Quant au sentiment qui ‘anime ce petit chef-d’œuvre de calme et de sérénité dans la tristesse, l’effet produit par la poésie est toujours relatif, mais je ne connais rien, pour mon compte, d’une plus grande puissance.
Si l’égalitarisme semble bien être aujourd’hui le moteur principal de notre civilisation, c’est qu’il en est, d’abord, le produit naturel.
La justice intérieure ne fut connue chez eux que par les raisonnements des philosophes, lesquels ne parurent que deux mille ans après la formation des nations qui les produisirent.
Ils durent tomber dans cette erreur par un conseil exprès de la Providence : chez des peuples barbares, encore incapables de raisonnement, les guerres auraient toujours produit des guerres, s’ils n’eussent jugé que le parti auquel les dieux se montraient contraires, était le parti injuste.
Ce ne fut point le hasard, puisque les mêmes faits se renouvelant produisent régulièrement les mêmes résultats.
C’est le style d’une conversation élégante et polie ; rarement celui d’un récit fait avec la prétention de produire un effet donné. […] Pourtant ici encore la diversité des nations a produit la diversité des poésies ; et puis, quelle différence dans les deux biographies ! […] Mais je n’ai pas besoin d’ajouter qu’il a produit trois chefs-d’œuvre dont un seul suffirait aux plus avides ambitions. […] La querelle était bariolée de blasons inexpliqués ; à ces obscures familles qui s’échauffaient à l’orgueil sans produire leurs titres, il fallait un d’Hozier pour les mettre d’accord. […] La nuance lyrique en particulier ne doit-elle pas se produire avec une avarice réfléchie ?
les tropes qui ne produisent pas les éfets que je viens de remarquer, sont défectueux. […] La mort, la maladie, et les fontaines consacrées aux muses ne sont point pâles ; mais elles produisent la pâleur : ainsi on done à la cause une épitète qui ne convient qu’à l’éfet. […] Sous le regne végétal, les végétaux, c’est-à-dire, ce qui croît, ce qui produit ; come les arbres et les plantes. […] Il est aussi impossible de faire de l’or par un moyen diférent de celui dont la nature se sert pour former l’or, qu’il est impossible de faire un grain de blé d’une manière diférente de celle qu’elle emploie pour produire le blé. […] Il y a eu un tems où les ouvrages d’esprit tiroient leur principal mérite de la peine qu’il y avoit à les produire, et souvent la montagne étoit récompensée de n’enfanter qu’une souris, pourvu qu’elle eut été long-tems en travail.
À présent, quand on parle de justice, ce n’est plus une phrase morte qu’on récite, c’est une conception vivante qu’on produit ; l’homme aperçoit l’objet qu’elle représente, et ressent l’ébranlement qui la soulève ; il ne la reçoit plus, il la fait ; elle est son œuvre et sa maîtresse ; il la crée et la subit. « Ces mots justus et justitia Dei, dit Luther, étaient un tonnerre dans ma conscience. […] Elle produit d’un bloc vingt ou trente idées et autant d’images, épuisant l’objet que l’autre ne fait que désigner et effleurer. […] Qu’on se figure, si on peut, les ravages d’une pareille idée en des esprits solitaires et moroses, tels que cette race et ce climat en produisent. […] Rarement une génération s’est trouvée plus mutilée de toutes les facultés qui produisent la contemplation et l’ornement, plus réduite aux facultés qui nourrissent la discussion et la morale. […] Bunyan eut le genre d’imagination qui les produit.
Veut-il ici qu’on lui fournisse la meilleure justification qu’il pût produire ? […] Le Nabab avait déjà produit cet effet, et les Rois en exil, eux aussi, le produisent. […] Il produit beaucoup, il pense quelquefois, il n’a jamais lu ; cela se voit. […] On peut donc se proposer d’en associer certaines autres en vue de produire des effets d’harmonie. […] Ce qu’elle produit, la capitale l’absorbe, et le lui retourne transformé.
Léon, chef d’orchestre de la Comédie-Française, ajoutait encore à l’effet produit. […] L’effet produit par Athalie était un effet d’étonnement, et rien autre. […] L’effet s’est produit ; il a même été beaucoup plus marqué que je ne croyais. […] C’est qu’il n’aimait pas à produire, marque d’un assez bon esprit, à dix-huit ans. […] Réparons ; passons à la mairie. » Dans le cas contraire… C’est le cas contraire qui s’est produit, comme il était à peu près impossible qu’il se ne se produisît pas.
L’évolution sociale est, je le sais aussi, le produit d’efforts individuels en nombre incalculable. […] Je reconnais le procédé du Théâtre libre, le mot cruel qui n’est ni vraisemblable ni vrai, mais qui doit tirer l’œil et produire un effet. […] Qu’a fait Lesage, dans son Turcaret, sinon marquer les déformations que l’exercice de la finance produit sur un individu ! […] La difficulté est de démontrer que certains traits de mœurs relevés sont bien le produit du milieu professionnel. […] pour ce produit-là nous sommes en retard sur plus d’une nation voisine, il faut avoir le courage de l’avouer.
Voyez ce qu’a produit la bombe Orsini ! […] Après dîner, devant le rideau de peupliers du fond du jardin, au milieu des criailleries de la récréation d’une pension de petits enfants d’à côté, tous trois, à cheval, sur le mur de la terrasse du jardin, nous causons, tout en fumant, de mille choses, du dernier livre de Hugo, duquel Gautier déclare ne pouvoir dire ni bien ni mal, cela lui paraissant n’être pas un produit humain, mais quelque chose de fabriqué par un élément : les œuvres de Polyphème. […] Il est à la représentation du lendemain, aux mauvaises chances qui peuvent survenir, au revirement qui peut se produire. […] Il nous parle de cet ahurissement que produisit sur lui, sortant de son pays, le harnachement, le travestissement, l’habillement presque fantastique de la Parisienne, qui lui apparut comme une femme d’une autre planète.
On ne connaissait pas encore de grands talents ; on les cherchait, on les espérait, on y croyait, par l’habitude de voir la France produire toujours ce dont elle a besoin.
Recueillir la totalité des articles qu’il prodigue en toute occasion, au gré des exigences du journalisme et à chaque événement dramatique ou artistique qui se produit, n’est point son fait à lui : il a d’autres visées, un idéal supérieur.
George Sand, Indiana (1832) On peut parler d’Indiana, quoiqu’il y ait déjà un certain nombre de semaines que le livre ait produit son effet et qu’il ait recueilli presque partout en abondance son contingent d’articles et d’éloges, son nombre d’acheteurs et de lecteurs, en un mot tout ce qui constitue la vogue.
Talent fertile, il n’a songé qu’à produire sous une forme nouvelle un ouvrage de plus.
La rapide succession des événements, les émotions qu’elle faisait naître, causaient une sorte d’ivresse produite par le mouvement, qui hâtait le temps, et ne laissait plus sentir le vide, ni l’inquiétude de l’existence.
On voit aisément dans l’Institution 180 et dans toute la suite de l’œuvre de Calvin, comment cette réforme française qui semble s’opposer à la Renaissance, qui du moins la contient, en sort cependant, et en est le produit.
Vous m’avez invité à entendre votre pièce en qualité de critique ; par là (soyons de bonne foi), vous avez sollicité mon jugement sur elle et m’avez signifié implicitement que vous m’autorisiez à le produire, quel qu’il fût, — à la seule condition qu’il ne portât que sur votre ouvrage et qu’il demeurât purement littéraire.
Tout a servi à Musset pour que la rencontre nécessaire de l’art et de la matière se produisit ; sa précocité, sa candeur, son aptitude, malheureuse d’ailleurs, précieuse ici, à rester enfant.
Si cette forme de l’art s’est uniquement produite en Italie, c’est que les Italiens ont porté plus loin que tout autre peuple le talent du mime et de l’acteur.
De part et d’autre, les mêmes ressorts furent mis en jeu : les rapts, les captivités, les retours imprévus, les travestissements, les méprises produites par deux Ménechmes frère et sœur, les substitutions de personnes, les reconnaissances finales, les breuvages soporifiques, etc., étaient le fond commun dont abusaient à l’envi les auteurs et les acteurs.
Lois qui ont produit cette apparition, laquelle se continue encore dans les recoins de la nature Il faudrait, pour aborder ce côté de la question, posséder à fond la physiologie comparée, et être capable d’avoir un avis sur la question la plus délicate de cette science.
Des utopies de vie bienheureuse, fondées sur la fraternité des hommes et le culte pur du vrai Dieu, préoccupaient les âmes élevées et produisaient de toutes parts des essais hardis, sincères, mais de peu d’avenir.
Est-elle, au contraire, l’accessoire, comme cela se produit dans une comédie de caractère telle que le Misanthrope ou dans un roman d’analyse signé Stendhal ?
Il y a dans Virgile, dans Voltaire, dans Tacite même, telle phrase de sentiment que je préférerais à toute cette chaleur physique ; malgré tout l’effet qu’elle produit sur moi, elle ne fait que m’agiter, et la véritable expression du sentiment laisse dans mon âme une impression douce et délicieuse.
Si la polygamie existe en Orient, nous avons certainement quelque chose de plus mauvais en Amérique et même en Europe, dans les pays où le divorce introduit dans la loi et faisant sa place dans les mœurs, le divorce qui livre la femme au plus offrant et dernier enchérisseur, tout le temps qu’elle est belle, produit nécessairement la polyandrie.
Pour que toujours, à toute époque, les choses se soient passées ainsi, ne faut-il pas qu’il y ait dans cette Chine, dont c’est là l’éternelle histoire, des faits d’un ordre providentiel, mystérieux et terrible, peu aperçus du commun des historiens, mais pourtant comme il s’en rencontre à certaines places dans les annales du genre humain… Pour les peuples, ainsi que pour les hommes, la grâce méprisée — longtemps et obstinément méprisée produit l’endurcissement, l’aveuglement, l’impénitence.
Ici se révèle, mêlée à ses qualités ordinaires, une supériorité de sensibilité et de sérieux qui ne s’était jamais produite, même dans les meilleures inspirations de Monselet, avec cette netteté, et qui nous a causé presque de la joie.
» Et ce qu’il a fait pour Eschyle, il l’a fait pour le monde tout entier de dieux et de héros qui précéda Eschyle et qui le produisit, splendide résultante poétique !
Eugène Talbot, dont le nom rappelle celui d’un héros encore plus crâne que lui, me produit cependant l’effet d’un héros de goût d’avoir fait cela, et, pour mon compte, je lui sais un gré infini d’avoir, en publiant cette édition qui est soignée et très belle, remis les choses en leur place naturelle, — c’est-à-dire Larcher au sépulcre et Saliat hors de son tombeau !
Il est de ces esprits, impuissants et nerveux tout ensemble, pour qui le perfectionnement littéraire consiste à s’effacer jusqu’au néant, à éteindre la chaleur, à diminuer le relief, à soutirer la passion, et pour qui toute page vivement écrite ou âprement pensée produit l’effet de l’écarlate sur le taureau.
, il ne l’ait pas mis en pièces et déchiqueté avec la violence d’un ennemi qui croit faire une justice en faisant un massacre… voilà ce qui constitue véritablement une originalité à Prescott, et ce qui produit presque la stupéfaction chez son lecteur.
Le plus grand mal qu’ait produit la Révolution, ce n’est pas d’avoir fui des révolutionnaires, — elle n’était dans le monde que pour cela !
Il avait fondé, comme médecin, une maison des pauvres, qu’il soignait gratis, espèce de Petit manteau bleu de la science dans un temps qui produisait Vincent de Paul.
Elle n’en a, pour bien dire, produit qu’un seul que Dante eût reconnu pour un des lionceaux de sa race, et c’est ce Capanée de Léopardi.
« L’utopie, nous dit-il, tourne, depuis deux mille ans, dans le même cercle sans rien produire », comme si l’utopie n’était pas essentiellement de la philosophie politique !
Elle n’en a, pour bien dire, produit qu’un seul que Dante eût reconnu pour un des lionceaux de sa race, et c’est ce Capanée de Léopardi !
Quand à cette époque le grand mouvement romantique se produisit, M. de Vigny fut au premier rang du bataillon sacré, mais il ressembla à ces généraux de l’ancien régime qui servaient comme simples soldats dans l’armée de Condé avec leurs épaulettes de généraux.
L’ignominie de la main-d’œuvre actuelle, en matière de livres, n’a d’égale que l’ignominie de la spéculation qui les produit et qui les lance.
Cette idée d’une maison qu’il n’a pas, ce poète de si grande maison, revient sans cesse dans les vers de M. de Châtillon et y produit les plus adorables rêveries.
les inventions que sa fantaisie produit ou dont sa mémoire se souvient ?
Ajoutez les institutions particulières de chaque ville, et celles de la Grèce entière ; ces fêtes, ces jeux funèbres, ces assemblées de toutes les nations, les courses et les combats le long de l’Alphée, ces prix distribués à la force, à l’adresse, aux talents, au génie même ; des rois venant se mêler parmi les combattants, les vainqueurs proclamés par des hérauts, les acclamations des villes sur leur passage, les pères mourants de joie en embrassant leurs fils vainqueurs, et leur patrie à jamais distinguée dans la Grèce, pour avoir produit de tels citoyens.
Aujourd’hui c’est la volonté qui rend le pacte obligatoire, et par cela seul qu’on a voulu contracter, la convention produit une action.
» Le traducteur-éditeur a suffi à cette tâche considérable, et le monument qu’il a mis vingt-cinq ans à préparer et à produire répond pour lui (1839-1862). […] Littré comme médecin, quoiqu’il n’ait cessé de produire dans cette voie : le Dictionnaire, connu dans le monde médical sous le nom courant de Dictionnaire en 30, est rempli de ses excellents articles. […] Ce qui domine en effet à l’Académie et qu’on appelle du nom flottant de goût, ce qui se produit parfois et jaillit à l’improviste dans des conversations d’un hasard et d’un laisser aller aimable, pouvait ne pas être inutile à l’esprit sévère, mais un peu absolu, de M.
Vous penseriez que ces deux arts sortent des conditions propres que la nature leur a assignées, pour produire plus d’effets peut-être ; mais quels effets ! […] Nous comprenons très bien que le musicien, le poète, le décorateur, le chanteur, le danseur, le déclamateur dramatique, le peintre et le statuaire aient eu la pensée de s’associer en un seul groupe d’arts confondus sur la scène, afin de produire sur la multitude un prestige souverain à l’aide de tous ces prestiges réunis. […] Est-ce qu’on n’est pas étouffé quelquefois dans l’amour, dans l’enthousiasme, dans la prière, par l’impossibilité de produire au dehors en paroles l’impression qui vous oppresse ?
Le mensonge, en effet, est un produit social ; la nature est franche. […] Et avec les livres des grands esprits, c’étaient les idées de tout le monde, les lieux communs de l’esprit public qui pouvaient instruire Rousseau ; depuis longtemps, depuis Montaigne même, flottaient dans les esprits, circulaient dans les livres, l’antithèse du civilisé et du sauvage, et le paradoxe qui met du côté de celui-ci la supériorité de raison et de vertu : ces idées ne s’étaient-elles pas produites jusque sur la scène de la Comédie Italienne, avec l’Arlequin sauvage de Delisle, et l’âne de son Timon ? […] Pour le premier, Dieu est une idée, produit du raisonnement philosophique, ou suggestion de l’utilité sociale : pour Rousseau, Dieu est.
Ce soir, après avoir parlé du cerveau, il a parlé du mollet, l’appelant un pur produit de la civilisation, et faisant remarquer qu’il manque au sauvage comme au facteur rural, par cela que la réparation, — nourriture et sommeil, — n’est pas égale chez eux à la déperdition des forces. […] Et il faut travailler, s’isoler la tête, la faire créer, et trouver des idées et des mots artistes dans la souffrance de l’un compliquée de la souffrance de l’autre, et dans l’agacement infernal, produit par la maison que nous habitons. […] Car il voudrait faire de grandes machines, et plus de ces articles « infâmes, ignobles, crie-t-il, sur un ton qui s’indigne contre lui-même, oui, les articles que je suis obligé de faire à la Tribune, au milieu de gens dont il me faut prendre l’opinion idiote… Car il faut bien le dire, ce gouvernement avec son indifférence, son ignorance du talent, de tout ce qui se produit, rejette nos misères aux journaux de l’opposition, les seuls qui nous donnent de quoi manger… Vrai, nous n’avons absolument que cela… » Puis après un silence : « C’est que j’ai tant d’ennemis… Et c’est si dur de faire parler de soi !
Balbeck dans la Syrie Creuse, Apamée sur l’Oronte où Nicanor nourrissait ses éléphants, le port d’Asiongaber où s’arrêtaient les vaisseaux d’Ophir, chargés d’or, Segher, qui produisait l’encens blanc, préféré à celui d’Hadramauth, les deux Syrtes, la montagne d’émeraude Smaragdus, les Nasamones qui pillaient les naufragés, la nation noire Agyzimba, Adribé, ville des crocodiles, Cynopolis, ville des chiens, les surprenantes cités de la Comagène, Claudias et Barsalium, peut-être même Tadamora, la ville de Salomon ; telles étaient les étapes de ce pèlerinage, presque fabuleux, des penseurs. […] Cervantes, comme poëte, a les trois dons souverains : la création, qui produit les types, et qui recouvre de chair et d’os les idées ; l’invention, qui heurte les passions contre les événements, fait étinceler l’homme sur le destin, et produit le drame ; l’imagination, qui, soleil, met le clair-obscur partout, et, donnant le relief, fait vivre.
L’émotion n’est-elle pas produite ici par le Dante en quelques vers plus complétement que par tout un poème ? […] On n’a pas voulu le traduire seulement, on a voulu le comprendre, et cet effort a produit le bel ouvrage de M. […] La hardiesse est d’arrêter chez soi, au passage, ces pensées fugitives ; de percer leur nuage, de saisir au vif les beautés qu’elles recèlent ; de les fixer, enfin, en les enchaînant, en y mettant l’ordre, en les forçant de se produire par les œuvres.
Je veux néanmoins, citer sa préface qui dit mieux que je ne saurais faire, dans quelles conditions cette suite d’impressions se sont produites et ont été enregistrées. […] Jean Ajalbert, tout en n’écrivant qu’un roman, a produit une étude, au contraire de ceux qui croient avoir publié des études et qui ont à peine écrit un roman. […] Il crée parce que c’est sa fonction de Dieu ; mais il est ignorant de ce qu’il fait, stupidement prolifique, inconscient des combinaisons de toutes sortes produites par ses germes éparpillés. […] « Aussitôt, en effet, je vis paraître un troisième soleil, coloré de cet ardent rayonnement dont le contraste avec ses deux compagnons produisait la plus bizarre des illuminations. […] Tout comme les concerts Lamoureux dont l’effet n’a été, jusqu’à présent, que de nuire aux compositions dramatiques au profit de la symphonie, les tendances à l’analyse, les études à la loupe, les efforts de naturalisme n’ont produit aucune œuvre théâtrale.
La cause qui les produit doit être puissante, et cette cause doit résider dans l’homme. […] Car, tel qu’il est lui-même à chaque époque, il est le produit et le résumé de toutes les époques antérieures. […] C’est un feu pur, qui ne peut être produit qu’à l’aide de certains rites et n’est entretenu qu’avec certaines espèces de bois. […] Le mariage était la cérémonie sainte qui devait produire ces grands effets. […] Nous savons que dans ces archives les faits étaient religieusement déposés à mesure qu’ils se produisaient.
La génération nouvelle, celle qui a produit Garcia Guttierez, Tamayo y Baus, Eguilaz, Camprodon, Nuñez de Arce, Sellen et les deux Echegaray est puissante, elle aussi. […] L’ouvrier, en mûrissant, produit des œuvres mieux ourdies ; le musicien, qu’il y a en Daudet, mêle moins de fugues inattendues à ses symphonies ; on se sent marcher vers le dénouement dès cette entrée en matière exquise : le concours aux arènes de Nîm… non, d’Aps-en-Provence. […] C’est une évolution, très facile à distinguer, qui se produit dans la manière de l’écrivain : une modification très nette, non pas des procédés employés jusqu’ici par André Theuriet, mais de l’allure qu’affectait son œuvre. […] Quel effet profond est produit par cette fin horrible, par ce dénouement désenchanteur et d’un scepticisme raffiné, nous n’avons pas besoin de le dire. […] À cette race poétique qui, si elle n’avait pas produit des poètes, avait produit la poésie elle-même, vint se surajouter un jour l’élément saxon.
Sur ce produit de son industrie, il semblait reporter toute la sollicitude qu’il avait ressentie pour ses anciennes inventions. […] Alors il est bien plus redoutable, il produit ! […] la souffrance a du bon, et comme le musc qui ne produit son parfum que sous les coups de bâton, le poète n’est vraiment éloquent que quand il a reçu quelques bons horions de la nature. […] La voix douce et sympathique de Dostoïevsky, sa sensibilité, sa délicatesse de sentiment, ses saillies enjouées, tout cela produisit sur moi Une impression d’apaisement. […] Les faits se produisent, s’enchaînent, se succèdent rapidement, sans intervention d’incidents mélodramatiques.
Je vais décrire une nature d’esprit extraordinaire, choquante pour toutes nos habitudes françaises d’analyse et de logique, toute-puissante, excessive, également souveraine dans le sublime et dans l’ignoble, la plus créatrice qui fut jamais dans la copie exacte du réel minutieux, dans les caprices éblouissants du fantastique, dans les complications profondes des passions surhumaines, poétique, immorale, inspirée, supérieure à la raison par les révélations improvisées de sa folie clairvoyante, si extrême dans la douleur et dans la joie, d’une allure si brusque, d’une verve si tourmentée et si impétueuse que ce grand siècle seul a pu produire un tel enfant. […] Par un instinct extraordinaire, ils se mettent de prime-saut à la place des êtres : hommes, animaux, plantes, fleurs, paysages, quels que soient les objets, animés ou non, ils sentent par contagion les forces et les tendances qui produisent le dehors visible, et leur âme, infiniment multiple, devient par ses métamorphoses incessantes une sorte d’abrégé de l’univers. […] Quand, par hasard, les idées leur manquent, ou quand leur mélancolie est trop âpre, ils parlent et produisent encore, sauf à produire des bouffonneries, ils se font clowns, même à leurs dépens et contre eux-mêmes. […] Chaque phrase prononcée par un de ses personnages nous fait voir, outre l’idée qu’elle renferme et l’émotion qui la dicte, l’ensemble des qualités et le caractère entier qui la produisent, le tempérament, l’attitude physique, le geste, le regard du personnage, tout cela en une seconde, avec une netteté et une force dont personne n’a approché. […] De là ce style tout florissant d’images exubérantes, chargé de métaphores excessives dont la bizarrerie semble de l’incohérence, dont la richesse est de la surabondance, œuvre d’un esprit qui au moindre choc produit trop et bondit trop loin.
Il faut que cette scène produise l’effet le plus terrible. […] Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes.
C/est le total de l’addition tout bonnement et non un chiffre jeté au hasard pour produire un effet de précision. […] Vers la fin, je sentais qu’il m’était difficile de ne pas lui dérober des pensées faites pour se produire d’elles-mêmes et en son nom.
Horace voudrait non des talents d’oisifs, d’amateurs et de gens du monde, mais une éducation pratique, utile, qui menât à une carrière, à une profession, et qui fît des hommes instruits comme il l’entendait, c’est-à-dire armés pour lutter avec toutes les capacités de l’époque : « Les gens qui touchent à tout ne produisent rien de bon. […] Dans une autre lettre de date postérieure, également adressée à Delaroche, c’est le peintre, l’artiste qui reparaît, et avec un sérieux, un bon sens, un commencement de résignation qui montre que les années ont produit leur effet, leur action raisonnable : « 15 avril 1852.
Les revers de la fin de 1813 et la chute du premier Empire produisirent sur Sismondi une impression que plusieurs de ses amis n’avaient pas prévue, et qui était cependant assez naturelle chez un homme en qui le cœur jouait le principal rôle. […] Dès qu’on ne l’a plus sous les yeux avec les maux qu’elle engendre et les abus qu’elle éternise, on revient volontiers à une appréciation plus favorable d’une institution qui a eu sa grandeur historique et qui a produit tant de personnages éminents.
Parce que la société politique ne se compose pas seulement de corps qui produisent, qui consomment, qui vivent et qui meurent ensevelis dans le sillon qui les a nourris ; mais parce que la société morale se compose avant tout d’une âme immortelle dont la destinée immortelle est de rendre gloire à son Créateur en se perfectionnant et en se sanctifiant éternellement devant lui. […] Il n’y a point de souveraineté dans la force, le commandement est tyrannique et l’obéissance est lâcheté ; ce contrat social entre l’iniquité et la servitude, même quand il produit l’ordre apparent, n’est que le désordre suprême.
« Tous les problèmes que les socialistes se proposent peuvent être ramenés à deux problèmes principaux : « Premier problème : « Produire la richesse. […] VI « Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit ; en deux mots, sachez produire la richesse et sachez la répartir, et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale ; et vous serez dignes de vous appeler la France.
Quand nous fûmes assis ; il tira de sa poche un petit rouleau de papier écrit en très-mince caractère et me dit: « J’ai confiance en vous, voici un ouvrage manuscrit de moi qui, dans l’état actuel des affaires, pourrait produire une émotion dangereuse dans le peuple, et renverser peut-être ce misérable gouvernement. […] L’idée ne me venait pas qu’un l’homme qui portait encore l’habit sacerdotal eût pu donner l’autorité de son génie, de ses principes et de son habit à des pages qui ne pouvaient produire que du sang.
Plusieurs causes concoururent à maintenir cette prospérité extraordinaire, que diverses circonstances favorables avaient produite ; mais on s’accorde généralement à l’attribuer en grande partie au génie actif et aux vertus de Laurent de Médicis. […] Il prêchait non des crimes, mais la haine qui produit tous les crimes.
Cet art exista de tout temps, il peut produire et il a produit des œuvres intéressantes.
Le mot étudier est trop faible pour peindre cette ardeur de curiosité avec laquelle il se jeta sur tout ce qui avait été retrouvé de l’antiquité, philosophie, morale, médecine, anatomie, astronomie, marine, guerre, jeux, gymnastique, tout jusqu’à ces raretés de bibliographie qui ont été le produit de quelques cerveaux malades. […] Tant de savoir dans des ordres d’idées si divers, tant de langues mêlées ensemble, tout cet amalgame de l’ancien et du moderne, de la matière et de l’esprit, de l’universel et du particulier, produisit dans cette tête vaste et active une sorte de fermentation d’où naquit cet ouvrage extraordinaire, dans lequel l’érudition est une ivresse, et le génie une débauche d’esprit.
Pour arriver à sa vraie pensée, pour se trouver lui-même, il fallait que le goût vînt lui donner du doute sur ce qu’il avait écrit dans cette première faveur de l’esprit pour ce qu’il vient de produire. […] Après une maladie, ne s’avise-t-il pas d’offrir le produit d’une édition au prêtre qui l’avait assisté, pour être distribué en aumônes aux pauvres ?
Edouard Rod montre « que l’esthétique de Wagner, très consciente et très réfléchie, est la résultante logique de l’esthétique allemande, et qu’elle est liée par tous ses points essentiels avec les principales théories de l’art que l’Allemagne a produites depuis le siècle dernier. » Tout d’abord, il établit ce fait que « en Allemagne, inversément à la marche habituelle, la poétique précède toujours la poésie. […] Presque constamment, dans le cours d’une représentation, à Bayreuth, il se produit chez l’auditeur une sorte de syncope du sens de l’espace.
Tourguéneff soutient, lui, que ça n’est pas… Il prétend que l’amour est un sentiment qui a une couleur toute particulière, et que Zola fera fausse route, s’il ne veut pas admettre cette couleur, cette chose qualitative… Il affirme que l’amour produit chez l’homme, un effet que ne produit aucun autre sentiment… que c’est chez l’être véritablement amoureux, comme si on retranchait sa personne… Il parle d’une pesanteur au cœur qui n’a rien d’humain… Il parle des yeux de la première femme qu’il a aimée comme d’une chose tout à fait immatérielle… et qui n’a rien à faire avec la matérialité.
En même temps une conviction est le principe de la sincérité, de la vérité, qui est l’essentiel même de l’art, le seul moyen de produire l’émotion et d’éveiller la sympathie. […] La profondeur de l’amour, pour Musset, se mesure à la douleur même que l’amour produit et laisse en nous : aimer, c’est souffrir ; mais souffrir, c’est savoir.
Oui, mais plus grand et plus rare est le danger, plus rare aussi et plus charmante est la poésie habile à produire ce danger des esprits éclairés, des âmes impatientes, des imaginations avides de tout savoir. […] Appelez seulement Liszt ou madame Pleyel à poser leurs mains savantes sur ces touches silencieuses, et vous entendrez les douleurs, les lamentations, les délires chantants que peuvent contenir ces quatre morceaux de bois d’ébène. — Vous voyez donc qu’il n’y a pas à se désespérer encore, et que même avec cette chance unique de produire une idée nouvelle, il ne faudrait pas se trop lamenter sur la destinée de ce bel instrument.
La vieillesse produisit en lui des sentimens plus modérés & une vertu plus humaine. […] SI les Hérésies déshonorent pour la plûpart la nature humaine, les différens Ecrivains que l’Eglise a produit ne peuvent que lui faire beaucoup d’honneur.
Il y a un bien grand mot de Spencer, un peu impertinent, mais juste au fond : « Lorsque je verrai une femme, pour défendre son petit, s’élancer, ongles en avant, contre un éléphant, alors je dirai que la femme est aussi courageuse que la poule. » Vous me direz : « Mais vous ajoutez à La Fontaine, qui a peu parlé du dévouement à l’espèce chez les animaux, qui n’a presque pas parlé de leur patience, qui n’a parlé que de leur bonté, de leur solidarité, de leur stoïcisme devant la mort. » Il est vrai, j’en ajoute pour vous montrer ce que La Fontaine a produit, en quelque sorte, ce dont il a été l’initiateur. […] Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte… » Il l’assure, il n’est pas au courant de la science moderne qui a démontré que les animaux sont très susceptibles de progrès.
Quand, au début de sa vie littéraire, Sainte-Beuve, grand poète à la manière moderne, écrivait les Rayons jaunes dans cette inspiration singulière, morbide et profonde, qui produisit les Poésies de Joseph Delorme, aurait-on pu prévoir qu’un jour viendrait où le même homme publierait le livre calme, lumineux et pur, sur Virgile, que nous devons à cette plume infatigablement féconde ? […] Il se démenait pour en produire, comme le prunier ne se démène pas… Il fleurit, lui, le prunier, et puis il bourgeonne… Sainte-Beuve se renseignait et notait, et notait, et notait pour faire son article, comme Trublet compilait, compilait, compilait.
Et même quand le trumeau pécherait par l’art, — l’art chétif, rabougri, ratatiné, Chinois, qu’ils admirent et qu’ils préfèrent, dans l’horreur fade de son joli, aux lignes simples et grandes de la vraie beauté, — il n’en serait que mieux compris et plus goûté peut-être, — le rayonnement probable de toute œuvre d’art ou de littérature étant bien plus souvent en raison de l’abaissement du génie, qui l’a produite, que de sa hauteur. […] Propagateurs des vices dont nous sommes le produit (comme disait un jour un homme éloquent)2, nous n’en avons pas plus de repentir que nos pères, si bien qu’un écrivain, religieux pourtant, comme M.
Dans ce faubourg de Bruchium, où, loin du bruit des deux ports de la cité marchande, s’étendaient les galeries du Muséum, dans ce quartier paisible que surmontait sous un ciel si pur la haute tour de l’Observatoire, entre ces philosophes antiquaires ou mystiques, ces grammairiens, ces critiques occupés de recherches sur toutes les formes de l’imagination et de la poésie grecque, il devait se produire, selon l’esprit du temps, un effort nouveau de la veine poétique et s’ouvrir une mine inexplorée. […] Des peuples nombreux entassent pour lui des moissons grandies sous les eaux du ciel ; mais aucun sol n’en produit autant que la basse terre d’Égypte, quand le Nil débordé vient émietter les glèbes humides.
William d’Alton, né le 1er janvier 1766, volontaire à quinze ans (avril 1781) au régiment d’infanterie de Berwiek, y avait gagné ses premiers grades lorsque la Révolution éclata ; il eut à subir bien des vicissitudes ; il était en 1793 à l’armée du Rhin, commandée par Beauharnais ; il fit la campagne de 1795 dans l’armée de Rhin-et-Moselle, puis passa dans l’armée de l’Ouest, où il devint aide de camp du général Hédouville ; il l’accompagna à Saint-Domingue en 1798 ; il était estimé de Hoche, sous qui il avait servi en Vendée ; mais cette expédition de Saint-Domingue l’avait retardé dans sa carrière ; il eut quelque peine à se voir confirmé dans le grade de chef de brigade (colonel) que le général Hédouville lui avait conféré dans la traversée ; nommé par le premier consul aux fonctions d’adjudant commandant (titre analogue), employé à l’armée d’Italie, il allait enfin pouvoir se produire sur un théâtre en vue, quand la fortune du premier coup le mit en lumière et le frappa.
