/ 2731
1606. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Lorsqu’il publia le Siècle de Louis XIV, le président Hénault, auquel il avait demandé des critiques, crut pouvoir lui en adresser quelques-unes ; il lui reprochait sur quelques points le trop d’esprit. […] Je crois cependant qu’on l’a trop exalté ; mais l’excès est l’esprit du siècle, et peut-être l’a-t-il toujours été du Français.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Je ne saurais comparer les sentiments de ces dames pour leurs médecins qu’à ceux que leurs grand-mères avaient, à la fin du siècle de Louis XIV, pour leurs directeurs ; et, dans le fait, la préférence que de nos jours le corps avait obtenu sur l’âme explique assez ce déplacement d’affections. […] Ce qui manque pourtant à ce discours, c’est l’originalité ; Vicq d’Azyr s’y montre ouvert à tous les courants d’opinions et de jugements de son siècle.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Avec Montluc, il faut qu’on s’accoutume une bonne fois à prendre ce nom de Gascon au sérieux et en éloge ; ce nom alors ne s’était point encore usé et gâté aux railleries des deux siècles suivants. […] Il refuse même, à l’occasion, un guidon qui lui est offert dans une compagnie à cheval : « Il lui semblait qu’il parviendrait plus tôt par le moyen de l’infanterie. » Il est bien en cela de son siècle et non du xve  siècle ; ce n’est plus un chevalier d’autrefois, c’est un moderne.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère. […] Et toutefois, hommes ou femmes de notre siècle, il nous semble que quelque chose manque à tous ces mérites si excellents et aujourd’hui si avérés : « Peu de gens, a dit Mme de Maintenon, sont assez solides pour ne regarder que le fond des choses. » Serait-ce, en effet, que nous ne serions pas assez solides ?

1610. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

» Oui, aurais-je pu lui répondre, c’est un poète, bien qu’il vous ressemble si peu, ô charmant et terrible Enfant du siècle ! […] Ce qu’on appelle naïveté dans l’art a cessé de bien bonne heure et avant les beaux siècles.

1611. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Le lendemain, c’était la princesse Zénaïde Wolkonski, toute catholique et propagandiste, toute chrétienne comme l’autre était tout païen, ayant à raconter des œuvres merveilleuses, couronnées de bénédictions surnaturelles : était-ce l’âge d’or des trois premiers siècles de l’Église qui recommençait ? […] Est-il possible d’allier la charité, qui passe, aux yeux même des indifférents, pour faire le fond du Christianisme et pour être la plus excellente des vertus chrétienne, avec la censure énergique non-seulement des vices criants, mais des inconséquences de tout genre qu’un catholique rigide rencontre à chaque pas dans la vie du siècle ?

1612. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Chaque pays et chaque siècle a eu sa variante de Madeleine ; et il y aurait d’elle, pour le dire en passant, toute une histoire à faire : « Histoire de la Madeleine, de sa légende, de ses représentations et portraits, au point de vue de la littérature et de l’art. » Ici c’est une coquette, c’est surtout une glorieuse ; elle énumère et se chante à elle même tous ses avantages, santé, naissance, richesse, noble train, grand apparentage : « Fortune m’a sur toutes élevée » ; c’est son refrain favori. […] La société polie était née au xve  siècle, et bien avant l’hôtel de Rambouillet ; seulement c’était une société polie issue de la féodalité, et sous forme chevaleresque, et non celle qui se continuera sans interruption et de plain-pied jusque sous Louis XIV et dans tout le siècle suivant.

1613. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

erreur du temps, de la profession tant que l’on voudra, mais aussi erreur et faiblesse de caractère ou d’esprit en celui qui parle et qui, à force d’embrasser l’universalité des siècles, ne prévoit pas ce que lui garde le jugement du lendemain ! […] On dirait même qu’il a d’avance quelque pressentiment de ce que notre siècle a ressaisi et remis en lumière des mystères ensevelis de l’antique Égypte ; il exhorte Louis XIV à faire fouiller la Thébaïde ; il est très au courant pour son temps, il cite les Voyages publiés par M. 

1614. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

On ne le rencontre pas dans le siècle. […] La France était entrée, par l’alliance de Vienne, dans la guerre de Sept-Ans et s’était donné bénévolement pour adversaire le plus grand capitaine du siècle.

