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1012. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Peut-être ressembla-t-il au sénat de Rome, qui remuait toutes les nations pour être le maître de la sienne, et cimentait son pouvoir au-dedans par les victoires et le sang versé au loin sur les champs de batailles.

1013. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

La peinture qu’il fait du duc de Bourgogne fera éternellement désirer aux peuples d’avoir un maître qui lui ressemble.

1014. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

On l’a comparé à Auguste ; il lui ressembla bien peu.

1015. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Elle veut dire que nous ne ressemblons pas à nos âmes. […] Ce poète de l’amour ne ressemble pas à don Juan. […] Cet amoureux ne ressemble pas à don Juan, ni à Tristan non plus, et ni à Des Grieux. […] Et c’est une question de savoir si l’on ressemble à ses livres. […] Donnay ne ressemble pas à Musset ; et il n’a point à en souffrir, étant un autre poète.

1016. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Ils laissent, non pas une œuvre cohérente, mais une collection disparate de travaux sur des problèmes de toute espèce qui ressemble, comme dit Carlyle, à une boutique d’antiquaire, à un archipel d’îlots. […] On peut comparer les ensembles réels et voir par quelles parties ils se ressemblent de façon à les classifier suivant leurs ressemblances réelles. […] Or les choses passées ne ressemblaient qu’en partie aux choses présentes, et ce sont justement les parties différentes qui font l’intérêt de l’histoire. […] Parmi les espèces de faits, les personnages, les sociétés bien connus (soit par l’observation directe, soit par l’histoire), on cherchera ceux qui ressemblent aux faits, au personnage, à la société qu’il s’agit d’étudier. […] En comparant les différentes sociétés de façon à établir par quelles branches se ressemblent ou différent celles qui se ressemblent ou diffèrent par une branche donnée (religion ou gouvernement), on obtiendrait peut-être des constatations empiriques intéressantes.

1017. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Un État où la majorité des esprits d’élite serait composée de philosophes et de savants, d’artistes et de littérateurs, au lieu d’offrir l’aspect d’un organisme vivant et puissant, ressemblerait à un mandarinat sans, relation avec la marche du monde et voué par son inactivité pratique à la décadence et à la ruine. […] Mais il faut toujours qu’il y ait appel à un tribunal ultérieur, et le mépris absolu d’un auteur pour toute la postérité ressemble fort à un non-sens. […] L’histoire littéraire offre assez fréquemment pour qu’on y reconnaisse, sinon une règle générale, du moins quelque chose de plus qu’une exception curieuse, une telle concordance du nom des auteurs avec le caractère de leurs ouvrages, qu’elle ressemble à une harmonie préétablie. […] Comment maintenant, pendant mon travail, mes œuvres prennent la forme ou la manière qui caractérise Mozart et ne ressemble à celle d’aucun autre, cela arrive, ma foi, tout comme il se fait que mon nez est gros et crochu, le nez de Mozart enfin et non celui d’une autre personne. […] Il est curieux et presque comique de voir les critiques eux-mêmes ressembler en ce point aux poètes et parler, ô les pauvres gueux !

1018. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Ce petit livre de vers ne ressemblait pas aux autres. […] J’admets qu’il ressemble à son buste ; mais son buste me le déguise, me dérobe son front et la forme de sa tête, ne me le montre pas vivant, l’éloigne encore de moi au lieu de le rapprocher. […] Alors, dans un accès de colère qui ressemble à un accès de folie, il interrompt sa tirade, se tourne vers le prince, l’insulte abondamment devant toute la salle effarée, et tombe pâmé sur les planches, entre les bras de ses camarades. […] Ce drame ressemble trop à un très remarquable roman dialogué. […] Elle redouterait de ressembler, fût-ce dans un moment fugitif, aux femmes qui font d’amour métier et marchandise justement parce qu’elles n’aiment point, et d’en éveiller le souvenir dans l’esprit de son mari.

1019. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Qui de nous ne vous ressemble en quelque chose ? […] Les braves gens ressemblent presque tous en quelque sorte à des soldats. […] — Il ressemble à Brasseur, dis-je assez platement, pour m’excuser. […] Elle ressemble à l’amour. […] Et il est vrai aussi que rien ne ressemble moins aux vers de Lamartine que les vers de Leconte de Lisle.