Mais chez l’auteur de Marie, tout cela est si habilement fondu, si intimement élaboré au sein d’une mélancolie personnelle et d’une originalité indigène, que la critique la plus pénétrante ne saurait démêler qu’une confuse réminiscence dans ce produit vivant d’un art achevé, et que si elle voulait marquer d’un nom ce fruit nouveau, elle serait contrainte d’y rattacher simplement le nom du poëte ; mais nous qui jugeons combien est sincère la modestie qui nous l’a caché81, nous ne prendrons pas sur nous de lui faire violence ; et pour conclure, nous nous bornerons à citer la plus touchante, à notre gré, des élégies que le nom de Marie décore : Partout des cris de mort et d’alarme !
Hugo se garde surtout de l’excès de sa force ; qu’à l’heure de la méditation, il sache attendre à loisir ses propres rêves, les laissant venir à lui et s’y abandonnant plutôt que de s’y précipiter ; qu’à l’heure de produire, il se reparte sans cesse aux impressions naïves qu’il veut rendre, les contemple longuement avant de les retracer, et plus d’une fois s’interrompe en les retraçant pour les contempler encore ; que, n’épuisant pas à chaque trait ses couleurs, il approche par degrés de son idéal, et consente, s’il le faut, à rester au-dessous plutôt que de le dépasser, ce qui est la pire manière de ne pas l’atteindre.
« Car je n’ignore pas, dit-il, quelle est l’influence exercée par la nature du pays et les faits antécédents sur les constitutions politiques, et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits. » Un de ses premiers chapitres porte sur ce qu’il appelle le point de départ, sur l’origine même des divers États américains et l’esprit infusé en eux dès le commencement.
Je m’attache à caractériser les principales différences que ces deux situations politiques doivent produire dans la destinée des femmes qui aspirent à la célébrité littéraire, et je considère ensuite d’une manière générale quel bonheur la gloire peut promettre aux femmes qui veulent y prétendre.
Hobbes répond : Cette convulsion physique que tout le monde connaît, est produite par la vue imprévue de notre supériorité sur autrui.
La réaction aristocratique qui se produit alors ne fait qu’empirer les choses.
L’ignorance d’Arsame et de Pharasmane sera ménagée pour produire le plus d’effets possible.
Conquérir cette chasteté de pouvoir regarder cinquante toiles sans produire cent lignes.
Les époques de calme ne produisent rien d’original.
Les faiblesses de l’esprit humain n’engendrent que faiblesse ; les grandes choses ont toujours de grandes causes dans la nature de l’homme, bien que souvent elles se produisent avec un cortège de petitesses qui pour les esprits superficiels en offusquent la grandeur.
Il voulut descendre chez Zachée, au risque de produire du scandale.
Que l’auteur, après avoir dit qu’il n’avait plus besoin d’étudier son art ailleurs que dans la société, et après avoir produit plusieurs chefs-d’œuvre de cet art ainsi étudié, ait néanmoins eu la fantaisie d’imiter une comédie fort immorale de Plaute, je le veux croire.
Il décompose les ressorts de toutes ces machines immenses, observe celles qui, avec le moins de force, produisent les plus grands mouvemens…… Il franchit les barrieres qui sont entre l'homme & l'infini, &, le compas à la main, mesure les deux extrémités de cette grande chaîne.
— Nous avons terminé l’énoncé des raisonnements qui permettent de déduire de l’analyse d’une œuvre d’art la connaissance précise, scientifique, — c’est-à-dire intégrable dans une série de notions analogues conduisant à fonder des lois — de l’œuvre même, de son auteur, des groupes d’hommes en qui l’œuvre produit une émotion esthétique.
Mais il y auroit moyen de diminuer un peu de ce dégoût qu’excite la lecture des longs poëmes ; ce seroit de substituer aux vers alexandrins les vers décassyllabes, à cause de la variété de leurs hémistiches, produite par la liberté des enjambemens ; ce seroit d’en user au moins comme les Italiens, qui, dans leurs grands vers, ont trois sortes de repos au choix du poëte.
Voyez quel effet de surprise produit ce dernier vers, et avec quelle force, quelle vivacité ce tour peint la fuite et la timidité des moutons.
Elle gardait en soi le génie qui peut produire des œuvres, comme elle gardait chez elle le Très Saint Sacrement, et, qu’on me passe cette expression qui dit bien ma pensée, elle n’en sortait ni l’un ni l’autre, pour leur faire faire des processions.
— dans la donnée des mœurs de ce temps ; car les mœurs de ce temps étaient immondes, et, comme tous les fumiers des civilisations avancées, elles ne produisaient que des empêchements d’agir ou des lâchetés.
L’esprit le plus absolu, mais aussi le plus élevé qu’ait produit l’ancien régime expirant, l’auteur illustre du Pape, des Soirées de Saint-Pétersbourg et du Bacon, ne pouvait être compté parmi ces jaloux contemporains de Napoléon qui ont parlé de lui avec la voix de femme de la jalousie : madame de Staël, Marmont, Chateaubriand !
Impossible, en cette double histoire, de saisir nettement, dans le cours des négociations qu’on y raconte, les fautes, s’il y en eut de commises, et les tours de souplesse, de force ou de génie, s’il s’en produisit.
la suite a trop prouvé que ce n’était là qu’une illusion produite par le début de M.
Pour avoir fait des encyclopédistes, et de toute la cuistrerie philosophique à la suite, les ennemis implacables qui se sont rués sur lui, comme la meute enragée des chiens de Diane sur Actéon, il y a dû avoir sous la plume de Fréron autre chose que ces placides citations faites par M. de Barthélemy… Admettons, si l’on veut, que cet esprit très haut eut le calme des choses très hautes, — des choses placées dans le voisinage du ciel, — admettons que ce sagittaire pour la Vérité contre l’erreur n’étendit jamais de poison sur la pointe de ses flèches, toujours est-il qu’il n’aurait pas produit de ces colères, de ces haines et de ces ressentiments personnels, s’il n’avait pas meurtri davantage les personnalités vaniteuses auxquelles il répondait en sa qualité de critique.
Le sténographe, — ce produit moderne d’un temps mécanique, où l’homme n’est plus que la machinette d’un métier, — le sténographe, qui ne prend la responsabilité de rien de ce qu’il écrit, est tellement développé chez M.
Il ne produit rien.
Puisse cette publication, due aux travaux et aux efforts d’un prêtre, avoir tout le succès qu’elle mérite et faire tout le bien qu’elle peut produire !
ait produit un livre d’un effet si puissamment doux.
… II Quand l’historien est le contemporain de son histoire et qu’il est, de plus, éloigné du théâtre sur lequel elle s’est produite, il n’y a plus que sa parole et ses renseignements particuliers.
C’est l’imagination d’Edgar Poe qu’il fallait pour écrire un livre (qui aurait produit son foudroyant effet) sur les inhumations précipitées.
On se dit : l’œuf du génie n’est pas si gros ; ce n’est que l’atome de la circonstance… Le génie n’est plus une cause en soi, qui produit, comme Dieu, pour obéir aux lois de son être.
Il n’y a pas moyen de dire seulement, par exemple, à un poète païen : « Voyons ce qu’a produit votre paganisme !
Cette transformation s’est produite surtout, je crois, durant ces heures — les plus dures moralement peut-être — que nous avons vécues depuis l’offensive de Champagne, depuis l’écroulement que nous nourrissions des espoirs d’une guerre relativement courte.
La sécheresse absolue de l’atmosphère produit des tons d’une douceur, d’une délicatesse sans pareilles. […] Il ne se produit qu’à de très longs intervalles, comme les éclipses. […] Il va sans dire que ce phénomène se produit dans tous les romans possibles. […] Il produit quelquefois de très grands effets. […] Elle les empêche d’inventer, de créer et comme de produire.
Le sophisme de ceux qui les raillent consiste à les présenter comme autant de recettes pour produire infailliblement des chefs-d’œuvre ; mais aussi c’est un sophisme ; et les règles ne sont rien qui ressemble à l’idée que l’on en donne ainsi. […] Mais, comme cette plaisanterie n’avait pas rendu les règles plus larges ni par conséquent moins gênantes, elle n’avait pas non plus empêché les novateurs de se produire, et l’opinion de les encourager. […] Ce qui est encore plus certain, c’est que la prétention d’imiter les beautés des maîtres n’en a jamais produit que des caricatures. […] Sans avoir, en effet, rien produit, j’entends rien de considérable, rien qui vaille la peine d’être étudié pour soi-même, ils ont exercé, ils exercent encore, sur toute une portion de la jeunesse contemporaine, une réelle influence. […] Mallarmé demeure aujourd’hui le meilleur modèle de ce que peut produire la musique des mots.
Celles qui lui restaient lui adoucissaient le vide qui s’était produit autour d’elle, mais les présences les plus précieuses ne remplacent pas les absences irréparables. […] La dernière fois que je le vis, quelque temps avant son départ pour Rome, je fus frappé du changement qui s’était produit en lui et j’eus le sentiment que je ne le reverrais plus et que je n’entendrais plus le « Gégé est à Paris » qui avait si souvent signalé son arrivée. […] J’ajouterai même que, si lire France a toujours été pour moi un délice, l’entendre « causer » m’a toujours produit une sorte de malaise et aussi un insurmontable ennui. […] Cette révélation produisit quelque émoi et Mirbeau fut obligé de supprimer le passage qui montrait sous un jour fâcheux l’attitude de « L’Etrangère ». […] Cet effet, Méry Laurent le produisait par ses imposantes proportions corporelles, et par sa magnifique carnation de blonde éclatante.
Elle est grave, mais elle est vraie si l’on songe à ce peu de chose qu’est un fait et comment un fait se produit et comment nous sommes entraînés par la chaîne sans fin de l’Action et combien peu nous participons réellement à nos actes les plus décisifs et les mieux motivés. […] On voit des jeunes gens, tout enflés d’une infatuation monstrueuse, avouer la volonté de faire non seulement leur œuvre, mais en même temps l’Œuvre, de produire la fleur unique après quoi l’intelligence épuisée devra s’arrêter d’être féconde et se recueillir dans le lent et obscur travail de la reconstitution des sèves. […] Quoique fort laborieux, il produit peu, et surtout peu à la fois, semblable à ces patients burineurs qui taillent l’acier avec une lenteur géologique. […] Avec une semblable nature il faudrait à une femme, pour se mettre au premier rang des hommes, un génie plus haut que le génie même des hommes les plus surélevés : c’est pourquoi si les œuvres marquantes des hommes sont assez souvent supérieures à l’homme, les œuvres les plus belles des femmes sont toujours inférieures à la valeur de la femme qui les a produites. […] En comptant l’acarus sarcopte qui produit la gale, tu auras deux amis. » 3.
Non seulement les mêmes grosses causes produisent toujours les mêmes effets d’ensemble, mais, sous les causes et les effets visibles, notre science découvre une infinité de changements infinitésimaux qui s’insèrent de plus en plus exactement les uns dans les autres à mesure qu’on pousse l’analyse plus loin : si bien qu’au terme de cette analyse la matière serait, nous semble-t-il, la géométrie même. […] On devine alors que la complication des éléments matériels, et l’ordre mathématique qui les relie entre eux, doivent surgir automatiquement, dès que se produit, au sein du tout, une interruption ou une inversion partielles. […] En vain nous disons que cet ordre se produit automatiquement par l’interruption de l’ordre inverse, qu’il est cette interruption même. […] La loi de conservation de l’énergie ne pourra plus exprimer ici la permanence objective d’une certaine quantité d’une certaine chose, mais plutôt la nécessité pour tout changement qui se produit d’être contre-balancé, quelque part, par un changement de sens contraire. […] L’ordre qui y règne, et qui se manifeste par les lois de la nature, est un ordre qui doit naître de lui-même quand l’ordre inverse est supprimé : une détente du vouloir produirait précisément cette suppression.
Elle est vieille comme le monde et elle a produit, durant son long empire sur les âmes, des désastres lamentables. […] Elles ne laissent pas de produire une vive impression sur l’esprit du jeune lord. […] Et quand on sait ce que l’hydrogène et le carbone ont produit dans ce monde sublunaire, on n’est point tenté d’aller voir ce qu’ils ont fait ailleurs. […] Ce n’est pas la première fois au théâtre qu’une nécessité de ce genre produit une beauté qu’on attribue au libre génie du poète. […] Fais ton charme, produis les mirages ; je viens m’agenouiller devant ton imposture et demander ma place de dupe heureuse.
La chose s’était bien produite, à tout prendre, et, à voir de près les affaires, deux ou trois fois. […] Et, dans le premier système, il faudra terminer le plus tôt possible après le fait produit. […] Il semble produire cet effet, non seulement sur Félix, mais sur Pauline. […] Pour mon compte, je n’ai jamais vu ce phénomène se produire. […] Ces mots n’étaient pas très heureux, et la mauvaise impression qu’ils ont produite plus tard a fait tort à Racine lui-même.
Il refuse, et produit des raisons, des raisons de peu de valeur, et auxquelles pourtant on se rend. […] Ce qui a produit le triomphe à Rome avait produit l’ostracisme à Athènes. […] L’exubérant Diderot produisait à tout le monde un peu le même effet. […] C’est peut-être une idée singulière, mais je ne trouve pas qu’il soit moins honorable de vivre du produit d’un journal comme l’Année littéraire, que de vivre du produit, comme Grimm, d’une correspondance secrète, où l’on déchire, pour l’édification d’une demi-douzaine de grands-ducs d’outre-Rhin, les gens que l’on n’oserait seulement pas critiquer ou contredire en face. […] Car l’action est complète, puisque le peintre vous a mis sous les yeux un vivant témoignage de la diversité des impressions que produisit la parole divine quand elle fut prononcée pour la première fois, et qu’aussi bien elle n’a pas cessé de produire parmi les hommes.
Le plus haut type, parmi ceux qui ont produit leur pensée sur ces matières divines, est assurément Dante, comme le plus édifiant parmi ceux qui ont agi d’après les divines prescriptions est saint Vincent de Paul. […] Au XIXe siècle, nos provinces périphériques prennent dans ce domaine plus d’importance que par le passé, et, au premier rang, la Bretagne qui, après s’être tue depuis les origines de notre littérature moderne, produis coup sur coup, Chateaubriand, Lamennais, Renan. […] Le génie même qui a produit ses monuments énormes et superbes dans Notre-Dame de Paris et les Misérables, de Victor Hugo. […] Je vois à cette expérience de mes jeunes années une signification assez générale, et, sans me donner pour clerc en la matière, j’oserai avancer que les fables du folklore, loin d’offrir un produit d’origine populaire, sont les débris d’une littérature de fiction dont se délectait la haute société européenne aux derniers siècles du Moyen Age. […] Il est vrai qu’il se rattrapait par ce trait : « Il est fâcheux que chez le jeune Saint-Saëns, qui brûle de se produire comme compositeur, la productivité ne s’égale pas à la réceptivité. » C’est de l’allemand, mais de l’allemand qui se laisse comprendre et qui est même plus rosse que les rosses des Walküres.
La révolution d’Amérique a produit la nôtre, et le Nouveau Monde peut aujourd’hui donner quelques leçons à l’ancien qui l’a subjugué. […] dans un monument élevé à la gloire de la philosophie moderne, on ose dire en sa présence qu’elle a détruit toutes les illusions sans établir aucune vérité, et que l’excès du raisonnement n’a produit que l’excès de l’incertitude ! […] C’est que, toutes les fois qu’on voit le rêve de la perfection philosophique s’emparer des esprits, et produire tant de controverses, les empires sont menacés des plus terribles fléaux. […] Mais il me semble que ces discours académiques, dont je reconnais d’ailleurs tout le mérite, ne pouvaient jamais fournir les mêmes ressources à l’orateur et produire d’aussi fortes impressions. […] On pouvait y produire quelques-uns des effets retracés plus haut.
C’est curieux ce qu’a produit, plus tard, cet amalgame de tendances et de goûts différents de l’esprit. […] Tout d’abord Porel me dit : « Oui, en effet, nous faisons 2 200 en moyenne… mais je suis très content, très content. » Il ajoute toutefois, au bout de quelques instants : « Seulement, si dans la semaine de Pâques, la pièce ne remonte pas, il faudra prendre un parti. » Il y a, dans le théâtre, la mauvaise humeur produite par une pièce qui ne fait pas d’argent, et tout me dit que la pièce est destinée à quitter l’affiche, après une trentaine de représentations. […] Et, envoyant promener mon éducation littéraire, je trouve Balzac, plus homme de génie que Shakespeare, et je déclare que son baron Hulot produit sur mon imagination, un effet plus intense que le Scandinave Hamlet. […] Je m’amusais de l’ahurissement de ce monsieur très fort, quand Berthelot affirmait qu’il se vendait cent fois plus d’eaux minérales, que les sources ne pouvaient en débiter, que tout le lait de Paris, était du lait produit par des vaches enfermées et phtisiques, que tout le poisson était conservé avec du salicylate, très bon conservateur des produits alimentaires, mais mortel pour le cerveau et les reins de la population parisienne, que, que… enfin tous les que, dont un Parisien se doute un peu, sans pouvoir les préciser comme un chimiste.
Sur le coup de onze heures, on s’embrasse et on se quitte, et Montégut et Nicolle me font la conduite, Nicolle, un garçon du plus grand talent, mais incontestablement le plus grand bavard scientifique, que je connaisse, me parlant dans le roulement de la voiture, sans relâche et sans miséricorde, de l’adaptation de l’œil de l’aigle et de l’œil du sauvage pour la vision des grands espaces, et de la myopie produite par la civilisation, me parlant des microbes du tétanos qu’on trouve en quantité dans la terre des Hébrides, où les sauvages n’ont qu’à enfoncer leurs flèches pour qu’elles soient empoisonnées, me parlant de je ne sais quoi encore, quand la voiture s’est arrêtée devant ma porte. […] Et pendant ce travail de compression et d’étouffement, une vie de flamme est venue aux yeux du serpent, le terne de sa peau a disparu sous un vernissage comme produit par une petite suée, qui fait les squames de son dos pareilles à de l’écaille blonde, semée çà et là, de ronds noirs semblables à des armoiries de shoguns japonais, tandis que les squames jaunâtres du ventre se nuancent du beau jaune impérial d’un émail chinois. […] Tout en me montrant la malle de voyage de je ne sais quel antique shogun, contenant les armoiries des grands feudataires du Japon, et le nombre de sacs de riz que produit chacune de leurs provinces : malle qui était pour lui un mémento pour l’établissement de l’impôt, le fondateur du Musée me conte ceci : Il avait fait venir un bonze de Ceylan, qui du moment qu’il n’a plus porté le vêtement de prêtre, ne s’est plus senti un pratiquant, n’a plus prié, et dans le vide de l’occupation de ses prières, a été pris d’un ennui formidable, si formidable, qu’un jour voyant passer une procession, et étant témoin de la vénération, dont était entouré le porteur du Saint-Sacrement, il avait été repris du désir des pratiques religieuses, du désir de prier, si bien qu’il s’était fait catholique, et s’il vous plaît, un catholique exalté, passant toute sa vie dans les églises, en sorte que M. […] Et Zola de célébrer la clarinette, et de proclamer, que c’est l’instrument qui représente l’amour sensuel, tandis que la flûte représente tout au plus l’amour platonique. « Comme le hautbois représente le paysage ironique », jette un blagueur dans l’esthétique musicale de Zola, qui se met à parler longuement de sa toquade actuelle de faire un livret d’opéra en prose, et de la belle et grande chose que pourrait en ceci produire l’union de la littérature et de l’art musical.
Jamais non plus on n’a dépensé plus de mots pour dire moins de choses, ni entassé plus d’invraisemblances pour produire au total moins d’effets. […] Il l’a tirée de l’obscurité du cloître et du secret des confessionnaux, Il l’a produite au grand jour. […] C’est qu’il ne pouvait rien là où déjà le jansénisme occupait la place ; et que, là même où il paraissait extérieurement établi, comme chez un Arnauld et chez un Nicole, ses conséquences essentielles, étant stérilisées par l’esprit du jansénisme, ne pouvaient y produire leur plein et entier effet. […] Car, pour ceux qui repoussent cette interprétation de l’École des femmes, je serais curieux de savoir comment ils expliquent l’effet qu’elle produisit, et le déchaînement qui s’ensuivit. […] Il en résulte que, s’il y a des écrits qu’on ne puisse pas détacher de leur cause ou de leur occasion, dont le sens et la portée ne dépendent pas moins de la date et des circonstances de leur publication, en dépendent même davantage, que de l’effet qu’ils peuvent produire encore aujourd’hui sur nous, ce sont les siens.
Ce sujet même de la querelle des anciens et des modernes, dès le premier moment où il s’est produit à l’état de question et où il est devenu un fait d’histoire littéraire, veut être exactement circonscrit.
La lettre d’où je tire ces lignes est adressée au pieux fils de Mme Desbordes-Valmore : Vous êtes, lui disait cet ami au cœur reconnaissant, vous êtes, monsieur, le fils d’un ange : la patrie des lettres et de la poésie n’en produit que bien rarement de tels.
La patrie des lettres et de la poésie n’en produit que bien rarement de tels.
La valeur guerrière, cette qualité qui produit toujours un enthousiasme nouveau, cette qualité qui réunit tout ce qui peut frapper l’imagination, enivrer l’âme, la valeur guerrière que vous appelez à l’aide du despotisme, inspire l’amour de la gloire, et l’amour de la gloire devient bientôt le plus terrible ennemi de ce despotisme.
En Franche-Comté799, sur la consultation d’un nommé Rouget, les paysans du marquis de Chaila « se déterminent à ne plus lui rien payer et à se partager le produit des coupes de bois, sans y appeler la maîtrise ».
Ce caractère dramatique, cette exacte combinaison de détails rapportés à un but unique, et placés pour produira leur plus grand effet, ce progrès constant de l’action, cette rigoureuse analyse des passions, l’appropriation merveilleuse des discours et des faits, la rapidité du développement, la précision des effets, c’est par là surtout que les Fables de La Fontaine ont réussi : si ces qualités ne sont pas plus précieuses en elles-mêmes et plus essentielles que l’imagination pittoresque et le sentiment poétique, elles sont du moins plus utiles ; si elles ne font pas l’auteur plus grand, elles contribuent plus à la fortune du livre.
« La raison qu’il disait pourquoi il fallait plutôt rimer des mots éloignés que ceux qui avaient de la convenance, est que l’on trouvait de plus beaux vers en les rapprochant qu’en rimant ceux qui avaient presque une même signification ; et s’étudiait fort à chercher des rimes rares et stériles, sur la créance qu’il avait qu’elles lui faisaient produire quelques nouvelles pensées, outre qu’il disait que cela sentait son grand poète de tenter les rimes difficiles qui n’avaient point été rimées265. » Pour peu qu’on soit familier avec la poésie romantique, on ne peut avoir de doute sur la valeur et la portée de ces idées.
Sans doute il est de son temps ; il admire encore Crébillon ; il déclare, après une représentation de la Suite du Misanthrope, que « d’Eglantine est le plus grand génie qu’ait produit le dix-huitième siècle en littérature » Je comprends d’ailleurs que ce jeune homme de tant d’orgueil et d’énergie place très haut Corneille et même Alfieri : je conçois moins que celui qui doit écrire le livre de l’Amour fasse si peu de cas du théâtre de Racine.
Une action énorme de la figure entière produira le même effet que l’énormité d’une de ses parties.
C’est ainsi qu’il s’explique après avoir dit que Platon n’a point tout-à-fait tort lorsqu’il soutient qu’on ne sçauroit changer la musique dans un païs sans que ce changement produise une altération sensible dans les moeurs des habitans.
Amédée Renée n’est point de ces esprits qu’on fait venir d’Amiens, ou même d’ailleurs, pour être Suisses, mais, si l’on crut que dans la circonstance il aurait la condescendance de l’être un peu, par procédé de légataire ou par souci de l’illusion à produire sur les honnêtes gens qui voulaient avoir leur Sismondi complet, on se trompa du tout au tout, et l’on fut bien vite désabusé.
Les autres l’ont fait avec urbanité et convenance, sympathisant douloureusement, mais sympathisant avec nos idées, ne voulant pas — comme l’a dit un des esprits les plus éloquents de notre âge — être « les propagateurs du vice dont ils sont le produit ».
Eh bien, je vous laisse à penser l’effet que produisit, dans un temps de pareille littérature historique, l’histoire de Carlyle, de ce singulier humouriste anglais qui ne se gênait pas, qui se permettait tout en fait de sans-gêne britannique ; de Carlyle, le hoax anglais incarné, mais incarné dans le vrai, et qui ressemblait, par sa gaieté funèbre, en piochant les tombes de l’Histoire, au fossoyeur de Shakespeare.
. — L’homme est un clavecin, doué de sensibilité et de mémoire… Que ce clavecin animé et sensible soit doué aussi de la faculté de se nourrir et de se reproduire, et il produira de petits clavecins. » Il disait : « Même substance, différemment organisée, la serinette est de bois, l’homme de chair. » Et encore : « Nos organes ne sont que des animaux distincts que la loi de continuité tient dans une identité générale », et il concluait comme s’il l’avait vu : « Quand on a vu la matière inerte passer à l’état sensible, rien ne doit plus étonner !
Pascal, en effet, a été plus retrouvé, plus restauré, plus raconté que jugé de ce jugement définitif et suprême qui donne la raison suffisante d’un homme ; il a produit plus d’étonnement que d’admiration encore, et presque plus de frayeur que d’étonnement.
Oui, tout de même qu’en mer, en plaine ou sur le sommet d’une montagne, une implacable lumière éblouit et finit par produire au regard une monotonie douloureuse, de même ici cette implacable perfection des saints nous fatigue à contempler dans son invariabilité éternelle.
Contrairement à la théorie de Locke et de Condillac, mères de toutes les autres théories sensualistes, il prouva que penser est si peu sentir qu’on peut couper le cerveau par tranches, — et il le coupa, — sans produire aucune douleur, la sensibilité n’existant que dans les nerfs et dans la moelle épinière, et l’intelligence étant le cerveau, où n’est pas la sensibilité.
Dans un pays et dans un temps où, depuis deux siècles, nul grand système n’a eu la force de se produire, et où ce qui reste de mouvement philosophique ne s’exprime plus que par de chétives monographies ou par des histoires de la Philosophie qui sont des signes de mort, car ces histoires sont les cimetières des philosophies et on n’enterre pas les vivants, les grandes polémiques ne peuvent plus exister.
Rien de semblable ne s’est produit.
… Il a tout ce qu’il faut pour produire ce scandale qui est au succès ce que la Renommée est à la Gloire.
Elles n’ont rien de cette chose sans entrailles et sans horizon, de cette Chinoise d’éventail ou de paravent, aux petits détails microscopiques, à la description éternelle d’atomes, même dans la sphère du sentiment, et que nous avons vue se produire parmi nous depuis la mort du grand et idéal Lamartine.
— annonçait, dans ces vers libres ou plutôt lâches, et où la langue s’effilochait comme un tissu usé dans chacun de ses fils, la femme qui, vingt ans plus tard, s’est essayée à se faire un rythme, et qui, en son coin solitaire, a participé, dans la mesure de ses forces de femme, à ce grand mouvement rénovateur du style poétique qui s’est produit avec tant de continuité et de fécondité parmi nous.
Joséphin Soulary fut un des plus acharnés de l’École, puisqu’il se moula en sonnets, tout entier, et qu’il ne permit pas d’autres manières de se produire à son génie.
Il a montré en La Fontaine le génie le plus gaulois, le plus étonnamment gaulois que l’esprit gaulois ait produit dans la langue et la littérature françaises.
C’est la fierté des grandes races tombées et qui meurent comme le Gladiateur antique, sur la poussière de tout, mais dans la splendeur de l’attitude ; c’est le dévouement à la famille féodale dans un cœur simple et religieux demeuré fidèle ; c’est l’amour de l’épouse qui résiste à la puissance maternelle en lui demandant pardon de lui résister ; et, par-dessus toutes ces noblesses, qui s’opposent les unes aux autres et par leur collision produisent le mal de la vie, l’innocence de l’enfance, et son charme, venant à bout du stoïcisme le plus altier.
qu’est-ce que cela fait, pourvu qu’on produise ?)
Il raille l’idéologie quelque part : « Idéologie, étude stérile, travail de la pensée sur elle-même, qui ne saurait produire. […] S’il lui suffisait de ne pas vouloir, un instant, que son sang circule, pour que la circulation s’arrête, comme il lui suffit de vouloir fermer les yeux pour les fermer, une colère enfantine ou un dépit de jeunesse serait assez pour qu’un suicide, acte irrévocable, se produisît. […] Ainsi que dans l’esprit de chacun de nous, l’expression naît de l’idée, mais à son tour donne à l’idée conscience d’elle-même, fait qu’elle vit et peut produire au lieu de rester incertaine et inféconde, de même si une littérature exprimait réellement l’âme d’un peuple, ce ne serait pas trop de dire qu’elle ne serait point autre chose que cette âme même, et le principe de vie qui animerait tout. […] Elle avait, nous l’avons vu, confusément senti que l’art classique français avait produit tous ses fruits, que la littérature française ne se soutenait plus que par une ressource un peu étrangère, les ouvrages de philosophie politique, que, du reste, elle languissait ; elle trouvait en Allemagne un art nouveau, imprévu, brillant d’ailleurs : elle applaudissait. […] C’était sa tournure d’esprit qui était créatrice ; et cela, pour son malheur au moment où il écrivait, pour sa grande gloire auprès de la postérité, en un temps précisément où un renouvellement de l’art, dans une direction toute différente, se produisait ; en un temps où les puissances endormies de l’imagination française, sous l’impulsion souveraine de Chateaubriand, s’ébranlaient et s’élançaient de toutes parts.
Or Athènes indépendante avait produit le plus grand nombre de génies en tout genre qu’on ait jamais vu en si peu de temps et d’espace : elle n’en produisit plus dès qu’elle eut perdu sa liberté politique. […] Pour Lucrèce, le monde est le produit du hasard. […] « … Comme si la gloire de la France n’était pas d’avoir produit avec Montaigne, Pascal, Descartes, Voltaire, une philosophie qui doit être également entendue partout où il y a intelligence et expérience humaines ». […] Déjà notre Académie des sciences a rappelé que les civilisations latine et anglo-saxonne sont celles qui ont produit depuis trois siècles la plupart des grands créateurs dans les sciences mathématiques, physiques et naturelles. […] Le milieu social, comme le milieu physique, est le produit non pas d’un seul déterminisme homogène, mais de divers déterminismes qui s’entrecroisent dans une vaste et mouvante complexité.
Ils opposoient Lully aux meilleurs musiciens d’Italie : ils le mettoient au-dessus de Bassani, de Corelli, de Buononcini, & au niveau de tout ce que l’école de Naples, la plus célèbre & la plus féconde en génies pour la musique, avoit produit d’excellent. […] Le premier montra son tableau représentant des raisins : le second ayant produit le sien, Zeuxis impatient s’écria, Tirez donc ce rideau ; & c’étoit ce rideau même qui faisoit le tableau. […] Leur jalousie produisit toutes leurs querelles. […] Ils produisirent une sainte de leur tiers ordre, Catherine de Sienne, & soutinrent qu’elle avoit été favorisée des stigmates aussi bien que saint François. […] Les mêmes personnes qui ont fait courir le bruit que Clément VIII avoit dressé une bulle contre la doctrine de Molina, veulent aussi que Paul V en art dressé une autre à laquelle il a manqué seulement la promulgation : elles vont jusqu’à produire une copie.
Comme, selon lui, le propre de l’ honnête homme est de n’avoir point de métier ni de profession, il pensait que la cour de France était surtout un théâtre favorable à le produire : « car elle est la plus grande et la plus belle qui nous soit connue, disait-il, et elle se montre souvent si tranquille que les meilleurs ouvriers n’ont rien à faire qu’à se reposer. » Ce parfait loisir constitue véritablement le climat propice : être capable de tout et n’avoir à s’appliquer à rien, c’est la plus belle condition pour le jeu complet des facultés aimables : « Il y a toujours eu de certains fainéants sans métier, mais qui n’étoient pas sans mérite, et qui ne songeoient qu’à bien vivre et qu’à se produire de bon air. » Et ce mot de fainéants n’a rien de défavorable dans l’acception, car « ce sont d’ordinaire, comme il les définit bien délicatement, des esprits doux et des cœurs tendres, des gens fiers et civils, hardis et modestes, qui ne sont ni avares ni ambitieux, qui ne s’empressent pas pour gouverner et pour tenir la première place auprès des rois : ils n’ont guère pour but que d’apporter la joie partout39, et leur plus grand soin ne tend qu’à mériter de l’estime et qu’à se faire aimer. » Voilà les f ainéants du chevalier. […] La dernière lettre que j’ai à produire, et qui est restée jusqu’ici enfouie dans le recueil qu’on ne lit pas, est d’un tout autre caractère que la précédente, et d’un intérêt moral tout particulier ; elle nous rend la conversation d’un des hommes qui causaient le mieux, avec le plus de douceur et d’insinuation, de ce La Rochefoucauld qui n’avait de chagrin que ses Maximes, mais qui, dans le commerce de la vie, savait si bien recouvrir son secret d’une enveloppe flatteuse.