1615. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

« De bonne heure j’ai demandé aux hommes quelle loi il fallait suivre ; quelle félicité on pouvait attendre au milieu d’eux, et à quelle perfection les avaient conduits quarante siècles de travaux : ce qu’ils me répondirent me parut étrange ; ne sachant que penser de tout le mouvement qu’ils se donnent, j’aime mieux livrer mes jours au silence et achever dans une retraite ignorée le songe incompréhensible. […] « Dans ces siècles d’affectation et d’apparence, il aurait pu arriver que je fusse le seul qui entendît, qui voulût entendre ces regrets profonds que l’étude des choses inspire, seule voie sans doute qui puisse ramener les hommes au bonheur.

1616. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Alfred de Musset, que s’il jetait souvent à la face du siècle d’étincelantes satires comme la dernière sur la Paresse, que s’il livrait plus souvent aux amis de l’idéal et du rêve des méditations comme sa Nuit de Mai, il serait peut-être en grande chance de faire infidélité à son groupe, et de passer, lui aussi, le plus jeune des glorieux, à l’auréole pleine et distincte154. […] Et d’abord elle n’a rien fait en art dramatique qui ajoute à notre glorieux passé littéraire des deux siècles : Corneille, Molière, Racine, sont demeurés debout de toute leur hauteur et hors d’atteinte.

1617. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Dans le beau siècle dont nous parlons, ce devoir rigoureux, cet avertissement attentif et salutaire se personnifiait dans une figure vivante, et s’appelait Boileau. […] Sans doute la tragédie française, si l’on excepte Polyeucte et Athalie, n’est pas exactement du même ordre que l’antique ; celle-ci égale la beauté et l’austérité de la statuaire ; elle nous apparaît debout après des siècles, et à travers toutes les mutilations, dans une attitude unique, immortelle.

1618. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

En un mot, dans cette carrière ouverte au commencement du siècle par Racine fils et par Voltaire, et suivie si activement en des sens divers par Le Tourneur et Ducis, par Suard et l’abbé Arnaud, Léonard à son tour fait un pas ; il est de ceux qui tendent à introduire une veine des littératures étrangères modernes dans la nôtre. […] Dans cette âme imbue des idées philanthropiques de son siècle, les désappointements furent grands, on le conçoit, surtout lorsqu’il eut à exercer des fonctions austères, à maintenir et à distribuer la justice.

1619. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Barrière Nous sommes décidément le plus rétrospectif des siècles ; nous ne nous lassons pas de rechercher, de remuer, de déployer pour la centième fois le passé. […] Puisque, à propos de femmes, j’ai prononcé ce mot de siècle (terme bien injurieux), on me passera encore d’insister sur quelques distinctions que je crois nécessaires, et sur le classement, autre vilain terme, mais que je ne puis éviter.

1620. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

L’esprit scolaire et académique se meurt devant le grand sentiment d’indépendance générale qui inspire toute la fin de ce siècle. […] Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes.

1621. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Que le comte Tolstoï sait mal le français, — ce qui ne l’empêche point de se dresser entre les puissants constructeurs de romans du siècle, aussi haut que Balzac, que Stendhal, que Dickens. […] Le cas ne serait pas neuf, il advint dans l’Inde, et chez les Arabes, et même en Italie aux derniers siècles de l’Empire.

1622. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Dans La Confession d’un enfant du siècle, et ailleurs en maint endroit, M. de Musset avait fait de ces aveux que la poésie en notre siècle autorise et dont elle se pare.

1623. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Fénelon, serein, confiant et sans tourment, voit l’admirable ordonnance d’une nuit étoilée et se dit avec le mage ou le prophète, avec le pasteur de Chaldée : « Combien doit être puissant et sage celui qui fait des mondes aussi innombrables que les grains de sable qui couvrent le rivage des mers, et qui conduit sans peine, pendant tant de siècles, tous ces mondes errants, comme un berger conduit un troupeau !  […] Il est bon qu’il y ait quelque part contrepoids ; que, dans quelques cabinets solitaires, sans prétendre protester contre le mouvement du siècle, des esprits fermes, généreux et non aigris, se disent ce qui lui manque et par où il se pourrait compléter et couronner.

