dogme de l’immortalité individuelle fait le point critique de presque toutes les doctrines ; c’est là que le critique attend le métaphysicien ; car c’est là que se révèlent les arrière-plans de l’espérance ; particulièrement ici le dogme de l’immortalité individuelle fera le point critique de la doctrine ; c’est à ce dogme en effet que nous allons reconnaître comment, dans les rêves de ce Théoctiste, l’humanité ou la surhumanité Dieu obtient sa mémoire totale ; nous y voyons dès les premiers mots qu’elle ne l’obtient point par une réelle résurrection des individus réels, qu’elle ne l’obtient point proprement par ce que nous nommons tous la résurrection des morts, mais que la surhumanité Dieu, dans les rêves de ce Théoctiste, obtient la totalisation de sa mémoire par une reconstitution historique, par une totalisation de l’histoire, par la résurrection des historiens, par le règne et par l’éternité de l’Historien. […] En fait de vertu, chacun trouve la certitude en consultant son propre cœur. » On ne me pardonnera pas une aussi longue citation ; mais on m’en louera ; et on la portera sans doute à mon actif ; car c’est un plaisir toujours nouveau que de retrouver ces vieux textes pleins, et perpétuellement inquiétants de nouveauté ; et quand dans un cahier on met d’aussi importantes citations de Renan, on est toujours sûr au moins qu’il y aura des bons morceaux dans le cahier ; — je ne dis point cela pour Zangwill, qui supporte toute comparaison ; — je sais tous les reproches que l’on peut faire au texte que je viens de citer ; il est perpétuellement nouveau ; et il est vieux déjà ; il est dépassé ; phénomène particulièrement intéressant, il est surtout dépassé justement par les sciences sur lesquelles Renan croyait trouver son plus solide appui, par les sciences physiques, chimiques, particulièrement par les sciences naturelles ; — mais ici que dirions-nous de Taine qui faisait aux sciences mathématiques, physiques, chimiques, naturelles, une incessante référence ; — c’est justement par le progrès des sciences naturelles que nous sommes aujourd’hui reconduits à des conceptions plus humaines, et, le mot le dit, plus naturelles ; je n’ignore pas toutes les précautions qu’il y aurait à prendre si l’on voulait saisir, commenter et critiquer tout ce texte ; mais telle n’est pas aujourd’hui la tâche que nous nous sommes assignée ; je n’ignore pas qu’il y a dans cet énorme texte religieux des morceaux entiers qui aujourd’hui nous soulèvent d’indignation ; et des morceaux entiers qui aujourd’hui nous paraissent extraordinairement faibles ; je n’ignore pas qu’il y a dans ce monument énorme des corps de bâtiments entiers qu’un mot, un seul mot de Pascal, par la simple confrontation, anéantirait ; je connais les proportions  à garder ; je sais mesurer un Pascal et un Renan ; et je n’offenserai personne en disant que je ne confonds point avec un grand historien celui qui est le penseur même ; si j’avais à saisir et à commenter et à critiquer le texte que nous avons reproduit, je sais qu’il faudrait commencer par distinguer dans le texte premièrement la pensée de Renan ; deuxièmement l’arrière-pensée de Renan ; troisièmement, et ceci est particulièrement regrettable à trouver, à constater, des fausses fenêtres, des fragments, à peine habillés, d’un cours de philosophie de l’enseignement secondaire, comme était l’enseignement secondaire de la philosophie au temps où Renan le recevait, des morceaux de cours, digérés à peine, sur Kant et les antinomies, sur le moi et le non-moi, tant d’autres morceaux qui surviennent inattendus pour faire l’appoint, pour jointurer, pour boucher un trou ; combien ces plates reproductions de vieux enseignements universitaires, ces morceaux de concours, de l’ancien concours, du concours de ce temps-là, combien ces réminiscences pédagogiques, survenant tout à coup, et au moment même que l’on s’y attendait le moins, au point culminant du dialogue, détonnent auprès du véritable Renan, auprès de sa pensée propre, et surtout de son arrière-pensée ; comme elles sont inférieures au véritable texte ; et dans le véritable texte comme la pensée même est inférieure à l’arrière-pensée, ou, si l’on veut, comme l’arrière-pensée est supérieure à la pensée, à la pensée de premier abord ; quel travail que de commencer par discerner ces trois plans ; mais comme on en serait récompensé ; comme la partie qui reste est pleine et lourde ; comme la domination de l’arrière-pensée est impérieuse. […]   Ce dernier mot de la pensée moderne en tout ce qui tient à l’histoire, je sais qu’il n’est aujourd’hui aucun de nos historiens professionnels qui ne le désavouera ; et comment ne le renieraient-ils point ; nous sommes aujourd’hui situés à distance du commencement ; nous avons reçu des avertissements que nos anciens ne recevaient pas ; ou sur qui leur attention n’avait pas été attirée autant que la nôtre ; nous avons reçu du travail même et de la réalité de rudes avertissements ; du travail même nous avons reçu cet avertissement que le détail, au contraire, est au fond le grand ennemi, que ni l’indéfinité, l’infinité du détail antérieur, ni l’indéfinité, l’infinité du détail intérieur, ni l’indéfinité, l’infinité du détail de création ne se peut épuiser ; et de la réalité nous avons reçu ce rude avertissement que l’historien ne tient pas encore l’humanité ; qui soutiendrait aujourd’hui que le monde moderne est le dernier monde, le meilleur, qui au contraire soutiendrait qu’il est le plus mauvais ; s’il est le meilleur ou le pire, nous n’en savons rien ; les optimistes n’en savent rien ; les pessimistes n’en savent rien ; et les autres non plus ; qui avancerait aujourd’hui que l’humanité moderne est la dernière humanité, la meilleure, ou la plus mauvaise ; les pessimismes aujourd’hui nous paraissent aussi vains que les optimismes, parce que les pessimismes sont des arrêts comme les optimismes, et que c’est l’arrêt même qui nous paraît vain ; qui aujourd’hui se flatterait d’arrêter l’humanité, ou dans le bon, ou dans le mauvais sens, pour une halte de béatitude, ou pour une halte de damnation ; l’idée que nous recevons au contraire de toutes parts, du progrès et de l’éclaircissement des sciences concrètes, physiques, chimiques, et surtout naturelles, de la vérification et de la mise à l’épreuve des sciences historiques mêmes, de l’action, de la vie et de la réalité, c’est cette idée au contraire que la nature, et que l’humanité, qui est de la nature, ont des ressources infinies, et pour le bien, et pour le mal, et pour des infinités d’au-delà qui ne sont peut-être ni du bien ni du mal, étant autres, et nouvelles, et encore inconnues ; c’est cette idée que nos forces de connaissance ne sont rien auprès de nos forces de vie et de nos ressources ignorées, nos forces de connaissance étant d’ailleurs nous, et nos forces de vie au contraire étant plus que nous, que nos connaissances ne sont rien auprès de la réalité connaissable, et d’autant plus, peut-être, auprès de la réalité inconnaissable ; qu’il reste immensément à faire ; et que nous n’en verrons pas beaucoup de fait ; et qu’après nous jamais peut-être on n’en verra la fin ; que le vieil adage antique, suivant lequel nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, non seulement est demeuré vrai dans les temps modernes, et sera sans doute vrai pendant un grand nombre de temps encore, si, même, il ne demeure pas vrai toujours, mais qu’il reçoit tous les jours de nouvelles et de plus profondes vérifications, imprévues des anciens, inattendues, nouvelles perpétuellement ; que sans doute il en recevra éternellement ; que l’avancement que nous croyons voir se dessiner revient peut-être à n’avancer que dans l’approfondissement de cette formule antique, à lui trouver tous les jours des sens nouveaux, des sens plus profonds ; qu’il reste immensément à faire, et encore plus immensément à connaître ; que tout est immense, le savoir excepté ; surtout qu’il faut s’attendre à tout ; que tout arrive ; qu’il suffit d’avoir un bon estomac ; que nous sommes devant un spectacle immense et dont nous ne connaissons que d’éphémères incidents ; que ce spectacle peut nous réserver toutes les surprises ; que nous sommes engagés dans une action immense et dont nous ne voyons pas le bout ; que peut-être elle n’a pas de bout ; que cette action nous réservera toutes les surprises ; que tout est grand, inépuisable ; que le monde est vaste ; et encore plus le monde du temps ; que la mère nature est indéfiniment féconde ; que le monde a de la ressource ; plus que nous ; qu’il ne faut pas faire les malins ; que l’infime partie n’est rien auprès du tout ; que nous ne savons rien, ou autant que rien ; que nous n’avons qu’à travailler modestement ; qu’il faut bien regarder ; qu’il faut bien agir ; et ne pas croire qu’on surprendra, ni qu’on arrêtera le grand événement. […] De la réalité nous avons reçu trop de rudes avertissements ; au moment même où j’écris, l’humanité, qui se croyait civilisée, au moins quelque peu, est jetée en proie à l’une des guerres les plus énormes, et les plus écrasantes, qu’elle ait jamais peut-être soutenues ; deux peuples se sont affrontés, avec un fanatisme de rage dont il ne faut pas dire seulement qu’il est barbare, qu’il fait un retour à la barbarie, mais dont il faut avouer ceci, qu’il paraît prouver que l’humanité n’a rien gagné peut-être, depuis le commencement des cultures, si vraiment la même ancienne barbarie peut reparaître au moment qu’on s’y attend le moins, toute pareille, toute ancienne, toute la même, admirablement conservée, seule sincère peut-être, seule naturelle et spontanée sous les perfectionnements superficiels de ces cultures ; les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal, poussant d’étranges pousses, nous réservent peut-être d’incalculables surprises ; et sans courir au bout du monde, parmi nos Français mêmes, quels rudes avertissements n’avons-nous pas reçus, et en quelques années ; qui prévoyait qu’en pleine France toute la haine et toute la barbarie des anciennes guerres civiles religieuses en pleine période moderne serait sur le point d’exercer les mêmes anciens ravages ; derechef qui prévoyait, qui pouvait prévoir inversement que les mêmes hommes, qui alors combattaient l’injustice d’État, seraient exactement les mêmes qui, à peine victorieux, exerceraient pour leur compte cette même injustice ; qui pouvait prévoir, et cette irruption de barbarie, et ce retournement de servitude ; qui pouvait prévoir qu’un grand tribun, en moins de quatre ans, deviendrait un épais affabulateur, et que des plus hautes revendications de la justice il tomberait aux plus basses pratiques de la démagogie ; qui pouvait prévoir que de tant de mal il sortirait tant de bien, et de tant de bien, tant de mal ; de tant d’indifférence tant de crise, et de tant de crise tant d’indifférence ; qui aujourd’hui répondrait de l’humanité, qui répondrait d’un peuple, qui répondrait d’un homme.

1532. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Il a fallu attendre une loi de 1854 pour que cette durée soit portée à trente ans ; en 1866, pour qu’elle atteigne, comme aujourd’hui, cinquante ans. […] Il a fallu attendre 1902 pour que « les architectes et les statuaires », les « sculpteurs et dessinateurs d’ornement18 » ne soient plus pillés par des imitateurs. […] En général, nous attendons trop du législateur. […] Le fameux Cahier rouge n’est publié qu’en 1907, pour Cécile il faudra attendre 1951.

1533. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Champfleury se retirait dans la caricature, quand les Goncourt, vieillis et rebutés, se gardaient à l’écart, quand Daudet, ni ami ni ennemi, attendait de prendre parti que la victoire fut décidée, n’a-t-il point crânement attaché sa fortune personnelle à celle du naturalisme ? […] On l’attendit à son premier roman, non sans défiance et quelque pique. […] Dujardin, et qu’il l’eut intégralement exécuté (chose que je tiens pour impossible), pensez-vous que son œuvre produirait l’impression de vie qu’il en attend ? […] Georges Ohnet, qui n’attendait plus qu’un fauteuil à l’Académie, s’est vu tout d’un coup dépouillé de son auréole et jeté bas de son piédestal par la main vigoureuse de M.  […] de grands coups d’aile appliqués contre le mur, comme avec un bélier ; puis un silence, il attendait qu’on lui ouvrît, et comme on n’avait garde, il se fâchait tout rouge.

1534. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Empressé de se rendre à l’invitation d’un libraire riche et gourmet, il oublia qu’il avait promis un article au journal ; et l’on était à peine au milieu du repas lorsqu’un apprenti d’imprimerie arriva tout à coup, et lui dit que depuis quelques heures on attendait de la copie. […] Il est certain qu’il fut nourri de grec et de latin, c’est-à-dire, suivant le style moderne, qu’il n’apprit que des mots, attendu qu’il n’y a bien certainement que des mots dans les écrivains d’Athènes et de Rome : et voilà pourquoi Corneille a mis tant de choses dans ses tragédies, tandis que nos auteurs actuels, à qui l’on n’a enseigné que des choses, ne mettent dans leurs pièces que des mots. […] Félix veut exciter son gendre à renoncer au christianisme et à rendre hommage aux dieux de l’empire ; Roxane veut exciter Bajazet à renoncer à sa rivale Atalide et à lui engager sa foi : Polyeucte et Bajazet reçoivent avec horreur cette proposition d’infidélité, quoique la mort les attende à la porte. […] Qu’est-ce qu’une tragédie dont le héros ne paraît pas, attendu qu’il est mort dès le commencement de la pièce ? […] Ainsi l’incomparable comédie de Lopez n’avait que peu de rivales à qui elle pût être comparée, et la supériorité que lui attribue Corneille sur les comédies anciennes et modernes n’est pas un avantage aussi extraordinaire qu’on pourrait le croire d’abord, attendu qu’il n’y avait encore rien chez les modernes, et chez les anciens fort peu de chose.

1535. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Plus la décision se fait attendre, plus l’état devient désagréable et plus l’esprit est malsain : mais aussi plus est vive l’illusion de la liberté. […] Le péché philosophique — Il ne faut jamais s’attendre à trouver un génie complet, un dieu. […] Nourries de cette idée que le talent est une faveur de la divine providence, les familles chrétiennes attendent la venue de l’homme qui n’abusera pas, pour de vaines prouesses littéraires, des dons que Dieu lui aura départis, dans sa bonté. […] Les asiles attendent leur proie et la pension, qui se paie par trimestre, et d’avance. […] Mais je n’attends rien de tel, ni d’aujourd’hui, ni de demain.

1536. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il y trouva mille difficultés qu’il n’attendait pas. […] C’est l’inconvénient du doute : on ne décide rien ; mais la vie n’attend pas et décide. […] Tout de même, on le verra, ce qui subsiste, en fait de philosophie, et ce qu’on attend, n’est pas de la philosophie. […] Seulement, le bébé qu’on attendait fut une fille, — déception cruelle, — et cette fille, Julia, tourna par la suite fort mal. […] Indifférent au commentaire successif, on dirait qu’il attend avec sérénité les remarques ultérieures.

1537. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

L’éditeur des Procès-verbaux de 1593 s’étonne de ne pas les trouver d’accord avec la parodie de la Satyre Ménippée : s’il s’attendait à cette conformité dans le sens réel et légal, il avait là une prévention par trop naïve. […] Je me suis aperçu que le bonheur, comme il faut l’entendre, n’est autre chose, quand on n’en est plus aux idylles, que le parti pris de s’attendre à tout et de croire tout possible.

1538. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Il n’est pas un simple érudit, plongé dans ses in-folio à la façon allemande, un métaphysicien enseveli dans ses méditations, ayant pour auditoire des élèves qui prennent des notes, et pour lecteurs des hommes d’étude qui consentent à se donner de la peine, un Kant qui se fait une langue à part, attend que le public l’apprenne, et ne sort de la chambre où il travaille que pour aller dans la salle où il fait ses cours. […] Un soir, au moment de partir pour le bal de l’Opéra, elle trouve sur la toilette la Nouvelle Héloïse 486, je ne m’étonne point si elle fait attendre d’heure en heure ses chevaux et ses gens, si, à quatre heures du matin, elle ordonne de dételer, si elle passe le reste de la nuit à lire, si elle est étouffée par ses larmes ; pour la première fois, elle vient de voir un homme qui aime  Pareillement, si vous voulez comprendre le succès de l’Émile, rappelez-vous les enfants que nous avons décrits, de petits Messieurs brodés, dorés, pomponnés, poudrés à blanc, garnis d’une épée à nœud, le chapeau sous le bras, faisant la révérence, offrant la main, étudiant devant la glace les attitudes charmantes, répétant des compliments appris, jolis mannequins en qui tout est l’œuvre du tailleur, du coiffeur, du précepteur et du maître à danser ; à côté d’eux, de petites Madames de six ans, encore plus factices, serrées dans un corps de baleine, enharnachées d’un lourd panier rempli de crin et cerclé de fer, affublées d’une coiffure haute de deux pieds, véritables poupées auxquelles on met du rouge et dont chaque matin la mère s’amuse un quart d’heure pour les laisser toute la journée aux femmes de chambre487.

1539. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Nous attendions donc sous les armes, dix jours d’avance, la sédition probable, mais déjouée par de si formidables précautions. […] Son ambition se bornait à savoir attendre.

1540. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Il n’y eut plus de miracles qu’on n’attendît de lui. […] « Et s’il est vrai que tu ne vives que des sanglots à la fois doux et amers des mortels, que peux-tu attendre désormais d’un cœur stérilisé par la vieillesse ?

1541. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

On s’habituait à suivre la pensée de son esprit, le sentiment de son cœur, sans attendre une règle, une direction de l’autorité ecclésiastique, haïe, méprisée ou suspecte en ses représentants. […] Rendre l’idée par l’expression la plus éloignée de l’idée, la moins nécessaire et la moins attendue, voilà le résumé de toutes les règles, et c’est pour cela que l’allégorie triomphe et s’étale insolemment, ennuyeusement, dans les écrits du xive  siècle : elle est devenue surtout classique et obligatoire depuis le Roman de la Rose.

1542. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Accusé faussement de vol, il n’a su que dire : « Dieu me justifiera », et il a attendu. […] Ai-je besoin de faire remarquer que Victor Hugo et les romantiques n’avaient point attendu Dostoïewsky ni Tolstoï pour nous montrer des prostituées qui sont des saintes, ou des mendiants et des misérables qui possèdent le secret de la sagesse et de la charité parfaite ?

1543. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Gustave Kahn innova une strophe ondoyante et libre dont les vers appuyés sur des syllabes toniques créaient presqu’en sa perfection la réforme attendue ; — il ne leur manquait qu’un peu de force rythmique à telles places, et une harmonie sonore plus ferme et plus continue que remplaçait d’ailleurs une heureuse harmonie de tons lumineux24. […] L’instant de l’anarchie viendra ; attendons.

1544. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

La Veuve du Malabar, du même Lemierre, fut d’abord froidement accueillie, parce qu’au lieu d’être brûlée sur la scène, elle descendait dans un trou où l’attendait le bûcher. […] Quand le poète met en scène un personnage fameux, il éveille à la fois beaucoup de curiosité et quelque crainte ; on veut voir du grand, et l’on a peur que le poète ne reste au-dessous de ce qu’on attend.

1545. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

. — Il exprime la mélancolie de Sachs encore sous l’impression de la vigueur poétique de Walther, et le pressentiment de la pénible déception qui l’attend dès qu’il causera avec Eva. […] Motif 43 (p. 173, 250, 258). — Avec ce motif nous quittons Walther et Sachs pour pénétrer dans Nürnberg même, avec ses gens et ses rues. « Des chevaux nous attendent sur la route », dit Walther à Eva dans la rue.

1546. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Artaxerxès a honoré et récompensé les hommes qui l’ont délivré du rebelle ; elle attend l’occasion et guette ses victimes. […] Il arrive enfin, le Messager si anxieusement attendu, et c’est comme si le spectre meurtri de l’armée rentrait dans l’Empire, et l’inondait du sang de ses vastes plaies.

1547. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

» — Mais Oreste n’est plus effrayé : fort de la protection d’Apollon, purifié par les ablutions expiatoires, il attend avec confiance l’absolution suprême de Pallas. — « Le sang s’est endormi sur ma main, la souillure du meurtre s’en est effacée… En vieillissant, le temps abolit tout. […] Du haut de la colline sainte, elle montre à ces « Furieuses » le temple souterrain qui les attend à sa base ; temple subobscur, ainsi qu’il convient à des déesses lucifuges.

1548. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Deux vaisseaux de César l’attendent dans la rade. […] J’attends cela de son souvenir pour moi.

1549. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Espérons que le Théâtre-Français se souviendra enfin que ses cartons renferment une belle tragédie d’un poète trop tôt pleuré, et que le public l’attend. […] Au Théâtre-Français, parce que n’ayant plus de grands acteurs tragiques, il ne peut espérer de vogue que par l’attrait d’un genre et d’un système de pièces entièrement neufs sur notre scène ; au public, parce que lassé de tant de pâles contre-épreuves de nos chefs-d’œuvre, lassé de la mesquine représentation de nos chefs-d’œuvre eux-mêmes ; il aime mieux les relire vingt fois avec délices et attendre pour revenir au théâtre que quelque chose y réponde à ce vague besoin de nouveauté qui le tourmente ; à l’art enfin, parce que faute de point de comparaison il serait à craindre que ce besoin se satisfît aveuglément avec des ouvrages prétendus romantiques, faits sans inspiration et sans étude, qui n’auraient que les formes extérieures des drames de Shakespeare, et dont toute la nouveauté consisterait à briser les unités de temps et de lieu, auxquelles personne ne songe, et à mêler des lazzis du boulevard au langage cérémonieux de notre vieille tragédie.

1550. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Et d’ailleurs Jack, dont l’auteur a fini par faire un mauvais ouvrier, est lui-même un raté, et qui rate depuis sa naissance, attendu qu’il est le bâtard d’une fille entretenue. […] Sur le fond de l’immense pièce noyée d’ombre et ne recevant presque de clarté que par le vitrage arrondi, où la lune montait dans un ciel lavé, bleu de nuit, un vrai ciel d’opéra, la silhouette de la célèbre danseuse se détachait toute blanche, comme une petite ombre falotte, légère, impondérée, volant bien plus qu’elle ne bondissait ; puis debout, sur ses pointes fines, soutenue dans l’air seulement par ses bras étendus, le visage levé dans une attitude fuyante où rien n’était visible que le sourire, elle s’avançait vivement vers la lumière, ou s’éloignait en petites saccades si rapides qu’on s’attendait toujours à entendre un léger bris de vitre et à la voir ainsi monter à reculons la pente du grand rayon de lune jeté en biais dans l’atelier… Ce qui ajoutait un charme, une poésie singulière à ce ballet fantastique, c’était l’absence de musique, le seul bruit du rhythme, dont la demi-obscurité augmentait la puissance, de ce taqueté vif et léger, pas plus fort sur le parquet que la chute, pétale par pétale, d’un dahlia qui s’effeuille..

1551. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Elle débute par un fragment qui sert d’amorce et se complète peu à peu… Képler a consacré une partie de sa vie à essayer des hypothèses bizarres jusqu’au jour où, ayant découvert l’orbite elliptique de Mars, tout son travail antérieur prit corps et s’organisa en système 79. » En d’autres termes, au lieu d’un schéma unique, aux formes immobiles et raides, dont on se donne tout de suite la conception distincte, il peut y avoir un schéma élastique ou mouvant, dont l’esprit se refuse à arrêter les contours, parce qu’il attend sa décision des images mêmes que le schéma doit attirer pour se donner un corps. […] D’autre part, on pourrait s’installer dans le schéma et attendre indéfiniment l’image, on pourrait ralentir indéfiniment le travail, sans se donner ainsi la conscience d’un effort.

1552. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Firmin Didot, qui n’est pas un utopiste et qui sait le grec, aurait fort envie d’imprimer ces mots plus simplement dans une nouvelle édition revue et corrigée du dictionnaire de l’usage, telle qu’on l’attend et qu’on l’espère bientôt de l’Académie française après un quart de siècle d’intervalle.

1553. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Je les remarque avec d’autant plus dep laisir que je m’y attendais moins.

1554. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Promeneur amusé de Munich à Vienne, de Vienne à Venise, de Venise à Milan, et se reprochant les agréments mêmes du séjour, un certain charme de sociabilité qu’il rencontrait d’autant mieux chez les autres qu’il le portait avec lui, il écrivait encore : « Dans le voyage de la vie, il ne faut pas trop s’approcher aux stations de passage où l’on ne peut pas compter de retourner, parce qu’après tout, et avant tout, il faut compter sur le poste final de la famille et des vieux amis, où nous attendent le dernier banc au soleil ou à l’ombre, et nos derniers tisons. » Il a eu son dernier banc au soleil.

1555. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Qu’on ne s’attende ici à rien de brillant, à rien de flatteur ni même d’agréable, à rien de ce que le talent, ce grand enchanteur, va évoquer à distance et deviner ou créer plutôt que de s’en passer.

1556. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il faut, pour qu’un poète dramatique se perfectionne autant que son talent peut le permettre, qu’il ne s’attende à être jugé, ni par des vieillards blasés, ni par des jeunes gens qui trouvent leur émotion en eux-mêmes.

1557. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

que la liberté lente se fait attendre !

1558. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il se contenta d’affirmer dans ses Préfaces qu’il avait usé de son droit en critiquant des auteurs comme auteurs ; que du reste on pouvait écrire contre ses œuvres, « attendu qu’il était de l’essence d’un bon livre d’avoir des censeurs ».

1559. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Qui croirait qu’on attendra encore près d’un demi-siècle pour que Lamartine, Hugo, Musset répondent à cette voix ?

1560. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Puis l’écrasement des partis monarchiques, la retraite de l’Eglise hors du champ de bataille politique, donnèrent au régime républicain une assiette solide : mais au lendemain de la victoire s’est produit, comme on pouvait s’y attendre, la dislocation de la majorité.

1561. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

N’attendez pas de moi un portrait complet, une biographie détaillée de Gustave Larroumet : je n’en ai ni les moyens ni le temps.

1562. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de la vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, comme certainement jusque-là il ne l’avait jamais été !

1563. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Y peut-il revenir de lui-même, cela n’est pas impossible, cela n’est qu’infiniment peu probable ; il y a des chances pour que nous attendions longtemps le concours des circonstances qui permettraient une rétrogradation ; mais, tôt ou tard, elles se réaliseront, après des années dont il faudrait des millions de chiffres pour écrire le nombre.

1564. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

On s’attend à voir surgir une stupéfiante cavalcade, une brillante chevauchée de rêve.

1565. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il disait un jour : « J’ai trop souffert en cette vie pour n’en pas attendre une autre.

1566. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

« Les enfants attendent longtemps avant de montrer aucune sensibilité à la beauté des sons.

1567. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

De hautes destinées nous attendent.

1568. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Vivre a une telle importance, pour connaître que les esprits qui spéculent du point de vue de la connaissance comme but se doivent montrer bienveillants pour ces intelligences adverses, en se gardant d’attendre ou de réclamer d’elles une indulgence pareille.

1569. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

N’est-ce pas un devoir pour l’écrivain, quel qu’il soit, d’être toujours adhérent avec lui-même, et sibi constet, et de ne pas se produire autrement qu’on ne le connaît, et de ne pas arriver autrement qu’il n’est attendu ?

1570. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Il met sur la tête de son Prince un diadème de crimes, une tiare de vices, une auréole de turpitudes, et vous invite à adorer son monstre, de l’air dont on attend un vengeur.

1571. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Car les mots et les phrases, représentatifs de pensée, de sentiment et d’émotion, sont des valeurs, et ces valeurs sont des fonctions, attendu que les variations de l’une entraînent les variations de l’autre.

1572. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

On ne s’attendait guère….

1573. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Sur la phrase elle sera transportée, l’esprit demeure suspendu, et attend quelque grande comparaison, lorsque le prophète ajoute, comme une tente dressée pour une nuit.

1574. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Les gallogrecs descendus des gaulois qui s’établirent en Asie, devinrent en cinq ou six generations aussi mous et aussi effeminez que les asiatiques, quoiqu’ils descendissent d’ancêtres belliqueux, lesquels s’étoient établis dans un païs où ils ne pouvoient attendre du secours que de leur valeur et de leurs armes.

1575. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Les charmes, il faut savoir les goûter ; il faut savoir écouter longtemps ; il faut savoir suivre le penseur dans tous les détours et même dans toutes les hésitations de sa pensée ; il faut sentir l’objection se lever doucement dans notre esprit, mais la prier de ne pas éclater et d’attendre le moment où peut-être l’auteur se la sera faite lui-même, et le plaisir est très vif alors ; car d’abord nous sommes sûrs d’être bien en commerce intellectuel avec l’auteur, puisque nous l’avons prévenu, c’est-à-dire compris d’avance, et ensuite nous nous disons avec satisfaction que nous ne sommes pas indignement inférieurs à lui, puisque l’objection qu’il s’est faite, nous la lui faisions, c’est-à-dire puisque nous circulions dans sa pensée presque aussi largement, presque aussi aisément que lui-même.

1576. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Reybaud est visible ; tous les critiques n’entrent pas dans des détails aussi domestiques ; mais que de fois des théories sur l’art, des vues historiques, toutes les recherches de l’esprit et de l’expression tiennent-elles la place de l’analyse que j’attends !

1577. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Pouchkine et Lermontoff attendent encore que l’Europe s’occupe de leurs œuvres.

1578. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

On attendait de la vigueur, de l’énergie, de la précision, et il se fondait, comme les artistes aux doigts de velours, en harmonies estompées.

1579. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

L’Angleterre surtout s’était fait avec ce genre de composition collective une gloire à part dans sa gloire littéraire, si grande déjà… La génération de 1830, qui, comme masse de talents et somme de vie, n’a pas encore été remplacée et attend toujours ses successeurs, crut, quand la Revue des Deux Mondes parut, tenir sa Revue d’Édimbourg.

1580. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Malheureusement M. de Chalambert ne s’est pas chargé de cette juste exécution historique et nous l’attendons toujours.

1581. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

» Mais, pour cela, il n’attendit pas que ses larmes — s’il en versa — fussent essuyées, et que la Volonté, cette lente conquérante, eût fait la paix, la paix de la mort, sur les ruines de son cœur dévasté.

1582. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Mais les lettres de Réa Delcroix auront moins attendu.

1583. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

On sait qu’il aimait la gloire et qu’il ne l’attendait pas toujours ; il se précipitait vers elle, comme s’il eût été moins sûr de l’obtenir.

1584. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

La colère de son prince lui a paru préférable à l’humanité d’un rebelle ; et pouvant être heureux et libre en devenant coupable, il a mieux aimé rester vertueux et attendre la mort.

1585. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Comme de l’islamisme et comme de Mahomet, il attendait, pour parler de l’Inde et de la Chine, qu’elles fussent entrées dans le plan de l’histoire de la civilisation occidentale, et même, pour les y introduire, nous pourrions indiquer le moyen qu’il eût pris. […] C’est donc uniquement où nous l’attendons. […] On ne peut pas attendre à vivre que les métaphysiciens aient décidé si l’étendue est « un être composé », ou « une substance unique en nombre ». […] Pour que l’énormité de cette maxime d’État commence d’être comprise, il va falloir maintenant attendre près de cent ans, jusqu’à Voltaire ; et, aujourd’hui même, l’horreur en est-elle bien connue ? […] Faut-il qu’on ait attendu si longtemps pour s’aviser de « paver » les rues de Paris !

