Les seuls travaux inutiles sont ceux où l’esprit superficiel et le charlatanisme prétendent imiter les allures de la vraie science et ceux où l’auteur, obéissant à une pensée intéressée ou aux rêves préconçus de son imagination, veut à tout prix retrouver partout ses chimères.
Jammes, tiède, désolé, mélancolique et innocent, il faudrait peut-être opposer toute une légion d’âmes rayonnantes : Jean Viollis, Gasquet, Magre et Paul Souchon, près de Montfort, si pur, si frais ; de Maurice Le Blond, si lucide ; de ce suave Michel Abadie, de qui l’œuvre illustre en nos rêves, demeure encore si inconnue !
» Et des rêves, et des châteaux en Espagne, et la tentation de se croire presque des grands hommes armés par le critique des Débats du plat de sa plume, et l’attente, penchés sur nos illusions, d’une avalanche d’article dans tous les journaux.
J’étais à la campagne, presque seul, libre de soins et d’inquiétudes, laissant couler les heures sans autre dessein que de me trouver le soir, à la fin de la journée, comme on se trouve quelquefois le matin après une nuit occupée d’un rêve agréable.
Il rêve, il se promène, il se rappelle ou les modèles qu’il a vus, ou les phénomènes de la nature, ou les passions du cœur humain, en un mot les expériences qu’il a faites, c’est-à-dire qu’il devient savant.
Cette mesquinerie d’habitudes où se plaisait dans ses rêves le jeune Renan et qu’acceptait Stendhal ne paraît pas acceptable à certains esprits qui, bien qu’exempts de cupidité vulgaire, veulent un décor de grandeur à leur biographie.
L’épisode de Nausicaa l’obsède visiblement ; il y revient malgré lui dans beaucoup de ses notes de voyage ; il rêve de reproduire cette idylle épique dans sa langue moderne et en appliquant aux mœurs bourgeoises de son pays allemand les chastes couleurs de la poésie homérique. C’était un rêve de génie. […] Le prince lui avait préparé une charmante maison, retraite silencieuse et poétique propre à l’entretien du philosophe avec ses idées et du poète avec ses rêves.
Dieu seul connaît le but et la route, l’homme ne sait rien ; faux prophète, il prophétise à tout hasard, et quand les choses futures éclosent au rebours de ses prévisions, il n’est plus là pour recevoir le démenti de la destinée, il est couché dans sa nuit et dans son silence ; il dort son sommeil, et d’autres générations écrivent sur sa poussière d’autres rêves aussi vains, aussi fugitifs que les siens ! […] Plus tard à la vieillesse des peuples, triste, sombre, gémissante et découragée comme eux, et respirant à la fois dans ses strophes, les pressentiments lugubres, les rêves fantastiques des dernières catastrophes du monde, et les fermes et divines espérances d’une résurrection de l’humanité sous une autre forme : voilà la poésie. […] Nous ne nous arrêtâmes que quelques minutes pour reconnaître seulement ce que nous venions visiter à travers tant de périls et tant de distances ; et sûrs enfin de posséder pour le lendemain ce spectacle que les rêves même ne pourraient nous rendre, nous nous remîmes en marche.
On sait les rêves généreux et prématurés de l’abbé de Saint-Pierre. […] Il songea à l’établir au Brésil, à Madagascar, sur les bords de la mer d’Aral ; puis il se convainquit que le siècle de fer où il vivait ne se prêtait pas à cette résurrection des mœurs innocentes qui avaient dû, suivant lui, exister à l’origine des temps, et il se décida, non sans soupirer, à reporter dans le passé ses rêves d’avenir, à se réfugier dans l’antiquité, à imaginer en Arcadie un peuple de bergers et de laboureurs vivant dans la paix, la candeur et la prospérité. […] Je ne te promets pas un bon rang dans la course aux écus : mais tu auras la pure et profonde satisfaction d’avoir poursuivi de toutes tes forces et d’avoir traduit de façon personnelle ton rêve de beauté.