1624. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Enfin le possesseur de cette curieuse intelligence, il faut le figurer jeté dès sa jeunesse, avec son frère et son semblable, dans les remous de la vie parisienne, promenant l’aigu de son observation, la délicate nervosité de son humeur, dans le monde des petits journaux, des cafés littéraires, des ateliers, dans les grands salons de l’empire, habitant aujourd’hui une maison constellée de kakémonos et rosée de sanguines, le cerveau nourri par une immense et diverse lecture : à la fois érudit, artiste et voyageur, au fait de l’esprit des boulevards, de celui de Heine et de celui de Rivarol, instruit des très hautes spéculations de la science, l’on aura ainsi la vision peut-être exacte, en ses parties et son tout, de cet artiste divers, fuyant exquis, spirituel, poignant, solide  l’auteur des livres les plus excitants et les plus suggestifs de cette fin de siècle. […] Ce portrait est une des plus belles pages de ce siècle.

1625. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

C’est, comme on l’a déjà observé, presque le seul grand homme de ce siècle, qui n’ait point eu part aux bienfaits de Louis XIV. […] Un siècle de séjour ici doit vous suffire.

1626. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Cet avantage serait, ce me semble, plus réel que celui que leur attribuait le fameux satirique du dernier siècle, admirateur aussi passionné des anciens, que juge sévère et quelquefois injuste des modernes1. […] Elles multiplieront les bons modèles ; elles aideront à connaître le caractère des écrivains, des siècles et des peuples ; elles feront apercevoir les nuances qui distinguent le goût universel et absolu du goût national.

1627. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Le Spectateur, d’Addison, ayant été traduit en 1714 à Amsterdam, sous ce nom : le Spectateur ou le Socrate moderne où l’on voit un portrait naïf des mœurs de ce siècle et plusieurs éditions de l’ouvrage s’étant vendues avec une rapidité prodigieuse, tous les libraires se mirent à commander à leurs auteurs à gages des Spectateurs de tendances et d’opinions diverses. […] Germain Bapst pour le maréchal Canrobert — il ne donnera plus aujourd’hui pour titre à son recueil la désinence latine pédantesque usitée aux xvie et xviie  siècles : les Bolœana, Menagiana, Saint-Evremontiana même.

1628. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Vitruve le remarquait au siècle d’Auguste : « Dans les théâtres de Rome, la scène proprement dite (pulpitum) était plus vaste que celle des Grecs, parce que toute la représentation s’y concentrait, l’orchestre étant occupé par les sièges des sénateurs161. » Nous croyons presque lire ici ce que dit Voltaire avec humeur de ces banquettes occupées par de jeunes seigneurs à l’ancien Théâtre-Français, et restreignant la scène de manière à gêner tout grand appareil de spectacle et à faire manquer souvent l’effet dramatique. […] Enfin un curieux témoignage à la gloire de ce vieux poëte de la république, c’est le brillant abréviateur de l’histoire romaine, le flatteur de l’empire, Velléius Paterculus, écrivant, à une des dates mémorables de son récit : « Dans le cours de cette même époque169, parurent les rares génies d’Afranius dans la comédie romaine, de Pacuvius et d’Accius dans la tragédie, d’Accius élevé jusqu’à l’honneur de la comte paraison avec les Grecs, et digne de se faire une si grande place parmi eux qu’il soit presque impossible de ne pas reconnaître, chez eux plus de perfection, et chez lui plus de verve. » Alors même que cet éloge expressif était arraché au bon goût de Velléius, l’éclat du siècle d’Auguste, l’urbanité nouvelle et aussi les précautions politiques de son règne avaient, selon toute apparence, bien éloigné de la mémoire et de la vue des spectateurs romains les drames de la vieille école.

1629. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Avec Charles XII et le Siècle de Louis XIV, il commence à saisir les différences de style. […] Tout excité, Xavier prit le Grand Siècle 36, qu’il n’avait pas encore eu le temps d’ouvrir. […] Pour un poète, la politique est sans doute la fatalité de notre siècle. […] « Si peu connue fût-elle en ce début de siècle, la pièce avait malgré tout des admirateurs. […] Parution simultanée, en novembre 1923, à Lausanne, par les soins de l’auteur, à Genève aux Éditions Georg et à Paris au Éditions du Siècle.

