L’homme non cultivé ne s’intéressait qu’à ce qui le sortait de son milieu et ne lui rappelait rien de ce qu’il avait coutume de voir ; on ne devait lui dire que des histoires de princes, on ne devait lui faire de récits que sur les pays lointains. […] Le charme des récits populaires vient peut-être de ce que les humbles nous y sont montrés simples et presque inconscients dans leur héroïsme ou dans leur dévouement, comme dans leur vie de chaque jour, spontanés en un mot, et sincères.
Il fut un temps où, selon leur récit, elles étaient adorées ; mais aujourd’hui elles sont pour tous objet de haine ou d’indifférence. » Ces trois femmes mystérieuses, que l’amour interroge sur leurs noms, c’étaient la Justice, la Générosité et la Tempérance, persécutées désormais par les hommes et réduites à une vie errante et pauvre. […] Tour à tour calme et forte, extraordinaire et grave, cette poésie est tantôt un récit, tantôt un hymne.
Chénier eût vécu, cet homme d’esprit nous eût débarrassés de l’unité de lieu dans la tragédie, et par conséquent des récits ennuyeux ; de l’unité de lieu qui rend à jamais impossibles au théâtre, les grands sujets nationaux : l’Assassinat de Montereau, les États de Blois, la Mort de Henri III.
Elle épanchait ses récits, d’un flot régulier, comme une source inépuisable mais presque sans plan ni dessein, ne sachant guère mieux où elle allait qu’une large fontaine dans les grands bois.
Et je songeais que la petite danseuse mourrait, et que Kouroukakalé mourrait aussi, et que je mourrais « pareillement… » Quant au prochain récit de M.
… Vous vous rappelez l’effet que produisirent, il y a dix ans, Boule-de-Suif, la Maison Tellier, Mademoiselle Fifi, et les autres petits récits dont ces chefs-d’œuvre étaient accompagnés.
Jules Verne mérite ce reproche d’avoir abusé des mots anglais dans ses merveilleux récits ; un seul de ses tomes me fournit les mots suivants : anchor-boat, steam-ship, main-mast, mizzenne-mast, fore-gigger, engine-screw, patent-log, skipper, sans compter dining-room et smoking-room, qui sont de la langue générale.
Ce rêve était l’histoire ouverte à deux battants ; Tous les peuples ayant pour gradins tous les temps ; Tous les temples ayant tous les songes pour marches ; Ici les paladins et là les patriarches ; Dodone chuchotant tout bas avec Membré ; Et Thèbe, et Raphidim, et son rocher sacré Où, sur les juifs luttant pour la terre promise, Aaron et Hur levaient les deux mains de Moïse ; Le char de feu d’Amos parmi les ouragans ; Tous ces hommes, moitié princes, moitié brigands, Transformés par la fable avec grâce ou colère, Noyés dans les rayons du récit populaire, Archanges, demi-dieux, chasseurs d’hommes, héros Des Eddas, des Védas et des Romanceros ; Ceux dont la volonté se dresse fer de lance ; Ceux devant qui la terre et l’ombre font silence ; Saül, David ; et Delphe, et la cave d’Endor Dont on mouche la lampe avec des ciseaux d’or ; Nemrod parmi les morts ; Booz parmi les gerbes ; Des Tibères divins, constellés, grands, superbes, Étalant à Caprée, au forum, dans les camps, Des colliers que Tacite arrangeait en carcans ; La chaîne d’or du trône aboutissant au bagne.
vous me fîtes alors sentir votre bonté et votre miséricorde, en m’accablant d’amertume ; car, au lieu des douceurs que je m’étais promises, je ne connus que jalousie, soupçons, craintes, colère, querelles et emportements. » Le ton simple, triste et passionné de ce récit, ce retour vers la Divinité et le calme du Ciel, au moment où le saint semble le plus agité par les illusions de la terre, et par le souvenir des erreurs de sa vie : tout ce mélange de regrets et de repentir est plein de charmes.
