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1924. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Cela se fait-il par la vertu essentielle du sujet ?

1925. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Ils répondent à ce besoin de perpétuité et de tradition qui est une vertu nationale ils témoignent du respect que doit avoir toute grande nation pour son passé.

1926. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ailleurs, parlant du plaisir pieux que trouvait saint Louis à lire les Écritures, et comparant son respect pour les livres sacrés au respect d’Alexandre pour les poèmes d’Homère, il dit : Il les tenoit enclos comme un riche trésor Dans un coffre odorant de cèdre et de fin or : Il les vouloit nommer la fleur de ses délices L’aiguillon des vertus et la bride des vices.

1927. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

« Et la postérité, ajoute-t-il, lui faisant justice et voyant en lui des mœurs tout conformes à celles de ces grands hommes de l’antiquité, admirera la candeur et l’ingénuité de cet esprit élevé au-dessus du commun, quoique les hommes jaloux maintenant de sa gloire ne veuillent pas reconnaître une vertu si sublime. » C’est sa franchise qui lui attire ces libelles diffamatoires dont les auteurs ont pris dans ce qu’il dit de lui le spécieux prétexte et la matière de toutes leurs accusations.

1928. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Quand je m’interroge sur les articles les plus importants et le plus définitivement acquis de mon symbole scientifique, je mets au premier rang mes idées sur la constitution et le mode de gouvernement de l’univers, sur l’essence de la vie, son développement et sa nature phénoménale, sur le fond substantiel de toute chose et son éternelle délimitation dans des formes passagères, sur l’apparition de l’humanité, les faits primitifs de son histoire, les lois de sa marche, son but et sa fin ; sur le sens et la valeur des choses esthétiques et morales, sur le droit de tous les êtres à la lumière et au parfait, sur l’éternelle beauté de la nature humaine s’épanouissant à tous les points de l’espace et de la durée en poèmes immortels (religions, art, temples, mythes, vertus, science, philosophie, etc.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté.

1929. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Schopenhauer fait de la compassion la première des vertus : « La compassion est l’unique motif d’action qui soit vraiment moral, le seul qui ne soit pas égoïste » (Éthique, 231).

1930. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Schiller chantait la liberté morale, l’effort de la vertu, et tendait au sublime ; Goethe, cherchant la beauté calme et fine, reproduisait plutôt, comme un miroir fidèle, les conditions naturelles de la vie.

1931. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Sa colère et son dédain étaient si grands quand il se détrompait d’un talent, d’une vertu, d’une beauté, dont la découverte et la croyance l’avaient rempli de tant de joie !

1932. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

l’intérêt et la pitié du spectateur, si telle est la volonté d’un poète tout-puissant, vont se porter même sur le vice et même sur le crime, à condition qu’ils seront mélangés d’une certaine dose d’honnêteté et de vertu.

1933. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

On voit ce peuple armé, en proie à toutes les agitations populaires, entraîné par son enthousiasme, ébranlé par ses défiances, s’efforçant de raisonner, et n’y parvenant pas, faute d’habitude ; bravant l’autorité, et mettant pourtant son honneur à obéir à son chef ; insultant à la religion, et recueillant avec avidité toutes les traditions superstitieuses : mais toujours fier de sa force, toujours plein de mépris pour toute autre profession que celle des armes, ayant pour vertu le courage, et pour but, le plaisir du jour.

1934. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des villes M’occuper tout entier, et m’apprendra des cieux, Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les dons et les vertus de ces clartés errantes Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?

1935. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Leur vertu se satisfait elle-même. » Il y a peu de chose de plus curieux, pour moi, que Pascal faisant une fable de La Fontaine, et cette fois, il l’a faite.

1936. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Michelet est un déiste, qui croit que les fleurs, l’histoire naturelle et le déisme, cette religion cul-de-jatte, sont les meilleures garanties de la vertu et du bonheur des femmes.

1937. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Les hommes comme Newman et Pusey ont, par leurs travaux théologiques, diminué les préjugés anglicans, et ils les diminuent encore : l’un par le magnifique exemple de sa conversion, l’autre par la pureté et la vertu de toute sa vie.