1630. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

La conclusion est le vieux panem et circenses, du pain, du vin et les jeux, ― et fermer les musées et les bibliothèques « et briser les urnes abominables qui, durant tout un siècle, auront livré à la canaille le destin et la pensée des plus grands hommes ». […] Charbonnel est un esprit libre, si la liberté est autre chose que la négation pure et simple, si elle est le choix que l’on fait volontairement parmi l’abondance des vérités intellectuelles, morales et religieuses, qui nous sont offertes depuis les siècles. […] Mazel voulût un jour ou l’autre la systématiser, dans l’ordre sociologique, et nous montrer enfin clairement ce que nous avons gagné et ce que nous avons perdu par les transformations brusques de la fin du dernier siècle. […] Tous les changements sociaux que le siècle a subis proviennent du machinisme. […] Il s’agit du genre et non de la qualité des meules : Alfred de Vigny, qui fut un des plus grands, fut un des plus lents parmi les poètes de notre siècle.

1631. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

L'exemple de l’Angleterre, qui fut bien plus longue à affermir et surtout à ennoblir son gouvernement représentatif au commencement du dernier siècle, est propre à inspirer de la patience ; on en est en France au Robert Walpole : qui sait ?

1632. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

Remarquons seulement un singulier progrès : en voyant les inversions nombreuses, autrefois si chères à l’auteur, un journal qui a trop de sens pour ne pas en supposer aux autres, la Revue d’Édimbourg pensa que M. d’Arlincourt pouvait bien être le Cervantes du siècle, que ses romans n’étaient après tout que des critiques ingénieuses et voilées, et qu’en forçant la bizarrerie, il avait voulu faire honte au goût de ses contemporains : ainsi dans un autre genre, Machiavel, en professant le despotisme aux princes, n’avait fait, selon quelques-uns, que prêcher la liberté aux peuples.

1633. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

Elle a pu se croire une puissance dans le siècle, du moment qu’elle s’en est venue accomplir, vers l’an de grâce 1800, je ne sais que le mission prédestinée, dogmatisant parmi les châteaux et les palais, à la plus grande gloire d’en haut ; et maintenant que la lumière est revenue, qu’on n’a plus que faire de précurseur, et que la vie militante a fait place à la vie privée, c’est peut-être un devoir à ses yeux d’enregistrer publiquement les mérites et indulgences qui lui reviennent de cette pieuse lutte, engagée sous son patronage.

1634. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Ta tristesse fut seule parfois un peu injuste, injuste pour la Providence, injuste pour ton siècle et pour toi-même.

1635. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

C’est toujours sous leurs noms latins que la parodie a travesti et bafoué les dieux ; c’est sous ces mêmes noms que le bel esprit des deux derniers siècles les a usés dans les fadeurs de l’allégorie et du madrigal.

1636. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Raffaëlli, est dans le caractère individuel de ses hommes, de ses hommes qui ont su conquérir lentement leur raison, au milieu des affolements de la peur ; de ses hommes qui ont su conquérir leur liberté, après des centaines de siècles de misère, de vexations et d’abus misérables où le plus fort a toujours asservi le plus faible.

1637. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racan, et Marie de Jars de Gournai. » pp. 165-171

Mademoiselle de Gournai est morte en 1645, à l’âge de quatre-vingt ans, estimée des sçavans & des beaux esprits de son siècle.

1638. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

On appela d’abord Moralités les premières comédies saintes qui furent jouées en France dans le quinzième et le seizième siècles.

1639. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre II. Amour passionné. — Didon. »

Ce n’est que dans les siècles modernes qu’on a vu se former ce mélange des sens et de l’âme, cette espèce d’amour, dont l’amitié est la partie morale.

1640. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

On oppose toujours Milton, avec ses défauts, à Homère avec ses beautés : mais supposons que le chantre d’Éden fût né en France, sous le siècle de Louis XIV, et qu’à la grandeur naturelle de son génie il eût joint le goût de Racine et de Boileau ; nous demandons quel fût devenu alors le Paradis perdu, et si le merveilleux de ce poème n’eut pas égalé celui de l’Iliade et de l’Odyssée ?

1641. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

Patriarche sous le palmier de Tophel, ministre à la cour de Babylone, prêtre à Memphis, législateur à Sparte, citoyen à Athènes et à Rome, il change de temps et de place à son gré ; il passe avec la rapidité et la majesté des siècles.

1642. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Première journée (1865). Les soucis du pouvoir » pp. 215-224

. — Une troupe de musiciens, dirigés par Minaret-Saint-Ybars, sont rangés autour de la salle et jouent du tarbouka : ce sont les rédacteurs du Siècle. — Trois eunuques brûlent du benjoin dans des cassolettes d’argent. — Bernar-med-Lopez est accroupi, les jambes croisées, sur un tapis de Kashmir.

