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1254. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Après Paris, où plaisirs et peines au moins se rencontrent, terre et ciel, le reste est vide. […] Huit soirs ce soir que tu reposes là-bas, à Andillac, dans ton lit de terre.

1255. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

» Pour Guillaume Favre le bonheur n’était point si court qu’un brûlant été, ni si passager qu’un jour d’orage ; il sut le fixer autant qu’on le peut ici-bas, et il se serait plu sans nul doute à répéter et à s’appliquer à lui-même, s’il l’avait connue, cette page riante et modérée que je lisais dernièrement dans le journal familier d’un homme de son âge, et qui y est inscrite sous ce titre assez naïf, Le Paradis sur terre 42 : En faisant ce matin, de bonne heure, une promenade agréable et par le temps le plus délicieux, respirant l’air le plus pur et admirant la tranquille et paisible gaieté du paysage, je me disais : Un homme de Moyen Âge, jouissant d’une bonne santé et d’une fortune un peu au-dessus de ses besoins stricts, et par là dans une situation sociale indépendante, pouvant se donner le séjour de la campagne en été, celui d’une grande ville en hiver, ayant quelque goût pour la littérature et les beaux-arts, usant de tous ces avantages qui peuvent cependant se trouver réunis assez facilement, et les appréciant avec un peu de philosophie, ne pourrait-il pas dire qu’il serait ingrat de penser avec le sage Salomon : Vanité des vanités, tout n’est que vanité ? […] Moi, j’ose penser qu’un tel homme, doué de cette réunion d’avantages, serait tellement heureux que l’on ne peut se faire l’idée d’une situation plus agréable, même en paradis ; il n’y manquerait que la durée pour avoir ainsi le ciel sur la terre.

1256. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Au second chapitre de la Genèse, il est dit d’Adam « que le Seigneur Dieu ayant formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin de voir comment il les appellerait : et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. » Mais cette langue primitive d’Adam est perdue ; et puis il s’agit ici de nommer les pareils d’Adam, ou, pour ne pas sortir de notre ton et de notre sujet, il s’agit de trouver une juste nomenclature à des esprits et des talents humains, matière essentiellement ondoyante et flottante, diversité et complication infinie. […] Telle qu’elle est dans son magnifique débris, et plus mutilée qu’un temple de Paestum, son histoire nous apparaît encore la plus digne qui se puisse concevoir du peuple-roi, et quand Scipion l’Africain, s’adressant à son petit-fils dans ce beau songe, lui dit que « de tout ce qui se fait sur la terre, rien n’est plus agréable à ce Dieu suprême qui régit tout cet univers que les réunions de mortels associés par les lois et que l’on nomme cités », il lui désigne en effet l’empire romain, la merveille de cette république et de cet empire tel que Virgile l’a rassemblé en idée sur le bouclier divin de son héros, et tel que le seul Tite-Live le décrira.

1257. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Catherine, qui gouverna la Russie pendant trente-quatre ans, n’était point Russe, mais Allemande : princesse d’Anhalt-Zerbst, élevée et nourrie dans les terres prussiennes, elle fut mariée à seize ans au neveu de Pierre le Grand, Pierre, duc de Holstein, d’un an plus âgé qu’elle, et que l’Impératrice Élisabeth avait adopté pour son héritier. […] Et quelques années auparavant, pendant un pèlerinage de l’Impératrice au couvent de Troïtza, non loin de Moscou, Catherine, qui s’était établie dans les environs, à Rajova, avec son monde, voyait arriver tous les jours le frère du favori d’alors, l’Hetman des Cosaques, le jeune comte Cyrille Razoumowsky, très-aimable, lequel demeurait assez loin dans sa terre par-delà Moscou, et qui faisait 40 ou 50 verstes tous les jours (10 ou 12 lieues) pour venir dîner et souper dans cette petite société, s’en retournant chaque nuit.

