crois-moi, Quand je te dis : Tu seras plus qu’un roi. […] Pâlissent tous les rois. […] que ce bal a vu pâlir de rois ! […] — La même pensée revient sous une autre forme dans La Maîtresse du roi. […] je voudrais, dit la fille à part soi, Devenir maîtresse d’un roi.
La mort, c’est la fin de la vie, des richesses, de la puissance, de la gloire ; c’est un cadavre qui, la veille, était roi ; c’est un je ne sais quoi sans nom, qui remplissait tout à l’heure le monde de ses passions, de ses grandeurs, de ses qualités et de ses vices. […] Elle veut pour sujets de ses enseignements des rois, des personnages historiques, des fortunes éclatantes, de grands exemples. […] Bossuet n’eut pas d’abord pour lui le roi ni Mme de Maintenon, ou, s’il les eut, ce fut d’autorité plutôt que par penchant. […] Dix ans plus tard, dans une lettre au père le Tellier, confesseur de Louis XIV, qui pensait à le remettre en grâce auprès du roi, Fénelon prouva combien Leibniz avait vu juste. […] Retenue dans les mains de Bossuet par l’ordre de Louis XIV, qui voulait ménager le pape, puis reprise et refondue vers la fin du siècle, elle ne parut que vers 1740, publiée par les soins de l’abbé Bossuet, sur une copie destinée au roi.
Tour à tour on le voit à l’armée du roi Édouard, gentilhomme du roi, mari d’une demoiselle de la reine, muni d’une pension, pourvu de places, député au parlement, chevalier, fondateur d’une famille qui fit fortune jusqu’à s’allier plus tard à la race royale. Cependant il était dans les conseils du roi, beau-frère du duc de Lancastre, employé plusieurs fois en ambassades ouvertes ou en missions secrètes, à Florence, à Gênes, à Milan, en Flandre, négociateur en France pour le mariage du prince de Galles, parmi les hauts et les bas de la politique, disgracié, puis rétabli : expérience des affaires, des voyages, de la guerre, de la cour, voilà une éducation tout autre que celle des livres. […] Il a eu révélation de cette mort au dortoir du couvent ; il a vu l’enfant emporté au paradis ; soudain il s’est levé avec tous les frères, « mainte larme coulant sur leurs joues », et ils ont fait de grandes oraisons pour remercier Dieu de cette faveur. « Car, sire et dame, fiez-vous à moi, nos oraisons sont plus efficaces et nous voyons plus dans les secrets du Christ que les gens laïques, fussent-ils rois. […] On lui commande des pageants ou parades, des déguisements pour la compagnie des orfévres ; un masque devant le roi, un jeu de mai pour les shérifs de Londres, une mise en scène de la création pour la fête de Corpus-Christi, une mascarade, un noël ; il donne le plan et fournit les vers. […] On l’imagine comme « une monstrueuse image, la face cruelle et terrible, les regards hautains et menaçants, à chacun de ses côtés cent mains, les unes qui élèvent les hommes en de hauts rangs de dignité mondaine, les autres qui les empoignent durement pour les précipiter. » On contemple les grands malheureux, un roi captif, une reine détrônée, des princes assassinés, de nobles cités détruites231, lamentables spectacles qui viennent de s’étaler en Allemagne et en France, et qui vont s’entasser en Angleterre ; et l’on ne sait que les regarder avec une résignation dure.
Bernardin de Saint-Pierre montre ce roi naissant entre les bras de celle qui lui donna le jour ; et devant cette touchante image, les déclamations de Pline s’évanouissent. […] C’est une chose curieuse que de voir Bernardin de Saint-Pierre s’approcher insensiblement de la révolution de 1789, à mesure que la France, entraînée presque unanimement par l’esprit métaphysique, s’en approche elle-même ; puis s’en éloigner par la réaction de ses crimes ou de ses fautes ; d’abord juste et fidèle envers le roi Louis XVI, dont il se déclare le partisan et le serviteur dévoué, puis associant le peuple et le roi, puis enfin se dévouant au peuple seul ; puis, après le 20 août, assistant aux sections dans son faubourg, puis abandonnant les sections à elles-mêmes quand elles ne sont plus gouvernées que par la démagogie, et se retirant seul dans une campagne ignorée pour déplorer les crimes du peuple. […] Ce gouvernement ne méritait pas de regrets un jour, parce qu’il avait contribué lui-même à la démolition du régime de ses parents ; puisque ce régime avait été vaincu et chassé, en se déclarant incompatible avec le régime constitutionnel modéré, il fallait laisser le roi vaincu fuir dans l’exil, mais garder son héritier innocent sous la tutelle du pays. […] Voilà le monument immortel qui lui est réservé sur une terre où tout passe, et où la mémoire même de la plupart des rois est bientôt ensevelie dans un éternel oubli. […] La voix du peuple, qui se tait sur les monuments élevés à la gloire des rois, a donné à quelques parties de cette île des noms qui éterniseront la perte de Virginie.
Au sujet de la mort d’Agamemnon, dans le récit que fait l’Ombre de ce grand roi à Ulysse qui l’interroge dans les Enfers, il est dit : « Noble fils de Laërte, ingénieux Ulysse, ce n’est ni Neptune qui m’a dompté sur mes vaisseaux en déchaînant le vaste souffle des vents funestes, ni quelque peuplade ennemie qui m’a détruit sur terre ; mais Ægisthe, tramant contre moi la mort et le mauvais destin, m’a tué d’accord avec ma perverse épouse, après m’avoir invité dans son palais ; pendant le festin même, il m’a tué, comme on tue un bœuf sur la crèche. C’est ainsi que j’ai péri par la plus lamentable mort… » Ce dernier trait si vrai, si vrai à la fois quant à l’image physique et quant au contraste moral qui en ressort (le Roi des rois tué, assommé comme le bœuf qui mange !)
Vittoria Colonna, instruite de cette tentative, lui écrivit cette lettre où la vertu parle, dans ces temps corrompus, un langage digne de l’antiquité : « Souvenez-vous, lui écrivit-elle, de votre vertu, qui vous élève au-dessus de la fortune et de la gloire des rois. […] Pour moi, je ne désire point être la femme d’un roi, mais de ce grand capitaine qui avait su vaincre, non-seulement par sa valeur pendant la guerre, mais dans la paix, par sa magnanimité, les plus grands rois. » Blessé à la bataille de Pavie en 1525, le marquis de Pescaire mourut de ses blessures à Milan.
Il paraît tenant Oreste par la main, avec la majesté bienveillante d’un roi reconduisant un hôte comblé de ses dons. […] Vous vomiriez les caillots de sang que vous avez léchés en les égorgeant », — Il les renvoie aux géhennes des prétoires barbares, aux boucheries atrocement raffinées des rois orientaux. […] Le père était le roi de la famille antique, son pontife et presque son dieu.
M. de Forcalquier remarque très bien chez Duclos ce qui le distinguera de plus d’un bel esprit et d’un philosophe du temps, c’est qu’en tenant à être compté pour ce qu’il vaut, et en mordant par habitude à droite et à gauche sans trop épargner personne, « il pardonne au roi de ne pas le faire ministre, aux seigneurs d’être plus grands que lui, aux gens de son état d’être plus riches. […] Tout ceci était à l’adresse de ceux dont il devait plutôt, dans l’habitude de la vie, paraître le complice et l’allié ; et, grâce à ces passages significatifs, il a pu dédier la seconde édition de son livre à Louis XV. — « Le roi sait que c’est un honnête homme », disait de Duclos Mme de Pompadour. — « Oh !
On me crie de l’autre chambre : Madame, voilà les trois quarts ; le roi va passer pour la messe. — Allons ! […] écrit-elle ; le roi ne frappe pas à deux fois… La terreur a gagné nos amis au point qu’il y en a qui craignent que l’intérêt public même n’aigrisse contre nous.
Son hôte de l’auberge du Raisin, en rentrant du Conseil de la ville et d’un palais magnifique et tout doré, vient servir les voyageurs à table, et l’homme qui sert à boire a autrefois mené quatre enseignes de gens de pied contre le roi, sous le comte Casimir, dans les guerres de religion. Montaigne fait causer son monde, et il tire de chacun les particularités les plus marquées : ainsi cet homme qui le sert, cette espèce de sommelier, et qui est, sous son air de domestique, une manière de seigneur, lui dit entre autres choses qu’ils ne se font nulle difficulté ni scrupule de religion de servir le roi contre les huguenots mêmes, tout huguenots qu’ils sont.
Quand les rois et les princes trouvent la miraculeuse science de la poésie dans des hommes prudents, graves et vertueux, ils les honorent, les estiment, les enrichissent et les couronnent enfin avec les feuilles de l’arbre que la foudre ne frappe jamais, pour annoncer que personne ne doit faire offense à ceux dont le front est paré de telles couronnes. » Que d’élévation et quelle pureté de sentiments ! […] Viardot, met la note que voici, au sujet des récompenses que les rois accordent aux poëtes vertueux : « Il faudrait supposer à Cervantes, pauvre et oublié, je ne dirai pas bien de la charité chrétienne, mais bien de la simplicité ou de la bassesse, pour que cette phrase ne fût pas sous sa plume une sanglante ironie », je ne puis entrer dans la vivacité de cette remarque et dans ce qu’elle a d’acerbe.
C’est le joyeux forestier en révolte et le roi des braconniers Robin Hood, le vaillant compère, qui n’est jamais plus en gaieté, ni plus d’humeur à jouer de l’épée ou du bâton que quand le taillis est brillant et que l’herbe est haute : « Robin Hood, c’est le héros national ; saxon d’abord et armé en guerre contre les gens de loi, « contre les évêques et archevêques » ;… généreux de plus, et donnant à un pauvre chevalier ruiné des habits, un cheval et de l’argent pour racheter sa terre engagée à un abbé rapace ; compatissant d’ailleurs et bon envers le pauvre monde, recommandant à ses gens de ne pas faire de mal aux yeomen ni aux laboureurs ; mais par-dessus tout hasardeux, hardi, fier, allant tirer de l’arc sous les yeux du shérif et à sa barbe, et prompt, aux coups, soit pour les embourser, soit pour les rendre. » Partout, d’un bout à l’autre, dans tout ce livre de M. […] Plus qu’aucun roi de ce royaume, Mylord protecteur a contribué à faire passer le caractère hautain de la nation dans sa politique extérieure, à faire d’elle ce qu’elle se vanta d’être si longtemps, l’arbitre et la modératrice des tempêtes, la souveraine des mers (celsa sedet Æolus arce).
Cette tragédie, si je ne me trompe, est au cinquième acte : le dénouement va paraître. » Il ne se serait point ouvert à lui, comme à un confident, sur le misérable caractère de cette royale famille espagnole, de ce brave homme ou benêt de roi, du prince des Asturies, de la reine, de ce méprisable et inséparable prince de la Paix qui, disait-il, avait l’air d’un taureau : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant, très-ennemi de la France… La reine a son cœur et son histoire sur sa physionomie, c’est vous en dire assez. » Il ne lui eût pas confié ces princes en personne et ne les lui eût pas donnés tout d’abord pour hôtes à Valençay pour « les bien traiter et leur faire passer agréablement le temps », tout en lui recommandant de les isoler et « de faire surveiller autour d’eux. » Notez bien que cette année 1808, celle de la fourberie de Bayonne, ne fut point du tout une année de disgrâce pour Talleyrand. […] Le sujet de la conversation était le roi Joseph qui, de Madrid, se plaignait de son frère, se prétendait contrecarré en tout, voulait faire le militaire, être roi indépendant, et, dans des lettres à la reine sa femme et à l’empereur, menaçait par dégoût, si on ne lui laissait pleins pouvoirs, de rentrer dans la vie privée et de revenir planter ses choux à Morfontaine.
Il grandit, il prospère, au fond de son pauvre petit berceau tout farci de plumes d’alouettes, maigre, menu, nourri pourtant de bon lait, et joyeux comme le fils d’un roi. […] Dans une jolie pièce de vers, adressée à un riche agriculteur de Toulouse qui lui donnait ce conseil, il réfute agréablement les raisons flatteuses par un tableau de ses goûts et de ses simples espérances : « Dans ma ville, où chacun travaille, laissez-moi donc comme je suis ; chaque été, plus content qu’un roi, je glane ma petite provision d’hiver, et après je chante comme un pinson, à l’ombre d’un peuplier ou d’un frêne, trop heureux de devenir cheveux blancs dans le pays qui m’a vu naître.
Or, Théophile, poëte, s’en est trop passé, et il a, dans mainte rencontre, excédé avec énormité la mesure, soit que, s’adressant au duc de Luynes qu’il avait jusqu’alors négligé de célébrer, il s’écrie, comme pour réparer le temps perdu : Ceux que le Ciel d’un juste choix Fait entrer dans l’âme des rois, Ils ne sont plus ce que nous sommes, Et semblent tenir un milieu Entre la qualité de Dieu Et la condition des hommes. […] et ces autres encore : Ils s’en vont ces rois de ma vie, Ces yeux, ces beaux yeux, etc., etc Il y a déjà du grand Corneille dans ce lyrique-là.
Le Mémorial, déjà cité, de Gouverneur Morris donne ici les plus curieuses particularités sur ce séjour de Mme de Flahaut en Suisse ; on la voit, par plusieurs lettres d’elle, l’amie, la conseillère influente et active d’un jeune prince, depuis roi (Louis-Philippe) ; elle fit avec lui la route de Bremgarten (Suisse) jusqu’à Brunswick et ne tarda pas à le rejoindre à Hambourg (édition française, tome I, pages 449-458). — Après la révolution de 1830, quand on parlait des Tuileries où son fils était en si bon pied, Mme de Souza avait soin de marquer, d’un air d’allusion fine, qu’elle-même n’y allait pas. […] est tout effroi Pour son Edmond que son amour rappelle ; Se dérobant, il est allé fidèle Mêler sa vie aux périls de son roi.
C’est le pain des forts, c’est l’historien des hommes d’État, des philosophes, des sages, des poètes ; il lui faut, comme à Bossuet, un auditoire de rois de l’intelligence : c’est sa gloire. […] De même que ce corps, institué sous les auspices des Dieux par le père et le fondateur de Rome, ce corps, continué et immuable depuis nos rois jusqu’à nos Césars, nous a été transmis par nos ancêtres, de même nous devons le transmettre à nos descendants ; car c’est de vous qu’émanent vos sénateurs romains, et c’est de vos sénateurs qu’émanent vos princes. » XXVIII Ce discours assoupit plus qu’il ne calma Rome.
Le roi de Hongrit doit épouser la reine de Naples, et l’épousera au dénouement mais pour qu’il en vienne là, il faudra que tout le monde se déguise, le roi de Hongrie en simple gentilhomme, Alcandre, frère du roi, en marchand, son amante Rosélie en paysanne, la reine de Naples en pèlerine, un valet bouffon en Alcandre ; et il faudra encore deux fausses lettres pour brouiller la situation au milieu de la pièce. […] Corneille n’a pas songé — il ne le pouvait guère — à ressusciter le vrai Cid, le rude ambitieux et cupide baron du xie siècle, le mercenaire cruel et pillard qui souvent combattit les chrétiens et servit les Musulmans, l’indocile vassal qui fut trois fois exilé par son roi, et fièrement se lit une souveraineté dans Valence conquise.
Vigny, lors de sa réception à l’Académie, s’attira l’inimitié de ses collègues en se refusant à l’usage qui voulait que le récipiendaire prononçât le panégyrique du roi. […] Elles sont des mensonges fabriqués de toutes pièces par les prêtres, les rois, les chefs de groupe, pour duper les foules.
Dans l’ordre des genres, il semblerait plus naturel de le comparer aux grands rois, aux grands ministres qui ont laissé des écrits. […] Il ne parle que des fautes militaires de ce saint roi : « Il passa huit mois à prier, lorsqu’il eût fallu les passer à marcher, combattre et s’établir dans le pays. » On ne peut s’empêcher de sourire.
Un jour, se souvenant que son poème des Martyrs avait été critiqué au point de vue de l’orthodoxie, il lui est échappé, dans un accès d’amour-propre, de dire des chrétiens ce qu’il a dit si souvent des rois : « Et ne voilà-t-il pas que les chrétiens de France, à qui j’avais rendu de si grands services en relevant leurs autels, s’avisèrent bêtement de se scandaliser ! […] à un endroit, par exemple, où il vient de parler admirablement de la Grèce et de Fénelon, il dira : « Si Napoléon en avait fini avec les rois, il n’en avait pas fini avec moi. » Tout au sortir d’un mot digne de Sophocle, on a tiré phrase à la Cyrano.
Pasteur ou roi, qu’aurais-je fait de ma houlette ou de ma couronne ? […] Je ne fais rien ; je ne crois plus ni à la gloire ni à l’avenir, ni au pouvoir ni à la liberté, ni aux rois ni aux peuples.
Le marquis de Vauvenargues, né en 1715 et mort en 1747, issu d’une noble famille de Provence, entra de bonne heure au service et devint capitaine dans le régiment du Roi. […] Vauvenargues avait donné sa démission de capitaine au régiment du Roi, et l’espoir de trouver un dédommagement dans la carrière diplomatique achevait de lui manquer par la ruine totale de sa santé, quand il vint demeurer à Paris pour s’y vouer uniquement aux lettres.
Et Bernardin ajoutait naïvement : « Si le clergé m’offre une pension, je l’accepterai avec reconnaissance, moi qui n’ai vécu jusqu’ici que des bienfaits du roi. » Il y eut, en effet, un moment où le clergé eut l’idée singulière d’adopter Bernardin comme adversaire de Buffon et du parti encyclopédiste, et de lui faire une pension comme à son avocat. […] Il fut quelque temps intendant au Jardin du roi ; mais on ne lui laissa point cette place.
C’est une certaine manière en mosaïque qui n’est pas ici à discuter ; je ne prends que l’idée, qui est grande : Ce serait une magnificence bien digne d’un aussi puissant roi que le nôtre, dit de Brosses, de faire construire exprès un vaste bâtiment en galerie, pour y réunir les copies en mosaïque19 des plus fameux ouvrages à fresque qui sont en Italie, tant en tableaux qu’en plafonds, en les distribuant dans un bel ordre et dans un beau jour, au milieu d’une riche architecture. […] « J’aime bien pis que les rois, écrivait un jour le président à Voltaire : j’aime les papes.
Mardi 11 février Aujourd’hui, au dîner de Brébant, Nigra a jeté dans la conversation — comme s’il tentait une expérience sur nous — la proposition de nous donner, comme roi de France, son roi à lui. Oui, il a eu le toupet de nous offrir, dans sa pitié profonde, Victor-Amédée, le seul et vrai roi des races latines.
L’on voit volontiers accouplées ces sonorités identiques, hier ennemies, cuir — buires, roi — voix — joie au mépris de la vaine habitude des yeux ; des assonances fort délicates, telles que : ciel — hirondelle, quête — verte, guimpe — limbe ; d’agréables rimes intérieures qui rappellent, avec beaucoup plus d’art, les jeux des poètes latins du XIIIe siècle : Ô Méditerranée, salut ; voici Protée qui lève de tes vagues son front couronné d’algues. […] C’est une description de Vérone, écrite au temps où Pépin, fils de Charlemagne, était roi des Lombards211.
Quoi, Mr Boucher, vous à qui les progrès et la durée de l’art devroient être spécialement à cœur, en qualité de premier peintre du roi, c’est au moment où vous obtenez ce titre que vous donnez la première atteinte à une de nos plus utiles institutions, et cela par la crainte d’entendre une vérité dure ? […] Je voudrais donc que Mr le directeur des académies obtînt un ordre du roi qui enjoignît, sous peine d’être exclu, à tout artiste, d’envoyer au sallon deux morceaux au moins, au peintre deux tableaux, au sculpteur une statue ou deux modèles.
La Correspondance diplomatique montre avec une gaieté amère la bêtise profonde de ces rois, têtus et mous, qui se perdent pour ne pas croire leurs serviteurs ou pour les craindre. […] Les rois n’ont pas toujours besoin d’être éperdus pour demander l’aumône d’un conseil à un homme de génie.
Il fut roi en philosophie, il ne fut point docteur. […] L’homme n’est donc plus le propriétaire d’un sol destiné, préparé, assuré à sa race, le roi paisible d’une nature qui a travaillé et qui s’est pacifiée pour lui ?
Vous n’avez plus d’autre argument que de multiplier les ruines, en preuve de la destruction universelle qui nous attend, d’autre consolation que de nommer tour à tour les rois, les grands hommes, les poëtes, les sages, dont la mort a précédé celle que vous déclarez pour chacun de nous aussi absolue qu’elle est inévitable ; vous dites éloquemment : « Scipion, ce foudre de guerre, la terreur de Carthage, a laissé ses ossements à la terre comme le plus infime esclave. […] Quelques siècles auparavant, Pindare avait dit de Pélée : « Il a vu le cercle magnifique180 où s’étaient assis les rois du ciel et de la mer, faisant apparaître les dons et la puissance qu’ils destinaient à sa race. » Depuis lors, cette image des noces de Thétis et de Pélée avait souvent occupé la peinture comme la poésie : c’était un des thèmes favoris de l’art grec, aussi familier que le voyage des Argonautes, la vengeance de Médée, ou l’abandon d’Ariane.
Godefroy, qui, parlant de la chambre de Malherbe où il y avait six chaises et de la tyrannie que le poëte-grammairien y exerçait, a bien osé comparer cela au salon de l’Abbaye quand M. de Chateaubriand y était : « Dans ce petit cercle d’intimes choisis, il (Malherbe) trônait en roi : il fallait l’écouter et ne prendre la parole que pour l’approuver absolument.
Les trouvères sont la plupart des princes et des rois ; Jean de Brienne, roi de Jérusalem ; Charles d’Anjou, frère de saint Louis et roi de Sicile, Pierre de Dreux, dit Maucler, comte de Bretagne ; mais Queenes de Béthune, l’un des ancêtres de Sully, et Audefroi-le-Bâtard, paraissent les plus anciens.
Un homme sans liste civile n’est pas tenu de vous donner des livres semblables à ceux d’un roi littéraire.
« Elle nous raconta, dit une élève de Saint-Cyr, que, lui ayant dit un jour (au petit duc du Maine, qu’elle élevait) d’écrire au roi, il lui avait répondu, fort embarrassé, qu’il ne savait point faire de lettres.
Ce couvent est au roi plus qu’à Dieu.
Mathématiquement, il se peut que cinq mille francs, par exemple, soient pour un Gould ou un Vanderbilt ce qu’est un sou pour un ouvrier ou un petit commis ; et vous en conclurez que le roi de l’or n’aura pas plus de mérite à donner ces cinq mille francs que l’homme du peuple à donner un sou.
Nous avons suivi Jacques Simple en poète ; avec lui, nous avons rencontré le Sphynx, Jésus-Christ, les Salamandres, la Vieille Fée, le Barbare, les Thaumaturges, les Rois ; et la Forêt, qui symbolise l’erreur, une fois franchie, nous avons abordé en Arcadie, où chante la joie définitive ; or, nous avons écouté, sans plus, l’émotion verbale de ses chansons.
Le faux système d’après lequel la noblesse dut son origine à un privilège conféré par le roi pour de grands services rendus à la nation, si bien que tout noble est un anobli, ce système est établi comme un dogme dès le XIIIe siècle.
Ce fléau de Philippe & des rois ne recouvra sa gloire qu’à la mort.
On n’a que faire d’un roi poëte.
Le roi donna dix mille livres pour le faire imprimer avec de belles planches.
L’étonnement d’un roi ne doit point être celui d’un homme du peuple.
Eh bien, nous votons pour qu’on puisse les entendre et qu’ils dînent en public, — comme autrefois le Roi !
* * * Et, d’abord, l’Agamemnon (où nous voyons le roi des rois, à son retour dans Argos, assassiné par sa femme) est le prototype du drame passionnel. […] « — Quels sont les devoirs d’un roi ? — Joas récite sa petite leçon. — Très bien, mon enfant. — A quel roi voudriez-vous ressembler ? […] Par exemple, après avoir cité le passage où le roi dit à Guise qui veut mettre sa signature à côté de la sienne : « Non, mon cousin, signez au-dessous », M. […] » Mais non, mais non, je ne dis point cela, et je trouve au contraire que le mot du roi est très bien.
Quand, en 1848, la République a fait mine de vouloir chasser Léopold, on a vu comment les Belges ont supplié ce roi de vouloir bien rester pour les gouverner. […] Les tyrans aussi, les rois de la terre (pauvres tyrans, où êtes-vous ?) les rois du ciel, les dieux (pauvres dieux !) […] — Mais, songes-y donc, si j’avais été académicien, il m’était impossible d’écrire le Nabab, les Rois en exil et Sapho !
Elles en avaient peur autrefois, je le parierais, au beau temps où les rois la persécutaient, où les papes l’excommuniaient. […] N’est-ce pas là la contrepartie du mendiant qui a dîné d’un poisson qui a dîné d’un ver qui a dîné d’un roi ? […] Ils sont venus, ils-sont repartis ; les rois viennent, les rois s’en vont ; c’est tout ce que j’y vois. […] Voir un roi vivant, un roi de notre temps, en plein jour, marcher au milieu de la foule, avec le globe dans une main et le sceptre dans l’autre ! […] nous vous prions en faveur de cet enfant royal que vous nous avez donné pour être notre futur roi.
Jeudi 28 février Je lis ce soir dans Le Temps, cette phrase adressée aux ouvriers par le président Carnot, dans sa visite à la manufacture de tabacs : « Je vous remercie profondément de l’accueil que vous venez de faire à ma personne, mes chers amis, car vous êtes des amis, puisque vous êtes des ouvriers. » Je demande, s’il existe en aucun temps de ce monde, une phrase de courtisan de roi ou d’empereur, qui ait l’humilité de cette phrase de courtisan du peuple. […] Un Russe bien informé me disait, que dans cette demande, il n’y avait pas l’appréhension de mauvaises entrailles, mais une affectation de dédain, de la part du « Roi des Rois » pour les familles royales et princières de l’Europe. […] Alors, le roi y faisait placer des pièges pour prendre les voleurs, et l’un des deux frères était pris, et l’autre lui coupait la tête, pour n’être pas reconnu et arrêté. Or, le roi qui avait une très belle fille, lui ordonnait de se prostituer à tout passant, avec la demande pour salaire, du récit du plus méchant tour qu’il avait commis pendant sa vie. […] Et la nuit, je ne sais comment le roi Rhompsonitos et mon cul-de-jatte devenaient contemporains, se mêlant, se brouillant dans un rêve, où je voyais le roi, sa fille, et le voleur, tous de profil, et toujours de profil, en toutes leurs actions, comme on les voit sur les obélisques, avec des apparences de têtes d’épervier, et clopinant au milieu d’eux mon cul-de-jatte, qui devenait à la fin un gigantesque scarabée de cette belle matière vert-de-grisée, qui arrête le regard dans les vitrines du Musée égyptien du Louvre.
Les devoirs ne Vous semblent jamais des bornes mais des appuis, et c’est ainsi que Votre déférence habituelle pour la sagesse expérimentée du Roi ajoute un nouveau lustre au pouvoir qu’il Vous confie. […] Lorsqu’une main sanguinaire lia les mains qui avaient porté le sceptre de la France, le même envoyé de Dieu dit à son roi : — Sire, c’est ainsi que notre Seigneur fut conduit à la mort. […] Thomas Morus, chancelier d’Henri VIII, pendant une année entière enfermé dans la tour de Londres, refusa tous les jours les offres qu’un Roi tout-puissant lui faisait faire pour rentrer à son service en étouffant le scrupule de conscience qui l’en tenait éloigné. […] [I] Lady Jane Grey était petite-nièce de Henry VIII par sa grand-mère Marie sœur de ce Roi et veuve de Louis XII ; elle avait épousé Lord Guilford fils du Duc de Northumberland.
On ne trouve rien de ce ton dans Boileau ni dans Voltaire, ces rois de l’épître. […] C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poète, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami dans le voyage. » Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage. […] L’or et ses dons pesants, la Gloire qui fait roi, T’ont laissé bon, sensible, et loin autour de toi Répandant la douceur, l’aumône et l’indulgence. […] « “En tout, le paysage du domaine de Virgile était doux, d’une douceur un peu pâle et stagnante, de peu de caractère, peu propre à exciter de sublimes émotions ou à suggérer de vives images ; mais le poète avait vécu de bonne heure au milieu des grandes scènes du Vésuve ; et, même alors, s’il étendait ses courses un peu au-delà des limites de son domaine, il pouvait visiter, d’un côté, le cours grandiose du rapide et majestueux Éridan, ce roi des fleuves, et, de l’autre côté, la Bénaque, qui présente par moments l’image de l’Océan agité.
Ses dernières poésies sont sans frein, sans mesure, et ses attaques contre le roi, contre le gouvernement, contre l’esprit pacifique des citoyens, le rendent parfaitement digne de sa peine. […] N’est-ce pas touchant de voir le maître des rois réduit à porter un uniforme retourné ? […] La victoire de Friedland, gagnée sur la Russie, décide l’empereur de Russie à la paix de Tilsitt ; il amène le roi et la reine de Prusse à venir implorer la paix avec lui. […] Les crimes de la révolution française, qui mène en triomphe le plus innocent des rois au supplice, et qui immole des milliers d’innocents après lui pour se venger de l’aristocratie, lui paraissent ce qu’ils sont, des lâchetés cruelles contre des ennemis ou des innocents désarmés.
. — « Pour ceux-là, — dit admirablement Cassagnac, — ce n’était pas ce qui sauve la France : le Roi ! mais c’était ce qui la rassure : un Roi ! […] Il a accordé au roi les choses les plus délicates : la régence de Μ. le duc de Nemours et les fortifications de Paris, et il a machiné contre le roi les choses les plus violentes : la coalition et les banquets.
Depuis cette ode de bienvenue à la reine Marie de Médicis, cinq années s’écoulèrent encore avant que Malherbe fût appelé à la Cour, où ses compatriotes Du Perron et Des Yveteaux avaient parlé de lui et l’avaient recommandé au roi. […] Roi de ses passions, il a ce qu’il désire : Son fertile domaine est son petit empire, Sa cabane est son Louvre et son Fontainebleau ; Ses champs et ses jardins sont autant de provinces Et, sans porter envie à la pompe des princes, Se contente chez lui de les voir en tableau.
C’est au Lycée qu’il avait lu l’hiver précédent, et avec un applaudissement unanime, son joli conte imité et abrégé de celui de Casti, et qui a pour titre : Le Roi malade ou la Chemise de l’homme heureux 94. Un roi malade et ennuyé désespère toute la Faculté par sa mélancolie opiniâtre.
Mais, même lorsqu’il fut devenu ce qu’il n’aurait pu dans aucun cas s’empêcher d’être, le roi des poètes de son temps et le chef du parti philosophique, même alors Voltaire avait des regrets et des habitudes d’homme de société, d’auteur de société, et qui n’aurait voulu rester que cela. […] Cette pièce a été composée par M. de Voltaire, qui est le roi de nos poètes.
Vauvenargues et le marquis de Mirabeau avaient le même âge ; ils étaient Provençaux ; ils étaient parents, capitaines tous deux, Mirabeau dans le régiment de Duras, et Vauvenargues dans le régiment du roi. […] Faire après Louis XIV quelque chose de ce que Henri IV aurait aimé à voir s’accomplir s’il avait vécu, affranchir la noblesse des servitudes de cour et des usurpations de la roture, la rendre plus sédentaire et attachée à son ménage des champs, rendre le peuple content de son sort et assuré de son bien-être, supprimer les sangsues publiques et l’appareil intermédiaire de finances entre le roi et son peuple, asseoir l’impôt moyennant des assemblées provinciales, de grands Conseils généraux répartiteurs des charges, c’est ce que Mirabeau aurait voulu et ce qui aurait renouvelé en effet l’ancienne monarchie ainsi reprise en sous-œuvre.
En tête de son Histoire des rois de France (1678), il déclare avoir hésité quelque temps et délibéré s’il mettrait une préface, « dans la crainte que j’ai eue, dit-il, d’avoir été cause en partie de ce qu’on les a blâmées par écrit et de vive voix, sans en excepter aucune ». […] Les deux catalogues qu’il a dressés de son trésor de gravures, et, comme il dit, de sa Bibliothèque imaginaire (j’aimerais mieux imagère), le premier en 1666 pour la collection acquise au roi par Colbert, le second en 1672 pour une nouvelle collection qu’il s’était formée depuis, mériteraient d’être appréciés par de plus connaisseurs que moi30.
Et c’est ce même homme qui, envoyé par l’Assemblée aux Tuileries, le 20 juin, après avoir fait passer le roi et la reine dans un cabinet pour les soustraire aux outrages, ne peut retenir ses larmes, et, au même moment, cherche à s’excuser d’en verser. […] Le roi de Prusse, qui assiégeait la place en personne, y conçut pour Merlin une estime particulière qui paraît avoir été réciproque, et lorsque, des années après, on entrait dans le cabinet de l’ex-conventionnel, on était étonné d’y trouver d’abord le portrait de ce roi.
Dans le chapitre intitulé la Critique et les Honnêtes Gens, titre qui rappelle à dessein l’épigraphe de l’ancien recueil périodique le Conservateur et sa célèbre devise : le Roi, la Charte et les Honnêtes Gens, M. de Pontmartin expose ses principes et plante son drapeau. […] Mignet sur Charles-Quint, il dira : « Si l’on me demandait quel est, parmi les ouvrages de l’esprit, celui que je préfère à tous les autres, je répondrais hardiment : Un bon livre écrit en l’honneur d’un grand roi . » Singulière préférence à ériger ainsi en article de foi littéraire !
et déjà Vive le Roi ! […] Coulmann ; dès le lendemain il est pour la Charte ; il écrit dans les journaux, dans L’Ami du Roi .
Dès qu’il l’eut vue, il lui porta un intérêt tout paternel, et touché de sa noble physionomie tout empreinte de mélancolie, il l’appelait « un petit roi détrôné ». […] Les députés s’avalent bien de temps en temps, mais cela ne change rien aux plaisirs ni à notre bon gouvernement, qui est soutenu par la sagesse de notre roi et par l’esprit de l’armée qui est bon… » La spirituelle chroniqueuse, on le voit, était dans les meilleurs principes.
L’anarchie entre les hommes de talent est complète ; chacun se fait centre, chacun se nomme roi, Mævius comme Virgile, Vadius comme Molière (si Molière et Virgile il y a) ; mais le Vadius et le Mævius, c’est-à-dire un peu de sottise, se glissent même sous la pourpre et la soie des plus grands et de ceux qui se croient le plus gentilshommes. […] Une plaie moins matérielle, et en même temps plus saisissable, plus ostensible, qui tient de près à l’ambition personnelle des hommes de talent et à leur prétention d’être chacun un roi absolu, c’est la façon dont ils s’entourent, dont ils se laissent entourer.
La première doit être d’avant 1830, lorsqu’avec un peu de complaisance on se permettait encore de rêver un roi suzerain en son Louvre ; les deux autres portent leur date et nous rendent avec une grâce exquise le très-proche reflet d’une réalité douloureuse. […] si le roi nous lisait dans son Louvre, — ô ma Muse inabritée contre les orages de la vie, — le seigneur suzerain de tant de fiefs qu’il ignore le nombre de ses châteaux, ne nous marchanderait pas une pauvre chaumine !
Il parle assez peu respectueusement de ces princes « qui vont s’échauder bien loin pour le profit de quelque roi » ; c’est le mot d’un homme qui a vu bouillir la marmite. […] 195 Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi ?
Comme il n’y a rien d’intrinsèque dans la naissance, vous fûtes roi à Syracuse, et vous devenez particulier malheureux à Corinthe. […] Il marcha résolûment au supplice, donnant sa vie pour la vie du roi.
Enfin, le travail des champs garde toujours une noblesse : il est si naturel, si nécessaire pour que l’humanité vive, qu’il en devient auguste ; c’est le travail antique, connu des patriarches et des rois. Aujourd’hui, celui qui vit sur un sol qui lui appartient est le plus libre des hommes, est vraiment roi dans son domaine.
L’homme qui était son esclave, en devient subitement le roi. […] Zeus soupçonne la fraude, mais laisse faire le fraudeur, méditant déjà sa vengeance — « Fils de Japet » — dit-il au Titan, — « le plus illustre des rois, ô cher !
Il y eut je ne sais quel fou qui, sous prétexte qu’il était à demi parent par alliance, se mit à faire feu en tous sens et adressa placet sur placet aux ministres du roi. […] Mlle Louise-Florence-Pétronille Tardieu d’Esclavelles, qui, dans le roman, s’appelle du joli nom d’Émilie, fille d’un officier mort au service du roi, dut naître vers 1725.
Selon lui, Paris n’était pas au roi (quand il y avait un roi) ; il n’est pas au peuple, toujours occupé et affairé : « le seul, le véritable souverain de Paris, c’est le flâneur ».
Il ne craindra pas de nous le montrer, à un moment, comme s’offrant à Louis XIII pour un message des moins honorables auprès de Mlle d’Hautefort, et rappelé à l’ordre par le roi même. […] Les pages où il nous montre ce vieillard, fidèle jusqu’au bout à la mémoire de Louis XIII, ne manquant jamais tous les ans d’aller au service funèbre du feu roi, à Saint-Denis, le 14 de mai, et s’indignant vers la fin d’y être tout seul ; ces pages respirent une véritable éloquence de cœur et sentent la magnanimité de race.
Enfin, on peut compter encore les sympathies personnelles d’un Roi très éclairé, le Roi de Prusse, qui aime le catholicisme en artiste, et qui pourrait s’en servir en homme d’état, et aussi la bonne volonté de Schelling, le plus grand nom de l’Allemagne actuelle, l’homme le plus puissant sur l’opinion de son pays. […] Et, pour n’en citer qu’un exemple, quand le roi de France, Philippe-Auguste, répudia Ingeburge de Danemark avec insulte, il est à remarquer qu’Innocent n’excommunia pas le roi, mais jeta seulement l’interdit sur le royaume, et aussi, quand l’interdit fut levé et que Philippe, soumis en apparence, eut recommencé d’éloigner la reine, on put s’étonner de voir le chef de la chrétienté mettre des négociations à la place de ses foudres.
Les Saints s’en allaient comme les rois étaient partis. […] Quelque bruit que fassent autour d’elle les peuples et les rois, elle n’oubliera pas un de ses mendiants, un de ses martyrs.