1020. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Sénèque et Pétrone se ressemblent : on sent qu’ils datent tous deux du règne de Néron. […] Cette histoire ressemblait assez, à ce qu’il paraît, au Recueil des voyages imaginaires et au roman de Cyrano de Bergerac. […] Le romancier n’a pas craint de commencer par un début qui ressemble à un dénouement. […] Si une forme nouvelle de tragédie devait sortir de nos mœurs actuelles et du génie de quelque grand poète, cette forme ne ressemblerait pas plus à la tragédie de Shakspeare qu’à celle de Racine. […] Le travail de son esprit, dans ce sujet tout idéal, ressemble à ce qu’il a lui-même admirablement décrit, au vol fantastique de Satan à travers les espaces du vide.

1021. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

. —  En quoi il ressemble aux puritains. —  Sartor resartus. […] Sur la houle sauvage du chaos, dans l’air de plomb, il n’y a que des flamboiements brusques d’éclairs révolutionnaires ; puis rien que les ténèbres, avec les phosphorescences de la philanthropie, ce vain météore ; çà et là un luminaire ecclésiastique qui se balance encore, suspendu à ses vieilles attaches vacillantes, prétendant être encore une lune ou un soleil, —  quoique visiblement ce ne soit plus qu’une lanterne chinoise, composée surtout de papier, avec un bout de chandelle qui meurt mal-proprement dans son cœur. » Figurez-vous un volume, vingt volumes composés de tableaux pareils, reliés par des exclamations et des apostrophes ; l’histoire même, son Histoire de la Révolution française, ressemble à un délire. […] Si vous ne jetez pas le livre de colère et de fatigue, vous perdez le jugement ; vos idées s’en vont, le cauchemar vous prend ; un carnaval de figures contractées et féroces tourbillonne dans votre tête ; vous entendez des hurlements d’insurrection, des acclamations de guerre ; vous êtes malade : vous ressemblez à ces auditeurs des covenantaires que la prophétie remplissait de dégoût ou d’enthousiasme, et qui cassaient la tête au prophète, s’ils ne le prenaient pour général. […] Si on l’applique à la Nature, on arrive à considérer le monde comme une échelle de formes et comme une suite d’états ayant en eux-mêmes la raison de leur succession et de leur être, enfermant dans leur nature la nécessité de leur caducité et de leur limitation, composant par leur ensemble un tout indivisible, qui, se suffisant à lui-même, épuisant tous les possibles et reliant toutes choses depuis le temps et l’espace jusqu’à la vie et la pensée, ressemble par son harmonie et sa magnificence à quelque Dieu tout-puissant et immortel. […] Son récit ressemble à celui d’un témoin oculaire.

1022. (1933) De mon temps…

Si Edmond de Goncourt faisait penser par son allure militaire à un vieux colonel des armées impériales, Guy de Maupassant ressemblait plutôt à un sous-officier sorti du rang, mais, ce que je voyais en lui, c’était l’auteur des beaux romans et des contes admirables, l’auteur de Fort comme la Mort et de Boule de Suif, l’écrivain qui tenait du grand Gustave Flaubert son art réaliste et soucieux de vérité. […] Ces réceptions ressemblaient assez à des représentations dont il eût été la vedette. […] Il y avait en lui quelque chose de militaire et de martial qui le faisait ressembler à un ancien officier de cavalerie et quelque chose aussi qui rappelait la silhouette des artistes du temps de Gavarni. […] Sur une table se hérissait un bouquet de chardons qui ressemblaient à des fleurs en ferronnerie. […] A quoi pouvait bien ressembler cet Alfred Jarry dont on se contait déjà les hauts faits et dont on se répétait déjà la légende de philosophe pataphvsicien et d’éleveur de hiboux en chambre ?

1023. (1925) Dissociations

Le menu Comme c’est la saison des congrès, des hygiénistes réunis à Londres s’avisèrent de s’offrir un banquet, et ce banquet aurait ressemblé à tous les autres, s’il n’avait comporté un menu qui donnait une notice alimentaire sur chacun des mets. […] Cela devait ressembler quelque peu au légendaire « Guillotiné par persuation » d’Eugène Chavette : « Restez donc avec nous, mon ami, nous vous ferons un gentil procès, après quoi on vous coupera le cou fort proprement. […] Les Crésus modernes ne ressemblent guère aux anciens. […] Ils ressemblent assez, sous ce rapport, aux anciens Romains, et toute pratique magique leur semble redoutable. […] Toutes les religions, toutes les superstitions se ressemblent.

