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1528. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Nous, nous avons un mobile, la gloire, l’ambition, et, par-dessus le marché, nous sommes bien vêtus et bien nourris ; mais eux, rien, rien, et chantant au moindre rayon de soleil.

1529. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Nous lisions les nouveaux livres tout haut en récréation : on ne se figure plus aujourd’hui, on ne peut plus se figurer quel enthousiasme, quel transport ce fut pour les premiers vers de Lamartine parmi ceux de notre âge ; nous tous qui voulions faire des vers, nous fûmes touchés ; nous ressentions là le contrecoup d’une révélation ; un soleil nouveau nous arrivait et nous réchauffait déjà de ses rayons… » — Et me transportant moi-même, aujourd’hui, de ces souvenirs d’un passé qui me revient par bribes des conversations de M. 

1530. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Ces sonnets sont empreints de cette triste et poignante sérénité des heures du soir de la vie des grands hommes, où, à mesure que leur soleil baisse, leur âme semble grandir avec leur génie.

1531. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

En avançant vers lui, le parfum des fleurs et la beauté du soleil me frappèrent.

1532. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Je ne connais plus là un menteur, mais un reste du faux brave, du fier-à-bras de la farce, de ce Matamore de l’Illusion, qui met le grand Turc en fuite et force le soleil de s’arrêter.

1533. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Fichte, par exemple, répète sans cesse, dans sa Méthode pour arriver à la Vie bienheureuse : « Ceci n’est-il pas parfaitement évident, plus clair que le soleil ?

1534. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Maintenant, il aperçoit la Forêt, le Ruisseau, la Prairie, l’Ether azuré, les calmes Troupeaux, les Couples amoureux, et la chanson des Oiseaux, et la procession des Nuages, et les mugissements de la Tempête, et le charme du beau Soleil bienheureux qui revient au Monde.

1535. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Troisième acte : dans un passage de nimbes et d’aube précurseur du soleil de Dieu, l’âme de Kundry erre silencieuse ; Parsifal, vêtu des armes chevaleresques et de la croix, lui dit le die Taufe nimm und glaub’an den Erloeseraj.

1536. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Si l’on tient un doigt immobile entre notre paupière close et le soleil, nous ne remarquons pas la présence de ce doigt ; si on lui imprime un mouvement de va-et-vient, nous le discernons.

1537. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Tout concourait, depuis cent cinquante ans, dans la religion, dans la politique, dans les armes, dans l’éducation publique, dans la direction des lettres et des arts, à élever la France à une de ces époques de civilisation, de gloire, de paix, de loisir et de luxe d’esprit où les nations font halte un instant, comme le soleil à son zénith, pour concentrer tous leurs rayons en un foyer de splendeur active et pour montrer au monde ce que peut être un peuple parvenu à sa dernière perfection de croissance d’unité et de génie.

1538. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Caractères généraux de l’épopée romanesque ; — et qu’ils ne sont ni ceux de l’épopée héroïque, — ni ceux de la poésie provençale : — 1º le merveilleux n’y est pas celui des pays du soleil, non plus que le paysage en général ; — 2º l’adoration mystique à la fois et sensuelle dont la femme y est l’objet ne ressemble pas du tout à ce qui respire dans les chansons des troubadours ; — 3º la passion y affecte un caractère de tendresse et de profondeur qu’elle ne présente nulle part ailleurs ; — 4º et le tout s’y enveloppe d’un voile de mélancolie ou de tristesse même qui n’a certainement rien de méridional. — D’autres caractères ne différencient pas moins notre épopée romanesque de la poésie arabe ; — puisqu’on a prétendu voir dans les Arabes les initiateurs de la « chevalerie ». — Elle diffère encore de l’inspiration des Niebelungen. — L’inspiration des romans de la Table-Ronde est foncièrement celtique.

1539. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Copernic, voyant qu’il était impossible d’expliquer les mouvemens des corps célestes, si l’on supposait que ces corps tournent autour de la terre immobile, fit tourner la terre avec eux autour du soleil ; de même Kant, au lieu de faire tourner l’homme autour des objets, fit tourner les objets autour de l’homme.

1540. (1739) Vie de Molière

Un troisième3 appelle un cadran au soleil un greffier solaire, une grosse rave, un phénomène potager.