Si l’on n’entend que moi, on me reprochera d’être décousu, peut-être même obscur, surtout aux endroits où j’examine les ouvrages de Sénèque ; et l’on me lira, je ne dis pas avec autant de plaisir, comme on lit les Maximes de La Rochefoucauld, et un chapitre de La Bruyère : mais si l’on jette alternativement les yeux sur la page de Sénèque et sur la mienne, on remarquera dans celle-ci plus d’ordre, plus de clarté, selon qu’on se mettra plus fidèlement à ma place, qu’on aura plus ou moins d’analogie avec le philosophe et avec moi ; et l’on ne tardera pas à s’apercevoir que c’est autant mon âme que je peins, que celle des différents personnages qui s’offrent à mon récit.
Pour cela, elle a gropé à côté du récit de Wallon, composé sur les documents les plus authentiques du xve siècle, tout ce qui, dans les divers genres d’expression, pouvait ajouter à la version de l’historien et l’encadrer et le repousser avec le plus d’éclat.
Racine sur le récit que Pradon en avait ouï faire. […] Le récit qu’on vient de lire et qui ne laisse rien à désirer, ce me semble, pour la précision et l’exactitude, nous permet aujourd’hui de faire à chacun sa part. […] On en a le récit.
Ce récit fera ce triste effet, et c’est pourquoi je vous le demande ; car, enfin, vous voyez bien que ce ne doit point être le repos qui succède à une douleur comme la mienne, mais un tourment secret et éternel : auquel aussi je me prépare, et à le porter en la vue de Dieu et de ceux de mes crimes qui ont appesanti sa main sur moi. […] Encore une fois, je ne demande point pardon pour le négligé du récit ; tout indigne qu’on est, quand on s’est plongé à fond dans ces choses, on se sent tenté plutôt de dire comme Bossuet parlant du songe de la princesse Palatine : Je me plais à répéter toutes ces paroles, malgré les oreilles délicates ; elles effacent les discours les plus magnifiques, et je voudrois ne parler plus que ce langage. […] On voit par un petit fragment qui suit l’Abrégé de Racine, et qu’il n’a pas eu le temps de fondre, de dissimuler dans son récit, que si Mme de Longueville avait gardé jusqu’aux dernières années la grâce, la finesse, et comme dit Bossuet de ces personnes revenues du monde, l’insinuation dans les entretiens, elle avait gardé aussi les prompts chatouillements, les dégoûts, les excès d’ombrage : « elle étoit quelquefois jalouse de Mlle de Vertus, qui étoit plus égale et plus attirante. » Enfin, pourquoi s’étonner ?
Tout cela, sans doute, est plus animé qu’un simple récit, il y a plus de mouvement, du moins pour les yeux ; comment le nier ? […] Elle se passera toute en récits, ou, pour mieux dire, en fragments de récits ; et les intervalles de ces fragments seront remplis par des conversations. […] Mais tout se passe en récits. […] Ce récit, avec l’autre, fit et fera toujours le succès de la pièce. […] Alcippe, jaloux et croyant avoir pour rival Dorante après son récit de la fête sur l’eau, le provoque en duel.
Le goût très-vif du peuple toscan pour les récits romanesques suscitait des conteurs et des chroniqueurs en langue vulgaire. […] Quant au peuple, qui allait entendre dans les églises le récit de la vision dantesque, il la tenait, non pour fiction, mais pour réalité. […] En ces temps d’ignorance, les récits véridiques ne semblaient pas moins prodigieux que les fictions. […] » Cependant, au récit de ses prodiges et de ses bienfaits se mêlent des anecdotes moins favorables, inventées peut-être dans les cloîtres, pour discréditer la sagesse antique. […] Il entend de sa bouche un récit grandiose, fait à la façon de Bossuet, des vicissitudes de l’empire, d’Énée à César, de César à Charlemagne, et de Charlemagne aux temps du poëte.
Avec des livres, il y a toujours de la ressource, et j’en connais qui parlent d’histoires à côté desquelles les récits de la cour d’assises paraissent fades. […] On dirait un de ces vieux manuscrits que nous a légués l’ignorance du moyen âge, où une œuvre précieuse de l’antiquité reparaît à demi effacée sous le récit légendaire et confus de quelque moine rêveur. […] Après un récit écrit en style si simple et si limpide, que pour trouver quelque chose qui en approche il faut remonter au langage si admirable des légendes populaires, résultat de la collaboration involontaire de générations successives ; après un récit, dis-je, simple et beau comme un conte de fées, il endosse tout à coup la robe de docteur, et dans la bouche de n’importe qui, à propos de n’importe quoi, dans la situation la moins naturelle, il met une longue théorie sur la nature, l’art ou la science. […] Il n’est pas jusqu’à la forme un peu vague de ses récits, dont plusieurs semblent inachevés, qui ne viennent confirmer habilement cette impression chez le lecteur. […] » Le cœur se serre au récit de ces avortements continuels.