1643. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Saint-Marc Girardin »

Réimpressions d’œuvres contemporaines, réimpressions d’un autre siècle, partout ce signe de la stérilité.

1644. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Euripide méprise Scribe vingt-quatre siècles d’avance, ce qui est prodigieux. […] Et c’est pourquoi l’Anneau de Çakountala abonde en images qui nous sont encore neuves après dix-neuf siècles, parce qu’elles furent directement senties et perçues. […] Il avait fallu plus d’un siècle pour le trouver. […] Je mets, dans telle mélodie du dernier siècle, ce qu’elle me fait sentir et ce qu’elle n’exprime pas, et qui est précisément ce que les musiciens de ce siècle-ci expriment et ne me font pas sentir. […] Un préjugé est un jugement imparfait, mais qui peut être provisoirement salutaire pour ceux qui en sont pénétrés ; et ce provisoire peut durer des siècles.

1645. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Par ces six écrivains l’esprit des derniers siècles de l’ère ancienne a revécu à nouveau. […] Après la mort de Bouddha l’on montra encore pendant des siècles son ombre dans une caverne, une ombre énorme et épouvantable. […] — Certainement, et après les avoir affinées ainsi pendant des milliers de siècles, où serons-nous arrivés ? […] Nous avons mis des siècles à apprendre « que les choses extérieures ne sont pas telles qu’elles nous paraissent. […] Par exemple Sterne : « Comment, dans un livre pour les esprits libres, ne nommerais-je pas Sterne, lui que Goethe a vénéré comme l’esprit le plus libre de son siècle ?

1646. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Au seuil de ce siècle. […] Le premier de nos écrivains, celui qui domine la fin de ce siècle, c’est incontestablement Flaubert. […] Il y a quinze ans de cela, et l’on jurerait qu’il y a un siècle, tant les dogmatismes et les popularités s’usent vite ! […] Taine, qui n’a pas hésité à appeler Stendhal « le plus grand psychologue du siècle ». […] Jean Aicard, dans son poème, a élargi le cadre purement féminin de cet immense sujet, en plaçant son héros dans notre siècle, en 1889.

1647. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

À Paris, l’auteur de Plick et Plock est meublé avec un luxe inouï dans le goût de la Renaissance et du siècle de Louis XV. […] Un jour qu’il venait de livrer l’avant-goût de son siècle de Jean Bart, par un chapitre à la Walter Scott, qui avait été imprimé dans je ne sais quel recueil, M.  […] Théophile Thoré, le critique de peinture du journal le Siècle et de la Revue de Paris. […] C’est aussi un des collaborateurs habituels du feuilleton du journal le Siècle. […] Il habite maintenant place Royale au Marais, dans une ancienne maison du 17e siècle, dont les escaliers sont larges à livrer passage à des bataillons.

1648. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Transfuge, comme en latin Transfuga, est quiconque quitte son parti pour suivre celui des ennemis. » Pour que ce mot s’établît de plain-pied et d’un si prompt accord, il fallait peut-être que l’idée de patrie elle-même fût bien établie, et encore mieux qu’elle ne l’était il y avait environ un siècle, du temps du connétable de Bourbon. […] Vaugelas faisait le plus grand cas, au contraire, de ces idiots, c’est-à-dire de ceux qui étaient nourris de nos idiotismes, des courtisans polis et des femmelettes de son siècle, comme les appelait Courier ; il imitait en cela Cicéron qui, dans ses doutes sur la langue, consultait sa femme et sa fille, de préférence à Hortensius et aux autres savants. […] On le comprend maintenant de reste, et, toutes choses bien pesées et examinées, il ne doit plus, ce me semble, rester un doute dans l’esprit de personne : Vaugelas avait sa raison de venir et d’être ; il eut sa fonction spéciale, et il s’en acquitta fidèlement, sans jamais s’en détourner un seul jour ; il reçut le souffle à son moment, il fut effleuré et touché, lui aussi, bien que simple grammairien, d’un coup d’aile de ce Génie de la France qui déjà préludait à son essor, et qui allait se déployer de plus en plus dans un siècle d’immortel renom ; il eut l’honneur de pressentir cette prochaine époque et d’y croire.

