Cependant je sens que je commence à te goûter, et je l’admire comme un rare génie, surtout pour le temps où il a vécu… Mais cette lecture ne profite pas à de Brosses, qui continue de trouver Dante un poète tout à fait sec et sans aménité : Je ne puis m’empêcher d’ajouter encore ici que plus je lis le Dante, plus je reste surpris de cette préférence que je lui ai vu donner sur l’Arioste par de bons connaisseurs : il me semble que c’est comme si on mettait le Roman de la rose au-dessus de La Fontaine. […] Ces recherches de Fauriel, connues bien des années avant qu’il les écrivît et même avant qu’il les professât, transpirant hors du cercle intime où il vivait, communiquées par lui à tous ceux qui l’interrogeaient avec la libéralité du savant généreux et du galant homme, viennent seulement d’être réunies en volumes et de paraître dans leur ensemble30 : on peut dire quelles étaient depuis longtemps dans la circulation, et que le niveau du goût en France (je ne parle que de la classe instruite) s’en est ressenti.
Ce sont des lettres sans fin et de tout l’univers, des questions à répondre, des mémoires à examiner… » Il ressort de cette correspondance qu’il y avait quelque chose qu’il aimait encore mieux que ses ouvrages ou du moins autant : vivre avec ses amis, les posséder, vaquer à ses devoirs et à ses relations de père de famille, de bon voisin, de propriétaire, d’administrateur et d’homme. […] Quant à ses jugements sur Delille, Saint-Lambert et Roucher, ils sont curieux à recueillir de la part d’un homme qui a si bien connu la nature et qui habitait comme dans son sein : « Je ne suis pas poète ni n’ai voulu l’être, écrivait-il, mais j’aime la belle poésie ; j’habite la campagne, j’ai des jardins, je connais les saisons, et j’ai vécu bien des mois ; j’ai donc voulu lire quelques chants de ces poèmes si vantés des Saisons, des Mois et des Jardins.
C’est le présent dont nous sommes les témoins intelligents, qui éclaire pour nous le passé ; c’est la vie présente et que nous vivons, qui nous apprend à bien lire dans l’histoire, dans cette histoire humaine qui n’a été qu’un perpétuel mouvement. […] espère-t-il que de cet état il va naître et sortir un enfant nouveau qui vivra ?
Hauréau pour ses travaux d’érudit et pour autre chose encore, il ajoutait : « … Son cœur ne cessant pas de battre pour toutes les nobles causes au milieu de ses arides travaux, on pourrait craindre qu’il ne fît une aussi mauvaise fin que M. de Tocqueville, s’il ne paraissait vraiment destiné par la nature à vivre très longtemps… » J’avoue que je conçois peu l’ironie prolongée en telle matière. […] Ceux qui ont parcouru ces époques et qui croient les juger sans amour et sans haine ne laissent pas d’être étonnés de cet enthousiasme un peu vague, de cette admiration un peu confuse et indistincte de la part d’un esprit aussi juste : car enfin toutes ces années, déjà anciennes, ne se ressemblaient pas ; ces régimes, à les prendre dans le détail et à les vivre jour par jour, étaient fort différents entre eux, et il y a eu bien des moments.
.” — L’architecte prend la parole et dit : “Moi, je construirai le temple où vivront tes peintures, où respireront tes statues ; je bâtirai le théâtre immense où frémira le public sous l’empire de tes chants ! […] » Halévy, pour peu qu’il eût vécu, eût sans doute été nommé de l’Académie française.
De l’Époque, après le naufrage, il fut recueilli au journal la Presse, et, dès lors, on le vit un peu partout ; romans, nouvelles, feuilletons de théâtre, articles de critique, il ne se refusa rien : Le principal étant de vivre, Fidèle au : « Tel père, tel fils », Ma ressource devint le livre ; Mon père en vendait, — moi, j’en fis. […] N’hésitons pas à le reconnaître : il est presque impossible au critique, fût-il le plus modeste, le plus pur, s’il est indépendant et sincère, de vivre en paix avec le grand poëte régnant de son époque : l’amour-propre du potentat, averti sans cesse et surexcité encore par ses séides, s’irrite du moindre affaiblissement d’éloges et s’indigne du silence même comme d’un outrage.