S’il morcelle ses récits en petits chapitres courts, c’est pour mieux rendre sensible cette analyse. […] On compterait ceux de ses récits qui n’évoquent pas autour des personnages quelque décor d’un pays étranger. […] La matière même de son œuvre n’a pas varié depuis les années où il composait ses Récits d’un chasseur. […] La matière habituelle de ses récits est l’histoire de l’avortement d’une espérance. […] N’importe ; la couture est trop visible entre ce petit fragment d’après coup et le reste du récit.
Quant à l’agrément du récit en lui-même, c’est évidemment une qualité secondaire, et eussiez-vous fait cent volumes, si cette qualité est votre unique mérite, vous n’êtes pas un romancier, vous n’êtes qu’un raconteur. […] Si l’on pouvait creuser un lit à toutes les larmes que j’ai versées sur les infortunes fictives des héros de roman ou de comédie, je me noierais à coup sûr dans cet océan, moi qui ne sais pas nager. — Aussi m’étais-je attendu à pleurer toutes les larmes de mon corps sur ces « histoires émouvantes » ; mais soit que la source de mes pleurs ait été subitement tarie, je suis puni par où j’ai péché, soit que les récits de M. […] J’en sais bien peu qui aient laissé tomber, dans la triple gueule de cette louve inassouvie qu’on nomme la presse, autant de récits de voyages, d’études critiques, d’articles actuels et piquants. — Le monstre s’est repu avidement de cette abondante nourriture, et il faut bien qu’il l’ait trouvée suffisamment délectable et savoureuse, puisqu’il s’est abstenu de toucher la chair fraîche, je veux dire de dévorer l’écrivain. […] L’objet divin du récit et la majesté des Lieux-Saints peuvent expliquer suffisamment cette émotion convaincue, ce souffle religieux et attendri ; mais chez un sceptique du petit journal et du grand format, ceci atteste évidemment le voisinage des soutanes. […] Il ne manque pas d’esprit, assurément ; mais il a l’habitude de verser tant de pleurs sur les hommes et sur les choses du passé, dans le courant de son récit, que tout soit sel fond en eau : son arme, chargée de poudre éventée, fait invariablement long feu ou éclate entre ses doigts ; il vise un présent qui l’importune et ne tue que ses héros !
Ces splendeurs ont ébloui les faiseurs de chronique, dont les récits sont les véritables « Mille et Une Nuits » de la Palestine. […] En lisant la première partie du récit on ne peut se défendre d’un certain effroi. […] Il faut se répéter bien souvent que tous ces gens collaborent aux fins divines de l’univers pour se défendre d’un frisson au récit de leurs faits et gestes. […] Il eût mis, dans le récit de ce drame sombre et douloureux, des points de suspension et d’exclamation, des tortures de phrase, des frémissements d’expression, signe d’un certain malaise. […] Arrêtez-vous particulièrement au bref récit qui est intitulé la Sœur aux scrupules.
Le premier essai est un récit fort agréable, une espèce de journal d’un Voyage à Plombières, que fit Mlle Newton, âgée alors de dix-huit ans, en compagnie de Mme de Coigny, celle dont le général Sébastiani avait épousé la fille29. […] On assiste par le récit de Mme de Tracy à ces conversations d’intérieur pendant les longues journées de Plombières.
Le Henri IV personnel et anecdotique qu’on s’est attaché à dessiner dans ces derniers temps, le Henri IV tel qu’on s’est plu à le déduire des récits de d’Aubigné, non pas de d’Aubigné dans sa grande Histoire, mais dans ses Mémoires particuliers, tel aussi que Tallemant le faisait entrevoir dans ses commérages irrévérents ; ce Henri IV que M. […] Poirson, soit dans les auteurs originaux qu’il indique) le récit des années qui précédèrent l’entrée de Henri IV dans Paris, on a bien le sentiment des différents temps de la crise et du degré de danger pour la conjuration duquel il fallut un prince aussi vaillant, aussi habile et aussi heureux.