. — La moindre pensée produit des actes aussi grands que jadis la foi la plus fervente. […] « Ce n’est pas une foi neuve, un culte de nouvelle invention, une pensée confuse ; c’est un sentiment né avec nous, indépendant des temps, des lieux, et même des religions ; un sentiment fier, inflexible, un instinct d’une incomparable beauté, qui n’a trouvé que dans les temps modernes un nom digne de lui, mais qui déjà produisait de sublimes grandeurs dans l’antiquité, et la fécondait comme ces beaux fleuves qui, dans leur source et leurs premiers détours, n’ont pas encore d’appellation. […] En d’autres temps il invente de grandes entreprises, des luttes magnifiques et persévérantes, des sacrifices inouïs lentement accomplis et plus beaux par leur patience et leur obscurité que les élans d’un enthousiasme subit, ou d’une violente indignation ; il produit des actes de bienfaisance que l’évangélique charité ne surpassa jamais ; il a des tolérances merveilleuses, de délicates bontés, des indulgences divines et de sublimes pardons.
« En général, cette loi de communauté produira nécessairement des effets tout opposés à ceux que des lois bien faites doivent amener, et précisément par le motif qui inspire à Socrate ses théories sur les femmes et les enfants. […] L’ostracisme y produit à peu près les mêmes résultats, en arrêtant par l’exil la puissance des personnages qu’il frappe. […] Dans les changements qu’elles produisent, elles procèdent de deux manières.
C’est à une question d’amusement, c’est à un résultat de temps tué plus ou moins agréablement pour ses lecteurs, qu’aboutit toute la force — très réelle — employée à produire cette immense quantité de romans qui se succèdent depuis vingt ans14 sous forme de feuilleton dans les journaux. […] Pour nous, donc, le succès d’Eugène Sue dans ses Mystères de Paris, qui produisirent Les Mystères de Londres, paraît être la circonstance qui précipita l’esprit de Paul Féval du haut de sa vocation réelle vers un genre de composition qu’il aurait dédaigné s’il avait été plus mûr et plus mâle ; et peut-être aussi faut-il y ajouter une vieille et tenace admiration d’école pour un autre célèbre roman d’aventures qu’on s’étonne qu’il ait conservée, mais dont il nous a donné tout récemment la preuve en intitulant un de ses derniers ouvrages : Madame Gil Blas. […] Quoi que Féval ait produit, ce n’est pas le nombre des livres, mais leur qualité, qui rapporte à son auteur l’estime ou la gloire.
Un de ces inconvénients, c’est, en écrivant sur les auteurs ou en touchant certaines idées religieuses, sociales, d’être trop tenté de prendre les personnes ou les choses par leur surface embellie, par l’expression convenable et consacrée selon laquelle elles se produisent. […] On pourra trouver encore qu’il s’est complu à élever un péristyle bien svelte et bien gracieux, en tête d’un Dictionnaire qui, par sa nature, est plutôt un produit et un meuble volumineux d’utilité qu’un monument.
George Farcy72 La Révolution de Juillet a mis en lumière peu d’hommes nouveaux, elle a dévoré peu d’hommes anciens ; elle a été si prompte, si spontanée, si confuse, si populaire, elle a été si exclusivement l’œuvre des masses, l’exploit de la jeunesse, qu’elle n’a guère donné aux personnages déjà connus le temps d’y assister et d’y coopérer, sinon vers les dernières heures, et qu’elle ne s’est pas donné à elle-même le temps de produire ses propres personnages. […] Pour exprimer toute notre pensée, ces vers de Farcy nous semblent une haute preuve de talent, comme étant le produit d’une puissante et riche faculté très-fatiguée, et en quelque sorte épuisée avant la production : on y trouve peu d’éclat et de fraîcheur ; son harmonie ne s’exhale pas, son style ne rayonne pas ; mais le sentiment qui l’inspire est profond, continu, élevé ; la faculté philosophique s’y manifeste avec largeur et mouvement.
Le capitaine des chasses, à Fontainebleau, vend à son profit chaque année pour 20 000 francs de lapins. « Dans chaque voyage aux maisons de campagne du roi, les dames d’atour, sur les frais de déplacement, gagnent 80 pour 100 ; on dit que le café au lait avec un pain à chacune de ces dames coûte 2 000 francs par an, et ainsi du reste. » — « Mme de Tallard s’est fait 115 000 livres de rente dans sa place de gouvernante des enfants de France, parce que, à chaque enfant, ses appointements augmentent de 35 000 livres. » Le duc de Penthièvre, en qualité de grand-amiral, perçoit sur tous les navires « qui entrent dans les ports et embouchures de France » un droit d’ancrage, dont le produit annuel est de 91 484 francs. […] Dans l’Artois, où souvent la dîme prélève 7 1/2 et 8 pour 100 du produit de la terre, nombre de curés sont à la portion congrue et sans presbytère ; leur église tombe en ruines et le bénéficier ne donne rien aux pauvres
Plusieurs satires sont produites d’abord chez Mme de Guénégaud et chez le duc de Brancas. […] Et le monde même, maintenant qu’il ne produisait presque plus rien, ne le recherchait plus, et ne le voyait guère.
Par la parole ou par les contours ils ont traduit les énergies de la Nature et celles du corps et de l’âme sous une forme qui les glorifie sans les altérer, où la plénitude et la spontanéité de l’impression produisent la grâce, qui est la marque de ces divins artistes. […] Or, l’union de ces deux sentiments semble devoir être, dans l’art, le produit extrême d’une civilisation très vieille et très savante, comme est la nôtre.
Philologie, étymologie sont devenues des sciences précises, soumises à des préceptes rigoureux, accoutumées à une marche prudente, et s’il se produit d’aventure quelque réminiscence attardée des fantaisies d’antan, elle tombe bien vite sous les éclats de rire. […] Ces retours de la littérature vers la vérité, retours qui se produisent plus ou moins violemment à intervalles périodiques, la sauvent des phrases creuses, des déclamations vagues, des formules vides ou convenues.
Allemand, il produit des œuvres allemandes d’invention, de style et de goût. […] Le numéro de janvier 1885 contient les articles suivants : 1° Richard Wagner : motifs extraits de ses écrits. — Cet article composé de passages pris aux livres de Wagner, expose comme quoi il faut juger toute œuvre en tenant compte du milieu où elle a été produite ; 2° Sur Jacob Grimm, en mémoire du 4 janvier 1785 — Jacob Grimm est le philosophe allemand qui s’est le premier attaché à l’étude de l’esprit germanique ; 3° Etudes sur l’éternité, par Philipp van Hertefeld ; 4° Sur l’architecture théâtrale, par Friedrich Hofmann. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc.
Ils tentèrent recréer des émotions non réelles dans la vie coutumière, impuissantes donc à produire une supérieure vie. […] Elle n’a produit nulle œuvre d’une vie supérieure, jusque le jour où un maître enfin intelligent, Wagner, voulut restituer, par les moyens d’elle comme de toute musique, les émotions très subtiles de son âme.
Assez souvent on peut constater des essais de drame populaire en dehors de nos théâtres ordinaires ; les processions historiques, partout tant appréciées, sont un symptôme ; les mystères d’Oberammergau ont eu un retentissement énorme, c’est là le berceau de notre drame moderne, et on serait bien tenté de le vérifier en retournant à cette source ; le drame religieux que M.Friedrich Schœn fit exécuter par le peuple dans la cathédrale de Worms, tout récemment, à l’occasion du quatrième centenaire de Luther, a produit un effet immense, 2° J. van Santen Kolfk : Considérations historiques et esthétiques sur le motif de Réminiscence. […] Bruxelles cherchait à devenir une capitale culturelle européenne et produisit de nombreux opéras tant français qu’allemands.
Il s’adresse de même fréquemment à ce fonds commun d’idées humaines qui a produit à la fois les proverbes, les lieux communs et certaines indestructibles niaiseries. […] Que l’on suppose jointe à la faculté verbale qui l’a produite, les facultés analytiques et réalistes d’un Balzac, la grâce d’un Heine, ce serait Shakespeare ; que l’on joigne encore à cette intelligence reine, la pensée encyclopédique d’un Goethe, l’on aurait un poète transcendant, qui porterait en sa large cervelle toutes les choses et tous les mots.
Les Encyclopédistes sont une secte de soi-disant philosophes, formée de nos jours ; ils se croient supérieurs à tout ce que l’antiquité a produit en ce genre. […] » Cette faveur, accordée avec discernement, est ce qui produit de l’émulation et qui échauffe les grands génies ; c’est beaucoup de faire des fondations, c’est quelque chose de les soutenir : mais s’en tenir à ces établissements, c’est souvent préparer les mêmes asiles pour l’homme inutile et pour le grand homme ; c’est recevoir dans la même ruche l’abeille et le frelon.
Maintenant parlons de vos ouvrages et de l’effet qu’ils ont produit sur le public. […] Comme vous, j’avais fait un ouvrage qui avait alarmé le gouvernement sur l’effet politique qu’il pouvait produire.
Ce sera même une succession d’événements, car ces rapports annuels de 1846 à 1856, « que les conseils bienveillants de quelques amis des lettres ont engagé l’auteur à réimprimer », comme il nous le dit dans sa préface, ont tous plus ou moins produit leur effet à leur date quand ils furent lus en séance publique d’Académie, — ce genre de solennité dont nous sommes friands encore par un reste de nos anciennes mœurs. […] Nous l’avons déjà dit, mais nous le répétons : Villemain a peu écrit relativement aux années et au loisir d’un homme heureux qui ne fut que littérateur, et qui tira de sa littérature jusqu’à ses fonctions politiques ; et cependant, malgré leur petit nombre, les quelques volumes de critique et d’histoire qu’il a publiés ne justifieront point, par leur valeur, le temps qu’il lui a fallu pour les produire.
L’empereur Nicolas y répondit par une lettre qui touche de trop près à l’histoire pour que nous n’usions pas de la permission qui nous est donnée de la produire ici : Je vous remercie bien sincèrement, ma chère nièce, des nobles sentiments que m’exprime votre lettre.
C’était dans son sein qu’il avait préludé, qu’il s’était produit, et il pouvait sembler y être éclos.
Mais ce que nous venons de mettre sur le compte de la fatalité ou de la force aveugle des choses commençait à se produire.
Gringoire nous représente à merveille cette somme ironique et railleuse, produit de l’expérience acquise.
Même avant la publication des Mémoires sur les Grands-Jours, il suffisait d’avoir lu le délicieux et complaisant portrait pour bien saisir dans son vrai jour cet Atticus de l’épiscopat français sous Louis XIV, élégant, disert, d’un silence encore plus ingénieux parfois que ses discours, qui n’est ni pour les jésuites, ni pour les jansénistes, ni contre ; qui n’est ni une créature de la Cour, ni trop dissipé au monde, ni voué à la pénitence ; honnête homme avant tout, excellent chrétien pourtant, tolérant prélat, résidant et exemplaire, charitable aux protestants persécutés, modérant sur leur tête les rigueurs de Bâville, et trouvant encore des intervalles de loisir pour les divertissements floraux de son Académie de Nîmes ; doux produit du Comtat, chez qui tout est d’accord, même son nom (il s’appelait Esprit Fléchier) ; un Balzac en style, mais un Balzac châtié, mesuré et spirituel, un Godeau plus jeune, mais avec une galanterie plus décente, une tête plus saine et sans engagement de parti ; une sorte de Fontenelle non égoïste et encore chrétien ; enfin un bel-esprit tout à fait sage, aimable et sensible, déjà un peu rêveur.
Et puis les vers, une fois faits, tendent d’eux-mêmes à se produire ; ce sont des oiseaux longtemps couvés qui prennent des ailes et qui s’envoleront par le monde un matin.
Ce n’est pas un rêve que de croire qu’il serait utile de voir se produire quelquefois de beaux essais de ce que j’appelle une littérature d’État, c’est-à-dire d’une littérature affectionnée, qui ne soit pas servile, mais qui ose relever les vrais principes, honorer les hommes par leur côté principal et solide, rappeler derrière les jeux brillants et souvent trompeurs de la scène les mérites de ceux qui, à toutes les époques, ont servi le monde en le rendant habitable d’abord, en le conservant ensuite, en le replaçant, quand il veut se dissoudre, en des cadres fixes, et en luttant contre les immenses difficultés cachées.
La tyrannie d’un seul ne produirait pas aussi sûrement un tel effet.
Le xixe siècle littéraire est actuellement fini : il est très vraisemblable que les œuvres considérables de la fin du siècle, s’il s’en produit, seront le commencement d’une nouvelle période de notre littérature.
Mais les sentiments et idées qu’elle produisait n’étaient pas une atmosphère où pussent vivre constamment des gens tels que nos Français, pourvus d’instincts très positifs, chez qui rien ne parvenait à oblitérer tout à fait le sens commun et la fine intuition îles réalités.
Quelques tentatives s’étaient produites pour élargir la pensée, ou renouveler la littérature : mystiques, hérétiques, philosophes et curieux de toute sorte avaient, avec plus ou moins de succès individuel, essayé de rompre le réseau du dogme.
Et cela s’appelle Sonnets païens, et c’est assurément une des plus belles « séries » qu’ait produites le « Parnasse contemporain ».
Telle a été mon impression dès l’abord, et elle m’est demeurée, bien que le livre ait produit sur d’autres une impression toute contraire.
Trois ou quatre imitations françaises s’étaient produites dans l’intervalle et n’avaient pas été certainement sans modifier le canevas italien.
Pour les romantiques anglais, ils valent dans le genre moins que les nôtres, avec l’aggravation d’avoir déplorablement trop produit.
Une culture générale très raffinée produit un affinement des sensibilités individuelles.
Mais en les envisageant sous un biais nouveau, Maxwell a reconnu que les équations deviennent plus symétriques quand on y ajoute un terme, et d’autre part ce terme était trop petit pour produire des effets appréciables avec les méthodes anciennes.
De nouveaux textes, prétendant représenter la vraie loi de Moïse, tels que le Deutéronome, se produisirent et inaugurèrent en réalité un esprit fort différent de celui des vieux nomades.
Le lac de Tibériade est un des bassins d’eau les plus poissonneux du monde 418 ; des pêcheries très fructueuses s’étaient établies, surtout à Bethsaïde, à Capharnahum, et avaient produit une certaine aisance.
Moyennant quelque pièce inédite qu’on produirait, on se croirait exempté d’avoir du goût.
Là arrivent, tous les soirs, — car la bière vient du Grand Balcon, et la femme a le don capiteux de produire autour d’elle une certaine excitation de l’esprit et de mettre les imaginations en verve, — là arrivent le peintre Hafner, le plus bredouilleur des Alsaciens ; Valentin, le dessinateur de L’Illustration ; Deshayes, le petit maître aux tonalités grises, et le blond coloriste Voillemot, avec sa tignasse d’Apollon roussi, et Galetti, et le tout jeune Servin, et d’autres, et d’autres, et c’est toute la soirée un tapage et une débauche de paroles, que de temps en temps, solennellement, le maître de la maison réprime par un « Où te crois-tu !
Avec deux signes (un peu retors, il est vrai), avec, par exemple, le mot chum (cloche) et un déterminatif, les Chinois disent : « Son que produit une cloche dans le temps de la gelée blanche » ; avec trois signes ils disent : « Son d’une cloche qui se fait entendre à travers une forêt de bambous16. » Voilà sans doute l’idéal de tous ceux qui ignorent que, grâce à ce délicieux système, il faut une quarantaine d’années pour s’assimiler les « finesses » de ce langage immense mais immobile .
Les Burgraves ne sont point, comme l’ont cru quelques esprits, excellents d’ailleurs, un ouvrage de pure fantaisie, le produit d’un élan capricieux de l’imagination.
Kœnig de produire l’original de la lettre de Léibnitz ; & l’original ne se trouvant plus, il fit rendre, par les mêmes membres, un jugement, qui déclare M.
Il croit pouvoir affirmer que c’est là surtout le caractère du génie en France, et c’est la raison pour laquelle il préfère notre littérature à celle de tous les autres pays, même à la littérature grecque, « qui a fait trop de part à la vaine curiosité et aux spéculations oiseuses », c’est-à-dire qui a produit Platon et Aristote, et qui a eu le tort « d’être plus favorable à la liberté qu’à la discipline ».
Ce problème se produit d’une manière différente suivant la nature des doctrines ; mais il existe dans toutes sous une forme ou sous une autre.
Mais on applique, dit-on, les découvertes des sciences aux arts mécaniques ; ces grandes découvertes ne produisent presque jamais l’effet qu’on en attend.
Le temps où parut Le Misanthrope était, à coup sûr, celui de la politesse et de l’élégance ; la cour où l’on s’exprimait avec cette pureté de langage était l’asile de l’esprit et des grâces ; le pays qui produisait de pareils chefs-d’œuvre était parvenu à un haut degré de gloire et de civilisation.
n’est-il pas vrai que l’on trouverait toute une série de faits découlant du principe inconnu qui a produit ce mot ?
… Toutes auprès d’elles paraîtraient si inférieures et si minces, que c’est là peut-être la meilleure raison à donner de l’effet qu’elle produit d’être un homme, quand elle ne l’est pas !
Elle me produit l’effet d’une fille de trente-cinq ans, plus mûre que savoureuse.
Tous, sans exception, lorsqu’ils parurent, se recommandèrent par un genre de mérite qui n’a jamais faibli en le général Daumas, et qui produisit d’autant plus de sensation qu’on était loin de s’y attendre.
Le vrai et secret motif de ce livre, c’est de constater que le plus beau mouvement de l’esprit humain qui s’est produit en Angleterre (le plus beau, j’en conviens, mais je l’explique autrement !)
Panthéiste poétique, qui n’est ni un philosophe ni un historien et qui croit naïvement faire de la philosophie et de l’histoire, Emerson a couvert de l’éclat d’un talent qui produit l’effet d’un flot pailleté de lumière succédant éternellement à un autre flot pailleté de lumière, un système misérable qui doit plaire aux esprits abaissés d’une génération qui hait toute distinction comme une aristocratie, et aux esprits niais qui ne peuvent se tenir de tendresse et fluent dans la philanthropie.
La sécheresse, d’ailleurs, qui s’accuse dans la médaille gravée et mise à la tête du livre de Vian, n’est pas un dessèchement produit par la vieillesse.
La force parvenant à produire l’harmonie et les effets de la beauté, tel est le caractère de la Grèce antique dans les individus et dans les peuples.
Ce besoin, du reste, qui n’est — si l’on veut y réfléchir — que de l’individualisme encore ; ce besoin qui a produit tant de métaphysique vaporeuse, de synthèses, de formules, et qui, surexcité jusqu’à la rage par la vanité de chacun, ne nous a saisis tous que parce qu’il ne sied qu’à quelques-uns, c’est-à-dire aux maîtres, aux grands esprits, à ceux-là enfin qui se donnent seulement la peine de naître, pourrait faire croire à nos descendants que nous avons perdu le bon sens proverbial de nos pères, n’étaient quelques livres d’histoire fermes, nets, circonscrits, et dans lesquels il sera possible de le retrouver.
Aujourd’hui, s’il faut s’en rapporter à ce voyageur, qui traite familièrement les poètes de détraqués, il n’est plus rien de tout cela, ou, si cette terre du Progrès, de la Raison positive et de l’Argent, s’oublie encore à produire de ces choses misérables et charmantes, si elle a encore de ces distractions, tout fait espérer que sous peu le progrès l’emportera, et qu’elle marchera à l’accomplissement de la seule mission qu’il y ait pour l’humanité sur la terre : « Faire des écus et les employer à en faire d’autres, pour que la femme, cette lorette du concubinage légalisé, les dépense !
La légende de la Papesse Jeanne, qui avait dû régner, au mépris de la chronologie, deux ans et quelques mois, entre Léon IV (mort le 17 juillet 855) et Benoît III (élu dès juillet de la même année), cette légende du ixe siècle qui a dupé l’imagination naïve du Moyen Âge, malgré son invraisemblance, et peut-être même en raison de son invraisemblance, était, comme une foule de légendes, tombée en désuétude et en oubli, de même qu’un champignon qui n’est pas vénéneux tombe silencieusement en poussière sur le fumier qui l’a produit, quand, de cette poussière ramassée, la Haine, un jour, voulut faire un poison, qu’on se mit alors à sévèrement analyser… On sait la date de ce jour-là.
Le nombre des volumes qu’un homme publie, les matières qu’ils renferment, les lectures qu’ils supposent, tout cela produit dans les têtes innocentes un effet qui commence le succès et qui l’a commencé pour M.
Nonobstant, on ne saurait trop le répéter, est-ce que cette justice qui ne défaille jamais, qui frappe toujours où il faut frapper, mais dans une mesure de sévérité et de clémence qui fait de la coutume de l’Église la plus sublime des législations, peut avoir produit la tolérance dont l’auteur des Luttes religieuses est épris ?
Il n’est que le produit du temps ; il est sorti de son fumier… Il est vrai que quand Louis XV, sous la pression universelle, fut allé du premier bond à l’inceste et passa successivement par les bras prostitués des quatre sœurs, cette France, livrée de toute éternité à ce que nous appelons à présent en politique : le centre gauche, c’est-à-dire à la modération bourgeoise dans le mal, trouva trop de Gabrielles comme cela à la clef et se prit à crier contre un sardanapalisme si effroyablement exaspéré, non par vertu, mais par inconséquence de tête changeante et frivole, et pour que l’Histoire eût deux fois à la mépriser.
« Tant qu’il y aura l’héritage », dit tristement un juge de paix saint-simonien, dans sa pièce, « il y aura des scandales pareils à ceux qui se produisent entre les héritiers du comte de La Rochetravers le jour de l’ouverture du testament ».
Il est très fier et très heureux de n’être que par Victor Hugo, — non par son bon plaisir, mais par la force créatrice de son génie qui l’a produit, lui, Vacquerie, comme un volume de plus de ses œuvres complètes.
Il faut voir, au contraire, dans la Correspondance, le peu d’effet que produisit sur lui la note trouvée dans les papiers de Léon XII, qui le désignait pour la plus prochaine promotion au cardinalat.
Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’Histoire, mais l’historiette à la place de tout, qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante, la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, — n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du xixe siècle, l’arpenteur du globe qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço avec un album dans sa poche !
voilà qui produit un rude effet sur l’ignorant et qui l’agenouille, tandis qu’au contraire la facilité de comprendre le système, très peu compliqué de M.
Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’histoire, mais l’historiette à la place de tout, — qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante ; la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du dix-neuvième siècle, l’arpenteur du globe, qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur, qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse, assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço, avec un album dans sa poche !
Très au courant du mouvement d’idées qui s’est produit du côté du Rhin et modifié par ces idées, c’est par l’Allemagne et sur les pas de l’Allemagne qu’il est entré dans l’étude du Moyen Âge et de la Scolastique.
Lorsqu’on lit ce titre de Sophistes contemporains, on croit qu’on va nager en pleine mer de sophismes, et on ne nage qu’entre deux rives : — la Grèce, la vieille Grèce et l’Angleterre, — et encore l’Angleterre réduite à ces derniers temps et à ces deux sophistes qui ont récemment abaissé dans leur personne le mâle esprit anglais, lequel faisait mieux, en sophistes, quand il produisait Locke et cette grande canaille philosophique de Bacon !
En regard et en contraste, d’un autre côté, je pourrais citer, avant tout, pour prouver ce que j’ose appeler le catholicisme inné des facultés de Dargaud, cette sereine figure du curé et celle plus divine encore de la vieille tante Berthe, deux anges captifs dans des corps de vieillards, deux adorables têtes de saints comme le catholicisme seul en peut produire et le sentiment deviné du catholicisme en peut seul exprimer !
Une négation n’est jamais féconde, mais la négation de l’Affirmation infinie, la négation de Dieu, source de toutes les fécondités, ne peut pas engendrer longtemps… Madame Ackermann, malgré la force prolifique de ses facultés de poète, n’a pas produit en proportion avec la force de ses facultés.
Lamartine sema autour de lui des adorateurs, qui chantèrent, à leur tour, sur ce mode nouveau qu’il avait inventé ; car c’est le destin des grands poètes de produire des imitateurs qui vengent la médiocrité humaine de la supériorité du génie, et l’empêchent d’avoir trop d’orgueil en le forçant de se regarder dans le miroir diminuant de leurs œuvres.
… Mais, pour un livre qui a déjà produit son effet, qui n’a plus sa fleur, qui est tombé peut-être sous le coup de cette indifférence du public dont furent frappés pendant longtemps un si grand nombre de chefs-d’œuvre, pour un pareil livre à reprendre et à relancer, le libraire n’a plus que son appréciation, son sentiment de la valeur de l’ouvrage, sa propre perspicacité.
Le monde moderne, si corrompu soit-il, ne saurait produire de ces simplicités monstrueuses… Il a vécu dix-huit cents ans par l’âme sous l’influence du Christianisme, et c’est assez pour que, même chez les courtisanes sans aucun mélange, d’impératrice ou de grande dame, les Messalines soient impossibles.
Mettre du citron dans sa limonade, mais pas trop, couper d’eau fraîche un vin trop fort, et cependant n’en pas abolir toute la force, opération de dosage et de mixture, alchimie littéraire dont le résultat produit immanquablement sur tant de volumes, vendus par le libraire, tant de petits sous à l’auteur.
, plus turbulente que celle de La Bruyère, — le seul coloriste et le seul pittoresque pourtant, dans le sens moderne, que le xviie siècle ait produit, car Fénelon n’est qu’une bergerie et Bossuet ce n’est pas un reflet, mais un embrasement de la Bible et des Pères, — vous n’en trouverez pas d’autres le long de cette galerie de trente-six dévotes, dont les noms choisis : Pétronille, Scholastique, Dosithée, Gorgonie, Hilarione, etc., rappellent les noms, admirablement appropriés à ses types, du grand moraliste du xviie siècle : Gnaton, Cléophile, Acis, Ménalque, Onuphre, etc., etc., noms que le génie a touchés de son phosphore et qui sont à l’état de choses inextinguibles dans nos esprits !
D’ailleurs la douceur et la mollesse du climat avait produit un genre d’éloquence amolli comme les habitants.
Il est parfaitement vrai qu’il n’y a rien de plus comique que ce qui se produit lorsque le personnage est comique à ses propres yeux, soit dans la réalité, soit dans la comédie. […] Essayer d’analyser ce drame ou l’impression qu’il produit sur l’âme, c’est une véritable impertinence. […] Le même fait exactement s’est produit cette année pour les Ames ennemies de M. […] Quand éclata la Révolution de 1830, il était à la campagne, ce qui est assez naturel, puisque cette anecdote se produisit en juillet. […] C’est dans cet article qu’on voit l’impression aiguë que Mme Dorval a dû produire sur ses contemporains.
Il a tout produit, mais sans esprit, sans morale, sans intelligence. […] La religion n’en produisait plus ; la science en enfanta. […] Tel romancier produit des hystériques, tel autre des coquettes, un troisième des joueurs ou des assassins. […] Il produit deux effets : il fait peur et donne à réfléchir. […] Un miroir concave en produirait une troisième fort différente et toute aussi parfaite.
C’est sans doute parce qu’il ne produisit rien jusqu’à trente ans que Lamartine put improviser avec magnificence jusqu’à quatre-vingts. […] Il la domine et la simplifie, de manière à produire, à l’ordinaire, une impression de grandeur, de sérénité et d’allègement spirituel. […] Assurément un psychologue, comme Edgard Poë, aurait pu produire des combinaisons de souffrance morale et physique plus compliquées et plus profondes. […] Les formes seulement où son dessein se joue, Éternel mouvement de la céleste roue, Changent incessamment selon la sainte loi : Mais Dieu, qui produit tout, rappelle tout à soi. […] Où Jéhovah s’admire et se diversifie Dans l’œuvre qu’il produit et qu’il s’identifie.
Il se débat contre les obstacles, il veut se produire et l’on aurait tort de ne pas compter avec lui. […] Les troupeaux qui les entourent ne sont pas seulement près d’eux pour produire un effet décoratif. […] Nul n’a poussé la minutie plus loin que lui quand il énumère des costumes, quand il produit en long ordre des « montres » et des cortèges. […] C’est pour ces raisons diverses qu’il n’y a pas lieu de trop s’étonner s’il arrive que le Moyen-Âge produise avec complaisance des figures vulgaires, contrefaites et même repoussantes. […] C’est trop restreindre le nombre des causes qui contribuèrent à produire ce grand mouvement, que de lui donner exclusivement les noms de Réforme et de Renaissance.
Le sanscrit, l’arabe, le grec, même le grec moderne et vulgaire, l’allemand, les langues romanes, l’italien comme s’il était de Florence, que n’apprit-il pas durant les vingt premières années du siècle qu’il passa sans presque rien produire et accumulant sans cesse ? […] Le résultat littéraire de ses nouvelles études se produisit d’abord agréablement dans des articles du Globe : le dépouillement exact de sa contribution à ce journal n’a jamais été fait ni par d’autres ni par lui-même. […] Je vois maintenant ces pièces d’un tout autre œil qu’au temps où je les ai écrites, et il est pour moi bien intéressant de constater l’effet qu’elles produisent sur une nation étrangère et dans une époque dont les idées sont tout autres. […] Avec quelle justesse n’a-t-il pas remarqué que, dans les dix premières années de ma vie de ministre et d’homme de cour à Weimar, je n’avais, autant dire, rien fait ; que c’est le désespoir qui m’a poussé en Italie ; que là, pris d’un nouveau désir de produire, je saisis l’histoire du Tasse pour me délivrer, en prenant comme sujet tous les souvenirs et toutes les impressions de la vie de Weimar, qui me fatiguaient encore de leur poids accablant !
En faisant la part de ce qui pourrait être concessions et en y cherchant les seules convictions, celles-ci apparaissent assez à nu : on y saisit au vif ce que Daunou est bien radicalement, à savoir, le disciple de Sieyès et de Condorcet, le secta- séctateur et l’organe des méthodes dernières qu’avait produites le xviiie siècle, et dont ce siècle, soi-disant sans foi, était finalement idolâtre, pour ne pas dire esclave. […] Le livre qu’on examine, et dont le titre figure en tête de l’article, n’est le plus souvent aujourd’hui que le prétexte pour parler en son propre nom et produire ses vues personnelles. […] Sa vieillesse vigoureuse sembla reverdir encore ou plutôt revenir à une maturité plus adoucie pour produire des éloges académiques, modèles de précision toujours, mais aussi de grâce et d’une bienveillance que les préventions venaient de moins en moins circonscrire et assiéger. […] Mais non : des circonstances et des devoirs l’ont forcé, à son corps défendant, de les produire ; désormais son Cours d’Études historiques, arraché à l’oubli, le dira.
« Les auteurs nationaux, a-t-il dit, produisent des fresques qu’il est impossible de transporter dans d’autres pays, si ce n’est avec le mur lui-même374. » Hegel mérite une mention à part. […] Il n’y a ni beautés, ni défauts dans l’ordre littéraire ; car, sans les défauts les beautés ne seraient pas ; défauts et beautés, c’est la même faculté qui produit tout389. […] S’il est aisé d’apercevoir dans une grande littérature l’empreinte du siècle et de la race qui l’ont produite ; s’il est aisé d’entendre la guerre civile s’entrechoquer dans les vers heurtés de Dante, et de contempler dans la douce figure de Béatrix la personnification, de toutes les choses rêvées par cette époque ardente, et mystique de poètes théologiens ; s’il est aisé de suivre dans le théâtre de Voltaire les préoccupations philosophiques du dix-huitième siècle, et de voir dans le Faust de Goethe l’expression du génie métaphysique et profond de l’Allemagne ; croit-on qu’il soit beaucoup plus difficile de découvrir la cause naturelle d’où procèdent les prodiges apparents, les études calmes d’un Bernardin de Saint-Pierre en 1789, les tragédies attiques d’un Goethe à Weimar ? […] Il ose se permettre des propos sensés, mais il a soin de les faire excuser par la grâce parfaite de ses manières, de son ton ; il produit la raison, mais il la voile avec autant de scrupule que la pudeur en a pour exprimer une idée libre.
Dujardin, et qu’il l’eut intégralement exécuté (chose que je tiens pour impossible), pensez-vous que son œuvre produirait l’impression de vie qu’il en attend ? […] Paul Bourget) aux littératures du Nord : elle me paraît le produit extrême et très pur de la seule tradition grecque et latine76. » Lisez maintenant ce fragment de l’article de M. […] Il ne se raisonnait pas ; il produisait. […] Ne sourions point du genre : s’il n’a pas produit de chefs-d’œuvre, il a produit plus d’une œuvre vive, sensée, intéressante. […] Le réalisme a produit et produit encore de belles œuvres ; l’idéalisme régénéré n’a rien à envier à son rival, et la psychologie de M.
*** Un rédacteur du Times, voyageant dernièrement en Amérique, se trouva dans un convoi de chemin de fer où un accident venait de se produire par suite de négligence. […] Des phénomènes étranges se produisent chaque jour, et jettent la perturbation au sein de l’Académie des sciences. […] Il ne se passait guère de soirée où l’on ne trouvât un des adorateurs de cette tigresse d’Hircanie pendu après un portant de coulisses, ce qui gênait singulièrement la manœuvre des machinistes. — Les suicides se produisaient également dans la salle. — Et le marchand de lorgnettes eut même le temps de gagner une assez belle fortune, en ajoutant à son commerce des pistolets, de l’acide prussique, et autres moyens homicides qui ne pardonnent pas. […] Toutes les comparaisons qui pourraient peindre l’activité, la souplesse, la ruse, l’insistance, la servilité ne suffiraient pas à donner une idée complète de tout le mal que le Charançon se donne pour arriver à se produire, n’importe où, n’importe comment. […] Sandeau produisit le Gendre de M.