1938. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

D’ailleurs, il faut le dire, et très haut, une des vertus du symbolisme naissant fut de ne pas se courber devant la puissance littéraire, devant les titres, les journaux ouverts, les amitiés de bonne marque, et de redresser les torts de la précédente génération. […] Borluut et Godelieve peuvent être la vraie vertu ; comme ils parlent une simple langue d’extase, ils ne pourront passer inaperçus dans une Babel du chiffre. […] Donc, en principe, deux choses sont établies, l’homme n’est qu’un cerveau reflétant des pensées, sa joie est rêve (Véra), sa douleur est déception (La Torture par l’espérance), et son éphémère existence, si elle n’est celle d’un passant, ne peut se résoudre que dans l’affirmation par le talent ou la vertu d’une identité du vivant, ou d’une recherche de ressemblance tentée par lui vers une belle minute d’éternité, c’est-à-dire une minute de Dieu. […] Cela avait un reflet des paroles tonnantes de politiciens flétrissant les bleus et les verts, ceux qui discutaient des vertus théologales pendant que les Turcs étaient aux portes de Constantinople, et appariant à ces Grecs des gens de Paris. […] D’après Bernard Lazare, l’art social reprendrait la tentative naturaliste, en lui ajoutant les vertus qui lui manquaient.

1939. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Mais si, d’une part, il n’y a pas de philosophe, fût-il Descartes ou Schopenhauer, qui ne doive plus à la philosophie qu’il ne croit, d’autre part, tout philosophe ou psychologue ou savant qui a groupé un public, suscité un courant, éveillé une attention comme Bergson ou Freud, ne l’a pu faire qu’en vertu, non de ce qu’il tenait d’autrui, mais bien de ce qu’il tirait de lui-même. […] Il porte le haubert que portait Salomon, le moraliste, le sage, la personnification de la raison et de la vertu ? […] Vodoz et signifie qu’il doute non de son raisonnement, mais de la vertu de Salomon.) […] Corneille ne prêchait-il pas la vertu ? et, dans ses pièces, le vice n’est-il pas toujours puni, tandis que la vertu est récompensée ?

1940. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Écoutons et méditons cette admirable page de Mithouard où sont inscrites les plus nobles vertus de l’Occident : La sagesse de la cathédrale était fondée sur le respect du sol et l’intuition de la race. […] Chaque adversaire reçoit autant de coups qu’il en donne et la victoire n’est nulle part : Bien mieux, la littérature qui jusqu’à ce temps requérait, comme vertus cardinales, le désintéressement et la franchise, se trouve amoindrie et rejetée au second plan. […] D’où vient qu’avec et depuis ces deux grands poètes ils avaient, dans leur expression directe, perdu toute force d’art, toute vertu esthétique ?

1941. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Il ne croit plus à la vertu du nombre 3 ; c’est le nombre 7 qui est pour lui, dans le moment, le nombre porte-bonheur. […] Et voici la grande raison : c’est que dans la fille, il y a un coin d’ordure qui nous exalte, nous autres, et la femme honnête ne comprend pas cette exaltation… en est même jalouse, en sentant qu’elle ne peut pas nous la donner avec toute son honnêteté, toute sa vertu.

1942. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Distraction facile, émotion violente et passagère, grossissement des vices et des vertus, extériorisation de la conscience, curiosité des conflits, des péripéties, des perversités, et toujours par le contact avec la foule, par la lumière, la forme plastique, la musique, voilà de quoi est fait le goût du spectacle qui, à son degré aigu, se retrouve à toutes les époques de crise morale. […] Résignons-nous à avoir toujours, dans notre équation, au moins une inconnue ; et, au lieu de races, parlons de nations ; ici nous avons des éléments matériels qu’il est plus aisé d’évaluer à peu près : les dates du groupement, ses vicissitudes, ses intérêts communs, sa situation géographique, ses conditions d’existence, le climat et les esprits directeurs qui sont d’abord un effet, ensuite une cause, de sorte que tout s’enchaîne et que le passé est la force vive de l’avenir. — Le caractère distinctif d’une nation n’est pas, comme plusieurs semblent le croire, dans telle vertu particulière dont cette nation aurait le monopole ; il est dans l’ensemble, dans un certain dosage des qualités et des défauts que possède chaque nation, mais chacune avec une combinaison différente, avec une orientation particulière.