Assez parlé du peintre : je m’attache au voyageur, au narrateur pittoresque, non pas au littérateur (Horace Vernet ne l’était pas), mais à celui qui avec la plume, s’il y avait été un peu plus préparé par une première éducation, aurait pu donner de fort jolis récits et croquis sous une autre forme. […] Mais savez-vous que ce récit de voyage est des plus agréables, que ces lettres forment une série intéressante, et qu’elles mériteraient fort, avec la série de lettres sur la Russie et quelques autres écrites de l’Algérie, d’être réimprimées et recueillies en un petit volume qui présenterait Horace Vernet sous un nouveau jour ?
« On rapporte qu’un jour où il lui faisait le récit de ses entreprises de guerre, il le trouva si attentif qu’il en éprouva un plaisir extrême ; il s’émerveilla surtout lorsque, lui ayant dit la nécessité où l’électeur Maurice le mit de s’enfuir (à Inspruck), le jeune prince lui déclara qu’il était content de ce qu’il venait d’entendre, mais que, pour lui, il n’aurait jamais pris la fuite. […] A l’intérêt que le roman et le théâtre avaient jeté sur l’infortuné don Carlos, à cet amour partagé qui aurait fait deux victimes, à cet enthousiasme de philosophie et de liberté dont le prince espagnol aurait été le complice et le martyr, est substitué, d’après des pièces authentiques, le récit d’une longue démence et d’une maladie terminée par la mort.
J’ai combiné dans tout ce récit les expressions mêmes de Jomini, tirées tant de la Notice du colonel Lecomte que de la Vie politique et militaire de Napoléon, et du Traité des grandes Opérations militaires. […] On lit dans l’Histoire du Consulat et de l’Empire, tome vii, p. 372, au récit de la bataille d’Eylau : « Napoléon se hâta de dépêcher le soir même du 7 février plusieurs officiers aux maréchaux Davout et Ney pour les ramener l’un à sa droite, l’autre à sa gauche… » — « C’est une erreur, dit M. de Fezensac, en ce qui concerne le maréchal Ney ; il ne reçut aucun avis et ne sa doutait pas de la bataille, quand je le joignis le 8, à deux heures dans la direction de Creutzburg. » 41.
Il est vrai que ces éternelles discussions entre parenthèses ralentissent un récit, et que, lui, il porte volontiers dans le maniement son érudition, si vaste et si bien acquise, quelque chose de la façon courante et preste de Voltaire ; ce qui est un dernier éloge ; car ce nous serait une honte de finir par une chicane janséniste avec un si beau livre, qui n’a qu’à se poursuivre sur ces bases et dans cette ordonnance pour être un monument. […] Ampère, n’est pourtant pas restée cachée ; on a lu de lui son mâle récit en vers des aventures du héros Sigour, sa haute et grave contemplation dédiée à son père, et intitulée Uranie.
Si en effet l’on parvient à démontrer que, dès les premiers siècles de Rome, le grand pontife traçait chaque année dans sa maison, sur une table blanchie, les faits mémorables ; que ces tables sur bois ou sur pierre ne furent jamais complétement détruites, qu’elles échappèrent à l’invasion des Gaulois, et qu’elles purent être consultées par les historiens à qui l’on doit le récit de ces premiers âges, il en résulte qu’il n’y a pas lieu de tant douter sur les origines, ni de tant attribuer que l’a fait Niebuhr à l’imagination populaire, aux chants nationaux et aux légendes épiques. […] Ailleurs192, il lui arrive de parler de la candeur des récits consignés dans les Annales pontificales, avant les luttes passionnées du sénat et du peuple ; il m’est impossible vraiment, en songeant à toutes les fables qu’y affichaient les pontifes, et qui entraient dans l’intérêt aussi de leur politique, de me figurer de quelle candeur particulière il s’agit, si ce n’est que ces Annales étaient tracées sur une table blanchie, in albo.