Les procureurs du roi de chefs-lieux d’arrondissement et même les présidents de cour sont émus et correspondent avec l’auteur pour lui soumettre leurs idées et discuter les siennes ; il répond dans les Débats très-officiellement et sans rire à ces missives qui lui donnent un caractère respectable et qui servent à couvrir son jeu.
. — politique d’atermoiement du roi louis-philippe. — la france catholique par ambition. — programme de la liberté de l’enseignement réclamée par les jésuites. — janin. — gautier. — delphine gay. — m. patin, etc.
Toutes les expressions soulignées sont tirées du sermon de Bossuet sur la Mort, prêché à un carême devant le roi ; ce sermon est l’un des plus éloquents de Bossuet.
Même aujourd’hui, qu’après les tempêtes civiles, La Concorde au front d’or rit d’en haut sur nos villes, Et qu’il n’est ni couteau, ni balle à recevoir Pour le roi, pour le peuple, enfin pour un devoir ; Si du moins, en secret, des dévoûments intimes Pouvaient aux mains du sort échanger les victimes, Et si, comme autrefois, l’homme obtenait des cieux De racheter les jours des êtres précieux !
Daudet, au contraire, y parvint en se jouant, et par une spirituelle intuition de la note juste : La consultation du Dr Bouchereau (Les Rois en exil), le diagnostic chuchoté dans la scène finale de Jack, ou l’on perçoit en murmures « cavernes… râles sibilants… », surtout cette poignante Visite à la Salpêtrière que Charcot, pour la netteté du vocabulaire, aurait pu signer, tout cela est authentique, rigoureux et juste.
L’Angleterre est gouvernée par un roi ; mais toutes ses institutions sont éminemment conservatrices de la liberté civile et de la garantie politique.
Les parents ont, pour se faire aimer de leurs enfants dans leur jeunesse, beaucoup des avantages et des inconvénients des rois ; on attend d’eux beaucoup moins qu’on ne leur donne ; on est flatté du moindre effort, on juge tout ce qu’ils font pour vous d’une manière relative, et cette sorte de mesure comparative est bien plus aisément satisfaite ; ce n’est jamais d’après ce qu’on désire, mais d’après ce qu’on a coutume d’attendre, qu’on apprécie leur conduite avec vous ; et il est bien plus facile de causer une agréable surprise à l’habitude, qu’à l’imagination.
Boutaric, j’ai pu dépouiller une multitude de documents manuscrits, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers généraux, magistrats, employés et particuliers, de toute espèce et de tout degré pendant les trente dernières années de l’Ancien Régime, les Rapports et Mémoires sur les diverses parties de la maison du roi, les procès-verbaux et cahiers des États généraux en cent soixante-seize volumes, la correspondance des commandants militaires en 1789 et 1790, les lettres, mémoires et statistiques détaillées contenus dans les cent cartons du Comité ecclésiastique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de département et de municipalité avec les ministres de 1790 à 1799, les rapports des conseillers d’État en mission à la fin de 1801, la correspondance des préfets sous le Consulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1825, quantité d’autres pièces si instructives et si inconnues, qu’en vérité l’histoire de la Révolution semble encore inédite.
Il trouve sa voie en 1739, après qu’il a été nommé Intendant du jardin du roi : il se tourne vers l’histoire naturelle ; il prépare ses matériaux.
. — Le Roi fou (1895). — La Pluie et le Beau Temps (1896). — Le Livre d’images (1897). — Premiers poèmes, avec une préface sur le vers libre (1897). — Le Cirque solaire (1898). — Le Conte de l’Or et du Silence (1898). — Les Petites Âmes pressées (1898). — Les Fleurs de la Passion (1900)
Cet hymne est vraiment trop plébéien et se plie mal à saluer les rois.
L’art grec produisait pour la patrie, pour la pensée nationale, l’art au XVIIe siècle produisait pour le roi, ce qui était aussi, en un sens, produire pour la nation.
Tressan, [Louis-Elisabeth de Lavergne Comte de] Lieutenant-Général des Armées du Roi, de l’Académie Françoise, de celles des Sciences de Paris, de Londres, de Berlin, d’Edimbourg, & des Sociétés Royales & Littéraires de Montpellier, de Nancy, de Caen & de Rouen, né dans le Diocese de Montpellier en 1706.
Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ; Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages Des générations à vau-l’eau dans les âges ; Et devant mon regard se prolongeaient sans fin Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim, La superstition, la science, l’histoire, Comme à perte de vue une façade noire.
Au regard de Jehan Clopinel, Qui fist le rommant de la Rose, Le roy veult que de son chastel Soit banny, sans faire autre chose.
Comptez mon ami ; le portrait du roi par Vanlo ; la Magdelaine dans le désert ; la Lecture ; le grand paysage de Boucher ; le St Germain qui donne une médaille à Ste Genevieve ; le St Andre de Deshays, son St Victor ; son St Benoit près de mourir ; le Socrate condamné ; le Bénédicité de Chardin ; le Soleil couchant de Lebel ; les deux Vues de Bayonne ; le Jeune élève de Drouais ; le Diomede de Doyen ; la Blanchisseuse ; le Paralytique, le Fermier brûlé, le portrait de Babuti par Greuse ; le crucifix de bronze de Roland de la Porte ; et d’autres qui ont pu m’échapper.
Peut-être pensoit-il aussi qu’en assistant à ces combats, on conçut le mépris de la vie qui avoit rendu le soldat des legions plus déterminé que celui des phalanges dans les guerres, où son pere Antiochus Le Grand et Philippe roi de Macedoine avoient été battus par les romains.
Des cuistres profonds. » Or, Cousin est le plus capable, le plus éclatant, le mieux doué de tous les professeurs de philosophie ; c’est donc le roi… des cuistres profonds, comme dit ce brutal Wallon, et même (rassurons-nous !)
On connaît la lettre de Bossuet au maréchal de Bellefonds : « L’abbaye que le Roi me donne me tire d’embarras et de soucis qui ne peuvent pas se concilier longtemps avec les pensées que je suis obligé d’avoir.
L’équité civile, ou raison d’état, devient le privilège d’un petit nombre de politiques et conserve dans le cabinet des rois son caractère mystérieux.
Saint Louis était un saint et bon roi : or on sait par Joinville l’histoire du savant juif, du rabbin, auquel eut affaire un vieux et féal chevalier dans un colloque qui allait se tenir entre clercs et juifs au monastère de Cluny ; aux premières questions du chevalier qui demanda dès le début à intervenir et qui, entrant en lice, le somma d’emblée de dire s’il croyait en la Vierge mère du Sauveur, le juif ayant répondu non, le chevalier s’emporta, le frappa à la tempe de sa canne ou de sa béquille, et le renversa roide étendu par terre, ce qui mit fin naturellement à la conférence. […] C’était l’époque qui peut à bon droit s’appeler celle du minimum de tolérance, et cela non point parce que le preux chevalier trouve tout simple de tomber à bras raccourci sur le juif et le mécréant, — de tout temps il se rencontre des chevaliers qui seraient disposés à en faire autant (Réclamations, murmures), — mais parce que le plus juste des rois l’approuve et ne le désavoue pas. […] Et au même moment, dans une lettre adressée au plus compromettant, au plus brouillon des prélats de France, il trouve moyen d’insulter un de vos ministres il prétend vous imposer sa destitution : ce qui ne s’était jamais vu de mémoire de roi dans l’ancienne France, durant les siècles de la religion gallicane.
» et cette fois la volonté était toute puissante, car c’était la volonté d’un roi. » Ensuite il parlait d’une quantité de choses à propos de cette action en trois actes, — c’est le mot qu’il substitue à celui d’opéra, — il revenait sur le temps de son séjour chez nous et se félicitait chaudement de l’insuccès de Tannhaeuser : langage bien différent de celui qu’il tiendra plus tard dans ses causeries avec madame Judith Gautier et dans sa lettre à M. […] C’est sous ces fâcheux auspices que Tristan vit le jour : il y eut en tout quatre représentations, toutes quatre admirablement dirigées par Hans de Bülow et toutes quatre applaudies avec frénésie : aux deux premières, c’est le roi lui-même qui donnait, après chaque acte, le signal des acclamations. […] La Gazette de Cologne, en particulier, annonçait un jour que le roi venait d’offrir à son musicien favori une canne dont la pomme était un cygne en or ciselé et enrichi de brillants valant plusieurs milliers de ducats.
Selon la généalogie habituellement adoptée par les poètes et leurs commentateurs, le père — ou l’aïeul — de Titurel se serait nommé Périllus ; Titurel aurait vécu très vieux, après avoir eu un fils, Frimutelle, le premier roi indigne ; le fils de Frimutelle, Amfortas ou Anfortas, renouvelant le même péché, est guéri par son neveu Perceval ou Parsifal. […] Rois et princes briguaient sa main, mais son humilité était si grande, qu’elle refusait toujours les prétendants. […] En tête de ce groupe est la porteuse du Gral (mademoiselle Kramer) qui réalise en son personnage tout un rythme, des pieds à la tête, formant une véritable harmonie de musique ; derrière arrive le cortège du roi blessé.
Il en est de même pour cette autre invocation au Diable que nous trouvons à la fin du deuxième volume de la Justice dans la Révolution : « Viens donc, Satan, viens, le calomnié des rois et des prêtres, que je te presse sur ma poitrine ! […] Avant de tuer les rois, on tue le bon sens, qui est le roi des facultés humaines.
Henri de Luxembourg est élu roi des Romains ; il va passer les Alpes. […] Son système d’une souveraineté unique ne porte aucune atteinte aux droits des communes et des citoyens. « Les nations ne sont pas pour les rois, mais les rois pour les nations », dit-il dans sa Monarchie. […] Le lion est un roi terrible, dévorateur des peuples. […] Dans le ciel de Jupiter où Dante exalte les rois justes, il flagelle les mauvais princes. […] Sa doctrine à cet égard est sans aucune ambiguïté : les rois sont les ministres et non les maîtres des peuples.
Quand il entendait parler Attale contre les vices et les erreurs du genre humain, il le regardait comme un être d’un ordre supérieur. « Attale, ajoute Sénèque (Lettre XVIII) se disait roi, et je le trouvais plus qu’un roi, puisqu’il faisait comparaître les rois au tribunal de sa censure. […] Il en est des rois comme des femmes, pour lesquelles la familiarité a toujours quelque fâcheuse conséquence. […] Un des hommes les plus sages que Rome ait produits disait : « Si les rois sont des bêtes féroces qui dévorent les peuples, quelle bête est-ce donc que le peuple romain qui dévore les rois ? […] Les vices des rois encouragent les vicieux, et rendent pusillanimes les gens de bien qui les approchent. […] Le discours véhément que le sieur Sigogne tint au roi dans cette circonstance, est très-bon à lire.
Cet ironiste essaie de comprendre leurs réclamations, et son roman qui a pour titre Les Rois pourrait être intitulé : Les Rois et la question sociale. […] Hermann, un fils de roi, se trouve appelé au pouvoir par la maladie de son vieux père. […] Le vieux roi, au nom de la morale des rois, fait pendre une innocente, absout la meurtrière et, comme elle a un fils enfant, remet la régence entre ses mains sanglantes. […] Lemaître nous démontre qu’il ne faut pas compter sur les rois pour accomplir cette œuvre. […] le bouleau n’est pas le chêne, et pourtant sa grâce féminine a un charme qui manque au roi de la forêt.
Les Grands alors, loin de rougir d’ajouter à leurs titres celui de Savans, étoient de tous les gens de Lettres les plus instruits ; ils le seroient encore aujourd’hui, s’ils vouloient se persuader, que l’éclat d’un beau nom ne suffit pas pour acquérir une véritable considération ; que destinés par leur naissance à former la Cour des Rois, ils sont faits aussi pour entrer dans leurs Conseils ; que là, autant leurs talens & leur mérite sont utiles au Prince, à l’Etat, aux Peuples, autant leur ignorance est préjudiciable au bien public ; enfin, que plus ils sont élevés au-dessus des autres hommes, plus ils doivent s’efforcer de mériter de l’être, & faire cesser ce murmure jaloux, qui réclame sans cesse les droits de l’égalité, & ceux du mérite négligé, contre les caprices d’une aveugle fortune. […] Abondante sans superfluité, riche sans faux brillans, naturelle sans bassesse, simple avec majesté, élevée sans affectation, sublime sans efforts, leur éloquence mâle & nerveuse, tantôt préférant la force du raisonnement aux tours ingénieux & fleuris, s’attachoit moins à plaire qu’à instruire, qu’à convaincre & persuader ; tantôt s’élevant avec le vol de l’aigle jusqu’au sein de la Divinité dont elle sembloit être l’organe, elle étonnoit, ravissoit, arrachoit des larmes & des sanglots : dans les uns, pleine de candeur, animée du seul coloris des graces, tendre, harmonieuse & touchante, elle pénétroit l’ame de la plus douce émotion, & couvroit de fleurs les vérités qu’elle vouloit annoncer aux Peuples comme aux Rois ; dans les autres, brillante, énergique & pittoresque, elle traçoit les mœurs, les vices & les erreurs du temps, & prenoit des mains de la vérité les armes dont elle les combattoit. […] Une récompense qu’il reçut de la part du Roi, pour une Ode qu’il avoit faite, décida pour jamais son talent ; & peut-être Racine seroit-il ignoré sans Chapelain, qui parla si avantageusement à Colbert & de l’Ode & de l’Auteur, que peu de temps après le Ministre lui accorda une pension. […] Un Roi jeune & victorieux, une Cour brillante, qui ne respiroit que la gloire & la galanterie, où l’on ne songeoit qu’à plaire, où du sein des plaisirs on voloit à la victoire, frappèrent les premiers regards de Racine ; ainsi, lorsqu’il choisit l’amour pour être l’ame de ses Tragédies, il suivoit à la fois le goût qui dominoit alors, & le penchant de son cœur. […] Ce Discours est à la tête de la nouvelle Edition des Bibliothèques françoises de la Croix du Maine & de du Verdier, Sieur de Vauprivas, dédiée au Roi, & donnée par M.
À son avis, les grands hommes, rois, écrivains, prophètes et poëtes, ne sont grands que par là. « Le caractère de tout héros, en tout temps, en tout lieu, en toute situation, est de revenir aux réalités, de prendre son point d’appui sur les choses, non sur les apparences des choses1414. » Le grand homme découvre quelque fait inconnu ou méconnu, le proclame ; on l’écoute, on le suit, et voilà toute l’histoire. […] Cet obscur au-delà que les sens n’atteignent point, que la raison ne peut définir, que l’imagination figure comme un roi et comme une personne, c’est la sainteté, c’est le sublime. […] C’est ce sentiment du devoir qui les réunit, les inspira et les soutint, qui fit leur discipline, leur courage et leur audace, qui souleva jusqu’à l’héroïsme antique Hutchinson, Milton et Cromwell, qui provoqua toutes les actions décisives, toutes les résolutions grandioses, tous les succès extraordinaires, la déclaration de la guerre, le jugement du roi, la purgation du Parlement, l’humiliation de l’Europe, la protection du protestantisme, la domination des mers. […] Carlyle est si bien leur frère, qu’il excuse ou admire leurs excès, l’exécution du roi, la mutilation du Parlement, leur intolérance, leur inquisition, le despotisme de Cromwell, la théocratie de Knox. […] C’est en vain qu’il emploie les meurtres de rois, des bills de réforme, les révolutions françaises, les insurrections de Manchester.
Quand je me rapprochais du petit nombre de terroristes déguisés qui avaient survécu, j’entendais dire qu’il fallait exterminer le nouveau gouvernement, les émigrés et les étrangers ; quand je me laissais séduire par les opinions modérées et doucereuses des écrivains qui prêchaient le retour à la morale et à la justice, on m’insinuait à la deuxième phrase que la France ne pouvait se passer d’un roi, chose qui me choquait singulièrement. […] Tous deux ont des dettes payées par des rois, et l’homme public chez tous deux est gêné à la fin, et se sent les bras et la langue liés par la reconnaissance67.
Ne rions pas de ces natures de modestie et d’abnégation, surtout quand elles nous apportent à pleines mains des présents de roi. […] Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi.
Sa conclusion, c’est qu’il ne faut pas traduire les poètes, à moins d’y être obligé par ordre exprès et commandement des rois et des grands (ceci est une précaution de politesse). […] Si les rois et les pouvoirs publics s’y prêtaient, il aimerait à voir tenter derechef la comédie et la tragédie, à l’exclusion des farces et moralités qui occupent et usurpent les tréteaux.
Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage, A pour longtemps noyé plus d’un secret ombrage, Silencieux bosquets mal à propos rêvés, Terrasses et balcons, tous les lieux réservés, Tout ce Delta d’hier, ingénieux asile, Qu’on devait à quinze ans d’une onde plus facile ! […] L’or et ses dons pesants, la Gloire qui fait roi, T’ont laissé bon, sensible, et loin autour de toi Répandant la douceur, l’aumône et l’indulgence.
Au sortir de Saint-Cyr, quand déjà la mort de Louis XIV entraînait la chute des pouvoirs élevés par ce roi avec le plus de complaisance, Mlle d’Aulquier, qui perdait l’appui de Mme de Maintenon, fut demandée en mariage par un gentilhomme breton qui la rencontra à la terre de sa tante et en devint soudainement amoureux. […] A force de voir Mme de Pontivy, de s’intéresser à ce mari en fuite, de chercher du moins à maintenir les biens, à force de visiter les gens du roi convoqués à l’Arsenal, et de rapporter son peu de succès à la cliente qu’il voulait servir, il l’aima, et ne put plus en douter un soir que son cœur, comme de lui-même, se trahit.
Les écrivains illustres, les grands poëtes, n’existent guère sans qu’il y ait autour d’eux de ces hommes plutôt encore essentiels que secondaires, grands dans leur incomplet, les égaux au dedans par la pensée de ceux qu’ils aiment, qu’ils servent, et qui sont rois par l’art. […] A nos poëtes lyriques ou épiques, il semble dire : « On n’aime plus que l’esprit colossal. » A tel qui violente la langue et qui est pourtant un maître : « Nous devons reconnaître pour maîtres des mots ceux qui savent en abuser, et ceux qui savent en user ; mais ceux-ci sont les rois des langues, et ceux-là en sont les tyrans. » — Oui, tyrans !
Profitant de l’aigreur naissante qu’excitait contre les Anglais la politique toute prussienne et électorale de leur roi, usant avec adresse de l’accès qu’il s’était ouvert dans l’esprit du prince Potemkin, il parvint à signer, vers les premiers jours de l’année 1787, avec les ministres russes, un traité de commerce qui assurait à la France tous les avantages dont jusqu’alors les Anglais avaient exclusivement joui. […] Si ce roi eut avec lui des torts de procédé, comme on l’a dit et comme vient de le répéter un écrit récent177, il les paya dans ce tableau fidèle ; une plume véridique est une arme aussi.
Daudet a tenté aussi de grandes études historiques de mœurs contemporaines : le monde du second empire dans le Nabab, le monde des souverains en déplacement ou en disponibilité dans les Rois en exil, le monde de l’Institut dans l’Immortel. […] Éditions : Fromont jeune et Risler aîné (1874), le Nabab (1877), Sapho (1884), Charpenter, in-18 ; Jack (2 vol., 1876), les Rois en exil (1879), l’Évangéliste (1883), Dentu, in-18 ; le Petit Chose (1868), Hetzel, in-18, et Lemerre, pet. in-12 ; l’Immortel (1880), Lemerre, in-18 ; Théâtre, Charpentier, in-18, 1880.
Défense était faite aux écrivains, par un édit de Louis XV, de médire de la religion, du roi, des ministres, des traitants, de tous ceux qui, de près ou de loin, touchaient à la chose publique. […] Béranger chansonnera les commissaires et les procureurs du roi, pendant que Paul-Louis Courier criblera de railleries les phrases emphatiques du maladroit harangueur chargé de requérir contre lui.
On sait que lorsque Huet fut nommé à l’évêché d’Avranches, et pendant les huit ou neuf années qu’il remplit les fonctions épiscopales si peu d’accord avec son amour opiniâtre pour l’étude, il passait bien des heures dans son cabinet, et quand on venait le demander pour affaire, on répondait : Monseigneur étudie, ce qui faisait dire aux gens d’Avranches, pleins d’ailleurs de respect pour lui : « Nous prierons le roi de nous donner un évêque qui ait fini ses études. » C’est cette idée de savant toujours absorbé et rêveur, tel qu’on se le figure communément, qui se sera répandue dans le peuple et qui aura donné lieu à ce dicton : T’es tout évêque d’Avranches. […] Elle a passé depuis en masse dans la Bibliothèque du roi.
Il y eut toutes sortes de difficultés pour la représentation ; il fallut que Monseigneur, fils du roi, les levât. […] Il rompt de bonne heure avec la Comédie-Française, se met en guerre avec elle, avec les Comédiens du roi qui représentent le grand genre, la déclamation tragique.
Le roi passa par Provins, et, à cette occasion, Moreau fit sa chanson patriotique qui a pour titre : Vive le Roi !
Un jour, au siège devant Gravelines, les maréchaux de Gassion et de La Meilleraye, qui commandaient, avaient eu querelle, et leur démêlé allait jusqu’à partager l’armée : leurs troupes étaient près d’en venir aux mains lorsque le marquis de Lambert, alors simple maréchal de camp, se jeta entre les deux partis et ordonna aux troupes, de la part du roi, de s’arrêter : « Il leur défendit de reconnaître ces généraux pour leurs chefs. […] Le roi a su cette action, dit Mme de Lambert, et en a parlé plus d’une fois avec estime. » C’est par de tels exemples qu’en entrant dans sa nouvelle famille elle élevait son cœur et qu’elle tâchait ensuite de nourrir celui de ses enfants.
Il en donne des preuves touchantes en toute occasion, et notamment dans ses lettres, soit que, correspondant avec Jean-Baptiste Rousseau, il se montre continuellement en peine sur l’état de l’âme de ce poète, et sur la sincérité de son repentir au sujet de certains vers, que lui, Rollin, confesse n’avoir jamais lus ; soit qu’écrivant à Frédéric, au moment de son avènement au trône, il lui adresse des conseils de religion, et y mêle une prière à Dieu : « Qu’il lui plaise, dit-il à ce roi philosophe, de vous rendre un roi selon son cœur !
Sa maison des Délices est bien voisine de Genève, et il ne serait pas glorieux pour lui qu’après avoir été sous la griffe d’un roi à Berlin, il retombât sous celle d’une petite république et de ses bourgeois souverains : « J’ai une maison dans le voisinage, qui me coûte plus de cent mille francs aujourd’hui, écrit-il en janvier 1757 ; on n’a point démoli ma maison. » Cela prouve du moins que l’idée qu’on pût lui faire quelque mauvais parti lui était venue. […] Vous verrez que les prédicants de Genève respectent les tours de Ferney, les fossés de Tourney, et même les jardins des Délices. — Écrivez-moi par la poste, et mettez hardiment : À Voltaire, gentilhomme ordinaire du Roi, au château de Ferney, par Genève ; car c’est à Ferney que je vais demeurer quelques semaines.
Le livre qui racontera l’histoire de ces femmes montrera comment la maîtresse, sortie du haut, du milieu ou du bas de la société, comment la femme avec son sexe et sa nature, ses vanités, ses illusions, ses engouements, ses faiblesses, ses petitesses, ses fragilités, ses tyrannies et ses caprices, a tué la royauté en compromettant la volonté ou en avilissant la personne du Roi. […] L’architecte qui construisit la tour de Pharos, grava son nom dans la pierre, et le recouvrit d’un enduit de plâtre sur lequel il écrivit le nom du roi qui régnait alors.
Il étoit écrit au livre du destin, chapitre des peintres et des roix, que trois bons peintres feraient un jour trois mauvais tableaux pour un bon roi ; et au chapitre suivant, des miscellanées fatales, qu’un littérateur pusillanime épargneroit à ce roi la critique de ces tableaux ; qu’un philosophe s’en offenseroit, et lui diroit quoi, vous n’avez pas de honte d’envoyer aux souverains la satire de l’évidence, et vous n’osez leur envoyer la satire d’un mauvais tableau.
La France aussi, puisqu’elle aime l’officier du roi, jusqu’à lui sacrifier les siens et sa patrie. […] Lauze de Perret ne vota pas la mort du Roi. […] C’est la Pensée qui fait de l’Homme un roi, hélas ! […] Ainsi quand il nous évoque ces « trognes armées » qui entourent les rois. […] Le Roi dit non.
Le spectacle de la nature et des montagnes dans les tempêtes, les miracles de la végétation, et en particulier le chêne qui en est le roi, enfin l’humanité et la femme, ce chef-d’œuvre de la création, y sont tour à tour célébrés comme racontant le nom et la gloire du Créateur.
Ceux qui sont constitués pour en juger, étant ravis et transportés de telle affection, prononcent— » 1541 : « Or à toi appartient, Roi… » 1560 : « Or c’est votre office, sire… » 1541 : « Et ne te doit détourner le contemnement de notre abjection. » 1560 : « Et ne devez être détourné par le contemnement de notre petitesse. » 1541 : « Mais nous ne lisons point ceux avoir été repris qui aient trop puisé… » 1560 : « Mais nous ne lisons point qu’il y en ait eu de repris pour avoir trop puisé. » 1541 : « Cestuy étoit Père, qui… » 1560 : « C’étoit un des Pères, qui… » 1541 : « Voysent maintenant nos adversaires… » 1560 : « Que maintenant nos adversaires aillent…261 » Et pareillement Calvin remplace en 1560 loquacité par babil, abnégation par renoncement, diriger par adresser, subjuguer par dompter, expéter par désirer, promouvoir par avancer, médiocre par moyen, cogitation et présomption par pensée, locution par façon de parler, etc.
Saint-Georges de Bouhélier lorsqu’il écrivit la Vie héroïque des Aventuriers, des Poètes, des Rois et des Artisans, et qu’il y formula les phrases chantantes et accentuées que voici : « Ces héros ruraux et urbains représentent, incarnent, glorifient, pompeux, une Face de la Terre ou du Firmament… La Nature elle-même nécessite l’auguste ardeur de leur patience.
Fulvio invoque l’appui de son valet Scapin, le roi des fourbes ; ce dernier fait une première démarche auprès de Celia et de Mezzetin, le maître de Celia ; mais Fulvio survient après lui, et dit tout le contraire de ce que le valet vient de dire, de sorte que Mezzetin s’écrie : Signor, ho inteso il tuono della canzone, ma la musica non fa melodia, « j’ai entendu la chanson, mais votre musique n’est point d’accord24 ».
De même que les exploits des rois, les actes ordinaires de la vie et tant de journaliers labeurs, auxquels se soumettent les pêcheurs, les boulangers et les bouviers, sont dignes de nos odes et de notre étude.
Ce qui lui en donna l’idée, ce fut la crainte que ses frères persécutés ne missent un obstacle à leur retour par leurs cris éternels contre la France & contre le roi.
Applaudissez aux poëmes divins de Virgile ; promenez-vous dans une ville immense, où les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture et de l’architecture suspendront à chaque pas vos regards d’admiration ; assistez aux jeux du cirque ; suivez la marche des triomphes ; voyez des rois enchaînés ; jouissez du doux spectacle de l’univers qui gémit sous la tyrannie, et partagez tous les crimes, tous les désordres de son opulent oppresseur.
Le frere du roi des parthes, Tiridate qui venoit à Rome faire hommage, pour parler suivant nos usages, de la couronne d’Armenie, auroit eu moins de peur du céremonial des romains, ajoûte l’auteur que j’ai cité, s’il les avoit mieux connus.
Charles II roi d’Angleterre disoit que de tous les françois qu’il avoit connus, Monsieur De Gourville étoit celui qui avoit le plus grand sens.
Dans un temps où les princes de la terre avaient sur les peuples des droits dont les limites étaient inconnues, était-ce donc un si grand malheur que les rois eussent au-dessus d’eux une puissance mystérieuse qui venait les épouvanter et leur annoncer, les oracles de la justice éternelle, une puissance qui venait leur dire : Ce sceptre que vous tenez de Dieu, Dieu peut vous l’enlever ; ce glaive que vous portez à votre côté peut être réduit en poussière par le glaive de la parole ?
Ces mêmes Athéniens étaient les maîtres et les tyrans d’Alexandre qui était le maître du monde ; c’était pour eux qu’il combattait, qu’il détrônait, qu’il faisait des rois.
Aucune ville ne parvient à former les autres en confédération sous sa conduite ; tour à tour Sparte, Athènes, Thèbes, y échouent ; plutôt que d’obéir à des compatriotes, les vaincus vont chercher de l’argent chez les Perses et faire au grand roi des soumissions. […] Car personne, à ce qu’on dit, ne parut plus beau et plus grand que ton oncle Pyrilampe toutes les fois qu’on l’envoyait en ambassade auprès du grand roi on auprès de quelque autre sur le continent ; et toute cette autre maison ne cède en rien à la première. […] Les Lacédémoniens, au dire de Théophraste, condamnèrent leur roi Archidamos à l’amende parce qu’il avait épousé une petite femme, prétendant qu’elle leur donnerait des roitelets et non des rois. […] Dans Homère, dont les poëmes sont la Bible des Grecs, Ulysse naufragé, après avoir nagé deux jours, arrive « à l’embouchure d’un fleuve aux belles eaux, et dit au fleuve : Entends-moi, ô roi, qui que tu sois ; je viens à toi en te suppliant avec ardeur, et fuyant hors de la mer la colère de Poséidon… Prends pitié, ô roi ! […] Zeus, qui dans l’Iliade est un chef de famille impérieux, et dans Prométhée un roi usurpateur et tyrannique, demeure néanmoins, par beaucoup de traits, ce qu’il a d’abord été, le ciel pluvieux et foudroyant ; des épithètes consacrées, de vieilles locutions, indiquent sa nature originelle ; les fleuves « tombent de lui », « Zeus pleut ».
Est-il besoin de rappeler la célèbre anecdote du roi le conviant à sa table, devant les courtisans étonnés ? […] Mais écoutez-le disant, sur son lit d’agonie : « J’espère en la miséricorde de Dieu pour les restitutions que je dois au royaume », et ce discours à son petit-fils, rapporté par Saint-Simon : « Mon enfant, vous allez être un grand roi. […] Cette France, raisonnable et modérée, a été un moment touchée, comme l’avait été son grand Roi, du vertige de l’Impérialisme. […] Un roi n’est pas grand parce qu’il tyrannise ses sujets. […] Vous feuilletez le volume, et, aussitôt après, vous tombez sur les « journées d’octobre », sur les « troubles du Midi », sur la « révolte de Nancy », sur la « fuite du Roi », son « arrestation » et le reste ?
Le roi l’a nommé maire de son pays et chevalier de la Légion d’honneur ; il a six cent mille francs de réserve déposés chez le banquier libéral, M. […] « Faire cette réponse à la catastrophe, dire cela au destin, donner cette base au lion futur, jeter cette réplique à la pluie de la nuit, au mur traître de Hougoumont, au chemin creux d’Ohain, au retard de Grouchy, à l’arrivée de Blücher, être l’ironie dans le sépulcre, faire en sorte de rester debout après qu’on sera tombé, noyer dans deux syllabes la coalition européenne, offrir aux rois ces latrines déjà connues des Césars, faire du dernier des mots le premier en y mêlant l’éclair de la France, clore insolemment Waterloo par le mardi gras, compléter Léonidas par Rabelais, résumer cette victoire dans une parole suprême impossible à prononcer, perdre le terrain et garder l’histoire, après ce carnage avoir pour soi les rieurs, c’est immense. […] Ils sont là, tous les rois de l’Europe, les généraux heureux, les Jupiters tonnants, ils ont cent mille soldats victorieux, et, derrière les cent mille, un million ; leurs canons, mèches allumées, sont béants ; ils ont sous leurs talons la garde impériale et la grande armée ; ils viennent d’écraser Napoléon, et il ne reste plus que Cambronne ; il n’y a plus pour protester que ce ver de terre.
Des livres vantent aux enfants un régime qui accorde au mérite toutes les places et toutes les distinctions, comme ils vanteraient aussi bien la grandeur d’un roi, ou la toute-puissance d’un Dieu. […] Un roi qui ne peut plus se faire obéir par son armée et se faire respecter par son peuple n’a plus qu’à s’en aller. […] Si l’on emploie le mot « devoir » en de pareils cas, c’est en le prenant dans le sens positif invoqué plus haut, au sens où c’est le devoir d’un joueur d’échecs de ne pas mettre son roi en prise.
Mardi 11 avril Dîner chez Daudet, à l’effet d’entendre la lecture de la pièce Les Rois en exil, tirée du roman, et fabriquée par Delair, sous l’aile de Coquelin aîné. […] » Mercredi 22 novembre Je pars pour Le Roi s’amuse, avec l’idée de la représentation d’Irène du mois d’avril 1778, d’un couronnement du buste de Hugo sur la scène, d’une soirée d’enthousiasme, où les applaudissements ne permettraient pas aux acteurs de parler… Des cravates blanches au paradis, c’est la première fois que je vois cela. […] Jeudi 23 novembre Les Zola venus hier à Paris, pour la représentation du Roi s’amuse, dînent ce soir chez les Daudet.
Mais ces observations critiques ayant été faites par des auteurs qui avoient intérêt de décrier les Poëmes en prose, parce qu’ils en ont fait en vers, la saine partie de la nation ne s’y est pas arrêtée ; & il est à souhaiter pour la consolation des Rois & pour le bonheur des peuples, que le Télémaque soit le bréviaire des Souverains. […] Le Ballet des Élémens, celui des Sens & la tragédie de Callirhoé sont les trois opéra qui ont le plus contribué à faire connoître le nom du Poëte Roi sur la scène lyrique. […] Un grand Roi, célébre par plusieurs victoires, a chanté l’art de la guerre, art qu’il n’a pas étudié en vain.
Don Gomez n’est pas encore enterré que sa fille déclare qu’elle ne peut pas résister davantage à son amour pour Rodrigue, et le roi est forcé de lui dire que le mariage n’aura lieu qu’un an plus tard pour ne pas trop blesser les convenances. […] Il est jeune, il est beau, il est fier, il est ingénu, il n’a pas peur du ridicule, il a des attitudes de jeune dieu, il a un sourire enfantin qui découvre ses dents, quand son roi l’appelle le Cid et l’embrasse. […] Quand Chimène vient conter au roi la mort de son père et lui demander la tête de Rodrigue, Mlle Dudlay pleure et sanglote dès le commencement du discours et finit sur un ton de plainte déchirante. […] On n’en saurait douter quand on se rappelle la vie de Molière : ce n’est certes pas Alceste qui eût été un si habile directeur de théâtre, un amoureux si éclectique ni un si souple amuseur du roi. […] Ce pauvre enfant aimait son père, il lui a gardé un culte passionné ; et il voit sa mère épouser un autre homme avant d’avoir usé les souliers dans lesquels elle suivait l’enterrement du feu roi.
… Tu seras roi ! […] Le roi des barricades vit les barricades se tourner contre lui. Le roi des bourgeois fut abandonné par une bourgeoisie qui ne soutient jamais ceux qui la défendent. […] les rois, ni les empereurs, ni les présidents ne s’occupent plus guère de littérature !) […] Le roi avait accepté la démission de M.
Mirabeau seul était alors ce ministre possible, mais repoussé par le roi, l’Assemblée, le Destin et le déclin d’une vie usée. […] Le pouvoir vrai et juste est délégué par Dieu qui est lui-même roi et père, au roi dans la société et au père dans la famille. […] Mais Joseph de Maistre, bien que fidèle serviteur de son roi, n’est nullement gallophobe. […] Avec cela journaliste antivoltairien à l’Année littéraire de Fréron, puis antirévolutionnaire à l’Ami du Roi. […] De même que la génération de 1636, celle de Corneille, avait imposé pour un siècle et demi au centre de la civilisation française le point de vue du roi, la pensée centrée sinon par le roi du moins sur le roi, pareillement la génération de 1789 place sur les grands chemins des lettres, Sphinx sur la route de Thèbes, le fait de la Révolution.
IV Il faut enfin que l’historien soit homme d’État, diplomate rompu par la théorie, et s’il se peut par la pratique, à toutes les questions intérieures ou extérieures qui intéressent la dignité, la grandeur honnête et la sécurité de son pays ; car, s’il ne connaît pas ces questions, comment les jugera-t-il bien ou mal servies ou desservies dans les actes diplomatiques, législatifs, militaires, des rois, des empereurs ou des ministres dont il raconte les actes ? […] Et, chose singulière, cette illusion, qu’elle se plaisait à provoquer chez eux, elle aurait presque voulu la partager aussi ; car elle eût préféré voir son époux sujet des Bourbons, mais sujet protecteur de ses rois, entouré des hommages de l’ancienne aristocratie française, à le voir monarque couronné par la main de la nation. […] Si on faisait un jour le général Bonaparte roi ou empereur, ce serait évidemment sous prétexte de donner à la France un gouvernement stable, en le rendant héréditaire, et malheureusement les médecins ne lui laissaient plus l’espérance d’avoir des enfants. […] Il était mort à l’âge de quarante-sept ans, après avoir gouverné son pays, pendant plus de vingt années, avec autant de pouvoir qu’on en peut exercer dans une monarchie absolue ; et cependant il vivait dans un pays libre, il ne jouissait pas de la faveur de son roi, il avait à conquérir les suffrages de l’assemblée la plus indépendante de la terre !
Sa situation était honorable et logique, deux mandats, l’un du peuple vainqueur, l’autre du roi vaincu, lui donnant une base inébranlable. […] Je réponds : « Parce que Mme la duchesse d’Orléans n’était que la belle-fille de ce roi de l’illégitimité, parce que le comte de Paris n’était que le petit-fils de l’usurpation, parce que le mot de république ne préjugeait rien et apaisait tout jusqu’à l’Assemblée constituante nommée au suffrage universel pour déclarer la volonté du pays ! […] On n’a pas besoin d’attendre le retour d’Allemagne, et l’impression en recueil de ces correspondances avec des impératrices de Russie, des rois de Prusse, des électeurs de Hesse ou de Bade, qui portaient le génie de la France au dix-huitième siècle partout. […] Il fallut oublier les mystiques tendresses, Et les sonnets d’amour dits à l’écho des bois ; Il fallut, m’arrachant à mes douces tristesses, Corps à corps combattre les rois.
Semblable au vent qui roule une feuille d’automne, On entend le Temps seul, d’une aile monotone, Balayer la cendre des rois !