1024. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Ces animaux pouvaient ressembler à certains de nos Vers, avec cette différence toutefois que les Vers aujourd’hui vivants auxquels on les comparera sont les exemplaires vidés et figés des formes infiniment plastiques, grosses d’un avenir indéfini, qui furent la souche commune des Échinodermes, des Mollusques, des Arthropodes et des Vertébrés. […] Oui, sans doute, à condition que cette connaissance ressemble moins à une chose possédée qu’à une habitude contractée, moins à un état qu’à une direction ; ce sera, si l’on veut, un certain pli naturel de l’attention. […] Ils constituent, réunis, un « monde intelligible » qui ressemble par ses caractères essentiels au monde des solides, mais dont les éléments sont plus légers, plus diaphanes, plus faciles à manier pour l’intelligence que l’image pure et simple des choses concrètes ; ils ne sont plus, en effet, la perception même des choses, mais la représentation de l’acte par lequel l’intelligence se fixe sur elles. […] Le Sphex, lui, n’en saisit sans doute que peu de chose, juste ce qui l’intéresse ; du moins le saisit-il du dedans, tout autrement que par un processus de connaissance, par une intuition (vécue plutôt que représentée) qui ressemble sans doute a ce qui s’appelle chez nous sympathie divinatrice. […] Mais déjà les faits que nous venons de passer en revue nous suggéreraient l’idée de rattacher la vie soit à la conscience même, soit à quelque chose qui y ressemble.

1025. (1886) Le naturalisme

Il est curieux que les reproches adressés au Romantisme débutant ressemblent, comme une goutte d’eau à une autre, à celles que l’on lance aujourd’hui contre le Réalisme. […] Il n’est rien qui ressemble moins à un écrivain de profession que Stendhal. […] Il ne ressemble ni à Balzac, ni à Flaubert ; et bien que disciple de Diderot, il ne lui emprunte que le coloris et l’art d’exprimer les sensations. […] Son style inégal ressemblait à ces visages aux traits irréguliers, qui compensent le défaut de correction par la lueur soudaine du sourire ou par le feu du regard. […] Deux lyriques, deux dramaturges anciens se ressemblaient davantage entre eux que ne se ressemblent aujourd’hui deux romanciers par exemple.

1026. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

. — Non… et cependant, tenez… sous un régime monarchique c’était logique, mais sous un gouvernement républicain, l’ironie de la chose est vraiment amusante pour un sceptique… Mais examinons de haut la question… Nous avons comme président, un président qui peut être un parfait honnête homme, mais qui est la personnification du néant, et qui n’a dû sa nomination qu’à la constatation par tous de ce néant, et par là-dessus c’est un président très pudibard… Maintenant nous avons une Chambre qui est la représentation de la médiocratie intellectuelle de la province… car à l’heure qu’il est, Paris est sous le joug de l’obscurantisme des prétendus grands hommes de chefs-lieux… Autrefois, du temps où il y avait plus de Parisiens à la Chambre, il y en avait certes de médiocres dans le nombre, mais le Parisien médiocre ressemble un peu à nos jeunes gens sans grande intelligence de la diplomatie, qui au bout d’un certain nombre d’années, par la fréquentation de l’humanité supérieure des grandes capitales ou ils passent, ont dépouillé quelque chose de leur médiocrité. […] Jeudi 27 août Les arbres, tels que je les vois avec mon œil de myope, à travers mon lorgnon n° 12, ne ressemblent en rien aux arbres peints, dans les tableaux anciens et modernes. […] Mardi 3 novembre Toujours des nuits sans sommeil, toujours un côté, dont la peau semble à vif, avec dedans, de temps en temps, un élancement qui ressemble à la piqûre simultanée de deux ou trois sangsues. […] Samedi 28 novembre J’avais juré, après cette troisième gelée de mon jardin, en vingt ans, de ne plus le refaire, mais ces serments ressemblent à des serments d’ivrognes qui jurent de ne plus boire.

1027. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Le Voyage d’Orient est tout plein de ces premières grandes bouffées d’ambition qui ressemblaient de loin à des vapeurs.

1028. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

La condition de la critique, en ce qu’elle a de journalier, de toujours mobile et nouveau, la fait ressembler un peu, je l’éprouve parfois, à un homme qui voyagerait sans cesse à travers des pays, villes et bourgades où il ne ferait que passer à la hâte, sans jamais se poser ; à une sorte de Bohémien vagabond et presque de Juif errant, en proie à des diversités de spectacles et à des contrastes continuels.

1029. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Il me semble qu’il introduirait fort bien le livre dans le monde, et qu’il ne ressemblerait point du tout à ces fades avis d’éditeur fabriqués par l’auteur même, et qui font mal au cœur.