Et toujours cette éclosion brusque d’un sentiment, sans doute fugitif, mais si vif, qu’il est pour moi inoubliable, fixe du même coup, dans ma mémoire, le décor et les circonstances dans lesquels il s’est produit. […] Comme toujours le décor m’apparaît très précis, on dirait éclairé par la lueur du sentiment qui s’est produit là. […] — l’impression intense que me produisait cette partie du vieux Montrouge, où je venais rarement, avant mon entrée chez Mlle Lavenue. […] La teneur et le style de ces beaux discours m’échappent tout à fait, mais j’ai le souvenir très net des effets qu’ils produisaient. […] Parmi les religieuses qui me détestaient, il y en avait une, qui me produisait une impression indéfinissable.
Le style est un produit physiologique, et l’un des plus constants, quoique dans la dépendance des diverses fonctions vitales. […] Les troubles de la circulation des idées produisent toute la littérature, tout l’art, tout le jeu, toute la civilisation. […] Albalat n’a démontré que la moindre des images de Chateaubriand est un produit de ses sensations. […] Deux cents hommes de lettres, prosateurs ou poètes, avaient déjà été influencés par Paul et Virginie, quand Chateaubriand produisit Atala. […] Le demi-savant est le produit le plus dangereux des civilisations démocratiques, et peut-être le plus méprisable.
Il était difficile, à moins d’un grand et beau hasard, c’est-à-dire de l’apparition d’un grand génie, chose dont on n’a jamais su ce qui la produit, que ce siècle fût un grand siècle poétique. […] C’est le scepticisme joint à la bonté qui produit de ces effets-là : « Desmarets avait raison contre Boileau8, mais Boileau avait pour lui d’avoir amusé. […] sur un caractère de moyen ordre elles ne produisent pas de si grands effets, nous le savons bien. […] S’il va plus loin, si ce produit de son analyse, sec et décharné, s’entoure comme de lui-même, en son esprit, d’une foule de particularités, de détails, qui s’y accommodent, le complètent, l’élargissent, qu’est-il arrivé ? […] L’erreur vient de ce qu’il est très vite dit que le fonds des sociétés est fait de vertus sociales, et un peu plus long de tracer le cadre savamment ajusté où ces vertus s’accommoderont le mieux pour produire leurs meilleurs effets.
Elle est son produit et son legs, une pustule de sa chair malade ; elle est accroupie au bas de sa robe et le mord au talon. […] Il produit comme la nature, avec une variété savante, une diversité heureuse, une facilité divine. […] C’est ce qui se produit fréquemment en pratique, où le poète se trouve forcé de disposer à deux fins de sa vie et de sa pensée. […] Qu’importe que le laurier ne produise aucun fruit ! […] C’est l’Angleterre qui, avec la France, a produit en ce siècle le plus de poètes.
Il connut Conrart, secrétaire perpétuel de l’Académie française, et qui se plaisait à produire les talents nouveaux. […] Je ne sais pas encore quelle sera la charge que produira contre lui sa partie ; mais enfin voilà un assez grand témoignage que la justice se fait ici sans discernement. » (Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, 1851, tome ii, page 165.)
Le voici : « C’est un traité des mouvements du cœur de l’homme qu’on peut dire avoir été comme inconnus, avant cette heure, au cœur même qui les produit. […] Mais une grave affection morale, un grand trouble de sensibilité était intervenu vers 1829, et avait produit une vraie déviation dans l’ordre de mes idées.
L’habitude du blâme aiguise peut-être l’esprit beaucoup plus qu’elle ne l’étend : mais, à coup sûr, elle dessèche le cœur et produit un mécontentement anticipé qui décolore la vie. […] Je ne fais que courir sur un sujet dont tous ne peuvent juger comme moi, et où les preuves seraient trop longues à produire.
C’était un si beau siècle et si fécond pour la poésie française que ce xiii e siècle (car c’est en général au xiiie qu’il faut se reporter, sans fixer d’ailleurs de date trop précise) qu’à côté et au-dessous de cette vaste et forte végétation épique, il y eut là, dans un tout autre genre, une moisson naturelle et non moins ample qui se produisit spontanément ; il y eut une branche, — que dis-je ? […] Cependant je n’ai pu lire Froissart poète sans éprouver un regret, qui aura tout lieu de se renouveler quand j’en serai un peu après à Alain Chartier, ou même à Charles d’Orléans dans le xve siècle : c’est que, de même que dans le genre épique, narratif, sévère, loyal, enflammé, nous n’avons pas eu notre Homère ; — de même que, pour le genre satirique sérieux, amer, élevé, traversé de sublimes tendresses, nous n’avons pas eu un Dante, un poète qui correspondît à Dante pour le génie, et qui gravât pour l’immortalité ; — de même, dans le genre tendre, amoureux, dans la poésie courte, légère, élégiaque, nous n’avons pas eu un Passionné délicat et accompli, qui ait produit, dans l’esprit de cette fin ornée et perlée du moyen âge, de ces immortelles chansons et ballades, telles que celles de Pétrarque.
Que cette conception produise un poëme de six mille vers ou un récit de six lignes, le mérite est le même ; la conception primitive est la seule chose qui ait du prix. […] Il a vu les attitudes, le regard, le poil, l’habitation, la forme d’un renard ou d’une belette, et l’émotion produite par le concours de tous ces détails sensibles engendre en lui un personnage moral avec toutes les parties de ses facultés et de ses penchants.
Ces belles apparitions de la nature, parmi ces laideurs et ces vulgarités de la misère romaine, attestaient encore, dans cette noble et forte race, la puissance éternelle de la sève qui produisit jadis tant de gloire et en qui germe toujours la beauté. […] IX La famille dei Tassi, qui devait produire un jour le plus grand poète épique, héroïque et chevaleresque de l’Italie, était originaire du pays qui enfanta aussi Virgile.
« Au compte des indigènes, c’est toujours le curupira, l’homme sauvage, l’esprit de la forêt, qui produit tous les bruits qu’ils ne savent pas s’expliquer. […] On ne peut qu’adorer la religion qui produit de telles choses.
Jamais, depuis Jean-Jacques Rousseau, le style indépendant du sujet n’avait produit une ivresse si universelle. […] Ses projets de retraite, la dispense du noviciat, la disposition de ses biens en ma faveur, avaient apparemment produit cette correspondance secrète qui servit à me tromper.
Par eux, les aptitudes poétiques de la race celtique, engourdies sous la domination romaine par l’élégant rationalisme de la littérature savante, comme par la pression monotone de la protection administrative, furent réveillées : les âmes, préparées déjà par le christianisme, violemment secouées par l’instabilité du nouvel état social, recouvrèrent le sens et le don des symboles merveilleux ; et dans la famine intellectuelle que produisit la ruine des écoles, l’aristocratie gallo-romaine, sujette des rois francs et compagne de leurs leudes, associée aux fêtes comme aux affaires, quitta sa délicatesse et ses procédés raffinés de pensée et de langage : elle retourna à l’ignorance, au peuple ; elle se refit peuple, avec toute la rudesse, mais avec toute la spontanéité du génie populaire. […] Mais elle n’est pas franque pour cela : elle est française, œuvre de cette race complexe qui se constitue du mélange des Gallo-Romains et des Francs ; produit des forêts germaniques, mais acclimaté sur le sol des Gaules, et germant spontanément dans toutes les âmes, sans distinction de race, non échappées encore ou retournées, peu importe, à la barbarie féconde.
M. de Serre et le général Foy689 valent mieux : M. de Serre, avec ses précisions subtiles et pressantes, ses audacieux raisonnements de légiste, son froid jugement d’homme de gouvernement, savait user à l’occasion des effets sentimentaux, et produire cette éloquence ronflante ou grondante que trop souvent les magistrats sont enclins à prendre pour le sublime. […] Par son éloquence imagée, pathétique, abondante en grands mouvements, il remuait de forts et vagues sentiments au fond des cœurs : ses sermons faisaient des effets analogues à ceux que produisaient nos grands lyriques, lorsqu’ils entreprirent d’agiter, à l’aide de la poésie et du roman, les inquiétudes morales et sociales de leurs contemporains.
Bien des pleurs et des plaintes de Pauline se sont produites dans ces vers que tu aimes, et dont elle est, en effet, le premier auteur. […] Je ne vois que ceci : il a voulu tromper pour tromper, d’une façon toute désintéressée, sans même l’idée d’un effet comique à produire, et sur un point qui n’importe à personne.
Elle a produit de bons effets en ce qu’elle m’a guéri de mes vapeurs. […] Elle m’a produit dans l’année plus de 10 000 francs de bénéfice, les frais de la première édition montant à 7 000 livres défalquées ; les frais de la deuxième étant à peu près les mêmes, il me reste un millier d’écus dont je ne peux faire un emploi plus juste que de payer mes dettes.
(3) Une seconde conséquence, non moins importante, et d’un intérêt bien plus pressant, qu’est nécessairement destiné à produire aujourd’hui l’établissement de la philosophie positive définie dans ce discours, c’est de présider à la refonte générale de notre système d’éducation. […] Mais cette condition n’est nullement nécessaire à sa formation systématique, non plus qu’à la réalisation des grandes et heureuses conséquences que nous l’avons vue destinée à produire.
Le duc de Mayenne, interrogé un jour par des amis de d’Aubigné sur la manière dont s’était passé le combat d’Arques et sur ce qui avait précipité la victoire ; après quelques essais d’explication, et se sentant trop pressé, finit par répondre : « Qu’il dise que c’est la vertu de la vieille phalange huguenote et de gens qui de père en fils sont apprivoisés à la mort. » D’Aubigné, qui prend au pied de la lettre la réponse du duc de Mayenne, s’est donné pour tâche dans son Histoire de raconter les exploits et de produire les preuves de cette vertu guerrière, d’en retracer l’âge héroïque dans ses diverses phases : c’est sa page à lui, c’est son coin dans le tableau de son siècle ; et il l’a traité avec assez d’impartialité en général, avec assez de justice rendue au parti contraire, pour qu’on lui accorde à lui-même tous les honneurs dus finalement à un champion de la minorité et à un courageux vaincu.
Singlin et de M. de Saint-Cyran une maxime pratique qu’elle applique sans cesse, c’est qu’il ne faut rien faire dans la précipitation, c’est que le désir, même lorsqu’il est dans le meilleur sens et vers le plus louable but, doit faire, en quelque sorte, sa quarantaine et son carême, et doit user son attrait avant de s’accomplir, si l’on veut qu’il produise tout son fruit : « Il faut faire toutes choses, dit-elle, dans une certaine maturité qui amortit l’activité de l’esprit humain, et qui attire une bénédiction de Dieu sur ces choses dont on s’est mortifié quelque temps. » C’est ce qu’on appelle en ce style mystique pratiquer la dévotion du retardement, et elle la conseille en toute occasion aux personnes qui lui font part de leurs peines et des obstacles qu’elles rencontrent dans la voie du bien.
Cependant le moment approchait où il allait se dégager du second rang et être appelé à se produire en première ligne.
Pour plus d’éclaircissement, je prendrai un exemple dans un genre voisin et fraternel : s’il en était en ceci de la peinture comme de la poésie, si la quantité de nouveaux peintres et paysagistes qui se produisent chaque année n’arrivait pas aux yeux du public, s’ils restaient chacun avec son œuvre à l’ombre de son atelier, combien ils auraient lieu de se plaindre de cette condition ingrate, de cet isolement, de ce manque de place et de lumière au soleil !
Hugo nous semble avoir, dans les Chants du Crépuscule, produit quelques-unes de ces choses de l’âme et de l’imagination qui sont venues plutôt que voulues.
L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille.
Il est vrai qu’il ne définit pas le bon sens : et l’on entrevoit que pour lui, le bon sens, sans qu’on sache pourquoi, se réduit à la stricte observance des règles, comme si c’étaient des moyens nécessairement efficaces, qui produisent les chefs-d’œuvre par une vertu intrinsèque.
Il se produit vers la fin de l’Ancien Régime un fait assez considérable, qui modifie la littérature : on voit l’antiquité gréco-romaine reparaître, et ramener, comme il était naturel, un idéal de beauté formelle et plastique.
Voilà ce qui fait que toutes les méthodes des sciences, transportées chez nous, ne peuvent rien donner : elles produisent les définitions des types et des genres, et nous voulons saisir aussi le phénomène unique, caractériser l’individu.
La bonne planète produit plus que nous ne consommons, et on ne peut dîner deux fois.)
C’est pourquoi les individualistes se refusent à voir dans le sentiment de la liberté personnelle un produit et un bienfait social.
On croyait (non sans raison) que le sang juif était chez eux très mélangé, et il passait pour constant que la Galilée ne pouvait produire un prophète 592.
Il s’agissoit de prouver que les Trois Siecles, où l’on rend par-tout justice au vrai génie, où l’on tâche d’inspirer l’amour des regles, l’amour des devoirs, l’amour de la Patrie, l’amour de la Religion, devoit être soustrait aux mains des Lecteurs, pour y laisser de préférence l’Evangile du jour, le Bon Sens, le Systême de la Nature, le Systême Social, & tant d’autres systêmes qui ont déjà produit de si heureux effets parmi nous.
La désobéissance aux unes ne produit pas plus de perturbation que la résistance aux autres.
Eh bien, je me demande si un livre, indépendamment de ce qu’il dit, ne peut pas produire le même effet ?
Entre M. de Bonald et M. de Chateaubriand, ces deux termes extrêmes de l’école royaliste, se placent Joseph de Maistre et M. de Montlosier, personnages aussi originaux l’un que l’autre, l’un grand écrivain et penseur supérieur, l’autre publiciste incorrect, mais éloquent et vigoureux, tous deux énergiques et fiers, pleins d’honneur et de courage, de vraie souche aristocratique, et qui en d’autres temps auraient pu sauver leur caste, si elle eût produit beaucoup d’hommes semblables à eux.
Antoine produisit la Guerre au Village de M.
On propose tant, à celui qui se rendra à Moscou ou à Pétersbourg avec une connaissance suffisante de la langue russe pour montrer la géométrie ; tant, à celui qui, pourvu de la même langue, sera en état de professer ou la médecine, ou la jurisprudence, ou les beaux-arts ; et tenez pour certain que si ces invitations sont constamment réitérées et ces promesses fidèlement tenues, elles produiront leur effet.
Enfin les melopées, par rapport à l’intention du compositeur, par rapport à l’effet qu’elles veulent produire, se peuvent diviser en melopée sistaltique, qui est celle qui nous porte à l’affliction ; en diastalstique, qui est celle qui nous égaye l’imagination, et qui nous anime ; et en melopée moïenne, qui est la melopée qui compose une melodie propre à calmer notre esprit en appaisant ses agitations.
Mais le capitaine d’Arpentigny n’a jusqu’ici produit qu’un seul livre, et ce livre, frappé par son titre, est resté bien à l’écart de tous les esprits.
tous les sentiments de l’âme humaine, épanouis ou concentrés dans sa personne… Il chanta et pleura, et il fit de l’Élégie — car les classificateurs l’auraient appelé un élégiaque — quelque chose de si splendide et de si grandiose, qu’un poète épique, impossible, dit-on, en France, y aurait paru et s’y serait emparé subitement de l’imagination française, qu’il n’aurait pas produit d’effet plus grand !
Elles ont trop d’incrédulité cultivée pour accepter une religion quelconque, mais elles ont un vieux et incorrigible goût pour le paganisme et les sociétés qu’il a produites, parce que le paganisme est la négation naturelle du principe surnaturel qui l’a vaincu dans l’Histoire et dans la conscience du genre humain.
L’effet qu’il produisit quand il parut tint beaucoup aux abominables, malsaines et interminables déclamations de l’Héloïse de Rousseau, qui avaient fourbu tous les esprits.
Caro, nous développant la doctrine de Saint-Martin, cette mystérieuse et nuageuse doctrine qui partit de Boëhm pour aboutir misérablement à une Mme de Krudner, nous produit bien moins l’effet d’un philosophe que d’un antiquaire, qui nous désenveloppe une momie et nous fait compter ses bandelettes.
Après l’avoir lue, personne, excepté le père Theiner, ce singulier écrivain en l’honneur et au profit de la papauté, qui parle pour elle précisément comme ses ennemis, ne pourrait douter du mal immense produit par la condescendance de Clément XIV aux cabinets qui lui demandèrent l’abolition des jésuites.
… IV Mais la réponse était toute faite à ces insultes et à ces calomnies introduites dans l’histoire par la haine ; elle était faite même avant que ces insultes et ces calomnies se fussent produites dans les publications récentes que nous venons de signaler.
Charles Asselineau, dans une introduction aux Odelettes, où un esprit très fin cherche à justifier ses préférences, dit que, malgré quinze ans d’étude, Théodore de Banville produit toujours sur le public l’effet d’un jeune homme qui promet.
Après des années d’études à se blanchir et d’efforts à se rompre, l’auteur de Madame Bovary n’a pu produire que Salammbô, — un livre très-difficile à classer, car ce n’est ni un roman, ni une histoire.
D’ailleurs, il faut en convenir, sans trop se faire prier, la planète les produit naturellement !
Le bien qu’elle produit est hypothétique et vague, mais le mal qu’elle engendre est réel et visible. […] Voilà l’illusion vraiment infernale que produit la musique. […] Or quel art est plus propre à produire cette émasculation morale que la musique ? […] Les bastonnades infiniment trop multipliées de don Quichotte finissent par fatiguer le lecteur et par produire sur lui une réelle impression de monotonie. […] Une grande œuvre est un produit libre de la vie, et son interprétation doit être libre comme elle.
On n’ambitionne la louange que de celui dont on craindrait le reproche. » Fabianus parlait en public ; mais on l’écoutait avec décence : quelquefois il s’élevait un cri d’admiration, mais arraché, mais produit par la grandeur des idées. […] Je dirais que ce fut le plus grand homme que la nature ait produit, que je trouverais des approbateurs ; mais si je dis qu’elle n’en avait point encore produit, et qu’elle n’en produira peut-être pas un aussi extraordinaire, il n’y aura guère que ses ennemis qui me contrediront. […] Censeurs, suspendez un moment votre jugement ; voyez ce que la richesse produit sur tous ceux qui vous environnent, et songez que, pour empoisonner vos ennemis, il ne vous manque qu’un puits d’or. […] Quelques-uns prononcèrent que la faculté de voir n’était pas entièrement détruite dans l’un, qu’on la lui rendrait en dissipant les obstacles, et que, par des moyens énergiques et salutaires, l’art restituerait à l’autre l’usage de ses membres ; mais que peut-être il était dans les décrets des dieux que la cure s’opérât merveilleusement par l’entremise de César ; qu’au reste, si le remède sollicité produisait un heureux effet, l’honneur en serait pour l’empereur, et le ridicule pour ces affligés, s’il n’en produisait aucun. […] mais à l’article DION, vous dites que cet homme est taxé de bizarrerie, de partialité, d’un penchant égal à la satire et à la flatterie ; qu’il paraît avoir été l’ennemi de Sénèque… Et voilà le témoin que vous produisez contre celui-ci !
L’effet est donc produit d’abord par ce sentiment de disproportion et de disconvenance générale ; mais il est vrai que, chez M. de Banville, il tient peut-être encore plus à la forme même, au rythme, à la rime, aux mots. […] Impressions quintessenciées, nuances de sentiment ultra-féminines dans un cœur viril, une telle poésie ne peut être que le produit extrême d’une littérature, suppose un long passé artistique et sentimental. […] La dernière guerre a produit chez nous nombre de rimes. […] Ce rêve, si on veut l’exprimer uniquement, produira des œuvres distinguées, mais un peu froides, et qui ne seront goûtées que d’un petit nombre d’initiés. […] Après avoir analysé la perception originelle, on cherche à exprimer surtout le sentiment de plaisir qu’elle produit, et l’on écrit « chant joyeux ».
Ce dénoûment, si douloureux et si simple, joué par mademoiselle Rachel et deux partenaires dignes d’elle, produirait un immense effet. […] Bocage et madame Dorval dans deux rôles si complètement étrangers à leur talent ; mais j’étais à la première représentation d’Agnès de Méranie, et je me souviens encore de l’effet lugubre, lamentable, que produisirent ce roi enroué, cette reine enrhumée, ce légat récitant son rôle comme le confident d’une tragédie de Raynouard ou de Luce de Lancival. […] Leconte de Lisle6 Ce n’est pas seulement en politique que les révolutions sont sujettes à produire leurs contraires. […] Ne nous en plaignons pas que d’autres sourient de ces amours rétrospectives, de ce sentiment bizarre qui tient le milieu entre l’inquiète tendresse de l’amant et la curiosité passionnée du biographe ; ce sentiment, quel qu’il soit, a produit un chef-d’œuvre. […] La liberté ne se produit alors que par des désordres qui contribuent sans doute aux progrès du développement social, mais que peuvent à bon droit redouter les générations aux dépens de qui se fait le travail dont elles ne sont pas destinées à recueillir les fruits.
Dans cet ordre de succès réguliers et paisibles, où il ne s’agit point de feux d’artifice à tirer à de certains jours, mais de fruits à produire durant des années, le bonheur calme et pur est un meilleur conseiller encore que l’amour-propre. […] Enfin il roulait à la fois dans son esprit, comme il arrive dans la première jeunesse, plus de choses qu’il n’en devait produire. […] Fidèle aux habitudes de mon esprit, je me prépare surtout à déterminer et à juger l’impression morale produite par ses drames, grande question qui me tourmente à mesure que j’avance, et sur laquelle je suis très préoccupé de dire assez, de ne pas dire trop166… » En dehors d’ailleurs du cadre et de l’appareil enseignant, l’admiration de Gandar pour Shakespeare ne l’aveuglait pas, et il restait à cet égard dans une mesure que les derniers venus, toujours portés à renchérir, ont trop souvent dépassée.
On ne voulait d’abord pas y ajouter foi ; le général Duga, commandant à Rosette, la fit démentir, n’y croyant pas lui-même et craignant le mauvais effet qu’elle pouvait produire. […] Poussant au déchaînement contre le général Bonaparte, il commit la faute, qu’on devrait appeler criminelle si des actes héroïques ne l’avaient réparée, de contribuer lui-même à produire dans l’armée un entraînement qui fut bientôt général. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses.
« L’intelligence, poursuit-il, étant faite pour donner à l’homme la connaissance, elle aime la connaissance pour elle-même d’abord, car rien n’est plus délicieux pour l’esprit que la lumière, et elle l’aime ensuite pour ses conséquences pratiques ; c’est pourquoi l’intelligence exerce ses sens, invente les arts comme des sens nouveaux qu’elle donne à l’homme et donne assez d’évidence et de force à la philosophie pour produire enfin la vertu, cette chose excellente qui met l’ordre dans la vie ! […] XXVI Et ce passage, sur l’immatérialité et sur l’immortalité de l’âme, qu’en direz-vous après l’avoir lu : « L’origine de notre âme ne saurait se trouver dans rien de ce qui est matériel, car la matière ne saurait produire la pensée, la connaissance, la mémoire, qui n’ont rien de commun avec elle. […] Elle ne s’est pas donné le soin de nous produire et de nous conserver la vie, pour nous précipiter, après nous avoir fait éprouver toutes les misères de ce monde, dans une mort suivie d’un mal éternel.
. — Question de grammaire, question de goût ; les esprits stériles seuls s’y adonnent ; elle dénigre beaucoup, elle ne produit rien. — Sous ce rapport, il faut la laisser aux esprits méticuleux et jaloux, qui se consolent de leur impuissance en montrant les imperfections des œuvres d’autrui. […] Tous mes lecteurs se souviennent que j’ai écrit, en 1847, un livre qu’il ne m’appartient pas de juger littérairement ; livre qui produisit, lors de son apparition, un effet tellement universel que les critiques du temps ne purent le comparer qu’au mouvement de curiosité de l’Émile de J. […] XLIV Mon discours, véritablement et à mon insu prophétique, et dont je ne donne ici que la substance, avait produit sur tous les ministres, à l’exception de M.
« Si l’on vous disait : Il est un jeune homme, heureusement doué par la nature et formé par l’éducation ; il a ce qu’on appelle du talent, avec la facilité pour le produire et le réaliser ; il a l’amour de l’étude, le goût des choses honnêtes et utiles, point de vices, et, au besoin, il se sent capable de déployer de fortes vertus. […] Ces témoignages d’affection qui, sortis du cœur de ceux qui s’entr’aiment, se produisent au dehors par la bouche, par la physionomie, par les yeux et par mille autres démonstrations de tendresse, sont comme autant d’étincelles de ce feu d’amitié qui embrase les âmes et les fond toutes en une seule21 ”. […] Il y mêle son jugement sur les Consolations, lequel est si favorable qu’il y aurait pudeur à le produire, si lui-même, bien des années après, n’avait dit les mêmes choses, et en des termes presque semblables, dans un de ses Entretiens familiers sur la littérature.
Ulbach, qui a beaucoup produit dans des tons neutres. […] Quoi qu’il en soit, ce fait minime produisit tout un mouvement dans l’opinion, et le drame de M. […] Bien des circonstances échappent à l’analyse, bien des situations arrivent à l’imprévu, sans être amenées, et, par conséquent, sans produire beaucoup d’effet.
C’est curieux comme la marionnette, cet insenséisme de la mimique humaine, me produit une singulière impression. […] Cette image me donne un peu l’idée de l’effet produit par l’action de l’eau d’ici, sur l’intelligence. […] Dans ces gares, au passage incessant des trains, la pensée de ceux qui les habitent, ne doit avoir le temps de se poser sur rien, elle est sous le coup d’un ahurissement, produit par ce mouvement perpétuel.
Le monde en effet, en plus de sa réalité propre, est le produit de nos sens et aussi de notre intelligence. […] « Un grain de poussière tombant sur une bascule ne produit pas la moindre oscillation. […] Si l’artiste s’est retranché dans sa solitude, ne produit plus que pour une élite, la faute en doit retomber, non sur l’art, mais sur la société contemporaine, cette « vaste entreprise alimentaire ».
Si, d’aventure, il eût trouvé dans son cerveau l’étoffe du Cid ou des Femmes savantes, il n’aurait pas eu l’imprudence de les produire. […] Que ceux qui ne produisent rien se laissent volontiers pensionner par le ministère, la chose est toute simple ; mais la plus riche rétribution ne peut leur conférer l’aptitude qu’ils n’ont pas. […] Dumas était dans la nécessité non seulement de produire des ouvrages supérieurs à la Vénitienne et au Fils de l’Émigré, ce qui devait lui être facile, mais de prouver activement sa clairvoyance, son érudition. […] Les aveux et la confusion de Blanche produiraient une émotion plus sûre, et surtout plus chaste, si le repentir était moins près de la faute, si la pensée ne se reportait involontairement vers le théâtre même de la séduction. […] Mais Gontier, si admiré dans le cadre étroit qu’il avait choisi, n’aurait produit, j’en suis sûr, qu’un effet très médiocre dans la haute comédie.
C’est par ces procédés que M. de Balzac a produit ces fleurs de serre chaude, bizarres, éclatantes, bigarrées, que l’on croirait artificielles si elles n’étaient vénéneuses ; ces femmes qui, malgré leurs grands airs et leur blason irréprochable, ne sont et ne peuvent être que des courtisanes titrées. […] Cet état mixte, produit d’une observation pénétrante altérée et grossie par une imagination hallucinée, peut être encore acceptable dans le roman, où le lecteur isolé, livré à ses propres rêveries, permet qu’on le nourrisse d’opium et de hachich, pourvu qu’on le dérobe aux ennuis et aux misères de la vie réelle. […] Les discours de ce brave Schmucke, orthographiés patiemment d’après la prononciation tudesque, occupent au moins le quart du volume, et finissent par produire l’effet d’une charade allemande ou d’un rébus indéfiniment prolongé. […] Dès qu’il vit que tout ce qu’il avait tenté pour augmenter ses forces avait produit un effet contraire, la rage s’est emparée de son âme. […] Il me semble que je touche de près au livre de M. de Tocqueville et à la première impression qu’il produira sur bien des lecteurs.
Mais les amalgames ont produit des équivalents de races, des races historiques. […] La condition réalisée dans l’Athènes classique et dans notre moyen âge, n’est pas suffisante, puisque dans cet ordre la Réforme n’a rien produit. […] Faguet l’accuse de paresse, parce qu’il n’a pas beaucoup produit. […] Un vif intérêt s’attache à tout ce qu’a produit cet écrivain subtil, souvent un peu quintessencié, mais toujours original. […] Ce sont les menaces venues récemment du dehors qui ont réveillé la fierté nationale ; les mêmes causes, il y a vingt ans, eussent produit les mêmes effets.
L’inspiration n’a qu’un moment pour se produire, revenir sur elle et s’épurer. […] C’est un des résultats de la servitude politique, qu’elle produit ces poésies pâles, routinières, enfants d’une veine que Juvénal appelle publique (publica vena), qui sont à tous et ne sont à personne. […] C’est qu’ils croient pouvoir produire ce qu’ils ne peuvent qu’admirer. […] Ce qu’on pourrait lui demander, ce serait de produire, de se donner carrière, de déborder, sauf à rentrer après dans les limites du naturel et du vrai. […] Ils enivrent l’enfant qui en a été baptisé ; ils l’excitent, ils lui donnent les prétentions de toutes les qualités qu’il n’a pas encore ; c’est de la chaux mise au pied d’un jeune arbre, et qui lui fera produire, avant le temps, des fruits sans saveur.
. — Mais puisque je vous dis, répétait-il, que c’est un incendie surterrain. » Cependant, l’incendie ne laissait pas de produire ses effets. […] À cinquante ans, malade, décrépit avant l’âge, il arriva par hasard dans la ville d’O… et s’y établit définitivement, ayant perdu tout espoir de quitter jamais le sol détesté de la Russie, et vivant misérablement du produit de quelques leçons. […] Son instituteur, l’ancien abbé, l’encyclopédiste, s’était borné à verser en bloc sur son élève toute la science du dix-huitième siècle. — Ivan vivait ainsi, tout pénétré de cet esprit, qui restait en lui sans se mêler à son sang, sans pénétrer dans son âme, sans produire de fortes convictions… Après tout, quelles convictions pouvons-nous exiger d’un jeune homme qui vivait il y a cinquante ans, quand, aujourd’hui encore, nous ne sommes pas arrivés à en avoir ? […] Que la jeunesse se montre inhabile à produire, passe encore ; mais c’est toujours un spectacle pénible que celui de la vieillesse impuissante et débile, surtout quand elle ne sait pas mesurer le moment où ses forces l’abandonnent.
Votre conseil a produit un très-bon effet, et ma lettre a été fort bien reçue. […] Vous demandez ce que j’ai produit d’effet à la cour : je m’y suis fait quatre ennemis, entre autres deux A. […] Les opinions politiques de Benjamin Constant durant cette fin d’année 1794 se poussent, s’acheminent de plus en plus dans le sens indiqué, et concordent parfaitement avec celles qu’il produira deux ans plus tard, en 96, dans ses premières brochures : « La politique française, écrit-il agréablement à Mme de Charrière (14 octobre 1794), s’adoucit d’une manière étonnante. […] Néanmoins le gouvernement hollandais, financier rigide, exigea des comptes et prit l’hésitation à les produire pour un indice de culpabilité. […] La sensation qu’elle a produite a été diverse, selon les esprits et les mœurs ; mais, en général, nous sommes indulgents pour qui nous donne du plaisir.
Elle grandit, fleurit, est fécondée et produit à la fin, de nouveau, des grains d’orge ; et, dès que ceux-ci ont mûri, la tige meurt ; elle aussi, de son côté est niée. […] Et que se produise, quelque part, ce changement dont ne veulent pas les classes favorisées, elles crieront à la monstruosité. […] Et quand il arriva que, grâce à Bacon et à Locke, cette habitude de travail passa des sciences naturelles dans la philosophie, elle produisit l’étroitesse spécifique des siècles derniers, la méthode métaphysique z. […] On a pris pour un fauve de l’intelligence le produit de la plus sensuelle des horticultures. […] Les contraires, de leur rencontre, de leur choc, ne risquent certes guère de produire cette flamme, légitime, brûlante et précaire, identité de l’homme.
* * * Ne pourrait-on dire que le lyrisme romantique français occupe une place moyenne entre le lyrisme d’inspiration populaire, d’une part, et le lyrisme hautement intellectuel, d’autre part, qu’on a vu tous les deux se produire à l’étranger ? […] * * * À ce point se produit la différence essentielle. […] Dès qu’on annonçait un concours académique, à Besançon, à Niort, ou à Vaucluse, il tressaillait : il produirait un beau poème à la mode du jour, remporterait le prix, et deviendrait célèbre, comme Jean-Jacques Rousseau. […] Helvétius consacre tout un chapitre à prouver cette proposition : « De la supériorité des gens passionnés sur les gens sensés » ; et il donne à un autre le titre que voici : « On devient stupide dès qu’on cesse d’être passionné. » Il y montre que « l’absence totale de passions, si elle pouvait exister, produirait en nous le parfait abrutissement ; et qu’on approche d’autant plus de ce terme qu’on est moins passionné ». — Qui voudrait être rangé dans la classe des stupides ? […] Et cette idée a produit deux hypothèses qui plaisent beaucoup à la raison… » 61.