1943. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Beaux, les nobles amants qui sans crainte ni doute, Vers le même sommet ont pris la même route, Dont le fier idéal n’est jamais abattu, Qui sentent leur amour pareil à la vertu, Et dont le cœur d’enfant peut se montrer sans voiles, Profond comme la mer, pur comme les étoiles !  […] Elle lui paraissait contraire à la politesse, à la modestie, à la tolérance, à la sincérité ; c’est-à-dire aux vertus qu’il estimait entre toutes. […] Jamais il n’avait hésité à proclamer la supériorité de la race germanique, jamais il n’avait cessé de proposer en modèle à la France ses théories, ses vertus, ses exemples. […] Il avait toutes les vulgarités et aucune vertu. […] Le prince avoue, non pas ingénument, mais avec une certaine fierté, qu’il a été un cancre au collège, il raconte comment le Roi, par pure distraction, en allant un jour au-devant de Talleyrand, se mit à boiter comme lui ; comment le colonel Amoros, le prophète de la gymnastique, décernait des prix de toutes sortes, même de vertu cachée ; il nous montre Thiers, sur un cheval emballé « cramponné sur son dos comme un singe de l’Hippodrome » ; il raconte ce mot d’un médecin qui, jaloux de voir un de ses confrères soigner l’aristocratie, le surnommait « le Vengeur du peuple » ; il nous conduit aux bals de l’Opéra d’alors, nous y montre Chicard, les grisettes qu’on invitait à danser du parterre, et que l’on se transmettait de mains en mains, des premières et secondes galeries ; un garde national, un peu gris, dansant le cancan aux Tuileries ; il fait défiler devant le lecteur tous les grands artistes, les grands écrivains de son temps et raconte même de très amusantes historiettes.

1944. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Tout ce culte de l’imagination, qui est la vertu, la foi, l’éloquence du critique, il le transporte, parmi les contemporains, sur M. de Chateaubriand.

1945. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Son jansénisme était fait de taquinerie contre les jésuites et d’amitié pour Arnauld et Nicole : il y entrait surtout de purs sentiments d’honnête homme, un large esprit de tolérance, la haine des faux-fuyants et des équivoques, une sympathique admiration pour la hauteur morale de la doctrine janséniste et pour l’austère vertu de ses défenseurs.

1946. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine, le philosophe « matérialiste », celui qui a écrit que le vice et la vertu étaient des produits comme le sucre et le vitriol, c’est lui qui réprouve, de quelque éclat qu’elles soient revêtues, l’injustice et la violence !

1947. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

D’autre part, toute œuvre durable comporte une difficulté vaincue ; cette victoire souvent lente, exige la volonté de travail, la discipline, l’obstination dans l’effort, vertus qui ne sont pas, dit-on, caractéristiques des races du Midi et que, d’ailleurs, les conditions de vie trop facile, dissolvent.

1948. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

J’ai eu le bonheur de connaître la vertu absolue ; je sais ce que c’est que la foi, et, bien que plus tard j’aie reconnu qu’une grande part d’ironie a été cachée par le séducteur suprême dans nos plus saintes illusions, j’ai gardé de ce vieux temps de précieuses expériences.

1949. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Mozart fut moins parfait : les exigences d’une vie misérable le contraignirent à d’incessantes improvisations, où les vertus de son génie purent seulement être devinés.

1950. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

La vraie sincérité, celle qui n’est pas une attitude vaine d’arriviste politique ou littéraire, celle qui est dans la vie et non dans les professions de foi, dans les mœurs et non dans les mœurs oratoires, celle qui est « l’horreur du servilisme, de la palinodie et des concessions hypocrites », loin de se montrer banale comme une préface de Saint-Georges de Bouhélier, « ne semble plus que la vertu des seuls prédestinés ».

1951. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Nous exigeons d’elles tous les vices et toutes les vertus.

1952. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

» * * * — Fabriquer de la vertu, je ne dis pas que cela n’arrive pas quelquefois à des écrivains propres, mais j’affirme que tous les écrivains qui ont fait des chaussons de lisières à Clairvaux, ou de vilaines choses, pour lesquelles il n’y a pas de gendarmes, n’inventent dans leurs livres, que des gens honnêtes.