Cher Ulric, vous êtes donc incurable ; vous êtes resté l’homme de nos belles et jeunes années, de nos ardeurs qui ne vivent plus qu’en vous et en un autre ami que peut-être vous avez oublié, Victor Pavie d’Angers, celui-là encore un fidèle, un chapelain resté pieux de notre chapelle ardente ! Nous, nous avons trop vécu de la vie assujettie et productive, de la vie prosaïque et mercenaire, et la Poésie, cette maîtresse jalouse, s’en est enfuie.
Brutus est la victime et meurt avec sa foi ; César est le tyran et fait vivre sa loi. […] Je vois en lui un neveu errant et quelque peu sauvage de Corneille et de Schiller, de ce dernier surtout, un élève lyrique de Gœrres, qui, pour nous Français, a sans doute trop vécu sur le Rhin, sous les balcons de Heidelberg, et qui n’a pas assez cuvé parmi nous cette première ébriété poétique, laquelle vaut mieux pourtant qu’une clarification trop glacée.
Je n’aime point cette manière de recopier un mot heureux et de vivre à satiété sur le passé. […] Son vieux et noble père, pour avoir tant vécu du temps de Robert Walpole, n’a pas assez d’expérience.
. — Non seulement le dehors, mais encore le dedans était factice ; il y avait une façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de mourir. […] Plus une aristocratie se polit, plus elle se désarme, et, quand il ne lui manque plus aucun attrait pour plaire, il ne lui reste plus aucune force pour lutter Et cependant, dans ce monde, on est tenu de lutter si l’on veut vivre.
J’y mettrais volontiers ce sous-titre, en arrangeant un peu la phrase de Nicole : « Des sentiments qu’il faut avoir et des choses qu’il est bon de connaître pour vivre en paix avec les hommes. » Et j’y ajouterais comme épigraphe, le mot de Mme de Sévigné, qui résume en effet un grand nombre de ces Maximes : « Rien n’est bon que d’avoir une belle et bonne âme. » Quand cette belle et bonne âme a par surcroît autant d’esprit que la comtesse Diane, c’est un délice. […] Vous n’aurez peut-être pas été une des femmes les plus raisonnables de ce siècle, mais vous aurez plus vécu que des multitudes entières, et vous aurez été une des apparitions les plus gracieuses qui aient jamais voltigé, pour la consolation des hommes, sur la surface changeante de ce monde de phénomènes.
Weiss la vivacité d’allure de Ma camarade : « Le filament microscopique le plus tortillé de la joie et de la fureur de vivre ne se trémousse pas avec une vie plus furieuse et plus joyeuse que cette pièce. » Au fait, cela est très joli ; mais diable ! […] On devine chez lui cette arrière-pensée que, pour un homme de talent, il faisait bon vivre dans ce monde du dernier siècle : le mérite personnel s’y imposait peut-être mieux, y était traité avec plus de justice que dans une société démocratique, bureaucratisée et enchinoisée à l’excès.
La morale admirable qu’il tire de la notion du Dieu père n’est pas celle d’enthousiastes qui croient le monde près de finir et qui se préparent par l’ascétisme à une catastrophe chimérique ; c’est celle d’un monde qui veut vivre et qui a vécu. « Le royaume de Dieu est au dedans de vous », disait-il à ceux qui cherchaient avec subtilité des signes extérieurs 223.
On se dit comme Voltaire dans ces vers délicieux : Jouissons, écrivons, vivons, mon cher Horace ! ………………………………………………… J’ai vécu plus que toi : mes vers dureront moins ; Mais, au bord du tombeau, je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens.
