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1272. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

La nature, dans ses secrets, a de ces jets imprévus qui déjouent singulièrement les combinaisons des prétendus sages.

1273. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

« Découvre qui pourra cette pensée dans les vers suivants : En vain il (le méchant) se confie au secret protecteur !

1274. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

Il y a un an environ, abreuvé de tous les dégoûts, renonçant par convenance et soumission au journal dont il avait cru l’action salutaire, voyant se disperser et se détacher même entièrement de lui des disciples si regrettables, il se mit, un matin d’été à la campagne, à vouloir déposer quelque part, pour lui seul, sa secrète pensée, son jugement amer sur le présent, son vœu et son coup d’œil d’apôtre touchant l’avenir.

1275. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Mais elle doit elle-même se défier d’une tendance excessive à retrouver tout l’homme dans ses productions du début, à le ramener sans cesse, des régions élargies où il plane, dans le cercle ancien où elle l’a connu d’abord, et qu’elle préfère en secret peut-être, comme un domaine plus privé ; elle a à se défendre de ce sentiment d’une naturelle et amoureuse jalousie qui revendique un peu forcément pour les essais de l’artiste, antérieurs et moins appréciés, les honneurs nouveaux dans lesquels des admirateurs nombreux interviennent.

1276. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

S’il a conscience du mal secret qu’il enferme en soi, et de sa gestion mauvaise, aura-t-il la force, aura-t-il seulement la pensée d’y échapper ?

1277. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Jouffroy, le moi n’y est que pour les sensations qu’il éprouve ; la force vitale y est pour les fonctions qu’elle remplit, et dont le moi n’a pas la conscience ni le secret.

1278. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ?

1279. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

La république, discutant en commun un grand nombre de ses intérêts, soumettant tous les choix par l’élection à la volonté générale, la république doit nous affranchir de cette foi aveugle qu’on exigeait jadis pour les secrets de l’art du gouvernement.

1280. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

C’est par cette raison ignorée de lui-même, car à vingt ans, quoi qu’on en dise, l’on veut jouir, et non pas raisonner, et l’on fait bien ; c’est par cette raison secrète que le jeune public du second théâtre français se montre si facile sur la fable des pièces qu’il applaudit avec le plus de transports.

1281. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Il faut qu’il l’aperçoive à la façon des solitaires et des vrais chrétiens, au dedans de lui-même, dans les secrets mouvements de son être, et que tous ses désirs disparaissent dans la grande lumière vague dont il est réjoui et dont il est baigné ; il faut qu’il se confie, s’abandonne et s’épanche, et que l’amour immortel qui circule à travers les créatures assoupisse ses agitations et ses inquiétudes dans la félicité tranquille où il les confond.

1282. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Et c’est là précisément la secrète et pénétrante originalité de ces petits vers, de ces menues ritournelles, de ces rimes caressantes : elles font couler jusqu’à l’âme l’ivresse des couleurs, des formes et des parfums, et l’amour de la vie universelle, toujours un peu triste parce qu’il est toujours inassouvi.

1283. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Point : c’est l’ancien clerc de Saint-Sulpice qui a conservé l’imagination catholique  S’il témoigne de son respect et de sa sympathie pour les choses religieuses, pour les mensonges sacrés qui aident les hommes à vivre, qui leur présentent un idéal accommodé à la faiblesse de leur esprit, nous y voulons voir une raillerie secrète.

1284. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Mais peut-être direz-vous que, si elle est philosophe dans ses propos, c’est qu’elle reçoit Paul Vence à sa table et qu’elle a de la mémoire ; que c’est un instinct secret qui lui fait trouver plaisir aux rues mal soignées et fortement odorantes où grouille de l’humanité en tas, et qu’enfin son absence de préjugés lui vient de son tempérament et de son hérédité, car elle est la fille d’un rapace.

1285. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Arlequin lui jure un secret à toute épreuve.

1286. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Il est évident que les Amours secrètes de Pie IX durent une jolie part de leur réussite en librairie au nom du souverain pontife qui s’étalait sur la couverture.

1287. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

» Si Lamotte s’était plus mêlé de moraliser, je croirais le reconnaître dans cette image de vertus humaines, qui, « nées le plus souvent dans l’orgueil et dans l’amour de la gloire, y trouvent un moment après leur tombeau », ou qui, « formées par les regards publics, vont s’éteindre le lendemain, comme ces feux passagers, dans le secret et les ténèbres19. » Suis-je même bien sûr de ne pas faire tort à Lamotte, en le supposant capable de ces figures ?

1288. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Si les quaternions, dont je viens de parler, n’avaient été si promptement utilisés par les physiciens anglais, bien des personnes n’y verraient sans doute qu’une rêverie oiseuse, et pourtant, en nous apprenant à rapprocher ce que les apparences séparent, ils nous auraient déjà rendus plus aptes à pénétrer les secrets de la nature.

1289. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

On sent derrière cette exhibition d’artistes un but secret de négoce et de lucre.

1290. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

Le tendre et clairvoyant Virgile semble répondre, comme par un écho secret, au second Isaïe ; la naissance d’un enfant le jette dans des rêves de palingénésie universelle 96.

1291. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Il ne perdait aucune occasion de répéter que les petits sont des êtres sacrés 540, que le royaume de Dieu appartient aux enfants 541, qu’il faut devenir enfant pour y entrer 542, qu’on doit le recevoir en enfant 543, que le Père céleste cache ses secrets aux sages et les révèle aux petits 544.

1292. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Tout cela se faisait par des canaux secrets et par cette espèce de sympathie qui existe entre les diverses portions de l’humanité.

1293. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Madame Scarron prouve encore ici, ne fût-ce que par l’absence de toute expression de gratitude, qu’elle ne craint rien tant que le soupçon d’une secrète intelligence avec le roi.

1294. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Nous apprenons à mieux pénétrer les secrets de composition de nos grands auteurs.

1295. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Il y a là quelque chose de honteux, mais le grand point est de parler français le moins possible et d’avoir l’air, en prononçant des syllabes barbares, d’avouer un secret.

1296. (1902) L’humanisme. Figaro

Tout est secret, enveloppé, allégorique.

1297. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Chacun de nous a cette conviction secrète qu’il représente à lui seul l’esprit national, et il refuse à cet esprit les qualités ou les défauts variés qu’il admire ou pardonne chez toute autre nation.

1298. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Quelles que soient les antipathies momentanées et les jalousies de frontières, toutes les nations policées appartiennent au même centre et sont indissolublement liées entre elles par une secrète, et profonde unité.

1299. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Il dut voir qu’il n’étoit pas plus initié dans le grand art d’exciter fortement les passions, que ne l’est, dans les secrets de l’architecture, un manœuvre servile & sans talent.

1300. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Les ouvriers ne peuvent point passer maîtres, s’ils ne présentent un chef d’œuvre qui fasse connoître qu’ils méritent ce titre ; & un jeune orateur aura l’impudence de déclamer en public, sans avoir auparavant exercé ses talens en particulier, ou corrigé ses défauts en secret. » Il est étonné qu’il n’y ait pas une chaire publique pour apprendre à déclamer.

1301. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Cependant tout le monde sait que cette lutte existe : un acte célèbre, il y a quelques années, en a donné le secret au public indiscret.

1302. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ni le roman intime (feu le roman intime, faudrait-il dire), ni feu le drame moderne, toujours escortés de quelques héros mystérieux sans explication et sans nom, et tout noir, n’ont jamais préoccupé la curiosité et la sagacité du lecteur, autant que l’a fait ce bel Alceste, créé tout exprès et mis au monde par Molière, quand Molière voulut dire à tous et à chacun, enfin, les plus secrètes pensées de son esprit et de son cœur.

1303. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Il est vrai que quelques musiciens modernes ont cru pouvoir trouver le secret d’enseigner autrement que de vive voix, la durée que devoit avoir un air, et d’apprendre par consequent même à la posterité le mouvement dont il falloit le joüer, mais c’étoit en se servant de l’horlogerie que ces musiciens prétendoient venir à bout de leur projet.

1304. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Depuis ce jour, je rêve aux souffrances secrètes des mots incompris.

1305. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Il connaît seul les secrets de cette admirable alliance de la liberté de l’homme, fondement de toute morale, et de cette nécessité providentielle, résultat des lois mystérieuses de l’harmonie générale qui régissent le monde.

1306. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Discrète qui aime mieux se faire pendre que de révéler un secret !

1307. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Au xviie siècle, elle a mystifié lord Macartney, et le livre du pauvre lord nous dit, avec la candeur d’une dupe accomplie, dans quelles superbes proportions la mystification eut lieu… Si un jour elle a permis aux Jésuites, ces admirables enjôleurs pour le compte de la vérité, de soulever son loup et de la regarder au visage, elle s’est bien vite repentie de cette minute d’abandon qui allait faire de sa personnalité historique le Secret de la Comédie pour le monde entier.

1308. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Quand le régime parlementaire, avec une stupidité qui ne sentait pas même la honte, mettait en question l’abandon de nos établissements d’Algérie, l’Armée était l’antagonisme le plus glorieux et la meilleure critique du gouvernement qui osait ainsi disposer des acquêts de son épée ; car ses conseils d’état-major sont secrets et dans ses rangs l’incompétence se tait et obéit, contrairement au système de discussion et de publicité qui n’a jamais su que semer le bruit pour recueillir la tempête.

1309. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Quand il juge les gens de lettres qui furent les aumôniers des sociétés secrètes et qui prêchèrent la révolution sur et sous les toits, il s’écrie : « Ils croyaient en eux.

1310. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Le vrai et secret motif de ce livre, c’est de constater que le plus beau mouvement de l’esprit humain qui s’est produit en Angleterre (le plus beau, j’en conviens, mais je l’explique autrement !)

1311. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Seul, le sublime écolier d’Harrow, dont la violente fantaisie avait bu l’ennui dans cette coupe correcte, et gardé en sa nature profonde l’impression et le ressentiment de cet ennui, puisé dans cette poésie sans âme, a osé dire le secret de beaucoup d’esprits qui se taisaient, — lâches comme toujours, devant deux mille ans de gloire consacrée et d’idolâtrie, — et sa vérité à lui, sur un poète, au fond, médiocre d’inspiration et de génie, mais adoré et gardé par tous les médiocres de la terre : et les médiocres d’imagination, et les médiocres de passion, et les médiocres de cœur.

1312. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Ce n’est ni dans Montesquieu, ni dans Vertot, ni dans les fausses tragédies de Voltaire, que nous trouverons le mot de la civilisation romaine, pas plus, du reste, que nous n’avons découvert, dans l’abbé Barthélemy ou la législation du draconien Saint-Just, le secret de la civilisation grecque.

1313. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

C’était elle surtout, et peut-être uniquement elle, dont il devait nous montrer le travail autour de la grande pyramide romaine, en nous expliquant ses alliances, sa loi salique, ses mariages, équivalant à ses conquêtes, et le secret de son immense force quand, de morcelée sur des espaces restreints, comme les plateaux pyrénéens, par exemple, elle se résolut en un ordre organique dans de plus vastes espaces ; sujet superbe, touché et manqué déjà par tant de mains auxquelles on prêtait du génie.

1314. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

que beaucoup de gens avaient en secret cette idolâtrie ; mais, quoique nous soyons assez disposés à faire la théorie de nos vices, il ne s’était encore trouvé personne pour faire la théorie de celui-là.

1315. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Si donc on recherche avidement, et avec raison, tout ce qui peut nous donner une idée vraie de la spontanéité d’un homme de génie, si on tient à le voir dans le négligé pour surprendre en lui le secret de sa source, il n’y a rien de pareil à chercher ici.

1316. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Vous trouvez et vous tâtez bien l’impie sous le grotesque et vous lui prenez son secret.

1317. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Dans les Scènes historiques de Gobineau, l’ambition des Borgia a dit son secret dans le langage d’Alexandre VI.

1318. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Ce n’est pas ici le Lamennais des Œuvres complètes et du bruit qu’il a fait, infamie ou gloire, c’est le Lamennais secret, intime, de la Correspondance, lequel, surgissant soudainement de ces documents imprévus, renverse le Lamennais connu, le Lamennais presque légendaire, tant il était consacré !

1319. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Tel est tout le secret de cette facile renommée de deux jours, faite si généreusement à un ouvrage qui ne saura pas la garder !

1320. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Flourens, qui voudrait couvrir de sa tête tout entière, comme on couvre de sa poitrine celui qu’on aime, les erreurs de Buffon, ces erreurs qui sont souvent grandioses, — « et j’aime mieux, à tout prendre, une conjecture qui élève mon esprit qu’un fait exact qui le laisse à terre… J’appellerai toujours grande la pensée qui me fait penser. »« C’est là le génie de Buffon, ajoute-t-il encore, et le secret de son pouvoir, c’est qu’il a une force qui se communique, c’est qu’il ose et qu’il inspire à son lecteur quelque chose de sa hardiesse. » Et pourtant, est-ce que les paroles de M. 

1321. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Saint-Bonnet les a étudiées, les a poursuivies, dans les mille canaux de l’âme et de la vie, comme un grand médecin qui poursuivrait dans les réseaux des veines et au plus secret de nos organes le virus mystérieux de quelque horrible maladie.

1322. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

La pureté de son intention, certes, personne n’en est plus sûr que moi ; mais quand il s’agit d’une de ces audaces d’observation qui ressemble presque à de l’irrévérence, la pureté d’intention sauve-t-elle tout, et suffit-elle pour entrer dans ce secret, gardé par l’Évangile, de l’espèce d’amitié qu’avait le Sauveur pour la Madeleine ?

1323. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Si ce n’était pas là une simple tactique ; s’il était vrai, s’il était réel que la métaphysique d’un saint, et, par exemple de saint Anselme, eût des racines secrètes, inévitables, nécessaires avec toute cette métaphysique transcendante qui doit un jour remplacer, par la clarté de l’idée pure, le demi-jour des religions, une telle analogie, une telle rencontre ne serait-elle pas encore meilleure à montrer, à démontrer, à proclamer de toutes les manières possibles, comme une de ces preuves, grosses de bien d’autres, qu’on jette dans les esprits déducteurs et qui y doivent devenir fécondes ?

1324. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Quand on veut ressusciter le passé, le secret du miracle est dans les couleurs qu’on emploie, et quand on peint les premières impressions de la vie, a-t-on sur sa palette des teintes d’un trop tendre éclat pour cette blanche aube qui doit rougir et va devenir une aurore ?

1325. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Quand on veut donner une notion nouvelle de la Création et du Créateur, quand on croit tenir le secret du monde, la plume et la langue peuvent fourcher.

1326. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Sans Chénier, qui lui souffla sa flamme et qui fut sa Muse secrète, il n’existerait pas.

1327. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Saint-Maur a, pour qualités premières, l’abondance Lamartinienne, la souplesse, l’aisance du nageur dans le rythme, la largeur de la touche et du développement, la difficulté facile des vrais poètes et le secret de leur magie ; car il y a deux facilités, et l’autre s’appelle la facile difficulté, — et c’est le trompe-l’œil des imbéciles !

1328. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Le vice respiré de loin, enivrant de loin, ne fascine plus comme à distance ; et, malgré les dépravations secrètes de la volonté, ce n’est guères plus là qu’une ébauche de Messaline, et une ébauche qui ne s’achève jamais ; une ébauche qui a les bras coupés comme la Vénus de Milo !

1329. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Brucker débordait, il en est un, et c’est le plus oublié peut-être, qui s’appelle un Secret et qui en est trop un.

1330. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Tout l’intérêt et le secret du roman sont là.

1331. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Mais celui qui n’a ni le secret, ni le partage de ces choses sacrées, n’a pas semblable chance de bonheur, après le trépas et dans le ténébreux séjour. » Ces majestueuses paroles, on le voit, respirent même piété, même confiance que le fragment de Pindare sur les mystères d’Éleusis.

1332. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Ce ton indique une blessure secrète toujours vivante ; quand la raillerie tourne habituellement au sarcasme, soyez sûr que le moqueur souffre. […] Ta phrase est plus connue qu’un remède secret !  […] De là un bonheur conjugal vraiment unique, chacun tirant à soi, tous deux trompés dans leurs espérances, usant de leur esprit pour se picoter en secret et s’aimer en public. […] Tu devrais me baiser sur les yeux pour te dire ainsi des secrets de vie et de mort sur les écus. […] Lorsqu’il est vice Président sous John Adam, il recommence ses menées secrètes, il cherche les voies tortueuses et souterraines : il craint le grand jour ; il aime mieux compromettre les autres que de se hasarder lui-même.

1333. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

De dix à seize ans, Jean-Jacques est du jeune être triste et secret. […] Son abjuration, certaines missions secrètes restées mal connues, lui valurent de la cour de Turin une pension de quinze cents livres. […] Eu attendant le mariage, Julie a demandé de secrets plaisirs à son professeur. […] Cette aspiration, en apparence si généreuse, il : un absolu de vérité, ne cache-t-elle pas aussi quelque secrète ruine de l’âme ? […] Tout le secret des idées qu’il professa est dans sa sensibilité.

1334. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

. — Ce qui gonfle de sève ces exubérantes Harmonies, ce paradisiaque Jocelyn et cette inégale, monstrueuse et splendide Chute d’un ange, ce sont peut-être les douze ans d’oisiveté inquiète où il se chercha lui-même et où se forma en lui comme un vaste et secret réservoir de poésie inexprimée. […] Tous deux se conduisirent avec générosité ; car Maria-Anna Birsch, qui était protestante, abjura en secret pour pouvoir être à son grand homme ; et lui, c’est après la publication des Méditations et quand déjà la gloire lui était venue, soudaine et enivrante, qu’il épousa cette fille médiocrement belle et médiocrement riche. […] » « Le but secret et le résultat de toutes ces images, c’est l’allègement de la sensation. » Avec tout cela, les réflexions de M. de Pomairols, si justes dans leur généralité, nous donnent peut-être l’idée d’une poésie par trop immatérielle, inconsistante jusqu’à l’évanouissement. […]      Ainsi donc, mon enfant, voilà ce grand secret Dont tout autre qu’un père en l’écoutant rirait ; Voilà par quel honteux et ridicule piège L’Esprit trompeur poussait vos pas au sacrilège….. […] Et le secret de ces inventions est aux mains d’une aristocratie très intelligente, très voluptueuse et très méchante, dont les membres sont des géants, des titans, et se disent eux-mêmes des dieux, et qui gouverne par la terreur, exploite et opprime affreusement tout un peuple réduit en esclavage.

1335. (1929) Amiel ou la part du rêve

Le seul monument devant lequel il ressent, comme dans un site aimé, une amitié et une communion musicale, c’est le Penseroso de Michel-Ange, auquel il revenait toujours, comptant pénétrer son secret. […] On remplirait tous les puits de la terre avec les larmes qu’elle a fait verser en secret ; on peuplerait une planète avec les êtres dont elle a fait le malheur, et on doublerait la moyenne de la vie humaine avec les années de ceux dont la famille a abrégé les jours ! […] Veuves, femmes, jeunes filles, grand’mères m’ont ouvert elles-mêmes la chapelle de leurs secrètes pensées… J’ai été un directeur laïque, choisi spontanément par ses pénitentes. […] Tolstoï, à la fin, était obligé d’avoir deux journaux, le Journal intime, que sa femme recopiait sur ses notes, et le Journal secret, que son fils appelle le journal des bottes, parce que Tolstoï, pour le soustraire à la comtesse, le cachait dans sa chaussure. […] Tête complète et profond diadème, Je suis en toi le secret changement.

1336. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Sautelet, Frank Carré, Jules Bastide, Albert Stapfer, un ou deux autres encore, tous liés étroitement entre eux et avec Ampère, avaient lu Oberman et s’étaient sentis aussitôt épris d’une admiration mystérieuse et concentrée qui ressemblait d’autant mieux à un culte qu’elle était le secret de quelques-uns. […] Je dirai seulement de ce tendre intérêt qu’il inspira à Mlle Cuvier, intérêt mystérieux resté bien longtemps secret, et dont il est permis à peine de dévoiler quelque chose aujourd’hui79, que plus tard les voyages d’Ampère en Allemagne, puis dans le Nord, y apportèrent un arrêt et un obstacle, peut-être un brisement et une rupture intérieure : à son retour du Nord, il ne retrouva plus celle qui savait si bien l’écouter ; la noble jeune fille si distinguée, et depuis quelque temps promise à un autre, mourait de consomption avant l’autel. […] J’en tire seulement cette conclusion, que dans la critique des œuvres contemporaines, par bon goût peut-être, par discrétion et aussi par une sorte de compromis secret entre les diverses écoles, Ampère ne sut jamais apporter cette vigueur décisive qui tranche les hésitations, qui fait saillir les caractères (qualités et défauts), et qui classe non-seulement l’œuvre et l’auteur en question, mais le critique lui-même. […] Ampère avait commencé avec Chateaubriand par une certaine colère secrète et un sentiment de répulsion assez compliqué, soit qu’il vît en lui le rival radieux qui, dans la pensée de Béatrix, occupait la première place et le rejetait lui-même au second plan, soit qu’il lui en voulût, comme ami, de certaines souffrances et de certains ennuis dont il avait été témoin ou confident, et qu’avait ressentis la Béatrix elle-même, dans les moments où elle se croyait sacrifiée à d’autres amitiés moins dignes.

1337. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

On a relevé ce passage du discours de Berlin, dans lequel le jeune auteur semble faire un retour secret sur la condition religieuse à laquelle il est lié ; il s’agit de savoir jusqu’où s’étendra le pouvoir des parents sur les pactes de ceux qui sont en leur puissance : « Le plus cruel abus, écrit M. […] La funeste puissance de ces expressions magiques est un vieux secret d’oppression… » L’éditeur de Boileau trouvera plus tard des flétrissures presque aussi vives pour caractériser les conséquences désastreuses qu’il attribuait à une littérature vague et indéfinissable : toujours le même pli. […] Daunou en triompha plus heureusement et retrouva son égalité d’humeur pour l’étude ; mais une méfiance secrète s’infiltra ou s’accrut en lui ; il eut, lui, on peut le dire, sa misanthropie, non point exaltée comme Jean-Jacques ou aigre-douce comme Bernardin, non point ardente et satirique comme Chénier, égoïste et oisive comme Sieyès, mais sa misanthropie studieuse. […] Habile à trouver la fibre secrète de chacun pour la faire jouer à son gré et l’adapter à ses fins, Napoléon avait été long à découvrir celle de Daunou, mais, pour le coup, il la tenait : il y avait quelque chose de plus avant que le républicain chez l’homme de l’an III, c’était le philosophe ; il y avait quelqu’un qu’il jugeait plus funeste encore que l’Empereur, c’était le Pontife.

1338. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

» Sainte-Beuve réplique coléreusement : « La propriété littéraire pas plus que l’autre… Il ne faut pas de propriété… Il faut que tout se renouvelle, que chacun travaille à son tour… Dans ces quelques paroles, jaillies du plus secret et du plus sincère de son âme, on sent, dans Sainte-Beuve, le célibataire révolutionnaire, et il nous apparaît presque avec la tête d’un conventionnel niveleur, d’un homme laissant percer contre la société du xixe  siècle des haines à la Rousseau, ce Jean-Jacques auquel il ressemble un peu physiologiquement. […] 7 juin À dîner à Saint-Gratien, cet Ésope de Chaix d’Est-Ange, dont l’esprit, le joli méchant esprit a quelque chose de la mordillure d’un singe… Le soir, en nous promenant dans le parc, l’ancien procureur général, l’initié à tous les secrets de famille, nous dit qu’au fond la société vit absolument de l’hypocrisie, et que cette hypocrisie, il faut la protéger, l’encourager même… parce que, pour peu qu’on pénètre dans la vie des gens, on n’y trouve pas seulement l’adultère… mais l’inceste et tout le reste. […] » 25 juin Ce cabinet, témoin de tant de choses redoutables, ce confident de secrets si noirs, ce cabinet du préfet de police, le croirait-on ? […] Et nous plongeant dans les abîmes de ces cruelles vérités, nous nous disons la belle publication à faire pour des philosophes et des moralistes, d’un choix de documents pareils, avec pour titre : Archives secrètes de l’humanité.

1339. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

M. de Marsan fit mieux que pas un. » Nous cherchions le secret de ce galimatias avec une admiration respectueuse. […] Il écrivait seul, en secret, avec la ferme résolution de n’être point lu tant qu’il vivrait, n’étant guidé ni par le respect de l’opinion, ni par le désir de la gloire viagère. […] Les Mémoires de Saint-Simon sont un grand cabinet secret, où gisent entassées sous une lumière vengeresse les défroques salies et menteuses dont s’affublait l’aristocratie servile. […] Elle parle, mais en grande dame, avec le sentiment secret de sa dignité et de la dignité de ceux qui l’écoutent. […] Bientôt la plus innocente des imprudences laisse percer un indice de cette passion secrète ; le remords vient ; mais l’amour subsiste jusque dans le remords qui le combat.

1340. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je revele les secrets d’un ami après sa mort ! Voilà un zêle fort loüable, s’il étoit bien placé ; mais qu’est-ce au fond que ce secret que je révele ? […] Il comparoit tout haut les vers d’Homere avec les miens, en me félicitant du bonheur de ma traduction, tandis que sans nier, ni sans décéler mon ignorance sur le grec, je m’applaudissois en secret d’avoir rencontré assez juste pour lui paroître le sçavoir. […] C’est un secours que je me suis procuré, pour me mettre en état de mieux faire, c’est une adresse de l’amour propre qui veut bien devorer de petits affronts, pour se préparer des honneurs plus solides ; et les esprits supérieurs qui font bien sans cela, feroient encore mieux sans doute, s’ils se servoient un peu de mon secret. […] Et ce secret est de dire où sa maîtresse est allée, après avoir averti exactement des lieux où elle n’est pas.

1341. (1893) Alfred de Musset

Leur dire ces choses, c’est trahir le secret de nos rêves et de nos passions, c’est avouer combien nous étions romanesques et sentimentaux, et nous couvrir de ridicule aux yeux de nos fils, qui le sont si peu. […] Il cherchait dans la maison de ses parents, rue Cassette, les passages secrets qui font qu’on entend marcher dans les murs, et les portes dérobées par où surgissent les traîtres et les libérateurs. […] La Revue de Paris avait publié en juillet le manifeste littéraire intitulé Les Secrètes Pensées de Rafaël, que le Cénacle prit pour un désaveu, et qui n’était qu’une déclaration d’indépendance. […] Trop bonne et trop droite pour permettre à ses rêves de se placer entre elle et son devoir, elle goûte un plaisir secret à sentir que ce devoir lui est pénible, et qu’elle n’est pas de ces filles positives et froides qui songent gaiement, et non pas ironiquement comme elle, en épousant un malotru : Après tout, je serai une dame, c’est peut-être amusant ; je prendrai peut-être goût à mes parures, que sais-je ? […] Mme de Castries m’approuve ; elle dit qu’il est bon d’avoir dans l’âme un tiroir secret, pourvu qu’on n’y mette que des choses saines. » À la maladie suivante, il avait fait redemander à son couvent la sœur Marceline.

1342. (1884) La légende du Parnasse contemporain

C’est ce que nul ne saurait dire, ne saurait prévoir même ; c’est le secret des génies futurs. […] Du secret de mon cœur malade, Je te dirai, pour t’émouvoir. […] Quelles secrètes souffrances, quelles longues rancunes, quelles vieilles haines extravasées n’a-t-il pas fallu pour que cet amant de la Beauté ait consenti à ces contorsions convulsives ! […] Bien des fois, le jour nous surprit penchés sur la même page toute chargée de ratures, car Coppée savait maintenant qu’il faut raturer, raturer toujours ; et enfin, après tant de rudes besognes, il acheva un poème où s’affirmait d’une façon définitive qu’il n’ignorait plus aucun des secrets de son art et qu’il était, comme il convient, le dominateur de son inspiration. […] Ne comprenant plus rien au vil bourdonnement De la terre ; abîmé dans son rêve indicible ; Lui-même épouvanté dans son secret terrible.

1343. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

L’association, tout extérieure, a été fugitive, le parfum s’est évaporé et il reste des poèmes transparents, flacons dédorés qui laissent voir l’absence d’art intime et secret. […] Taine disait grossièrement : le cerveau sécrète la pensée comme le foie secrète, la bile . […] Cependant Sarcey a une sorte de gros bon sens, et il ajoute : « Je n’oserais pas affirmer que tout soit voulu et factice dans cette manière ; mais je penche à croire que Taine, tout en obéissant peut-être à un instinct secret, etc. » Nous voilà loin de l’aphorisme désinvolte de M.  […] Le secret de longue vie n’est pas dans les procédés, mais dans le mépris des procédés. […] Songez à des créatures auxquelles on enseignerait longuement la cuisine et tous ses secrets et qui seraient destinées à vivre de lard et de pot-au-feu  !

1344. (1903) Le problème de l’avenir latin

Mais à côté de cet avantage évident, il y a lieu de se demander s’il n’y aurait pas là un motif secret d’infériorité et de déchéance. […] Charme de ce qui est en dehors de la vie, prestige de ce qui est du passé, tel est bien le secret de ce rayonnement spécial que possède le monde latin parmi les peuples.‌ […] Quelques menues expériences encore, et l’on va tenir en entier le secret dernier de la vie ! […] Et tandis qu’on l’oublie en plein orgueil, le marécage des antipodes s’est asséché ; la végétation nouvelle et monstrueuse y a grandi ; la terre usée, la terre abolie, s’est reformée du limon ; et voici que, là-bas, celle dont on cherche ici le secret, trouvable demain, Elle, la Vie, lentement y a germé en un réenfantement de sa mystérieuse évolution. […] Mais c’est tout à l’heure, oui, tout à l’heure, que le secret de créer va être trouvé enfin et qu’on sera maître absolu de la vie.

1345. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Mais il y a une quantité d’autres petits services intimes et secrets qu’on n’aime point demander à son valet de chambre et dont Maginard se console et se contente. […] J’en appelle à Mme Edmond Adam qui connaît ces sombres secrets. […] Comme il en compte les pulsations, comme il en montre les déchirures et les plus secrètes douleurs ! […] Et comme l’opinion de cet isolé a été diamétralement opposée aux intérêts confus, aux aspirations incertaines des masses, il faut admirer le secret des choses humaines, et demander à Dieu, dans nos prières, de nous préserver des héros. […] Si, comme l’insinuaient les notes policières, Fénéon avait, depuis 1884, vendu nos secrets militaires aux Allemands, il est probable qu’il serait un peu plus riche qu’il ne l’est.

1346. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Combien de Français, avant les tragiques leçons de la dernière guerre, je ne dis pas connaissaient, mais soupçonnaient l’intime secret de la pensée Allemande ? […] Qu’un analyste de l’acuité de Kant n’ait pas démêlé cette malfaisance secrète de sa spécieuse formule, c’est de quoi surprendre, même quand on sait combien l’orgueil philosophique se dupe aisément lui-même. […] Nous le voyons chez lui, à la veille de l’opération, dormant à peine, s’il a des doutes secrets sur l’issue. […] Ce qui est triste, c’est que cet hypnotisme l’ait détaché de son propre pays, et lui en ait caché les forces intimes et secrètes. […] Il exagérera la surveillance sur sa parole, pour ne jamais manquer, même de la façon la plus légère, au secret professionnel.

1347. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Parce qu’il a découvert le secret des négociations, l’historien est tenté de croire que ce secret explique tout. […] Ce fut le secret de l’intrigue ourdie avec Benjamin Constant et qui aboutit au discours que celui-ci prononça au Tribunat contre Bonaparte. […] Seulement il a le secret de dire avec une apparence de clarté et de précision des choses obscures. […] » Cette imperfection des connaissances humaines, à vrai dire, beaucoup de gens en soupçonnent l’étendue ; mais il importe qu’elle ait été proclamée par l’homme de notre temps qui a pénétré le plus avant dans les secrets de la vie. […] Grâce à lui, les années de jeunesse du mystérieux dandy de lettres n’ont plus pour nous de secret.

1348. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Il est à remarquer qu’elle et Victor Hugo entrèrent sous l’aile de la muse avec je ne sais quelle secrète influence espagnole, l’un né à Besançon, l’autre à Douai, deux cités françaises très-marquées de ce caractère étranger ; mais elle, son talent ne portait au cœur comme au front que le caractère espagnol attendri. […] maintenant reviens et descends encore. » Volontiers aussi notre tendre élégiaque, les mains levées au ciel, se fût écriée en sa naïve démence, avec une autre âme aimante, une autre muse voilée, sœur de la sienne49, et dont l’écho seul m’a, par hasard, apporté la voix : Secrets du cœur, vaste et profond abîme, Qui n’a pitié ne connaît rien de vous !

1349. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Je n’aborde pas la Marie Stuart réelle, celle de l’histoire approfondie ; des travaux récents ont beaucoup fait pour l’éclairer jusque dans les plus secrets replis et pour désenchanter du personnage. […] Dans la pièce française on ne voit pas ces objets, et ils ne sont pas nommés ; la nourrice Anna redemande un peu vaguement à Paulet Ces lettres, ces écrits, ces secrets caractères, De ses longs déplaisirs tristes dépositaires.

1350. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Une inspiration particulière s’y mêle, on le sent, et en est comme la muse secrète. […] Depuis un voyage qu’elle fit à Cauterets étant malade, en 1806, la pensée chrétienne lui revint et ne la quitta plus entièrement ; on en suivrait la trace dans ce recueil secret par une suite d’extraits de Pascal, de Fénelon, de Bossuet, de Nicole, de saint Augustin, par des prières même composées par elle, ou que lui avait communiquées Mme de Vintimille.

1351. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

trois ans à peine s’étaient écoulés, et lui-même allait être initié à ces secrets de la mort, où il semble que, par un triste pressentiment, il s’était plu à s’arrêter avec une curiosité mélancolique. » Il allait savoir le dernier mot (s’il est permis !) […] Il y a un mot de Bossuet (ou de Fénelon) qui dit : « L’homme s’agite, et Dieu le mène. » Tout le secret de la vie est là ; il faut s’étourdir par l’action.

1352. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Nous nous en apercevons à la fatigue secrète qui nous dégoûte du spectacle des choses humaines et nous pousse à la contemplation des choses naturelles. […] Il le disait avec l’accent et l’émotion de Virgile : Solitude où je sens une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais.

1353. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

C’est cette concordance secrète des forces créatrices qui a produit la politesse achevée et la noble littérature régulière sous Louis XIV et Bossuet, la métaphysique grandiose et la large sympathie critique sous Hegel et Gœthe. C’est cette contrariété secrète des forces créatrices qui a produit la littérature incomplète, la comédie scandaleuse, le théâtre avorté sous Dryden et Wycherley, les mauvaises importations grecques, les tâtonnements, les fabrications, les petites beautés partielles sous Ronsard et la Pléiade.

1354. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» s’écrie le poète ; « c’est toi, homme, qui avais ma confiance, ma tendresse, mes secrets ! […] Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues.

1355. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Une joie intérieure et une consolation secrète brillèrent depuis ce moment sur son visage. […] ” Lâche s’il fit ce sacrifice à sa popularité, cruel s’il le fit à son opinion, odieux s’il le fit à son ambition, il a emporté le secret de sa conduite politique devant Dieu.