1030. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Leur art dramatique ressemblait à leur peinture, où toutes les couleurs sont vives, où tous les objets sont placés sur le même plan, sans que les lois de la perspective y soient observées.

1031. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Tout ce que l’on dit pour et contre les lumières ressemble aux inconvénients et aux avantages qu’on peut attribuer à la vie.

1032. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

L’humour ressemble à l’oiseau Mérops, qui monte vers le ciel en tenant sa queue tournée vers lui ; c’est un jongleur qui boit et aspire le nectar en dansant sur la tête, etc., etc., etc.

1033. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

… Belle chose vraiment, pour tant de personnes qui ne savent que les mots, s’ils savent persuader au public qu’en leur distribution gise l’essence et la qualité d’un écrivain… Eux et leurs imitateurs ressemblent le renard qui, voyant qu’on lui avait coupé la queue, conseillait à tous ses compagnons qu’ils s’en tissent faire autant pour s’embellir, disait-il, et se mettre à l’aise… Ils ont vraiment trouvé la fève au gâteau d’avoir su faire de leur faiblesse une règle et rencontrer des gens qui les en crussent. » Elle criait que cette poésie correcte et populaire était trop facile à faire, trop facile à comprendre.

1034. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Enfin toutes les manières possibles de traduire doivent aboutir à un seul objet, qui est de se faire lire de suite, avec plaisir, sans égard au texte, de ressembler à un excellent original.

1035. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Le déiste ne ressemble pas mal à un philosophe qui se contenterait de démontrer l’existence du beau, mais qui ne serait jamais sorti de son cabinet pour contempler les beautés de la nature et de l’art.

1036. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Comme il eût partagé, pour les rubans, son goût idolâtre, car jamais nulle femme n’eut l’amour et la science des rubans autant que Mme de Girardin, et c’est sa gloire, une gloire qui ressemble à un arc-en-ciel !

1037. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Lord Byron, à lui seul, l’emporte, en intérêt littéraire et surtout en intérêt de nature humaine, sur tous ces Allemands sans passion ardente et profonde et qui n’ont de nature humaine que dans le cerveau… La vie de ce grand poëte, qui s’est élevé jusqu’au grand homme, est autre chose que celle de ces travailleurs en rêveries dont l’existence ressemble à une table des matières de leurs œuvres, dans laquelle elle tient… Pour tout homme, pour tout être si heureusement et si puissamment organisé qu’il soit, la vie de Byron est un sujet de critique et de biographie de la plus redoutable magnificence ; car Byron fut comme le plexus solaire du xixe  siècle, et tous les nerfs de la société moderne, cette terrible nerveuse, aboutissent à lui… Toucher à cet homme central, magnétique et vibrant, qui mit en vibration son époque, c’est toucher à l’époque entière… Jusqu’ici, ceux qui y ont touché s’y sont morfondus.

1038. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Dans ce passage de la Ligne pour l’Histoire, qui va de 1572 à 1600, la métamorphose avait été complète : intérêts, institutions, préoccupations, franchises, beaux-arts, théâtres, architecture, langues, costumes, plaisirs, rien ne ressemblait au passé… Mais, plus tard, le dénoùment du faisceau devenait plus rapide.

1039. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

En cela il ressemble à beaucoup de révolutionnaires, qui pourraient lui servir tout naturellement de miroir quand il les rencontrera dans son histoire, mais il retournera le miroir.

1040. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Quant à sainte Condorcet, il fait ce qu’il peut pour la placer très haut dans le paradis jacobin et philosophique entr’ouvert à ses mystiques regards au-dessus de la tête de la déesse de la Raison, et ce n’est pas sa faute, à lui, si elle n’y a pas une des plus splendides auréoles : « Elle ressemblait — dit-il — à l’ange de la métaphysique. » Apparemment, un des anges du paradis en question !

1041. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Il a cru que dans le mystère, le mystère profond de la vie, une question d’éducation pouvait toujours résoudre une question de destinée : ce qui rendrait la vie aussi plane en réalité qu’elle est hérissée de complications formidables ; et alors, moraliste appliqué exclusivement à la femme, il est devenu le Chesterfield de mademoiselle sa fille, et il l’a formée pour un mari dans une suite de chapitres où il parle à la seconde personne, et qui ressemblent à des lettres, absolument comme le lord anglais, plus superficiel, formait pour le monde et la politique son gentilhomme de fils qui, je crois, aurait été un assez pauvre diplomate, et, à ce qu’il paraît, a eu toute sa vie assez mauvais ton !

1042. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Rien ne lui ressemblait positivement.