Elle y vécut en tout comme une princesse française. […] Au sortir, pourtant, de ce brillant et orageux épisode de l’histoire du xvie siècle, qui vient de nous être si fortement et si judicieusement rendu, tout plein encore de ces temps de violence, de trahison et d’iniquité, et sans avoir l’innocence de croire que l’humanité en ait fini à jamais avec de tels actes, on se prend à se féliciter malgré tout, à se réjouir de vivre en des âges d’une morale publique améliorée et plus adoucie ; on s’écrie avec le sieur de Tavannes, au moment où dans ses Mémoires il vient de raconter cette vie et cette mort de Marie Stuart : « Heureux qui vit sous un État certain, où le bien et le mal sont salariés et châtiés selon les mérites !
Sa famille, qui avait espéré le revoir une dernière fois, et l’embrasser le matin même de sa mort, est dans la désolation qu’on peut concevoir : Mais rien, écrit Madame, n’était capable de calmer les angoisses de ma mère ; on ne pouvait faire entrer aucune espérance dans son cœur : il lui était devenu indifférent de vivre ou de mourir. […] Mme la duchesse d’Angoulême vécut et habita continuellement dans cet ordre de pensées, sans s’en laisser distraire un seul jour.
Les amis littéraires parmi lesquels il acheva de vivre, et qui l’ont fait le plus royaliste et le plus bourbonien possible, ont dissimulé et recouvert de leur mieux cette période patriotique et républicaine de Ducis. […] Il vécut assez pour voir la première et la seconde Restauration, pour être reçu de Louis XVIII, qui l’accueillait coquettement chaque fois avec des citations de son Œdipe chez Admète.
Celui-ci, qui ne possède encore aucun plan organique, aura tout avantage à se concevoir autre qu’il n’est, à mettre à profit les expériences des autres groupes déjà constitués, car il abrège, par cet expédient, la lente période de formation par laquelle ces groupes ont dû passer avant de parvenir à l’état organique, il s’épargne mille vains essais ; du premier coup, il use d’un système qui déjà a prouvé son efficacité à faire vivre des hommes en société. Cet emprunt à un modèle étranger ne contrarie en lui aucune disposition déjà prise, ne brise rien qui déjà existe, ou vaille la peine d’être conservé, ne se heurte à rien qui, par le fait d’avoir duré, ait acquis des droits à vivre et à persévérer dans sa forme propre.
Tandis que dans ses premiers livres, l’organisme humain reste à peu près intact, dans ses derniers il le doue d’étranges timidités, d’une mollesse constante, d’un acquiescement résigné à toutes les vicissitudes, d’une absolue dépendance des circonstances extérieures, qui se traduit autant par l’incapacité d’André à travailler dans un appartement neuf, que par l’intolérable malaise qu’il ressent à vivre seul, sans le bruissement d’un jupon de femme autour de lui. […] Ds leur impuissance volitionnelle, on peut déduire leur incapacité de vivre dans la société, leur aspiration, vaine pour les uns, satisfaite pour des Esseintes, vers une existence monacale, solitaire et recluse, enfin leur absolu pessimisme, leur misanthropie acerbe, leur dégoût de toute vie active.
Soyez persuadé que, si Voltaire vivait de notre temps, Hugo et lui se tireraient très courtoisement leurs chapeaux et se tiendraient l’un l’autre en grande estime. — S’il vivait de notre temps, Voltaire écrirait l’Histoire de Charles XII et le Siècle de Louis XIV dans le style preste, clair et net que vous savez ; mais il ne médirait pas pour cela de la phrase colorée, pittoresque et précise de Notre-Dame de Paris.