1356. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Cependant je ne sais quelle curiosité amoureuse du site et de sa paix me poussait à connaître aussi les cloîtres intérieurs et le jardin que ces murs dérobaient à mes regards ; je m’y figurais des mystères de recueillement et de charmes secrets. […] … Je vis des divinités célestes et charmantes, et, parmi ces nymphes et ces sirènes… je restai frappé de stupeur, et je me sentis tout à coup grandir moi-même à la hauteur de ce que j’admirais… Rempli d’une vie inconnue, inondé d’une divinité intérieure toute nouvelle… je chantais les exploits et les héros, dédaignant désormais les humbles idylles… » XVI Cependant, soit que la distance et le respect eussent intimidé l’aveu de ces sentiments pour Léonora d’Este, soit qu’il eût voulu dérober sous un autre nom les hommages poétiques secrets qu’il adressait dans son cœur à Léonora, le Tasse affecta de célébrer quelque temps dans ses vers une autre beauté de la cour de Ferrare.

1357. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

La prière murmurée à demi-voix par le ministre du Tout-Puissant retentit sourdement sur toutes les lèvres qui la répètent, et emporte à Dieu les louanges, les actions de grâce et les vœux secrets de tout ce monde flottant. […] Ouvrez vos yeux et confessez le mystère, le secret de Dieu !

1358. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Champenois, secrétaire du roi de Bohème Jean de Luxembourg : à lui l’honneur d’avoir révélé le secret des rimes serpentines, équivoques, léonines, croisées ou rétrogrades, sonantes ou consonantes. […] Du haut de leurs chaires, sur les places, par les champs, les prédicateurs étaient les directeurs publics de la conscience des individus et des foules : tout et tous passaient sons leur âpre censure, et définis les coiffures effrontées des femmes, nulle partie secrète ou visible de la corruption du siècle ne déconcertait l’audace de leur pensée ou de leur langue.

1359. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

par exemple, au second vers d’Hernani, la duègne entendant frapper à la porte secrète : Serait-ce déjà lui ? […] Le sang-froid, la netteté de vue qu’implique une pareille connaissance des secrets de son âme n’est-elle pas incompatible avec l’emportement aveugle de la passion ?

1360. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

L’horreur de l’universel cloaque de lâcheté, de sottise et d’impudicité qui est le monde ne lui laissait de refuges que ces étroits et secrets paradis d’entier renoncement et de pureté parfaite qui sont les couvents ; entendez les couvents intransigeants des carmélites ou des trappistes. […] Là, puis sur la rive historique de la Seine « aux peupliers d’or », et le lendemain, chez le Roi Soleil, sa bienvenue lui fut souhaitée en des vers magnifiques ou gracieux, dont le tour propre et toute la composition secrète témoignaient de l’antiquité d’une langue lentement formée et à la fois épurée et enrichie par toutes les savantes lèvres qui l’ont parlée depuis le Serment de Strasbourg.

1361. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Ce n’est plus un secret pour aucune femme qu’il n’y a pas d’amour ou disons pas d’amant possible, pas d’amante, que l’on puisse placer dans une carrière en formation, dans une vie en marche. […] Robert de Montesquiou Celui qui voit et revoit, avec passion, Le Mystère de saint Sébastien, Le Vieil Homme ou La Femme nue, me paraît aussi estimable que celui qui lit et relit, avec assiduité, Forse che sì…, Les Désenchantées et Greco ou le Secret de Tolède.

1362. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Ses yeux ont des rayons de lumière qui pénètrent jusqu’aux pensées et jusqu’aux secrets des cœurs. […] Quoique le secret d’ennuyer soit celui de tout dire , et que j’aie déjà dit beaucoup plus qu’il n’était nécessaire pour détourner de l’hôtel Rambouillet l’application des Précieuses ridicules, je ne puis m’empêcher de revenir sur l’opinion des écrivains qui donnent pour une adroite précaution contre les plaintes des personnes de cette société la préface où Molière déclare que sa pièce regarde uniquement les mauvais singes , les ridicules copies des illustres précieuses.

1363. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Blanchis sous les secrets de deux règnes, ils savent le défaut de ce vaste Empire taillé par le glaive, dans un bloc friable de nations conquises. […] Pour Eschyle, le secret du désastre était, en partie, dans ce pont hardi qui avait insolemment enchaîné un bras de la mer.

1364. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je vous remercie de votre secret pour faire du beurre. […] J’en ai fait une si douce expérience, que je vous en fais part comme d’un secret infaillible qui vous sera aussi utile qu’à moi.

1365. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Comme ils se laissaient accabler, elle éprouvait une joie secrète, la joie des lâches quand ils s’aperçoivent qu’ils avaient bien tort de trembler. […] Quelle qu’ait été la pureté des intentions du cardinal Ganganelli et l’étendue de ses secrètes espérances quand il posait tout un pontificat sur le dé de cette lettre fatale, il s’agit, en fin de compte, tout simplement, de savoir si la chance a été pour l’Église, si l’engagement souscrit fut ou non un épouvantable malheur… Or, qui le niera ?

1366. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Les nobles font de la connaissance des lois le secret de leur ordre, afin qu’elles dépendent de leurs caprices, et qu’ils les appliquent aussi arbitrairement que des rois. […] Enfin le même axiome nous fait connaître dans sa dernière partie le secret motif pour lequel les Empereurs, en commençant par Auguste, firent des lois innombrables pour des cas particuliers ; et pourquoi chez les modernes tous les états monarchiques ou républicains ont reçu le corps du droit romain, et celui du droit canonique.

1367. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Le bon abbé, dans cette condamnation où l’on ne voulut pas l’entendre, n’eut pour lui, au scrutin secret, qu’une seule voix, celle de Fontenelle.

1368. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Cet homme de modestie et de mérite a fait de sa vie deux parts : il livre l’une à la nécessité, au travail ; il réserve l’autre, inviolable et secrète.

1369. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin, à tous les moments de sa carrière, a été l’impulsion, l’initiative, le besoin et le secret de la prédominance.

1370. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Trois mois se passèrent dans une félicité sans mélange, chaque jour révélant un surcroît de perfection et un talent imprévu dans cette personne rare, dont il ignora jusqu’à là fin l’histoire antérieure et le secret.

1371. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Le jeune Steven de Travendahl, fils d’un général de Charles XII, qui a péri à Pultawa, s’est retiré dans ce pays de Hartz avec sa mère, avec sa sœur ; devenu le chef respecté des intrépides mineurs, il n’a, d’ailleurs, qu’une pensée : servir sa mère, lui obéir, consoler sa triste sœur Mina, qu’une langueur secrète dévore.

1372. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Les idées en elles-mêmes sont indépendantes de l’effet qu’elles produisent ; mais le style ayant précisément pour but de faire adopter aux hommes les idées qu’il exprime, si l’auteur n’y réussit pas, c’est que sa pénétration n’a pas encore su découvrir la route qui conduit à ces secrets de l’âme, à ces principes du jugement dont il faut se rendre maître pour ramener à son opinion celle des autres.

1373. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Il trouva au bout de vingt ans d’essais le secret de son émail.

1374. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il appartient au xviiie  siècle, et il est tout classique, le dernier des grands classiques : ce qui a trompé sur lui, c’est qu’il était poète, en un siècle qui avait ignoré la poésie ; et c’est qu’il avait retrouvé, parmi les pseudo-classiques de son temps, le secret du véritable art classique.

1375. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Le démon qui parfois transparaît dans ses yeux, Au secret des rameaux dormant pareils entre eux.

1376. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.

1377. (1890) L’avenir de la science « Préface »

La liberté, d’ailleurs, dans le doute général où nous sommes, a sa valeur en tout cas ; puisqu’elle est une manière de laisser agir le ressort secret qui meut l’humanité et qui, bon gré mal gré, l’emporte toujours.

1378. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Jésus y vit probablement travailler, non sans quelque humeur secrète.

1379. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Ce sont des questions qui tiennent au secret de chacun, et sur lesquelles il serait difficile de se prononcer par conjecture.

1380. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Cette loi de contrariété bovaryque s’exerce donc encore ici, qui oppose à la volonté consciente des hommes et à leurs desseins prémédités une volonté secrète et plus forte, au profit de laquelle est exploitée une énergie suscitée en vue d’une autre fin.

1381. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Les âmes I La production des âmes, c’est le secret de l’abîme, l’inné, quelle ombre !

1382. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Il a, du côté de la poésie, des ouvertures secrètes dont il ne se doute pas lui-même.

1383. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

C’est le secret de beaucoup de vocations.

1384. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Que serait-ce donc si j’embrassais tous les ouvrages de Bossuet ; si je descendais avec lui dans l’arène de cette haute polémique où il consuma une partie de ses forces ; si j’interrogeais avec lui les oracles des anciens jours, afin de m’initier moi-même et d’initier mon lecteur aux secrets de cette Politique sacrée que l’on croirait appartenir à un autre âge, tant pour les princes que pour les peuples ; si je m’élevais sur ses ailes à la contemplation des mystères du christianisme ; si je creusais avec son analyse lumineuse et pénétrante les profondeurs d’un mysticisme exalté où s’égarèrent quelques âmes tendres ?

1385. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Voici un livre d’observateur sur le vif, de voyageur en dehors des livres, d’homme qui a fait le sien à la sueur de son front et à la poussière de ses sandales, qui a vécu dix ans dans le pays dont il parle, plongé dans les difficultés de la langue de ce pays et dans le secret de ses mœurs, et qui, de la plus haute moralité, — de cette moralité de prêtre qui donne à la parole humaine, toujours suspecte quand elle nous revient de si loin, l’autorité qu’elle doit avoir pour être acceptée, — nous apporte sur la Chine un de ces renseignements, éclairés et complets, tels qu’on n’en avait pas revu depuis la publication des Lettres édifiantes.

1386. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

, mais tous les deux appartiennent à des opinions qui faussent leur nature et dépravent leur talent ; tous les deux ils étaient mieux faits que pour soutenir et défendre, chacun à sa manière, les doctrines avouées ou secrètes du matérialisme démocratique.

1387. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Or, nos désirs sont les voix secrètes de la destinée.

1388. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Ajoutez au brigandage et aux abus de la féodalité la conspiration permanente des sociétés secrètes, dont fume toujours l’Italie, et qui préparaient leurs explosions à Pérouse, où Pecci fut envoyé, et on pourra se faire une idée de la vigueur de sa main.

1389. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Il nous ouvre l’âme à secret de ce vulgaire envieux de Colomb qui osait bien le mépriser comme les gens médiocres méprisent le Génie, — au nom des intérêts positifs.

1390. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Et pourtant quelle meilleure occasion qu’une histoire qui va de 1584 à 1598 pour peser cette gloire faite et surfaite par des cadets de famille en guerre contre leurs aînés (car voilà tout le secret du protestantisme de la noblesse de Henri IV !)

1391. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

C’est un de ces livres discrets et transparents qui ne disent pas, tout ce qu’ils pourraient dire, mais qui le laissent entrevoir ; c’est un de ces sphinx au front de marbre diaphane à travers lequel perce le secret qu’on garde encore, mais qui doit un jour en sortir !

1392. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Ceux pour qui elle n’a pas le même timbre que pour nous ont bien reconnu l’homme qui s’annonçait ainsi, et tel est le secret de leur accueil et de leurs éloges !

1393. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

L’Histoire de Clément XIV, cette nouvelle histoire publiée par un prêtre élevé en dignité, consulteur des saintes congrégations de l’Index et du Saint-Office, préfet coadjuteur des archives secrètes du Vatican, traduite au même moment en trois langues différentes pour qu’elle ait son triple retentissement simultané, ce livre, qui fait bruit à Rome et qui fera probablement bruit dans le monde, n’est point, à coup sûr, un de ces livres qui naissent spontanément et sans dessein dans la pensée laborieuse d’un annaliste.

1394. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

J’ai repris mon luth, Et, suivant mon but Féerique, Je m’en vais cherchant Le secret du chant Lyrique.

1395. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Elles m’apprennent, en effet, le secret de la vie et du malheur de Réa Delcroix, « veuve… d’un mari vivant », dit-elle quelque part, et la minceur de l’âme, tout à la fois violente et tremblante, du très pauvre homme qu’elle a aimé, et qui, transfiguré par l’amour, est placé par elle dans une gloire de lumière, — aveuglement cruel, puisqu’elle éclaire sa médiocrité… Hélas !

1396. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Cette découverte de l’origine de la poésie détruit le préjugé commun sur la profondeur de la sagesse antique, à laquelle les modernes devraient désespérer d’atteindre, et dont tous les philosophes depuis Platon jusqu’à Bacon ont tant souhaité de pénétrer le secret.

1397. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Godefroy, ont découvert le secret redoutable que j’espérais cacher à tout le monde, même à toi. — Quel secret ? […] Cependant, la délivrance à laquelle elle aspirait dans le secret de son cœur devait lui venir pour ainsi dire d’elle-même et du côté où elle l’attendait le moins. […] que beaucoup de ceux qui croient avoir reçu « l’influence secrète » n’écrivent en vers que de la prose en se créant des difficultés pour rimer ! […] Cela est donc vrai que le cœur trouve un secret plaisir à s’enivrer de la vue de nos chers amis quand ils nous échappent ?

1398. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Le secret de cette apparente douceur consiste en ceci que je n’ai jamais parlé que des ouvrages qui me paraissaient les meilleurs, quand j’ai pu en parler, laissant de côté ceux pour lesquels il eût fallu montrer une sévérité inutile et décourageante. […] De la pièce je n’ai pas voulu parler, trouvant d’assez mauvais goût l’habitude prise maintenant de divulguer les secrets des autres, quand ces autres ont le malheur d’être des auteurs dramatiques. […] … Mais, regarde-moi, je meurs de cet effroyable secret… C’est fini. […] Suzanne de Moraines, cette femme du monde qui, sous les yeux mêmes de son mari, mène grand train dans Paris, à l’aide des subventions secrètes du financier Desforges, est-elle véritablement une femme du monde ? […] Ce qu’il y a de singulier dans l’histoire des nombreux Louis XVII, c’est que tous possédaient les mêmes secrets, qu’ils faisaient constater leur identité par les mêmes moyens, voulaient embrasser la duchesse d’Angoulême en l’appelant : « Ma sœur ! 

1399. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Elle se remet aux mains des dieux et s’incline sous eux sans s’abattre, persuadée qu’ils sont bienveillants et purs, confiante en la sagesse secrète qui, dans le cercle infini des choses enchaînées, poursuit avec lenteur l’accomplissement de l’œuvre éternelle. […] « Le Parthénon, dit-il, étudié isolément dans sa construction et dans ses formes, ne nous eût a pas livré les secrets les plus profonds du style monumental dont il est l’exemplaire accompli. […] L’électeur ne voudra plus tourner la machine, et sa raison secrète sera qu’après dix épreuves il en a trouvé la poignée trop haute et trop lourde pour sa main. […] L’humanité n’est pas aussi égoïste ni aussi grossière qu’on le suppose ; un instinct secret la porte vers les figures idéales ; quand elle croit en apercevoir une, elle tombe à genoux. […] Là-dessus, un grand connaisseur de la créature humaine, Sainte-Beuve, a dit avec sa perspicacité ordinaire : « Chez Beaumarchais, il y aura toujours un cabinet secret où le public n’entrera pas.

1400. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Dans ce Discours, Victor Cousin, qui l’avait découvert, avait reconnu « l’écho secret et la révélation involontaire d’une affection que Pascal aurait éprouvée pour une personne du grand monde ». […] Et quand on n’admettrait pas que le secret des caractères se révèle plus naïvement dans l’amour que dans l’avarice ou dans l’ambition, on accordera tout au moins qu’il y a bien plus de manières d’aimer qu’il n’y en a de poursuivre ou l’or ou le pouvoir. […] Il faut pénétrer très avant dans le secret des consciences, et en même temps, comme disent les psychologues, il faut faire grande attention de ne pas détruire, en s’y prenant trop brutalement, le sujet même de l’observation. […] Que de sottises il est permis de dire impunément dans une Correspondance secrète ! […] C’est le vrai secret de son acharnement, comme c’est le mot aussi de la puissance de Rousseau.

1401. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Barrès, Greco ou le Secret de Tolède, ce tournant un peu long que pour tenir mieux en lumière ceci, que M.  […] Les Francs ou le Secret de Sparte, eût écrit peut-être, du château des Villehardouin et du belvédère de Mistra, Maurice Barrès. […] Puisque je n’ai sous les yeux que le Secret de Tolède, il serait injuste de me rabattre, comme l’auteur, en Grèce, sur Castor et Pollux, sur d’autres livres alors que celui-là est fort beau. […] Barrès le dit, il faut le croire, mais je me plains précisément que sa manière lui fasse garder la moitié de ce secret, en même temps qu’il nous transmet l’autre, où d’ailleurs je reconnais le secret de M.  […] Ce songeur était-il dans son propre secret ?

1402. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Non, je ne suis jamais tombé sur un homme, ayant emporté d’un pays, une réminiscence plus gardeuse de tous les détails à demi-cachés et presque secrets, qui en font le caractère intime. […] Il faut qu’il représente le grand diplomate des secrètes œuvres de l’intérieur, avec ses côtés de brocante et de littérature des Bouffes. […] Une autre voix. — Oh, la séductrice famille que cette famille Sarah Bernhardt… Vous n’avez pas connu la charmante petite Régina, morte à dix-neuf ans… Une autre voix. — Oui, on estime à quatre-vingts millions de rente, la fortune que les jésuites possèdent en France, et cela est établi par une enquête secrète, faite tout dernièrement… C’était assez difficile, ils n’ont que des actions au porteur… le gouvernement a fait des recherches, pour arriver à savoir quelles étaient les personnes qui touchaient ces titres.

1403. (1925) La fin de l’art

Ceux-là seulement peuvent avoir l’illusion d’en avoir démêlé tous les secrets, qui ne la cherchent qu’à travers les règles des grammairiens, car le grammairien connaît la loi. […] Historiettes Hier, j’ouvris par hasard un tome de la « Chronique scandaleuse » (qui ne l’est pas plus que les autres mémoires secrets du dix-huitième siècle) et, en ayant parcouru quelques pages, j’y retrouvai quelques-unes des histoires gaies qui ont fait la réputation de tels de nos contemporains, celle-ci, par exemple : « Un officier municipal, chargé de surveiller les concerts, fait un jour venir un musicien et le reprend sur sa néglicence : « Vous vous reposez trop souvent, pendant que les autres jouent. […] D’autres métiers sont plus secrets ou ne sont observés que par de rares personnes.

1404. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Spencer va jusqu’à dire que « le grand secret, sinon le seul, de l’art de composer, c’est de réduire les frottements du véhicule au minimum possible ». […] Alors, il sentait ses regards pénétrer son âme, comme ces grands rayons de soleil qui descendent jusqu’au fond de l’eau. » — « Les cœurs des femmes sont comme ces petits meubles à secret, pleins de tiroirs emboîtés les uns dans les autres ; on se donne du mal, on se casse les ongles, et on trouve au fond quelque fleur desséchée, des brins de poussière — ou le vide265 !  […] Bientôt, cherchant à lire dans mes yeux, comme pour pénétrer mes secrets : 2. « Oh !

1405. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Ils renforçaient simplement chez les initiés l’esprit religieux en le doublant de cette satisfaction que les hommes ont toujours éprouvée à former de petites sociétés au sein de la grande, et à s’ériger en privilégiés par le fait d’une initiation tenue secrète. […] On sait dans quelle atmosphère de mystère, au sens orphique du mot, baignent les mythes platoniciens, et comment la théorie des Idées elle-même inclina par une sympathie secrète vers la théorie pythagoricienne des nombres. […] Coïncidant avec l’amour de Dieu pour son œuvre, amour qui a tout fait, il livrerait à qui saurait l’interroger le secret de la création.

1406. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Il lui faudrait un homme jeune, très aimable, bon danseur, joli meuble de salon, enfin un de ces hommes « qui savent par les femmes le secret des maris ». […] Ils sont dans le secret de l’État. […] Son christianisme complète sa philosophie en la confirmant d’abord, ensuite en en dévoilant le mystère et en en développant le secret. […] Ils doivent être soumis moralement à la vérité divine, dont l’Église a le secret. […] Le terrible don de voir clair dans son cœur, et le secret d’abréger tout parce qu’on voit tout, ce sont les deux facultés puissantes dont ce livre est né.

1407. (1932) Le clavecin de Diderot

Et puis et surtout ces pages doivent être des éclairages simples (sans secours, ni maquillage de rouges glorieux, de bleus féeriques, de mauves déconcertants…) sur les ponts à ciel ouvert, dans le secret des tunnels qui, entre eux, relient ces îlots de pensée, cités lacustres de systèmes que l’homme, triste castor, au cours des siècles, a construits pour s’abriter, lui et sa pensée. […] Le soleil, l’ail, l’accent, le mélange de sperme, de coquillage secret et de fruits trop mûrs, dont se trouve naturellement parfumée toute vieille cité phocéenne, voilà qui a été corrigé par la tristesse septentrionale. […] D’où, justement, l’allure juridique du conseil : Rendez à César… Rendez à Dieu… manteau de Noé, mi-or (César), mi-azur (Dieu) qui couvre le désir secret du Christ. […] Un coup sourd et secret. […] Et puisque chacun se croit Phœnix, s’il supplie qu’on brûle, anéantisse le guêpier de ses complexes, c’est dans l’espoir que, des cendres, vont renaître les frelons secrets dont le bourdonnement lui semble la plus belle, la vraie, la seule musique, la musique intérieure.

1408. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Le chef de la police secrète enlève au cadavre un grand morceau de peau, la fait tanner, puis transformer en porte-cigares et porte-cartes pour lui et quelques amis. […] La musique doit constamment promettre, mais ne jamais tenir ; elle doit faire semblant de vouloir conter un grand secret, et se taire ou divaguer avant d’avoir dit le mot attendu avec des palpitations. […] C’est le secret de demain103 ». […] Rémy de Gourmont confesse loyalement : « Quant à dévoiler la secrète signification de ce vocable (le mot symbolistes), je ne le saurais. […] Pendant quelques années il a été le grand-prêtre de cette doctrine secrète, et il a desservi son culte avec le sérieux requis.

1409. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

C’est là le double génie de Shakespeare, philosophe et poëte également inépuisable, moraliste et machiniste tour à tour, aussi habile à remplir bruyamment la scène qu’à pénétrer et à mettre en lumière les plus intimes secrets du cœur humain. […] Fénicia était tellement changée, qu’elle ne fut reconnue qu’à la fin de la noce, et lorsqu’une tante de la mariée ne put garder plus longtemps le secret » ; tel est l’extrait succinct de la nouvelle du prolixe Bandello. […] Celui-ci a tout le cynisme de Diogène, et son égoïsme et son orgueil, qui percent à travers ses haillons, trahissent le secret de ses sarcasmes et de ses mépris pour les hommes. […] Bientôt elle apprit que le roi souffrait beaucoup d’une fistule déclarée incurable ; son père lui avait légué plusieurs secrets de son art, et Gillette conçut l’espoir de guérir le monarque. […] Nous demandons pardon à l’ombre de Shakspeare de trahir le secret de ses premières compositions, si peu dignes de son grand nom !

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Je ne sais quel goût de distinction native : se sent toujours chez ceux qui, jeunes, ont eu de ces religions secrètes ; même quand l’heure de l’érudition est venue, on se dit en les lisant, et on devine à un certain air, que la poésie a passé par là. […] Des infirmités secrètes l’avertissaient tout bas que l’heure de l’éternité n’était peut-être pas aussi éloignée que le lui disait la jeunesse.

1411. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Partout, dans ses voyages, son but secret et cher était de trouver, d’obtenir un coin de terre et quelques paysans pour fonder son règne heureux ; comme Colomb, qui mendiait de cour en cour de quoi découvrir son monde, Saint-Pierre allait mendiant de quoi réaliser son Arcadie et son Atlantide. […] Il nous confesse son secret en finissant : « Je préférerais, de toutes les campagnes, nous dit-il, celle de mon pays, non pas parce qu’elle est belle, mais parce que j’y ai été élevé….

1412. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Parce que nous les acceptons de confiance, elles n’en sont pas moins saintes, et elles n’en deviennent que plus saintes lorsque, soumises à l’examen et suivies à travers l’histoire, elles se révèlent à nous comme la force secrète qui, d’un troupeau de brutes, a fait une société d’hommes  En général, plus un usage est universel et ancien, plus il est fondé sur des motifs profonds, motifs de physiologie, d’hygiène, de prévoyance sociale. […] Sens-tu s’allumer dans tes veines un feu secret à l’aspect d’un objet charmant ?

1413. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Ils adoptent aisément des maximes qui semblent conformes à leurs secrets désirs ; du moins ils les adoptent en théorie et en paroles. […] Metra, Correspondance secrète, XII, 387 (7 mars 1785).

1414. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

C’est qu’avec la précision de son génie scientifique, Pascal ne nous montre aucun objet, qu’il ne lui ait arraché le secret de son essence intime, et qu’il n’ait suivi, aussi loin que la pensée peut aller, l’action qui en rayonne à travers l’infinité de la nature. […] Si on l’étudie de près, on apercevra que le secret de son énergie est dans le procédé scientifique que Pascal applique aux mots, manifestant leur définition et utilisant leurs liaisons dans les emplois qu’il en fait : le respect de leur propriété, et le choix de leur place, tout se ramène là.

1415. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

L’oiseau volera toutes les nuits avec des cris plaintifs autour de la porte et des fenêtres barricadées, cherchant à pénétrer dans le sanctuaire, mais ignorant l’entrée secrète ; et ainsi, durant toute l’éternité, sur cette colline, ma pauvre âme gémira d’un gémissement sans fin : « C’est l’âme d’un prêtre qui veut dire sa messe, murmurera le paysan qui passe. — Il ne trouvera jamais d’enfant pour la lui servir », répliquera un autre. […] Il savait sans doute le secret de sa naissance.

1416. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Par un revirement dont Dieu et Hugo ont seuls le secret, le soleil de la monarchie, qui ne lui semblait plus qu’un soleil de petite Provence, bon seulement pour réchauffer de pauvres vieux, est revenu jouer autour des lèvres sonores du Memnon de tous les soleils, et il leur a redonné une harmonie qui, ma foi ! […] L’impossible est le gouffre qui l’attire… C’est la force contre laquelle il lutte et qui le brise toujours, et c’est là même le secret et l’explication de tant de choses fausses, disproportionnées, incompréhensibles, qu’on rencontre dans ses écrits.

1417. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Notez que, sans nommer l’auteur de ces vers, je me garderais bien de faire l’allusion même la plus lointaine à son poème rejeté et enseveli, si lui-même, par son procédé, n’avait depuis lors rompu toute mesure et ne nous avait dégagés du secret, en s’attaquant d’une manière inqualifiable (et de quoi n’est pas capable un poète piqué ?)

1418. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Ménard, nous livre le secret de leurs cœurs, la nature et la forme de leurs espérances.

1419. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Tout d’ailleurs, jusque dans cette disgrâce où elle vivait, lui montrait du doigt et lui promettait l’Empire ; son vieux chirurgien Gyon, son jardinier d’Oranienbaum, Lamberti, le lui prédisaient au milieu de ses plantations et de ses amusements solitaires, la voix du peuple et des soldats, quand elle passait, le lui murmurait à ses oreilles ; son démon secret, le plus sûr oracle, lui disait, à toute heure : Tu régneras.

1420. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Fénelon lui-même a eu ses doutes, ou du moins ses luttes secrètes de sensibilité, ses alarmes ou ses tendresses : jeune, il a voulu aller au Canada ou en Grèce, et se faire missionnaire ; plus tard il a été mystique, et ne trouvant pas dans la lettre orthodoxe commune de quoi se satisfaire et se nourrir, il a raffiné.

1421. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

c’est ce qu’il y a de plus fatal à la vérité ; et qu’il est difficile de n’y pas céder et succomber quand on y est porté par le courant même de sa nature d’artiste et par toutes les voiles du talent, quand il y a comme une harmonie préétablie entre les sujets qui nous tentent et nos cordes secrètes !

1422. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Ce qu’il a dû éprouver (et je n’en excepte aucun) de rebuts, d’ennuis, de mortifications d’amour-propre, de piqûres à découvert ou d’affronts secrets, il le sait plus qu’il ne le dit, car c’est un gueux fier.

1423. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Jeune, dans un moment de frénésie, il avait coiffé sa muse du bonnet rouge ; il avait donné des gages éclatants à un parti : quoi de plus simple et de plus inévitable que ce parti, se voyant quitté, le calomniât, méconnût ses intentions intimes les plus pures, travestît grossièrement les ressorts délicats et secrets de sa conduite ?

1424. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Chacun vite a trouvé son écart ou son piége ; Chacun a sa blessure et son secret ennui, Et l’Ange a replié la bannière de neige Qui dans l’aube avait lui.

1425. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Nous ne cesserons, nonobstant toute avanie, de croire obstinément à la vie cachée, aux muses secrètes et à cette élite des honnêtes gens et des gens de goût qui se rend trop invisible à de certaines heures, mais qui se retrouve pourtant quand on lui fait appel un peu vivement et qu’on lui donne signal.

1426. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Dès qu’on met la main à l’œuvre, il ne s’agit pas seulement de se croire littéral, il faut être lisible et plus on s’éloigne de la phrase ordinaire et de fa locution française consacrée, plus il serait besoin d’avoir en dédommagement les mille secrets d’un grand écrivain.

1427. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Qu’on me rende un peu de justice, on conviendra que je n’étois nullement propre à l’état monastique, et tous ceux qui ont su le secret de ma vocation n’en ont jamais bien auguré.

1428. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

On eût dit que les peintres et les poètes avaient disposé de la croyance populaire pour placer dans les cieux les ressorts et les secrets de leur art.

1429. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Enfin, en regrettant de n’avoir pas de mémoires où Poe, Dickens, Balzac, Hugo, « bien interrogés », auraient livré le secret de leur mécanisme mental, Taine a indiqué aux psychologues un curieux sujet d’études que quelques-uns ont récemment abordé862 mais il a donné à nos romanciers une fâcheuse idée de leur importance, il les a provoqués à des examens, des étalages de leur moi, qui n’apportent guère de lumières à la science, sinon peut-être sur la vanité du type « littérateur ».

1430. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Là même où domine l’idée, où la vérité plus que la beauté a été l’objet de l’écrivain, l’impression et l’interprétation personnelle sont à leur place : tout le monde ne voit pas tout ; les œuvres fortes ne se livrent qu’aux forts esprits ; et l’on se propose précisément, par l’exercice dont nous parlons, de former chez les jeunes gens une habitude d’aller au-delà du sens grossier que nul ne manque d’apercevoir, et un art de rassembler — dirai-je de mobiliser   rapidement toutes leurs facultés, pour arracher au texte le plus possible de son secret.

1431. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Le matérialiste brutal ferait horreur aux femmes ; et c’est à l’idéaliste qu’elles pardonnent leurs douleurs… Nous, sentons que, quand il n’aime plus, c’est qu’il aime trop l’amour, dont la femme délaissée n’a pas su lui dire le dernier secret.

1432. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Il est un autre fleau de l’humanité qui le détruit en détail, poison rongeur de l’ame qui l’attaque au milieu de la pompe & des grandeurs, ou plutôt qui la livre à elle-même, & la contraint à se dévorer, maladie commune aux Grands, sombre vapeur qui étend un voile lugubre autour de nous & flétrit l’Univers, état cruel qui sans avoir les traits aigus de la douleur nous l’a fait presque désirer pour sortir du moins de l’affreux dégoût d’une insipide existence, ce fleau est l’ennui qu’on peut appeller un demi trépas ; l’homme de Lettres a le secret de chasser ce monstre ténébreux.

1433. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Songe que tu tiens entre tes mains les intérêts de toute ame noble & généreuse ; plaide avec courage, & en présence du méchant même, il frémira à ta voix, les remords secrets déchireront son cœur, & tu liras ton triomphe sur son front abattu.

1434. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je me rappelle aussi une phrase très belle de Sainte-Beuve, qu’il est toujours flatteur de s’appliquer : « Il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries ou des alliances ; c’est le grand nombre, — et pourtant il y a la race de ceux qui, voyant ce faux et ce convenu hypocrite, n’ont pas de cesse que, sous une forme ou sous une autre, la vérité, comme ils la sentent, ne soit sortie et proférée : qu’il s’agisse de rimes ou même de choses un peu plus sérieuses, soyons de ceux-là. » 1.

1435. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Chez les tempéraments individualistes, l’expérience des contraintes et des sanctions sociales, loin de provoquer la résignation et l’obéissance, ne provoque que la résistance, la révolte ouverte ou secrète.

1436. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Il faut observer que, quand Josèphe expose les doctrines secrètes et plus ou moins séditieuses de ses compatriotes, il efface tout ce qui a trait aux croyances messianiques, et répand sur ces doctrines, pour ne pas faire ombrage aux Romains, un vernis de banalité, qui fait ressembler tous les chefs de sectes juives à des professeurs de morale ou à des stoïciens.

1437. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

L’évangéliste Jean semble insinuer qu’il y avait dans cette invitation quelque projet caché pour le perdre. « Révèle-toi au monde, lui disaient-ils ; on ne fait pas ces choses-là dans le secret.

1438. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

La douleur trouble la digestion, la joie l’active, la peur dessèche la langue et cause une sueur froide ; le cœur, les poumons, la glande lactée chez les femmes ressentent le contre-coup des émotions ; la glande lacrymale qui secrète constamment son liquide, le laisse échapper avec plus d’abondance, sous l’action des émotions tendres.

1439. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Quelque chose pourtant a remué en elle, et c’est un poids soulevé ; sa joie secrète perce dans l’accueil qu’elle fait à l’homme qui lui rapporte un fils mort.

1440. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

L’innocence ne fait de pareils aveux qu’à voix basse ; les marguerites se laissent surprendre, mais ne crient pas leur secret.

1441. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

« Les fables de La Fontaine, dit-il, me paraissaient à la fois puériles, fausses et cruelles, et je ne pus jamais les apprendre par cœur. » Cela me rassure de voir que M. de Lamartine n’ait jamais eu de goût pour La Fontaine, et dès lors je me confirme dans mon secret jugement.

1442. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Jeune et belle veuve, à l’humeur libre et hardie, dans ce rôle d’éblouissante Célimène, eut-elle en secret quelque faible qu’elle déroba ?

1443. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

À présent que la prétendue immoralité de ce drame est réduite a néant, à présent que tout l’échafaudage des mauvaises et honteuses raisons est la, gisant sous nos pieds, il serait temps de signaler le véritable motif de la mesure, le motif d’antichambre, le motif de cour, le motif secret, le motif qu’on ne dit pas, le motif qu’on n’ose s’avouer à soi-même, le motif qu’on avait si bien caché sous un prétexte.

1444. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Nous sommes dans la forêt ; la torsion de l’arbre est son secret.