. — Dans le récit que j’ai fait du voyage de Mme de Krüdner en Champagne, pour la grande revue de la plaine de Vertus, M. […] J’ai pour garant de mon récit un témoin oculaire, très-spirituel, appartenant à la famille chez qui Mme de Krüdner avait logé pendant le peu d’heures qu’elle passa en ces lieux.
Qu’on en juge par le récit de cette mort : « L’ordre de juger Madame Élisabeth fut un défi de cruauté entre les hommes dominants à qui serait le plus implacable contre le sang de Bourbon. […] Elle ressemble au drame antique, où, pendant que le narrateur fait le récit, le chœur du peuple chante la gloire, pleure les victimes et élève un hymne de consolation et d’espérance à Dieu !
Au lieu que le Lutrin est moins un récit, qu’une suite de croquis, où les physionomies sont caractérisées, les attitudes notées avec une vérité saisissante. […] Au lieu de faire de courtes pièces sans titre, au lieu de proposer chacun à part comme valant par soi ces petits cuadros (comme disait Chénier), où dans des proportions très réduites étaient ramassés des types et des aspects de la vie commune, il s’ingénie à en faire les pièces d’un tout, les épisodes d’un récit, les scènes d’une comédie, les arguments d’un discours : lui qui n’eut de sa vie ni le sens de l’action, ni le don du dialogue, ni le souffle oratoire.
Il porte dans ses récits le sens qu’il avait de l’action ; il extrait de la confusion des détails le petit fait unique qui contient l’essence de l’acte ou le motif de l’acteur ; et les séries de petits faits s’ordonnent vivement, dessinant avec précision la ligne sinueuse de l’action générale. […] Ainsi l’ironie enveloppera le récit : il ne sera jamais impersonnel, objectif, et toujours le substitut évident ou absurde remplacera ou complétera l’expression immédiate et simple du fait.
Car toutes les branches de la famille des Rougon-Macquart poussent de tous côtés, à toutes hauteurs, et la série ne me donne pas même cette impression générale que produit la Comédie humaine de Balzac : les récits divergents ne concourent pas à former en moi l’idée d’un vaste ensemble social, où les diverses parties se tiennent et se raccordent. […] L’œuvre de Maupassant nous représente tous les milieux et tous les types qui sont tombés successivement sous son expérience : paysans de Normandie, petits bourgeois normands ou parisiens, propriétaires ou employés, il a dessiné des types vulgaires avec une puissante sobriété, sans férocité, sans sympathie aussi, parfois avec une sorte de dédain concentré qui donne à son récit un accent d’ironie âpre.
Si Gandrax se tue, si M. de Camors manque à l’honneur, il nous dit que c’est qu’ils ne croient pas en Dieu : nous voyons clairement, d’après le récit même de M. […] A parler franc, Monsieur de Camors est un roman contradictoire si l’on considère la thèse dont il est la prétendue démonstration ; mais je me hâte de dire que, si cette thèse était éliminée, si le héros de ce dramatique récit nous était donné pour ce qu’il est, à savoir pour une âme tendre et faible aux prises avec une doctrine de dilettantisme absolu trop forte pour elle, et qui inflige à son programme de vie de continuels et douloureux démentis, j’aimerais beaucoup Monsieur de Camors.
Tout cela n’a que peu de rapport avec les syllabes du mot, car il ne faut pas laisser insinuer que le symbolisme n’est que la transformation du vieil allégorisme ou de l’art de personnifier une idée dans un être humain, dans un paysage ou dans un récit. […] Un récit est une description d’événements ; une élégie une description de pensées ; une ode est une description lyrique.
Mais n’avez-vous pas senti dans ce simple récit de la mère tout l’orgueil de Latone : C’est un fils des dieux ? […] mère (c’est à la mère de Goethe qu’elle adresse ce récit), peut-on se conduire comme je l’ai fait !
Aimé Martin ; un récit simple serait allé bien mieux au but que ces descriptions continuellement sentimentales. […] On a le récit de son voyage qu’il publia en 1773 : Voyage à l’île de France, à l’île de Bourbon, au cap de Bonne-Espérance, par un officier du roi.
Lui, ou son orateur du groupe des sages, dira sans rire après une explication théorique des plus hasardées : « Telle est la chaîne des idées que l’esprit humain avait déjà parcourue à une époque antérieure aux récits positifs de l’histoire. » Qu’en sait-il ? […] C’est l’éloge le moins commun, lorsque l’on parle d’un voyage, et c’est celui que doit chercher à mériter celui qui publie le récit des siens.