Dans un siècle d’innovation philosophique et d’ambition active, il ne vécut que pour la perfection de l’art, la curiosité de l’étude et la paix solitaire du cœur. […] De retour dans sa patrie, dans la philosophique et opulente Angleterre, à l’époque même où les lettres accréditées y conduisaient au pouvoir, où les hommes d’État étaient de grands orateurs, William Pitt, Fox, Burke, où les lettrés se mêlaient partout aux affaires, Gibbon, Shéridan, Glover, Macpherson, il vécut loin du parlement, loin du monde, dans la modeste chambre d’un collège, où il semblait perpétuer la vie laborieuse d’étudiant, et d’où il s’échappait quelques mois, chaque année, pour voyager dans son pays, en étudier les beautés naturelles, les vieux monuments, et renouveler en soi la religion de la patrie comme celle de la science.
C’était là que mon grand-père vivait, dans une petite maison, alignée au trottoir, qui n’avait qu’un rez-de-chaussée et un étage. […] Il vivait là, avec sa femme, sa fille mariée et les enfants de cette fille. […] Assis sur les marches, fumant sa, pipe, il finissait de vivre, oisif, puisque son ouvrage à lui était fini. […] Elle vécut longtemps, cependant, et dans ma mémoire ne s’effaça pas. […] cela, ils ne le peuvent pas, s’écria-t-elle, mais vivre ici pendant quatre ans, c’est impossible aussi !
Dans ce qu’il a dit de ses longs et patients travaux pour la mesure d’un arc du méridien, il a insisté sur les diversions littéraires que s’accordait le savant, et sur l’attention tout humaine qu’il ne cessait d’apporter à travers ses mesures et ses calculs, aux mœurs des populations parmi lesquelles il vivait.
Quand on lui demandait si, pour la tant regretter, cette campagne lui rapportait beaucoup, il répondait : « Elle me rapportait… des vers. » — Il avait épousé, il y a quelques années, une dame d’honneur de la reine Hortense, et vivait fort en famille, allant très-peu dans le monde. — Victor Hugo a trouvé d’éloquentes paroles sur la tombe de son rival, et lui-même il a eu le droit de rappeler avec sentiment le coup qui venait de le frapper30.
Il y vécut quelque temps dans l’intimité du prince Henri.
Néanmoins, ou l’esprit ne serait qu’une inutile faculté, ou les hommes doivent toujours tendre vers de nouveaux progrès qui puissent devancer l’époque dans laquelle ils vivent.
Et ces châtiments d’innocents offensant en nous une irréductible idée de justice, comment ne ferions-nous pas ce rêve d’une transmission et d’une réincarnation des âmes Mais cela n’arrange rien du tout, puisque ces âmes ne se doutent point qu’elles ont déjà vécu ni qu’elles rachètent leurs fautes antérieures… — Laissez-moi tranquille !
Feu mon père en fit, à mon avis, Qui sentaient leur Dorat ; à ce compte, tes fils En feront d’excellents, et tout cela fait croire Que notre nom doit vivre au Temple de Mémoire.
Ce sentiment populaire vivait encore en Bretagne au temps de mon enfance.
Il paraît que les romans qu’elle fit plus tard lui étaient nécessaires pour vivre.
Il n’a pas su montrer dans cette « volonté de vivre » qui, selon lui, fait le fond commun de tous les êtres, la vraie origine de nos idées universelles et nécessaires, des formes à la fois cérébrales et mentales à travers lesquelles nous apercevons toutes choses.
Dans l’absolu, c’est vrai ; mais les langues ne sont pas dans l’absolu, puisqu’elles vivent, se meuvent, s’accroissent, meurent.
Mais enfin il faut se rappeler que ce poète fut le premier poète épique moderne, qu’il vivait dans un siècle barbare, qu’il y a des choses touchantes2, et quelquefois sublimes dans ses vers, et qu’après tout, il fut le plus infortuné des mortels.
» Hector ne répond point ; mais du fond de son âme, Tirant un long soupir : « Fuis les Grecs et la flamme, Fils de Vénus, dit-il, le destin t’a vaincu ; Fuis, hâte-toi, Priam et Pergame ont vécu.