1445. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il prétend que les premiers philosophes hermétiques, c’est-à-dire, ceux qui travaillèrent au grand-œuvre & à faire de l’or, sont les pères de la mythologie ; qu’elle leur étoit un langage particulier ; qu’ils l’avoient imaginé, pour dérober au public la connoissance de leurs secrets ; que la poësie représentoit la théorie de leur art ; qu’il leur servoit à parler énigmatiquement pour les autres, & très-intelligiblement pour les adeptes, à peu près comme les francs-maçons, qui se reconnoissent à certains mots & à certains signes.

1446. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Le langage sans doute est un intermédiaire ; la sympathie et l’amour sont des liens, une multitude de consciences peuvent vibrer à l’unisson, comme il arrive dans l’enthousiasme et dans l’énergie des passions populaires ; enfin il y a entre tous les hommes un lien intime et secret, une essence commune, et, comme on l’a dit, une solidarité qu’il ne faut pas oublier ; mais, si intime que soit ce lien, il ne va pas, il ne peut aller jusqu’à effacer la limite qui sépare radicalement les esprits, à savoir ce caractère essentiel d’être présent à soi-même, ce qui implique que l’on ne peut être en autrui comme l’on est en soi.

1447. (1761) Apologie de l’étude

Leur réponse peu consolante nous apprendra que pour connaître les inconvénients secrets d’une profession, il faut s’adresser à ceux qui l’exercent, et non pas à ceux qui ne font que s’en amuser.

1448. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

De plus, sous sa forme flottante, familière, épistolaire, peu littéraire par conséquent, il a comme un besoin d’unité vaguement obéi, un essai de secrète ordonnance qui sentie livre combiné, et donne comme une pointe d’unité dramatique à ces récits qui ne se suivent plus pour se suivre, à ces impressions d’ordinaire inconséquentes et sans autre raison d’être que les hasards de son chemin pour le voyageur, et qui tournent ici autour d’une figure et d’un fait central, — la figure et l’épisode d’Haouâ.

1449. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Cet art d’animer les dissertations et de mettre la philosophie en dialogue indique une verve secrète et une imagination capable de peindre aux yeux les objets.

1450. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Le témoignage s’en trouve dans cette anecdote du médecin Érasistrate surprenant la passion secrète du fils de Séleucus pour sa belle-mère Stratonice, par l’observation même des signes qu’avait sentis et marqués sur elle-même Sapho saisie d’amour : « Les symptômes, dit Plutarque, étaient les mêmes, la perte de la voix, l’expression des regards, la sueur brûlante, l’ataxie de la fièvre et le trouble dans les veines, enfin l’abattement de l’âme, l’abandon, la stupeur et la pâleur. » Telle est en effet, dans son expressive vérité, l’analyse médicale de cette ode profane, de ce crime élégant de la pensée dont Catulle avait égalé la force, mais non la grâce, et que voici, dans la lettre morte de la prose : « Il est pour moi égal aux dieux l’homme qui s’assied en face de toi et t’écoute doucement parler et doucement sourire.

1451. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Tu l’apprendras, puisque pour toi je garde en dépôt de tels secrets.

1452. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Dans la partie critique de ce travail, l’auteur discute l’esthétique du réalisme et, dans une sorte de dialogue pressant, il interroge, il réfute, il confesse même, en lui arrachant ses secrets, un des chefs les plus célèbres de la nouvelle littérature, et trouve ainsi le moyen d’établir ses propres principes3. […] On désapprend aussi les secrets de la peinture, de la sculpture et de la construction ; l’art perd ses instruments les plus fins, et cette perte, il ne la sent pas. […] Et, tout en pleurant et comme de deuil pâmée, la fit choir sur le banc que onques ne s’en osa mouvoir55. » Puis il lui arracha sa ceinture bleue, qu’il ne lui rendit qu’à la face de la cour, livrant ainsi à tous le secret de son déshonneur, par un coup de théâtre trop bien ménagé. […] Ce sont des confesseurs, à cela près qu’ils ne gardent pas le secret de la confession. […] Enfin le roman et la peinture s’emparèrent d’une matière encore assez neuve et révélèrent tous les secrets de l’atelier et de l’usine qui fabriquent, ou du magasin qui vend.

1453. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Pour soutenir son hospitalité princière et ses magnificences féodales, il était devenu l’associé de ses éditeurs ; châtelain en public et négociant en secret, il leur avait engagé sa signature, sans surveiller l’usage qu’ils en faisaient. […] Suis-je juste ou non, et, par-delà les démarches visibles de ma conduite, les mouvements secrets de mon cœur sont-ils conformes à la loi suprême ?  […] Mais quelle ardeur secrète par-delà ces splendides images, et comme on sent la chaleur de la fournaise par-delà les fantômes colorés qu’elle fait flotter sur l’horizon1233 ! […] Certes il y a une âme dans chaque chose ; il y en a une dans l’univers ; quel que soit l’être, brut ou pensant, défini ou vague, toujours par-delà sa forme sensible luit une essence secrète et je ne sais quoi de divin que nous entrevoyons par des éclairs sublimes, sans jamais y atteindre et le pénétrer.

1454. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Lisez attentivement ses Affinités secrètes, et dites, après cela, si ce poète fantasque est incapable de penser. […] Cet esprit libre, qui eut la réputation de ne rien respecter, éprouva toujours un secret désir d’entrer et de s’installer dans les hiérarchies officielles. […] Le secret des personnes est livré à Polichinelle, qui va conter la chose à Arlequin, lequel s’en gausse avec Pierrot. […] Un instinct secret l’éloigne des méchants et des imbéciles, des cœurs de pierre et des caboches de bois. […] Toutes ces prouesses, tous ces exploits qui rendent jaloux les autres jeunes gens, il les lui offre en secret.

1455. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Mais quand un invité complaisant lui eut révélé, a lui aussi, le secret de cette joie, loin de le partager, ce qui eût été spirituel, il se mit dans une colère épouvantable. […] La pauvre petite surprend un jour le secret du dompteur d’oiselets ; il leur crève férocement les yeux pour que ces chantres des nuits, ne voyant plus la lumière du jour, emplissent de leurs merveilleuses vocalises l’ombre dans laquelle il les a plongés. […] La porte secrète se referma et M.  […] On juge mieux les faits en connaissant les tendances secrètes de celui qui les a conduits qu’en consultant l’Officiel qui ne dit jamais assez, ni les journaux indépendants qui disent toujours trop. […] Je voudrais citer quelques-unes de ces pages remplies d’une admiration de bon sens, qui, bien conduite, s’arrête devant les beaux endroits, les commente, les force pour ainsi dire à montrer leurs secrets moyens et cherche les éclaircissements de toutes choses.

1456. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Maret l’avait nommé d’emblée secrétaire attaché à son cabinet ; Champagny lui avait fait remettre un pli cacheté, enfermant des instructions secrètes, et qui ne devait être ouvert qu’en pleine mer. […] Le temps n’est pas loin peut-être où nous aurons besoin de les regarder dans les yeux pour y chercher le secret des mâles audaces et des joyeuses vertus. […] L’âme britannique a très peu de secrets pour lui. […] Comme au temps du roi Arthur, ils vont d’instinct aux explications surnaturelles, à la terreur secrète d’un monde mystérieux qui empiète à chaque instant sur le monde visible. […] Idéalistes inassouvis, à ce point qu’ils priaient leurs philosophes d’épurer Platon, les Alexandrins aimaient d’une égale passion les fantaisies morales et la littérature secrète.

1457. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il avait déjà sa façon un peu impertinente de passer dans la vie en gardant pour lui le secret de ses sentiments et de ses dédains. […] Il fut le maître par excellence, il prodigua ses conseils, il enseigna les secrets de son art. […] Il pouvait être accusé par l’observateur inattentif de n’avoir pas de vie intérieure, parce qu’il n’avait pas de vie secrète. […] A force d’attention et de recherches, j’arrivais à découvrir les secrets de l’écrivain, les raisons de son choix, le mot biffé sous les larges barres d’encre. […] Le secret de l’affection qu’inspire Mlle Read tient en peu de mots  : Mlle Read a placé sa raison de vivre, non en elle-même, mais en autrui.

1458. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il apporte une consultation en forme ; le dévot est devenu médecin, pose des principes, disserte, démontre :49 « le prince ne manque que de chaleur, le long âge en lui l’a détruite », mais il y a un beau secret pour « réparer la nature défaillante. » Et là-dessus savourant tous les mots, surtout le plus atroce, il ajoute : D’un loup écorché vif appliquez-vous la peau     Toute chaude et toute fumante. […] Marivaux trouvait Molière gros et grossier, bon pour le peuple, et prétendait suivre dans les recoins secrets du coeur des sentiments plus déliés et plus intimes. […] Le secret, sans doute, en est beau Pour la nature défaillante.

1459. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

il reprit ainsi modestement la parole, en regardant tous les grands l’un après l’autre: « Que, dans le besoin où ils se trouvaient, et dans la résolution qu’ils avaient prise d’élire pour monarque un de ces deux princes, son sentiment était qu’ils devaient céder à une fâcheuse mais pressante nécessité, qui les obligeait de préférer Hamzeh-Mirza, quoique le plus jeune, et l’élever au trône au préjudice de son aîné ; que la raison de cela était que tout le monde ne savait que trop la rigueur qu’Abas avait toujours tenue à celui-ci ; qu’il y avait à craindre que ce jeune prince ne fût du moins privé de la vue ; que le bruit en avait couru dès lors que le défunt monarque, au sortir d’Ispahan, fit paraître sur son visage une consternation qui ne marquait rien que de funeste ; qu’on avait eu encore plus de sujet de le croire depuis que le roi, au commencement de sa maladie, avait envoyé en poste, sans aucune participation de pas un des grands, un eunuque en cette même ville avec quelques ordres secrets ; que ces ordres ne pouvaient aller qu’à faire trancher la tête au prince son fils, ou lui arracher les yeux pour le rendre incapable de succéder à la couronne après lui, s’il venait à mourir ; car, pour toute autre chose, ce monarque n’eût pas manqué d’en faire part à quelques-uns de son conseil, et particulièrement à lui, premier ministre, qui avait accoutumé, dans la conduite ordinaire, de sceller de son sceau tous les commandements et les ordres où Sa Majesté mettait le sien ; que si cela était ainsi, ils ne pouvaient l’élire qu’ils n’en reçussent une grande confusion, non-seulement s’il était mort, mais encore s’il était privé de la vue. […] Si cet eunuque qui fut envoyé en poste, il n’y a pas longtemps, à Ispahan, eût eu des ordres secrets contre Sefie-Mirza, dans le dessein de le rendre incapable de succéder à l’empire, n’en aurais-je rien découvert ; et le feu roi n’eût-il pas changé quelque chose à la condition de son second fils, qu’il eût désigné en ce cas-là pour monter sur le trône après lui ? […] Et quand il me l’aurait voulu celer, ne m’aurait-il pas été plus aisé qu’à vous d’en découvrir quelque chose, puisque je demeure dans le palais intérieur, et que je sais tout ce qui s’y passe de plus secret ; que vous n’y entrez jamais, et que vous ne le pouvez regarder que par dehors ?

1460. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Car ils ont la secrète intuition que l’on n’est jamais maître de l’idée, que nous sommes guidés et portés par elle, qu’elle possède une puissance intrinsèque, qu’elle suit un itinéraire tracé dans le monde, qu’elle subira des transformations et des métamorphoses imprévues impossibles à présager pour le moment, que nous devons la suivre docilement, en ignorant le pays où elle nous mène, vers quelle cité céleste, quelle terre nouvelle ou quelle contrée d’enfer elle pourra nous conduire dans l’avenir. […] À quel moment avez-vous protesté contre l’abominable instruction secrète, contre les huis-clos en matière de délits d’opinion, contre l’existence illogique et scandaleuse des conseils de guerre en temps de paix dans un pays où chaque citoyen est soldat, contre l’immonde police des mœurs, contre la distribution automatique des mois de prison qui a lieu tous les jours à la Correctionnelle ! Êtes-vous bien sûr que, là, on ne fait jamais passer sous les yeux des juges quelque rapport secret de police ?

1461. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Un tel renoncement a bien ses amertumes secrètes ; mais la destinée de l’intelligence doit l’emporter, et si la poésie est souvent une expiation, le supplice est toujours sacré. […] Où réside donc le secret de cette gloire populaire incontestable et incontestée ? […] C’est la plaie secrète qui énerve et qui ronge les natures les plus mâles.

1462. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Dans l’exposé des théâtres de l’Empire, pendant l’année 1866, on trouve de secrètes félicitations et de transparents encouragements à Pipe-en-bois, à la justice duquel, on remet dans la personne du public, la police du goût. […] Une des grandes causes de tristesse de notre société, c’est l’excès du prix des choses, et la bataille secrète de chacun avec l’équilibre de son budget. […] Je vois derrière le berger, le pasteur et le sorcier, l’espion de l’étoile et le jeteur de sorts, un espèce de voleur diabolique des secrets de la nuit, l’évocateur des forces méchantes et noires de la nature, — et c’est comme un cercle de sabbat qui me semble tourner autour de lui, dans le frétillement de la queue de son chien.

1463. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Il a le secret de parler à son public, à ce public des premières ; il en est le poète, et sert aux hommes et aux femmes de ce monde, dans une langue à leur portée, l’idéal des lieux communs de leur cœur. […] Pauvre cadavre profané, si bien enterré et voilé, et qui devait si parfaitement se croire sûr du repos et du secret de l’inviolabilité éternelle, et que le hasard d’une fouille jetait là, comme une crevée de notre temps, sur une table d’amphithéâtre, sans que personne, autre que nous deux, en ressentît une profonde mélancolie. […] Elle reste en ce jardin, presque nue, par le froid de la soirée qui nous gèle tous, dégageant autour d’elle la froideur d’un marbre, et manquant de l’éducation, de l’amabilité, de l’acquit, du tact, sans la douceur du charme, sans la caresse de la politesse, sans le liant de la femme, sans même l’excitant de la fille, et sotte tout le temps, — mais jamais bête, et vous surprenant, à tout moment, par quelque réflexion empruntée à la vie pratique ou au secret des affaires, par des idées personnelles, par des axiomes qui semblent l’expérience de la Fortune, par une originalité sèche et antipathique qu’elle paraît tirer de sa religion, de sa race, des hauts et des bas prodigieux de son existence, des contrastes de son destin d’aventurière de l’amour.

1464. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Grand, mince, grave et modeste de maintien, le profil maigre et aquilin comme un buste de Cicéron, le front élevé, les tempes creuses, les joues nerveuses dont on voyait trembler les fibres, la bouche fine, les lèvres modelées pour la réflexion comme pour la parole, le geste sobre et serré au corps comme celui d’un homme qui pense plus qu’il ne déclame, prodigieusement instruit dans tout ce qui éclaire et ennoblit l’esprit humain, n’estimant dans la vie que le vrai, le juste, l’honnête, sans ambition pour lui-même et n’aspirant en secret au sein des grandeurs qu’à l’ombre d’un des pins-liége de sa métairie, dans les landes de Bordeaux, où il aimait à s’ensevelir, un livre à la main, M.  […] Quand on a connu de tels hommes, l’humanité s’agrandit ; on méprise en secret ceux qui affectent de mépriser l’argile qui contient de telles âmes. […] Rien n’égale ma secrète volupté d’esprit, quand je pense que ces deux hommes, qui ont fait jadis tant de vain bruit dans ces murs, se glissent maintenant impunément à l’abri de tout écho et de tout regard à travers cette multitude qui ne connaît plus leurs visages et qui ne sait qu’à peine leurs noms.

1465. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

On parle au libraire à l’oreille, & comme il est toujours dans les intérêts de celui qui achete, il donne en secret des ouvrages qui révolteroient un pere ou un époux. […] On appelle pour ne lui offrir que de vieux restes qu’on a le secret de rajeunir ; des amis de l’auteur, & qui doivent avoir part à ses profits, sont retenus pour applaudir ; dès-lors on n’entend que des claquemens & des bravo. […] On tient communément que Louis le Jeune fut le premier qui, outre le grand sceau royal dont on scelloit toutes les lettres patentes, eut un autre sceau plus petit, appelé le sceau, ou le scel du secret. […] Comme je n’ai jamais pénétré dans le secret des dieux, je ne dis rien, & je m’en allai. […] Les secrets de la nature, observoit judicieusement Boerhaave, existent dans tant d’objets, vils en apparence, & qu’on foule sous les pas, qu’il ne faut rien rejeter.

1466. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Celles-ci ont pénétré le secret des phénomènes physiques et physiologiques dont le rôle est si grand dans nos sensations esthétiques ; il en est résulté une conception infiniment plus large et plus profonde du phénomène artistique. […] C’est la secrète ambition de quiconque prend des grades. […] Ce pouvoir étrange de la musique d’éveiller notre sensibilité dans ce qu’elle a de plus secret et de plus intime, explique le prodigieux effet que l’intervention de la musique ajoute à tous les actes de la vie auxquels il nous plaît de l’associer. […] C’est une idée analogue qu’exprime Carlisle lorsqu’il dit : « Une pensée musicale est la manifestation d’un esprit qui a pénétré au cœur des choses, qui en a compris l’intime secret, c’est-à-dire la mélodie qui est en elles, la mélodie des secrètes relations qui sont l’âme de chaque chose, par quoi celle-ci existe et justifie son existence dans le monde. […] La richesse en couleurs, en atténuations d’ombres, en secrets de lumière mourante, gâte tellement l’auditeur, qu’ensuite, tous les autres musiciens lui paraissent trop robustes. » Ici, le paradoxe touche vraiment à l’aberration.

1467. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Cependant, je n’en parlais jamais ; il me semblait qu’il y avait là un secret et que, si je le trahissais, toutes ces impressions s’évanouiraient. […] de luttes secrètes, dans des âmes douloureusement domptées ! […] Je ne pus garder un tel secret. […] On me montre même, en me faisant promettre de garder le secret, dans un reliquaire d’or, fermé d’une vitre de cristal, et posé sur un autel dans la sacristie, le cœur, desséché et noir, d’une religieuse d’autrefois, aimée entre toutes. […] Je baisse le nez et garde un air très mystérieux ; je ne dirai pas mon secret.

1468. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Nous touchons ici le fond de cette poésie, le secret de sa nouveauté créatrice, qu’on peut injurier en toute honnêteté de cœur, mais qu’on ne peut pas nier en vraie honnêteté d’intelligence. […] L’emportement qu’on lui suppose est une façon de sentir plutôt qu’un désordre dans la façon de peindre. » Et par une analyse raisonnable et précise, il montre que la maîtrise de Rubens, vue dans son principe élémentaire, a pour secret le mouvement de cette main, la qualité et le rythme de ce mouvement. […] Le lendemain, son ami Olivier le soupçonne de quelque secret amoureux. […] Mais après ces deux œuvres parallèles de l’absence, dans cet accord entre Madeleine rêvée par Dominique et Madeleine transformée loin de lui, l’amour solitaire et secret de l’adolescent entre dans sa phase heureuse et lyrique. […] Et si nous cherchons à connaître les secrets de Dieu, c’est à son secrétariat que nous nous adresserons, plutôt qu’à ses troupes ou même à son état-major.

1469. (1921) Esquisses critiques. Première série

Leur surprenante nouveauté enfanta ce qu’on nomme le vers libre, monstre bizarre qui n’a point la figure de sa mère, car si le vers libre expose en plein jour l’usage qu’il fait de toutes les coupes rythmiques, le vers mallarméen révèle toutes ces mêmes coupes, secrètes et cachées en lui-même. […] Cette façon de peindre contient une des sources les plus secrètes et les plus originales de son comique. […] Bourget à une série de ces satires verveuses et véhémentes dont sa veine critique renfermait le secret. […] On imagine la peinture qu’il aurait faite de ses contemporains, s’il avait voulu la réaliser en secret, dans le silence du cabinet, mais librement. […] Nul n’a comme lui le secret d’insinuer et de laisser entendre.

1470. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ce secret échappe au roi Murat dans une scène de tragédie vraiment antique, rapportée par madame Lenormant d’après le récit de sa tante. […] La mélancolie dans ces lettres a des soupirs qui ressemblent à la passion : « Ma raison secrète pour désirer d’aller au congrès, c’est de revenir près de vous.

1471. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

« Ainsi plongé dans cette vulgarité de vie, je tâche de préserver mon esprit de la moisissure d’une complète oisiveté, et je décharge la malignité du sort qui me poursuit, jouissant d’une satisfaction âpre et secrète de me sentir foulé ainsi aux pieds par la fortune, pour voir si à la fin elle n’en aura pas honte et n’en rougira pas ! […] À ce moment le carbonarisme s’emparait souterrainement de son armée ; le carbonarisme était une société secrète, une conspiration permanente dont il est difficile de définir les doctrines : c’était un jacobinisme modéré, mais ténébreux, qui couvait dans l’ombre et qui affiliait dans le vague ; son cri de guerre était la Constitution espagnole arrachée à Ferdinand VII par l’insurrection soldatesque de l’armée de Cadix.

1472. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Demandez aux grabats de nos hôpitaux le secret de la panacée universelle ! […] Misère de la vertu qui se sent honnie, persécutée sur la terre, et qui n’a pour récompense que la calomnie, et pour consolation que la voix faible et lointaine de la conscience, qui lui parle bas, comme une voix qu’on discerne à peine, et qui lui dit les secrets de Dieu !

1473. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Et voilà le secret du retour de faveur dont il est l’objet depuis quelques années. […] Il se sépara presque aussitôt du Cénacle (Secrètes Pensées de Rafaël, juillet 1830).

1474. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Quand cette heure du vide du cœur et de la solitude faite autour de nous à l’improviste par la mort arrive, nous nous retournons avec anxiété vers l’éternel contemporain de nos âmes, vers Dieu, et nous cherchons dans la religion le secret de cet horrible inconnu de la mort, le pire des supplices pour l’être pensant, car il les renferme tous. […] ta confidence aux nuits ; Tu n’as pas de secret pour mon âme, depuis Tes hurlements d’hiver dans le mât qui se brise, Jusqu’à la demi-voix de l’impalpable brise Qui sème, en imitant des bruissements d’eau, L’écume du granit en grains sur mon manteau.

1475. (1914) Boulevard et coulisses

Je trouve même que cette existence était plus brillante quand elle n’était pas aussi directement mêlée à la nôtre, quand la foule ne faisait que soupçonner les mystères des coulisses, sans les avoir encore approfondis ; quand les coulisses demeuraient, pour elle, les temples inaccessibles où se célébraient les rites secrets du théâtre. […] En conviant cette fois-ci à être votre président de table un simple homme de lettres, j’ai deviné tout de suite que ce n’était pas de l’éloquence que vous attendiez de lui ; je crois même que vous me garderiez une secrète rancune d’y prétendre devant vous, et cette pensée me met bien à mon aise.

1476. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

On y trouverait d’abord, peut-être, le pressentiment d’un fait signalé par les médecins, à savoir que les déséquilibrés d’une même espèce sont portés par une secrète attraction à se rechercher les uns les autres. […] — Écoutez, je vais vous confier un secret que je n’ai encore révélé à âme qui vive.

1477. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Au reste, ou je m’abuse sur mon ouvrage, ou jamais république ne fut plus grande, plus sainte, plus féconde en bons exemples30. » Tite-Live nous montre on ne peut mieux comment pensent, parlent, agissent et combattent ces sénateurs, ces tribuns, ces généraux, ces partis, ces légions ; mais la nécessité extérieure qui régit le développement de cette ambition incessamment conquérante, le génie de la formule religieuse ou juridique qui préside à tous les faits intérieurs ou extérieurs de cette histoire, en un mot le véritable secret de l’explication des choses romaines, Tite-Live ne le livre point à ses lecteurs, parce qu’il ne le possède pas bien lui-même. […] Voilà le secret de leur force et de leur faiblesse, de leurs vertus et de leurs crimes.

1478. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il est un degré d’intimité au-delà duquel il n’est pas permis à l’homme de prétendre dans l’étude de son semblable : c’est un secret que s’est réservé le grand Anatomiste des cœurs.

1479. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Celui dont elles ont jugé la sensibilité et les connaissances proportionnées à leur tempérament et à leur caractère ; celui auquel elles ont révélé les secrets d’une constitution faible et délicate ; celui qu’elles ont en même temps chargé de la conservation de leurs enfants, et des mains duquel elles les ont reçus, est devenu pour ainsi dire nécessaire à leur existence ; le perdre est un malheur qu’elles ressentent vivement : que l’on juge d’après cette réflexion des regrets que la mort de M. 

1480. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Dans les autres chants le poète a fait comme nous tous en notre saison, il a exhalé ses sentiments, ses regrets d’enfance, ses blessures secrètes, ses tourments de jeunesse.

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

[NdA] La somme de 20000 francs affectée à ces prix avait été mise à la disposition de la Société par le docteur Véron qui avait tenu à garder l’anonyme, mais dont le nom n’était un secret pour personne.

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Vauvenargues avait pour cet ami une extrême tendresse et lui accordait une confiance entière : il n’avait pas de secrets pour lui.

1483. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Je me risquerai donc, à propos de cette singulière modestie de Joubert, à rappeler la pensée d’un moraliste de l’école de La Rochefoucauld : Une modestie obstinée et permanente est un signe d’incapacité pour les premiers rôles, car c’est déjà une partie bien essentielle de la capacité que de porter hardiment et tête haute le poids de la responsabilité ; mais de plus cette modestie est d’ordinaire l’indice naturel et le symptôme de quelque défaut, de quelque manque secret ; non pas que l’homme modeste ne puisse faire de grandes choses à un moment donné, mais les faire constamment, mais recommencer toujours, mais être dans cet état supérieur et permanent, il ne le peut, il le sent, et de là sa modestie qui est une précaution à l’avance et une sorte de prenez-y-garde.

1484. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Elle l’alla voir dès qu’il fut sorti de la Bastille ; ils se réconcilièrent, mais il resta toujours, ou bien longtemps du moins, une petite rancune secrète des deux parts, qui se produisait très diversement, — du côté de Mme de Sévigné, par de vives, légères et agréables malices, — du côté de Bussy, par des aigreurs recuites, un peu rances et maussades.

1485. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il fut l’auteur aussi, dans la même Compagnie, de l’élection au scrutin secret ; auparavant on ne votait point par billets, mais à haute voix et comme à l’amiable, ce qui ôtait toute liberté.

1486. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Nos opinions, y compris celles que nous estimons les plus libres et les plus désintéressées, ont presque toujours leur point de départ et d’appui, leur secrète racine dans notre organisation individuelle.

1487. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Les bonnes gens croient que l’auteur de ces Mémoires veut leur altérer leur Mirabeau, en révélant le secret de son activité surhumaine, et en revendiquant pour d’autres personnes une part des mérites que jusqu’à présent a absorbés exclusivement le nom de Mirabeau.

1488. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière.

1489. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Ces situations, notez-le bien, ces secrets d’alcôve dévoilés qu’on blâmerait ailleurs, sont ici mieux qu’excusés ; ils sont acceptés et loués parce qu’ils sont pour le bon motif.

1490. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Doré est allé visiter exprès pour en pouvoir reproduire les horizons nus, décharnés, les solitudes ou les âpretés sauvages, comme aussi les plus fraîches oasis et les plus secrets vallons, les hôtelleries délabrées comme les résidences seigneuriales pompeuses et les architectures historiées et fleuries.

1491. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Mon intention est que vous le traitiez comme à l’ordinaire et que ceci reste un secret.

1492. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Son idéal au fond, son rêve de bonheur, si elle était libre, si elle n’avait pas son père qu’elle ne peut quitter, ce serait la vie religieuse, celle du cloître ; son vœu secret d’âme recluse lui échappe toutes les fois qu’elle a occasion d’assister à quelque cérémonie de couvent : « Je n’aime rien tant que ces figures voilées, ces âmes toutes mystiques, toutes pétries de dévotion et d’amour de Dieu… Ces robes noires ont quelque chose d’aimanté qui vous attire. » Les plaisirs célestes, les joies mystiques la ravissent quand elle peut en goûter sa part, surtout à Noël, « la plus douce fête de l’année. » Les idées de vocation reviennent la tenter toutes les fois qu’elle va à Albi, au couvent du Bon-Sauveur, ou qu’elle assiste aux offices dans cette belle cathédrale : « Quel bonheur si cela devait durer toujours, si, une fois entrée dans une église, on pouvait n’en plus sortir !

1493. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Aussi lord Grenville avait-il traité Talleyrand d’homme « profond et dangereux », et un autre lord Granville avait un mot énergique et bien anglais pour définir celui dont les dehors gracieux ou imposants recouvraient tant de secrètes laideurs ; « C’est un bas de soie rempli de boue. » Telle est du moins la traduction (encore trop polie, m’assure-t-on) qu’a donnée de ce mot M. de Chateaubriand15.

1494. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Ainsi dans la pièce au jeune Charles Hugo, pour lui conseiller de rester enfant bien longtemps et de ne pas s’émanciper aux chants trop précoces, l’auteur, livrant son propre secret, nous dit : Oh !

1495. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il faut demander à Taine aussi le secret de la perfection artistique des Fables.

1496. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Allez vous promener. » Dans Le Médecin volant, le capitan vient consulter Arlequin qui fait le médecin, et lui demande un remède pour le mal de dents : « Prenez une pomme, répond Arlequin, coupez-la en quatre parties égales : mettez un des quartiers dans votre bouche, et ensuite tenez-vous ainsi la tête dans un four, jusqu’à ce que la pomme soit cuite, et je réponds que votre mal de dents se trouvera guéri. » Voilà qui prouve bien ce que dit un de ses panégyristes : « qu’il avait plusieurs connaissances particulières des secrets de la nature52 ».

1497. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

  Poète, il sut d’abord à merveille les secrets de son instrument.

1498. (1890) L’avenir de la science « XII »

Là est le secret de cette puissante adoption de Napoléon par le peuple.

1499. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Dans son cœur, il sentit gémir l’humanité, Traînant ses lourds espoirs en ses métempsychoses   Les pensers de la joie et les secrets moroses, Il les connut, sondant le héros indompté Et la femme, puissante en sa fragilité, Et l’immémoriale antiquité des choses.

1500. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

« Notre propre puissance », quoiqu’il la désigne souvent par le mot « cœur », il la voit, en réalité, plus profonde et plus secrète.

1501. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Pourtant le génie a en lui des renaissances et des sources de jeunesse dont M. de Musset a connu plus d’une fois le secret, et qu’il n’a pas épuisées encore.

1502. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Ses informations secrètes lui ont tout donné, — tout, excepté la note juste du langage de ce temps-là.

1503. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Rempli au-dedans de la lumière pénétrante de la sagesse, il savait, dit-on, si sûrement discerner les mœurs des personnes de tout sexe et de tout âge, que, lorsqu’il en discourait ensuite, il semblait, en l’écoutant, qu’on se sentait révéler les secrets de son propre cœur.

1504. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Le secret de Boileau consistoit à limer beaucoup ses ouvrages, à faire des corrections fréquentes, à retrancher souvent, & à composer le second vers avant le premier.

1505. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Ils devinrent brouillons et imbéciles, ce fut à recommencer, et Dieu fut préservé une seconde fois du danger de voir ses secrets ébruités.

1506. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Un romain qui veut parler en secret à son ami d’une affaire importante, ne se contente pas de ne se point mettre à portée d’être entendu ; il a encore la précaution de ne se point mettre à portée d’être vû, craignant avec raison que ses gestes et que les mouvemens de son visage ne fissent deviner ce qu’il va dire.

1507. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Habitude vicieuse et pleine de périls au théâtre surtout : car le public — il faut bien le constater — n’aime guère l’abscons ni le mystérieux, et, peu enclin à chercher la signification secrète des mots, affectionne les idées simples et d’assimilation facile.

1508. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Nous devons la prendre où les sages de tous les temps l’ont placée : voilà tout le secret.

1509. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Il s’est mis en face de la réalité, celle d’hier, d’aujourd’hui et de toujours : et c’est avec une vision d’homme moderne qu’il la contrainte de révéler ses secrets.

1510. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

L’extinction du sentiment moral dans la foule, la peur et l’égoïsme, voilà le secret de l’apothéose d’Octave par la voix de Virgile et d’Horace et jusqu’au milieu de l’exil d’Ovide.

1511. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Pareillement, que le lecteur aille lui-même lire dans les originaux la bestialité de Pierre Luigi Farnèse, le fils du pape, comment le jeune et honnête évêque de Fano mourut de son attentat, et comment le pape, traitant ce crime « de légèreté juvénile », lui donna par cette bulle secrète l’absolution « la plus ample de toutes les peines que, par incontinence humaine, en quelque façon ou pour quelque cause que ce fût, il eût pu encourir. » Pour ce qui est de la sécurité civile, Bentivoglio fait tuer tous les Marescotti ; Hippolyte d’Est fait crever les yeux à son frère, en sa présence ; César Borgia tue son frère ; le meurtre est dans les mœurs et n’excite plus d’étonnement ; on demande au pêcheur qui a vu lancer le corps à l’eau, pourquoi il n’avait pas averti le gouverneur de la ville ; « il répond qu’il a vu en sa vie jeter une centaine de corps au même endroit, et que jamais personne ne s’en est inquiété. » « Dans notre ville, dit un vieil historien, il se faisait quantité de meurtres et de pillages le jour et la nuit, et il se passait à peine un jour que quelqu’un ne fût tué. » César, un jour, tua Peroso, favori du pape, entre ses bras et sous son manteau, tellement que le sang en jaillit au visage du pape. […] Comme les civilisations antiques de la Grèce et de Rome323, comme les civilisations modernes de la Provence et d’Espagne, comme toutes les civilisations du Midi, elle porte en soi un vice irrémédiable, une mauvaise et fausse conception de l’homme ; les Allemands du seizième siècle, comme les Germains du quatrième siècle, en ont bien jugé ; avec leur simple bon sens, avec leur, honnêteté foncière, ils ont mis le doigt sur la plaie secrète. […] Les évêques distribuent des bénéfices à leurs enfants encore tout jeunes ; « le saint père prieur de Maiden Bradley n’en avait que six, dont une fille déjà mariée sur les biens du monastère. » — … Dans les couvents « les moines boivent après la collation jusqu’à dix heures ou midi, et viennent à matines, ivres… Ils jouent aux cartes, aux dés… Quelques-uns n’arrivent à matines que quand le jour baisse, et encore seulement par crainte des peines corporelles. » Les visiteurs royaux trouvaient des concubines dans les appartements secrets des abbés. […] Représentez-vous cette figure pâlie, angoisseuse, et qui porte sous sa roideur et sous son flegme une ardeur secrète ; on la retrouve encore en Angleterre dans ces pauvres sectaires râpés qui, une Bible à la main, se mettent tout d’un coup à prêcher au milieu d’un carrefour, dans ces longues faces qui, après le service, n’ayant point eu assez de prières, entonnent un psaume dans la rue. […] At this reproof I was silenced, and put to secret shame, and that, too, as I thought, before the God of heaven ; wherefore, while I stood there, hanging down my head, I wished that I might be a little child again, that my father might learn me to speak without this wicked way of swearing ; for, thought I, I am so accustomed to it, that it is in vain to think of a reformation, for that could never be.