1043. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Dandin, Dadais, Dindon, Dangeau, comme cela se ressemble !

1044. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Quant aux publicistes européens, eux, ils ressemblent un peu trop à ces femmes qui ne haïssent pas l’insolence dans les très jeunes gens.

1045. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Mais, sans ressembler à Tardent jeune homme qui trouva l’inspiration du talent dans les premières ivresses de la Révolution française, Carrel pourrait avoir des facultés à part, un talent à lui, dont nous regretterions l’emploi, mais dont nous subirions la puissance.

1046. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Énigme de corps ou énigme d’âme, quoi qu’elle soit dans l’un ou dans l’autre, laissons ce problème d’une femme qui n’aime point, et qui, par ce côté, ressemble au Démon : « le malheureux qui n’aime pas ! 

1047. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Il est telle de ses pages d’une prose insaisissable et qui ressemble à une symphonie.

1048. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Nous ne voulons imiter personne, ni Voltaire, dont les remarques sur Pascal ne sont qu’un verre d’eau claire dans lequel il y a de petites raisons qui ressemblent à des animalcules !

1049. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Ils manquent de variété, parce que ces moines, qui furent des Saints, se ressemblent de la ressemblance absolue de leur perfection.

1050. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury ressemble à M. 

1051. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Il ne ressemblait ni à Fontenelle, ni à ce Cornaro dont Flourens nous a raconté un jour la moqueuse histoire.

1052. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Il n’est point pédant comme les philosophes qu’il combat, et dont quelquefois il se moque avec une bonhomie meurtrière… Du fond de sa province, où il est peut-être resté toute sa vie, — comme Rocaché, le grand médecin des Landes, cet immense praticien, plus haut que la fortune et que la gloire, inconnu à Paris, mais regardé comme un dieu de Bordeaux à Barcelone, où il régna cinquante ans sur la santé et sur la maladie, — le Dr Athanase Renard, dont j’ignore la valeur comme médecin, apparaît dans son livre comme un robuste penseur solitaire, et ce qui étonne davantage, comme un homme de la compétence la plus éclairée sur toutes les questions d’enseignement, de méthodes et de classifications de ce temps, et comme s’il avait vécu dans le milieu philosophique où ces questions s’agitent le plus… Par ce côté, il ressemble encore à Saint-Bonnet, le grand esprit métaphysique dont le rayonnement finira un jour par tout percer, et qui aussi vivait au loin de ce que les flatteurs ou les fats de Paris appellent insolemment la Ville-lumière.

1053. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Toujours est-il que, maniaque de sympathie nouvellement éclose, il en répète le mot à chaque page, à chaque ligne, avec une fréquence qui ressemble au tic d’un appauvrissement.

1054. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

I Ce livre ne nous a pas été envoyé, — mais la Critique ne ressemble pas à cet heureux plongé dans le sommeil au seuil duquel s’assied la Fortune dans la Fable.

1055. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Ils ressemblent aux rubis de Wanda, dans la belle pièce de ce nom : Vos mains, par ces rubis, semblent ensanglantées ?

1056. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

C’est, enfin, la lâcheté, sublime ou abjecte, d’une passion qui ressemble à une maladie dont les rechutes seraient éternelles !

1057. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Indépendamment en effet des phénomènes physiques ou psychiques qui se déroulent à l’intérieur des sociétés, quelles que soient la race ou les idées des unités qu’elles associent, les sociétés se ressemblent ou diffèrent par la façon dont leurs unités sont associées, par les modalités de leur groupement.

1058. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Nous savons tout ce qu’on a dit, tout ce que les Américains disent parfois eux-mêmes sur leur vie trop aride et trop positive, sur cette rudesse de mœurs sans illusions élégantes, et ce tracas assidu de leurs villes, cette laborieuse activité de leurs réunions, qui ressemble aux coups de hache réitérés de leurs pionniers dans le désert.

1059. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Lemaître en arrive, lui aussi, à se constituer une espèce de foi sans Dieu, qui ne ressemble en rien à là foi du charbonnier, mais qui est une foi tout de même. […] Le monde, de ce train, ressemblera un jour à la plaine Saint-Denis. […] Mais, à côté de cet honnête homme du xviie  siècle, il y a l’honnête homme d’aujourd’hui, qui ne lui ressemble guère, et qui n’est pourtant pas, je crois, une « ganache ». […] Vous et moi, nous connaissons beaucoup d’honnêtes gens qui ne ressemblent par aucun trait à ceux que nous venons de voir en scène, et que tache toujours, si j’ose dire, une conscience trop claire de leur honnêteté. […] Ils ressemblent à des voyageurs égarés dans la nuit, qui voient loin devant eux briller des lumières.