Le récit des merveilles attribuées par les poètes à la musique n’est point une vaine fiction ; car les poètes n’ont rien inventé : ils n’ont été qu’historiens, mais historiens symboliques, ce qui est le sens universel de l’ensemble des choses humaines. […] Ils ont cru pouvoir commencer à écarter le merveilleux de leurs récits, et bientôt ils se sont arrogé le droit de choisir dans leurs matériaux, ou, pour parler plus exactement, de choisir dans les traditions, et même de modifier celles qu’ils consentaient à consacrer de nouveau.
Mais nous ne pouvons rien tirer d’un récit aussi sommaire. […] Vous connaissez l’observation d’Alfred Maury 10 : elle est restée classique, et, quoi qu’on en ait dit dans ces derniers temps, je la tiens pour vraisemblable, car j’ai trouvé des récits analogues dans la littérature du rêve.
Il n’y a pas d’histoire de Simbad le marin qui vaille de pareils récits. […] Herscher a publié dans la Revue Hebdomadaire le récit de la mort d’Emile Faguet. […] Par contre, cette langue du peuple est demeurée supérieure dans la galéjade, le conte, les récits de Roumanille, la Sinso, etc. […] Baschet m’écrivait qu’il regrettait de ne pouvoir insérer un aussi long récit, mais que je pouvais lui adresser autre chose. […] On ferait un volume avec le récit des drôleries dont la vieille abbaye fut le témoin.
Victor Hugo allait se rapprocher encore de son critique et loger lui-même rue Notre-Dame des Champs. » Dans ces récits faits en courant et à si longue distance, la mémoire, si on ne la contrôle de près, a bien de la peine à ne pas être involontairement infidèle.
Dans l’une les faits se rangent à l’appui d’une loi énoncée par avance, dans l’autre les lois découlent du simple récit des faits ; d’un côté l’intention logique est partout empreinte et s’est tout subordonné, de l’autre on aperçoit encore le laisser-aller du narrateur qui volontiers se livre aux descriptions et impressions du moment.
Ce qu’on doit peut-être le plus admirer en lui, c’est l’enchaînement étroit et continu, la contexture serrée et impénétrable qui fait qu’en ses récits tout se tient, et que les traits les plus saillants, les sentences les plus hardies, sortent du fond, y rentrent, et ne paraissent jamais qu’amenés et soutenus.
La terreur causée par un supplice non mérité se prolonge d’une génération à l’autre : on entretient l’enfance du récit d’un tel malheur ; et quand l’éloquent Lally, vingt ans après la mort de son père, demandait en France la réhabilitation de ses mânes, tous les jeunes gens qui n’avaient jamais pu voir, jamais pu connaître la victime pour laquelle il réclamait, versaient des pleurs, se sentaient émus, comme si le jour horrible où le sang avait été versé injustement ne pouvait jamais cesser d’être présent à tous les cœurs.
je me suis, sans doute, figuré depuis que j’avais fait le plus adorable voyage, et je le raconte quelquefois en coupant mon récit de cris d’admiration ou de plaisir : mais, quand je rentre en moi-même et que je tâche d’être sincère, je sens très bien que, ce coin du Sahara, c’est à travers le livre de Fromentin que je le revois, non à travers mes propres souvenirs ; je sens que ce voyage n’a rien ajouté à la vision que j’apportais avec moi, et que mes yeux ont, sans le savoir, conformé la réalité à cette vision.
Voici, pour les gens pressés, le canevas de quelques-uns de ces petits récits.
Reconnaissant donc qu’il ne saurait trouver dans son talent ni dans sa science, par ses ailes ou par son bec, comme dit l’ingénieuse poésie des arabes, une préface intéressante pour les lecteurs, l’auteur de ceci s’est déterminé à ne leur offrir qu’un récit grave et naïf3 des améliorations apportées à cette seconde édition.
Monsieur De Thou, dont je ne ferai que traduire le récit, étoit un homme revétu d’une grande dignité, qui donnoit lui-même au public l’histoire d’un prince mort depuis un petit nombre d’années, et dont il avoit approché avec familiarité.