1512. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Dans cette sorte d’impossibilité où se trouve le poète de produire l’idée sans l’image, et l’image sans l’idée, se cache l’essence du génie poétique ; c’est là qu’est aussi le secret du grand poème de l’univers et de la nature créatrice. […] C’est là le secret même de la création. […] toutes les fois qu’on songera à revêtir ces faits nouveaux, ces sentiments, ces idées du caractère de la beauté et des formes de l’art, c’est aux artistes grecs qu’il faudra demander le secret des créations éternelles. […] Mais, quoique nous ne puissions pas formuler tous les rythmes que suit la nature, nous avons le secret de quelques-uns. […] Là est le secret de la puissance qu’exerce le vers sur notre mémoire, sur notre imagination.

1513. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Paul de Kock, en effet, n’est pas de ces hommes qui se mouchent du pied ; il a le secret d’un certain naturel, d’une certaine trivialité bourgeoise qui ont bien leur mérite. […] La Romiguière, en secret, répondit du premier livre de M.  […] Eugène Sue n’y va pas de main morte ; Frédéric Soulié ne se fait pas faute d’ouvrir le cœur pour voir ce qu’il contient… Pas un de ceux-là ne pourrait lutter pour la connaissance des secrets que contient l’âme des femmes avec cette petite vieille ratatinée, à l’œil inerte, à la joue flasque, aux dents jaunies, à la main sèche, à la voix sourde, saccadée, sans énergie et sans accent. […] Elle vous laissait là, éperdue, étonnée, tremblante, inquiète, malheureuse… Mais vous aviez joué votre petit drame ; mais on vous avait parlé de votre passion ; mais vous aviez été un instant le point de mire de cette femme qui savait si bien lire dans le livre intitulé : de Secretis mulierum (des Secrets de la femme), un livre qui a mérité le titre de sorcier au grand Albert. […] Elle aimait l’argent de ses pratiques, encore plus qu’elle n’aimait leurs secrets.

1514. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

C’était le secret de sa tactique qui lui échappait, c’était son geste ; il faisait ainsi : il s’avançait seul contre toute une armée ennemie, le défi à la bouche, et tirait droit au chef à brûle-pourpoint. […] Il n’était pas homme, comme les mystiques, comme Saint-Martin et les autres, à supposer je ne sais quelle petite Église secrète et quelle franc-maçonnerie à voix basse, dont le sacerdoce catholique n’eût été qu’un simulacre sans vertu, une ombre dégradée et épaissie. […] Il vint en effet ; et comme je lui disais qu’il n’aurait pas dû venir ce jour-là, car il paraissait très-fatigué d’avoir monté notre escalier, il me répondit, en baissant la voix pour que sa fille qui l’accompagnait ne l’entendît pas : J’ai voulu venir aujourd’hui, car je ne pourrai plus revenir, et cela avec un sourire si calme et si naturel que l’on aurait cru qu’il s’agissait d’un petit secret qui aurait pu causer quelque contrariété. […] Quelques-uns des purs de l’extrême xviiie  siècle, qui y avaient regardé de très-près (comme Daunou), estimaient moins Bacon, mais c’était un secret qu’on se gardait.

1515. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Sur les opinions établies en matiere d’ouvrages d’esprit, les hommes forment d’ordinaire deux sortes de jugemens ; l’un public, l’autre secret ; l’un de parade et de cérémonie, l’autre de réserve et à leur usage particulier. […] Cet ordre, à ce qu’on dit, signifie également quatre choses toutes différentes ; et c’est un beau secret, continue-t-on, de pouvoir dire tant de choses à la fois. […] La matiere de l’iliade flattoit assez son amour propre pour imposer à son jugement ; il n’y voyoit que l’éloge de son tempérament emporté et de son inclination dominante pour la guerre, il se mettoit en secret à la place d’Achille ; cette longue suite de combats, si ennuyeuse pour la plûpart des lecteurs, avoit un charme toûjours nouveau pour lui ; et l’excès où j’ai déja remarqué qu’il poussa l’imitation d’Achille, prouve bien qu’il n’estimoit pas ce poeme, par les seuls endroits estimables. […] C’est souvent un détour de la vanité qui loue volontiers les morts, pour se dispenser de louer les vivans ; on accorde le premier rang à ceux qui ne nous le disputent pas, pour l’ôter à ceux qui voudroient nous l’enlever, et l’on se flatte encore en secret de surpasser ceux mêmes qu’on reconnoît pour maîtres, par bienséance.

1516. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

L’adolescent est tout en secrets inavoués, en demi-teintes, en malaise et en transition. […] Giraudoux le secret de son art intérieur. […] Le réalisme et le naturalisme français, qui racontent des échecs avec une joie secrète et dure, font au contraire de la durée vivante quelque chose qui aurait dû ne pas être. […] Cela est musulman, c’est entendu, et l’Islam en a tiré un secret de paix intérieure. […] Céard, « excellait à découvrir les intentions compliquées et secrètes incluses dans les vers de Stéphane Mallarmé ».

1517. (1895) Hommes et livres

Qu’un traité d’économie politique soit une œuvre littéraire et une œuvre charmante, cela ne s’est vu, je crois, qu’une fois : le secret s’en est perdu depuis Montchrétien. […] Les règles s’implantèrent là où elles agirent dans le sens de l’esprit national, là où elles se trouvèrent conformes à l’instinct secret et au besoin des spectateurs. […] Ainsi Dieu n’est plus que le hasard, et c’est bien le nom dont Alberoni le nomme en maint endroit : et ce nom achève de vider de toute émotion religieuse la notion de la force secrète qui gouverne le monde. […] C’est le secret de tout rendre vivant et brûlant, même la chronologie, même la bibliographie. […] Ces jolis abbés, ces colonels galants, ces marquises du bel air, quelle est leur âme intime, leur ressort secret ?

1518. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Le secret était en effet une des conditions essentielles d’une réussite, qui autrement aurait été combattue et rendue impossible par des rivaux puissants et nombreux. […] Peut-être nous eût-il révélé le secret de son art, cet immortel génie qui depuis deux siècles est resté sans rival, comme il avait été sans modèle. […] C’est à Versailles, le 29 mai, qu’il était tombé malade, et comme, avant de reconnaître le caractère de l’indisposition, on avait conçu des inquiétudes, cet état fut d’abord tenu secret, et la Gazette du 2 juin parlait du Roi de manière à donner le change. […] Mais Montfleury ne manqua pas d’affirmer que cette enfant, dont le comte de Modène avait bien voulu se reconnaître le père, n’était qu’un fruit secret des liaisons de Molière avec Madeleine Béjart. […] Il eut alors recours aux bontés de Louis XIV, auquel il exposa tout le tort que lui causait la divulgation de son secret.

1519. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Les sciences mathématiques et physiques sont une conquête de l’intelligence humaine sur les secrets de la nature : l’industrie est une conquête de la liberté sur les forces de cette même nature. […] L’artiste ne doit pas avoir son secret ; il ne devient philosophe qu’en cessant d’être artiste. […] et qui de nous a des mémoires secrets sur ce qui fut avant l’Orient ? […] Toute conviction sérieuse couvre une foi secrète à la pensée, à la raison, à Dieu. […] Voilà le secret de sa puissance, et de l’obéissance facile qu’il rencontre.

1520. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Vous connaissez Le Cid, vous connaissez les couplets de Psyché, vous connaissez les vers : « Il est des nœuds secrets ; il est des sympathies » de Rodogune ; vous connaissez les vers du vieillard amoureux et pourtant touchant et digne, du Marcien de Pulchérie. […] Car, par parenthèse, le secret est là, et non ailleurs, des succès de Voltaire au théâtre. […] Telle en est, du moins, l’inspiration secrète et profonde. […] J’en ai été tenté moi-même… Mais le secret de son art est d’entremêler tout cela de traits lumineux qui n’en brillent que plus… » Autrement dit, elle déblayait. […] Pour leur plaire, je sais les plus secrètes routes.

1521. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Et c’est pour cela qu’il a tenu secret son mariage et qu’il n’a pas envoyé de lettres de faire part à Elisabeth. […] Le public a cette opinion qu’un honnête homme ne doit jamais trahir le secret d’une femme qui a été sa maîtresse. […] Mais je vais vous dire le fond des choses et trahir le secret. […] Mais, au point de vue de l’art psychologique, ce que je voudrais savoir, ce sont les raisons secrètes de ce premier demi-revirement. […] Il a conçu un drame violent., c’est évident, et il l’a adouci en l’écrivant, obéissant à des préoccupations qui restent son secret.

1522. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

« Franck, veuillez avancer un siége pour Sa Majesté, dit le colonel ; et, ouvrant le secret au-dessus de la cheminée, il en tira les papiers qui y étaient demeurés si longtemps. […] Il est de sa nature sacré et secret. […] That happiness, which hath subsequently crowned it, cannot be written in words ; ’tis of its nature sacred and secret, and not to be spoken of, though the heart be ever so full of thankfulness, save to Heaven and the One Ear alone — to one fond being, the truest and tenderest and purest wife ever man was blessed with.

1523. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Mardi 18 septembre Il était question d’une bonne, sortie d’une maison, en disant à la maîtresse : « C’est trop honnête chez vous… il n’y a pas de secrets, pas de profits !  […] Mardi 20 novembre Un jeune interne, qui vient me voir, ce soir, me disait que les femmes ayant confié le secret de leur maladie à un médecin, ont pour sa discrétion, une reconnaissance attendrie touchant à l’amour. […] Et puis, Monsieur, la scène à faire, c’est le renouvellement du secret du théâtre, de cette vieille mystification, si vertement blaguée par Flaubert : ça fait partie du parapharagamus des escamoteurs, c’est le facile moyen d’abîmer une pièce, sans donner la raison valable de son éreintement.

1524. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Puis une terreur secrète est en lui, de ce que son chat qui couchait sur son lit, ne veut plus y monter, et semble fuir son maître. […] » Jeudi 25 juin Quelqu’un de bien renseigné, me parlant des fonds secrets, m’apprenait qu’il n’y avait pas seulement le mandat jaune qui exigeait une signature, et où la signature certifiait la somme donnée, mais qu’il y avait l’argent d’un certain tiroir du ministère, donné de la main à la main, et qu’il croyait être l’argent avec lequel vivaient deux ou trois hommes politiques : argent dont le ministre ne spécifie la destination que sur une feuille de papier, qu’il met sous les yeux du Président de la République, lorsqu’il quitte le ministère. […] C’est le chef des voiles du roi ; — c’est le chef de la maison de lumière, le chef de l’équipement des jeunes soldats ; — c’est le chef des conseils du roi et le commandant des portes ; — c’est le « chef du secret pour proférer les paroles du roi » ; — c’est « les yeux du roi dans toutes les demeures » (sans doute le ministre de la police) ; — c’est « le chef des mystères du ciel, de la terre et des enfers, l’écrivain de la vérité dans la demeure de la justice » ; — c’est l’intendant des constructions du roi ; — c’est le chef de la grande écurie ; — c’est le basilicogrammate de la table du roi (le sommelier) ; — c’est le chef du gynécée royal ; — c’est « le scribe de l’oreille du roi » ; — c’est le flabellifère à la gauche du roi ; — c’est le porte-chasse-mouche à la droite du roi ; — c’est « le favorisé du roi et le cher à son cœur » ; — c’est le compagnon des jambes royales du seigneur des deux Pays.

1525. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Nous sommes, même avec les réserves de la correspondance publiée, dans le secret de bien des misères qu’on a eu à traverser, et où on l’a échappé belle : il y a tel retour de Mascara à Mostaganem (juillet 1841) où il est fort heureux qu’on n’ait pas été attaqué plus sérieusement. […] Son vœu secret, magnanime, c’est du moins de tout lancer dans une bonne voie, de commencer, de pousser vaillamment la grande œuvre, et de mettre, dès les premiers jours, les choses dans un tel état qu’un autre, à son défaut, n’aura plus qu’à achever.

1526. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Plus d’une fois, en ces années, il se dirigea vers Montpellier à travers les Cévennes ; il vit dans l’un de ces trajets M. de Bonald, le gentilhomme de l’Aveyron, à Milhau ; mais ce n’était pas le philosophe profond dont il partageait volontiers la doctrine sur la parole, qu’il allait surtout visiter ; lui-même, dans un neuvième et dernier fragment daté de 1830, il nous a laissé entrevoir son pieux et triste secret : « Le 14 août 1825, dit-il, une belle et noble créature qui m’était jadis apparue et qui habitait loin des lieux où j’habitais moi-même, une belle et noble créature, jeune fille alors, jeune fille à qui j’avais demandé toutes les promesses d’un si riche avenir ; en ce jour, cette femme est allée visiter, à mon insu, les régions de la vie réelle et immuable, après avoir refusé de parcourir avec moi celles de la vie des illusions et des changements. […] Dans les mêmes morceaux d’Orphée que j’admire pour le sens antique et primitif qu’ils respirent, je n’aime pas moins à retrouver les sources secrètes des affections, des anciennes larmes et du génie de M.

1527. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Comme une femme, ouvrière laborieuse, qui vit du travail pénible de ses mains, répand tout autour d’un tison ardent des broussailles sèches afin de s’apprêter de nuit une lumière dans sa chambre, car elle s’éveille de très-bonne heure, et ce feu, s’allumant tout grand d’un si petit tison, consume à la fois toutes les broussailles : tel, ramassé sous le cœur de la jeune fille, brûlait en secret le funeste Amour : elle laissait ses joues délicates tourner tantôt à la pâleur et tantôt à la rougeur, au hasard de ses pensées. » Nous voilà dans l’invasion rapide de la passion, dont ce chant tout entier va offrir les alternatives et le développement. […] » Une fois la mère ainsi alarmée dans Chalciope, celle-ci ne se contient plus ; elle fait jurer à Médée le secret sur ce qu’elle va lui proposer, et la supplie de trouver un expédient de salut pour ses enfants ; dans son délire, elle s’emporte même un moment jusqu’à la menace ; puis elle embrasse les genoux de la jeune fille, puis elle abandonne sa tête sur ce sein désolé, et les deux sœurs sont là dans les bras l’une de l’autre, à pleurer de pitié l’une sur l’autre, et l’on entend à travers le palais leurs gémissements confondus.

1528. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

VIII La Fontaine nous a donné lui-même son secret dans la fable du lièvre et de la tortue. […] « Ô secrets jugements des dieux !

1529. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Je suis libre en secret dans mon obscurité. […] D’ailleurs on éprouve en secret un certain plaisir à leur pardonner ce qu’on ne peut approuver en eux ; l’indulgence n’est pas seulement une vertu, c’est un plaisir ; c’est ce plaisir qu’on éprouve à lire et à aimer Horace comme à lire et à aimer ce grand enfant très vicieux qu’on appelle chez nous La Fontaine.

1530. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

S’il se résigna enfin à faire mieux que l’École des maris, remercions-en Boileau, qui eut plus d’une fois à combattre ses scrupules, et qui sommait son ami, au nom de la postérité, dont nul autre, dans ce temps de merveilles, n’eut plus que Boileau le secret. […] Elle a le ton de la femme du monde, avec une candeur qui témoigne qu’elle en a trouvé le secret dans un cœur honnête et dans un esprit droit.

1531. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Tant d’existences bouleversées ; tant de vieilles institutions jetées à bas ; tant d’exemples éclatants des vicissitudes de la fortune ; un lieutenant d’artillerie devenu empereur, presque maître du monde, et, après cette prestigieuse épopée, allant s’éteindre misérablement dans une île perdue de l’Océan ; des rois décapités, détrônés, chassés, remplacés par des fils d’aubergistes et des officiers d’aventure ; l’Europe entière partagée, remaniée, des populations entières passant d’un maître à l’autre comme un bétail ; voilà certes un amas de choses tragiques qui trouble, étonne, force à réfléchir, à s’interroger, à scruter les mystérieux replis de l’âme et de la société humaines, à chercher les ressorts secrets, les causes obscures des événements. […] Quant aux écrivains qui restent dans le pays, c’est, suivant les caractères, ou une adulation qui va jusqu’à la servilité ou un effort d’adresse pour insinuer une partie de leurs convictions secrètes.

1532. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Et si nous revenons à l’Art, Beethoven nous paraît aussi amené, par cet Esprit, dans la voie où il se devait rencontrer au seul Initié de son Art, au seul devant lequel il pût se pencher, respectueusement, au seul qui lui donnât la révélation de sa plus secrète nature intime. […] C’était les mêmes lignes, aux entrelacements énigmatiques, aux signes merveilleusement emmêlés, sous lesquelles le grand Albrecht Dürer avait reproduit le secret du monde de la Lumière et de ses formes ; créé le livre enchanté du Nécromant, qui projette sur le Microcosme la lumière du Macrocosme.

1533. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Phérécyde a crié : « Je ne suis pas une ombre,   » Je sens de l’être en moi pour une éternité. » Et Pythagore, instruit dans les secrets du nombre, Recompose le monde en triplant l’unité, Le zodiaque énorme à ses oreilles gronde… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Ne cherchez point ailleurs le secret de nos maux. » 236.

1534. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Un mariage secret mit en repos la conscience agitée du roi. […] Par quels secrets ressorts, par quel enchaînement Le ciel a-t-il conduit ce grand événement ?

1535. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Lui, le cardinal de Richelieu, l’homme écarlate de pensée, de dessein, d’action comme de robe, un génie fourbe qui cache son secret ! […] Du reste, le secret d’un tel contre-sens et d’une telle punition est-il si difficile à trouver ?

1536. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Retourné chez Legrand, Poe constate avec un horrible soupçon l’existence du mal qui dévore son ami, de ce mal sans nom et sans fièvre, et il apprend de sa bouche qu’il a compté sur l’aide de son dévouement à lui, pour une expédition secrète… Les détails de cette expédition, aussi étranges que le reste de l’ouvrage, redoublent l’intérêt de curiosité qui s’attache à un tel récit. […] Elle vient d’une grande chose : de la foi qui lui montre l’enfer à l’œil nud et de l’indignité sentie, qui lui dit qu’il y peut tomber, tandis que la peur d’Edgar Poe est la peur de l’enfant ou du lâche d’esprit, fasciné par ce que la mort, qui garde le secret de l’autre monde, quand la religion ne nous le dit pas, a d’inconnu, de ténébreux, de froid.

1537. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Étex Ô sculpteur, qui fîtes quelquefois de bonnes statues, vous ignorez donc qu’il y a une grande différence entre dessiner sur une toile et modeler avec de la terre, — et que la couleur est une science mélodieuse dont la triture du marbre n’enseigne pas les secrets ? […] Il y a dans toutes les réputations, même les plus méritées, une foule de petits secrets. — Quand on demandait au célèbre M. 

1538. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Pour se mettre tout entier à une telle œuvre en dérobant son nom, en ne citant que ceux des personnes à qui l’on a obligation de quelque secours et communication bienveillante ; pour se résoudre à aborder sur son chemin tous les auteurs quelconques qui ont écrit, les ennuyeux, les épineux, les scolastiques, les sages, les menteurs, les frivoles, et ceux qui édifient et ceux qui scandalisent ; pour s’engager à rendre de tous un compte honnête, scrupuleux et impartial, en vue de l’exactitude et même de la charité, il fallait avoir un zèle et une candeur primitive qui n’est pas étrangère à l’âme des vrais et purs studieux, mais que la religion ici consacrait et arrosait pour ainsi dire d’une douceur et, je ne crois pas profaner ce mot, d’une bénédiction secrète.

1539. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

à quelques pas de là, Commynes, mandé par le doge de bon matin, voit en entrant tous ces mêmes visages non plus abattus, mais fiers et radieux ; on lui signifie le traité conclu, hostile à la France, et le nom des puissances confédérées : c’est à lui, à son tour, tout avisé qu’il est, d’avoir le cœur serré et le visage défait, car il n’avait eu vent de rien de précis jusqu’à cette heure, le secret avait été rigoureusement observé ; à force de voir traîner les choses en longueur, il avait fini par les croire échouées : en descendant les degrés du palais, il trahissait aux yeux de tous son étonnement manifeste et sa perte de contenance.

1540. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

la grande voix du contradicteur vous enlève malgré vous et vous force à vous incliner, sans égard à vos secrètes attaches pour celui qu’il abat.

1541. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il faut l’avouer, nous sommes nés pour les préjugés, bien plus que pour la vérité ; la vérité même n’est opiniâtre que lorsqu’elle est devenue préjugé… Les idées nouvelles, faibles parce qu’elles sont naissantes, n’ont pas la force de pénétrer, et, pour se placer, elles attendent des têtes neuves… Machinalement ou physiquement, l’homme est imitateur ; mais si la nature a voulu qu’il fût porté par un penchant secret, par une force assez grande, à faire tout ce qu’il voit faire, elle a voulu lui conserver son originalité par l’amour-propre… Ce n’est plus là une discussion à la Foncemagne, c’est même plus vif qu’une conversation d’Anacharsis chez Barthélemy.

1542. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Dangeau avait de la littérature ; il rimait en homme du monde, faisait des impromptus au moment où on le croyait tout occupé ailleurs, et gagnait des gageures par des tours de force d’esprit : ce sont là des mérites bien minces de loin, mais qui sont comptés de près ; et lorsque l’on voit dans la notice des éditeurs tous ses talents divers, un peu à la guerre, un peu dans la diplomatie, sa manière de s’acquitter de bien des emplois avec convenance, ses assiduités surtout, ses complaisances bien placées, sa sûreté de commerce et son secret, on n’est pas étonné de sa longue faveur, et on est obligé de convenir qu’il la méritait ou la justifiait.

1543. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Toutes les fois qu’il s’engagea dans des actes par lesquels il semblait y déroger, il lui arrivait bientôt de s’en repentir, d’en rougir à ses propres yeux dans le secret, et de désirer expier sa faute et la réparer.

1544. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers.

1545. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Ô lac, ô rivage, véritable et secret cabinet des muses !

1546. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Mais il y a une autre langue sévère et laconique qui atteint la racine des choses, les causes, les motifs secrets, les effets présumables, les tours de passe-passe et les vues souterraines de l’intérêt particulier ; cette langue-là a bien aussi son prix.

1547. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Mais les souvenirs, mais les nuances morales, mais les sympathies et les antipathies, mais la vie même, la clef secrète de cette nature si complexe et si pleine de curiosités et d’aptitudes, et d’envies et de préventions, de plis et de replis de toutes sortes, qui nous la rendra ?

1548. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Michelet qui veut chercher dans les parents du jeune prince, et jusque dans les mystères de la génération, les éléments et le secret de cette organisation singulière, ce qui pouvait lui venir de sa mère dans ses goûts bizarres, ce qu’il ne tenait certainement pas de son père.

1549. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

« Il y avait longtemps qu’il travaillait en secret à connaître les maux de ce beau royaume et les remèdes qui les pouvaient guérir, lorsqu’il ne vit plus rien entre le trône et lui que ce qui restait de vie à un aïeul plus que septuagénaire.

1550. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Halévy, dans une de ses Notices et sous le couvert d’un autre nom d’artiste, a laissé échapper quelque chose de sa douleur personnelle et de son secret : « Il y a, dit-il à propos de l’organiste Frohberger, il y a des artistes d’un caractère heureux, pour qui le souvenir des succès d’autrefois est si plein de douceur, qu’ils ne s’en séparent jamais, et qu’ils trouvent dans ce souvenir, quelque ancien qu’il soit, du bonheur pour toute leur vie.

1551. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Les Anciens, honnêtes gens, avaient un principe, une religion : tout ce qui était dit à table entre convives était sacré et devait rester secret ; tout ce qui était dit sous la rose, sub rosa (par allusion à cette coutume antique de se couronner de roses dans les festins), ne devait point être divulgué et profané.

1552. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.

1553. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Le travail secret et souterrain échappe en partie.

1554. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Toutes ces gradations, cet amour du jeune garçon plus âgé, et qui lui a pris pourtant un peu plus tard qu’à la jeune fille, leur plainte secrète, à tous deux, quand ils se sentent blessés et qu’ils gémissent chacun à sa manière, sont de la plus fine nuance.

1555. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

faut-il que celles que l’on a le plus admirées et plaintes, le plus exaltées et célébrées, nous fassent faute à quelques années de là, nous donnent le regret, la confusion et presque le remords de nos espérances, et que cette misérable vie qui, passé une certaine heure, se compose pour nous d’une suite d’affronts secrets et d’échecs individuels, ne puisse s’achever sans que nous ayons vu coucher l’un après l’autre tous nos soleils, s’abîmer dans l’Océan toutes nos constellations, pâlir au fond du cœur toutes nos lumières ?

1556. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Et c’est aussi ce qui rend plus merveilleux de voir que les ouvrages de Périclès aient été faits pour un si long temps et si vite : car, en ce qui est de la beauté, chacun était dès lors et tout d’abord comme antique, et, pour la fleur, aujourd’hui encore ils sont aussi frais et paraissent aussi jeunes que jamais : tellement il y fleurit je ne sais quel éclat de nouveauté qui en préserve la vue des atteintes du temps, ces ouvrages ayant en eux-mêmes un souffle d’éternelle fraîcheur et une âme secrète qui ne vieillit pas !

1557. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il faut savoir lire, particulièrement les livres du xvie  siècle ; il y a dans presque tous, à cause des menaces pendantes sur la liberté de pensée, un secret qu’il faut ouvrir et dont la clef est souvent perdue : Rabelais a un sous-entendu, Cervantes a un aparté, Machiavel a un double fond, un triple fond peut-être.

1558. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

. — Le musée secret de Paris. — Les ruines de Paris. — Figurines parisiennes. — Les tréteaux. — Le théâtre du Figaro, etc.

1559. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Vous m’êtes échappés, secrets d’un autre monde,    Merveilles de crainte et d’espoir, Qu’au bout d’un océan d’obscurité profonde Sur des bords inconnus je croyais entrevoir !

1560. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Quels qu’aient été sa conduite secrète, ses nouveaux tracas à l’étranger, sa brouille avec le prince Eugène, etc., etc., il demeura digne à l’article du bannissement.

1561. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Néanmoins, de même que le savant observe le travail secret par lequel la nature combine ses développements, le moraliste aperçoit la réunion des causes qui ont préparé, pendant quatorze cents ans, l’état actuel des sciences et de la philosophie.

1562. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Pour les républiques populaires, il faut distinguer deux époques tout à fait différentes, celle qui a précédé l’imprimerie, et celle qui est contemporaine du plus grand développement possible de la liberté de la presse ; celle qui a précédé l’imprimerie devait être favorable à l’ascendant d’un homme sur les autres hommes, les lumières n’étant point disséminées ; celui qui avait reçu des talents supérieurs, une raison forte, avait de grands moyens d’agir sur la multitude ; le secret des causes n’était pas connu, l’analyse n’avait pas changé en science positive la magie de tous les effets.

1563. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Quelque chose manque, sans qu’on puisse encore dire clairement ce que c’est ; l’âme s’inquiète, et peu à peu, avec l’aide des écrivains et des artistes, elle va démêler la cause de son malaise et l’objet de son secret désir.

1564. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Ce sont d’abord les deux charlatans, espagnol et lorrain, qui débitent le précieux Catholicon : symbole expressif des ambitions qui entretenaient la guerre civile ; puis le pittoresque tohu-bohu de la procession ligueuse, charge plaisante de la réelle procession de 1590, mais en même temps véridique peinture de toutes les mascarades révolutionnaires : enfin les États, et cette fameuse suite de discours où, par un spirituel emploi de procédé satirique, chacun des meneurs vient se déshabiller lui-même devant le public, et livrer le secret de son égoïsme, jusqu’à ce que, dans la bouche de D’Aubray, la voix de la saine et honnête bourgeoisie française, tour à tour indignée, ironique ou piteuse, se fasse entendre.

1565. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Il a enseigné aussi les harmonies secrètes du langage : celles qui résultent de l’unité du ton, de l’égalité, de la continuité des développements.

1566. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Il ne cesse de répéter que les passions qui sont en nous donnent la mesure de notre énergie morale, et que tout le secret de la vertu est de savoir utiliser, diriger, canaliser ces forces naturelles.

1567. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

A propos d’un mauvais drame de Ponson du Terrail, il nous trace de Henri IV, envisagé par certains côtés secrets, un portrait, avec preuves à l’appui, qu’il est impossible d’oublier. « … Il faut donc conclure, pour Henri IV jeune ou vieux, à un fonds ingénu de vilenie bestiale qu’il dominait moins dans son âge mûr et sa vieillesse, mais qui au temps de sa jeunesse, n’étant point revêtu par la gloire, choquait plus en sa nudité. » — A propos de Kléber, drame militaire, il développe ingénieusement et magnifiquement « le rêve oriental de Napoléon ». — A propos du Nouveau Monde, de M. 

1568. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

L’Académie est intéressante, comme les magazines, les journaux brésiliens ou les fonds secrets, au point de vue argent.

1569. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Le secret des lettres n’était pas très religieusement observé à Cirey.

1570. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Nourrie à une politique toute de cour et toute personnelle, on lui fit signer à Fontainebleau, lors de son mariage (1558), une donation secrète de l’Écosse aux rois de France, vers le même temps où elle adhérait publiquement aux conditions que les commissaires arrivés d’Écosse mettaient à ce mariage, et où elle leur promettait de conserver l’intégrité, les lois et les libertés de son royaume natal.

1571. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

 » Prière de Bossuet prosterné à genoux au lit de mort de Madame, épanchement naturel et prompt de ce grand cœur attendri, vous fûtes le trésor secret où il puisa ensuite les grandeurs touchantes de son Oraison funèbre, et ce que le monde admire n’est qu’un écho retrouvé de ces accents qui jaillirent alors à la fois et se perdirent au sein de Dieu avec gémissement et plénitude !

1572. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Dès sa jeunesse, au milieu de ses travaux dramatiques, il avait un livre secret dans lequel il écrivait tout son examen de conscience, ses sujets de confession et de scrupule devant Dieu ; ce registre avait pour titre : Ma grande affaire, c’est-à-dire l’affaire du salut.

1573. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Par elle, l’esprit découvre une planète que les sens n’ont jamais vue ; par elle, il explique une langue qu’aucun homme ne comprenait plus ; il déchiffre des caractères mystérieux dont le secret était perdu ; il pénètre bien au-delà des époques historiques, et, en l’absence de tout témoignage direct, jusqu’aux origines de la civilisation indo-européenne ; il calcule enfin ce qui paraît échapper à toute prise, le hasard et l’infini.

1574. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Qu’un méchant soit en société, qu’il y porte la conscience de quelque infamie secrète ; ici il en trouve le châtiment.

1575. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Le succès de leurs secours avoüez, ne fut pas plus heureux que celui de leurs secours secrets.

1576. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Ainsi, alors même que la psychologie individuelle n’aurait plus de secrets pour nous, elle ne saurait nous donner la solution d’aucun de ces problèmes, puisqu’ils se rapportent à des ordres de faits qu’elle ignore.

1577. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

De bons écrivains, sachant de quoi il s’agit, se fâchent de voir divulguer les secrets d’un art qui ne serait supérieur que parce qu’il est inexplicable. « On n’apprend pas à écrire », disent-ils.

1578. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les sociétés humaines naissent et meurent ; mais leur berceau et leur tombeau sont des objets sacrés, également secrets et inconnus.

1579. (1887) La banqueroute du naturalisme

Rien n’est simple ici-bas, et moins que toute chose, non pas même pour les autres, mais pour nous, l’exacte connaissance de la diversité de nos mobiles secrets sous l’apparente ressemblance des actes.

1580. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Nous préferons mille foisl’opprobre dont elles essayent en vain de se couvrir, à la vaine considération qui a entouré dans une cour dégénérée Mme Scarron, devenue en secret la femme de Louis XIV.

1581. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Or, c’est simplement se moquer de nous ; car, sans doute, il y a le printemps, les troubles secrets du corps et l’énervement des soirs d’orage ; mais enfin nous savons bien comment se passent les choses, et que la chute proprement dite a été nécessairement précédée de sollicitations et de caresses assez hardies et significatives pour que la jeune fille n’en pût absolument pas ignorer l’impureté. […] … » ou cette phrase inestimable d’un père qui cherche à connaître le secret amoureux de sa fille : « Comment blâmerais-je en vous les sentiments que je fis naître dans le cœur de votre mère ?  […] — S’il avait le secret, il voudrait les vomir. […] … J’en suis si près que je sens la fraîcheur de leurs cils quand ils clignent ; et, cependant, je suis moins loin des grands secrets de l’autre monde que du plus petit secret de ces yeux… » Et, pris de fureur, il saisit Mélisande par les cheveux et la jette sur les genoux… Puis il se calme : « Vous ferez comme il vous plaira, voyez-vous. […] Je ne sais s’il faut conclure à un rapport secret entre la fragilité physique des femmes et leur aptitude à jouer la comédie.

1582. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

C’est le vice secret de la doctrine de M.  […] Jamais elles ne tremblèrent sous des doigts fébriles pour cacher de vils secrets. […] Il peut exprimer les passions dans leurs grandes crises et leurs grands effets ; il ne peut pas en exposer les secrets ressorts et les minutieuses péripéties. […] Ceux de Victor Hugo nous font entrer et aussi profondément, aussi familièrement que possible, dans les secrets du travail du grand poète. […] Les femmes sont-elles assez fortes pour porter ce lourd secret sans en être accablées et brisées ?

1583. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

des successeurs d’Hiram, de leurs tabliers et de leurs truelles, de leurs épreuves et de leurs secrets, et, dernier affront, ne sont même plus curieuses à leur endroit. […] Ses mensonges mêmes trahissent ses ambitions secrètes, parfois ses remords. […] En prêtant au héros de leur drame des allures mystérieuses, des aventures secrètes, ils ont, jusqu’à un certain point, motivé l’erreur de la justice ; mais qu’elle semble inexplicable quand on lit le simple compte rendu des débats ! […] Aussi est-il facilement la proie d’une jeune fille coquette et ambitieuse ; il l’épouse, et après quelques années d’un bonheur dont tout le secret est dans son imagination de mari amoureux, il découvre soudainement que sa femme le trompe. […] Veniez-vous surprendre les secrets d’un monde qui, permettez-moi de vous le dire, vous préoccupe d’une façon inexplicable, ou cherchiez-vous tout simplement l’occasion de faire quelque acquisition avantageuse ?

1584. (1923) Au service de la déesse

Leur influence est plus secrète et, pour ainsi dire, plus sournoise, plus difficile à saisir et à combattre. […] Quelquefois, c’est un tel secret que seuls de très malins conspirateurs l’ont un peu découvert. […] Le Tout-Puissant n’a pas révélé au genre humain sans figures ni paraboles le dernier secret de l’Univers : M.  […] Il aime la vie simple, non la vie secrète. […] Il caractérise la génération qui a fait la guerre et qui, dans le secret d’une conscience collective, refusait la défaite avant d’avoir remporté la victoire.