1649. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Confucius semble avoir été illuminé divinement par un reflet, par un crépuscule de cette divine révélation sociale qui précéda le siècle des grandes eaux. […] À l’exception des arts barbares de la guerre qu’un excès de philosophie fait tomber en mépris et en désuétude chez ses disciples, voyez la population : cette contre-épreuve de la bonne administration : quatre cents millions d’hommes traversant en ordre et en unité vingt-cinq siècles ; jamais l’esprit législatif a-t-il créé et régi une telle masse humaine en une seule nation ? […] Sayous, est intitulé : le Dix-huitième Siècle à l’étranger.

1650. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Au lieu d’appeler le peuple à la colère et la vengeance contre une partie de lui-même, qui sont les riches et les heureux du siècle, vous le porterez à respecter dans les uns ce qui sera un jour leur propre sort ; vous montrerez à ces riches et à ces heureux du siècle la nécessité de pourvoir par bonne volonté au bien-être physique et moral de toutes les classes. […] Je restai jusqu’en 1830 respectueusement lié avec la marquise de L…, une des plus belles et des plus aimables femmes du siècle.

1651. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Les théories de l’« Art poétique » (Fin) Quand on sait combien Boileau a été insouciant de l’histoire et des formes accidentelles qui manifestent diversement l’unité essentielle du type humain, on ne s’attend guère à rencontrer dans l’Art poétique, au IIIe chant, à propos de la tragédie, des vers tels que ceux-ci : Des siècles, des pays, étudiez les mœurs ; Les climats font souvent les diverses humeurs. […] Richesse expressive de la rime, repos à l’hémistiche, proscription de l’hiatus et de l’enjambement : si ces préceptes sont parfois contestables, si on a pu en fléchir ou en rompre quelques-uns avec avantage, il ne faut pas oublier qu’ils n’appartiennent pas à Boileau, et qu’il n’a fait que donner par là la formule du vers classique, tel que Malherbe l’avait établi, et que les grands poètes du siècle nous le présentent. […] Les historiens et les critiques nous ont appris à lui attribuer un caractère éminemment grave et philosophique, à y respecter une des formes les plus expressives de la civilisation générale, où sont contenues toutes les conceptions de la vie et de la destinée humaines, toutes les représentations de l’univers et de l’être, par lesquelles l’humanité s’est consolée ou désespérée à chaque siècle.

1652. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Timocrate, le plus grand succès dramatique du siècle, qui eut 80 représentations, Timocrate vient de la Cléopâtre de La Calprenède : c’est l’idéal romanesque qui reparaît en sa pure fausseté, mais dégagé de toute aspiration héroïque et sublime, détendu, édulcoré, amolli. […] Je crains que Racine, comme Bossuet, n’ait été trop poète pour un siècle qui s’éloignait de plus en plus de la poésie : on sentit la vérité humaine mieux que la grandeur poétique de son œuvre. […] A la fin du siècle, je ne vois à nommer que la pièce de Longepierre (1688), pour une Médée rendue avec une raideur énergique de dessin et une pauvreté de couleur qui font moins songer à l’antiquité qu’à David, et pour un Jason très curieux de réalité prosaïque, dans son rôle de bellâtre égoïste et plat.

1653. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

* *  * Le meilleur argument des partisans de l’enseignement « moderne » était celui-ci : « Certes, nous allons mettre au jour une France de barbares, nous allons nous dépouiller de tout ce qui, depuis des siècles, constituait notre prestige, notre charme et notre beauté dans le monde, nous n’aurons plus la grâce, ni la politesse de l’esprit, — mais quoi ! […] Toutefois je pense que l’effort cérébral assez modeste exigé par le choix des expressions dans une version ou un thème latin, ou par la lecture des ouvrages de l’antiquité classique, ce répertoire des grands lieux communs sur lesquels vit en somme l’humanité depuis des siècles, est merveilleusement approprié à la vigueur d’un jeune cerveau encore en formation. […] Est-ce qu’un idiome qui a exprimé des civilisations aussi différentes que celle de la République romaine et celle du moyen âge, qui a fourni au droit, a la théologie, à bien d’autres sciences encore, pendant des siècles, leur unique instrument d’élaboration et de diffusion, n’a pas donné les preuves les plus convaincantes de sa souplesse et de ses facultés d’adaptation à toutes les idées et à tous les faits ?