Tite-Live seroit rempli du récit des sacrifices faits pour l’expiation de ces prodiges, si l’on avoit vû ces phénomenes dans la campagne de Rome au temps dont il a écrit l’histoire.
— Allons trouver M. de Rothschild… attendrir sa caisse au récit des malheurs d’un père de famille sans ouvrage ?
Quoique, sous une infinité de rapports, ce livre laisse beaucoup à désirer, Walter Scott y essaie pourtant de ces explications qui sont à la taille de son génie impartial et si grandement observateur, et les faits qui s’y trouvent y sont rapportés avec cet intérêt de récit qui double leur puissance.
Balzac, qu’on lui oppose sans cesse, Georges Sand, qui suit souvent des routes si contraires à la sienne, ont emprunté à son œuvre la coupe, sinon l’étoffe, de leurs merveilleux récits. […] Walter Scott ne nous appartient pas ; nous ferons observer pourtant que, de son propre aveu, sa meilleure gloire, les récits de l’Écosse : Wawerley, Rob-Roy, Guy-Mannering, sont des souvenirs d’enfance. […] Je ne sais pas si Balzac, dans un de ses nombreux récits, a jamais touché, ne fût-ce que du bout du doigt, à sa propre existence. […] Mme Ackermann ne relève ni de l’école romantique, ni de l’école de Leconte de Lisle ; elle remonte plus haut, et son vers familier, se prêtant avec souplesse à toutes les digressions du récit, a quelque chose de la bonhomie rêveuse de La Fontaine. […] Calendau est une légende sur l’histoire de Provence, qui, pour la conduite du récit, l’intérêt des épisodes, l’éclat des peintures, le relief et la grandeur des personnages mis en action, l’allure héroïque du style, mérite à juste titre le nom d’épopée.
Tel récit qui vous semblait long s’anime et prend au feu de la rampe du relief et de la couleur. […] Si Éraste n’attendait pas Orphise, il écouterait avec l’intérêt le plus vif le récit de chasse que vient faire Dorante, car il doit être lui-même un grand chasseur, étant gentilhomme, et ce récit, d’une verve admirable, n’est point d’un raseur. […] Il s’ouvre par un grand récit qui est presque aussi célèbre que celui de la chasse à courre. […] Ce récit, c’est une merveille. […] Il nous a fait tout ce récit avec une verve, avec un éclat extraordinaires.
La trame du récit, encore que solide et suivie, est d’une ténuité extrême et l’auteur semble n’y pas tenir beaucoup. […] Il n’y a pourtant pas situé son récit afin de nous écraser de son érudition. […] Touffus, sans fil suivi, faits de récits, de morceaux, de digressions, ils se tiennent pourtant par une ferme ossature qui deemeure secrète. […] Ils ne les dépassent pas, du moins, dans l’art essentiel de bien conduire leur récit ni surtout dans celui de plaire et de récréer. […] Geneviève, belle, intelligente et riche, a épousé le Dr Tellier, déjà célèbre et presque un maître au moment où s’ouvre ce récit.
Nous ne vous donnerons ici ni le récit de ces circonstances aussi fugitives que le temps, ni le texte de ces dépêches : cela ressemblerait aux dialogues des morts. […] Tel est Machiavel dans ce récit. […] Cette histoire est un monument de bon sens, de connaissance des hommes, de clarté, de récit, surtout de réflexions politiques découlant des événements qu’il retrace ; mais le sujet est trop exclusivement toscan pour s’y arrêter ; la main de Machiavel est plus grande que sa république.
Allez de chapelle en chapelle ; faites parler les bonnes gens, et, s’ils ont confiance en vous, ils vous conteront, moitié sur un ton sérieux, moitié sur le ton de la plaisanterie, d’inappréciables récits, dont la mythologie comparée et l’histoire sauront tirer un jour le plus riche parti 7. Ces récits eurent la plus grande influence sur le tour de mon imagination. […] De tels récits me donnèrent de bonne heure le goût de la mythologie.