1258. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il est certes des natures merveilleusement douées en naissant, des êtres (surtout femmes) revêtus de dons singuliers, d’aspirations pures, tendres, poétiques, idéales, et qui semblent vouloir glisser, s’élever au-dessus de la terre : ici, chez Sibylle, cette faculté éthérée, cette tendance au sublime est jointe à une fermeté de volonté qui devient le trait caractéristique et qui, dans plus d’un cas, ira jusqu’à la dureté. […] Je sais qu’il y a en tout ceci bien du jeu, que l’art est une chose fort différente de la nature, que ce qui s’appelle roman en particulier est fait pour plaire et amuser à tout prix, et le plus souvent moyennant illusion : je ne voudrais pourtant pas qu’on y mentît par trop, qu’on y donnât des idées par trop fausses et chimériques. et j’ai présent à l’esprit en ce moment la boutade d’un moraliste un peu misanthrope, qui écrivait pour lui seul après la lecture de quelqu’un de ces romans à la Sibylle ou à la Scudéry : « Quand je me reporte en idée aux débuts de l’espèce humaine sur cette terre, à cette longue vie sauvage dans les forêts, à ces siècles de misère et de dureté de l’âge de pierre qui précéda l’âge de bronze et l’âge même de fer ; quand je vois, avant l’arrivée même des Celtes, les habitants des Gaules, nos ancêtres les plus anciens, rabougris, affamés et anthropophages à leurs jours de fête le long des fleuves, dans le creux des rochers ou dans les rares clairières ; — puis, quand je me transporte à l’autre extrémité de la civilisation raffinée, dans le salon de l’hôtel de Rambouillet ou des précieuses spiritualistes de nos jours, chez Mme de Longneville ou chez Mme de…, où l’on parle comme si l’on était descendu de la race des anges, je me dis : L’humanité n’est qu’une parvenue qui rougit de ses origines et qui les renie.

1259. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

« Charles-Édouard, depuis ce temps, nous dit l’historien, se cacha au reste de la terre. » Plût à Dieu pour lui, pour l’honneur de sa mémoire, qu’il se fût en effet caché et dérobé à tous ! […] « Sublime miroir de pensées sincères, montre-moi en corps et en âme tel que je suis : — cheveux maintenant rares au front, et tout roux ; — longue taille, et la tête penchée vers la terre ; — un buste fin sur deux jambes minces ; — peau blanche, yeux d’azur, l’air noble ; — nez juste, belles lèvres et dents parfaites ; — plus pâle de visage qu’un roi sur le trône ; — tantôt dur, amer, tantôt pitoyable et doux ; — courroucé toujours, et méchant jamais ; — l’esprit et le cœur en lutte perpétuelle ; — le plus souvent triste, et par moments très gai ; — tantôt m’estimant Achille, et tantôt Thersite. — Homme, es-tu grand ou vil ?

1260. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Hors de là il est terre à terre : il broche et publie ses feuilles moins pour dire la vérité qui le possède et l’enflamme, moins pour satisfaire à une passion de bon sens et de raison, que pour s’en faire un moyen de subsistance ou de fortune.

1261. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Pour moi, une pièce qui me paraît touchante de forme et de sentiment est celle que M.Luzel a consacrée à la mémoire de Brizeux, l’amoureux de Marie, le barde qui s’est écrié en l’un de ses meilleurs chants, voulant exprimer d’un mot sa terre natale : Ô terre de granit, recouverte de chênes !

1262. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

On partait chaque printemps ; chaque fleur de génération, chaque élite nouvelle s’envolait à son tour à travers le monde et par les vastes espaces de la terre habitable, comme disait Homère : on allait tout droit devant soi, au hasard, à la découverte, selon les versants et les pentes, à la rencontre d’un meilleur climat, d’un plus beau soleil, en quête des terres fécondes, des moissons et des vignes là où il y en avait ; on avait pour droit sa passion, sa jeunesse, l’impossibilité de vivre où l’on était, — le droit du plus jeune, du plus fort, du plus sobre, sur les races voluptueuses et amollies.

1263. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Il dort, et voit en songe les destinées futures de l’Amérique jusqu’à La Fayette et Bolivar ; puis, vers le matin du troisième jour, il se réveille aux cris de : Terre ! terre !

1264. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Je recommanderai encore, d’après mon ami qui la chantait à ravir, la romance intitulée le Tombeau du Poète persan, et ce dernier couplet où la fille du poëte expire sous le cyprès paternel : Sa voix mourante a son luth solitaire Confie encore un chant délicieux, Mais ce doux chant, commencé sur la terre, Devait, hélas ! […] Il y a certes dans ces accents comme un écho avant-coureur des premiers chants de Lamartine, qui devait dire à son tour en son Invocation : Après m’avoir aimé quelques jours sur la terre, Souviens-toi de moi dans les cieux.

1265. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

tout ce que vous pouvez pour l’homme infortuné, c’est d’essayer de le convaincre qu’il respirerait un air plus doux dans l’asile où vous l’invitez ; mais si ses pieds sont attachés à la terre de feu qu’il habite, vous paraitra-t-il moins digne d’être plaint ? […] pardonnez, vous êtes vainqueurs, la terreur ou l’enthousiasme prosternent à vos pieds plus de la moitié de l’univers ; mais qu’avez-vous fait encore pour le malheur, et qu’est-ce que l’homme, s’il n’a pas consolé l’homme, s’il n’a pas combattu la puissance du mal sur la terre ?