1060. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ce sont toutes ces influences qui ont préparé d’abord, soutenu, et consacré le succès du « grand » Corneille, si personne moins que lui n’a ressemblé au bonhomme de génie dont on retrouve le profil héroïque dans toutes nos histoires, et au contraire si nul n’a mieux su reconnaître et prendre le vent de l’opinion pour y incliner la souplesse de son talent. […] Mais je ne crois pas que l’on puisse se tromper davantage ; et sans parler de la « perfection du style de Descartes », dont je dirais volontiers, selon le mot célèbre, qu’elle ressemble « à l’eau pure, qui n’a point de saveur particulière », l’influence de Descartes, on le verra plus loin, ne s’est exercée ni dans le sens que l’on dit, ni surtout dans le temps précis où on la place. […] Le style qui ressemblera le plus à celui de Nicole, « un style grave, sérieux, scrupuleux », ce sera le style du père Bourdaloue. […] Je vis alors qu’il la traversait par le milieu : d’où je jugeai que son amour était diminué de la différence de la diagonale aux deux côtés du carré. » Si diverses qu’elles soient, toutes ces manières de parler se ressemblent, au fond ; et ne sont-ce pas celles dont s’était tant moqué Molière ? […] — et comment il faut entendre la question. — Observation sur son caractère, et que peu d’hommes ont moins ressemblé à leur style. — Qu’il ne semble pourtant pas que ses doutes aient jamais ébranlé chez lui le fondement de la foi. — Dans quelle mesure ses perplexités ont ressemblé à celles de Pascal, et dans quelle mesure elles en ont différé. — De la prédilection de Bossuet, parmi les Pères grecs pour saint Jean Chrysostome, et parmi les Pères de l’église latine pour saint Augustin. — Si, dans sa vie studieuse, il n’a pas un peu négligé d’étudier les hommes ?

1061. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il a l’horreur du paradoxe, l’ironie l’inquiète et la fantaisie l’étonne… Ce Jacques, qui ne ressemble ni à un boulevardier, ni à un mondain, ni à la plupart de nos hommes de lettres, ressemble-t-il très exactement à M.  […] Ou peut-être est-ce que le temps est passé de l’amour, et qu’une humanité trop réfléchie et consciente d’elle-même est devenue incapable de s’y oublier. « Les sentiments se transforment comme les idées, et l’amour d’aujourd’hui ne ressemble pas plus à celui d’hier que nos formes politiques ne ressemblent à celles du passé. […] Elle ne retient que les traits par où nous nous ressemblons tous ; en sorte que dans ses œuvres comme chargées d’humanité tous les hommes se puissent reconnaître. […] Elles diffèrent, comme bien on pense, sur plus d’un point ; mais il en est un par lequel elles se ressemblent : toutes nos Françaises se déclarent sœurs en Donna Marie, sorelle di Maria Ferrés. […] Ils les exposent avec une complaisance qui chez d’autres ressemblerait à du pédantisme ; et leurs idées, grâce aux brouillards dont ils les protègent, conservent de mystérieux lointains.

1062. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Une géographie et une cartographie de marins ne ressemblent pas du tout à une géographie et à une cartographie de terriens : les vues de côtes et les vues de continents ne se raccordent que lorsqu’on a compris (voyez Bérard) l’optique des unes et des autres. […] Une maternité morale dont l’effet ressemble à celui d’une saine maternité physique. […] L’état civil enregistre chaque jour de futurs amoureux, de futurs avares, de futurs médecins, de futurs professeurs, de futurs députés, qui ressemblent aux innombrables amoureux et avares, aux innombrables professeurs, médecins, députés. […] Dès lors les amours des hommes de génie ressembleront beaucoup aux amours du reste des hommes, auront plutôt une tendance à s’emparer moins de toute l’âme, à être moins intéressantes. […] C’est que la création poétique ressemble à l’autre, et que celui qui crée imite Dieu.