1585. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

La phrase-type de cette critique serait celle de l’abbé Morellet sur Chateaubriand : « Je demande ce que c’est que le grand secret de mélancolie que la lune raconte aux chênes ? […] Le grand secret de mélancolie n’apportait à l’abbé Morellet aucune « idée claire » (et la note de l’abbé symbolise bien le coup d’encre rouge dans la marge de la copie qu’on livrera aux risées de la classe, — la « critique des défauts » qui se pratique en rhétorique). […] Si on en suit le mouvement, on verra que leur illusion prend un caractère positif et bienfaisant qui lui fait produire de l’être, qui aboutit à des clartés nouvelles, chez l’un sur les secrets du génie, chez l’autre sur le laboratoire de la critique. […] Il est la plus haute figure de l’individu, le superlatif de l’individuel, et cependant le secret du génie c’est de faire éclater l’individualité, d’être Idée, de représenter, par-delà l’invention, le courant d’invention. […] Ce secret de familiarité, de divination, de création, qui s’emploie à copier un auteur comme un graveur copie une peinture, je dirais qu’il date du xixe  siècle et surtout de Sainte-Beuve, si la littérature anglaise ne possédait pas, dès le xviiie  siècle, la Vie du Docteur Johnson.

1586. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Personne ne se trouvait là que l’ami, le médecin, le domestique, trois intimes au courant de tous les secrets ; les lumières écartées laissaient le lit dans l’ombre, et le mourant aurait pu se tourner contre la muraille, s’attendrir sur lui-même sans qu’on le vit. […] Religieux comme le sont en Russie ceux de sa caste, il veut se confesser à l’occasion de Pâques et s’adresse à un prêtre à qui le hasard a fait connaître son secret : Mais il faut que l’assassin, car sa vengeance a été un assassinat, soit puni jusque dans sa postérité. […] Mais le but de lord Angel Sidney n’est pas seulement d’assouvir la faim et la soif de ces étranges invités ; il faut qu’il sache si le secret de leur vie vaut la peine qu’il a prise de les supporter. […] Le lendemain, à l’heure où l’Aurore profite de ce qu’elle a des doigts de rose pour ouvrir les portes de l’Orient, je surpris le secret de notre rival. […] Le comte Léopold laissa-t-il échapper ce secret de son cœur, ou cette combinaison si naturelle et si convenable saisit-elle d’elle-même l’imagination des deux familles ?

1587. (1927) Des romantiques à nous

Génie critique et poète, poète dans l’admirable prose de sa seconde moitié de vie, poète dans ses vers, en dépit de leur plastique trop fréquemment malheureuse, Sainte-Beuve a été, sous quelques rapports, un assez pauvre homme, une nature gâtée et qui a son secret fâcheux. […] De beaucoup, je n’y insisterais pas autant J’ai trouvé chez ce Renan des particularités étranges, nouvelles dans notre littérature, qui sont d’ailleurs le secret de son charme et qui m’ont paru tenir à la race : cette alliance de la pensée la plus froide, la plus nette, la plus tranchante avec l’irrésistible penchant au mysticisme et au rêve ; cette ferme raison allant avec l’impressionnabilité la plus subtile et parfois la moins mesurée ; dans le style, ce mélange d’un classicisme profond, d’une latinité limpide avec les mouvements, les fuites les plus capricieuses et les plus enveloppées de l’idée. […] VII — Un « plagiat » de Lamartine Si aucun détail littéraire susceptible d’illustrer l’art et les secrets de composition des plus grands poètes n’est indifférent, voici une petite curiosité qu’on me saura gré de recueillir après l’avoir découverte. […] Les Français qui ont imité Wagner lui ont pris la lourdeur et la surcharge de sa pâte musicale ; ils ne lui ont pas emprunté aussi aisément le secret des éclairs qui la traversent, des énergies qui la soulèvent et la font tourbillonner au soleil. […] Tandis qu’il laissait sécher ses feuillets de musique, Saint-Saëns s’occupait d’astronomie, sans se soucier guère où l’astronomie en était, et il écrivait des vers, sans se préoccuper des angoisses du commun des poètes quant aux difficiles secrets de la poétique.

1588. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

2° Il était le poète monarchique né à la vie sociale avec 1814 et rien qu’avec 1814 ; il avait servi, chanté même la légitimité ; il aurait aimé par les dehors du moins, par la noblesse de ses goûts, à rester fidèle à l’antique tradition, à toutes les vieilles religions de race et d’honneur : et il en était venu, par l’expérience et en respirant l’air du siècle, à ne croire que bien peu aux dynasties et aux chefs d’État, et à concevoir même un sentiment de répugnance ou d’hostilité secrète contre tout ce qui est proprement politique, contre ce qui n’est pas de l’ordre pur de l’esprit. […] Quelques autres passages de ces lettres de Mme Sophie Gay ne déplairont pas : « … Voilà une confidence qui prouve tout ce que vous êtes pour moi, chère amie, et je n’ai pas besoin devons en recommander le secret.

1589. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Mais, s’il lui manque ce charme secret dont l’œil est enchanté , nous ne saurions nous empêcher d’aimer davantage, d’admirer davantage une pièce moins comique, moins folle et moins bête, mais plus belle. […] Mais la beauté est essentiellement un charme secret, un je ne sais quoi 292.

1590. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Et comment atteindre à l’exquis, si l’on plaint l’argent   Il faut donc que l’argent coule, et coule à s’épuiser, d’abord par les innombrables saignées secrètes ou tolérées de tous les abus domestiques, puis en larges ruisseaux par les prodigalités du maître en bâtisses, en meubles, en toilettes, en hospitalité, en galanteries, en plaisirs. […] Correspondance secrète, par Metra, Imbert, etc.

1591. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Nous disions dans notre dernier Entretien que ce refroidissement, cause vraisemblable du long éloignement de madame Récamier, avait dû tenir à quelque jalousie secrète, motivée par des distractions de cœur de son ami. […] Elle avait un autre attachement : voilà le secret de sa résistance.

1592. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Lisez cette description langoureuse des amours et des chants de l’oiseau moqueur : Quand le chant d’amour de l’oiseau moqueur perce les feuillages du magnolia de la Louisiane au vaste tronc et à l’immense coupole de verdure, l’Européen qui se rappelle l’hymne nocturne du rossignol tapi sous l’ombre des chênes ressent un secret mépris pour ce qu’il admirait autrefois. […] Il m’assura que le bruit que j’avais fait en traversant le bayou l’avait empêché de tuer un beau daim. « Il est vrai, ajouta-t-il, que mon vieux mousquet rate bien souvent. » Les fugitifs, quand ils m’eurent confié leur secret, se levèrent tous deux de leur siège, et les yeux pleins de larmes : « Bon maître, au nom de Dieu, faites quelque chose pour nous et nos enfants ! 

1593. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Entre nous régnait la plus profonde harmonie ; il me tendait sa main par-dessus la table, et je la pressais ; puis je saisissais un verre rempli, placé près de moi, et je le vidais en silence, et je lui faisais une secrète libation, les regards passant au-dessus de mon verre et reposant dans les siens. […] Chaque temps renferme tant de souffrances inexprimées, tant de mécontentements secrets, de lassitude de l’existence, et il y a pour chaque homme dans ce monde tant de relations pénibles, tant de chocs dans sa nature contre l’organisation sociale, que Werther ferait époque aujourd’hui, s’il paraissait aujourd’hui.

1594. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Toutefois, pour la science comme pour la philosophie, il y a des canaux secrets par lesquels s’infiltrent les résultats. […] Là est peut-être le secret de sa médiocrité.

1595. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Au fond, dégoûtés de jamais être joués là, et par ce monsieur, nous convenions, tous les trois, d’un même accord, de présenter la pièce au visa préventif de la censure, chacun ayant la secrète espérance de rompre l’affaire par le veto désiré. […] * * * — Toute femme est, de nature, secrète et ténébreuse.

1596. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Et nous pensons aux secrets de la naissance et de la formation de ce vrai enfant de vous-même, une création de la pensée, véritablement pareille, en son miracle et son mystère, à la création de la vie d’un être. […] Elle est accompagnée d’une Wurtembergeoise à rougeurs, et à baragouin des banquiers allemands de Balzac, une procureuse, ayant la spécialité de fournir des religieuses en imitation à un Crésus de la banque juive ; — enfin une sous-Guimond, une boutique des secrets, des scandales, des horreurs de Paris, une de ces créatures profondes et bredouillantes, que le Rhin nous envoie armées de toutes les ruses et de tous les dessous d’un Metternich en jupon… Entre ces très jeunes gens, le plaisir est bruyant, brutal.

1597. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Daudet n’en savait pas plus que moi, du « Manifeste des Cinq » qui ont commis leur méfait dans le plus profond secret. […] C’est particulier comme les étrangers, ainsi que les provinciaux, sont intimidés par ce don tout parisien, et comme ils sont volontiers pris d’antipathie pour les gens, dont la parole recèle pour eux, de secrètes et mystérieuses moqueries, dont ils n’ont pas la clef.

1598. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Rogner les fonds secrets du ministre, c’était porter la main sur la propriété des Hugo. […] Le poète commençait à comprendre que dans les petites bourses des pauvres, se trouvaient de meilleures rentes que dans les fonds secrets des gouvernements et les coffres-forts des riches.

1599. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Je vais, en peu de mots, vous introduire au fond de mes pensées les plus secrètes, comme au fond de la situation qu’une révolution si soudaine faisait à la France, dont je dirigeais la politique extérieure. […] — Nous n’avons pas le secret du destin ; mais nous pouvons affirmer qu’il se serait passé ce que la France aurait conseillé, et ce que la vieille constitution des cinq ou six Italies comporte, c’est-à-dire une fédération patriotique unanime de toutes ces Italies sous leurs différentes natures politiques et sous la médiation protectrice de la France.

1600. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Cicéron après Aristote déclare nettement que la philosophie est progressive et que « les choses les plus récentes sont d’ordinaire les plus précises et les plus certaines. » Sénèque trace un éloquent tableau des progrès de l’astronomie, et croit pour l’avenir à des conquêtes plus merveilleuses encore ; il proclame que la nature aura toujours de nouveaux secrets à nous livrer, qu’elle ne révèle ses mystères que graduellement et dans une longue suite de générations humaines, que nous nous figurons être initiés à la vérité, et ne sommes encore qu’au seuil du temple, qu’un jour enfin reculeront les bornes de la terre et se déploieront, par-delà l’extrême Thulé, les vastes étendues d’un nouveau monde. […] «  Hérophile, ce médecin, ou plutôt ce boucher, qui ouvrit nombre de gens pour surprendre les secrets de la nature, qui se fit l’ennemi de l’homme pour le connaître ; et encore en connut-il bien toutes les parties intérieures ?

1601. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Daru, et il y avait entre eux deux un secret médiateur qui n’était autre qu’Horace.

1602. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Telle est la vie secrète d’un esprit curieux, tourné au raisonnement, qui se possède par méthode philosophique, et qui veut posséder de même tout ce qui l’environne… Qui voudrait à tout moment s’assurer qu’il agit par raison, et non par passion et par humeur, perdrait le temps d’agir, passerait sa vie à anatomiser son cœur, et ne viendrait jamais à bout de ce qu’il chercherait.

1603. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

[NdA] Se rappeler le discours de Porcie à Brutus dans le Jules César : Dites-moi, Brutus, a-t-on fait pour nous cette exception aux liens du mariage que je ne connaîtrais point les secrets qui vous appartiennent ?

1604. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

La perte de ses manuscrits en 1814 dut produire en lui une peine sensible et un secret découragement.

1605. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Quoi qu’il en soit, ceux dont il abandonnait la communion ont triomphé et triomphent encore de cette parole légère, échappée alors dans le secret.

1606. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Travail, art, nature, foyer intérieur, sentiment, éclat et flamme, c’est de tous ces éléments combinés et pressés, que se compose à des degrés différents et variés à l’infini ce charme que la muse seule possède, dont elle seule livre le secret au petit nombre, et qui fait que l’agrément du premier jour est aussi l’agrément qui ne périt pas.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

D’alléguer qu’on lui avait mandé de Paris qu’on le voulait arrêter, c’était un dire, lequel, s’il était public, n’était pas vrai ; s’il était secret, il ne l’avait pu savoir… Bref, c’était lui-même qui se jugeait coupable ; ce que nous avons marqué pour fautes passaient pour crimes d’État en son opinion, qui, ayant de très grandes lumières des choses du monde, savait assez connaître ce qui était bien ou mal.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Pendant quelque temps Mme Bovary est, de fait, une honnête femme, bien que son nom secret, tel qu’on le lirait déjà inscrit au dedans, soit perfidie et infidélité.

1609. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Jetons un regard sur nous-mêmes, et demandons-nous si dans notre vie, dans notre cœur, depuis l’âge de la jeunesse jusqu’à celui des dernières années, il n’y a pas de ces distances infinies, de ces abîmes secrets, de ces ruines morales peut-être, qui, pour être plus cachées, n’en sont pas moins réelles et profondes.

1610. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Si la Correspondance de Sismondi avec Mme de Staël durant les Cent-Jours s’est conservée dans toute sa suite, on y trouvera peut-être le secret de la difficulté qui nous occupe aujourd’hui49.

1611. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Le dédain avec lequel les mathématiciens avaient accueilli sa théorie des couleurs était sa plaie secrète.

1612. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

. — Satan : M’en garderas-tu le secret ?

1613. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Foucault, tout en vieillissant dans cette douce intendance, avait un secret désir et quelque vague espoir de devenir ministre, surtout quand il vit son ami Chamillart contrôleur général, M. de Ponchartrain, un autre ami, étant chancelier.

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M. 

1615. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

… Te rappelles-tu les jacinthes De nos bois secrets de Saint-Cyr ?

1616. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

M. de Girardin y fut tenu onze jours au secret.

1617. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Aussi le père de Jean-Bon s’opposa-t-il au désir de son fils ; mais celui-ci, doué d’une grande volonté, persévéra dans son projet, et, après avoir mis sa mère dans le secret, il partit, laissant sur le bureau de son père une lettre dans laquelle il lui ouvrait son cœur et lui expliquait ses sentiments.

1618. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Zeller y a puisé avec discrétion, et, en historien qu’il est, il s’est surtout attaché à celles des pensées qui jettent un jour sur les sentiments de Marc-Aurèle empereur, sur ses tristesses secrètes, sur son dégoût final, sur cette difficulté invincible au bien qu’il rencontrait à chaque pas dans la résistance des choses et des hommes.

1619. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

C’est ainsi qu’à Dresde, en mai 1812, tous les souverains venus pour saluer humblement Napoléon, à son départ pour la campagne de Russie, eurent des conférences secrètes afin de s’entendre sur le parti à tirer de nos revers possibles en cette aventure lointaine ; et même, sans conférence et sans parole, il leur suffisait, pour s’entendre, de se regarder dans le blanc des yeux, tant ils étaient unanimes dans leur intime révolte et dans une haine commune !

1620. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Mais l’astre voyageur continuant d’aller, et notre zénith à nous-même étant brusquement dépassé, nous avons cessé de croire à une évolution continue, réglée par un secret compas.

1621. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ?

1622. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Et cet effet principal est le progrès de l’esprit humain. « Au milieu de tant de saccagements et de destruction, nous voyons un amour de l’ordre qui anime en secret le genre humain et qui a prévenu sa ruine totale.

1623. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Une conception de l’univers et de la vie s’affirme dans ces œuvres maîtresses qui ont rempli l’existence de Renan : la même qui nous est renvoyée par ces essais de toute sorte, où sa pensée se reposait, où se jouait sa fantaisie, études d’histoire, de critique ou de morale, dialogues ou drames philosophiques, et toutes ces allocutions, confidences, propos, où d’un mot le maître donnait le contact et le secret de son âme.

1624. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

L’univers tout entier lui apparaît, non pas même comme un musée secret, mais comme une maison Tellier.

1625. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

On peut douter du miracle mais quoi de plus vraisemblable que certains de ces hommes qui croyaient avoir découvert le secret et le lien des choses, s’infatuassent jusqu’à la folie ?

1626. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Voilà le secret de l’incomparable beauté de ces livres primitifs, qui sont encore les représentations les plus adéquates de l’humanité complète.

1627. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

C’est une harmonie secrète qui a fait déposer sa dépouille dans l’île des Peupliers, à Ermenonville ; et plus tard ériger, à Genève, sa statue dans l’île qui porte son nom.

1628. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Tous ces hommes n’ont fait que dire le secret de tout le monde.

1629. (1886) De la littérature comparée

Aussi, ces œuvres que nous relisons sans cesse ne sont-elles pas seulement des documents historiques auxquels nous pouvons demander les secrets des siècles éteints : elles ont, pour ainsi dire, passé dans notre sang, elles ont servi chacune à nous former tels que nous sommes, nous les retrouvons en descendant au fond de nous-mêmes comme des levains auxquels nous devons peut-être nos meilleures aspirations.

1630. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Ce sont des conseillers et des causeurs bons à écouter après trois ou quatre siècles comme au premier jour ; Montaigne sur tous les sujets et à toutes les heures, Commynes sur les affaires d’État, sur le ressort et le secret des grandes choses, sur ce qu’on nommerait dès lors les intérêts politiques modernes, sur tant de mobiles qui menaient les hommes de son temps, et qui n’ont pas cessé de mener ceux du nôtre.

1631. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Les récompenses n’étaient pas autrefois plus grandes, car la puissance souveraine était partagée entre plus de mains ; et pourtant beaucoup ont fouillé ces secrets de la nature, sans autre rémunération que la satisfaction d’être utiles à la postérité.

1632. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Mais on aimait tant la duchesse de Bourgogne à la Cour, que c’était comme un parti pris pour tout le monde de lui garder le secret, et de n’épargner qu’elle seule dans la médisance universelle.

1633. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

C’est un aveu, c’est une confidence ; c’est l’harmonieuse et suave effusion d’une âme sage, d’une âme tranquille, élevée, animée d’un zèle pur, qui a trouvé pour elle-même le secret du bonheur, et qui voudrait le communiquer aux hommes.

1634. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Le roi lui répondit : « Oui, je vous pardonne tout le passé, et vous donne ce que vous me demandez. » Au lieu de profiter du pardon et de rentrer dans les voies de la rectitude, Fouquet ne songea qu’à redoubler d’adresse ; il présentait au roi de faux états de situation, que Colbert contrôlait et réfutait en secret.

1635. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Après avoir traité la question dans sa généralité, il arrivait au fond même, et il ne craignait pas de dire le secret des cœurs : « Les prêtres non assermentés sont, dit-on, violemment soupçonnés de n’avoir jamais aimé la Révolution. » Et en ne les justifiant qu’autant qu’il le fallait pour rester dans le vrai, il maintenait que le cours des pensées est libre et doit être ménagé tant qu’il ne se traduit point en actes coupables : « Quand il s’opère une grande révolution dans un État, il n’est pas possible que tous les membres de cet État changent d’habitudes, de mœurs et de manières dans un instant.

1636. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’est ainsi qu’il disait : « Interrogeons l’histoire, elle est la physique expérimentale de la législation. » Et dans un autre discours ou exposé de motifs, parlant de Montesquieu : « Il nous apprit, dit-il, à ne jamais séparer les détails de l’ensemble, à étudier les lois dans l’histoire, qui est comme la physique expérimentale de la science législative. » Et ailleurs encore, pour exprimer qu’il faut étudier les opérations de l’esprit dans les langues : « La parole est la physique expérimentale de l’esprit. » Je ne fais qu’indiquer ce procédé très sensible chez lui, et qui nous frapperait moins peut-être, si, comme les critiques anciens, nous avions pénétré davantage dans le secret des orateurs.

1637. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

C’est dans cette prétention, secrète ou affichée, qu’a paru le danger, et c’est de ce côté qu’a porté le fort de l’attaque.

1638. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

On a cité d’elle un mot d’observation pratique, qui nous dit mieux le secret de sa vie : « Voulez-vous cesser d’aimer ?

1639. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Peu après, pour sauver une position plus brillante que sûre, et malgré tout périlleuse, Beaumarchais passa en Angleterre avec une mission secrète du roi, relativement au chevalier d’Éon, des mains de qui il s’agissait de retirer des papiers d’État.

1640. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne, il entrait dans le vif et divulguait les secrets du ménage.

1641. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Durant les relâches forcées qu’il fait dans quelque île de la Baltique, il raconte qu’il allait tous les jours passer quelques heures sur des rochers escarpés où la hauteur des précipices et la vue de la mer n’entretenaient pas mal ses rêveries : Ce fut, dit-il, dans ces conversations intérieures que je m’ouvris tout entier à moi-même, et que j’allai chercher dans les replis de mon cœur les sentiments les plus cachés et les déguisements les plus secrets, pour me mettre la vérité devant les yeux sans fard, telle qu’elle était en effet.

1642. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Voulez-vous mon sentiment secret ?

1643. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Madame de Cadignan (dans Les Secrets de la princesse de Cadignan), mademoiselle de La Môle (dans Le Rouge et Noir), sont de ces types inouïs et sans modèle, inventés par des hommes qui n’étaient pas du monde que ces types expriment avec un si vivant relief.

1644. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Mais il n’y a pas lieu de s’arrêter ici à ces nombreuses erreurs ; l’intention dernière de Hugo transparaît presque naïvement : il veut prouver que son époque est celle du drame ; en secret, il se flatte de dépasser Shakespeare ; et la préface de Cromwell a quelque chose de truqué. — On a souvent dit déjà pourquoi l’école romantique, essentiellement lyrique, tenait tellement à s’affirmer au théâtre : il s’agissait de vaincre Corneille et Racine.

1645. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Dès l’abord, on découvrait en lui un foyer secret d’ardeur inextinguible, plus violente et plus puissante que l’éblouissante illumination de M. 

1646. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

. — Cependant tout cela était étranger, et laissait un mécontentement secret.

1647. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il n’y avait pas de grandes conceptions à juger, de motifs secrets à démêler ; Charles XII était tout entier dans les faits. […] Que d’événements reculés dans les siècles nous semblaient solennels et imposants, et se présentent maintenant comme de vaines comédies, dont la postérité a perdu le secret ! […] Formé dans le malheur et dans la solitude, nourri de longues méditations et de chagrins secrets, il est, à ce qu’il semble, de tous les littérateurs contemporains celui qui porte le plus un caractère distinct et natif. […] D’ordinaire, je ne sais quelle pudeur unie à la crainte de pas être entendu le porte à voiler ses secrets mouvements et à amortir ses impressions. […] La chaleur de son esprit s’appliqua à pénétrer tout d’un coup dans les principes de la nature pour révéler son secret, et aussi à la présenter sous ses rapports pittoresques.

1648. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Cela ne se passoit pas sans penible solicitude : j’en fesois un secret ; et moy, qui ose tant dire de moy, ne parlois de mon argent qu’en mensonge, comme font les aultres qui s’appauvrissent riches, s’enrichissent pauvres, et dispensent leur conscience de jamais tesmoingner sincerement de ce qu’ils ont. […] Une force secrète semble même comprimer à la fois toutes les branches de l’activité humaine. […] La reconnaissance de la plupart des hommes n’est qu’une secrète envie de recevoir de plus grands bienfaits240. […] En général, les moralistes devraient toujours aller plus loin que la peinture des vices grossiers ; il faudrait nous forcer à reconnaître ceux de nos mauvais penchants qui se cachent sous l’aspect des vertus, nous dévoiler ce qui se dissimule dans le secret de nos plus intimes sentiments. […] On a déjà trop dit de son secret à celui à qui l’on croit devoir en dérober une circonstance330. » Voici une autre pensée qui rappelle ou plutôt qui contredit La Rochefoucauld.

1649. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

En 1790, Camille avait fait le voyage de Paris en compagnie de sa mère ; il y avait été témoin des luttes oratoires de l’Assemblée constituante, et il avait dû sentir en son cœur un frémissement secret, comme le jeune coursier à l’appel du clairon. […] il n’est plus possible de dévorer en secret le sentiment de tant de crimes. […] Mon père lui a écrit. » Ce projet de voyage en Italie, cette offre qui en est faite à Camille, et pour lui seul, sous le secret, nous indique le moment le plus vif du goût de Mme de Staël pour cet aimable esprit et cette âme généreuse.

1650. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Rochambeau lui répond, et on remarque cette phrase, qui va juste à l’adresse de ce même sentiment d’honorable susceptibilité auquel nous avons vu déjà Washington répondre : « C’est toujours bien fait, mon cher marquis, de croire les Français invincibles ; mais je vais vous confier un grand secret d’après une expérience de quarante ans : Il n’y en a pas de plus aisés à battre, quand ils ont perdu la confiance en leur chef ; et ils la perdent tout de suite, quand ils ont été compromis à la suite de l’ambition particulière et personnelle. » La Fayette alors se retourne vers Washington, et sollicite de lui une certaine expédition dont il précise les bases, qui aurait de l’éclat, dit-il, des avantages probables pour le moment et un immense pour l’avenir ; qui, enfin, si elle ne réussit pas, n’entraîne pas de suites fatales. […] de l’audace, puis de l’audace et encore de l’audace, c’est là le secret à la fois et l’affiche. […] Son livre apprend ou rappelle, sur ce chapitre des fonds secrets, quelques chiffres curieux par leur emploi.

1651. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Ils ont l’air de considérer l’homme dans la nature comme un empire dans un autre empire, et l’empire même de la nature comme le jeu des secrets caprices du Destin. […] Niobé, au milieu de ses Biles expirantes sous les flèches vengeresses de Diane, montre encore sur son visage où paraît une secrète et profonde douleur, l’inaltérable sérénité de la beauté plastique409. […] La foule dorée de Versailles était frondée aux applaudissements du public parisien, non pour ses travers superficiels, comme dans Les Fâcheux, mais pour ses faux dehors, ses trahisons, ses lâchetés, ses misères secrètes et ses vices, au milieu desquels un honnête homme ne pouvait vivre450.

1652. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Celui qui, par inquiétude de conscience, s’occupe à démêler les motifs bons ou mauvais de ses actions apparentes, qui aperçoit les vices et les vertus à leur naissance, qui suit le progrès insensible des pensées coupables et l’affermissement secret des résolutions honnêtes, qui peut marquer la force, l’espèce et le moment des tentations et des résistances, tient sous sa main presque toutes les cordes humaines, et n’a qu’à les faire vibrer avec ordre pour en tirer les plus puissants accords. […] Ce qu’on appelle nature, c’est cette couvée de passions secrètes, souvent malfaisantes, ordinairement vulgaires, toujours aveugles, qui frémissent et frétillent en nous, mal recouvertes par le manteau de décence et de raison sous lequel nous tâchons de les déguiser ; nous croyons les mener, elles nous mènent ; nous nous attribuons nos actions, elles les font. […] Voilà le domaine de Fielding ; son art et son plaisir, comme celui de Molière, consistent à lever un coin du manteau ; ses personnages paradent d’un air raisonnable, et tout d’un coup, par une ouverture, le lecteur aperçoit le fourmillement intérieur des vanités, des folies, des concupiscences et des rancunes secrètes qui les font marcher.

1653. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Sous ce masque transparent, il nous livre le secret de sa vie, son idéal. […] C’est le grand secret d’Homère. […] À son approche, avant même qu’il ose lever les yeux sur elle, Dante, comme au premier jour, sent l’esprit de vie tressaillir au plus secret foyer de son âme. […] Une confiance enthousiaste dans la nature la pousse à la recherche de ses plus secrets mystères. […] Mais bientôt, pressés qu’ils sont tous deux par le secret aiguillon du génie, ils se relèvent.

1654. (1898) La cité antique

L’isolement religieux est sa loi ; son culte est secret. […] De même que le culte du foyer domestique était secret et que la famille seule avait droit d’y prendre part, de même le culte du foyer public était caché aux étrangers. […] Chaque cité avait son recueil de prières et de pratiques, qu’elle tenait fort secret ; elle eût cru compromettre sa religion et sa destinée, si elle l’eût laissé voir aux étrangers. […] De même qu’on y avait recours dans les temples pour surprendre les secrets d’en haut, de même la cité y recourait pour le choix de son magistrat. […] Les formules de la loi étaient tenues secrètes comme celles du culte.

1655. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Et que chaque génération, déposant ainsi sur la toile et le marbre le secret de son génie, arrive à la postérité sans autre blâme ni apologie que les œuvres de ses artistes. […] Et le philosophe continue : « Que le peuple, se reconnaissant à sa misère, apprenne à rougir de sa lâcheté et à détester ses tyrans ; que l’aristocratie, exposée dans sa grasse et obscène nudité, reçoive, sur chacun de ses muscles, la flagellation de son parasitisme, de son insolence et de sa corruption. » Je passe quelques lignes et j’arrive à la conclusion : « Et que chaque génération, déposant ainsi sur la toile et le marbre le secret de son génie, arrive à la postérité sans autre blâme ni apologie que les œuvres de ses artistes. » Ces quelques mots ne font-ils pas oublier les sottises qu’on ne devrait ni écouler ni entendre, mais qui agacent comme une mouche persistante dans ses bourdonnements ? […] Courbet ne voudrait pas passer pour un utopiste ; mais son allégorie réelle ressemble furieusement à « l’Épître secrète adressée publiquement à S.  […] Cette seule distinction ne porterait-elle point par hasard dans ses flancs tout le secret de l’art de l’avenir ?

1656. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Ils ont modifié de parti pris la rectitude grossière des formes mathématiques, ils les ont appropriées aux exigences secrètes de l’œil, ils ont renflé26 la colonne par une courbe savante aux deux tiers de sa hauteur, ils ont bombé toutes les lignes horizontales et incliné vers le centre toutes les lignes verticales du Parthénon, ils se sont dégagés des entraves de la symétrie mécanique ; ils ont donné des ailes inégales à leurs Propylées, des niveaux différents aux deux sanctuaires de leur Erecthéion ; ils ont entrecroisé, varié, infléchi leurs plans et leurs angles de manière à communiquer à la géométrie architecturale la grâce, la diversité, l’imprévu, la souplesse fuyante de la vie, et sans amoindrir l’effet de ses masses, ils ont brodé sur sa surface la plus élégante trame d’ornements peints et sculptés. […] Elle ne fait point partie d’une littérature secrète devant laquelle les gens austères se voilent la face et les esprits délicats se bouchent le nez. […] Là, toute la légende, toutes les cérémonies, tous les noms divins élevaient dans l’esprit un vague et grandiose souvenir des premières luttes et des premiers pas de la civilisation humaine ; dans le demi-jour du mythe, l’homme entrevoyait la lutte antique et féconde de l’eau, de la terre et du feu, la terre émergeant des eaux, devenant féconde, se couvrant de bonnes plantes, de grains et d’arbres nourriciers, se peuplant et s’humanisant sous la main des puissances secrètes qui entrechoquent les éléments sauvages, et peu à peu, à travers leur désordre, établissent l’ascendant de l’esprit. […] Là est le secret de cette gaieté divine des poèmes homériques et de Platon : le récit de la mort de Socrate, dans le Phêdon, montre à peine une teinte de tristesse.

1657. (1900) Molière pp. -283

Mais, lorsqu’il a vingt-trois ans, la fatalité s’abat sur lui sous la forme d’une passion de théâtre ; il s’éprend d’une comédienne, qui faisait alors assez de bruit dans Paris, et qui vivait avec M. de Modène, auquel elle était, dit-on, unie par un mariage secret ; on la nommait Madeleine Béjart. […] Ce n’était pas autre chose que l’inquisition dans la famille, et d’autant plus redoutable que ceux qui la subissaient, la subissaient volontairement, allaient au-devant d’elle, l’invoquaient, et livraient à leur directeur tous les secrets de leur vie, leurs actes les plus intimes. […] Si vous voulez, messieurs, vous convaincre que l’esprit en ce monde a été plus souvent victime que bourreau, vous n’aurez qu’à étudier de près la vie de nos grands comiques, et à sonder les plaies secrètes que nous révèlent leurs œuvres. Pour ne citer que le plus illustre de tous, combien d’outrages n’a-t-il pas subis de son vivant et après sa mort même, tenu à part la société polie pour la profession qu’il avait embrassée pour mieux surprendre les secrets de son art, trompé et torturé dans son affection la plus chère, poursuivi par les rancunes pleines de fiel de ceux dont il démasquait la bassesse, réduit à se faire bouffon, lui, Alceste, pour attirer le public à ses chefs-d’œuvre, arrachant à force de sollicitations et de placets le droit d’être représenté, le droit d’avoir du génie au grand jour, et ne trouvant pour toute récompense, au bout d’une carrière si agitée et si remplie, que des funérailles insultées et « un peu de terre obtenue par prière » ! […] Elles seules savent ce qu’il faudrait savoir pour résoudre le problème ; mais, depuis trois mille ans, ni prêtre des faux dieux, ni médecin, ni femme n’a laissé échapper un mot qui trahît le secret commun de la caste.

1658. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Si quelqu’un a un ennemi à qui il veut nuire, homme de bien ou méchant, peu importe, il peut à très peu de frais lui faire du mal : ils ont certains secrets pour lier le pouvoir des dieux et en disposer à leur gré. […] Or la tendance à la perfection c’est le grand secret ; c’est toute la morale ; c’est toute la loi humaine ; pour mieux parler, c’est toute la loi du monde, c’est toute la loi. […] Si les contraires s’attirent, c’est qu’ils sentent, avertis par un instinct secret, par la suggestion du « génie de l’espèce », que rien, plus que cette union des contraires, n’est favorable à la génération, et aussi à la santé de la race, et par conséquent à la perpétuité, qui est le but cherché. Trouve-t-on trop métaphysique et par conséquent pure rêverie cet « instinct secret » et cette intervention du « génie de l’espèce ?  […] Cette crainte et cette répulsion à l’endroit de la supercherie et cet amour des situations nettes me paraît la vraie raison du peu de goût qu’ont les hommes pour les œuvres d’art à intention moralisantes, plus ou moins secrètes, plus ou moins avouées.

1659. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Il est trop souvent de ces côtés bizarres et secrets dans le tempérament d’un chacun, de ces recoins de passion ou de vice qui se démasquent et se creusent en vieillissant : avec les années les goûts cachés se découvrent.

1660. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

., ont toujours leurs partisans secrets, sans parler des folies épidémiques, telles que l’agiot dont je venais d’être témoin, temps où chacun s’imaginait pouvoir devenir riche, sans que personne devînt pauvre.

1661. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Ce prince, qui m’avait écouté, a depuis écouté votre voix secrète, et, parce qu’il avait un cœur droit, il a suivi l’attrait de votre grâce… On voit bien que ceux qui dénient l’onction à Bourdaloue n’ont pas entendu de sa bouche ces passages, et ils les ont lus négligemment.

1662. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru qu’il y a dans le palais de Dresde un piano qui conserve son accord dans toutes les saisons : « Je désire, écrit-il à l’administrateur de la Saxe, que, sans donner aucun ombrage, vous puissiez vérifier si ce piano existe, et me faire connaître en quoi consiste le secret de son mécanisme. » Accoutumé depuis la journée d’Iéna à une correspondance d’un genre plus sévère, cet administrateur put sourire de se voir chargé d’une telle commission.