» Il est irrésistible sur elles, il les trouble et il les enchante ; il les prend par sa beauté et par son mystère, par la vapeur de rêve qu’il exhale, par la licence et le vertige de son culte. […] L’inceste était le rêve de ces immondes religions d’Asie ; la caverne de Loth semble l’officine où leurs théogonies s’élaborent. […] Les mythologues disent que, dans la fureur de l’ivresse, il lui arrivait quelquefois de tuer ses propres Ménades : ainsi fit-il dans la bacchanale tragique décrite par Tacite, — Messaline, lasse des prostitutions faciles, dégoûtée des adultères impunis, rêve une énormité rare, un attentat inconnu.
o Personne, dans la littérature de l’Europe occidentale, n’a exprimé à la veille de la guerre, cette atmosphère spirituelle particulière dominée par des rêves religieux et mystiques, que l’écrivain anglais J. […] Des vers de voyageur qui « fabrique des canevas pour les rêves ». […] « Je fabrique des canevas pour les rêves… » est l’épigraphe du recueil La Chanson de Kou Singa.
La création sainte, où rêve le prophète, Pour être, ô profondeur ! […] En deçà, c’est la nuit ; au-delà, c’est le rêve. […] Verres, Qui fut loup sous la pourpre, est loup dans les forêts, Il descend, réveillé, l’autre côté du rêve.
Zola n’a jamais réalisé, mais enfin qu’il rêve ou qu’il croit rêver ? […] Il n’est pas un de ses rêves qui soit, à proprement parler, le songe d’un malade, — si toutefois vous l’isolez de celui qui précède et de celui qui suit. […] Elle-même ne voyait claire en elle qu’autant qu’elle pouvait ramener ses rêves à des impressions physiques antérieurement reçues […] Pourquoi pas « du rêve dans du souvenir mêlé à de l’imagination » ? ou « du souvenir dans de l’imagination mêlée à du rêve ?
— Et de Maistre rentre dans son rêve de monarchie absolue, et tempérée seulement par elle-même. […] Elle doit au roman, c’est-à-dire au bonheur en rêve, ses premières et ses dernières joies. […] C’est son rêve avec ses souffrances que Mme de Staël met dans ses romans. […] Ils créent dans le vide de leur ignorance, et dans le vertige, doux encore et innocent, de leurs rêves. […] Leur rêve de liberté ne laisse pas d’être fécond.
— Tel est ce double rêve, plus fou et plus audacieux, à sa manière, que les imaginations les plus effrénées des poètes lyriques. Mais Florian ne nous le donne que comme un rêve, et je le soupçonne, — un peu tard, — d’une pensée plus profonde que je n’avais cru au commencement. […] puisque ce rêve est la condition même et l’instrument du progrès moral de ce monde-ci. […] Prospero, c’est la science ; Ariel, c’est le rêve : cela veut dire que la science est forcément poésie. […] On les voit comme en rêve.
Si quelque chose représente réellement le rêve, c’est la science. […] La science dit non, et elle rêve. Quand elle dira oui, son rêve changera de thème comme celui du dormeur qui se met sur le dos. Et elle ira ainsi de rêve en rêve, jusqu’à ce que soit usée, non la matière inusable de la connaissance, mais la matière à connaître, le cerveau humain. […] Cela est heureux, car le paysage le plus beau est celui qu’on ne verra jamais, et il n’est rien de tel que les rêveries qui demeurent des rêves.
Quel rêve ! […] Un homme qui sache gouverner élégamment est le ministre de ses rêves, pour autant qu’il rêve à ces choses-là. […] Car qu’y a-t-il de meilleur que le Rêve ? […] À la science, le monde réel ; à la poésie, le monde du rêve ! […] Que de contradictions entre ses rêves et la réalité !
Et j’avais une terrible dispute avec ces hommes qui soutenaient que j’avais pris la voiture, tandis que moi, avec un peu de la lâcheté qu’on a dans les rêves, je m’excusais en disant, que j’avais cru que la voiture était attelée avec des chevaux, et que ce serait trop ridicule d’arriver à un enterrement devant la porte de l’église, avec un attelage comme le leur. […] Là, il est question du Rêve, ce qui amène Coppée à demander à Zola, s’il a vraiment joué de la clarinette. […] Et Daudet me disait qu’il pensait tout comme moi, et qu’il y avait dans ses notes, un rêve, où il traversait un champ de genêts, aux petits sons crépitants des cosses qui crevaient, et il comparait ces éclatements à nos vies. […] Et copiant ce papyrus, j’avais comme le sentiment de m’être endormi dans l’escalier, de m’être assoupi dans un endroit public, et de faire un rêve, où la galopade de deux gamins en gros souliers, descendant les marches à cloche-pied, ou la bruyance simiesque d’une jeune négresse en joie, ou la dissertation, pleine de consonnes, d’archéologues tudesques, ou le regard par-dessus mon épaule d’un Égyptien d’aujourd’hui, coiffé du fez classique, ou l’opoponax odorant d’une cocotte, me frôlant de l’envolée du voile de son chapeau, ou enfin les bruits, les parfums, le contact des gens : toutes les émanations modernes de la vie vivante traversaient légèrement mon rêve dans le vieux passé, sans interrompre mon ensommeillement.