Le sang de Pascal coulait à flots sous son cilice, mais Nicole vivait dans sa chemise de crin avec une peau qui ne s’écorchait pas, et là est surtout la différence de ces deux moralistes chrétiens.
On dirait, en le lisant, qu’il a vécu parfaitement en dehors du monde d’impressions littéraires qui font l’éducation des poètes de ce temps.
S’il avait vécu, il n’aurait, certes !
Quel était son régime, quelle était sa manière journalière de vivre ?
On fait un grand crime à Racine d’avoir fait vivre Narcisse deux ans de plus qu’il n’a vécu. […] Ce qui est bien peu philosophique, c’est que le vertueux Jean-Jacques prétend que Titus serait plus intéressant s’il sacrifiait l’empire à l’amour, et s’il allait vivre avec Bérénice dans quelque coin du monde, après avoir pris congé des Romains. […] si je vous suis cher, ma princesse, vivez ! […] Cette douce et intéressante bergère, qui parlait si tendrement aux moutons, aux fleurs, aux ruisseaux, change sa houlette en serpent ; c’est la furie Alecto qui distille le venin de la satire dans un méchant sonnet que celui qui en est l’objet a fait vivre. […] Beaucoup de nouveautés musquées, qu’on applaudit aujourd’hui, ne vivront pas longtemps.
Je suis seulement parvenu, ayant vécu une partie de ma vie avec une cantatrice, à discerner la bonne et la mauvaise musique, mais ça m’est absolument égal… « C’est tout de même curieux que tous les écrivains de ce temps-ci soient comme cela. […] 31 juillet Le docteur Simon va me dire, tout à l’heure, si notre vieille Rose vivra ou mourra. […] Jeudi 21 août … Au milieu du dîner rendu tout triste par la causerie qui va et revient sur la morte, Maria, qui est venue dîner ce soir, après deux ou trois coups nerveux, du bout de ses doigts, sur le crêpage de ses blonds cheveux bouffants, s’écrie : « Mes amis, tant que la pauvre fille a vécu, j’ai gardé le secret professionnel de mon métier… Mais maintenant qu’elle est en terre, il faut que vous sachiez la vérité. » Et nous apprenons sur la malheureuse des choses qui nous coupent l’appétit, en nous mettant dans la bouche l’amertume acide d’un fruit, coupé avec un couteau d’acier. […] Elle a eu avec le fils de la crémière deux enfants, dont l’un a vécu six mois. […] Il n’était pas question d’immortalité d’âme, de machines comme cela ; on vivait de son mieux, en faisant bien, et on ne méprisait pas le matériel.
Car l’être intelligent ne vivait plus seulement dans le présent ; il n’y a pas de réflexion sans prévision, pas de prévision sans inquiétude, pas d’inquiétude sans un relâchement momentané de l’attachement à la vie. […] Cela se concevrait bien dans une hypothèse telle que la nôtre : l’homme vit naturellement en société, et, par l’effet d’une fonction naturelle, que nous avons appelée fabulatrice, il projette autour de lui des êtres fantasmatiques qui vivent d’une vie analogue à la sienne, plus haute que la sienne, solidaire de la sienne ; telle est la religion que nous tenons pour naturelle. […] Jusque-là, on avait constaté que la vie était souffrance : le Bouddha remonta jusqu’à la cause de la souffrance ; il la découvrit dans le désir en général, dans la soif de vivre. […] Certes, nous vivons dans un état d’équilibre instable, et la santé moyenne de l’esprit, comme d’ailleurs celle du corps, est chose malaisée à définir. […] Mais ce ne sera qu’un accroissement du revenu de l’année ; l’intelligence sociale continuera à vivre sur le même fonds, sur les mêmes valeurs.