Si l’arbre ne le produit pas naturellement, ne cherchez de maximes, ni dans le lieu commun — elles seraient — banales ni dans le paradoxe — elles seraient fausses. […] La canne à sucre est le principal produit de nos colonies ; nos colonies l’expédient à la métropole qui leur apporte en échange ses produits. […] Les uns vont, la plume au vent, et émerveillent le public par la liberté de leur allure ; les autres se réservent sans cesse, ne produisent que peu, rarement, et à leur corps défendant. […] Mêlé à tout, hommes et actes, par sa situation éminente, et comme aux premières loges de ce tragique théâtre de toutes les misères humaines, il ne s’y est rien produit de caractéristique que M. […] Une même méthode, servie par les mêmes moyens de vérification, produit partout les mêmes résultats.
On ne saurait omettre, en effet, de rappeler qu’en 1782, lorsque les Confessions virent le jour, elles ne produisirent d’abord et généralement qu’une impression de dégoût. […] Il se pourrait, après cela, que ces rapprochements fussent plus spécieux que solides, et n’y en eût-il qu’un à produire, on voudrait un exemple au moins de ces « anticipations » de l’art sur la science. […] La Coupe et les lèvres] qui les enflamme. — Effet qu’elles produisent dans « la grande boutique romantique » ; — réputation prématurée qu’elles valent à leur auteur ; — et que jamais célébrité plus précoce n’a coûté plus cher à l’homme le mieux fait pour en avaler l’ivresse jusqu’à la lie. […] L’Oiseau, L’Insecte, La Femme, L’Amour]. — Étonnement produit sur les contemporains par cette manière de mêler ensemble — ce que le réalisme physiologique a de plus cru, d’une part ; — et d’autre part ce que le mysticisme romantique a de plus lyrique. — Il applique cette méthode à l’histoire [Cf. […] 2º Le Poète. — Ses débuts romantiques. — Le séjour de Rennes, et La Variété, Revue littéraire, 1840-1841. — L’arrivée à Paris et la collaboration aux journaux phalanstériens, 1845-1849 ; — ses premiers poèmes : Hylas, Niobé, Hypatie ; — et son intervention dans la cause de l’abolition de l’esclavage — Il traduit l’Iliade. — Publication des Poèmes antiques, 1852 ; — des Poèmes et Poésies, 1853 ; — et des Poèmes barbares, 1862. — Effet que ces poèmes produisent sur G.
« Un philosophe français a dit, en se servant de l’expression la plus rebutante, que la pensée n’était autre chose qu’un produit matériel du cerveau. […] « C’est manquer, dit-elle, tout à fait de respect à la Providence, que de nous supposer en proie à ces fantômes qu’on appelle les événements : leur réalité consiste dans ce qu’ils produisent sur l’âme, et il y a une égalité parfaite entre toutes les situations et toutes les destinées, non pas vues extérieurement, mais jugées d’après leur influence sur le perfectionnement religieux.
Les deux époux n’avaient pas été insensibles aux odes de Lamotte, il pouvait produire des preuves écrites de leur reconnaissance. […] L’esprit d’analyse appliqué aux lettres et aux arts produit, au lieu du vrai, quelque chose qui en usurpe pour un temps le crédit, je veux dire le spécieux.
Comme artiste, il aura enrichi dans une proportion énorme l’arsenal où les compositeurs viendront puiser leurs inspirations et leurs armes. » La prédiction s’est déjà vérifiée, et combien de musiciens dans le monde ont tâché de s’approprier ses formules, son style, en un mot le côté matériel de l’œuvre d’art de Richard Wagner, qui n’avaient malheureusement pas son génie et qui, n’ayant rien pu produire avec cet appareil emprunté, se sont retournés contre le novateur dès qu’ils l’ont vu gagner tant soit peu de terrain en France et devenir, sinon une menace immédiate, à tout le moins un lointain danger ! […] Il écrivait un jour : « Le chromatique procède par plusieurs semi-tons consécutifs, ce qui produit une musique efféminée, très convenable à l’amour. » Voltaire, aussi peu musicien que possible et souverainement rebelle à la musique, avait-il donc prévu, deviné, pressenti Tristan et Iseult ?
— Produire un son semblable à l’éructation. […] Hiémal Adj. — D’hiver, que produit l’hiver.
Et cependant, cette histoire, individuellement dramatique, pouvait s’ouvrir à plus larges battants, et l’action du premier Guise se produire sur un grand fond qui n’est pas ici, et qui devait être le tableau complet, moral et intellectuel de l’Europe. […] Il ne se produisit pas tard.
Il n’avait pas besoin de produire son triple chef-d’œuvre. […] Toutes ces métamorphoses, — produit d’une imagination ambitieuse et impuissante qui ne saisit que des rapports vulgaires et qui est bien au-dessous du terrible des Contes de Perrault, — devaient au moins se relever et vivre par l’expression : mais lisez ces vers inouïs et pensez aux beautés correctes, spirituelles et lumineuses d’Ovide !
Le matérialisme, sous quelque forme qu’il se soit produit, a toujours eu le privilège de la négation la plus nette et la plus radicale des principes de la conscience. […] C’est que l’homme a conscience non-seulement de ses actes, mais de l’être qui les produit, du moi, sujet ou cause de ces phénomènes.
Nous avions espéré de voir le roi à l’armée de l’Andalousie ; cela aurait produit un bon effet.
On rejeta la pièce, mais elle avait produit son effet.
Produit dans le monde, à l’hôtel Guénégaud, même à l’hôtel Rambouillet, il avait prêché dans ce dernier salon un jour, un soir, vers onze heures ; ce qui provoqua le mot connu de Voiture : « Je n’ai jamais entendu prêcher ni si tôt ni si tard. » C’était un sermon improvisé.
Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps.
L’essentiel, le seul point que nous tenions à constater, et que le public peut-être voudra bien reconnaître avec nous, est celui-ci : Somme toute, et à travers les nombreux incidents d’une course déjà longue, la Revue a fait de constants et d’heureux efforts pour se fortifier, pour s’améliorer, et, depuis bien des années déjà, pour réparer par l’importance des travaux en haute politique, en critique philosophique et littéraire, en relations de voyages, en études et informations sérieuses de toutes sortes, ce qu’elle perdait peu à peu en caprice et en fantaisie, ce qu’elle ne perdait pas seule et ce que les premiers talents eux-mêmes, le plus souvent fatigués en même temps que renchéris, ne produisaient plus qu’assez imparfaitement.
Si c’est dans l’art qu’elles se produisent et s’expriment, la forme en sera nue, sèche et aride, comme tout ce qui vient avant la saison.
Ce feu, cette vivacité que Jordan lui avait vue à Londres vingt ans auparavant, avait sans doute diminué avec l’âge ; les fatigues d’une vie nécessiteuse, et tour à tour agitée ou abandonnée ; devaient à la longue se faire sentir et produire des sommeils.
Le bon effet produit par l’amnistie, — par cette amnistie qui a été le meilleur commentaire du sénatus-consulte, — permet de croire que la grande majorité du public et du peuple français continue d’aspirer à la stabilité et reste disposée à se contenter de ce qui serait bon, raisonnable et clément ; et, en politique, je ne distingue point la clémence de la justice.
Par son travail intelligent, volontaire, exécuté en conscience et conduit en vue de l’avenir, il produit plus que le laïque.
« Il n’y a ici comme partout qu’un problème de mécanique : l’effet total est un composé déterminé tout entier par la grandeur et la direction des forces qui le produisent866. » Ainsi, la littérature anglaise est le produit de la race anglaise, sous tel climat, dans telles circonstances historiques, telles croyances religieuses : Shakespeare, Milton, Tennyson, sont des « résultantes », qui représentent diverses forces appliquées en divers points.
Leur charme contribue autant à la beauté de la vie que la littérature et est, chez certaines femmes, un produit aussi voulu et aussi préparé.
Un homme dépourvu d’idées, de sensibilité, d’imagination, et qui n’aime pas le lieu commun, se mêle d’écrire, et écrit toute sa vie : cela n’est pas très rare ; mais il y réussit : cela est extraordinaire, ne s’est produit peut-être qu’une fois dans l’histoire de l’art, est infiniment curieux à étudier.
Car lorsqu’on chante comme vous savez chanter, produire c’est charmer, et lorsqu’on écoute comme je sais écouter, admirer c’est aimer.
J’estime que si le mensonge produit parfois dans l’existence d’agréables comédies, la sincérité est absolument nécessaire en art.
Mais s’il use de cette sage liberté qui donne tant de ressort à l’ame, & sans laquelle on ne produit rien de grand, il méconnoît cette indépendance superbe qui se met au-dessus des Loix, & veut briser les liens qui unissent les hommes ; la licence qui égare l’esprit est l’idole des scélérats, elle est l’opposé de la liberté ; peut-elle avoir des attraits pour un cœur raisonnable ?
Il ne considère plus l’individuation comme un produit social, comme un résultat d’un certain degré de différenciation et de complication sociales ; mais bien plutôt comme une idiosyncrasie native, inscrite dans la constitution, dans la physiologie même de l’individu.
Mais si l’on avait pris soin de traduire le raisonnement dans le langage de la Géométrie, intermédiaire entre celui de l’Analyse et celui de la Physique, ces défiances ne se seraient sans doute pas produites, et peut-être pourrait-on ainsi, même aujourd’hui, tromper encore bien des lecteurs non prévenus.
Nous ne savons sous quelle forme ni dans quelle mesure ces affirmations se produisaient.
Ce que je vous ordonne, c’est de vous aimer les uns les autres 1085. » À ce dernier moment, quelques rivalités, quelques luttes de préséance se produisirent encore 1086.
Monmerqué, et qu’il acquiesce à mes, observations, je devrai cette satisfaction à un mérite que je n’ai la dureté de souhaiter à personne, mérite qui ne conviendrait point à des hommes dans l’âge de produire, et ne sied qu’à la vieillesse : c’est la patience.
Érynnis crie et veut mort pour mort. » Le charme agit, l’incantation produit son effet : Oreste s’exalte, devient frénétique : — « Ma colère contre ma mère est celle d’un loup affamé… Que je la tue et que je meure après !
Ajoutez à l’impression que produit cette scène si touchante l’attendrissement du père qui va se battre tout à l’heure, à deux pas de là, et qui ne sait trop s’il reverra son enfant ; puis le désespoir d’André apprenant que le comte se bat à sa place, et la rentrée fêtée du père converti dans sa jeune famille.
On parla de produire le manuscrit original : mais l’on est encore à le montrer.
Guizot, par ce fait capital que le monde n’a pas toujours été tel qu’il est ; la vie a commencé sur la surface du globe ; les espèces animales ont aussi commencé ; l’homme a commencé également, Or, à moins d’admettre que la vie est le résultat des forces de la matière, et que l’homme, comme toute espèce animale, est le produit d’une lente élaboration des siècles, on est obligé d’avoir recours à la puissance surnaturelle du Créateur ; mais d’une part la doctrine de la génération spontanée, de l’autre la doctrine de la transformation des espèces, sont des hypothèses arbitraires, repoussées par la science.
Il a chassé, il a couru, il s’est battu contre l’animal féroce, il s’est exercé ; il s’est conservé, il a produit son semblable : les deux seules occupations naturelles.
Seulement, parce qu’il a fait son métier de prêtre, désintéressé de gloire humaine, et profond d’intention religieuse, est-ce une raison pour que nous, les critiques mondains, nous soyons dispensés de faire le nôtre, en ne portant pas la lumière sur ce qui est beau de la beauté humaine… et littéraire, la plus nette, la plus pathétique, la plus impérieusement incontestable, et cela indépendamment du sujet sur lequel s’est produite cette beauté inouïe et de l’explication surnaturelle qu’il faut en donner ?
Supposez que le plus intéressant, le plus plein et le plus brillant sans contredit des voyageurs du xixe siècle, le marquis de Custine, n’eût pas pris pour une vocation la paresse trop aristocratique et l’inquiétude trop troublante de son esprit, et qu’il nous eût donné moins de Voyages, nous aurions des œuvres sévères, creusées et profondes comme ce génie dépensé sur les chemins était capable d’en produire, et cela ne vaudrait-il pas mieux que les quelques belles pages au-dessus desquelles surnage, déjà obscurément, son nom ?
Dès le début du siècle, la France ont un grand métaphysicien, le plus grand qu’elle eût produit depuis Descartes et Malebranche : Maine de Biran 26.
Que cette continuité et ces retours soient souvent discutables, je le veux bien, mais il me suffit que le vers libre ait produit telles scènes de Phocas le jardinier pour croire que si sa perfection est difficilement atteinte, elle n’est pas inaccessible.
Gottsched avait tenu à donner à ses jeunes collaborateurs une scène pour produire leurs œuvres, et des acteurs pour les jouer. […] Or, quand on lui demandait quelle note produisait une cloche, il répondait toujours : « Elle ne fait pas une note, elle en fait plusieurs », ce qui paraissait étonner beaucoup de gens. […] Écrivez pucelaige, le mot ne produit plus du tout l’effet de secousse que l’on éprouve si vous écrivez à la moderne. […] C’est un simple vaudeville que Molière a écrit en cinq actes et en vers, parce que le vaudeville ne formait pas de son temps un genre spécial et n’avait pas pour se produire de théâtre particulier. […] Il commence donc par mettre sous nos yeux le spectacle de la prévention avec les effets qu’elle traîne à sa suite, sans nous parler des causes qui la produisent.
Si ce n’est pas là la vérité, convenons du moins qu’un esprit qui sait produire de pareilles raisons n’est pas un esprit ordinaire. […] La cause générale, ou Dieu, a produit un effet également général dans le monde : c’est l’homme. […] Elles ont produit la révolution, et elles seront le dernier asile des haines révolutionnaires. […] Il ne faut pas croire d’ailleurs que le plus rude despotisme produise un silence absolu, excepté chez les nations barbares. […] Ces écrivains n’ont pas la force de produire la pensée qu’ils ont un moment conçue.
Vaut-il pas mieulx demeurer en suspens, que de s’infrasquer en tant d’erreurs que l’humaine fantaisie a produites ? […] On se figure volontiers que c’est parce qu’il ne peut produire, qu’il recherche, édite et commente les œuvres des autres. […] Le gouvernement très simple de David dans sa forteresse de Sion le fait penser à la petite royauté d’Abd el-Kader et aux essais dynastiques que nous voyons, de nos jours, se produire en Abyssinie, à la cour des Négus de Magdala et de Gondar. […] Quand on s’interroge soi-même sur l’impression produite par un livre de Renan, à moins d’appartenir aux petites Églises qui ont l’anathème facile, on ne fait pas œuvre de critique, on est comme un dévot qui fait son examen de conscience, et qui découvre en lui, avec tremblement, des doutes et des faiblesses. […] Darwin a décrit quelque part des araignées qui vont jusqu’à plusieurs milles en mer, sur un fil qu’elles produisent et qu’elles laissent flotter sur les vagues.
» — Précédemment et dans les premiers temps où Lamartine commençait à se produire en dehors de la poésie et à se lancer dans la politique, après son retour d’Orient, mais quand il ne semblait encore viser qu’au Grandisson, Royer-Collard définissait ainsi son air, sa façon noblement cavalière d’entrer en tous sujets : « M. de Lamartine semble toujours dire : Voyez ! […] De nos jours, même quand les résultats semblent grands, ils ne se produisent que dans une vue d’intérêt, et ils se rattachent à une spéculation. […] Produire ses idées avec tout un appareil brillant et sonore, et les voir à l’instant courir le monde, c’est encore plus enivrant que de penser tout seul dans son cabinet ; Lamartine s’excite donc et s’enivre, chaque matin, de cette improvisation facile et brillante qui lui donne la sensation de sa fécondité inépuisable et lui rend l’illusion de la jeunesse. […] Il croit avoir renfermé dans son poème soi-disant philosophique, La Sauvage, toute la quintessenee de la philosophie de l’histoire et le produit net de la pensée politique de ce siècle et de tous les siècles.
Avec de pareils spectateurs, on peut produire l’illusion sans se donner beaucoup de peine : point d’apprêts, de perspective ; peu ou point de décors mobiles : leur imagination en fait tous les frais. […] Monuments, statues et peintures, théâtre, éloquence et poésie, de Sophocle à Racine, ils ont coulé toute leur œuvre dans le même moule, et produit la beauté par le même moyen. […] Il y en a deux sortes, ainsi qu’il convient à la nature du drame : les uns qui produisent la terreur, les autres qui excitent la pitié ; les uns gracieux et féminins, les autres virils et violents ; toutes les différences du sexe, tous les extrêmes de la vie, toutes les ressources de la scène sont contenus dans ce contraste, et si jamais le contraste a été complet, c’est ici. […] En France, il n’est qu’une association de deux camarades, presque semblables et presque égaux, ce qui produit les tiraillements et la tracasserie continue.
Mais enfin elle doit bien se douter de l’effet qu’elle produit sur lui, et il est naturel qu’elle en profite pour sauver son enfant. […] Mais il y avait aussi là des fillettes de douze à quinze ans, des fillettes précoces et curieuses comme il en pousse entre les pavés de Paris ; et qui dira l’effet qu’ont pu produire sur elles ces scènes ardentes d’amour exalté ? […] L’effet comique est alors produit par le contraste entre la solennité du style et la vulgarité du sujet, ou inversement. […] Elle est, avec la Grande Duchesse et Orphée aux enfers, l’exemplaire le plus éclatant du seul genre dramatique relativement nouveau qu’ait produit la seconde moitié de ce siècle (la première moitié ayant inventé le drame romantique). […] Tous ces dons, haussés pour une fois du vaudeville à un genre plus relevé, devaient produire Froufrou, la moins ambitieuse, la plus aisée et la plus charmante des « grandes comédies ».
Là, il peint des acteurs et des scènes de théâtre dans le style de Tsoutzoumi Tô-rin et produit beaucoup de dessins sur des feuilles volantes, appelés Kiôka Sourimono. […] Nous y retrouvons le prêtre à la barre de fer, Rotishin, le tueur de tigre, Boushô, et Itijôsei la femme forte, à côté de Kiumonirô Shishin, l’homme au corps entièrement tatoué de dragons, et de Rosénsho, ce mortel qui avait le pouvoir de produire des orages pour terrifier l’ennemi ; — tous deux faisant partie des cent huit héros de l’épopée chinoise. […] Puis des riens du tout, comme des champignons, comme un morceau de bambou, etc., etc., des merveilles d’un rendu comme produit par la fièvre du dessin. […] En effet, il y a des oiseaux qui ne volent pas très haut, des arbres à fleurs qui ne produisent pas de fruits, et toutes ces conditions de la vie autour de nous méritent d’être étudiées à fond, et si j’arrive à persuader les artistes de cette vérité, j’aurai le premier traîné ma canne sur le chemin20. […] Vers l’âge de cinquante ans, j’avais publié une infinité de dessins, mais tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté.
Quand on sait produire de belles choses, il ne faut pas les abandonner avec faiblesse. […] Et s’il arrivait, malheureusement pour vous, que l’ouvrage que vous venez de publier produisît cet effet, qu’il y eût un seul coup de poignard de donné, un seul de vos concitoyens d’égorgé, Rousseau, je vous connais ; vous verriez sans cesse le sang de ce citoyen couler ; le cadavre de l’infortuné serait sans cesse sous vos yeux, et vous péririez de chagrin ! […] L’Académie est composée de trois classes où l’on voit le talent qui produit, entre la protection qui encourage et le bon goût qui apprécie. […] Cet événement a produit une grande émotion parmi tous les ordres de l’État. […] À combien peut s’évaluer le produit annuel du chanvre et du lin, année commune ?
On voyait qu’il y avait, non pas effort, mais attention continue dans les nerfs et dans les muscles qui formaient l’encadrement des regards ; bien que cette attention intérieure et tournée en dedans produisît involontairement une certaine tension des paupières qui rétrécissait le globe de l’œil, la couleur bleu de mer, de ce liquide qu’aucune ombre ne tachait, et la franchise amicale de son coup d’œil qui ne cherchait jamais à pénétrer dans le regard d’autrui, mais qui s’étalait jusqu’au fond de l’âme chez lui, inspirait à l’instant confiance absolue dans cet homme. […] La petite terre de M. de Vigny consistait surtout en vignoble comme celle d’Horace dans la pittoresque Sabine ; il transformait son vin en eau-de-vie pour en augmenter un peu le produit. […] On dira que les symptômes du génie se montrent sans enfantement ou ne produisent que des œuvres avortées ; que tout homme jeune et rêveur n’est pas poète pour cela ; que des essais ne sont pas des preuves ; que quelques vers ne donnent pas des droits. — Et qu’en savons-nous ?
Charrière s’est volontairement attirées, j’ai prié l’auteur de revoir attentivement mon travail, et il s’est prêté à ma demande avec beaucoup d’obligeance ; il a même consenti à rétablir quelques passages qu’il avait cru devoir prudemment supprimer dans l’œuvre originale et qui, par un cachet particulier de vérité, ajoutent encore à l’effet qu’elle produit dans son ensemble. […] Il poussa un profond soupir et commença… Le premier son qu’il articula était faible, tremblant ; on eût dit qu’il ne sortait pas de sa poitrine ; il semblait un écho lointain, et produisit une impression étrange. […] Sa voix ne tarda pas à se développer, et il entonna une chanson mélancolique. « Plus d’un sentier traverse la plaine. » Ces paroles produisirent une émotion générale.
Tous ces portraits, entourés de cadres à grosses moulures dorées, produisaient un bel effet sur le fond brun de la haute salle. […] Eh bien, tel était précisément l’état des choses chez Fritz Kobus, vers une heure de l’après-midi : le vin vieux avait produit son effet. […] si… je te parie… voyons… je te parie mon coin de vigne du Sonneberg ; tu sais, ce petit clos qui produit de si bon vin blanc, mon meilleur vin, et que tu connais, rebbe, je te le parie… — Contre quoi ?
Osez proposer le Contrat social à une ville plus grande que Genève, et ces lois si savamment méditées ne produiront que d’effroyables révolutions. […] Aucun ne vous laissera dans l’âme cette harmonie paisible du beau antique que les Grecs, ou les Latins, ou les Indous appelaient la beauté suprême, parce qu’elle était à la fois vérité et volupté, et qu’elle produisait sur le lecteur un effet divin et éternel sentiment de l’âme à tout ce que l’on désire, qui la remplit sans la laisser désirer rien de plus, ivresse tranquille où les rêves mêmes sont accomplis, et où le style, où l’expression ne cherche plus rien à peindre, parce que tout est au-dessus des paroles. […] Il est même très-remarquable que tous les peuples malheureux par leurs opinions, leurs mœurs ou leurs gouvernements ont produit des classes nombreuses de citoyens entièrement dévoués à la solitude et au célibat.
Je vais en produire un autre exemple: Le feu roi de Perse fit faire une tente, qui coûta deux millions. […] Je le suppliai de lui dire qu’une indisposition m’empêchait de l’aller saluer ; mais que les bontés qu’il avait eues pour moi, il y avait six ans, me faisaient prendre la liberté de m’adresser à lui pour me produire au nazir ou surintendant, sûr que j’étais de n’y pouvoir aller par un meilleur canal ; que je le suppliais très-humblement de représenter à ce ministre l’ordre que j’avais eu du feu roi, d’aller en mon pays faire faire de riches ouvrages de pierreries et de les apporter moi-même, ce que j’avais fait d’une manière à oser me persuader qu’il n’était pas possible de faire mieux. […] IX D’après ces magnificences du palais et des réceptions du roi de Perse, on juge de l’impression qu’un pareil livre produisait sur les lecteurs de Chardin.
C’est la raison de la révolution, ou de l’évolution, que nous voyons se produire et dont on trouverait les preuves, au besoin, dans la Bibliographie de la France. […] Et je n’attribue pas enfin plus d’importance qu’elles n’en ont aux déclamations pieuses qu’on est surpris quelquefois de lire dans le Peuple Français ou dans l’Autorité… Mais il n’en est pas moins vrai que l’évolution se produit, et, déjà, nous commençons d’en discerner quelques-uns des effets16. […] Et il est écrit ailleurs : « Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille qu’un riche entre au royaume des cieux. » Mais si la lettre de ces paroles n’est pas développée par l’esprit de la tradition, quel effet ne produiront-elles pas sur un humble lecteur — infimæ sortis, pauperculæ domus — puisqu’elles ont fourvoyé dans ce dédale d’erreurs le plus grand écrivain de la Russie contemporaine !
Buloz produise mes traités de Caligula, de Mademoiselle de Belle-Isle, de Lorenzino et d’Un Mariage sous Louis XV, on verra que seul, parmi ces messieurs, je n’ai jamais eu que cinq cents francs par acte de prime ferme, et cinq cents francs par acte de prime proportionnelle. […] Cette année et demie, à trente-six volumes par an, eût produit cinquante-quatre volumes, qui, à 4 000 fr. l’un, donneraient 216 000 fr. […] Nous n’avons pas besoin de rappeler quel mouvement produit dans le monde intellectuel l’apparition d’un ouvrage de M.
Bavarde, elle prend l’abondance verbale pour la fécondité mentale et elle aspire à produire des œuvres longues. […] Mais le physicien n’affirmera jamais qu’un fait s’est produit sans cause ou que n’importe quelle cause peut être suivie de n’importe quel effet. […] Je n’ai examiné aucune grappe produite par la souche à cinq sarments. […] On est étonné du rachitisme des enfants que produit ce bon ménage d’imaginations sages. […] Parfois aussi l’émotion est produite par des moyens connus, et nous sourions en songeant à Maupassant.
Je ne savais pas par quoi était produite l’espèce de plainte déchirée, qu’il m’était arrivée, une fois, de prendre pour le cri gémissant d’un homme. […] L’anéantissement que produit un obus dans un intérieur, j’en trouve deux épouvantables exemples. […] Il déclare qu’il a dû combattre et empêcher une proposition qui voulait se produire : — une proposition demandant la destruction de Notre-Dame-de-Paris. […] Je ne connais pas un bavardage qui produise un ennui plus semblable à celui de la pluie, que le bavardage dudit. […] Moment d’expansion de cet homme fort et fermé, produit par la beauté et la grandeur de la nuit.
Quand une pièce de théâtre a produit son effet, c’est la meilleure preuve qu’elle a été bien faite. […] A ce sujet, messieurs, nous croyons devoir vous instruire que nous avons délibéré, sous le bon plaisir de nos supérieurs, de consacrer le bénéfice entier de cette représentation à l’érection de la statue de Molière, de cet homme unique en son genre, et le plus grand peut-être qu’ait produit la littérature française ! […] Il fallut (et sur ce point, l’histoire doit savoir quelque gré à Louis XIV), il fallut l’intervention du roi pour laisser se produire publiquement cette leçon de vertu que Cléante, parlant à Orgon, donnait si vaillamment à son temps et aux temps à venir. […] Ce serait trop peu, et nos larmes devaient produire une autre mer. […] Il a sondé d’une main ferme la plaie éternelle de l’homme, il a démasqué le vice avec courage, et ce ne serait pas, à proprement parler, une nation qui devrait s’enorgueillir d’avoir produit un tel génie, c’est le genre humain.
Aucun n’avait éveillé dans les cœurs autant de ces longs échos qui ne naissent que d’un accord intime avec le lecteur, et qu’un simple plaisir d’art est impuissant à produire. […] Elle produisait alors une impression profonde sur les siens, habitués à la voir tranquille et grave. […] « Toi qui as lu l’Hamlet de Shakespeare, tu sais quel effet produit sur lui le savant et érudit Polonius ! […] Ce retour vers le passé produisit « La Nuit d’octobre » (15 octobre 1837), la dernière de la série et la plus belle, qui éclate et s’apaise comme un orage apporté par les vents, et balayé soudain. […] « Oui, marraine, à chaudes larmes, comme dans mon meilleur temps, la tête dans mes mains, les deux coudes sur mon lit, les deux pieds sur ma cravate, les genoux sur mon habit neuf, et voilà, j’ai sangloté comme un enfant qu’on débarbouille, et en outre j’ai eu l’avantage de souffrir comme un chien qu’on recoud… Ma chambre était réellement un océan d’amertume, comme disent les bonnes gens… » Ce grand désespoir produisit les vers un peu trop cruels « Sur une morte » (1er octobre 1842).
Vous ne pourriez pas déplacer un mot ni mettre une mesure longue ou brève dans la strophe sans produire un faux ton dans cette musique de l’oreille et de l’âme. […] La gloire du siècle d’Auguste et de Mécène fut moins d’avoir produit un improvisateur comme Horace que d’avoir senti la perfection d’une telle langue.
Tel fut l’effet produit sur les êtres sensibles quand le Lépreux de la cité d’Aoste parut, — l’évangile de la douleur. — Il lui manquait une page que Job lui-même n’avait pas écrite : la suprême douleur de l’isolement dans le martyre. […] Mais celui qui, comme une harpe éolienne, s’abandonne au vent et ne sait pas d’avance l’effet qu’il veut produire, voilà l’homme qui ne manque jamais son coup, voilà ton oncle, voilà mon écrivain !
Rien ne prouve qu’il y en ait dans la plupart des cas, ni qu’elle y soit essentielle, ni qu’elle y tienne place de cause, car d’une part l’obéissance peut simuler l’affection, et d’autre part il est possible aussi qu’elle la produise, dans le cas où les facteurs personnels et égoïstes sont, comme chez l’hypnotisé, annulés ou du moins amoindris, et réduits à l’impuissance. […] À voir les faits sans parti pris on reconnaît qu’il s’en produit continuellement.
Rassemblant en vertu de cette affirmation, la poésie, la musique, la mimique, et cette partie de l’art pictural qui s’exerce dans la beauté des décors et la noblesse des costumes, elle a conduit le maître à produire des œuvres grandioses et neuves que sont contraints d’admirer tous ceux que le haut art enthousiasme. […] Et comme celle-ci, formée d’éléments originairement semblables, les associe en les différenciant et les subordonnant, l’esthétique de Wagner substitue à des ensembles relativement homogènes, la musique, la poésie, la mimique, le spectacle purs, une œuvre plus hétérogène, dans laquelle les traits propres de ces trois arts, bien qu’harmonieusement fondus, multiplient les parties, étendent et compliquent l’émotion produite.
De te reprocher un crime dont tu n’es point coupable, et qui a été le produit d’un charme irrésistible. […] IX Par une métaphore qui doit être bien naturelle à l’homme, puisqu’elle se retrouve dans les langues modernes comme dans cette langue primitive, les littérateurs indiens donnent aux différentes impressions morales produites par les genres divers de leur poésie, le nom de goût ou saveur ; ils y ajoutent l’assimilation des différents genres de littérature aux différentes teintes de couleurs qui affectent diversement les yeux.
Sa manie pour les antithèses, pour les pointes, pour les brillans, étoit extrême, & on croit en lisant ses ouvrages, lire un recueil d’épigrammes ; ce qui produit une monotonie fatigante : avec beaucoup d’esprit, il n’avoit nul goût, nulle idée de la véritable éloquence. […] Il semble que je devois me produire plûtôt, ou me cacher pour toujours.
Dès qu’un auteur produit une idée nouvelle, elle est aussitôt reçue comme vraie ; la nouveauté seule en est le passeport.
Je donnerai ici l’une de ces versions, qui montre à quel point ces grands mots tout chargés de foudre cachent souvent de timides pensées ; plus l’auteur tremble, et plus il grossit sa voix : Citoyens représentants, écrivait Vicq d’Azyr, vous avez dit un mot, et le sol de la liberté, labouré d’une manière nouvelle, produit une abondante moisson de salpêtre.
Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat.
Cet esprit, le plus contraire à celui de la grande et intelligente poésie, produit des jugements systématiques, engouement et anathème, mais le tout se passant le plus souvent entre soi, entre artistes et gens du métier : le public même celui qui s’occupe volontiers des lettres sérieuses, reste indifférent et regarde ailleurs.
. — J’aspirais à produire dans l’esprit d’Ellénore une impression agréable ; je voulais, en me montrant aimable et spirituel, la disposer en ma faveur, et la préparer à l’entrevue qu’elle m’avait accordée.
Je ne veux point vous faire meilleure que vous n’êtes ; l’impression que vous produisez, vous la sentez vous-même ; vous vous enivrez des parfums que l’on brûle à vos pieds.
De plus, il a cela de particulier d’être un pur produit de l’armée républicaine d’Italie, et celui de ses enfants peut-être qu’elle eût pu présenter le plus avantageusement comme parfait émule en regard et en contraste d’un enfant de l’armée du Rhin.
» Sans prétendre juger du fond des choses dans des affaires si embrouillées, il est certain pour moi, par la manière dont il est parlé de Joubert dans le récit de Fouché, et par la comparaison des pièces produites dans cette vie même du général, que Joubert, plus ou moins en garde d’abord contre les procédés de Brune, fut bientôt retourné et gagné par Fouché.