1541. (1927) Approximations. Deuxième série

Certains mots de Stendhal évoquent irrésistiblement ces noms de batailles napoléoniennes qu’il aimait tant : Eylau, Wagram ; on songe à des couchers de soleil sur des champs de bataille. […] Elle le connaît sans profondeur, et si vainement, qu’elle se prend quelquefois à le ranger au rang de ses rêves ; elle doute du soleil… Infatuée de ses fabrications éphémères, elle se croit capable d’une infinité de réalités différentes ; elle imagine qu’il existe d’autres mondes, mais vous la rappelez à vous-même, comme l’ancre fait le navire… Mon intelligence mieux inspirée ne cessera, cher corps, de vous appeler à soi désormais ; ni vous, je l’espère, de la fournir de vos présences, de vos instances, de vos attaches locales. […] Les juxtapositions les plus tranchées : une obscénité drue, sur laquelle la lumière tombe bien d’aplomb, et qui agit à la façon d’un de ces plants de soleils qui dans un jardin d’été plaquent leurs tons forts et nourriciers ; — une bouffonnerie rebondissante que, comme au jeu du ballon, les interlocuteurs ne cessent de se repasser ; — le pathétique le plus direct et le plus nu où derrière les arguments, derrière les sentiments mêmes qui les sous-tendent, on entend le froissement des fers qui se croisent ; — cependant que tantôt au milieu, tantôt au-dessus de la vie qu’à son gré elle suspend ou survole, lentement la méditation choit dans quelque invisible sablier. […] Sa défense des Épicuriens, que cite en son livre Martineau, est fort suggestive à cet égard : « Quoi donc, est-ce bassesse que de se plaire à la musique : « cette douce musique, dit Shakespeare, qu’on ne peut entendre et rester gai », — bassesse de goûter la saveur d’un fruit rouge ; ou le beau mouvement balancé d’une femme ; et l’ombre fraîche coupée d’un courant, le pli d’une plaine toute blanche de soleil ? […] Peut-être — parce qu’elle connaît trop bien les expéditives impatiences de son pays d’adoption — Mme Duclaux a-t-elle quelque peu sous-estimé notre pouvoir assimilateur : j’aurais voulu qu’elle fît ici plus appel à notre sens de la grandeur ; qu’en nous présentant Browning, davantage elle revendiquât pour lui sa place — et toute sa place — au soleil.

1542. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Le lac de Tibériade est désert, ses rives sont brûlées du soleil ; mais il le revoit tel que l’a décrit Josèphe, tel qu’il était au temps de la pêche miraculeuse, délicieux comme un paradis terrestre. […] Ce n’est plus une plante de plein air, de plein soleil, c’est une créature abâtardie, dont les crises peuvent aussi bien tourner au vice qu’à la vertu. » N’est-ce pas charmant de naïveté, de conviction et de sûreté ? […] Toutefois, dans ce long voyage, on peut avoir trouvé que, pour être égarée dans l’infini comme un troupeau dans les landes désertes, pour vaguer au hasard sous le soleil qui lui donne une illusion de lumière, la pauvre humanité n’en est pas moins quelque chose de grand et de beau. […] Il a commencé faiblement : il y a dix ans, on l’apercevait à peine, et les gens sagaces qui aiment mieux lire dans l’avenir que dans |e présent prédisaient, non sans une apparence de raison, l’approche d’une ère nouvelle, où, l’humanité ayant jeté ses deux vieilles béquilles, la morale et la religion s’avanceraient d’un pas allègre dans la voie de la libre pensée, sous le soleil de la science.

1543. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il était trop tard pour lui ; le soleil se couchait

1544. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

I J’étais hier9 vers cinq heures du soir sur le quai qui longe l’Arsenal, et je regardais en face de moi, de l’autre côté de la Seine, le ciel rougi par le soleil couchant.