Lyrique, la lettre de Gargantua à Pantagruel ; lyrique, le rêve de Thélème ; lyriques, les chapitres sur les dettes et la solidarité humaine, sur le pantagruélion, et la réponse de Bacbuc. […] Une histoire littéraire, telle que je la rêve, dirait toutes les nuances de cette foi nouvelle, d’où la nature et l’amour, les hommes et les dieux sortirent rajeunis. […] Son meilleur drame est… Le Neveu de Rameau ; son poème, c’est Le Rêve de D’Alembert. […] On sauverait ainsi l’unité d’impression lyrique ; et, ne sortant pas du rêve, de la féérie, on rendrait en même temps les états d’âme dramatiques. […] Le Zénith est l’épopée de la science moderne ; parmi les petites pièces je rappelle Le Rendez-vous : « Il est tard ; l’astronome aux veilles obstinées. » Un grand défaut du Bonheur est dans le mélange constant du lyrisme avec l’épopée, du rêve avec la réalité.
« De là ces Mercures, ces mascarons effrayants de la cour Ovale ; de là ces Atlas surprenants qui gardent les bains dans la cour du Cheval blanc, hommes-rochers qui, depuis trois cents ans, cherchent encore leur forme et leur âme, témoignant du moins qu’en la pierre il y a le rêve inné de l’être et la velléité du devenir. » Cette dernière phrase n’est-elle pas frappante ? […] Sur celui-ci, elle agit aussi fortement qu’une vérité évidente ; l’émotion la transforme en conviction ; il sent si violemment qu’il ne peut s’empêcher de croire ; les causes de doute sont effacées ; il n’aperçoit plus que son rêve : le voilà pour lui prouvé. […] Dégagée dans l’animal, elle habite en lui sous forme d’instinct et de rêve. […] Une vie sourde se déroule silencieusement dans cet esprit calme ; il ne raisonne pas, il rêve ; de lentes images passent en lui, comme la suite des nuages sur le bleu lumineux du ciel. […] Le rêve.
ce n’est qu’un rêve ; il ne saurait pas, lui, Oublier dans l’amour un trône évanoui. […] cette note, cette plainte, cette harmonie, cette caresse sonore qui s’accordait si bien avec votre rêve, c’était… le chant du crapeau ! […] quels rêves ! […] Il sera prêt à saluer le despotisme, à coopérer à ses œuvres, à abdiquer sous ses pieds ses rêves de liberté. […] Les derniers rêves, les dernières illusions de modération républicaine tombent avec Vergniaud et ses complices, justement frappés par l’inflexible loi du talion.
Le peintre évitait aussi tout ce qui est flottant, mystérieux ; il ne peignait pas des rêves et des dispositions d’esprit nébuleux, mais des documents positifs. […] Il le fait en attribuant une haute importance aux rêves et aux caquetages où il gaspille son temps, importance destinée à éveiller chez lui l’illusion que ces rêves et ces caquetages ont la même valeur que les plus sérieuses activités, que même ils leur sont supérieurs. […] Mais cette idée ne vient pas même en rêve à ces pauvres d’esprit qui radotent de la « banqueroute de la science ». […] si ce sont des mains de rêve, Tant mieux, ou tant pis, — ou tant mieux. […] la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor !
Mon rêve est agréable, donc il est vrai ». […] Il s’exaltait, finissait par croire à son rêve, et devenait le premier homme du monde : académicien, député, ministre. […] Il rêve une place à l’Institut, à la Chambre des pairs, un ministère. […] Réveillé, il reste à demi plongé dans son rêve. […] Ceci est la théorie de l’extase ; vous jugez quelles beautés et quels rêves elle peut enfanter.