1586. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Il expose des opinions très connues comme des découvertes qu’il vient de faire et qui attendaient sa venue au monde pour y paraître elles-mêmes. […] Il n’y aurait rien de plus juste, qui fût plus du temps et en vérité qui fût plus attendu. […] Quant à l’Italie, qui ne voit que son intérêt en tout état de cause était d’attendre, pour se mettre ensuite du côté du vainqueur ? […] Les effets, excellents à mon avis, de cette nouveauté, ne se firent pas attendre. […] Elle est beaucoup plus libérale qu’on n’aurait pu l’attendre de la majorité qui l’a votée, ce qui fait honneur et à M. 

1587. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mais nos artistes ont, en revanche, perfectionné la forme du roman, l’ont bellement préparée à devenir ce roman attendu. […] Mallarmé : et il l’a résolu, comme on pouvait l’attendre de lui, en logicien et en artiste. […] Mallarmé, ceux-là seuls en auront le droit qui connaîtront enfin réalisée cette œuvre où il a mis toute sa vie, cette œuvre depuis tant d’années promise, et que nous devons attendre avec une désespérance pieuse. […] Paul Sabatier a-t-il bien fait d’attendre la mort de M.  […] Il a repris, à douze siècles d’intervalle, l’œuvre divine de Jésus, il a voulu tirer les hommes des mains de la souffrance et de l’inquiétude pour les conduire à l’unique refuge où les attendait le repos.

1588. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Voilà, je crois, ce que le public attend surtout de nous ; et il sait bien que cette méthode est incompatible avec les ententes, les fusions parlementaires et les cotes mal taillées. […] Le critique avisait une première ; il en rendait compte le surlendemain ; à ce compte rendu il ajoutait quelques lignes sur les nouveautés théâtrales moins importantes ; et il attendait une autre grande journée dramatique, qui, généralement, arrivait deux ou trois jours après. […] Il ne se contente pas de dire que dépasser le goût moyen du public, c’est encore le satisfaire, en ce qu’il demande toujours quelque chose de plus rare que ce qu’il conçoit et s’attend toujours à de l’inattendu. […] Je l’attends pour m’émouvoir. » Le public populaire a attendu son personnage sympathique jusqu’à la fin du cinquième acte ; et, du reste, qu’Athalie fût égorgée, Joad vainqueur et Joas couronné, cela lui était bien égal. […] En 1831, comme vous vous y attendez parfaitement, Casimir Bonjour y alla de sa pièce politique.

1589. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

A-t-il obtenu les résultats indiscutables qu’il en attendait ? […] Elles abondent dans ce journal de voyage, et il fallait s’y attendre. […] Je n’attends plus rien de la vie qu’une suite de feuilles de papier à barbouiller de noir. […] Non content de justifier la science d’avoir enfanté le mal du siècle, il attend d’elle un remède contre ce mal. […] Je m’attends même à deux mois de froid à mon retour.

1590. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Elle attend trop des hommes, elle se fie trop en leur bonté. […] Est-il si rare que les âmes droites soient méconnues et les bons cœurs atteints sans remède par ceux-là même de qui ils devaient attendre toutes leurs consolations ? […] Baudelaire n’a pas attendu, pour se révéler au public, M.  […] Il n’attendit pas moins jusqu’à cinquante-deux ans avant d’être nommé évêque. […] Attendez.

1591. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Pour le présent j’attends mon ordre de départ, et je me dispose à profiter de la liberté qui m’est donnée. » Régulier et méthodique, Gandar ne se proposait toutefois d’user de cette latitude qu’avec discrétion et mesure : « Mon désir était de voir peu de villes pour les bien voir, de séjourner à Rome, de traverser Gênes, Florence et Naples, et d’arriver à Athènes sans m’écarter de cette ligne. […] La lettre de Gandar ne finit pas sur ce conseil de M. de Humboldt ; il continue avec esprit, avec entrain et une sorte de gaieté qu’on n’attendrait pas sous sa plume et dont sa correspondance familière est souvent animée ; il se promet donc d’obéir à l’impérieux conseil de M. de Humboldt, puis il ajoute : « Mais M. de Saulcy me dit : “Arrêtez-vous à Naples ; montez au Vésuve ; explorez Pompéi ; allez à Baïa, à Salerne, à Pæstum ; lisez Virgile à Cumes, au cap Misène, au seuil des Enfers.” — Mais M.  […] J’ai retrouvé la paix que j’avais perdue, et je reprends fermement la résolution de poursuivre en silence mon chemin, et d’attendre, en m’y préparant par des études solitaires, que mon pays me réclame et que mon temps soit enfin venu.

1592. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Le jeune, homme, après avoir attendu un instant, lui dit : « Cher Monsieur, vous m’avez fait demander ; je crois, j’espère que vous avez quelques commandements à me donner ; je les tiendrai pour sacrés. » Le mourant, avec un effort, lui serra la main et répondit doucement : « Voyez dans quelle paix un chrétien peut mourir. » Un instant après, il expira. […] Addison choisit souvent pour lieu de promenade la sombre abbaye de Westminster, pleine de tombes. « Il se plaît à regarder les fosses qu’on creuse et les fragments d’os et de crânes que roule chaque pelletée de terre », et considérant la multitude d’hommes de toute espèce qui maintenant confondus sous les pieds ne font plus qu’une poussière, il pense au grand jour où tous les mortels, contemporains, apparaîtront ensemble919 » devant le juge, pour entrer dans l’éternité heureuse ou malheureuse qui les attend. […] He is not obliged to attend her in the slow advances which she makes from one season to another, or to observe her conduct in the successive production of plants or flowers.

1593. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Sans cesse mêlés parmi les mortels, on les attendait comme des hôtes, et l’on croyait quelquefois saluer un dieu dans l’étranger qu’un visage noble, un air de majesté distinguaient des autres hommes. […] Fénelon voulait faire voir au duc de Bourgogne, dans un cadre propre à intéresser son imagination, tout le détail des devoirs qui l’attendaient sur le trône, et le munir de bonnes impressions et de précautions efficaces sur tous les points de la conduite d’un roi. […] Tant de périls qui nous sont signalés par ce livre, tant d’embûches, tant d’issues si surprenantes des desseins les mieux calculés, tant d’attention à avoir sur soi-même pour se garder des autres et de soi, tout cela nous ferait haïr le monde, ou nous en donnerait trop de crainte, si en même temps, par la beauté du spectacle des choses humaines, par la douceur que Fénelon a su attacher à l’activité, au devoir, aux victoires remportées sur soi, au bien qu’on fait, à l’espérance, on ne se sentait porté d’une généreuse ardeur à affronter les combats qui nous y attendent.

1594. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Et les petites portes basses, et les petits escaliers noirs, et les petites chambrettes, qui sont plutôt des trous à humains que des logis, vous mettent sous les yeux, comme l’apparition d’un moyen âge marmiteux, auquel on ne s’attend pas. […] — Eh bien, attendez… vous allez voir quelque chose de tout à fait étrange. […] Je m’attendais à voir des étoiles comme des fonds d’assiette.

1595. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Mais il y a un certain effort sui generis qui nous permet de retenir l’image elle-même, pour un temps limité, sous le regard de notre conscience ; et grâce à cette faculté, nous n’avons pas besoin d’attendre du hasard la répétition accidentelle des mêmes situations pour organiser en habitude les mouvements concomitants ; nous nous servons de l’image fugitive pour construire un mécanisme stable qui la remplace. — Ou bien donc enfin notre distinction de deux mémoires indépendantes n’est pas fondée, ou, si elle répond aux faits, nous devrons constater une exaltation de la mémoire spontanée dans la plupart des cas où l’équilibre sensori-moteur du système nerveux sera troublé, une inhibition au contraire, dans l’état normal, de tous les souvenirs spontanés qui ne peuvent consolider utilement l’équilibre présent, enfin, dans l’opération par laquelle on contracte le souvenir-habitude, l’intervention latente du souvenir-image. […] Sans cesse inhibée par la conscience pratique et utile du moment présent, c’est-à-dire par l’équilibre sensori-moteur d’un système nerveux tendu entre la perception et l’action, cette mémoire attend simplement qu’une fissure se déclare entre l’impression actuelle et le mouvement concomitant pour y faire passer ses images. […] Attendons-nous, passifs, que les impressions aillent chercher leurs images ?

1596. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Les morales puissantes et durables se fondant, à l’ordinaire, sous forme religieuse, ce que l’historien moraliste attend dans les premières années du xixe  siècle, c’est un essai de religion nouvelle, et il n’est rien, par exemple, qui l’étonne moins que la tentative saint-simonienne. […] Avec eux nous étudierons, dans un autre volume, un nouvel aspect de ce siècle. — Quant aux conclusions générales sur la marche intellectuelle et morale du siècle entier, on conçoit, si jamais nous avons l’impertinence d’essayer de les dégager, que nous attendions la fin de ces études pour nous y risquer. […] Son système politique lui-même, qui est presque complet, qui répond presque à tout, j’y vois cependant une grande omission, et comme je puis m’y attendre, c’est l’omission d’un fait. […] On s’attend toujours, en le lisant, à une exposition solide, complète et pleinement loyale des hypothèses transformistes ; on s’attend même, tant il a l’esprit de système et s’entend à exposer une doctrine, à ce qu’il présente ces hypothèses en y ajoutant, en les coordonnant, quitte après à partir en guerre. […] Dès lors, on s’attend à ce qu’il dise : « Je suis d’avant 1789, parce que je suis libéral.

1597. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Douze légions vous attendent et ont hâte de vous nommer leur chef. —  À force de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la faim, —  je les ai conduites patientes — depuis la frontière des Parthes jusqu’au Nil. —  Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, —  leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. —  Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville. […] D’esprit, il n’y en a guère ici : on n’a pas le loisir d’être spirituel en de pareilles batailles ; songez à ce peuple soulevé qui écoute, à ces hommes emprisonnés, exilés, qui attendent : ce sont la fortune, la liberté, la vie ici qui sont en jeu. […] « La nation, dit-il en commençant, est dans une trop grande fermentation pour que je puisse attendre guerre loyale ou même simplement quartier des lecteurs du parti contraire774. » Et là-dessus, empruntant les allégories du moyen âge, il représente toutes les sectes hérétiques comme des bêtes de proie acharnées contre une biche blanche, d’origine céleste ; il n’épargne ni les comparaisons brutales, ni les sarcasmes grossiers, ni les injures ouvertes. […] Ici Dryden a rassemblé en un vers un long raisonnement ; là une métaphore heureuse a ouvert sous l’idée principale une perspective nouvelle781 ; plus loin deux mots semblables collés l’un contre l’autre ont frappé l’esprit d’une preuve imprévue et victorieuse ; ailleurs une comparaison cachée a jeté une teinte de gloire ou de honte sur le personnage qui ne s’y attendait pas782.

1598. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Et voilà, nous n’attendons plus que le bronze ! […] Je suis persuadé qu’ils attendent beaucoup de la tentative de Mistral. » Ayant dit, l’aimable Capitaine de Lettres ouvrit son portefeuille et en tira ce vierge sonnet : Nous nous aimerons par-delà les mondes, Égrenant sans fin, à travers les cieux, En étoiles d’or, sur les nuits profondes, Les pleurs que la joie oriente en nos yeux. […] Cependant son sens critique, son inquiète activité, et — disons le mot — son indécision, aussi le portèrent à exagérer, avec sa forme, ses tendances ; et le poète étrange qu’il était, transparent dans ses mots, trouble dans son concept, avec des enveloppements et des dérobements d’idées, sorte de beau ténébreux élégiaque, céda le pas au journaliste, au fureteur d’actualités au chroniqueur d’émotions furtives ; et c’est ainsi que, vainement, nous attendons, chaque année, le volume de vers de ce poète, vraiment poète, sinon dans la réalisation, du moins, dans le vouloir. […] Attendons l’œuvre pour la juger.

1599. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

De poétiques fleurs compose un nouveau miel ; Laisse les vils frelons qui te livrent la guerre A la hâte et sans art pétrir un miel vulgaire ; Pour toi, saisis l’instant : marque d’un œil jaloux Le terrain qui produit les parfums les plus doux ; Reposant jusqu’au soir sur la tige choisie, Exprime avec lenteur une douce ambroisie, Épure-la sans cesse, et forme pour les cieux Ce breuvage immortel attendu par les Dieux. […] Songez, mon ami, que les années peuvent vous surprendre, « et qu’au lieu des tableaux immortels que la postérité « est en droit d’attendre de vous, vous ne laisserez peut-être « que quelques cartons. […] « Il faut attendre que l’Université soit organisée comme elle doit l’être. […] En composant il n’écrivait jamais ; il attendait que l’œuvre poétique fût achevée et parachevée dans sa tête, et encore il la retenait ainsi en perfection sans la confier au papier. […] Jouet de son humeur bizarre, Je dois compatir à tes maux ; Tiens, que ce faible don répare Le prix qu’attendaient tes travaux.

1600. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Involontairement et hors de propos, il vient d’écarter le masque tragique qui couvrait son visage, et le lecteur, derrière les traits contractés de ce masque terrible, découvre un sourire gracieux et inspiré qu’il n’attendait pas. […] Ne pouvez-vous attendre un instant ? […] J’attendrai le détail. —  Contente-moi. […] Il en est hanté ; il oublie les thanes qui sont autour de lui et qui l’attendent, il aperçoit déjà dans le lointain un chaos indistinct de visions sanglantes. […] The cease of majesty Dies not alone, but, like a gulf, doth draw What’s near it, with it : it is a massy wheel, Fix’d on the summit of the highest mount, To whose huge spokes ten thousand lesser things Are mortis’d and adjoin’d, which, when it falls, Each small annexment, petty consequence, Attends the boist’rous ruin.

1601. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Il se souvenait d’un objet et s’attendait peut-être à le rencontrer : il en trouve un autre, et il exprime la déception de son attente, née elle-même du souvenir, en disant qu’il ne trouve plus rien, qu’il se heurte au néant. Même s’il ne s’attendait pas à rencontrer l’objet, c’est une attente possible de cet objet, c’est encore la déception de son attente éventuelle, qu’il traduit en disant que l’objet n’est plus où il était. […] J’en reviens toujours à mon verre d’eau sucrée 105 : pourquoi dois-je attendre que le sucre fonde ? […] Qu’est-ce qui m’oblige à attendre et à attendre pendant une certaine longueur de durée psychologique qui s’impose, sur laquelle je ne puis rien ?

1602. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Un Américain se marie dans une usine à gaz, puis monte avec sa femme dans un ballon qui les attend, et accomplit son voyage de noces dans les nuages. […] Il se peut qu’il croie à la sorcière de la pluie, parce qu’il ne sait pas comment la pluie se produit, mais il ne s’attend pas un seul moment à ce que les anges viennent labourer pour lui. […] Il ne faut attendre de la pensée mystique ni logique ni unité. […] Il continue à être le temple de quelques jeunes ambitieux qui espèrent obtenir, en se rangeant sous la bannière de l’école symbolique, les avancements qu’ils n’ont pas à attendre de leur talent. […] Des théoriciens et des philosophes du groupe, nous devons attendre des renseignements plus complets sur leurs moyens et buts.

1603. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Mais que peut-on attendre d’un législateur, ou aussi grossièrement trompeur, ou aussi stupidement trompé dès sa première ligne ? Et que peut-on attendre d’un démocrate dont le premier principe repose sur une vérité ainsi renversée ?

1604. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Les profondes et larges carrières qui déchirent, comme des gorges de vallées, les flancs noirs de l’Anti-Liban, ouvraient déjà leurs abîmes sous les pas de nos chevaux ; ces vastes bassins de pierre dont les parois gardent encore les traces profondes du ciseau qui les a creusées pour en tirer d’autres collines de pierre, montraient encore quelques blocs gigantesques à demi détachés de leur base, et d’autres entièrement taillés sur leurs quatre faces, et qui semblent n’attendre que les chars ou les bras des générations de géants pour les mouvoir. […] Un monde de poésie roule dans ma tête, je ne désire rien, je n’attends rien de la vie que des peines et des pertes de plus.

1605. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Tout lui étant cause et effet, là où il n’apercevait pas de cause, il ne redoutait pas d’effet, et il n’attendait pas la maladie de la santé, ni de la maladie la mort. […] Pascal dit de la lecture des bons auteurs : « Quand on lit des écrits naturels, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. » Quel est cet homme ?

1606. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Les poètes sont infiniment plus raisonnables, (on s’y attendait), qui admettent très bien qu’il ne suffit pas de faire des vers pour être des poètes. […] Il faut faire attention d’ailleurs que cette expression le tout fait, si elle revient constamment, comme il était naturel, et comme il fallait s’y attendre, dans la philosophie de Bergson, est conduite à y revenir en deux sens assez sensiblement différents.

1607. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Il en attendit trop peut-être ; ne le trouvant pas infini, il le brisa comme un faux dieu. […] Manier me faisait remarquer que cette philosophie changeait trop vite et que, pour la juger, il fallait attendre qu’elle eût achevé son développement. « L’Écosse rassérène, me disait-il, et conduit au christianisme » ; et il me montrait ce bon Thomas Reid à la fois philosophe et ministre du saint Évangile.

1608. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Francis Thomé « s’attendait à la révélation » d’une œuvre par lui rêvée, mais non tentée par Richard Wagner. […] On lui reprochait aussi d’avoir fait supprimer tout un rang de stalles pour augmenter l’orchestre, et, dès le 29 mai, un petit théâtre populaire, qui avait préparé une parodie de Tristan ne voulait pas attendre davantage et la lançait avant la représentation de l’opéra parodié.

1609. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Et attendons, espérons en l’avenir. — Un an est né en Allemagne ? […] Le Guide musical : Il n’attend pas que des représentations wagnériennes se présentent pour initier le public aux œuvres du maître.

1610. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Après cela, Monsieur, à quoi ne dois-je pas m'attendre ? […] J'ai tant de peine à la concilier avec les politesses que je reçus de vous, la derniere fois que j'eus l'honneur de vous voir, que j'en attendrai une seconde avant de vous les faire reporter.

1611. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

« N’est-ce pas assez, ajoute le même écrivain, d’avoir à craindre un mauvais succès, malgré les peines qu’on se donne, sans attendre encore, dans le cas de la plus grande réussite, des brocards de théâtre qui divertissent le public à nos dépens. » Il est à remarquer que ce discours sur la parodie fut composé à l’occasion de celle d’Inès de Castro. […] A l’égard des poëtes tragiques, dont elle diminue le nombre, il ne trouvoit pas que ce fût un grand mal, attendu qu’il y en a beaucoup trop.

1612. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il fallait s’attendre qu’en élargissant ses observations, la critique du xixe  siècle s’efforcerait de les coordonner. […] Peu à peu le philosophe avance, le jour se lève, et la beauté longtemps attendue brille pure et calme sur toute la discussion.

1613. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Et on n’était pas moins Français, quand on était catholique, pour s’appuyer sur l’Espagne, qu’on ne l’était, quand on était protestant, pour s’appuyer sur l’Angleterre… Mais c’est la vérité, pourtant, — et mon catholicisme est assez ferme pour en convenir, — qu’ils ne sont pas si grands dans cette histoire qu’on aurait pu s’y attendre et que l’opinion catholique trop reconnaissante les avait faits, ces Guise, qui ont mêlé aux intérêts éternels qu’ils eurent l’honneur de représenter leurs passions, leurs ressentiments et leurs vices, — passions, ressentiments et vices d’un temps terrible où chacun, même les femmes, avait sur les mains du sang de quelqu’un. […] Je l’attends toujours.

1614. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

et encore, — car il faut en finir : En présence de tant d’amour et de vertu Il ne sera pas dit que je me serai tu,         Moi qu’attendent les maux sans nombre, Que je n’aurai pas mis sur sa bière un flambeau Et que je n’aurai pas devant ce noir tombeau         Fait asseoir une strophe sombre. […] Hugo encore ; — pour le coup, caractérisant très bien son genre de travail, — nous avons trouvé un poète que nous n’attendions guère, un poète vivant quand nous pensions trouver un poète mort !

1615. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

« J’en réclame la paternité, la regardant, cette expression, comme la formule définissant le mieux et le plus significativement le mode nouveau de travail de l’école qui a succédé au Romantisme. » Or, ce nom de baptême du document humain, donné après coup au Naturalisme, n’est, en somme et en effet, que le nom du Naturalisme en deux mots, et, en supposant qu’il soit autre chose qu’une Lapalissade que des niais veulent faire prendre pour une idée à des niais plus sots qu’eux, — attendu que tous les romanciers qu’il y ait jamais eu dans le monde se sont nécessairement occupés du document humain, puisqu’ils avaient à peindre l’âme de l’homme en action dans ses vices et dans ses vertus, sans avoir besoin d’employer pour cela une formule si ridiculement pédantesque, — en réclamer la paternité, comme le fait M. de Goncourt, c’est se poser, en termes doux et furtifs, le chef de cette École qui a succédé au Romantisme, et noyer du coup l’auteur de Pot-Bouille dans le bouillon qu’il a inventé, et qu’il est, présentement, en train de boire… Et ce document humain, dont il est fier comme d’une découverte de génie, M. de Goncourt lui sacrifie jusqu’à la fierté de son attitude et de sa pensée ; car, le croirait-on si on n’avait pas sous les yeux l’étonnante préface de son livre ? […] Pour établir cette collaboration, il ouvre chez son éditeur Charpentier un petit bureau de bienfaisance et de confidences où il attendra patiemment les renseignements demandés, et, entre tous, il prend la peine de signaler ceux qui lui plairaient davantage, et ce sont les impressions des jeunes filles, et même des toutes petites filles, et « l’éveil simultané de leur intelligence et de leur coquetterie… ».

1616. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

L’homme réel est une cause, une force active, douée de facultés diverses qui n’attendent que le contact d’un objet pour entrer en exercice. […] Elle n’attend rien des belles spéculations de la métaphysique sur l’ordre et l’unité de la vie universelle.

1617. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Les succès de Bossuet dans les chaires de Paris, lorsqu’il y vient faire des apparitions périodiques et assez fréquentes pendant ses années de résidence habituelle à Metz, sont peints avec une vivacité et avec une grâce qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans un compte rendu de sermons ; on y assiste à ce premier règne de la grande éloquence avant la venue de Bourdaloue.

1618. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Je n’avais pas attendu, pour les conserver, que M. de Sacy eût recueilli ses articles ; j’en ai sous les yeux la plupart, classés par moi au fur et à mesure qu’ils paraissaient, et avec des annotations rapides.

1619. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il prie des gens, qu’il ne connaît point, de le mener chez d’autres dont il n’est pas connu : il écrit à des femmes qu’il connaît de vue : il s’insinue dans un cercle de personnes respectables, et qui ne savent quel il est ; et là, sans attendre qu’on l’interroge, ni sans sentir qu’il interrompt, il parle, et souvent, et ridiculement.

1620. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Floquet ne pas se faire attendre trop longtemps !

1621. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Je ne sais, en vérité, ce que notre légèreté routinière attend pour s’en informer et les reconnaître dans leur puissance de méthode et leurs résultats.

1622. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il vient d’épuiser la plainte, il a poussé des cris d’aigle, il a évoqué contre eux la justice éternelle ; on s’attend à une exécration, à un anathème ; écoutez : Me voici comme Job sur sa funèbre couche ; La malédiction va sortir de ma bouche, Le cri de l’opprimé va monter jusqu’à toi ; Ô terre, sois témoin !

1623. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Mais une autre destinée l’attendait.

1624. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Cette lacune se faisait quelquefois sentir, et l’on cherchait à y pourvoir ; mais de telles doctrines, pour être tant soit peu solides et réelles, de telles affinités ne se créent pas de toutes pièces, et l’on attendait.

1625. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Ils aspireront à quelque chose de mieux, au simple, au grand, au vrai, et se dessécheront et s’aigriront à l’attendre ; ils voudront le tirer d’eux-mêmes ; ils le demanderont à l’avenir, au passé, et se feront antiques pour se rajeunir ; puis les choses iront toujours, les temps s’accompliront, la société mûrira, et lorsque éclatera la crise, elle les trouvera déjà vieux, usés, presque en cendres ; elle en tirera des étincelles, et achèvera de les dévorer.

1626. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

On confondait ensemble les héros et les dieux, parce qu’on en attendait les mêmes secours ; et les hauts faits de la guerre s’offraient avec des traits gigantesques à l’esprit épouvanté.

1627. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Ce qu’ils attendent de vous, ce qu’ils en espèrent, efface leurs défauts, et fait ressortir toutes leurs qualités.

1628. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

. — Cléon est encore à cet égard un bien plus brillant spectacle ; toutes les prétentions à la fois sont entrées dans son âme ; il est laid, il se croit aimé, son livre tombe, c’est par une cabale qui l’honore, on l’oublie, il pense qu’on le persécute ; il n’attend pas que vous l’ayez loué, il vous dit ce que vous devez penser ; il vous parle de lui sans que vous l’interrogiez, il ne vous écoute pas si vous lui répondez, il aime mieux s’entendre, car vous ne pouvez jamais égaler ce qu’il va dire de lui-même.

1629. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Il ne s’agit pas seulement de reconnaître ce qui a été vraiment pensé, senti, exprimé par Montaigne et Pascal, par Racine et Victor Hugo ; mais dans ce qui va au-delà de ce qu’on peut raisonnablement appeler leur sens, au-delà des plus fines suggestions qu’on a droit de rapporter encore à leur volonté plus ou moins consciente, dans ce qui n’est plus vraiment que moi, lecteur, réagissant à une lecture comme je réagis à la vie, il ne faut tout de même pas confondre ce qui est le prolongement, l’effet direct, normal, et comme attendu de la vertu du livre, avec ce qui ne saurait s’y rattacher par aucun rapport et ne sert à en comprendre, à en éclairer aucun caractère.

1630. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Une créature est « tout pour vous » ; elle vous fait indifférent au reste du monde, parce que vous attendez d’elle des sensations uniques.

1631. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Ton âme a donc rejoint le somnolent troupeau Des ombres sans désirs, où t’attendait Virgile, Toi qui, né pour le jour d’où le trépas t’exile, Faisais des Voluptés les prêtresses du Beau !

1632. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Vous devez vous attendre aussi à vous voir bannir de notre terre d’anarchie et d’ignorance, et il manquera à votre exil le triomphe que

1633. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Tous les êtres s’empressent autour de lui & lui disent : Nous t’attendions, c’est pour toi que nous existons : que tardes tu à nous interroger ?

1634. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Il faut, pour que les fêtes renaissent, attendre que Henri IV ait terminé les guerres civiles, qu’il soit affermi sur son trône, et maître de sa capitale.

1635. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Réfléchissez trois ou quatre jours ; ayez un papier divisé en deux colonnes, celle du pour et celle du contre ; portez-y chacune de vos conclusions provisoires ; puis, ce temps écoulé, comparez les deux colonnes, établissez la balance ; attendez encore deux ou trois jours et agissez.

1636. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Le roi lui dit ces paroles qui me paraissent dignes de remarque : « Madame, je vous ai fait attendre longtemps ; mais j’ai été jaloux de vos amis : j’ai voulu avoir seul ce mérite auprès de vous. » Le compliment, dit Auger, était délicat, mais il n’était pas sincère.

1637. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Aussi bien, avant de partir, il assure l’existence stricte de la mère et de son enfant, en leur laissant un titre de trois mille livres de rente, avec la propriété d’une petite maison de campagne où elle attendra son retour.

1638. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Sa fille hérita de toutes les épargnes de ce cœur si riche et si sensible, et qui avait dit jusqu’à ce jour : J’attends.

1639. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Le tout fut accueilli comme on pouvait l’attendre d’un homme tel que Ney.

1640. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

On veut attendre les tardifs qui sont restés en arrière et leur donner le temps de rejoindre.

1641. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

N’attendez aucune concession de son Moi.

1642. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il regardoit les fables comme le plus puissant ressort de toute poësie, & principalement de cette poësie enjouée, légère, & galante que ses ennemis lui reprochèrent, & qu’il soutint n’être pas contraire à son état, attendu le grand nombre d’ecclésiastiques qui l’ont cultivée.

1643. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Piqué par le concours de différents projets et de diverses passions dont on a mêlé le jeu, il attend la main qui doit délier le nœud gordien.

1644. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Ce Vardes, qui sauta dans l’éternité séduisant et sexagénaire, est un Ninon mâle en justaucorps… Le livre de Renée, qui renferme donc ce qu’on y cherche, contient aussi ce qu’on s’attend le moins à y rencontrer.

1645. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Vous le voyez, on pouvait s’attendre à pis sur le fond des choses et sur leur forme aussi, car le talent de M. 

1646. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

J’ai recueilli dans cet ordre d’idées une opinion, que je considère comme infiniment précieuse et qu’il eût été cruel d’abandonner à l’oubli : c’est celle d’un directeur d’institution qui, dans un discours de distribution de prix, parlant de l’enseignement des langues vivantes, prétendait avec un bel accent de conviction patriotique, que leur étude était d’un mince intérêt pour la France, attendu qu’elle avait tout à perdre et rien à gagner en étudiant les œuvres étrangères !!

1647. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Mais alors, la théorie de l’émission étant rejetée, la propagation de la lumière n’étant pas une translation de particules, on ne s’attendra pas à ce que la vitesse de la lumière par rapport à un système varie selon que celui-ci est « en repos » ou « en mouvement ».

1648. (1915) La philosophie française « I »

De ces deux méthodes, la première a été pratiquée surtout en Allemagne ; quoiqu’elle ne soit pas négligeable, elle est loin d’avoir donné ce qu’on attendait d’elle 25.

1649. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Mais adieu ; trois de mes amis m’attendent ; nous devons discuter aujourd’hui la manière dont l’intelligence passe du moi au non-moi, et du subjectif à l’objectif. » Le pauvre disciple de Laromiguière, un peu confus et inquiet, monta à la bibliothèque de la Sorbonne, et pour se rassurer ouvrit le premier volume de son professeur. « Serait-il bien possible, disait-il, que la doctrine de mon cher maître renfermât de si étranges conséquences ? 

1650. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Si la poésie née du symbolisme donne les fruits que nous devons en attendre encore, si un théâtre de poésie neuve forme l’oreille du public, si les essais critiques qui se poursuivent actuellement sur l’essence et le rythme du vers français continuent eux aussi à assurer et à affiner le sens poétique, jamais plus riche matière n’aura été offerte à l’exercice du goût conscient et aux délicatesses de l’analyse.

1651. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Sans doute, il s’y souvient encore et du penchant au plaisir, et des libres idées de sa première patrie ; mais il y mêle un sentiment moral, que relève l’accent de la poésie, pt qu’on n’attendrait pas d’un prétendu devancier du matérialisme moderne.