1266. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Vous n’êtes qu’une misérable pécheresse, qu’un vaisseau de terre qui va tomber, et qui se cassera en pièces, et de toute cette grandeur il n’en restera aucune trace. » — « Il est vrai, ô mon Dieu !  […] Il se prosterna contre terre et fit une prière qui me charma ; il entremêlait des actes de foi, de confiance et d’amour.

1267. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Nous sautâmes à terre, et je montai sur le cap. […] Ces monuments, environnés de bois et de rochers, vus dans tous les accidents de la lumière, tantôt au milieu des nuages et de la foudre, tantôt éclairés par la lune, par le soleil couchant, par l’aurore, devaient rendre les côtes de la Grèce d’une incomparable beauté : la terre, ainsi décorée, se présentait aux yeux du nautonier sous les traite de la vieille Cybèle qui, couronnée de tours et assise au bord du rivage, commandait à Neptune, son fils, de répandre ses flots à ses pieds.

1268. (1903) Zola pp. 3-31

Elle irrita les disciples de Zola qui, peu qualifiés, quelques-uns du moins, pour faire les renchéris à cet égard, se fâchèrent tout rouge et beaucoup trop, dans un manifeste resté célèbre, publié à propos de la Terre : « Non seulement, disaient-ils, l’observation est superficielle, les trucs démodés, la narration commune et dépourvue de caractéristique ; mais la note ordurière est exacerbée encore, descendue à des saletés si basses que, par instant, on se croirait devant un recueil de scatologie. […] Songez au début de Nana et à la fin merveilleuse de Germinal, et à la fin, si prestigieuse, de la Terre.

1269. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Rien ne vous empêchait de jetter d’une de ces barques à terre une planche qui eût marqué la descente. […] Sur la corniche de la cheminée, des pots, des tasses et autres vaisseaux de terre.

1270. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Cette muse arrachoit des feüillets du livre qu’elle jettoit par terre, et on lisoit sur ces feüillets, secours de Cambrai, secours de Valenciennes, retraite de devant Arras  ; enfin le titre de toutes les belles actions du prince De Condé durant son séjour dans les Païs-Bas, actions dont tout étoit loüable à l’exception de l’écharpe qu’il portoit quand il les fit. […] Le char qu’elle vouloit arrêter l’entraîne elle-même, et le masque qu’elle portoit tombe par terre dans cet effort inutile.

1271. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

On trouve, en effet, dans ce coin de terre, l’exemple de toutes les formes de gouvernement. […] N’est-ce point parce qu’il fallait un berceau pour les sciences humaines ; et que ce berceau ne pouvait être qu’une terre rendue habitable à force de travaux ?

1272. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Encore faut-il que la terre où tombera cette graine ait été remuée par la vie, qu’elle soit apte à recevoir, à envelopper, à nourrir, à porter jusqu’à sa floraison cette semence de pitié, de résignation, de courage ou d’amour, poussière des âmes créatrices qui s’envole, qui se disperse à travers le monde, mais qui ne germe pas partout où elle tombe. […] Nous avons une parenté avec la terre qui nous porte.

1273. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Il y voit la perfection même ; c’est la Beauté qui descend sur la terre, et commence son voyage par l’hôtel de Rambouillet. […] Nous mettons un genou en terre devant celles qui n’ont jamais failli.

1274. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Or l’apparence pour l’homme est que lui-même et avec lui cette terre qu’il habite est le centre de toutes choses. Selon l’apparence encore, la terre est immobile, et doit être infinie dans sa partie inférieure.

1275. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

C’est la fleur de poésie, sans la terre de réalité sur laquelle elle poussa. […] Il est si bon, si salutaire A qui marche avec peine en son chemin pierreux De voir qu’il pousse encor des fleurs sur notre terre Pour embellir les fronts heureux. […] » Elle continue, grandiloquente et naïve, le jeu du parallèle, et elle remplit ses deux colonnes de bavardages lyriques sur Ibsen et Nansen : « Leur couple grandiose et jumeau, sorti de la même terre, des mêmes mœurs suscitant dans leurs âmes énergiques et opiniâtres les mêmes projets ( ?) […] Elle poursuit : « Ce n’est pas la terre », et la terre reçoit les hommages auxquels elle a droit. […] Dans le dernier chapitre : Outre terre, l’auteur découvre des lois sur la nature ; fait parler les éléments terrestres d’une manière la plus dramatique, et enfin nous montre les Planètes rocheuses, et ses habitants, dans un tableau si radieux qu’on s’y voit transporté.