Ce sont, hommes et femmes, des marionnettes incapables de vivre ; elles ont des proportions habilement conçues, mais, sur leur charpente de bois ou d’acier, ces poupées n’ont absolument que du rembourrage ; l’auteur les fait manœuvrer sans pitié, les tourne et les disloque dans les positions les plus bizarres, les torture, les fustige, déchire leur âme et leur corps, et met sans pitié en pièces et en morceaux ce qui, il est vrai, n’a aucune chair véritable : — et tout cela est l’œuvre d’un homme qui montre de grandes qualités d’historien éloquent, et auquel on ne peut refuser une vive puissance d’imagination, sans laquelle il lui serait impossible de produire de pareilles abominations. » — Vous qui parlez sans cesse de liberté, qui la voulez dans l’art et en tout, soyez conséquents ; sachez admettre et supporter les manières de sentir, même les plus opposées à la vôtre, quand elles sont sincères.
Produit par Colbert, dont son père avait l’intime confiance, successivement intendant à Pau, à Poitiers et à Caen, puis conseiller d’État, il mourut en 1721 à l’âge de soixante-dix-huit ans.
I. le prince Napoléon, et reposant tout entiers sur les pièces d’État et de famille les plus authentiques, dont on produit les plus importantes à l’appui du récit, à la suite de chaque livre, deviennent une des sources nouvelles et essentielles de l’histoire de ce temps.
Le vieux tronc, avant de se dessécher, produisit entre ses racines deux fleurs, et ces deux fleurs fragiles, d’une saison à peine, moissonnées avant le temps, (ô triomphe de l’esprit !)
Au nombre des textes nouveaux et des témoignages peu connus que produit M.
Le produit annuel de ces châtaigniers suffit à nos besoins : je n’ai pas d’autre domaine.
Dans les Chants alternés, dans les Cornemuses, dans la pièce à saint Mauto ou Malo, le même croisement de sentiments et d’images se produit avec bonheur.
Et quant aux choses, quelle est le produit net, le bilan probable que, grâce à Dieu, on n’a pas encore déposé ?
La grande scène voulue au troisième acte ne produit point ici de péripétie proprement dite, car nous savons tout dès le second acte, et il n’eût tenu qu’à Bérénice de le comprendre comme nous.
Il y a là un autre M. de Léonard qui n’est pas le nôtre, mais une espèce d’ingénieur du Prince, et qu’il s’agit de capter en tout honneur : une boîte d’or avec portrait de Sa Majesté paraît produire un effet merveilleux.
Mais depuis que ces transactions ont existés entre le présent et l’avenir, entre le sacrifice de la génération actuelle et les dons à faire à la génération future, il n’y a point eu de bornes qu’un nouveau degré de passion ne se crut en droit de franchir ; et souvent des hommes, enclins au crime, croyant s’enivrer des exemples de Brutus, de Manlius, de Pison, ont proscrit la vertu, parce que de grands hommes avaient immolé le crime ; ont assassiné ceux qu’ils haïssaient, parce que les Romains savaient sacrifier ce qu’ils avaient de plus cher ; ont massacré de faibles ennemis, parce que des âmes généreuses avaient attaqué leurs adversaires dans la puissance, et ne prenant du patriotisme que les sentiments féroces qu’il a pu produire dans quelques époques, n’ont eu de grandeur que dans le mal, et ne se sont fiés qu’à l’énergie du crime.
Tant qu’il en a été ainsi, une grande poésie lyrique ne pouvait sortir chez nous des éléments ni des circonstances qui ailleurs la produisaient.
Maria de Hérédia sont un parfait modèle à ce point de vue et leur beauté inébranlable suffirait à faire grande l’école parnassienne, n’eût-elle produit que ce seul livre.
Il y a au contraire des chances pour qu’un ouvrage connu, au grand jour, ne modifie point un état d’âme courant, à cause des interprétations diverses et contradictoires qu’elle produit.
Quelque chose d’irréparable, la fêlure du cristal, s’est produite dans tes convictions anciennes.
Ne vaut-il pas mieux, lorsqu’une émotion universelle s’est produite autour d’un être idéal, ne pas trop en rapprocher l’objet, et se confier au rêve et à l’imagination de tous pour l’achever et le couronner mieux que nous ne saurions faire ?
Au moment où Mme Campan la revit après le retour de Varennes, la reine ôta son bonnet, et lui dit de voir l’effet que la douleur avait produit sur ses cheveux : « en une seule nuit ils étaient devenus blancs comme ceux d’une femme de soixante-dix ans ».
Je ne sais si vous y trouverez votre compte, mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire, ajoute-t-on, plus incertain de la réussite que l’auteur, entreprit l’édition ; mais à peine l’eut-il exposée en vente, qu’elle fut enlevée, et qu’il fut obligé de réimprimer plusieurs fois ce livre qui lui valut cent mille francs et plus.
Il lui faut des faits pour prouver ses assertions générales, le désir qu’ont les menuisiers de ne travailler que pour le théâtre, une fois qu’ils ont goûté de cette gloriole, pour montrer la séduction que celui-ci exerce sur tout ce qui l’approche ; des faits pour trait final à une analyse de caractère, ou à la notation d’un changement moral ; la mère des Zemganno appelée en justice, ne voulant témoigner qu’en plein air, pour montrer le farouche amour de la bohémienne pour le ciel libre ; pour représenter la modification produite en Chérie par sa puberté, décrire en détail la gaucherie et la timidité subite de ses gestes.
Il en concluait que l’absence de phosphore dans l’encéphale réduit l’homme à l’état de la brute, qu’un grand excès irrite le système nerveux et le plonge dans ce délire épouvantable que nous appelons la folie, enfin qu’une proportion moyenne rétablit l’équilibre et produit cette harmonie admirable qui n’est autre chose que « l’âme des spiritualistes. » À cette théorie, on a opposé que la cervelle des poissons, qui ne passent pas pour de très grands penseurs, contient beaucoup de phosphore.
Les Anglais ont assez bien traduit quelques tragédies de Racine ; je doute qu’ils traduisissent avec le même succès les fables de La Fontaine, l’ouvrage peut-être le plus original que la langue française ait produit ; l’Aminte, pastorale pleine de ces détails de galanterie, et de ces riens agréables que la langue italienne est si propre à rendre, et qu’il faut lui laisser ; enfin les Lettres de madame de Sévigné, si frivoles pour le fond, et si séduisantes par la négligence même du style.
c’est peut-être la première fois que l’exaspération des sentiments ait produit des livres de si peu de puissance.
Laissons de côté tous les poetæ minores, pour en arriver à ce fait capital, qui ne pouvait se produire qu’en Italie : une littérature en langue latine accaparant brusquement les meilleurs esprits, et interrompant pendant presque un siècle l’évolution de la littérature en langue italienne.
Delacroix : « l’énergie est chez lui l’aspiration de l’énergie, le rêve de l’énergie, la nostalgie d’un passé historique plutôt que la puissance de construction d’un avenir. » L’image de la cristallisation qui forme le leit-motiv du livre est à la fois le produit d’une imagination musicale, une figure de la réalité amoureuse : " il me semble, dit Stendhal dans une lettre, qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d’entendre. " la musique, surtout telle que la goûtait Stendhal qui n’y sentait qu’un motif de rêverie, c’est le monde et l’acte mêmes de la cristallisation parfaite, de sorte que Beyle, amoureux de second plan, simple amateur en musique, se définirait peut-être comme un cristallisateur.
Alexandre, mêlant à une véritable grandeur d’âme et à des actions incomparables quelques accès de fureur, avait vu autour de lui le silence, même sur sa gloire ; et son règne, marqué par autant de fondations que de conquêtes, n’avait pas su produire un grand poëte, un grand historien.
Ce besoin primitif se trouve naturellement satisfait, autant qu’il puisse jamais l’être, par notre tendance à transporter partout le type humain, en assimilant tous les phénomènes quelconques à ceux que nous produisons nous-mêmes, et qui, à ce titre, commencent par nous sembler assez connus, d’après l’intuition immédiate qui les accompagne. […] Car une semblable prévision et la conduite qui en résulte exigent évidemment une profonde connaissance réelle de l’être au sein duquel les volontés se produisent. […] Telle est l’heureuse efficacité pratique que l’ensemble de notre situation révolutionnaire procure momentanément à une école essentiellement empirique, qui, sous l’aspect théorique, ne peut jamais produire qu’un système radicalement contradictoire, non moins absurde et non moins dangereux, en politique, que l’est, en philosophie, l’éclectisme correspondant, inspiré aussi par une vaine intention de concilier, sans principes propres, des opinions incompatibles. […] En un temps où il ne faut attendre d’efficacité immédiate que de mesures toujours provisoires, bien adaptées à notre situation transitoire, l’organisation nécessaire d’un tel point d’appui général pour l’ensemble des travaux philosophiques devient, à mes yeux, le principal résultat social que puisse maintenant produire l’entière vulgarisation des connaissances réelles : le public rendra ainsi à la nouvelle école un plein équivalent des services que cette organisation lui procurera.
Elle était au fond, elle se réduit à se jouer à la surface : elle créait, elle arrange ; elle produisait, elle perfectionne, ou croit perfectionner. […] L’impression artistique ne se produit pas, ou perd infiniment de sa force. […] En attendant, ce qui devait arriver naturellement se produit en effet. […] C’est tout à fait la méthode (instinctive) de Théophile Gautier critique : faire d’un auteur aimé un portrait, et d’une œuvre chérie un tableau à la plume, qui donne, plus ramassée, la sensation que produit l’artiste lui-même. […] Personne ne songea à sourire, et au contraire je lis : « marques d’approbation », quand Thiers dit en 1831 : « Ici peuvent se produire avec plus de régularité, moins de désordre, toutes les scènes de la liberté antique.
Ainsi le type est le « fait dominateur », — Hegel dirait « l’idée », — qui assemble et produit les autres. […] Comment donc sont-ils le seul qui ait produit un Phidias ? […] Lintilhac a soin de le rattacher à son ascendance, et de déterminer les influences de milieu et de moment qui ont dû contribuer à le produire. […] Le pur dilettante ne produit rien, pas plus dans l’ordre esthétique que dans l’ordre moral. […] Peut-être les contestations qui s’étaient produites sur l’authenticité de sa gentilhommerie avaient-elles contribué à exaspérer son sentiment nobiliaire.
Parce que ses vibrations ont, entre autres caractères, le pouvoir de se propager à travers le milieu ambiant jusqu’à notre nerf acoustique ; en effet, ôtez-leur cette propriété, ce que l’on fait par la suppression du milieu et en mettant le corps dans le vide : les vibrations continuent ; mais, comme elles cessent de se propager, la sensation ne se produit plus. […] Elle n’est qu’un effet comme tant d’autres, et, comme tous les autres, elle a pour raison la présence combinée d’un groupe de conditions fixes et d’un groupe de conditions changeantes. — Pour former la planète, il y avait une condition fixe, la gravitation des molécules gazeuses emportées autour du noyau central, et une condition changeante, le refroidissement progressif, par suite la condensation graduelle de ces mêmes molécules. — Pour former l’espèce, il y avait une condition fixe, la transmission d’un type général plus ancien, et des conditions changeantes, les circonstances nouvelles qui, choisissant les ancêtres ultérieurs, ajoutaient au type les caractères de l’espèce. — Pour former telle époque historique, il y avait une condition fixe, le maintien du caractère national, et une condition changeante, l’état nouveau dans lequel, au sortir de l’époque précédente, la nation se trouvait placée. — Il suit de là que, dans les questions d’origine, il y a un intermédiaire explicatif et démonstratif comme dans les autres ; que la réunion des éléments a sa raison d’être, comme les caractères du composé ont leur raison d’être ; qu’elle est un produit comme eux, et que toute la différence entre les deux produits consiste en ce que, le premier étant historique et le second n’étant pas historique, le premier enferme un facteur de plus que le second, à savoir l’influence du moment historique, c’est-à-dire des circonstances préalables et de l’état antécédent. […] Une sensation est un composé de sensations élémentaires plus petites, celles-ci de même, et ainsi de suite, tant qu’enfin, au terme de l’analyse, on est autorisé à admettre des sensations infinitésimales, toutes semblables, lesquelles, par leurs divers arrangements, produisent les diversités de la sensation totale. — Ceci est le point de vue de la conscience, qui est interne et direct ; il en est un autre, celui des sens, qui est indirect, externe, et d’après lequel les événements précédents consistent en mouvements moléculaires des cellules cérébrales. — Par ces décompositions successives, on arrive aux derniers éléments de la connaissance, et dès lors il est aisé de voir comment ils s’assemblent.
Pendant la réaction qui se produisit d’une violence insoupçonnée jusqu’ici — contre le Naturalisme et M. […] Un homme est le produit du passé et de sa race. […] De même tout homme est produit de son milieu.
Les astres lumineux ne sont que des points imperceptibles dans une immensité noire ; le jour n’est que le phénomène, exceptionnel dans l’univers, produit par le voisinage d’un astre, d’une « étoile », et qui cesse à une assez faible distance ; entre les astres, dans la grande étendue, règne la nuit. […] II. — Quand on s’est familiarisé avec les idées philosophiques de Victor Hugo, — ce poète « sans idées », — alors, et alors seulement bien des pièces, dont on ne faisait que sentir vaguement la beauté ou la sublimité, prennent tout leur sens, produisent la plénitude de leur effet esthétique. […] Que les objets grandissent dans les imaginations des hommes comme les rochers dans les brouillards, à mesure qu’ils s’éloignent224. » Napoléon d’une part, la Révolution de l’autre, étaient deux types épiques, l’un individuel, l’autre collectif, qui devaient s’imposer naturellement à l’imagination d’un poète, mais ces deux types grandirent dans son cerveau, à mesure que son génie même grandissait ; et cette sorte de croissance invincible a fini par produire des images gigantesques et déformées, en dehors de toute réalité.
Les siécles d’ignorance produisirent une foule de compilations qu’on honora du titre d’Histoire universelle. […] Les portraits de tout ce que cette région a produit de caractères singuliers, de grands hommes ou d’esprits factieux, y sont tracés de main de maître. […] Le Royaume de Naples & de Sicile a produit des événemens si variés & si singuliers, que quelques-uns de nos historiens françois auroient bien dû nous en donner une histoire générale.
Que les œuvres ainsi produites soient bizarres et déroutantes, j’y consens. […] Il eût fallu produire par milliers et l’on ne produisait que par dizaines d’exemplaires.
Agir avant tout, agir et se produire, c’est le premier besoin. […] C’est alors qu’on voit avec lui percer et se produire plus fréquemment dans ses lettres cette seconde génération africaine qui remplacera la première déjà revenue en France ; les Pélissier, les Canrobert, les Bosquet, les Morris, sont, avec Saint-Arnaud, les chefs brillants de cette seconde génération qui serre et talonne le plus près qu’elle peut les Changarnier, les Lamoricière, les Bedeau, les Cavaignac, et qui n’attend que son tour d’entrer en scène.
Ampère était près, vers 1820, de produire une exposition de son système de philosophie, lorsque l’annonce de la découverte physique de M. œrsted le vint ravir irrésistiblement dans un autre train de pensées, d’où est sortie sa gloire. […] On aperçoit des relations entre les premiers par la comparaison, entre les seconds par l’observation des effets que produisent les causes.
—Trop tard ; car si elle se fût produite aussi bien vers 1780, si elle fût entrée en scène le lendemain de Jean-Jacques, elle aurait eu chance de se faire virile en ces dix années, de prendre rang et consistance avant les orages de 89. […] C’est dans cet intervalle qu’il produisit les Tristes, et même le Dictionnaire des Onomatopées, singulière inspiration chez un proscrit romanesque, et bien notable indice d’un instinct philologique qui grandira.
Voilà le produit, ou plutôt le débris, qui se dépose en nous, lorsque nous avons parcouru une série de faits ou d’individus semblables. […] Il faut d’abord que les éléments mentaux avec lesquels ils sont fabriqués soient calqués exactement sur les éléments des choses réelles ; car alors les éléments de notre moule se retrouveront dans la nature. — Il faut ensuite qu’ils soient très généraux et, s’il se peut, universels ; car, plus ils sont généraux, plus le nombre d’individus ou cas où ils se retrouveront est considérable, et, s’ils sont universels, ils se retrouveront dans tous. — Il faut enfin que la combinaison que nous leur donnons soit aussi simple que possible ; car il y a plus de chance pour que nous la retrouvions dans la nature, puisqu’il suffit alors, pour la produire, d’un minimum d’éléments et de conditions.
155 Cette imagination lucide et féconde est comme une sève intarissable qui produit partout la vie poétique. […] Tous ses traits sont calculés pour produire une impression unique.
Le professeur seul ne démordait pas de la page, admirant toujours, et avec raison, le divin style naturel de son poète, même quand les récits produisaient la satiété. […] Il sait jouer avec la vie ; il effleure la nature, il ne l’épuise pas ; il sait que le cœur humain est un instrument à deux cordes dont l’une est tristesse, l’autre gaieté, et, en touchant ces deux cordes tour à tour, il produit une harmonie tempérée et douce qui est précisément l’équilibre vrai de cette vie, mêlée de gémissements et d’éclats de rire.
Si le labeur produisait de grandes fatigues à une certaine époque, il était compensé par de nombreux mois de vacances et de repos. […] Ce cardinal (Antonelli) releva les mérites personnels de Chiaramonti, qui balançaient les exceptions produites par son attachement à la personne et à la famille du Pape défunt ; puis il finit en disant que, dans la situation actuelle, c’était la conclusion la plus honorable et la plus avantageuse que l’on pût souhaiter.
Après cette pièce et d’autres du même genre, une nouvelle imitation, celle du théâtre espagnol, fait tomber de mode l’imitation de la farce italienne, et produit la tragi-comédie, où se distinguent, après Hardy et sur ses traces, les Théophile, les Scudéry, Racan, Rotrou, et Corneille, avant d’être le grand Corneille. […] L’imitation de la tragédie latine a produit Médée ; l’imitation de la tragi-comédie espagnole, Clitandre ; la comédie s’essaye dans six pièces dont Mélite est la première et la meilleure.
Au fond, ce Rollinat est un curieux produit de cette maison Callias, de cet atelier de détraquage cérébral, qui a fait tant de toqués, d’excentriques, de vrais fous. […] Mauvaise impression produite dans la salle, sans que je m’en doute trop, par la scène châtrée de Bourjot, que Céard supprime, sur la crainte, exprimée par Zola, que la scène ne soit accrochée.
Ce mouvement et cette instabilité produisent en nous une première impression de plaisir ou de terreur. — Émotion ! […] Parce qu’il est celui de tous ces genres de poésie qui se suffit le moins à lui-même, qui vit le moins de sa propre substance, et qui emprunte le plus de secours matériels aux autres arts pour produire son effet sur les hommes.
De telles puissances et de tels génies artificiels supposent, dans ces acteurs indispensables à la scène, des miracles d’efforts, d’études, d’éducation spéciale à cette profession, des sentiments fantastiques qui ne se produisent que dans un état très lettré, très oisif et très opulent des nations. […] La nature, qui se révoltait souvent en lui contre cette abstention de la scène ; son talent, qui avait mûri et qui ne demandait qu’à porter des fruits plus consommés dans la maturité de ses années ; la passion de complaire au roi, qui était sa dernière et sa plus grande faiblesse ; le désir de mériter la faveur de Mme de Maintenon, dont il estimait l’esprit et dont il vénérait la piété ; sa fortune à consolider à la cour par des triomphes poétiques qui retentiraient plus loin que Saint-Cyr ; enfin la satisfaction de conscience qu’il éprouvait à mettre son génie dans sa foi, sa foi dans son génie, et à faire son salut pour le ciel en faisant sa grandeur pour ce monde : tous ces motifs combinés tendaient son âme jusqu’à l’exaltation et concentraient toutes ses facultés déjà si puissantes en un de ces efforts suprêmes qui produisent les miracles de la volonté et du génie.
« La France où un sol léger et superficiel produit des habitants du même caractère que son sol ! […] La société comme la terre, n’est jamais plus féconde que quand elle a été bien remuée par le soc des révolutions : elle produit alors des plantes inattendues.
Michelet croit leurs beautés, peuvent produire sur la moralité de celles qui les lisent un effet de jettatura funeste. […] et qui commence ainsi : « Ne cherchez point le prêtre dans la science et dans les lettres, etc., etc. », il écrit avec aplomb que « le prêtre n’a plus que les petites facultés d’intrigue et de ménage, mais qu’il a perdu les grandes facultés viriles, surtout l’invention, et que depuis cent cinquante ans il s’est énervé et n’a plus rien produit ».
« Tu as produit au dehors le Verbe ; et la création a existé. […] « Cette source unique, cette unique racine a produit l’abondance des biens et la génération surnaturelle éclose des ardeurs créatrices ; et elle projette les merveilleuses splendeurs des saints enfantés pour la béatitude.
Cette monotonie, à la longue, produit son effet et fait vibrer la fibre.
À force de croquis manqués, on arrivera à en produire un passable, puis un parlant, et, à la fin, l’on se sera fait sa petite manière à soi de ne s’y prendre pas trop mal, et cela en ne poursuivant que la nature et sans imiter personne.
Devant la maison natale était suspendu une sorte de dôme, également formé de guirlandes naturelles et qui produisait un effet charmant ; enfin, on y avait déjà disposé les mâts vénitiens et les lanternes de papier de couleurs vives et variées pour l’illumination du soir.
Pourtant, plume en main (si tant est que lui-même il tînt la plume), ou en se disant qu’il allait dicter et composer, il était quelque peu gêné dans l’expression de ses pensées, et, bien qu’il en produisît le principal, il n’en donnait et n’en fixait qu’une partie : de vive voix, dans les occasions et en présence des gens, il était, on doit le croire, bien autrement large et abondant.
Turgot, dans un sentiment de vertu ; Necker, dans un sentiment d’ambition et de haute renommée ; Calonne, Brienne, par des motifs moindres, se produisirent tour à tour en réformateurs ; ils échouèrent par la faute des autres ou par la leur : mais combien avortèrent dans l’ombre !
Tous deux s’accordent à reconnaître l’éloquence, l’impression produite.
Est-il donc impossible de prévenir cette décadence qui est un produit lent, mais assuré, du temps, et dont l’homme semble communiquer le germe à tout ce qui sort de ses mains ?
Ces cabanes, ces moissons, ces prés sont un miracle au-dessus des forces d’une grossière industrie : chez un peuple simple et crédule, il fallait chercher ailleurs les puissances capables de le produire.
Michelet s’amuse ; lui aussi, on peut dire qu’il a une manie, celle de briller, de produire de l’effet, et il y réussit.
Elle le redira plus vivement un jour, et après avoir bu à la coupe de douleur : « Car, voyez-vous, je n’aime pas pour ce monde, ce n’est pas la peine ; c’est le ciel le lieu de l’amour. » Le moindre incident, le moindre mouvement, dans cette vie tranquille, produit des jeux d’une fantaisie ou d’une affection pleine de grâce.
Maintenant, tout cela dit, et les torts de trahison et d’indiscrétion étant dès longtemps épuisés, on sait gré involontairement à Bussy (à cette distance) de nous montrer en action tout ce beau monde, nobles gentilshommes et grandes dames, de nous les produire dans un naturel et une originalité de désordre qui fait réfléchir sur le degré de civilisation et d’honnêteté aux différents âges, et qui peut servir à remettre à la raison l’enthousiasme des historiens à tête montée et des faiseurs d’oraisons funèbres.
Au sortir du collège, il s’appliqua avec une certaine ardeur à l’étude, même à celle de la théologie, mais surtout il rechercha la connaissance des beaux esprits et grands hommes du temps, et dans la rue Saint-Étienne-des-Grès, où il logeait alors, il forma, en société de quelques amis honnêtes gens, une petite académie où chacun s’exerçait, se produisait, et où probablement on se louait aussi ; la louange fut très chère de bonne heure à Marolles, et il ne la marchandait pas aux autres, ne leur demandant qu’un peu de retour.
Né le 5 août 1810, il appartenait à cette seconde génération du siècle, lequel n’avait plus deux ou trois ans, mais bien dix ou onze lorsqu’il produisait cette volée nouvelle des Musset, des Montalembert, des Guérin ; je joins exprès ces noms.
sur l’effet de sa parole et sur le choc électrique direct qu’il aurait pu produire dans ce tête-à-tête, — que dis-je ?
Si, à force de le proclamer et de le présenter d’une certaine manière, on produisait plus d’irritation que d’encouragement, on passait le but, on le manquait.
Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !
Vous, de même ; vous aviez en portefeuille des portraits méchants, et, selon vous, jolis : comment les produire ?
Je dois dire que dans le volume de ses Souvenirs où il parle de cette matinée (page 302), il ne se rend compte que très imparfaitement de l’effet qu’il produisit.
Cervantes nous dit nettement et clairement ce qu’il a voulu ; son livre (il nous explique pourquoi dans la Préface) n’a pas besoin, pour paraître au jour, de tout l’appareil de sonnets laudatifs et de témoignages pompeux qui s’étalent en tête des écrits du temps ; il n’a besoin non plus, chemin faisant, d’aucun attirail d’érudition sacrée ou profane, et il peut se passer de ces notes et commentaires de toutes sortes qui encombrent d’ordinaire les marges ou qui chargent la fin des volumes, et qui produisent de si belles listes d’auteurs cités.
Si, par un hasard qui n’en était pas un et qui devait assez souvent se produire, quelque pièce dont ils étaient les premiers auteurs et rédacteurs sortait au jour, si quelque combinaison dont ils avaient suggéré le plan prenait corps et vie et devenait manifeste, ils se gardaient bien de dire : Elle est de moi, ou même de le penser seulement.
» J’ai sur ce point un texte à sa charge (je ne vais jamais sans un texte), et je le produis.
Il ne suffit pas du calme extérieur pour assoupir les agitations de l’âme ; le calme invite à la paix, mais il ne la produit pas : elle descend de plus haut.
On sait que cette belle langue, si florissante au xiie siècle et qui balançait pour le moins celle du Nord, avait été vaincue, compromise dans le désastre même qui suivit la croisade contre les Albigeois, et que, privée désormais de ses principaux centres et foyers où elle était cultivée avec pureté et avec élégance, elle était bientôt retombée à l’état de patois ; c’est en parlant d’elle qu’il m’est arrivé de dire que le patois est « une langue qui a eu des malheurs. » Mais ce patois de la langue provençale ainsi réduite était encore le plus riche de tous, le plus pittoresque et le plus sonore ; il n’avait cessé, même dans sa décadence, de permettre à de vrais poëtes de se produire : Goudouli est le plus célèbre ; mais combien d’autres dignes de plus de renom et d’un auditoire plus étendu !
Depuis lors, sans doute, il y eut encore, — et nous en avons vu, — quelques mémorables guerres ; mais les plus heureuses, si l’on excepte la dernière (celle de 1866), n’ont produit pour les vainqueurs que des résultats incomplets, peu décisifs, chèrement achetés, et elles n’ont mis en lumière aucun génie ; l’enthousiasme n’a pas duré, et la pensée pacifique a fait chaque jour des progrès que l’émulation industrielle dans les odieux moyens de destruction n’est certes pas de nature à ralentir.
Son style est complet en soi, aussi complet que son drame lui-même ; ce style est le produit d’une organisation rare et flexible, modifiée par une éducation continuelle et par une multitude de circonstances sociales qui ont pour jamais disparu ; il est, autant qu’aucun autre, et à force de finesse, sinon avec beaucoup de saillie, marqué au coin d’une individualité distincte, et nous retrace presque partout le profil noble, tendre et mélancolique de l’homme avec la date du temps.
La guerre pour de simples intérêts politiques, entre des peuples également éclairés, est le plus funeste fléau que les passions humaines aient produit ; mais la guerre, mais la leçon éclatante des événements peut quelquefois faire adopter de certaines idées par la rapide autorité de la puissance.
Cette commotion produit plus en un jour que tous les écrits et les combinaisons politiques ; l’homme lutte contre sa nature, en voulant donner à l’esprit seul la grande influence sur la destinée humaine.
Je ne le rencontre jamais sans me rappeler l’impression qu’il produisit sur moi ce jour-là ; depuis cette époque, il a marié sa charmante fille avec le fils de Raigecourt.
Son œuvre, comme celle de Descartes au xviie siècle, est l’expression philosophique du même esprit qui a produit la littérature du temps.
Bérenger, pas celui du Sénat, celui des Étudiants, le même rajeuni, vient de produire L’Effort attendu, le roman sur l’action qui convenait pour confondre les derniers opposants et rallier les perplexes.
Le jour où le jeune charpentier de Nazareth commença à produire au dehors ces maximes, pour la plupart déjà répandues, mais qui, grâce à lui, devaient régénérer le monde, ce ne fut donc pas un événement.
Il produisit une grande révolution dans la politique… Je n’oserai accepter tout à fait cette manière d’expliquer l’histoire moderne et d’en rapporter le principal résultat à deux ou trois noms, à deux ou trois livres.
Je commence par dire à l’auteur : N’entrez pas, ne vous en mêlez pas ; allez produire encore, ne vous retournez jamais en arrière.
Il y a des années que je ne suis guère accoutumé à le flatter ; pourtant, depuis qu’il a perdu le pouvoir sans en avoir fait l’usage qu’il pouvait, et bien qu’il en gémisse tout bas peut-être, il n’en laisse rien percer dans ses écrits ; il produit avec l’abondance qu’on sait, mais sans amertume, sans y mêler de ressentiment personnel, et sans s’écrier à toute heure que les temps sont changés, que le monde va de mal en pis.
Comme conséquence du procédé que l’on vient d’exposer, ce fait encore s’était produit sur lequel il convient d’attirer spécialement l’attention ; le cas pathologique, aperçu le premier avait été défini tout d’abord par l’énoncé du pouvoir normal qui s’y manifeste.
Il vous est loisible de trouver mes œuvres médiocres, bien que ce point reste à débattre entre la critique et le public ; mais enfin j’aurais pu ne rien produire, ne rien publier du tout, avant d’enseigner l’Art d’écrire.
En ce temps-là, Balzac, lui, cette plume difficile, ce génie qui se déchirait avec tant de peine et s’ensanglantait pour produire, Balzac accouchait de cruels chefs-d’œuvre qu’un tas d’esprits trouvaient ennuyeux !
Cette connaissance de la liberté produit l’idée du devoir ; analysant cette idée, on y trouve d’abord celle de la justice, puis celle de la tempérance, puis celle de la charité et de tous les degrés de la charité.
Cet amour des textes et ce goût du détail appliqués à la critique littéraire ont produit deux œuvres fort belles, la restitution des Pensées de Pascal et le Commentaire du Vicaire savoyard.
Elle produisit peu : car cette inspiration intérieure, qui n’est pas l’écho du monde, qui ne s’anime et ne se nourrit qu’à sa propre flamme, s’éveille plus tard et dure moins longtemps.
Comme son cher Musset, il produit trop vite et il se néglige trop souvent, mais lui aussi il est doué : c’est un poète. […] Les qualités n’en ont pas moins suffi à produire des chefs-d’œuvre, ce que Taine ne nie pas. […] Billy commence, vers 1900, par l’école naturiste, qui n’a pas produit elle-même grand-chose en poésie (son meilleur écrivain est un romancier, Eugène Montfort). […] L’absence de tramways et de voitures produit un bienfaisant silence qui concourt avec l’humide ouate de l’air à détendre et guérir les nerfs. […] Mais la délicieuse et un peu molle Venise n’a pas produit un seul génie vraiment intellectuel, et n’a enfanté que de purs peintres.
Chez les personnes victimes de catastrophes extraordinaires, jetées violemment hors des conditions de leur vie normale, comme les émigrés, il se produit souvent une sorte de relâchement des principes, une disposition au scepticisme par désespoir habituel (elles en ont tant vu !). […] Mais l’auteur tenait à sa phrase : « Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort… » Il resterait donc que, dans la préface d’un livre conçu avec des larmes et pour la plus grande gloire de Dieu, il altère la vérité pour produire plus d’effet (ce qu’il a fait d’ailleurs toute sa vie). […] Elle a produit, je pense, une quantité d’amoureuses romantiques, — dont je ne me rappelle en ce moment que la Esméralda, — et jusqu’aux Petite comtesse et aux Julia de Trécœur. […] En somme, la Révolution était récente ; on pouvait croire qu’elle n’avait pas eu le temps de produire ses vrais fruits, les fruits naturels de la démocratie et du régime de l’élection politique, et que ces fruits seraient excellents. […] Il reçoit des lettres de compliments qu’il conserve avec soin et qu’il produit dans ses Mémoires.
Il est trop vrai que le génie gaulois, réduit à ses propres forces, n’a rien produit, pendant quatre ou cinq siècles, que de chétif, d’incomplet et de misérable. […] C’est que les genres littéraires, d’abord flottants et confus, ne se déterminent et ne deviennent distincts que dans les chefs-d’œuvre qu’ils produisent enfin. […] Les acteurs joueront d’ensemble, c’est-à-dire que chacun d’eux maintiendra son rôle à son plan, subordonnera son jeu à l’effet total que l’auteur a voulu produire. […] Il a clairement conscience de l’effet que doit produire sa manie sur ceux qui ne la partagent point ; mais il s’y tient quand même, car elle lui est plus chère que tout. […] et même n’ayant pas cessé de produire, son théâtre reste matière à dispute et à contestation.