1063. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Ce sourd travail de l’esprit ressemble aux lentes cristallisations de la nature. […] Elles ressemblaient à deux beaux piliers de marbre — qui supportent un temple des dieux,  — que tout le peuple orne de guirlandes vertes — et honore dans ses assemblées de fête. —  Avec une grâce imposante et un port de princesse,  — elle ralentissait leur démarche quand elle voulait garder sa majesté. —  Mais quand elle jouait avec les nymphes des bois,  — ou qu’elle chassait le léopard fuyant,  — elle les mouvait agilement, et volait dans les campagnes. […] Si d’autres, de loin en loin, comme Sidney et Spenser, entrevoient ce Dieu, c’est comme une vague lumière idéale, sublime fantôme platonicien, qui ne ressemble en rien au Dieu personnel, rigide examinateur des moindres mouvements du cœur. […] Leurs écrits ressemblent aux puissantes et pesantes gravures des contemporains, aux cartes d’Hofnagel par exemple, si âpres et si instructives ; leur conception est poignante et précise ; ils ont le don d’apercevoir chaque objet non d’une façon générale, comme les classiques, mais en particulier et singulièrement. […] Shakspeare et les voyants n’ont pas des condensations de pensées plus énergiques, plus expressives, qui ressemblent mieux à l’inspiration, et Bacon en a partout de semblables.

1064. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Remarquez-vous ces hasards de l’esprit français qui ressemblent bien à des lois géné* raies et naturelles ? […] Un troubadour avait auprès de lui quelqu’un qui ressemblait à un écuyer à côté d’un chevalier. […] Leur poésie ressemble-t-elle aux fadeurs modernes où leur nom figure, ou bien ce talent a-t-il réellement quelque chose d’original ? […] Sous ce rapport, elle ne ressemble nullement aux poésies des trouvères, et à d’autres essais des langues naissantes. […] Sous ce rapport, la poésie romane ressemble bien peu à celle que, dans nos temps modernes, on a nommée romantique.

1065. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Le plus grand arbre n’excitera aucune admiration, si tous ceux de la forêt lui ressemblent. […] La société ressemble à une voûte : si la clef, ou le premier voussoir pèse trop, l’édifice n’est tôt ou tard qu’un amas de ruines. […] Il est glorieux d’être ridicule aux yeux de tels personnages ; c’est presque leur ressembler que de les nommer sans indignation. […] Si le sage tel que toi ne se trouve qu’une fois, tant mieux ; s’il faut lui ressembler, je jure de n’être jamais sage. […] Un système de mensonges ressemble plus à la vérité qu’un seul mensonge isolé ; plus on voit de choses à contredire à la fois, moins on en contredit.

1066. (1898) La cité antique

Rien dans les temps modernes ne leur ressemble. Rien dans l’avenir ne pourra leur ressembler. […] Le culte des morts ne ressemblait en aucune manière à celui que les chrétiens ont pour les saints. […] Les anciens avaient des livres liturgiques, mais ceux d’une ville ne ressemblaient pas à ceux d’une autre. […] Le sénat d’Athènes ressemblait sur ce point à celui de Rome.

1067. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

 » — « Son bonheur ressemblait à du repentir » ; et il soulignait ce verset de Job : « Mon âme est fatiguée de ma vie7. » — A quoi bon en effet la vie elle-même ? […] Il ne se ressemble même pas à lui-même d’une pièce à l’autre. […] Il apportait en 1822 une pensée poétique, et dans ses bons ouvrages une forme nouvelle, inattendue, bien à lui, qui, même de loin, ne devait rien ni à Chateaubriand, ni à Bernardin de Saint-Pierre, ni à Rousseau, et qui ne ressemblait en rien à Lamartine. […] Nisard n’a pas trouvé ses vers bons, il écrit trente ans après : « Un âne qui ressemble à M.  […] Hugo (souvent) ne sent pas assez, ne se jette pas lui-même dans la mêlée de ses strophes, semble les lancer de loin à la charge, et, à l’examiner d’un peu près, il arrive que son mouvement lyrique ressemble à un mouvement oratoire.

1068. (1929) La société des grands esprits

C’est un des côtés — il y en a même quelques autres — par où notre Renan leur ressemble. […] Son Dieu est une pensée pure, et l’homme lui ressemble d’autant plus qu’il pense davantage. […] Mais son Dieu ressemble fort à celui de Spinoza, qui a tiré toutes les conséquences du système de son maître. […] Renan eût plutôt ressemblé à Fénelon, à Richard Simon, ou à Malebranche ; et l’on ne voit pas trop aujourd’hui à qui ressemblerait Pascal, aucun de nos contemporains ne pouvant lui être comparé. […] Nos historiens ne nous apprennent qu’à les maudire et ne nous recommandent que de ne pas leur ressembler.