1953. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Tous les incidents sont des catastrophes, toutes les entreprises héroïques, les passions et les émotions intenses, les intrigues ténébreuses, et les vertus angéliques.

1954. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Il avait dès ce temps-là les yeux chassieux ; ma mère lui donnait, pour fortifier sa vue, de petites fioles où elle recueillait les pleurs de la vigne, sève du cep qui sue au printemps une sueur balsamique ayant, dit-on, la vertu sans avoir les vices du vin.

1955. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Jamais un monologue ne fait un bel effet que quand on s’intéresse à celui qui parle, que quand ses passions, ses vertus, ses malheurs, ses faiblesses font dans son âme un combat si noble, si attachant, si animé, que vous lui pardonnez de se parler à soi-même.

1956. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Pensent, en beau discours nous peignant la vertu, Nous donner de l’horreur pour le vice abattu… [Ceci est une allusion à la tragédie telle qu’on l’avait comprise il y avait quarante ans, à la tragédie de Corneille.]

1957. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Émile Zola met sur la couverture de son livre : « Physiologiquement, c’est l’histoire de la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations naturelles, humaines et instinctives, dont les produits prennent les noms de vertus ou de vices… » Ainsi que vous le voyez par cette lourde et pédantesque affiche, les livres de M. 

1958. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

C’est que nous ne nous intéressons profondément qu’aux êtres le plus loin de nous dans la vie, non par la position extérieure, mais par l’intimité des sentiments, par la vertu ou par le vice.

1959. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Nous suivons encore une marche analogue à celle de ces premiers hommes, mais c’est à l’égard des choses intellectuelles, telles que les facultés de l’âme, les passions, les vertus, les vices, les sciences, les arts ; nous nous en formons ordinairement l’idée comme d’autant de femmes (la justice, la poésie, etc.), et nous ramenons à ces êtres fantastiques toutes les causes, toutes les propriétés, tous les effets des choses qu’ils désignent.

1960. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Alexandre permettent de suivre, expérimentalement, si l’on peut dire, dans le grand poète dont il fut l’ami, le jeu singulier de cette faculté, les vertus qu’elle exalte, comme aussi les défauts vers lesquels elle précipite ses victimes.‌ […] Nous avons tous en nous, que nous le sachions ou non, ce que Carlyle appelait : le culte du héros, c’est-à-dire du personnage représentatif dans lequel se résument les vertus propres à un groupe d’individus. […] Aucun homme n’a représenté à un degré supérieur les hautes vertus du grand artiste littéraire. […] S’ils n’eussent pratiqué, de longues années durant, ces vertus, le premier de chevaleresque entreprise, le second d’invincible endurance, leurs romans fussent restés ce qu’ils voulaient que ces livres restassent, de simples récits d’aventures. […] On a loué ce grand poète de ses négligences affectées d’artiste, on l’a célébré parce qu’il était un homme d’esprit et un amoureux, — comme si dans une œuvre de poésie il pouvait se rencontrer une vertu supérieure à la beauté poétique pure.

1961. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais l’hérédité n’a pas cette vertu. […] Ensuite et surtout, le sang avait une vertu spéciale. […] Certes, l’humanité semble avoir souhaité en général que ses dieux fussent bons ; souvent elle a mis les vertus sous leur invocation ; peut-être même la coïncidence que nous signalions entre la morale et la religion originelles, l’une et l’autre rudimentaires, a-t-elle laissé au fond de l’âme humaine le vague idéal d’une morale précise et d’une religion organisée qui s’appuieraient l’une sur l’autre.

1962. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

On représente encore comme un grand avantage pour le public que, si nous écartons tout d’un coup l’institution de l’Évangile, toute religion sera naturellement bannie pour toujours, et par suite avec elle tous les fâcheux préjugés de l’éducation qui, sous les noms de vertu, conscience, honneur, justice et autres semblables, ne servent qu’à troubler la paix de l’esprit humain979. […] Un prince est un metteur en œuvre de tous les vices, incapable d’employer ou d’aimer un honnête homme, « persuadé que son trône ne peut subsister sans corruption, parce que cette humeur courageuse, indocile et fière, que la vertu inspire à l’homme, est une entrave perpétuelle aux affaires publiques. » À Lilliput, il choisit pour ministres ceux qui dansent le mieux sur la corde.