1276. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il s’agit ici de donner à la fois la sensation, le sentiment, l’idée de la terre vue sous un aspect d’évanescence, comme de l’être diminué qui reflue vers le néant. […] Sous cette terre classique, aux inclinaisons intelligentes et modérées, qu’est Dominique, on devine le rocher cornélien. […] Comme Rousseau, et malgré sa mésentente avec Genève, il est d’abord citoyen de Genève, d’un petit coin de terre libre, indépendant des grands organismes nationaux. […] Il est de ceux qui tiennent au christianisme par le sentiment vivant de la personne de Jésus, par la croyance en la vie actuelle, spirituelle, du Jésus de l’Évangile, sel de la terre. […] La base essentielle, maternelle de notre vie consciente, c’est notre vie inconsciente que nous n’apercevons pas plus que l’hémisphère extérieur de la terre, tout en lui restant invinciblement et éternellement liés.

1277. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

c’est bien là, du côté de la Picardie et près de la mer, cette Normandie grasse et féconde, ouverte et reposée, sans beaucoup d’éclat, sans transparence, mais non sans beauté ni sans grandeur ; c’est bien elle avec ses ruines sévères, son ciel variable, sa forte terre de labour et sa végétation ni folâtre ni sombre, mais un peu uniforme dans sa verdure ; c’est bien la plaine d’Arques avec ses souvenirs d’Henri IV et de sa petite armée valeureuse, armée plus serrée et solide que brillante, sur laquelle la soie et l’or se voyaient moins que le fer ; héroïque tous les matins à la sueur de son front, et combattant pour un but lointain, mais sans perspective trop sereine.

1278. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

. — Le Fils de la terre, roman (1864). — Agamemnon, tragédie en cinq actes (1868). — La Fille de Roland, drame en quatre actes (1875). — Les Noces d’Attila, drame en quatre actes (1881). — Poésies complètes, 1850-1881 (1881). — La Lizardière, roman (1883). — Le Jeu des vertus, roman d’un auteur dramatique (1885). — Mahomet (1888). — Le Fils de l’Arétin (1806). — France… d’abord !

1279. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Il trouvait la vieille terre adorable, il la contemplait avec des yeux d’amant.

1280. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Bazalgette pense, avec Carlyle, que le don le plus précieux que le ciel puisse faire à la terre, c’est l’âme d’un homme réellement envoyé des cieux, porteur d’un message pour nous.

1281. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Selon une autre, il fit dans son champ une chute, par suite de laquelle ses entrailles se répandirent à terre 1228.

1282. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Il retient prisonnière à Compiègne la reine-mère, et la force peu après à chercher un asile en terre, étrangère ; il exile ou fait arrêter les amis et les domestiques de cette reine proscrite et met Bassompierre à la Bastille, Il fait décapiter Henri de Montmorency.

1283. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Elle devait même monter plus haut que madame de Montausier ; mais c’est une singularité de sa fortune que la première circonstance par où elle fut signalée, fut l’acquisition de la terre de Maintenon qui appartenait à la maison d’Angennes, dont le marquis de Rambouillet était le chef ; et que, quand le roi donna à madame Scarron, comme on le verra en suivant l’ordre des faits, le titre et le nom de marquise de Maintenon, ce titre et ce nom étaient portés par un des fils d’Angennes ; de sorte qu’elle succéda à un domaine, à un titre, à un nom de l’hôtel Rambouillet, en même temps qu’à la réputation d’esprit et de mœurs, et à la considération de la duchesse de Montausier, dernier rejeton de cette maison.

1284. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

Malherbe a écrit : « C’est que la terre était brûlée / S’ils n’eussent tué ce flambeau. » NdA Défendre (il en était déjà de même du latin defendere) veut dire à la fois repousser et protéger.

1285. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Tous les arts, transportés de Grèce dans cette terre heureuse, y prenoient une vie nouvelle.

1286. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Ces globes habités par des êtres différents de l’homme, cette profusion d’anges, d’esprits de ténèbres, d’âmes à naître, ou d’âmes qui ont déjà passé sur la terre, jettent l’esprit dans l’immensité.

1287. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

Il y a une Méthode de lever les plans & les cartes de terre & de mer, à Paris 1690 in-12.

1288. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 19, qu’il faut attribuer aux variations de l’air dans le même païs la difference qui s’y remarque entre le génie de ses habitans en des siecles differens » pp. 305-312

Mais, objectera-t-on, si ces changemens que vous supposez arriver successivement dans la terre, dans l’air et dans les esprits étoient réels, on remarqueroit dans le même païs quelque changement dans la configuration du corps des hommes.