1652. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Et voyez le trait de ressemblance, et voyez aussi qu’il faut s’attendre à la pareille : la principale question qui a inquiété Sainte-Beuve en son article sur Bayle a été de savoir si M.  […] Attendez ! […] Le lecteur aime les licences, mais non point les licences extrêmes, excessives… Le lecteur est homme ; mais c’est un bomme en repos, qui a du goût, qui est délicat, qui s’attend qu’on fera rire son esprit ; qui veut pourtant bien qu’on le débauche, mais honnêtement, avec des façons, avec de la décence. » — Que disais-je ? […] Voltaire est un épicurien brillant du temps de la Régence, et l’on peut n’attendre de lui que de jolis vers, des improvisations soi-disant philosophiques à la Fontenelle, et d’amusants pamphlets. […] On s’attendrait, puisqu’il est si personnel, et puisque c’est notre ridicule à tous de tenir pour le meilleur l’état où nous serions les personnages les plus considérables, qu’il rêvât une aristocratie philosophique et un gouvernement des « hautes capacités » et des « lumières ».

1653. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

La Vieille Fille a un chapitre charmant, c’est celui où mademoiselle Cormon attend M. de Troisville, qu’elle croit célibataire ; le reste est infect, et l’amour de l’adolescent Athanase pour mademoiselle Cormon, la peinture de cette grosse vieille fille de quarante-huit ans, tourmentée par les humeurs âcres du célibat, et courtisée par deux vieux libertins, rentrent dans ce que je ne crains pas d’appeler l’auge à Balzac. […] Mais il n’y a aucun lieu sur la terre où j’attende une justice plus éclairée qu’à Genève. » — Et cela est signé : « Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi !  […] Nous attendions beaucoup de M.  […] La sœur du roi d’Espagne ne fut plus alors que la reine de France et la mère de Louis XIV ; elle eut conscience de la responsabilité glorieuse et redoutable qui pesait sur elle, et peut-être pressentiment de ce que le monde attendait de ce jeune prince confié à sa tutelle. […] Madame de Chevreuse8 Si l’on s’attend à trouver dans cet article des allusions et des malices, — même assaisonnées d’admiration, — touchant la passion de M. 

1654. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il n’a qu’à attendre. […] Julien n’a qu’à attendre. Il n’attend pas. […] Ils l’attendaient depuis longtemps. […] Que ce règne arrive ; mais tout porte à croire qu’il se fera attendre.

1655. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

I Je sais que certains ne sont parvenus que tard à l’expression de leur originalité, comme une graine ensevelie sous le gel de l’hiver, qui attend le choc du soleil pour s’épanouir. […] À Venise et à Grenade (écrit Mithouard), les plus belles surprises m’y attendaient, hormis de me trouver confondu. […] j’attends ici nos architectes médiévaux ! […]   Une leçon semblable nous attend à Grenade. […] Pégase attend, sur des cimes invisibles, des matins plus triomphants, pour déchirer à nouveau notre atmosphère de ses ailes voraces.

1656. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Je me résignai sagement à garder le silence, et j’attendis un temps plus heureux dans la retraite : il me parut impossible de continuer une analyse que trop de précautions indispensables embarrassaient. […] « Là, contemplant son cours, il voit de toutes parts « Ses pâles défenseurs par la frayeur épars : « Il voit cent bataillons qui, loin de se défendre, « Attendent sur des murs l’ennemi pour se rendre. […] attendez ; Roland se lève d’un lit où le regret d’être loin d’Angélique a troublé son sommeil : un mauvais songe lui a persuadé qu’un rival a pu cueillir une fleur qu’il a respectée, et son agitation jalouse est le premier symptôme de son futur accès de démence. […] Puisse quelque génie, aussi puissant qu’Homère, effrayer un jour leurs pareils à l’aide d’emblèmes capables de leur rendre plus visibles ces châtiments qu’ils n’évitent jamais au bout de leurs triomphes, soit sous le fer qui les attend, soit sous le poids de l’exécration des contemporains et du mépris de la postérité ; ou, si leurs cœurs durs et froids ne sont émus de rien, que de tels emblèmes de leur perfidie éclairent d’avance tous les esprits, soulèvent d’avance toutes les âmes avec tant de force, que le courage prévoyant des nations écrase ces brigands signalés dès leur naissance. […] emporte avec toi la consolation de savoir que les mânes heureux attendent Pompée et ses amis, et que, dans le lieu le plus serein de l’Élysée, on garde une place à ton père.

1657. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Mais on l’attend à la fin. […] Ils demandent des réformes et ils les attendent de la royauté absolue. […] Ils attendent la grâce d’une providence intermittente, et déposent leurs vœux sur le chemin où elle doit passer. […] M. de Francœur, comme vous vous y attendez, reçoit le coup d’assommoir où l’on s’expose toujours dans ces sortes d’aventures du cœur. […] Je ne l’attendais pas sans impatience.

1658. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Orgon a toujours la pensée de ce qui l’attend outre-tombe. […] C’est une confusion d’Elmire qu’il attend et c’est pour cela qu’il se met si allègrement sous la table. […] C’était certainement, en meilleurs vers, ce que vous attendiez que dit Tartuffe, et ce que vous attendiez que dît Orgon, c’était : « Il est vrai ». […] Elle est un peu plus que française, elle est gauloise dans certains propos qu’elle tient à Trissotin et dans les menaces qu’elle lui fait de certains malheurs qui l’attendent s’il l’épouse. […] Il faudra attendre Gœthe et George Sand pour en retrouver de semblables, à la fois si vraies et si attrayantes.

1659. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

J’attends avec impatience l’Essai sur l’Amour qui sera, je le sais, l’une des œuvres capitales de notre génération, qui s’annonce pourtant si féconde. […] Attendez, non ! […] Nous n’avons peut-être pas bien longtemps à attendre la restauration du culte des licornes et des chimères, et vous pensez bien qu’instruits par votre exemple, les néo-symbolistes, trop heureux de s’appuyer sur un ancêtre de la taille de Mallarmé, ne sauraient conquérir plus dignement leurs galons qu’en passant au fil de l’épée ses détracteurs. […] Voici longtemps que nous attendions ce livre.

1660. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Les injures, je m’y étais attendu. […] Malgré cela, je m’attends à une objection : on me reprochera d’avoir jugé certains ouvrages sur des phrases isolées ; d’avoir donné pour des théories philosophiques ce qui n’était que des cris de la passion ou des développements de caractères. […] L’animal irraisonnable souffre, se résigne, et attend patiemment la mort ; l’homme intelligent sait s’affranchir, et quand la douleur est plus forte que lui, se dérober à son étreinte en se dérobant à la vie. […] On n’attend pas de nous que nous entrions dans l’appréciation de ce livre : ce serait lui faire trop d’honneur. […] Il se tue parce que la gloire se fait trop attendre et que la société tarde à reconnaître son génie !

1661. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Les avis, comme on peut s’y attendre, seront partagés. […] Attendez un peu. […] Attendons que l’esprit critique se soit engourdi en nous par une contemplation prolongée. […] Ici il faut s’attendre à quelques résistances. […] L’inconvénient est qu’il faut parfois attendre longtemps l’inspiration.

1662. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Quelquefois aussi, au moment où l’on s’y attend le moins, au cours de quelque paisible article sur l’Éloquence de MassilIon ou sur la Querelle du Quiétisme, le lutteur reparaît sous l’historien, tirant des conséquences inattendues d’un détail, faisant à propos d’un mot le procès de ce qu’il condamne au profit de ce qu’il approuve. […] Mais il en est aussi qui sentent si fortement leur danger que, attentifs uniquement à la bête qui les guette, au dragon qui les attend, aux deux souris inconscientes qui hâtent leur agonie, ils ne voient pas le miel ou le dédaignent, et cherchent autour d’eux une branche plus solide pour assurer leur équilibre. […] Quand sévit une épidémie de variole, on n’attend pas d’en être atteint : on se vaccine. […] Mais tous ceux-là, consciemment ou inconsciemment, sans souci de ce qui les attend ou avec de soudaines visions des périls où ils courent, suivent le fleuve où il veut les conduire. […] Les moins avancés consentent à prendre des mines recueillies pour la circonstance ; ceux qui ont le tempérament sentimental déclarent en soupirant que les ancêtres étaient bien heureux d’entrevoir Dieu, le Paradis, l’Éternité au bout des cérémonies du culte, et que ces convictions donnaient à la vie un charme à la fois et une solidité qu’elle n’a plus. — Souvent, ils demandent à la science ce qu’ils n’attendent plus de la religion.

1663. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Sainte-Beuve fut parfois ce sermonnaire ; mais, plus souvent, il préféra se réserver, attendre que l’impression d’étonnement fut amortie. […] Sainte-Beuve, dans le même moment, assumant la tâche que précisément son siècle attendait, se mit à refaire la littérature française. […] Le temps ne peut pas être considéré comme une condition de production des phénomènes, attendu que, sans cette production même des phénomènes, il n’existerait pas. […] Il faut attendre, pour affirmer qu’elle est toujours valable, que le radium ait dit tout son secret. […] Il a été tel qu’on l’attendait.

1664. (1802) Études sur Molière pp. -355

Deux bonnes fortunes attendaient Pocquelin au collège : il y suivit le cours des classes d’Armand de Bourbon, premier prince de Conti, qui dans la suite devint son protecteur, et il y fut accueilli par le célèbre Gassendi. […] Veut-on, dès le premier acte, juger un acteur dans le rôle d’Arnolphe, on n’a qu’à l’observer au moment où Horace lui dit : Un jeune objet qui loge en ce logis, Dont vous voyez d’ici que les murs sont rougis ; S’il n’est pas tout à coup l’opposé de ce qu’il était, s’il ne devient pas un autre homme, n’attendez rien de lui. […] Avant de faire des observations sur ces trois ouvrages, nous devons, d’après la tâche que nous nous sommes imposée, parler d’abord des chagrins domestiques qu’éprouvait Molière ; l’ingrate compagne de qui il attendait toute sa félicité ne cessait de faire son tourment, et par son indifférence pour lui, et par sa haine pour toutes les personnes qui pouvaient le consoler ; elle voyait avec peine ses bontés pour un enfant de treize ans, pour Baron : elle s’oublia même jusqu’au point de le frapper. […] Et voulant devancer le plaisir de le voir, il calcule les jours, les heures nécessaires pour la route, il va l’attendre à la porte Saint-Victor ; de son côté, Baron monte en voiture, part, court, vole, oublie sa bourse dans une auberge, dédaigne de rebrousser chemin pour la retrouver, passe si vite à la barrière, que Molière n’a pas le temps de le reconnaître, croit s’être trompé de jour, retourne tristement chez lui : Baron l’y attendait ; et voilà le maître et l’écolier dans les bras l’un de l’autre. […] quand la gloire les attendait peut-être au premier rôle propre à leur âge, pour couronner leurs vieux jours d’une palme méritée.

1665. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Le grand peintre attendait ses originaux ; la comédie attendait une société. […] Pour les Femmes savantes, s’il ne dit pas tout d’abord à Molière que sa pièce était très bonne, « c’est qu’il avait dans l’esprit autre chose qui l’avait empêché de l’observer à la première représentation. » Une approbation qui se faisait ainsi attendre n’en était que plus précieuse ; outre l’autorité d’un jugement porté avec réflexion, elle vengeait le poète du plaisir que s’étaient fait à l’avance les Trissotins et les Bélises de le voir désapprouvé.

1666. (1891) Esquisses contemporaines

C’est à Alger, de nuit, trois matelots bretons sont dans la rue, en attendant trois autres qui sont entrés dans une maison voisine : « Ils les attendirent longtemps, et puis ils les oublièrent. […] Le second, dont on attendait beaucoup, fut plus froidement accueilli. […] Ceux-là seulement qui ont vécu des réalités morales et religieuses peuvent s’attendre à quelque assurance. […] On attend du monde ce qu’on devrait trouver en soi ; des choses, ce qui aurait dû jaillir de l’unité intime de la conscience. […] Il s’était attendu à plus de loyauté de la part d’adversaires qu’il n’avait pas cessé de respecter, à plus de charité de la part de chrétiens.

1667. (1887) George Sand

Ce n’est plus de vive lutte que l’on peut enlever un obstacle de cette nature ; il faut des soins et des ménagements infinis pour traiter cette maladie de l’âme qui menace à chaque instant d’emporter une vie fragile ; il faut surtout une résignation gaie et le plus difficile courage, celui qui ne craint pas de se mesurer avec le temps et d’attendre, presque sans espérance, un changement invraisemblable. […] » Ce fut, en effet, un terrible malentendu ; le châtiment ne se fit pas attendre. […] La fournaise ardente s’était refroidie ; pour se rallumer, elle attendait d’autres types, d’autres moules d’où allait sortir un monde nouveau. […] Il faudra vous attendre à ceci, que mon pays est, comme moi, insignifiant d’aspect. […] Il faut avoir digéré beaucoup ; aimé, souffert, attendu, et en piochant toujours.

1668. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Le prince quitta Schaffhouse après y avoir vainement attendu son amie. […] « Dans le jardin de cette maison, dit M. de Chateaubriand, il y avait un berceau de tilleuls entre les feuilles desquels j’apercevais un rayon de lune lorsque j’y attendais Juliette ; ne me semble-t-il pas que ce rayon est à moi, et que, si j’allais sous les mêmes abris, je le retrouverais ?

1669. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Il s’avoua qu’il avait commis une action extrême et blâmable ; qu’on ne lui eût peut-être pas refusé ce pain, s’il l’avait demandé ; que dans tous les cas il eût mieux valu l’attendre, soit de la pitié, soit du travail ; que ce n’est pas tout à fait une raison sans réplique de dire : Peut-on attendre quand on a faim ?

1670. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Pensez à ces myriades de spectacles que la surface vivante de la terre, animée par le contact des cieux, engendre à chaque instant de l’éternité, et qui n’attendent pas, pour se produire toujours nouveaux, qu’un œil ou une oreille soient là pour les saisir. […] On s’humilie par grandeur même d’esprit, autant que par lassitude de chercher et d’attendre.

1671. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Lamoureux nous attendons une saison Wagnérienne. […] Parsifal étonné, lui demande comment elle sait son nom. « Je t’attendais et je sais bien des choses que tu ignores » dit-elle d’une voix alanguie de rêve.

1672. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

L’attente a des effets connus pour favoriser ce qu’on attend. […] Prétendre que cette auto-détermination, pour laquelle l’avenir même n’a plus de secret, exclut la liberté, c’est la plus étrange des erreurs, puisque la vraie liberté consiste à être déterminé par soi-même, en tant qu’être raisonnable, non à être indéterminé et indifférent, comme un corps en équilibre instable qui attend que le moindre souffle extérieur le fasse pencher d’un côté ou de l’autre.

1673. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Samedi 10 juin Aujourd’hui La Rounat m’a écrit au sujet d’Henriette Maréchal qu’il voudrait reprendre, et j’attends dans le cabinet du secrétaire de l’Odéon. […] Cependant il ne peut s’empêcher de proclamer, qu’il y a des choses qui sont bougrement bien, dans le rôle de Blanche : « Attendez, je ne me rappelle plus les vers, mais ce “Je t’aime” du premier acte, c’est vraiment pas mal. » — Oui, là est la création de la pièce, jette Daudet.

1674. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

René n’imita pas ce diable, qui attendit la vieillesse pour se convertir. […] Beaucoup de ces déclassés de l’aristocratie se lancèrent à corps perdu dans le mouvement ; d’autres, plus prudents, plus timorés, René était de ceux-là, hésitèrent et attendirent les événements.

1675. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Semblables à l’escadre à l’ancre dans un port, Dont l’antenne pliée attend le vent qui dort, Ils attendent soumis qu’au réveil de la plaine Le chant du chamelier leur cadence leur peine, Arrivant chaque soir pour repartir demain, Et comme nous, mortels, mourant tous en chemin !

1676. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Les plantes autochtones de la Nouvelle-Zélande ressemblent beaucoup plus à celles de l’Australie qu’à celles d’aucune autre région, ainsi du reste qu’on devait s’y attendre ; mais elles ont aussi des affinités évidentes avec celles de l’Amérique du Sud, qui, bien que venant immédiatement après l’Australie sous le rapport de la distance, est cependant si éloignée que ces affinités deviennent une anomalie. […] C’est en effet ce qu’on devrait attendre d’après ma théorie, ces îles étant situées si près les unes des autres qu’elles ne peuvent guère manquer de recevoir des émigrants, soit de la même source originaire, soit les unes des autres.

1677. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Ceux qui parlent ainsi n’avaient pas présent au souvenir le remarquable passage où Vicq d’Azyr commente ce mot de Buffon : « Voilà ce que j’aperçois par la vue de l’esprit », et où il le montre dans ses diverses théories faisant en effet tout ce qu’on peut attendre de l’esprit, devançant l’observation, et arrivant au but sans avoir passé par les sentiers pénibles de l’expérience.

1678. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Les Siennois se demandaient s’ils devaient en attendre l’effet, ou entrer dès lors en composition avec l’assiégeant.

1679. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

si ton amour enseveli ne me dit pas qu’il m’entend, quelle voix puis-je attendre de la terre ?

1680. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

. — Vauban a dit au roi que, s’il était pressé de prendre Mons, on pouvait dès aujourd’hui se rendre maître de l’ouvrage à cornes ; mais que, puisque rien ne pressait, il valait mieux encore attendre un jour ou deux, et lui sauver du monde. » Ce n’est pas le monde qu’on sauve, c’est du monde qu’on veut sauver à Louis XIV.

1681. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Je vous remets, mon cher ami, la disposition de tout ce qui me regarde : offrez mes services, pour quelque emploi que ce soit, si vous le jugez convenable, et n’attendez point ma réponse pour agir ; je me tiendrai heureux et honoré de tout ce que vous ferez pour moi et en mon nom.

1682. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

On attend ce charme qu’il nomme, on ne le sent pas.

1683. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

mais conte-le-moi toujours. » C’est celle de cet autre enfant qui attend avec impatience et avec un peu de crainte ce qui descend par la cheminée dans la nuit de Saint-Nicolas, ou ce qu’on trouve dans ses petits souliers le matin de Noël : « Je sais bien que c’est maman qui le met, mais c’est égal. » Il se vante, le petit esprit fort !

1684. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Biot s’y refusa, motivant son abstention sur ce qu’un Corps purement savant devait, selon lui, rester étranger à tout acte politique ;, et il cita à ce propos les vers de Voltaire : Moi, j’attends dans un coin que l’imprimeur du Roi, M’apprenne pour dix sous mon devoir et ma loi.

1685. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

On en attendait la nouvelle à Versailles, non sans anxiété.

1686. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

C’est ce qu’il pouvait faire de mieux, et il avait déjà beaucoup trop attendu.

1687. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Or, quand la pensée est une fois saisie de l’esprit de parti, ce n’est pas des objets à soi, mais de soi vers les objets que partent les impressions, on ne les attend pas, on les devance, et l’œil donne la forme au lieu de recevoir l’image.

1688. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

On les exploite toujours en Angleterre ; mais presque partout, notamment en France, les charlatans les ont mises en discrédit ; elles attendent encore que des expérimentateurs attitrés et doués de l’esprit critique veuillent bien les fouiller.

1689. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

La communication ne se fit pas d’abord, comme on pouvait s’y attendre, par les provinces du centre.

1690. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

C’est tout juste le contraire de ce qu’on attendrait d’un génie naturel et facile : la poésie de La Fontaine est l’œuvre de sa maturité déjà avancée.

1691. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

« Je suis un pauvre homme, répond Arlequin, je n’ai pas moyen d’en avoir davantage. » Isabelle vient pour voir le Docteur, et, ne le trouvant pas, elle le veut attendre.

1692. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Dans le foyer du cirque où les frères Zemganno attendent avant d’entrer en scène, les objets se diffusent sous les rayonnements que note l’auteur : C’étaient et ce sont sur ces tableaux rapides, sur ces continuels déplacements de gens éclaboussés de gaz, ce sont en ce royaume du clinquant, de l’oripeau, de laa peinturlure des visages, de charmants et de bizarres jeux de lumière.

1693. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Il relevoit cet endroit, où le panégyriste du prince lui disoit que, s’il continuoit à prendre tant de villes, il n’y auroit plus moyen de le suivre, & qu’il faudroit l’aller attendre aux bords de l’Hellespont.

1694. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Apparemment les auteurs attendaient une autre gloire et espéraient pousser par la curiosité leurs plus lointains arrière-neveux à lire aussi le contenu.

1695. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Au reste, l’impossibilité où est l’usurpation de pouvoir se consolider, et il n’est question ici que de cela, prouve en faveur des doctrines anciennes contre les doctrines nouvelles ; car l’utilité toute seule ne pourrait pas opérer les prodiges que l’on attend, et qui sont, en effet, nécessaires pour la stabilité des états.

1696. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Carducci évolue du lyrisme juvénile à l’épopée ; il inspire Pascarella, dont une œuvre médite encore sera le poème du Risorgimento ; l’histoire de Garibaldi s’enrichit de légendes populaires et n’attend plus que son poète.

1697. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

« Va dire à la chanteuse Néère qu’elle se hâte de nouer sa chevelure parfumée de myrrhe ; si l’odieux gardien de sa porte te fait attendre, reviens vite.

1698. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Là-haut, entre les arbres échevelés et les racines grimaçantes, une troupe d’hommes et de femmes gravit sous les verges l’escarpement d’une colline, et du sommet, avec la pointe des lances, on les fait sauter dans le précipice ; çà et là roulent des têtes, des troncs inertes, et à côté de ceux qu’on décapite, des corps enflés traversés d’un pal attendent les corbeaux qui croassent. […] Cette religion n’est point faite pour des femmes qui rêvent, attendent et soupirent, mais pour des hommes qui s’examinent, agissent et ont confiance, confiance en quelqu’un de plus juste qu’eux. […] Les cavaliers qui l’écoutent y trouvent, comme chez Ford, Beaumont et Fletcher, la copie crue de la vérité la plus brutale et la plus immonde, et la musique légère des songes les plus gracieux et les plus aériens, les puanteurs et les horreurs médicales374, et tout d’un coup les fraîcheurs et les allégresses du plus riant matin ; l’exécrable détail de la lèpre, de ses boutons blancs, de sa pourriture intérieure, et cette aimable peinture de l’alouette, éveillée parmi les premières senteurs des champs. « Je l’ai vue s’élevant de son lit de gazon, et, prenant son essor, monter en chantant, tâcher de gagner le ciel et gravir jusqu’au-dessus des nuages ; mais le pauvre oiseau était repoussé par le bruyant souffle d’un vent d’est, et son vol devenait irrégulier et inconstant, rabattu comme il l’était par chaque nouveau coup de la tempête, sans qu’il pût regagner le chemin perdu avec tous les balancements et tous les battements de ses ailes, tant qu’enfin la petite créature fut contrainte de se poser, haletante, et d’attendre que l’orage fût passé ; alors elle prit un essor heureux, et se mit à monter, à chanter, comme si elle eût appris sa musique et son essor d’un de ces anges qui traversent quelquefois l’air pour venir exercer leur ministère ici-bas. […] Supposez des hommes condamnés à mort, non pas à la mort simple, mais à la roue, aux tortures, à un supplice infini en horreur, infini en durée, qui attendent la sentence et savent pourtant que sur mille, cent mille chances, ils en ont une de pardon ; est-ce qu’ils peuvent encore s’amuser, prendre intérêt aux affaires ou aux plaisirs du siècle ? […] They therefore went up here with much agility and speed, though the foundation upon which the city was framed was higher than the clouds ; they therefore went up through the region of the air, sweetly talking as they went, being comforted because they got safely over the river, and had such glorious companions to attend them.

1699. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

On peut enregistrer des découvertes utiles et curieuses ; mais ces éléments disséminés attendent l’idée ou le fait central qui doit les coordonner. […] Par quelle inconséquence attend-il tout d’un être qu’il vient de réduire à ce substratum ? […] L’homme de bien, sans doute, en proie à d’injustes attaques, se réfugie dans sa conscience comme dans un fort, et il attend là le combat. […] Quoi qu’il en soit, lorsque les meurtriers approchèrent, il les attendit avec calme, et commanda qu’on leur ouvrît toutes les portes. […] J’étais jeune, la santé du roi et celle du cardinal s’affaiblissaient, et je devais tout attendre d’un changement.

1700. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Je puis dire qu’elles sont d’un joli tour, et plus tendres et plus féminines qu’on ne devait s’y attendre. […] Albert Meyrac, qui nous attend à l’autre bout de la France, dans les sombres Ardennes. […] La science officielle risquera de les manquer si elle les attend dans ses commissions ; c’est à cet égard que l’argument présenté par M.  […] Le beau monde méprisait ces pauvres gens qui goûtaient en secret le rafraîchissement du Christ et attendaient le règne de Dieu sur la terre. […] Mais la vie du jeune prince était sans cesse menacée : il devait s’attendre à tout moment à recevoir la mort ou la pourpre.

1701. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Pour expliquer son apparition, certains philosophes nous disent que l’homme de génie arrive infailliblement lorsque les circonstances l’exigent ; en d’autres termes, qu’il arrive parce qu’il était attendu. […] Ce chef-d’œuvre était attendu par cette société, si bien attendu, qu’à son défaut elle se contenta d’une œuvre médiocre et qu’elle applaudit Hudibras, quand même. […] Au début de la scène, Juliette, déjà mariée et ignorante du drame qui s’est passé dans les rues de Vérone, attend la nuit qui doit lui ramener Roméo. […] Peut-être le monde finira-t-il avant que les hérésiarques, réfutés par le Docteur angélique, aient eu le temps de naître ; mais il importe, s’ils se présentent, qu’ils sachent qu’ils étaient attendus. […] — Vous êtes trop prompt à me condamner, répliqua le diable ; attendez que vous m’ayez entendu.

1702. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Attendez pour juger le monde que vous ayez vu le monde, et ne vous croyez pas maîtres quand vous êtes écoliers. […] Compromise par les avances qu’elle a prodiguées à l’imbécile Joseph, elle attend de minute en minute une demande en mariage. […] Esmond, qui l’attend, voit la couronne perdue et sa maison déshonorée.

1703. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Tous ont leur germe au sein de la nature, ils n’attendent que le souffle du génie pour éclore. […] Le goût de la vérité, l’amour de la sagesse, voilà la vraie science de l’homme ; c’est d’elle que dépend notre bonheur, la paix du cœur la suit, & l’ame du sage qu’elle gouverne, libre & calme au milieu de la prison qu’elle habite, jouit déjà de l’immortalité qui l’attend. […] Le cours des études fini, on entroit dans le monde, non avec ces graces qui doivent tout à l’art, cette confiance hautaine, dont la présomption est la mère, ce ton libre & décidé qu’on applaudit, & qu’il seroit plus sage de réprimer ou de contenir ; mais avec ces graces ingénues, cette candeur aimable, cet embarras modeste, qui annoncent l’innocence des mœurs, cette juste méfiance de soi-même, compagne des vrais talens que l’expérience achève de perfectionner, & qui conduisent aux places destinées à la naissance, briguées par la fortune, accordées à la faveur, & que le mérite attend.

1704. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

C’est tout juste le contraire de ce qu’on attendrait d’un génie naturel et facile : la poésie de La Fontaine est l’œuvre de sa maturité déjà avancée. […] Dans le roman : Sapho, souffletée, roule avec son amant sur le lit où il se réveillera irrémédiablement perdu ; — Gaussin, à Marseille, attend sa maîtresse, la cause de sa ruine et la seule et amère consolation ; il reçoit la lettre d’adieu. […] Un fait demeure : ce théâtre nous émeut ; nous y courons, parce que nous y trouvons notre désarroi, notre angoisse et nos confuses espérances ; il extériorise notre crise, et, tout en lui demandant une heure de distraction, nous en attendons aussi la grande « catharsis ».

1705. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

III On ne doit point s’attendre à trouver pour l’odorat et le goût des réductions aussi avancées. […] Seulement nous savons que ces systèmes sont tous des ondes, et nous mesurons la vitesse de chaque onde et sa longueur ; à cause de cela, nous pouvons définir exactement le déplacement élémentaire dont la répétition forme chaque système, montrer que, d’un système à l’autre, les déplacements élémentaires ne diffèrent que par la quantité, les ramener tous à un type unique, désigner l’action élémentaire correspondante du nerf optique et du cerveau, conclure à l’existence d’une sensation optique élémentaire dont les répétitions prodigieusement rapides et multipliées constituent les sensations totales de couleur que nous remarquons en nous. — Par malheur, la chimie n’est pas aussi avancée que l’optique ; elle ne fait que constater ses systèmes de déplacements, tandis que l’autre définit et mesure les siens ; il faut attendre qu’elle puisse, comme sa rivale, figurer les événements prodigieusement petits dont elle ne sait que l’effet final. — Mais, visiblement, dans les deux cas le problème et la solution sont semblables.

1706. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ô femme, dit-il, si tu es odieuse à ceux qui partent le matin avec leurs troupeaux et rentrent le soir, que devra-t-on attendre de ceux avec qui tu passes toute la journée ?  […] Attendez les zéphyrs.

1707. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« J’avais tout prévu, et je n’attendais pas moins pour prix de mes services. […] Car notre patrie ne nous a point donné les trésors de la vie et de l’éducation pour ne point en attendre un jour les fruits, pour servir sans retour nos propres intérêts, protéger notre repos et abriter nos paisibles jouissances ; mais pour avoir un titre sacré sur toutes les meilleures facultés de notre âme, de notre esprit, de notre raison, les employer à la servir elle-même, et ne nous en abandonner l’usage qu’après en avoir tiré tout le parti que ses besoins réclament.

1708. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

On attendit pour laisser entrer Musset qu’il fût l’ombre de lui-même. […] Mais le jour où il publia la première partie de cette œuvre impatiemment attendue, cette gloire s’éclipsa comme par enchantement et le public eut la cruauté de ne jamais réclamer la seconde moitié du manuscrit.

1709. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Aujourd’hui, voici la troisième étape : on nie le dramaturge, — on accuse l’homme d’avoir méprisé les Maîtres classiques : attendons qu’à Paris, un, au moins, des drames Wagnériens ait été représenté, — et que les œuvres critiques de Wagner aient été publiées… — Wagner disait que, avant lui, l’Allemagne n’avait pas eu de musique (un critique l’a écrit, il y a quinze jours) ; — Wagner a grossièrement et bêtement, insulté Bach (le même critique l’affirmait) : et la folle vanité de Wagner est, toujours, dans ces espèces de feuilletons, le refrain. […] La remarque de Dujardin rappelle le lecteur d’aujourd’hui à la réalité d’alors : « attendons qu’un des drames wagnériens ait été représenté ».

1710. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Le théâtre est un spectacle de vie su fictif par les spectateurs qui le contemplent et conséquemment d’une sensation moins éparse, plus homogène, plus intense que le spectacle de la vie réelle ; le théâtre est le premier degré de l’art parmi la vie… Après dix ans de luttes et de souffrances lointaines, voilà que las et triomphant de ses armes rouillées de sangs, le roi-guerrier revient à la couche de son épouse, et l’attend l’adultère, et le trappe, qui un jour par le vouloir d’Atè et l’acte filial sera puni ; telle, dans l’amplitude sereine et introublée des portiques, entre les colonnades haut ornées des figures de dieux, l’action humaine apparaissait, et libre de soucis étrangers, toute drue d’elle-même, la sensation des divinités implacables aux Atréides surgissait, véhémente plus que d’aucune réalité, terrifiante et sûre, art, dans les âmes spectatrices. […] ma face était de fiancée ; et il passa me disant « je suis l’Amant, sois l’Amante » ; il passait, l’attendu, l’élu, et qui m’offrait l’holocauste de son amoureuse divinité ; et — ah —  je ne le connus point, je ris, je le dédaignai, je ris, je le chassai, je ris, je le refusai ; et le regard de son adieu me regarda dans la plainte et la compassion.