Convaincu par l’étude du système de guerre de l’Empereur et de son caractère que la victoire lui faisait quelquefois outrepasser les bornes de la prudence, je m’avisai de croire qu’une dissertation fondée sur ses propres principes le dissuaderait mieux qu’une autre, et je me décidai à rédiger un mémoire pour lui démontrer que le rétablissement de la Pologne, sans le concours d’une des trois puissances qui l’avaient partagée, était un rêve. Je lui prédis que ce rêve pourrait lui coûter son armée, et qu’en cas d’un succès inespéré il forcerait la France à d’éternelles guerres pour soutenir cet édifice sans base.
Et lorsque du départ vient l’heure inexorable, Plus épris, plus brûlants de l’ivresse adorable Où l’amour longtemps nous plongea ; Indignés et surpris du temps qui nous réclame, Sortant comme d’un rêve avec la mort dans l’âme Tous les deux nous disons : Déjà ! […] — Me voici depuis quelques jours occupé du défrichement d’une portion de terre hérissée de ronces et de buissons, sur laquelle je rêve déjà des pommiers et des cerisiers en fleur, une herbe fraîche et ces tranquilles marguerites, comme les appelle Oberman dans une de ses bonnes inspirations.
Chaque époque a sa folie et son ridicule ; en littérature nous avons déjà assisté (et trop aidé peut-être) à bien des manies ; le démon de l’élégie, du désespoir, a eu son temps ; l’art pur a eu son culte, sa mysticité ; mais voici que le masque change ; l’industrie pénètre dans le rêve et le fait à son image, tout en se faisant fantastique comme lui ; le démon de la propriété littéraire monte les têtes, et paraît constituer chez quelques-uns une vraie maladie pindarique, une danse de saint Guy curieuse à décrire. […] Des hommes ignorants des lettres, envahissant la librairie et y rêvant des gains chimériques, ont fait taire les calculs sensés et ont favorisé les rêves cupides.
Cette toile de Pénélope, dans la science et la philosophie, amuse les amants de l’humanité, qui s’imaginent toujours que le soleil ne s’est jamais levé si beau que ce matin-là, et que ce sera pour ce soir à coup sûr le triomphe de leur rêve. […] Et l’entreprise que je propose en ce moment et que je suppose, cette espèce de rêve au pot au lait que j’achève en face de mon écritoire, cette histoire de journaux donc, dans son incomplet même et son inexact inévitable, se fera-t-elle ?
Il eut évidemment ce dernier rêve : mais c’était un rêve.
Dans cet état que je rêve, le métier manuel serait la récréation du travail de l’esprit. […] Mais je me demande si je ne la comprendrais pas mieux encore la tête excitée par une liqueur généreuse, paré, parfumé, seul à seul avec la Béatrix que je n’ai vue que dans mes rêves ?
Un courtisan ne rêve pas de châtiment plus pénible que d’être relégué dans ses terres en tête à tête avec des arbres, des vaches et des villageois. […] J’appliquerais volontiers à cette époque ces vers de Fernand Gregh : Ô rêve ingénu de beauté, Qui par un étrange mystère Donnais aux choses de la terre Comme un aspect d’éternité.
L’Etna fut le titre de son dernier drame : autre rêve qui saisit l’imagination. […] On rêve autour de ses tragédies les êtres et les formes de la nature gigantesque.
L’espoir du père est le rêve de la jeune fille ; Forestier secoue pourtant tristement la tête : il devine l’ennemie qui menace ce bonheur rêvé. […] Le réveil fut orageux comme le rêve.
Ce rêve de son imagination, elle ne le réalisa au complet que lorsque M. du Maine eut acheté Sceaux des héritiers de M. de Seignelay au prix de 900 000 livres, et qu’elle en eut fait son Chantilly, son Marly et son Versailles en miniature (1700). […] Mme du Maine fut ainsi ; elle réalisa longtemps le rêve des philosophes.
C’est là le dernier rêve, et le plus fastidieux, de la pure raison entêtée d’elle-même ; c’est l’idéal encyclopédique dans toute sa beauté opaque. […] Condorcet, dans son rêve d’Élysée terrestre, oublie un genre de mort qui pourrait devenir fréquent si la chose se réalisait jamais, c’est qu’on y mourrait d’ennui.