1545. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Parvenu à l’âge de quarante et un ans, possesseur par ses héritages personnels et par la dot de Térentia, sa femme, d’une fortune qui ne fut jamais splendide (car il ne plaida jamais que gratuitement, pour la justice ou pour la gloire, jugeant que la parole était de trop haut prix pour être vendue) ; lié d’amitié avec les plus grands, les plus lettrés et les plus vertueux citoyens de la république, Hortensius, Caton, Brutus, Atticus, Pompée ; père d’un fils dans lequel il espérait revivre, d’une fille qu’il adorait comme la divinité de son amour ; n’employant son superflu qu’à l’acquisition de livres rares, que son ami, le riche et savant Atticus, lui envoyait d’Athènes ; distribuant son temps, entre les affaires publiques de Rome et ses loisirs d’été dans ses maisons de campagne à Arpinum, dans les montagnes de ses pères ; à Cumes, sur le bord de la mer de Naples ; à Tusculum, au pied des collines d’Albe, séjour caché et délicieux ; mesurant ses heures dans ces retraites comme un avare mesure son or ; donnant les unes à l’éloquence, les autres à la poésie, celles-ci à la philosophie, celles-là à l’entretien avec ses amis ou à ses correspondances, quelques-unes à la promenade sous les arbres qu’il avait plantés et parmi les statues qu’il avait recueillies, d’autres au repas, peu au sommeil ; n’en perdant aucune pour le travail, le plaisir d’esprit, la santé ; se couchant avec le soleil, se levant avant l’aurore pour recueillir sa pensée avant le bruit du jour dans toute sa force, sa santé se rétablissait, son corps reprenait l’apparence de la vigueur, sa voix ces accents mâles et cette vibration nerveuse que Démosthène faisait lutter avec le bruit des vagues de la mer, et plus nécessaires aux hommes qui doivent lutter avec les tumultes des multitudes.

1546. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

« Cependant le mauvais temps continuait avec une obstination incroyable ; depuis plus de quinze jours que j’étais à Paris, je n’avais pas encore salué le soleil, et mes jugements sur les mœurs, plus poétiques que philosophiques, se ressentaient toujours un peu de l’influence de l’atmosphère.

1547. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Il loue enfin, à vie, une charmante maison, en plein soleil, sur le quai de l’Arno, près du pont de la Trinité, et il fait disposer cet asile pour la comtesse et pour lui.

1548. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Il se représente lavé de la pluie, desséché du soleil, poussé çà et là par le vent, et il rit de toutes ces marques de sa destruction prochaine.

1549. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Elles sont aussi accessibles qu’aimables ; elles nous parlent de ce que tous les jours le soleil vient éclairer, des montagnes, des fleurs, des plantes, des animaux, de l’homme dans son commerce avec la nature.

1550. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il n’est rien pourtant où il ait été plus singulier, à une époque où l’on préférait les salons aux champs, la clarté des bougies à la lumière du soleil ; où l’on allait à la campagne pour travailler plus à l’aise à l’œuvre philosophique ou pour jouer la comédie.

1551. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Le débarrasser de l’Allemagne pour aller, au moins dans Tristan et Parsifal vers l’Italie et le soleil.

1552. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Ils les souhaitent pourtant, ils les veulent, car il est de moralité supérieure que Wagner soit représenté en France, et que le maître du drame musical ait sa place au soleil, non moins que les Ohnet de l’orchestre et les Montépin de l’harmonie.

1553. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Parcouru les journaux… pluie, soleil, giboulées… dîner chez X… nous étions douze à table, les six messieurs avaient la barbe en pointe, les six dames avaient les cheveux roux.”

1554. (1925) Proses datées

Alors ce Parisien du Boulevard, ce dandy des Rivieras éprouvait le besoin de s’évader de cette atmosphère frelatée, et c’étaient de longues disparitions vers les pays de soleil et de liberté, les longs vagabondages à travers les paysages et les villes, la mélancolique ivresse des départs où l’on retrouvait en Lorrain son instinct de Normand épris d’aventures et de voyages, avide des espaces terrestres et des souffles marins. […] -C… C’est un des plus beaux jours de ce mois a été d’une si belle et si limpide lumière, avec des heures presque torrides, où, aux branches des pins, les pignons surchauffés de soleil éclatent avec des bruits écailleux, des craquements de mâchoire, comme si les arbres mangeaient l’air brûlant. […] Le soleil brûle.