Si René avait décrit ses souffrances dans la langue simple, alerte et spirituelle de Voltaire et de Diderot, son récit serait passé inaperçu5 ; s’il n’avait dit que la vérité, rien que la vérité, ses malheurs auraient paru d’autant plus vulgaires que les aspirations des lecteurs étaient plus exaltées. […] Il parla la langue imagée et sentimentale qu’entendaient ses contemporains ; il épiça son récit des condiments connus et goûtés à l’époque. […] René, frappé par le malheur dès le ventre de sa mère et repoussé par son père, ne rencontre de l’affection que chez sa sœur Amélie : il récompense la tendresse qu’elle lui prodigue dès l’enfance en ne la mentionnant que pour dramatiser son récit, pour se mettre en relief et se faire adresser les compliments que décemment il ne pouvait se dire à lui-même.
Le roi n’a pas hésité à reconnaître pour vraies toutes les circonstances relatives à la manière dont le pêcheur a retrouvé l’anneau, telles qu’il nous en fait le récit. […] Chère Sacountala, je te ferai le récit de cette aventure ; mais attends que la blessure de mon cœur soit un peu fermée : cependant laisse-moi essuyer cette larme, reste de celles que t’a fait répandre ma fausse erreur ; cette larme qui dépare ta figure ravissante. […] » lui dit le sage anachorète, « ne comprenez-vous pas qu’on vous apprend ici d’une manière détournée, en action et non en récit, la naissance de ces deux enfants vos fils ?
II Le poète commence son Iliade ou son récit de la chute d’Ilion (Troie) par une invocation à l’inspiration divine que les anciens appelaient la muse. […] Elle pleure elle-même à son récit ; elle lui présage une funeste et courte destinée ; elle lui promet néanmoins d’aller sur l’Olympe implorer pour lui le souverain des dieux, Jupiter. […] Le récit de cette entrevue est simple comme la Bible, et dialogué comme une légende populaire du moyen âge. […] Et cependant, même dans cette épopée qui est presque exclusivement consacrée au récit des combats et à la glorification des héros, que manque-t-il au tableau presque universel de toute la nature animée ou inanimée ?
Mon esprit est attiré par les coins inconnus et mystérieux de notre histoire reculée, légendaire, par les récits troubles des Grégoire de Tours, des Frédégaire, par les ténèbres de la période mérovingienne. […] Je lis dans La Tunisie française, ceci : Un juge — et le récit est fait par le contrôleur civil de la région — dit à un Arabe assigné par un juif, en payement de 500 à 600 piastres. […] C’est depuis la soupe jusqu’au fruit, depuis le lever de la table jusqu’à sa sortie du salon, une suite d’échos parlés, une avalanche d’anecdotes, une succession de racontars, une enfilade de petits récits sans exposition, comme enfermés entre deux astérisques, un débordement de choses drôles, amusantes, spirituelles, ne laissant la parole à personne, et faisant Coppée silencieusement consterné. […] Et il interrompt son récit, deux ou trois fois, pour répéter : « C’était très amusant… très amusant !
Les portraits qu’il a semés dans le récit, ceux d’un Necker, d’un Fouché, d’un Bernadotte, sont d’une touche juste, fine, spirituelle. […] Les indications morales de Mme de La Fayette se transforment en récits et en scènes qui font une étonnante illusion. […] Tel récit n’est que l’illustration d’un cas médical ; tel autre est un chapitre de préhistoire et tel autre de géophysique. […] À vrai dire, les conversations que le romancier a intercalées dans ses récits ne nous donnent guère l’idée de toutes ces merveilles. […] Il détaille le récit de ses fautes, non dans une pensée d’expiation, mais pour le plaisir de nous en éclabousser.
Eh bien, c’est le secret du cœur qui échappe en cela à la plume de l’écrivain ; il ne fait que traduire naïvement dans ses récits romanesques les vœux, les espérances, les illusions de plus d’un grand homme en herbe et de plus d’un millionnaire en fumée.
Ce qui m’a le plus frappé dans ce second volume, comme différence avec le premier, c’est la spirituelle et subtile analyse, la poursuite infinie et déliée de certaines nuances de passions, de certains replis du cœur ; le récit délicat, l’explication malicieuse et vraie de plusieurs singularités de sentiments.
Et cette inconsistance logique n’est pas pour attacher à un récit qui ne se sauve point par la délicatesse des détails et la magie du style.