1711. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Jeudi 12 avril Nous partons, ce matin, pour le plus ennuyeux voyage d’affaires du monde, un rembaillement de fermes, qui est le fond de nos ennuis et de nos préoccupations depuis un an… Le lendemain à Chaumont, il faut attendre jusqu’à trois heures la voiture… Nous attendons sur un petit banc de bois d’où l’on voit la grande place de la ville, et l’Hôtel de ville, aux heures tombant avec un bruit de glas.

1712. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

À je ne sais qui se trouvant là, et disant, que le théâtre donne l’avidité basse de l’argent, Daudet raconte plaisamment, au milieu de petits aïe douloureux, que lors des représentations de Fromont jeune et Risler aîné, il attendait impatiemment à Champrosay, le facteur lui apportant le chiffre de la recette, envoyé par le Vaudeville, tous les jours, et qu’il était vraiment embêté, quand la recette avait baissé de vingt-quatre francs, puis qu’il avait eu honte, vis-à-vis de lui-même, de cet embêtement, et qu’il s’était imposé de ne plus lire la dépêche… mais qu’il cherchait la hausse ou la baisse sur la gaieté ou la tristesse du visage de sa femme… « Alors quoi !  […] Et toute la nuit, imaginations extravagantes et tragiques, fabrication de la tenue composite d’un monsieur, qui ne sait pas s’il doit s’attendre à une gifle, ou à une amicale poignée de main.

1713. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Il était tout occupé alors, avec Boileau, d’exercer sa plume au style historique, pour élever au règne le monument qu’on attendait de lui. […] Ils allaient commencer leur lecture, lorsque Mme de Montespan, qui n’était point attendue, entra, et après quelques compliments au roi, en fit de si longs à Mme de Maintenon, que, pour les interrompre, le roi lui dit de s’asseoir, “n’étant pas juste, ajouta-t-il, qu’on lise sans vous un ouvrage que vous avez vous-même commandé”.

1714. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Il faut attendre ; et, en attendant, toutes leurs Chansons, où il y a de réelles qualités sinon d’art, au moins de grâce, d’élégance et de mièvrerie, continuent toutes ou presque toutes de se ressembler. […] Ils s’efforcent aussi de « moraliser » ; — et, la poésie se confondant avec la prose, — il faut attendre au moins jusqu’à Charles d’Orléans et jusqu’à Villon pour voir reparaître le lyrisme.

1715. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Accoutumées à une vie errante, toujours combattues par les Romains, jamais domptées, nous les voyons attendre dans leurs forêts que l’heure soit venue de refouler chez eux les conquérans, et d’attaquer leurs agresseurs. […] Et Kant remarque avec raison qu’il est impossible de réduire cette notion de nécessité à une habitude, née d’une liaison constante : c’est là détruire et non pas expliquer le principe de causalité, qui, pour agir, n’attend pas l’habitude et intervient dans le premier changement comme dans le centième pour nous faire affirmer qu’il ne peut pas ne pas avoir une cause.

1716. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Youatt cite un frappant exemple des effets obtenus au moyen de sélections successives qu’on peut considérer comme inconsciemment poursuivies, par cette raison que les éleveurs ne pouvaient s’attendre à produire ni même désirer le résultat obtenu, c’est-à-dire deux races bien distinctes. […] Nul ne pourrait jamais s’attendre à obtenir du premier coup une Pensée ou un Dahlia de la graine d’une plante sauvage.

1717. (1739) Vie de Molière

Le jeune Poquelin fit au collège les progrès qu’on devait attendre de son empressement à y entrer. […] Si on osait encore chercher dans le cœur humain la raison de cette tiédeur du public aux représentations du Misanthrope, peut-être les trouverait-on dans l’intrigue de la pièce, dont les beautés ingénieuses et fines ne sont pas également vives et intéressantes ; dans ces conversations même, qui sont des morceaux inimitables, mais qui n’étant pas toujours nécessaires à la pièce, peut-être refroidissent un peu l’action, pendant qu’elles font admirer l’auteur ; enfin dans le dénouement, qui, tout bien amené et tout sage qu’il est, semble être attendu du public sans inquiétude, et qui venant après une intrigue peu attachante, ne peut avoir rien de piquant.

1718. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Oui, mort il y a dix ans, il aurait pu attendre quelques années encore à être célébré par M. 

1719. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

 » Mais pour cela il lui fallut ouvrir la bouche ; le Coq, qui n’attendait que l’instant, en profita, battit des ailes et s’envola sur un pommier, d’où à son tour il fit en souriant la leçon au cousin Renart.

1720. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Il fallut attendre jusqu’au siècle suivant, et ce fut un littérateur, Jean-Jacques Rousseau, qui donna le signal.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago confiné sur son plateau, le Desierto de las Palmas, se dévorait à attendre, à regarder chaque nuit sans rien voir.

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

madame, qu’attendiez-vous des hommes ?

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

. — Un autre chapitre, jeté dans le même moule, et à la Montesquieu, est encore celui où l’auteur semble prophétiser sur l’Amérique : « Si l’on découvrait une vaste contrée dont le sol neuf et fertile n’attendît que les plus légers travaux, etc. » Les derniers chapitres du livre, ceux surtout qui ont été ajoutés dans la seconde édition, en 1789, à la veille des États généraux, contiennent des idées d’avenir, notamment sur la milice, sur le tirage au sort de tous les citoyens.

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il faut l’avouer, nous sommes nés pour les préjugés, bien plus que pour la vérité ; la vérité même n’est opiniâtre que lorsqu’elle est devenue préjugé… Les idées nouvelles, faibles parce qu’elles sont naissantes, n’ont pas la force de pénétrer, et, pour se placer, elles attendent des têtes neuves… Machinalement ou physiquement, l’homme est imitateur ; mais si la nature a voulu qu’il fût porté par un penchant secret, par une force assez grande, à faire tout ce qu’il voit faire, elle a voulu lui conserver son originalité par l’amour-propre… Ce n’est plus là une discussion à la Foncemagne, c’est même plus vif qu’une conversation d’Anacharsis chez Barthélemy.

1725. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

[NdA] M. de Vivonne, Mme de Montespan et ses sœurs avaient dans l’esprit un tour inimitable, ce qu’on a pu appeler l’esprit Mortemart, le don de dire « des choses plaisantes et singulières, toujours neuves et auxquelles personne ni eux-mêmes, en les disant, ne s’attendaient. » (Saint-Simon.)

1726. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Mais nous autres que la philosophie du Moyen Âge intéresse moins que ce qui y perce d’imagination gracieuse et d’éternelle sensibilité humaine, ce sera toujours à un point de vue plus réel et plus ému que nous nous plairons, au milieu de toutes les difficultés et des énigmes du voyage, à noter des endroits comme ceux-ci, où le poète, guidé par Béatrix dans les cercles du ciel, et approchant de la dernière béatitude, se montre ingénument suspendu à son regard, et nous la montre, elle, dans l’attitude de la vigilance et de la plus tendre maternité : Comme l’oiseau, au-dedans de son feuillage chéri, posé sur le nid de ses doux nouveau-nés, la nuit, quand toutes choses se dérobent ; qui, pour voir l’aspect des lieux désirés, et pour trouver la nourriture qu’il y va chercher pour les siens et qui le paiera de toutes ses peines, prévient le moment sur la branche entr’ouverte, et d’une ardente affection attend le soleil, regardant fixement jusqu’à ce que l’aube paraisse : ainsi ma dame se tenait droite et attentive, tournée vers l’horizon, etc., etc.

1727. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Quant à ses lieutenants qui vers la fin lui font faute par excès de lassitude et se refusent à ce qu’il attendait d’eux pour une revanche possible encore, mais tardive, l’historien dit très bien ici, par une de ces pensées morales qu’il ne prodigue pas, mais qu’il sait aussi rencontrer : « Les hommes habitués au danger le bravent toutes les fois qu’il le faut, mais à condition qu’il ne soit pas sorti de leur pensée et qu’ils y aient à l’avance disposé leur âme. » Dans la relation qu’il fait des diverses opérations de guerre, l’historien ne manque jamais de noter les points faibles et sujets à la critique.

1728. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Vraiment ce livre est attendu avec dévotion.

1729. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

En 1793 elle fut mise en arrestation, elle s’y attendait ; conduite au couvent des Oiseaux, qui était alors converti en prison, elle y passa tolérablement les mois de la captivité, et en sortit après le 9 thermidor.

1730. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

C’est là chez bien des écrivains de son siècle et du suivant, très distingués par l’esprit et très agréables en prose, une sorte d’infirmité que de croire qu’ils ajoutent quelque chose à l’agrément d’une pensée en faisant et en mettant, à l’endroit où l’on s’y attend le moins, de méchants vers.

1731. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Cicéron convient qu’un tel travail est ce qu’on lui demande et ce que tout le monde attend de lui ; mais il faudrait pour cela un complet loisir et une liberté d’esprit qui lui est refusée.

1732. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ?

1733. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

On l’attendait à cet endroit critique de sa vie parlementaire, où la ligne de conduite qu’il suivit lui fut si fort reprochée.

1734. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il demande qu’on fasse en toute hâte l’expertise, et il n’attend que l’ordre de repartir sur-le-champ.

1735. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Comment arriva cet événement si attendu, que les peuples souhaitaient ardemment, que l’impatience de l’Impératrice Élisabetlï appelait de ses voeux ; et que détermina même son ordre ?

1736. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Mais ce n’est pas une raison pour ravir les biens ; attendons qu’ils nous viennent des dieux : n’acquérons que légitimement.

1737. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Ce qu’on excuse, ce qu’on attend ou même qu’on cherche dans un roman à la manière d’Apulée, est messéant dans une Iliade ou dans une Pharsale.

1738. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Thiers, et si heureusement distribués par lui, pouvait, d’un moment à l’autre, déjouer les explications ou les rendre inutiles : il fallait attendre et laisser passer le vaste flot triomphant.

1739. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

J’attends cette épopée en chansons, et je me fie, pour tempérer le conte et l’exagération populaire, à l’auteur du Roi d’Yvetot, à celui qui a vu le conquérant à son midi et qui ne s’est pas soucié de servir sa gloire désastreuse.

1740. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Ce sont des exclamations, des interrogations sans motifs et sans fin, de brusques dialogues en un ou deux vers : on dirait un qui-vive perpétuel : Enfin l’aube attendue et trop lente à paraître Blanchit le pavillon de sa douce clarté.

1741. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Au pied de l’autel avancée, La douce et blanche fiancée Attendait le divin Époux ; Mais, sans voir la cérémonie, Parmi l’encens et l’harmonie Sanglotait le père à genoux28.

1742. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Je cherche, j’attends quelque écho de ce grand vers résonnant d’Eschyle, et je ne trouve que notre alexandrin clair et flûté.

1743. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

je ne sais, que je le priais de m’attendre un moment, dans le passage des Panoramas, il m’a dit devant la grille du boulevard : c’est là n’est-ce pas ?

1744. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Le génie des actions est dispensé d’attendre la tardive justice que le temps traîne à sa suite ; il fait marcher sa gloire en avant, comme la colonne enflammée, qui jadis éclairait la marche des Israélites.

1745. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

« Et moi aussi, lui répliquai-je ; mais je ne crois pas que violer la Charte soit un moyen de la maintenir, et je persiste à croire que le vote de l’adresse par les 221 est un défi à la royauté, et qu’il valait mieux attendre, pour défier, une occasion constitutionnelle qui avertît le roi sans prendre l’initiative d’attenter à l’esprit de la Constitution. » M. 

1746. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

La gloire épique de Ronsard réside dans l’opinion qui précéda, qui attendit son œuvre, et non dans l’œuvre même, qui, somme toute, fit un médiocre bruit.

1747. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Tandis que D’Aubigné attendait maladroitement l’apaisement universel pour publier ses vers enragés, Du Bartas215 se faisait reconnaître pour un grand poète protestant.

1748. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Je reprendrai plus tard en la remaniant l’étude que j’ai eu l’occasion d’écrire sur ses romans : j’attendrai pour cela l’apparition du premier roman que M. 

1749. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

N’est-il pas tout naturel qu’il commence par user du langage qui lui est habituel et qu’on s’attend à rencontrer dans sa bouche ?

1750. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

À peine aurait-il tiré la sonnette, il n’eût pas attendu qu’on lui ouvrît et aurait redescendu précipitamment l’escalier, en grommelant dans sa moustache : « Cette maison est sinistre… » Puis, se disant des vers à lui-même, il serait allé s’asseoir tranquillement au café d’en face.

1751. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Il ne faut donc pas attendre à l’extrémité ?

1752. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

La dernière pièce dite, Oscar Wilde se leva et s’excusa d’être obligé de partir, se prétendant attendu ailleurs.

1753. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Comme nos idées dérivent, non des objets eux-mêmes, mais de nos sensations, nous devons attendre par analogie que leur ordre dérivera de celui des sensations, et c’est ce qui arrive le plus souvent.

1754. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Le jeune M. de Ciron n’avait pas attendu ce jour du mariage pour rompre avec le monde : voyant la ruine de ses plus chères espérances, il s’était tourné du côté de Dieu, et, dans son premier accès de douleur, il avait voulu se faire chartreux ; puis, son peu de santé s’y opposant, il s’était voué simplement à la prêtrise.

1755. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Je crois, et tout lecteur réfléchi croira de même, que ceux qui se seraient attendus à trouver exactement en lui l’homme de son livre, une espèce de curé-médecin, jovial, bouffon, toujours en ripaille et à moitié ivre, auraient été fort désappointés.

1756. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

En général, les nations diverses y auraient chacune un coin réservé, mais les auteurs se plairaient à en sortir, et ils iraient en se promenant reconnaître, là où l’on s’y attendrait le moins, des frères ou des maîtres.

1757. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Mme d’Angoulême, obéissant à l’impulsion du sang maternel, eut l’idée d’une résistance ; et, pour l’organiser, elle fit tout ce qu’on pouvait attendre d’un noble et viril caractère.

1758. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Ses restes seuls vont rentrer en France et reposer dans le cimetière paternel de Châtillon, on un tombeau l’attend.

1759. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Une autre lettre écrite à la veille du voyage d’Angleterre, le 28 avril 1670, exprimait les craintes de Madame et ses tristes présages en des termes bien énergiques et bien précis : « Monsieur est toujours trop aigri sur mon sujet, et je dois m’attendre à bien des chagrins au retour de ce voyage… Monsieur veut que je fasse revenir le chevalier, ou bien me traiter comme la dernière des créatures. » Notez qu’elle morte, le chevalier reparut presque aussitôt à la Cour.

1760. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Il convient d’attendre de la critique scientifique des notions neuves et précises sur l’imagination, l’idéation, l’action réciproque du langage et de la pensée, de l’émotion et de la pensée, des sensations et des idées, sur l’invention, sur les sentiments esthétiques et sur d’autres problèmes de même ordre ou supérieurs.

1761. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

S’il en est ainsi, on doit a fortiori s’attendre à ce que les lois correspondantes de la pensée sociale soient spécifiques comme cette pensée elle-même.

1762. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Que les autres, ceux qui sont jeunes, attendent la leçon commune ; qu’ils vivent d’abord, qu’ils laissent de côté le roman comme une œuvre pour eux vide de sens, écrite dans une langue étrangère.

1763. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Il n’en serait pas de même dans cette phrase : il aime à attendre.

1764. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il voit le mal, il voit la souffrance, il s’insurge contre les injustices et les gênes de l’état social (le Joug) ; mais il ne désespère point de l’avenir et il attend la cité définitive des jours meilleurs (Dans la rue, la Parole). […] Peut-être un de mes vers est-il venu vous rendre Dans un éclair brûlant vos chagrins tout entiers, Ou, par le seul vrai mot qui se faisait attendre, Vous ai-je dit le nom de ce que vous sentiez, Sans vous nommer les yeux où j’avais dû l’apprendre ? […] On jouit de telle rime rare ou jolie ; on attend, on est aise de voir arriver sa jumelle. […] Ces notes, très variées, jetées au hasard des heures sur des feuilles volantes, ont presque toutes ceci de commun : qu’elles expriment des sentiments et des idées par des sensations et des images correspondantes — à la fois précises et imprévues — qui plaisent parce qu’elles sont vraies et qu’on ne les attendait pas. […] Parfois il s’oublie ; il brosse de vastes peintures d’où l’ignominie de la chair est absente ; mais tout à coup un remords le traverse ; il se souvient que la bête est partout et, pour ne pas manquer à son devoir, au moment où on s’y attendait le moins, il glisse un détail impudique et comme un memento de l’universelle ordure.

1765. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Il faut attendre maintenant non seulement que Rousseau paraisse, mais qu’une génération nouvelle ait aperçu les conséquences de ses doctrines. […] La réponse n’est pas difficile ; nous sommes dans le siècle de la règle et de la discipline ; et on attend qu’il ait énoncé, ou, comme nous dirions, formulé sa doctrine. […] Il attendit d’être mort, pour en déclarer les jeux de mots « insipides », dans sa Satire sur l’Equivoque, et, en attendant, il lui savait gré d’avoir « extrêmement travaillé ses ouvrages ». […] Il n’y put plus enfin tenir ; et sans attendre que Perrault eût terminé sa lecture, quittant brusquement la place, il sortit en criant « qu’une semblable lecture était une honte pour l’Académie ». […] Pour discuter le second de ces principes, nous attendrons qu’il s’en présente une occasion plus favorable et plus ample.

1766. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il le faut, d’une nécessité qui n’attend pas ; car nous ne vivons pas deux fois la même heure. […] Quand vous descendez du chemin de fer en pleine campagne, vous montez dans l’omnibus qui vous attend à la station. […] Oui, ce sont des morts, et des mortes, ces hommes et ces femmes qui vont et viennent, s’habillent et se déshabillent, mangent et dorment, et dont les yeux, noyés d’une langueur indifférente, attestent qu’ils n’attendent rien. […] Le bibelot, — vous le rencontrez dans le salon du médecin où vous attendez votre tour, comme dans la boutique du papetier où vous commandez vos cartes de visite, comme chez l’ami auquel vous rendez visite en passant C’est une mode, et qui s’en ira comme une autre ; mais l’analyste de notre société contemporaine ne peut pas plus la négliger que l’historien du grand siècle ne saurait laisser sous silence le paysage taillé du parc de Versailles. […] Amiel, lui, n’avait rien à redouter des périls de cet obsédant et destructif Paris, Il avait à en attendre une bienfaisante correction de ses tendances.

1767. (1913) Poètes et critiques

Il n’avait plus à se préoccuper d’attendre sans espoir le pain porté au bec par quelque corbeau nourrisseur comme celui d’Élie. […] On voit le tronc et ses rugosités, des racines aux maîtresses branches ; on peut suivre, on peut dénombrer, distribuant la sève en tous les sens, non seulement les grands rameaux, mais les ramilles extrêmes au bout desquelles le chaton ou le bourgeon n’attendent pour se déployer que les caresses du soleil ou les effluves de la pluie. […] En procédant ainsi, il découvrait peut-être et désignait aux philosophes à venir un élément de nouveauté ; mais aux professeurs dont il fréquenta les amphithéâtres, entre la vingt-deuxième et la vingt-septième année, il était tenté d’adresser le reproche de ne pas cheminer du même pas que lui ; avide de généralisation, il attendait d’eux ce qu’il était impatient de produire lui-même, des conclusions. […] À ce moment, qui est celui de la conversion aux doctrines du Christ, des pénitences consenties, de l’enthousiasme religieux, le prisonnier juge son propre vice et il le hait : il ne voit plus, dans les « mystères » tout imaginaires de ce « rêve » absurde, épuisant, qu’il attendait des excès de boisson, que le piège l’Ennemi, que la « Puissance des ténèbres ». […] Il suffisait qu’il attendît, qu’il ressentit le choc d’où devait jaillir l’étincelle.

1768. (1894) Études littéraires : seizième siècle

 » — Aussi faut-il, de strict devoir royal, convoquer les États de la nation sinon périodiquement (Commynes n’est pas formel sur ce point), du moins toutes les fois qu’on prépare la guerre ou qu’on s’y attend. […] Son compagnon qui était sur l’arbre, lequel avait vu ce mystère, descend, court et crie après l’autre qui allait devant qu’il l’attendît. […] Ceci sera information et leurs grands cris pour plaintes et piteuses larmes les présenteront devant Notre-Seigneur qui en sera le vrai juge, et qui, par aventure, ne voudra attendre à les punir jusques à l’autre monde et les punira en cettui-ci. […] Calvin s’en alla à Strasbourg, s’y établit dans le personnage de pasteur et de professeur, et attendit les événements. […] L’homme est fait pour essayer de penser l’infini, non, certes, qu’il y réussisse, ni qu’il parvienne à mi-chemin ; mais quelques déconvenues qui l’attendent, le commerce des hautes pensées lui est sain en ce qu’il l’habitue au moins un peu à mépriser ce qui doit être méprisé.

1769. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

qu’on leur die Qu’ils se font trop attendre, et qu’Attila s’ennuie… Je ne sais pourquoi l’emphase affectée de ce début me rappelle toujours la simplicité non moins voulue de celui de Ruy Blas ! […] Molière venait de donner coup sur coup son École des femmes, son Don Juan, son Misanthrope ; et on attendait impatiemment son Tartufe. […] TRIVELIN Les Anciens… attends ; il y en a un dont je sais le nom et qui est le capitaine de la bande : c’est comme qui dirait un Homère. […] Je formai la résolution de l’enterrer et d’attendre la mort sur sa fosse. […] Je me couchai ensuite sur la fosse, le visage tourné vers le sable, et, fermant les yeux avec le dessein de ne les ouvrir jamais, j’invoquais le secours du ciel et j’attendis la mort avec impatience.

1770. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il voyait du stoïcisme et non du scepticisme à pratiquer le devoir sans savoir s’il a une réalité objective, à vivre pour l’idéal sans croire à un Dieu personnel ni à une vie future, et, dans les ténèbres d’incertitude où l’homme vit ici-bas, à créer, par la coopération des âmes nobles et pures, une cité céleste où la vertu est d’autant plus belle qu’elle n’attend pas de récompense. […] Nos enfants, plus heureux, auront peut-être les deux biens ensemble, la science et la liberté… Il faut attendre, travailler, écrire. […] Fourtoul ; mais une surprise l’attendait. […] Il attendait la mort et la reçut sans trouble et sans plainte. […] Pascal a beau railler Montaigne, il est heureux en le lisant de trouver un homme là où il s’attendait à voir un auteur.

1771. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ces passions qui fermentaient dans ce peuple naturellement si ingénieux et si animé par son soleil, elles attendaient un homme qui dît, avec des paroles qu’on ne pût oublier, ce que tout le monde avait fait, souffert, senti, qui fût théologien et factieux ; car toutes du occupations du temps, c’étaient la théologie et la faction, les bulles et les guerres civiles, la guerres des Gibelins contre les Guelfes, la guerre des Blancs contre les Noirs, des Cerchi contre les Donati, de chaque ville contre chaque ville, et d’une moitié des citoyens contre l’autre.

1772. (1929) Dialogues critiques

Tant que René Dussaud n’aura pas publié le texte complet de son rapport, attendons. […] Paul Il le faut bien, mais il est plus que suffisant de nous faire attendre jusqu’à Feutrée dans le domaine public.

1773. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il rit, à la vérité, et bruyamment, lorsqu’Arnolphe attend à la porte de sa propre maison, s’impatiente, tempête et reçoit un coup par la maladresse d’un lourdaud, qu’il a pris à son service à cause de sa simplicité ; il rit, non parce que ce coup est comique, et qu’Arnolphe ne l’a pas volé, mais parce que c’est un coup ; du même gros rire il éclaterait, s’il voyait l’acteur chargé du rôle grave et insignifiant d’Oronte, faire un faux pas en traversant la scène. […] Elle doute, elle se demande si elle a suffisamment cultivé son goût par l’étude et la comparaison des beautés de l’espèce dont il s’agit312 ; puis elle étudie, elle compare, et attend d’avoir mieux compris.

1774. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

On devine qu’en des maisons ainsi gouvernées les fournisseurs attendent. Ils attendent si bien que parfois, sous Louis XV, ils refusent de fournir et « se cachent ».

1775. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Je m’attendais à en trouver beaucoup, mais il n’y en avait que six ; et c’est le même nombre encore que je comptai dans l’autre nid de troglodyte sur lequel, plus tard, je parvins à mettre la main. […] Il contemple attentivement toute l’étendue des eaux ; souvent son regard s’arrête sur le sol ; il observe, il attend ; tous les bruits qui se font entendre, il les écoute, il les recueille ; le daim, qui effleure à peine les feuillages, ne lui échappe pas.

1776. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Blasés par l’expérience, nous n’attendons rien de bien extraordinaire ; mais l’enfant ne sait ce qui va sortir. […] Si quelque chose peut faire comprendre la portée de la critique et l’importance des découvertes qu’on doit en attendre, c’est assurément d’avoir expliqué par les mêmes lois Homère et le Râmâyana, les Niebelungen et le Schahnameh, les romances du Cid, nos chansons de geste, les chants héroïques de l’Écosse et de la Scandinavie 127 Il y a des traits de l’humanité susceptibles d’être fixés une fois pour toutes, et pour lesquels les peintures les plus anciennes sont les meilleures.

1777. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Je n’ai pas besoin de vous dire, que je ne suis absolument qu’un copiste, que je ne veux peser en rien sur la liberté de sa manière… Mais attendez. » Il se lève et va chercher un petit cahier relié, et nous nous renfonçons dans le divan, et il commence la lecture. […] C’est, cruel pour des os aussi parisiens que les siens, d’attendre, en province, le Jugement dernier.

1778. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

La police intervient : Quand on est pègre, il faut s’attendre à tout. […] Il faut changer et se renouveler ; or, les génies sont rares, et l’on doit savoir attendre avant de déclarer l’heure de la décadence irrémédiablement venue.

1779. (1926) L’esprit contre la raison

Voilà pourquoi point n’est besoin d’attendre la Chambre des députés, la Ligue des patriotes pour juger de l’homme, pour le définir des fausses pierres dont il se limite, comme Aigues-Mortes de ses remparts. […] Or, s’il n’est guère consolant qu’il ait fallu attendre si longtemps pour que l’idée de surréalité, selon l’expression de Louis Aragon, affleurât la conscience, comment, aujourd’hui que le problème est sinon résolu, du moins posé et nettement posé, comment supporter la paresse, le défaut de générosité, la peur du risque dont font preuve tous ceux qui se refusent aux magnifiques possibilités d’errer en faveur de trois millimètres carrés d’ennui figé ?

1780. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Elles sont toutes permises peut-être, parce qu’il n’y en a plus de nouvelles à attendre de l’esprit humain affaibli. […] L’historien de la réforme en ce pays ne pouvait pas se détourner de l’état dans lequel l’anglicanisme commençait de tomber, quand il entreprenait d’en raconter l’origine, et, si le Luther et le Calvin avaient causé dans la patrie du réformateur allemand, où l’on est encore fier de lui, une impression que l’admirable candeur de l’Allemagne n’a pas cachée, que n’était-on pas en droit d’attendre d’un Henri VIII, peint tel qu’il fut, dans le pays qui en a honte, et dont l’établissement politique ne satisfait aucun sentiment religieux ?

1781. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Dans cet état, toute perception se prolonge d’elle-même en réactions appropriées, car les perceptions analogues antérieures ont monté des appareils moteurs plus ou moins complexes qui n’attendent, pour entrer en jeu, que la répétition du même appel. […] Mais, sur les plans inférieurs, ces souvenirs attendaient, en quelque sorte, l’image dominante à laquelle ils pussent s’adosser.

1782. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Aussi avons-nous beau la laisser indivisée, nous savons qu’elle peut attendre, et qu’un nouvel effort d’imagination la décomposerait à son tour. […] Sa complexité croissante paraîtra laisser une latitude de plus en plus grande à l’activité de l’être vivant, la faculté d’attendre avant de réagir, et de mettre l’excitation reçue en rapport avec une variété de plus en plus riche de mécanismes moteurs.

1783. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Henri IV était donc ouvertement veuf pendant ces années ; il n’y manquait que la déclaration authentique qui, depuis sa conversion, ne pouvait se faire bien attendre.

1784. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Massillon n’avait pas attendu cette similitude de situation pour avoir des réminiscences de Racine.

1785. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Madame savait cela et ne continuait pas moins son train, usant de son privilège de princesse, disant chemin faisant des vérités sans gêne ou des injures à ceux même qui, en décachetant le paquet, devaient y trouver le leur : Du temps de M. de Louvois, on lisait toutes les lettres aussi bien qu’à présent, mais on les remettait du moins en temps convenable ; maintenant (février 1705) que ce crapaud de Torcy a la direction de la poste, les lettres se font attendre un temps infini… Comme il ne sait pas beaucoup d’allemand, il faut qu’il les fasse traduire.

1786. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

On y voit le bon chanoine déjà vieux, la figure assez marquée de rides, le nez fort, le menton fin, l’œil vif, le sourcil avancé, mais la lèvre supérieure courte et la bouche entrouverte comme s’il écoutait surtout et s’il attendait ce qu’on va lui dire.

1787. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

La maîtresse en était absente, et, en la remerciant de l’hospitalité donnée en son nom, il lui écrivait avec un vif sentiment de la nature italienne : Vous ne m’aviez point dit assez de bien de Bagnaia, madame ; c’est le plus aimable lieu du monde que j’aie jamais vu ; on y trouve en même temps une belle vue, de grands arbres aussi verts qu’en France et qu’il ne faut point aller chercher, et des quantités de fontaines qui vont quand les maîtres n’y sont point : jamais ordre n’a été plus inutile que celui que vous aviez donné au jardinier de les faire toutes aller ; elles n’attendent pas vos ordres pour jeter des torrents de la plus belle eau du monde.

1788. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie  siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M. 

1789. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Rousseau (avril 1715), me mande que toute la jeunesse est déclarée contre le divin poète, et que si l’Académie française prenait quelque parti, la pluralité serait certainement pour M. de La Motte contre Mme Dacier. » Le xviiie  siècle fut puni de cette partialité ; en perdant tout sentiment homérique, il perdit aussi celui de la grande et généreuse poésie ; il crut, en fait de vers, posséder deux chefs-d’œuvre, La Henriade et La Pucelle ; il faudra désormais attendre jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, André Chénier et Chateaubriand pour retrouver quelque chose de cette religion antique que Mme Dacier avait défendue jusqu’à l’extrémité, et la dernière du siècle de Racine, de Bossuet et de Fénelon.