1654. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Ce serait, par exemple, la partie de notre langue à laquelle, depuis bientôt quatre siècles, tout ce qu’il y a eu d’esprits cultivés en France a invariablement attaché le même sens. […] Pour faire l’histoire de l’esprit français, il faut connaître ce que c’est que cet esprit ; il faut s’être mis d’accord avec l’opinion qu’on en, a ou qu’on en doit avoir en France, après plus de trois siècles d’écrivains supérieurs. […] Je veux bien n’y pas voir un privilège ; mais si ce caractère n’est propre qu’à elle, et si d’ailleurs il n’a pas empêché que, depuis trois siècles, l’Europe politique et savante n’ait appris le français, il faut bien n’y pas voir une marque d’infériorité.

1655. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Taine a écrit d’admirables études d’ensemble sur l’art en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas ; mais vouloir connaître le génie propre et personnel de tel sculpteur ou de tel peintre d’après ces études de milieux extérieurs, c’est comme, si on voulait déterminer l’âge d’un individu d’après la moyenne d’une statistique, pu les principaux événements d’une vie par l’histoire d’un siècle. L’élément psychologique et sociologique a été introduit avec raison par notre siècle dans l’histoire littéraire ; mais il importe d’en fixer l’importance et les limites. […] A la fin du siècle dernier, on aimait les pastorales, la sentimentalité, les frivolités ; on ne parlait que d’âmes sensibles, d’âmes tendres, de bergers, et de bergères, de retour à la nature ; tout cela était à la surface : la Révolution et la Terreur approchaient.

1656. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il s’était converti au lit de mort de sa mère, brusquement, avec explosion et larmes, et avait renoncé à la plus belle situation dans le siècle pour s’ensevelir à Port-Royal. […] Il fera des tragédies qui secrètement embrassent et contiennent vingt-cinq siècles de culture et de sentiment. […] Il semble avoir voulu jouer, — dans un temps où c’était moins facile qu’aujourd’hui et deux siècles avant Irving, — au comédien-gentilhomme. […] Il n’abolit point la torture, institution de tant de siècles. […] La pudeur, justifiée ou non, que je me disposais à attribuer à Racine, appartiendrait donc à tout son siècle.

1657. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Elle a pour fondateur Royer-Collard, chrétien et royaliste, qui croyait combattre la révolution et sauver la morale en combattant le sensualisme du dernier siècle. […] Nous ne pouvons d’ailleurs tout dire sur cette question, l’une des plus grandes du siècle, et sur laquelle M.  […] Tandis que la philosophie française luttait, au nom des idées spiritualistes, contre l’idéologie sensualiste du dernier siècle, Fichte, Schelling et Hegel soutenaient les mêmes luttes en Allemagne. […] Renan s’intéresse aux siècles, aux races, aux groupes généraux ; il en esquisse avec grâce et mollesse les nuageux et changeants contours. […] N’est-ce pas par ce principe que cette école se distingue et se caractérise entre toutes les écoles du siècle ?

1658. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Mon âme se soulève à cet opportunisme, à ce jésuitisme qui ruse avec le siècle, qui est fait seulement pour jeter le doute parmi les croyants, le désarroi du sauve-qui-peut, cause prochaine des irrémédiables défaites ! […] Abel Lefranc pouvaient faire cette précieuse trouvaille ; depuis trois siècles et demi, ces poésies sommeillaient dans un coffret, et depuis un siècle le manuscrit appartient à la Bibliothèque Nationale, qui l’a acquis avec le fonds Bouhier. […] Nous ne sommes plus au grand siècle où l’on cherchait dans toutes les productions du génie cette fermeté et cette sobriété de caractère qui étaient l’expression de la raison parfaite. […] Mais, cette fois, après avoir lu le roman, il m’a semblé, en effet, y sentir passer un souffle de vérité, à ceci près qu’au lieu d’y voir agir un académicien du siècle dernier il m’a semblé parfois en avoir un du nôtre devant moi. […] On crut sous David, sous le Consulat et jusqu’à la première moitié de ce siècle, avoir supprimé le fleuve en le barrant.