1963. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Vertu merveilleuse des statistiques, signes de la foi nouvelle, devant lesquels se prosterne, abandonnant tout jugement, l’homme moderne. […] Qui ne les souhaiterait, au fond de son cœur, serait entre nos confrères, un confrère de rare vertu.

1964. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

« La société allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire ; en dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire, oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. […] Il devait terminer la Comédie humaine, écrire la Théorie de la Démarche, faire la Monographie de la Vertu, une cinquantaine de drames, arriver à une grande fortune, se marier et avoir deux enfants, « mais pas davantage : deux enfants font bien, disait-il, sur le devant d’une calèche. » Tout cela ne laissait pas que d’être long, et nous lui faisions observer que, ces besognes accomplies, il aurait environ quatre-vingts ans. « Quatre-vingts ans ! […] Il aima la femme de nos jours telle qu’elle est, et non pas une pâle statue ; il l’aima dans ses vertus, dans ses vices, dans ses fantaisies, dans ses châles, dans ses robes, dans ses chapeaux, et la suivit à travers la vie, bien au-delà du point de la route où l’amour la quitte. […] Sur noire prière expresse, la fameuse purée d’oignons, douée de tant de vertus hygiéniques et symboliques et dont Lassailly faillit crever, n’y figura point — Mais les vins étaient merveilleux ! […] Le christianisme, et surtout le catholicisme, étant, comme je l’ai dit dans le Médecin de campagne, un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme, est le plus grand élément de l’ordre social. » Et avec une ingénuité qui sied à un grand homme, prévoyant le reproche d’immoralité que lui adresseront des esprits mal faits, il dénombre les figures irréprochables comme vertu qui se trouvent dans la Comédie humaine : Pierrette Lorrain, Ursule Mirouët, Constance Birotteau, la Fosseuse, Eugénie Grandet, Marguerite Claës, Pauline de Villenoix, madame Jules, madame de la Chanterie, Ève Chardon, mademoiselle d’Esgrignon, madame Firmiani, Agathe Rouget, Renée de Maucombe, sans compter parmi les hommes, Joseph Le Bas, Genestas, Benassis, le curé Bonnet, le médecin Minoret, Pillerault, David Séchard, les deux Birotteau, le curé Chaperon, le juge Popinot, Bourgeat, les Sauviat, les Tascherons, etc.

1965. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

A Télémaque lui-même qui s’étonne de tant de prudence, Ulysse a besoin de dire : Peut-être tu sauras, par l’exemple d’un père, Que parfois au héros la feinte est nécessaire ; Qu’elle est vertu souvent, et qu’avec le danger La forme du courage est sujette à changer83.

1966. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Et d’abord il paraît constant, nonobstant chicanes, que le premier petit écrit dont se compose cette Satyre farcie (l’écrit intitulé la Vertu du Catholicon) fut imprimé réellement en 1593, avant la chute de la Ligue ; il n’est pas moins certain, pour peu qu’on veuille réfléchir, que tous ces quatrains railleurs, ces plaisantes rimes , épîtres et complaintes, que la Ménippée porte avec elle, coururent imprimées ou manuscrites, et durent être placardées, colportées au temps même des événements qui y sont tournés en ridicule.

1967. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Lorsqu’aujourd’hui l’on repasse avec quelque attention sur ces anciens âges, sur cette verte époque première du XIIIe siècle, où la palme épique, si flétrie depuis et si morte, appartenait à la France, on se prend à regretter amèrement que cette sève vigoureuse ait été perdue, ait été comme non avenue, qu’elle n’ait eu en rien son effet et sa vertu de nutrition dans la végétation finale du grand arbre !

1968. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Nul n’est si touché du bonheur et des vertus de la société future.

1969. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» X Après cette idée formidable de la puissance de son protecteur, le poète vainqueur et couronné revient à lui et se rend à lui-même un fier hommage pour ses vertus.