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Il est allé, dans la question présente, jusqu’à soutenir que ce Louis XIV qui le gêne n’a été tout à fait lui-même et n’a, en quelque sorte, commencé à dominer et à régner qu’après l’influence épuisée de M. de Lionne et de Colbert, deux élèves de Richelieu et de Mazarin ; voilà le grand règne reculé de dix ou quinze ans, et la minorité du monarque singulièrement prolongée par un coup d’autorité auquel on ne s’attendait pas43.

1791. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

L’Histoire universelle de d’Aubigné, dont Henri IV est le centre et le pivot, avait été entreprise ou projetée par le conseil de ce roi, qui, ce semble, n’aurait pas été fâché d’avoir pour historiens, d’une part le calviniste d’Aubigné, et d’autre part l’ancien ligueur Jeannin : l’un, racontant plutôt les faits de guerre et de parti, l’autre, exposant les choses d’État et de conseil ; mais bientôt Henri IV, soit qu’un jésuite, le père Cotton, lui eut fait sentir les inconvénients ainsi que d’Aubigné le donne à entendre, soit qu’il se méfiât assez par lui-même de cette satirique langue de d’Aubigné, comme il l’appelait, Henri IV insista peu sur sa recommandation première et sur les encouragements qu’il avait promis ; d’Aubigné attendit à la mort de ce roi pour se remettre à l’œuvre, et il s’y remit, on le doit reconnaître, dans un esprit digne d’une aussi généreuse entreprise.

1792. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il ne s’y attendait pas, il s’y exposa néanmoins et ne fit rien pour l’éviter.

1793. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

J’ignore si en effet cette comparaison dont parle Léopold Robert a pu froisser un instant l’illustre artiste qui avait le sentiment de sa valeur, de sa force, et le secret de cette fécondité croissante que se réservait sa maturité sans vieillesse, fécondité qui a si peu perdu pour attendre et qui éclate aujourd’hui à tous les yeux.

1794. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

On ne doit s’attendre à trouver chez Dangeau aucune considération politique, ni à découvrir aucun dessous de cartes : on n’a que les dehors, ce qui se voit et se dit en publie.

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Quelques-uns de ces caractères ne laissent pas d’étonner au premier abord : en effet Charron s’y montre plus sceptique dans l’exposé de certaines vérités naturelles qu’on ne s’y attendrait d’après son rôle public de théologien, et il nous est possible, sans trop de difficulté, de retrouver le lien qui unit ses ouvrages de religion et d’apologétique à celui qu’il composera bientôt à un point de vue tout philosophique, comme disciple de Montaigne, et sous le titre humain De la Sagesse.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

On a beau admettre toutes les formes de maturité et d’expérience ; on a beau se dire que Charron était un de ces esprits à qui il n’est pas donné de faire leur initiation par eux-mêmes, de se donner l’impulsion, qui l’attendent d’autrui, mais qui n’ont besoin que de ce premier mouvement, de cette chiquenaude du voisin, pour prendre leur assiette et arriver à la pleine possession de leur pensée ; on a beau se donner cette explication, il reste un coin d’obscurité et d’incertitude.

1797. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il est fort heureux qu’il ait lu Plutarque dans son enfance et par les soins de sa mère, car il ne l’aurait sans doute pas lu plus tard ; il n’en aurait eu ni le temps ni la patience, et nous n’aurions pas cette charmante lettre, la plus jolie de celles qu’il adresse à Marie de Médicis, et qui est des premiers temps de son mariage (3 septembre 1601) : M’amie, j’attendais d’heure à heure votre lettre ; je l’ai baisée en la lisant.

1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il est en quête de sujets, et ne trouve pas en lui matière à vaste conception ; il médite sa Franciade qu’il combine assez froidement et pour laquelle il attend des encouragements et récompenses, faute de quoi il ne l’achèvera jamais.

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Puylaurens, en s’engageant à ce degré dans le parti de Monsieur et en s’attachant coûte que coûte à sa fortune, ne se fait aucune illusion, et en face de Richelieu, ce grande adversaire, il présage ce qui d’un moment à l’autre l’attend.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Guillaume ne survécut que d’un an à peine à sa disgrâce ; il mourut l’année suivante (juin 1758), et cette mort, à laquelle Frédéric s’attendait si peu, et à laquelle il put se reprocher d’avoir contribué, vint ajouter dans ces sanglantes années aux peines morales qui assiégeaient de toutes parts son âme.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Si vous pouviez préparer l’esprit des Français à s’expliquer envers vous des conditions de la paix, pour que l’on pût juger de leurs intentions et voir s’il y aurait quelque chose à faire avec eux ; si vous les priiez de vous confier leurs demandes, assurant de n’en point faire un mauvais usage, et leur répondant des bonnes dispositions dans lesquelles j’étais, peut-être verrait-on si ce traité est vrai, qu’on les suppose avoir fait avec les Autrichiens, et du moins pourrait-on juger par leurs propositions à quoi l’on peut s’attendre d’eux en cas de besoin.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Cette soirée où Emma est reçue avec la politesse qui attend partout une jeune et jolie femme, et où elle respire en entrant ce parfum de vie élégante, aristocratique, qui est sa chimère et pour laquelle elle se croit née, cette soirée où elle danse, où elle valse sans l’avoir appris, où elle devine tout ce qu’il faut, et où elle réussit très convenablement, l’enivre et contribuera à la perdre : elle s’est comme empoisonnée dans le parfum.

1803. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Nouvelle provocation indirecte, nouvelle insinuation (29 mars 1701) : Je ne dois, madame, vous laisser ignorer aucune des mesures que je prends pour faire réussir mon projet, puisque vos conseils me sont si nécessaires et que j’attends de votre activité la meilleure partie du succès de cette affaire.

1804. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Son Discours de réception était fort attendu ; on prétendait qu’il ne savait faire que des portraits, qu’il était incapable de suite, de transitions, de liaison, de tout ce qui est nécessaire dans un morceau d’éloquence.

1805. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Un certain oncle Bouvet, personnage un peu solennel, le lui prédisait dès 1804, en lui rappelant l’exemple des hommes de talent qui s’étaient formés d’eux-mêmes : « La mesure de votre gloire sera celle des difficultés que vous aurez vaincues ; j’aime à me le persuader et vous attends impatiemment au but. » Un second point qui me frappe dans ce commencement de la Correspondance et qui a été contesté cependant, c’est la gaîté, une gaîté entremêlée de réflexion, de travail, de méditation même ; mais je maintiens la gaîté.

1806. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Nommé professeur de rhétorique après concours, mais en province, puis placé à Paris, puis désigné pour faire partie de l’École d’Athènes à sa fondation, et retenu au moment du départ, appelé comme précepteur auprès d’un des petits-fils du roi Louis-Philippe (1847), Rigault éprouva, par suite de ce choix, plus de vicissitudes qu’il n’avait dû s’attendre à en rencontrer.

1807. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il est des saisons plus ou moins fécondes pour l’esprit humain, des siècles plus ou moins heureux par des conjonctions d’astres et des apparitions inespérées, mais ne proclamons jamais que le Messie est venu en littérature et qu’il n’y a plus personne à attendre ; au lieu de nous asseoir pour toujours, faisons notre Pâque debout comme les Hébreux et le bâton à la main.

1808. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

. — Quand on me louait, je ne devais pas accepter ces éloges avec un contentement calme, comme un tribut qui m’était dû, on attendait de moi quelque phrase bien modeste, par laquelle j’aurais détourné la louange en proclamant avec beaucoup d’humilité l’indignité profonde de ma personne et de mes œuvres.

1809. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Que je t’ai de mois attendue !

1810. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Le voyageur qui glisse sur cette eau changeante a tort de regretter ou de mépriser les spectacles qu’il quitte, et doit s’attendre à voir disparaître en quelques heures ceux qui passent en ce moment sous ses yeux. » Admirable et agréable page !

1811. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Dans ce premier moment de presse et de fracas, il n’a garde de se faire présenter à la reine qui le connaît déjà de réputation : il attendra, dit-il, que la foule soit écoulée et que Sa Majesté soit un peu revenue de son étourdissement ; alors il tâchera de faire jouer Œdipe et Marianne devant elle ; il lui dédiera l’un et l’autre, car elle lui a déjà fait dire qu’elle lui en donnait la permission.

1812. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

60 Ce qui est certain, c’est qu’une extrême irrégularité orthographique, une véritable anarchie s’était introduite dans les imprimeries pour les textes d’auteurs français au xviie  siècle : il était temps que le Dictionnaire de l’Académie, si longtemps promis et attendu, vînt y mettre ordre.

1813. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

« Je m’empresserai de vous faire parvenir toutes les vues que le Directoire me chargera de vous transmettre, et la Renommée, qui est votre organe ordinaire, me ravira souvent le bonheur de lui apprendre la manière dont vous les aurez remplies. » Voilà qui est bien débuté, et le courtisan dans le ministre ne se fait pas attendre.

1814. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Depuis les Harmonies, on attendait une preuve poétique qui y répondît, quand Jocelyn vint annoncer comme une nouvelle manière : Jocelyn était un début dans l’ordre des compositions ; bien que la fable n’en fût pas bien difficile à inventer, elle était touchante, elle prêtait aux plus riches qualités du poëte, et l’induisait sans violence à des tons rajeunis.

1815. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Né en 1778 dans la Haute-Marne, venu à Paris sous le Directoire, il était de cette jeunesse qui n’avait déjà plus les flammes premières, et qui, tout en faisant ses gaietés, attendait le mot d’ordre qui ne manqua pas.

1816. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Puis, sans se préoccuper de savoir à qui il s’adresse, il se pose en inventeur et se met à débiter avec emphase le boniment amphigourique d’une encre merveilleuse qui se décolore peu à peu et permet, au bout de huit jours, de considérer comme non avenues les promesses que l’on a solennellement signées ; il donne ensuite à sa femme une sorte de leçon allégorique, dans le genre de celle qu’Hamlet donne, devant la cour de Danemark, à la reine coupable du meurtre de son mari, et enfin, sans attendre de réponse, il salue et rentre rapidement dans sa chambre.

1817. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Deux termes étant les équivalents l’un de l’autre, le premier si simple, si maniable, si aisé à rappeler, peut remplacer le second, même quand le second est une armée immense dont les cadres toujours ouverts attendent et reçoivent incessamment de nouveaux soldats.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Lesage, par indépendance, par dignité d’homme, n’attend ni les pensions ni les cadeaux ni les sinécures que procure la faveur des grands.

1819. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Cinquante ou soixante fois il leur crie : « Attendez un peu, misérables !

1820. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Je me méfie des penseurs qui n’ont pas attendu la langue de leur pays, et qui s’expriment dans une langue morte.

1821. (1890) L’avenir de la science « XVI »

L’unité est au fond des choses ; mais la science doit attendre qu’elle apparaisse, tout en se tenant assurée qu’elle apparaîtra.

1822. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Spencer, qu’on peut l’attendre de deux esprits indépendants, travaillant sur un si vaste sujet.

1823. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

[Léon Daudet] Les premiers livres de Léon Daudet étaient des chaos ardents d’où on s’attendait à voir sortir un jour quelque harmonieuse statue.

1824. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Mais les chevaliers bourguignons, qui se sont fait précéder de leurs archers, n’ont pas la patience d’attendre l’effet de cette manœuvre, et, emportés par un beau zèle, ils culbutent ces archers mêmes, « la fleur et l’espérance de leur armée », et passent par-dessus sans leur donner loisir de tirer un seul coup de flèche.

1825. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Ces réflexions sont telles qu’on les peut attendre d’un esprit ferme, positif, sans illusion, sans croyance religieuse proprement dite.

1826. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Elle disait agréablement un jour à Mme de Maintenon : « Ma tante, je vous ai des obligations infinies, vous avez eu la patience d’attendre ma raison. » Elle eût sans doute été capable d’affaires et de politique.

1827. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

— C’est moi, monseigneur, qui attendais le moment de parler à Votre Éminence… — Approchez, approchez », me dit-il d’un ton fort dolent.

1828. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il apprécie aussitôt la grandeur du rôle de Bonaparte, et signale dans le fait du 18 Brumaire une métamorphose inconnue : « Attendons la moisson, disait-il, pour juger de la semence. » Il n’eut que le temps d’embrasser d’un coup d’œil son nouvel horizon de combat.

1829. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Le jugement, attendu par le public de toutes classes avec une curiosité inexprimable, fut bizarre et à double tranchant : par arrêt du 26 février 1774, Mme Goëzman fut condamnée à être mandée à la Chambre « pour, étant à genoux, y être blâmée » ; et Beaumarchais de même ; de plus, ses Mémoires furent condamnés à être brûlés par la main du bourreau, comme injurieux, scandaleux, diffamatoires.

1830. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

En effet, lorsqu’une haute et jeune destinée a subi de ces catastrophes soudaines et qui sont restées par quelque côté mystérieuses, lorsqu’un prince a disparu de manière à toucher les imaginations et à laisser quelque jour à l’incertitude, bien des têtes travaillent à l’envi sur ce thème émouvant ; les romanesques y rêvent, se bercent et attendent ; les plus faibles et ceux qui sont déjà malades peuvent sérieusement s’éprendre et finir par revêtir avec sincérité un rôle qui les flatte, et où trouve à se loger leur coin d’orgueilleuse manie ; quelques audacieux, en même temps, sont tentés d’y chercher une occasion d’usurper la fortune et de mentir impudemment au monde.

1831. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

En outre, quand on s’attend à une extinction totale de l’intelligence, on est d’autant plus frappé de son réveil.

1832. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Qu’on lise et qu’on relise les admirables chapitres sur la corruption des démocraties ; on verra quels sont les devoirs difficiles qui attendent les citoyens le jour où ils veulent être libres.

1833. (1912) Le vers libre pp. 5-41

D’autres encore viendront qui apporteront, qui doivent apporter du neuf, qui doivent servir la cause de la liberté esthétique, et nous les attendons, et certes je ne serai pas le dernier à m’en réjouir !

1834. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il n’ose pas risquer la négation brutale et directe, mais il a des détours charmants pour ne pas s’accrocher à l’inévitable idée qui l’attend au tournant de chaque chose pour l’enfiler.

1835. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Je viens examiner l’utilité morale, l’utilité religieuse qu’il peut y avoir à établir une église à Montmartre… Lorsqu’il s’agit d’établir à Paris, dans ce grand foyer de la Révolution et de la libre pensée, sur le point culminant de la capitale, sur ce point qui se voit de tous côtés et de si loin, un monument qui le couronne et dans le quartier qui est, à vos yeux, l’un des centres les plus ardents de l’insurrection, l’effet que vous attendez est celui-ci : Mettre là un symbole du triomphe de l’Église sur la Révolution.

1836. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

On se dissipe, on s’occupe, on oublie, on rit : bonheur léger et passager qu’il faut prendre ou perdre, sans beaucoup le regretter ni l’attendre, et sur lequel il ne faut pas réfléchir.

1837. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

On s’en aperçoit à l’expression du visage, éclairé parfois d’illuminations subites, mais plus souvent inquiet et souffrant, comme d’un homme fatigué par la contention d’une pensée opiniâtre, et qui attend.

1838. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Celui qui croit ne l’avoir confiée qu’à l’oreille de quelques amis la retrouve avec effroi dans son village : elle l’a devancé et l’attend à la porte de son château avec des faux et des torches. […] Il quitte le salon resplendissant de lumières pour s’enfoncer sous la verte obscurité des bois, et quand au détour d’une allée ombrageuse il rencontre la Muse, il oublie de retourner à la ville, où l’attend quelque rendez-vous donné à une beauté d’opéra. […] Ils ajoutent à la beauté métrique par leur harmonie et leur nouveauté ; leurs désinences inusitées amènent en plusieurs endroits des rimes imprévues, et dans notre poésie, privée de brèves et de longues, c’est un bonheur qu’une surprise de ce genre ; l’oreille qui attend un son aime à être trompée par une résonnance d’un timbre antique. […] Toucher de si près aux temps qu’ont vus nos pères, à des hommes dont la mémoire ne s’est pas encore dégagée de ces limbes où les morts attendent la résurrection de l’histoire, hâter cette résurrection, la faire avant les années, voir le vrai dans sa netteté, dans sa grandeur, dans son horreur et dans sa simplicité familière, être à la fois la postérité et le témoin, cela demande une rare vigueur d’intelligence et une sûreté de main égale à la puissance de la vision. […] Poëtes et musiciens à peine sortis de l’ombre, vous êtes attendus plus haut.

1839. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Ouvrez Marmontel, Diderot, Rousseau, l’abbé Le Batteux, relisez les préfaces-manifestes de Gluck et les pamphlets relatifs à ses controverses avec Piccinni, vous y trouverez non seulement des idées de tout point analogues à celles que Wagner devait développer plus tard, mais encore la vision très nette d’un opéra idéal, espéré, attendu, dans lequel la magie de l’art des sons serait si étroitement alliée au charme de la poésie, que cet ensemble formerait une œuvre d’art de la plus parfaite unité. […] Sa composition laissera une impression tout autre que celle qu’il en attendait ; elle fera rire. […] Ils en attendaient merveille. […] « — Attendez, lui répondit le violoniste Lipinski : le concert finit par la Symphonie en ut mineur de Beethoven ; aux premières mesures vous allez voir tout le monde se rassurer. » Et en effet, raconte Wagner, la symphonie commence ; ce n’est que soupirs de soulagement, expression de confiance, tous les soucis oubliés, cris de « Vive le Roi !  […] Pour les mêmes motifs, il n’y a rien à attendre au point de vue de notre art moderne d’une restauration de la musique de l’antiquité gréco-latine.

1840. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Les représailles ne se firent pas attendre ; tous les assassins furent assassinés à leur tour, et la tzarine mère enfermée dans un couvent. […] Ainsi qu’on devait s’y attendre, il fut un peu plus détesté lorsqu’à la réalité du souverain pouvoir il en joignit le titre. […] Quel désastre pour une pièce qui, manquant de mouvement, de péripéties et de coups de théâtre, attendait surtout son succès de ces délicatesses de détail, de ces nuances de sentiment que les bons acteurs mettent en relief, que les mauvais laissent dans l’ombre ! […] Et là, quel accueil l’attendait ! […] » Les amis de la Reine prévoient le sort qui l’attend si elle reste au Temple, et un nouveau complot s’organise pour assurer son évasion.

1841. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

À une de ses dernières visites, où on l’a fait attendre longtemps au parloir, son amie lui disait : « Aujourd’hui, c’est un jour de récréation, nous ôtons les chenilles des groseilliers, et par une grâce spéciale, on nous a permis de les ôter avec un petit morceau de bois. » * * * — Maurice de Guérin me fait penser à un homme qui réciterait le Credo, à l’oreille du Grand Pan, dans un bois, le soir. […] « Cela m’a éclairé… j’ai mangé, par jour, six livres de mouton, et j’allais à la barrière, le lundi, attendre la descente des ouvriers plâtriers, pour me battre avec eux. » 19 novembre Gaiffe nous accroche sur le boulevard… Je le mets sur ses souvenirs de la guerre d’Italie, où il y a été envoyé comme journaliste. […] Dans la parole de Gautier, il faut toujours s’attendre à du romanesque ou à de l’hyperbolisme ; dans la parole de Flaubert, à de l’exagération, à du grossissement des choses.

1842. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Quand j’ai écrit mon livre, j’étais à peu près seul de mon opinion, et, bien que ma manière de voir ait trouvé un degré de sympathie auquel je ne m’attendais nullement, on compte encore en Angleterre vingt philosophes à priori et spiritualistes contre chaque partisan de la doctrine de l’Expérience. » Cette remarque est fort juste ; moi-même j’avais pu la faire, ayant été élevé dans la philosophie écossaise et parmi les livres de Reid. […] Attendez vingt ans, vous trouverez à Londres les idées de Paris et de Berlin. — Mais ce seront les idées de Paris et de Berlin. […] V Voilà un premier rempart détruit ; je suppose que vous attendez mon philosophe derrière le second, la théorie de la preuve.

1843. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Ne pouvant rien apercevoir dans cette loge, de la place où nous étions, nous attendîmes respectueusement la fin du trio pour monter à la galerie. […] Jules Janin qui attendait son maître. […] Quand j’y arrivai mon compatriote m’attendait déjà, et me dit quelles gens j’aurais chance de rencontrer à ce théâtre. […] Sa toilette n’avait rien de cet imprévu, de ce fantastique qu’on s’attend quelquefois à rencontrer chez une femme artiste ; ses vêtements étaient plus sévères que frivoles, voilà tout.

1844. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

On attendait un Chateaubriand en vers depuis vingt ans. […] Un élégiaque pur, et plus sensible que sensuel, était attendu depuis cinquante ans. […] Je n’attends rien des jours. […] Du reste n’admettant sur un homme de génie ni discussion, ni critique, ni emploi aucun de l’intelligence, attendu qu’un génie « est comme une montagne, qui est à prendre ou à laisser », et qu’il faut « l’admirer comme une brute ». […] On hésite devant une idée de lui, non parce qu’elle est trop abstruse, mais parce qu’on s’attend à une pensée profonde, qu’il l’annonce, qu’on veut la trouver, et qu’on la cherche.

1845. (1900) Molière pp. -283

Au bout, on apercevait une petite scène, avec une petite rampe éclairée ; — dans le fond de la scène se dressait un orgue qui laissait supposer qu’on y faisait de la musique ; plus près, au premier plan, une petite table, avec son petit verre d’eau classique, attendait un conférencier. […] Pour en revenir aux patriarches, Caïn n’a pas attendu l’invention du droit d’aînesse pour tuer Abel ; s’il s’est porté à cette extrémité, c’est faute qu’il y eût de ce temps des tribunaux réguliers devant lesquels il pût traîner Abel pour lui demander des dommages-intérêts, et lui faire dire de bonnes injures par un bon avocat, comme cela se pratique chez les peuples civilisés. […] Mais attendez : Rousseau ne recommande pas le bal de tout le monde, mais une espèce particulière de bal, patriotique et patriarcal, présidé par le plus ancien magistrat de la République, qui prend ce jour-là le titre glorieux et la charge de Seigneur commis de la danse. […] Enfin, la vieillesse arrive, il y a d’autres manières de pécher dans la vieillesse que dans l’âge mûr et que dans la jeunesse ; tout cela, vous ne le savez jamais qu’alors qu’il n’est plus temps ; toutes les passions, selon le mot d’un moraliste, tous les vices propres à chaque âge attendent et guettent l’homme, dans les différentes saisons de la vie, comme des voleurs sur un chemin. […] Je ne veux pas prononcer entre les parties ; je ne veux pas pousser plus loin le détail de cette guerre éternelle ; mais si par un miracle la sottise s’amende, si elle fait sur elle-même l’effort le plus prodigieux que l’on puisse attendre d’elle, si elle se résigne jamais à n’être que sotte, ah !

1846. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

La voilà donc, la minute espérée et attendue, depuis la première cruauté du pion… La voilà la revanche du collège. […] Cette doctrine, issue de Taine, de Comte, de Le Play, et que l’on a justement appelé le traditionalisme par positivisme, rassemble aujourd’hui tant d’intelligences diverses qu’il est permis d’attendre beaucoup d’elle. […] Il se comprend que de cette frénésie encore, un poète puisse attendre l’exaltation lyrique. […] On s’attendait de voir un auteur.

1847. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

» À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.

1848. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

La réponse ne se fit pas attendre, dit le comte Ouvaroff (auteur d’une spirituelle notice sur le prince de Ligne) ; elle était conçue en ces termes : Monsieur,   Après le malheur de vous avoir pour fils, rien ne pouvait m’être plus sensible que le malheur de vous avoir pour colonel.

1849. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Et dès qu’on lui dit que l’enseigne de saint Denis avait touché le rivage, il ne se put retenir, et sans attendre, sans souci du légat qui était avec lui, « il saillit en la mer, dont il fut dans l’eau jusqu’aux aisselles, l’écu au col, le heaume en tête, le glaive (la lance) en main », et fut des premiers à terrer.

1850. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

La Bruyère a très finement touché ce coin singulier, et ce travers d’être en tout l’opposé du commun des mortels, dans le portrait qu’il a donné de Tréville sous le nom d’Arsène (chapitre « Des ouvrages de l’esprit ») : Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et, dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire… À l’heure dont nous parlons, Tréville n’avait point encore eu d’inconstance proprement dite, mais une simple conversion ; seulement il l’avait faite avec plus d’éclat et de singularité peut-être qu’il n’eût fallu et qu’il ne put le soutenir : il avait couru se loger avec ses amis du faubourg Saint-Jacques, il avait rompu avec tous ses autres amis ; il allait refuser de faire la campagne suivante sous les ordres de Louis XIV : « Je trouve que Tréville a eu raison de ne pas faire la campagne, écrivait un peu ironiquement Bussy : après le pas qu’il a fait du côté de la dévotion, il ne faut plus s’armer que pour les croisades. » Et il ajoutait malignement : « Je l’attends à la persévérance. » Tel était l’homme dont la retraite occupait fort alors le beau monde, lorsque Bourdaloue monta en chaire un dimanche de décembre 1671 et se mit à prêcher Sur la sévérité évangélique : il posait en principe qu’il faut être sévère, mais que la sévérité véritablement chrétienne doit consister, 1º dans un plein désintéressement, un désintéressement même spirituel et pur de toute ambition, de toute affectation même désintéressée ; — 2º qu’elle doit consister dans une sincère humilité, et 3º dans une charité patiente et compatissante.

1851. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Lorsque M. de Balzac fit sur Beyle, à propos de La Chartreuse, l’article inséré dans les Lettres parisiennes, Beyle, à la fin de sa réponse datée de Civitavecchia (octobre 1840), et après des remerciements confus pour cette bombe outrageuse d’éloges à laquelle il s’attendait si peu, lui disait : Cet article étonnant, tel que jamais écrivain ne le reçut d’un autre, je l’ai lu, j’ose maintenant vous l’avouer, en éclatant de rire.

1852. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

monsieur, repartit le roi, il y a bien de la différence d’un renard à un loup. » — « Voilà tout ce que Sa Majesté m’a encore jamais dit, ajoute d’Argenson, quoique ma personne en soit bien connue et que je me donne bien de la peine pour son service. » — La seconde parole que le roi lui adresse se fait attendre ; elle est de huit ans plus tard, à un voyage de Fontainebleau (septembre 1732), et presque aussi insignifiante.

1853. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

J’écris à ma chère enfant ; qu’il attende. » Une jeune Irlandaise vient me solliciter pour une grâce que je ne lui ferai pas obtenir ; un fabricant de Tours vient me remercier d’un bien que je ne lui ai pas procuré.

1854. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Je m’enfoncerai chaque jour un peu plus dans la retraite ; peut-être au fond y a-t-il quelque divinité consolatrice qui m’attend pour m’aider à finir et me donner le baiser d’adieu » ; C’est bien cette même nuance habituelle de mélancolie avec espérance toujours, une allée voilée et sombre, avec un pan de ciel bleu au fond.

1855. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.

1856. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Sur ce dernier, on n’a plus à attendre de découvertes proprement dites ; on en est depuis longtemps aux infiniment petits détails : il n’en est aucun pourtant qui soit indifférent, aucun qui n’ait son intérêt, s’il ajoute un seul trait à la physionomie et à l’exacte ressemblance de celui qui a voulu se montrer à nous dans la familiarité la plus intime.

1857. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

— Mais, au milieu de la nuit, Fotis n’a pas là des roses sous la main, et force est d’attendre au lendemain matin pour opérer la transmutation et réintégrer le beau Lucius dans sa première figure.

1858. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Il est de petite ou moyenne dimension : on est devant la forge dont le foyer ardent éclaire le fond du tableau et se réfléchit sur les visages groupés alentour ; le maréchal tient son fer au feu, il n’attend que l’instant de prendre son marteau dont le manche est à portée de sa main, et de battre l’enclume que rase un reflet de flamme.

1859. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Ducis est sur le point de lire son OEdipe aux comédiens (février 1775) et il n’attend pour cela que le Carême : « Me voilà toujours ici, en attendant que la cendre du saint mercredi qui s’approche fasse tomber toute cette fureur de fêtes et de danses qui tournent les têtes : on ne pourrait pas entendre mon Œdipe avec des oreilles pleines du bruit des orchestres et du tumulte des bals. » Cependant, déjà revenu de la Grèce à ses dieux du Nord et à Shakespeare, il a choisi Macbeth pour sujet de pièce nouvelle : « Tout le monde me gronde ici, mon cher ami, écrit-il de Versailles à Delevre, à cause du genre terrible que j’ai adopté.

1860. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Et pourtant quelle onction pouvait-on attendre d’un prédicateur abordant la chaire avec cette seule idée de faire fortune ?

1861. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Je dis découvertes, non qu’il faille s’attendre à de bien grands résultats nouveaux, mais parce que M. 

1862. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Ici, ces cavaliers qui attendent à l’embranchement du chemin pour l’enlèvement de la soubrette avec des mules à grelots et empanachées, c’est un Wouwermans tournant un peu à l’espagnol ; — cette représentation dans une grange chez Bellombre, c’est un Knaus, transporté d’Alsace en Poitou ; — cet effet de neige, c’est un souvenir russe, un paysage, si vous le voulez, de Swertchkow.

1863. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Il lui fallut longtemps attendre.

1864. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

« Nous avions beau nous attendre, écrivait-elle à sa mère, à l’événement devenu inévitable depuis deux jours, le premier moment a été atterrant, et nous n’avions pas plus l’un que l’autre de parole.

1865. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

À la différence des marabouts arabes qui attendent leurs clients à domicile, les marabouts des Touâreg, pour peu qu’ils veuillent exercer de l’influence sur leurs contribules ou concitoyens, sont obligés, comme des missionnaires, de se rendre partout où leur intervention est nécessaire.

1866. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

L’Achille des derniers chants ne semble pas avoir présentes à l’esprit ces offres de réparation qui lui ont été faites, et il a l’air de les attendre encore11.

1867. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Déjà, du reste, elle a porté ses fruits ; elle a trouvé, comme on pouvait s’y attendre, des esprits tout préparés, et dans un livre également curieux, mais de plus en plus conjectural et tout à fait aventuré dans ses conclusions23, un autre homme d’esprit, M. 

1868. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

« Je ne m’étendrai pas davantage pour cette fois-ci, mais j’attendrai votre réponse avec honnêtement d’inquiétude ; pensez le reste. » Il y a là quelque bon désir, quelque étincelle ; et quinze jours après (9 août), lorsque la retraite de l’armée de Bavière a ramené la guerre à notre frontière du Rhin, Louis XV dira : « Si l’on mange mon pays, il me sera bien dur de le voir croquer, sans que je fasse personnellement mon possible pour l’empêcher ; mettons-nous au moins en état de réparer de bonne heure ce que nous aurons pu perdre toute cette année-ci. » Sous des expressions peu nobles on aime à surprendre de ces réveils d’honneur.

1869. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Il a renouvelé les anciennes apothéoses, fort au-delà de ce que la religion chrétienne pouvait souffrir ; mais il n’attendit pas que le roi fût mort pour faire la sienne, dont il n’aurait pas recueilli le fruit.