Il reproche à l’aimable et romanesque chantre d’avoir, en consacrant uniquement les noms de ses héros chevaliers, négligé et tout à fait omis la foule héroïque, le peuple, ces chrétiens obscurs, ces martyrs sans nom : « Le manant, dit-il, le petit bourgeois, le vilain aussi bien que le baron et le roi, tous vont délivrer le Saint-Sépulcre, tous vont chercher la rémission de leurs péchés ; tous sont égaux devant la miséricorde de Dieu qui recueille leurs confessions et prépare leurs sièges en paradis.
Il raconte la fête des Rois chez M.
Colbert, que ce Ministre lui envoya 100 louis de la part du Monarque, & peu après le mit sur l’état du Roi pour une pension de 600 livres.
Vers le commencement de l’année 1735, il obtint un privilège du roi pour faire des observations sur les écrits modernes.
Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula.
Quant aux sciences, il faut bien que tous les italiens tombent d’accord de ce qu’a écrit Monsieur Ottieri dans l’histoire de la guerre allumée, au sujet de la succession de Charles II roi d’Espagne.
Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si l’on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle ; ce scribe, qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix ; ce solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net (el rey netto), au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale ; Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore, parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.
Mais Avellaneda, le continuateur de Cervantes, qu’il ait été un laïque ou un prêtre, un spéculateur qui veut gagner sa poignée de ducats ou un envieux qui ait tenté de voler sa gloire à un homme qui n’avait que de la gloire à voler, qu’importe à la postérité, qui ne juge les hommes que sur leurs œuvres et qui ne s’intéresse qu’à un seul genre d’incognito, — celui des rois ou des empereurs de la pensée !
Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés.
Ils vivent en rois tombés, toujours insultants et blessés, ayant toutes les misères de l’orgueil, n’ayant aucune des consolations de l’orgueil, incapables de goûter ni la société ni la solitude, trop ambitieux pour se contenter du silence, trop hautains pour se servir du monde, nés pour la rébellion et la défaite, destinés par leur passion et leur impuissance au désespoir et au talent. […] Pendant qu’il écrit, son public est sous ses yeux : gros squires bouffis par le porto et le bœuf, accoutumés à la fin du repas à brailler loyalement pour l’Église et le roi ; gentilshommes fermiers aigris contre le luxe de Londres et l’importance nouvelle des commerçants ; ecclésiastiques nourris de sermons pédants et de haine ancienne contre les dissidents et les papistes. […] — (Mesdames, je risque la vole.) — On dit qu’il y aura six doyens pour tenir le poêle. — (Je voudrais bien savoir à quel roi faire invite.) — Madame, votre mari assistera-t-il — aux funérailles d’un si bon ami ? […] Qu’est-ce que notre puissance, puisqu’un insecte, roi d’une fourmilière, peut se faire appeler comme nos princes « majesté sublime, délices et terreur de l’univers ? […] Par cette négligence, un jeune seigneur de grande espérance, qui venait à une audience, avait malheureusement été empoisonné, bien que le roi à ce moment n’eût aucun dessein contre sa vie ; mais cet excellent prince eut la touchante bonté de remettre le fouet au pauvre page, à condition qu’il promettrait de ne plus jamais recommencer sans un ordre spécial 1013. » Toutes ces fictions de géants, de pygmées, d’îles volantes, sont des moyens de dépouiller la nature humaine des voiles dont l’habitude et l’imagination la couvrent, pour l’étaler dans sa vérité et dans sa laideur.
Il donne les dates, l’année, le mois, le jour ; il marque le vent, nord-est, sud-ouest, nord-ouest ; il écrit un journal de voyage, des catalogues de marchandises, des comptes d’avoué et de marchand, le nombre des moïdores (monnaie portugaise), les intérêts, les payements en espèces, en nature, le prix de revient, le prix de vente, la part du roi, des couvents, des associés et des facteurs, le total liquide, la statistique, la géographie et l’hydrographie de l’île, tellement que le lecteur est tenté de prendre un atlas et de dessiner lui-même une petite carte de l’endroit, pour entrer dans tous les détails de l’histoire et voir les objets aussi nettement et pleinement que l’auteur. […] Il a cette force de volonté, cette fougue intérieure, ces sourdes fermentations d’imagination violente qui jadis faisaient les rois de la mer, et qui aujourd’hui font les émigrants et les squatters. […] Il se sent homme en retrouvant partout autour de lui la marque de son labeur et de sa pensée ; il est satisfait « de voir toutes les choses si prêtes sous sa main, et tous ses biens en si bon ordre, et son magasin d’objets nécessaires si grand1030. » Il rentre volontiers chez lui, parce qu’il y est maître et auteur de toutes les commodités qu’il y rencontre ; il y dîne gravement « et en roi. » Voilà les contentements du home. […] On prend en haine son caractère rancunier, concentré, opiniâtre, qui est tout à la fois celui d’un roi absolu habitué à se contenter aux dépens du bonheur des autres et celui d’un rustre qui n’a de l’éducation que le vernis. […] Il exalte Jacques II et Charles II comme deux des meilleurs rois qui aient jamais régné.
Pressé de se préparer, il s’échappe à la hâte du salon de M. de Villebois, court s’enfermer dans sa chambre, recommence vingt fois son mémoire, le lit, le relit, le déclame, ouvre son Plutarque, y cherche des souvenirs et des inspirations, et prépare un beau discours sur le bonheur des rois qui font des républiques. […] Bientôt heureux, puis trahi, il passe à Berlin ; il y voit le roi, qui lui propose un emploi dans le génie militaire ; il lui refuse dans son armée un grade plus actif. […] Les hommes ne veulent connaître que l’histoire des grands et des rois, qui ne sert à personne. » « Mon père, repris-je, il est aisé de juger à votre air et à votre discours que vous avez acquis une grande expérience. […] Nous en étions si près que, malgré le bruit des flots, nous entendîmes le sifflet du maître qui commandait la manœuvre, et les cris des matelots, qui crièrent trois fois: « Vive le roi ! […] Au moment où le royaume se divisait en deux partis, dont l’un voulait faire une république et l’autre conserver la monarchie, il se hâta de rappeler au peuple les anciennes obligations qu’il avait à son roi.
Bourgeois, vous avez — roi, législateur ou négociant, — institué des collections, des musées, des galeries. […] « Le bon maître me dit : — Regarde celui qui marche, une épée à la main, en avant des trois autres, comme un roi : c’est Homère, poëte souverain ; l’autre qui le suit est Horace le satirique ; Ovide est le troisième, et le dernier est Lucain. […] Il y a de ces misérables peintres, pour qui la moindre verrue est une bonne fortune ; non seulement ils n’ont garde de l’oublier, mais il est nécessaire qu’ils la fassent quatre fois plus grosse : aussi font-ils le désespoir des amants, et un peuple qui fait faire le portrait de son roi est un amant. […] Ingres dessine mieux que Raphaël, le roi populaire des dessinateurs. […] Pradier en est le roi.
Cette autre encore : Or le bon roi, debout sur son ventre, était pâle. […] Ce sont des rois, ce sont des reines, Assis au milieu de leur cour ; Ce sont des villes si sereines Que dans la nuit il y fait jour. […] Siméon Pécontal : Il naîtra sur un lit de chaume, Et celle qui l’aura porté, Ce roi du céleste royaume, Gardera sa virginité ; Car, à travers sa chaste mère, Passera l’enfant radieux... […] C’est un roi du sacré vallon. […] Se reporter plus particulièrement aux débats judiciaires à propos de l’interdiction du Roi s’amuse.
Et je trouve singulier que les Français, qui ne souffrent plus de roi mortel, s’obstinent à en garder un immortel, beaucoup plus tyrannique et féroce. […] Et puis, très loin, très bas, il y a les étrangers dynastiques et loyalistes, les empereurs, les rois, les princes, qu’il tient tous plus ou moins pour des mercenaires anglais. […] Il tue le vieux roi et s’empare de la couronne. […] Elle accable la duchesse d’Urbin, sœur de son mari, sous les prestigieux récits des fêtes données par le roi et des gracieusetés qu’il lui a prodiguées. […] Personne ne leur cède le pas, on ne leur témoigne aucun égard, pas plus le roi que les autres.
Soit qu’on y considère les actions, tours de force, vengeances atroces, sacs et pillages ; soit qu’on y analyse les sentiments, impertinence à l’égard du clergé, dédain brutal pour la femme, qui, en retour de ses bons avis, ne reçoit que de rudes réponses, propos d’une indépendance lointaine et irrévérencieuse à l’égard du souverain, comme ceux de Guillaume au Court-Nez : « Ô roi, je ne vous ai jamais tâtonné la nuit ; on ne m’a jamais vu vous gratter les jambes ou refaire votre lit ; mais je vous ai servi de mon épée », tous ces récits donnent à notre goût la sensation de la plus âpre crudité49. […] Il végète à Paris, près Pontoise ; il parle de Saint-Omer, de Lille, de Douai, de Salins ; il a passé par Rueil où il a volé, tué peut-être ; par Meung-sur-Loire, où il fût resté dans un cul de basse-fosse, si, par une fortune souvent rappelée, le plus bourgeois de nos rois n’était venu fort à propos délivrer le plus plébéien de nos poètes. […] Dans un autre cycle, celui de la barbarie du Nord, se rencontreraient le vieux barde de Temrah pleurant ses dieux vaincus, Hervor, la fille d’Angantyr, réclamant son héritage, l’épée ; Hialmar, qui donne message au Corbeau, brave mangeur d’hommes, de porter son cœur tout chaud à sa fiancée, la fille d’Ylmer ; l’ours qui pleure au chant du roi des Runes ; Sigurd le Frank, Brunhild, qui, l’ayant tué, se tue ; Komorl le Jarle de Kemper, par qui finit Tiphaine et lui finit avec elle ; les massacrés de Mona et les Elfes des prairies. […] Le siècle de l’Encyclopédie fut plus indulgent pour les arts mécaniques, et la mode acheva de les réhabiliter, quand un roi, au lieu de régner, cisela des serrures, sage s’il eût réfléchi que les Dioclétiens et les Charles-Quints abdiquent avant de se consacrer au jardinage et à l’horlogerie. […] Admis clandestinement dans la littérature par la coulisse que lui ouvrit Le Roi s’amuse au bout de son dernier acte, le chirurgien a tout envahi, tout gâté.
Sous les traits d’un enfant délaissé sur les flots, C’est l’élu du Sina, c’est le roi des fléaux, Qu’une vierge sauve de l’onde. […] Ajoutant une page à toutes les histoires, Il attelait des rois au char de ses victoires. […] Le vieux roi manque un peu de naïveté ; il dit au lecteur : « Je suis Louis XI » ; il n’attend pas qu’on s’en aperçoive. […] Voyez le xvie siècle ; c’est une époque immense pour l’Art… Ce n’est partout, sur le sol de la vieille Europe, que guerres religieuses, guerres civiles, guerres pour un dogme, guerres pour un sacrement, guerres pour une idée, de peuple à peuple, de roi « à roi, d’homme à homme ; en même temps, ce n’est dans l’Art que chefs-d’œuvre. […] On l’admire, on ne l’aime pas ; il occupe ses contemporains de lui, et il est isolé au milieu d’eux ; c’est un roi sans sujets, et il ressemble en ce point à Charles X, qui n’a, pour se croire roi, que deux ou trois serviteurs qui le saluent chaque matin de ce nom.
Laissez, dit-il, laissez aux rois les pensées royales et aux grands les grandes pensées. […] Laërte est vengé d’Hamlet par Hamlet lui-même, et Hamlet est vengé du roi par le roi lui-même. […] Une pareille éducation réalise trop souvent la fable : Le fils de roi et l’Horoscope. […] Son abdication le fait roi. […] Dante et Goethe sont à la fois maîtres et rois des deux grands royaumes que se partagent les artistes et les poètes : l’idéal et la réalité.
« C’est une toile en blanc dans la galerie des portraits des rois de Fiance », disait-il. […] … Le vieux roi s’éprend, à soixante-quatre ans, d’une femme qui en a quarante-cinq. […] Le roi l’épouse secrètement. […] Le roi et sa femme sont au lit. […] Le roi refuse d’obéir à l’officier.
C’est quand son roi déserte qu’il vient malgré tout le défendre. […] Or, le jour de la première du Bourgeois Gentilhomme devant la cour, le roi resta de glace, ne se dérida pas une fois ; M. […] Admirons Louis XIV d’avoir vu en roi M. […] Louis XIV n’est pas seulement un grand roi, il est le grand roi, parce qu’il a réalisé le style de la royauté, de la même manière que Racine a réalisé le style de la tragédie, La Fontaine le style de la poésie, La Bruyère le style de l’analyse psychologique et sociale. […] Aux empoisonneurs comme aux rois, le silence est la seule leçon que la critique puisse donner.
Oui, les plus grands, les plus augustes, les plus puissants de notre race, — en plein siècle de lumières, pour me servir de ta suggestive expression, mon éternel ami, — seront fiers de réaliser, d’après mon désir, le rêve que je forme et que voici : L’heure viendra, d’abord, où les rois, les empereurs victorieux de l’Occident, les princes et les ducs militaires, oublieront, au fort de leurs victoires, les vieux chants de guerre de leurs pays, pour ne célébrer ces mêmes victoires immenses et terribles — (et ceci dans le cri fulgural de toutes les fanfares de leurs armées ! […] Ce premier « succès » obtenu, je prierai, quelques années après, ces princes, rois, ducs et empereurs tout-puissants de vouloir bien se déranger pour venir écouter l’une de mes plus nébuleuses productions. […] Wotan, roi des Dieux, maître de Walhall, sait que la Fin viendra ; à l’heure de la Souillure, celle qui connaît toutes choses, la Primordiale Mère, la Chaotique Wala, Erda, la Dormeuse-Voyante, avertit son esprit, que le Crépuscule ensombrirait le ciel.
Et le voici, montant cet escalier du bal de l’Opéra, qu’il n’a pas vu depuis quinze ans, le voici à mon bras, perdu dans cette foule, comme un roi perdu dans son royaume : lui, Gavarni, qui pourrait dire : « Le carnaval, c’est moi ! […] Il n’y a plus de fou même parmi les rois. […] Vieux et cassés, les hémistiches garderont la majesté foudroyée de ces rois Sarmates, frappés de boulets en pleine poitrine.
C’est avec le même mépris de toute opposition et de toutes criailleries systématiques, opposition et criailleries devenues banales et communes2, c’est avec le même esprit d’ordre, le même amour du bon sens, que nous repoussons loin de cette petite brochure toute discussion, et sur les jurys en général, et sur le jury de peinture en particulier, et sur la réforme du jury devenue, dit-on, nécessaire, et sur le mode et la fréquence des expositions, etc… D’abord il faut un jury, ceci est clair — et quant au retour annuel des expositions, que nous devons à l’esprit éclairé et libéralement paternel d’un roi à qui le public et les artistes doivent la jouissance de six musées (la galerie des Dessins, le supplément de la galerie Française, le musée Espagnol, le musée Standish, le musée de Versailles, le musée de Marine), un esprit juste verra toujours qu’un grand artiste n’y peut que gagner, vu sa fécondité naturelle, et qu’un médiocre n’y peut trouver que le châtiment mérité. […] Le plus beau de tous est sans contredit le dernier — le Samson aux grosses épaules, le Samson invincible est condamné à tourner une meule — sa chevelure, ou plutôt sa crinière n’est plus — ses yeux sont crevés — le héros est courbé au labeur comme un animal de trait — la ruse et la trahison ont dompté cette force terrible qui aurait pu déranger les lois de la nature. — A la bonne heure — voilà du Decamps, du vrai et du meilleur — nous retrouvons donc enfin cette ironie, ce fantastique, j’allais presque dire ce comique que nous regrettions tant à l’aspect des premiers. — Samson tire la machine comme un cheval ; il marche pesamment et voûté avec une naïveté grossière — une naïveté de lion dépossédé ; la tristesse résignée et presque l’abrutissement du roi des forêts, à qui l’on ferait traîner une charrette de vidanges ou du mou pour les chats. […] Henri Scheffer, que le portrait de Sa Majesté ait été fait d’après nature. — Il y a dans l’histoire contemporaine peu de têtes aussi accentuées que celle de Louis-Philippe. — La fatigue et le travail y ont imprimé de belles rides, que l’artiste ne connaît pas. — Nous regrettons qu’il n’y ait pas en France un seul portrait du Roi. — Un seul homme est digne de cette œuvre : c’est M.
Lui, M. de Lescure, il a non seulement parlé de Gabrielle, mais il a trouvé de compte fait jusqu’à cinquante-six maîtresses connues à ce roi vaillant, et il nous en offre les portraits ou les médaillons. […] Aux pages 387 et 388 du premier volume, Gabrielle d’Estrées est non seulement nommée, mais présentée comme agissant sur les intérêts politiques par la passion qu’elle a inspirée au roi, et laissant par sa mort le champ libre au divorce et au second mariage de ce prince.
On raconte qu’Alexandre, dans ses conquêtes, en arrivant à Persépolis, y rencontra des captifs grecs, précédemment mutilés par ordre des rois persans, et qui vivaient là depuis des années. […] Je la trouve à chaque ligne dans une lettre adressée, en 1667, à M. de Lionne, qui, désirant ménager son retour, lui avait demandé d’écrire une sorte d’apologie qu’il pût montrer au roi.
Or, des douleurs de la France épuisée, De sa chère aigle aux mains des rois brisée, Des morts d’hier, des mânes d’autrefois. […] notre France est là… France d’alors, chantant sous le tonnerre Plus d’un refrain qui depuis s’envola, Vive et rétive, assez peu doctrinaire, Encore en sang des caresses des rois ; Oui, cette France est toute dans ta voix.
La difficulté pour lui était grande : il comprit assez vite, dans son essor progressif, qu’après une révolution comme la nôtre l’émancipation des peuples était signifiée hautement, et que la paternité tutélaire des Boniface VIII et des Grégoire VII ne pouvait se rétablir, même en supposant acquise la docilité des rois. […] M. de La Mennais ne prétendait certes pas que le temps des dépositions de rois dût revenir, et s’il citait la bulle de Boniface VIII, c’était comme mementodu dogme à des absolutistes qui se disaient chrétiens ; toujours y avait-il en ceci quelque difficulté à embrasser, je ne dis pas la droiture, mais le fond et le but de sa tendance politique.
Cette critique modeste de Bayle, qui est républicaine de Hollande, qui va à pied, qui s’excuse de ses défauts auprès du public sur ce qu’elle a peine à se procurer les livres, qui prie les auteurs de s’empresser un peu de faire venir les exemplaires, ou du moins les curieux de les prêter pour quelques jours, cette critique n’est-elle pas en effet (si surtout on la compare à la nôtre et à son éclat que je ne veux pas lui contester) comme ces millionnaires solides, rivaux et vainqueurs du grand roi, et si simples au port et dans leur comptoir ? […] On n’était pourtant pas loin du temps où certains grands offraient au spirituel railleur Guy Patin un louis d’or sous son assiette, chaque fois qu’il voudrait venir dîner chez eux ; On se serait arraché Bayle s’il avait voulu, car il était devenu, du fond de son cabinet, une espèce de roi des beaux esprits.
Point de personnage qui n’y soit un orateur accompli ; chez Corneille, Racine et Molière lui-même, un confident, un roi barbare, un jeune cavalier, une coquette de salon, un valet, se montrent passés maîtres dans l’art de la parole. […] Il ne fait pas des individus véritables, mais des caractères généraux, le roi, la reine, le jeune prince, la jeune princesse, le confident, le grand prêtre, le capitaine des gardes, avec quelque passion, habitude ou inclination générale, amour, ambition, fidélité ou perfidie, humeur despotique ou pliante, méchanceté ou bonté native.
Rois ou paysans ne diffèrent qu’en « leurs chausses242 » : les passions, les ressorts sont les mêmes ; mais les effets ici sont plus menus, là plus illustres ; et voilà, remarquez-le, le principe d’une théorie toute classique de la tragédie. […] Dans une de ses lettres à Henri IV, il marque que le roi a voulu avoir une correspondance avec lui.
Sache-le bien, d’ailleurs, ni le pape, ni le roi, ni les grands ne se lient à mes paroles. […] Après avoir été quelque temps le roi de la mode, il prend en pitié ses faciles succès ; le monde l’ennuie, et, blasé avant trente ans, il va vivre à la campagne, fort mal vu de ses voisins, qu’offense sa supériorité.
De plus, le voilà en possession d’une faculté nouvelle : il appelle les rois, les ministres, les gouvernements à son tribunal ; il ne pense plus guère qu’à juger, à décider, à charger tout le monde des devoirs dont il s’exempte. […] Je suppose un habile homme ne sachant pas qui a écrit ces réflexions sur le monarque, « lequel peut faire des hommes des bêtes et des bêtes des hommes, qui doit être exorable à la prière, ferme contre les demandes ; à qui la raillerie piquante est bien moins permise qu’au dernier de ses sujets, parce que les rois sont les seuls qui blessent toujours mortellement82 » ; risquerait-il sa réputation de connaisseur en les croyant de Fénelon ?
Le roi au centre ; ici Condé et les princes ; là-bas, dans cette allée, Bossuet et les évêques ; ici au théâtre, Racine, Lulli, Molière et déjà quelques libertins ; sur les balustres de l’Orangerie, Mlle de Sévigné et les grandes dames ; là-bas, dans ces tristes murs de Saint-Cyr, Mme de Maintenon et l’ennui. […] Mieux vaut quelque brillante personnification de l’humanité, le roi, la cour, qu’une médiocrité générale.
On sourit quand on pense que ce récit est de l’homme même dont les funérailles, quinze ans plus tard, égaleront en pompe et en majesté celles des plus grands rois. […] À un dîner du jour des Rois (janvier 1776) chez M. de Monnier, la fève lui était échue, et il avait naturellement choisi Mme de Monnier pour reine.
De nos jours, nous restituant les modes des mentalités anciennes, tel roi nègre de la côte africaine fait immoler aux fêtes qui commémorent le souvenir de l’aïeul un cortège de messagers ; du sommet d’un rocher on les précipite dans un abîme, munis de présents, de souhaits et de nouvelles qu’ils ont mission de porter à l’ancêtre. Le vieux roi a changé de demeure, mais il vit toujours dans l’esprit de son fils et dans l’esprit de sa tribu.
C’est l’histoire de la fable de La Fontaine intitulée le Berger et le Roi. […] — Ce que vous dites est fort vrai, repartit Acante ; mais je vous prie de considérer ce gris de lin, cette couleur d’aurore, cet orangé et surtout ce pourpre qui environne le roi des astres.
L’abbé de Pons, né en 1683, avait pour père le sieur de Pons d’Annonville, d’une noble famille de Champagne et chevalier d’honneur du présidial de Chaumont (sur Marne) ; il naquit à Marly, chez son oncle qui en était alors seigneur, et de qui le roi ne tarda pas à l’acquérir, « fit ses premières études au collège des jésuites à Chaumont, puis vint à Paris et entra au séminaire de Saint-Magloire, d’où il suivit l’école de Sorbonne : « Il était bon humaniste, nous dit-on ; il possédait les principes de la théologie ; mais surtout il était grand métaphysicien, dans le sens le plus étendu qu’on donne à présent (1738) à ce terme.
D’admirables armées faisaient flotter ses trois couleurs à la face des rois qui avaient voulu l’anéantir.
Si Kepler et Tycho-Brahé ont pu vivre, c’est parce qu’ils vendaient à des rois naïfs des prédictions fondées sur les conjonctions des astres.
Le comte de Villiers de l’Isle-Adam est le roi des verbes sonores.
La mort du grand roi est le fait décisif qui se dresse, comme une véritable borne, sur la route parcourue par le temps et qui nous permet de dire : Ici un monde finit et un autre commence.
Reste, parmi les milieux qu’il a traversés, la cour de Louis XIV, de ce roi qui, au dire de Mme Sévigné, gardait sa majesté jusqu’en jouant au billard, et il faut bien admettre que la cour, où l’on retrouve ces mêmes caractères dans la vie de tous les jours, a marqué de son empreinte le génie naturellement fin et délicat du poète.
Ciceron, après avoir parlé de l’usage que les pythagoriciens faisoient de la musique dans leur régime, pour ainsi dire, et après avoir dit que Numa le second roi des romains, tenoit de l’école de Pythagore plusieurs usages qu’il avoit introduits dans son petit état, cite comme une preuve de ce qu’il venoit d’avancer la coutume de chanter à table les loüanges des grands hommes avec un accompagnement d’instrumens à vent.
Sorti de ce procès triomphant, ce qu’il avait été avec sa parole devant ses juges il le fut, avec sa plume, devant la France entière, jusqu’à ce matin du 10 août 1792 où, allant défendre le Roi, beau comme toujours, intrépide comme toujours, il fut assassiné par Théroigne de Méricourt et par des hommes plus lâches qu’elle ; car ils se mirent à deux cents pour frapper Suleau, qui avait son sabre et qui se défendit.
Quand Midi parut, cette pièce, dans laquelle le poète a sonné ses douze coups comme talent et de même que Midi, ne sonnera pas un coup de plus, on s’en allait, citant ses vers trop connus pour qu’on ait besoin de les citer tous : Midi, roi des Étés, épandu dans la plaine, Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Il n’est pas l’ouvrier que Théophile Gautier se vantait si grossièrement d’être ; car les ouvriers, les rois de ce temps, si lâche devant eux, sont montés jusque dans la Poésie !
Les rois vaincus étaient présentés au capitole à Jupiter Férétrien, et ensuite immolés.
Et, dans le Forgeron, on sent l’influence un peu trop proche de tel poème de la Légende des siècles où sont vilipendés des rois par des manants. […] Le forgeron fait ses remontrances à Louis XVI, Et le bon roi, debout sur son ventre, était pâle. […] A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombillent autour des puanteurs cruelles, Golfe d’ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes, Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ; I, pourpre, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein de strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges, — O, l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! […] Le « pauvre instant d’amour » n’apparaît plus, en souvenir, que comme trêve trop courte et fugitive ; la satiété prône qu’il ne doit être « qu’unique et comme en rêve » et, dans un frisson, l’âme inquiète s’en va vers « les ombres apâlies de la mort »… Mais ce ne sont là que de vaines intermittences et la chanson d’amour reprend, tantôt passionnée, tantôt attendrie, et parfois elle se divertit à de belles histoires plaisantes, comme celle des trois rois Mages qui, tout en cheminant, le nègre aussi, n’ont d’autre pensée que leur belle, laissée dans la contrée soyeuse… Le vers de Gustave Kahn a pris dans ces Chansons d’Amant une souplesse ondoyante et, quand il le faut, une grâce légère qu’il n’avait pas dans les Palais Nomades. […] Dénués de critique, les hommes du Moyen-âge travestirent la Grèce et Rome en une féodalité de hauts barons et de seigneurs ; les écrivains du xviie siècle se représentèrent l’entourage de l’empereur Auguste ou du roi des rois Agamemnon comme la cour de Louis XIV ; plus récemment encore, Hugo transforma suivant sa propre imagination la légende des siècles.
Elle se presse un peu trop (ainsi qu’il sied dans un cinquième acte), car, tout à l’heure, on va venir annoncer au beau jeune homme qu’il est libre, le roi étant mort. […] Le métier de roi passe, dans la lune, pour le dernier des métiers. Le roi est élu « au poids » : c’est le plus gras qui gouverne. Le palais du roi est une maison de verre, à la lettre et sans métaphore : les habitants de la capitale surveillent en passant le roi Cosmos, et grognent quand ils le voient inactif. […] En somme, tout l’effort des costumiers n’est allé qu’à revêtir le roi Cosmos et ses sujets des frusques du valet de pique ou du roi de carreau.
Le 18 janvier 1701, Frédéric, électeur de Brandebourg, à Kœnigsberg se couronne roi. […] Les rois de Prusse, alors déjà, furent des malins, qui surent mettre dans leur jeu nos philosophes. […] Et le gouvernement du Roi, qui maintient l’ordre dans l’État, calme le remuement des consciences. […] et Triboulet, bouffon de François Ier, désespéré de ce que sa fille soit gentille au roi ? […] Il faut absolument insister pour obtenir une réponse du Roi, affirmative ou négative.
Ses points d’interrogation sont comme les drapeaux que plantent, au nom du roi, les découvreurs de terres sans maître. […] * Dans l’antique Égypte on ne jugeait les rois qu’après leur mort. […] Non que son idéal d’un roi de droit divin, gouvernant un pays libre, eût de quoi effaroucher ma passion de lettré pour les grandeurs monarchiques de l’ancienne France, ni que j’eusse, hélas ! […] La France envahie par deux armées anglaises ; la bataille perdue à Poitiers, quoique les Français y eussent l’avantage du nombre ; le roi prisonnier ; Paris livré au roi de Navarre par son prévôt des marchands, rien n’avait manqué aux infortunes nationales. […] « Ami personnel du roi, dit-il, je n’ai pas eu le courage de refuser à l’ami ce que me demandait le souverain. » Par un refus politique, il avait la chance d’ébranler le vieux roi, et peut-être l’eût-il fait reculer.
On a reproché au grand roi ces paroles, qui pourtant s’accordent bien avec la beauté et la majesté des œuvres accomplies sous son règne. […] Les bons mots de Triboulet dans Le roi s’amuse, et de Gubetta dans Lucrèce Borgia, ne laissent là-dessus aucun doute possible. […] Mais il n’y a aucun lieu sur la terre où j’attende une justice plus éclairée qu’à Genève. » — Et cela est signé : « Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi ! […] Ce moment critique, redoutable, inévitable, l’initiative du roi et de ses ministres aurait pu en adoucir la secousse, en atténuer le caractère destructeur. Un roi tel que Louis XVI était digne de cette mission, la plus belle qui pût jamais tenter un grand cœur sur le premier trône du monde.
Je ne vous ai rien dit du roi de Pologne, parce que, quand il s’agit de sa maîtresse, c’est une belle foutue guenille qu’un roi. Je penserai à votre roi, quand mon âme m’en aura laissé le loisir. […] Ou une âme insensible, ou le coffre-fort d’un roi, et d’un roi dont les affaires ne soient pas dérangées. […] Le Roi. […] Imp. royale, 1780, in-4°, et du fameux Compte rendu présenté au roi au mois de janvier 1781, par Necker.
Jadis, quand la France était tout entière dans le roi et dans la brillante noblesse qui l’entourait, c’était d’eux premièrement qu’il fallait ravir le suffrage, c’était le roi dont l’idée était partout présente dans les œuvres des poètes : Bérénice racontait ses douleurs ; Agamemnon présentait une image de sa majesté ; Burrhus reprenait adroitement ses défauts ; Joad lui rappelait ses devoirs. […] Nous ne savons pas, ou nous savons mal que, durant une cinquantaine d’années, Boileau a converti à ses idées plus d’écrivains et de poètes que Voltaire et Rousseau n’ont séduit de rois et de ministres. […] Toujours est-il que le voile qui dérobe l’autre monde aux humains est plus qu’à demi déchiré, et l’auteur entre lui-même en rapport direct avec le Juge suprême et le Roi des rois. […] Celui-là est le roi par excellence qui entreprit le premier de conquérir à la civilisation germanique la Prusse polonaise et Posen. […] Lui-même le déclara plus tard à Goethe dans le temps qu’il faisait le partage de l’Europe avec Alexandre et qu’il donnait à Talma un parterre de rois.
Il eut à Oxford une foule d’aventures mondaines ; il rentra dans Londres pour assister aux derniers moments de Laud ; il combattit à Naseby sous les yeux du roi. […] Il était à Gidding lorsqu’il reçut un message du père Saint-Clare, l’avertissant que l’heure était enfin venue pour lui de servie la cause du roi et de l’Église. […] Il s’agissait d’aller chercher en Irlande une armée catholique, avec une lettre du roi, mais une lettre que le roi se réservait de désavouer s’il y avait danger. […] Dans un couvent de la rue des Terres-Fortes, il vit une dernière fois Mary Collet, forcée elle aussi à fuir l’Angleterre après la mort du roi. […] À l’École du Roi, à Cantorbéry, où il fit ses premières études, ses maîtres furent surtout frappés de la lenteur de son esprit.
… mais les rois, mais Dieu, qui est le seul de son espèce… le soleil qui touchait à son horizon disparut, la mer prit tout à coup un aspect plus sombre et plus solennel. […] J’arrivai à temps pour recevoir quelques plaisanteries sur mes courses, et faire la chouette à deux femmes qui jouèrent les cinq à six premiers rois d’un bonheur extraordinaire. […] Il était tard, j’étais épuisé, car toute sensation violente épuise, et je trouvai sur l’herbe des carafons de crystal remplis d’eau et de vin, avec un énorme pâté qui, sans avoir l’aspect auguste et sublime du site dont je m’étais arraché, n’était pourtant pas déplaisant à voir. ô rois de la terre, quelle différence de la gaieté, de l’innocence et de la douceur de ce repas frugal et sain, et de la triste magnificence de vos banquets ! […] Le taureau est plus beau que le bœuf ; le taureau écorné qui mugit, plus beau que le taureau qui se promène et qui paît ; le cheval en liberté, dont la crinière flotte aux vents, que le cheval sous son cavalier ; l’onagre que l’âne ; le tyran que le roi ; le crime, peut-être que la vertu, les dieux cruels que les dieux bons, et les législateurs sacrés le savaient bien.
Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !)
Là où Virgile annonçait le retour d’Astrée et de Saturne, le traducteur ne parle que de la Vierge amenant le Roi bien-aimé .
Le moment où, écrivant au roi pour son compte, elle laisse reconnaître au duc son écriture, et répond à ses étonnements, sans cesser d’écrire, par ce brusque : Vous ne devinez pas !
L’ancienne Académie ne relevait que du roi ; c’était son privilège et sa noblesse ; il serait bon que la nouvelle institution ne relevât aussi que de l’empereur, le plus directement possible et avec le moins d’intermédiaires.
Tous ses tableaux sont pleins d’imagination ; et ses harangues sont, comme celles de Tite-Live, de la plus belle éloquence : lorsqu’il raconte les malheurs attachés aux troubles civils, il jette de grandes lumières sur les passions politiques, et doit paraître supérieur aux écrivains modernes qui n’ont que l’histoire des guerres et des rois à raconter.
Augustin-Thierry C’est avec une sorte de respect religieux, avec un peu de ce frisson auguste dont l’âme frémit à l’étude des grandes manifestations de la pensée humaine : Œdipe roi, Hamlet, le Cid, Andromaque, Faust, Hernani, que j’abordai celle de ce nouveau chef-d’œuvre : Cyrano de Bergerac.
Peuples, rois & papes le consultoient avec vénération ; & quoique simple abbé de Clairvaux, il gouvernoit l’église & l’état.
Ce monarque, qu’on a dit avoir été dédommagé de la qualité de roi, par l’amour qu’il a pour les arts & les lettres, manda ces propres mots à ce rhéteur : Des hommes tels que vous marchent à côté des souverains.
Daube, au coucher du roi, Son camarade absent….
Et c’est immédiatement et la fin du règne de Louis XIV, — le dernier roi qui ait incarné purement et intégralement dans sa personne le principe qui a fait vivre, pour la première fois dans les annales du monde, pendant huit cents ans, une Monarchie, — qu’il date l’avènement, dans les doctrines et dans les faits, de cette Révolution, rapide comme tous les fléaux, qui a déjà tout envahi, et dont l’ambition est de détruire l’organisation séculaire des gouvernements et des États.
À cette époque, la Gazette augmenta son format et se mit de taille avec le faste et la gloire du grand roi, dont elle raconta les merveilles.
Il y a aussi un autre chant, intitulé Les Prétendants, où les trois rivaux du pauvre Vincent le vannier sont dépeints avec un détail si prodigieux et si vaste, qu’on dirait trois rois de contrées différentes qu’Alari, le berger, Veran, le gardien de cavales, et Ourrias, le loucheur, Ourrias, toute la tragédie de ce poème, qui se lève et que l’on pressent dès les premières strophes que lui consacre le poète… : « Ourrias, né dans le troupeau, élevé avec les bœufs, — des bœufs il avait la structure et l’œil sauvage, et la noirceur, et l’air revêche et l’âme dure !
J’ai dit à qui pouvait m’entendre Que je serais là comme un roi : L’architecte vient de m’apprendre Qu’on s’était bien moqué de moi !
IV Il est donc évident qu’il n’est point un Boccace, qu’il n’a aucun des dons exquis de ce roi des conteurs dont le style tient de la musique et l’imagination de l’arc-en-ciel.
Ajoutez les institutions particulières de chaque ville, et celles de la Grèce entière ; ces fêtes, ces jeux funèbres, ces assemblées de toutes les nations, les courses et les combats le long de l’Alphée, ces prix distribués à la force, à l’adresse, aux talents, au génie même ; des rois venant se mêler parmi les combattants, les vainqueurs proclamés par des hérauts, les acclamations des villes sur leur passage, les pères mourants de joie en embrassant leurs fils vainqueurs, et leur patrie à jamais distinguée dans la Grèce, pour avoir produit de tels citoyens.
Ce qui est sûr, c’est qu’en Italie, les nobles auraient rougi de suivre les rois romaines, et se faisaient honneur de n’être soumis qu’à celles des Lombards ; les gens du peuple au contraire qui ne quittent point facilement leurs usages, observaient plusieurs lois romaines qui avaient conservé force de coutumes.
Ne rions pas de ces natures de modestie et d’abnégation, surtout quand elles nous apportent à pleines mains des présents de roi. […] Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi. […] D’après M. de Müller, Napoléon, en parlant de la tragédie, aurait encore ajouté : « — La tragédie doit être l’école des rois et des peuples ; c’est là le but le plus élevé que puisse se proposer le poète.
Le Livres des rois, de Firdousi, est sûrement une bien mauvaise histoire de la Perse ; et pourtant ce beau poème nous représente mieux le génie de la Perse que ne le ferait l’histoire la plus exacte ; il nous donne ses légendes et ses traditions épiques, c’est-à-dire son âme. […] Cette histoire ne serait sans doute, comme toutes les histoires de l’Orient, qu’une sèche nomenclature de rois, une série de faits insignifiants. […] J’en ai vu qui trouvaient admirable l’entrée de l’Œdipe Roi, parce que le premier vers renferme une jolie antithèse et peut se traduire par un vers de Racine.