1289. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Bathild Bouniol7 C’est sous ce ciel-là, retrouvé enfin par la muse de l’auteur des Chants du Passé, que se tient la muse de notre autre poète, Bathild Bouniol, mais elle a les pieds sur la terre, et son œil, plus attentif qu’inspiré, est fixé sur les hommes, qu’elle regarde jusqu’au fond du cœur.

1290. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature.

1291. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

Ainsi, avant l’invention de la poudre, c’est-à-dire avant qu’on eût découvert l’art d’unir la mollesse au courage, et que la faiblesse fût parvenue à détruire sans effort et à triompher sans mouvement, la force du corps a été et a dû être en effet dans la plus grande estime sur toute la terre.

1292. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Ses courtisans l’avaient abandonnée ; elle était assise à terre (Id. ibid. […] l’impératrice étendue par terre dans les jardins de Lucullus, où elle était retournée. […] Ce prince met un genou en terre, et dit à César : « Seigneur, un descendant d’Arsacès, le frère des rois Vologèse et Pacorus, se déclare votre esclave. […] Celui qui plante de si beaux jardins, qui se promène dans ces maisons de campagne, qui possède tant de terres, qui jouit d’un énorme revenu, c’est Sénèque ! […] Alors le tyran perd la raison ; il se roule à terre, déchire ses vêtements, il se frappe.

1293. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

On peut nous tenir ce langage : « Voici la terre, soit ; mais voici l’enfer et voici le ciel. […] Ses ailes ouvertes s’étendaient sur le mur, ses mains allongées descendaient jusqu’à terre. […] Ne parlons pas de La Terre qui les a flétris à plaisir. […] Le Vigneron est plus las encore ; il s’est affaissé sur la terre brune de sa vigne ; il a l’air d’un vieux cep qui reprend racine. […] S’ils le déposent à terre pour un moment, qu’ils se remettent à le porter, la loi du poids se remontrera toute seule.

1294. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

. — L’Égypte, l’Égypte, je suis tourmenté de l’idée d’écrire quelques pages sur ce pays… Figurez-vous, mon cher de Goncourt, une terre tourbeuse, quelque chose ! […] Vendredi 17 juillet Si mon âme à plat éprouve le besoin d’une petite excitation poétique, c’est chez Henri Heine que je la trouve ; si mon esprit ennuyé du terre à terre de la vie, a besoin d’une distraction dans le surnaturel, dans le fantastique, c’est chez Poë, que je la trouve. […] Mais l’attirant de ce monde neuf, qui a quelque chose de la séduction d’une terre non explorée, pour un voyageur, puis la tension des sens, la multiplicité des observations et des remarques, l’effort de la mémoire, le jeu des perceptions, le travail hâtif et courant d’un cerveau qui moucharde la vérité, grisent le sang-froid de l’observateur, et lui font oublier, dans une sorte de fièvre, les duretés et les dégoûts de son observation. […] après, j’ai fait une chose bien bête, je me suis assis près de son lit, — et l’homme faisant le geste de battre la terre de la paume de sa main, ajouta au bout de cela, avec un éclair dans les yeux. — Oui, j’ai dit : Ouvre-toi, ventre insatiable !

1295. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Dîner chez Daudet, en tout petit comité de famille, et le soir, avec Alphonse, une longue et captivante causerie sur la fin de terre touchant au pôle, où il n’y a plus d’humanité, d’animalité, de végétation, où plus rien n’est que glace et nuit, — et sur l’effroi du silence, qui règne dans ce monde glacé. […] Dans la journée, la terre, le ciel, les burnous même sont d’une couleur rougeâtre de la vilaine poterie ; mais au crépuscule, le ciel se fait rose, et les montagnes de l’horizon apparaissant plus légères, moins denses que le ciel, ressemblent à des vapeurs mauves, et la terre du désert se voit bleue, bleue, comme la mer, avec des ondulations du sol ayant l’air de vagues, sous le souffle d’une brise, vous mettant du sel sur les lèvres. […] Il a eu la curiosité de suivre Eyraud, au champ des navets, où il l’a vu mettre en terre, après qu’on a retourné sa tête, dont le visage se trouvait tourné du côté de son dos, dans la bière, sur laquelle il y avait écrit son prix : 8 francs. […] Aujourd’hui, il me reste comme un souvenir de rêve de cette visite : le Flammarion avec sa tête de saint Jean-Baptiste, qu’offre dans un plat d’argent, la peinture italienne à Hérodiade, le monsieur qui a découvert la dernière planète, à la chevelure qui pourrait servir d’enseigne à la pommade du Lion, un jeune homme bancroche, qui nous est présenté par Flammarion, comme l’humain de toute la terre ayant la vue la plus longue.