1870. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Dans l’eau, ridée par une botte de paille qu’un homme trempe au lavoir pour lier l’avoine, les joncs, les arbres, le ciel, se reflètent avec des solidités denses, et sous la dernière arche du vieux pont, près de moi, de l’arc de son ombre se détache la moitié d’une vache rousse, lente à boire, et qui, quand elle a bu, relevant son mufle blanc bavant de fils d’eau, regarde. » Une telle page, assurément, est ce qu’on attend le moins d’un littérateur : elle semble détachée de l’album d’un peintre, d’un Troyon consciencieux, sincère, qui ne marcherait point sans son carnet.

1871. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Les reliques de sainte Élisabeth sont dispersées à l’époque de la Réforme, et sa chapelle reste sans honneur ; mais son cœur, déposé à Cambrai, va y attendre celui de Fénelon.

1872. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Royer-Collard : On s’attend à de l’imprévu.

1873. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

La vue d’une femme le contraria, dans l’idée sans doute que ce serait une cause de retard pour l’impératrice qu’il attendait.

1874. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

M. de Talleyrand retrouvait là, avec plus de jeunesse, une image des cercles de la maréchale de Luxembourg et de la maréchale de Beauvau ; mais il se plaignait galamment de ce trop de jeunesse, et qu’il lui fallût attendre quinze ans au moins encore, disait-il, pour que cela ressemblât tout à fait.

1875. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Jugez-en par Racine, un des deux ou trois écrivains du siècle à l’âme desquels la Grèce a vraiment parlé : qui s’attendrait que Racine voulût retrancher du Banquet de Platon, comme inutile et scandaleux, tout le discours d’Alcibiade, ce portrait de Socrate, ce pur chef-d’œuvre où l’enthousiasme et la moquerie se mêlent avec une grâce subtile ?

1876. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Les œuvres originales ne se firent pas attendre.

1877. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Nous en prendrons un autre exemple dans René : « Souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête… Un secret instinct me tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : — Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. — Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie… » Nous pourrions multiplier les citations à l’infini ; car pour trouver des exemples de cette forme de style, il suffit presque de jeter au hasard les yeux sur quelques-uns des écrits qui ont fait bruit dans notre siècle, tandis qu’on se fatigue à en chercher dans la littérature classique.

1878. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Les groupes, comme les individus, ont une tendance à s’illusionner sur leur propre compte ; à se concevoir autres qu’ils ne sont, plus forts, plus grands, plus nobles, plus influents qu’ils ne sont (peuples qui s’attribuent une origine divine, qui attendent un messie, etc. ; bureaucratie qui surfait de bonne foi son importance et ses mérites).

1879. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Qui a besoin de se défendre ainsi ferait bien d’attendre : il ne faut pas écrire avant d’être et la résistance, comme la docilité, prouve relation et dépendance.

1880. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer. » Ce visiteur honteux n’est pourtant point Phédon le pauvre, c’est Vernouilhet le failli, qui vient régler son compte avec le banquier.

1881. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

.” — Et sans attendre de réponse, il ferma les yeux et s’endormit. » Touchante délicatesse que ce soit le petit Pierre, l’ange d’innocence, qui, le premier, exprime, en s’endormant, cette idée qui n’a été que vague et flottante jusque-là !

1882. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Vous avez raison de dire et de croire que je demande peu de presque tous les hommes ; je tâche de leur rendre beaucoup, et de n’en attendre rien.

1883. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Il nous dit ces motifs, et pourquoi il prévint la maison d’Autriche au lieu de l’attendre et de se laisser frapper ou humilier.

1884. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il dira par exemple sans difficulté : Les myrtes, les lauriers, soignés dans ces cantons, Attendent que, cueillis par les mains d’Émilie… ou bien encore : Que vous dirai-je, ô tendre Ovide ?

1885. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Voltaire venait de mourir à Paris (30 mai), et la foule des petits auteurs, ennemis de La Harpe, n’attendait qu’une occasion pour tomber sur le disciple que la protection du maître ne couvrait plus.

1886. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Primel, quand il a gagné de quoi se faire beau, s’en revient, et trouve la veuve qui l’attendait.

1887. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

On l’y attendait depuis près de six mois, et il fut mis aux arrêts en arrivant.

1888. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Je n’ai rien retenu de la dernière partie du discours qu’une longue nomenclature de noms et de personnages qu’on ne s’attendait point à voir paraître en cette occasion.

1889. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

N’attendez pas de Barthélemy la verve piquante et inépuisable de De Brosses, ni même, en présence de l’antique, les vives et fraîches adorations de Paul-Louis Courier.

1890. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

J’en parlerai donc à ce point de vue, sans exagérer le côté fleuri, sans m’enfoncer dans les parties déjà raffinées de doctrine ; j’en parlerai comme d’un livre qui, sur la table d’une femme comme il faut ou d’un gentilhomme poli de ce temps-là, ne chassait pas absolument le volume de Montaigne, et attendait, sans le fuir, le volume de d’Urfé.

1891. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

» — « Comme mon père, chaque fois qu’on a tenté de l’assassiner, répondit le duc d’Aumale, mais attendez… il ne se passait pas une semaine après, que mon père ne commît une grosse faute. »

1892. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

En me mettant l’album dans les mains, elle m’a dit gentiment : « Tenez, je me porte très bien, je vous ferai attendre trop longtemps… Je ne sais quelle idée m’avait pris de les vendre cet hiver, comme ça je ne pourrai plus. » Jeudi 24 juin Je dîne aujourd’hui chez Francis Magnard, établi dans 2 500 mètres de terre, à Passy.

1893. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Et attendez un peu de temps, laissez se réaliser cette imminence du salut social, l’enseignement gratuit et obligatoire, que faut-il ?

1894. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Gustave Kahn, dit-il, innova une strophe ondoyante et libre dont les vers, appuyés sur des syllabes toniques, créaient jusqu’en sa perfection la réforme attendue ; il ne leur manquait qu’un peu de force rythmique, à telles places, et une harmonie sonore plus ferme, et plus continue que remplaçait d’ailleurs une heureuse harmonie de tons lumineux.

1895. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Ce glorieux était un modeste ; il attend de nous des larmes sincères plutôt que des louanges banales.

1896. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Il a fallu qu’une découverte en attendît une autre pour produire tout le fruit qu’elle pouvoit donner.

1897. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

On rapporte même des exemples de fidélité excessive : les amants fidèles, la femme d’Ibrahima (Ibrahima et les hafritt) qui attend son mari neuf ans mais finit tout de même par se remarier.

1898. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ce banquet a eu des résultats contraires à ceux qu’en attendaient les organisateurs.

1899. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Et cependant, ne nous y trompons pas, ni le talent qui est suprême en ces Mémoires, — qui va jusqu’au génie, quand il ne s’agit que de peindre, mais qui n’y va pas, quand il s’agit de juger, — ni le sujet de ce récit, grand, varié, et pour nous, les démocrates du xixe  siècle, déjà merveilleux comme une lointaine épopée, ni les hasards d’une publication qui a aiguisé le goût public et l’a fait attendre avant de le satisfaire, ni même, ce que nous ne comptions pas tout d’abord, la rareté des livres sur le siècle de Louis XIV, rareté étonnante et qui vient de la peur qu’inspirait Voltaire, lequel l’avait pris pour sa part de lion et faisait trembler d’y toucher les superstitieux de son génie, ne peuvent suffisamment expliquer l’amour que Saint-Simon, presque inconnu, presque dédaigné au xviiie  siècle, a trouvé tout à coup parmi nous.

1900. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

En effet, si jamais le critique n’aboutissait pas en Aubryet, comme après ses Jugements nouveaux nous avons le droit de nous y attendre, c’est que le poète l’aurait étouffé.

1901. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

VII Ainsi, Macaulay n’est pas seulement un homme de talent qui se lève tout à coup dans le xixe  siècle, et qui, plus heureux que les hommes de talent ne le sont d’ordinaire, y prend sa place sans attendre, c’est de plus une influence certaine dans l’histoire de la Critique et de ses progrès.

1902. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Ils doivent attendre, et ils le peuvent… sans inconvénient.

1903. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Mais les Fragments sur la Russie, qui ont suivi la Correspondance diplomatique datée de Turin, nous redonnèrent, eux, du de Maistre pur, dans la radicale beauté de sa pensée et dans la simplicité de ce style, unique de transparence, qui est comme la vue immédiate de l’idée elle-même… Enfin, voici une publication, — qui n’est peut-être pas encore la dernière, — et qui prouve autant que toutes les autres l’inépuisabilité de ce génie qu’on croyait posséder tout entier, et qui repart en jets inattendus de publicité quand on se disait qu’il n’y avait plus rien à attendre de la source cachée, semblable à un puits artésien qui se remettrait à jaillir à mesure qu’on ôterait les pierres qui le couvrent.

1904. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

— Non, il m’a parlé : un grand à barbe longue, à monocle ; … le nom, je ne me rappelle pas ; … attendez donc, … il a dit qu’il était du même village que Monsieur.

1905. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Attendez le résumé.

1906. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Attendez les preuves.

1907. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Au reste, les louanges prodiguées à la mémoire de Henri IV, à l’instant de sa mort, ne furent point semblables à tant d’éloges de princes ou d’hommes puissants qui, après avoir retenti sous les voûtes des temples dans une cérémonie funèbre, semblent le moment d’après aller se perdre et s’ensevelir avec eux dans la tombe qui les attend.

1908. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

car le suprême bonheur nous attend tous deux là-bas, près de l’Océan occidental.

1909. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

À l’approche de ses armes sur la frontière, le midi de la France, se levant tout ému pour l’attendre, l’a vue se désintéresser de toute vengeance : sa magnanime générosité s’est retirée devant l’olivier que lui présenta l’un de nos princes, remarquable par sa constance persévérante à ne marcher vaillamment qu’au milieu des Français. […] Un conseil militaire, présidé par les Atrides, autorise Ulysse et Diomède à pénétrer dans le camp des Troyens, par lequel est assiégé le leur : en ce même temps, Hector promet à Dolon une ample récompense, s’il ose passer jusqu’aux tentes des Grecs, et s’il revient instruit des secrets de leurs mouvements : l’espion accepte le message ; il part : Ulysse et Diomède le rencontrent dans l’ombre, et le tuent après l’avoir interrogé sur la situation de leurs ennemis : ils entrent ensuite au quartier de Rhésus ; et, tandis que Diomède égorge ce roi de Thrace et ses défenseurs endormis, Ulysse s’empare de ses chevaux précieux qui, au travers des cadavres, reportent les deux guerriers hors de la sanglante enceinte, et sur le chemin de la flotte où les rois attendent leur retour et les reçoivent triomphants. […] Il s’embarque ; il paraît en soldat au milieu des batailles, il signale sa jeunesse par des actes de valeur, et revient solliciter le prix de ses services et de ses blessures dans une cour dont l’ingratitude le rebute, où des persécutions l’attendaient encore. […] Sans doute on ne s’attend pas ici que je traite les généralités du style, que j’en établisse la définition première, et que, par un long prolégomène, je consume le temps que je dois employer à l’énonciation des qualités spéciales de la langue épique.

1910. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

On s’attend que je vais citer la lettre sur Rosbach. […] Voulant mettre un de ses ouvrages sous le nom d’un jeune Père Jésuite, réel ou imaginaire, il écrit au duc de Praslin en 1704 : « Vous pèserez, quand il en sera temps, l’importance extrême de mettre cela sous le nom d’un jeune Jésuite, qui, grâce à la bonté du Parlement, est rentré dans le monde et qui, comme Colletet et tant d’autres, attend son dîner du succès de son ouvrage. […] Plutus l’emporte sur celui de Minerve, il faut s’attendre à trouver des bourses enflées et des têtes vides. […] C’est ce Bailliage que Voltaire crible de ses épigrammes en en appelant au Parlement tout royal et tout ministériel, créé le 23 février 1771, devant lequel il s’incline et dont il dit : « Attendons respectueusement l’arrêt d’un Parlement dont tous les jugements ont eu jusqu’ici les suffrages de la France entière. » Et, de fait, le Parlement royal et ministériel donna raison à Morangiès et à Voltaire le 3 septembre 1773. […] On voit, par ce seul trait, qu’ils auraient été les plus cruels persécuteurs s’ils avaient été les maîtres : leur secte insociable, intolérante, n’attendait que le moment d’être en pleine liberté pour ravir la liberté au reste du genre humain. » Faute d’une explication suffisante, on ne voit pas, de ce que les philosophes n’étaient pas « réprimés » et de ce que les chrétiens l’étaient, on ne voit pas, « par ce seul trait », que les chrétiens n’attendaient que la liberté pour détruire l’Empire romain, qu’ils n’ont jamais détruit, du reste, et pour ravir la liberté au reste du genre humain.

1911. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

. —  Là-dessus sir Henri Bellasses lui donna un soufflet sur l’oreille, et ils allèrent pour se battre… Tom Porter apprit que la voiture de sir Henri Bellasses arrivait ; alors il sortit du café où il attendait les nouvelles, arrêta la voiture, et dit à sir Henri Bellasses de sortir. —  Bien, dit sir Henri Bellasses, mais vous ne m’attaquerez pas pendant que je descendrai, n’est-ce pas ? […] je vais mettre une chemise à dentelles, quand je devrais pour cela être fouettée jusqu’au sang652. » Tom vient lui-même et lui demande si elle veut être sa femme. « Monsieur, je ne désobéis jamais à mon père, excepté pour manger des groseilles vertes653. —  Mais votre père veut attendre une semaine ? […] Je m’évanouirai s’il s’attend à des avances. […] But the true service of the public is a business of so much labour and so much care, that though a good and wise man may not refuse it, if he be called to it by his prince or his country, and thinks he can be of more than vulgar use, yet he will seldom or never seek it, but leaves it commonly to men who, under the disguise of public good, pursue their own designs of wealth, power, and such bastard honours as usually attend them, not that which is the true, and only true reward of virtue. […] While in this park I sing, the list’ning deer Attend my passion and forget to fear ; When to the beeches I report my flame, They bow their heads, as if they felt the same.

1912. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

« Je suppose que ce soit ici notre derniere heure à tous, que les cieux vont s’ouvrir sur nos têtes, que le tems est passé & que l’éternité commence, que Jesus-Christ va paroître pour nous juger selon nos oeuvres, & que nous sommes tous ici pour attendre de lui l’arrêt de la vie ou de la mort éternelle : je vous le demande, frappé de terreur comme vous, ne séparant point mon sort du vôtre, & me mettant dans la même situation où nous devons tous paroître un jour devant Dieu notre juge : si Jesus-Christ dis-je, paroissoit dès-à-présent pour faire la terrible séparation des justes & des pécheurs ; croyez-vous que le plus grand nombre fût sauvé ? […] On ne devoit pas attendre que le françois dût se distinguer dans la Philosophie. […] ) on dit qu’un morceau de poésie, d’éloquence, de musique, un tableau même est froid, quand on attend dans ces ouvrages une expression animée qu’on n’y trouve pas. […] On ne s’attend point que les Athéniens sans ville, sans territoire, refugiés sur leurs vaisseaux avec quelques autres Grecs, mettront en fuite la nombreuse flote du grand roi, qu’ils rentreront chez eux en vainqueurs, qu’ils forceront Xerxès à ramener ignominieusement les débris de son armée, & qu’ensuite ils lui défendront par un traité, de naviger sur leurs mers. […] On veut que vous meniez votre lecteur par la main le long de l’Afrique, & des côtes de la Perse & de l’Inde ; on attend de vous des instructions sur les moeurs, les lois, les usages de ces nations nouvelles pour l’Europe.

1913. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il fait crédit à ces hommes en faveur de leur avenir et de leur passé ; il les attend à de nouvelles œuvres pour les compléter, en quelque sorte, par eux-mêmes. […] Du positivisme lui vient enfin la révélation attendue. […] « Leurs appréhensions, leurs vanités, leurs joies, leurs critiques, tous ces sentiments provenant de ce qu’ils croyaient être leur libre arbitre, étaient les instruments inconscients de l’histoire187. » Considérez plus en particulier un de ceux-là mêmes qui passent pour mener les autres, le commandant en chef, que ce soit Napoléon ou Koutouzow, car ils sont égaux : « Au milieu des intrigues, des soucis, des commandements, des projets, des conseils qui bourdonnent autour de lui, il lui est impossible, bien qu’il se rende compte de la gravité des événements, de les faire servir à l’accomplissement de ses desseins. » Les plans qu’on lui offre dans les moments critiques, lorsqu’il attend en vain une idée salutaire, ne font que le troubler en se « contrecarrant ». […] Il savait tout cela ; aussi attendait-il avec un flegme imperturbable et avec une patience beaucoup plus grande que celle de son attelage197 ».

1914. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Pour me faire une opinion sur cette histoire, j’attends le livre que certainement, à cette heure, un homme de bibliothèque et de génie modeste, s’étant glissé dans le sillage de M.  […] Lorsque je lus Le Justicier, j’avoue que je ne l’attendais pas. […] On attend Dulcinée autour de don Quichotte alors qu’on ne saurait imaginer une Dulcinée sérieuse de Robinson et de Cavor. […] Bergson, dans un monde où nous devons attendre qu’un morceau de sucre fonde.

1915. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Au matin, ils serrèrent derrière leurs palissades les masses compactes de leur lourde infanterie ; et, la hache pendue au col, ils attendirent l’assaut. […] Le lendemain, allant à l’église, il trouva les portes closes et attendit plus d’une heure avant qu’on apportât la clef. Enfin, un homme vint et lui dit : « Messire, ce jour est un jour de grande occupation pour nous ; nous ne pouvons vous entendre, c’est le jour de Robin Hood ; tous les gens de la paroisse sont au loin à couper des branches pour Robin Hood ; ce n’est pas la peine de les attendre. »  — L’évêque fut obligé de quitter son costume ecclésiastique, et de continuer sa route, laissant sa place aux archers habillés de vert, qui jouaient sur un théâtre de feuillée les rôles de Robin Hood, de Petit-Jean et de sa bande.

1916. (1910) Rousseau contre Molière

« Après l’aventure du sonnet, comment Alceste ne s’attend-il pas aux mauvais procédés d’Oronte ? […] Qu’il s’emporte contre tous les désordres dont il n’est que le témoin, ce sont toujours de nouveaux traits au tableau, mais qu’il soit froid sur celui qui s’adresse directement à lui ; car ayant déclaré la guerre aux méchants, il s’attend bien qu’ils la lui feront à leur tour. […] … Pour Alceste aussi, mais plus tard ; il peut attendre. […] ………………………… Allons le voir ; peut-être attend-il notre appui. […] J’en dirais tout autant, quoique peut-être on s’y attende peu, de son Alceste.

1917. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

. — Moi, je suis toujours prêt, répondit-il ; j’attends qu’on me commande quelque chose. » Sa poésie, comme une flamme d’alcool, paraît brûler à vide sans matière visible. […] La Foule reste coite, attend sans doute, et le Poète comprend son devoir. […] Poncif, lieu commun, cliché, retour de visages attendus, revanche de la nature sur l’homme audacieux, tel est le péril qui menace incessamment le poète, celui contre lequel s’est raidi Mallarmé. […] « Rien, malgré l’accident politique intrus en la pure verrière, je sais celle qui vous occupe, Tailhade, n’y périclita : cuirassée de fragilité à l’épreuve par le préalable bris plombant sa diaprure, dont pas un enflammé morceau d’avance comme la passion le colore, gemme, manteau, sourire, lys, ne manque à votre éblouissante Rosace, attendu et par cela qu’elle-même d’abord simule dans un suspens ou défi, l’éclat, unique, en quoi par profession irradie l’indemne esprit du Poète151. » Du même fonds, il a cultivé avec un goût amusé cette forme de la métaphore qu’est la périphrase.

1918. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Ses dernières pièces ne réussissaient point. « Si vous attendiez plus que vous n’avez eu ce soir, disait-il dans un épilogue114, songez que l’auteur est malade et triste… Tout ce que sa langue débile et balbutiante implore, c’est que vous n’imputiez point la faute à sa cervelle, qui est encore intacte, quoique enveloppée de douleur et incapable de tenir longtemps encore115. » Ses ennemis l’injuriaient brutalement, raillaient « son Pégase poussif », son ventre enflé, sa tête malade116. […] Les personnages se meuvent en lui, presque sans son concours ; il attend qu’ils parlent, il demeure immobile, écoutant leurs voix, tout recueilli, de peur de déranger le drame intérieur qu’ils vont jouer dans son âme.

1919. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Vous vous attendez bien à le trouver quinteux et susceptible. […] Cet esprit n’est pas de l’esprit ; tout y est calculé, combiné, artificieusement préparé ; on attend un pétillement d’éclairs, et au dernier instant le coup rate.

1920. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Cette retraite par une seule issue ne peut s’opérer qu’à la faveur de l’obscurité, et dans le mois de mai il faut attendre plusieurs heures encore les ténèbres salutaires qui doivent favoriser notre départ. […] Il voulait apaiser les haines, évacuer l’Allemagne, et porter en Espagne toutes ses forces, pour y contraindre l’Angleterre à la paix, et avec l’Angleterre le monde, qui n’attendait que le signal de celle-ci pour se soumettre.

1921. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il l’attendit à la porte de l’église, l’accueillit comme la gloire errante et méconnue de l’Italie, répondit de lui aux gardiens de la ville et le conduisit chez le marquis Philippe d’Este. […] Le marquis d’Este s’efforça en vain de modérer cette impatience de quitter Turin ; il engagea amicalement le poète à attendre quelques semaines, après lesquelles il le conduirait lui-même à Ferrare et le réconcilierait avec son neveu Alphonse.

1922. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

» Ce discours eut l’effet qu’on devait en attendre ; les Macédoniens ne voulurent point se prêter à la cérémonie de l’adoration, tandis que les Perses s’y soumirent avec d’autant plus de facilité qu’elle était en usage chez eux depuis le règne des Grecs. […] À son avis, les révolutions viennent de ce que rien ici-bas ne peut subsister éternellement, et que tout doit changer dans un certain laps de temps ; et il ajoute que “ces perturbations dont la racine augmentée d’un tiers plus cinq donne deux harmonies, ne commencent que lorsque le nombre a été géométriquement élevé au cube, attendu que la nature crée alors des êtres vicieux et radicalement incorrigibles”.

1923. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

On sait assez ce qu’on peut attendre de l’auteur de l’Histoire des animaux. […] Mais ce sont là de bien rares fortunes ; et quoique Aristote en ait eu encore une autre presque aussi belle dans l’Histoire des animaux, il serait excessif d’attendre toujours, même de lui, des œuvres aussi achevées.

1924. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Si l’on combat à ce point de vue l’influence de l’esprit français sur les Allemands, on ne combat point pour cela l’esprit français ; mais on met naturellement en lumière ce qui est, dans l’esprit français, en contradiction avec les qualités propres de l’esprit allemand, et ce dont l’imitation serait funeste pour nos qualités nationales… » Nouvelles de l’opéra Les compositeurs et les librettistes, qui possèdent dans leurs cartons des opéras terminés, peuvent s’en servir pour allumer leur feu cet hiver ; à moins qu’ils ne préfèrent s’armer de patience et attendre des temps meilleurs pour la musique et le drame lyrique. […] Une Capitulation fut écrite à Tribschen à l’automne 1870, et terminée en décembre de la même année mais il faut attendre 1873 pour qu’elle soit publiée dans les Œuvres complètes du compositeur avec la préface ici présentée.

1925. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

La perception à laquelle on fait attention est attendue, donc pressentie, donc déjà partiellement sentie et commencée ; la conséquence est une plus grande rapidité dans l’achèvement. Quelquefois même l’attente suffit à produire la sensation attendue, qui devient ainsi hallucinatoire ; c’est ce qu’ont bien montré James Sully et Richet.

1926. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Je ne veux pas attendre à l’extrémité pour avertir de l’état où je suis.

1927. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Cet idéal était patriotique et chrétien tout ensemble : un jour, dans un entretien dont les termes ont été recueillis par ses pieuses élèves, et après leur avoir parlé de tout ce qu’il y avait eu de peu médité et de non prévu dans sa grande fortune à la Cour, elle a dit avec un élan et un feu qu’on n’attendrait pas de sa part, mais qu’elle avait dès qu’elle en venait au sujet chéri : Il en est de cela comme de Saint-Cyr, qui est devenu insensiblement ce que vous le voyez aujourd’hui.

1928. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Quand elle arriva en France à l’âge de dix-neuf ans, on ne s’attendait pas à tout cela ; on était rempli du souvenir et du regret de l’autre Madame, l’aimable Henriette, enlevée dans la fleur du charme et de la grâce : « Hélas !

1929. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il ne m’est donc pas possible de me remettre si promptement à un ouvrage qui m’est devenu si triste : il faut attendre qu’il ait plu à Dieu de me donner la force de surmonter ma douleur et de m’accoutumer à une privation si cruelle.

1930. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Pourtant je n’ai souci ni de la bise amère, Ni des lampes d’argent dans le blanc firmament, Ni de la feuille morte à l’affreux sifflement, Ni même du bon gîte où tu m’attends, mon frère ; Car je suis tout rempli de l’accueil de ce soir, Sous un modeste toit où je viens de m’asseoir, Devisant de Milton, l’aveugle au beau visage ; De son doux Lycidas par l’orage entraîné ; De Laure en robe verte, en l’avril de son âge.

1931. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Je me proposais de le marier l’année prochaine, et je m’attendais qu’il contribuerait à assurer la succession.

1932. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Voilà ce que son âge, le vôtre, et l’éducation qu’il a reçue de vous, doivent vous faire attendre le plus naturellement.

1933. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il l’aurait voulu avoir sur le Génie du christianisme le lendemain de la publication ; plus tard, sur les grandes œuvres poétiques qui ont fait schisme (je suppose toujours un Richelieu permanent et immortel) ; il aurait exigé, en un mot, que les doctes parlassent, n’attendissent pas l’arrêt du temps, mais le prévinssent, le réglassent en quelque sorte, et qu’ils donnassent leurs motifs ; qu’ils fendissent le flot de l’opinion et ne le suivissent pas.

1934. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

sachez que c’est bien une chapelle, une chapelle consacrée où est exposé, au milieu d’un luminaire éblouissant, le Saint des saints, le saint Sacrement que plusieurs des personnes présentes vont aller adorer dès que minuit sonnera ; adorer même est trop peu dire, puisqu’à decertaines solennités la sainte table est toute prête, qui les attend. — Oh !

1935. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Il répète, après bien d’autres, des choses vraies sur la vieillesse et ses désagréments ; il prouve lui-même cet inconvénient de vieillir par bon nombre de ses jugements qui ne sont que des préventions ; mais lorsqu’il dit en un endroit : « J’entre dans l’extrême vieillesse, et je n’ai à envisager que des déperditions de toute espèce et des infirmités et maladies de tous les genres à attendre : belle perspective !

1936. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Là-dessus aucune négligence, et n’imitez personne ; suivez ce que vous avez vu et appris ici. » Elle ne cesse de conseiller à sa fille des lectures fortes, des lectures suivies ; elle attend tous les mois en vain la liste des livres sérieux que l’abbé de Vermond s’était chargé de procurer à la jeune princesse, et qui, on le sait aujourd’hui par les catalogues, étaient si absents de ses bibliothèques particulières : « Tâchez de tapisser un peu votre tête de bonnes lectures ; elles vous sont plus nécessaires qu’à une autre, … n’ayant aucun autre acquit, ni la musique, ni le dessin, ni la danse, peinture et autres sciences agréables. » Il est permis sans doute, surtout à son âge, de s’amuser, mais d’en faire son unique soin et de n’être occupée qu’à « tuer le temps entre promenades et visites », elle en reconnaîtra le vide et en sera un jour aux regrets.

1937. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.

1938. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

La solitude, la réflexion, le silence, et un juge clairvoyant et bienveillant dans une haute sphère, un de ces juges investis par la société ou la naissance, qui aident un peu par avance à la lettre de la postérité, et, qui au lieu d’attendre l’écho de l’opinion courante, la préviennent et y donnent le ton, ce sont là de ces bonheurs qui sont accordés à peu d’époques, et dont aucune (sans qu’on puisse trop en faire reproche à personne) n’a été, il faut en convenir, plus déshéritée que celle-ci.

1939. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

en parurent coup sur coup, et divulguèrent un talent nouveau du côté où l’on s’y attendait le moins.

1940. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Mais tout en se promenant avec lui sous une allée de châtaigniers devant la maison, tout en prenant le frais près de l’adolescent chéri sur un banc placé dans cette allée, elle le prépare à l’arrivée de M de Thiézac qu’on attend le jour même ; elle l’engage à profiter de cette protection importante pour mettre un pied dans le monde, et elle lui annonce avec gravité et confiance qu’elle est décidée à se laisser marier avec M. de Thiézac : « car, dit-elle, mon père, qui est âgé et valétudinaire, peut mourir.

1941. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Les grands, c’est-à-dire les riches, ne la voient qu’avec un dégoût extrême ; il ne faut attendre d’eux qu’une pitié insolente, que des dons, des politesses, mille fois pires que des insultes.

1942. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il fuyait trop la peine pour avoir beaucoup pensé, et l’on n’en attendra pas des idées bien neuves ni bien puissantes.

1943. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

On s’attendrait que Montesquieu va poursuivre son exposition dans le même sens, selon la même méthode, et commencer à étudier les rapports nécessaires des lois avec chaque ordre de causes naturelles.

1944. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Duruy eût dit : « Attendons ! 

1945. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

J’attends les arrière-héritiers de Fiorentino et de Saint-Victor, pour savourer l’art avec lequel ils rendront compte, en leurs cinq cents lignes hebdomadaires, des productions véreuses d’un art enterré...

1946. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

J’attends les arrière-héritiers de Fiorentino et de Saint-Victor, pour savourer l’art avec lequel ils rendront compte, en leurs cinq cents lignes hebdomadaires, des productions véreuses d’un art enterré… VI … Cependant que se meurt notre théâtre, notre littérature reste forte.

1947. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Shakespeare, avant d’être déifié par Victor Hugo, dut attendre deux cents ans pour se trouver en harmonie avec l’état d’esprit de la société française ; il eut peine encore sous la Restauration à conquérir ses lettres de naturalisation ; en 1822, il fut dénoncé par un patriote du parterre comme « aide de camp de Wellington » et ses drames furent taxés de « monstruosités dégoûtantes ».

1948. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Mais toute connaissance est organisée plus ou moins ; mais les plus communes dans le ménage supposent des faits recueillis, des inférences tirées, des résultats attendus.

1949. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Les Suppliantes attendront leur retour, abritées par le bois sacré.

1950. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

L’ennemi, par son peu de consistance et son imprévu, ne répondait pas aux plus savantes manœuvres, ne rendait pas du côté où le grand adversaire s’y serait attendu.

1951. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Tout ce qu’on peut en attendre, en général, ce sont des vœux secrets et quelques applaudissements lorsqu’on a vaincu pour lui.

1952. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

  Mon ami, je souffre, je vous aime, et je vous attends.