Il ne vit aucun sujet d’instruction dans l’embrasement de la ville de Troie, causé par l’amour funeste de Pâris pour Hélène ; dans Ithaque délivrée par le retour d’Ulysse, c’est-à-dire, par un héros au-dessus de la fortune & des plus cruels revers, par un héros bon roi, bon père, bon époux ; dans l’exemple d’un prince qui fait céder la passion la plus violente à la voix des dieux & à l’ordre qu’il reçoit de fonder en Ausonie une nouvelle patrie ; dans un patriote comme Pompée, qui ne respire que la liberté Romaine & l’amour des loix. […] Ce bel-esprit, mauvais poëte, mais prosateur agréable, enterré à Westminster avec les rois & les hommes illustres d’Angleterre, y parloit & y écrivoit contre l’injustice de n’estimer que les anciens. […] Suivant ce plan, Turnus ne seroit point un prince jeune, aimable & digne d’obtenir la main de l’objet qu’il adore, mais il en seroit l’oppresseur ; il auroit profité de la foiblesse de la reine Amate & du vieux roi Latinus, pour envahir leurs états : & le prince Troyen seroit le libérateur de Lavinie & de son père ; au lieu que, chez Virgile, Turnus défend Lavinie, & l’on ne voit, dans Énée, qu’un étranger fugitif, courant les mers, & devenu le fléau des peuples & des rois de l’Italie, & d’une jeune princesse, de sorte qu’on est tenté de prendre le parti de Turnus contre Énée.
Ou si vous l’aimez mieux, imaginez, dans un pais où il y auroit une loi absurde qui défendroit d’écrire sur la finance, au bout d’un pont, un charlatan ayant derrière lui, au bout d’une perche, une pancarte où on liroit, de par le roi et Mr le controlleur général et devant lui une petite table avec des gobelets entre deux flambeaux tandis qu’un grand nombre de spectateurs s’amusent à lui voir faire ses tours, il soufle les bougies, et au même instant tous les spectateurs mettent leurs mains sur leurs poches. […] Mon ami, je ne veux pas, si je vais jamais à Varsovie, que sa majesté le roi de Pologne me prenne par une oreille et me conduisant devant ce tableau, me dise, comme le st père dit à son camérier, en le menant à la fenêtre, (…). […] C’en est un quatrième qui a apparemment de l’amitié pour moi, qui partage mon bonheur et ma reconnoissance, et qui me propose d’éterniser les marques de bonté que j’ai reçues de la grande souveraine, car c’est ainsi qu’on l’appelle, comme on appelloit, il y a quelques années, le roi de Prusse, le grand roi, et je lui répons, élevez son buste ou sa statue sur un pié d’estal ; entrelassez autour de ce pié d’estal la corne d’abondance ; faites-en sortir tous les simboles de la richesse.
Comme les colères d’Agamemnon, roi des rois, leurs fureurs expirent devant la sorcellerie des diseurs de bonne aventure. […] Maintenant, dédaigneuse des rois et des grands personnages, elle se mêle parfois au populaire ; elle aime les cohues, les meetings, les théâtres mal famés, les foires. […] Ses ancêtres se tenaient souvent debout, l’épée nue, devant la porte du roi. […] Il est sujet à des accès d’inertie qui le font ressembler aux rois fainéants ; ou bien il tombe en des caprices enfantins qui l’inclinent à toutes les folies. […] Les mêmes forcenés qui criaient quelques années auparavant : “Il faut étrangler les rois avec les entrailles des prêtres”, ces forcenés crient aujourd’hui : “Russes, nos sauveurs, donnez-nous les Bourbons !
C’était un homme de la Renaissance et de la secte académique ou même pyrrhonienne ; grand personnage au demeurant, très en crédit parmi les gens de lettres, estimé en cour, précepteur du second fils du roi (Monsieur, frère de Louis XIV), et fort appuyé en tout temps du cardinal de Richelieu qui aurait sans doute fait de lui le précepteur du futur roi.
Le meurtre se fait roi. […] monsieur, pour l’amour du roi et de la reine, ne laissez pas faire une telle chose.
Il débarque, il voit, avec le regard du génie qui embrasse tout d’un coup d’œil, l’ébauche des États-Unis ; il méprise tout et passe ; il prétend, mais rien n’est plus douteux, qu’il a vu Washington, leur seul grand homme, pauvre, accusé, abandonné par ces démocrates rois de l’ingratitude, et qu’une servante lui a ouvert son parloir. […] Il n’était pas né pour être un tribun de la multitude, mais pour être le roi des lettrés d’une époque.
Et voici le chevalier menant la vie de garnison, tâtant de Paris, présenté à la cour, suivant, effaré, la chasse du roi, versifiant dans Almanach des Muses. […] Tandis que je contemplais les feux réguliers des lignes romaines et les feux épars des hordes des Francs, tandis que, l’arc à demi tendu, je prêtais l’oreille au murmure de l’armée ennemie, au bruit de la mer et au cri des oiseaux sauvages qui volaient dans l’obscurité, je réfléchissais sur ma bizarre destinée… Que de fois, durant les marches pénibles, sous les pluies ou dans les fanges de la Batavie : que de fois à l’abri des huttes des bergers où nous passions la nuit ; que de fois autour du feu que nous allumions pour nos veilles à la tête du camp ; que de fois, dis-je, avec des jeunes gens exilés comme moi, je me suis entretenu de notre cher pays. » Et voilà à quoi sert d’avoir servi dans l’armée de Condé, septième compagnie bretonne, couleur bleu de roi avec retroussis à l’hermine659 !
Seroit-ce en effet un paradoxe d'avancer que son Héros n'intéresse que parce qu'il est Henri IV, c'est-à-dire, un Roi dont le nom, chéri de toutes les Nations, adoré dans la sienne, parle à tout le monde en sa faveur ? […] De là, ami & flatteur de Maupertuis, la préférence éclairée d'un grand Roi le souleve contre ce Philosophe, & l'engage dans des démêlés, qui lui ont été si honteux & si funestes.
Il est délicieux, cet escarbot, quand il prie l’aigle, le redoutable roi des airs, d’épargner le pauvre Jean Lapin. […] Il n’y a rien de plus poignant que cette espèce de cri de révolte de la nature elle-même, de la nature prétendue insensible, contre son roi fou.
Roi du ciel ! […] Tels je me figure Troie et son antique rempart : telle aussi toi-même, Rome, à qui ton nom reste à peine, ô patrie des dieux et des rois !
Le xviie siècle lui-même nous offre, dans la Bibliothèque du roi, beaucoup de morceaux inédits du père Lami, de l’Oratoire, élève de Malebranche.
Dans l'Eloge du Chancelier Daguesseau, après avoir dit, en parlant des Loix qui furent faites pour le Peuple, lorsque nos Rois l'eurent délivré de la tyrannie des Nobles, que cette nouvelle partie de la législation choquoit les principes ou les abus de la législation féodale, qui, à son tour, réagissoit contre elle, que les nouveaux droits des Peuples se heurtoient contre les droits usurpés par les Nobles, que les Loix n'offroient qu'un édifice informe & monstrueux que l'on prendroit pour un amas de ruines entassées au hasard ; il poursuit en ajoutant, que cet immortel Chancelier crut qu'au lieu de renverser tout à coup ce grand corps, il valoit mieux l'ébranler peu à peu ou le réparer insensiblement sur un plan uniforme & combiné dans toutes ses parties.
Saisie dans le jour blanc d’un musée ou fixée aux panneaux futilement ornés d’un salon, la toile dont les pigments réfléchissent les diaprures incluses du rayonnement solaire, refleurira par les mots, dans l’accord heurté ou doux à l’œil de ses nuances stridentes ou tragiquement mortes ; et il y aura des cadences de phrase pour la langueur innocente d’un beau corps nu, et des aurores verbales pour l’éveil religieux d’un blond rayon de lumière entre les ténèbres d’un fond où s’effacent de torturés ou humbles visages, et de pénétrantes périodes pour la sagace analyse de quelque froide et mince tète de roi ou de moine surgie du passé, avec ses yeux pleins de pensées mortes et ses traits sillonnés par des passions définitivement réprimées.
Ont-ils compris la spontanéité de ce génie qui n’eut guère qu’une manœuvre en tout, — couper la ligne de l’ennemi au risque de se faire écraser, — mais qui n’avait besoin d’aucune autre pour être le roi de la mer ; qui pouvait se passer de tout, de réflexion, d’expérience et de science, et n’en pas moins être ce qu’il fut, parce qu’il avait le plus brave, le plus pur et le plus puissant du génie militaire, qui est d’aller, même contre toute raison, toujours en avant !
c’est une grande erreur, ou plutôt c’est un manque de vue, puisqu’on prétend y avoir regardé, que de dater l’apparition de l’esprit révolutionnaire dans notre histoire de la fin du règne de Louis XIV, et de lui donner pour première origine et pour cause la réaction inévitablement nécessaire de la Régence contre l’accablant despotisme d’un Roi qui avait fatigué et dégoûté la France par soixante ans de pouvoir absolu.
Ont-ils compris la spontanéité de ce génie qui n’eut guère qu’une manœuvre en tout, — couper la ligne de l’ennemi au risque de se faire écraser, — mais qui n’avait besoin d’aucune autre pour être le roi de la mer, qui pouvait se passer de tout : de réflexion, d’expérience et de science, et n’en pas moins être ce qu’il fut, parce qu’il avait le plus brave, le plus pur et le plus puissant du génie militaire, qui est d’aller, même contre toute raison, toujours en avant !
ou crie : Vive le Roi !
Ce n’est pas lui qui, d’une France anarchique, brutale, corrompue, avide, n’ayant, au sortir de la Fronde, comme il le dit, qu’une pistole d’Espagne à la place du cœur, a fait une France monarchique et forte, qui se reprend à sa tradition, à l’obéissance, à l’honneur, et à l’amour — revenus enfin à travers le Roi !
Des rois, eux, qui n’étaient pas des lions, se sont fait chasser comme des pleutres ; mais Ronsard, le poète, n’a pas lâché de l’épaisseur d’un ongle le monde qu’il a reconquis.
Il a décrit les premiers spectacles qu’il eut sous les yeux, et qu’on pourrait appeler les Géorgiques de la maison de son père, où son père, adoré comme un roi : Comptait ses gras troupeaux rentrant des pâturages, comme, plus tard, quand il entra aux Gardes du Corps, sous Louis XVIII, il a écrit les choses du temps de cet Empire qui finissait dans le désespoir et de cette monarchie qui recommençait, pour finir avec son espérance.
pas que « le ciel de Milton n’est qu’un Whitehall de valets brodés ; son Dieu, un roi constitutionnel avec une barbe à la Van Dyck ; le Verbe Créateur, un prince de Galles ; Adam, un jeune homme sorti récemment de l’Université d’Oxford ; Ève, une jeune miss anglaise, bonne ménagère… ».
Mais la grande dame, ou du moins la femme comme il faut, était au fond de ces caméristes de princesses et même de marquises par la grâce de l’amour du Roi !
Pourquoi les peintres à la plume n’ont-ils pas le privilège des rois de la palette qui ont rempli les musées de leurs portraits peints par eux-mêmes ? […] Je pense à ce prédicateur de la Fronde qui commençait son sermon par ces paroles mémorables : « Foin du pape, foin du roi, foin de la reine, foin de M. le cardinal, foin de vous, mes frères, foin de moi. […] Sarcey en osant trouver des longueurs dans Œdipe roi. […] Honneur à Louis XIV, qui fut un grand roi, voire même à Mme de Maintenon, qui fut décidément une bonne femme ! […] Ainsi il fait descendre d’un degré les Rois en exil de Daudet, parce que l’invention et la copie du réel s’y mêlent.
Prosternés aux pieds de l’Enfant-Dieu, les trois rois mages présentaient l’or, la myrrhe et l’encens. […] Il la chasse comme décevante, impudique et dissolue, vendue aux puissants, courtisane aux gages des rois, ennemie des peuples, inique et fausse. […] « Tu parles par énigmes » est un reproche que les guerriers et les rois s’adressent fréquemment dans les tragédies de Sophocle. […] Dans les maisons de ces gentilshommes pauvres qui disaient fièrement avoir tout donné au roi, les vertus domestiques étaient encore des vertus militaires. […] Et gai, c’est vraiment la fille du roi ; Elle ne veut pas d’autre ami que moi.
Le roi répondit avec beaucoup d’esprit à cette demande qu’en matière de poésie dramatique il n’avait que l’autorité d’un spectateur et au théâtre d’autre rang que sa place au parterre. […] Il satirisa les religieux, la magistrature, l’université, les protestants, les rois, les pontifes, Rome ; et tout cela sans souffrir de bien cruelles persécutions. […] Le Sage, peut-être le premier romancier français au xviiie siècle, se fit un manteau du roi en cousant des morceaux de la cape d’Espinel, de Guevara et de Mateo Aleman. […] Pénétré de l’excellence et des avantages de l’état sauvage et primitif, Rousseau défendit sa thèse jusqu’à donner envie de marcher à quatre pattes, disait spirituellement Voltaire, et il demanda que l’égalité fût appliquée d’une manière si illimitée que le fils du roi épousât la fille du bourreau. […] S’il y a un dessein satirique dans un des romans de Daudet, c’est dans les Rois en exil.
Un roi conquit la reine avec ses noirs vaisseaux. […] Un gentil page vint à chanter, une reine gentille vint à descendre. ― Roi ! […] Un moine blanc vint à passer, un moine rouge vint à chanter : ― Roi ! […] La princesse délivrée lui pardonne et l’aime, mais Tête d’or veut mourir seul, comme un roi, sans espoir et sans amour. […] Le roi Ô Père, Viens !
Un monde égaré par toutes les folies est en germe dans le Soir des Rois : tous les héros y sont aveugles, ils se trompent à l’envi, ils s’abusent tous les uns ou les autres : ils en sont même cruels et presque féroces. […] Identifiée à la passion de dominer, c’est elle, poison commun des peuples et des rois, ensanglante depuis toujours la terre, repaire des hommes. […] Jacques Copeau cependant représentait au Vieux-Colombier La Nuit des Rois en 1914 (repris en 1917) et Le Conte d’hiver en 1920. […] Personnages de La Nuit des rois.
Vous recherchez en France la pantoufle des rois : ici la pantoufle de Vésale ou de Rubens vaudrait le diamant de la couronne.
Et qu’on ne dise pas que, si la critique avait un point de vue central, si elle jugeait en vertu d’un principe et d’une vérité absolus, elle s’épargnerait en grande partie la fatigue de ce mouvement, de ce déplacement forcé, et que, du haut de la colline où elle serait assise, pareille à un roi d’épopée ou au juge Minos, elle dénombrerait à l’aise et prononcerait avec une véritable unité ses oracles.
L’on n’est guère tenté vraiment de se montrer plus sévère, plus dédaigneux à son égard, que ces ambassadeurs étrangers qui, dans les horribles journées de germinal et de prairial, s’empressaient d’accourir dans son sein pour partager ses périls, être mentionnés à son procès-verbal et dire ensuite avec orgueil aux rois qui les avaient envoyés :« Nous aussi, nous y étions. » Le Directoire lui-même, observé de près, semble moins inhabile et moins méprisable qu’on n’a coutume de se le figurer à distance, sur la foi du royalisme et de l’impérialisme qui l’ont décrié après l’avoir détruit.
Il aimait les grands seigneurs, il aimait les rois ; il voulait éclairer la société plutôt que la changer.
On désire d’abord, et les rois même sont de cet avis, que la littérature et les arts fassent des progrès.
Dans son papier « l’avocat avance que toutes les communautés de la province sont décidées à en faire autant… Sa consultation est tellement répandue dans les campagnes, que beaucoup de communautés sont convaincues qu’elles ne doivent plus rien au roi ni à leurs seigneurs.
Ainsi Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, raconte d’abord toutes les guerres du règne, puis, arrivé à la paix d’Utrecht, revient à l’avènement du roi, pour raconter les anecdotes de la cour et des mœurs du temps, après quoi il reprend encore les choses au début pour développer le gouvernement intérieur, les lois, les réformes, les principes d’administration, les mesures heureuses ou funestes dans chaque département, enfin il finit par exposer chacune des principales disputes religieuses : faisant ainsi non pas une histoire générale du siècle de Louis XIV, mais une dizaine d’histoires spéciales, qui sont simplement mises bout à bout et n’ont d’unité que par le titre unique.
Le coassement de l’écœurante grenouille, avant de demander un roi, réclamait qu’un peu de plaisir lui grattât le ventre.
Les beaux esprits avoient dit dans leurs vers que le soleil, pour se rendre encore plus semblable au feu roi qui l’avoit pris pour le corps de sa dévise, se défaisoit de ses taches.
Ainsi les quinze cordes de la musique ancienne entrerent dans le chant gregorien, et tout le monde a trouvé que le chant grégorien surpassoit tellement en beauté le chant ambroisien, que dès le temps de nos rois de la seconde race, les églises des Gaules quitterent l’usage du chant ambroisien pour y substituer le chant grégorien.
La plume qui l’avait écrite devait être brisée, comme le verre avec lequel on trinquait autrefois « à la santé du Roi » dans les familles comme celles des Laferronnais !
Les romans de madame Sand, qui ont versé depuis vingt années tant de flots de mépris sur l’institution du mariage, les drames dans lesquels l’illégitimité de la naissance est une poésie de plus sur le front des héros, depuis l’Antony, de Dumas père, jusqu’au Fils naturel, de Dumas fils, ont troublé si bien les têtes qu’ils les ont tournées, et que l’orgueil individuel et solitaire n’a jamais plus été qu’à cette heure « le roi insensé qui s’aveugle avec son diadème sur les yeux ».
Ainsi encore l’abbé d’Aubignac, le bravache Scudéry, et Bois-Robert, ce Triboulet du roi Richelieu, ce vieux matou parmi ses jeunes chats !
Trente-six autres depuis, et dont pas un seul ne mérite l’énorme réputation dont tous jouissent, lui valurent d’être le roi absolu — le Re netto — de l’esprit au xixe siècle.
Comme les anciens rois persans, ce républicain avait un prestige tout le temps qu’il était invisible, c’est-à-dire qu’on ne lisait pas ses écrits et qu’on oubliait sa vie.
En Grèce même, puisqu’il porte un nom grec, il ne se produisit que sous les Grecs du bon temps ; il fut le résultat de circonstances dont l’ensemble ne dura qu’un instant : archipel magnifique, ciel superbe, liberté de pirates, marbre à tailler pour créer des dieux, costume sobre, hospitalité flamboyante, le poignard à la ceinture, rois de toutes parts qui se recevaient tour à tour au milieu d’un état-major résolu pour vider ensemble la coupe d’Hercule sans broncher !
Il a son soin et son apprêt et il les porte partout, jusque dans ses lettres, où il a gardé le pli de ses livres et où je ne trouve aucune des qualités qui font d’une correspondance quelque chose de si vivant, de si intime, de si ouvert sur soi : la primesauterie, la négligence aimable, la grâce, la naïveté, l’impétuosité du mouvement, les enfantillages adorables des esprits puissants qui badinent avec leur force, comme des rois avec leur sceptre ou leur épée !
Blaise, un nom de niais, accolé par le hasard, le roi des insolents et des ironiques, à cet autre nom de Pascal que la gloire devait faire un jour tellement resplendir !
Sous une forme ou sous une autre, il eût transmis à ses enfants le mal qui l’a perdu, et ce Roi des Juifs, ainsi qu’il arrive d’ordinaire aux princes, aurait pu engendrer des idiots. » C’est complet, n’est-ce pas ?
Fils d’évêque, riche de son patrimoine, élevé à l’ordre équestre, assesseur au Collège des mines, comblé par le roi et les princes de Suède, il passait sa vie à écrire ses livres dans sa belle maison de Stockholm et à voyager incessamment dans les deux pays qu’il préférait, l’Angleterre et la Hollande, et, à y préparer de magnifiques éditions de ses ouvrages, colossaux de nombre et de poids.
Quant à saint Louis, c’est le Roi sans péché du Moyen Âge, l’idéal de la royauté chrétienne dans sa pure beauté ; mais est-ce bien Guizot qui peut comprendre la grandeur surnaturelle d’un tel homme ?
Il a pu y avoir, sans doute, par éclats, par réminiscences isolées (car ce n’est pas pour rien que les Grecs, ces rois du symbole, avaient fait les Muses — toutes les neuf — filles de la Mémoire), il a pu y avoir, à certaines places et à certaines reprises, de l’André Chénier en Guérin.
Le manteau du mendiant, sauf les déchirures, vaut le manteau d’un roi, et le sayon du pâtre relève de la sculpture ; mais être clerc de notaire, pour un poète, c’est de l’infortune prosaïque, et d’autant plus dure qu’elle est prosaïque.
Paul de Musset sent peut-être autant que moi en ce moment l’insuffisance de son volume et le néant d’une entreprise faite à l’instigation des trois éditeurs de son frère, — de ces trois Rois Mages d’éditeurs qui ont suivi la même étoile, et qui ont voulu la faire luire également sur leurs trois éditions !
L’ami de Cortez n’était pas l’ami de saint Louis, et Joinville est le saint Jean Évangéliste de ce saint Roi, en Notre Seigneur Jésus-Christ.
On le voyait encore aux soirées de ce démocrate aux airs de roi, qui eut sa cour, et qui, s’il crut à l’égalité civile et politique, ne crut pas, du moins, plus que nous, à l’égalité littéraire !
Le Romantisme de 1830, dont il fut un des Rois chevelus, s’y atteste par une opulente chevelure blonde, digne du peigne d’or avec lequel il la peignait peut-être, cet homme qui avait, pour les autres, le culte de soi des natures élevées et délicates, en toutes choses… Alfred de Vigny ne fut point un dandy comme Byron et comme Alfred de Musset, qui, lui, commença comme Byron et finit comme Sheridan.
Je ne regrette rien et je suis heureux comme un roi.
Je passe rapidement sur tous les discours, pour venir à celui qui a, et qui mérite en effet le plus de réputation ; c’est l’éloge funèbre de Turenne, de cet homme si célèbre, si regretté par nos aïeux, et dont nous ne prononçons pas encore le nom sans respect ; qui, dans le siècle le plus fécond en grands hommes, n’eut point de supérieur, et ne compta qu’un rival ; qui fut aussi simple qu’il était grand, aussi estimé pour sa probité que pour ses victoires ; à qui on pardonna ses fautes, parce qu’il n’eut jamais ni l’affectation de ses vertus, ni celle de ses talents ; qui, en servant Louis XIV et la France, eut souvent à combattre le ministre de Louis XIV, et fut haï de Louvois comme admiré de l’Europe ; le seul homme, depuis Henri IV, dont la mort ait été regardée comme une calamité publique par le peuple ; le seul, depuis Du Guesclin, dont la cendre ait été jugée digne d’être mêlée à la cendre des rois, et dont le mausolée attire plus nos regards que celui de beaucoup de souverains dont il est entouré, parce que la renommée suit les vertus et non les rangs, et que l’idée de la gloire est toujours supérieure à celle de la puissance.
Il a été un rhétoricien admirable et il demeurera le roi indiscuté des poètes lyriques. […] Voici ce qu’on lit dans Tallemant des Réaux, qui, après avoir expliqué que le roi ne pouvait faire au poète une pension suffisante, ajoute : « Le roi recommanda à M. de Bellegarde, alors premier gentilhomme de la chambre, de le garder jusqu’à ce qu’il l’eût mis sur l’état de ses pensionnaires. […] Quand le roi n’a pas d’argent, il passe l’écrivain à un courtisan riche, en le priant de le nourrir quelque temps, comme il passerait une bête coûteuse, dont il espère pouvoir se donner lui-même plus tard la glorieuse distraction et, en effet, si la mort empêche le roi de contenter son caprice, une reine est là qui reprend le poète à son compte. […] L’État, cet être impersonnel, s’est substitué au roi, qui semblait secourir les lettres avec l’argent de sa poche. […] Avec l’argent, il a osé tout dire, il a porté son examen partout, jusqu’au roi, jusqu’à Dieu, sans craindre de perdre son pain.
Transposez : ceci est le langage protecteur et insolent d’un roi parlant à un petit gentilhomme ou d’un petit gentilhomme parlant à un bourgeois ou à un paysan. […] C’est un roi déshonorant son capitaine des gardes, c’est-à-dire, selon leurs idées, lui donnant une marque incomparablement flatteuse de sa faveur. […] Dans Tartuffe, il fait intervenir le roi ; dans Don Juan, Dieu. […] L’autre sur vos désirs vous fait régner en rois, L’un vous tire aux enfers et l’autre dans la gloire. […] Jourdain, moins sinistre, n’est-il pas l’homme qui veut se décrasser et se faire des relations belles pour que l’on parle de lui dans la Chambre du Roi, et n’y a-t-il nul rapport entre Jourdain et Samuel Bernard ?
Faible, en proie au hasard et à l’aventure, victime de cette merveilleuse nervosité qui serait la meilleure part de son génie, il gaspillerait ses jours et tous les présents des fées comme un jeune roi capricieux qui s’amuserait à jeter ses trésors à la mer. […] Grand capitaine à vingt ans, fou d’orgueil après ses quatre victoires, fou de colère après seize mois de prison, ivre de haine jusqu’au crime et à la trahison, il revient, lion maté par le renard Mazarin, s’effondrer aux pieds du roi le plus roi qu’on ait jamais vu. […] Il la juge trop petite dans les Rois en exil : il n’y trouve pas la « vérité humaine » du fond l’homme, « l’homme vrai ». Et c’est pour cela qu’il met, au-dessus des Rois en exil, Gil Blas et Manon Lescaut où en effet le « particulier » tient une place assez modeste et effacée. […] Pourtant, s’il est vrai que le particulier, le spécial, l’individuel abondent dans les Rois en exil (et c’est pour cela que j’aime tant ce livre), le général en est-il donc absent ?
Des rois ou des héros en tiendront les principaux rôles ; elle roulera sur des événements qui enveloppent le destin des empires ; et elle finira dans le sang. […] Le mot ou le corps d’une devise ; la façon d’une livrée ; le rapport d’un domestique ; un conte fait au coucher du roi lie sont rien en apparence, et par ce rien commencent les tragédies dans lesquelles on versera tant de sang, et on verra sauter tant de têtes. […] que le ciel, soigneux de notre poésie, Grand roi, ne nous fit-il plus voisins de l’Asie. […] Le 27 janvier 1687, l’Académie française — dont il était depuis 1671 — tenant séance, Perrault, à l’occasion de la convalescence du roi, qui relevait je ne sais de quelle maladie, régala ses confrères d’un poème intitulé : le Siècle de Louis le Grand. […] Aurions-nous les Pensées, si la vie n’avait pas été pour Pascal la méditation de la mort, et la mort « le roi des épouvantements » ?
Ainsi, en février 1775, pour fêter la venue du Roi et l’annonce du futur mariage du prince royal, Ια bourgeoisie donne un bal. […] Le roi qu’il a servi est mort en exil. […] Mais entre ces manieurs de talents ou d’écus et nos rois de la Bourse, y a-t-il beaucoup de différence ? […] Il aime citer cet adage : « Le Roi fait les nobles, Dieu fait les gentilshommes » ; et il défend que l’on confonde les uns avec les autres. […] Cette race, en effet, se montra longtemps ingouvernable, indocile aux rois de France comme aux ducs de Bretagne, rétive aussi à ses évêques.
Nous sommes plus touchés quand, parmi ces dures et précises pierreries virgiliennes, un joyau bouge, tremble, vit, est une larme, et nous fait ressouvenir que ce poète officiel, ce poète-lauréat et ce roi des parnassiens mérita par sa douceur d’être appelé « la jeune fille. » L’auteur de l’Imitation Il est à la mode. […] il avait l’imprudence d’aimer le roi. […] Elle ne juge jamais le roi, même un peu, etc.
Cette particule de terre a été du fumier, elle devient un trône, et, qui plus est, un roi. […] Tous ont leurs lois à part, et toutes ces lois diverses tendent à une loi commune et forment l’univers… Mais ces soleils assis dans leur centre brûlant, Et chacun roi d’un monde autour de lui roulant, Ne gardent point eux-même une immobile place : Chacun avec son monde emporté dans l’espace, Ils cheminent eux-même : un invincible poids Les courbe sous le joug d’infatigables lois, Dont le pouvoir sacré, nécessaire, inflexible, Leur fait poursuivre à tous un centre irrésistible. » C’était une bien grande idée à André que de consacrer ainsi ce troisième chant à la description de l’ordre dans la société d’abord, puis à l’exposé de l’ordre dans le système du monde, qui devenait l’idéal réfléchissant et suprême.
Tout était serein dans mon horizon, comme dans le ciel d’été de cette belle vallée ; je ne prévoyais pas que j’en serais bientôt déraciné par un coup de vent comme ces chênes paternels, et que les vils insectes de l’envie, de la malignité et de la haine, se réjouiraient en rampant sur mes débris, comme ces fourmis, en suçant la sève sur les troncs dépouillés d’écorce de ces rois de la forêt ! […] Laprade récita d’abord froidement, puis en s’animant peu à peu aux sons de sa propre voix, l’élégie sylvestre sur la mort d’un chêne : Quand l’homme te frappa de sa lâche cognée, Ô roi qu’hier le mont portait avec orgueil, Mon âme, au premier coup, retentit indignée, Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.
Je suis vraiment heureux que vous chantiez le roi : nulle part on n’a bien rendu ce rôle, et partout j’ai eu à souffrir de la vieille et ennuyeuse routine des chanteurs. […] Brünnhilde ma forte, dors couchée en les ruissellement du rouge sonore, dors en la très haute paix des divins embrasements, sommeille, calme, sommeille, bonne : Brünnhilde, espère à Lui : Héros viendra, le réveilleur, Noble viendra, vainqueur des Dieux, superbe et roi … sur le roc transfulguré, ô Brünnhilde, en l’indubitable attente, sommeille, dors, bien aimée, parmi la jubilante flamme : je te sens, et je te pense, et, dans les majestueux gais épanouissements du feu, avec toi je rêve aux Crépuscules futurs, ô dormeuse des divinités passées … » Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter) Analyse du numéro IX Hans von Wolzogen : Notes sur les œuvres Posthumes de Wagner, avec le fragment complet « le féminin dans l’humain ».
Charge cet or sur les épaules de Grane, et chevauche ensuite vers Giurke, le roi veillant. … Elle dort encore dans la montagne depuis la mort de Helge, la fille de roi, couverte de la brillante cotte de mailles.
dans un gouvernement constitutionnel, ces vingt mille injures se répandent sur le Roi, les ministres, etc. […] Je n’oublie pas le très bénin Jupiter de notre bande, le roi constitutionnel de nos jeux, « le père Pourrat », le précepteur de Louis, qui avait l’intelligence de nous montrer parfaitement à jouer et le bon esprit de s’amuser avec nous, autant que nous, — affligé du seul défaut de nous lire sa fameuse tragédie intitulée : Les Celtes.
La longue ouverture du Jour des Rois où le poète essaie de montrer la figure du mendiant, spectateur infime et presque inanimé des incendies allumés par les puissants aux quatre points cardinaux, aboutit à ces deux vers et s’y résume : Penché sur le tombeau plein de l’ombre mortelle, Il est comme un cheval attendant qu’on dételle. […] L’apparition de Roland parmi les oncles ennemis du roi de Galice, Philippe II songeant en son palais au-dessus du jardin où l’infante effeuille une rose, l’aigle héraldique d’Autriche contredit par l’aigle helvétique, dans le Romancero du Cid, le vieux héros fidèle au roi qu’il censure, entrechoquent deux spectacles ou deux humeurs.
Ma fille me disait : « Le pays est mort ; il semble que la cloche pleure au lieu de carillonner. » On disait aussi que vous ne reviendriez jamais ; qu’il y avait eu du bruit là-bas ; qu’on vous avait nommé un des rois de la république ; et puis qu’on avait voulu vous mettre en prison ou en exil, comme sous la Terreur. […] Qui est-ce qui s’ennuierait en parlant tout le jour à son Roi, qui ne se lasse pas de l’écouter ?
Un grand roi, réveillé par ses inquiétudes paternelles, voyant ses soldats endormis autour de lui, présente un tableau bien noble ; et les combats de son cœur forment une exposition bien touchante. […] Voyez celle de l’Œdipe roi.
Il fut, à quelque mille ans de distance, un Robert Southey, — le Robert Southey du roi Hiéron. […] » toast régicide, puisqu’il déplaçait et transportait du roi au peuple la Majesté !
Ce général qui devait devenir roi fut de ceux qui conservèrent le plus longtemps le tutoiement et l’effusion.
Mais sur les trois ou quatre écrivains maîtres et rois du siècle, sur Montesquieu, sur Buffon, sur Voltaire, toutes les parts n’y sont-elles pas faites d’un coup d’œil élevé, d’une main sûre, et avec des expressions significatives qui restent dans l’esprit et dont on se souvient ?
des maux d’où naquirent nos pleurs, Le premier il connut, il nomma les auteurs Et dénonça devant l’humanité proscrite De Calchas et des rois l’alliance hypocrite.
L’été vient tarir la rigole Qui sert de limite à deux rois.
« Les rois hurleront sur leurs trônes ; ils chercheront à retenir avec les deux mains leurs couronnes emportées par les vents, et ils seront balayés avec elles.
On trouverait quelque chose de semblable dans la sagesse du Roi hébreu.
M. de Caumartin avait charge du Roi de tenir les sceaux pendant la durée des Grands-Jours : c’était un magistrat poli, de cour, ami de Retz qui lui rend bon témoignage, et fort lié avec les gens d’esprit de ce temps-là.
Mais dès qu’elles se prolongent et se régularisent en cercles arrangés, leur inconvénient est de rapetisser, d’endormir le génie, de le soustraire aux chances humaines et à ces tempêtes qui enracinent, de le payer d’adulations minutieuses qu’il se croit obligé de rendre avec une prodigalité de roi.
Rien qu’à lire une de ses fables ou l’un de ses contes après l’Épître au Roi ou l’Iphigénie, on sent qu’il a son idiome propre, ses modèles à part et ses prédilections secrètes.
Au premier vers d’une tragédie : Vous souvient-il, ma sœur, du feu roi notre père ?
D’autre part, le roi, les princes ont leur cour, somptueuse et polie ; il leur faut des poètes pour l’orner ; mais, avec le luxe brutal et la lourde sensualité du moyen âge, ils ont rejeté aussi le pédantisme grimaçant de la « rhétorique ».
Il se cache après Waterloo ; il écrit à Mme de Timey : « Venez et fuyons ensemble. » Elle hésite et répond : « Non. » Seconde lettre de Wolfgang : « Puisque vous ne voulez pas fuir avec moi, vous ne m’aimez plus, et je me constitue prisonnier. » Et, quoique le roi lui ait accordé spontanément sa grâce, il se tue dans sa prison.
On crée ainsi une sorte de droit primordial analogue à celui des rois de droit divin ; au principe des nations on substitue celui de l’ethnographie.
Le Messie ne fut plus un roi à la façon de David et de Salomon, un Cyrus théocrate et mosaïste ; ce fut un « fils de l’homme » apparaissant dans la nue 94, un être surnaturel, revêtu de l’apparence humaine, chargé de juger le monde et de présider à l’âge d’or.
Supposons un solitaire demeurant dans les carrières voisines de nos capitales, sortant de là de temps en temps pour se présenter aux palais des souverains, forçant la consigne et, d’un ton impérieux, annonçant aux rois l’approche des révolutions dont il a été le promoteur.
Le roi consentit à le voir travailler.
Villedeuil est obligé de vendre une collection des Ordonnances des rois de France pour lui allonger l’existence, puis il découvre un usurier dont il tire cinq à six mille francs.
Ainsi l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur dans ce vaste tableau à peindre, et il se sentait irrésistiblement entraîné vers l’œuvre qu’il rêvait, troublé seulement d’être si peu de chose, et regrettant que ce grand sujet ne rencontrât pas un grand poëte.
Le ton avec lequel un orateur sacré prononça ces paroles : Vous êtes cet homme * , en les adressant à un de nos rois, frappa plus encore que leur application.
. — “Madame (ou Monsieur) vous qui avez vu, à vos pieds, un parterre de rois !”
Voila pourquoi Boëce qui a vécu sous le regne de Theodoric roi des ostrogots, et quand les théatres étoient encore ouverts à Rome, dit, en parlant d’un compositeur de musique qui met des vers en chant : que ces vers ont déja leur mesure en vertu de leur figure ; c’est-à-dire en vertu de la combinaison des sillabes longues et des sillabes breves dont ils sont composez.
Mme de Staël a sacré Mme Récamier, comme autrefois l’archevêque de Reims sacrait le Roi.
Quatre vers de Racine ont suffi pour empêcher Louis XIV de faire le saltimbanque dans des mascarades du carrousel et le ramener à ses fonctions de roi.
Louis XVI, ce pauvre roi qui fait honte à la royauté, ne connut jamais d’épée que le glaive innocent de son sacre ; mais le cardinal de Richelieu, tout prêtre qu’il fût, en avait une, et au siège de la Rochelle il la portait.
L’oubli s’obstinait comme un créancier, quand enfin Chateaubriand, l’éternel Chateaubriand, qui ne s’aimait plus et qui avait raison, se dégourdit de son égoïsme pour faire une édition des Obscurités de Joubert, et y attacha dans une préface l’approbation et le privilège d’un Roi comme lui.
Forme d’un instant dans la durée, la République ne fut, à Rome, rien de ce qu’elle avait été pour la Grèce, et cependant, grâce à cette forme plus ou moins anarchique, de la chute des rois à l’Empire, l’histoire de Rome pourrait bien ne s’appeler que l’histoire des révolutions romaines.
Sur ces nobles monuments, je vois le Roi et l’Empereur.
Ce grand de Maistre, qui passa sa vie dans la société des empereurs et des rois sans y rabaisser son génie ; qui commença en la société intellectuelle par les Considérations sur la France, et ne trouva pas, après trente ans de services de génie, un prêtre ou un évêque pour rendre compte du livre du Pape, ce chef-d’œuvre consacré à Rome, et qui mourut, frappé au cœur, de l’ingratitude du sacerdoce, aussi grande alors que celle des gouvernements ; ce grand de Maistre a été vengé de tout cela par sa gloire… Crétineau, moins grand et moins infortuné, eut tout de suite ce qui lui revenait.
quand on pense à la destinée et au caractère du vieux Roi auquel il souhaitait cette houlette, on peut se dire que la grâce de l’esprit n’a jamais été plus atrocement cruelle !
Les philosophes, qui, à cette époque, commençaient de régner sur les peuples un peu plus que les rois, ne lui firent pas la moindre illusion.
Lacordaire, n’était qu’un simple dominicain peu sympathique d’état et d’opinion à messieurs les philosophes éclectiques ou voltairiens qui avaient la bonté d’élire des évêques ou des rois du temps, des avocats !