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

regarde de quel côté tu penches vivant. » La morale prochaine et directe de cet article sur La Fare, c’est qu’il ne faut pas se faire exprès toute sa doctrine et la porter du côté où l’on penche ; il faut qu’elle nous soit un contrepoids en effet, non un poids de plus ajouté à celui de notre tempérament, de nos sens et de nos secrètes faiblesses, comme si nous avions peur de ne pas tomber assez tôt.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Un petit nombre abandonne la foule, demande les yeux levés la richesse du ciel, et gagne les seuls biens réels, vérité, sagesse, grâce, et une paix pareille à celle de là-haut… Alors il se met à examiner les différents jeux, ces cailloux de différentes couleurs que s’amusent à ramasser les hommes et qu’ils continuent souvent de rechercher jusque dans la retraite et la solitude : car la plupart ne la désirent que pour s’y plus abandonner à leurs goûts favoris, et pour mieux caresser leur passion secrète.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Il travaillait ces amusements de son loisir avec un soin particulier, et il n’était content que lorsqu’il les avait amenés à perfection : « Toucher et retoucher, dit-il quelque part, bien qu’il y ait des écrivains qui se targuent de négligence, et d’autres qui rougiraient de montrer leurs brouillons, est le secret de presque tous bons écrits, particulièrement en vers. » — « Tout ce qui est court, dit-il encore, doit être nerveux, mâle et concis.

1666. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Quelque jugement que l’orateur de la compagnie porte en secret sur celui qu’il est chargé de recevoir, lui eût-il refusé son suffrage, eût-il traversé son élection, fût-il même son ennemi, il doit oublier tout, dès qu’il se trouve à la tête de la société respectable qui vient d’adopter le nouvel académicien.

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

L’emmenant à Grosbois, l’initiant à ses manuscrits les plus secrets et à ses papiers d’État, il l’engageait toujours, après ces choses essentielles, à n’en pas négliger d’autres moins petites et moins inutiles qu’on ne le croiraiti, à se faire du monde plus qu’il n’était, à jouer quelquefois (le jeu crée des relations, rapproche les distances, adoucit des inimitiés) ; il en venait jusqu’à lui donner des leçons sur les façons de faire sa cour et de réussir auprès du vieux cardinal.

1668. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il excelle à rendre ces paysages compliqués et laborieux, à leur arracher leur secret, à traduire idéalement leur sens confus comme celui d’une âme obscure.

1669. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Si l’abbé Barthélemy reçut beaucoup de ses nobles amis, il leur apporta donc aussi beaucoup du sien en retour ; il leur sacrifiait plus qu’il ne laissait voir ; il en avait conscience, en même temps qu’il en gardait pour lui le secret : tout cela l’honore.

1670. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Il ne se peut rien de plus opposé : c’est un journal tout intime, écrit par un savant pieux, qui vit dans l’étude et dans la continuelle présence de Dieu, qui s’interroge à chaque heure sur toutes ses actions, sur ses sentiments les plus secrets, et qui se confesse, à vrai dire, — mêlant à tout, à ses traverses de fortune, à ses joies et à ses tribulations domestiques, comme à ses éruditions profanes, la pensée chrétienne la plus vigilante et la prière. — « Avez-vous lu le journal de Casaubon ?

1671. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il est encore tout entier dans cette lettre à un jeune homme triste, souffrant, entravé dans ses goûts, et à qui il dit pour le consoler : « Ne vous laissez pas aller aux longues et secrètes douleurs : Dieu le défend à notre nature… J’ai connu tout cela, Monsieur, voilà pourquoi je me permets de vous en parler.

1672. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Ajoutez que pour Montaigne philosophe le voyage n’était qu’une réfutation perpétuelle, en action et en tableau, des préjugés de clocher dont il avait le mépris et le secret dégoût.

1673. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

L’inusité de semblables obsèques, une inexactitude de date qu’il suffit de corriger en avançant la scène d’un ou de deux jours pour rendre tout possible, le silence gardé par les secrétaires et les amis politiques de Charles-Quint, qui rougissaient peut-être en secret d’une semblable bizarrerie de leur maître, sont-ce des raisons suffisantes pour faire rejeter un récit qui est confirmé par celui de deux autres moines hiéronymites ?

1674. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Champfleury les connaît bien, et je le soupçonne lui-même d’en tenir par quelque coin secret : on ne décrit pas de telles maladies sans les avoir non-seulement vues à côté de soi, mais ressenties pour son propre compte.

1675. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Votre imagination a le malheureux secret de tout empoisonner.

1676. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Tout cela se retrouve ou devrait se retrouver en nous, vers la fin de la vie, avec un rafraîchissement et un ravivement de souvenirs mêlés d’une secrète tendresse.

1677. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Il avait de grand matin, et avant l’invasion des visites, des heures à lui, de travail de secret, des heures non banales et, à leur manière, sacrées ; et ce n’est qu’ensuite qu’arrivaient les amis, les camarades, les brillants colonels ; il continuait avec sa merveilleuse facilité de main à exécuter ce qu’il avait posé auparavant.

1678. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Puis, le 23 au soir, l’armée fut mise en mouvement sans savoir où on la conduisait ; le secret avait été gardé entre les deux maréchaux et le très petit nombre d’officiers indispensables.

1679. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

La description des préparatifs est très-sentie, et l’événement qui a tant marqué depuis dans la vie de M. de Girardin y donne un sens particulier et comme prophétique : « Le mystère qu’il faut mettre à tous les apprêts d’un duel, ces apprêts mêmes, ont quelque chose d’horrible ; les soins, les précautions qu’il faut prendre, le secret qu’il faut garder, tout cela ressemble aux préparatifs d’un crime.

1680. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Cette petite réunion d’adieux, dont le maître seul, avec un ou deux amis, avait le secret, se renouvela dix jours durant : après quoi il mourut, le onzième, comme à jour fixe.

1681. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien !

1682. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Burty, « c’est, je crois, le plus intime, et la physionomie de cette reine, si fine et si douce, y a une teinte de résignation qui fait pénétrer plus avant dans l’histoire de ses secrètes douleurs. » 54.

1683. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

J’avoue que le frisson d’horreur me reprit plus que jamais à cette idée ; mais comme, en le voyant, on pouvait résumer en une demi-heure beaucoup d’idées dont il faudrait rechercher le détail en cent lettres éparses, et qu’on pouvait s’entendre et se concerter sur toute chose une bonne fois pour toutes, j’ai consenti à une entrevue secrète, j’ai donc vu le monstre ces jours derniers avec une émotion à être malade, mais que son langage a bien vite contre-balancée sur le moment.

1684. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Cette espièglerie toutefois cachait une secrète raison.

1685. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

La fatuité insoutenable avec laquelle il s’en vantait dévoilait le caractère d’un homme plus flatté d’être initié dans les secrets intimes, que jaloux d’avoir rempli dignement, les importantes fonctions d’instituteur.

1686. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Chatel lorsqu’il dit : « Le séjour de La Bruyère en Normandie dut être de bien courte durée, et pourtant il lui parut assez long pour exciter sa mauvaise humeur, au point de le faire manquer à la politesse et au bon goût, lui qui avait, avec un vif sentiment des convenances, le secret de ces deux qualités essentielles à l’homme de lettres : « La ville dégoûte de la province », écrit-il… « Les provinciaux et les sots sont toujours prêts « à se fâcher. » La Bruyère était dans son droit quand il faisait ses observations de moraliste, et c’est vraiment trop de susceptibilité que de venir défendre la province, uniquement parce que soi-même on l’habite.

1687. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Combien de fois, en rêve, une personne se présente, cause avec nous, trouve ses expressions à merveille comme une âme distincte de nous, nous étonne par ce qu’elle dit, nous apprend souvent un secret graduellement, et nous qui écoutons, nous passons par toutes les alternatives d’attente et de surprise, comme si cela ne s’agitait pas en notre esprit et par notre esprit, auteur du drame !

1688. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Quel secret !

1689. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Cet épicuréisme, notez-le bien, caché assez souvent sous de grands airs de croyance et de religiosité, a été la plaie secrète de la poésie en ce temps-ci ; il s’étend plus loin qu’on ne croit, il a gagné et corrompu les plus hauts talents, et je n’en prétends exempter personne.

1690. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Ces sortes de lettres, brillantes de forme et d’art, et où il n’y avait pas trop de petits secrets ni de médisances, faisaient bruit dans la société, et chacun désirait les lire. « Je ne veux pas oublier ce qui m’est arrivé ce matin, écrit Mme de Coulanges à son amie ; on m’a dit : Madame, voilà un laquais de Mme de Thianges ; j’ai ordonné qu’on le fît entrer.

1691. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Le difficile est de récidiver lorsqu’on a dit ce premier mot si cher, lorsqu’on a exhalé sous une enveloppe plus ou moins trahissante ce secret qui parfume en se dérobant.

1692. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle s’efforçait ainsi de se distraire des souffrances du corps en peignant celles de l’âme ; elle répandait en même temps sur chacune de ces pages tendres un reflet des hautes consolations vers lesquelles chaque jour, dans le secret de son cœur, elle s’acheminait.

1693. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Instituteur et père à la fois pour cet enfant, il lui prodiguait tout son cœur et tous les secrets de son art.

1694. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

La règle de Condillac, « ne rien ajouter qui ne soit dans l’analogie du premier trope », ne subsiste pas, après les exemples que j’ai donnés ; et d’autre part, toutes les discordances ne sont point acceptables ; il y a une certaine harmonie dont il faut observer la secrète finesse.

1695. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Au fond, le rêve endormi dans quelque repli secret du coeur, chez moi-même et chez beaucoup d’autres, notre rêve inavoué, désavoué même souvent par nos habitudes et notre allure, c’est le rêve de don Juan.

1696. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M. 

1697. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Zola) par la lenteur puissante, par l’énormité et la simplicité de la plupart des personnages  enfin par le retour régulier de sortes de refrains, de leitmotiv : descriptions de la cathédrale et du Clos-Marie à toutes les heures du jour et dans les principales circonstances de la vie d’Angélique ; énumérations des vierges du portail de Sainte-Agnès, et discours qu’elles tiennent à la jeune fille, selon les cas ; énumérations des ancêtres de Félicien de Hautecœur et de ses aïeules, les mortes heureuses ; énumérations d’outils de chasublier ; douleur secrète d’Hubert et d’Hubertine ; longueur du cou d’Angélique ; nez de monseigneur, etc.

1698. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Les actes les plus importants de sa carrière divine se passent sur les montagnes ; c’est là qu’il était le mieux inspiré 189 ; c’est là qu’il avait avec les anciens prophètes de secrets entretiens, et qu’il se montrait aux yeux de ses disciples déjà transfiguré 190.

1699. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Paul Adam veut, d’une ambition en apparence plus subtile et plus noble, enfermer en ses fables vaines et gauches tout le dynamisme secret de l’histoire, toute la pensée d’avant-hier, d’hier, d’aujourd’hui.

1700. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Si simple que soit le style de Pascal, et quoiqu’on ait eu raison de dire que, « rapide comme la pensée, il nous la montre si naturelle et si vivante, qu’il semble former avec elle un tout indestructible et nécessaire », ce style, dès qu’il se déploie, a des développements, des formes, du nombre, tout un art dont le secret n’est pas celui du héros qui court à sa conquête.

1701. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Initiés comme ils l’ont été au secret des choses, à la vanité des bons conseils, à l’illusion des meilleurs esprits, à la corruption humaine, qu’ils nous en disent quelquefois quelque chose ; qu’ils ne dédaignent pas de nous faire toucher du doigt les petits ressorts qui ont souvent joué dans les grands moments.

1702. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Sohrab insiste et trouve étonnant qu’entre tant de chefs, le vaillant Roustem, le premier de tous, ait manqué cette fois à l’appel ; il presse de questions le prisonnier, qui lutte de ruse, et qui s’obstine, sur ce point, à lui cacher la vérité : « Sans doute, réplique celui-ci, le héros sera allé dans le Zaboulistan, car c’est le temps des fêtes dans les jardins de roses. » À quoi Sohrab, sentant bouillonner son sang, répond : « Ne parle pas ainsi, car le front de Roustem se tourne toujours vers le combat. » Mais Sohrab a beau vouloir forcer le secret, la fatalité l’emporte : « Comment veux-tu gouverner ce monde que gouverne Dieu ?

1703. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Tout se répare : la petite Fadette, devenue une belle, sage et riche personne, épouse Landry et guérit presque le souffreteux Sylvinet par ses secrets de magnétisme naturel.

1704. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Je n’en citerai qu’un seul exemple, resté secret jusqu’à ce jour.

1705. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Il ne le place qu’après l’étude de l’histoire, après celle de la jurisprudence et de la religion ; il lui a fallu quelque courage, on le sent, pour ajourner le moment de parler de cette étude pour lui la plus attrayante et la plus chère : Il me semble, dit-il, qu’en passant à cette matière je me sens touché du même sentiment qu’un voyageur qui après s’être rassasié pendant longtemps de la vue de divers pays, où souvent même il a trouvé de plus belles choses, et plus dignes de sa curiosité, que dans le lieu de sa naissance, goûte néanmoins un secret plaisir en arrivant dans sa patrie, et s’estime heureux de pouvoir respirer enfin son air natal.

1706. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Si c’est pour dîner, il est trop tôt ; si c’est pour me voir, il est trop tard. » Puis, se ravisant : — « Entrez, je sais ce que vous cherchez, et n’ai rien de caché… même pour vous. » Et Rousseau alors, s’adressant à sa ménagère, entre à dessein dans mille détails de cuisine et de pot-au-feu ; puis se retournant vers Rulhière : « Vous voilà suffisamment instruit des secrets de ma maison, et je défie toute votre sagacité d’y jamais rien trouver qui puisse servir à la comédie que vous faites. » — Il ne se doutait pas, ajoute Rulhière, qu’il venait de m’en fournir le meilleur trait.

1707. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Vers ce temps, le jeune élève, ou qui cessait à peine de l’être, fut accusé d’une action odieuse qu’on a souvent réveillée contre lui : il eut l’imprudence de faire, en société avec quelques-uns de ses camarades, plusieurs couplets contre divers membres du collège d’Harcourt ; mais ce n’était « ni contre ses maîtres ni contre ses bienfaiteurs », assure Boissy d’Anglas : « Cette plaisanterie était l’ouvrage de plusieurs jeunes gens, et M. de La Harpe fut le seul puni parce qu’il était pauvre, sans appui, sans état, sans protecteur, et parce qu’il eut le courage de garder à ses compagnons le secret le plus inviolable. » Ce récit, qui est selon la vraisemblance, réduit cette peccadille de jeunesse à sa juste proportion.

1708. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il ne reconnaît pas sans doute assez que sur bien des points de mécanique, de chimie et autres, les anciens avaient trouvé par la pratique, par le tact et par un premier bonheur, des secrets qui valaient ou peut-être surpassaient les nôtres, et qui sont perdus.

1709. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Car il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise, ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries intéressées ou des alliances ; c’est le grand nombre.

1710. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

En pénétrant si bien dans le secret des beautés étrangères et de l’art immortel, de Brosses se montre à la fois tout à fait lui-même ; il reste bien Français, de son pays et de sa race.

1711. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Les détails où il faut entrer sans cesse, et qui recommencent chaque jour, ne le lassent point ; loin d’être jamais un ennui, ils lui paraissent une source de plaisirs : Consacrons à l’amitié, dit-il, les moments dont les autres devoirs nous permettent de disposer ; moments délicieux qui arrivent si lentement et qui s’écoulent si vite, où tout ce qu’on dit est sincère, et tout ce qu’on promet est durable ; moments où les cœurs à découvert et libres de contrainte savent donner tant d’importance aux plus petites choses, et se confient sans peine des secrets qui resserrent leurs liens ; moments enfin où le silence même prouve que les âmes peuvent être heureuses par la seule présence l’une de l’autre ; car ce silence n’opère ni le dégoût ni l’ennui.

1712. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Mon âge, le feu des passions, le désir de la gloire, la curiosité même (pour ne te rien cacher), enfin un instinct secret m’ont arraché à la douceur du repos que je goûtais, et la satisfaction de voir mon nom dans les gazettes et ensuite dans l’histoire m’a séduit.

1713. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Enfin, c’est déjà jouir que se souvenir, car c’est contempler des semblables et doubler sans effort le présent avec le passé ; de là cette volupté secrète qui se retrouve jusque dans le souvenir de la douleur.

1714. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

On étonnerait fort Solon, fils d’Exécestidas, Zenon le Stoïcien, Antipater, Eudoxe, Lysis de Tarente, Cébès, Ménédème, Platon, Épicure, Aristote et Epiménide, si l’on disait à Solon que Ce n’est pas la lune qui règle l’année ; à Zenon, qu’il n’est point prouvé que l’âme soit divisée en huit parties ; à Antipater, que le ciel n’est point formé de cinq cercles ; à Eudoxe, qu’il n’est pas certain qu’entre les Égyptiens embaumant les morts, les Romains les brûlant et les Pæoniens les jetant dans les étangs, ce soient les Pæoniens qui aient raison ; à Lysis de Tarente, qu’il n’est pas exact que la vue soit une vapeur chaude ; à Cébès, qu’il est faux que le principe des éléments soit le triangle oblong et le triangle isocèle ; à Ménédème, qu’il n’est point vrai que, pour connaître les mauvaises intentions secrètes des hommes, il suffise d’avoir sur la tête un chapeau arcadien portant les douze signes du zodiaque ; à Platon, que l’eau de mer ne guérit pas toutes les maladies ; à Épicure, que la matière est divisible à l’infini ; à Aristote, que le cinquième élément n’a pas de mouvement orbiculaire, par la raison qu’il n’y a pas de cinquième élément ; à Epiménide, qu’on ne détruit pas infailliblement la peste en laissant des brebis noires et blanches aller à l’aventure, et en sacrifiant aux dieux inconnus cachés dans les endroits où elles s’arrêtent.

1715. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Ces derniers sçavent tous les secrets, ils connoissent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis.

1716. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Premierement, on ne me reprendra point de dénier aux philosophes et aux sçavans qui recherchent méthodiquement les secrets de la nature, toutes les inventions dont ils ne sont pas reconnus les auteurs.

1717. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Puis, il est juste de reconnaître que, si Murger n’est pas dans les secrets de la forme, de temps en temps il les devine — comme par instinct.

1718. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

D’autres au contraire ont un secret penchant pour les gens malhonnêtes et les aident de tout leur pouvoir (v.

1719. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Lui confie-t-on un secret, elle s’empresse de le trahir par étourderie ou par malignité (Guéhuel et damel — Le koutôrou porte-veine — Le riche et son fils — Malick-Sy)116.

1720. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Artiste dans la plus forte acception du terme, il exprime sa pensée en phrases irréductibles et ne voit dans l’art que la science du nombre, le secret de la grande harmonie.

1721. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Ce pseudonyme n’a-t-il pas toujours été le secret de la comédie et d’ailleurs, à la fin du volume que nous avons là sous nos yeux (édition de 1849), le front de la femme n’a-t-il pas fini par trouer le masque de dentelle noire à travers lequel on le voyait ; et Daniel Stern, ce cerveau sans sexe jusque-là, n’a-t-il pas avoué modestement et franchement qu’il en a un ?

1722. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Tel est le fond et le secret de ce pauvre livre, devant lequel les ignorants ôtent leur bonnet et les gens à sentiment pleurard leurs mouchoirs de poche, mais qui n’en ira pas moins rejoindre, avant cinquante ans, l’Origine des cultes, par Dupuis ; car la science progresse bien moins qu’elle ne se déplace, et quand elle progresserait, elle n’infirme pas le bon sens dans l’esprit humain !

1723. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Les artistes, qui voient les lignes sous le luxe ou l’efflorescence de la couleur, percevront très bien qu’il y a ici une architecture secrète, un plan calculé par le poète, méditatif et volontaire.

1724. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Richepin sait le secret des sensualités et des intempérances du pauvre.

1725. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Les recettes de cuisine, que les ménagères gardaient autrefois mieux que des secrets d’État, ne font plus de jalouses.

1726. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Mais ce qui a consacré sa réputation dans l’Europe, c’est sa bonté, c’est cette vertu qui ne permit jamais à la haine d’entrer dans son cœur, qui fit que, sans politique et sans effort, il pardonna toujours, et se serait cru malheureux de punir ; qui, avec ses amis, lui donnait la familiarité la plus douce, envers ses peuples la bienveillance la plus tendre, avec sa noblesse la plus touchante égalité ; ce sentiment si précieux qui quelquefois, dans des moments d’amertume et de malheur, lui faisait verser les larmes d’un grand homme au sein de l’amitié ; ce sentiment qui aimait à voir la cabane d’un paysan, à partager son pain, à sourire à une famille rustique qui l’entourait, ne craignit jamais que les larmes et le désespoir secret de la misère, vinssent lui reprocher des malheurs ou des fautes : voilà ce qui lui a concilié les cœurs de tous les peuples, voilà ce qui le fait bénir à Londres comme à Paris.

1727. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

« Il est vrai172, tu ne te verras plus accueilli d’une Il famille joyeuse et d’une excellente épouse : ils n’accourront plus, ces chers enfants, se disputer tes baisers et remplir ton cœur d’un charme secret : tu ne pourras plus, par ton courage, prêter force à toi-même et aux tiens.

1728. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

La conscience, à l’idée de la mort et de l’obscure éternité, s’était troublée ; des anxiétés sourdes y avaient pullulé en secret comme une végétation d’épines, et le cœur malade, tressaillant à chaque mouvement, avait fini par prendre en dégoût tous ses plaisirs et en horreur tous ses instincts. […] Il n’est pas gentilhomme de cour, mais capitaine de vaisseau, avec les allures des marins du temps, la casaque tachée de goudron et sentant l’eau-de-vie590, prompt aux voies de fait et aux jurons sales, appelant les gens chiens et esclaves, et, quand ils lui déplaisent, les jetant à coups de pied dans l’escalier. « Mylord, dit-il à un seigneur avec un grondement de dogue, les gens de votre espèce sont comme les prostituées et les filous, dangereux seulement pour ceux que vous embrassez. » Puis, quand le pauvre homme essaye de lui parler à l’oreille : « Mylord, tout ce que vous m’avez appris en me chuchotant ce que je savais d’avance, c’est que vous avez l’haleine puante ; voilà un secret pour votre secret591. » Quand il est dans le salon d’Olivia avec « ces perroquets bavards, ces singes, ces échos d’hommes », il vocifère comme sur son gaillard d’arrière : « Silence, bouffons de foire !  […] Elle épouse Tom en secret, à l’instant, et le chapelain leur souhaite beaucoup d’enfants655. « Par ma foi ! […] Un style piquant et un agencement parfait ; du sel dans toutes les paroles et du mouvement dans toutes les scènes ; une surabondance d’esprit et des merveilles d’habileté ; par-dessus tout cela, une vraie verve animale et le secret plaisir de se peindre ; de se justifier, de se glorifier publiquement soi-même : voilà les origines de l’École de médisance, et voilà les sources du talent et du succès de Sheridan. […] There is a secret for your heart.

1729. (1899) Arabesques pp. 1-223

Un officier juif aurait, soi-disant, livré à l’étranger les secrets de Polichinelle de cette entreprise de meurtres qu’on nomme la Défense nationale. […] Ce que je suis las de me surveiller, de tâcher de surprendre le secret de mes mécomptes et de mes noises… Le passé me semble horrible ; le présent m’apparaît faible et désolé, et quant à l’avenir, c’est l’épouvante. » Ces lamentations donnent à penser. […] Les arbres sont des sages ; ils gardent les secrets de la terre et ne consentent à les révéler qu’au Simple dont la conscience s’épanouit comme un cytise en fleurs. […] Il ressemble à ces aveugles d’Écosse dont la vue merveilleuse perçait les murs, franchissait l’espace, atteignait les secrets par une révélation prophétique, et qui trébuchaient contre la première pierre du chemin. » C’est assez exact. […] On le voyait, mystérieux, courir d’un bout de l’Europe à l’autre, gardant d’autant mieux son secret qu’il ne le savait pas lui-même.

1730. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Et tout le honteux secret de ce que les négociateurs nous cachent, nous dérobent encore, et que peu à peu l’avenir nous dévoilera ! […] Oui, il serait désirable qu’il eût deux ou trois mois de victoire, pendant lesquels il aurait le loisir d’appliquer son programme secret, et de réaliser tout ce qu’il a d’anarchique et d’antisocial dans le ventre. […] Cette affiche, c’est le fin fond du programme secret de la Commune ! […] Pendant que Burty, accosté à l’improviste par Mme Verlaine, cause avec elle, des moyens de faire cacher son mari, Mme Burty me confie un secret que m’avait gardé Burty. […] Un vieillard, vivant au milieu de deux corps de bibliothèque, renfermant deux cent mille francs de plaquettes reliées par Bauzonnet, avec toujours sous les yeux, quelque mois de l’année qu’il fût, un bouquet de roses, avec toujours à la portée de la main une boîte de porcelaine de Saxe, contenant du tabac, comme lui seul avait le secret d’en avoir à Paris.

1731. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Henry écoute les conseils de sa famille, trop conformes à ses secrets désirs : il abandonne Émilie, qui se résigne et se réconciliera avec son mari. […] Les peintures du Greco lui dévoilent le secret de Tolède, c’est-à-dire lui expliquent par le dedans cette âme tolédane dont la physionomie extérieure de la ville était déjà la claire manifestation pittoresque. […] Dans quelques siècles, un nouvel Eschyle pourra composer sur ce thème un autre Prométhée enchaîné dont l’objet principal sera d’imaginer les pensées que l’empereur a tenues secrètes et que nul confident n’a devinées. […] Rémy de Gourmont s’excusait de lui consacrer un article : Il s’est enfermé volontairement dans un tombeau à secret, fakir de la gloire qui a préféré être ignoré que d’être incompris. […] Dès qu’elle révèle ce secret à son fiancé Jacques, il se détourne d’elle avec dégoût ; et M. 

1732. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Quand on promène les spectateurs parmi les meurtres et les surprises, on a besoin de cent préparations secrètes. […] J’ai conté comment le ministre Clarendon, apprenant que sa fille venait d’épouser en secret le duc d’York, suppliait le roi de la faire décapiter au plus vite ; comment la chambre des communes, composée en majorité de presbytériens, se déclarait elle-même et le peuple anglais rebelles, dignes du dernier supplice, et allait encore se jeter aux pieds du roi, d’un air contrit, pour le supplier de pardonner à la chambre et à la nation. […] On what new happy climate are we thrown, So long kept secret and so lately known ?

1733. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Le motif secret de cette préférence est l’impossibilité d’obtenir une image générale. […] Tandis que ces obstacles arrêtaient le développement des signes extérieurs visibles, les phénomènes assez peu nombreux où l’image sonore est la principale étaient promptement, aisément, et avec une approximation suffisante, imités par les organes vocaux ; la tentation d’étendre par des associations cet admirable moyen d’expression était naturelle : on commença par désigner par des sons les formes visibles et tangibles des animaux ; cette hardiesse avant été couronnée de succès, l’onomatopée, fécondée par l’association des idées, se trouva suffire à l’expression d’un très grand nombre de pensées ; dans toute idée dont une image sonore était constitutive à quelque degré, cette image était extraite par l’attention du mélange qui l’enveloppait et comme située à part à l’état de phénomène indépendant ; et à mesure que le langage audible se développait, même alors que l’onomatopée tournait au symbole et que se préparait l’ère du langage conventionnel, le désir secret d’exprimer au-dehors toutes nos pensées, d’exprimer vite chacune d’elles pour passer bientôt à une autre, et d’égaler, autant que possible, le rythme de l’expression au rythme de la pensée, dirigeait les préférences de notre attention sur ceux des éléments de nos idées que nos organes pouvaient le plus facilement reproduire, c’est-à-dire sur les éléments sonores. […] L’esprit critique s’en défend plus rigoureusement : elle est souvent la cause secrète des illusions qu’il cherche à dévoiler chez autrui ; il est donc conséquent avec lui-même lorsqu’il se refuse à l’employer.

1734. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

La physiologie en possède le secret. […] Cela même est l’un des secrets de sa forte. […] Les amants, chez Feuillet, éprouvent d’abord une sorte de réciproque éloignement et de secrète hostilité, comme si un pressentiment les avertissait qu’ils doivent être l’un pour l’autre la cause de beaucoup de maux. […] Comme les romantiques, il sent en lui « le tourment d’un symbolisme secret ». […] Il y a entre eux de secrètes affinités, un besoin de mettre leurs rancunes en commun, d’appeler au service de leurs impuissances les bienfaits du groupement et de l’association.

1735. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Dès que le principe de la raison suffisante ne sert qu’à mettre en mouvement la curiosité humaine, une fois en possession de ce fatal secret qu’elle ne peut atteindre à rien de réel, cette curiosité serait bien bonne de se fatiguer à chercher des pourquoi qui lui échappent invinciblement, et à découvrir des rapports qui correspondent seulement aux besoins de notre esprit et nullement à la nature des choses. […] D’où lui viennent ces règles immuables qui dirigent le raisonnement, qui forment les mœurs, par lesquelles il découvre les proportions secrètes des figures et des mouvements ? […] Un mouvement de l’âme qui a pour fin avouée ou secrète la possession ; l’admiration est de sa nature respectueuse, tandis que le désir tend à profaner son objet. […] C’est de la sculpture, va-t-on dire : oui, mais c’est aussi de la peinture, si vous-même vous avez l’œil du peintre, si vous savez être frappé par l’expression de ces poses, de ces têtes, de ces gestes, et presque de ces regards ; car tout vit, tout respire, même dans ces gravures, et si c’était le lieu, nous tâcherions de faire pénétrer avec nous le lecteur dans ces secrets du sentiment chrétien qui sont aussi les secrets de l’art. […] Après tant de maîtres qui ont traité le même sujet, le Poussin a trouvé le secret d’être original, et plus pathétique que tous ses devanciers, en représentant le moment solennel où la race humaine va disparaître.

1736. (1888) Études sur le XIXe siècle

Je lui répondis ironiquement qu’il avait deviné notre dessein et le priai de nous garder le secret. » On comprend que, dans de telles conditions, la vente des tableaux était difficile ; pourtant quelques amateurs éclairés s’intéressèrent à la tentative des jeunes novateurs et leur firent quelques commandes. […] Ce morceau est très connu, mais il fallait le citer ; car il suffit de serrer le sens de toutes ces images pour trouver, non seulement le secret de la puissance de Victor Hugo, mais celui de son génie. […] La curiosité, aujourd’hui, n’est plus le simple désir de savoir et d’élargir sans cesse le cercle de ses connaissances : elle est un besoin presque maladif, en tout cas tyrannique, de pénétrer certains secrets, de toucher à certaines anomalies de la nature dont jusqu’à présent on ne s’était guère inquiété, d’aborder de préférence des problèmes très circonscrits et de peu d’intérêt pratique, mais toujours choisis parmi les plus inquiétants, parmi ceux dont la solution demeure obstinément impossible. […] Capuana, comme ils sont vivants et tangibles, et comme ils conservent pourtant leur mystère, — ce secret que tout être humain garde vis-à-vis des autres, cet inconnu que le plus perspicace d’entre les psychologues ne pourrait jamais pénétrer, et que seul l’écrivain de race peut pressentir et indiquer. […] Tu les liras — j’espère — mais lorsqu’une barrière insurmontable s’élèvera entre nous — lorsque j’aurai reçu la grande initiation aux secrets de la tombe — lorsque peut-être (je frémis en y songeant) je t’aurai oublié. » Pendant la période d’éclat de sa passion, Cavour notait dans son journal, — nous avons vu en quels termes, — les impressions vives et nouvelles que cet ardent amour lui communiquait.

1737. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

C’est par de telles études préparatoires, quand on ne s’y oublie pas, c’est par de tels ingénieux secrets, longuement médités, que les vrais poëtes savent ressaisir, d’un puissant effort, les langues et les styles aux âges de décadence, parviennent à les arrêter au penchant, ou même leur font remonter avec honneur les pentes glorieuses. […] Pour toi, sauvage oiseau, lorsque le soir viendra Des jours qu’à vivre encor le Ciel t’accordera150, Tu ne te plaindras point, docile à la nature, Passereau solitaire, et ton secret murmure N’ira pas regretter la saison du plaisir ; Car c’est le seul instinct qui fait votre désir.

1738. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

C’est le secret de Dieu, ce n’est pas le nôtre. […] Par une expérience ingénieuse et fort connue, Pythagore prouva qu’il avait le pressentiment de cette belle pensée de Leibniz : « La musique est un calcul secret que l’âme fait à son insu. » Définition admirable, qui semble dérobée à la langue de Platon, et qui concilie la liberté indéfinie du génie créateur de l’homme avec l’ordre absolu qui règne dans la nature.

1739. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« Le bon châtelain envoyait souvent en secret savoir ce que je faisais ; et comme, le dernier du mois de juillet, me réjouissant en moi-même de cette grande fête qui se célèbre tous les ans à Rome, le premier d’août, je me disais : Jusqu’ici j’ai fait cette fête avec un esprit mondain ; cette année, je la ferai avec un cœur tout en Dieu : combien j’y trouverai plus de plaisir ! […] Il se faisait, comme Brutus, passer pour idiot et pour lâche, mais, sous prétexte d’un rendez-vous secret donné par une belle dame de Florence, dont il savait Alexandre épris, il l’entraîna seul la nuit dans le piège, le poignarda et s’enfuit à Ferrare.

1740. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Au moment de leur départ il avoua en secret au Roi ce qu’il avait sur le cœur ; il dit: « Il me faut gémir de ce que vous fassiez ce voyage à la cour du roi Etzel. » Il s’appelait Rûmolt et c’était un héros à la main prompte. […] Dieu prépare-t-il quelque chose dans le secret de ses desseins ?

1741. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Jeudi 2 janvier Un dîner, où le nom de Blowitz est prononcé, et sur ce nom, quelqu’un au fait des dessous secrets du temps, raconte comment Blowitz est devenu correspondant du Times. […] Jeudi 18 décembre Chambre étrange : on eût dit qu’elle avait un secret D’une chose très triste et dont elle était lasse, D’avoir vu le mystère en fuite dans la glace.

1742. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Mais quand c’est le même sujet qui revient toujours, qui s’impose à l’artiste comme une idée fixe, qu’il s’insinue sous toutes les formes même là où il n’a rien à faire, c’est que le créateur, atteint d’un mal secret, a capitulé devant les éléments. […] Le vague « appartement » ou vestibule, où les rois versaient leurs secrets dans le sein des confidents, a été remplacé par cinq décors suggestifs, bien documentés et appropriés aux cinq tranches de vie qu’on nous y sert successivement.

1743. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

On n’aurait pas la clef de cette révolution ministérielle et le secret qui, dès le principe, est dans l’état moral de Bernis, si on ne lisait les lettres véritablement désespérées qu’il adressait coup sur coup à Mme de Pompadour pour qu’on lui donnât le successeur et le collaborateur désiré : en voici quelques passages : Je vous avertis, madame, et je vous prie d’avertir le roi que je ne puis plus lui répondre de mon travail.