1555. (1900) Molière pp. -283

Le soleil dardait encore ; ses rayons expiraient, mais violemment et je pouvais quelquefois me demander si l’excès de la chaleur n’aurait pas retenu à la maison une partie de mon public. […] ——— Ou bien encore elle ressemble à ces Indiens qui ne connaissent pas le prix de l’or brut et qui l’échangent contre le premier morceau de verre luisant au soleil. […] Les derniers échelons trempaient dans l’eau fangeuse, tandis que les premiers, fièrement appuyés au tronc d’un magnifique palmier, étaient caressés de ses fruits et défendus par son ombrage contre les ardeurs du soleil : « Vil peuple », disaient les échelons d’en haut à ceux d’en bas, « rampe dans la poussière tandis que nous touchons au ciel ».

1556. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

que le soleil est doux ! […] La nuit en laquelle se passe cette action était l’une des premières de notre mois d’avril, et elle n’avait que neuf heures de ténèbres, le soleil se couchant après six heures et se levant avant six heures. […] Cela vous fait bien neuf heures de ténèbres et trois heures de crépuscule et l’action peut commencer avant nuit close, et finir avant soleil levé, le tout en douze heures. […] Je retrouve en vos yeux son soleil qui rayonne, Vos tresses ont encor l’odeur de son printemps, Et je vous vois toujours fillette de huit ans, Cueillir aux églantiers une agreste parure Qu’en riant je piquais dans votre chevelure.

1557. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Des journées sans limitations que les limitations même du soleil. […] Et le premier soleil sur le premier matin. […] Le lever du soleil de la grandeur et de la force. […] Et qu’est-ce qu’un cœur qui ne serait point éclairé au soleil de la pensée.

1558. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Le soleil ne parut point durant six mois, jusqu’à ce qu’enfin les meurtriers ayant été découverts et exécutés, il brilla de nouveau sur la terre, et les champs se couvrirent de fleurs, bien que ce ne fût pas la saison. […] On dirait que Shakspeare a voulu imiter ce luxe de paroles, cette facilité verbeuse qui, dans la littérature comme dans la vie, caractérisent en général les peuples du midi ; il avait certainement lu, du moins dans les traductions, quelques poëtes italiens ; et les innombrables subtilités dont le langage de tous les personnages de Roméo et Juliette est, pour ainsi dire, tissu, les continuelles comparaisons avec le soleil, les fleurs et les étoiles, quoique souvent brillantes et gracieuses, sont évidemment une imitation du style des sonnets et une dette payée à la couleur locale. […] Le More brûlé du soleil, au sang ardent, à l’imagination vive et brutale, crédule par la violence de son tempérament aussi bien que par celle de sa passion ; le soldat parvenu, fier de sa fortune et de sa gloire, respectueux et soumis devant le pouvoir de qui il tient son rang, n’oubliant jamais, dans les transports de l’amour, les devoirs de la guerre, et regrettant avec amertume les joies de la guerre quand il perd tout le bonheur de l’amour ; l’homme dont la vie a été dure, agitée, pour qui des plaisirs doux et tendres sont quelque chose de nouveau qui l’étonne en le charmant, et qui ne lui donne pas le sentiment de la sécurité, bien que son caractère soit plein de générosité et de confiance ; Othello enfin, peint non seulement dans les portions de lui-même qui sont en rapport présent et direct avec la situation accidentelle où il est placé, mais dans toute l’étendue de sa nature et tel que l’a fait l’ensemble de sa destinée ; c’est là ce que Shakspeare nous fait voir.

1559. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Sans amis, sans époux, sans larmes, je m’en vais             Là-bas, dans la contrée Où mes yeux du soleil ne verront plus jamais             La lumière sacrée.

1560. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

« Le 24 juin au matin, ce qui, dans ce pays et en cette saison, pouvait signifier trois heures, le soleil se leva radieux et vint éclairer de ses feux une scène magnifique.

1561. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Il m’était resté sur la tête une certaine splendeur qui s’y voyait surtout le matin, au lever du soleil, ou à son coucher, et encore mieux lorsque la terre était couverte de rosée.

1562. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Et cependant son livre nous demeure désolé, comme une moisson fertile et grasse, que n’éclaireraient point les soleils.