C’est lui qui prit plaisir longtemps à cet incognito de Dieu ou de Roi.
Caro est un exercice éblouissant de révérences qui m’impatienterait, si je ne savais pas que son auteur est bien assez spirituel pour imaginer cette amusante manière de rendre ridicule un homme, qui consiste à le saluer trop… Sans cela, sans cette petite intention de politesse meurtrière, j’oserais dire que l’urbanité — l’urbanité à outrance — est le vice de ce livre, si brillant de clarté, où des hospitalités de roi sont faites à des faquins d’idées, et où l’auteur, l’ironique auteur, coiffe ces sots de bonnets d’âne, hauts de dix pieds, qui ressemblent à des mitres à longues oreilles, enrichies de diamants pour qu’on les voie mieux.
C’est aussi une enluminure, une vieille carte à jouer, et qui a été beaucoup jouée, comme le roi de trèfle ou de pique.
Henri IV, que, dans son histoire, il diminue pour rester vrai, l’aimait au point de vouloir le faire servir à ses vices et employer à ses amours, sachant que les femmes qui résistaient au roi ne résisteraient pas au poète, et qu’il les lui prendrait comme les forteresses… Mais il était trop fier faucon pour de telles chasses, et il resta ce que le pur et délicieux Joinville lui-même serait resté, si, par impossible, Saint Louis eût été Henri IV !
Les rois très-chrétiens doivent penser autrement que les souverains philosophes qui trouvent absurde le mot divin : « Bienheureux ceux qui souffrent et bienheureux ceux qui Pleurent !
Comme chez de Latouche et Chamfort, ce qui domine chez lui, c’est l’esprit, l’esprit, ce roi en France, qui fera un succès plus grand certainement que celui de Christian à cette chose ravissante, l’Été de la Saint-Martin, mise là, à la fin du volume, à ce qu’il semble pour le finir, et qui en sera la fortune !
Dion composa quatre discours sur les devoirs des rois : il y en a un surtout qui peut passer pour un véritable panégyrique de Trajan.
Il a une beauté de roi dépossédé. […] Est-ce que le buisson d’aubépine ne donne pas aux bergers qui surveillent leurs sots moutons une ombre plus douce que le dais aux riches broderies n’en donne aux rois qui craignent la trahison de leurs sujets ? […] Ils sont vraiment ces rois dépossédés dont parlait Pascal. […] Sans la faveur du roi et les applaudissements de la cour, Racine et Boileau eussent-ils triomphé du même absolu triomphe ? […] Dans notre âge où l’Utile et le Vrai sont les rois du monde, ils ont dressé un autel à la pure Déesse, à celle que les rêveurs du moyen âge incarnaient dans l’Hélène apparue au docteur Faust.
C’est que pas un instant nous ne voyons un troupeau, des prés, un berger, mais bien les filles de cette dame, et le roi à qui elle les recommande. […] Une corruption de mœurs si abominablement raffinée, qu’elle rappelle et dépasse de beaucoup tout ce que nous savons des plaisirs des anciens rois de Perse et des empereurs romains ou byzantins. […] Ce ne sont point les rois de Balbeck en dépit de leur chimie ou de leur physique plus perfectionnée que la nôtre c’est le vieillard Adonaï, et c’est, un peu, Cédar et Daïdha qui portent en eux l’avenir. […] Sardou a été plusieurs fois, au théâtre, le roi de l’angoisse et de la torture. […] Respecte ton père… Allie-toi à une seule femme et qui ne soit pas de ta famille, afin que la tendresse humaine s’étende… Ne vous séparez pas en tribus, en nations… Possédez, aimez et cultivez la terre ; elle est inépuisable à transformer par l’homme ses éléments en pensée… Chaque fois qu’un homme naîtra, vous lui donnerez une part de terre… Ne bâtissez point de villes, habitez les campagnes… N’amassez pas d’avance… Vivez en paix avec les animaux, n’imposez point de mors à leur bouche ; ceux qui sont cruels s’adouciront… N’élevez pas au-dessus de vous de juge ni de roi, ils se feraient tyrans… N’ayez ni loi ni tribunal pour punir. » Oui, c’est un rêve ; mais c’est le grand rêve humain ; je dirai presque le seul.
Elles sont deux : l’italienne d’abord, qui, sous le long règne de la mère de trois rois, s’est étendue de la littérature à la langue, et de la langue aux mœurs ; et en second lieu l’espagnole, dont le progrès dans l’Europe entière a suivi les progrès de la politique ou des armes de Charles-Quint et de Philippe II. […] Du roman de Rabelais comme satire des mœurs ; — et, à ce propos de l’authenticité du Ve livre. — Nécessité de préciser les dates : Pantagruel, livre premier, 1533 ; Gargantua, 1535 ; Pantagruel, livre second, 1546 ; Pantagruel, livre troisième, 1552. — Satire de la scolastique, — des moines en général, — de la Cour de Rome, — des rois et des grands, — de la magistrature et de la justice. […] Émoi suscité par la Défense et Illustration ; — Réplique de Quintil Horatian. — Hostilité de Mellin de Saint-Gelais. — Contre-réplique de Du Bellay. — Publication de l’Olive et des Odes, 1550 ; — Les protecteurs de Ronsard et de Du Bellay : — Triomphe de la Pléiade. — Elle a pour elle les hellénistes, les poètes, et le roi, quand Charles IX monte sur le trône. — Elle avait eu déjà Marie Stuart et Catherine de Médicis. […] On cite encore de lui une Épître au roi (Henri III) ; — et son Élégie sur le trépas de Ronsard.
Et c’étaient eux que j’évoluais de préférence pour graver en ma mémoire la pureté de leurs marbres et l’éclat de leurs rois d’émail, et, entre tous, cette Yéchil-Djami, la mosquée aux faïences vertes qui la font ressembler, chatoyante, somptueuse, délicate et étrange, à l’intérieur de quelque grotte marine. […] J’ai son acte de baptême ; j’y vois qu’il était le fils de Gabriel-François de Régnier, brigadier des Chevau-Légers de la Garde ordinaire du Roi, Chevalier de Saint-Louis, et de Marguerite-Françoise de Villelongue2. […] Ses preuves faites pour être admis au nombre des jeunes gentilshommes que le Roi faisait élever à son Ecole Militaire, il en sortit en 1761, des quatre premiers, avec la pension d’usage et la Croix de l’Ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame-du-Mont-Carmel qu’on leur donnait. […] Cette Marie de Saumaise avait pour père François de Saumaise, Seigneur de Chasans et de Curley, secrétaire des Commandements de Monsieur, frère du Roi, et plus tard Procureur de la Chambre des Comptes de Bourgogne et de Bresse. […] Je trouve encore un François de Régnier, homme d’armes de la compagnie de Monsieur, frère du roi Louis XIII.
Enfin, l’on connaît l’histoire de cette femme donnée à Alexandre par le roi des Indes et qui, saturée du venin des serpents depuis son enfance, était devenue de la nature des serpents. […] Macérées dans du vin de palme, elles donnent une liqueur dont il suffît de se frotter la peau pour garder l’apparence d’une éternelle jeunesse : c’était le secret des mages et des rois de Perse. […] Les brahmanes, au contraire, s’avancent dans la vie comme des rois heureux et incontestés. […] Sont à l’esprit ce que les ministres sont aux rois. […] Dieu a ses courtisans, comme les rois, comme les puissants.
Et alors, notre bon roi (ah ! pourquoi n’avez-vous pas de roi ?…) envoyait par tout le royaume ses féticheurs les plus terribles… Et ceux-ci, couverts de leurs masques horrifiants, à corne rouge, clamaient : « Le toit du roi se dépave !… Le toit du roi se dépave !… » Aussitôt, les massacres s’organisaient partout, la terre, pourtant si rouge, de notre pays, rougissait sous les flots de sang… Et le toit du roi reprenait bien vite un aspect tout neuf, éclatant, vraiment royal !
Si les œuvres de la poésie primitive, non encore arrivées à une culture régulière, peuvent se comparer à des fruits sauvages, assez âpres ou quelquefois fort doux, produits par des arbres francs et détachés au hasard sous la brise ; si, au milieu de cette nature agreste, quelques grands poëmes divins, formés on ne sait d’où, semblent tomber des jardins fabuleux des Hespérides ; si les œuvres de la poésie régulièrement cultivée sont comme ces magnifiques fruits savoureux, mûris et récoltés dans les vergers des nations puissantes et des rois, on peut prétendre que les œuvres de cette poésie des époques encombrées et déjà grêlées ne sont pas des fruits, à vrai dire ; ce sont des produits rares, précieux peut-être, mais non pas nourrissants. […] A la première Restauration, âgé d’environ seize ans, on le fit entrer dans une des compagnies rouges de la maison du roi ; et lors de la suppression de ces compagnies, en 1816, il passa dans la garde royale à pied.
Et puis il s’agit de la Ménippée, du roi des pamphlets , comme on l’a nommée ; il s’agit de savoir si ce brillant exploit de l’esprit français a usurpé son renom et sa victoire. […] Voir ce qui est dit dans la Satyre même, ou du moins dans le Discours de l’imprimeur, contre les gens du lendemain : « J’en vois d’autres qui n’ont bougé de leurs maisons et de leurs aises, à déchirer le nom du roy et des princes du sang de France tant qu’ils ont pu, et qui, ne pouvant plus résister à la nécessité qui les pressoit, pour avoir eu deux ou trois jours devant la réduction de leur ville quelque bon soupir et sentiment de mieux faire, sont aujourd’hui néanmoins ceux qui parlent plus haut, etc., etc. » 236.
En 1763, dans la tragédie de Manco-Capac 490, « le principal rôle, écrit un contemporain, est celui d’un sauvage qui débite en vers tout ce que nous avons lu épars dans l’Émile et le Contrat social sur les rois, sur la liberté, sur les droits de l’homme, sur l’inégalité des conditions ». Ce vertueux sauvage sauve le fils du roi sur lequel un grand-prêtre levait le poignard, puis, désignant tour à tour le grand-prêtre et lui-même, il s’écrie : « Voilà l’homme civil ; voici l’homme sauvage. » Sur ce vers, applaudissements, grand succès, tellement que la pièce est demandée à Versailles et jouée devant la cour.
Que dites-vous de cette phrase sur les émeutiers massacrés à Lyon : « Tomber ainsi en martyr, sous l’atroce barbarie des rois, c’est aller au ciel d’un seul bond, et ce qui nous reste à voir peut-être dans cette ville infortunée nous faisait par moments envier l’élite qui montait à Dieu » ? […] Je note quelques-unes de leurs apparitions, à mesure que je les rencontre dans la correspondance de Marceline. « On frappe… C’est Dumas lui-même, avec Charpentier ; Dumas, grand comme Achille, bon comme le pain, et qui se baisse en deux pour arriver à me baiser la main… Il est parfait, il a couru de suite à la maison du roi de toutes ses immenses jambes, mais il est rentré désolé.
Maintenant le drame est roi. […] Le fidèle vassal avait pour son roi demandé celle qu’il ne voulait pas s’avouer aimer, Isolde, qui, fiancée de son maître, le suivait, parce qu’impuissante elle devait suivre le demandeur.
Daudet m’entretient de son livre : Les Rois en exil, dont la conception est vraiment tout à fait jolie, en ce qu’elle se prête à une réalité poétique et ironique. Il veut faire un éleveur de roi, d’un fils de démocrate, que deux franciscains vont chercher dans un hôtel du quartier Latin, à l’escalier plein de filles en savates.
Ignorants autant que badauds, qui ont poussé la badauderie et la réclame si loin qu’en attendant le livre ils se sont mis à genoux — comme les Rois Mages devant la crèche de l’Enfant Jésus — devant la boîte qui renfermait le manuscrit de Flaubert ; car Flaubert a inventé une boîte pour son manuscrit, et, par ce temps de bibelots niais, c’était là une idée. […] Réduit maintenant à n’être plus que deux très petites choses, un imagier et un érudit qui a gratté des curiosités dans les livres pour les fourrer dans les siens, Flaubert se sera dit (l’imagier) que La Tentation de saint Antoine serait une bonne occasion pour peinturlurer des images ; et l’érudit, pour nous parler de l’encens du cap Gardefan, du silphium bon à mettre dans les sauces, du chalibon, le vin des rois d’Assyrie qu’on buvait dans une corne de licorne, du cassiteros de Tartessus, du bois bleu de Pandio, du cinnamome, du dadanon (quel dada !
Il n’a pas l’idéale noblesse de Callot, le plus idéal des artistes, qui élève la caricature aussi haut qu’elle peut monter, transforme la réalité sans cesser de la tenir d’une main puissante, nous pose des mendiants magnifiques drapés dans leurs guenilles comme dans des manteaux de rois, et des bourreaux tortionnaires à tournure d’archange, dardant la triple épée de feu au dos des coupables, mais il en a souvent l’audace, la cambrure, le tortillement italien, ce mouvement de serpent ou de diable (c’est la même chose depuis la Bible) qui donne aux types de l’auteur de La Tentation de saint Antoine ce je ne sais quoi de provocant et de passionné qui est certainement un des charmes de l’enfer. […] C’est dans l’art un hardi garçon, une espèce de roi des Ribauds (pour parler Moyen Âge), ce qui est toujours une royauté, en en attendant une autre meilleure, que nous désirons lui voir conquérir.
Vous voulez devenir esclave et avec cela demeurer roi dans mon cœur, cela n’est pas possible ; car, quel rapport y a-t-il de la lumière avec les ténèbres, et de Jésus-Christ avec Bélial ?
Homme du peuple ou bourgeois, sous Louis XIII, ne valait-il pas mieux avoir affaire à un intendant, à l’homme du roi, qu’à un gouverneur de province, à quelque duc d’Épernon ?
Bon gré, mal gré, tout le monde profitait de ce superflu de la victoire, succédant à une pénurie si extrême : Nous avons bien travaillé : en quinze jours détruire deux armées et forcer un roi à la paix.
Le gouvernement de plusieurs n’est pas bon, a dit Homère lui-même ; qu’il n’y ait qu’un maître et qu’un roi !
Mais ici, quand le roi, en hâte de partir, et dont le danger redouble à chaque minute, demande et commande à Steven des chevaux, et de lui rendre son compagnon de voyage, qu’on lui retient parce que c’est le fiancé de Mina ; quand Steven, non content de résister par piété domestique, étale cette piété, la discute, l’oppose avec faste au rôle du conquérant, quand il s’écrie : « L’homme que vous venez d’appeler un enfant se lève du sein de son obscurité pour se placer devant vous, et pour se mesurer à vous, sans orgueil comme sans crainte… Ce n’est pas parce que je commande que j’ose me comparer à vous, mais parce que j’obéis… J’ai vaincu un ennemi plus redoutable que vous…, je me suis vaincu moi-même » alors le drame cesse en ce qu’il avait de naturel et d’entraînant ; le système reparaît, se traduit de nouveau à la barre sous forme de plaidoyer.
Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau.
Une petite bourgeoise qui demeure sur le quai, au coin du Pont-Neuf, se met à sa fenêtre au soleil couchant : « On eût dit, écrit-elle à une amie, que le roi du jour, descendu de son char derrière ces hauteurs, avait laissé suspendu au-dessus d’elles son manteau de couleur rouge et orangée.
Après la guerre, il fonda le xixe siècle , journal républicain.Éditions : Romans et nouvelles : Tolla, Hachette, in-16 ; Mariages de Paris (1856), in-16 ; le Roi des Montagnes (1856), in-16 ; Trente et Quarante (1858), in-16 ; l’Homme à l’oreille cassée (1861), in-16 ; le Nez d’un notaire (1862), in-16 ; les Mariages de province (1868) in-16. — Pamphlets et articles de journaux : la Question romaine, Bruxelles, gr. in-8, éd. française 1861 ; Rome contemporaine (1860). in-8 ; le xixe siècle , publ. p.
Il eût été bien mieux de te proclamer roi, De trompes d’or sonnant d’épouvanter les ondes Et de faire surgir un monde égal à toi Du tumulte pacifié des mers profondes !
Tombeaux dits des Juges, des Rois, d’Absalom, de Zacharie, de Josaphat, de saint Jacques.
D’ailleurs, avant d’être des livres saints, la Genèse, les Rois, les Cantiques étaient des poèmes véhéments, graves et privés.
Mais tandis que le vieux Parnasse, ainsi qu’une ombre flasque se traînait, roi pompeux d’un royaume d’ombres, le Réalisme alors magnifié par vingt romanciers, prôné par autant de critiques, semblait vivre de la plus authentique des vies, de la plus saine, de la plus riche, de la plus organique, — et on l’eût pris pour l’Art, s’il n’eut été si près de la Science, et si semblable à la Critique.
Il a donc laissé ces deux lignes à leur place, de même qu’il s’était déjà déterminé à laisser dans le recueil intitulé les Feuilles d’automne les vers intitulés Rêverie d’un passant à propos d’un roi, petit poëme écrit en juin 1830 qui annonce la révolution de juillet.
La voici telle qu’elle est exposée dans le Catéchisme industriel de Saint-Simon : « Le roi créera une commission suprême des finances composée des industriels les plus importants.
Theodoric premier roi des visigots établis dans les Gaules, et contemporain de l’empereur Valentinien III avoit voulu que son fils Theodoric II s’appliquât à l’étude de Virgile.
On peut le voir en ouvrant l’ancien manuscrit de Térence qui est à la biblioteque du roi, et même le Térence de Madame Dacier.
Les jeunes gens débutent aujourd’hui par un article de critique, comme on débutait jadis par une ode au roi ou un bouquet à Chloris.
Des jours que tu rêvais, Des soleils appelés par ton âme ravie, Peut-être les rayons luiront-ils sur ta vie ; Peut-être vers le soir, lorsque la trahison, La faim, la soif, le feu, le fer et le poison Se seront émoussés sur ton corps et ton âme, Alors si ton grand cœur n’a pas perdu sa flamme, Si, mille fois trompé, tu conserves ta foi, Si tu luttes encore… enfant, tu seras roi !
Doux comme son nom, il ne se vengea pas plus fort que cela de l’ingratitude des rois qu’il avait tant servis !
Après la conversion d’Henri IV, l’insolence royaliste seule put regarder la Ligue comme vaincue, et ce vers si comiquement gascon sur un héros gascon : Il confondit Mayenne, et la Ligue, et l’Ibère, car la Ligue avait obtenu ce qu’elle avait voulu, un roi catholique, et Henri IV avait été obligé de communier, à son sacre, sous les deux espèces ; mais plus tard, de fait, oui, elle fut vaincue, et, sinon elle, qui n’existait plus, au moins cette nation qu’elle avait si grandement et si vaillamment représentée !
Les consuls gouvernaient en vertu des mêmes principes que les rois.
Tous les actes de ce Pape immense, son intervention radieuse dans toutes les questions morales et politiques de son temps, les divorces des rois auxquels il s’opposa, l’indépendance de l’Église qu’il maintint, l’Inquisition, — qui a fait dire plus de bêtises qu’elle n’a brûlé d’hérétiques, et qui sauva (dit Villani, un ennemi de la Papauté !)
Napoléon licenciant sa garde sur un ultimatum des rois de l’Europe qu’elle incommodait quelquefois, ne donnerait pas une idée exacte de la faute de Clément XIV licenciant ceux-là que Frédéric de Prusse appelait les grenadiers de la papauté.
Il y avait débuté comme écrivain, et ce concentrateur y était promptement devenu le roi de l’entrefilet formidable, le serpent chatoyant, à langue aiguë, de la phrase courte, l’étrangleur avec un bracelet !
La fade bergerie qui, du reste, n’y est pas la seule, et qui est la conclusion de son roman cette berquinade amoureuse et transie d’un roi épousant une bergère, d’un homme à qui l’auteur avait d’abord accordé de la force d’esprit et de caractère et qui devient le pastor fido d’une fillette, de pasteur de peuple que Dieu l’avait fait, n’est pas non plus la seule conclusion de ce roman, qui en a plusieurs, parce qu’il a plusieurs sujets.
Au carême de 1675, Bourdaloue prêcha, devant le Roi, la favorite et la cour, le sermon sur l’impureté. Le Roi fit ses Pâques, et Mme de Montespan fut éloignée. […] Et Veuillot n’a pas tort de supposer que Molière n’aurait pas donné au Roi cette leçon ; mais il a ton de le regretter. […] Aussi le Roi s’adressait-il à son prédicateur, non point à son poète comique : le roi n’aimait pas le désordre. […] Évidemment, ce n’est pas d’un roi très sérieux ; mais enfin, l’on a pu lire et peut-être chanter cette romance avec une étourderie innocente.
Certes son fétichisme monarchique nous gêne un peu, mais porte la marque de l’époque, et pour lui, comme pour Bossuet, c’était une même chose d’aimer Dieu et le roi. […] Il osa s’attaquer à la femme du lieutenant du roi. […] Il lui appartenait de révéler au roi ce qu’il y avait chez Molière de majesté. » On sait, en effet, que Louis XIV goûtait et protégeait Molière, mais le prenait pour un baladin. […] Ils l’opposaient opportunément à l’absolutisme d’après lequel la nation et le pays appartenaient en toute propriété au roi. […] Bon pour un roi des Halles et un turlupin comme Rochefort !
La France en fut affaiblie ; mais pour un parti il ne s’agit jamais de la France ; et Louis XIV, en cette affaire, chose honteuse pour un roi, ne fut pas autre chose qu’un chef de parti. […] Un roi philosophe, antichrétien et ami des philosophes, il a cherché cela toute sa vie et a mis toute sa vie à s’apercevoir qu’il ne l’avait pas trouvé et à déplorer de ne l’avoir trouvé jamais. […] Et ainsi, « pour éviter la Congrégation, nous faisons de la France une immense congrégation… Nos pères ont cru qu’ils faisaient la Révolution pour s’affranchir ; nullement : c’était pour changer de maîtres… Aujourd’hui, quand nous avons détrôné les rois et les papes, on veut que nous fassions l’État roi et pape. […] Dès que le peuple demandait un peu impatiemment une réforme sociale, le Sénat lui montrait un peuple à conquérir ou un roi étranger menaçant. […] Le curé alsacien est un petit roi dans son village.
Non, Molière n’aurait pas répondu au Roi comme fit le Père Bourdaloue. C’est aussi que le Roi n’aurait pas annoncé à ce poète comique l’éloignement de sa bien-aimée comme il l’annonçait au prédicateur. […] Veuillot reproche à Molière de n’avoir pas déconseillé au Roi les pratiques de galanterie. […] C’est au nom des « nouveautés » qu’il se dresse : et il se présente au Roi lui-même, qui eut soin de ne pas l’écouter, comme le réformateur indispensable. […] Mais le sixième comte de Derby, ami personnel du roi, vous déclarait, sans difficulté, pourrie cette même patrie de la reine : M.
Ce n’est plus le Sénat, c’est Dieu, c’est leur naissance, C’est le glaive étranger qui leur soumet la France ; Ils nous osent d’un roi reprocher l’échafaud : Ah ! si ce roi, sortant de la nuit du tombeau, Armé d’un fer vengeur venait punir le crime, Nous les verrions pâlir aux yeux de leur victime ! […] Sa Majesté m’a fait l’honneur de me répondre que M. le Comte ayant été rebelle à sa patrie et à son roi, la plus grande bonté dont elle puisse user envers lui est de laisser son corps où il a commis son crime afin que la mémoire de sa faute y soit ensevelie avec lui. […] On y trouve d’abord quelques règles particulières, relatives à la façon dont il faut parler au roi : « Si l’on se présente au roi pour le voir seulement, il se faut tenir en lieu où il puisse jeter sa vue quand il est à table ; si c’est pour lui parler, il faut joindre sa chaise du côté de l’oreille. Prendre garde d’arrêter le discours quand le roi boit. » Ces avertissements sont un peu surannés.
« De cinq ans plus âgé que moi, Charles fut aussi bel enfant qu’il est bel homme ; il était le privilégié de mon père, l’amour de ma mère, l’espoir de ma famille, partant le roi de la maison. […] Aussi les Mortsauf portent-ils d’or, à la croix de sable alezée potencée et contre-potencée, chargée en cœur d’une fleur de lys d’or au pied nourri, avec : Dieu saulve le Roi notre Sire, pour devise. […] Jusqu’à présent leur attachement aux Bourbons pouvait justifier leur solitude ; mais je doute que le retour du roi change leur manière de vivre.
Il sentait que le dogme de l’infaillibilité aurait pour effet de grandir la situation morale du pontife, de le mettre décidément au-dessus des souverains, de lui rendre quelque chose de son rôle d’autrefois, de son rôle d’arbitre suprême entre les rois et les peuples ; que ce dogme, qui semblait aux « libéraux » rétrograde et gothique, ouvrirait à la papauté une ère de rajeunissement et de puissance renouvelée. […] Ce qu’il a combattu et haï dans la République, ce ne fut jamais la République, mais l’impiété : et, quand il appelait de ses vœux Henri de Bourbon, il n’exigeait point pour ce prince le titre de roi. […] J’ai défendu le capital sans avoir eu jamais un sou d’économies, la propriété sans posséder un pouce de terrain, l’aristocratie, et j’ai à peine pu rencontrer deux aristocrates ; la royauté, dans un siècle qui n’a pas vu et ne verra pas un roi.
Le hasard les avait mis face à face, le vieux soldat de la garde de Charles X, et le fournisseur qui avait grappillé sur une infortune royale et acheté la vaisselle d’un roi aux abois : le soldat, pauvre libraire ; le fournisseur, gros bourgeois épanoui, sonnant d’aisance et de prospérité. […] Il n’avait pas cinq pouces le grand Roi. […] L’aide de camp venait de dire au Roi en quoi l’enfant était habillé.
Racine avait déjà dit : « Le sang de nos rois crie,29 » et Corneille : … Ne point écouter le sang de mes parents Qui ne crie en mon cœur que la mort des tyrans. […] Racine, Athalie, Acte I, scène 1, v. 89 (tirade de Joad) : « Le sang de vos rois crie, et n’est point écouté. » (et non « nos rois ») 30.
Le roi, à mon avis, des poètes du xixe siècle ? […] Mais tous, chacun pour son charme ou pour la joie infime retrouvée à leur lecture, et mes sympathies sont tout aussi bien au poète inconnu — ou méconnu — qui chanta dans la solitude de sa province lointaine, qu’à tel autre sacré dieu — ou plus. — Mais puisque question il y a : Verlaine, entre tous, Verlaine pour avoir tenté et presque accompli la synthèse poétique de la philosophie de Vigny avec l’impertinente grâce de Musset. — Fêtes galantes et Poèmes Saturniens — la grandiloquence de Hugo — les Voix — et les glorieuses hontes de Villon — Liturgies intimes — notre Verlaine enfin parce que Roi et vraiment le seul. […] C’est vrai, tu ciselas de si belles amphores Que l’eau claire, dorée à leur reflet vermeil, Y brillait comme un vin saturé de soleil ; Prince de l’antithèse et roi des métaphores.
… Car il l’est, ce soi-disant génie, et l’ennui qu’il inspire est comme la petite vérole du roi Louis XV, dont on disait : Tout est grand chez le Roi ! […] Ce favori du monde, à qui le monde a donné tout ce qu’un roi imbécile peut donner à un favori, reçut du monde le don du génie, de la passion, et même des larmes, qu’il n’avait pas et qu’on lui inventa. […] Mais, comme les rois persans, il gagnera à être invisible.
Admis devant le Jupiter romantique, je ne sus pas même dire, comme Henri Heine devant Gœthe : « Que les prunes était bonnes pour la soif sur le chemin d’Iéna à Weimar. » Mais les dieux et les rois ne dédaignent pas ces effarements de timidité admirative. […] La grande habitude du meilleur monde prise dès l’enfance, et respirée pour ainsi dire comme une atmosphère naturelle, lui laissait sa liberté d’esprit, même devant celui qui faisait baisser la paupière aux lions, et balbutier des rois comme des jeunes filles timides. […] A son aspect, la raillerie s’arrêtait sur les lèvres du gamin, et l’homme sérieux n’achevait pas le sourire ébauché L’on devinait un des rois de la pensée. […] Ce tableau valut à l’auteur une médaille d’or et fut acheté par le roi. […] Tony Johannot est sans contredit le roi de l’illustration.
En effet, il eût été mieux à sa place roi de la mer ou chef de bandes au moyen âge. […] Ce rêve est ici comme dans l’Edda, presque aussi grandiose. « J’eus un songe qui n’était pas tout entier un songe. — Le clair soleil était éteint, et les étoiles — erraient dans les ténèbres de l’éternel espace, — sans rayons, ne voyant plus leur route, et la terre froide — se balançait aveugle et noircissante dans l’air sans lune. — Le matin venait, s’en allait et venait encore, mais n’apportait point de jour… — Les hommes mirent le feu aux forêts pour s’éclairer ; mais heure par heure — elles tombaient et se consumaient ; les troncs pétillants — s’éteignaient avec un craquement, puis tout était noir. — Ils vivaient près de ces feux nocturnes, et les trônes, — les palais des rois couronnés, les cabanes, les habitations de tous les êtres qui vivent sous un toit — flambèrent en guise de torches. […] La proscription de la vie voluptueuse ou abandonnée, l’observation étroite de la règle et de la décence, le respect de toutes les polices divines ou humaines, les révérences obligées au seul nom de Pitt, du roi, de l’Église et du dieu biblique, l’attitude du gentleman en cravate blanche, officiel, inflexible, implacable, voilà les mœurs qu’on trouvait alors au-delà de la Manche, cent fois plus tyranniques qu’aujourd’hui ; c’est à ce moment, selon Stendhal, qu’un pair, seul au coin de son feu, n’osait croiser ses jambes, par crainte d’être improper. […] Le dessert était à peine sur la table, que sur douze personnes j’en comptai cinq endormies. » Pour les mœurs, du moins dans la haute classe, il ajoutait : « Passé la soirée dans ma loge à Covent Garden… Partout autour de moi les plus distinguées des jeunes et des vieilles coquines de qualité… C’est comme si la salle eût été partagée entre les courtisanes publiques et les autres ; mais les intrigantes dépassaient de beaucoup en nombre les mercenaires… Là, quelle différence y a-t-il entre Pauline et sa maman, et lady… et sa fille, si ce n’est que les deux dernières peuvent aller chez le roi et partout ailleurs, et que les deux premières sont réduites à l’Opéra et aux maisons de filles ?
Né d’aïeux qui se sont montrés au service du Roi et de l’Etat, il a hérité d’eux une âme, si l’on peut dire, militaire et diplomatique. […] Il lui fallait combiner ses expéditions et les mener à bien parmi toutes sortes d’embûches où il ne risquait, s’il était pris, rien moins que la roue, et, à chaque détour, l’embuscade des soldats du Roi ou des employés des Fermes. […] C’était contre les Fermes que Mandrin se mettait en campagne et, ce faisant, il ne croyait pas déplaire au Roi. Le Roi ne pouvait trouver mauvais qu’on en fît voir de dures à la trop rigoureuse Compagnie dont les abus augmentaient la souffrance du peuple. […] Le Roi avait accordé à Le Nôtre des distinctions méritées.
Et depuis, tous les souverains du pays, jusqu’à l’avant-dernier roi, ont bien compris que d’une certaine maîtrise de la mer dépend le sort ou l’originalité du pays. […] Mêmes qualités dans les Notes sur la littérature moderne où les Lettres au Roi sur la Jeune Belgique voisinent avec d’excellents articles sur « le Nihilisme littéraire », « Catulle Mendès », « Alphonse Daudet », « L’Art et la Bourgeoisie », « Charles Baudelaire » écrits en une langue saine et alerte. […] MM. le Roi et la Reine de Belgique ne manquent aucune occasion de leur témoigner une affectueuse sollicitude. […] Un fait prouvera la surexcitation de certains flamingants : pendant les fêtes données à Anvers au mois d’août 1912 en l’honneur du romancier flamand Henri Conscience, des feuillets furent lancés dans la voiture du Roi qui portaient : « Nous exigeons la flamandisation de l’Université de Gand. » D’ailleurs, depuis les élections du 2 juin 1912, favorables au parti conservateur, les flamingants redoublent d’audace et la querelle des langues semble s’accentuer. […] La lettre ouverte au Roi que M.
Ma mère avait le plus beau chez la veuve de l’ancien maire ; le lit, gonflé de feuilles de blé de maïs, était haut comme un monticule ; des buis bénits étaient suspendus à la muraille, un bénitier en argent doré contenait de l’eau bénite ; une image coloriée du Juif-Errant donnant cinq sous au bourgeois de Bruxelles, et une gravure représentant Bonaparte faisant grâce de la vie à une dame de Berlin, dont le mari avait raconté dans une lettre à son roi l’entrée triomphale de l’Empereur des Français dans sa capitale, avec des expressions de respect pour le souverain de la Prusse, décoraient les murs. Ce trait de générosité touchait vivement le peuple peu réfléchi de ces campagnes, qui croyait que la force était le droit, et que c’était un crime que d’avoir un autre roi que le vainqueur.
Les mots de liberté et de vertu politique sonnaient moins souvent et moins haut dans ses pages toutes poétiques ; ce n’était pas le Dante d’une Florence asservie, c’était le Tasse d’une patrie perdue, d’une famille de rois proscrits, chantant ses amours trompés, ses autels renversés, ses tours démolies, ses dieux et ses rois chassés, les chantant à l’oreille des proscripteurs, sur les bords même des fleuves de la patrie ; mais son âme grande et généreuse donnait aux chants du poète quelque chose de l’accent du citoyen.
Les enfants pour fêter ton culte renaissant Répandaient des parfums, se couronnaient de branches Et la tête des rois tomba, sans que leur sang Tâcha ta robe blanche. […] Suivant le rite voulu par « sa Terre et ses Morts », il exalte les voluptés ensoleillées de la Judée sanglante des Rois et des Prophètes.
La Morale des foyers… Il faut la chercher ailleurs Je l’ai trouvé… En allant voir jouer le roi nègre Malikokoab Qui des Blancs mange la chair et les os. […] Malikoko (roi nègre), pièce à grand spectacle, en quatre actes et dix-sept tableaux d’André Mouëzy-Éon (1880-1967), créée au Théâtre du Châtelet le 26 novembre 1919.
Perrichon, au moment de monter en wagon, s’assure qu’il n’oublie aucun de ses colis. « Quatre, cinq, six, ma femme sept, ma fille huit et moi neuf. » Il y a une autre pièce où un père vante la science de sa fille en ces termes : « Elle vous dira sans broncher tous les rois de France qui ont eu lieu. » Ce qui ont eu lieu, sans précisément convertir les rois en simples choses, les assimile à des événements impersonnels.
Chassez un chien du fauteuil du roi, il grimpe à la chaire du prédicateur, il regarde le monde indifféremment, sans embarras, sans pudeur : il n’a pas, non plus que le sot, de quoi rougir.
Aussi, dès que Louis XIV et lui se furent trouvés en présence et reconnus, ils sentirent, l’un qu’il avait trouvé son monarque, le roi selon son cœur ; l’autre son évêque, son prélat à la fois pieux et politique, non pas seulement son orateur sacré, solennel et autorisé, mais son conseiller d’État ecclésiastique.
On a beaucoup dit que les beaux-arts, que la poésie prospéraient, surtout dans les siècles corrompus ; cela signifie seulement que la plupart des peuples libres ne se sont occupés que de conserver leur morale et leur liberté, tandis que les rois et les chefs despotiques ont encouragé volontiers les distractions et les amusements.
Quelques hommes ont conservés, jusques à la fin de la vie, le pouvoir qu’ils avaient acquis, mais pour le retenir, il leur en a coûté tous les efforts qu’il faut pour arriver, toutes les peines que causent la perte ; l’un est condamné à suivre le même système de dissimulation qui l’a conduit au poste qu’il occupe, et plus tremblant que ceux qui le prient, le secret de lui-même pèse sur toute sa personne ; l’autre se courbe sans cesse devant le maître quelconque, peuple ou roi, dont il tient sa puissance.
Il ne put entrer à l’Académie : le roi ne voulut pas de lui.
Leve encore une tête superbe, & marche au milieu de tes semblables ; comme un Roi généreux que précédent les bienfaits, marche au milieu de ses vastes domaines.
Il fallait être M. de Sacy pour publier en 1793, à l’Imprimerie du Louvre, un ouvrage sur les antiquités de la Perse et les médailles des rois Sassanides.
Ce géant des prophètes, en son âpre solitude du Carmel, partageant la vie des bêtes sauvages, demeurant dans le creux des rochers, d’où il sortait comme un foudre pour faire et défaire les rois, était devenu, par des transformations successives, une sorte d’être surhumain, tantôt visible, tantôt invisible, et qui n’avait pas goûté la mort.
Mais ce passage capital de Daniel frappa les esprits ; le mot de fils de l’homme devint, au moins dans certaines écoles 371, un des titres du Messie envisagé comme juge du monde et comme roi de l’ère nouvelle qui allait s’ouvrir 372.
Mais depuis la fin des Asmonéens, le rêve d’un descendant inconnu des anciens rois, qui vengerait la nation de ses ennemis, travaillait toutes les têtes.
Ce vrai royaume de Dieu, ce royaume de l’esprit, qui fait chacun roi et prêtre ; ce royaume qui, comme le grain de sénevé, est devenu un arbre qui ombrage le monde, et sous les rameaux duquel les oiseaux ont leur nid, Jésus l’a compris, l’a voulu, l’a fondé.
Le roi revient, ordonne d’amener devant lui ceux qui n’ont pas voulu qu’il règne sur eux, et les fait mettre tous à mort 1039.
La haine qu’elles leur portent est aussi ardente que la sienne, car, du même coup qu’Agamemnon, elles ont vu tuer sous leurs yeux la fille de leur roi.
Je suppose, par exemple, que Thespis, ou quelque autre de ses successeurs, eût pris pour sujet, comme Homère, la colère d’Achille : je m’imagine, que son acteur, représentant le prêtre d’Apollon, venait dire que vainement il avait tâché de fléchir Agamemnon par des prières et des présents ; que ce roi inflexible s’était obstiné à ne lui pas rendre sa fille Chryséide ; que sur cela Chrysès implorait le secours du dieu pour se venger.
Les rois même ferment leurs palais par des portes ; leur caractère auguste ne suffit pas pour les garantir de la méchanceté des hommes.
Il ferait de l’histoire littéraire, comme on faisait de l’histoire proprement dite au XVIe ou encore au XVIIe siècle, quand l’historien jugeait les rois et les grands personnages de l’histoire, les louait ou les blâmait, se révoltait contre eux comme eût fait une province ou les couvrait de fleurs comme à une entrée de ville ; enfin dirigeait l’histoire tout entière et l’inclinait à être une prédication morale.