Si Mme Guyon eût vécu de nos jours, que fût-il advenu d’elle ? […] Elles y vivent d’une vie moins poétique, mais presque aussi réelle. […] Nous vivons au milieu d’eux. […] Mais on ne le rappela point, et il vécut, et il s’acclimata. […] dans ce fatras, des pages qui méritent de vivre ?
Quittez l’erreur que vous suivez Craignez que le ciel ne s’irrite ; Aimez pendant que vous vivez, Et songez que je ressuscite !
La distance où il vivait du monde de Paris aidait et enhardissait M.
Quand elle eut été sincèrement attachée à ses chefs par des affections personnelles, par une discipline équitable et douce, ou par des souvenirs de victoires, il est difficile encore de penser que ses rangs fussent longtemps demeurés impénétrables aux sentiments d’une population parmi laquelle elle vivait, se recrutait incessamment, et devait rentrer un jour.
Il aimait en effet les plaisirs, et c’est parce qu’il les a chantés, que son nom vivra.
Ce vieillard aveugle, ruiné par les frais de route qu’on ne lui remboursa pas, se réfugia en Angleterre où il publia, pour vivre, une relation de son voyage.
Cuvier à Galilée, au sujet du Discours sur les révolutions du globe, et de dire que, s’il avait vécu au seizième siècle, M.
Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !
Serait-ce que, après tout, les « humanités » sont humaines en effet ; que les lettres, au moins dans le temps où on ne les pratique pas pour vivre, adoucissent les cœurs, et que la mathématique les endurcit ?
Il sait que, vus par lui, les paysages où il a vécu tressaillent sous son regard et que les chênes tout secoués parlent et que les rochers resplendissent comme des topazes.
Il fut réduit un moment à vivre avec dix-sept sous par jour, et ses amis même l’ignorèrent : il était de ces hommes qu’on croit toujours riches parce qu’ils sont dignes.
La réputation de son Auteur, quoiqu’il ait vécu dans notre Siecle, a déjà acquis le sceau de l’immortalité.
Une fois que le livre est publié, une fois que le sexe de l’œuvre, virile ou non, a été reconnu et proclamé, une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est.
Ennuyés de le voir vivre, impatiens d’hériter de lui, croyant son extrême vieillesse un attentat à leurs droits, ils l’accusent d’être tombé en enfance.
Dans nos campagnes les mieux ravagées par l’intendance et la ferme, dans la plus misérable de nos provinces, la Champagne pouilleuse ; là où l’impôt et la corvée ont exercé toute leur rage ; là où le pasteur réduit à la portion congrue n’a pas un liard à donner à ses pauvres ; à la porte de l’église ou du presbitère ; sous la chaumière où le malheureux manque de pain pour vivre et de paille pour se coucher, l’artiste aurait trouvé de meilleurs modèles.
Les hommes avec qui nous vivons, nous laissent presque toûjours à deviner le véritable motif de leurs actions, et quel est le fond de leur coeur.
Un jeune soldat a pu rencontrer un aumônier, et puis d’autres soldats, qui appartiennent comme lui à l’Association de la Jeunesse catholique française 1 ; il s’en réjouit : « C’est si bon de vivre un peu la vie de l’A.
C’est à lui, doué plus qu’aucun du don divin, de savoir et de vouloir enclore dans la forme durable ces grandes idées dégagées, de faire qu’elles vivent aux yeux, et qu’elles se terminent par des contours, et qu’elles se composent dans des ensembles qu’avoue l’éternelle Beauté. […] Jocelyn guéri a vécu de longues années encore, et il s’est tu, ou du moins il n’a plus repassé ses douleurs. […] Jocelyn n’est bien souvent que Lamartine à peine dépaysé, ayant légèrement romancé et poétisé ses souvenirs, ayant reporté de quelques années en arrière son berceau, comme cela plaît tant à l’imagination et au cœur ; car l’enfance d’ordinaire est si belle, si fraîche en nous de souvenirs, qu’on s’arrangerait volontiers pour avoir vécu homme durant ce temps.