1296. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

L’existence de ces groupes n’aurait qu’une signification très bornée, si l’un se trouvait être exclusivement adapté à vivre sur la terre et un autre dans les eaux, celui-ci à se nourrir de chair, celui-là de végétaux, et ainsi de suite. […] Comme les membres de classes distinctes se sont souvent adaptés, par suite de modifications légères et successives à vivre sous des circonstances presque semblables, et à habiter, par exemple, la terre, l’air ou l’eau, il n’est peut-être pas impossible d’expliquer comment il se fait qu’on ait observé quelquefois une sorte de parallélisme numérique entre les sous-groupes de classes distinctes. […] Mais si les extinctions d’espèces ont séparé les groupes, elles ne les ont nullement formés ; car si toutes les formes qui ont vécu un jour sur la terre réapparaissent soudain, bien qu’il fût impossible de trouver des définitions rigoureuses, au moyen desquelles chaque groupe pût être exactement déterminé et distingué de tous les autres, parce qu’ils se confondraient tous les uns dans les autres par des gradations aussi serrées que celles que l’on observe chez les variétés vivantes, néanmoins une classification ou du moins un arrangement naturel serait possible. […] N’est-ce pas une chose des plus remarquables que la main de l’homme faite pour saisir et toucher, et la griffe de la Taupe destinée à fouir la terre, de même que la jambe du Cheval, la nageoire du Marsouin et l’aile de la Chauve-Souris, soient toutes construites sur le même plan primitif, c’est-à-dire qu’elles renferment des os semblables, placés dans la même position relative ? […] Comme tous les êtres organisés, éteints ou vivants, qui ont existé sur la terre, doivent pouvoir se classer ensemble dans un même système, et comme tous ont été reliés les uns aux autres par des gradations insensibles, le meilleur arrangement, et même le seul possible, si nos collections étaient plus complètes, serait purement généalogique ; la descendance commune étant, selon moi, le seul lien de connexion caché que les naturalistes ont cherché sous le nom de système naturel.

1297. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

N’ajoutez pas à tous ces chagrins des phrases comme celles qui terminent une de vos lettres, ou je me coucherai par terre, et me laisserai mourir le long d’un mur sans plus bouger. […] Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coup d’imprévu. […] Enfant d’abord, adolescent ensuite, il contempla dans les étroites limites de sa terre natale le spectacle habituel de la plus admirable nature qu’ait enfantée notre globe, et qui alors n’avait pas encore été déshonorée par les prétendus travaux de maladroits défricheurs. […] Il voyage : nous le trouvons parcourant à pied, en compagnie de Théodore Rousseau, la vieille terre du druidisme, qui lui fournira, pour ses Poèmes barbares, le sujet de si grandioses descriptions. […] Ce fut presque à titre d’exercice littéraire, sur le conseil de ses intimes les plus dévoués, et pour réfréner justement son imagination en l’attachant de force à un sujet terre à terre294.

1298. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

La publication de La Terre avait ému ces jeunes gens ; ils protestèrent contre la scatologie montante, le sadisme cérébral de M.  […] La tête émerge d’un hoqueton jaune de terre qu’il porte en ville et aux champs et qu’il surmonte d’un feutre graisseux et démesuré, les jours de pluie. […] La Terre de M.  […] Et voici ce qui a lieu : tandis que le brigadier lui fait sommations sur sommations, il met un genou en terre, il arme son fusil, il épaule. […] « La seconde balle du brigadier l’atteignit à la tête, le jeta à terre.

1299. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Mes guides cependant, d’une commune voix, Regrettaient le bouquet des ormes d’autrefois, Hautes cimes longtemps à l’entour respectées, Qu’un dernier possesseur à terre avait jetées.

1300. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Madame de Genlis, c’est elle qui nous le dit, avait un jeune et aimable sigisbée, M. de Mouliers ; chacun de ses pas dans cette terre classique était marqué par une conquête.

1301. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Sous la voûte tournante et constellée du ciel, par-delà laquelle résident la Trinité, la Vierge, les anges et les saints, au-dessus de l’horrible et ténébreux enfer d’on sortent incessamment les diables tentateurs, au centre du monde est la terre immobile, « où se livre le combat de la vie, où l’homme déchu mais racheté, libre de choisir entre le bien et le mal. est perpétuellement en butte aux pièges du diable, mais est soutenu, s’il sait les obtenir, par la grâce de Dieu, la protection de la Vierge et des saints8 » : lutte tragique, où la victoire assure à l’homme une éternité de joie, la défaite une éternité de supplices.