On rapporte que le roi fit abattre des bois entiers pour faire passer ses équipages. […] Et est appareu qu’en ycelles on prie Dieu pour le roy, pour les judges de son royaume et pour tous les hommes, et est une chose fort contraire au prince de rendre son peuple sans forme de religion et exercice d’ycelle. […] « Vous vous plaingnez des revelations faictes au roy… Qui feroit les choses bonnes, et de bonne sorte, ne craindroit point qu’elles feussent veues et congneues : veoire comme faictes en ung theatre, et feroit peu de compte des revelateurs. […] J’étais jeune, la santé du roi et celle du cardinal s’affaiblissaient, et je devais tout attendre d’un changement. […] C’était l’heure où le roi, corrigé et placé sous le plein ascendant de Madame de Maintenon, recourait à un surcroît de dévotion pour remplir le vide laissé par les passions de sa jeunesse.
Un autre, Coleridge, pauvre diable et ancien dragon, la tête farcie de lectures incohérentes et de songes humanitaires, avait songé à fonder en Amérique une république communiste purgée de rois et de prêtres ; puis devenu unitaire, s’était imbu à Goettingue de théories hérétiques et mystiques sur le Verbe et l’absolu. Wordsworth lui-même, le troisième et le plus tempéré, avait débuté par des vers enthousiastes contre les rois, « ces fils du limon, qui de leur sceptre voulaient arrêter la marée révolutionnaire, et que le flot montant de la liberté allait balayer et engloutir. » Mais ces colères et ces aspirations ne tenaient guère ; et tous trois, au bout de quelques années, ramenés dans le giron de l’État et de l’Église, se trouvaient, l’un journaliste de M. […] Il est bon protestant, bon mari, bon père, très-moral, tory si décidé qu’il emporte comme une relique un verre où le roi vient de boire. […] Il jugea la société par l’oppression qu’il subissait, et l’homme par la générosité qu’il sentait en lui-même, crut que l’homme était bon et la société mauvaise, et qu’il n’y avait qu’à supprimer les institutions établies pour faire de la terre « un paradis. » Il devint républicain, communiste, prêcha la fraternité, l’amour, même l’abstinence des viandes, et, comme moyen, l’abolition des rois, des prêtres et de Dieu1230.
Maeterlinck, vraiment, nous prend, nous point et nous enlace, pieuvre faite des doux cheveux des jeunes princesses endormies, et au milieu d’elles le sommeil agité du petit enfant, « triste comme un jeune roi » ! […] Il songe, passant de salle en salle, il descend l’escalier de marbre vers le soir, et s’en va dans les jardins, dallés comme des cours, rêver sa vie parmi les bassins et les vasques, cependant que les cygnes noirs s’inquiètent de leur nid et qu’un paon, seul comme un roi, semble boire superbement l’orgueil mourant d’un crépuscule d’or. […] Chacun de ses gestes, chacun de ses pas le rapproche de la bombarde prête à éclater, et s’il résiste au tremblement du coup de tonnerre, il sera roi et maître. […] La vie sociale d’un poète importe aussi peu au critique qu’à Polymnie elle-même, qui accueille en son cercle, indifféremment, le paysan Burns et le patricien Byron, Villon le coupeur de bourses et Frédéric II, le roi : l’armoriai de l’Art et celui d’Hozier ne se rédigent pas du même style.
Boileau pouvait ne pas se croire trop cruel en décriant Chapelain riche et le mieux renté de tous les beaux esprits, ou Cottin conseiller et aumônier du roi. […] Le sang coulait à l’Abbaye, aux Carmes ; les églises étaient fermées ou profanées, les prêtres massacrés ou en fuite, la royauté abolie ; le roi portait sa tête sur l’échafaud. […] À peine le voit-on passer, riant son rire fin et un peu cruel, à l’horizon de ce délicieux pamphlet qui a nom : Le Roi des Montagnes. […] Le Roi s’amuse. […] Faire de Vernouillet un des rois de l’époque lui semble la plus cruelle mystification dont il puisse bafouer la société actuelle.
Et si nous songeons précisément à citer ici cette grande œuvre, c’est qu’une scène du Roi, cette pièce qui connut un si long succès, impose le souvenir d’une des plus fortes scènes de Mirbeau. […] À l’époque où fut représenté Le Roi, celle qui faisait le refrain de toutes les conversations était : ça n’existe pas. […] Bernstein, qui est à peu près du même temps, un personnage les répète sans se lasser, comme fait aussi un personnage de MM. de Flers et Caillavet dans le Roi. […] L’homme élégant, robuste et fort avait le droit D’être fier des beautés qui le nommaient leur roi. […] Le Roi.
Les Guises voulaient le déposséder, jugeant que le revenu des taxes effroyables qui pesaient sur le peuple serait mieux dans leurs poches que dans celles du roi. […] Un souffle d’idylle passait, l’Église ouvrait son cœur à tous ses enfants, il n’y aurait plus que concorde et que joie, si le peuple, obéissant à l’esprit nouveau, se donnait au maître d’amour comme il s’était donné à ses rois, reconnaissait l’unique pouvoir de Dieu, souverain absolu des corps et des âmes » (p. 103). […] — Que deviendraient ; je vous prie, les professionnels du meurtre, les rois guerriers et les turlupins du patriotisme ? […] Ce n’est aucun roi, aucun gouvernement : ce sont les révolutionnaires. […] Car qu’un Roi, vénéré par les courtisans pillards de sa domesticité, arrosé d’huile par les évêques, dise : « L’État c’est moi », ou qu’un sanhédrin de chicanons promulgue que : « Nul n’est censé ignorer la loi », le résultat ne change pas : il y a toujours oppression du grand nombre par une bande de voleurs.
Les scènes variées de guerre et de chasse qu’ils représentent dénoncent une vie nationale active et brillante, où le roi joue le rôle d’une divinité terrestre, assise sur son char, commandant le respect et l’obéissance. […] LVI Le sort de l’orateur, comme Démosthène ou Mirabeau, les deux plus dignes de ce nom, est plus séduisant que le sort du philosophe ou du poète ; l’orateur participe à la fois de la gloire de l’écrivain et de la puissance des masses sur lesquelles et par lesquelles il agit : c’est le philosophe roi, s’il est philosophe ; mais son arme terrible, le peuple, se brise entre ses mains, le blesse et le tue lui-même ; et puis ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il remue dans l’humanité, passions, principes, intérêts passagers, tout cela n’est pas durable, n’est pas éternel de sa nature.
La plupart, causant à cœur ouvert, rendaient justice aux qualités de ce roi mitoyen à la monarchie et à la révolution ; aucun ne le haïssait. […] Paris sans roi a pour contrecoup le monde sans despotes.
Le second était l’abbé de Maistre, ecclésiastique exemplaire et vénérable, quoique facétieux et spirituel, ami de Mme de Staël, et destiné depuis à être évêque d’une petite ville de Piémont, quand le roi parut à Turin après la restauration. […] Les Français, en 1799, ayant vaincu et chassé les Piémontais, Xavier de Maistre suivit le roi exilé en Sardaigne ; puis, appelé par son frère aîné à Pétersbourg, il y entra dans les chevaliers-gardes russes, et s’y maria avec une princesse russe de la suite de l’impératrice, séduit par sa figure et charmé de son esprit.
La publication d’Atala fut fêtée, comme la naissance d’une fille de roi ; la « non pareille des Florides » enleva le public. […] Elle se consacra à Jésus, l’amant divin, le cœur ravagé par une passion criminelle : la mère d’Atala, alors qu’elle sentait remuer dans son sein l’enfant de Lopez, de l’Espagnol, de l’ennemi de sa race, épousa « le magnanime Sinaghan, tout semblable à un roi et honoré des peuples, comme un génie ».
Tandis que là ils semblent, à part le destin, en être les rois absolus, ici ils n’en sont plus que les ministres, obéissant à un souverain qui leur dicte ses volontés du fond du théâtre où l’historien les montre aux spectateurs. […] Le moraliste qui voit par quels moyens un roi comme Louis XI travaille à l’établissement de la monarchie et à la constitution de la patrie française ne peut être que saisi d’horreur et de dégoût.
Quand Baudouin, élu empereur par les Français, s’est aventuré dans une expédition contre le roi des Bulgares et est fait prisonnier après une défaite, son frère Henri prend sa place ; mais les barons attendent, avant de l’élire et de le sacrer empereur à son tour, d’être positivement assurés du trépas de son frère : « Sur quoi je voudrais, écrit l’historien Nicétas, que les Romains (les Grecs) fissent un peu de réflexion ; eux, dis-je, qui n’ont pas sitôt élu un empereur qu’ils songent à le déposer. » Ainsi l’idée de légitimité, de fidélité au serment, et de religion politique, existe chez les Latins, tandis qu’elle est entièrement abolie chez les Grecs : ce qui, chez ceux-ci, est une infériorité sociale de plus.
C’est le même sentiment d’honneur héroïque et royal, et du noble orgueil invincible qu’on n’en saurait séparer, qui faisait dire au grand Frédéric, au moment le plus désespéré de la guerre de Sept Ans et dans les heures terribles où il songeait à se donner la mort, plutôt que de signer son déshonneur et celui de sa patrie (juillet-octobre 1757) : J’ai cru qu’étant roi, il me convenait de penser en souverain, et j’ai pris pour principe que la réputation d’un prince devait lui être plus chère que la vie… Je suis très résolu de lutter encore contre l’infortune ; mais en même temps suis-je aussi résolu de ne pas signer ma honte et l’opprobre de ma maison… Si vous prenez la résolution que j’ai prise (la sœur généreuse à laquelle il écrit, la margrave de Baireuth, avait résolu de mourir en même temps que lui), nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps.
Militairement, il conseilla et consomma l’occupation du Piémont, la prise de possession de Turin et l’abdication du roi.
Biot s’y refusa, motivant son abstention sur ce qu’un Corps purement savant devait, selon lui, rester étranger à tout acte politique ;, et il cita à ce propos les vers de Voltaire : Moi, j’attends dans un coin que l’imprimeur du Roi, M’apprenne pour dix sous mon devoir et ma loi.
Le génie est un roi qui crée son peuple.
En 1590, découragé apparemment ou bien tenté par la fortune, il eut l’idée de s’expatrier et adressa au roi une requête pour obtenir quelque place en Amérique, dans cette contrée qu’il appelle quelque part « le pis aller et le refuge des désespérés d’Espagne. » Il énumérait à l’appui de sa requête ses longs services, ses aventures, ses souffrances en Alger ; et cet ensemble de pièces et d’attestations, longtemps enseveli dans des archives, est devenu un document inappréciable pour ses biographes.
Napoléon s’y suppose en idée maître et roi durant dix ans, et il en ressuscite toutes les merveilles, étendues, agrandies, multipliées, selon les données incomparables du génie moderne ; je ne me refuserai pas à rappeler les principaux traits du tableau : « Mais à quel degré de prospérité, s’écrie tout à coup l’historien conquérant, pourrait arriver ce beau pays, s’il était assez heureux pour jouir, pendant dix ans de paix, des bienfaits de l’administration française !
. — Dans le procès qui lui fut intenté au mois d’août 1827 à cause de son livre, le Résumé de l’Histoire des Traditions morales et religieuses, où l’avocat du roi, Levavasseur, croyait trouver à chaque phrase l’intention manifeste de détruire la croyance à la divinité de Jésus, M. de Sénancour, défendu par Me Berville, voulut présenter lui-même au tribunal quelques explications.
Si M. de Silly nous représente le héros de la première partie des Mémoires, celui de la seconde est certainement M. de Maisonrouge, ce lieutenant de roi à la Bastille, le parfait modèle des passionnés et délicats amants.
Lorsque les Constitutionnels luttaient contre les Jacobins, si les Aristocrates avaient adoptés le système des premiers ; s’ils avaient conseillé au roi de se livrer à eux, ils auraient alors renversé l’ennemi commun, sans perdre l’espoir de se défaire un jour de leurs alliés.
La Fontaine a l’intuition psychologique, et il a le sens du réel : il a peint des hommes de tout caractère et de toute condition, rois, seigneurs, bourgeois, curés, savants, paysans, orgueilleux, poltrons, curieux, intéressés, vaniteux, hypocrites, chacun dans l’attitude et avec le langage qui lui conviennent et l’expriment.
On lui doit La légende du Parnasse contemporain (Bruxelles, 1884) ; Richard Wagner, (Paris, 1886) ainsi que Le roi vierge (Paris, 1881).
Un roi n’est pas seulement un individu, c’est un homme général qui résume toute une société.
Les rois eux-mêmes s’inspirèrent de notre génie en même temps que les peuples se donnaient à nous.
Paul Lacroix — alias le Bibliophile Jacob — réussissait particulièrement bien dans ce genre : la Danse macabre, histoire fantastique du xve siècle et le Roi des Ribauds, histoire du temps de Louis XII.
Un préjugé indestructible et qui subsiste encore de nos jours, s’enracine dès le principe dans la conscience universelle : c’est que les rois, les héros, les grands hommes, peuvent seuls être proposés en exemple à l’humanité ; que les infortunes princières et les exploits héroïques ont seuls le droit et la faculté d’intéresser les multitudes, et qu’il faut leur en laisser exclusivement le privilège. […] On lui avait reproché de n’être qu’un roturier de lettres : vite, il se fabrique une généalogie de rois, de pontifes et de grands hommes, et établit sa descendance en droite ligne de Moïse, de saint Paul, de Plutarque, de Shakespeare, etc., etc. car j’en passe, — et des meilleurs, — comme dit ce vaniteux de Ruy Gomez. […] Castille prétend ne pas en avoir le démenti, il fera bien de devenir ministre le plus tôt possible ; car — « hors qu’un commandement exprès du roi ne vienne », — le public s’obstinera longtemps, je le crains, à ne voir dans M. […] L’école du Bon Sens en profita pour lui faire passer sur le corps, à l’exemple de Tullie, sa lourde charrette attelée de bœufs comme le char de nos anciens rois ; et elle empocha la victoire. […] cet abîme, cette mer aussi vaste et plus profonde que l’Océan, que faisait fouetter Xerxès. — Si l’acte n’était pas moins insensé de la part de l’écrivain que du roi vaincu, je me plais à reconnaître que la folie de M. de Pontmartin se faisait presque pardonner à force de talent, de style et de hardiesse d’esprit.
Qu’on se représente Molière vivant, admis au milieu des cercles de la ville et entrant parmi les courtisans du roi : sa pénétration connue devait tenir en échec les petits et les grands. […] une succession de trois rois de France et leurs déprédations ruineuses. […] Un ecclésiastique tolérant, lecteur du roi, le fit connaître à François Ier ; la gaîté gagna son procès devant le monarque, et le rire le fit absoudre. […] Pisthétérus conseillera au roi huppé de bâtir à ses sujets ailés une ville en l’air, et d’usurper la souveraineté en arrêtant même l’encens et les dons que les Athéniens envoient aux dieux. […] Il est aisé de juger, d’après un tel examen, pourquoi cette pièce déplut d’abord à la haute société des grands de Versailles, et ne dût plaire qu’au roi et qu’au public, qui connaissaient le fond des choses.
Mlle Necker lisait donc des livres au-dessus de son âge, allait à la comédie, en faisait des extraits au retour ; plus enfant, son principal jeu avait été de tailler en papier des figures de rois et de reines, et de leur faire jouer la tragédie : ce furent là ses marionnettes comme Goëthe eut les siennes. […] Elle avait vu Louis XVIII en Angleterre : « Nous aurons, annonçait-elle alors à un ami, un roi très-favorable à la littérature. » Elle se sentait du goût pour ce prince, dont les opinions modérées lui rappelaient quelques-unes de celles de son père. […] Accouru de l’Olympe, au matin de Cybèle, Là, Saturne apporta l’anneau des jours anciens : Janus assis scella la chaîne encor nouvelle ; Vinrent les longs loisirs des Rois arcadiens. Et sans quitter la chaîne, en descendant d’Évandre, On peut, d’or ou d’airain, tout faire retentir : Chaque pierre a son nom, tout mont garde sa cendre, Vieux Roi mystérieux, Scipion ou martyr.
Cet homme est Molière et il faut proclamer à la louange de son siècle que, goûté par la foule, il fut soutenu par le roi. […] Ceux qui se prennent au sérieux, voire au tragique, Bernstein et Bataille sont toujours rois. […] Mais l’acteur, lui, n’est pas fictif ; c’est un homme comme tous les autres ; il insère la vie dans la convention : dans d’autres conditions économiques et sociales, il aurait pu être mendiant ou roi. Quand il s’avance sur la scène en haillons ou en manteau d’or, il doit se figurer que, les conditions remplies, il est devenu roi ou mendiant ; rien ne s’oppose à ce qu’il le paraisse et, s’il sent qu’il l’est, il le paraîtra.
Ces gens d’élite portent dans leur âme le reflet des richesses stériles d’un grand nombre de rois oubliés (Souvenirs occultes) ; si vous élargissez le sens de cette phrase, vous aurez l’idée-mère d’Axel. […] Le plus galant, le plus brave, mais aussi le plus inconstant des rois, Henry IV. C’est lui, le prince, qui l’a rencontrée près de la fontaine où elle gardait ses moutons ; il l’a regardée, elle l’a aimé, il l’a caressée, elle s’est donnée, et tout le village a envié sa gloire grande d’être la mie du roi. Et puis le roi s’est en allé, vers d’autres amours ; le village alors a retrouvé sa sévérité, le village l’a honnie, et la pauvre Fleurette est allée à la plus claire des fontaines, celle où elle fut aimée, pour s’y noyer. […] Survient un forestier qui veut défendre l’arbre du roi.
Il nous dira lui-même qu’après le succès du Devin du Village, ce fut cette infirmité, plus que sa fierté d’homme libre, qui l’empêcha de demander une audience au roi. […] Il avait gardé son costume d’ermite, et avait sa barbe et sa perruque ronde « assez mal peignée », dit-il ; le roi, la reine, la famille royale, tous les plus grands seigneurs et les plus grandes dames le regardaient comme un animal curieux : quel bonheur ! […] — Le duc d’Aumont lui fait dire de se trouver au château le lendemain, et qu’il le présenterait au roi, et qu’il s’agissait d’une pension, et que le roi voulait l’annoncer lui-même à l’auteur. […] Rousseau eut cent louis du roi, cinquante louis de madame de Pompadour, cinquante louis de l’Opéra, cinq cents francs du libraire Pissot, d’autres profits encore. — Peut-être ce succès eût-il décidément détourné Jean-Jacques vers le théâtre et la musique. […] Mais ils ont déjà des revues, des prix publics, des rois de l’arquebuse, du canon, de la navigation.
Mais tandis que le vieux Parnasse, ainsi qu’une ombre flasque se traînait, roi pompeux d’un royaume d’ombres, le Réalisme alors magnifié par vingt romanciers, prôné par autant de critiques, semblait vivre de la plus authentique des vies, de la plus saine, de la plus riche, de la plus organique, — et on l’eût pris pour l’Art, s’il n’eût été si près de la Science, et si semblable à la Critique. […] Ecoutez-le : Ne parle pas des pauvres, Gygès ; Je peux les faire riches comme des rois Sans même apercevoir une diminution de ma fortune. […] Moréas autoriser de son exemple toutes les lâchetés et toutes les redites, comme après l’alexandrinisme et sous les derniers empereurs romains… Si son « roi » revenait, ce ne serait pas, j’imagine, pour gouverner comme gouvernait le « grand roi » ? […] Apprenez, roi des Juifs et n’oubliez jamais Que les rois dans le ciel ont un juge sévère… Va-t-on tirer de là une morale pour Racine ? […] Au reste, on s’explique assez mal que, dès avant la quarantaine, pareille frénésie de vivre se soit éteinte ou ait consenti à se satisfaire de la table, du faste bourgeois, de la gloriole d’un historiographe du roi.
Si l’homme, voyant clair, roi de sa volonté, Avait la certitude, ayant la liberté ? […] Que le mal détruise ou bâtisse, Rampe ou soit roi, Tu sais bien que j’irai, Justice, J’irai vers toi ! […] Le peuple souverain de lui-même, et chacun Son propre roi !
Quand le poëme parut l’année suivante, dans les pompes de la Restauration, un sentiment général y voulut reconnaître une princesse orpheline, la fille des rois. […] » Après le 8 août 182911, il écrivait : « Maintenant, tournons nos regards vers le trône de Charles X, et conjurons le roi qui jura la Charte de faire enfin cesser la perturbation du 8 août.
Cincinnatus, Curius, Fabrice, Régulus, après avoir subjugué des nations entières et mené des rois en triomphe, n’étaient pas si riches que moi. […] Pétrarque harangua le roi à Paris en style cicéronien.
Rousseau, un Montesquieu, un Chateaubriand ; là il n’a pu être qu’un naturaliste, un peintre et un descripteur d’oiseaux d’Amérique, un Buffon des États du Nord, mais un Buffon de génie passant sa vie dans les forêts vierges, au lieu de la passer au jardin du roi et autour d’une table à écrire dans sa seigneuriale tour du château de Montbard, un Buffon voyant par ses propres yeux ce qu’il décrit et décrivant d’après nature, un Buffon enfin comprenant l’intelligence et la langue des animaux au lieu de les nier stupidement comme Malebranche, entrant dans leurs amours, dans leurs passions, dans leurs mœurs, et écrivant avec l’enthousiasme de la solitude quelques pages de la grande épopée animale de la création. […] L’Ohio, le roi des fleuves, reflétait dans ses eaux paisibles ces belles teintes automnales qui dorent et bronzent les feuillages, à l’approche de l’hiver.
Aux conciles de Constance et de Bâle, il représenta le roi, l’Université de Paris, l’opinion publique ; il y combattit les faiblesses ou les exagérations des sectes. […] La fureur du peuple s’éteint comme sa faveur, Gerson rentre dans ses hautes fonctions ; le roi l’emploie dans sa diplomatie pour calmer la discorde au sujet des papes entre Rome et Avignon.
L’explication s’en trouve : en partie, dans la persistance et la continuité de la tradition latine ; en partie dans l’effort de nos légistes pour faire triompher sur l’esprit germanique ou féodal l’esprit du droit romain ; et enfin dans l’encouragement que nos rois donnent à un effort qui fait les affaires de leur plus noble ambition, puisque aussi bien il fait celles de l’unification des volontés et de la formation de la patrie française. […] Comment on peut tirer, de ces caractères de l’épopée proprement dite, une division de son histoire. — Elle a dû débuter par les chansons du Cycle du roi, c’est-à-dire dont Charlemagne est le héros [Ex. la Chanson de Roland] ; — auxquelles ont succédé les chansons du Cycle de Garin de Montglane [Ex. la Chanson d’Aliscans] dont les héros sont les continuateurs de la lutte du grand Empereur contre le Sarrasin ; — et à celles-ci les chansons du Cycle féodal [Ex.
L’endroit où l’on décidait du sort des nations et des rois, où des courtisans venaient en tremblant étudier le visage de leur maître, où trois brigands peut-être échangèrent entre eux les têtes de leurs amis, de leurs pères, de leurs mères contre les têtes de leurs ennemis, qu’est-ce à présent ? […] Le temps a réduit en poudre la demeure d’un de ces maîtres du monde, d’une de ces bêtes farouches, qui dévoraient les rois qui dévorent les hommes.
qu’il pourrait scalper le grand Roi ! […] Il les faisait, le cœur saignant, quitte à les faire payer plus tard aux hommes ou à la destinée, courbé dans ses intrigues de cour comme un géant enchaîné sous une porte basse, descendant aux plus vils procédés avec une nature héroïque, amant réel ou joué des reines qui l’avaient en mépris, pourvoyeur de favoris afin de tenir mieux contre les pourvoyeuses de maîtresses, vivant avec ce roi ennuyé qui le détestait, comme on vit en tête-à-tête avec un tigre, quand on n’a pas de pistolets, mais acceptant tout cela, et ces indignités, et ces ravalements, et ces abaissements, et ces étouffements pour le service de son idée et de la France, et pour donner à un pays qui s’en allait à l’anarchie par toutes ses pentes, la solidité d’un État !
Je représentai sa situation à Mme la duchesse de Choiseul, en la priant de tâcher de lui faire avoir une pension ; elle eut la bonté d’en parler à Mme de Pompadour qui en fut étonnée : elle faisait toucher tous les ans mille écus à Marivaux, et, pour ménager sa délicatesse et l’obliger sans ostentation, elle les lui faisait toucher comme venant du roi.
Sylvain Bailly descendait d’une famille d’artistes et de peintres, originaire du Berry, et où l’on était de père en fils garde des tableaux du roi, au Louvre ; lui-même il eut ce titre, qui se joignait à ceux de membre de trois académies.
Parmi celles de ses pièces qu’on peut citer, on appréciait fort dans le temps Le Melon ; il y célèbre à pleine bouche ce roi des fruits, et raconte son origine, sa première apparition sur la table de l’Olympe le jour où les dieux firent gala après la défaite des titans.
qu’ils sont beaux ces bruits de la nature, ces bruits répandus dans les airs, qui se lèvent avec le soleil et le suivent, qui suivent le soleil comme un grand concert suit un roi !
Molé sans garanties suffisantes), à mes impressions personnelles, à l’insistance du roi, à l’urgence de la situation, et aussi à une disposition de ma nature qui est d’avoir trop de facilite à accepter ce qui coupe court aux difficultés du moment, trop peu d’exigence quant aux moyens et trop de confiance dans le succès. » Il est curieux, en le lisant, de remarquer comme ces formes de phrases se reproduisent involontairement sous sa plume : « J’ai la confiance de croire, etc.
Sa mère quitte la Russie après la célébration du mariage : quoiqu’elle ait bien peu à se louer de cette mère tracassière et mesquine, Catherine nous dit « que son départ l’affligea sincèrement, et qu’elle pleura beaucoup. » Elle pleure de même son père dont elle apprend la mort (1746), jusqu’à ce qu’elle soit obligée, au bout de huit jours, de cacher ses larmes, l’Impératrice lui ayant signifié par ordre « d’en finir, et que son père, pour le tant pleurer, n’était pas un roi. » Elle nous dit que, cette même année, à l’entrée du grand carême, elle se sentait des dispositions réelles à la dévotion, dont la politique seule lui eût conseillé les minutieuses pratiques.
Mais ils ont beau renfermer des couloirs, des portes masquées, des surprises sans nombre, comme il paraît qu’on en rencontre dans les sépulcres des rois à Jérusalem, l’architecture, même avec tous ses dédales, ne saurait être un ressort de roman ni de poème.
Un jour, Philippe III, du balcon de son palais, voyant un étudiant qui, sur les bords du Mançanarès, lisait un livre et interrompait souvent sa lecture en se frappant de la main le front et en faisant des mouvements extraordinaires de plaisir et de joie : « Cet étudiant est fou, dit le roi, ou il lit Don Quichotte. » Les courtisans qui étaient là coururent vérifier le fait, et c’était vrai.
L’idée du bruit, de la publicité, de la gloriole, ne venait jamais tenter ces serviteurs méritants et obscurs du roi ou de l’État (c’était tout un) ; ils touchaient du doigt le nœud des questions pendantes, le ressort des plus grands événements et des fortunes souveraines ; ils avaient à leur disposition des trésors de documents, les sources de l’histoire ; ils les gardaient avec religion.
Il a fait de Fréron le fils, le proconsul, le roi de la jeunesse dorée, l’amoureux évincé d’une future princesse, une esquisse vivante, rapide, et qui semble une page arrachée d’un Gil Blas moderne.
— Mais il faut finir ; il y a un moment où, en tout sujet, on doit prononcer la clôture : Claudite jam rivos… Et la meilleure raison pour s’arrêter en pareille matière est celle qu’a donnée le roi des lyriques, Pindare : « On se rassasie même du miel, même des fleurs. » 55.
Un voyageur, qui est allé récemment aux confins de la Norwége la plus reculée, rapporte que, pour ces bons paysans, France et Napoléon ne font qu’un ; ils demandent à tout Français, quel que soit son âge, s’il a servi sous Napoléon ; s’il est vrai que les Anglais l’ont tenu prisonnier dans des souterrains et des cavernes assez pareilles à celles dont il est question dans l’Edda : s’il est vrai enfin que tous ses lieutenants eussent rang de roi.
Que cette liberté qui règne par les lois Soit la religion des peuples et des rois.
Si l’on veut examiner la cause, du grand ascendant que dans Athènes, qu’à Rome, des génies supérieurs ont obtenu de l’empire presque aveugle, que dans les temps anciens ils ont exercé sur la multitude, on verra que l’opinion n’a jamais été fixée par l’opinion même, que c’est à quelques pouvoirs différents d’elle, à l’appui de quelque superstition que sa constance a été due : tantôt ce sont des rois, qui jusqu’à la fin de leur vie ont conservé la gloire qu’ils avaient obtenue ; mais les peuples croyaient alors que la royauté avait une origine céleste : tantôt on voit Numa inventer une fable pour faire accepter des lois que la sagesse lui dictait, se fiant plus à la crédulité qu’à l’évidence.
. — Un roi constitutionnel n’a qu’un pouvoir limité ; cela signifie que, s’il ordonne certaines choses, le renvoi d’un fonctionnaire, la promulgation d’une loi, elles seront faites, mais que, s’il ordonné d’autres choses, par exemple celles qu’on citait tout à l’heure, elles ne seront pas faites ; cela ne signifie rien de plus.
De cette idée vient la facilité avec laquelle Mme de Staël a passé de la monarchie à la république : elle fait de la conservation sociale, identifiée à l’intérêt des propriétaires, l’objet principal du gouvernement ; et ainsi, roi ou président, peu importe ce que sera l’exécutif, pourvu que ceux qui possèdent soient protégés contre la masse des « hommes qui veulent une proie », et que « tous leurs intérêts portent au crime », dès qu’on leur permet d’agir.
Romans : Serenus, 1886 ; les Rois, 1893 ; Dix Contes, 1889.
Elle pourrait entrer dans un couvent de clarisses, découvrir le pôle nord, se faire inoculer le virus de la rage, assassiner un empereur ou épouser un roi nègre sans m’étonner.
Voy. notamment les articles sur le Roi s’amuse, Fédora, Un roman parisien (de M.
Ses Maximes ne quittent guère les hauteurs de la vie publique, et sa morale ressemble à celle de la tragédie, dont les héros sont des rois, et les événements des catastrophes.
Sa présence honorait plus que celle du roi.
À table, Mme de Graffigny nous le fait voir charmant, attentif, servi d’ailleurs en prince, avec ses laquais et son valet de chambre derrière son fauteuil : Son valet de chambre ne quitte point sa chaise à table, et ses laquais lui remettent (au valet de chambre) ce qui lui est nécessaire, comme les pages aux gentilshommes du roi ; mais tout cela est fait sans aucun air de faste, tant il est vrai que les bons esprits savent en toute occasion conserver la dignité qui leur convient, sans avoir le ridicule d’y mettre jamais de l’affectation.
C’est ce qui arriva alors à la Bibliothèque du roi.
Bridan, sculpteur du roi. du même.
Edmond About, votre camarade d’École normale, écrit La Grèce contemporaine et Le Roi des montagnes d’une plume vive et alerte ; Fortunio et Mademoiselle de Maupin de Th.
Ils étaient les rois de cette poésie qui s’est assise sur la tombe de la poésie du Passé, — la poésie sereine, idéale, lumineuse !
Mais les chrétiens aiment leurs enfants d’une autre manière ; mais je dis que ce n’est là encore que la moitié de l’amour paternel, — cette moitié que les écrivains de ce temps-ci, matérialiste jusqu’à l’axe, ont peint avec le plus de talent et d’intensité : Balzac dans Le Père Goriot, par exemple, et Victor Hugo dans Le Roi s’amuse et dans Notre-Dame de Paris !
— rendait la religion et l’Église suspectes aux « peuples », il n’a pas hésité à dénoncer publiquement une solidarité désormais dangereuse, et, sans déclarer encore la guerre aux rois, il a commencé de les traiter en alliés pour le moins inutiles. […] Les raisons que Feuillet a eues de ne mettre que comtes et marquises en scène sont analogues, à celles qu’a eues jadis Racine, par exemple, de n’y mettre que des rois ou des impératrices, des sultanes et des princes, des Agrippine et des Néron, des Mithridate et des Roxane ; et, au seul point de vue de l’art, il en a presque tiré les mêmes avantages. […] Enfin, nous pouvons ajouter que, lorsque Israël eut des rois, la nécessité politique, en donnant à Intolérance des « faux dieux » une justification ou une excuse, contribua pour sa part à faire évanouir la notion du Dieu universel dans les fumées de l’encens qu’on offrait à Baal. […] On lui reprochera d’avoir si consciencieusement étudié « la politique des rois de Juda et de Samarie, qui ne connurent que l’assassinat, à commencer par leur David ». […] Gumplowicz, qu’autant qu’on les applique à des processus de formation achevés et comme refroidis, l’histoire des rois pasteurs ou la guerre du Péloponèse.
En 1848, exalté par les allures dramatiques de la révolution, il se posait, dans un journal qu’il dirigea deux jours, en montagnard intransigeant : il chantait l’Assemblée nationale, poursuivait de ses malédiction le roi détrôné, et son enthousiasme aboutissait à cette exclamation : « Honte à qui n’est pas bon républicain ! […] Enfin leur littérature, monstrueuse pour nos cerveaux par sa conception panthéistique, n’admet guère que l’épopée ou l’ode ; sous le nom de théâtre, il faut entendre quelques poèmes dialogués où ne se trouvent ni intrigue ni science des caractères, mais où défilent, comme personnages, des types généraux toujours immuables : le roi, le guerrier, le brahmane, le marchand. […] L’homme a été proclamé roi de la nature entière, et encore faut-il entendre le mot roi selon la signification que lui ont toujours donnée les peuples d’Orient, c’est-à-dire le maître absolu et despotique : tout a été, dès l’origine, fabriqué à son usage et soumis à son empire. […] Renversé de son piédestal, le roi de la création, qui, de sa propre autorité, s’était attribué une naissance quasi divine, a été replacé à son rang dans l’échelle des êtres, parmi les autres vertébrés et à peine distinct de ses congénères. […] Il se souvient d’avoir été prince, roi, génie, prophète, dieu.
Fromont jeune a été composé dans un vieil hôtel du Marais ; les Rois en exil, dans le coin oublié d’un hôtel Louis XIII, majestueux et mélancolique. […] Et de même Élysée Méraut des Rois en exil, Jean Gaussin et l’oncle Césaire dans Sapho. […] Dans le Nabab et les Rois en exil, il s’essaye à un genre nouveau. […] De même, dans les Rois en exil, M. […] On ne conçoit seulement pas le Nabab ou les Rois en exil séparés de ce cadre.
un poëte épique, un des maîtres et des rois prochains de l’idéal ; mais il suffisait à Fauriel, pour remplir ici tout son office, d’être un critique éminent, le plus ingénieux et le plus sagace. […] » L’année suivante (avril 1823), Schlegel chargeait encore celui qu’il vient d’honorer de tant de titres magnifiques, de collationner pour lui, à la Bibliothèque du roi, les manuscrits du Bhagavad-Gîta dont il allait publier une version latine ; il en a consigné sa reconnaissance dans la préface. […] Le seul Dagobert, parmi les rois mérovingiens, lui paraît faire preuve de quelque instinct de civilisation et aspirer avec quelque suite à fonder l’unité ; mais la race mérovingienne est à bout et ne mérite plus l’avenir. […] Charlemagne, de son vivant, avait donné Louis le Débonnaire à l’Aquitaine comme roi particulier, et le pays, toujours prompt, se réparait déjà sous le gouvernement de ce jeune roi, qui en avait assez adopté d’abord les mœurs et l’esprit.
Les idées qu’il aime, ce sont celles qui ont été vécues, les plantes vivaces et non ces végétations miteuses qui couvrent aujourd’hui les tombeaux des rois de France. […] Les idées que se créent ces Anglais sur l’amour en France, leurs vues sur l’histoire, les révolutions, l’irrésistible comique d’un commandant de ravitaillement, l’arrivée du « chef » de Sa Majesté le roi d’Angleterre à Abbeville, l’interprète Aurelle ne nous laisse rien ignorer. […] Le décor de la salle de bains du roi, par exemple, est tout à fait comique, avec sa table, ses gravures, son tapis, avec sa baignoire, destinée sans doute à un Prince de Galles qui n’aurait jamais voulu grandir, qui n’aurait jamais voulu être roi. […] Je leur devais de croire à l’inspiration ; à ces sentiments qu’on éprouve, au centre d’un bois sacré, d’une nuit en Écosse, d’une assemblée de rois, à l’effusion, à l’horreur, à l’enthousiasme. » Il leur doit « tous les vers, toutes les ripostes sublimes ». « Douce chose que le sublime pour un enfant qui lit, ses devoirs terminés dans l’étude mal éclairée, grondant l’orage. » Cela me rappelle l’aventure de l’interne Barrès à la Malgrange : comme celui-ci lisait une notice sur Augustin Thierry et qu’il venait d’apprendre comment ce dernier avait, à quinze ans, découvert sa vocation d’historien en ouvrant le beau chant des martyrs : « Pharamond, Pharamond, nous avons combattu avec la hache… », le jeune Barrès ne put réprimer son exaltation.
Voici votre roi. — Descendez plus bas bouleverser la terre. […] Vois ce vieux chêne isolé, là, devant nous : il est beau comme un roi des anciens âges… MAÎTRE PHANTASM. Comme un roi qui va mourir… GRYMALKIN. […] Mais qu’importent ces faibles : ils peuvent maudire la science : la science ne recule pas ; les forts se fortifient sans cesse et, déjà, ils peuvent pressentir l’époque où chacun mangeant à sa faim, libéré du servage que firent peser sur lui les trois fauteurs d’envie, d’ignorance et de crime : le roi, le prêtre et le soldat, s’aimera en autrui comme il s’aime en soi. […] Capital sacré, Panama, mines d’or, accaparons les cuivres, accaparons les blés, accaparons tout ; mon phallus, mon sphincter, coupons, obligations, primes, parts de fondateurs, trente mille milliards de deniers, écrasons les pauvres, mes boyaux, ma panse, je suis le roi des argentiers, vive le bas-ventre… Ouh !