1970. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Pour le moment, il aime, de neuf heures à minuit, le spectacle des vertus qu’il pratique le moins pendant ses heures d’activité sociale.

1971. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Une société anarchique supposerait que l’altruisme est devenu la règle de tous les hommes, qu’ils appliquent cette règle même sans le vouloir, comme, pour les stoïciens, un homme vertueux pratique la vertu.

1972. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Il n’importe ; votre vertu n’est point farouche, et jamais personne n’a mieux accordé Dieu et le monde que vous ne faites. » Le 26 juillet 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Hier, comme j’étais toute seule dans ma chambre avec un livre précieusement à la main… » Le 21 octobre suivant, elle écrit à sa fille : « L’honnêteté et la préciosité de mon long veuvage… » La langue, le bon sens et madame de Sévigné s’accordent très bien à consentir que précieuse soit entendu par la bonne compagnie comme signifiant qui a du prix, du mérite, de la valeur, et par opposition aux femmes communes, sans valeur et sans mérite, de toutes les conditions.

1973. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Le feu de l’esprit a la vertu du feu terrestre : il purifie tout ce qu’il touche, il épure la fange ardente que traversent, en courant, sans s’y salir, ces vérités nues, toutes frissonnantes de leur nudité.

1974. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Non : l’absence des fautes ne constitue pas plus le style que l’absence des vices ne fait la vertu.

1975. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Songez jour et nuit que vous allez travailler désormais sous les yeux d’un prince qui s’informera du progrès que vous aurez fait dans le chemin de la vertu et qui ne vous considérera qu’en tant que vous y aspirerez de la bonne sorte.

1976. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Prends garde, femme de vertu, recule devant cet abîme… Père Tout-Puissant, tu m’as appelé dans la solitude ; tu m’as dit : « René ! […] Au lieu de l’ère nouvelle qui devait se lever, c’est le dégoût qui se lève, et ces innombrables livres ont eu pour résultat de nous faire aimer la vertu, ne serait-ce que pour savourer l’agrément d’une nouveauté et le charme d’un changement. […] Aux Chansons de geste, où l’on exaltait les vertus guerrières et chevaleresques, succédèrent, par une transition naturelle, les longs récits purement fabuleux et amoureux, puis les romans de chevalerie, venus d’Espagne. […] Par quoi donc l’Héloïse de Rousseau a-t-elle séduit son époque, sinon par l’honnêteté dans l’amour, par l’idéal dans la passion, par la vertu dans la faute ? […] La vertu a le droit de se montrer, maintenant que le vice s’épuisa et lui laisse la place.

1977. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

dont il me parut émaner une vertu de consécration, lettre pénétrante qui, insistant sur les qualités harmoniques, verbalement orchestrales de « ma suite de morceaux », m’indiquait à moi-même que l’intuition en moi avait dès lors réalisé en cette voie plus que n’annonçait ma Préface. […] Ghil, pour encombrante qu’elle soit, ne tient aucune place en art. »)   J’ai transcrit ces lignes pour situer le plus du « Mercure « des deux premières années au regard de la « Poésie scientifique »  mais aussi pour montrer, par un exemple précieux de quelle matière vibrante, de quelle vertu d’art, de quelle capacité de modestie et de dévouement étaient nombre de talents d’alors. […] Alors est-il tout indiqué d’admettre que Stéphane Mallarmé portait dès lors en lui, en énergie plus ou moins latente, plusieurs des vertus poétiques de Baudelaire, et tout particulièrement et en prime tendance le don de suggestion et d’analogie — ou Symbolisme, entendu tel que privé de ses intentions philosophiques plus tard mises au point, ou empruntées. […] Mais, en dehors de tout Symbolisme — ce procédé comporte en résultante simple une vertu générale de « suggestion » : art d’évoquer supprimant désormais, tant il l’appliqua inéluctablement, la narration, la description et l’éloquence. […] En cette vertu — que possédèrent d’ailleurs tous les grands poètes, mais dont lui plus que nul autre concentra les puissances  en elle surtout, apport énorme qui assure à l’œuvre de Mallarmé si rare soit-elle, une renaissance d’enseignement pour toute nouvelle génération poétique, réside une action qui a été totale, nous le répétons, en dehors du seul Symbolisme.