Quelques-uns participent des deux, car une évolution nouvelle commence à se produire, s’élevant contre le naturalisme comme le naturalisme s’est dressé contre le romantisme, et, autrefois, les romantiques contre les classiques. […] La figure du héros est complétée par celle de son domestique-serf Zakhare, une sorte de Scapin sauvage, qui est le produit hybride de deux époques différentes. […] Les plus osés produisent presque clandestinement un volume de loin en loin ; encore ont-ils bien soin de n’en pas aviser la presse, et si le hasard ne m’avait fait passer devant les vitres de Victor-Havard, j’ignorerais comme tout le monde que M. […] La nature, qui eût bien pu se dispenser de le produire, semble s’être plu à entourer ce pauvre cœur aimant de laideurs et de gaucheries afin que tous, hommes et femmes, s’en éloignassent à première vue. […] À ce tapage a succédé un assez long silence, et je crois que chacun se demandait quel serait l’effet produit par l’annonce de sa propre mort dans l’illustre assemblée.
Son orgueil démesuré, l’admiration qu’il nourri/ lui-même pour tout ce qu’il produit les exigent. […] Il ne dédoublait pas les syllabes, mais les différait, les faisait attendre, et cela produisait de curieux effets. […] Fraîchement débarqué de province, je vivais à cette époque du seul produit des articles que je publiais dans la Revue de Mme Adam. […] Un poète ne sait jamais ce qu’il fait… Il produit des vers comme le rosier donne des roses… Vous êtes certainement le seul à ne pas comprendre les Stances ». […] Il n’avait, d’ailleurs, pas besoin d’argent ; s’il eût produit autant que Coppée, il eût tiré de ses vers de beaux revenus.
Quel vertige devait-il produire sur l’adolescent effréné qui le dominait du haut d’une toute-puissance sans obstacle et sans garde-fou ? […] Cette pénurie presque fabuleuse produisit une littérature toute spéciale. […] Le chef-d’œuvre produit par ce rituel royal fut un régicide : un jour, l’étiquette espagnole tua le roi d’Espagne. […] Ces Cours chauffées à la température des sérails produisaient des crimes orientaux. […] Le Diable fut évoqué et interrogé devant lui ; il affirma que la maladie du roi était produite par un sortilège ; une drogue composée avec un cerveau humain et administrée dans du chocolat avait desséché ses nerfs et vicié son sang.
Moins obsédés, ils produiraient davantage. […] Notre force, c’est de produire toujours en vue d’exprimer toutes les joies et toutes les souffrances de l’espèce sans en méconnaître aucune, tous ses besoins, tous ses désirs sans en rejeter aucun. […] Beaucoup de grains sont perdus, mais quelques-uns germent, lèvent et produisent la floraison qu’il faut pour qu’un rythme nouveau emporte l’espèce vers de splendides destins. […] Il faut bien te rendre compte de l’effet que tu produisis sur les chevaliers du Symbole. […] Note Prévoyant certaines objections qui pourraient se produire quant aux textes cités, l’auteur avertit le lecteur que les phrases mises au compte de Malbardé par de Gloussat dans la VIIIe Idylle ont été tirées de la revue Cosmopolis, nº de mai 1897.
Après avoir lu cette lettre admirable et sans réplique, la comédie eût bien fait de renoncer à sa prétention, d’être un art parfaitement moral, ce qui est bien la plus singulière des tartuferies dans un art qui a produit Tartuffe. […] Le Donec gratus d’Horace défrayait tout Le Dépit Amoureux, cette charmante comédie qui a produit tant de charmantes bouderies ; L’Avare du théâtre latin, apparaissait sur notre scène, agrandi, complété, renouvelé, — admirable ! […] Je suppose que, pendant quinze jours, cela se voit dans le cours de l’année, l’esprit humain, fatigué de produire tant de belles choses dont il est prodigue, ait voulu sevrer le monde attentif de ses productions les plus faciles ; tout s’arrête aussitôt, pas une comédie et pas un drame ; en ce moment la tragédie est muette, et même le vaudeville est avare de ses chansons Que fera cependant la critique éperdue au milieu de ce silence inquiétant ? […] Aussi quand son maître, L’Étourdi, dit au valet qui est sa providence, ces vers sanglants ; Lorsque me ramassant tout entier en moi-même, J’ai conçu, digéré, produit un stratagème, Devant qui, tous les tiens, dont tu fais tant de cas, Doivent, sans contredit, mettre pavillon bas… nous nous prenons à trembler pour ce pauvre Lélie. […] Cette véhémente colère produit sur l’âme autant d’effroi que l’arrivée de la statue du commandeur chez don Juan.
Montesquieu, lent à se produire, dut causer très peu de ces transports hors de son cercle de société, et il semble que Buffon n’était guère propre à en exciter du tout : il était trop naturaliste et trop cru ; il imposait, il n’attachait pas. […] Il n’est que de vivre et de durer un peu longtemps pour que toutes les variétés et les oppositions se produisent dans ce grand drame historique bigarré qui change sans cesse et qui lui-même se reflète en mille faces dans l’existence d’un chacun.
Au fond, dit-elle, ce ne sont pas les événements qui importent ici ; c’est l’impression que les événements racontés produisent sur Arnolphe. […] Il ne faut pas confondre l’impression causée par le silence des nuits étoilées au milieu desquelles le rossignol chante, avec celle qui est produite par le chant du rossignol lui-même.
Là aussi la monarchie a produit la cour, qui a produit la société polie ; mais la jolie plante ne s’est développée qu’à demi.
L’énergie des caractères et la puissance des intelligences qu’elle produit sont en perpétuel contraste avec la petitesse des États et avec la servitude des institutions pour lesquels ces natures romaines devaient vivre ; en sorte que cette noble et belle terre souffre doublement de rêver ce que fut l’Italie jadis, et de subir ce que l’Italie est aujourd’hui. […] Cette adjuration poétique est le fond de toutes les odes et de toutes les harangues que nous avons entendues, depuis cette époque, dans la bouche de tous les poètes politiques de la Péninsule : de Pétrarque à Alfieri ou à Monti, il n’y a qu’un écho éternel ; les mêmes circonstances produisent le même cri ; mais Pétrarque fut le premier qui fit chanter à la lyre ce cri de la politique.
Jusqu’ici ce mouvement sympathique et honorable du cœur des nations s’était produit partout, en Angleterre, en Irlande, en France, toutes les fois qu’on avait fait appel à leurs sentiments ou à leur honneur en faveur d’un de leurs contemporains quelconque, serviteurs du pays, hommes d’État, orateurs, écrivains, poètes. […] J’ai espéré supporter seul ce triple poids d’une révolution qui avait pesé sur moi plus que sur d’autres, de terres sans produit et d’intérêts exorbitants ; j’ai tenté d’y suffire à force de travail d’esprit.
Telle inspiration, tel effet ; voilà le secret de l’impression qu’on produit dans tous les arts, soit avec la parole écrite, soit avec les notes, soit avec le pinceau ; car l’art, au fond, ne vous y trompez pas, ce n’est que la nature. […] Le groupe monte du sol au sommet du char en concentrant le regard et l’intérêt sur toutes les figures en particulier, puis en reportant cet intérêt de chacune à toutes et de toutes à chacune, en sorte que la beauté de l’une contraste et concourt avec la beauté de l’ensemble, et qu’il en résulte un rejaillissement général de splendeur et de félicité qui produit en un instant l’enthousiasme.
Au lieu de lui demander ces œuvres sérieuses que l’Italie, la France, l’Angleterre font produire à leurs grands hommes de lettres, les Allemands rêvent, et nous pensons. […] Ce Stabat Mater dolorosa en vers naïfs, dont le contrecoup frappe à chaque verset le cœur de la pauvre fille, produit ici une déchirante impression dans la bouche de cette enfant qui sera bientôt mère d’un fils repoussé par le monde !
Sa puissance opère en se jouant ; entre ses mains tout est souple, rien ne lui résiste ; pour lui tout est moyen, même l’obstacle, et les irrégularités produites par l’opération des êtres libres viennent se ranger dans l’ordre général. » Cela continue ainsi pendant plusieurs pages, pages plus semblables à une ode d’Orphée célébrant la Divinité dans ses lois qu’à un pamphlet de publiciste dépaysé contre la révolution qui l’exile. […] Si je suis appelé, j’ai peine à croire que le voyage ne produira pas quelque chose de bon, plus ou moins. » Savary montre, dans cette entrevue, la rudesse, mais le bon sens d’un soldat.
C’est l’opulence de la contrée ; cela suffit pour vivre dans l’aisance relative, en y surajoutant le produit en nature du petit jardin, du champ réservé, de la vigne, du moulin, du verger en pente, qui donnent le blé de l’année, les pommes de terre, le maïs, les châtaignes conservées, les noix cassées par les maîtres et les serviteurs pendant les veillées d’hiver, sur la table solide de la cuisine ; le vin, les légumes, les fruits, cueillis par la servante et les enfants, et soigneusement encaissés et visités dans le fruitier ; tout ce qui est strictement nécessaire, en un mot, pour vivre largement et pour donner libéralement aux malades, aux infirmes, aux pauvres du village, aux mendiants errants et réguliers des villages voisins. […] Mais cette éducation, dont le père remettait avec confiance les rênes dans les mains de sa fille, finit par produire dans mademoiselle de Guérin une puissance de réflexion et de pureté qui l’égala à son insu aux plus hautes personnalités littéraires de son siècle.
Par Erckmann Chatrian I Un phénomène, c’est-à-dire un nouveau genre de beauté en littérature, inventé comme par accident, sorti du néant, ne répondant à rien de ce qui a été conçu jusqu’ici, n’ayant été ni prédit, ni annoncé, ni vanté d’avance, mais né de soi-même, comme un instinct irréfléchi, et s’emparant de l’attention comme par une force de la nature, vient de se produire inopinément parmi nous. […] Tout ce bruit, tout ce mouvement me produisait un effet étrange, et je ne pouvais encore croire qu’il fallait quitter la ville.
Il fallait une table rase à ces créateurs de la Beauté pure pour y produire leurs merveilles ; la flamme qui la leur apprêta, fut un feu sacré. […] Elle se retranche dans son couvent militaire, en sort parfois pour égorger un peuple, tuer une cité libre, comme ses éphèbes s’échappaient, la nuit, pour chasser l’Ilote ; puis elle rentre dans sa cité stérile qui ne produit que du fer, des sentences et de la terreur.
Alors des lectures immenses — il n’avait pas douze ans — des lectures de poètes, de livres d’imagination qui lui exaltaient la cervelle, des lectures fouettées de l’ivresse produite par des liqueurs chipées à la maison, des lectures promenées, des journées entières, sur des bateaux qu’il décrochait du quai. […] C’était le plus délicieux spectacle de l’ahurissement, produit par l’amour, chez un jeune homme distrait.
Celle métamorphose est lente, parfois monotone, produite par la chute silencieuse des années ; le plus souvent les progrès en sont subits et marqués ; des heurts soudains, des incidents perçus opèrent dans les âmes d’importantes et définitives réactions, de brusques sautes, de définitifs départs qui divisent en périodes leur effacement ; ou c’est la mobilité propre de l’âme, l’oscillation même de son équilibre complexe, compromis par des modifications internes et frémissant en d’infinis retentissements qui réforment tout l’être. […] C’est sans joie, sans le cri de l’enfantement que jaillit son livre, mais lentement et lourdement produit avec la tristesse déçue d’un homme qui aperçoit l’inanité de tout ce que ses fibres le portent à aimer.
et les frimas du ciel, qui les produit ? […] Cela serait beau, mais cela ne serait pas saint, car la volonté seule est sainte ; autrement le miroir qui réfléchit la lumière aurait autant de vertu que le feu qui la produit.
Niel s’est attaché dans sa collection à ne reproduire que ce qu’il y a de plus authentique et de tout à fait original, et il s’en est tenu à une seule espèce d’images, à celles qui sont dessinées aux crayons de diverses couleurs par les artistes du xvie siècle : « On désignait alors par le nom de crayons, dit-il, certains portraits sur papier exécutés à la sanguine, à la pierre noire et au crayon blanc ; teintés et touchés de manière à produire l’effet de la peinture elle-même. » Ces dessins fidèlement reproduits, et où la teinte rouge domine, sont dus primitivement la plupart à des artistes inconnus, mais qui semblent être de la pure lignée française.
Enfin, Buffon a rendu à son pays le service le plus grand peut-être qu’il pût lui rendre, celui d’avoir popularisé la science par ses écrits, d’y avoir intéressé les grands, les princes, qui dès lors les protégèrent, et d’avoir ainsi produit des effets qui se perpétuent de notre temps et qui sont incalculables pour l’avenir.
Deux opinions se sont produites lorsqu’on imprima pour la première fois les sermons de Bossuet en 1772 : j’ai déjà indiqué celle de l’abbé Maury, qui plaçait ces sermons au-dessus de tout ce que la chaire française avait offert en ce genre ; l’autre opinion, qui était celle de La Harpe, et que j’ai vue partagée depuis encore par de bons esprits, était moins enthousiaste et se montrait plus sensible aux inégalités et aux désaccords de ton.
Il est même touchant, au simple point de vue de l’histoire, de contempler chez lui la Réforme triste et blessée, et qui s’en va peu à peu mourir d’avoir produit et enfanté comme une mère ce roi glorieux, ce cher ingrat, qui se détache d’elle et dont elle reste fière cependant63.
Cette disposition ne produit pas les emportements de la folle gaieté, mais une douceur égale qui cependant peut devenir gaieté pour quelques moments ; et de tout cet ensemble se forme, se compose un air de dignité qui n’appartient qu’à la vertu et que les dignités mêmes ne donnent pas.
La perte de ses manuscrits en 1814 dut produire en lui une peine sensible et un secret découragement.
[NdA] Dans un lieu où les développements seraient permis, il y aurait à citer au long et à mettre en regard les passages de ces divers auteurs ; c’est ce qu’il me fut permis de faire un jour dans une de mes leçons à l’École normale et à propos de ces idées de Charron sur la convenance qu’il y a pour les mères d’allaiter elles-mêmes leurs enfants ; ayant produit le plaidoyer de Favorin, je disais à mes jeunes et studieux auditeurs : « Je cherche à établir dans vos esprits une filiation naturelle.
C’est une des beautés et l’un des charmes de la jeunesse et du génie que de se produire et d’éclater avant tout raisonnement, et de s’élancer vers son objet par une impulsion première irrésistible.
Avec les princes et les grands, bien que d’abord excellent à s’y produire et à gagner une faveur brillante, Voltaire excédait tôt ou tard la mesure et s’attirait de fâcheux retours ; ce que Voiture eut le tact d’éviter.
Le xvie siècle, qui a produit un si grand nombre de bons capitaines et d’écrivains d’épée, a eu comme un dernier rejeton dans le duc de Rohan, qui s’illustra sous ce double aspect durant le premier tiers du siècle suivant.
Celles que j’ai prises devraient réussir ; je ne sais cependant quel effet elles produiront, étant bien difficile de demander des résolutions d’un prince tel qu’est celui-là.
Neuf ans après, à Genève, un habitant de ces pauvres vallées vint le remercier de l'effet qu’avait produit sa predica, son prône.
Que. si, à cette périlleuse disposition d’esprit et d’âme, vous ajoutez une tournure d’imagination mystique, funèbre, apocalyptique, sujette aux terreurs, vous comprendrez qu’il avait en lui les ferments qui produisent aisément le fanatisme.
Je ne sais si vous y trouverez votre compte ; mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire accepta.
Je ne crois pas que si l’Université moderne avait eu à produire un échantillon d’elle-même, elle eût pu choisir un plus parfait modèle entre les élèves dont elle s’honore ; car il n’était pas comme d’autres également brillants, mais infidèles : il n’aspirait pas à en sortir.
À l’Académie, lorsqu’on produit, à l’occasion d’un mot, les exemples tirés des principaux écrivains témoins de la langue, il est rare que l’exemple emprunté à Mme de Staël ne soulève pas d’objections, et qu’une phrase d’elle passe couramment.
— Autre exemple : si les diverses races humaines se sont produites sur ce globe successivement et par des générations distinctes comme la science peut être amenée à le reconnaître et comme il incline à le penser, comment alors sauver le grand dogme sacré de l’unité humaine, cette croyance :« que tous les hommes sont enfants de Dieu et frères ?
qu’avait-il fallu pour produire cette espèce de miracle ?
J’ai simplement produit une conception de mon esprit, arrivé au terme.
Il y a des lois auxquelles la spontanéité humaine ne saurait se soustraire ; elle peut, selon son génie primitif, tirer plus ou moins parti de certaines conditions extérieures, non s’y dérober ; laissez-lui le temps, laissez-la croître et s’étendre et mûrir selon le cours des saisons et des âges, laissez les causes complexes agir, se produire et se combiner : tout, à la fin, s’harmonise et concorde, tout se coordonne.
Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.
Le comte de Loss, envoyé de Saxe à Paris, à qui ces bonnes idées vinrent coup sur coup, ne perdit pas un instant pour les produire, et à peine l’agrément obtenu de sa Cour, il en parla au marquis d’Argenson, notre ministre des Affaires étrangères.
L’usage a donc amené et produit pour ce vieux fonds domestique la forme qui, ce semble, est définitive.
Pourtant, je ne crains pas de le dire, chez aucun peut-être des écrivains de ce temps-ci, la faculté impersonnelle, dramatique, narrative, cette qualité que nous avons appris à goûter et à révérer dans Shakspeare, dans Walter Scott, comme dans ses représentants suprêmes, et de laquelle, à l’origine du mouvement romantique, on se promettait ici tant de miracles encore à naître, — nulle part, je le crois, chez nous, cette qualité-là ne s’est produite par des échantillons plus complets et plus purs, plus exempts de faux mélange, que chez l’écrivain réputé si sobre.
Pendant les six premières années de son séjour à Paris, et jusqu’à la chute de Fouquet, La Fontaine produisit peu ; il s’abandonna tout entier au bonheur de cette vie d’enchantement et de fête, aux délices d’une société choisie qui goûtait son commerce ingénieux et appréciait ses galantes bagatelles ; mais ce songe s’évanouit par la captivité de l’enchanteur.
L’amitié et la conversation familière exigent au moins une conformité de principes : sans cela, les disputes interminables dégénèrent en querelles, et produisent l’aigreur et l’antipathie.
Nous ne savons quelle impression une pareille exhibition peut produire sur la masse des lecteurs, mais nous pouvons affirmer à M.
. — Ainsi enveloppé, produit, porté par la nature, peut-on supposer qu’il soit dans la nature comme un empire dans un empire ?
Au-dessous de Boileau, comme ses lieutenants ou ses auxiliaires, on investissait d’une autorité pareille à celle qu’on lui attribuait, Le Bossu, Bouhours, Rapin, Fontenelle, Lamotte ; et le même Ignacio de Luzan qui promulgue l’Art poétique en Espagne, y importe le Préjugé à la Mode comme un produit également français, sans s’apercevoir que ce dernier article est prohibé par son code.
C’étaient murmure, insinuations, tonnerre pour les yeux, toute une tempête spirituelle menée de page en page jusqu’à l’extrême de la pensée, jusqu’à un point d’ineffable rupture ; là, le prestige se produisait ; là sur le papier même, je ne sais quelle scintillation de derniers astres tremblait infiniment pure dans le même vide interconscient, où comme une matière de nouvelle espèce, distribuée en amas, en traînées, en systèmes, coexistait la Parole !
Héraclite concevait les astres comme des météores s’allumant à temps dans des réceptacles préparés à cette fin, sortes de chaudrons, qui, en nous tournant leur partie obscure, produisent les phases, les éclipses, etc.
Ce type admirable se continue encore quelque temps dans les premiers âges de la réflexion analytique ; il produit alors ces sages primitifs, qui ne sont déjà plus des mystagogues, mais ne sont pas encore des philosophes, et qui ont aussi leur légende (biographie fabuleuse), mais bien moins créée que celle des initiateurs (mythe pur).
Cette vertueuse tirade n’édifie guère sur le caractère de celui qui la lance, et M. de Cygneroi produit déjà sur nous un fâcheux effet.
Il est bien question de la modestie en un ou deux endroits de cette lettre ; mais c’est de l’air modeste et du bon effet qu’il produit, et de la grâce qui en dépend.
Cela vaut la peine qu’on s’y arrête, pour examiner la valeur d’un tel jugement, surtout lorsque des pièces positives et neuves sont produites à l’appui.
Mais les avantages furent positifs et réels, et l’adversité ne tarda pas à les produire.
Des observations bien faites produisent la sagesse, comme des affections bien ordonnées disposent à la justice.
Quand Sully reparut un jour à la cour de Louis XIII, avec sa fraise et son costume du temps de Henri IV, il prêta à rire à cette foule de jeunes courtisans : quand la reine Marguerite, revenue d’Usson à Paris, se montra à la cour renouvelée de Henri IV, elle produisit un effet semblable sur le jeune siècle, qui souriait de voir cette survivante solennelle des Valois.
Après diverses offres avantageuses qui n’avaient pas rendu ce qu’il voulait, « il avait imaginé d’acquitter d’un seul coup ses promesses en me prêtant, dit Beaumarchais, cinq cent mille francs pour acheter une charge, que je devais lui rembourser à l’aise sur le produit des intérêts qu’il me promettait dans de grandes entreprises ».
Regnard, quand il eut produit quelques-uns de ses meilleurs ouvrages en vers, eut la bonne grâce de dédier sa pièce des Ménechmes à Boileau, en se professant son disciple et en lui disant : Le bon sens est toujours à son aise en tes vers ; et Boileau, à quelqu’un qui, pour lui faire la cour, traitait devant lui Regnard de poète médiocre, eut la justice de répondre : « Il n’est pas médiocrement gai. » « Qui ne se plaît pas à Regnard n’est pas digne d’admirer Molière », a dit excellemment Voltaire.
Mais, nulle part peut-être, on ne surprend ce procédé d’imposture dans des conditions plus favorables que celles où se produisit en Russie le faux Démétrius : il y avait la distance des lieux, la difficulté des communications, la crédulité superstitieuse des peuples, le prestige du nom, cette alliance et cette connivence secrète établie à l’avance au cœur de tous les mécontents ; ce n’était réellement pas tromper leur religion que de dire : Me voilà !
Un des caractères propres, en effet, du talent de La Fontaine, c’est de receler d’instinct toutes les variétés et tous les tons, mais de ne les produire que si quelque chose au-dehors l’excite et l’avertit.
Ce faux classique commence avec Jean-Baptiste Rousseau, et même, il faut le dire, avec les tragédies et la Henriade de Voltaire ; il produit au xviiie siècle les tristes tragédies de la Harpe et de Marmontel, trouve plus tard un éclat, non tout à fait immérité, dans les poésies de l’ingénieux Delille, se lance dans les témérités avec Ducis, atteint l’apogée du médiocre et de l’ennuyeux avec la littérature impériale, jette ses dernières flammes et rend le dernier soupir avec l’aimable, le spirituel, l’élégant Casimir Delavigne.
Michelet produit un effet moins sombre sur le public.
Éloa, cette sublimité dans le délicat et le pur, avait eu le succès qui convenait, — un succès chaste, comme elle, plus profond que sonore ; mais trois ans après, jour pour jour, Vigny, qui voulait mettre une fleur de prose à côté de cette fleur de poésie qui était sortie de sa pensée, calice de parfum et de blancheur, comme le nénuphar sort d’une eau limpide, Vigny publia Cinq-Mars, un roman historique bien plus inspiré, selon moi, par Walter Scott, alors régnant, qu’il n’est produit par une fantaisie vraiment libre ou une combinaison irréfléchie.
Elle ne produit que des œuvres petites, qui meurent aussitôt qu’elles sont nées, et pour lesquelles demain ne se souviendra pas d’aujourd’hui. […] Il n’est le produit d’aucune camaraderie ; comme tant d’autres, il n’est point sorti des fabriques ordinaires de renommées. […] Le Parisien stupide… Oui, la province a produit ce résultat, qui paraissait impossible. Elle en a produit bien d’autres, plus effrayants encore. […] Eh bien, les salons des peintres me produisent un effet analogue… Il y a de tout aussi, des tableaux, des statues, des gravures, de l’architecture, de tout, excepté de l’art.
En général, ces critiques intolérants se recrutent parmi ceux qui ont essayé de produire comme ceux qu’ils attaquent et qui n’ont pas pu y arriver. […] C’est cette persistance dans la recherche de la perfection, c’est cette crainte de produire devant le public des lecteurs une œuvre qu’il ne trouvait pas achevée, qui a fait justement dire de ce poète qu’il était tout à la fois célèbre et inédit. […] Non pas que cet ouvrage soit un réquisitoire contre l’humanité, comme il est à la mode d’en écrire ; non pas qu’il ait pour but de fustiger les vices, ce passe-temps inutile des chroniqueurs sans sujets d’articles ; non, c’est tout simplement un recueil de ces impressions que Paris produit à toute heure du jour et dans lequel les défauts, les péchés véniels ont seuls leur place ; les vices n’ont pas l’honneur d’y entrer. […] Mais il faut envisager tous les changements qui ne manqueront pas de se produire. […] J’ai combattu au Conseil municipal les essais de socialisme municipal, comme l’établissement de la Série des prix de la ville de Paris, en 1882 ; j’y ai fait rejeter, en 1884, la première proposition de subvention à des grèves qui s’y soit produite.
Un vif intérêt s’attache à tout ce qu’a produit cet écrivain subtil, souvent un peu quintessencié, mais toujours original. […] Dans la vie spirituelle des premiers, une crise se fait infailliblement, où ils veulent raisonner leur art, découvrir les lois obscures en vertu desquelles ils ont produit… » Et parmi les critiques spécialisés, les meilleurs sont de ces poètes morts jeunes, ou même restés inédits, dont a parlé Sainte-Beuve. […] Armand Vedel, autre produit de l’éducation moralisante, devient un cynique, un raté et un malade, qui aide aux désordres de ses soeurs, mais leur inflige des épithètes infamantes.
Vous vous intéresserez aux passions par la sympathie de l’artiste ou par la compréhension du philosophe ; vous les trouverez naturelles en ressentant leur force, ou vous les trouverez nécessaires en calculant leur liaison ; vous cesserez de vous indigner contre des puissances qui produisent de beaux spectacles, ou vous cesserez de vous emporter contre des contre-coups que la géométrie des causes avait prédits ; vous admirerez le monde comme un drame grandiose ou comme un développement invincible, et vous serez préservé par l’imagination ou par la logique du dénigrement où du dégoût. […] Cette connaissance approfondie ne peut produire qu’une plaisanterie accablante. […] Et l’argent circulerait entre nous, ce produit étant uniquement de notre crû et de nos manufactures. — Troisièmement, ce serait un grand encouragement au mariage, que toutes les nations sages ont encouragé par des récompenses ou garanti par des lois et pénalités.
Plus il produit, plus sa personnalité s’accuse. […] Au moins devrait-elle reconnaître son erreur, lorsque les années sont venues fortifier un talent qui produit avec entêtement et qui se grandit à mesure. […] Bien entendu, ce fut le contraire qui se produisit, à de rares exceptions près. […] De plus, les notes aiguës nous paraissent produire des effets de résonances dans la tête, les notes graves dans la cage thoracique. […] Or, c’est là une illusion produite par l’intrusion inconsciente d’un effort musculaire.
Voilà comment l’âge qui a produit le vaste ensemble de la poésie lyrique a produit du même coup l’ensemble non moins vaste de l’orchestrique. […] Peut-être avait-il entendu résonner dans son cœur l’écho de la physique et de la philosophie nouvelles, qui, confondant encore l’esprit et la matière, considéraient la pensée comme la plus « légère et la plus pure des substances », sorte d’éther subtil répandu partout pour produire et maintenir l’ordre du monde67 ; ainsi s’était formée en lui une idée plus haute encore que l’idée populaire ; sa Pallas dépassait celle d’Egine, déjà si grave, de toute la majesté des choses éternelles. — Par un long détour et des cercles de plus en plus rapprochés, nous avons suivi toutes les origines de la statue, et nous voici arrivés à la place vide que l’on reconnaît encore, où s’élevait son piédestal et d’où sa forme auguste a disparu. […] Un rien, un arbre, une fleur, un lézard, une tortue, provoquent le souvenir de mille métamorphoses chantées par les poètes ; un filet d’eau, un petit creux dans le rocher, qu’on qualifie d’antre des nymphes ; un puits avec une tasse sur la margelle, un pertuis de mer si étroit que les papillons le traversent et pourtant navigable aux plus grands vaisseaux, comme à Poros ; des orangers, des cyprès dont l’ombre s’étend sur la mer, un petit bois de pins au milieu des rochers suffisent en Grèce pour produire le contentement qu’éveille la beauté.
Elle participe au renouveau d’intérêt qui s’est produit depuis une dizaine d’années envers le Romantisme et particulièrement au point de vue biographique. […] Scrupuleux, méticuleux, très strict en matière d’argent et ayant besoin pour produire d’une tranquillité d’esprit propice, Baudelaire souffrit cruellement de sa pénurie et des efforts nécessaires pour s’en affranchir. […] Sombres heures de ces deux années, d’avril 1864 à mars 1866, où se produisit l’accident fatal. […] En effet, s’il y a divergence fondamentale, ainsi que nous l’avons remarqué, entre l’esprit classique et l’esprit romantique, un certain accord n’est pas impossible entre eux chez certains êtres et à certaines époques privilégiées, et cet accord produit une magnifique harmonie et un équilibre fécond. […] Il est bien évident que, parmi les rédacteurs de mémoires, les Retz et les Saint-Simon demeurent exceptionnels, mais il faut reconnaître aussi que le désir de se raconter et de raconter produit de curieux effets.
Qu’un fils, sans le savoir, tue son père et épouse sa mère, voilà une combinaison d’événements qui, sur un milliard de chances, n’en a pas une de se produire. […] La simplicité nue et directe dans la plaisanterie est un produit tardif des civilisations… Je sais donc gré à M. […] L’effet que produit sur nous le Cercle, de Poinsinet, le Club ou le Monde où l’on s’ennuie le produira sans doute sur les fils de nos petits-enfants. […] Le personnage de Paolo paraît être le produit d’une conception tout abstraite du fanatisme. […] Si elle se détermine subitement à le sauver, c’est par un mouvement irréfléchi de sa chair : et il n’y a pas de raison pour que ce mouvement ne se produise pas cinq minutes plus tard, — quand il ne serait plus temps.
Il a fourni à la plupart des jeunes dramatistes aujourd’hui en vogue l’occasion de se produire pour la première fois. […] Cela paraît un peu niais, s’il est évident que la secousse de 1870 a pu produire, chez d’autres hommes du même âge, l’effet précisément contraire. […] Alphonse Daudet avait-il fait peser sur son principal personnage, Didier d’Alein, la menace d’un mal qu’on sait être produit par certaines lésions du cerveau, assez fréquemment transmissibles des parents aux enfants. […] Il n’est nullement prouvé que le maximum de vérité dans le détail produise le maximum d’expression totale. […] Et cela a produit grand effet, comme font toujours les scènes très simples, mais pleines de sous-entendus navrants, et où l’on voit bien qu’il ne peut rien y avoir, mais où il est horriblement triste qu’il n’y ait rien… Le parti pris pessimiste et romantique, le « fait exprès » morose et un peu déclamatoire sévit surtout au dernier acte.
Elle me jugea moins sur ce que j’étais que sur ce qu’elle m’avait fait, et à force de ne voir en moi qu’un laquais, elle m’empêcha de lui paraître autre chose… Je crois que j’éprouvai dès lors ce jeu malin des intérêts cachés qui m’a traversé toute ma vie et qui m’a donné une aversion naturelle pour l’ordre apparent qui le produit. […] Troisièmement, à mesure qu’il essaye de préciser l’idée de son premier Discours, les sentiments dont cette idée n’est que le produit et l’expression deviennent en lui plus profonds et plus violents. […] Nous ne pouvons plus bien concevoir l’effet que produisit la Julie. […] C’est lui qui produit les tempêtes qui tourmentent le genre humain. […] Il n’y a point de scélérat dont les penchants mieux dirigés n’eussent produit de grandes vertus, etc.
» répondait aux raisons d’incompatibilité que soulevait le roi : S’il m’était permis et bienséant de répliquer, je dirais que tant s’en faut que ces deux charges soient incompatibles, que, selon mon avis, elles devraient être toujours ensemble, et que jamais l’artillerie ne sera mise en son lustre et n’en tirerez l’utilité qu’elle doit produire, qu’elle ne soit exercée par un superintendant des finances, qui entende le métier de l’un et de l’autre et ne manque pas de courage.