Théocrite n’était plus sans doute dans cet état d’innocence et de naïveté dont il nous a reproduit plus d’un tableau ; il venait à la fin d’une littérature très-cultivée ; il vivait, dit-on, à la cour des rois. […] — Je suis rompu, mais j’ai bien vu le roi.
Paul C’était un honneur pour celles de la plus haute noblesse que de pourvoir le roi d’une favorite. […] Ceux qui ne veulent pas qu’on pense, par suite de l’autorité et de l’orthodoxie, convergent avec ceux qui ne veulent pas penser, par idolâtrie de leur prétendue sensibilité et indolence de rois fainéants.
La parfaite convenance, cet instinct de justesse dans toutes les conditions, qui donne aux bergers, comme aux rois, la même dignité et la même grâce d’attitude ou d’accent, gouvernait toute sa personne. […] Les jeunes filles, animées par la goutte de vin, jasent comme des colombes roucoulent ; une, entre autres, en supposant par badinage qu’elle a épousé un fils de roi de la contrée, fait, en contemplant son pays du haut de sa tour, une géographie splendide de la belle Provence.
Malgré la nouveauté de son nom, que Cicéron fit le premier éclater dans Rome, cette famille remontait, dit-on, par filiation, jusqu’aux anciens rois déchus du Latium. […] Les petits enfants, ses compagnons d’école, le proclamèrent d’eux-mêmes roi des écoliers ; ils racontaient à leurs parents, en rentrant des leçons, les prodiges de compréhension et de mémoire du fils d’Helvia, et ils lui faisaient d’eux-mêmes cortège jusqu’à la porte de sa maison, comme au patron de leur enfance.
Deux heures s’écoulèrent dans les appartements voisins de la salle du trône, où se trouvaient l’empereur et l’archiduchesse, environnés des rois, des princes du sang et des hauts dignitaires. […] Il conclut en déclarant que l’Empereur et Roi, nous jugeant comme rebelles et coupables de complot, lui avait enjoint de nous signifier : 1º Que nous étions dépouillés dès ce moment de nos biens tant ecclésiastiques que patrimoniaux, et que déjà on avait pris des mesures pour les séquestrer ; 2º que Sa Majesté ne nous considérait plus comme cardinaux, et nous défendait de porter aucune marque de cette dignité ; 3º que Sa Majesté se réservait le droit de statuer ensuite sur nos personnes.
Goulden, qui n’était pas trop content de voir revenir les anciens rois et les anciens nobles, pensait pourtant que ces gens avaient assez souffert dans les pays étrangers, pour comprendre qu’ils n’étaient pas seuls au monde et respecter nos droits ; il pensait aussi que l’empereur Napoléon aurait le bon sens de se tenir tranquille… mais il se trompait : — les Bourbons étaient revenus avec leurs vieilles idées, et l’empereur n’attendait que le moment de prendre sa revanche. […] car il n’y avait apparemment en ce temps-là ni Providence qui châtie la démence, ni nations qui sentent l’injure et qui vengent l’opprimé, ni vicissitudes humaines qui se retournent contre les iniquités des oppresseurs, ni histoire qui instruit les rois et les peuples !
« — Je dis, Majesté, que si l’Empereur qui veut cette guerre ne vient pas avec nous en Italie, il se conduit comme le dernier des rois fainéants ! […] Samedi 10 août Joli royaume pour un conteur fantastique, que ce royaume, qui a pour roi, ce toqué solitaire et taciturne, vivant dans un monde imaginaire, créé autour de lui à grand renfort de millions.
On raconte qu’un jour, à une réception des Tuileries, le roi s’adressa à lui en lui citant quelques vers latins du poète ; et M.
Ainsi, dans ces derniers mémoires, racontant sa présentation à Versailles et sa présence à l’une des chasses royales, Chateaubriand veut que dans les deux circonstances Louis XVI ne lui ait parlé qu’une seule fois pour lui dire un mot insignifiant : ici, dans une note de l’Essai, il remarque que Louis XVI lui a parlé deux fois, et il écrit même de sa main en marge les mots très courts que le roi lui adressa dans les deux occasions ; mais ces mots, dont il ne reste que quelques lettres, ont été arrachés par un ongle irrité.
Il fait parler grossièrement de soi-disant citoyens auxquels il dicte leur langage : « Comment, leur fait-il dire69, nous pourrons enfoncer notre chapeau devant la femme du roi, et il faudra l’ôter devant le Cheval blanc !
Considérez notre littérature depuis le Moyen-Age, rappelez-vous l’esprit et la licence des fabliaux, l’audace satirique et cynique du Roman de Renart, du Roman de la Rose dans sa seconde partie, la poésie si mêlée de cet enfant des ruisseaux de Paris, Villon, la farce friponne de Patelin, les gausseries de Louis XI, les saletés splendides de Rabelais, les aveux effrontément naïfs de Régnier ; écoutez dans le déshabillé Henri IV, ce roi si français (et vous aurez bientôt un Journal de médecin domestique, qui vous le rendra tout entier, ce diable à quatre, dans son libertinage habituel) ; lisez La Fontaine dans une moitié de son œuvre ; à tout cela je dis qu’il a fallu pour pendant et contrepoids, pour former au complet la langue, le génie et la littérature que nous savons, l’héroïsme trop tôt perdu de certains grands poëmes chevaleresques, Villehardouin, le premier historien épique, la veine et l’orgueil du sang français qui court et se transmet en vaillants récits de Roland à Du Guesclin, la grandeur de cœur qui a inspiré le Combat des Trente ; il a fallu bien plus tard que Malherbe contrebalançât par la noblesse et la fierté de ses odes sa propre gaudriole à lui-même et le grivois de ses propos journaliers, que Corneille nous apprît la magnanimité romaine et l’emphase espagnole et les naturalisât dans son siècle, que Bossuet nous donnât dans son œuvre épiscopale majestueuse, et pourtant si française, la contrepartie de La Fontaine ; et si nous descendons le fleuve au siècle suivant, le même parallélisme, le même antagonisme nécessaire s’y dessine dans toute la longueur de son cours : nous opposons, nous avons besoin d’opposer à Chaulieu Montesquieu, à Piron Buffon, à Voltaire Jean-Jacques ; si nous osions fouiller jusque dans la Terreur, nous aurions en face de Camille Desmoulins, qui badine et gambade jusque sous la lanterne et sous le couteau, Saint-Just, lui, qui ne rit jamais ; nous avons contre Béranger Lamartine et Royer-Collard, deux contre un ; et croyez que ce n’est pas trop, à tout instant, de tous ces contrepoids pour corriger en France et pour tempérer l’esprit gaulois dont tout le monde est si aisément complice ; sans quoi nous verserions, nous abonderions dans un seul sens, nous nous abandonnerions à cœur-joie, nous nous gaudirions ; nous serions, selon les temps et les moments, selon les degrés et les qualités des esprits (car il y a des degrés), nous serions tour à tour — et ne l’avons-nous pas été en effet ?
Milton a donné à ce sujet biblique la seule invention, là seule profondeur, le seul recul possible, en remontant par-delà le commencement jusqu’à la chute des Anges, en nous transportant au milieu de ces démons précipités dont Satan est le roi, et qui, de loin, ont ouï parler confusément d’une nouvelle création, d’un nouvel être devenu le favori du Tout-Puissant.
Soyez tout, excepté roi. — Soyez tout, excepté Dieu. » Et mon ami continuait très-vivement ; il s’emportait contre cette philosophie de l’histoire qui est une si grosse et si mystérieuse affaire, une si merveilleuse production en même temps qu’un si commode instrument au sens et au gré des nouveaux doctrinaires : ils font de l’histoire quelque chose de sacré, et ils n’admettent pas cependant qu’il y ait un plan primitif tracé, et une Providence qui y ait l’œil et qui y tienne la main : c’est une inconséquence.
Contre la puissance et le Vaisseau de l’Angleterre, par exemple, en 1808, le disciple et l’héritier de Malherbe s’écriait énergiquement Je vois, aux plaines de Neptune, Un vaisseau brillant de beauté, Qui, dans sa superbe fortune, Va d’un pôle à l’autre porté : De voiles au loin ondoyantes, De banderoles éclatantes, Il se couronne dans les airs, Et seul sur l’humide domaine, Avec orgueil il se promène, Et dit : « Je suis le roi des mers. » Mais voici la belle strophe, celle de l’invective et de la menace, tout à fait à la Malherbe, et un peu dans son style légèrement vieilli : Il n’a pas lu dans les étoiles Les malheurs qui vont advenir ; Il n’aperçoit pas que ses voiles Ne savent plus quels airs tenir ; Que le ciel est devenu sombre, Que des vents s’est accru le nombre, Que la mer gronde sourdement, Et que, messager de tempête, L’alcyon passe sur sa tête Avec un long gémissement.
Sarpédon, voulant entraîner son ami Glaucus avec lui, et l’exhortant à faire tête en avant, lui tient un langage aussi naturel qu’élevé : « Nous sommes honorés dans la Lycie, lui dit-il, comme des rois, comme des dieux ; nous y avons, à ce titre, de riches domaines ; nous tenons la première place aux festins et ailleurs.
et par quelle suite laborieuse et lente d’inventions, de hasards heureux, d’industrie et de luttes, par quelles horribles scènes d’entre-mangeries et de massacres, il a dû commencer à se frayer la route, à déblayer et à marquer sa place sur cette terre humide encore et à peine habitable, dont il sera un jour le roi !
Médita-t-il, en effet, de mettre sur sa tête cette couronne de roi, ce diadème qui lui fut offert publiquement un jour et qu’il fit semblant de repousser ?
Mais aussi, dans l’autre supposition, vous avez un grand homme raisonnable, un de ceux qui n’en prennent pas plus qu’ils n’en peuvent garder : dans l’ordre de la guerre, vous avez un Turenne, un Wellington ; dans l’ordre politique, un Washington ou même, entre les plus audacieux, un Cromwell, ou parmi les rois conquérants un Frédéric, et non un de ceux qui, s’élançant hors des orbites connues, agissent puissamment à distance sur l’imagination des hommes et qui hâtent, qui précipitent en quelques années les destins de l’univers.
S’il est vrai que les rois s’en vont, il ne l’est pas moins que le règne des demi-dieux littéraires, du moins pour le quart d’heure, est passé.
Les causes complexes, qui, après les grandes guerres d’Annibal, rendaient la situation de l’Italiote de plus en plus précaire et pénible, à mesure qu’au contraire celle du citoyen romain s’élevait et visait au roi, sont très-bien démêlées et viennent se traduire en un tableau général d’oppression et de dépopulation tout à fait effrayant.
A l’âge d’or de fantaisie et d’opéra rêvé par La Curne de Sainte-Palaye et Tressan20, ont succédé des études plus sévères, qui ont jeté quelque trouble dans le premier arrangement romanesque ; puis ces études, de plus en plus fortes et intelligentes, ont rencontré au fond un âge non plus d’or, mais de fer, et pourtant merveilleux encore : de simples prêtres et des moines plus hauts et plus puissants que les rois, des barons gigantesques dont les grands ossements et les armures énormes nous effraient ; un art de granit et de pierre, savant, délicat, aérien, majestueux et mystique.
Un nuage d’illusions et de souvenirs environne les rois ; mais les hommes élus, commandant au nom de leur supériorité personnelle, ont besoin de tous les signes extérieurs de cette supériorité ; et quel signe plus évident que ce bon goût qui, se retrouvant dans toutes les paroles, dans tous les gestes, dans tous les accents, dans toutes les actions même, annonce une âme paisible et fière, qui saisit tous les rapports dans tous les instants, et ne perd jamais ni le sentiment d’elle-même, ni les égards qu’elle doit aux autres !
Mais tout est changé dans cette répétition ; le ministre est honnête, le favori est honnête ; on tâche de faire le mieux possible les affaires du roi et de l’État.
Je n’en veux pour preuve que certaines pages de Gautier, Salammbô, les deux volumes de Fromentin sur le Sahel et le Sahara, et les romans de Pierre Loti, ce roi de l’exotisme.
Entre temps, il nous avait conté l’histoire de Miarka, la fille à l’ourse, où il se peignait lui-même sous le nom de Hohaul, roi des Romains.
Elle est ravagée par deux siècles de guerres effroyables, tantôt avec l’Angleterre, qui lui arrache un moment sa nationalité et lui donne pour roi un régent anglais ; tantôt avec son ancienne organisation féodale : elle ne produit point d’homme de génie dans les lettres.
« Il y en a, dit Pascal, qui masquent toute la nature ; il n’y a point de roi parmi eux, mais un auguste monarque ; point de Paris, mais une capitale du royaume.
J’aurais bien plus de sujet de m’en plaindre ; mais quand rois, reines, princes et princesses ne me feront que de ces maux-là, je ne m’en plaindrai jamais.
Cela était vrai surtout de la Provence, de la Nation provençale comme on disait, chez laquelle le roi n’était admis à faire les lois qu’à titre d’héritier des comtes souverains du pays.
De tous mes déplaisirs ce moment me console : Le roi m’a plusieurs fois adressé la parole.
Leroy, un grand brun avec une grosse voix ; il est l’ennemi des prêtres, des empereurs, des rois et des romantiques, et cache, sous des apparences de truculence et de férocité physique, une parfaite bonne enfance et des idées pas mal prudhommesques.
Dans la notice que Philarète Chasles a consacrée à Macaulay, c’est bien plus de l’auteur du Guillaume III qu’il s’est occupé que du reviewer, qui, pour les connaisseurs, valait cent fois mieux que l’historien, et il n’est pas étonnant qu’il l’ait jugé avec la bienveillance d’un whig qu’il était lui-même et qui, par conséquent, ne pouvait rien comprendre à la beauté morale de Jacques II, — méconnu par toute l’Angleterre et par la France, très humble servante de l’Angleterre, — de ce Jacques II qui aura un jour son historien si Dieu prête vie à celui qui écrit ces lignes, de ce Roi qui n’a eu que le tort grandiose de rester fièrement catholique, quand la masse imbécile — comme toute masse — ne l’était plus, et qui oppose à la grivoiserie sceptique d’Henri IV écrivant à sa maîtresse Corisandre : « Paris vaut bien une messe », le mot plus grand : « un royaume ne vaut pas une messe », et, pour une messe, perdant héroïquement le sien !
Le Cinq-Mars de Vigny fut un livre navrant pour ceux qui croyaient que le jeune poète portait, en sa tête blonde, tout une sainte famille de poèmes comme Éloa ; car le succès de Cinq-Mars, ce succès à quatorze éditions et qui n’est pas épuisé encore, devait entraîner son auteur vers la prose, du train terrible de ces quatorze éditions, — deux de plus que les douze chevaux de la voiture du roi !
Ses grands politiques, les Palmerston, les Richard Cobden, les Pitt, ses grands savants, les Newton, les Darwin, les Herschel, ses grands poètes, les Robert Burns, les Shakespeare, les Chaucer et les Milton, ses grands inventeurs, ses premiers rois, ses réformateurs et ses philosophes, en un mot tous ceux qui ont lentement pétri l’âme anglo-saxonne dorment ici côte à côte ou revivent dans une image.
Alors lâchant Michelet, le voilà faisant un tableau de ce que Marie-Antoinette a dû souffrir avec Louis XVI, ce brutal, ce lourdaud qui jette un pavé sur un paysan qui dormait, qui pète en réponse à un courtisan, lui demandant d’être nommé premier gentilhomme de la chambre, qui donne un soufflet à M. de Cubières, et, pour se faire pardonner, un cheval arrivé dans la même journée de Constantinople, ce qui fait dire au souffleté : « Le roi me l’a donné d’une manière touchante ! […] Mercredi 11 février En lisant les préfaces de Molière, on est frappé de la familiarité, presque de la camaraderie de l’auteur avec le Roi. […] Il montre contre nous une petite colère, de ce que nous ayons défendu sa pureté, et travaille, avec une animation tout à fait amusante, à nous en faire dédire… Puis il esquisse, d’après des souvenirs, recueillis dans les familles, un Louis XVI véridique, envoyant à ses courtisans, au petit lever des boulettes de la crasse de ses pieds… Renan là-dessus élève une petite voix flûtée pour dire qu’il ne faut pas être si sévère à rencontre « de ces gens-là : les rois !
Rappelez-vous cette fameuse tabatière — car la gloire est quelquefois grotesque, pour dégriser d’elle ceux qui l’aiment trop, — sur laquelle trois philosophes étaient représentés, comme trois rois sur une médaille, avec cette inscription prudhommesque : « au flambeau du genre humain ! […] Je ne veux ni donner ni recevoir des lois, Et mes mains ourdiraient les entrailles du prêtre A défaut de cordon pour étrangler les rois ! La Révolution, il est vrai, qui raccourcissait tout, a raccourci ces vers pour les chanter sur un mode plus vif et plus pratique que Diderot ; elle a dit, elle, avec une décision charmante : Et du boyau du dernier prêtre Serrons le cou du dernier roi !
Le format est commode, portatif, les lettres sont assez grosses pour ne pas fatiguer les yeux, le texte est assez clair pour ne pas fatiguer l’esprit : c’est Le Roi des montagnes, par exemple, ou Le Cas de M. […] Il y penchait tristement avec son roi vieilli, caricaturale majesté, personnage symbolique, moins un homme qu’une convention, empruntant de l’éclat à l’antiquité des traditions. […] Les personnages ne sont particulièrement ni Juifs, ni Grecs, ni Romains, et leur titre de roi, de confident, de prêtre, de guerrier, n’est qu’une étiquette ; mais les passions sont humaines et gardent toute la vérité humaine. […] Que la Parole laisse donc à la Musique de faire l’atmosphère où le Verbe aura tout son sens, — comme un roi ordonne qu’on prépare le chemin où il va passer, et comme il ne se montre pas d’abord, mais se précède d’un cortège : puis, sur la scène ainsi préparée, que la Parole se montre, royale comme elle est en effet. […] Au cours de ce xviiie siècle qui brouilla tout, les deux pôles se rapprochent, mais l’Art reste roi et considère la Science comme sa servante : Buffon prête ses manchettes à la Nature.
Puissent les souverains de l’Europe (vous n’écrivez du moins jusqu’ici, à ce que je crois, que pour l’Europe et pour les nations favorisées), puissent, dis-je, les souverains de l’Europe s’éclairer en lisant vos feuilles et se conformer en partie à vos sages vues (je dis en partie, parce que, pour les dédommager d’être rois et princes, il faut bien leur laisser l’exercice de leur pouvoir et la jouissance de quelques-unes de leurs fautes) ! […] J’attends le jour des Rois avec impatience. […] Après son équipée des Cent-Jours, quelques amis lui conseillèrent d’adresser un mémoire, une lettre au roi. […] votre lettre a réussi, elle a persuadé le roi. » — « Je le crois bien ; moi-même, elle m’a presque persuadé !
Véron a 40 à 45 ans, il est fort laid et porte jusque par-delà les oreilles un col de chemise qui cache une infirmité que les rois de France guérissaient autrefois. […] Dudevant son mari, procès en séparation qui s’est terminé tout à l’avantage de celle qu’un critique a appelée : « Reine parmi les hommes, Roi parmi les femmes. » Il y a peu de temps que George Sand est de retour de son voyage, et elle habite encore un hôtel de la chaussée d’Antin ; c’est là qu’elle nous a reçus. […] L’auteur d’Antony est fils du général républicain Alexandre Dumas empoisonné en Italie, dit-on, par le père du roi de Naples actuel1. […] Mais apparemment que le portier l’avait trahi, car on continua à cogner, et bien plus on lui parla du dehors ; au milieu de paroles confuses, il fut même facile d’entendre ces mots : au nom du Roi !
Le vieux palotin se contentait, il est vrai, de jongler avec des Montmertre, à tel point inoffensifs que, mis à bout par ce défaut d’imagination, et, en même temps, tout pénétré de Jarry dont on venait de rééditer Ubu roi, je murmurai, malgré moi, Montmerdre. […] En effet, une nation dont la morale n’a cessé d’obéir au grand principe : un sou est un sou, comment n’aimerait-elle point à se rappeler qu’en un temps reconnu pour celui où s’exprima le mieux son génie, le peintre officiel des passions, admis à la cour du Grand Roi, dans la théorie des princesses, les unes, larmoyantes, les autres vindicatives, mais toutes uniformément chargées de falbalas, jamais ne reconnut par la bouche de leurs majestueux amants, que des objets de désir. […] Ainsi le roi invoquait le lys (le lys mieux vêtu que Salomon et qui pourtant ne tisse ni ne file) du temps que, pour lui, tous filaient et tissaient. […] Ainsi, dans un Etat bourgeois, ira de soi-même à la justice, aux besognes judiciaires, ce qu’il y a de plus crétinement, abusivement bourgeois, réactionnaire, borné, obtus, sans cœur, jeunesse patriote, camelot du roi.
C’est un roi de la littérature qui ne s’est donné à lui-même que le droit de veto. […] Il l’était en politique, fermement ; il l’était en religion ; sa plus belle ode est sur la paix, à moins que ce ne soit celle-ci très belliqueuse, où il félicite le roi d’aller écraser une révolte politique et une hérésie religieuse. […] — Eh bien, ils se révoltaient contre M. de Malherbe, qu’ils auraient dû prévoir, comme la Ligue se révoltait contre Henri IV devant qu’il fût roi. […] sur Malherbe, dans la Revue européenne, avait exprimé cette idée que l’œuvre de Malherbe était une œuvre artificielle, et, très joliment, il avait tourné contre elle un passage de la « harangue de d’Aubray » dans la Ménippée : « Nous demandons un roi et un chef naturel, non artificiel, un roi déjà fait et non à faire… Le roi que nous demandons est déjà fait par nature, né au vrai parterre des fleurs de lys de France, jeton droit et verdoyant du tige de Saint Loys. […] On peut faire des sceptres et des couronnes, non des rois à les porter.
On peut regarder les dieux, les rois, les jolies femmes, les grands poètes un peu plus fixement que les autres personnages, sans qu’ils s’en fâchent, et nous examinions Hugo avec une intensité admirative dont il ne paraissait pas gêné. […] S’il mettait son chapeau, il semblait se couvrir devant le roi comme un grand d’Espagne, il avait une courtoisie hautaine qui le séparait des autres, mais sans les blesser, tant il s’arrêtait juste à la limite où elle serait devenue de la froideur ou de l’impertinence. […] On le trouvait trivial, familier, inconvenant ; un roi demande l’heure comme un bourgeois et on lui répond comme à un rustre : minuit. […] L’orfèvre ne travaille que pour les empereurs, les papes, les rois, les princes et les heureux de la terre ; pourtant Froment Meurice, qui comptait dans sa clientèle Pie IX, l’empereur Nicolas, la reine Marie-Amélie, la reine Victoria, la duchesse de Parme, la duchesse d’Orléans, le duc de Montpensier, le comte de Paris, l’empereur Napoléon III, le prince Napoléon, le prince Demidoff, le duc de Luynes, le duc de Noailles, M. de Rothschild, M. […] Henri Heine raconte que Berlioz, au temps de sa passion, pour admirer son idéal de plus près, et peut-être n’ayant pas assez d’argent pour payer une stalle tous les soirs, s’était engagé comme timbalier dans l’orchestre, où il se démenait avec une singulière frénésie, tapant sur ses timbales comme le roi nègre de Freiligrath tapait sur son tambour, surtout aux entrées tragiques de l’actrice adorée.
Après tout, Œdipe roi et Œdipe à Colone donnent précisément la même sensation. […] Thérèse marche à travers les campagnes désertes et périlleuses vers l’Escorial, où le roi l’a mandée. […] Le roi résiste. […] Il est < roi en exil » depuis dix ans, supposons, je ne crois pas que ce soit déterminé dans le texte. […] Viens, mon petit roi !
Ce n’est pas pour avoir mis en scène deux rois. […] Il est des dynasties de braves gens, comme il y a des dynasties de rois. […] C’est par le Roi des montagnes que M. […] Le Roi des montagnes est à la fois une narration parfaite et un modèle de fine satire. […] À ces divers titres, cinq de ses volumes lui survivront, et l’un, parmi eux, le Roi des Montagnes, sera toujours lu.
Racontant son passage à Turin et sa présentation à cette cour à l’âge de vingt-sept ans, se plaignant du peu de sociabilité des dames piémontaises, il disait : Les femmes de meilleure société que j’aie rencontrées sont encore les filles du roi.
Ce roi redouté ou ce tyran de la critique, Samuel Johnson, au terme de sa carrière, garda le silence, et Cowper s’en félicita.
J’ai dit que le plus jeune frère de Mirabeau servait dans le régiment du roi ; Vauvenargues était quelquefois prié de le surveiller, de lui donner des conseils : « Ayez soin du petit », lui écrivait le fougueux aîné devenu père de famille.
Il soutenait que le vers de Racine avait été créé exprès par lui à l’usage et à l’instar de la Cour dédaigneuse de Louis XIV, et il allait jusqu’à dire en 1818 que la cause de Racine était la même que celle des Carrosses du Roi.
Les hommes libres en veulent aux esclaves, les Grecs aux Perses, les Chrétiens du temps de Roland aux Sarrasins ; les manants du temps de la Jacquerie en veulent à mort aux chevaliers, les Puritains aux Cavaliers, les républicains de 93 aux rois et aux despotes : les Touareg qui meurent de faim et de soif en veulent aux Arabes qu’ils estiment gorgés et somptueux.
On avait cru d’abord, d’après une note qui se lit sur le Catalogue de la Bibliothèque du Roi, que La Bruyère était né « dans un village proche de Dourdan. » On l’a dit et répété faute de mieux.
Dans l’histoire de cette sainte, morte à vingt-quatre ans, fille de rois, mariée enfant au jeune landgrave de Thuringe et de Hesse qu’elle appelle jusqu’au bout du nom de frère, et qui la nomme sœur, bientôt veuve par la mort de l’époux parti à la croisade, persécutée, chassée par ses beaux-frères, puis retirée à Marbourg au sein de l’oraison, de l’aumône, et mourant sous l’habit de saint François ; dans cette histoire si fidèlement rassemblée et réédifiée, ce qui brille, comme l’a remarqué l’auteur, c’est surtout la pureté matinale, la virginité de sentiment, la pudeur dans le mariage, toutes les puissances de la foi et de la charité dans la frêle jeunesse.
Lecture de la première Messénienne fut faite, et de l’impression favorable du roi, aussi bien que de l’officieuse insinuation du ministre, il s’ensuivit que Casimir Delavigne était le lendemain bibliothécaire de la Chancellerie, — où il n’y avait pas encore de bibliothèque.
Homère est le roi et presque le dieu des Anciens ; mais il y a bien des rangs au-dessous : Euripide, après Sophocle, y figure ; Théocrite, un des derniers, n’y messied pas ; et chez les Latins, Horace, Tibulle, Properce, même Ovide.
Les souvenirs de cette émigration, du séjour en Angleterre, de la mort du roi, composaient en elle un fond de tableau ; elle y revenait souvent et aimait à les retracer.
Les brillants ambassadeurs des rois, près des belles fiancées qu’ils vont quérir aux rivages lointains, ont souvent touché les prémices des cœurs.
Ce père et ce roi des poètes a précédé de près de mille ans la naissance de Jésus-Christ.
On sait comment s’ouvrit la querelle des anciens et des modernes, qui se greffa sur les discussions auxquelles donnèrent lieu les épopées chrétiennes, et sur celles aussi qui s’engagèrent à l’occasion de l’inscription d’un arc de triomphe en l’honneur du roi, et firent mettre en parallèle les avantages et la beauté du latin et du français.
Une idée philosophique et sociale soutient chaque poème : ici affirmation de Dieu ou de la justice, la dévotion au peuple, haine du roi et du prêtre.
La forêt de piliers et d’arcades où nichèrent Quasimodo, ce hibou, et la Esmeralda, cette mésange, la grande maison de Dieu et du peuple où priaient les foules ingénues et violentes, où se déroulaient la fête des Rois et la fête des Fous, appartient au silence, à la solitude, au passé.
C’est que la nature capricieuse n’a pas donné à tout le monde de noirs cheveux bouclés, un nez d’une fine courbure, de longs yeux, une tête charmante et toujours jeune de roi sarrasin Il y en a qui sont infirmes et cacochymes ?
Ils revivront dans leur chair, et pour un monde dont ils seront les rois et les juges ; ils assisteront au triomphe de leurs idées et à l’humiliation de leurs ennemis.
Par la charité, il n’y eut pas de cœur où l’Église ne pût pénétrer ; car le malheur est le roi d’ici-bas, et, tôt ou tard, tout cœur est atteint de son sceptre… Désormais l’Église pouvait aller avec confiance conquérir l’univers, car il y a des larmes dans tout l’univers, et elles nous sont si naturelles, qu’encore qu’elles n’eussent pas de cause, elles couleraient sans cause, par le seul charme de cette indéfinissable tristesse dont notre âme est le puits profond et mystérieux.
C’est qu’alors il y avait un cabinet noir ; on décachetait les lettres, et une lettre trop tendre, trop vive, de la part d’une femme de soixante-dix ans, une telle lettre divulguée pouvait aller au roi, à la Cour, amuser les courtisans, faire composer, sur ce commerce un peu singulier, quelques-uns de ces couplets satiriques comme Mme Du Deffand elle-même en savait si bien faire.
. — « Oui, monsieur, lui dis-je, je sais l’Iliade et le blason. » — Lope se mit à rire, et me raconta la fable du marchand, du gentilhomme, du pâtre et du fils de roi ; cette fable et la manière charmante dont elle fut racontée me persuadèrent que le blason n’était pas la plus utile des sciences, et je résolus d’apprendre autre chose.
Il s’agissait de la fameuse bulle Unigenitus, que le roi voulait faire enregistrer au Parlement et accepter sans restriction par tout le royaume.
Voltaire, tout aristocratique au contraire, ne s’adresse qu’à quelques-uns, et la réforme qu’il prêche aux rois, aux grands et aux esprits d’élite, est plutôt civile et religieuse que politique.
Midi, roi des Étés, épandu sur la plaine, Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Disons vite que l’intention du gouvernement d’alors ne paraît jamais avoir été que l’arrêt de mort fût exécuté : le baron de Damas, devenu à ce moment ministre de la Guerre, croyait pouvoir répondre de la grâce et de la clémence du roi ; mais c’était une grâce, et Carrel, fort de la capitulation et des paroles données, croyait pouvoir réclamer pour lui et pour ses compagnons de fortune un droit.
On pourroit encore prétendre que les anciens eussent fait usage de l’algébre dans les problêmes de geométrie, s’ils avoient eu des chiffres aussi commodes pour les calculs nombreux que le sont les chiffres arabes, à l’aide desquels Alfonse X roi de Castille fit ses tables astronomiques dans le treiziéme siecle.
Une armée française, ayant à sa tête un prince d’une vertu et d’une bravoure à toute épreuve, franchit les Pyrénées, traverse, occupe, en triomphant, l’Espagne entière, et va briser les fers d’un roi captif d’une faction.
Nous ne la confondons pas avec ces sorcières de Macbeth socialistes, ramassis infect de ribaudes expulsées du vice qui n’ont de la femme que les souvenirs et la jupe, débauchées, fourbues, libres puanteurs, qui cuisinent un affreux ragoût de doctrines mêlées sous les auspices du diable Légion, dans les carrefours de la publicité, et disent « mon roi » au prolétaire.
Je l’ai constaté : progrès marqué sur les autres critiques contemporaines, cette critique d’âme et d’idée, avant tout, ne sort pas assez nettement d’une métaphysique dont on voie les termes et qui donne à l’esprit éclairé et affermi de son auteur la règle suprême, le dictamen inflexible, le bâton de longueur qui vaut sceptre et avec lequel le critique, qui est juge et roi à force d’être juge, prend la mesure des œuvres et des hommes.
je ne demande pas à Lord Macaulay, le protestant anglais, et qui veut être conséquent en avant comme en arrière aux principes de la Constitution de 1688, d’avoir sur la souveraineté les opinions de Joseph de Maistre, mais pourtant il y a autre chose de plus noble et de plus chrétien, et, si nous sortons de l’ordre sentimental pour entrer dans l’ordre rationnel, de plus mâle et de plus profond à invoquer contre un Roi, même coupable, que la loi du talion et l’utilité, qui composent, à peu près, toute la morale de Lord Macaulay sur cette question et sur toutes les autres.
Ce qu’elle avait de cœur n’était pas aux Rochers : il était en Provence près de madame de Grignan, ou à Versailles près du roi.
* * * J’imagine une sorte de défilé des nouvellistes, où nous verrions Monselet132, qui a gardé dans la vieillesse ses grâces aimables ; Aurélien Scholl, l’esprit fait homme ; Théodore de Banville, magnifique et abondant ; Paul Arène, baigné de soleil ; Maupassant, qui tient la vie dans une anecdote ; Armand Sylvestre, dont les larges gauloiseries éclatent tout d’un coup en couplets lyriques ; François Coppée, le poète des Contes en prose ; Catulle Mendès, le raffiné des Îles d’amour et du Nouveau Décaméron ; Quatrelles, l’humour, la verve, le diable-au-corps ; Maizeroy, confesseur né des Parisiennes, le moins discret et le plus coquet des confesseurs ; Arsène Houssaye, d’un charme alangui et doux ; Pierre Véron, un gamin de Paris promenant au hasard des jours sa belle humeur gouailleuse ; Augustin Filon, le pur lettré des Nouveaux contes ; Edmond Lepelletier, dont les Morts heureuses enferment de petites merveilles ; Ginisty, qui, avant de devenir le scrupuleux annotateur qu’on connaît, a écrit ce joli livre : Quand l’amour va, tout va ; Hugues le Roux, passé maître-chroniqueur et maître-romancier, maître-nouvelliste par surcroît ; Talmeyr, d’une pénétration si aiguë ; Montet, qui émeut ; Leroy, qui fait rire aux larmes ; Armand Dayot133, en qui le bon conteur s’allie au bon critique ; Destrem134, un Parisien de Paris, et c’est dire beaucoup ; Henry Carnoy, l’exquis élégiaque des Contes bleus ; Chavette, le Monnier des concierges ; Théo-Critt, le Chavette des casernes ; Dubut de Laforest, agrégé des hôpitaux, docteur en tératologie ; Paul Alexis, de Médan ; Jules Moinaux, du Palais ; Deschaumes, qui préluda par Les Monstres roses à cette belle et sérieuse étude : Le Grand Patriote ; Horace Berlin, trop oublié et dont les Croquis de province méritaient mieux ; Eugène Mouton, dont il n’y a qu’à citer L’Invalide à la tête de bois ; Harry Allis, observateur amer et souvent profond des misères de l’âme ; Champsaur135, qui est pour l’entrain et le vice de la lignée de Rivarol ; Eugène Guyon, l’élégant auteur des Soirées de la baronne ; Siébecker, plein de souffle ; Coquelin cadet, que les hypocondres élurent pour médecin ; Etincelle, qui prêche délicieusement le beau monde, dans sa chaire de la rue Drouot ; Auguste Germain, d’un « modernisme » à faire peur ; Pothey, qui est le roi de la charge ; Albert Cim, malicieux et fin ; Mme Mairet, d’une tenue de style toute parfaite dans les nouvelles de son Jean Méronde et de Paysanne ; Tiercelin, dont la muse s’ébat sans voiles au courant d’Amourettes ; Charles Buet, le très distingué polygraphe136 ; Méténier, qui pourrait bien avoir découvert nos bas-fonds sociaux ; Rachilde, une petite demoiselle alerte et polissonne, toute en nerfs et détraquée à ravir : Barracand, que couva la Revue bleue ; Rameau, le Robert-Houdin des Fantasmagories ; Adrien Marx, « fusil et plume » ; Alphonse Allais, l’ironiste en chef du Chat noir ; qui encore et quel biais prendre pour énumérer tous les dignes figurants de cette Courtille littéraire137 ? […] Voici un romancier plein de vie, très au courant de son art, expert au groupement des personnages et au jeu des sentiments ; ce romancier rencontre par surcroît une donnée de premier ordre, quelque chose, si vous voulez, comme la donnée des Rois en exil. […] Daudet : Les Contes, Numa Roumestan, Le Nabab, Les Rois en exil, Sapho, Tartarin de Tarascon, Jack, Fromont jeune et Risler aîné, L’Immortel, sa dernière œuvre. […] On admire fort, à l’étranger, son Kaunitz, son Dernier Roi des magyars et Le Fils de Caïn. […] Aubannon Cinq-liards, Les Chevaliers de la Croix-Blanche, Le Crime de Maltaverne, Les Rois du Pays d’or, L’Honneur du nom, etc., etc.
En art, il faut un immense génie pour reproduire simplement et sincèrement ce qu’on a sous les yeux, depuis une terrine jusqu’à la face du plus auguste des rois. […] Dumas fils, et cependant il y a une solidarité de médiocre entre ces auteurs. — Sans le public, il n’y a plus qu’un trouble immense dans les arts, chacun se proclame roi, personne ne peut juger ; le bon plaisir de chacun, quelle que soit sa bêtise ou son intelligence, pose le type de l’excellent. […] Pour faire le roman historique, voici le procédé ordinaire : on collationne un certain nombre de duels, d’orgies, de batailles, d’enlèvements ; on a un traître, un vertueux, un sacripant, un imbécile, une ingénue, une lorette ; on habille ses personnages en mousquetaires, en mignons, en rois, en princes, en ducs, en hôtelières, en duchesses, et on les fait manœuvrer le plus obscurément, le plus étrangement possible, seulement on ajoute la couleur locale ; on prend quelques gravures du temps, on en décrit scrupuleusement les costumes, on met dans la bouche de ses héros quelques jurons historiques, et le tour est fait. […] La poésie est réduite à n’exprimer que de mesquines impressions personnelles. » Cet homme qui parlerait mesquinement de lui-même est sûr de ne pas faire parler mesquinement les dieux et les rois : « Isolez-vous du monde de l’action, poètes, vous n’êtes en état de rien apprendre aux autres hommes. » Étudiez ; « la source de l’originalité est tarie. — Le thème personnel a épuisé l’attention ». […] Et je crois que s’ils étaient tous moins tourmentés de ces désirs d’être éloquents, lyriques, de s’habiller en rois de théâtre et de rendre leurs gestes sculpturals ; je crois que s’ils étaient, en écrivant leurs livres, comme à l’heure où l’on est seul avec soi-même, après qu’une maîtresse est partie, qu’un ami est mort, qu’on a reçu un affront, qu’un enfant vous a souri, ou qu’on craint un malheur ; s’ils pouvaient ressentir assez profondément en ces moments-là, pour s’en ressouvenir, ils réveilleraient les mêmes sentiments simples chez les autres, qui les ont éprouvés sans songer à poser devant eux-mêmes.