1953. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je tire toujours le meilleur parti que je puis des amusements tranquilles du jardinage, de la promenade et de la lecture, moyennant quoi j’attends la mort, sans la désirer ou la craindre.

1954. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Si quelques événements n’offrent pas dans ses récits le pathétique terrible auquel s’attendait l’imagination du lecteur, on n’en doit pas moins apprécier la finesse impartiale de son esprit.

1955. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Ainsi, qu’on s’attende chez lui à ce que la louange et le blâme coulent de source, et selon qu’il est affecté.

1956. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Là où Diderot réussit tout à fait bien et naïvement, c’est quand il ne se prépare point, et quand il ne vise à quoi que ce soit, c’est quand sa pensée lui échappe, quand l’imprimeur est là qui le presse et qui l’attend ; ou encore quand le facteur va venir et que, lui, il écrit à la hâte, sur une table d’auberge, une lettre pour son amie.

1957. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Si je n’attends point qu’ils soient publics, c’est que, selon toute probabilité, ils paraîtront tandis que je serai à la campagne et sans que j’en sois instruit41.

1958. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Seulement, il fallait l’attendre, le saisir à ses heures et savoir l’écouter.

1959. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

L’estime dura toujours, mais sa bienveillance diminua entièrement, premièrement parce qu’il me trouva avec des contradictions qu’il n’attendait pas ; secondement parce qu’il remarquait que la confiance de la reine penchait toute de mon côté… Quel était l’état du royaume au moment où Richelieu, âgé de trente et un ans, y devint pour la première fois ministre ?

1960. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm, à peine établi en France, commença par donner dans le Mercure quelques lettres sur la littérature de son pays : il y nommait vers la fin et y saluait déjà le jeune Klopstock pour ses premiers chants de La Messiade ; il y prédisait à son pays l’éclosion d’un printemps nouveau : « C’est ainsi, disait-il, que, depuis environ trente ans, l’Allemagne est devenue une volière de petits piseaux qui n’attendent que la saison pour chanter.

1961. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

On le sifflait souvent ; il s’y attendait, il ne s’en étonnait ni ne s’en émouvait.

1962. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Cependant on peut tout au moins attendre de ces tentatives de mensuration l’utilité de fixer, une fois pour toutes, dans le langage critique, le sens des adjectifs : médiocre, faible, moyen, fort, intense, extrême, qui s’emploient aujourd’hui au hasard.

1963. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Il parle intarissablement d’amour à la jeune fille, accepte ses demi-rendez-vous, puis se lie avec le fiancé qu’elle méprise, et quand enfin elle l’attend en pleine campagne, décidée à briser avec sa vie, à le suivre une fois pour toutes, pour la bonne ou la mauvaise fortune, il lui persuade, dans un pitoyable écroulement de tout son être, la soumission aux fatalités de la destinée, et la renvoie à son château, avec des déclamations creuses sur l’amertume de la vie.

1964. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

., exactitude, fidélité, élégance, on y trouve tout ce qu’on devoit attendre d’un auteur familier avec les Orateurs anciens & modernes, & couronné trois fois par l’Académie françoise.

1965. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Nombre de personnes, qui ne s’attendaient guère à trouver chez le noir une imagination aussi variée, m’ont demandé si j’étais bien certain que ces contes fussent vraiment populaires ou si l’on ne pouvait les supposer, au contraire, l’œuvre et l’apanage exclusif de relatifs lettrés.

1966. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Renan a oublié de citer l’homme qui, dans un livre intelligible et français, a posé l’idée générale qui domine la critique de détail dont on est si fier aujourd’hui et dont on attend tant de ruines.

1967. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Ils s’exercent aux grands désastres et à la destinée tumultueuse qui les attend, comme quelqu’un qui crache dans ses mains et les frotte l’une contre l’autre avant de faire une action d’éclat.

1968. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

A d’autres, l’admission loyale des éléments extérieurs paraît pratiquement impossible. « Vous ne ferez jamais que des éléments hétérogènes se combinent, nous disent-ils ; il ne faut attendre aucune fécondité du contact de races ou d’individus tout à fait divergents. » Mais les races les plus distantes l’une de l’autre par leur histoire, leur passé, leur situation, leurs mœurs n’ont-elles pas un caractère commun, qui les relie malgré tout, celui d’humanité ?

1969. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

« Comment oseraient-ils attendre les ennemis étrangers qui leur arrivent ?

1970. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Dans cette Jérusalem céleste, qu’avaient décrite les prophètes et qu’une secte chrétienne, les millénaires, attendait de siècle en siècle sous les nuits lumineuses du désert, le poëte avait ainsi jeté la vie nouvelle de l’amour pur.

1971. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

On devait s’attendre à des choses graves, austères, poignantes de dignité et de résignation, nettes, courtes. […] j’en attends l’éclat de pied ferme, bien sûr qu’il sera peu terrible et que je trouverai dans ma seule doctrine la force de le recevoir sans colère et sans haine. […] L’insolence de l’esprit humain m’a souvent causé des chagrins ; à peine avais-je la force de revenir à moi-même en m’appuyant « comme sur un roseau », sur cette consolante idée que quiconque a raison a seul le temps d’attendre. […] Or, ce n’est pas là une réponse ; car il n’est pas question de ce que comporte la nature, mais de ce que l’homme veut, attendu qu’il peut aussi ne pas vouloir ce qu’il faut qui soit. […] Mme d’Héricourt a dû être découragée par ce résultat qu’elle n’attendait pas.

1972. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Hugo, qui, à quinze ans, faisait des vers comme un homme, attendit vingt ans pour être pleinement lui-même, pour nous donner avec les Contemplations, son vrai chef-d’œuvre lyrique. […] Mais, sans la complicité du très brillant « faubourg » d’alors, Lamartine eût fort bien pu attendre la gloire encore quelques années. […] Il ne peut rencontrer la strophe du Lac :     Assez de malheureux ici-bas vous implorent, etc… sans éprouver le besoin de nous réciter, tout de suite après, la strophe de La Jeune Captive :     Ô mort, tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ; Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi, Le pâle désespoir dévore, etc… Il nous conte, à un endroit, que Lamartine, pour échapper à la mélancolie, s’était mis au travail manuel, au métier de menuisier et de tourneur : tout aussitôt, ce mot de « tourneur » lui rappelle le vers d’Horace : Et male tornatos, etc…. […] Il se connaissait bien. « J’ai usé, dit-il dans le Tailleur de Saint-Point, mes yeux et ma langue à lire, à écrire et à parler de Dieu dans toutes les fois et dans toutes les langues. » Et c’est pourquoi  attendu qu’en outre il fut, avec une évidence fulgurante, un homme de génie  je ne dis pas qu’il soit, (car on n’est jamais sûr de ces choses-là), mais que je le sens (à l’heure qu’il est) le plus grand des poètes.

1973. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Où sont les bénéfices qui les attendent, les honneurs qui peuvent les dédommager des travaux qu’exige leur ministère ? […] Les jours de congé, ils l’amenaient chez eux dans leur carrosse, le conduisaient chez sa mère s’il le désirait, et l’attendaient avec complaisance tout le temps qu’il voulait y rester. […] Les jeunes gens, au sortir des études, se dispersaient dans le monde, suivant leurs différentes conditions : mais on y rencontrait un ami de collège, avec la joie que l’on éprouve au retour d’un voyageur chéri et longtemps attendu. […] « Plusieurs de mes ancêtres, qui ont voulu donner à leurs successeurs de pareils enseignements, ont attendu pour cela l’extrémité de leur vie ; mais je ne suivrai pas en ce point leur exemple. […] S’il ne réussit pas dans les lettres, sa manie d’écrire ne l’aura privé d’aucun avantage réel, et son rang d’auteur oublié n’ajoutera rien à l’oubli naturel qui l’attendait dans une autre carrière.

1974. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

L’après-midi se passe à des promenades et à des visites, le soir à ce souper attendu par les fidèles, et toujours le conversationniste jette aux intelligences de ses auditeurs la pâture vivante de son prodigieux esprit. […] Il faudrait attendre, travailler encore d’après des programmes, — et pourquoi ? […] C’est que la révolution était pour lui « la minute espérée et attendue depuis la première cruauté du père, depuis le premier jour passé sans pain, depuis la première nuit passée sans logis… — Elle est la revanche du collège ! […] Vous ne supposez point qu’il va renoncer à cette besogne avant de l’avoir poussée jusqu’à son terme, et pour se rapprocher de ce terme, vous n’attendez point qu’il respecte les obstacles anciens. […] On peut s’attendre à toutes les destructions dans l’avenir lorsque l’on voit de ces tombes ouvertes dans le passé et que l’on se rappelle ce que l’humanité y a laissé choir de son cœur.

1975. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Voici quel sera, dans la méthode d’inspiration, le procédé de développement : on attendra les idées, et quand elles seront venues on fera un tri entre celles qui se présenteront, pour conserver celles qui sont le plus utilisables. […] Pour moi quand je verrais dans les célestes plaines Les astres s’écartant de leurs roules certaines, Dans les champs de l’éther l’un par l’autre heurtés, Parcourir au hasard les cieux épouvantés ; Quand j’entendrais gémir et se briser la terre ; Quand je verrais son globe errant et solitaire, Flottant loin des soleils, pleurant l’homme détruit, Se perdre dans les champs de l’éternelle nuit ; Et quand, dernier témoin de ces scènes funèbres, Entouré du chaos, de la mort, des ténèbres, Seul je serais debout, seul malgré mon effroi, Être infaillible et bon, j’espérerais en toi, Et, certain du retour de l’éternelle aurore, Sur les mondes détruits je t’attendrais encore ! […] L’inspiration a un inconvénient, c’est de n’être pas à nos ordres ; il faut l’attendre, elle peut ne pas venir. […] Des écrivains qu’on ne s’attendrait pas à trouver si rigoristes, Fénelon par exemple, ou Renan, ont été pris de scrupule quand ils ont pensé aux pures élégances de style, et ont estimé qu’il vaudrait mieux y renoncer décidément. […] L’oreille s’adapte à cette cadence qui lui devient un besoin ; elle attend avec une sorte d’anxiété le retour de l’impression sonore qu’elle se tient d’avance toute prête à recevoir, et c’est chaque fois qu’elle la retrouve un plaisir d’attente satisfaite.

1976. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Tandis que, tout à l’heure, c’était bien une partie de l’invention elle-même qui venait enrichir le système imparfait qui l’attendait dans l’esprit, et l’achever ou même le susciter, maintenant les systèmes se succèdent simplement autour de l’impression produite ; l’identité ou l’analogie du sentiment suggéré par l’événement extérieur et du sentiment que tend à produire la tendance qui doit se compléter par la création intellectuelle est le seul lien entre l’invention et les circonstances qui la précèdent. […] Mes idées s’arrangent dans ma tête avec la plus incroyable difficulté : elles y circulent sourdement, elles y fermentent jusqu’à m’émouvoir, m’échauffer, me donner des palpitations ; et, au milieu de toute cette émotion, je ne vois rien nettement, je ne saurais écrire un seul mot, il faut que j’attende. […] La question posée peut attendre longtemps sa réponse, de plus les réponses peuvent être multiples et alors l’épreuve commence. […] Mais on peut s’attendre à ce que chez un esprit normal elle reste souvent légère ; trop grave et trop forte, elle a plus de chances d’entraîner une transformation, plus faible on la supporte mieux. […] Je sentais revenir les idées que j’avais essayé d’écarter ; ma pensée se retournait malgré moi vers mon premier sujet… Ainsi l’effort de réflexion que je portais sur l’idée de critique aboutissait à une idée relative aux distractions de l’intelligence, comme tout à l’heure en réfléchissant à ces distractions, je m’étais mis justement à penser à la critique… Je pourrais donner mille exemples de ce genre… Si j’analysais presque toutes les idées développées dans cet ouvrage, je pourrais montrer que chacune d’elles m’est venue au moment même où je réfléchissais à une autre ; en sorte que si mes réflexions avaient un effet, c’était bien rarement celui auquel je m’attendais.

1977. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Alors, au milieu de cette exhibition après faillite, de ce bazar qu’attendaient les enchères, au sein de cette foule qui suait le désir du lucre, une rédemption s’opéra d’un coup. […] La muse d’Albert Giraud, effarouchée par la vie présente, se réfugie dans les siècles passés : Puisque je n’ai pu vivre en ces siècles magiques, Puisque mes chers soleils pour d’autres yeux ont lui, Je m’exile à jamais dans ces vers nostalgiques Et mon cœur n’attend rien des hommes d’aujourd’hui. […] Souvent, — songez à La Princesse Maleine, à L’Intruse, à Intérieur, — il naît de ce que nous, spectateurs ou lecteurs (je reproduis ici les expressions de Jules Lemaître), « savons qu’il est arrivé malheur à l’un des personnages et que celui-ci l’ignore et que nous attendons qu’il le sache145 ». […] C’est qu’ils ne l’attendent que le lendemain et ne s’inquiètent point… Comment leur faire connaître la catastrophe, leur apprendre que leur fille s’est noyée ? […] Ces souverains, amis des Lettres et des Arts, n’attendent pas du seul essor industriel et commercial la belle santé de leur peuple.

1978. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Qu’apprendrons-nous à ce « scrutin de toutes les opinions » dont parle Sainte-Beuve, qui dit encore à une autre page : Le critique n’est que le secrétaire du public, mais un secrétaire qui n’attend pas qu’on lui dicte, et qui devine, qui démêle et rédige chaque matin la pensée de tout le monde. […] Il faudra attendre, pour voir ce grand siècle, le xixe . […] Ronsard et Du Bellay se veulent avec fierté Vendômois et Angevin, mais ensuite, pour trouver un homme qui se dise joyeusement et amoureusement d’un certain pays, qui accorde sa phrase à certaines inflexions locales et maternelles de ciels, de montagnes et d’eaux, comme Racine accorda ses vers sur des visages et des corps d’actrices, il faut attendre Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève. Et pour que le sentiment singulier de Rousseau devienne un sentiment commun, puissant, un grand fleuve sur la France et l’Europe, il faut attendre le romantisme, tant le romantisme allemand que le romantisme français. […] * * * Rien ne nous empêche cependant d’attendre, d’espérer, d’imaginer une puissante critique philosophique et poétique retrouvant un mouvement de ce genre.

1979. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Le génie de l’Angleterre, bien plus semblable à une autruche vorace tout occupée de sa pâture et soigneuse de sa peau, présente son autre extrémité au soleil, sa tête d’autruche enfoncée dans le premier buisson venu, sous de vieilles chapes ecclésiastiques, sous des manteaux royaux, sous l’abri de toutes les défroques qui peuvent se trouver là ; c’est dans cette position qu’elle attend l’issue. L’issue s’est fait attendre, mais on voit maintenant qu’elle est inévitable. […] Mais attendez un peu jusqu’à ce que toute la nation soit dans un état électrique, c’est-à-dire jusqu’à ce que toute votre électricité vitale, non plus neutre comme à l’état sain, soit distribuée en deux portions isolées, l’une négative, l’autre positive (à savoir, la faim et l’argent), et enfermées en deux bouteilles de Leyde grandes comme le monde !

1980. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Clésinger, cette figure possède d’autres mérites : un mouvement heureux, l’élégance tourmentée du goût florentin, un modelé soigné, surtout dans les parties inférieures du corps, les genoux, les cuisses et le ventre, tel enfin qu’on devait l’attendre d’un sculpteur, un fort bon ouvrage qui méritait mieux que ce qui en a été dit. […] Cependant il m’est venu cette année un peu de consolation, par deux artistes de qui je ne l’aurais pas attendue. […] Et depuis lors nous attendons toujours avec anxiété des nouvelles consolantes de ce singulier officier, qui était devenu en un jour un puissant artiste, et qui avait dit adieu aux solennelles aventures de l’Océan pour peindre la noire majesté de la plus inquiétante des capitales32.

1981. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

J’ai traversé en outre trois fois presque tout le royaume pendant ces temps de trouble, et la paix s’est trouvée partout où j’étais (excepté l’aventure du Champ-de-Mars de l’été de 1791, pendant laquelle j’étais à Paris) ; tout cela me fait croire que, sans oser me regarder comme un préservatif pour mon pays, il sera cependant garanti de grands maux et de désastres absolus tant que je l’habiterai ; non pas, comme je viens de le dire, que je me croie un préservatif, mais c’est parce que je crois que l’on me préserve moi-même, attendu que l’on sait combien la paix m’est chère, et combien je désire l’avancement du règne de mon Dieu… Vous croyez peut-être que la suite des événements va le détromper : pas le moins du monde.

1982. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il continua d’étudier et d’attendre.

1983. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

On n’en était pas là encore ; on était à l’affût de ses fautes, qui ne se faisaient jamais attendre ; on n’eût pas été fâché de voir qu’il baissât de talent et d’esprit, et à tout hasard on s’empressait de le dire ; l’ouvrage peu agréable intitulé : Annales de l’empire offrait un prétexte, et à ce propos d’Argenson écrivait (juillet 1754) : L’on m’avait dit qu’il paraissait fort baissé dans cet ouvrage, et véritablement il devrait l’être, Voltaire ayant soixante ans et son corps ayant été le théâtre de tant d’agitations.

1984. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

De même, le vrai christianisme consiste à faire à tous les êtres animés, bêtes et gens, le plus de bien possible, et à attendre la mort sans crainte comme sans impatience.

1985. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Je suis tenté de répéter ici ce que je dis souvent, quand je vois toutes les inventions qu’on fait après coup des hommes que nous avons le mieux connus : « Il faut attendre que nous soyons morts pour nous faire avaler cela. » I.

1986. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

C’est, lui qui, la veille du discours de réception de Victor Hugo à l’Académie, disait à quelqu’un qui ne paraissait pas sûr de pouvoir y assister : « Il faut y aller, on s’attend a de l’imprévu. » Et après la séance, il dit au glorieux récipiendaire, en manière de compliment : « Monsieur, vous avez fait un bien grand discours pour une bien petite assemblée. » C’est lui qui, à un célèbre candidat pour l’Académié46, qui s’étonnait d’apprendre de sa bouche qu’il n’eût pas lu ses ouvrages, fit cette réponse qui a couru et qui court encore : « Je ne lis pas, Monsieur, je relis. » On aurait pu trouver quelquefois qu’il usait et abusait du poids de sa parole pour écraser les gens.

1987. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il fait donc des personnes qui sont entre elles en parfait rapport de mouvements, de gestes ; mais comme son faire modifie quelque peu les figures qu’il veut reproduire, qu’il a vues en réalité ou plutôt qu’il a présentes dans l’esprit et en idée, comme de plus l’impression sur la pierre va les modifier quelque peu encore, il attend le retour de l’épreuve afin de faire dire à ses personnages ce qu’ils ont l’air réellement de dire ;’et c’est alors seulement qu’il se demande en regardant son épreuve : « Maintenant que se disent ces gens-là ? 

1988. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Gautier n’avait pas attendu jusqu’alors pour le connaître.

1989. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Moi je n’ai rien, mais chez eux de plus amples provisions vous attendent. » Il avait connu l’exil et les misères chez l’étranger, et, bornant ses vœux au plus strict nécessaire, il s’écriait dans un ton bien éloigné de lHoc erat in votis d’Horace, et qui rappelle plutôt le Moretum de Virgile : « Ne te consume point, ô Homme !

1990. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Dans ses travaux d’architecte, on n’attend jamais avec lui.

1991. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Les spectateurs entraient si vivement dans la situation que presque tous souhaitaient que ces entretiens se fissent ; on y attendait les deux amants comme à un péril et à un triomphe.

1992. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Ils avaient traversé les camps de l’armée anglaise et s’étaient rendus sur la place de Zarsa, où ils attendaient les billets de logement devant la maison de l’alcade, où logeait le général en chef, lorsqu’une jeune femme parut au balcon et, à leur vue, poussa un cri : « Quelle ne fut pas ma surprise, nous dit le narrateur, en reconnaissant une jeune Espagnole, nommée Isidaure, qui avait suivi en Portugal la division du général Franceschi !

1993. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Assez semblable en tout à François Ier et à Louis XIV, on peut dire aussi de lui que c’était un roi chevalier… Il a pu entrer dans ma politique de le présenter autrement que je ne l’ai vu ; mais il est certain que sa conduite en 1812 et 1813 a été supérieure à ce que j’aurais attendu de lui, bien qu’il m’eût prévenu en sa faveur.

1994. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

On attendait ainsi plus patiemment les retours de la verve, si elle devait avoir des retours.

1995. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Ta carrière n’est point remplie ; Mon sort est toujours dans tes yeux : Attends, et que le Ciel t’oublie Quelque temps encor dans ces lieux !

1996. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Mais qu’attendre aussi d’un livre quand il ne fait que ramasser des pages écrites pour fournir le plus de colonnes avec le moins d’idées ?

1997. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

S’il fallait pourtant proposer absolument ma conjecture, je dirais qu’un de ses grands arts est de prendre en tout le contre-pied juste de ce qui semble et de ce qu’on attend (le plus beau Jour de la Vie).

1998. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

A Rome pourtant, qui était devenue veuve des césars, la papauté insensiblement héritait de la souveraineté de la Ville éternelle, et attendait avec patience, recueillant, redoublant ses forces et ses mystères, jusqu’à ce que vînt le jour d’apposer le sceau et l’onction à une royauté nouvelle.

1999. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Nous le suivons d’assez près dans les années suivantes par de charmantes lettres à Fontanes, son plus vieil ami, qu’il retrouvait, après la séparation de la Terreur, avec la vivacité d’une reconnaissance : « Je mêlerai volontiers mes pensées avec les vôtres, lorsque nous pourrons converser ; mais, pour vous rien écrire qui ait le sens commun, c’est à quoi vous ne devez aucunement vous attendre.

2000. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Faites imprimer ces vers dans le journal du soir… Envoyez-moi bien vite le journal où cela sera imprimé… Si le journal ne voulait pas s’en charger ou qu’il tardât trop, envoyez-moi-les écrits à la main, et on les insérera ici dans un journal… » Puis vient le prêté-rendu, la récompense offerte au bon docteur, la promesse de contribuer à lui faire acquérir en retour cette réputation que méritent ses talents et ses vertus : « Oui, digne et excellent homme, j’espère bien y travailler ; j’attends avec impatience le moment où, rendue à Paris, mon temps, mes soins et mon zèle vous seront consacrés : vous me ferez connaître La Harpe, auprès duquel est déjà un de vos amis.

2001. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Cet élève était devenu la perspective de la France ; elle attendait son règne comme celui de la vertu et de la félicité publique.

2002. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Après cinquante ans, il voit encore la toile peinte en bleu, qui revêtait le pavillon du soudan d’Égypte, la cotte vermeille à raies jaunes d’un garçon qui est venu en Syrie lui offrir ses services : quand il s’attendait à avoir la tête coupée, il entend la confession de son compagnon sans qu’il lui en reste un mot dans la mémoire, mais il voit le caleçon de toile écrue d’un Sarrasin, et ce caleçon toute sa vie lui restera devant les yeux.

2003. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

A l’apparition des Adages, tous les esprits qui cherchaient et attendaient se sentirent comme inondés de la grâce de l’antiquité.

2004. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’auteur ne les fit pas attendre.

2005. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Les premiers chrétiens s’attendaient tous les jours à voir descendre du ciel la Jérusalem nouvelle et le Christ venant pour régner.

2006. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

On n’attend pas de moi, je pense, que je conte ici le long duel qui s’est engagé entre nos gouvernements successifs et la presse jalouse de sa pleine liberté.

2007. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Au moment où elle est amoindrie, abattue, les excès des vainqueurs, leur impatience, leur ardeur précipitée de négation et de destruction, les vieilles traditions enracinées dans une multitude d’esprits, la solidité d’une organisation qui d’âge en âge se resserre et se concentre, amènent un réveil religieux, et l’Église retrouve, au moment où ses adversaires s’y attendent le moins, un regain de faveur, de puissance et de popularité.

2008. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Puis un évêque monte en chaire, et dans un discours d’apparat célèbre les vertus du mort, qui fut souvent un piètre sire, exalte l’esprit de la princesse défunte, qui fut peut-être un modèle d’insignifiance, et ne manque pas de placer l’un et l’autre à la droite du Tout-puissant, attendu qu’un grand de la terre ne saurait être confondu, même dans la tombe, avec le troupeau de la vile multitude.

2009. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Il faut attendre que la grâce agisse. » La rupture du roi avec madame de Montespan fut déclarée définitive et irrévocable par un de ces bienfaits qui acquittent tous les comptes passés : le roi lui donna la charge de surintendante de la maison de la reine, dont madame la comtesse de Soissons eut ordre de se défaire, et ordonna à l’ex-favorite de se retirer de la cour.

2010. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

On avait peu de secours à attendre autour de soi ; il fallait de grands efforts et une rare vigueur d’esprit pour surmonter les obstacles, pour conquérir la science ; il fallait jusqu’à un certain point être inventeur, avoir le zèle et le génie de la découverte, pour devenir savant : Dans ces premiers temps d’obscurité et de ténèbres, ces grandes âmes (comme Huet appelle les savants de cette date primitive) n’étaient aidées que de la force de leur esprit et de l’assiduité de leur travail… Je trouve, disait-il spirituellement, la même différence entre un savant d’alors et un savant d’aujourd’hui, qu’entre Christophe Colomb découvrant le Nouveau Monde et le maître d’un paquebot qui passe journellement de Calais à Douvres.

2011. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Quand il parut, la duchesse lui dit sèchement qu’il lui avait fait perdre plus d’une heure à l’attendre : « Eh bien !

2012. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Élevé d’abord chez les Jésuites de Reims, puis au collège de Navarre à Paris, il s’y distingua dans toutes les branches, et y donna surtout des témoignages précoces de cette faculté mathématique qui, chez ceux qui la possèdent, n’attend jamais le nombre des années.

2013. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Attendons.

2014. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Impatiente des pourparlers qui se prolongeaient, Mademoiselle se promenait devant les remparts, excitant les gens du dedans par ses gestes et ses paroles ; puis, voyant qu’il fallait plus compter sur le menu peuple que sur les gros bourgeois, elle se jeta dans une barque que des bateliers lui offraient, fit rompre une porte mal gardée qui donnait sur le quai, et par laquelle on ne l’attendait pas : quand il y eut deux planches rompues, on la passa par le trou, et la voilà introduite, de loin suivie par ses dames qui prirent le même chemin, portée en triomphe par le peuple, et en un clin d’œil maîtresse de la place : Car, lorsque des personnes de ma qualité sont dans un lieu, dit-elle au gouverneur et à l’échevinage un peu étonnés, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice : je la dois être en celui-ci, puisqu’il est à Monsieur. — Ils me firent leurs compliments, assez effrayés… Arrivée à mon logis, je reçus les harangues de tous les corps et les honneurs qui m’étaient dus, comme en un autre temps.

2015. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

En vain l’abbé Maury chercha-t-il à se faire interrompre, s’interrompit-il lui-même, se plaignit-il qu’on ne voulait pas l’entendre ; en vain, abandonnant et reprenant le sujet principal de son discours, se perdit-il dans les digressions les plus étrangères, interpella-t-il personnellement Mirabeau et lui jeta-t-il vingt fois le gant de la parole ; au moindre mouvement d’impatience qui s’élevait dans l’Assemblée : « Attendez, monsieur l’abbé, disait Alexandre Lameth avec un sang-froid désespérant, je vous ai promis la parole, je vous la maintiendrai. » Et, se tournant vers les interrupteurs : « Messieurs, écoutez M. l’abbé Maury : il a la parole ; je ne souffrirai pas qu’on l’interrompe. » Ayant ainsi expliqué au long tout ce jeu de scène et de coulisse, Ferrières termine en disant : « Après deux grandes heures de divagations, tantôt éloquentes, tantôt ennuyeuses, l’abbé Maury descendit de la tribune, furieux de ce qu’on ne l’en avait pas chassé, et si hors de lui, qu’il ne songea pas même à prendre de conclusions. » Or, quand on lit dans les Œuvres de l’abbé Maury, ou même dans l’Histoire parlementaire de MM. 

2016. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Et ne se sentant pour la poésie, ajoute-t-il, qu’un « talent médiocre », il s’adresse à Mme de Pompadour, sa protectrice, pour obtenir quelque place qui le mette à même de ne pas dépendre du travail de sa plume ; il avait présent à la pensée un conseil que lui avait donné Mme de Tencin : « Malheur, me disait-elle, à qui attend tout de sa plume !

2017. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Une figure aimable, une tournure élégante, un port de tête assuré, soutenu d’une facilité rare d’élocution, d’une originalité fine et d’une urbanité piquante, lui valurent la faveur des salons et cette première attention du monde que le talent attend quelquefois de longues années sans l’obtenir.

2018. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

J’en conclurai pourtant qu’il aimait un peu trop à se battre en duel pour un véritable général, et qu’il y avait en lui une crânerie innée, qui, au moment où l’on s’y attendait le moins, dérangeait et compromettait tout.

2019. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Il y avait chez Volney un côté pratique, économique et réel, qu’on ne s’attendrait pas à trouver chez un érudit si passionné pour l’étude et pour le travail du cabinet.

2020. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver ici une suite de vies entières.

2021. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Il est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’on aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire.

2022. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

La sympathie humaine, comme la grâce prévenante, va au-devant, pénètre, même sans attendre rien ; seulement, donner, c’est déjà recevoir, et cela lui suffit.

2023. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Résumant enfin ces procédés de synthèse et les considérations antérieures sur l’analyse, nous avons aperçu dans l’esthopsychologie complète, le moyen le plus puissant que nous possédions pour connaître des individus ou des groupes humains, et la science par conséquent dont il faut attendre rétablissement de lois valables pour l’homme social.

2024. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

N’attendez de lui aucune miséricorde.

2025. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Jonas, Holopherne, Dracon, Solon, Thespis, Nabuchodonosor, Anaximène qui inventera les signes du zodiaque, Gyrus, Zorobabel, Tarquin, Pythagore, Eschyle, sont à naître ; Coriolan, Xerxès, Cincinnatus, Périclès, Socrate, Brennus, Aristote, Timoléon, Démosthène, Alexandre, Épicure, Annibal, sont des larves qui attendent leur heure d’entrer parmi les hommes ; Judas Macchabée, Viriate, Popilius, Jugurtha, Mithridate, Marius et Sylla, César et Pompée, Cléopâtre et Antoine, sont le lointain avenir, et au moment où Lear est roi de Bretagne et d’Islande, il s’écoulera huit cent quatre-vingt-quinze ans avant que Virgile dise : Penitus toto divisos orbe Britannos, et neuf cent cinquante ans avant que Sénèque dise : Ultima Thule.

2026. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

La question est maintenant de savoir si la physiologie est une science d’observation ou une science d’expérience, si elle peut agir artificiellement sur les phénomènes et se fournir à elle-même des sujets d’observation, ou si elle doit les attendre, comme l’astronomie qui ne peut rien changer au système planétaire, et qui en contemple immobile les révolutions.

2027. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Mais sans citer les personnes graves ou les esprits forts qui trouvent du faible dans un ris excessif comme dans les pleurs, et qui se les défendent également : qu’attend-on d’une scène tragique ?