J’ai rêvé le bonheur, mais le rêve fut court. […] j’ai répandu des larmes, Semblable au forgeron qui, préparant des armes, Avide des exploits qu’il ne partage pas, Siffle un air belliqueux et rêve des combats… Moreau, à cette date, n’avait que dix-neuf ans.
En Russie, lorsqu’un jour l’impératrice Catherine sembla lui sourire, il ne souriait, lui, qu’à ce projet chéri de fonder une colonie aux bords du lac Aral, une colonie cosmopolite à l’usage de tous les étrangers pauvres et vertueux ; plus tard, il continuera en idée de vouloir transplanter quelque chose du même rêve aux rivages de Madagascar, puis en Corse, et plus tard encore vers les vagues espaces de l’ouest de l’Amérique, au nord de la Californie. […] Dès le début, qui répond au beau moment des amours du jeune officier d’aventure avec la belle princesse Miesnik, à Varsovie, on le trouve racontant les fêtes et les bals de cette vie somptueuse à laquelle il est mêlé : au sortir de là, en rentrant chez lui à trois heures du matin, il ne rêve que Lignon, dit-il, et Arcadie.
Seule, la lettre autographe sera le confessionnal où vous entendrez le rêve de l’imagination de la créature, ses tristesses et ses gaietés, ses fatigues et ses retours, ses défaillances et ses orgueils, sa lamentation et son inguérissable espoir. […] C’est comme le bégayement du monde où, confusément, passent les rêves de sa première patrie, les songes et les merveilles de l’Orient.
L’arabesque pousse, croît, se noue, s’exfolie, se multiplie, verdit, fleurit, s’embranche à tous les rêves. […] Shakespeare, comme tous les grands poètes et comme toutes les grandes choses, est plein d’un rêve.
La grâce, la grâce, qu’on aime peut-être mieux dans la laideur que dans la beauté, parce qu’étant toute seule, on l’y voit mieux, Joseph Delorme l’a dans ce contraste suprême, comme il a l’ardeur de la passion dans l’impuissance, et rappelle-t-il parfois, cet énervé du rêve moderne, l’eunuque des Lettres persanes, dont l’indigence avive le désir. […] Les Consolations, c’est le Joseph Delorme qui ne rêve plus le suicide dans sa mare ombragée de saules : Certes !
Ses idées sur l’amour et la beauté, sur la mort et l’autre vie, sont telles que chacun les pressent, les rêve et les aime.
Vous entendrez ce qu’on dira de nous, vous saurez ce qu’il y aura eu de fragile ou de solide dans nos rêves.
Ce n’est point-là de la poésie de tumulte et de bruit ; ce sont des vers sereins et paisibles, des vers comme tout le monde en fait ou en rêve, des vers de la famille, du foyer domestique, de la vie privée ; des vers de l’intérieur de l’âme.
Le second volume surtout intéressera les philosophes par des analyses psychologiques fines et neuves sur les sens, l’imagination, les rêves, les hallucinations.
Fournier-Lefort, Louis de Romeuf, Olivier de la Fayette, le poète du Rêve des Jours.
La preuve, c’est que, quand je dors, j’ai beau m’être repu, je rêve toujours que j’ai faim et que je n’ai rien pour dîner… (Il laisse tomber ses deux bras et reste, les yeux baissés, dans l’attitude du découragement.
Il ne rêve pas, sous la toque verte de Gabrielle, l’ébouriffante capacité politique qu’il a naguère supposée sous la cornette de madame de Pompadour.
ces réfractaires de Paris et de Vallès ont le rêve et la prétention littéraires… Ils sont nés de cette démangeaison.
Au lieu de vibrer avec éclat dans des voix immortelles, l’esprit littéraire ne fit entendre alors qu’un bruit monotone et médiocre comme ceux qui le faisaient, — le bruit prosaïque et commun de la bouilloire qui berçait les rêves de ce Songe creux de Wordsworth !
Entraîné, comme notre siècle, vers la prose, qui est l’action dans la pensée écrite, comme la poésie en est la contemplation ou le rêve, nous n’avions pas eu, du reste, depuis que nous écrivons ce bulletin56, beaucoup de chefs-d’œuvre à sacrifier à cet amour sévère de la prose, qui est la préférence réfléchie des longues civilisations.