1069. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Sarcey ressemble à ces hommes du dix-huitième siècle, qu’il aime tant. […] Dumas est toujours un grand écrivain de théâtre… mais enfin, il se pourrait que le comte de La Rivonnière ressemblât — oh ! […] Le vieux prend le petit dans son berceau ; il le tripote, il l’admire : « Mais c’est qu’il me ressemble… Il est rudement bâti, le mâtin !  […] Elles se ressemblent d’ailleurs ; les cheveux, les yeux pareils ; Mette un peu plus petite seulement et la peau plus blanche. […] Et, comme la fillette s’émerveille : « N’est-ce pas, dit-il avec simplicité, que ça ne se ressemble plus ?

1070. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Les traits accidentels, qui font qu’une génération dans un pays ne ressemble à aucune autre, sont soulignés avec une justesse surprenante. […] Combien cette femme ressemble à Mme Victor Hugo ! […] Tous les portraits de Pasteur se ressemblent, à travers les différences entre les âges du modèle et la facture des peintres, par l’expression du regard, si étonnamment attentif. […] On les multiplierait indéfiniment, comme aussi — contraste en apparence bien paradoxal — ceux où, l’un et l’autre, ils se ressemblent aussi par ce point, affirment l’importance suprême de la vie religieuse. […] Les Pensées ressemblent à ce paysage par une de ces analogies impossibles à bien rendre, mais évidentes pour ceux qui aiment et l’Auvergne et Pascal.

1071. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Tandis que, pour la plupart des anciens psychologues, l’image était une sorte de fantôme sans siège déterminé, existant « dans l’âme », différant de la perception non en degré, mais eu nature, lui ressemblant « tout au plus comme un portrait ressemble à l’original » ; pour la psychologie physiologique, entre la perception et l’image, il y a identité de nature, identité de siège et seulement différence de degré. […] Finalement, il ressemble à la monnaie fiduciaire (billets de banque, chèque, etc.), offrant la même utilité et les mêmes dangers. […] On voit, en résumé, que l’attention no ressemble en rien à une activité pure, qu’elle est liée à des conditions physiques parfaitement déterminées, n’agit que par elles et dépend d’elles. […] Sans prétendre à rien qui ressemble à une classification systématique, nous essayerons de les grouper suivant un ordre rationnel. […] D’après sa comparaison favorite, l’écorce cérébrale ressemble à un lustre éclairé au gaz, à becs nombreux.

1072. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

chacun ne ressemble-t-il pas plus ou moins en cela à M.  […] Car cette délicatesse-là, qui est celle de la fin, ressemble, on l’a dit, à ces viandes faites qui ne sauraient attendre un instant de plus. […] Nous ressemblons tous à une suite de naufragés qui essaient de se sauver les uns les autres, pour périr eux-mêmes l’instant d’après.

1073. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mais cette infirmité ressemblait à une hésitation volontaire de sa contenance : son adresse savait changer en grâces jusqu’aux défauts de la nature. […] En vérité, ces rêves d’unité italienne ou germanique ne ressembleraient-ils pas à des trahisons, s’ils n’étaient pas les inepties du patriotisme ? […] Votre force s’augmentera dans le présent de toute la foi que le pouvoir héréditaire inspirera au monde dans votre avenir. » M. de Talleyrand, pilote plus exercé aussi aux pronostics de l’opinion publique en France, croyait plus que Bonaparte lui-même à la prostration facile des hommes et des choses ; il savait combien la France politique est complaisante aux événements, et combien le lendemain d’un coup d’État ressemble peu à la veille.

1074. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Ils ressemblent à ces femmes bien élevées et sans richesses, qui ne peuvent souffrir un époux vulgaire, et à qui une union mieux assortie est interdite par la fortune. […] « Aujourd’hui (dans les Consolations) il sort de sa débauche et de son ennui ; son talent mieux connu, une vie littéraire qui ressemble à un combat, lui ont donné de l’importance et l’ont sauvé de l’affaissement. […] Oui, même avant la corde ajoutée à ta lyre, Avant le Crucifix, le Lac, avant Elvire, Lorsqu’à regret rompant tes voyages chéris, Retombé de Pæstum aux étés de Paris, Passant avec Jussieu24 tout un jour à Vincennes À tailler en sifflets l’aubier des jeunes chênes ; De Talma, les matins, pour Saül, accueilli ; Puis retournant cacher tes hivers à Milly, Tu condamnais le sort, — oui, dans ce temps-là même (Si tu ne l’avais dit, ce serait un blasphème), Dans ce temps, plus d’amour enflait ce noble sein, Plus de pleurs grossissaient la source sans bassin, Plus de germes errants pleuvaient de ta colline, Et tu ressemblais mieux à notre Lamartine !

/ 2023