1563. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

» et en expirant auprès de ces reliques sacrées, s’unit enfin à l’objet de sa dilection : lorsque la longue et funèbre procession conduite par le Landgrave et suivie par une nombreuse foule de clergé, de chevaliers, de hautes dames et ce peuple, remplit toute la scène d’une masse compacte, et la tait retentir du chant des morts rhythmé par le glas des cloches, le soleil se lève sur la vallée en deuil.

1564. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Il parle de siestes au grand soleil sur les écueils, où tout le monde se séchait à plat, comme des cloportes sous un pot de fleur.

1565. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Wollaston a observé que les Coléoptères de Madère se tiennent bien cachés jusqu’à ce que le vent tombe et que le soleil brille, et que la proportion des espèces dépourvues d’ailes est plus grande dans les îles désertes, exposées au vent de mer, qu’à Madère même.

1566. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Si, par-delà le protestantisme, par-delà les Bibles et les formalismes, par-delà toutes les traditions judeo-chrétiennes et spiritualistes, elle parvenait un jour à se créer une foi vraiment moderne, uniquement basée sur la nature et sur la vie, une foi dont tout homme serait le prêtre, le fidèle et le dieu, dont l’Univers serait le temple, avec l’infinie liberté comme dogme, nul rôle plus glorieux ne pourrait être rempli sous le soleil.‌

1567. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Je veux dire que, dans les magnifiques appartements du Grandval ou de la Chevrette, sous la figure de l’abatino, c’est un rayon de soleil qui entre, un rayon de soleil d’Italie. […] Je les compare à ces virtuoses qui tantôt déjà célèbres, ou tantôt encore inconnus dans leur patrie, venaient chercher sur les théâtres de Londres ou de Paris une consécration de popularité européenne, avec le prestige de laquelle ils retournaient et reparaissaient pour finir, sous leur soleil natal.

1568. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

La bienséance est violée, parce qu’il a voulu que la durée de l’action commencât & finît entre deux soleils. […] Ovide, au commencement du second Livre des Métamorphoses, fait une description pompeuse du Palais du Soleil, qui éblouit l’œil de l’imagination ; mais tout magnifique, tout étincelant qu’est le tableau du Poète, on traverseroit bientôt cette éclatante & superbe demeure, pour en sortir, si, tout-à-coup, on n’entendoit les craintes, les allarmes du père de Phaëton sur la demande téméraire & audacieuse de son fils.

1569. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Ici, on part de choses étrangères les unes aux autres, comme le soleil et les planètes, et on établit une dépendance régulière entre ces choses. […] Cependant, il se peut que ces savants continuent simplement à employer le langage reçu, de même que l’astronome continue à parler du mouvement du soleil autour de la terre, du lever ou du coucher de cet astre.

1570. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Au milieu des forêts, au bord des fleuves, sous le soleil brûlant de midi ou vers la fin du jour, quand le crépuscule calme et serein semble inviter aux douces rêveries, à toute heure, en tout lieu, l’amant de Laure était toujours le même. […] De même que le soleil avec ses puissants rayons fait sur-le-champ disparaître toute autre étoile, ainsi ma vue te paraît maintenant moins belle, parce qu’une lumière plus éclatante m’efface. […] Une tristesse sereine erre dans tes yeux et sur tes joues ; le regard sérieux et vif étincelle, comme il convient à une si grande intelligence, et dans le miroir de ton front austère, tel que le soleil dans l’eau pure, resplendit le génie et l’âme qui se sent immaculée. […] Bienheureux et contemplant là-haut le livre triple et unique, où se résout toute question de temps et de lieu, où le blanc et le noir ne changent jamais, tu sais, qu’à travers les douleurs et les ruines, notre terre latine se rajeunira comme une plante, par la toute-puissance de l’amour qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles. […] Quand on a résolu d’ébranler les principes reçus comme souverainement vrais, il ne faut pas les ébranler sourdement, il faut les heurter en plein jour, à la face du soleil.