Obligé au labeur de chaque jour, puisqu’il était journaliste, — un de ces Engoulevents de journalistes qui trouvent que le vent n’est pas un souper suffisant si l’on n’y ajoute quelque chose, — il fut l’esclave et la victime de cette publicité qui dévore le temps et ne permet pas de l’employer comme nous le voudrions, dans nos rêves et nos caprices !
Pourquoi ne pas installer là tous ces rêves religieux qui satisferaient notre besoin de poésie, qui autoriseraient notre conception morale de la vie ?
Eschyle a raison ; mais non, s’il fait le même rêve pour les Danaïdes et les Égyptiens. […] C’est souvent la seule, comme c’est l’unique conversation des mâles vulgaires et l’unique rêve de presque toutes les femmes. […] Il faut tromper cette tendance, la dévier vers l’étude, vers la sentimentalité pieuse, vers le rêve éthéré. […] Elle ne rêve ni de féminisme ni d’émancipation totale. […] La jeune fille rêve ce qui sera le bonheur de la femme.
Il condamne à l’irréalisation, non seulement le rêve d’Auguste Comte ; non seulement le rêve de Fourier ; non seulement le rêve de Cousin ; mais même le rêve du doux Ballanche et du fougueux Lamennais. […] Sa vraie originalité est son rêve d’établissement d’un pouvoir spirituel. […] C’est le rêve d’un homme d’ordre ami des plaisirs. […] Avec cela une sensibilité précoce, sensibilité toute de rêves et d’aspirations poétiques. […] Au fond de leur pensée reste le rêve d’unité religieuse et politique de Louis XIV et de Calvin, qui est le même.
Pourquoi, dans mes rêves, toujours recommence la maladie de mon frère ? […] Et tout éveillé, l’on marche avec le sentiment d’un dormeur en proie à un mauvais rêve, et qui sent qu’il rêve. […] Puis je me rendors, et lui entre dans mon rêve. […] Dans mes rêves, il est toujours malade de sa dernière maladie : c’est ainsi seulement qu’il m’est donné de le revoir. […] C’est maintenant perpétuellement une suite de rêves anxieux et biscornus, où continue, pendant mon sommeil, la souffrance de toute la dernière année de sa maladie.
Ces quatre bayadères qui tournaient dans les parfums d’une chambre close par une nuit accablée d’Orient, ces beautés fières et tristes qui me rassasient des rêves de la mort, et dont je n’ai jamais satiété, sont-ce des fantômes, une chimère de mon cœur, une pure idée métaphysique ! […] De même, ses pages sur « le rêve aristocratique de M. […] Joseph Monneron, qui invoque incessamment la Raison et la Nature et vit dans une illusion perpétuelle, sort avec peine de son rêve quand il est mis en face d’une terrible réalité : le double déshonneur qui marque sa famille. […] Son oncle, le raisonneur que nous avons déjà entendu, lui peint son rêve écroulé de couleurs assez plaisamment ironiques : « Vous voulez admirer celui que vous aimerez, vous le voulez plus grand que les autres, et vous voulez qu’il soit votre esclave docile. […] Tenir en laisse un géant, quel rêve pour une petite main !
Quoi qu’il en soit, et quoique lui-même il ait trop négligé de nous faire admirer en ses vers cette charmante solitude, dont il a parlé en un endroit assez légèrement164, c’est là, c’est à l’entrée que la nature plaça son nid mélodieux, et jeune, de retour dans l’île à l’âge de vingt ans, surtout vers la fin de son séjour, aux heures inquiètes où l’infidélité d’Éléonore le désolait, il dut quelquefois promener vers ces sentiers écartés ses rêves, ses attentes ou ses désespoirs de poëte et d’amant165. […] Quel glorieux souvenir sans tache il eût laissé alors, et quel libre champ ouvert au rêve ! […] Voici quelques vers dont on me garantit l’exactitude et qui ont l’avantage d’être nés sur les lieux ; on y reconnaît tout d’abord, à l’accent, l’école qui a succédé à celle de Parny : Ondes du Bernica, roc dressé qui surplombes, Lac vierge où le cœur rêve à de vierges amours, Pics où les bleus ramiers et les blanches colombes Ont suspendu leur nid comme aux créneaux des tours ; Roches que dans son cours lava le flot des âges, Lit d’un cratère éteint où dort une eau sans voix, Blocs nus, ondes sans fond, site âpre, lieux sauvages, Salut !