1302. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Ça vous connaît, rien que parce que votre berceau a posé sur cette terre qui a avalé depuis cent ans de la mitraille au quintal et bu du sang à la barrique. » C’est Jules Vallès, le grand écrivain croquemitaine, qui saluait ainsi, dans une retentissante préface, l’élégant Homme masqué du Voltaire.

1303. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Votre santé morale sera le sel de la terre.

1304. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

., enfin de la supériorité de la princesse de Prusse sur toutes les princesses de la terre.

1305. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Il a pensé ravager votre terre, il n’y a pas deux ans.

1306. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

L’imprudence est grande d’attendre à demander avis sur un bâtiment, qu’il soit déja sorti de terre, et qu’on ne puisse plus rien changer dans l’essentiel de son plan sans renverser la moitié d’un édifice déja construit.

1307. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

Nous ferons voir d’une manière claire et distincte comment les fondateurs de la civilisation païenne, guidés par leur théologie naturelle, ou métaphysique, imaginèrent les dieux ; comment par leur logique ils trouvèrent les langues, par leur morale produisirent les héros, par leur économie fondèrent les familles, par leur politique les cités ; comment par leur physique, ils donnèrent à chaque chose une origine divine, se créèrent eux-mêmes en quelque sorte par leur physiologie, se firent un univers tout de dieux par leur cosmographie, portèrent dans leur astronomie les planètes et les constellations de la terre au ciel, donnèrent commencement à la série des temps dans leur chronologie, enfin dans leur géographie placèrent tout le monde dans leur pays (les Grecs dans la Grèce, et de même des autres peuples).

1308. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Enfin, vers septembre 1826, voilà Farcy libre, maître de lui-même ; il a de quoi se suffire durant quelques années, il part ; tout froissé encore du contact de la société, c’est la nature qu’il cherche, c’est la terre que tout poëte, que tout savant, que tout chrétien, que tout amant désire : c’est l’Italie. […] Je ne voyais qu’un présent dont il fallait jouir, et jouir seul, parce que je n’avais ni richesses, ni bonheur à faire partager à personne, parce que l’avenir ne m’offrait que des jouissances déjà usées avec des moyens plus restreints ; et ne pas croître dans la vie, c’est déchoir. — Et cependant, du moins, tout ce que je voyais alors agissait sur moi pour me ranimer ; tout me faisait fête dans la nature ; c’était vraiment un concert de la terre, des cieux, de la mer, des forêts et des hommes ; c’était une harmonie ineffable, qui me pénétrait, que je méditais et que je respirais à loisir ; et quand je croyais y avoir dignement mêlé ma voix à mon tour, par un travail et par un succès égal à mes forces et au ton du chœur qui m’environnait, j’étais heureux ; — oui, j’étais heureux, quoique seul ; heureux par la nature et avec Dieu. […] pourquoi tous nous considèrent-ils comme des dieux, et à quel titre, aux rives du Xanthe, possédons-nous notre grand domaine, riche en vergers et en terres fécondes ?

1309. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Un homme descend à terre. […] Tous les sept ans il descend un jour à terre pour chercher la fiancée constante ; mais que de fois les femmes, plus perfides que les ondes, l’ont trompé ! […] C’est en vain que les rires et les danses veulent recommencer ; la peur fait chevroter les voix et trembler les jambes, et toujours grossit le chœur lugubre, tant enfin que, jetant à terre leurs verres à demi vidés, les Norvégiens disparaissent avec des gestes d’épouvante.

1310. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Salut à toi, terre nourricière ! […] En même temps qu’il désigne la Déesse de la Terre, personnification de la Nature, il réunit en quelque sorte le nom d’Urda (l’Originelle), attribué dans la mythologie scandinave à la principale des trois grandes Nomes, et le substantif Edda, qui signifie tout ensemble science et grand-mère. […] En revanche, signalons cette appréciation de la scène religieuse du premier acte : « Il est impossible de rendre l’impression qui se dégage de cette merveilleuse scène : l’âme est emportée bien au-delà de la terre ; on voudrait s’agenouiller à côté de ces pieux chevaliers et rester en contemplation devant la manifestation du divin mystère… Une joie ineffable, une paix mystique, un ravissement digne des élus s’exhalent de cette scène merveilleuse ….

1311. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

« Qu’est ceci qui traîne à terre ? […] Et « ses paroles saccadées volent sur ses lèvres flétries : il dit que la terre use le fer ; que l’anneau diminue au doigt qui le porte ; que le sel, la pluie et les pas usent le rocher… Il proclame la dispersion des atomes » et, sous les apparences de la mort, devine la vie souterraine qui se redressera plus tard au baiser de nouveaux soleils. […] Il lui crie : « Ô nature, … Je vois la terre et l’onde à tes époques neuves, Les édens primitifs, et les cycles barbares, Et les grands peuples roux campés au bord des fleuves Où déjà vers la mer descendent leurs gabarres.