1744. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

En un mot, s’il nous a très bien démontré et expliqué le genre de tolérance d’un Cicéron, d’un Trajan, d’un Pline, cette disposition humaine sans doute, née toutefois ou accompagnée d’une indifférence profonde et d’un secret mépris pour les objets d’un culte qui, chez les anciens, était une affaire de coutume et de forme extérieure, non d’opinion ni de croyance, il n’a pas également compris le sentiment nouveau qui combattait et affrontait cette tolérance, et qui devait, vers la fin, la lasser.

1745. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Mais au moment où ce défaut sommeille, en ces instants reposés où il redevient Italien, Milanais, ou Parisien du bon temps ; quand il se trouve dans un cercle de gens qui l’entendent, et de la bienveillance de qui il est sûr (car ce moqueur à la prompte attaque avait, notez-le, un secret besoin de bienveillance), l’esprit de Beyle, tranquillisé du côté de son faible, se joue en saillies vives, en aperçus hardis, heureux et gais, et en parlant des arts, de leur charme pour l’imagination, et de leur divine influence pour la félicité des délicats, il laisse même entrevoir je ne sais quoi de doux et de tendre dans ses sentiments, ou du moins l’éclair d’une mélancolie rapide : Un salon de huit ou dix personnes aimables, a-t-il dit, où la conversation est gaie, anecdotique et où l’on prend du punch léger à minuit et demi73, est l’endroit du monde où je me trouve le mieux.

1746. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

et par quel charme secret avez-vous su accorder les Muses avec les Grâces ?

1747. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Si Costar, y pensant déjà, avait pu être retenu dans son désir de parler de Voiture et de se porter pour son second par la crainte de fâcher l’illustre rival M. de Balzac, voilà que, par la plus favorable rencontre, c’était Balzac lui-même qui venait le solliciter et lui faire l’ouverture naturelle de défendre un ami, de plaider pour un homme à qui il avait la secrète prétention de ressembler et sur qui il s’était modelé tant quil avait pu.

1748. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

La conscience des vaincus pourtant, quand il y a en jeu des sentiments sincères et de vraies croyances, et aussi une portion de droit engagée, a ses forces secrètes, ses ressorts profonds, invincibles, et dont il ne faut parler qu’avec respect.

1749. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

L’aîné des fils du prince Guillaume était l’héritier présomptif du trône, et celui qui succédera en effet à Frédéric ; mais ce cadet aimable et charmant avait séduit le héros par les plus heureuses qualités naturelles, et faisait sa secrète joie… Tu Marcellus eris !

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Je n’ai point de chaînes pour elle, mais j’ai le secret de la retraite.

1751. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’abbé Le Dieu, qui les déteste, tout en vivant chez eux et en étant assez bien traité par eux, nous livre ces secrets de ménage : Vendredi dernier, 1er février (1704), il (l’abbé Bossuet) paya le carnaval à tous les valets de chambre et à leurs femmes en leur donnant de quoi aller à l’Opéra ; et samedi, fête de la Purification, à dîner, en pleine table : « Qu’est-ce donc que j’apprends ?

1752. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Est-il besoin de remarquer qu’il suffirait d’un mot lâché par lui sur sa plaie secrète, sur ce qui l’empêche d’aller à Paris, pour que Mirabeau, qui sans doute ne demanderait pas mieux et qui semble provoquer la confidence, lui offrît sa bourse ?

1753. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

On se lisait les uns aux autres les ouvrages qu’on avait composés ; on se critiquait, on s’encourageait. « Les conférences étaient suivies tantôt d’une promenade, tantôt d’une collation en commun. » Pendant trois ou quatre ans, on continua de la sorte avec une entière obscurité et liberté : « Quand ils parlent encore aujourd’hui de ce temps-là et de ce premier âge de l’Académie, nous dit Pellisson, ils en parlent comme d’un âge d’or, durant lequel avec toute l’innocence et toute la liberté des premiers siècles, sans bruit et sans pompe, et sans autres lois que celles de l’amitié, ils goûtaient ensemble tout ce que la société des esprits et la vie raisonnable ont de plus doux et de plus charmant. » Il y avait secret promis et gardé : Qui sapit in tacito gaudeat ille sinu.

1754. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Mais la nuit porte conseil : il réfléchit au danger de son voyage, et il pense que mieux vaut le différer et partir, non pour Paris, mais pour Reims et Vervins, afin de se rendre de là à la Chartreuse du Val-Saint-Pierre-en-Thiérarche, où il avait un parent, dom Barthélemy Effinger, qu’il n’avait jamais vu, mais qui lui destinait une cure : « Je resterai, se disait-il, au monastère sous prétexte d’en vouloir connaître l’intérieur, les pratiques, et peut-être d’en devenir un des moines ; sous ce prétexte, j’exigerai et j’obtiendrai le secret. » il ne serait allé à Paris qu’un peu plus tard et quand déjà sa famille, inquiète de son absence, l’y aurait fait chercher vainement.

1755. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Or, le secret de la sagesse est de trouver le vrai point de l’amitié que chacun se doit à soi-même, ni plus ni moins.

1756. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

» s’écrie-t-elle, trahissant déjà par ce cri d’étonnement son vœu secret.

1757. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Deux hommes de grand caractère, un de leurs vieux pasteurs et guerriers, Javanel, depuis des années réfugié à Genève, et Arnaud, leur nouveau conducteur, organisèrent cette marche secrète et savante.

1758. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

. — Marie-Antoinette continue de nous éclairer sur les manèges et les tortuosité de l’auguste personnage ; elle et Louis XVI savaient à quoi s’en tenir sur ces secrets de famille qu’on nous révèle aujourd’hui : « Je n’ai jamais oublié ce que ma chère maman me dit sur le caractère piémontais ; il va très bien à Monsieur, et, à cet égard, il ne s’est point mésallié.

1759. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

« Tous les deux détestaient Mirabeau et ne le craignaient pas encore. » M. de Montmorin révèle ses secrets griefs, trop réels, contre un homme qu’il estime peu et dont il a déjà eu à se plaindre dans une de ces circonstances qui ne s’oublient pas.

1760. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ce ne fut point sans avoir de secrètes défaillances.

1761. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Napoléon vient de le nommer ; voilà l’ennemi secret, celui qu’il eût voulu supprimer partout autour de lui, et auquel il trouvait à redire chez Jomini, chez Saint-Cyr, chez un certain nombre de raisonneurs clairvoyants et judicieux.

1762. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Nous avons, dans ce but, comme souligné ou articulé plus fortement au passage les endroits qui nous semblaient tenir à quelque veine secrète, faisant exactement ce qu’on pratique en anatomie, lorsqu’on injecte quelque petit vaisseau pour le rendre plus saillant et le soumettre à l’étude.

1763. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Il livre alors aux lecteurs avides de ces sortes d’émotions quelque histoire altérée, mais que sous le déguisement des apparences une vérité profonde anime ; ou bien il garde pour lui et prépare, pour des temps où il ne sera plus, une confidence, une confession qu’il intitulerait volontiers, comme Pétrarque a fait d’un de ses livres, son secret.

1764. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Non, cette folie n’est pas du nombre des miennes ; si nous gardons nos barbouillages, c’est pour nous faire rire quand nous n’aurons plus de dents. » Et encore, au moment des confidences les plus tendres et les plus secrètes d’un cœur qui se croit pris : « Décachète la lettre, fais-en lecture, songe à mes tourments, aux siens… et vois si tu dois l’envoyer.

1765. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Il a voulu rendre fidèlement sa pensée, voilà tout le secret de son audace.

1766. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Il prononce toujours son nom avec un peu de mystère, comme celui du dieu d’une religion secrète. « Henri Beyle », ce nom prend pour lui la douceur d’un petit nom  ou l’importance d’un nom sacré et caché, qui n’est révélé qu’aux adeptes.

1767. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Le timide sectaire, alarmé des progrès de la science, obligé d’abandonner une à une les superstitions de ses ancêtres, et voyant ébranler chaque jour de plus en plus ses croyances chéries, craint en secret que toutes choses ne soient un jour expliquées ; il redoute la science, pratiquant ainsi la plus profonde de toutes les infidélités — la peur que la vérité ne soit mauvaise.

1768. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Le mystère attire la femme : ouvrir les clôtures, écarter les voiles, briser et divulguer les secrets, c’est l’instinct natif de son âme, l’irrésistible titillation de ses doigts.

1769. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Sa passion secrète était ingénieuse à fournir au rare bon sens dont il était doué des prétextes, des apparences de raisons nationales ou politiques pour récidiver sans cesse.

1770. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Celle-ci a laissé de Fontenelle un portrait charmant qui la peint pour le moins autant elle-même que le philosophe qu’elle savait si bien apprécier : Les personnes ignorées, écrit Mlle Le Couvreur, font trop peu d’honneur à celles dont elles parlent, pour oser mettre au grand jour ce que je pense de M. de Fontenelle ; mais je ne puis me refuser en secret le plaisir de le peindre ici tel qu’il me paraît.

1771. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Elle dut s’y asseoir souvent seule, nourrissant sa secrète pensée.

1772. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Je reviens à lui, tel qu’il était aux pleines années de la Restauration, grand, bien fait de taille, d’une physionomie forte et fine, jouissant d’une position aisée et qui sentait l’indépendance, possédant, ce semble, toutes les conditions du bonheur, et pourtant ayant en lui un principe d’ironie et d’âcreté secrète que l’attrait piquant de son esprit ne recouvrait pas et ne faisait le plus souvent que mettre en saillie.

1773. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin, en s’élevant à ce genre de compositions nouvelles, suivait encore son naturel sans doute, mais il s’était mis à le diriger, à le perfectionner ; cet homme, qui avait lu peu de livres, avait médité en lisant à celui du cœur et de la nature, et il entrait dans la voie de l’art véritable, où un travail secret et persévérant préside à ce qui paraîtra le plus éloquemment facile et le plus heureusement trouvé.

1774. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

C’est par des expériences fines, raisonnées et suivies, que l’on force la nature à découvrir son secret ; toutes les autres méthodes n’ont jamais réussi, et les vrais physiciens ne peuvent s’empêcher de regarder les anciens systèmes comme d’anciennes rêveries, et sont réduits à lire la plupart des nouveaux comme on lit les romans.

1775. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Votre secret sera dans le cœur d’un honnête homme, et il n’en sortira que lorsque le temps sera venu.

1776. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Dans son duel prolongé avec le poète-grammairien Urbain Domergue ou avec Baour-Lormian, il n’eut pas toujours l’avantage ; il avait appris son secret à ses adversaires.

1777. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Mais le jeune homme, par un instinct secret vers l’avenir, voulait la guerre et la carrière des armes : « Je me sentais fait pour la guerre, dit-il, pour ce métier qui se compose de sacrifices. » L’amour de la gloire avait, en quelque sorte, passé dans son essence, et au moment où il retrace ces souvenirs (1829), il ajoute : « J’en ressens encore la chaleur et la puissance à cinquante-cinq ans, comme au premier jour. » À soixante-quinze ans, il les ressentait de même.

1778. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

En lisant cette prose de Courier si méditée et si savante, on est tenté d’en étudier le secret.

1779. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, des élans d’espérance qui arrivent à une sorte d’éclat d’expression : Il y a quelque secret magnifique caché derrière cette superbe avant-scène qui forme le spectacle du monde.

1780. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Nous allons représenter l’Œdipe de Voltaire, dans lequel je ferai le héros de théâtre ; j’ai choisi le rôle de Philoctète ; il faut bien se contenter de quelque chose… M. de Suhm, qui l’a compris, et qui lit, à travers cette indifférence soi-disant philosophique, le regret et le tourment d’une âme amoureuse des grandes choses, lui va toucher la fibre secrète et le rassure en lui disant : La réflexion que vous faites, Monseigneur, sur le bonheur qu’il y a à venir à propos dans le monde est des plus justes, et serait très propre à consoler le héros (le prince d’Anhalt) dont Votre Altesse Royale a une si haute opinion, si à ses qualités guerrières il savait joindre votre philosophie, Monseigneur.

1781. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Elles ont comme une efficacité secrète, à faire sentir plutôt qu’à décrire les mille nuances d’un état d’âme ou d’un paysage, eu quelques mots sans analyse ni description.

1782. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Dans la Joie, Pauline est détaillée des secrets de sa chair aux plis honteux de son âme.

1783. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Riccoboni exhorte les jeunes Orateurs à s’exercer long-tems en secret, avant que de paroître en public.

1784. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Je retrouve bien ici le Louis XIV des Mémoires, peint et diminué souvent par la passion de l’écrivain ; mais j’ai le secret maintenant de cette passion, et j’admire encore qu’après ce crime de Louis XIV, qu’il a sondé jusque dans le fond de son horreur, Saint-Simon soit resté si juste… IX Écrit de cette plume immortelle qui traîne sa vaste phrase comme un de ces lourds manteaux de pourpre que des épaules d’Hercule pourraient seules porter, le Mémoire sur les légitimés pourrait s’appeler hardiment : « la Bâtardise dans l’Histoire », car, à propos des légitimés de Louis XIV, c’est l’histoire de la bâtardise en France et de la bâtardise en soi.

1785. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

C’est le Lavater de la Sainteté, Il arrache d’un regard leur secret aux physionomies historiques et célestes des Saints.

1786. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Il y a donc, suivant le Sage, une certaine contradiction secrète entre son caractère de sage et le caractère primordial du rire.

1787. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Henri de Régnier ensuite, constate avec un secret plaisir, que Viélé-Griffin « s’est éloigné à dessein de toute vision directe du monde ; c’est dire que le Moderne tient peu de place en ses vers où pourtant s’ouvre une concise vision des choses d’à présent, parfois. » — « Il se réfugie volontiers aux sites des campagnes et aux horizons des mers où sa native barbaie peut s’exalter au faste des couleurs et à l’évocation de mythiques visions et de lointains spectacles : car le mérite de M.  […] Il donne donc à composer notre Programme pour qu’il le puisse au préalable communiquer à tous les adhérents, et en Juin paraît un unique numéro annonçant qu’à partir de Novembre les « Ecrits » reparaîtront régulièrement : d’accord avec Stuart Merrill qui désire que son apport reste secret, complété par Dubedat et moi si nécessaire. […] Fondés pour notre lutte, ils n’avaient plus raison d’être alors que virtuellement elle se terminait — laissant chacun à son œuvre propre, désormais détaché de la volonté collective, ou que la vie a pris en ses nécessités hostiles de l’art, ceux-là même ont gardé au secret de leur esprit l’énergique vibration de ce temps enthousiaste et sévère, et leur certitude du meilleur Devenir. […] L’armoire secrète dont nous avons parlé, il est vrai, existait auparavant, qui recevait les petits papiers où Mallarmé à toute heure inscrivait les pensées qui lui venaient de sa préparation à la grande Œuvre. […] Et, le secret de non-création de cette œuvre demeurée une hantise que nous dirons cependant grandiosement chimérique, c’est qu’ici l’action subie par Mallarmé n’était pas en rapport avec son tempérament, et pas davantage avec son esthétique qui, si elle est de suggestion et d’un art incomparable du Symbole, ne l’est qu’en subtilité.

1788. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

« Après avoir étudié, dit-il quelque part, pendant de longues années, la peinture des diverses écoles, j’ai pénétré leurs secrets et j’en ai recueilli tout ce qu’il y a de meilleur. […] Ainsi la première planche vous donne la raison de la haine secrète entre le daïmio Takoumi no Kami et Kôzouké le maître de l’Étiquette près du shôgoun. […] Il représente à la mère que le fils du ministre est d’une grande famille, que son mari n’est rien, que le mariage est bien disproportionné, qu’il n’y a qu’un moyen de réussir : c’est que sa fille ait une entrevue qui permette de croire à des rapports secrets entre eux, et que, dans ces conditions, le père ne voudra pas s’opposer au mariage. […] Le baron de Hubner, dans sa Promenade autour du monde, raconte qu’à Odawara, après le repas dans la grande maison de thé de la ville, un homme s’est présenté, porteur d’une boîte divisée en quatre compartiments contenant du sable rouge, bleu, noir, blanc, et qui, en le jetant sur le plancher comme un cultivateur jette la semence, dessinait et peignait à la fois des fleurs des oiseaux, et à la fin, — au milieu des rires bruyants des hommes et des femmes, des sujets érotiques dignes de la Chambre secrète de Pompéi. […] Pour le fabriquer ce ton, voici le moyen : il faut prendre du rouge minéral, shôyén-ji, fondre ce rouge dans de l’eau bouillante, et laisser reposer la dissolution : c’est un secret que les peintres ne communiquent pas.

1789. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Pour être accessible à un pareil sentiment, il faudrait ne pas être convaincu comme je le suis que l’esprit de l’homme doit la majeure et la meilleure partie de ses créations en apparence les plus originales à une collaboration incessante, quoique souvent insaisissable et secrète. […] Dans chaque classe, les rôles ont entre eux quelque analogie, quelque rapport plus ou moins proche, quelque affinité secrète, tandis que d’une classe à l’autre ce sont des dissemblances qui s’affirmeront, des oppositions plus ou moins fortes et plus ou moins saillantes. […] Nous goûtons donc un art que nos pères n’auraient pas apprécié, et, en dépit de son infériorité, nous éprouvons des charmes secrets à pénétrer dans les replis des êtres et des choses. […] Le rôle de la musique dans l’action dramatique est multiple, mais tend toujours à produire un effet d’accord ou de contraste, et à mettre en évidence les sentiments les plus secrets et les plus profonds de l’âme humaine. […] Après la synthèse audacieuse est venue l’analyse patiente ; et nous sommes à l’ère des sciences et des arts microscopiques, qui poursuivent la vie jusque dans ses retraites les plus secrètes et les plus ignorées.

1790. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Qu’un poète médiocre défende le secret de son travail avec un soin jaloux ! […] Ceci me plut particulièrement et son existence, en se déroulant dans mon imagination (je n’oserais dire par l’effet de ma volonté, tant ces rêves me parurent bientôt se formuler d’eux-mêmes), m’offrit une série d’épreuves, de souffrances, de persécutions et de martyres… Le rêve arriva à une sorte d’hallucination douce, mais si fréquente et si complète parfois que j’en étais comme ravie hors du monde réel. » L’imagination de l’enfant s’exalte ; elle dresse un autel à l’objet secret de son adoration. […] Dans l’œuvre qui semble emportée du mouvement le plus puissant, on discernerait de même des calculs secrets, de petites ruses, des artifices de composition destinés à ménager un effet, à produire un contraste, à tenir la curiosité en suspens. […] Le poète a aussi une prédilection d’artiste pour les mots bien faits, conformes au génie de la langue ; pour les mots esthétiques, dont la structure ou la sonorité est en secrète harmonie avec l’objet qu’ils désignent45. […] Et ceux-là resteront quand le rêve aura fui Mystérieusement les élus du mensonge, Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits, Offert nos lèvres d’ombre, ouvert nos bras de songe.

1791. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Même pour montrer l’endurcissement dans le crime et dans la débauche, même pour nous faire soupçonner les bassesses secrètes de la goinfrerie, il n’est pas nécessaire de faire alliance avec la caricature, et je crois que l’habitude du commandement, surtout quand il s’agit de commander au monde, donne, à défaut de vertus, une certaine noblesse d’attitude dont s’éloigne beaucoup trop ce soi-disant César, ce boucher, ce marchand de vins obèse, qui tout au plus pourrait, comme le suggère sa pose satisfaite et provocante, aspirer au rôle de directeur du journal des Ventrus et des satisfaits. […] Et le rêveur qui passe, attristé et charmé, contemplant cette grande figure aux membres robustes, mais alanguis par une peine secrète, dit : Voilà ma sœur ! […] Mais, en faisant un pas de plus à gauche ou à droite, vous découvrez le secret de l’allégorie, la morale de la fable, je veux dire la véritable tête révulsée, se pâmant dans les larmes et l’agonie.

1792. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Cet amour, où quelques-uns ont vu le grand mystère de la vie, nous en livrerait peut-être le secret. […] Si la conscience qui sommeille en lui se réveillait, s’il s’intériorisait en connaissance au lieu de s’extérioriser en action, si nous savions l’interroger et s’il pouvait répondre, il nous livrerait les secrets les plus intimes de la vie. […] L’intelligence, par l’intermédiaire de la science qui est son oeuvre, nous livrera de plus en plus complètement le secret des opérations physiques ; de la vie elle ne nous apporte, et ne prétend d’ailleurs nous apporter, qu’une traduction en termes d’inertie.

1793. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

[NdA] « L’origine et les mœurs de ce réformateur sont à observer : il est né à Loudun où, selon les jugements des commissaires, les Démons ont établi leur séjour ; a témoigné avoir une partie de leurs secrets et de leurs ruses. » C’est ce que disait l’avocat de la faculté de médecine de Paris dans une plaidoirie contre Renaudot.

1794. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Ce n’est pas un Génie qui me révèle tout à coup en secret ce que j’ai à dire ou à faire dans une circonstance inattendue pour les autres, c’est ma réflexion, c’est la méditation.

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

La répartition plus ou moins égale et disputée de ces contributions entre le roi et l’électeur, et aussi entre le général du roi et les officiers de l’électeur, devint une cause secrète et assez peu honorable de brouille et de récriminations.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Une telle prose savante s’impose autant d’entraves et de lois secrètes que la poésie.

1797. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Mais, après tout, ce prétexte, qui a fourni quelques armes à la jalouse médiocrité, ou plutôt à la mauvaise foi, pour les cas où il s’agit de la France et de ses intérêts secrets, devient ici sans application possible, puisqu’il est question d’une organisation étrangère.

1798. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Entre nous régnait la plus profonde harmonie ; il me tendait sa main par-dessus la table, et je la pressais ; puis je saisissais un verre rempli, placé près de moi, et je le vidais en silence, et je lui faisais une secrète libation, les regards passant au-dessus de mon verre et reposant dans les siens. » Touchante et muette adoration qui relève cette suite d’esquisses familières !

1799. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Royer-Collard, ses Discours et ses Écrits (2 vol. in-80, Didier, 1861), a donné tous les détails désirables sur ce Conseil royal secret qu’avait Louis XVIII en France, et dont, à un moment, M. 

1800. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Viollet-Le-Duc a mieux que personne surpris tout l’art secret et complexe en la réparant et la sauvant de la ruine.

1801. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

mais avez-vous donc oublié qu’à cette heure où Louis XVI avait péri, il n’y avait plus que deux ou trois habitants de ces ci-devant palais, des femmes comme vous, prisonnières comme vous, enfermées au Temple comme vous à Sainte-Pélagie, destinées à plus d’insultes, à plus d’outrages que vous n’en subîtes jamais ; — l’une surtout, une reine redevenue auguste par le courage et le malheur, une victime comme vous allez l’être, et que vous suivrez à trois semaines de distance sur le fatal échafaud ; celle même dont les pages secrètes retrouvées aujourd’hui viennent faire concurrence aux vôtres et avertir les cœurs généreux de ne rien maudire, de ne rien commettre d’inexpiable, et de réunir dans un même culte de justice et d’humanité tout ce qui a régné par la noblesse du sang, le charme de la bonté, par l’esprit, par le caractère, tout ce qui a lutté, combattu, souffert et grandi dans la souffrance, tout ce que le malheur a sacré !

1802. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Le maréchal Soult crut devoir charger Franceschi d’une mission très importante dont il ne pouvait confier le secret à un officier plus digne de la remplir.

1803. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Pourquoi lui faire dire en termes exprès par manière d’enseignement au lecteur : « Tout le secret de ma patience est dans cette unique pensée : Dieu le veut.

1804. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Il y a plus : comme, dans les critiques que nous faisons, nous jugeons encore moins les autres que nous ne nous jugeons nous-mêmes, il est assez bon que le critique, tout en n’étant que cela, tout en ne portant aucun trésor personnel, aucun bagage apparent, n’ait pas à être au dedans trop préoccupé de soi, qu’il ne se sente pas un goût secret trop marqué, qu’il ne caresse pas tout bas un idéal trop cher.

1805. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

se disait-on quelquefois en sortant, ces femmes-là sont les dernières ; elles emporteront leur secret. » M. 

1806. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Mais on peut douter qu’il les ait jamais bien conçues, et ce ne sont pas les secrets de la stratégie ni des conseils qui font l’intérêt de son livre.

1807. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Aussi n’y a t-il rien de creusé, qui mette à nu les sentiments intimes et le mécanisme secret des âmes : ou, si l’on veut, on n’y rencontre pas de types généraux, ni d’analyses exactes.

1808. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Il est aussi conscient qu’on le peut être : il peindra donc surtout des inconscients, de ces êtres qui ne rentrent jamais en eux-mêmes, qui s’abandonnent sans défiance aux excès de parole et de mimique, qui sont le moins dans le secret de la comédie humaine, éternelles dupes et d’eux-mêmes et du monde extérieur.

1809. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

La danse nous plaît par la legereté, par une certaine grace, par la beauté & la variété des attitudes, par sa liaison avec la Musique, la personne qui danse étant comme un instrument qui accompagne ; mais sur-tout elle plaît par une disposition de notre cerveau, qui est telle qu’elle ramene en secret l’idée de tous les mouvemens à de certains mouvemens, la plûpart des attitudes à de certaines attitudes.

1810. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Si j’ai fait une fausse réponse, c’est parce que j’ai voulu répondre trop vite, sans avoir interrogé la nature qui seule savait le secret.

1811. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

La France, qui le fit barboter dans son auge aux fonds secrets, peut seule lui rendre un hommage que les Allemands lui refusent.

1812. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Ô jour où il n’y aura plus de grands hommes, car tous seront grands, et où l’humanité revenue à l’unité marchera comme un seul être à la conquête de l’idéal et du secret des choses 184 !

1813. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Les maris trompés de Molière et les femmes malheureuses des drames modernes disparaîtront de la scène, l’indissolubilité du mariage autorisant seule les revanches secrètes ou les lamentations publiques de la femme adultère.

1814. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Le secret était juré par les initiés, et la mort punissait toute révélation.

1815. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Aussi cet amour ne faisait nullement son tourment à elle, mais plutôt son bonheur : « Je sais un secret, disait-elle : quand deux êtres sont réunis et que le génie divin est avec eux, c’est là le plus grand bonheur possible. » Et il lui suffisait le plus souvent que cette réunion fût en idée et en esprit.

1816. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il usa de son droit immédiatement pour donner le vote le plus favorable certes et le plus clément qui se soit produit dans le Comité secret de cette nuit mémorable.

1817. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Plus tard, et seulement après son retour, Choisy s’aperçut qu’il n’avait joué là-bas qu’un rôle de parade, et que le père Tachard, jésuite, était celui qui avait noué avec Constance la négociation secrète et réelle.

1818. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Moreau ressentait vivement les tortures secrètes de cette pauvreté que La Bruyère a si bien peinte, et qui rend l’homme honteux, de peur d’être ridicule.

1819. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle-même nous dit son secret en parlant à sa fille : « Contez peu ; narrez d’une manière fine et serrée : que ce que vous direz soit neuf, ou que le tour en soit nouveau. » C’est cette nouveauté qui paraissait du néologisme à quelques honnêtes contemporains, et qui faisait accuser Mme de Lambert de prétention.

1820. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.

1821. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Ici commença, dans l’esprit du maréchal, une lutte morale sur laquelle il faudrait lui-même l’entendre : d’un côté, un ami, un bienfaiteur, le plus grand capitaine dont il avait été de bonne heure l’aide de camp et l’un des lieutenants préférés, mais ce grand capitaine, auteur lui-même de sa ruine, qui semblait déjà consommée ; de l’autre, un pays qui criait grâce, une situation politique désastreuse dont, plus éclairé que beaucoup d’autres, il avait le secret, et dont il envisageait toutes les extrémités.

1822. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

« Quand la puissance secrète qui anime l’univers forma le globe que l’homme habite, elle imprima aux êtres qui le composent des propriétés essentielles qui devinrent la règle de leurs mouvements individuels, le lien de leurs rapports réciproques… » C’est ainsi que s’exprime ce Génie, qui n’est pas un de ceux des Mille et Une Nuits.

1823. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Et dans l’escalier, ne pouvant garder le secret de sa conception, il se retourne tout à coup, et s’appuyant sur la rampe, il me dit : « Eh bien voilà mon idée… il y a de grands poteaux sur le boulevard… la question est de pouvoir obtenir, d’y faire mettre des flammes, sur lesquelles serait imprimé : « La Faustin, le 1er novembre, dans le Voltaire… » Certainement la police interviendra, les fera enlever, mais elles y seront tout un jour.

1824. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Les privilégiés de la gloire sont peut-être les écrivains dont les œuvres se transmettent de ferveur en ferveur comme le secret d’Isis ; le peuple de la littérature n’est point tenté pour elles d’un amour irrespectueux, et une élite de fidèles, où il y a des prêtres, récite, en guise de prières, les pages adorées du livre défendu à la foule.

1825. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Souvenez-vous du conseil que, dans Eschyle, l’Océan donne à Prométhée : sembler fou est le secret du sage.

1826. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Pradel, etc… Ils ne dédaignaient pas les grands mots : « Nous ne sommes pas une coterie, nous n’organiserons pas des congrès, nous ne nous estomaquerons pas d’éloges réciproques, nous ne nous offrirons pas de mutuelles frairies, nous n’avons pas de grand homme de neige à pousser au soleil de la renommée, nous ne tenterons pas de restaurer sur des tréteaux de baladins les tables saintes de Cana, dans la secrète espérance d’y voir surgir entre la poire et le fromage quelque nouveau messie qui nous ferait participer, sur le vain Thabor de la gloire humaine, au resplendissement de son éventuelle divinité.

1827. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Je n’ai pas fait la satyre de l’évidence, mais j’ai pris la liberté de me moquer de ces pauvres diables de charlatans économistes qui nous ont offert depuis quelque temps le mot évidence comme une emplâtre douée d’une vertu secrète contre tous nos maux ; j’ai le malheur de croire que les mots ne guérissent de rien.

1828. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Si Loutherbourg en avait le secret, comme ils feraient valoir le reste de sa composition !

1829. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Avec piété il attesta les mânes de son grand-père qui était camérier secret de Pie IXq ; avec chevalerie il mentionna un duel où les Tharaud avaient appuyé ses revendications ethniquesr.

1830. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Le poète domine de haut l’époque où il vit, et l’inonde de lumière : l’avenir est aussi dans sa pensée ; il embrasse, dans un seul point de vue, toutes les générations humaines, et la cause intime des événements dans les secrets de la Providence.

1831. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

N’essaie pas de fuir ; je te tiens ; tu me livreras ton secret, tu vas me laisser voir ce que tu faisais. » A quoi le moi des rêves répondra : « Regarde : je ne faisais rien, et c’est justement par là que nous différons, toi et moi, l’un de l’autre.

1832. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Pendant un an, Guerino lutte d’adresse avec la Sibylle, celle-ci voulant l’amener à céder à ses désirs, lui, averti par les ermites, s’y refusant, et cherchant à lui arracher le secret dont la poursuite l’avait attiré chez elle. […] La nuit passée, on se mit en point de partir, et Capecchio prit par la main ledit Giovanni et le tirant à part lui dit : « Donnez-moi conseil pour ma conduite. » Et il lui dit : « Marie tes filles, autrement je t’annonce qu’elles tourneront mal. » Et il promit de le faire, et il le fit par la suite. — Et j’ai dit tout cela jusqu’à présent afin que vous entendiez comment les choses secrètes sont pour lui manifestes ; et maintenant nous parlerons d’affaires plus importantes. […] Trois fois encore Giovanni vint à Florence, étonnant toujours les gens par ses révélations sur ce qu’ils croyaient le plus secret. […] … » Et il s’approcha de son oreille et lui dit en secret ses péchés, que personne que Dieu et lui ne connaissait, et il lui dit de s’amender, sinon qu’il finirait mal. » Les conseils de Giovanni sont partout excellents, pacifiques et pleins d’une très bonne morale, et s’il a fait quelques dupes, comme on ne peut guère en douter malgré sa réserve à l’égard d’Antonio, il a pu aussi exercer en plus d’un cas, grâce au prestige qui l’entourait, une salutaire influence. […] L’oiseau vantant les trois secrets qu’il sait, l’homme lui dit : « S’ils sont, si précieux, comment ne t’ont-ils pas empêché d’être pris i — C’est », répond l’oiseau « qu’il était décidé que j’aurais ce sort ; et ils me sont encore fort précieux, puisqu’en te promettant de te les dévoiler, j’espère que tu me laisseras aller et qu’ainsi ils m’auront sauvé. » — La coïncidence, on le voit, peut fort bien être fortuite.

1833. (1881) Le naturalisme au théatre

Pour expliquer le succès, il faut convenir que les années ont marché, qu’un travail secret s’est fait dans le public. […] On peut chercher à leur dérober leur secret ; peine inutile, le travail, qui mène à tout, ne mène pas à la science du théâtre. […] Ils ne sont pas dans le secret des coulisses, ils ne devinent pas ce qu’il y a sous une bordée d’articles élogieux, lancée à la tête du premier petit torchon de femme venu. […] Les scènes se déroulaient : je songeais aux hypogées, aux pyramides, aux secrets que le Nil roule dans ses eaux boueuses. […] Dès que Georges connaît le secret de Valentin, il raconte a la jeune fille que ce dernier est marié, pour qu’elle rompe plus aisément avec lui.

1834. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Eh bien, c’est quand il a tout fait pour se préparer, quand il s’est amassé des fonds de science et d’érudition considérables dans tous les sens, qu’il a sondé et fouillé les littératures étrangères pour en rapporter des notions précises et tous les termes élevés et lumineux de comparaison, qu’il s’est attaché à diversifier son goût, à l’étendre et à l’éclairer par les connaissances accessoires des beaux-arts étudiés dans leurs chefs-d’œuvre, qu’il n’a négligé ni voyages, ni lectures sur place, ni vérifications de toute nature ; c’est quand il a, pendant des années, travaillé, affermi et assoupli son organe et sa parole de manière à remplir un vaste auditoire, à le tenir attentif, suspendu à ses lèvres, et à l’associer à ses impressions sérieuses, à sa gravité consciencieuse et concentrée, d’où il tirait parfois des sources de chaleur morale et d’admiration émue ; c’est alors, quand tous ces stages et comme ces degrés d’apprentissage sont terminés, quand il se sent prêt et digne de passer maître, quand il a noué sa ceinture, serré et fortifié ses reins pour la grande lutte, pour le vrai début et l’inauguration suprême, c’est alors que le courageux et patient athlète, qui n’avait jamais faibli, qui pour un homme d’étude avait tout l’aspect d’un de ces hommes primitifs du nord, solides et robustes, ἒμπεδος, une tête énorme sur des épaules carrées (et lui-même en plaisantait bien souvent155), c’est alors que du jour au lendemain ce fils prudent du travail et de la sagesse, atteint d’un mal secret sans cause connue, tout d’un coup s’affaisse, pâlit et tombe. […] Et puis, ne sens-tu pas qu’un voyageur, longtemps absent et longtemps seul, retrouve avec une joie d’enfant un langage qui répond aux secrètes émotions de son cœur ?