Point de chimères, point de rêves, point de système préconçu, point d’utopie sacrée, académique ou profane ; le fait et la signification du fait, voilà tout : ce sont les mathématiques de l’histoire. […] Malgré l’appui de l’Angleterre et de la France, le Piémont périra à l’œuvre, car il s’est donné une œuvre en disproportion avec ses forces : on rêve l’impossible, on ne l’accomplit pas. L’Italie elle-même, qui n’est pas piémontaise mais italienne, réprouvera un jour ce rêve de monarchie universelle des tribuns piémontais ; un tribun n’est pas obligé d’être un homme d’État.
S’il y a pour nous une notion dépassée, c’est celle des nations se succédant l’une à l’autre, parcourant les mêmes périodes pour mourir à leur tour, puis revivre sous d’autres noms, et recommencer ainsi sans cesse le même rêve. […] Il y a, certes, bien peu à apprendre et à admirer dans les poèmes latins du Moyen Âge et en général dans toute la littérature savante de ce temps ; et cependant peut-on dire que l’on connaît l’esprit humain, si l’on ne connaît les rêves qui l’occupèrent durant ce sommeil de dix siècles ? […] De même la psychologie de l’humanité devra s’édifier surtout par l’étude des folies de l’humanité, de ses rêves, de ses hallucinations, de toutes ces curieuses absurdités qui se retrouvent à chaque page de l’histoire de l’esprit humain.
Il s’interrompt : « Savez-vous un rêve que je fais… s’il m’arrivait, d’ici à dix ans, de gagner 500 000 fr… ce serait de me fourrer dans un livre, que je ne terminerais jamais… quelque chose, comme une histoire de la littérature française… oui, ce serait pour moi un prétexte de cesser d’être en communication avec le public, de me retirer de la littérature sans le dire… je voudrais être tranquille… oui, je voudrais être tranquille. » « Allons, dit-il, en s’en allant avec une espèce d’air d’effroi, en voilà là-bas pour huit mois ! […] Là, à Nancy, d’où je devais repartir le lendemain, je perdais mon frère, — qui se retrouvait vivant dans mon rêve. […] Et il y avait, tout autour de moi, des regards de passants, ironiques et méchants, des mauvais visages de rêves.
Au matérialisme de Louis Lambert, l’auteur a superposé tant bien que mal les théories bizarres et les rêves fantastiques du théosophe suédois Swedenborg. […] Mon père, ma mère, mon Église, avec l’encens de tant d’âmes, était-ce donc un rêve ? […] un rêve de Dieu dans une couche éternelle ! […] Pourquoi donc, ô utopistes, éveiller dans les âmes des espérances insensées, des rêves irréalisables ? […] Celle-là est sûre et facile ; tout le monde y passe… Ô mes rêves, mes nobles rêves de jeune homme !
Jean Carrère dénigre assidûment le rêve… « Ah ! s’écrie-t-il, le rêve ! le rêve ! […] Et leurs rêves sont tout pleins de vieille barbarie méconnue. […] Deux idées se joignent : le rêve et l’action.
On y voit que c’est le songeur lui-même qui est le plus surpris quand son rêve devient réalité. […] Chaque état d’esprit a sa couleur, chaque rêve sa forme. […] Il donne aux semences obscures les formes de beaux rêves. […] Son cœur, son esprit, son imagination étaient toujours préoccupés de souvenirs et de rêves anglais, et de la culture telle qu’il l’avait reçue de l’Angleterre. […] Il met son clairon aux lèvres du Printemps et lui ordonne de souffler, et la Terre s’éveille de ses rêves et lui dit son secret.
Moi, malheureux, je rêve encore, Et, poète désenchanté, À l’autel du Dieu que j’adore, Sous la cendre je me dévore, Foyer que la flamme a quitté. […] Tu rêves, je le sais, le laurier des poètes ; Mais Pétrarque et le Dante ont-ils toujours rêvé En ces temps où luisait, dans leurs nuits inquiètes, Des partis le glaive levé ? […] Ce sont des jours confus dont reparaît la trame, Des souvenirs d’enfance, aussi doux à notre âme Qu’un rêve d’avenir : C’était à pareille heure (oh ! […] Mon plus beau rêve fut toujours celui-là !