1312. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Là vivent, d’une équivoque existence, les êtres dont la destinée d’honneur est perdue : femmes sans mari, grandes dames déchues, aventurières travesties, gentilshommes d’industrie, joueurs tarés, viveurs frauduleux, tout cela végète, fleurit, brille, s’éteint, monte, descend, apparaît et disparaît au hasard, les uns ressaisis par l’abîme de la chute ou de la misère, les autres parvenant à regagner la terre ferme, sinon les hauteurs. […] Il ne professe pas, il ne déclame pas, il n’enfle pas sa voix pour imiter le tonnerre ; il a, envers les femmes, ce terrible don de familiarité auquel nulle ne résiste ; il les flagelle, comme on fouette l’Amour dans les anciens trumeaux, avec une verge de roses ; mais, le fouet donné, il est capable de faire de sa verge un bouquet, et de l’offrir, un genou en terre, à sa pénitente. […] Cette ambition de mariage qui la possède ne peut-elle être l’élan d’une créature naufragée cherchant à regagner la terre ferme ?

1313. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Et l’édition rapportée chez nous, et jetée sur le carreau d’une mansarde, deux ou trois années après, comme nous étions montés dans cette mansarde, je ne sais plus pourquoi, nous nous mettions, chacun dans un coin, assis par terre, à relire un exemplaire ramassé dans le tas — et nous trouvions, ce jour-là, notre premier roman, si faible, si incomplet, si enfantin, que nous nous décidions à brûler le tas. […] C’est comme de la terre qui lui monterait sous le teint. […] ……………………………………………………………………………………………… Au milieu du dîner rendu tout triste par la causerie qui va et revient sur la morte, Maria, qui est venue dîner ce soir, après deux ou trois coups nerveux du bout de ses doigts sur le crêpage de ses blonds cheveux bouffants, s’écrie : « Mes amis, tant que la pauvre fille a vécu, j’ai gardé le secret professionnel de mon métier… Mais maintenant qu’elle est en terre, il faut que vous sachiez la vérité. » Et nous apprenons sur la malheureuse des choses qui nous coupent l’appétit, en nous mettant dans la bouche l’amertume acide d’un fruit coupé avec un couteau d’acier.

1314. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Souvenez-vous aussi de ce bois qui paraît en l’enfoncement avec la noirceur d’une forêt âgée de dix siècles : les arbres n’en sont pas si vieux à la vérité ; mais toujours peuvent-ils passer pour les plus anciens du village, et je ne crois pas qu’il y en ait de plus vénérables sur la terre. […] La retenue des terres est couverte d’une palissade de philiréa apparemment ancienne ; car elle est chauve en beaucoup d’endroits. […] Ils égorgent celui que Thémis, ou le gain, Ou le désir de voir, fait sortir de sa terre !

1315. (1896) Le livre des masques

Elle sert à aller en terre, Être mangée par les vers, Etre mangée par les vers… M.  […] Ayant écrit cela et Vitraux, poèmes qu’un mysticisme dédaigneux pimentait singulièrement, et cette Terre latine, prose d’une si émouvante beauté, pages parfaites et uniques, d’une pureté de style presque douloureuse, M.  […] Un homme s’en va par le monde portant avec soi un coffre plein de terre natale et libre ; il porte son amour ; mais un jour il est écrasé par son amour. […] La Motte de terre explique cela avec lucidité et avec force, travail d’un écrivain tout à fait maître de ses dons naturels et qui les manie avec aisance et cet air de domination qui dompte facilement les idées. […] … Que viens-tu faire sur cette terre où sont les maudits ?

1316. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Une terre inculte ne répond pas toujours aux premiers soins du cultivateur. […] Au lieu de faire tourner le soleil au tour de notre petit globe, il soutint que ce grand astre est immobile au centre du monde ; que Vénus, la Terre, Mars, Jupiter & Saturne, font leur mouvement dans six cercles au tour du soleil ; mais que la Terre a un autre mouvement au tour de son axe, tandis que la Lune fait son circuit au tour de la Terre. […] Vous vous êtes plus avancé qu’eux dans les terres. […] On voyait la terre, les cieux, les enfers, tous les élémens, se succéder au signal d’un coup de baguette. […] Il varie sa culture, & cette terre, qui semblait épuisée, retrouve de nouveaux sucs pour produire de nouveaux fruits.

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