1571. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Il nous le montre prêtant un langage à tout ce qui, avant lui, était resté muet dans la nature, pénétrant au fond des phénomènes de l’aurore, de la forêt qui bruit, du nuage qui passe, de la colline qui s’éclaire des rayons du soleil, de la nuit qui rêve aux pâles rayons de la lune, découvrant partout le désir secret des éléments d’avoir une voix et leur donnant cette voix qu’ils cherchaient. […] Nous sommes deux navires dont chacun a son but et sa voie ; nous pouvions bien nous rencontrer et célébrer ensemble une fête, comme nous l’avons fait, — et à ce moment les bons navires demeuraient si paisibles dans le même port, sous le même rayon de soleil, qu’ils semblaient être déjà au but et n’avoir jamais eu qu’un but. Mais ensuite, la toute-puissante nécessité de notre tâche nous poussa de nouveau bien loin l’un de l’autre, vers des mers, vers des climats différents ; et peut-être ne nous reverrons-nous jamais — peut-être aussi nous reverrons-nous bien, mais sans nous reconnaître, tant la mer et le soleil nous auront changés !

1572. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Ils étaient sur leur retour aussi, quand le serpent Arouet étala sa première peau brillante au soleil et éblouit nos badauds.

1573. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

On cite toujours sa strophe, son unique strophe, sur ses promenades avec un ami aux bords de l’Orne, et dans laquelle se réfléchit l’étendue des paysages et des horizons de Normandie : L’Orne, comme autrefois, nous reverrait encore, Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore, Égarer à l’écart nos pas et nos discours ; Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébats les heures consumées,     Que les soleils nous seraient courts.

1574. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ses orangers peuvent y croître sauvages ; il y aura des myrtes dans chaque haie ; s’il trouve bon d’avoir un bosquet d’aromates, il se procurera en un moment assez de soleil pour le voir lever.

1575. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Brûlez toutes les histoires, vous ferez la nuit dans le monde comme si vous éteigniez le soleil : la mémoire est l’œil qui voit ce qui fut.

1576. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« Les Cimmériens (peuples voisins du pôle) à qui la vue du soleil est dérobée ou par un dieu, ou par quelque phénomène de la nature, ou plutôt par la position de la terre qu’ils habitent, ont cependant des feux à la lueur desquels ils peuvent se conduire ; mais ces philosophes du doute, dont vous vous déclarez les sectateurs, après nous avoir enveloppés de si épaisses ténèbres, ne nous laissent pas même une dernière étincelle pour éclairer nos regards et nos pas !

1577. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

« Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort !

1578. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

(Je cite beaucoup, car il est très important de bien connaître le point d’où Veuillot est parti.) « Là, continuait-il, j’ai mon père qu’on a usé comme une bête de somme, et ma mère courbée sous le chagrin… Le hasard a voulu qu’un rayon de soleil réchauffât leurs derniers jours.

1579. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Oui, sans doute, il a plus d’éclat quand il baigne les fleurs d’un parterre, ou quand il réchauffe les statues belles et nues d’un grand parc : mais, pour tout cela, il n’est pas plus soleil.

1580. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Serait-il suffisant de dire que, les planètes parcourant des orbites elliptiques autour du soleil, les satellites suivent aussi des routes semblables par amour pour la symétrie ou pour compléter le plan de la nature ?

1581. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Il n’y a pas de cas de conscience pour les âmes simples ; au contraire, pour des esprits fins et instruits, la vie ne présente guère que des cas de conscience ; rarement la loi morale prononce de ces brèves sentences dont l’évidence s’impose et qui brillent dans l’âme comme des éclairs ; presque toujours elle inspire une discussion calme, méthodique ; elle est comme la lumière douce et constante d’un soleil surnaturel.

1582. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Il ne s’empêcherait pas plus de la répandre que le soleil de déverser sa lumière.