2028. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Mais c’est surtout dans la tragédie et dans le roman, qu’il faut en attendre d’immédiates réalisations.

2029. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Qu’elle n’attende pas qu’on lui rende sa place, qu’elle la réclame et qu’elle la prenne.

2030. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

C’est un fesse-mathieu, un pisse-froid, un morveux dont il n’y a rien à attendre de grand.

2031. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Il fallait attendre, serrer les tableaux et exposer les tapisseries.

2032. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Parmi eux, il y a peut-être un époux que sa femme attend avec impatience et qu’elle ne reverra plus ; un fils unique que sa mère a perdu de vue depuis longtemps et dont elle soupire en vain le retour ; un père qui brûle du désir de rentrer dans sa famille, et le monstre terrible qui veille dans la contrée perfide dont le charme les a invités au repos, va peut-être tromper toutes ces espérances.

2033. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

J’attendais un remerciement : il avait dû s’apercevoir que j’interrompais ma lecture par pure déférence pour son âge.

2034. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Cette caresse et cette subtilité auxquelles on ne s’attend plus si l’on a vu trop de visages et lu trop de livres brillent et raisonnent dans la nuit de ma fatigue comme des lueurs persuasives et de câlins accents auxquels le pire des entêtements ne peut se dérober.

2035. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Le style naturel et simple, dit Pascal, nous enchante avec raison ; car on s’attendait à un auteur, et on trouve un homme.

2036. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Une société humaine, gouvernée immédiatement par Dieu, ou visiblement dirigée par la Providence : ce magnifique motif d’épopée ne peut se trouver que chez les Hébreux ou chez les Français ; il attend encore un poète.

2037. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Augustin Thierry en ses Récits mérovingiens, ces Récits très distribués, très entendus, très bien faits, dans le sens d’un art bien plus consommé qu’inspiré, n’ont point, la coloration énergique qu’on est en droit d’attendre d’un homme qui a traversé ce fleuve rouge des Chroniques et qui doit plaquer du feu et du sang sur tout ce qu’il touche !

2038. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Voilà ce que nous attendions.

2039. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Il attend, il est impatient !

2040. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Cela doit nous prouver, sans doute, que les erreurs qui ont pris racine sont infiniment longues à périr, et qu’il faut nous attendre, pendant longtemps encore, à rencontrer dans notre chemin, les illusions et les préjugés que nous pouvions croire à jamais ensevelis.

2041. (1900) La culture des idées

VI Il est fâcheux que le chapitre des périphrases soit expédié en quelques lignes ; on attendait l’analyse de cette curieuse tendance des hommes à remplacer par une description le mot qui est le signe de la chose alléguée. […] Huysmans, si elle a eu, car la crédulité du public est illimitée, certaines conséquences pénibles, n’en était pas moins tout à fait légitime ; le romanesque est à sa place dans un roman : attendre, pour raconter un chanoine Docre, de rencontrer en chemin son véritable frère diabolique, on ne peut vraiment pas exiger cela, même d’un romancier didactique. […] Le hollandais ne doit pas attendre une meilleure destinée, ni le portugais ; mais ces deux langues pourraient, longtemps encore, évoluer, l’une en Afrique, l’autre au Brésil, où, malgré de singulières modifications, elles garderaient assez de leur figure primitive pour faire douter de leur disparition réelle. […] Et devenu fleur, si nous attendons jusque-là, — œillet-Notre-Dame (a) : ou porion (b) — il faut que la fleur soit cueillie. […] Dès le jardin, il eut de Victor Hugo une première vision à laquelle, certes, il ne s’attendait guère.

2042. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Et, en effet, qui pourrait s’attendre à la prompte solution de difficultés si grandes ? […] Elle attend qu’une impulsion nouvelle lui soit donnée, Elle cherche les routes qu’elle doit parcourir, Elle n’a plus pour guide que les règles immuables de l’esprit humain ; toutes les observances de détail ont perdu leur crédit, et il n’en reviendra d’autres que lorsque d’autres habitudes les auront créées. […] Lorsqu’en refusant une grâce à l’abbé de Bernis, le cardinal lui dit : Vous ne l’obtiendrez pas tant que je vivrai, le jeune homme répondit : J’attendrai ; et peu d’années après il gouverna la France. […] On pouvait s’y attendre de la part d’un homme qui a toujours manqué de bienveillance pour ses semblables ; mais il est singulier qu’ayant, pour arriver à ce résultat, employé la métaphysique du dix-huitième siècle, il ait, dans la célèbre profession de foi, usé avec la plus noble éloquence de la philosophie cartésienne, qui seule en effet pouvait le conduire directement aux croyances religieuses. […] Ainsi, on ne devait attendre ni prudence, ni modération, même des hommes honnêtes et sages.

2043. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Mais attendons, pour aller plus loin dans le rapprochement, qu’au regret de la défaite se soit substitué chez les Allemands le remords de leur criminelle agression et qu’ils nous en aient donné d’indiscutables preuves. […] Témoins des arrêts comme celui que rendait, le 30 juin 1913, la dixième chambre du tribunal de la Seine : « Attendu que la vente des alcaloïdes végétaux vénéneux est visée par les ordonnances et décrets relatifs au commerce des substances vénéneuses, — attendu qu’il n’est pas établi que Van B…, N… et la fille P… se soient livrés au trafic commercial de la cocaïne, — par ces motifs les renvoie des fins de poursuite… » Ainsi le fait d’avoir procuré à des toxicomanes la dangereuse drogue, par complaisance, échappait à la loi, laquelle remontait d’ailleurs à 1845. […] « Ils ne savent pas », dit-il, « attendre l’année : exspectare annum. » Cette attente, les nôtres la pratiquent depuis des siècles. […] Et Charles VI : « La douce paix tant désirée de la Chrétienté… » Et Louis XII : « Comme je vous ai toujours dit, je suis amateur de paix… » Et François Ier : « Je veux et désire qu’on tâche à mettre la peine à faire la paix la plus ferme et perpétuelle qu’il soit possible… » Et Henri IV : « Comme je n’envie pas le bien d’autrui, et ne fais la guerre que pour recouvrer celui qui m’appartient… » Et Louis XIII : « Cette nouvelle m’a extrêmement touché, parce que je vois que c’est un éloignement à la paix que vous et moi désirons avec tant de passion… » Et Louis XIV : « J’ai toujours voulu attendre que ce fût la justice qui me mît les armes à la main. » Cette conviction était si profonde en lui qu’à son lit de mort, et dans la sincérité de la dernière heure, il disait à son héritier : « Mon enfant, ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour la guerre. » C’est qu’à un moment le vertige de l’Impérialisme avait failli le saisir. […] Nous apercevons, nous, par-dessous cette intelligence et cette volonté conscientes, tout un « moi » qui ne se connaît pas bien, qu’animent des hérédités récentes et lointaines, où des instincts redoutables n’attendent qu’une occasion pour s’éveiller.

2044. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Et quel plaisir encore à leur courage124 tendre, Voyant Dieu devant eux en ses bras les attendre, Et pour leur faire honneur les Anges se lever ! […] Nous voici aux parties tout à fait éclatantes et glorieuses : Certes, ou je me trompe, ou déjà la Victoire, Qui son plus grand honneur de tes palmes attend, Est aux bords de Charente en son habit de gloire136,     Pour te rendre content.

2045. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Cette enfance heureuse se pourrait presque comparer à une promenade dans laquelle un très-jeune frère rejoint, à pas inégaux, sa sœur aînée qui lui fait signe et qui l’attend. […] Telle est notre situation, que ce qui exposerait d’autres peuples nous rassure : nous attendons comme une garantie ce qu’ils ambitionneraient comme une conquête ; l’esprit de conservation sollicite chez nous ce que réclame ailleurs l’esprit de nouveauté.

2046. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il se figure toujours qu’il va dans le bois, qu’il s’y glisse sans bruit à pas furtifs, en écartant les branches, qu’il approche, puis approche encore, et qu’il chasse « les mouches répandues sur la chair par files épaisses, comme des monceaux de groseilles séchées. » Et toujours il aboutit à l’idée de la découverte ; il en attend la nouvelle, écoutant passionnément les cris et les rumeurs de la rue, écoutant lorsqu’on sort ou lorsqu’on entre, écoutant ceux qui descendent et ceux qui montent. […] C’était un endroit aéré, qui bleuissait le nez, qui rougissait les yeux, qui faisait venir la chair de poule, qui gelait les doigts du pied, qui faisait claquer les dents, que l’endroit où Toby Veck attendait en hiver, et Toby Veck le savait bien.

2047. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Mille foyers resplendissent à travers la plaine ; la vive lueur de chacun de ces feux éclaire cinquante guerriers assis à l’entour, et les chevaux qui broient l’orge blanche et l’avoine attendent auprès des chars que l’Aurore remonte sur le trône des cieux. » XVI On parle de nouveauté dans le style ; mais quelle nouveauté de style pourrait surpasser cette vérité pittoresque des feux d’un camp pendant la nuit, comparés aux lueurs de l’armée des astres brillant de tous côtés dans le firmament ? […] Il descend de la tour et ordonne aux gardes de fermer les portes aussitôt que les Troyens fugitifs les auront franchies. » Au vingt-deuxième chant, Hector seul, resté en dehors des portes près du hêtre, attend Achille pour le combattre.

2048. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

« Je m’étais levé pour sortir quand le signal divin accoutumé me retint ; je m’assis donc de nouveau194. » « Quand ceux qui m’ont quitté viennent de nouveau pour renouer commerce avec moi, la chose divine qui se produit en moi me défend de converser avec quelques-uns et me le permet avec quelques autres195. » « La cause (de ma réserve) n’était point quelque chose d’humain, mais un certain empêchement divin… Le dieu ne m’a pas permis de te parler jusqu’ici, afin que mes paroles ne fussent pas perdues ; j’attendais sa permission ; aujourd’hui il me le permet, car tu es capable de m’entendre… Mon tuteur est meilleur et plus sage que ton tuteur Périclès. — Qui est ce tuteur ? […] » qui passe pour un mot sublime et qui est attendu au passage par tous les spectateurs.

2049. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Dans ces conditions, attendu que ces six splendides physionomies poétiques ont chacune leur génie personnel, je trouve que mon poète est formé de l’agglomération de ces six génies. […] J’ai attendu, jusqu’à la dernière heure, pour vous adresser ma réponse dans l’éventualité — non dans le désir — que fût dans cet extrême délai, par un imprévu trépas, rayé du nombre des vivants, l’un de mes plus chers parmi les poètes qu’afflige encore le mal de vivre.

2050. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Elle donnait pour motif la corruption universelle des gens de qualité : « Les jeunes gens, disait-elle, sont tous des viveurs, et les jeunes femmes font la cour aux hommes au lieu d’attendre qu’on la leur fasse804. » En effet, le vice est à la mode, et non pas délicat comme en France. « L’argent, écrivait Montesquieu, est ici souverainement estimé, l’honneur et la vertu peu. […] Voltaire en rit, il s’amuse des criailleries des prédicants et du rigorisme des fidèles. « Point d’opéra, point de comédie, point de concert à Londres le dimanche ; les cartes même y sont si expressément défendues, qu’il n’y a que les personnes de qualité et ce qu’on appelle les honnêtes gens qui jouent ce jour-là. » Il s’égaye aux dépens des Anglicans, « si attentifs à recevoir les dîmes », des presbytériens, « qui ont l’air fâché et prêchent du nez », des quakers, « qui vont dans leurs églises attendre l’inspiration de Dieu le chapeau sur la tête. » Mais n’y a-t-il rien à remarquer que ces dehors ? […] Les lois n’y étant pas faites pour un particulier plutôt que pour un autre, chacun se regarde comme monarque, et les hommes dans cette nation sont plutôt des confédérés que des concitoyens. » Cela va si loin, « qu’il n’y a guère de jour où quelqu’un ne perde le respect au roi d’Angleterre… Dernièrement milady Bell Molineux, maîtresse fille, envoya arracher les arbres d’une petite pièce de terre que la reine avait achetée pour Kensington, et lui fit procès sans avoir jamais voulu, sous quelque prétexte, s’accommoder avec elle, et fit attendre le secrétaire de la reine trois heures… » Quand ils viennent en France, ils sont tout étonnés de voir le régime du bon plaisir, la Bastille, les lettres de cachet, un gentilhomme qui n’ose résider sur sa terre, à la campagne, par crainte de l’intendant ; un écuyer de la maison du roi qui, pour une coupure de rasoir, tue impunément un pauvre barbier851.

2051. (1940) Quatre études pp. -154

Or, un poète, Robert Browning, rentrant de voyage et feuilletant les livres qui l’attendaient au logis, trouve son nom dans un recueil que lui a envoyé Elisabeth Barrett. […] La même oreille nous entend ; Mais ta prière aérienne Monte mieux au ciel qui l’attend. […] Sa naissance semble dépendre des caprices du sort, puisqu’elle attend la venue des « êtres divins qui chantent sur la lyre » ; et personne ne peut remplir pour eux les longs intervalles d’attente ; car s’il est vrai que tous les arts demandent la perfection, la perfection qu’elle exige est plus intransigeante encore, et plus absolue ; elle ne souffre aucune compromission. — Quand une chance de vivre lui est enfin donnée, elle doit triompher de mille forces ennemies qui la détestent et qui l’oppriment. — À peine a-t-elle assuré son triomphe qu’elle s’épuise ; elle cherche à se répéter, et dès lors elle est perdue ; elle meurt, et tout est à recommencer. […] Bien que la révolte contre toute action extérieure, un certain enivrement d’indépendance, voire même une pointe de volupté sensuelle, entrent dans sa psychologie plus profondément peut-être qu’il ne croit, c’est à autre chose qu’il aspire : il attend la venue de la passion, qui le transportera dans un monde de joies intenses, et de plus vives douleurs.

2052. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle y ajoute parfois une couverture excitante : sorcière nue à cheval sur son balai ; chat noir qui vient frôler la peau ; plus loin, le bouc qui attend. […] Un enfant naïf prend pour une fée une mélancolique délaissée, exige son histoire, obtient le conte attendu. […] Mme Michelet promet pour bientôt un nouveau volume de lettres inédites de celui qui fut un homme autant qu’un écrivain : nous les attendons avec espérance. […] Mais j’attends, impatient, la femme au grand cœur qui, ayant souffert par l’amour, le maudira avec la noble éloquence de Vigny. […] Journées de Femme m’a donné les joies exquises qu’on attend de toute œuvre de Mme Alphonse Daudet.

2053. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Albalat, qui semble ignorer son existence et son rôle très grand dans la poésie et la prose rythmée, et nous attendrons que ce maître de tous les styles, et même du non-style, nous donne « la formation du vers par l’assimilation des poètes ». — Les autres sens, le goût, l’odorat et le toucher, ont leur influence en littérature ; des écrivains traduit par des mots les impressions qu’ils leur ont fournies ; mais cela ne va pas très loin, la vision et l’émotion demeurant les deux grandes sources du style. […] contre un gros oiseau qu’il poursuit et chasse à mort, contre une fleur déjà dévastée à qui il ne pardonne pas de ne point l’avoir attendu. […] Comme Verlaine, comme d’autres, Mallarmé attendit longtemps une lueur de gloire, mais avec beaucoup de patience, semble-t-il. […] Trois-quarts n’a pas attendu pour s’unir en un seul corps l’autorisation officielle ; l’union a même été si intime qu’il est résulté le mot trocart. […] (Seigneur, que longue demourée J’ai attendue en la maison de ton père.)

2054. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

En 1862, l’ex-condamné de la police correctionnelle avait eu la singulière idée de se présenter aux suffrages de l’Académie, Les visites qu’il rendit à quelques immortels l’éclairèrent rapidement sur le succès très probable de sa candidature ; il se retira sans attendre la date fixée pour l’élection, bien convaincu que si sa gloire était un jour destinée à grandir, elle ne serait jamais l’occasion d’un rapprochement entre lui et les membres de l’illustre assemblée. […] On s’attend à une péroraison qui soit proportionnée au sujet ; on tombe sur cette exclamation qui finit la pièce : Le ciel, couvercle noir de la grande marmite Où bout l’imperceptible et vaste Humanité116. […] Ce n’est pas tout : le poète songe au destin identique qui attend la femme qu’il aime ; il sait que son corps sera un jour semblable « à cette ordure, à cette horrible infection » ; on se demande déjà s’il ne va pas recommencer ses abominables peintures. […] Ils se rapprocheront encore davantage sur la question du but final de la vie et des destinées qui nous attendent au lendemain de la mort. […] Du premier coup d’œil, il découvre des montreurs de phénomènes ou des fabricants de tragédie : il passe de longues heures en Égypte à écouter les élucubrations idiotes d’un malheureux rimeur rencontré par hasard306, et ce qui le frappe d’abord au Caire, c’est le côté risible de la civilisation musulmane : Il y a un élément nouveau que je ne m’attendais pas à voir et qui est immense ici : c’est le grotesque307.

2055. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Vous n’attendez pas que je vous fasse ici un tableau de la civilisation ; je veux savoir seulement si, dans un coin de ce tableau, je ne trouverai pas la philosophie : je ne considère la civilisation que par ce côté. […] Or, là où il n’y a point d’histoire ou presque point d’histoire des autres éléments de la civilisation, n’attendez pas une histoire de la philosophie. […] N’attendez pas qu’alors l’État, soit immobile, que les lois et les gouvernements pèsent sur l’individu du poids de l’unité absolue, et soumettent la vie sociale au joug d’une uniformité despotique. […] Voilà tout le dévouement que vous pouvez, que vous devez attendre de l’humanité ; elle n’est pas capable et il ne serait pas bon qu’elle fût capable d’aucun autre ; elle sert qui la sert. […] Certes, depuis 1815, la civilisation européenne est loin d’avoir reculé : loin de là, elle s’est de toutes parts développée ; et, je le répète, cette Charte, qui sortit des ruines de Waterloo, couvre aujourd’hui la plus grande et la meilleure partie de l’Europe, et elle est attendue et invoquée par le reste152.

2056. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Faut-il s’abstenir et attendre que les observations, en se présentant d’elles-mêmes, nous apportent des idées plus claires ? On pourrait souvent attendre longtemps et même en vain ; on gagne toujours à expérimenter. […] Il faudrait attendre ou chercher par des expériences directes quelle est la cause d’erreur qui a pu se glisser dans l’observation. […] Ce cas rentre pour ainsi dire dans le précédent ; seulement il en diffère en ce que, au lieu d’attendre que l’observation se présente par hasard dans une circonstance fortuite, on la provoque par une expérience. […] Quand les faits existent en nombre suffisant et bien clairement établis, les généralisations ne se font jamais attendre.

2057. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Vous me demandez des nouvelles de ma santé ; je ne suis ni sain ni malade, et j’attends le printemps et les beaux jours comme les petits oiseaux.

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Vous me serez tout d’abord utiles, messieurs, en me les rappelant ; vous me le serez plus encore (et c’est un bienfait salutaire que j’attends de vous), en m’offrant journellement, dans vos groupes de sérieuse et fervente jeunesse, la meilleure et la plus vivante réponse à ce qui est trop souvent le dernier mot, le dernier résultat stérile d’une vie d’isolement et de réflexion trop concentrée.

2059. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Mme Claës nous touche encore quand, voyant dans les premiers temps son mari qui lui échappe, sans en comprendre la cause, « elle attend un retour d’affection et se dit chaque soir : — Ce sera demain !

2060. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Faugère apprivoisa tout d’abord le vénérable octogénaire qui put s’étonner sans doute que, dans ce monde si lointain et si renouvelé, on sût si bien les choses d’autrefois, et qui crut reconnaître le doigt de Dieu : « Il me semblait, disait-il, que j’attendais quelque chose. » Il vint exprès à la ville (grand voyage qu’il n’avait fait de longtemps !)

2061. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Cet ouvrage, qui, avec celui de M rthur Beugnot, partagea le prix de l’Académie, et qui parut l’année suivante (1822) dans une forme plus développée et sous ce titre : De la Féodalité, des Institutions de saint Louis et de l’Influence de la Législation de ce prince, indiquait déjà tout l’avenir qu’on pouvait attendre de M ignet comme historien philosophe et comme écrivain.

2062. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

La destinée posthume de Mme Des Houlières ne manqua pas de vicissitudes ; elle semblait d’avance s’y attendre en se disant : Tandis que le soleil se lève encor pour nous, Je conviens que rien n’est plus doux Que de pouvoir sûrement croire Qu’après qu’un froid nuage aura couvert nos yeux, Rien de lâche, rien d’odieux Ne souillera notre mémoire ; Que, regrettés par nos amis, Dans leur cœur nous vivrons encore, Pour un tel avenir tous les soins sont permis ; C’est par cet endroit seul que l’amour-propre honore : Il faut laisser le reste entre les mains du sort.

2063. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Sans doute on pourrait opposer à l’utilité qu’on peut espérer de la publicité du vrai, les dégoûtants libelles dont la France a été souillée ; mais je n’ai voulu parler que des services qu’on doit attendre du talent ; et le talent craint de s’avilir par le mensonge : il craint de tout confondre, car il perdrait alors son rang parmi les hommes.

2064. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Il est triste, quand on s’endort dans une bergerie, de trouver à son réveil les moutons changés en loups ; et cependant, en cas de révolution, on peut s’y attendre.

2065. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Mais comme Tristan s’agite, impatient, sur son lit et demande si l’on aperçoit le vaisseau qu’il attend, sa femme, torturée de jalousie, lui annonce un navire aux noires voiles : et il meurt, au moment où débarque la seule, la toujours aimée Yseult, qui se précipite et prie pour lui : « Ami Tristan, quand vous vois mort, Je n’ai droit ni pouvoir de vivre ; Vous êtes mort pour mon amour, Et je meurs, ami, de tristesse, De n’avoir pu venir à temps. » Auprès de lui se va coucher ; Elle l’embrasse, et puis s’étend : Et aussitôt rendit l’esprit.

2066. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Daniel, si originale qu’il faudra attendre Augustin Thierry et Michelet pour l’exécuter.

2067. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

On lit la guerre de Hollande au chapitre 10, et il faut attendre le chapitre 29 pour connaître la politique commerciale de Colbert, qui fut une des causes principales de la guerre.

2068. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Point d’intrigue, un minimum d’action : « C’est l’histoire d’un homme qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive, et le tue ».

2069. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Le second effet, c’est la subordination de certains devoirs humains au devoir religieux et supérieur, un penchant à attendre ou même à exiger des autres ce dont on est capable soi-même, à les sacrifier avec soi, fût-ce un peu malgré eux, à l’œuvre de Dieu, qui prime tout.

2070. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Mais, le poète ayant écrit : Et j’ajoute à ma lyre une corde d’airain, il y a un huitième livre, tout de colère et d’indignation, dont voici à peu près le canevas : Rois, je ne suis qu’un passant, mais je vous dis que vous êtes infâmes  Il ne fallait point détruire la Colonne parce que, ce qu’elle glorifiait en réalité, ce n’était point le despotisme, mais la gloire d’un peuple et la Révolution délivrant l’Europe  Je flétris pareillement ceux qui ont tué les otages, et ceux qui ont massacré les soldats de la Commune  Un tout petit roi m’a chassé de Belgique : je ne daigne pas m’en apercevoir  Nous sommes vaincus, mais j’attends la revanche ; la France vaincra, parce qu’elle est Lumière.

2071. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Si l’on excepte les Odelettes qui, comme telle page de prose, semblent annoncer le poète plus subjectif que nous attendons.

2072. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

C’est à Bâle qu’il publia ce livre, sans le signer de son nom, « si peu, dit-il, je me proposois de me mettre en réputation par ce moyen » ; L’Institution chrétienne égala ce qu’on en avait attendu.

2073. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il a vu tous ses côtés faibles ; et comme s’il eût trouvé moins dur d’aller au devant de la critique que de l’attendre, il a fait sa propre confession.

2074. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Cela posé, dois-je m’attendre à ce qu’à l’instant β′, quand la seconde série de mouvements sera terminée, mon premier doigt éprouve une impression tactile attribuable à l’objet B ?

2075. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

En face de ces grands problèmes, les philosophes pensent et attendent ; parmi ceux qui ne sont pas philosophes, les uns nient le problème et prétendent qu’il faut maintenir à tout prix l’état actuel, les autres s’imaginent y satisfaire par des solutions trop simples et trop apparentes.

2076. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Que dire de ceux qui attendent tous les jours la fin du monde et la venue d’un corps humain qui descendra du ciel pour régner ?

2077. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

J’attends de vous une longue lettre qui me rafraîchisse un peu au milieu de ces aridités.

2078. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Leibniz appelait l’inférence du particulier au particulier une consécution empirique : celle par exemple d’un Hollandais qui, en Asie, entre dans une taverne, et s’attend à ce qu’on lui serve de la bière comme en Hollande.

2079. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Quels prodiges ne devons-nous pas attendre encore de cette puissance magique qui mystifie, pétrifie, vivifie, glorifie, sans que rien puisse résister aux effets de son talisman, toujours heureux ou malheureux, selon ses desseins ?

2080. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

  A lui demandé commant il sapelloit A répondu quil senomoit André Chenier natife de Constentinoble âgé de trente et un ans demeurant à Paris rue de Clairy section de Brutus A lui demandé de quelle ané il demeuroit rue de Clairy A lui répondue depuis environ mil sept cent quatre vingt douze au moins A lui demandé quel son ses moyent de subsisté A lui répondu que de puis quatre vingt dix quil vie que de que lui fait son père12 A lui demandé combien que lui faisoit son père A répondu que son père lui endonnoit lorsquil luy endemandoit A lui demandé s’il peut nous dire a combien la somme quil demande à son pere par an se monte A repondu quil ne savoit pas positivement mais environ huit cent livre à mille livre par année A lui demandé sil na auttre chose que la somme quil nous déclare cy-dessus A repondu qu’il na pas d’auttre moyent que ce quil nous a déclarée A lui demande quelle manierre il prend son existance A repondu tenteau chez son père tenteau chez ses amis et tentot chez des resteaurateurs A lui demandé quel sont ses amis ou il va mangé ordinairement A répondu que cetoit chez plusieurs amis dont il ne croit pas nécessaire de dire lenom A lui demandé s’il vien mangé souvent dans la maison ou nous lavons aretté A repondu quil ne croyoit n’avoir jamais mangé dans cette maison ou il est aresté, mais il dit avoir mangé quelque foy avec les mêmes personnes apparis chez eux A lui demandé sil na pas de correpondance avec les ennemis de la République et la vons sommé de nous dire la vérité A repondu au cune A lui demandé sil na pas reçue des lettre danglaitaire depuis son retoure dans la République A repondu quil en a recue une ou deux ducitoyent Barthelemy àlorse ministre plénipotensiêre en Anglaitaire et nen avoir pas reçue dauttre A lui demandé à quelle épocque il a recue les lettre désigniés sy dessus sommé a lui denous les representés A répondue quil ne les avoit pas A lui demandé ce quil en àfait et le motife quil lat engagé à sendeffaire A repondu que ce netoit que des lettre relative à ses interrest particulier, comme pour faire venire ses livres et auttre effest laissé en Anglaitaire et du genre de celle que personne ne conserve A lui demandé quel sorte de genre que personne ne conserve et surtout des lettre portant son interest personnelle13 sommé de nous dire la vérité A répondu il me semble que des lettre qui énonce l’arrivé des effest désigniés cy-dessus lorsque ses effest son reçue ne son plus daucune valeure A lui representé quil nest pas juste dans faire réponse, dautant plus que des lettre personnelle doive se conserver pour la justification de celui qui à En voyé les effet comme pour celui qui les à reçue A repond quil persite à pensé quand des particulier qui ne mettre pas tant dexactitude que des maison de commerce lorsque la reception des fait demandé est accusé toute la correspondance devient inutisle et quil croit que la plus part des particuliers en use insy A lui représenté que nous ne fond pas des demande de commerce sommé à lui de nous répondre sur les motifes de de son arestation qui ne sont pas affaire de commerce14 A repondu quil en ignorest du faite A lui demandé pourquoy il nous cherche des frase et surquoy il nous repond cathegoriquement15 A dit avoir repondue avec toute la simplicité possible et que ses reponse contiene lexatte veritté A lui demandé sil y à longtemps quil conoit les citoyent ou nous l’avons aresté sommé a lui de nous dire depuis quel temps A repondu quil les connaissoit depuis quatre ou cinqt ans A lui demandé comment il les avoit conu A repondu quil croit les avoir connu pour la premiere fois chez la citoyene Trudenne A lui demandé quel rue elle demeuroit alors A repondu sur la place de la Revolution la maison à Cottée A lui demandé comment il connoit la maison à Cottée16 et les-citoyent quil demeuroit alors A repondu quil est leure amie de l’anfance A lui represanté quil nest pas juste dans sa reponse attendue que place de la Revolution il ny a pas de maison qui se nome la maison à Cottée donc il vien de nous déclarés A repondue quil entandoit la maison voisine du citoyent Letems A lui représentes quil nous fait des frase attandue quil nous a repettes deux fois la maison à Cottée A repondue quil a dit la vérité A lui demandée sil est seul dans lappartement quil occuppe dans la rue de Clairy nº quatre vingt dix sept A repondue quil demeuroit avec son père et sa mère et son frère ainée A lui demandée sil na personne pour le service Il y à un domestique commun pour les quatre qui les sere A lui demandée ou il étoit a lepoque du dix aoust mil sept cent quatre vingt douze A répondue a paris malade d’une colique nefretique A lui demandee sy cette colique le tient continuellement et sil elle tenoit le jour du dix aoust quatre vingt douze A répondue quil se rétablissoit a lors d’une attaque et que cette maladie le tiend presque continuellement depuis lage de vingt ans plus ou moins fortes A lui demandés quelles est cette malady et quelle est le chirurgient quil le traitoit alors et sy cest le même qui letraitte en core A repondu le médecin Joffroy latraitté au commancement de cette maladie et depuis ce temps jai suis un régime connue pour ses sorte de meaux A lui demandée quelle difference il fait d’une attaque de meaux ou de maladies.

2081. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

La pensée d’ailleurs est juste, et certes, s’il y avait moyen d’établir la proportion entre le degré de liberté qui peut être accordé par les lois et le degré de vertu qu’indiquent les mœurs, on aurait résolu le problème social ; mais les hommes sont peu bons juges dans cet examen d’eux-mêmes, et Saint-Just, tout le premier, commence par se trouver une très grande dose de vertu ; il se pose dès l’abord en sage : N’attendez de moi, dit-il, ni flatterie, ni satire ; j’ai dit ce que j’ai pensé de bonne foi.

2082. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il s’est enthousiasmé d’un idéal d’art et de littérature : il voit dans cet enthousiasme une vocation, et il attend la révélation soudaine du don qui va le sacrer poète, peintre ou romancier, tout au moins critique d’art, économiste, historien.

2083. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

» — et sans attendre la réponse, la faisait passer du creux de sa main dans son gousset.

2084. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

L’oubli, ombre de l’ombre, les attend.

2085. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

L’épreuve de la maîtrise en friponneries, notamment par l’enlèvement de quelqu’un qui s’y attend.

/ 2261