1659. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il les, a lus, relus, appris par cœur ; et après eux il a voulu connaître tout le reste de la famille, si bien que peu d’hommes en France ont pratiqué autant que lui tous les petits moralistes des deux derniers siècles. […] Quincey est ainsi célèbre chez nous, si l’on songe que nous ignorons jusqu’aux noms de Charles Lamb, de Walter Savage Landor, de Thomas Beddoes, et de la plupart des poètes anglais de ce siècle. […] Car assez d’hommes travaillent sans répit à amuser le monde, qui n’ont point senti l’atteinte du mépris de la littérature, ou tout au moins de la leur ; et quand ceux-là manqueraient, l’humanité a produit assez d’œuvres depuis Homère pour suffire à l’amusement du monde pendant les siècles des siècles. […] Trois siècles d’art dramatique nous ont accoutumés à un métier plein d’artifices et de tours de force : et désormais il nous est impossible de prendre plaisir à des œuvres où il manque. […] On dirait que les traditions latines s’y sont conservées intactes à travers les siècles, ou que l’esprit des vieux humanistes bataves revit aujourd’hui au fond de l’âme de leurs descendants.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Dans un parallèle, assez contestable d’ailleurs, qu’il a établi entre l’œuvre du littérateur et l’action de l’homme d’État, il a rappelé la difficulté qu’il y a quelquefois, pour le meilleur gouvernement, à être le bienfaiteur des peuples qui ressemblent trop aux Athéniens de l’Antiquité ; il a parlé de cet esprit qui était aussi celui de Rome en de certains siècles (Roma dicax), de cet esprit de dénigrement devant lequel rien ne trouve grâce, et il s’est plaint de ce qu’il a nommé notre dissolvante ingratitude.

1661. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Moréas la sympathie qui se doit, nous dirons hautement aussi qu’un poète est né de ce dernier quart de siècle ; il en est un dont les vers sont nouveaux après vingt lectures et suscitent toujours de nouvelles joies ; qui eut le cœur simple et l’âme noble, et une finesse plus fine que celle même de M. 

1662. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Ces dames, nées à la fin du siècle précédent, étaient à peu près du même âge que la marquise, c’est-à-dire de 35 à 40 ans, en 1620.

1663. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Une année allait paraître l’École de Watteau, contenant les biographies de Pater, de Lancret, de Portail, encadrées dans un historique de la domination du Maître pendant tout le siècle.

1664. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

Deschanel observe que mièvre, émérite, truculent, ne disent plus les mêmes idées que voilà un ou deux siècles  ; mais c’est l’histoire même du dictionnaire.

1665. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Quelle honte pour l’humanité que cette espèce de maladie règne principalement dans les siècles où brillent les grands talens, & que le nôtre, qu’on dit être celui de la philosophie, n’en soit pas même exempt.

1666. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

L’affaire bien discutée, Jupiter prend l’avis des dieux, & prononce ainsi : « Pour la difficulté & importance de vos différends & diversité d’opinions, Nous avons remis votre affaire d’ici à trois fois sept fois neuf siècles.

1667. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il y avait dans leur siècle moins de galanterie que dans le nôtre. […] Pour qu’une belle poésie naisse, il faut qu’une race rencontre son siècle. […] À travers l’enveloppe pompeuse de la rhétorique nouvelle, Thomas Otway a retrouvé parfois les passions de l’autre siècle. […] Un nouvel esprit naissait et renouvelait l’art avec le reste ; désormais et pour un siècle, les idées s’engendrent et s’ordonnent par une loi différente de celle qui jusqu’alors les a formées. […] Au fond, dans ce siècle en Angleterre, toutes les discussions restent étroites.

1668. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Jeudi 5 avril À la fin de la soirée, l’on causait de la précipitation des choses, des événements, des succès, de l’accélération de tout au monde, et l’on se demandait, si ce n’étaient pas les caractères des fins de siècle, si, il n’y avait à ces époques limitées par des calculs humains, une accumulation, un trop-plein d’incidents, voulant déborder, pour débarrasser le siècle qui va venir. Et l’on faisait un retour sur la fin du siècle dernier avec la Révolution, sur la fin du xviie  siècle avec les guerres de Louis XIV, sur la fin du xvie  siècle avec la Ligue. […] Dans les autres siècles, les gens en vedette étaient des créateurs, aujourd’hui ce sont des destructeurs. […] Pour ce repas, il avait fait venir un cuisinier de Paris, et tous les jours, pendant un mois, à l’effet de le faire rétrograder dans la cuisine, d’il y a quatre siècles, il lui avait fait cuisiner un plat, d’après le Viandier de Taillevent. […] C’est un exemplaire des Maîtresses de Louis XV, la dernière reliure de Capé, faite en imitation des riches reliures à arabesques fleuronnées du siècle dernier.

/ 2731