En Toulousain665, à Saint-Pierre de Bajourville, le moindre journalier, n’ayant que ses bras pour vivre et gagnant dix sous par jour, paye huit, neuf, dix livres de capitation. « En Bourgogne666, il est ordinaire de voir un malheureux manœuvre, sans aucune possession, imposé à dix-huit ou vingt livres de capitation et de taille. » En Limousin667, tout l’argent que les maçons rapportent en hiver sert à « payer les impositions de leur famille ». […] C’est pourquoi, « si certaines paroisses s’avisent d’être exactes et de payer sans attendre la contrainte, le receveur, qui se voit ôter le plus clair de son bien, se met de mauvaise humeur, et, au département prochain, entre lui, MM. les élus, le subdélégué et autres barbiers de la sorte, on s’arrange de façon que cette exacte paroisse porte double faix, pour lui apprendre à vivre » Un peuple de sangsues administratives vit ainsi sur le paysan. « Dernièrement, dit un intendant678, dans l’élection de Romorantin, il n’y eut rien à recevoir par les collecteurs dans une vente de meubles qui se montait à six cents livres, parce qu’elle fut absorbée en frais. […] Abolissez les droits barbares de « motte, quevaise et domaine congéable, sous lesquels plus de cinq cent mille individus gémissent encore en Basse-Bretagne » « Vous avez dans vos armées, sire, plus de trente mille serfs franc-comtois » ; si l’un d’eux devient officier et quitte le service avec une pension, il faut qu’il aille vivre dans la hutte où il est né ; sinon, lorsqu’il mourra, le seigneur prendra son pécule.
On eût dit que cet enfant avait deviné le sérieux et les tristesses de l’existence, et que son ange gardien, comme on disait autrefois, ou son étoile, comme on dit aujourd’hui, lui avait déchiré dès le berceau le voile qui dérobe l’horizon humain à tout homme destiné à vivre dans ce monde fantastique en écartant des fantômes pour marcher à des ombres. […] Il sera de plus un poète sérieux, ayant le respect de ceux qui l’écoutent, et non un de ces poètes moqueurs et siffleurs, tels que nous venons d’en voir vivre et mourir deux ou trois, qui mêlent le fifre au concert des anges, et qui soufflent la froide ironie dans l’âme de la jeunesse, au lieu du saint enthousiasme, seul thème véritable des chants immortels ! […] Il part pour la montagne, et son cheval l’enlève : Vivent les monts !
Plus vous me montrez de chances de succès, s’il me convenait de vivre, plus beau et plus méritoire, à moi, me sera-t-il de mourir ! […] La meilleure preuve que je puisse vous donner de la liberté réfléchie de ma résolution, c’est que je ne me plains de personne ; car maudire les Dieux ou accuser les hommes, c’est le signe d’un homme qui répugne à mourir et qui voudrait vivre encore. » Quelle grandeur de civisme, même dans ses vices, étale ce peuple romain ! […] VII « Il employait, pour les résoudre à vivre, l’autorité sur les jeunes gens, les supplications avec les vieillards ; serein de visage, intrépide d’accent, se refusant les larmes intempestives.
Ils vivent, mais d’une vie qui ne paraît plus humaine. […] Car « je hais, comme dit Montaigne, cruellement la cruauté », et j’aimerais mieux, je vous le jure, être privé des « bienfaits de la Révolution » et vivre dans la plus fâcheuse inégalité civile et qu’on n’eût pas coupé |a tête de Marie-Antoinette et celle d’André Chénier. […] A-t-on le droit de juger ainsi ceux que l’on sert, ou, les jugeant ainsi, de continuer à les servir, c’est-à-dire à vivre d’eux Je ne sais ; les choses, dans la réalité, ne se présentent point aussi simplement.