1978. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Tout ce monde visible est vain ; il n’y a de vrai que la vertu de l’homme, l’énergie courageuse par laquelle il prend le commandement de lui-même, et l’énergie généreuse par laquelle il s’emploie au service d’autrui. […] » Avec les mêmes inquiétudes, Piers Plowman part pour chercher Bien-Faire, et demande à chacun de lui enseigner où il le trouvera. « Chez nous », lui disent deux moines. « Non, dit-il, puisque l’homme juste pèche sept fois par jour, vous péchez, et ainsi la vraie justice n’est pas chez vous. » C’est à « l’étude et à l’écriture », comme Luther, qu’il a recours ; les clercs parlent bien de Dieu à table et aussi de la Trinité, « en citant saint Bernard, avec force beaux arguments pompeux, quand les ménestrels ont fini leur musique ; mais pendant ce temps les pauvres peuvent pleurer à la porte et trembler de froid sans que nul les soulage. » Au contraire, on crie contre eux comme après des chiens, et on les chasse. « Tous ces grands maîtres ont Dieu à la bouche, ce sont les pauvres gens qui l’ont dans le cœur168 », et c’est le cœur, c’est la foi intérieure, c’est la vertu vivante qui font la religion vraie.

1979. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Or si notre race en est venue à ce point d’indifférence imbécile et d’avachissement que rien ne semble plus l’émouvoir, qu’elle subit, comme un bétail passif, toutes leurs vilenies que les Voleurs des Banques et leurs Domestiques de Gouvernance lui infligent, c’est parce qu’elle a trop cru à la vertu du grand nombre. […] Précieuse vertu, cher ami, force qu’il me plaît de trouver toujours vivante en toi malgré les rires et les grognements envieux des impuissants et des égoïstes imbéciles que tu flagelles… Mais allons souper : ma femme doit nous attendre. […] Rejetant quiconque s’humilie, se soumet ou n’emploie pas ses énergies au développement de sa volonté, nous choisissons, nous favorisons les forts, ceux chez qui l’acte suit le concept, ceux pour qui la satisfaction de leurs désirs est la seule loi, ceux enfin en qui l’orgueil est une vertu parce qu’il les sauvegarde de l’incertitude et de l’obéissance aux préceptes qui mènent le grand nombre.

1980. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Envoyez une dépêche à Worth, à Laferrière, à Reboux, à Ferry, à Vertus. […] Et moi qui aux Enfers vous avais assigné une place parmi les Sospesi, où se trouvent Virgile et tous ceux qui ne peuvent aller en Paradis malgré leurs vertus, mais qu’on ne peut pas non plus envoyer aux enfers et qui sont en suspens entre les deux ! […] la vertu.

1981. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Cela serait triste à penser ; un tel désaccord entre le caractère et le talent, entre la vie pratique et les œuvres, concevable après tout dans des hommes de génie plus ou moins ironiques ou égoïstes, ne se peut admettre aisément chez celui dont le talent a pour inspiration et pour devise principale l’amour des hommes, la miséricorde envers les malheureux, toutes les vertus du cœur et de la famille.

1982. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Il n’a envisagé Louis IX que du côté des vertus politiques, guerrières et morales.

1983. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Nous verrons, dans la suite du récit, que cette supposition, incompatible avec le caractère, la vertu, la situation de Léonora, n’a pas plus de réalité dans le caractère et dans la conduite du Tasse lui-même.

1984. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Parmi ces hommes qui comprennent si mal les hautes pensées et les sentiments généreux, il reste cependant encore une secrète admiration pour des vertus et un dévouement dont ils sont incapables.

1985. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

En lui voyant le visage d’un ange, il s’imagine qu’elle en a l’âme aussi : Là-haut, dans sa vertu, dans sa beauté première, Veille, sans tache encore, un ange de lumière ; Un être chaste et doux, à qui sur les chemins, Les passants à genoux devraient tendre les mains… Marion ne comprend pas très bien ce langage, différent de celui qu’elle a entendu jusqu’à ce jour.

1986. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

On ne la reprendra point par vertu mais par grande nécessité.

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