1835. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

« Mais, tels que deux limiers à la dent cruelle, exercés à la chasse, poursuivent, sans relâche et sans répit, à travers une contrée boisée, soit un lièvre, soit un faon timide qui fuit en bêlant ; tels, etc. » Dolon, atteint et interrogé, trahit les secrets d’Hector et n’en est pas moins immolé avant qu’il ait pu toucher avec la main le menton de Diomède, geste qui rendait le prisonnier sacré. […] Voulez-vous des passions féroces d’orgueil, d’ambition, d’envie, découvertes comme des nids de serpents enroulés dans le nid venimeux du cœur humain : regardez Achille sous sa tente, se réjouissant en secret des revers et des meurtres de ses coalisés !

1836. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il imagina donc de pratiquer dans un des côtés de la muraille extérieure une issue secrète, et y réussit en disposant une des pierres de cette muraille de manière qu’elle pouvait être facilement retirée en dehors par deux hommes, et même par un seul. […] Il leur indiqua la grandeur et la situation de cette pierre, et leur fit sentir qu’en gardant le secret pour eux, ils pouvaient à leur gré disposer des richesses du roi.

1837. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Il est parfaitement admissible que le chef-d’œuvre d’un salon de peinture soit un singe ; mais il est triste de constater que la grimace empreinte sur le visage de ce singe ait été en quelque sorte le type et l’idéal secret poursuivi dans la plupart des tableaux ou des statues médiocres du même salon : tous ces artistes ont rêvé de singes, et non d’hommes, en composant leurs œuvres ; autrefois il y avait des sourires convenus et figés, aujourd’hui ce sont des contorsions convenues, des grimaces à demeure. […] Bientôt elle répandit dans les bois ce grand secret de mélancolie, qu’elle aime à raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers » (Atala).

1838. (1842) Discours sur l’esprit positif

Aussi doit-on concevoir cette inévitable opposition comme la principale source secrète des diverses transformations qui ont successivement décomposé la philosophie théologique en la réduisant de plus en plus. […] Plusieurs siècles avant que l’essor scientifique permît d’apprécier directement cette opposition radicale, la transition métaphysique avait tenté, sous sa secrète impulsion, de restreindre, au sein même du monothéisme, l’ascendant de la théologie, en faisant abstraitement prévaloir, dans la dernière période du Moyen Âge, la célèbre doctrine scolastique qui assujettit l’action effective du moteur suprême à des lois invariables, qu’il aurait primitivement établies en s’interdisant de jamais les changer. […] La saine philosophie ne sépare donc jamais la logique d’avec la science ; la méthode et la doctrine ne pouvant, en chaque cas, être bien jugées que d’après leurs vraies relations mutuelles : il n’est pas plus possible, au fond, de donner à la logique qu’à la science un caractère universel par des conceptions purement abstraites, indépendantes de tous phénomènes déterminés ; les tentatives de ce genre indiquent encore la secrète influence de l’esprit absolu inhérent au régime théologico-métaphysique.

1839. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Je reviens, tous les soirs, en chemin de fer, avec un vieillard dont je ne connais pas le nom, un vieillard intelligent et bavard, qui semble avoir vécu dans tous les mondes, et en posséder la chronique secrète. […] Des quittances de sommes payées par des hommes que tout le monde soupçonnait de les recevoir, des preuves de dilapidations qui ne sont un secret pour personne, des dépêches brèves comme des télégrammes qu’elles sont… J’espère que les mémoires, un jour, nous en diront plus. […] … » Louis Blanc reprend avec une parole douceâtre, lente à sortir, et qu’il retient, un moment, dans sa bouche, comme si c’était un bonbon délicieux : « Tous ces hommes d’hier se nommaient eux-mêmes, et à leurs noms, pour les faire passer, ils ajoutaient quelque nom connu, quelque nom illustre, ainsi qu’on met une plume à un chapeau. » Il dit cela, de son ton mi-pincé, mi-sucré, avec au fond l’amertume secrète du peu que son nom, si populaire en 1848, pèse sur les masses, et, il faut bien le reconnaître, du peu que les illustrations et les célébrités pèsent, aujourd’hui, sur une populace amoureuse du néant chez ses maîtres. […] Il semble vraiment que M. de Bismarck ait enfermé, au secret, tout Paris, dans la cellule d’une prison pénitentiaire.

1840. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

D’ailleurs, les motifs qui décident Nazelles à trahir le secret de Latréaumont ne conviennent qu’au mélodrame. […] Le secret de cette renommée retentissante n’est à mes yeux qu’une innocente supercherie, et pour la révéler il ne faut qu’un sincère amour de l’indépendance. […] Il a dépensé en trappes et en serrures secrètes, en panneaux dorés et en coupes ciselées, en perles et en fleurons, en couronnes et en manteaux, en colliers et en armures, de quoi subvenir aux magnificences de la plus riche cour d’Europe. […] Certes la lecture attentive des monuments de la poésie antique et moderne peut révéler aux intelligences sérieuses bien des secrets de composition, et développer chez elles une rare pureté de goût. […] Ne craindra-t-il pas à chaque instant que ce confident dont il voulait faire un disciple ne livre le mot d’ordre, et ne révèle les secrets de la royauté qu’il a refusé de servir ?

1841. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Le secret de ces miroirs seroit-il perdu depuis Moliere ? […] Il est plus court & plus facile de nier ce qu’on ne comprend pas ; mais est-ce à nous de marquer les bornes des possibles, à nous qui voyons chaque jour imiter la foudre, & qui touchons peut-être au secret de la diriger ? […] Orosmane jaloux veut s’expliquer avec Zaïre ; il desire & craint l’aveu qu’il exige ; le secret qu’il cherche l’épouvante, & il brûle de le découvrir : il éprouve de bonne-foi tous ces mouvemens confus, il doit les exprimer de même. […] L’invocation n’est une partie essentielle de l’épopée, qu’en supposant que le poëte ait à révéler des secrets inconnus aux hommes : Lucain qui ne devoit être que trop instruit des malheurs de sa patrie, au lieu d’invoquer un dieu pour l’inspirer, se transporte tout-à-coup au tems où s’alluma la guerre civile. […] Nous observons ces synonymes moins pour prévenir l’abus des termes dans la langue, que pour faire sentir l’abus des idées dans les moeurs : car il n’est pas sans exemple qu’un perfide qui a surpris ou arraché un secret pour le trahir, s’applaudisse d’avoir été fin.

1842. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Dès lors son attitude publique, fort peu d’accord avec ses mœurs privées et avec ses anciens sentiments secrets, essaye de se conformer à ce rôle. […] La gloire a des trésors qu’on ne peut épuiser : Et, plus elle en prodigue à nous favoriser Plus elle en garde encore où chacun peut prétendre, Puis il vient à la fameuse question des trois unités, dont tout retentissait alors, et déclare que, pour lui, « loin de s’en rendre l’esclave, il les élargit ou les resserre selon le besoin du sujet… Savoir les règles, ajoute-t-il finement, ou entendre le secret de les apprivoiser adroitement avec notre théâtre, ce sont deux sciences bien différentes ; et peut-être que, pour faire maintenant réussir une pièce, ce n’est pas assez d’avoir étudié dans les livres d’Aristote et d’Horace… Mon avis est celui de Térence : « Puisque nous faisons des poèmes pour être représentés, notre premier but doit être de plaire à la Cour et au Peuple… Il faut, s’il se peut, y ajouter les règles, afin de ne déplaire pas aux savants et recevoir un applaudissement universel. […] Pendant donc que Chimène est au palais du Roi à demander justice, Rodrigue ose venir chez elle, moitié pour se soustraire aux poursuites, idée hardie et singulière, moitié dans l’espérance secrète de lui parler, de se justifier peut-être, ou bien, s’il n’y réussit pas, de lui demander, à elle-même, la mort. […] De là les vers de Boileau sur cette étonnante fécondité, soit qu’il n’en ait connu le secret que plus tard, soit qu’il ait feint de l’ignorer : Bienheureux Scudéry, dont la fertile plume Peut, tous les mois, sans peine, enfanter un volume ! […] Tout ce qu’il a fait parle, au moment qu’il m’approche, Et sa seule présence est un secret reproche : Elle me dit toujours qu’il m’a fait trois lois roi, Que je tiens plus de lui qu’il ne tiendra de moi ; Et que, si je lui laisse un jour une couronne, Ma tête en porte trois que sa valeur me donne.

1843. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

C’est là une grande prédisposition pour l’historien en tant que narrateur et peintre, et, s’il peut joindre à cette faculté première et indispensable une réflexion plus secrète, la recherche des causes, ce sera tant mieux, et il s’élèvera alors à toute la hauteur de sa mission, quoiqu’il y ait toujours un peu à craindre qu’avec cette qualité de plus, avec ce fonds philosophique, le tableau du premier plan ne perde quelque chose de sa sincérité et de sa fraîcheur, et que la représentation des événements qu’on est jaloux d’expliquer ne conserve pas la même netteté involontaire, la même franchise.

1844. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Toutes les charges de sa maison sont vacantes ; il n’y a plus ni grandeur ni dignité ; son avarice et son incertitude en sont cause ; il n’est magnifique qu’en secrétaires dont il a dix-huit ou vingt : il est tout le jour enfermé, sous je ne sais combien de verrous, avec quelqu’un de ses secrétaires ; et ceux qui ont affaire à lui, après avoir cherché longtemps, trouvent à peine dans une garde-robe quelque malheureux valet de chambre, qui souvent n’oserait les annoncer ; si bien qu’ils sont des deux et trois mois sans lui pouvoir parler ; sa femme et ses enfants n’oseraient pas même entrer dans sa chambre qu’il ne leur mande… Tout est mystère à l’hôtel de Condé, et rien n’y est secret… Il a des biens immenses et Chantilly, c’est-à-dire la plus belle demeure du monde ; il trouve le moyen de ne jouir de rien de tout cela et d’empêcher que personne n’en jouisse… Il aime mieux y vivre sans aucune considération que d’assembler le monde et les plaisirs dans des lieux enchantés où il serait avec dignité.

1845. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Si Bonstetten avait son secret dans cet art de ne pas vieillir qu’il pratiquait si bien, ce n’était pas seulement en apprenant toujours quelque chose, c’était aussi en aimant toujours quelqu’un.

1846. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Poirson, moins exigeant, doit trouver que c’est assez ; il a désormais son Procope, et l’histoire publique n’a plus qu’à s’accommoder comme elle peut de cette histoire secrète qui la côtoie.

1847. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Quand plus tard il s’agira pour lui d’aller s’établir en Hollande, il laissera échapper son secret : « Le cartésianisme, dit-il, ne sera pas une affaire (un obstacle) ; je le regarde simplement comme une hypothèse ingénieuse qui peut servir à expliquer certains effets naturels… Plus j’étudie la philosophie, « plus j’y trouve d’incertitude.

1848. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Elle dure deux siècles, depuis Malherbe et Balzac jusqu’à Delille et M. de Fontanes ; pendant cette période si longue, nulle intelligence, sauf deux ou trois, et encore dans des mémoires secrets comme Saint-Simon, dans des lettres familières comme le marquis et le bailli de Mirabeau, n’ose et ne peut se soustraire à son empire.

1849. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Ouvertement ou en secret, elle n’est qu’un subalterne commode, un avocat domestique et perpétuellement suborné, que les propriétaires emploient à plaider leurs affaires ; s’ils lui cèdent le pas en public, c’est par bienséance.

1850. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Chaque année, quelques pièces blanches allaient rejoindre son petit tas d’écus enterré au coin le plus secret de sa cave ; certainement, le paysan de Rousseau, qui cachait son vin et son pain dans un silo, avait une cachette plus mystérieuse encore ; un peu d’argent dans un bas de laine ou dans un pot échappe mieux que le reste à l’inquisition des commis.

1851. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il s’était fait le ministre de ses plaisirs secrets, le complaisant de ses débauches.

1852. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Plus particulièrement les reçus du cycle breton ont produit le roman idéaliste, qui nous construit un inonde conforme aux secrets sentiments de notre cœur, pour nous consoler de l’injurieuse et blessante réalité.

1853. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Comme il est peu guerrier, il se plaît à supposer la secrète poltronnerie du soldat : c’est un moyen de se venger des airs fendants qui l’humilient et l’intimident.

1854. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Aux moyens de tragédie s’ajoutent tous les trucs du mélodrame : portes secrètes, caveaux, poisons, les six cercueils de Lucrèce Borgia, tout un matériel d’effets pathétiques pour les nerfs et pour les yeux.

1855. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Le moment qui s’est trouvé favorable à l’éclosion de l’opérette, ça été le second Empire : 1° l’opérette rendait aux Parisiens, sous une nouvelle forme, deux genres abolis et sourdement regrettés : l’opéra-comique et le vaudeville à couplets ; elle était en harmonie secrète avec les mœurs et les goûts du jour : entre ce genre nouveau et l’esprit du public tel que l’avait fait le second Empire, il y avait de nombreux points d’attache.

1856. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Ainsi toute industrie a-t-elle failli à la fabrication du bonheur, que l’agencement ne s’en trouve à portée : je connais des instants où quoi que ce soit, au nom d’une disposition secrète, ne doit satisfaire.

1857. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

la force des secrètes mélodies qu’il écoute est ainsi avérée avec plus de clarté.

1858. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

« Cette maîtresse si fière et si triomphante n’était pas, ajoute-t-il, du secret.

1859. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Là est donc le secret de notre situation.

1860. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Vous êtes presque le seul dépositaire de mes pensées les plus secrètes ; au nom du ciel, montrez-moi de indulgence, et consentez encore à m’appeler votre frère.

1861. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Il a créé la mère amie et sœur aînée de sa fille92. « Je n’ai point d’ordres à vous donner, ma fille, dit Mme Argante ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne ; et si vous me traitez autrement, je n’ai plus rien à vous dire. » Il est donc convenu que les deux amies n’ont plus de secret l’une pour l’autre ; la plus âgée met seulement son expérience au service de la plus jeune, et comme celle-ci hésite à lui confier ses peines : « Ah !

1862. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

J’ai donc fait du mal aux hommes, en prenant la défense des principes qui soutiennent la société & assurent la tranquillité des individus ; & les Philosophes leur ont fait beaucoup de bien, en déclamant contre toutes les classes de Citoyens, en prêchant l’indépendance, en s’efforçant de briser tous les liens, en ôtant le frein des passions, en favorisant les crimes secrets, les désordres de toute espece, en arrachant du cœur des vertueux infortunés tout espoir de dédommagement, &c.

1863. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il leur eût été facile de prouver que dans tous les Siecles & chez tous les Peuples, la Religion a été le premier lien de la société, qu'elle a présidé à la formation de tous les Etats, qu'elle seule peut les soutenir, que tous les Législateurs l'ont employée comme un supplément à l'imperfection des Loix civiles, qui ne peuvent arrêter ni punir les crimes secrets.

1864. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Elle jouit du sens secret d’exécration et de mort qu’elle donne à cet accueil passionné ; elle met une ironie méchante à couronner la victime, à l’amener sous le couteau, aveuglée de fleurs.

1865. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Le directeur de la Librairie, par sa position, se trouvait le confident et quelquefois le point de mire de tous les amours-propres inquiets ou irrités ; amours-propres de gens du monde, de grands seigneurs, de dévots, de gens de lettres surtout, il avait affaire à tous ensemble ou à chacun tour à tour, et il en savait plus long que personne sur leurs singularités secrètes et leurs faiblesses.

1866. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

* * * — « Voulez-vous, nous dit Gavarni, le secret, de toute société, de toute association ?

1867. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Voilà à peu près tout le secret de ce genre d’histoire.

1868. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Mais à force d’esprit, l’auteur d’Hudibras a trouvé le secret d’être fort au-dessous de Dom-Quichote.

1869. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Pour y parvenir, il faudrait avoir fait de la langue qu’on parle et qu’on écrit une étude approfondie, en connaître à fond toutes les ressources, l’avoir assouplie par un exercice prolongé à rendre des pensées pour lesquelles elle n’était pas faite 254; plus la pensée est neuve, moins le langage usuel est prêt à l’exprimer ; sans doute il le peut ; il peut tout dire et bien dire ; mais, en attendant, il garde ses secrets.

1870. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Dans tous ces contes, il en coûte la vie à qui, détenteur de ce secret, se laisserait aller à le révéler.

1871. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

C’est un secret dont on ne s’était pas encore avisé.

1872. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

On dirait qu’elles portent dans les yeux un secret douloureux, impossible à enfouir dans les profondeurs de la dissimulation.

1873. (1881) Le roman expérimental

Ensuite la nature est là qui s’impose, tout au moins la partie de la nature dont la science nous a livré le secret, et sur laquelle nous n’avons plus le droit de mentir. […] L’écrivain seul subsistera ; on dira qu’il a connu tous les secrets de la langue et qu’au milieu des instrumentistes d’aujourd’hui il a su, parmi tant de cuivres, faire dominer les trillesde son hautbois. […] En ce moment, tout un travail secret se fait dans les spectateurs ; ils viennent peu à peu, poussés par l’esprit du siècle, à admettre les audaces des peintures réelles, à y prendre même du goût. […] Le vice d’en haut n’est pas plus propre, s’il est mieux mis, et s’il ferme les portes pour raffiner, en inventant des monstruosités dans sa débauche secrète et savante. […] Puis, ils finissent par revenir débuter au cirque de Paris, le but de leurs secrets désirs.

1874. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Une femme qui porte une cruche sur sa tête n’est gracieuse que si tous ses mouvements ont un certain rapport au but secret qu’elle poursuit, et sont disposés de manière à éviter tout heurt, toute secousse brusque. […] Entre les perceptions de la vue et les pensées, il existe une secrète harmonie que les poètes et les peintres ont toujours respectée. […] Lorsque le beau nous aura révélé son nom, son histoire et tous ses secrets, qui sait si nous ne le verrons pas s’éloigner à jamais, comme Lohengrin emporté par ses cygnes ? […] Legouvé, le « secret » de l’art des vers est le suivant : « on n’entend dans un vers que le mot qui est à la rime ». […] Voilàtout le secret des littératures. » Le romantisme touche ici de bien près au « naturalisme » d’aujourd’hui.

1875. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche ; passant d’une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque ; tour à tour positif et poétique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large et vrai ; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d’alexandrin ; plus ami de l’enjambement qui l’allonge que de l’inversion qui l’embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre ; inépuisable dans la variété de ses tours, insaisissable dans ses secrets d’élégance et de facture ; prenant, comme Protée, mille formes sans changer de type et de caractère, fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue ; se cachant toujours derrière le personnage ; s’occupant avant tout d’être à sa place, et lorsqu’il lui adviendrait d’être beau, n’étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir ; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin ; pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires, des plus bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites, sans jamais sortir des limites d’une scène parlée ; en un mot, tel que le ferait l’homme qu’une fée aurait doué de l’âme de Corneille et de la tête de Molière. […] Car le génie moderne a déjà son ombre, sa contre-épreuve, son parasite, son classique, qui se grime sur lui, se vernit de ses couleurs, prend sa livrée, ramasse ses miettes, et semblable à l’élève du sorcier, met en jeu, avec des mots retenus de mémoire, des éléments d’action dont il n’a pas le secret.

1876. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Le Secret des Robes (couv. du P.  […] Provinciale d’Éditions, 1903, in-18. — Les Lèvres et le Secret, poèmes, Fasquelle, 1906, in-18.

1877. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Pourtant ne croyons pas qu’ils aient trouvé le secret des choses. […] Nous verrons que presque toutes les doctrines secrètes des religions, ainsi que M. 

1878. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Et George Sand, à son tour, discutant sur son art avec Flaubert : « Il faut écrire pour tout le monde, pour tout ce qui a besoin d’être initié… Là est tout le secret de nos travaux persévérants et de notre amour de l’art. […] Et nous, par forme de conclusion, si nous souhaitons qu’elle le demeure, ce n’est pas du tout que nous prêtions à ce mot on ne sait quelle signification secrète ou quelle valeur mystique ! […] Comment Chateaubriand a élargi et renouvelé le sentiment de la nature ; — d’un côté, par la splendeur du coloris dont il a revêtu les descriptions encore « monochromes » de Rousseau ; — par la manière dont il a étendu jusqu’aux proportions de la fresque les « miniatures » de Bernardin de Saint-Pierre ; — par l’ardeur de passion avec laquelle il s’est mêlé lui-même dans ses descriptions ; — et, d’un autre côté, par la diversité des tableaux qu’il a tracés ; — tantôt empruntant ses couleurs à la nature, vierge encore, des Amériques ; — ou tantôt dégageant de la nature moyenne et tempérée de son pays, la poésie qu’elle contient ; — et tantôt enfin rivalisant avec la campagne romaine de majesté, de tristesse et de mélancolie. — Mais il a de plus exprimé comme personne avant lui ce qu’il y a d’affinités secrètes entre la nature et l’homme ; — de relations et de « correspondances » ; — elles-mêmes représentatives d’une relation plus lointaine ; — qui est celle de la nature avec son auteur ; — et c’est par là que, dans son œuvre, le sentiment de la nature se lie au sentiment religieux. […] Les Caprices de Marianne ; — Le Chandelier ; — On ne badine pas avec l’amour ; — Il ne faut jurer de rien ; — Fantasio, etc.] ; — et à l’amour conçu comme la seule raison qu’il y ait d’être au monde ; — et de vivre. — Là est le secret de sa force dramatique ; — de la poésie souvent malsaine ou suspecte ; — mais toujours infiniment séductrice, dont son théâtre s’enveloppe comme d’une atmosphère unique ; — et là par conséquent le secret de la vitalité de son œuvre. — Qu’il se peut encore que les mêmes qualités ; — et aussi ce qu’elle contient de renseignements sur la « pathologie de l’amour » ; — sauvent sa Confession du naufrage où l’entraînerait sans cela le poids des déclamations qui s’y mêlent ; — et qu’enfin cette religion de l’amour fait à peu près le seul mérite de ses Contes et de ses Nouvelles.

1879. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« Il souffle et il écume bien ; il a trouvé le secret de rendre son visage bouffi… Pour le contrefaire, il n’y a qu’à se boursoufler. […] » Ce Chevalier, qui n’est point, comme il dit, de ces fous qui haïssent Molière , nous donne le secret de l’acharnement de certaines gens contre l’auteur de L’École des femmes. […] Il a le premier inventé la manière de mêler des Scènes de Musique et des Ballets dans les Comédies, et il avait trouvé par là un nouveau secret de plaire, qui avait été jusqu’alors inconnu et qui a donné lieu en France à ces fameux Opéra qui font aujourd’hui tant de bruit, et dont la magnificence des spectacles n’empêche pas qu’on ne le regrette tous les jours. […] C’est à eux aussi qu’il faut demander le secret de cette régénération intellectuelle et matérielle si ardemment poursuivie.

1880. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Le procédé employé par les Indiens du Mesaya, qui ne sont éloignés que de vingt journées de la frontière de la Nouvelle-Grenade, est le seul à peu près connu, et encore ne l’est-il que très-imparfaitement, car ces Indiens en font un grand secret, et il n’y a que leurs devins qui aient l’art de le préparer. […] Les auteurs de cette relation reviennent à l’opinion de MM. de Humboldt, Boussingault et Roulin, savoir que le curare est un poison végétal ; mais ils assurent en outre que les Indiens ne mettent aucun secret dans cette préparation. […] Cependant que de fois n’a-t-on pas reproduit des arguments analogues, combien de médecins ont professé que la physiologie et la médecine ne seraient jamais que des demi-sciences, des sciences conjecturales, parce qu’on ne pourrait jamais saisir le principe de la vie ou le génie secret des maladies ! […] C’est pourquoi aujourd’hui tous les efforts de la science sont dirigés vers l’étude histologique de ces infiniment petits qui recèlent le véritable secret de la vie.

1881. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Un jeune ambitieux nommé Jullien, qui avait rempli avec succès d’autres missions, venait d’arriver à Bordeaux avec le titre d’envoyé secret du Comité du salut public. […] Horace et Anacréon vivront d’une gloire égale par ce charme exquis, par cette urbanité attique (si ces deux mots peuvent être rapprochés) qui leur appartiennent en propre et dont, seuls en français et à de longs intervalles, Ronsard, la Pléiade, Fénelon et parfois Chénier ont su leur ravir le secret. […] Fernandez Guerra y Orbe, qui mieux qu’un autre, et avec une concision admirable, fait le procès du cultisme et lui signifie son arrêt : « Vaine et ténébreuse élocution, déluge de mots étrangers, sans cesse deux douzaines de vocables exotiques, autant de paroles d’origine latine, mêlées dans de puériles inversions, pensées aiguisées à loisir, antithèses monotones et fatigantes, figures affectées et extravagantes, d’autant plus applaudies qu’elles s’écartent davantage de la nature, tel est le secret de ce langage solennel, moitié oracles sybillins, moitié hiéroglyphes d’Égypte. […] Scènes de la vie cléricale J’étais dès longtemps dans le secret : Charles Buet, l’auteur du beau drame joué, l’an passé, sur la scène de la Porte-Saint-Martin, Charles Buet, l’auteur du Prêtre, écrivait les Scènes de la Vie cléricale. […] Peyrusse rejette absolument l’a parte — cet idiot stratagème de convention ; dès lofs, pour révéler la secrète pensée de ses personnages, il se croit contraint de leur faire afficher par trop cyniquement leurs secrètes pensées.

1882. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Membre de l’Académie française en 1671, par la volonté de Colbert son patron, il y apporta quelques réformes : les séances publiques de réception, le scrutin secret, le Dictionnaire, les jetons de présence (avec obligation d’être à l’heure)… Ce fantaisiste et ce touche-à-tout avait sans doute l’étoffe d’un excellent administrateur. […] Pour consoler Ariane, il lui faisait remarquer que son aventure était des plus communes… Cependant, il s’attendrit parfois, souvent même, et se prend à célébrer … Le plus secret et le plus doux prodige : Deux cœurs qu’enivre ensemble un amour partagé. […] Ajoutez que certains textes abondamment cités par Taine n’apportent même pas des faits, mais des jugements personnels, des développements oratoires, qui lui paraissent toujours décisifs dès qu’ils sont hostiles à la Révolution, par exemple ceux d’étrangers prévenus comme le Genevois et journaliste politique Mallet du Pan, qui sortit de France en 1792 avec une mission secrète de la Cour auprès de l’empereur et du roi de Prusse, comme le diplomate américain Gouverneur Morris, qui méprisait les turbulents Français en vertu de son puritanisme anglo-saxon, etc. […] On ne sait toute l’étendue de ces corrections que grâce à la nouvelle édition Conard de la Correspondance, où il y a de nombreuses lettres que l’on avait tenues secrètes jusqu’à présent. […] La police serait bien forte, si elle disposait de cette quatrième dimension, mais que deviendrait le secret de la vie privée ?

1883. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

La scène est superbe d’indifférence et d’oubli cruel : Puis il voulut savoir sur le défunt un tas de détails intimes et secrets que la jeune femme, mal à l’aise, refusait de dire. […] C’était une de ces magiciennes qui semblent recéler dans leur langueur étrange, dans leurs formes exquises, dans leur ironique sourire, le secret d’amours inconnues. […] À vrai dire, c’est ici que commence le roman, j’allais dire la pièce ; la comtesse Flore, qui, comme je l’ai dit, regarde l’adultère comme une nécessité conservatrice des bons ménages, imagine de faire croire à son neveu que sa femme nourrit un secret sentiment pour un autre que lui. […] « Je pars donc, et j’emporte mon secret avec moi. […] Elles mettent un voile à longs plis ; le secret De leur âme s’épanche à la lueur des cierges ; Et, quand passe un vieux prêtre en étole, on croirait Voir le Seigneur marcher dans un jardin de Vierges !

1884. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

L’optimisme complet et vrai emporte le mal avec lui, l’acceptant avec joie et l’embrassant et l’enveloppant en lui jusqu’à le faire disparaître à force de l’absorber. « Il faut vivre dangereusement » (un des plus beaux mots qui aient été prononcés par une bouche humaine), il faut vivre dans les périls, pour savourer la vie en sa plénitude et même pour savoir ce que c’est ; « croyez-m’en, le secret pour moissonner l’existence la plus féconde, la plus grande jouissance de la vie, c’est de vivre dangereusement. […] Eh bien, je vais vous révéler un secret divin qui vous fera plaisir : vous avez raison. » Voilà comment une religion nouvelle essaye de détruire une religion ancienne et quelquefois y réussit. […] Le bon Gibbon avait toujours eu peur de ne pas terminer son Histoire romaine ; mais, au fond, il avait toujours eu l’espoir secret de mourir avant de l’avoir finie. […] Il est probable, quoique je n’en sache rien, mais je le crois, que tout cela, en dernier terme, profitera à la morale ; mais, en soi, ce n’est pas de la morale, et à vouloir que cela en fût, l’artiste, le savant et le politique se paralyseraient, se stériliseraient, se glaceraient et ne feraient rien qui valût ; comme du reste, s’ils avaient l’idée contraire et s’ils se laissaient pousser par une immoralité secrète et intime — et ici il y a identité des contradictoires — ils feraient œuvre, aussi, pitoyable et ignoble. […] Oui, Nietzsche est néronien, et c’est le secret même de son influence sur la partie, à la vérité, la plus grotesque, de son public, sur les « esthètes », sur les pseudo-artistes, sur les cabotins, sur quelques femmes, à ce qu’on m’assure.

1885. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

L’Écho de Paris a réuni en un volume Les Derniers Articles d’Albert de Mun ; relisons-les : nous y retrouverons et nos angoisses des premiers temps de la guerre, angoisses qu’il a endurées jusqu’au martyre, et le secret de cette véritable communion qu’il avait su établir entre tous ses compatriotes et lui. […] Une sorte d’instinct secret la guide : le meilleur instinct, la volonté d’obéir à sa destinée. […] Puis il examinait un phénomène de la pensée religieuse et, bref, de la conscience la plus intime et secrète. […] Il le tue, pour ainsi parler, dans les meilleures conditions de secret, de sécurité. […] Après ce long effort de stoïcisme et de secret, d’opiniâtre et de torturante mémoire, durement confinée, l’historien de son pays et de lui-même, qui s’était mis à la besogne sans précipitation, travailla sans hâte.

1886. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

La peinture est une maîtresse qui passe de main en main sans jamais vieillir ; avec un peu de jugement on doit s’en éloigner avant quelle ne vous joue de mauvais tours ; du reste, c’est le secret de la vie tout entière.

1887. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Lucas-Montigny ne se soit grossi les inconvénients de certains détails nouveaux, et que ses idées sur la dignité du genre n’aient ajouté un peu trop de rigueur à sa louable morale « Nous pourrions, dit-il, donner une relation très-circonstanciée de l’emploi du temps passé follement aux Verrières, de la route suivie par les deux amants quand il se furent décidés à s’éloigner, de tous les accompagnements de cet acte de démence et de désespoir ; mais un tel récit serait mélangé d’incidents scandaleux que nous rejetterons toujours, parce qu’ils sont indignes de l’histoire, parce qu’ils la dégradent, parce que même ils la font mentir, puisqu’elle doit peindre les grands faits et non les passagers accidents de la vie des personnages dont elle s’occupe, les traits saillants de leur physionomie et non les difformités secrètes. » De telles maximes crûment énoncées par un biographe sont elles-mêmes la critique la plus sévère du procédé qu’il suit : nous ne nous arrêterons pas à les réfuter.

1888. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

De temps immémorial en France, l’humeur gauloise, on le sait, s’en est donné à cœur joie sur les moines, les femmes et les maris : témoins les fabliaux qui couraient déjà du temps de saint Louis, les noëls licencieux et les couplets du temps de Louis XIV, et tous les mémoires secrets sous Louis XV.

1889. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Voilà donc le bourgeois qui relève la tête et qui commence à considérer de près la grande machine dont le jeu, dérobé à tous les regards vulgaires, était jusqu’ici un secret d’État.

1890. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Rousseau dans l’Émile, un livre paraissait, un des livres que les curieux de littérature et de philosophie accueillent comme une bonne fortune de bibliothèque, parce qu’il leur révèle comme en confidence les secrets du métier de la littérature.

1891. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Ces remarques ne vont pas sans une secrète joie et un orgueil inavoué.

1892. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Les pères de la race sémitique eurent, dès l’origine, une tendance secrète au monothéisme ; les Védas, ces chants incomparables, donnent très réellement l’idée des premières aspirations de la race indo-germanique.

1893. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

L’amour-propre est si habile en ses calculs secrets que, tout en faisant la critique de soi-même, on est suspect de ne pas y aller de franc jeu.

1894. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Lohengrin vient de la sereine contrée où resplendit le Gral ; il est poussé par le désir de défendre l’innocence opprimée, davantage encore peut-être par une secrète nostalgie des humaines tendresses.

1895. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Faut-il s’étonner, après cela, qu’il ait trouvé le secret d’en imposer à tant de Gens, de leur faire adopter ses idées, à peu près comme le subtil Charlatan qui amuse, fait acheter sa drogue à ceux même qui n’y ont pas de foi ?

1896. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Par une sorte de sourde rancune contre les injustices apparentes de la création, l’homme éprouve une sympathie secrète pour les grands contempteurs des Puissances d’en haut.

1897. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Chamfort nous dit là tout son secret, il nous le dit avec verve et avec une sorte de rage.

1898. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Les formes catholique, arienne, nestorienne, grecque et protestante témoignent de l’action secrète de physiologies sociales distinctes s’assimilant l’idée selon des procédés différents, selon des quantités variables et appropriées à leurs besoins particuliers.

1899. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Sans goût littéraire, mais fureteur sagace, intelligemment curieux, le seul homme, à l’heure présente, qui dans la presse soit un chroniqueur un peu universel, un peu informé de ce qui court, de ce qui se dit, de ce qui se fait, le seul ayant des oreilles autre part que dans le café du Helder et dans le petit monde des lettres, sur la pointe du pied, à la porte entrebâillée du monde, et de tous les mondes, du monde des filles au monde de la diplomatie, écoutant, pompant, aspirant ce journal de la vie contemporaine qui n’est nulle part imprimé, à la piste de tous les moyens d’information, ayant essayé par exemple, nous dit-il, de donner des dîners où il faisait asseoir toutes les professions à sa table, espérant que chaque spécialité se confesserait à l’autre, et que toute l’histoire intime et secrète de Paris débonderait au dessert, de la bouche du banquier, du médecin, de l’homme de lettres, de l’homme de loi.

1900. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Même lorsque le cours de nos idées semble entièrement livré au hasard, lorsque nous nous laissons aller aux rêveries involontaires de la fantaisie, l’action décisive de nos sentiments secrets ou de nos prédispositions se fait sentir tout différemment à une heure qu’à une autre, et l’association des idées s’en ressent toujours21. » Dans l’art le plus primitif, l’invention se distingue à peine du jeu spontané des images s’attirant et se suivant l’une l’autre, dans un désordre à peine moins grand que celui du rêve.

1901. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Dès qu’on a été persuadé de l’existence d’un traité secret entre le spiritualisme et l’Église, toutes les objections et toutes les préventions dirigées contre l’une ont en même temps porté sur l’autre.

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