Au moment où la guerre civile s’organise et où les huguenots devenus puissants, enhardis par la première faveur de Catherine de Médicis et par les édits de L’Hôpital, agitent un grand dessein de confédération par toute la France, Mézeray énumère les diverses opinions produites dans leurs conseils, dont quelques-unes n’allaient à rien moins qu’à transférer la couronne de la tête du roi sur celle du prince de Condé, et à remettre le royaume en plusieurs souverainetés particulières comme du temps de Hugues Capet ; puis il ajoute, en doutant que l’amiral de Coligny y ait jamais pu consentir : Pour l’Amiral et le prince de Portian (Antoine de Croÿ) : comme c’étaient deux âmes libres et qui se piquaient du bien public, ils témoignaient avoir envie de rétablir l’ancienne liberté française, en faisant en sorte que cette monarchie, fût gouvernée par le conseil de plusieurs des plus prudents personnages, et que l’autorité du monarque fût restreinte à certains termes, etc.
Venons à son mérite et à ses ouvrages, et remarquons d’abord que Duclos, grâce à ses relations du grand monde, fut reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1739, avant d’avoir rien produit de sérieux et seulement sur ses promesses.
Il y a des époques d’artistes, il en est d’autres qui ne produisent que des gens d’esprit, d’infiniment d’esprit si vous voulez. » Beyle répondait à cette théorie désespérante dans une lettre insérée au Globe le 31 mars 1825 : Pour être artiste après les La Harpe, il faut un courage de fer.
La non-croyance à l’immortalité sous une forme ou sous une autre est sujette à produire de ces chutes.
Chapelle, qui a si peu écrit et dont l’opinion avait une telle autorité sur les plus grands hommes de son temps, me représente assez bien une classe d’esprits peu nombreuse parce qu’elle est très distinguée : c’est celle des hommes d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, et qui décrivent rien ou presque rien, parce que la volupté du repos est bien grande et que le sentiment très vif de la perfection décourage de produire.
Quelle impression le Temps a-t-il produit sur elle dans ce long intervalle ?
De longues années de paix avaient produit cet inconvénient au plus haut degré.
À peine monté sur le trône, il avait écrit à sa sœur (29 juillet 1740) : « Nos savants n’arriveront qu’à la fin de l’année, et, j’espère de recueillir à Berlin tout ce que ce siècle a produit de plus fameux.
Dans le sein de ce calme, les ressorts du génie et de l’industrie pouvant agir sans opposition, produisent des découvertes utiles et agréables dans tous les genres.
Restons-en sur l’impression produite.
Mais un sentiment tardif et profond, si imprévu et qui tranche sifort avec tout ce qu’on savait du chantre de Lisette, lui fait trop d’honneur pour que, si quelque témoignage, particulier en existe dans ses papiers ou dans ses lettres, on ne le produise pas un jour.
Et Goethe que l’on peut citer à côté de Boileau, Goethe le grand et judicieux critique, a observé excellemment que « lorsqu’une famille s’est fait remarquer durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit en lui les qualités et les défauts de tous ses ancêtres : il en est de même, ajoute-t-il, des peuples célèbres qui, la plupart, ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la Nature les avait destinés à en offrir le modèle. » Et il cite en exemple Voltaire, le plus Français des hommes, celui que la Nature semble avoir chargé de représenter la France à l’univers.
Delécluze, peu exact dans ses termes, que le talent poétique de son jeune beau-frère s’était produit d’abord « avec éclat. » Dans les dernières années de la Restauration, de 1820 à 1828, la bibliothèque de M.
L’idée de ma personnalité se confondait dans ma tête avec celle de mon bien-être… Tout le jour, je me remplissais de mûres, de raiponces, de salsifis des prés, de pois verts, de graines de pavots, d’épis de maïs grillés, de baies de toutes sortes, prunelles, blessons, alises, merises, églantines, lambrusques, fruits sauvages ; je me gorgeais d’une masse de crudités à faire crever un petit bourgeois élevé gentiment, et qui ne produisaient d’autre effet sur mon estomac que de me donner le soir un formidable appétit.
On voit donc que Charles-Quint, en entrant au cloître, et tout en prenant la retraite très au sérieux, ne put tenir exactement sa résolution et sa gageure : il n’eut pas même le temps de ressentir l’ennui, le vide que son brusque changement de vie n’eût pas manqué de produire en son âme ardente et active.
I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide !
Le goût des lettres, à quelque degré et sous quelque forme qu’il se produise, est un noble goût, ou tout au moins un goût innocent.
Mais enfin abondance de preuves ne nuit pas, surtout quand elles sont d’un genre, nouveau, imprévu, et qu’elles se produisent en un langage que chacun comprend à l’égal au moins de celui du dessin et des images : je veux parler des preuves écrites et littéraires.
Le récit du maréchal de Montesquiou, très-distinct de celui de Villars, paraît n’être arrivé d’abord au roi que par voie verbale également ; mais on possède une relation écrite que ce maréchal fit avec détail et complaisance pour être mise sous les yeux de Louis XIV, lorsqu’il dut produire ses titres et état de services avant d’être admis dans l’Ordre du Saint-Esprit.
La peinture anglaise, à l’état d’école libre et individuelle, produisit sur lui dès l’abord une très-grande impression, et il a été des premiers en 1855 à lui rendre justice, tout en luttant de lustre et d’éclat avec elle, dans une série d’articles de son meilleur et de son plus neuf vocabulaire.
L’oppression, la contrainte, le sentiment de sa faiblesse joint à la conscience de ce qu’il était et à l’orgueil de sa royale nature, avaient produit dans cetteâme adolescente des replis de l’âme avancée d’un Louis XI ou d’un Tibère.
J’en indiquerai quelques-unes qu’il faudrait citer dans l’original : « De même que chez les poètes un vrai génie n’est jamais que rare, de même le vrai goût est rarement le lot des critiques ; les uns et les autres également ne tirent que du Ciel leur lumière, les uns nés pour juger comme les autres pour produire. » « Quelques-uns ont d’abord passé pour beaux esprits, ensuite pour poètes ; puis, ils se sont faits critiques, et ils se sont montrés tout uniment des sots sous toutes les formes !
Le palmier dattier, disent les Sahariens, doit, pour produire de bons fruits, « avoir la tête dans le feu et les pieds dans l’eau. » L’industrie des indigènes à trouver et à découvrir les eaux cachées a été grande de tout temps : le besoin, comme toujours, a aidé à l’invention.
Mme de Gasparin est un produit de ce protestantisme à la fois fidèle et nouveau.
L’ajustement du plan ne paraît pas s’y être produit, comme dans l’Odyssée, du premier jet et du premier coup.
C’est la juste harmonie du jugement avec l’imagination, qui constitue l’homme d’esprit ; joignez-y la conception nette et facile, c’est l’homme de beaucoup d’esprit ; avec le courage de plus, c’est l’homme de génie : mais, avec le feu seul de l’imagination, on extravague… « Il est de ces familles de Cour, tirées de l’obscurité par le bonheur et par l’intrigue, sans avoir jamais rendu d’éclatants services, sans avoir produit d’hommes d’un mérite élevé71.
Louis XV lui-même le savait ; il donne implicitement raison à ce jugement de Mme de Tencin dans les lettres qu’il écrit au maréchal de Noailles, et comme ce dernier avait allégué à l’appui de son opinion celle du comte de Saxe, lequel, tout attaché qu’il était au maréchal de Broglie, disait ne rien comprendre à sa conduite, le roi répond : « Il n’est pas étonnant que le comte de Saxe n’ait pu se persuader ce qui est ; tous ceux qui n’ont pas vu le dessous des cartes sont dans le même cas, et effectivement cela est incroyable ; pourtant l’on dit déjà qu’il (le maréchal de Broglie) a sauvé l’armée par cette belle retraite ; mais j’en dirais trop et en ferais trop, si je me laissais gagner à ma mauvaise humeur ; mais vous savez que je n’aime pas les grandes punitions, et que souvent, en punissant peu et en récompensant de peu, nous en faisons plus qu’avec les plus grandes rigueurs et les plus lucratives récompenses. » Louis XV couvre ici sa faiblesse d’une belle maxime qui n’a pas son application ; pour produire tant d’effet avec un simple remuement de sourcils, il n’avait pas encore assez fait ses preuves de roi.
Fournier me répondît publiquement, soit dans la Patrie, soit dans le Constitutionnel même ; qu’il produisît ses raisons, auxquelles j’aurais peut-être ensuite répondu à mon tour.
Il y avait aussi des crevasses dans la voûte, que la force de l’inflammation avait produites, par où il tombait des étincelles de feu ; enfin les barriques étaient heureusement doubles.
Jeune encore et belle sans prétentions, elle s’était mise dans le monde sur le pied d’aimer sa fille, et ne voulait d’autre bonheur que celui de la produire et de la voir briller5.
Ce qui manque, c’est du calme et de la fraîcheur, c’est quelque belle eau pure qui guérisse nos palais échauffés. » Cette qualité de fraîcheur et de délicatesse, cette limpidité dans l’émotion, cette sobriété dans la parole, ces nuances adoucies et reposées, en disparaissant presque partout de la vie actuelle et des œuvres d’imagination qui s’y produisent, deviennent d’autant plus précieuses là où on les rencontre en arrière, et dans les ouvrages aimables qui en sont les derniers reflets.
Ainsi l’on nomme la cause pour reflet ; l’effet pour la cause ; l’instrument pour l’acte ou l’acteur ; l’œuvre pour l’auteur ; les dieux pour les actions, les objets, les éléments auxquels ils président ; le contenant pour le contenu ; la résidence pour l’habitant ; le lieu d’origine pour le produit ; le signe pour la chose signifiée ; le possesseur pour la chose possédée ; les parties du corps pour les facultés ou les qualités dont on convient qu’elles sont le siège ; l’espèce pour le genre ; le genre ou l’individu pour l’espèce ; la matière pour l’objet qui en est fait ; la partie pour le tout ; le fleuve pour le pays qu’il arrose ou pour le peuple qui vit sur ses bords.
Il ne put rien produire chez nous que de faux et de médiocre, hormis quelques pages sincères de Racan.
Les pages qu’il lui consacre, où il analyse les causes de tout ordre qui ont produit et fait réussir la mission de Jeanne d’Arc, peuvent être étudiées comme contenant tout le génie de Michelet.
Et cette fois peut-être Florence, au rebours de ce qui s’était produit pour elle à quatre reprises différentes, eut été plus habile en se montrant plus faible.
On a pu voir, au tapage qui s’est produit, à quel point nous avons la superstition académique dans les moelles.
la pensée est le produit du corps entier.
En tout cas, se combinant avec la croyance au Messie et avec la doctrine d’un prochain renouvellement de toute chose, elle forma ces théories apocalyptiques qui, sans être des articles de foi (le sanhédrin orthodoxe de Jérusalem ne semble pas les avoir adoptées), couraient dans toutes les imaginations et produisaient d’un bout à l’autre du monde juif une fermentation extrême.
Les mêmes raisons ont-elles produit le moindre effet sur Picquart ?
La mort de ce vieillard impotent ne produirait aucun avantage, et aurait pour nous des conséquences plus funestes que vous ne pensez.
Il rendit témoignage de ce sentiment dès l’instant où il commença à se produire devant le public : c’était auprès de M. de Lamennais, au lendemain de 1830.
Et en général, quand on revient, après quelques années d’intervalle, sur d’anciens articles de critique et de polémique, on est frappé de la disproportion qui paraît entre ces articles mêmes et l’effet qu’ils ont produit ou le souvenir qu’ils ont laissé.
Tout en soutenant ses expressions, ou du moins en les justifiant moyennant des autorités respectables, il termine chaque paragraphe en disant, en répétant sous toutes les formes : « Un prophète (ou un saint) avait déjà dit avant moi quelque chose d’équivalent ou de plus fort, je ne fais que redire la même chose, et plutôt moins fortement ; mais cependant je me soumets. » Ce refrain de soumission, revenant perpétuellement à la suite d’une justification qu’il semble donner comme victorieuse, produit à la longue un singulier effet, et finit véritablement par impatienter ceux même qui sont le moins théologiens.
On aime à rencontrer, au milieu des fadeurs et des exagérations parfois ridicules de ce début de correspondance, plus d’un de ces endroits où perce déjà le roi futur, l’homme supérieur qui, bien qu’il ait la fureur de rimer et de produire ses premiers ouvrages, saura en triompher par une passion plus haute, et qui ne sera jamais un rhéteur sur le trône.
Il eut une grande influence sur la destinée de Florian ; il arrêta à temps en lui ce que la seule influence de Voltaire et celle de tout le siècle auraient pu y produire d’un peu libertin.
Le principe qui dirigea Montaigne dans toute son administration fut de n’aller qu’au fait, au résultat, et de ne rien accorder à l’éclat et à la montre : « À mesure qu’un bon effet est plus éclatant, pensait-il, je rabats de sa bonté. » Car il est toujours à craindre qu’il n’ait été produit, plutôt pour être éclatant que pour être bon : « Étalé, il est à demi vendu.
Le roi, qui venait voir ses enfants, connut donc Mme Scarron ; mais le premier effet qu’elle produisit sur lui ne fut point favorable : « Je déplaisais fort au roi dans les commencements.
Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire.
Mme de Maintenon raconte à Mme des Ursins le premier effet qu’elle produit (8 mai 1707) : Vous connaissez Marly et mon logement ; le roi était seul dans ma petite chambre, et je me mettais à table dans mon cabinet par lequel on passe ; un officier des gardes cria à la porte où était le roi : « Voilà M. de Chamillart !
Qu’aurait été Carrel à l’œuvre, et s’il lui avait été donné enfin d’agir et de se produire au grand soleil, comme cela serait arrivé s’il avait vécu douze années de plus ?
[NdA] Quand je dis que Courier est plus hardi que Gray, cela doit s’entendre de la hardiesse à se produire et à tenir tête au monde ; car, en ce qui est du goût, Gray a plus de hardiesse que Courier.
La comparaison de l’aigle qui ne vint qu’à la fin du discours après l’homélie philosophique, et qui, détachée aujourd’hui, produit tant d’effet, ne se trouve point particulièrement indiquée dans les extraits critiques que j’ai lus, et, si elle fut remarquée, je crains que ce n’ait été plutôt à titre d’image singulière et risquée, eu égard au goût du temps.
Boileau, en 1683, à l’âge de quarante-sept ans, ayant produit déjà tous ses chefs-d’œuvre, n’était point encore de l’Académie ; il portait la peine de ses premières Satires.
Si le spectacle des troubles et des émotions civiles où elle a été mêlée a semblé servir quelquefois à la fortifier et à l’élever même, un tel spectacle la contriste encore plus, et l’égarerait à coup sûr en se prolongeant : c’est surtout à l’heure où ces troubles s’apaisent et où ils sont encore à l’état de récent et de vif souvenir, que la littérature peut heureusement s’en inspirer pour jouir du calme rétabli, du sentiment de la civilisation reconquise, pour y porter un zèle ému, une ardeur trop longtemps contrainte et retardée, pour y signaler et pour y produire à quelque degré l’effet d’une renaissance.
Richelieu a sa méthode sur la manière dont un Premier ministre dévoué doit produire et mettre en relief un roi courageux ; il souffre de voir Luynes ne rien entendre à cet art et à cette jalousie d’honneur qu’on doit avoir pour les armes de son maître.
On était en 1608, vers la fin de ce règne de Henri IV, alors dans toute sa plénitude et sa gloire, mais qui, après des troubles et des déchirements si profonds, avait eu le temps à peine de produire sa littérature propre.
Il a fallu qu’une découverte en attendît une autre pour produire tout le fruit qu’elle pouvoit donner.
Une lamentable lacune s’est produite dans sa conscience et dans son esprit.
On ne regarde pas trente ans impunément sous des mots pour voir ce qu’ils cachent, fût-on l’esprit le plus robuste, le plus capable d’entrer dans le courant de la grande observation humaine et de produire des livres vivants.
Quelques-uns d’entre eux, les plus vivants et les mieux doués, se sont rappelés le mot anti-critique de Diderot, cet homme d’à-côté, cette cruche de verve bouillonnante renversée : « qu’une œuvre à juger n’était jamais qu’un prétexte pour produire », et ils ont fait ce que j’appelle de la poésie en critique, créant, à leur manière, au lieu de juger, et jouant sur la sensation et sur la langue, comme Paganini sur son violon, des motifs parfois merveilleux.
Mais, dans la sphère intellectuelle où il se produit identiquement fait de la même manière, il n’en souffre pas.
Quant à Clive et Hastings, les faits y sont et y roulent, exagérés comme le théâtre indien sur lequel ils se produisent avec la grandeur qui leur est propre, mais nous ne voyons ni se bomber ni se creuser ces deux individualités énormes, Clive et Hastings, que l’on peut montrer de deux manières : par le relief ou par l’intaille, selon qu’on est un artiste ou un penseur !
Ainsi, sans les échafauds, sans Marat, sans les fêtes de la déesse Raison, la Révolution, qui, dans les idées de Renan, est une très grande chose, n’aurait rien produit de beau, de solide et de bienfaisant.
Mais ce sont là des phénomènes assez récents et qui n’ont pas encore eu le temps de produire sur les masses leur effet psychologique. — Toute l’histoire de la Russie, jusqu’à nos jours, explique suffisamment pourquoi, malgré la centralisation, elle devait longtemps rester réfractaire à l’égalitarisme occidental.
Comment ce qui semblait manquer aux beaux jours de la république, à l’époque où elle avait produit de si grands hommes, lui fut-il donné sous le joug d’un maître habile mais sans grandeur, indigne par ses premiers crimes des éloges qu’à mérités la modération prudente de ses dernières années ?
Ce prodige qu’avait vu l’antiquité, ce Tynnichos, dont l’âme un jour inspirée produisit un hymne sublime et rentra dans le sommeil, se renouvela sous nos yeux.
Soumis malgré vous aux impressions des objets et aux modifications produites par toutes les circonstances de la vie, vous ne pouvez produire un geste, un son, avoir une idée qui ne soient une suite nécessaire de cet enchaînement et de ces rapports. […] Baudelaire fut un maître en cet art ; et puisque nos symbolistes n’ont rien encore produit qui réalise pleinement leur conception de la poésie, les Fleurs du mal, après trente ans passés, en demeurent le chef-d’œuvre. […] Renan n’a-t-il eu garde d’être infidèle à lui-même ; et la preuve qu’il a eu raison, c’est qu’on louera dans l’Histoire du peuple d’Israël précisément ce que l’on avait critiqué dans la Vie de Jésus : une reconstruction, si je puis ainsi dire, de l’histoire des Beni-Israel faite avec les débris de l’histoire du peuple de Dieu ; la synthèse de tout ce que la philologie sémitique a produit de travaux depuis Spinoza jusqu’à M. […] Renan s’égaie aux dépens du « Dieu à qui on fait de la peine, qu’on afflige en l’offensant » ; mais en s’en égayant, n’oublie-t-il pas ce que cette conception de Dieu a produit de nobles pensées, de bonnes actions, de dévouements héroïques ? […] « On n’a jamais constaté, répète-t-il, qu’un être supérieur intervienne dans le mécanisme de l’univers. » Quant aux croyances à la spiritualité de l’âme ou à l’immortalité, ses déclarations ne sont pas moins formelles, et « bien loin d’être un produit de réflexion raffinée, elles ne sont au fond qu’un reste de conceptions enfantines d’hommes incapables d’opérer dans leurs idées une analyse sérieuse ».
Ne cherchez la véritable éloquence que sous les gouvernements où elle produit de grands effets et obtient de grandes récompenses27. […] Est-ce que la nature a cessé d’en produire ? […] Avancez ou reculez la date d’un événement qui causa l’allégresse publique, et vous produirez la consternation. […] Ce moyen produisit l’effet contraire à celui qu’ils en attendaient : les applaudissements d’une capitale où il ne restait pas un sentiment d’honneur, une idée de la dignité, irritèrent et accrurent le mal. […] Si l’on me demandait cent exemples où il s’en est expliqué avec énergie et dignité, je me chargerais de les produire.
Il ne l’admet pas du toute « Le marquis n’a trahi sur aucun point la doctrine de ses maîtres ; et ce sont bien eux, les d’Holbach et les Helvétius, voire les Diderot, qui portent le péché de la sienne ; ils l’ont produite, comme ils ont produit la Terreur. » Voilà comme on argumente, si l’on s’est une fois promis de conclure sans timidité, quoi qu’il en fût des petits faits qui rendent la vérité moins évidente et moins rude. […] Les sentiments élémentaires, en quelque sorte, ne doivent pas se modifier beaucoup, si notre spontanéité la plus naïve les produit : mais la littérature les habille ou bien les déguise. […] Conclusion, sans retard : depuis l’apparition de l’homme en cette île de San Lorenzo, il s’est produit un soulèvement de plus de quatre-vingt-cinq pieds. […] Il se produit, depuis quelques années, une réaction très importante contre la philosophie néo-darwinienne ; et l’on vient de publier un volume, hélas ! […] Je disais que l’esprit de métaphore, au moyen âge, avait produit une espèce de dualisme de la pensée.
Ils parlent dans ce cœur ; bien mieux ils chantent, et les autres êtres font de même ; chacun avec sa mélodie distincte, courte ou longue, étrange ou simple, seule appropriée à sa nature, capable de la manifester tout entière, comme un son, par son timbre, sa hauteur et sa force, manifeste la structure intérieure du corps qui l’a produit. […] La réforme des idées finit par réformer le reste, et la lumière de l’esprit produit la sérénité du cœur. […] Il est un produit comme toute chose, et à ce titre il a raison d’être comme il est.
Mais, du moins, le curieux ou la curieuse qui aurait la fantaisie de vouloir rêver à quoi les ibis immobiles songent si longuement sur une seule patte, découvrirait, ici, jusqu’à l’appui bien rembourré et prédestiné à lui permettre de garder indéfiniment sa jambe repliée sous soi… Ce n’est là qu’une boutade, mais j’ai tenu à donner dans ces courts extraits, pris aux deux pôles du livre, une idée de la logique et de la fantaisie dont l’ensemble produit un charme nouveau ; l’auteur rompt ainsi la monotonie que prendrait forcément la conversation de deux êtres jeunes et beaux qui, se conformant à l’usage adopté par trop de romanciers du jour, perdraient sottement leur temps à la sèche analyse de leurs sentiments. […] Les travaux supplémentaires les copies de rôles, ne produisent que des sommes dérisoires, et s’il a femme et enfants, on devine l’enfer qu’il s’est préparé. […] Vous Français, vous vous croyez plus sobres que nous parce que vous vous grisez autrement ; votre vin est plus sain que notre bière, mais vous prenez des spiritueux ; il est vrai que, sous le rapport de la boisson, l’Angleterre est le pays des extrêmes ; l’ivrognerie y est plus dangereuse et plus brutale ; mais cette horrible coutume a produit une réaction en sens contraire, et il y a beaucoup plus de buveurs d’eau en Angleterre qu’en France. […] Et sachant que la pièce était « capable de produire de très dangereux effets », il se crut sans doute assez fort pour empêcher les choses d’aller plus loin qu’il ne voulait, mais il ne fut la dupe de personne, ou même c’est précisément parce qu’il avait mesuré la portée prochaine de la comédie qu’il finit par en autoriser la représentation.
On n’a pas vu de grand journal, et même de petit journal, pas de Figaro, ou de Charivari produire, en ses volées de cloches fêlées, ou de bois vert, l’effet de cette épigramme rapide comme la pensée, et semblable au sifflement des vipères ! […] Frêle machine en effet, l’esprit qui produit, la tête qui pense ! […] Il reprenait les faquins, il abaissait les superbes, il humiliait les natures insolentes qui se croient faites pour le commandement et pour le règne absolu ; il écrasait ces esprits impuissants qui veulent produire, à toute forces, on ne sait quelles œuvres malades. […] et vous tous, les grands dieux invoqués par Pindare, qui donc aurait jamais pensé qu’une bouffonnerie d’Aristophane le farceur, aurait produit cette immense révolution qui pensa faire de la philosophie de Socrate martyr, une religion révélée ? […] Il est vrai que la soubrette est un produit éminemment français, tout comme l’opéra-comique est un genre éminemment national.
. — Tel était le dernier terme où l’humanisme en choses purement littéraires devait aboutir, après quoi il n’avait, ayant produit tout ce qu’il contenait et plus qu’il n’avait annoncé, qu’à céder la place à un art tout différent et même contraire. […] Quelquefois même, avec le ton tranquille qui lui est ordinaire et qui double l’effet produit, il a des réflexions, de simples remarques en passant, qui sont terribles et qui font frémir sur les secrètes misères des grands. […] Il leur reproche leur inutilité sociale, sans songer que le thélémiste rabelaisien est inutile aussi à la société, et « ni ne garde la maison comme le chien, ni ne tire l’aloi comme le bœuf, ni ne produit laine et lait comme la brebis, ni ne porte faix comme le cheval » ; il leur reproche leur grossièreté, leur ignorance, leur malpropreté, leur couardise et leurs mauvaises mœurs. […] On fait souvent aux doctrines l’honneur d’avoir fait ce qui au contraire les a produites. […] Et sans doute du système, de la généralisation qui embrasse le monde entier, l’instinct de conscience qui Ta produit revient à l’homme, renforcé, agrandi, multiplié, s’imposant à lui et s’étreignant d’une puissance nouvelle, cent fois plus considérable, et confirme en l’homme la tendance première d’où tout est parti ; et c’est là ce que produit la doctrine ; mais la doctrine elle-même a pris sa source dans le cœur, les entrailles, le fond secret de la complexion du croyant.
Il revient en Espagne ; sa présence n’y produit qu’une seconde impulsion de ses armées vers Madrid. […] En écoutant les discours tenus devant lui, il put se convaincre que ces deux journées avaient produit une forte impression, et que quelques-uns de ses lieutenants étaient partisans de la résolution de repasser tout de suite, non seulement le petit bras, afin de se retirer dans l’île de Lobau, mais aussi le grand bras, afin de se réunir le plus tôt possible au reste de l’armée, au risque de perdre tous les canons, tous les chevaux de l’artillerie et de la cavalerie, douze ou quinze mille blessés, enfin l’honneur des armes.
Retourné à ma boutique, je vis Lucagnolo avec un gros sac d’argent que son vase avait produit : Nous verrons, me dit-il, en me le montrant, si ton joyau t’en produira autant. — Patience, lui répondis-je, donne-moi deux jours seulement.
J’ai, comme lui, beaucoup d’amour pour mes enfants, qui sont les ouvrages que je produis ; c’est pourquoi le modèle que je vous montrerai, Monseigneur, sera de mon invention. […] Altoviti m’a fait voir son portrait en bronze, et m’a dit qu’il était de vous : il m’a fait le plus grand plaisir ; mais il l’a placé dans un faux jour, ce qui l’empêche de produire le merveilleux effet dont il est susceptible.”
— C’est par la chaleur, n’est pas, dit Goethe, que l’on produit ces inflexions ? […] Mais quelle foule de circonstances favorables ne faut-il pas voir combinées pour que la nature réussisse une fois à le produire dans sa vraie beauté !
La fête du roi se termina d’une façon sanglante, car souvent l’amour finit par produire le malheur. […] C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la lumière, était vrai alors, non pas que le Nord ait rien produit que l’ignorance et la misère, mais parce que le Nord était devenu, on ne sait comment, le grand chemin de l’Orient dont toute civilisation était découlée en Europe.
Aujourd’hui comme autrefois, nous ne manquons pas de ces gens à qui la fortune tient lieu de politesse et de mérite, qui n’ont pas deux pouces de profondeur, à qui la faveur arrive par accident ; seulement ces fortunes subites qui sont le déshonneur de la Fortune elle-même, arrivent, aujourd’hui, par d’autres moyens que les moyens d’autrefois, elles se produisent, dans des lieux différents, avec des caractères tout nouveaux. […] Un jour que Cicéron lui-même interrogeait Roscius, le Talma romain, le priant de lui dire, en deux mots, le secret de son art, et par quelle magie il arrivait à produire ces grands effets dramatiques ?
Tout est conçu lentement dans son esprit, porté longtemps dans sa méditation, aiguisé à loisir par sa sagacité, poli jusqu’au scrupule par son goût, combiné pour l’effet qu’il veut produire, adapté à l’air populaire le plus propre à faire danser les paroles, rire le refrain, vibrer les couplets ; puis tout est lancé par le poète à son adresse avec la sûreté du coup d’œil et du doigt de la brodeuse de dentelle qui lance le fil aminci sur les lèvres dans l’œil de l’aiguille. […] Il a vu mourir tout, tout renaître et mourir ; Sortir l’homme, produit par la cendre des hommes ; Et, lugubre flambeau du sépulcre où nous sommes, Lui-même, à ce grand deuil fatigué d’avoir lui, S’éteindra devant Dieu, comme nous devant lui !
Le dernier produit de la Révolution française, c’est, en effets le Directoire. […] J’ai souvent appelé l’attention publique sur ses œuvres, à mesure qu’il les produisait, mais, aujourd’hui qu’il ne peut plus y ajouter, je me placerai au-dessus d’elles, comme il y était lui-même ; — car il avait cette particularité superbe des hommes véritablement supérieurs, d’être inaccessiblement plus haut que ses ouvrages et, aurait-il fait un chef-d’œuvre, de ne s’y épuiser jamais.
Par la manière dont il présente le procès du roi et les diverses opinions qui s’y produisent, il laisse percer, avec toutes les discrétions et les gênes que la liberté républicaine comportait alors, que son opinion n’est pas pour la rigueur.
Joinville a des traits assez énergiques pour exprimer la maladie du camp, qui se produit surtout pendant le Carême et par suite de la mauvaise nourriture de l’armée, réduite, pour faire maigre, à vivre de poissons malsains.
Je crois, ajoute mon exact informateur, que ce livre a été un essai de conciliation : mais comme il penchait plutôt du côté des réformés suisses, il n’a pas produit l’effet voulu ; bref il a été réputé calviniste, quoique n’étant pas dans l’extrême de cette doctrine.
Bérenger (celui des Soirées provençales), qui ne ressemblait pas à notre célèbre chansonnier et qui se hâtait trop de produire : « Tout ce qui sort de sa plume, il le publie ; ce sont des enfants morts qu’on n’a pas le temps d’ondoyer et qui ne feront jamais un article dans les registres du Parnasse.
Ce poème est si différent de l’Iliade par sa nature, qu’il ne saurait produire des impressions semblables à celles qu’on reçoit de ce dernier ouvrage.
Un jour que Frédéric lui avait envoyé un écrit de sa façon, un Essai sur les formes de gouvernement et sur les devoirs des rois (1777), le prince Henri, en remerciant son frère, lui disait : Vous avez fait le plus beau portrait des devoirs d’un souverain ; ce tableau cependant ne peut guère être imité : il faudrait toujours des princes doués de votre génie, et qui eussent vos connaissances ; la nature n’en produit pas de cette espèce : je désirerais donc encore un chapitre utile pour un homme que la naissance place sur le trône, mais auquel la nature a refusé les dons que vous possédez.
Nous commençons par les preuves, tout d’abord péremptoires, qu’à produites M.
. — Les effets que produisit cette affaire sont inconcevables : elle fit une différence de plus de cent bataillons sur les deux armées, etc.
quels hommes produit cette Provence !
Malgré l’ignorance qui nous environne, nous étudions, nous disputons sans cesse, et cette soif de savoir n’est jamais assouvie ; il me semble, en lisant les philosophes et les théologiens, voir des aveugles qui errent dans l’obscurité, qui s’entre-heurtent, qui, en voulant s’éviter, se font choir, qui embrassent l’ombre pour le corps, et qui se servent quelquefois, pour s’assommer, du bâton qui leur a été donné pour se conduire, Un petit nombre, tel que vous, Euler et Clairaut, élevés dans une plus haute région, rient de leurs folies et de leurs méprises, Qu’est-ce qui produit tant de faux jugements ?
Nous n’avons dû nous attacher ici qu’au Cid connu de tous, au magnifique produit de la greffe pratiquée par Corneille sur l’arbre castillan.
Il y a des gens qu’on peut appeler gais, parce qu’ils participent du meilleur de leur cœur à la gaîté des autres, sans la produire par eux-mêmes : il y en a, au contraire, qui font naître la gaîté autour d’eux sans en éprouver le sentiment.
Ajoutons que si, au point de vue militaire et immédiat, la victoire de La Marsaille ne parut guère rien changer à l’état général des affaires, l’effet moral fut produit.
. — Cela produira-t-il quelque chose ?
On était loin d’être revenu alors des préjugés contre les personnes de théâtre : qu’on se rappelle le scandale qui s’était produit à l’enterrement de Mlle Raucourt ; et ce n’était pas seulement le clergé, c’était le monde qui avait son genre de réprobation et sa nuance d’anathème.
Que les Parsis, les Hindous, les races d’Orient, se soient rencontrés dans certaines croyances, diversement produites, de chute et de réparation, de sacrifice et d’attente, de baptêmes, de confessions, de nativités singulières, cela lui suffit encore, mais cette fois pour rejeter ; de sorte que la conformité d’opinion de quelques sages lui paraît une preuve déterminante en morale, et que la convergence universelle des peuples vers certaines croyances ou pratiques lui paraît une objection victorieuse contre toute religion.
Nous qui avons succédé à ce goût, qui en avons d’abord senti les défauts et avons réagi contre, nous commençons à discerner les nôtres ; à force de prétention au vrai et au réel, un certain factice aussi nous a gagnés ; quel effet produiront bientôt nos couleurs, nos rimes, nos images, nos étoffes habituelles ?