1583. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

IV 17 germinal an 12 (7 avril 1804) Tandis que le jeune Racine suivait le cours de ses prospérités, et marquait chaque année par un triomphe, le vieux Corneille luttait en vain contre l’âge et contre le goût du siècle : ce soleil, si brûlant à son midi, n’avait plus, vers le soir, qu’un reste d’éclat sans chaleur ; il pâlissait devant l’aurore d’un astre nouveau vers lequel se tournait alors presque toute la France. […] Le spectateur, lorsqu’il entend ces vers, éprouve le même sentiment qu’un voyageur qui, sortant d’un vallon échauffé par les plus ardents rayons du soleil, rencontre une montagne couverte de neige : l’actrice même est fort embarrassée à franchir cette espèce de parenthèse. […] Boileau l’a défendu en poète, et l’abbé d’Olivet, qui ne fut jamais qu’un grammairien, a soutenu la cause de la poésie, qui lui était très étrangère, avec un enjouement plus étranger au caractère de son style : « Ce qui m’étonne, dit-il, c’est qu’un flot épouvanté ait pu scandaliser dans une scène où il s’agit d’un monstre envoyé par Neptune, et dans une tragédie dont l’héroïne est petite-fille du soleil… Quand on aura obtenu de mon imagination qu’elle laisse passer Neptune et le monstre qu’il envoie, rien n’empêche qu’on ne donne du sentiment à un flot, et qu’on ne puisse le peindre orgueilleux, humble, menaçant, soumis, avare, prodigue, humain, cruel, épouvanté, irrité, se cachant de honte, bondissant de joie ; tout ce qu’on voudra : je ne répugne pas plus à croire l’effroi de ce flot, qu’à croire le monstre de Neptune. » Le zèle de Racine a tourné la tête au bon d’Olivet, et ce grave partisan des anciens me paraît ici bien jeune dans son style. […] Quelque enchanté qu’il soit d’une si belle découverte ; il a cependant l’héroïque modestie de ne pas se l’approprier ; il en renvoie toute la gloire à M. le marquis de Lassay, qui, dit-il, n’est pas un spectateur ordinaire : c’est ce marquis, plein de pénétration et de sagacité, qui s’est avisé le premier d’une critique à laquelle personne n’avait encore pensé : M. le marquis est l’astrologue qui a découvert cette tache dans le soleil.

1584. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Il lui semble qu’il descend du pal pour monter sur le dos d’un éléphant. » — « Ô vierge délicate, l’amour te brûle, et, moi, il m’a tout consumé : le soleil clôt seulement la corolle des lotus, et il tue Çandra, le dieu nocturne qui les aime. » — « La folie m’avait dompté ; j’errais dans la nuit, ignorant et pareil à l’aveugle qui jette avec horreur une guirlande fleurie, de peur qu’elle ne soit un serpent. » — Et les paroles d’amour, qu’il y en a de jolies ! […] Car il est entendu que la folle bande part pour Stockholm, avec l’intention de s’y amuser ferme sous l’éclairage du soleil de minuit.

1585. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il grandit « comme une herbe sans soleil, entre deux pavés de Paris ». […] Il alla s’affaiblissant de jour en jour et il mourut à Hyères, le 9 février 1874, à midi, en pleine lumière : il semblait que la nature voulût le récompenser de son culte passionné pour le soleil, source de toute chaleur et de toute vie. […] Les lents soulèvements des montagnes sont l’aspiration de la terre vers le soleil, « cet amant adoré » ; mais les montagnes aujourd’hui se dégradent lentement, par le déboisement des forêts : « Les arbres souffrent de cette dégradation.

1586. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Notre conscience, à l’état de veille normale, est formée par un ensemble de sensations venant à la fois du dehors et du dedans, mais celles du dedans et de la vie végétative sont obscurcies par les autres comme les étoiles par la clarté du soleil.

1587. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Non seulement je n’ai pas nié les progrès de la science, « le téléphone » ou « le vaccin du croup », — ce qui serait aussi ridicule que de nier en plein midi la clarté du soleil, — mais je l’ai dit textuellement : « Où sont celles de leurs promesses que la physique, par exemple, et la chimie n’aient pas tenues et au-delà ? 

1588. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Cependant lorsqu’on a dit pour la première fois que le soleil était immobile et que la terre tournait, le sens commun de l’humanité déclara de même la théorie fausse.

1589. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz, quel malheur que votre scorpion engourdi ait éprouvé le besoin d’aller réchauffer son venin au soleil de Rome !

1590. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Woolf : les deux vers de Cymbeline (IV,2) que Mrs Dalloway lit initialement dans la vitrine d’une librairie (« Ne crains plus la chaleur du soleil / Ni les fureurs de l’hiver déchaîné », Folio, p. 70) deviennent une simple répétition allusive « Ne crains plus » (« No fear ») reliant les courants de conscience des deux personnages centraux de Clarissa et Septimus Warren Smith qui se raccrochent à cette formule dans leurs moments de fragilité respectifs.

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