L’orgueil, c’est la vertu, l’honneur et le génie ; C’est ce qui reste encor d’un peu beau dans la vie, La probité du pauvre et la grandeur des rois… LE CHŒUR. […] Ta pauvreté superbe elle-même s’abhorre ; Tu te hais, vagabond, dans ton orgueil de roi, Et tu hais ton voisin d’être semblable à toi… Mais ensuite ? […] Une brouille avec Rachel interrompit pour toujours la Servante du roi (1839), mais il en subsiste quelques scènes, qui ne font pas regretter bien vivement la perte des autres ; elles n’annonçaient qu’une tragédie distinguée, et il est de bien peu d’importance pour la littérature française que nous ayons une tragédie distinguée de plus ou de moins, tandis qu’il est très important que nous ayons Lorenzaccio et On ne badine pas avec l’amour. […] Elle n’ignore pas que le sort des filles de roi est d’épouser le premier venu, selon les besoins de la politique ; mais cela lui coûte, par la faute d’une gouvernante romanesque qui lui a donné des sentiments bourgeois. […] On se rappelle la première rencontre de la princesse avec Fantasio, dans le jardin du roi : ELSBETH, seule.
Au sommet de l’État, le roi. […] Amendés ainsi, ils seront présentés au roi qui les retournera aux Chambres politiques sous forme de projets de loi. […] Le roi se promène au milieu de tout cela. […] C’est à la fois le signe bien frappant de cette dépendance de l’Église relativement au pouvoir, puisque la foule, ne s’y trompant pas, se défie des prêtres français comme elle se défie des fonctionnaires du roi, et au même titre ; et c’est le danger matériel le plus grand dont puisse être menacée l’Église de France. […] Ce qui fait l’homme roi de l’histoire et du monde, c’est que dans l’une et dans l’autre, avec un peu d’esprit et de raisonnement, il voit juste ce qu’il veut voir.
Toutefois, nous qui espérons, nous n’avons pas à tenir les bras croisés ; et comme les rois d’armes de nos aïeux, nous voulons parcourir la lice toujours ouverte et essayer d’y attirer des champions, en proclamant le nom de ceux qui ont triomphé le plus récemment. […] On peut encore admirer le nouvel uniforme que, dans son amour brûlant pour le moyen âge, le roi impose à la cavalerie. […] Comme défunt Frédéric-Guillaume III de Prusse, le seigneur Gaspar, roi des Nègres, a peut-être payé son pauvre peuple d’une ingratitude plus noire que sa peau.
Ses peintures monumentales s’étalent dans le Salon du Roi à la Chambre des députés, à la bibliothèque de la Chambre des députés, à la bibliothèque du palais du Luxembourg, à la galerie d’Apollon au Louvre, et au Salon de la Paix à l’Hôtel de ville. […] La taille du roi est sanglée comme celle du plus coquet palikare, et sa jupe s’évase avec toute l’exagération du dandysme national. […] Ses personnages sont les dieux, les anges, le prêtre, le roi, l’amant, le riche, le pauvre, etc… Elle aime à ressusciter les villes défuntes, et à faire redire aux morts rajeunis leurs passions interrompues. […] Certainement, cette interprétation de l’histoire, cette analyse des sentiments qui ont engendré les faits, est bien supérieure à la fable de Platon, qui fait simplement de Gygès un berger, possesseur d’un talisman à l’aide duquel il lui devient facile de séduire l’épouse de son roi. […] Lohengrin punit par la mort Frédéric d’un guet-apens que celui-ci lui a tendu, et devant le roi, les guerriers et le peuple assemblés, déclare enfin sa véritable origine : « … Quiconque est choisi pour servir le Graal est aussitôt revêtu d’une puissance surnaturelle ; même celui qui est envoyé par lui dans une terre lointaine, chargé de la mission de défendre le droit de la vertu, n’est pas dépouillé de sa force sacrée autant que reste inconnue sa qualité de chevalier du Graal ; mais telle est la nature de cette vertu du Saint-Graal, que, dévoilée, elle fuit aussitôt les regards profanes ; c’est pourquoi vous ne devez concevoir nul doute sur son chevalier ; s’il est reconnu par vous, il lui faut vous quitter sur-le-champ.
Il y a diverses manieres de restreindre la signification d’un nom générique : ici c’est l’apposition d’un autre nom, le prophete roi : là c’est un autre nom lié au premier par une préposition, ou sous une terminaison choisie à dessein ; la crainte du supplice, metus supplicii : dans une occasion c’est un adjectif mis en concordance avec le nom ; un homme savant, vir doctus : dans une autre c’est une phrase incidente ajoûtée au nom ; la loi qui nous soûmet aux puissances : souvent plusieurs de ces moyens sont combinés & employés tout-à-la-fois. […] Les verbes servent aussi, à leur façon, pour présenter à l’esprit la combinaison des modifications avec leurs sujets ; ils en expriment avec précision telle ou telle modification ; ils n’indiquent pareillement le sujet que d’une maniere vague qui leur laisse aussi la liberté de s’adapter aux noms de tous les objets susceptibles de la même modification : Dieu veut, les rois veulent, nous voulons, vous voulez, &c. […] Dire que dans j’obéis au roi, au roi est au datif, c’est introduire dans notre langue un jargon qui lui est étranger, & y supposer une analogie qu’elle ne connoît pas, βαρβαρίζειν.
D’ailleurs, l’exemple de l’adultère venait de haut : du roi lui-même, et l’on acceptait sans trop protester qu’il légitimât ses bâtards. […] Cette ancienne société était seulement dépossédée de son pouvoir politique, qui s’était exercée par « la cour », l’action presque unique sur le roi de ceux qui pouvaient l’approcher. […] Dans Numa Roumestan, Le Nabab, Les Rois en Exil, Sapho, L’Évangéliste, ses deux meilleurs romans, il faut que « ça finisse mal », mais on sent qu’il ne sacrifie qu’à contrecœur à ce pessimisme, ainsi qu’aux « notes », au « document ». […] Ni La Fête arabe, ni Les Seigneurs de l’Atlas, ni leur excellent Ravaillac, ni Quand Israël était roi, qui n’est pas leur meilleur ouvrage, ne sont des romans : notes éclatantes de tourisme, ou bien lumineuses reconstitutions historiques ; alors du Vitet — on a trop oublié le Vitet des Barricades, des États de Blois, de La Mort de Henri III, dont on aurait pu dès longtemps célébrer le centenaire — toutefois du Vitet avec infiniment plus de talent. […] La vérité pourrait bien être que pour ce charmant Marcel, cette espèce de « fils de roi » à la Gobineau, c’est-à-dire né n’importe où, mais fils de roi pourtant par les qualités, les résonances de son esprit — obtenir ses entrées dans ce monde si fermé, être « reçu », était une conquête.
L’Énéide est, par rapport à l’Iliade, à peu près ce que sont les Idylles du Roi à côté des vieux romans celtiques d’Arthur. […] Les inscriptions qu’elle porte, et qui sont confirmées par les Annales d’Innisfallen et le Livre de Clonmacnoise, nous apprennent qu’elle fut ciselée, pour le roi Turlough, O’Connor par un artiste indigène, sous la direction de l’Évêque O’Duffy, et que sa destination première était de servir d’écrin à un fragment de la vraie Croix envoyé à ce roi en 1123. […] Elle aimait le peuple quand il se montrait royal, et les rois quand ils se montraient des hommes. […] Elle baise le bord de la coupe et porte le flambeau à la flamme vacillante quand les rois des hommes quittent la table, heureux, pour le lit nuptial. […] Quand on passe au reste du volume, on trouve des Essais sur Wordsworth, sur Coleridge, sur Charles Lamb, sur Sir Thomas Browne, sur quelques-unes des pièces de Shakespeare, et sur les rois qu’a créés Shakespeare, sur Dante Rossetti et sur William Morris.
Il n’appartient qu’à Pascal sans doute d’oser dire crûment que, si le nez de Cléopâtre avait été plus long ou plus court, la face du monde aurait changé, et de se prévaloir nommément, comme il fait, du grain de sable de Cromwell ; mais il me semble, dans le cas présent, avec Rœderer29, que le renversement du trône au 10 août n’était pas une conséquence inévitable de la révolution de 89 ; qu’il n’était pas absolument nécessaire que l’infortuné Louis XVI se rencontrât aussi insuffisant comme roi ; une dose en lui de capacité ou de résolution de plus eût pu changer, modifier la direction des choses dès le début. […] D’admirables armées faisaient flotter ses trois couleurs à la face des rois qui avaient voulu l’anéantir.
Puis, il s’élève à des sujets plus hauts, et il traite de la tragédie, du poème épique, de la comédie, pour finir par de nouveaux conseils, que couronnent des flatteries au grand roi sous lequel il vit. […] Aristote avait toutes les armes nécessaires pour soutenir la lutte : le génie d’abord, hautement reconnu, et développé même par son maître ; les vastes connaissances ; les enseignements de la philosophie antérieure, et les discussions prolongées vingt ans au sein de l’école qu’il devait combattre, sans compter les trésors d’un roi capable de comprendre ses études en les favorisant.
À peine entré, marchant d’un bout à l’autre du Grenier, avec ces petits rires à la fois pouffants et étouffés qui lui sont particuliers, il s’est mis à railler spirituellement l’erreur des gens, des gens qui veulent voir dans les Rothschild et les banquiers de l’heure présente, des réactionnaires, des conservateurs à outrance, établissant très nettement que tous, y compris les Rothschild, ne détestent pas du tout la République, se trouvant en l’absence d’Empereurs et de Rois dans un pays, les vrais souverains, et rencontrant dans les ministres actuels, ainsi que les Rothschild l’ont rencontré chez un tel et un tel, par le seul fait de la vénération du capital, chez des hommes à la jeunesse besogneuse, — rencontrant des condescendances qu’ils n’ont jamais obtenues des gens faits au prestige de la pièce de cent sous. […] Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de convictions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, vénèrent encore un peu, estomaqués, quand ils entendent un penseur de la même famille proclamer que la religion de la patrie, à l’heure présente, est une religion aussi vieille que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie.
Ces censeurs ont tout critiqué jusqu’au dessein d’Homere ; & descendant du plan aux détails, ils ont trouvé ridicule que des Rois & des grands Capitaines fissent leurs cuisines eux-mêmes ; que leurs mets les plus friands fussent du bœuf, du mouton, du porc grillé sur les charbons ; que leurs richesses ne consistassent qu’en bestiaux ; qu’ils se fissent des présens de chaudieres, de trépieds & d’autres choses semblables ; qu’Homere fit pleurer ses Héros ; qu’il leur mît dans la bouche des injures, lorsqu’ils sont en colere. […] On ne s’est accordé qu’à louer la beauté de l’édition, & l’élégance des figures gravées aux dépens du Roi.
La classe dirigeante, dans laquelle nous comprendrons le roi s’il y a un roi, peut s’être recrutée en cours de route par des méthodes différentes ; mais toujours elle se croit d’une race supérieure.
[NdA] Il écrivait cela à lord Sheffield dans un temps où ce dernier avait manqué sa réélection (11 mai 1784) ; Gibbon essayait, sans trop l’espérer, de le tirer à lui, et il lui disait ce mot qui était le fond de son cœur : « Si cet échec pouvait vous apprendre à rompre une bonne fois avec rois et ministres, et patriotes et partis, et Parlements, toutes sortes de gens pour lesquels vous êtes de beaucoup trop honnête, c’est pour le coup que je m’écrierais avec T… de respectable mémoire : “Bravo, mon cher !
Renée-Caroline de Froullay, née, comme on l’a déjà dit, le 19 octobre 1714, au château de Monfleaux, dans le Bas-Maine, fille d’un lieutenant général des armées du roi, ondoyée à sa naissance par un de ses oncles, évêque du Mans, fut confiée dès l’âge de trois ans à Mme des Claux, sa grand-mère maternelle, qui l’éleva et auprès de laquelle elle demeura jusqu’à l’époque de son mariage.
Il lui portait un intérêt tout paternel, et, touché de sa noble physionomie tout empreinte de mélancolie, il l’appelait un petit roi détrôné.
Elle prélude au style ; les périphrases réputées élégantes, les épithètes de dictionnaire (grelot de la folie, docile écolière de l’indolent Épicure, folâtre enfant des ris), surabondent par moments : « Tu sais, écrit-elle un jour à son amie, que j’habite les bords de la Seine, vers la pointe de cette île où se voit la statue du meilleur des rois.
Il disait lui-même qu’il n’avait jamais crié ni « Vive la République », ni « Vive la Monarchie », ou « Vive le Roi », ni « Vive l’Empereur ».
Que m’importe qu’Alexandre soit mort en 324 ou 325, que la bataille de Platées se soit livrée sur telle ou telle colline, que la succession des rois grecs et indoscythes de la Bactriane ait été telle ou telle ?
A lui de comprendre et d’expliquer pourquoi Scarron, le roi du burlesque, a mérité d’être le grand homme d’une petite époque.
Sous le règne de Louis XIV, il suffit qu’un petit-fils du grand roi monte sur le trône de Madrid pour qu’il n’y ait plus de Pyrénées en matière littéraire ; car, aussitôt, l’Espagne, qui depuis un tiers de siècle avait à peu près cessé d’inspirer la France, redevient avec Le Sage un sujet de peintures à la mode.
La première différenciation est celle qui s’opère entre le gouvernant et les gouvernés ; elle grandit, l’autorité devient héréditaire, le roi prend un caractère presque divin ; car la religion et le gouvernement sont à cette époque intimement associés ; et pendant des siècles les lois religieuses et les lois civiles se séparent à peine.
Ce que je pourrais bien prédire, ajoute Chesterfield, c’est qu’avant la fin de ce siècle le métier de roi et de prêtre déchoira de plus de la moitié ».
Diderot est le roi et le dieu de ces demi-poètes qui deviennent et paraissent tout entiers poètes dans la critique : ils n’ont besoin pour cela que d’un point d’appui extérieur et d’une excitation.
Au tome XX, p. 58, des Œuvres de Frédéric le Grand (1852), dans la correspondance de Darget et du roi, on peut lire une gaudriole en vers de Fontenelle, âgé de quatre-vingt-quinze ans
On a discuté et réglé la succession de ses amants, à peu près aussi exactement que celle des rois assyriens ou égyptiens.
La Législation primitive qui paraissait tout à côté du Génie du christianisme, et dans le même sens réparateur, était d’un genre bien différent : La vérité dans les ouvrages de raisonnement, disait M. de Bonald, est un roi à la tête de son armée au jour du combat : dans l’ouvrage de M. de Chateaubriand, elle est comme une reine au jour de son couronnement, au milieu de la pompe des fêtes, de l’éclat de sa cour, des acclamations des peuples, des décorations et des parfums.
Becquey vint lui proposer de s’attacher au service du roi exilé par quelque correspondance, et M.
Le colonel Fabvier ne trouve plus le roi Joseph à Montmartre ; le roi, emmenant le ministre de la Guerre et tout le cortège du pouvoir, était parti pour Saint-Cloud et Versailles.
Après avoir touché les questions qui sont proprement de la philosophie de l’histoire, après s’être étonné que les Français aient abandonné des lois anciennes faites par les premiers rois dans les assemblées de la nation, et être ainsi arrivé presque au seuil du grand ouvrage que sans doute il entrevoyait déjà dans l’avenir, Montesquieu continue de s’égayer sur maint sujet, et, quand il en a assez, il coupe court.
À l’Opéra, il y avait le coin du roi et le coin de la reine.
Le rôle le plus imposant que puisse jouer un Orateur profane, c’est d’être l’interprête de son Roi ou l’organe de la patrie ; le théatre le plus brillant qu’il puisse s’ouvrir, c’est un Sénat, une Cour, une place publique ; les sujets les plus frappans qu’il puisse traiter sont l’homme & ses besoins, le tems & ses vicissitudes.
Il publie encore, la même année, un roman en deux volumes : Shiténnô Daïtsou jitaté, Les quatre rois célestes des points cardinaux, habillés à la dernière mode , avec l’annonce d’un texte de Koréwasaï qui est bien de lui, ainsi que les dessins signés : Shunrô. […] Et ce roman fabuleux, où se trouve un méli-mélo de géographie exacte et de récits impossibles, et de planches dignes d’une icthyologie sérieuse à côté de sirènes, finit par une interminable généalogie de Tamétomo dont les rois de l’île de Lieou-Khieou seraient des descendants. […] Et une planche vous montre le roi de ces rats, le rat monstre du prêtre Raïgô, un rat qui, comparé à l’homme monté sur lui, est de la grandeur d’un éléphant. […] En tête, la figuration de Waka-mousoubi-no-Kami, la femme qui a inventé les tissus faits avec les fibres du bois, et près d’elle la princesse Seiriô, la femme du roi, qui a eu l’idée de l’élevage de vers à soie, 2614 ans avant l’ère chrétienne et, à sa suite, des métiers à tisser, qui ont tout l’air d’être dessinés par un ingénieur. […] Un volume de morale, tout rempli d’exemples d’héroïsme et d’abnégation, et où une planche représentant des courtisans saluant un roi donne une idée du respect des fronts et des échines courbés, en cette patrie de la vénération.
C’est une triste contrée où les médecins sont rois, ayant établi leur domination par la terreur. […] La précision dans la sottise, telle est l’allure de cet animal souple et griffu. » Tabard, dit le roi du fumier, est dégoûtant de saleté, opère sans se nettoyer les mains et tue ses malades par incurie. […] Il se fait passer pour le fils du roi martyr, sauvé miraculeusement. […] La dame n’en veut rien croire et s’agenouille avec le même respect auprès du roi des fleurs de lys. […] Il s’agit d’une jeune princesse, étranglée par une reine jalouse, sous les yeux d’un roi presque dément.
— Le pape le baisait au front ; Charles-Quint lui adressait par ambassadeur une chaîne d’or, chef-d’œuvre d’orfèvrerie, et le plaçait à sa droite, à la place d’honneur réservée aux rois de la terre. […] — Que le roi m’en adresse le brevet, et nous verrons ! […] Le Coq et Théodore Pavie : mais enfin, je trouve ces messieurs médiocrement gais ; et d’ailleurs, charabia pour charabia, à quoi bon courir bien loin, à la recherche du style Hindou, lorsqu’on a sous la main le pur auvergnat du Filleul du Roi, un roman feuilleté par M. le vicomte Ponson du Terrail, et des phrases comme celles-ci : « Une agitation pleine de mystère, et que nous appellerions volontiers silencieuse, régnait au palais du Roi. » Puis vient l’héroïne du roman, qui scelle une lettre de ses larmes.
En revanche, les femmes, et tout ce qui leur ressemble, ont pris avec fureur au charmant poème, et Lamartine a pu m’écrire, peu de jours après la publication, un petit billet en forme de bulletin, qui commence par ces mots : « Jocelyn triomphe d’heure en heure dans le cœur des femmes… » XV De Vigny dit de Jocelyn : « Ce sont des îles de poésie noyées dans un océan d’eau bénite. » XVI Lamartine, dans Jocelyn et dans la poésie privée, domestique, est toujours comme un roi qui se fait berger. […] L’autre jour, dans un journal, on annonçait qu’un mariage venait d’unir deux personnages étrangers illustres par leur naissance ; la femme descendait, je ne sais à quel degré, de la reine Marie Leckzinska, et l’homme avait aussi je ne sais quelle descendance ou parenté royale ; puis tout aussitôt on ajoutait : « M. de Balzac était l’un des témoins de ce mariage. » C’est bien, voilà un romaucier qui se décrasse, me disais-je ; il a la vanité aristocratique, il va chercher ses rois en Bohême, rien de plus innocent […] CXLVIII Cousin a une éloquence qui fait qu’on lui pardonne toujours tout, dès qu’on l’entend ; en revenant de dîner chez Thiers (31 octobre 1847), il me dit, au milieu d’un torrent de choses vives et justes, ces quelques mots que je retiens : « Guizot a compris son rôle ; c’est un admirable metteur en œuvre ; il s’est collé au roi et il dure.
Manuscrits, imprimés, estampes, bibelots, figurines, objets de toutes sortes se rapportant au culte de « l’Empereur et Roi » s’entassaient dans son bel hôtel de la rue de la Baume. […] Elle était d’un vif intérêt quand elle abordait quelque point de l’histoire de « l’Empereur et Roi », mais, quand elle en venait aux uns et aux autres, il fallait se méfier des jugements que portait sur eux cet impulsif à l’imagination chimérique et à l’esprit hanté de phantasmes. […] Elle a pour titre Commémoration de Emile Verhaeren à Bruxelles, le 19 janvier 1920, et contient les discours prononcés à cette occasion dans la salle du Sénat, en présence de leurs Majestés le Roi et la Reine des Belges.
Télémaque a fait de nos rois des guides et des amis… Il n’est pas impossible, à la rigueur, que l’éditeur ingénu de La Boétie en 89 ait cru à ces niaiseries.
Il fut six mois dans la magistrature, en qualité d’avocat du roi au siège présidial de Tours ; il en souffrait cruellement, et il nous a exprimé à nu ses angoisses : Dans le temps qu’il fut question de me faire entrer dans la magistrature, j’étais si affecté de l’opposition que cet état avait avec mon genre d’esprit, que de désespoir je fus deux fois tenté de m’ôter la vie.
L’ouvrage, bien entendu, était dédié au roi, qui gratifia aussitôt l’auteur d’une pension.
Dans les lectures d’histoire qu’on lui fait faire, il lui semble qu’il n’y a pas de roi préférable à Louis XII ; l’écho des victoires l’atteint peu ; et cependant elle a aussi la marque de son temps, et lorsqu’il vient là pendant quelques jours un beau monsieur de Paris, très riche, très gai, très galant pour elle, et qui cause politique avec Mme de Coigny, qui apporte les dernières nouvelles et les commente avec cet esprit de dénigrement propre aux salons, elle n’est pas séduite, elle aperçoit d’abord ce qui manque à l’élégant monsieur, en fait de chevaleresque, et celle dont le cœur est destiné à des cœurs braves, finit par ce trait en le dépeignant : « Et puis il n’a été à aucune bataille, et c’est vraiment ridicule30. » Mme de Coigny aime les longues lectures régulières et qui se continuent, qui occupent et reposent : on lit donc Rulhière, Histoire de l’anarchie de Pologne, toutes les Révolutions de Vertot, La Guerre de Trente Ans de Schiller, Le Siècle de Louis XIV ; toutes ces lectures ne sont pas également intéressantes.
Nous laisserons donc à la charge de ceux qui l’ont inventé et qui, de leur autorité privée, l’ont promu le Roi des bohèmes de son temps, ce poète qui fut ignoré aux xve et xvie siècles, excepté à Auxerre, et qui aurait pu sans inconvénient continuer de l’être.
» disait ce roi démonté dans une bataille ; et lui, il eût été homme à dire jusque dans la détresse : « Je l’ai trouvé !
Était-ce la peine, dira-t-on, de tant soulever de montagnes et de tant bouleverser de trônes, d’adresser des lettres si foudroyantes au roi et au pape, pour revenir, dès la première génération, à ce résultat ?
Est-ce que cela a nui à la pleine intelligence de son génie, de mieux connaître toute la littérature et le théâtre de son temps, ce mélange de subtilités et de violences, et de pouvoir le comparer avec les autres auteurs de cette forte couvée dramatique dont il est l’aigle et le roi ?
Franceschi est envoyé à Naples, où le prince Joseph était devenu roi.
Depuis 1763, les Prussiens n’ont fait que les tristes campagnes de 1792-1794, ils sont peu aguerris. » — « Oui ; mais ils ont les souvenirs et des généraux expérimentés du temps du grand roi.
Assez semblable en tout à François Ier et à Louis XIV, on peut dire aussi de lui que c’était un roi chevalier… Il a pu entrer dans ma politique de le présenter autrement que je ne l’ai vu ; mais il est certain que sa conduite en 1812 et 1813 a été supérieure à ce que j’aurais attendu de lui, bien qu’il m’eût prévenu en sa faveur.
Il en compare fidèlement l’histoire, dans son continuel antagonisme du barbare et du chrétien, à ces vitraux de la cathédrale de Reims qui représentent constamment un roi et un évêque, et l’évêque toujours au-dessus du roi170.
La première partie de son livre, le premier mémoire, qui traite des Annales des Pontifes ou grandes Annales, a véritablement pour objet de rendre aux premiers siècles de Rome et à son histoire au temps des rois et des premiers consuls une authenticité que les travaux de Niebuhr et de cette école audacieuse avaient pu ébranler dans beaucoup d’esprits.
Si l’on voulait citer des morceaux, on aurait la bataille d’Azincourt, le meurtre de Jean sans Peur, l’épisode de la Pucelle, la rentrée de Charles VII, à Paris opposée à celle du roi anglais Henri VI, et tant d’autres pages d’émotion ou de couleur ; mais ce serait faire tort et presque contre-sens à la méthode de l’auteur que de se prendre ainsi à des morceaux, là où il a voulu surtout le développement varié et continu.
« L’habitant de la cabane et celui des palais, tout souffre, tout gémit ici-bas ; les reines ont été vues pleurant comme de simples femmes, et l’on s’est étonné de la quantité de larmes que contiennent les yeux des rois !
La volonté de domination, d’inégalité, prend seulement d’autres formes ; à la place des barons féodaux, nous avons les barons de la finance et les rois de l’industrie.
On le disait disparu à jamais de notre horizon, retourné à l’état nature, roi d’une peuplade sauvage.
L’embryon se forme à Babylone ; il se fortifie et se caractérise sous les persécutions des rois de Syrie ; il aboutit sous la pression romaine.
L’idéal de la vie humaine serait un état où l’homme aurait tellement dompté la nature que le besoin matériel ne fût plus un mobile, où ce besoin fût satisfait aussitôt que senti, où l’homme, roi du monde, eût à peine à dépenser quelque travail pour le maintenir sous sa dépendance, et cela presque sans y penser, et par la partie sacrifiée de sa vie, où toute l’activité humaine en un mot se tournât vers l’esprit, et où l’homme n’eût plus à vivre que de la vie céleste.
Il y était appelé par Hiéron, un de ces rois de Syracuse qu’on prendrait pour les précurseurs des princes italiens de la Renaissance.
l’Allemagne, le pays du son, de l’harmonie et des festivals, la terre des rois artistes et des princes dilettantes, le Saint-Empire de la musique, le paradis terrestre de sainte Cécile !
Ce prince des habiles et ce roi des forts ne savait même pas le métier des petits faiseurs : il entassait les bévues sur les maladresses ; toutes ses manœuvres tournaient à sa honte.
Homme du roi, conseiller-secrétaire du Commerce, il y juge ou fait juger des cas difficiles : il s’applique, dans les intervalles de sa charge, aux lettres et à l’étude ; il reprend ses anciens écrits de jeunesse pour les revoir, les corriger, en donner des éditions nouvelles : « Ils sont tous en italien ; il y a des dissertations, des vers, de la prose, des recherches d’antiquités, des pensées détachées : cela est bien jeune en vérité, cependant c’est de moi. » Il laisse voir naïvement dans ces choses de l’esprit sa tendresse de père.
Après un roi comme Frédéric, il nous faut une femme, il nous faut une fée.
Turgot, en 93, on peut l’affirmer, serait mort comme M. de Malesherbes, sur l’échafaud ; il serait mort en rendant justice encore à ce roi faible, trompé, mais honnête homme, et qui avait dit en 1776, à la nouvelle des remontrances que préparait le Parlement en faveur des corvées : « Je vois bien qu’il n’y a que M.
Sais-tu que les troupeaux sont paissants au-dessus de ces tombes antiques, que les rois eux-mêmes, à la tête de leurs armées, s’arrêtaient à contempler ?
Dans le donjon de Vincennes, il écrivait pour lui seul, dans son cahier de notes et d’extraits, divers passages de Plaute, qu’il lisait beaucoup alors, et il en faisait l’application à sa félicité perdue ; tout ce joli passage du Pseudolus, par exemple, qui fait partie de la lettre d’une maîtresse à son ami : Nunc nostri amores, mores… « Voilà que nos plaisirs, nos désirs, nos entretiens, avec les ris, les jeux, la causerie, le suave baiser… tout est détruit ; plus de voluptés ; on nous sépare, on nous arrache l’un à l’autre, si nous ne trouvons, toi en moi, moi en toi, un appui salutaire. » Mais j’aime mieux cet autre passage, également emprunté de Plaute, où le sentiment domine : « Lorsque j’étais en Hollande , écrit Mirabeau, je pouvais dire : Sibi sua habeant regna reges, etc. », et tout ce qui suit, « Rois, gardez vos royaumes, et vous, riches, vos trésors ; gardez vos honneurs, votre puissance, vos combats, vos exploits.
Et puis Nicole finit tout par Dieu et par la considération de la fin suprême, tandis que Mlle de Scudéry finit toujours par les louanges et l’apothéose du roi ; elle y met une adresse et une industrie particulière que Bayle a remarquée et qui ne laisse pas de déplaire un peu.
Necker au roi en janvier 1781.
Duclos a terminé son Histoire de Louis XI en disant : « Tout mis en balance, c’était un roi. » Gaillard, en rappelant ce mot, essaye de l’appliquer à La Harpe, et il dit « qu’à tout prendre, c’était un homme ».
Survenue au fort d’une bataille entre les Lydiens et les Mèdes, elle causa, au dire d’Hérodote, une obscurité si grande que les combattants, effrayés, mirent bas les armes, et que les deux rois aux prises se réconcilièrent.
Les premiers poèmes et les premiers romans ont conté les aventures des dieux ou des rois ; dans ce temps-là, le héros marquant de tout drame devait nécessairement avoir la tête de plus que les autres hommes
Les chroniqueurs et les historiens, jusqu’au commencement de ce siècle, jugeant les faits à première vue et les expliquant par une doctrine superficielle mais relativement juste, en étaient venus à concentrer tout l’intérêt et le mérite de chaque entreprise dans les individus, rois, ministres, généraux dont le nom lui était resté attaché.
» Que le soldat est heureux qui combat ainsi sous les yeux de son capitaine et de son roi, à qui sa valeur invincible prépare un si beau spectacle !
Aussi Monleau ne se fait-il jamais tirer l’oreille pour arroser leur bruyante admiration : un roi intelligent n’est jamais un ladre.
Il y avait les plus hautes relations et les plus magnifiques analogies à tirer de la fonction du juge suprême exercée par Celui qui a parcouru tous les rangs de l’humanité, depuis le fils de roi jusqu’à l’esclave qui lave les pieds et le condamné mis en croix, et qui, pendant dix-huit ans de sa vie mortelle, fut charpentier comme Noé et comme Salomon, ces préparateurs figuratifs de l’arche de salut.
C’est peut-être, remarque Grote 85, parce qu’ils vivaient trop sous les yeux de leurs sujets pour leur commander le respect, que les rois primitifs des communautés confinées dans leurs murs disparaissent bientôt de l’histoire.
Ce même procédé, très légitime et qui en vaut un autre, lui a servi pour ses Contes, où il y a cet admirable Sérénus, et pour son roman des Rois où il y a un bien agréable chapitre, celui où le prince Renaud épouse une écuyère de cirque. […] Pour déterminer les époques d’une littérature, c’est apparemment la méthode la moins appropriée, que d’aller chercher des points de repère en dehors d’elle, et dans des circonstances même qui peuvent n’avoir eu sur elle aucune action, comme l’avènement d’un roi ou l’éclosion d’une constitution politique. […] Il a tracé, de quelques-uns des principaux souverains de la Prusse une série de portraits qui témoignent d’autant de pénétration morale que d’art à reconstruire une physionomie. — Frédéric 1er, dévot de l’étiquette et grand pontife de la dignité royale : « Il se levait de grand matin comme pour jouir plus longtemps du plaisir d’être roi. […] Devenu roi, il l’exécute en dépit de son Parlement, au péril de sa couronne et de sa vie… Et voici Frédéric III, le prince philosophe instruit dans Kant et dans Schleiermacher, simple, modeste, épris de tranquillité domestique, bon père de famille, époux modèle, vivant avec sa femme dans une harmonie de pensées très nobles et de sentiments très élevés, rêvant ce rêve impossible d’une Allemagne pacifique, témoignant en toutes les occasions de son amour pour la tolérance et la liberté, célébrant la douceur de la paix, de la paix chérie, de la paix d’or, rappelant avec un esprit évangélique les droits de l’idéal et de l’humanité… M. […] Le père est un roi et un pontife.
Louis Veuillot s’extasie sur le courage qu’il fallait à Bourdaloue pour tonner, en face même du grand roi, contre l’adultère et la volupté. […] Bourdaloue a foudroyé les amours du grand roi avec Mlle de la Vallière ; M. […] bien ; ils l’emportèrent quand le roi eut passé la cinquantaine. […] Louis Veuillot feint de ne pas le comprendre : ce n’était pas le but ni le métier de Molière de corriger les mœurs du grand roi, ni de sa cour, ni même du reste des hommes. […] Alceste est la création la plus étonnante de Molière, car il n’existait pas à la cour du grand roi.
Puis, par l’ambition personnelle de rois, le pouvoir politique leur fut retiré. […] Les plus riches implorèrent du peuple roi, en échange de petits sacrifices pécuniaires, telles fonctions législatives. […] C’est que les temps modernes n’ont plus besoin de rois : le plus noble, le plus sage, le plus désintéressé, à quoi bon ces excellences en des qualités désormais superflues ? […] Mais voici que, fatigué de ses veilles et de ses angoisses, le vieux roi tomba malade à son tour. […] Alors ma vieille nourrice me répondit : « J’ignore, mon enfant, si la princesse Marysia vit encore : j’ai seulement appris que le roi, son père, avait été détrôné, comme les autres rois, et que tous ses sujets étaient morts de faim, dans un grand meeting perpétuel où, depuis leur émancipation, ils passaient toute leur journée à s’élire réciproquement.
Sa liberté et sa retraite, tantôt à Potsdam chez un roi lettré, tantôt à Cirey chez une amie, tantôt à Ferney chez lui-même, doublaient sa vie. […] Bossuet lui-même n’était pas homme public à la mesure de Cicéron ; plus libre que l’orateur romain comme orateur, il n’avait à lutter ni contre les tumultes du sénat, ni contre les démagogues, ni contre la tyrannie de César, ni contre les assassins d’Antoine ; il n’avait qu’à servir un roi, à ménager en pontife habile le prince et sa conscience, à mourir sur les escaliers de Versailles en sollicitant pour un indigne neveu la continuation des faveurs d’Église conquises par son propre génie de théologien et d’écrivain.
Avec les livres il y avait aussi quelques tableaux, quelques porcelaines, et il arriva cela de bizarre, qu’il n’y eut qu’une tasse de Sèvres qui resta intacte, mais dont le bleu de roi fut changé en le plus beau noir du monde : tasse qui fut offerte au Musée de Sèvres, comme témoignage de la solidité de la porcelaine. […] » Samedi 23 septembre Depuis dimanche, que je suis dans mon lit, j’ai devant moi l’estampe de Nanteuil, représentant l’Infante d’Espagne mère du roi.
………………………………………………………………………………………… La résine suinte à l’écorce des mélèzes, De la tendresse fond sous l’aubier trop étroit, Et le Désir puissant surgit, dont rien n’apaise L’ardeur et qui nous prend et lentement nous baise Aux lèvres, comme un amant qui serait roi. […] Et voici une des notations musicales du vent : L’intolérant orgue roi, jaloux du bruit, s’enfle, refoule : Ses fugues vivaces se poursuivent et s’enchevêtrent, roulent, se foulent. […] Qu’on me permette une altération typographique, explique-t-elle, et les voici, ou peu s’en faut, dans « la Chasse du Burgrave » : Daigne protéger notre chasse, Châsse de Monseigneur Godefroi, Roi !
Le pas grave, le front courbé, À travers la grande nature Allez, ô rois de l’aventure ! […] Car elle eut, cette folle, le courage magnanime et qui parut étrange de faire l’émeute des vers, des véritables vers, contre ce roi, le Sentimentalisme élégiaque, et cette reine, la Faute-de-français ; car, adoratrice effrénée du génie et de la passion, elle célébra de toutes ses chansons de jeune oiseau le Maître suprême, alors exilé, et eut ses soirs d’Hernani pendant les représentations des Funérailles de l’honneur d’Auguste Vacquerie ; car elle eut la gloire d’être approuvée et patronnée par ces hauts et purs esprits, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Théodore de Banville, et l’honneur de rechercher ou d’accueillir, de révéler à ce petit nombre qui est bientôt le grand nombre, la plupart des jeunes talents que la France admire aujourd’hui. […] Il est, enfin, parmi les artistes, le Roi ; de même que parmi les hommes et les mots, le Verbe est Dieu ! […] Moi, personne, L’enfant né de rois inconnus, Qui dort nu-tête et court pieds nus De ce qui brille à ce qui sonne. […] Tu fus comme un lion dans une bergerie ; Tu fus comme un vent noir dans un bois de roseaux ; Que de rois, ô guerrier !
Duchâtel en apercevant la croix marquée au crayon au coin de la carte : c’est bientôt la fête du roi, et ce monsieur me rappelle que je lui ai promis de le faire décorer… Il fait bien d’y penser ! […] Le monsieur qui s’occupe de littérature va dans le monde, où il a beaucoup de succès, et se donne une grande importance C’est là qu’il est roi, c’est là qu’il triomphe. […] Les romanciers en vogue, les auteurs dramatiques, rois de la coulisse, les journalistes en puissance de feuilleton ont leurs caudataires, et particulièrement les coupe-toujours de la critique, qui débitent la galette et le flanc de la réclame. […] quel est le sort des poëtes dans une société où le veau d’or est roi ? […] La foule se disperse plus volontiers dans le cirque, vers les jeux, et surtout vers les loteries de bibelots. — La rotonde du bal, où s’élève un orchestre excellent, est, à l’instar de Mabille, l’empire où règne un Pilodo— qui pourrait rendre des points de grêle a à son confrère de Paris. — On m’affirme que c’est pour rappeler le plus possible le roi des bals parisiens, que le chef d’orchestre de Cremorn s’applique cette grêlure postiche, seulement il arrive quelquefois que, dans la chaleur de l’exécution d’un quadrille, le masque tombe et il reste un très-joli garçon, fort apprécié de ses danseuses. — Cremorn, qui est le Parc-aux-Biches de Londres, a, comme Mabille, ses grands et ses petits jours. — On y trouve beaucoup d’émigrées des Folies-Nouvelles et du Café du Cirque.